Le Crédit Bancaire Aux PME Les Banques
Le Crédit Bancaire Aux PME Les Banques
Le Crédit Bancaire Aux PME Les Banques
Le crédit bancaire aux PME: les banques discriminent-elles selon la taille ou selon le
risque des entreprises emprunteuses?
Résumé:
Depuis longtemps, les entrepreneurs se plaignent des conditions de crédit bancaire subies par
leur entreprise qui reflètent davantage la taille plutôt que le risque qu’elle représente. Qu’en est-
il réellement? Les résultats de l’étude d’un échantillon de PME manufacturières québécoises
montrent l’absence de relations significatives entre les conditions de crédit et leur niveau de
risque mesuré sur différentes dimensions, alors que la taille joue un rôle significatif, de même
que les mesures de la capacité de remboursement des emprunteurs. Nos conclusions sont à
l’effet que les conditions de crédit ne sont pas adaptées à la complexité des PME et que les
banques ne sont pas prêtes à servir les PME de l’an 2000.
Abstract:
Since long, entrepreneurs complain about the conditions of banking credit imposed on their
enterprise which mainly reflect a size effect rather than the risk involved. But what is really
going on? The Quebecer manufacturing SME sample analysis shows no significant relationship
among the credit banking conditions and their different risk measures, contrary to the significant
role of the size and the borrower’s reimbursement aptitudes. So, we conclude that the credit
banking conditions are not adapted to SME complexity and that banks are not well prepared to
finance the new economy enterprises.
1. INTRODUCTION
Le financement bancaire est la source de financement par emprunt la plus utilisée par les
entrepreneurs surtout en ce qui concerne le crédit à court terme et ce, dans la plupart des pays
industrialisés. D’après le rapport annuel de l’Association des Banquiers Canadiens (ABC), les
banques canadiennes avaient pour plus de 40 milliards de dollars de crédit en cours dans plus de
650 000 petites et moyennes entreprises en 1996, ce qui représente plus de 95% de la clientèle
d’affaires totale des banques. Il s’agit là des prêts aussi bien à court qu’à long terme. On
présente, à la figure 1, l’offre de financement des entreprises canadiennes, où l’on constate une
grande diversité dans les institutions, mais l’omniprésence du secteur bancaire.
Sociétés spécialisées
Banques canadiennes
Coopératives de crédit
Sociétés de fiducie
Compagnies d'assurance
Banques étrangères
Bien qu’il existe une forte interdépendance entre les banques et les PME, la nature de leurs
relations est souvent empreinte de beaucoup de difficultés et de conflits qui tiennent leur origine
des objectifs divergents de chacune des parties. Les entrepreneurs se plaignent d’être l’objet
d’abus de pouvoir des grandes institutions financières, qui seraient trop exigeantes envers eux et
ne respecteraient pas les spécificités de leur entreprise. De l’autre côté, les banquiers affirment
qu’ils ont de la difficulté dans leurs relations avec les entrepreneurs, parce qu’ils affichent
souvent des incompétences en gestion et qu’ils ne transmettent pas toutes les informations
pertinentes dans leurs dossiers d’emprunt. Ces écarts de point de vue sont à l’origine des
difficultés de leurs relations et amènent les dirigeants à affirmer qu’ils font l’objet de
discrimination à la faveur des grandes entreprises. C’est ce que nous allons étudier en tentant
d’expliquer, à partir des informations concernant un groupe de PME manufacturières
québécoises, la prime de risque exigée par les institutions financières sur une marge de crédit.
Le rôle de la banque sur le marché des prêts se limite au financement à faible risque, voire même
sans risque. Au Canada par exemple, la loi des banques oblige celles-ci à maintenir les pertes
sur prêts et les prêts à intérêts non comptables entre 0,5 et 1% de l'encours du prêt, ce qui
contraint les banquiers à faire preuve d'une grande prudence envers tous les emprunteurs
(Wynant et Hatch, 1991). Quand ils évaluent le risque des emprunteurs potentiels, ils font
régulièrement face à des problèmes d'information imparfaite, surtout dans le cas des PME où
celles-ci sont contrôlées et filtrées par le propriétaire dirigeant.
La plupart des difficultés rencontrées dans les relations entre les banques et les PME et
contribuant à faire d'elles des partenaires à haut risque pour les banquiers, tiennent leur source
des problèmes d'agence. À ce sujet, Pettit et Singer (1985) voient les problèmes d'agence et le
niveau d'asymétrie d'information comme les déterminants majeurs des coûts de financement. Ces
problèmes existent indépendamment de la taille de l'entreprise mais ils se présentent
différemment quand il s'agit de PME.
Quand elle est appliquée aux PME, la théorie d'agence décrit une situation dans laquelle le
propriétaire-dirigeant agit comme agent pour les bailleurs de fonds. Chacune des parties en
cause est motivée par des intérêts distincts et divergents. Pour que ces problèmes soient réduits
au minimum, il faudrait que l'entrepreneur soit principalement concerné par la rentabilité des
capitaux empruntés et que le prêteur le soit par la solvabilité du premier. Malheureusement, si
le bailleur de fonds est effectivement préoccupé par la capacité de remboursement de
l'emprunteur, voulant se protéger au maximum contre le risque de défaut de celui-ci,
l'emprunteur est plutôt intéressé par sa maximisation économique individuelle (Landström,
1993) ainsi que par son autonomie de gestion. Cette divergence d’opinion oblige le bailleur de
fonds à adopter un comportement de surveillant, ce qui entraîne différents coûts d’agence.
Selon Pettit et Singer (1985), trois problèmes d'agences inquiètent plus particulièrement les
banquiers dans leurs transactions avec les PME:
3 ) Le transfert de richesse: le contrôle d’une petite entreprise est souvent entre les
mains d'une seule ou d'un petit nombre de personnes. Cette ou ces personnes peuvent à
leur guise transférer les ressources de l'entreprise à d'autres utilités que celles prévues
initialement, dans le but éventuel de répondre à un changement dans l'environnement et
ce, sans prendre en considération les intérêts des investisseurs externes. Ces
prélèvements de montants variables réduisent les liquidités disponibles et par le fait
même, accentuent l'incertitude des investisseurs au même titre que le problème de
rémunération personnelle.
Dès lors que l'imperfection de l'information est prise en compte, les PME peuvent devenir des
partenaires plus risqués que les grandes entreprises aux yeux des banquiers.
En réponse au risque des PME, les banques ajoutent une prime de risque au taux de base offert
à leurs meilleurs clients, figurant sur le contrat d’emprunt. En plus, elles peuvent chercher à
minimiser le «risque négatif» qui survient en cas de faillite en couvrant les prêts par des actifs de
l'entreprise. Si ceux-ci ne suffisent pas au remboursement des créances prioritaires, la banque
peut sécuriser les prêts par des biens personnels du propriétaire de l'entreprise et ce, même s'il y
a une distinction légale entre l'entreprise et son propriétaire (Storey et Cressy, 1996).
En plus des taux d'intérêts élevés et de lourdes garanties, les banquiers peuvent chercher à
combler l'incertitude qu'ils ont, quant au rendement futur de l'entreprise financée, par
l'imposition de clauses restrictives dans les contrats. Barnea et al. (1985) soutiennent que les
prêteurs vont se protéger et ainsi réduire les problèmes d'agence en imposant un certain nombre
de contraintes dans les contrats qui vont limiter de façon importante la liberté du propriétaire-
dirigeant quant à l’utilisation des liquidités de l’entreprise.
Dans une importante étude des circuits financiers des PME industrielles de l’Arc jurassien
(Suisse), Maillat et Crevoisier (1996) affirment que les problèmes de financement de ces
entreprises se sont accentués ces dernières années, étant donné un système bancaire traditionnel
devenu plus restrictif à cause du «repli économique mondial, tout comme d’un
professionnalisme plus poussé» (p. 1).
L'enquête de Dunstan et al. (1992) auprès de 425 entreprises de tailles et d'industries différentes
montre que le coût pour la présentation d'une demande de prêt est plus élevé pour les petites
entreprises étant donné la présence de charges fixes pour la banque, tandis que le coût d'une
marge de crédit est d’environ 7 points plus élevé. Apilado et Millington (1992) constatent
également des taux d'intérêts supérieurs pour les PME de Dallas.
Churchill et Lewis (1986) ont voulu vérifier si la différence d'endettement entre les PME et les
grandes entreprises affecte le risque de portefeuille de prêts d'une institution financière et
justifie des coûts de financement supérieurs. L'échantillon, composé aussi bien de prêts aux
PME qu'aux grandes entreprises, a permis de constater des coûts d'administration plus élevés
pour les PME et un niveau de risque des prêts supérieur, alors que les revenus générés par ceux-
ci sont plus élevés que ceux des grandes firmes. Ainsi, le risque de portefeuille est réparti à
travers toutes les entreprises ce qui permet aux banquiers d’équilibrer leur portefeuille
McKillop et Hutchinson (1994) ont tenté de vérifier l’influence de la taille de l’emprunteur sur
les conditions de crédit offertes, à partir de l’analyse d’un échantillon de 88 PME d'Irlande du
Nord et d'Écosse. Au niveau du type de garanties exigées, les auteurs n'ont pas observé une
influence significative de la taille. Par contre, l'analyse du ratio de sécurité a révélé que les
garanties exigées sont plus restrictives pour les plus petites entreprises. Dans plusieurs cas, la
valeur de la garantie pouvait excéder de plus de 2 fois la valeur du prêt. Alors qu'on serait en
droit de s'attendre à ce que les taux d'intérêts diminuent quand le ratio de garantie/prêt
augmente, c'est le contraire qui se passe. Malgré des ratios de sécurité élevés, les taux d'intérêts
restent forts pour certaines entreprises. Cowling et Sugden (1995) arrivent aux mêmes résultats
après une étude menée en 1992 auprès de 272 PME d'Angleterre et d'Écosse.
Dans le même sens, la Fédération Canadienne de l’Entreprise Indépendante (1994) montre que
39% des 1298 propriétaires-dirigeants interrogés considéraient les garanties de la part des
banques excessives. Ce sentiment semble constant puisqu’il avait déjà été mis en évidence dans
une étude antérieure de Wynant et Hatch (1991).
Apilado et Millington (1992), dans leur étude menée auprès de 23 banques de Dallas et faisant
intervenir 123 prêts en cours à des PME et 81 à des grandes entreprises, concluent aux
exigences plus élevées des banques envers les petites entreprises. En effet, en moyenne 18,2
clauses restrictives sont imposées dans les contrats aux PME contre seulement 10,8 pour les
entreprises de taille supérieure. Les tailles de l'entreprise et du prêt sont significativement liées
au nombre de restrictions, à savoir que les plus petites entreprises et les plus petits montants de
prêts sont rattachés à un plus grand nombre de restrictions. Ils ont en plus constaté que le
nombre de restrictions augmente avec la taille de la banque, les plus grandes ayant tendance à
protéger leur réputation. Il semblerait que les taux d’intérêt ne soient pas affectés par le nombre
de restrictions imposées par les banques. Les auteurs évoquent deux explications possibles à
cela: soit que les banques n'ont pas conscience du lien qu'il peut y avoir entre le nombre de
restrictions et le taux d'intérêt chargé, soit que les banques perçoivent les PME comme étant
tellement risquées que la combinaison de restrictions supplémentaires et de taux d'intérêt élevés
est nécessaire pour couvrir les coûts afférents au risque. Cowling et Sugden (1995) donnent
plus de crédibilité à la deuxième explication.
Pour conclure, il semble effectivement que les PME soient surtaxées par les institutions
financières soit par des coûts d'emprunts supérieurs, soit par les restrictions imposées. Certaines
vont même jusqu'à exiger un rendement plus élevé que ce que le niveau de risque entraîne sur
les meilleurs contrats pour compenser le niveau de risque supérieur des autres emprunteurs. Il
s'avère que les PME sont perçues comme étant tellement risquées par les banquiers que des taux
d'intérêts supérieurs ne suffisent pas à les protéger. De lourdes garanties ainsi que des
restrictions, notamment sur les différents éléments d'actifs, qui limitent largement la liberté du
propriétaire-dirigeant sont également nécessaires.
3. L’IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS ÉLÉMENTS DE RISQUE DANS LES
PME
La théorie financière prescrit que tout rendement exigé d’un actif est fonction du niveau de
risque qu’il présente. Le principal problème dans les relations entre les PME et les banques, est
que ces dernières considèrent l’ensemble des PME comme étant risquées, sans égard aux
spécificités de chacune d’elles. En fait, les banques sont incapables d’évaluer correctement le
niveau de risque des PME, parce qu’elles les considèrent comme de grandes entreprises en
miniature et ne s’attardent pas à développer des modèles adaptés à leur statut. Et comme leur
fragilité est plus grande et leur taux de faillite plus élevé, elles sont automatiquement
considérées, dans l’ensemble, comme étant plus risquées.
Le risque total d’une entreprise peut être scindé en deux éléments, soit le risque d’affaires et le
risque financier. Regardons-les en détails, dans les PME, et voyons les problèmes qui en
découlent.
Le risque d'affaires1 qu'on appelle également risque d'exploitation peut être décomposé en risque
commercial, risque de gestion et risque technologique. Chacune de ces composantes se
manifeste différemment en fonction du stade de développement de l'entreprise.
St-Pierre et Beaudoin (1996) présentent une synthèse de cette littérature et affirment, après
l’analyse des résultats de recherche empirique obtenus dans différents pays industrialisés, qu’il y
a beaucoup de mythes entourant le présumé risque financier supérieur des petites entreprises.
Suret et Arnoux (1995) concluent que la sous-capitalisation présumée des PME est davantage
imputable à une faible rentabilité plutôt qu’à une petite taille. Si ces entreprises sont sous-
capitalisées, c'est parce qu'elles n'ont pas les moyens de rééquilibrer leur structure financière
lorsqu'elles traversent des périodes de faible rentabilité comme c'est le cas pour les grandes
entreprises qui ont un accès plus important aux sources de capitaux externes.
Finalement, St-Pierre et Beaudoin (1996) concluent que le risque financier supérieur n’a pas été
démontré de façon satisfaisante et que l’étude de la structure de financement des PME ne peut
se faire en dissociant l’entreprise de son contexte. Ils concluent: «Les écarts constatés dans les
structures financières pourraient provenir de la volonté des propriétaires-dirigeants de garder
le contrôle de leur entreprise et de solliciter des investisseurs externes qui leur imposeront le
moins de contraintes dans leur gestion quotidienne» (p. 213).
Nous concluons donc, à partir des études pré-citées, que le risque supérieur des PME ne semble
pas évident et généralisable. Si ces entreprises se plaignent de leurs conditions de crédit
bancaire, affirmant que celles-ci sont trop coûteuses, serait-ce parce que les banques évaluent
mal leur niveau de risque? Si tel est le cas, il n’y aurait donc aucune relation significative entre
les variables spécifiques aux entreprises et les conditions de crédit imposées par les banques.
C’est ce que nous proposons de vérifier.
4. HYPOTHÈSES DE RECHERCHE
C'est donc la taille de l'entreprise comme facteur de risque, duquel découlerait le risque plus
élevé des PME qui sera mise en relation avec les variables concernant les conditions d'octroi de
crédit pour vérifier si, effectivement, les banquiers sont plus exigeants envers les petites
entreprises. Nous proposons donc la première hypothèse suivante:
H1: La prime de risque bancaire est déterminée par la taille de l’entreprise emprunteuse.
Par contre, il est possible que les banquiers tiennent compte du risque spécifique des PME tel
que le prescrit la théorie financière, mais que celui-ci soit intégré dans la variable de taille. Pour
nous en assurer, nous préciserons différents indicateurs de risque, que nous tenterons de lier aux
conditions de crédit, ce qui nous amène à notre deuxième hypothèse:
H2: La prime de risque bancaire est déterminée par le niveau de risque de l’emprunteur.
Où: la prime de risque est égale à la prime exigée du prêteur sur le taux de base bancaire;
Risque d'affaires: Tel que nous l’avons indiqué précédemment, le risque d’affaires peut être
mesuré à partir de ses diverses composantes soit:
Finalement, nous ajouterons au modèle les informations sur la durée et la qualité de la relation
entre l’entreprise et l’institution financière afin de mesurer l’ampleur du problème d’information
asymétrique.
La première hypothèse que nous voulons tester concerne la présomption de risque supérieur
pour les entreprises de petite taille. Nous avons vérifié cette hypothèse en séparant notre
échantillon en trois sous-groupes classés par le niveau du chiffre d’affaires lors de la dernière
année financière (1997). Nous avons ensuite retiré le groupe médian et avons conservé, pour les
tests de différences sur les distributions, les plus petites et les plus grandes entreprises. Les
écarts et les résultats statistiques sont présentés au tableau 12.
Les résultats sont très variables selon les mesures utilisées et ne nous permettent pas d’affirmer
avec beaucoup de conviction que le risque d’affaires total des petites entreprises est
significativement supérieur à celui des plus grandes. Rappelons que notre division de
2
Une liste des modes de calcul de certaines variables est présentée à l’annexe I.
l’échantillon avait comme objectif de «favoriser» l’obtention de différences significatives entre
les petites et les grandes. L’inclusion de toutes les entreprises de l’échantillon donne des
résultats encore moins concluants.
Notre deuxième hypothèse suppose que la prime de risque est fonction du niveau de risque des
entreprises. Nous avons donc repris exactement le même cheminement que le précédent en
séparant notre échantillon en trois sous-groupes: les entreprises qui ont la prime la plus élevée,
celles qui ont la prime la plus faible, et celles qui se situent entre les deux. Nous avons ensuite
conduit des tests de différences sur les mêmes variables que celles qui ont été présentées plus
haut. Les seules différences obtenues concernent la capacité de remboursement et le niveau de
risque financier tel que présenté au tableau 3.
Tableau 3: Relations entre la prime de risque bancaire et les mesures de risque financier
et la capacité de remboursement
Il apparaît donc qu’il existe peu de différences significatives dans les niveaux de risque des
entreprises selon la taille, mais que cette dernière influence de façon substantielle la prime de
risque exigée par les institutions financières.
Afin de mesurer l’influence simultanée de toutes les variables, nous avons effectué des analyses
de régression multiple à partir de plusieurs modèles. Pour chacune des variables de l’équation à
tester, nous avions défini différentes mesures et avons conservé les meilleurs résultats dans le
modèle final, que nous présentons au tableau 4.
Le premier modèle reflète le comportement des banquiers qui affirment tenir compte de la
capacité de remboursement de l’entreprise et de son niveau de risque financier pour déterminer
la prime de risque. Étant donné le lien direct entre la prime de risque et les garanties exigées par
les banques, nous avons inclu cette dernière variable, tout comme le suggèrent Apilado et
Millington (1992) et Cowling et Sugden (1995). L’ajout de celle-ci améliore significativement le
modèle où l’on observe le lien significatif et positif avec la prime. La capacité de
remboursement et la mesure du risque financier ont les signes prévus et sont significatives.
Dans le deuxième modèle, nous avons voulu mesurer l’influence de la taille. On constate son
rôle significatif à savoir que plus l’entreprise est grande, plus sa prime de crédit bancaire est
faible. L’ajout de cette variable a permis une amélioration du pouvoir explicatif de notre modèle,
tout en réduisant légèrement le rôle des autres variables.
Le troisième modèle introduit les différentes mesures du risque d’affaires des entreprises et le
degré de satisfaction des entrepreneurs face à leur institution financière. Nous avons retiré la
variable de garanties afin de mesurer l’importance de son influence (nous l’introduisons à
nouveau dans le quatrième modèle). La troisième équation montre une amélioration de la
qualité du modèle, alors qu’aucune des mesures de risque ne joue un rôle significatif sur les
conditions d’octroie de crédit aux PME. La mesure de la qualité des relations entre l’institution
et l’entrepreneur semble par contre jouer un rôle déterminant. Même la variable estimant le
risque financier voit son rôle devenir non significatif.
Finalement, l’ajout de la variable concernant les garanties exigées améliore le modèle tout en
diminuant l’importance relative des autres variables significatives. Les différentes mesures du
risque d’affaires et financier ne sont pas significatives au seuil habituel de 5%, alors que nous
avons tenté d’expliquer le niveau «de la prime de risque» ! S’agit-il réellement d’une prime de
risque?
Tableau 4: Influence conjointe des indicateurs de risque sur la prime de crédit bancaire
(le niveau de signification de chaque variable est présenté entre parenthèses)
6. CONCLUSION
Les résultats de cette étude, la première qui tente de lier différentes mesures de risque des PME
à leurs conditions de crédit, sont importants pour contribuer à l’amélioration de la compétitivité
des entreprises grâce à un financement mieux adapté à leur réalité. La mondialisation des
marchés, l’abolition des frontières, la multiplication des échanges internationaux rendront les
PME de plus en plus complexes et différentes de celles que nous avons connues dans la période
industrielle. La valeur des entreprises sera davantage fonction des actifs intangibles et
immatériels, qui ne sont pas présentement considérés par les institutions financières comme des
garanties potentielles. Il en découle donc que les PME les plus compétitives auront de plus en
plus de difficultés à obtenir du financement à des conditions avantageuses et en fonction du
degré de risque réel qu’elles présentent. Si les institutions financières ne modifient pas leur mode
d’analyse des dossiers des PME, elles perdront cette clientèle au profit d’autres institutions plus
compréhensives.
Références
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Annexe I: Mode de calcul des différentes variables
VARIABLES MESURES
Variables concernant le crédit bancaire et l’institution
Prime de risque Prime ajoutée au taux de base de la banque sur la marge de crédit
obtenue de la société emprunteuse
Garanties exigées Nombre de garanties exigées sur le contrat de marge de crédit, tel
que fourni par l’entrepreneur
Qualité de la relation Indice de satisfaction moyen des entrepreneurs quant à la qualité des
(Degré de satisfaction le services bancaires offerts par l’institution et l’agent de crédit mesuré
plus élevé = 100%) avec 13 questions
Mesures du risque de gestion
Outils de gestion utilisés Nombre d’outils utilisés dans la gestion: budget, planification et
rentabilité des investissements, états financiers prévisionnels, calcul
du seuil de rentabilité, système de calcul de prix de revient
Compétences internes Ratio du personnel cadre et de bureau sur le nombre total
d’employés
Mesures du risque commercial
Dépendance trois clients Pourcentage du chiffre d’affaires réalisé avec les trois clients les plus
importants de l’entreprise
Exportation Pourcentage du chiffre d’affaires réalisé hors Québec
Stabilité des ventes Taux de croissance annuel moyen des ventes des cinq dernières
années
Veille commerciale (varie Nombre de sources d’information riche utilisées concernant les
de 0 à 15) développements de produits/services/marchés
Mesures du risque technologique
Développement Ratio du nombres d’équipements de production au nombre
technologique d’employés de production
Activités de recherche- Variable dichotomique = 1 si oui; et = 0 autrement
développement
Veille technologique Nombre de sources d’information riche utilisées concernant le
(varie de 0 à 15) développement technologique
Mesures du risque financier
Taux d’endettement Moyenne des cinq dernières années du ratio de dettes bancaires
bancaire (court et long terme) à l’actif total de l’entreprise
Couverture des intérêts Moyenne des cinq dernières années du ratio de bénéfice avant impôt
à la charge d’intérêts
Mesures de la capacité de remboursement
Marge de sécurité Moyenne des cinq dernières années du ratio des liquidités
(nombre de jours) disponibles et de la capacité d’emprunt aux déboursés quotidiens
d’exploitation
Flux monétaires / actif Moyenne des cinq dernières années du ratio des flux monétaires
total d’exploitation à l’actif total
Marge nette (excédant Ratio moyen du bénéfice net aux ventes de l’entreprise, par rapport
celle du secteur) à la moyenne du secteur d’activités