Extrait 42463210 PDF
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Surfaces
III
Cet ouvrage fait par tie de
Frottement, usure et lubrification
(Réf. Internet ti574)
composé de :
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Frottement, usure et lubrification
(Réf. Internet ti574)
Éric FELDER
Ingénieur civil des Mines de Paris, docteur ès sciences, maître de recherches
à l'École des Mines de Paris, responsable adjoint du groupe «Surfaces et
tribologie» au CEMEF (Centre de mise en forme des matériaux)
Pascal GUAY
Ingénieur INSA Lyon, Docteur ès Sciences, Expert en Tribologie chez Airbus
Defence and Space
Caroline RICHARD
Professeur des Universités
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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
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VI
Surfaces
(Réf. Internet 42463)
SOMMAIRE
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VII
Dépôts céramiques par PVD ou CVD assistées ou par projection plasma N4801 97
Texturation biomimétique des surfaces. Innovation pour une industrie agroalimentaire TRI5170 101
frugale
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Surfaces
(Réf. Internet 42463)
1
1– Analyse des surfaces et du contact Réf. Internet page
2– Traitements de surface
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Référence Internet
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1. Approche cristallographique
et géométrique
d’une surface
Si on considère un matériau cristallin, donc avec un arrange-
1
B
ment périodique des atomes, la surface introduit une discontinuité
dans celui-ci. Dans le cas d’une structure cubique centrée (celle
d’un acier ferritique par exemple), si on « coupe » le cristal par un A
A
plan {100} passant par le sommet commun à huit cubes adjacents,
on s’aperçoit que le nombre de coordinence N c (nombre de plus
proches voisins qui, dans notre cas, sont au centre de ces huit
cubes) passe de huit à quatre (figure 1). Pour rétablir l’équilibre des
champs de force auxquels ils sont soumis, les atomes de la surface Figure 1 – Coordinence (proches voisins) d’un atome
nouvellement créée, vont avoir tendance à modifier les liaisons dans la structure cubique centrée (cc) en volume (à gauche)
avec leurs plus proches voisins soit en surface, soit dans le volume et en surface (à droite)
sous-jacent, soit encore en échangeant de nouvelles liaisons avec
des atomes, des molécules ou des ions de l’environnement ; cela
explique la réactivité des atomes de surface, qui est donc fonction Cela s’accompagne d’un phénomène de dilatation ou de
de « l’orientation » de cette surface. Nous en donnerons quelques compression du paramètre en volume, selon le signe de l’expan-
exemples par la suite. sion de surface. On peut en déduire que la taille du cristal aura une
incidence marquée sur l’importance de l’effet précédent. Des effets
Si la surface est faiblement inclinée par rapport à une surface dite
similaires peuvent être identifiés au voisinage des marches.
« singulière » comme celle citée précédemment, elle sera constituée
de larges terrasses de surface singulière et de petites marches, Dans le cas des métaux et alliages, les atomes constitutifs sont
souvent monoatomiques. Lorsque la surface singulière est d’indice identiques ou de caractéristiques similaires. Pour d’autres maté-
simple et que les marches sont peu nombreuses, une telle surface riaux, les atomes sont au moins de deux types différents. Ainsi dans
est dite « vicinale ». La distance entre les marches d’une surface vici- les céramiques, dont les liaisons sont souvent ioniques, nous avons
nale diminue quand la différence d’orientation entre la surface vici- des ions chargés positivement (les cations) et des ions chargés
nale et la surface singulière augmente. Quand les marches négativement (les anions). On distingue alors quelques structures
deviennent très proches les unes des autres et que leur nombre est types (structures simples) dont l’une des plus classiques est celle
important, il devient difficile de parler de terrasses et on a une sur- du chlorure de sodium, NaCl. Cette structure, globalement cubique,
face générale ; suivant la position des atomes sur cette surface, leur est en fait constituée de deux sous-réseaux cfc imbriqués et décalés
nombre de proches voisins ne sera pas le même. Une approche plus de a /2, a étant le paramètre de la maille cfc. L’un des sous-réseaux
fine consiste à prendre aussi en considération les deuxièmes plus correspond aux cations Na+ et l’autre aux anions Cl–. Si on fait une
proches voisins : ainsi dans le cas de la figure 1, un atome d’un plan coupe du cristal par des plans simples, ceux-ci comprendront soit
de coupe {100} perdra non seulement quatre des huit plus proches des ions des deux signes, cas des plans {100} ou {110}, soit des ions
voisins, mais aussi un des six deuxièmes voisins, comme d’ailleurs d’un même signe, cas des plans {111}. Dans le cas de la structure
tout atome du plan situé juste en dessous de la surface. cc, type chlorure de césium, CsCl, on aboutira à une conclusion
identique, mais cette fois-ci, c’est la famille de plans {100} qui ne
Ce modèle est simpliste, mais il a le mérite de montrer aisément
contiendra que des ions de même signe. Dans le cas de la structure
qu’une surface « modèle » propre aura toujours une certaine rugo-
type de la sphalérite (ou blende, sulfure de zinc, ZnS) dont la struc-
sité à l’échelle atomique. On pourrait s’attendre, de ce qui précède,
ture cfc est identique à celle du diamant, ce sont les deux familles
que la structure cristalline soit fortement perturbée en surface ; en
de plans {100} et {111} qui ont la particularité de ne comporter qu’un
fait, s’il se produit bien une relaxation due à la création de toute
seul type d’ions Zn2+ ou S2–. Ce qui vient d’être exposé pour des
surface, celle-ci est faible et ne concerne que le tout dernier plan
composés ioniques AB, peut être étendu à des composés plus
atomique : le dernier plan atomique tel qu’on peut l’observer par
complexes comme A2B, AB2 , A2B3 , etc.
diffraction d’électrons lents est à une distance du plan suivant légè-
rement différente de celle observée en volume. Il y a : Sans développer plus en détail cette simple analyse, on conçoit
— expansion (ou relaxation positive) pour les solides ioniques, y aisément que la structure des matériaux a une incidence sur la
compris pour certaines céramiques ; nature et l’arrangement des atomes ou des ions dans un plan de
coupe donné ; cela prend toute son importance dans le cas de maté-
— contraction (ou relaxation négative) pour les métaux.
riaux polycristallins, cas le plus général en pratique. Certaines pro-
Cette différence peut s’expliquer par le compromis entre les priétés sont alors différentes de grain à grain. C’est le cas de la
forces d’attraction et de répulsion dues aux atomes chargés (ions), dureté, mais aussi de la réactivité (corrosion, catalyse), de l’énergie
quand il y a création d’une surface dans un cristal ionique, ce qui de surface et de l’adhésion (collage) par exemple, qui sont fonction
revient à dire que les interactions atomiques sont approximati- de l’orientation des grains en surface.
vement additives, alors que pour les métaux, les énergies de
Ainsi, lors de l’oxydation d’un métal par les gaz, pour de faibles
liaison ne le sont pas. Cette description pourrait être élargie en
durées d’exposition, l’épaisseur du film d’oxyde dépend de l’orien-
considérant les niveaux électroniques des électrons de valence et
tation des grains : on obtient des films épitaxiques dont la couleur,
l’énergie de cohésion d’un cristal métallique, afin de rendre
due à un phénomène d’interférences, varie selon cette orientation.
compte quantitativement (y compris en signe) de la relaxation.
De même, en corrosion électrochimique, la vitesse d’attaque ne sera
Ces perturbations peuvent se manifester aussi par des relaxations pas identique pour chaque grain ; cela s’exprime autrement en
tangentielles lorsqu’on considère un cristal de petite taille. Outre les disant que le potentiel électrochimique est lui aussi fonction de
relaxations indiquées précédemment, qui se produiront sur toutes l’orientation des grains.
les faces, on peut aussi observer un changement des angles entre
les arêtes de la maille cristalline : Ces différences de réactivité constituent un moyen fort utile pour
révéler la structure des métaux et alliages, lors d’une observation
— plus aigus en relaxation positive ; métallographique (figure 2). On procède, après un polissage méca-
— plus obtus en relaxation négative. nique soigné qui généralement ne permet pas, à lui seul, de
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Adatome
Lacune
Cran
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aussi d’expliquer pourquoi une surface courbe a une réactivité qui en catalyse qu’en corrosion, à l’aide de différentes techniques
dépend de son rayon de courbure ; en effet, quand celui-ci est faible, comme la photoémission X et ultraviolette (XPS et UPS) et la spec-
la densité de défauts de surface, et notamment de crans, est plus troscopie de pertes d’électrons. Des approches par simulation
grande que celle d’une surface à grand rayon. Ainsi, il a été montré, numérique et par dynamique moléculaire ont aussi contribué à ce
pour une surface présentant une pointe dont les rayons de courbure domaine, en particulier pour déterminer la forme des densités
principaux sont R1 et R2, que l’accroissement de potentiel chimique d’état. Ainsi, à titre d’exemple, on peut citer des travaux réalisés
∆U de cette surface, par rapport à une surface plane est : sur des plans (110) de dioxyde de titane TiO2-x , faiblement sous
stœchiométrique en oxygène, qui ont montré l’existence d’un état
1 ∆ U = Ω 冤冢 γ + d 2 γ /d θ 1 冣 1/ R 1 + 冢 γ + d 2 γ /d θ 2 冣 1/ R 2 冥
2 2
à 0,8 eV sous la bande de conduction ; cet état s’élargit avec l’aug-
mentation de l’écart à la stœchiométrie x, et peut même finir par
avec Ω volume atomique, chevaucher la bande de conduction [13] [14].
γ énergie (ou tension) superficielle, L’existence des liaisons coupées et des modifications des densi-
θi angle polaire décrivant une courbe tés électroniques associées prend toute son importance dans le cas
de rayon R i, des matériaux semi-conducteurs comme le silicium, le germanium
2 2 et l’arséniure de gallium. Dans ces matériaux pour lesquels les
d 2 γ /d θ 1 et d 2 γ /d θ 2 courbures du « γ-plot » dans les liaisons sont fortement covalentes donc dirigées, la création d’une
directions principales. surface ne peut pas modifier les longueurs de ces liaisons, et les
Toutes les informations récentes recueillies sur les surfaces propres angles d’hybridation des orbitales doivent être respectés. Les
confirment la présence de défauts : adatome, adlacune, marche, liaisons pendantes ainsi créées vont cependant entraîner des modi-
décrochement, etc. On constate aussi que, sur la dernière rangée ato- fications pour tenter de minimiser l’énergie superficielle : elles ne
mique d’une marche (lisière) comportant un décrochement ou cran, vont pas provoquer de relaxation accompagnée d’une augmenta-
le nombre de proches voisins n’est pas le même pour chaque atome. tion (dilatation) ou d’une diminution (compression) des distances
Si on élève la température d’un matériau comportant une telle surface interréticulaires, comme nous l’avons précisé ci-dessus, mais
avec défauts, les entropies de vibrations, plus fortes en surface qu’en s’accompagner d’une véritable reconstruction avec modification de
volume et les entropies de position (désordre) vont conduire à la la structure électronique en surface. Différents modèles, notam-
multiplication de défauts. ment pour le silicium, ont été proposés suivant les plans {111} ou
{100} par exemple. Tous ces modèles ont pour objectif de suppri-
mer le maximum de liaisons pendantes : ainsi dans un modèle
Les surfaces peuvent ainsi être classées de façon simple en récent appelé DAS (dimer adatom stacking fault ), le nombre de tel-
trois catégories : les liaisons n’est que de 19 au lieu des 49 de la maille 7 × 7 ; un tel
les surfaces singulières de grande densité atomique, dont modèle, comme son nom l’indique, fait intervenir des adatomes,
l’énergie de surface est minimale ; des dimères d’atomes et même des fautes d’empilement. Dans le
les surfaces vicinales, dont la désorientation est faible par même esprit, on a aussi étudié la reconstruction du plan {100} de
rapport aux plans de grande densité atomique ; ces surfaces métaux comme le platine, Pt, l’iridium, Ir, et l’or, Au [15].
peuvent être décrites par le modèle TLK, le nombre de marches
augmentant avec l’angle de désorientation ; Dans ces reconstructions, on peut aboutir à des transformations
les surfaces complexes qui vont présenter une rugosité structurales, d’où des transitions de phases. On imagine donc bien
importante, non décrite par le modèle précédent. que des méthodes permettant de localiser les atomes ou d’atteindre
les phases bidimensionnelles constituent des outils de choix pour
ce type d’étude. Nous renvoyons le lecteur à des ouvrages
spécialisés [16] à [20].
2. Approche physique
d’une surface 3. Approche thermodynamique
Ce que l’on vient de décrire pour les métaux, les céramiques et et énergétique d’une surface
plus généralement les composés ioniques, s’applique donc aussi
aux oxydes. Or, tout métal (sauf l’or) est recouvert au contact de
l’air d’un film d’oxyde (voire d’hydroxyde) dit naturel ; ce film est
très mince puisque son épaisseur, qui varie selon la nature du 3.1 Énergie de surface
substrat, est de quelques unités à une dizaine de nanomètres. Il en et tension superficielle
résulte que, suivant l’orientation de la surface, les premiers plans
présentent des caractéristiques électrostatiques variables.
À plusieurs reprises, dans ce qui précède, nous avons fait réfé-
La structure électronique des atomes est perturbée au voisinage rence à l’énergie de surface, aussi appelée énergie superficielle ou
d’une surface, en raison de la rupture des liaisons (liaisons pen- encore travail spécifique de surface. C’est une grandeur fort impor-
dantes) et des distorsions structurales. Même pour une surface tante, utilisée en thermodynamique des surfaces.
propre et idéale, ne comportant aucun défaut de structure ou de
composition (non stœchiométrie), la forme des bandes d’énergie
est perturbée par rapport à celle du volume ; ainsi, le partage des L’énergie de surface correspond à « l’excédent » d’énergie libre
électrons entre les anions et les cations est modifié et la bande qu’il faut fournir à l’aire A d’une surface donnée, pour l’augmenter
interdite (« gap ») est réduite. Ces changements sont d’autant plus d’un incrément (ou accroissement) dA, en tenant compte de la
marqués que le nombre de liaisons rompues est élevé. On peut en nécessité de rééquilibrer les liaisons atomiques superficielles et en
déduire que les surfaces idéalement planes sont peu réactives ; supposant que la température, le volume du solide et le nombre
quant aux marches, aux crans, voire aux lacunes (figure 3), tous de constituants (au sens de la règle des phases) restent constants.
ces défauts constituent des sites réactifs pour l’oxygène. L’étude
des défauts de surface présente donc un grand intérêt, non seule-
ment pour connaître l’état électronique, mais aussi pour en déduire Cette énergie est rapportée à l’unité d’aire de surface ; elle
la réactivité vis-à-vis du milieu environnant. C’est ce qui explique s’exprime en joules par mètre carré (J · m–2), mais des sous-multiples
que de nombreuses études expérimentales ont été réalisées, tant sont souvent utilisés.
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Dans le cas des liquides, mais aussi des solides, on fait souvent Il peut être montré, en exploitant la relation exprimant l’énergie
appel à la notion de tension superficielle γ, grandeur caractéristique interne d’excès, que la variation de la tension superficielle est
de la surface et reliée au potentiel thermodynamique. L’unité de fonction des potentiels chimiques de tous les constituants du maté-
tension superficielle est le newton par mètre (N/m–1) ; comme pré- riau considéré sauf un et aussi de l’état réel de la surface. Cela rend
cédemment, il existe des sous-multiples. difficile les comparaisons des valeurs expérimentales, en raison des
différences dans les protocoles expérimentaux. Compte tenu de ce
qui précède, la tension superficielle va dépendre du plan cristallin
• Pour ces grandeurs, on trouve encore dans quelques
de la surface et plus précisément du caractère plus ou moins dense
1
ouvrages, des unités de l’ancien système CGS :
de celui-ci. La tension superficielle pour les métaux est voisine de
1 erg · cm–2 = 10–3 J · m–2 = 1 mJ · m–2
l’unité ; elle peut atteindre deux à trois joules par mètre carré pour
ou encore : 1 dyne · cm–1 = 10–3 N · m–1 = 1 mN · m–1
certains métaux comme le cuivre ou le tungstène. Il semblerait que
• Notons que pour beaucoup d’auteurs, l’énergie de surface
l’évolution de l’énergie superficielle avec le numéro atomique soit
et la tension superficielle sont confondues. Cela a pour consé-
assez semblable à celle de l’énergie de cohésion.
quence que cette dernière est aussi exprimée en joules par
mètre carré. Les considérations théoriques précédentes permettent de tirer
quelques conséquences en science et ingénierie des surfaces. Tout
Si on reprend les calculs présentés par A. Cornet et J.-P. d’abord, une surface idéalement propre est instable, cela résulte du
Deville [18], on peut écrire, pour la variation d’énergie interne, en fait que la tendance se fera en faveur d’une diminution du produit
séparant l’énergie de création d’une surface du travail mécanique γ A. En l’absence de toute espèce chimique dans le milieu envi-
résultant de l’action d’une pression P sur un volume V de matériau : ronnant (en ultravide), c’est le terme A qui va être modifié. En pré-
n sence de molécules étrangères, il y aura adsorption et/ou réaction.
d U = – P d V + T d S + γ d A + Σ i =1 µ i d N i (1) Toute surface fraîchement préparée se couvrira immédiatement
d’une couche de contamination (film d’oxyde, atomes chimisorbés,
avec T température thermodynamique (exprimée en Kelvin), molécules physisorbées) ; ainsi, l’adsorption de molécules orga-
S entropie, niques sera aisée. On peut aussi en déduire, ce qui est conforme
µ i potentiel chimique de l’espèce i, aux observations expérimentales, que le film d’oxyde naturel sera
toujours constitué dans sa partie externe, de l’oxyde correspondant
N i nombre de particules des espèces chimiques i. au degré d’oxydation le plus élevé du métal. De même, en pratique,
En introduisant dans l’expression générale précédente, la notion les surfaces carburées ou nitrurées seront très stables, ce qui est
de quantités d’excès définies dans le cadre de la thermodynamique mis en pratique industriellement. Les surfaces des matériaux poly-
de Gibbs, on aboutit à : mères sont aussi très stables, rendant délicate, voire difficile, toute
opération de dépôt métallique ; il faudra avoir recours à des modi-
n s
d U s = T d S s + γ d A + Σ i =2 µ i d N i (2) fications de surface par des méthodes adaptées, notamment par
plasma, pour traiter ces surfaces en vue de leur conférer d’autres
la création d’une surface étant par définition, une quantité d’excès. propriétés fonctionnelles.
Cette relation peut s’intégrer : Sur un plan concret, indiquons que la tension superficielle est à
l’origine de la rétention d’une goutte de liquide à l’extrémité d’un
n s
Us = TS s + γA + Σ i =2 µi N i (3) compte-gouttes et l’empêche de tomber. La notion de tension super-
ficielle gouverne aussi le phénomène de mouillabilité. Ce phéno-
En introduisant les différents potentiels thermodynamiques mène a beaucoup d’importance en élaboration des métaux et dans
d’excès associés aux quantités d’interface et/ou de surface, on leur mise en œuvre (brasage, soudage, galvanisation, traitements
obtient pour n composants : électrolytiques, fragilisation par les métaux liquides, adhésion
métal-polymère et conséquences en collage, etc.). Il permet aussi
n s
F s = γ A + Σ i =2 µ i N i (4) d’expliquer le rôle des liquides tensioactifs sur une surface et, de
n s
façon plus générale, d’expliquer l’effet Rehbinder.
Gs = Σ i =2 µi N i (5)
Ωs = γA (6)
avec Fs énergie libre de Helmholtz,
3.2 Mouillabilité et caractérisation
Gs enthalpie libre ou énergie libre de Gibbs, La tension superficielle concerne toutes les interfaces : liquide/gaz,
Ω s grand potentiel, solide/gaz et solide/liquide. Dans le domaine des surfaces des maté-
et dans le cas d’un seul composant (n = 1) : riaux, la dernière est particulièrement importante, puisqu’elle permet
de comprendre une partie du comportement des matériaux solides
F s = γ A et G s = 0 en présence d’un liquide. Quand une goutte d’un liquide donné est
déposée sur la surface d’un solide, elle s’étale et adopte une confi-
On constate que le terme γ est proportionnel à un potentiel ther- guration d’équilibre (figure 4). L’angle θ, dit de contact, résulte de
modynamique. L’évolution d’une surface non contrainte ne peut se l’équilibre des tensions des trois interfaces solide/liquide ( γ SL),
faire que par diminution du produit γ A. liquide vapeur (γ LV) et solide/vapeur (γ SV) ; ces grandeurs sont liées
Si l’aire de la surface est aussi modifiée, la solution est plus entre elles par la relation d’Young :
complexe, mais peut quand même être trouvée.
γ LV · cos θ = γ SV – γ SL (7)
En dérivant par rapport à A, la relation (4) exprimant F s pour n
constituants, on aboutit à :
n s
d F s /d A = γ + A d γ /d A + Σ i =2 µ i d N i
γLV
Cette relation montre que toute contrainte appliquée en surface γSL θ γSV
ou en son voisinage immédiat (zone de subsurface) va entraîner des
modifications de tension superficielle. Ces contraintes de surfaces
vont agir sur les modifications structurales évoquées ci-dessus
(relaxation et reconstruction). Figure 4 – État d’équilibre d’une goutte de liquide posée sur un solide
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AM3279
Notations Notations
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Référence Internet
AM3279
ABS
HDPE
acrylonitrile-butadiène-styrène
polyéthylène de haute densité
(2)
1
soit constante, pour assurer une vitesse de déformation
moyenne constante au matériau. Cette vitesse est de l’ordre de
PC polycarbonate
0,1 χp ; la force et la pénétration sont alors des fonctions exponen-
PE polyéthylène tielles du temps, avec
χh = dh /(hdt) = χP /2
PES polyéthersulfone
la force prend alors la forme approchée :
PET polyéthylène téréphtalate
P = Ch2 (loi de Kick)
PMMA polyméthacrylate de méthyle avec C constante de Kick.
– Il faut imposer un temps de maintien à la force maximale, Δt,
PP polypropylène
de l’ordre de 30 à 300 s durant lequel se produit un fluage du
PS polystyrène matériau, puis décharger à la vitesse maximale, pour que le maté-
riau ne se déforme qu’élastiquement lors de la décharge et que la
PTFE polytétrafluoroéthylène mesure de la raideur de contact soit valide.
UHMWPE polyéthylène de très haute masse molaire Pour un matériau homogène et un indenteur parfaitement
conique sans défaut de pointe (conditions de la validité de la loi
de Kick), la raideur de contact S est proportionnelle à la pénétra-
tion. En pratique, on observe un écart à la linéarité pour les faibles
pénétrations, pour deux raisons :
1. Propriétés mécaniques – il est difficile sur les polymères, matériaux souples, de détecter
superficielles le point de début de pénétration effective dans le matériau ;
– l’indenteur présente un défaut de pointe ; son effet sur l’évolu-
tion de la force est analysé ci après.
1.1 Module d’élasticité et dureté L’extrapolation à 0 de la partie linéaire de l’évolution de S avec
h permet de définir une pénétration effective prenant en compte
ces effets :
1.1.1 Mise en œuvre des essais
de nanoindentation he = h + h0
La grandeur h0 est appelée correction de défaut de pointe (et
À l’échelle de la fraction de micromètre, de 0,05 à quelques μm, de zéro). On décale donc toutes les pénétrations de h 0. Pour sim-
les essais de nanoindentation permettent de mesurer le module plifier, par la suite la même notation pour hmax ainsi corrigée sera
d’Young E et la dureté H de la surface des matériaux. Ces essais, utilisée. Pour les polymères, la hauteur effective de contact hc et
dits d’indentation instrumentée, consistent à enfoncer dans le l’aire de la surface de contact projetée sur la surface initiale de
matériau un indenteur en diamant, généralement une pyramide
Berkovich à base triangulaire, équivalente au sens du volume
déplacé à une pyramide à base carrée Vickers [M4154] et sui-
vants, [M4160]. On mesure généralement la pénétration h de
l’indenteur pour des incréments successifs de force normale P,
jusqu’à une force maximale Pmax, qui produit l’enfoncement maxi- χP = dP /(Pdt ) = Cte Fluage de matériau
mal hmax, puis son retrait lors de décréments de la force normale. P = C h2 Ralentissement de l’indenteur
On en déduit la pente de décharge initiale : Pmax
Décharge
(1)
inélastique
19
Référence Internet
AM3279
80 nm
380 200
360 150
200 nm
εR (%)
Tg (K)
340 100
320 50
300 0
20 100
0 20 40 60 80 100
e (nm)
Teneur en caoutchouc
(% massique)
a effet de l’épaisseur e d’un film libre b effet de la taille des inclusions d’élastomères (80 ou 200 nm)
sur sa température de transition vitreuse Tg sur la déformation à la rupture εR
l’échantillon Ac à la force maximale peuvent être estimées par les 1.1.2 Effet de taille
formules simples [2] :
Les polymères présentent des effets de taille, c’est-à-dire que
(3) leurs propriétés dépendent des dimensions du volume concerné.
avec S raideur de contact. La figure 2 [3] illustre deux effets de taille sur le polystyrène (PS).
On en déduit le module d’Young E et la dureté H du matériau :
La température de transition vitreuse Tg augmente avec l’épais-
(4) seur d’un film libre : son module et sa limite d’élasticité seraient
donc plus faibles que pour un matériau massif. Cet effet est cohé-
rent avec les mesures de décroissance de Tg quand l’épaisseur du
avec υ coefficient de Poisson du polymère (0,3 à 0,45). film libre diminue. Par ailleurs, la déformation à la rupture d’un
Pour l’indentation d’un matériau de module d’élasticité polystyrène est fortement augmentée par l’addition de nanoparti-
E* = E /(1 – υ 2) cules d’élastomère à partir d’une certaine concentration. L’effet à
forte concentration est d’autant plus marqué que les nanoparti-
et de contrainte d’écoulement plastique σ0 par un cône de révolu- cules ont un diamètre plus petit. L’addition de nanoparticules de
tion de demi-angle θ, on définit l’index d’indentation X : silice en forte teneur à un polymère réticulé augmente considéra-
blement ses capacités d’écrouissage (§ 2.2).
(5)
Sur le plan mécanique, on observe souvent une augmentation
Pour les pyramides Berkovich et Vickers, le cône axisymétrique de dureté quand la pénétration diminue [4]. Il semble que cet effet
équivalent au sens du volume de matière déplacé a un angle de taille en indentation ISE (Indentation Size Effect) dépend de la
θ = 70,3°. X représente le rapport entre l’ordre de grandeur de la structure des macromolécules.
déformation imposée par l’indenteur (cot θ) et la déformation élas-
tique du matériau en traction ou compression (σ0 /E*). H/σ0 est une Il est absent dans le polyéthylène à très haute densité (UHDPE) et
fonction croissante de X. Pour les polymères, dont la déformation le polytétrafluoroéthylène (PTFE), polymères à chaînes linéaires : leur
élastique est importante, l’index d’indentation pour une pyramide dureté est indépendante de la pénétration. Mais la dureté de l’époxy,
Berkovich ou Vickers est de l’ordre de 8 à 15, ce qui implique que du polyéthylène térephtalate (PET), du polycarbonate (PC) augmente
la dureté dépend du module d’élasticité et de la contrainte d’écou- significativement pour h < 2 µm (figure 3a) [4]. La dureté du nylon 6-6
lement plastique du matériau, avec H ≈ (2 à 2,4)σ 0. Ce point sera augmente pour des pénétrations plus faibles, pour h < 0,1 µm. Cet
précisé au § 1.2. À l’opposé, pour la plupart des matériaux métal- effet peut être très important sur des matériaux caoutchouteux
liques, l’index d’indentation dépasse 50 et la dureté H ≈ 3 σ0 . Si le (figure 3b) [4].
polymère a des propriétés mécaniques homogènes au voisinage
de sa surface, les valeurs de E et H mesurées, à χP imposée, sont
indépendantes de la valeur de la force normale appliquée, aux En première approximation, cet effet peut être décrit empirique-
incertitudes de mesure et à l’effet de taille près (§ 1.1.2). Dans le ment par une loi simple : la dureté est une fonction linéaire de
cas contraire, les grandeurs ainsi mesurées représentent la valeur l’inverse de la pénétration 1/h :
moyenne du module d’Young et de la dureté sur une profondeur
de l’ordre de 5 à 10 fois hmax. Néanmoins, la mesure des proprié- (6)
tés d’extrême surface est délicate compte tenu des remarques pré-
cédentes sur les phénomènes à faible pénétration.
avec H∞ dureté à forte pénétration ou dureté
macroscopique,
Les divers approfondissement possibles de cette technique ℓ longueur caractéristique de l’effet de taille.
de mesure et l’intérêt de la mesure de la dureté, évoqués ci- On observe également un effet de taille dans l’indentation des
après, permettent entre autres applications d’apprécier la métaux. Pour les métaux, cet effet serait dû au fait que la défor-
rhéologie du polymère et d’évaluer sa résistance à la rayure.
mation hétérogène de petits volumes nécessite des dislocations,
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AM3281
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AM3281
1. Rappels sur les surfaces l’orientation), donc (dγ /dΩ ) est différent de zéro. En général pour
un solide, l’énergie de surface n’est pas égale à la tension. Cet
de polymères aspect est particulièrement important, car souvent la différence est
négligée dans la littérature.
Les polymères, matériaux peu denses, ont une énergie de
On appelle polymère toute substance composée de macro- surface généralement faible ; entre 0,01 et 0,05 J.m–2 contre 0,5 à
molécules. Les plus connues sont les fibres naturelles (bois, 3 J.m–2 pour les métaux. Malgré sa faible valeur, elle peut jouer
1
papier, coton, cuir, soie, laine…), les matières plastiques, les un rôle important. En effet, sur le plan thermodynamique, tout
caoutchoucs, les colles, les peintures et les résines. transfert de matière à la surface par diffusion ou adsorption pro-
duisant une diminution significative de l’énergie de surface tend à
se produire, dans la mesure où la mobilité des espèces correspon-
Ils sont très utilisés pour les matrices des matériaux composites dantes est suffisante. La diminution de l’énergie de surface
et sont généralement souples (module d’Young < 3 GPa) et légers conduit souvent à une ségrégation de certains composants du
(densité < 1,5). polymère. Cela est souvent vrai pour les surfaces de mélanges de
polymères.
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AM3281
1
a polyéthylène PE : zigzag planaire
b polypropylène PP : hélice
adopter une conformation d’énergie potentielle minimale dépen- par les molécules voisines. Ces contraintes qui sont temporaires
dant de la structure moléculaire : hélice ou zig-zag planaire se renouvellent pour former un réseau à faible durée de vie. La
(figure 1). durée d’existence de ces enchevêtrements augmente fortement
quand la température diminue. Lorsque cet écoulement est couplé
à un refroidissement, dans un procédé de transformation, les
1.2.2 Domaines de température molécules s’orientent encore plus et cette orientation est figée à
À l’état solide, les polymères linéaires peuvent exister sous basse température, à l’état solide. Cet effet d’orientation est géné-
forme soit totalement amorphe, soit partiellement cristalline. À ralement important en surface des pièces polymère transformées,
l’état amorphe, les macromolécules sont imbriquées de façon ce qui confère une organisation de surface souvent différente de
complexe dans un état globalement « figé » en raison du blocage celle du cœur de la même pièce. Par contre, pour les polymères
des mouvements moléculaires responsables des changements de réticulés par réaction chimique in situ dans le procédé de mise en
conformation : c’est le phénomène de transition vitreuse, tradi- forme à partir de molécules monomères, il n’y a pas de rôle de
tionnellement caractérisé par une température Tg . La transition l’écoulement sur l’organisation moléculaire. Du fait du réseau per-
vitreuse se traduit par la variation rapide de nombreuses proprié- manent, on observe simplement deux types de comportements
tés du matériau : coefficient de dilatation thermique, chaleur spé- mécaniques : vitreux au-dessous de Tg, et caoutchoutique au-
cifique, module d’élasticité, viscosité, élongation à la rupture, dessus.
limite d’élasticité etc. Lorsque la température décroît encore, seuls
des mouvements et réorganisations de plus en plus locaux sont 1.2.4 Morphologie cristalline
possibles, qui, lorsqu’ils se bloquent, donnent lieu à des transi-
tions secondaires. On peut définir trois domaines de température Si certains polymères (polystyrène (PS), polycarbonate (PC),
principaux : polyméthacrylate de méthyle (PMMA), thermodurcissables) sont
– le domaine du recuit : Tg – ΔT < T < Tg , avec ΔT de l’ordre de totalement amorphes à l’état solide, de nombreux autres, en
quelques dizaines de degrés Celsius. La mobilité moléculaire est revanche, comme le polyéthylène (PE) ou le polytétrafluoroéthy-
suffisante pour que les molécules se réorganisent globalement lène (PTFE) ont la faculté de cristalliser du fait de la régularité de
pour atteindre l’équilibre thermodynamique après une longue leur structure moléculaire. Cette régularité chimique permet aux
durée ; chaînes d’adopter localement une conformation régulière – hélice
ou zig-zag – donnant une forme étendue à la chaîne. La structure
– le domaine du « vieillissement physique » : Tβ < T < Tg – ΔT,
cristalline est alors constituée par l’assemblage latéral périodique
avec Tβ la température d’une transition secondaire. Le matériau
de ces chaînes étendues. Elles sont liées latéralement par des
évolue localement, mais ne peut revenir à l’équilibre global, même
interactions de van der Waals ou des ponts hydrogène. Pour des
dans un temps historique ;
raisons cinétiques l’épaisseur de ces cristaux est limitée à 5-
– T < Tβ : le matériau est figé et n’évolue plus du tout. 15 nm, selon la température de cristallisation, la nature du
polymère et l’intensité de l’écoulement. Les lamelles cristallines,
1.2.3 Orientation des molécules de faible épaisseur, s’arrangent localement parallèlement entre
elles et sont séparées par de la phase amorphe du même
Dans un procédé de transformation, les molécules se déforment polymère. La notion de taux de cristallinité permet de quantifier,
sous écoulement à l’état fondu. Leur étirement résulte de en masse et en volume, le pourcentage de phase cristalline dans
contraintes topologiques, appelées enchevêtrements, imposées un échantillon.
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AM3281
Les conditions thermiques, d’écoulement et de contact avec un même si le mécanisme de figeage des molécules est différent
moule modifient fortement la taille et l’épaisseur des cristaux, leur (transition vitreuse / cristallisation).
orientation par rapport à la surface du matériau et le taux de cris-
tallinité. On observe donc une grande diversité de morphologies,
dont les particularités peuvent avoir un effet sur les propriétés de Ces concepts de structures et de morphologies, aux diffé-
surface. rentes échelles, ont été largement utilisés pour interpréter les
En condition statique (sans écoulement), généralement dans le propriétés de volume des polymères. Ils interviennent bien
évidemment dans les propriétés de surface, du fait de l’orien-
1
volume se forment des sphérolites (figure 2a) qui sont constitués
d’un arrangement de lamelles cristallines radiales séparées par de tation lamellaire et de la phase amorphe par rapport à la sur-
la phase amorphe. La vitesse de croissance de ces lamelles, à par- face. Ainsi, par exemple, le coefficient de diffusion est
tir d’un germe, est la même quelle que soit l’orientation de la quasiment nul dans un cristal alors qu’il est important dans la
lamelle, ce qui produit une croissance sphérique (sphérolite) phase amorphe. La diffusion moléculaire à partir de la surface
jusqu’à la rencontre avec les sphérolites plus proches voisins. La va fortement dépendre de l’orientation des lamelles cristal-
vitesse de croissance radiale des sphérolites est la vitesse de lines en surface.
croissance des lamelles cristallines. Il faut noter dans les premiers
stades de la croissance que des gerbes se forment à partir du
germe et que leur développement donne ensuite lieu à la forma- 1.2.5 Au niveau des forces interatomiques
tion du sphérolite proprement dit (zone centrale de la figure 2a). et intermoléculaires
Sous écoulement, l’orientation moléculaire produit une ani-
sotropie de vitesse de croissance, modifie la forme à partir des Ce sont principalement les forces de van der Waals et les interac-
sphérolites et va figer partiellement l’orientation moléculaire dans tions acide-base, au sens de Lewis, qui interviennent à courte dis-
la phase amorphe. On peut observer pour des écoulements tance (< 1 nm) entre chaînes, et les forces électrostatiques à plus
d’intensité croissante : grande distance (> 10 nm). Il existe actuellement une littérature volu-
mineuse sur l’effet des interactions acide-base. Notons que la plu-
– des sphérolites aplatis dont la direction de croissance rapide
part des polymères synthétiques sont inertes à la surface, c’est-à-
est perpendiculaire à l’écoulement (figure 2b) ;
dire qu’ils ne permettent pas la création de liaisons covalentes avec
– des morphologies en gerbes se développant perpendiculaire-
l’environnement, par fonctionnalisation chimique. Il faut donc, dans
ment à l’écoulement (figure 2c). Leur croissance est bloquée et ne
certains cas, la créer artificiellement en surface (cf. § 4).
peut atteindre celle des sphérolites aplatis ;
– des cylindrites : empilements à symétrie cylindrique de fines Ainsi, une surface de polymère ayant des charges électrosta-
lamelles croissant perpendiculairement à l’écoulement formées à tiques, immergée dans l’eau ou dans un solvant ayant une permit-
partir d’une fibrille centrale orientée dans la direction de l’écoule- tivité relative (constante diélectrique) forte, peut accroître la
ment (figures 2d et 2e) ; charge sous l’effet de deux processus :
– des microfibrilles orientées dans la direction de l’écoulement et – l’ionisation d’un groupe qui requiert la dissociation de groupes
dépourvues de lamelles (figure 2f ). tels que les carboxyles, les sulfates ou les amines présents à la
L’intensité de l’écoulement augmente fortement la densité de surface, ou introduits intentionnellement ou par inadvertance ;
germes, amorce la croissance cristalline, ce qui réduit d’autant la – l’adsorption de molécules chargées contrôlées et de même
distance entre premiers voisins. La taille des morphologies décroît signe qui permet la construction de surfaces chargées.
fortement pour passer de quelques dizaines de micromètres, pour
les sphérolites, à quelques dizaines de nanomètres pour le dia-
mètre des microfibrilles. Ces microfibrilles se rapprochent de Adsorption de surfactants ioniques, naturels ou synthé-
celles observées dans les polymères naturels (cellulose, protéines) tiques
qui se forment par cristallisation en cours de polymérisation. Le L’action combinée des forces de van der Waals, à courte dis-
mécanisme est donc différent, mais donne des organisations simi- tance, et des forces électrostatiques, à grande distance, est
laires. décrite par la théorie de la stabilité DVLO (Derjaguin, Landau,
Par ailleurs, le gradient thermique, induit par le refroidissement Vervey et Ovabeck : scientifiques de l’école de physique russe
intense de la surface d’un polymère fondu, est susceptible de des années 1940)
modifier la forme des sphérolites qui tend à devenir parabolique
et deviennent des comètes (figure 2g). L’orientation est perpendi-
culaire à la surface et les cristaux se développent dans la direction 1.2.6 Au niveau des conformations accessibles
de l’épaisseur. Enfin, la présence de surfaces d’autres matériaux, et de la mobilité moléculaire
telles que les parois d’outillage, peut induire une intense germina-
tion de surface, ce qui limite fortement la croissance cristalline A priori, il est intuitif de penser qu’une molécule de la surface
dans les directions parallèles à la surface, du fait de la proximité est moins liée qu’une molécule du volume et a ainsi plus de mobi-
des germes premiers voisins. La croissance lamellaire ne peut se lité. Il devrait donc exister à la surface une légère diminution de la
produire que perpendiculairement à la surface. Un tel phénomène température de transition vitreuse Tg (cf. § 2 et figure 3).
a reçu le nom de transcristallinité (figure 2h).
La diffusion de petites molécules résultant soit de l’absorption
Les conditions thermiques et mécaniques (écoulement) sont de substances provenant de l’environnement, soit de la migration
couplées durant les procédés de transformation des polymères. de produits contenus dans le volume peut accroître la mobilité
Ces conditions qui varient très fortement dans l’épaisseur des moléculaire au sein d’une matrice amorphe et avoir un rôle plasti-
pièces sont à l’origine d’une très grande hétérogénéité d’organisa- fiant par abaissement de Tg .
tions semi-cristallines dans l’épaisseur. Si généralement les sphé-
rolites, plus ou moins déformés, sont observés au cœur des pièces
(zone de cœur), les autres organisations se retrouvent dans la zone 1.2.7 Au niveau des morphologies,
superficielle (zone de peau) et plus particulièrement en surface. dans les polymères semi-cristallins
C’est une cause fondamentale de différence entre la surface et le
volume des polymères transformés. Cet effet est important dans Plusieurs aspects peuvent être mentionnés :
les pièces injectées mais se retrouve également en filage et dans – l’orientation moléculaire de la phase amorphe peut augmenter
une moindre mesure en extrusion. De plus, les mêmes phéno- Tg et réduire le coefficient de diffusion. La diffusion, qui se produit
mènes d’orientation apparaissent dans les polymères amorphes dans la phase amorphe, va être tributaire non seulement de la
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1. États de surface (en anglais « waviness ») qui rassemble les défauts dont les
périodes spatiales sont comprises entre quelques centaines de
et écarts de forme micromètres et quelques millimètres.
Rugosité et ondulation traduisent ce que l’on appelle l’état de
surface.
■ Pour caractériser la géométrie d’une surface, on s’intéres- ■ Ces notions sont illustrées sur les enregistrements de la
sera aux variations de la cote z (x, y ) localement normale à la sur- figure 1. Sur la figure 1a on trouve le profil de surface enregistré par
face moyenne en fonction des paramètres x et y de position sur la palpeur mécanique suivant une ligne droite. On y décèle bien des
surface, et ce, à différentes échelles. défauts de natures diverses, mais il n’est pas possible d’y définir
● À l’échelle de la globalité de la pièce, on s’intéresse aux écarts quantitativement et séparément rugosité, ondulation et écarts de
de la surface moyenne par rapport à une surface idéale de forme forme. On sent bien intuitivement que la rugosité se manifeste loca-
simple : plan, sphère, cylindre ou cône par exemple. Dans cette lement à courte échelle, qu’une tendance à des courbures se des-
étude des écarts de forme, on fera abstraction de la rugosité en défi- sine sur l’ensemble de la pièce, et que des courbures locales
nissant une surface moyenne locale. apparaissent indépendamment.
À une échelle microscopique (quelques micromètres ou quelques ● Les écarts de forme par rapport à une droite sont donnés par
dizaines de micromètres en x et y ), il s’agira de ce que l’on appelle l’enregistrement de la figure 1b. On y a supprimé toutes les fré-
la rugosité, que l’on n’étudiera généralement pas sur toute la quences spatiales supérieures à 0,5 mm–1, c’est-à-dire toutes les
surface, mais sur quelques échantillons judicieusement distribués. périodes spatiales inférieures à 2 mm.
Cela pourra être un élément de surface dont on donnera une image ● L’enregistrement de la figure 1d est au contraire celui d’où l’on
à deux dimensions ou une ligne analysée suivant une dimension. a éliminé toutes les variations dont la fréquence spatiale est infé-
On voit là une difficulté fondamentale dans l’étude des périodes rieure à 3 mm–1, c’est-à-dire toutes les périodes spatiales plus gran-
des défauts pris en compte. Les écarts à une surface simple idéale des que 333 µm. Il met en évidence la rugosité de la surface.
sont variables suivant que l’on prend ou non en compte des défauts ● L’ondulation est la courbe donnée par la figure 1c du profil de
de période spatiale particulière. On appellera écarts de forme les surface d’où sont éliminés par un filtre passe-bande entre 0,5 et
écarts de la surface réelle localement lissée, par rapport à la surface 2 mm–1 les écarts de forme et la rugosité.
idéale. On appellera rugosité les écarts par rapport à une surface Ces périodes et ces fréquences spatiales ont été choisies ici arbi-
lisse mais qui suit les écarts de forme de la surface réelle. Et entre trairement. Les valeurs limites des fréquences spatiales sont
les défauts de rugosité qui ne prennent en compte que les défauts susceptibles de changer en fonction des applications, mais le prin-
de courtes périodes spatiales, c’est-à-dire de grandes fréquences cipe de ces filtrages est fondamental pour comprendre et caracté-
spatiales, et les écarts de forme qui ne prennent en compte que les riser un profil de surface. Nous faisons dans le paragraphe suivant
défauts de grandes périodes spatiales, c’est-à-dire de petites quelques rappels sur ces notions, compliquées ici par le fait que
fréquences spatiales, on distingue ce que l’on appelle l’ondulation nous sommes dans un monde à deux dimensions.
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z (nm)
20
10
–10
–20
1
–30
0 5 10 15 20
x (mm)
a profil de surface
z (nm)
–10
0 5 10 15 20
x (mm)
b écarts de forme
Figure 2 – Deux fréquences spatiales bidimensionnelles
de même période et de directions différentes. Toute fonction
z (nm) des paramètres x et y peut se décomposer en une superposition
de telles ondes qui est son spectre à deux dimensions
10
–10
0 5 10 15 20
représentation d’une fonction à deux dimensions par son spectre
x (mm) est moins intuitive que celle d’un signal temporel, mais le forma-
lisme mathématique de la transformation de Fourier est tout à fait
c ondulation comparable.
Les notions de fonction d’autocorrélation et de densité spectrale
de puissance, bien connues pour les signaux temporels à une
z (nm)
dimension, sont directement transposables à la caractérisation
10
géométrique d’une surface à deux dimensions. Une description
complète de la morphologie d’une surface passe donc par la densité
0 spectrale de puissance de ses écarts à la surface idéale, qui est
–10 donnée par la transformée de Fourier de sa fonction d’autocorréla-
tion. Nous verrons (§ 5.4) une méthode d’analyse des états de
0 5 10 15 20 surface par diffusion de la lumière qui, dans certaines conditions,
x (mm) donne directement la densité spectrale de puissance des rugosités
dans un domaine bien défini de fréquences spatiales.
d rugosité
Toute la difficulté dans l’évaluation des paramètres géométriques
d’une surface est de définir les domaines de fréquences spatiales
Figure 1 – Profil complet, écarts de forme, ondulation et rugosité attribués aux trois catégories de défauts que nous avons distin-
d’une surface enregistrés sur une ligne guées. Les exemples donnés sur la figure 1 sont obtenus par
filtrage numérique, c’est-à-dire que les fonctions de transfert sont
connues exactement (voir les valeurs données dans le paragraphe
précédent). Les signaux enregistrés dans la pratique sont traités par
des filtres analogiques, mécaniques ou électriques, dont les fonc-
tions de transfert ne sont pas bien connues, voire n’existent pas si le
2. Fréquences spatiales processus de lecture n’est pas linéaire. C’est, bien plus que l’étalon-
nage des capteurs utilisés pour mesurer les très petits écarts z (x,
à deux dimensions y ), la raison essentielle des désaccords dans les comparaisons sur
les états de surface et les écarts de forme.
Fonctions d’autocorrélation et transformations de Fourier à deux
dimensions sont tout à fait analogues à ce que l’on connaît à une
La notion de fréquences spatiales est très utile pour comprendre dimension. Lorsque la surface est isotrope, c’est-à-dire lorsque ses
la structure géométrique d’une surface. Cette notion est compliquée propriétés statistiques ne dépendent pas de la direction des
par le fait que nous sommes à deux dimensions, et deux fréquences fréquences spatiales, on peut ramener le problème à une dimension
de même période peuvent différer par leur direction (figure 2). La en analysant une ligne de la surface.
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3. Écarts de forme
Deux types de formes sont essentiellement contrôlés en optique Capteur submicrométrique
et en mécanique : les plans d’une part, les sphères et les cylindres
de révolution ou tampons et bagues d’autre part. Ces formes
donnent lieu à deux types de mesures : les mesures de rectitude et Échantillon
1
de planéité d’une part, les mesures de circularité d’autre part.
Les tampons et les bagues lisses utilisés comme références en
mécanique donnent lieu à des mesures de circularité autour de leur Table tournante sur coussin fluide
axe et à des mesures de rectitude le long de leurs génératrices.
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États de surface
Caractérisation
par Bernard RAPHET
1
Responsable Qualité et responsable Formation d’ANNECY MÉTROLOGIE
Ancien responsable du service métrologie du CTDEC
(Centre technique de l’industrie du décolletage)
1. Introduction............................................................................................... R 1 230 - 2
1.1 Pourquoi faut-il caractériser la microgéométrie des surfaces ? .............. — 2
1.2 Normalisation et GPS (spécification géométrique des produits) ............ — 2
1.3 Normes d’états de surface et GPS ............................................................. — 3
2. Différents écarts géométriques de l’état de surface..................... — 4
3. Spécifications des états de surface.................................................... — 6
3.1 Indications des exigences d’états de surface ............................................ — 6
3.2 Exemples ...................................................................................................... — 8
4. Paramètres d’états de surface ............................................................. — 10
4.1 Séparation des écarts géométriques ......................................................... — 10
4.2 Paramètres définis par rapport à la ligne moyenne ................................. — 10
4.3 Paramètres définis par rapport aux motifs................................................ — 12
4.4 Paramètres définis par rapport à la courbe de portance.......................... — 18
4.5 Synthèse....................................................................................................... — 21
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. R 1 232
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R1230
1
méthode normalisée.
La normalisation actuelle est une réelle avancée, avec le concept GPS
(Spécification Géométrique des Produits) reconnu et repris par les principaux
pays industriels. Il convient donc de l’utiliser pour spécifier et mesurer les états
de surface, notamment lors d’échanges commerciaux.
Si ce système est très adapté à des surfaces obtenues avec des moyens
d’obtention donnant des profils pratiquement constants (tournage, fraisage,
rectification,...), il l’est beaucoup moins pour d’autres surfaces où les irré-
gularités sont inégalement réparties (électroérosion, surface revêtue,...) qui
nécessiteraient une caractérisation tridimensionnelle.
Pour les concepteurs de produits, l’amélioration des performances passe
généralement par la réduction des tolérances dimensionnelles et géomé-
triques, ce qui permet implicitement d’obtenir des états de surface plus fins.
Mais à quel prix ? S’il est évident que l’état de surface est un facteur important
dans la performance d’un produit, le choix du ou des paramètres à spécifier
reste toujours un problème délicat. Le manque de connaissance des relations
entre les fonctions d’une surface et les paramètres d’états de surface fait que
le concepteur spécifie ses produits avec un nombre très restreint de para-
mètres, souvent les mêmes, par habitude.
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No du maillon 1 2 3 4 5 6
Caractéristique Indication dans la Définition des tolé- Définition des des écarts – Exigences pour Exigences d’éta-
documentation rances – Définitions caractéristiques Évaluation
géométrique de du produit – théoriques et
Comparaison avec les
ou paramètres de limites de la tolérance
l’équipement de lonnage – Étalons
l’élément Codification valeurs l’élément extrait
mesure d’étalonnage
● Il traite des caractéristiques des pièces résultant de différents pro- — NF EN ISO XXXX en France, XXXX étant le numéro de la
cédés de fabrication et des caractéristiques de produits spécifiques. norme ISO ;
● Il intervient aux différentes étapes de développement d’un — DIN EN ISO XXXX en Allemagne, XXXX étant le numéro de la
produit. norme ISO ;
— etc. (0)
■ La normalisation internationale (normes ISO) a créé un comité Les normes ISO ont été toutes révisées ou créées entre 1996 et
technique ISO/ TC 213 « Spécification et vérification dimension- 2002. Leur adoption par les pays européens date de 1997 à 2003.
nelles et géométriques des produits » qui a mis au point, en 1995, Les principales évolutions de la normalisation concernent :
un outil d’analyse et de programmation de la normalisation : la
matrice GPS. Elle permet de visualiser pour chaque caractéristique — les instruments :
dimensionnelle et géométrique les normes existantes, les manques, • les palpeurs à patin ne sont plus normalisés,
les contradictions, les doublons. Chaque étude doit trouver sa place • la valeur vraie d’un paramètre d’état de surface est définie par
dans cette matrice (tableau 1). un instrument de mesure absolue,
• obligation de retirer la forme nominale avant l’application des
■ Les anciennes normes sont donc révisées dans le triple but : systèmes de séparation des écarts géométriques,
— les rendre compatibles avec les définitions GPS ; • le filtre gaussien à phase correcte numérique, défini par la nor-
— prendre en compte les évolutions technologiques ; malisation allemande DIN, remplace le filtre analogique 2 RC.
— uniformiser l’ensemble des normes nationales, à l’heure de la Dans la plupart des cas, le changement de filtre entraîne des diffé-
mondialisation des échanges. rences de l’ordre de – 5 à – 10 % ;
— les paramètres :
• la normalisation du système de séparation par motifs et des
1.3 Normes d’états de surface et GPS paramètres associés R et W (défini par la normalisation française
NF après travaux et définitions des constructeurs automobiles
Les états de surface ont été l’un des premiers sujets à être traité français),
suivant le concept GPS avec l’utilisation de la matrice. Le tableau 2
• le changement de noms pour certains critères,
positionne les différentes normes ISO concernant les états de sur-
face dans la matrice GPS. Cette classification sert également de • la définition de deux nouveaux profils d’état de surface (profil
support à ce dossier. W et profil P ),
• la normalisation ISO d’un système de caractérisation de surfa-
Il existe aujourd’hui une collection de normes ISO (normes inter- ces particulières obtenues par des procédés d’usinage différents
nationales) reconnues par le CEN (normes européennes) et donc par utilisés successivement, surfaces « multiprocess » (défini par la
les comités nationaux des États membres de l’Union européenne. normalisation allemande DIN),
Leur identification, basée sur la normalisation ISO, est la suivante : • la modification de la manière de spécifier les états de surface
— ISO XXXX pour la normalisation internationale ; sur un dessin technique ;
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R1230
No du maillon 1 2 3 4 5 6
1
Caractéristique dans la des tolérances – caractéristiques des écarts – pour d’étalonnage –
géométrique documentation Définitions ou paramètres de Comparaison l’équipement Étalons
de l’élément du produit – théoriques l’élément extrait
avec les limites
de mesure d’étalonnage
Codification et valeurs de la tolérance
NF EN ISO 4287
NF EN ISO 11562 NF EN ISO 4288
NF EN ISO 5436-1
NF EN ISO 12085 NF EN ISO 11562 NF EN ISO 4288 NF EN ISO 3274
Profil de rugosité NF EN ISO 1302 NF EN ISO 5436-2
NF EN ISO 13565-1 NF EN ISO 12085 NF EN ISO 12085 NF EN ISO 11562
NF EN ISO 12179
NF EN ISO 13565-2 NF EN ISO 13565-2
NF EN ISO 13565-3
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34
Référence Internet
R1230
1
– 400 9,5
– 800
5,5
0 2 4 6 8 10 12 14 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Longueur d'évaluation (mm) Longueur d'évaluation (mm)
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1
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Référence Internet
R1231
États de surface
Mesure
par Bernard RAPHET
1
Responsable Qualité et responsable Formation d’ANNECY MÉTROLOGIE
Ancien responsable du service métrologie du CTDEC
(Centre technique de l’industrie du décolletage)
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37
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R1231
1
ou moins performants (profilométrie), et enfin mesuré sur une partie de la sur-
face (topographie). Les techniques tridimensionnelles ne sont plus réservées
aux laboratoires de recherche. Les prototypes sont devenus des équipements
industriels que l’on retrouve dans des laboratoires d’entreprises ou de sociétés
de services. On peut imaginer qu’au niveau des équipements, les prochaines
étapes seront la mesure tridimensionnelle d’état de surface en production et la
mesure intégrale d’une surface entière (macro, microgéométrie, soit de façon
séparée soit de façon globale).
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R1231
(0)
1
RSm
spécifié – Rku – Rdq – Rc – Rt les paramètres
(0)
Tableau 4 – Conditions de mesure recommandées pour les paramètres liés aux motifs
Rayon maximal
A B Longueur d’exploration Longueur d’évaluation rs
de la pointe du palpeur
(mm) (mm) (mm) (mm) (mm) (µm)
0,02 0,1 0,64 0,64 0,002 5 2 ± 0,5
0,1 0,5 3,2 3,2 0,002 5 2 ± 0,5
0,5 2,5 16 16 0,008 5±1
2,5 12,5 80 80 0,025 10 ± 2
Sauf spécifications particulières, les valeurs par défauts sont : A = 0,5 mm et B = 2,5 mm (en gras).
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39
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R1231
1 aux motifs
à la courbe de portance
X
X X
Exemple :
— valeur spécifiée sur le plan : Ra 1,6 µm ;
— longueur de l’élément spécifié : 3,5 mm ;
— longueur de base sélectionnée : 0,8 mm ;
maximum 16 % de toutes les valeurs mesurées du paramètre — longueur d’évaluation, par défaut : 4 mm (5 × 0,8 mm).
considéré, obtenues sur une longueur d’évaluation, dépassent la Il est donc impossible d’effectuer la mesure.
valeur spécifiée. La règle à appliquer est alors la suivante.
Lorsque les exigences sont spécifiées par la limite inférieure du • Prendre le nombre maximal de longueur de base possible pour
paramètre, la surface est considérée comme étant acceptable si au effectuer la mesure.
maximum 16 % de toutes les valeurs mesurées du paramètre
Dans notre cas, le nombre de longueur de base est
considéré obtenues sur une longueur d’évaluation sont dépassées
3 (3 × 0,8 = 2,4 mm). La longueur de palpage sera égale à 3,2 mm
par la valeur spécifiée.
(2,4 mm + 0,8 mm), 1 longueur de base étant nécessaire pour le
16 % correspond à une valeur mesurée sur 6, hors de la limite fonctionnement correct de l’appareil.
spécifiée, ou 2 valeurs sur 12, etc. La solution la plus utilisée dans l’industrie est le choix d’une longueur
de base plus petite (0,25 mm par exemple), qui réduit ainsi la longueur
1.3.2 Règle de la valeur maximale de palpage à 1,5 mm. Ce choix n’est pas conseillé, une longueur
d’onde de coupure trop petite risque de réduire l’amplitude du signal
Lorsque les exigences sont spécifiées par la valeur maximale du caractérisant l’amplitude des stries de rugosité de façon importante,
paramètre, aucune des valeurs mesurées du paramètre de rugosité réduisant ainsi la valeur du paramètre spécifié.
sur l’ensemble de la surface à contrôler ne doit dépasser la valeur • Recalculer la limite en appliquant la formule suivante :
spécifiée.
Pour désigner la valeur maximale admissible du paramètre, le 3
Ra = ------ × 1,6 = 1,24 µm
suffixe « max. » doit être ajouté au symbole du paramètre. 5
Exemple : Rzmax 10. avec 1,6 la valeur du paramètre spécifié sur le plan (1,6 µm),
1,24 µm la valeur recalculée en fonction des conditions de
palpage utilisées.
1.3.3 Règles applicables pour chaque famille
de paramètres
La règle à appliquer par défaut est la règle des 16 %. L’appli-
1.4 Expression du résultat
cation de ces règles pour les différentes familles de paramètres est La mesure est un résultat de mesure et une incertitude de mesure.
précisée dans le tableau 6. Le compte-rendu de la mesure devrait indiquer au minimum :
— le type d’instrument utilisé ;
1.3.4 Évaluation du paramètre — le type de palpeur et la valeur du rayon ;
Les paramètres d’état de surface ne servent pas à la description — le type de filtre ;
des défauts de surface. Les défauts de surface tels que rayures et — la longueur de base ;
pores ne doivent pas être pris en considération lors de la véri- — la longueur d’évaluation ou le nombre de longueur de base ;
fication de l’état de surface. — l’incertitude de mesure.
Pour décider si une surface est conforme ou non à la spécification, Dans le domaine de l’état de surface l’incertitude est exprimée
une série de valeurs du paramètre d’état de surface doit être utilisée, en pour-cent. Elle est évaluée à partir des composantes suivantes :
chacune déterminée à partir d’une longueur d’évaluation. — écart-type de répétabilité, obtenu sur une série de mesures ;
La fiabilité de la décision de conformité et la précision de la valeur — incertitude-type sur la valeur des étalons de référence, cal-
moyenne obtenue dépendent du nombre de longueurs de base, à culée à partir de l’incertitude donnée sur le certificat d’étalonnage ;
l’intérieur de la longueur d’évaluation sur lesquelles la valeur du — erreur de justesse, écart entre la valeur de l’étalon et la
paramètre d’état de surface est obtenue et aussi du nombre de moyenne d’une série de mesures de l’étalon sur l’appareil.
longueurs d’évaluation, c’est-à-dire du nombre de mesurages le Des exemples d’incertitude de mesure sont donnés dans le
long de la surface. tableau 7. (0)
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P895
parFrank SALVAN
1
et Franck THIBAUDAU
Groupe de Physique des États Condensés (GPEC)
Faculté des sciences de Luminy
Université de la Méditerranée
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P895
1 images qui sont des cartographies à très haute résolution de propriétés spécifi-
ques de la surface de l’échantillon selon le type de sonde utilisé. Diverses pro-
priétés (structurales, électroniques, chimiques, optiques...) et leurs variations
locales à l’échelle nanométrique ou subnanométrique peuvent être ainsi ima-
gées et étudiées. Grâce à leur grand pouvoir de résolution, les microscopies à
sonde locale prennent le relais des microscopies classiques pour étudier la
matière jusqu’à l’échelle atomique.
À l’heure actuelle, après quelques années de développement, de nombreux
laboratoires de recherche et de l’industrie utilisent ces instruments d’observa-
tion et d’analyse. Ils permettent d’étudier les propriétés locales de surfaces (ou
d’interfaces) dans des conditions très variées selon les applications : ultravide
pour la physico-chimie des surfaces, milieu liquide pour la biologie et l’électro-
chimie, atmosphère contrôlée pour toutes sortes de matériaux et pour la métro-
logie en ligne de certaines applications du domaine recherche et déve-
loppement. Le tableau A montre comment par la mesure locale et le contrôle de
grandeurs ou quantités physiques (un courant, une force, une capacité, une
intensité de rayonnement...), on peut accéder à des propriétés locales caractéris-
tiques d’un échantillon.
Certains microscopes (cf. tableau A) permettent aussi de modifier de façon
contrôlée la surface de l’échantillon en particulier en manipulant les atomes de
surface ou en créant une réaction chimique locale sous la pointe. Ceci permet la
fabrication de structures de taille nanométrique, ou la gravure de motifs. On a
donc à la fois des instruments de caractérisation des surfaces de matériaux et
des outils de gravure à l’échelle nanométrique.
Il existe une abondante littérature et de nombreux ouvrages de revue sur les
microscopies à sonde locale. Dans cet article, nous dégagerons seulement les
principales caractéristiques des nouveaux instruments et illustrerons les nom-
breux champs d’application dans différents domaines de la physique, de la bio-
logie, de la métrologie et des nanotechnologies. Après la description du principe
général d’un microscope à sonde locale et de son fonctionnement, nous nous
attacherons à étudier de façon plus détaillée les premiers microscopes (STM et
AFM ou leurs dérivés). Pour chaque instrument nous montrerons les impacts en
recherche fondamentale (physique, chimie et biologie), métrologie et technolo-
gie. Nous traiterons ainsi de la microscopie par effet tunnel et de ses applica-
tions. Un paragraphe sera consacré au microscope à force atomique et à la
microscopie de force et un autre abordera la microscopie de champ proche opti-
que et ses applications. Les problèmes généraux de l’instrumentation seront
traités à la fin de l’article.
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P895
1
tunnel structurales
et électroniques
• Manipulation
d’atomes
• Nanogravure
Microscope à force Force Tout type 0,1 • Topographie
atomique • Mesure de forces
(cf. tableau 1)
Microscope à force Force magnétique Magnétique 10 • Magnétisation
magnétique locale
Microscope tunnel Courant Électrode en 0,1 • Suivi d’attaques
électrochimique solution ou de dépôts
électrochimiques
Microscope Capacité Isolant 10 • Capacité locale
capacitif • Profil de dopants
Microscope à effet Ondes évanescen- Tous types 10 • Caractérisation
tunnel optique tes à la réflexion de films optique locale
totale minces
Microscope optique Champ proche Transparent 10 • Caractérisation
en champ proche optique ou réfléchis- optique locale
sant • Spectroscopie
Microscope Courant Interface 1 • Topographie
à électrons métal/semi- • Caractéristiques
balistiques conducteur locales de diodes
(M/S) M/S
Microscope à force Force électrique Tout type 10 • Cartographie
électrostatique de répartition
de charges
Microscope Tension 1 000 •Cartographie
acoustique et fréquence d’impédance acousti-
en champ d’oscillation que
proche
Microscope Tension Tout type 100 • Cartographie
thermique d’un couple de température
en champ thermoélectrique de surface
proche
1. Principe du microscope La plus petite distance pouvant être perçue dans le plan de
l’image (inverse du pouvoir de résolution latérale) est de l’ordre
en champ proche de λ ; cette limite théorique est inhérente au phénomène de propa-
gation du rayonnement au travers des systèmes optiques d’agran-
dissement (et en particulier au phénomène de diffraction).
Pour apprécier l’originalité de ces nouveaux instruments, et cer- La grande originalité de la microscopie en champ proche est de
ner l’origine de leur excellent pouvoir de résolution, il nous faut s’affranchir du régime de propagation, et donc des limites de résolu-
revenir brièvement sur le principe de fonctionnement d’un micro- tion qu’il impose, en plaçant la sonde à proximité immédiate de
l’échantillon. Dans ces conditions, la résolution latérale de l’image
scope traditionnel.
dépend principalement de la forme de la sonde et de la distance
Dans les microscopes traditionnels (optique ou électronique), une pointe-échantillon.
source d’ondes (ou corpuscules) « éclaire » l’objet. Le rayonnement
Les premiers microscopes à sonde locale furent d’abord le
diffracté par l’objet véhicule au travers d’« optiques » des informa- microscope à effet tunnel (1982) souvent désigné sous le sigle
tions caractéristiques de l’objet vers un détecteur (CCD...) qui donne anglo-saxon STM (Scanning Tunneling electron Microscope) [1]
une image agrandie de cet objet. Les distances source-échantillon et bientôt suivi par le microscope à force atomique ou AFM (Atomic
échantillon-détecteur sont bien supérieures à la longueur d’onde λ Force Microscope) en 1985. Leurs inventeurs, G. Binnig et H. Rohrer,
du rayonnement utilisé. obtinrent le prix Nobel de physique en 1986.
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Système
1 2. Le microscope
de contrôle
à effet tunnel
Électronique
de régulation
z 2.1 Introduction
y x
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R1394
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Référence Internet
R1394
Dans une première partie, l’instrumentation est décrite et les différents modes
de fonctionnement (contact, résonnant, « tapping », frottement…) sont présen-
tés de façon générale. En insistant sur les potentialités de l’instrument, on expli-
cite les fondements des principales méthodes utilisées, sans être exhaustif. Dans
une seconde partie, des applications physiques dans divers domaines sont
présentées.
1
1. Instrumentation et modes environnements physiques tels que le vide, les fluides, les basses
températures et les champs magnétiques mais aussi aux applica-
de fonctionnement tions chimiques, optiques, biologiques et métrologiques.
Une illustration de ces différents modes, appliqués à la détection
mécanique, physico-chimique, magnétique, etc., est représentée sur
la figure 3.
1.1 Microscope
Un schéma typique des microscopes de force est présenté sur la 1.1.1 Cantilever et pointe
figure 1. Une pointe miniature, fixée à l’extrémité d’un cantilever,
est proche de la surface d’un échantillon placé sur une platine de Le cantilever et la pointe constituent une partie essentielle de
déplacement (balayage XYZ ). Le déplacement relatif de la pointe l’instrument. En raison de la complexité de leur fabrication, les can-
par rapport à l’échantillon donne soit une cartographie de la gran- tilevers sont en général achetés auprès de sociétés commerciales,
deur mesurée, soit une surface d’« isograndeur », si une boucle bien que quelques équipes utilisent avec succès des fils de tungs-
d’asservissement ajuste la hauteur de l’échantillon pour maintenir tène recourbés et dont l’extrémité a subi une attaque chimique.
constante la grandeur mesurée.
Nota : le terme anglais cantilever désigne une pointe suspendue en porte à faux.
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R1394
A B 1
Diffusion dans Thermogravimétrie Réaction catalytique
les polymères
a Budget Sensors™ b Advanced TEC de NanoSensors™
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Référence Internet
R1394
C, C ’
B Zéch
Adhérence
Figure 6 – Nanotube de carbone à l’extrémité d’une pointe
S’
plupart des fabricants. Elles sont plus ou moins faciles d’emploi sui- Aller Retour
vant les cas. Des difficultés peuvent apparaître pour des milieux
agressifs ou d’indice de réfraction élevé. Figure 7 – Courbe de force
1.2 Modes de fonctionnement L’adhésion se manifeste ici par une hystérésis sur la courbe de
force. Elle provient de nombreux facteurs : forces de Van der Waals,
bien sûr, mais aussi forces capillaires, électriques dans les liquides.
Elles sont alors affectées par le pH, la force ionique… La courbe de
Selon que la pointe est en contact avec la surface ou non, qu’elle force peut être considérée comme une mesure de l’adhérence. Il
travaille à la résonance du cantilever ou à fréquence nulle, ou bien s’agit de la manifestation de l’adhésion dans un cadre expérimental
que l’échantillon vibre ou non, on obtient des modes opératoires et donné. D’après ces remarques, on conçoit que l’AFM soit sensible
d’imagerie différents. aux propriétés physico-chimiques des surfaces.
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R 1 394 − 4 © Techniques de l’Ingénieur
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Référence Internet
BM5055
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Référence Internet
BM5055
(x = z = 0) p Pa Pression
50
Référence Internet
BM5055
Rj
j = x ou z
m νi — Coefficient de Poisson du massif i 1
3
ρi kg /m Masse volumique du massif i
σi Pa Contraintes principales
µm Écart-type des hauteurs de rugosité
(i = 1,2,3)
du massif i
σx, σy, τxy Pa Contraintes orthogonales
Écart-type composite de la hauteur
des rugosités des deux massifs :
µm τxz, τyz Pa Contraintes tangentielles
51
Référence Internet
BM5055
Glissement
spécifique 0 ≤5% >5%
1
|U1 – U2|/(U1 + U2)
Usure, fatigue-scoring
Usure et fatigue par
petits débattements
10 µm
Grippage
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BM5055
1
100 µm
100 µm
53
1
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TRI200
Muriel QUILLIEN
Maı̂tre de conférences
Institut Supérieur de Mécanique de Paris (ISAE-Supméca), Paris, France
et Geneviève INGLEBERT
Retraitée, ancienne Professeur des universités
Institut Supérieur de Mécanique de Paris (ISAE-Supméca), Paris, France
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Référence Internet
TRI200
orsque deux solides aux frontières courbes entrent en contact, ils définissent
L un plan tangent commun appelé plan de contact. La famille des contacts
hertziens correspond à des contacts dont le premier contact dans ce plan est,
soit un point (contact ponctuel), soit une ligne (contact linéique). Heinrich Rudolf
Hertz en a proposé les premiers éléments de solution entre 1881 et 1895.
Sous l’effet d’une force normale au plan tangent commun aux deux pièces,
1
une surface de contact se crée à travers laquelle les efforts sont transmis d’une
pièce à l’autre. Il s’agit d’une ellipse pour la famille des contacts ponctuels et
d’un rectangle allongé pour la famille des contacts linéiques. Ces efforts locali-
sés génèrent une répartition spécifique de contraintes dans la région du contact
qui peut entraı̂ner des déformations permanentes ou des endommagements ; il
est important de pouvoir les prévoir.
L’application de la théorie de Hertz [1] à ce contact permet de prévoir la forme
et les dimensions de la surface de contact, la répartition des contraintes en sur-
face et en sous-couche au voisinage du contact ; on peut ainsi déterminer dans
chacun des solides la zone la plus sollicitée et choisir le matériau ou les traite-
ments de surface ou revêtements adaptés.
Pour mener à bien une étude, il est nécessaire de connaı̂tre les informations
suivantes :
– les géométries des deux pièces au voisinage du contact (courbures) ;
– leur positionnement relatif ;
– l’effort de contact normal au plan tangent commun ;
– les propriétés d’élasticité des deux solides (module de Young et coefficient
de Poisson) des matériaux en contact.
Pour le dimensionnement, les limites d’élasticité, de rupture ou de fatigue
pourront être nécessaires.
Dans cet article, on abordera dans un premier temps les hypothèses des
contacts hertziens et la définition des grandeurs géométriques et mécaniques
décrivant ces contacts. On présentera ensuite la solution du cas général du
contact ponctuel et son application au contact particulier sphère/plan, puis la
solution du cas général du contact linéique cylindre/cylindre à axes parallèles.
Dans une seconde partie, l’état de contraintes en surface et en profondeur est
décrit à l’aide de formules analytiques. Les principes de dimensionnement/choix
des matériaux en sont déduits. Enfin, on abordera qualitativement l’effet d’un
effort tangentiel ajouté au chargement normal.
56
Référence Internet
TRI200
z1
z1
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Référence Internet
TRI200
facteurs ou coefficients de Poisson n1 et n2. Les calculs feront inter- 1.2 Recherche de la surface
venir des modules réduits, ki, de chacun des matériaux et un
module équivalent E* :
et des pressions de contact :
la démarche
1 − νi2 L’étape suivante est la détermination de la surface et des pres-
ki = (5)
Ei sions de contact.
1
1
= k1 + k 2 (6) On décrit la géométrie des solides dans des repères (X, Y, zi)
E* pour le solide i présentant des directions X et Y communes dans
le plan tangent. Avec l’utilisation de ces deux repères, la distance
Nota : dans la littérature, on trouve plusieurs variantes de ces coefficients, certaines incluant
z entre les deux solides s’écrit :
1 − νi2
un coefficient p ou un coefficient
1
, par exemple, ki = ou
1
=
1
E* 2 1 2
( )
k +k .
2 π Ei z = z1 + z 2
Ces variantes conduisent à des expressions différentes des dimensions a et b détaillées au
paragraphe 1.3.1. Le lecteur doit être particulièrement attentif aux définitions retenues pour
ki et E* car aucune ne fait consensus. Bien entendu, toutes ces variantes produisent les
Soit
mêmes valeurs numériques lors de l’application des formules.
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TRI250
8. Glossaire ...................................................................................................... — 23
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. TRI 250
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Référence Internet
TRI250
1
induisent des dispersions de forme importantes, d’autant plus importantes que
l’on tend vers les microgéométries les plus fines. La prise en compte de la
microgéométrie nécessite de traduire cet aspect statistique aléatoire ce qui
impose le recours à des techniques spécifiques qui intègrent ces variabilités
dimensionnelles ;
– les microgéométries de surface présentent des variations à différentes
échelles, car il n’existe pas moins de trois ordres de grandeur de défauts ou
échelle allant de la forme à la rugosité en passant par l’ondulation. La dernière
échelle se situe à une dimension submicrométrique qui nécessite une grande
finesse de description pour une discrétisation de la forme tandis que les pre-
mières échelles imposent des domaines dépassant les échelles millimétriques.
La présence de ce relief va être particulièrement importante au plan visuel en
affectant la surface de la pièce, et au plan mécanique en intervenant lorsque
les pièces sont en contact. Effectivement les variations de hauteur, même si
elles se produisent à une échelle fine, sont suffisantes pour morceler le contact
réel entre les deux pièces, et le rendre qualitativement très différent de celui
qui existerait entre des surfaces idéales. Ainsi la connaissance du contact entre
surfaces rugueuses va s’avérer relativement pertinente pour la prévision du
comportement en service, car deux éléments vont la rendre relativement
déterminante :
– l’amplitude de la microgéométrie qui est susceptible de varier significati-
vement par modification des conditions de fabrication des pièces. Ainsi, par
exemple, des procédés de réalisation de surface comme le tournage peuvent
permettre d’atteindre des rugosités sur trois décades (Ra entre 0,1 et 10 μm), ce
qui laisse une grande latitude pour ajuster ce paramètre à la valeur désirée ;
– la microgéométrie qui a un rôle quantitatif important sur le comportement
du contact.
Enfin, compte tenu de la petite taille des défauts microgéométriques à la
surface de la pièce et de leur espacement de quelques dizaines de micro-
mètres, une aire de contact supérieure au millimètre carré va comporter un
grand nombre de spots de contact. La base du calcul statistique consiste à dire
que ce grand nombre de contacts, même s’il est composé de morphologies dif-
férentes (et par voie de conséquence de comportements très différents), va
être équivalent à un comportement moyen affecté à chaque aspérité. L’objectif
de cet article est d’expliciter la démarche permettant d’obtenir de manière
générale ce comportement moyen et d’en fournir l’expression pour certaines
des applications les plus courantes.
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Référence Internet
TRI250
1
10 – l’analyse mécanique du contact statique qui va consister à ana-
lyser le champ de contrainte induit par les microgéométries dans
5
un assemblage surfacique de type plan sur plan. La prévision de la
déformée de l’interface rugueuse sera également abordée ;
0
– le mécanisme de lubrification mixte qui se caractérise par de
0 1 000 2 000 3 000 4 000 (μm) plus faibles épaisseurs de lubrifiant entre les pièces. Ce méca-
nisme est donc fortement influencé par la microgéométrie et se
Figure 1 – Contact sans chargement entre deux profils rugueux prête également à l’approche statistique lorsqu’il est induit par des
contacts surfaciques entre surfaces parallèles. Dans ce cas, il est
– l’interface qui présente des zones de non-contact direct entre possible d’obtenir une prévision du coefficient de frottement du
les deux pièces qui vont pouvoir constituer des sites de chemine- contact et du coefficient d’usure de chacune des pièces en contact ;
ments privilégiés pour d’éventuels éléments qu’ils soient solides, – le cas où une interface est traversée par un flux thermique, le
liquides ou gazeux. C’est en particulier une des raisons pour les- caractère discontinu de la surface crée une résistance additionnelle
quelles la notion de rugosité est indissociable des techniques à celle occasionnée par les deux pièces en contact. L’approche sta-
d’étanchéité, que celle-ci soit statique [B5420] ou dynamique tistique permet alors une prévision de cette résistance addition-
[BM5422]. Par ailleurs, en tribologie, c’est par le biais du contrôle nelle que l’on nomme résistance de contact.
des rugosités que l’on arrive à maîtriser la circulation des débris
d’usure [BM5065] ;
– l’espace entre deux pièces qui présente une variabilité à
l’échelle du cumul des rugosités sur chaque pièce. En présence d’un
régime de lubrification liquide assuré par une épaisseur de lubrifiant
2. Le modèle de Greenwood
de l’ordre de grandeur de la rugosité (régime de lubrification mixte et Williamson
détaillé dans [TRI1520]), le contact va présenter localement des
variations relatives d’épaisseur de film lubrifiant relativement impor-
tantes. Sachant que le comportement local du film liquide est très Un peu d’histoire
fortement influencé par son épaisseur, le comportement du contact
lubrifié va présenter une sensibilité accrue à la rugosité des pièces. Le modèle de Greenwood et Williamson [5], détaillé dans un
On perçoit ainsi un besoin fort de disposer d’une modélisation des plus célèbres articles du domaine de la tribologie, a été
de la microgéométrie et de son impact sur le comportement étudié proposé voilà près de 50 ans. Il compte maintenant près de
pour ces nombreux domaines des sciences de l’ingénieur concer- cinq milliers de citations et a été à l’origine de plusieurs cen-
nés par une influence de la microgéométrie. Les modélisations taines d’articles décrivant d’éventuelles extensions, voire com-
intégrant les microgéométries ne reposent pas sur une stratégie pléments à ce travail originel.
unique, mais vont s’organiser en trois grandes familles [1] [2] [3] : Malgré la présence de ces nombreux perfectionnements, il
– l’approche discrétisée qui consiste à décrire la microgéométrie est important de souligner le bien fondé des choix initiaux
par une cartographie de points (sur un maillage donné) puis à bâtir proposés, car les hypothèses de ce modèle, à de très rares
le comportement du contact à partir de ce nombre discret de points, exceptions près, se sont révélées être pertinentes au fur et à
si possible pas trop grand sous réserve d’avoir des temps de calcul mesure de l’avènement de validations expérimentales ou de
divergents. Couplée à une méthode de résolution par éléments finis, calculs théoriques plus fins.
avec ou sans passage dans l’espace de Fourrier, cette approche est La reconnaissance est telle qu’il est devenu un standard de
notamment couramment utilisée pour l’analyse des surcontraintes la description du contact entre surfaces rugueuses, largement
mécaniques, dans les contacts localisés hertziens de type linéiques connu et utilisé dans le monde de la tribologie.
ou ponctuels [3]. C’est également une technique qui peut être déve-
loppée dans le domaine de la lubrification hydrodynamique ;
– l’approche fractale qui repose sur l’existence d’un principe Le modèle de Greenwood et Williamson est caractérisé par le
d’autosimilarité (self-similarity) du caractère multi-échelle des contact statique, sous un effort purement normal, entre un solide
défauts microgéométriques et ce, avec une dimension fractale de surface plane, lisse et rigide et un solide présentant un modèle
connue sur l’ensemble des échelles de défaut. Si le phénomène de surface rugueuse et déformable (figure 2).
étudié accepte le principe de superposition des effets de chaque
échelle, il est alors possible de cumuler la contribution de chaque Le modèle de surface rugueuse est une surface nominalement
échelle et d’obtenir le comportement résultant [4] ; plane couverte par un très grand nombre d’aspérités qui obéit aux
– la dernière famille d’approche, qui va être développée dans cet hypothèses suivantes :
article se base sur la possibilité d’établir le comportement du – la surface rugueuse est isotrope ;
contact par association du comportement induit par chacun des – les aspérités, au moins près de leur sommet, sont sphériques ;
défauts microgéométriques. Si, de plus, le contact comporte un – la surface comporte N0 aspérités dont les sommets ont même
très grand nombre de défauts microgéométriques, comme c’est le rayon Ray et des altitudes variant aléatoirement suivant une loi
cas pour les contacts surfaciques, alors le comportement est iden- normale ;
tique à celui occasionné par le défaut moyen. – les aspérités sont suffisamment éloignées pour qu’il n’y ait pas
Comme on peut le constater, ces différentes approches pré- d’interaction entre elles ;
sentent chacune leurs avantages et inconvénients spécifiques – il n’y a pas de déformation globale de la surface, seules les
dont nous avons donné les grandes lignes. Chaque domaine va aspérités se déforment pendant le contact.
61
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TRI250
Sommets
Sommets en contact zs
ligne moyenne
Ligne moyenne des sommets
des points du profil
0
1
Φ (zs)
La fonction de densité des altitudes des sommets Φ (z)s a pour déformations volumiques (hors déformation des microgéomé-
expression : tries) mais dans ce cas, la méthodologie s’alourdit considérable-
ment et perd donc de sa pertinence.
Les situations de contact surfacique plan restent suffisamment
Φ
nombreuses pour permettre une large diffusion du modèle, sans
évoquer l’extension aux deux autres familles de contact. Pour les
zs représente l’altitude des sommets, contacts surfaciques statiques, on peut citer les assemblages et,
ms la moyenne des altitudes des sommets pour les contacts glissants, on trouve les glissières, les
embrayages et les freins.
σs l’écart type des altitudes des sommets.
Cependant, la typologie de contact entre une surface rugueuse
Nous allons dans un premier temps revenir au paragraphe 2.1 et une surface lisse et indéformable est plus surprenante, car elle
sur ces différentes hypothèses concernant la surface rugueuse, est extrêmement peu répandue dans les applications industrielles
puis détailler au paragraphe 2.2 le principe du calcul statistique, et qui utilisent généralement des contacts rugueux sur rugueux (les
enfin présenter, à partir du paragraphe 2.3, les principaux résul- deux surfaces étant déformables). Le paragraphe 6.1 montre que
tats. la situation réelle rugueux déformable sur rugueux déformable
peut se ramener avec plus ou moins de fidélité au contact pro-
posé par Greenwood et Williamson : rugueux sur lisse et rigide,
2.1 Hypothèses et limitations plus facile à utiliser dans les calculs.
62
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TRI250
(μm)
(μm)
15
10
1 500
0,5
5
0,0
1
0
1 000
–5
–0,5
500
–10 –1,0
0 500 1 000 1 500 2 000 (μm)
–15
0
R6 = 993,70 μm R7 = 1230,06 μm
1,5
2
1 500
1,0
1
0
1 000
0,5
–1
–3
0,0 de sommets :
0,75 μm
1 500
0,05
–0,5
–1,0
0 500 1 000 1 500 2 000 (μm)
1 000
–0,05
0 500 1 000 1 500 (μm) (μm) Attention, il est fondamental de bien distinguer dispersion des
c polissage
points d’altitude z du profil et dispersion des altitudes des som-
mets zs (figure 6).
Les points du profil ont des altitudes z qui suivent une loi nor-
Figure 3 – Exemples de microgéométries isotropes male centrée, car la ligne moyenne du profil est choisie comme
origine des altitudes [R1230] [R1231] [R1246] (figure 6a). Son écart
type constitue un des nombreux paramètres de rugosité acces-
Des modèles proposant la prise en compte de variabilité des
sibles sur les appareillages de métrologie. Sa dénomination Rq et
rayons existent et sont présentés au paragraphe 6.5.
son processus de calcul sont parfaitement normalisés. Le modèle
nécessite de connaître la dispersion des altitudes zs des sommets
2.1.4 Altitudes du sommet des aspérités suivant (figure 6c) et non pas la dispersion de tous les points du profil, ce
une loi normale qui est plus délicat à obtenir pour diverses raisons :
– premièrement, la forme des aspérités est loin d’être franche et
Les mesures réelles (figure 5) montrent que les microgéomé- rend toujours discutable l’identification des sommets à retenir
tries ne sont pas rigoureusement périodiques et ce même si elles pour le calcul statistique. Le simple calcul avec un maximum local
sont obtenues avec des procédés de fabrication faisant intervenir échoue et la détermination des sommets doit faire appel à une
la coupe au moyen d’un outil unique (comme le tournage). Un technique de reconnaissance de forme (« ISO 12085 ») ;
aspect aléatoire, lié à la dispersion soit de paramètres d’usinage, – deuxièmement, les deux distributions (tous les points et uni-
soit du comportement des matériaux, intervient à ces faibles quement les sommets) sont nettement différentes. Le fait de se
échelles, et ce de manière d’autant plus nette que la microgéomé- limiter aux sommets (maxima locaux) modifie la dispersion (forcé-
trie est faible. En conséquence, l’altitude des sommets d’aspérités ment plus faible que la dispersion de l’ensemble des points) et
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TRI250
(μm)
3
2
1 0
1
0
0
Φ (z) –1 Φ(zs)
–2
–3
–4
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 (mm)
2.1.5 Absence d’interaction entre aspérités Figure 7 – Modifications géométriques induites sur une aspérité par
voisines ses voisines
64
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NM7200
Mesure de dureté
par nano-indentation
par Olek MACIEJAK et Pascal AUBERT
1
La nano-indentation est une technique simple pour mesurer les propriétés
mécaniques de couches minces et de matériaux traités en surface. Elle
nécessite néanmoins un appareillage très précis et quelques précautions
d’utilisation.
C F capacité
εr permittivité relative
C m/N complaisance
ν coefficient de Poisson
d m distance entre la plaque
θ rad angle d’un indenteur pyramidal
centrale et les autres plaques
ω rad angle d’un indenteur pyramidal
E Pa module d’Young ou d’élasticité
Ef constante
Er Pa Module d’élasticité réduit 1. Introduction
Fz N force normale, charge
appliquée La mesure de dureté préoccupe depuis long-
temps les métallurgistes. Ainsi, de nombreuses
h m déplacement normal, méthodes ont été développées pour mesurer cette
profondeur de pénétration propriété. On peut les classer en deux grandes
H Pa dureté catégories de tests : les tests de dureté dynami-
que et les tests de dureté d’indentation quasi
hc m profondeur de contact statique. Dans le cas de la dureté dynamique, une
hf m profondeur de l’empreinte charge est lancée d’une hauteur donnée sur la sur-
après déchargement face. La dureté est exprimée en termes d’énergie
d’impact et de taille de l’empreinte. La méthode
hs m déplacement de la surface au
d’indentation quasi statique, qui demeure la plus
périmètre du contact
utilisée, consiste à presser un objet de grande
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dureté et de géométrie connue contre la surface du nano-indentation fait le lien entre la micro-inden-
matériau à tester. Suivant la charge mise en jeu, on tation et les microscopies de champ proche. Aucun
peut distinguer trois techniques : la macro-indenta- capteur ne permet de couvrir de manière résolue
tion (charge supérieure à 10 N), la micro-indenta- l’ensemble de ces gammes de forces et de dépla-
Champ électrique
(électrodes externes)
Électrodes
externes
Ressorts
Plaque centrale
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NM7200
67
1
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M4160
ans cette rubrique Essais mécaniques des métaux, le lecteur pourra égale-
D ment se reporter aux articles spécialisés suivants :
— « Détermination des lois de comportement » [M 120] ;
— « Essais d’aptitude à la mise en forme » [M 125] ;
— « Essais de rupture » [M 126].
Si la notion de dureté est l’une des plus intuitives, sa mesure correspond en
pratique à celle de la résistance à la pénétration locale du matériau considéré. La
dureté est alors une propriété physique complexe et difficile à interpréter, qui
dépend non seulement des caractéristiques de ce matériau, mais aussi de la
nature et de la forme du pénétrateur et du mode de pénétration. C’est ainsi que
le cuivre écroui offre une plus grande résistance à la pénétration que l’acier
doux, mais il est rayé par lui.
Les essais habituels de dureté sont simples, rapides, et généralement non des-
tructifs sauf très localement ; ils offrent donc un moyen très commode, et très
utilisé dans les ateliers, pour vérifier l’évolution des propriétés d’une pièce
métallique, notamment lors des traitements thermiques et mécaniques, ou pour
contrôler la conformité des fournitures. De plus, la dureté permet d’apprécier,
dans une certaine mesure, la résistance mécanique, la résistance à l’abrasion, la
Parution : mars 2005
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© Techniques de l’Ingénieur M 4 160 − 1
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1. Essais de dureté par rayage La dureté par rayage, plus délicate à mettre en œuvre et moins
précise que les méthodes par pénétration sous faible charge, n’est
utilisée aujourd’hui dans des cas très particuliers.
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Malgré ses défauts, cette méthode reste utilisée pour le contrôle avec ν1, ν2, E1 et E2 coefficients de Poisson et modules de Young de
des pièces massives (cylindres de laminoirs, portées de vilebrequins), la bille (indice 1) et du bloc testé (indice 2).
les indications obtenues n’ayant qu’une valeur de comparaison.
La contrainte moyenne sur l’aire de contact vaut
2
σ moy = – 4 F /π d
3. Essais pendulaires et la contrainte maximale au centre de cette aire est telle que
de dureté σ max = 1,5 σ moy 1
Ces contraintes sont donc proportionnelles à (F /D Le contact 2)1/3.
Divers auteurs ont remarqué que la définition de la dureté par la
mesure de l’empreinte du pénétrateur, effectuée après rebondisse- cesse d’être élastique quand σmax atteint 1,613 Rp (Rp est la limite
ment ou après enlèvement de la charge, peut prêter à confusion. d’élasticité).
Par exemple, l’essai de dureté sous faible charge du caoutchouc On suppose (cf. article Détermination des lois de comportement
donnerait une dureté infinie puisque l’empreinte est nulle. Dans ce [M 120] que le comportement plastique obéit à la loi empirique :
cas, la déformation produite est purement élastique.
e n
L’avantage de la méthode pendulaire est qu’elle permet de définir σ = R m --- ε n
(3)
n
ce type de dureté, grâce à une mesure faite pendant l’action de la
bille. Elle permet également de définir la dureté d’ensemble (élasti-
que et plastique) si la charge appliquée dépasse la limite d’élasticité. avec σ et ε respectivement contrainte et déformation
rationnelles équivalentes (celles que l’on aurait
Cette méthode est très peu employée et n’est mentionnée ici que dans un essai de traction uniaxiale),
pour susciter éventuellement des applications. Elle consiste à déter-
miner la durée d’oscillation d’un pendule reposant par l’intermé- e base des logarithmes népériens,
diaire d’une bille sur la surface à étudier, durée d’autant plus faible n exposant d’écrouissage,
que l’enfoncement de la bille est plus important.
Rm résistance à la traction.
La théorie de la plasticité montre alors que
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(0)
Dimensions θ θ
D D
θ
La formule (2) montre que le diamètre d de l’empreinte doit varier 4.3 Dureté Meyer. Dureté Brinell
comme F 1/3 tant que les déformations restent élastiques, puis, d’après
(5) et (6), la variation serait en F 1/(n + 2) dans le domaine plastique.
Toujours est-il que, sur un graphe (lgF, lgd), la pente change au Ces essais sont décrits dans la norme NF EN ISO 6506-1
passage de la limite d’élasticité Rp, ce qui permet de déterminer la (octobre 1999).
dureté absolue de Hertz H. D’après la formule (2), en considérant
que les modules d’élasticité de la bille et du bloc à tester sont voisins
et égaux à E et que ν1 ≈ ν2 ≈ ν ≈ 0,3, on trouve :
4.3.1 Dureté Meyer
Fp E 2 1 ⁄ 3
H = 0,417 ------------- (7)
D2
Meyer a étudié la résistance à l’enfoncement d’une bille dans un
D’après la relation entre σmoy et σmax et la valeur de σmax quand métal et a montré que :
on atteint la limite d’élasticité (cf. § 4.1), on aurait
F d m
H = 1,075 Rp ≈ Rp ------ = k ---- (8)
d2 D
L’idée fut reprise par Pomey et Voulet qui utilisèrent la mesure de
la résistance de contact entre une bille et la surface plane de la pièce
On peut noter que cette relation est bien de la forme de la relation
à étudier pour déterminer la charge correspondant à la première
(5). On définit alors la dureté Meyer comme :
déformation permanente. Le microscléromètre construit par eux
était équipé d’un mandrin léger ne pesant que 400 g avec sa bille de
1,5 à 4 mm de diamètre et son plateau. Un pont double de Thomson 4F
HME = σ moy = 0,102 ---------2- (9)
permettait de mesurer la résistance de contact. On opérait par char- πd
ges discontinues croissantes avec, à chaque fois, retour à la charge
initiale sous laquelle on mesurait la résistance de contact. La limite L’exposant m et le coefficient k de la loi de Meyer varient avec la
d’élasticité était définie par la charge après laquelle la résistance nature du métal et son état. Dans les métaux durs ou écrouis, on
cessait de revenir à sa valeur initiale pour prendre des valeurs de observe autour de l’empreinte la formation d’un bourrelet. Dans les
plus en plus faibles. métaux mous ou recuits, au contraire, on observe un enfoncement
La méthode était rapide et sensible ; elle permettait une mesure général de la surface de l’empreinte. Dans le premier cas m vaut 0 à
de la dureté superficielle. 0,15 environ et dans le second 0,3 à 0,6. En comparant la loi de
Meyer [formule (8)] et celle de Tabor [formule (5)], on voit que l’on
Une modification de cet appareil utilisait un comparateur électro-
doit avoir sensiblement m = n, ce qui est assez bien vérifié.
nique de haute sensibilité pour repérer la position de la bille par rap-
port au plan tangent initial. Le zéro du comparateur était fait avec la La formule (8) peut être transformée en :
charge initiale. La limite d’élasticité était définie par la charge à partir
de laquelle le comparateur montrait une déformation résiduelle per-
F d m+2
manente qui croissait avec la charge. ------- = k ---- (10)
D2 D
Le principal intérêt de cette technique de mesure de la dureté hert-
zienne résidait surtout dans sa grande sensibilité aux contraintes
existant dans le solide au point de mesure, ce qui en faisait une Cela montre que si F /D2 est maintenu constant, d /D ainsi que la
méthode non destructive d’évaluation des contraintes internes. dureté Meyer HME gardent la même valeur.
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Tests de rayure
et article délivre une analyse précise sur les techniques de rayages instru-
C mentés (en anglais communément appelées « scratch testing »). Ces
dispositifs permettent de manière générale de caractériser de façon qualitative
des revêtements et des couches minces. L’interprétation des données délivrées
par ces instruments a été facilitée suite à l’avènement d’outils performants,
telle que l’imagerie panoramique, le suivi du profil du test scratch et la syn-
chronisation spatiale lors de l’observation optique d’une rayure. En outre la
possibilité de modéliser la déformation d’un revêtement et de son substrat en
fonction de la charge appliquée permet d’ajuster les paramètres de test pour
favoriser un positionnement du maximum du champ de contrainte non loin de
l’interface. Cela a conduit notamment à développer un large panel d’indenteurs
avec des conditions et des pressions de contact appropriées.
Des progrès importants ont également été réalisés dans l’utilisation de la
technique scratch pour mesurer des propriétés mécaniques connexes à l’adhé-
rence telles que la ténacité, la dureté, la viscoélasticité. De même l’utilisation
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TRI150
1
1. Premiers développements Le test de rayure automatisé s’est généralisé dans les années 1980
grâce à Laeng [3], Steinmann [4], Valli [5], Burnett et Rickerby [6] et
d’autres [7] [8] [9] [10] [11]. Ils ont ainsi développé des instruments
La première évocation de l’essai de rayure en tant que méthode pouvant générer des rayures sous force contrôlée sur une surface en
qualitative de la mesure de l’adhérence d’un revêtement date des utilisant généralement une pointe en diamant de type Rockwell C
années 1950 par Heavens [1] qui, appliquant une charge constante (pointe conique de 120° présentant une terminaison sphérique) ayant
à la surface d’un revêtement par le biais d’un pénétrateur, a typiquement 200 μm pour rayon de courbure. La force normale pou-
observé des endommagements en surface qui ont provoqué une vait ainsi être appliquée de manière constante ou croissante.
délamination du film. Les charges appliquées qui ont créé ces La figure 1 présente le principe de base de l’essai de rayure
endommagements spécifiques (fissurations, délaminations), sont classiquement utilisé en chargement progressif pour générer une
définies comme charges « critiques ». Des travaux ultérieurs réali- contrainte croissante dans le matériau, jusqu’à ce que des endom-
sés par Benjamin et Weaver [2] dans les années 1960 ont conduit magements spécifiques se produisent à la surface (charges cri-
à un modèle reliant cette notion de charge critique à la fragilisa- tiques), ces endommagements étant observés de façon post
tion du système couche-substrat. mortem à l’aide d’un microscope optique. Des signaux émis par
Les origines de l’essai de rayure automatisé sont donc une évo- des capteurs de force tangentielle, acoustique et d’enfoncement
lution logique de multiples méthodes d’essais industriels relative- viennent compléter ce diagnostic optique.
ment basiques tels que le test du couteau (ASTM D6677), le test Tous les endommagements produits en surface ne sont pas systé-
de pelage au ruban adhésif (ASTM D3359), le test au crayon de matiquement liés à une décohésion du revêtement à l’interface.
dureté (ASTM D3363), le test d’adhérence par arrachement (ASTM Seuls certains sont donc exploitables pour l’analyse de l’adhérence.
D4541) et le test d’adhérence par grattage (ASTM D2197). De Des endommagements indiquent clairement par exemple une rup-
telles approches sont généralement très subjectives et dépendent ture cohésive, interne à la couche. Pour grand nombre de cas,
étroitement des capacités d’interprétation de l’opérateur, mais ont l’essai de rayure est ainsi considéré comme un moyen polyvalent
également tendance à simplifier à outrance la réponse parfois pour évaluer l’intégrité mécanique d’une surface, qu’elle soit revê-
complexe que peut présenter un système film-substrat face à ce tue ou non, et a trouvé sa place dans de nombreux domaines de
type de sollicitations. recherche sur les matériaux et dans les développements industriels.
Force normale
Constante
Progressive
Incrémentale
Force tangentielle
Coefficient de frottement Indenteur
diamant
sphérique
Rockwell
Déplacement
réciproque
linéaire
a b
Figure 1 – Principe de l’essai de rayure et dernière génération commerciale d’un scratch testeur disposant d’un indenteur associé à une tourelle
de microscopie optique et d’un jeu de tables X-Y assurant le déploiement de l’échantillon entre ces deux composantes
74
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TRI150
En général, le test est plus pertinent si le substrat ne se déforme classiquement un indenteur avec un microscope optique via une
pas plastiquement. Dans ce cas une déformation concentrée plus platine motorisée XY permettant le déplacement de l’échantillon.
spécifiquement au sein du revêtement ou sur l’interface fournit Il suffit en effet de connaître le vecteur XY nécessaire à cette navi-
bien une information sur son adhérence. gation entre les deux composantes pour visualiser, certes de
Il est par ailleurs possible de détecter un changement dans la façon post mortem, une position ciblée de la surface.
force de frottement lorsque l’indenteur vient à transpercer le revê-
tement et entre en contact avec le substrat. Bull et al. [17] ont
2.1 Microscopie optique
1
émis l’hypothèse que la mesure expérimentale de la force de frot-
tement fournissait une réelle information sur les contraintes géné-
rées dans le matériau. La force de frottement mesurée F réunira Des microscopes avec des grossissements optiques appropriés
alors l’ensemble des composantes de force d’adhérence Fa, de sont couramment utilisés pour l’analyse locale du sillon de rayure.
contrainte interne Fi et de cisaillement Fl : La distance de travail de ces objectifs peut être une limitation si
l’échantillon est fortement incliné. La profondeur de champ peut
a i l (1) également être réduite lors d’une observation à fort grossisse-
ment.
Par substitution, il a donc été démontré que la charge critique de
L’exemple illustré sur la figure 2 porte sur l’évaluation d’un
rupture Lc est une fonction de l’aire transversale de contact A, du
revêtement de cobalt chrome molybdène (CoCrMo) déposé sur un
coefficient de Poisson ν, du coefficient de frottement au niveau de
acier.
la charge critique μc du module d’élasticité E, du travail d’adhé-
rence W et de l’épaisseur du revêtement selon l’équation sui- Les trois charges critiques sont clairement visibles sur les pho-
vante : tographies de la figure 2. Nous pouvons constater une limitation
sur la profondeur de champ sur la charge critique , où seul le
fond de la rayure est au focus alors que le reste de l’image est un
(2) peu flou. Cela met en évidence une certaine limitation de l’analyse
optique simple, exacerbée sur les surfaces ayant une certaine
transparence où il est difficile notamment de savoir si des fissures
Les forces conduisant à la dégradation du système couche-subs- sont initiées dans le revêtement ou dans le substrat (ou dans les
trat sont de ce fait une combinaison de contraintes diverses : deux). Cette problématique devient d’autant plus prononcée que
contraintes élastoplastiques d’indentation, contraintes de cisaille- le grossissement est important.
ment, contraintes internes résiduelles (principalement présentes
dans le revêtement suite à l’opération de dépôt). Lors de la réali-
sation d’une rayure à charge progressivement croissante, il est
coutumier d’observer une succession d’endommagements, 2.2 Image panoramique
l’endommagement ultime étant généralement la perforation et la
délamination complète du revêtement sur toute la largeur du sil- Cette technique brevetée [26] combine un microscope optique
lon de rayage. La charge critique dépendra donc de l’adhérence avec des platines de translation motorisées XYZ de façon à pou-
du revêtement, mais également d’autres paramètres, qui peuvent voir aisément déplacer l’échantillon entre l’indenteur et le micros-
être intrinsèques au test lui-même ou au système couche-substrat. cope optique.
Cela confère plusieurs avantages :
Quelques enquêtes récentes menées auprès de groupes indus-
triels en Grande-Bretagne [12] et aux États-Unis [13] ont montré (i) La totalité de la rayure peut être imagée en prenant des
que seules quelques méthodes quantitatives étaient régulière- images séquentielles qui se chevauchent légèrement. Un logiciel
ment employées pour assurer un contrôle qualité, face à une mul- de traitement d’images est alors utilisé pour fusionner les parties
titude de tests qualitatifs existant. superposées, produisant ainsi une seule image (image panora-
mique) ;
La recherche d’une meilleure compréhension de la façon dont
les charges critiques sont corrélées à l’adhérence a suscité (ii) Chaque image constituant in fine le panorama est faite elle-
diverses études, comme les travaux originaux de Benjamin et même de plusieurs images à différents points focaux en transla-
Weaver qui ont consisté à lier la charge critique à la contrainte de tant l’échantillon de bas en haut. Le nombre de clichés dépendra
cisaillement interfaciale en utilisant la théorie de la plasticité [2], de la profondeur de champ de l’objectif utilisé ainsi que de la pro-
ou l’approche élastoplastique de Burnett et Rickerby [6] [14] qui a fondeur résiduelle du sillon de rayure, englobant les éventuels
transposé un modèle existant pour l’indentation à la rayure. Lau- bourrelets. Ces images sont ensuite fusionnées pour ne restituer
gier [15] [16] a quant à lui modélisé le phénomène de rayage en qu’un cliché au focus, fournissant ainsi une image de qualité où
faisant l’hypothèse d’un phénomène purement élastique, mais l’ensemble des détails de l’image est net. Ceci est présenté en
cette approche est malheureusement loin d’exprimer une réalité figure 3 ;
physique où des mécanismes de dégradation et d’abrasion du (iii) L’image panoramique résultant de ce traitement est syn-
revêtement impliquent une déformation élastoplastique. chronisée en position aux données du scratch comme présenté à
la figure 4. Cela permet ainsi de définir les charges critiques tout
aussi bien sur l’image panoramique que sur les signaux émis par
les capteurs ;
2. Moyens expérimentaux (iv) Ces données sont sauvegardées dans un fichier unique, ce
d’interprétation de l’essai qui permet à l’utilisateur de réaliser un dépouillement ultérieur, et
de modifier le cas échéant la position des charges critiques. Ainsi
de rayure une comparaison aisée entre l’ensemble des données est rendue
possible, chose qui était difficile auparavant.
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TRI150
Lc Lc Rd Lc
1 2 3
Pd
AE
Ft
Figure 2 – Rayure à charge progressive appliquée à un revêtement CoCrMo d’épaisseur 2,5 μm déposé sur un acier avec l’observation optique
de 3 charges critiques
de rayage au signal d’émission acoustique et dans certains cas acoustique sont conçus pour être très sensible à une certaine fré-
démontrent qu’il est possible d’exploiter ce signal pour confirmer un quence ou à l’inverse réagir sur une large bande de fréquences.
mode d’endommagement spécifique. Le signal acoustique est Cependant la plupart des scratch testeurs fonctionnent mieux
constitué d’ondes élastiques générées par le champ de contrainte avec des capteurs réagissant à une certaine fréquence de réso-
interne induit lors de l’application d’une force normale. Le phéno- nance car ils permettent d’analyser plus finement le signal (en
mène survient lors de l’initiation de fissures, ou lors de la crois- terme d’amplitude, de temps de montée, de durée de l’évène-
sance, la fermeture ou le mouvement de certaines dislocations ou ment, de l’énergie dissipée, du nombre de pics, etc.). Le position-
ruptures interfaciales. Ces ondes acoustiques se propagent à travers nement du capteur à proximité du pénétrateur est idéal. Il peut
le matériau et se manifestent sous forme de petits déplacements également être rattaché à la face inférieure de l’échantillon, mais
transitoires en surface, de faible amplitude, généralement à haute dans ce cas le signal est généralement plus faible et moins fiable.
fréquence dans la plage des ultrasons. La détection se fait générale- La signature acoustique suite à la formation de fissures contient
ment via un transducteur piézoélectrique placé à proximité de généralement :
l’indenteur de sorte que les ondes puissent être collectées large- (i) Un front montant extrêmement raide ;
ment. À titre d’exemple, le capteur acoustique équipant le modèle
commercial présenté en figure 1 est un capteur DECI SE150-M pré- (ii) Une décroissance exponentielle s’étendant sur près de 1 ms ;
sentant une bande passante aux alentours de 150 kHz, une plage (iii) Une certaine modulation de la décroissance pouvant inclure
dynamique de 65 dB et une amplification de 200 000 [27]. des effets d’écho.
Le capteur convertit le mouvement de la surface provoqué par Le spectre fréquentiel de la forme d’onde acoustique arrivant
l’onde élastique en un signal électrique. Les capteurs d’émission au niveau du capteur dépend à la fois de l’indenteur en diamant
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Surfaces
(Réf. Internet 42463)
Dépôts céramiques par PVD ou CVD assistées ou par projection plasma N4801 97
Texturation biomimétique des surfaces. Innovation pour une industrie agroalimentaire TRI5170 101
frugale
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Référence Internet
TRI5100
Traitements et revêtements
de surface à usage tribologique
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matériaux d’un coût trop élevé et de mise en œuvre difficile ou pourrait même
entraîner des inconvénients tels qu’une fragilisation ou un manque de sou-
plesse du composant.
Ces difficultés peuvent être résolues par les traitements ou revêtements des
surfaces qui permettent de donner aux surfaces des propriétés leur assurant
une résistance satisfaisante aux différents types de sollicitation qu’elles subis-
sent, tout en gardant à cœur des matériaux aux propriétés moins élevées,
moins onéreux ou de mise en œuvre plus facile.
Les traitements et revêtements de surfaces ont fait l’objet, au cours des der-
nières décennies, de développements et modifications qui ont permis d’offrir
2
un choix important de possibilités pour améliorer les propriétés mécaniques
des composants, leurs propriétés de résistance aux agressions physicochimi-
ques, ou leurs propriétés pour remplir des fonctions tribologiques. On se
propose dans ce dossier de regrouper des éléments permettant de réaliser ce
dernier point.
1. Sollicitations tribologiques FN
MP VN ΩP
FT
1.1 Contact tribologique – Approche
2
systémique 3
MR
VT
ΩR
4
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fondamentales, chacune pouvant être reliée à un mécanisme de Cette distinction entre les deux surfaces permet de prendre en
base qui est à l’origine de l’endommagement. compte les dissymétries mécaniques et thermiques qui
apparaissent entre les deux solides et qui vont piloter le choix des
Pour caractériser une situation tribologique, il importe dans un
matériaux qui constitueront ces surfaces. Du point de vue méca-
premier temps, d’identifier les différents contacts qui sont mis en
nique, la grande surface cinématique doit être dure et lisse alors
jeu et d’extraire les variables opérationnelles qui définissent la
que la petite surface cinématique peut être plus molle et peut
nature et le fonctionnement de chaque contact.
éventuellement comporter des rainures ou stries pour la lubrifi-
cation par exemple, ou l’évacuation des débris d’usure.
1.1.2 Modes de contact
1.1.3 Torseur dynamique
Il s’agit de définir la nature (solide/solide, liquide/solide,
liquide + particules/solide, liquide + vapeur/solide...) et la géomé-
2
trie du contact. Ces informations participent à l’évaluation du
champ de contraintes imposé au contact. Le torseur dynamique définit l’ensemble des forces et
moments auquel est soumis le contact.
La géométrie du contact caractérise la forme générale des
surfaces qui limitent les solides au voisinage de la zone de contact.
Les contacts rencontrés en génie mécanique se regroupent en trois La charge et la manière dont elle est appliquée permettent
grandes familles : d’évaluer la nature et le niveau des contraintes auxquelles les
– les contacts de type ponctuel, (par exemples, sphère/plan, couches superficielles sont soumises. Même si le torseur dyna-
roues/rails, roulements à billes, cames/poussoirs...) ; mique se réduit à une force uniaxiale normale à la surface de
contact, le champ de contraintes qui se développe dans les
– les contacts linéiques (par exemples, cylindre/plan, roulements
couches superficielles des solides est toujours triaxial et comporte
à rouleaux...) ;
des contraintes de différentes natures, tensions, compressions,
– les contacts surfaciques (par exemples, parallélépipède/plan, contraintes de cisaillement ou cissions.
emmanchements serrés, étanchéités faciales, contacts garni-
tures/disque de freins...). Ce champ de contraintes permet de déterminer la limite en
charge que peut supporter le contact. Cette limite est imposée par
Ces familles sont schématisées (figure 2). la résistance mécanique des matériaux. Au-delà de cette limite, il
Les deux premières familles constituent les contacts hertziens se produit suivant la nature des matériaux mis en jeu, des défor-
ou contacts concentrés. Leur déformation, dans le domaine de mations irréversibles (dites plastiques) dans les matériaux à carac-
comportement élastique des matériaux, a été modélisée par Hertz tère ductile, des possibilités de rupture dans les matériaux à
d’une manière très fidèle, ce qui permet d’évaluer l’aire de contact caractère fragile.
et suite aux travaux de Huber, d’en déduire le champ de contrainte Une limite acceptable pour les matériaux ductiles correspond,
induit par les efforts appliqués. en appliquant un critère de plasticité de type Tresca, à une pres-
sion moyenne de contact de l’ordre de HB/3 ou à une cission maxi-
Dans les contacts surfaciques, on peut citer le contact entre tou-
male de l’ordre de HB/6 avec HB la dureté Brinell du matériau.
rillon et coussinet de certains paliers dans le cas où le jeu est
faible, les emmanchements serrés, les joints d’étanchéités faciaux,
les contacts curseurs/glissières, le contact garniture/disque de frein 1.1.4 Vitesse ou cinématique du contact
ou d’embrayage...
Ce paramètre consiste à préciser les différents éléments du tor-
La géométrie des surfaces permet d’introduire la notion de sur- seur cinématique (ensemble des vitesses et moments cinétiques)
face cinématique dans laquelle, on différencie : appliqué au contact, c’est-à-dire la nature et la cinématique du
– la « petite surface cinématique » (PSC), surface dont les points mouvement. Suivant les composantes de ce torseur mises en jeu
sont sollicités en permanence au cours du mouvement (surface de au niveau du contact, le déplacement peut s’effectuer en
contact du solide 2 dans la figure 3) [2] ; glissement, roulement, pivotement, impact, ou par une
– la « grande surface cinématique » (GSC) dont les points ne combinaison de ces quatre mouvements relatifs de base.
sont sollicités que lorsque l’antagoniste passe au-dessus d’eux
[surface de contact du solide 1 ]. 1.1.5 États de surface
Le paramètre état de surface recouvre deux aspects fondamen-
taux de la description du contact :
– l’état de surface microgéométrique ;
– l’état de surface physicochimique.
La microgéométrie est l’un des éléments d’appréciation de l’aire
réelle de contact, des raideurs normales et tangentielles du
contact, des résistances mécanique, électrique et thermique de
Contact ponctuel Contact linéique Contact surfacique l’interface, de l’aptitude à l’adhésion et de la perméabilité du
contact dans le cas de l’étanchéité. Son rôle est capital en ce qui
Figure 2 – Schématisation des trois familles de contacts concerne le facteur de frottement. Les paramètres à prendre en
compte sont accessibles par la topographie des surfaces.
1.1.6 Environnement
2 Petite surface cinématique
Il identifie le milieu dans lequel évolue le contact qui intervient
1 Grande surface cinématique sur le comportement tribologique du système par sa nature
(liquide ou gaz), sa composition chimique, sa température, son
débit éventuel, ses propriétés mécaniques et physiques, ses pro-
Figure 3 – Définition cinématique des surfaces [2] priétés chimiques.
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Les surcontraintes locales peuvent suivant le comportement des
1.2 Endommagements tribologiques matériaux entraîner des fissurations pour les matériaux à caractère
fragile si la résistance à la rupture est dépassée, ou des défor-
mations irréversibles plastiques dans le cas des matériaux à carac-
1.2.1 Manifestations physiques du frottement tère ductile si les contraintes excèdent la limite d’élasticité.
L’endommagement des surfaces par fatigue de contact se mani-
Le fonctionnement d’un système tribologique se caractérise par feste lorsque les couches superficielles des composants sont sou-
plusieurs phénomènes physiques caractéristiques. mises à des contraintes répétées ou alternées qui conduisent à
Le plus évident est la résistance au déplacement que l’on l’amorçage de fissures après un certain nombre de cycles de fonc-
exprime par le facteur de frottement µ rapport entre la force tan- tionnement. Suivant l’intensité des contraintes, on retrouve en
gentielle nécessaire au déplacement relatif d’un des solides par matière de fatigue de contact la distinction de fatigue olygocy-
rapport à l’autre et la force normale au plan de contact qui clique ou de fatigue à grand nombre de cycles. Les sollicitations
applique les solides l’un contre l’autre. peuvent être d’origine mécanique ou thermique. Les dégradations
apparaissent sous forme de piqûres, de fissures, d’écaillage et
L’énergie mise en jeu dans le contact par le travail de la force de s’accompagnent de modifications structurales. En fonction du
frottement va en très grande partie, plus de 95 %, se transformer champ de contraintes appliqué aux couches superficielles, ces
en énergie thermique. Celle-ci se dissipe dans le milieu ambiant et amorçages peuvent apparaître en surface ou en sous-couche. Sui-
dans chacun des deux solides, provoquant leur échauffement. Ces vant la localisation de ces amorçages, on distingue l’usure par
phénomènes thermiques ont un rôle déterminant dans les diffé- délamination qui à son origine en surface qui apparaît lorsque des
rentes transformations qui vont apparaître en service. contraintes tangentielles agissent en surface, frottement avec glis-
Sous l’action simultanée des contraintes et des échauffements, sement, ou l’écaillage (pitting ) dont l’origine se situe préférentiel-
les matériaux constituant le contact vont être soumis à des modifi- lement en sous-couche, frottement sans glissement.
cations géométriques, à des transformations superficielles et L’usure induite par des phénomènes thermiques (choc
même dans certains cas à des évolutions structurales auxquelles thermique ou fatigue thermique) a pour origine les contraintes
s’ajoutent le plus souvent des pertes de matière : l’usure. Cette mécaniques générées par une ou des dilatations/contractions suc-
perte de matière peut se réaliser de différentes manières qui sont cessives de la surface et se traduit généralement par des fissures
décrites dans les paragraphes suivants. On imagine assez faci- dues aux contraintes de tension.
lement que suivant la manière dont elle va se produire, émission
L’usure tribochimique ou tribocorrosion intervient dans des
ou piégeage des débris, films transférés, évolution de la surface...,
situations où le contact fonctionne en environnement corrosif.
elle peut influer directement sur les paramètres initiaux. On doit
L’énergie dissipée dans le contact peut alors activer les phéno-
donc envisager de tenir compte de cette interaction entre les effets
mènes de corrosion et accélérer la dégradation des surfaces. Ce
et les conditions initiales.
type d’usure peut s’intensifier si un potentiel électrique est appli-
qué au contact.
1.2.2 Mécanismes d’endommagement Les avaries par fatigue ou usure par petits débattements (fret-
des surfaces ting-fatigue, fretting-usure, fretting-corrosion ) si le contact se pro-
duit dans un environnement corrosif se rattachent suivant le cas à
Les effets décrits précédemment peuvent être attribués à diffé- un ou plusieurs des mécanismes d’usure décrits ci-avant.
rents processus mécaniques ou physicochimiques qui vont inter-
La figure 4 résume les sollicitations de contact les plus fré-
venir isolément ou simultanément et avec plus ou moins
quentes et propose les orientations générales offertes pour limiter
d’intensité suivant les circonstances.
leurs conséquences.
Le mécanisme d’adhésion se caractérise par l’établissement de
liaisons interfaciales entre les surfaces en contact. La rupture de
ces liaisons nécessite non seulement des efforts qui peuvent être
importants pouvant générer des frottements intenses, mais peut
aussi produire des déplacements de matière. Ce phénomène est
2. Propriétés des surfaces
désigné par les termes d’usure adhésive. L’adhésion se manifeste
généralement par des transferts de matière d’une surface à l’autre Le choix d’un traitement ou d’un revêtement de surface doit être
et peut en se généralisant produire le grippage épidermique voire orienté prioritairement par les aspects fonctionnels issus de l’ana-
la soudure des composants. Les matériaux ont un rôle décisif sur lyse des systèmes.
ce type d’endommagement. La première préoccupation consiste à ce que le contact soit
L’abrasion est due à l’action de particules dures dites libres si capable de supporter les efforts mécaniques qui lui sont imposés.
elles sont introduites entre les surfaces ou liées si elles appar- Cette préoccupation repose, pour une grande part, sur la cohésion
tiennent à l’une des surfaces (aspérités par exemple), qui viennent et les propriétés mécaniques des couches superficielles que l’on
agresser les surfaces par action de coupe ou de déformation et peut caractériser par leur dureté.
arracher ainsi de la matière. Dans le premier cas, on parle Il s’agit donc de déterminer la dureté minimale de ces couches
d’abrasion à trois corps, dans le second, d’abrasion à deux corps. et l’épaisseur minimale à traiter pour éviter des déformations
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0 x
Déformation
z
Phénomène
x 0
τ
2
σx
σz Coupe
τ cission de Tresca
σx, σz contraintes suivant 0x (radiales)
et 0y
1 – Éviter les liaisons (matériaux) – Éviter la création et la propagation – Éviter les déformations – Éviter la réaction avec
de fissures (affiner le grain) l'ambiance
2 – Avoir des liaisons faciles – Durcissement – Accroître la cohésion du métal
à rompre (film)
3 – Durcir la sous–couche
0 x
Solutions
– Matériaux insolubles entre eux – Étalement des contraintes – Durcissement – Isolation du substrat
Remèdes
– Création d'un film protecteur – Contraintes de compression – Contraintes de compression – Limitation de la réactivité
Figure 4 – Représentation schématique des principales sollicitations induisant des phénomènes d’usure
élastiques trop importantes et en tout état de cause limiter au aux contraintes appliquées : HB > τMax . Si l’on s’appuie sur le
maximum les déformations plastiques qui entraînent d’une part critère de Tresca, la dureté minimale, exprimée en MPa, doit être
une perte de forme du composant, donc généralement sa mise supérieure à 3 fois la pression moyenne de contact ou 6 fois la
hors service et, d’autre part, accroissent notablement le risque cission maximale atteinte en sous-couche (figure 5b). La profon-
d’usure adhésive intense en favorisant les liaisons par déplace- deur de cette zone peut se fixer à partir de la courbe représentant
ment des atomes le long des courts-circuits de diffusion que la dureté en fonction de la profondeur en s’assurant que celle-ci
constituent les dislocations. est suffisante pour contenir la zone de cission maximale.
Dans le cas des contacts concentrés de type hertzien, les
■ Matériaux à comportement fragile ou contacts avec frottement
champs de contraintes sont relativement bien connus et l’on peut
s’appuyer sur les résultats issus de ces modèles. Deux cas princi- important (facteur de frottement > 0,25 )
paux sont à considérer. La contrainte de tension en limite du contact et les cisaillements
élémentaires ou de Tresca en surface dans le contact peuvent
■ Matériaux à comportement ductile et contacts sous force nor- devenir critiques. Il s’agit alors de limiter leur effet en s’orientant
male ou avec une faible incidence, (facteur de frottement faible,
vers des traitements ou revêtements de surface susceptibles de
⭐ 0,1) limiter ces différentes contraintes et abaissant le frottement. Des
La cission générée par les contraintes est maximale à une cer- épaisseurs de zones traitées pour différents traitements et revê-
taine profondeur dans la matière (figure 5a ). La dureté Brinell tements de surface sont proposées sur la figure 6 et dans le
dans la zone située au-dessus de z1 doit être largement supérieure tableau 2.
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Fabienne DELAUNOIS
2
Professeur, chef de service
Service de Métallurgie, Université de Mons, Mons, Belgique
et Véronique VITRY
Chef de travaux
Service de Métallurgie, Université de Mons, Mons, Belgique
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2
(figure 2).
UOx/Red H2 Co Ni Pt Pd Cu Ag Au Les équations-bilan (réduction des ions nickel et oxydation de
e NH2NH2 deux réducteurs à base de bore), permettant l’élaboration d’alliages
–1,5 –1,0 –0,5 –0,2 0,5 nickel-bore, sont indiquées dans l’équation (1) pour le borohydrure
de sodium et dans l’équation (2) pour les composés amine borane :
Potentiel U (V/ECS)
2 Ni2+ + NaBH4 + 4 H2O → 2 Ni + NaBO2 + 2 H2O + 2 H2 ↑ + 4 H+ (1)
Activité catalytique de divers métaux pour l’oxydation anodique des
réducteurs choisis (courant de 10–4 A.cm–2) :
UOx/Red = potentiel redox des divers réducteurs, autres valeurs = surtension 6 Ni2+ + R2NH BH3 + 3 H2O → 6 Ni + R2NH2+ + H3BO3 + 5H+ (2)
a bain contenant (par litre) 0,2 mol NaH2POz ; 0,2 mol de citrate de
sodium et 0,5 mol H3BO3 à pH 9 et 343 K 2. Bains de nickel-bore
b bain contenant (par litre) 0,1 mol HCHO ; 0,175 mol EDTA.2Na à
pH 12,5 et 298 K
chimique
c bain contenant (par litre) 0,03 mol NaBH4 ; 0,175 mol EDTA.2Na à
pH 12,5 et 298 K
D’après le principe même des dépôts chimiques, deux composés
d bain contenant (par litre) 2 g DMAB, 0,2 mol de citrate de sodium ; chimiques sont indispensables pour le fonctionnement d’un bain
0,5 mol H3BO3 à pH 7 et 298 K chimique de nickel-bore : des sels de nickel et un réducteur adapté.
e bain contenant (par litre) 1 mol N2H4, 0,175 mol EDTA.2Na à pH 12
Néanmoins, d’autres produits sont également nécessaires au bon
fonctionnement du bain et pour la qualité des revêtements.
et 298 K
Figure 2 – Agents réducteurs potentiellement utilisables dans les 2.1 Composants d’un bain de nickel-bore
bains de dépôts chimiques de nickel chimique
Les dépôts de nickel-bore contiennent, en plus du nickel, une La nature catalytique et spontanée des réactions de dépôt de nic-
quantité non négligeable de bore issue de la décomposition ou de kel chimique implique une composition des bains plus complexe
l’auto-réduction de l’agent réducteur. Deux classes de réducteurs que celle de leurs homologues électrolytiques. En effet, il est indis-
sont donc disponibles pour réaliser de tels dépôts : les sels de pensable de travailler dans des conditions proches de l’instabilité
borohydrure et les composés amine borane [3]. des bains, afin de maintenir des vitesses de dépôt suffisantes tout
en restant assez stable pour permettre leur utilisation prolon-
gée [4] [5]. Ceci est assuré d’une part, par la présence de consti-
1.2 Conditions cinétiques tuants supplémentaires dans les bains et d’autre part, par un
contrôle généralement très étroit des concentrations lors de la pré-
Les dépôts chimiques résultant de réactions électrochimiques paration des bains. Ce contrôle est également réalisé en cours de
spontanées sont réalisés au potentiel mixte, c’est-à-dire à un dépôt, principalement pour des bains régénérés.
potentiel électrochimique pour lequel la somme des courants de Les constituants indispensables d’un bain de nickel chimique
réduction et d’oxydation est nulle. L’établissement de ce potentiel sont [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] [15] [16] :
et la valeur absolue des courants d’oxydation et de réduction asso-
– une source de cations métalliques : tous les sels de nickel peu-
ciés sont des facteurs importants, la densité de courant condition-
vent être théoriquement utilisés pour les dépôts de nickel chi-
nant la vitesse de dépôt. Il est donc nécessaire, en plus de la condi-
mique, mais le chlorure de nickel est particulièrement populaire
tion thermodynamique, d’examiner et de respecter des conditions
pour les revêtements de nickel-bore [3] ;
cinétiques pour obtenir des dépôts de bonne qualité dans des
– un agent réducteur : qui fournira les électrons nécessaires à la
conditions économiquement viables.
réduction du nickel, ainsi que le bore incorporé dans les dépôts.
Les conditions cinétiques correspondent à la nécessité d’obtenir Les deux agents concernés sont les sels de borohydrure et les
une vitesse de dépôt la plus élevée possible. Le dépôt s’effectuant composés amine borane (éthyl, diméthyl et triméthyl amine
au potentiel mixte, les valeurs des courants anodique et cathodique borane) [2] [17] [18] [19] ;
sont égales en valeur absolue et imposées par les conditions de – un agent complexant : qui n’a pas de rôle direct dans la réac-
travail. Il est donc nécessaire de minimiser les surtensions d’oxyda- tion de dépôt du nickel chimique, mais qui est indispensable au
tion des réducteurs sur le métal concerné. Dans le cas contraire, les maintien du bain. Le complexant permet en effet d’augmenter
valeurs de courant obtenues au potentiel mixte seront très faibles significativement la concentration totale en ions nickel de la solu-
et la vitesse de dépôt sera également très limitée, voire nulle. tion, tout en stabilisant la concentration en ions nickel libres et
La limitation de la surtension d’oxydation du réducteur est obtenue donc le potentiel de réaction. Dans le cas particulier des dépôts éla-
par des effets catalytiques qui sont à l’origine de la complexité de borés en milieux alcalins, ce complexant permet d’éviter la forma-
la mise au point de la méthode. En effet, il est nécessaire que le tion d’hydroxydes insolubles de nickel. L’éthylène diamine est un
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complexant très populaire pour les bains de nickel-bore, mais La nature du stabilisant utilisé est en général la différence
d’autres composés sont parfois utilisés dans les bains à base majeure entre les diverses formulations, principalement en ce qui
d’amine borane [1] [2] ; concerne les bains réduits par des sels de borohydrure. En milieu
– un autre produit : qui ne participe pas directement à la réaction acide, les stabilisants les plus efficaces sont la thiourée, les sels de
de réduction du nickel, mais qui est essentiel au bon fonctionne- plomb et de thallium, et l’acétate de sodium. En milieu basique, les
ment, est le régulateur de pH ; en effet, la plupart des réactions de sels de plomb et de thallium sont les stabilisants les plus efficaces,
dépôt chimique sont accompagnées d’une diminution de pH qui mais la thiourée peut également être utilisée.
entraı̂ne une modification du potentiel d’oxydo-réduction néfaste
pour la bonne conduite du procédé. L’acidification du bain peut
être évitée par l’utilisation de tampons de pH ou par ajout de com- 2.3 Composition de divers bains
posés alcalins de manière régulière ;
Il n’existe pas de composition type de bains de nickel-bore.
– le dernier constituant du bains est le stabilisant : qui est géné- En effet, la disponibilité de deux réducteurs, de plusieurs comple-
ralement présent à l’état de traces ; il permet de réguler la vitesse xants, d’une série non négligeable de sels permettant la stabilisa-
2
réactionnelle par inhibition des réactions dans la solution et sur les tion… offre plusieurs possibilités de formulations. Le tableau 1 [5]
surfaces en contact avec celle-ci, à l’exception du substrat (ce qui [20] [21] [22] [23] [24] [25] [26] [27] [28] [29] [30] [31] [32] regroupe
renforce la nécessité d’une activité catalytique du substrat). quelques exemples de compositions issues de la littérature. Il est à
Outre ces cinq composants indispensables, de nombreux additifs noter que les formulations commercialisées sont protégées par le
peuvent être ajoutés aux bains de nickel chimique : (i) des accéléra- secret industriel et donc inaccessibles.
teurs utilisés pour compenser en partie la perte de vitesse de dépôt
liée à la présence de stabilisant ; (ii) des brillanteurs permettant, de
la même façon que certains surfactants utilisés en électrodéposi-
tion, d’obtenir des revêtements plus lisses et brillants. 3. Paramètres qui influencent
Enfin, les bains en fonctionnement contiennent les co-produits
de réactions (tels que la forme oxydée du réducteur) qui peuvent
le procédé de revêtement
perturber leur fonctionnement dès lors que leur concentration
dépasse un seuil critique, et qui doivent donc être éliminés de
de nickel-bore et les dépôts
manière périodique dans les bains industriels fonctionnant de obtenus
manière semi-continue.
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Caractérisation physico-chimique
de revêtements et films minces
à applications tribologiques
Evelyne DARQUE-CERETTI
2
par
Docteur d’état
Maître de recherche de l’école des Mines de Paris,
Eric FELDER
Docteur d’état
Maître de recherche de l’école des Mines de Paris,
Bernard MONASSE
Docteur d’état
Maître de recherche de l’école des Mines de Paris,
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orsque deux corps solides sont en contact, il faut exercer une force ou un
L couple pour vaincre la résistance au mouvement relatif : c’est le frottement
et, plus précisément, le frottement dit statique qui s’oppose à ce mouvement
relatif. Au fur et à mesure que se poursuit le mouvement relatif des deux
corps, le frottement évolue (frottement dynamique) et il se produit un endom-
magement de leur surface : formation de rayures, changement d’aspect, perte
ou gain de matière (usure ou transfert), transformation physico-chimique. Pour
maîtriser le frottement, limiter l’usure, le transfert et la dégradation superfi-
cielle, on peut lubrifier le contact, c’est-à-dire interposer un corps fluide ou
solide aisément cisaillable, et/ou revêtir les corps d’un film d’épaisseur submi-
cronique ou micronique. La tribologie est l’étude de ces phénomènes de
2
frottement, lubrification et usure qui concernent aussi bien les éléments de
machine que les contacts roue-rail et pneumatique/revêtements routiers, le
freinage, la mise en forme des matériaux. Dans cet article des exemples sont
traités, ils servent d’illustration aux modes de fonctionnement. Ils concernent
des solutions classiques ou des solutions futures qui sont actuellement l’objet
de recherches. Mais il faut noter que pour une application décrite les objectifs
peuvent être multiples : en effet il est parfois nécessaire de maîtriser le frotte-
ment et en même temps de limiter l’usure et l’endommagement. Les exemples
seront donc traités en conséquence. Le but est de comprendre le lien entre la
tribologie, qui est généralement une approche mécanique des matériaux, et la
physico-chimie. On notera que l’épaisseur des revêtements est adaptée à
l’application. On montrera l’intérêt de la solution revêtue par rapport au subs-
trat nu. Ceci nécessite au premier chef que le revêtement adhère bien au
substrat. En préambule, on discute donc le problème de son adhésion sur le
substrat.
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ment d’élastomère avec un fort coefficient de frottement (µ > 2) • la dureté de l’abrasif doit être supérieure d’au moins 20 % à
(voir la rubrique Sites Internet du Pour en savoir plus). Le frotte- celle de la pièce ;
ment est plus faible pour un contact sur un métal. Ce comporte- • les grains doivent conserver malgré leur usure leur capacité
ment explique l’intérêt de revêtements minces de polyuréthane de coupe : les grains abrasifs doivent donc plutôt se fragmen-
pour obtenir un fort coefficient de frottement avec des chaussures, ter, en créant des arêtes vives, que s’émousser ;
et il dépend peu de la vitesse de glissement. Une faible réticulation
• il faut faciliter la circulation des particules ôtées pour limiter
est privilégiée pour augmenter le coefficient de frottement, mais le
le transfert de matière au papier abrasif et son obstruction.
module élastique est alors trop faible et doit être augmenté par
On utilise à cet effet de l’eau comme lubrifiant ce qui permet
l’addition de charges, telles que l’alumine globulaire.
également de diminuer l’échauffement. Dans certains
La forte réactivité des monomères, qui formeront le polyuréthane, papiers, les grains sont imprégnés de stéarate qui joue le rôle
permet de créer une interface résistante, d’une part, entre le film et de lubrifiant.
le substrat et, d’autre part, avec les charges. Ces fortes liaisons assu- L’action du papier abrasif dépend directement de la taille de ses
2
rent la durabilité du revêtement de sol. Ces polyuréthanes présen- grains. L’enlèvement de matière est d’autant plus rapide que la
tent deux températures de transition vitreuse dont la valeur dépend taille des grains est plus grosse ; la rugosité finale est d’autant plus
du taux de réticulation : entre – 75 °C et – 27 °C pour les segments faible que les grains sont plus petits. En outre la microstructure de
souples de la molécule et entre 75 °C et 125 °C, pour les segments la pièce est affectée par l’action du papier abrasif sur une profon-
rigides de la molécule [2]. L’épaisseur micronique des revêtements deur de l’ordre de la taille des grains abrasifs. Considérons par
n’influe pas sur la température de transition vitreuse Tg. exemple une application courante : le polissage d’échantillons
Des résultats contradictoires sur la mesure de Tg ont été obtenus pour examen de leur microstructure en microscopie optique ou
lorsque l’épaisseur du film polymère devient inférieure à 100 nm électronique. Après tronçonnage de la pièce, on réalise la prépara-
(0,1 µm) [3]. Certains auteurs notent une diminution progressive de tion de l’échantillon en trois étapes :
Tg quand l’épaisseur diminue alors que d’autres auteurs trouvent • surfaçage pour réaliser une surface plane ;
une valeur de Tg indépendante de l’épaisseur. La variation de Tg • puis une série d’abrasions de la surface de l’échantillon par
est interprétée par une augmentation de la mobilité moléculaire en des papiers dont la taille des grains décroît, chaque papier
surface. Il semble que ces différents résultats puissent résulter « effaçant » l’action du papier précédent ;
d’une différence de protocole de mesure. Les variations de Tg ont
surtout été mesurées sur des films minces non supportés alors • le stade final du polissage réalisé soit par attaque électrolyti-
que les valeurs constantes de Tg ont surtout été mesurées sur des que pour des matériaux conducteurs (métaux), soit par abra-
sion trois corps avec de la poudre diamantée.
revêtements minces supportés par un substrat. Ce sujet est encore
en cours d’étude pour conclure sur l’existence et l’interprétation
physique du phénomène. En l’état, nous admettrons, comme
hypothèse la plus probable, que la température de transition 2.2 Frottement faible
vitreuse de revêtements supportés est indépendante de l’épaisseur
jusqu’à des épaisseurs nanométriques. 2.2.1 Structure et usure des polymères (téflon)
Les fluoropolymères ont une excellente inertie chimique et sont
2.1.2 Papiers abrasifs souvent utilisés comme lubrifiants à sec. Le polytétrafluoroéthy-
lène est le plus connu, mais il cotoie le copolymère fluoré d’éthy-
Les papiers abrasifs, encore appelés « papiers de verre » en fran- lène-propylène (FEP), le copolymère alterné d’éthylène et de
çais courant, peuvent être considérés comme un exemple très térafluoroéthylène (ETFE), le copolymère d’éthylène et de chlorotri-
spécial de film discontinu assujetti par un liant à un substrat sup- fluoroéthylène (ECTFE) et le copolymère séquencé perfluoroalkoxy
port. Le film est constitué de grains acérés d’un matériau de (PFA). Le polytétrafluoro-éthylène (PTFE connu sous le nom de
grande dureté, car il est destiné par application contre une pièce marque Teflon de Dupont de Nemours®) présente le plus faible
antagoniste et glissement à sa surface à ôter de la matière pour coefficient de frottement connu de tous les polymères solides. Ceci
modifier ses dimensions (opération d’usinage) et/ou diminuer sa est dû, d’une part, aux fluors donnant des charges électrostatiques
rugosité (opération de polissage). Comme les grains abrasifs sont partielles importantes (le fluor est l’atome le plus fortement élec-
solidaires d’un support, ils réalisent une abrasion dite « abrasion tronégatif χ = 3,98) qui agissent sous la force coulombienne pour
deux corps », par opposition à « l’abrasion trois corps » où l’enlè- repousser les électrons des atomes en contact. D’autre part, l’élec-
vement de matière est assuré par des grains libres pris en sand- tronégativité et le grand diamètre de l’atome de fluor confèrent
wich entre la pièce à travailler et une contre-pièce. Il existe une à la molécule une structure hélicoïdale, hélice 13/1 ou 15/1
grande variété de papiers abrasifs selon la nature des grains abra- (13 motifs CF2 par tour d’hélice) rigide. Celle-ci explique sa très
sifs (émeri, carbure de silicium appelé également carborundum ou haute température de fusion (320 °C) supérieure à sa température
silendum, alumine…), du liant (résines synthétiques) et du support de décomposition thermique (300 °C), son très faible coefficient de
(papier, tissu, film polymère, composite papier-fibres). En outre, la frottement (µ < 0,05) et sa forte vitesse d’usure 7,4 10-4 mm3N-1m-1.
taille des grains abrasifs s’étend dans une large plage, allant du La faible interaction moléculaire, résultant de la présence des ato-
millimètre pour les grains très grossiers à une dizaine de microns mes de fluor, réduit le frottement entre les chaînes, ce qui provo-
pour les grains les plus fins. Plusieurs échelles de cotation de la que un déplacement relatif important et une forte usure par
taille des grains abrasifs existent ; la plus courante en Europe est la cisaillement interne et le faible frottement d’une chaîne avec le
graduation FEPA (Fédération européenne des producteurs d’abra- milieu extérieur. Il est ainsi possible de déposer des molécules de
sifs). Ainsi un diamètre moyen de 1 300 µm correspond à 12 dans PTFE sur la surface frottante en vis-à-vis sous la forme d’un film de
l’échelle FEPA, un diamètre moyen de 100 µm correspond à 120 transfert. Celui-ci a une épaisseur de quelques dizaines de
dans cette même échelle. La nature du papier abrasif doit être en nanomètres ; les molécules de PTFE y sont orientées dans la direc-
effet adaptée à celle du matériau à travailler (métal, bois, pierre, tion de frottement et parallèlement à la surface frottante [4]. Cette
céramique), à l’objectif visé (usinage, polissage) et à la forme de la couche nanométrique très organisée permet de protéger la surface
surface travaillée (plane, cylindrique…). Dans tous les cas l’action frottante. Elle est si orientée qu’elle permet d’y effectuer des
du papier abrasif implique une forte interaction avec la pièce anta- dépôts épitaxiques.
goniste qui se manifeste par un frottement important. L’abrasif Le très faible frottement du PTFE est mis à profit pour réaliser
devant ôter de la matière à la pièce travaillée, plusieurs conditions des ustensiles ménagers, poêles Tefal® par exemple [7], ou sous
sont nécessaires : forme d’additifs pour limiter le frottement dans les moteurs [5].
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Dans le cas des ustensiles, il faut assurer la longévité de la fonc- C50H102), des cires synthétiques (de C50H102 à C60H122), des cires
tion. Il faut donc assurer l’adhérence du PTFE sur la surface métal- fluorées (polytétrafluoroéthylène PTFE ou des copolymères à blocs
lique (aluminium ou acier). Ceci était initialement obtenu par un (CH2)nCF2)m, des silicones (SiOH2)n, le graphite et le disulfure de
traitement à l’acide chlorhydrique de l’aluminium pour créer des molybdène (MoS2). Ces composants connus pour leur faible coeffi-
microcavités et assurer un accrochage mécanique. Du fait de sa cient de frottement peuvent être associés pour optimiser les pro-
très haute température de fusion il ne peut être transformé par les priétés. L’augmentation de masse molaire augmente la rigidité des
procédés conventionnels, extrusion ou injection. Le PTFE est donc matériaux et réduit leur usure. Les molécules fluorées ont un plus
déposé à l’état solide par déformation plastique du matériau sous faible coefficient de frottement que les chaînes hydrocarbonées. La
la forme de couches unitaires d’une dizaine de microns d’épais- température de fusion de ces molécules est comprise entre 35 et
seur. Plusieurs couches peuvent être déposées avec un liant pour 85 °C.
assurer une couverture et une protection suffisante à l’usure. Une L’imprégnation du fart dans la couche superficielle de polyéthy-
alternative consiste à réaliser des mélanges de polymères dans lène est obtenue par chauffage à 100 – 150 °C. Le fart est fondu
lesquels la phase minoritaire est constituée par le PTFE. Les pro-
2
ainsi qu’une partie superficielle du polyéthylène. La profondeur de
priétés de fluage sont améliorées par rapport au PTFE tout en amé- pénétration dépend de la température et du temps de contact de la
liorant les propriétés de frottement. Les nodules de PTFE servent plaque. L’excès de fart reste en surface. Il est éliminé par grattage
de réservoirs. Ceux affleurant la surface de frottement alimentent de la semelle et par lustrage vigoureux à l’aide d’une brosse qui
la surface de contact et s’interposent, avec une orientation qui per- élimine le surplus et fait réapparaître les rugosités de la semelle de
met de réduire le coefficient de frottement. Ce mécanisme se rap- polyéthylène. La séquence d’incorporation fait d’abord pénétrer les
proche de celui évoqué dans le fartage des skis paraffines de faible masse molaire pour terminer avec les mélan-
Un exemple courant d’utilisation du téflon est donné par les ges comportant le plus de molécules fluorées. Par conséquent ce
bandelettes déposées sous la souris d’ordinateur. En effet, actuel- procédé fait pénétrer un mélange de molécules dont la masse et la
lement certains joueurs passent de nombreuses heures devant leur composition fluorée croît lorsque l’on s’approche de la surface. Le
ordinateur. Il faut que la souris soit ergonomique, conçue dans des processus d’imprégnation, ou dépôt, implique qu’une couche
matières résistantes et anti-transpirant permettant d’accroître ainsi superficielle de polymère est imprégnée de fart et que la surface
la qualité de contrôle même dans les séquences de jeu les plus présente une couche adhérente de fart d’épaisseur de quelques
intenses ! nanomètres. La couche imprégnée semble servir de réservoir pour
Des études sont faites cliniquement pour étudier l’influence du alimenter la surface de contact.
frottement sur les interactions musculaires de la main, du bras [6]. Ces skis fartés ont de très faibles coefficients de frottement à
La souris doit donc présenter un très faible coefficient de frotte- grande vitesse (µ < 0,05). Ce coefficient de frottement est plus
ment avec le tapis, ou la surface de contact utilisée quelle que soit élevé à basse température de neige (– 30 °C) et pour un skieur
sa nature ou sa topographie. Une des solutions est l’utilisation de léger. Par contre, quand la température augmente jusqu’à – 3 °C le
ce polymère. coefficient de frottement décroît jusqu’à atteindre µ = 0,03 et ce
quel que soit le poids du skieur. Lorsque la température approche
de 0 °C alors le frottement augmente.
2.2.2 Fartage des skis
Ce comportement a été partiellement expliqué par la formation
Le fartage des skis (ski wax) est un procédé de dépôt d’une cou- d’un film d’eau liquide créé par la dissipation thermique issue du
che de cire sur un ski. Il permet, d’une part, d’augmenter la vitesse frottement. Cette couche d’eau a été observée expérimentalement
du skieur (ski alpin et ski nordique) par une diminution du coeffi- et prédite par modélisation par la méthode des éléments finis [8].
cient de frottement et, d’autre part, d’augmenter le frottement en La couche d’eau est comprise entre 1 et 8 microns et le skieur
phase d’appui (ski nordique). Ces deux propriétés a priori antago- glisse partiellement sur cette couche d’eau. C’est ce qui explique la
nistes sont obtenues sans provoquer d’adhérence de la neige sur faible valeur du coefficient de frottement à – 3 °C et l’augmentation
le ski farté. du coefficient à température plus élevée. Cela explique également
Les semelles de ski sont réalisées avec du polyéthylène haute que le frottement ne dépende que peu du poids du skieur (force
densité (PEHD) et plus récemment avec du polyéthylène de très normale à la surface). Le contrôle de l’épaisseur de la couche d’eau
haute masse molaire (UHMWPE). Ces polymères sont constitués dépend fortement du coefficient de frottement à l’avant du ski, où
d’une chaîne aliphatique -(CH2) n-, dont le nombre de monomè- se déclenche la formation de cette couche et donc de la composi-
res n permet de définir la masse molaire de la chaîne. Ces poly- tion superficielle de la semelle et du fart. Certains auteurs propo-
mères semi-cristallins sont retenus, car ils sont très sent une explication complémentaire de la forte valeur du
hydrophobes et leurs propriétés mécanique et thermique sont frottement à basse température (– 30 °C) [9]. Ils remarquent que la
bien adaptées à cette utilisation. La température de transition conductivité électrique de la glace est très faible et croît fortement
vitreuse est basse (Tg ~ – 80 °C) ce qui assure que la phase avec la température. À basse température, le ski, en polyéthylène
amorphe est caoutchoutique (matériau peu fragile) dans le isolant, glisse sur une surface isolante et crée des charges électros-
domaine de température d’utilisation et la température de tatiques négatives. Celles-ci provoqueraient une augmentation du
fusion (125 °C < Tf < 135 °C) est suffisamment élevée. Ces maté- coefficient de frottement. L’utilisation de molécules fluorées avec
riaux ont un faible coefficient de frottement (µ ~ 0,05 – 0,1) et un un fluor très électronégatif permettrait de réduire les charges inter-
faible coefficient d’usure (plus particulièrement pour le UHM- faciales entre la neige et la semelle et ainsi de réduire la valeur du
WPE). Ces propriétés suffisantes pour une utilisation courante coefficient de frottement.
doivent être améliorées en premier lieu en supprimant l’adhé- Durant les phases d’appuis en ski nordique, la valeur du coeffi-
rence de la neige ou de la glace sur le patin du ski. Celle-ci est a cient de frottement est beaucoup plus élevée (0,7 < µ < 1,3). Elle
priori surprenante, car les polyéthylènes ont une surface très dépend fortement du type de fart, de la température de la neige et
hydrophobe, mais les farts la rendent encore plus hydrophobe. du poids du skieur. De plus la valeur du coefficient croît avec le
Le ski farté correspond à une couche de faible épaisseur (5 – temps d’application de la charge suivant une loi en racine carré du
30 microns) de polymère imprégné par du fart [7]. Un fart est temps [10]. L’effet semble être plus directement lié au fluage de la
généralement un mélange de molécules aliphatiques linéaires de neige dans la rugosité de la surface du ski. Il n’y a toujours pas
faible masse molaire, i.e. faible nombre de carbones. Sa composi- d’adhérence de la neige sur le ski. C’est l’effet premier recherché
tion est adaptée au domaine d’utilisation (ski alpin ou nordique), à par l’utilisateur de fart.
la température de la neige et à la vitesse atteinte. Les principaux Donc le fartage du ski correspond à une couche superficielle ser-
constituants sont : des paraffines naturelles (de C20H42 à C35H72), vant de réservoir pour alimenter la surface en molécules essentiel-
des cires microcristallines (chaînes branchées, de C25H52 à lement hydrophobes. La surface est évolutive en cours de
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Pôle Matériaux Métalliques et Surfaces. Laboratoire Frottement – Usure
Centre Technique des Industries Mécaniques (CETIM)
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z z z
y y y
x x x
sp3 sp2 sp 2
180°
109,5°
120°
A
A A
C sp3
Diamant
ta-C:H
ta-C
a-C:H
Polymères
a-C Hydrocarbures
a graphite
Graphite
C sp2 H
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n général un dépôt sur la surface d’une pièce est utilisé pour lui conférer
E une fonctionnalité particulière qu’elle n’a pas sans celui-ci. Les dépôts
céramiques sont utilisés pour donner : une plus grande dureté, des propriétés
isolantes tant du point de vue électrique que thermique, une meilleure résis-
tance à l’usure, une résistance chimique supérieure, en particulier à la
corrosion, une imperméabilité aux liquides ou aux gaz, un effet décoratif...
Naturellement le choix du dépôt et de sa méthode de déposition dépendent de
nombreux paramètres tels que : l’épaisseur, le matériau dont est constitué le
substrat et ses propriétés, en particulier son coefficient de dilatation, la géomé-
trie de l’aire à couvrir. La fonction que doit remplir le dépôt est également
importante dans le choix (par exemple contre l’usure un dépôt épais est de loin
préférable à un dépôt mince). Il en va de même des conditions d’utilisation du
composant, notamment l’atmosphère et la température de service... tout cela
bien entendu en prenant en considération les coûts de déposition par rapport
au gain apporté par le dépôt. De plus il est possible, sous certaines conditions,
de rendre étanches les dépôts céramiques épais qui ont souvent des porosités
ouvertes débouchantes, c’est-à-dire des sortes de canaux traversant toute
l’épaisseur du dépôt.
Si les céramiques existent depuis le Paléolithique (≈ 29 000 av. J.-C.), les
Parution : novembre 2013
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DÉPÔTS CÉRAMIQUES PAR PVD OU CVD ASSISTÉES OU PAR PROJECTION PLASMA _____________________________________________________________
2 assistée par plasma (Plasma Enhanced CVD), aussi appelé « PACVD » (Plasma
Assisted CVD). Par ces méthodes, des dépôts de plusieurs mm ont été réalisés,
mais en routine ils sont limités à 50 µm ;
– par vapeur physique PVD (dépôt physique en phase vapeur : Physical
Vapor Deposition), PVD assisté par un faisceau d’électrons (EB-PVD : Electron
Beam PVD), par laser (PLD : Pulsed Laser Deposition). Les dépôts physiques
sont en général limités à 5 µm.
Quelle que soit leur application dans les secteurs de l’aéronautique, de
l’automobile, de la métallurgie, de la mécanique, de la chimie, de l’électro-
nique et de l’optique..., les matériaux céramiques les plus déposés sont les
oxydes, les nitrures, les carbonitrures, et les borures.
Nous présenterons donc successivement les principales propriétés des cérami-
ques les plus utilisées dans les dépôts minces puis dans les dépôts épais avec à
chaque fois les techniques de dépôts. Enfin, la préparation des substrats et les
différents usages des dépôts et enfin quelques notions de coûts seront discutées.
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1.1 Dépôts épais évolue avec la température : lors de son refroidissement après tir,
entre 1 000 et 1 100 oC, la phase quadratique devient monoclinique,
Les dépôts épais (compris entre 50 µm et quelques mm) sont avec une variation volumique de 3 à 5 %. C’est pourquoi la zircone
réalisés par projection thermique (plasma ou flamme) de parti- doit être stabilisée ou partiellement stabilisée avec des dopants
cules de quelques dizaines de µm et on utilise essentiellement des (MgO, CaO, Y2O3, CeO2...) qui stabilisent sa forme cubique ou
oxydes. Leur fusion doit se produire à des températures nettement quadratique à température ambiante. Les principales différences
inférieures (différence d’au moins 300 K) à leur vaporisation ou entre ces dopants sont la température maximale à laquelle la sta-
décomposition, ce qui permet de les fondre sans pertes importan- bilisation est effective et le coût.
tes en phase gazeuse, au cours de leur projection. Cependant les Quelques caractéristiques des matériaux fréquemment déposés
rendements de projection ne sont que de l’ordre de 50 %, car, par voie plasma sous forme de revêtements épais sont fournies
étant donné la dispersion des trajectoires dans la flamme ou le jet dans le tableau 2 pour quelques oxydes et dans le tableau 3 pour
de plasma, toutes les particules injectées ne sont pas chauffées quelques nitrures. Il convient de souligner que les valeurs données
suffisamment pour atteindre l’état de fusion. Le rendement est à titre d’exemple ne sont qu’indicatives et correspondent à des
défini comme le rapport du poids de dépôt à celui des particules matériaux denses dans leur état cristallin à température ambiante.
injectées. Cependant lors de l’utilisation de tiges ou de cordes Les valeurs pour les dépôts dépendent fortement de leurs
(§ 4.2.1) dans les pistolets flamme, l’extrémité de celles-ci est conditions de réalisation qui, par exemple, vont jouer de façon
nécessairement fondue puis atomisée et les rendements de dépôt drastique sur leur masse spécifique apparente via la porosité et
peuvent atteindre, voire dépasser 90 %. Les oxydes n’étant pas sur la conductivité thermique en fonction des phases et des
sensibles à l’oxydation, ils peuvent être projetés à l’air, sauf pour contacts entre lamelles pour les dépôts thermiques. En effet, ces
des problèmes de toxicité (oxyde de béryllium, BeO, par exemple). derniers ont une structure lamellaire (figure 1) et leurs propriétés
Quelques carbures, borures peuvent être projetés en atmosphère sont anisotropes. Le dépôt est réalisé en « ligne de visée » et les
contrôlée pour éviter leur oxydation mais à des coûts beaucoup particules à l’impact couvrent au maximum un angle de 10 à 20o à
plus élevés (le coût d’amortissement d’équipements étant très partir de l’axe de la tuyère à sa sortie (§ 4.2.2). Il convient donc de
onéreux) et leur utilisation est essentiellement dans les domaines déplacer la torche et/ou la pièce pour réaliser un dépôt homogène,
aérospatiaux, militaires, nucléaires... Un autre problème est celui ce qui nécessite, si la forme de la pièce est complexe, l’utilisation
des phases obtenues lors de la projection. Par exemple la poudre d’un robot pour la torche et éventuellement un système de dépla-
d’alumine projetée est en phase α, mais après projection, du fait cement de la pièce à revêtir, pour obtenir un dépôt d’épaisseur
des vitesses de refroidissement supérieures à 106 K · s–1, le dépôt uniforme. De même, il est impossible de faire des dépôts dans des
est en phase γ. En service, lors d’un réchauffage, cette dernière trous, sauf si l’on peut y déplacer une minitorche maintenue
redevient α autour de 900 oC avec un changement de taille de perpendiculairement à la surface à revêtir, ce qui implique des
maille de quelques pour-cent entraînant la fissuration puis le déta- trous de 50-60 mm de diamètre au minimum (par exemple des
chement du dépôt. Il en va de même avec la zircone dont la phase cylindres de moteurs).
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Tableau 2 – Caractéristiques des principaux oxydes déposés par voie plasma ou flamme
Coefficient
Température Masse volumique Module Conductivité
de dilatation moyen (1)
Matériau+ de fusion apparente d’Young (2) thermique (2)
(100-1 500 oC)
(oC) (kg · m–3) (GPa) (W · m–1 · K–1)
( × 10–6 K–1)
Al2O3 2 072 7,2 à 8,6 3 500 à 3 900 390 27
BeO 25 30 4 à 9# 3 010 345 330
Cr2O3 2 266 7,5 5 210 > 103 10 à 33
TiO2 3 840 9,4 1830 à 1850 283 8,8
2 ZrO2 2 715
(1) Valeurs entre l’ambiante et 1 500 oC environ.
(2) Mesurés à température ambiante.
7,6 à 10,5 5 600 97 à 207 0,9 à 2,4
# Suivant la composition.
+ Valeurs fonctions des différentes phases.
Porosités
Contacts
interlamellaires
Particule
non fondue
Figure 1 – Structure lamellaire d’un dépôt de zircone yttriée projeté par plasma
Les dépôts épais projetés par plasma et flamme peuvent l’être sur épais projetés [4]. Leurs principaux avantages sont que les procédés
de très grandes pièces (10 m de long et plus), comme les rouleaux et les conditions de dépôt permettent de contrôler la stœchiométrie,
de machines à papier (figure 2), ou de plus petites comme les pro- la morphologie et même l’orientation du dépôt [5] [6]. La phase de
thèses de hanche (figure 3), voire des pièces de quelques mm. nucléation du dépôt s’arrête à une épaisseur d’environ 100 nm et sa
phase de croissance commence alors. Le dépôt peut avoir une struc-
ture colonnaire ou granulaire, en fonction notamment de sa tempé-
1.2 Dépôts minces rature de réalisation par rapport à sa température de fusion Tf (ou de
Les dépôts minces (épaisseur inférieure à quelques µm) sont décomposition) [7]. Les analyses structurales des dépôts ont permis
essentiellement réalisés par CVD ou PVD éventuellement assistés de créer un modèle de structure, comme indiqué sur la figure 4.
par plasma, laser... Leur structure est différente de celle des dépôts Naturellement, les changements de zones aux températures T1 et T2
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Texturation biomimétique
des surfaces
Innovation pour une industrie
agroalimentaire frugale
2
par Caroline RICHARD
Professeur des universités
GREMAN CNRS UMR 7347
Université de Tours, CNRS, INSA Centre Val de Loire,Tours, France
et Yan-Ming CHEN
Ingénieur, expert référent en tribologie, usure et frottement
Laboratoire de tribologie du CETIM, Senlis, France
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secteur est celui des industries de la viande avec 2 600 entreprises majoritaire-
ment localisées en régions Bretagne-Normandie et Rhône-Alpes-Auvergne avec
environ 100 000 emplois à la clé et 33 milliards de chiffre d’affaire (source
INSEE 2016) soit un quart des IAA. Il recouvre toutes les activités d’abattage,
de découpe, stockage des viandes de boucherie et de volailles, et tout ce qui
concerne la préparation industrielle de produits à base de viande (meatpac-
king). Cette industrie spécifique est une grosse consommatrice en eau, en par-
ticulier pour le nettoyage et l’assainissement des outils et équipements de pro-
duction (bandes transporteuses, lames de découpe, etc.). En effet, les risques de
contamination bactérienne dans les ateliers sont plus grands à cause du nom-
bre plus important d’opérations souvent plus complexes nécessaires pour la
production de la viande préemballée et/ou hachée. À titre d’exemple, il faut
2 compter en moyenne une consommation de 375 litres d’eau pour une carcasse
de porc selon l’IFIP. On parle même d’eau virtuelle consommée (calcul global,
parfois contesté et controversé) ou empreinte eau (Water Foot Print) des pro-
duits de consommation avec par exemple 15 000 litres d’eau par kilogramme de
bœuf.
Il est dorénavant crucial, en particulier avec les différentes crises sanitaires
traversées ou en cours, de pouvoir maı̂triser et contrôler la gestion de l’eau de
manière à la fois quantitative et qualitative, non seulement pour des raisons
environnementale et économique mais aussi pour des raisons de sécurité ali-
mentaire, et ainsi réduire les risques d’incidents systémiques dans cette indus-
trie de transformation. La plupart de ces entreprises sont soumises à des obli-
gations et réglementation européennes et/ou françaises avec des démarches
environnementales certifiées ISO. Cependant, ceci passe aussi par une optimi-
sation des procédés. En matière de nettoyage, la stratégie habituelle de réduc-
tion de la consommation en eau s’effectue souvent par des prénettoyages à sec
(désincrustation des déchets solides), l’utilisation de petits rinçages avec des
jets à moyenne pression plutôt que de grands rinçages à haute pression. Il
s’agit également de réduire la quantité de produit nettoyant dilué dans l’eau
afin de limiter les effluents et le traitement de leur rejet. Des changements
dans les procédés de transformation, dans les outils eux-mêmes, sont encore
possibles afin d’économiser l’eau. On peut en effet réagencer certaines étapes
et éviter ainsi des lavages et/ou des refroidissements. Mais il s’agit également
de prévenir et limiter, voire éliminer, l’encrassement, les salissures (biofouling)
et l’installation en particulier de biofilms bactériens sur les surfaces des outils et
équipements qui ont un impact sur la sécurité alimentaire soit la durée de vie
des produits transformés et peut même générer de la corrosion (corrosion
induite par micro-organismes, CIM) engageant ainsi la durabilité des outils et
équipements de production. Les aciers inoxydables sont particulièrement utili-
sés depuis les années 1930 dans les IAA. On parle d’ailleurs d’acier inoxydable
de qualité alimentaire. Une possibilité consiste à modifier leurs propriétés de
surface. Une des approches classiques est d’agir sur leur énergie de surface
(composants polaires), sur leur topographie de surface (microgéométrie, rugo-
sité). Dans cette perspective, le biomimétisme ou bioinspiration peut offrir des
voies d’innovation en vue de la mise en place de procédés frugaux. À partir de
l’ingéniosité des mécanismes et des propriétés de certains organismes vivants,
de nombreuses solutions ont déjà été explorées telles des brosses polymères
hydrophiles, des hydrogels et des revêtements zwitterioniques. Un des exem-
ples réussis les plus connus est celui de la feuille de lotus autonettoyante (pro-
priétés de superhydrophobie) et exploité par la société Saint-Gobain avec ses
vitrages BioClean‚.
L’article commence par résumer les pratiques en termes de matériaux et
d’état de surface habituellement usités en IAA. Il répertorie ensuite un certain
nombre de procédés plus ou moins matures permettant de concevoir de nou-
velles surfaces fonctionnelles s’inspirant de la nature afin que l’IAA, et plus spé-
cifiquement l’industrie de la viande, puisse répondre aux différents défis actuels
auxquels elle doit faire face.
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1. Aciers inoxydables Chaque secteur des IAA fait son choix propre de nuance en fonc-
tion de la compatibilité nécessaire avec l’agressivité des milieux
dans les industries rencontrés.
Les nuances des aciers inoxydables employés dans l’industrie de
agroalimentaires la viande sont très variées. Elles peuvent être austénitiques ou fer-
rito-austénitiques. Les nuances AISI 304 [AMS-SAEJ1086-201210]
(X5CrNi 18-10 [EN 10027]) /1.4301 [EN 10088]) et AISI 316 (et sa
Cette partie fait l’état des lieux des aciers utilisés dans les indus- variante AISI 316L) (X5CrNiMo17-12-2/1.4401) sont les nuances pha-
tries agroalimentaires (IAA) et indique les choix concernant leurs res des IAA. Elles portent également des dénominations anciennes
états de surface. encore usitées dans ce milieu : V2A et V4A (désignation alle-
mande). Les aciers spéciaux martensitiques sont plus particulière-
ment choisis pour la coutellerie et l’ensemble des appareils de
1.1 Nuances employées découpe. En effet, les grades d’aciers contenant 0,2 % à 0,5 % mas-
2
sique de carbone possèdent un bon pouvoir tranchant qui favorise
L’utilisation des aciers inoxydables est très largement répandue la bonne découpe (l’élévation de la teneur en carbone augmente le
dans les IAA depuis les années 1930. Ceci est dû aux propriétés de pouvoir tranchant des lames mais peut les fragiliser). Les teneurs
ces matériaux telles que : en chrome de 13 à 15 % sont considérées ayant une bonne résis-
– leur résistance à la corrosion et au vieillissement dans la plu- tance à la corrosion (Uginox ou Aperam MA2 et MA3 (AISI 420),
part des milieux rencontrés souvent acides avec présence de MA4 et MA5MV).
chlorures ;
– leur neutralité chimique qui évite des modifications organolep-
tiques des aliments ; 1.2 États de surface préconisés
– leur aptitude au nettoyage et à la désinfection, qui leur confère
un coût de maintenance bas ; De la même manière que la composition chimique des aciers,
– leur résistance aux chocs ; l’état de surface de ces aciers est spécifique. C’est même un critère
– leur esthétisme. de choix prioritaire. Il s’agit d’avoir des surfaces lisses car cela
limite l’accrochage des souillures ou salissures, facilite le nettoyage
Les IAA doivent employer des aciers inoxydables de qualité dite
(et donc diminue les frais de maintenance et d’entretien). Il est spé-
alimentaire. Selon le Journal officiel du 13 janvier 1976 (page 794),
cifié, par exemple dans l’industrie du vin, une rugosité moyenne Ra
rectifiant une loi d’août 1905 sur les matériaux et objets au contact
inférieure ou égale à 0,8 mm. La tenue à la corrosion des aciers ino-
avec les denrées, produits et boissons destinés à l’alimentation de
xydables est conditionnée par la qualité de leur état de surface. En
l’homme, les aciers inoxydables doivent titrer au moins 13 % mas-
effet, la dégradation par détérioration de la topographie de surface,
sique de chrome. Les aciers peuvent contenir du nickel et du man-
pollution, constitution de biofilms, rétentions de produits repré-
ganèse (article 2). L’article 3 indique les éléments dont l’addition est
sente 23 % des cas rencontrés.
autorisée comme : le tantale, le niobium et le zirconium jusqu’à
moins de 1 % massique, le molybdène, le titane, l’aluminium et le Dans les IAA, les appareils sont la plupart du temps fabriqués en
cuivre jusqu’à moins de 4 % massique. Beaucoup d’aciers inoxyda- tôle d’acier inoxydable laminé à froid. Le tableau 1 répertorie un
bles peuvent ainsi être qualifiés d’acier inoxydable alimentaire. certain nombre de finitions les plus rencontrées en IAA.
Tableau 1 – États de surface généralement utilisés pour les aciers inoxydables dans les industries
agroalimentaires (d’après [1] et [2])
Désignation des états de surface par le type du procédé permettant de les obtenir :
– si laminé à froid : chiffre 2 ;
– si laminé à chaud, chiffre 1.
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Des procédés par polissage par abrasifs ou par électro-polissage Dans la filière de la viande, il est estimé que plus de 60 % des
sont parfois employés pour parachever la finition et obtenir des couteaux coupent mal [3]. Il existe plusieurs raisons :
surfaces poli miroir ( Ra ≤ 0,05 µm et Ra ≤ 0,03 µm respectivement) [2]. – l’affûtage et l’affilage ne sont pas toujours réalisés de manière
Concernant les lames des couteaux, leur qualité ou pouvoir tran- efficace ;
chant est primordiale pour le travail de découpe pour les industries – les protocoles de nettoyage et de désinfection ne sont pas for-
de la viande (et du poisson). En effet, si les fils de lame sont cément respectés ;
endommagés, cela peut aller jusqu’à induire des troubles mus- – la détérioration peut provenir du petit matériel d’entretien et
culo-squelettiques liés au travail (TMSLT) [3]. lors de chocs pendant les transports ;
– des utilisations non adaptées.
La qualité du fil des lames doit en principe être irréprochable.
Les figures 1 et 2 montrent schématiquement les différentes for-
mes de lame et la différence entre un taillant d’une lame neuve
idéal et un taillant défectueux.
2. Contamination, nettoyage,
surface hydrophobe
1 μm 1 μm
1 μm
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Lame
111
001 101
C-1
2
Temps / déformation
C-2
C-3
5 µm 20 µm
a exemple de la texture cristallographique de l’acier b séquence de déformation d’une lame de rasoir des conditions initiales
martensitique par EBSD. L’encart à gauche montre (C-1) apparition de la fissure initiale avec nucléation à l’arête vive et
la distribution des carbures (en bleu) flexion localisée (C-2) jusqu’à la rupture ductile finale (C-3)
10 μm
organismes et aux surfaces des équipements. Cette méconnais- et en particulier par des flores bactériennes spécifiques et com-
sance représente un frein à la prévention et aux mesures correcti- plexes à la filière viande. Leur mode de vie est ubiquitaire : on les
ves nécessaires. retrouve aussi bien dans les circuits fermés de fabrication, de net-
toyage que sur les outils, éponges, torchons ou les aliments ainsi
que dans l’ensemble d’un atelier de production (équipements,
2.1 Biofilms bactériens dans l’industrie murs, sols, circuits d’eau, aération). La figure 6 donne des exem-
ples de biofilms sur une planche de découpe.
de la viande
Quelques travaux sur le sujet ont montré la présence de Brocho-
Toutes les surfaces des environnements de fabrication, depuis thrix thermosphacta, Pseudomonas fragi, Pseudomonas lundensis,
l’abattoir jusqu’au poste d’emballage des portions consommateurs Lactobacillus sakei, Lactobacillus curyatus, Leuconostoc gelidum,
de l’atelier de découpe, sont colonisées par des micro-organismes L. carnosum [6]. Les Listeria monocytogenes sont pathogènes et
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peuvent s’adapter au froid. Elles peuvent se rencontrer sur les tapis La production à grande échelle dans les industries a conduit à la
convoyeurs, les bacs de saumurage. D’autres bactéries pathogènes mise en place de systèmes de nettoyage en place (NEP) et dans la
peuvent aussi être présentes telles les Salmonella spp., E. coli (en mesure du possible sans démontage. Auparavant, les équipements
particulier sur les couteaux), Staphylococcus aureus, Clostridium utilisés pour la transformation des aliments étaient ouverts et net-
perfringens, Clostridium botulinum, Campylobacter jejuni, Yersinia toyés individuellement. Les systèmes NEP permettent le nettoyage
enterocolitica, Aeromonas hydrophila, Bacillus cereus (en spores et des équipements i) par la circulation de fluides nettoyants, ii) par
cellules végétatives, dans des conduites, des tanks, des remplisseu- un nettoyage chimique et mécanique, ou iii) par l’utilisation de jets
ses), Shigella, Vibrio parahaemolyticus. Il faut noter qu’il existe des (par exemple dans le cas des cuves). Leur efficacité va dépendre de
bactéries et ferments à effet positif (salaisons, etc.) et que l’équili- certains facteurs qui reposent sur le choix de l’action mécanique, le
bre à atteindre est parfois délicat pour la maturation des produits choix du produit de nettoyage (action chimique), la température et le
sans compter les produits fermiers. temps de contact. Ces quatre éléments forment le cercle de Sinner
ou TACT (température, action mécanique, chimie, temps d’action)
La chaı̂ne de transformation des aliments joue un rôle majeur (figure 7) qui définit et structure la base d’un nettoyage « parfait ».
dans la contamination (par contact, par aérosols) des produits. Les Un nettoyage parfait nécessite l’emploi de produits adaptés non seu-
NETTOYAGE
EFFICACE
TEMPS ACTION
DE CONTACT MÉCANIQUE
Figure 6 – Surfaces d’acier colonisées – biofilms sur planche Figure 7 – Cercle de Sinner ou TACT (Température/Action mécanique/
de découpe (d’après [5]) Chimie/Temps d’action) (1959 Herbert Sinner – société Henkel)
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L’eau utilisée doit être potable. Elle représente 95 % de la solution surface hydrophile et hydrophobe. Plus précisément, on considère
de nettoyage. Le détergent doit être adapté à la dureté de l’eau. Les qu’une surface est hydrophile avec un angle de contact inférieur à
recommandations préconisent une température entre 40 et 45 C. Si 40 , hydrophobe entre 110 et 150 et superhydrophobe au-delà de
la température de l’eau est au-delà de 65 C, les protéines de la 150 . On utilise également l’angle de contact pour déterminer les
viande peuvent coaguler en formant une pellicule difficile à éliminer énergies de surface selon la relation de Young-Dupré (figure 8).
par la suite. Pour la désinfection, d’une dizaine de secondes, l’eau est
à 70-82 C. Le chlore et ses dérivés (hypochlorite, chloramine) sont
cos θ =
(γ SV − γ SL ) (1)
souvent utilisés. Les inconvénients majeurs résident dans l’augmen- γ LV
tation de la corrosivité de l’eau avec la température et la mauvaise
pénétration des produits chlorés au sein des biofilms. En cas d’arrêt avec g SV, g LV et g SL tensions superficielles des interfaces, solide/
d’injection, la recolonisation du circuit par les bactéries peut être très vapeur (SV), liquide/vapeur (LV) et solide/liquide (SL).
rapide. De ce fait, l’ionisation est également une technologie large-
Pour les surfaces texturées (soit avec une rugosité), différents
ment plébiscitée pour désinfecter. Elle consiste à enrichir l’eau en
ions cuivrique (Cu2+) et/ou d’argent (Ag+) qui vont se lier aux cellules régimes peuvent s’installer tels (figure 9) :
négativement chargées et entraı̂ner leur destruction. On peut utiliser
ainsi l’effet oligodynamique (antibactérien) des éléments cuivre et
argent. Pour les couteaux, l’utilisation de douchettes est interdite
– le régime de Cassie-Baxter (années 1940) : mouillage nul avec
piégeage d’air, régime propre aux surfaces hydrophobes ;
– le régime de Wenzel (1936) : mouillage complet. Wenzel définit
2
afin de ne pas endommager le fil du tranchant [3]. un paramètre de rugosité r :
surface réelle
r= ≥1 (2)
2.3 Hydrophobie et mouillabilité surface apparente
Afin de limiter l’utilisation de grands volumes d’eau et de gagner La surface apparente étant la surface créée par la projection de la
également du temps, une des solutions est d’agir au niveau de la sur- surface réelle sur un plan. La relation de Wenzel est donnée par :
face des matériaux en maı̂trisant son hydrophobie et donc sa mouil-
labilité. Pour caractériser la mouillabilité d’une surface, ou son affinité cos θ∗ = r cos θ (3)
envers un liquide, il suffit de mesurer l’angle de contact θ d’une
goutte du liquide posée sur une surface. Plus l’angle de contact est avec θ∗ l’angle de contact apparent sur la surface rugueuse.
faible, plus le mouillage est important. Ainsi, si l’angle θ = 0, le mouil- Comme r ≥ 1, la rugosité ou la texturation amplifie le caractère
lage est total, le liquide s’étalant sous forme de film sans obtention hydrophobe ou hydrophile du solide ;
de goutte. Si θ = 180 , le mouillage est nul. Si l’angle de contact est – des régimes mixtes ou composites : les régimes de mouillage
compris entre 0 et 180 , le mouillage est dit partiel : on considère que mixtes sont plus fréquemment rencontrés compte tenu du carac-
lorsque l’angle est inférieur à 90 (angle aigu), la surface est dite tère aléatoire des topographies de surface. Des régimes de Cassie
mouillante et si l’angle est au-delà de 90 (angle obtus), elle est qua- et des régimes de Wenzel peuvent coexister localement ;
lifiée de non mouillante. Si le liquide est de l’eau, on parle alors de
– le régime Cassie imprégné ou hemi-wicking : souvent observé
sur des surfaces texturées avec formation d’un film remplissant les
Vue de dessus micro/nanostructures au-delà de la zone de dépôt de la goutte.
Vapeur
La figure 10 montre qu’il peut y avoir également des transitions
entre les différents régimes possibles.
Liquide
θY
Air
Solide
Figure 9 – Schéma des différents états de mouillage d’une surface texturée (d’après [9] et [M 1 690])
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3. Texturation inspirée
Composite
du monde végétal
Air Liquide
Cassie-Baxter
La fonction première des feuilles des végétaux est la photosyn-
Air Solide thèse chlorophyllienne. Leurs limbes constituent une surface récep-
Liquide
trice, véritable capteur solaire, qui permet les échanges gazeux ainsi
Wenzel que les transports des sèves brutes et élaborée. Cette surface doit
Solide Transition être dénuée de toutes salissures pouvant encrasser l’épiderme et la
de l’état Air Liquide cuticule. Pour ce faire, plusieurs stratégies peuvent être observées
de mouillage avec des nervations différentes (pennée, palmatinervée, paralléliner-
Composite vée…) selon les espèces. Ceci facilite en particulier l’évacuation de
2
Solide l’eau tout en entraı̂nant si possible des corps étrangers. De nombreu-
Air Liquide ses espèces ont également de fines excroissances (trichomes)
Hemi-wicking (figure 11), formant un véritable duvet ou tapis dont la fonction est
de protéger la plante de la sécheresse (évaporation de l’eau) et/ou
Solide Air Liquide d’éviter l’obstruction des stomates.
Trichome
Faisceau
cribro-
vasculaire
Sclérenchyme
Xylème
Pholème
Cuticule
Épiderme supérieur Cellule de garde
Parenchyme palissadique Stomate
Parenchyme lacuneux
Épiderme inférieur
Cuticule
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