Le Trône de Fer - L'intégrale 5
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DE FER
DU MÊME AUTEUR
Le Trône de Fer
1. Le Trône de Fer
2. Le Donjon rouge
3. La Bataille des rois
4. L’Ombre maléfique
5. L’Invincible Forteresse
6. Les Brigands
7. L’Épée de feu
8. Les Noces pourpres
9. La Loi du régicide
10. Le Chaos
11. Les Sables de Dorne
12. Un festin pour les corbeaux
13. Le Bûcher d’un roi
14. Les Dragons de Meereen
15. Une danse avec les dragons
LE TRÔNE
DE FER
L’intégrale 5
roman
Texte intégral
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Elle avait le menton pointu et le nez plat et, sur une joue, un
poireau où poussaient quatre crins noirs. Des traits durs et laids,
et pourtant il aurait donné cher pour l’apercevoir à la porte de
la cabane. J’aurais dû la prendre avant qu’elle s’en aille. Depuis
combien de temps était-elle partie ? Deux jours ? Trois ? Vara-
myr ne se rappelait pas bien. La cabane était plongée dans le
noir, et il entrait et sortait du sommeil sans en avoir conscience,
sans jamais savoir vraiment si régnait dehors le jour ou la nuit.
« Attends, lui avait-elle dit. J’ vais revenir avec d’quoi manger. »
Et donc, il avait attendu, l’imbécile, en rêvant d’Haggon, de
Cabosse et de tous les méfaits qu’il avait commis au cours de sa
vie, mais les jours et les nuits avaient passé et Cirse n’était pas
revenue. Elle ne reviendra pas. Varamyr se demanda s’il s’était
trahi. Pouvait-elle deviner ses pensées rien qu’en le regardant,
avait-il marmonné dans ses rêves de fièvre ?
Abomination, entendit-il Haggon répéter. On aurait cru qu’il
se trouvait ici, dans la pièce. « C’est rien qu’une piqueuse avec
une sale gueule, lui répliqua Varamyr. Je suis un grand homme.
Je suis Varamyr le zoman, le change-peau, il est pas juste qu’elle
vive et que je meure. » Nul ne répondit. Il n’y avait personne.
Cirse était loin. Elle l’avait abandonné, comme tous les autres.
Jusqu’à sa propre mère, qui l’avait abandonné. Elle a pleuré
pour Cabosse, mais pour moi, jamais. Le matin où son père
l’avait tiré du lit pour le livrer à Haggon, elle n’avait même pas
voulu le regarder. Il avait hurlé et flanqué des coups de pied
tandis qu’on le traînait dans les bois, avant que son père lui
colle une mornifle en lui ordonnant de se taire. « Ta place est
parmi ceux de ta race », voilà tout ce qu’il avait déclaré en le
jetant aux pieds d’Haggon.
Il avait pas tort, songea Varamyr, en grelottant. Haggon m’a
enseigné tant de choses. Il m’a appris à chasser et à pêcher, à
dépouiller une carcasse et à ôter les arêtes d’un poisson, à m’orien-
ter dans les bois. Et il m’a enseigné les voies du zoman et les
secrets du change-peau, et pourtant mon don surpassait le sien.
Des années plus tard, il avait cherché à retrouver ses parents,
pour leur apprendre que leur Bosse était devenu le grand Vara-
myr Sixpeaux, mais tous deux étaient morts et incinérés. Partis
dans les arbres et les rivières, partis dans les rochers et la terre.
Partis en cendres et en poussière. Voilà ce qu’avait raconté la
sorcière des bois à sa mère, le jour où Cabosse était mort. Bosse
ne voulait pas devenir une motte de terre. Le gamin avait rêvé
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plus vieux des chiens et son dressage avait primé sur sa terreur.
Le temps que Bosse se glisse dans sa peau, il était trop tard.
Non, Père, je t’en prie, avait-il essayé de dire, mais les chiens
ne parlent pas la langue des hommes, si bien que seul émergea
un gémissement lamentable. La hache frappa le crâne du vieux
chien en plein centre et, dans le taudis, le garçon poussa un
hurlement. C’était ainsi qu’ils avaient su. Deux jours plus tard,
son père l’avait entraîné dans les bois. Il avait apporté sa hache,
aussi Bosse avait-il cru qu’il voulait l’abattre de la même façon
que pour les chiens. Mais il l’avait donné à Haggon.
Varamyr s’éveilla subitement, violemment, tout le corps agité
de spasmes. « Debout, s’égosillait une voix, debout, faut qu’on
parte. Y sont des centaines. » La neige l’avait recouvert d’une
dure couche blanche. Si froide. En essayant de bouger, il décou-
vrit qu’il avait la main collée au sol par la glace. En se déga-
geant, il laissa un peu de peau derrière lui. « Debout, clama-
t-elle de nouveau. Y-z-arrivent. »
Cirse lui était revenue. Elle le tenait par les épaules et le
secouait, lui criant au visage. Varamyr sentait son souffle et sa
chaleur, contre des joues engourdies par le froid. Maintenant, se
dit-il, agis maintenant, ou tu vas mourir.
Il invoqua toutes les forces qu’il contenait encore, bondit hors
de sa peau et se força en elle.
Cirse cambra l’échine en poussant un hurlement.
Abomination. Était-ce elle, lui ou Haggon ? Il ne le sut jamais.
Sa vieille chair retomba dans l’amas de neige tandis que les
doigts de Cirse se dénouaient. La piqueuse se tordit avec vio-
lence, en glapissant. Le lynx-de-fumée avait coutume de com-
battre sauvagement Varamyr, et l’ourse des neiges était une fois
devenue à moitié folle, mordant les arbres, les rochers et les airs,
mais ici, c’était pire. « Sors, sors ! » entendit-il sa propre bouche
beugler. Le corps de la piqueuse oscilla, tomba pour se relever,
ses mains battaient, ses jambes se détendaient dans un sens et
dans l’autre, en une danse grotesque, tandis que leurs esprits se
disputaient sa chair. Elle aspira une gorgée d’air glacé et Vara-
myr disposa d’un demi-battement de cœur pour en savourer le
goût, et la force de ce corps jeune, avant qu’elle ne claque des
mâchoires et ne lui inonde la bouche de sang. Elle leva les mains
vers son visage. Il tenta de les rabaisser, mais les mains refu-
saient d’obéir et elle lui griffa les yeux. Abomination, se
souvint-il, en se noyant dans le sang, la douleur et la folie. Lors-
qu’il voulut crier, elle recracha leur langue.
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dernière à regarder fut la créature qui avait été Cirse. Elle portait
de la laine, de la fourrure et du cuir et, par-dessus le tout, une
cape de givre qui craquait quand elle remuait et scintillait au
clair de lune. Des glaçons pâles et roses pendaient au bout de
ses doigts, dix longs poignards de sang gelé. Et dans les creux
où avaient logé ses yeux, tremblotait une pâle lueur bleue,
parant ses traits ingrats d’une beauté étrange qu’ils n’avaient
jamais connue durant sa vie.
Elle me voit.
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d’oie si douillet qu’il crut avoir été gobé par un nuage. Sa langue
paraissait tapissée de poils et sa gorge était irritée, mais il avait
la queue aussi dure qu’une barre de fer. Il roula hors du lit,
trouva un bourdalou qu’il se mit en devoir de remplir, avec un
grognement de plaisir.
La pénombre régnait dans la chambre, mais des barres de
lumière jaune passaient entre les lattes des volets. Tyrion secoua
pour faire choir les dernières gouttes et traversa en se dandinant
les tapis myriens ornementés, veloutés comme l’herbe nouvelle
au printemps. Gauchement, il escalada la banquette sous la
fenêtre et repoussa avec énergie les volets afin de les ouvrir et
de voir où Varys et les dieux l’avaient expédié.
Sous sa fenêtre, six cerisiers se tenaient en sentinelle autour
d’un bassin en marbre, leurs branches fines dénudées et brunes.
Un garçon nu s’élançait sur l’eau, paré à livrer un duel, une
lame de spadassin à la main. Il était souple et beau, seize ans,
pas plus, avec de longs cheveux blonds qui frôlaient ses épaules.
Il manifestait tant de vie qu’il fallut au nain un long moment
avant de comprendre qu’il était en marbre peint, malgré son
épée qui luisait comme de l’acier véritable.
De l’autre côté du bassin s’élevait un mur en brique, haut de
douze pieds et garni de piques de fer à son faîte. Au-delà s’éten-
dait la ville. Une mer de toits tuilés se pressait autour d’une
anse. Il vit des tours carrées de brique, un grand temple rouge,
une demeure reculée sur une colline. Dans le lointain, le soleil
miroitait sur une eau profonde. Des bateaux de pêche sillon-
naient la baie, leurs voiles se ridant sous le vent, et il apercevait
les mâts de vaisseaux plus importants hérissés le long de la côte.
Il y en a sûrement un en partance pour Dorne, ou pour Fort-
Levant. Il n’avait aucun moyen de payer la traversée, cependant,
et n’était pas bâti pour tirer sur une rame. Je suppose que je
pourrais m’engager comme garçon de cabine et acquitter mon pas-
sage en laissant l’équipage me sodomiser d’un bord à l’autre du
détroit.
Il se demanda où il se trouvait. Même l’air sent différemment,
ici. Des épices inconnues embaumaient la brise fraîche
d’automne, et il distinguait des cris dériver faiblement par-
dessus le mur depuis les rues au-delà. Cela ressemblait un peu
à du valyrien, mais Tyrion ne reconnaissait pas plus d’un mot
sur cinq. Pas Braavos, conclut-il, ni Tyrosh. Ces branches nues
et la froideur dans l’air plaidaient également contre Lys, Myr
et Volantis.
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le manteau blanc, vous êtes donc l’héritier selon toutes les lois
de Westeros.
— Stannis pourrait certes m’accorder Castral Roc, sans le
léger problème du régicide et du parricide. Pour cela, il me rac-
courcirait d’une tête, et je ne suis point si grand tel que je suis.
Mais qu’est-ce qui vous fait croire que j’ai l’intention de
rejoindre lord Stannis ?
— Pour quelle autre raison iriez-vous au Mur ?
— Stannis est au Mur ? » Tyrion frotta son moignon de nez.
« Mais que fout Stannis au Mur, au nom des sept enfers ?
— Il grelotte, je pense. Il fait plus chaud à Dorne. Peut-être
aurait-il dû faire voile dans cette direction. »
Tyrion commençait à soupçonner qu’une certaine lavandière
tachée de son connaissait mieux la Langue Commune qu’elle ne
le laissait paraître. « Il se trouve que ma nièce Myrcella vit à
Dorne. Et j’ai à moitié envie de la faire reine. »
Illyrio sourit tandis que ses serviteurs remplissaient à la
cuillère des bols de cerises noires dans de la crème sucrée pour
eux deux. « Qu’a donc commis la pauvre enfant pour que vous
souhaitiez sa mort ?
— Même un tueur des siens n’est pas tenu de massacrer tous
les siens, répliqua Tyrion, vexé. La faire reine, ai-je dit. Non
la tuer. »
Le marchand de fromages piocha une cuillerée de cerises. « À
Volantis, on use d’une monnaie qui porte une couronne sur une
face et une tête de mort sur l’autre. Pourtant, c’est la même
pièce. La faire reine, c’est la tuer. Dorne pourrait se soulever
pour Myrcella, mais Dorne seule ne suffit pas. Notre ami sou-
tient que vous êtes fort habile. Si tel est le cas, vous le comprenez
vous-même. »
Tyrion considéra le pansu avec un nouvel intérêt. Il a raison
sur les deux chapitres. La faire reine serait la tuer. Et je le savais.
« Il ne me reste plus que des gestes futiles. Au moins celui-ci
ferait-il couler d’amères larmes à ma sœur. »
Du revers de sa grosse main, maître Illyrio essuya la crème
sucrée sur sa bouche. « La route de Castral Roc ne passe pas
par Dorne, mon petit ami. Et pas non plus sous le Mur. Pour-
tant, cette route existe, je vous le dis.
— Je suis un traître frappé de mort civile, régicide et parri-
cide. » Ces histoires de route l’agaçaient. Est-ce qu’il prend cela
pour un jeu ?
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S’il suggère que j’épouse le roi Cleon, je lui jette une sandale à
la tête, songea Daenerys, mais pour une fois l’émissaire astapori
n’évoqua pas un mariage royal. Il poursuivit : « L’heure est
venue pour Astapor et Meereen de mettre un terme au règne
féroce des Judicieux de Yunkaï, ennemis jurés de tous ceux qui
vivent libres. Le Grand Cleon me prie de vous apprendre que
lui et ses nouveaux Immaculés se mettront bientôt en route. »
Ses nouveaux Immaculés sont une plaisanterie morbide. « Le
roi Cleon serait sage de veiller sur ses propres jardins et de lais-
ser les Yunkaïis s’occuper des leurs. » Non que Daenerys éprou-
vât beaucoup d’affection pour Yunkaï. Elle commençait à
regretter de ne pas avoir pris la Cité Jaune après avoir défait son
armée sur le champ de bataille. Les Judicieux avaient rétabli
l’esclavage dès qu’elle avait levé le camp et s’occupaient à perce-
voir les impôts, engager des épées-louées et conclure des
alliances contre elle.
Cleon qui se disait Grand ne valait guère mieux, toutefois. Le
Roi Boucher avait restauré l’esclavage en Astapor, avec pour
seule différence le fait que les anciens esclaves régnaient désor-
mais en maîtres et les anciens maîtres vivaient en nouveaux
esclaves.
« Je ne suis qu’une jeune fille et je connais peu de chose à la
conduite de la guerre, dit-elle à lord Ghael, mais nous avons
entendu dire que la famine régnait à Astapor. Que le roi Cleon
nourrisse son peuple avant de les mener à la bataille. » Elle fit
un geste pour lui donner congé. Ghael se retira.
« Votre Magnificence, suggéra Reznak mo Reznak, voulez-
vous entendre le noble Hizdahr zo Loraq ? »
Encore ? Daenerys acquiesça et Hizdahr s’avança : un homme
grand, très mince, à la peau d’ambre sans défaut. Il s’inclina à
l’endroit précis où Bouclier Loyal avait reposé mort peu de
temps auparavant. J’ai besoin de cet homme, se rappela
Daenerys. Hizdahr était un riche marchand avec de nombreux
amis à Meereen, et davantage encore de l’autre côté des mers. Il
avait visité Volantis, Lys et Qarth, avait de la parentèle à Tolos
et Elyria, et l’on disait même qu’il exerçait quelque influence à
la Nouvelle-Ghis, où les Yunkaïis essayaient d’exciter de l’ani-
mosité contre Daenerys et son règne.
Et il était riche. Fameusement et fabuleusement riche…
Et destiné à le devenir plus encore, si j’accède à sa requête.
Lorsque Daenerys avait fermé les arènes de combat de la cité,
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sous ses bijoux et ses vêtements. Elle voulait récupérer ses bijoux
et sa demeure. « Qu’elles gardent les vêtements », concédait-elle.
Daenerys lui accorda les premiers, mais jugea que la seconde
avait été perdue quand elle l’avait abandonnée.
Un ancien esclave se présenta, pour accuser certain noble des
Zhak. L’homme avait récemment pris pour femme une affran-
chie qui avait été chaufferette du noble avant la chute de la cité.
Le noble l’avait dépucelée, avait usé d’elle pour son plaisir et
l’avait engrossée. Son nouvel époux demandait la castration du
noble pour le crime de viol, et exigeait également une bourse
d’or, afin de le dédommager d’élever le bâtard du noble comme
son propre fils. Daenerys lui accorda l’or, mais pas la castration.
« Lorsqu’il couchait avec elle, ta femme lui appartenait, pour
qu’il en use à sa guise. Selon la loi, il n’y a pas eu viol. » La
décision de Daenerys déplut à l’homme, elle le vit bien, mais si
elle castrait tous les hommes qui avaient un jour forcé une
esclave de couche, elle régnerait bientôt sur une cité d’eunuques.
Un jeune garçon se présenta, plus jeune que Daenerys, menu
et balafré, vêtu d’un tokar gris délavé traînant une frange
d’argent. Sa voix se brisa quand il raconta comment deux des
esclaves de la maison de son père s’étaient révoltés la nuit où
les portes avaient été enfoncées. L’un d’eux avait tué son père,
l’autre son frère aîné. Les deux avaient violé sa mère avant de
la tuer à son tour. Le jeune homme s’en était tiré sans rien
d’autre que la cicatrice sur son visage, mais un des assassins
occupait toujours la demeure de son père et l’autre s’était
engagé dans les soldats de la reine, pour devenir un des Hommes
de la Mère. Il exigeait que tous deux soient pendus.
Je suis reine d’une cité bâtie sur la poussière et la mort.
Daenerys n’avait d’autre choix que de lui refuser. Elle avait
décrété une amnistie générale pour tous les crimes commis
durant le sac. Et elle ne voulait pas non plus punir des esclaves
pour s’être soulevés contre leurs maîtres.
Lorsqu’elle le lui annonça, le garçon se rua sur elle, mais ses
pieds se prirent dans son tokar et il vint s’étaler de tout son long
sur le marbre mauve. Belwas le Fort fut dans l’instant sur lui.
L’énorme eunuque brun le souleva brutalement d’une main et
le secoua, comme un dogue le fait d’un rat. « Il suffit, Belwas,
lança Daenerys. Lâche-le. » Au garçon, elle déclara : « Chéris ce
tokar, car il t’a sauvé la vie. Tu n’es qu’un enfant, aussi oublie-
rons-nous ce qui s’est passé ici. Tu devrais en faire autant. »
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dans trois d’entre eux. J’entends les doter chacun d’une nouvelle
garnison avant que l’an n’expire.
— Je n’ai nulle querelle sur ce point, sire, mais l’on dit que
vous avez également l’intention d’octroyer ces châteaux à vos
chevaliers et seigneurs, pour domaines comme vassaux de
Votre Grâce.
— On attend des rois qu’ils donnent à pleines mains à leurs
fidèles. Lord Eddard n’a-t-il rien appris à son bâtard ? Nombre
de mes chevaliers et seigneurs ont abandonné de riches terres et
des châteaux solides dans le sud. Leur loyauté devrait-elle rester
sans récompense ?
— Si Votre Grâce souhaite s’aliéner tous les bannerets du
seigneur mon père, il n’est plus sûre méthode que d’allouer des
forteresses nordiennes à des seigneurs sudiers.
— Comment puis-je perdre des hommes que je ne possède
point ? J’avais espéré confier Winterfell à un Nordien, il vous en
souviendra. Un fils d’Eddard Stark. Il m’a jeté mon offre au
visage. » Stannis Baratheon s’attaquait aux griefs comme un
mastiff à son os : il le rongeait pour n’en laisser qu’éclisses.
« De plein droit, Winterfell devrait revenir à ma sœur Sansa.
— Lady Lannister, voulez-vous dire ? Êtes-vous si pressé de
voir le Lutin perché sur le siège de votre père ? Je vous promets,
cela n’arrivera pas tant que je vivrai, lord Snow. »
Jon n’était pas assez sot pour insister. « Sire, certains pré-
tendent que vous avez l’intention d’accorder terres et château à
Clinquefrac et au Magnar de Thenn.
— Qui vous a raconté cela ? »
Le sujet courait tout Châteaunoir. « Puisque vous tenez à le
savoir, je tiens l’affaire de Vère.
— Qui est Vère ?
— La nourrice, répondit dame Mélisandre. Votre Grâce lui a
laissé licence d’aller dans tout le château.
— Pas pour colporter des fables. On a besoin d’elle pour ses
tétons, pas pour sa langue. Je veux d’elle plus de lait et moins
de messages.
— Châteaunoir n’a nul besoin de bouches inutiles, acquiesça
Jon. J’envoie Vère au Sud par le prochain navire qui quittera
Fort-Levant.
Mélisandre toucha le rubis à sa gorge. « Vère donne à téter
au fils de Della en même temps qu’au sien. Il semble cruel de
votre part de séparer notre petit prince de son frère de lait,
messire. »
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— Vous avez tort. J’ai rêvé de votre Mur, Jon Snow. Vaste
est le savoir qui l’a dressé, et puissants les sortilèges enclos sous
la glace. Nous cheminons sous une des charnières de ce
monde. » Mélisandre leva les yeux vers la muraille, son haleine
laissant dans l’air une nuée chaude et humide. « J’ai autant ma
place ici que vous, et vous pourriez bientôt avoir fort besoin de
moi. Ne refusez pas mon amitié, Jon. Je vous ai vu dans la
tourmente, en grand péril, des ennemis de tous côtés. Vous avez
tant d’ennemis. Dois-je vous donner leurs noms ?
— Je les connais.
— N’en soyez pas si certain. » Le rubis à la gorge de Méli-
sandre rougeoya. « Ce ne sont pas les ennemis qui vous mau-
dissent face à face que vous devez redouter, mais ceux qui
sourient quand vous regardez et émoulent leurs poignards dès
que vous leur tournez le dos. Vous feriez bien de conserver votre
loup près de vous. De la glace, je vois, et des dagues dans le
noir. Du sang gelé, rouge et dur, et l’acier nu. Il fait très froid.
— Il fait toujours froid, sur le Mur.
— Croyez-vous ?
— Je le sais, madame.
— Alors, vous n’y connaissez rien, Jon Snow », souffla-t-elle.
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plus proches. Des chasseurs, et affamés. Ils ont senti notre fai-
blesse. Souvent Bran s’éveillait en frissonnant des heures avant
l’aube, et il écoutait le son de leurs appels de l’un à l’autre, au
loin, tandis qu’il attendait le lever du soleil. Si ce sont des loups,
il doit y avoir des proies, avait-il pensé, jusqu’à ce que l’idée lui
vienne que les proies, c’étaient eux.
Le patrouilleur secoua la tête. « Des hommes. Les loups conti-
nuent à tenir leurs distances. Ces hommes sont moins timides. »
Meera Reed repoussa sa cagoule en arrière. La neige détrem-
pée qui l’avait couverte croula au sol avec un choc mou. « Com-
bien d’hommes ? Qui est-ce ?
— Des ennemis. Je me chargerai d’eux.
— Je vous accompagne.
— Vous restez ici. Il faut protéger le petit. Il y a un lac en
avant, pris par les glaces. Quand vous y arriverez, tournez au
nord et suivez la berge. Vous parviendrez à un village de
pêcheurs. Réfugiez-vous-y jusqu’à ce que je puisse vous
rattraper. »
Bran eut l’impression que Meera allait protester jusqu’à ce
que son frère dise : « Fais ce qu’il dit. Il connaît le pays. » Jojen
avait des yeux vert sombre, couleur de mousse, mais chargés
d’une lassitude que Bran n’y avait encore jamais vue. Le petit
grand-père. Au sud du Mur, le gamin des huttes de pierre avait
semblé doté d’une sagesse qui dépassait son âge, mais ici, il était
aussi désorienté et effrayé que le reste de la bande. Cependant
Meera l’écoutait toujours.
Cela restait vrai. Mains-froides se glissa entre les arbres,
rebroussant le chemin qu’ils avaient parcouru, avec quatre cor-
beaux battant des ailes derrière lui. Meera le regarda partir, les
joues rougies de froid, le souffle fumant de ses narines. Elle
remonta sa cagoule et donna une bourrade à l’orignac, et leur
périple reprit. Avant qu’ils n’eussent parcouru vingt pas, toute-
fois, elle se retourna pour regarder en arrière et releva : « Des
hommes, il a dit. Quels hommes ? Est-ce qu’il parle de sauva-
geons ? Pourquoi ne veut-il rien dire ?
— Il a dit qu’il allait s’en charger, répondit Bran.
— Oh certes, il l’a dit. Il a aussi dit qu’il nous mènerait à
cette corneille à trois yeux. La rivière que nous avons traversée
ce matin est la même que nous avions franchie il y a quatre
jours, j’en jurerais. Nous tournons en rond.
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Elle n’avait pas tort. Les lèvres de Jojen étaient bleues, les
joues de Meera d’un rouge profond. Le visage de Bran lui-même
avait perdu toute sensation. La barbe d’Hodor formait une
masse de glace. La neige lui bottait les jambes presque jusqu’aux
genoux et, plus d’une fois, Bran l’avait senti tituber. Personne
n’était aussi fort qu’Hodor, personne. Si sa force prodigieuse
elle-même faillait…
« Été saura localiser le village », déclara soudain Bran, ses
mots brouillant l’air. Il n’attendit pas d’écouter ce que pourrait
répondre Meera, mais ferma les yeux et se laissa couler hors de
son corps brisé.
Quand il se glissa sous la peau d’Été, les bois morts accé-
dèrent subitement à la vie. Où jusqu’ici régnait le silence, il
entendait à présent : le vent dans les arbres, le souffle d’Hodor,
l’orignac qui grattait le sol de son sabot en quête de nourriture.
Des senteurs familières lui emplissaient les narines : les feuilles
humides et l’herbe morte, la carcasse putréfiée d’un écureuil en
train de se décomposer dans les taillis, la puanteur aigre de la
sueur humaine, les relents musqués de l’orignac. De la nourri-
ture. De la viande. L’orignac perçut son intérêt. Il tourna la tête
vers le loup géant, méfiant, et abaissa ses grands andouillers.
Ce n’est pas une proie, chuchota le garçon à la bête qui parta-
geait sa peau. Laisse-le. Cours.
Été courut. Il fila à travers le lac, ses pattes soulevant des
projections de neige derrière lui. Les arbres se rangeaient côte à
côte, comme des hommes en ligne de bataille, tous mantelés
de blanc. Par-dessus racines et rochers, le loup-garou galopa,
traversant un banc de neige ancienne, la surface craquant sous
son poids. Ses pattes devinrent humides et froides. La colline
suivante était couverte de pins, et l’odeur forte de leurs aiguilles
emplit l’atmosphère. Lorsqu’il parvint au sommet, il tourna en
rond, flairant l’air, puis il leva la tête et hurla.
Les odeurs étaient là. Les odeurs de l’homme.
Des cendres, analysa Bran, vieilles et effacées, mais des cendres.
C’était l’odeur du bois brûlé, de la suie et du charbon. Un feu
mort.
Il secoua la neige de son museau. Le vent soufflait en rafales,
si bien que le loup avait du mal à suivre les odeurs. Il tourna
d’un côté puis de l’autre, en reniflant. Tout autour se dressaient
des monticules de neige et de grands arbres revêtus de blanc. Le
loup laissa pendre sa langue entre ses crocs, goûtant l’air glacé,
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Bran
son souffle formant une brume tandis que des flocons de neige
venaient lui fondre sur la langue. Dès qu’il partit en trottant
vers l’odeur, Hodor le suivit d’un pas lourd. L’orignac mit plus
de temps à se décider, si bien que Bran réintégra à regret son
corps pour annoncer : « Par là. Suivez Été. Je l’ai senti. »
Alors que la première lamelle d’un croissant de lune venait
jeter un œil à travers les nuages, ils débouchèrent finalement sur
le village près du lac. Ils avaient failli le traverser sans s’arrêter.
Vu de la glace, le village ne différait pas d’une dizaine d’autres
lieux au long des berges. Enfouies sous des congères de neige,
les maisons rondes en pierre auraient tout autant pu être des
rochers, des buttes ou des branches tombées, comme les chutes
de bois morts que Jojen avait confondues avec une construction,
la veille, avant qu’ils creusent et ne trouvent que des ramures
cassées et des bûches pourries.
Le village était vide, abandonné par les sauvageons qui l’habi-
taient naguère, comme tous les autres villages qu’ils avaient croi-
sés. Certains avaient été incendiés, comme si les habitants
avaient voulu s’assurer qu’ils ne pourraient pas y revenir en tapi-
nois, mais la torche avait épargné celui-ci. Sous la neige ils
découvrirent une douzaine de cabanes et une maison commune,
avec son toit en terre et ses épais murs de rondins mal dégrossis.
« Au moins, nous serons à l’abri du vent, déclara Bran.
— Hodor », approuva Hodor.
Meera se laissa glisser à bas du dos de l’orignac. Son frère et
elle aidèrent à soulever Bran hors de sa hotte d’osier. « Il se
pourrait que les sauvageons aient laissé à manger derrière
eux », dit-elle.
L’espoir se révéla vain. À l’intérieur de la maison commune,
ils trouvèrent les cendres d’un feu, des sols de terre battue, un
froid qui pénétrait jusqu’à l’os. Mais au moins avaient-ils un
toit au-dessus de leurs têtes et des parois de rondins pour tenir
le vent en respect. Un ruisseau coulait tout près, caparaçonné
d’une pellicule de glace. L’orignac dut la briser de son sabot
pour boire. Une fois Bran, Jojen et Hodor installés en lieu sûr,
Meera leur rapporta des brisures de glace à sucer. L’eau de fonte
était si froide qu’elle faisait frissonner Bran.
Été ne les suivit pas à l’intérieur de la maison commune. Bran
percevait la faim du grand loup, comme une ombre de la sienne.
« Va chasser, lui dit-il, mais laisse l’orignac en paix. » Une partie
de lui regrettait de ne pouvoir l’accompagner. Peut-être en
serait-il capable, plus tard.
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repaires sur les Degrés de Pierre, et de courir les mers pour s’en
prendre aux gens honnêtes. Il ne faudrait pas que mon petit ami
tombe en de telles mains.
— Il y a aussi des pirates sur la Rhoyne.
— Des pirates d’eau douce. » Le marchand de fromages
poussa un bâillement, se couvrant la bouche avec le revers d’une
main. « Des capitaines cafards se démenant pour des miettes.
— On entend parler d’hommes de pierre, également.
— Ils existent bel et bien, ces pauvres damnés. Mais à quoi
bon évoquer de telles choses ? Il fait bien trop beau pour de
pareils sujets de conversation. Nous ne tarderons pas à voir la
Rhoyne, et là-bas, vous y serez débarrassé d’Illyrio et de sa
grosse panse. D’ici là, buvons et rêvons. Nous avons du vin doux
et des friandises à déguster. Pourquoi s’appesantir sur la mala-
die et la mort ? »
Pourquoi, en effet ? Tyrion entendit une fois de plus vibrer une
arbalète, et il s’interrogea. La litière oscillait d’un bord sur
l’autre, un mouvement apaisant qui lui donnait l’impression
d’être un marmot bercé dans les bras de sa mère pour l’endor-
mir. Non que cette sensation me soit familière. Des coussins de
soie rembourrés de duvet d’oie confortaient ses fesses. Les pans
de velours pourpre s’incurvaient au-dessus pour former un toit,
faisant régner une agréable chaleur en dépit de la fraîcheur
automnale à l’extérieur.
Une file de mulets s’étirait derrière eux, transportant coffres,
barils et fûts, et des malles de délectables provendes afin d’épar-
gner au seigneur des fromages l’irruption d’une petite fringale.
Ils grignotèrent ce matin-là du saucisson épicé, arrosé d’un brun
de fumevigne bien sombre. Des anguilles en gelée et des rouges
de Dorne remplirent leur après-midi. Le soir venu, il y eut du
jambon en tranches, des œufs à la coque et des alouettes rôties
fourrées à l’ail et aux oignons, avec des bières pâles et des feu-
vins de Myr pour faciliter leur digestion. La litière était cepen-
dant aussi lente que douillette, et le nain se retrouva bientôt
démangé d’impatience.
« Combien de jours avant que nous n’atteignions le fleuve ?
demanda-t-il à Illyrio ce soir-là. À cette allure, les dragons de
votre reine seront plus grands que les trois d’Aegon avant que
je puisse poser les yeux sur eux.
— Si seulement c’était vrai. Un grand dragon inspire plus de
terreur qu’un petit. » Le maître haussa les épaules. « Malgré
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jusqu’à avoir des cals aux deux genoux, mais ma quête a connu
une fin tragique. J’ai atteint l’âge fatal et je suis tombé
amoureux.
— Une pucelle ? Je connais cela. » Illyrio plongea sa main
droite dans sa manche gauche et en tira un médaillon d’argent.
À l’intérieur se trouvait le portrait peint d’une femme aux
grands yeux bleus et à la chevelure d’un blond pâle strié
d’argent. « Serra. Je l’ai découverte dans une maison de plaisir
lysienne et je l’ai ramenée chez moi pour réchauffer ma couche,
mais en fin de compte je l’ai épousée. Moi, dont la première
épouse avait été une cousine du prince de Pentos. Dès lors, les
portes du palais m’ont été fermées, mais je m’en moquais.
C’était un prix assez mince à payer, pour Serra.
— Comment est-elle morte ? » Tyrion savait qu’elle était
morte ; personne ne parlait avec tant de tendresse d’une femme
qui l’aurait abandonné.
« Une galéasse de commerce braavienne a fait escale à Pentos
à son retour de la mer de Jade. Le Trésor transportait des clous
de girofle et du safran, du jais et du jade, du samit écarlate et
de la soie émeraude… Et la mort grise. Nous avons abattu ses
rameurs quand ils ont débarqué à terre et nous avons incendié
le navire à l’ancre, mais les rats étaient descendus le long des
rames et ont trottiné jusqu’au quai sur des pattes en pierre
froide. La peste a emporté deux mille personnes avant de s’épui-
ser. » Maître Illyrio referma le médaillon. « Je conserve ses
mains dans ma chambre à coucher. Ses mains qui étaient si
douces… »
Tyrion songea à Tysha. Il jeta un coup d’œil à l’extérieur sur
ces champs qu’avaient autrefois foulés les dieux. « Quelle sorte
de dieu faut-il être pour créer les rats, les épidémies et les
nains ? » Un autre passage de L’Étoile à Sept branches lui revint.
« La Jouvencelle lui présenta une pucelle aussi souple que le
saule, avec des yeux comme de profonds bassins bleus, et Hugor
déclara qu’il la prendrait pour épouse. Aussi la Mère la
rendit-elle fertile, et l’Aïeule prédit-elle qu’elle donnerait au roi
quarante et quatre fils vaillants. Le Guerrier donna force à leurs
bras, tandis que le Forgeron façonnait pour chacun une armure
de plaques de fer.
— Votre Forgeron devait être rhoynar, plaisanta Illyrio. Les
Andals ont appris des Rhoynars qui vivaient sur les bords du
fleuve l’art de travailler le fer. C’est connu.
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L’Aventure puait.
Il s’enorgueillissait de soixante rames, d’une seule voile et
d’une longue coque mince, promesse de vitesse. Petit, mais ça
pourrait faire l’affaire, avait songé Quentyn en le voyant. Toute-
fois, c’était avant de monter à bord et de bien le humer. Des
cochons, avait-il d’abord pensé, mais après avoir reniflé une
deuxième fois, il se ravisa. L’odeur des pourceaux était plus
propre. Ici régnait un remugle de pisse et de viande en putréfac-
tion, d’excréments, une infection de chair de cadavre et de plaies
purulentes, de blessures gangrenées, d’une telle puissance qu’elle
couvrait l’air marin et l’odeur de poisson du port.
« J’ai envie de vomir », confia-t-il à Gerris Boisleau. Ils atten-
daient qu’apparaisse le maître à bord, transpirant sous la cha-
leur tandis que les relents immondes montaient du pont sous
leurs pieds.
« Si le capitaine pue autant que son navire, il risque de
prendre votre vomi pour du parfum », répliqua Gerris.
Quentyn allait suggérer d’essayer un autre bâtiment lorsque le
commandant fit enfin son apparition, flanqué de deux membres
d’équipage d’aspect crapuleux. Gerris l’accueillit avec un sou-
rire. Malgré une maîtrise du volantain inférieure à celle de
Quentyn, leur ruse exigeait qu’il parlât pour eux deux. À Bourg-
Cabanes, Quentyn avait joué les marchands de vin, mais cette
comédie l’avait irrité, si bien qu’en changeant de bateau à Lys,
les Dorniens avaient par la même occasion interverti les rôles.
À bord de la Sternelle, Cletus Ferboys était devenu le marchand,
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N° d’édition : L.01EUCN000664.N001
Dépôt légal : novembre 2014