Extrait Comment Un Maitre A Forme Son Disciple

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ISBN 

: 978-1-68453-573-6

© Copyright Olivier Manitara 2022.


Tous droits réservés pour le monde (textes et sceaux).

© Copyright Annonciation International LLC 2022.


Tous droits réservés pour le monde (mise en page et concept).

Dépôt légal le 2e trimestre 2022.


Première édition.

ANNONCIATION INTERNATIONAL LLC


300 Emerson DR NW
Palm Bay, FL, 32907 USA

www.Esseniens.org

Disponible également en e‑book.

Imprimé chez Colorix (Bulgarie).


Comment un maître
a formé son disciple
Je dédie ce livre à tous les émerveillés,
les disciples fidèles qui tendent vers la maîtrise
pour vivre et se donner aux vertus.

Je dédie ce livre à tous les maîtres authentiques,


toujours au service des Anges,
qui sont devenus des chemins sublimes
et des soleils éclatants de beauté.

Je dédie ce livre à Olivier Manitara


qui a été mon soleil, mon chemin, mon père.
Introduction

L
e chemin du disciple n’est pas chose aisée, il
est un chemin de montagne. Ce que l’on vit
dans la vallée est différent de ce que l’on vit
en montagne. Tout est plus intense en haute
montagne : le brouillard, la pluie, l’orage, le tonnerre
et les éclairs. Tu sens la puissance de la nature, tu peux
ressentir une crainte et du respect envers les forces à
l’œuvre ; alors la concentration, l’attention et l’éveil
naissent à l’intérieur de toi. En montagne, tu peux te
perdre, tu peux te tromper de chemin tout en croyant
que tu es sur le bon, tu peux tomber. Bien sûr, il n’y
a pas que des pièges ; il y a la source pure et l’air frais,
le lac, la rivière, les champs de fleurs, le ciel grand, les
étoiles…

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Comment un maître a formé son disciple

L’intensité et la puissance de la nature en mon-


tagne éveillent. La montagne te fait apprécier ce qui
est simple et essentiel : plus tu montes, plus tu t’al-
lèges. Nous prenons de la hauteur et alors tout de-
vient plus clair, plus lumineux, nous sommes plus vifs
d’esprit aussi. Nous sommes libérés de beaucoup de
pollutions ; non seulement physiques, mais aussi psy-
chiques, morales et philosophiques. La nature est tel-
lement plus forte en montagne... même si aujourd’hui
elle meurt, car toutes les valeurs qu’elle a donné aux
hommes sont en train de se perdre.

Gravir une montagne est une expérience initia-


tique et mystique. Il y a une grande science et une
sagesse, un savoir caché dans les montagnes.
Ce que l’on vit en montagne est une existence
dans l’existence, une vie dans la vie plus intense. Tu
peux y vivre des expériences que tu aurais dû vivre en
plusieurs vies.

Les expériences du disciple sont universelles : il


n’y a en vérité qu’un disciple dans tous les disciples.
Et même si dans ce livre il y a forcément de mon cœur,
ce qui va être développé est plus grand que l’existence
d’un homme dans un corps.

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Introduction

Ce que vit le disciple comme épreuves,


expériences, compréhensions, erreurs
et victoires, a été vécu et continuera à être vécu.

Ce chemin de montagne n’appartient à aucun


homme, il est le chemin d’une tradition de prière,
de service et d’œuvres. Cette tradition porte une mé-
moire et a tracé un chemin de vertus toujours ouvert,
mais gardé pur, de la vallée jusqu’au sommet de la
montagne.

Tous les hommes naissent et meurent dans la val-


lée, mais certains décident de lever les yeux vers le
ciel et de gravir une montagne, leur montagne inté-
rieure. Tout au long de leur ascension, ils grandissent
et se forment à travers de nombreuses expériences,
rencontres et influences. Arrivés au sommet de la
montagne, ils observent le monde avec un tout autre
regard. Ils ne sont plus les mêmes, riches de nouveaux
apprentissages, parfois d’épreuves, emplis de ces ini-
tiations qu’ils n’auraient jamais pu faire en bas. Une
fois de retour dans la vallée, ils transmettent ce qu’ils
ont expérimenté. Beaucoup diront alors : « Pourquoi
monter ? Il n’y a rien. J’ai tout dans la vallée pour vivre
bien. » D’autres penseront : « Ce chemin semble tellement
difficile, je n’y arriverai pas. Ce chemin n’est pas pour moi. »

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Comment un maître a formé son disciple

D’autres enfin, voudront le suivre, en goûter l’expé-


rience et marcher eux aussi ce chemin du disciple,
afin de gravir à leur tour le sommet de la montagne.

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Introduction

N’est pas disciple qui veut. On ne naît pas disciple,


c’est un potentiel, une possibilité à l’intérieur de cha-
cun de nous, mais c’est ce chemin de montagne, avec
tout ce qu’il comporte et comment nous allons le mar-
cher, qui fera de nous de véritables disciples. Ce che-
min est insaisissable, bien qu’il ait été balisé par tous
ceux qui l’ont parcouru.

Ton potentiel peut être grand, tu peux avoir été


bien préparé dans la vallée, mais tu peux tomber et
ne pas pouvoir te relever. Tu peux te perdre et ne pas
pouvoir rentrer.
Même après avoir gravi le sommet de la montagne,
en redescendant, tu continueras à être éprouvé car
dans la vallée, encore et toujours, il te faudra semer.
Si tu te contentes d’une récolte, alors à un moment
donné, il ne te restera plus rien. Mais si à chaque ré-
colte, tu gardes toujours du grain pour semer, tu ne
seras jamais dans le besoin.

La montagne t’enseigne entre autres la persévé-


rance, la concentration, le silence et l’émerveillement.
Voilà les premières attitudes que le disciple doit déve-
lopper pour faire naître en lui les forces qui lui per-
mettront de gravir sa propre montagne intérieure.

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Les attitudes justes
du disciple

Q
uelle est l’attitude juste que le disciple
doit cultiver ? Si nous pouvions ré-
pondre à cette question en un seul cha-
pitre, tout serait tellement plus simple.
Il n’y a pas une attitude qui serait juste pour tous, il
y en a plusieurs, et cette démarche n’est pas la même
selon les évènements, selon ce que le disciple va ren-
contrer et comment il va le rencontrer…

De même qu’il n’y a qu’un disciple dans tous les


disciples, il n’y a qu’un chemin dans tous les chemins,
et un seul maître dans tous les maîtres. Je parle bien
sûr d’une vision du monde initiatique et je me dois
là d’approfondir un peu cette notion avant de pour-
suivre, par respect pour le lecteur, mais aussi et surtout
par respect envers cet enseignement. Car tout ce qui

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Comment un maître a formé son disciple

est partagé et transmis de cet enseignement, se doit


d’être vécu - et donc d’être le plus clairement exposé.

Pour le disciple novice qui aspire à gravir la mon-


tagne et encore plus pour le disciple initié qui est sur
ce chemin, il ne faut pas se risquer à parler pour seu-
lement parler, à écrire pour seulement écrire. C’est
une science, et comme toutes les sciences, ce qui a été
expérimenté doit être expliqué avec objectivité et de la
manière la plus précise possible.

Un disciple, un chemin, un maître.

Seul le disciple dans tous les disciples


peut rencontrer le maître dans tous les maîtres.
Quand le disciple rencontre le maître,
une flamme est allumée dans son cœur.
Devant le disciple et sous ses pieds
serpente alors le chemin.
Sur le chemin, le disciple posera ses pas
sur les pas du maître.
Jusqu’à ce que le disciple devienne
au bout du chemin, à son tour,
un maître à côté du maître.

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Les attitudes justes du disciple

Il y a ce qui est unique et propre à chacun, et il y


a ce qui nous unit tous dans un idéal commun. Dans
cette vision du monde initiatique, en toute chose, il
y a le un et le multiple. L’unité se trouvera toujours
à l’intérieur et le multiple sera toujours à l’extérieur.
Dans ce monde, le serpent est un grand sage, car il
nous montre par sa langue que le monde est double,
et par son corps que le monde est un.

Dans la science des mathématiques, le 1 est le plus


grand chiffre de tous, car le 1 se retrouve dans tous
les nombres et tous les nombres sont multiples du 1.
Les multitudes sont des facettes de l’unité, et l’unité
se révèle à travers chacune d’entre elles : formes, cou-
leurs, parfums, mais aussi expériences, évènements,
compréhensions, réalisations…

Il y a un disciple dans le cœur de tous les disciples.


Ce disciple-là sera toujours plus grand que tous les
disciples. Tout ce que le disciple va vivre en tant que
disciple entrera et s’enregistrera dans la mémoire du
grand disciple et deviendra un potentiel, une possibi-
lité pour tous les disciples futurs. Ce que le disciple va
vivre comme expérience est possible que parce que les
autres l’auront vécu avant lui. C’est une expérience
de l’unité. Les acquis de ton père ou de ta mère, s’ils

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Comment un maître a formé son disciple

savent te les transmettre et si tu sais regarder et écou-


ter, sont une expérience que tu as vécue sans l’avoir
vécue.

Pourtant, tu n’es ni ton père ni ta mère et en


même temps, une partie d’eux est inévitablement à
l’intérieur de toi, comme une écriture génétique.
Cette écriture ne se limite pas seulement à la biologie
héréditaire, à la couleur de tes yeux… Le gène porte
aussi un aspect de l’être plus subtil et éthérique : cer-
tains traits de caractère, certaines forces ou faiblesses
de tes parents, certaines de leurs croyances et certaines
de leurs attitudes, peuvent vivent à l’intérieur de toi.

Pour faire simple et prendre un très grand rac-


courci, si la génétique est une écriture de ton héré-
dité physique et psychique, elle inscrit aussi en elle de
nouvelles écritures tout au long de ta vie, que tu pour-
ras à ton tour léguer. Ce que tes parents te donnent,
d’autres peuvent aussi te le transmettre au-delà de la
génétique biologique. Tu peux avoir d’autres parents
que ta lignée biologique, comme ton parrain et ta
marraine par exemple, mais aussi des hommes, des
femmes qui seront pour toi des exemples à suivre, qui
t’inspireront ou qui te donneront l’élan pour suivre
un chemin, parfois l’envie de marcher dans leurs

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Les attitudes justes du disciple

pas. Comme nous ressemblons à nos parents, nous


ressemblons aussi à ceux qui nous inspirent : la gé-
nétique est aussi spirituelle. Elle n’est pas arrêtée et
continue de s’écrire en permanence dans l’homme et
dans toutes les créatures vivantes : c’est ce que nous
appelons l’évolution…

Je ne prétends pas être un scientifique et le lec-


teur attentif saura lire à travers ces lignes la sincérité
de mon âme. Sans justification et prétention aucune,
mon souhait, à travers ce que j’exprime, est la prise
de conscience de l’unité qui émane dans toutes les
sciences - et je dis bien toutes. Et même si l’observation
est importante, elle ne prime pas au point de faire Loi,
elle est juste une étape fondamentale parmi d’autres.
Combien de scientifiques ont été inspirés par l’esprit
et le génie avant de pouvoir eux-mêmes observer phy-
siquement ce qu’ils avaient deviné par l’expérience de
la pensée ? Je respecte les scientifiques qui n’occultent
pas l’aspect spirituel et divin de la vie, tout comme je
respecte les religieux qui n’excluent pas l’aspect scien-
tifique et physique de la vie. Quant aux autres, je les
laisse dans leurs croyances.

Ne voyons-nous pas qu’au-delà de nos différences,


nos façons de vivre, nos éducations, nos cultures et

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Comment un maître a formé son disciple

nos religions, nous pouvons tous être Un ? Que cette


parole est devenue vide, tellement elle a été prononcée
sans âme, ou sans volonté de l’accomplir. Pourtant,
elle n’en demeure pas moins vraie. Il y a un enseigne-
ment et une multitude d’oreilles pour l’interpréter et
le comprendre, qui ouvrent alors une multitude de
chemins, mais cet enseignement est Un : il est la vie,
ce fil ininterrompu qui nous unit tous.

L’Enseignement est Un dans toutes les sciences


comme le Fils de Dieu est Un dans tous les maîtres de
la tradition de la Lumière ; comme l’école initiatique
est Une dans toutes les religions qui sont nées sur la
terre.
Moïse n’a jamais été juif, Bouddha n’a jamais été
bouddhiste, Jésus n’a jamais été chrétien, Mahomet
n’a jamais été musulman : ils ont tous été Enfants de
la Lumière, disciples et maîtres de la tradition de la
Lumière, envoyés de la Lumière sur la terre, qui ont
rendu témoignage du Fils unique de Dieu et qui ont
tous exprimé une facette du diamant de l’enseigne-
ment de la Lumière.

C’est de l’étude et de la compréhension


des disciples que sont nées toutes les religions
sur la terre.

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Les attitudes justes du disciple

Le judaïsme, le bouddhisme, le christianisme et


l’islam, pour ne citer qu’elles, sont des réminiscences,
des bourgeons devenus branches, de l’arbre de la reli-
gion universelle.
Nous sommes tous uniques et en même temps,
tous unis dans un idéal de vie vertueuse. Qui veut
vivre dans les contres-vertus ? L’humanité sur la terre,
au plus profond de son cœur, cherche à vivre avec les
vertus.

Ils ne sont qu’une poignée à choisir de vivre


consciemment dans les contres-vertus comme la
haine, la cruauté, la guerre. D’autres, plus nombreux,
font la guerre en pensant faire le bien. Il y a beaucoup
d’inconscience dans l’humanité aujourd’hui, très peu
d’hommes savent vivre avec conscience. L’éducation
n’est pas là où on la croit. Elle est plus grande, plus
vaste, mais beaucoup l’ont perdue.

Ce qui est vrai pour le disciple est vrai pour le che-


min. Il peut y avoir un sommet à gravir et plusieurs
chemins à suivre, mais le chemin unique dans tous
les chemins est encore au-delà, comme la filiation est
au-delà de la génétique.

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Comment un maître a formé son disciple

Certains ont dit et d’autres ont répété : « Tous les


chemins mènent à Rome. » En vérité, il est plus juste de
dire : « Tous les chemins mènent à Dieu. »

Rome fut la dernière cité, sous le règne de Numa,


prêtre de Dieu et roi de Rome, à cultiver non plus
les contres-vertus de la peur et de la guerre, mais le
respect de Dieu au sein de l’organisation des ordres
sacrés de la religion de la Lumière, au cœur même de
la cité.

La cité romaine était née du désir de combattre


Dieu, pourtant Numa a fait d’elle une ville vertueuse
- mais cela n’aura duré que le temps de son règne.
Et Rome plongea ensuite vers la destinée funeste
qui est celle de tous les Césars du monde, d’hier à
aujourd’hui.

Il y a toujours eu sur la terre, depuis des temps et


des âges immémoriaux, des Fils de Dieu, des prêtres
et des rois de la Lumière. A l’origine de toutes les
grandes civilisations de notre histoire connue puis ou-
bliée, ceux-là savaient célébrer Dieu La Lumière. Mais
les contre-vertus se sont souvent emparées du cœur
des rois. Alors ils devinrent, par manque d’éducation,

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Les attitudes justes du disciple

des êtres emplis de soif de pouvoir et de désir d’exis-


ter, corrompus et usurpateurs, autant de Dieu que de
la Lumière donnée aux hommes.
Avec les Césars, qui sont devenus aujourd’hui
ceux qui prétendent nous gouverner, Rome est la der-
nière grande cité à sombrer. Sa chute marque le début
de la fin de l’humanité telle que nous la connaissons.

Toutes les civilisations et les grandes cités sont


nées de l’aspiration sacrée de vivre avec Dieu, et la
tradition de la Lumière est toujours restée intacte - fi-
dèle, cachée - quand celles-ci déclinaient et mouraient.
À travers les écoles des mystères et par l’éducation, les
Fils de Dieu et tous leurs disciples gardent la mémoire
sacrée, protègent la Lumière, et préservent le cœur
des rois de la corruption. Depuis que le monde est
monde, la tradition de la Lumière est.

Le chemin caché dans tous les chemins est un che-


min de sagesse. Mais il est difficile à trouver. Alors,
comment faire ? Sache qu’il se trouve à l’intérieur de
toi, non pas à travers le chemin en lui-même, mais à
travers la façon dont tu vas le marcher, la façon dont
tu vas le vivre, toutes tes expériences, tes compréhen-
sions et les actions que tu vas poser et qui vont en
résulter.

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Comment un maître a formé son disciple

Si à travers tout cela, tu te tournes vers la sagesse,


alors tu rencontreras ce chemin et jamais tu ne te per-
dras. Le sage est un disciple de l’Ange de la sagesse.

Le sage ne se perd pas.


Quel que soit le chemin qu’il prend,
l’Ange le conduira toujours vers Dieu,
mais celui qui se croit sage sans servir
l’Ange de la sagesse est un insensé.

Peu importe le chemin qu’il suivra, il se perdra,


tout en croyant qu’il est sur le bon chemin, et qu’il est
dans la sagesse.
Ce sont des processus qui ont lieu à l’intérieur de
toi : plus tu t’élèveras vers le sommet de ta montagne,
plus tu pourras acquérir une sensibilité et une finesse
de perception qui te permettront d’avoir la bonne
attitude.
C’est l’attitude juste, qui ne peut être figée mais
s’adapte à toutes les situations, tous les évènements,
toutes les compréhensions et toutes les vies diffé-
rentes, qui te conduira vers la maîtrise, au maître dans
tous les maîtres.

Ce livre est écrit comme le chemin de la montagne


que le disciple doit marcher jusqu’à devenir un maître,

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Les attitudes justes du disciple

mais nous y viendrons plus loin. Avant de te tenir au


sommet de ta montagne, d’atteindre la maîtrise, il y
a tout un chemin qui doit être parcouru d’une façon
juste, pas après pas, étape après étape.
Avant de te tenir au sommet de ta montagne, je te
donne les 4 attitudes pour les 4 étapes sur ton chemin.
Il te faudra tout de même les cultiver et les faire
grandir tout au long de ta vie, car même si le disciple
a réussi à gravir sa montagne et à vivre dans la maîtrise
de son individualité vraie, un maître sera toujours un
disciple.

L’émerveillement et l’attitude dans le feu

L’émerveillement est une vertu du feu. C’est un


engagement individuel et profond qui, comme une
flamme, doit être allumé dans le cœur du disciple qui
a décidé de marcher sur le chemin de la maîtrise.
Tout se passe dans le cœur et c’est un feu qui le
pousse à suivre ce chemin. Je dis bien « le pousse » car
le disciple qui sent s’allumer à l’intérieur de lui les
vertus du feu, s’éveillera, et son éveil se transformera
en une volonté irrésistible de marcher sur un chemin
de conscience et d’initiation qui le conduira inévita-
blement à la maîtrise de sa vie, s’il traverse, bien sûr,
toutes les épreuves et passe toutes les étapes.

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Comment un maître a formé son disciple

Le disciple a une vague idée du chemin, mais il ne


le connaît pas. Si, avant de marcher sur le chemin, le
feu du disciple ne s’est pas allumé, ou si sur le chemin
lui-même le feu s’éteint, le disciple n’ira pas bien loin.
Ce sont les qualités du feu qui doivent être culti-
vées les premières : l’élan, l’enthousiasme, la motiva-
tion, l’ardeur... Être enflammé est primordial lorsque
tu décides d’entreprendre. Si tu veux atteindre un
objectif quel qu’il soit, tu dois avoir allumé en toi les
forces du feu.
L’une des vertus les plus importantes pour le dis-
ciple est sans aucun doute l’émerveillement. Ce n’est
pas la première vertu du feu à être allumée, mais sur le
chemin qu’il s’est engagé à suivre, pour que le feu ne
s’éteigne pas, pour que l’élan, la motivation, l’enthou-
siasme ne meurent pas, le disciple se doit de garder
l’émerveillement et de le cultiver en lui.

L’émerveillement est un bouclier, une protection


et une clé qui renforcent le disciple dans la pureté et
la candeur. « La bave du crapaud n’atteint pas la blanche
colombe. » Voilà comment le disciple doit se tenir,
candide comme la colombe, et s’élever au-dessus des
contres-vertus. Le disciple se doit de cultiver l’émer-
veillement en toute circonstance sur le chemin, mais
aussi tout au long de sa vie. Je ne te parle pas d’un

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Les attitudes justes du disciple

émerveillement béat, au sens de naïf. Il y a un émer-


veillement qui conduit à la naïveté et un émerveille-
ment qui conduit à la candeur.
Le disciple est candide, il est un étudiant, un candi-
dat qui se prépare à passer un examen, une initiation.
S’il s’émerveille devant la beauté de la nature et de
la vie, alors il étudie sans cesse. Dans tout ce qui est
simple et proche, il voit la grandeur et le mystère.

Il y a un piège dans l’étude qui te fait croire que


tu sais et qui t’endort sur tes lauriers, sur ta récolte.
Combien se sont dit après une bonne récolte : « J’ai
réussi ma vie. » Mais une telle récolte doit être replan-
tée, sinon elle finira par moisir. Le savoir aujourd’hui
est bien souvent une récolte qui a pourri.
Nombreux sont ceux qui s’auto-congratulent en se
satisfaisant de leurs connaissances. On voit un arbre,
un oiseau, et on est convaincu de les connaître, de
savoir comment l’arbre pousse et respire, comment
l’oiseau s’envole. Beaucoup de scientifiques pensent
connaître la vie par la physique, la chimie et la bio-
logie, mais ces sciences qui devaient leur ouvrir les
portes de l’émerveillement les ont en réalité enfermés
dans une vision banale de la vie, sans mystère, sans
sacralité. Aujourd’hui plus que jamais, ils sont même
convaincus de pouvoir créer la vie et l’améliorer. C’est

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Comment un maître a formé son disciple

un poison qui se répand de plus en plus dans tous les


corps scientifiques.

Je le pense et quitte à risquer de choquer, je l’écris :

la science est religieuse et un scientifique


est un prêtre qui doit être émerveillé.

La science est devenue aujourd’hui mécanique


et beaucoup plongent, la tête baissée et les yeux fer-
més dans ce gouffre de bêtise qui est de croire qu’ils
peuvent créer ce que seul Dieu peut créer. Ils pensent
qu’ils peuvent remplacer Dieu, L’usurper sans qu’il
n’y ait de conséquences. Encore une fois l’émerveil-
lement n’est pas naïf, et un scientifique ou un dis-
ciple ne doit pas croire, mais observer, étudier, véri-
fier, expérimenter et surtout continuer à toujours être
émerveillé.

Où est aujourd’hui l’émerveillement devant la


fleur, sa couleur, son parfum, devant la chenille qui
se transforme en papillon, devant la grande diversité
de la vie et en même temps son unité, son harmonie,
son ordre ? Pour beaucoup la magie est abstraite, elle
n’existe tout simplement pas, si ce n’est dans les jeux

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Les attitudes justes du disciple

de cartes et d’illusions, alors qu’elle est la véritable


science qui rend toutes les sciences religieuses et les
unifie toutes.

La magie est dans la montagne qui s’élève, dans


la couleur et le parfum de la fleur, dans l’arbre qui
offre son fruit, dans le serpent qui rampe sur la terre
et l’aigle qui vole haut dans le ciel.
La magie est dans les pieds qui portent, dans la
main qui prend, les yeux qui regardent, la pensée qui
s’élève et voyage. La magie est partout, la vie est ma-
gique et le disciple s’émerveille. C’est une politesse,
un respect, une conscience, une reconnaissance en-
vers la vie, ses trésors et tous ses dons.
Vois-tu là le piège, qui, sans émerveillement, peut
rendre la vie sans valeur, sans saveur, sans impor-
tance ? Vois-tu là le danger et comprends-tu pourquoi
certains hommes se permettent tous ces écarts ?

Le savoir est un ciel, mais une fois atteint, il de-


vient une terre. Le véritable disciple ne se repose pas,
il se pose en conscience, et avec reconnaissance, les
yeux de l’émerveillement grand ouverts, il regarde
encore plus haut et c’est un nouveau ciel inconnu et
mystérieux qui s’ouvre au-dessus de lui et vers lequel
il s’élèvera.

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Comment un maître a formé son disciple

Il y aura toujours un ciel au-dessus de toi. Il y aura


toujours un inconnu, un mystère qui devront t’émer-
veiller et vers lesquels tu tendras jusqu’à atteindre
le savoir de tous les savoirs, celui de ne rien savoir,
« l’ignorance consciente » des savants-initiés qui ont
écrit jadis au fronton du temple de Delphes : « Connais-
toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les Dieux. » Étu-
die les univers comme des Divinités et émerveille-toi,
alors tu te découvriras.

Se découvrir, c’est enlever un vêtement,


n’est-ce pas ? Quel est ce vêtement ?
C’est la peau de bête,
c’est le vêtement de la bêtise.

Celle de croire que tu sais, alors que tu ne sais pas,


celle de croire que tu es vivant seulement parce que tu
te meus.
« Ils lui dirent : Dis-nous qui tu es afin que nous croyions
en toi. Il leur dit : Vous sondez le visage du ciel et de la terre
mais celui qui est en votre présence, vous ne le connaissez
pas ; et en la circonstance vous ne savez pas l’expérimenter. »
(Thomas, logion 91).

Quand tu apprends que tu ne sais rien, tu vois que


tu n’es pas encore né. Il n’y a plus rien de connu et

26
Les attitudes justes du disciple

tu peux perdre pied, tu n’as plus de repère, mais il y a


un ciel qui s’ouvre au-dessus de toi et un chemin qui
apparaît devant toi.
Sans émerveillement, tu ne peux voir ni ce ciel, ni
ce chemin et tu t’effondres, tu meurs sans renaître.

27
Comment un maître a formé son disciple

Si tu décides de marcher ce chemin et que l’émer-


veillement te quitte en route, tu te retrouveras tôt ou
tard devant une porte que tu ne pourras pas franchir.
Ces portes sont des morts et des naissances.
Si tu meurs dans un monde, tu passes une porte,
tu nais dans d’autres mondes. Des portes, il y en a de
grandes dans ton existence sur terre, et elles sont au
nombre de 9, et il y en a de plus petites, un nombre
incalculable sur le chemin du disciple. Une fois une
porte passée, souviens-toi qu’il y aura toujours un ciel
au-dessus de toi, un inconnu devant toi, un mystère
comme une étoile à atteindre et vers laquelle toujours
tu t’élèveras et grandiras.

Une fois engagé sur ce chemin, si l’émerveille-


ment te quitte, tu te reposeras sur un savoir acquis qui
deviendra un savoir mort. Et sans t’en rendre compte,
petit à petit, tu deviendras un traître du véritable sa-
voir, car tu préféreras vivre dans une illusion de savoir,
plutôt que de reconnaître que tu ne sais rien.

« Je sais que je ne sais rien. »

Parole d'un sage de l'antiquité,


un maître qui s’est toujours considéré comme un disciple

28
Les attitudes justes du disciple

Le silence et l’attitude dans l’air

« Le silence est roi. »


« Le silence est d’or, la parole est d’argent. »

Après l’émerveillement et les vertus du feu, ce sont


le silence et les vertus de l’air que le disciple cultive
comme attitude juste sur le chemin de la maîtrise. Le

29
Comment un maître a formé son disciple

silence appartient à Dieu, il est Dieu. Rien ne peut le


contenir et le définir, et pourtant, il est partout et en
tout le principe et l’origine. Le silence porte la parole,
mais parler du silence, c’est le perdre. Le silence ne
s’exprime pas, il se ressent, il se vit à l’intérieur.

Les vertus qui peuvent se rapprocher du silence


dans la vie du disciple sont la discrétion, l’humilité,
la dévotion et la neutralité. Il y aurait beaucoup de
choses à dire et je vais essayer d’exprimer quelques
notions précises, d’en développer certaines qui sont
importantes pour le disciple qui vient d’allumer la
flamme de l’éveil, et s’émerveille sur le chemin de
l’initiation et de la maîtrise :
• Observe le monde et observe-toi.
• Accepte le monde tel qu’il est.
• Ne condamne pas.
• Réjouis-toi du bonheur des autres.
• Sois doux et patient avec tous.
• Sois rigoureux avec toi sans te culpabiliser.
• Ne cherche pas à convaincre.
• Ne te justifie pas.
• Ne te plains pas.
• Tes victoires, offre-les à Dieu.
• Tes défaites, transforme-les en sagesse.
• Sois économe dans ta parole.

30
Les attitudes justes du disciple

Dans l’émerveillement et le feu de l’enthousiasme,


le disciple aura tendance à parler beaucoup, à partager
tout de suite les expériences et compréhensions qu’il
vient tout juste de vivre. Quand on aime, il est normal
de souhaiter partager nos expériences et compréhen-
sions, mais je mets en garde ici le disciple : avant de
partager, le silence est un allié.
Il est une digestion nécessaire à toute expérience
et compréhension que la vie t’offrira. Avant de les par-
tager, tu dois, par le silence intérieur, les digérer, les
assimiler pour qu’elles deviennent à l’intérieur de toi
des racines, des forces que tu ne pourras jamais perdre
et qui t’accompagneront tout au long de ta vie.

Tout ce que tu comprends, ne crois pas que tu l’aies


compris. Dans la tradition essénienne, tu comprends
réellement quand la compréhension s’est transformée
en sagesse et que tu vis avec elle au quotidien.

« Vivre avec » est un signe clair et évident


de la réelle et véritable compréhension.

Je ne mets pas en doute les autres formes de com-


préhensions qui sont des éveils sur le chemin, mais
combien de fois j’ai compris, je me suis éveillé, et dans

31
Comment un maître a formé son disciple

le tourbillon de la vie, j’ai oublié ! Quand tu com-


prends réellement et que tu vis avec, je te garantis que
quels que soient les tourbillons et les aléas de la vie, tu
ne l’oublies pas.
Prendre conscience de cela fait naître en nous
l’humilité, car si nous allons jusqu’au bout de ce qui
est écrit, comprendre nécessite tout un travail et un
effort à faire sur soi.

Il ne suffit pas de comprendre superficiellement,


il faut que la compréhension éveille ta pensée, mais
aussi nourrisse ton cœur de sentiments nobles et ren-
force ta volonté jusqu’à te transformer et organiser ta
vie quotidienne.
Après l’émerveillement, il y a donc le silence in-
térieur comme un processus de digestion. Savoure
ce que tu as compris, goûte-le, puis laisse et observe
la compréhension vivre à l’intérieur de toi. Ressens
l’éveil qu’elle te procure. Pense à elle, aime-la et com-
mence alors à organiser ta vie pour continuer à vivre
avec elle.

Tout se passe dans le silence, ne te précipite pas,


prends le temps. C’est une méditation. La méditation
n’est pas seulement l’immobilité du corps, c’est aussi

32
Les attitudes justes du disciple

un état d’être intérieur, un état d’âme qui doit être


quotidien et naturel.
Médite dans toutes tes activités, observe-toi toi-
même penser, parler, regarder, écouter, agir. Oui, il y
a l’immobilité du corps, mais il y a aussi le silence qui
est l’immobilité de l’esprit.

33
Comment un maître a formé son disciple

Une fois que tu vivras avec une compréhension,


alors, partage-la, mais ton partage ne sera pas juste une
discussion agréable, elle sera aussi une transmission et
tu commenceras à percevoir ce qu’est un maître.

Tu ne partageras pas qu’en parole


mais aussi en esprit.

C’est par tout ton être, ton attitude, ta vie quoti-


dienne, ta façon d’être et tes silences mêmes que tu
partageras ton expérience de vie, jusqu’à offrir en par-
tage ta vie toute entière.

T’est-il déjà arrivé de ressentir un vide à l’intérieur


de toi après avoir partagé à quelqu’un une expérience,
une compréhension ? Tu as alors perdu ce que tu as
partagé, car l’opération du silence et de la méditation
intérieure ne s’est pas faite et ta compréhension ne
s’est pas enracinée en toi. Tu ne peux donner que ce
que tu possèdes. On ne possède pas une compréhen-
sion avec laquelle on ne vit pas.

Mais si tu partages une compréhension que tu as


mûrie, expérimentée, goûtée et vécue, tu ne la per-
dras pas, à l’image d’une flamme qui peut allumer

34
Les attitudes justes du disciple

des milliers d’autres flammes sans jamais perdre sa


lumière. Bien au contraire, celle-ci grandira. Alors
garde à l’intérieur de toi, dans ton intimité secrète,
toutes les expériences qui t’éveillent et te touchent au
plus profond de toi, mais avec lesquelles tu ne vis pas
encore.

Elles sont comme des étincelles fragiles qui


peuvent s’éteindre à tout moment, mais qui peuvent
aussi, si tu en prends soin et que tu les préserves, faire
grandir en toi la flamme qui s’est allumée dans ton
cœur et qui a fait de toi un disciple de la Lumière.

La concentration et l’attitude dans l’eau

Il y a deux concentrations :
• une concentration de l’eau, de la vision de
l’esprit qui maintient un monde ;
• une concentration de la terre, du corps dans la
discipline et du but à atteindre.

La concentration est une vertu de la terre dans


la discipline et le but à atteindre, mais elle est aussi
de l’eau, dans la vision et la connaissance précises de

35
Comment un maître a formé son disciple

l’œuvre à réaliser. L’eau sera toujours concentrée à


rejoindre l’océan et l’illimité.
Tu as un objectif et tu dois l’atteindre coûte que
coûte, tu as une œuvre et tu dois la réaliser. Rien,
absolument rien ne doit te détourner du chemin.
• L’œil et la main, c’est l’esprit et l’âme ;
• la corde, c’est la discipline ;
• l’arc, c’est le corps ;
• la flèche, c’est le chemin ;
• la cible, c’est la vie quotidienne vertueuse.
La concentration est dans l’œil qui vise, car tu dois
savoir exactement ce que tu veux, mais elle est aussi
dans la flèche car elle doit être omniprésente tout au
long du chemin.
La première concentration qui est dans l’œil, va à
travers la main (l’âme) tenir fermement l’arc (le corps),
tendu à l’aide d’une corde (une discipline).
La discipline doit être plus grande que le corps,
inspirée par l’âme et l’esprit. Dans l’effort soutenu, à
un moment donné, la volonté du corps ne suffit plus,
mais l’esprit et l’âme qui ont une volonté plus forte
que celle du corps, le transcendent.

À travers une discipline, le corps, à l’image de


l’arc, doit être parfaitement tendu, ni trop, ni pas as-
sez. Si l’arc est trop tendu, il casse ; s’il n’est pas assez

36
Les attitudes justes du disciple

tendu, la flèche n’atteindra pas sa cible. À l’image de


la parabole du Bouddha et de la corde de la cithare, le
disciple doit être dans une tension juste et équilibrée
qui lui permettra de faire sonner mélodieusement sa
propre corde.

37
Comment un maître a formé son disciple

Tu ne pourras rien atteindre sans discipline, et


tout réside dans l’équilibre.

Si tu te donnes une trop grande discipline impos-


sible à tenir, tu risques de te démotiver, de perdre petit
à petit ta volonté, voire d’être brisé, et si au contraire,
tu ne te donnes aucune discipline, que tu es trop mou
dans ta vie, tu ne réaliseras rien et ne connaîtras ja-
mais la satisfaction de l’accomplissement.

La discipline est un équilibre que tu dois connaître.


Tu dois apprendre à te connaître, connaître tes limites
pour ensuite les dépasser. Nous parlerons plus en pro-
fondeur de la discipline dans le chapitre La bonne pré-
paration du disciple.
Si la première concentration - qui est dans l’œil -,
est une impulsion, la seconde concentration - qui
est dans la flèche -, est une constance qui conduit à
l’aboutissement.

Si la première concentration, l’eau dans ton œil,


n’est pas claire, alors ta flèche prendra de nombreux
détours. Ton idéal c’est de gravir ton sommet et de
redescendre dans ta vallée en étant transformé. Si tu
n’es pas clair à l’intérieur de toi, si tu ne sais pas ce

38
Les attitudes justes du disciple

que tu veux réellement dans ta vie, ton œil ne pourra


pas le viser et rien ne pourra t’y conduire, même avec
une discipline forte et la plus grande volonté qui soit.
Un rien te détournera du chemin, voilà pourquoi le
disciple doit être concentré.

L’observation est une qualité première si tu veux


savoir te concentrer. Ainsi, sans ce silence à l’intérieur
de toi, tu ne peux pas observer, tu ne peux pas écouter,
et finalement, tu ne peux pas grand-chose. L’observa-
tion ne procède pas seulement de la vue, mais elle vit
aussi dans tes 5 sens.
Quand tu écoutes, respires, te nourris, touches, les
sons, les odeurs, les saveurs, tout est sensations et vi-
brations qui entrent et sortent par les portes de l’ouïe,
de l’odorat, du goût, du toucher et de la vue. Que tu
regardes, écoutes, sens, goûtes et touches, en réalité tu
observes.
Les oreilles observent et tu entends ; le nez observe
et tu sens ; la bouche observe et tu goûtes ; la peau
observe et tu touches. La concentration est une obser-
vation fine et précise du visible, mais aussi de l’invi-
sible. Tu dois être dans une concentration accrue de
tes sens pour percevoir ce qui est subtil.

39
Comment un maître a formé son disciple

Tout vient de l’invisible


et c’est par la concentration que tu seras capable
d’entendre, de ressentir, de pressentir
tout ce qui viendra de cet invisible,
qui est un ciel, pour ensuite le réaliser,
sur la terre.

Dans « concentration », il y a le principe de


« condensation ». Tu dois te concentrer et condenser
dans la matière de ton agir et de toutes tes activités,
les observations qui auront fait naître dans le subtil
des étincelles de compréhension à l’intérieur de toi.
En d’autres termes, tu dois, par la concentration inté-
rieure, observer et analyser tout tes états d’être et états
d’âme, pour ensuite, après discernement, bien les
orienter, les canaliser et les concentrer dans un acte
juste et parfait qui te permettra de te rapprocher un
peu plus près de l’œuvre aboutie.
Par la concentration, un pas après l’autre, une
étape après l’autre, l’œuvre s’accomplit.

La persévérance et l’attitude dans la terre

La persévérance est liée à la concentration.


La concentration est liée à la compréhension qui
naît du silence.

40
Les attitudes justes du disciple

La compréhension est liée à l’émerveillement qui


naît de l’éveil. L’un contient l’autre.
Sans éveil, pas d’émerveillement ; sans émerveille-
ment, pas de compréhension juste ; sans compréhen-
sion, pas de concentration ; sans concentration, pas
de persévérance ; sans persévérance, pas de résultat.

C’est sur la terre que nous sommes maintenant.


Et toutes les forces du feu, de l’air et de l’eau doivent
y trouver un accomplissement, un aboutissement. La
persévérance permet de traverser ou de contourner
tous les obstacles, toutes les difficultés et les épreuves
sur le chemin sans jamais les fuir.

La concentration est une vertu de la terre et de


l’eau ; la persévérance aussi. Regarde l’eau couler : elle
trouvera toujours un chemin pour atteindre son but,
rejoindre l’océan. Elle est persévérante, elle ne fuit
pas, elle prendra toujours le chemin le plus direct.
Ce que nous voulons te transmettre à travers ces
attitudes, c’est une vision vivante de la nature et des
éléments, une vision emplie d’âme.

Regarde la nature, elle t’enseigne en permanence


dans le feu, l’air, l’eau et la terre.

41
Comment un maître a formé son disciple

Regarde la terre ; si on sait regarder, elle est por-


teuse de vertus. Nous avons choisi de te parler de
la persévérance comme d’une attitude dans la terre,
mais nous aurions pu te parler de constance, de sta-
bilité et de beaucoup d’autres vertus. Pour l’étude,
nous n’avons pas d’autres choix que de fixer, nom-
mer pour comprendre, mais il ne s’agit là que d’une
orientation, nécessairement, car si l’exemple devient
la référence, le dogme arrive. Et l’Enseignement, qui
toujours coule, alors se met à stagner pour devenir
une religion morte.

La persévérance naît dans la volonté du disciple


quand il est concentré, qu’il sait où il va et ce qu’il
veut. Sur le chemin, tu rencontreras des épreuves,
elles seront là pour jauger ta détermination, ta persé-
vérance. Vois-les comme des opportunités de t’amélio-
rer et de te transformer. Plusieurs, devant l’épreuve,
s’arrêtent et se disent : « Je me suis trompé, ce n’est pas
le bon chemin », mais qu’est-ce que le bon chemin ? Ce
n’est sûrement pas un chemin sans épreuve. C’est la
vie qui te met devant l’épreuve pour savoir si tu sais et
veux réellement.

Bien sûr, il y a des épreuves inutiles, mais il y a aus-


si des épreuves qui te font grandir et tu dois pouvoir

42
Les attitudes justes du disciple

les discerner. Dans ta vie, sache mettre de côté les


épreuves inutiles pour voir les épreuves qui te feront
grandir et qui ne sont envoyées que comme des gar-
diens devant la porte du temple.

Pour le disciple, l’épreuve et l’initiation vont de


pair. Celui qui fuira l’épreuve la rencontrera plus tard,
soit parce qu’il l’appelle, même inconsciemment, soit
parce qu’elle vient le chercher - « le passé le rattrape » -,
parce que tout est intelligence, empli d’esprit et de
mémoire. Tu ne pourras jamais te cacher devant les
mondes invisibles, échapper à ta parole, ni même à
ta pensée.Tu ne peux pas changer de vie parce que
tu penses que ce n’est pas la tienne, parce que tu ren-
contres l’épreuve. Ce que tu commences, il te faudra
le terminer.
Quels que soient l’art ou le corps de métier, il
faudra te surpasser pour atteindre la maîtrise. Beau-
coup sont doués, mais peu excellent, car la maîtrise
demande persévérance, constance, pratique assidue,
sans jamais entrer dans une discipline morte.

Seuls ceux qui savent ce qu’ils veulent, percent.


Pour la majorité, dès que la difficulté arrive, ils se re-
lâchent et abandonnent. Croire que tu vas avoir des

43
Comment un maître a formé son disciple

résultats sans effort est une grande illusion. Beaucoup


aujourd’hui veulent le résultat sans l’effort, la maîtrise
sans le sacrifice.
Alors, sois certain de ce que tu veux et prépare-
toi à être éprouvé et poussé dans tes retranchements
les plus profonds, surtout lorsqu’il s’agit d'atteindre
la maîtrise non pas d’un art physique, si beau soit-il,
mais de ta propre matière. Fais de ta vie ton œuvre,
car il n’est nulle œuvre plus belle que celle du tra-
vail d’une vie, sans commune mesure avec une œuvre
plastique ou artistique.
Nous parlerons des épreuves et des initiations du
disciple dans le chapitre Le chemin du disciple.

Le ciel et la terre

Il y a deux natures : une nature céleste, qui est


Une, et une nature terrestre, qui est double.

Tout dans la nature sur terre est double, car tout


ce qui est visible est une révélation d’un invisible, et
l’homme n’échappe pas à cette règle. Il y a un inté-
rieur et un extérieur, il y a un inspir, qui entre et se
condense dans le petit, le limité et la forme ; il y a un

44
Les attitudes justes du disciple

expir, qui sort et se dilue dans le vaste, l’illimité et la


non-forme.

Si tout est double sur terre,


tout est un au ciel.

Quand je parle ici du ciel, il n’est pas question du


ciel que nous voyons : c’est un ciel au-dessus du ciel.
Le ciel avec toutes ses étoiles, ses astres, est en fait le
monde de l’eau et du rêve que nous devons dépasser, à
l’image du lotus, qui prend ses racines dans la terre et
s’élève dans l’eau pour ensuite fleurir dans le royaume
de l’air. Les astres et les étoiles nous influencent. L’un
en sera convaincu et se dira : « il y a des forces à l’œuvre
qui sont plus grande que moi, des forces invisibles et cos-
miques » ; un autre considérera l’astrologie, la science
des astres et des influences, comme une supercherie
et se dira : « je suis maître de ma destinée, je ne suis pas
qu’un signe du zodiaque ». Chacun d’eux porte une part
de vérité.
S’il est évident que le soleil, la lune, les planètes,
les étoiles et l’univers nous influencent, bien d’autres
influences doivent être prises en compte. Le climat
influence nos humeurs, l’inclinaison des pôles et les
saisons de la terre nous influencent ; nos proches, nos

45
Comment un maître a formé son disciple

amis, notre famille nous influencent… Cependant


nous ne devons pas nous laisser traverser sans voir
toutes ces influences, ce serait entrer dans une fatalité
où nous nous dirions : « Je suis comme cela et je n’y peux
rien. »
Nous ne sommes pas un signe astrologique, nous
ne sommes pas nos parents, nous sommes cela et plus
encore.

Il y a un ciel qui inspire une terre et il y a une terre


qui s’élève vers un ciel. Le ciel et la terre se respirent
et tout ce qui se trouve sur terre se retrouve au ciel.
On ne peut pas parler d’homme véritable si le ciel
est oublié au détriment de la terre, ou si la terre est
délaissée au détriment du ciel.
La dualité que l’homme rencontre sur terre, il la
retrouvera unifiée au ciel en traversant l’eau des astres
et des influences.

Dans la vision initiatique du monde et des


mondes, l’invisible est plus important que le visible,
car l’invisible est la source, l’origine de tout ce qui est
visible, mais sur terre, le disciple doit unir cette dua-
lité apparente et révéler la force de l’unité du ciel. Ce
qui est un au ciel doit être un sur terre, par le travail
du disciple dans l’école et la tradition de la Lumière.

46
Les attitudes justes du disciple

La lettre au service de l’esprit

Avant de poursuivre plus avant tous ces processus


que le disciple vit à l’intérieur de lui, je me dois de
préciser, de la manière la plus claire et directe qui soit,
que tout ce que je viens de décrire ici n’a pas pour but
de servir l’homme. C’est au contraire l’homme qui
doit devenir un disciple et un serviteur.

47
Comment un maître a formé son disciple

Je m’adresse ici au disciple qui chemine vers


la maîtrise. Qui dit disciple dit serviteur et qui dit
maître, dit le plus grand serviteur. Serviteur de quoi ?
Serviteur des vertus.

Pour le disciple, tout est intelligent, empli de sens,


animé d’esprit, tout est magique et vivant. C’est le dis-
ciple qui sert les vertus et non les vertus qui servent
l’homme. Le sage est un serviteur de la sagesse. Le sage
sait qu’il n’est pas sage, seule la sagesse est sage. Jésus
a répondu à celui qui est venu le flatter : « Pourquoi
m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon, sinon un seul, Dieu. »
(Marc 10:18)

L’homme sur terre est de passage car son origine


est céleste, mais si l’homme qui s’incarne délaisse le
corps et n’accomplit pas la gloire et la vérité de la Lu-
mière sur la terre, il commet l’offense de n’être qu’un
corps inanimé de l’esprit.
Tu as un corps, sers-t’en avec intelligence et esprit.
Dis-toi que si tu as un corps, c’est que tu l’as voulu et
que tu t’es engagé à accomplir une œuvre à travers ce
corps.

Fais de ta vie une œuvre d’art, fais de ta vie une


cérémonie des Dieux.

48
Les attitudes justes du disciple

Quand Jésus a dit : « La lettre tue, l’esprit vivifie », il


parlait de ce savoir et de cette attention, et quand il a
dit : « le corps qui est né de l’esprit est une merveille, mais
l’esprit qui est né du corps est la merveille des merveilles »,
il a décrit avec perfection le but d’une existence ter-
restre, la mission de l’homme sur la terre et la respira-
tion entre la lettre et l’esprit, la terre et le ciel.
Toujours l’esprit vivifie, toujours la lettre tue sans
l’esprit, mais quand la lettre s’unit à l’esprit, que la
lettre fait naître l’esprit, témoigne de l’esprit, le porte
et le nourrit, alors c’est la merveille des merveilles.

La lettre n’est que de passage, mais quand la lettre


est écrite, que l’homme a pris un corps, la lettre ne
doit vivre que d’esprit. Jamais l’esprit ne doit être au
service de la lettre, car la lettre écrite sera un jour effa-
cée et oubliée.

L’Esprit, éternel, lui, n’est pas écrit, mais il est


l’origine et l’inspiration de toutes les écritures.

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