Piece Jointe173
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Introduction
2- Territorialité
Bibliographie
PPT en appui
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Corinne Hommage, Responsable de Formations, IRTSNA
COURS « Approches territoriales », AS 2021
Introduction
La notion de territoire recouvre deux acceptions : étendue d’un espace approprié par un
individu ou une communauté et espace délimité sur lequel s’exerce l’autorité d’un Etat
ou d’une collectivité ; en France, les communes, les régions, les départements sont les
trois niveaux de collectivité territoriales (+ intercommunalités)
Ces deux approches renvoient d’une part à l’idée d’appropriation et d’identité
collective (R. Brunet, 93), d’autre part à l’idée d’autorité politique (M. Weber) où le
territoire est consubstanciel à l’Etat, cette activité se déroulant dans les limites du
territoire qu’il domine ; le territoire a une existence juridique, administrative et
politique.
Dans les deux cas la notion de territoire n’est pas seulement spatiale mais implique une
dimension temporelle d’appropriation et de constitution du territoire, qui peut avoir été
très longue, tel qu’il est reconnu aujourd’hui. Le territoire est une partie de soi, un
ensemble d’usages et de rapports sociaux; constitutif de l’individu et non simplement
un lieu de vie. Il est par conséquent sensible à toute intervention le concernant; aussi
une approche territoriale n’est jamais une simple affaire de gestion mais toujours une
réflexion et une action politique complexe, où le territoire doit se penser comme une
globalité.
2
1- Territoire(s) : approche conceptuelle
Nous pouvons distinguer trois grandes conceptions du territoire, qui traduisent les
différentes modalités de mise en oeuvre des politiques publiques :
. la conception objectiviste, fait du territoire un espace caractérisable au moyen de
critères et de paramètres qui en fondent la singularité, la cohérence, la spécificité
(situation géographique, population, activités, problèmes sociaux, économiques...).
. la conception instrumentale du territoire, celui-ci étant avant tout un espace
d'efficacité pratique souvent lié à une problématique d'échelle où le local constitue le
niveau pertinent de l'action notamment en matière de développement. On localise pour
plus de proximité, pour une plus grande efficacité ou souplesse, comme leviers
d'intervention.
. la conception "politique" du territoire, celui-ci étant conçu comme espace de légitimité
(ou de légitimation) : compétence ou mandat à intervenir (commune, département...);
inscription d'une politique (territoire des ZAC, ZEP, zones franches...) ; espace
démocratique (reconnaissance de droits: comité de quartier...).
Ces dimensions se mêlent le plus souvent permettant une globalité de traitement. En
3
matière d'action sociale le territoire des politiques publiques est donc
multidimentionnel. Quelque soit la dimension géographique comme le degré
d’institutionnalisation d’un territoire, il est toujours, du point de vue des sciences
sociales, ce qui articule un espace physique et un pouvoir politique (au sens large du
terme). Cette dimension politique est présente dans un sens plus récent de l’emploi du
terme territoire : ce qui est capable de fonder des appartenances et des identités.
Lorsque l’on tente de rendre compte d’un « processus d’objectivation » (cf démarche
de diagnostic territorial) portant sur une population localisée géographiquement, on se
situe dans un registre territorial ; de ce fait faire la genèse d’un territoire c’est
s’interroger sur la « réalité » même de ce territoire car il s’agit de situer dans le temps sa
création, de relater son élaboration institutionnelle et sa construction identitaire. Le
territoire, constitutif de l’individu, et non simplement lieu de vie, laisse présager une
extrême sensibilité à toute intervention le concernant.
*
Autres notions :
• Paysage : associé au T le concept de paysage renvoie à l’idée de valeur :
valeur d’usage (familiarité, patrimoine), valeur marchande, valeur
d’intégration (paysages symboliques) (Brunet). La sensibilité à la
dégradation de la qualité des paysages a conduit à mettre en place des
mesures de protection dès 1906 en France (lois sur les sites et monuments
naturels à caractère artistique) et des mesures de préservation dans le cadre
du Code de l’urbanisme et du Code rural notamment. La prise en compte du
paysage est partie intégrante de l’aménagement et de la gestion du T :
insertion de grandes infrastructures, maîtrise de l’image identitaire…
• Développement durable
Aujourd’hui des questions de soutenabilité ou de modèles de développement
sont en débat, interrogeant la responsabilité, le vivre ensemble, la prévention
des risques.
La notion de développement durable trouve son fondement dans la Conférence des Nations
unies sur l’Environnement de Stockholm en juin 1972. Au cours de cette conférence, devenue
historique, est adoptée une déclaration qui marque une première étape essentielle d’un
processus désormais irréversible de négociations, conférences, accords, protocoles et
engagements internationaux sur les questions environnementales. C’est d’ailleurs à cette
époque qu’ont été créés la plupart des Ministères de l’environnement.
Le concept d’éco-développement sera peu à peu abandonné au profit du concept de
« développement durable », terme utilisé pour la première fois en 1980, lors d’un congrès d’une
ONG écologiste, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature.
Gro Harlem Brundtland, alors ministre de l’environnement de Norvège, en 1987 dans le cadre
d’une Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement « Notre futur
commun », qu’elle préside, fait écho aux préoccupations exprimées pour la première fois en
1972, lors de la conférence des Nations unies de Stockholm.
Le Rapport Brundtland , « Our common future » soumis à l’Assemblée générale des Nations
Unies de 1987, introduit la notion de développement durable, démarche globale consistant à
« répondre aux besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les générations futures
de satisfaire les leurs ». Ce mode de développement applicable à tous échelons du global au
local, du collectif à l’individuel doit permettre de réduire les écarts de développement
économiques entre les régions du monde, de lutter contre les inégalités d’accès à la santé et à
l’éducation, de résoudre les problèmes environnementaux.
Le concept de « besoin » défini dans la suite du rapport, désigne « les besoins essentiels des
plus démunis, auxquels il convient d’accorder la plus grande priorité : alimentation, emploi,
énergie, eau, hygiène. Ainsi dès la publication du rapport Brundtland, développement durable
et développement humain sont-ils explicitement associés ; le développement économique y est
considéré comme une condition nécessaire à la lutte contre la pauvreté, elle-même considérée
comme préalable indispensable à la résolution des problèmes écologiques.
Lors de la Conférence de Rio en juin 1992, sont énoncés 21 principes du développement
durable constituant la déclaration de Rio, articulés autour de trois notions fondamentales :
- la reconnaissance d’un droit au développement (principe d’équité intergénérationnelle et
intragénérationnelle)
- la reconnaissance d’un principe de responsabilité et d’un devoir de solidarité entre les Etats
(précaution environnementale, prévention des risques, coopération en matière de
développement économique, élimination de la pauvreté, information et participation des
citoyens aux processus de décisions)
- l’intégration de l’environnement dans le processus global de développement (« la protection
de l’environnement ne peut être considérée isolément »).
Un triple impératif est fixé au développement durable: de respect des interdépendances entre
générations, d’ouverture de l’économie sur les sphères qui l’englobent, de soumission à des
valeurs que l’économie (moyen et non finalité) ne saurait produire.
Le développement durable repose sur des principes fondamentaux dans une vision intégrée
(articulation des « 3E » : environnement, économie, équité): Précaution – Prévention – Responsabilité
- Participation – Solidarité – Subsidiarité.
L’Agenda 21 (1992) ou programme « Action 21 », adopté à Rio, constitue un plan d’action
mondial qui doit être mis en œuvre pour appliquer les principes de la Déclaration de Rio et par
delà le 21e siècle (d’où son nom). « C’est un programme dynamique qui pourra évoluer avec le
5
temps en fonction des besoins et des circonstances. Il marque la naissance d’un nouveau
partenariat mondial pour le développement durable » (extrait du préambule), en effet l’écart
entre les pays riches et les continents ou pays les plus pauvres n’a cessé de s’accroître : le
revenu moyen des pays les plus riches est trente sept fois plus élevé que celui des vingt pays les
plus pauvres, écart qui a doublé au cours des quarante dernières années. Les écarts de niveaux
de vie au sein même des pays sont également en voie d’aggravation, non seulement dans des
pays à croissance accélérée, mais aussi dans les pays les plus industrialisés, provoquant des
situations d’exclusion et de violence.)1.
La notion de « décroissance soutenable et conviviale » constitue un des fondements de
l’écologie politique, courant de pensée écologiste inspiré des travaux de l’économiste bulgare
Nicholas Georgescu-Roegen. Le rapport du Club de Rome (1972) reposant sur le modèle global
de Jay W. Forrester2, souligna qu’une croissance matérielle immodérée détruisait le milieu
naturel : dans cette acception le développement se dissociait alors de la croissance. Joseph
Stiglitz3 (Prix Nobel d’Economie en 2001) montre abondamment combien la logique issue de
la pensée libérale (essentiel de la doctrine) peut être destructrice des sociétés humaines. Avec
l’ouverture des frontières aux mouvements de capitaux et de marchandises, la réduction du rôle
de l’Etat au profit d’intérêts privés, la primauté absolue de la régulation marchande,
l’instrumentalisation de la finalité humaine et finalisation de l’instrument économique, il en
résulte la concentration des capitaux et le déplacement des lieux de pouvoir économique du
niveau des nations à celui de la sphère financière internationale. L’approche néo-libérale évolue
dans un univers dominé par le nominal et le court terme ; toute sa stratégie consiste à réduire la
reproduction des trois sphères à celle du seul capital. Pour l’auteur, désormais la rationalité doit
s’apprécier dans le champ des finalités humaines4.
Pour Serge Latouche même avec la notion de « croissance zéro » prônée dans les années
soixante dix par les économistes du Club de Rome, l’humanité consommera son capital de
ressources : « il faut renoncer à l’imaginaire économique et à sa croyance selon laquelle « plus
= mieux » ». Dans ce contexte le développement durable est « un des concepts le plus
nuisible » : « le développement est proclamé durable, donc implicitement sans effets négatifs ;
il est consacré comme le modèle absolu à généraliser sur l’ensemble de la planète », d’où
l’équivoque de l’expression développement durable. « On appelle oxymore (ou antinomie) une
figure de rhétorique consistant à juxtaposer deux mots contradictoires : le développement
durable est une telle antinomie ». « On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui
les ont engendrés » (A. Einsten).
Ce concept humaniste et politiquement correct5 est la traduction contestable mais pas innocente
de la terminologie anglo-saxonne (« sustenable developpement »), le terme est polysémique
mais son interprétation est très écologique; la souplesse complaisante qui entoure la définition
du terme renvoie à la croissance classique avec des correctifs environnementaux (concept
mystificateur). Sur le plan juridique le développement durable est ambivalent : proclamé à la
conférence de Rio, il est inscrit à l’article 130-R du traité de Maastricht sous la forme de
« croissance durable ». Seul le concept d’équilibre durable entre les sociétés humaines et
l’écosystème terrestre peut être pris en considération ; un principe d’équilibre n’est jamais fixe,
il est toujours problématique.
Le développement durable apparaît, selon René Passet, comme un objectif et non une théorie ;
1 Selon le BIT (Bureau International du Travail) : progression des taux de suicides et d’homicides, devenus dans
certaines mégapoles une des causes majeures de décès des hommes jeunes (de 16 à 24 ans) ; dans les pays riches
industriels il y a maintenant 37 millions de personnes sans emploi, une centaine de millions sans domicile et presque
200 millions dont l’espérance de vie est réduite à moins de 60 ans. En France la pauvreté reste un problème majeur ;
elle touche d’abord les jeunes, les étrangers, les femmes, les chômeurs, les non-diplômés et les catégories les moins
qualifiées. La précarité du travail entraîne l’apparition d’une catégorie de « travailleurs pauvres », mais l’exercice
continu d’une activité ne met pas non plus à l’abri de la pauvreté : les 2/3 des « travailleurs pauvres » occupent un
emploi toute l’année.
2 Professeur au Massachussets Institute of Technology
3 L’auteur plaide pour une autre mondialisation, plus équitable, fondée sur des moyens politiques et financiers
adaptés.
4 Stiglitz Joseph, La grande désillusion. Fayard, 2002
5 Charbonneau Simon, Maître de conférence en Droit, Université Bordeaux I
6
objectif dont il s’agit de déterminer les conditions de mise en œuvre en confrontant les deux
logiques contradictoires que sont le développement économique et le maintien de la biosphère.
Le principe de responsabilité était affirmé dans le rapport Brundland au travers de la nécessité
d’une solidarité verticale entre les générations. Un renversement des priorités doit être
effectué : il s’agit de transformer l’économique en instrument, c'est-à-dire renoncer à ce que des
critères économiques et financiers constituent des critères dominants, refuser que ces critères
ne soient érigés en valeur.
Ainsi le concept de développement durable semble jouer un rôle central dans un nouveau
paradigme du développement qui reste cependant encore largement à créer ; la notion de
développement durable, envisagée selon une conception de la soutenabilité forte, combine les
aspects environnementaux et les aspects sociaux, même si les premiers semblent l’emporter
aujourd’hui dans les préoccupations théoriques. Le développement durable n’a de sens que s’il
cesse d’être quantitatif et devient qualitatif ; les paramètres fondamentaux de ce
renouvellement du paradigme global du développement deviennent alors les questions de
répartition, de redistribution et de qualité de la vie humaine.
Le « développement » est un phénomène à la fois qualitatif, quantitatif et multidimentionnel ;
son contenu ne s’impose pas de l’extérieur comme expression d’une objectivité scientifique ou
d’une norme éthique transcendante incontestable, il est d’abord affaire d’interprétation et de
projet, il en appelle à l’élaboration de critères stratégiques et de valeurs sociales.
• Agenda 21
L’agenda 21 local (issu du chapitre 28 de l’Agenda 21, programme d’actions en faveur du
développement durable adopté à Rio par 173 Etats dont la France), correspond à un projet de
territoire, global et intégré qui répond aux objectifs et principes du développement durable et
est établi en concertation avec la population et l’ensemble des acteurs d’un territoire. Il s’agit à
la fois d’un programme stratégique, d’un projet politique, qui donne une vision du territoire à
moyen terme, et d’un plan d’action concret. Le développement durable y est conçu à la fois
comme un objectif et comme une méthode de projet. L’agenda 21 local constitue un outil
privilégié pour la mise en œuvre et la territorialisation du développement durable.
Ses objectifs concernent :
- la responsabilité partagée : les élus locaux ont une responsabilité accrue devant les impacts
des décisions où la participation de la société civile aux prises de décision est un des enjeux
majeurs ; la reconnaissance de la diversité des valeurs et des savoirs, la transparence et la
démocratie participative conduit à une nouvelle façon de gouverner (gouvernance) à toutes les
échelles de la décision publique.
- la rationalisation des impacts et des coûts, débouchant sur une économie des ressources donc
des moyens.
- l’attractivité et la dynamisation du territoire : implication des acteurs dans le projet du
territoire, leur mise en relation permet de créer une synergie entre les projets, démarche multi-
acteurs, mobilisation.
L’agenda 21 devrait être un outil de mise en cohérence de tous les autres outils existants, des
objectifs de la collectivité, en concertation avec l’ensemble de ses acteurs, intégrant des
préoccupations sociales et économiques. C’est un document pour les pays, qui se décline
ensuite à l’échelle des collectivités territoriales, voire au niveau des quartiers. C’est un projet
politique local, stratégique et global pour le 21e siècle qui invite les collectivités locales à
s’engager à long terme visant à assurer un développement intégré, solidaire et partagé pour les
générations présentes et futures. Il permet d’intégrer dans tous les projets politiques de la
collectivité locale, les finalités du développement durable, c'est-à-dire équité sociale, efficacité
économique, amélioration et protection de l’environnement, démocratisation des modes de
prises de décision…
C’est un outil de mise en cohérence des politiques publiques ; il marque une rupture ou une
réorientation du mode de développement et amène la collectivité locale à s’organiser
concrètement pour prendre en compte tous les impacts des décisions publiques. Il repose sur le
volontariat et peut être réalisé à tous les niveaux de pouvoir et de responsabilité relevant de
7
territoires institutionnels6 : communes, agglomération, département, région ou de territoire de
solidarité sociale, économique, écologique et culturelle. Les collectivités locales se heurtent
cependant à différents types de difficulté dans sa mise en œuvre :
- difficultés liées à l’existence de procédures étatiques (modes de financement, aides) parfois
concurrentes, émanant des différents départements ministériels, juxtaposition sur le terrain,
cloisonnement de l’action locale.
- liées à l’organisation des services des collectivités locales divisés en secteurs relativement
étanches, frein à l’action transversale.
- dans la mise en œuvre de la concertation et de la participation citoyenne des habitants.
- aux insuffisances de l’intercommunalité en France et aux disparités de la fiscalité locale ; une
approche intercommunale apparaît souvent nécessaire à la mise en œuvre de politiques locales
s’inscrivant dans l’esprit du développement durable ; les collectivités locales demeurent
souvent dans une logique de concurrence plutôt que de partenariat ou de coopération. Aussi les
collectivités territoriales doivent-elles trouver de nouvelles voies d’action, expérimenter de
nouvelles façons d’agir.
La question de l’échelle pertinente d’élaboration des Agendas 21 locaux se pose également
compte tenu de la diversification des territoires concernés et l’augmentation de leur nombre.
Deux types d’approches coexistent dans leur mise en oeuvre: l’approche globale avec la
conception d’un projet global par les collectivités locales, l’approche sectorielle privilégiant
une entrée. L’agenda 21 local oblige à repenser le fonctionnement en interne de la collectivité et
l’organisation administrative vers plus de décloisonnement et de transversalité ; il est
synonyme de projet externe (projet de territoire) et de projet interne à la collectivité. Fondé sur
une démarche participative et citoyenne, il doit permettre l’expérimentation d’outils tels que la
formation, l’information, la participation, le diagnostic partagé, l’évaluation multi- partenariale
et citoyenne…Ces démarches intégrées sont basées sur l’équilibre7.
• Inégalités devant les risques : les inégalités sociales sont révélatrices d’un écart
entre la réalité et le référentiel politique du DD. Le thème des risques cible la
question des responsabilités politiques dans l’inégale fragilité des sociétés face
aux aléas d’origine naturelle. Le thème articule le concept de développement à
ceux d’aménagement et d’environnement. La capacité d’un Etat à assurer
l’amélioration générale des conditions de vie est mise à l’épreuve de sa gestion
des risques.
Le concept de T est utile dans l’approche des risques pour appréhender l’intervention
(ou la non- intervention) de la puissance publique, sa capacité à identifier le risque et lui
fixer un T de référence. C’est ce qui permet l’intervention des acteurs qui ont en charge
la protection des personnes et des biens (protection civile, services sanitaires…), en
relation avec les responsables administratifs et politiques. Cette approche du risque
permet de ne pas séparer l’un côté la « nature » et de l’autre la société, mais d’intégrer
dans l’origine naturelle et la construction sociale des dommages.
Ex :
- Ouragan Katrina, en 2005, Nouvelles Orléans, USA : croissance urbaine, étalement
urbain, inégalités socio-spatiales, ségrégation raciale, manque d’entretien des digues
(zones inondables), faible intervention de l’Etat fédéral, désorganisation des secours...
à ce jour bcp de familles non relogées ; pauvres déplacés, non assurés, 2/3 des écoles
réouvertes, manque de transport publics et d’équipements, pannes fréquentes d’eau et
électricité (réseaux inondés) = modèle non durable.
- Thailande, tsunami = zone touristique
6 En France, en 2004, 75 collectivités locales ont lancé un Agenda 21, dont 10 Conseils généraux ; le Conseil général
de la Gironde est le premier département d’Aquitaine à se lancer dans le processus. Le Conseil régional Aquitaine a
formalisé un agenda 21 avec 25 Pays ; agendas 21 en cours également au niveau des intercommunalités.
7 Bulletin CPAU, dossier « les Agendas 21 locaux », novembre 2001
8
2- Territorialité
Le T est une construction sociale. Pour qu'il y ait T il faut que soit engagée une relation
individuelle ou collective avec un espace qui se trouvera alors qualifié en tant que T.
Cette relation qualifiante à l'espace est appelée territorialité.
Le territoire constitue un ensemble de lieux grâce auxquels un individu ou un groupe,
dans l'ordinaire de ses pratiques quotidiennes, se construit des repères pour vivre en
société.
Les lieux matérialisent cette inscription dans l'espace terrestre (bâtiments, routes,
aménagements...) + dimension symbolique. ***PPT
Pour qu'un lieu fonctionne comme un lieu-repère, le rapport symbolique peut se
construire en fonction de la matérialité : distance (inaccessible) ou de la disparité
physique (ville détruite/reconstruite, mur-frontière séparant un quartier); connectée au
registre de l'immatérialité; le symbole est alors un lieu qui rend sensible à l'individu une
qualité, une valeur, une conception, une image partagée; ex: image de cohésion sociale,
de rassemblement paisible, associée à la vue d'un village pour signifier le T français.
= le T est donc doublement constitué de signification (savoirs, croyances, langages...) et
de matérialité(formes spatiales, zones de peuplement, de vides, réseaux, limites...) .
= Les pratiques de ces lieux-repères soutiennent le travail identitaire des individus et
des collectifs (ex: vie associative, sportive, festives = reconstruction, actualisation).
La mobilité accrue des individus s'est accompagnée en France non d'une désaffection
des T de la localité mais d'un investissement renforcé de leur dimension symbolique et
politique.
La spatialité d'un individu est ainsi engagée dans ses choix de mobilité résidence
/travail (voiture, transports collectifs, co-voiturage…), dans ses pratiques culturelles
(fêtes locales, évènements régional), suivants les aspects de sa vie quotidienne (vie
affective, travail, loisirs, déplacements, vie associative, activités des enfants,
commerces...) = appropriation des lieux différente (ex: périurbain).
Localité et « local »
La définition sociologique du concept de localité est à ce point déficitaire que le
géographe Bernard Kayser en arrive à se demander si « la localité constitue un concept
pertinent et si le terme n’est pas avant tout celui d’une représentation ». La difficulté du
concept est qu’il rend compte d’un espace géographiquement indéterminé, qui est en
même temps un espace dense parce qu’espace social ; comme l’énonce Henri
Mendras8, « c’est dans la mesure où il y a enchevêtrement entre réseaux économique,
politique, de voisinage, de parenté, de sociabilité, etc…qu’il y a localité.. ; il faut donc
décrire nos lieux d’observation comme des entrelacs de réseaux internes branchés sur
des réseaux externes ». L’importance du concept tiendrait moins à ce qu’il recouvre
qu’» au processus dont il peut être l’objet » et à cette densité de réseaux dont il est le
support. (B. Kayser).
Encore faut-il préciser de quel espace parle-t’on lorsque l’on raisonne en termes de
localité : espace institutionnel, espace économique, espace vécu, espace construit
comme le bassin d’emploi, le pays ?
L’appartenance est définie comme une relation directe avec une reconnaissance
réciproque, reposant sur la nécessité d’une proximité immédiate. Mais il s’agit d’éviter
l’illusion selon laquelle la proximité engendrerait une meilleure connaissance de
l’objet; cette « fétichisation du local » tendrait à évacuer les dynamiques et le
8
Mendras Henri, Les sociétés paysannes : Eléments pour une théorie de la paysannerie. Gallimard, 1995
9
changement social. Le traitement du local acquiert de ce fait une « double dimension
territoriale et historique.
Dans les années qui ont suivi la seconde guerre mondiale, la France a su se doter d’un
modèle original d’aménagement du territoire, porté par la Datar, administration de
mission, apparaissant comme l’outil d’une « grande ambition ».
Avec les lois de décentralisation les pouvoirs locaux acquièrent progressivement une
capacité autonome d'élaboration et de mise en oeuvre de politiques publiques.
La décentralisation constitue un moyen de redonner une certaine légitimité à des
démocraties représentatives qui ont toujours centralisé tous les processus de décision et
qui n’entendent pas vraiment se démunir des pouvoirs accumulés9, à des initiatives
locales car l’efficacité des politiques traditionnelles d’aménagement du territoire sont
de plus en plus faibles.
Une partie des constructions territoriales actuelles s'appuie sur des lois (LOADT de
1995, LOADDT de 1999, Réforme territoriales, 2010) instituant de nouveaux T
d'action publique (processus de recomposition entre T hérités et “nouveaux T”).
12
Espaces de développement et Projet territorial
Les espaces de développement sont définis et promus par les collectivités territoriales
ayant pour vocation l’élaboration et la mise en œuvre d’un programme de
développement.
Ils peuvent être vus comme des cadres rationalisateurs pour l’attribution d’aides ou
encore comme de nouveaux échelons d’organisation politique et administrative ; de fait
ils sont des lieux de concertation, de « partenariat » entre institutions publiques et des
acteurs privés autour de projets de développement local ; ils entrent aussi dans un jeu
institutionnel, leur mise en œuvre étant largement influencée par d’autres intérêts que le
développement local10. Un ensemble de communes s’associent pour l’élaboration d’un
programme de développement, en général financé en partie par la collectivité publique
qui propose la procédure, dans le cadre d’un contrat, et le cas échéant par d’autres
collectivités qui cofinancent les actions.
A travers ces politiques de développement territorial il s’agit d’encourager une
organisation de l’espace qui doit favoriser le « développement » de l’ensemble du
territoire. L’encouragement des initiatives locales, le renforcement des relations entre
les « acteurs du développement » dans le cadre « d’espaces réellement pertinents », a
pour contexte plus général la rénovation de l’action publique.
Avec l’intercommunalité et la mise en place d’établissements publics par les élus pour
porter les espaces de développement, se pose la question d’espaces d’identification
(Pays : espace de « cohésion culturelle et sociale) voire de territoires politiques
(territoires bornés et contrôlés par une autorité qui leur est propre et qui détient une
compétence générale sur le territoire).
Ces espaces pourraient déboucher sur de véritables politiques publiques ou n’être que
des « cadres rationalisateurs », dans des aires définies par ces institutions pour
distribuer des ressources ; la qualité du projet de territoire et du partenariat sont des
composantes essentielles à la constitution de ces espaces de développement : le projet
doit amener au choix du territoire pertinent pour l’action ; l’analyse des besoins et des
réponses possibles fait la pertinence des territoires autour d’une dynamique de
projet. C’est le projet qui fait le territoire.
10
Douillet Anne-Cécile, Action publique et territoire ; Le changement de l’action publique au regard des
politiques de développement territorial ; Thèse pour le doctorat de science politique, décembre 2001 (op.
cit. p 9)
11 Greffe Xavier, Le développement local Editions de l’Aube, 2002
13
acteurs du territoire dans une vision stratégique de l'inscription de leur service sur le
territoire global et de désenclavement du social d'intervention au sein de la politique
générale des collectivités territoriales.
Les dynamiques de projet inventent de nouveaux territoires qui viennent s’ajouter aux
territoires existants (identitaires, culturels, historiques), aux territoires fonctionnels
(ceux des pratiques des entreprises, des habitants, des différents groupes sociaux), aux
territoires administratifs, aux territoires politiques institués (notamment les cantons) et
à ceux en cours d’institutionnalisation (notamment les intercommunalités) sans
forcément s’y opposer ; se pose alors la question de l’articulation entre les projets de
territoire.
En invoquant la nécessité du projet de territoire ce sont de nouvelles légitimités qui
sont recherchées à travers une logique prospective pour justifier ces nouveaux
découpages.
Le projet est conçu comme une étape obligatoire dans le développement territorial
(consensus), à savoir le projet comme anticipation d’action.
La démarche repose sur des éléments de consensus, sur un mouvement endogène
nécessitant une mise en réseau des partenaires = passage de l’initiative individuelle ou
sectorielle à l’action globale commune.
12Chappoz Yves, Rigaldies B (collaboration), Le projet de territoire. Collection Les guides Actelus, Editions du
Papyrus, 1996
14
L’enjeu territorial de prise en compte des besoins sociaux :
A partir du décodage du réel, la démarche de problématisation (mise en visibilité des
attentes sociales) va constituer une partie charnière entre analyse et action, dans un
processus de construction créative.
Ce processus de compréhension partagée porte sur le partage du sens général et de sa
définition, permettant la redéfinition de la situation concernée par la démarche de projet
en vue de sa résolution. Cette mise en visibilité de questions sociales et d’enjeux
collectifs mais aussi d’informations importantes manquantes, alimente la réflexion sur
les pratiques, sur les modalités de coopérations partenariales, sur l’implication des
habitants et usagers des services sociaux.
Outre une visée de cohérence territoriale, de cohérence dans les diverses interventions
menées à l’échelle de ce territoire, le projet de territoire est également porteur de
cohésion sociale fondée sur la proximité, le soutien aux initiatives locales et à la
participation à la vie sociale.
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Bibiographie
www.gouvernement.fr/gouvernement/decentralisation-et-reforme-de-l-action-publique
Sites :
PQA : Pays et quartiers d’Aquitaine
Conseil Régional
Conseil départemental
Bordeaux Métropole
AURBA : agence d’urbanisme de la métropole bordelaise
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