Support de Cours COSO 2022
Support de Cours COSO 2022
Support de Cours COSO 2022
SUPPORT DE COURS
Environnement International de l’Audit
MODULE
LE COSO et LA LOI SARBANES-
OXLEY
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Chapitre I : Committee Of Sponsoring Organizations of the Treadway
( COSO)
Le COSO est un référentiel de contrôle interne visant à limiter les tentatives de fraudes
dans les rapports financiers des entreprises. Il a été défini par le Committee of Sponsoring
Organisation of the Tread way Commission en 1992. Toutefois, ce n'est qu'à partir de 2002
que le modèle COSO a véritablement émergé. Les lois américaines rendant obligatoire
l'évaluation du contrôle interne pour les sociétés faisant appel à l'épargne publique (suite
aux scandales Enron et Worldcom), il est alors adopté comme référentiel. En France, il faut
attendre la loi de sécurité financière de 2003 pour le voir se développer. Le COSO est un
référentiel de contrôle interne défini par le Committee Of Sponsoring Organizations of the
Treadway Commission. Il est utilisé notamment dans le cadre de la mise en place des
dispositions relevant des lois Sarbanes-Oxley, SOX ou Loi de sécurité financière, LSF,
pour les entreprises assujetties respectivement aux lois américaines ou françaises. Le
référentiel initial appelé COSO 1 a évolué depuis 2002 vers un second corpus dénommé
COSO 2.
Historique
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La naissance de la loi Sarbanes-Oxley à partir de l’affaire Enron
Le contexte.
La société Enron est née en 1985 de la fusion entre Houston Natural Gas et Internorth sous
l’influence de Kenneth Lay qui prendra ensuite la direction de l’entreprise. Très vite cette société
a diversifié ses activités pour que l’activité initiale d’opérateur de gazoduc devienne marginale.
En effet, dès 1989, poussé par les lois fédérales sur la déréglementation, Kenneth Lay décide de
transformer le producteur et transporteur de gaz Enron en une société de négoce en énergie.
Jusque en 1990, date d’entrée de Andrew Fastow, Enron connaissait une croissance régulière
et équilibré supporté par des investissements modérés. Le premier investissement de grande
ampleur, la construction d’une centrale en Inde en 1993, déjà était controversé. L’activité de
trading en électricité s’est généralisée pour devenir l’activité principale en 1994. C’est en 1997
qu’Enron se lance dans un cycle sans fin d’investissements massifs. On retiendra par exemple
l’achat de Portland General Electric pour 32 milliards de $(07/97), la constitution d’Azurix pour
gérer les nombreux investissements de la compagnie à l’étranger (07/98). C’est aussi à partir de
cette date-là qu’Enron s’implante sur le marché des produits dérivés, notamment grâce au concept
de « dérivé météorologiques » censés protéger les entreprises des risques dus aux aléas climatiques.
La société s’est impliquée toujours davantage dans le négoce. Du papier aux fibres optiques, sans
oublier les câbles, la bande passante, le bois… de nombreux domaines sont couvert, souvent sans
rapport avec l’énergie qui constitue pourtant l’activité d’origine.
Supportée par la croissance de la fin du 20ème siècle dû à l’essor des nouvelles technologies, Enron
a connu une évolution positive. La société semble se porter pour le mieux : élevée au rang «
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Enron a d’ailleurs été classée comme la 7ème société aux Etats-Unis.
Août 2000 : Premier avertissement : La crise californienne concerne Enron. Aussi des problèmes
avec la filiale holding Azurix apparaissent et le cours de l'action de la holding (garanti par la
maison mère) s'en ressent passant de 19 à 5 $. Usant de sa force de persuasion, Kenneth K. Lay
redonne confiance aux analystes du marché et aux média. Kenneth Lay est élu manager de l'année
aux Etats-Unis.
En janvier 2001, les dirigeants d’Enron savent que les pertes enregistrées par la société s'élèvent à
600 millions de dollars. Wall Street s'inquiète passagèrement ; l'action baisse à 50 $. Pour rassurer
les milieux financiers, Kenneth Lay confie la direction de l'entreprise à son adjoint Jeffrey K.
Skilling. Ces derniers vendent en masse leurs actions. J.K. Skilling empoche par exemple 17,5
millions de dollars, Kenneth Lay 34 millions. Les salariés ne peuvent réaliser leurs stock-options
bloquées qui se dévaluent tout comme la valeur de leurs fonds de pension, constitués sur
recommandation de la direction d'Enron, à plus de 60% d'actions de l'entreprise.
Malgré ces ventes massives de la part des dirigeants, les invitations au personnel à investir dans
la société persistent jusqu’en octobre 2001 ; date à laquelle les pertes sont pour la première fois
officiellement annoncées. La force de persuasion de Kenneth Lay est désormais impuissante à
rassurer l’opinion. Le mois suivant, la SEC lance une enquête. Une série d’événements prépare
ensuite la fin d’Enron. : Dynergie retire sa proposition de rachat de l’entreprise, l’action Enron,
qui constituait une valeur sure est abaissée au rang de junk bond et perd en quelque semaine toute
valeur pour tomber sous le seuil de 1$. Enron se place alors sous le régime de protection du droit
des faillites américaines.
Pour le personnel
Dès le 2 décembre, Enron annonce le licenciement de 8000 employés dont 4000 hors des
Etats-Unis. Suite à la faillite, tous perdront leur emploi. Mais au-delà de leur emploi, ces
employés ont perdu leur droit à la retraite puisque le fond de pension chargé de la gestion
de leurs cotisations avait investi la majeure partie du capital dans des actions Enron.
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Les actionnaires ayant investi leur épargne dans les actions Enron ont vu leur capital fondre et
disparaître sans qu’il n’y puisse rien faire. Entre autres, de nombreux employés d’Enron sont dans
cette situation (plaçant leur épargne dans Enron sur les recommandations de la direction) mais
aussi des états tel la Floride (perte de 325 M$) ou la Californie (Perte de 200 M$) travers les fonds
de pensions.
Pour les créanciers
Les créanciers d’Enron perdent les emprunts qu’Enron avait contracté auprès eux et ne seront
jamais remboursés. Pour eux, les 618 m$ de dette partent en fumée. De nombreuses banques sont
concernées, aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe.
Pour les fournisseurs et sous-traitants il s’agit d’une perte d’activité. Toutes les entreprises qui
travaillaient pour Enron, perde au moins à court terme leur marché. Donc au-delà des licenciements
directs d’Enron, il faudrait ajouter de nombreux licenciements indirects.
Ainsi, nombreuses sont les personnes qui ont perdu quelque chose dans cette affaire. Mais
au-delà des personnes lésées c’est le modèle capitaliste déréglementé tel qu’Enron et ses
dirigeants l’ont encouragé qui est remis en cause. Cela implique donc aussi tous ceux qui
ont mis en place soutenu ou appliqué ce modèle. Dans ces conditions il semble difficile de
rendre quelques personnes responsables d’une telle affaire
5
II. Le difficile partage des responsabilités :
- Il convient de rappeler que les actionnaires jugent les performances de l’équipe dirigeante
sur les résultats qu’elle est capable de faire produire à l’entreprise. L’expansion est considérée
comme une preuve de la bonne santé d’une entreprise. C’est cette stratégie a valu à Kenneth Lay
la distinction de meilleur dirigeant des Etats-Unis. Cette stratégie a donc été mise en place sous la
pression des actionnaires (ou tout au moins avec leur consentement) au sens où elle a permis de
produire, au moins temporairement les résultats qu’ils attendaient (hausse du chiffre d’affaire, des
actifs…).
- Le système de rémunération par stock-option est lui aussi responsable car il incite les
dirigeants à gonfler le cours de l’action
- Le système éducatif peut également être mis en cause et constituer pour les dirigeants une
circonstance atténuante : dans la formation des managers américains, tout prédispose au choix de
telles stratégie.
- La conjoncture rend l’application de ces stratégies risquées possibles : l’euphorie des
marchés et les bénéfices conséquents sur les placements qui en résultent, la facilitée de levée des
capitaux… permettent et même incitent à l’achat d’entreprises peu rentables à un coût
disproportionné.
Cependant on peut tout de même inculper les dirigeant pour leur réaction face à
l’évolution de la situation, pour les dissimulations desquelles ils ont eu l’initiative. Mais dans ce
domaine, on s’aperçoit qu’ils ont eu d’autres soutiens.
On critique souvent les relations qui existent entre le monde politique et le monde économique et
financier. Cette critique se trouve être particulièrement adaptée au cas Enron. Le modèle de
développement pensé par Kenneth Lay dépend de l’avancée de la déréglementation en matière de
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politique énergétique. Enron a su contourner les obstacles à son expansion en accélérant le
processus de déréglementation grâce aux nombreux appuis de K. Lay dans le monde politique.
D’ailleurs K Lay est issu du monde politique puisqu’avant de prendre la direction d’Enron, il était
secrétaire à l'énergie sous Ronald Reagan. G.W. Bush, Dick Cheney, Franck Wisner (ambassadeur
des USA en Indes), Bill Clinton, John Wakeman (conservateur britannique) la liste des politiques
ayant bénéficié des largesses d’Enron en échange de tel ou tel service est longue, tant aux Etats-
Unis qu’à l’étranger.
Une telle affaire n’aurait pas été possible sans le concours d’un bon nombre de personnes
du monde de la comptabilité, de la finance et du rating. Comment la vérité aurait-elle pu être aussi
bien dissimulée pendant si longtemps ?
Le premier accusé dans cette catégorie est Arthur Andersen, le cabinet d’audit chargé de la
révision des comptes d’Enron. Ils ont aidé les dirigeant à dissimuler les pertes dans la comptabilité
et à détruire les preuves susceptibles d’être gênantes. Le système compliqué visant à reporter les
dettes d’Enron sur d’autre sociétés non consolidées dans le bilan de l’entreprise (SPE) n’a pu être
établit qu’avec l’aide de professionnel de la finance, capables de trouver une solution et de
maquiller les opérations qu’elles nécessitent. Pour Arthur Andersen, on évoque un conflit d’intérêts
puisque le cabinet était à la fois auditeur et conseiller de l’entreprise. Cependant ce n’est pas la
seule raison.
De nombreuses banques d’affaires ont facilité la réalisation des opérations douteuses
d’Enron. Comment pouvait elle réagir, sans révéler un scandale pesant sur l’ensemble du monde
bancaire et sans renoncer aux millions de dollars de commissions qu’elles réalisaient ? Les agences
de rating, les analystes financiers ont eux aussi leur part de responsabilité. Devant la complexité et
l’opacité des comptes d’Enron, ils ont limité leur contrôle sur la société au lieu de le renforcer
jugeant que la réputation et les résultats dont jouissait Enron étaient preuve suffisante de la solidité
de l’entreprise. Là encore les relations haut placées de Kenneth Lay et les « largesses d’Enron »
ont facilité la dissimulation. On peut par exemple citer Louis Gagliardi, analyste chez John S.
Herold Inc., et dont les propos ont été publiés par le Washington Post : « C’était si compliqué que
tout le monde avait peur de lever la main et de dire je ne comprends pas. Les auditeurs avaient cru
bon d’émettre une opinion positive sur les procédures de contrôle, le comité d’audit était présidé
par Robert Jaedicke, un ancien doyen de la prestigieuse Business School de Stanford, auteur de
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plusieurs livres de comptabilité, et comprenait d’autres personnalités éminentes de la banque, des
affaires et des marchés à terme… ».
Le durcissement du contexte économique est également évoqué pour justifier la
dissimulation des pertes qui sont considérées comme temporaires, et qui ne nécessite par
conséquent pas d’alarmer les actionnaires. Cependant la baisse de la rentabilité est un problème
structurel qu’il faut résoudre, et non dissimuler (même provisoirement) sous des pratiques
irresponsables
Le défi consiste donc non pas à identifier quelques responsables mais bien à rendre
impossible les concertations entre les dirigeants d’entreprises, les régulateurs du monde financier
et les politiques à l’origine de cette faillite. Il y a aussi un autre défi à relever, celui pour tous ces
secteurs de retrouver la confiance des actionnaires, et du publique, fortement mise à mal par cette
affaire. Bien que les politiques se soient retirés avec une discrétion étonnante avant que l’affaire ne
prenne de l’ampleur, ceux-ci ont tout de même été éclaboussés par l’affaire. Pour regagner la
confiance peut être devrait il réviser les mesures de déréglementation hâtives qu’ils ont pris sous
l’influence des avantages offerts par de nombreuses compagnies. Cependant le retour sur ces
mesures correspond également à une mise en cause du modèle capitaliste libéral que les Etats-Unis
s’attachent à mettre en place depuis le début des années 80 et vers lequel l’Europe tend également.
Ce modèle est-il le bon, ne peut-il pas être amélioré, comment ? Quel dirigeant politique lancera-
t-il une telle polémique sur ce qui est pourtant un problème essentiel. Comment empêcher une telle
affaire de ce reproduire ? Aussi en repensant le mode de fonctionnement du système de contrôle
des entreprises.
3
III. Impact de l’affaire sur la comptabilité
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devient urgent de pouvoir chausser les mêmes lunettes. Lesquelles ? Les américaines, dites « US
GAAP » ? Politiquement inacceptable et techniquement irréaliste. Les européennes ? Elles
n'existent pas. Les françaises ? Mais alors pourquoi pas les anglaises ou les allemandes ? Créons
donc des normes internationales que reconnaîtraient tous les pays, et en particulier les Etats-Unis,
première place financière mondiale. En 1973, cette tâche est confiée à l'IASC, à laquelle la
Commission européenne se rallie en 1995, ayant renoncé à édifier son propre corpus de règles. En
1997, le travail est achevé à 90 %, mais à peine 10 % des problèmes ont été résolus. En effet, les
Etats-Unis rechignent toujours à reconnaître ces textes. Et pour cause : les entreprises européennes
les utilisent comme bon leur semble, adoptant les clauses qui les servent, rejetant les autres, sans
qu'aucune institution en Europe ne soit en mesure de faire la police. « Je peux, au choix, vous sortir
2 milliards de bénéfices ou de pertes, et cela le plus légalement du monde », affirme un expert-
comptable français de renommée internationale. Pas sérieux. De plus, pour donner des gages aux
Etats-Unis, l'IASC s'est faite plus royaliste que le roi sur certains points. Réaction des entreprises
européennes : « A ce compte-là, adoptons les US GAAP ! »
Plus d’indépendance…
Pour pouvoir être totalement sincères sur les avis qu’ils émettent sur les comptes d’une entreprise,
les cabinets d’audit devraient être tout à fait indépendant des entreprises dont il certifie les comptes.
En effet, l’objectivité semble difficile à obtenir si le contrôleur est lié aux dirigeants qu’il contrôle.
Elle est d’autant plus difficile à atteindre si l’entreprise propose d’autre marché à l’auditeur, plus
ou moins directement (consulting). Pour supprimer toute influence subjective, il ne faut pas non
plus isoler totalement le monde de l’audit du reste de l’économie, car si cette indépendance garantie
la sincérité, elle nuit à la qualité de l’analyse qui se trouverait alors déconnectée de l’économie
réelle. Par contre, on peut imaginer la suppression du lien financier qui rend l’auditeur dépendant
de son client en mettant en place un système ou non seulement l’auditeur n’exerce pas d’autres
fonctions pour son client, mais aussi ou l’entreprise ne choisit pas et ne rémunère pas directement
son auditeur. Un organisme servirait alors d’intermédiaire chargé de missionner les cabinets d’audit
et de les rémunérer (à partir de prélèvements sur les entreprises). On supprime ainsi le lien qui
contraint l’auditeur vis-à-vis de son client ; celui-ci n’est plus tenu de donner un avis conformes
aux attentes de la direction.…Afin de dépasser la distinction entre comptabilité financière et
comptabilité de gestion, l’une à destination des actionnaires montrant souvent l’entreprise et sa
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direction telles que l’espèrent les apporteurs de capitaux, l’autre à destination des dirigeant biaisée
par les messages que le consultant veut faire passer au dirigeant sur l’évolution de sa stratégie…Le
but est d’atteindre un système de comptabilité unique et destiné à tous reflétant la réalité. Unique
au sens où il ne doit pas y avoir plusieurs versions de la comptabilité selon si elle s’adresse aux
actionnaires, au public, à la direction, au personnel… A long termes les objectifs sont les mêmes
pour chacun : la pérennité et la profitabilité de l’entreprise. La comptabilité devrait donc inciter les
acteurs de la vie économique à acquérir une vision d’ensemble à long terme, dépassant le court
terme où les intérêts divergent (les actionnaires recherchent un résultat élevé rapidement source de
dividendes élevés et de la hausse du cours de l’action ce qui bride les stratégies d’investissement
des entreprises souhaités par les dirigeants).
Pour une comptabilité plus sincère reflétant fidèlement réellement la solidité de l’entreprise.
Cette nouvelle optique rendrait la comptabilité plus fidèle à la réalité. Celle -ci devrait alors être
capable de mettre en reliefs les points forts des entreprises mais aussi leurs vraies difficultés. Un
tel changement imposerait la volonté de tous les partis ; hors il n’est de l’intérêt personnel direct
d’aucun acteur. Il faut donc que les acteurs se portent sinon vers le désintéressement, vers l’intérêt
collectif. Ceci ne peut résulter que d’une prise de conscience réelle des disfonctionnements majeurs
et d’un désir de plus d’intégrité. Cet élan vers l’intégrité ne serait- il pas suffisant à rétablir la
confiance envers le modèle capitaliste, confiance que les nombreuses affaires faisant suite à
l’éclatement de la bulle Internet a profondément miné.
Cette analyse fait donc ressortir les qualités du bon gestionnaire : honnête, économe,
prévoyant
Les principes
Le contrôle interne est un processus : c’est un moyen, pas une fin ; il ne se cantonne
pas à un recueil de procédures mais nécessite l’implication de tous à chaque niveau
de l’organisation.
Le contrôle interne doit procurer l’assurance raisonnable (mais non absolue) d’un
management et d’une direction respectueuse des lois.
Le contrôle interne est adapté à la réalisation effective des objectifs.
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Le cadre : le cube COSO
Le référentiel COSO définit le contrôle interne comme un processus mis en œuvre par les
dirigeants à tous les niveaux de l’entreprise et destiné à fournir une assurance raisonnable
quant à la réalisation des trois objectifs suivants :
On notera que ces objectifs correspondent en grande partie aux préoccupations des
investisseurs.
Pour le référentiel COSO, le contrôle interne doit répondre à trois objectifs : un objectif
d'efficacité des opérations, un objectif de fiabilité des informations financières et un objectif
de conformité à la loi. Il définit également cinq composants constitutifs du contrôle interne
: l'environnement de contrôle, l'évaluation des risques, l'information et la communication,
les activités de contrôle et enfin le pilotage du contrôle.Le contrôle interne, tel que défini
par le COSO, comporte cinq composants. Ces composants procurent un cadre pour décrire
et analyser le contrôle interne mis en place dans une organisation. Il s’agit de :
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Les 5 composantes du contrôle interne
Le contrôle interne poursuit un objectif global, la maîtrise par un organisme de ses activités.
Il est explicité ci-dessous via la méthodologie COSO. Même si celle-ci n’est pas la seule à
traiter du contrôle interne, elle est très largement répandue et se révèle adaptée pour
structurer la maîtrise des risques liés à la gestion des politiques publiques.
L’identification des risques sur la base d’une analyse des activités, tant au niveau
global de l’organisme qu’au niveau détaillé de chacune de ses activités ;
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La hiérarchisation de ces risques en fonction de leur impact en termes d’enjeux pour
l’organisme.
3ème composante : des activités de contrôle qui comprennent les dispositifs mis en
place pour maîtriser les risques de ne pas atteindre les objectifs fixés
Elle recouvre :
Il repose sur :
Le cube
Pour rappel, le COSO 1 propose un cadre de référence pour la gestion du contrôle interne.
Le contrôle interne est un processus mis en œuvre par le conseil d’administration, les
dirigeants et le personnel d’une organisation, destiné à fournir une assurance raisonnable
quant à la réalisation des objectifs suivants :
Il apparaît que le COSO 2 inclut les éléments du COSO 1 au travers du troisième point et
le complète sur le concept de gestion des risques. Le COSO 2 est basé sur une vision
orientée risques de l’entreprise.
La notion de « Risk Appetite » est nouvelle dans le COSO 2. Le « Risk Appetite » est le
niveau de prise de risque accepté par l’organisation dans le but d’accroître sa valeur.
Différentes stratégies exposeront l’organisation à différents risques. En conséquence, le
« Risk Appetite » doit être pris en compte dans la définition de la stratégie de l’organisation
afin de s’assurer que les résultats de cette stratégie sont cohérents avec le « Risk Appetite »
défini pour l’organisation.
1. Niveaux de l’organisation
2. Éléments de contrôle interne (qui devient Éléments de gestion des risques)
3. Objectifs de l’organisation
2. Axe "Objectifs"
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Apport d’un nouvel objectif: « stratégique ».
Élargissement de la notion de reporting : cette notion couvre désormais non
seulement le reporting financier, mais aussi la remontée d’informations non-
financières. De plus, cette notion couvre dorénavant à la fois la remontée
d’informations externes mais aussi internes.
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Au niveau des processus métier (« business process ») pour des activités telles que
la production, les achats,
Et aussi aux niveaux des projets ou initiatives qui n’ont pas encore de place définie
dans la structure de l’organisation.
Il est demandé à l’organisation d’avoir une vision de ses risques sous forme d’un
portefeuille. Ce portefeuille doit caractériser les risques à chaque niveau de l’organisation.
La compilation du portefeuille permet donc d’avoir une vision globale des risques de
l’organisation. Cette vision pourra alors être rapprochée de l’ ”appétence au risque ” définie
pour l’organisation.
de mettre en évidence des risques qui peuvent être tolérés au niveau d’une unité mais
qui en s’additionnant ne seraient plus dans les limites de l’ « appétence au risque »
définie pour l’organisation.
d’appréhender des événements potentiels (au niveau global) plutôt que des risques
et donc de mieux comprendre comment les risques interagissent entre eux au niveau
de l’organisation. Par exemple, une baisse des taux d’intérêt pourrait affecter
positivement le coût du capital mais négativement les produits de taux.
Les trois autres types d’objectifs : opérationnel, reporting, et réglementaire, sont dépendants
des objectifs stratégiques. Ils sont appelés les « related » objectifs. Par exemple, pour une
organisation, il s’agira de définir :
À la différence du COSO 1, la mise en œuvre de COSO 2 nécessite donc d’avoir une vision
des objectifs stratégiques de l’entreprise en plus des « related » objectifs.
L’axe « éléments de contrôles», qui devient « éléments de gestion des risques », a été
légèrement modifié et surtout enrichi : L’élément environnement de contrôle est complété
de la notion d’ « appétence au risque »,
L’élément évaluation des risques est éclaté en quatre éléments dont les notions
existaient déjà dans le COSO 1 mais sous forme moins détaillée : définition
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d’objectifs, Identification des événements, Évaluation des risques, Réponse aux
risques,
L’élément activités de contrôle reste inchangé,
L’élément Information et Communication est complété des notions de temps et de
granularité de l’information,
L’élément pilotage reste inchangé.
* cette notion de bloc d'éléments de risques n’est pas présente dans le COSO 2. Elle est ici
proposée au lecteur dans un but pédagogique.
Remarque :
Environnement interne
15
Le bloc « Éléments de risques »
Par rapport à COSO 1, les différents composants de ce bloc sont plus détaillés et fixent un
cadre plus précis :
1. Définition d’objectifs
2. Identification des événements
3. Évaluation des risques
4. Réponses aux risques
5. Activités de contrôle
Le management doit tout d’abord se fixer des objectifs(1) en dehors des événements
susceptibles de venir les perturber. Ces objectifs sont de quatre types : stratégiques,
opérationnels, liés au reporting et à l’adéquation avec la réglementation.
Puis le management détermine pour chacun de ses objectifs les événements (2) susceptibles
d’avoir des impacts, que ceux-ci soient positifs ou négatifs. Les événements avec impacts
négatifs représentent des risques, ceux avec des impacts positifs représentent des
opportunités. L’identification des événements potentiels passe par l’utilisation de
combinaison de méthodes : tendances, événements déclencheurs, corrélation avec les
événements passés.
On passe ensuite à une évaluation des risques (3) pour les événements négatifs. Cette
évaluation doit déterminer la probabilité que cet événement survienne et les impacts alors
engendrés. Cette évaluation des risques doit présenter dans un premier temps le risque
inhérent, c’est-à-dire le risque qui existe si le management ne met en place aucune action
corrective. Dans un second temps, lorsque l’élément de réponse au risque aura été traité, il
sera possible de déterminer un risque résiduel. (Boucle unique de processus itératif). Il est
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suggéré d’utiliser un système d’unité de mesure cohérent entre la mesure des « Définition
d’objectifs » et l’évaluation des risques.
Le risque évalué, il est ensuite demandé de définir les différentes parades possibles. C’est
la réponse au risque (4). Plusieurs options sont parfois possibles. Il est alors nécessaire de
les expliciter. Ces réponses peuvent être classées dans les quatre catégories suivantes :
l’évitement, la réduction, la mutualisation ou l’acceptation du risque. Si la méthode de
formalisation (option, classification) est incluse dans le périmètre de COSO 2, le choix de
la solution n’en fait en revanche pas partie. Une fois la réponse au risque définie,
l’organisation peut s’assurer que le risque résiduel correspond à sa tolérance de risque (3).
Il est ensuite nécessaire de mettre en place des activités de contrôle (5) qui se concrétisent
sous la forme de normes (« ce qui doit être fait ») et se voient déclinée en procédures
(« comment le faire »).
Information et communication
la nécessité de considérer que les informations sont issues des événements passés,
présents et futurs. Cette vision doit notamment permettre :
o une comparaison des performances de l’organisation (passées, et potentielles
futures) et l’identification des évolutions et tendances de l’activité de
l’organisation,
o l’aide à la détection des potentiels événements futurs qui affectent le profil de
risques actuel de l’organisation, ce profil de risques devant donc être
rapproché de l’ « appétence au risque ».
la nécessité de s’assurer que la granularité des informations (niveau de détail et
périodicité), est suffisante pour identifier, analyser, et répondre aux risques et ainsi
rester dans les limites de son « appétence au risque ».
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Pilotage
Rôles et responsabilités
Par rapport au COSO 1, le COSO 2 apporte quelques modifications aux rôles des
intervenants :
Niveau 1: Opérationnelles
Niveau 2: Fonction filière risque
Niveau 3: Audit-inspection
Niveau 4: Organe délibérant / Organe executif
Il connaît le périmètre de couverture efficace de gestion des risques mis en place par
le management de l’organisation,
Il connaît et est en accord avec le « Risk appetite » de l’organisation,
Il revoit le portefeuille de risques et effectue son rapprochement avec le « Risk
Appetite »
Il est informé des risques les plus significatifs et de la pertinence de la prise en charge
de ces risques.
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Le « Risk Officer»
Le Risk Officer (RO) est le facilitateur de la mise en œuvre du COSO 2. Il travaille avec
les autres responsables afin de les aider à mettre en place une gestion efficace des risques
pour leur périmètre de responsabilité. Sans être exhaustif, ses attributions pourraient être :
Son intervention porte donc sur l’ensemble des éléments de gestion des risques.
De la même manière que dans COSO 1, ceux-ci n’ont pas la responsabilité première de la
mise en œuvre de COSO 2. Par contre, ils ont un rôle prépondérant dans l’évaluation du
système de gestion des risques.
Ceux-ci travaillent au niveau « entité ». Ils donnent une opinion sur la constitution des états
financiers.
et l'approche moderne pour se prononcer sur les états, consiste en l'évaluation du système
de contrôle interne suivant les normes de travail de l'audit.
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COSO III : la nouvelle version mise en application le 15 décembre 2014.
COSO : Ce référentiel aide les organisations dans l’évolution de leur dispositif de contrôle
interne et de gestion des risques en fonction de l’environnement dans lequel elles opèrent.
Le but de cette nouvelle version est de prendre en compte les évolutions des environnements
opérationnels et les attentes accrues en matière de contrôle interne.
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COSO / Analyse de risques
Un dispositif de management des risques efficace est centré sur l’atteinte des objectifs fixés
pour une entreprise donnée. La méthodologie COSO vise à aider l’organisation à atteindre
ces objectifs classés en quatre catégories :
– Stratégique : objectifs stratégiques servant la mission de l’organisation
– Opérationnel : objectifs visant l’utilisation efficace et efficiente des ressources
– Reporting : objectifs liés à la fiabilité du reporting
– Conformité : objectifs de conformité aux lois et aux réglementations en vigueur
5-Traitement des risques : mesures pour déterminer le niveau des risques en fonction du
seuil de tolérance et de l’appétence et proposition de solutions (évitement, acceptation,
réduction ou partage)
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6- Activités de contrôle : politiques et procédures déployées pour veiller à l’application
effective des mesures de traitement des risques
7- Information et communication : informations identifiées, collectées et communiquées
verticalement et transversalement au sein de l’organisation
8-Pilotage : activités permanentes de management, évaluations indépendantes
Il existe une relation directe entre les objectifs à atteindre et les éléments du dispositif de
management des risques. Cette relation est illustrée par la matrice en trois dimensions
suivante :
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Points forts
Points faibles
Résumé
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Introduction
Cependant, pour pouvoir satisfaire les nombreuses exigences de leurs différentes « parties
prenantes » (stakeholders), certains dirigeants n’ont pas hésité à user (voire abuser) de pratiques
comptables dites « créatives »1 ou « agressives »2 allant, dans plusieurs cas, jusqu’à des
comportements totalement frauduleux.
1
La comptabilité créative peut être définie comme un ensemble de procédés visant à modifier le niveau de résultat,
dans un souci d’optimisation ou de minimisation, ou la présentation des états financiers, sans que ces objectifs
s’excluent mutuellement. Les procédés mis en œuvre s’appuient sur les choix offerts par la réglementation
comptable ainsi que sur les possibilités ouvertes par les faiblesses et les carences des textes comptables ou bien
encore sur les divergences entre les règles françaises et les règles internationales, mais aussi sur des montages pour
lesquels la comptabilité peut intervenir selon deux schémas opposés : la détermination de la traduction comptable
d’une opération juridico-financière ou l’élaboration d’un montage juridico-financier dans un objectif de
modification du résultat ou des états financiers (Stolowy, 2000).
24
Le retournement de la conjoncture boursière, initié en 2000, s’est traduit, en mars 2001, par l’«
éclatement de la bulle spéculative » et de nombreuses pratiques évoquées ci-dessus ont été
découvertes, notamment parce qu’elles n’étaient plus « tenables » pour les entreprises dont le
cours de bourse constituait le « soubassement » de leurs turpitudes3.
Les nombreux scandales qui ont alors frappé les Etats-Unis en 2001 et au début de l’année 2002
(avec Enron, en tête, mais aussi Adelphia, Xerox, et surtout WorldCom) ont entraîné, comme
le rappelle Descheemaeker (2003), une réaction brutale du législateur américain et l’adoption
de la loi dite « Sarbanes-Oxley »4, votée par le Congrès des Etats-Unis et ratifiée par le président
Bush le 30 juillet 20025.
Cette loi Sarbanes-Oxley constitue la plus importante réforme aux Etats-Unis depuis la crise
des années 1930 et le Securities Act de 1934 qui régit encore largement le monde de la finance
aux Etats-Unis. Elle est guidée par trois grands principes : l’exactitude et l’accessibilité de
l’information, la responsabilité des gestionnaires et l’indépendance des organes vérificateurs.
La loi a pour objectif d’augmenter la responsabilité de la société et de mieux protéger les
investisseurs, ainsi que redonner confiance aux investisseurs et aux petits épargnants (Rioux,
2003). Cette loi comporte un volet qui nous préoccupe directement dans cet article : l’obligation
pour les dirigeants des sociétés américaines d’évaluer l’efficacité et la qualité de leur système
de contrôle interne. Ainsi, après avoir présenté brièvement les principaux éléments de cette loi
(§ 1), nous développerons les dispositions portant sur le contrôle interne (§ 2). Mais il convient
de ne pas négliger les conséquences de cette loi américaine, tant en termes d’organisation des
entreprises (§ 3) qu’au plan mondial. La loi sur la sécurité financière fournit un excellent aperçu
des possibles conséquences en France (§ 4).
2
Le terme d’agressive accounting a été très en vogue aux Etats-Unis pendant toute la période d’euphorie boursière
des années 1990. Sans faire l’objet d’une définition unanimement reconnue, il correspond, selon nous, à
l’utilisation, dans des conditions extrêmes, des options laissées par les règles comptables.
3
Il a été notamment prouvé qu’Enron a utilisé ses propres titres comme garantie dans de nombreux montages et
que la chute des cours de bourse a fait s’effondrer les montages comme un château de cartes.
4
Le texte précise que la loi peut être citée en tant que « Sarbanes-Oxley Act of 2002 ». Elle tient son nom des
deux membres du congrès qui en ont été les rédacteurs : le sénateur démocrate Paul Sarbanes, Président de la
Commission des affaires bancaires, et le représentant républicain Michael Oxley, Président de la Commission des
services financiers.
5
Le texte intégral de la loi peut être facilement trouvé sur internet, notamment à l’adresse suivante :
http://news.findlaw.com/hdocs/docs/gwbush/sarbanesoxley072302.pdf
25
1. Le contenu de la loi Sarbanes-Oxley
Le Directeur Général (Chief Executive Officer - CEO) et le Directeur Financier (Chief Financial
Officer - CFO) sont obligés de certifier les états financiers publiés, au moyen d’une déclaration
signée (loi Sarbanes-Oxley, section 302).
Les entreprises doivent fournir à la Securities and Exchange Commission (SEC) des
informations supplémentaires afin d’améliorer l’accès à l’information et la fiabilité de cette
information. Les entreprises doivent rendre publics les ajustements comptables identifiés par
les auditeurs, les engagements hors bilan, ainsi que les changements dans la propriété des actifs
détenus par les dirigeants. En outre, les dirigeants doivent rédiger un rapport sur les procédures
du contrôle interne (voir ci-après) et préciser si un code d’éthique a été adopté.
La SEC devra procéder à un contrôle régulier des sociétés cotées, ce contrôle devant intervenir
au moins une fois tous les trois ans.
Les entreprises doivent mettre en place un comité d’audit indépendant pour superviser le
processus de vérification. Ce comité est responsable du choix, de la désignation, de la
rémunération et la supervision des auditeurs. Il doit également mettre en place des procédures
pour recevoir et traiter les réclamations mettant en cause la comptabilité, les contrôles internes
comptables et l’audit, et pour garantir le traitement confidentiel des observations émanant du
personnel de la société concernant des problèmes comptables ou d’audit (loi Sarbanes-Oxley,
section 301).
26
En outre, la loi prévoit la rotation des auditeurs externes (section 203). Par ailleurs, dans le souci
de réduire les conflits d’intérêts, les auditeurs externes ne peuvent offrir à l’entreprise dont ils
vérifient les comptes, des services autres que ceux qui sont directement reliés à cette activité
(notamment des services liés à la mise en place de systèmes d’information) (loi Sarbanes-Oxley,
section 201).
1.6 Sanctions
Des sanctions pénales sont créées et d’autres considérablement renforcées. Nous retiendrons à
titre d’exemple que la certification d’états financiers non conformes à la réglementation est
passible d’une amende d’un million de dollars ou d’un emprisonnement de 10 ans au plus. En
outre, la commission intentionnelle de la même infraction fait passer l’amende à 5 millions de
dollars et l’emprisonnement à 20 ans (section 906 de la Loi Sarbanes-Oxley).
La falsification de documents dans le but de faire obstacle à une enquête fait l’objet d’une
amende à laquelle peuvent venir s’ajouter des peines de prison pouvant atteindre 20 ans (section
802)6.
Dans le cadre de l’amélioration du contenu des rapports évoquée ci-dessus, la loi Sarbanes-
Oxley contient divers articles concernant les nouvelles responsabilités des dirigeants
d’entreprise en matière de contrôle interne. Il s’agit notamment des sections 302 et 404. Il
6
Cette nouvelle sanction semble être l’une des conséquences de la destruction des documents de la société Enron
par le bureau du Cabinet Andersen à Houston.
27
paraît cependant utile de fournir brièvement une définition de la notion de contrôle interne et
de s’interroger sur l’éventuel diagnostic sur les insuffisances du contrôle interne sous-jacent à
la loi Sarbanes-Oxley.
L’Ordre des experts comptables français fournit une définition qui nous paraît claire et
d’application universelle (OECCA, 1977, pp. 8-9) : le contrôle interne est « l’ensemble des
sécurités contribuant à la maîtrise de l’entreprise. Il a pour but, d’un côté, d’assurer la
protection, la sauvegarde du patrimoine et la qualité de l’information, de l’autre, d’assurer
l’application des instructions de la direction et de favoriser l’amélioration des performances. Il
se manifeste par l’organisation, les méthodes et procédures de chacune des activitiés de
l’entreprise pour maintenir la pérennité de celle-ci ».
Alors que la loi Sarbanes-Oxley contient des dispositions très importantes en matière de
contrôle interne (voir ci-dessous), nous ne trouvons pas trace d’un éventuel diagnostic sur les
insuffisances de ce contrôle. Par exemple, dans le rapport du Sénat américain (2002) publié à
la suite de l’affaire Enron, plusieurs causes de la débâcle sont avancées : non-respect des
obligations fiduciaires (manque de contrôle du conseil d’administration), comptabilité à haut
risque, conflits d’intérêts indésirables, importance du « hors bilan », rémunérations excessives
et manque d’indépendance (du conseil d’administration et des auditeurs). Le contrôle interne
n’est aucunement mentionné comme ayant été un « problème » dans le cadre de l’affaire Enron.
Aussi, les dispositions de la loi Sarbanes-Oxley sur le contrôle interne sont souvent présentées
sans motivation spécifique mais comme contribuant à l’amélioration de l’information financière
(voir Rioux, 2002 et Descheemaeker, 2003).
Avant d’aborder le contrôle interne proprement dit, il convient de mentionner le fait que, aux
termes de la section 302 de la Loi8, le Directeur Général (CEO) et le Directeur Financier
7
Section 302: Corporate Responsibility For Financial Reports.
28
(CFO) de l’entreprise doivent préparer une déclaration, accompagnant le rapport des auditeurs,
qui certifie la validité des états financiers et des indications hors bilan contenues dans le rapport
annuel (ou les rapports périodiques). Cette déclaration doit aussi signaler que les états financiers
présentent de manière sincère, dans tous leurs aspects significatifs, la situation financière et les
résultats de l’activité de l’entreprise.
Cet article qui impose une « certification des états financiers » par les dirigeants a également
des conséquences en matière de contrôle interne puisque les dirigeants attestent qu’ils :
En outre, les dirigeants doivent signaler aux auditeurs et au comité d’audit les déficiences dans
le contrôle interne et les fraudes liées au contrôle interne. Enfin, les dirigeants doivent
mentionner dans leur rapport s’il y a eu des changements significatifs dans le contrôle interne
après la date d’évaluation.
8
Eu égard à l’importance de l’article 302 de la Loi, nous en reproduisons une partie du texte en encadré.
9
La Loi Sarbanes-Oxley utilise souvent le pluriel : internal controls (contrôles internes). Par habitude par
rapport à la pratique française, nous préférons utiliser le singulier pour désigner l’ensemble des systèmes et
procédures de contrôle interne.
29
Article 302 de la Loi Sarbanes-Oxley
« (a) Regulations required – The Commission shall, by rule, require, for each company filing periodic reports
under section 13(a) or 15(d) of the Securities Exchange Act of 1934 (…), that the principal executive officer or
officers and the principal financial officer or officers (…), certify in each annual or quarterly report filed or
submitted (…) that-
1. The signing officer has reviewed the report;
2. Based on the officer’s knowledge, the report does not contain any untrue statement of a material fact or
omit to state a material fact necessary in order to make the statements made, in light of circumstances
under which such statements were made, not misleading;
3. Based on such officer’s knowledge, the financial statements, and other financial information included in
the report, fairly present in all material respects the financial condition and results of operations of the
issuer as of, and for, the periods presented in the report;
4. The signing officers-
A. are responsible for establishing and maintaining internal controls;
B. have designed such internal controls to ensure that material information relating to the issuer and
its consolidated subsidiaries is made known to such officers by others within those entities,
particularly during the period in which the periodic reports are being prepared;
C. have evaluated the effectiveness of the issuer’s internal controls as of a date within 90 days prior
to the report; and
D. have presented in the report their conclusions about the effectiveness of their internal controls
based on their evaluation as of that date;
5. The signing officers have disclosed to the issuer’s auditors and the audit committee of the board of
directors (…)-
A. all significant deficiencies in the design or operation of internal controls which could adversely
affect the issuer’s ability to record, process, summarize, and report financial data and have
identified for the issuer’s auditors any material weaknesses in internal controls; and
B. any fraud, whether or not material, that involves management or other employees who have a
significant role in the issuer’s internal controls; and;
6. The signing officers have indicated in the report whether or not there were significant changes in internal
controls or in other factors that could significantly affect internal controls subsequent to the date of their
evaluation, including any corrective actions with regard to significant deficiencies and material
weaknesses. (…). »
La Loi11 exige que chaque rapport annuel contienne un rapport sur le contrôle interne qui :
Quant aux auditeurs, ils doivent faire une attestation, dans leur rapport, sur l’évaluation du
contrôle interne réalisée par la direction de l’entreprise.
10
Section 404: Management Assessment of Internal Controls.
11
Eu égard à l’importance de l’article 404 de la Loi, nous en reproduisons le texte intégral en encadré.
30
Article 404 de la Loi Sarbanes-Oxley
« (a) Rules required – The Commission shall prescribe rules requiring each annual report required by section 13(a)
or 15(d) of the Securities Exchange Act of 1934 (…) to contain an internal control report, which shall:
1) State the responsibility of management for establishing and maintaining an adequate internal control
structure and procedures for financial reporting; and
2) Contain an assessment, as of the end of the most recent fiscal year of the issuer, of the effectiveness of
the internal control structure and procedures of the issuer for financial reporting.
(b) Internal control evaluation and reporting. – With respect to the internal control assessment required by
subsection (a), each registered public accounting firm that prepares or issues the audit report for the issuer shall
attest to, and report on, the assessment made by the management of the issuer. An attestation made under this
subsection shall be made in accordance with standards for attestation engagements issued or adopted by the Board.
Any such attestation shall not be the subject of a separate engagement ».
2.5 Commentaires
Depuis longtemps, la SEC avait essayé de faire adopter des propositions sur le reporting du
contrôle interne, mais toute tentative avait échoué jusqu’en 2002, quand la mise en place de la
loi Sarbanes-Oxley fournit l’occasion notamment pour définir les obligations des sociétés au
sujet du contrôle interne (Barlas, 2003).
La réaction des groupes cotés n’a pas été enthousiaste : les réticences qui avaient joué contre
les anciennes propositions étant toujours présentes, mais le pouvoir de négociation des sociétés
s’est trouvé affaibli suite à la série de scandales des années 2001-2002.
Les objections à l’encontre des dispositions de la loi sur le contrôle interne sont notamment les
suivantes (Barlas, 2003) :
- le coût des procédures d’attestation et du rapport fourni par des auditeurs indépendants
pourrait être trop élevé et finalement dépasser la valeur de l’information apportée aux
investisseurs.
- les normes qui doivent être élaborés par le PCAOB (organisme évoqué précédemment)
concernant l’émission des rapports sur le contrôle interne ne sont pas encore publiées. Or
une telle publication sur le contrôle interne va inévitablement soulever une problématique
coûts/bénéfices. Quelle information publier ? Cette information est-elle utile ? Cette
information n’est-elle pas trop coûteuse ? Dans ce contexte, les sociétés américaines
souhaitaient voir reportée l’application des normes sur le contrôle interne. Elles ont de ce
31
point de vue été entendues puisque la SEC a décidé en mai 2003 de leur donner une année
supplémentaire pour appliquer les dispositions de l’article 404, en publiant le rapport sur le
contrôle interne dans le cadre des exercices comptables se clôturant à partir du 15 juin 2004.
L’objectif de la SEC avec la loi Sarbanes-Oxley est, rappelons-le, de s’assurer qu’une société
met bien en place les procédures nécessaires à la collecte, l’analyse et la diffusion de toute
information qui doit être incluse dans les rapports financiers. En conséquence, en raison de
l’obligation de certifier les états financiers par la direction de l’entreprise (sec. 302 de la loi),
les sociétés doivent considérer le fait d’adopter des procédures internes particulières pour
délivrer ces certifications.
Dans ce contexte, le Directeur Général et le Directeur Financier doivent discuter avec le Comité
d’Audit, le Conseil d’Administration et les auditeurs externes, toute déclaration concernant les
états financiers de l’entreprise mentionnée dans les rapports périodiques.
Si l’on en vient au contrôle interne, la loi oblige les entreprises à évaluer, sous la responsabilité
de la Direction, l’efficacité de la conception et la mise en place des procédures de contrôle.
Cette évaluation a pour objectif d’identifier les points faibles de chaque procédure ainsi que
toute faiblesse qui puisse mettre en cause la capacité de l’entreprise à collecter, analyser et
révéler l’information exigée dans un délai de temps défini. Tout changement dans les
procédures de contrôle, y compris les actions correctives qui ont été prises suite à
l’identification de faiblesses ou déficiences, doit également être évalué. Avant la publication du
rapport annuel, les résultats de cette évaluation doivent être communiqués et réexaminés par la
Direction et par le Conseil d’Administration de l’entreprise (Sullivan, 2002).
La SEC ne propose pas de procédures spécifiques pour diriger cette évaluation. Chaque
entreprise doit plutôt développer les procédures qui s’adaptent le mieux à sa gestion et au
32
déroulement de ses activités. Néanmoins, la SEC propose la création d’un comité dépendant de
la Direction qui serait responsable de l’évaluation du caractère significatif des informations
obtenues (materiality of information) et de la détermination de l’opportunité de leur publication
(determining disclosure obligations on a timely basis ).
Selon la SEC, ce comité peut être formé par les membres suivants (Sullivan, 2002) :
Enfin, les exigences de la loi Sarbanes-Oxley sur la validation du contrôle interne augmenteront
sensiblement le coût de l’audit pour les groupes cotés aux Etats-Unis (Accounting Office
Management & Administration Report, 2002) : les auditeurs voudront avoir la certitude que le
processus de contrôle choisi par le management est rigoureux, ce qui comportera un
renforcement des vérifications. Les contrôles financiers devront être dûment documentés et
communiqués à toutes les personnes concernées, et leur efficacité testée. Inévitablement, ces
lourdes procédures risquent de focaliser l’attention du management sur la forme des contrôles,
et de faire passer au deuxième plan le contenu.
4.1 Généralités
Dans certains pays, les lois nationales prévoient des déclarations semblables à celles demandées
par la SEC : c’est le cas du Royaume Uni, où le Conseil d’administration (Board of Directors)
doit expliquer comment les procédures de contrôle interne ont été vérifiées (Hughes, 2003).
Dans la pratique les deux législations ont le même but, mais la mise en œuvre est différente :
aux Etats-Unis, il faut expliquer si le contrôle interne a détecté des problèmes
33
ou pas. Il faut publier cette information et surtout il faut la faire valider par un auditeur externe,
ce qui engendre trois différences essentielles avec les normes britanniques.
Dans le contexte de l’adoption de la loi Sarbanes-Oxley aux Etats-Unis, un projet de loi sur la
sécurité financière a été diffusé en France et déposé au Sénat le 5 février 2003. Il a été adopté
sous la forme de la loi n° 2003-706 du 1er août 2003 de sécurité financière (JO du 2 août 2003)12.
Le texte a pour ambition de ramener la confiance sur les marchés financiers, ébranlés par la
crise ouverte née des scandales financiers aux Etats-Unis. Les différentes dispositions
s’articulent autour de trois axes :
Dans le présent article, nous nous intéresserons plus particulièrement au troisième aspect du
projet. Dans le titre III « Modernisation du contrôle légal des comptes et transparence »,
Chapitre II « De la transparence dans les entreprises », l’article 117 prévoit deux dispositions
qui concernent le contrôle interne :
- « L’article L. 225-37 est complété par un alinéa ainsi rédigé : ‘Le président du conseil
d’administration rend compte, dans un rapport joint au rapport mentionné aux articles L.
225-100, L. 225-102, L. 225-102-1 et L. 233-26 des conditions de préparation et
d’organisation des travaux du conseil ainsi que des procédures de contrôle interne mises en
place par la société. (…) ».
- « L’article L. 225-68 est complété par un alinéa ainsi rédigé : ‘Le président du conseil de
surveillance rend compte, dans un rapport joint au rapport mentionné à l’alinéa précédent
et à l’article L. 233-26, des conditions de préparation et d’organisation des travaux du
conseil ainsi que des procédures de contrôle interne mises en place par la société’ ».
12
Le texte intégral de la loi, du projet de loi, des amendements, des comptes rendus de débats ainsi que des rapports
parlementaires concernant cette réforme est disponible sur les sites internet du Sénat (www.senat.fr) et de
l’Assemblée Nationale (www.assemblee-nationale.fr).
34
Précisons que l’article L. 225-37 concerne les SA classiques tandis que l’article L. 225-68 vise
les SA à directoire. En outre, ces dispositions entrent en vigueur pour les exercices comptables
ouverts à partir du 1er janvier 2003. Le rapport sera donc présenté en 2004, lors de l’assemblée
générale des actionnaires statuant sur les comptes 2003.
Concrètement, le rapport sur le contrôle interne devra être joint au rapport de gestion. Cette
formule offre l’avantage de rendre public le rapport joint, puisqu’il sera déposé au greffe comme
le rapport de gestion13.
Par ailleurs, l’article 120 de la loi prévoit que « L’article L. 225-235 du code de commerce est
ainsi modifié : (…) 3° Il est complété par un alinéa ainsi rédigé : ‘Les commissaires aux comptes
présentent, dans un rapport joint au rapport mentionné au deuxième alinéa de l’article L. 225-
100, leurs observations sur le rapport mentionné, selon le cas, à l’article
L. 225-37 ou à l’article L. 225-68, pour celles des procédures de contrôle interne qui sont
relatives à l’élaboration et au traitement de l’information comptable et financière’ ».
Ce texte prévoit que le rapport consignant les observations du commissaire aux comptes sur les
procédures de contrôle interne de la société sera joint au rapport du commissaire aux comptes
sur la certification des comptes14. Notons que la mission du commissaire aux comptes est
étendue et va au-delà de la certification « traditionnelle » de la régularité, de la sincérité et de
l’image fidèle des comptes. Cependant, la loi restreint l’intervention des commissaires aux
comptes aux procédures de contrôle interne qui sont liées à l’information comptable et
financière.
Conclusion
L’attention autour de la loi Sarbanes-Oxley a porté surtout sur les aspects les plus frappants
introduits dans la législation américaine, comme par exemple les lourdes conséquences pénales
pour les dirigeants fautifs (Rosen et Kramer, 2003 ; Martin et Robinson, 2002). En revanche,
les pratiques quotidiennes à mettre en place pour être en conformité avec la loi en
13
Intervention de J.J. Hyest, Débats Sénat, séance du 20 mars 2003.
14
Amendement du Sénat, intervention de J.J. Hyest, Débats Sénat, séance du 20 mars 2003.
35
matière de contrôle interne (Scanlon et Wakefield, 2002), ont été négligées, alors que la date
limite pour la mise en place des procédures est proche, même si elle a été récemment reportée.
L’avenir proche sera encore plein d’intérêt et le contrôle interne a de beaux jours devant lui.
Remerciements
Nous remercions l’évaluateur anonyme pour les remarques très constructives qui ont été
formulées et qui ont permis d’améliorer l’article.
Références bibliographiques
Accounting Office Management & Administration Report. « How CPA firms can foster a
‘renaissance’ in auditing », Vol. 2, No 12, décembre, p. 1 et 13, 2002.
S. Barlas, « Companies not excited about prospective internal controls report », Strategic Finance,
Vol. 84, No 8, p. 23-24, 2003.
P. Descheemaeker, « Nouvelle régulation internationale des sociétés cotées : les principales dispositions
du Sarbanes-Oxley Act of 2002 », Bulletin Joly Sociétés, janvier, p. 5-11, 2003.
M. Hughes, « Some devil in the detail: Businesses could be underestimating their responsibilities on the
need for internal controls under the Sarbanes-Oxley Act », Financial Times, 27 février, p. 2,
2003.
D. Martin. et G. Robinson, « CEO and CFO certifications and new filing deadlines for annual and
quarterly reports », Covington & Burling – Securities Practice Group, 2002.
Ordre des experts comptables et des comptables agréés (OECCA), « Le contrôle interne », rapport du
32ème congrès, 1977.
36
R. Rosen. et D. Kramer, « Litigation implications of the CEO and CFO certification requirements of the
Sarbanes-Oxley Act », Insights; the Corporate & Securities Law Advisor, Vol. 17, No 1, p. 2-8,
2002.
Sénat américain : Le rôle du conseil d’administration dans la chute d’Enron. Rapport préparé par la Sous-
commission permanente d’enquête de la commission des affaires gouvernementales, Sénat des
Etats-Unis, 8 juillet 2002, 107ème congrès, 2ème session, rapport 107-70. In « Les leçon d’Enron »,
dirigé par Frison-Roche, M.A., Autrement, pp. 57-143, 2003.
T. Sullivan, « CEO and CFO certification requirements », Memorandum. Hinshaw & Culbertson, 12 août
2002.
37