Maison Rustique Du 19e Siècle
Maison Rustique Du 19e Siècle
Maison Rustique Du 19e Siècle
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1
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MAISON RUSTIQUE
DU XIXe SIÈCLE.
ANTOINE (de Roville), profMMur à l'Ioititut agricole de LEFÈVRE (Élysée), cnltiv. à Cuurcliamp (Seine-et-Marne).
Roville (Mrarthe). LOISELEUR-DESLONGCHAMPS, des Sociétés d'agri
ADDOUIN, professeur au Muséum d'histoire naturelle, mem culture et d'horticulture.
bre de la Société centrale d'agriculture. MALEPEYRE jeune, avocat à la Cour royale de Paris.
BAILLY, des Sociétés d'agriculture et d'horticulture. MALEPEYRE aîné, delà Société d'agriculture.
BEI.LA , Directeur de l'école d'agriculture de Grignon MASSONFOUR, ex-professeur à l' École forestière de Nancy.
(Seine-et-Oise).
BERLEZE (l'abbé), des Soc. d'agriculture et d'horticulture. MICHACT, corresp. de l'Institut, de la Société d'agriculturr.
BIERNAKI. cultivât., anc. ministre de l'intérieur en Pologne. MOLARD, de l'Acad. tics sciences et delà Soc. d'agriculture.
BIXIO (Alexandre), docteur en médecine. 3IOLL, professeur d'agriculture an Conservatoire des arts et
métiers.
BONAFOUS, directeur du Jardin botanique de Turin, cor MORIN DE SAINTE-COLOMBE, des Sociétés d'agricul
CHAPELAIN
BRAME
BOULEY,
respondant
(Jules),
vétérinaire
de (Octave
l'Institut,
auditeur
ide),
de
Paris.
laau
propriét.-cultiv.
Société
Conseild'agriculture.
d'État.dans la Lozère. ture et d'horticulture.
NOIROT (de Dijon), auteur de plusieurs ouvrages d'agricul
ture forestière.
NOIROT-BONNET, géom.-forest. 1 Langres (Haute-Manie'.
COLLIGNON
DAILLY, propriét.-cultiv.
, vétérinaireà àTrappes
Manies (Seine-et-Oise),
(Seine-et-Oise).des So ODART (le comte), préaident de la section. d'agriculture de
la Société de Tours, propriét.-agronome dans Indre-et-Loire.
DEBONNAIRE
ciétés d'agriculture
DEetGIF,
d'horticulture
cons. d'État,
de Paris
de la etSoc.
de d'agricult.
Versailles. ODOLANT DESNOS, auteur de plusieurs ouvrages sur 1rs
arts industriels et agricules.
DEBY, propriét.-cultivateur dans le Loir-et-Cher, de la Société PAYEN, manufacturier-chimiste, des Sociétés d'jgriculture,
d'agrculture. d'horticulture et d'encouragement.
FEBURIER, des Sociétés d'agriculture et d'horticulture de POITEAC, des Sociétés d'agriculture et d'horticulture, au
Paris et de Versailles. teur du Bon Jardinier, etc.
GASPARIN ( de ), pair de France, ministre de l'intérieur, POLONCEAU, inspecteur-divisionnaire des ponts et chaussée»,
de la Société d'agriculture, etc. des Sociétés d'agric, d'horticult. et d'encouragement.
«<>r KL IK.lt, architecte des Travaux-Publics de Paria, de la POMMIER, directeur de rÊcho des halles et marchés.
Société d'encouragement, etc. PRESSAT, cultivateur a Saint-Barbant (Haute-Vienne)
GROGNIER. professeur a l'école vétérinaire de Lyon. 1>1 VIS, président de la Société d'agriculture de l'Ain.
HÉKICART DE THURY (vicomte), de l'Académie des RA.MHrTE.ir (de), député, conseiller d'État, préfet de la
sciences, président des Sociétés d'agricult. et d'borlicult. Seine, président de la Société d'agriculture.
HERPIN, propriét.-cultiv. dans l'Indre, de la Société d'agric. RE VAI T, professeur a l'École vétérinaire d'Alfort.
HOMRRES-FIRMAS (le baron d'), correspondant de l'In RIGOT, professeur 1 l'école vétérinaire d'Alfort.
stitut et de la Société centrale d'agriculture, cultivateur
dans le Gard, etc. RIVIERE (Baron de), propr. cultivateur dans la Camargue,
HITF.RNE DE POMMEUSE. des Sociétés d'agriculture, correspondant de la Société d'agriculture.
d'horticulture et d'encouragement. SOULANGE-BODIN, des Sociétés d'agriculture, d'horticul
HUZARD fils, des Soc. d'agric, d'horlic. et d'encouragement. ture et d'encouragement, fondateur de l'Institut horticole de
Fromont (Seinc-et-Oisej.
JAUME-SAIXT-HILAIRE, de la Société d'agriculture, au SYLVESTRE (de), de l'Académie des sciences, secrétaire
teur de la Flore et de la Pomone Françaises. perpétuel de la Société d'agriculture.
LABBE, des Sociétés d'agriculture et d'horticulture. TESSIER, de l'Acad. des sciences et de la Société d'agricult.
LADOUCETTE, député, des Sociétés d'agriculture, d'horti VILMORIN, des Sociétés d'agriculture et d'horticulture,
culture et d'encouragement. propr.-cultivateur aux Barres (Loiret), etc.
LASSAIGNE, professeur à l'École vétérinaire d'Alfort. VIREY, député, de la Société d'agriculture, etc.
LEBLANC, professeur au Conservatoire des arts et métiers. YVART, directeur de l'Ecole vétérinaire d'Alfort, de la Société
LECLERC-THOUIN (Oscar ), professeur d'agriculture au d'agriculture.
Conservatoire des arts et métiers. YUNG, rédact. du Pull, des sciences agric. et de l'Agronome.
MAISON RUSTIQUE
DU XIXe SIÈCLE.
CONTENANT
LES MEILLEURES MÉTHODES DE CULTURE USITÉES PARTICULIÈREMENT EN FRANCE, EN ANGLETERRE,
EN ALLEMAGNE ET EN FLANDRE; — TOUS LES BONS PROCÉDÉS PRATIQUES PROPRES A GUIDER
LE PETIT CULTIVATEUR, LE FERMIER, LE RÉGISSEUR ET LE PROPRIÉTAIRE, DAN8 l'eXPLOITA-
TION D'UN DOMAINE RURAL; — LES PRINCIPES GÉNÉRAUX D'AGRICULTURE, LA CULTURE DE
TO.UTES LES PLANTE8 UTILES ; — L'ÉDUCATION DES ANIMAUX DOMESTIQUES, L'ART VÉTÉRINAIRE;
— LA DESCRIPTION DE TOUS LES ARTS AGRICOLES; — LES INSTRUMENS ET BATIMEN8 RURAUX;—
L'ENTRETIEN ET L'EXPLOITATION DES VIGNES, DES ARBRES FRUITIERS, DES BOIS ET FORÊTS, DES
ÉTANGS, ETC.;— L'ÉCONOMIE, L'ORGANISATION ET LA DIRECTION D'UNE ADMINISTRATION RURALE;
ENFIN LA LÉGISLATION APPLIQUÉE A L'AGRICULTURE ;
TERMINÉE
PAR DES TABLES MÉTHODIQUE ET ALPHABÉTIQUE.
D'ÉCONOMIE RURALE,
AVEC PLUS DE 2000 FIGURES REPRÉSENTANT TOUS LES INSTRUMENS, MACHINES, APPAREILS,
RACES D'ANIMAUX, ARBRES, ARBUSTES ET PLANTES, BATIMENS RURAUX, ETC.,
Rédige1 et proféré
Far une réunion d'Agronomes et de Praticien* appartenant aux Sociétés agricole» de France,
SOCS LA DIRECTION
TOME SECOND.
M DCCC XXXVII.
TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME-
FIN DE TA TABLE.
CULTURES INDUSTRIELLES.
OBSERVATIONS GENERALES.
Nous réunissons ici dans la division inti duits qui iront ensuite activer l'industrie
tulée Cultures industrielles, les notions rela manufacturière et commerciale. Enfin, la
tives aux plantes qui n'entrent pas indispen- plupart exigent des particularités de culture
sablement dans la grande culture; dont le qui s'éloignent beaucoup plus des principes
choix surtout est subordonné à des circons généraux dont les végétaux agricoles ordi-
tances autres que celles qui portent à culti dinaires ne sont, au contraire, qu'une conti
ver les plantes a graines farineuses et celles à nuelle application.
racines nourrissantes ou à fourrages, qu'on Nous traiterons d'abord des plantes her
peut appeler les végétaux agricoles ordinai bacées , dont la culture se rapproche par
res ou généraux,' tandis que ceux qui vont conséquent davantage de celle des végétaux
nous occuper mériteraient la qualification agricoles ordinaires, et nous nous occupe
A'extraordinaires ou spéciaux. Ce sont eux rons ensuite des arbustes et arbres qui, tels
•I ni fournissent les matières premières dont que le Houblon, la Vigne, le Pommier , l'O
les arts agricoles s'emparent pour les modi bvier, etc., exigent des soins tout-à-fait par
fier, les transformer en de nouveaux pro ticuliers.
En nous conformant au plan de cet ouvrage, nément, est connue en Flandre sous le nom
nous avons dû nous borner dans ce chapitre, de colza froid, désignation qui correspond
auquel l'article Assolement doit servir de presque partout à celle de colza d'hiver. —
complément comme à la plupart des autres, Elle a les fleurs ordinairement jaunes; — ses
à traiter des cultures oléagineuses propre tiges sont plus branchues, plus élevées; —
ment dites, sans nous occuper de l'extrac ses siliques, par conséquent, plus nombreu
tion, ni même, à proprement parler, de l'em ses; — ses feuillesà la fois plus épaisses et plus
ploi des diverses huiles végétales. C'est ainsi larges que celles du colza de mars ou de
que nous renverrons le lecteur, pourle Lin et printemps, dont le principal mérite consiste
le Chanvre, au chapitre des Plantes filamen dans sa précocité. — Le colza d'hiver occupe
teuses ; — pour la Gaude, à celui des Plantes le sol du commencement d'un été à l'au
tinctoriales; — pour les Courges, aux Végé tre; — celui de mars, au contraire, semé au
taux fourragera; et que nous ne citerons ici printemps, mûrit ses graines dans le même
que pour mémoire : VOlivier, le Noyer, le été, particularité assez remarquable dans un
Hêtre, le Prunier briançonnais, VAmandier, Chou.
le Noisetier, la Vigne, les Pins, etc., dont il La production du colza en France est loin
sera parlé plus tard dans la division de ce li d'équivaloir, dans la plupart des années, à la
vre consacrée aux Arbustes et Arbres. consommation qu 'onfait de ses graines ; aussi
pensons-nous que sa culture est une de celles
Section i™. — Du colza. qu'il importe le plus de répandre, tant à
Le Colza (en anglais, Rape ou Cole-seea; cause des bénéfices qu'elle peut présenter,
eu allemand, Raps; en italien Colza) {fig. 1), que parce qu'elle se combine fort bien avec
les meilleurs systèmes d'assolement.
Fig. 1. Cette plante ne donne pas seulement une
huile que la Flandre et la Belgique fournis
saient naguère , presque sans rivalité , à
Paris et au reste de la France; — on la cul
tive aussi, comme nous le verrons ailleurs,
pour fourrage; — les tourteaux ou le marc
qu'on obtient du résidu de ses graines, pro
curent une excellente nourrilurc aux ani
maux de la race bovine, et un engrais puis
sant pour les terres ; — ses tiges sèches peu
vent être utilisées à défaut d'autres litières;
— enfin, on les emploie pour chauffer le four.
Comme toutes les plantes à graines abon
dantes, qui mûrissent entièrement sur le sol,
le colza, malgré les opinions contraires qui
ont été émises récemment, doit être consi
déré comme une culture épuisante.
Ainsi que les autres Choux, il aime une
terre franche, substantielle, suffisamment
ameublie et richement fumée. Cependant il
peut douner des produits avantageux en des
circonstances moins favorables, et nous nous
crovons fondés à croire, d'après des obser
vations réitérées, qu'il réussit sur des sols
plus variés et de bien moindre qualité qu'on
ne le croit généralement.
Le colza d'automne, qui est facilement dé
truit parthiver dans les localités humides ou
est une plante de la famille des Crucifères, mal égouttées, résiste, au contraire, à de
du genre Brassica et du groupe des Choux fortes gelées sur les terrains qui ne retien
(Brassica oleracea). Elle a été désignée par nent pas l'eau. Cette circonstance explique
les botanistes sous le nom de Brassica olera pourquoi, dans le Nord, ses récoltes sont
cea campeslris. — Il en existe deux variétés parfois, sinon plus belles, au moins plus as
principales : l'une d'hiver, l'autre de prin surées sur les terres médiocres, naturelle
temps. ment sèches, que sur des terres plus substan
Le colza ou coha, que l'on confond encore tielles et plus fécondes; et de là vient sans
dans quelques lieux avec la Navette, a les doute que , dans plusieurs parties de la
feuilles lisses et d'un vert glauque, les aspé Flandre, on ne craint pas de confier cette
rités et les poils épars qu'elles présentent variété à des sols légers, crayeux ou grave
dans leur jeunesse disparaissant plus tard ; leux, tandis qu'on choisit rigoureusement la
les radicales sont pétiolées et légèrement dé variété de printemps pour les terrains de
coupées, et les caulinaires sont entières, ses- meilleure qualité.
siles et cordiformes. On cultive en grand le colza par le moyen
La variété que l'on cultive le plus commu des semis à demeure ou de la transplantation.
chap. 1". DU COLZA.
Selon l'un ou l'autre de ces modes, dont nous Dans d'autres localités, après avoir édairci
traiterons successivement en nous occupant le plant selon le besoin, au lieu de le butter,
d'abord du colza d'hiver, le sol exige une ainsi qu'il vient d'être dit, et malgré la dé
préparation différente. pense assez forte qu'entraîne cette seconde
opération , on le bine une ou deux fois à la
Art. i". — Du Colza d'hiver. houe à main. — Ce sont souvent des femmes
§ 1". — Des semis. qui exécutent ce travail.
De bons cultivateurs n'emploientpas moiru
A ne considérer que la main-d'œuvre et les de 40 voitures de fumier par hectare. D'au
frais de culture, les semis pourraient paraî tres en répandent de 25 à 30 seulement. Il
tre plus économiques que la transplantation, est clair que ces proportions peuvent et doi
niais il n'en est pas toujours ainsi dès que vent varier suivant l'état du sol.
l'on compare les deux méthodes dans l'en Les semis de colza à la volée exigent de 6
semble de leurs résultats. à 8 litres de graines par hectare, ce qui équi
Comme la terre doit être préparée par vaut, en poids, à environ 4 à S kilogrammes.
plusieurs façons, et comme les semailles Ces sortes de semis succèdent fréquem»
réussissent incomparablement mieux, année ment, dans le Nord, à des récolles d'avoine,
commune, dans nos climats, lorsqu'elles afin d'être à temps de les effectuer en temps
sont faites dès la fin de juillet, ou, au plus opportun , on fait javeler cette céréale en pe
tard, dans le courant d'août, il arrive trop tites meules régulièrement alignées ou en
souvent que les semis en place ne sont pos gerbes appuyées deux-à-deux et rangées par
sibles que sur jachère. — Dans ce cas peu fa lignes de manière à ne couvrir qu'une faible
vorable, le compte de la récolte se trouve partie de la surface du champ; on peut ainsi
chargé de deux années de lover. — 11 est donner un premier labour et un hersage en
de plus à remarquer que si, dans la pra tre les lignes. — Aussitôt après l'enlèvement
tique habituelle, les semis n'exigent pas plus des meules ou des cordons parallèles, on ré
d'engrais que les transplantations, ils épui pand l'engrais; — on laboure la pièceen entier;
sent davantage la terre, attendu que tout — on herse de nouveau, puis on donne le la
l'accroissement du colza se fait sur le même bour qui doit précéder immédiatement le
sol, tandis que, d'après le 2" mode, il se fait semis.
réellement sur deux sols différens. — Des Les semis à demeure en rayons partagent
faits nombreux semblent même attester, avec les plantations en ligne l'avantage pré
quelque étrange que cela puisse parai tre, que cieux de rendre les binages plus faciles et de
le terrain qu'on- emploie en pépinière et qui permettre d'en donner à peu de frais de plus
n'est guère, à la vérité, qu'un sixième de l'es fréquens , ce qui contribue noi seulement à
pace destiné à être plante, est épuisé au moins augmenter les produits de la récolte, mais
autant que celui dans lequel le colza porte encore à améliorer sensiblement le sol pour
ses graines. les cultures suivantes.
Le semis à la volée est le plus simple, mais Sur une jachère après une récolte précoce ,
aussi le moins productif. Voilà, d'après M. toutes les fois enfin qu'il est possible de pré
Hotton, comment on le pratique le plus or parer suffisamment le sol avant l'époque la
dinairement en Belgique: «Aussitôt après l'en- plus favorable aux semis, ce mode peut don
lèvemeDt de la récolte qui a précédé le colza, ner de fort bons résultats.
on donne à la terre un labour qui , quelque La terre ayant été préparée comme il a été
temps après, est suivi de la herse. Un second dit plus haut, au moyen du rayonneur on
labour a lieu immédiatement, puis on sème trace à sa surface de petits sillons espacés de
après avoir encore passé la herse. On couvre 18 po. (0 m 50 environ), après quoi on ré
ensuite par deux dents, c'est-à-dire en passant pand dans chacun d'eux lia semence à l'aide
deux fois une herse légère sur le semis. En d'un semoir à brouette, d'une bouteille ou
fin, on roule en long et en travers. — Aussi de toute autre manière (voy. Tome I, Ense-
tôt qu'on a semé, hersé et roulé, on tire à mencemens), de façon qu' il se trouve environ
la charrue des rayons espacés de 8 en 8 pieds, une douzaine de graines par pied de longueur
ayant soin de les diriger vers la pente pour des lignes. Un seul homme peut ainsi semer à
favoriser l'écoulement des eaux pluviales. La peu près un hectare et demi dans sa jour
terre, ainsi divisée en planches, est laissée née.
dans cet état pour le moment. — Mais, lors La quantité de graine employée par hectare
que le colza a atteint un certain degré d'ac est de 2 à 3 litres.
croissement, ce qui arrive ordinairement La quantité d'engrais est la même que pour
deux mois et même plus après la sommation, le semis à la volée.
on procède au bultage en creusant un fossé II est essentiel d'éclairciretde biner le colza
à la place de chaque rayon et dans le rayon de bonne heure en automne, c'est-à-dire, dès
même, et en jetant les terres qui en provien que les plants sontassez torts pour supporter
nent à droite et à gauche entre les plants de une façon; dans les semis en rayons, le bi
colza. — Ce fossé a ordinairement un pied nage se donne avec la houe-à-cheval et l'on
carré, et on a soin, en le creusant, de con éclaircit les plants à la main ou avec la binette.
server, autant que possible, les mottes de Rarement on réitère ce binage avant l'hiver,
terre dans leur entier, afin de mieux abriter mais on ne doit pas manquer d'en donner un
le colza. Ce travail fini, on n'ajoute plus rien nouveau et même deux au besoin, en mars
à laculturejusqu'à la récolte. «On remarquera et avril. En bonne pratique, quelques femmes,
qu'il s'agit ici de la Belgique,où les terres sont suivent la houe pour déraciner complète
habituellement dans un état parfait d'aincu- ment les mauvaises herbes soulevées par l'in
blissement et de propreté. strument.
CULTURES INDUSTRIELLES : DES PLANTES OLEAGINEUSES. liv n.
Quoique le semis en lignes espacées de vées, on déchaume à l'extirpateur ou à la
18 pouces au plus ( environ 50 cent.) ait un charrue. — Quelque temps après on étend le
avantage marqué sous le rapport de la faci fumier ; — on l'enterre par un second la
lité et de l'accélération des façons, ce n'est bour ;—on herse une ou deux fois ;—puis on
cependant pas le meilleur mode'dans tous les donne un dernier labour de 8 à 10 pouces
cas. M. de Dombasle a judicieusement fait (0-216 à 0-270) de profondeur qui divise le
remarquer que si le terrain n'est pas riche, terrain en planches d'environ 3 mètres de
les plants se trouvent trop écartés pour gar largeur; — on égalise, s'il y a lieu, le sol au
nir suffisamment le sol et donner une moyen de la herse renversée ou du rouleau,
pleine récolte; il conseille donc de préfé et on commence immédiatement la planta
rence dans ce cas le semis à la volée. Mais, tion.—Pour cela, que l'on fasse ou non usage
pour approprier à celui-ci une partie des du rayonneur, un homme ouvre au plantoir
avantages que procurent les instrumens à des trous distans de 11 à 12 po.(0"297à0"324)
sarcler, il apratiqué une méthode que nous sur la même ligne; enfin, des enfans ou des
avons vue aussi mettre en usage avec beau femmes, qui le suivent, déposent un pied de
coup de succès par feu M. Nie. Demabs, ex colza dans chacun de ces trous et compri
cellent cultivateur des environs de Paris. Le ment la terre avec le pied autour des racines.
champ étant couvert de son plant et celui-ci La distance des lignes de plantation varie
assez fort pour devoir être éclairci,on y fait de 12 à 16 et 18 po. (0-324 à 0-487) selon que
passer un extirpateur auquel on n'a laissé les binages devront avoir lieu ultérieurement
que ses pieds de derrière, écartés plus ou à la binette ou à la houe-à-cheval.—Presque
moins, selon que l'on veut détruire une plus partout, vers la mi-novembre, on creuse le
ou moins grande proportion du plant. Ce tra sillon de séparation des planches, et on jette
vail doit se faire en lignes aussi directes que la terre qui provient de ce travail entre les
possible et également espacées. Les socs plants pour les chausser.
ayant coupé tout ce qui se trouvait devant La transplantation à la pioche diffère peu
eux, le champ se trouve, après l'opération, de celle-ci ; seulement, au lieu d'ouvrir les
disposé par petites bandes alternativement trous au plantoir, chaque ouvrier, armé
vides et pleines; on n'a plus ensuite qu'à d'une pioche ou d'un hoyau léger, le fait pé
éclaircir sur ces derniers s'il y a du trop. nétrer dans le sol à l'endroit ou doit se trou
Les binages subséquens se donnent à la ver un pied de colza. — En appuyant légère
main, mais ils sont plus faciles que dans la ment sur lemanche, il opère,le long du fer, un
culture ordinaire à la volée. M. de Dombasle vide destinéà recevoir une des jeunes plantes
emploie pour cette méthode 10 litres de dont son tablier est en partie rempli, et, lors
graines à l'hectare. que ce plant a été place à la profondeur vou
Des semis en pépinière.— Le colza que l'on lue, avant de s'en dessaisir de lamain gauche,
destineà la transplantation doit étresemé dans de la droite il retire la pioche et affermit le
le courant dejuillet, afin que lesjeunes plantes sol à l'aide de la douille de l'instrument. Par
acquièrent le plus de force possible avant de ce moyen, qui exige à la vérité quelque ha
sortir de la pépinière.—Par la même raison, il bitude, mais qui devient fort expéditif sitôt
ne faut pas semer trop dru afin d'éviter l'étio- qu'elle est acquise, les ouvriers marchent
lement. Les Flamands emploient un quart de front et laissent derrière eux un travail
seulement de semence en plus dans ce casque achevé.
pour un semis à demeure; encore jugent-ils La plantation h la charrue, de toutes la plus
presque toujours nécessaire d'éclaircir lors Ïtrompte, mais aussi dans la plupart des cas
que les tiges ont atteint un certain dévelop a moins parfaite, est cependant assez sou
pement. — Un plant bien conditionné, lors vent employée faute de bras. — Elle est fort
qu'il présente déjà à sa base 15 à 18 lignes simple : des femmes placent les plants dans
(0m,033 àOm,040)de tour, ne doit pas avoir plus la raie ouverte, en les appuyant contre la
de 8 à 10 po. (0m216 à 0-270) de hauteur. terre retournée, et le Irait suivant les recou
On sème le colza en pépinière, soit à la vo vre.—On conçoit qu'un pareil travail ne peut
lée, soit en rayons espacés de9 pouces les uns être bon que lorsque la terre est suffisam
des autres, de manière qu'en enlevant une li ment pulvérisée pour se tasser naturellement
gne entredeux, pour subvenir aux besoins de autour des racines.
la transplantation, et en éclaircissant celles Sur des sols d'une fertilité moyenne on
qui restent, on puisse les conserver et les peut sans crainte planter dans toutes les
traiter ultérieurement comme tout autre se raies, de sorte que les lignes se trouvent dis
mis eu rayons. tantes de 9 à 10 po. (0m143 à 0-270). — Dans
les terrains d'une richesse très-grande, il
§ II. —De la transplantation. serait préférable de ne planter que de deux
raies 1 une, afin que les plantes destinées à
Quoiqu'à la rigueur la transplantation du devenir larges et fortes aient suffisamment
colza puisse avoir lieu jusqu'en octobre, il est d'air et d'espace.
toujours préférable de le faire dans le cou Les pièces plantées doivent, de même que
rant de septembre, parce que, mieux et de celles semées en place, être binées ou re
puis plus long-temps le plant est enraciné aux chaussées au moins une fois vers la fin de
approches des gelées, moins il doit être en l'hiver.
dommagé par leurs effets. La plantation peut
s'opérer de plusieurs manières. ABT. il. — Du colza de printemps.
1° Auplantoir : EnBelgique, dès que les ré
coltes Je froment ou d'avoine, auxquelles Le colza de printemps, comme toutes les
succède le plus souvent le colza, ont été enle plantes dont la végétation est en quelque
cnk*. 1". DU COL2A
•orte hâtée par le temps, donne générale Ïiensons-nous que le meilleur moyen d'éviter
ment des produits moins abondans, une huile es dégâts de l'attise, c'est moins de cherchera
moins grasse et de moindre qualité que celui la détruire par des moyens toujours insuffisans
d'hiver; aussi le cultive-t-on moins commu ou inapplicables à la grande culture, que de
nément. Cependant, lorsque les semis d'au tâcher de procurer aux plantes un développe
tomne ont manqué, ou lorsque, par une ment rapide pendant leur première jeunesse.
cause quelconque, le terrain n'a pas été dis — Disons cependant que la fumée pénétrante
posé plus tôt, sa culture présente encore de du brûlis de végétaux encore verts éloigne
grands avantages. efficacement ces insectes. Il est fort rare d'en
Cette variété exige plus que l'autre un ter voir en quantité notable sur des terrains nou
rain fécond. Nous en avons déjà fait con vellement écobués (î).
naître un des motifs. — On conçoit du reste
que n'ayant plus à redouter les gelées et ne Abt. IV. — De la récolte du colza.
devant être semé qu'assez lard, le plus grand
obstacle à son développement est une exces mùr, ce que que Aussitôt le colza est suffisamment
Von reconnaît à la couleur jau
sive sécheresse, et que par conséquent un nâtre de toutes
sol frais, substantiel et profond, est la pre teinte brune desesses parties extérieures et à la
graines, c'est-à-dire de
mière condition de sa réussite.
Le colza. Ile printemps se cultive exclusive la fin de juin aux premiers jours de juillet
ment de semis.— Quelquefois on le sème en pour nos départemens du centre, et vers le
milieu de ce dernier mois pour ceux dunord;
mars ou avril; parce moyen il est plus facile — pas trop tôt, dans la crainte d'obtenir des
de trouver dans le sol le degré d'humiditécon-
venable à la prompte croissance de la jeune graines moins nouiries, qui donnent par
plante, ce qui rend les ravages des insectes conséquent moins au mesurage, et, qui pis
est, qui rendent moins d'huile à mesure éga
moins redoutables ; mais , d'un autre côté, le; — pas trop tard, afin de ne pas perdre
beaucoup de personnes ont cru remarquer,
avec le savant directeur de la ferme de Ro- une partie des produits : ôn commence la ré
ville, que, dans ce cas, la floraison arrive pré colte du colza.
En Belgique, dit M. Hotton, duquel nous
cisément à l'époque où la fécondation des extrayons le passage suivant parce qu'il est
graines des plantes de cette famille, par suite parfaitement en rapport avec les souvenirs
sans doute de la brièveté des nuits, paraît se que nous avons
faire avec le plus de difficulté, c'esjl-à-dire coupe le colza avecrapportés de ce pays, on
une faucille, à 4 ou 5 po.
dans les environs du solstice. M. Mathieu de (0-108 à 0m135) déterre, etonle pose par poi-
Dombasle conseille en conséquence de fixer fnées de deux rangées entre les fossés qui
l'époque des semis au mois de mai. — Four ordenl les planches. — Les pieds sont pla
le semis à la volée, le seul qui soit ordinaire cés du côte des fossés, les rameaux vers le
ment employé, attendu que presque nulle centre de la planche. — L'ouvrier a ordinai
part on ne bine ou ne butte le colza d'été, rement les pieds dans le fossé même, et
on emploie de 10 à 12 litres de semence par coupe tantôt a droite, tantôt à gauche, jusque
hectare, quantité, comme on voit, du tiers vers le milieu de chaque planche. Cette po
environ plus considérable que pour les se sition facilite singulièrement le travail. Ce
mis de colza d'hiver. sont ordinairement des femmes qui le font.
— Quand le temps est sec, on ne coupe que
aht. iii. — Des insectes nuisibles au colza. pendant la matinée, parce qu'alors les sili-
ques étant fermées, laissent échapper peu de
Indépendamment des gelées qui annullent graines.
parfois les récoltesdecolza,cette plante redou Dès que les tiges sont suffisamment sèches,
te encore un autre ennemi souvent tout aussi ce qui arrive assez souvent après deux ou
destructeur et presque aussi inévitable ; nous trois jours, on les ramasse dans des draps et
voulons parler de YAltise bleue {Altica olera- on les enlève, soit pour les mettre en meules,
„■ „ cea), que la ftg. 2 représente soit pour les battre.
o' grossie des 3 quarts. Ce coléop- L'emmeulage n'a lieu que lorsqu'on n'a pas
tère, qui fait en certaines années, le temps de battre tout de suite, ou quand le
*le désespoir du cultivateur sous le colza n'est pas parfaitement mùr ou parfaite
nom Tlquet ou de puce de terre, ment sec, ou enfin quand le temps n'est pas
bien qu'il nuise aux plantes déjà assez beau ou assez sur pour pouvoir entre
grandes en détruisant une partie prendre le battage, opération qui se pratique
de leurs feuilles, de leurs fleurs et en plein air, au milieu des champs.
même de leurs graines, est sur Lorsqu'on veut faire une meule, on dis
tout nuisible aux végétaux qui pose une place circulaire de manière que la
viennent de lever parce qu'il dévore leurs terre soit élevée en cet endroit de quelques
feuilles séminales. Il n'est pas rare de voir Pouces au-dessus du sol, afin d'empêcher
des semis entiers de crucifères anéantis de humidité de se répandre dans l'intérieur.
la sorte avant l'apparition de la 3e feuille. On met ensuite une couche égale de paille de
A mesure que la végétation prend plus de 3 à 4 po. (0m081 àO-lOS), sur laquelle on étend
développement, le danger diminue; aussi un lit d'égale épaisseur de regain destiné à
(1) M. Poiteau, dans les Annales de la Société d'horticulture (août 1834), a rapporté des expérien
ces faites en Belgique, desquelles il résulterait que les œufs de l'altisc sont apportés dans le sol , acco
lés aux graines du colza au nombre d'un à cinq; par suite de ces expériences, l'auteur a été porté *
tremper ses graines, prndaot 24 et même pendant 3 heures seulement, dans une forte saumure avant de
les semer; dès-tors les jeunes plantes levèrent et se développèrent parfaitement, sans qu'aucune altisc
pa'-ût. (Note de la direct.)
6 CULTURES INDUSTRIELLES : DES PLA.NTES OLEAGINEUSES, liv. h.
recevoir les graines qui tombent au fond de 72 kilog. l'hectolitre, la récolte est donc de
la meule, et qui seraient en partie perdues 34 hectolitres par hectare.
sans cette précaution. Si nous rapprochons ces calculs de ceux que
On peut aussi, et cette méthode est recom nous avons pu recueillir dans l'ouest de la
mandée, d'après son expérience, par M. de France, notamment en Maine-et-Loire, aux
Dombasle, mettre la récolte en mettions co environs de la Jumellière, où M. Cesbhon a
niques de 5 à 6 pieds ( 1 m. 60 c. h 2 m. ) de introduit la culture du colza, nous verrons
haut, que l'on établit, soit immédiatement, que les résultats sont peu différens. Là, dans
soit 24 heures après le faucillage,selon le point les circonstances les plus favorables, le colza
de maturité. La graine s'y achève mieux et d'hiver, planté et convenablement biné, rap
avec moins de risques qu'en javelle. Pour en porte jusqu'à 12 doubles décalitres à la bois-
lever ces meulons, au lieu de les démonter selée de 15 à l'hectare, soit 36 hectolitres à
par brassées, ce qui pourrait égrainer beau l'hectare ; — le plus ordinairement il ne donne
coup, on étend à cote de chacun une toile de que 9 à 10 doubles décalitres, c'est-à-dire 30
8 pieds (2 m. 60 c.)en carré, puis au moyen hectolitres, tandis que le colza semé à la
de 2 perches de bois léger que l'on passe sous volée rapporte tout su plus 12 à 16 décalitres
la base du tas, deux hommes enlèvent celui- par boisselée.
ci en entier et le posent sur la toile, qui, M. de Dombasle a établi, d'après ses cul
garnie elle-même sur ses côtés de deux per tures, les calculs suivansqui pourraient, se
ches semblables, sert à le transporter sur lon les localités, donner des résultats diffé
l'aire où se fait le battage. rens, mais qui, étant fondés sur la pratique,
Pour battre le colza en plein air (voy. \afig. ne peuvent manquer d'offrir un intérêt po
2 qui sert de frontispice à ce volume), on se sitif :
sert d'une grande toile nommée bâche, d'une colza d'hiver.
étendue proportionnée à la récolle. Ce drap
couvre tout l'espace disposé pour le bat 1° Semis à demeure et à la volée.
tage; il est relevé tout autour par le moyen Loyer du terrain, 2 années ; par hecl. 140 f.
d'un bourrelet en terre ou en paille. Engrais: 40 voitures par hectare, à 6 fr.
Ces dispositions étant faites, on apporte le la voiture, y compris les frais de trans
colza et on le place circulairement sur le port et la main-d'œuvre pour le ré
drap. Aussitôt que l'aire est garnie aux deux pandre; pour moitié 120
tiers, les batteurs commencent leur opéra Un labour à la charrue et deux à l'ex-
tion en tournant; à mesure qu'ils avancent, tirpateur 50
des ouvriers ramassent les tiges battues, les Hersage 10
lient en bottes, et les mettent en tas dans le voi Semence : 6 litres, et semaille 4
sinage. D'autres ouvriers placent de nouveau Faucillage 10
colza, et ainsi successivement. — Les poseurs Battage, vannage 18
sont en tête, les batteurs suivent, et les ra-
masseurs viennent les derniers. Total 352 f.
Dans quelques contrées, au lieu de battre
le colza au fléau, on a recours au dépiquage. Produit moyen, 18 hectol., à raison de
— Depuis que les machines à battre se sont 25 fr. 50 cent, l'hectolitre, fait. ... 459 f.
multipliées dans de grandes exploitations, on A déduire pour les frais 352
les a aussi utilisées dans le même but. M. de
Dombasle écrivait eq 1829 qu'il était très- Reste en bénéfice 107 f.
satisfait de ce nouveau mode, au moyen du
quel on peut battre facilement dans la jour 2" Semis à demeure et en lignes.
née dix à douze voitures de colza, sans avoir
rien à craindre de tous les acciclens de tem- Loyer, engrais, labours comme ci-dessus310 f.
érature qui dérangent si souvent le battage Hersage 10
Fcorsqu'on le pratique en plein champ. Travail du rayonneur pour tracer des
Assez souvent on vanne la graine sur le lignes à 18 po. de distance, parfaite
lieu même, d'autres fois on ne la nettoie com ment espacées 2
plètement que lorsqu'elle est parfaitement 5emence:2 litres, et semaille au semoir. 6
sèche, ou même lorsqu'on veut la vendre, 3 binages à la houe à cheval 12
parce qu'elle se conserve mieux mêlée d'un Faucillage 10
peu de menue paille. — Dans l'un ou l'autre Battage et vannage , . 18
cas, comme elle est sujette à s'échauffer, on
l'étendra au grenier, en couches minces, et Total 368 f.
on la remuera fréquemment à la pelle ou au Produit moyen, 22 hectolitres à raison de
râteau pendant les premiers temps. 25 fr. 50 cent 561 f.
A déduire les frais 368
Art. v.—Desproduits de la culture du colza.
Reste en bénéfice. . . 193 f.
Dans les environs de Lille, on a calculé que
2 hectares de terre, les mieux fumés et les 3° Transplantation en rayons.
plus propres au colza d'hiver, rapportent, en
bonne année, 100 sacs de graines, d'environ Loyer d'une année 70 f.
50 kilog. chacun. — En général, il faut cul Engrais 120
tiver 3 ou 4 hectares pour obtenir cette quan Labours comme ci-dessus 50
tité. Hersage et rayonnage 12 i
La graine de colza pesant, terme moyen, Rcplant: 45 milliers, les lignesétant (
cnAP. 1' DES CHOUX. 7
à 18 po. et les plants à 12 po. Rube; ital. Rutabaga); les Choux frisés du
dans la ligne ; à raison de 50 c. Nord(Brassica oleraceafimbriata;aiigl.Scotch
le millier, ce qui est bien suffi kale ; ita I . Cavolo riccio ou Verza riccia ), Vert,
sant pour indemniser des frais (angl. Green; ital. Verde), et Pourpre (angl.
de culture de la pépinière. ... 22 f. 50 c. purple ; ital. rosso), particulièrement les va
Transplantation 25 riétés à pied court; le Chou cavalier ou grand
Deux binages à la houe à cheval. . 8 Chou à vaches (Brassica oleracea procerior;
Faucillage 10 angl. Tall anjou kale ou Borecole; ital. Ca
Battage et vannage 18 valière); le Chou vert brancha ou Chou mille-
têtes du Poitou (Brassica oleracea ramosa;
Total. 335 f. 50 c. angl. Thousand headed kale) ; le Caulet de
Produit moyen, 22 hectolitres à raison de Flandre ( Brassica oleracea belgica; angl.
25 fr. 50 cent, l'hectolitre 561 f. Flemish purple kale).
Frais à déduire 335 50 c. Tous sont loin probablement de présenter
d'égales chances de succès. Nous donnerons
Reste en bénéfice. . . 226 f. 50 c à cet égard quelques aperçus fondés sur nos
observations. — Les grands Choux verts, tels
COLZA DE PRINTEMPS. que le Chou cavalier, ont l'inconvénient de
Loyer d'une année 70 f. faire de trop fortes plantes; l'espacement
Un labour à la charrue et deux à l'ex- considérable qu'elles exigent et le petit nom
tirpateur 50 bre que l'on en pourrait dès-lors placer sur
Engrais 80 un arpent , nous semblent laisser peu de
Hersage et rayonnage 12 chances que leur produit puisse égaler habi
Semence et semaille au semoir 6 tuellement celui du colza. Ces choux, plantés
Un binage à la houe à cheval. . . . t A en juin, s'effeuillent depuis le mois d'octobre
Faucillage 10 jusqu'au commencement de mars; on les
Battage et vannage 18* laisse ensuite monter pour les couper en avril
ou les faire grainer; mais, quelque heureuse
Total 250 f. que puisse paraître cette dernière combinai
son par suite de l'économie de main-d'oeu
Produit moyen, 14 hectolitres à 22 fr. 308 f. vre, elle réussit assez rarement. — Le Chou,
A déduire pour les frais 250 cultivé si avantageusement dans l'Ouest
Reste en bénéfice. 58 f. comme fourrage, outre l'inconvénient de ge
ler assez facilement, surtout lorsqu'il tombe
On a estimé en Flandre que 50 kilog. de de la neige que le soleil fait fondre rapide
bonne graine de colza d'hiver peuvent don ment, a encore celui d'être très-sujet a cette
ner 17 a 19 kilogramm. d'huile, tandis qu'une sorte de brûlure qu'on connaît sous le nom
même quantité de graine de colza de mars de brime. Dans beaucoup de localités, ses si-
n'en produit guère que de 13 à 15. — Nous liques et même ses feuilles se couvrent, peu
avons déjà dit que la première est d'ailleurs avant l'époque de la maturité des graines,
préférable à la seconde. d'une foule de taches noires ; aussi la récolte
D'après M. Gaujac, 960 kilogrammes de est-elle très-incertaine. — Nous l'avons vu de
graines rendent en huile 380 kilog., et en près de 30 hectolitres à l'hectare , et parfois
tourteaux, 520 kilog. de moins de 8.
Il n'entre pas dans notre sujet de parler Les ChouxJrisés du Nord, qui seraient pré
ici de l'extraction de l'huile et de son emploi. cieux par leur rusticité, ont presque con
Nous devons renvoyer le lecteur à la par stamment les graines menues et mal nourries.
tie de cet ouvrage qui traitera des Arts agri Aussi, maigre quelques exceptions à cette
coles. règle, n'osons-nous en conseiller l'emploi.
Vilmorin et O. Leclerc-Thoui.n. En 1817, à Verrières, près Paris, une pièce
de Rutabaga jaune a fourni de la graine sur
Section h. — Des Choux. le pied de 2,000 kilog. à l'hectare , sur une
terre légère et qui n'est pas de première
Dans quelques lieux, on a cherché à rem qualité. Ce produit est peu éloigné du maxi
placer le colza par divers Choux rustiques, mum de celui du colza sur les terres les plus
dans l'espoir d'obtenir autant ou plus de grai riches. Mais le Rutabaga est sujet à pourrir
nes, ou de réunir sur le même sol une récolte du collet, et l'on n'en pourrait pas espérer
fourrage à une récolte oléagineuse; mais habituellement des récoltes semblables. — Il
nous n'avons pas connaissance d'essais de ce ne resterait donc guère, dans uotre opinion,
genre qui aient présenté jusqu'ici des résul queleChou àfaucher el le Chou navel à racine
tats décidément avantageux. enterrée qui pussent offrir des chances de
Les choux que l'on a essaie ou qu'on pour rivalité avec le colza.
rait essayer de cultiver dans cette vue, sont Notre confrère Sageret avait créé des hy
principalement : le Chou à faucher (Brassica brides qui paraissaient fortiutéressans. L'un
oleracea foliosa; en allemand, Schnill/tohl), de nous ( M. Vilmorin) en a essayé quelques-
espèce allemande inusitée en Angleterre; le uns; l'inconstance de leurs caractères et l'i
chou-navet (Brassica napo- brassica; angl. négalité des plautes entre elles l'ont fait de
Turnip-rooted cabbage ; ail. Kohlrabe ; ital. bonne heure renoncer à leur culture.
Cavolorape ), surtout la variété à racine entiè Quoique ce que nous venons de dire soit
rement enterrée ; le Rutabaga ou Navet de peu propre à encourager la culture du chou
Suède {Brassica rutabaga; angl. Rutabaga eu remplacement de celle du colza, nous
ou Stvedish lurnip ; ail. Rutabaga, Stvedische ne pensons pas que les essais faits jusqu'ici
8 CULTURES INDUSTRIELLES : DES PLANTES OLEAGINEUSES. LIT. II
soient suffisans pour décider la question, et où les nuages peuvent entretenir une humi
loin de déconseiller d'en faire d'autres, nous dité suffisante pendant l'été ; là, dit Bosc
les appelons au contraire de nos voeux, cet qui a été à même de suivre la culture de cett*
objet étant d'un intérêt et d'une utilité très- plante en de telles localités, elle est aussi et
réels. même plus productive que la navette d'hiver.
Du reste, c'est principalement lorsqu'une
Section ni. —De la Navette. autre culture a manqué par suite des intem
péries de l'hiver, qu'il est avantageux de la
La Navette, comme le Colza, appartient à remplacer par de la Navette d'été, qui peut
la famille des Crucifères etau genre Brassica, se semer jusqu'à la fin de juin et qui n'oc
mais elle fait partie des Navets. C'est le Bras cupe le sol qu'environ deux mois.
sica napus sylvestris des botanistes (en an La quantité de semence est de 7 à 8 litres
glais confondue avec le colza sous le nom par hectare. — On sème ordinairement un
de Rape seed(\) ; ail. Rubsamen; ital.Rapetto). peu moins dru la navette d'hiver.
Ses feuilles, au lieu d'être lisses et glauques La principale cause de destruction de la na
comme celles du colza et de la plupart des vette, pendant sa jeunesse, est l' Al lise bleue,
choux, sont au contraire rudes au toucher et, aux approches de la maturité, les oiseaux
et d'un vert plus frauc, comme celles des na nombreux qui recherchent ses graines avec
vets et des raves. avidité.
On connaît, eu égard à la durée de végéta Le produit moyen d'un hectare de colza,
tion de cette plante, deux variétés ou races semé a la volée, étant de 18 hectolitres, dans
désignéesl'unesous lenom de Navette d'hiver, des circonstances relativement semblables
l'autre sous celui de Navette de printemps ou on a évalué celui d'une pareille étendue de
quarantaine. navette d'hiver à 16 hectolitres seulement et
Si la Navette donne en général des produits celui d'un hectare de navette de printemps
moins aboudans que le colza, elle est aussi à 12.
moins exigeante que lui sur la qualité du sol La graine de navette donne un dixième en
et les soins de culture. Elle se contente encore viron d'huile de moins que celle de colza.
mieux d'une terre légère, graveleuse même, Vilmorin et O. Leclerc-Thouin.
pour peu qu'elle soit suffisamment fhmée.
La Navette d'hiver se sème toujours à la vo Section iv. — De la Caméline.
lée et à demeure; au moins ne l'avons-nous
jamais vue cultivée enrayons, parce que sans La Caméline (Myagrum sativum; angl. Gold
doute on ne juge à propos d'accorder cette of pleasure ; ail. Lein dotter, Flachs dotter;
culture soignée qu'à d'excellentes terres, et it. Alisso commune) (fig. 4), appartient à la
qu'alors on préfère le colza. Nous pensons Fig. 4.
toutefois que cette méthode pourrait lui être
appliquée avec avantage.
L'époque du semis est de lafin dejuillet au
commencement de septembre ; dans quelques
cantons cependant on sème dès le mois de
mars dans les avoines, ou bien à la Saint-
Jean avec les sarrasins. A l'automne, ou, à dé
faut, au printemps suivant, on doit éclaircir
et, pour le mieux, biner la navette; l'éclair-
cissage à l'extirpa teur, conseillé par M. de
Dombasle pour les colzas semés à la volée,
est parfaitement applicable à cette plante.
La récolte a lieu de juin à juillet dans le
centre de la France ; plus tôt ou plus tard, se
lon qu'on s'éloigne de ce point vers le sud ou
vers le nord. Elle se fait en tout comme
celle du colza.
La Navette de printemps se plaît surtout
dans les terres légères, sablonneuses et sur
tout calcaires. Sur les bons fonds.despays de
plaines dont l'assolement est bien combiné,
il n'y a presque jamais avantage àsemerectte
variété, parce qu'elle manque très-souvent,
donne des récolles inférieures, etqu'on peut
la suppléer par des cultures plus productives
et plus certaines ; mais il n'en est pas de même
dans les pays de calcaire argileux très-élevés,
(1) Ou peut s'étonner que les Anglais n'aient pas deux noms distincts pour la navette et le colza, et
leur appliquent indifféremment ceux de Rnpr et de Cole-sred qui, pour eux, sont synonymes. On voit
même, par les écrits de leurs meilleurs agronomes, qu'ils confondent les deux plantes ; M. Loudon
est le seul, à ma connaissance, qui ait indiqué quelque différence entre elles, mais d'une manière
vague et sans donner à chacune un nom spécial. S'il était possibledc substituer une nomenclature rai-
sonnée à celle consacrée par l'usage, on la trouverait ici toute faite, seulement en séparant les deux sy
nonymes; car, en se basant sur l'étymologie, Râpe (Râpa ) est un nom exact pour la navette, tandis
que Cole-sted est précisément l'équivalent de colza [Kohl-saat), grain* do chou, par inversion de
chou-a-frrainc.
CHAP. f. DB LA CAMKLINE.
famille des Crucifères. — Elle est toujours plante jusqu'à la fin de Juin et même t
annuelle. — Sa tige, cylindrique et tres-ra- mencement de juillet. Dans les fonds qui
meuse, s'élève de 1 à 2 pieds(Om 325 à 0œ650). s'échauffent moins facilement, eu égard à la
—Ses feuilles sont velues, alternes; les infé rapidité moins grande de la végétation, il
rieures oblongues et presque spetulées; les convient de les commencer dès le mois de
caulinaires semi-amplexicaules,auriculéeset mai. — La pratique du nord est à peu près
ciliées sur les bords. — La fleur est jaune. la même.
Cette plante, que nousconsidérons ici sous le Préalablement à cette opération, on a eu
seulpointde vue de laproduction de ses graines, soin de préparer le champ par un ou deux
a cependant quelques autres usages;. — ses labours à la charrue et un égal nombre de
tiges sont employées dans diverse* localités hersages, ou par un seul labour d'automne
pour couvrir les maisons; — dans beaucoup et une ou deux cultures à l'extirpateur aux
d'autres pour chauffer le four; — on a pu en approches du moment des semailles.
tirer une filasse de médiocre qualité; — en- On sème la caméline à la volée à raison de
fin,on les a recommandées depuis long-temps 4 à 5 kilogrammes et souvent moins à l'hec
pour la fabrication du papier commun. tare, à cause de la grande finesse de la
Indépendamment de l'espèce ordinaire, il graine. — Aux environs d'Amiens, d'après
en existe une autre connue depuis quelques M. de Saveuse, on ne répand qu'une pinte
années en France sous le nom de Caméline de cette graine au journal, c'est-à-dire les
majeure, dont nous aurons occasion de par deux tiers de moins que pour un semis à de
ler à la fin de cet article. meure de colza d'hiver.
La Caméline partage avec la navette d'été Le seul soin qu'on accorde à la caméline
l'avantage d'être un des végétaux oléagineux après qu'elle est levée, c'est de l'éclaircir de
qui occupent le moins long-temps le sol. Elle manière que chaque pied se trouve à la dis
peut se semer plus tard avec d'autant plus tance de 6 pouces {()'" 162) au moins de son
de chances de succès qu'elle n'exige pas des voisin.—On détruit en même temps les mau
pluies fréquentes, qualité bien précieuse vaises herbes qui pourraient entraver sa
les années ousu tes récoltes d automne croissance.
ou de printemps ont été détruites. Aussi en Nous devons ajouter encore, d'après l'ex
fait-on grand cas en divers lieux pour rera- périence de M. de Dombasle, que l'époque
Slacer les lins, les colzas, les pavots, et, dans de la maturité de la graine de caméline étant
es cas heureusement moins fréquens, les la même que celle de la moutarde blanche,
blés qui ont péri par suite du froid, de la lorsqu'elles ont été semées en même temps,
grêle ou des inondations. il y a un grand avantage à les semer ensem
La Caméline, qui aime depréférence les sols ble sur le même terrain. Le produit est de
légers, peut croître passablement bien dans cette sorte beaucoup plus abondant que si
les terres à seigle de médiocre qualité et de on les avait semées a part, et la graine mé
faible profondeur. De toutes les plaptes oléa langée, qu'il serait d'ailleurs facile de sépa
gineuses, c'est peut-être celle dont la culture rer par le criblage, ne perd rien de sa valeur
est la moins limitée pour le choix du terrain. pour la fabrication de 1 huile
— On peut dire, avec un habile cultivateur La récolte de la Caméline ne diffère en rien
delà Flandre, qu'elle vient partout et qu'elle de celle du colza. — Dans quelques contrées
y vient avec succès, pour peu qu'on lui ac on l'arrache au lieu de la fauciller.
corde les soins de culture et les engrais né En des circonstances ordinaires le produit
cessaires. d« cette plante a été évalué à 15ï hectolitres
On lui a reconnu d'ailleurs des avantages à l'hectare.— Il est à remarquer que dans *
d'un autre genre qui ne sont pas à dédaigner: les mêmes circonstances, lorsqu'on la cul
le premier, c'est qu'elle est à l'abri des attises, tive simultanément avec la moutarde blan
qui attaquent, comme nous l'avons déjà dit, che, on obtient de la même étendue, terni»
presque toutes les plantes de la famille des moyen, de 17 à 18 hectolitres.
crucifères dans leurjeunesse; et des pucerons M. Gaujac, sur 875 kilog. de graines de
(Aphis), qui se multiplient parfois tellement caméline, produit de 40 ares, a obtenu 238
à l'époque de la floraison, qu'ils diminuent kilog. d'huile et 630 kilog. de tourteaux.
sensiblement les récoltes de colza et de na L'huile de caméline est très-bonne à brû
vette ; — le second, c'est, d'après M. de Dom- ler; elle a même moins d'odeur et donne
basle, qu'il est possible d'obtenir une récolte moins de fumée que celle de colza, à laquelle
dérobée de carottes ou un fort beau trèfle elle est inférieure sous les autres rapports.
après la caméline (1). La Caméline majeure a les graines plus
Vers le centre de la France, sur des sols grosses, plus abondantes en huile que celles
précoces, on diffère parfois les semis de cette de l'espèce commune, ce qui avait faitespérer
(1) « J'avais employé par hectare 5 livres de graines de carottes qui avaient été répandues à la vo
lée en même temps que la graine de plantes à huile. Au moment de la récolte de ces dernières, les ca
rottes étaient assez belles, à la réserve de quelques sillons où elles étaient fort claires. J'en ai fait sar
cler une partie en arrachant les herbes à la main ; comme l'ouvrage était coûteux à cause du grand
nombre de mauvaises herbes, je me suis contenté de faire herser fortement et à plusieurs reprises
le reste avec une herse de fer fort pesante. Les carottes n'ont pas souffert de cette.opération ; mais
elles ont pris peu d'accroissement, parce que la terre n'était pas suffisamment nettoyée. Celles qui
avaient été sarclées à la main, au contraire, ont donné une récolte satisfaisante et équivalente k
moitié d'une récolte de carottes cultivées seules. — J'ajouterai que j'ai semé dans la même année beau
coup de trèfle dans de la caméline, ainsi que dans du colza de printemps et de la moutarde blanche.
11 est venu beaucoup plus beau qne celui qui a été semé 'J"us des céréales. » ( Uém. de la Sot. rojr.
d'agriculture. )
AGniCULTURE. TOME II.-
10 CULTURES INDUSTRIELLES : I ES PLANTES OLEAGINEUSES. liv. h
à M. Bocrlbt qu'elle pourrait la remplacer Black mustard; ail. Schwarzer senf; it. Se
avec avantage. Mais des essais comparatifs de nape nero ) ( fig. 6), se distingue de la blan
l'une et de 1 autre, dont l'un de nous a rendu Fig. 6.
compte à la Société d'encouragement, ont
Tait reconnaître qu'à terrain égal elle pro
duisait beaucoup moins de graine que l'es
pèce ordinaire ; il est donc douteux que sa
culture puisse présenter quelques avantages.
Vilmorin et O. Leclerc-Tbouin.
Section v. — De la Moutarde blanche
et noire.
Cet deux plantes, du genre Sinapis, appar
tiennent à la famille des Crucifères comme
toutes les précédentes. Elles sont annuelles.
— La première (Sinapis alba; angl. White
mustard; ail. IVeisser senf; it. Senape bianco)
[fig. 5 ), a les tiges velues, rameuses, hautes
Fig. 5.
son état brut , comme je l'ai fait jusqu'ici. — Pour comparer les résultats, il faudrait donc porter en
déduction les frais assez considérables du rouissage, du broyage, etc.
chap. 2». DU CHANVRE ET DE SA CULTURE. § II. — Terrain convenable. 2»
riences. Les saisons ont été peu favorables,
el je crois en avoir d'ailleurs assez dit dans
le cours de et article,pourfaire voir combien
les essais sont nécessaires en pareille matière, La culture du chanvre intéresse tous les
et combien le changement de localité peut pays maritimes, et plus particulièrement, en
apporter de différenceOscardans
Leclerc-Thouin.
les résultats. France, la Bretagne où elle réussit très bien;
en effet, elle y est favorisée: l°par uu chmal hu
mide etlempéré, dont la latitude correspond
à celle de l'Ukraine, qui fournit au commerce
Section fi. — Du chanvre et de sa culture. de Riga des ehanvres si renommés par leur
souplesse, leur élasticité et leur longueur;
Le Chanvre (Cannabis sativa, en anglais mées 2° par le sol de ses vallées et de ses plaines, for
Hemp, en allemand HanJ, en italien Ca- d'une d'une argile mêlée de sable, recouverte
napa, eu espagnol Canomo) (Jîg. 13 ) est une est protégéecouche
forte d'humus, et où la plante
contre la violence des vents par
Fig. 13. l'abri excellent des collines, ainsi que par des
haies et des berges garnies d'arbres; 3° par
le bas prix de la main-d'œuvre ; 4° par l'im
mense consommation de voiles, cordages et
filets , que font dans cette contrée, sur une
étendue de près de 140 lieues de côtes, les
grands et les petits élahlissemens de la
marine.
Le chanvre demande une terre humide,
forte, argileuse, recouverte d'une couche
d'humus très épaisse, ameublie par de pro
fonds et fréquens labours, fumée par des en
grais substaulielsetabondans. Lorsque toutes
ces conditions se trouvent réunies, ou peut
le cultiver à perpétuité sur le même sol, qu'il
suffira de défoncer à la bêche et de fumer
convenablement. Ceci ne forme pas précisé
ment une exception à la règle de I assolement
alternatif, puisque le sol est entièrement et
complètement régénéré par l'abondance de
l'engrais; et, dans beaucoup de pays, où la
culture du chanvre, quoique florissante et
étendue, est cependant morcelée comme le
sont en plaine les héritages, il n'en peut pas
être autrement, chaque petit propriétaire
n'ayant que le même terrain à consacrera la
même culture, et le couvrant de chanvre cha
que année sans jamais y intercaler aucune
autre semence.
des conquêtes les plus utiles que nous ayons Si le terrain est trop humide, on facilite
faites sur le règne végétal. Cette plante se l'absorption des eaux par une addition de
cultive pour sa filasse, dont on fabrique les sable et par des labours profonds; on l'a
cordes el cordages et les trois quarts des toi mende avec du fumier peu ou point fer
les employées dans l'économie domestique et menté, provenant des fientes de porcs, de
dans les arts; on la cultive aussi pour l'huile brebis, de chevaux, avec des composts de
contenue dans les graines que portent les gazon el de chaux, avec des matières fécales;
pieds femelles, cetle plante élant clinique ou pour donner de la compacité et delà fi aicheur
ayant les deux sexes sur des individus diffé a un sot calcaire ou sablonneux, on emploie
rents. des fumiers tres-fermentés et consommés,
composés de feuilles et de Seules de bêtes a
§ 1".— Usages du enanvre. cornes, de boues d'étangs, de substance »
végétales et animales très putréfiées, de mu-
Outre ses usages dans la lingerie, le chan riale de soude et de plantes marines.
vre trouve encore un débouché bien plus Dans les terres fertiles du Bolonais, on fait
considérable dans la corder te et la marine. entrer le chanvre dans les rotations de cul
Aucune plante textile ne peut jusqu'à pré ture et on le fait alterner avec le blé, parce
sent l'y remplacer pour la voilure et les cor qu'une partie de l'engrais donné au chanvre
dages. sert encore pour le grain. On laboure le champ
On extrait de ses graines une huile employée en juillet, et, en septembre, on le fume avec
à la peinture, à l'éclairage, à la fabrication des débris de laine, des plumes, des cornes,
du savon, el propre à beaucoup d'autres des rognures de peaux et d'autres substances
usages. Ou en nourrit aussi les oiseaux de animales qu'on recouvre par un second la
basse-cour et de \olière. Elle rend la ponte bour; on pourrait encore enfouir des lupins
des poules pliu hâtive et plus abondante. On ou des fèves. En novembre, on donne une
réduit le marc des huiles eu tourteaux, dont troisième façon, et l'on dispose le champ en
les animaux domestiques sont avides. planches de 2 mètres environ, divisées par
| un sillon profond. Au printemps on répand
24 CULTURES INDUSTRIELLES : PLANTES TEXTILES ET FILAMENTEUSES, liv. n.
encore sur le champ un engrais bien con pieds plus haut que l'autre et a donné une
sommé, tel que de la poudrette ou des chry filasse qui n'a pas paru inférieure, humides
salides de vers à-soie; on sème ensuite le champs de Bordeaux a annoncé en 1834 que,
chanvre que l'on enterre immédiatement dans des terrains de landes et d'assez mau
avec le soc, après quoi on égalise le terrain vaise qualité, celte plante s'était élevée à 7,
avec une herse de fer. On sème dru, si l'on 9, 11 et même 13 pieds de hauteur; que ce
veut un fil fin. Ou sarcle quand la plaochc a chanvre demande une terre légère et sablon
cinq doigts de haut. Si elle est exposée à neuse ; qu'il s'accommode très-bien du sol
souffrir de la sécheresse, on arrose le champ des landes de Bordeaux; enfin, que, cultivé
par irrigation. sur une terre qui n'a reçu aucun engrais, il
Dans les parties de la Bretagne où la cul y devient aussi beau que le chanvre ordi
ture du chanvre est le plus florissante, on naire.
donne généralement trois labours. Le premier
est retardé jusqu'en février, mais il serait § IV. — Semis : préparation.
mieux placé a la (in de l'automne; la terre,
exposée tout l'hiver aux influences de l'air, L'époque des semailles varie en France, du
s'ameublit, s'imprègne des gaz atmosphéri 15 mars au 1" juin , et, en général, on peut
ques, et reçoit de l'action alternative des semer immédiatement après les premières
météores aqueux une plus grande force de gelées que le chanvre redoute beaucoup. La
végétation. — Thouin et Bosc recomman graine est recouverte très-légèrement avec
dent de donner ce labour en octobre ou des râteaux ou une herse garnie d'épines. Il
en novembre. Ces agronomes veulent aussi est à propos de répandre sur le semis des
qu'on répande les fumiers avant le premier débris de chénevolte, de la fougère, de la
labour. En Bretagne, on le répand à la mi- vieille paille, qui tiennent la surface de la
avril, au moment du second labour qui sert terre fraîche et meuble, en protégeant le
à l'enfouir, à raison de 25 et 30 charretées de jeune plant. On répand aussi des composts
la force de deux bons chevaux chacune, par de boues bien consommées, mais c'est une
hectare. On bri«e les mottes, soit à la houe, addition d'engrais qui ne remplit pas aussi
soit à la herse, et, du 1" au 10 mai, on donne bien le but qn on se propose.
le dernier laboui , sur lequel on sème par Le choix de la semence est toujours une
Etanches de 4 pieds de largeur, après avoir condition de la bonté des récoltes ; il influe
ien ameubli et régalé la terre. particulièrement et d'une manière remar
quable sur celle du chanvre. — En Bretagne,
§ III. — Espèces et variétés. on n'y apporte aucune attention; aussi les
plus belles tiges y dépassent-elles rarement
L'espèce commune est une planteannuelle, 6 pi. En Alsace elles atteignent communé
herbacée, dioïque, delà famille des urlicées. ment 8 pi. Elles sont beaucoup plus élevées
Les fleurs sont paniculées, axillaires et ter en Italie, où l'on est parvenu, à force de
minales dans le chanvre mâle. Le calice a cinq soins, à créer la nouvelle variété dont il a
divisons et porte cinq étamines dont les fila- été parlé plus haut.
metis sont courts et les anthères oblongues. Lorsqu'on veut avoir de la graine de qua
— Dans le chanvre femelle, les fleurs sont lité supérieure, on sème plus clair, environ
axillaires et sessiles. Leur calice alongé, 5 hectolitres par hectare, et on arrache en
étendu seulement sur le côté, couronne un suite les plants les plus faibles, de manière
ovaire portant deux styles avec leurs stig à ce que ceux qui restent soient espacés entre
mates. Une petite capsule arrondie à deux eux de 8 à 10 pouces et plus. Les tigeg
valves renferme une petite graine d'abord grossissent davantage, étant mieux exposées
blanche, etqui brunit en vieillissant. au soleil; elles deviennent rameuses et por
On a obtenu, en Italie, xmevariété appelée tent plus de graines, mais elles ne peuvent
Chanvre de Bologne ou Chanvre de Piémont, donner qu'une filasse propre à être employée
qui s'élève quelquefois dans les bons terrains dans la corderie. Il y a des cultures spéciales
jusqu'à 10 pieds; elle donne généralement pour cet objet. La graine de la dernière ré
peu de graines cl de médiocre qualité; son colte étant la seule qui puisse germer, on ne
exportation est défendue. M. Cathos en conserve que la quantité nécessaire aux se
a\ait essayé la culture dans la pépinière mailles de l'année ; il faut aussi que la graine
royale: de Valence en 1789, et elle avait été soit changée souvent; autrement elle dégé
presque aussitôt oubliée. Mais, en 1829, nère. La bonne graine doit être nelte, d'un
M. Cazenavette a rappelé l'attention de grain foncé, luisante, pesante et bien nour
la Société linnéenne de Bordeaux sur celte rie. — Plusieurs de nos départemens en four
variété, que la Société a nommée Chan nissent de Irès-bonne, sans qu'il soit néces
vre gigantesque {Cannabis saliva gigantea ), saire de la tirer du Piémont ou de Riga.
et il lui en remit deux livres de graines qu'il Quantité de semence nécessaire. Ordinaire
était parvenu à se procurer, et qui furent dis ment il en faut 8 hectcl. par hectare; on
tribuées aux cultivateurs. Depuis cette épo sème plus épais et plus tard dans les terres
que, de nombreux essais ont réussi et démon légères et sablonneuses que dans les terres
tré les avantages de l'introduction de ce humides et fortes; on sème aussi beaucoup
chanvre. En 1833,.M. de Matba, de Blanque- plus épais (environ 12 hectol. par hectare)
fort (Gironde), a obtenu les résultats suivans lorsqu'on veut obtenir une filasse blonde,
d'un semis comparatif : le chanvre du Pié bien douce, facile à leiller et à filer, avec la
mont a levé 15 jours plus lard, quoique semé quelle on fabrique ces belles toiles de mé
en même temps, et sa maturité a aussi été nage, qui pour la force et la durée sont si
plus Urdive de 15 jours; il s'est élevé de deux supérieures aux toiles de lin. On voit donc
cbap. S*. DU CHANVRE ET DE SA. CULTURE. 25
que la quantité de la semence dépend de mence à brunir. Soixante ouvriers suffisent
remploi auquel on destine le chanvre, et de pour ce travail sur un hectare. On a con
la nature du terrain auquel on le confie. seillé de scier avec la faucille, ce qui occa-
sionerait moins de frais.
§ V. — Soins d'entretien. Au fur et à mesure qu'on arrache le chan
vre, soit mâle, soit femelle, on le lie en pe
Il faut biner et sarcler le plant deux fois, tites boites que l'on dresse en faisceaux. Le
et arroser même si la sécheresse était trop mâle reste 3 ou 4 jours exposé au soleil ; la
prolongée. Quand on a semé Irès-dru, le sar femelley demeure plus long-temps, parce que
clage et le binage sont inutiles, parce que la la graine achève ainsi demurir. il faut veiller
Elante croissant rapidement, ses feuilles ont à ce qu'elle ne soit pas dévorée par les oi
ientôt recouvert la surface du sol et étouffé seaux qui en sont très-friands. S'il pleut, les
les herbes parasites ; mais alors les labours faisceaux doivent èlre déplacés et retournés
doivent être plus profonds, parce que les pour les faire sécher.
tiges étant très-rapprochées, les racines ne Pour extraire la graine, on frappe avec des
peuvent s'étendre latéralement; il faut donc, battoirs sur les têtes des bottes, ou bien on
pour se bien nourrir, qu'elles Irouvent à pé les passe sur un gros peigne ou seran en fer
nétrer une couche épaisse de terre végétale. qui arraehe les sommités, qu'on pourrait
Lorsque le plant est modérément espacé, il même couper, ainsi que les racines, sous un
donne d'autant plus de filasse, dont la téna hache-paille. Ensuite les graines, enveloppées
cité est d'autant plus grande, qu'il a acquis de leur calice et mêlées avec des feuilles, etc.,
plus complètement sa croissance à l'air libre. sont exposées au soleil et vannées ou criblées
Sa graine mûrit mieux et est infiniment plus comme le blé. On les porte au grenier, pour
abondante. y être étendues par couches très-minces, et
régulièrement remuées,de crainte qu'elles ne
§ VI.— Maladies et remèdes; plantes et animaux s'échauffent. On sait que toutes les graines
nuisibles , moyens d'en préserver. oléagineuses sont de difficile conservation,
et qu'elles perdent promptemenl, en s'échauf-
Quelque bien couverte qu'ait été la graine, fant, leur faculté germinative. Il faut aussi
il ne faut pas la perdre de vue jusqu'à ce veiller aux souris. La bonne conservation des
qu'elle soit entièrement levée; car les oi graines demande une extrême attention ;
seaux, et les pigeons surtout, en sont ex quand elles sont bieu sèches, on peut, au
trêmement friands. Il faut les en écarter bout d'un mois, les mel're dans des sacs ou
souvent, soit par le bruit de quelques coups dans des tonneaux défoncés par un bout.
de fusil, soit par des mannequins de paille; Il est assez difficile de déterminer exacte
il est bon de veiller aussi sur les campa ment le moment le plus convenable poifr
gnols, les mulots et autres quadrupèdes ron l'extraction de l'huile, à cause des differens
geurs. degrés de maturité des graines, provenant
Deux plantes parasites font encore beau d'une même récolte. Si on les porte trop lot
coup de tort aux chenevières ; ce sont la cus au moulin, on a moins d'huile; trop tard,
cute et Yorobanche ; on ne peut les détruire il y a beaucoup de graine rancie qui altère
qu'en les arrachant avant leur floraison; et , la bonne qualité de l'huile. 2 à 3 mois sont
pour le faire, il ne faut pas craindre d'arracher un bon terme moyen.
un peu de chanvre; car cette perte est un
gain pour l'année suivante. § VIII. —Du rouissage.
Aucuu insecte n'attaque le chanvre, mais
une chenille vit dans l'intérieur de sa tige et Le rouissage a pour objet de dissoudre une
le fait souvent périr. gomme résine qui maintient l'adhérence des
libres de l'écorce entre elles et à la partie
§ VTI. — De la récolte. ligneuse de la plante, s'oppose à leur sub
division en fibrilles plus tenues, ainsi qu'à
Pour récolter le chanvre, il faut saisir l'in la blancheur et à la durée des tissus. Elle est
stant de sa maturité. Si on tarde trop, il généralement dans la proportion de 5 à 148,
pourritou devient ligneux,et,dans les deux cas, puisque 148 livres de chanvre ne pèsent plus
il est impropre à la filature et au tissage. Si que 143 livres après le rouiss gc; mais cette
on se hâte de l'arracher, on n'obtient qu'une proportion varie en raison de l'étal de sic-
filasse dont les lits ont peu de résistance, et cité où se trouve le chanvre lorsqu'on le dé
la toile qu'où en fabrique s'use prompte- pose dans les routoirs.
ment. Le chanvre qui est roui le plus prompte
L'époque de la maturité est différente pour menl donne une meilleure filasse, des fils
les deux sexes. Le chanvre mâle est mùr plus élastiques, plus forts, plus durables.
lorsque son pollen est dissipé et que ses Donc, moins le chanvre a macéré dans l'eau,
sommités jaunissent. On l'arrache, en Bre mieux il vaut; donc, plus le mode de rouis
tagne, vers la mi-juillet II faut cent dix ou sage s'éloigne de la fermentation, plus les fi
vriers pour celte opération sur l'étendue bres textiles conserveront de qualité. C'est
d'un hectare. Ils ont l'attention de marcher sur cette thé»rie que sont fondées les tenta
dans les allées qui séparent les planches, afin tives (pie l'on a faites pour débarrasser l'é
de ménager le chanvre femelle, qui n'est mùr corce du chanvre de ses sucs concrets sans
qu'environ 6 semaines après le mâle. On l'ar le secours de l'eau. De là les projets de broyés
rache, en septembre, lorsque ses feuilles jau mécaniques. Mais des expériences suivies pen
nissent et tombent, que ses sommités se dant longtemps ont fait conclure que si les
fanent et s'inclinent, et que la graine com- orocédés mécaniques détachaient bien réeU
4GR1CULTURE. TOMB II. 4
26 CULTURES INDUSTRIELLES: PLANT! 5 TEXTILES ET FILAMENTEUSES, liv. h.
lement une partie des sucs concrets, il en vant âge de faire vivre un très-grand nombre
restait de très-adhérens à la fibre qu'on ne d'ouvriers, et de les occuper aans les jours
pouvait détruire que par la macération. pluvieux et dans les longues soirées d'niver
Quant aux procédés chimiques qu'on a pro durant lesquelles on peut renvoyer toutes les
posés pour exécuter cette macération, quoi opérations qui suivent le rouissage.
qu'on puisse dire que les recherches à cet
égard ne sont pas épuisées , la dépense plus Soi LANCE BODIN.
considérable que le rouissage ordinaire qui
en résultait, les a fait rejeter; il en a été Section m. — Du Cotonnier, ses espèces
de même de la macération dans l'eau et variétés, et sa culture.
chaude.
On submerge ordinairement le ckanvreaprès Le Cotonnierv'Goj.fjTj/u/w/enanglais^oMo/i;
que le soleil l a séché quelques jours ; le mâle en allemand, Baumwollen\taude; en italien,
séjourne dans les routoirs de 8 à 12jours, et Cotone){fig. 14) est une plante de la famille
la Jemelle 15 jours au moins, parce que l'en
durcissement de sa tige, par une plus longue Fig. 14.
maturité, rend la dissolution de la gomme
plus difficile. L'eau courante est préférable.
Le chanvre mâle, cueilli à un degré de ma
turité convenable, peut y être complètement
roui en cinq jours, la température de l'at
mosphère étant à 20° Réaumur. Le plus im
portant et le plus difficile est d'obtenir la
dissolution de la gomme avant que les fibres
soient endommagées parla macération.
Au sortir du routoir. on délie les boites et
on les met sécher sur un pré. Si le vent est
favorable, c'est l'affaire de 7 à 8 jours. En
suite, on lie le chanvre par grosses bottes
bien séchées qu'on entasse dans les granges.
On réserve pour l'hiver les préparations
subséquentes dont il sera traité dans le livre
des Arts agricoles. Elles consistent : 1° dans
le teillage, opération dans laquelle, après
avoir brisé l'extrémité de chaque tige, on en
lève à la main, d'un bout à 1 autre, l'écorce
qui recouvre la partie ligneuse ou chenevotte:
on ne le pratique que sur les chanvres fins;
2" le broyage, qui brise parfaitement la chene
votte et dégage la filasse d'un reste de résine
qu'elle contenait encore; la filasse qui en ré
sulte, pour être bien assouplie et dégagée de
petites parties ligneuses très-adhérentes, a
encore besoin d'être battue avec des espades
ou pilée dans des mortiers; 3° enfin le pei- des Malvacées, à liges ligneuses et à racine»
gnnge, qui a pour objet de diviser les fibres pivotantes. Elle croit spontanément dans let
et de séparer les diverses longueurs de contrées les plus chaudes de l'Asie, de l'A
brins. frique et de l'Amérique. On est parvenu à
§ IX. — Des frais et produits. l'acclimater en Europe, par degrés, à des
latitudes dont la température, quoique assea
chaude, n'égale pas celle de la zone torride. r
On a vu, par ces détails rapides, combien Le fruit de cette plante contient un duvet
les frais sont multipliés et considérables; précieux qu'on appelle coton.
lesproduits sont au contraire assez faibles, et Le Cotonnier présente quelques espèces
il arrive souvent que les frais sont à peine et un assez grand nombre de variétés qui
remboursés avec un bénéfice suffisant par sont souvent confondues entre elles par les
la vente des produits. Les calculs donnés botanistes. Linné admet G espèces de coton
dans la section précédente pour le lin, pour niers; I.amai k, 8; Rohr, 29. Dans le nombre
ront servir jusqu'à un certain point pour la de ces dernières, Rohr pense que les espèces
culture du cliaiivre. Cette petite industrie les plus avantageuses pour les planteurs
semble devoir être surtout dévolue, sous ce américains peuvent être portées a six. Ce
rapport, aux populations chez qui la main- sont :
d'œuvre est peu élevée, et qui peuvent, par 1" Le Cotonnier Yeard rounel;
conséquent, donner à très-bas prix le produit 2° Le C. sorel rouge;
de leur travail. Elle serait susceptible, sans 3° Le C. de la Guyane;
doute, d'améliorations que ce n'est pas ici le 4° Le C. du Brésil;
lieu de rechercher, mais qui méritent d'occu 5° Le C. indien ; .
per les agronomes et les nommes d'état. 6° Le C. siam blanc.
Cependant, lorsque le chanvre est converti Notre but étant d'introduire le cotonnier
en toile à voile par le premier producteur, sa en France ou dans la colonie d'Alger, nous
culture donne deux fois plus de bénéfices croyons que les espaces les plus convenables
qu'aucune autre qui soit connue. Elle a l'a- pour ces contrées „i:d3ent les suivantes :
CHAP DU COTONNIER,
1° Le C. herbacé. Il est annuel SES ESPECES ET VARIETES , ET SA CULTURE.
en Europe, 27
sont doux, on les taille très-courts au prin
vivaceen Afrique, et forme un arbrisseau qui temps. A Malte, en Sicile et dans les lies de
s'élève à 1 pi. et demi ou 2 pi. de terre. Sa Lipari, le coton herbacé vit plusieurs années.
tige est ligneuse et velue. Elle se partage en Pour les espèces vivaces, le climat doit être
courts rameaux garnis de feuilles à 5 lobes celui où il ne gèle pas, ou du moins où il
arrondis vers leur milieu et pointus à leur gèle si peu que ces espèces ne puissent en
extrémité. Ces feuilles ont sur le dos une souffrir.
glande verdâtre peu remarquable. Elles sont Ce climat favorisé du ciel existe à Alger,
dures au loucher et soutenues par d'assez et c'est 1» où l'on pourrait se livrer sans
longs pétioles, au-dessous desquels se trou crainte à la culture des espèces que nous
vent 2 stipules ordinairement lancéolés et venons d'indiquer.
un peu arqués. Les fleurs naissent dans Indépendamment de la colonie d'Alger, la
les aisselles des feuilles, el toujours en plus France possède beaucoup de départemens où
grande quantité vers l'extrémité des bran elle pourrait acclimater le Cotonnier herba
ches. Le fruit de ce cotonnier est de la gros cé. M. de Candolle, ce savant botaniste, qui
seur d'une noix , divisé en 4 compartimens a voyagé dans une partie du midi pour com
couverts de valves, qui s'ouvrent lorsque le pléter sa Flore française, a indiqué comme
colon, qui y est renfermé, est parvenu à sa propres au colon : 1* le sud des Cévennes,
dans les départemens du Gard et de l'Hé
maturité.
2° Le C. de l'tle Bourbon est une espèce rault ; 2° le Roussillon ; 3° le département des
précieuse, transportée de cette ile aux lies Landes. Nous y ajouterons celui de la Corse:
Lucayes en Amérique. Ce coton, dit M. de d'après les essais faits en 1828 par notre
Lasteyme, ne redoute ni les vents, ni la honorable collègue, M. Angellier, alors
pluie, ni le froid. Son fruit ne se détache ja préfet de ce département, il résulte que
mais de ses rameaux qu'à sa parfaite matu plusieurs espèces ou variétés de cotonnier,
rité.
plutôt11que a une
les croissance
autres. Sesrapide fructifie telles que le Caroline, graine verte, graine
fruits etmûrissent
noire el longue soie, le santorin el le nankin
tous à peu près à la même époque : ses fila- de Siam, peuvent accomplir leur végétation
mens sont aune grande finesse, et son pro sur plusieurs points de cette Ile, et y devenir
duit est double en quantité, quoique ses l'objet d'une culture importante.
capsules soient extrêmement petites. Il s'é Mous ferons maintenant connaître la na
lève peu. Lorsque ses capsules commencent ture et la préparation du terrain convena
à grossir, elles penchent vers la terre. 11 exige ble au cotonnier.
le même terrain et la même culture que les
autres. Il préfère cependant les bords de la §1". —Terrain, engrais.
mer. Le meilleur terrain est un sol meuble, mo
3° Le C. de Géorgie à graines noires. Celte
espèce est annuelle, ou demande au moins à dérément argileux, substantiel, frais, bien
être semée de nouveau chaque année. Son divisé, qui permette aux racines de s'enfon
coton, connu dans le commerce sous le nom cer et de s'étendre. On a remarqué que plus
de coton de Géorgie, se vend en Angleterre la racine du cotonnier s'enfonce, plus on en
à un prix double de celui des meilleures es obtient de.duvet. Il est donc essentiel de la
pèces à semences vertes. Il donne par acre, bourer le terrain profondément. La charrue
sur les bords de la mer, dans un terrain meu est le moyen le plus actif el le plus écono
ble et fertile, 200 à 210 livres de coton net mique.
toyé. Le cotonnier étant une plante vorace, il
4° Le C. bush colton. Cette espèce est an lui faut des entrais bien préparés et d'une
nuelle; ses graines sont vertes, petites. Ce prompte et facile dissolution On emploie à
cotonnier s'élève d'1 à 2 pi. de terre tout au cet effet, en divers endroits de l'Italie, les
plus. C'est celui qui réussit le mieux vers le matières fécales fermentées, mélangées avec
nord. Les fruits arrivent à maturité jusque de la terre meuble et bien préparée, les dé
sous le 40" degré de latitude en Amérique. pôts des rivières, les vases des canaux, des
Le climat du midi de la France lui con fossés et maresou étangs, les terreaux suffi
viendrait parfaitement. Son coton est d'une samment consommés, la chaux, les résidus
qualité intérieure et a des filaruens très- des plantes oléifères, les cendres végétales
ou minérales. Nous recommandons aussi le
courts.
6° Le C. santorin. Il vit plusieurs années, noir annualisé de M. Payen, qui, doué d une
supporte les gelées de l'hiver, pourvu qu'on activité merveilleuse, offre l'avantage d'être
ait soin de couper sa tige rez-lerre à l'entrée très-économique.
de cette saison. § II. — Graines et ensemencement .
6° Le C. d'ivica, à tiges demi-frutescentes.
Il est assez rustique, il supporte les gelées
sèches el rapporte beaucoup. Sa récolte se La graine, du cotonnier garde plusieurs an
fail communément eu octobre. nées sa faculté gerininative, surtout si elle est
Quoique les botanistes ne soient pas d'ac conservée avec son duvet et enJieusec. La
cord entre eux sur le nombre des espèces et plus mûre, la plus fraîche et la plus pesante,
des variétés du cotonnier, tous cependant est celle qui doit obtenir la préférence. Il
distinguent les cotonniers en ligneux el en faut aussi choisir la semence qui vient d\.n
herbacés. Les premiers sont vivaces de leur climat qui se rapproche le plus, par sa lati
nature, comme les arbres et les arbrisseaux ; tude, de celui où on veut la semer; le suc
]ns autres ne le sont qu'accidentellement, cès en est plus assuré.
<>du.-:^; semés dans un pays où les hivers ^Dans plusieurs espèces ou variétés, la
28 CULTURES INDUSTRIELLES : PLANTES TEXTILES ET FILAMENTEUSES, ut. «.
graine est Irès-adhérenle au duvet : avant de dre, mais dans la partie où la tige commence
la semer, il faut la bien frotter avec de la à se durcir. On pince également ou on coupe
terre sèche et fine pour en séparer ce duvet, à leur tour les extrémités des branches la
afin qu'il n'oppose pas de difficultés à l'en térales, lorsqu'on y voit deux gousses, de
semencement. , . manière à obtenir une touffe à la partie su
Nous ne déterminerons point l'époquefixe périeure. — On répète celte opération chaque
à laquelle on doit semer le coton. La saison la fois que les pousses se reproduisent.
plus propice est celle où l'on n'a plus à crain A l'époque où les fruits se disp»sent à se
dre les gelées printanières, c'est-à-dire du former, on commence à ébourgeonner. On
milieu de mars a la fin d'avril. Le temps le pratique rarement celte dernière opération
plus favorable à l'ensemencement est celui sur les espèces qui doivent durer un certain
qui est disposé à la pluie. Il est utile, pour nombre d'années, et cet usage est inconnu
faciliter la germination, de faire tremper en Espagne, où le cotonnier vit jusqu'à 10
ftendant 36 heures la graine, soit dans de ans, lorsqu'il n'est pas détruit par les gelées
'eau de rivière, soit dans une lessive de cen ou par quelque autre accideut. Mais il est in
dre ou de suie. Après l'ensemencement on dispensable d'ébourgeonner l'espèce dite
aplanit le terrain. annuelle, et toutes celles qu'on ne veut con
On seme le coton de 3 manières : à la volée, server qu'un an.
en rayons, ou dans des trous creusés à la sur
face du sol. La première méthode, ne pou § IV.— Maladies et animaux nuisibles.
vant mettre d'égales distances entre chaque
plant, présente des difficultés pour les tra Le cotonnier craint les grands vents froids,
vaux subséquens, qu'on doit exécuter avec les sécheresses excessives, les trou fortes
la houe à cheval. La seconde et la troisième pluies, surtout au moment de la floraison.
sont meilleures. La semence doit être peu Cet arbrisseau est aussi attaqué par plu
recouverte,
§ II. — surtout lorsque
Soins pendant le terrain est sieurs enneniisqui lui font beaucoup de tort:
la végétation.
humide à l'époque de la semaille. en outre de ceux qui lui sont communs avec
Pour ensemencer un hectare, en plaçant beaucoup d'autres plantes , et dont il est
les graines 4 par 4 dans les trous espacés à traité ailleurs, la chenille à colon est le plus
3 pieds les uns des autres, nous estimons qu'il redoutable, d'abord parce qu'elle se jette
en faut 40 lit., contenant par aperçu 120,000 souvent avec tant de voracité et en telle
graines ou environ 30 livres, le litre pesant abondance sur les cotonniers, qu'en 2 ou 3
les 4 cinquièmes d'une livre. jours elle les dépouille de toutes leurs feuil
Le colon lève ordinairement au bout de les, ensuite parce que, après avoir parcouru
huit jours, cl quelquefois plutôt. en moins d un mois les différens états de
chenille, de chrysalide et de papillon, elle
reparaît sous sa prt-mière forme, disposée à
faire de nouveaux ravages, qui durent quel
Dès que les jeunes plantes commencent quefois 10 mois de suite. .Nous faisons obser
à sortir de terre, la principale attention est ver cependant que c'est dans l'Inde et en
d'extirper les mauvaises herbes, et cela au Amérique que le cotonnier rencoulre ce* en
tant de fois qu'elles paraîtront, en rappro nemis : il esl probable qu'en Europe et sous
chant un peu la terre des pieds du coton noire climat il en trouvera en moindre
nier pour les soutenir contre les vents, et quantité, et peut-être ceux-là seulement qui
pour les aider à résister plus facilement à la attaquent les mauves et les guimauves.
sécheresse. On ne laisse dans chaque trou Il y a peu de moyens pour détruire tous
qu'un seul pied, et on enlève les autres à l'é ces insectes. Une surveillance excessive, des
poque où ils ont au moins 4 feuilles. Si des soins continuels, et quelquefois les secours
graines ont manqué quelque part, on les du ciel, c'est-à-dire les pluies fraîches et
remplace par des pieds enlevés avec précau abondantes, les nuits froides qui sont sui
tion dans les trous trop garnis. vies de chaleurs excessives, délivrent la cul
L'arrosage est indispensable pour certaines ture de quelques-uns de ces fléaux. En France,
espèces, inutile pour d'autres. Les Maltais les vers blaucs sont beaucoup à redouter,
prétendent que le coton blanc du Levant, et d'autant plus qu'il n'y a encore aucun re
celui de S in m à couleur rousse, ont besoin mède qui puisse les atteindre. Nous faisons
d'être arrosés, tandis que celui des Indes des vœux bien ardens pour que le gouver
f>eul s'en passer. Les habitans des îles Ba- nement français nous écoule une fois et
éares pratiquent et conseillent l'irr gation. qu'il ordonne le hannetonnage par com
Nous pensons que,sous leclimaldela France, mune, eu accordant des primes à ceux qui
on ne doit pas en abuser, surtout si l'on est en présenteront à la mairie locale une cer
placé près aime rivière, d'un lac ou sur les taine quantité.
bords de la mer. En général, on ne doit l'em
ployer que pour faciliter l'accroissement, § V. — Récolte.
car on retarderait la floraison, la fructifica
tion et la maturité, si on prolongeait long Après la floraison des cotonniers, il se
temps l'irrigation. forme des gousses en nombre plus ou moins
Lorsque le cotonnier est parvenu à la hau considérable : d'abord elles sont vertes, en
teur de 30 centimètres, on doit pincer ou suite elles jaunissent. Lorsqu'elles sont tout-
tailler l'extrémité des tiges principales qui à-fait mûres, les valves qui renferment le
monteraient trop, ne donneraient pas de duvet s'écartent, et laissent échapper le co
gousses ou n'en donneraient que de tardives. ton en flocons avec les semences qui y sont
Il ne faut pas pincer ou tailler dans le ten adhérentes; c'est alors qu'tïfaut les cueillir.
otap. r. DU COTONNIER , SES ESPECES ET VARIETES, ET SA CULTURE. 2!)
On choisit à cet effet un temps chaud, ou tre une muraille : elle est supportée par 4
au moinssec, et, lorsque les capsules sont suf pieds et garnie d'une table, sur laquelle l'ou
fisamment ouvertes, il vaut mieux enlever vrier dispose le colon vis-à-vis les cylindres
avec les doigts le coton adhérent aux grai auxquels il le présente. A mesure qu'il est
nes, et qui est prAl à s'échapper, que de entraîné, les graines tombent par l'ouverture
cueillir les capsules elles-mêmes dont les pratiquée à l'extrémité et le long de la table,
débris peuvent le tacher. La récolte doit se et le colon, s'échappanl du côté opposé, va
faire h plusieurs reprises, suivant les degrés se rendre dans une caisse placée au-dessous.
de maturité des capsules. On le nettoie ensuite des ordures qui peu
A mesure qu'on détache le coton des gousses, vent s'y trouver, et on l'emballe pour le li
on le place dans des corbeilles en le secouant vrer au commerce.
d'abord, afin de faire tomber les insectes ou
autres ordures qui pourraient y rester atta § VI. — Usages du coton.
chés, et ou sépare le bon du mauvais. En
suite on le dépose dans un lieu bien aéré, Il n'est point de plante textile dont la cul
bien sec; on l 'étend, s'il est possible, sur un ture soit plus généralement répandue dans
plancher; c'est la manière d'obtenir une les deux contineus. La finesse excessive à la
prompte et entière dessiccation. quelle le coton peut être réduit, fait qu'on
Il faut aussi faire attention à ce que certains peut le combiner avantageusement avec la
animaux, qui sont friands de la semence, ne laine, la soie, le lin et le chanvre. Le coton a,
pénètrent pas dans cet endroit; car ils y lais- sous certains rapports, de la supériorité sur
spraient des ordures qui détérioreraient con ces deux dernières matières, il exige moins
sidérablement le colon. de préparations pour être converti en vête-
Le coton, sorii de sa gousse, retient avec mens, il reçoit plus facilement la teinture,
quelque ténacité les graines qui lui sont ad et il est plus recherché pour la salubrité de
hérentes. Pour l'en séparer, on a imaginé de l'homme Les étoffes de coton sont durables,
petits moulins irès-simples,peu coûteux,com chaudes, légères, et d'un prix modéré. Avec
posés de deux rouleaux de bois ou cylindres, le coton on fait des tissus de la plus grande
qu'où fait mouvoir l'un sur l'autre en sens utilité, et variés presque à l'infini. Le linge
contraire, soit avec une manivelle (fig. 15), de table d massé, qu'on fabrique en France
avec le coton, égale en finesse et en beauté
Fig. 15. le plus beau linge de table en lin qu'on fait
en Saxe.
La mousseline de coton est regardée com
me la plus légère, la plus souple, la plus
moelleuse et la plus déliée de toutes les
étoffes: le fil de coton se trouve employé dans
la couture et la broderie. Avec le colon on
fait du papier d'une blancheur extraordi- *
naire. Aux Grandes-Indes, en Perse, on fait
les matelas, les coussins, les sofas et pres
que tous lus meubles domestiques en colon.
En Chine, on en confectionne des tapis ma
gnifiques, dont on fait un commerce consi
dérable. En France, le bazin,)e piqué, le nan
kin, la futaine, les velours, les couvertures
soit avec une pédale comme pour le rouet de lit, la bonneterie, les bas, le linge de
(.fis- 16): un volant est place sur l'axe de corps, les garnitures des meubles en co
ton, etc., forment une des branches les plus
Fig. 16. importantes de l'industrie nationale.
Indépendamment de toutes ces qualités,
le cotonnier possède encore des propriétés
médicinales. Le duvet du coton, appliqué
promptement sur les brûlures, en est un re
mède très-efficace. La semence du coton étant I
très-mucilagineuse et huileuse, est un re
mède très-adoucissant dans les toux opiniâ
tres, et, comme elle est très-rafraîchissante,
on la donne en tisane dans les fièvres in
flammatoires. Cette graine est aussi très-
nourrissante, et sert pour engraisser la vo
laille et les animaux domestiques.
^lous bornerons ici les instructions que
nous avons pensé devoir donner aux riches
la manivelle-, on engage le colon entre les propriétaires des départemens du midi. Il
cylindres qui, ayant des rainures longitudi serait possible que, dans les premiers essais,
nales et peu profondes, attirent les fîlamens ils rencontrassent des difficultés provenant
qui pourraient se rouler autour d'eux, au du défaut de germination de certaines grai
lifu de passer si leur surface était unie. On nes, du mauvais choix des variétés, de l'in
donne à ces cylindres un diamètre propor tempérie delà saison, d'une culture peu con
tionné à leur longueur et à la grandeur du venable, etc. Dans ce cas. nous supplions les
moulin. Celte machine se fixe à volonté con- cultivateurs de ne pas se décourager, de ne
«0 CULTURES INDUSTRIELLES : PLANT! Sviennent
TEXTILEStousET
ceux
FILAMENTEUSES."
répandus aujourd'hui
Lrtr.sur
it.
pas être étonnés si. dès l'abord, ils ne réus
sissent pas, d'en bien examiner les causes, de divers points de la France, où Thon in s'est
recommencer en prenant plus de précau empressé d'en envoyer, d'après les relations
tions, et de n'abandonner une entreprise des voyageurs sur ^'immrnse utilité de cette
conçue dans les vues de l'intérêt public, que plante. L'expérience a démontré que, plan
quand/il leur sera clairement démonirequ'elle tée en pleine terre, sous le climat de Paris,
ne peut procurer les avantages qu'ils s'en pro elle n'y végète que médiocrement, et qu'elle
mettaient. y est endommagée ou tuée par nos hivers
L'abbé Berlése. rigoureux; niais qu'elle végète vigoureuse
ment et ne souffre pas des hivers dans nos
Section rv. — De diverses autres plantes départemens les plus méridionaux. C'est
textiles. donc dans ces départemens que sa culture
et sa multiplication doivent être encouragées.
§ Ier. — Du phormium. On en a obtenu des fleurs pour la première
fois en 1816, dans le midi de la France, chez
Fai'jas Saint-Fond, et depuis à Cherbourg.
Phormium, Lin de la Nouvelle-Zélande Mais, jusqu'à présent , les fruits n'ont pas
[Phormium tenax, Forst; en anglais, Iris-lea- mûri, de sorte que c'est toujours par la di
ved flax lily; en allemand, Neu Hollœndischer vision des vieux pieds que l'on multiplie
flachs; en italien,Z/>jo délia Zeelande) lfig.17). cette plante précieuse dont je vais donner
Fig. 17. une légère description.
Le phormium, ou lin de la Nouvelle-Zé
lande, appartient à la famille des liliacées.
De sa racine noueuse, charnue, divisée in
térieurement en fibrilles, s'élèvent de 10 à 20
feuilles engainantes à la base par les côtes,
distiques, lancéolées, longues d'environ 4
pieds, larges de 3 pouces, d'un vert gai, sè
ches, assez minces, coriaces, et d'une telle
force qu'il est impossible de les rompre en
travers. A ce premier appareil de feuilles
s'en ajoutent bientôt d'autres semblables à
l'entour, qui partent du collet de la plante et
forment, avec le temps, une grosse touffe
d'un aspect aussi étrange qu'agréable. La
floraison consiste en une lige ou hampe qui
sort du centre des feuilles, haute de 7 ou 8
pieds, divisée en panicule dans la partie su
périeure, et portant un giand nombre de
fleurs jaunes assez grandes.
En rendant compte de cette floraison,
Faujas Saint-Fond a fait connaître les ex
périences qu'il avait tentées pour extraire
les
lasse
fibyes
; maisdesil feuilles
avoue queet les
le rouissage
convertir et
en les
fi-"
procédés usités pour le chanvre ne lui ont
pas réussi ; les moyens employés par d'autres
personnes n'ont pas eu plus de succès. On
en a bien fait des cordes d'excellente qua
Voici la plante textile par excellence, celle lité, mais on n'a pu donner à la filasse la
dont les nbres tirées de ses feuilles sont les pureté, la division ni le blanc soyeux dont
plus fortes et les plus élastiques; les expérien elle est susceptible. C'est probablement à la
ces faites à ce sujet par Labillardiére les chimie qu'est réservé l'honneur de préparer
placent entre le chanvre et la soie, et elles le phormium de manière à l'obtenir pur et
pourraient remplacer avantageusement tou à le débarrasser des tissus et du gluten qui
tes les filasses avec lesquelles on fabrique les en cache la finesse et la blancheur. Les
cordes, les câbles, et les toiles dont nous chimistes devraientd'autant plus s'empresser
faisons nos vètemens. de mettre la main à l'œuvre, qu'il est bien
En 1791, Labillardiére partit comme certain que le phormium contient une plus
botaniste, dans l'expédition de d'Entrecas- belle et plus précieuse filasse que toutes les
teaux , à la recherche de l'infortuné La- plantes connues.
peyrouse, et revint en France vers 1798,
avec plusieurs plantes de phormium : mais, § H. — De l'Agave.
en arrivant sur nos côtes, les hasards de la
guerre maritime lui enlevèrent ses collec Agave d'Amérique ( Agaoe Americana,
tions, qui lui furent cependant rendues par Lin.; en allemand, Americanische aloe) {fig.
l'intervention du célèbre Banks, excepté les 18 et 19 ). J'ai cru devoir figurer A (fig. 18 )
plantes de phormium. Peu de temps après, l'agave tel qu'il se présente en Amérique, et
Ajton, directeur du jardin de Kew, en h[fig- 19) Ici qu'on le trouve dans le midi de
adressa un pied àTiiouiN, de respectable mé la France, aux environs de Toulon, où il s'est
moire, au Jardin des Plantes de Paris. .Jesl acclimaté el se reproduit spontanément
«le ce pied, multiplié par drageons, que pro- sans culture, afin qu'on puisse juger du la
ctap. 2*. DE DIVERSES S PLANTES TEXTILES. M
Fig. 19. Fig. 18. En Amérique, l'agave croit naturellement
sur les terres élevées, médiocres, où l'eau ne
séjourne pas; a Toulon, il affecte la même po
sition. C'est quand la plante est piès de fleu
rir qu'on en coupe les feuilles pour en ex
traire la filasse qui est assez grossière, ei dont
on fait des cordes. M. Pavy a récemment in
troduit, sous le nom de soievé^étale,m\e. sub
stance filamenteuse très-belle qu'il déclare
être de l'agave et provenir du territoire d'Al
ger. (Quoiqu'il en soil, il en confectionne des
cordes d'une grande puissance, qui résisient
parfaitemeutà l'humidité, toutes sortes d'ob
jets de passementerie, et des tapis de divers
genres.
POITBAU.
§ III. — De l'Apocin.
Apocin ou herbe à ouate, jisclépiade de Sy-
rie {Asclepias Srriaca$.v%.\ ang\. ,Syritin su-al*
low-wort; &\\.,Syricshe seulenpjlauze)(/ïg.20),
Fig. 20.
Un très-grand nombre des plantes qui consommation est plus considérable, et pour
croissent spontanément dans nos champs et laquelle, par conséquent, les végétaux sau
nos bois pourraient être recueillies avec vages ne pourraient suffire.
profit, si les connaissances botaniques étaient
plus répandues dans les campagnes, pour Section i". — De la Guimauve.
fournir les végétaux dont ont besoin
les pharmacies, drogueries et herboristeries; La Guimauve officinale ( Altha'a officina-
ce n'est pas ici le lieu d'en présenter la no lis, L.; en anglais, Marsh mallow ; en alle
menclature, mais nous indiquerons la cul mand, [Eibisch; en italien, Altea) {fig. 33)
ture spéciale de quelques plantes dont la appartient à la famille des Malvacées. Sa
chap. 5e. DE LA GUIMAUVE T DE LA RÉGLISSBt 57
jusqu'à présent ces essais n'ont pas eu de
Fig. 33. succès.
La guimauve n'est pas difficile sur la nature
du terrain; elle croît assez bien dans tous
les sols, pourvu qu'ils ne soient pas maréca
geux ou composés d'un sable aride; mais
celui qui lui convient le mieux et où elle
réussit le plus, est une terre franche, légère,
profonde et un peu humide. — Quand on ne
plante la guimauve que pour les besoins
d'un ménage, et il faut toujours à la cam
pagne en avoir quelques pieds dans son jar
din, on peut la multiplier en arrachant en
novembre ou décembre de vieux pieds qu'on
éclate, qu'on divise en plusieurs, et qu'on
replante tout de suite. Mais, quand on veut
cultiver cette plante pour en fournir les
marchés des villes, il faut en récolter de la
graine à l'automne, et la semer au printemps
dans une terre bien labourée. — Pendant
racine est blanchâtre, vivace, pivotante, de l'été on sarcle le jeune semis pour le débarras
la grosseur du doigt; ses tiges sont droites, ser des mauvaises herbes et on lui donne au
cylindriques, recouvertes comme toute la moins deux binages. A l'automne, on enlève
plante d'un duvet cotonneux et blanchâtre; le jeune plant avec la bêche, afin d'en mé
ses feuilles sont alternes, pétiolées, ovales- nager les racines, et on le replante aussitôt
aiguës, anguleuses, veloutées; ses fleurs, d'un dans un terrain convenable et bien labouré,
rouge pâle, pddonculées et axillaires, for en disposant les pieds en quinconce et es
ment au sommet de la tige une sorte de pacés de manière qu'ils soient distans de 18
grappe alongéc. Cette plante croit naturel a 20 pouces les uns des autres. L'année sui
lement en France, en Angleterre, 'en Alle vante on donne deux binages au moins pen
magne, etc., dans les terrains humides et dant le printemps et l'été. A l'automne et
sur les bords des ruisseaux; elle fleurit en pendant l'hiver suivant, on arrache succes
juillet et août. sivement tous les pieds pour les porter au
Toutes les parties de la guimauve, les ra marché.
cines, les feuilles, les fleurs et même les Bosc dit qu'il a calculé qu'un arpent de
fruits, sont émollientes et mucilagineuses, terre planté en guimauve aux environs de
mais ce sont principalement lesfleurs et les Paris, devait rapporter près de 1000 francs ;
racines qu'on emploie en médecine. Les pre mais il ajoute que le prix de cette racine est
mières doivent être cueillies au moment où si variahle, que cette culture ne peut pas
elles paraissent, séchées à l'ombre, etconscr- faire l'objet des spéculations d'un riche cul
vées dans un lieu sec, renfermées dans des tivateur.
sacs. Préparées en infusion théiforme, elles
sont d'un usage journalier dans les affections Section h. — De la Réglisse.
catarrhaies et dans toutes les maladies où il
y a irritation ou inflammation. Les racines se La Réglisse glabre (Glycyrrhiza glabra, L.;
récoltent seulement à l'automne ou pendant
l'hiver; alors on les arrache de terre, on les eu anglais, Liquorice; en allemand, Siïssholz;
lave, on fend et on divise les plus grosses en en italien, Regolizia ) {fig. 34 ) est de la fa-
morceaux au plus de la grosseur du petit Fig. 34.
doigt et à peu près de la même longueur ; on
les blanchit en les pelant, on les enfile et on
en forme de longs chapelets que l'on sus
pend dans un lieu sec, aéré et ,mème dans
Une chambre chauffée afin de les faire sécher
Elus promptement si la saison est froide et
umide.Soit sèche, soit fraîche, la racine de
guimauve est, en général, la base des décoc-
•*ions émollientes et adoucissantes qu'on
prescrit en médecine dans toutes les affec
tions inflammatoires internes ou externes,
et, sous ce double rapport, la consommation
en est considérable; ce qui exige que la
plante soit cultivée pour suffire aux besoins
des herboristes et des pharmaciens.
On fait des brosses à dents avec les racines
de guimauve effilées en filamens. Plusieurs
personnes ont tenté à diverses reprises de
fabriquer des cordes avec l'écorce des tiges
et surtout avec les racines de la guimauve ;
mais ces cordes ne sont pas solides ; on a
même essayé d'en faire du (il et des étoupes
propres à ouater ou à fabriquer du papier ; I mille des Légumineuses. Ses racines sont
AGRICULTURE. TOME Ili— 8
58 CULTURES INDUSTRIELLES : DES
croissance,
PLANTESet l'on
MÉDICINALES.
met à part pour laliv.
vente
h.
cylindriques, de la grosseur du petit doigt ou
à peu près, ligneuses, traçantes, d'un gris toutes celles qui sont parvenues à la gros
roussâtre extérieurement, jaunâtres inté seur du petit doigt ou au - dessus ; on ré
rieurement, d'une saveur douce et sucrée ; serve pour la plantation celles qui sont plus
ses tiges sont droites, un peu rameuses, petites, plus tendres et plus juteuses que les
hautes de 3 à 4 pieds, garnies de feuilles grosses racines, en ayant soin de les tailler
composées de 13 à 15 folioles ovales; ses légèrement à leurs deux extrémités et de
fleurs sont petites, rougeâlres, disposées en conserver avec soin tout le chevelu dont
épis sur des pédoncules axillaires; elles pa elles se trouvent garnies. On plante aussi, à
raissent en juillet et août. Cette plante croit défaut de ces racines filamenteuses, la partie
naturellement dans les parties méridionales supérieure de la racine principale, qui est
de l'Europe. adhérente au collet de la plante, et qui est
La racine de réglisse est la seule partie de trop coriace et trop sèche pour être vendue
la plante qui soit en usage; elle est adou dans le commerce.
cissante et pectorale, mais c'est moins à La terre du fond des Josses doit avoir été
cause de ces. propriétés qu'on l'emploie en remuée à la profondeur de 2 à 3 pouces, et
médecine, que pour édukorer toutes les ti c'est sur celte terre qu'on couche les racines
sanes qu'on a besoin de faire économique destinées à la plantation, les unes à la suite
ment et dans lesquelles elle remplace le miel des autres, en en formant deux rangées pa
ou le sucre. A Paris, et dans quelques gran rallèles, surtout lorsque le sol est de bonne
des villes, on prépare avec celte racine une qualité. Après avoir ainsi disposé les racines,
boisson pour le peuple, connue sous le nom on les couvre avec 6 pouces de terre ou envi
de Coco, et qui se vend pendant l'été, dans les ron, et c'est alors qu'on répand la quantité
rues et les promenades publiques. On peut de fumier dont on peut disposer.
par la fermentation et la distillation en re Pendant la première année, et dans la belle
tirer une sorte d'alcool. — Eu Espagne, en saison, on donne aux champs de réglisse les
Calahre et en Sicile, on prépare en grand le binages nécessaires a l'extirpation des mau
suc de réglisse du commerce, extrait sec, vaises herbes ; ensuite on comble entièrement
noirâtre, qui nous arrive à l'état solide et les fosses avant l'hiver, de manière que le
sous forme de cylindres un peu comprimés, sol se trouve au môme niveau sur toute sa
longs d'environ u pouces, entourés de quel surface. La culture de la seconde et de la
ques feuilles de laurier. L'abbé Sestim {Let troisième année consiste seulement dans des
tres sur l'Italie, vol. 1, p. 463 à 4G9) a donné binages réitérés aussi souvent qu'il est né
les procédés employés en Sicile pour la fa cessaire pour ne pas donner aux herbes
brication de ce suc ou jus de réglisse, dont étrangères le temps de se propager.
l'emploi est chez nous d'un usage journalier On récolte la racine de réglisse à la troisième
et populaire dans les rhumes et les affections année révolue, et pour cela on commence
catarrhales. quelquefois à l'arracher à la fin d'octobre,
Dans le midi de l'Europe, où la réglisse quand la végétation a cessé, et l'on continue
croit spontanément, cette plante n'est sou en hiver, jusqu'au mois de mars, lorsque le
vent que trop multipliée dans les champs, temps le permet ; mais le plus communément
et il existe des endroits en Sicile et en Espa c'est pendant ce dernier mois que s'arrache
gne où les laboureurs la considèrent comme la plus grande quantité de réglisse, et qu'on
un fléau pour les autres cultures, à cause de en lait aussi les nouvelles plantations. Pour
la difficulté qu'il y a d'extirper ses profondes tirer les racines hors de terre, on défonce
racines qui pullulent avec la plus grande fa les fosses dans lesquelles on les avait placées,
cilité, etdout le moindre fragment suffit pour et on enlève successivement toutes les ra
la reproduire. — En France, où la réglisse cines que l'on rencontre. Les cultivateurs qui
ne pousse pas avec autant de facilité que veulent faire produire une seconde récolte
dans les climats méridionaux, elle exige au môme champ pratiquent alors dans le
pour réussir une culture soignée, et la grande ierrain de nouvelles fosses entre les ancien
consommation que la médecine et la phar nes, où ils mettent le plant de la racine à
macie font de ses racines, rend cette culture mesure qu'ils le retirent de terre. — Le temps
assez fructueuse pour qu'elle soit un produit le plus favorable pour faire la récolle est
avantageux pour quelques canton-, dans les celui où l'atmosphère est un peu humide;
quels on s'y livre, cl sous ce rapport nous alors les racines retiennent mieux leurs sucs.
citerons particulièrement la commune de Pendant que l'on défonce le sol, les ouvriers
Bourgueil (Indre-et-Loire) où cette plante ont soin d'enlever toutes les racines, et ils
est cultivée de la manière suivante. séparent celles qui doivent être gardées
On plante sa racine à deux époques diffé comme réglisse, d'avec celles qui doivent
rentes ; la première eu automne, et la se servir à de nouvelles plantations, lia forment
conde au mois de mars, c'est-à-dire aux avec les premières des bottes grosses comme
mômes époques où l'on en fait la récolte. la cuisse, de la longueur de 2 pieds ou
Avant de la mettre en terre, on a eu soin de 2 pieds 1^2, et ils les lient aux deux bouts
donner un bon labour profond de 20 pouces; avec un lieu fait de la racine elle-même. —
et peu après, on ouvre des tranchées larges Ces botles sont conservées jusqu'à la vente
d'un pied, profondes de 15 pouces, et dis dans une cave ou dans un lieu frais, afin
tantes les unes des autres de 2 pieds. Ou qu'elles perdent le moins possible de leur
choisit pour celte culture des terres légères, poids, parce que la réglisse se vend au poids.
humides et substantielles. Lorsqu'on fait la Son prix ordinaire est de 46 fr. le demi-
récoite, on tire hors de terre toutes les ra quintal métrique ; mais cette valeur est fort
cines que la plante a poussées pendant"sa sujette à varier.
CHAP. S'. DU PAVOT. 59
Dans les cantons où l'on cultive la réglisse, l'odeur et la saveur vireuse qui sont pro
on en coupe à l'automne les tiges lorsqu'elles pres au véritable opium en larmes. On en
sont sèches, et on les emploie à chauffer les prépare encore par décoction une troisième
fours. sorte qui est d'une qualité très-inférieure
En 1833, le commerce de France a tiré de aux deux autres.
l'Espagne pour plus de 164,000 fr. de racine Déjà, avant nous, plusieurs médecins et
de réglisse ; et dans la même année, le com pharmaciens avaient essayé en France, en
merce a livré à la consommation intérieure Allemagne, en Italie et dans plusieurs autres
pour 298,052 fr. de jus de réglisse, dont contrées de l'Europe tempérée, de retirer
pour 229.700 fr. provenant du royaume des l'opium de la même plante dont on l'extrait
Deux-Siciles. dans l'Orient, et leurs tentatives avaient
toujours eu plus ou moins de succès; mais
Section m. — Du Pavot. les expériences à ce sujet ne nous paraissant
pas assez connues et assez multipliées ,
Il a déjà été question du Pavot somnifère nous avons jugé à propos en 1808 et 1810
comme graiue oléagineuse ( \oyez page 11 d'en faire de nouvelles et de les varier de
de ce volume ; il nous reste maintenant à' en plusieurs manières. D'après ces expériences,
traiter sous un autre rapport, c'est - à - dire dont on pourra voir les détails dans notre
comme plante médicinale. On sait que c'est Manuel dts plantes usuelles indigènes, 2e par
du Pavot qu'on retire dans l'Orient Yopium, tie, page 81 à 12-1, nous avons prouvé qu'on
substance éminemment calmante et somni pouvait retirer du pavot somnifère, soit du
fère, dont on fait un grand usage en mé véritable opium en larmes, ayant toutes les
decine, et qui est un des médicamens les propriétés de celui d'Orient, soit cinq es
plus puissans et les plus précieux de la thé pèces d'extraits qui, à des doses différentes,
rapeutique. sont ton? propres à suppléer l'opium d'O
L'opium, connu dans les pharmacies sous rient et ses différentes préparations.
le nom d'opium thebaïeum, est le suc propre On distingue, dans le pavot somnifère,
épaissi du pavot, recueilli dans l'Inde, la deux variétés principales , l'une à capsules
Perse, l'Arabie, l'Asie-Mineure et les autres ovoïdes, très-grosses et a semences blan
contrées chaudes de l'Orient. Le meilleur se châtres, c'est le pavot blanc; l'autre à cap
lirait autrefois de la Thébaïde, où le pavot sules plus petites, globuleuses et à graines
se cultivait alors très en grand. Il est de noirâtres ou brunâtres, c'est le pavot noir.
venu depuis assez rare en Egypte, et, selon La première variété est, selon les auteurs,
les relations les plus modernes, la très-pe la seule qu'on cultive dans l'Orient pour
tite quantité qu'on récolte encore dans un en récolter l'opium, et c'est aussi celle qu'on
canton de la Haute-Egypte, est d'assez mau devra préférer lorsqu'on voudra essayer la
vaise qualité. culture de cette plante que nous ne conseil
Les Orientaux emploient deux manières lons que dans les parties les plus chaudes
différentes pour retirer l'opium du pavot. de la France, non pas qu'on ne puisse re
D'après Bei.on, Chardin, IGempfer et Oli- tirer aussi de l'opium du pavot dans le nord ,
vieb, le premier moyen, et celui en même mais sa récolte n'y sera pas aussi assurée et
temps par lequel on se procure le plus re sa qualité n'égalera pas celle qu'il aura dans
cherché et le plus estimé, Yopium en larmes, les climats plus meridioaaux. On peut de
qu'on désigne aussi sous le nom d'af/ïon, même retirer de bon opium des petites cap
consiste à pratiquer le soir, avec des cou sules du pavot noir, puisque cette espèce
teaux à plusieurs lames parallèles, des in nous en a fourni ; mais les capsules du pavot
cisions longitudinales ou en sautoir sur blanc, qui sont trois à quatre fois plus
la surface des capsules vertes et tendres grosses, produiront trois à quatre fois plus
du pavot. Aussitôt que ces espèces de sca de suc et par conséquent une récolte triple
rifications sont faites, il s'en échappe un ou quadruple d'opium.
suc laiteux qui augmente pendant la nuit, Ce qui prouve d'ailleurs qu'on pourra re
et qui se condense pendant le jour, surtout tirer de très-bon opium des pavots cultivés
par la chaleur du soleil. Ce suc, lorsqu'il a ac en France, c'est qu en Angleterre MM. Cow-
quis assez de consistance, ce qui arrive à la ley et Staines se sont livrés avec profit à
fin de chaque journée, est enlevé, mis en cette culture, quoique le climat de ce pays
masse, et on continue, chaque soir, de nou n'y soit certainement pas aussi favorable
velles incisions sur les capsules tant qu'elles que le notre. En 1823, ils ont reçu le prix
fournissent du suc. — Par le second pro de la Société des Arts de Londres, pour avoir
cédé, au moyen de la contusion et de l'ex recueilli 196 livres d'opium sur une surface
pression des tètes de pavot, et en faisant éva de 12 acres (environ 6 hect.) de terre, et cet
porer ou réduire sur le feu ou au soleil le opium s'est vendu 2 shillings (2 fr. 50 c.) par
suc qu'on en a retiré, jusqu'à ce qu'il ait la livre au-dessus du cours du meilleur opium
consistance d'un extrait presque solide, on étranger. La dépense pour la culture et l'ex
obtient une seconde espèce d'opium nom traction de leur opium s'est élevée à 6,157 fr.
mée meconium. Cette seconde espèce , au 20 c, et ils ont vendu le produit de leur
rapport de Tournefort, est beaucoup plus récolte 9,166 fr. 70 c, ce qui fait par con
commune dans le commerce que la pre séquent un bénéfice net de 3,009 fr. 50 c.
mière, parce qu'on en prépare une bien plus TVous pensons qu'il est inutile de revenir
grande quantité; c'est principalement celle sur la culture du pavot qui a déjà été indi
qu'on reçoit rn Europe et à laquelle on a quée (pagesVl et Vide ce volume), parce que
seulement mêlé une petite quantité de la la manière de cultiver cette plante pour re
première espèce, afin de lui communiquer tirer l'opium de ses capsules est la même
60 CULTURES INDUSTRIELLES : DES PLANTES MÉDICINALES. UV. II.
que celle qu'on emploie quand on ne la sème tivées dans les pays où elles croissent natu
que pour récolter ses graines et en extraire rellement ; tous les ans, à la fin de l'hiver et
de l'huile. Nous insisterons seulement pour au commencement du printemps, on va ré
que la graine de pavot soit semée avant l'hi coller dans les campagnes et sur les mon
ver, parce que les Orientaux sont dans l'u tagnes, les racines de. celles qui sont parve
sage de le faire ainsi, et que les tiges des nues à la grosseur convenable, et cette ré
pavots semés avant l'hiver sont toujours plus colte, en Chine et en Sibérie, se fait sous la
fortes et plus vigoureuses, et sur la disposi surveillance et pour le compte des gouver-
tion des plants en lignes régulières qui puis nemens de ces pays. Au temps de Bëlon, la
sent rendre facile la récolte de l'opium. rhubarbe était cultivée en Mésopotamie, et
D'après le tableau général du commerce cet auteur dit que c'était de graine qu'on l'y
de la France publié par l'Administration des élevait.
douanes, pour les années 1831, 1832 et 1833, On cultive depuis assez long-temps en
la consommation de l'opium dans le royaume France la Rhubarbe compacte et la R. on
parait être, année commune, de 128,000 fr. dulée ; mais ce n'est que .depuis peu d'an
nées qu'on a aussi essayé avec succès la cul
Section rv. •— Des Rhubarbes. ture de la Rhubarbe palmée. Toutes ces plan
tes ne sont point sensibles au froid du climat
Les Rhubarbes (en anglais, Rhubarb; en de Paris. Une terre franche, un peu légère,
italien, Reobarbaro; en allemand, Rhabarber) profonde et fraiche, est celle qui leur con
forment un genre de plantes qui appartient vient le mieux, et elles ne craignent pas
à la famille des Polygonées. Elles croissent l'ombre des grands arbres ni l'exposition du
naturellement en Chine, en Tartarie, en nord. Toutes les rhubarbes peuvent se mul
Perse, en Sibérie et dans l'Himalaya. On en tiplier de graines; mais comme les semis font
connaît 7 à 8 espèces, parmi lesquelles trois attendre plus long-temps pour que les ra
sont regardées comme fournissant la rhu cines soient bonnes à récoller, on préfère
barbe du commerce, qui s'emploie beaucoup la multiplication par les œilletons ou bour
en médecine, à cause de ses propriétés to geons qui se trouvent autour du collet des.
niques et purgatives. Ces plantes ont toutes grosses racines, lesquels donnent plus ra
de grosses racines charnues, presque li pidement des produits. Uu pied ayant 4
gneuses, divisées en épaisses ramifications a 5 ans peut en fournir jusqu'à 30 et
qui s'enfoncent profondément en terre, ayant plus; il suffit que chaque bourgeon soit
une saveur amère et nauséeuse; leurs feuilles pourvu d'un pouce de racine pour que la re-
sont grandes, larges, en général plus ou priseen soit assurée. C'est à la fin de l'hiver ou
moins arrondies, portées sur de longs pé dans les premiersjours du printemps, unjpeu
tioles charnus, et du milieu d'elles s'é avant qu'ils entrent en végétation, qu'on les
lèvent une ou plusieurs tiges grosses , enlève aux vieux pieds et qu'on les replante
robustes, hautes de 3 à 6 pieds, rameuses après les avoir laissés faner pendant un jour
dans leur partie supérieure ; les fleurs sont à l'ombre, afin que la plaie faite à l'endroit
petites, le plus souvent d'un blanc jaunâtre, où il ont été séparés puisse se cicatriser un
nombreuses, disposées en panicule dans la peu. Quand le temps est sec ou que la terre
partie supérieure de la tige et des rameaux. n'est pas humide, quelques arrosemens sont
On ne sait point encore positivement à nécessaires pour assurer la reprise des
quelle espèce est due la rhubarbe du com jeunes pieds nouvellement plantés; mais les
merce, ou, pour mieux dire, on croit que cette pluies trop longues peuvent les faire pourrir.
drogue, telle qu'elle nous vient des pays étran C'est dans un terrain bien et profondé
gers, est fournie par plusieurs plantes de ee ment labouré d'avance qu'on doit faire la
genre, qui sont principalement les trois plantation, en disposant les plants en quin
suivantes. La Rhubarbe ondulée (Rheum un- conce à 5 ou 6 pieds de distance les uns des
dulatum , L.) a ses feuilles fortement ondu autres, selon que le terrain est moins bon
lées, un peu velues, et ses panicules de fleurs ou plus fertile. Ce qui nécessite de laisser
plus étroites. La R. compacte ( R. compac- autant d'intervalle entre les pieds de rhu
tum , L.) se reconnaît à ses feuilles presque barbe, c'est que leurs grandes feuilles occu
lobées, un peu coriaces, compactes, lui pent beaucoup de place ; mais comme ces
santes en-dessus, bordées de petites dents feuilles, pendant les deux premières années,
aiguës. La R. palmée ( R. palmatum , L. ) dif ne remplissent pas tout l'espace qui aura
fère des deux premières par ses feuilles di été laissé entre enaque pied, on pourra, pour
visées en lobes aigus qui les rendent comme ne pas perdre le terrain qui n'est pas oc
palmées. cupé, y planter des légumes ou des pommes-
On distingue dans le commerce troissortes de-terre. Pour accélérer la croissance des
de rhubarbes : 1° celle de Perse qui nous ar pieds de rhubarbe, il faut chaque année leur
rive par la Turquie ; 2° celle de Russie et de donner un labour pendant l'hiver et au
Moscovie; 3° celleefe Chine.Que] le que soit l'es moins deux binages dans le cours de la belle
pèce qui les fournisse, elles sont toutes plus saison.
estimées des droguistes et des pharmaciens La récolte des racines a lieu la 4e année
que les rhubarbes cultivées provenant de dans les terrains secs et chauds, et la 5e seule
l'une des trois espèces ci-dessus indiquées , ment dans ceux qui sont humides et froids.
soit qu'on ne sache pas les préparer conve Lorsqu'on fait cette récolte trop tôt, les ra
nablement, soit plutôt que le climat leur cines sont molles, peu résineuses , suscep
donne des vertus qu'elles ne peuvent ac tibles de perdre, dit-on, les onze douzièmes
quérir dans le nôtre. de leur poids par la dessiccation; lorsqu'on
Les rhubarbes ne sontpoint en général cul- la retarde trop, les racines se creusent, se
chap. 6'. DE L'HYSSOPE, DE LA MÉLISSE , DE LA MENTHE ET DE LA SAUGE. 61
pourrissent dans le centre, deviennent filan
dreuses en leurs bords, donnent un dé Section v.—De l'Hyssope, de la Mélisse, de
chet considérable quand on les épluche, et la Menthe et de la Sauge.
ne présentent plus l'apparence de la rhu
barbe du .commerce lorsqu'elles sont en Comme ces quatre plantes appartiennent
tièrement desséchées. C'est à l'automne ou à la famille des Labiées, et que la même cul
pendant l'hiver qu'il convient de faire la ré ture peut leur convenir, nous les réunirons
colte des racines des diverses espèces de dans un seul article.
rhubarbe. Les belles racines ont 2 pieds de L'Hyssope ( Hyssopus officinalis, L. ; en an
longueur et sont de la grosseur de la cuisse glais, Hyssop) est une plante vivace, dont la
ou au moins du gras de la jambe. Elles sont racine produit une ou plusieurs tiges pres
pleines d'un suc jaune dans lequel réside leur que ligneuses inférieurement, hautes d'un
vertu. 1>ied ou environ, garnies de feuilles linéaires-
Après qu'on les a arrachées de terre et la ancéolées, opposées. Ses fleurs sont bleues,
vées, on les pèle, les épluche, les coupe en monopétales, labiées, réunies plusieurs en
morceaux de la grosseur du poing au plus, semble dans les aisselles des feuilles supé
et on les fait sécher en les mettant d'abord rieures, et disposées en des espèces d'épis
pendant quelques jours sur des tables, en tournés du même côté. Cette espèce croit
ayant le soin de les retourner trois à quatre naturellement dans les pays montagneux du
fois par jour. En enfilant tout de suite les midi delà France et de 1 Europe; elle fleurit
morceaux de rhubarbe dans des ficelles et en en juin et juillet. On l'emploie en médecine
les suspendant à l'air libre, ils sèchent trop comme tonique, stomachique, incisive et
rapidement, deviennent trop légers et per béchiquej elle a une odeur aromatique, assez
dent une partie de leurs propriétés. Mais agréable; sa saveur est un peu àcre.
lorsqu'au bout de 5 à 6 jours ces morceaux La Mélisse, vulgairement Citronelle, Mé
ont déjà pris une sorte de consistance sur lisse citronnée, etc. (Melissa officinalis, L. ;
les tables où ils sont étalés, on peut alors les en anglais, Balm-mint), a ses racines hori
enfiler et les exposer au vent et à l'ombre zontales, vivaces; ses tiges sont droites, ra
pour achever leur entière dessiccation : il meuses, hautes d'un pied et demi ou un peu
faut six semaines à deux mois, selon la cha plus, garnies de feuilles opposées, pétiolées,
leur de la saison, pour les dessécher complè ovales, en cœur à leur base, crénelées en
tement Forster, cité par Bosc, dit qu'ils leurs pétales,
bords;
à deux
ses fleurs
lèvres,sont
disposées
blanches,
plusieurs
mono-
perdent les six septièmes de leur poids, mais
cela nous parait exagéré, car 3 livres 3 on ensemble par paquets dans les aisselles des
ces de racines de Rhubarbe ondulée , feuilles supérieures. La mélisse croit spon
complètement et convenablement desséchée tanément dans les haies des parties méridio
par nous, ont produit 14 onces de mor nales de la France et de l'Europe; elle fleurit
ceaux, ce qui ne fait pas tout-à-fait une perte en juin et juillet ; son odeur est aromatique,
de trois quarts. très-pénétrante, ayant quelque analogie avec
Les essais faits à Paris et ailleurs ont cons celle du citron. Ses propriétés médicales
taté que la rhubarbe cultivée en France avait sont d'être cordiale, céphalique, antispas
les mêmes propriétés que celle qui nous modique et sudorifique. On prépare avec
vient de l'étranger; il faut seulement la don ses feuilles recueillies avant la floraison une
ner à une dose plus forte. En 1833, le com eau spiritueuse dont l'usage est fort répandu.
merce de France a tiré de l'étranger pour La Menthe poivrée ( Mentha piperita ,
25,780 fr. de rhubarbe. Smith; en angl., Mint pepper; en ital.,
En Perse, on mange au printemps, crus ou Menta; en ail., Munze) ( fig. 35) est une
assaisonnés de diverses manières, les jeunes
pousses et surtout les pétioles d'une espèce Fig. 35.
derhubarbe nommée par Linné Rheum ribes,
qui ont une saveur acide et agréable. Dans
le même pays, on confit ces mêmes parties
dans le miel ou dans le raisiné, afin de les
conserver pour l'hiver.
Depuis quelques années, les Anglais ont
introduit dans leurs jardins une nouvelle
espèce de rhubarbe, originaire des monts
Himalaya, nommée Rheum emodi, ou R. aus
trale. Ses pétioles ont une saveur acide très-
agréable, et déjà leur mage comme comes
tible est assez répandu en Angleterre.
M. Jacques, directeur du jardin du roi à
Neuilly, cultive aussi cette plante, dont il
a reçu des graines directement de l'Inde, et
il nous en a donné plusieurs pétioles dont
nous avons fait préparer divers mets de bon
goût; M. Chevallier, membre de l'Acadé
mie royale de médecine, en a composé un
sirop légèrement acide et d'une saveur très-
agréable. Suivant le D. Don, cette espèce plante à racine vivace, rampante, qui pro
serait celle qui fournit la véritable rhu duit des tiges droites, hautes d'un pied et
barbe de la Chine, demi ou un peu plus, garnies de feuilles op
63 CULTURES INDUSTRIELLES : DES PLANTES MÉDICINALES. ix\. ïi.
posées, pétiolées, ovales-lancéolées, dentées, Tontes ces plantes se récoltent en vert, la
d'un vert foncé ; ses fleurs sont d'une cou sauge et la mélisse avant que les fleurs
leur purpurine, petites, disposées plus de paraissent, l'hyssope et la menthe seuleraeut
vingt ensemble par verticiiles formant un épi au moment de la floraison ; on en fait des
terminal ; toutes ses parties ont une odeur buttes plus ou moins grosses, qui sont por
Îiénétrante, agréable, comme de camphre; tées sur les marchés des villes, où elles sont
eur saveur eslàcre et poivrée. Celle menthe achetées par les pharmaciens et les herbo
passe pour être originaire d'Angleterre; elle ristes.
fleurit en août et en septembre. Elle est em
ployée en médecine comme ayant des pro Section vl. — De VAbsinthe, de la Tanaisic
priétés toniques, stomachiques, carminati- et de la Camomille romaine.
ves, anti-émetiques et anii-spasmodiques. On
en prépare une eau distillée simple qui est Ces trois plantes appartiennent à la grande
très-usitée ; on en retire aussi une huile essen famille des Composées; les deux premières
tielle qui sert à composer une liqueur de ta font partie de la division des Flosculeuses,
ble fort agréable. et la troisième de celle des Kadiées.
La Sauge officinale ou S. franche ( Salvia LAbsinthe ( Artliemisia absinlhium, L.; en
officinalis, L.; en angK, Sage garden, en ital., angl., fVormwood; en itzl.,Assenzio; en ail.,
Salvia; en ail., Salbey ou Salvey) est un sous- lrermuth){fig.ZS) est une plante herbacée,vi-
arbrisseau dont la tige est une souche li
gneuse, divisée en rameaux nombreux, gar Fig. 36.
nis de feuilles péliolées, ovales-lancéolées,
ridées, crénelées en leurs bords et d'un vert
pâle ou cendré; ses fleurs sont bleuâtres,
disposées six à huit ensemble en verticiiles
rapprochés au sommet des tiges en une
sorte d'épi. Cette plante croit naturellement
dans le midi de la France et de l'Europe;
elle fleurit enjuin et juillet. On en distingue
deux variétés principales, l'une plus élevée
et à plus grandes feuilles, dite grande sauge,
l'autre moindre dans toutes ses parties, et
appelée petite sauge. Ces deux plantes s'em
ploient indifféremment l'une pour l'autre ;
elles ont une odeur aromatique forte et
agréable; leur saveur est amère, tirant un
peu sur celle du camphre. Leurs propriétés
sont d'être toniques, stomachiques, stimu
lantes, céphaliques et sudorifiques.
La culture de ces quatre plantes ne pré
sente aucune difficulté; elles ne sont point
difficiles sur la nature du terrain. L'hyssope vace, dont les racines produisent une ou plu
et la sauge viennent très-bien clans les sols sieurs tiges hautes de deux à trois pieds, ra
secs et pierreux, exposés au midi ; quant à meuses, garnies de feuilles alternes,pétiolécs,
la mélisse et surtout à la menthe poivrée, molles au loucher, d'un vert argenté, et deux
elles se plaisent mieux dans une terre légè à trois fois ailées. Les tiges et les rameaux
rement humide. portent dans leur partie supérieure les fleurs
Comme toutes ces plantes ont des racines qui sont jaunâtres, globuleuses, disposées en
vivaces, on ne les multiplie en général qu'en des espèces de grappes tournées du même
éclatant et en divisant, eu automne ou à la fin coté. Celle espèce croit naturellement dans
de l'hiver, les vieux pieds ; en replantant tout les lieux incultes et pierreux; elle fleurit eu
de suite chaque portion de racine éclatée, juillet et août.
dans un terrain bien' labouré ; en espaçant La Tanaisic ( Tanacetum vulaare, L.; en
tous les nouveaux pieds à 18 pouces les uns angl., Tansy; en ail., Kainfarn ) a des raci
des autres, ils peuvent rester ainsi plu nes horizontales, vivaces, qui donnent nais-
sieurs années sans autre soin qu'un labour sanceà plusieurs tiges droites, striées, hautes
tous les ans à la finde l'hiver, un binage pen de deux pieds ou un peu plus, garnies de
dant la belle saison et quelques sarclages feuilles grandes, alternes, deux fois ailées,
pour débarrasser des mauvaises herbes. d'un vert foncé, à folioles étroites, incisées,
La menthe poivrée, dont les racines tra et terminées par des fleurs nombreuses, d'un
cent beaucoup, a besoin d'être relevée plus jaune foncé, disposées en corymbe. Cette
souvent que les autres pour être divisée de plante se trouve naturellement dans les lieux
nouveau. La sauge a l'inconvénient de se montueux et sur le bord des champs; elle
dégarnir du pied et d'étaler beaucoup ses fleurit en juillet et août.
rameaux; pour cette raison il faut la replan La Camomille, ou C. romaine ( Anthémis
ter tous les trois à quatre ans : elle se multi nobilis, L.; en angl., Camomile; en ital., Ca-
plie d'ailleurs de boutures et de marcottes. momilla; en ail., romische Kamille ), est une
L'hyssope, qui est la moins élevée de ces herbe à racines horizontales, vivaces, pro
uatre plantes, se cultive souvent en bor- duisant plusieurs tiges couchées à leur base,
3 ure dans les jardins des herboristes; on en divisées en quelques rameaux redressés, uni-
plante dans ce cas les pieds eu lignes et à 6 flores; ses feuilles sont ailées, à folioles li
pouces les uns des autres. néaires; ses fleurs, dans l'espèce naturelle,
chap. 5*. DU SUREAU, DU TDLLEUL, DU HOUBLON ET DË LÀ MOUTARDE. 63
ont les rayons blancs et le disque jaune, par un long épi de ;fleurs en étoile, à six di
mais elles sont toutes blanches dans la va visions et blanches. Les feuilles, qui ne pous-
riété double, la seule cultivée pour l'usage sent qu'après quelesfleurs sontpassées, sont
qu'on en fait en médecine. Ces fleurs parais ovales-lancéolées, charnues et toutes radi
sent en juin et juillet. cales. Celte espèce croit sur les côtes sablon
Ces trois plantes sont arriéres et aromati neuses de la Méditerranée et de l'Océan ; elle
ques. La première a une amertume plus pro fleurit en août et septembre.
noncée; on l'emploie en médecine à cause de Xlognon de Scille est très-employé en mé
ses propriétés anthelmintiques, carminali- decine : à dose un peu élevée il provoque le
ves, fébrifuges, vermifuges, etc. Les distil vomissement, mais à petite dose il est seu
lateurs en font aussi un grand usage pour lement expectorant, diurétique, incisif et
préparer une liqueur de table qui est très- apéritif, et c'est sous ces rapports qu'on en
estimée dans le nord de l'Europe; les fabri- fait usage. Il ne peut se cultiver que dans
cans de bière la substituent au houblon. les sables des bords de la mer et dans le
La Tanaisie jouit à peu près des mêmes midi. Lfs personnes qui auront à leur dis
propriétés que 1 absinthe, mais sa saveur est position des dunes sablouneuses pourront
plus àcre et moins agréable; on n'en fait les utiliser en y faisant des plantations de
usage au'en médecine. scille. Il ne faut pour cela que faire recher
La Camomille romaine est celle des trois cher les petits oguons dans les localités où
dont le parfum et l'amertume sont le plus ils croissent naturellement, ou prendre Jes
agréables, quoiqu'ils soient encore assez pro cayeux qui sont venus autour des gros ognons,
noncés. Ses fleurs sont la seule partie qu'on les planter à dix-huit pouces Tes uns des
emploie; elles sont toniques, carminatives, autres, et les laisser en place jusqu'à ce qu'ils
fébrifuges, antispasmodiques, etc. aient acquis la grosseur nécessaire pour être
! Y!Absinthe et la Tanaisie ont à peine be livrés au commerce de la droguerie. Les
soin de culture; elles (ne sont {pas difficiles gros ognons divisés par écailles peuvent
sur la nature du terrain, et viennent bien aussi servir à la multiplication , parce qu'en
presque partout. Elles se multiplient très- laissant ces écailles exposées pendant quel
bien de graines; mais, comme ce moyen est que temps à l'ombre, il se forme à leur base
le plus long, on se contente d'éclater les vieux de petites bulbilles qui, étant plantées, don
pieds pour les diviser en autant de portions nent avec le temps de grosses bulbes en tout
qu'on veut, pourvu qu'elles aient toutes un semblables à celles qu'auraient pu produire
peu de racines. On plante ces éclats en les cayeux, ou à celles qui seraient prove
quinconce dans une terre convenablement nues de graines. H
labourée, en les espaçant à deux pieds en Il sera traité plus loin du Safran sous le
tous sens. Cette plantation doit se faire à rapport de sa culture et de ses usages dans
l'automne ou en hiver, et il faut profiter d'un l'économie domestique et dans les arts; il
temps humide pour en assurer la reprise. suffira d'indiquer ici que les stigmates des
Ainsi plantées, l'absinthe et la tanaisie peu fleurs de cette plante sont employés en mé
vent rester quatre et cinq ans, et même plus, decine comme Ioniques et antispasmodiques;
à la même place, jusqu'à ce que les pieds leur préparation ne diffère pas pour les em
deviennent trop touffus; elles n'ont besoin plois de la pharmacie de celle qu'on leur
que de quelques binages lorsqu'on s'aperçoit donne pour des usagfs plus généraux.
qu'elles sont trop embarrassées par d'autres
herbes étrangères.— Leur récolte consiste à Section vni. — Du Sureau, du Tilleul, du
couper l'absiuthe un peu avant sa floraison, Houblon et de la Moutarde.
3uand ses tiges ont environ un pied et demi
e hauteur, et la tanaisie quand elles sont Déjà, page 30 de la division de VAgricul
en fleur. On en fait des bottes qu'on porte ture forestière, on a traité du Sureau, et à la
sur les marchés des grandes villes. La pre page 31 du Tilleul. Ces deux arbres fournis
mière est achetée par les distillateurs, les sent à la médecine, le premier ses fleurs et
pharmaciens et les herboristes; la seconde ses baies, et le second ses fleurs seulement.
ne se vend qu'aux derniers. LesJleurs du sureau s'emploient comme su-
La Camomille romaine ne se cultive que donfiques et résolutives ; on les recueille en
dans les jardins, on en fait des bordures au juin; on les fait sécher à l'ombre, et on les
moyen d éclats tirés des vieux pieds, et qui conserve dans des sacs serrés dans un lieu
peuvent durer plusieurs années. On récolte sec. Les baies se recueillent à l'automne; les
les fleurs sur place et on les fait sécher à pharmaciens en préparent une sorte décon
l'ombre, ou ou fait de petites bottes des ti fiture appelée rob de sureau.
ges flenries qui se vendent aux pharmaciens Les jleurs de tilleul sont antispasmodi
et aux herboristes qui les font sécher. ques, on les recueille et on les sèche comme
les précédentes.
Section vu. — De la Scille. Le Houblon, dont on donnera plus loin la
culture, fournit à la médecine des fruits qui
La Scille ( Scilla maritima, L.; en angl., sontemployés à cause de leurs vertus anti-
Squill ; en ail., Squille ou Meerzwiebel) est scorbutiques, sudoriliques, toniques, etc. Ce
une plante de la famille des Asphodélées, sontjces mêmes cônes qui entrent dans la
dont la racine est une bulbe formée de tuni fabrication de la bière.
ques épaisses, grosse comme les deux poings Uemploi de la graine de 'Moutarde noire,
ou même comme la tète d'un enfant, et qui pour préparer ce qu'on appelle en médecine
produit une tige simple, dépourvue de feuil un sinapisme, est trop répandu pour que
les, haute de trois pieds ou environ, terminée nous n'en disious pas un mot. Les sinapismes
64 CULTURES INDUSTRIELLES DES ment
PLANTES
traité au AROMATIQUES.
même endroit, est aussi
liv.emn.
se font avec la même graine réduite en
farine, que celle dont on retire de l'huile et ployée en médecine h la préparation des si-
qui est aussi employée pour faire la moutar napismes et pour l'usage de la table ; c'est
de de table. (Voyez Moutarde noire, p. 10 de celle que les Anglais préfèrent.
ceLa
vol.Moutarde
) blanche, dont on a égale-
Loiseleur-Deslongciiamps.
Les plantes de cette division figurent en redouter. Le sol qu'on lui destine doit avoir
core plus généralement dans les jardins que été préalablement bien préparé par de bons
dans les champs. Cependant, quelques loca labours, et il faut que la terre soit aussi
lités, surtout dans le Midi, en Provence et meuble et aussi unie que possible. On sème
aux environs de Grasse, en font une branche ensuite la graine à la volée, et on ne la re
de culture importante ; cette industrie pour couvre que légèrement. Dès que la plante est
rait sans doute s'étendre ailleurs avec avan levée, il faut la sarcler, afin de la débarrasser
tage, et pour être complets, nous n'avons de toute mauvaise herbe. Un second sarclage
pas du nous dispenser d'eu parler ici. est nécessaire avant l'époque de la floraison.
La maturité de l'anis commence ordinaire
Section i — De l'Anis. ment au mois -d'août, mais elle a lieu succes
sivement; il faut cueillir les bouquets de
L''Anis(Pimpinella anisum,lj.;aag\.,Anise; graines au fur et à mesure qu'ils brunissent,
ital., Anice; ail., Anis) {fig. 37) appartient à en choisissant pour cela un beau jour et sans
attendre la chute de la rosée. Les bouquets
Kg. 37. doivent être étendus dans un endroit bien
exposé, pour achever de les dessécher, et
lorsque la dessiccation est parfaite on les bat
au fléau comme le blé. Il faut ensuite vanner
la graine pour la rendre bien nette, et lors
que cette dernière opération est terminée, il
ne reste plus, afin de lui conserverson arôme,
qu'à la préserver de l'action de l'air en la
renfermant dans des sacs qu'on doit avoir
soin de serrer dans un lieu sec.
Il faut environ 12 livres de graine pour se
mer un demi-hectare, et si l'année est favo
rable, il n'est pas rare d'en retirer 8 quintaux.
Le prix de l'anis varie selon son abondance
ou sa rareté; il s'est vendu 1 fr. la livre et
est descendu à 50 c. et même au-dessous.
Section h. — Du Çarvi et de la Coriandre.
i
70 CULTURES INDUSTRIELLES : DES PLANTES TINCTORIALES.
très-bien la garance; bonne terre à blé et à
luzerne; l'argile et le sable y dominent; § II. — Engrais pour la Garance.
3°. terre palus des environs d'Orange, se dur
cissant aisément, manquant de profondeur, Il «si très-essentiel de connaître pour la ga
c'est-à-dire ayant au-dessous une couche rance, comme pour toutes les autres plantes
de marne argileuse ; cette couche est trop en culture, la consommation d'engrais qu'elle
épaisse pour pouvoir être percée par les cul fait dans le cours de sa végétation ; c'est sur
tures ordinaires. Médiocre terre à garance ; cette notion que sont fondées la convenance
mauvaise terre à blé; point de luzerne ni de de son emploi et la place qui doit lui être des
sainfoin, sans des travaux de minage consi tinée dans le cours d'un assolement. L'ob-
dérables ; le calcaire y entre pour plu; de servaliou suivie sur des terres qui étaient
moitié ; 4° terres des environs de Tarascon, réduites presqu'à leurs parties minérales a
d'anciens dépôts du Rhône, donnant peu de mis à portée de reconnaître assez précisé
garance et se durcissant beaucoup ; bonne ment que chaque quintal de garance sèche
terre à blé, l'argile y domine; la proportion s'était approprié 13 quintaux (de 50 kilog.
du calcaire est considérable; 5" terre de la chacun ) d'engrais de cheval, point entière
plaine d'Orange, vers le Rhône, quartier de ment consommé, chaud, et dans uu état où
Martignan, d anciens dépôts du Rhône; il pèse 45 livres le pied cube, sans être pressé.
bonne terre à blé, mauvaise terre à garance; Ces données sufbsent pour arriver à une
le calcaire et l'argile y sont à peu près en assez grande exactitude dans l'estimation de
égale proportion ; 6° une bolbène, qui m'a la quantité de l'engrais. Ainsi, l'on serait sur
été apportée d'Auch, et que j'ai désiré sou d'avoir autant de quintaux de garance qu'un
mettre à l'examen, n'ayant point de terre de aurait déposé de fois 13 quintaux de fumier
celte qualité dans ce pays, où tous nos sols sur ces terrains où il se décomposerait en
offrent une grande proportion de calcaire; tièrement, et permettrait à la garance de
celle-ci est composée a . peu près pour les s'en emparer pendant la durée de sa végéta
3/4 d'argile et pour 1/4 de sable. tion. Cela n'arrive que dans les terrains po
Toutes les terres à garance sont exemptes reux et légers, que nous avons désignés
de graviers; l'expérience ayant prouvé que, comme bonnes terres à garance, qui, par la
quand il s'en trouve en quantité un peu no nature de leur tissu, permettent à I air d'agir
table, cette racine n'y prospère pas, et que sans obstacle sur toutes les parties d'engrais
les travaux de l'arrachage morcellent la ra qu'elles contiennent, et qui d'ailleurs con
cine, de sorle qu'elle est d'une vente diffi tiennent peu d'argile qui semble s'emparer
cile ; les terres que nous avons soumises à des principes du luinier par quelque affinité
nos expériences sont donc d'un grain ho chimique mal appréciée jusqu'à présent.
mogène. Dans les sols compactes argileux, les plantes
D'après l'examen de ces six sortes de ter végètent, d'ailleurs, avèc lenteur, et Von ne
res, on peut dire que pour sa végétation, parvient à y avoir des récoltes avantageuses
mais non pour ses qualités, comme nous le que quand l'engrais y est répandu avec assez
verrons plus tard, la composition minérale de d'abondance pour saturer le sol, et peut-être
la terre est presque indifférente à la garance. aussi en tenir les parties soulevées et divisées.
Dans un sol de composition identique elle ' Nous avons vu que nos terres à garance
réussit d'autant mieux, que la proportion contiennent une assez forte portion d'humus,
de l'humus est plus forte. Quant aux pro il parait étonnant qu'il faille cependant leur
priétés physiques,., la terre à garance par donner des engrais artificiels; mais l'une de
excellence est spécifiquement la plus légère ces 2 substances ne supplée qu'imparfaite
de toutes; proportionnellement à son poids ment à l'autre; le fumier devient promple-
c'est elle qui se charge le plus d'eau, c'est ment soluble,et peutservir presqu'en entier,
chez elle que l'évaporation se fait le plus dans l'espace d'un petit nombre d'années, à
lentement, c'est elle qui adhère le moins la nutrition des plantes, tandis que l'humus
aux outils, et celle qui, étant sèche, fait le ne le devient que très-lentement: trésor que
moins corps. De plus, elle communique à un la Providence semble avoir dérobé, jusqu'à
réservoir permanent d'eau de 1 à 2 toises de un certain point, auxcalculs de la cupidité im
profondeur, et moyennant la forte propor prévoyante. Toutes les plantes n'ont pas une
tion d'humus qu'elle contient, elle en aspire égale vigueur dans leur action à l'égard de
toujours suffisamment pour la maintenir l'humus. Il parait que celle de la garance
fraîche presque toute Tannée. Cette pro est très-grande, puisque dans un. sol dont
priété fait que la végétation de la garance le blé peut à peine arracher sa subsistance,
n'y cesse presque pas dans l'été, tandis que, une première récolle de garance trouve pres
dans les autres terres séparées du réservoir que toujours une quantité suffisante de sucs
inférieur par une couche d'argile plus ou à mettre à profit. Cette force de végétation
moins profonde, la garance cesse de végéter doit faire concevoir aussi la grande déperdi
pendant deux ou trois mois de l'été, temps tion que subit un terrain qui est soumis à
perdu pour l'augmentation de son poids. cette culture, et le danger de la réitérer
Mais il faut bien noter ici que toute humi souvent sans engrais.
dité séjournant dans la couche inférieure Deux facteurs concourent à établir la
du sol est tout-à-fait contraire à la produc quotité d'une récolte, les propriétés physi
tion de la garance; que nous ne parlons ici ques du sol et sa richesse, ou autrement dit,
que d'un sol bien égoutté, et enfin que ces les portions de matière assimilable dont il
observations sont faites au 43" degré de la dispose actuellement. Dans des terrains trai
titude et dans le climat venteux de la Pro tés de la même manière en engrais et en
vence. travail, j'ai cherché à quelle propriété du sol
CHAP. T. DE LA GARANCE. 71
se rapportait la quantité variable de la re profit qu'on en peut retirer, et des engrais
colle, et j'ai vu que c'était principalement à qui puissent réparer la déperdition que la
sa qualité de s'emparer de l'humidité atmos garance fait subir au sol: c'est dans ces sor
phérique, et en seconde ligne au défaut de tes de terrains que l'on est sûr d'être rem
ténacité du sol ; mais les terres fraîches, en boursé de ses avances.
été, ont décidément le premier rang dans la On doit faire défoncer le terrain à demi-
production de la garance. Des terres sablon- mètre de profondeur, à moins qu'il n'ait
i neuses de peu d'adhérence laissent sécher reçu depuis peu un travail profond : cette
et périr la garance pendant la saison chaude, façon se donne ordinairement à la bêche.
et donnent un résultat beaucoup moindre Les ouvriers sont disposés de manière à faire
que des terres compactes qui ont de la fraî front à la ligne du travail, ils enlèvent ainsi
cheur, tandis que les terres sablonneuses une première pofnte de terre ; faisant en
fraîches produisent des récoltes surprenan suite un à droite, ils se trouvent en file, des
tes. cendant dans l'excavation qu'ils viennent de
i faire,ils enlèvent une seconde pointe, et la re.
S III. — Culture de la Garance. jettent sur la première; ils font ensuite front
de nouveau pourcontinuer le travail, et ains/
La culture de la garance s'entreprend ac de suite. Cette opération a lieu pendant l'hi
tuellement, dans le dép. de Vauctuse, par ver; les pluies et les gelées rompent les mot
trois différentes classes de cultivateurs : tes de terre, qui se trouvent pulvérisées au
1° les propriétaires qui la font avec soin sur printemps : on l'entreprend quand la terre
leur terrain ; 2° des fermiers voués spéciale est dans cet état où, ayant une humidité suf
ment à cette branche, et qui louent des ter fisante, elle ne s'attache pourtant pas aux
res pour la culture de la garance : ceux-ci outils. Il faut observer, cependant, que les
entreprennent ordinairement sur une grande défoncemens qui ont lieu avant l'hiver favo
échelle; 3° les fermiers à mi-fruils qui, ayant risent la sortie des mauvaises herbes, et oc-
un excédant de journées oisives depuis la casionent ensuite plus de frais de sarclage :
récolte jusqu'aux semences, et aussi dans le aussi beaucoup de cultivateurs intelligens
courant de l'hiver, les emploient à cette cul préfèrent-ils les travaux qui ont lieu au com
ture. C'est un véritable bienfait pour eux mencement de mars, quoiqu'ils obligent à
que l'introduction de la garance dans leur de plus grands frais pour l'ameublissement
assolement ; elle leur fait tirer un parti utile de la terre. Mes nombreuses expériences sur
d'un temps qui était entièrement perdu la ténacité des terres, comparées au nom
pour eux, et en les entretenant dans une ac bre de journées, faites en diverses années sur
tivité constante, elle les soustrait à ces habi les mêmes sols, m'ont donné des résultats
tudes de paresse, qui se conservent dans les dont les épreuves journalières me prouvent
momens mêmes ou leurs champs réclament la très-grande approximation. Sur nos bon
des travaux non interrompus.— Nous trou nes terres à garance, dont la ténacité n'est
vons donc ici trois genres de culture adaptés que d'un kilogramme et 1/2, et qui se re
à ces trois classes d'individus : 1° la culture muent presque avec la pelle de bois, on fait
soignée, jardinière, par laquelle on a débuté ce travail avec 44 journées de 8 heures de
dans ce pays ; 2° la grande culture ; 3° la cul travail par hectare, ou avec 352 heures de
ture à bras sans engrais. La première est travail. Cette quantité augmente de 66 heures
permanente, étendue sur toutes les vérita par kilogramme d'augmentation dans la té
bles terres à garance, et ne reçoit guère que nacité du sol, avec les ouvriers dont on dis
des augmentations insensibles ; la deuxième pose dansle sud-est de la France; mais l'aug
aune grande extension dans les années où mentation devient moindre dans les terres
l'on prévoit une augmentation de prix, et se gélisses, dont une couche plus ou moins
resserre dans celles où les prix sont bas; forte a été soulevée et ameublie par l'effet
enfin la dernière est permanente aussi, gagne des gelées. Si le terrain était gazonné, il fau
chaque année de l'étendue, se propage dans drait augmenter les frais de main-d'œuvre.
les habitudes de nos cultivateurs.—On donne Dans la grande culture de la garance on a
aussi pour les cultures en garance, des ter recours à une forte charrue pour les pre
res détachées à des paysans qui s'en chargent miers travaux de défon'cement ; ce change
pour la moitié de la récolte; le propriétaire ment a été amené forcément par la baisse
contribue à l'arrachage dans une proportion des prix delà garance et par l'infériorité des
relative à la récolte présumée, et l'on con sols d'une ténacité plus grande que les bon
vient de l'indemnité a payer au cultivateur, nes terres à garance, et qui eussent été défi
si, par l'effet des intempéries, la graine ne nitivement éloignées de la concurrence, si
sortait pas et qu'il fût obligé d'abandonner on avait continué à employer les moyens
gratuitement sa 1" culture: on lui donne de la petite culture sur de vastes étendues
alors de 40 à 60 francs par hectare, ou bien de terre.
on lui laisse faire à;moi!ié profits une récolte On fait les charrois d'engrais tout l'hiver:
de grains sur son travail. il est des terres où la quantité que l'on en
Nous allons traiter spécialement de la 1" met peut être, pour ainsi dire, illimitée, et
de ces cultures, comme étant la meilleure, produire une récolte de racine proportion
en ayant soin de noter les différences que née; mais il faut reconnaître ici que ce n'est
présentent les autres modes. que sur les sols poreux, légers et frais qu'il
Quand on a un terrain propre à la garance, convient de tenter ces doses surabondantes
et qu'on se propose de se livrer à cette cul d'engrais. Ces essais, qui réussissent très-
ture, il n'est pas douteux- qu'il ne convienne bien sur de pareils sols, sont sujets à causer
de le faire avec des sa. os proportionnés au des pertes sur des terrains moins favorable
72 CULTURES INDUSTRIELLES : DES PLANTES TINCTORIALES. uv. u.
ment disposés, dans lesquels le fumier se dé chances d'éprouver des gelées après l'épo
compose avec plus de lenteur : la propor que des semailles, on doit renoncer aux se
tion dépend donc d'expériences faites sur mis, car la garance jeune est une plante
les différens sols; cependant l'engrais n'é très-délicate, et l'on perdrait de la sorte
tant pas perdu pour le propriétaire qui le une grande partie des plantes, et peut-être
retrouve dans la récolte subséquente, il peut la totalité. La réussite d'un semis a aussi à
agir plus libéralement qu'un simple fermier, craindre la sécheresse du printemps; et
et disposer d'une masse de fumier au-delà cette circonstance, qui se présente assez sou-
de la quantité que l'on a coutume d'em ventche/. nous, influe alors sensiblement sur
ployer à cette culture, et qui est de 880 quin la beauté des cultures; les plantes sortent
taux (32 voitures de 40 quintaux ) par bec- rares si elles manquent de pluie, et la récol
tare. * te en éprouve un assez grand déficit. Ainsi,
Quand le fumier est étendu, on passe deux sous le rapport du climat, la méthode de
paies croisées de labour pour l'enterrer légè plantation est aussi la plus sûre; mais on ne
rement; ensuite on herse pour égaliser le doit pas s'exagérer cette difficulté, et, par
sol. On trace alors, avec un sillonneur à lu-as, exemple, si la graine n'est pas chère, il est
les sillons où l'on doit semer la garance; facile de ressemer avec peu de frais une terre
ces sillons doivent avoir un mètre et 2/3 de hien préparée et qui vient de souffrir de la
Largeur, avec un intervalle de 1,'S de mètre gelée : il n'en est pas de même de la séche
entre deux sillons: ainsi on trace les lignes resse, qui fait perdre souvent le moment
à 2 mètres de distance l'une de l'autre. Cette favorable eu se prolongeant.
opération terminée, un homme creuse, le 3" Examinons maintenant ce qui tient à
long du sillon, une raie plus profonde avec la nature du sol. Quand les terres calcaires
une houe à bras ; il est suivi par une femme peu abondantes en silice ont été bien ameu
ou un enfant qui répand la semence dans la blies, et qu'elles éprouvent une pluie suivie
raie : on en emploie 170 livres par hectare. d'un temps sec, il se forme à leur surface
Les grains doivent être espacés également, et une croûte que le germe des plantes n'a pas
au plus à 1 pouce et 1/2 1 uu do l'autre dans la force de percer, et qui exige qu'avec un
tous les sens, et non pas placés en ligne. En râteau ou une herse légère, tirée à bras, on
revenant sur ses pas, après avoir achevé sa en brise l'adhérence. Cest un petit surcroît
raie, l'homme en ouvre une autre à coté de de travail qui, étant fait à temps, détruit
oelle-ci, dont la terre lui sert à recouvrir la l'inconvénient dont nous venons de parler;
graine mised*nsla première; la semeuse le mais il faut le réitérer plusieurs fois dans
suit encore, et ensemence cette nouvelle certaines années où les petites pluies, suivies
raie, et ainsi de suite, jusqu'à la sixième, qui de vent ou d'un bon soleil, se reproduisent à
reste sans être semée, et qui fait l'intervalle plusieurs reprises avant la sortie des semen
du 1" au 3° billon. Dans les terrains légers ces. Dans les terres très-légères, comme cel
de palus, cette opération est faite le plus les de palus, dont la ténacité n'est que de 1
souveut avec une pelle de bois. à 2 kilogrammes, les grands vents emportent
quelquefois en forme de poussière une assez
$ IV. — Plantation de la Garance. forte couche de la surface du sol, et, déchaus
sant ainsi les jeunes plantes, les exposent à
Trois circonstances conduisent à planter la périr; c'est encore une raison qui milite dans
Îgarance au lieu de la semer : t" la cherté de ces terrains en faveur de la plantation. Enfin,
a graine; 2° le climat; 3' l'état du sol, qui il est certain que la semence sort mal dans
rend la sortie des germes précaire. t° La les terrains ou l'on a réitéré souvent cette
plantation de In garance se faisait assez géné culture, et qu'il est des terrains que, pour
ralement, il y a quelques années, quand le cette raison, on est presque forcé de planter
haut prix de la graine pouvait se compenser au lieu de les semer. Cependant le bon mar
avec la valeur de la racine. On emploie, pour ché de la graine, permettant de semer bien
piauler un hectare, 30 à 40 quintaux de ra épais dans les terrains que l'on connaît pour
cine fraîche, bien nettoyée de terre, qui se être rebelles à la sortie, diminue beaucoup
paie un cinquième du prix de la racine .sèche: cet inconvénient.
c'est la proportion dont le poids de la ga Il résulte de ce que nous venons de dire
rance diminue par le séchage; mais il faut que la plantation de la garance est la mé
compenser avec cette augmentation de frais thode la plus sûre, qu'elle est la plusavanta-
la valeur d'une année de nnle du terrain, geuse dans un grand nombre de cas, et que
puisque la garance plantée ne l'occupe que c'est la forte avance à faire qui décidele plus
deux ans au lieu de trois. Ainsi, toutes les souvent les cultivateurs dans la préférence
fois que le prix de 0 quintaux et 1/2 de ra presque générale qu'ils donnent aux semis.
cine sèche, plus l'intérêt de ce prix pendant La plantation de la garance se fait en no
deux ans, est inférieur à une année de rente, vembre ou décembre, et quelquefois en fé
plus la valeur de la graine, pins l'intérêt de vrier et mars, sur un terrain préparé en tout
celte valeur pendant trois ans, plus l'intérêt fioint comme si on allait le semer; on tire
des travaux de la première année pendant o plant des pépinières, où on l'a semé très-
un an, il peut convenir de planlcrla garance dru au printemps précédent, ou bien on l'a
au lieu de la semer. Ainsi, dans les terres chète, comme nous l'avons dit, à raison du
dont la rente esl chère, il y a toujours un cinquième du prix de la garance sèche, en
avantage à planter. portant une grande attention au nettoiement
2" Le climat est un nuire élément impor île la racine, qui peut garder aisément un
tant ù considérer dans le choix d'une des dixième de son poids en terre pour peu
deux méthodes; partout ou l'on a de fortes qu'on manque de vigilance. On trace des
DE LA GARANCE.
raies
vons dit avecpour
la houe
les semis
à bras,a la
comme
main, nous
et on l'a
en sarclage; cependant bien des personnes 73 ne
couvrent plus la seconde année, prétendant,
garnit le fond de racines bien étalées que avec quelque raison, que l'arrachement des
l'on recouvre de la terre de la raie suivante. herbes ne peut plus déranger les racines de
La culture de la garance en Alsace ne dif la garance, désormais bien établie en terre.
fère de celle que je viens de décrire pour ([)uand la tige est en fleur, on la coupe pour
planter la garance, qu'en ce qu'on y donne avoir du fourrage, ou bien on la laisse grener.
aux billons 6 mètres de largeur, y compris Les avis sont partagés sur ces deux métho
le fossé, au lieu de 2 mètres qu'on leur don des : bien des personnes pensent que le fau
ne chez nous. On plante au printemps; on ne chage oblige la plante à une nouvelle pousse
couvre qu'une fois en plein, avec 3 pouces de qui doit épuiser la racine; mais, d'un autre
terre, vers le milieu de novembre. côté, qui ne sait comment la fructification
En Flandre, selon Duhamel, les planches épuise les plantes et les racines de tous leurs
ne sont que de 3 mètres. Les plantations se sucs! Je dois dire, d'ailleurs, que l'expérience
font de préférence en automne, à cause, ne m'a jamais montré de différence sensible
sans doute, de la douceur des hivers du cli entre les produits en racine, dans les cultu
mat océauien, que l'on n'a pas en Alsace. res traitées selon l'une ou l'autre méthode:
que d'ailleurs, dans les terrains qui ne sont
§ V. — Soins d'entretien de la Garance. pas naturellement frais, cette opération pré»
cède de peu de jours le temps où la tige se
Dès que la garance est sortie de terre, dessèche après la fructification, et où sa vé
tous les soins doivent être dirigés vers son gétation s'arrête pendant la grande chaleur
sarclage, qui ne saurait être trop parfait et de l'été, et qu'ainsi la racine n'en est pas
doit être répété après chaque pluie, dès que moins obligée à produire de nouvelles tiges
les herbes adventices commencent à stulistin- aux premières pluies qui annoncent l'au
guer sur le sol. Les bienfaits de cette opéra tomne.
tion, accomplie d'une manière parfaite, se Sous le rapport du produit de ces deux mé
prolongent, au reste, bien au-delà de la ré thodes, indépendamment de la quantité du
colte de la garance. Ce sarclage se fait à la produit en racine, il ne peut plus y avoir de
main; les femmes et les enfans qui y sont comparaison depuis que le prix de la graine
destinés se mettent à genoux dans 1 inter est si modique. La culture faite seulement
valle des billons, et épluchent exactement d'abord sur les terres palus, où la fleur coule
tous les filamens de mauvaises herbes.— Le aisément, ne produisait qu à peine la quan
sarclage est toujours suivi de ['opération de tité de semence nécessaire; mais transportée
couvrir la garance d'une légère couche de aujourd'hui, par la culture des métayers,
terre prise dans l'intervalle, et destinée à sur des terres fortes, où la graine mûrit Lien,
raffermir la terre et remplacer celle que elle en produit une quantité qui surpasse de
l'arrachement des herbes peut avoir dépla beaucoup un hectareladedemande.
garance produit,
Sur un terraiu
en moyenne,
pareil,
cée. — Ce sarclage est répelé plus ou moins
la première année, selon la faculté du terrain 300 kilog. de graine, c'est-à-dire de quoi en-
à produire de l'herbe ; mais on doit compter
sur environ trois sarclages pendant le pre
mier été : ils exigent 23 journées de femme
par hectare pour chaque fois, dans les ter qu'à 25 centimes.
rains qui produisent médiocrement d'her Pour récolter la graine, on attend qu'elle
bes; mais cette quantité peut être beaucoup soit d'un violet foncé; on fauche alors la
plus forte dans ceux où la végétation est vi tige rez-sol, on la transporle sur l'aire, où
goureuse. elle se sèche ; on en sépare alors la semence
Au mois de novembre, on couvre tous les en la remuant avec une fourche, ou tout au
billons de 2 à 3 pouces de terre, et c'est dans Elus par le moyen d'un léger battage au
cet état que la garance passe l'hiver. A l'é- éau.
Ïtoque où l'on couvre, la fane est flétrie par Quant au fourrage, il est d'une excellente
es premiers froids et ne tarderait pas à qualité, presque aussi estimé que la luzerne;
sécher: il ne s'agit pas ici de la défendre des on sait qu'il a la propriété de teindre en rou
gelées, auxquelles elle résiste très -bien, ge les os des animaux qui en mangent, cir
mais d'obliger la plante à former de nouvel constance que l'on trouve souvent dans le
les racines dans la terre dont elle est cou pays à garance. Son produit est un assez bon
verte, pour se montrer au jour. La première critère pour juger du produit futur des raci
végétation du printemps est si vigoureuse, nes, que les cultivateurs expérimentés esti
qu elle perçe cette couche avec rapidité, et ment être égal au poids du fourrage de la
3ue la nouvelle tige ne tarde pas à en sortir première année, et double de celui de la se
ès que les premières chaleurs du printemps conde.
se font sentir.
Nos ouvriers se chargent de couvrir les J VI. — Récolte et conservation de la Garance.
garances, à prix fait, moyennant 25 francs
par hectare. La troisième année n'exige d'autre travail
Pendant la seconde année, on continue à que le fauchage de la tige, et enfin, au mois
donner des soins au sarclage ; mais, s'il a été d'août ou de septembre, aussitôt après que
bien fait la première, les plantes de garance, les pluies ont assez pénétré le sol pour le
«'étant emparées du sol, ne permettent rendre facile à creuser, on se livre a tarra-
guère aux herbes étrangères de se mon chement.Sl l'on peut faire arriver l'eau dans
trer. On couvre légèrement après chaque les fosses qui séparent les billons, on a l'a-
AGRICCLTUHK. TOSIE II.— IO
74 CULTURES INDUSTRIELLES : DES creusant
PLANTES
à 17 pouces
TINCTORIALES.
( 45 cent. ) de profon
liv. n.
yantage de pouvoir devancer de quelques
jours la masse des arracheurs, de trouver deur. On peut aussi exécuter le même tra
ainsi des ouvriers et des acheteurs avec plus vail en passant une seconde fois dans la raie ;
de facilité. deux charrues, se succédant dans la même
Dans les terres palus, où la ténacité de la raie, ne pourraient pas servir à cet usage,
terre est presque nulle, on peut pratiquer parce que l'on morcellerait et l'on enterre
cette opération à l'époque que l'on veut : rait la racine. Pour exécuter ces travaux,
autre avantage de ces excellentes terres à 20 hommes et 20 femmes au moins sont né
garance. Il est important que cette opéra- cessaires pour chaque charrue; la largeur du
lion précède le temps où l'on peut craindre champ est divisée en 20 distances égales,
des gelées, qui nuiraient beaucoup à la qua un homme et une ou deux femmes sont at
lité delà racine pendaut le séchage. Dans au tachés à chacune de ces divisions; les hom
cun cas, on ne doit faire l'extraction au prin mes, armés d'un râteau de fer, étendent la
temps quand la racine est entrée en sève, terre qui vient d'être retournée par la char
car alors elle se dessèche prodigieusement, rue le long de leur division; les femmes ra
et sa couleur n'est pas de bonne qualité; massent la racine dans des paniers et la dé
pratiquée assez souvent à cette époque, quand posent ensuite dans des linceuls placés à
une pièce de garance a mal réussi ou qu'on distances égales.
destine le terrain à une autre culture, ou Dans les pays du nord, comme en Alsace
quand la terre a été trop dure, ou qu'on a et en Flandre, et c'est la principale différen
été trop occupé l'été précèdent, elle ne four ce avec les méthodes du dép. de Vaucluse,
nit jamais qu'une mauvaise marchandise. on est dans la nécessité de faire sécher les
Pour exécuter l'arrachage, les hommes racines à fétuve au lieu de le faire sur les
sont disposés sur chaque billon ; on en place aires à dépiquer le blé; c'est un accroisse
même deux si la terre est tenace et exige un ment de dépense assez important.
grand effort; avec leur bêche, ils renversent Après la dessiccation, il ne s'agit plus que
la terre devant eux, et creusent aussi pro d'emballer sa récolte. Il convient presque
fondément qu'ils peuvent apercevoir dans le toujours au propriétaire de se charger de
sol des filainens de racine. 11 est important cette opération, parce que la récolte non
pour le propriétaire que cette opération soit emballée est soumise par l'acheteur à un
bien faite : dans les terres meubles, où la triage toujours préjudiciable. 4 mètres et 1,2
garance s'approfondit beaucoup, on a vu de toile pesant 10 livres, servent à emballer
perdre jusqu'au tiers de*la récolte, que des 3 quintaux de garance, et coûtent 4 fr. 30 c:
cultivateurs industrieux venaient ensuite ce qui donne 1 fr. 43 c. de toile par quintal
extraire à moitié profit; mais, d'un autre de garance; plus, 15 c. pour l'emballeur;
côté, dans les terrains compactes, elle .s'en total, 1 fr. 58 c. Il y aurait donc de la perte
fonce rarement à plus d'un pied, et tout le toutes les fois que 3 livres et 1/3 de garance
temps employé pour rechercher de trop ne vaudraient pas 1 fr. 58 c, c'est-à-dire en
petits filamens causerait de la perle au pro viron 48 fr. le quintal; mais la première
priétaire, surtout dans les années où la ra considération, reunie à celle du moindre es
cine est à bas prix. Après une heure de tra pace qu'occupe une récolte, à l'arrangement
vail, tout homme expérimenté a bientôt jugé qu'on peut lui donner, à la facilité de la chan
de la profondeur ou diot se borner le tra ger de place, doit faire préférer au proprié
vail. Cet ouvrage est. long et coûteux, sa du taire d'emballer lui-même en attendant la
rée varie dans le même terrain selon l'état vente, à moins qu'ellen'ait lieu tout de suite
actuel du sol; mais quand on attend une après la récolte. . -
pluie suffisante pour le bien pénétrer, ou
qu'on l'a ramolli par l'irrigation, on rentre
dans des données plus précises. J'ai cherché § VIN — Calcul des frais et produits.
à recueillir, à cet égard, des notes sur les
différentes espèces de terrains; il en résulte Le calcul que nous allons donner de la
que dans les terrains de palus, on emploie dépense pour un hectare de terre en garan
1,320 heures de travail par hectare, et qu'il ce, cultivée à bras dans une terre palus du dé
augmente de 123 heures par kilogramme de partement de Vaucluse, mettra à même de
plus dans la ténacité de la terre. calculer approximativement pour d'autres
Devant chaque ouvrier se trouve placé un localités, le prix de revient de celte denrée.
linceul dans lequel il jette la garance à me
sure qu'il la recueille; à chaque repos, ces Première année.
linceuls sont portés sur l'aire, où l'on étale
la récolte pour la faire sécher: on la remue Défoncer le terrain, 44 journées
à la fourche pour en séparer la terre et la d'hiver à 1 fr. 50 cent., ci. . . . 66 »
poussière qui pourraient y être restées atta ( prix
22 charretées
moyen ) de fumier, à 20 fr. 440 »
chées; on la transporte ensuite dans un local
sec, car l'humidité lui ferait contracter de la Charroi du fumier (variable se
moisissure et la détériorerait entièrement. lon l'éloignement), à 6 fr. la char
Dans la grande culture les travaux d'arra retée 132 »
chage se Jont aussi à la charrue, à laquelle Deux raies de labour pour enter
on met d'abord pour 1" couple de l'attelag ; rer le fumier et hersage pour éga
une paire de bœufs, en attelant devant cem • liser la terre 24 »
ci des mules ou des chevaux en nombre pro Graine, 170 livres, à 25 cent. . 42 50
porlionné à la ténacité du sol ; avec ces
moyens on fait un demi-hectare pa;' jour en 704 50
CHAP. 7*. DE LA. GARANCE.
pour les trois années peut être évaluée76à
femme
Huit journées
pour
D'autre
semerd'homme
part et de 704 22 50»
871 fr. 9 cent.; le produit, en ne portant la
graine et la tige que pour mémoire, étant
deSarcler
femme en trois à 1 fr66 journées 66 » évalué à 33 quintaux de racine, ils reviennent
élé, fois,
à 26 ir. 40.
Couvrir trois fois 34 » Dans ce compte, si l'on avait des terres
Couvrir en plein ( prix fait). . 24 75 qui élevassent le produit à 55 quintaux, en
Rente de la terre, au prix du supposant que les frais restassent les mêmes,
pays pour faire de la garance, loca la garance ne s'élèverait pas à plus de 15 fr.
tion plus haute que pour d'autres pour une première récolte ; pour les récol
emplois 165 » tes suivantes, qui exigeraient l'emploi du
fumier, les frais seraient considérablement
1,016 25 augmentés.
Intérêt à dix pour cent. ... 101 62 estDans la culture des métayers, si la récolte
de 55 quintaux, ils couleront en totalité
TotalDeuxième année. .1,117 87 1,159 fr. 12 c. ; le quintal reviendra donc à
de la 1" année.
nos cultivateurs à 21 fr. 7 c. 1/2, et encore
nous ne faisons pas entrer en déduction le
fourrage ou la graine. On conçoit tout ce que
Sarcler
Couvrir enuneplein,
fois 22 journées. 22 l'extension d'un pareil système doit appor
12 ter de changement dans les prix de la ga
Couvrir en plein 24 75 rance, et par là dans toute la situation agri
165 M cole du pays, et aussi dans le prix des jour-
22 87 nés payées en argent. C'est l'introduction
Intérêt du capital avancé la dans la concurrence du travail d'une classe
1" année .. 101 82 nombreuse, qui auparavant perdait une par
tie de son temps dans l'oisiveté, et qui vient
Total de la 2' année. . 347 74 prendre sa part au dividende général de l'a
Troisième année. griculture, fait dont les conséquences peu
vent être immenses.
Arracher, 165 journées, à 2 fr. . 330
Sécher et emballer, 1 fr. 58 cent, § VIII. — Assolemens dans lesquels il convient
parquinlal, et 77 quintaux. ... 121 G6 d'intercaler la garance.
Rente de la terre pour un an. . 165
Une récolle peut détériorer un sol de trois
616 66 manières, ou en le durcissant, ou en le salis
Intérêt du capital de la 1" année sant, ou en l'épuisant. La garance, loin de
pour 6 mois 50 81 dnreir le sol, lui procure un ameublissement
Intérêt du capital de la 2* année très-profond par l'opération de l'arrachage :
pour 6 mois 11 18 ainsi, sous ce rapport, elle est favorable au
Le capital de la 3* année n'est sol; .et, dans toutes les estimations de cul
débour&é que presque au moment ture que nous avons faites, on doit, en toute
de la récolte et de la vente. ... » » justice, si l'on sait profiter, pour une récolte
consécutive, de cet excellent travail du sol ,
678 65 déduire du compte des frais d'arrachage une
somme égale à la valeur dont il peut être, et
1" année. 1117 87 qui équivaut à la préparation du sol de la
Récapitulation. 2e année. . ' 347 74 première année de culture.
3e année. . 678 65 Si la garance a élé soignée, il ne faut pas
douter aussi que la terre ne se trouve, après
Total. 2,144 20 sa récolte, dans un grand état de netteté.
Produits. Cependant, je dois observer que dans les
garances de métayers et dans celles de la
1" Fourrage de la V année, 77 grande culture, où l'on néglige souvent les
quintaux, à 2 fr 154 » sarclages de la seconde année, la terre se
Intérêt de deux ans 30 80 trouve salie par cette culture; et, quoique ces
2° Fourrage de la 2° année. . . 77 * plantes paraissent peu la troisième année,
Intérêt d'un an 7 70 où elles sont dominées par la vigueur de la
3" 77 quintaux de racines, à 30 fr. 2,310 » garance, leurs semences, dispersées dès la
j seconde année, remplissent le sol, et ne tar
2,579 50 dent pas à se remonlrer.
Ce qui fait ressortir un bénéfice * Quant à l'èpuitement du sol , il est indu
tle 435 24 bitable pour toute personne qui a suivi cette
D'après ce compte, la garance revient à culture. Je dois dire, cependant, que des dou
24 fr. 34 cent. 3 4. tes sur son étendue m'ont été manifestés
Dans des terrains plus compactes, une pre par des cultivateurs éclaires des pays du
mière récolle de garance se fait fort bien Nord. Nous différons aussi avec eux sur l'é
sans l'emploi du fumier, et alors le prix de puisement causé par les pommes-de-terre,
la racine revient aussi à 24 fr. environ. les betteraves, les carottes, et en général
Dans la grande culture, où le défoncement toutes les racines : il est considérable chez
et l'arrachage ont lieu à la charrue et en ne nous, et ils le regardent comme presque nul.
portant pas de frais d'engrais, la dépense Cette /divergence tiendrait-elle a ce que ces
T« CULTURES INDUSTRIELLES : l ES
quième
PLANTES
année TINCTORIALES.
produirait, sans doute,
nv.une
«■
cultures, qui végètent une partie de l'été,
tirent plus du sol et moins de l'atmosphère augmentation moins forte. C'est une expé
dans nos régions du Midi, dans uue saison rience à faire, mais qui dépend encore telle
aussi chaude et aussi sèche? Je penche d'au ment des saisons et des sols, qui devrait être
tant plus pour celte explication, que nous variée de tant de manières, qu'elle pourrait
sommes d'accord sur l'intensité de l'épuise bien n'être pas aussi concluante que diffi
ment causé par les céréales, dont la végéta cile.
tion a lieu dans des saisons plus constam Une cause qui tend à abréger la durée de
ment humides. _ ,. la garance sur beaucoup de terrains, c'est
Quand on cultive un sol profond et riche xxxiRhizoclone non décrit {Rhizoctonia rubiœ),
dans toute sa profondeur, que la couche ara espèce de Champignon, qui attaque cette
ble en a été épuisée par une longue série de racine et l'enveloppe d'un épais réseau cou
cultures superficielles, la culture de la ga leur de lie de vin; ce rhizoetone a des rap
rance, ramenant à la surface, par un travail ports avec celui de la luzerne, dont'il diffère
profond, les principes féconds qui n'ont pu d'ailleurs spécifiquement. Quand la garance
être atteints par les laboursordinaires, sem est gagnée par le rhizoetone, elle jaunit et
ble communiquer à ce terrain une fécondité meurt, et la plante parasite, se communi
nouvelle, et l'améliorer au lieu de le dété quant d'une racine à sa voisine, finit par dé
riorer. Ainsi, sur un sol d'alluvion du Rhône, vaster de grands espaces., Les terrains où
nous avons vu de superbes récoltes de cé les luzernes sont sujettes à cette cause de
réales succéder à la culture de la garance, destruction la présentent aussi pour la ga
tandis qu'elles étaient devenues chétives rance, quelquefois dès la seconde année,
par une rotation vicieuse avant le défonce- mais surtout si on en prolonge la durée. Je
ment du sol. ne crois pas que l'on ait encore bien carac
D'autres fois, il arrive que la couche ara térisé la disposition du sol qui occasione
ble soumise à la charrue manque de profon cette espèce de maladie des racines : ce n'est
deur, que l'humidité stagne 1 hiver au pied pas toujours sur des sols humides qu'on l'ob
des racines des céréales : la culture de la serve. C'est encore un sujet d'observation qui
garance change l'état des choses, et produit s'offre à l'agriculteur intelligent.
sur ces sols une amélioration qui fait plus Dans les terres qui ont porté plusieurs
que compenser l'épuisement qu'elle cause. récoltes de garance, les céréales qui suivent
Il arrive aussi très-souvent que la couche cette culture sont très-pauvres, à moins qu'on
arable imprégnée d'humus n est pas très- ne leur applique une fumure considérable.
projonde, et qu'au-dessous d'elle se trou Après une première récolte, leur réussite
vent des argiles ou des graviers maigres; dépend de la valeur de la couche Inférieure
dans ce cas, la garance détériore réellement que l'on a ramenée au-dessus ; mais, en géné
le soi, et ce n'est que par des engrais réité ral, elle est moins belle que celle que l'on re
rés qu'on lui rend sa fécondité première. On tirerait après un repos d'un an; quant aux
sent, d'après cela, que tout propriétaire qui fourrages artificiels, ils réussissent fort bien
loue ses terres pour la garance doit bien après la garance; j'ai vu des sainfoins donner
examiner leur constitution ; si elles Sont mai deux bonnes coupes dès la première année de
gres au fond comme à la surface, la garance leur semis, et dans une année sèche où les
achèvera de les détériorer, en leur enlevant autres sainfoins étaient sans produit. Des lu
le peu de substance organique qu'elles pos zernes en donnent plusieurs très-belles;
sèdent. Si le sol est fenile dans sa couche mais on a besoin de semer épais à cause de
supérieure et inaigre dans l'inférieure, il la perte de la semence, et de rouler le ter
faut se garder absolument de cette culture; rain comme pour les céréales. Le défonce-
mais, dans le cas où le sol est vraiment fé ment du sol produit donc un effet tellement
cond dans sa couche inférieure, tout se réu marqué sur ce genre de récolte, qu'on ne
nit pour recommander cette opération : doit pas hésiter a la préférer, toutes les fois
augmentation de fermage pour les années de que cela se rattache aux autres convenances
la garance, augmentation de valeur du sol agricoles: bien entendu que, si c'est de la
pour les années qui suivront. luzerne que l'on sème, il faut lui consacrer
Le temps que l'on doit laisser la garance les mêmes engrais qu'on lui destine ordinai
en terre dépend de plusieurs élémens : le rement. Sur les sols médiocres ou mau-
prix de U rente, l'augmentation du poids de vais,on profite aussi de ce défoncement pour
la racine, et l'assurance qu'elle n'éprouvera planter des vignes, des arbres, etc., et les
pas de mortalité par un plus long séjour. frais du premier établissement se trouvent
Quand la rente de la terre n'est pas forte, et ainsi réduits à rien. Il est facile d'imaginer
que la terre est fertile, on peut, avec avan que les racines se trouvent très -bien de
tage, prolonger la durée de cette culture ; cette préparation, et qu'avec des engrais suf-
c'est ainsi que dans la Livadie la racine reste fisans, elles ne peuvent donner que de belles
cinq à six ans en terre. Dans les terrains lé récoltes.
gers, où la racine s'empare avec facilité des
sucs de la terre, on regarde le terme de trois § IX. — Commerce de la garance.
nus comme le plus avantageux; il peut n'en
être pas de munie dans les terrains compac Après avoir produit il faut pouvoir vendre,
tes, où la garance laisse une plus grande et pour bien vendre il faut des concurrent
quantité d'engrais non consommés ; l'opi Le bas prix que l'on offre d'une denrée nou
nion des culthaleurs est que, tur ces sols, la velle dans un pays, dépend de ce que les né
quatrième année augmente la récolte d'en gociais qui l'achètent tâtonnent eux-mêmes,
viron 3 a 4 quintaux par hectare ; la cin- et ne veulent sortir du cercle de leurs spé
CH/L*. 7e. DE LA. GARANCR. 77
culations ordinaires que sur l'appât d'un bois; de plus, celle qui est plantée a plus de
gain qui surpasse de beaucoup celui dont se fibres latérales que Celle qui a été semée. La
contentent ceux qui en font leur affaire sui garance arrachée en sève au printemps, sur
vie. Dans les pays où la culture de la garance tout quand elle n'est pas parvenue au terme
est étendue, tout est préparé pour son em de son accroissement, et qu'on l'arrache un
ploi : des marchés florissatts où se rendent an après son semis; enfin, une garance con;
les acheteurs et les vendeurs, des courtiers servee trop longtemps en magasin perd aussi
spéciaux, des usines, des correspondances de ses propriétés colorantes : le négociant
avec les pays de consommation, des commis juge au coup-d'œil de ses qualités, et sait y
qui vont pour voir les manufactures ; le prix proportionner ses prix.
que reçoit le cultivateur est toujours le Après l'abondance de la matière colorante,
maximum de ce qui peut lui être offert dans vient la couleur elle-même. Dans les terres
le moment, en raison de la proportion des sèches, la garance a une couleur jaune ; dans
produits à la consommation : mille concur- les terres fraîches, elle est plus ou moins
rens en sont le garant. rouge : c'est cette dernière qui se paie le
A moins d'être producteur habituel d'une mieux. M. ScnLimuEnGEn, de Mulhausen,
masse très-considérable de garance, il ne dans plusieurs exceliens mémoires récens, a
convient pasà l'agriculteurdc vendre ailleurs fait voir: 1° que le carbonate de chaux était
que dans son grenier: il est dupe de toute nécessaire pour fixer la partie colorante de
préparation manufacturière ou de touteopé- la garance ; 2° qu'il était contenu à l'état na
ratioo commerciale qui va au-delà de la ré turel dans la garance d'Avignon, tandis que
colte. celle d'Alsace en est dépourvue; 3° que cela
Non que je croie qu'il soit impossible de tient à la nature du terrain, les terres palud
faire passer au cultivateur une partie du bé de Vaucluse qui fournissent toujours les ga
néfice des négocians. Ainsi, dans la récolle rances de première qualité, contenant de 90
de la soie, le cultivateur s'est emparé, en à 93 p. 100 de carbonate de chaux; celles d'au
grande partie, du bénéfice de la filature; mais tres districts qui ne donnent que des qualités
n faut que ce mouvement tienne du petit secondaires, en contenant de 7 à 38, enfin la
propriétaire, qui fait ses opérations sans frais terre du jardin de Mulhausen n'en renfer
au moyen de sa famille; et quand la concur mant que 5 pour 100; 4° que les garances
rence a tout régularisé, a fixé des prix équi d'Avignon, transplantées dans un sol peu cal
tables, alors le grand propriétaire peut par caire , donnent des racines de la même
ticiper aussi au même avantage. Je sais que qualité que celles d'Alsace, et vice versa;
déjà de petits moulins à garance, mus par 5° qu'ayant préparé des terrains calcaires
des chevaux, se sont établis sur plusieurs factices, et y ayant planté des boutures de ga
points ; sans doute il se formera aussi un rances d'Avignon et d'Alsace, elles n'ont pré
commerce intermédiaire de négocians qui, senté à la récolte aucune différence , et ont
n'ayant point d'usines, recueilleront les pe produit, dans la teinture du coton mordancé,
tites quantités de poudre provenant des ré des couleurs aussi Solides que la garance
coltes particulières, et les assortiront; sans d'Avignon ; tandis que les racines cultivées à -
doute le propriétaire pourra s'emparer de la côté, dans le terrain ordinaire non calcaire,
mouture de la garance, si toutefois il peut { ont donné la même garance qu'à Strasbourg,
jamais joftter dans la préparation en 'petit 1 c'est-à-dire ne rendant à la teinture que des
avec celle d'un moulin bien et convenable couleurs sans solidité. Il conclut de ces faits
ment disposé. Nous donnerons ici une idée que l'assimilation de la craie par la garanoe
rapide du commerce de la garance, pour que a lieu aussi bien sous le climat de rAlsace
le propriétaire puisse lui-même juger de ses que sous celui de Vaucluse, et qu'on doit
difficultés, et de la nécessité où il se trouve pouvoir facilement obtenir de la garance
de vendre sa racine aux fabricans dans les pareille à celle d'Avignon dans des terrains
pays où cette branche de commerce est bien analogues, par exemple dans les sols crayeux,
établie, et qu'il n'ignore pas les moyens d'en légers et pulvérulens de la Champagne.
tirer parti, s'il veut tenter cette culture dans On augmente la coloration en rouge de la
uoe contrée où elle sera nouvelle. garance en la faisant sécher quand elle est
La racine de garance est composée , numide ; mais cette préparation détériore
comme toutes les autres, d'écorce, d'aubier la fécule et ne peut être tentée par un pro
et de bois. Quand la plante est en sève, on sé priétaire honnête, qui d'ailleurs pourrait voir
pare facilement ces trois parties l'une de rejetersa partie par un acheteur clairvoyant.
l'autre ; Pécorce est dépourvue de propriétés Certaines grottes ou magasins légèrement
colorantes, et altère même la couleur des humides développent aussi la couleur rouge
poudres auxquelles elle serait mêlée; l'au dans les garances qui y sont conservées,
bier fournit la véritable fécule colorante. Le nous eu avons des exemples; mais il y a aussi
bois en contient une dosé beaucoup moindre à courir le danger de la moisissure, et une
et beaucoup moins énergique. D où il suit garance qui a une odeur de moisi perd pres
d'abord qu'une racine contient d'antantplus que toute sa qualité, et immédiatement le
de matière colorante que, proportionnément tiers ou la moitié de son prix : elle n'est plus
à son poids, elle renferme plus d'aubier et achetée que pour falsifier, par la mixture, de
moins d'écorce et de bois. Dans les terres la bonne garance.
compactesoutrop sèches, la garance acquiert Les achats de la garance se font au comp
beaucoup d'écorce : les petites racines ont tant, et on s'engage au moyen d'arrhes plus
plus d'écorce proportionnellement à leur ou moins fortes. Sur les marchés on achète
volume. Une garance trop vieille ou trop à la vue de l'échantillon; mais les négocians
grosse a une plus grande proportion de commencent aussi à envoyer des commis ches
78 CULTURES INDUSTRIELLES : DES PLANTES TINCTORIALES. uv. n-
les détenteurs de la denrée qu'ils achètent à n'est point cependant descendue au niveau
la vue de la récolte, ce qui est préférable des récolles ordinaires; mais qu'elle affec
pour les uns et les autres, et prévient les tionne certaines natures de sol où elle se
difficultés. produit toujours avec un avantage marqué,
Dans le déparlement de Vaucluse, un comparativement aux autres récoltes ; que
grand nombre de moulins à farine ont été ces terrains sont les terrains légers, frais et
convertis en moulins à garance, et partout riches, naturellement ou artificiellement.
où l'on a pu établir une prise d'eau, il s'est En outre, elle offre une occupation active
formé une de ces usines; d après tous les faits aux ouvriers, dans une morte-saison ; elle
que j'ai pu recueillir, la pulvérisation de la leur fournit un moyen de faire épargne, pour
garance revient à environ 1 fr. 50 cent, par ainsi dire, de leur travail, et leur payant, au
quintal au propriétaire d'une de ces usines, bout de trois ans, une somme considérable,
savoir : 85 cent, représentant la main-d'œu les met dans l'aisance, et leur facilite les
vre, et 65 cent, l'intérêt du capital. Ainsi, le moyens d'acquérir et d'entreprendre, qu'ils
négociant qui possède de la garance à 27 fr. n'auraient pu trouver dans le prix de ce tra
50 cent, verra ses frais augmentés de la ma vail, payé quotidiennement.
nière
Pertesuivante
sur le par
poids,
la pulvérisation
10 p. 100. 2: fr. 75 c. Ajoutons que, bien différente des autres
denrées, la garance, ayant créé un corps de
Pulvérisation 1 50 négocians qui s'occupent spécialement des
Tonneaux, 16 fr. par tonneau spéculations qui s'y rapportent, ne reste ja
de 20 quintaux » 50 mais invendue; mais qu en suivant le cours,
on est sûr de trouver, a toute heure, la vente
de telle quantité de racine que ce soit, et
Plus, la valeur d'achat de la ga 5 05 d'en être payé comptant, avantage immense
rance 27 80 dans les années où les blés, les fourrages, etc. ,
n'offrent point les mêmes avantages, parce
Total. . . 32 fr. 55 c. que ceux qui commercent sur ces denrées
Celui-ci doit alors opérer la mixture de ses ne sont presque partout que des spécula
poudres de manière a assortir les différentes teurs, qui, n'ayant point de grands étabtis-
sortes, les différens degrés de coloration, de semens formés, peuvent suspendre leurs
force, etc., que les besoins de ses acheteurs achats quand cela leur convient, pour re
lui font connaître : ce travail ne demande prendre le même commerce plus tard , et
qu'une certaine habitude et une connais avec les mêmes avantages. Les pays où l'on
sance des débouchés. fabrique de la farine offrent, dans le com
S'il est un principe prouvé en économie merce du blé, quelque idée de ce qu'est ail
politique, c'est que les prix d'une denrée sont leurs le commerce de la garance; il faut,
en raison directe de la consommation et in dans les pays à garance, que les moulins
verse de la production de cette denrée. s'approvisiounent de racines, les proprié
Quant à la garance, quelle que soit l'aug taires d'usines ne veuleut pas les laisser chô
mentation de la production, il semble que mer, et ne peuvent les appliquer instanta
celle de la consommation n'a pas été moins nément à un autre usage. ,Les achats sont
grande, puisque le produit n'a pas cessé de donc continus, comme la fabrication, quel
se maintenir au-dessus du prix de revient ; que soit le prix de la matière première, et
ce qui continue à étendre cette culture même quelque mince que soit le bénéfice sur la
hors des terrains qui ont des qualités privi matière fabriquée.
légiées pour sa réussite, et à enrichir tous Partout où l'on réunit toutes ces facilités,
les pays qui s'y sont livrés. Le prix moyen où l'on peut se procurer aisément des ou
des dix années de 1813 à 1823 étant, pour les vriers, et où il existe des capitaux qui peu
racines jaunes, de 30 fr. 63 c, n'est-il pas re vent attendre les produits, la culture de la
marquable que, pour les vingt et une années garance peut présenter des avantages réels
de 1813 à 1834, il soit de 31 fr. 30 c. ? Cette aux cultivateurs.
permanence indique une limite qui pourrait De Gasparin.
bien encore profiter à l'avenir, et la diffi
culté d'étendre indéfiniment la culture pour Section h. — De la Gaude.
rait en donner l'explication.
D'après les relevés statistiques les plus ré La Gaude, espèce du genre Réséda et de
cens, ^importance du commerce de la garance la famille des Capparidées(^ej-<?f/o/«reo/a L. ;
dans le seul département de Vaucluse, serait angl., Ifeld ou Dyer's fï'eed; ail., (Vaud\
de 20 millions de kilos, fabriqués par 50 usi {fig. 43), vulgairement Vaude, ou herbe àjau
nes et 500 moulins, et d'une valeur totale de nir, est une plante imparfaitement bisan
plus de 14 millions de francs. On évalue la nuelle, à petites racines fusiformes, et à tige
quantité exportée à environ 7 millions de garnie de feuilles, s'élevant de 1 à 2 pieds.
kilos, qui vont principalement en Angle Elle est indigène à la France et à l'Angle
terre, en Suisse, en Prusse et aux Etats- terre, très-rustique dans son état sauvage,
Unis. et se rencontre le long des chemins, dans
On voit donc que la culture de la garance les friches, les laillis, etc. Elle fleurit natu
a enrichi le pays où elle a commencé à se rellement en juin et juillet, et répand ses
développer, et où elle était devenue comme semences en août et septembre. .
un monopole par l'incurie de ses voisins; On cultive deux variétés de gaude, l'une
qu'elle a fait long-temps la prospérité de la d'automne, l'autre de printemps; quoique de
Zélande, de l'Alsace et du comtatd'A.viguon ; vant leur origine au mode de culture au
qu'aujourd'hui son cercle s'étant étendu, elle quel elles ont été assujetties, elles sont mai u
chap. T. DE LA GAUDE 79
Fig. 43. colle se fait aussi à une époque où il est plus
facile d'en opérer la dessiccation ; cependant
pour la production, il n'a pas remarqué de
différence entre les semailles faites dans
l'une ou l'autre saison.
Le sol n'ayant pas besoin d'être fraîche
ment labouré pour la réussite de cette plante,
on peut la semer avec beaucoup d'avantage
dans une récolte encore sur pied, au moment
où on lui donne le dernier binage, pourvu
qu'on n'ait pas besoin de fouiller le sol pour
enlever cette récolte : par exemple, dans des
haricots, du maïs, des cardères, des fèves;
c'est ce qu'on pratique principalement dans
les environs d'Elbeuf. Le Recueil de la Soc.
d'agric.de l'Eure nous apprend que M. Saud-
breuil, cultivateur au Plessis-Grohan, ob
tient de la culture de la Gaude, en la semant
au mois de mars, dans les luzernes, trèfles
et minetles, un bénéfice notable, puisqu'il
n'a d'autres frais que ceux de la récolte. La
quantité de semence nécessaire suivant celte
méthode est d'un litre et demi par hectare,
tenant bien distinctes, en sorte qu'on ne que l'on mélange bien avec les autres grai
saurait remplacer l'une par l'autre pour les nes ; M. Di'ret, en l'adoptant, a obtenu par
semailles de ces deux saisons. hectare, de 100 à 120 bottes du prix de 1 fr.
La Gaude est cultivée dans quelques can environ. — En Angleterre, on sème généra
tons de la France et de l'Angleterre, prin lement en avril ou mai pour ne récolter que
cipalement dans le comté d'Essex, pour l'année suivante, et souvent, pour ne pas
l'usage de la teinture, à laquelle ses fleurs perdre la première année, on répand les se
et ses tiges fournissent une couleur jaune, mences dans les récoltes céréales, à la ma
belle, solide et avantageuse pour les étoffes; nière du trèfle, ce qui donne de bons résul
elle est supérieure à la couleur jaune des tats, pourvu que la terre soit en bon état,
bois étrangers qui en ont diminué la con et qu on ait soin de biner et sarcler aussitôt
sommation depuis qu'ils l'ont en partie rem après la moisson. — M. Mordret, et après
placée, et mérite de leur être préférée. Parmi lui d'autres cultivateurs, ont fait valoir le
toutes les plantes tinctoriales, elle offre au grand avantage qu'il y aurait à semer la Gaude
cultivateur l'avantage de n'avoir besoin que en été dans les taillis coupés l'hiver précé
d'être coupée et séchée pour être livrable dent ; il suffit d'écorcher la superficie du sol
au teinturier. On relire aussi de la Gaude avec un râteau de fer pesant, ou autre in
une couleur jaune pour les besoins de la strument analogue, et nul doute que, si l'on
peinture. donne un ou deux sarclages, joints à l'arra
La Gaude est une de ces plantes robustes chage qui remuera encore le sol, cette cul
qui peuvent végéter dans tous les terrains; ture ne soil profitable au taillis lui-même.
mais les sols fertiles en donnent les récoltes On sème ordinairement la Gaude à lavolée,
les plus abondantes. On dit que les mau à raisou de 12 à 15 liv. de graine par hectare.
vaises terres, surtout celles sablonneuses et On peut employer la graine nouvelle ou celle
sèches, produisent plus de matière colo de deux ou trois ans ; il est bon de la faire
rante. Celles où elle réussit le mieux sont tremper pendant quelques jours dans de
des terres de consistance moyenne, légère l'eau avant de la répandre. On ne l'enterre
ment humide*, parfaitement ameublées par presque pas, en passant le rouleau, ou mieux
les cultures précédentes ; il est essentiel de en faisant piétiner par un troupeau de mou-
ne placer la Gaude que dans une terre bien tons.Les meilleures récoltes qu on obtient en
propre, attendu que cette plante, ayant une Angleterre sont celles cultivées isolément
longue enfance, exige des sarclages très- et ensemencées au semoir, qui doit tracer
soignés, et que ce rapprochement des plants les lignes à un pied de distance et placer les
rend très-dispendieux. Cette récolte est assez graines dans les raies à 6 pouces les unes des
épuisante, mais ne demande jamais de fu autres. Assez souvent, quand la Gaude suc
mier. cède à une récolte de blé, elle n'est ni éclair-
On sème la Gaude, soit en juillet et août, dé, ni binée, ni sarclée, et on l'abandonne
en donnant la préférence à la variété d'au à elle-même jusqu'à ce que les plantes soient
tomne, pour récolter l'année suivante en en pleine floraison, époque de la récolle.
juin ou en juillet , soit en mars, en se pro Mais en bonne culture, la Gaude d'au
curant de la graine de la variété-'de prin tomne doit être sarclée au moins au mois
temps, pour récolter dans, la même année en de mars, époque où les plantes, semées
septembre. M. de Dombasle trouve que la l'été précédent, étant déjà fortes, commen
Îiremière méthode est préférable, parce que cent à monter. Cette opéralion est bien
es sarclages sont plus faciles et moins coû moins dispendieuse que lorsqu'on est forcé
teux, les mauvaises herbes poussant à cette de l'exécuter dans un moment où l'on voit
époque avec beaucoup moins de vigueur, et à peine les jeunes plantes, ce qui arrive
pouvant même être ajournés jusqu'au prin pour la Gaude semée au printemps. Ce sar
temps si la terre est un peu propre. La ré- clage peut être donné à la houe à long man
80 CULTURES INDUSTRIELLES : EUESdes haies, ou TINCTORIALES.
PLANTES d'autres appuis, et on l'y
MV.lais
».
che, et doit éclaircir les plantes de façon
qu'elles se trouvent espacées de 6 à G pou sera jusqu'à ce qu'elle soit suffisamment
ces. 20 à 52 femmes peuvent sarcler (In sèche et jaune. Pour des cultures étendues,
hectare par jour avec cel instrument, à voici le procédé recommandé par M. i>e
moins que le sol ne soit excessivement dur Dombasle : « On prend des baguettes flexi
ou sale. — Après ce sarclage, s'il repousse bles, un peu moins grosses que le petit doigt,
encore trop de mauvaises herbes, on les ar et longues de 3 ou 4 pieds; on en forme des
rache à la main, lorsque la Gaude est à peu couronnes de 8 pouces environ de diamètre,
près parvenue à la moitié de sa hauteur. en entrelaçant la baguette sur elle-même;
Pour les semis faits au printemps, le premier on fait entrer dans chacune de ces cou
sarclage doit avoir lieu en avril et être exé ronnes une poignée de gaude, qu'on dresse
cuté à la petite binette à main ou avec un sur le sol, en écartant les pieds et en pla
couteau, comme on sarcle les ognons et les çant la couronne aux trois quarts à peu près
carottes en jardinage; on n'éclairuit pas les de la hauteur des plantes. La poignée ne
plants, à inoins qu'ils ne soient extrêmement doit pas être assez forte pour être serrée
rapprochés. Ce premier binage est d'autant dans fa couronne ; autrement, la dessiccation
plus coûteux qu il (aul ordinairement le ré ♦se ferait mal à cet endroit. La dessiccation
péter une ou deuxfois, jusqu'à ce qu'on n'ait est un peu plus lente par cette méthode
Îilus la crainte de voir la Gaude étouffée par qu'en étendant les plantes par terre; mais
es mauvaises herbes. aussi elles risquent très -peu de chose du
La récolte Je la Gaude a lieu en juillet mauvais temps; les pluies modérées accélè
pour la variété d'automne, et en septembre rent même beaucoup le jaunissement de ia
pour celle de printemps. On l'exécute en gaude, et elle ne s'endommage pas, si ce n'est
arrachant toute la plante, les teinturiers exi- par des pluies longues et opiniâtres; lors
Êeant qu'elle ne soit pas privée de la racine. que le temps est ainsi disposé, de quelque
,e moment favorable est celui où la fleur manière qu'on s'y prenne, il est presque im
s'est développée sur toute la longueur de la possible Je sauver celte récolte. »
tige. Assez généralement à cette époque, la Lorsque la dessiccation de la gaude est par
Gaude a de 1 à 2 pieds et demi de hauteur, faite, on la lie en bottes de 10 livres. Celte
les feuilles et les tiges sont encore assez ver opération doit s'exécuter sur des draps, afin
tes, et les graines sont nou es dans les cap de ne pas perdre la graine qui tombe et qui
sules à un quart ou un tiers du développe fournil une bonne huile à brûler. — Quel
ment de la floraison, à partir du bas. Il pa quefois on récolte la Gaude en vert et on en
rait qu'on obtient une meilleure ■ matière traite les feuilles et les tiges comme on le
colorante, et on a aussi plus de liberté pour fait pour lé Pastel et l'Indigo; mais, en gé
préparer le terrain à recevoir des navets ou néral, les teinturiers se servent directement
du blé, en faisant la récolte, sans s'inquiéter par voie de décoction de la gaude en bottes.
de la graine, plutôt avant qu'après l'instant La gaude peut se conserver, sans altéra
tion dans ses principes, un nombre d'an
nées indéterminé, pourvu qu'elle ait été bien
_ penda, desséchée et qu'elle soil enfermée dans un
dessiccation, achève de les taire devenir d'un lieu exempl de toute humidité ; on dit même
beau jaune, couleur exigée par les teinturiers qu'elle s'améliore en vieillissant.
et les fabricans qui rebutent ordinairement Pour récolter la graine nécessaire aux se
la gaude restée verte, et au goût desquels mailles, on choisit un petit nombre des pieds
les cultivateurs doivent se soumettre. Ce les plus forts et les plus beaux, et on les
pendant, M. ue Do.mka.slk a constaté que la laisse parvenir à maturité. La graine est
gaude qui a conservé en séchant sa cou très-fine, très-abondante, et sort très-facile
leur verte, indice certain d'une dessiccation ment des capsules.
prompte e^ opérée par un beau temps, est Le produit de la gaude dépend beaucoup
tout aussi riche en teinture et donne d'aussi des circonstances de la saison, et sa valeur
belles nuances que celle qui est devenue varie considérablement d'après la demande
jaune. qui est quelquefois presque nulle et d'au
La manière la plus simple de faire sécher tres années très-grande, ce qui en élève le
la Gaude, et de lui donner la teinte exigée, prix. Au surplus, on peut dire que cette Cul
c'est de la déposer, à mesure qu'on l'arra ture est peu dispendieuse, en sorte que les
che, eu javelles peu épaisses qui couvrent profits en sont souvent comparativement
le sol ; le dessus en est prompienient jauni assez iraporlans. C. B. de M.
fiar le soleil et les rosées ; ou retourne alors
es javelles pour laisser sécher et jaunir pa Section tll. — Du Pastel.
reillement le dessous. La dessiccation com
plète est ordinairement l'affaire d'une se Le Pastel(Isatis /«nc2on'<z,L.;angl., WoaAs
maine. Mais, pour agir ainsi, il faut être sûr ail., Waid; ilal.t Guadc; esp., Gualda)
du beau temps ; on ne peut guère employer [ fig. 44 ) est une plante de la famille des
cette méthode pour la récolle de la gaude de Crucifères, dont la culture, comme substance
printemps qui se fait en septembre. — Dans tinctoriale, avait autrefois beaucoup plus
ce cas, et lorsque le temps n'est pas fixé au d'importance qu'elle n'en a aujourd'hui.
beau, on ne doit pas laisser la gaude éten Lorsque l'Inde uous envoya l'indigo, le pas
due sur terre, car une seule pluie suffirait tel fut presque totalement négligé; aujour
pour la faire brunir et lui enlever pres d'hui il y a réaction, et si le pastel n'a pas
que toute sa valeur. Si la récolte est peu reconquis son ancienne importance, on l'em
Considérable, on la dressera contre des murs, ploie en quantité assez considérable en uié
CHAP. 7* DU PASTEL. 81
Fig. 44. trouve dans le sol; cette plante préfère celui
du gros bétail à tous les autres ; on cite des
faits étonnans du tort que causent aux plan
tations de pastel les fientes d'oie.
Assolement , préparation , semaille, entre
tien. — Une plante qui épuisera peu le sol et
le laissera dans un bon état d'ameublisse-
ment et net de mauvaises herbes, doit précé
der le pastel. Elle remplira parfaitement le
but, si a ces avantages elle joint celui d'être
récollée d'assez bonne heure pour permettre
de donner à la terre les travaux prépara
toires convenables avant de procéder à la
semaille. Après le pastel on peut mettre
toutes les plantes que l'on veut, pourvu
3u'on ne le laisse pas venir en graine; car
ans ce dernier cas il est assez épuisant.
On sème à l'automne ou au commence
ment du printemps; et c'est de celle de ces
deux époques que l'on choisira, que dépen
dent le nombre et la nature des façons que
l'on doit donner à la terre. En règle générale,
le sol doit être meuble, et le fumier enterré
par le premier labour, afin qu'il ait le temps
lange avec l'indigo et pour servir de pied de bien s'incorporer avec la couche arable
aux autres couleurs. Depuis quelque temps et que les plantes puissent en profiter im
les artistes allemands, surtout dans les en médiatement. C'est une question qui n'est
virons de Dantzik, ont donné une juste pas encore bien décidée que celle de savoir
célébrité à la peinture au pastel: ce genre s'il vaut mieux semer avant ou après l'hiver.
prend faveur eu France ; et soit en pâte, soit La première méthode est généralement pré
en crayon, le pastel a désormais des droits férée, parce que les jeunes plantes ne sont
dont il sera difficile de le déshériter. Nous pas alors attaquées par les insectes qui com
parlerons plus tard de son emploi comme mencent à s'engourdir : tandis qu'en semant
pâturage. au printemps, les altises y causent souvent
Sol, climat et fumure. — Le pastel , que des dégâts fort considérables. — On sème à la
dans le Midi de la France on nomme aussi volée, mais plus souvent en lignes espacées
Guède ou H'ède , a une racine charnue et de 15 à 18 pouces. Quoique la graine conserve
pivotante; elle exige, pour s'étendre libre deux ans sa faculté germinative, celle qui
ment, un sol profond et bien ameubli. L'hu n'a qu'un an est de beaucoup la meilleure.
midité quoique favorisant le développe On en met "environ 25 livres par hectare,
ment de ses feuilles, et augmentant ainsi mais plutôt plus que moins. La forme de la
la quantité de la récolte, est néanmoins graine ne permet pas de se servir du semoir
assez nuisible à l'intensité de la matière colo pour la répandre. Si on sème à la volée, il
rante. L'humidité doit venir plutôt de l'at faut choisir un temps où il ne fasse pas de
mosphère que de la terre. vent, la semence étant ailée se distribuerait
On n'a pas encore assez bien apprécié , je irrégulièrement.
crois, le rôle que joue la présence de la chaux Aussitôt que le pastel est levé, et qu'il a
dans les terres destinées aux plantes tinctoria 4 feuilles, on le bine et on le sarcle en ayant
les: il est certain néanmoins que si, charriée soin d'espacer convenablement les places
dans les tissus végétaux, elle a peu d'influence trop épaisses; cette première façon se donne
sur l'intensité de la mai ière colorante, elle in ordinairement à la main. Si-on a semé en
flue beaucoup sur la ténacité avec laquelle lignes, les suivantes s'exécutent avec la houe
elle se fixe aux tissus et à la pureté des di à cheval.
vers viremens de coloration. C est une obser Pendant le courant de l'été le pastel est
vation que l'on a faite au sujet de la garance envahi, dans les contrées méridionales sur
et qui est certainement applicable à toutes tout, par des nuées de sauterelles qui dévo
les plantes analogues. Celle présomption ne rent tout dans l'espace de quelques jours. Il
serait qu'une hypothèse, si elle ne résultait est presque inutile de s'opposer a ce tléau dé
naturellement de l'examen des faits-, on a vastateur. Il faut laisser ces insecte^e gorger
remarqué partout que les sols calcaires sont jusqu'à ce qu'ils périssent de faim ou dis
éminemment propres à la production du paraissent d'eux • mêmes, et lorsqu'on s'est
pastel. La lumière du soleil a une action assuré qu'il n'en existe plus, on coupe avec
aussi remarquable sur ses feuilles, et on doit soin les feuilles qu'ils ont laissées à demi
éviter de le cultiver dans les endroits om dévorées, et la plante ne tarde pas à en
bragés. pousser de nouvelles.
Le Pastel n'a pas de patrie privilégiée : on En Angleterre, quand les plantes com
le rencontre croissant spontanément sur les mencent a monter, on pince ta tige médiane
bords de la mer Baltique, de l'Océan, et dans pour provoquer l'émission d'un plus grand
les montagnes du Tyrol. On le cultive en nombre de feuilles.
France, en Angleterre et en Allemagne. Récolte et préparation du Pastel. — On re
Le produit en feuilles est presque toujours connaît nue les feuilles sont assez avancées
proportiouné à la quantité de fumier qu'il pour être cueillies lorsqu'elles perdent cette
AGBICULTURB. 71" livraison. TOME II. — II
S2 CULTURES INDUSTRIELLES : DES PLANTES TINCTORIALES. LIT. II.
teinte vert-bleuâtre qu'elles possèdent, et Frais.
tirent au jaune. C'est vers le mois de juin ou 2 labours 36 fr.
juillet que se fait cette première récolte. On 2 hersages 8
parcourt le champ avec une faucille, et on Semaille 20
coupe toutes les feuilles qu'on juge être par Semence 35
venues au degré convenable. On les étend 1 binage à la main et éclaircir. 40
sur un gazon bien propre et ombragé s'il est 2 binages à la houe 8
possible, afin qu'elles perdent un peu de leur Coupe des feuilles 150
eau de végétation, sans se crisper ni se des Manipulations 95
sécher par trop. On les porte alors sous une Fumier 180
meule semblable à celles dont on se sert Rente ou loyer du sol. ... 80
pour écraser les graines oléagineuses ou pour
pulvériser le plâtre. On réduit les feuilles en Produits. 652 fr.
une pâte bien onctueuse , sans grumeaux et
le plus homogène possible. Cette pâte est
mise en monceau dans un endroit sec et à Fumier restant 90 fr.
l'abri du soleil. On la pétrit sous les pieds, et Vente des coques 780
avec le dos d'une pelle on polit l'extérieur Graines et tiges 50
du tas. On a soin de préparer des paillassons
afin d'en couvrir le monceau si la pluie sur 920 fr.
venait. La masse ne tarde pas à fermenter; à Dont il faut déduire. . 652 fr }717
mesure qu'elles se manifestent, on ferme les Plus l'intérêtàl0p.°/o. 65
crevasses qui se forment à l'extérieur, afin de
ne pas laisser pénétrer l'air qui provoquerait Restejpour bénéfice 203 fr.
Féclosion de vers blanchâtres qui dégradent Ce bénéfice est assez important, et le
la pâte du pastel. Ici la difficulté est d'arrêter chiffre que nous avons donné mérite d'au
lafermentation
tel est perdu toutes
au point
les fois
convenable : le pas tant plus de confiance que la moyenne de
que la fermen
55 quintaux est un peu faible. On obtient
tation a été putride ou acide; elle arrive au quelquefois 70 et même 80 quintaux de co
degré voulu au bout de 8 à 12 jours, selon la ques bien sèches.
température. Lorsqu'on juge que la fermen Cependant la culture du pastel entraîne
tation est assez avancée, on moule la pâte en avec elle tant de soins et de main-d'œuvre,
pelotes de la grosseur du poing, en atongeant dans un moment où l'exploitation réclame
un peu les deux extrémités en forme <Fœuf. impérieusement les bras des ouvriers et la
On dépose ces pelotes sur des claies, et on surveillance du maître, qu'elle est, pour les
les fait sécher dans un lieu où l'air puisse grandes exploitations, une source d'embarras
librement circuler : quand elles sont sèches, qui nuisent tellement à la marche générale
elles forment ce qu'en langage commercial des travaux qu'il faut absolument y renon
on nomme pastel en coques. Le moulage se cer et l'abandonner aux mains de la petite
fait à la main ou dans des formes de bois. propriété.Si d'ailleurs on veut importer cette
On fait ainsi 2. 3 ou même un plus grand culture dans un canton où elle n'est pas con
nombre de récoltes de feuilles par an sur les nue, on éprouvera de grandes difficultés
mêmes pieds, et on les traite de même. Mais pour les manipulations, les hommes bien au
les feuilles récoltées |à l'arrière-saison don fait étant éloignés, et pour le débit, parce
nent des coques de moindre valeur, et un que les industriels ont un préjugé contre le
cultivateur probe a toujours soin de ne pas pastel qui ne vient pas des lieux ordinaires
les confondre. de production.
Il faut bien se garder d'effeuiller les pieds Il n'est pas inutile de dire un mot du pas
qu'on desline à porter semence; car la lige, tel comme plante Jourragère et de pâturage.
épuisée par la récolte des feuilles, ne donne Ses feuilles grasses et charnues donnent une
rait que des graines mal développées. Les grande masse de nourriture : ce sont les
semeuces du pastel ilonnent une huile, assez premières qui paraissent au printemps, et
semblable à celle de lin, mais elles en con c'est surtout sous le rapport de sa précocité
tiennent une si faible proportion, qu'elles ne que le pastel doit attirer l'attention de ceux
paient souvent pas les frais de fabrication. qui élèvent des troupeaux. Il végète encore
On relire aussi du pastel une sorte d'in bien pendant la sécheresse. Sa racine longue
digo>; mais les opérations préliminaires sont et fusiforme lui permet de ne pas souffrir de
minutieuses. D'ailleurs 1 indigo du pastel l'absence d'humidité qui suspend la végé
n'est plu» aujourd'hui une denrée commer tation des plantes à racines superficielles et
ciale. traçantes.
Frais et produits. — Le produit du pastel Antoine, de Roville.
est assez variable ; mais, dans un bon sol et
avec des soins convenables , on obtient en Section iv. — De l'Indigotier.
moyenne 55 à 60 quintaux de pastel en
coques par hectare. Le prix le plus ordinaire On a cherché à introduire en France la
du pastel est de 12 à 15 francs le quintal ; en culture de l'indigotier, et des essais assez
sorte qu'on peut réaliser sur un hectare multipliés ont été faits aux environs de Per
une somme de 6C0 à 900 francs. Le pastel pignan et de Toulon. Mais, quoique la plante
une fois desséché se conserve très-bien , et ait assez bien réussi , on a élé forcé de re
même augmente de valeur par une bonne | noncer à la cultiver, parce que les produits
conservation. Voici comme on peut établir I ne compensaient pas les dépenses qu exigeait
]es frais de production I ce nouveau genre de culture ; il en a élé de
CH4P. T. DE L'IND GOTIER. 83
même en Toscane. On a donc abandonné qui croit naturellement en Caroline, où on le
l'indigotier pour s'attacher de préférence cultive aussi pour son principe colorant.
au pastel qui fournit une matière colorante — Depuis quelques années, les Anglais cul
approchant beaucoup de celle de l'indigo. tivent beaucoup dans l'Inde un arbuste voi
Par conséquent, cette culture ne pouvant sin des Lauriers - roses, espèce du genre
être profitable qu'en Corse et sur le territoire Wriglie de R. Brown {ff'rigtia, Nerium line-
d' Alger, nous nous bornerons à l'indiquer torium), qui donne une grande quantité de
en peu de mots, ainsi que la préparation de feuilles bleues aussi belles que celles de l'indi
l'indigo qui est assez difficile et exige plu gotier et qui peut en tout lui être substituée;
sieurs opérations délicates. cet arbuste présente l'avantage d'être vivace,
Ou cultive les indigotiers pour extraire beaucoup plus grand, d'avoir des feuilles
de leur feuillage ce beau principe colorant plus larges et plus épaisses, et, une fois
bleu-indigo qui est si employé dans la pein planté, de n'exiger pour ainsi dire aucune
ture en détrempe et surlout dans la teinture culture.
des étoffes, soit seul, soit plutôt mêlé au En Amérique , dans les Antilles et parti
■vouède ou coques de pastel et à d'autres culièrement à Saint-Domingue, \aculture de
couleurs. Le commerce en distingue trois l'indigotier offrait d'autant plus d'avantages
sortes principales, Vindigo flor ou flottant, le au colon, qu'elle n'exige que de faibles avan
violet,\e cuivré, de grains, de couleurs et de ces et qu'il faut peu de temps pour réaliser
qualités différentes. Le meilleur indigo doit les résultats. On la fait ordinairement dans
être sec, facilement inflammable, si léger qu'il les terrains neufs provenant de défriche-
surnage dans l'eau, d'une couleur d'un bleu mens; on doit, autant que possible, choisir
violacé. Autrefois on le tirait principalement un terrain à proximité d'un ruisseau;, tant
des Amériques espagnoles, des Antilles, de pour l'arrosement de la plante que pour les
l'Inde, de l'Egypte , des lies de France et de besoins de l'indigoterie qui fait une grande
Bourbon, de Madagascar; on a essayé sa consommation d eau.
culture avec succès a Malte et au Sénégal. Lorsque le terrain a été bien purgé de
Depuis que les Anglais en ont étendu la cul toutes les mauvaises herbes , on le laboure
ture aux Indes-Orientales , les Antilles n'en profondément, puis on pratique à la houe , à
fabriquent presque plus, et dans le com environ un pied de distance les uns des
merce on désigne la provenance des indigos autres, des trous de 2 à 4 pouces de profon
par les noms de Guatimala, Bengale , Ma deur dans chacun desquels des femmes et
dras et Coromandel. des vieillards déposent de 8 à 12 graines;
Le nombre d'sespèceset variétés d'indigo d'autres ouvriers viennent ensuite recouvrir
tier est considérable. Les plus cultivées sont : ces semences. Le semis a lieu généralement
VIndigotierJranc{Indigofera anil, L.)(flg. 45 ), de novembre à mai, à une époque où la
Fig. 45. terre est humectée par de petites pluies,
celles qui sont prolongées faisant souvent
pourrir la graine, et la sécheresse n'étant
pas moins iuneste.
Dès que les jeunes plants sont bien levés,
il faut commencer à sarcler avec soin et re
nouveler celte opération aussi souvent qu'il
est besoin, jusqu'à ce que l'indigotier ait
pris assez de développement pour ne plus
souffrir des mauvaises herbes.Lorsque la sai
son est sèche, il faut donner de fréquens ar
rosages, mais sans laisser séjourner l'eau.
Quand les plantes sont arrivées à leur ma
turité, ce qui arrive lorsque les fleurs com
mencent à se montrer, c est le moment de
faire la récolte en coupant les liges , parce
qu'alors les feuilles sont le plus gorgées de
sucs colorans. Dans les climats qui con
viennent à l'indigo, la récolte*e l'ait souvent
deux mois ou deux mois et demi après les
semailles; et si la saison est favorable, on
peut encore faire une seconde coupe deux
mois après. M. BovÉ nous apprend qu'en
arbuste sous-ligneux , de 2 à 3 pieds d'éléva Egypte on fait 3 et même 4 coupes par an,
tion, originaire des Grandes-Indes, et cul quand on a bien soigné la culture et en don
tivé aux Antilles et en Amérique ; 1'/. des nant chaque fois un ou deux binages.
teinturiers ou des Indrs (/. tinctoria, L. ; in- Quoique l'indigotier soit vivace et même
dica, Lain.), arbuste à peu près de même un arbuste , on est assez dans l'usage de le
taille , qui croit spontanément à l'Ile-de- semer tous les ans; cependant on conserve
France, à Madagascar; 1' /. glauque ou à quelquefois les couches pour l'année suivante,
feuilles argentées ( J. glauca ou argentea, L.; et alors la récolte est plus hâtive, résiste
Nil des arabes), petit arbuste d un à deux mieux aux vents, aux pluies et à la séche
pieds, qui existe en Egypte, où on le cultive resse.
en grand pour l'extraction de l'indigo; 1'/. de On ne place que rarement cet arbuste dans
la Caroline (/. carolimana, Walter), à tige le même terrain, si ce n'est après un inter
herbacée, haute de un pied et demi à 2 pieds, valle d'un assez grand nombre d'années; les
84 CULTURES INDUSTRIELLES : DES PLANTES TINCTORIALES. Fig. 46. tiv. n.
Arabes abandonnent même pendant quel
ques années le sol qui l'a produit, si le Nil ne
Pinonde pas, prétendant qu'il ne vient après
rien ou qu'une chétive récolte; on peut en
conclure que celle plante est très-épuisanté ,
mais il suffirait d'engrais et de labours pour
remettre la terre en état d'êlre productive.
Les indigotiers sonl sujets à être attaqués
par plusieurs insectes qui détruisent souvent
les plus belles plantations, et ne laissent
quelquefois d'autre ressource que de cou
per bien vite l'indigo pour ne pas tout
perdre ; cependant Dutour , propriétaire-
cultivateur à Saint-Domingue, a employé
avec succès un troupeau de dindons auquel
on donnait peu de nourritnre et qu'on en
voyait dans les champs d'indigo au moment
où les chenilles s'y montraient.
Aussitôt que 1 herbe est coupée, on doit
l'enlever et la transporter à l'usine pour y
subir les préparations nécessaires à Yextrac-
tion de Cindigo. Dans les colonies, cette fa
brication, sans exiger de grands bâti mens ni safran des prés. L'ovaire, déposé au fond de
de dispendieux appareils, est fort compli la corolle, est surmonté par un stigmate
quée et très-sujette à ne donner que des trifide dont les divisions surpassent celles
mécomptes lorsqu'on n'a pas le tact le plus de la corolle. Ce sonl ces ramifications du
fin et l'habitude la plus grande pour bieu stigmate qui font le principal produit du sa
conduire l'opération dans tous ses détails. fran et sont employées dans la médecine,
Dans l'Inde et notamment en Egypte, on la parfumerie, l'économie domestique, et sur
met en usage des procédés beaucoup plus tout dans l'art du teinturier.
simples et plus certains, et qui paraissent Choix du sol et du climat; succession de
donner un indigo aussi bon, quoique peut- culture. — Le safran parait originaire des
être moins pur. Voici comment M. Bové dé montagnes de l'Europe méridionale, du N.
crit les indigoteries des Arabes , qu'il leur a de l'Afrique -et du N.-0. de l'Asie. La culture
vu souvent établir dans le champ même : l'a transportée dans presque toutes les con
• L'appareil consiste eu plusieurs jarres de trées de l'Europe. On le cultive en Autriche,
terre cuite qui sonl à moitié enfoncées eu en Hongrie, en France et jusqu'en Angle
terre afin de les soutenir, et en un chau terre. Il parait néanmoins qu il ne peut
dron qui sert à chauffer l'eau. On rassemble supporter un froid qui s'élèverait jusqu'à
les tiges d'indigoiier pour les hacher, puis 12° 1/2 R. Le sol qu'on lui destine est ordi
on
sus les
de met
l'eau dans
chaude;
les on
jarres
fouleet laonmasse
verse avec
des-' nairement pris dan» la classe des loammeux:
les terres qui contiennent quelques centiè
des bâtons pendant quelques heures; on mes d'élément calcaire lui sonl particuliè
égoutte les feuilles inacéiées clans des ba rement favorables. Comme le produit du
quets au-dessus desquels on les soutient sui safran consiste surtout dans les parties flo
des espèces de claies. Un laisse reposer l'eau rales, on pourrait croire qu'un sol très-
colorée dans ces baquets, pour que la fécule riche est une condition indispensable de bé
se dépose au fyncl ; on lait écouler ce qui néfices ; en effet, on sait jusqu'à quel point
surnage. On creuse alors une petite fosse la culture a modifié et développé les organe»
dans Ta terre, et après avoir saupoudré de de la génération dans les fleurs de nos jar
sable le fond et les parois, on y verse la fé dins. Cependant on commettrait une grande
cule recueillie; elle s'y égoutte pendant erreur si l'on destinait à celte plante un sol
quelques heures. Enfin , lorsqu'elle est en bien fumé ou naturellement très- fertile :
core en consistance de pâte , on la met dans car l'exaltation du parfum et l'intensité de
des moules ronds, où elle achève de sécher, la couleur ne peuvent s'obtenir que dans les
et on lui donne la forme de pains de quel climats chauds, ou dans les terres un peu
ques livres. » C. B. de M. sèches et arides. Le fermier Ellis dit que
dans le district des deux Keslavans (Angle
Section v. — Du Safran. terre), où crott le meilleur safran de ce pays,
les terres sont très légères et reposent sur
Le Safran (Crocus sativus,h., &ng\.; Safran- la craie. Il ne faut pas néanmoins tomber
Crocus; a\\.,Sa/ran; \ta\., Zajfarano) (fig. 46) dans l'excès, car si des terres de cette na
est une piaule de la famille des Iridces. Ses ture sont, en Angleterre, appropriées à la
fleurs d'un bruu pourpre sortent presque à culture du safran, il n en est certainement
fleur de terre, de tubercules gros à peu près pas de même pour les contrées plus méri
comme une noix muscade ; elles paraissent dionales. Le safran, ainsi que nous l'avons
en octobre. Viennent ensuite des feuilles dit, ne commence à donner des signes de
radicales d'un vert gris et presque linéaires. végétation et ne produit ses feuilles qu'à
Le fruit ne parait qu'an printemps suivant. l'automne ; comment pourrait-il, dans une
Ainsi, dans son mode de végétation, le safran terre totalement privée d'humidité, suppor
parait avoir beaucoup d'analogie avec le Col ter une sécheresse un peu prolongée ? L'o-
chique que dans cerlaius canlous on nomme gnon se dessécherait infailliblement.
chap. T. DU Si FRAN.
par acre", ce qui fait 980,100 par hectare.
SS
Comme la terre destinée à une safranière
doit être soigneusement choisie, et que le Soins pendant la végétation ; Maladies. —
safran occupe le sol pendant plusieurs an Quelques semaines après que le safran a été
née» successives, cette plante ne peut pas lanté, on voit sortir de terre comme un
entrer dans un cours ordinaire et régulier de c ourgeon tubuleux et bleuâtre. Il faut alors
culture, mais occuper une terre à part et détruire les mauvaises herbes, et donner un
hors d'assolement. Le safran peut venir à la binage léger, afin de ne pasoffenser ces jeunes
suite delà plupart des autres plantes, pourvu pousses qui contiennent le rudiment de la
qu'elles n'épuisent pas trop le sol et le lais fleur. On la laisse en cet état jusqu'à la ré
sent en bon état de propreté et d'ameublis- colte, et on la préserve de la dent des ani
semenl. Il vient bien surtout après le trèfle, maux sauvages qui font de grands dégâts
le sainfoin, les féverolles et les récoltes bi dans les safranières. Vers la mi-octobre on
nées. Comme la plantation n'a lieu que de procède à la récolte de la manière que nous
juin en août, quelques cultivateurs récol indiquerons plus bas. En novembre on n'a
tent la même année des vesces coupées en autre chose à faire qu'à préserver la safra
vert pour fourrage. Après le safran on cul nière de la présence des souris, des rats, des
tive avec succès touie espèce de plantes, mulots et d'autres herbivores qui, trouvant
même du froment, parce que, n'arrivant ja alors la campagne nue et dépouillée, se re
mais à graine, il épuise peu le sol, et que tirent dans les safranières, en rongent les
d'ailleurs les espaces qui séparent chaque tubercules et mangent les feuilles qui com
rangée sont demeurés improductifs. Quel mencent à poindre, et qui ne tombent qu'à
ques personnes se sont bien trouvées d'a la Saint-Jean de l'année suivante : elles sont
voir semé du sainfoin après le safran, qui alors pour les vaches- une nourriture qui
ne peut revenir sur le même sol qu'après pousse à la production du lait.
un espace de 7 à 8 ans. La seconde année n'amène pas d'autres soins
Choix, habillage et plantation des ognons. que la première, c'est-à-dire des sarclages et
— Lors de l'arrachage des bulbes de la der binagesrépétés autant de foisquele réclament
nière récolte, on aura eu soin de les strati- l'état du sol et les circonstances atmosphéri
fier avec une terre poreuse et un peu sèche, que.».On fait la récolte en octobre. La troisiè
afin qu'ils ne puissent ni végéter, ni pour me année exige les mêmes opérations; elle est
rir, nisécber. Quelques personnes préfèrent ordinairement la dernière ; car les bons cul
n'arracher l'ancienne plantation qu'au mo tivateurs craignent de tirer plus de,trois ré
ment de commencer la nouvelle. Celte mé coltes successives d'une même plantation.
thode a l'avantage de procurer des ognons Les ognons-mères ne se reproduisent pas
plus sains, mais il faut faire le sacrifice au-dessous d'eux, comme cela a lieu chez
d'une année de production sur la planta- quelques plantes analogues, mais au-dessus
tiou qu'on veut détruire, et ce sacrifice est et de côte, de sorte qu à la fin les pousses
souvent plus que suffisant pour compenser de safran sont distribuées d'une manière si
l'avantage qu'on espère trouver daus ce pro irrégulière, et les rangées tellement confon
cédé. On a soin d'écarter les tubercules qui dues, qu'en faisant les binages ou en opé
sont alongés et pointus, comme aussi ceux rant la récolte, on ne peut éviter d'écraser
qui ont été attaqués par les insectes, pourris et de détruire une grande quantité de plan
ou meurtris, et ceux qui laissent voir à nu tes. De plus, les oignons, en se reproduisant
une chair blanche dépouillée de pellicule. toujours. ainsi au-dessus d'eux-mêmes, s'ex
Avant de les mettre en terre; on les passe in haussent continuellement, et pour ne leur
dividuellement en revue, afin de les débar causer aucun tort, on est obligé de ne don
rasser de toute substance étrangère, de l'an ner que des binages superficiels, et par con
cienne peau et de l'ognon-mère. Ce soin est séquent de ne procurer à la safranière qu'un
plus important qu'on ne pourrait le suppo ameublissemenl imparfait et de la laisser
ser, et c'est parce qu'on l'a négligé que la dans un état de propreté pen sati- faisant :
safranière se trouve quelquefois, a son dé le sol se durcit, devient intraitable et ne
but, envahie par- des fléaux qui détruisent donne plus que de chéttfs produits.
en peu de temps les plus belles espérances. Il est rare aussi que les ognons atteignent
Après avoir préparé convenablement le sol la quatrième année sans être attaqués par
par des labours profonds, complétés par la une de ces maladies terribles qui causent
nerse et l'extirpateur, on tend le long du tant de ravages, et dont quelques-unes sont
champ un cordeau pour tirer une rigole sui- contagieuses.
set, protubérance
Ces maladies
a longée qui
sontparait
: \° lesur
fausle
vaut sa direction. Celte rigole, tracée avec
une houe à lame élargie, doit avoir une pro flanc de l'ognon et finit par le ronger en
fondeur de 6 pouces. Celle-là terminée, on tièrement; — 2° le tacon, ulcère qui com
en recommence une nouvelle à 4 pouces de mence par une tache brune et qui attaque
distance de la première; mais, pendant que le cœur de l'ognon : elle est contagieuse ; —
la première se creusait, un ouvrier y dispo 3° la mort, qui u'est autre chose qu'une fon-
sait dans le fond les tubercules à une dis gosité, classée par Pebsoon dans le genre
tance de 3 pouces les uns des autres. Les Sclérote : elle entoure l'ognon de ses fila-
tubercules sont recouverts avec la terre pro mens, l'élreint et le fait mourir. Elle est tel
venant de la seconde rigole. On continue la lement contagieuse qu'une pellée de terre
même manœuvre jusqu'à ce que la planta provenant d'une safranière qui a été envahie,
tion soit terminée Cette opération a lieu serait suffisante pour communiquer la con
ordinairement vers la mi-aoùt On compte tagion à une autre plantation ; et que si dans
en France qu'il faut 600,000 tubercules par le terrain attaqué on remettait du safran
hectare. En Angleterre, on en met 392,040 avant 15 ans sans écobuer, il serait a'taqué
86 CULTURES INDUSTRIELLES : DES PLANTES TINCTORIALES. m. n.
immédiatement. Il n'y a pas d'autre remède hectare, la 2e de 20, et la 3° de 35 ; au total'
aux deux premières maladies que l'amnuta- 60 livres pour les 3 années. En Allemagne,
tion jusqu'au vif des ulcèreset desexcroissau- on compte généralement sur 70 pour 3 an
ces. La dernière ne peut se détruire, mais on nées.
peut en arrêter les ravages par le blocus, en Le produit des ognons est ordinairement
ceignant les parties attaquées d'un fossé pro une moitié en sus de ce qu'on a planté.
fond dont on rejelte la terre dans l'intérieur
de la circonvallation. Calcul desfrais et produits. — Dépenses.
Après la récolte de la troisième année on
arrache les tubercules, ou bien on laisse en Rente de la terre pendant 3 ans. 240 f.
terre jusqu'à l'été suivant. Cultures Id. . . . 80
Récolte, épluchage,dessiccation et produits. Plantation G0
— Les fleurs de safran ne paraissent pas Chaise 30
toutes en même temps, et suivant que la Cueillette 288
température est plus ou moins favorable, Epluchage, 70 livres à 4 fr. . . . 280
la récolte est terminée dans 5 jours ou dure Arrachage et habillage des ognons. 84
2 ou 3 semaines. On doit, le matin seu Fumier 200
lement, parcourir la plantation pour prendre Séchage 8
les fleurs épanouies ; si l'on attendait plus
tard, elles se faneraient ou se fermeraient, 1270 f.
et l'épluchage présenterait beaucoup de dif Produits.
ficultés. Lesfleurs sont apportées dans des 70 livres à 30 fr. 2100
paniers à la maison, étendues sur un vieux
drap ou sur des nattes, et on procède immé Ce qui donne, pour les 3 an
diatement à l'épluchage. On coupe les ra nées, un bénéfice de 830 f.
mifications du stigmate un peu au-dessous Le safran revient au cultivateur à 18 fr. la
de leur point d'insertion sur le style; ce sont livre; en 1816 et 1817, il s'est vendu jusqu'à
ordinairement des femmes qui font cetle
besogne. Mais la cueillette doit être faite 100Jeetcrois120 fr.
qu'il est prudent de ne pas semer
par de petits garçons ; les femmes, en par une grande quantité de safran dans les pays
courant la plantation , cassent avec l'our de vignobles ; parce qu'il arrive que les ven
let inférieur de leur robe les fleurs nais danges ont lieu à la même époque que la
santes, et comme il y a alors beaucoup de récolte du safran, et qu'on risque beaucoup
rosée, leurs vètemens, se chargeant de boue, de manquer de main-d'œuvre.
salissent presque tout ce qu'elles ne dé Antoine, prof, à l'institut de Roville.
truisent point : il faut donc préférer de pe
tits garçons pour cette besogne. Section vi. — Du Carthame. .
Immédiatement après l'épluchage on pro
cède à la dessiccation. On la fait quelque
fois à l'ombre dans un endroit sec ; mais l'o Le Carthame officinal, ou Safran bâtard
pération tralue en longueur, et le safran (Carthamus tinctorius , L.; angl., Bastard
perd de sa qualité, car on sait l'influence Saffron; ail., tVilder Saffran;\\9i\., Cartamo;
qu'exerce la lumière sur les couleurs végé Qortom ou Qârtâm des Arabes) {fig. 47), est
tales un peu fugaces. Il vaut mieux la faire Fig. 47.
à la chaleur du feu ; on prend du charbon
bien pur ou du coke; on l'allume, et à un
pied au-dessus on suspend un tamis dont la
loile est couverte d'une feuille de papier
blanc : c'est sur cette feuille qu'on place le
safran épluché à une épaisseur d'un pouce
environ ; de temps à autre on le retourne,
jusqu'à ce qu'il soit sec et friable. Cette opé
ration est délicate, et c'est ordinairement
la maîtresse de la maison qui s'en charge.
Le safran séché est mis dans des boites dou
blées en parchemin. On l'y dépose bien
légèrement, parée que si on l'y foulait il se
réduirait en poussière ; mais environ deux
heures après qu'il a été déposé dans la boite,
il redevient flexible, et on peut le serrer un
peu. On met alternativement une couche de
safran et une couche de papier, et on ferme
bien hermétiquement. En Allemagne, le sa
fran se conserve dans des vessies qu'on en
duit d'une couche d'huile à l'extérieur, et
qu'on enveloppe encore dans une étoffe de
laine. une plante annuelle de 2 à 3 pieds de haut,
Un auteur renommé porte à 80 livres de très-rameuse, à fleurs d'un jaune rouge, ap
safran le produit des deux premières années partenant à la famille de Cynarocéphales.
d'une safianière. Je crois le chiffre exagéré. On cultive le carthame pour les deux sub
En Angleterre, on estime que le produit est stances colorantes, l'une jaune, l'autre rouget
la 1" année de 5 livres de safran sec par qu'on extrait des fleurons de ses fleurs. £u
DU CARTHAME. «7
outre les graines, qui sont grosses et nom carottes ou d'autres plantes charnues dont
breuses , et qu'on vend à Paris sous le nom les tiges ne s'élèvent et ne s'étendent pas
de graines de perroquets, parce que ces beaucoup au-dessus du sol.
oiseaux un sont très- friands, fournissent le Tant que les jeunes carthames sontpetits,
quart de leur poids d'une huile bonne à brû il faut sarcler soigneusement , éclaircir et ar
ler età manger, en sorte que, seulement sous racher les plantes qui portent des aiguillons.
le rapport de l'huile, cette plante mériterait La floraison a lieu a la fin de juillet, en
d'être cultivée. Les feuilles peuvent servir de août et même plus lard ; comme les fleurs
fourrage aux animaux et procurer une nour n'acquièrent que successivement la couleur
riture d'hiver pour les moutons, les chèvres rouge-brun qu'on désire, il faut aussi faire
et les vaches , et les tiges sont employées la cueillette à différentes reprises, et tou
comme litière et en Egypte servent de com jours par un temps sec, l'humidité faisant
bustible. Enfin , les fleurs de cette plante noircir le carthame. On pensait générale
sont aussi employées en médecine, dans l'éco- ment que cette plante ne peut donner en
uomie domestique et dans l'art culinaire, en même temps ses fleurs et ses fruits, et
place du véritable safran, et on la cultive M. I ikh :n a professé celte opinion ; mais
dans les jardins pour la décoration des M. Bonafous a reconnu qu'où peut très-
plates-bandes. bien obtenir ces deux produits en procédant
Le carthame, originaire|d'Egypte,est comme de la manière suivante : on arrache chaque
naturalisé dans les parties méridionales de matin, au lever du soleil, les pétales ou
l'Europe; il supporte même le climat de Paris, fleurons dont l'épanouissement annonce que
quoiqu'il y périsse avant d'avoir donné toutes l'œuvre de la reproduction est assurée, mais
ses fleurs et que sa graine y mûrisse mal. sans couper les têles des fleurs; les pétales
Autrefois on le cultivait fort en grand dans ainsi récollés sont étendus à l'ombie, et à
laThuringe, d'où ou l'exportait non seule un air chaud, sur des claies ou des nattes,
ment en Allemagne, mais encore en Angle et, lorsqu'ils sont desséchés, on les met dans
terre et ailleurs; cette culture est presque des sacs pour les conserver à l'abri de l'hu
tombée, les Anglais livrant à l'Europe du midité, afin que les principes colorans ne
carthame turc ou oriental qui est de meil s'altèrent pas. — La cueillette du carthame
leure qualité et qu'ils vont particulièrement dure environ deux mois, et peiidant ce laps
chercher en Egypte, pays qui fournit les 7/8 de temps on doit , chaque jour de beau
de ce que les teintures consomment. Cepen temps, aller dans les champs faire celte ré
dant, d'après les produits recherchés obte colte; on y emploie des femmes et des en-
nus par M. Phey88, de Pçsth, il parait que fans. La longueur de cette opération et la
la supériorité de celui du Levant tient moins nécessité d'éplucher et de préparer sans re
au climat qu'au mode de préparation; par tard les produits, ne permettent guère de
conséquent , en suivant ses procédés , on cultiver le cailliame Irès en grand, et en
pourrait faire revivre cette culture en Eu feraient au contraire un objet avantageux de
rope, d'autant plus que le vice-roi d'Egypte, petite culture.
en s'appropriant le monopole du carthame Après la cueillette des pétales, on laisse
égyptien, eu a fait beaucoup hausser le prix, les plantes sécher sur pied pendant quelques
que la fabrication des étoffes auxquelles on jours ; on arrache alors les tiges dont on
rapplique comme matière colorante prend retire la graine en Jes frappant avec des bâ
toujours plus d'extension, et que sa prépara tons. Cette graine, soumise aux mêmes mani
tion n'exige pat de grands appareils. pulations que celle du colza, donne un
Le carthame exige une terre légère, pro quart environ de son poids en huile d'une
fonde et la plus exposée aux ardeurs du qualité non moins précieuse pour l'éclairage
soleil; à moins qu'elle ne soit trop maigre, que pour l'usage de nos tables.
on peut se dispenser de la fumer; dans un Un extrait 3es fleuilles florales deux ma
sol trop substantiel, les plantes s'élèvent fort tières color.mtes , l'une jaune . d'une nature
haut, mais les fleurs sont rares et tardives, gomineuse , l'autre rouge, de nalure rési
et les fleurons, seule partie dont on fasse neuse. On en obtient en outre des couleurs
usage , sont mo'us colorés et d'une qualité rose, jaune-ponceau et rouge-cerise. En com
inférieure. parant le carthame du Levant avec celui
La terre ayantélé labourée ou, encore mieux, d'Allemagne , on remarque les diflérences
bêchée profondément avant l'hiver, on sème suivantes : ce dernier est sec, dur, tieut de la
depuis la fin de mars jusqu'au milieu d'avril nature de la paille, et l'on aperçoit que les
et même plus tard sous le climat de Paris. Il fleurs sont simplement séchées; leur cou
est bon de faire tremper la semence pendant leur est le rouge vif entremêlé de beau
24 heures, dans un mélange de cendres et coup de jaune; on y trouve beaucoup de
d'eau de fumier, afin d'attendrir la peau des débris du réceptacle, du calice et d'autres
graines qui est dure et épaisse, et de hâter la corps étrangers. Le carthame oriental a une
germination. Le semis a lieu généralement à couleur plus sombre , homogène, d'un brun»
la volée et très -clair, pour que les plantes rouge ; il est plus noir et un peu humide au
soient espacées de 15 à 18 pouces au moins; toucher; son odeur est plus forte et il parait
mais le semis en raies est préférable, et les comme composé de fibres fines déchirées, m:
plantes sont éloignées dans les lignes de 8 à contenant aucune matière étrangère, si ce
10 pouces les unes des autres. Il faut choisir n'est quelques fragment de capsules des
pour l'ensemencement un jour où la tempé graines.
rature soit chaude et humide, car sans cela Ces différences paraissent tenir unique
la graine est sujette à pourrir en terre. On ment au procédé de préparation mis en
peut aussi cultiver le carthame entre des usage. Voici celui qu'on doit suivre : les
8« CULTURES INDUSTRIELLES : DES cées.
ellePLANTES
appartientTINCTORIALES.
à la famille des Euphorbia-
L.IV. II.
feuilles florales nouvellement cueillies et
séchées à l'ombre, sont mises dans un vase
fortie
de boisde
solution oùdesel
elles
quelques
commun,
sont arrosées
parties
jusqu'àavec
d'eau
ce que
une
et dis
une
par Depuis un temps immémorial les habitans
du seul village de Grand-Gallargues ( Gard )
se dispersent en juillet, et parcourent jus
eur ramollissement elles se trouvent à peu qu'en septembre les départetnens des Bou-
près dans l'état où elles étaient dans leur ches-du-Rhône, du Var et de Vancluse, pour
fraîcheur. Elles sout alors mises entre deux ramasser tes plantes de tournesol, desquelles
pierres meulières et entièrement broyées. ils extraient , au moyen de la pression, la
primé
La masse le broyée
suc avecest,la après
main, qu'on
humectée
en a uneex matière colorante d'un beau bleu, connue
sous le nom de bleu de Languedoc. Mais, de
seconde fois d'eau salée, qui est derechef puis quelques années, par suite de la concur
exprimée; cette opération est renouvelée rence, ces plantes ayant été coupées trop
plusieurs fois, le résidu est alors étendu sur jeunes et avant qu'elles aient pu répandre des
des planches, et après avoir été séché à l'om graines, elles commencent à devenir rares,
bre, il est bon à être livré au commerce. — en sorte qu'il est temps que l'agriculture
Nous devons faire remarquer ici que M. Bové s'empare de cette plante. Quelques cultiva
{Observations sur les cultures de l'Egypte) ue teurs avaient déjà essayé de la semer, niais
parle pas de ce mode de préparation , et qu'il sans succès, parce que les graines n'étaient
dit simplement qu'après avoir fait dessécher pas mures ; mais M J Ivan, pépiniériste à
duire
les fleurs
en pâte
à l'ombre,
à laquelle
on leson pile
donne
pourla les
forme
ré Perluis (Vancluse), a réussi complètement
en ramassant des graines bien mûres, ce aue
de pains du poids de 2 à 3 livres l'on n'avait pas encore fait , attendu que cha
Il n'est pas de notre ressort d'indiquer les que jour il en mûrit une ou deux sur chaque
moyens à l'aide desquels on extrait du car- plante et qu'aussitôt elles se répandent en
thame les diverses substances colorantes qu'il s'élançant même au loin ; il obtint de ces
renferme. Le célèbre Bertiiollet {Traite des graines de fort belles plantes qui Tout mis à
teintures, etc.) les a décrits fort exactement, môme d'offrir des semences au commerce.
ainsi que les procédés pour les fixer sur les Le croton croit dans les terres les plus
étoffes. On trouve aussi en abrégé ( Bull, des arides et même rocailleuses ; il ne demande
sciences agric, tome 16) deux procédés indi pas d'engrais et n'a besoin que d'une mince
portent
qués parniM. le VVehner.
débouilli Ces
au savon,
couleurs
ni l'exposi
ne sup culture ; cependant, si l'on fume un peu la
terre, si on la cultive bien, et qu'on l'arrose
tion prolongée au soleil; ce sont donc des parfois dans les chaleurs de juillet, on ob
couleurs de petit teint; mais, comme la cou tient une beaucoup plus belle récolte et des
leur moyenne qui en résulte est très-bril plantes qui peuvent peser jusqu'à 1 kilo. Le
lante, on en fait, malgré cela, un fréquent produit est alors immense, car 7 ares 88 cen
usage dans la teinture. C'est encore la |>artie tiares ont donné un produit de 1600 kilos
colorante rouge du carthame qu'on emploie dans l'espace de 5 mois que cette plante est
à la fabrication du plus beau rouge de toi restée en terre, et la récolte s'est vendue sur
lelte qu'on connaisse. le pied de 25 francs les 100 kilo, pesés verts.
Le produit de la culture du carthame peut D'après cela, M. Ivan, convaincu que les
se monter à 3 quintaux de fleurs par arpent. agriculteurs du Midi, ont un grand intérêt
à multiplier cette plante annuelle, en a of
Section vu. — Des autres plantes tinctoriales. fert des graines à 10 francs l'once qui con
tient 38,400 semences environ; les 7 ares
88 centiares renfermaient 12,800 plantes es
Les plantes tinctoriales qu'il nous reste à pacées d'environ 8 centim. l'une de l'autre.
mentionner ne sont guère cultivées ; cepen La préparation du tournesol, d'après Mon
dant il peut être utile d'indiquer leurs pro tée, consiste en plusieurs opérations, d'ail
priétés, comme preuve de la richesse du leurs assez simples.On broie d'abord sous une
règne végétal et des ressources qu'il pré meule disposée comme dans les moulins qui
sente, et surtout pour exciter les cultivateurs servent à écraser les olives on les pommes à
à se livrer à des essais et à des recherches cidre, la maurelle, et pour cela on doit choi
qui pourront doter notre agriculture et nos sir un jour serein, sec, et un soleil ardent.
arts de nouveaux produits précieux. Ces espé Quand les plantes sont bien écrasées, on en
rances sont surtout fondées à l'égard des remplit un cabas fait de jonc et semblable à
plantes qui nous occupent , dont le nombre ceux dont on se sert pour presser les olives;
utilisé n'est rien auprès de ce qu'il pourrait on met ce cabas sous le pressoir, et on reçoit
être, ce dont on peut prendre une idée en le suc exprimé dans des vases; dès qu'il ne
voyant sur un catalogue botaniquecombien de coule plus de suc, on retire le cabas et on
riales.
plantesNous
portentallons
le nom
transmettre
spécifiquequelques
de tinctodé jette le marc qui forme un excellent fumier.
Avant cesopérations,des femmes ont dû pré
tails sur ceux de ces végétaux dont on utilise parer des drapeaux de toile grossière de
déjà les produits, et nous donnerons ensuite chauvre,ayantdéjà servi, mais sans cependant
une enumération de ceux dont les propriétés être blanchie ni à la rosée ni à la lessive, et
colorantes sont le mieux constatées. qu'on se contente, si elle est sale, de laver et
Croton des teinturiers ou Tournesol. — Le faire sécher. Ces drapeaux sont trempés dans
Croton des teinturiers {Croton tmctorium, L.), le baquet qui contient le jus de maurelle et
connu dans le Midi sous le nom de maure/le, on les en imbibe complètement, puis on les
mozellète, est une plante très-utile aux arts étend au soleil ardent sur des haies ; quand
par la teinture qu'on obtient de son suc; ils sont séchés on en forme des tas.
chai>. T. DE DIVERSES PLA.1 ÎTES TINCTORIALES. 89
Une deuxième préparation coasiste à expo qu'on débite sous forme de pâte sèche , qui
ser ces drapeaux à la vapeur de l'urine ou du est en usage dans divers arls, et avec lequel
fumier, qui leur fait prendre la couleur on fait des espèces de pierres à dessiner.
bleue. Pour cela, on rassemble un mois à Catllelaitjaune et blanc {Gallium verum et
l'avance, dans des cuves en pierre, de l'urine; mollugo , L.). Ils paraissent renfermer un
on en laisse au moment de l'opération envi principe colorant analogue à celui de la ga
ron 30 pots formant une épaisseur de 5 à 6 rance, car le lait et les os des jeunes d'une
pouces ; on y jette 5 à 6 livres de chaux vive ; lapine qui en mangeait, furent colorés en
3uelques-uns y ajoutent en outre une livre rouge. Ce sont les racines qui donnent une
'alun; on remue bien ce mélange avec un substance propre à teindre en rouge ou en
bâton; on place au-dessus de I urine des jaune, selon la nature des iagrédiens salins
roseaux croisés sur lesquels on étend 7 à S qu'on emploie pour mordans.
drapeaux imbibés de suc et séchés les uns Orcanette, Gremil ou Buglosse tinctorial
sur les autres ; puis on couvre la cuve d'un {Lithospermum tinclorium, L. ; Anchusa tinc-
drap ou d'une couverture. Les drapeaux res toria, Lam.) et Onosme {Onosma echioides,
tent exposés à la vapeur de la liqueur pen L.) sont deux plantes vivaces de la famille des
dant plus ou moins long-temps, en raison de Bnrraginées, confondues généralement sous
sa force, généralement pendant 24 heures; le nom d'Orcanetle, qui croissent dans les
on a soin de les retourner et de prendre lieux arides et sur les montagnes les plus sè
garde qu'ils ne trempent dans l'urine, qui ches des parties méridionak'S de la France, en
détruirait aussitôt la matière colorante. Cha Italie et en Espagne.—Leurs racines ont une
que fois qu'on expose de nouveaux drapeaux écorce rouge qu'on emploie dans la teinture
à la vapeur de l'urine, on la remue bien avec de petit teint et dans la coloration de cer
uu bâton ; pendant tout le temps que dure taines liqueurs, de sucreries et de différens
cette préparation , on met tous les jours de mets; les anciens en composaient leur fard;
l'urine dans la cuve , mais on n'y met que le principe colorant (qu'on en obtient n'est
3 fois de la chaux vive et de l'alun. — Lors presque pas soluble dans l'eau, mais est très-
qu'on est obligé de suppléer à l'urine par le soluble clans l'alcool, et surtout dans les
fumier, on doit prendre de grandes précau corps gras; aussi les pharmaciens l'emploient-
tions, attendu qu'il faut retourner et retirer ils pour colorer en rose leurs préparations
les drapeaux aussitôt qu'ils ont pris la cou huileuses— Cesl pendant l'hiver qu'on ar
leur bleue, ce qui arrive quelquefois au bout rache ces racines ; les petites sont préférées;
d'une heure-, et qu'une trop longue exposi on les lave, on les fait sécher, et on les livre
tion à la vapeur du fumier pourrait détruire ainsi au commerce. Ces plantes ne sont point
la couleur et tout perdre, ce que l'on n'a pas cultivées, et la consommation qu'on en fai
à craindre avec l'urine — Dès que les dra sait, assez considérable autrefois, diminue
peaux sont assez imprégnés de l'alcali volatil chaque année, depuis que la teinture possède
qui se dégage de l'urine ou du fumier, on les des ingrédiens qui lui sont fort supérieurs.
imbibe une seconde fois de nouveau suc de Camomille -des teinturiers (Anthémis tincto-
maurelle, et si, après cette imbibition, ils sont ria, L.), plante vivace, de la famille des Co-
d'un bleu fonce tirant sur le noir, on en rymbifères, s'élevanl d'un à 2 pieds, croit en
reste là ; si les chiffons n'ont pas cette cou Europe dans les lieux arides et les pâtura
leur foncée, on les imbibe de nouveau suc une ges des montagnes; elle se garnit, pendant
3e et même une 4 fois. l'été et l'automne, de nombreuses fleurs jau
Il ne s'agit plus que de les faire sécher et nes ou blanchâtres qui la font rechercher
de les emhaUer dans de grands sacs; on les y pour la décoration des jardins. — On la
serre et presse bien, on fait un second em multiplie de grainesqu'on sème au printemps
ballage dans d'autres sacs ou dans de la dans une terre légère. —Ses feuilles donnent
loile avec de la paille, et ou forme des balles une teinturejaune qui est peu solide, et dont
(le 3 à 4 quintaux. Tout ce commerce se fait on fait peu d'usage en France, mais qui, d'a
à Gai largues, où des commissionnaires vien près d'Amboubnay, est très-eslimée dans le
nent acheter ces balles pour les expédier en Nord. Les chevaux aiment beaucoup cette
Hollande. plante que les moutons et les chèvres man
Le bleu de la maurelle n'est pas aussi beau gent aussi volontiers.
que celui du pastel ou de l'indigo, et n'est Sarrasin (décrit et figuré Tom. I,pag.29S).
que de faux teint; l'eau froide décolore sur- On peutretirer desa paille une couleur bleue ;
le-champ les drapeaux. En Allemagne , en fiour cela, on cueille le blé sarrasin avant que
Hollande, en Angleterre, on emploie ce bleu egrain soit tout-à-fait sec; on étend la paille
pour colorer les conserves, les gelées et di sur la terre au soleil, pour amener le grain
verses liqueurs; on s'en sert aussi pour à un état de siccité qui lui permette de se dé
donner au vin la couleur qui lui manque, el tacher facilement; on le bat, puis on réunit
pour teindre le gros papier à sucre; la tein la paille entas qu'on a soin d'humecter. Elle
ture de tournesol ' est l'un des réactifs le entre bientôt en fermentation qu'on laisse se
plus fréquemment employés par les chimistes, prolonger jusqu'à un état de décomposition;
parce qu'elle a la propriété de rougir sur-le- on lui voit alors prendre une couleur bleue;
champ dès qu'on la mêle avec une substance c'est le moment d'en former des gâteaux
acide quelconque , dont elle décèle ainsi la comme on le fait pour le pastel, et qu'on
présence; les Hollandais l'emploient pour fait sécherai! soleil ou à l'étuve. M. Dubrun-
colorer eu violet la croûte de leurs fromages. faut (Agricult. manufacturier, 1831) nous
C'est avec la matière première que nous leur apprend qu'en faisant bouillir ces gâteaux
fournissons, c'est-à-dire le tournesol en dra dans de l'eau, elle se colore fortement en
peaux, qu'ils préparent le tournesol en pains bleu; cette couleur végétale ne change ni
AGRICULTURE. tome II,— 12
ao CULTURES INDUSTRIELLES : DES PLANTES TINCTORIALES. uv. h.
dans le vinaigre, ni dans l'acide sulfurique, Chica, etc.; de rouges, la Garance, les Caille-
mais elle disparaît dans l'acide nitrique ; elle lait, le Sang dragon, le Santal, le CarUiame,
se change en rouge par un alcali; elle passe le Safran, 1 Alkanna, le Phytolacca decandra,
au noir clair par la noix de galle concassée, Y Orcanette, VOnosme, etc.; de vertes, la Chlo
et se change en un beau vert par l'évapora- rophylle, le Vert de vessie ; mais il ne parait
tion. Des étoffes teintes en bleu avec celle pas qu'il y en ait de bleues Les substances
dissolution traitée comme les matières végé bleues sont généralement de nature extrac-
tales de même nature employées en teinture, tive: parmi celles-ci, il y en a de jaunes, Re-
ont offert une couleur belle et solide. sedaluteola(Gaude), Anthémis tinctoria (Ca
Plusieurs arbres et arbustesfournissent aussi momille), Nerprun des teinturiers, Epine -vi-
des matières colorantes. Les suivans sont à nette, Genista tinctoria, Quercus tinctoria,
Îieu près les seuls dont on tire parti acluel- Morus tinctoria, et beaucoup d'autres; de
ement en Europe, sous le rapport de leurs rouges, Alizarine, Hœmatine, etc. ; mais, à ce
propriétés tinctoriales. qu'il parait, il n'y en a pas de vertes. Quant
Nerprun (Rhamnus). Deux espèces de ce aux couleurs végétales bleues, on peut les
genre d'arbrisseaux appartenant à la famille diviser en deux sections : A. Les matières co
des Rhamnées fournissent des produits lorantes bleues de la fructification : des fleurs
utilisés dans les arts : — 1° Le N. purgatif et des fruits, surtout des fruits charnus. On
(R. catharticus, L.), arbrisseau de 8 à 10 pieds pourrait les appeler bleus naturels, parce
de hauteur, très-abondant dans les haies et que la couleur est déjà formée pendant la
les bois. Ses fruits, qui ont une saveur amère, vie de la plante, comme daus les pétales des
désagréable et une odeur nauséabonde, ser Viola oaorata, Iris germanica, Commelinn
vent a préparer un médicament purgatifTort communis, Sysyrinchium tinctorittm, Aquilegia
énergique, le sirop de nerprun, qui se trouve vulgaris, Centaurea cyanus, Campanula ro-
dans toutes les pharmacies, et enfin le vert tundifolia, et une multitude d'antres plantes;
de vessie qu'on obtient en rapprochant ces le bleu existe dans le suc des baies du Sam-
fruits lorsqu'ils sont mûrs, par l'évaporalion, bucus nigra, de quelques variétés de Vitis
et en les mettant dans des vessies avec une vinifera, Vaccinium Myrtillus, Rubus cœsius,
certaine quantité d'alun; cette couleur est Empetrum nigrum, etc. B. Les matières co
fort employée dans la peinture eu détrempe lorantes bleues des organes de la nutrition :
et dans le lavis. — 2° Le N. des teinturiers de la racine, de la lige,des feuilles. La couleur
(R. infectorius, L.), arbrisseau plus petit, ori y est rarement primitive et formée pendant
ginaire du midi de la France, mais qui sup la vie du végétal ; elle parait ne se former
porte le climat de Paris. Ses fruits, cueillis qu'après la mort de la plaute par des combi
avant leur maturité, sont vendus daus le com naisons chimiques; de là le nom de bleu chi
merce sous le nom de graine d'Avignon, et mique qu'on peut donner à ces matières :
donnent une couleur jaune que les teinturiers c'est à cette action qu'appartient VInjtligo.
de petit teint emploient fréquemment, mais Daus les Légumineuses, la matière colorante
qui n'est pas solide ; la décoction de. ces grains bleue se trouve dans les Coronilla Enierus,
avec du blanc de céruse forme une couleur Vouapa simira, Baptisia tinctoria, Tephrosia
jaune verdàtre, nommée stil de grain. — Ces tinctoria, Aniorp/ia fruticosa, Robinia Cara-
deux arbustes, très-raroeux et très-épineux, gatia, Ononi\ A/iil,ei plusieursautres; dans les
sont Irèa-propres à former de bonnes haies Polygalées, le Polygala bra< teolata Forskalh,
qui pourraient donner ainsi un produit sup et tinctoria Vahl , donnent Hiiesorted'indigo ;
plémentaire. dans les Crucifères, la plante la plus connue
L'Epine vinette (Berberis vulgaris, L.), Vi- sous ce rapport est YIsatis tinctoria (Pastel);
nettier, en outre de son fruit, dont, aux envi on peut aussi obtenir une couleur bleue des
rons de Dijon, on tire bon parti pour faire feuilles et liges d'une variété de Brassica oie-
des confitures très-eslimées, et de son bois racea et de Vécorce de la racine de quelques
qui produit d'abondans fagots et que les Raphanus sativus ; dans les Acérinées, YÀcer
tourneurs et les ébénistes recherchent à ruorum, dont on colore en Amérique la laine
cause lie sa couleur, contient dans le bois et el le lin ; dans lei Synanthérées, \eSpilanthus
les racines une couleur /au/ieassez belle et as tinctoria Loureiro, dont on tire en Cochiu-
sez solide, douton fait cependant peud'usage. chine une substance tinctoriale très-sembla
MM. BucHXEB, de Munich, ont tout récem ble à l'indigo; il est probable que l'on trou
ment extrait de 100 parties d'écorce d'épine- vera une matière semblable dans les Spilan-
vinette. 1/3 d'une substance qu'ilsont nommée thusoleraceus et Fuscus communis des jardins.
Berberine, et dont la dissolution diversement Dans les Polygonées, le Polygonum Fagopy-
préparée peut très-bien être appliquée à la rum (Sarrasin) desséché avant l'entière matu
teinture en jaune, jaune verdàtre et jaune rité de ses fruits; d'aprèsThunberg,les P.chi-
brunâtre, surtout de la soie et de la laine. nense, barbatum et aviculare, sont cultivés au
Les Mûriers noir et blanc {Monts nigra et Japon comme plantes donnant une substance
alba) sont encore énumérés par Thouin au tinctoriale d'un beau bleu semblable à l'in
nombre des plantes tinctorialesj, comme digo. Dans les Apocynées, le Pcrgularia tinc
fournissant un bois propre à la teinture en toria Sprengel, de Sumatra, le Gymnemattn-
jaune. gens Sprengel, ou Asclepias tingens Roxb.,
Enumératioii desplantes tinctoriales. — Les du Pégu.etle If rightia tinctoria Rob. Brown,
matières colorantes provenant des végétaux ouNcrium tinctorium Roxb.,donnentdes cou
sont, les unes de nature résineuse, et les leurs bleues très-esti niées; dans les I .au ri
autres des modifications de la matière exlrac- nces. lesra'-inesdu/.ai<r«.v paivt/olia Lam.,et
tive. Parmi les couleurs résineuses, il en est Ju Laurus globosa Aublet, donnent une cou
de jaunes, le Curcuma, la Gomme-gutte, le leur violette ; dans les Euphorbiacées, le Cro
«HAP. 8e. PLANTES POUR LA. TANNERIE. 91
zophora tinctoria Adr. Juss. (Croton der tein fermentation ; il en est de même du M. sylva-
turiers), dont on tire le tournesol, les Croton ticum; on a trouvé que les Rhinanthns don
triruspidatum et lanceolatum de Cavanilles nent la couleur bleue aussi bien que les Me-
donnent une couleur bleue; notre Mercuria- lampjrum; VEuphrasia officinalis a beau
tis perennis L. contient en quantité nolahle coup d'analogie avec eux. Il est enfin à remar
de la matière colorante bleue ; c'est avec VEu- quer que ce qui arrive après la mort chez
phorbia helioscopia L., que l'on teint le pa quelques phanérogames, a lieu pendant la vie
pier en bleu de ciel. Dans les Térebinthacées de certains Lichens et de quelques espèces
le R/ius mollis Hiimb. et Bonpl.,.de l'Amérique de Boletus, qui, quand on les coupe, tour
du Sud; dans les Scrofulariées, le Melampy- nent au bleu; quelques-uns produisent la
rttm arvense L., dont les graines mêlées au couleurde tournesol; maisla manière de l'ob-
blé donnent au pain une couleur bleuâtre: lenir est bien différente de celle que l'on
les lue* et les feuilles fournissent aussi cette emploie pour l'indigo et pour certaines es
couleur après avoir éprouvé une sorte de pèces de croton. (Dierbacu.)
Section r*. — Plantes pour la tannerie. coriaria, L.) Roux, Finaigrier(JigA&), arbuste
Fig. 48.
Le tannin, ou principe astringent produit
par certains végétaux, combiné a la peau des
animaux, a seul la propriété d'en faire ce
qu'on connaît sous le nom de cuir à soulier;
1 écorce du Chêne est la substance de laquelle
on l'extrait plus généralement en France et
en Amérique; il eu est traité ailleurs (Jgric.
forestière, T. IV, p. 113); mais il existe un
grand nombre de végétaux indigènes ou
exotiques, qui, renferment des principes
tannans; uous citerons d'abord toutes les
parties du Ct'iéne, Yécorce des Bouleaux, prin
cipalement employée en Russie ; diverses
parties du Marronnier d'Inde, du Saule, de
l'Orme, le Redoul et autres Sumacs, dont
nous parlerons tout-à-l'heure; VAirelle, les
Rosiers de Provins et du Bengale , le Pin de
barbarie, le Grenadier; puis plusieurs plantes
vivaces , commes les Polygonées , les feuilles
du Phytolacca, le grand Plantin; la fausse
Gaude, etc. Pour s'assurer de la richesse d'un
végétal en principes tannans, il su flit de le
faire bouillir, haché menu dans de l'eau . et
d'ajouter une solution aqueuse de vitriol de 8 à 10 pi. de haut, de la famille des Téré-
vert ou de colle-forte; avec le vitriol la dé bintbacées, est le végétal le plus cultivé dans
coction noircit plus ou moins en raison du lebut d'extraire les principes lannifères qu'il
tannin qu'elle contient; avec la colle, la dé renferme. Sa culture a été spécialement ob
coction se trouble et il se dépose au fond du servée en Sicile, en Italie et en Espagne, et
vase un précipité blanchâtre, aussi plus ou elle pourrait être tentée avec succès dans
moins considérable. M. Dubuc, de Rouen , a plusieurs parties de la France où elle n'est
conclu de ces observations qu'on peut facile négligée que par suite de la dilficulté de faire
ment, et sans de grands frais, extraire de ces adopter par les agriculteurs de nouveaux
végétaux les principes taunans qu'ils con genres de culture, lors même qu'ils pour
tiennent, et que cette extraction en grand du raient leur offrir de grands avantages s'ils
tannin devrait donner lieu en France à une voulaient s'y livrer. — Ce sumac croit natu
nouvelle branche d'industrie que quelques rellement dans les climats chauds de l'Eu
études chimiques, telles que celles possédées rope, et il peut aussi prospérer dans les
par les pharinaciens,devront conduire promp- régions où le froid a une certaine intensité
l. ruent à d'heureux résultats. durant l'hiver. A/.ucciiim, directeur du Jar
Le Myrte commun est un des végétaux din expérimental de Florence, rapporte que
dont l'éeorce, les feuilles, les fleurs et les sur la montagne où est située la ville de
fruits sont le plus aslringens ; il parait même Giulano, il a vu plusieurs cultures de sumac;
qu'ils le sont encore plus que dans le chêne; elles ne commençaient leur végétation qu'au
aussi les emploie-t-on généralement au tan mois de juin, attendu que le froid, qui est
nage des cuirs dans les pays méridionaux de considérable sur cette montagne, puisque la
l'Europe où ils croissent naturellement et neige y séjourne et que l'eau et la ttrre y
presque saus culture. gèlent, n'avait cessé que depuis peu de
Le Sumac des corroyeurs ou Redoul ( Rhus temps; les habitans lui certifièrent que le
92 ÇULT. INDUSTRIELLES : DES PLANTES UTILES DANS DIVERS ARTS. «V. U.
sumac qui croit dans ce canton est meilleur qui servent à le multiplier avec la plus
pour le tannage et plus recherché que celui grande facilité
qui croit dans les lieux bas et par conséquent Le Sumac Justet, ou simplement Fustet
plus chauds du même pays. Sous le climat 'Rhus cotinus, L.), nommé vulgairement bois
de Paris, le redoul gèle souvent, mais ordi jaune , arbre à perruques , est un charmant
nairement il n'y 'a. que les tiges de frappées, arbrisseau, de 6 à 8 pieds, qui se répand
et les racines donnent l'année suivante un aussi beaucoup dans les jardins, et qui croit
beaucoup plus grand nombre de rejets; on abondamment sur les montagnes des parties
pourrait donc en essayer la culture avec es méridionales de l'Europe. Il ne redoute pas
poir de succès. les hivers du nord de la France, se contente
Le redoul crott promptemcnt et dans les d'une terre sèche et légère, et se multiplie
sols les plus arides ; il repousse sans cesse de facilement de graines, ou mieux de marcol tes,
nouveaux rejetons du pied; il peut fournir, et par le déchirement des vieux pieds. — Ses
dans un court espace de temps, du bois pro feuilles, qu'on regarde comme un poison pour
pre au chauffage et même à d'autres usages, l'homme et les animaux, fervent pour le tan
quoiqu'il soit tendre. La faculté qu'il a de nage des cuirs, et le commerce qu'on en
repousser facilement , le rend propre à sou fait a de l'importance pour quelques cantons.
tenir les terrains escarpés et les b>rds des On extrait de son bois une couleur qui sert
rivières et des torrens encaissés. Sa culture à teindre en café les étoffes de laine et les
ne demande autre chose que le défoncemeut maroquins. Ce bois veiné de blanc, de jaune
à la bêche du terrain auquel ou veut confier et de vert, est aussi employé par les luthiers,
les rejetons. On les met en terre au mois les ébéuistes et lus tourneurs:
d'octobre par rangées, à la dislance de deux
brasses les uns des autres , à la profondeur Section h. — De la Cardère à foulon.
de trois pieds; on laboure pendant l'hiver et
au commencement du printemps. La Cardère ou Chardon à foulon , à bonne
A la seconde ou troisième année, au mois tier, à carder, lainier, etc. ( Dipsacus fulto-
d'août, on coupe à fleur de terre les plantes num, L.; en angl., Fuller s' Thistte nu Tettzle;
ui ont alors acquis toute leur croissance et en ail., Kardendistrl; en ital., Dissaco ; en
ont les feuilles sont bien mûres. Lorsque les espag., Cardencha){fig. 49), est une grande
pieds ont des racines plus étendues , les re Fig. 49.
jetons sont plus nombreux, plus vigoureux et
les récoltes plus abondantes; ces récoltes ne
sont exposées à presque aucune intempérie
des saisons ni aux attaques des insectes , et le
sumac vit et prospère dans le même terrain
pendant un grand nombre d'années. Cha
cune des années qui suivent la 2e ou la 3', on
fait une coupe pareille.
La préparation du sumac consiste à faire
sécher les tiges au soleil, à en séparer en
suite les feuilles par le battage qui se fait
avec des bâtons ou des fourches. On réduit
ces feuilles en poudre en les faisant passer
sous une meule verticale, pareille à celle
qu'on emploie dans la fabrication de l'huile;
cette substance est alors propre à être livrée
au commerce pour le tannage des cuirs; on
l'emballe dans des sacs de toile pour la trans
porter.
La feuille du sumac est excellente pour
préparer les maroquins et autres cuirs; on
s'en sert aussi pour laver les peaux qui ont
trempé dans l'eau de chaux avant de les faire plante bisannuelle, de la famille des Dispa-
Easser à la teinture. — Les fruits de cet ar cées, qui s'élève de 4 à 6 pieds; sa tige
tiste, qui ont une saveur aigrelette, sont et ses feuilles sont garnies d'aspérités et
astringeus et antiseptiques; on s'en sert fré d'aiguillons; cette tige et les rameaux secon
quemment en médecine; ils étaient employés daires se terminent par des tètes de fleurs
par les anciens dans l'assaisonnement des dont les paillettes du réceptacle, rudes et
mets; les Hongrois les mettent dans le vi crochues, font l'office de cardes.— Lacardère
naigre pour le colorer et en augmenter la est indigène eu France et en Angleterre, et
force; les Egyptiens s'en servent aussi pour assez commune dans les lieux bas et hu
colorer et assaisonner leur pilau. mides; on dit que les tètes de la plante sau
Le Sumac de Virginie {Ji/ius lyphinum, L.), vage ont des crochets moins durs et sont
très commun maintenant dans les jardins, ainsi moins bonnes pour l'usage auquel ou
est un arbrisseau un peu plus graud que le les destine, qui est d'enlever les poils excé-
précédent, et qui parait jouir des mêmes dans des draps et autres étoffes; à cet effet
propriétés économiques et médicinales. Il on les fixe sur toute la surface d'un cylindre
est tres-mslique, ne craint pas les gelées les qu'on fait agir en tournant sur l'étoffe à la
plus fortes, s'accommode de fort mauvais quelle on veut donner cette préparation.
terrains et donne en abondance des rejets Les tiges des cardères sont utilisées pour
chauffer le four ou brûler dans les foyers;
CHAP. 8". DE LA. CA.RDERE A FOULON. 93
mais il faut le faire avec précaution, parce monter. — Ordinairement on fait trois bi
qu'elles ont l'inconvénient de crépiter et de nages la 1" année et un seul la -seconde.
projeter au loin beaucoup de petils fragmens Dans les environs de Liège et en Angleterre,
enflammés. — Les abeilles trouvent une abon en donnant une seconde culture au milieu
dante pâture dans les champs de cardères, de mai quand les tiges commencent à se
car chaque tete contient plus de 600 fleurs et montrer, on butte les plantes afin de les
il y a bien des milliers de têtes dans un ar soutenir et de les faire mieux résister à l'ac
pent. tion des vents. Dans le midi de la France, il
On conçoit que la cardère, dont l'emploi est très-utile d'arroser la cardère avant qu'elle
est très-b'irné, n'est pas cultivée partout : monte en lige, et on lé fait toutes les fois que
c'est dans le voisinage des manufactures de le terrain permet l'irrigation. — Quelquefois
laine qu'on s'y livre, et c'est auprès des plus les pieds de cardère poussent des drageons
considérables qu'elle a le plus d'importance, qui nuisent beaucoup à la production des
comme aux environs de Louviers, d'Elbeuf , têtes, on doit les extirper en fouillant la terre
de Sedan, de Carcassonne , etc. Ailleurs elle jusqu'à leur origine. — Une plante parasite,
n'occupe que de très-petits espaces, et sou nommée gras aux environs d'Elbeuf et de
vent même on utilise la plante sauvage, quoi Louviers, probablement une espèce d'Oro-
que de qualité inférieure. banche , fait beaucoup de tort aux cultures
Les sols qui conviennent le mieux à la car de cardères. Il arrive quelquefois, surtout
dère sont les terres profondes, fortes, sans dans les années chaudes , que certains pieds
êlretrop riches. L'exposition doit, autant que et même la majeure partie montent dès la
possible, être élevée, bien aérée et située au lre année ; il faut dans tous les cas en faire la
midi. Dans l'assolement elle occupe la place récolte, et, si un grand nombre des pieds
d'une réco|(e de fourrage et de blé, la pre ont été dans ce cas, il est ordinairement plus
mière année pouvant être assimilée à une avanlageuxde supprimer la plantation après
culture de navets, la 2 à une de céréales, la cette 1" récolte. — Quelques cultivateurs
récolte devant avoir lieu cette V année. Le suppriment la principale tête de chaque pied
terrain doit être labouré profondément et de cardère au moment de sou apparition, afin
bien ameubli par les iustrumens destinés à de faire multiplier les autres et augmenter
cet usage. leur volume ; cette pratique paraît devoir
L'époque de Xensemencement est le com être approuvée , cette première tête alimen
mencement d'avril; la graine doit être nou tée par la sève prenant souvent un dévelop
velle et bien remplie; on en emploie de 5 à pement énorme aux dépens des autres.
10 litres par hectare. Le plus généralement La récolte de la cardère, quand on ne cher
le semis a lieu à la volée; mais, en bonne che pas à obtenir la graine , commence vers
culture, cette plante exigeant des binages et le milieu de juillet lorsque toutes les fleurs
sarclages, il doit être fait en rajons qu'on des têtes sont tombées et que ces têtes
peut tracer sur le sommet des sillons ou sur prennent une couleur blanchâtre. Elles sont
la surface aplanie du terrain. La distauce loin de mûrir toutes à la fois , et le mieux
entre les lignes doit être de 16 à 24 pouces. — est de les couper au fur et à mesure. Géné
Dans le semis à la volée, communément on ralement on fait ce travail en trois fois, à une
sème la cardère seule, mais quelquefois on semaine ou dix jours d'intervalle. Ou coupe
la mélange avec le froment, les navets, les les têtes bonnes à prendre en leur laissant
carottes, les haricots nains, la gaude , etc., une queue d'un pied environ; on les lie en
dans l'intention de tirer parti du terrain la suite par paquets de 50, et on les porte dans
1" année; c'est une mauvaise méthode, mais un grenier ou sous un hangar bien secs;
qu'on ne peut désapprouver si le cultivateur quand le temps est beau , on les met dehors
obtient ud produit plus considérable de deux et on les expose au soleil pour les dessécher
récoltes médiocres que d'une seule parfaite. parfaitement. Il faut avoir grand soin de les
Dans le semis en lignes, il ne parait pas y mettre à l'abri des pluies qui font pourrir
avoir d'inconvénient à semer dans les inter les têtes ou du moins affaiblissent les cro
valles, après le 1er binage, des navets, des chets, soit qu'on les laisse sur pied , soit
carottes, des panais ou autres plantes qui,pro qu'on les rentre mouillées; celte intempérie
cureront une augmentation de produits sans cause parfois de très -grandes perles. Une
presque aucune dépense supplémentaire. dessiccation rapide au trop grand soleil nuit
Dans le comté d'Essex , on sème souvent le aussi à la qualité des télés de cardère dont
carvi avec la cardère, mais cette méthode est elle rend les crochets trop cassans.
reconnue vicieuse. Pour livrer la cardère- au commerce , on as
Les autres soins de la culture consistent) la sortit les létes en plusieurs parts en raison
1r" année, à sarcler et biner le sol, et à éclair- de leur grosseur Les fabricans désignent les
cir les plants de manière à ce qu'ils soient meilleures sous le nom de mâles, et les infé
placés à un pied les uns des autres si le se rieures sous celui de femelles; ils estiment
mis a eu lieu à la volée, et à six pouces dans celles qui sont le plus alongées, cylindriques
les rayons, s'ils ont été disposes en lignes. el ornées de crochets fins. On en fait des
Les places -vides seront regarnies par la trans ballots qui contiennent 200 poignées de 50
plantation; on pent aussi employer, pour en têtes, ce qui fait 10 mille têtes. Un triage plus
faire une plantation séparée, les individus rigoureux a lieu à la fabrique avant de les
arrachés pour éclaircir, mais jamais ils ne employer. On dit que celles dont on ne se sert
Tiendront aussi vigoureux ni aussi beaux que qu'un an après la récolte sont d'un meilleur
ceux semés en place. — La culture de la usage.
2e année consiste à remuer le sol , biner et Pour obtenir la graine , on laisse sans les
sarcler jusqu'à ce que la plante commence à couper les têtes sur quelques-uns des plus
94 CULT. INDUSTRIELLES : DES PLANTES UTILES DANS DIVERS ARTS. ut. u
beaux pieds, et quand la semence est mûre, des rivages de la mer, nous l'indiquerons en
on prend seulement les lêtes terminales les peu de mots aux agriculteurs de ces loca
plus fortes; la graine s'en sépare facilement lités.
par le battage au fléau ; on doit ensuite la Les espèces suivantes de Soudes, savoir,
vanner. les S. grande ( kati) , épineuse {tragvs), ordi
Le produit de la culture de la cardère est naire (soda), de Sibérie (rosacea), barille
un des plus fructueux, mais avant de s'y li (sativa), géante (altissima), salée (salsa), sont
vrer, il est prudent de s'en assurer te débou énumérées par Thouin comme les plus pro
ché; car les fabriques étant généralement pres à fournir la soude nécessaire aux arts,
abonnées sans intermédiaire pour leur four parmi les plantes qui croissent sur les plages
niture, celui qui en cultiverait pour la pre sablonneuses du midi de l'Europe. Mais m
mière fois risquerait de ne pas s'en défaire deux presque exclusivement cultivées sont
avantageusement. Ce n'est que ceux qui font la barille et la soude ordinaire; la 1", pins
des expéditions à l'étranger qui sont dans le délicate, demande un terrain beaucoup
cas d'eu demander une année plus que l'au meilleur et mieux préparé, mais aussi donne
tre, et ces expéditions se bornent presque à une soude beaucoup plus fine et plus esti
la Hollande. — Le produit de chaque pied de mée; leur culture et la manière de les re
cardère estordioairement de5 têtes et s'élève cueillir sont au reste les mêmes.
souvent, dans les bons terrains et les années Lâ Soude ordinaire ( Salsola soda, L.) XaM,
favorables, à 7 ou 9; ce qui doit donner pa xalicote (Jig. 50) est une plante annuelle,
hectare de 20 à 30 ballots. dont la tige s'élève à 2 ou 3 pieds, à rameaux
Fig. 50.
Section m. — Plantes propres à fournir
la soude.
Les cendres de tous les végétaux contien
nent en diverses proportions la potasse et di
vers autres sels solubles ou insolubles, et
c'est ce qui en motive l'emploi dans les les
sives ; il est quelques plantes cultivées dont
on peut utiliser les tiges ou les fanes pour
l'extraction de la potasse : ou a eu soin de
mentionner cet usage en parlant des autres
emplois plus importans de ces végétaux. Un
grand nombre de ceux qui croissent nature'
lenient sur les bords de la mer, donnent de la
soude par leur incinération : tels sont les
Ficoïdes nodiflore et cristallin, les Salicornes
herbacée et frutescente, les Anserine maritime
et blanche y et principalement toutes les es
pèces .du genre Soude, au nombre d'environ
40, appartenant à la famille des Chénopodées.
Depuis que la chimie est parvenue à dé
composer économiquement le sel marin , la écartés, à feuilles alongées, charnues, cen
Culture de la soude a diminué d'importance, drées, avec trois lignes vertes.
puisque les verreries, les savonneries et les La Soude cultivée [Salsola saliva, L. ), Ba
blanchisseries, qui consomment le plus de ce rille, est aussi une plante annuelle, à tiges
sel, s'en approvisionnent dans les fabriques très-rameuse, à feuilles cyliudriques, gla
de produits chimiques qui le préparent en bres, àfleurs réunies en tête. Cette espèce est
grand. Cependant Chaptal a émis l'opinion la seule cultivée dans les marais salés de
3ue les teinturiers avaient toujours besoin l'embouchure du Rhône, où on livre à cette
e la soude provenant des plantes, ce qui culture pendant quelques années le même
assure l'écoulement de la petite quantité terrain; nous décrirons la méthode qui y est
qu'où en extrait en France et surtout en Es suivie d'après M.Pabis, correspoudaut «ie la
pagne aux environs d'Alicante , qui fournis Société centrale d'agriculture.
sent la plus grande quantité et la meilleure Lorsque la terre est forte, plusieurs la
soude connue dans le commerce. bours sont nécessaires pour assurer la réus
La petite quantité de soudes qui croissent site de la soude. — Les engrais, surtout le
naturellement sur le bord de la mer, a rendu fumier de mouton, iorsqu'ou en a à sa dis
leur culture nécessaire , et l'on a de plus position, ne doivent pas être épargnés; il est
trouvé par là l'avantage d'utiliser des ter essentiel qu'ils soient bien consommés.
rains incapables de donner d'autres produc Le semis a lieu en lévrier ou en mars, dans
tions. Cependant nos cultivateurs littoraux les terres qui ne sont pas trop infectées de
délaissent presque généralement cette cul mauvaises herbes; dans le cas contraire, on
ture, et, en France, on se contente presque attend jusqu'en avril, pour détruire ces mau
partout de couper les plantes marines sans vaises herbes par un dernier labour. Plus tôt
distinction, de les réunir avec les varechs re l'ensemencement est fait, plus ou peut espé
jetés par les (lots, et, en brûlant le tout, d'en rer une belle récolte; il parait qu'a Alicante
tirer une soude de mauvaise qualité. La on le faii dès l'automne ou ie mois de jan
culture des plantes à soude paraissant très- vier pour récoller en juin. — La semence de
productive dans certains terrains voisins barille semée dans les terres non salées, dé
chap. DE LA VIGNE ET DE SA CULTURE. 95
génère à chaque reproduction et ne donne avant la 10e ou lîe année. Sous ce rapport
bien tôt plus à la combus.ion que de la po la culture de la soude mérite donc encore
tasse, fait singulier, mais certain, et que des d'être recommandée.
expériences renouvelées à la manufacture de A la fin d'août, la sonde est ordinairement
Saint-Gobain, avec de la semence provenant bonne à être récoltée; si l'on désire recueillir
de pieds nés de graine venue d'Alicante, ont la graine, il convient de laisser les plantes
conlirmé. 11 faut donc renouveler la se un mois de plus sur pied, et dans ce cas on
mence au bout de quelques années, c'est-à- les met sécher sans les amonceler, pour les
dire se procurer de la graine des plantes ve battre avec des baguettes quand elles sont
nues sans culture dans les marais et qu'aux bien sèches : on nettoie ensuite la graine
environs d'Arles on nomme Soude des bai- qui est très-petite et on la conserve dans des
na ; pour en obtenir en assez grande quan sacs. —Au reste, l'époque de la récolte varie
tité, on répand dans ces marais de la graine selon que la température du printemps et
de soude cultivée qu'on récolte ensuite pour de l'été a été chaude ou froide, selon l'épo
être de nouveau semée avec avantage dans que des semailles, la nature du sol, e1c.
les terres arables. Cette graine se vend tou Elle est indiquée par le changement de
jours eh conséquence au moins un tiers plus couleur des tiges et la maturité de la moi»
cher.— On n'est point d'accord sur la quan lié des graines. Si l'on attendait plus tard,
tité de semence qu'il convient d'employer, les produits en sel seraient moindres. — La
ce qui provient sans doute de ce qu'il est soude s'arrache à la main; après l'avoir arra
rare qu'elle soit entièrement bonne; 5 hec chée, on la dépose sur le sol en petits tas et
tolitres par hectare semblent le terme moyen on l'y laisse pendant 4 ou 5 jours, puis on
exigé. — La semence se répand à la volée et la met en meules oblongues qu'on recouvre,
est recouverte par un léger coup de herse; en cas de pluie, de paillassons ou de nattes
Jn roule ensuite pour maintenir l'humidité- pour empêcher l'eau d'y pénétrer; dans cet
lu sol, humidité très-favorable à la germi- état elle fermente et sèche; elle est ordinai
îation et qu'on retient souvent eu disper rement bonne à brûler au bout de 8 ou 10
sant sur le sol des fanes d'herbes des ma- jours. —Il faut choisir, pour cette opération,
•ais. — M. De Cakdolle dit qu'aux environs le moment convenable que la pratique seule
le Narbonne on donn>; le superflu de la peut bien indiquer; car la soude brûlée trop
[raine de soude aux bœuTs de labour, qui verte ou trop sèche fournit moins de pro
aiment beaucoup et dont elle conserve la duit. Avant de rassembler les meules pour
orce et l'embonpoint. les brûler, on a soin de les secouer et battre;
La soude souffre beaucoup du voisinage on obtient ainsi la graine; mais comme elle a
les plantes adventices ; elle exige donc des différens degrés de maturité, elle est très-
arclages repétés, principalement pendant inférieure à celle des plantes qu'on a laissées
es mois d'avril, mai et juin. parvenir sur pied à maturité complète. —La
Il a été constaté que toutes les plantes fabrication de la soude ei du salin sera l'ob
ierbacées ou vivaces, qui croissent naturel- jet d'un article spécial de la division des Arts
ement dams les terres salées impropres à agricoles.
a culture des céréales, et autres plantesqui Le produit de la culture de la soude est
raignent la surabondance du sel, décom- soliyent fort considérable. Dans le sol qui
iosenl ou absorbent ce sel et rendent par lui convient, on récolle année commune par
onséquent ces terrains plus tôt suscepti hectare, outre 90 hectolitres de graines, en
bles de recevoir les articles ordinaires de la viron 260 quintaux de piaules vertes, qui peu
ulture. La soude principalement produit vent en produire par la combustion 22 de
et effet; ainsi Pictet-Mollet nousapprend matière saline. Lorsqu'on sème la soude
u'à Alicante on sème toujours à l'automne dans un sol marécageux après une seule
es céréales sur les terrains qui ont produit façon à l'araire et sans autres soins d'entre
e la soude; dans la Caroline, on a soin de tien, on obtient à peine le tiers de ce produit.
lisser croître, sur les marais salés qu'on en- Bosc cite un hectare de soude qui, convena
igue, de la soude et autres plantes marines, blement cultivé aux environs d'Arles, a don
t par ce moyen on y Cultive, au bout de 3 né le revenu immense de 5,390 lianes net.
il 4 ans, du riz et du maïs qui n"y vien- C. B. de M.
raient peut-être pas sans ces précautions
$ t'r. — Du climat qui convient à la Vigne. adopté, quand il dit que les climats tempérés
et particulièrement notre belle France sont
La vigne, originaire de l'Asie, ainsi que la les plus favorables à la production des bons
Inpart de nos meilleurs arbres fruitiers, a vins. Sans doute, des contrées plus méridio
^ses produits, comme les leurs, se modifier nales produisent quelques vins exquis, mais
'une manière avantageuse par un climat dif- ce sont généralement des vins de liqueur,
Tentet une culture appropriée. Aussi l'avis égalés par ceux de quelques-uns de nos dé-
e Cdaptai., quoique combattu par l'au- partemens méridionaux ; quant aux vins dits
'ur estimable 'd'un nouveau Traité sur la vi secs, ils sont également doués d'une saveur
te, sera-t-il toujours le plus généralement et d'un parfum trop exaltés, en sorte qu'on
96 CULTURES INDUSTRIELLES : DE LA VIGNE ET DE SA CULTURE, liv. n.
ne boit vraiment avec plaisir qu'un petit de cette même action, telles que le choix du
verre de Malaga ou de Madère, tandis qu'on terrain et son exposition, car ce choix est
se laisse aller facilement à vider une bou souvent très-borné; nous appuierons davan
teille de Bordeaux, ou de Bourgogne, et plus tage sur celles qui, étant tout-à fait dans la
gatment encore de Champagne. Il est donc dépendance de l'homme, appellent par cela
certain que les climats chauds, en favorisant même une insistance plus grande. La pré
la formation du principe sucré, produisent paration du terrain, le choix du plant, le
des vins plus corsés et plus généreux, mais mode de plantation, tous les soins de culture
que notre climat tempéré verse en abon et d'entretien de la vigne, formeront donc
dance dans le commerce des vins d'une plus autant d'articles divers de ce chapitre. Quant
facile consommation par leur délicatesse et aux détails et aux soins de la fabrication, et
par leur légèrelé, qualités qui compensent aux divers procédés employés selon la na
bien et au-delà la moindre proportion de ture du vin que l'on se propose d'obtenir,
corps et de spiriluosilé. Et comme la France ainsi que la confection des vaisseaux v inai
a aussi ses vins de liqueur, qu'elle en a aussi res, et le traitement du vin jusqu'à sa mise
qui pèchent par excès de corps et de spiri- en bouteilles, ces matières sont l'objet d'un
tuosité, ce qui oblige de les attendre un quart des chapitres de la division des Arts agri
de siècle pour les boire agréables, tels que coles.
les vins de Roussillnn, on peul dire qu'elle Pour procéder avec méthode, nous nous
est le pays qui produit la plus grande variélé mettrons à la place d'un propriétaire qui
d'excellens vinsj la consommation en se veut planter une vigne, non seulement dans
rait encore plus grande si les propriétaires l'intention de son approvisionnement parti
renonçaient à sacrifier la qualité à l'abon culier, mais aussi dans le but de partager
dance, double avantage dont la réunion a été l'honneur et le profil que la future réputa
démontrée incompatible, et s'ils apportaient tion de son vignoble doit lui donner. Nous
autant de soins pour obtenir la première allons donc nous occuper d'abord du choix
qu'ils en prodiguent pour l'autre. du terrain, en laissant à la position et à
Le climat de la France convient générale l'exposition, dont nous traiterons après, la
ment à la vigne; toutefois il y a de nombreu part d'influence qu'elles méritent sur notre
ses exceptions dans la zone septentrionale, détermination. Viendra ensuite l'intéres
qui forme au moins le quart du pays, et sante considération du choix du plant, qui
même dans la plupart des département sur amènera la nomenclature raisonnée des
les parties les plus élevées; quoique la vigne plants de vigne qui contribuent le plus puis
puisse y végéter, la chaleur n'a pas assez de samment aux premières qualités des vins les
force pour mûrir le raisin. C'est par cette plus renommés du royaume. Nous passerons
raison que la culture enesttrès-réduite dans aussitôt à l'opération fondamentale de la
les départemens de la Lozère, de la Hau plantation; et nous suivrons les procédés
te-Loire, du Cantal, dans l'arrondissement de culture jusqu'à la récolte, en faisant un
d'Ussel (Corrèze), et dans la partie nord article à part des amendemens convenables
de l'arrondissement de Tours qui est aussi au terrain, et des engrais les moins perni
la plus élevée. Dans les départemens du mi cieux à la qualité du vin.
di, la vigne végète avec plus de force, les
souches et les sarmens sont plus gros ; ce qui § II. — Terrain qui convient à la vigne.
peut tenir aussi au plus grand espacement
et à la nature Jes variétés qu'on y cultive; Tout le monde s'accorde à reconnaître
mais ce qui est bien l'effet incontestable du l'importance de la nature appropriée du ter
climat, c est la maturité du raisin qui y est rain; plusieurs ailleurs même en font la con
chaque année plus complète, et la chaleur dition principale. Tout champ qui a 10 ou
sèche qui y règne à l'époque des vendanges, 12 à 15 pouces de lerre végétale, douce, lé
laquelle permet aux raisins de rester long gère, naturellement perméable ou rendue
temps sur le cep, sans tourner à la pourri telle par un mélange calcaire ou son mélange
ture, et les dispose plus facilement à être naturel avec une grande quantité de cailloux
convertis en une liqueur douce et liquoreuse. où de pierrailles, est propre à recevoir la vi
Aussi les vins de celte nature sont-ils pro gne, surtout si la surface est légèrement con
duits en plus grande abondance dans les vexe el si elle a une inclinaison sensible à
départemens des Pyrénées-Orientales, du l'horizon; le sol étant composé d'élémens di
Gard, de l'Hérault, du Var, et des Bouches- vers en proportion très variable, on trouve-
du-Rhône, qui joignent à leur latitude méri raildifficilementdeux champs d'une certaine
dionale une moindre élévation du sol au- étendue dont la formation soit parfaitement
dessus de la mer. identique dans les 20 à 25 pouces ( 60 à 80
Parmi les autres causes que le climat, qui centimètres ) de profondeur, qui peuvent
influent sur la nature du vin, nous en distin être regardés comme ayant une action di
guerons de plusieurs sortes : les unes sur les recte sur les productions de la vigne, et, par
quelles nous ne nous arrêterons pas, parce mi tous ces sols, il en est bien peu qui ne
que ce sont des conditions qu'il faut subir, soient propres à sa culture, abstraction faite
puisqu'elles proviennent de circonstances de la situation dont nous parlerons après;.!
indépendantes de l'action de l'homme, tel faut seulement en excepter les deux extrê
les que les variations subites de l'atmo mes , l'argile pure et le sable, ainsi que les
sphère, la continuité d'une température hu terres riches, profondes, les plus avanta
niide, ou les rigueurs d'une température geuses à la culture du blé. — Il arrive quel
extraordinaire; d'autres qHi peuvent être quefois qu'une argile maigre domine, et rend
regardées comme une dépendance fortuite la terre battante, on devrait dire comme bat
CHAP. 9*. DE LA. VIGNE ET DE SA CULTURE. 07
tue; c'est dans une terre pareille que les doux ; mais souvent ils donnent trop de
pierres sont bonnes à conserver, quoiqu'on corps au vin rouge. Cependant, si l'argile s'y
puisse facilement l'améliorer par de la mar trouve en trop grande proportion, et qu'elle
ne calcaire, appliquée à la surface. — Il est n'y soit pas divisée suffisamment par une
aussi un grand nombre de localités où, sous grande duanlité de pierrailles ou de cail
une couche peu épaisse de terre argilo-cal- loux, elle communique au vin rouge ce
caire, se trouve une roche fendillée de peu qu'on appelle le goût du terroir, surtout si
d'épaisseur ; ces terrains sont aussi très-favo- cette terre est d un brun foncé ; nous en
rablcs à la culture de la vigne. avons connu une de cette nature qui don
D'autres qui ne le sont pas moins sont : nait le plus mauvais vin du département où
1°les terrains granitiques formés de détritus elle était située; mais, hors ces rares ex
de granit, qui produisent les vins fameux de ceptions, la terre où l'argile est seulement
Condrieux, de l'Hermitage, de Saint-Pérai, de en quantité convenable, a aussi une influence
la Romanée; 2° les terrains schisteux sur avantageuse sur le vin rouge, en lui don
lesquels se récoltent les vins deCôte-Rôlie, de nant plus de corps et de sève, surtout si
la Malgne et les meilleurs vins de l'Anjou; des parties calcaires la divisent et l'ameu
3° les terrains volcaniques formés de matiè blissent ; tels sont pour ces dernières celles
res rejetées par d'anciens volcaos éteints, qui produisent les vins des Palus; et pour
sur lesquels sont assisuije partie des vigno les autres, ceux de Frontignan, les vins
bles du Rhin, de Rojïïjïinaure en Vivarais, blancs de Bergerac et ceux de Vouvrai près
du Vésuve et de l'Etna. Il faut aussi y ajou Tours.
ter les terrains calcaires ou crayeux, si com
muns en Champagne. § I II- — De la situation et de l'exposition.
Dans les vignobles de la côte de Reims,
au-dessous d'une couche de terre d'environ Tous ces terrains ne jouiront de leurs
2 décimètres, se trouve un lit épais d'argile avantages que s'ils se trouvent dans une si
ferrugineuse, contenant des pierres meuliè tuation un peu élevée et un peu inclinée à
res. Les plaines du Médoc se composent dans l'horizon. Quelque favorable que soit la com
leur partie supérieure d'une terre légère en position de la terre, ses avantages seront
tremêlée d'une grande quantité de petits donc perdus, si elle est située dans un val
cailloux roulés d'environ un pouce de dia lon étroit ou même sur le sommet d'une
mètre, sous laquelle se trouve aussi une ar colline élevée : dans l'un et l'autre cas, le
gile rouge, sèche et compacte. La plupart des raisin n'acquerra pas une maturité suffi
bons vignobles de France, parmi les plus re sante ; dans le premier, il pourrira avant de
nommés, sont assis sur une terre argilo-cal- mûrir, dans le second sa peau, durcie par la
caire caillouteuse; c'est aussi celle que les sécheresse et les vents, ne renfermera qu'un
Trévisans, par l'organe de l'abbéZuccHiNi, re suc rare et acide. Si votre champ n'est qu'à
gardent comme la plus favorable à la bonne une hauteur moyenne, il sera désirable que
qualité du vin. Nous avons indiqué comme sa surface soit plutôt légèrement convexe
une des conditions les plus avantageuses que plane, et surtout que si son inflexion
d'un sol, son mélange avec des graviers, des était en sens inverse, car les gelées s'y as
cailloux ou des pierrailles : il est constant que seyent bien plus facilement.
ces corps durs, sans fournir d'alimens ap Sans doute il vaudrait mieux que l'incli
préciables à la plante, modifient les proprié naison que nous avons désirée fût vers le
tés du sol en le divisant, et donnent à ses midi, si l'on en avait le choix ; mais nous
productions plus de qualités. On aura donc sommes loin d'en faire une condition de ri
soin de n'extraire de la vigne que les pierres gueur, car il y a tant d'exemples de vigno
qui pourraient nuire par leur grosseur aux bles renommés qui ont ïexposition du nord,
façons qu'on donne à la terre. Il y a même regardée comme la plus dangereuse, que
des cas où l'on peut opérer une amélioration nous sommes portés à ne la frapper d'aucune
sensible en y en apportant ; j'en ai fait moi- infériorité à l'égard des autres, quand l'an
même l'épreuve. gle d'inclinaison ne passe pas 20'; nous
Quand, dans la Touraine, une couche de n'attacherons pas tant d'importance a cette
terre, même peu profonde, repose sur un lit circonstance que beaucoup d'auteurs le
(le pierres sous lequel se trouve une argile font. Nous pourrions citer en Champagne
rouge, celle-ci est un indice certain, disent les terroirs de la côte d'Epernay, de Ludes,
nos vignerons, du succès de la vigne et de Mailly, Chigny, Rilly et autres, qui ont l'ex
la qualité du vin. Il faut donc conclure de position du nord, et qui sont cependant su
toutes ces observations que la présence de périeurs à ceux de Saint-Thierry et autres
l'argile rouge dans cette position, à 3 ou 4 voisins qui ont celle du midi. Nous pourrions
ilécim. de sa surface, est partout reconnue y ajouter beaucoup d'autres exemples, tels
comme une condition tres-favorable à la que quelques coteaux du Rhin les mieux fa
production des bons vins, soit que l'argile més, plusieurs de ceux de Saumur et d'An
ne maintienne que la fraîcheur suffisante gers, et ceux de Saint-Avertin et de Joué
pour empêcher la vigne de jaunir dans les firès de Tours. Il est peu do vignobles dans
grandes sécheresses; soit que ce soit nne 'est de la France où il ne se trouve des vi
qualité propre à cette nature de l'argile pla gnes à l'exposition du nord, et souvent ce
cée à cette distance d'influer toujours fa sont celles dont le produit est le plus es
vorablement sur la qualité du vin. On a timé ; en général, elles sont moins sujettes
remarqué que les terrains dont elle faisait aux effets désastreux des gelées du prin
partie en proportion convenable étaient les temps, et plus exposées aux impressions fa
plus aptes à produire les vins blancs les plus vorables du vent du nord. Il est bien certain
ÀGRICnLTUBE. 73e livraison. TOMB II. l3
98 CULTURES INDUSTRIELLES : DE LA. VIGNE ET DE SA. CULTURE. lit. n.
du moins qu'aucune année ne fut si con l'honneur du propriétaire, si ce n'est pas
stamment humide, et qu'en aucune on n'a toujours pour son profit.
vait si rarement vu régner le veut du nord En général, il sera prudent de se confor
que l'année 1816, si désastreuse pour les vi mer à la loi du pays, dé se décider pour les
gnobles, autant par le défaut de récolte que f>lants de vigne qui y sont réputés donner
par sa mauvaise qualité. Il est même quel e meilleur vin, parce qu'il y a trop de dom
ques cépages, tels que les muscats, qui exi mages à en cultiver qui s'éloignent de l'é
gent cette exposition dans nos déparlemens poque des vendanges des vignobles voisins.
du midi. Serait-ce, comme le prétend un Si l'on juge de l'opinion de nos pères sur
auteur champenois ( Bidit), parce que le la préférence de tel ou tel terrain pour U
vent du nord a la double propriété d'éloi vigne blanche ou pour la vigne rouge, par
gner de la vigne tout ce qui peut lui être nui la composition de celles qu'ils nous ont lais
sible, de la rendre plus féconde et même de sées, nous devons penser qu'il leur suffisait
donner de la qualité à son fruit? Sans pré de reconnaître la propriété d'une lerr- ,xm
tendre le décider, mais toutefois en ayant la culture de la vigne, pour qu'ils la crus
égard à ses observations, nous nous garde sent également propre à la rouge et à la
rons bien de conseiller de ménager ou de blanche. Nos connaissances sur celte ques
créer des abris sur le sommet des coteaux tion ne sont pas beaucoup plus étendues;
plantés eu vigues. Du reste, son opinion est car, si nous avons changé de méthode, c'est
P>artagée et confirmée par les vignerons de uniquement pour complaire aux marchands
laa Gironde qui pensent aussi que les vigno de vin qui nous recommandent toujours de
bles légèrement inclinés vers le nord ont ne pas laisser de blanc parmi le rouge, pour
l'exposition la plus avantageuse, parce que que nous ayons un vin plus foncé en couleurà
les vents du uord dessèchent la terre, et leur offrir. D'une autre part, on a remarqué
que l'humidité est le plus grand ennemi de que le viu blanc était d'une qualité très-
la vigne. médiocre dans les Palus ei le Médoc \ d"où
Il n'en restera pas moins constant que l'on peut inférer que tout terrain n'est pas
l'exposition du midisera toujours préférable, également propre pour l'un et pour l'autre.
et que celle du levant sera presque égale Nous donnerons quelques courtes indica
ment recommandable, quoiqu'on ait remar tions des natures du terrain qui conviennent
qué qu'elle était la plus sujette à la gelée. à certains plants les plus connus, et nous
Si, en général, les terrains en pente sont nous contenterons, dans la nomenclature
Îiréférables, et surtout les flaucs des collines, raisouuée que nous allons donner, d'indi
e propriétaire qui n'en aura pas à sa dispo quer de quels vignobles célèbres ces plants
sition aurait tort de renoncer par cette seule sont la base, en désignant si leur maturité
considération à l'établissement d uue vigne; tst précoce, moyenne ou tardive.
car, quoique le plus ordinairement les vins Nous ne pouvons partager l'opinion de
des coteaux soient préférables à celui des Bosc qui affirme, on ne sait trop sur quelle
plaines, il est cependant aussi beaucoup observation, que chaque plante exige un
d'exceptions remarquables et même illus terrain particulier et une culture qui lui
tres, telles que les vignobles du Médoc et soit propre. Sans doute, les variétés clouées
des Graves de Bordeaux, et près de nous d'Une grande force de végétation convien
ceux de Saint-Nicolas de Bourgueil. A la dront mieux dans les terres maigres où les
vérité, les vignes dans ces mêmes cantons plants délicats donneraient une si faible ré
sont soumises à un mode de culture diffé colte qu'elle ne dédommagerait pas des frais
rent de celui des coteaux, et qui permet aux de culture. Nul doute aussi que la taille ne
rayons solaires de les frapper directement. doive être différente pour les uns et les an
Le seul soin qu'il y aura alors à avoir si vous tres. On pourrait aussi ranger au nombre de
avez fait choix d'un terrain en plaine qui ces soins particuliers aux espèces d'une fai-
réunisse les qualités désirables, sera qu'il bleconstitution,etces soins n'en sontqu'uue
ne soit ni trop bas ni trop élevé. conséquence,lanécessitédeleurentreticn par
un provignage soutenu; mais là s'arrêtent les
$ IV.—Choix du plant de vigne, ses variétés. différences de traitement, ou, s'il en est encore
quelques-unes, ce n'est qu'entre les espèces
Après avoir arrêté le choix du terrain, déter vigoureuses et celles d'une nature plus dé
mination pour laquelle il aura été sage de ré licate.
clamer l'assistance d'un paysan intelligent, on De tout temps on a reconnu l'influence de
s'occupera du choix du plant; et cette même la variété du cépage sur la qualité au vin. Ca-
assistance ne vous sera pas inutile pour to.\, Cei.se, Coll.helle, chez les Romains,
apprécier nettement la valeur relative des Olivier de Serres, Rosier, Roxas Clé
diverses variétés cultivées dans le tays. C'est mente, chez les modernes, mettent ce choix
un sujet de réflexion d'une grande impor au premier rang des considérations qui doi
tance pour le propriétaire qui veut sortir vent occuper le plus sérieuseineut ceux qui
de la route depuis long temps frayée par des entreprennent In plantation d'une vigne. Ce
gens qui n'y avaient pas moins d'intérêt que qui en prouve encore plus l'importauce, c'est
lui; mais la plupart n'ont d'autre but dans la dénomination de plusieurs vins renommés
cette opération que de faire du vin pour le qui la tirent de celles des plants qui les ont
marchand ; peu s'occupent de fonder leur produits; tels sont, dans le midi, les vins mus
vigne de manière à en obtenir le meilleur cats, ceux de Grenache, de Malvoisie, de Pi-
vin possible. Nous ne perdrons pas de vue cardan dans le centre de la France; les ex-
ces deux considérations qui devraient tou cellens vins blancs de Vouvrai, de Saumur
jours marcher ensemble, au moins pour et d'Angers pourraient également porter le
cbap. »*. . DE LA VIGNE ET DE SA CULTURE. 99
nom de vin de Pineau, car ce sont des plants ment, par sa difficulté d'atteindre une com
de vigne connus sous ce nom qui les pro- plète maturité. Nous attachons quelque im
duisentexclusivement; nous l'avons reconnu, portance à ces observations, parce que la
après une confrontation que nous pouvons plupart des auteurs, en entraînant leurs lec
faire depuis 25 ans, pour être le même que teurs dans un système qui ne nus a jamais
l'ugne lombarde du Languedoc ; et, sous l'un paru avoir la moindre solidité, parvienneut
et l'autre nom, il produit, dans chaque pays, a les détourner de la véritable voie de per
un via fort distingué, quoique bien différent. fectionnement ou du moins d'amélioration.
Mais qui refuserait de convenir que la mo Il est encore un autre point sur lequel je
dification que ce cépage a pu subir par le diffère d'avis avec Bosc, qui porte le nom
changement de climat est tout à son avan bre des variétés à uu nombre infini dont il
tage? Nous avons reconnu aussi que le Pi- connaît déjà, dit-il, plus de deux mille. Pour
cardan du même pays est très-commun dans moi, j'ai beaucoup de peine à croire que ce
l'arrondissement de Tours, sous le nom de nombre ne se trouve pas limité entre deux
Sudunais. Si le vin n'en est pas estimé, c'est ou trois cenis, et j'appuie mou opinion sur
qu'il est très-mêlé avec d'autres, et qu'il l'établissement horticole des frères Ami ibert,
n'est guère cultivé séparément que par les à Tarascon, où sont cultivées à peu près tou
paysaus à cause de son abondance. Plusieurs tes les variétés qui existent en France, et
variétés transportées d'Espagne en Frauce, une partie de celles d'Espague et d Italie.
telles que le Mataro, le Morastel, laCrignane, Leur catalogue en porte à la vérité 330 va
y ont eu le plus grand succès, mais par-des riétés sur lesquelles j'en ai reconnu plusieurs
sus tout le cépage nommé Grenache ou Ali- sous des noms dilférens, entre autres une
cante en France, Arragonais noir aux envi espèce qu'il dénomme ToAai, que j'ai fait ve
rons de Madrid, plant tiré de la Catalogne nir de chez eux et de chez M. de Bernardy, de
ou il est fort estimé, et transporté dans l'Ardêche, et que mon vigneron a sur-le-
quelques-uns de nos déparlemens du midi où champ reconnu pour être le cépage que nous
il produit aussi un vin d'une qualité supé appelons en Touraine Malvoisie , en Bour
rieure. Ce même plant a déjà été introduit gogne Pineau gris, en Champagne Fromen-
avec le plus grand succès dans le départe teau, ce que j'ai constaté à la fructification.
ment de Lot-et-Garonne; ainsi il est douteux Je pourrais encore citer le véritable Pineau
qu'ilait rien perdu de ses bonnes qualités eu de Bourgogne que j'ai fait venir des bords de
allant du midi au nord. Si le chasselas, la Marne, de l'Yonne, du Jura et de l'Ardê
comme nous le dit Chaptal, apporté en che, sous des noms différeos inscrits au même
France des Iles de l'Archipel, n a donné catalogue. Je les ai tous plantés le long de
qu'un mauvais vin, pôurra-t-on affirmer que ma vigne noble, appellation propre aux plants
la modification qu'il a éprouvée soit une vraie fins de Bourgogne dans le canton que j'ha
dégénération, quand on sait que ce raisin, dé bite, et je défie le plus habile vigneron de
licieux à Paris et dans nos provinces du cen trouver la moindre différence avec le plant
tre, est au-dessous du médiocre dans les dé- ou cépage que nous connaissons sous le nom
partemens [des Pyrénées? du moins je tiens d'Orléans ou petit arnoisou noir.
ce fait d'un homme qui mérite la plus grande Maintenant nous allons procéder à la no
confiance (M. Jacbékt de Passa). menclature des cépages,qui, par leur pluralité
Si l'on considère en outre que les variétés évideute dans nos meilleurs vignobles, con
précieuses qui peuplent les vignobles de tribuent le plus puissamment à déterminer
Bourgogne et de Champagne sont originaires la bonne qualité du vin qui en est le produit.
de pays plus méridionaux, la prétention de la Pineau : Le Pineau noir, ainsi nommé en
plupart des œnologues qu'il ne faut pas faire plusieurs déparlemens, Noirien, Morillon en
venir dans le Nord des plants du Midi, mais Bourgogne, Petit plant a\>ré en Champagne,
au contraire les porter du Nord au Midi, ne Auvernat à Orléans, Petit Arnoison noir ou
paraîtra guère souteuable, surtout si l'on Orléans aux environs de Tours, est partout
ajoute que plusieurs plants, notamment de la reconnu pour donner le meilleur vin, et il
Navarre, la Colgadera et le Teinpranillo (1), n'a pas dégénéré sous des latitudes bien dif
transportés de la Navarre en Andalousie, y férentes, puisque c'est lui qui peuple presque
ont perdu leurs bonnesqualilés, comme nous eu entier les vignes qui produisent le fameux
l'atteste D. S. Roxas-Clemente. vin du Cap. Son seul défaut est d'être très-
La seule considération à laquelle' on soit peu productif, défaut qui en réduit progres
forcé d'avoir égard, c'est la faculté de ma sivement la culture, et la restreint aux vi
turation, dans les années ordinaires; car il gnobles des riches propriétaires qui se dé
est certain que plusieurs des variétés culti dommagent de la médiocrité de la récolte par
vées dans le midi nu mûrissent pas suffisam le haut prix qu'ils en retirent. Ses grappes
ment pour l'aire un vin de bonne qualité, à sont tassées, petites, composées de grains vio
quelques degrés plus au nord :nous connais lets, légèrement oblongset assez serrésquand
sons même uu plant, le Carbeuet du Médoc, ils ne sont pas entremêlés de très -petits
presque exclusivement cultivé sous le. nom grains, ce qui arrive assez souvent. La couleur
de Breton dans l'arrondissement de Chioon, au vin, après le cuvage, est d'un rouge bril
on il produit une très-bonne qualité de vin, lant, mais peu foncé; son bois est menu, et
et qui n'a pu être introduit avec succès dans serait traînant, s'il n'était pas ordinairement
l'arrondissement de Tours, même départe- soutenu par deséchalasoupaisseaux. Comme
(<) On pourra voir dans quelques années quelle modification ils auront subie par leur transport
d'Andalousie en Touraine. Car ces deux variétés sont du nombre de celles qu'un propriétaire a plan
tées dans une vigne qu'il a consacrée aux plants étrangers.
100 CULTURES INDUSTRIELLES : DE LA. Meunier,
VIGNE connu
ET DE
presque
SA CULTURE,
partout sous ce
uv.
nom
u.
ce plant est d'une nature délicate, il craint le
voisinage des espèces vigoureuses et demande à cause de la poussière cotonneuse qui garnit
à être tenu bas et à être provigné souvent. Il ses feuilles, surtout celles qui viennent de se
exige en outre une terre un peu forte et qui développer. U est connu aussi sous le nom
ait du fond; dans les terres maigres, il ne de Plant de Brie. Il donne un vin plat, de peu
produit presque rien et ne dure pas long de garde et de peu de couleur, mais il mûrit
temps. Il a quelques variétés dont les plus de bonne heure et coule rarement; il est
fécondes sont toujours inférieures en qualité. aussi plus robuste que les trois premiers ;
Parmi celles-ci, le Liverdun s'est acquis une aussi gagne-t-i) chaque année du terrain à
réputation par son étonnante fécondité qui leurs dépens, et d'autant plus qu'ils sont
s'unit avec une qualité assez bonne. très-peu productifs : c'est la seule considéra
Le Pineau gris, Griset, Petit gris, Burot tion qui restreint de plus en plus leur cul
en Bourgogne, Fromenteau en Champagne, ture et les a fait supplanter par le Gamet.
Auxois ou Auxerrois en d'autres lieux, Malvoi Gamet, cépage fécond , à grappes abon
sie dans le vignoble de Joué près Tours , est dantes, grosses et bien fournies, qui passe
aussi le Tokai des bords du Rhin ainsi que heureusement le moment critique de la flo
dans quelques localités du Midi; il est géné raison, et est moins sensible à la gelée ; mais
ralement estimé, mais surtout dans les vi il fait un vin dur et sans corps, saus chaleur,
gnobles de la Meuse et du Rhin. Bosc af sans bouquet et d'une durée encore d'autant
firme, ainsi que les propriétaires du Midi , moindre que le vin qu'il donne est ordinai
que c'est bien le plant le plus cultivé dans le rement le produit d'une vigne très-fumée,
vignoble de Tokai en Hongrie. Je l'ai fait ve car il n'est pas robuste et s'epuise aisément.
nir du Bas-Rhin, des Bouches-du Rhône et La substitution de ces plants d'une nature
de l'Ardéche , et il s'est trouvé parfaitement grossière a, depuis une quarantaine d'an
identique avec le Malvoisie de Touraine qui nées, considérablement altéré la qualité des
n'est pas celui du midi, ni aucun de ceux vins de Bourgogne. Les regrets seraient
de l'Espagne. Ce cépage contribue pour moins fondés, et le profit ne serait guère in
beaucoup à la délicatesse des délicieux vins férieur, si, au lieu du Gamet justement pro
de Sillery et de Versenai en Champagne, se scrit par les anciens ducs de Bourgogne qui,
lon Bidet, auteur champenois. La couleur dans leur édit de proscription, le traitent
de raisin est d'un rouge clair ardoisé qui le d'infâme, on avait fait choix du Plant du roi,
fait facilement reconnaître. Son bois est ainsi nommé aux environs de Paris, Quille de
mince et se soutient mal. . coq dans les vignobles d'Auxerre, San Moi-
Le Pineau blanc, aux environs de Dijon , reau à Orléans et sur les bords de la Marne ,
Plant doré blanc sur les bords de la Marne, Auxerrois, Pied de perdrix dans le Lot, Pied
Arnoison blanc près de Tours, accompagne rouge ( Lot-et-Garonne ), Côte rouge dans la
dans tous les bons vignobles les deux précé- Dordogne,Bourguignon vers la Meuse, Côt en
dens. Employé seul ou accompagné de quel Touraine et enPoilou. Le vin qu'il produit est
ques autres en petite quantité , il contribue d'uue couleur riche et a beaucoup de corps ;
le plus à l'excellente qualité des vins de ce qui permet aux marchands de le mêler,
Chablis, de Mont-Rachet; l'époque de sa avec profit pour eux et sans détérioration
maturité est la même. Quoique le bois ne pour la liqueur, à des -vins blancs qui lui
soit pas gros, il est dur et se soutient bien. communiquent un peu de spirituosité dont il
Sans dénier à la nature du terrain ainsi manquait. La solidité est aussi un mérite
qu'au climat tempéré sous lequel ils par qui lui est reconnu. Il joint à ces avantages
courent le cercle de leur végétation, leur celui de convenir plus que tout autre par sa
part d'influence , on peut dire que ces trois vigoureuse végétation aux terrains les plus
plants, dans la réunion desquels il est con médiocres; d'être presque exempt de l'acci
venable que le premier domine, et quand les dent si fréquent des gelées printanières ,
autres circonstances nécessaires y concou parce qu'il est fort tardif à la pousse, quoi
rent, donnent partout d'excellent vin : en qu'il ne le soit pas à la maturité ; et de pou
Bourgogne, en Champagne, où ils font le voir se passer d'éçhalas, parce qu'il porte
fonds des vignobles les plus estimés pour la bien son bois et que ses grappes sont com
délicatesse des vins qu'ils fournissent ; sur posées de raisins gros, peu; serrés, et peu
la Meuse et dans le Jura, ainsi que dans une sujets à la pourriture même par les temps
ou deux communes près de Tours; mais ils humides. Son seul défaut qui est grave, c'est
ne sont pas également recommandables par d'être fort sujet à la coulure lors de la fleur.
la durée de leur conservation. Disons en pas C'est lui qui fait le fonds des vignobles de la
sant, et dans la crainte d'omettre cette obser côte du Cher, de l'Indre et du Lot. Ce cépage,
vation importante, que si quelques proprié fort remarquable, a plusieurs variétés : celle
taires se sont plaints de ce que ces plants à pédoncule et pédicèles ronges; celle à pé
traités à part ne leur ont donné qu'un vin doncule et pédicèles verts, qui est plus re
inférieur à celui obtenu d'autres variétés, cherchée, parce qu'elle tient mieux à la fleur,
c'est, en premier lieu, que le Meunier, qui et une variété nouvellement introduite en
passe à tort pour un plant noble, dominait Touraine, nommée Côt de Bordeaux. La ma
dans la vigne, et ensuite qu'ils laissaient cuver turité des uns et des autres est toujours sûre,
la vendange aussi longtemps que celle du suivant de très-près celle des plus hâtifs.
côt ; ce qui ne lui convient nullement. Ces Breton ou Carbenet.—Il est un autre plant
propriétaires ignorent qu'en Bourgogne la très-répandu dans les deux arrondissemens
vendange de ces mêmes plants ne cuve que contigus, quoique de départemens différens,
2 à 3 jours. deChinon et de Chàtellerault; il est connu
t Malheureusement on y réunit souvent le sous le nom de Breton; nous le retrouvons
ciiap. 9'. DE LA. VIGNE ET DE SA CULTURE. 101
sous le nom de Carbenet dans la Gironde. (luire, on ne peut non plus négliger de par
Cest un cépage vigoureux et passablement ler ici d'un plant connu presque partout
produetif,peu sujet à la'coulure, mais un peu sous le nom de Folk-blanche, et dans quel
tardif à mûrir. Le vin qu'il donne est léger, ques lieux sous celui d'Eurageat. Ces rai
peu spiritueux, mais fort agréable lorsqu'il sons sont l'étendue de sa culture dans quel
a vieilli. Dans sa jeunesse il a une saveur ques départemens du centre occidental, et
propre qui ne plaît pas toujours à ceux qui son influence bien constatée sur l'excellente
n'y sont pas accoutumés, et qui ressemble 3ualité de l'eau- de-vie en laquelle ses pro-
à ce qu'on appelle goiit du terroir. Sa grappe uits sont convertis. Le vin en est assez
est cylindrique, à grains noirs, d'unemoyenne agréable, mais d'une courte durée. Cette va
grosseur. C est lui qui produit les vins dé riété exige une taille à court bois. Ce n'est
licats, mais un peu froids, de Bourgueil. pas celte espèce qui contribue à faire sortir
Les meilleurs vins blancs de l'ouest de la les vins de Bergerac de la ligne des vins
France sont presque exclusivement le pro communs, comme l'a consigné Bosc dans
duit de deux cépages nommés Pinaut le son article Vigne du Cours complet d'agri
gros et le menu, mais principalement du culture, mais le Muscatfou ou Blanc-doux.
gros généralement connu sous le nom de Voilà à peu près les plants les plus multi
Pinaut blanc, qui est préférable à l'autre pliés dans les vignobles les plus distingues
sous beaucoup de rapports : il est presque de la région viticole située entre le 50° et le
le seul sur les coteaux de Saumur et d'An 45° de latitude, et dont quelques-uns se re
gers. Sous le nom tfUgne lombarde, il est présentent avec honneur dans la région plus
fort estimé dans le département du Gard. méridionale. Par exemple, déjà nous avons
Nous avons acquis la conviction, depuis 25 parlé du Carmenet ou Carbenet, le plus gé
ans, de la parfaite identité de ces cépages. Il néralement cultivé dans le Médoc avec tant
estaussi connu, dans quelques localités des de prédilection qu'on lui en associe peu
coteaux de- la Vienne, sous le nom de Che- d'autres ; mais, dans les Graves et les Palus,
nin. C'est toujours de la variété dite gros il est souvent accompagné des suivans : le
Pinaut dont nous parlons. C'est le seul cc- Merlot, le Verdot, le Malbech et le Massou-
age à la fois robuste et fécond, qui réunit let. Les variétés qui produisent dans la même
ces qualités celle de faire de très-bon vin ; contrée les meilleurs vins blancs, notam
encore faut-il, pour qu'il jouisse pleinement ment ceuxdeSanterre, Barzac,Preignac, etc.,
de cette faculté, le réduire par une taille sont, dans l'ordre de l'estime qu'on en fait :
rigoureuse à l'élat des cépages peu fertiles. le Blanc - setnillon , les Sauvignons jaune et
Le gros et le menu Pinaut ne sont en état vert; le Blanc-doux ou Douce-blanche ou
de fournir un vin de première qualité que Muscat fou. On ne fait la récolte, de même
lorsque leur maturité est poussée jusqu'à que pour les meilleurs vins blancs de la
la décomposition de leur pellicule. Ces cé Loire, que lorsque la vendange a acquis un
pages sont la base des vignobles de Vouvrai, excès de maturité. Les Sauvignons jaune et
dont les vins sont si estimés des Flamands. vert sont aussi très-répandus et très-esti-
Le gros a la grappe ailée et conique, les més dans les vignobles de la contrée viti
grains oblongs; l'autre, la grappe plus tassée cole dont nous avons parlé d'abord ; ilt y
et les grains ronds. sont connus quelquefois sous ce même nom,
Pulsart, Pendoulau. — Si l'on ajoute à tous d'autres fois sous ceux de Savignin, Surin, Fié.
les plants dont nous venons de parler celui Ils sont d'un goût très-fin, surtout le jaune,
appelé Pendoulau , Puhart , Raisin perle, qui est moins fertile, et ils contribuent beau
formé de gros grains violets, ovales, et d'une coup à communiquer au vin, dans la com
végétation vigoureuse, particulièrement cul position duquel ils sont entrés, une saveur
tivé dans le Jura où il donne un vin très- particulière que l'âge rend plus agréable. Il
délicat, soit rouge, clairet ou blanc, on aura n'est pas avéré, comme le dit un auteur, que
une connaissance suffisamment exacte des le vin qu'ils produisent soit de peu de garde,
espèces les plus précieuses qui sont le plus car j'en ai qui a quiuze ans et qui est loin
cultivées dans la partie viticole septentrio de décliner.
nale de la France. Il a besoin, pour réussir, Le Blanc-scmillon est facile à reconnaître
d'une bonne terre argileuse, coule facile à son sarment volumineux et de couleur
ment, et rapporte peu dans une terre mai rouge-brun, à sa grappe ailée composée de
gre, surtout si l'on oublie à la taille que, grains assez gros, peu serrés et d'une cou
plus encore pour lui que pour tout autre, leur jaune-clair, d'une nuance peu commune.
il faut conserver et asseoir la taille sur les Ses raisins mûrissent bien et de bonne heure,,
sarmens de médiocre grosseur, et non sur même en Touraine, à une exposition médio
les plus gros. cre. Dans ces mêmes vignobles, mais surtout
Teinturier ou Gros noir. — Comme nous dans quelques localités des départemens de
n'avons voulu parler jusqu'ici que des cé l'Aude, du Gard et des Pyrénées, on cultive
pages dont l'influence pour la bonne qua beaucoup la Blanauette ou Clairette, qui four
lité est reconnue, nous avons omis ce cépage, nit les vins si agréables dits Blanquette de Li
qu'on ne peut s'empêcher de mentionner, mon \ et Blanquette de Calvisson.Ce raisin est
quoique sa seule destination, comme l'indi aussi très-bon à manger; on ne peut expli
que son nom, soit de teindre d'autres vins; quer pourquoi il n'est pas plus commun dans
car il compose, même souvent exclusive nos vignobles du centre, car il y mûrit aussi
ment, la plupart des vignobles de Blois à bien et même plus hâtivement que beaucoup
Orléans, en n'y comprenant pas toutefois d'autres; du moins il en est ainsi dans mon
ceux de Beaugency. vignoble, oui ne jouit pas d'une exposition
Par d'autres raisons que nous allons dé- tres-favorable.
102 CULTURES INDUSTRIELLES : DE LA. du VIGNE
vin blanc,ETceux
DE àSA.
raisins
CULTURE,
rouges ouuv.
violets
U.
Nous n'oublierons pas \ePicardan, très-com
mun dans les départemens formés de l'ancien dans une vigne pour le vin rouge; mais ils ne
Languedoc, où on en fait un vin du même le sont pas depuis assez longtemps, les obser
nom, et où il est plus propre que dans nos vations auxquelles ilspeuvent donner lieu ne
départemens, quelquefois d'une température sont pas assez nombreuses, assez répétées
humide au temps des vendanges, à fournir un pour qu'elles puissent être encore de quel
vin doux et moelleux, nais sans force et sans que importance.
corps ; car ses raisins, qui 6ont composés de
gros grains serrés, pourrissent facilement. Il § V. — Plantation de la vigne.
D'est cultivé dans le département d'Indre-et-
Loire que par les petits propriétaires qui
recherchent l'abondance, et desquels il est Quand celui qui veut planter une viçne
connu sous le nom de Sudunais. aura fait choix du terrain, qu'il en aura bien
Sur les bords du Gard et du Rhône, les reconnu la nature, il aura à juger s'il est
deux plants dominant pour les vins rouges, propre à la production de vins Uns. Nous
sont le Pique-poule noir et le Grenache rouge avons posé les bases d'après lesquelles, et
ou Alicante. Ce dernier gagne chaque année aussi avec l'aide d'un paysan intelligent, il
du terrain aux dépens des autres.surtout dans pourra se décider à coup sùr. Si cependant
les départemens des P\ rénées où on lui as il n'avait d'autre débouché que la consom
socie avec avantage le Mataro et la Crignane. mation locale ou celle d'un voisinage peu ri
Il mérite cette préfér ence à tons égards; car che, ou enfin la distillation, il devrait agir
il communique au vin qui en provient,, ou conformément aux règles que lui imposerait
dans lequel il entre, une belle couleur, un bou l'une de ces circonstances, après avoir fait la
quet agréable et beaucoup de viuosilé, c'est part du terrain qu'il destinera à sa consom
à-dire du corps réuni à la spirituosité. Son mation, en lui supposant toujours l'intention
introduction dans les vignobles a amélioré de chercher à se procurer par ses soins le
tous les vins dans la composition desquels meilleur possible.
il est entré pour une quantité notable. Sa L'opération fondamentale deviendra alors
maturité arrivant au même moment que le la plantation. Ce sera toujours sur une terre
Carbenet du Médoc ou Breton de Touraine, neuve, c'est-à-dire qui n'aura pas porté de
3ui est loin de pécher, comme- lui, par excès vigne depuis longtemps, ou sur line terre ra
e principe sucré, il serait convenable d'es jeunie et renouvelée par uue culture amé
sayer leur mélange dans la cuve. Vers les liorante, telle que celle du sainfoin, qui doit
Pyrénées-Orientales, il y a encore le Pique- convenir plus que'loute autre à la nature du
poule gris qui y est fort estimé, et leGrenache terrain destiné à la vigne.
blanc dont le vin, après 10 à 12ans d'attente, La première question qui se présentera
prend le nom de Rancio et peut être considéré alors sera celle de Vespacement, qui sera sub
comme un des meilleurs vins de liqueur ordonné au mode de culture que l'on vou
connus. Dans cette môme classe et dans ce dra adopter; car il est évident que si c'est
même département, ainsi que dans quelques à la charrue, il faudra un plus grand inter
cantons de celui de l'Hérault qui y joignent, valle entre les rangées; à plus forte raison,
se récoltent les vins muscats si justement si c'était ce qu'on appelle des hautins, dont
renommés, auxquels les cépages qui les nous nous occuperons très-peu, comme ne
produisent ont donné leur nom. Les déli prôduisaut
rer dans la consommation
que des vins indignes
extérieuredeà lafigur
lo
cieux vins de l'Hermitage sont le produit de
la grosse et petite Sirrah pour le rouge, de la calité, qui n'adopte cette culture que par
grosse et petite Roussane pour le blanc ; ces quelque circonstance extraordinaire, telle
derniers, sous le nom de Roussette, qu'ils doi que le voisinage des montagnes, ou comme
vent à la couleur de leurs raisins, fournissent culture très-profitable par son abondance et
les agréables vins de Saint-Pérai. Il y a aussi très-économique.
le Mourvèbre dans le département des Basses- Ce mode de culture de la vigne en hau
Alpes, où il est fort estimé. Ce n'est point un tins {Jig. 51 ) consiste à planter des arbres
Pinaut, comme l'a dit Rosieb, car lesPinauts de 8 à 10 pieds de haut et de 2 pouces
noirs mûrissent tous de bonne heure, et le de diamètre, à 4 mètres de distance; les
mourvèbre est très-tardif. Je ne ferai que ormes et les érables sont préférés : lorsqu'ils
nommer la grosse Serine noire, qui fournît ont repris, on plante à leurs pieds un ou
les vins de Côte-Rôtie, et le Vionnico blanc, deux ceps de vigne qu'on fait monter d'an
qui donne ceux de Condrieux; car ils man née en année autour de l'arbre jusqu'à l'en
quent il ma collection, et je n'ai pu les étu droit où il a été étêté, d'où l'on dirige les
dier. Enfin, les cépages dont les Corses font sarmens en guirlande d'un arbre à l'autre, au
le plus de cas sont : le Sciacarello ; ses rai moyen des branches qu'on réduit à 4 ou 5;
sins, ainsi que ceux de la Malvasia et du on raccourcit ou on supprime tout à-fait les
Barbirono, ont très-bien mûri, dans un vi sarmens qui s'écartent trop de la direction
gnoble près de Tours, en cet automne froid des guirlandes; le terrain intermédiaire se
et pluvieux de 1835; le Barbirono et VAlea- cultive en céréales. Il est beaucoup de can
tico eu rouge, et pour les blancs la MaUasia tons dans le midi où l'on substitue aux ar
ou Vernantino, et le Brustiano. bres de longs pieux de 6 à 8 pieds de haut,
Tous les cépages dont je viens de parler, et qui offrent quelques fourchures, d'où l'on
ainsi que quelques autres d'Espagne, d'Italie conduit les sarmens de l'un à l'autre au
et même de Hongrie, sont cultivés dans un moyen de perches qui les unissent. Mais ces
vignoble des environs de Tours; ceux à rai vignes ne produisent qu'un vin de très-mé
sins blancs clans une vigne destinée à donner diocre qualité, seulement propre à la chau
chap. 9e. DE LA VIGNE ET DE SA. CULTURE. 103
Fig. 61. Fig- 68.
(1) Je pourrais citer, contradictoirement à l'opinion de M. Lenoir, l'exemple donné dans mon canton
par un riche vigneron,qui, agissant comme aurait pu le faire un pur théoricien, un Parisien bien péné
tré de la supériorité de la science sur l'expérience, s'était avisé de faire rogner tous les bourgeons
de sa vigne, au lieu de les accoler, à deux yeux au-dessus de la grappe, et qui, pour être plus sûr que
toute la sève, ne trouvant plus d'issue, refluerait sur les raisins, avait fait éhorgner les deux seuls yeux
qui se trouvaient au-dessus d'eux , en conservant les feuilles, toutefois^ comme aurait pu le faire un
maître passé 'en physiologie végétale. Cetje intéressante expérience lui a coûté une quarantaine de
pièces de vin, c'est-à-dire une centaine de louis.
110 CULTURES INDUSTRIELLES : DE LA. dontVIGNE
la différence
ET DEa SA.un motif
CULTURE,
rationnel,
uv.d'a
tt.
fini leurs trois façons au 1" de juillet, ce qui
fait un intervalle beaucoup trop considéra près l'autorité de l'expérience et celle des
ble entre la dernière façon et les vendanges; auteurs les plus éclairés, en me défendant,
aussi voit-on beaucoup de vignes salies de fa l'égard de ceux-ci, du prestige de leur ré
mercuriales et de soucis dont la présence ne putation, quand leur avis était contraire aux
contribue pas peu fa donner au vin un goût observations jourualières des vignerons.
particulier peu agréable, dont le terroir seul Il semblera peut-être quelque peu témé
est accusé. raire, de la part île l'auteur d'un exposé des
En suivant ainsi l'ordre de la succession modes de culture de la vigne, d'oser blâmer
des travaux de la culture de la vigne, nous quelques parties de celui suivi sur les bords
sommes arrivés aux deux derniers qui se de la Marne et vers la Côle-d'Or, et au lieu
font simultanément dàns les vignes des pro de s'en tenir à les exposer exactement, d'en
priétaires soigneux de la qualité du vin; c'est, avoir décrit un autre qui n'en diffère pas à
pour celles ou il n'y a pas d'échalas, le po- la vérité dans sou ensemble, mais seulement
sage de . fourchettes ou piquets légers, d'en dans le retranchement de quelques vices de
viron 85 centimètres et dont la partie supé détail, trop palpables pour douter qu'ils exis
rieure a deux petits fourchons, ou, à leur dé tent ailleurs que dans la tête de ceux qui les
faut, est fendue et maintenue ouverte par rapportent. Par exemple, quel est le pro-
un écli de bois, et, pour toutes les vignes piiétaire assez dissipateur des ressources de
sans exception, l'épamprement,mi moyen du prospérité de son domaine pour emplir de
quel on expose les raisins aux rayons du so fumier, lors de la plantation, des fosses de
leil en les dégageant des feuilles ou pampres 2 pieds de profondeur, et capable de la mi
qui les interceptaient. Celte opération, bien sérable spéculation de placer trois cheve
faite et en temps convenable, est fort utile; lus ou même trois crossettes dans la même
la maturité du raisin se décide mieux et s'ac fosse pour en relever un ou deux par la
complit sous des conditions plus favorables, suite .'Quel propriétaire est assez jaloux d'at
le raisin étant exposé sans intermédiaire aux teindre la plus haute qualité pour son vin,
rayons du soleil, et baignant dansun air con excepté sur les bords de la Marne où il se
tinuellement échauffé par les rayons directs vend 3 fr. la bouteille, pour augmenter en
et réfléchis du soleil, et maintenu tel pen core les frais de culture par ceux d'uu ou
dant la nuit par la chaleur accumulée pen même deux ébourgeonnages, si toutefois
dant le jour, qui se dégage du sol. Cet effet cette opération y contribue? Nous pouvons
est d'autant plus marqué alors sur la ven donc affirmer avec certitude d'être approuvé
dange, que de fréquentes rosées en atten par tout homme sensé, tant soit peu au cou
drissent la peau; toutefois, il faut prendre rant des connaissances générales sur cette
garde de commencer trop tôt, car il arrive matière, et c'est le résumé de tous les traités
souvent dans ce cas que les raisins sont gril d'œnologie :que c'est à la nature du plant, à
lés par la chaleur encore trop vive du soleil. celle de la terre, au soin du pi'ovignage(l) an
— Si Bosc, dont l'autorité est puissante nuel d'environ la vingtième partie des ceps,
sans doute, mais qui n'a jamais eu assez de qui procure une longévité presque séculaire
tenps a consacrer à ses observations pour à des vignes qui sciaient de très-courte du
qu'elles soient toutes d'une égale justesse, rée sans lui; à celui aussi de s'abstenir de
avait considéré que les propriétaires ne se l'usage du fumier sans mélange et de tout
décident fa se livrer à des soins dispendieux autre moyen d'aboudance ; à l'attention enfin
que parce qu'ils en ont reconnu l'efficacité, de ne laisser faire à la vendange qu'un court
il se serait bien gardé de blâmer cette prati séjour dans la cuve, que les Bourguignons
que; il m'est impossible aussi de m associer doivent la supériorité et la renommée de
à lui pour la condamnation qu'il prononce leurs vins; que la qualité différente des pro
contre fes vignerons des environs de Metz, duits des autres viguobles dépend également
qui n'arrêtent pas ou ne rognent pas les de la variété des plants qu'on y a adoptés et
bourgeons de leurs vignes, et je ne puis ad que nous avons indiqués, ainsi que des soins
mettre l'existence des prétendus résultats de de fabrication qui sont ailleurs exposés avec
cette omission, dont ils ne se sont sûrement ious les détails sufhsans pour les faire bien
jamais aperçus. connaître. Or, tous ces soins peuvent être
■ J'aurais pu présenter un tableau des dif- imités, toutes ces circonstances peuvent se
férens modes de culture des vignobles les trouver ailleurs daus un climat pareil.
plus renommés, comme je me T'étais pro
posé; mais ces différences sont la plupart § XI. — Circonstances nuisibles a la production
trop légères pour que la description de cha de la v igné.
cune d'elles n'eût pas été une répétition fasti
dieuse et sans intérêt; j'ai seulement saisi Arrivés au point de n'avoir plus â attendre
leurs traits principaux les plus importans, et qu'un beau jour pour commencer les ven-
je me suis réduit, à l'exception de la courte dtnges, nous renverrons fa la division des
notice sur le vignoble du Médoc pour le Arts agricoles les soins qu'il faut prendre
rouge, et sur celui du Maçonnais pour le et les considérations qui doivent en détermi
blanc, qui présentent l'un et l'autre des dif ner le moment précis. Nous allons terminer
férences plus tranchées, à ne parler que des cet article par un coup-d'oeil sur toutes les
pratiquesqui
(t) Ce mode leur sont coin
d'entretien inunesou
a suivi de celles
les plants de vignecauses
auxquels
qui ilpeuvent
est appliqué,
avoir departout
lâcheuses
où ilsinfluen-
ont été
transportés; circonstance d'autant plus facile à expliquer à la simple inspection, que leur faiblesse en
fait une nécessité-
I
GHAP. 9*. DE L/V VIGNE ET DE SA CULTURE. 111
ces sur l'abondance ou la bonne qualité de de vigne; les intempéries, telles que les vents
la récolte. froids et les pluies, secondent et même dé
Commençons par le plus commun de ces terminent celle fâcheuse disposition à laisser
fléaux, la gelée. Souvent elle est assez forte tomber les fleurs sans qu'elles tournent en
pendant les hivers rigoureux pour éteindre grain. Alors les grappes même tombent,
ou désorganiser les yeux ou boutons, et n'ayant rien à nourrir. Parmi les cépages qui
même attaquer le bois et ruiner complète y sont le plus sujets, passent en première
ment beaucoup de ceps; nous en avons eu lhne le Pendoulau du Jura, et le Côt des co
souvent de tristes exemples. Les gelées du teaux du Cher, Pied ronge, Cote rouge. Pied
printemps sont pins communes, et, à moins de perdrix ailleurs. On a bien indiqué un
qu'elles ne soient très-fortes, leurs effets se moyen assez certain d'empêcher la coulure,
font ressentir fort inégalement. Des vignes l'incision annulaire on circoncision , moyen
en sont presque entièrement exemptes, d'au dont quelques amateurs de jardinage font
tres en partie. Cette inégalité de ses coups usage avec un succès constant sur les vignes
se fait remarquer sur les jeunes pousses d'un d'espalier; maison a remarqué que la qua
même cep, et est le plus souvent inexplicable. lité du vin en était altérée, et qu'elle affai
On a indiqué comme moyen préservatif la blissait pour long-temps les ceps opérés.
fumée produite par plusieurs tas d'herbes et Si une humidité trop prolongée est perni
de broussailles mouillés pour la rendre cieuse à la vigne, une trop grande sécheresse
plus épaisse, et placés au vent de la vigne l'est presque autant, surtout si le sol est très-
pour que la fumée se répande sur elle ; mais incITné au midi et repose sur le tuf ; alors les
il est rare qu'on ait le temps ou rafme la vo-, feuilles jaunissent et tombent même quel-
lonté de faire ces préparatifs. Si Ion n'avait 3uefois; et si c'est à l'approche des veu-
que quelques ceps précieux à conserver, un , anges, la peau du raisin durcit et s'épaissit,
moyen simple et facile serait de piquer h leur et le raisin ne peut atteindre une maturité
pied des branches de jeunes pins ou de parfaite.
grande bruyère, car presque toujours les Les vents vio/ens font aussi beaucoup de
plus simples abris suffisent. Un célèbre pro tort aux vignes, surtout aux vignes sans
priétaire et commerçant de Champagne em échalas ou à celles échalassées avant l'acco-
ploie ce moyen avec le plus grand succès. lage que l'on relarde toujours trop.
Comme il arrive ordinairement que les cé Les intempéries ne sont pas les seules cau
pages les plus hâtifs à la pousse, tels que ce ses des risques que la vigne ait à redouter :
lui connu sous le nom de Pineau menu en il est quelques affections morbifiques de la
Touraine, sont les seuls frappés quand la vigne auxquelles la nature du terrain, ainsi
gelée survient avant la mi avril, c'est une qu'il arrive pour la roulure, dispose plus ou
considération qui devra avoir du poids dans moins quelques cépages, et aussi certaines
le choix du plant lors de l'éiablissement circonstances de température; les plus com
d'une vigne. — Quelquefois on est surpris munes sont la brûlure des feuilles et le grillé
aussi par la gelée vers les premiers Jours a'oc- des raisins, dues à des coups de soleil trop
tobre; alors les raisins durcissent et cessent ardens ; la rouille due à l'invasion d'un cham
de mûrir, et la plupart conservent l'acidité pignon parasite; la jaunisse occasionée sou
du verjus. C'est en vain qu'on leur laisse le vent par la présence de l'isaire, autre cham
temps de parvenir à leur maturité, leur pa pignon parasite interne ou subterrané, qui
renchyme est désorganisé, et l'état qui suit s'attache aux racines. Il n'est aucun moyen
est la pourriture. — On préserve assez sûre de remédier aux deux premières; quant à la
ment la vigne des gelées d'hiver et du prin dernière, on peut empêcher son extension en
temps en la couvrant de terre ; ce moyen est faisant une tranchée profonde autour des
employé sur les cotes du Rhin, dans le Jura, ceps attaqués.
en Piémont, dans la plaine de Novi, et en Enfin plusieurs sortes d'insectes, quelques
Hongrie au vignoble de Tokai. quadrupèdes et des oiseaux de diverses es
Un autre fléau non moins redputable est pèces causent à la vendange de grands dom
la grêle; pour celui-ci rien ne peut en préser mages. Parmi les premiers, les durbecs ou
ver que la faveur du ciel. Cependant il ne becinares, le charançon gris, la larve du
frappe pas aussi généralement que la gelée; hanneton se font remarquer le plus souvent
certaines localités y sont plus sujettes que par le vigneron; parmi les seconds, les
d'autres. Il arrive souvent que ses suites ne chiens, les renards, les blaireaux et les héris
sont pas seulement funestes pour la récolte sons : et au nombre des derniers, les grives
de l'année même, mais se font encore res et les élourneaux qui y tombent par bandes ,
sentir dans l'année suivante. sont les animaux qui font le plus de dégât,
Un autre état de l'atmosphère presque surtout dans les vendanges tardives.
aussi désastreux, et qui l'est même davantage
par son universalité, c'est une humidité conti § XII. — Des frais et produits de la vigne.
nue telle que celle que nous avons eue en
1816; on n'avait pas vu d'année depuis un
demi-siècle où la récolte fût aussi mauvaise Nous allons terminer cette notice par un
en tout point. état des frais dont le propriétaire doit faire
Des pluies trop fréquentes sont surtout l'avance avant de toucher quelque chose du
dangereuses dans le temps de la floraison de produit de sa vigne. Nous n'avons trouvé
la vigne, car alors elles sont uue cause cer nulle part de docuraens suffisaus pour éta
taine de coulure. blir uue comparaison, mais il doit y avoir
La coulure est un accident auquel sont peu de différence dans le total de ces frais ,
sujette» certaines ayant choisi pour type une closerie ou vi
112 CULTURES INDUSTRIELLES : DU HOUBLON ET DE SA CULTURE. liv. il
gnoble à trois lieues de Tours; ce qui donne monter à 300 fr., c'est donc 525 fr. que doit
un terme moyen pour le prix du travail entre rapporter chaque hectare pour que son pro
celui des vignes aux portes d'une ville et ce priétaire ne soit pas en perte. Or, nous avons
lui des vignes plus éloignées où le travail est compté en récolte moyenne 7 poinçons et
moins rétribué; et, quant à la récolte, nous demi ; au prix moyen de 70 fr. (le poinçon de
avons choisi une moyenne dans les dix der Touraine est de 2 hectolitres 1/2}, c'est donc
nières années qui ont été généralement assez 525 fr., d'où l'on peut conclure que l'argent
bonnes, en mettant hors de ligne l'année est placé convenablement.
extraordinaire de 1825 et les premiers crûs Toutefois, nous n'avons pas fait entrer
pour la qualité, ainsi que les produits d'une en considération les cas de mévente ; par
excessive abondance obtenus par quelques exemple, passé le mois d'avril, ces mêmes
vignerons. vins,qui sont fort recherchés par les Flamands
Façons d'un hectare de vigne, com avant celle époque, tombent de moitié. C'est
prenant le déebaussage, la taille, donc un grand risque à courir.
et trois façons à la pioche ou à la Voyons si les conditions pour le vin rouge
marre; prix ordinaire dans le pays. 45 f. » sont aussi avantageuses; les frais resteront
Ouverture et couchage de 450 pro les mêmes, parce que le surcroît de dépense
vins à 50 sous le cent 11 25 pour le.séchalas n'est pas général. Le nombre
Transport de la terre pour formel de pièces de vin dont se compose la récolte
le terrier ou terreau, et transport du sera aussi le même, mais le prix bien diffé
terreau dans les provins 6 « rent. Les bons crûs coromuus ne peuvent
Une tomberée de fumier ou douze guère être portés au-delà de 50 fr. leJpoinçoD,
charges d'ânes par cent de provins, prix de la récolte de 1834, d'une très-bonne
pour 450 provins 45 » qualité cependant; ce qui l'ail pour l'hectare
Terrassage, apport de la terre sur un produit brut de 375 fr-, et par conséquent
le bord de la vigne, et transport dans seulemenlde75 fr.de produit net. A la vérité,
la vigne pour un 1/20 d'hectare.. . . 10 » le capital est moins fort et l'hectare doit être
Pour renouvellement d'un cin porte seulement à 2,400 fr. ou 120 fr. de re
quantième, on sinon pour diminution venu à recouvrer. Le vin du paysan a été
progressive de la valeur d'un hec payé 40 fr., mais il en a récolté 15 pièces à
tare 45 » l'hectare, ce qui fait , à 40 fr., la somme de
On donne, de deux années Tune , 600 fr. de produit brut, ou 247 fr. 50 c. de pitv
une façon après vendanges,quelques- duit net, eucomptanl l'augmentalioude52fr.
uns tous les ans, d'autres jamais ; 50 c. pour 7 fûts et demi-tùls.
elle coûte 22 fr. 50 c. par hectare; en Il est donc évident, et c'est une vérité fâ
calculant d'après le premier mode. . 11 25 cheuse à démontrer, qu'il y a plus d'avantage
Entretien annuel des pressoirs et à produire une grande quantité de vin mé
ustensiles, par hectare 6 * diocre qu'une moins grandede bon, parce que
Logement du closierou vigneron; la différence des prix n'est pas assez forte.
il fait ordinairement 2 hectares 1/2 à Nous n'avons parlé que des vignes sans
3. C'est par hectare 10 » paisseaux et échalas; or, il y en a qui ne
Sept fûts ou poinçons et un demi- peuvent s'en passer, telles que les vignes qui
poinçon , les premiers à 7 fr., le se sont composées de plants fins originaires de
cond à 4 fr 52 « Bourgogne; ce sont eux qui ont fait la répu
Frais de vendanges, nourriture, sa tation de nos vins de Joué bien connus des
laire, lumière, etc.; ils varient un marchands de Paris. L'avance primitive sera
peu , on les a établis à 4 fr. 50 par pour 15 milliers de paisseaux à 34 fr. le
poinçon 33 75 millier, de 510 fr., dont l'intérêt est de 25 fr.
Mémoires des tonneliers, 6 fr. 50 50 c, et en outre chaque année, pour le re
par hectare 6 50 nouvellement du 10", 51 fr. C'est donc, avec
Impôt foncier 18 » 45 fr. de plus au vigneron pour piquage
du paisseau, accolage, arrachage et entasse
Total des frais. 300 f. » ment, un total de 121 fr. 50 c. en sus par hec
tare, ou un total de 421 fr. de frais par hectare
Un hectare de vignes blanches à Vouvrai de vigne échalassée. Le prix étant, à peu de
et Roche-Corben vaut communément 4,500 f. chose près, le même pour la récolle, il nous
C'est donc un capital qui doit rendre à son parait démontré que le propriétaire est pres
propriétaire 225 fr. annuellement ; en les que toujours en perle.
ajoutant au totai des frais que nous avons vu C... Odart.
5 I". — Partie utile, analyse, avantages et usages Lupolo; en espagnol, Lupulo) (Jîg. 57) est
du houblon. une plante grimpante, à racines vivaces, qui
appartient a la famille des Urlicées *, les
Le Houblon ( Humulus lupulus, L. ; en an feuilles ont de la ressemblance avec celles
glais, Hop; en allemand, Hoppen; en italien, de la vigne. Le houblon est dioïque, c'est-à-
CHAP- 10e. DU HOUBLON- 118
Fig. 57. zontal : la sécrétion pulvérulente séparée
passe au travers des mailles en laissant sur
le tamis les feuillets qui ne peuvent le tra
verser; on reprend de nouveau les feuillets
pour [en séparer la matière jaune qui aurait
pu échapper une première fois, et on re
commence de nouveau jusqu'à ce qu'on ne
puisse plus rien extraire des cônes effeuillés;
on a le soin de briser le moins possible les
feuillets qui pourraient alors passer et aug
menter en apparence la proportion de la
sécrétion utile. On couserve ce produit dans
des vases bien fermés. En étudiant ainsi di
vers houblons procurés par M. Chappellet,
propriétaire d'une [importante brasserie à
Paris, MM. Payen et Chevallier ont obtenu
les résultats suivans :
Matière! Feuillet! Sécrétion
étrangère!, épuiaéa. jaune.
Houblon de Poperingue
(Belgique) 12 » 70 » 18 »
— d'Amérique, vieux. 14 30 68 80 16 90
— de Bourges. ... 0 50 83 50 16 »
— de l'Ètang-de-Crêcy
(Oise). .... 1 80 86 20 12 >
— de Bussiguies. . . 7 » 81 50 11 50
— des Vosges. ... 3 » 86 » 11 »
— d'Angleterre, vieux. 3 87 » 10 »
— de hunéville. . . 1 88 50 10 »
dire que les fleurs mâles et les fleurs femelles — de Liège 10 81 » 9 »
sont placées sur des pieds séparés; les pre — d'Alost ( Belgique). 16 76 » 8 »
mières forment des grappes rameuses, irré — de Spalt (AUemag.) 3 88 » 8 »
gulières, qui sortent de 1 aisselle des feuilles — de Tout (Meurthe). l 50 91 50 8
supérieures; les secondes composent une es IIj est remarquable que le prix des hou
pèce de tète globuleuse, conique, ovoïde, plus blons ne se soit pas établi approximative
ou moins alongée, nommée cône du houblon, ment d'après les proportions relatives de la
composée d'un grand nombre d'écaillés fo- matière utile qu'ils renferment, et que les
■ liacees, minces et consistantes, à l'aisselle brasseurs estiment moins, par exemple, le
desquelles se trouvent les deux véritables houblon des Vosges, à cause de sa force su
i fleurs femelles ; il leur succède deux graines périeure ; il est en effet facile de le rendre
i environnées d'une poussièrejaune, granulée, moins fort, en diminuant sa dose ou en le
I ayant une odeur et une saveur amère qui lui mélangeant dans le brassage avec des hou
; sont propres. blons moins riches. Dans le cours de leurs
C'est cette poussière jaune qui est la partie analyses, MM. Payen et Chevallier font re
■ active du houblon. — Considérée comme un marquer l'importance d'une récolte bien
principe immédiat des végétaux par M. Yves faite qui écarte du houblon les matières
d e New-Yorck et par M. Planche, ils la nom étrangères auxquelles ils attribuent la diffi
mèrent /«/ra/f/ie; mais MM.Payen et Cheval culté de conserver la bière pendant les cha
lier, avant reconnu, par une analyse chimi- leurs, sa disposition à passer à un état de
q ue plus délicate, qu'elle était composée de fermentation acide, et en grande partie la
1 S substances différentes, ont jugé plus con baisse de valeur que nous venons de signaler.
venable de la désigner par le nom de sécré Le houblon est indigène dans les contrées
tion jaune du houblon. Ces habiles chimistes septentrionales de la France, et se rencontre
ont constaté que cette matière amère , aro fréquemment dans les haies et les broussail
matique, est le seul siège de la saveur, de les, surtout dans les localités humides. Les
l'odeur forte, enfin du principe actif du cônes de ce houblon agreste ont quelque
houblon, et que les feuillets des cônes qui fois une odeur nauséabonde, le plus souvent
n'ont point été touchés par cette matière elle est seulement moins agréable et moins
jaune n'ont pas d'odeur aromatique et pas aromatique; mais, dans tous les cas, ils ne
plus de saveur que le foin sec. Ils ont aussi sont jamais d'une qualité aussi bonne que
reconnu que la sécrétion jaune active existe ceux du houblon cultivé, et ils ne sont pres
en proportion différente dans les divers hou que jamais utilisés. Il est donc certain que
blons, et par conséquent que leur valeur la culture a considérablement amélioré la
réelle et utile varie beaucoup. Voici com qualité comme la quantité des produits du
ment on opère cette sorte d'analyse méca houblon, ainsi que cela est arrivé pour pres
nique qu'il est aussi important au cultivateur que tous nos végétaux cultivés. — Les hou
qu'au brasseur de savoir faire : « On prend blons cultivés dans les divers pays ne parais
les cônes de houblon lorsqu'ils fsont bien sent pas différer assez essentiellement pour
secs ; on en sépare la plus grande partie des constituer des variétés distinctes, et il est
matières étrangères qu'ils contiennent; on probable que les houblonnières auront été
les place sur uu tamis de crin à mailles ser formées de plant qu'on se sera procuré faci
rées, puis on les effeuille à la main; ensuite lement à l'état sauvage, qui se sera succes
on secoue le tamis par un mouvement hori- sivement perfectionné par la culture, et
AGRICULTURE. 74' livraison. TOME II. l5
114 CULTURES INDUSTRIELLES : DU HOUBLON ET DE SA CULTURE, irv. M.
qui anra été ainsi la pépinière de toutes les pourrait citer encore beaucoup d'autres faits
houblonnières de la même contrée. pareils, propres à prouver les soins que l'on
Le houblon est très-cultivé en Angleterre, prend pour propager celte culture, si néces
en Belgique, en Hollande, en Allemagne el en saire et si lucrative en Allemagne.
Amérique; depuis 80 ans il commence à s'é • Après avoir cité ces faits, M. S- Kolb dit
tendre dans la Franche-Comté, l'Alsace, le 3u'il ne recommande pas seulement ce genre
département du Nord, la Lorraine et surtout e culture aux brasseurs et aux propriétaires
les Vosges qui lui consacrent peut-être au- qui peuvent le faire sur une grande échelle
I'ourd'hui plus de 300 hectares ; c'est à Kam- et qui y trouveront plus d'avantage qu'à toute
lervillers que cette culture a commencé autre cuilure, mais encore aux petits pro
dans ce dernier pays. La France est loin de priétaires qui, comme en Allemagne, n'ens-
subvenir à la consommation de houblon que sent-ils qu'un petit coin de terre exposé à
fait le grand nombre de brasseries établies l'action libre du soleil, en l'entourant de
depuis un quart de siècle; le gouvernement, plants de houblon auxquels ils donneront un
les sociétés agricoles et les écrivains agrono soin particulier, en obtiendront un produit
miques rendront un grand service à notre marquant et d'une excellente qualité.
agriculture et à notre industrie, en détrui Le principal usage du houblon est l'emploi
sant les préjugés qui , d'une part, arrêtent de ses cônes pour donner à la bière le goût
l'essor de la culture de cette plante, et de amer aromatique qui caractérise cette bois
l'autre font accorder aux houblons étrangers son; il a enlièremenl remplacé, pourcelte des
une prédilection telle que les brasseurs pré tination, le Buis, le Trèfle d'eau , l'Absynlhe,
fèrent les payer en moyenne de 120 à 150 fr. la Gentiane, etc., qu'on y introduisait pour
le quintal, quand le houblon indigène se le même objet. Fa quantité de houblon em
vend de 50 à 60 francs. Or, M. Sigismond ployée dans la fabrication de la bière est con
Km. h, qui a publié récemment un excellent sidérable, puisque, sans compter celui qu'où
ouvrage sur la fabrication de la bière et la récolte en France el qu'on emploie directe
culture du houblon, ne craint pas de dire ment dans nos brassseries, on en tire de l'é
que la différence entre ces houblons n'existe tranger pour une valeur de plus d'un million
réellement que dans l'opinion des brasseurs et demi, et que cette quantité augmente
et pour le profit des marchands ; on a même chaque année. La bière devenant une boisson
constaté que les brasseurs de Strasbourg, qui dont l'usage se répand chez nous de plus
repoussent le houblon de France, vont ache en pins, il est probable que la quantité de
ter en Allemagne et sous le nom de houblon houblon demandée s'augmentera encore.
d'Allemagne, le houblon français qui y a été Le houblon eslemplùyé en médecine comme
exporté : préjugé à la fois préjudiciable au tonique et dépuratif, el entre dans la prépara
cultivateur et à l'industriel, et qui, tant qu'il tion de divers médicamens; on prescrit aussi,
existera, rendra inutile le droit d'entrée dans quelques cas, l'emploi de sa sécrétion
presque équivalent au prix auquel se vend jaune, sous le nom de lupuline. — Dans l'éco
le houblon indigène, et qui avait été établi nomie domestique, on mange les jeunes pous
pour protéger sa culture. ses du houblon comme celles des asperges;
Les gouvernemens ont depuis fort long lesfeuilles qu'on relire des liges servent uti
temps cherché à encourager la culture de lement à la nourriture des bestiaux.—Enfin,
cette utile plante. Dès 1404, le duc Jean de en Suède et en Lithuanie on extrait de ses
Bourgogne, comte de Flandre, fonda une tiges fibreuses une filasse qui sert à faire des
distribution annuelle de médailles d'or re toiles grossières et des cordes; pour cet usage
présentant une couronne de fleurs de hou on enlève le-, feuilles des liges, on expose
blon, et que l'on donnait publiquement à celles-ci, durant un hiver, aux intempéries des
ceux qui présentaient les plus beaux pro saisons, puis on les fait rouir et ou les traite
duits. — En 1767,1e prince-évêque de Bam- comme celles du chanvre. — Le houblon peut
bergel Wurtzbourg fit imprimer et distribuer produire lui-même les liens nécessaires pour
à ses frais une instruction très-détaillée sur l'attacher; à cet effet on a soin de couper, en
cette culture, afin de la propager. — En 1770, automne, les bras de celle plante; après en
une circulaire émanée des états provinciaux «voir fait des paquets, on les laisse dans
de la vieille Prusse et de la Marche de Bran l'eau jusqu'à ce qu'on puisse facilement les
debourg ordonna à toutes les autorités lo diviser, puis on les fait sécher et on les con
cales d aider de tous leurs moyens la propa serve dans un lieu sec. Au printemps, on les
gation de la culture du houblon. On a fait met dans l'eau quelques heures avaiil de s'en
ériger, dans le duché d'Erlurlh.une houblon- servir, et ils constituent alors d'excelleus
nière modèle pour l'instruction des cultiva liens.
teurs qui voudraient se vouer à cette branche
de culture. — Dans beaucoup de principautés $ II» — Climat, sol, choix des plants et plantation.
de l'Allemagne, celui qui défriche un terrain
pour en faire une houblonnière est affranchi Le climat et une grande partie du sol de la
pendant lOans des contributions territoriales France conviennent parfaitement à la cul
dece terrain; celui qui en établit une sur un ture du houblon. Les terres qu'on destine à
terrain déjà cultivé obtient le même privi former une houblonnière doivent être pro
lège pour 5 ans. — Dans d'autres, plusieurs fondes de 2 pieds au moins, légères, plutôt
primes de 30 rixdalers (155 fr. 85 c.) sont sableuses que fortes, afin de permellreaux
distribuées annuellement à ceux qui peuvent racines fines et délicates de s'y étendre à vo
présenter le plus beau produit, en n'admet lonté ; les sols calcaires et les terres blanches
tant néanmoins au concours que ceux qui franches, de consistance moyenne, sont les
présentent une quantité de 12 quinlaux. On plus propres à celte culture. M. beDombable
10». DU HOUBLON,
pour la houblonnière qu'on forme, des plants Us
conseille de choisir une ancienne prairie
rompue ou un terrain qui ait été pendant dont les produits ne mûrissent pas à des épo
longtemps un jardin ou un verger. Dans ces ques différentes, ce qui rendrait la récolte
terrains lés plants seront vigoureux et don difficile. Ceux des variétés dont la maturité
neront d'abondantes récoltes; les cônes est précoce, comme celui de Spalt, méritent
seront abondons en matière jaune; enfin la la préférence. Le plant se compose des bran
plantation se maintiendra bien plus long ches qui poussent de la souche; on se le
temps en plein rapport. procure en découvrant , au printemps, les
Une exposition convenable est un point es anciens pieds les plus vigoureux et éclatant
sentiel dans la formation d'une houblonnière; ses branches. Le bon plant doit avoir la
elle doit être sud ou sud-est et garantie des grosseur du doigt, ne pas être creux , avoir
vents du nord et de l'ouest ; les emplacemens de 7 à 8 pouces de longueur et 3 ou 4 yeux ;
situes près des rivières et des étangs desquels il doit être séparé de la souche peu avant la
il s'élève habituellement des brouillards et plantation et être, jusqu'à ce moment, tenu
où les gelées sont plus fréquentes, doivent au frais. Lorsqu'on remarque des pieds qui
être rejetés ; on doit encore éviter le voisi méritent la préférence, on doit, lorsqu'on lie
nage des grandes roules, à cause de la pous la houblonnière, laisser les branches super
sière. — En Angleterre , on recherche les flues et, au moment de la taille, les couper
localités quipermettent l'irrigation, et l'abon et piquer en terre pour en faire des boutu
dance des récoltes qu'ob obtient alors dans res; on obtient de la sorte de bons plants qui
les années sèches porte même beaucoup produiront dès l'année suivante.
de cultivateurs à arroser à l'aide de tonneaux Lorsque le moment de la plantation est ar
conduits sur des charrettes, et à verser de rivé, on fait faire dans le terrain des trous
l'eau an pied de chaque monticule. — Les de 2 pieds en carré sur un pied 1/2 de profon
houblonnières doivent être bien entourées de deur, el à 5 ou 6 pieds et même plus de dis
haies vives, et il est bon, du côté où la fré en tance
quinconce
les uns ,des
les autres,
ruelles en
faisant
ligueface
droite
au sud
ou
quence et la violence des venls obligent à
avoir des abris, de planter des palissades plein. M. Denis soutient qu'il est préférable
propres à fournir les perches nécessaires. de ne mettre que 2 plants pour chaque mon
La préparation du terrain destiné à la plan ticule, et même plus tard de ne réserver que
tation consiste d'abord à le défoncer, s'il n'a le plus fort. Si le sol n'est pas très convena
point été profondément travaillé, et à le pur ble pour la culture du houblon , on remplit
ger des pierres, racines, etc. Si ce terrain eu partie les trous de la meilleure terre qu'on
était en herbages, il faudrait le labourer au peut se procurer; s'il n'a point été suffisam
printemps, donner un second labour en été, ment engraissé, on fait conduire l'engrais
extirper les racines et les brûler : dans ce consommé ou le terreau au bord de la pièce,
cas une culture de navets OU de betteraves et, eu' le transportant à bras d'homme et le
est une excellente préparation. Si la terre est mélangeant avec de la terre, on en remplit les
profonde et déjà eu bon état, on laboure en trous qui sont alors disposés à recevoir le
octobre, on herse en février, puis on laboure plant.
et herse de nouveau pour aplanir le sol. — Pourprocéder à la plantation, on tasse de
Le terrain est rarement assez fertile pour ne quelques pouces, avec les pieds, la terre lé
pas exiger de l'engrais, car le houblon est une gère ou l'engrais qui remplissent les trous ;
plante très-épuisanle; on en met dans la un place les plants dans ces fosses en éloi
proportion d'un boisseau par monticule, gnant leur partie inférieure et tenant à la
il doit être bien consommé ou à l'état de main les bouts du haut plus rapprochés les
terreau. — Lorsque le terrain n'est pas tra uus des autres; on répand doucement de la
vaillé, engraisse et rendu productif à une terre entre les plants, et on la presse contre
grande profondeur , le chevelu des pieds de eux en les arrangeant convenablement. —
houblon ne trouve pas la nourriture néces Une autre mélhode consiste à faire avec un
saire ; moins il peut s'enfoncer en terre, plantoir ciuq trous dans chaque monticule,
pins il souffre d'une longue sécheresse, et il un au milieu et les autres autour du premier;
arrive alors que les fleurs tombent avant on place le plant daus les trous faits au plan-
d'élre parvenues à maturité. loir, en ne lui laissant pas dépasser la sur
\ja plantation a lieu à deux époques diffé face du sol, à moins qu'il n'ait déjà commencé
rentes : au printemps, depuis le commence à pousser; on rapproche ensuite la terre de
ment de mars jusqu'au milieu d'avril, ce qui chaque brin en la tassant, puis on répand une
est la méthode générale; à l'automne, au couche de terre douce et légère, épaisse de
mois d'octobre, lorsqu'on a des pieds enra 2 à 3 pouces. — Après la plantation, on fa
cinés qu'on tire d'une ancienne houblonnière, çonne en cuvette la place occupée par le
ou si l'on plantait du houblon sauvage ; dans plant, c'est-à-dire qu'on rend le milieu plus
ce cas on obtient une récolte dès la 1" année, creux que les bords, afin de retenir les eaux
tandis que le houblon planté au printemps des pluies ou des arrosemens.
ne produit guère que la 2* année. Ce premier
produit se nomme houblon vierge. En géné § 111.—Culture, pose des perches, façons d'entre
ral, la récolte n'est abondante qu'à la 3' ré tien.
colte.
Le choix du pldnt est une considération L'entretien de la houblonnière durant la
importante : ott doit s'en procurer à raison V année commence à la mi mai lorsdjtë les
de 5 plants par trou ; eu Alsace et dans le plants ont poussé une tige; on met un écha-
Palalinat, ils coûtent ordinairement 75 centi fas à chaque trou et ou y attache les jeunes
mes le cent. Le point essentiel est d'avoir, pousses avec des brins de paille. — Ensuite
116 CULTURES INDUSTRIELLES : DU HOUBLON ET DE SA CULTURE, uv. n.
on bine le terrain pour détruire les mauvai lorsqu'elle est chargée. Il est donc très-es
ses herbes, et, en faisant cette opération, on sentiel que ce travailsoit fait avec soin pour
a soin d'amener avec la binette de la terre, que les perches, une fois chargées de vignes,
pour combler les trous et les mettre de ni puissent résister aux ouragans. La terre est
veau avec le sol. — Plus tard, il faut encore ensuite labourée comme de coutume, et on
attacher plusieurs fois les pousses nommées la relève à l'entour des perches pour les
vignes aux échalas, en ayant soin de les tour consolider.
ner autour de gauche a droite, c'est-à-dire Le nombre des perches généralement em
selon le cours du soleil, direction qui leur ployé pour chaque monticule est de trois;
est naturelle. Sans cette attention, les tiges lorsqu'ils sont très-éloignés les uns des au
se détourneraient et seraient gênées dans tres, on en place quatre. M. Kolb dit que si
leur croissance. — On bine de nouveau la le terrain est bon, bien fumé et travaillé, et
terre et on en recharge encore les plantes. si les plants prospèrent, il suffit cependant
On peut, sans inconvénient, principale de 3 perches pour deux trous de plants j on les
ment cette 1" année, cultiver deux rangs de tient alors éloignées de 1 pied et demi, distance
fèves, des ognons ou autres légumes, entre à laquelle les ceps se prêtent volontiers, ce
les lignes de houblons, auxquels cet ombrage qui fait qu'on ne risque pas de blesser
parait même favorable. Cette culture est très- les racines. Dans les Vosges, on ne met
avantageuse et fournit, en outre de ses pro qu'une perche par monticule lorsqu'ils
duits, des fanes qui, macérées en tas, forment sont rapprochés à 4 ou 5 pieds. En les sup
un engrais très-convenable pour la houblon- posant espacés de 6 pieds et mettant 3 per
nière. M. Denis pense qu'on peut la répéter ches à chaque, on voit que cela nécessite
sans inconvénient les années suivantes. A 15,000 perches par hectare; d'après M. Koi.b
l'automne ou au commencement de mars, et M. Denis, il n'en faudrait que la moitié.
on taille les vignes de houblon à 18 pouces —Les perches employées pour écbalasser les
de terre avec une serpette bien tranchante ; houblons ont quelquefois 15 à 18 pieds de
dans tous les cas, dès la lre de ces époques, longueur; elles ne doivent pas dépasser cette
on arrache les échalas qui ont servi de tuteurs, élévation, parce que les plantes, pour gagner
et l'on ramène sur les plantes assez de terre leur sommet, s'alongeraient trop, la tige se
pour en former un monticule d'un pied de rait moins forte, moins garnie Je branches,
haut; en faisant ce travail, on réunit les ceps et la récolte moins abondante. Ces perches
coupés qui dépassent alors le monticule de se font en bouleau, en frêne, en peuplier, en
quelques pouces. Cet amoncellement de la châtaignier, etc. Le châtaignier mérite la
terre sur les plantes a pour but de les garan préférence.
tir des grands froids et de faciliter l'écoule Quelques personnes ont conseillé de lier
ment des eaux qui, en se portant en trop diagonalement les perches, par leur extrémité
grande abondance sur les racines, leur se supérieure, les unes aux autres, afin qu'elles
raient nuisibles. se soutiennent mutuellement et résistent
La deuxième année de la plantation, au mieux aux vents. On a aussi proposé de rem
mois de mars, on donne un labour avec la placer les perches par des tiges de fil de fer.
pioche à deux dents, et on relève les monti M. Denis, du département des Vosges, a
cules. beaucoup perfectionné ce procédé en propo
Lorsque les tiges sont parvenues à un pied sant en 1828 de substituer l'emploi du fil de
et demi de hauteur environ, c'est le moment fer aux perches, et' il a fait connaître dans
de s'occuper du placement des perches qui une brochure les avantages obtenus par lui
doivent être droites, fortes et avoir de 10 à 12 en cultivant cette méthode. Voici en quoi elle
pieds de longueur. Avant de les mettre en consiste : Il espace les plantes de 8 pieds,
place, un ouvrier leur donne une bonne pointe leur laisse quatre brins et remplace les per
au grosbout,et un autre les brûle extérieu ches par de petites baguettes qu'il attache
rement ou les goudronne à chaud, à la hau aux fils de fer et qui servent à conduire ces
teur de 3 pieds, afin qu'elles se conservent tiges à ces fils. Ceux-ci s'établissent de la ma
plus long-temps en terre sans pourrir. — nière suivante: à chaque extrémité du champ,
Pour les implanter, on a une barre de fer sur chaque ligne de houblon qu'on se pro
Fig. 58. ronde, de 4 pieds de long, ayant pose de mettre, on enfonce à coup de masse,
à l'une de ses extrémités une en terre, un piquet de chêne de 24 ou 30
',„. 1 grosse tête, ou mieux la forme pouces de longueur, épointé par un bout, et
| d'un T(Jig. 58), et s'effilant en du diamètre de 4 à 5 pouces à l'autre. On en
pointe de l'autre ; elle sert à faire fonce sur ces piquets un piton en fer assez
des trous de 2 à 3 pieds de pro fort pour qu'il ne plie pas en le chassant dans
fondeur, dans lesquels on fait le piquet, et qui a un œillet à son extrémité
entrer les perches. Le fer ayant libre. La chaîne de fils de fer est composée
fait le trou a la profondeur néces d'une quantité suffisante de bouts de fils de
saire, un ouvrier prend une per fer n" 18, coupés par bouts de 3 pieds de lon
che, et, se plaçant les jambes gueur, et maillés à chaque extrémité. Tous
écartées, il la tient perpendicu ces bouts seront réunis les uns aux autres par
lairement au-dessus du trou et un double crochet en fils de fer n° 22. Cette
l'y chasse de toute sa force ; il chaîne est assez semblable à une chaîne d'ar
sent par le contre -coup s'il a penteur, et on la tend à 5 pieds de hauteur,
réussi et si la pointe a pris terre , au moyen de chevalets en bois, en nombre
sans quoi il faut recommencer; proportionné à la longueur des lignes de
Ïcar, si la perche ne porte pas à houblon, à raison d'un par 30 pieds, sans
fond, elle cède au moindre vent compter les deux des extrémités. Les fils de
CHAP. 10e. DU HOUBLON. 117
fer ont dû être placés exactement dans l'ali blesser le chevelu, toute la terre des monti
gnement des lignes de houblon dont les tiges, cules jusqu'à ce que les pieds en soient dé
une fois parvenues sur ces fils, ont la moitié barrassés et les racines mises à découvert;
de leurs brins dirigée d'un côté et la moitié celles des tiges oui ont porté fruit sont tail
de l'autre. L'auteur termine par le calcul lées de manière à ce qu'il ne leur reste que
des frais de cette méthode, comparés à ceux 2 ou 3 yeux qui fourniront les nouveaux re
de l'ancienne; il en résulte qu'elle offre au jetons. Les jeunes racines, beaucoup moins
cultivateur une économie du cinquième sur fortes que les anciennes, sont coupées à 5
la mise de fonds, et de plus de 50 francs par ou 6 pouces de longueur pour servir de re
an et par chaque jour de Lorraine, c'est-à- plants; elles servent à remplacer les ancien
dire par 500 mètres carrés environ. nes qui paraîtraient disposées à la pourri
Lorsque les tiges de houblon ont la lon ture, ou à faire de nouvelles plantations.
gueur suffisante pour être attachées aux per — Après cette opération, on rapporte du fu
ches, c'est-à-dire de 1 à 2 pieds, on choisit mier, et on l'enterre en égalisant le terrain ;
les plus vigoureuses au nombre de 4 ou 5 un mois après, on fait, comme il a été pres
pour) chaque perche; on peut encore pour crit, la plantation des perches et le labour
quelque temps en garder une de plus pour en monticule ainsi que les autres travaux.
remplacer celle qu'un accident pourrait faire Une houblonnière maintenue en bonne
manquer, et on coupe tous les autres reje culture peut durer 10 ou 12 ans ,.et on con
tons en terre, ce qu'il faut continuer de faire çoit qu'après sa destruction, le terrain a ac
tant qu'il s'en montre. On attache les tiges quis un haut degré de fertilité. On la con
après les perches avec des liens très-làches, servera surtout en bon état, si l'on a soin, à
afin de ne pas nuire à leur développement chaque taille, de remplacer les racines trop
par la moindre compression. Les Anglais et vieilles ou qui ont des taches de pourriture ;
M. Fodéré prescrivent de ne jamais faire on pourrait même prolonger bien davantage
ce travail le matin, parce qu'à cette époque la durée d'une houblonnière en commen
de la journée les tiges sont plus remplies çant à la renouveler par 5° à la 8e année, ce
de sève, et par conséquent plus cassantes. qui est facile, puisqu'on peut, à la taille,
Il faut avoir grand [soin de tourner les tiges choisir-les replants les plus forts pour celte
à l'en tour de la perche, en suivant le cours nouvelle plantation partielle.
du soleil; si on les tournait en sens inverse, Une houblonnière doit être copieusement
elles ne tiendraient pas et tâcheraient tou fumée tous les deux ans, avec un engrais
jours de revenir à leur direction naturelle. consommé et court ; sans cela, on ne fera
On continue exactement de les lier à me jamais d'abondantes récolles. Le fumier des
sure qu'elles grandissent, et on a soin de bêtes à cornes convient mieux que celui de
raffermir les perches ébranlées et d'enlever cheval, le premier étant plus nourrissant et
les rejetons superflus. maintenant le terrain humide, tandis que
Lorsque les tiges ont pris la plus grande l'autre est échauffant et sèche plus vite. En
partie de leur développement, c'est-à-dire Belgique, d'après Aelbroock , on considère
sont parvenues à une certaine force et gros comme le meilleur engrais pour le houblon,
seur, et à une élévation de 10 à 12 pieds, on un arrosage d'urine de vache et de tourteaux
leur enlève les feuilles jusqu'à une hauteur d'huile délayés dans de l'eau ; on répand cet
de 5 à 6 pieds, ce qui permet à la chaleur de engrais dans la proportion de 100 à 150 hec
pénétrer plus facilement, et fait porter la tolitres par hectare. — Le fumier ordinaire
sève au haut de la plante où sont les fleurs. est déposé en certaine quantité sur chaque
— Quelques cultivateurs pincent alors l'ex monticule, ce qui doit être fait aussitôt après
trémité des liges, à l'exemple de ce qu'on la récolte; on défait les monticules, on place
pratique avec avantage pour certains légu le fumier autour dès plantes, et on le recou
mes ; l'influence de cette dernière opération vre de quelques pouces de terre seulement;
sur la fructification du houblon n'est pas pendant l'hiver, les principes fécondans se
encore suffisamment déterminée. — Durant déposent sur les racines du houblon, et lors
tout l'été, on doit, à l'aide d'une échelle dou qu'on le châtre au printemps, on éparpille
ble, continuer d'attacher les tiges aux per le fumier qu'on retrouve, et on n'en laisse
ches ou aux fils de fer, et rattacher celles point en masse.
que le vent aurait détachées. Le houblon est exposé à diverses mala
Les façons qu'exige la houblonnière pen dies, dont les principales sont désignées par
dant l été&e bornent, lorsque le 1er labour a les noms de miellat et de cancer. Cette der
été fait à la mi-mars et qu'il ne pousse pas nière maladie est produite par un champi
trop d'herbes, à un 2* labour qu'on donne gnon qui vient à la racine; les houblonniè-
au commencement de juin, par un beau res plantées dans les lieux bas et humides,
temps, afin que les mauvaises herbes soient où des amas d'eau et de matières végétales
plus sûrement détruites. Après les pluies de sont en fermentation, y sont plus sujettes.
celte époque, on relève les monticules, ce Il faut donc chercher à assainir le sol, en
qui s'opère en rassemblant la terre des al creusant des rigoles; quant aux pieds atta
lées cl l'accumulant sur les pieds de hou qués, on doit les renouveler. — Cesontencore
blons. les plants situés trop près d'une haie ou dans
Les travaux de la 3e année et des suivantes un sol trop humide qui sont plus souvent at
diffèrent peu de la 2e; il faut seulement au taqués du miellat ou de la miellure. La plante
commencement de mars, par un temps sec, s'enduit alors, à commencer par les feuilles
procéder à la taille des racines, ce qui s'ap du bas, d'une matière douce et gluante qui
pelle, dans plusieurs pays, châtrer le hou- attire des milliers d'insectes, lesquels, en se
plon. On écarte avec précaution, et sans multipliant de plus en plus, détruisent les
119 CULTURES INDUSTRIELLES : DU HOUBLON
les plus mauvais.
ET DELes
SA meilleurs
CULTURE,sontuv.
ceux
n.
houblons. Une pluie abondante fait quelque
fois cesser culte maladie que des injeclions d'une couleur jaune dorée, ayant une bonne
d'eau salée peuvent aussi faire disparaître. odeur et qui donnent beaucoup de poussière
M. Denis conseille de faire d'abord couper jaune.
les feuilles tachées depuis terre jusqu'à 4 ou La récolte du houblon a lieu ordinairement
5 pieds, et de les faire brûler à l'instant, ce de la fin d'août au commencement d'octobre,
qui détruit des myriades de pucerons, puis selon les variétés et les vicissitudes de la
ensuite de placer au bout d'une perche une saison ; on doit choisir un temps sec el at
bande de lin^e enduite de soufre, qu'on en tendre, pour commencer, que la rosée soit
veloppe d'éloupes, de vieilles étoffes, etc., à séchee ; les cônes recueillis par l'humidité
laquelle on met le feu et qu'on promène dans se moisissent souvent, ils prennent une cou
la houblounière; cette poupée produit une leur qui annonce leur altération, et ont une
fumée épaisse qui, par un temps calme, de odeur moins forte nue le houblon cueilli à
meure long temps, et parait faire périr les propos, ce qui nuit a leur vente.
insectes. — On remédie encore par des ar- Pour opérer la récolte, on apporte dans la
rosemens artificiels à quelques maladies houblonnière de grands paniers d'osier; on
causées par les grandes sécheresses. — Un établit des chevalets à 10 pieds de distance,
autre danger auquel le houblon est exposé, on coupe les cens à un pied de hauteur de
sur lout près des rivières et des étangs, c'est terre; avec un levier en fer ayant au bout
la rosée de la nuit, qui cause de grands dom une forte pince en pied de biche {fig. 59), ou
mages à l'époque où cette plante est en fleurs.
— Un des ennemis les plus redoutables Fig. 59.
pour le houblon, c'est la puce des champs qui
attaque les feuilles par milliers, et les perce
d'outre en outre : M. Kolb indique pour les
chasser de jeter au pied des perches du hou
blon cuit sortant de la brasserie.—La larve
d'un autre insecte s'introduit dans les cônes
du houblon lorsqu'ils commencent à se for
mer, et ne tarde pas à le faire périr : on s'en
aperçoit parce que le fruit se couvre de moi
sissure. — Aelbhoock regarde comme le re
mède le plus efficace contre les pucerons
blanchâtres et les mouches vertes, ainsi que
contre la rosée farineuse ou moisissure, un
bon arrosage d'urine de vache qui rend les
plants moins sensibles aux intempéries des
saisons, et leue donne la force d'attendre
une pluie douce qui diminue ordinairement
le mal lorsqu'elle ne le guérit pas. ayant la forme d'une sorte de'tenaille comme
dans Varrache - houblon de M. Knowles
§ IV. — Récolte, dessiccation et conservation du (J!ç. 60), on enlève les perches de terre, on
houblon. Fig. 00.
§ 1er. — Espèces et variétés de mûriers. ont fait produire au mûrier blanc plusieurs
variétés; qu'on distingue en général par la
Le Mûrier (Morus, L. ; en anglais, Mulberry- largeur ou la longueur des feuilles, par leur
tree; en italien, Moro; en allemand, Maul- consistance, leur surface plus ou moins lui
beer) forme un genre de la famille des Urti- sante, etc. Voici la nomenclature des variétés
cées, qui comprend des arbres de moyenne que M. Audidert, habile horticulteur de To-
grandeur, dont les fleurs sont monoïques ou nelle, près "Tarascon ( Bouches-du Rhône ),
dioïques, disposées en chatons serrés, ovales cultive dans ses pépinières : Mûrier feuille-
ou alongés, et dont les femelles se, transfor rose, à feuilles luisantes, comme vernissées,
ment en des espèces de baies succulentes, rarement lobées, portées sur des pétioles ro
agglomérées plusieurs ensemble et conte ses; M. romain, à feuilles grandes, ovales,
nant chacune une seule graine. Plusieurs luisantes; M. grosse-reine, ou à très-grandes
espèces de ce genre sont précieuses et d'un feuilles, un peu plissées, à pétiole court com
grand intérêt pour l'agriculture à cause de parativement à leur grandeur; M. langue de
la propriété que leurs feuilles ont de servir à bœuf, h feuilles presque deux fois aussi<lon-
la nourriture des vers-à-soie, et de ne pouvoir gues que larges; M. nain, à feuilles et bour
être remplacées par aucune autre substance geons très-rapprochés; M. àfeuilles non lui
végétale, ou de ne l'être au moins que très- santes ; M. à feuilles grandes et coriaces ;
imparfaitement et toujours avec une perte M. à feuilles lobées; M. lacinié; une autre
très-considérable dans la production de la variété est le M. veineux (Morus alba venosa),
soie. Nous allons d'abord énumérer les diffé que M. Deluxe, professeur de botanique à
rentes espèces et les principales variétés du Montpellier, a fait connaître; enfin la variété
mûrier ; ensuite nous reviendrons aux détails la plus remarquable qui, à ce qu'on assure,
que mérite le mûrier blanc. se multiplie bien par le semis, c'est le M. Mo-
Le Mûrier blanc (Morus alba, Lin. ; en an retti qui a été trouvé, il-y a environ 18 ans,
glais, White Mulberry-tree; en italien, Moro par M. Moretti, professeur d'économie agri
bianco; en allemand, )Veissc Maulbeere) cole à Pavie; cette variété, a beaucoup de
( fig. 61 ) est un arbre qui peut s'élever à 25 rapports avec le mûrier à grandes feuilles de
M. Audiebrt ; mais les siennes sont plus rap
Fig. 61. prochées, plus nombreuses sur les rameaux,
et d'ailleurs au moins aussi grandes.
La difficulté étant fort grande pour bien
caractériser toutes les variétés du mûrier
blanc et pour les comparer à celles qui sont
cultivées dans d'autres cantons, nous allons
seulement énumérer celles qu'on trouve
dans les Cévennes. Ces dernières sont, d'après
les noms qu'on leur donne dans le pays, la
colombassetle, la rose, la colombasse verte,
la rabalayre ou tratneuse, la pomaoù ou la
pomome, la meyne, Yamella ou Xamande, la
fourcade ou laJpurche, la dure, Y admirable.
De ces dix variétés, la colombasse verte et la
colombassetle sont celles qui sont regardées
par les Cévennais comme étant les meilleu
res pour la santé des vers-à-soie.
Mûrier d'Italie (Morus italica, Poir.; angl.,
italian Mulberry ; ital., Moro italiano). Cette
espèce a le port et les feuilles du mûrier sau
vageon, et elle n'en diffère que parce que
son bots est teint sous l'écorce d'une couleur
rose claire. Les vers-à-soie mangent ses
ou 40 pieds, et même jusqu'à 50 dans le midi, feuilles comme celles du mûrier ordinaire.
sur un tronc de 4 à 8 pieds de circonférence. Mûricrde Conslantinople (Morus constanti-
Ses feuilles sont alternes, péliolées, luisantes nopolitana, Poir.; angl., Conslantinople Mul
en dessus, glabres des deux côtés, ovales, un berry)!fig. 62). Cet arbre ne s'élève qu'à 12 ou
peu échancrées en cœur à leur base, dentées 15 pieds; son tronc est noueux, divisé en
en leurs bords, entières dans la plupart des branches qui ne poussent que des rameaux
variétés cultivées, souvent diversement di gros et courts, sur lesquels les bourgeons et
visées en lobes dans les individus sauvages. les feuilles sont très-pressés ; ces dernières
Cet arbre, originaire'de la Chine, de la Perse sont cordiformes, entières, très-luisantes, et
et de quelques autres contrées de l'Asie, est el les naissent si rapprochées les unes desaulres
aujourd'hui naturalisé dans le midi de l'Eu qu'elles paraissent comme si elles étaient dis
rope, et même il supporte assez bien les ri posées eu touffes. Ces feuilles sont très-bon
gueurs de l'hiver de plusieurs des pays tem nes pour la nourriture des vers-à-soie ; car
pérés d.. cette partie du monde. dans deux expériences que j'ai faites avec
Une longue culture et des semis multipliés elles comparativement à celles du mûrier
AGRICULTURE. TOME {L ï6
122 CULTURES INDUSTRIELLES : DU MURIER ET DE SA. CULTURE. tnr. n
blanc, elles m'<yy constamment donné d e?» Généralement on n'emploie les feuilles de
cocons plus gros et plus pesans. Ce qui em mûrier noir qu'au défaut de l'autre es
pêche qu'on ne les emploie, c'est que l'arbre pèce ; l'arbre est d'ailleurs d'un rapport bien
ne produit pas beaucoup. moins considérable : il n'y a plus que dans
Fig. 62. quelques parties de l'Espagne et dans quel-
ues cantons de la Calabre, de la Sicile et
a e la Grèce, qn'on nourrit encore les vers-
à-soie avec les feuilles de cette espèce.
Mûrier rouge {Morus rubra, Lin.; angl., red
Mulberry; ital,, Moro rosso ; ail., rotht
Maulbeere). Cette espèce est un gi-and arbre
qui, dans l'Amérique septentrionale, son
pays natal, s'élève à 60 pieds et plus. Ses
feuilles sont grandes, ovales, un peu en cœur
à leur base, très-aiguës et souvent entières en
leurs bords, glabres en dessus, légèrement
pubescentes en dessous. Duhamel avait dit
qu'on pouvait nourrir les vers-à-soie avec les
feuilles de cet arbre; mais, quoique ces pe
tits animaux les mangent fort bien, elles sont
très-contraires à leur santé ; ceux qui en vi
vent exclusivement meurent en grand nom
bre, et ceux qui survivent ne font que de très-
faibles cocons, impropres à produire de bon
ne soie.Comme ce mûrier donne d'ailleurs un
bois bon pour la charpente et la menuiserie,
on pourrait le planter comme arbre forestier.
Mûrier multicaule ou des Philippines {Mo-
rus multicaulis, Perrotet; Morus cucullata,
Bonafous) {fig. 64). Cette espèce, au lieu de
Fig. 64.
lève à 20 pieds et plus, en formant ordinaire former un seul tronc, comme le mûrier blanc,
ment une tête arrondie ; ses feuilles sont cor- se divise le plus souvent dès sa base en plu
diformes, aiguës, dentées, rudes au toucher sieurs liges peu cylindriques en général;
en dessus et pubescentcs en dessous; ses fruits, mais plutôt un peu tétragones, à angles très-
plus gros que dans les autres espèces, sont obtus ; ses feuilles offrent aussi de grandes
ovalcs-oblongs, d'un pourpre noirâtre, d'une différences ; elles sont en cœur à la base, le
saveur douce et agréable. On les mange frais, plus souvent bullées ou boursouflées, bordées
et on en prépare, dans les pharmacies, un si de grandes crénelures ovales et mucronées.
rop prin ci paiement employé dans les maux de Ses fruits sont oblongs pendans, noirs,succu-
gorge. On pourrait en faire une sorte de vin, lens et bons à manger. Ce mûrier a été^iutro-
en retirer de l'eau-de-vie par la distillation, duit en France, en 1821, par M. PEnnOTET,
ou en faire du vinaigre en les faisant passer botaniste-cultivateur et voyageur de la ma
à la fermentation acéteuse. Les vers-à-soie rine, qui l'a apporté de Manille, où un Chi
mangent fort bien les feuilles du mûrier nois l'avait importé depuis peu de Canton.
noir, mais il m'a paru, d'après quelques Nous consacrerons un article spécial à la
expériences que j'ai faites à ce sujet, que les culture de cette espèce à cause de son im
cocons qui en furent le produit étaient moins portance.
gros et moins pesans que ceux faits par des Mûrier intermédiaire {Morus intermedia,
vers qui avaient été nourris de mûrier blanc. Perrotet). Cette espèce se distingue de la pré-
chap. il: DU M JttlKtt. U3
cédente parceque ses feuilles se prolongent en on lave de nouveau les graines dans une se
longue pointe au sommet; parce qu'elles sont conde ou même une troisième eau, jusqu'à ce
dentées en scie, les unes entières, les autres 3ue les graines soient bien nettes et que l'eau
partagées en 2, 3 à 5 lobes, et enfin parce que écantée coule claire ou à peu près. La
ses fruits sont ovales, rouges, peu succulens graine, recueillie par ce moyen, est ensuite
et non bons à manger. Ce mûrier n'a encore mise à égoutter sur des assiettes qu'on incline
été que peu employé en France à la nourri pour faciliter l'écoulement de l'eau, puis on
ture des vers-à-soie ; mais on s'en sert à la rétend sur du papier ou mieux sur du linge,
Chine et aux Philippines. C'est de ce dernier à l'air et à l'ombre, afin qu'elle achève de
pays que M. Perrotet l'a rapporté en 1821, sécher, et lorsqu'elle l'est tout-à-fait, on la
avec le précédent. serre, si on ne la sème pas tout de suite, dans
Le Mûrier à papier forme aujourd'hui le des sacs ou dans des boites et dans un lieu
genre Broussonetia. Ses feuilles sont tout-à- sec, jusqu'au moment de l'employer.
fait impropres à la nourriture des vers-à-soie; Dans le Midi, on peut suivre l'ordre de la
sur 100 de ces insectes auxquels j'en avais nature, c'est-à-dire semer la graine de mû
donné à manger, 92 sont morls.et les 8 autres rier aussitôt qu'elle a été récoltée et con
n'ont survécu que parce que je les ai remis au venablement préparée, et c'est alors vers le
mûrier blauc. fin de juin qu'on doit faire le semis. Il reste
encore assez de beau temps pour que le
§ II. — Multiplication des mûriers. plant qui en proviendra ail acquis la force
nécessaire pour résister à l'hiver qui suivra,
Le mûrier peut se multiplier de graines, de et, par ce moyen, on gagne une année. Dans
boutures et de marcottes; la greffe n'est point les parties du centre et du nord delà France,
véritablement un moyen de multiplication; au contraire, où il ne serait pas possible de
elle ne peut servir qu'à conserveries variétés semer avant la mi-juillet, ou même à la fin
acquises par la culture et qu'il est avan de ce mois, le semis n'aurait pas acquis assez
tageux de propager. Comme on a reconnu de force pour braver le froid de la mauvaise
depuis assez long-temps que les marcottes et saison, froid qui, d'ailleurs, est presque tou
les boutures ne donnaient pas des sujets aussi jours plus rigoureux que dans le Midi. Il ne
vigoureux que ceux provenus de semis, on faut donc, dans les deparlemens du milieu
n'emploie presque plus aujourd'hui dans les et du nord de la France, semer la graine de
pépinières ces deux moyens de multiplication mûrier qu'au mois d'avril et même au com
dont le premier surtout était au contraire fré mencement de mai, lorsqu'il n'y a plus de
quemment en-usage dans les premiers temps gelées à craindre. Comme cette graine est
où le mûrier fut cultivé dans le midi de l'Eu très-petite, ou la mêle, pour la semer,
rope. C'est seulement par la voie des semis avec une certaine quaulite de terre ou de
qu'on se procure maintenant des mûriers. sable, et on la répand à la volée. Il ne faut
La graine qu'on destine àfaire des semis de pas semer trop dru, et, en général, on doit
cette espèce d'arbre doit être prise sur des faire en sorte que la graine soit bien espacée;
individus sains, vigoureux, oui aient déjà il y a cependant moins d'inconvénient à se
atteint un certain degré de croissance, mer un peu serré que trop clair, parce qu'il
comme l'âge de 30 à 40 ans. On doit encore est toujours facile d'éclaircir le plant lors-
donner la préférence à ceux qui ont les qu'ayant bien levé il se trouve trop pressé.
feuilles les plus larges, en s'abstenant d'en Il suffit d'une once pour garnir une plate-
dégarnir les arbres dont on se propose de ré bande de 8 pieds de longueur sur 4 de lar
colter les fruits, et il ne faut cueillir ceux-ci geur.
que lorsqu'ils sont parfaitement mûrs. La Le terrain propre à faire un semis de mû
meilleure manière de faire à cet égard est rier doit être plutôt léger que fort, ni sec,
d'attendre que la maturité en soit assez avan ni humide, défoncé au moins à 2 pieds de
cée, pour qu'en secouant légèrement les bran profondeur, et la terre doit en être rendue
ches des arbres, les mûres s'en détachent fa aussi meuble que possible, afin qu'elle soit
cilement. On peut encore se contenter de plus facile à pénétrer par les jeunes racines
ramasser ces fruits à terre, au fur et à me du plant. Un bon moyen pour en accélérer
sure qu'ils tombent naturellement et qu'il la végétation, c'est d'en amender le sol avec
s'en trouve une suffisante quantité sous les une certaine quantité de vieux terreau de
arbre». couche.
Lorsqu'on ne doit pas semer tout de suite La graine de mûrier ne doit pas être très-
les graines de mûrier, il paraîtrait naturel de enterrée; il suffit qu'elle soit recouverte avec
les conserver enveloppées de leur pulpe, en 6 à 8 lignes ou au plus 1 pouce de terre, ou
les stratifiant dans du sable; cependant cel encore mieux avec la même quantité de ter
les qui sont ainsi conservées subissent un reau.
certain degré de fermentai ion, et elles ne lè On sème ordinairement le mûrier en plan
vent pas aussi bien que celles qu'on en a préa ches aussi longues qu'on le veut, mais aux
lablement séparées en écrasant doucement quelles il convient de ne pas donner plus de
les fruits entre les doigts, dans un vase con 4 pieds de largeur, afin qu'il soit facile d'at
tenant une petite quantité d'eau, à laquelle teindre de chaque coté au milieu d'elles, lors
on en ajoute en plus grande abondance lors qu'il sera nécessaire de les sarcler.
qu'ils sont suffisamment délayes; on agile Quelques auteurs ont recommandé le semis
le tout, le suc et la pulpe restent quelque en raies espacées à 6 ou 8 pouci's l'une de
temps suspendus dans le liquide, tandis que l'autre, mais ce mode a l'inconvénient d'em
les graines se précipitent promptemenl au ployer plus de terrain, et encore de faire
fond du vase; on décante alors le liquide, et que le jeune semis est plus pressé dans ces
124 CULTURES INDUSTRIELLES : DU MURIER ET DE SA CULTURE, liv. n.
raies que lorsqu'il a été fait à la volée. ter comme 'on fait pour les arbres fruitiers|;
Selon que la saison est plus ou moins favo tous les jeunes plants que le semis a donnés
rable à la végétation, la graine de mûrier sont regardés comme sauvageons et soumis
met 15 à 20 jours à lever. Peu après qu'elle h la greffe, par le moyen de laquelle on leur
est hors de terre, et dès que le semis a poussé fait porter des feuilles plus grandes et plus
3 à 4 feuilles qui le font reconnaître, il faut épaisses, dans lesquelles, à quantité égale, le
le débarrasser par le sarclage des mauvaises ver-à-soie, qui doit en faire sa nourriture,
herbes qui s'y trouvent mêlées, et on éclair- trouve une bien plus grande proportion de
cit le plant en l'arrachant dans les parties où substance alimentaire. Voici, d'après les ob
il est trop épais. Un peu plus tard, environ 5 servations que j'ai faites, les diflerences qui
à 6 semaines après avoir sarclé, on donne un existent dans le poids des feuilles du sauva
binagec\m doitétre faitavec beaucoup de pré geon et de plusieurs variétés de mûrier greffé,
caution à cause de la petitesse du plant. Un ou du mûrier Moretti, ou de l'espèce dite
seul suffit si on a fait le semis à la fin de multicaule.
juin ou au commencement de juillet; mais Le même nombre de feuilles pris sur des
il en faut toujours deux et même trois lors rameaux de même force et de même âge,
qu'on a semé au printemps. Si la saison est pesait,1° D'un
provenant
sauvageon
: à feuilles très-petites et
sèche après qu'on a fait le semis ou lorsqu'il
est levé, il est nécessaire de pratiquer un ou très-découpées 16 onces.
plusieurs arroseraens selon le besoin ; sans 2" D'un sauvageon à feuilles
cela, on en compromettrait la réussite. petites,
3° D'unmais
3e sauvageon
non découpées.
à feuilles
. . 22
On donne le nom de pourrette au jeune
plant provenu de la graine de mûrier. A la moyennes 34
fin de l'automne de la première année ou 4° D'un 4e sauvageon a. feuilles
pendant l'hiver qui suit, on arrache toute plus 5° D'un
grandes
5e sauvageon
et peu découpées.
à feuil- 49
cette pourrette qui a acquis assez de force ,
c'est-à-dire toute celle qui a environ 1 pied lesjlarges et entières 62
de haut ou un peu plus, et on la plante en 6-JD'un Mûrier greffé (M. ro
pépinière dans un terrain convenablement main, Audiuert ) 80
iréparé et dans des rayons tracés à 2 pieds 7° D'une autre variété de M.
es uns des autres, en plaçant chaque pour grefjé, dite feuille-rose 89 .
rette à la même dislance, et de manière que 8° D'une 3° variété de M. gref- ■„
la plantation se trouve disposée en quinconce. fé, dite grosse -reine 105
On doit éviter en arrachant la pourrette de 9°
10°D'un
D'unMûrier-Moretli.
second M. Moretti,
.... 111
la tirer hors de terre en employant seule
ment la force de la main, ce qui brise et plus vigoureux 118
endommage toujours plus ou moins ses raci 12"
11° D'un
D'un second
M. multicaule.
M. multicaule
... 180
nes, et nuit à la reprise du jeune plant; mais
il faut se servir de la fourche ou de la bêche plus vigoureux 206
pour soulever la terre ; par ce moyen toutes Il est bien facile de comprendre, si l'on
les racines et même leurs plus petits cheve compare le poids proportionnel des feuilles
lus se trouvent parfaitement intacts. Toute fourni par chacun de ces douze arbres, qu'il
la pourrette trop faible pour être transplan y aurait un grand désavantage à se servir de
tée est laissée dans les plates-bandes où elle celles des premières, puisqu'elles exigeraient
a été semée; à la fin de l'hiver, on la coupe autant de temps pour être cueillies ( et la
rez-terre afin de lui faire produire un plus cueillette des feuilles fait une grande partie
beau jet dans le courant de la belle saison de la dépense dans les éducations de vers-à-
suivante. Il est préférable d'employer le sé soie), que celles des dernières qui fourni
cateur pour faire ce recépage ; il n'ébranle raient aux vers 1 à 5 fois et jusqu'à 10 fois
pas, comme le fait la serpette, les racines en plus de nourriture. On ne devra donc con
core faibles, et il offre l'avantage de prati server sans les greffer, dans un semis de
quer l'opération beaucoup plus prompte- mûriers sauvageons, que le petit nombre
ment. d'individus qui présenteraient des feuilles
Lorsque la pourrette commence à pousser, plus larges, plus étoffées, se rapprochant en
soit celle qui a été transplantée en pépinière, fin par leur apparence des variétés déjà cou-
soit celle qui a été laissée en place, il faut nues que l'on conserve et propage habituel
avoir soin de retrancher les jeunes rameaux lement par la greffe. Quant à la plus grande
qui croissent latéralement, avant qu'ils aient partie qui ne présentera que, des petites
pris beaucoup de consistance, et il sera bon feuilles plus ou moins découpées, tous les
que cette opération précède toujours chaque jeuues plants qui seront de cette nature de
binage. Quant à la pourrette qui aura été vront être modifiés par la greffe.
recepée, on ne lui laisse qu'un bourgeon, et
pour que celui-ci forme un beau jet, on a § III.—Delà greffe des mûriers.
également soin de retrancher de bonne heure
toutes les pousses latérales ; on ne souffre Les sauvageons de mûrier peuvent être
pas surtout qu'il en croisse dans le bas, afin greffés de plusieurs manières : en fente, en
qu'il se forme des liges bien droites et bien écusson et en flûte ; mais ces différentes
unies , sur lesquelles la greffe est bien plus sortes de greffes ne réussissent pas toutes
facile à pratiquer. également bien. La première, outre qu'elle
Quoique le mûrier blanc ne soit pas cultivé est sujette à manquer, esl aussi plus longue
pour le fruit qu'il rapporte, on est cependant à pratiquer, ce qui fait qu'elle n'est que peu
presque généralement dans l'usage de le trai ou point en usage, si ce n'est pour des ar*
CHAP. 11e. DU MURIER. 125
bres déjà très-âgés ou trop gros pour qu'ils dessus du tas ce qu'il croit pouvoir employer
puissent être entés d'une autre manière. de rameaux en un travail suivi pendant 3 à
Dans tous les cas, il n'y a qu'une époque 4 heures, et prenant successivement chacun
Îiour la pratiquer, c'est la fin de l'hiver, ou de ces rameaux, il les serre dans la main
es premiers jours du printemps. gauche, en commençant par le bas et en finis
La greffe en écusson peut se faire à deux sant par le haut. En même temps que chaque
époques différentes : la première à œil pous partie d'un rameau est maintenue et serrée
sant, dans les derniers jours de juin ou dans par la main gauche, il imprime avec la droite
les premiers du mois suivant; la seconde, un mouvement de torsion au rameau, et, par
dite à œil dormant, dans le courant de sep ce moyen, il détache peu-à-peu l'écorce du
tembre. Celte sorte de greffe est facile à bois, de sorte que quand celle-ci n'y adhère
faire et très-expéditivc ; mais elle s'adapte plus , il pourrait la tirer tout d'une pièce
moins bien au sujet, ce qui fait que les jets comme un long fourreau; mais il la laisse
qu'elle donne sont plus exposés à être brisés pour le moment à sa place jusqu'à ce qu'il
par les vents, et enfin, ils manquent à re ait ainsi fait subir cette préparation prélimi
prendre dans une proportion plus grande naire à tous les rameaux qu'il doit employer
que dans la suivante. dans la journée. C'est là la partie la plus
Dans la plupart des pays où la culture du difficile, parce qu'il faut faire grande atten
mûrier est répandue, c'est à la greffe en flûte tion, en serrant d'une part les rameaux et en
ou en sifflet qu'on donne la préférence. Quoi cherchant de l'autre à en détacher l'écorce
qu'elle ne présente pas de difficultés en ap par un certain mouvement de torsion, de ne
parence, il faut cependant une main exercée pas endommager les yeux qui sont la partie
à cette opération pour qu'elle soit pratiquée essentielle de la greffe. Tout ce qui restera
avec succès. M. Camille Beauv Ais,qui, depuis à faire après, sera très-facile, puisqu'il ne
7 ans, a planté, aux Bergeries de Senart, à s'agit plus, pour préparer chaque greffe, que
quelques lieues de Paris, plus de 14 hec de faire une incision circulaire au-dessous
tares en mûriers, a vu, pendant les premiers et au-dessus de chaque œil, de manière que
temps, échouer en grande quantité les greffes celui-ci fasse partie et se trouve à peu près
de cette sorte qu'il faisait faire chaque année, au milieu d'un anneau d'écorce de 8 a 10
quoiqu'il employât, pour les pratiquer, les lignes de hauteur au plus. Quand cela est
plus habiles garçons des meilleurs pépinié fait, chaque anneau qui n'adhère déjà plus
ristes de Paris, et comme cela lui occasio- au bois, s'en dégage avec facilité, et l'ouvrier
nait un dommage notable, il s'est décidé à l'en sépare tout-à-fait, en commençant alors
faire venir de Gange, pays où la culture du par le supérieur, et en descendant successi
mûrier est florfssBme, un ouvrier habitué vement jusqu'au plus inférieur. A mesure
et très-exercé à pratiquer la greffe en flûte, que chaque anneau est complètement déta
et dès - lors ses greffes ont réussi dans une ché du bois, l'ouvrier le met dans un pot de
proportion bien plus considérable; c'est terre, au fond duquel est un linge mouillé
tout au plus s'il en voit manquer un dixième. assez grand pour qu'il puisse, en le repliant,
Avant été visiter plusieurs fois la magnane en envelopper les anneaux destinés à servir
rie et les plantations de mûriers de M. Ca de greffes, et lorsqu'il en a ainsi préparé ce
mille Beauvais, j'ai vu des milliers de cette qu'il peut en employer en 3 à 4 heures , il se
espèce d'arbre, qui, greffés en flûte dans les transporte au pied «les mûriers sur lesquels
premiers jours de juin, avaient, à la fin il doit opérer. — Comme la principale diffi
d'août, poussé des rameaux de trois pieds culté de la greffe en flùle consiste à bien
et plus. D'après cela, je crois utile de faire détacher l'écorce du bois, ne la rendrait-on
connaître avec quelques détails les procédés pas plus facile, au lieu de séparer cette
employés par l'ouvrier de Gange qui travaille écorce en un long fourreau tout d'une pièce,
aujourd'hui aux Bergeries de Sénart, les en faisant d'abord l'incision circulaire qui
quels m'ont paru faciles à comprendre, de doit servir à diviser chaque anneau, qu'on
sorte que ceux qui voudront suivre avec exac laisserait toujours sur le bois jusqu'au mo
titude la description que je vais en donner ment de séparer tous les anneaux à la fois,
pourront également réussir. — Voici com comme on le pratique habituellement pour
ment on s'y prend pour faire ces greffes en ce genre de greffe? — Quoi qu'il en soit,
flûte : on coupe vers le 15 d'avril ou un peu l'ouvrier doit faire en sorte d'avoir à sa dis
plus tard, selon que la sève, monte plus position des anneaux qui soient autant que
Ïiromptenient ou plus tard dans les mûriers, possible de la même dimension que les tiges
es rameaux destinés à fournir les greffes ou les rameaux auxquels il doit les adapter.
dont on aura besoin quand l'époque de les Cette précaution ayant été prise, il retran
placer sera venue, et, aussitôt qu'ils sont che, avec une forte serpette, la partie supé
coupés , on les dispose, couchés les uns à rieure de la tige ou de la branche à greffer,
côté des autres, sous un hangar à l'abri de et il pratique sa coupe aussi horizontalement
la pluie et du soleil. Lorsqu'on en a formé qu'il le peut. Cela étant fait, il détache, avec
un lit de 2 à 3 pieds de largeur, on les cou 1 ongle du pouce droit, l'écorce du sujet en
vre d'une couche de 2 pouces de sable ou de 5 à 6 lanières ou languettes qu'il rabat en
terre qui soit fraîche sans être humide, par dehors, de manière à mettre à nu 8 à 10 li
dessus laquelle on dispose un second lit de gnes de bois, enfin, la même hauteur qu'ont
rameaux , puis une nouvelle couche de sa ses anneaux ou ses greffes; ensuite, il choisit
ble, et ainsi de suite alternativement, jus dans son pot l'anneau qui s'adapte le mieux
qu'à ce qu'on en ait formé un tas de 20 pou à la portion de bois qu il a mise à nu sur le_
ces à 2 pieds de hauteur. Lorsque le moment sujet, l'en enveloppe en faisant descendre
de greffer est arrivé, l'ouvrier prend sur le l'anneau jusqu'à ce que tout le bois dénudé
t»6 CULTURES INDUSTRIELLES : DU MURIER. ET DE SA CULTURE. liv. n.
soit recouvert. Si la greffe se trouve un peu
lâche, il prolonge ses lanières en les faisant § IV. —Entretien, taille et plantation des mûriers.
descendre plus bas jusqu'à ce qu'elle soit
assez serrée contre le bois, car il vaut mieux
en général que l'anneau entre sur le sujet Tous les mûriers greffés en pépinière,
avec quelque difficulté que d'être trop lâche; qui ont fait une tige de 7 pieds on plus, sont
il peut même se fendre dans une partie de coupés au mois de mars suivant à une égale
sa hauteur, pourvu que ce soit du côté op hauteur, le plus souvent à 6 pieds, plus rare
posé à l'œil. Lorsque la greffe est suffisam ment au-dessus ou au-dessous. Les arbres
ment entrée dans le sujet, l'ouvrier empoigne ainsi ététés poussent au commencement de
doucement celui-ci au-dessous des languettes la belle saison, tout le long de leur tige.de
pour les relever un peu autour de l'anneau, nombreux bourgeons qu'on a soin de suppri
et la greffe est terminée, sans avoir besoin mer peu après qu'ils ont commencé à pa
d'appliquer aucune ligature ni aucun mas raître, en prenant l'arbre à poignée et en
tic. glissant la main du haut en bas ; on ne ré
Comme celle de tous les arbres laclescens, serve au sommet que 8 à 4 bourgeons desti
la greffe du mûrier a besoin d'être faite par nés à produire les branches principales qui
un beau temps; s'il survient de la pluie après doivent former la tête de l'arbre.
qu'on l'a pratiquée, cela en fait souvent man Déjà à l'automne suivant tous les mûriers,
quer beaucoup. Pour parer à cet inconvé qui jusque là seront bien venus, pourront
nient, il est bon. lorsque le temps est à la être transplantés à demeure ; ils ont alors ce
pluie, de recouvrir ou de coiffer pour ainsi qu'on appelle, en termes de pays, nn an de
dire le sommet de chaque greffe avec une chapeau, et deux ans de chapeau si on les
coquille vide d'escargot d'une grosseur con laisse un an de plus.
venable ; cela empêche l'eau de s'infiltrer Quant à ce qui est du mûrier greffé f"
entre le bois et l'écorce. tête, à la hauteur de 6 à G pieds, comme le
Les greffes en flûte faites de la manière sauvageon a toujours les fibres plus serrées
qui vient d'être expliquée reprennent en que la greffe elle-même et les branches qui
général avec tant de facilité que, par un en proviennent, il en résulte ordinairement
temps favorable, elles sont parfaitement avec le temps un bourrelet plus ou moins
soudées sur le sujet en moins de 24 heures , considérable au point de l'insertion, et la
et que quelques jours après on voit les yeux tête venant à prendre des dimensions hors
commencer à se gonfler, et au bout de 8, de proportion avec le sujet, il lui arme
il y a des greffes qui ont déjà développé 2 à quelquefois d'être rompue par un coup de
3 feuilles. J'ai vu, le 23 août de cette année vent. Cependant on doit dire que rien n'est
(1835), des mûriers à haute tige, qui, ayant mieux tenu dans les Cévennes que les mu-
été greffés le 5 du même mois, avaient déjà riers greffés de celte manière; ils font la
fait des pousses de 2 pouces de longueur et richesse du pays, et les Cévennais n'y épar
développe' 9 à 10 feuilles. gnent pas les soins. Les collines, pour peu
La greffe en flûte peut se pratiquer depuis qu'il s'y rencontre de terre végétale, sont
le 10 ou 15 de mai jusque dans les premiers employées à la culture de ces arbres, pour
jours d'août, et un homme bien exercé peut laquelle on pratique des terrasses, des murs
en faire par jour 250 à J00. pour soutenir les terrains dont ou augmente
On ne greffe pas le sauvageon au même la fécondité par des engrais, par des trans
âge dans tous les pays. En Provence, en ports de nouvelles terres; aussi des terrains
Italie, et particulièrement dans le Véronais, ainsi cultivés qui, sans tous ces soins, se
où la culture du mûrier peut servir d'exem raient de nulle valeur ou n'en auraient qn'ime
ple, on greffe toujours près du collet de la très-minime, sont d'un prix fort élevé dans
racine, lorsque les sujets ont acquis au les environs d'Anduze, d'Alais, et autres lieux
moins 18 à 20 lignes de tour à leur base. des Cévennes, surtout auprès des villes et
Dans les Cévennes, an contraire, on ne greffe des villages populeux.
guère les mûriers qu'en tête, et lorsqu'ils Si cela n'exigeait pas une dépense considé
sont déjà plantés à demeure depuis un an ou rable, il serait fort avantageux qu'on put
deux. La première de ces deux méthodes défoncer complètement, à 2 ou 3 pieds de
parait offrir plus d'avantages : 1° dans une profondeur, le terrain qu'on destine à une
etile étendue de terrain, on peut rassem- plantation de mûi iers;mais,commeun tel tra
c ler un nombre plus ou moins grand d'arbres vail deviendrait trop dispendieux, on doit se
qui sont bien plus faciles à soigner que lors contenter de faire des trous de dislance en
qu'ils sont éloignés les uns des autres, et distance, là oii l'on doit planter les arbres.
répandus çà et là dans les champs ; 2° la greffe La largeur et la profondeur à leur donner
faite près du collet des racines, point vital peuvent varier selon la force des plants;
de l'arbre, reprend toujours plus facilement mais, en général, ces trous ne doivent jamais
que celle qui est faite sur le* branches. avoir moins de 4 pieds de largeur sur 2 de
Dans les pépinières du midi de la France, profondeur. On devra augmenter l'une et
oii les fumiers, les labours, les binages et les l'autre de ces dimensions si les mûriers sont
arrosemens sont abondamment répartis aux déjà forts, et, d'ailleurs, on ne risque jamais
mûriers greffés, on obtient souvent, dans rien de faire des trous trop grands ; car plus
l'année qui suit l'application de la greffe, il y aura de terre remuée, plus les arbres
des jets de 7 à 8 pieds de haulenr, et quel prospéreront. Le comte Verbi, qui a publie
quefois même il s'en trouve qui ont jusqu'à un très-bon Traité sur l'art de cultiver les
10 pieds. mûriers, conseille même de donner aux Irons
8 pieds en carré et 2 pieds 1,2 en profondeur.
chap. il*. DU MURIER. 127
Dans tous les cas, il faut choisir pour les creu plus avantageux de faire ses plantations en
ser le temps où la terre n'est pas mouillée, automne, parce qu'alors les arbres peuvent
surtout dans les terrains argileux dont les profiter des pluies de l'hiver, commencer à
mottes se durcissent alors au point qu'on ne faire de nouvelles racines avant la fin de
peut plus quelquefois les rendre propres à la cette saison, et entrer plus tôt en végétation
végétation. S'il est possible de les faire creu au printemps. Dans les terres qui sont au
ser plusieurs mois à l'avance, cela n'en vaudra contraire humides, fortes et argileuses, on
que mieux, parce que cela facilite à la terre ne doit planter qu'à la fin de l'hiver , et les
fraîchement remuée les moyens de se- boni racines des arbres n'ont pas besoin d'être
fier par l'impression de l'air et des pluies. placées aussi profondément. Il est bon, avant
Il est très-avantageux, en faisant creuser les de planter les mûriers, de ficher dans leur
trous, de faire en sorte que les ouvriers aient trou, immédiatement à côté de la place qu'ils
le soin de séparer les terres qui en sortent; il doivent occuper, un pieu assez gros,' assez
faut leur faire mettre sur un des bords la droit et de longueur convenable, auquel on
couche supérieure de terre avec les gazons les assujettira avec plusieurs liens d'osier,
qui recouvraient le Sol ; ensuite on leur fait afin de les garantir des ébranlemens qu'ils
jeter sur un autre bord la terre du fond, et, pourraient éprouver de la part des vents ou
si le terrain est pierreux, il est bon de sépa des' bestiaux.
rer toutes les pierres sur un troisième bord, La distance à mettre entre chaque arbre ne
ce qui ne se pratique presque jamais. La peut être fixée d'une manière absolue, cela
terre retirée la première est la plus fertile, dépend de la fertililé plus ou moins grande
«lie servira avec les gazons, lors de la plan du sol, et de l'emploi auquel il est desliné.
tation, à mettre au fond du trou et à recou Si les mûriers ne font pas la principale cul
vrir les racines afin de leur faire un bon ture, et qiie ceux-ci ne soient plantés qu'en
fond et faciliter leur reprise. La terre tirée bordure , parce que le champ est d'ailleurs
la dernière sera remise ensuite pour remplir consacré a des céréales, des plantes à four
le trou, et on finira par placer les pierres par rage ou autres, ce n'est pas trop, dans les
dessus le tout, pour en faire une dernière bons fonds, de mettre 30 a 36 pieds d'inter
couche à la surface du sol. Cette manière de valle d'un arbre à l'autre ; 20 à 24 pieds suffi
faire entretient la fraîcheur des racines et ront dans ceux qui sont médiocres, et 15 à
les préserve de la sécheresse; car l'observa' 18 quand ils seront mauvais. Mais, lorsqu'on
tion apprend que les pierres empêchent l'é xaut consacrer tout le terrain à une planta
vaporalion de l'humidité de la terre . et que tion de mûriers, on rapproche ces arbres
le sol qui est placé au-dessous d'elles con beaucoup plus, et 16 à 18 pieds dans les
serve toujours delà fralcheur,quelquegrandc meilleurs sols seront une distance convena
que soit d'ailleurs la sécheresse. ble pour ceux à haute tige, et 6 à 10 pieds
Les mûriers qu'on enlève de la pépinière suffiront pour les nains.
pour les planter à demeure doivent être ar
rachés avec tout le soin possible ; il faut tou $ V. — Conduite des mûriers plantés.
jours chercher à leur conserver le plus de
racines qu'on pourra, en fouillant largement Le mûrier en plein vent étant planté à de
autour de leur pied, en enlevant la terre avec meure, il ne faut pas croire qu'il ne demande
précaution, et pour éviter de blesser les ra filus de soins et qu'on peut l'abandonner à
cines avec la pioche ou la bêche, on les dé ui-même; c'est, au contraire, un arbre qui
tache du sol avec la main toutes les fois que en exige toujours.
cela est nécessaire. On ne doit faire arracher Beaucoup trop de personnes pressées de
les arbres de la pépinière que lorsque tout est jouir font cueillir les feuilles de leurs mû
disposé pour leur transplanta lion, et s'il arrive riers dès la troisième année après la planta
que celle-ci ne puisse avoir lieu tout de suite, tion, et même dès la seconde, ce qui est très-
on doit recouvrir les racines avec de la grande pernicieux pour ces arbres. Pour qu'un
paille ou de la litière, afin de les préserver mûrier puisse prospérer, il faut, suivant la
du haie. fertilité du sol et selon les progrès de la végé
Avant de placer à demeure les mûriers tation de l'arbre, ne cueillir sesfeuilles qu'à
dans les trous qui leur sont destinés, il im la 4' et même à la 5e année. On lui laisse alors
porte de les tailler régulièrement, et de ne le temps de se fortifier, et les récoltes qu'il
Ieurlaisserque3à5 branches bien disposées, donne par la suite dédommagent amplement
qu'on taille à X ou 3 yeux, et on fait la résec le propriétaire du léger produit que lui au
tion de toutes les autres. En même temps on raient fourni des récoltes anticipées.
rafraîchit tes racines, en coupant bien net Tant qu'on ne cueille pas la feuille des mû
l'extrémité de toutvs celles qui , lors de l'ar riers pour eu nourrir les vers-à-soie, il faut
rachement, ont été mutilées ou endomma les tailler au commencement de mars, ou à la
gées par une cause quelconque. fin de ce mois, selon que la végétation est
C'est d'après la nature du terrain qu'on plus ou moins précoce dans le pays ou l'on
devra décider s'il convient de planter les est ; mais, lorsqu'une fois on dépouille les
mûriers plus ou moins profondément. Quand arbres de leurs feuilles, c'est aussitôt que la
le sol est léger, rocailleux, ou très-exposé cueillette est terminée qu'où doit les tailler.
aux ardeurs du soleil, il est toujours à pro Comme c'est principalement de la bonne
pos d'enfoncer les arbres davantage, sans conduite des mûriers, dans les premières
cependant jamais enterrer la greffe , afin années de leur plantation, que dépend leur
qu'ils soient moins exposés à la sécheresse. réussite future, on ne saurait apporter trop
Dans les terrains de, celte nature, surtout d'attention à les bien gouverner; voici comme
dans les pays du Midi, il est aussi beaucoup ils doivent l'être. Daus la première année de
128 CULTURES INDUSTRIELLES : DU MURIER ET DE SA. CULTURE, uv. n
la plantation, on ne laissera, lors de la pousse, mais on reproche aux feuilles venues sur
que deux bourgeons à chaque bout de bran les mûriers après cet émondage, d'être trop
che, en préférant toujours ceux qui sont en aqueuses et de ne pas fournir aux vers une
dehors et dans un sens opposé l'un à l'autre. nourriture de bonne qualité. Cet ébranche-
Ensuite on visitera souvent les arbres pour ment, renouvelé ainsi tous les 3 à 4 ans, nuit
retrancher, chaque fois, les pousses inutiles surtout à la durée des arbres, et, dans les
ou mal placées. Il ne faut rien semer dans le lieux où cet usage existe, les plantations de
terrain qui est autour du pied des jeunes ar mûriers dépérissent irès-promptement. Il
bres, mais il faut le biner trois fois ou tout au parait donc préférable de tailler ces arbres
moins deux fois dans le courant du printemps tous les ans et de le faire selon des règles re
et de l'été, ce qui devra se renouveler tous connues les meilleures. Ainsi, la taille à la
les ans de la même manière. — Lors de la quelle on soumet chaque année les mûriers,
deuxième année, on donne, dans le courant après qu'ils ont été effeuillés pour la nourri
de l'hiver ou au plus tard dans le commence ture des vers-à-soie , doit avoir pour but :
ment de mars , un bon labour autour des mû 1° de décharger les arbres des branches mor
riers, dans toute l'étendue du trou où ils ont tes et de celles qui auront pu être cassées et
été plantés, et ce labour devra être répété endommagées parle cueilleur; 2° de retran
tous les ans à la même époque. Dans le même cher les branches d'une végétation trop faible
temps on visite les liens d'osier qui fixent et celles qui, placées dans l'intérieur de l'ar
chaque arbre à son tuteur; on renouvelle bre, l'empêcheraient d'être convenablement
tous ceux qui pourraient le trop serrer ou évasé ; 3° d'arrêter les branches qui poussent
n'être pas solides. Quant à la taille, on coupe trop vigoureusement, surtout dans la partie
à une hauteur convenable les pousses de la supérieure des arbres, afin de s'opposer à ce
première année, toujours près des yeux, en qu'ils s'élèvent outre-mesure; 4" de raccourcir
ayant soin de ne (raccourcir que les jets vi les branches qui paraîtraient vouloir s'éten
goureux et de laisser intacts ceux qui sont dre horizontalement , et de supprimer celles
faibles. Lorsque les arbres commenceront à qui sont pendantes; 5° de replacer dans leur
pousser, on les gouvernera comme il a été dit situation naturelle celles qui auraient pu être
pour la première année.—A la troisième et à la forcées pendant le cueillage.
quatrième année, la taille continue à se faire On ne doit employer pour la taille que des
au mois de mars , d'après ce qui vient d'être ouvriers adroits, qui se serventd'uneserpette
dit, et elle doit être faite de manière.à donner bien tranchante ou du sécateur. Il ne faut pas
aux arbres une forme agréable à la vue et en surtout la confier aux fermiers, auxquels on
même temps commode, c'est-à-dire que leur serait convenu de laisser le produit de l'éla-
tête doit être vide en dedans et bien garnie gage, parce que ces gens là ne voyant que la
toutautour.— Règlegénérale, il ne faHt jamais perle que leur occasione l'ombre des arbres,
pratiquer la taille lorsqu'il pleut, ni, lorsqu'on cherchent à s'en dédommager en leur faisant
l'exécute, appuyer d'échelle sur les jeunes couper beaucoup de bois. A ce qui vient d'ê
arbres, encore moins grimper dessus, parce tre dit, il faut ajouter que pour avoir de
que les secousses qu'on leur donnerait se beaux mûriers on ne doitjamais les effeuiller
raient très-nuisibles. On doit toujours, j usqu'à en automne pour en nourrir les bestiaux; on
ce que les mûriers soient très-forts, se servir doit attendre que la feuille tombe d'elle-
d'une échelle double. L'échelle-brouette, re semencermême. Il fautautour
aussidubien
pied
se des
garder
mûriers,
de fairemais
en-,
commandée et figurée d'abord par le comte
Verri et ensuite par M. Bonafous et autres, tenir au contraire celle jpartie constamment
m'a paru manquer de solidité et ne pouvoir en labour.
être employée que lorsqu'elle est réduite à de Le bois qui provient de l'émondage ou de
petites dimensions. la taille est très-utile dans les Cévenues pour
C'est une mauvaise méthode d'abandonner chauffer les fours, les fourneaux, etc., d'après
les mûriers adultes à eux-mêmes, comme on ce que nous a fait connaître M. Oct. de Cha
le fait dans quelques cantons, parce que les pelain, propriétaire-cultivateur dans les Cé-
arbres donnent alors des feuilles plus petites, veunes, qui nous a adressé de fort bons docu-
en moindre quantité, et surtout plus difficiles mens sur le mûrier.
à cueillir, ce qui est un grave inconvénient, Après tous ces soins, il ne reste plus qu'à
parce que cela augmente les frais de la cueil- Jumer les mûriers: c'est ce qu'on lait ordi
I et te, ton t en en diminuant le produit.Cela a de nairement tous les 3 à 4 ans ; outre les en
plus un autre inconvénient,c'estquecesarbres grais ordinaires, la litière des vers-à-soie
rapportent beaucoup plus de fruits, lesquels qu'on a laissée pourrir pendant quelque
sont, non seulement nuisibles au produit de temps, est très-propre à servir de fumier, et
la feuille, mais sont encore une cause d'alté les arbres se trouvent ainsi fertilisés par
ration pour la litière que les vers laissent leur propre dépouille.
après avoir mangé, ce qui peut être pour eux
une cause de maladie. La taille, au contraire, § VI.— Cueillette des feuilles.
rend les feuilles plus abondantes, plus gran
des et bien plus faciles à récoller; mais, La cueillette des feuilles exige des soins
dans tous les pays où elle est pratiquée, elle qu'on ne lui donne pas toujours; ainsi il ne
ne s'exécute pas de la même manière. Tous faut pas laisser la moindre feuille sur les
les 3 à 4 ans, dans certains pays, on rabat arbres, car s'il en reste sur quelques bran
toutes les branches secondaires pour ne lais ches, la sève y est attirée au détriment de
ser que les mères-branches, quidonnentalors
des pousses vigoureuses dont les feuilles sont celles qui sont dépouillées. Les jeunes mû
riers doiveut être dépouillés les premiers,
très-larges et dont la cueillette est très-facile; afin qu'ils aient plus de temps pour pousser
chai". 11'. DU MURIER. 12»
leurs secondes feuilles. Cela offre d'ailleurs i que pour cela on appelle mûriers nains.
l'avantage de ne donner aux vers, dans leurs Ils ne peuvent guère être placés en bordure,
derniers âges, que la feuille des arbres âgés 11 faut leur consacrer exclusivement tout le
qui leur convient mieux. La taille devant terrain dans lequel on les plante. M. Camille
suivre immédiatement la cueillette, et, une Beauvais a planté ainsi presque tous ses
grande partie des rameaux effeuilles devant mûriers. Dans les premiers temps, il laissait
être raccourcis, c'est à l'ouvrier chargé de ce entre chaque arbre 12 pieds d'intervalle dans
dernier ouvrage à remédier au dommage un sens et 6 pieds seulement dans l'autre, et
qu'a pu faire le cueilleur. Les échelles doubles ainsi espacés, un arpent pouvait en contenir
sont préférables pour cueillir les feuilles, à environ 500; mais, depuis deux ans, il met
celles qui sont simples et qu'il faudrait ap 12 pieds d'intervalle dans tous les sens entre
puyer sur les arbres, et ce n'est que lorsque chacun de ses mûriers, et par conséquent il-
ceux-ci sont devenus [très-gros qu'on peut se n'en a plus que 250 par arpent. II trouve par
permettre de monter dessus. cette dernière pratique, que la culture de
Comme les vers-à-soie ne mangent pas les ses arbres est plus facile, et il espère que
feuilles malpropres ni celles qui sont flé ceux-ci deviendront plus beaux. M. C. Beau-
tries, il faut éviter tout ce qui pourrait vais dispose en vase tous ses mûriers ainsi
ou les salir ou les flétrir. On doit s'abste plantés, et chaque année, après la cueillette
nir de cueillir la feuille qui est couverte des feuilles, il les fait ravaler sur 3, 4 à 5 bran
d'un enduit visqueux nommé vulgaire ches principales et à 2 pieds ou 2 pieds 1/2-
ment miellée , parce que cela est contraire de terre. Chacun de ces arbres nains, âgé de
à la santé des vers. Celle qui a des taches 7 ans, lui a fourni cette année 40 à 50 livres
qu'on nomme rouille, n'est pas mauvaise de feuilles, c'est-à-dire beaucoup plus de
pour cela, parce que ces insectes ne man lOOj quintaux par arpent. J'ai vu aussi aux
gent que la partie saine. Bergeries une plantation de mûriers sauva
Les ouvriers chargés de cueillir les feuilles geons faite dans 24 perches seulement, et
sont munis de grands tabliers dont ils relè plantés à 3 pieds les uns des autres, laquelle
vent les deux coins du bas en les fixant à leur a donné 58 quintaux de feuilles, ce qui parai
ceinture, et lorsqu'ils ont rempli ces tabliers, trait prouver qu'il y aurait de l'avantage à
ils descendent de l'arbre et mettent ce qu'ils rapprocher les mûriers nains, puisqu'en
ont de feuilles dans des sacs. supposant qu'un arpent entier fût planté de
La feuille cueillie aveoles précautions con celte dernière manière, il pourrait rapporter
venables peut facilement se conserver deux plus de 200 quintaux de feuilles, tandis qu'en
à troisjours et même jusqu'à quatre, en ayant espaçant les mûriers à 12 pieds, on n'en ob
soin de la tenir dans des lieux bas, secs et tient guère que la moitié.
privés de lumière. Quand on en fait des amas Les mûriers nains* comme on vient de le
un peu considérables, parce qu'on craint la voir, ont le grand avantage de fournir beau
pluie, on doit toujours éviter que les feuilles coup de feuilles, et d'une feuille très-facile à
ne soient trop pressées, et il faut avoir cueillir ; car ces arbres ne devant pas s'élever
la précaution d'y enfoncer la main plusieurs au-delà de 8 à 9 pieds tout au plus, cela per
fois par jour, pour s'assurer qu'il ne s'y dé met de saisir leurs branches les plus élevées
veloppe pas de chaleur et par conséquent de étant placé sur le sol même de la plantation.
fermentation. Si cela arrivait, on remue et on Ce mode de culture, encore nouveau chez
agite les feuilles; par là on prévient cet ac nous, est très-anciennement usité à la Chine,
cident qui pourrait altérer assez la feuille car leP. du Halde, dans la description de cette
pour la rendre hors d'état de servir. contrée, dit que dans la province de Tche-
Pour les autres détails de la cueillette des Kiang, qui est la plus riche de l'empire en
feuilles de mûrier, nous renverrons à l'article soie, on voit quantité de champs remplis de
des Ans agricoles (Tom. III, pag. 124), où il en mûriers nains, qu'on empêche de croître, et
est traité a propos de {'Education des vers-à- qu'on plante et taille à peu près comme les
soie. vignes.
Dans tous les pays où les habitans des On a proposé de faire des semis de mûriers
campagnes et même des villes se livrent à en plein champ, et l'on a dit qu'on pourrait
l'éducation des vers-à-soie, les feuilles du les faucher deux fois par an. Je ne crois pas
mûrier se vendent au quintal pesant, et d'a ce moyen praticable, du moins dans nos cli
près l'estimation des personnes expérimen mats, parce que les semis de mûriers exigent
tées en ce genre. On estime en général qu'un beaucoup de soin pendant leur première an
mûrier dont les rameaux bien garnis peuvent née et même pendant les suivantes. Mais, en
couvrir une, deux ou trois toises carrées de supposant qu'on pût faire des prairies de mû
surface, doit fournir autant de quintaux de riers en repiquant déjeunes pourretles à 3
feuilles. Le prix courant du quiutal , en gé ou 4 pouces les unes des autres, ces prairies
néral, poids de table ou seulement de 80livres seraient très-dispendieuses à établir, et elles
métriques, est depuis quelques années de ne donneraient cependant qu'un mince pro
3 fr., mais il va quelquefois jusqu'à 5 fr. duit, parce que leurs petites tiges, toujours
rabougries, ne pourraient pousser que de
§ VII. -Des mûriers nains, en prairies, en haies, faibles bourgeons, et que les mauvaises
en taillis. herbes les auraient bientôt détruites, à
moins de soins réitérés et coûteux de sar
Après avoir parlé avec détail du mûrier clages, car il m'a paru qu'il serait très-dif
planté en plein vent pour faire de grands ficile de les faire biner. J'ajouterai que,
arbres, je vais dire quelque chose de ceux d'après les essais que j'ai faits en ce genre ,
qu'on réduit à de plus petites dimensions et ces espèces de prairies ne pourraient jamais
AGBlCTILTlInE. 76* livraison. TOM* II. I"
donner qu'une
130 CULTURESseule INDUSTRIELLES
coupe par an : DU MURIER ET DE SA CULTURE. LIV. II.
et non pour les donner à la volaille et aux cochons
2 à 3 comme on l'a avance. qu'ils engraissent promptement.
Des haies de 5 à 6 pieds de hauteur, plan Les feuilles ramassées à l'automne après
tées à la même distance les unes des au leur chute spontanée, et séchées, peuvent
tres, ou en remplacement des haies actuelles servir pendant l'hiver pour la nourriture des
pour enclore les héritages, et taillées à la bestiaux. Quand elles sont fraîches, tous les
manière des charmilles, seraient beaucoup herbivores les mangent avec avidité.
plus faciles à cultiver : elles seraient d'un Le bois du mûrier blanc a le grain fin, assez
entretien beaucoup moins dispendieux, et serré, d'un jaune citron agréable, et il est
elles fourniraient certainement deux à trois susceptible de prendre un beau poli, ce qui
fois plus de feuilles que le semis à faucher. le rend propre à la menuiserie. Dans les
La cueillette sur les haies de mûrier est fa pays où il est commun, on en fait de jolis
cile et économique; elle peut se faire soit meubles de toute sorte; malheureusement,
aux ciseaux, soit au croissant. dit M. de Chapelai.v, il passe bientôt au
Rosier a conseillé de planter le mûrier- brun, et les veines, qui étaient très-jolies,
pour en faire des taillis, dans les pays dénués perdent alors une partie de leur éclat. Il est
de bois, dans ceux où l'on cultive la vigne et aussi propre pour le charronnage, pour
où l'on a besoin d'échalas, dans les terrains douves de cuves et tonneaux, et pour faire
mont ueux, rocailleux, dont on ne saurait ti des échalas qui sont d'une assez longue du
rer presque aucun parti. Mais, d'après les rée. Pour l'empêcher d'être sujet à la ver
essais que j'ai faits en ce genre, il m'a paru, moulure, il ne faut l'exploiter [que pen
au moins dans le climat de Paris, que cet dant Quoiqu'il
l'hiver. yC'est
ait aussi
beaucoup
un bonplus
boisdea 200
brûler.
ans
arbre ferait de fort mauvais taillis. Ayant
laissé sans culture, il y a 4 ans, et d'ailleurs qu'OLiviER de Serres découvrit qu'on pou
dans un bon sol, une assez grande quantité vait retirer de Vécorce du mûrier une niasse
de mûriers, tous ces arbres sans exception propre à faire des cordes et des toiles, cette
ont cessé de s'élever d'une manière bien sen découverte est, cependant, restée presque
sible; ils ont formé des buissons épais, héris dans l'oubli depuis le temps du patriarche
sés d'une multitude de branches secondaires, de notre agriculture, et personne que je
et, loin d'être propres à former des échalas sache n'a tenté d'exploiter le mûrier sous ce
comme l'espérait Rosier, ils ne pourront rapport ; la seule tentative que (je connaisse
faire que d'assez mauvais fagots, et tout à ce sujet, est celle mentionnée dans le Bul
autre bois à leur place eût produit beaucoup letin des sciences agricoles de M. le baron
davantage. Il ne pourrait d'ailleurs en aucune de Fêrussac (oct. 1823). M. Madiot a retiré
manière être planté avec d'autres bois, parce en 1820 , avec les préparations convenables,
qu'il serait promptement dominé par les des jeunes branches du mûrier, une filasse
autres essences. douce au toucher, qui offrait presque l'appa
On trouve encore dans les auteurs qui ont rence de la soie, et qui en avait la ténacité.
écrit sur la culture du mûrier, que cet arbre Il a fait teindre cette matière en bleu, jaune,
s'accommode de toutes sortes de terrains, et rouge, violet, etc., et ces couleurs ont paru
qu'il réussit dans toutes sortes d'expositions. brillantes et solides. M. Madiot a même fait
Mon expérience m'a encore prouvé le con filer cette nouvelle espèce de filasse qu'il
traire; j'ai perdu une grande quantité de croit susceptible d'être travaillée sur le mé
mûriers pour les avoir plantés dans un ter tier. Il y a 5 ans que j'avais voulu faire aussi
rain calcaire peu profond, et il m'a paru que, un essai en ce genre, et j'avais fait récolter à
dans les climats septentrionaux surtout, le ce sujet une vingtaine de livres de cette
mûrier ne pouvait réussir que dans des ter écorec ; mais l'ayant [laissée à la campagne
rains un peu fertiles et ayant une certaine pour la faire rouir, on a échoué dans celte
profondeur ; ceux qui sont sableux ou argileux préparation préliminaire. — On peut d'ail
m'ont paru lui convenir, et il aime surtout leurs regarder comme certain , d'après les
une rien
nla exposition chaude.
à craindre du — Le mûrier
froid adulte échantillons présentésà la Société d'encoura
de nos hivers; gement dans le concours où M. de La Pierre
il supporte, sans en souffrir sensiblement, a remporté le prix, que cette écorce pourrait
ceux delà Prusse et même de certaines parties servir à fabriquer du papier, ainsi que les
de la Suède et de la Russie; mais, comme la Chinois et les Japonais le font avec celle de
végétation de cet arbre se prolonge jusqu'en l'espèce nommée Mûrier à papier.
automne, ses dernières pousses sont assez Sous le rapport de l'agrément', le mûrier
souvent frappées de la gelée avant qu'elles blanc peut être employé dans les jardins des
aient pu s'aoùler; cependant ces gelées lui pays méridionaux pour remplacer le hêtre
font en général fort peu de tort. Il a au con et le charme, qui ne peuvent y réussir à
traire beaucoup à craindre les froids tardifs cause de la sécheresse du sol que le mûrier
qui surviennent au printemps, et qui, en brû ne craint pas, ce qui le rend propre à faire
lant ses jeunes bourgeons, peuvent anéan des rideaux de verdure, des palissades, des
tir en totalité ou en partie l'espoir de la berceaux, qui remplacent ceux qu'on peut
récolte des cocons. faire ailleurs en charmille, et qui supportent
de même la taille au croissant ou aux ciseaux.
$ VIII. —'Des autres produits des mûriers. § IX. — Culture, multiplication, avantages et in-
convéniens du mûrier multicaule.
Les fruits du mûrier blanc sont en général
négligés; on les cueille rarement pour les Le Mûrier multicaule se plaît dans les
manger; mais on peut les faire ramasser terres meubles, légères et un peu substan-
CHAI>. II». DU Ml HIER. 131
tielles, plutôt humides que sèches. Le grand et enfin la soie a été d'aussi belle qualité.
avantage qu'il présente, c'est de pouvoir être Moi-même, en 1829, j'ai fait aussi, avec ces
multiplié de boutures avec la plus grande feuilles, une petite éducation de quelques
facilité. Lorsqu'il était encore assez rare, en centaines de vers , et j'ai également obtenu
1827, j'en ai fait des boutures à un seul œil, de beaux cocons et en quantité désirable, quoi
qui m'ont parfaitement réussi, et quoique que cependant l'éclosion de mes vers eût été
cette année 183S ait été très-sèche, j'ai vu, retardée jusqu'au mois de juillet, et que par
dans deux localités différentes, un très-grand conséquent la feuille fût bien plus dure
nombre de ces boutures, faites au printemps, qu'elle n'eût été en mai et juin; mais j'avais
qui ont bien repris sans avoir jamais été ar la précaution de ne la donner que coupée en
rosées, et dont il n'a pas manqué plus d'un morceaux assez petits, précaution qu'il faut
sixième, malgré l!exlrême sécheresse qui a toujours prendre dès que la feuille du multi
duré pendant près de 6 mois. caule a acquis certaines dimensions; mais
Le mûrier multicaule n'est pas propre à avec de grands ciseaux c'est une besogne qui
former des arbres de plein vent, mais il con n'est pas difficile.
vient admirablement bien pour des basses Quant à ses propriétés pour nourrir les
tiges. Ces dernière.» doivent être plantées en vers-à-soie, d après les essais qu'a faits
quinconce, à C pieds de distance les unes des M. Chetbecl, de la soie des vers qui avaient
autres. Ainsi disposés, ces arbres peuvent été nourris avec les feuilles du mûrier mul
être ravalés tous les ans après la cueillette ticaule, chez M. Mvrt'oii,, dans les environs
des feuilles, à 1 ou 3 pieds de terre, et don de Venise, ce savant chimiste a reconnu que
ner ensuite, (jusqu'à la fin de la belle saison, les vers nourris avec les feuilles du mûrier
de nouvelles pousses de 5 à 6 piedsde hauteur. multicaule" peuvent donner une soie d'excel
— On pourrait, à ce que je crois, en former, lente qualité, tant sous le rapport de la force
non pas précisément des prairies à faucher, et de la finesse que sous celui du produit de
mais des espèces de taillis serrés qui donne la soie décreusée, et que celle-ci se blanchit
raient une quantité énorme de feuilles, étant et se teint parfaitement. D'après cela, les
recépés tous les ans à 2 ou 3 pouces de terre, personnes qui élèvent des vers-à-soie peu
après avoir été dépouillés de leurs feuilles. vent en toute assurance les nourrir avec la
Ainsi, une pépinière d'environ 60,000 indivi feuille du nouveau mûrier, sûres qu'elles
dus que j'ai vue dernièrement chez MM. de seront que la soie qui sera produite sera
Grimai det et Latoub, à Villemomble, à 3 d'une qualité égale à celle qui proviendra
lieues de Paris, dont tous les individus étaient des feuilles de l'ancien.
plantés à 7 ou 8 pouces les uns des autres, m'a Tels sont les avantages que parait devoir
paru susceptible de fournir, au printemps présenter le mûrier multicaule ; mais je dois
prochain, au moins 120 quintaux de feuilles, dire en même temps que plusieurs person
c'est-à-dire de quoi nourrir les vers de G on nes lui reprochent d'être sujet à de grands
ces de graine. Tous les individus de cette pé inconvéniens. M. le baron d'Hombres Firmas
pinière avaient été plantés de boutures au a résumé tout ce qu'il y avait à dire contre
mois de mars, et, quoiqu'ils n'eussent jamais cet arbre dans un Mémoire inséré dans le
été arrosés, un tiers de ces plants avait, au Bulletin de la Société libre du Gard pour
1" novembre, 3 à 4 pieds de haut, et tout le août 1834. Voici les principaux reproches que
reste 1 à 2 pieds. cet agronome fait au nouveau mûrier : Cet ar
Probablement que le mûrier multicaule, bre craint plus les gelées que le mûrier blanc;
Iilanté aussi serre, épuiserait promptement il redoute surtout les grands vents qui lacèrent
e sol dans lequel il serait; mais en supposant et flétrissent ses feuilles et brisent ses bran
qu'il put seulement y rester 3 ans, ne don ches; il exige un meilleur terrain, qui con
nerait-il pas encore un produit considérable ? serve toujours de la fraîcheur , parce que la
Il est probable qu'on pourrait prolonger jus sécheresse lui est contraire ; quand on est
qu'à 5 ou 6 ans, et peut-être davantage, obligé de cueillir sa feuille mouillée, elle est
1 existence de ces arbres nains, en les plan bien plus difficile à sécher; mise en tas, elle
tant moins serrés, à 12 ou 15 pouces, par fermente plus facilementquecelle de l'espèce
exemple, eten leur fournissant régulièrement ordinaire. — Si je ne puis disconvenir de plu
des engrais. Une plantation de ce genre au sieurs des inconvéniens reprochés au mûrier
rait besoin d'être labourée à la fin de l'hiver multicaule, je crois cependant que M. d nom
et binée deux fois pendant la belle saison : la bres les a unpeu exagérés, et que, dans le Nord
Îiremière fois en juin, lorsque les tiges, après et lecentredela France,ilserait exempt de plu
a cueillette, auraient été recépées, et la se sieurs des inconvéniens auxquels il est sujet
conde fois au mois d'août; peut-être même dans le Midi ; cela ne doit donc pas empêcher
que ce dernier binage ne serait pas néces la culture de cet arbre; car. si l'expérience
saire, parce que, les tiges étant tres-pressées du temps prouve en sa faveur, il aura certai
et donnant beaucoup de feuilles, il serait nement une grande influence sur la propaga
possible que les mauvaises herbes ne pussent tion des magnaneries dans le Nord, à cause
pas croître au-dessous. de l'extrême facilité avec laquelle on peut le
Déjà plusieurs éducateurs de vers-à-soie multiplier et le cultiver. Au reste, d'après
ont employé les feuilles du mûrier multi les nombreuses plantations qu'en ont faites
caule pour en nourrir ces insectes, et jusqu'à MM.Camille Beauvaïs, deGbimaudet, Latoub
présent ce qu'ils ont fait connaître de leurs et autres, et les immenses multiplications de
expériences a été à l'avantage de ce nouveau M. Soiilange-Bodin à Fromont, près Ris, on
mûrier. La sanlé des vers a été bonne, avec ne tardera pas à savoir à quoi s'en tenir sur
ce nouvel aliment; les cocons produits ont les véritables qualités de cet arbre. ;
égalé en poids ceux des meilleures éducations,
132 CULTURES INDUSTRIELLE? : D MURIER ET DE Frais.
SA CULTURE, lit. eu
§ X.— Calcul des frais et produits- 225 Mûriers à haute tige, à 1 fr. . 225 f. ■
Plantation ou fumier des 225 mû
Si nous estimons à 3 francs le quintal de riers, à 75 c 168 75
feuilles de mûrier, prix moyen auquel nous 450 Mûriers nains en lignes ou
avons cru devoir le porter, un demi-hectare, isolés, à 30 c 135 »
planté depuis 7 ans en mûriers greffés , es 135 Idem disposés en haie, à 30 c. 40 50
pacés de 12 pieds, selon que le fait M. Ca Plantation ou fumier pour ces 585
mille Beauvais, pouvant rapporter 100 quin mûriers nains, à 60 c 351 >
taux de feuilles, peut par conséquent donner 2,50Q Plants en pourrette, à 20 fr.
un produit brut de 300 francs; et même, le raille ! . . . 50 »
selon M. Amans Carrier, qui depuis une Id. leur plantation.. 100 »
douzaine d'années s'est occupé, avec un zèle Culture, 40 journées d'ouvrier par
infatigable et en même temps avec succès, an; pour 11 ans, à 1 fr. 50 c 660 »
de la propagation du mûrier et des vers-à- Rente d'un demi-hectare de ter
soie dans le département de l'Aveyron, le rain pendant 11 ans, à 100 f. par an. 1100 »
rapport d'un demi-hectare de mûriers serait
encore plus considérable; à la vérité il es Total de toutes les dépenses. 2,830 25
time à 4 francs le quintal de feuilles; à ce
prix, un hectare planté en mûriers depuis Produits.
11 aDS pourrait rapporter 160 quintaux de
feuilles, ce qui ferait 640 francs de bénéfice, Avec les feuilles de ce demi-hectare planté
sans autres frais que ceux de la culture des en mûriers, M. Amans Carrier ayant fait,
arbres [An*, de l'agrie.franç., 3" série, t.XIII, en 1833, une éducation de 7 onces 1/2 de
p. 298). Mais le même habile agronome offre graine qui lui a produit 928 livres de cocons,
encore un plus grand bénéfice aux proprié qu'il a vendues 1220 fr., déduction faite des
taires qui exploiteront eux-mêmes leurs mû frais de son éducation, il se trouve par con
riers en faisant chez eux des éducations de séquent qu'il peut espérer le même produit
vers-à-soie ; car voici comment, dans les mê chaque année pour une mise de fonds de
mes Annales, tom. XII, page 296, il établit le 2,830 fr. Ce qui , comme il-l'observe, est un
compte de la dépense et du produit d'un demi- intérêt de plus de 40 pour 100.
hectare planté en mûriers depuis 11 ans. Loiseleur Deslongchamps.
»
144 CULT. INDUSTRIELLES : DES ARBRES ET ARBUSTESFig. OLÉAGINEUX,
67. liv. h.
Dans plusieurs départemens du centre et du
midi Je la France, la chaussure ordinaire des
habita ns des campagnes n'est faite qu'en bois
de noyer; dans le seul département de la
Haute -Vienne , cette industrie consomme,
dit-on, par an, 4,000 noyers,et l'on fait 00 pai
res de sabots dans chaque arbre de 4 pieds 1/2
de circonférence. C'est comme bois de chauf-
fagequ'il offre le moins d'avantages; il ne fait
point un fou ardent et ne produit que peu
de charbon et de chaleur.
Le brou de la noix contient beaucoup de
tannin et d'acide gallique; il a. été employé en
médecine comme astringent et vermifuge.
L'écorce moyenne de l'arbre, recueillie au
printemps, a été indiquée comme émétique.
Les teinturiers emploient les racines de
noyer et surtout le brou de noix, pour donner
une couleur brune à certaines étoffes. Les
menuisiers et les ébénistes se servent aussi
souvent du dernier pour donner de la cou
leur aux bois blancs.
M. Banon, pharmacien à Toulon, a retiré
d'un quintal de sève de noyer, extraite au donne dans le pays le nom d'huile de marmot
printemps par la térébration du tronc de cet te, et qui est au moins aussi estimée que eelle
arbre, 2 livres 1/2 de sucre brut , dont il a pu qu'on extrait des olives. Cette huile de mar
obtenir, avec 1/3 de perte, du sucre raffiné motte est douce comme celle que fournit
très-blanc, ayant toutes les qualités du sucre la semence de l'amandier, mais elle est plus
ordinaire. Reste à savoir si les frais ne se inflammable et conserve un goût de noyau
raient pas plus considérables que le produit. qui la rend un peu amère et lui donne un
parfum agréable.
Les pépins des Pommes, des Poires, des
Section m. — De quelques autres arbres Nèfles et autres Pomacées sont oléagineux
ou plantes oléifères. comme les amandes des Amygdalées. Il fau
drait, dans les pays où l'on fait beaucoup de
On a traité (page 2 et suiv. de ce volume) cidre, trouver un procédé [pour les séparer
des principales plantes oléifères qui, comme du marc, et voir si le produit qu'on en pour
le Colza, la Navette, la Cameline, les Mou rait tirer en huile vaudrait la peine de l'ex
tardes, le Pavot, etc., sont cultivées pour le ploitation.
f>roduit que leurs graines fournissent par On a essayé ainsi de retirer de l'huile des
'extraction de l'huile qu'elles contiennent. pépins du Raisin qui en contiennent une
En général, la culture de ces plantes appar certaine quantité ; mais le goût de celte huile
tient plus particulièrement aux départemens ne- parait pas être agréable; si cependant
du nord de la France, comme celle du Noyer les frais d'extraction n'étaient pas trop con
à ceux du centre, et celle de l'Olivier à la sidérables, ce serait peut-être une chose
partie méridionale de notre territoire, voi qui ne serait pas à négliger.
sine du littoral de la Méditerranée. Pour La famille des Amentacées renferme plu
compléter ce qui a rapport aux végétaux sieurs genres dont les semences sont riches
oléifères, nous allons indiquer rapidement en matière oléagineuse ; ainsi, l'amande de
quelques autres arbres ou plantes dont les la Noisette ordinaire donne une huile agréa
fruits ou seulement leurs amandes, ce qui ble, qu'on peut employer, quand elle est
est le plus ordinaire, renferment aussi de récente, pour l'assaisonnement des alimens.
l'huile. Mais le fruit le plus recommandable on ce
En téte de ces végétaux il faut placer tous genre, c'est la faine ou le fruit du Hêtre, qui
ceux de la section des Amygdalées dans la donne en abondance une huile d'une très-
grande famille des Rosacées. Les amandes bonne qualité, avec laquelle on peut rempla
des Abricots, des Pèches, des Cerises, des cer toutes los autres pour la préparation des
Prunes, et de VAmande elle-même, soit douce, alimens. Nous avons en France beaucoup de
soit amère, contiennent toutes une quantité forêts qui produisent une énorme quantité
d'huile assez considérable. Celle de YAmande de faines, et les agronomes qui ont écrit
douce s'extrait principalement pour les usa sur les avantages qu'on pourrait retirer en
ges qu'où en fait dans la pharmacie. Ce qui se livrant à l'extraction de l'huile de ces
se cultive d'Amandiers dans nos départe fruits, assurent que les forêts d'Eu et de
mens du Midi ne suffit pas aux besoins du Crécy ont donné dans certaines années plus
commerce, et la France tire tous les ans d'un million de sacs de faines, et qu'en 1799
d'Espagne, de Sardaigne, d'Italie, des Deux- on retira, de celles recueillies dans la seule
Siciles, etc., pour une centaine de mille forêt de Compiègne, plus d'huile que les
francs d'amandes. * habitans du pays n'en pourraient consommer
A. Briançon et dans les environs de cette pendant 50 ans. Qui pourra croire d'après
ville, on retire des amandes d'une espèce de cela que nous tirions de l'huile de faine des
prunier connu sous le nom de Prunier de pays étrangers? c'est pourtant ce que prouve
Briançon {fig. 67), une huile fine, à laquelle on le Tableau général du commerce de France
CIIAP. 13'. DES PLANTES OLÉIFÈRES. 145
publié par l'administration des douanes. l'huile qu'on en peut retirer est âcre et im
On retire dans l'Orient de l'huile des propre aux usages alimentaires; elle ne peut
amandes du Pistachier, du Lentisaue et du servir que pour l'éclairage ; elle brûle, dit-
Tcrcbinihe ; mais il est fort incertain que ces ou, sans donner de fumée.
arbres puissent être cultivés en Franceavec En Allemagne, aux environs de la Forêt-
avantage sous ce rapport. Noire, on retire des graines contenues dans
Les semences des Conifères sont en général les baies du Sureau a grappe une huile qui
très-oléagineuses; mais, parmi elles, il faut n'est employée qu'à des usages grossiers. Le
surtout distinguer l'amande du Pin-pinier, Sureau noir, dont les baies sont souvent si
connue sous le nom de Pignon doux. Celte abondantes en automne, pourrait très-pro
amande, qui est assez grosse, contient une bablement fournir aussi de l'huile.
grande quantité d'huile, puisqu'elle en four Celle qu'on retire de la graine de Lin et de
nit environ le tiers de son poids. Cette huile Chanvre est employée pour la peinture, ,1'é-
est limpide, incolore, assez agréable quand clairage et dans certaines fabriques. En
elle est fraîchement exprimée, quoiqu'elle Bourgogne, Xhuile de chenevis sert, dans les
retienne un goût de térébenthine très-pro campagnes, pour assaisonner les alimens.
noncé. Cette huile pourrait servir à assaison Les semences de toutes les Cucurbitacées
ner les alimens, et sa saveur un peu piquante sont oléagineuses ; mais on en fait bien peu
conviendrait peut-être pour relever certains d'usage sous ce rapport; cependant, comme
mets qui sont naturellement trop fades ; mais quelques-unes d'elles sont contenues dans de
il est douteux que cette huile soit jamais pré très-gros fruits, qui peuvent d'ailleurs être
parée en grand, et puisse faire un objet de employés à d'autres usages économiques,
commerce important, parce que les pays plus que suffisans pour indemniser des frais
dans lesquels croit le pin-pinier sont les de culture, on peut croire que cela pourrait
mêmes que ceux de l'olivier, et que les pi déterminer à extraire l'huile des graines
gnons doux, par la qualité de l'huile qu'ils qu'on obtiendrait alors pour rien. Ainsi ,
fournissent, ne paraissentjpas pouvoir soute dans quelques cantons, ou les citrouilles et
nir la concurrence avec les fruits oléagineux les potirons sont cultivés en plein champ
de ce dernier. Dans les Alpes, où croit le pour la nourriture des bestiaux, n'y aurait-il
Pin cembro, il y aurait plus d'avantages à pas plus d'avantages à retirer la graine de ces
extraire de l'huile de ses amandes : c'est ce fruits pour en extraire l'huile à part, que de
qu'on fait en Sibérie, où cet arbre est com les laisser manger aux animaux en même
mun. temps que la pulpe?
Les fruits du Laurier commun, connus Une foule d autres plantes, qu'il serait trop
sous le nom de baies de laurier, contiennent long d'énumérer, donnent encore des graines
deux sortes d'huile, l'une fixe, concrète et de oléifères; nous citerons seulement celles du
couleur verte, qui est la plus abondante; Muflierow mufle de veau qui, sous ce rapport,
l'autre liquide et volatile; l'une et l'autre ne sont utilisées en Turquie; on en retire une
sont propres qu'aux usages de la pharmacie, huile qu'on emploie même comme assaison
La pulpe
ilp des
' fruits
" du Cornouiller sanguin nement dans les alimens.
est oléagineuse comme celle de l'olive ; mais Loiseleur Deslongchamps.
INTRODUCTION.
Article 1". — Des tissus animaux. dans les uns, concrète dans les autres, sont
dans une dépendance mutuelle, et se chan
Envisagés sous le double rapport de leur gent continuellement les uns en les autres,
organisation et de leurs fonctions, les animaux par le double mouvement de composition et
domestiques sont du domaine de Yanatomie de décomposition. Examinés chimiquement,
et de la physiologie. La première de ces scien les fluides et les solides offrent enfin comme
ces s'occupe de toutes les conditions maté derniers élémens, de l'oxygène, de l'hydrogène,
rielles des différentes parties qui entrent dans du carbone, de l'azote et différentes substances
leur composition; la seconde nous montre terreuses, alcalines ou métalliques.
agissantes ces mêmes parties dont l'anatomie Les fluides ou humeurs dont la quantité
nous a révélé la structure. prédomine sur celle des solides a toutes les
Le corps de ces animaux comme celui de époques de la vie, et qui ont l'eau pour base
tous les êtres organisés, est composé defluides essentielle de leur composition, seront étudiés
et de solides dont la proportion respective avec les appareils d'organes auxquels ils ap
n'est pas égale, et varie suivant l'âge, le sexe partiennent.
et la constitution. Ces parties hétérogènes qui Formés, comme les fluides, de globules mi
ont pour élément anatomiqurs primitifs des croscopiques, les solides offrent encore comme
globules microscopiques et une autre sub élément anatomique une substance d'appa
stance sans forme bien déterminée^ liquide rence spongieuse qui, en s'associant aux glo
41BAP. iw. TISSU CELLULAIRE. 163
foules, forme des fibres {fibres élémentaires); proportion inverse, sont déposées par exhala
de la réunion des fibres, résultent des tissus tion dans ce tissu, qui est aussi le siège d'une
(tissus générateurs, ou systèmes) que l'on absorption très-active. Il réunit les organes,
peut réduire aux suivans : tissus cellulaire, en forme la trame, et facilite leurs mouve-
adipeux, séreux, fibreux, cartilagineux, os mens.
seux, vasculaire, nerveux, musculaire et tégu- Tel» sont les caractères généraux du tissu
mentaire. De l'association de ces élémens cellulaire, considéré dans un cheval adulte. A
déjà composés, résultent enfin d'autres parties mesure que l'animal avance en âge, ce tissu de
Î)lus composées encore, que l'on désigne sous vient sec et rigide. Celte sorte d'atrophie senile
e nom d'organes, et que nous étudierons après qu'il semble éprouver doit contre-indiquer le
avoir jeté un coup d'oeil rapide sur les tissus choix de vieux animaux pour l'engraissement.
précédemment énumérés. L'accumulation delà graisse dans ce tissu sers»
ble lui faire perdre de sa vitalité, surtout dans
Section ir*. — Tissu cellulaire. les animaux de l'espèce ovine; c'estau moins ce
que semblent démontrer la difficulté que l'on
Ce tissu, que l'on a encore désigné, suivant la éprouve quelquefois, et l'impossiblité dans la
manière dont on l'a envisagé, par les dénomi quelle on se trouve même souvent de pouvoir
nations de système, corps ou membrane cel engraisser ces animaux une seconde et sur»
lulaire, de tissu lamineux, cribleux, muqueux tout une troisième fois.
et glutineux, est le principal élément de l'or Dans les chevaux d'un tempérament mou
ganisation. Répandu dans tout le corps et et paresseux, ceux qui ont la peau épaisse et
partout continu à lui-même, le tissu cellulaire les poils grossiers, le tissu cellulaire est habi
«e présente sous l'aspect d'une substance molle, tuellement abreuvé d'une plus grande quan
blanchâtre, demi-transparente, qui entoure les tité de sérosité que dans les chevaux doués
organes, les unit et les sépare tout à la fois, et de beaucoup d'énergie; circonstance qui con
pénètre ensuite dans leur épaisseur pour en tribue pour beaucoup à rendre les formes
velopper et unir jusqu'aux dernières particules empâtées dans les premiers.
dont ces organes sont formés. Ce tissu a, dit Dans les animaux de l'espèce bovine, ce
Beclabd, l'étendue et la forme générale du tissu parait plus abondant et moins vivant
corps, et il formerait, si l'on supposait que que dans le cheval.
tous les organes fussent enlevés et qu'il pùt se Le chien est celui de tous les animaux do
soutenir de lui-même, un tout conservant la mestiques dans lequel le tissu lamineux est le
figure du corps et offrant une multitude de plus vivant; il est sec et rigide dans le mulet,
loges pour les différens organes. Abondant et l'âne et la chèvre, aussi ces animaul pren
lâche autour de tous les organes susceptibles nent-ils difficilement un haut degré d'embon
d'acquérir de l'ampliation ou d'éprouver des point.
changemens de position, ce tissu est, au con
traire, peu abondant et serré autour des par Section n. — Tissu adipeux.
ties dont le volume et les. rapports sont inva
riables. Les os, les cartilages, les tissus fibreux
et les centres nerveux sont les parties du Indépendamment du tissu cellulaire qui
corps animal qui en contiennent le moins, il peut accidentellement contenir de la graisse,
n'en existe aucun vestige dans les productions une partie de cette substance est encore habi
cornées et épidermiques. tuellement tenue en réserve dans un autre
Le tissu cellulaire est formé de lames, de tissu qui, quoique très-analogue au premier,
lamelles et de filamens, formant par leur su mérite cependant, sous plusieurs rapports,
perposition et leur entrecroisement, une in d'en être distingué ; nous le nommerons tissu
nombrable quantité de cellules ou aréoles de adipeux proprement dit.
forme irrégulière, qui communiquent toutes Beaucoup moins répandu que le tissu cel
entre elles. Ces cellules peuvent être facile lulaire, on le trouve cantonne dans certaines
ment vues et étudiées, lorsqu'on les a dilatées régions bien déterminées du corps. Il contient
par un fluide gazeux, comme le font les bou de la graisse lors même que cette substance
chers dans le but de parer la viande des ani a complètement et déjà depuis longtemps
maux destinés à la nourriture de l'homme. disparu dans les autres parties du corps,
Habituellement humecté .d'une sérosité ana et si, comme on l'observe quelquefois dans
logue au sérum du sang, le tissu cellulaire se le marasme porté au dernier degré, la graisse
laisse non-seulement traverser avec facilité a cessé tout à fait d'y exister, elle y est
Sar les fluides gazeux, mais encore par les toujours remplacée par une substance jau
uides liquides, soit qu'on les y introduise nâtre qui donne à ce tissu l'aspect d'une
artificiellement, ou qu'ils apparaissent sous gelée, rempêche de s'affaisser et le rend par
l'influence d'une cause morbide. Indépendam conséquent toujours distinct et bien circon
ment de la sérosité qui humecte ses aréoles, le scrit; rien d'analogue ne se fait remarquer
tissu cellulaire peut accidentellement conte dans le tissu cellulaire d'un animal qui a
nir de la graisse, mais dans certaines parties maigri.
seulement; car il est des portions de ce tissu Le tissu adipeux, rempli de graisse ou privé
qui n'en renferment jamais, quel que soit de cette substance, se présente constamment
le degré d'embonpoint auquel les animaux sousforme de mastes lobulées au voisinage de
soient parvenus; ce n'est point dans les cel certaines parties à l'égard desquelles il remplit
lules de ce tissu qu'est déposée la substance des fonctions entièrement mécaniques : c est
adipeuse, mais bien dans l'épaisseur des avec ces caractères qu'on le rencontre autour
lames et des filamens qui composent leurs du globe oculaire,dansle canal \ertébral,au voi
parois. La graisse et la sérosité, toujours en sinage des articulations, ainsi qu'à la partie du
164 ANIMAUX DOMESTIQUES : ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE DES ANIMAUX, liv. iii
pied que l'on désigne sous les noms defour à laquelle elle doit sa viscocité et la propriété
chettes de chair. de mousser par l'agitation, une matière coa-
Quelle que soit, au reste, la forme sous la gulable très-analogue au mucus et différents
quelle se présente ce tissu, les masses qu'il sels; exhalée sans cesse à la surface libre des
forme sont toujours divisibles en lobes, en membranes synoviales , cette liqueur y forme
lobules, en granulations et enfin en vésicules un enduit visqueux qui facilite le glissement
microscopiques, dont le volume ne parait des parties les unes sur les autres.
pas être le même dans tous les animaux C'est l'accumulation de la synovie dans les
suivant Wolff, qui les a constamment trou retits sacs formés par ces membranes, jointe
vées plus petites dans le bœuf que dans le leur dilatation ou à leur déchirement, qui
porc. constituent les affections connues sous les
ioLa graisse est une substance animale non noms de molettes, et vessigons; affections
azotée, qui a les propriétés des huiles fixes; beaucoup plus graves dans un animal adulte
elle est jaunâtre ou blanche suivant l'espèce que dans un jeune animal , chez lequel on les
d'animal, inodore, d'une saveur fade, et fluide voit ordinairement disparaître avec l'âge et un
à la température du corps; elle est insoluble peu de repos.
dans l'eau , et peu soluble dans l'alcool froid.
Par la distillation elle fournit les acides car Section iv. — Tissus fibreux.
bonique, acétique et sébacique. Traitée par les
alcalis, elle se transforme en principe doux, Les tissus auxquels cette qualification,
ainsi qu'en acides margarique et oléique. La quoique très-générale, s'applique exclusive
graisse est formée de deux principes nommés ment , sont au nombre de deux dans l'é
oléine et stéarine, dont la proportion respec mie animale. L'un est le tissu
tive détermine son degré de fusibilité. C'est et l'autre le tissu fibreux faune.
la prédominance de l'un ou de l'autre de ces 1° Le tissufibreux blanc ou albuginé se ren
principes, qui a fait distinguer dans un même contre dans le corps animal sous la forme de
animal plusieurs espèces de graisse connues cordon et de membrane; sa couleur est blan
sous les noms de suif, lard, axonge, sain che et son aspect le plus ordinairement res
doux, etc. plendissant , satiné ou métallique.
Les fibres de ce tissu, toujours excessive
Section m. — Tissu séreux. ment déliées, sont disposées en faisceaux pa
rallèles ou entre-croisés, et toujours si étroi
Cet élément organique, qui n'est qu'une tement • unies , qu'elles semblent souvent au
Modification de forme du tissu cellulaire , premier aspect former un tout homogène.
compose les membranes séreuses que l'on Elles sont très tenaces et fort peu extensibles.
distingue en splanchniques et synoviales. Les Insensible aux agens qui le divisent , ce tissu
premières tapissent les cavités du corps qui devient très-sensible à ceux qui le distendent
contiennent les organes les plus essentiels à au delà de son degré normal ; c'est a ce mode
la vie. de sensibilité que l'on doit attribuer les dou
Toute membrane séreuse représente un sac leurs extrêmement vives qui accompagnent
sans ouverture, semblable à ces bonnets re les tiraillemens opérés sur les parties liga
pliés sur eux-mêmes dont la tête est envelop- menteuses dans les luxations, les entorses,
Î)ée pendant la nuit; ainsi, après avoir tapissé les écarts , etc.
es parois des cavités auxquelles elles appar Privé de la grande quantité d'eau qu'il con
tiennent, ces membranes se replient sur elles- tient , le tissu fibreux blanc devient jaunâtre
mêmes pour recouvrir les organes et les enve et cassant.
lopper plus on moins complètement. Leur L'eau bouillante le crispe d'abord, puis le
surface interne, toujours libre et contiguë à réduit complètement en gélatine. Les acides le
elle-même, est lisse et humectée par une sé dissolvent, les alcalis le gonflent et le ramol
rosité tout à fait identique à celle du tissu cel lissent.
lulaire. Les membranes séreuses sont minces , Les usages de ce tissu sont entièrement
blanchâtres, demi-transparentes , homogènes, mécaniques, et relatifs à sa ténacité. Disposé
et beaucoup moins extensibles que le tissu en corde , il forme : 1* les ligamens qui main
cellulaire dont elles ne paraissent différer que tiennent les os dans leurs rapports mutuels ;
par leur disposition et une condensation plus 2° les tendons dont l'office est de transmettre
grande dans leur trame : car la nature de leur la contraction musculaire aux parties qui doi
tissu est la même , le produit qui est exhalé à vent être mises en mouvement.
leur surface a exactement la même composi Tissu en large surface, le tissu fibrenx
tion. Comme le tissu cellulaire , elles sont des forme ici des enveloppes à certains organes
tinées à faciliter le glissement des organes d'une structure délicate, tels que l'œil, le cer
qu'elles recouvrent et à favoriser leur amplia- veau , le cœur, etc., là des appareils de con-
tion ; enfin les maladies , de ces deux tissus tension ; exemple les aponévroses.
donnent naissance à des produits tout à fait 2" Le tissu fibreux jaune, que caractérise
analogues , et ils peuvent se transformer l'un essentiellement sa nature fibrineuse et l'élas
en l'autre. ticité dont i| jouit à un très-haut degré, se pré
Les membranes synoviales diffèrent des au sente dans le corps sous la forme de corde, de
tres séreuses principalement par la nature du tube, et de membrane. Pour prendre ces dif
liquide qui les humecte, et que l'on nomme férentes formes , les fibres de ce tissu sont ra»
synovie , liqueur visqueuse, plus pesante que massées en faisceaux, le plus ordinairement
l'eau , incolore clans les jeunes sujets , et de parallèles entre eux. Soumis à l'action de l'eau
fcouleur citronnée dans les vieux animaux. bouillante, le tissu fibreux jaune conserve
Elle contient de l'eau, beaucoup d'albumine tous ses caractères ; c'est lui qui compose en
1". TISSU CARTILAGINEUX, OSSEUX
{rendant ET
quelque
VASCULAHŒ.
temps un os à l'action
. 165de
totalité le ligament susépineux cervical , la tu
nique abdominale, et la membrane moyenne 'acide hydroclilorique étendu d'eau, on ne
des \ aisseaux artériels. Enfin, on le rencontre tarde pas à s'apercevoir que presque toute la
partout où une résistance continuelle était substance terreuse a disparu , et qu'il ne reste
nécessaire. plus dans le véhicule acide qu'une substance
Le peu de vitalité de ce tissu donne la rai analogue à du cartilage, ayant le volume et la
son de la lenteur avec laquelle marchent ses forme de l'os soumis a l'expérience, mais ayant
différentes affections. perdu une parliede son poids. Cette partie or
Comparé dansles différents animaux domes ganique que l'eau bouillante réduit complè
tiques , le tissu fibreux jaune ne présente de tement en gélatine peut être divisée en lames
différences que dans la configuration des par et celles-ci en fibres.
ties qu'il forme. En soumettant les os à Yaction du feu nu, le
résultat est tout différent; car dans ce cas la
Section v. — Tissu cartilagineux. partie organique est brûlée, et il ne reste plus
après son entière combustion que la partie
Ce tissu homogène en apparence forme un terreuse, conservant encore la forme et le
genre d'organes nommés cartilages, indépen- volume des os moins une grande partie
aans les uns des autres, et le plus ordinaire de leur poids. Cette substance ainsi ob
ment annexés aux os. tenue est blanche, poreuse et très-légère.
Le tissu cartilagineux est élastique, d'un Soumise à l'analyse chimique, on la trouve
blanc terne ou nacré; coupé en lames minces, composée de phosphate de chaux et de ma
il offre la semi-transparence de la corne ; gnésie, de carbonate de chaux, de silice, de
l'eau bouillante le réduit presque complète ter et d'aluminç. .
ment en gélatine. Il est formé , d'après Davy, Les résultats obtenus par l'action des acides
d'eau, d'albumine et de sels terreux, dont la et du feu prouvent donc de la manière la
proportion varie dans les différens animaux plus évidente que la libre osseuse résulte de
et dans le même individu suivant l'âge, et la l'association de deux substances très-diffé
partie que l'on a choisie pour étudier cette rentes , l'une cartilaginiforme contenante, ej
composition. l'autre terreuse contenue, dont la proportion
Parmi les cartilages, les uns revêtent -les respective B'est point égale dans tous Ips os,
surfaces osseuses dans les articulations douées et varie encore dans le même individu sui
demouvemens étendus et variés. On les nom vant I'àge,*ct une foule d'autres circonstances,
me cartilages articulaires ou diarthrodiaux.Ils soit hygides, soit morbides.
ont pour usage d'amortir les chocs par leur Les dénominations de substances compacte,
élasticité, de prévenir l'usure des surfaces ar spongieuse et réticulée , appliquées a cerT
ticulaires, d'en déterminer une coaption plus laines parties des os, n'indiquent que des
exacte , et de favoriser leur glissement. modifications de texture de la fibre osseuse ,
D'autres cartilages, don \.Yossification s'effec et non des différences dans la composition in
tue presque toujours plus ou moins complè time de cette fibre.
tement avec l'âge, concourent à former la
charpente du corps, en prolongeant les os Section vu. — Tissu vasculaire.
auxquels ils sont annexés; exemple les carti
lages des côtes.
Le tissu cartilagineux offre les mêmes ca Ce système se compose de l'enseniblc d'une
ractères essentiels dans tous les animaux multitude de canaux ramifiés, que l'on noinme
domestiques. vaisseaux et qui sont' préposes au transport
De l'association des élémens cartilagineux des humeurs nutritives. Toutes les par
et fibreux blanc, résulte le tissu fibro-cartila- ties du corps , les productions cornées et épi-
gineux, qui compose des organes destines les dermiques exceptées, en sont plus ou moins
uns à unir certaines parties entre elles, tels abondamment pourvues. Ces canaux, que l'on
sont jes disques intervertébraux, les autres à distingue en artères, veines et lympalhiques,
favoriser des glisseinens, comme on |e remar composent avec le rirur l'appareil circulatoire.
que dans les différentes sortes de coulisses. hesang, fluide que charrient les arlèi'PS et
les veines, nommées à canse depeja vaisseaux
Section yi. — Tissu osseux. sanguins, et la liqueur appelée lymphe, quj
ftarcourl le troisième ordre des canaux vascu-
aires, seront étudiés immédiatement àpreç
Ce tjssu, différent de tous ceux examinés les vaisseaux qui les transportent.
précédemment par la grande quantité de sub
stance ferreuse qu'il cpn tient, compose un
système d'organes d'une dureté pierreuse, § I"."— Artères et veines.
mais néanmoins organisés et vivans,ce sont
les <:t. 1» pes artères— On donne le nom d'artère^
Le tissu osseux , comme pourrait tout d'a aux tricules
vaisseaux
du cq-ur
quitranspoi
dans toutes
tent lelessang
parties
des venr
dq
bord le faire supposer sa grande densité, n'est
point un élément inorganique et sans vie. Une corps. Elles coin posent deux systèmes dont la
substance spongieuse, analogue au cartilage, différence essentielle réside dans celle du li
en forme la trame, et contient, dans des aréo quide qui les parpourt; l'un est nonmié système
les microscopiques, les parties terreuses qui artériel pulmonaire, et l'autre {ystème artériel
donnent à ce tissu la solidité qui le caractérise. aortique. Le premier, qui a son origine au ven
Pour obtenir l'une ou l'autre de ces parties tricule droit du coeur, transporte on sang noir
constituantes, deux procédés • sont mis en etnon nutritif dans le poumon, où ce fluide est
usage. Si l'on vient, par exemple, à exposer revivifié par l'acte de la respiration ; le second,
16» ANIMAUX DOMESTIQUES : ANATOMIE aortique,
ET PHYSIOLOGIE
et dans l'organe
DES ANIMAUX.
essentiel de la
Lrv.
respi
m.
qui prend naissance au ventricule gauche du
même organe , est parcouru par du sangrouge, ration, tel qu'on 1 observe dans le cheval r
qui porte dans toutes les parties du corps les est toujours le cachet d'un tempérament san
matériaux de nutrition et de sécrétion. guin et d'une constitution très- énergique.
Dans ces deux systèmes les vaisseaux arté Un grand développement dans le système
riels forment une succession non interrompue veineux, ainsi qu'on le remarque dans les ani
de tubes, d'un calibre incessamment décrois maux de l'espèce bovine, est bien aussi l'in
sant, dont l'ensemble peut être comparé à un dice d'un tempérament sanguin, mais avec
arbre, tenant au cœur par son tronc. Les der beaucoup moins d'éuergie.
niers de ces canaux, nommés capillairesx à 3" Du sang. — Le sang est un fluide rouge
cause de leur ténuité, se continuent sans in d'un toucher visqueux , d'une saveur salée T
terruption avec les radicules veineuses dans d'une température égale à celle du corps, et
la trame des orçanes, ainsi que le démon d'une pesanteur spécifique un peu supérieure
trent1 de la manière la plus évidente les ob à celle de l'eau; il est contenu dans le cœur et
servations microscopiques , qui nous - font dans les vaisseaux connus sous le nom d'artères
apercevoir sur les animaux vivans le fluide et de veines.
nourricier passant des premiers de ces vais Examiné au microscope dans les canaux
seaux dans ceux du second ordre. m. où il se meut, le sang apparaît formé d'un
Trois tuniques superposées, l'une externe fluide séreux dans lequel roulent des globules
celluleuse, une moyenne constituée par l'élé composés eux-mêmes d'une partie centrale
ment fibreux jaune, enfin, une interne ana blanchâtre, fibrineuse et d'une enveloppe rou-
logue aux membranes séreuses, compostnt geâlre à laquelle ce fluide parait devoir sa
les parois de ces vaisseaux, dont la fonction couleur.
est de conduire et d'étaler le sang, molé Sorti des vaisseaux, le sang perd peu à peu
cule à molécule, dans toutes les parties du sa chaleur, se coagule et se divise bientôt
corps en lui imprimant par leur élasticité en deux parties, dont la proportion respective
une partie du mouvement saccadé dont il est varie suivant une foule de circonstances t
animé
A mesure
et quique
constitue
les animaux
le pouls.
avancent en âge, l'une, solide, est le caillot, et l'autre fluide, est
le sérum. Si l'on agite le sang à mesure qu'il
les parois des artères acquièrent une rigidité sort des vaisseaux, on empêche jusqu'à un
3ui, en diminuant l'activité de la circulation certain point la séparation de ces deux par
ans ces vaisseaux nourriciers, doit être con ties composantes.
sidérée comme une des principales causes de Le caillot est formé de fibrine , substance
ce changement organique connu sous le animale, globuleuse, blanchâtre, filamenteuse,
nom d'atrophie semle. très-élastique, et d'une matière colorante
Y Des veines. — Plus nombreuses, beaucoup rouge. Pour séparer ces deux principes l'un
moins élastiques, et d'une capacité plus grande de rautre, il suffit de laver le caillot sous un
que les artères qu'elles accompagnent ordi petit filet d'eau en le malaxant dans la main.
nairement et avec lesquelles elles se conti La matière colorante qui reste en dissolution
nuent , les veines sont les vaisseaux qui rap clans l'eau parait être un composé quarlcnaire,
portent le sang de toutes les parties du corps dans lequel il entre du fer à l'état d'oxyde.
au cœur. Ainsi que les artères, les veines for La partie fluide du sang ou le sérum est
ment deux systèmes. L'un est le système pul composée d'eau, d'albumine,de soude et de sels
monaire, l'autre est celui des veines caves. de soude. Le sang n'a ni les mêmes propriétés
Le système veineux pulmonaire prend nais fihysiquesni les mêmes propriétés vitales dans
sance à l'extrémité du système artériel du es_ deux divisions de l'appareil vasculaire san
même' nom, et conduit le sang revivifié dans guin. Le sang artériel est d'un rouge vif et
le poumon par l'acte de la respiration , dans plus chaud que le sang veineux, qui a une cou
l'oreillette gauche du cœur. leur brunâtre ; le premier apporte dans les or
Le système des veines caves, qui, dans l'ordre ganes les matériaux de nutrition et de sécré
de la circulation; correspond au système arté tion, le second en charrie le résidu , avec de
riel- aortique, à l'extrémité duquel il prend nouveaux matériaux] réparateurs, parmi les
naissance , - vient aboutir par deux troncs quels se trouve en première ligne le chyle.
Jirincipaux à l'oreillette droite du cœur, dans La quantité de sang varie non-seulement
aqueUe il verse un sang noir, résidu de la dans les animaux d'espèces différentes, mais
nutrition et des sécrétions qui se sont opé encore dans les individus d'une même espèce,
rées au sein des organes. suivant. leur stature, leur .constitution, leur
Les veines sont, comme les artères, compo état d'embonpoint, etc. Le tableau, ci-joint,
sées de trois tuniques superposées : l'externe ue nous extrayons de l'anatomie vétérinaire,
est celluleuse, la moyenneoffre dans quelques- onnera un aperçu de la moyenne en quan
uns de ces vaisseaux les caractères des tité du sang dans les différens animaux domes
membranes fibreuses, tandis que dans d'au tiques..
tres , . dont . la situation est superficielle ,
la tunique ; moyenne a quelque analogie
avec les . parties charnues de la vie organi
que. La membrane interne des veines,
mince comme celle des artères, se, replie à
l'intérieur de ces vaisseaux pour former des
espèces de soupapes, dont, le jeu favorise le
cours du sang.
Un grand développement dans toutes les
parties qui composent le système artériel
chap. I". SYSTÈME ŒRVEUX. 167
La lymphe est une liqueur animale dont la
1 DÉSIGNATION POIDS EN KILOGBAHMES. composition est identique à celle du sérum
1 DES que contient le sang; l'abstinence prolongée
en augmente très-sensiblement la quantité et
ANIMAUX. De l'animal Du tang fait un peu varier la proportion de ses élémens
vivant. recueilli. constitutifs , qui sont l'albumine, la fibrine ,
des chlorures et quelques sels alcalins.
Chevaux et mu
lets maigres. . dc350à4O0kil. de 18à 21 kil. Section viii. — Système nerveux.
Un âne maigre. 140 kilog. 8 kilog.
Boeufs abattus Ce système, qui constitue un des caractères
dans les bou-
de 400à 800kil. del8à25kil. principaux de 1 animalité, se compose dans les
Moutons dans les animaux vertébrés : 1° de masses plus ou
boucheries. . . de 40 à 65 kil. de2à3k.5h. moins considérables, encéphale, moelle épi-
Chiens dn grande nière_ et ganglions, qui pendant la vie sont ra-
de 30 à 35 kil. de3à3k.5h. boutissant de toutes les sensations, et le point
iChiens de petite de départ des volitions; 2° d'une innombra
14 kilog. 1 kilog. ble quantité de cordons rameux et réticulés,
les nerfs, qui sont les conducteurs par les
quels s'établit la communication des masses
§ II. — Vaisseaux lymphatiques. entre elles et avec toutes les parties du corps.
Le grand appareil de l'innervation, auquel
On donne le nom de lymphatiques à des un grand nombre d'anatomistes ont assigné
vaisseaux transparens, valvuleux et très- un centre unique, le cerveau, et des prolon-
anastomotiques, naissant comme les veines gemens, les nerfs, que BicnATa divisé en sys
de toutes les parties du corps, traversant, tème nerveux de la vie animale, et système
dans le trajet qu'ils parcourent de la périphé nerveux de la vie organique, que Cuvier a
rie au centre, de petits corps nommés gan regardé comme un vaste réseau ayant des
glions, et aboutissant tous au système vei centres et des filets qui les font communiquer;
neux, dont ils peuvent être considérés comme enfin , ce grand appareil que M. de Blainville
une dépendance et dans lequel ils versent les définit un amas de ganglions, desquels par
fluides qu'ils charrient. Ces fluides , issus de tent des filets dont les uns vont se terminer
source différente,sont la lymphe et le chyle que aux organes pour établir leur vie particulière,
pompent dans le tube intestinal des lympha tandis que d'autres font communiquer les
tiques particuliers nommés chylifères, qui ne ganglions entre eux pour établir la vie géné
diffèrent en rien, sous le rapport anatomique, rale de ces mêmes organes, forme un tout nou
des vaisseaux lymphatiques proprement dits. interrompu dont l'élément caractéristique est
A l'exception des centres nerveux de l'œil la substance nerveuse, que l'on distingue en
et de l'oreille interne , on est parvenu à dé blanche ou médullaire et en grise ou corticale,
montrer l'existence des lymphatiques dans eu égard à leur couleur et à leur position
tous les organes. respective. Ces deux substances, examinées au
A leur origine, qui n'a encore pu être dé microscope, apparaissent, d'après les intéres
montrée jusqu'ici que sur les surfaces libres santes recherches de M. Edwards , composées
du corps animal, les vaisseaux lymphatiques de globules qui ont un 1 1 300 de millimètre de
apparaissent sous la forme d'un réseau exces diamètre. Elles fournissent à l'analyse chi
sivement ténu; de ce réseau partent des radi-" mique, de l'eau, deux matières grasses, l'une
cules très-anastomotiques qui, après un trajet blanche, l'autre rougeàtre, de l'albumine, de
plus ou moins étendu, se plongent dans des l'qsmazome, du phosphore, des acides, des sels
ganglions, desquels partent de nouvelles ra- et du soufre.
muscules vasculaires qui convergent tous en Le système nerveux anime tous les organes,
définitive vers deux troncs principaux, savoir : transmet et perçoit toutes les impressions,
le canal thoracique et la grande veine lym et préside à tous les mouvemens volontaires
phatique droite. ou involontaires, ainsi qu'aux opérations de
Le canal thoracique, confluent des chylifè l'instinct.
res et des lymphatiques de l'abdomen, des
membres postérieurs et d'une partie du tho Section ix. — Tissu musculaire.
rax, prend naissance dans la cavité abdo
minale, par une dilatation nommée réser Ce tissu, qui a la fibrine pour base, et la con-
voir sous-lombaire; il pénètre ensuite dans tractilité pour propriété vitale essentielle,
la poitrine, traverse cette cavité en s'accolant compose les muscles, agens de tous les mouve
à l'aorte, et vient se terminer dans une des mens, soit volontaires, soit involontaires. Ces
divisions de la veine-cave antérieure. organes, dont la masse très-considérable pa
La grande veine lymphatique droite est le rait être en rapport avec la disposition défa
confluent de presque tous les lymphatiques vorable de la plupart des leviers que repré
de la tête, du cou et des membres antérieurs. sentent les différentes parties du système
Tous les vaisseaux , dont la composition est osseux, sont formés d'une fibre microscopi
analogue à celle des veines, sont considérés que, composée elle-même de globules identi
comme des organes d'absorption; aussi les ques à ceux du sang, dépourvus de leur ma
désigne-t-on souvent encore par les noms tière colorante, réunis par un médium que la
d'absorbant, ou encore de i>aisseaux blancs , macération détruit assez promptement. Cette
par rapport à la transparence habituelle des li fibre, plissée en zigzag, sans jamais se diviser
queurs qui les parcourent. ni s'entre-croiseï , forme l'élément primitif du
168 ANIMAUX DOMESTIQUES : ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE DES ANIMAUX, ùv. m.
tissu qui nous occupe. De la réunion d'un étendue, est commune aux organes génitaux
plus ou moins grand nombre de ces fibres ré et urinaires, à l'égard desquels elle se com
sultent desfascicules; ceux-ci en se réunissant porte de la même manière que la première.
forment des faisceaux; enfin, la réunion d'un Doublées à l'extérieur dans presque toute
plus ou moins grand nombre de ces dernières l'étendue de ces divers appareils par des
parties, très-visibles à l'œil nu , constitue un membranes charnues, jes muqueuses offrent
muscle, dans la composition duquel il entre ordinairement à leur surface libre, 1° un plus
encore, comme dans les autres organes du pu moins grand nombre qe plis qui en aug
tissu cellulaire , des vaisseaux et des nerfs. mentent la surface et permettent leur ampli j-
La fibre musculaire offre en général une co Iion; 2° des ouvertures par lesquelles s'échappe
loration rouge, dont l'intensité varie non-seu e mucus que sécrètent les follicules situées
lement dans les diverses espèces d'animaux , dans ble quantité
leur épaisseur;
de petites3° éminences
enfin une uiaornlmi-
nommées,
mais encore dans les différens muscles d'un
même animal , et de plus encore dans le papilles on villosités, suivant qu'elles sont des
même individu suivant l'âge. Cette coloration organes de sensibilité ou d'absorption.
est indépendante du sang qui circule dans les La composition des membranes muqueuses
vaisseaux du muscle. Sa consistance, non tion résultede assez
deux généralement
couches. La, plus
de laexterne
superppsi-
es{
moins variable que sa couleur, est toujours
plus grande dans les animaux avancés en âge, nommée mucoderme, et la plus interne, qui
que dans les jeunes animaux. n'existe pas toujours, est appelée épidémie ou
Indépendamment de la fibre contractile ou epithelium.
fibre musculaire proprement dite, il entre
encore dans la composition des muscles, des § H. — Système tégumentaire externe ou peau.
fibres blanches, non contractiles et très-résis
tantes dont la réunion forme les tendons, or Yapcuu est une membrane qui forme j'en
ganes de transmission du mouvement, et les veloppe extérieure du corps, sur lequel elle se
aponévroses, sortes de toile formant un appa moule de manière à en accuser toutes leg for
reil de contension , qui affermit la contrac mes. Doublée, en quelques endroits, par une
tion musculaire et la rend plus énergique. couche musculeusè destinée à la mouvoir-,
Le système musculaire a la même structure la peau est recouverte à l'extérieur de pro
dans tous les animaux. Dans tous, les muscles ductions cornées ( les poils), qui en font une
sont les organes actifs du mouvement; les ex enveloppe défensive.
térieurs, ou les muscles de la vie animale, con Les parties essentiellement constituantes
stituent les puissances appliquées aux leviers du tégument externe sont Mie derme, ou cou
que représentent les différentes pièces du che fipreuse qui en est la partie fondamentale,
squelette, leur action est soumise à l'empire et duquel dépendent, son épaisseur^ sa résis
de la volonté; tandis que les muscles inté tance et son élasticité ; il contient dans
rieurs, encore nommés muscles de la vie orga son épaisseur de petits organes sécréteurs.,
nique, dont l'action est bors de l'influence de nommés follicules, destinés à sécréter une
la volonté, sont annexés au système tégumen- matière onctueuse qui forme à la peau iio
taire interne. enduit défensif; 2° des papilles, éminences
La contraction musculaire étant sous l'in érecliles, formées par des vaisseaux et des
fluence directe et immédiate du système ner nerfs, dans lesquelles parait résider la sensi
veux, la cessation de l'innervation entraîne bilité dont jouit la peau; f}° d'un réseau lym
nécessairement l'anéantissement de cette pro phatique, siège de I absorption et deH'exhala-
priété vitale. tion qui s'exercent continuellement à la sur
face de l'organe cutané ; 4° un pigment noirâtre
Section x. — Système tëgumentaire en ou rougeàtre, qui manque quelquefois dans
général. certaines parties de la peau,et que l'on regarde
aujourd'hui comme aiialogue a la matière co
lorante du sang; 5° enfin, Vépidémie, expan
Ce systèmej d'une immense étendue, se sion de nature cornée, susceptible de se régé
compose de diverses expansions membraneu nérer, qui se moule à la manière d'un vernis
ses d'une texture ordinairement foliée, qui sur la surface du corps papillaire, et le garan
forment le revêtement non interrompu de tit de l'impression trop'immédiate des agens
toutes les surfaces du corps, tant externes extérieurs.
qu'internes , habituellement exposées au con Les principales parties accessoires de la
tact des substances étrangères ; de là sa divi peau sont les ongles et les poils.
sion assez naturelle en deux systèmes secon Les poils, productions cornées filiformes,
daires, qui sont le système cutané ou tëgu variables quant à leur grosseur, leur longueur,
mentaire externe,el le système des membranes leur configuration, leur nuance, etc., compo
muqueuses ou tégumentaire interne, sent une vestiture naturelle qui constitue ce
que l'on nomme peloge, robe et (oison. Cha
§ l". — Membranes muqueuses. cune de ses productions, quels que soient son
volume, sa forme et salongtieur, tient a la peaft
Ces membranes , ainsi nommées à cause du par sa base qui est logée dans un bulbe ou fol
mucus qu'elles fournissent, forment le tégu licule. Ce bulbe, organe promoteur du poil,
ment interne de toutes les cavités du corps qui est un petit sac logé sous le derme ou dans son
communiquent au dehors. L'une de ces mem épaisseur, du fond duquel s'élève une papille
branes tapisse en se canalisant d'une manière vasculo-nerveusc, sur laquelle se moule la lige
toires;
continuel'autre
toutesmuqueuse
les voies digestives
, beaucoupet respira-
moins |1 du poil et qui lui forme un étui défensif.
A ces détails anatomiques, dont la connais-
CIUP. 1er. APPAREILS OU GROUPES D'ORGANES. 160
sance me parait suffisante pour comprendre mencer, en prenant pour cet appareil, comme
le mode d'origine, l'accroissement, la régéné pour tous les autres, le cheval pour type de
ration des .poils et le rôle qu'ils jouent dans toutes les descriptions.
l'exercice du tact, j'ajouterai que l'âge, le cli
mat, la saison, la quantité et la qualité des Section i™. — Appareil de locomotion.
alimens, l'état de sauté ou de maladie, la
constitution individuelle et les soins que l'on Agent essentiel de toutes les altitudes et de
donne aux animaux, sont autant de conditions tous les mouvemens, l'appareil locomoteur se
qui influent sur les caractères de ces produc compose, 1° d'organes actifs ou contractiles
tions. que rou appelle muscles; 2° d'organes passifs,
Toutes les autres productions cornées, quels ce sont les os, véritables leviers dont le contact
que soient leur situation, leur volume et leur mutuel constitue les articulations , ou, en
forme, se développent , s'accroissent , se nour d'autres terme», ces points d'appui mobiles
rissent et se régénèrent de la même manière dans la composition desquels nous trouvons
que les poils; les unes de ces productions, con des substances élastiques qui amortissent la
nues sous le nom générique aonglet, revêtent violence des chocs et préviennent l'usure dos
plus ou moins complètement 1 extrémité de surfaces osseuses (cartilages articulaires), un
chaque doigt; lorsque ce revêtement est com liquide oléiforme qui facilite les glissemens à
plet, l'ongle est appelé sabot; parmi les ani la manière des corps gras dont sont enduits les
maux domestiques le cheval, le mulet et l'âne rouages d'une machine {synovie); enfin, des
sont ceux qui nous offrent le type le plustcom- liens (ligamens) flexibles, mais inextensibles,
plet de cette espèce d'ongle. Le bœuf, le mou qui assujettissent les os dans leurs rapports,
ton , la chèvre et le porc ont également des sa et préviennent-leurs déplacemens.
bots , mais beaucoup moins étendus. La griffe
du carnassier est un ongle terminé en crochet § I". — Dej os Cn général.
oui ne recouvre que les deux tiers environ Exclusivement propres aux animaux verté
de la phalange unguéale.
Les autres productions cornées, telles que brés, les os sont, ainsi que nous l'avons déjà
indiqué en traitant du tissu qui les coinpose
les châtaignes, \çs>tergots et les défenses de des parties tout à la fois dures, organisées et
formes si variées, dont est année, la tète de vivantes. Ils servent de soutien et de moyens
certains animaux, sont encore, sous le rap de
port anato inique, tout à fait identiques aux les environnentaux
protection
de
autres parties du corps qui
toutes parts. Sous le doupile
productions pileuses. rapport de leur organisation et de leur situa
tion au milieu des parties molles, les os diffè
Art. ii.—Appareils ou groupes d'organes. rent donc essentiellement de ces productions
plus ou moins dures, parfois même calcaires,
De la réunion des solides organiques précé 3ui forment l'enveloppe extérieure du corps
demment examinés, résultent les organes e certains apimaux invertébrés.
qui diffèrent entre eux par leur structure et De la réunion des os résulte une charpente
leurs usages, niais qui tous sont réunis pour symétrique, nommée squelette.
le double I)ut de la conservation de l'individu Le' squelette des quadrupèdes domestiques
et de la conservation de l'espèce. est,comnic celui de tous lesauimaux vertébrés
Pour concourir à ces deux grands résultats essentiellement composé d'une tige centrait ,
définitifs, ces instrument ou organes sont nommée rachis ou colonne vertébrale, termi
distribués en un certain nombre de groupes née antérieurement par un renflement qui
ayant chacun une fin déterminée; cette fin constitue la tête, et postérieurement par une
s'appelle fonction, et chaque groupe d'organes série de petits os successivement décroissans
est nommé appareil. dont l'ensemble constitue le coccix ( vulgaire
Parmi les appareils destinés à la conserva ment la queue). Cette tige, à laquelle sont
tion de l'individu, les uns, servant à établir ses pppepdus latéralement des arcs osseux (les co
rapports avec le moudeexléncur sont nommés tes) qui forment le thorax, est supportée par
appareils de relation; les fonctions qui dé quatre colonnes qui constituent les membres
pendent de l'exercice de ces appareils, sont : ou les extrémités.
te tact, le gotlt, l'odorat, l'ouïe et la vue": Le rachis, la tête, le thorax et le bassin réu
Le? " autres , destines p réparer les pertes nis constituent le tronc, partie principale du
que font incessamment toutes les parties du corps, rcnt'erinriut lés organes les plus essen
corpsj sont nommés appareils de nutrition; tiels à la vie.
la
les digestion,
sécrétions la respiration dépendent
, la circulation
et l'ahsortion de ces, fiièees
En ne considérant comme os distincts que les
du squelette qui peuvent être séparées
appareils. ec unes des autres a l'époque où les diverses
Les organes dont le but est la conservation parties du corps anîipaf ont acquis tout Lîur
de l'espèce composent l'appareilgénérateur. acerqissement, leur nombre serait de |90 dans
Les appareils de relation se divisent en cleqx le cheval, l'âne et le mulet; de 198 k peu près
classes. La première comprend les appareils dans le bœuf, le mouton et la chèvre; de 842
de sensation; la seconde, Vappareil du mouve dans le porc, et de Ï31 à peu près dans le
ment , par l'examen duquel nous allons com- chien.
THIEBAULr.
Os de la téte(fig. 74, 75, 76 «77). 18. Le maxillaire inférieur. 30» Les métacarpiens.
Os du crdne. 17. L'Os hyoïde (Jig. 78). 31. Le premier phalangfen.
Os du rackis. 32. Le second plialangien.
1. L'occipital. 33. Le troisième phalangien.
2. I.e pariétal. 18. Vertèbres cervicales. 34. Les deux 1
3. Le frontal. 20.
19. Vertèbres
Vertèbres dorsales.
lombaires. 35. Le petit séjtMMfde.
4. Le sphénoïde.
5. L'étlinioldc. 21. Le sacrum. Os des membres postérieurs.
8. Les temporaux. 22. Le ciccix.
Os de la face. 36. Les coxaux.
23- Les côtes.
Os du thorax. 37. Le fémur.
7. Les grands sus-maxillaires. 38- La rotule.
8. Les petits sus-niaxillaircs. 24.'OsLedes membres antérieurs' .19. Le tibia.
sternum.
'J. Les rus-nasaux. 40. Le péroné.
10. Les lacrymaux. 4 1 . Les os tarsiens.
1 1 . Les ztgomatifiues. 25. Le scapulum. 42. Les os métatarsiens.
12. Les palatins. 26. L'humérus. 43. Lestrois phalangiens.
13. Les ptérygoïdiens. 27. Le cubitus (mieux radius). 44. Les trois sésamoides.
14. Les cornets. 28. L'olécrâne. a Le ligament cervical.
15. Lei 29. Les os carpiens. B Le ligament sacro-ischiatique.
Tous les os; à volume égal, n'ont pas le lestrois dimensions dans les os, on les a divi
même paids; ainsi, dans lememe animal, ceux sés en longs , larges et courts.
. des membres postérieurs sont généralement Les os longs portent à leur intérieur une ca
plus lourds que ceux des membres antérieurs; vité nommée canal médullaire qui contient la
différence qui tient sans doute à ce que les moelle et donne plus de solidité à ces os en
premiers sont non-seulement des colonnes de diminuant leur poids. On les rencontre dans
sustentation, mais de plus des espèces de res les membres où ils forment des leviers dont
sorts destinés au transport du corps; les os la longueur est toujours proportionnelle à
sont aussi spécifiquement plus légers dans les l'étendue des mouvemens. Leurs extrémités,
jeunes et les vieux sujets, et toujours plus qui sont les parties par lesquelles ces os s'ar
lourds dans les animaux gras que dans ceux ticulent, offrenttoujours un diamètre considé
qui sont maigres. Enfin, a force de soins ap rable; circonstance de laquelle résultent plus
portés dans l'éducation de certaines espèces de largeur dans les surfaces articulaires , un
•d'animaux , on est parvenu à obtenir une di parallélisme moins complet entre les puis
minution très-sensible dans le volume et le sances et leurs leviers, enfin des bras de le
poids des différentes pièces de leur squelette. viers plus longs pour les puissances qui s'im
D'après le rapport dans lequel se trouvent plantent sur ces extrémité».
; cha».1". APPAREIL DE LOCOMOTION. 171
Les os larges sont employés à former des ca supérieures, se nomment vertèbres. Leur
vités. Leurs bords sont les parties par les nombre est de trente et un dans le cheval, l'âne
quelles ils s'articulent entre eux. et le mulet; savoir : sept au cou, dix-huit au
Les os courts se rencontrent partout où il dos, et six aux lombes. Dans le bœuf, le mou
devait exister à la fois du mouvement et une ton et la chèvre, les os du rachis soat au nom
grande solidité. bre de vingt-six : sept à la région cervicale,
Tous les os, quelle que soit leur configura treize à la région dorsale, et six à la région
tion, ont leur surface extérieure hérissée lombaire. Il y a vingt-huit vertèbres dans le
tféminences et creusée de cavités différentes porc : sept dans chacune des régions extrêmes
' par leurs formes et leurs usages. Les unes et du rachis, et quatorze dans la région moyenne;
les autres servent , soit aux articulations des le nombre de ces os dans le chien diffère seu
*. os entre eux, soit à des implantations, soit à lement dans la région dorsale où il n'y en a
des glissemens. Une remarque importante à que treize.
r faire sur les éminences d'implantation , c'est Les articulations de ces os se ressemblent
que leur grand développement est toujours toutes: toutes sont amphiarthrodiales, à l'ex
proportionné à la force des parties actives qui ception des articulations des deux premières
* vien nen t s'y attacher. vertèbres du cou entre elles, et celle de la pre
Le développement des os, considéré d'une mière avec la téte , dans lesquelles il existe des
manière générale', présente 3 périodes dési mouvemens plus étendus et plus variés. —
gnées sous le nom d'état muqueux, d'état carti Dans la région dorsale les vertèbres s'articu
lagineux, etd'état osseux. Leur accroissement lent latéralement avec les côtes. .
a lieu dans tous les sens, suivant deux modes, Enfin, les vertèbres cervicales sont soute
| l'un interstitiel, et l'autre parjuxtaposition. Le nues, ainsi que la téte, par un grand ligament
double mouvement de composition et de dé jaune, nommé ligament cervical, qui est à
composition qui constitue la nutrition n'est son maximum de développement dans les
pas moins actif dans les os que dans les autres grands animaux domestiques.
parties du corps animal. Les mouvemens de totalité de la colonne
vertébrale, sont : la flexion, l'extension et
§ II. — Articulations des os en général. l'inclinaison latérale. — Ses conditions de soli
dité résident , t" dans les courbures qu'elle dé
crit; 2° dans la multiplicité des os qui la com
L'union des os entre eux constitue les arti posent; 3° dans l'étendue et le nombre des
culations, dont les mouvemens sont toujours surfaces par lesquelles ces os se correspon
subordonnés à la disposition des surfaces dent; 4° dans la ténacité de leurs moyens d'u
par lesquelles les os se mettent en rapport. nion; 5° enfin, dans la cavité dont cette tige
On divise les articulations en trois grandes est creusée intérieurement.
classes. Toutes les articulations à surface con- 2° Os de la téte. — La téte, partie la plus
t iguës composent la première : on les nomme compliquée du squelette, constitue l'extré
diarthroses; elles jouissent de mouvemens mité antérieure du tronc. Elle est composée
étendus et variés; des cartilages d'encroû de deux parties assez distinctes. La partie
tement, des membranes synoviales, et des supérieure, nommée crâne, loge et protège
i ligamens entrent dans leur composition; tout à la fois le cerveau ainsi que les parties
les articulations par charnière, par genou, essentielles de l'audition. L'autre, nommée
par pivot, par coulisse, appartiennent a cette jace et destinée à receler et à protéger les
classe. La seconde classe comprend les synar- organes de la vue, du goût et de l'odorat, en
throses ou articulations à surfaces continues ; même temps qu'elle sert à la mastication,
ayant pour moyen d'union un cartilage qui comprend les deux mâchoires distinguées en
s'ossifie ordinairement avec l'âge; point de supérieure et inférieure.
membrane synoviale, point de ligamens ; mou Le crâne est formé de 7 os, qui sont lefron
vemens à peine sensibles ; à cette classe appar tal, lepariétal, 1'occipital, le sphénoïde, Véth-
tiennent les différens genres de sutures que moide et les deux temporaux.
forment les os du crâne et de la face en s'unis- haface comprend 20 os. Ce sont deux grandt
sant les uns avec les autres. La troisième enfin sus-maxillaires, deux petits sus-maxillaires,
embrasse les amphiarthroses ou articulations deux, sus - nasaux , deux lacrymaux , deux
mixtes pour la composition et le mouvement; zrgomatiques, deux palatins, deux ptérygoï-
exemple l'union des vertèbres par leur corps. diens, quatre cornets, un vomer, et enfin
i , • ■• un os nommé maxillaire m\\ forme à lui seul
§ III.— Des os en particulier. la base de la mâchoire inférieure. • : .
A l'exception de ce dernier et du vomer,tous
1" Os du tronc. —-Colonne vertébrale. La les os de la téte sont incurvés, aplatis sur
colonne vertébrale, encore nommée rachis, deux sens opposés, et percés d'un grand
épine,. est un grand levier creux et courbé, nombre de trous pour le passage des vaisseaux
formant la pièce fondamentale sur laquelle et des nerfs. Articulés par leurs bords de ma
s'appuient toutes les autres parties de la char nière à constituer différens genres de synar-
pente animale , le centre mohile de toutes les throses, ils interceptent entre eux des cavités
actions; locomotrices, et de plus l'enveloppe dont les principales sont les sinus, les orbites,
protectrice d'une partie de l'axe nerveux. les. fosses nasales et la cavité buccale. La
Pour réunir ces conditions de solidité et de mâchoire inférieure se meut sur la supérieure
mobilité ,• la colonne vertébrale est composée par charnière imparfaite, de même que l'occi-
d'un grand, nombre d'os courts, articules très- Eital sur la première vertèbre du cou. Le nora-
solidement les uns avec les autres. Ces os, re des os de la téte est exactement le même
hérissés d'éminences dont les plus élevées sont i dans tous les animaux domestiques. .
ira ANIMAUX DOMESTIQUES : ANATOME ET PHYSIOLOGIE DES ANIMAUX, in.in.
- ♦ dans
C'est j .. «- iles os maxillaires
-ii « , .
supérieurs et 6° Os des membres. — Les membres on
inférieurs que sont implantées les dents; j'en les extrémités sont de longs appendice!
excepte toutefois les ruminans qui ne portent unis au tronc par leur partie supérieure. Ils
-point de dents incisives à la mâchoire supé sont au nombre de quatre, deux antérieurs
rieure.. Lèche val, qui, par la forme de ses dents, encore appelés thoraciques parce qu'ils sont
parait surtout destine à se nourrir de graines, unis au thorax , et deux postérieurs encore
est celui dans lequel les mouvemeus latéraux nommés abdominaux et pelviens par rapport
de la mâchoire inférieure sur la supérieure à leurs connexions avec l'abdomen et le bassin.
ont le plus d'étendue. Ils représentent 4 colonnes ou piliers destinés
3" De l'os hyoïde. — On désigne sous le nom
d'hyoïde un petit appareil formé de plusieurs àd'un la sustentation du corps et a sa translation
pièces osseuses mobiles les unes sur les au dans lieu dans un autre. Les membres offrent
leur construction 1° des dispositions
très, auquel sont attachés d'une manière communes, et de nombreuses analogies qui
aelive, la langue, le larynx et le pharynx; l'appa démontrent d'une manière évidente qu'ils ont
reil hyoïdien, dont les piècjs sont au nombre été formés d'après un même type fondamen
de â dans le cheval et de 7 dans le bœuf, est tal; 2° certaines différences relatives aui
articulé supérieurement avec le temporal. usages spéciaux qu'ils sont appelés à remplir:
4° Os du thorax ou de la poitrine. — Le le premier rayon de chaque membre anté
thorax est une sorte de cage osseuse appeiu) rieur et postérieur forme, en s'inciinant
due en dessous de la partie moyenne du vers le même rayon du membre opposé, nue
rachis, servant de réceptacle aux organes espèce de voûte que ferme d'une manière mo
essentiels de la respiration et de la circula bile la colonne vertébrale qui en représentela
tion. Il est formé en haut par les vertèbres du clef.
dos, en bas par un os nommé sternum qui est _ Les os des membres représentent des le
placé à la manière d'une clef de voûte à la viers successivement décroissais, mobiles et
partie inférieure de celte cavité, et latérale superposés angulairemcnt de manière» for
ment par les côtes, sortes d'arcs osseux, flexi mer une colonne dans les brisures de laquelk
bles, cartilagineux inférieurcmeot, distans les s'amortissent les percussions Chaque membre
uns des autres, et articulés supérieurement se divise en4 régions principales,quisoDtpour
avec les vertèbres dorsales.— Les cotes sont au le membre antérieur l'épaule, le bras, l'aVant-
nombre de 36 dans le cheval, l'àne et le mulet, bras et le 'pied ; les régions analogues dans le
18 de chaque coté, parmi lesquelles 8 seule mepibre ppstérjèur sont la hanche, la cuisse,
ment, et non pas neuf comme ou le croit géné
ralement, s'articulent directement avec le ster la janibe et le pied.
a) Ùtembrcs antérieurs. — JJépaule a pQUT
num par leur partie inférieure, tandis que les base un os large nommé omoplate ou «y
10 autres s'appuient simplement les unes sur lum uni au tronc par l'intermède de partie*
les autres. Les premières sont nommées .»•/<•/•- mol)es,artfculéinférieurement par genou avec
nales et les autres asternales. Les côtes sont l'os du bras, et prolongé supérieurement au
au nombre de 26 dans le bœuf, le mouton et la moyen d'un grand cartilage qui n'existe fl.ue
chèvre; huit de chaque côté s'articulent avec dans les grands quadrupèdes, che? lesquels
le sternum. Dans le porc, il y a 28 côtes, il parait avoir pour usagé d'augmfiBter, )a
dont 6 slcrnales et 8 asternales; le chien en flexibilité dans le point d'union du membre
a 26, dont 9 sternales de chaque côté.
Les côtes sont articulées de manière à pou avec le rachis.
voir augmenter en se soulevant l'ampleur de
la cavité thoracique dont la capacité est tou-
ÏAMM proportionnée
jours »'- ' au
- volume du poumon
11avant-bras comprend un grand os |°'|
5° Os du bassin. — Le bassin est une nommé impropremënt cubitus (car il est t<>111
cavité qui forme l'extrémité postérieure du à fait l'analogue de pelnj que daqs l'homme on
tronc, et l'arrière-fond de la cavité abdomi appelle radius), et une autre pièce psseust-
nale. 11 contient une partie des organes géni nommée olecnine qui n'est autre qu'un cu'
taux et urinaires, ainsi que l'intestin rectum, bitus, 'rudimentaire.Liî prjpcipal de ces dçil*
par lequel se termine le tube digestif. Les os s'articule par charnière à mouvement °ml'
parois de cette cavité sont constituées ; 1' su 3ue, avec la première rangée des os du c3rP?i
périeurement par le sacrum, os composé de ans. les animaux domestiques antres qup I
plusieurs vertèbres dont la soudure est très- cheval, le cubitus est plus complet. .
précoce; 2° par le coccix, série de petites ver Le pied, expression par laquelle on design
tèbres successivement décroissantes et de les autres parties qui terminent chaque mem
plus en plus incomplètes; 3" enfin latérale bre, se compose du carpe, du métacarpe e
ment et i u fé ri cure ment par un grand ligament dé la région digitée. ,t
et 2 os larges nommés coxaux, qui, en ayant Le carpe ou le genou est formé d'un mas*
égard aux analogies qu'ils présentent avec les de petits os au nombre de 7 dans je cne™!
omoplates, doivent être considérés comme ap deé dans le bœuf et le mouton, articules ^'1,
partenant aux membres postérieurs. L union eux, et les inférieurs seulement, avec le* 0
du sacrum avec la colonne vcrtébrale,ainsi que du métacarpe.
celle du sacrum avec les coxaux étant extrê Le métacarpe ou le canon comprend troi
mement serrée, il en résulte que le jeu des os : le métacarpien principal, qui est un
différens rayons des membres postérieurs long, et les deux péronés, os allongés et
est transmis au tronc sans aucune perte, effet
opposé à celui que produit l'union si différen grêles, qui paraissent surtout avoir p°
usage d'augmenter la surface articulaire si
te des membres antérieurs avec le thorax et pétïeure du canon.—Ces deux derniers os, fl
la colonue vertébrale* manquent à peu près complètement dans i
oat. t". APPAREIL DE LOCOMOTION.
derrière, et à ceux de la région digitée, m ils
dactyles.
didactyles, sont très-complets dans les tétra
sont identiques en tous points à ceux des ré
La région digitée par laquelle chaque mem gions Ce que
correspondantes
nous avons ditdu de
membre
la région
antérieur.
digitée
bre se termine, est formée, dans les monodac-
tjles, de 6 os qui sont 3 phalangiens et 3 sé- dans les membres antérieurs des didactyles et
samoides. des tétradactyles, trouve encore ici son appli
Le premierphalangien, encore nommé os du cation rigoureuse.
paturon, est le plus grand des trois; il s'arti
cule par charnière avec le principal os du mé $ IV. — De la myologie.
tacarpe et avec la seconde phalange.
Le second phalangien ou l'os de la couronne 1° Des muscles en général. Lés muscles
est cuboïde; il s'articule inférieurenient avec sont les organes actifs du mouvëtaeht; ils re
le troisième,et est en partie situé dans le sabot. présentent les puissances appliquées attx le
tét troistétne phalangien, encore nommé viers qtie forment les différentes pièces du
l'ot rht pied, est remarquable par sa forme squelette et composent avec les os le plus
i ilngue à celte du sabot, par la grande quan considérable de tous les appareils sous le rap
tité de conduits vasculaires qui le traversent eh port du volume et de la masse. D'espèce à
tous Sens, ainsi que par les productions cartila» espèce, et même d'individu à individu, l'ap
ginfcUses en forme a ailes qui le prolongent en pareil mUscUlaire offre* dans son développe
arriéré et en haut. ment des différences notables, qui reconnais
Les sésamotdes, au nombre de 3, 2 grands sent pour cause , ainsi que le démontre la
et un petit encore nommé os naviculaire, sont physiologie comparée, des différences, soit
de petits os placés en arrière de la première et dans les habitudes, soit dans le mode d'ali
de la dernière articulation phalangienne; ils mentation, soit enfin dans les attitudes que
forment des poulies de renvoi aux tendons des les animaux peuvent prendre et garder.
muscles fléchisseurs, cl contribuent ainsi à ren La figure des muscles est tellement variée
dre moins défavorable l'insertion de ces mus qu'on ne peut rien préciser à cet égard : néan
cles sur les leviers qu'ils sont destinés à mou moins on observe que les muscles plus longs
voir. Tous les os de la région digitée sont en decupent les membres larges, les parois des
double dans les animaux didactyles, et en Cavités, et que les mnscles courts environ
nombre quadruple dans les tétradactyles. nent les os qUi présentent les mêmes carac
t) Membres postérieurs. — La hanche, qui tères.
forme le premier rayoh du membre postérieur; Le trajet oblique qu'ils parcourent quel
correspond à l'épaule. Elle a pour base une quefois en augmentant la longueur de leurs
portion du coxal, nommée ilium;ce grand os fibres, donne plbs d'étendue à la contraction
large, que nous avons déjà indiqué comme con de ces muscles et aux mouvemens qui en sont
courant à former le bassin, comprend encore les conséquences.
deux autres portions, le pubis et enfiu l'ischion Des différentes parties auxquelles se fixe
qui forme la pointe de la fesse; entre la un muscle qui se contracte , les Unes restent
hanche et la cuisse, il existe une articulation immobiles, tandis que les autres sont' mises
douée de toute espèce de mouvemens. eh mouvement.
La cuisse, seconde région du membre posté Les mouvemens ne sont donc que la consé
rieur, correspond au bras. Elle a pouf base un quence de lâ contraction oii du raccourcisse
grand os long, nommé fémur, articulé infé- ment de la fibre musculaire , q^ui se plisse en
rieurement avec deux des os de la jambe. Zigzag. — On distingue dans la contraction
La jambej région analogue à l'avant-bras, musculaire, 1° l'ihtensité, qui sé mesure par
comprend trois os. Le tibia, os long le plits le Volume des muscles; 26 l'étendue, qui se me
considérable en volume et eu poids; le péroné, suré paf la longueur des fibres musculaires ;
os allongé et grêle, manquant daiis les didac 3' enfin, la vitesse dont on ne peut donner
tyles, très-développé au contraire dans les d'explication satisfaisante. Les muscles qui
tétradactyles; enlin, la rotule, sorte de poulie concourent à la production du même mouve
attachée a l'extrémité supérieure dti tibia, et ment sont appelés congénères, ceux qui prO*
mobile sur l'extrémité inférieure du fémur. duisent un mouvement opposé sont dits an
Le pietlt quatrième partie du membre pos tagonistes. Les noms de fléchisseurs, d'exten-
térieur, se subdivise en régions qui Sont sélirs, d'abducteurs et d'adducteurs, par les*
exactement les mêmes que celles du membre quels on a fort longtemps désigné les mus*
antérieur» pour le nombre et la configuration ctes, seront ceux que nous emploierons dans
des os qui les composent <;l la manière dont leur exposé.
ils sont articulés. La figure que nous donnons i<A{fig. 79) repré
La première est le jarret ou le tarse, com- sente un écorché de cheval,vu de profll;Ia peau,
|»sé d'un massif de 6 os articulés entre eux les mbscles peaussiers et quelques aponévroses
(fane manière très-solide. L'un a été appelé d'enveloppe, sont les seines parties qui aient
calcamrnm , un autre astragale, deux autres été enlevées, pour présenter les musclés les
osQuant
plats, deux
aux osautres
du métatarse
enfin, os ou du canon de plus superficiels, et donner une idée de leutf
irréguliers.
situation , de leur forme et de leurs rapports.
174 ANIMAUX DOMESTIQUES : ANATOM1E ET PHYSIOLOGIE DES ANIMAUX, uv. m.
Fig . 79.
à. THIESAULT.
2"'Muscles de la colonne vertébrales—a) Mus chis. Deux des muscles de cette région s'insè
cles du cou. — Ces muscles, en très-grand rent à l'épaule qu'ils concourent a fixer et à
nombre, entourent les vertèbres du cou, qui mouvoir; un autre s'implante sur l'os du bras,
les divisent assez naturellement en deux mas deux autres enfin déterminent les mouvemens
ses, l'une supérieure au centre de laquelle se d'extension et d'inclinaison latérale de la co
trouve le ligament cervical, l'autre inférieure, lonne dorso-lombaire, et font équilibre au
que traversent d'avant en arrière la trachée et poids de toute la partie movenne du tronc. Le
1 oesophage. La flexion, l'extension et l'incli plus considérable de ces deux derniers mus
naison latérale de la tète, ainsi que de toute la cles, nommé ilio-spinal, produit encore le ren
région cervicale, rabaissement du larynx et versement en arrière de l'encolure par ses at
de la langue, enfin la semi-rotation de la tête, taches antérieures aux vertèbres cervicales.
sont les principaux mouvemens résultant de L'intensité de contraction des muscles spi
la contraction de ces muscles, dont quelques- naux supérieurs peut être mesurée à priori
uns contribuent encore à mouvoir l'épaule et par la hauteur et l'inclinaison des apophyses
le bras. épineuse» qui représentent les bras de leviers
1a'intensité de contraction ou la force des auxquels ces puissances s'attachent. Ces mus
muscles moteurs du cou et de la téte, dépend cles, dont les points fixes peuvent varier, sont
non pas seulement de leur nombre et de leur continuellement en action dans la station
volume, mais encore et surtout de la longueur comme dans la marche, ainsi que dans toutes
des éminences osseuses représentant les bras les altitudes que peuvent prendre lesanimaux ;
de leviers auxquels ces puissances vont s'atta leur contraction dans tous ces actes se com
cher ; c'est même, à n'en pas douter, à cette bine avec celle des muscles de la croupe et de
dernière disposition qu'il faut rapporter l'é- l'encolure.
normité de force que le porc déploie avec la c) Muscles de la région lombaire inférieure
tète et le cou, ainsi que celle non moins re ou sous-lombaire. — Cette région est consti
marquable que nous offrent dans ces mêmes tuée par 10 muscles, placés 5 de chaque côté à
parties les animaux de l'espèce bovine. la face inférieure des vertèbres lombaires, au -
b) Muscles de la région spinale du dos et dedans de la cavité abdominale; l'ensemble de
des lombes. — Ces muscles, au nombre de ces muscles forme cette chair délicate que
dix, cinq de chaque côté, forment une masse l'on appelle filet en terme de boucherie.
considérable qui remplit toute l'étendue de Deux fléchissent la cuisse et impriment à l'os
l'espace triangulaire formé par les apophyses qui en forme la base un mouvement de semi-
transverses des vertèbres lombaires, la partie rotation en dehors, duquel résulte une flexion
supérieure des côtes , et le coté des apophyses plus étendue qu'elle ne l'aurait été si elle se fût
épineuses de la partie dorso-lombaire du ra- opérée suivant une ligne parallèle à l'axe du
air. i* APPAREIL DE LOCOMOTION. 175
corps; car, dans ce cas, le ventre aurait rendu qu'ils sont pour ainsi dire immobiles dans
assujettit le bassin
l très-borné.
auquel — il s'attache,
Un autre muscle
tandis leurs rapports mutuels.
à) Muscles de l'oreille externe. — L'oreille
que les autres, placés à l'extrémité des apo externe, dont la forme, la position et surtout
physes transverses des vertèbres lombaires ou les mouvemens entrent pour une si grande
dans les intervalles qu'elles laissent entre elles, part dans la physionomie des animaux, est
produisent l'inclinaison latérale de toute la constituée par trois cartilages désignés par
région dont ces os forment la charpente. les noms de conque , d'annulaire et de scuti-
a)Région
3° Musclestkoracique.
du thorax—Ceset de muscles
l'abdomen.
en assez Jonne, que dix petits muscles mettent en mou
vement dans tous les sens.
grand nombre, et généralement aplatis, en b) Muscles de toeil et des paupières, — Les
trent comme parties essentielles dans la com muscles des paupières sont au nombre de
position de la poitrine dont ils déterminent trois; l'un, nomme orbiculaire, rapproche les
soit la dilatation, soit le resserrement, sui deux paupières l'une de l'autre; les deux au
vant ses diamètres transverse et antéro-poslé- tres sont élévateurs de la paupière supérieure.
rieur; l'un de ces muscles, déployé en forme c) Muscles du globe de l'œil. — Le globe de
d'éventail sur les côtés de la poitrine, con l'œil est mu dans la cavité qui le contient par
court à fixer l'épaule sur les parois de cette 7 muscles, dont 4 droits et 2 obliques.
cavité, et à suspendre le tronc entre les 2 d) Région de la face ou du chanfrein. —
membres antérieurs. Un autre, le plus étendu Les muscles de cette région, très-nombreux,
de tous et nommé diaphragme,forme une cloi sont groupés autour de la bouche et des na
son intérieure qui sépare la poitrine de l'ab seaux. Les naseaux, devant rester habituelle
domen. Quatre autres enfin occupent la partie ment ouverts, ont pour charpente des carti
inférieure de la poitrine, d'où ils s'étendent à lages auxquels s'insèrent les muscles qui
l'épaule et au bras qu'ils concourent à fixer et doivent les dilater ; on ne rencontre aucune
mouvoir. partie musculcuse capable de déterminer l'oc
b) Région abdominale. — "L'abdomen eu le clusion Dans deles ces
lèvres,
ouvertures.
les muscles s'insèrent à la
ventre est une grande cavité viscérale, dont la
structure, les dimensions et le mécanisme sont peau; leur rapprochement est déterminé par
en rapport avec les fonctions des organes di un muscle constricteur, semblable pour la dis
gestifs, pour lesquels elle est presque exclusi position à celui qui rapproche les deux pau
vement destinée. Séparé de la poitrine ou du pières, et le mouvement des joues par un
thorax par le diaphragme , et terminé posté autre muscle qui double la membrane mu
rieurement par le bassin, l'abdomen ases parois queuse de la bouche.
inférieures et latérales formées par plusieurs r) Muscles de la langue. — Les principaux
grands muscles, aboutissant à de vastes apo mouvemens de la langue sont produits par
névroses qui occupent le centre des parois trois muscles de chaque côté, dont un la tire
abdominales inférieures. Aux portions char hors de la bouche; quelques autres mouve
nues qui constituent les muscles obliques, mens moins étendus de la langue, ainsi que
droits et transverses, appartiennent l'extensi les formes particulières qu'elle peut prendre,
bilité et le resserrement; aux aponévroses et à sont subordonnés à l'action des fibres propres
un cordon médian nommé ligne blanche, la de cet organe.
résistance passive et l'incxtensibililé des pa f) Muscles de l'hyoïde. — Ces muscles, au
rois abdominales. A ces parties musculeuses nombre de 10, sont concentrés autour de ce
et aponévrotiques, s'ajoute encore dans les petit appareil osseux, auquel ils font opérer
quadrupèdes une large expansion jaune nom des mouvemens de totalité d'élévation et d'a
mée tunique abdominale, faisant fonction de baissement, ou des mouvemens partiels.
ligament suspenseur, opposé à la résistance g) Muscles du larynx. — Ils sont au nombre
continuelle représentée par le poids des vis de 1 1, et distingués en dilatateurs et constric-
cères digestifs abdominaux. teurs,suivant qu'ilsagrandissent ou resserrent
La composition des parois abdominales est la cavité et l'ouverture supérieure du larynx,
exactement la même dans tous les animaux par le mouvement qu'ils impriment aux carti
domestiques : observons néanmoins que, eu lages qui en forment la charpente. Indépen
égard au grand développement des organes damment de ces muscles, d'autres, beaucoup
digestifs, la tunique abdominale est beaucoup plus étendus, sont préposés aux mouvemens
plus développée dans les herbivores que dans de totalité de l'organe vocal. (Voyez Appareil
les omnivores et les carnivores surtout dont le respiratoire.)
tube intestinal est étroit et court. Dans le h) Muscles du pharynx. — Ces muscles, au
bœuf, la ligne blanche constitue un ruban de leuse nombre de de
l'arrière-bouche.
14, composent Ils
la sont
couche
dilatateurs
muscu-
Quelques lignes d'épaisseur et de plusieurs
doigts de largeur. ou constricteurs; ces derniers, en plus grand
4* Des muscles de la téle. — Les muscles nombre, doivent être considérés comme les
de
lement
cette petits,
partie du
sonttronc,
disposés
nombreux
par groupes
etgénéra-
au agens essentiels de la déglutition.
i) Muscles du voile du palais. — Le voile du
voisinage de divers appareils bien distincts de palais est tout h la fois tendu et élevé, dans le
celui de la locomotion, duquel on aurait peut- moment où les alimens franchissent l'isthme
être raison de les distraire pour reporter leur du gosier par trois petits muscles, deux laté
étude à celle des appareils dont ils font raux et un médian.
partie. /) Muscles moteurs de la mâchoire infé
Point de muscles pour mouvoir les uns sur rieure. — Ces muscles sont au nombre de 4 de
les autres les os du crâne et de la mâchoire chaque côté, leur développement, toujours en
supérieure; leur union est tellement serrée rapport avec le mode d'alimentation des ani.
1T« AMMAUX DOMESTIQUES : AJVATOMtE ET PHYSIOLOGIE DES ANIMAUX, lit. m
maux, petit être aussi bien déterminé a priori lequel les membres supérieurs ont une autre
dans le squelette d'un animal par la profon destination, ces muscles sont à leur minimum
deur des fosses qui logent ces muscles, et l'é de développement.
lévation des éminences auxquelles ils vont c) Muscles de Cavant-bras. — Ils forment
ê'ihiplanter, que petit l'être le genre de nour deux réglons i l'antérieure comprend 4 mus
riture d'un animal patf la forme de ses dents cles, dont deux étendent le canon, et deux
et le mode d'articulation de sa mâchoire Infé autres le pied i la région postérieure se com
rieure. pose dé 6; 8 fléchissent le canon et les deux
Des trois muscles qui rapprochent la mâ autres le pied; ToUs ees muscles, dont od àp-
choire inférieure, délit, en raison de lelirs at précie le grand développement et la force, par
taches, lui font en otllre opérer des mouve- la largeur de l'avant-bras à son extrémité
mefiS de latéralité et d'arrière en atant. — supérieure, se terminent Intérieurement par
L'écartenterit oit l'abaissement de la mâchoire des tendons, dont lé glissement stir des poulies
inférieure, ainsi nue sOrt rtiduveirtent d'avant dé renvoi fâvorise l'action des puissances aux
en arrière, sont produits par tin muscle de quelles ils font continuité.
chaque1 côté. tt) Musclés du pied, pris dans une acception
Les muscles destinés à faire opérer les générale: — Les muscles du pied* au nombre
mouvemens latéraux a là mâchoire Inférieure dé 4< sont tellement grêles, et leur étude offre
sont les plus développés dans les herbivores, si pett d'importance, que nous n'en eussions
et, parmi ceux-ci, dans ceux surtout qui pa pas même fait mention si leur titre n'eût pas
raissent, comme le cheval, l'âne et le mulet, du nous conduire tout naturellement a dire
devoir principalement se nourrir de grains. Un mot sur la disposition si admirable des
Dans les carnivores, ce sont les muselés appareils ligamenteux et tendinehx prdprW à
rabprbcheufs qui présentent le plus grand dé cette région du membre* dont .l'agencement
veloppement. réunit tout à la fois tant de souplesse et tant
" 5* Muscles de l'extrémité postérieure du de solidité.
tronc. — Sous ce titre, nous comprenons : Parmi les ligamenS, les uns placés sur le
1° les muscles des organes génitaux du mâle côté des articulations maintiennent les ôS
et de la femelle, dont nous renvoyons l'énoncé dans leurs rapports mutuels, sans gêner en
a celui de l'appareil dont ils font partie; S" les rien les mouvemens alternatifs d'opposition
muscles de la queue ; deux de ces musclés qu'ils doivent exécuter les uns sur les autres;
ëlèvënt le coectx, deux autres l'abaissent; les autres, appliqués Siir la face pOsterièUre de
deux autresenfin, dont tin de chaque côté, font ces mêmes os, et étendus de l'Un 8 l'autre, sui
opérer a cetle partie des mouvemens latéraux. vant l'axe du membre, depuis lé genou jus
6° Muscles des membres. qu'au patit sésamoïdë inclusivement, forment
Muscles des membres antérieurs. — On les une succession de soupentes ( que l'on me
divise eri muscles de l'épaule, muscles du passe ce mot) qui supportent constamment la
bras, muscles de l'avant-bras et muscles du plus grande partie dtt poids du corps. A ces
ligamenS formant déjà un appareil de sus
a) Muscles de l'épaule. — Ces muscles, dont pension d'une très-grande force, s'ajoutent
l'analogie avec ccUx de la croupe est aussi les tendons fléchisseurs dont le volume, beau
frappante que celle qui existe entre le seapu- coup plus considérable que celui des éxtéd-
lùm et l'os des iles, sont destinés aux mouve seurs, indique bien évidemment que eeS
mens que le bras peut exécuter en tous sens oi-gnues ne sont pas seulement destinés à
sur l'épaule, mouvemens dont l'étendue peut trrtnsnieUre l'action musculaire à la partie
être mesurée a priori par la longueur de l'é qui doit être mise en mouvement, mais qu'ils
paule, et l'intensité par l'obliquité de ce rayon. ont encore, et surtout pour usage essentiel,
' Dans le bœuf, brièveté de l'épaule, condi d'augmenter la somme de résistance qite doit
tion défavorable à l'étendue des mouvemens, firésenter l'appareil de suspension sur lequel
mais obliquité très-grande de cette région et e corps fait son principal appui. Indépendam
dit bras, condition" de force ; ainsi, force et len ment de cet appareil qui existe également,
teur dans les mouvemens du bœuf ; force et mois avec quelques modifications, dans le
agilité, voilà ce qui caractérise toits les mou- bœuf et le mouton, on trouve dans l'espace
vémens du cheval. iilterdigité de ces animaux , des ligameus qui
b) Muscles du bras. — Ces muscles, au nom préviennent un trop grand écartement des
bre de 8, sont destinés aux mouvemens d'ex doigts.
tension et de flexion de l'avant-bras sur le Muscles des membres postérieurs. — Ces
bras. — Des deux fléchisseurs, l'un parait, en muscles, généralement plus volumineux et
raison de sa structure très-teiidiuetise, princi plus favorisés sous le rapport de l'insertion,
palement destiné à maintenir le bras et l'a que ceux dés membres antérieurs avec les
vant-bras dans utie clferai-fléxion, à la manière quels ils ont du reste de nombreuses analo
d'un gros ligament dont les libres musculaires gies, peuvent être divisés en muscles du bas
très - courtes ont simplement pour usage sin, muscles de In cuisse, muscles delà jambe
d'augmenter la tension. Les extenseurs, dont et muscles du pied.
le grand développement es! aussi eu rapport Qu'Indiquent ces conditions de force plus
avec la statioU quadrupède, occupent l'inter développées dans ces muscles, si ce d'est
valle triangulaire forme par l'omoplate et l'hu cette spécialité d'action des membres posté
mérus. rieurs dont nous avons déjà fait mention, eb
A mesure que les membres antérieurs de examinant comparativement la charpente os»-
viennent moins indispensables à la sustenta seuse dans les deux bipèdes ?
tion du tronc, les muscles extérieurs dimi a) Muscles du bassin ou de la croupe. —
nuent de volume. — Et dans l'homme, chez Cette région, qui correspond à l'épaule, corn
CHAP. 1er. APPAREIL DE LA DIGESTION. m
prend 6 muscles principaux, 3 de chaque côte*, d'autant plus considérable qu'il existe une
dont l'étendue et l'intensité de contraction plus grande différence entre la composition
sont subordonnées à la longueur, ainsi qu'à chimique des alimens dont l'animal se nour
la direction de l'os des iles. Ces muscles, rit, et celle de ses organes, est à son maximum
dont les attaches postérieures et inférieu d'étendue dans les animaux herbivores, moin
res ont lieu au côté externe de l'extrémité dre clans les omnivores, et beaucoup moindre
supérieure du fémur, sont tout à la fois encore dans les animaux carnivores. 11 semble
extenseurs, abducteurs et rotateurs de la constant aussi que sa dimension en largeur
cuisse; trois autres productions charnues, balance jusqu'à un certain point la dimension
placées l'une à la suite de l'autre, et provenant en longueur. C'est au moins ce que démontre
de la région crurale postérieure, complètent l'examen comparatif du canal digestif dans le
la masse musculeuse de la croupe. cheval et le bœuf, animaux d'espèces diffé
b) Muscles de la cuisse et de la fesse. — rentes, mais également herbivores; chez le
Ces deux parties du membre postérieur, que dernier, le canal alimentaire est plus long,
nous croyous devoir réunir, correspondent au mais d'un calibre moins considérable que celui
bras; les principaux muscles quelles com du cheval : ainsi donc, un tube digestif d'une
prennent peuvent être divisés en trois ré grande capacité serait généralement moins
gions. L'antérieure ou rotulieunc se compose long qu'un canal étroit.
des muscles qui produisent l'extension de la Dans les individus d'une môme espèce, le
jambe sur la cuisse en prenant leur point canal alimentaire n'a pas non plus un calibre
d'appui, soit sur l'os des iles, soit sur le fé uniforme dans tous les points de son étendue;
mur, et allant s'insérer à la rotule. La région ici il offre des rétrécissemens, là des reufle-
crurale postérieure, ou poplitée, comprend mens.
trois grands muscles antagonistes des pré- Situé en dessous de la colonne vertébrale, à
cédens. laquelle il est attaché dans différens points de
Enfin, la région crurale interne, ou sous- son étendue, le canal digestif commence à la
pelvienne, se compose de 8 muscles, dont les face, traverse le cou et le thorax, pénètre
uns produisent 1 adduction, et les autres la ensuite dans la cavité abdominale dont il
rotation de la cuisse. occupe la majeure partie, et se termine en
c) Muscles de In jambe. — Ils correspondent dessous du coccyx. A son origine, il a des con
exactement à ceux de l'avant-bras, tant pour nexions avec les organes de la respiration, et
le nombre que pour la disposition et les usa avec les organes génitaux et urinaircs à sa
ges. Des 3 muscles qui occupent la face an terminaison.
térieure et le coté externe du tibia, deux Ses parois sont essentiellement constituées
sont extenseurs du pied; le troisième fléchit par deux couches superposées, l'une char
le canon. Des 6 autres situés sur la face pos nue et l'autre muqueuse, auxquelles s'ajoute,
térieure du même os, 3 fléchissent les phalan comme accessoire dans la cavité abdominale,
ges, un fléchit la jambe, et deux, insérés de une tunique séreuse qui favorise l'ampliation
la manière la plus favorable, étendent le jar et le glissement des différens organes qu'elle
ret ainsi que le pied. revêt et unit.
Les diverses parties du pied postérieur, Généralement formée de deux plans de
pris dans une acception générale, sont ideu- fibres, les unes longitudinales et les autres
tiques sous tous les rapports à celles du pied circulaires, la couche musculeuse presse et
antérieur, à l'article duquel nous renvoyons. fait cheminer les substances alimentaires dans
7° Muscles peaussiers ou sous - cutanés. — l'intérieur du canal digestif.
Ce sont de grandes expansions musculeuses Outre les caractères généraux des membra
qui doublent la peau dans certaines parties nes à la classe desquelles elle appartient, la
de son étendue. Ces muscles, dont le grand muqueuse digestive offre encore des différen
développement semble suivre l'imperfection ces anatomiques et fonctionnelles que nous
dans les organes du toucher, se rencontrent exposerons en temps et lieu.
à la tête, au cou, sur l'épaule, les cotés de la Une immense quantité de vaisseaux et de
poitrine et du ventre, c'est-à-dire sur les ré nerfs complètent la structure de cet appareil
gions du corps où les animaux ne peuvent agir dont toutes les parties sont liées par les plus
que très-difficilement; ce sont précisément eux étroites sympathies.
qui font opérer à la peau ces trémoussemens, On divise le tube digestif en deux parties :
à l'aide desquels les animaux cherchent à se la première se compose de tous les organes
débarrasser des corps dont le contact leur est situés hors de la cavité abdominale, la seconde
incommode. de ceux situés dans l'intérieur de cette cavité ;
la bouche, la membrane buccale, les lèvres,
Section h. — Appareil de la digestion. les joues, le palais, le voile du palais, la
langue, les dents, les gencives, les glandes
Parmi les organes qui composent cet appa salivaires annexes de la bouche, le pharynx
reil, les uns forment un long canal étendu de et Vœsophage, tels sont les différens organes
la bouche, qui en constitue rentrée, à l'anus, compris dans la première division; la seconde
qui en est l'ouverture postérieure et la ter comprend Vestomac,Yintestin, le Joie, la rate,
minaison; les autres, annexés à certaines par- le pancréas, enfin Yépiploon et le mésentère,
tics de ce canal, versent dans son intérieur moyens d'union et de communication des di
différens fluides. vers organes qui occupent la même cavité.
Le canal digestif ou alimentaire reçoit les
substances dont l'animal se nourrit, les éla
bore, et en extrait par inhalation la partie
essentiellement réparatrice. Sa longueur,
AGRICULTURE. 93"" livraison. TOMB II. — 28
178 ANIMAUX DOMESTIQUES : ÂNATOMÎE ET PHYSIOLOGIE DES ANIMAUX, liv. ni.
Dans le bœuf, les rugosités palatines sont
ç |er_ De ia bouche et de ses dépendances- doubles et denticulées.
4" Des gencives. — On désigne sous ce nom
La bouche commence l'appareil digestif. les diverses portions très-denses et comme fes
C'est une cavité oblongue comprise entre les tonnées de la membrane buccale qui entourent
deux mâchoires. Une ouverture antérieure la les dents à la base de leur partie libre.
fait communiquer au dehors, une autre ou 5° De la langue. — Cet organe, essentielle
verture postérieure établit sa communication ment musculeux, est situé dans la bouche,
avec le pharynx. Cette cavité, dans laquelle en regard du palais, contre lequel il s'applique
s'opèrent la mastication, la gustation, Vinsa- lorsque les deux mâchoires sont rapprochées.
livation, et le commencement de la dégluti Flottante dans son tiers antérieur, la langue
tion, est circonscrite supérieurement par le est fixée dans le reste de son étendue à l'os
palais,inférieurement par la langue, antérieu hyoïde ainsi qu'au maxillaire inférieur , tant
rement par les lèvres, postérieurement par le par des muscles que par des replis muqueux,
Toile du palais, et latéralement par les joues. dont l'antérieur, le plus considérable, porte le
—Une portion de la muqueuse digestive, nom nom de filet ou frein.
mée membrane buccale, en tapisse l'intérieur. La langue est formée de fibres musculaires
Remarquable dans les herbivores par sa den qu'enveloppe la membrane muqueuse de la
sité et l'épaisseur desacoucheépidermique,qui bouche.
l'empêchent d'être entamée a tout moment Les mouvemens de cet organe sont relatifs
par les substances très-dures dont ces ani dans le cheval comme dans la plupart des ani
maux se nourrissent, cette membrane a maux domestiques, à la mastication, à la suc
sa surface libre sans cesse imprégnée d'un cion et à la déglutition; dans le bœuf, elle
mélange de mucus et de salive dont la quan sert en outre 5 la préhension des alimens;
tité augmente d'une manière notable pendant aussi, pour répondre à ce dernier usage, la lan
la mastication; dans les ruminans, la muqueuse gue du bœuf est-elle plus fortement organisée
de la bouche est hérissée ça et là de grosses que celle des autres animaux, et a-t-elle sa
papilles coniques. surface armée d'une multitude de pointes
1» Des lèvres. — Les lèvres, au nombre de cornées, faisant l'office de crochets, qui pé
deux, l'une supérieure et l'autre intérieure, nètrent, saisissent et attirent les alimens.
Sont deux espèces de demi-voiles contractiles 6° Des dents. — Ces parties, dont il sera fait
qui circonscrivent l'ouverture antérieure de une description très-détaillée en traitant de
la bouche; de leur réunion résullent deux an l'âge, sont les instrumens passifs mais immé
gles arrondis nommés commissures. Les lèvres diats de la mastication.
sont formées à l'extérieur par la peau, qui est 7° Du voile du palais. — Le voile du palais
mince, très-sensible, et recouverte de deux est une sorte de soupape d'une structure tout
sortes de poils. En dessous de la peau ron_ ren à la fois membraneuse, glanduleuse et muscu
contre une couche musculeuse. A l'intérieur, laire, qui sépare plus ou moins complètement
les lèvres sont tapissées par la muqueuse buc- la bouche, à l'extrémité postérieure de laquelle
C3Les lèvres forment à l'entrée de la bouche elle est suspendue, du pharynx et des cavités
nasales, hors le moment de là déglutition.
une espèce de chaussée qui empêche l'écoule Dans le cheval, l'étendue et les rapports de
ment de la salive au dehors. celte soupape avec l'épiglotte sont tels que la
Dans le cheval, la lèvre supérieure sert à la respiration et le vomissement ne peuvent s'ef
préhension des alimens. fectuer, dans les cas ordinaires, que par les
Dans le bœuf, les lèvres sont très-denses et cavités nasales; aussi est-ce sans doute pour
fort peu mobiles. La supérieure forme lemufle, obvier à cet inconvénient que la nature a
partie humectée, dans l'état de santé, d'un accumulé, tant dans l'œsophage que dans
liquide limpide, qui s'accumule en gouttelettes l'estomac, une foule de dispositions et de
à sa surface. •> particularités d'organisation qui rendent, si
Dans le mouton la lèvre supérieure est di- non impossible, du moins extrêmement dif
tisée par un sillon. ficile dans le cheval le retour des substances
Dans le porc, cette même partie concourt alimentaires de l'estomac dans l'arrière-bou-
à former le groin. che.
2° Des Joués. — Elles forment les parois Cette soupape, qui se soulève activement
latérales de la bouche. Leur organisation ré pour fermer l'ouverture gutlurale'des naseaux
sulte, comme celle des lèvres, de la superpo pendant la déglutition pharyngienne, a sans
sition de trois couches : une externe cutanée, doute aussi une influence très-grande sur le
une moyenne musculeuse, et une interne mu timbre de la voix dû cheval, puisqu'en raison
queuse. Dans leur action les joues poussent de son étendue elle force tout l'air expiré à
incessamment les alimens sous les dents mo passer dans les cavités nasales.
laires. § II. — Des glandes galivaircs.
3» Du palais.—Le palais forme le plafonu de
la bchlche; on y remarque des rugosités trans Ces glandes, au nombre de six, trois de cha
versales et arquées qui paraissent avoir pour que côté, ont la même organisation et des
usage de retenir les alimens dans la cavité fonctions tout à fait identiques; des canaux ex
buccale. Une portion des maxillaires supé créteurs, multiples à leur origine, versent
rieurs, un lacis de vaisseaux veineux, deux dans la bouche la liqueur qu'elles sécrètent :
grosses artères et deux nerfs sont, avec la cette liqueur, nommée salive, se mêle aux
muqueuse delà bouche, les principales parties alimens, les pénètre, élève leur température
qui composent le palais, sur lequel la langue et les prépare aux élaboration» qu'ils doivent
prend un point d'appui dans la déglutition. subir ultérieurement.
CttAP. 1". APPAREIL DE LA DIGESTION. 179
Les noms de parotide, maxillaire et sublin former; 1° des liens, qui ont reçu les noms
guale, donnés aux glandes salivaires, sont re d'épiploons et de mésentères; 2* des enveloppes
latifs à leur position seulement. plus ou moins complètes, aux différens vis*
1° De la glande parotide. — La parotide est cères qu'elle contient. Les bypocondres, les
la plus volumineuse et la plus superficielle des flancs, les lombes, les aines, forment, avec le
glandes salivaires ; elle occupe le côté de bassin, les principales régions de cette cavité.
l'articulation de la tète avec le rachis depuis la 1° De l'estomac. — L'estomac est situé pro»
base de l'oreille jusqu'au niveau du larynx. fondement en dessous de la région lombaire,
Son canal excréteur, après un trajet assez contre le côté gauche de la face postérieure
long, vient s'ouvrir dans la bouche au niveau du diaphragme, et en dessus des courbures
de la 3" dent molaire supérieure. du gros intestin, qui le tiennent constamment
2" De la glande maxillaire. — Elle est si éloigné des parois abdominales inférieures.
tuée sur les côtés du larynx, èn dessous de la La lorme de ce viscère est telle que l'on peut
parotide, de laquelle la sépare une cloison apo- y distinguer deux courbures, une petite, au
névrotique; son conduit excréteur vient s'ou milieu de laquelle s'insère l'œsophage, et une
vrir dans la bouche, sur le côté du demi-canal grande, à laquelle la rate est attachée; deux
qui soutient la partie libre de la langue, en des sacs, un droit et l'autre gauche; deux orifices,
sous d'un petit mamelon fibro-muqueux, que un œsophagien toujours fermé, et l'autre in*
l'on nomme barbillon. tcstinal toujours béant. La membrane mu*
3° De la glande sublinguale. — La glande (pieuse qui tapisse l'intérieur de ce viscère
sublinguale est la plus petite des glandes sali diffère sous le double rapport de son organi*
vaires; elle est située sur le côté de la langue sation et de ses fonctions dans les deux sacs.
en «arrière du frein et immédiatement en des L'estomac du cheval, qui parait unique au
sous de la muqueuse buccale; en tirant la premier abord, est donc réellement double;
langue hors de la bouche, on aperçoit une car ce qui doit servir surtout à établir la plu
crête mamelonnée sur laquelle viennent s'ou ralité des estomacs, c'est moins l'existence de
vrir les canaux excréteurs de cette glande. plusieurs compartimens, que les différences
anatoiniques et fonctionnelles de la muqueuse
S III. Du pharynx. qui en revêt l'intérieur. — La transformation
Le pharynx est une sorte de vestibule à pa ues alimens en chyme, tel est le résultat de la
rois musculo-membraneuscs dans lequel vien digestion stomacale, qui s'effectue entièrement
nent s'ouvrir la bouche, le larynx, l'oesophage, dans le sac droit, le gauche n'étant réellement
les cavités nasales et les conduits gutturaux qu'un lieu de dépôt et de préparation.
du tympan. La figure 80 représente l'estomac du che-
Organe principal de la déglutition, le pha Fig. 80.
rynx sert encore à la modulation de la voix.
§ IV. — De l'œsophage.
L'œsophage est un canal membraneux, dila
table et contractile, qui s'étend du pharynx, en
traversant le cou, la poitrine et le diaphragme,
jusqu'à l'estomac. Le long du cou il est suc
cessivement en rapport avec la face posté
rieure et le côté gauche de la trachée. Deux
membranes superposées, l'une charnue et
l'autre muqueuse, blanche et plissée, en for
ment les parois.
Ce canal est destiné au transport actif des
alimens de l'arrière-bouche dans l'estomac.
Dans le cheval, la membrane charnue de
l'œsophage forme, en augmentant considéra
blement d'épaisseur depuis la base du cœur
jusqu'à la terminaison de ce conduit, une es
pèce de long sphincter qui rend sinon impos
sible, du moins extrêmement difficile, le re
tour des substances alimentaires de l'estomac
nl.ui> l'arrière - bouche. Cette particularité
d'organisation parait subordonnée à la dispo
sition du voile du palais, puisqu'elle ne se fait
point remarquer dans les animaux qui jouis
sent de la faculté de vomir par la bouebe, en
raison du peu d'étendue de cette soupape.
§V.—Des organes digestifs renfermés dans la
cavité abdominale. val, ouvert de manière à faire voir les deux
L'abdomen, dont les dimensions, l'organi sacs intérieurement.
sai ion et le mécanisme sont en rapport avec A Portion de l'œsophage; B portion duodé-
le volume et les fonctions des organes creux nale de l'intestin grêle; 1) la rate; CE le sac
qui y sont renfermés, est la plus grande des gauche; F le sac droit.
cavités splanchniques.Une membrane séreuse, Dans les rumiuans, l'estomac présente
nommée péritoine, la tapisse et se replie pour quatre compartimens que l'on peut physio»
180 ANIMAUX DOMESTIQUES i ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE DES ANIMAUX. Liv. ni.
logiquement réduire à deux, comme dans le gorgées, quoique liquides, elles arriveront
cheval. Les trois premiers, connus sous les tout à la fois dans le rumen, le réseau et la
noms de rumen, réseau et feuillet, correspon caillette. Mais si ces mêmes liquides sont ava
dent au sac gauche de l'estomac du cheval; ce lés à petites gorgées et sans précipitation, ils
sont des réservoirs dans lesquels les substan n'écarteront que très-peu, ou point, les lèvres
ces alimentaires, mises en dépôt, subissent di de la gouttière œsophagienne et parviendront
verses élaborai ions qui les préparent à rece presqu'en totalité dans la caillette.
voir ultérieurement l'action du quatrième, . La figure ci-jointe {Jig. 81 ) représente les
dans lequel s'opère la chymification ou la di
gestion stomacale proprement dite. Ces quatre
poches stomacales, qui remplissent a elles
seules la majeure partie de la cavité abdomi
nale, communiquent tant entre elles qu'avec
l'œsophage, qui se continue de l'une à l'autre,
au moyen d'un demi-canal nommé gouttière
œsophagienne.
, Le rumen, le premier et le plus grand des
compartimens de l'estomac, que j'appellerai
préparateur, repose sur les parois intérieures
de l'abdomen. 11 est divisé en deux sacs, un
droit, sur lequel reposent la caillette et la'
masse intestinale; et un gauche, qui est im
médiatement en rapport avec les parois du
flanc du même côté. A l'extrémité antérieure
de ce dernier sac se trouvent deux ouvertures :
l'une supérieure, par laquelle se termine
l'œsophage; l'autre intérieure, beaucoup plus
large, par laquelle le rumen communique avec
le réseau. C'est dans le rumen que s'accumu
lent, les substances alimentaires qui doivent
remonter dans la bouche pour y subir une
nouvelle et plus parfaite mastication.
Le réseau, ainsi nommé à cause de la dispo
sition réticulée des plis que forme sa mem
brane muqueuse, est situé en dessous de l'ex
trémité antérieure du sac gauche du rumen.
11 communique avec la gouttière œsopha
gienne, avec le rumen et le feuillet.
Le troisième estomac ou le feuillet, d'un
volume un peu plus 'considérable que le ré
seau, est situé sur l'extrémité antérieure du
sac droit du rumen. Sa cavité intérieure, di estomacs des ruminans vus par la face supé
visée en une multitude de compartimens, rieure.
dans lesquels se ' tassent les alimens par des A le rumen; B sac gauche du rumen;
duplicatures muqueuses mamelonnées et ac C sac droit du rumen; D l'œsophage à sa ter
tives, communique avec la gouttière œsopha minaison; E le réseau; Fie feuillet; G la cail
gienne, le réseau et la caillette. lette; II origine de l'intestin grêle; I la rate.
Ce dernier réservoir, situé sur la face su
périeure du sac droit du rumen, diffère des • ' . 5 VI. — De l'intestin.
autres estomacs, non-seulement par sa forme
et sa position, mais encore et surtout par la L'intestin est ce long canal replié un grand
structure et les fonctions de la membrane nombre de fois sur lui-même qui s'étend de
muqueuse qui en forme le revêtement interne. l'estomac à l'anus. On le divise en intestin
Cet estomac, qui correspond au sac droit de grêle et en gros intestin , distinction basée
celui du cheval, est l'organe essentiel de la non-seulement sur des différences de calibre,
chymification ou de la digestion stomacale mais encore et surtout sur des spécialités d'or
ement dite. Il communique avec la ganisation et de fonctions ; c'est dans l'intestin
in ère
grêleœsophagienne,
qui lui est continu.
le feuillet et l'in- grêle que se fait l'absorption du chyle, tandis
que le gros intestin est le réservoir dans lequel
*i gouttière œsophagienne ou, en d'autres se fait la défécation, ou la transformation des
w, ce demi-canal bordé de deux grosses substances alimentaires eii matières fécales.
i\ par lequel l'œsophage se continue et a) De l'intestin grêle. — L'intestin grêle,
s'ouvre dans les quatre poches stomacales, ap qui comprend toute cette longue portion
porte, dans la déglutition des substances ali étendue du pylore au ccecum, est situé dans
mentaires, certaines particularités que nous le flanc gauche, et suspendu à la région lom
allons indiquer.Ainsi, un bol alimentaire, com baire par un long mésentère. On le divise
posé de substances incomplètement broyées, en trois portions. La première est nommée
surmontant indubitablement la résistance duodénum ou portion gastrique, la deuxième,
que lui opposent les deux lèvres de la gout portion flottante, et la troisième, jéjunum ou
tière œsophagienne, qui ne sont que contigues, portion cœcale. C'est dans l'intestin grêle,
tombera nécessairement dans le rumen. Si les et principalement dans la portion flottante
substances dégluties sont prises à grandes qui a le plus d'étendue, que se fait l'absorp
. 1". APPAREIL DE LA RESPIRATION. 181
tion du chyle, substance essentiellement nu gane qu'émerge le canal cholédoque, conduit
tritive qui est pompée par les villosités de la excréteur qui porte la bile dans la première
muqueuse intestinale, puis transportée dans portion de l'intestin grêle, où cette liqueur,
les veines par un ordre de vaisseaux lympathi- dont le mode d'action sur les substances ali
ques, nommés chylifères. mentaires est complètement ignoré, se mêle
b ) Du gros intestin. — Le gros intestin au chyme.
comprend deux parties bien distinctes, le cae Dans les animaux domestiques autres que
cum et le colon. le cheval, l'âne et le mulet, l'appareil excré
Le caecum est un grand réservoir bosselé et teur du foie se compose de trois canaux com
terminé en cul-de-sac, étendu depuis le flanc muniquant tant entre eux qu'avec une pe
droit, le long de l'hypocondre du même côté, tite poche appelée vésicule biliaire, dans .la
jusque dans la région sternale où il aboutit quelle la bile est tenue en réserve. Le premier
par sa pointe qui est flottante dans une éten de ces conduits, étendu du foie au col de la
due d'un pied environ. A l'intérieur du cœcum vésicule, est nommé canal hépatique; le se
se remarquent : 1° des duplicatures muqueu cond, qui n'est réellement que le col très-
ses nommées valvules eonniventes, dont l'usage alongé de ce réservoir, est nommé canal cys-
est de retarder le cours des substances ali tiaué, et le troisième, qui émerge du point
mentaires ; 2" deux ouvertures , celle de l'in où les deux premiers se réunissent, pour de là
testin grêle, et celle du colon. se rendre à l'intestin, est appelé canal cholé
Le colon, portion la plus longue du gros doque.
intestin, s'étend du cœcum au rectum, qui 2° La rate est un organe spongieux, vasculaî-
n'en est que la terminaison. On le divise en re, situé dans l'hypocondre gauche, le long de
deux parties distinctes par leur position, leur la grande courbure de l'estomac, à laquelle le
volume et leur mode d attache. suspend une duplicature du péritoine nommée
La première, remarquable par son volume épiploon splénogastrique. Les usages de la rate
et ses courbures, est nommée coeco-gastrique sont inconnus. Dans les ruminans, la rate est
ou encore portion repliée du colon. Elle com attachée le long du sac gauche du rumen.
mence à la base du cœcum et se termine der 3° Le pancréas estime glande déforme très-
rière l'estomac, en donnant naissance à la se irrcguliere, située en travers de la région lom
conde portion. baire derrière l'estomac, et en dessus du co
Celle-ci, nommée irrégulière ou flottante, lon : il sécrète un liquide nommé suc pan
est située dans le flanc gauche avec l'intestin créatique, qui est versé dans la première por
grêle et attachée à la région sous-lombaire tion de l'intestin grêle par un canal excréteur
par un mésentère qui a reçu le nom de méso extrêmement court.
colon. Les différences que présente cet organe
Aux circonvolutions que décrit le colon dans les autres animaux domestiques sont
dans le flanc gauche, succède enfin une por relatives à sa forme et au nombre de ses ca
tion droite et non bosselée, nommée rectum, naux excréteurs seulement.
qui occupe la partie supérieure du bassin et
termine le tube digestif. Section in. — Jppareil de la respiration. .
Le gros intestin peut être considéré comme
un vaste réservoir dans lequel les substances
alimentaires prennent tous les caractères des Cet appareil, dont le grand développement
matières fécales que le rectum tient en dé est toujours le cachet d'une constitution éner
pôt, jusqu'à ce que leur présence dans cette gique, a pour but la transformation du sang
dernière portion intestinale ait déterminé veineux en sang artériel, ou la revivificalion
une sensation qui porte les animaux à s'en du sang au moyen de l'air atmosphérique. Il
débarrasser. se compose d'un organe essentiel, le poumon,
Le tube intestinal des ruminans, plus long et d'un conduit à l'aide d«quel cet organe
mais plus étroit que celui du cheval, occupe communique librement avec l'air extérieur.
le flanc droit. Le colon, dont le calibre sur Ce conduit, plus ou moins long, comprend :
passe à peine celui de l'intestin grêle, au-des 1° les fosses nasales, où siège le sens explo
sus et dans le mésentère duquel il décrit plu rateur des qualités de l'air; 2° le pharynx,
sieurs circonvolutions, ne présente ni bandes que nous avons fait connaître en traitant de
1 appareil digestif auquel il appartient plus
charnues ni bosselures, non plus que le cœ spécialement-,
cum, qui a peu de capacité, et dont la pointe la voix, auquel3°sontle larynx, organe essentiel de
annexés deux corps glan-
regarde l'entrée du bassin. — Les fonctions diformes nommés thyroïdes; 4° la trachée;
des différentes portions du tube digestif sont
d'ailleurs exactement les mêmes que dans 5° enfin les bronches.
les herbivores monogastriques.
§ VII. — Organes annexes au canal intestinal. § 1".—Des fosses nasales. < .
Les organes annexés à la portion du canal Les fosses nasales sont deux cavités an-
alimentaire renfermée dans ta cavité abdomi fractucuses, séparées l'une de l'autre par une
nale, sout leJoie, la rate et le pancréas. cloison médiane qui fait suite à la lame per
i- Le foie est une glande très-volumineuse pendiculaire de l'éthmoïde, et prolongées par
déforme irrégulière, destinée à la sécrétion de des arrière - cavités nommées sinus, entre
la bile. Moulé sur le centre aponévrotique du quelques-uns des os de la face et du crâne.
diaphagrame, auquel l'attachent plusieurs li- Chaque fosse nasale présente deux ouver
gamens, le foie est formé d'un tissu granu tures : l'antérieure, bordée de deux lèvres mo
leux, brunâtre ou jaunâtre, essentiellement biles, forme l'entrée des voies respiratoires-, la
vasculairc. Cest de la face postérieure de l'or postérieure, invariable dans ses dimensions,
181 ANIMAUX DOMESTIQUES : ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE DES ANIMAUX, liv. ui.
fait communiquer les fosses nasales avec le thorax qu'ils remplissent exactement, et sé
Sbarynx. Parmi les os qui forment les parois parés l'un de l'autre par le médiastin et le
e ces cavités, les uns, tels que jl'éthmoïde et coeur avec lequel ils ont des connexions phy
les cornets, représentent des espèces de vo siologiques très-intimes. Bien différente de la
lutes que tapisse une membrane muqueuse cavité abdominale sous le rapport de son orga
très-organisee, à laquelle ou a donné le nom nisation et de son mécanisme, la poitrine ne
de pituitaire. présente que des alternatives très-limitées de
dilatation et de resserrement en harmonie
§ II. — Du larynx. avec les deux actes dont se compose la res
piration. Sa capacité étant toujours propor
Cet organe, qui forme en quelque sor.te la tionnelle au volume des poumons, et un pou
tète de la trachée, se trouve suspendu a l'os mon volumineux se rencontrant constamment
hyoïde en regard de l'ouverture postérieure avec un appareil musculaire doué d'une grande
ou gutturale des cavités nasales. Cinq carti énergie, il s'ensuit que l'ampleurdu thorax est
lages mobiles les uns sur les autres, savoir : le cachet non équivoque d'une constitution
le cricoïde, le thyroïde, les deux arythénoïdes vigoureuse. — Deux membranes séreuses, les
et Yépiglotte, deux ligamens internes ou cor plèvres, tapissent l'intérieur de la poitrine et
des vocales réunis antérieurement à angle se replient à l'origine des bronches pour enve
aigu, sont, avec des muscles et une mem lopper chaque poumon; de leur adossement
brane muqueuse douée d'une sensibilité très- résulte une cloison antéro-postérieure, nom
exquise, les parties qui composent le petit mée médiastin.
appareil de la voix dont la cavité s'ouvre su Les poumons sontformés d'une innombra
périeurement dans le pharynx, et inférieure- ble quantité de lobules distincts attachés le
ment dans la trachée. long des canaux aériens avec lesquels ils com
muniquent. Chacun de ces lobules est consti
§ UI. — De la trachée et des thyroïdes. tué par un groupe de vésicules dans lesquelles
aboutit un tuyau bronchique; c'est sur les
Tronc commun des canaux aérifères rami parois excessivement minces de ces vésicules,
fiés dans le poumon, la trachée est un long et qui communiquent toutes entre elles dans le
large conduit composé : I" d'une succession de même lobule, que le sang apporté par l'artère
cerceaux caililagineux interrompus en ar pulmonaire est pour ainsi dire étalé, molécule
rière; 2° d'une membrane charnue qui en dé a molécule, et qu'après y avoir éprouvé l'in
termine le resserrement; 3° enfin d'une mem fluence de l'air, il est repris et rapporté dans
brane muqueuse très-peu sensible. Elle com les cavités gauches du cœur par les veines pul
mence au larynx, traverse le cou, pénètre monaires.
dans la poitrine, et se termine au niveau de la Les poumons sont les organes essentiels
base du coeur en donnant naissance aux bron de la respiration. Cette fonction, par la
ches. — C'est sur les côtés des premiers cer» quelle le sang, de noir et d'impropre qu'il était
cèaux de ce conduit que sont appliquées les à entretenir la vie, devient rouge et vivifiant,
thyroïdes, corps glandifbrmes , rougeâtres,
dont l'usage est complètement ignoré.
§ IV. — Des bronches. tion; l'autre de resserrement, par lequel l'air
modifié dans sa composition est expulsé de
l'organe pulmonaire, constitue Vexpiration.
Les bronches sont les deux branches de Dans les ruminai] s. les lobules pulmonaires
bifurcation de la trachée; l'une est destinée sont1 généralement plus volumineux, et sé
pour le poumon droit, l'autre d'un calibre un parés par une couche plus épaisse de tissu
peu moins considérable, est propre au poumon cellulaire; les vésicules pulmonaires sont aussi
gauche. Après s'être divisées et subdivisées plus grandes et moins nombreuses. Cette
en une multitude de tuyaux successivement structure en quelque sorte plus grossière du
décroissans à l'intérieur des poumons, les poumon, qui le rapproche un peu de celui des
bronches aboutissent dans de petites vésicules reptiles, ne doit-elle pas avoir pour consé
à parois excessivement minces, dont l'agglo quence immédiate une respiration moins
mération en nombre plus ou moins considé complète, une constitution moins énergique,
rable à la terminaison de ces tuyaux aérifères et n est-ce pas en effet ce que l'on observe
constitue un lobule pulmonaire.
. Les bronches sont formées de segmens car dans ces animaux?
tilagineux, d'une membrane charnue qui con
court à produire l'affaissement du poumon, Section iv. — Appareil de la circulation.
enfin d'une membrane muqueuse formant à
elle seule les tuyaux bronchiques à leur ter Cet appareil, quia des connexions anatomi;
minaison, ainsi que les parois des vésicules ques et physiologiques si intimes avec celui
pulmonaires. de la respiration, se compose d'un organe cen
tral, le cœur, agent d'impulsion du sang, et
$ Y. — Dei poumons et du thorax. des vaisseaux distingués en artères, veines et
Les poumons, que l'on peut à juste titre lymphatiques.
considérer comme deux parties cPun môme
organe, attendu qu'ils reçoivent l'air d'un § 1"- — Du cœur et du péricarde.
même conduit et le sang d'un même tronc
vasculairc, qu'ils ont une organisation et des Le cœur, viscère musculeux, auquerabou-
fonctions identiques, sont situés dans le lisscnt toutes les veines, et duquel émanent les
chap. 1". APPAREIL DE LA CIRCULATION.
res, à l'assujettir dans sa position. Cet organe
183
rois
les
artères,
deux
fibre-séreuses,
est
lobes
situépulmonaires,
au milieu
nommédepéricarde,
dans
la poitrine
un sacqui
entre
à pa-
lui I!
qui représente assez bien un cône renversé,
est creusé de quatre cavités adossées deux a
forme une enveloppe protectrice, et concourt, deux. Les deux supérieures (fig. 82, 83) sont
avec les troues des différents arbres vasculai- appelées oreillettes, et les deux inférieures
Fig. 82. Fig. 83.
i
ventricules. Il existe un ventricule droit (A) et des ventricules ont reçu les noms de diastole
une oreillette droite (B), un ventricule (C) et et de systole. Les deux oreillettes se contrac
une oreillette (D)gauches. Les cavités du même tent en même temps ; leur dilatation coïncide
coté, oreillette et ventricule, communiquent avec la contraction également simultanée des
ensemble, et sont séparées de celles du côté ventricules, et vice versa. La systole du ven
opposé, au moins dans les animaux adultes, tricule gauche est la principale, mais non pas
par deux cloisons, l'une inter-auriculaire, l'au l'unique cause du pouls.
tre inler-veutriculaire. Les cavités droites
sont affectées à la circulation du sang impro § II. — Des artères.
pre à entretenir la vie, et les cavités gauches
a la circulation du sang vivifiant. On donne le nom d'artères aux vaisseaux
Les oreillettes sont des espèces de sacs dans 3ui portent le sang des ventricules du cœur
lesquels les veines apportent le sang. — L'oreil ans toutes les parties du corps.
lette droite étant l'aboutissant des veinescaves, 11 y a 2 systèmes d'artères ou 2 arbres arté
reçoit du sang noir; tandis que l'oreillette gau riels : l'un pulmonaire, qui a son origine au
che, qui est le coulluent des veines pulmonai ventricule droit du cœur; Vautre aortique, qui
res, reçoit du sang rouge. nait du ventricule gauche. Ces deux systèmes,
Chaque ventricule, l'un droit ou pulmonaire, tout à fait distincts dans les animaux adultes,
l'autre gauche ou aortique, présente deux ou communiquent largement, ensemble dans le
vertures à sa base par lesquelles il communi fœtus au moyen d'une ouverture (trou de Bo-
que, le droit avec l'artère pulmonaire et l'o tal) pratiquée dans la cloison inter-auricu
reillette du même côté, le gauche avec l'aorte laire, et d'un vaisseau intermédiaire entre
et l'oreillette gauche. A ces deux ouvertures l'artère pulmonaire et l'aorte ; c'est le canal ar
sont adaptées des soupapes ou valvules, dont tériel. Le cours saccadé du sang dans ces vais
l'office est de s'opposer au reflux du sang, soit seaux est sous l'influence directe du ventricule
du ventricule dans l'oreillette, soit du tronc gauche.
artériel dans le ventricule correspondant.
Le sang est rapporté en même temps de Des artères en particulier.
toutes les parties du corps au cœur, savoir:
dans l'oreillette droite par les veines caves, et 1° Artère pulmonaire. — Destinée à porter
dans l'oreillette gauche par les veines pulmo dans le poumon lesang qui doit étremis en rap
naires. Des oreillettes, la majeure partie de ce port avec l'air, l'artère pulmonaire (E){fig. 82)
fluide est poussée dans les ventricules qui, naît de la base du ventricule droit du cœur, et
secontractant à leur tour, poussent le sang se dirige aussitôt en arrière au-dessus de l'oreil
dans les troncs artériels; savoir, le ventri lette gauche, en ^'inclinant à droite pour ga
cule droit dans l'artère pulmonaire, et le gner l'origine des bronches. Dans ce court
ventricule gauche dans l'aorte. Dans le mo trajet, l'artère pulmonaire est unie au tronc
ment où les deux ventricules se contractent, aortique par du tissu adipeux, et à l'aorte pos
les valvules auriculo-ventriculaires se soulè térieure par un cordon élastique, vestige de ce
vent et s'opposent au reflux du sang dans les vaisseau considérable ( le canal artérielF) qui,
oreillettes, tandis que les valvules artérielles, dans le fœtus, transmet à l'aorte la plus grande
dont le jeu est opposé, se redressent pour per partie du sang qui parcourt les cavités droites
mettre le passage du sang, et s'abaissent en du cœur. Parvenue à la base des bronches,
suite pour s'opposer à son reflux dans l'inté cette artère se partage en deux troncs qui
rieur des ventricules. Les mouvemens de di s'écartent l'un de l'autre, et pénètrent immé
latation et de resserrement des oreillettes et diatement dans chacun des lobes pulmonaires,
184 ANIMAUX DOMESTIQUES : ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE DES ANIMAUX, liv. ta,
où leurs divisions, devenues capillaires, s'anas veine porte représente un arbre circulatoire
tomosent avec les radicules des veines char complet dont la première moitié a ses racines
gées de rapporter à l'oreillette gauche du cœur dans la portion abdominale de l'appareil di
le sang qui a été revivifié par Vair. gestif, tandis que la seconde moitié, ramifiée
2" Artère aorte. — Origine commune de dans le foie, aboutit dans la veine cave posté
toutes les artères à sang rouge, l'aorte (G) naît rieure.
de la base du ventricule gauche du cœur, et se
divise, après un court trajet, en deux troncs § IV. — Des lymphatiques.
de grosseur et de longueur inégales, qui sont
Xaorte antérieure (H) et l'aorte postérieure (1). Ces vaisseaux, très-nombreux, très-anaslo-
Vaorte antérieure, la plus petite des deux
divisions du tronc aortique, donne des artères motiques et valvuleux, naissent de toutes les
aux parois thoraciques et abdominales, à l'en cessivementcorps
parties du
ténus
en formant des réseaux ex
et aboutissent tous dans le
colure, à la tète et aux membres antérieurs. système veineux par deux troncs principaux
Uaorte postérieure, d'un volume et d'une qui sont le canal thoracique et la grande veine
étendue beaucoup plus considérables que l'an lymphatique droite ; la composition de la lym
térieure, fournit des artères aux parois du tho phe a beaucoup d'analogie avec celle du sang.
rax, de l'abdomen et du bassin, à tous les or Moins la contraction du ventricule gauche du
ganes renfermés dans ces trois cavités, ainsi cœur, les causes de la circulation lymphatique
qu'aux membres postérieurs. sont les mêmes que celles de la circulation
veineuse.
§ III. — Des veines.
On donne le nom de veines aux vaisseaux Section v. — De l'appareil urinaire.
qui rapportent le sang de toutes les parties du
corps au cœur. Il existe deux systèmes veineux Les organes urinaires composent un appa
correspondant aux deux systèmes artériels, le reil dont les connexions physiologiques avec
système veineux pulmonaire , qui apporte le la peau sont telles que, lorsqu'il y a diminu
sang du poumon dans l'oreillette gauche, et le tion de la perspiration cutanée, la sécrétion
système des veines caves, qui apporte le sang de l'urine est augmentée, et vice versa. Cet ap
de toutes les partiesducorpsaroreillettedroite; pareil comprend : 1° les reins, organes sécré
un troisième système, appendice de ce dernier, teurs de l'urine auxquels sont annexes deux
est celui de la veine-porte. Les causes princi petits corps glandiformes, les capsules sur
pales de la circulation dans les veines sont la rénales ; 2° les uretères, canaux excréteurs
contraction du vcntriculegauche du cœur, l'as- provisoires destinés au transport de l'urine;
Îûration de l'oreillette droite, la dilatation de 3° la vessie, réservoir à parois contractiles
a poitrine et celle du poumon dans l'inspira dans lequel l'urine est tenue en dépôt ; 4° en
tion, le passage du sang d'un endroit plus larçe fin Yurètre, canal excréteur définitif, commun
dans un endroit plus étroit, la contraction à l'appareil génital et urinaire dans le mile,
musculaire, les mouvemens qui en sont la con par lequel l'urine est transmise au dehors.
séquence, enfin les valvules que l'on remar
que à l'intérieur de ces vaisseaux. § l".—Des reins.
Des veines en particulier. Les reins sont deux glandes situées au-des
sous de la région lombaire, appelée pour celle
1° Veincs pulmonaires. — Ces veines, dé raison région des reins, l'une a droite et l'autre
pourvues de valvules, naissent sur les parois à gauche de la colonne vertébrale, au milieu
des vésicules pulmonaires des dernières divi d'une masse plus ou moins considérable de
sions de l'artère du même nom ; elles charrient graisse. Ces organes, dont la figure a dans la
plupart des animaux beaucoup de ressem
blance avec celle d'un haricot, sont formés de
t ..... plusieurs grosses deux substances très-vascnlaires qu'enveloppe
branches (J) {fig. 83 ), dont deux principales, une capsule cellulo-fibreuse.
une pour chaque poumon. La plus extérieure, nommée substance cor
2» Veines caves. — Deux troncs veineux ticale ou cendrée, parait formée d'une multi
sont l'aboutissant de tous les vaisseaux qui tude de canaux capillaires repliés sur eux-
charrient du sang noir, savoir : la veine cave mêmes auxquels sont appendues des myriades
antérieure (K) et Ta veine cave postérieure (L). de granulations d'apparence spongieuse.
La veine cave antérieure, dont l'embouchure L'autre, substance appelée médullaire, tubu-
dans l'oreillette droite regarde l'ouverture au- leuseoa rayonnée, est, ainsi que le démontrent
riculo-ventriculaire, est le confluent des vei les injections, constituée par une multitude
nes de la tête, de l'encolure, des parois du tho de petits tubes qui s'avancent en convergeant
rax et des membres antérieurs. de la substance corticale, où ils prennent nais
La veine cave postérieure, beaucoup plus sance, vers une cavité, le bassinet rénal, dans .
étendue que l'antérieure, correspond à 1 artère lequel ils aboutissent en formant une crête
du même nom; elle rapporte le sang des mem sur laquelle on voit sourdre l'urine lorsque
bres postérieurs, du bassin,de l'abdomen et des l'on comprime le tissu du rein, après en avoir
viscères contenus dans ces deux cavités, à l'o préalablement
reillette droite du cœur, dans la partis posté chaque rein estouvert la cavité. Dans le bœuf,
multiple.
rieure de laquelle elle s'insère.
3° Système de la veine porte. — Appendice CesCapsules surrénales ou reins succenturiés.—
du système des veines caves, le système de la usages, petits corps, dont on ne connaît point les
sont situés, l'un à droite et l'autre à
. 1". APPAREIL DE LA GÉNÉRATION. 185
gauche, en regard du bord interne de chaque autour des anneaux inguinaux par des fais
rein. ceaux ligamenteux élastiques.
§ II.— Des uretères. c) La tunique érythroïde, expansion d'un
muscle nommé crémastère qui n'enveloppe
Les uretères sont des canaux , un pour chaque qu'une partie seulement de la gaine vaginale.
d) Deux autres membranes, Yune fibreuse,
rein, destinés au transport actif de l'urine du l'autre séreuse, intimement unies, forment les
bassinet dans la vessie. La disposition de ces parois externes d'un sac nommé gaine vagi
canaux est telle à leur terminaison que l'urine, nale, ouvert supérieurement dans la cavité du
une fois parvenue dans la vessie, ne peut plus, péritoine.
quelle que soit sa quantité, refluer dans leur in e) Une autre production du péritoine pas
térieur. sée dans la gaine vaginale formant l'enve
§ III. — De la vessie. loppe immédiate des vaisseaux spermati-
ques.
La vessie est une poche ovoïde, à paroismus- / ) Enfin, la tunique albuginée, membrane
culo-membraneuses, qui sert de réservoir à l'u d'un blanc nacré très-résistante, intimement
rine. Elle est située dans le bassin et mainte unie à la substance testiculaire.
nue par des duplicatures du péritoine qui 2° De l'épididyme. — De l'extrémité anté
favorisent son ampliation. Une ouverture pos rieure de chaque testicule émanent des ca
térieure, habituellement fermée, la fait com naux, qui s'entortillent immédiatement sur
muniquer avec le canal de l'urètre que nous eux-mêmes et marchent en augmentant de ca
examinerons avec les organes de la reproduc libre, d'avant en arrière, pour aller constituer
tion dans les deux sexes. le canal déférent; l'ensemble de ces canaux,
Destinée a servir de réservoir h l'urine, la dans lequel le sperme est pour ainsi dire filtré,
vessie est en outre un des principaux agens a reçu le nom aépididyme.
de son expulsion au dehors. 3° Du canal déférent. — Cest leconduitex-
créteur du testicule, il fait suite à l'épididyme,
remonte à la partie postérieure du cordon tes
Section vi. — Appareil de la génération. ticulaire, pénètre dans l'abdomen, puisdans le
bassin, et se termine, après s'être un peu ren
Cetappareil,dontlarépartition entre deux in flé, au col de la .vésicule séminale au même
dividus delà même espèce établit la différence côté. Une membrane charnue, composée de
sexuelle,a pour caractère essentiel, dans le sexe deux plans de fibres, fait cheminer le sperme,
mâle, de produire le fluide fécondant, et dans contre les lois de la gravitation, dans l'intérieur
le sexe femelle de produire des ovules qui ne de ce canal.
peuvent donner naissance à un nouvel être 4° Des vésicules séminales et des canaux
qu'autant qu'ils ont subi l'influence de la éjaculateurs. — Les vésicules séminales sont
liqueur fécondante : de là la nécessité du rap de petites poches membraneuses réticulées k
prochement des deux sexes pour l'accomplis l'intérieur, au nombre de trois dans le cheval
sement de l'acte auquel est préposé cet ap et de deux dans les autres animaux, situées
pareil. dans la cavité pelvienne, à la partie supérieure
Situés à l'extrémité postérieure du tronc, de la vessie, l'une à droite, et l'autre à gauche.
les organes génitaux ont des connexions avec De l'extrémité postérieure de chaque vésicule
le tube digestif à sa terminaison, et de plus naît un conduit nommé éjaculateur, qui, après
étroites encore avec l'appareil urinaire. un court trajet, vient s'ouvrir dans le canal de
l'urètre, au milieu d'un mamelon nommé
§ I,r. — Organes génitaux du mâle. tubercule urétral ou veru montanum. Les
vésicules séminales servent de réservoir à la
L'appareil génital du mâle comprend': 1° les liqueur prolifique; elles sont, en outre, en rai
testicules, organes qui sécrètent la liqueur fé son de la structure musculeuse de leurs pa
condante ; 2o les canaux déjérens, destinés au rois, Les agens principaux de son émission.
transport du sperme des testicules dans tic do Du pénis. — Le pénis, encore appelé le
petits sacs où il est tenu en réserve; 3» les membre, la verge, est l'organe de la copula
vésicules séminales, où cette liqueur séjourne tion. Les parties qui entrent dans sa composi
dans les intervalles de son expulsion ; 4° les tion sont :
conduits éjaculateurs ; 5° enfin Xurètre, au a ) Un prolongement de la peau et de la cou
quel est annexé un appareil érectile. qui favo che fibreuse qui forment le fourreau.
rise le transport du fluide prolifique dans b) Le corps caverneux, agent principal de
les organes génitaux de la femelle, c'est le l'érection, attaché à l'ischion par deux grosses
pénis et ses dépendances. racines, et formé d'un lacis veineux, que sou
1° Des testicules.— Les teslicules,au nombre tiennent des prolongemens de la membrane
de deux, l'un droit et l'autre gauche, sont des fibreuse qui en forme l'enveloppe extérieure.
organes glanduleux, ovoïdes, d'une structure c) Des muscles. Deux favorisent l'érec
tubuleuse, suspendus à l'extrémité d'un cor tion; ils recouvrent les racines du corps
don vascnlaire, et enveloppés de plusieurs caverneux, dont ils déterminent la dilatation ;
membranes qui sont dans l'ordre ou elles se les deux autres membraniformes enveloppent
superposent de dehors en dedans. l'urètre et accélèrent le cours des liqueurs
a ) Le scrotum, enveloppe cutanée, mince, qui parcourent ce canal.
couverte d'un duvet très-fin, onctueuse au )Dcux longs faisceaux charnus, impropre
toucher et très-adhérente au niveau du point ment appelés ligamens suspenseurs, s'éten
culminant de chaque testicule. dent de l'extrémité postérieure du sacrum à
b) hedartos, couche contractile suspendue la tète du pénis en côtoyant l'urètre.
AGBICULTURB, tome II.— 29
166 ANIMAUX DOMESTIQUES : ANATOM1E trouve
ET PHYSIOLOGIE
toutes les conditions
DES ANIMAUX,
favorablesliv.
à son
m.
e ) Le canal de turètre. Ce conduit, qui
sert à l'excrétion de l'urine et du sperme, et développement.
auquel sont annexées trois glandes nommées Dans les femelles des animaux didactyles,
prostates, est formé par une membrane mu l'utérus présente à sa face interne une multi
queuse que double extérieurement un lacis tude de gros mamelons nommés cotylédons,
veineux, érectile, à mailles très-étroites, dont au moyen desquels le petit sujet communique
.l'expansion forme la tète du pénis. avec sa mère.
Dans les animaux didactyles, les canaux 4° Du vagin. — Le vagin est un canal mem
déférens ne sont point renflés près de leur braneux tres-dilatable , étendu de l'utérus,
terminaison; le cordon testiculaire est très- dont il embrasse le col, & la vulve qui en est
long; le pénis est terminé eu pointe. l'ouverture extérieure. Ce conduit, à la par
Point de vésicules séminales dans le chien; tie inférieure duquel s'ouvre la vessie, sert
.aussi la verge de cet animal est-elle organisée tout à la fois à la copulation, à l'excrétion de
de maniè.reli ce que l'accouplement puisse se l'urine et à l'expulsion du produit de la con
.maintenir pendant tout la temps nécessaire à ception.
la formation de la liqueur prolifique. 5° De la vulve. — La vulve, par laquelle les
organes génitaux communiquent au dehors,
§ II. — Organes génitaux de la femelle. offre à considérer, 1° deux lèvres composées
d'un feuillet cutané, d'un feuillet muqueux et
L'appareil générateur de la femelle com- d'une couche musculeuse intermédiaire; 2* le
Ïirena, 1° les ovaires, organes qui produisent clitoris, appareil érectile, analogue au pénis,
es ovules, ou les tiennent en réserve; 2° les situé en dedans de la commissure inférieure
trompes utérines, canaux qui transmettent de de la vulve, et attaché à l'arcade ischiale par
l'ovaire dans l'utérus l'ovule ou le germe fé les deux racines de son corps caverneux.
condé; 3° l'utérus ou matrice, espèce de ré 6° Des mamelles. — Les mamelles, que l'on
servoir dans lequel est apporté, séjourne et ne rencontre que dans les animaux vivipares,
se développe le produit de la conception ; sont des organes glanduleux qui sécrètent la
4° et 5° le vagin et la vulve, formant un con liqueur destinée à l'alimentation du nouveau-
duit qui sert a l'accouplement et à la sortie du ne; leur nombre est toujours en rapport avec
produit de la conception après son développe celui des petits.
ment complet; 6° enfin les mamelles, organes Des produits de la fécondation. — Ces
qui sécrètent la liqueur nécessaire à l'alimenta produits, dont nous ne ferons qu'une simple
tion du nouveau-né. indication, sont, 1" \efœtus, nouvel être, dont
1° Des ovaires. — Situés de chaque côté du l'organisation est, â peu de chose près, la
fond de l'utérus à l'extrémité des ligamens môme que celle des deux individus qui ont
quisuspendent cet organe à la région des reins, concouru à sa formation; 2° des enveloppes et
les ovaires donnent naissance à un produit qui des humeurs qui se détruisent au moment de
est indispensable à la reproduction, puis la parturition.
que leur extirpation frappe les femelles de sté- a) Le placenta, au moyen duquel le petit
. rilité. sujet est, pour ainsi dire, greffé sur sa mère,
2° Des trompes utérines. — Les trompes uté se présente, soit, comme dans la jument, sous
rines, encore nommées trompes de Fallopc, l'aspect d'une membrane villeuse, soit, comme
sont deux conduits flexueux, à parois actives, dans la vache et la brebis, sous forme de
placés dans l'épaisseur des ligainens sous- grosses houppes qui ont reçu le nom de co
lombaires et étendus des ovaires, près des tylédons.
quels ils commencent par un orifice libre et b) Le chorion est une autre membrane
béant dans la cavité du péritoine, à l'utérus, cellule-fibreuse, sur laquelle sont attachés les
dans lequel ils s'ouvrent par un autre orifice mamelons placentaires.
saillant, mais excessivement étroit. c) Vallantoïde, membrane analogue aux sé
Les trompes utérines sont, à n'en pas dou reuses, forme un sac qui communique avec
ter, des conduits par lesquels le principe fé la vessie, et contient une plus ou moins grande
condant du mâle est transmis à l'ovaire, et par quantité d'un liquide jaunâtre dans lequel na
lequel aussi passe le germe fécondé pour par gent quelquefois des corps mollasses nommés
venir dans l'utérus. La stérilité dont sont frap nippomanes.
pées les femelles sur lesquelles la communi d) L'amnios, dernière enveloppe formant
cation entre l'utérus et les ovaires a été dé les parois d'une poche remplie du liquide
truite par la ligature de ces conduits, ne laisse dans lequel baigne le petit sujet.
aucun doute sur leur usage. Enfin le cordon ombilical, gros faisceau vas-
3° De l'utérus.— L'utérus, ou la matrice, est culaire, composé de deux artères qui trans
un organe creux, bifide dans toutes les femelles portent le sang noir dans le placenta, d'une
d'animaux domestiques,a tlaché à la région lom veine qui rapporte un sang rouge du placenta
baire par des ligaments périlonéaux, entre les au petit sujet, d'un canal nommé ouraque, qui
lames desquels se développent des faisceaux fait communiquer la vessie avec le sac de
charnus pendant la gestation. L'extrémité pos l'ailanto'ide, enfin d'une gaine commune for
térieure de cet organe, saillante dans le fond mée par l'amnios.
du vagin, et percée d'une ouverture habituel
lement froncée et fermée, porte le nom de Section vu. — De Vappareil de sensation.
prolongement vaginal de l'utérus, museau de
tanche, ou encore de fleur épanouie. L'utérus Sous ce titre sont compris les organes des
est l'organe de la gestation et l'agent principal sens et le système nerveux.
de l'expulsion des produits de la conception.
C'est clans sa cavité que le germe fécondé
CHAP. te APPAREIL DE SENSATION. 187
que l'on regarde comme un modérateur des
§ 1". — Organes des sens, sons, communique avec l'arrière-bouche au
moyen des trompes à'Eustachi.
Les organes des sens sont les parties an 3° h'oreil/e interne ou le labyrinthe, partie
moyen desquelles les animaux établissent essentielle de l'audition, est une cavité très-
leurs relations avec les objets extérieurs. Pla irrégulière, divisée en plusieurs comparti-
cés à la limite du corps, ces organes reçoivent mens, qui sont le vestibule, les canaux demi-
les impressions venues du dehors, et les circulaires au nombre de trois, et le limaçon,
transmettent aux centres nerveux avec les dans lequel s'épanouit le nerf auditif par le
quels ils communiquent au moyen de nerfs quel les vibrations de l'air sont perçues et
spéciaux. transmises au cerveau.
La peau est l'organe du tact, la langue est
l'organe principal du goût, la membrane pitai- 5° De la vision.
laire est le siège de l'odorat, les yeux sont
les organes de la vision, les oreilles compo Les organes préposés à l'exercice de cette
■ludition.
sent l'appareil de l'audition. fonction sensoriale, sont : 1° les yeux, que con
tiennent et protègent les cavités orbitaires ;
1° Du tact. 2° les paupières ; 3" des muscles, 4° enfin l'ap
pareil lacrymal, destiné à lubrifier le globe de
La peau, dont nous avons fait connaître L'œil et à favoriser l'exercice de ses fonctions.
l'organisation en traitant du système tégu- A) Parties accessoires. Des paupières. — Pla
mentaire, est l'organe du tact. Elle forme à cées au-devant du globe de l'oeil qu'elles re
la surface du corps un vêtement qui, par sa couvrent ou laissent à découvert, suivant
sensibilité, met les animaux en rapport avec qu'elles s'écartent ou se rapprochent, les pau
les propriétés des objets extérieurs, et, par pières sont au nombre de deux principales,
sa résistance, les garantit jusqu'à un certain l'une supérieure, l'autre inférieure; une troi
point de leur action malfaisante. L'enveloppe sième, située en dedans dé l'angle inférieur
cutanée, dont les facultés tactiles sont tou que. forment les deux premières en se réunis
jours plus développées là où elle offre le moins sant, a reçu le nom Je corps clignotant; un
d'épaisseur et une moindre quantité de poils, cartilage en forme la base.
est en outre un organe d'exhalation et d'ab Les parties qui entrent dans la structure
sorption. des paupières proprement dites sont :
1° Deux segmens cartilagineux, nommés
2° Du goût. cartilages tartes, qui empêchent le plissement
de leur bord libre ; 2° line membranefibreuse
La langue est regardée comme l'organe qui nait du rebord de la cavité orbitaire et
principal de cette sensation. Ses parties con- vient s'insérer aux cartilages précédemment
stituantes^sont : 1° Une membrane muqueuse indiqués; 3° du tissu cellulaire séreux; 4° une
hérissée de papilles; 2° une masse muscu- couche cutanée, remarquable par sa ténuité.
leuse qui promène et- applique celte mem Les cils, dont l'usage est d'arrêter les corpus
brane sur les corps introduits dans la bouche. cules tenus en suspension dans l'air, sont une
Les nerfs spéciaux de ce sens sont le lingual dépendance de ce dernier vêtement; 5" une
.et le glosso-pharyngi.en de chaque côté. couche museufeuse formée parle muscle orbi-
culaire, à laquelle s'ajoute, dans la paupière
3» De l'odorat. supérieure, l'aponévrose d'un muscle particu
lier qui en détermine l'élévation; 6» un revète-
Situé dans l'épaisseur de la face, à l'entrée men t muquetrx formé paf I a conjonctive, mem
des voies respiratoires, l'appareil de l'odorat brane qui unit les paupières au globe de l'œil;
se compose de deux cavités anfractueuses, les 7° des lollicules séoaces, encore nommés glan
cavités nasales, que tapisse une membrane des de Mcïbomius, sécrètent une matière pois
d'une structure éminemment vasculaire et seuse qui enduit le bord libre des paupières
érectile. Les nerfs spéciaux de celte sensation et s'oppose à l'écoulement des larmes au-de
sont l'éthmoïdal et plusieurs branches du tri- vant de ces voiles protecteurs; 8» enfin la ca
iacial. roncule lacrymale, autre groupe de follicules
placera la manière d'une petite bornc,en dedans
4° De l'audition. de l'angle interne des paupières, et entre les
deux points lacrymaux, vers lesquels elle di
Les oreilles, organes au moyen desquels les rige les larmes, après les avoir, pour ainsi
animaux perçoivent les vibrations de l'air, dire, tamisées au moyen des poils dont sa sur
sont constituées par une succession de ca face est hérissée.
vités qui sont dans l'ordre physiologique : Les paupières protègent les parties essen
1° 1,'oreille externe, sorte de cornet carti tielles de la vision contre l'action de la lu
lagineux ou de pavillon collecteur des ondes mière, de l'air et des corps étrangers que ce
sonores, que l'animal dirige à volonté dans fluide gazeux tient en suspension. Elles
tous les sens et avec une très-grande rapidité. essuient continuellement le globe de l'œil et
2° L'oreille-moyenne ou tympan. Cette cavité étalent les larmes à sa surface.
intermédiaire entre l'oreiïle externe et le la B)Des muscles de l'œil. — Les muscles mo
byrinthe est traversée par une chaîne d'osse teurs du globe de l'œil, au nombre de sept, et
lets, et fermée par deux membranes sèches, distingués en droits et obliques, sont conte
qui sont opposées comme le sont les deux nus avec un coussinet adipeux dans une gaine
peaux d'une caisse militaire, à laquelle cette fibreuse de forme conique, qui complète la
partie de l'oreille a été comparée. Le tympan, , cavité orbi taire.
188 ANIMAUX DOMESTIQUES : ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE DES ANIMAUX, liv. Ht.
C) De l'appareil lacrymal. — Cet appareil, s'enchâsse la cornée lucide, à la manière d'un
destiné à la sécréiion et à l'excrétion des lar verre de montre sur son drageoir.
mes, comprend : b ) La cornée lucide, ainsi nommée à cause
1° Un organe sécréteur, la glande lacry de sa transparence, est une membrane lamel-
male, située en dessous de l'arcade orbitaire; leuse, à laquelle la moindre infiltration donne
2» les conduits excréteurs de celte glande au de l'opacité. A raison de sa forme convexe et
nombre de dix à douze, qui viennent s'ouvrir de sa densité supérieure à celle de l'air, la cor
à la face interne de la paupière supérieure oii née lucide rétracte les rayons lumineux qui la
ils déposent les larmes; 3° les points lacry traversent.
maux, espèces de pertuis, au nombre de deux, c ) La choroïde, membrane éminemment
un pour chaque paupière, par lesquels s'écou vasculaire dont le brillant métallique de la face
lent les larmes; 4° les conduits lacrymaux, interne forme le tapis, est percée en arrière
au nombre de deux, étendus des points lacry d'une ouverture destinée au passage du nerf
maux au sac lacrymal ; 5° enfin le sac lacrymal optique. Antérieurement, la choroïde, après
et le conduit du même nom, constituant un s'être attachée à une zone grisâtre circulaire
seul et même canal, qui s'étend de l'angle nommée cercle, anneau ou ligament ciliaire
nasal de l'œil au méat inférieur des fosses (D), donne naissance à une multitude de pro-
nasales, où les larmes sont déposées. longemcnsplissésetrecourbéssur eux-mêmes;
ce sont les procès ciliaites choroïdiens (E), qui
Parties essentielles. s'engrènent, en s'avançant vers la circonfé
rence du cristallin, avec d'autres procès ci-
De même que tous les organes des sens spé liaires appartenant au corps vitré.
ciaux, l'œil offre dans son organisation un d) Uiris, ainsi nommé en raison des cou
appareil nerveux spécial et agent immédiat leurs variées qu'il présente, est une cloison
de la fonction, c'est le nerf optique (U) et membraneuse, érectile, percée à son centre
son épanouissement, la rétine, au-devant d'une ouverture nommée pupille, au moyen
duquel est placé un appareil de dioptri- de laquelle s'établit la communication entre
que, une chambre noire dans laquelle les les deux chambres de l'œil; par sa grande cir
rayons lumineux sont réfractés, concentrés conférence, l'iris est attaché au cercle ci
et gradués. liaire.
Les parties composantes du globe oculaire e) La rétine, membrane pulpeuse blan
sont des membranes et des humeurs. La châtre, formée par l'épanouissement du nerf
figure 84 représente une coupe antéro-posté- optique et moulée sur le corps vitré, semble
Fig. 84. se terminer à la circonférence des procès ci-
liaires hyaloïdiens auxquels elle adhère assez
fortement. La réline est l'organe immédiat de
la vision.
E) Des humeurs de l'œil. — Ces humeurs,
qui sont le corps vitré, le cristallin et l'hu
meur aqueuse, forment avec la cornée lucide
déjà indiquée les différens milieux au travers
desquels s'opère la réfraction des rayons lu
mineux qui pénètrent dans l'œil.
a) Du cor//s vitré. — Le corps vitré (H), ainsi
nommé à cause de sa ressemblance avec du
verre fondu, constitue une masse sphéroïde
excavée antérieurement pour loger le cristal
lin. Ce corps est formé par un liquide contenu
dans une membrane nommée hyak
qui, après lui avoir formé une enveloppe £
raie, fournit des prolongemens lameîl
qui le séparent en une multitude de petites
masses. Parvenue près du cristallin, cette
membrane parait se diviser en deux lames,
dont l'une passe en avant, et l'autre en arrière
de ce corps; de la séparation de ces deux
lames, résulte un canal triangulaire, qui a été
décrit par Petit, sous le nom de canal go-
dronné (.1) ; de la partie antérieure de cette
membrane, l'on voit se détacher une laine
circulaire rayonnée, c'est la couronne ci
liaire (K) ou les procès ciliaires du corps vitre
qui s'engrènent avec ceux de la choroïde.
b) Du cristallin. — Le cristallin (L) est un
rieurc du globe oculaire, et la direction que corps lenticulaire mollasse, et Iranspan'»1
f>rennent les rayons lumineux en traversant comme le cristal, situé au fond de la cham
es différens milieux de l'œil. bre postérieure de l'oeil, dans l'excavation que
a ) La sclérotique, membrane blanche très lui présente le corps vitré; une capsule pro
résistante, présente deux ouvertures l'une pre, nommée cristalline (M), contient la sub
postérieure, par laquelle le nerf optique pé stance propre du cristallin et en offre M
nètre dans l'air, l'autre antérieure, beat-coup transparence.
plus grande, sur la circonférence de laquelle r) De l'humeur aqueuse. — On donne ce
cùap. 1". CONFORMATIO EXTÉRIEURE. 189
nom au liquide limpide qui remplit la cham La masse nerveuse cncéphalo-rachidienne
bre antérieure (N) et la chambre postérieure de est enveloppée de trois membranes. La plus ex
l'œil (O), et dont ona successivement attribué térieure fibreuse se nomme la dure-mère, la
la formation au corps vitré, aux procès ci- moyenne séreuse porte le nom d'arachnoïde;
liaires, à la choroïde, à l'iris et à une mem l'interne, nommée pie-mère, est un réseau cel-
brane particulière nommée membrane de \'hu- lulo-vasculaire très-délié, appliqué immédia-
meur aqueuse (P), de laquelle on fait dépen tement stlr la pulpe nerveuse.
dre la pellicule extrêmement mince qui ferme 3° Les nerfs sont les organes conducteurs du
l'ouverlure pupillaire dans le fœtus pendant sentiment et du mouvement, ils transmettent
les 2 premiers mois de la gestation. aux centres de perception les impressions
qu'ils reçoivent dans les organes où ils abou
$ II. — Appareil nerveux. tissent, et portent dans ces mêmes organes
l'influx nerveux qu'ils reçoivent des centres
"Veneéphale, la moelle épinière et les nerfs avec lesquels ils sont en communication di
dont nous avons indiqué la composition élé recte.
mentaire en traitant du système nerveux, Les nerfs ont été distingués en cérébro-spi
forment le grand appareil de l'innervation naux et ganglionnaires.
qui préside à tous les mouvemens volontaires Selon le [siège de leur extrémité centrale,
ou involontaires, aux diverses impressions et les nerfs cérébro-spinaux ont été divisés en
aux opérations de l'instinct. nerfs encéphaliques et nerfs rachidiens. Les
Wencéphale, centre et régulateur de toutes premiers, au nombre de douze paires, sont
les actions nerveuses, surmonte la moelle en communication directe avec l'encéphale;
épinière et remplit exactement le crâne qui, ils sortent par les trous de la hase du crâne et
par la forme et la composition de ses parois, se distribuent à toutes les parties de la tête.—
Je met à l'abri des violences extérieures. Il Les nerfs rachidiens, au nombre de quarante-
constitue une masse lobulée, ovoïde, creusée et-une paires, tiennent t la moelle épinière par
à l'intérieur de plusieurs cavités, dans la leur extrémité centrale; destinés pour le reste
quelle on distingue trois parties, le cerveau du tronc et les membres, ils sortent par les
proprement dit, le cervelet et la moelle al trous invertébraux, et sont distingués en cervi
longée. caux, dorsaux, lombaires, sacrés et coccygiens.
2- La moelle épinière, autre partie centrale de Les nerfs ganglionnaires forment avec de
l'appareil nerveux, dont le développement petits corps nommés ganglions un appareil
précède celui du cerveau, occupe toute l'é sympathique particulier, oui transraet_ l'ac.
tendue du canal vertébral. Elle constitue un tïon nerveuse aux organes des fonctions invo
gros cordon cylindroïde, composé de plusieurs lontaires, et ne semble pas conduire jusqu'aux
faisceaux disposés par paires, et continus avec centres de perception les impressions nor
l'encéphale. males reçues par ces organes. (Rigot.)
Les reins, situés en arrière du dos, dont ils Le poitrail, situé en dessous de l'encolure,
suivent la direction en lui faisant continuité, entre les deux épaules, présente toujours un
ont pour base les vertèbres lombaires et les développèment en rapport avec celui des ca
muscles qu'elles supportent. vités nasales. Dans les chevaux à tête carrée
Les premières et les plus essentielles con ou camuse, dont les cavités nasales sont larges
ditions de la beauté de cette région sont la et spacieuses, le poitrail est toujours large
brièveté et la grande largeur. Sans elles les ment développé ; au contraire, lorsque les ca
mouvemens ne sauraient avoir de l'union et vités nasales sont étroites, cqmme dans les
de l'ensemble. Destinés, en effet, à servir chevaux à tète busquée ou moutonnée, le
d'agens de transmission des mouvemens que poitrail, par une conséquence nécessaire, est
communiquent au devant les détentes des étroit aussi. Quelle que soit la race des che
membres postérieurs, les reins' doivent être vaux que vous examinerez, quelles que soient
doués d'une certaine rigidité qui est tout à leur forme et leur taille, toujours vous obser
fait incompatible avec un excès de longueur. verez cette remarquable coïncidence entre le
Dans ce dernier cas, la colonne lombaire, trop développement des premières voies aériennes,
flexible, ne remplit qu'imparfaitement ses et celui de la cavité thoracique, dont la lar
fonctions, et les mouvemens qu'elle devrait geur ou l'exiguité du poitrail n'est que l'ex
transmettre se perdent en partie dans le jeu pression. Et en outre, chose bien rcmhrquable
que ses vertèbres exécutent les unes sur les encore, et qui prouve l'espèce de solidarité
autres. C'est surtout dans le cheval destine au qui existe entre toutes les parties de la ma
tirage et au bât, que la brièveté et la largeur chine destinée à concourir a «ne même fin,
des reins doivent être recherchées; sans elles vous verrez toujours les membres répondre
il serait tout à fait impropre au service auquel par leur développement à celui des voies aé
on l'emploie. Dans un cheval de selle, la trop riennes. Ainsi, dans les chevaux bien con
grande Drièveté de la colonne lombaire a le stitués, à large poitrine, les extrémités sont
double inconvénient de laisser trop ressen fortes et bien fournies; dans les animaux, au
tir au cavalier les réactions du terrain, et en contraire, à poitrine exiguë, qui sont, comme
outre de mettre obstacle à la célérité, de ses on le dit, serrés du devant, les membres sont
allures. Car, ainsi que nous le verrons en son grêles et faibles. Les chevaux anglais de course
lieu, l'impulsion en avant dans les mouve semblent, au premier abord, faire exception
mens rapides est communiquée au corps par par leur conformation à cette loi générale;
la détente simultanée des membres posté leur poitrine est étroite en effet, et cependant
rieurs et de l'espèce de ressort que représente les muscles de leurs membres sont énergi-
la colonne épinière arc-boutée. quement prononcés. Mais remarquez bien
Ces beautés de la région rénale ne doi que, dans ces animaux, les dimensions en hau
vent pas cependant en exclure une autre teur du thorax compensent, et bien au-delà, ce
c'est la souplesse à la pression des doigts : qu'il perd en largeur, et qu'alors son élroi-
qui coïncide toujours, eomme le démontre tesse n'est qu'une condition de plus qui favo
1 observation, avec le parfait état de santé, et rise la rapidité des allures.
disparaît dans les maladies graves. Observez maintenant que ce grand dévelop
Dans les chevaux ensellés ou à dos de mu pement du poitrail, que nous considérons
let, la colonne lombaire continue la courbure comme beau, devient défectueux par son
de l'épine dorsale et participe de sa flexibilité excès dans les animaux destinés aux progres
ou de sa rigidité. sions rapides. Ainsi, par exemple, un cheval
Dans les gros chevaux de trait de belle de selle trop large du devant serait pesant et
race, le trajet de la colonne dorso-lombaire lent dans ses allures. 11 n'y a que dans les
est marqué par un sillon profond entre les chevaux de trait, destinés à vaincre les résis
saillies musculaires qui s'élèvent de chaque tances par leurs poids et l'énergie de leurs
coté. Cette manière d'être, que l'on exprime muscles, qu'on doit considérer comme une
en disant que le dos et les reins sont doubles, beauté l'excès même de volume et de largeur
et qui atteste le grand développement des de cette région.
ftuissances motrices, doit être regardée Comme Vars est le pli de la peau entre le thorax
a conformation par excellence du cheval de et la face interne de l'épaule. Les frottemens
trait. réitérés de la marche peuvent déterminer
Les reins sont quelquefois le siège de plaies dans cette région une irritation assez dou
assez graves, causées par une mauvaise appli loureuse pour gêner les mouvement de l'ani
cation des harnachemens. On les désignait au mal. C'est ce que l'on exprime en disant qu'il
trefois sous la dénomination triviale et im se fraie aux ars.
propre de mal de rognons. Elles sont lentes Vinter-ars est situé sous le poitrail entre
a se cicatriser et diminuent beaucoup la va les deux ars.
leur d'un cheval. Mais de toutes les maladies Le passage des sangles est la région située
de cette région, les plus redoutables sont en arrière du coude et en avant du ventre, sur
celles connues sous le nom d'efforts de reins. laquelle, comme son nom l'indique, passe la
Elles nécessitent quelquefois l'application du sangle de la selle. Elle peut être blessée par
feu, dont les tares dénoncent leur existence le frottement dont elle est le siège. Cet incon
passée ou actuelle. vénient peut rendre momentanément le che
val impropre à son service.
d'un coté à l'autre, qui ne tarde pas à se rem sur une dent la coupe représentée à la fig. 93
plir d'une matière noirâtre, à laquelle les an ( Coupe dans l'axe longitudinal de la dent.)
ciens vétérinaires donnaient le nom de germe La partie enchâssée, ou la racine de la dent,
de fève : cette cavité est circonscrite i>ar deux varie de forme, de grandeur et de dimension
bords trancbans, dont l'antérieur est plus sail suivant les différens degrés de l'âge. Lorsque la
lant que le postérieur. Cette extrémité libre dent vient de faire son éruption, elle est courte,
prend le nom de table dentaire (voy. fig. 95), ronde, creusée d'une cavité qui se prolonge
lorsque les deux bords se sont mis de niveau jusque dans l'intérieur de la partie libre au
par l'usure, et que la cavité ne forme plus tour du cornet extérieur (fig. 93), et ren
qu'une partie de la surface de frottement qui, à ferme la pulpe dentaire; avec l'âge, cette ca
mesure que l'animal vieillit, se rétrécit, se vité diminue et finit même par s'oblitérer en
rapproche du bord postérieur et finit par dis tièrement. L'oblitération commence par le
paraître entièrement. fond et continue du côté de la racine qui s'al
Quant aux bords latéraux de cette partie longe, et prend toujours de l'accroissement.
libre, l'interne est arrondi et beaucoup plus Les productions nouvelles, au lieu de conser
épais que l'externe, généralement mince, ver la forme arrondie de la racine, en affectent
même tranchant, dans les coins : au moment d'autres qu'il est important de connaître. Si
de l'éruption,ces bords dentairess'imbriquent, on prend une dent incisive d'adulte, et si on
l'externe se prolonge sur l'interne. fait dans la longueur plusieurs coupes trans
Toute cette partie libre est enveloppée par versales de deux lignes en deux lignes
l'émail, substance que sa grande densité metà (fig. 94 ) , on voit qu'aplaties d'avant en ar
même de supporterlesefforts delà mastication; rière vers la surface de frottement, elles de
il revêt les deux faces de la partie libre, se re viennent successivement ovales, puis arron
plie dans l'intérieur de la dent et forme la dies; vers la base de la racine elles sont trian
cavité conique, dont l'orifice se remarque à gulaires, enfin leur extrémité est aplatie d'un
l'extrémité libre de la dent vierge. Cette cavité, côté à l'autre. Admettons maintenant que la
à laquelle on a donné le nom de cornet den dent, au lieu d'être coupée ainsi transversale
taire extérieur, est plus rapprochée de la face ment, soit usée par le frottement, nous verrons
postérieure de la dent que de sa face anté de même successivement la table dentaire af
rieure, comme on peut l'observer en faisant fecter ces différentes formes; ce point bien
CHAP. 3. CONNAISSANCE DE L'AGE DES ANIMAUX DOMESTIQUES.
compris, rien n'est plus facile que l'intelli que les mitoyennes, et ces dernières moins 215
gence de la théorie sur laquelle est basée la que les pinces. La profondeur du cornet den
connaissance de l'âge ; et en eiïet, lorsque la taire varie dans le même rapport. Dans les
dent du cheval a fait son éruption, elle con» incisives supérieures, ce cornet est plus long
linue à croitre en longueur du côté de la racine que dans les inférieures; en outre, le demi-
pendant une grande partie de la vie, et cet ac cercle décrit par les dents supérieures étant
croissement continuel est accompagné d'une plus large et plus développé que celui des in
égale tendance à foire son éruption au dehors; férieures, le coin de ces dernières se trouve
il en résulte nécessairement que les parties en contact avec le milieu de la table du coin
usées par le frottement sont constamment des premières, et l'use de manière à y pro
remplacées par d'autres, et que telle portion duire une échancrure qui peut guider jus
de la dent qui à l'âge de six ans faisait partie qu'à un certain point dans la connaissance
de la racine, forme la table à une époque plus de l'âge.
avancée de la vie. On a constaté que, dans les Les incisives caduques diffèrent des dents
chevaux de race distinguée, les dents s'usaient de remplacement, dont nous venons de don
d'une ligne environ par an , et d'un peu ner les caractères. Elles sont généralement
plus d'une ligne dans les chevaux communs : moins larges, d'un blanc laiteux, striées dans
d'après cela on a pu préciser à quelle épo leur partie libre qui est séparée de la racine
que de la vie chacune des parties de la dent par un étranglement, ou collet qui ne se fait
venait successivement former la table den jamais remarquer dans les dents de remplace
taire : telle est la première donnée sur laquelle ment. (Voy./g. 96 et 97.)
est basée la connaissance de l'âge. La seconde Les crochets ou angulaires, ainsi nommés
est formée par la profondeur de la cavité den- parce que dans les carnivores ils servent à dé
" extérieure, la largeur du noyau que re chirer, sont au nombre de deux à chaque mâ
lie son cul-de-sac, etenfin sa positionsur choire, et situés dans l'intervalle qui sépare
dentaire. Nous avons dit plus haut les incisives des molaires. Leur partie libre
: l'émail, en se repliant dans l'intérieur de ( voy. fig. 98), conique et striée sur sa face ex
la dent, formait une cavité conique plus rap terne, présente dans le milieu de son plan in
prochée de la face postérieure que de la face terne une éminence allongée que circonscri
antérieure; à mesure que la dent frottera, il vent deux sillons. Les jumens en sont ordinai
est facile de concevoir que l'ouverture de rement dépourvues ; quelquefois cependant
cette cavité devra aller en se rétrécissant, d'a- elles présentent des crochets rudimentaires
Îirès ce théorème géométrique bien simple,que sans éminences ni cannelures.
es différentes coupes d'un cône présentent Organisation des dents. Les dents sont
des surfaces d'autant plus étroites,qu'ellessont composées de deux principales substances,
faites plus près de son sommet. Puis, lorsque différentes par leur couleur, leur densité,
eette cavité extérieure aura complètement leurs usages : l'une extérieure qu'on appelle
disparu par suite du frottement, et qu'on émail, l'autre intérieure nommée ivoire.
n'apercevra plus sur la table dentaire qu'un L'ivoire existe dans toute l'étendue de la
noyau d'émail légèrement déprimé dans dent; il forme seul la racine et concourt avec
son milieu, on] doit encore concevoir qne ce l'émail à former la partie libre. Comme les os,
cul-de-sac devra paraître d'autant plus ré dont il ne diffère que par son mode de forma
tréci et plus près du bord postérieur, que la tion, il présente une trame organique, que
dent aura plus frotté, et que conséquemment l'on peut obtenir en le soumettant pendant
l'animal sera plus âgé. C est en précisant les quelque temps à l'action d'un acide aflaibli.
époques des différentes phases que nous ve- L'eraaH, dont nous avons déjà indiqué plus
d'indiquer, qu'on a obtenu des notions haut la disposition sur la partie libre de la
sur l'âge à une certaine période de dent, est une substance formée presque en
i vie. tièrement de phosphate de chaux, et beaucoup
Enfin, lorsque le cul-de-sac du cornet den plus dure que l'ivoire qu'il revêt et protégé.
taire a complètement disparu, on aperçoit sur C'est à la différence de densité de ces deux
la table de la dent un point blanchâtre que parties composantes des dents qu'il faut at
M. Gibahd nomme étoile dentaire, qui n'est tribuer l'inégalité de leurs surfaces de frotte
autre chose que la partie centrale de la cavité ment, car la substance éburnée, beaucoup
radicale oblitérée par l'addition, dans son inté moins résistante, use plus vite que la sub
rieur, d'une substance osséiforme de couleur stance émailleuse.
plus claire et de dureté moindre que la dent; Nous avons indiqué plus haut la disposition
c'est ce oui explique l'apparition de cette des cavités dentaires, nous ne reviendrons
marque blanchâtre irrégulière sur la table pas sur ce point.
dentaire, et en même témps la dépression de Les dents se forment dans l'intérieur des
cette table qui est un peu excavée. Cette étoile os maxillaires. Elles ne sont d'abord formées
dentaire fournit des renseignemens peu posi que par des vésicules logées dans des cavités
tifs pour l'appréciation de l'âge. que ces os présentent. Ces vésicules, à une
Il est facile de distinguer le cul-dc-sac du certaine époque de la vie intra-utérine, pré
cornet extérieur, de l'étoile radicale , car le sentent du côté par lequel la dent fera plus
premier,entouré d'émail, fait, tant qu'il existe, tard son éruption, une ou plusieurs lames os-
exubérance sur la surface de frottement, tan séiformes, qui successivement acquièrent de
disLesque incisives
la secondeprésentent
est toujours
quelques diffé l'épaisseur et s'étendent sur les côtés de la vé
à son niveau.
sicule qu'elles finissent par envelopper plus
rences entre elles, sous le rapport de leur tard, en procédant du sommet de la dent à
longueur, de leur forme et de la profondeur la racine, en sorte que la pulpe diminue au
d« leur cavité. Les coins sont moins longs fur et à mesure que la dent grossit; et comme
216 ANIMAUX DOMESTIQUES CONFORMATION Deuxième EXTÉRIEURE.
période. Rasement desLIT. dents
III.
ce travail d'accroissement se continue pen
dant toute la vie, il doit arriver, et il arrive en caduques. Dès l'instant où les dents incisives
effet une époque où la pulpe et la cavité qui ont fait éruption, qu'elles se sont mises en
la renferment ont totalement disparu. Cest contact avec les dents qui leur correspondent,
donc, comme on le voit, par une addition suc leur bord antérieur le plus élevé commence
cessive de couches de dedans en dehors que par s'user. Bientôt il est au niveau du posté
la portion éburnée se forme et s'accroît, tan rieur, et les deux bords s'usant simultané
dis que l'émail qui la revêt n'est que le résul ment, la cavité qu'ils circonscrivent se rétré
tat de la sécrétion de la membrane interne de cit, et à une certaine époque disparaît de telle
l'alvéole, et une fois appliqué à la surface de façon que l'on n'aperçoit plus qu'une exubé
l'ivoire , il conserve toujours la môme épais rance tvémailycul-de-sac de cette cavité; c'est
seur et ne se régénère pas lorsqu'il est détruit. cette usure exécutée régulièrement qui con
Les dents, croissant dans tous les sens, finis stitue le rasement ( fig. 95). Table dune inci
sent par acquérir un volume qui n'est plus en sive rasée.
rapport avec la capacité de la cavité alvéolaire Lorsqu'une dent incisive a commencé à
qui les renferme, et bientôt , écartant les raser, la table présente deux rubans d'émail ,
lames de l'os, elles le perforent du côté le l'un extérieur qui enveloppe la dent, c'est l'é
moins résistant en se frayant une issue à tra mail d'encadrement; l'autre qui circonscrit
vers le bord alvéolaire du maxillaire et la gen la cavité, c'est l'émail central {fig. 95).
cive qui le recouvre. Les incisives de la mâchoire supérieure pa
Mous venons de voir qu'après leur éruption raissent raser moins vite que celles de la mâ
les dents continuaient à prendre de l'accrois choire inférieure, parce que leur cornet den
sement, tant du côté de la racine qu'en dehors taire extérieur est beaucoup plus profond.
de l'alvéole, en sorte que les parties usées par Les pinces inférieurès sont toujours rasées
le frottement étaient continuellement rem à 10 mois , les mitoyennes à 1 an, les coins de
placées par d'autres; nous devons rappeler que 15 à 24 mois. •
c'est sur l'appréciation de ce fait qu'est fondé A deux ans, la cavité a tout à Tait disparu
un des principaux moyens de reconnaître poque dans toutes
de leur
leschute,
incisives
et les
caduques
dents de
; c'est
rempla
Fé-
l'âge des mouodactyles.
L'étude de l'âge des monodactyles par l'in çaient vont faire leur éruption {fig. 102, mâ
spection des dents peut se diviser en plusieurs choire d'un poulain de 2 ans).
périodes très-distinctes : Troisième période. Eruption des dents in
1° Eruption des dents incisives caduques cisives d0 remplacement. Les remplaçantes
depuis la naissance jusqu'à 10 mois; rangées en arrière des caduques sortent suc
2o Rasement de ces mêmes dents , de 10 à cessivement comme ces dernières, en mon
30 mois; trant d'abord le bord antérieur, puis, un ou
3° Eruption des dents incisives de rempla deux mois après, le bord postérieur.
cement, de 30 à GO mois; Les pinces sortent de 2 1/2 à 3 ans (fig. 103),
4° Rasement de ces mêmes dents, de 5 à les mitoyennes de 3 1/2 à 4 ans (fig. 104 ), les
8 ans; coins de 4 1/2 à 5 ans (fig. 105).
5* Forme ovale, puis ronde que prend gra j^A 5 ans, un cheval doit avoir toutes ses
duellement la table des incisives inférieures, dents incisives d'adulte. Toutefois il peut les
sur laquelle apparaît le fond de la cavité den présenter avant 5 ans, parce que les mar
taire interne (étoile radicale), avec le cul-de- chands intéressés à rapprocher les jeunes
sac du cornet externe dont la disparition an chevaux de l'âge auquel ils peuvent être sou
nonce 12 ans; mis aux services, arrachent les coins et les
6* Triangularité successive des incisives mitoyennes, et font paraître le cheval plus
inférieures, et disparition également succes figé qu'il ne l'est réellement. Aussi doit -ou
sive du cul-de-sac de la cavité dentaire exté regarder comme avancé et n'ayant que 4 ans,
rieure dans les incives supérieures, de 12 à tout cheval qui au mois de mai et de juin n'a
17 ans; pas les coins bien sortis.
7° Biangularité complète ou aplatissement L'éruption des crochets étant variable ne
d'un côté à l'autre des incisives inférieures, fieut servir à la connaissance de l'âge ; elle a
de 17 à 20 ans et au-delà. ieu ordinairement de 3 1/2 à 5 ans.
Observation. Le commencement de chaque Quatrième période. Rasement des rem
année, pour les chevaux, date du printemps, plaçantes. Le rasement des incisives d'adulte
saison dans laquelle ils naissent habituelle se fait assez régulièrement, mais comme les
ment; c'est donc à cette époque que, dans Ïiinces sont déjà presque entièrement rasées
l'évaluation de leur âge, on doit toujours re orsque les coins viennent à sortir , c'est à l'in
monter comme point de départ. spection des dents qui ont éprouvé le moins
Première période. Eruption des caduques. d usure qu'il faut s'en rapporter.
A la naissance, aucune des incisives n'a fait Age de cinq ans (fig. 106). Les coins sont de
son éruption. Les pinces sortent de 6 à 8jours; niveau avec les mitoyennes, le bord antérieur
(fig. 99) ; les mitoyennes, de 30 à 40 jours (fig. des mitoyennes légèrement usé, les pinces
100): les coins, de 6 à 10 mois (fis. 101). presque entièrement rasées.
A l'instant où chaque incisive fait son érup Six ans(fig. 107). Nivellement des deux bords
tion , on aperçoit un bord tranchant, c'est le des coins par l'usure du bord antérieur ; rase
3ue
bord quelques
antérieur.jours
Le postérieur
après, c'estn'est
alors
apparent
qu'on ment presque complet des mitoyennes ; rase
ment complet des pinces.
istingue la cavité. Les incisives de la mâ Sept ans (fig. 108). Rasement complet des
choire supérieure paraissent ordinairement pinces et des mitoyennes ; usure dans les coins
un peu plus tôt. du bord postérieur qui , à six ans, était seule-
318 ANIMAUX DOMESTIQUES : CONFORMATION EXTÉRIEURE. trv. m
ment de niveau avec l'antérieur : on aperçoit étant fondés sur la pousse et l'usure constantes
une échancrure au coin supérieur. et proportionnelles des dents, il est évident
Huit ans (Jig. 109). Rasement de toutes les qu'ils ne sont plus applicables sans rectifica
dents de la mâchoire inférieure.Les dents sont tion du moins, s'il y a excès ou défaut de lon
devenues ovales, et, dans toutes, la cavité est gueur des dents. Supposons le premier cas :
remplacée par le cul-de-sac du cornet den la longueur des dents est communément de
taire. L'étoile dentaire apparaît près du bord sept lignes à partir de la gencive jusqu'à la
antérieur, sous l'orme d'une bande jaunâtre, surface de frottement, et, suivant nos princi
allongée d'un côté à l'autre. pes, chaque dent doit user d'une ligne à peu
v" Période. Forme ovale, puis ronde , que près par an. Si la partie libre des incisives a
prend graduellement la table des incisives plus de sept lignes, c'est qu'elles ont usé moins
inférieures, sur laquelle apparaissent simul qu'elles ne devaient, et le cheval est nécessai
tanément l'étoile radicale et le cul-de-sac du rement plus vieux que l'inspection des dents
cornet externe dont la disparition annonce ne semblerait le démontrer; si, par exemple»
12 an*. les dents sontdeux lignes trop longues, comme
\< tij ans (Jig. 110). Les pinces inférieures elles auraient dû user d'une ligne chaque an
s'arrondissent, l'ovale des mitoyennes et des née, l'animal doit paraître de deux ans moins
coins se tvtivcii , l'émail contrai se rapproche âgé qu'il ne l'est réélitment; ainsi, règle géné
du bord poslérieur,les pinces supérieures sont rale pour déterminer l'âge d'un cheval dont
rasées. les incisives sont trop longues, il faut ajouter
Dix ans [Jig. lu i. Les mitoyennes s'arron à l'âge que marque la table des dents, autant
dissent, les coins sont Wates, "l'émail central d'années qu'elles ont de lignes de moins en
est très-près du bord postérieur. longueur; et vice versa", lorsque les dents sont
Onze ans (Jig 112). Les coins s'arrondissent, trop courtes, le cheval parait plus vieux qu'il
l'émail central n'apparaît plus qu'en un point n'est, et il faut lui retrancher autant d'années
très-ét roit près du boni postérieur. que les dents ont de lignes de moins en lon
Douze ans (fig. 113). Rondeur parfaite tie gueur.
toutes les incisives inférieures, disparition de D'après cela, on voit diminuer la difficulté
l'émail «entrai qui est remplacé, an Hnl de de prononcer sur l'âge des chevaux bégus et
la sivrfa'(*e de frottement, par Této4e radicale; Jaux-bégus. Les premiers sont ceux qui pré
le cul -de-sac du cornet extérieur persiste à sentent encore sur la table des incisives le
la mâchoire supérieure. cornet dentaire extérieur, à une époque où il
xi* PÊmobs. Trinttguïàirité Successive des devrait avoir disparu. Dans les seconds, c'est
incisives inférieures, et disparition également seulement le cul-de-sac de ce cornet qui per
successive du cul-de-sac de la cavité dentaire siste contre nature.
extérieure dans les incisives supérieures. Les marchands cherchent quelquefois à
Treize uni {Jig. 114). Les pinces commen tromper sur l'âge des chevaux ; comme ils ont
cent à devenir triangulaires dans les incisives mtéret à ce que les chevaux paraissent toujours
inférieures, l'émail ventral a disparu dans les plus près de l'âge où leur valeur est plus con
coins supérieurs. sidérable, s'ils sont trop jeunes, ils arrachent
Quatorze ans (fig. IIS). Les pinces sont les coins et les mitoyennes caduques, et déter
triangulaires , les mitoyennes commencent à minent quelquefois plus tôt l'éruption des rem
le devenir, l'émail central diminue dans les plaçantes, en *orte qu'un cheval n'a pas en
pinces supérieures. core quatre ans et demi que déjà il est pourvu
Quinze ans (Jig. ii^). Triangularitédes mi de toutes ses dents de remplacement. Ou peut
toyennes. s'apercevoir de cette ruse à l'inspection de
Seize ans (Jig. 117 ). Triangularité complète l'arcade dentaire qui est toujours îrrégulière
des dents de la mâchoire inférieure, dispari lorsque l'éruption des remplaçantes a été ac
tion de l'émail central dans les mitoyennes tivée par l'arrachement des caduques.
supérieures. Lorsque le cheval est trop vieux, les mar
Dix-sept ans (Jig. 118 ). Les incisives infé chands le contre marquent, c'est-à-dire qu'ils
rieures sont triangulaires, les cotés du trian pratiquent, avec un nurin , au1 centre de la
gle sont tous trois de la môme grandeur; dis- dont, une cavité qu'ils cautérisent avec un fer
paritlôn de l'émail central dans les debts in chaud, de manière à la noircir, et h imiter le
cisives Supérieures. germe de fève; célte fraude n'est pas difficile
vu0 PÈhioftE. Biitngitlarité complète ou à reconnaître, car la cavité Tadtiee, si habile
aplalissemerit d'un côté à l'autre des incisives ment pratiquée qu'elle ait été, se distingue
injérieures. toujours par l'absence de l'émail qui circon
Dix-huit ans (fig. 119). Les parties latérales scrit le cornet dentaire extérieur.
du triangle s'allongent dans les pinces.
Dix-neuJ ans (Jig. 120). Les pinces inférieu §11.—Connaissance de l'âge du bœuf ctdu mouton.
res sont aplaties J'un coté à l'autre.
Vingt ans (fig. 121). Les mitoyennes Ont la
même forme. Les renseignemens les plus certains sur
Vingt et un ans (Jtg.iii). Biangularité com l'âge des bëtes bovines et de bètestrvines sont
plète des incisives inférieures. fournis dans ces animaux, comme dans le che
A cette époque, il est alors permis de décla val, par l'appareil dentaire; niais, en outre, les
rer le cheval hors d'âge, comme on le faisait cornes, dans ceux de ces animaux qui en sont
autrefois lorsqu'il atteignait l'âge de huit ans; munis , peuvent encore être considérées
il n'existe plus de caractères distinctifs pro comme des parties chronométriques qui don
pres à guider, même approximativement. nent des indications moins positives, il est vrai,
Les principes que nous venons de poser mais cependant assez constantes et assez sai-
220 ANIMAUX DOMESTIQUES : C( ^FORMATION
collet, se trouveEXTÉRIEURE.
de tontes parts circonscrite
lit. par
ai.
sissables pour qu'on puisse y recourir avec
avantage. un rebord saillant ; et au lieu d'offrir, comme
Nous extrayons encore, du précieux travail dans le cheval, une cavité dentaire, elle pré
de M. Girard, sur l'âge des animaux domes sente seulement deiix cannelures longitudi
tiques, les considérations que nous allons nales, séparées l'une de l'autre par une colonne
émettre. Sous les rapports de leur développe pyramidale médiane; toute cette partie libre
ment, de leur accroissement, de leur organi de la dent est enveloppée par une couche très-
sation, des altérations que le temps leur fait mince et très-blanche d'email.
subir, enfin de leur mode de caducité et de On appelle nivellement, dans le bœuf, l'ef
remplacement, les dents dans le bœuf et dans facement des cannelures de la face postérieure
le mouton présentent les mêmes considéra des dents incisives, qui constitue alors, à pro-
tions que dans le cheval; nous ne reviendrons Ïirement parler, une surface de frottement sur
donc pas ici sur les détails que nous avons aquelle on aperçoit, même avant que le nivel
donnés à ce sujet dans le chapitre précédent, lement soit complet, une petite bande trans
et nous passons immédiatement à la descrip versale jaunâtre située près du bord supérieur.
tion de 1 appareil dentaire du bœuf. Avec les progrès de l'usure, la zone dont il
s'agit gagne insensiblement le milieu de la ta
I. De Fâge du bœuf. ble, s'élargit, devient carrée, puis ronde, et
porte, pendant quelque temps, une légère
A. Connaissance de l'dge du bœufpar bordure blanche; cette tache correspond a ce
les dents. que, dans le cheval, on nomme Yétoile radi
cale.
Dans le bœuf on compte 36 dents dont 24 Le rasement des incisives du bœuf est"con
grosses molaires , 4 petites molaires] supplé stitué par l'usure de leurs bords supérieurs.
mentaires, et 8 incisi vesà la mâchoire inférieure Cette usure s'opère progressivement des pin
seulement; la supérieure porte, au lieu de dents, ces aux mitoyennes et des mitoyennes aux
un gros bourrelet cartilagineux, contre lequel coins qui rasent toujours ler> derniers. Lors
les incisives prennent un point d'appui lors que toutes lesjincisives sont mises de niveau
qu'elles coupent le faisceau d'herbe ramassé par par l'usure de leur bord tranchant, on exprime
la langue. Comme dans le cheval, les dents cet état en disant que l'animal est au ras,
incisives sont les seules qui soient réellement comme on dit qu'il est au rond, lorsque ses
chronométriques. dents, vierges encore, décrivent un demi-cer
Des dents incisives. Disposées à l'extrémité cle régulier.
du maxillaire inférieur en demi-cercle assez Lorsque les dents du bœuf sont au ras et
régulier, les dents incisives du bœuf, mobiles que l'avale est nivelée, l'arcade incisive perd
dans leurs alvéoles, représentent assez bien, sa régularité; toutes les dents se disposent
comme le dit M. Girard, le clavier d'un cla sur un plan horizontal; et, comme leur partie
vecin ; elles se distinguent en deux pinces, libre va toujours en se rétrécissant du bord
deux premières mitoyennes, deux secondes tranchant à la racine, il doit arriver et il ar
mitoyennes et deux coins. rive en effet une époque où les dents cessent
Chaque dent incisive d'adulte, lorsqu'elle de se toucher, et peu à peu elles paraissent
est encore vierge , présente à considérer , plus distantes les unes des autres, en sorte
comme dans le cheval, une partie libre et l'au que, dans les sujets avancés en âge, elles sont
tre enchâssée (f/g. 123); la partie libre, aplatie très-claires et séparées par de grands inter
valles {fig. 134). C'est en appréciant ces diffé
rentes modifications que le temps fait éprou
ver àj'appareil dentaire et en précisant leur
époque fixe, qu'on a obtenu des notions exac
tes sur l'âge du bœuf.
La partie enchâssée des incisives est droite,
cylindrique et creusée intérieurement d'une
cavité qui renferme la pulpe dentaire. Comme
la cavité radicale des dents du cheval, elle s'o
blitère avec l'âge.
Les incisives caduques diffèrent, sous plu
sieurs rapports, de celles de remplacement
dont nous venons de donner les caractères
d'avant en arrière, va en se rétrécissant de son { fig. 125). Elles sont, en général, plus étroites,
bord libre vers la gencive, où elle présente un plus petites, et ne forment plus, lorsqu'elles
collet très-prononcé,qui établit la démarcation sont déchaussées, que des petits chicots ou res-
entre elle et la racine ; sa face antérieure offre lans de dents dont la chute précède l'éruption
des stries longitudinales variables en nombre des remplaçanles.Dans le veau formé 126),
et en profondeur; en haut elle se trouve limi l'arcade incisive est divisée eu deux seginens
tée par un bord tranchant qui forme le som égaux, et séparés dans le milieu par un grand
met de la dent ; ce bord décrit une courbure intervalle que laissent entre elles les deux pin
dont la convexité est supérieure et présente, ces. Les 4 dents de chaque segment ont leur
dans son milieu, une légère saillie. La face pos- partie libre déviée en dehors par suite d'une
térieurede la partie libre, queM.Girardnppelle courbure quelles éprouvent à leur collet; mais
Yavaie{fig.124), correspond à la surface de frot lorsqu'elles ont été usées jusqu'à cette partie,
tement de la dent du cheval; elle est disposée, elle paraissent alors droites dans leurs alvéo
comme l'indique son nom, sur un plan obli les. La racine de ces dents caduques est sem
que qui s'étend du bord tranchant jusqu'au blable à celle des adultes; mais lorsque ces
chip. 2. CONNAISSANCE DE L'AGE DES ANIMAUX DOMESTIQUES. 22i
BNCSl
*. THIEBaULT.
deraieres se développent et croissent dans les
"raies, el es déterminent en quelque sorte chute de la dent privée de ses sucs nutritifs.
oST"6 de cette racine Par ,a compression en L'étude de l'âge des bêles bovines se divise
deux périodes bien distinctes : 1° l'érup
pelles exercent sur elfe, et plus tard la
tion et l'usure des dents caduques; 2° l'érup
ANIMAUX DOMESTIQUES : CONFORMATION bourret
blonne. devientEXTÉRIEURE.
doublon, et la bourrette, LTV.dou-
tion et l'usure des dents de remplace
ment.
Première période. Eruption et usure des C'est à cette époque encore que le mâle
incisives caduques. Les dents caduques com prend le nom de taureau, qu'il conserve tant
mencent à sortir avant qu peu de temps après qu'il n'est pas privé des organes de la généra
la naissance du jeune animal, et elles com tion.
plètent leur évolution en 15 à Jû jours. Le De deux ans et demi à trois ans {f>g. 129),
veau uait ordinairement avec les pinces et les éruption des deux premières mitoyennes; le
deux premières mitoyennes. Dans le cas con doublon devient tenon, et la doublonne ter-
traire, c'est toujours du deuxième au troi soane.
sième jour que ces dents fout leur éruption. De trois ans et demi h quatre ans {_fig. 130),
L'éruption des secondes mitoyennes a lieu du éruption des secondes mitoyennes; le terson
cinquième au neuvième jour, et celle des devient quarteron, et la tersouue prend le
coins s'effectue du treizième au dix-neuvième. nom de vathe.
Dans les veaux connus sous le nom de veaux De quatre ans et demi à cinq ans {fig. 131),
de ferme, parce qu'on les conserve comme éruption des coins de remplacement.
élèves, les dents caduques parviennent au De cinq ans et demi à six ans {fig. 132), la
rond entre cinq et six mois {jpg. 126). rangée iucisive parvient au rond; dans cet in
Le rarement des pinces a lieu entre six et tervalle, le rasement du bord tranchant des
sept mois; on aperçoit alors le collet de ces pinces a lieu, et ces dents, sont plus basses que
dents, et leur bord tranchant, plus ou moins les premières mitoyennes, qui les débordent
déprimé, est un peu plus bas que celui des de plus d'une ligne.
mitoyennes. A cet âge, dans les pays d'élève, Six ans, le uivellement de l'avale des pinces
les jeunes animaux cessent d'être appelés est déjà très-avaucé, celui des premières mi-
veaux. Le mâle prend le nom de bourre^ et la toyeuues connu. 'in c.
femelle celui deiW/c, De six ans et demi à sept ans, rasement des
De orne à treize mois (yf£.127), rasementdes premières mitoyennes; uivellement des deux
premières mitoyennes, dont le bord tranchant tiers de l'avale île ces dents; la table de» pin
au niveau de celui des pinces est dépassé par ces est sur le point d'être nivelée.
le bord tranchant des secondes mitoyennes. De sept et demi à huit ans, rasement des
Le bourre devient bourret, et la velle bour* secondes mitoyennes; nivellement complet
retle. des pinces, très-avancé des premières mi
De quatorze à seize mois , rasement des se toyennes.
condes mitoyennes. Les pinces sont courtes, De huit à neuf ans, rasement des coins et
déchaussées, et vacillantes; quelquefois elles nivellement des deux tiers de leur avale; la
sont tombées. table des pinces et des premières mitoyennes
Après quinze mois, toutes les incisives ca commence à présenter une concavité qui cor
duques représentent de véritables petits chi respond à la convexité du bourrelet.
cots qui tiennent à peine dans leurs alvéoles, De dix à onze ans {fig. 133 ), forme carrée
et qu on peut arracher avec facilité. de l'étoile dentaire, entourée d'une bordure
Observons que les dents ne subissent pas. blanche sur la table des pinces et des mitoyen
les altérations que nous venons de mention nes ; nivellement des coins; l'arcade incisive
ner, dans les animaux que l'on nourrit uni est au ras.
quement avec des substances liquides, pour toile Dedentaire
onze à sur
douzetoutes
ans,les
forme
dents;carrée
la concavité
de Té-
les livrer à la boucherie. Pour que les dents
s'usent et rasent, il faut qu'elles frottent, il de la table est plus prononcée; écarleinent
faut conséquemment que les animaux fassent des incisives.
usage de substances fibreuses, comme, par De douze à quatorze ans, rondeur de l'étoile
exemple, les veaux de ferme, dont les dents dentaire; l'usure se prolonge vers le bord in
présentent des traces d'usure en même temps terne de la table deutaire daus les pinces.
qu'elles commencent à fonctionner. De quatorze à dix-sept ans, la table den
Observons cependant encore que, dans les taire affecte par l'usure, dans les mitoyennes»
animaux soumis à une alimentation fibreuse, la même forme que dans les pinces; la dent
l'usure peut éprouver dans sa marche un commence, dans cette période, à devenir
grand nombre de variations dépendant soit triangulaire.
du régime, soit de la nourriture, soit même A dix-sept an* {fig. 134), toute la partie
de la. densité plus ou moins grande delà sub libre de la dent est tout à fait usée, il ne reste
stance dentaire, en sorte que les renseigne- plus alors que des racines dentaires qui con
mens fournis par le nivellement des incisives, stituent
tres, arrondis
des chicotsou
et très.-écarté*'
tronçons
les uns
courls,jaunâ-
des autres.
dans les premiers mois de la vie, n'ont pas
toujours un très-grand degré d'exactitude. I L'usure des dents du bœuf ne suit pas tou
(tarait cependant a peu près certain que, dans jours une marche aussi régulière; il y a, dans
a grande majorité des cas, le rasement des cet animal comme daus le cheval, quelques
caduques s'effectue comme nous venons de aberrations dentaires qui demandent une rec
l'indiquer. tification ; ainsi, les bœufs dont les dents sont
Deuxième période. Eruption et usure des plus relevées, plus verticales que dans l'état
dents d'adulte ordinaire, n'usent que du bout des dents, en
A l'âge de dix-neuf a vingt moit {fig. 128 ), sorte que le nivellement de l'avale ne s'effec
éruption des pinces de remplacement qui sor tue, chez eux, que longtemps après que toutes
tent de travers en se chevauchant. On dit alors les dents sont arrivées au ras. Cette espèce de
vulgairement que l'animal a fait ses deux pel béguité se rectifie eu rendant, par la pensée,
les ou les deux premières dents larges. Le I aux dents leur direction normale, et cal eu
CHAP. 3. CONNAISSANCE DE L'AGE DES ANIMAUX DOMESTIQUES. 223.
lant; par l'étendue de la surface de rasement, les uns dans les autres et séparés à l'extérieur
celle que devrait avoir la table de nivellement. par une scissure ou sillon transversal plus ou
Nous devons observer ici, comme pour les moins profond. Ces cornets ou cercles sont le
dents caduques, qu'une des causes de varia produit de la sécrétion de chaque année; cha
tion dans le mode d'usure des incisives réside, que année, on voit à l'origine de la corne fron
Sour les différera animaux, dans leur mode tale se former un cercle qui, l'année suivante,
'alimentation; qu'ainsi, les animaux nourris se trouve repoussé par un cercle de nouvelle
à l'étable avec des fourrages tendres retardent formation, et toujours ainsi, en sorte que le
constamment, et paraissent, à l'inspection des cercle le plus ancien se trouve toujours le.
dents, plus jeunes qu'ils ne sont réellement; plus éloigné de la peau. Il suffit donc, pour
tandis qu'au contraire les bêtes envoyées au évaluer 1 âge du bœuf d'après l'inspection de
pâturage dans les bois, sur les prairies sablon ses cornes, de compter le nombre des sillons
neuses, usent beaucoup plus rapidement, et qui séparent les cercles les uns des autres, et
marquent toujours plus d années qu'elles n'en ce nombre donnera celui des années. Nous
ont. Celte observation doit être prise engrande allons entrer à ce sujet dans quelques détails.
considération dans l'évaluation de l'âge d'un Peu de jours après la naissance du veau, on
animal. sent au toucher la première pousse de corne
A la dernière période de la vie, l'usure ne qui apparaît sous la forme d'un gros mame
s'effeclue pas toujours régulièrement; tantôt lon.
les incisives droites usent plus vite que les A huit ou dix jours, le mamelon d'origine
gauches, ou vice versd. Dans certains animaux, est déjà proéminent et présente une teinte
les dents usent beaucoup du côté interne, qui indique la couleur qu'aura la corne. Au
taudis que le bord antérieur devient très- vingtième jour, il est détaché de la peau et
tranchant et se déprime peu, en sorte que, forme un véritable cornillon flexible et lisse à
par le frottement, la dent affecte une forme sa pointe.
un peu analogue à celle qu'elle avait dans l'âge A cinq ou six mois, le cornillon, devenu
adulte; mais il ne peut y avoir de confusion, plus long, commence à se retourner. Sa sur
car les dents, ainsi avalantes par l'usure, ne face est recouverte par un prolongement de
sont pas cannelées sur leur surface de frotte l'épidcrme analogue au périople de l'ongle
ment, ni revêtues d'émail, et elles offrent, dans dans les poulains. Vers quatorze à quinze
leur milieu, l'étoile dentaire allongée dans le mois, cette production épidermique tombe,
sens de l'obliquité de la table. Toutefois, com s'exfolie par lames, et laisse la corne à nu,
me l'arcade incisive, ainsi usée, conserve par avec sa teinte luisante.
devant et en dehors une hauteur qui en im Entre dix mois et un an, formation d'un
pose et annonce bieu moins d'années que l'a sillon peu distinct qui limite le premier cercle
nimal n'en a réellement, on se rectifie en re représenté par toute la pousse de la corne de
tranchant par la pensée la moitié de la lon puis la naissance : c'est la marque de la pre
gueur de la table, et supposant la dent usée de mière année.
toute celte moitié, on évaluera ainsi la hau De vingt mois à deux ans, formation d'un
teur juste qu'elle devrait avoir si l'usure eût second sillon qui limite l'étendue du second
été régulière. cercle: marque de deux ans.
De deux ans et demi à trois ans, nouveau
B. Connaissance de l'âge du bœufpar sillon plus profond que les deux précédons:
l'inspection de ses cornes. marque de trois ans. Ce sillon triennal, le
plus apparent de tous ceux qui seront formés
Les cornes frontales, fixéessymélriquement jusqu'à cet âge, est regardé le plus générale
de chaque côté de la tête, ont la même forme ment comme le premier indice d'âge. Voilà
extérieure, et ne présentent de différences pourquoi ceux qui ont l'habitude d'évaluer
entre elles que par suite de cas fortuits. l'âge des bœufs par l'inspection des cornes,
Elles ne se développent qu'après la nais- comptent trois ans pour toute la portion de
sance, croissent rapidement jusqu'à un certain corne comprise depuis son soumet jusqu'à ce
âge, et acquièrent une longueur variable sui cercle {fig. 135 A).
vant les races et l'état d'intégrité de l'appareil De trois ans et demi à quatre ans, forma
reproducteur; ainsi les bœufs de la Romagne tion d'un nouveau cercle à la base de la
et de la Hongrie sont ceux qui portent les plus corne. Ce cercle est généralement regardé
belles cornes. Dans les taureaux, ces instru- comme le premier des nœuds de la corne. On
mens de défense sont d'une teinte luisante et dit vulgairement, lorsqu'il apparaît, que l'ani
d'une médiocre longueur; après la castration mal donne son premier nœud de quatre ans
ils perdent leur luisant et prennent un grand {fig. 135 B).
développement, s'allongent et se contournent De quatre ans et demi à cinq ans, C, nouvel
en haut, et acquièrent d'autant plus de lon anneau semblable au nœud de quatre ans, el
gueur que l'animal a été châtré plus jeune. toujours ainsi les années suivantes. Ainsi'
Organisation et mode d'accroissement des lorsqu'on veut reconnaître l'âge du bœuf par
cornes. Chaque corne a pour base un prolon l'inspection de ses cornes, il sulfit de compter,
gement oiseux appelé cheville ou support, re à partir de leur sommet jusqu'à leur base, la
vêtu d'un tissu vasculaire qui joue par rapport succession des sillons qui séparent les cercles ;
à elle le rôle que remplit, par rapport au sabot mais comme les deux premiers sillons ne sont
du pied dans le cheval, le tissu pododophy- réellement apparens que jusqu'à trois ans,
leux (voir art. Ferrure). Elle représente, lors et qu'ils disparaissent ordinairement lorsque
qu'elle est détachée de sa cheville, une longue l'anima) fait qualre ans, on doit alors, pour
tige creuse et conique, formée par l'assem éviter toute erreur, compter les sillons à par
blage d'une succession de cornets emboîtés tir du sillon triennal, et regarder comme 1 ex
1
os marquent toujours plus d'années que les A la mâchoire inférieure les 6 incisive^
chiens alimentés avec des pâtées de facile sottt implantées l'une contre l'autre. Les pin
mastication.—Cette considération ne doit pas ces touchent les mitoyennes, mais les débor
être oubliée dans l'évaluation de l'âge de ces dent un peu, et les coins sont à quelque dis
animaux. tance des mitoyennes. Bien différentes des
Incisives supérieures, les inférieures arron
IV. De l'âge du porc. dies et prolongées en avant ne présentent pas
Lorsque les dents du porc ont fait leur évo de table à proprement parler ; leur extrémité
lution complète, elles sont à chaque mâ Irrégulière offre seulement une espèce d'avale
choire au nombre de 22, dont 6 incisives, sur laquelle sont creusées deux cannelures
2 crochets et 14 molaires. longitudinales bien dessinées ; mais elle n'est
Des incisives et des crochets. Les incisives pas circonscrite par un rebord saillant,
de la mâchoire supérieure n'ont ni la même comme dans les didactyles et le chien.
forme ni la même grandeur que celles de Les coins inférieurs ne diffèrent des pinces
la mâchoire inférieure. Quatre d'entre et des mitoyennes que par leur moindre vo
elles, les pinces et les mitoyennes, présentent lume.
la même conformation et sont enchâssées les Les crochets ou les crocs sont situés, comme
unes contre les autres, tandis que les coins dans le chien, entre les coins et les molaires.
sont écartés des mitoyennes dont ils diffè Ceux de la mâchoire supérieure, plus gros,
rent par leur forme et leur grandeur. mais moins longs que ceux de l'inférieure,
La partie libre des pinces et des mitoyennes sont courbés en arrière et en dehors, et frot
est courte, épaisse et courbée en arriére. La tent par leur face antérieure contre le cro
face externe est striée et noirâtre dans les chet inférieur. A mesure qu'ils s'allongent, ils
premiers temps après l'éruption ; mais, plus soulèvent la lèvre et se montrent en dehors
tard, elle acquiert de la blancheur et du poli. de la gueule. La face interne de ces crochets
La table, disposée sur un plan oblique, pré est cannelée.
sente, comme dans le cheval, une cavité den Les deux crocs de la mâchoire inférieure
taire extérieure dont le fond est noir, et dont croisent les supérieurs en passant par devant.
le bord externe est plus élevé que I interne. Ils sont dirigés aussi en arrière et en dehors,
Le rasement de cette table est constitué par et peuvent, avec l'âge, acquérir un très-grand
l'usure de ces bords, leur dépression et l'effa développement. Les crochets caduques sont
cement de la cavité qu'ils circonscrivent. en général très-petits relativement à leurs
Les considérations pour la racine de ces remplaçans.
dents sont les mêmes que pour les autres Eruption et usure des incisives et des crocs.
animaux. A la naissance, les coins et les crochets des
Chaque coin supérieur situé dans l'espace deux mâchoires sont sortis.
compris entre les mitoyennes et le crochet A trois ou quatre mois, le cochonnet est
est court, droit et fleurdelisé. muni de toutes les dents de lait.
Les incisives caduques de la mâchoire su A six mois, chute des coins de la mâchoire
périeure diffèrent des remplaçantes, par leur inférieure ; sortie des coins de remplacement;
moindre volume et par la position plus en les pinces et les mitoyennes caduques sont
arrière de la dent du coin qui met quelque un peu usées.
fois obstacle à la sortie du crochet. L'indica A dix mois, chute des coins supérieurs ;
tion dans ce cas est de l'arracher. sortie des coins de remplacement; chute du
crochet inférieur.
CHAP. 2. DES ROBES. 22T
A onze mois, remplacement des crochets qui ne tarde pas à disparaître lorsque les con
de lait par ceux d'adulte. ditions changent, que le régime devient mau
De vingt mois à deux ans, remplacement vais et que la santé se délabre; c'est ce que
des pinces caduques dans les deux mâchoires. prouve du reste la pratique de la médecine,
De deux ans et demi à trois ans, les mi et l'o'n sait que les vétérinaires puisent de
toyennes d'en haut et d'en bas subissent les bons renseignements sur l'état des animaux
mêmes changëmens. dans l'aspect que présente leur robe.
A trois ans, le cochon a tout mis, et il a la On voit, d'après cet aperçu, que les difficul
gueule faite. Les pinces sont noirâtres, cha tés qui surgissent dans les signalemens des
grinées et un peu usées par le bout. chevaux naissent de deux sources : ou bien de
Après celte époque, les renseignemens sur ce que l'on ne s'entend pas toujours sur les
l'âge du cochon pourraient être tournis par définitions des couleurs, et sur les caractères
l'étude du rasement de ses incisives, mais à assigner à chaque robe, ou bien de ce que les
jusqu'à présent cette étude n'a pas été faite. animaux que l'on veut signaler se présentent
tantôt sous un aspect et tantôt sous un autre,
Section iv. — Des robes. suivant les différentes influences auxquelles
ils sont soumis; le premier de ces mcon-
On donne le nom de robe à l'ensemble des véniens est le seul évitable par la clarté
poils et des crins qui revêtent la peau du che des définitions. Mous allons donner successi
val ; les poils courts et nombreux en recou vement les caractères des différentes robes,
vrent la plus grande surface; les crins, géné sans adopter aucune classification.
ralement plus longs et plus gros, n'occupent
que les régions de la queue, de ('encolure du $ I". — Caractères des robes.
fanon, et le pourtour des ouvertures natu
relles. a) Robe blanche. Son nom seul indique sa
Rien ne serait plus important pour l'exacti couleur. Espèces : 1° blanc mat, couleur sem
tude des sigpalemcns des chevaux, que de bien blable à celle du lait ; T blanc argenté, reflet
s'entendre sur les caractères que l'on doit as brillant des poils; 3° blanc porcelaine, teinte
signer à leurs robes; mais tel est. le nombre bleuâtre qui résulte du reflet noir de la peau à
des différences qu'elles offrent dans leurs cou travers les poils blancs.
leurs, telle est la variété infinie que ecl les d'une b) Robe noire. Espèces : V noirfranc, couleur
même couleur présentent dans leurs nuances, terne, mate, sans aucun brillant ; 2° noir jais
que rien n'est plus obscur, plus vajjue, plus ou jayet, couleur vernissée, brillante ; 3 • noir
confus que la désignation de ces caractères ; car mal teint, teinte roussâtre des poils à leur ex
en supposant même que l'on parvint à s'ac trémité libre ; c'est la coloration des chevaux
corder sur la définition de toutes ces couleurs noir franc, au printemps et en automne.
et de ces nuances infinies, on rencontrerait c)Robe alezane. Çar&c\bre : couleur roussâtre
encore des causes innombrables d'erreur et de des poils de toute la surface du corps. Espèces :
confusion dans les modifications que fait su 1° alezan clair, couleur alezane peu foncée; 2°
bir à ces couleurs et à ces nuances l'influence alezan doré, reflet brillant des poils peu foncés;
des saisons, de l'âge, de l'alimentation, de l'é 3* alezan cerise, coloration plus rouge, appro
tat de santé et de maladie. chant de celle delà cerise mure; 4° alezan châ
Examinez en effet un cheval dans une saison taigne, teinte de la châtaigne; 5° alezan brûlé,
ou dans une autre, son signalement sera pres teinte semblable à celle du calé torréfié ; ordi
que complètement différent ; au printemps, nairement, Hans'cette n uance, les crins et la cri
par exemple, époque à laquelle il quille sa nière sont d'une couleur ou plus claire ou
robe d'hiver, les poils u'ont pas cette teinte plus foncée que celle de la robe. Dans le pre
franche et déterminée, cet aspect brillant mier cas, on signale le cheval alezan foncé,
qu'ils vont conserver pendant l'été et qu'ils poils de vache.
perdront de nouveau en automne pour repren d) Robe café au lait. Caractère : couleur
dre la couleur terne et foncée qui caractérise semblable à celle qui résulte du mélange du
les longs poils de l'hiver ; de même, si vous lait et du café ; elle est claire ou foncée, sui
avez observé un cheval dans le jeune âge, vous vant que l'une pu l'autre des teintes prédo
êtes frappé de la différence que présente, à mine.
une époque plus avancée, la coloration de sa e ) Robe isabelle. Caractères : même couleur
robe. Chez lé poulain, la robe n'est pas lisse, que la robe café au lait avec teinte noire ou
unie, d'une couleur franche; elle est flocon pjus ou moins foncée des poils le long de l'é
neuse, elle forme comme un duvet, une bourre pine dorsale, particularité que l'on appelle
qui,dans l'animal adulte, est remplacée par des raie de mulet; crins et extrémités noirs. L'un
poils plus courts, moins souple» et d'une teinte ou l'antre de ces caractères suffit pour signa
mieux caractérisée; enfin, au derniêr pé ler l'isabelle, seulement on doit spécifier dans
riode de la vie, souvent le temps a amené de un signalement celui des deux qui n'existe pas;
tels chaugemens dans la robe, qu'elle est mé elle peut être claire, foncée ou dorée.
connaissable ; ainsi tel cheval grisfoncé, dans f) Robe baie. Caractères : teinte rouge des
l'âge adulte, meurt gris blanc, après avoir poils qui revêtent le corps ; teinte noire des
passé successivement par les nuances du gris extréniités et des crins. Espèces: 1° bai clair,
sale et du gris clair. teinte peu foncée; 2° bai cerise, teinte de la
On ne saurait nier, non plus, l'influence de cerise; 3" bai châtain, teinte de la châtaigne ;
l'alimentation et de la santé sur la teinte de la 4° bai marron, reflet brillant du marron avec
robe. Lorsqu'un cheval est placé dans de bon sa teinte foncée; 5 bai brun, teinte brunâtre,
nes conditions de régime et de santé, les poils c'est le bai le plus foncé; il se confond quel
ont un aspect brillant, la p«au une souplesse quefois avec le noir mal teint. Ordinairement,
22S ANIMAUX DOMESTIQUES : CONFORMATION EXTÉRIEURE.
dans cette robe, les ars, le flanc et le ventre nom des robes auxquelles le blanc est associé;
sont moins foncés que le reste du cerps : on en général, toutes ces espèces sont faciles à
exprime ces particularités en disant que le distinguer par les variantes très-remarquables
cheval est lavé à ces régions, ou qu'il y est des taches, surtout en spécifiant la couleur des
marque de feu; quand le bout du nez présente extrémités.
cette teinte lavée, on dit qu'il a le nez de re Tels sont . exposés succinctement, les carac
nard. tères que l'on peut assigner aux différentes
g) Robe grise. Caractère: mélange de poils robes; souvent, comme on le voit, ils ne sont
noirs et de poils blancs. Espèces : 1° gris clair, pas assez tranchés pour établir entre elles des
prédominance des poils blancs mats; 2" gris distinctions bien frappantes; souvent même
argenté , prédominance des poi s blancs ar deux couleurs se rapprochent tellement
gentés; 3» gris sale, mélange de poils d'un qu'elles se confondent, et qu'entre deux il est
noir mal teint et des poils d'un blanc mat, difficile d'établir une différence. C'est ainsi,
avec prédominance des premiers; on dirait que par exemple, qu'il n'est pas rare de voir un
la robe est couverte de poussière ; 4° grisfoncé, même cheval signalé alezan brûlé par les uns,
prédominance des poils noirs ; 5° gris ardoisé, et noir mal teint par les autres; tel autre sera
mélange du blanc porcelaine avec Te noir, dans tantôt considéré comme un bai brun ou comme
une telle proportion, qu'il réfléchit la couleur un noir franc; tel autre encore comme alezan
de l'ardoise ; 6« gris de fer, teinte brillante de clair ou comme café au lait. Les caractères gé
la cassure du fer : elle semble résulter du mé néraux de la robe seraient donc tout à fait în-
lange du poil noir jais et du blanc argenté; suffisans pour signaler un cheval avec exacti
7° gris étourneau: les poils noirs et les poils tude, si I on n'avait recours aux indications
blancs sont rassemblés par paquets, mais les plus précises et moins changeantes fournies
paquets noirs prédominent et sont plus gros par tous les signes particuliers qu'il peut offrir
que les blancs qui sont rares et semés épars; dans sa robe ; c'est à ces signes qu'on donne le
cette robe est très-rare; elle devrait être plu nom de particularités.
tôt considérée comme une particularité de la
robe grise ; 8° gris de grive ou de tourdille, § II. — Des particularités des robes.
prédominance en nom Dre et en volume des
paquets blancs sur les paquets noirs; mêmes lo Particularités qui peuvent se rencontrer
considérations. sur toutes les parties du corps.
h) Robe .\ouris. Caractère: couleur cendrée à) Pommelures. Caractères particuliers aux
comme celle de la souris, avec la raie de mu robes composées de plusieurs poils, et surtout
let, -les crins et les extrémités noirs; espèces aux robes grises. Ce sont des taches arrondies
claires ou foncées. plus ou moins grandes, dont le fond est formé
i) Robe Hubert. Mélange de poils rouges et par une sorte de poils, et la circonférence par
de poils blancs. En combinant avec la robe une autre sorte. La robe que l'on appelle gris
blanche les différentes nuances de la robe baie, pommelé est une des variétés de la robe grise
on obtient toutes les nuances variées de la robe avec cette particularité.
Aubert. b) Miroitures. Caractères particuliers aux
/) Robe de mille fleurs. Caractère: les poils robes formées par une seule espèce de poils,
blancs sont rassemblés en bouquets semés sur et surtout aux baies. Ce sont des taches arron
un fond rouge. dies comme les pommelures, formées par des
/) Robe de fleur de pécher. Caractère: les poils d'une même couleur, mais de nuances
poils rouges sont rassemblés en bouquets se différentes, au centre et à la circonférence;
més sur un fond blanc. ces taches se remarquent ordinairement sur
m ) Robe louvet ou poil de loup. Les poils la croupe, les fesses, les côtes et les parties
ont une teinte foncée a leur racine et claire à latérales de l'encolure.
leur extrémité libre; les crins et les extrémi c) Mouchetures. Petites taches noires se
tés sont noirs; le louvet peut être clair ou mées sur la robe, qui prend le nom de tigrée
foncé. • ■ lorsque les taphes sont grandes et arrondies
n) Robe rouan. Caractère: mélange de poils comme sur la peau du tigre, et de tisonnée
noirs, rouges et blancs. Espèces : 1° rouan lorsqu'elles sont allongées comme si elles
clair, prédominance des poils blancs sur les avaient été tracées avec un tison.
noirs et les rouges; 2° rouan Joncé, prédomi d) Truitures. Petites taches de poils rouges
nance des poils noirs; 3° rouan vineux, pré semées sur la robe. Les robes auxquelles
dominance des poils rouges. quelques hippiatres donnent les noms de
Il est facile de voir quelle infinité de nuan gris truitè, tigré, tisonné, ne sont autre chose
ces variées il existe dans les robes rouan, que des variétés de gris avec ces particula
puisqu'en combinant une à une, deux à deux, rités.
trois à trois les nuances de chacune des robes e ) Marqué de feu. S'entend de la nuance
qui entrent dans sa composition, on obtiendra d'un rouge vif et brillant qu'ont les poils de
autant de robes de teintes différentes. certaines robes au nez, autour des yeux, au
o) Robe pie. Caractères: mélange sans fusion poitrail, aux ars, au coude et au grasset. Ces
de la robe blanche avec toutes les robes précé signes sont particuliers aux robes baies fon
demment décrites; les surfaces blanches, plus cées.
ou moins irrégulières, plus ou moins étendues, f) Lavé. Se dit de la décoloration que pré
tranchent d'une manière singulière avec la sentent dans quelques robes certaines ré
teinte de la robe. Espèces : V pie noir, mé gions du corps.
lange de plaques blanches et de plaques noires; g) Rubican. Sert à désigner la présence d'un
extrémités noires; 2° pie blanc, extrémités certain nombre de poils blancs, qui ne sont
blanches, Toutes les autres espèces tirent leur pas en assez grande quantité sur une robe
CHAP. 2. DES PROPORTIONS. 229
pour l'empêcher d'être d'une seule couleur : appelée balzane proprement dite, ou simple
on indique par les mots defortement ou lé ment balzane quand elle ne remonte pas au
gèrement rubican le nombre plus ou moins dessus du boulet; grande balzane, lorsqu'elle
considérable de ces poils. occupe le canon; balzane haut-chaussée, lors
h ) Zain. Se dit d'un cheval dont la robe qu'elle s'étend au genou et au jarret; enfin,
n'offre aucun poil blanc. Cette particularité balzane très - haut - chaussée , si elle envahit
est très-rare. l'avant-bras ou la jambe. On nomme balzane
i) Epis. Signes particuliers, résultant de la incomplète ou balzane demi-circulaire, celle
direction irregulière qu'affectent les poils dans qui ne fait pas le tour entier de la couronne,
certaines régions du corps. Ces signes ne et principe de balzane, une tache blanche peu
sont des caractères distinctifs et d'une indi étendue sur cette région.
cation utile qu'autant qu'ils existent dans Les balzanes peuvent être mouchetées,
des régions où leur présence est rare. On les truilées, tachetées et enfin herminées ; c'est
nomme épis concentriques ou convergens ainsi qu"on les nomme lorsqu'elles présentent
lorsque les poils qui les forment se rappro des bouquets de poils noirs terminés en pin
chent par leurs pointes, et excentriques ou ceau à leur extrémité, comme le sont les
divergens si les poils s'écartent en laissant à taches de l'hermine.
nu la peau du centre. b) Zébrures. Taches noires allongées, dis
j) Ladre. Indique la décoloration de la posées transversalement autour de la jambe,
peau et sa dénudation dans certaines régions de l'avant-bras et sur l'épaule.
du corps.
2» Particularités de la tête, Section v.— Des proportions.
a) Cap de maure. Couleur noire de la tête,
avec une coloration différente du reste de la Après avoir étudié chacune des régions du
robe. Particularité propre au gris, au rouan et corps en particulier, et trouvé pour chacune
au louvet. Lavecet de maure, couleur noire , d'elles quelles sont les conditions de forme
seulement depuis le milieu du chanfrein jus les plus favorables au butqu'elle doit remplir,
qu'à l'extrémité inférieure. le problème de l'extérieur n'est pas encore
b) Nez de renard. Présence de marques de résolu. Il reste à rechercher comment toutes
feu au nez et aux lèvres. ces parties, supposées toutes isolément dans
c) Marque en léte. Tache blanche assez les conditions de forme les plus favorables,
large, sans forme bien déterminée, sur le mi doivent se combiner et s'associer pour con
lieu du front; elle reçoit le nom de pelote stituer un tout harmonique ; en d'autres
lorsqu'elle est petite et arrondie; d'étoile, termes, il reste encore à résoudre la question
quand elle est anguleuse. Lorsque cette tache de savoir quelles doivent être les formes re
se prolonge sur le chanfrein jusqu'au bout latives de ces parties, et à trouver les règles
du nez, sans se répandre sur les faces laté de leurs proportions. La solution de cette
rales de la tête, on l'appelle lisse ou liste en question nouvelle va nous donner la clef de
tête. Si à ce signe se joint la marque en tête, 1 énigme de la beauté du cheval , et , comme
la pelote ou 1 étoile, on dit que le cheval est le dit Bourgelat , nous faire deviner ce qui
marqué en tête avec une liste. Si cette lisse plaît si fort dans un animal que, d'un aveu
n'est pas continuée dans toute son étendue, commun, l'on considère comme beau; car la
on dit qu'elle est interrompue; si la liste se beauté d'apparence réside dans l'exactitude
prolonge des deux côtés sur les joues, le che et la justesse des proportions, qui ne sont
val est appelé belle face, et demi-belle face autre chose que les rapports harmoniques de
quand elle se prolonge d'un seul côté. Lors toutes les parties entre elles.
que la belle face s'étend jusque sur les pau Bourgelat est le premier et le seul des au
pières, l'œil est nommé vairon. teurs d'hippiatrique qui ait fait un système
d) Boire dans son blanc, exprime que le raisonné sur les proportions dii cheval. Pour
cheval a des taches de ladre sur les lèvres. On comparer entre elles les différentes parties
indique que ces taches existent sur les deux du corps et évaluer leurs dimensions relatives,
lèvres ou sur une seule, en disant que l'ani il a pris comme unité de mesure qui peut être
mal est buvant dans son blanc complètement indistinctement propre à tous les chevaux, la
ou incomplètement. longueur de la tête mesurée entre dçux lignes
e) Moustaches. Deux touffes de poils qui parallèles, l'une tangente à la nuque, l'autre à
existent à la lèvre supérieure. l'extrémité de la lèvre supérieure; puis, ap- '
3° Particularités au tronc. puyé sur une longue série d'observations
a ) Raie de mulet. Raie noire ou de couleur confirmées par le raisonnement , il posa ce '
plus foncée que la robe, s'étendant depuis le principe général dans lequel réside la beauté '
garrot jusquà la queue : particularité des du cheval , que la tête doit être comprise deux
robes isabelle et gris de souris. fois et demie dans la longueur de son corps ,
b) Ventre de biche, ventre lavé. mesurée de la pointe de l'épaule à la pointe
4° Particularités des membres. de la fesse; et deux fois et demie dans sa
a) Balzanes. Taches blanches qui existent hauteur, mesurée du sommet du garrot à
à l'extrémité inférieure des membres. Elles terre.
peuvent exister à un, deux , trois ou quatre Ainsi , tout cheval bien conformé doit être '
membres. On les indique par le nom du mem inscrit dans un carré parfait ; et pour prouver
bre ou du bipède qu'elles occupent, ou, si elles que ce principe est juste, il suffit de démon
existent à trois membres, on les fait connaître trer les incouveniens de toute autre confor
en disant : trois balzanes, dont une antérieure mation.
ou postérieure, gauche ou droite. Si nous admettons, par exemple, qu'il y ait
Sou» le rapport de l'étendue, la balzane est excès de la longueur du corps sur la hauteur,
230 ANIMAUX DOMESTIQUES : CONFORMATION EXTÉRIEURE. LIV. H.
il
dedevra
vitesse
nécessairement
dans les allures,
en résulter
puisque une
la foulée
perle genou bien conformé doit avoir dans sa lar
geur seulement la moitié du tiers de la lon
des membres postérieurs ne recouvrira pas gueur entière de la tête, on est amené par là
celle des antérieurs, et qu'à chaque pas il y a considérer comme défectueux un genou qui
aura retard dans la progression de tout l'es présentera de plus grandes dimensions, et ce
pace compris entre ces deux foulées -, mais en siques
pendantqueil est
le genou
bien démontré
ne sauraitpar
êtrelestrop
loislarge;
phy-
outre, cette grande longueur de la colonne
vertébrale, impliquant sa flexibilité, doit en il en est de même pour le jarret , pour toute
core avoir pour conséquence tous les incon- autre articulation, et si l'on veut être fidèle
véniens que nous avons signalés en parlant aux principes du système, on sera conduit à
du dos ensellé. cette étrange conclusion : que lorsque les
L'excès de la hauteur sur la longueur, eu rouages d'une machine se trouvent dans les
d'autres termes, la trop grande brièveté du conditions les meilleures pour produire le
corps enlraiue des conséquences tout à fait plus d'effet possible, ils sont cependant mal
inverses. Avec ce défaut de proportions les construits.
allures doivent être nécessairement plus ra Le système des proportions a encore le dé
pides, puisque la foulée des membres posté faut d'établir une similitude complète entre
rieurs dépasse celle des antérieurs; mais le tous les chevaux; en sorte que, quels que
cheval ainsi conformé est exposé ci forger et à soient leur volume, leur taille et l'ensemble
s'atteindre le tendon ; à chaque instant, il est de leur conformation , néanmoins ils doivent
menacé de chute, parce qiw les membres an tous avoir leurs différentes parties propor
térieurs ne peuvent se dérober assez tôt sous tionnelles ; car telle est la propriété géomé
le poids du corps, pour étayer le centre de trique des choses semblables. Or, si l'on ad
gravité trop rapidement déplacé. Enfin, met cette assertion, on est encore conduit à
comme nous l'avons indiqué, en parlant du cette conclusion fausse, que l'avant-bras du
dos de mulet, il est peu souple dans les mou- cheval de manège doit être à l'avant-bras du
vemens, et a les réactions très-dures. Admet cheval de course, comme le canon du premier
tons maintenant que l'animal soit trop élevé est à celui du second. Tandis que nous avons
du derrière et trop bas du devant. Par le fait démontré que les rapports entre ces deux
même dejjcette disposition, les extrémités an- régions devaient être, dans l'un et l'autre
rieures surchargées ne pourront que se dé cheval, tout à fait inverses.
rober difficilement sous le poids du corps. Nous pourrions citer beaucoup d'autres
Les postérieures, au contraire, se trouveront exemples, pour prouver que le système des
dans les conditions les plus favorables pour proportions est dans ses détails tout à fait
la rapidité de leurs actions. De là, conséquem- inapplicable, et qu'on ne saurait, du moins
ment. les dangers pour l'animal de forger, de pour ce qui concerne la vétérinaire et le
s'atteindre, de butter et de tomber. choix des animaux, assigner d'une manière fixe
Lorsqu'au contraire l'animal est élevé du et durable des dimensions relatives aux diffé
devant et bas du derrière, les allures sont rac rentes régions du corps.
courcies, car les membres postérieurs sur
chargés ont moins de force pour imprimer à Section vi.— Des aplombs.
la masse son impulsion progressive.
La tête, que nous avons prise pour unité de On entend en extérieur, sous le nom d'a-
mesure, peut elle-même pécher par un défaut plomb, la répartition régulière du poids du
de proportion; elle peut être en effet ou trop corps sur les quatre extrémités; je dis régu
courte ou trop longue par comparaison avec lière et non pas égale, parce que le centre de
le corps de l'animal. Pour s'assurer de ce dé gravité dans les animaux, se trouvant plus
faut, il suffit d'apprécier si sa longueur géo- rapproché des membres antérieurs, doit les
métrale est comprise plus ou moins que deux surcharger davantage que les postérieurs ;
fois et demie dans la hauteur et dans la lon nous avons vu du reste, en examinant leur
gueur du corps- Si la tête est trop longue, conformation, que les premiers étaient plus
elle surcharge les parties antérieures, et pèse favorablement disposés pour représenter des
à la main du cavalier. Si elle est trop courte, colonnes de soutien, taudis que les seconds
l'effet du balancier qu'elle représente avec pouvaient être plutôt comparés à de véritables
l'encolure est en partie annulé. Dans les ressorts destinés, par leur détente, à commu
chevaux de selle, il résulte de ces défauts de niquer à la masse son impulsion en avant.
proportions de la tête, des inconvéniens dont On s'assure de la régularité des aplombs
on parlera en traitant de l'embouchure du dans les membres en comparant leur direc
cheval. tion avec celle de certaines lignes verticales
Le principe fondamental que nous venons appelées lignes d'aplomb, qui, dans l'état le
d'énoncer est le seul, dans le système des pro- plus parfait de conformation, indiquent quelle
ns, dont le raisonnement ait démontré doit être sous le corps la position des colonnes
de soutien, pour que le poids en soit réparti
régulièrement sur elles; et quelle doit être
aussi dans chaque membre la disposition des
sure en primes et en points, et chercher à éva pièces osseuses pour que toutes portent exac
luer prime par prime et point par point les tement les unes sur les autres, et que le poids
dimensions relatives que doit avoir chaque I dont elles sont chargées se trouve régulière
partie, on est conduit ainsi à des conclusions ment distribué sur la face plantaire du pied.
le plus souvent arbitraires, et quelquefois Le tableau suivant indique la direction des
tout à fait erronées. Si l'on admet , par lignes d'aplomb, et les inconvéniens qu'en
exemple, avec ce célèbre hippiatre, que le traîne l'interversion de cette direction.
t
CHAP. 2. DES APLOMBS.
Aspects Aspects
le tqroua
u •■ l « |« Lignes, d'aplomb Aplombs OïSSIVaTIOS I. sous
lesqueli Aplombs OlUlBTiTlOXl,
cbetj| est régulier. défectueux. le c'ieva dèfectueuf.
eiamioé. ut
examiné.
Tiraillement sur lei Si le mcmbte Défaut de solidité dans les
leudnni su»peuseurs eil tourné ru de appuis, le poids du corps
Lorsque la pince du boulet, ruine des hors, les coudes rrposini plutôt sur |e côté
ls}l- I est fn
en avant de celte
celle f membres, lenteur rentrés et la pin interne du pied et des sur
i«, le cheval elt \ dans les faces ■rtictilalrt*. 1) anger
/ l Un* verticale [lit».
campé du devant. 1 suite de la allures, par
plus gren ce des pieds sslN
tant de J.i ligne pour "animal de se couper
tombant de la iât stabilité du centre d'aplomb,te che •tac les éponges internesdes
pointe de l'épau | de gravité. val ttt panard. fers, la Bexiotl, au lirU de s'o
le à lerre repré- ! Instabilité plut pérer uilgittairemeul , déje-
trnir* par U li grande du cenlre de tant le membre H dedans.
gne A, placée d'- gravité, allures plus Si le membre
I le membre. rapide! , mais danger t tourné en Défaut âf solidité, dangei
de butter, tomber et sens tout à fait de se coupi r et de s'entre
forger, surcharge et opposé rl si la tailler avec U pince du fer.
fatigua dts membres pince sort en de- L'extrémité dans les flexions
antérieur*. (Voir t*ê daus de la ligue est déjelée en dehors., ce que
d'aplomb.le che l'on exprime i n disant que
val est cagneus. le ebevul biliaide.
Si le boulet se rap Tiraillement sur
Une verticale proche trop de les tendons suspen Mêmes incantttafcKuj que
abaissée du »om- ligne, par tuile de la / eeurs, ruine pn ptOllipit dens les cas prècédens, et e.n
mei du garrot à irop grande longueur \ des membreses , plue outre liraillemrnt des lîga-
terre,représentée de l'os du pniuron ei J grande souplcssi
par la ligne F, F la fermeture de l'an- | les allures. dans lesse mens articulaires, par la ten
dance qu'a le poids du corps
p'aeée eu arrière ■ gle qu'il forme avec I* / à resserrer l'angle contre na-
de chaque ruem- ■1 canon, le cheval esl II lion»,
tong jointé. Rudesse des réaide
tendance lure qui résulte de la direc
bre. tion dêfectueu-e du paturon.
■ Il est court jainté membres à . . ., Ruine prouiple des mem
' dans le cas contraire. boulelés. ( Voit l'an. bres.
' kêuttt. )
Une verticale Si le genou
I 1 1> abaissée du I
Si le genon est Indice d'usure, r-l
plus ro aiajii de cel de faiblesse de» mem seul est porié en ÎCe défaut fait billarlsr le
rbevs), relard dan* la pro
f tiers postérieur I te ligne, le cheval est bres. | dedans, c'est le gression. ( V. art. genou.)
et supérieur de arqué. i ganou dê bazaf.
l'avant bras sur; li coexiste ordiuai-
le boni-t. pdi
créer, j/_ ar
l." .■ «si remenl avec l leartiru-
peu Si le membre | Inconvénient moins grave
aant entre î'oset J L* genou est creux, targeuifie
de largeurfde l'artiMi- est tourné " que dans le membre antê-
les i lorsqu'il se irourr \ talion et l'élroileiae debon, le rheval ) rieur, car h s d«iig- rs de se
plus en arrière. J du canon. est panard couper avec le» éponges in
titrrii r*. ternes du f> r sont uiuiudre*.
ÎJarreis coudés, al* Si le membre
Une verticale Inrts plutôt irides esl tourné en de | Mêmes iuroiiTénieiiB que
abaisse de la que rapide), l'eilen- dans, le cheval dans le devant pour la solU
bauche i lerre, sion des membres est cagneux du | dit* et If-i dangers de se coo-
représentée par ■ I ■ I r. ' peret de s rntretaiuar.
produisant plutôt l'é
la ligne IJ placée lévation ducorps que I
| en avant de cha- son impulsion en Lorsque le jar< )Ce défaut d'aplomb en
1 que membre. avant. rel sort en de traim- toujours aveclui la di
— I dans de la ligne rection des pieds en dehors ;
aM Si le membre dé- L Jarrets droits, allu d'aplomb, rani nous avons vu à l'artlale Sar-
pâme celle ligne en I res rapides, mais ré mai es| crochu. r*l Ira avantages qu'il sem
arrière, I ■ rbeval eit\ artïousduret, coufor- blait présenter.
campedu detricr». J maliou du cheval de Lorsque les jar
Une verticale l course. rets sortent erj Les membres ainsi con
| abaissée de )a dehors de la li formes sont ordinairement
f jointe de la fstse Si le boulet se rap gne d'aplon.b.ils
a lerre,représen proche de cette limite, | sont trop curerf*.
tée par la ligne par suite de la irop 1 Les membres
Pt, passant der grands longueur du / Mêmes inconvé- postérieurs roui-
rière paluroo, le cheval est \ niem que dans le me les anté
long joint/. 1 membre antérieur, rieurs peuvent Mêmes inconvénient.
U est court joinlé I Pire panard* ou
^daus le caacontraire. \ cagnmx du bou
let.
232 ANIMAUX DOMESTIQUES : CONFORMATION EXTÉRIEURE. LIV. II.
Fis. US. Fie. 151. Fig. 149. Fig. 150.
les coups de pied de devant, en faisant lever une anse à son extrémité aplatie, après avoir
le membre postérieur du côté duquel l'opéra engagé l'autre extrémité dans sa ganse, on em
teur se trouve. brasse dans cette anse suffisamment serrée le
Le trousse-pied est une courroie ou une paturon du membre qu'on veut lever, on
petite sangle d'environ 2 pieds de long, por passe l'extrémité libre entre les deux avant-
tant une boucle à une extrémité et des trous bras, on la conduit en avant du poitrail wr le
à l'autre. Pour s'en servir, on lève un des côté de la base de l'encolure opposé au mem
pieds de devant, on fléchit le canon sur l'a- bre entravé, on la ramène en croisant sur le
vant-bras, et on embrasse avec ce lien ces garrot jusqu'au niveau du coude du membre
deux rayons au niveau du paturon ; on boucle antérieur du même côté, on tire alors sur 1»
alors l'instrument qu'on serre au degré con portion de plate-longe qui embrasse le membre
venable; le membre reste ainsi levé et fléchi pourle porter en avant et en haut, jusqu'à ce
sans qu'il soit besoin d'aide pour le tenir. qu'il ne puisse plusque très-difficilement trou
Un simple cordeau ou une longe peuvent au be- ver un point d'appui sur le sol, et on prévient
soin faire office de trousse-pied (Cfig. 152). le relâchement de la plate-longe en la croi
Pour éviter d'être frappé par les pieds de der sant deux ou trois fois sur elle-même en ar
rière, quand on opère vers les parties postérieu rière du coude, et quelquefois en embrassant
res, on fait lever et tenir, par un des moyens deux ou trois fois la base de l'avant-bras avec
que je viens d'indiquer, le pied antérieur du l'extrémité libre qu'on fait maintenir par un
côté de l'opérateur; ou bien on «fait lever le aide. Une forte corde ordinaire aussi longue
pied postérieur du côté opposé ; ou encore on que la plate-longe, et à l'extrémité de laquelle
réunit et maintient rapprochés les deux mem on ferait une ganse, pourrait bien la remplacer
bres postérieurs. Lorsque l'opération n'est ni au besoin (B/îg. 153); mais la plate-longe a ce
longue ni douloureuse, que le cheval est do grand avantage que, présentant une surface
cile, et qu'on a à sa disposition un aide^fort et large et aplatie à tous les points du corps sur
habitué, on fait tenir le pied postérieur par .lesquelles elle repose, elle est moins en danger
ce dernier qui peut s'aider beaucoup d'une de les blesser par les frolU-mcus qu'elle exerce
longe solidement attachée à la queue par une pendant les mouvemens auxquels se livre
de ses extrémités, et dont l'autre bout est passé l'animal.
deux ou trois fois autour du paturon. Dans Pour fixer ensemble les deux membres pos
tout "iutre cas il est préférable de tenir ce térieurs et borner ainsi leurs mouvemens, on
pied levé au moyen d'une plate-longe. On ap emploie de préférence deux entravons et un
pelle ainsi un lien en corde, long d'environ lacs, instrumens que je ferai connaître plu*
]8 pieds et aplati en forme de sangle dans loin. On fixe un entravon à chacun des deux
jes trois quarts de sa longueur. La partie paturons, on passe dans l'anneau d'un de ces
laie, large d'à peu près 3 pouces, porte une entravons le lacs fixé à l'anneau rie l'autre, on
£anse à son extrémité. Pour lever un membre le ramène dans l'anneau du premier, puis en
osteneur à l'aide de la plale-longe, on fait core une fois dans l'anneau du second, et on
chap. 3. BE CE QU'IL CONVIENT DE FAIRE AVANT LES OPÉRATIONS. 541
porte l'extrémité libre du lacs en avant entre ne Pemploie-t-on jamais sur des chevaux dis
lés deux avant-bras, pour l'arrêter comme j'ai tingués. Quand le cheval qu'on opère est mé
dit qu'on arrêtait la plate-longe. chant, et qu'il est prudent que l'aide chargé de
Ontre les moyens simples que je viens de tenir le tord-nez soit hors de l'atteinte de ses
faire connaître, de maintenir les animaux de pieds, on se sert d'un tord-nez dont le bâton
bout, on a imaginé des machines de formes a de 3 à 4 pieds de long. Cette longueur de bâ
particulières, connues sous lenom de'travails. ton a en outre l'avantage de permettre à l'aide
Ces machines étant généralement très-com de levertrès-hautlatétede l'animal pour l'em
pliquées, fort coûteuses, d'un usage difficile, pêcher de ruer et de frapper avec ses pieds
parfois dangereux, et, pour ces différentes de derrière.
raisons, n'étant guère employés, que je sache, Dans le cas où on n'aurait pas sous sa main
par les vétérinaires, je me bornerai à en men un tord-nez tout confectionné, on trouverait
tionner l'existence, sans en donner la longue facilement dans une ferme le moyen d'en im
et bien inutile description. proviser un aussi efficace. Il suffit d'un bout
de petit cordeau ou de grosse ficelle dont on
$ II. — Moyens de torture propres à détourner réunit les deux bouts par un nœud, de ma
l'attention de l'animal. nière à représenter une anse de 3 ou 4 pouces
de diamètre. On engage la main gauche dans
L'animal, fixé par un des procédés que je cette anse, on saisit le bout du nez, sur lequel
viens d'indiquer, peut encore, quelle que soit on fait glisser la corde, puis, avec une dent de
sa docilité ordinaire, se livrer a des mouve- herse, ou une branche de fagot de la même
mens que sollicite la douleur qu'il éprouve, et longueur qu'on introduit entre le bout du nez ,
nui gênent plus ou moins dans 1 exécution et Panse de corde, on serre comme avec un
de l'opération. On cherche alors à détourner garrot.
son attention en produisant sur certaines 2° Les morailles. On appelle ainsi une es-
parties du corps une douleur assez vive et Eèce de compas en bois ou en fer, dont les
permanente', qu'on augmente d'autant plus ranches, entre lesquelles on saisit le bout du
nue l'animal multiplie ses moyens de défense; nez, ont environ un pied de long, et peuvent
de sorte que, par instinct, il reste plus tran être serrées et plus ou moins fortement rap
quille pour éviter un accroissement de souf prochées par une corde, ou, sur celles en fer,
france. Les plus employés de ces moyens par un anneau oblong fixé à une des branches
sont : et glissant sur une crémaillère graduée^ pra
1° Le tord-nez, vulgairement et par corrup tiquée sur le bord externe de l'extrémité de
tion sans doute, appelé torche-nez. C'est un l'autre branche (/fe. 154). Cesinstrumens pou-
morceau de bois d à peu près un pouce ou un Fig. 164.
pouce et demi de diamètre, ordinairement
d'environ un pied de longueur, percé près de
ses deux extrémités, ou d une seule, d'un trou
dans lequel passe une corde de la grosseur
d'une plume à écrire, dont les deux bouts sont
réunis à droit nœud, de manière à ce que
cette corde représente une anse dans laquelle
on puisse librement engager la main ; ou
bien un morceau de bois qu'on engage dans
une anse de corde {CJig. 163 ). Pour en faire
usage, on passe la main gauche dans l'anse
de la corde, on saisit le bout du nez de la
même main , on fait glisser l'anse sur le
bout du nez qu'on a saisi, et avec la main
droite on tourne le bâton sur lui-même au
tant de fois qu'il est nécessaire pour serrer au
degré jugé convenable le bout du nez et la lè
vre supérieure embrassée par l'anse de corde.
On peut ainsi produire autant de douleur qu'on
le croit nécessaire, et en général, on serre d'au
tant plus que l'animal est plus indocile, ou
qu'on arrive à un moment plus douloureux de
l'opération. Le soin de tenir le tord -nez et
d'augmenter au besoin la constriction qu'il
exerce est ordinairement confié à un aide. vant être toujours et avantageusement rempla
Mais, quand on manque d'aide, on engage cés par les lord-nez, je n'insisterai pas plus
l'extrémité du bâton, non pourvu d'anse, long-temps sur leur forme et leur emploi.
sous la muserole du licol, et on l'y fixe avec une 3° Mors d'Allemagne. Il consiste en une
ficelle. Sur les chevaux médians, dont la trop corde de la grosseur du doigt (au besoin on
fréquente application du tord-nez a fini par se sert d'une petite longe), qu'on engage dans
emousser la sensibilité de la lèvre supérieure, la bouche par son milieu, en l'appuyant con
on place cet instrument à la lèvre inférieure, tre la commissure des lèvres, et dont les ex
quelquefoismèmeà la base de l'oreille (Bfig. trémités, remontant le long des joues, vien
153).Mais'ce dernier mode,auque] certains che nent se réunir sur la nuque par un nœud droit.
vaux sont très-sensibles, a l'inconvénient, pour On passe ensuite un morceau de bois de la gros
peu qu'on y ait trop souvent recours, de briser seur du pouce au moins, (Mitre l'une des joues
ja conque et d'altérer la forme de l'oreille; aussi et celte corde, et on fait faire a ce bàtwu, de-
AGIUCUI.Tl'nK. tomb II. — Si
242 ANIMAUX DOMESTIQUES : CHIRURGIE. uï. w
venu un véritable çarrot, autant de tpnrs qu'on
fe juge nécessaire a la douleur qu'on veut pro
duire. L'effet de ce garrot est de remonter la
commissure des lèvres vers les dents molaires
Supérieures, et de les en rapprocher d'autant
plus qu'on le serre davantage {fig. 155). Ce
Fig. 155.
s
274 ANIMAUX DOMESTIQUES la clavelée qu'elle développe est peum.
: CHIRURGIE. dange
m.
bien doit être précieux pour l'agriculture
un moyen capable de préserver les proprié reuse;
taires de troupeaux des pertes énormes que 2° En ce qu'étant presque toujours maître
peut leur occasionner une maladie contre la de choisir l'époque de la clavélisation, on
quelle l'art ne peut rien lorsqu'elle est une inocule dans celle des saisons de l'année où
fois déclarée. Ce moyeu existe : c'est la clavé la température est le plus favorable à la
lisation. marche de la maladie, et où les animaux peu
On avait été frappé de la ressemblance vent être nourris aux champs;
que présentait la clavelée du mouiou avec 3° En ce que tout le troupeau étant affecté
que
la petite
que la
vérole
petite
de vérole
l' homme.
due On avairremar- à la fois, on est entièrement débarrasse de la
à l'inoculation
maladie au bout de 5 ou 6 semaines, au plus
«tait beaucoup plus bénigne que celle qui tard; considération importante, quand ou ré
se développait spontanément. On espéra que fléchit aux soins particuliers qu'exige tou
l'inoculation de la clavelée produirait, par jours le troupeau, tant que dure la maladie, et
rapport à cette maladie, d'aussi heureux ré à la gêne, ainsi qu'aux dépenses qu'imposent
sultats. Des expéri' nces nombreuses et au au propriétaire les mesures de police qu'il
thentiques fin ent faites, à cet effet, en France, est obligé d'observer pendant le même
par les ordres «lu gouvernement et par des temps.
propriétaires; elles furent répétées à l'étran 4" Enfin, en ce que le troupeau étant à
ger, et partout elles furent couronnées «les l'abri de contracter la clavelée, après l'ino
plus grands succès.Voici ce que dit à cet égard culation, peut être conduit au loin, et tra
M. de Gasparin, aujourd'hui ministre de l'in verser sans danger les cantons où règne cette
térieur, dans son excellent mémoire sur les maladie.
maladies contagieuses des bêles à laine. J'arrive maintenant à l'opération de la cla
« Pendant plusieurs années, les Allemands, vélisation ;
» les Français du Nord, les Su.sses ont Fempli Elle consiste n introduire sous l'épiderme
» les journaux et les mémoires des sociétés des moutons une certaine quantité du viras
» savantes des résultats heureux de leurs cla- claveleux. Ainsi que je l'ai dit, quand on a le
» vélisations. M. Helmaister inoculait dix choix du temps, on doit préférer le prin
» mille bêtes à laine sans en perdre une seule ; temps pour clavéliser. Mais quand on craint
» et ces animaux ayant été mis en contact d'être envahi par la clavelée qui règne dans
« avec des bêtes atteintes du claveau, aucun le voisinage, et, surtout, quand elle a déjà
» ne le reprit. Trois mille huit cents bêles apparu sur quelques individus du troupeau,
» étaient inoculés par M. Barbançois, il ne il est toujours avantageux d'inoculer immé
» perdit que dix-huit bêtes, et pas une de race diatement, quelque temps qu'il fasse. Mais,
» pure. M. Guérineau, à Châteauroux, clavé- alors, si on a opéré par un mauvais temps,
» lisait huit cents moutons, sur lesquels il on sera obligé à plus de précautions, pour
«n'en perdait que troi* ou quatre: M Cîro- garantir les animaux contre les influences
» gnier pratiquait la même opération aux en- atmosphériques. — Les troupeaux considérés
» virops de Lyon, et ne perdait pas un cent comme bien porlans n'ont besoin d'aucune
» cinquantième des animaux, tandis qu'il eu préparation pour être clavélisés. Pour les
» mourait un quart de ceux sur qui la ma- individus faibles, il suffi L de soins purement
v ladie se développait nalurellement. ]\os hygiéniques. — On peut clavéliser à tous les
» propres essais concordent parfaitement avec âges: il paraîtrait, d'après M. d'Aibovahquek
» celte masse d'expériences; mais ne peu- jeune âge serait toujours celui qu'un doit
» veut êlre cités après des faits si nomb eux, préférer; cependant celte opinion, générale
» si probans, si bien attestés, et rapportés par ment vraie, a renc n'.ré des contradictions
» des observateurs exacts et instruits. » dans ces derniers temps. Si les animaux, au
Cependant ce serait s'exagérer peut-être les moment oii on les inocule, portent déjàeneui
avantages de la clavélisation, que de croire le germe de la clavelée, ou ne doit attendre
qu'ils oui toujours été aussi remarquablement aucun résultat favorable de l'opération, qui,
heureux. If est quelques troupeaux où elle cependant, n'aggrave en aucune façon la ma
n'a pas aussi bien réussi; si.it qu'elle n'ait ladie. Il en est de même des troupeaux qui
pas été bien faite, soit qu'elle ait été pratiquée tout atteints de la ftourriture ; sur eux, ainsi
dans des circonstances défavorables; mais ces que l'a observé M. de Gaspariu, le claveau na-
insuccès sont très-rares; et, tout balancé, il lurel, ainsi que le claveau inoculé, n'ont ordi
résulte d'un calcul fait eu 1822, par M. Hur- nairement que de fâcheux effets.
trel d'Arboval, sur une masse imposante de Il n'est pas indiffèrent de puiser à telle mi
faits qu'il a recueillis, que les pertes éprou telle source la matière claveleuse que l'on
vées par suite de la clavélisaliou ne s'élèvent inocule, et qui renferme le virus claveleui
pas à un centième. Dans un pareil relevé fait qu'on désigne sous le nom de claveau. Celte
sur le résultat de plusieurs clavélisations matière doit être puisée sur des boutons cla-
pratiquées à 1 école d'Al fort, la perte est éva veleux parvenus à leur période de sécrétion.
luée a un sur quatre cents. Elle est alors limpide, presque trauspare. te,
Connue ou le voit, la clavélisation n'est pas et non encore troublée par le pus qui, un ou
un moyen de guérir la clavelée, puisqu'on deux jours plus lard, commence à se produire
doit la mettre en usage avaul le développe dans le bouton. Pour l'obtenir, on enlève et
ment de cette maladie; elle n'est pas non plus déchire avec précaution la pellicule qui re
un moyen d'en préserver les animaux, puis- couvre alors le bouton; et, au bout de quel
qu'au contraire elle la fait naître. Mais elle est ques instans, on voit suinter à sa surface, et
avantageuse : la recouvrir, une certaine quantité de la sé
1° En ce que, dans toutes les circonstances, rosité dont nous venons de parler. On la
çhap. I. DE LA CLA\ ÊLISATION. STS
puise alors avee l'instrument d'inoculation, cette opération pouvant et devant toujours
«t on la transporte sur l'individu à inoculer. être, à cause de la délicatesse de son exécu
Si le bouton saignait après l'enlèvement de tion et de l'importance de ses ré-nltals, con
la pellicule, il faudrait étancher légèrement fiée à la main exercée d'un vétérinaire.
le sang avec une éponge, un linge lin ou un Les régions du corps qui conviennent le
peu d étoupe, et attendre que la sérosité ap mieux à l'inoculation sont, en général, celles
paraisse sans mélange. Un boulon ordinaire OÙ la peau est dépourvue de laine. Pendant
peut ainsi fournir de la matière pour cent longtemps on opéra sur la face iuterne des
hôtes et plus. Quand il cesse d'en fournir, on avant bras, et surtout celle des cuisses. De
entame un autre bouteo arrivé à la même puis, on a conseille de clavéliser de préférence,
pé iode, sur le même animal ou sur un autre soit à la partie du venlre qui se trouve en
également atteint. —De récentes mais moins avant des organes génitaux dans le mâle, et
nombreuses observations tendraient à re des mamelles dans les brebis, soit aux oreilles,
commander, comme moyen de puiser le cla soit sous la queue. Les motifs de cette préfé
veau, un procédé qui serait à la fois aussi sur rence, et ils sent vrais, sont que l'opération
et plus expéditif. Voici en quoi il consiste: demande moins de temps, à l'une ou à l'autre
après avoir choisi un bouton convenable, on de ces dernières régions; que les accidens qui
l'iucise dans toute sa longueur, en avant soin surviennent quelquefois a l'endroit des pi
que l'incision n'intéresse que la portion exu qûres y sont plus rares et moins graves.
bérante du bouton sur lequel on pratique L'instrument qui sert à clavéliser est la lan
ainsi une petite rigole qui donne aussitôt cette ordinaire on l'aiguille h clavélisaiion.
écoulement à du sang. On étanche doucement Je suppose que la bergerie a été divisée, à
ce sang au fur et à mesure qu'il s'écoule; au l'aide de claies, des râteliers, etc., en deux
bout de dix minutes environ, son écoulement compartimens, dans l'un desquels ?e trouvent
s'arrête, et la petite plaie ne fournit plus les moutons à clavéliser; l'autre étant destiné
qu'une sérosité roussàtre, limpide et ayant à recevoir ces animaux au fur et à mesure
tous les caractères du claveau de bonne na qu'ils auront été inoculés. Si la bergerie était
ture. Pour charger la lancette de cette ma trop petite pour se prêter à cette division,
tière, il suffit de la plonger dans la petite in ou si on n'avait pas les moyens de l'effectuer,
cision pour que ses deux faces soient bientôt et qu'il fit beau temps, on laisserait dans là
imbibées de sérosité. Il paraîtrait que, par bergerie les bêtes à inoculer, et on les lâche
ce procédé, un seul bouton peut fournir assez rait successivement dans la cour, après
de claveau pour inoculer jusqu'à trois cents qu'elles auraient été opérées. Dans le pre-
bêtes. .mier cas, le vétérinaire se place au milieu de
Cest ainsi qu'on agit, quand on peut l'espace qui laisse communiquer entre eux
trouver sur les lieux ou dans le voisinage, des les deux compartimens : dans le second cas,
animaux atteints de la olavelée à la période il se pla,-e tout près de la porte. A côté de
convenable. Mais, quand ou clavélise par pure lui, et sur deux bottes de paille fortement
mesure de précaution, quand l'épizootie cla- assemblées par une corde, se trouve couché,
veleuse ne rè.nne pas dans les environs, il faut garrot lé et tenu par un aide, le mouton qui doit
se procurer du virus recueilli et conservé fournir le virus. Devant lui ont été également
avec les plus grandes précautions pour ne préparées deux botles de paille pour recevoir
pas s'altérer. Les vétérinaires pourront indi l'animal à inoculer. Ces deux dernières sont
quer aux propriétaires les moyens de se pro inutiles quand on opère sur les oreilles ou
curer ce virus. Mais avant de l'employer sur sous la queue, puisqn'alqrs on ne couche .pas
tout le troupeau, et pour juger île ses qua l'animal. Un aide est chargé de saisir et d'a
lités, ou se borne à inoculer trois ou quatre mener successivement à l'opérateur les ani
bétes avec cette matière. Si elle a été bien maux à clavéliser: un ou deux autres, suivant
conservée, si elle n'est pas recueillie depuis la partie sur laquelle on inocule, fixent le
longtemps, elle développera sur les animaux mouton qu'on opère; un autre maintient relni
inoculés une clavelée qui, lorsque les boutons qui fournil le virus; et enfin, un dernier, dont
qui la constituent seront arrivés à leur pé on pourrait se passer à la rigueur quand on
riode de sécrétion séreuse, fournira pour le est très-près du mouton claveleux, a pour
troupeau tout le virus frais dont on pourra fonction de charger d'avance un instrument
avoir besoin. — Il résulte de premières expé pendant que le vétérinaire inocule avec un
riences faites par M. Girard père, que la ma autre; car alors on a deux instrument pour
tière claveleuse, avec quelque soin qu'on la aller plus vite.
conserve, perd au bout de peu de temps sa Deux piqûres sur chaque sujet, placées à
propriété virulente. De nouveaux essais tentés un pouce de distance l'une de l'autre, sont suf
dans ces derniers temps par dts vétérinaires fisantes. Il faut avoir le plus grand soin, en
de la Brie, mais dont les résultats, que je sa les pratiquant, de se borner à soulever l'épi-
che, n'ont point reçu tonte la publicité que derma sans faire saigner; car c'est à la sur
mérite leur imporlauce, établiraient que le face du derme que, pour produire de bons
claveau renfermé dans des tubes capillaires effets, le virus doit être déposé; la pénétra
peut conserver des propriétés virulentes au tion de l'instrument dans l'épaisseur de cette
delà même d'une anné" après qu'il a été re couche fib euse, déterminant souvent des
cueilli. 11 serait à <lésirer pour l'agriculture tumeurs qui prennent le caractère gangre
que d • pareils résultats pussent se confirmer. neux, et peuvent être mortelles j our li a ani
J'arrive à l'opération eu elle-même, sur la maux.
quelle, si simple qu'elle paraisse, je ne don Les effets de la clavélisaiion commencent à
nerai que les développemens nécessaires pour se manifester ordinairement au bout de trois
ia faire connaître d'une manière générale, ou quatre jours, plus tôt dans les jeunes ani
276 ANIMAUX DOMESTIQUES : CHIRURGIE. LIV. III.
maux bien portants et dans une saison favora une partie ; soit par mode, pour les chevaux
ble, un peu plus tard dans des conditions de selle; soit par utilité, pour les chevaux de
opposées. Sur les piqûres qui s'enflamment trait ou d'attelage; soit par nécessité, pour
à leur pourtour, et quelquefois, mais plus ra les chevaux qui font le service du halage,doot
rement, sur d'autres régions, on voit apparaî la queue trop longue et flottante pourrait s'en
tre de véritables boutons claveleux, qui sui gager dans les cordages des bateaux et les ex
vent à peu près la même marche dans leur poser à de grands accidens.
développement et leur terminaison que ceux La queue, après sa section, est dite en balai,
de la clavelée naturelle: seulement, la suppu écourtée ou en cadoean.
ration, notamment dans ceux développés sur 1° On dit qu'un cheval a la queue en balai,
les piqûres, y est plus abondante. Une légère quand on a laissé d<hs toute leur longueur
fièvre se développe aussi à l'époque de l'érup les crins appartenant à la portion restante du
tion des boutons. tronçon de la queue. La queue conserve la
Après la clavélisation, les troupeaux n'exi forme qu'elln avait avant l'opération ; elle est
gent généralement que d'être mis dans de seulement plus ou moins raccourcie. C'est de
Bonnes conditions hygiéniques, surtout en cette manière que la plupart des proprié
ce qui regarde la température. S'il fait doux taires font couper" la queue à leurs chevaux.
et beau, ou peut les laisser sortir et même Voici comment on fait cette opération. Au
parquer. Mais pour peu qu'il fasse froid et tant que possible, l'animal doit être à jeuu,
lors surtout qu'on croit utile de laisser sai
numide, il faut les rentrer le soir à la berge- gner
rie,'et même les y laisser pendant tout le jour. beaucoup la plaie résultant de la section
Je n'ai pas besoin de recommander pour la deParmi la queue.
les instrumens dont on se munit, les
bergerie, daus ce cas, les plus grands soins de
propreté et une bonne aération. Il ne faut pas uns servent à préparer la queue, les autres à
la couper. Pour la préparer, on commence
oublier non plus, tant que dure la maladie, par en bien peigner et é|x>nger les crins. Puis
de se conformer aux mesures de police sani on
taire prescrites pour les troupeaux affectés à conserverceux
sépare qui appartiennent à la partie
de ceux qui appartiennent à la
de la clavelée.
Les accidents sont rares à la suite de la partie à couper. Les premiers sont relevés au
tour de la portion à laquelle ils appartien
clavélisation. Cependant, dans quelques cas, nent, sur laquelle ils sont contenus à l'aide
on a vu se développer sur les piqûres, du d'un lieu circulaire peu serré; les autres res
dixième au vingtième jour, des tumeurs, or tent pendans. Le point où se fait cette sépa
dinairement dures, très-sensibles, de couleur ration étant celui
d'abord rouge foncé, puis violacée et bleuâtre, le marque avec desoùciseaux
sera faite la section, on
en coupant circu-
susceptibles de prendre un volume considé lairement les crins sur cet endroit. Alors on
rable, et ayant un caractère évidemment gan- attache l'animal ou on le tient en main, la tête
grénenx. Divers traitemens ont été conseillés haute; on fait lever avec une plate-longe le
pour ces tumeurs. M.Girard prescrit l'emploi pied postérieur du coté opposé a celui sur le
de Uniment ammoniacal en frictions; et à quel se place l'opérateur;
l'intérieur l'administration de inédicamens de soutenir la queue et de launtendre aide est chargé
toniques et légèrement exiitans, tels que, ment à son insertion, en la tenantparallèle par les
par exemple, du quinquina en poudre dans crins de la partie à retrancher : l'opérateur,
du vin chaud, à la dose de deux ou trois gros s'il se sert de l'instrument appelé coupe-queut
de quinquina par jour dans un verre de ( dg. 192), en écarte les branches, engage la
vin. Quelques vétérinaires m'ont assuré avoir queue dans l'espèce d'échancrore semi-circu
incise ces tumeurs dans toute leur étendue laire que présente la branche qui est en des
aussitôt leur apparition, et en avoir obtenu sous, de manière à placer an niveau du cou
du succès. Quoi qu'il en soit, il est sage d'ap teau de l'autre branche le point de la queue
peler un vétérinaire aussitôt qu'on voit se dé où doit être pratiquée la section; et aussitôt,
velopper de semblables tumeurs après la cla rapprochant avec force l'une de l'autre les
vélisation. deux branches qui sont articulés à charnière
par une de leurs extrémités, il opère la sec
Section Vin. — Amputation de la queue. tion en un seul temps.
Si, comme il peut arriver, on n'avait pas
Dans le cheval. — La queue est un moyen de coupe-queue a sa disposition, on pourrait
de défense dont la nature a pourvu les ani mettre en usage l'un des moyens suivans. La
maux contre les insectes. Aussi, lorsqu'elle a queue étant préparée et tenue comme daus le
été raccourcie, et surtout pendant les cha cas précédent, l'opérateur place au-dessous
leurs, on les voit se fatiguer, se tourmenter d'elle à l'endroit où elle doit être amputée, et
et quelquefois dépérir d'une manière sen chant perpendiculairement à sa direction, le Iran-
sible. Cet inconvénient se lait principalement de la lame d'un boutoir de maréchal dont
remarquer sur les jumens poulinières qu'on ildant lient le manche dans sa main gauche, pen
abandonne dans les pâturages, et qui, obligées annéequ'avec un fort maillet de bois dont est
sa main droite, il frappe sur sa partie ,
à chaque instant de chasser avec leur tête ou
leurs membres les mouches qui s'attachent à supérieure au point où elle repose sur le bou
elles, ont un lait moins abondant et moins toir, un coup assez fort pour en opérer la
bon, et empêchent leur poulain de se nourrir, section; un second coup est quelquefois né
ou sont exposées à le blesser en s 'agitant. cessaire pour compléter l'opération. Outre
Cependant, malgré ces inconvéniens, il est l'inconvénient d'être moins facile et moins
peu de chevaux qui conservent la queue en expédilivr, cette méthode a encore celui d'oc
tière. 0:i leur en retranche presque toujours casionner une contusion qui n'est pas toujours
chap. â. AMPUTATION DE LA QUEUE. 277
sans suite fâcheuse, sur la partie de la queue queue, et sur lequel les crins appartenant à
que frappe le maillet. la portion conservée de ce tronçon ont été
Une autre méthode, qui n'a pas ce dernier coupés à la même longueur que lui. Pour ce
désavantage, consiste dans l'emploi d'un lion faire, après que l'amputation a été faite par
couperet bien tranchant, d'un uillot et d'un l'une des méthodes que je viens de décrire,
maillet. Un aide place le billot (ordinairement on laisse retomber les crins qui avaient été
un fort rondin de 3 à 4 pieds de hauteur) de retroussés, on les mouille, on les peigne avec
bout, derrière le cheval, et fait porter sur soin, en les appliquant bien autour du tron
l'espèce de table que forme son extrémité su çon ; l'opérateur les saisit de la main gauche
périeure, la portion de la queue sur laquelle qu'il fait glisser de la base vers l'endroit où il
doit être opérée la section; aussitôt l'opé veut les couper, c'est-à-dire à environ un
rateur fait l'amputation, soit en assénant sur xuice ou un pouce et demi au-dessous du
la queue un vigoureux coup de couperet, soit )out du tronçon ; là, il s'arrête, donne à la
en appuyant seulement le tranchant du cou queue la direction qu'elle a quand l'animal la
peret sur la queue et en en frappant le dos laisse tomber naturellement, et avec un bon
avec le maillet. Par ce dernier mode, on est couteau qu'il tient de la main droite et dont il
plus sûr de faire l'amputation au point précis dirige le tranchant vers les fesses, il coupe les
où on a l'iutention de la faire. crins en travers, en faisant exécuter à l'in
Quelle que soit celle de ces trois méthodes strument un mouvement de scie. Il termine,
qu'on ait mise usage, il arrive qu'aussitôt en raccourcissant ensuite avec des ciseaux
après la section, le sang s'échappe du bout ceux des crins qui auraient échappé à l'action
resté du tronçon par trois ou quatre petits du couteau ou n'auraient pas été coupés régu
jets artériels, d'autant plus forts que l'opéra lièrement.
tion a été faite plus près de la base de la 3° Pour mettre la queue en cadogan, on
queue. Si l'on veut profiter de cette occasion opère exactement de la même manière que
Four faire une saignée à l'animal, on n'arrête dans le cas précédent, avec cette seule diffé
hémorragie que lorsque la quantité de sang rence, qu'on laisse de chaque côté de la queue
écoulée est jugée suffisante; et, pendant l'écou deux petites mèches de crins' qili dépassent les
lement, on désentrave le cheval pour ne pas autres de 3 ou 1 pouces.
le fatiguer sans nécessité. Amputation de la queue sur le mouton. —
Lorsqu'on veut arrêter l'hémorragie, l'opé Autrefois, en France, on ne coupait pas la
rateur, après avoir fait réentraver le cheval, ueueaux bêtes à laine. Mais, depuis l'intro-
saisit de la main gauche et à pleine main le uction des mérinos, celte méthode, venue
tronçon de la queue qu'il redresse un peu d'Espagne, a été adoptée par les propriétaires
pour bien découvrir la plaie, et, de la main des troupeaux de cette race. Voici, d'après
droite, il applique sur cette plaie et y appuie M. Tessier, les motifs de cette opération :
fortement pendant huit ou dix secondes l'ex « 1° Dans beaucoup de pays et en certaines
trémité annulaire du cautère actuel connu » saisons, les bêtes a laine qui vivent d'herbes
sous le nom de brûle-queue {fig. 190). Ce cau » tendres éprouvent des diarrhées qui sali-
tère, qui a dù être chauffé à blanc, est appli- » raient leur queue, et celle-ci salirait la laine
3ué sur la plaie, de manière que l'ouverture » des cuisses ; 2° la terre molle s'y attacherait
e l'anneau qu'il représente corresponde à la » aussi ; 3° le pis des femelles, distendu par le
légère saillie que forment les os coccygiens au » lait quand elles allaitent, deviendrait sen-
centre de celte plaie. Le plus souvent une » sible et douloureux s'il était frappé par
seule application du cautère est suffisante. » cette queue chargée de crotle; 4° les brebis
Mais on doit en faire une seconde si on s'a » portières à qui on a fait cette opération dans
perçoit que l'escarre produite par la première » leur jeunesse reçoivent mieux le mâle et
est trop mince, et que quelques gouttelettes » agnellent sans que le cordon ombilical s'em-
de sang s'échappent à travers. Là se borne » barrasse. »
l'opération, quand la queue doit rester en C'est à un mois ou deux qu'on coupe la
balai. On enlève le lien qui fixait les crins queue aux jeunes agneaux. L'opération est
retroussés ; ceux-ci retombent autour du moi des plus simples. On les prend les uns après
gnon qu'ils recouvrent ; on les peigne, et tout les autres entre ses jambes, et avec un bon
est terminé. L'escarre tombe seule au bout couteau on fait la section à 3 ou 4 pouees de la
d'un temps variable, et la plaie qui en résulte naissance de la queue. On a eu soin, avant de
se cicatrise sans exiger aucun soin particulier. la couper, de remonter le plus possible la
Il arrive pourtant quelquefois, quand les peau qui la recouvre du côté de sa base. Le
chevaux se frottent, que l'escarre tombe, ou sang s arrête seul, et la plaie se cicatrise au
plutôt est arrachée avant le temps. Alors il bout de peu de temps.
peut se former au bout de la queue de petits
bourgeonnemens fongueux qu'on connaît sous Section ix. — Opération de la queue
le nom de cerises, et la plaie peut prendre le h l'anglaise.
caractère ulcéreux. Cet accident, combattu à
temps, est sans aucune gravité. Il suffit d'ex Les différons mouvemens qu'exécute la
ciser avec le bistouri les chairs fongueuses, queue sont déterminés par des muscles, dont
et de faire une nouvelle cautérisation avec le les uns, s'attachant de chaque côté, contri
brûle-queue. Il faut, en même temps, que la buent, par leur action successive, à la porter
queue soit tenue proprement pour prévenir à droite et à gauche suivant le besoin; les au
le prurit, et que l'animal soit mis à l'écurie tres s'attachant tout le long de sa partie supé
dans une place où il ne puisse se frotter. rieure, la portent en haut; d'autres enfin, au
2" Un cheval vcourtè est celui auquel on a nombre de deux,un de chaque côté de la ligne
laissé tout au plus un pied du tronçon de la médiane, rampent et s'attachent à la partie
p
J78 ANIMAUX DOMESTIQUES nanl :dans
CHIRURGIE.
sa main droite le bistouriliv.
à tran
m.
inférieure des coccigiens, et produisent par
leur contraction rabaissement de la queue. chant concave, appelle bistouri à queue à fan-
Uopéraiion de la queue à l'anglaise consiste glaise (fi'g. 189 ), dont il tourne le tranchant
à couper une parlie de chacun de ces muscles en dehors, coupe en travers le muscle abais-
abaisseurs près de l'origine de la queue, afin seur du côté droit, qu'il attaque d'abord de
que leur action d'abaissement ne se faisant sou côté interne, à trois travers de doigt de
plus sur cet appendice, les muscles i-clcvcurs la naissance de la queue, et qu'il contourne de
se trouvent sans antagonistes, et que leur manière à interrompre complètement sa con
moindre contraction produise le redressement tinuité, sans toutefois blesser les os coccigiens
de laqueue, comme chez les chevaux de race avec l'instrument dont la pointe doit passer
distinguée et énergique (barbes, arabes, etc.). très-près de ces os pour couper entièrement
C'est donc pour que le cheval fiorle bien la le muscle. Après cette première incision, il
queue, pour qu'il la tienne horizontale, ou à en l'ail une seconde sur le mémemuscle à deux
peu près, pendant l'exercice, qu'on pratique travers de doigt plus en arrière. Si cette se
cette opérai iou dite de la queue à l'anglaise, conde incision est bien faite, la portion du mus
parce qu'elle a été pratiquée d'abord par des cle comprise entre les deux incisions vient se
maquignons anglais. montrer entre les lèvres de la première. Il en
Dans l'origine, on se bornait à la section fait encore une troisième à deux travers de
partielle des muscles abaisseurs; plus tard on doigt en arrière de la seconde; puis, il agit de
a remarqué que, malgré cette section, certains la même manière sur le muscle abaisseur du
chevaux très-mous n'avaient pas encore la côté gauche. Eu opérant sur ce second mus
force de tenir leur queue en uo/nye, à cause cle, il doit avoir soin que les incisions qu'il
de la résistance que leur opp sait encore le y pratique correspondent bien à celles faites
poids que représentait l'extrémité de la queue. sur le muscle droit. Chacune des incisions
Ou a imaginé alors lïécourterlcs chevaux après doit avoir tout au plus un pouce à un pouce
les avoir niquete (coupé les muscles abais cl demi de longueur; et celles d'un côte doi
seurs). Aujourd'hui, c'est la double opération vent èlre distantes de celles qui leur corres
du tiiquetage et de l'écow toge qui est géné pondent du côté opposé d'au moins un demi-
ralement désignée sous le nom de queue à pouce {fig. 185). Je ne dois pas oublier de
l'anglaise. Comme on le voit, ce ne l'ut d'a dire que, pour opérer sur le muscle du côté
bord que des che>aux peu énergiques que gauche, l'opérateur doit retourner le tran
l'on anglaisa; mais bientôt la mode s'en ré chant du bistouri en dedans, à moins que de
pandit, et, aujourd'hui, beaucoup de proprié ce côté iLn'opère de la main gauche. Afin de
taires ont la manie de faire anglaiser des che mieux découvrir les portions de muscle qui
vaux dont il suffirait de raccourcir un peu font saillie au dehors, et pour pouvoir mieux
l'extrémité de la queue, pour la leur faire les extraire, ou fait sur le milieu de la lèvre
porter comeuablement. inférieure des deux incisions par lesquelles
Ainsi, eu règle générale, c'est certaine ces portions tendent à sortir, une nouvelle
meut tarer un cheval de race et réellement incision plus petite qui bu est perpendicu
énergique que de le faire niqueter ; c'est tarer laire, de manière que tes deux incisions réu
un cheval qui a encore quelque vigueur que nies figurent à peu près un T. C'est alors qu'on
de le faire écourtercomplétement après l'avoir saisit avec les pinces les portions de muscle
fait niqueter; ainsi ce ne doit être que sur dont je viens de parler et qu'on les excise en
des chevaux véritablement mous que celte entier avec le bistouri.
opération doit être pratiquée: encore n'est-on Le sang s'écoule quelquefois avec abon
pas certain, quand leur mollesse est extrême, dance par les deux incisions les plus voisines
qu'ils porteront bien la queue après avoir été de la base de la queue; cependant ce sang
anglaisés. Il est aussi des chevaux dont la con s'arrête ordinairement après que celle-ci a été
formation est telle, qu'en supposant même mise à ta poulie.
leur queue portée en trompe, ce port serait Voici, eu deux mots, en quoi consiste cet
peu gracieux à cause de cette conformation; appareil : La place qu'occupera l'animal après
ce sont ceux dont la croupe est coupée oit l'opération a du élre préparée d'avance; elle
tres-mu/f <■. Il faut donc tenir compte de l'étal doit être limitée par des barres et n'avoir pas
de force ou de laiblesse de son cheval, et de plus de 3 pieds à 3 pieds et demi de largeur.
sa < onforinalion particulière, avant de se dé Sur la partie du plafond correspondant à la
cider à le faire opérer. naissance de la croupe de l'animal a élé sus
L'opération, bien quesimpl •■ en apparence, pendue, par une corde d'environ un demi-
offre cependant assez ne difficultés dans sou pied de long, une poulie roulant bien dans
exécution pour empêcher un propriétaire sa châsse et dont la gorge soit assez large pour
prudent de l i pratiquer lui-même à son che recevoir un cordeau de. la grosseur du petit
val, alors surtout que cet animal est de quel doigt. En arrière de cette première poulie,
que valeur. Je ne dirai doue que quelques sur la même ligne à 3, 4 ou 5 pieds de distance,
mois du manuel opératoire. a été fixée au plafond une autre poulie de la
Le cheval doit être à jeun; on l'opère debout, même grosseur, mais non suspendue par une
les deux membres postérieurs étant entravés corde. Le cordeau qui devra passer dans ces
par un lacs à deux enlravons.ou l'un des deux poulies présentes une de ses extrémités, celle
relevé et porté eu avant avec une plate-longe; oui s'attachera à la queue, une pelitegansc de
la tète tenue haut avec un long tord-nez. L'o deux pouces d'ouverture; à l'autre extrémité
pérateur, placé derrière l'animal, relevant la est lie un sachet en toile pouvant couleuir a
queue avec la main gauche et la renversant peu près 7 à 8 livres de terre ou de sable. La
sur la croupe où elle est encore contenue longueur de ce cordeau doit être telle, qu'eu
par la main d un aide; l'opérateur, dis-je, te- supposaut l'extrémité à ganse attachée au
cbap. 3. OPÉRATION DE LA QUEUE A L'ANGLAISE
bout de la queue qu'elle relève, l'animal puisse donner quelques inquiétudes, il faudrait pour 279
se coucher, saus que l'extrémité qui soutient l'arrêter appliquer deux ou trois larges plu-
le sachet atteigne, en remontant, la seconde masscaux mouillés d'eau froide sur la pai tie
poulie {fig. 191). inférieure 'de la base de la queue, et y main
Fig. 191. 185. 189. tenir cet appareil pendant 7 à 8 heures à l'aide
de tours débandes médiocrement serrés.
Dans les cas ordinaires les plaies sont cica
trisées du vingtième au trentième jour. C'est
alors qu'on cesse la suspension de la queue,
et que l'on fait couper le tronçon de la queue
et écourter l'animal si on veut qu'il soit com
plètement angtai.\é.
Les soins qu'on a dù donner au cheval de
puis le moment de l'opération jusqu'à celui
où on le retire de la poulie, ont été simples;
il a suffi, à la (in du premier jour, d'ôler du
sachet quelque peu de sable on de terre pour
endimiuuer le poids, lorsqu'on n'a plus eu à
craindre d'hémorragie; et ainsi de suite pen
dant cinq à six jours jusqu'à ce que le poids
ail été réduit à 4 ou 6 livres; alors on le laissa,
tel jusqu'à la fin. Tous les jours on doit lo-
lionner avec de l'eau fraîche la partie supé
rieure de laqueue, près de sa hase, autrement
la peau de celte région s'échaufferait, comme
on dit, et les crins qui la revotent ne tarde
raient pas à tomber. Ceux-ci. qui ne sont pas
compris dans la natte, seront aussi tous les
jours lavés et peignés avec soin.
Comme l'animal aura besoin d'être quel
quefois promené, on devra pendant sa pro
menade, et afin de conserver I écarlementdes
lèvres des incisions jusqu'à l'entière cicatri
sation de ces plaies, placer en travers de la
partie supérieure de la base de la queue, un
bolillon de paille fortement serré au milieu
de sa longueur qui est d'un pied à 16 pouces,
sur lequel ou renvei-se la queue, et sur le
quel ou maintirnt celle-ci, en attachant au mi
lieu d'un surfaix qui embrasse la poitrine, un
lien quelconque qui continue l'extrémité
de la natte formée par les crins. — La carie
des os coccigiens, quand ils ont été atteints
par le bistouri pendant l'opération, et la gan
grène de la base de la queue, sont les acci-
uens locaux les plus graves qui puissent sui
vre cette opération. Leur traitement ne peut
être bien dirigé que par un vétérinaire.
à 10 pouces de longueur depuis et y compris çon avec assez de justesse, pour ne pas rai
sa pointe triangulaire jusqu'à la naissance de rèler ou lui faire obstacle lorsqu'il doit èlre
son manche; celui-ci est une espèce de poignée enfoncé dans le cumen à travers les tissus du
de bois poli, faite eu forme de poire. L'autre flanc.
pièceesl \acanuleAw poinçonÇ/^. 196); elle pré C'est vers le milieu delà partie supérienredu
sente deux parties bien distinctes : l'une, la flanc gauche qu'il est plus convenable de faire
plus longue et la plus étroite, est une gaine la ponction, à égale distance à peu près de l'an
cylindrique qui loge la tige du trois-quarts, gle de la hanche, de la dernière cote, et des apo
en laissant dépasser toute sa pointe; 1 autre, physes transverses des vertèbres lombaires
qui correspond au manche du piinçou, est [c'fiff. minans,193).
parComme
son épaisseur,
la peau, dans
sa dureté
les gros
et sou
bu-
une espèce de pavillon élargi qui en reçoit la
poignée, dont il recouvre seulement la moitié élasticité, est difficile à percer avec la pointe
de la circonférence. Il est bon que ce pavillon du trocart, on fait bien de l'inciser d'abord
soit percé de deux trous, pour donner passage avec un bistouri, canif ou rasoir, sur l'endroit
aux liens qui doivent souvent fixer et main correspondant à celui où on doit ponctuer.
tenir la canule dans l'ouverture du flanc, pen- Alors, l'opérateur se place en avant du flanc,
daut un ou plusieurs jours. Il est bon aussi tenant de la main gauche, et à pleine main, la
que l'extrémité du tube qui termine la ca canule du trocart, dans laquelle se trouve le
nule du côté de la pointe du poinçon soit poinçon, dont la pointe a été remontée de
très-amincie et s'adapte sur la tige de ce poin manière à effleurer seulement l'extrémité de
AGAICULTDBE. 110* livraison. XOMB II.—-56
282 ANIMAUX DOMESTIQUES Ordinairement
: CHIRURGIE.
on le laisse un ou deuxu».jours;
nr.
la canrile; cette extrémité étant appuyée sur le
fond de l'incision déjà faite, l'instrument di dans quelques cas, on est forcé de l'y mainte
rigé presque perpendiculairement à sa surface, nir pendant quatre, cinq et même six jours :
on frappe fortement avec la paume de la on cite même des cas où il a dû rester pen
main droite sur le manche du poinçon qu'on dant plusieurs mois ; mais ces cas sont tout à
fait ainsi pénétrer d'un seul coup dans l'in fait exceptionnels, et il est probable que sur
térieur de la panse, où il s'enfonce avec sa les animaux qui les ont présentés, la météo-
canule. On retire aussitôt le poinçon, en lais risation n'était que le symptôme d'une in
sant sa gaine dans l'ouverture, et" les gaz s'é flammation plus ou moins grave ou ancienne
chappent aussitôt avec impétuosité pdr l'issue des voies digeslives. Or, cette inflammation
qui leur est offerte. On doit avoir soin de n'existe pas dans les animaux qui se gonflent
détourner la téte au moment où on relire le pour ainsi dire instantanément, et qui pré
poinçon, afin de n'être pas incommodé par sentaient tous les signes d'une santé parfaite
ces gaz qui sortent en .abondance. On voit aus quelques heures avant la météorisation. Du
sitôt le flanc se détendre, le ventre s'affaisser, reste, on conçoit que le développement des
et l'animal éprouver à l'instant môme un gaz dans le rumen étant le produit de la fer
soulagement inarqué. Quelquefois, bien que mentation de la masse-énorme d'alimens qu'il
la panse soit encore un peu ballonnée, le gaz contient, on doive laisser une issue à ces gaz
cesse tout à coup de sortir par le tube. Cette tant que leur présence annonce la continua
circonstance dépend presque toujours de l'ob tion de cette fermentation. Afin de faire ces
struction de la canule par des matières ali ser celle-ci le plus promptement possible, on
mentaires que les fluides ont entraînées avec profite de l'ouverture faite à la panse pour
eux en s'écuappant. On fait disparaître cet ob injecter dans son intérieur quelques substan
stacle, en introduisant dans la canule une ces médicamenteuses, telles que des infusions
petite baguette flexible à l'aide de laquelle on froides de plantes aromatiques, du vin, du
repousse les matières dans le rumen. cidre, etc., additionnés de quelques gros d'am
Mais il arrive quelquefois qu'on se trouve moniaque liquide, d'éther ou autre subtance
dans des circonstances où le moment est ur médicamenteuse analogue.
gent à saisir, et où l'on ne peut se procurer On reconnaît qu'on peut enlever le tube
tout de suite l'instrument convenable pour l'o lorsqu'il ne s'échappe plus de gaz par son
pération. On se sert alors du premier instru ouverture, et que 1 animal recommence à ru
ment tranchant que l'on trouve, etpour écar miner. On l'ôle alors; ou nettoie bien les
ter les lèvres de l'incision et permettre la sortie bords de la plaie, qu'on recouvre d'un large
des gaz, ou introduit dans la plaie un tube plumasseau ou linge enduit de cérat ou de
de roseau ou de bois de sureau dégagé de sa térébenthine, et maintenu par une bande qui
moelle, une canule de seringue, une cannelle enlace circulairement l'abdomen. A moins
un peu large, etc., enfin ce qu'on trouve d'à peu d'accident particulier, il suffit d'un ou deux
près convenable à sa portée : puis, à l'aide de pansemens, et de soins de propreté pour que
forte ficelle, de fouet, ou, ce qui vaut mieux, de cette plaie se cicatrisé": quelques vétérinaires
ruban, on les fixe dans l'ouverture en les as m'ont assuré avoir souvent vu ces plaies se ci
sujettissant autour du corps : car, soit qu'on catriser tout aussi bien, sans application d'au
ail à sa disposition une canule de trocarl, soit cun appareil de pansement après l'enlève
qu'on ait dû employer un de ces tubes im ment de la canule. Quoi qu'il en soit, il est
provisés, il est nécessaire que cet instrument prudent, lorsqu'on a ôté le tube et recouvert
reste en place tant que les gaz continuent à l'ouverture du flanc par un appareil, de visi
se dégager. J'ai dit que le pavillon de la ca ter plusieurs fois l'animal dans le courant de
nule était percé de deux trous destinés à la journée, pour s'assurer qu'il ne se gonfle
donner passage aux liens qui doivent la main pas de nouveau : de pareilles rechutes ayant
tenir autour du corps. Cependant, avec quel lieu quelquefois quand on s'est trop hâté de
que soin qu'on ait serré ces liens, on est retirer la canule. Si cela arrivait, on replace
obligé, au bout de quelques instans, et quel rait aussitôt cet instrument. — Quant aux
quefois à plusieurs reprises, de les resserrer accidens dont peut être suivie la ponction
encore, à cause de l'affaissement du ventre du rumen, ce sont, ou bien une inflamma
ni continue progressivement à s'opérer au tion du péritoine, ou bien des abcès qui se dé
aur et à mesure de la sortie des gaz. Une au veloppent au niveau de la plaie ou à son voi
tre raison exige que l'animal soit visité de sinage. Je ne peux que conseiller, en pareil
temps à autre; c'est la nécessité de désob cas, de réclamer les secours d'un vétérinaire.
struer le tube, quand il vient à s'engorger. — Lorsque la météorisation sur les bétes a
Quelques propriétaires de troupeaux de bê laine ne cède pas aux moyens simples, con
tes à grosses cornes se servent, après la ponc seillés et usités en pareille circonstance, on
tion, d'une canule en fer-blanc de 4 à 5 pouces peut et doit avoir recours, sans hésister, à la
de long, de 8 à 9 lignes de diamètre, dont le ponction dn rumen, qu'on pratique aussi à la
pavillon, au milieu duquel elle s'ouvre, repré partie supérieure du flanc gauche. L'opération
sente une plaque du même métal, légèrement dans le mouton n'offre pas de règles particu
«■o:tcave pour mieux s'adapter à la convexité lières; seulement il est convenable d'em
du flanc, et percée d'un trou à ses bords supé ployer un trocart de moitié moins grand que
rieur et inférieur pour le passage des liens celni usité pour les bœufs.
qui doivent la fixer autour du ventre (yf^.194).
Ce tube, peu coûteux, est préférable a tous Incision du rumen.
ceux dont je viens de faire mention.
Le tube ne doit rester dans la plaie qu'au Il est des cas où la météorisation est pro
tant que des gaz continuent à se dégager. duite à la fois, et par des gaz, et par une i
CH.VP. 3 DES SOINS ET OPÉRATIONS QUE NÉCESSITE L'ACCOUCHEMENT. 283
considérable de matières alimentaires qui vaise conformation de la mère ou du fœtus,
se sont accumulées et durcies. On comprend ou de la mauvaise position de ce dernier.
qu'alors on n'aurait obtenu qu'un résultat Le part laborieux dépend souvent d'un excès
fort incomplet de la ponction de cet organe, de force de la mère et de la tension qui en ré
l'ouverture qu'elle produit ne pouvant servir sulte dans l'ouverture de la matrice {part tu
qu'à l'issue des gaz, et ne débarrassant pas la multueux); dans d'autres cas, au contraire, il
panse de la surabondance de matières qu'elle dépend d'un défaut de forces, apparent ou
renferme. On pratique alors à travers le flanc réel {part languissant).
gauche, et dans la direction verticale, une in Le part tumultueux se fait souvent remar
cision d'environ cinq pouces de longueur, et quer chez les génisses et les jeunes juraens-
pénétrant dans le rumen. Par le moyen de qui mettent bas pour la première fois ; l'irri
cette ouverture, dans laquelle on introduit la tabilité plus grande de la matrice à cette
main ou on fait introduire celle d'un enfant, époque de la vie détermine alors des efforts-
on retire avec précaution les matières qui expulsifs prématurés et dont l'elfet est nul
engorgent le rumen; on ramollit et délaie pendant un certain temps, à cause de la rigi
ensuite le reste avec des liquides médicamen dité du col de la matrice qui n'est pas encore
teux (qu'on injecte par la même voie, et on convenablement dilaté. Le plus souvent, dans
parvient ainsi à sauver l'animal. Mais cette ces cas, un retard dans l'accouchement est
opération, beaucoup plus grave que la précé le seul inconvénient qui résulte de ces effort»
dente, ne saurait être bien faite que par un prématurés; d'autres fois l'aggravement des.
vétérinaire. souffrances devient telqu'il nécessite des soin;»
Lorsqu'on pratique ces opérations, un aide particuliers que nous ferons connaître.
D {fig. 183) saisit la queue de la vacbe, qu'il Le défaut de forces, dans le part 4»itvu,>.
fait passer à la face interne de la jambe, puis sant, peut n'être qu'apparent, et résulter je
à sa partie antérieure ; puis enfin au côte ex l'accablement que produisent ardij>;ajremeut
terne où il la maintient. On empêche ainsi l'a les efforts réitérés du part tumu)1ueux. Dans
nimal de donner en avant et en dehors un d'autres circonstances la faible sse dépend de
coup de pied en vache, et on garantit l'opéra l'épuisement de la mère, tausé par la vieil
teur de tout accident. lesse, des maladies ou une mauvaise alimenta
tion. Il importe de bien distinguer cette fai
Section m. — Des soins et opérations que blesse réelle de celle, qui n'est qu'apparente,
nécessite l'accouchement laborieux ou con parce que les moyens de traitement sont tout
tre nature. a fait clifférens dans les deux cas.
Enfin, un fœtus un peu volumineux peut,
Quoique le plus souvent, chez les femelles quoique bien placé, ne sortir que difficile
domestiques, l'accouchement se fasse avec fa- ment, et' constituer encore un cas de part la
cililéet sans secours étranger, il est des cas fré- borieux.
quens, où, par suite dè l'existence de quelques Voyons maintenant par quels moyens oit
obstacles, l'aide de l'homme devient utile facilitera l'accouchement dans ces differen»
pour que ce travail s'effectue. Ces obstacles cas.
dépendent , 1° de l'excès ou du défaut de forée Une foule de personnes ignorantes croient
de la part de la mère, ou de l'excès de que, toutes les fois qu'une femelle, (vache,,
grosseur du petit animal {part laborieux); jument, truie, brebis, etc.) éprouve de la dif
2° du volume disproportionné ou d'une fausse ficulté pour accoucher, il n'y a rien de mieux
position du petit sujet, d'une mauvaise con à faire que de prendre le fœtus par la tête eï
formation du bassin de la mère, etc., toutes les pieds, et de tirer jusqu'à ce que le part soit
circonstances qui rendent impossible l'accou effectué. Nous ne saurions trop blâmer cette
chement naturel {part contre nature). Mais méthode qui n'offre dans les parts ordinaires
pour mieux faire comprendre ce que nous qu'un bien faible avantage, et peut être sui
avons à dire par la suite, disons d'abord quel vie, dans les accouchemens laborieux et contre
ques mots de la position naturelle du fœtus nature, des plus fâcheux accidens.
(c'est le nom qu'on donne au petit animal Dans le part tumultueux, lorsque la femelle
avant sa naissance). est bien à terme, au lieu d'employer précipi
Chez toutes les femelles domestiques, le tamment les efforts de traction, le meilleur
fœtus, lors de l'accouchement, doit, pour être moyen est de pratiquer une saignée, afin de
bien placé, présenter la tète allongée et ap modérer et de favoriser les efforts expul
puyée sur les deux membres de devant. De sifs par le relâchement de l'entrée de la ma
celte manière toutes ces parties ont dans leur trice qui en est toujours le résultat. On aura
ensemble une forme conique, laquelle est soin en même temps de tenir la hète chaude
très-propre à favoriser la sortie totale du ment, de lui donner de l'eau dégourdie et
corps, soit que la mère se couche, soit qu'elle miellée pour apaiser la soif, ordinairement
reste debout; sortie qui est d'ailleurs facilitée, vive dans ces cas. Il est rare que quelques
d'un coté par les efforts de la mèré, et de heures après ce traitement, l'accouchement
l'autre par la rupture de la poche des eaux, ne s'effectue pas avec facilité.
dont les débris constituent le délivre. C'est Le part languissant parjaiblesse apparente,
là la position naturelle; il y a pourtaut quel se montrant a la suite du part tumultueux,
ques exceptions à cette règle; nous allons les exige les mêmes soins que ce dernier. L'acca
passer en revue. blement est ordinairement de courte durée,
§ 1er. — Part laborieux. et il disparaît souvent presque aussitôt, ou.
du moins très-peu d'instans après la saignée,,
C'est celui oui est rendu difficile par des qui, alors, a diminué l'accumulation du sang
causes tout à fait indépendantes, de la mau vers la matrice.
2(54 ANIMAUX DOMESTIQUES ramener CHIRURGIE.
ensuite les extrémités des membres
liv. m.
Lorsque, au contraire, la langueur de l'ac
couchement dépend d'une Jaibtesse réelle, de derrière et la queue.
après en avoir reconnu ou soupçonné la cause Les autres positions exigent toujours que la
on cherche à augmenter l'intensité des effort partie du fœtus qui se présente soit repous
en donnant en breuvage le vin blanc, le cidre, sée dans la matrice, et qu'on cherche à faire
la bière, chauds et aromatisés avec la canne sortir en même temps, soit les deux membres
ou la muscade (une à deux bouteilles pour la de devant et la tête, soit ceux de derrière et
vache et la jument; un à deux verres pour la la queue. Mais on aura soin, avant de repous
truie et la brebis). Si ce moyen est insuffisant, ser dans la matrice les parties qui se présen
on a recours à des efforts de traction sur le tent ( nous parlons ici des membres ou de la
fœtus. Ces tractions, qui doivent toujours être tète), d'y fixer un cordeau à nœud coulant,
exercées par des hommes adroits,et autant que afin de pouvoir les retrouver quand on en
possible par des vétérinaires, doivent être aura besoin. Aux membres le cordeau se fixe
très-moderées et s'exercer à la fois sur la tête dans le pli du paturon, et à la tête on l'at
et sur les membres du petit sujet. Elles sont tache o l'extrémité de la mâchoire inférieure.
surtout de la plus grande utilité, si la bête est On pourrait sans beaucoup d'inconvénients
couchée et ne peut se relever, et si l'on craint fixer un seul cordeau aux deux membres de
que la longueur de l'accouchement n'occa devant ou de derrière, mais il vaut mieux en
sionne la mort du fœtus. On y a recours aussi attacher un à chaque membre, l'opérateur en
lorsque la difficulté du part dépend de ce que a plus de liberté pour agir dans la matrice.
le volume du petit animal excède un peu la Ces cordeaux, dont l'extrémité libre reste en
capacité du bassin de la mère. dehors
3° La de
t roupe
la vulve,
se 'présente
sont tenus
seule,
paretdes
en aides.
intro
Telles sont les principales circonstances où
l'accouchement n'est que difficile-, passons duisant la main dans la matrice on ne ramène
maintenait en revue celles où il est tout à fait que la queue du fœtus. Il faut alors chercher
impossible »;u'il s'effectue sans les secours à repousser la croupe le plus loin possible,
de l'homme. afin de ramener les membres de derrière qui
sont fléchis sous le ventre. Celte manœuvre
§ II. — Part contre nature. ) est assez difficile; aussi ne peut-elle être con
venablement exécutée que par un homme
L'accouchement est contre nature lorsqu'il très-exercé, et ayant les connaissances néces
est rendu impossible par l'existence de cir saires.
constances physiques, inhérentes au fœtus ou 4° Un membre de derrière se présente seul.
à la mère. De là une division des parts contre Il faut, après y avoir fixé un cordeau, repous
nature: 1° en ceux qui sont la suile des mau ser le corps dans la matrice, et chercher l'au
vaises positions ou de la conformation vicieuse tre membre et la queue. Alors on fait tirer lé
du fœtus ou de ses enveloppes ; 2° et en ceux gèrement sur les deux membres à la fois, et
qui tiennent à des altérations ou autres dé l'accouchement s'effectue facilement.
fauts dans la conformation du bassin de la 5° Les deux membres de devant se présen
mère, ou de la matrice. tent, et par l'exploration on remarque que la
tète est fléchie sous ces membres, au lieu
d'être allongée et placée au-dessus d'eux. On
A. Fausses positions du jœius. cherche les bouts des mâchoires, et en tirant
légèrement on finit par allonger assez la tête,
Mous avons dit quelle était la véritable po pour qu'elle reprenne sa position naturelle
sition naturelle ; il y a quelques autres posi On est quelquefois obligé d'attacher un cor
tions qui, sans offrir autant de facilité pour deau à la mâchoire inférieure, pour faire
la parturition, la rendent cependant possible maintenir la tête allongée.
sans trop de travail. Les deux suivantes se 6" Les deux membres antérieurs se présen
trouvent dans cette catégorie. tent seuls. La tête étant alors renversée, soit
1° Les deux membres de derrière se pré sur l'un des côtés de la poitrine, soit en ar
sentent seuls ou avec la queue. Dans le pre rière sur le dos, fait que le petit sujet étouffe
mier cas, l'expulsion éprouve des difficultés, souvent, dans celte position. Il faut encore,
parce que la queue, ordinairement renversée comme il a été dit plus haut, repousser les
sur la croupe, forme un léger obstacle. Mais membres dans la matrice, après y avoir atta
lorsqu'elle se trouve pendante entre les fesses, ché des cordeaux et aller chercher la tête.
l'accouchement se fait assez facilement; le Mais la difficulté dans les manipulations est
bassin seul, par sou volume, franchit plus len telle chez les grandes femelles, qu'on ne peut
tement le passage ; mais dès qu'il est sorti, le pas toujours ramener la tête dans sa vérilable
reste du corps suit rapidement, et l'accouche position, et qu'il ne reste d'autre moyen pour
ment se trouve complet. Lorsqu'on voit qu'un débarrasser la mère que d'arracher le fœtus
fœtus se présente de cette manière, et que la par morceaux (embryotomie). Il est inutile de
queue ne parait pas, il est important de cher dire qu'un vétérinaire doit toujours être ap
cher à la ramener à sa position naturelle, et pelé dans ces sorles.de cas.
de tirer ensuite légèrement sur les deux jam 7° Un membre antérieur et la téte se pré
bes du petit sujet. sentent. 11 n'y a alors qu'à aller chercher
2" Les /arrêts ne présentent que leur poin l'autre membre après avoir repoussé ce qm
te. On est parvenu, dans plusieurs cas de ce se piésentait, pour rendre la posilion du petit
genre, à opérer l'extraction sans rien chan sujet naturelle. La difficulté est plus grande
ger à la position du fœtus. Néanmoins il con lorsqu'un membre de devant se présente seul,
corps
vient mieux
du petitde sujet
chercher
dansà larepousser
matrice, tout le I car alors il y a à ramener non-seulement
et de
l'autre membre, mais encore la téte, et celle
chap. 3. DE LA. DI LTVRANCE. 285
i
ci se trouve quelquefois repliée ou renversée. disposition originelle, soit de la formation de
On procède alors corume il a été dit précé tumeurs osseuses en dedans de cette cavité.
demment. Lorsque le fœtus est bieujplacé, on peu t essayer
Il survient quelquefois un accident grave, de le faire sortir eu tirant légèrement; mais
lorsque l'un des membres de devant se pré si l'obstacle est insurmontable, il faut promp-
sentant, l'autre est resté dans la matrice : c'est tement avoir recours, soit à l'embryotomie,
la déchirure de l'ouverture de la matrice à sa soit à une autre opération que l'on nomme
partie supérieure. Celte déchirure, qui n'a césarienne abdominale, suivant qu'on tient à
lieu que lorsque |le membre resté se trouve conserver la mère ou le petit sujet.
allongé et dirigé en haut, est le résultat des Qu'on se garde bieu surtout d'exercer sur
efforts de la mère pour expulser le fœtus. Sou le fœtus de violentes tractions au moyen de
vent, alors, on est obligé d'avoir recours à cabestans, de chevaux ou de bœufs attelés sur
l'embryotpmie pour débarrasser la mère. les cordeaux qui tiennent les membres et la
8* Les quatre membres réunis se présen tète du fœtus, elc, car ces manœuvres sont
tent. Comme il est impossible que l'accou inévitablement suivies de la mort du petit
chement s'effectue de celle manière, il faut sujet et de la mère, tandis que, par les opé
chercher à distinguer les membres de devant rations citées plus haut, il est presque tou
de ceux de derrière, puis placer des cor jours possible de sauver l'un ou l'autre.
deaux à deux membres seulement (soit les 2" L'induration du col de la matrice. Elle
antérieurs, soit les postérieurs), repousser le est pour l'ordinaire de la nature du squirrhe.
tout dans la matrice, ramener la tète ou la Il est quelquefois possible, dans ce cas, de
queue avec les membres fixés, et retenir les sauver tout à la fois la mère et le petit su
autres membres pour les empêcher de sortir jet, en pratiquant une opération dite césa
en même temps. L'accouchement, dans ce rienne vaginale. Toutefois, lorsqu'une femelle
cas, est toujours très dilficile. a subi celte opération, elle ne doit plus en
suite être livrée à la reproduction.
B. Obstacles apportés à taccouchement par le 3" Des excroissances charnues ( polypes, con-
délivre. dylomes ) développées soit dans la matrice,
soit en dehors de cette poche, dans le vagin.
Les enveloppes du fœtus qui constituent Elles rendent encore nécessaire l'une des opé
le délivre se rompent ordinairement d'elles- rations césariennes dont il a été fait mention
mêmes par les efforts que fait la mère pour ci-dessus, et qui, comme il est facile de le
accoucher. Alors les eaux qu'elles contien comprendre, ne peuvent être faites que par
nent s'échappent, et rendent le passage du une main exercée et adroite.
fœtus plus facile. Il est des cas où leur rup
ture se fait longtemps attendre, ce cjui ra Section Xiii. — De la délivrance.'
lentit l'accouchement et épuise la mere. Il
faut alors les déchirer avec les doigts, ou les L'arrière-faix ou délivre sort ordinaire
inciser, afin de hâter le travail du part. ment très-peu de temps après le fœtus, sur
Dans d'autres cas, ces enveloppes s'entor tout chez la jument. Chez la vache, quoiqu'en
tillent autour du corps ou des membres du général il reste un temps plus long, il est ce
petit sujet, et nuisent a son expulsion. Comme pendant expulsé le pl us souvent dans les vingt-
dans celte circonstance, il convient d'intro quatre heures qui suivent l'accouchement ; il
duire un instrument dans la matrice, pour y a néanmoins des, exceptions à cette règle:
inciser le délivre et en débarrasser le fœtus, elles se font surtout remarquer dans les cas
il est indispensable d'avoir recours à un vé d'avorlement.
térinaire pour faire cette opération. ■ , Chez la jument, comme chez la vache, lors
que le délivre n'est pas sorti au bout de vingt-
C. Obstacles dépendant de la conformation quatre heures, il faut donner un breuvage
vicieuse dufœtus. vineux aromatisé tel que ceux que nous avons
indiqués dans le cas du part languissant. On
Toutes les fois qu'une partie du corps du a aussi conseillé de faire usage de sabine, de
petit sujet se trouve développée d'une ma seigle ergoté, etc. . ■
nière monstrueuse, elle gêne | lus ou moins . Comme dans la plupart des cas où la déli
l'accouchement. Ces monstruosités, très-com vrance est relardée, une portion du délivre
munes chez les fœtus de vache, le sont beau pend entre les cuisses de la femelle, plu
coup moins chez ceux de juments. Le plus sieurs personnes sont dans l'habitude d'atta
commun de tous est un volume dispropor cher à ce cordon un sachet rempli de pierres,
tionné de la tête (hydrocéphalie); on trouve ou un autre poids quelconque, afin d'en hâter
aussi des veaux qui ont six ou huit pieds, la sortit; par le tiraillement que ce poids pro
etc., etc. Tous ces vices de conformation né duit sur la portion du délivre qui est restée
cessitent l'embryoloniie. dans la matrice. Ce moyen, généralement
mauvais , en ce qu'il peut déterminer, par
D. Obstacles dépendant de la conformation suite des efforts expulsifs qu'il provoque, le
vicieuse de la mère. renversement de la matrice, ou d'autres acci
dents graves, ne doit cependant pas être re
Ils sont de plusieurs sortes; nous indique jeté d'une manière absolue; car lorsque le
rons rapidement les principaux, parce qu'ils sachet ou le poids ne pèse que très - peu
nécessileut tous des opérations graves, qui ne (une livre par exemple), il peut, enexcitant lé
peuvent être tentées què par des vétérinaires. gèrement les efforts de la matrice, favori
1° L'étroitesse du bassin. Elle peut être ser la sortie du délivre. Toutefois, un aulre.
portée à un haut degré, et provenir, soit d'une inconvénient inhérent à cette méthode est
286 ANIMAUX DOMESTIQUES foncé. CHIRURGIE.
Seulement, dans les vaches etm. autres
m.
de déterminer la rupture du cordon auquel
le sachet est attaché, ce qui rend beaucoup femelles qui ruminent, on aperçoit par
plus difficile l'extraction de ce qui est resté place sur cet'e surface, les cotylédons, espèces
dans la matrice. de gros mamelons qui ont acquis un dévelop
Lorsque le délivre n'est point sorti, qua pement considérable pendant la gestation.
rante-huit heures après l'accouchement, il Lorsque la sortie de la matrice est com
faut, sans attendre plus longtemps, appeler plète, elle pend, sous la forme indiquée ci-des
un vétérinaire, afin de faire extraire le délivre sus, jusque sur les jarrets de la femelle quand
par des manipulations particulières : car si celle-ci est debout. Souvent, la surface en est
cette opération est mal faite, elle est suivie altérée par le contact de l'air, salie par les
d'hémorragie ou du renversement de la ma parcelles de fumier ou de paille qui sy sont
trice; et si elle est incomplète, si une partie collées, ou froissée et ecchymosée par les frot-
du délivre reste dans la matrice, cette portion temens et les manipulations indiscrètes aux
se putréfie bientôt, est rejetée par morceaux; quels elle a été exposée. L'espèce de pédon
et si la béte ne meurt pas de fièvre putride, cule par lequel cette masse tient à la vulve,
elle maigrit et on éprouve une diminution et dans lequel passent les différens vaisseaux
notable dans la quantité de lait qu'elle four qui sortent de la matrice ou qui s'y rendent,
nit. peut être assez tendu pour que la circulation
Lorsqu'il y a plus de trois ou quatre jours y devienne fort difficile. Alors le sang qui ar
que le part a eu lieu, le resserrement de l'en rive dans le tissu de la membrane muqueuse
trée de la matrice empêche qu'on puisse ne peut s'en échapper que lentement et avec
extraire le délivre avec la main. D'ailleurs peine, engorge son tissu, distend ses vaisseaux,
cette opération fut-elle possible, ne serait pas et lui donne une teinte sombre et quelquefois
sans danger pour celui qui la tenterait. Alors violacée. La bête est dans un état d'agitation
il n'y a pas d'autre moyen que d'attendre la qu'expliquent facilement les vives douleurs
sortie du délivre en morceaux par suite de la qu'elle éprouve.
putréfaction qu'il éprouve dans la matrice. Il est donc urgent de remédier le plus tôt
On emploie avec succès, pour en hâter l'ex possible à un élat de chose qui ne pourrait se
pulsion, les injections d'eau aromatisée tiède prolonger sans danger pour la vie de la fe
dans le vagin, en ayant soin de pousser le li melle. La rentrée de l'organe déplacé, son ré
quide de l'injection jusque dans la matrice. tablissement à l'aide de manipulations parti
On peut remplacer avec avautage ces injec culières et bien entendues dans sa position nor
tions par celles de chlorure de chaux liquide male, et l'emploi de moyens propres à le con
que l'on emploie de la même manière. tenir pendant quelque temps dans cette po
sition, sont les indications qui se présentent à
remplir.
Section xiv. — Renversement et réduction du Ces opérations s'exécutent à peu près de
vagin et de la matrice. la même manière dans le cas de renverse
ment du vagin et de la matrice ; elles sont
seulement plus difficiles dans ce dernier cas.
Il arrive assez fréquemment, dans les va Je me bornerai à dire comment il convient
ches surtout, qu'à la suite d'un part laborieux, d'agir quand la matrice est renversée, ces in
d'un avortement, ou d'une délivrance difficile, dications pouvant parfaitement s'appliquer
le vagin se renverse seul, ou bien que ce ren au cas plus simple de renversement du vagin.
versement soit accompagné de celui de la ma Avant de commencer aucune manœuvre de
trice. réduction, on nettoie la surface, de la tumeur,
Dans le premier cas, l'accident se reconnaît soit avec de l'eau émolliente quand les parties
aux caractères suivans : une tumeur d'autant sont vivement irritées, soit avec du cidre, de
plus considérable que le renversement est la bière, ou du vin tiède, quand elles ont une
plus complet se montre au dehors et sort par teinte pâle, blafarde où plombée. Si la mu
la vulve. Sa surface est celle d'une membrane queuse est très-engorgée, infiltrée par beau
muqueuse de couleur variable du rouge clair coup de liquide séreux ou sanguinolent, on la
au rouge foncé ou violacé. Le pourtour de la dégorge par beaucoup de mouchetures de 3
base par laquelle cette tumeur tient à la vulve ou 4 lignes de profondeur, en pressant légè
ne présente aucune espèce de conduit par rement sur les parties infiltrées pour expri
lequel il soit possible de pénétrer dans les or mer le liquide qu'elles contiennent. On doit
ganes de la génération. A sa partie la plus posté aussi, avant de faire aucune tentative, vider le
rieure et la plus déclive, on remarque des rectum des excrémens qu'il peut renfermer;
rides au milieu desquelles on rencontre une et, si l'exploration fait reconnaître un état de
excavation prolongée et profonde qui consti plénitude de la vessie, on doit désemplir cet
tue un véritable canal par lequel on peut par organe, en donnant une issue à l'urine au
venir à la matrice. moyen d'une sonde creuse introduite par le
Le renversement de la matrice, lorsqu'il est conduit urinaire, dont l'ouverture, dans ce
complet, est caractérisé par une tumeur cas, se trouve en dessous du pédoncule de la
très-volumineuse, allongée en forme de poire, tumeur, à 5 ou 6 pouces environ de l'angle in
figurant une espèce de grand sac qui sort par férieur de la vulve. Ces premières précautions
la vulve et semble lui appartenir. L'extrémité prises, on se met en devoir de procéder à la ré
qui répondà cette ouverture est moins grande, duction.Aceteffet,on fait disposer le sol du local
et la base qui descend est renflée et plus volu de manière qu'il soit plus élevé dans l'endroit
mineuse. De même que lors du renversement où doivent reposer les membres postérieurs,
du vagin, la surface de cette tumeur est une et on fait préparer une boune litière; on fait
membrane muqueuse d'un rouge variablement relever la béte, si elle est couchée; et, si on
chap. 3. RENVERSEMENT ET RÉDUCTION denouveau DU VAGINauET moindre
DE LAeffort;
MATRICE.
c'est pourquoi
Î87
la déplace, on fait soutenir la matrice par des
aides au moyen d'un drap qui sert ensuite à il est très-souvent indispensable de contenir
soulever l'organe et le maintenir à la hauteur momentanément les parties dans la position
convenable pour la facilité de la réduction. Il où on les a rétablies au moyen de l'un des
est souvent utile de chercher à détourner l'at bandages ou pessaires usités en pareille cir
tention de la béte, en lui mettant un tord-nez constance. Il est quelquefois avantageux,
si c'est une jument, et en lui pinçant la cloi quand la femelle est jeune et vigoureuse, et
son nasale si c'est une vache. Si la béte est que les efforts qu'elle fait résultent de l'état
chancelante, on la fait soutenir par quelques d'irritation manifeste de la muqueuse de la
aides. Après s'être coupé les ongles bien uni matrice, de pratiquer une ou deux saignées
ment, et s'être graissé le bras avec une huile pour calmer cet état. On fait en même temps,
douce quelconque, ou avec un autre corps mais avec la plus grande précaution, des in
gras non altéré, on fait soulever et élever à la jections tièdes de décoction de racine de gui
hauteur de la vulve sa matrice placée sur un mauve ou de graine de lin; les lavemens de
drap huilé ou trempé dans l'eau de lin, et dont même nature, en facilitant les défécations,
les coins sont noués au cou 'de deux aides, préviennent aussi des efforts qui pourraient
placés de chaque côté et destinés à le main amener un nouveau renversement.
tenir. On examine si la délivrance est parfai Les moyens contentifs conseillés pour faire
tement opérée, s'il ne reste pas quelques débris obstacle à une rechute immédiate après la ré
ou des portions plus considérables d'arrière- duction, sont de deux ordres. Les uns sont de
faix qui peuvent encore adhérer. Cela fait, simples bandages appliqués à l'extérieur des
on cherchej à détacher les fragmens des co cavités génitales; les autres sont des instru-
tylédons , s'il s'agit d'une femelle didac- mens qui pénètrent dans les cavités, et les
tjle, en commençant parceux qui présentent soutiennent par leur fond. Ces derniers sont
le moins de résistance, et l'on l'ait verser de connus sous le nom de pessaires.
l'eau tiède sur les parties qu'on tend à sé Je parlerai d'abord des bandages, que je re
parer. Quajit aux fragmens qui exigent une garde, avec le plus grand nombre des vétéri
certaine force pour être isolés, on soutient de naires, comme de beaucoup préférables aux
la main gauche la face interne de la matrice, pessaires par des motifs faciles à comprendre.
et de la droite on tire et on sépare tout ce Les pessaires en effet par le contact prolongé
qui tient aux cotylédons. On continue ainsi sur la face interne du vagin ou de la matrice,
jusqu'à ce que tous les restes du délivre, ou par la pression, par les frottemens même qu'ils
le délivre en entier, soient complètement y exercent, irritent encore cette surface déjà
détachés; s'il existe des escarres gangre trop irritée ; et, occasionnant par leur pré
neuses, on les enlève, puis on procède à la sence un sentiment de gêne à l'animal, le sol
réduction proprement dite ainsi qu'il suit: licitent à de nouveaux efforts alors qu'on doit
L'opérateur cherche dans la masse formée tout faire au contraire pour les éviter. Un
par la matrice la plus grande corne, celle qui autre inconvénient des pessaires, surtout de
renfermait le fœtus, la saisit par le fond et la ceux qui ont un certain volume, est de ren
pousse avec le poignet, la main étant fermée, drePlusieurs
difficilesformes
l'expulsion
de bandages
et la sortie
ontdeété
l'urine.
con
de manière à la faire rentrer sur elle-même;
on maintient cette corne, en partie rentrée, seillées; les deux suivantes sont celles qui me
avec l'autre main, et, déplaçant le poignet, on paraissent les plus simples à la fois et les plus
l'applique sur les parties qui sont restées en faciles à mettre en usage.
arrière: on pousse de cette manière jusqu'à L'un de ces bandages employés dans beau
ce que l'on soit arrivé à la vulve ; on engage coup de parties de la France {fig- 197), se com
les parties dans les lèvres de cette ouverture, pose d'un collier de cuir muni d'une boucle
et 1 on fait en sorte de les faire arriver dans ou d'une longe de corde, et d'une corde de la
le bassin, où l'on agit graduellement dans la grosseur du petit doigt, d'une longueur telle,
direction de la cavité pelvienne, en évitant de qu'elle puisse parcourir tous les contours
pousser au moment ou la bête fait des efforts qu'on lui fait suivre sur l'animal : celte lon
expulsifs; pendant qu'elle les exécute, on se gueur peut être d'environ trente pieds. J'ob
contente de maintenir purement et simple serverai que dans les campagnes on trouve
ment les parties, pour éviter leur retraite et pour remplir ce but des guides de chevaux
sans chercher à vaincre l'obstacle instantané, de charrue très-propres à cet objet. On place
car les tissus, placés entre deux forces oppo d'abord le collier à l'origine de l'encolure;
sées, pourraient se déchirer. Dès que les ef ensuite on plie la corde en deux parties égales,
forts expulsifs cessent, on pousse de nouveau puis on la place à cheval sur la partie posté
à l'effet d'avancer la réduction et de la termi rieure du garrot, de manière à laisser chaque
ner. Quand une portion est rentrée, on met portion tomber sur les parties latérales et an
une înain sur la vulve et de l'autre on cherche térieures des côtes pour passer sous les ars
les autres portions pour se comporter de antérieurs. En arrivant à la partie antérieure
même à leur égard. On a soin d'étendre la du poitrail, chaque portion de cette corde se
matrice pour prévenir une seconde invagina conduit, celle de droite à gauche, et viceversâ
tion. L'opération étant terminée, si le dépla pour l'autre portion, de manière qu'il y ait
cement est récent, si la bête ne fait que peu croisement; de ce point, chaque portion, se
d'efforts expulsifs, il peut suffire de la tenir à conduisant toujours séparément, suit la partie
l'écurie ou a l'étable, de telle sorte que le der antérieure des épaules, en passant sur le col
rière soit plus élevé que le devant, eu évitant lier de dessous en dessus; puis ensuite l'une
de l'inquiéter et de la solliciter au moindre et l'autre portion de la corde se réunissent à
mouvement; néanmoins presque toujours, sur la partie supérieure de l'origine de l'encolure
tout dans la vache, la matrice tend à se déplacer par un nœud simple, c'est-à-dire formé par
un
288 des côtés sur l'aulre,ANIMAUX
susceptible
DOMESTIQUES
d'être
Fig. 194. : CHIRURGIE. LIT. III.
CHAPITRE V. — PAittoLociE.
S
314 ANIMAUX DOMESTIÇ JES : PATHOLOGIE. uv.w.
combattue vigoureusement, dès son début, un soulagement momentané ; mais bientôt il
£ar d'amples saignées répétées ; on a vu saigner survient des coliques atroces auxquelles la
ait à dix fois dans les premières vingt-quatre mort seule met un terme. La cystite peut en
heures, et ce traitement être suivi d'un plein core se terminer par gangrène : cette funeste
succès. En même temps on place l'animal terminaison est annoncée par la cessation des
dans une température douce, on lui tient le douleurs, la couleur noirâtre et l'odeur fétide
ventre libre au moyen de fréquens lavemens des urines, l'effacement du pouls et bientôt la
émolliens ( n° 7 ) ; on lui administre à l'inté mort.
rieur des breuvages faits avec la gomme ou la Traitement. Au commencement de la mala»
décoction de graine de lin ; on le soumet au die on fera des saignées légères et répétées; ou
repos et à la diète, et on applique sur la région donnera des lavemens adoucissans (n° 7);
des reins uu large sachet émollient fait avec on administrera des breuvages composés
le son et la farine de lin que l'on tient con avec la décoction miellée de graine de lin ou
stamment humide en l'arrosant avec de l'eau la gomme arabique; on dirigera sous le ventre
tiède ou de la décoction de son. Il est néces des vapeurs d'eau bouillante, et on appliquera
saire de persister dans l'emploi de tous ces sur les lombes un sachet émollient, comme
moyens jusqu'à la diminution des symptômes. dans le cas d'inflammation des feins. On se
Ce premier effet étant obtenu, l'application de gardera bien surtout de l'usage du sel de nitre,
sétons aux fesses peut contribuer à hàler la et de toutes les substances dites diurétiques,
guérison. Il est essentiel de ne remettre dont l'effet est de produire une plus grande
qu'avec les plus grandes précautions l'animal formation d'urine. Il importe de s'assu
à sa nourriture ordinaire et à son travail. rer de bonne heure de l'état de la vessie:
pour cela on enfonce un bras huilé dans le
§ V. — Catarrhe vésical ( cystite, inflammation rectum, que l'on commence par vider avec la
de la vessie). main desexcrémens qu'il peut contenir ; pub
on cherche la vessie qui se trouve immédiate
Les causes de cette maladie sont : la pré ment au-dessous du rectum ; si la vessie est à
sence des calculs et le séjour trop prolon peu près vide, on la sent difficilement ; si au
gé de l'urine dans la vessie; les secousses contraire elle est seulement à demi pleine,
que produisent les efforts violens auxquels on trouve sous la main un corps arrondi dans
les animaux se livrent pour entraîner les far l'intérieur duquel on reconnaît facilement la
deaux, surtout quand la vessie se trouve présence d'un liquide : alors on cherche à la
pleine ; l'abus des médicamens auxquels on vider en exerçant sur elle, avec toute la sur
suppose la propriété de développer tes cha face de la main, une douce pression dirigée
leurs; l'application de larges vesicatoires sur du fond vers le col; puis on tâche de recon
les fesses, la poitrine; les arrêts de tran naître si elle contient des calculs {pierres).
spiration, l'exposition au froid humide, etc. Sur la fin de la maladie, on peut rendre te
Les symptômes sont : l'anxiété, l'agitation, le traitement légèrement tonique, en adminis
trépignement des membres postérieurs, les trant quelques breuvages d'infusions amères
fréquentes envies d'uriner; l'urine est tantôt (gentiane, absinthe, sauge, petite centaurée),
claire, plus souvent trouble et rougeâlre ; elle et en faisant un choix de bons alimens que
s'échappe par jets et avec une grande diffi l'on donne en petite quantité à la fois.
culté; il y a même quelquefois pissement de Chez les bétes à laine, le catarrhe vésical se
sang. L'animal a la peau sèche et chaude, le développe fréquemment dans les troupeaux
pouls dur et fréquent ; il regarde ses flancs, que l'on mène paître dans les champs de ge
agite sa queue, a des mouvemens de colique; nêt d'Espagne; cette maladie, commune dans
en le fouillant on trouve le fondement chaud, les Cévennes , y a reçu le nom particu
la vessie pleine et très-douloureuse : les co lier de genestade; on la guérit en administrant
liques sont d'autant plus fortes que la maladie aux bêtes malades des boissons adoucissantes,
est plus grave et plus étendue ; pour bien dis telles que l'eau blanchie par le son ou la fa
tinguer ces coliques de celles qui résultent rine, les décoctions de mauve, guiroauw,
d'un état maladif de l'intestin, il faut bien graine de lin, etc.
faire attention à l'attitude dans laquelle se
place le malade. Dans les coliques ordinaires, S VI.— Pissement de sang {hématurie).
il n'est pas rare de voir l'animal, le cheval
particulièrement, s'allonger et écarter ks Le pissement de sang est un des symptômes
quatre membres ; mais il s'étend seulement, des deux maladies qui précèdent; cependant
et les membres postérieurs ne sont jamais à les bêtes à cornes sont quelquefois attaquées
demi fléchis, comme cela a lieu quand l'ani d'un pissement de sang dont la nature n'est
mal atteint de cystite veut faire des efforts pas bten connue ; j'en dirai quelques mots en
pour uriner; en outre, dans ce dernier cas, traitant des maladies particulières à ces ani
toute l'épine est voussée en contre-haut, et le maux.
bassin se trouve porté en avant. — Si le trai
tement que l'on met en usage parvient à cal S VII. — Diabétts (flux immodéré d'urine).
mer la force de l'inflammation, on voit tous
les symptômes diminuer graduellement de Cetle maladie affecte plus souvent les che
violence ; mais il arrive quelquefois qu'il vaux que les autres animaux; celui qui en est
existe dans la vessie un obstacle à la sortie atteint a une soifpour ainsi dire inextinguible,
des urines; celles-ci continuent à arriver et rend cinq à six fois autant d'urine que
dans ce réservoir, le distendent outre mesure dans l'état ordinaire; cette urine est pâle,
et finissent par en occasionner la rupture : le peu chargée de principes salins ou animaux,
premier effet de cet accident est de procurer et modifiée dans sa nature. La température
cmat.S. PATHOLOGIE SPÉCIALE,
de la peau est abaissée, les excréinens sont tumeur ovoïde ou sphéroïdale très-pesante,
secs, le poil est piqué, les muqueuses appa
rentes sont rouges et pointillées, la verge des peu chaude, sans fluctuation, sans change
ment de couleur à la peau, d'une grosseur
mâles est presque toujours pendante ; il y a très-variable, mais qui peut devenir énorme,
en même temps de l'abattement et un peu de puisqu'on saient jusqu'à
en a50vulivres.
chez Onles achevaux
proposequidiffé-
pe-
fièvre. La durée de la maladie est de trois se
maines environ. Les causes en sont incon rens remèdes pour faire fondre le sarcocèle;
nues. Le traitement doit être entièrement mais fructueux;
ces remèdes
le meilleur
sont presque
moyen àtoujours
employer, in*
tonique : une nourriture substantielle et con
tenant beaucoup de principes nutritifs sous un consiste à faire l'ablation du testicule ma
petit volume (féveroles, pois, sainfoin, avoine lade.
pesante), des boissons ferrées, quelques toni
ques à l'intérieur (n"' 26,29) contribuent à faire F. Maladies de la peau.
disparaître plus promptement la maladie.
' § I". - Gale.
S VU1. — Inflammation des testicules(<#rf/nn/e). 31$
Maladie cutanée essentiellement conta
Cette maladie, qui peut attaquer tous les ani gieuse, consistant en des vésicules légèrement
maux, mais qui se montre plus fréquemment élevées au-dessus du niveau de la peau, con
sur les gros chevaux de trait, est ordinaire stamment accompagnées de démangeaison,
ment occasionnée par des coups, des contu velopper transparentes à leur sommet, contenant uq
sions, des compressions, des frottemens, des liquide séreux sur toutes
et visqueux,
les partiesetdupouvant
corps des
se ani
dé'
efforts violens, des travaux difficiles et pé maux, mais se montrant plus fréquemment
nibles, etc. Elle se reconnaît à l'engorgement dans les plis des articulations, sur les cotés du
qui se manifeste aux testicules, à la chaleur et
à la sensibilité de ces parties, à la tension des garrot, de l'épine, des côtes, de l'encolure, etc.
bourses, à la difficulté de la marche, à l'écar Cette maladie parait due à la présence d'un pe
tement des membres de derrière et à la roi- duit tit insectedugenre acarus, dont la piqûre pro
deur des reins. Quand l'inflammation est un sillon les vésicules et qui se creuse a coté d' elle
très-intense, le pouls devient dur et fréquent, l'apercevoir dans lequel il se loge et où l'on peut
l'animal perd l'appétit, s'agite et parait éprou animaux domestiquesà l'aide d'une loupe. — Tous les
ver des douleurs abdominales très-vives. La mais le cheval, le mouton sont sujets à la gale;
maladie peut se borner à un testicule ou s'é beaucoup plus souvent et le chien en sont
attaqués que les
tendre aux deux, et se propager le long des
cordons jusque dans l'abdomen. Enfin, après autres. Causes. La gale peut se développer sponta
quelques jours de durée, la maladie se ter nément par la malpropreté ; elle se montre
mine, soit par la guérison pure et simple, soit fréquemment
par le développement d'un abcès dans le tes beaucoup, quisur les animaux qui travaillent
ont une mauvaise nourriture,
ticule, soit enfin par l'induration de cet or
gane. et sont exposés à toutes les intempéries. Une
fois développée sur un animal, elle peut se
Traitement. — Les saignées au cou ou bien communiquer
au plat de la cuisse, l'application des sangsues espèce par contact aux autres animaux de la même
aux testicules, si l'on a affaire à un petit ani mède des objets qui immédiat, ou par l'inter
mal; les lotions émoi lien tes sur ces parties; les animaux malades. ont été en rapport avec,
l'application de cataplasmes adoucissans sou Symptômes. Chez tous les animaux la gale
tenus à l'aide d'un bandage approprié; un débute ordinairement par une démangeaison
repos absolu, un régime sévère, des boissons assez vive dans les parties où les vésicules
d'eau blanche légèrement nitrées, des lave- doivent apparaitre ; cette démangeaison aug
mens émolliens administrés à. des époques mente le soir, et surtout
rapprochées : tels sont les moyens à mettre en des écuries. Bientôt leslapoils nuit par la chaleur
usage dans le principe; s'il se développe un des lieux variables et laissent tombent dans
abcès, on l'ouvre; si le testicule s'indure, on a tions plus ou moins étendues deà lanupeau. des por
Des
recours aux frictions résolutives ( n° 25), aux pustules se montrent sur celle-ci et gagnent
applications savonneuses. de proche en proche; la démangeaison est en
rapport avec le nombre de ces pustules ; les
§ IX. — Sarcocèle. animaux ne peuvent la supporter lorsqu'elles
sont nombreuses; ils se frottent les uns con
Cest une tumeur formée parle gonflement tre les autres, ou contre les corps durs, ou
squirrheux ou cancéreux du testicule. Celte bien ils se grattent avec les pieds, se mordent,
lésion, toujours grave, doit être considérée se déchirent, augmentent ainsi l'irritation qui
comme la suite ou le résultat des inflamma a précédé le développement des boutons;
tions du testicule passées à l'état chronique; ceux-ci ne tardent pas à s'ouvrir et à donner
quelquefois, cependant, le sarcocèle se déve écoulement au liquide visqueux qu'ils conte
loppe lentement, insensiblement, sans être naient, liquide qui, en se concrétant, forme des
précédé d'une inflammation appréciable, et petites croûtes minces, légères et peu adhé
sous l'iqfluence de causes très-obscures ; mais rentes.
au bout de plusieurs mois, et quelquefois de Chez le cheval. La gale se montre très-sou
plusieurs années, le testicule a acquis un vo vent à l'encolure des chevaux de trait entiers,
lume assez considérable pour que la maladie lorsque ces animaux ont cette partie très-dé-
devienne apercevable à tous les yeux. Le tes veloppée, et pourvue de nombreux plis dans
ticule se présente alors sous la forme d'une la portion qui supporte la crinière; c'est sur»
310 ANIMAUX DOMESTK UES Preou
: PATHOLOGIE.
: Fleurs de soufre. . • 8 onces.
Llv.m.
tout dans ces plis que la gale survient. Cette
variété très-rebelle, et résistant opiniàtrément Sulfure d'antimoine. 4 onces.
à presque tous les traitemens que l'on met Cantharides en poudre. . ^ once.
Euphorbe 1 once.
en usage, a reçu le nom particulier de roux- Mêlei très-exactement et conserve» pour l'usage.
vieux.
Chez le mouton la gale apparaît le plus sou Lorsqu'on veut se servir de cette poudre
vent sur le dos, la croupe et les flancs; de ces antipsorique, on l'incorpore dans la graisse
régions cette maladie se propage sur tout le de porc dans la proportion d'une partie de
corps. Si l'on écarte les toisons dans les pla cette poudre pour quatre de graisse, et.l'on
ces malades, on y trouve la peau rude, dure, a une pommade antipsorique, très-écono
tuméfiée et couverte de petites pustules dont mique, d'un emploi très-facile, et dont l'ef
le pincement excite l'animal à se défendre. ficacité ne s'est jamais démentie entre mes
La laine est altérée, sèche, cassante, sans élas mains. Sous son influence j'ai même vu dis
ticité; les bétes frappent du pied, mordent paraître des roux-vieux très-anciens et très-
leur toison et se frottent contre les arbres. invétérés ; mais il a fallu, dans ces circon
Chez le chien la gale peut affecter deux for stances, persévérer pendant longtemps sur
mes : lf celle d'une éruption miliaire de pe son emploi ; en un mot je n'ai jamais eu qu'à
tits boutons rougeàtres, qui survient sur tout me louer de ce médicament que j'emploie
le corps, ou sur quelques-unes de ses parties, presque à l'exclusion de tout autre, et je n'hé
et principalement au plat des cuisses, des site pas à prédire des succès certains aux per
avant-bras et sous le ventre : cette variété sonnes qui voudront le mettre en usage, et
porte le nom de gale rouge ; 2"î la seconde qui emploieront en même temps les moyens
forme, qui se montre particulièrement sur le accessoires. Est-il nécessaire d'avoir recours à
dos, est caractérisée par des écailles sèches, un traitement interne ? Je ne le pense pas, et
grisâtres, que l'on aperçoit entre les poils, je crois que, dans l'immense majorité des cas,
ui deviennent eux-mêmes d'autant plus ru un traitement local, d'abord émollient puis
a es, plus gros et plus rares, que la maladie est spécial, doit suffire. Cependant lorsque la gale
plus ancienne c'est cette espèce de gale qui est très-ancienne et très-invétérée, que la peau
est appelée rogne ou roux-vieux. est devenue épaisse et calleuse, que les poils
Traitement. Chez tous les animaux jeunes, sont ternes, piqués, enduits de crasse grais
sanguins, chez lesquels la démangeaison pa seuse, il est peut-être bon d'agir sur l'organe
rait considérable , et la gale accompagnée cutané, et de chercher à en ramener la sou
d'une forte inflammation de la peau, il est plesse et l'intégrité, par l'action de quelques
avantageux de débuter par une ou deux sai médicamens diaphoniques convenablement
gnées générales, et par l'application, sur les administrés. Dans ce cas les breuvages faits
places galeuses, de lotions émollientes; tandis avec l'infusion de fleurs de sureau, l'admini
que dans toutes les autres circonstances on stration du crocus d'antimoine et de la' fleur
peut mettre de suite en usage les moyens spé de soufre (n°s 72, 73, 75), peuvent avoir un bon
ciaux
Le soufre
que je vais
est sans
indiquer.
contredit l'agent le plus résultat. U y a des praticiens qui conseillent
encore d'avoir recours à l'application d'un
généralement employé dans le traitement de séton au poitrail et à l'action d'un purgatif
la gale. On varie de mille manières les for avant et après le traitement de la gale invé
mes sous lesquelles on le met en usage; la térée. Je n'y vois pas d'inconvénient.
plus simple est la pommade soufrée qui ré Ce que je viens de dire sur le traitement de
sulte du mélange d'une partie de soufre sur la gale, s'applique plus particulièrement au
quatre de graisse de porc. On l'emploie en cheval qu'aux autres animaux domestiques.
frictions, tous les jours, sur toutes les parties — Les chiens, pouvant être placés et mainte
qu'occupe l'éruption. La pommade d Helmc- nus dans des baignoires, doivent d'abord être
rick, dont l'action est plus certaine que celle soumis à l'usage des bains émolliens, puis des
de la précédente, est composée comme je l'ai bains faits avec la dissolutionde sulfure de
fait connaître à laformule n" 78. On l'emploie potasse. A l'action de ces bains on doit joindre
aussien frictions, en alternant celles-ci aveedes l'application d'une des pommades antipso-
lotionsfaitesaumoyend'une dissolutionde sul riques indiquées plus haut. — MM. Lebas et
fure de potasse.— Le mercure est, après le sou Lelong ont conseillé de combattre la gale de
fre, l'agent le plus employé contre la gale. Il ces animaux par l'usage d'une pommade dont
entre dans la composition de la pommade ci- j'ai donné la formule au np 79.
trine, de la pommade mercurielle, etc. Cette Lorsque les moutons sont affectés de gale,
dernière devient encore plus efficace dans le et que celle-ci est peu étendue, les bergers se
traitement de la gale, lorsqu'on y incorpore contentent ordinairement de gratter la surface
une partie de soufre sublimé, pour quatre galeuse, et d'y appliquer de la salive imprégnée
parties d'onguent mercuriel. — Un médica de tabac. Lorsqu'elle est plus étendue, ils ont
ment peuco/i teux et dont on a obtenu plusieurs quelquefois recours avec avantage soit à un
fois des succès presque inespérés, est formé mélange de quatre parties de graisse et d'une
par un mélange à parties égales de goudron partie d'essence de térébenthine, soit à un
et de savon vert ; on étend ce mélange sur les topique composé de parties égales de fleurs
places galeuses. de soufre, sel gris, poudre à canon, le tout
Il y a encore une foule de médicamens qui bien broyé, et uni ensemble à l'aide d'un peu
ont été préconisés et employés avec avantage, d'essence de lavande. J'ai vu employer avec
dans le traitement delà gale; mais il en est avantage, par des bergers de la Brie, une
un dont la formule m'appartient, et dont pommade composée de graisse de porc, mer
l'expérience m'a prouvé l'efficacité un grand cure et vert de gris; une once de chacune de
nombre de fois. Voici sa composition : I ces deux dernières substances bien mêlée
CHAT. 5. PATHOLOGIE SPÉCIALE. 317
dans huit onces de graisse : telle est, autant de précipité blanc, etc. , peuvent très-bien con
que je puis me le rappeler, la formule de ce venir. Pendant toute la durée du traitement
médicament. — Quelquefois on applique ces il est bon d'administrer tous les jours aux ani
topiques en se contentant d'écarter la laine, maux des breuvages diaphorétiques ( n° 75 ) et
d'autres fois il faut avoir préalablement re de les soumettre aux boissons nitrées; on peut
cours à la tonte. même, avoir recours avec avantage à l'usage
. d'un purgatif (n0' 41, 43, 44, 45, 46, 47, 48) au
§ II. — Dartres. commencement et à la fin du traitement.
Maladies de la peau, ordinairement chroni- § III. — Erysipèle.
ques,caractérisées par de petits boutons rouges,
{>ustuleux, réunis en plaques plus ou moins C'est une maladie de la peau, aiguë, super
arges et de formes très-variées. Ces plaques ficielle, souvent très - étendue, sans gonfle
sont communément arrondies, s'accompa ment sensible, susceptible de se déplacer,
gnent d'une grande démangeaison et se recou caractérisée par une rougeur jaunâtre, irrégu
vrent soit d'une poussière farineuse, soit de lière, que l'on aperçoit en écartant les poils ou
croûtes ou d'écaillés, soit enfin d'une matière la laine. L'animal éprouve d'abord de la dé
fétide. Cest cette différence d'aspect qui a fait mangeaison, puis de la douleur quand l'inflam
diviser les dartres en sèches, humides, croûteu- mation est a son plus haut degré; quelquefois
ses et ulcéreuses. — 1° Les dartres sèches sont des vésicules remplies de sérosité jaunâtre se
blanchâtres, peu saillantes, recouvertes d'une forment à la surface de la peau. Dans quelques
sorte de poussière ou de petites écailles très- cas l'inflammation se propage au tissu cellu
minces; elles sont ordinairement chroniques laire sous-cutané; il y a alors gonflement con
et toujours accompagnées de démangeaison et sidérable, rougeur et douleur très-développées,
de la chute totale des poils de la partie malade; et l'érysipèle prend le nom de phlegmoneux.
elles se remarquent plus particulièrement Enfin l'inflammation peut être accompagnée
dans les endroits où la peau est adhérente aux du développement de sérosité qui se dépose
os ; elles attaquent le cheval et le chien, et sur dans le tissu cellulaire sous-cutané; dans ce
tout ce dernieranimal.—2" Les dartres humides cas l'impression du doigt sur la peau persiste
laissent suinter un liquide visqueux, séreux, qiielque.temps, et l'érysipèle est dit œdéma
âui rassemble les poils en mèches. Ces sortes teux. Toutes les fois qu'il y a seulement dé
e dartres, qui affectent principalement les mangeaison, chaleur, douleur, rougeur, déve
chiens, se développent ordinairement à la tête, loppement de petites vésicules pleines de
envahissent quelquefois plusieurs parties du sérosité jaunâtre, on dit que l'érysipèle est
corps et déterminent un amaigrissement consi simple. Cette dernière variété est la plus
dérable.—3° Les dartres croâteuses sont carac commune; elle change souvent de siège, se
térisées par des croûtes irrégulières, grisâtres, porte de la tète à la croupe, d'un membre à
jaunâtres, qui recouvrent la peau et sont quel un autre, peut affecter toutes les parties du
quefois parsemées de points numides ; elles ne corps, mais se montre principalement à la tête
produisent qu'une faible démangeaison. — et aux jambes. Lorsque cette maladie ne dé
4° Enfin, dans les dartres ulcérées, la peau de- pend pas d'une autre affection, elle suit une
•vientdure,inéçale,raboteuse,s'ulcèreet fournit marche régulière, et se termine après quel
une matière fétide et grisâtre. Cette variété se ques jours de durée, en ne laissant, comme
remarque plus; particulièrement chez les trace de son apparition, que de petites écailles
chiens; on la connaît sous le nom de dartre ron farineuses qui ne tardent pas à tomber.
geante. — Les causes des dartres sont la mal- Le cheval, le bœuf, le chien et le mouton
Î>ropreté, la chaleur excessive de quelques étés, peuvent être attaqués de l'érysipèle ; mais ce
a mauvaise nourriture, les eaux malsaines, la dernier animal y est plus sujet que les autres.
disette, la misère, les travaux excessifs, les — Les causes de cette maladie sont les erreurs
logemens humides et mal aérés, les localités de régime, l'usage des alimens excitans et des
basses, humides et marécageuses. eaux altérées et croupies des marais et des
Traitement. Il faut d'abord rechercher les mauvaises mares, la suppression brusque de
causes des dartres et mettre les animaux dans quelque écoulement habituel, les piqûres d'in
des conditions opposées; une bonne nourri sectes à aiguillons, la malpropreté, etc. Outre
ture, de bons soins, la propreté la plus minu cela,l'érysipèle s'associe souvent au phlegmon,
tieuse sont des auxiliaires qu'il ne faut pas né à l'œdème, à de grandes plaies et a diverses
gliger. — Les plaques dartreuses devront être maladies aiguës.
soumises au traitement suivant : Pendant plu Traitement. L'érysipèle qui ne dépend pas
sieurs jours on les lotionnera fréquemment d'une autre maladie cède souvent aux appli
avec de l'eau émolliente (n° 6), et on insistera cations émollientes secondées par une demi-
d'autant plus sur ce moyen que les dartres diète; s'il est intense, on doit essayer de le
s'accompagneront d'une inflammation plus faire avorter dès le début par la saignée géné
forte. Les chiens, et en général tous les petits rale, les applications émollientes (n°' 3, 6) et
animaux, pourront avec avantage être placés l'usage des boissons acidulées (n0! 12, 13); les
dans des bains tièdes. Après quelques jours onctions d'onguent mercuriel ont été vantées
de'ce traitement, les lotions émollientes seront comme de bons abortifs de cette affection. On
remplacées par des lotions ou des bains anti- a conseillé de fixer Vérysipèle ambulant au
psoriques (n° 76) et par des onctions de topi moyen de vésicatoires: mais on voit très-sou
ques antidartreux : le mélange à parties égales vent la maladie s'étendre et faire des progrès
de goudron et de savon vert, l'onguent mer- malgré l'emploi de ce moyen. — L'érysipèle
cunel soufré, le mélange d'onguent mercuriel phlegmoneux se termine souvent par sup
double et d'onguent vésicatoire, la pommade puration; il faut donner issue au pus aussitôt
SIS ANIMAUX DOMESTIQUES : PATHOLOGIE. liv. m.
qu'il est formé et réuni en abcès. Lorsque de manière à porter la tète en tous sens, et à
rérysipèle dépend d'une autre maladie, au la précipiter a coups redoublés contre terre.
traitement local que je viens de faire connaî Il y a en même temps grincement de dents,
tre, doit se joindre un autre traitement qui bave écumeuse, dilatation des naseaux ; les
tarie suivant la nature de l'affection à laquelle membres sont roides et en proie à de violen
on a affaire. tes convulsions ; la respiration est très-accé-
lérée et se fait par saccades ; l'animal est in
g IV* — Ebullition. sensible à l'action de la lumière, des coups,
des blessures, et le pouls est dur, fréquent et
C'est une éruption de petits boulons plus ou quelquefois irrégulief. Ces attaques durent
moins nombreux et rapprochés, qui survient trois a quatre minutes, quelquefois davantage;
quelquefois sur le corps des animaux domes puis les convulsions diminuent, le calme re
tiques, et qui se montre plus fréquemment sur naît, l'animal se relève, parait stupide, étonné,
le cheval. Cette éruptiou se développe particu lourd et fatigué; mais après quelques instani
lièrement aux épaules, aux cotés de la poi il se secoue, reprend son état habituel, et cher-
trine, le long du dos, aux reins, à la croupe et che à manger comme de coutume. — Chez le
au cou; ces boutons, qui surviennent souvent chien, le bœuf, la bête à faine, le porc, les
tout à coup, sont généralement larges, apla symptômes de l'épilepsie sont, a peu de chose
tis et indolens. Cette affection est peu grave; près, semblables a ceux que je viens de décrire.
il est même rare qu'elle trouble la santé; elle Les attaques reviennent à des époques indé
disparaît ordinairement d'elle-même au bout terminées; ordinairement elles s éloignent
de vingt à trente heures. Cependant elle s'ac d'un mois, six semaines au plus ; quelquefois,
compagne quelquefois d'un petit mouvement cependant, elles se font remarquer tous les
de fièvre, qui cède souvent comme par en jours et même plusieurs fois par jour; mais
chantement à l'emploi d'une saignée. L'ébul- dans ce cas l'épilepsie est aiguë et prompte-
tition est peu connue dans ses causes et dans ment mortelle. Volpi cite un cheval qui en
sa nature; il est probable que l'on confond sous offrait l'exemple deux ou trois fois en vingt-
ce nom vulgaire plusieurs affections bien dif quatre heures; M. le professeur Delafond a en
férentes les unes des autres, et qui auraient occasion d'observer l'épilepsie à l'état aigu sur
besoin d'être étudiées plus attentivement l'espèce du porc : un de ces animaux offrait
jusqu'à cinq ou six accès par heure.
G. Maladies du système nerveux. Quel est le traitement à opposer à l'épilep
sie? Je serais fort embarrassé pour le dttre.Lors-
} Pr. —Epilepsie (malsacré, mal caduc, haut mal). qu'on peut parvenir à connaître la cause de
cette affection, il est possible, en faisant dis
L'épilepsie est une maladie nerveuse, qui paraître cette cause, d'espérer la disparition
peut attaquer tous les animaux, et qui est de l'effet : c'est ainsi que l'épilepsie qui est
caractérisée par des attaques plus ou moins occasionnée chez les chiens par la présence de
éloignées de mouvemens convulsifs, généraux vers dans le canal intestinal, peut être guérie
ou partiels, qui durent plus ou moins long par l'administration des vermifuges. Mais
temps, et sont accompagnés de la suppression comme le plus souvent la cause est inconnue,
complète de la sensibilité et de l'exercice des on est réduit à errer dans le vague et à agir
différens sens; ces attaques surviennent tout an hasard. On a conseillé l'usage de l'opium,
d'un coup, et l'animal qui en est atteint tombe de la valériane, de la digitale pourprée, de l'é-
comme s'il était frappé de la foudre. — Les ther, de l'extrait de narcisse des près, etc.;
causes qui peuvent y donner lieu sont presque mais il faut le dire, les quelques succès qui
toujours obscures; une des plus fréquentes est ont été obtenus sont plutôt dus âtt hasard
la présence de vers dans le canal intestinal.On qu'aux mélhodes qui ont été successivement
admet encore parmi elles l'hérédité, la frayeur, préconisées. Eu résumé, l'épilepsie doit être
la colère,les plaies etles contusions sur le haut considérée comme incurable.
de la tète, les fractures du crâne, lesexostoses
survenues à la face interne de cette cavité, § II. — Tétanos (mal de Cerf.)
l'inflammation chronique des enveloppes du
cerveau. — Lafossc présume que les mauvais
fourrages, les maladies de la peau, la dispari- Cette maladie consiste dans utiecoïi traction
■ tion subite des éruptions qui caractérisent la permanente, et tout à fait indépendante de 1»
gale et le farcin, sont capables de produire volonté de l'animal, des muscles en général,
cette maladie. et plus particulièrement des muscles exten
Symptômes. Le cheval qui est atteint de seurs; celte maladie, qui se montre plus par
cette affection est tout à coup saisi de tremble ticulièrement sur les solipèdes et les agneaux,
ment et d'étourdissement, de l'abolitiou su peut affecter tous les muscles du corps, ou
bite des fonctions des sens, et dejconvulsions seulement une ou plusieurs régions; suivant
générales qui déterminent bientôt sa chute : les parties qu'elle occupe, elle a reçu différens
une fois qu il est à terre, il présente les symp noms empruntés à la médecine de l'homme :
tômes suivans : sa crinière est comme héris ainsi on l'a nommée trismus, quand elle se
sée/ses yeux sont saillans, Axes, tendus, pivo- borne aux mâchoires; o/?w/Aoftw»ox,lorsqu'elle
tans dans l'orbite, où ils éprouvent une sorte réside dans les muscles du cou et des mem
de tournoiement. Les muscles de la tête se bres antérieurs; pleurosthotonos. lorsqu'elle
contractent et se relâchent de mille manières, n'intéresse qu'un seul côté, etc. Mais la mala
et donnent à cette partie un aspect bizarre die se borne très-rarement à la partie primiti
ment hideux; l'encolure se roidit, se contracte vement attaquée; elle commence ordinaire
chap. 5. PATHOLOGIE SPÉCIALE,
ment par les mâchoires et le cou, et ne tarde 319
pas à devenir générale. — Les causes du téta § III. — Crampe.
nos sont nombreuses et variées ; la castration,
surtout quand elle est faite à testicules cou C'est une contraction involontaire,de courte
verts, est une des plus fréquentes. Les grandes durée, survenant tout à coup, et accompa
plaies, et principalement les plaies coutuses et gnée d'une sorte d'engourdissement dou
déchirées, l'exposition aux vents frais, aux loureux de la partie qui en est le siège. La •
pluies, aux orages; l'immersion dans une eau crampe se fait sentir plus particulièrement au
très-froide lorsque les animaux ont chaud; les jarret du cheval; elle survient surtout le ma
blessures des nerfs, leur ligature à la suite tin, lorsque l'animal qui y est sujet sort de
d'une opération; les clous de rue pénétraus, l'écurie, et la roideur qu'elle occasionne est
les fractures, avec dilacéralion considérable quelquefois si grande que l'animal ne peut
des parties molles, etc. , en sont les principales. fléchir la jambe. La crampe disparaît ordinai
Symptômes. Le tétanos commence ordinai rement lorsque le cheval a fait quelques pas;
rement par la roideur du cou et par la diffi mais elle dure quelquefois au delà d'un quart
culté du mouvement des mâchoires; bientôt d'heure. Pour en abréger la force et la durée,
les muscles de la tête deviennent tendus, et on a recours avec succès à de fortes frictions
les mâchoires se serrent tellement l'une con sèches sur le membre qui en est attaqué.
tre l'autre qu'il est souvent impossible de les
séparer; alors l'animal est dans l'impossibilité § IV. — Convulsion.
de prendre aucune nourriture; il a la pupille
dilatée, l'œil fixe et fréquemment recouvert On donne ce nom à tout mouvement désor
par la troisième paupière (corps clignotant) ; donné, indépendant de la volonté de l'animal,
puis le cou se rendit de plus en plus, les oreilles et se reproduisant à de courts intervalles,
deviennent roides et immobiles, la tête est ainsi qu'aux secousses ou contractions vio
plus étendue sur le cou que dans l'état ordi lentes et involontaires d'un plus ou moins
naire, la respiration devient de plus en plus grand nombre de muscles. Les convulsions
laborieuse ; enfin tous les muscles se prennenl, se remarquent plus particulièrement sur
la roideur devient générale, et la marche très- le cheval, le chien et le cochon ; elles ne
difficile. L'animal ne peut se coucher; s'il se constituent pas des maladies particulières,
remue, c'est tout d'une pièce ; et encore pour mais bien des symptômes qui se font remar
se déplacer, il ne fléchit pas les articulations, quer dans le cours de certaines affections,
mais 11 porte ses membres d'abord en dehors, telles que l'épilepsie, les maladies vermi-
puis en avant. La maladie continuant à faire neuses, les irritations gastro-intestinales, etc.
des progrès, le sujet s'affaiblit; il finit par C'est donc la maladie qui cause les convul
tomber comme une masse, et les membres tel sions qu'il faut rechercher et traiter; cepen
lement roides que, lorsque l'animal est à terre, dant on seconde quelquefois avantageusement
ceux qui se trouvent en dessus ne touchent le traitement principal, à l'égard des petits
pas le sol. Vers l'approche des derniers mo- animaux surtout, par les bains tièdes, les
mens, le pouls devient petit, fréquent, irré antispasmodiques (elher, eau de fleur d'oran
gulier, intermittent ; des sueurs froides et co ger), les narcotiques (opium et ses composés),
pieuses se manifestent, et la mort ne tarde pas l'ammoniaque liquide, etc.
a arriver.
Traitemcnt.XSn grand nombre de moyens ont § V.—Rage.
été proposés contre cette maladie ; les saignées,
les bains tièdes pour les petits animaux, les La rage est une maladie nerveuse qui peut
affusions tièdes et les fumigations d'eau bouil attaquer tous les animaux domestiques, mais
lante sous le ventre, le corps étant au préa qui se mon Ire plus fréquemment sur les chiens
lable entièrement recouvert d'une ample cou que sur les autres animaux; elle a pour carac
verture; les médicaraens antispasmodiques tère princi pal l'envie qu'ont les malades de faire
les plus énergiques; les sudorifiques, les nar usage de leurs armes offensives. Ainsi les car
cotiques et principalement l'opium ; les pur nivores et la plupart des autres animaux enra
gatifs, les vesicatoires sur les reins, aux fes gés mordent,et en outre le cheval attaque des
ses; les lavemensirritans, etc., ont été tour à pieds, le bœuf frappe des cornes, le mouton
tour employés, et il faut le dire, presque tou et la chèvre donnent des coups de tête, etc.
jours sans succès. Le tétanos est une de ces A ces symptômes se joint l'horreur que
cruelles maladies qui font le désespoir des les animaux éprouvent pour les corps polis
gens de l'art, et dont la terminaison, quoi que et brillans,et principalement pour l'eau.— La
Ton fasse, est presque toujours mortelle; et rage peut se développer spontanément sur le
il y a souvent pour cela une bonne raison : chien, le loup, le renard, le chat et la plupart
c'est que les mâchoires sont tellement serrées, des carnivores (rage spontanée); une fois
qu'il est impossible de faire avaler le moindre qu'elle est développée chez ces animaux, ceux-
remède à l'animal malade. Cependant, lorsque ci peuvent, par leurs morsures, la transmettre
le trismus n'est pas complet, je pense que les aux animaux de la même espèce, aux carni
purgatifs minoratifs (n°' 41, 45), les petites vores, aux herbivores, h l'homme, etc. (rage
saiguées répétées avec modération, les vesi communiquée), au moyen d'un virus qui, se
catoires aux fesses peuvent avoir de bons ef Ion quelques auteurs, réside dans la salive,
fets. Mais une attention qu'il ne faut pas ou et selon d'autres, dans le liquide que renfer
blier, c'est de faire tous ses efforts pour meraient des pustules qui se développent,
rechercher la cause de la maladie, et de sous dit-on, à la face inférieure de la langue (lysses).
traire, s'il est possible, l'animal à son in- Nous ne possédons pas encore de preuves bien
i constatées de la communication de cette ma
320 ANIMAUX DOMESTIQUES : PATHOLOGIE. lit. m.
ladîe des herbivores aux autres animaux. il a, dans quelques cas, des envies de mordre,
Quelle que soit la nature du virus de la rage, se mord lui-même et bave beaucoup ; quelque
il n'a besoin que d'être inséré sous l'épiderme, fois aussi il a horreur de l'eau, et se jette
pour produire son action ; cependant on peut avec fureur sur ce liquide. Sur la fin de la
en annuler l'effet en le détruisant; lorsqu'il maladie, il n'est pas rare de voir survenir une
est déposé sur les plaies qui donnent écoule paralysie du train de derrière ; enfin la mort
ment à du sang, celui-ci peut entraîner le vient mettre un terme aux souffrances.— Le
virus et l'empêcher d'agir. bœuf pousse des beuglemens plaintifs, cher
Les causes de la rage spontanée sont en che à frapper de ses corues et à se jeter sur
core ignorées ou peu connues ; ce n'est pas les animaux et les personnes qu'il rencontre;
qu'on n'en ait signalé plusieurs, en attribuant il a des mouvemens désordonnés , il cherche
le développement de cette maladie à un excès rarement à mordre. Vers le 2e ou le 3* jour
de chaleur ou de froid, au manque de nour les bœufs enragés urinent beaucoup et goutte
riture, aux alimens putréfiés, à la soif pro à goutte; ils sont très-excités à l'accouplement,
longée, au défaut de sueur chez les chiens, à et cherchent à monter sur les autres ; vers le
la colère, au besoin du coït, etc. Mais aucune 4' jour ils restent couchés, et le train de der
de ces causes ne supporte un examen appro rière se paralyse : dès lors la .bouche devient
fondi. La rage spontanée se remarque dans écumeuse. Il est bien rare que ces animaux
toutes les saisons, et plus particulièrement aient horreur de l'eau ; presque tous, au con
pendant les mois de mars et avril sur les loups, traire, boivent beaucoup. La mort survient
et pendant ceux de mai et de septembre sur vers le 9e jour.— Chez les bêtes à laine la rage
les chiens. Lorsqu'un animait a été mordu se reconnaît à la démarche chancelante, à la
par une bête enragée, la plaie se cicatrise paralysie plusou moins complète des membres
comme une plaie simple ; mais au bout de 20, postérieurs, à la tristesse, et a l'excitation véné
30 ou 40 jours, quelquefois moins et quelque rienne qui porte le mouton enragé à tourmen
fois plus, les symptômes de la rage se décla ter le troupeau en montant sur les bêtes qui
rent*, dans quelques cas la plaie s'ouvre avant l'entourent ; les symptômes de fureur se ma
le développement de la rage, et détermine nifestent par une fréquente envie de se battre
une démangeaison locale qui excite les ani à coups de tête, mais non par un besoin de
maux à se frotter contre les corps environ- mordre. — Chez les porcs les symptômes de
nans. la rage ont un peu d'analogie avec ceux du
Symptômes. Ils varient suivant l'espèce d'a chien.
nimal.— Le chien enragé est d'abord triste et Traitement préservatif. Lorsqu'un animal
abattu; il reste tapi dans un coin, grogne a été mordu par un Carnivore enragé , il faut
souvent sans causes apparentes; le plus sou se hâter de cautériser les plaies, afin de dé
vent il refuse de manger et de boire. Le mal truire le virusrabique avant qu'il soit absorbé;
faisant des progrès, l'agitation de l'animal on pratique cette cautérisation soit avec le
s'accroît, ses yeux s'enflamment, son regard feu, soit avec les caustiques, tels que les aci
est menaçant ; il erre çà et là, les oreilles des minéraux concentres, la pierre à cautère,
basses et la queue traînante, la bouche écu- la pierre infernale, et surtout avec le beurre
meuse et la langue pendante ; c'est alors qu'il d'antimoine, qui de tous les caustiques est
se jette sur les hommes et sur les animaux celui qui. doit être préféré dans le cas dont il
qui se trouvent sur son passage ; il les mord s'agit. Mais avant de procéder à la cautérisa
en courant et sans s'arrêter. Il en est qui per tion, il est bon de laver la plaie avec de l'eau
dent la voix et qui ne font entendre ni cris fraîche; une fois la plaie cautérisée, il faut la
ni aboiemens; d'autres sont fortement enroués faire suppurer pendant un mois ou six. se
et poussent des hurlemens ; presque tous maines a l'aide d'un onguent irritant. Tous
éprouventdes convulsions à l'aspect de l'eau et les autres moyens préconisés en pareil cas ne
des corps polis, sur lesquels ils se jettent avec méritent aucune confiance. Si l'animal qui a
fureur pour les mordre ; ils mordent de même été mordu est de peu de valeur, le plus pru
tout ce qu'ils peuvent atteindre, et lâchent dent est d'en.faire le sacrifice; dans le cas con
prise presqu'aussitôt pour recommencer de traire, on peut essayer de cautériser la plaie,
nouveau. Le premier accès de rage dure peu mais en usant des moyens d'isolement conve
de temps ; il est ordinairement léger et suivi nables, jusqu'à ce que l'on soit assez éloigné
d'un peu de calme que l'animal conserve jus- de l'époque de l'accident pour n'avoir plus à
, qu'à ce qu'il survienne un nouvel accès. Pen redouter le développement de cette terrible
dant les instans de calme qui séparent les ac maladie ; deux mois de surveillance sont né
cès, le chien enragé est triste, abattu ; il a le cessaires, et encore n'a-t-on pas la certitude
dos courbé en contre-haut, le poil hérissé, la que la rage ne se déclarera pas après cette
tète basse ; enfin il survient un second, puis époque. — La rage déclarée est incurable, et
un troisième accès; les forces s'épuisent, et l'a inévitablement mortelle.
nimal meurt dans les convulsions, du 2e au 9*
jour. Il est à remarquer que les chiens affec § VI. — Apoplexie (coup de sang )•
tés de rage inspirent une telle horreur et une
telle frayeur aux autres, que les plus petits Je place ici l'apoplexie, bien que dans cette
de ces animaux se jettent sur les plus gros, maladie le système nerveux ne soit pas pri
sans que ceux-ci cherchent à se défendre.— Le mitivement malade ; mais je n'ai pas la pré
cheval devenu enragé par suite de la morsure tention de donner une classification exacte.
d'un Carnivore atteint de rage, est d'abord Cette maladie, assez rare chez les animaux,
triste et abattu : lorsqueTacces survient, l'a est caractérisée par la diminution ou la perte
nimal frappe du pied, hennit, rue, secoue la de la sensibilité et des mouvemens volontaires,
tête et se livre à des mouvemens désordonnés; par un état de stupeur, la lenteur des inspi
• chap. S. PATHOLOGIE SPÉCULE. 321
rations et la rareté du pouls. De tous les ani
maux domestiques, c'est le cheval qui y est H. Maladies des yeux.
le plus expose-, cette affection attaque de
préférence les jeunes animaux, surtout ceux § Itr.—Ophtbalmie ( fluxion des yeux ).
qui sont vigoureux, ardens, d'un tempéra-
f ment sanguin, et fortement nourris. L apo
plexie est due à un épanchement de sang ou On nomme ainsi l'inflammation des yeux,
de sérosité dans le cerveau : de là sa division considérée d'une manière générale. Cette ma
en sanguine et en séreuse ; on lui a encore ladie offre plusieurs variétés qui sont rela
donné les noms defaible,forte etfoudroyante tives à son siège, à sa nature et à ses compli
suivant que l'épanchement est plus ou moins cations. Lorsque l'inflammation est bornée à -
abondant, et que les symptômes sont plus la conjonctive (membrane qui tapisse les
ou moins graves. Les causes de l'apoplexie Îmupières et la face antérieure du globe de
sont les accès de fureur, les coups sur la téte, 'œil), on la désigne sous le nom d'op/tthalmie
l'exposition longtemps prolongée au soleil, externe et de conjonctivite; quand elle se pro
surtout lorsque les animaux doivent y travail page aux parties constituantes du globe ocu
ler ; l'usage des alimens excilans ou indigestes laire, l'ophtlialmie porte le nom d'interne;
Îiris en trop grande quantité, les indigestions, enfin cette maladie, généralement aiguë dans
'habitation dans des logemens trop chauds, le principe, peut persister après la disparition
l'omission des saignées annuelles lorsque les des symptômes inflammatoires, et devenir
animaux y sont habitués ; les travaux forcés, chronique. Examinons successivement ces
surtout au trait; quelquefois un repas trop trois variétés.
long accompagné d'une nourriture substan a. Ophthalmie aiguë externe, conjonctivite.
tielle; un harnais mal ajusté, comprimant le Elle peut être produite par toutes les causes
bas du cou, et s'opposant au retour du sang susceptibles d'exercer une action irritante sur
de la tête, etc. la conjonctive; tels sont : les corps étrangers
Symptômes. L'apoplexie se manifeste le introduits entre les paupières et le globe ,
Îtlus souvent d'une manière subite ; elle comme la poussière, les grains de sable, les
rappe alors les animaux comme un coup de moucherons, les brins de fourrage et d'or
foudre : ceux-ci tombent et offrent de la stu dure qui tombent des râteliers, etc.; les coups
peur, de l'engourdi6semenl, la fixité et l'in de fouet, les contusions, le contact subit d'un
sensibilité dans les yeux, l'immobilité des air très-froid, l'impression d'une vive lumière
paupières, la dilatation des pupilles, la rou succédant à l'obscurité; l'action des gaz am
geur des membranes muqueuses apparentes. moniacaux qui se dégagent des fumiers, cer
Les naseaux sont très-ouverts, la respiration taines émanations de marais, etc. Elle accom
est courte, lente ; le pouls est large et rare; pagne un grand nombre de maladies aiguës
enfin il y a immobilité plus ou moins com dont elle n'est alors qu'un dei symptômes.
plète, interrompue parfois par quelques mou- Cette maladie débute quelquefois par un peu
vemens convùlsifs : la mort ne tarde pas à ve de fièvre ; les paupières se gonflent et se rap
nir mettre fin à cet état. Lorsque les animaux prochent lorsque l'œil est exposé à l'action
ne meurent pas, la paralysie et l'immobilité de la lumière; la rougeur vient se joindre à
peuvent succéder à l'apoplexie. ces symptômes, et des vaisseaux sanguins fins
Traitement. Il doit être administré promp- et ramifiés forment un réseau sur la conjonc
tement. Il faut d'abord placer l'animal malade tive; la sécrétion des larmes est d'abord sus
dans un lieu frais, lui faire sur la téte d'abon pendue et la membrane est sèche; mais cette
dantes lotions d'eau très-froide, ou des dou sécrétion ne tarde pas à se rétablir, et alors
ches d'eau légèrement vinaigrée; lui faire les larmes coulent en abondance, surchargent
respirer des vapeurs de vinaigre, et lui fric le bord des paupières, les débordent et cou
tionner fortement les extrémités avec de lent au dehors. Si l'ophtlialmie est forte et
l'essence de térébenthine. Lorsque l'on a ob que l'animal soit irritable, il peut survenir
tenu du mieux, il faut avoir recours aux émis de la fièvre reconnaissable à la chaleur de la
sions sanguines, et surtout aux saignées du peau, la fréquence du pouls, la diminution
plat de la cuisse. Je n'ose pas trop insister de l'appétit, etc. Au bout de quatre ou cinq
sur l'urgence des saignées, car j'ai vu ce jours ces différens symptômes commencent à
moyen être trop souvent suivi d'insuccès, tan décroître ; ou bien ils augmentent de force et
dis que j'ai guéri et vu guérir plusieurs che annoncent une ophthalmie plus grave. Dans
vaux atteints de coups de sang, par le seul ce dernier cas, la matière des larmes a tant
emploi des douches d eau froide sur le crâne, d'âcreté qu'elle excorie superficiellement les
des vapeurs acides dans les naseaux, et des parties sur lesquelles elle se répand: en même
frictions révulsives sur les extrémités. temps les yeux s'emplissent de chassie. Par
fois la conjonctive se tuméfie tellement qu'elle
§ VII. — Paralysie. écarte les paupières, se prolonge sur la face
antérieure de l'œil jusqu'à la cornée lucide,
Diminution ou abolition de la conlracti- où elle forme un bourrelet circulaire d'une
lité des [muscles d'une ou plusieurs parties couleur écarlate. La maladie prend d'abord
du corps, avec ou sans lésion de la sensibi le nom de chémosis, mais ce degré de gravité
lité; et par suite, diminution ou abolition est assez rare.
complète de la faculté de mouvoir ces parties. Traitement. La première chose à faire est
Lorsque la paralysie est bornée au train de de s'assurer, s'il est possible, de la cause
derrière, elle reçoit le nom de paraplégie. Ces de l'ophtlialmie; si elle dépend d'une cause
maladies sont trop rares chez les animaux, et externe, d'un corps étranger introduit entre
trop peu connues pour que jé les décrive ici. les paupières et le bulbe de l'œil, il faut
AGRICULTURE. tome II,— 41
ANIMAUX DOMESTIQUES : PATHOLOGIE. uv. nt.
s'efforcer de l'enlever, car sans cela tous les che. M. Leblanc conseille de traiter l'oph
remèdes possibles deviendraient inutiles. Le thalmie chronique par la cautérisation à l'aide
plussouvent,lorsque la cause est écartée, quel d'un large cautère creux ayant la forme de
ques lotions d'eau fraîche suffisent pour dissi l'œil ; on fait rougir ce cautère et on l'ap
per le mal; on peut cependantrendre la çuéri- proche à une petite distance de l'œil.
son plus rapide en instillant, plusieurs fois par
jour, dans 1 œil malade quelques gouttes d un § II. — Cataracte (dragon).
Collyre astringent (n" 89, 40). Si Pophthalmie
est grave et que l'animal paraisse beaucoup Cette maladie consiste dans l'opacité, soit
souffrir, il est nécessaire d'avoir recours a du cristallin, soit de sa capsule, soit de ces
une saignée générale, à une demi-diète et à deux parties à la fois; opacité qui s'oppose
l'application sur l'œil de compresses imbibées au passage des rayons lumineux et empêche
d'un collyre calmaut (n81 65, 10). Lorsque la vision. Le cheval et le chien sont les ani
l'inflammation est diminuée, on passe uu sé- maux les plus sujets à cette affection, qui
ton derrière l'oreille, et on revient aux col est très-souvent la suite d'ophlhalmies ré
lyres astringens. pétées. On reconnaît la cataracte naissante
b. Ophthalmie aiguë interne. C'est celle qui a un obscurcissement d'abord léger de la
intéresse les parties constituantes du globe vue ; cet obscurcissement augmente par de
de l'œil. Elle peut résulter de la violence avec grés jusqu'à cécité complète; dès le prin
laquelle l'opbthalmie externe parcourt ses cipe, l'œil malade présente presque tou
périodes; elle peut encore être occasionnée jours derrière la pupille une tache blan
par des coups violens et autres lésions physi châtre plus ou moins large; celte tache ne
ques sur l'œil. La maladie commence con parait d'abord que sous la forme d'un petit
stamment par une ophthalmie externe ; mais nuage dont la circonférence peut à peine être
l'animal parait souffrir davantage de l'œil aperçue, mais qui devient de plus en plus
malade, dont la chaleur est très-grande. La épais et facile à distinguer; quelquefois le
suppuration, le trouble des humeurs, des ab cristallin, quoique obscurci, est encore bril
cès dans les chambres de l'œil, l'opacité de ses lant, plus ordinairement la tache est mate.
membranes internes et même la rupture du Quand la cataracte est bien établie, cette
globe, tout est à craindre dans cette maladie ; tache offre des couleurs variées où parait do
les moindres accidens qui en résultent trop miner le blanc diversement nuancé de jau
souvent, sont des taches à la cornée lucide nâtre, verdàtre ou bleuâtre. — La médecine
(taies, albugo). — Le traitement de cette ma ne possède aucun moyen de rendre au cris
ladie doit être entièrement antiphlogistique tallin la transparence qu'il a perdue; toutes
dans le début : ainsi les saignées générales, la les pommades, tous les onguens ou collyres
diète, l'application de sangsues autour des qui ont été proposés, ont échoué; en dernier
yeux, l'usage des collyres adoucissans (n°* 10, ressort, quelques vétérinaires ont voulu re
65), l'application sur les yeux de cataplasmes courir à 1 opération qui se pratique à l'égard
caïmans (n° 61), devront former la base de ce de l'homme. Mais à part les difficultés de
traitement, sur lequel il faudra insister tant cette opération, difficultés qui sont dues :
que les symptômes inflammatoires ne seront 1? auxmouvemens de la troisième paupière
pas calmés; puis on fera usage de collyres (membrane clignotante) qui recouvre la face
astringens (n°' 39 et 40). On a encore con antérieure du globe de l'œil à l'approche des
seillé d'avoir recours aux purgatifs au début corps étrangers ; 2° à la présence d'un muscle
de la maladie; ces médicamens en agissant nommé droit postérieur qui n'existe ps chez
comme révulsifs, peuvent avoir leur utilité. l'homme, et qui, à la volonté de l'animal, re
c. Ophthalmie chronique. Elle succède gé tire le globe au fond de l'orbite; 3° au volume
néralement à l'ophthalmie aiguë et se mani énorme du cristallin; 4° à l'impossibilité de
feste surtout sous l'influence du froid humide fixer l'œil d'une manière invariable, condition
et des causes d'irritation peu vives, mais agis néanmoins indispensable pour que l'opération
sant longtemps. Elle siège particulièrement puisse se faire avec succès; 5° à l'indocilité
sur la portion de conjonctive qui tapisse les de l'animal pendant et après l'opération; à
paupières; la douleur qu'elle occasionne est part,dis-je, toutes ces difficultés, l'opération
peu intense, et la rougeur qu'elle produit tage, dont illors
s agitmême
ne peut
queprésenter
le succès aucun
serait avan;
aussi
n'est bien sensible qu'au bord des paupières;
du reste la sécrétion des larmes n'est pas con- complet que possible; car l'animal opéré n'a
sidérablementaugmentée, l'œil supporte assez pas comme l'homme la ressource des lunettes
facilement la lumière, mais il est souvent à verres convexes, destinées à augmenter la
chassieux. La durée de cette maladie est tou réfraction des rayons lumineux, età suppléer
jours très-longue, et souvent la conjonctive jusqu'à un certain point aux fonctions du
finit par s'épaissir et s'endurcir. Dans le trai cristallin : cette opération ne lui procure
tement de cette ophthalmie, il faut avoir re donc qu'une vue onscure, mauvaise, qui le
cours aux collyres astringens {aV 39, 40), aux rend lui-même ombrageux, effrayé, plus in
sétons derrière l'oreille, aux purgatifs et à un commode et plus dangereux que lorsqu'il ny
régime fortifiant. Si sous l'influence de ces voyait pas.
moyens la maladie ne disparaît pas, on peut
faire usage de la pommade anti-ophthalmique $ lit. — Goutte sereine {amattrose).
de Janin, ou de celle de Desault. On introduit,
matin et soir, gros comme un pois de l'une de L'amaurose consiste dans la perte complète
ces pommades entre les paupières et le bulbe ou presque complète de la vue, sans altération
de l'œil, et deux ou trois heures après celte appréciable de l'œil ou des diverses parties qui
opération on lave les yeux avec de Veau fral- le composent. Elle peut être produite par la
çhap. ». PATHOLOGI Ë SPECIALE. m
paralysie de la retlilê, par telle da nerf op primitif du mal. Les parties dans lesquelles
tique, ou par Vatrophie de ce nerf; elle dépend les abcès se développent le plus fréquemment
aussi quelquefois de certaines affections du sont celles où le tissu cellulaire abonde.— Les
cerveau; mais elle n'est alors qu'un des symp principaux symptômes des abcès chauds sont,
tômes de ces dernières'affections, et elle cesse d'abord le gonflement de la partie, la tension,
avec elles. La véritable amaurose naît sons la douleur et la chaleur. Le gonflement se cir
l'influence de l'ophthalmie chronique, de l'ha conscrit de plus en plus, la tumeur s'amollit
bitation des lieux bas et humides, froids et du centre à la circonférence, et s'élève en
obscurs, de la mauvaise nourriture, etc. Elle pointe à son milieu; la peau s'amincit et blan
peut être complète ou incomplète : dans le chit, Ie9 poils tombent en cet endroit, et la
premier cas la pupille est très-dilatée et l'iris pression des doigts faitflotter la matière dans
tout à fait immobile lorsqu'on fait passer l'a l'intérieur. Ce dernier signe , que l'on désigne
nimal de l'obscurité à la lumière, ci vice ver- sous le nom de fluctuation, est l'indice le plus
sâ; alors celui-ci est tout à fait aveugle, et il remarquable et le plus caractéristique de la
offre dans sa marche, ses allures, une incer formation du pus; mais il n'est facile àrecon-
titude facilement apercevable. Dans le second naitre que dans les abcès superficiels.— Dans
cas ;ia pupille est très-dilatée, mais l'iris est les abcès froids, la fluctuation et même la
encore susceptible de quelques |mouvemens sortie du pus, surviennent souvent à l'impro-
de dilatation et de resserrement : l'amaurose viste; ils s'observent principalement chez les
incomplète est très-difficile à reconnaître. animaux peu sensibles, tels que les ruminans.
On a conseillé decombattre l'amaurose par — Les abcès par congestion sont presque tou
les scions derrière l'oreille, les purgatifs, les jours le signe ou d'une mauvaise constitution,
collyres excilans (na 24), les vapeurs d'éther ou d'une maladie éloignée, tels que la nécrose
ou d'ammoniaque sur les yeut, etc.; mais il ou la carie; aussi sont-ils toujours très-diffi
faut avouer que ces moyens sont bien rare ciles à guérir.
ment suivis de succès, et que le plus souvent Traitement. Si l'inflammation qui produit
l'amaurose est incurable. l'abcès occupe une grande surface, et donne
lieu à un mouvement de fièvre, il faut modérer
Ç IV.—Ti\e(albugo, népkélion, nuage de la cornée). celle-ci par une petite saignée, la demi-diète, et
l'application d'un cataplasme émollient (n" 3,
Ces différons noms ont été donnés à un 61) sur la région douloureuse. Si, au contraire,
obscurcissement à la cornée transparente la suppuration est lente à s'établir, il convient
(vitre de l'œil) occupant toute l'étendue de de stimuler les parties par l'application d'une
cette membrane (albugo), ou seulement un couche d'onguent basilicum, dans lequel on
point circonscrit (taie), et dans ces deux cas pourra incorporer une petite quantité de can-
pouvant être entièrement opaque, ou bien tharides en poudre. Lorsque la fluctuation
demi-transparent (nuage, néphél ion); tous ces est devenue manifeste, il faut ouvrir l'abcès
cas, qui ne sont que des degrés différens d'une pour faire sortir le pus. Cette ouverture peut
même maladie, peuvent être la suite de l'oph être faite par incision, par cautérisation ou
thalmie aiguë ou chronique; mais ils se mani par ponction.
festent surtout sous l'influence de coups sur L'incision doit toujours être employée
l'œil. On traite les taies en insufflant dans lorsqu'il s'agit d'un abcès chaud. Elle se pra
l'œil malade un collyre sec composé de sucre tique ordinairement avec un bistouri droit
candi réduit en poudre impalpable, et mêlé dont on plonge la pointe dans la tumeur, de
à un peu de nitrate de potasse, de sulfate de telle façon que le tranchant de cet instru
line, ou d'os de sèche. ment regarde les parties que l'on veut inci
ser. Cette incision, dont,In grandeur doit être
proportionnée au volume de la collection
I. Maladies chirurgicales. purulente, doit être faite suivant le trajet
des fibres musculaires, des vaisseaux et des
§ I.— Abcès. nerfs sous-jacens, et autant que possible à
la partie la plus déclive de la tumeur. Si on
On donne le nom d'abcès ou de dépôts h se trouve obligé de pratiquer l'ouvert ure à
tous les amas de pus formés à la surface la partie supérieure, au lieu de continuer
du corps, sous la peau ou au milieu des par l'incision jusqu'en bas, on doit se contenter
ties charnues. Les abcès, quels que soient de faire une contre-ouverture à cette der
leur caractère et leur siège, sont toujours le nière partie, et de passer dans l'intérieur de
résultat d'une inflammation que l'on nomme l'abcès une mèche ou séton, dont on fait sor
inflammation suppurative, et dont les causes, tir l'extrémité par les deux ouvertures. —
la marche et la gravité, présentent de nom Lorsque l'abcès est profond, on emploie, pour
breuses variétés. Lorsque cette inflammation l'ouvrir, un bistouri à tranchant convexe,
parcourt ses périodes avec rapidité, la collec avec lequel ou doit diviser les unes après les
tion de pus porte le nom d'abcès chaud; on autres les différentes couches de parties
l'appelle au contraire abcès froid si la suppu molles qui en composent la paroi externe.
ration se forme avec lenteur, et sans être ac — L'abcès étant ouvert, on peut presser légè
compagnée de symptômes bien marqués. L'ab rement la poche, et même y introduire dou
cès froid se subdivise en abcès froid propre cement le doigt pour reconnaître si l'étendue
ment dit, si la collection s'est prononcée à de l'incision est suffisante; mais il importe
l'endroit même où le pus a été formé, et en de ne point rompre les brides qui s'étendent
abcès par congestion, si, le pus ayant subi d'une paroi à l'autre, et qui sont formées par
une sorte de déplacement, la tumeur qu'il les vaisseaux et les nerfs qui entretiennent
forme est devenue apparente loin du siège la vie de la peau.
324 ANIMAUX DOMESTIQUES fonde,: PATHOLOGIE.
donner lieu à la morl complète uv.uu
de la
La cautérisation peut avoir lien au moyen
d'un caustique ( pierre à cautère, sublimé partie sur laquelle le feu a agi.
corrosif. — Forez Médicamens caustiques, Traitement. Lorsque la brûlure est légère
page 297), ou d un fer rouge que l'on plonge et superficielle, il convient de chercher à
a la partie inférieure de l'abcès. Ce dernier faire avorter l'inflammation, en appliquant
moyen convient très-bien pour les abcès pendant longtemps sur la partie, des corps
froids; car, tout en donnant issue au pus, il a très-froids, tels que la glace, la neige, aux
encore pour résultat une irritation locale quels on fait succéder ^application de com
qui ranime la vitalité de la partie, et y pro presses imbibées d'eau de Goulard, que l'on
voque un travail inflammatoire favorable à maintient constamment humides. On a vanté
la guérison. les bons effets de la pomme de terre râpée et
La ponction peut être avantageuse pour ou mêlée avec de l'huile d'olives, ainsi que ctux
vrir les abcès par congestion ; elle empêche du coton sec, etc., contre les brûlures légère» et
l'introduction de l'air dans le trajet par récentes. Si, malgré ces moyens, l'inflammation
couru par l'abcès, et elle permet de n'éva se développe, il faut avoir recours aux cata
cuer que la quantité de pus que l'on juge plasmes emol liens et un peu astringens (n" 3,
convenable, et de laisser se refermer l'ouver 33). S'il se forme des ampoules, il faut les
ture, qu'on a dù faire petite, pour répéter crever sans mettre à nu toute la plaie, qui
l'opération jusqu'à l'entière oblitération du serait vive et douloureuse, et panser avec le
foyer. La ponction se pratique, soit avec un cérat ordinaire ou le cérat saturné. Si toute
petit bistouri bien aigu, que l'on plonge très- l'épaisseur de la peau a été détruite, la plaie
obliquement dans l'épaisseur de la paroi doit nécessairement suppurer ; il faut donc se
externe du foyer purulent, soit enfin à l'aide contenter de calmer l'inflammation et la dou
d'un petit trocart.—Quelque soit le procédé leur par l'application de cataplasmes adoucis-
que 1 on ait employé pour ouvrir l'abcès, les sans (n 1 61); puis, lorsque l'escarre est tombée,
pansemens doivent se faire avec l'onguent il faut hâter la cicatrisation par des soins de
digestif simple, ou même avec des étoupes propreté, des pansemens avec l'étoupe sè
sèches dont on recouvre la plaie. Il faut évi che ou recouverte d'une légère couche de
ter de remplir d'étoupes toute la cavité du cérat saturné. Enfin, quand la brûlure est
foyer, et même d'introduire un corps étranger très-étendue, il n'est pas rare que la fièvre
entre les lèvres d'une ouverture dont l'éten qui se développe entraîne la mort de l'animal.
due est suffisante et la situation convenable.
Mais lorsque l'ouverture est étroite et située § III. —Carie.
dans des parties épaisses, il faut entretenir
les lèvres convenablement écartées au moyen On nomme ainsi une maladie des os, des
d'une petite mèche d'étoupes, on d'un bour ligamens et des cartilages, et qui est à ces
donne! (éloupe roulée en petit paquet de parties ce que l'ulcération est aux parties
forme olivaire), qui ne doit être ni trop dur molles.— Pour bien comprendre ce que c'est
ni trop fort, et qui a pour résultat d'empê que la carie des os, il faut, savoir que ces
cher la cicatrisation trop prompte de l'ouver parties sont formées de deux substances dif
ture, et de faciliter l'écoulement du pus qui férentes : l'une vivante, organisée, pourvue de
se développe. — Les soins de propreté sont vaisseaux et de nerfs, et composée par l'as
surtout nécessaires; du reste l'abcès ouvert semblage d'un grand nombre de cellules,
réclame les soins ordinaires des plaies qui forme pour ainsi dire la trame de l'os; l'autre,
suppurent. {Voyez Plaie.) tout à fait inerte, minérale, et formée par du
phosphate et du carbonate de chaux, se trouve
§ II. — Brûlure. disséminée dans les 'cellules de la première,
et donne aux os la solidité qui leur est pro
Accident produit par l'action du feu sur pre. De ces deux parties, c'est celle qui est
les animaux vivans. Les chats et les chiens, clouée de vie qui peut seule subir les diverse»
qui vivent sous le toit du maître, sont altérations auxquelles les os sont sujets; mais
presque les seuls animaux domestiques qui on comprendra sans peine que son mélange
soient exposés à ce genre d'accident ; cepen avec une substance non vivante doit appor
dant les autres animaux peuvent être atteints ter à la nature et à l'aspect de la maladie des
de brûlures dans les incendies de leur habi modifications assez grandes pour la différen
tation. — Les ravages des brûlures varient cier de l'ulcération des parties molles.— Les
avec l'intensité de celles-ci; une brûlure lé causes de la carie se rapportent presque tou
gère produit seulement une légère inflamma tes aux plaies des os et aux inflammations
tion de la peau; plus forte, l'inflammation prolongées des parties molles qui finissent
s'étend plus profondément, et donne ordinai fréquemment par se communiquer aux os,
rement lieu à la formation d'ampoules qui ou par les mettre à nu. — Les symptômes de
soulèvent l'épiderme, se remplissent d'un li la carie sont les suivans : il n'y a jamais carie
quide séreux, et finissent par crever et laisser sans plaie des parties molles et sans écoule
sous elles une surface ulcérée, dont l'étendue ment de pus ; mais ce pus, au lieu d'être cré
varie avec l'étendue de la brûlure. Plus forte meux et de bon aspect, comme celui qui est
encore, la peau est nécessairement détruite, fourni par les plaies de bonne nature, est
finit par tomber et par laisser sous elle des sanieux, grisâtre et même noirâtre, quelque
plaies plus ou moins profondes, qui ne peuvent fois sanguinolent, d'une odeur infecte et tout
guérir que par la suppuration. Dans ce cas, à fait caractérisque; les chairs de la plaie
la cicatrice reste toujours visible, et il ne re sont boursouflées, blafardes, molles et facile
vient jamais de poils sur l'endroit brûlé. En ment saignantes. En introduisant une sonde
fin la brûlure peut, lorsqu'elle est très-pro- en fer par les ouvertures fistuleuses qui oon.
CHAP. 5. PATHOLOGIE SPÉCIALE. 325
nent écoulement au pus, on arrive sur une sion, il y a une foule d'étals intermédiaires
surface dure et rugueuse, qui est celle de la qui peuvent offrir entre elles de grandes dif
portion osseuse cariée; quelquefois l'os est férences quant à l'étendue, la gravité et la
•tellement ramolli, que la sonde y pénètre nature des parties qui sont blessées.
•avec facilité. Quand le sujet est jeune et vi Le traitement des contusions est subor
goureux, il se forme quelquefois au-dessous donné à l'état des parties contuses, à la gra
du point carié un travail naturel, au moyen vité des lésions et au temps qui s'est écoulé
■duquel les portions altérées sont détachées et depuis que l'accident a eu lieu. Si la contu
■entraînées au dehors par la suppuration ; alors sion est légère, elle ne réclame aucun traite
la plaie des parties molles, n'étant plus entre ment; si au contraire elle est grave, elle de
tenue dans un mauvais état par le pus infect mande des soins qui peuvent être seulement
«de la carie, prend petit à petit un meilleur locaux, ou à la fois locaux et généraux, suivant
-aspect, et finit par marcher à la cicatrisa que les accidens se bornent au point blessé,
tion ; mais malheureusement cette terminai ou qu'ils s'accompagnent d'une fièvre géné
son est la plus rare, et, lorsqu'on abandonne rale. Si l'accident est récent, le traitement
3e mai aux seules ressources de la nature, la local doit consister dans l'application des
icarie fait des progrès et les animaux s'affai substances astringentes, qui s'opposent à l'a
blissent par les pertes continuelles occasion bord du sang, et par conséquent au développe
nées par l'écoulement du pus. Il est donc ment de l'inflammation qui en serait la suite.
préférable d'attaquer vigoureusement le mal Ces substances sont l'eau froide, la glace,
à son début, et de chercher à obtenir la gué- l'eau vinaigrée, la solution de vitriol vert, l'ex
Tison en détruisant la carie par l'instrument trait de Saturne, etc. Quand il s'agit d'une
tranchant ou le feu. tumeur produite par l'action de la selle, on
Je ne décris pas ici le manuel de celte opé peut en obtenir la prompte disparition en
ration, qui ne peut être faite que par un vété appliquant sur elle un gazon frais imbibé de
rinaire. vinaigre, et en le maintenant en place au
moyen de la selle convenablement sanglée. Si
§ IV. — Nécrose. l'accident date de deux ou trois jours, les as-
tringens ne conviennent plus, et il faut avoir
La nécrose est aux os ce que la gangrène recours aux adouci ssans (n0> 3, 6, 61, 63), aux
•est aux parties molles; elle est donc la mort onctions de saindoux, d'onguent populéum,
d'une partie osseuse. Lorsqu'elle se déclare etc. Quant au traitement général, il a pour
dans une parliequelconqued'un os, la portion but de calmer la fièvre qui a pu se développer,
■nécrosée est un corps étranger que la nature et il consiste par conséquent en saignées plus
«herche à séparer des parties vivantes. On ne ou moins fortes, que l'on répète au besoin et
d'observé que là où la substance compacte que l'on aide par la diète, les breuvages rafral-
«est en plus grande abondance. Elle peut atta chissans acides ou nitrés (n°* 12, 13, 55),lesla-
quer les os larges et les os longs ; lorsqu'elle vemens émolliens (n° 7), etc. Malgré l'emploi
survient dans la partie intérieure de ces der de ces moyens, il se développe quelquefois
niers, la portion d'os qui est frappée de mort de la suppuration dans la partie meurtrie; la
et séparée des parties vivantes par le travail contusion devient alors un abcès. {Voyez plus
inflammatoire, prend le nom de séquestre. haut.)
Dans le traitement de la nécrose, les efforts § VI. — Plaie.
de l'art tendent à déterminer l'expulsion de
Ja pièce osseuse mortifiée. Je ne décrirai pas On donne le nom de plaie à toute solu
•ici les moyens qu'il convient de mettre en tion de continuité faite aux parties molles
■usage ; parce que l'on a rarement occasion de
par une
remorquer la nécrose chez les animaux, et divise généralementcause qui agit mécaniquement. On
:parce que cette maladie, lorsqu'elle se dé port des causes mécaniques les plaies, sous le rap
clare, donne ordinairement lieu à une série duisent, en plaies faites par desquiinstrumens les pro
d'accidens auxquels un homme de l'art peut piquans (piqûres), plaies faites par des instru
seul porter remède. mens tranchans (coupures, incisions), et plaies
faites par des corps contondans (plaies con
§ V . — Contusion. tuses); c'est à cette dernière division qu'appar
tiennent les plaies d'armes à feu, c'est-à-dire
C'est la meurtrissure des parties qui se celles qui sont produites par des corps mis
trouvent sous la peau, sans que celle-ci soit en mouvement à l'aide de la poudre à canon.
entamée. Cette meurtissure est occasionnée On appelle plaies venimeuses celles qui résul
;par le choc, la pression ou le frottement d'un tent de la morsure ou de la piqûre de quel
•corps dur qui n'est ni aigu ni tranchant, et que animal venimeux, ou dans lesquelles le
•que l'on nomme corps contondant. Si la peau corps vulnérant a laissé un corps vénéneux;
se trouve entamée, la plaie qui accompagne la morsures celles qui ont été faites par les dents
meurtrissure prend le nom de plaie contuse. d'un autre animal ; déchirures ou plaies par
Xa contusion peut être plus ou moins forte et arrachement celles qui ont été produites par
grave, suivant que le corps contondant a agi une traction violente, et dans lesquelles les
avec plus ou moins de violence. Quelquefois parties ont été dilacérées; enfin on nomme
les chairs ont été légèrement meurtries ; alors plaies simples les solutions de continuité, avec
la douleur est faible, et la guérison facile et ou sans perte de substance, susceptibles de
prompte ; d'autres fois les chairs sont écra réunion immédiate ; c'est-à-dire dont on peut
sées, les vaisseaux sont détruits, les os sont obtenir la cicatrisation sans qu'elles sup
broyés et les parties sont frappées de mort. purent. Je ne décris pas les symptômes des
Entre ces deux degrés extrêmes de la contu plaies, parce qu'ils sont tellement nom
336 ANIMAUX DOMESTIQUES un :vétérinaire
PATHOLOGIE, expérimenté, et ce n'est
HT. pis
w
breux et variés, que je me trouverais entraîné
trop loin. pour les vétérinaires que j'écris ici.
Traitement général des plaies. Nettoyer la
surface de la plaie, faire la ligature des vais art. w. — Maladies particulières aux solipé-
seaux
morragie
pour que
ouverts,
fâcheuse,
leur s'ils
lésionsont
et fasse
procéder
assez
craindre
considérables
à la réunion
une hé des et surtout aux chevaux,
A. Maladies des organes de la digestion.
immédiate des bords de la plaie, tels sont les
premiers soins à donner. Il s'agit ensuite de % Ie'.— Fève ( la mpus).
surveiller la plaie, et de maintenir l'inflam
mation dans de justes bornes pour obte On appelle ainsi un gonflement inflamma
nir l'adhésion immédiate, ou pour préve toire de la membrane fibro-muqueuse qui
nir une suppuration trop abondante, et fa tapisse la voûte du palais des chevaux. Ce
ciliter la cicatrisation. Pour parvenir à ce gonflement, qui survient quelquefois chez let
but on recouvre la plaie de plumasseaux, soit jeunes chevaux pendant là durée de la den
secs, soit imbibés d'eau froide ou d'eau 1 éc tition, est très-rare chez les animaux âgés;
rément alcoolisée, maintenus par une bande lorsqu'il se développe chez ces derniers, il est
peu serrée, ou par la suture à bourdon nets. rarement essentiel, mais presque toujours il
On prescrit un régime dont la sévérité est forme un des symptômes d'une légère irri
subordonnée à la gravité de la blessure, à la tation de la membrane muqueuse gastro-in
disposition qu'elle parait avoir à s'enflammer, testinale. Cette opinion n'est pas celle des
à l'irritabilité du sujet, etc. Si les bords de la prétendus guérisseurs et des maréchaux de
plaie deviennent durs,tendus, très-douloureux villages, qui, lorsqu'un cheval parait malade
et très-rouges, il faut les recouvrir de sub et ne mange pas comme à son ordinaire, De
stances émollientes, et même,* s'il est besoin, manquent pas de regarder l'intérieur de la
recourir aux saignées. — Quand les bourgeons bouche, qui doit être, selon eux, le siège du
charnus végètent avec trop de force, s'ils sont ter
mal,deet l'affection
d'y chercherquilecause
lampas,
réellement
sans s'inquié-
la di
pâles et presque insensibles, on les réprime
par l'emploi d'un léger caustique (alun calci minution de l'appétit. Les mêmes guérisseurs
né, pierre infernale) ; si au contraire ils sont pratiquent dans ce cas une absurde et bar
ronges et enflammés, on combat cette in bare opération qu'ils appellent 6ter la fève,
flammation par les émolliens (n"J3,6). — Lors et qui consiste a faire une incision dans le
que la plaie devient pâle et blafarde, que les palais, et à porter un fer brûlant dans
bourgeons sont mous, boursouflés, et que la incision.
suppuration acquiert une mauvaise nature, Si le gonflement du palais est
on excite l'inflammation à l'aide de plumas- nsi que je l'ai dit, par «me légère irritation
seaux imbibés d'eau-de-vie ou de teinture d'a- intestinale, c'est vers celle-ci qu'il faut tour
loès. ner ses regards : un peu de diète, des bois
Les piqûres qui traversent des tissus peu sons adoucissantes, de l'eau blanche et quel
sensibles ne réclament pas d'autre traitement ques lavemens, en faisant disparaître l'irri
■q»e les plaies simples; mais lorsqu'on a à tation dont il s'agit, ne lardent pas, par suite,
redouter des accidens inflammatoires mena à amener la disparition du lampas. Si, au con
cés d'étranglement, en raisou de la disposition traire, celui-ci dépend réellement d'une in
des tissus lésés, il faut se hâter de débrider flammation essentielle de la membrane pala
les enveloppes fibreuses qui s'opposent au tine, et si le gonflement est porté au point
gonflement inflammatoire, puis mettre les de gêner la mastication, il faut essayer d'y
animaux
porter ensuite
à la comme
diète, lesci-dessus.
saigner, et se com porter remède en faisant une saignée au pa
lais. Cette opération doit être faite, son pas
Les morsures d'animaux venimeux (vi avec une corne de chamois ou une tige de fer
père, etc.) doivent être cautérisées tout de suite à pointe mousse, comme cela se pratique en
avec l'ammoniaque liquide ou le fer brûlant; on core quelquefois dans les campagnes, mai»
doit ensuite se comporter comme pour les avec un instrument bien tranchant, par exem
mandent
plaies simples.—
à être débarrassée»
Enfin les plaies
des corps
coatuses
étrande ple, avec le bistouri à serpette, employé pour
l'opération de la queue à l'anglaise.
gers qu'elles peuvent recéler. On rapproche
autant que possible leurs lambeaux; on panse § 11.—Colique^rouge {entérite sur-aiguë, coUqui
leur .surlace avec des substances adoucissantes de sang).
et narcotiques, et lorsque la suppuration est
établie, on réunit les parties qui sont suscep Maladie extrêmement grave, très-fréquente
tibles de l'être, puis on gouverne la blessure chez les chevaux, qu'elle .attaque souvint sans
comme une plaie simple. symptômes précurseurs, et qui peut être oc
casionnée par l'usage de foins ou grains nou
§ VII. veaux, ou mal récoltés, et surtout par Fean
froide et crue, nouvellement tirée au puits,
Je devrais maintenant parler successive qu'on laisse prendre à discrétion et tout
ment des FISTULES, des CHUTES, des RENVER- d'un trait aux chevaux qui ont chaud, et dont
8EMEN8,
hernies, etc.
des Mais
FRACTUBE8,
ces affections,
des J.UXATIONS
généralement
, des la sueur a été excitée par «ne course rapide
ou un travail fatigant. — Les symptômes de
graves et difficiles à connaître et à traiter, mal cettes'agite
maladie
continuellement;
sont des plus alarmants.
il ne peut/1
L'a
exigeraient des détails qui m'entraîneraient
beaucoup trop loin; d'ailleurs un propriétaire manger, frappe du pied, gratte le sol, fle
prudent en confiera toujours le traitement à 1 les genoux comme s il voulait se coucher sans
chat.
le pouvoir,
Su et regarde son ventre.
PATHOLOGIE
Bientôt il SPÉCULE. S37
le début, des antispasmodiques et des opiacés.
se couche et se relève précipitamment, se J'ai souvent employé avec succès, dans ce
couche de nouveau, fait entendre des plaintes, but, l'élixir calmant de M. Lelong ( 1), à la dose
regarde toujours son ventre, s'étend sur le de quatre à six onces dans une bouteille d'eau
côté, se débat violemment, et se place sur le tiède.A sou défaut, on peut administrer l'éther
dos, les quatre membres en l'air. Il s'agite à la dose d'une once dans une bouteille d'ean
dans cette position, la quitte pour la repren froide ; mais il ne faut pas abuser de ces
dre à chaque instant, se relève et parait moyens, et il faut promptement leur faire
n'avoir pas un seul instant de répit. La respi succéder les breuvages simplement adoucis-
ration est fréquente et courte, le pouls de sans ( n° 5); on en donne une bouteille
vient dur, plein et fréquent; les animaux se de demi-heure en demi- heure, jusqu'à ce que
campent, soit pour varier leur position et le mieux se prononce. — En même temps
chercher un soulagement, à leurs douleurs, que l'on saigne, et que l'on fait avaler des
soit pour faire des efforts pour uriner ; sou breuvages, on fait sur les quatre membres
vent ces efforts sont inutiles, ou bien, s'ils d'énergiques frictions sèches, auxquelles on
sont suivis de succès, l'urine qui est évacuée fait succéder des frictions avec l'essence de
est rouge, huileuse et très-chargée. Les souf térébenthine; on renouvelle ces
frances allant toujours croissant, il survient comme les saignées. — Enfin on
des tremblemens convulsifs, auxquels succè fréquemment des lavemens émolliens tièdes
dent des sueurs gluantes aux flancs, aux fes ( n" 7 ), dont l'action, combinée à celle des
ses, aux épaules, et quelquefois sur presque moyens que je viens de décrire, ne peut man
tout le corps. Bientôt la chaleur du corps quer de produire de bons effets. Du reste, il
baisse ; le froid est surtout sensible aux oreil faut supprimer avec soin les
les, au bout du nez et au bas des membres; incendiaires, les promenades, ou plutôt les
le pouls devient petit et intermittent, les courses forcées, prescrites par un grand
mouvemens des flancs se précipitent, les nombre de prétendus guérisseurs. Lorsque
sueurs deviennent froides ; en même temps ce traitement a amené du mieux, on laisse
l'agitation augmente, l'animal ne se met plus l'animal à une demi-diète, aux barbollages et
aussi souvent sur le dos, mais il se couche et au repos pendant quelques jours : bientôt
se relève presque constamment ; ses naseaux la guérison est complète.
sont très-dilates ; enfin, il périt dans les plus
violentes convulsions, ou bien après avoir re § III. — Vertige abdominal (indigestion vertigineu
trouvé quelques instans d'un repos trom se, vertigo).
peur, qui indique ordinairement l'existence
d'un épanchement de sang dans l'intestin. Le nom de vertige, à
La marche de celte maladie est tellement qui signifie tourner, a été
rapide, qu'en 12, 15 ou 24 heures au plus, ladie lière tendance
du cheval,decaractérisée
l'animal malade
par àune
se porter
singu-
l'animal a cessé de vivre ou se trouve hors
de danger. On peut espérer la guérison lors en avant, à pousser au mur, comme on dit
qu'on voit la tranquillité succéder aux lour- vulgairement,
qu'on le tient etattaché
à tourner
à un piquet
sans cesse
avec lors»
une
mens, le pouls reprendre de la souplesse,
la chaleur du corps se rétablir d'une manière longe. Le vertige peut dépendre d une inflam
plus égale, et les sueurs disparaître. mation; primitive
loppes il porte alors
du cerveau
le nometdedevertige
ses enve-
es
Le traitement de cette maladie ne peut of
frir quelque chance de succès, que lorsqu'il sentiel; celte maladie peut encore dépendre
est employé dès le début. Il y a ici plusieurs 1 d'une irritation de l'estomac, ou plutôt d'une
indications à remplir : 1° diminuer la violence violente indigestion; dans ce cas, qui est
de l'inflammation, et prévenir l'épanchement beaucoup plus fréquent que le précédent,
de sang dans la cavité de l'intestin; 2° calmer l'affection porte le nom de vertige abdominal.
les douleurs atroces auxquelles l'animal est Occupons - nous d'abord de cette dernière
en proie; 3° faire naitre sur un point éloigné nuance.
et peu important à la vie, une irritation vive Causes. Les principales sont : les excès
et prompte, qui puisse déplacer celle qui est d'alimens après de longues privations, l'u
fixée sur le tube intestinal; 4° enfin rétablir sage des fourrages nouvellement récoltés,
la liberté du ventre.—La première indication qui n'ont pas encore jeté leur feu; des alimens
se remplit au moyen de saignées qu'il ne faut avariés, des feuilles de vigne, d'if, des lxmr-
C craindre de faire larges et copieuses, en geon.s de jeune bois, de l'avoine trop nouvelle
proportionnant toutefois à l'âge et à l'état ou falsifiée, du son donné en trop grande
du sujet; si l'animal est jeune et vigoureux, quantité ; en un mot, l'action de toutes les
la première saignée doit être de huit à dix causes qui peuvent donner lieu aux indiges
livres au moins; on les répète ensuite tant tions ( voyez ce mot ).
que le pouls reste plein et dur, et que l'animal Symptômes. La maladie qui nous occupe est
se tourmente. Il m'est arrivé plus d'une fois, généralement annoncée par des douleurs abdo
en pareil cas, de tirer jusqu'à trente livres de minales; l'animal frappe du pied, il est triste,
sang en huit ou dix heures, et le succès a con ne mange pas, et regarde son ventre comme
stamment couronné mes efforts. C'est sur cela a lieu dans les indigestions ordinaires.
l'état du pouls que le praticien doit seguider.— A ces premiers symptômes succèdent bientôt
On parvient à calmer les douleurs auxquelles ceux qui indiquent que le cerveau participe
l'animal est en proie, en lui administrant, dès à la maladie; les sens deviennent obtus, l'état
(I) M. Lelong, pharmacien-vétérinaire des éenrics du roi, et de l'école d'Alfort. iue
n° 3&, à Paris. Je ne saurais trop recommander l'officine
328 ANIMAUX DOMESTIQUES PATHOLOGIE. ut. m.
de stupeur est marqué, la tête est appuyée j'ai employé avec le plus heureux succès la
dans la mangeoire, le pouls est petit et serré. méthode de Gilbert, d après le conseil je dois
Lorsque l'inflammation a fait des progrès, les en faire l'aveu, d'un fort habile vétérinaire,
yeux deviennent saillans, hagards, animés ; la M.le docteur Philippe,'quiavait déjà traité qua
respiration est courte et laborieuse, la bouche torze chevaux par cette méthode et comptait
est chaude et remplie d'une salive épaisse. quatorze succès Voici en quelques mots
Mais le symptôme le plus caractéristique la manière de procéder à ce traitement : au
consiste, ainsi que je l'ai déjà dit, dans la début du vertige abdominal, faire avaler au
tendance invincible de l'animal à se porter cheval, avec toutes les précautions possibles,
en avant, à se placer au bout de sa longe, et une once d'éraétique dissoute dans une bou
à pousser avec force sa tête contre le mur, ou teille d'eau tiède; si l'animal est difficile et
contre les corps solides qui peuvent lui offrir qu'il pousse violemment au mur, il faut préa
un point d'appui. Il exécute parfois ce mouve lablement l'entraver et le jeter sur un bon
ment avec tant de violence, qu'il se blesse le lit de paille, puis lui relever la tète pour lui
front et même se fracture les os du crâne. faire avaler son breuvage; en même temps il
Abandonné à lui-même dans une cour, le ma faut passer deux sétons à la partie supérieure
lade marche irrésistiblement en avant sans et sur les côtés de l'encolure. Le cheval relevé,
voir les dangers, et ne s'arrête que lorsqu'un reconduit à sa place et attaché de telle façon
obstacle invincible lui oppose une résistance qu'il ne puisse se blesser, on lui administre
suffisante. A ce symptôme tout à fait carac immédiatement un lavement rendu purgatif
téristique de la malaaie, se joignent des signes au moyen d'une once d'aloës en poudre; on
de fureur, une anxiété extrême, une agita renouvelle ce lavement au bout d'une heure,
tion excessive, des sueurs partielles ou géné et on attend les effets de ce traitement sans
rales, des convulsions auxquelles succèdent plus rien faire... Ordinairement au bout de
des momens de calme, qui ne tardent pas à quelques heures les symptômes du vertige
faire de nouveau place aux signes alarmans ont disparu, et il ne reste plus que ceux de
que je viens de décrire; enfin du 3* au 5" jour l'indigestion et de l'irritation gastro-intesti
environ, la mort vient mettre un terme aux nale, qui ne tardent pas eux-mêmes à dimi
souffrances, si la maladie n'a pas été arrêtée nuer. Il faut ensuite beaucoup de précaution
dans sa marche par un traitement conve pour remettre l'animal à son régime ordi
nable. naire.
Traitement. On est loin d'être d'accord sur M. Watrin,médecin-vétérinaire à Versailles,
le traitement à opposer au vertige abdominal. a obtenu plusieurs succès dans le traitement
Un grand nombre de vétérinaires, s'attachant du vertige abdominal, par l'administration à
particulièrement à combattre l'inflammation l'intérieur de l'huile de croton-tiglium à la
cérébrale qui, dans le cas dont il s'agit, n'est dose de 20 à 30 gouttes dans une décoction
pourtant qu'un effet d'une maladie intesti de graine de lin. Cette méthode a de l'analogie
nale, ont recours aux douches d'eau froide ou avec celle de Gilbert, et mérite d'être essayée.
d'eau glacée sur la tête, aux saignées prati
quées largement au cou, au plat de la cuisse, à B. Maladies du système nerveux.
la queue, et enfin aux frictions révulsives sur
les extrémités : il faut se hâter de dire que le § 1". — Vertige essentiel.
succès couronne bien rarement ce traitement;
j'oserais même affirmer quejamais il n'a guéri Cette maladie a été longtemps confondue
un vertige abdominal, ou, en d'autres termes, avec la précédente, dont on croyait fort diffi
une indigestion vertigineuse, cl que les rares cile de la distinguer; considérée tour à tour
succès dus à cette méthode n'ont été obtenus comme une inflammation du cerveau, ou de
que lorsque l'on avait à combattre, non pas ses enveloppes, ou des deux à la fois, elle pa
une indigestion vertigineuse, mais bien un raîtrait, d'après M. le prof. Renault, consister
vertige essentiel, maladie qui, comme nous dans une inflammation pure et simple de
le verrons bientôt, diffère beaucoup de celle l'unedes enveloppes du cerveau (l'arachnoïde),
qui nous occupe. La raison de ces insuccès et mériterait par conséquent la dénomination
est bien simple : le point de départ de la ma A'arachnoïdite aiguë qui lui a été donnée par
ladie étant une indigestion, c'estàjcelle-ci qu'il ce professeur. Si l'on en croit le même obser
faut s'adresser; c'est elle qu'il faut combattre vateur, le vertige essentiel serait facilement
pour faire cesser les symptômes cérébraux. distingué de l'indigestion vertigineuse par 'a
Or, les hommes lesplusétrangers àla médecine tranquillité de l'animal qui, au lieu de se livrer
savent bien que les saignées sont loin d'être à des accès de fureur et de pousser violemment
favorables à la guérison des indigestions, et au mur, se porterait paisiblement en avant
que les évacuaos les plus énergiques sont les jusqu'à ce que sa longe ne lui permette plu*
moyens les plus convenables en pareil cas. d'avancer, et resterait ensuite fort loogtemps
Depuis longtemps Gilbert a préconisé l'admi dans cette position. Il arrive même souvent
nistration île l'einétique à haute dose dans le que les chevaux atteints de cette maladie
traitement du vertige abdominal ; cette mé font un demi-tour sur place, tournent leur
thode est, je ne sais pourquoi, généralement du croupe du côté de la mangeoire et leur tète
tombée dans l'oubli, bien que l'emélique réu côté opposé, et restent longtemps dans
nisse au plus haut degré les propriétés dé cette position, retenus qu'ils sont par '^!ir
sirables, puisque chez les chevaux il agit à la longe qui les empêche d'aller plus loin. Da'
fois et comme évacuant très-énergique, et firès ces caractères, le vertige essentiel, ou
comme révulsifsur la muqueuse gastro-intes 'arac/inoidite de M. Renault, pourrait tire
tinale. Dans le courant de l'année 1834 j'ai eu nommé vertige tranquille pour être distiDg'"-'
à traiter «Ausieurs chevaux vertigineux, et de l'indigestion vertigineuse, que l'on p»lir'
CHAT. 5. MALADIES DES CHEVAUX. 320
rait désigner sous le nom de vertigefurieux. pour se faire remarquer de nouveau aussitôt
Mais cette maladie est fort rare et a encore que le cheval se trouve dans des conditions
besoin d'être observée. convenables. Ce bruit ne serait qu'un dés
agréable inconvénient s'il existait seul ; mais
S II. — Immobilité. ce quivient aggraver le vice, c'est que, malgré
l'apparence de la santé, il y a difficulté réelle
à la respiration dans le moment où les che
C'est une maladie nerveuse dont les cau vaux cornent ou sifflent ; et cette difficulté est
ses sont obscures et dont la nature intime souvent poussée à un tel point, que les che
n'est pas bien connue. Le cheval atteint de vaux sont menacés de suffocation, et qu'ils
cette affection est lourd, inattentif à la voix tomberaient infailliblement, si les conduc
du conducteur et comme absorbé par une teurs et les cavaliers n'avaient pas le soin de
sensation interne ; il sort difficilement de cet les arrêter à temps, et de leur laisser repren
état, même à la suite de coups qu'il parait dre haleine.
souvent ne pas sentir;l'animal immobile reste Les causes du cornage sont presque tou
presque sans mouvemens à la place où il se jours inconnues ; dans ces dernières années,
trouve : il prend du foin, le mâche, reste quel M. Delafond a constaté que l'usage de la gesse
ques inslans sans le mâcher, et recommence chiche, pour nourriture, pouvait donner nais
ensuite cette action ; sa téte est ou basse ou sance à cette affection. Les lésions anatomi-
élevée ; ses yeux sont fixes, sa vue peu cer ques qui apportent un obstacle au passage de
taine, ses oreilles souvent immobiles ; lors 1 air sont variables et ne doivent pas nous oc
qu'il a bu il conserve fréquemment la dernière cuper ici.—Enfin le traitement, quel qu'il soit,
gorgée d'eau dans sa bouche sans l'avaler ni est tout à fait infructueux, excepté lorsqu'on
la rejeter, et il ne la laisse tomber que lors l'applique au cornage occasionné par la gesse
qu'il veut prendre une bouchée d'alimens. chiche : dans ce cas les vésicatoires autour de
Le cheval atteint de l'immobilité recule avec la gorge, les saignées au cou, les gargarismes
beaucoup de difficulté; souvent même il ne adoucissans produisent de bons effets. Si l'ob
peut plus exécuter cette action, et si on veut l'y stacle au passage de l'air est placé dans les ca
contraindre, il se défend, non pas par méchan vités nasales ou dans la gorge, on peut pallier
ceté, mais d'une manière qui indique que cette maladie, et pratiquer à l'air un passage
c'est par douleur ; il tourne la téte à droite, à artificiel au moyen d'une opération que l'on
gauche, sans remuer le corps ; il se met sur désigne sous le nom de trachéotomie et qui
les jarrets en roidissant les membres de de consiste à faire une ouverture à la trachée et
vant, avec lesquels il décrit des cercles en de à y introduire à demeure un tube en fer- blanc,
hors, au lieu de les porter eu arrière par la par l'ouverture duquel l'air peut facilement
flexion. Ces membres restent croisés lors circuler. (Voir section x, page 279.)
qu'on les place l'un devant l'autre. — Les
moyens mis en usage pour combattre cette
affection ont généralement été infructueux. § II. — Pousse.
Maladie chronique des organes de la respi
C. Maladies des organes de la respiration. ration, caractérisée : 1° par un soubresaut plus
ou moins marqué qui, chez certains chevaux,
coupe l'expiration en deux temps plus ou
§ 1". — Cornage (sifflage, halley). moins distincts, 2° et par une toux sèche,
quinteuse, sonore sans expectoration et sans
On appelle ainsi un bruit que certains che ebrouemens. Ce soubresaut, que l'on nomme
vaux font entendre en respirant, et qui encore coup defouet et contre-temps, se fait re
est occasionné par la difficulté que l'air marquer aux flancs dans les mouvemens
éprouve à franchir une partie accidentelle d'expiration, c'est-à-dire lorsque l'air sort de
ment rétrécie des voies respiratoires. Si le la poitrine par le resserrement de cette cavité.
bruit est retentissant, et semblable pour l'é La pousse n'est pas une maladie spéciale,
clat à celui que l'on produit en soufflant dans mais bien un des symptômes de plusieurs af
une corne, le cheval est dit corneur; si ce bruit fections très-différentes les unes des autres et
est moins fort, mais plus aigu, et analogue à fiarmi lesquelles Xemphysème du poumon est
un sifflement, le cheval est nommé sijfleur : a plus fréquente.
ces dénominations désignent un seul et même Une nourriture trop abondante, échauf
défaut, mais d'une intensité différente. — Le fante et continuellement sèche, l'abus du foin,
cornage n'est pas une maladie particulière, les travaux forcés, les efforts de respiration,
mais seulement l'indice d'un dérangement etc., peuvent, dit-on, donner lieu à la pousse.
quelconque dans les parties qui servent à la — Cette affection est tout à fait incurable.
respiration : dérangement qu'il n'est pas tou
jours facile d'apprécier. Le bruit qui le consti
tue ne se fait entendre que pendant l'exercice, § III. — Gourme.
et encore pendant l'exercice rapide et fati
gant, surtout quand les animaux gravissent Maladie des jeunes chevaux, que la plupart
des coteaux en tirant ou portant de lourdes des anciens vétérinaires regardent comme
charges, et après avoir pris leur repas. Ce une crise dépuratoire, destinée à purifier la
bruit s'accompagne de la dilatation des na masse des humeurs de ces animaux, et que
seaux, de l'agitation des flancs et des signes plusieurs auteurs modernes considèrent seu
d'une prochaine suffocation. Tous ces signes lement comme une affection catarrhale qui,
disparaissent après quelques instans de repos, dans son état de simplicité, ne diffère pas du
AGniCni^TCBK. 123* livraison. TOME II. 42
330 ANIMAUX DOMESTIQUES : PATHOLOGIE. lit. Hi.
coryza el de l'angine ordinaires.— On tient des onctions d'onguent populéum, on abreuve
ses causes pour inconnues; mais il est proba l'animal avec l'eau tiède miellée, blanchie
ble que la dentition du poulain, en opérant avec la farine d'orge ; si la respiration est
un travail de fluxion à la tête, doit singuliè- laborieuse, la toux difficile et la fièvre forte,
ment prédisposer ces animaux aux inflamma ou fait quelques petites saignées, mais il ne
tions de la membrane nasale, des glandes et faut pas abuser de ce moyen; lorsque l'in
des ganglions voisins; qu'à cette cause prédis flammation commence à se calmer, on établit
posante viennent s'ajouter l'action des vicissi au poitrail un séton que l'on anime fortement
tudes atmosphériques, le passage brusque du avec un mélange d'onguent basilicum et d'es
chaud au froid, la suppression de la sueur, etc., sence de térébenthine; enfin, lorsqu'il se
et il n'en faudra pas davantage pour faire dé forme un abcès sous l'auge, il faut y favoriser
velopper la gourme, ou au moins une mala le développement du pus par l'application de
die fort analogue.—Quand la gourme se mani l'onguent vésicatoire, et se hâter d'ouvrir la
feste, il y a tristesse, dégoût, perte d'appétit, tumeur, lorsque la fluctuation est pronon
rougeur du nez, jetage d'une matière plus ou cée.
moins opaque, empâtement de l'auge, tumé
faction de ses ganglions, fièvre plus ou moins
forte, difficulté d'avaler et quelquefois de res D. Maladies du système lymphatique.
pirer, yeux chassieux. Plus tard la tuméfac
tion de l'auge augmente, se ramollit vers le § Ie'.— Farcin.
centre, s'abcède et fournit un pus plus ou
moins abondant; puis la guérison survient.—
Mais l'affection n'a pas toujours cette régula On donne le nom de farcin à une maladie
rité et cette bénignité; l'inflammation peut particulière au cheval, du mulet et à l'âne,
être plus intense, et 'alors la tête est plus pe résultant du développement de tubercules
sante, plus chaude; il y a abattement, chaleur, dans le tissu cellulaire, les ganglions et les
et baye visqueuse à la bouche, rougeur plus vaisseaux lymphatiques sous-cutanés, ou dans
vive du nez et des yeux, accélération et force l'inflammation chronique et l'induration de
du pouls, chaleur de la peau, etc. Quelquefois, ces parties, et pouvant affecter toutes les par
à la suite de cet état, il survient des indura ties extérieures du corps. Le farcin peut se
tions sous la ganache, des toux rebelles, des montrer sousquatreformes différentes : Vin-
écoulemens sans fin; mais le plus souvent duration farcineuse de la peau, farcin volant.
l'affection est bénigne, parcourt régulière Ce sont de petites tumeurs plus ou moins ar
ment ses périodes et guérit sans laisser de rondies, d un volume variant depuis celui
traces. d'un pois jusqu'à celui d'une grosse noisette,
Je ne parlerai pas ici de ce que l'on a impro dures, indolentes, qui ont leur siège dans l'é
prement nommé Jausse gourme; je passerai paisseur duderme; plies restent stalionnaires
sous silence les rapprochemens que l'on a pendant plus ou moins longtemps, disparais
faitSj à tort ou à raison, entre la gourme et sent en totalité ou en partie, en laissant à
plusieurs autres maladies, telles que l'esqui- leur place une espèce de petit durillon; ou
nancie, la coqueluche, la petite vérole, la vac bien les poils qui existent au sommet se hé
cine, la clavelée, etc.; je n examinerai pas si la rissent, et si on les écarte on remarque un
gourme est particulière aux chevaux, si elle petit ulcère arrondi, d'une couleur rouge, à
est sujette à récidive sur les animaux qu'elle surface exubérante, et ne paraissant occuper
a déjà attaqués, s'il est inévitable et néces que les lames les plus extérieurs du derme.
saire que les chevaux aient au moins une fois — 2" Abcès sous-cutanésJarcineux. Cesonldes
cette maladie, si elle est contagieuse, etc. tumeurs molles, indolentes, fluctuantes dès
Toutes ces questions, sujettes à controverse, leur début, sans changement de couleur à la
ne peuvent être traitées que dans un ouvrage peau, situées plus ou moins profondément el
spécial. se faisant surtout remarquer aux membres.
Traitement. Lorsque l'affection est simple La circonférence de «.-es tumeurs est quelque
et qu'elle suit une marche régulière, il faut se fois dure, mais sans douleur et sans chaleur;
garder d'en entraver le cours avec cette foule si on les ouvre il s'en écoule une matière
de médicamens proposés par les auteurs ; il jaunâtre, limpide, en quelque sorte huileuse,
faut au contraire laisser agir la nature et se tenant en suspension des flocons blanchâtres:
contenter de surveiller les animaux, de les quelquefois la petite plaie devient ulcéreuse,
maintenir dans une température douce et mais le plus souvent elle se guérit assez facile
égale, de diminuer leur ration et décomposer ment.—8* TumeursJarcineuses sous-cutanées,
celle-ci d'alitnens de facile digestion, tels farcin cordé, engorgemens Jarcineux. Ces tu
que l'eau de son et la bonne paille, alternée meurs se développent dans le tissu cellulaire
avec l'herbe fraîche s'il est possible; il faut sous-cutané, dans les interstices des muscles
aussi donner quelques lavemens simples, pré sous la forme d'une corde uniforme plus ou
server du contact irritant de l'air la tuméfac moins cylindrique, ou présentant des renfle-
tion de l'auge, et l'abcès s'il s'en forme un; et mens de distance en distance, des espèces de
dans ce but recouvrir la ganache d'une élou- boutons plus ou moins gros, affectant la forme
pade épaisse par-dessus laquelle on applique de chapelets, de cordes noueuses, résistantes,
une peau de mouton, la laine tournée en de douloureuses,qui,de leur point de départ, se di
dans. Lorsque l'inflammation est très-forte, rigent constamment vers le centre en suivant
la diète la plus sévère est de rigueur; on admi le trajet des veines ou des lymphatiques; ou
nistré en outre les lavemens émolliens (n° 7); bien ce sont des tumeurs aplaties, ordinaire
on expose des bains de vapeurs d'eau bouil ment circonscrites, suivant la même direc
lante sous la tèle et le nez; on fait sous l'auge tion que les précédentes, et dont les parties
5. MALADIES DES CHEVAUX, 331
voisines sont plus ou moins œdémateuses. Bien
tôt certaines parties de la tumeur se ramol § II. — Morve.
lissent, ou, si elle a la forme d'une corde
régulière, on remarque dans plusieurs points On donne ce nom à une maladie du cheval
de son étendue des portions exubérantes qui qui se manifeste par l'engorgement des gan
laissent apercevoir dans leur centre une fluc glions lymphatiques de 1 auge, le jetage par
tuation qui augmente tous les jours; la peau les deux narines ou par une seule, et dans ce
s'amincit, s'ouvre, et une petite ouverture dernier cas, le plus souvent par la gauche,
donne issue à un pus jaunâtre, épais et gru d'une matière jaune - verdàtre, grumeleuse,
meleux, puis un ulcère s'établit. Les parties s'attachant aux orifices des narines, et par
environnantes s'engorgent, deviennent dures, l'apparition de tubercules ou d'ulcères sur la
lardacées; l'engorgement s'étend, gagne en membrane qui revêt la cloison médiane des
largeur; de nouvelles tumeurs farcineuses se narines ou les cornets. Cet état est fréquem
forment, et des ulcères peuvent apparaître ment accompagné du développement de tu
dans des parties plus ou moins éloignées. Du bercules dans les poumons. Le cheval est dit
reste, les chevaux peuvent jouir de tous les douteux quand il présente un ou deux des
caractères de la santé.—4* ulcèresfarcinéux. symptômes que je viens d'indiquer. Ordinai
Ordinairement arrondis, grisâtres ou d'un rement le jetage ou la glande paraissent les
rouge livide, peu douloureux; les bords en premiers : d'abord en petite quantité, presque
sont légèrement renversés en dehors, fran séreuse, la matière qui s'écoule d'une ou des
gés; la surface en est inégale, rouge, fon deux narines est plus abondante que de cou
gueuse. Ces ulcères s'étendent en largeur tume; elle est d'une couleur jaunâtre, ino
pendant quelque temps, restent longtemps dore, et tient en suspension de petites masses
stationnaires, se multiplient pendant que comme caséeuses qui couvrent et salissent la
d'autres se cicatrisent, et sont toujours d'une peau et se dessèchent sur les orifices des na
guérison difficile à obtenir. La cicatrice ne rines. Si la maladie débute par ia glande, un
présente rien de remarquable; et ici, comme petit engorgement, ordinairement arrondi, si
dans les cas précédens, la santé peut rester tué plus ou moins profondément, parait à la
parfaite. face interne de l'une ou des deux branches de
Le farcin s'observe à tout âge, se développe l'os de la mâchoire inférieure; cet engorge
dans toutes les saisons, mais principalement ment est peu volumineux; il commence par
au printemps : il affecte les deux sexes et est avoir le volume d'une noisette ou d'une noix ;
ordinairement beaucoup plus bénin chez les il parait formé d'une seule masse, ou constitué
chevaux entiers que chez les chevaux hongres. par la réunion d'un grand nombre de petits
Cette maladie peut se développer sous l'in corps mobiles les uns sur les autres, mais ré
fluence des mêmes causes que la morve; elle unis en une masse assez circonscrite, adhé
peut aussi être la suite des suppuràtions de rant ou non à la peau, qui elle-même est plus
longue durée et de la résorption du pus des ou moins mobile; il est quelquefois indolent,
plates de mauvaise nature. Cette affection, qui d'autres fois il est légèrement douloureux, et
Î>eut durer pendant des années entières, a le cheval cherche à éviter la pression. Que
ongtemps passé pour contagieuse; beaucoup l'un de ces symptômes ou tous les deux appa
d'hippiatres, de cultivateurs et d'officiers de raissent en même temps et successivement,
cavalerio lui donnent même encore ce carac ils peuvent rester stationnaires pendant fort
tère; cependant l'expérience et l'observation longtemps, quelquefois des mois, des années,
de tous les jottrs semblent démontrer que le pendant lesquels la membrane nasale est
farcin ne peut se transmettre par voie de con dans l'état naturel, ou colorée, ou plus ou
tagion. moins épaisse et blafarde; en même temps
Traitement. Un air pur, sec, fréquemment l'animal parait jouir d'une bonne santé. Enfin,
renouvelé, l'usage des couvertures légères, le l'œil du côté où le jetage â lieu devient chas
pansement de la main réitéré et bien exécuté, sieux, larmoyant; de petits tubercules, déve
des alimens de saine nature, un exercice mo loppés dans le tissu sous-muqueux, apparais
déré et réglé, sont les meilleurs préservatifs sent sur la pituitaire ; bientôt ils se ramollis
de cette maladie, et les meilleurs auxiliaires sent, font place à de petits ulcères moins co
du traitement. A ces moyens on peut joindre lorés que les parties environnantes, blafards,
l'administration des toniques (n° 26), des diu jaunâtres et quelquefois exubérans ; ils aug
rétiques et des fondans (n°s 52, 66, 67, 68, 72). mentent successivement tant en profondeur
Les tumeurs abcédées doivent être ouvertes qu'en étendue ; le jetage devient plus consi
au moyen de l'instrument tranchant, et dé dérable ; bientôt il est mêlé de stries de sang;
truites soit avec les caustiques, soit avec le la table externe des sinus frontaux se gonfle,
fer rouge. On procède à l'enlèvement des fait saillie sous la peau ; la percussion que
kystes avec le bistouri, si les tumeurs sont l'on exerce sur elle est douloureuse et rend
Volumineuses ; les plaies sont ensuite recon- un son mat; le cheval est définitivement
Yertes d'étoupes coupées, et pansées avec la déclaré morveux et doit être abattu, non que
teinture d'aloès, l'eau le chlo- la mort suive de près la maladie arrivée à ce
rure de chaux, etc. Malgré^tous lès soins pos degré, et que le cheval ne puisse encore ren
sibles, il faut avouer que le farcin résiste bieu dre des services, mais parce que l'affection
souvent aU traitement que l'on emploie pour est alors regardR commedéfinitivement incu
le combattre. rable, et que les ordonnances de police pres
Je ne parlé pas ici des maladies quel'on a dé crivent le sacrifice de l'animal.
signées sous les noms de morve aiguë, farcin Causes. Plusieurs vétérinaires regardent la
àtgu, affections très- rares et rapidement mor morve comme héréditaire ; mais ce point de
telles. doctrine est encore douteux. Toutes les irrita
332 ANIMAUX DOMESTIQUI 5alimens
: PATHOLOGIE.
mal récoltés ou avariés ; l'influence
uv.m.
tions souvent renouvelées de l'appareil de la
respiration , toutes les causes susceptibles des pâturages marécageux, des lieux bas et
d'affaiblir l'économie et d'appauvrir le sang, humides, des brouillards habituels, des prai
telles que les mauvais fourrages, les fatigues ries rendues fétides par certains engrais, par
excessives, le mauvais régime longtemps con exemple, par les égouls des villes, le limon
tinué, l'influence d'un air vicié, des écuries des fleuves; et enfin ^Ae'reWi'fe. Les principales
malsaine est humides, des travaux sacca causes occasionnelles sont : le passage du
dés, etc, peuvent occasionner cette maladie. chaud au froid, les vapeurs irritantes des
La morve est-elle contagieuse ? Voilà une écuries, etc.
question qui a été bien débattue, et qui est en Symptômes. Ils peuvent être distingués en
core indécise. Autrefois tout le monde était ceux qui appartiennent à l'accès, et en ceux
convaincu de la contagion de la morve, et les qui se font remarquer dans les intervalles qui
règlemens de police prescrivaient à l'égard séparent ceux-ci»—Les symptômes de l'accès
des chevaux morveux des précautions ahy- peuvent être divisés en cinq temps.—1er temps.
giène publique, qui, aujourd'hui, paraîtraient Les yeux paraissent atteints d'une ophthal
ridicules et vexaloires. Dans ces derniers mie ordinaire : il y a larmoiement, routeur
temps même (mars 1837), un médecin très- de. la conjonctive, tuméfaction des paupières,
distingué, M. Rayer, dans un mémoire lu à sensibilité et chaleur plus marquées des par
l'Académie de Médecine, a soutenu que la ties qui environnent 1 œil, aspect blanchâtre
morve aiguë pouvait se transmettre d'un ani de la cornée, fièvre générale plus ou moins
mal à l'homme et réciproquement. Il a cité, à forte ; les yeux sont presque toujours fermés.
l'appui de cette opinion, l'observation d'un Ce premier temps dure depuis 3 jusqu'à 10 à
palefrenier mort à l'hôpital de la Charité, 12 jours.—2° Temps. Les phénomènes précé
d'une maladie qui avait tous les caractères de dons persistent, l'humeur qui s'écoule des
la morve, et d'un cheval chez qui cette mala yeux devient épaisse, la cornée est proé
die s'était développée à la suite de l'inoculation minente, l'humeur aqueuse perd sa transpa
de la matière sécrétée par la muqueuse nasale rence, et la cornée lucide parait elle-même
de cet homme. enflammée et obscurcie. — 3e Temps. L'in
Mais un fait unique, en le supposant même flammation parait diminuer un peu de force,
bien constaté, ne s'aurait en infirmer des mil les symptômes qui la caractérisent se dissi
liers d'autres. L'expérience et l'observation pent, l'œil se découvre, l'humeur aqueuse qui
sont venues d'abord jeter des doutes sur cette était trouble et rendait la vision obtuse, com
propriété contagieuse, puis convaincre un mence à recouvrer sa transparence, en lais
grand nombre de praticiens de l'absence com sant voir ce qu'elle a d'opaque, se condenser
plète de cette propriété. Si je ne m'en rap sous forme d'un nuage et se convertir en une
portais qu'au dire de la plupart des vétéri matière floconneuse qui, précipitée jusqu'en
naires, et aux expériences que j'ai faites à bas de la chambre anterieure,y est enfin absor
l'infirmerie de Betz avec mon confrère et ami bée plus ou moins parfaitement. — 4e Temps.
M. Berthonneau (nous avons vainement essayé Peu après l'éclaircissement de l'humeur
d'inoculer la morve à dix chevaux jeunes et aqueuse, il s'établit dans l'œil malade un nou
bien portans), je ne craindrais pas de dire veau travail inflammatoire moins fort que le
hautement que la morve chronique ne peut premier; la matière précipitée s'élève, se ré
se transmettre par contagion; mais un pareil pand dans toute l'humeur aqueuse une secon
langage ne serait peut-être pas sans inconvé de fois, et la trouble; de nouveau. — 5e Temps.
nient ici; j'aime donc mieux m'abstenir, et Il est marqué par la cessation complète de
me contenter d'engager les propriétaires à la tous les symptômes inflammatoires, la préci
prudence, tout en leur conseillant de bannir pitation de la matière opaque, et sa dispari
ces craintes exagérées, et ces précautions rui tion définitive. Alors l'animal parait complète
neuses qui, dans l'état actuel de la science, ment guéri; mais quelques semaines après il
seraient véritablement déplacées. Qu'ils évi survient une nouvelle attaque qui parcourt
tent avec soin d'exposer leurs animaux aux les mêmes périodes que la première, disparaît
véritables causes de la morve : voilà le meil comme elle, pour être suivie d'une 3% puis
leur secret de les en préserver. d'une 4e, et ainsi de suite jusqu'à ce que les
Tout le monde sait que la morve confirmée progrès du mal aient amené la perte com
est incurable : indiquer les traitemens qui plète de l'œil affecté. — Lorsque ranimai n'a
ont été. proposés pour la combattre, serait encore éprouvé qu' un ou deux accès, on ne
donc ici un véritable hors d'oeuvre. voit rien pendant les rémissions; mais lorsque
les attaques se sontmultipliées, les larmes ac
quièrent une qualité irritante, et déterminent
E. Maladies des yeux. souvent la chute des poils et même l'érosion
de la peau en s'écoulant sur le chanfrein;
Fluxion pr; indique ( ophthalmie intermittente, l'œil perd un peu de son volume, rentre dans
fluxion lunatique). son orbite, prend une teinte ardoisée; la pau
pière supérieure se couvre de rides, la pau
Maladie des yeux, reconnaissableà tous les pière inférieure se fend à une petite distance
signes de l'ophthalmie interne, apparaissant à de l'angle nasal; puis le cristallin devient
des époques plus ou moins ♦ignées, et finis opaque, et la cataracte se développe.
sant presque toujours par entraîner la perle Tout ce que l'on a pu faire jusqu'à présent
de la vue. pour guérir la fluxion périodique a échoué, et
Les causes prédisposantes de cette maladie la maladie doit encore être considérée comme
sont : le travail de la dentition, l'usage habi incurable. Les soins à donner aux chevaux
tuel des alimens fibreux, durs à broyer, des qui en sont attaqués consistent à faire dispa
MALADIES DES CHEVAUX. 333
raltre aussi promptemenl que possible les Dans les boiteries légères, dont le siège ne se
symptômes de l'abcès; on y parvient en met manifeste pas d'abord suffisamment, au lieu
tant en usage le traitement que j'ai fait con de faire marcher le cheval au pas sur un che
naître en parlant de Yophthalntie aiguë {voyez min de sable ou sur la terre, on le fait partir
ce mot). au trot sur le pavé, et l'on a soin que le con
ducteur, courant à pied, tienne la longe à
F. Maladies des membres. quelque distance de Ja tête. On se place d'a
bord en arrière, puis en face du cheval, puis
S I". — Considérations générales. enfin on se place de manière à le voir trotter
de côté, et même en cercle avec changement
Les maladies des membres, comme celles de main.
du pied, que nous examinerons bientôt, ont Le membre boiteux étant reconnu, il s'agit
pour caractère général, mais non essentiel, de procéder à la recherche de la partie ma
de faire boiter les animaux qui en sont at lade. Voyons d'abord pour les membres de
teints ; elles portent par conséquent les noms devant. Un caractère qui n'a,je crois, clé indi
génériques de boiteries et de claudications. qué par personne et dont je me suis servi
Ces maladies peuvent être légères ou graves, plusieurs fois avec avantage, peut faire recon
et donner lieu à des boiteries plus ou moins naître de suite si la maladie a son siège dans
fortes. Lorsque l'animal se borne à appuyer le pied ou à une autre région du membre : en
moins franchement sur le sol avec le membre faisant marcher l'animal boiteux sur un fu
malade qu'avec les autres, on dit qu'il feint. mier épais, la claudication diminue ou dispa
Si la douleur est plus forte, que l'animal ne raît si elle provient d'une altération du pied;
s'appuie que le moins possible sur le membre elle persiste ou elle augmente si elle est occa
boiteux, et que pendant la marche il accom- sionnée par une toute autre cause. Si le che
Êagne cet appui de balancemens considéra- val est atteint d'un écart, l'extrémité inférieure
les de la tête, on dit qu'il boite tout bas. du membre décrit une courbe en dehors pen
Enfin la douleur peut être assez vive pour dant la marche, l'animal fauche. Dans ce cas,
empêcher l'animal de se servir du membre la boiterie augmente lorsqu'après avoir fléchi
malade; on dit alors qu'il marche à trois jam le membre malade, on 1 écarte violemment
bes. Ce dernier signe est le plus grave. Le du corps ; d'ailleurs l'absence de tout signe
point souffrant d'où procède la boiterie est in de douleur dans les autres parties du mem
dispensable à connaître pour y appliquer des bre vient confirmer le diagnostic. Si le cheval
remèdes ; il se manifeste quelquefois par des boite du genou, le mouvement de faucher
plaies, des ulcères, des suintemens, des tu existe encore un peu, mais cette boiterie est
meurs diverses ( eaux-aux-jambes, crevasses, facilement reconnaissable à l'enflure de cette
exostoses, etc.). Malheureusement, il est des partie, et aux signes de douleur que l'animal
cas où les causes de la boiterie sont loin d'être donne quand on la comprime. La claudication
aussi évidentes, et où il est nécessaire de re qui dépend d'une maladie des tendons se re
courir à un examen très-détaillé; trop heu connaît à leur gonflement, et à la douleur que
reux encore quand on parvient à découvrir l'animal manifeste quand on les touche ; en
le mal ! car il faut avouer que dans bien des outre le cheval cherche à se soulager en met
circonstances il est fort difficile de recon tant constamment ces tendons dans le relâ
naître, non-seulement la partie malade, mais chement; pour y parvenir il n'appuie le mem
encore le membre boiteux. Voici cependant bre que sur la pince, et il tient les talons re
les principaux moyens d'être éclairci sur ce levés. Les efforts de boulets se reconnaissent
point. aussi facilement que ceux du genou. — Dans
On distingue quatre temps dans la part un membre postérieur, l'action de faucher
que chaque membre prend aux allures : 1° le indique presque toujours un effort de cuisse
lever; 2° le soutien, instant où le pied avance ou un état maladif du jarret. Ici comme pour
à peu près sans monter ni descendre; 3° le les membres de devant, lorsqu'on fait mar
poser, instant oii il regagne le sol ; 4- 1'appui, cher l'animal sur un épais fumier, la boiterie
moment où le pied qui a tombé sur le sol sup- diminue ou disparait si elle provient d'une
porte sa part du corps jusqu'à un nouveau altération du pied ; elle persiste ou elle aug
lever. Si l'on considère dans sa marche un mente si elle procède d'une autre cause. Si Te
cheval boiteux, on voit que le membre ma cheval est atteint d'un ejjort de cuisse, l'appui
lade fait son lever le plus vite, son soutien le du pied sur le sol se fait par tous les points de
plus long, son poser le plus tardif et son ap- la circonférence de sa face inférieure, la boi
. pui le plus court qu'il est possible. Au con terie augmente lorsqu'on a fortement porté le
traire, le membre qui correspond à celui qui membre successivement en avant, en dehors,
est malade fait son appui le plus long, et les et en arrière; le reste du membre ne pré
autres temps aussi courts que possible, afin sente aucune douleur. Un cheval atteint d'un
de venir au secours de celui qui est souffrant. ejfort de grasset éprouve beaucoup de diffi
Si le mal existe à un membre antérieur, la culté à lever le membre malade; il ietraine à
tête s'élève dans l'instant où il fait son appui terre en raclant le sol avec sa pince. Un ef
et la charge se prolonge sur le bipède diagona fort de jarret s'oppose à la flexion de cette
opposé. Lorsque la douleur existe à un mem Îortie qui s'enfle, et devient chaude et dou-
bre de derrière, la tête s'abaisse à l'instant où oureuse.
ce membre fait son appui, et ce mouvement, en Si la manière dont se fait la boiterie ne suf
reportant sur les membres de devant une par fit pas pour rendre compte du siège et de la
tie du poids du corps, soulage d'autant ceux nature du mal, il faut laisser l'anima! en re
de derrière; le membre postérieur sain ac pos, examiner attentivement, presser, com
célère son poser pour prolonger son appui primer dans tous les sens, faire mouvoir et
334 ANIMAUX DOMESTIQUES : PATHOLOGIE.
et entretient la douleur qui est toujoursuv.très-
m.
secouer fortement toutes les régions du
membre, afin de voir s'il n'y a pas quelque forte, surtout quand l'animal sort de l'écurit .
part de la chaleur, de la douleur, de la roi- Si la maladie n'est pas arrêtée dans sa marche,
deur, du gonflement qui puisse mettre sur la elle peut passer à l'état chronique. Alors l'é
voie de la découverte ; ou termine cet examen coulement persiste toujours et conserve en
eu faisant déferrer l'animal, et parer à (ond core sa fétidité et sa consistance; mais la dou
le pied du membre boiteux, et comprimant leur disparait, et l'animal ne témoigne plus
successivement tous les points de la sole et la moindre sensibilité lorsqu'on lui explore le
de la fourchette avec le mors ou les branches membre. C'est alors que l'on voit naître sur
des tricoises. De cette manière, et avec quel les parties affectées des ulcères superficiels,
ques précautions, on parvient presque tou sur les bords desquels se développent des
jours a découvrir un point douloureux, et excroissances charnues, rouges, molles, à
par conséquent le siège du mal. Il ne s'agit bases étroites, auxquelles on a donné le nom
plus alors que d'appliquer un traitement con- de -verrues ou de grappes. Enfin l'animal mai
. venable à la maladie reconnue.—Les boiteries grit et dépérit, tout en conservant son appé
dites de vieux mal sont celles qui sont an tit qui est même augmenté, mais qui ne peut
ciennes, ou dont la cause est inconnue; il y réparer complètement les déperditions qui
a des boiteries de vieux mal qui subsistent ont lieu par les surfaces malades.
constamment; d'autres ne sont appareutes Traitement. Voici celui qui a été recom
que lorsque l'animal sort de l'écurie, et dis mandé par M. Barthélémy aine, ancien profes
paraissent lorsqu'il est échauffé pour reve seur à l'école d'Alfort : alimens sains, ration
nir quand il a été refroidi ; d'autres enfin qui ordinaire, travail fatigant tous les jours, ne
ne s aperçoivent qu'à chaud. pouvant être remplacé que par cinq ou six
heures au moins d'un exercice actif; après le
§ II. v Eaux-aux-jambes. travail on lave la partie malade avec l'eau
tiède; on l'essuie de manière à absterger l'eau
Maladie dégoûtante qui affecte les parties dont elle est humectée, puis on lotionne lé
inférieures des membres, et est caractérisée gèrement toute la surface avec une dissolu
par un suintement d'un liquide séreux, fétide, tion de deux onces de vert-de-gris dans un
qui humecte la partie malade, et se rassemble litre d'eau de rivière. On répète cette opéra
en gouttelettes a l'extrémité des poils réunis tion tous les jours jusqu'à ce qu'il n'y ait plus
en paquets. Les eaux-aux-jambes attaquent d'écoulement et. que la partie malade soit par
plus spécialement les races communes, les faitement sèche; il est même prudent, pour
chevaux qu'on élève sur des terrains maréca- prévenir toute récidive, de continuer les lo
feux, et dont les pieds sont plats, larges et tions plusieurs jours après que ia dessiccation
vasés, et le bas des membres naturellement Parait complète, ce qui a souvent lieu lorsque
gros et chargé de poils abondans ; elles, se mon on n'a fait encore que trois ou quatre appli
trent à toutes les époques de la vie, mais plus cations; car dès la première, l'écoulement di-
souvent dans l'âge adulte, et se propagent fré minue sensiblement. Le travail estunauiiliaire
quemment aux quatre membres, en commen indispensable : il détermine le dégorgement
çant le plus ordinairement par un seul ou des jambes. Lorsqu'il existe des verrues, le cas
par deux, et toujours par ceux de derrière. est plus grave; on commence par les couper
—Les causes de cette maladie sont : les excès successivement, on cautérise avec le feu la base
de travail, l'influence des localités humides, des plus volumineuses, de celles qui saignent
des écuries malpropres, le contact des boues beaucoup, après quoi on a recours aux lotions
âcres des grandes villes, la mauvaise habitude comme dans les cas où cette complication
de passer a l'eau les chevaux qui rentrent du n'existe pas. On recommande généralement
travail, et, dit-on, la contagion. l'application du feu sur le membre, comme
Symptômes. Les eaux-aux-jambes commen moyen de prévenir les récidives; cette opéra
cent presque toujours par une inflammation tion n'est pas indispensable, et comme elle a
plus ou moins aiguë de la partie qui doit en l'inconvénient de tarer les animaux, on doit
être le siège. Le premier indice qui décèle s'abstenir de la pratiquer, excepté peut-être
' cettft>maladie est le hérissement des poils de dans quelques cas particuliers, où elle pour
la couronne, du paturon et du boulet ; ce rait être rendue nécessaire par l'ancienneté
hérissement est accompagné de l'engorge du mal, l'âge avancé et le tempérament essen
ment et de la roideur du membre. Bientôt tiellement lymphatique du sujet.
commence le suintement dont j'ai parlé j le
liquide qui s'écoule est d'une odeur particu § III. — Crevasses {mules traversines).
lière très-désagréable, tenace et persistante ;
il parait d'abord comme une rosée qui se con Entamures étroites, allongées, plus ou moins
dense à chaque poil. Les progrès de la mala Erotondes, accompagnées desuintementd'une
die déterminent bientôt le développement de umeur fétide, et ayant leur siège au boulet
la douleur; celle-ci devient si forte, que le et au paturon du cheval, dans le sens trans
moindre contact des corps extérieurs cause versal. Les chevaux y sont exposés quand ils
une grande incommodité; il suffit qu'une travaillent sur des terrains rocailleux, quand
Faille touche un endroit souffrant, pour que ils marchent dans les boues âcres, ou lorsqu'ils
animal lève le membre malade. Plus tard demeurent au milieu des urines, sur des fu
ce liquide devient épais, consistant et plus miers épais, surtout dans les écuries qu'on
fétide, et rassemble les poils en paquets; ceux- nettoie rarement. Les animaux dont les jam
ci tombent et la peau se dénude dans une bes sont grasses, chargées de poils, dont le
étendue plus ou moins grande. La matière de tempérament est mou et lymphatique, parais
l'écoulement irrite les parties qu'elle touche, sent plus exposés aux crevasses que les ch»-
CBAP. 5. MALADIES DES ou CHEVAUX.
la crinière avec l'un des pieds postérieurs-
SS5
vaux fins. Les crevasses sont des maladies peu
graves par elles-mêmes, mais qu'il est quelque L'enchevêtrure est rarement un accident
fois très-difficile de faire disparaître entière grave ; le plus souvent il ne consiste qu'en une
ment. Celles qui sont occasionnées par l'action écorchure superficielle qui occasionne un lé
des boues àcres des grandes villes résistent ger gonflement de la peau du paturon, puis un
souvent avec opiniâtreté aux traitemens les suintement d'un liquide séreux et fétide qui
mieux dirigés; ou bien, si on parvient à les s'accompagne d'une boiterie plus ou moins
guérir, cette guérison n'est qu'apparente, et le forte. — Le traitement de cette affection est
mal ne tarde pas à reparaître, surtout si le simple : du repos, des soins de propreté, des
cheval est de nouveau soumis à l'action des bains de pied, des cataplasmes émolliens sur
causes qui avaient amené la formation des le point douloureux, et, s'il y a lieu, une petite
premières. saignée pour calmer la fièvre qui a pu s'établir,
Traitement. L'animal atteint de crevasses tels sont les moyens qui doivent être mis en
superficielles ou profondes doit être soumis usage. Sur la fin du traitement on peut avoir
au repos le plus complet, afin d'éviter que les recours à l'onguent digestif, ou aux lotions de
plaies ne s'irritent à chaque mouvement du teinture d'aloès.
pied ; il devra être placé dans une écurie sèche
et bien nettoyée. Si les crevasses ne sont que § V. — Frayement des ars.
commençantes et que la peau paraisse rouge
et enflammée, l'emploi des adoucissans, tels On nomme ainsi une lésion qui survient aux
que bains tièdes, cataplasmes émolliens (n" 3), ars du cheval, c'est-à-dire à cette partie de la
onctions d'onguent populéum, pourront en région inférieure de la poitrine, qui se trouve
amener la guerison. Mais il ne faut pas trop entre les deux avant-bras, en arrière du poi
insister sur ces moyens qui ont quelquefois trail, et en avant du passage des sangles ; cette
pour résultat de faire passer les crevasses à lésion est constituée par des gerçures, des ex
l'état chronique; il est bon, quand on a obtenu coriations, qui s'accompagnent' souvent de
du mieux à l'aide des adoucissans, de faire l'engorgement de la partie, d'un suintement
suivre leur emploi par l'action de quelque plus ou moins abondant de sérosité, de la
dessiccatif; des lotions avec la teinture d'aloès chute des poils, et d'une gène très-forte de la
ou avec une solution faible de vitriol bleu marche. Cet accident survient à la suite du
(sulfate de cuivre) dans le vinaigre, convien travail dans des terrains boueux, lorsqu'on n'a
nent parfaitement. Si les crevasses sont an pas la précaution de laver les ars, à la rentrée
ciennes, calleuses, et accompagnées d'un suin des chevaux dans l'écurie ; alors la boue qui
tement abondant, il faut de toute nécessité s'est logée dans les plis de cette partie se des
appliquer des sélonsà la partie supérieure du sèche, et fait le lendemain office de corps dur,
membre malade, administrer des purgatifs qui, dans les mouvemens nécessités par la
(n°' 41, 44, 45), soumettre l'animal a l'usage marche, excorie et irrite la surface extérieure
des boissons nitrées, et faire marcher tous ces de la peau. Les soins de propreté, le repos,
moyens avec le traitement local. Celui-ci se les lotions avec une décoction d'écorce de
compose d'abord d'onctions d'onguent basili- chêne dans du vin, ne tardent pas à faire dis
cum, que l'on remplace au bout de quelques paraître cet accident, dont on pourrait facile
jours par des cataplasmes de farine de lin ar ment prévenir le développement en évitant la
rosés d'extrait de Saturne, ou par des lotions cause qui le produit.
faites avec une solution de sulfate de cuivre § VI. — Atteinte.
dans du vinaigre. Il arrive souvent que du fond
des crevasses poussent des végétations, espèce On nomme ainsi les meurtrissures que le
de verrues allongées, plus grosses à leur extré cheval reçoit des autres chevaux, os qu'il se
mité libre qu'à leur racine : il faut les couper fait lui-même, soit aux talons, soit à la partie
avant de commencer le traitement. postérieure des paturons ou des boulets. Sui
J'ai dit que le repos était la première con vant leur violence et leur siège, les atteintes
dition de succès: mais il est des chevaux chez peuvent être simples, quand la meurtrissure
lesquels cette condition ne peut être remplie, est légère et que la douleur se dissipe d'elle-
et qu'il est par conséquent impossible de gué même en peu de temps; sourdes, lorsque la
rir complètement. Le praticien doit se con douleur est profonde et persistante; encornées,
tenter, pour ces animaux, de dessécher les quand l'atteinte siège aux talons vers le bi
crevasses lorsqu'elles apparaissent (extrait de seau; compliquées, toutes les fois qu'elles
Saturne, solution de vitriol bleu); celles-ci ne sont accompagnées de l'altération de plusieurs
lardent pas à reparaître; mais on les dessèche tissus. Le traitement des atteintes varie sui
de nouveau, pour recommencer à chaque réap vant la gravité du mal. Si l'accident est récent
parition. et que la douleur soit forte, il faudra recourir
aux cataplasmesastringenssusceptiblesde faire
§ IV. — Enchevêtrure. avorter l'inflammation (n" 33,34). Si l'atleiutt
date d'un ou deux jours, il faut employer les
On nomme ainsi une blessure transversale, caïmans, tels que le repos, la saignée, les cata
que le cheval s'est faite dans le pli du patu plasmes émolliens sur la partie malade, les
ron, ou dans tout autre point des membres, onctions d'onguent populéum, etc. Ces moyens
et qui est le résultat du frottement qui a été bien simples suffisent ordinairement pour
exercé avec la longe dans laquelle l'animal s'est amener la guérison. Mais si l'atteinte provient
Jiris. L'enchevêtrure arrive surtout lorsque de coups que l'animal s'est donnés aux mem
a longe du licou est nouée d'une manière fixe bres de devant avec les pieds de derrière en
à l'auge et qu'elle forme une anse; le cheVal Yforgeant, il faut chercher à faire disparaître
s'y eDgage le paturon lorsqu'il se gratte la, tête [ cette cause à l'aide d'une bonne ferrure.
33C AN1MATJX DOMESTIQUES:
tier, dans
PATHOLOGIE.
un endroit où il ne puisse rii ui.iu.
se cou
La ferrure est une des parties les plus im pavées de nos villes, et sur les routes pier
portantes de l'hygiène des grands animaux do reuses de nos campagnes? Non, sans doute ;
mestiques employés comme bêtes de tirage ou les frottements de la marche auraient bien
de somme, car elle est tout à la fois un moyen tôt usé l'enveloppe cornée de leurs pieds et
de les conserver et de les utiliser, on du moins les rendraient pour longtemps incapables de
de les rendre le plus utiles p issihie. Sins le satisfaire aux se rvices qu'on en attend. Voyez
fer prot jeteur dont on garnit le sabot de nos pour preuve de cette assertion l'impossibilité
■chevaux, seraient-ils en effet longtemps ca où se trouvent de continuer leur marche les
pables da suffire à leurs travaux, dans les rues chevaux dont les pieds sont accidentellement
CRAP. 6. DU PIED DU CHEVAL. 347
dégarnis de leur9 fers, et les accidens si fré paroi, encore appelée plus vulgairement la
quents dans les nombreux troupeaux de muraille {fig. 198), est la seule partie du sabot
boeufs qui approvisionnent les marchés des
grandes villes. Combien ne voit-on pas de ces Fig. 200. Fig. 198.
animaux dont les pieds usés et endoloris par
une longue marche ne leur permettent pas de
continuer leur route !
La ferrure n'est pas seulement un moyen
conservateur des pieds des animaux ; par son
secours on parvient encore à obvier aux défec
tuosités de leurs sabots, à la fausseté de leurs
aplombs et à rendre aptes au service ceux
qui, par suite d'une mauvaise conformation
naturelle ou acquise, lui seraient tout à fait
impropres. Enfin, parune ferrure appropriée,
on peut arriver directement ou indirectement
à la guérison de certaines maladies des pieds
qui sans elle seraient incurables. Ainsi une
ferrure raisonnée a pour importants résultats
de conserveries pieds dans leur intégrité, de
pallier leurs défectuosités et enfin de guérir
leurs maladies.
Mais un art aussi utile ne doit pas être Fig. 199.
considéré comme un art tout manuel ou de que l'on puisse apercevoir lorsque le pied est
pratique; il nécessite: dans les hommes qui posé sur le sol. C est uue large bande de corne
l'exercent ou dans ceux qui les dirigent, qui enveloppe la circonférence du pied et
certaines connaissances sans lesquelles, loin dont les extrémités qui sont postérieures se
d'être un moyen utile, il est au contraire contournent en dedans et se dirigent vers le
nuisible et ruineux même pour les pieds des centre ( G fig. 200 ),
animaux. On ne doit pas ignorer, lorsqu'on Les extrémités rentrantes de la paroi con
applique un fer sous le sabot d'un cheval, stituent les barres ou arcs-boutants. Les an
que cette enveloppe cornée, que l'on étreint gles d'inflexion forment les talons. Cette
ainsi par un métal inflexible, contient des bande de corne que nous venons de voir for
parties vivantes, douées d'une exquise sen mer la paroi et les barres est épaisse et élevée
sibilité, et qu'elle jouit elle-même des mou à la partie antérieure du pied, et diminue gra
vements et de l'élasticité nécessaires à l'exer duellement d'épaisseur et d'élévation jusqu'à
cice des fonctions des parties qu'elle ren ses extrémités. Cette diminution ne se fait
ferme. Ces connaissances une fois acquises, pas d'une manière égale des deux côtés du
le but auquel ou doit tendre dans l'action de pied; toujours, et ceci est bien remarquable,
ferrer est de restreindre le moins possible la le côté interne est plus droit et moins épais
liberté des mouvements du sabot et de lui que le côté externe. Il est également impor
conserver autant que possible l'intégrité de tant d'observer que du côté interne la paroi
sa forme et de ses fonctions. C'est parce que est plus molle, plus flexible, qu'elle est moins
ces principes sont tout à fait méconnus ou contournée, moins en saillie que du côté ex
ignorés dans nos campagnes et dans la plupart terne.
dés villes, que tant de chevaux sont, dans un La paroi est oblique non-seulement de haut
âge même peu avancé, rendus tout a fait im en bas et d'arrière en avant, mais encore dut
propres auxservices auxquels ils promettaient centre à la circonférence, ce qui donue au
de suffire longtemps par leur constitution. pied une forme un peu conique. Les barre»
Puisque c'est sur la connaissance de la sont également obliques de haut en bas et de>
structure du sabot du cheval et de son élasti dedans en dehors. La face externe de la paroi
cité que sont basées les règles fondamentales est d'autant plus lisse, plus vernissée, que le
de la ferrure, nous sommes nécessairement pied est plus sain et que le cheval habite un
conduits à faire précéder l'exposé de ces rè pays plus sec. On l'a^tlivisée en plusieurs ré
gles (Tune description succincte du pied du gions qui ont reçu chacune un nom. On a appe
cheval et du mécanisme de ses mouvements. lé /Jf/ire(C.Bfig.UiS) la partie la plus antérieure
et la plus haute de la paroi; mamellet (E fig.
200) les deux régions correspondantes de cha-
Section i". — Du pied du cheval. 3uecôté de la pince, et enfin quartiers L le»
eux parties situées en arrière des mamelles.
Deux ordres de parties entrent dans la com La face interne est garnie d'une grande quan
position du pied : les unes, intérieures, sont tité de lames longitudinales, molles et élasti
vivantes; les autres, extérieures, sont des pro ques, toutes parallèles entre elles et disposées
duits corné* qui enveloppent et protègent les comme les feuillets d'un livre : c'est le tissu
premières. feuilleté des anciens qui s'engrène avec vm
tissu extrêmement vasculaire, disposé aussi
$ I".— Des parties extérieures. par feuillets, que l'on trouve a la surface de
l'os du pied. Les feuillets du tissu feuilleté
Les produits cornés forment dans leur en existent aussi à la face externe des barres.
semble une boite désignée sous le nom d'ongle Le bord supérieur de la muraille (A.fig. l»S)
ou de sabot. On y distingue quatre parties : la est taillé en oiseau aux dépens de sa face in
para:f la sole, lafourchette, et le périople. La | terne. XI ne forme pas un plan parfaitement
34$ ANIMAUX DOMESTIQU ÎS : DE LA FERRURE. uv. m
droit; il est légèrement déprimé dans le sens cercle; les talons en sont plus bas et plus
de sa hauteur, et sa concavité sert à loger la écartés, la fourchette mieux développée, et
portion renflée de la peau que l'on désigne la sole moins profonde; l'appui s'y fait princi
sous le nom de bourrelet ou cutidure. Il est palement en talons, en quartiers et en-ma
marqué à sa surface d'une grande quantité de melles. La pince se trouve éloignée du sol de
porosités qui correspondent à des filaments deux lignes à peu près.
veloutés existant à la surface du bourrelet. Le Les pieds postérieurs sont plus étroits laté
bord inférieur ou plantaire n'offre rien de ralement, plus allongés dans le sens antéro-
remarquable; c'est par lui que la paroi est postérieur, la sole en est un peu plus creuse,
unie a la sole. La couleur de la paroi peut les talons plus hauts et plus rapprochés, et la
être noire ou blanche, elle est constamment fourchette généralement moius volumineuse.
en rapport avec celle de la peau du membre Dans le poser sur un plan, le bord inférieur
au-dessus du sabot. On a remarqué que la de la paroi est tangent principalement en
corne noire était de meilleure nature que la pince, en mamelles et en quartiers; mais les
blanche. talons sont un peu relevés. Dans ces pieds,
La sole {fîg. 199) concourt avec la fourchette l'appui se fait plus sur le côté externe que sur
à former le plan inférieur du sabot; c'est une l'ioterne.
plaque de corne à peu près circulaire, plus ou
moins incurvée en haut et fortement échau- § H. — Des parties internes du sabot.
crée à sa partie postérieure. Sa grande cir
conférence est embrassée par le bord inférieur La boite cornée qui constitue le sabot sert
de la paroi, et son échancrure est bordée par à protéger les parties organisées et sensibles
les barres : la corne dont elle est formée est qu'elle contient. La première de ces parties
moins souple et plus friable que celle de la qui se présente à l'œil de l'observateur, lors
paroi. qu'on a enlevé le sabot , est une membrane
Lafourchette ( Rfig. 201) est une espèce de complexe, prolongement de la peau, et revê
cône de corne placé entre les barres et pro tant différents caractères, suivaut les régions
longeant son sommet jusqu'au centre de la où ou l'examine. Supérieurement au niveau
sole. Elle forme à la face inférieure du pied du bord de la paroi, elle présente un renfle
une projection plus ou moins prononcée dans ment logé dans la cavité circulaire qui sillonne
les différents sabots. Sa base est creusée d'une ce bord ; ce renflement a reçu le nom de bour
lacune longitudinale qui la divise en deux relet ou cutidure. En bas du bourrelet, la
branches. membrane sous-jacente à la paroi offre une
Le périople ou encore bande coronaire (P, succession de lames longitudinales, disposées
Jig. 201 ) est un ruban de corne qui ceint le bord exactement comme celles de la face interne de
supérieur de la paroi et s'étend sur chaque la paroi, avec lesquelles elle s'engrène; c'est
talon, où il forme un élargissement que 1 on le tissu podophylieux ovifeuillelé qui, dans l'a
désigne sous le nom de glômes (G fig. 200); sa nimal vivant, jouit d'une exquise sensibilité.
largeur, dans le reste de son étendue, est ordi Enfin, à la face plantaire du pied, la membrane
nairement celle du biseau; il sert avec le sous-jacente à la sole présente une multitude
vernis qui revêt la paroi à protéger le sabot de petits filaments vasculaires analogues à
contre les influences atmosphériques. ceux qui s'élèvent de la trame du velours,
L'ensemble de ces différentes parties que d'où elle a été appelée membrane veloutée. Au-
nous venons d'examiner séparément constitue dessous de celle membrane, on rencontre une
le sabot. Dans un animal bien conformé et base osseuse constituée par le troisième pha-
dont les pieds sont vierges encore de ferrure, langien, une partie du second et le petit sésa-
le sabot dont les dimensions sont en harmonie moïde.
avec celles du corps est lisse sur la face an Le troisième phalangien est un os très-
térieure, sans élévations ni dépressions, et spongieux dont la l'orme est à peu près, mais
semble revêtu d'un vernis protecteur. A sa en petit, celle du sabot qui le contient; de
face inférieure, le bord de la paroi est taillé chaque côté, le troisième phalangien, plus
net et sans écaille, la sole est incurvée en connu en maréchalerie sous le nom d'os du
haut, et la fourchette, grande et bien dessinée, pied, se trouve surmonté et comme prolongé
«'avance en projection jusque passé le centre en haut par une production cartilagineuse qui
-de la sole. Si l'on pose sur un plan un sabot dépasse d'un demi-pouce à peu près le bord
ainsi conformé {fig. 198), et qu'on examine ses supérieur de la paroi. Ces cartilages se plon
points de tangence avec la surface qui le sup gent en' dedans dans l'épaisseur des talons, et
porte, on voit : 1° pour le bord inférieur de la se continuent avec le coussinet plantaire. On
«paroi, que les talons, les quartiers et les ma désigne sous ce nom une saillie de nature fibro-
melles seuls sont en contact avec le plan, et graisseuse qui s'élève à la face solaire de l'os
que la pince en est un peu éloignée; 2° pour du pied, et se trouve logée à la face supérieure
4a sole, qu'elle touche le plan dans toute l'é de la fourchette sur laquelle elle se moule.
tendue de sa périphérie en bord de cloche, si Le petit sésamoïde, encore appelé os navi-
ce n'est en pince, où elle s'en éloigne un peu ; culaire, est situé au-dessus du coussinet plan
V enfin, pour la fourchette, qu'elle est tan taire et au-dessous de l'os du pied, au niveau
gente au plan par ses branches et son corps. de son articulation avec le second phalangien.
11 existe quelques différences pour la con H correspond à la face inférieure du sabot, au
formation et le mode de poser entre les sabots niveau à peu près du milieu du corps de la
pes pieds antérieurs et ceux des pieds posté fourchette, en avant de sa lacune médiane.
rieurs. Les sabots antérieurs sont plus larges Nous ne pouvons pas entrer ici dans les dé
at plus évasés, la circonférence de leur surface veloppements que comporte l'examen des rap
plantaire se rapproche plus de la forme d'un ports existant entre les parties internes et
cdap. 6. DU PIED DU CHEVAL. 3^9
externes du pied. Il doit suffire d'indiquer que dégarnir le pied d'un cheval, vous observerez
chacune des parties différentes de la mem en talons sur chaque branche une surface re
brane sous-jacente au sabot joue, par rapport marquablement polie, dont on ne peut expli
à cette enveloppe, un rôle différent. Ainsi le quer la présence qu'en admettant le frotte
bourrelet doit être considéré comme l'organe ment du bord inférieur de la paroi dans les
générateur, ou, en d'autres termes, comme la mouvemens de dilatation et de resserrement
matrice de la paroi, le tissu podophy lieux ne du sabot; donc le pied est élastique.
remplissant qu'un rôle secondaire dans sa for Plus tard, lorsque nous indiquerons les con
mation ; de même, le tissu velouté qui revêt séquences graves qui résultent pour le pied
la surface inférieure de l'os du pied et le d'une ferrure mal raisonnée, nous fournirons
coussinet plantaire doit être aussi envisagé encore d'autres preuves à l'appui de son élas
comme l'organe producteur de la sole et de la ticité ; maintenant c'est dans le raisonnement
fourchette. Ceci étant posé, on doit nécessai que nous allons les puiser.
rement comprendre que toute modification Le pied du cheval est élastique ; l'examen
active survenue dans les tissus formateurs des différentes parties qui constituent son
doit avoir une influence immédiate sur les sabot doit nécessairement conduire à celte
produits formés. La pathologie fournit des conclusion. Rappelons-nous, en effet, la dispo
preuves nombreuses à l'appui de cette asser sition de la paroi, des barres, de la sole et de
tion. Ainsi, plus de sang abonde-t-il dans les la fourchette, et voyons comment elles doivent
tissus feuilletés et veloutés, comme dans le se comporter dans l'appui sur le sol. La paroi,
cas de fourbure, le sabot change de forme, se avons-nous dit , est oblique de haut en bas,
sillonne de cercles, se détache des parties d'avant en arrière et du centre à la circonfé
sous-pécules ; les tissus sous-jacens à la corne rence. Les barres sont aussi obliques dans une
sont-ils trop fortement étreints et trop long direction parallèle à celle de la muraille, c'est-
temps comprimés par une ferrure mal rai- à-dire de haut en bas et de dedans en dehors.
sonnée, le sabot se resserre, comprime à son La sole forme une vofite dont la convexité est
tour les tissus sensibles, et met un obstacle supérieure; enfin la fourchette, corps mou et
désormais insurmontable aux mouvemens li flexible, occupe l'entre-deux des barres.
bres de l'animal. Etant donnée cette disposition, quels sont
les mouvemens dont est susceptible le sabot
§ III. — De l'élasticité du sabot du cheval. du cheval? Telle est la question que nous
avons maintenant à résoudre. Or, en y réflé
Le sabot du cheval n'est pas, comme on l'a chissant bien, on voit que le poids du corps,
cru longtemps, une enveloppe inflexible qui transmis au coussinet plantaire, doit tendre
étreintet comprime les parties qu'elle con nécessairement à rapprocher les barres obli
tient. Loin de là : il est doué de mouvemens ques l'une de l'autre par leur bord supérieur,
de dilatation et de resserrement alternatifs, et et à les écarter par leur bord inférieur, abso
peut être considéré,en quelque sorte, comme lument commute il arriverait si l'on chargeait
le rouage complémentaire de cet appareil élas d'un poids deux planches placées de champ
tique des membres dont nous avons étudié le et infléchies l'une vers l'autre. Soit AB et CD
mécanisme dans l'article Extèricur.\&% preu (^?#.202).par exemple, la coupe perpendiculaire
ves abondent à l'appui de cette proposition. Fig. 202.
Et d'abord, si nous jugeons par analogie,
pourquoi le cheyal serait-il de tous les ani
maux le seul dont le pied ne jouirait d'aucune
flexibilité ? Dans tous les animaux , en effet,
la dureté des réactions sur le sol se trouve
amortie non-seulement par l'agencement des
différens rayons osseux de leurs membres,
mais encore par la disposition de leurs pieds.
Chez tous , cet organe jouit d'une élasticité
qui résulte de la possibilité d'écartement de des barres, il est évident qu'un poids placé en
, leurs doigts et de la présence, à la face plan AC doit tendre à rapprocher A de C, et à éloi
taire du pied, de coussinets flexibles qui s'af gner B de D. Tel est en effet le résultat pro
faissent sous le poids. Le cheval ne peut faire duit; les barres, en s'écartanl l'une de l'autre
exception à cette règle : son pied , quoique par leur bord inférieur, déterminent néces
non divisé et partout recouvert de corne, doit sairement l'écartement des talons auxquels
jouir encore des mêmes propriétés mécani elles aboutissent ; effet que concourt aussi à
ques. A l'appui de cette preuve tirée de la loi produire l'affaissement de la sole qui, pressée
d'analogie, s en présentent d'autres que l'ob par le poids, de courbe qu'elle était, devient
servation et le raisonnement fournissent. plane et occupe une plus grande étendue : ce
Observez en effet l'empreinte que laisse sur qui nécessite conséqueniment l'écartement des
un sol humide le jeune poulain dont les pieds talons. De ces deux mouvemens simultanés ré
sont encore vierges de ferrure. Si vous prenez sulte le mouvement unique de dilatation du
la mesure de cette empreinte, et que vous en sabot. A l'époque où il est produit, c'est sur
compariez les dimensions à celles de la face la fourchette principalement que repose en
plantaire du pied, vous trouverez que ces der grande partie le poids du corps ; lorsque le
nières sont sensiblement plus petites; donc lever du pied s'effectue, les barres se redres
le pied s'est élargi dans la marche ; donc le sent, la fourchette remonte, la sole s'incurve,
sabot jouit de mouvemens de dilatation. les talons se rapprochent, le pied se resserre,
Autre preuve encore : examinez la surface et ce mouvement de resserrement succède à
supérieure d'un vieux fer dont on vient de celui de dilatation. Ce jeu de resserrement est •
S50 ANIMAUX DOMESTIQUEScorrespond au sommet de l'étampure.uv.
: DE LA TERRURE. Onni.
la
téraux
encore qui,
opérécomprimés
par l'élasticité
dans ledesmouvement
cartilages 1»de
pratique avec un poinçon; elle est destinée à
dilatation du pied parle bord supérieur de la donner passage à la lame du clou.
paroi, repoussent ce bord en revenant à leurs On dit qu'un fer est étampé à gras L lors
dimensions premières. qu'il existe une grande distance entre sa rive
Tel est le mécanisme des mouvemens dont externe et le bord extérieur des étampures ;
est doué le sabot bien conformé ; mais si la il est dit étampé à maigre K lorsque cette
paroi, au lieu d'être oblique, était au contraire distance est au contraire petite. Ordinaire
verticale, si les barres étaient perpendiculai ment les fers sont étampés plus gras en dehors
res, ces mouvemens ne sauraient s'effectuer, et et plus maigres en dedans. Celle disposition
la marcheC'est
loureuse. seraitcealors
que l'on
difficile
observe
et même dou esl ménagée afin de donner au fer ce que l'on
par exem
appelle de la garniture, c'est-à-dire afin de lui
pie sur les chevaux dont les pieds sont petits, faire déborder un peu en dehors la circonfé
encastelés et à talons serrés ; autre preuve que rence du pied.
l'élasticité est inhérente à un sabot bien con Les fers sont quelquefois munis dans une
formé, puisque sans elle la marche ne pour de leurs régions de prolongemens ou d'appen
rait s'effectuer sans douleur. dices particuliers, auxquels on donne des dé
sion,
nement
Ainsi
c'est-à-dire
l'analogie,
nous conduisent
que
l'observation
le piedà du
la cheval
même
et le jouit
conclude nominations différentes, suivant les différens
raison
usages qu'ils ont à remplir.
On désigne sous le nom de crampons (M
la propriété d'élasticité. fig.
vent204)
auxdes extrémités
prolongemens
des éponges
situés ledes
plus
fersson-
de
Ces connaissances une fois acquises, on peut
formuler en ces termes le problème dont on derrière, et qui, résultant d'une inflexion à
doit se proposer la solution dans la pratique angle droit que l'on fait subir à l'extrémité
de la ferrure : Etant donné un pied bien con de la branche, font saillie à sa face inférieure.
formé, lui appliquer unfer qui conserve l'inté Ils ont pour usage, comme l'indique leur nom,
grité de saforme, la rectitude de ses aplombs, de permettre au pied de prendre un solide
et mette le moins de limites possible à la li point d'appui à la surface du sol, en un mot,
berté de ses mouvemens. de s'y cramponner.
.Nous allons en chercher la solution. On désigne sous le nom de pinçons des pro
longemens tirés par le ma r tellement de la
Section h. — Dufer en général. substance même du fer. Ils sont le plus sou
vent situés en pince ou en mamelles, et s'élè
Le fer (fig. 203) est une barre de métal plus vent sur la rive externe à la face supérieure
large qu'épaisse, contournée sur elle-même, du fer : leur forme est celle d'un triangle
dans le sens de son épaisseur, de manière à se dont la base est en bas et le sommet eu haut;
mouler sur la circonférence de la face plan ils sont assez minces pour qu'il soit possible
taire du sabot qu'elle doit servir à protéger. de les rabattre à froid avec un brochoir sur la
Il a été divisé, comme le pied du cheval, en face antérieure de la paroi. Ils ont ordinaire
différentes régions qui prennent le nom de ment pour usage de donner au fer plus de
pince, mamelles , quartiers et éponges. La fixité.
pince est la partie la plus antérieure du fer; S I".— Du fer ordinaire.
elle correspond à la région du sabot qui porte
le même nom; les mamelles sont situées,
comme dans le sabot, de chaque côté de la le Le fer le plus usuellement employé reçoit
nom de fer ordinaire, à devant ou à der
pince; les quartiers, en arrière des mamelles, rière, suivant les pieds sous lesquels on le fixe.
et enfin les éponges sont les extrémités des Le fer ordinaire à devant Jig. 203,, tel qu'on
branches du fer et correspondent aux talons.
On désigne sous le nom de branches du Fig. 203. Fig. 204.
ferl,J, chacunede ses moitiés : on lesdistingue
en interne J et en externe I, suivant la posi
tion qu'elles occupent sous le pied. 1.V,
On entend par épaisseur du fer la distance
qui existe entre sa face supérieure et sa face
inférieure.
La couverture AB du fer est la largeur d'un o ■ 1 * iWLl
bord à l'autre ; chaque bord prend le nom de \ J t vy
rive. La rive externe, plus longue, est celle qui
circonscrit le fer; la rive interne, plus courte, le forge sdans les principaux ateliers de Paris,
est celle qui est inscrite dans la circonférence
de l'autre.
On donne, par analogie, le nom de voûte B à est assez long pour protéger tout le bord in
la portion de rive interne qui décrit une férieur de la paroi jusqu'aux talons que dépas
courbe correspondante à la pince. sent même un peu ses éponges, et assez cou
On entend par étampures ÈK les ouvertures vert pour revêtir toute la circonférence de la
de la face inférieure du fer, destinées à loger sole dans une étendue de 4 à 5 lignes. Ses
la tête du clou ; leur forme est, comme celle de étampures, également éloignées l'une de l'au-
cette dernière , la forme d'une pyramide à tre, sont séparées des éponges par une distance
quatre faces. qui surpasse d'un tiers à peu près leurs dis
Par contre-perçure , on entend l'ouverture tances réciproques. Son épaisseur est partout
qui existe à la face supérieure du fer et qui la même; la couverture de ses branches est
«UT. 0. RÈGLES DE LA. FERRURE. 351
un peu moins grande que celle de la pince-, du diamètre antéro-postérieur, de telle façon
mais la branche interne est un peu plus cou que l'appui du pied se fait principalement en
verte que l'externe. Elle diminue insensible talons, en quartiers et en mamelles, mais que
ment de largeur jusqu'aux éponges, qui con la pince en est un peu relevée. L'ajusture,
servent cependant encore assez de couverture quant à ce qui concerne la l'ace inféi leure du
pour garnir de chaque côté les talons sur les 1er, devra donc consister à donner à cette face
quels elles portent à plat. cette forme de la face plantaire du sabot; elle
Lefer ordinaire h derrière (fig. 204) diffère sera un peu relevée en pinces et eu mamelles,
•du fer à devant par sa forme moins circulaire; et les branches devront être planes dans toute
son épaisseur est beaucoup plus forte en pince leur étendue postérieure*
-que dans les branches où elle diminue insensi Quant aux pieds postérieurs, comme le bord
blement jusqu'en éponges.Les étampures, dis inférieur du sabot est tangent à un plan à peu
tribuées également sur les deux branches, lais près dans toute son étendue, le fer propre à
sent dans le milieu du fer un espace qui leur adapter doit avoir toute sa surface infé
permet d'y établir un pinçon. Les branches rieure à peu près plane.
•oui différentes l'une de l'autre par leur forme, L'a/i" titre ne consiste pas seulement à
leur longueur et leur épaisseur. L'externe, donner à la face inférieure du fer la forme de
plus longue et plus épaisse que l'interne, di la face plantaire du pied; elle a aussi pour but
minue insensiblement de largeur jusqu'à l'é d'imprimer à sa face supérieure une incurva
ponge qu'on replie ordinairement a angle tion qui permette d'arriver à la solution de la
droit pour former un crampon. L'interne, troisième donnée du problème, c'est-à-dire la
plus petite, moins épaisse et moins large, se conservation de l'élasticité du pied.
termine par une pointe que l'on rabat sur elle- 3° Mettre le moins de limites possible à la
même pour former un petit crampon quadri- liberté des mouvemens du sabot.
facié comme la tète d'un clou, et qui a reçu le Telle est la troisième donnée du problème,
nom de mouche, et célle dont il est le plus difficile d'obtenir la
solution.
$ II. — Des règle» de la ferrure. Au premier abord, en effet, la ferrure sem
ble tout à fait incompatible avec la conserva
IN'ous avons dit plus haut que le problème tion des mouvemens du sabot, puisqu'un fer
dont on devait se proposer la solution dans la est une barre inflexible qui, en étreignant le
pratique de la ferrure, était celui-ci : Etant pied, doit nécessairement le faire participer à
donne un pied sain, lui adapter un fer qui son inflexibilité. Cependant, si l'on réfléchit
conserve l'intégrité de sa forme, la rectitude 1° que les mouvemens de dilatation du sabot
de ses aplombs, et mette le moins de limites s'effectuent principalement en talons; 2° que
possible à la liberté de ses mouvemens. l'élasticité du pied consiste en partie dans un
V Conseiver au pied l'intégrité de saforme. mouvement d'affaissement et de relèvement
Telle est la première et lu plus importante de la sole, on verra qu'il est possible de pe pas
règle de la ferrure, celle dont l'inobservation mettre un obstacle complet au jeu de cette
est peut-être la cause la plus influente de la élasticité.
ruine de tant de chevaux. Lorsqu'on applique 1* On arrivera à conserver aux pieds les
lin fer sous le pied du cheval, ou doit bien se mouvemens de dilatation des talons en dissé
rappeler que c'est le fer qui doit prendre la minant les étampures du fer, de façon que les
forme et les contours du pied, et non pas le clous qui doivent le maintenir s'implautent
pied qui doit se mouler sur le fer. Ou ait, eu
termes de inaréchalerie, qu'on donne la tour
nure à un fer lorsqu'on lui fait décrire les
contours du pied. Cette tournure n'est pas la Ions. Ici encore nous devons signaler une dif
Htème dans les pieds antérieurs et dans les férence entre le fer à devant et le fer à der
pieds postérieurs; ce qui résulte nécessaire rière. Comme c'est principalement dans les
ment de la différence des formes qu'ils affec pieds antérieurs que le jeu d'élasticité du sa
tent, puisque la tournure ne peut être bonne bot est le plus prononce, c'est principalement
qu'autant que la circonférence du fer est exac aussi dans les fers qui doivent leur être adap
tement celle du bord inférieur du sabot. tés que la dissémination des étampures doit
2° Conserver au pied la rectitude de tes être faite dans le but de la conservation de
aplombs. cette élasticité. Quant aux pieds postérieurs
Telle est la seconde donnée du problème. où les mouvemens de dilatation sont plus
Pour arriver à ce résultat, il faut donner au limités, la dissémination des étampures per
fer la forme de la face inférieure du sabot, de met d'implanter les clous plus près des talons.
telle façon que le pied garni de son fer soit 2° On permettra les mouvemens d'affaisse
encore dans son appui naturel lorsqu'il pose ment de la voûte élastique que représente la
sur le sol. On dit, en maréchalerie, qu'on sole, en imprimant à la face supérieure du
donne Yajusture à un fer lorsqu'on le moule fer une légère incurvation qui laisse à la sole
ainsi sur la forme de la face plantaire du la liberté de s'affaisser sous le poids sans
pied. qu'elle se trouve en contact avec le fer. Mais
L'ajusture est, comme la tournure, différente cette incurvation ne doit être creusée que
dansies pieds antérieurs et dans les pieds pos dans l'épaisseur même du fer, et sans qu'il en
térieurs ; ce qui résulte nécessairement encore résulte de modification pour sa face inférieure.
de la différence de forme et de poser de ces C'est en cela que consiste l'ajusture de la face
deux pieds. supérieure.
Dans les pieds antérieurs, la face plantaire Ainsi, en résumé, pour qu'un fer se trouve
du sabot est légèrement convexe dans le sens dans toutes les condition; qu'exige son adap
352 ANIMAUX DOMESTIQUES : DE LA. FERRURE
talion raisomiée à un pied sain, il faut qu'il Fig. 209.
«n ait la tournure, qu il lui soit bien ajusté,
c'est-à-dire que sa face inférieure représente
celle du sabot, et que sa face supérieure soit
assez incurvée pour permettre l'affaissement
de la sole; il faut enfin que les étampures
soient disséminées de telle manière que les
clous ne puissent gêner les mouvemens des
talons. La figure 205 représente un pied de
devant, et la figure 206 un pied de derrière,
garnis de leur ter et vus par leur face infé
rieure. Les figures 205 bis et 206 bis repré
sentent ces pieds posés sur le sol.
Fig. 205. Fig. 206.
§ VII. —Manière d'opérer la transition de la nour des fourrages grossiers, et on les remplacera
riture ordinaire à celle de l'engraissement. par des alimens plus nutritifs. — Lorsqu'au
contraire, on engraisse des bêles qui sont déjà
L'expérience et le raisonnement indiquent en chair, on conçoit qu'il est plus avantageux
assez que cette transition doit s'opérer peu à de débuter incontinent par la ration entièrede
peu. Je regarde comme mal fondes, dit Pabsl, l'engraissement sans avoir besoin de régime
les principes de certains engraisseurs qui transitoire; car il ne faut pas ouhl ier que les ani
veulent que, dès le début, on force sur la nour maux n'emploient à la formation de la graisse
riture, afin, disent-ils, d'activer davantage les que le surplus des alimens qui leur sont néces
organes de la sécrétion et la graisse. — Il peut saires pour persévérer dans cet état; d'oùilstùt
être avantageux de donner, dès le commence qu'un engraissement prompt est plus avan
ment, des substances très-nourrissantes et en tageux que celui qui est tire en longueur. •
même temps émoi lien tes, comme, par exemple, C'est à J. Pabsl que nous devons le prin
l'eau blanchie avec des matières farineuses, cipe sus- énoncé. — Thaër développe des prin
afin de préparer les organes digestifs ; mais cipes à peu près analogues. « Tous les engrais
on atteindrait mal ce but en doublant tout de seurs de l'Angleterre, dit ce dernier auteur,
suite la quantité de nourriture jusqu'alors prétendent qu'il convient de commencer d'a
donnée. Un bœuf qui pendant longtemps n'a bord par la nourriture la plus substantielle,
eu que vingt livres de foin, en mangera qua alin, disent-ils ( et l'explication n'est rien
rante si on les lui donne, surtout si on s en moins que physiologique), d'élargir les vais
tend à les lui bien préparer; néanmoins il ne seaux de sécrétion, ou plutôt de les stimuler,
pourra s'approprier immédiatement toutes et de les mettre mieux en activité. Cela s'o
les parties nutritives de cette masse de four père surtout par le moyen de boissons fari
rage, et trente livres données pendant quel neuses, et d'une digestion facile-, de tels breu
que temps avant de passer aux quarante li vages sont très-utiles pendant les huit à quinze
vres
Unauraient
autre faitproduit
non moins
les mêmes
avéré résultats.
par l'expé premiers jours, durant lesquels on donne une
moins grande ration des autres fourrages.
rience de tous les bons engraisseurs, c'est Ensuite lorsque le, bétail a atteint un certain
grais
que, dans
se contentent
les commencemens,
de toute espèce
les bêtes
d'alimens
à l'en-, point de graisse, le désir de manger diminue
peu à peu chez lui ; à celte époque il ne con
ordinaires, et augmentent plutôt en chair somme plus les mêmes rations qu'auparavant,
qu'en graisse; qu'au contraire, plus tard, et il reste ainsi à peu près dans le même étal.
lorsqu'elles ont acquis an certain degré d'em Si alors on veut le pousser à un degré d'em
bonpoint, il leur faut une nourriture plus re bonpoint plus élevé, il faut passer à un genre
cherchée, et en particulier des alimens ren de nourriture plus succulent et qui, sous un
fermant plus de substance nutritive sous un moins grand volume, contienne une plus
moindre volume, si l'on veut qu'elles conti grande proportion de parties nutritives. >
nuent à faire des progrès dans l'engraisse De ce qui précède il résulte que, lorsqu'on
ment. On a remarqué en outre que les four pousse les animaux à un point très-avaucé de
rages grossiers, composés en grande partie de l'engraissement, les dernières livres dégraisse
fibre végétale, de mucilage et de fécule brute, sont beaucoup plus difficiles à produire que
comme le foin, le fourrage vert, les pommes les premières ; il est également évident
de terre, etc., influent particulièrement sur la que, soit relativement a la masse de
formation de la viande; tandis que d'au substance alimentaire nécessaire pour pro
tres, renfermant beaucoup de gluten, de mu ment
duire un
à lapoids
valeur
donné d'une
de graisse,
même soitquantité
relative-
de
cilage sucré, d'huile, de fécule changée par
l'effet de la fermentation, comme le grain substance alimentaire, la production d'un
surtout après qu'il a été fermenté, les tour quintal de graisse doit être beaucoup plus
teaux d'huile, les drcches de brasseurs, etc., coûteuse, sur la fin de l'engraissement d'un
influent davantage sur la formation de la loi d'animaux, que dans les premiers momens
graisse. — De ces divers faits il résulte la de cette opération. Les prix de vente de la
règle suivante pour le régime convenable à viande grasse compensent au reste, jusqu'à
suivre à l'égard d'un animal qui, comme cela un certain point, cette différence; car sur
a lieu ordinairement, se trouve dans un état tous les marchés, le quintal de viande se vend
moyen de maigreur lorsqu'on commence à à un prix d'autant plus élevé que lesanimaui
l'engraisser. ont été poussés à un plus haut degré de
« Dans les premières semaines de l'engrais graisse. Comme l'engraisseur obtient cette
sement, ou augmentera peu à peu la nourri augmentation de prix, non pas seulement sur
ture que l'animal a eue jusqu'alors, en y le dernier quintal de graisse qu'il a produit
ajoutant une boisson nourrissante. Jusque-là, à grands frais, mais sur le poids total de l'ani
les animaux (il est ici question plus particu mal, il peut se trouver souvent remboursé de
lièrement des bêtes bovines) peuvent encore ses avances.
être employés, soit à un travail modéré, soit à U faut mettre la plus grande régularité dans
donner un peu de lait. Lorsqu'on a atteint les heures auxquelles on donne à manger, ai»
le point où l'animal ne se soucie plus d'une bestiaux et dans la force des rations. Le bé
augmentation de cette nourriture et qu'il dé tail acquiert une connaissance très-précise du
note un accroissement marqué, on cessera de temps ; on peut l'observer d'une manière très-
tirer de lui tout service, et on ajoutera à sa particulière chez les bêtes de trait qui sont
nourriture des alimens plus substantiels et avancées en âge, et qui, lorsque les heures de
agissant davantage sur la production de la repas sont arrivées, se refusent au travail, et
graisse. A mesure que les bêtes deviendront veulent s'eu aller à la maison, ou bien dansl»
r. 1. ENGRAISSEMENT DES BESTIAUX. 389
prairie où elles doivent pâturer. Le bétail qui dose de 2 à 3 onces par bœuf, peuvent favo
est à l'étable s'agite lorsque les heures où il riser l'engraissement en fortifiant les organes
doitrecevoir ses repas ne sont pas ponctuelle digestifs. Quant à l'antimoine, que l'on a quel*
ment observées, tandis que jusqu'à ce mo quefois employé à cet usage en Allemagne,
ment il demeure très-tranquille. Il connaît les opinions sont partagées sur ses effets. Plu
aussi la ration qu'on lui donne ordinairement; sieurs personnes les regardent comme très-
lorsqu'il l'a reçue et mangée, il se livre au re convenables, d'autres comme un moyen de
pos ; si au contraire il ne l'a pas reçue en en supercherie pour faire paraître l'animal plus
tier, il demeure inquiet. Cette régularité dans gras qu'il ne l'est réellement. Il est bien re-
la distribution de la nourriture contribue conuu que cette substance a la propriété de
tellement à son engraissement, qu'une ali pousser à la peau, et de favoriser sa souplesse
mentation incomparablement plus abondante, en augmentant la transpiration insensible;
mais donnée irrégulièrement, ne peut dé sous ce rapport, donnée en même temps
dommager du défaut d'ordre. On peut régler qu'une bonne nourriture, à la dose d'une 1/2
de différentes manières les heures des repas once tout au plus en huit jours par tète de
•t la quantité de 'nourriture qu'on veut don bétail, elle peut en effet favoriser et activer
ner aux bêtes •, mais quand ils ont une fois été l'engraissement ; mais je doute que l'on puisse
réglés, il faut toujours les continuer sur le obtenir de bons effets de son emploi a trop ■
même pied. — On tomberait dans une erreur fortes doses.— Le soufre agit de la même ma
très-préjudiciable , si l'on voulait donner à nière; mais il convient moins encore.
manger jour et nuit sans interruption. Les Des expériences nombreuses entreprises en
animaux ruminans principalement ont besoin Allemagne ont démontré que l'eau-de-vie, ad
à chaque repas de remplir leur panse jusqu'à ministrée en petite quantité, favorise la for
un certain point; après quoi il leur faut un mation de la graisse; aussi Pabst nous ap
long intervalle de repos, pendant lequel, cou prend-il que Ion a trouvé avantageux d'en
chés sur leur litière, ils puissent ruminer à donner jusqu'à la dose journalière d'une livre
leur aise; ce repos leur est indispensable si par bœuf vers la fin de l'engraissement. C'est
l'on veut que la nourriture leur profite. Il suf sans doute la présence de l'alcool (esprit) qui
fit de donner trois fois ou tout au plus quatre contribue à rendre les alimens fermentes si
fois à manger parjour, en faisant durer chaque convenables aux bêtes à l'engrais, et qui fait
repas deux heures, et en le divisant en plu que les résidus mal distillés sont meilleurs
sieurs services. que les autres.
§ VIII. — Moyens d'activer l'engraissement. § IX.— Effets de l'engraissement.
Ou a proposé d'administrer dans ce but, aux Le premier effet de l'engraissement est Vem
animaux] à l'engrais, différentes substances, bonpoint. 11 est caractérisé par la disparition
parmi lesquelles je citerai : 1° le sel ; 2° les des interstices musculaires et des saillies os
substances amères ; 3° l'antimoine et le sou seuses, par la légèreté, la gaieté, la vigueur des
fre ; 4" l'eau-de-vie. animaux. Alors toutes les fonctions s'exécu
Si le sel, considéré généralement comme tent avec régularité ; les excrétions et les exha
facilitant la digestion et stimulant l'appétit, lations sont abondantes; la transpiration est
est employé dans ce but avec succès pour onctueuse, surtout aux ars postérieurs; les poils
tous nos bestiaux, à plus forte raison doit-il s'allongent, grossissent, tombent, et le volume
préseuter de l'avantage dans l'engraissement. du corps augmente. — A mesure que l'engrais
Du reste, il faut toujours avoir égard à la na fait des progrès, la gaieté diminue et bientôt
ture des alimens pour la quantité de sel à elle disparaît; en même temps la démarche
donner : une nourriture fermentée, acide, en devient lourde et chancelante; lecorps s'arron
nécessite moins que des alimens mucilagi- dit, le ventre devient tombant et volumineux,
neux, méléorisans ou difficiles à digérer. Une et la sensibilité s'émousse. Cet état d'insensibi
trop forte dose affaiblirait les animaux, et lité est quelquefois poussé chez le cochon à
leur causerait des diarrhées; néanmoins, on un point incroyable. M. Grognier rapporte
peut en toute sûreté donner aux bêtes à l'en que l'on a vu de ces animaux, étendus sur la
grais le double et même le triple de ce qu'on litière, ne faisant d'autres mouvemens muscu
donne ordinairement aux autres bêtes, ce qui, laires que ceux des mâchoires, ne pas s'aper
d'après J. Pasbt, peut aller à 3, 4 et même cevoir de l'existence d'une famille de rats ni
C livres par mois pour un bœuf. L'emploi du chée dans la profondeur du lard. — L'animal
sel et des différens toniques est donc inutile à arrivé à cet état a atteint ce que l'on nomme
l'égard des bêtes saines, vigoureuses et bien Je fin gras. Si alors on ne le tuait pas, il ne
nourries, surtout au commencement de l'en tarderait pas à périr par la fonte et la résorp
graissement, mais présente des avantages chez tion de la graisse. L'obésité est donc un véri
des animaux vieux, débiles ou très-lympba- table état maladif, dont la mort serait le terme,
tiques, nourris avec des fourrages aqueux ou si l'homme ne s'empressait pas de la prévenir;
malsains. — Le sel se donne mélange aux ali et il faut que les engraisseurs s'attachent à
mens ou dans la boisson ; on peut encore le reconnaître le point précis où ils ne pour
présenter à lécher aux animaux. La première raient plus, sans danger pour leurs intérêts,
méthode mérite la préférence, parce que les conserver les animaux engraissés.
bêtes mangent plus volontiers les fourrages M. Chambert, vétérinaire et auteur d'un
imprégnés de sel. Essai sur l'amélioration des animaux domes
Quelques substances amères et aromatiques, tiques, observe que les bêtes à cornes élevées
comme la gentiane, les baies de genièvre et et engraissées à l'air dans les pâturages, ont
autres, employées de temps en temps à la plus de tendance à prendre de la graisse inté.
390 ANIMAUX DOMESTIQUES : ÉCONOMIE DU BÉTAIL. uv. m.
rieuremenl; et que ceux qui ont été élevé* I Poids du mouton en vie. 271 livres.
presque constamment à l'étable avec du foin, 1
des racines, des grains secs, ont une plus
grande disposition à un embonpoint exté Fressure et tête.. . . n r> Si fl£
rieur. La cause en est que l'action de l'air
froid sur la peau l'empêche de se distendre
dans le premier cas, et que la chaleur con Viande nette. . . . 15 186
stamment chaude et humide des étables pro
duit l'effet contraire dans le second. Il observe Total égal. . 271
■encore que dans le premier cas les bœufs sont A égalité de poids les bouchers paient gé
constamment tourmentés par des démangeai néralement plus cher les animaux engraissés
sons qu'il regarde comme les signes d'un bon de pouture que ceux qui l'ont été dans les her
engrais, et dont on doit adoucir l'effet en bages; ils savent très-bien que la viande est plus
plantant, dans les enceintes où les bœufs sont savoureuse, qu'elle se conserve plus longtemps
retenus, des pieux contre lesquels ces ani et que le suif en est plus ferme et plus blanc.
maux puissent se frotter. — Les fabricans de chandelles font aussi une
La graisse se forme d'abord sous la peau et différence dans le suif des animaux, suivant la
entre les muscles; ce n'est qu'après que ces manière dont ils ont été engraisses ; ils repro
parties eu sont à moitié saturées, qu elle se chent au suif des animaux engraissés à
dépose autour des viscères du bas- ventre. l'herbe, d'être verdàtre, peu consistant, de
Ainsi un animal peut paraître gras aux yeux faire beaucoup de déchet à la fonte, et, pour
d'un homme peu exercé, et ne l'être cepen me servir de leur expression, de n'être pas
dant pas complètement. Celte remarque est assez mûr.
importante, parce que la quantité de graisse
qui se forme dans 1 intérieur est souvent con % XI. — De la saison la ment.plus favorable à l'engraisse
sidérable (100 livres de suif, terme moyen,
pour un bœuf), et que c'est de là seulement Pabst établit en principe que , dans le
que l'on peut fàcilement retirer celle que choix de l'époque où l'on veut engraisser les
( on veut vendre séparément pour l'usage de bestiaux, on a généralement quelque égard à
l'économie domestique et des arts. la convenance de la saison sous le rapport de
la facilité de l'engraissement; mais que l'on
§ X. — Produits des animaux engraissés. considère encore bien plus l'occasion favo
Ces produits sont la viande et les issues, y rable de vendre et d'acneter les bêtes, et la
compris le cuir et le suif; toutes ces matières possession de fourrages appropriés à l'engrais
réunies ensemble, l'animal étant ou n'étant sement.
pas dépecé, constitue le poids brut. On donne 11 est reconnu que, pendant l'été, on en
au contraire le noms de poids net au poids de graisse avec peu de succès, à cause de la trop
la viande et des os, c'esl-à-dire des matières grande chaleur, et de l'agitation qu'occasionne
livré» s à la consommation. — Terme moyen, au bétail la multitude d insectes qui se tien
le poids brut d'un bœuf est au poids net nent alors dans les étables et dans les pâtu
comme 3 est à 2, c'est-à-dire que la viande et rages. Le froid n'est pas avantageux non plus;
les os forment à peu près les deux tiers du néanmoins, excepté dans un climat d'une ex
poids de l'animal, et que le troisième tiers est trême rudesse, il n'est préjudiciable que lors
représenté par le poids du cuir, du sang, de que les étables sont mal garanties, et qu'on
la tète, des pieds, de l'estomac, des intestins met les' bêtes au pâturage pendant les mau
vais temps. La saison
que tempérée
et des matières qu'ils contiennent, du foie, rapport, est sous ce
de même sous dJautres, la plus
<lu poumon, du cœur, et enfin du suif; mais
cette proportion est loin d'être constante, convenable à l'engraissement. Cette règle s'ap
plusieurs circonstances peuvent la faire va plique également au climat en général. La si
rier. Eu général, le poids des issues est d'au tuation n'est pas indifférente, du moins pour
tant plus cousidérable, toute proportion gar l'engraissement au pâturage, qui a lieu avec
dée, que les animaux sont d'une plus petite moins de succès dans des endroits élevés, ex
stature. posés à de grands vents, que dans des pâtu
Voici le calcul fait par sir John Sainclair, rages abrités. — Mais la température et la con
des substances d'un bœuf tiré du Devons- venance matérielle d'une saison sont des con
hire, tué à l'âge de 3 ans et 10 mois : sidérations secondaires : ce qui doit princi
palement diriger l'engraiss^ur dans le choix
Il pesait en vie. 1439 livres. qu'il fait d'une époque pour engraisser, ce sont
Suif. 133 1 les considérations économiques, c'est-à-dire
Peau. ...... 79f l'occasion de vendre et d'acheter les bêtes
Tête et langue.. . . 3+1 avec profit. Or, comme à cet égard les règles
Cœur, foie, poumons. 19/ 433 varient suivant les localités et les circonstan
Pieds 16i ces, il est impossible de présenter des données
Entrailles et sang. . 152; générales.
Viande nette 1006 Lorsqu'on n'engraisse qu'en petit et qn'on
n'achète pas le bétail à l'engrais, on preud
Total égal. . . . 1439 aussi en considération l'époque la plus favo
Comme on le voit, la viande formait plus des rable pour réformer les bêles de rente et de
deux tiers. — Les issues se sont trouvées en travail que l'on destine à l'engraissement. —
moindres proportions dans un énorme mou Cette circonstance est souvent en opposition
ton Disliley, ainsi que le démontre le relevé avec l'occasion favorable de vendre avec pro-
suivant : i fit ; ce n'est, par exemple, qu'au commence
9. TYPES DANS LES DIFFÉRENTES SORTES DE CHEVAUX
ment de l'hiver que l'on peut réformer les teurs se trouvent alors dans la position favo 191
bœufs de trait; ce n'est non plus que vers rable et avec les fourrages nécessaires pour
celte saison que l'on aime à se débarrasser engraisser. Là où l'engraissement est fait
des vaches de peu de valeur. Comme ce avec le résidu de certaines fabrications, on
cas a lieu chez beaucoup de cultivateurs en se règle nécessairement sur l'époque où
même temps , il arrive que le bétail d'en celles-ci sont eu pleine activité; il eu est qui
grais baisse subitement de prix à une cer peuvent aller toute l'année, et qui permettent
taine époque de l'aunée , comme, par exem alors de se livrer à l'engraissement à toutes
ple, au commencement et vers le milieu de les époques ; telles sout les distilleries de
l'hiver;
prix tandis
augmente,
que parce
dans que
un autre cultiva- | grains et de pommes de terre.j. Beugnot.
peu demoment
Des notions d'anatomie et de physiologie qu'on examine les mêmes animaux dans des
ont été exposées dans un des articles précé climats très-différents. Il n'en a plus été de
dents, elles ont dû servir à donner une iaéedes même à mesure que la domesticité des animaux
parties les plus importantes à connaître dans a été plus avancée. Pour ceux qui sout tout-à-
l'organisation des quadrupèdes domestiques. dent
fait domestiques,
à arriver pour
et c'est
la plupart,
l'état auquel
la nature
ilsde
tenla
L'étude de l'anatoinie a précédé celle des
formes extérieures. 11 ne pouvait guère en terre sur laquelle nous les élevons a uue grande
être autrement ; l'étude de l'extérieur d'un part d'influence; mais la première de toutes,
animal ne peut produire tout le résultat dési sans contredit , existe dans la volonté de
rable quand elle ne s'appuie pas sur la con l'homme, l'avantage qu'il peut avoir à créer
naissance des parties que recouvre la peau. certaines races, et le perfectionnement de
On n'arrive autrement qu'à des données em l'agriculture qui permet à la volonté de s'exer
piriques, dont il devient impossible d'expli cer.
quer la raison. La quantité plus ou moins grande des four
Nous allons examiner les influences sous rages artificiels, leurs qualités diverses, les
l'action desquelles se modifie l'organisation soins que reçoivent les animaux, le choix de
et se forment les races. Nous avons à déter ceux qui sont employés à la reproduction ont
miner à quels principaux types se rattachent alors la plus grande part dans la formation
les races nombreuses que l'on a reconnues des races. Des pays naturellement peu ferti
dans les animaux domestiques , comment se les, mais bien cultivés, peuvent en produrre de
sont établies ces races, comment elles se mo ■ fort belles. On peut comparer des localités ana
difient, et quels sont les moyens de les amé logues par leur sol, mais cultivées différem
liorer.
Ces questions seront d'abord discutées ment, beaucoup de parties de notre triste
Sologne, et non loin d'Anvers, beaucoup de
pour l'espèce du cheval; elles donneront parties de la Campine ; on se convaincra dans
l'occasion de voir si , malgré les plaintes cette dernière localité des effets que peuvent
souvent adressées aux cultivateurs fran produire des soins et des dépenses bien calcu
çais, malgré la critique qui s'attache à la plu lés sur des sols naturellement stériles et sur
part de leurs opérations, l'élève du cheval les races d'animaux que nourrissent ces ter
n'est pas conduite avec amant d'intelligence rains. On peut encore, tout-à-fait dans le mê
que d'économie dans beaucoup d'exploitations me endroit, facilement distinguer la race de
rurales. chevaux qu'entretient l'homme riche et intel
ligent de celte qui appartient au cultivateur
Section i". — Types à reconnaître dans les pauvre; et dans les contrées encore soumises
au joug féodal, reconnaître la race de chevaux
différentes sortes de chevaux. à l'usage des nobles, de la race qui sert aux
malheureux serfs.
Les races consistent dans des modifications Mais si, comme nous cherchons à le prou
profondes, qui s'élablissant à la longue, sous ver , il dépend de la volonté de l'homme de
l'influence des mêmes causes , dans l'organisa former , dans des limites qui ne laissent pas
tion des animaux domestiques, se transmet que d'être étendues les diverses races de
tent par hérédité. Le climat parait, aux yeux chevaux que le commerce demande, il fau
de beaucoup de personnes, la principale sinon dra bien admettre qu'elles doivent être plus
l'unique cause de la formation des races d'a nombreuses et plus changeantes que si elles
nimaux. Les influences atmosphériques agis dépendaient surtout de la nature du climat.
sent sur les qualités des plantes employées C'est ce que l'on voit en France, au moins au
à la nourriture des animaux , et cette action tant que partout ailleurs, et ce qui embarrasse
s'exerce sansinterruption par l'airqu'ils respi singulièrement ceux qui ont à les faire con
rentet qui les baigne. Il était tout naturel de naître.
voir dansleclimatunedcscauseslesplus essen Les usages différents auxquels nous em
tielles desmodificatious de l'économie; en effet ployons les chevaux nous ont portés à créer
cela est vrai pour les animaux domestiques des races pour chacun de ces usages. La
auxquels l'homme laisse beaucoup de liberté; mode est venue ensuite les diversifier; elle
et c'est une vérité qui devient frappante lors a demandé tantôt des chevaux à tête bus
m ANIMAUX DOMESTIQUES : DES PRINCIPALES RACES DE CHEVAUX. Lit. M.
quée, tantôt des chevaux à tête camuse, dans nous traitons est M. leducdeGuiche, dans son
certains temps des balzanes et à d'autres ouvrage sur l'amélioration des chevaux en
époques des robes sans tache. Le hasard, l'i France. Il rapporte toutes les variétés de l'es
gnorance ont contribué à mêler des races qui pèce à deux grandes catégories. La première
auraient dû rester distinctes; l'administration comprend les chevaux légers, et aurait pour
des haras a pendant longtemps placé des che type le cheval anglais de pur sang; la seconde,
vaux de toutes figures et de toutes races dans les chevaux communs dont le portrait le plus
les mêmes dépôts: il est résulté de toutes ces pur se retrouverait dans le cheval boulonnais.
causes réunies, non-seulement que nos races La distinction des chevaux communs, des
de chevaux sont nombreuses, plus nombreu animaux de la même espèce, que l'on appelle
ses même que cela n'est à désirer, mais en fins, nobles ou légers, et que, par un abus de
core que beaucoup de nos chevaux n'ont pas mots, on désigne, a l'exclusion des autres, sous
de race , dans ce sens qu'ils proviennent de la dénomination de chevaux de race, est bonne;
mélanges faits sans suite et sans but. et elle est même si naturelle qu'elle est ad
Or, si dans un pareil état des races de che mise sans calcul par beaucoup de personnes.
vaux on voulait les décrire toutes avec les mê Elle frappe plus ou moins selon que l'on pé
mes détails, nul doute qu'on ne se proposât nètre plus loin dans "l'organisation des ani
un travail de peu d'utilité, et qu'en définitive, maux ou qu'on les examine plus superficiel
toutes les parties du tableau étant pour ainsi lement.
dire mises sur le même plan, il n'en devint Le type anglais de pur sang et le type boulon
confus et décoloré. Le mieux est donc de ne nais son t bien choisis pour faire ressortir lesdif
s'attacher qu'à la description des races les férences qui existent entre les chevaux fins
plus importantes, et de voir en second lieu et les chevaux communs; mais il nous paraît
les modifications moins essentielles qu'elles difficile de ne pas admet t re des types secondai
peuvent présenter. res dans chacune de ces catégories.
L'auteur qui a vu de plus haut le sujet que Ce qui parait davantage, à la première vui,
Fig. 238. Fig. 239.
dans les portraits du type boulonnais (fig. 238) Quand on dissèque comparativement ces ani
et du type anglais de pur sang (fig. 239), ce sont maux , on reconnaît que les os des ani
les caractères de force et de pesanteur du pre maux communs, plus volumineux, don
mier, et de légèreté du second. L'un est large nant de plus larges implantations aux mus
et court, l'autre est mince et long. La croupe cles, sont aussi plus poreux et plus légers ;
du cheval commun est courte, elle est fort que leurs muscles, offrant dans leur composi
oblique, elle descend , et comme on le dit tion plus de tissu cellulaire et moins de fibres
•n terme d'hippialrique, elle est avalée; les musculaires, sont flasques, et qu'ils doivent
reins et le dos sont courts, et l'épaule, qui n'a être moins énergiques. Nous remarquerons
pas la longueur de celle du cheval fin, se rap que leur peu de rigidité se trahit même sous
proche davantage de la ligne verticale. Une la peau, toutes les fois qu'ils sont gros, épais, et
conformation opposée se remarque dans le qu'ilsne sont pas maintenus par des aponévro
cheval fin. ses, sortes d'enveloppes résistantes qui exis
Situés au pourtour des os, les muscles, puis tent, par exemple, aux avant-bras et aux jam
sances actives de la locomotion, concourent bes ; car au-dessus de l'avant-bras, près du
àétablirlesdifférences relatées. Ilssontcourts coude et vers le poitrail , on voit dans les
et fort épais dans les races communes;on les voit chevaux communs les muscles devenir
souvent former sur la croupe de la race bou- pendants par l'effet de leur peu de fermeté.
lonnaise deux masses arrondies séparées par Les os, les muscles, la peau et ses annexes
une dépression qui se continue sur les reins ; offrent des caractères opposés dans les che
la croupe, les reins sont plus charnus, le gar vaux anglais de pur sang. Les autres parties
rot est bien moins sec et moins élevé, 1 en de leur organisation expliquent la grande
colure est bien plus volumineuse. vitalité dont ils jouissent. Le cœur, le cer
Si l'on passe à l'examen des tissus , on s'a veau, les poumons ont nn développement
perçoit facilement dans le cheval commun de remarquable : l'œil est plus ouvert et pi»5
l'épaisseur de la peau , de l'abondance , de la vif; enfin, la légèreté de la tête, la large»1"
longueur, et du peu d'élasticité des poils et des du crâne contribuent encore à leur donner
crins, du développement et de la mollesse des un air d'intelligence que l'expérience ne dé
parties cornées, des châtaignes et des sabots. ment pas.
8*. TYPES DES DIFFÉRENTES SORTES DE CHEVAUX. 393
Ainsi, il existe des contrastes frappants clusivement à l'un ou à l'autre, empêchent
entre les deux premières catégories à qu'on ne puisse les confondre.
reconnaître dans les races de l'espèce du La longueur du corps du cheval anglais dé
cheval : les organes de la locomotion sont pend bien plus de la longueur de la croupe
autrement construits; leur composition ana- de l'étendue et de l'obliquité de l'épaule, que'
tomique n'est pas la même ; les organes les 3uables
de la longueur
par leur des
brièveté,
reins.laSans
croupe
être
et l'épaule
remar-
plus essentiels a la vie diffèrent, et les qua
lités morales des animaux, comme leurs qua u cheval andalous ne sont pas aussi longues
lités physiques, s'en ressentent beaucoup. et elles présentent d'autres différences. La
Mais , comme nous l'avous dit en commen croupe moins longue est en même temps
çant, il existe dans les races légères, ainsi que moins charnue, moins épaisse; elle ressemble
dans les grosses races, des types secondaires à celle d'un mulet; les fesses sont plus min
qui s'éloignent beaucoup , soit du cheval an ces ; et cependant des jarrets plus coudés,
glais , soit du cheval boulonnais. des paturons plus longs contribuent à enga
Le cheval anglais est construit pour courir ger davantage les pieds de derrière sous le
avec rapidité en ligne droite, mais sans beau centre de gravité. Il suit d'une pareille con
coup de souplesse dans ses allures et de formation que l'arrière-main, chargée de sup
grâce dans ses mouvements. Nous avons porter une plus grande partie du poids du
dans les chevaux légers des races plus élé corps que si les pieds étaient moins avancés
gantes et plus maniables , qui ne peuvent pas sous le cheval, ne peut chasser l'avant-main
tenir leurs qualités du cheval anglais. De avec autant de force ; et il suit aussi de ce qui
même, dans les grosses races nous eu avons vient d'être remarqué que les muscles crou-
de moins lourdes que la boulonnaise , qui à piens et fessiers qui contribuent beaucoup à
beaucoup de force joignent plus d'agilité, et l'étendue el à la force de la progression, ont
2ui ue peuvent tenir non plus leurs qualités une action plus bornée à cause de leur peu de
e la race boulonnaise. développement.
Fig. 240. Fig. 241.
Nous sommes ainsi forcés de reconnaître Avec des allures plus courtes , le type an
d'autres types que ceux qui ont été admis dalous a des mouvemens plus trides, plus
par M. le duc de Guiche. JNous comparerons relevés. J .a moins grande impulsion imprimée
maintenant, dans les races de chevaux légers, à l'avant-main par la détente de l'arrière-main
celle qui mérite le mieux, nous en convenons, permet aux rayons des membres antérieurs de
la qualification de légère, la race anglaise de se plier, de se relever, pour retomber presque
course ou de pur sang {fig. 241), et la race la dans la même place, tandis que , dans les
plus brillante au manège l'andalouse (fig. 240). allures plus rapides du cheval anglais, ils sont
fBourgelat,Lafont-Pouioti,el d'autres écuyers portés en avant par la ligne la plus courte ,
de la fin du siècle dernier, ont tracé des por c'est-à-dire en rasant la terre.
traits du beau cheval de selle qui se rappro La conformation des parties antérieures
chent bien plus de la race andalouse que de la concourt à établir ces différences. Le poitrail
race anglaise. C'est un de ces portraits qui est est pluslarge,les épaules plus charnues; l'enco-
ici reproduit pour fixer l'attention sur les con lureest forte, et naturellement elleest plus re
trastes qu'oflrent les deux types secondaires levée que dans le cheval anglais. Les muscles
qu'on peut établir dans les chevaux lins. 3ni de l'encolure vont aux rayons supérieurs
De Lafont-Pouloti veut que la ligne que l'on es membres pour les porter en avant, ayant
tire de la pointe de l'épaule à celle de la fesse, plus de développement el agissant dans une
soit d'un dixième plus longue que la ligne direction qui se rapproche davantage de la
qui s'étend depuis le garrot jusqu'au sol , verticale , les mouvemens deviennent plus
et représente la hauteur du cheval ; taudis forls et plus relevés. La liberté dans les
aue dans les chevaux communs ces deux ligues épaules, la hauteur dans les mouvemens, la
evraient étre égales. Cette conformation ap souplesse et la sûreté des allures, deviennent
partient au type anglais comme au type an des traits distinct ils du type andalous, de
dalous. D'autres caractères appartiennent à même que la vitesse caractérise le cheval an
la fois à l'un et à l'autre, el fout qu'ils doivent glais.
tous deux être classés dans les chevaux lins. Cette dernière qualité, il faut en conve
Mais certaines qualités qui appartiennent ex nir, est celle que l'on commence à estimer
127» livraiton. TOMK II.—ôO.
$94 AOTMAUX DOMESTIQUES ; DES CHEVAUX ET DE LEUR ÉLÈVE. i!v. m.
par-dessus tout en France comme en Angle que nos- maîtres de postes dussent remplir
terre; mais il fallait faire voir que l'extrême leurs écuries de races tout-à-fait légères et
vitesse s'accorde difficilement en général avec distinguées, ainsi que cela se pratique en An
d 'autres qualités que nous devons apprécier gleterre. Il suffit de voir nos voilures publi
à leur juste valeur. Celles dont est doué le ques pesamment chargées, nos route9 fati
cheval de manège ne sont pas seulement guées par le roulage pour être bien persuadé
agréables , elles sont de la première utilité que les chevaux de nos postes ne peuvent être
pour certains services; le cheval de guerre qui pris dans les races les plus légères et quïl
ne serait pas maniable, qui ne pourrait s'ar importe beaucoup de propager en France le
rêter facilement , tourner sur lui-même sans cheval commun de poste et de diligence, dont
beaucoup d'efforts, ne serait pas un modèle le type existe dans la race percheronne, qui,
dans ce genre. Rarement on en trouverait de par sa conformation et son tempérament,
tels dans les chevaux anglais. Toute leur ma réunit à beaucoup de force une vitesse assez
chine est construite pour une progression grande.
rapide ; leur tête portée en droite ligne en Nous croyons donc, d'après tout ce qui pré-
avant rend les conduits de l'air moins sinueux cède,que des types secondaires doivent être ad
et la respiration facile ; mais dans l'impossi mis dans la catégorie des chevaux lus et dans
bilité où le cavalier se trouve de faire fléchir celle des chevaux communs;et que nous devons
le cou de sa monture, d'en ramener la tête rapporter au cheval anglaisdepur sang les races
dans la direction verticale, qui favorise l'ac les plus vites ; au type audalous les chevaux
tion des branches du mors , il ne maîtrise pas les plus maniables, les plus agréables; et dans
à beaucoup près aussi bien son cheval , et il les chevaux communs distinguer ceux qui
lui est extrêmement difficile de faire les évo sont propres aux travaux les plus lents, dont
lutions qui lui sont commandées. le modèle existe dans la race boulonnaise,
Nous verrons plus tard que certaines races des chevaux percherons plus convenables que
de chevaux français ont quelques-uns des ca les boulonnais aux postes et aux diligences.
ractères du type andalous; nous agiterons la
question de savoir s'il convient à nntérêt de Section II. — Des races de chevaux les plus
tous, et en particulier à celui de l'agriculteur, intéressantes à connaître.
de les changer par le métissage en chevaux
anglais ; et c'est alors seulement que nous Après ce premier coup d'oeil jeté sur les
rendrons plus palpable la nécessité d'établir différents genres de conformation à recon
dans les chevaux uns les deux divisions dont naître dans les races de chevaux , la tache
il vient d'être parlé. de les étudier devient moins difficile. Elle
Fig. 242. . Fig. 243.
Les chevaux communs, nous l'avons dit en doit être bornée à l'examen de leur classifi
commençant cet article , ne peuvent tous cation , des caractères qui les font distinguer,
ressembler au cheval boulonnais; l'on a, des méthodes les plus communément suivies
en France particulièrement, le plus pressant dans leur élève.
besoin de chevaux communs plus vîtes et Les chevaux communs, qu'ils soient tout-à-
moins massifs , pour le service des postes et fait lourds, ou qu'ils conviennent aux services
de toutes les voilures publiques. Nos meil des diligences, sont, nous le disons par avance,
leurs chevaux de diligences sont les perche bien plus demandés en France que les che
rons (fig. 242). Rien n'empêche et tout au vaux fins; ils ont plus de réputation, ils la
contraire engage à faire de ces chevaux de di méritent mieux, et rapportent généralemeni
ligences une classe à part, qui n'a pas à la un bénéfice plus assuré au cultivateur.
vérité de caractères opposés a ceux du type Dans les races communes l'on cite parmi
boulonnais (/ty.243), mais qui se distingue par les plus lourdes, la boulonnaise , et celles
une épaule plus longue, un garrot plus sorti, de plusieurs parties de la Bourgogne et en
une encolure moins eourte, un ventre moins particulier de la Puisaie,de quelques points
gros, toutes conditions qui, dans les chevaux de la Champagne, du Poitou et de la Franche-
communs comme dans les chevaux fins, favo Comté ; parmi les races moins pesantes, l'at
risent la progression. Ce serait une erreur de tention doit être surtout attirée sur les perche
creire, Hmm« Vmat supposé certains auteurs, ronnes, les bretonnes et les vendéennes.
OBap. 8e. DES PRINCIPALES RACES DES CHEVAUX
895
de Caux, où ils émigrent pour finir de s'é
§ I. Race boulonnaise. lever.
Dans le Boulonnais, où le travail de la terre
Ce n'est pas sans motif que la race boulon se fait avec des jumens, les cultivateurs s'a
naise a été prise pour type des chevaux com donnent à la multiplication des poulains ; ils
muns destinées aux travaux lents, et spécia gardent de* femelles en quantité suffisante
lement aux travaux aratoires; on n'en voit pour remonter leurs écuries ; le surplus est
pas de meilleure et il n'en est guère de vendu; les mâles sont tous vendus, soit dans
plus répandue. Pour M. le duc de Guiche, le leur première, soit dans leur seconde année ,
cheval boulonnais est le cheval de tout selon les prix plus ou moins avantageux qu'en
le nord de l'Europe. Sans considérer cette trouvent les propriétaires et la quantité de
race d'une manière aussi générale , et en fou rrages qu'ils on t à faire consommer. Le cul
nous bornant à l'étudier dans notre pays, où tivateur étant débarrassé du soin de continuer
elle a du reste acquis toute sa perfection, nous
l'élève des poulains, la reproduction attire
pouvons avancer qu'elle n'est pas particulièretoute son attention; et comme la vente est
au boulonnais, mais qu'elle s'étend dans toutcommunément facile, assurée, et qu'elle ne se
le nord de la France, depuis la rive droite fait pas attendre, qu'on peut compter sur
de la Seine jusqu'à la Belgique, et qu'elle cette spéculation faite en grand pour réaliser
n'est même pas tout-à-fait limitée par la rive
de l'argent, l'entretien des jeunes animaux
de la Seine, puisque sur le côté gauche de ce est loin d'être réglé avec parcimonie. C'est
fleuve se retrouvent encore des chevaux qu'on déjà un point fort important à leur complet
ne saurait distinguer de ceux de la race bou développement, que dans leur jeunesse ils
lonnaise. soient bien soignés.
Sans être les plus volumineux de leur es Achetés par des habitans du Vimeux et du
pèce, car en Belgique, en Angleterre, dans pays de Caux, les poulains continuent de se
quelques parties de l'Allemagne, se voient destrouver dans les meilleures conditions; chez
races encore plus grandes et plus étoffées, les
leurs seconds possesseurs, les soins leur sont
chevaux boulonnais ont toute la taille et la donnés avec d'autant plus d'intelligence que
corpulence qui peuvent rendre les animaux là ne se trouvent pas de jumens poulinières
en étal de suffire aux travaux lents les plusen grand nombre, pour partager l'attention
pénibles; dans ces chevaux d'ailleurs la grande
et les dépenses des propriétaires. Il est rare
taille n'exclut ni une bonne conformation, que dans le Boulonnais comme dans le
ni un bon tempérament. Il n'est pas rare pays de Caux, les poulains et les jeunes che
d'y voir des chevaux hauts de cinq pieds et vaux n'aient pas mangé de grain , et l'on
au-dessus, larges, courts et trapus, dont toutes
conçoit que ce régime contribue à la
les masses musculaires sont bien développées,bonté de leur tempérament. Tout Ce qu'on
et qui par ce motif et leur énergie naturellepeut reprocher aux usages suivis dans l'élève
sont plus agiles qu'on ne le croirait au pre de cette race, c'est que les pouliches qui n'é-
mier aperçu. migrent pas, qui ne sont pas vendues et re
La bonté de leur tempérament provient de vendues, sont moins bien traitées; mais c'est
l'harmonie de toutes leurs parties, de leur un inconvénient auquel l'aisance des cultiva
genre d'alimentation, et de la méthode suivie teurs et leur esprit de prévision pourraient
dans leur élève. On peut étudier sur plusieursseuls remédier.
points de la riche partie de la France dans la Partout l'élève des gros chevaux n'est pas
quelle existent nos gros chevaux les causes partagée, comme cela vient d'être indiqué,
qui contribuent à la conservation de cette race
entre les cultivateurs qui font naître les pou
précieuse. On trouvera gue les jumens pou lains et ceux qui en continuent l'élève ; il est
linières ne sont pas toujours laissées à 1 état
des fermiers qui, dans le pays de Caux et
de liberté dans les pâturages, mais qu'elles ga-
ailleurs, ont des jumens poulinières. Partout
gnen t par leur travail et reçoivent à l'écurie une
la culture n'est pas dirigée de manière à pou
nourriture substantielle; on reconnaîtra que voir permettre la consommation du grain,
les poulains mâles de cette race se vendent faci
élément indispensable de la vigueur des che
lement, et qu'ils reçoivent dès leur jeune âge
vaux, mais alors aussi la race s'altère; nourrie
de bons alimens en suffisante quantité , par avec des fourrages qui, sous plus de volume,
suite de l'intérêt prochain que le premier Contiennent moins de parties nutritives, elle
possesseur espère en retirer. On s'assurera a le ventre plus développé et plus long : elle
que, passés dans d'autres mains, ils ne sont devient moins bonne, lors même qu'en appa
pas moins bien traités, pour qu'ils puissent rence elle ne changerait pas dans sa forme
travailler aussitôt que possible et être reven
extérieure; elle appartient, comme le disent
dus sains et en bon état à l'âge adulte. On se
les marchands, aux mauvais pays. Les chevaux
convaincra que, d'après ces méthodes, chaque Î)icards, ils le savent bien, n'ont que rarement
cultivateur appelé à faire justement ce a bonté de ceux de la Haute-Normandie.
nui lui convient le mieux, est d'autant plus
disposé à se livrer à des dépenses, qu'il espère § IL Race poitevine mulanière.
plus prochainement en retirer le bénéfice.
Généralement l'élève se partage, comme Moins répandue et moins nombreuse que
nous Venons de le voir pour les chevaux de la race boulonnaise, la race poitevine mu-
race boulonnaise; nulle part cette industrie lassière né laisse pas que d'être encore fort
ne peut mieux sé connaître que dans les loca considérable et de mériter l'attention des cul
lités où la race a toute sa perfection ; nous tivateurs et de l'administration. Au moins
Voulons parler du boulonnais d'abord, où aussi volumineux que nos chevaux de la Pi-
naissent les poulains, «t du Vimeux et du pays eardie, «le l'Artois, de la Haute-Normandie,
396 ANIMAUX DOMESTIQUES : DES CHEVAUX des éleveurs
ET de
DEmulets,
LEUR qui sont forcés
ÉLÈVE. lit.dem.
se
lespoiteviusneles valent passons les rapports
des formes et du tempérament. Leur char pourvoir de jumeus bretonnes ne valant pas,
pente osseuse très développée les rapproche pour la mutasse, les juinens poitevines.
de la race flamande ; leur croupe est plate,
le liane un peu long, les jambes sont garnies § III. Race franc-comtoise.
d'une énorme quantité de crins, les pieds Une autre race à classer avec la poitevine,
plais et faibles. >i l'on ajoute à ces caractères parmi les gros chevaux communs, est celle
que les jeux sont petits, et que la vue se perd qui s'élève dans la Franche-Comté. Seu
souvent par suite des aliaques de la fluxion lement , tandis que les animaux du Poi
périodique, on ne concevra pas d'abord ce tou s'éloignentdes boulonnais par plus de vo
qu'olfre d avantageux uue race aussi mal lume et un tempérament plus lymphatique,
construite et d'un tempérament qui indique les productions de la Franche-Comté en dif
amant de mollesse et de nonchalance. Ce n'est fèrent par d'autres caractères. Leurs formes
pas d'une manière absolue , mais seule sont moins massives, la téte est plus pyrami
ment d'une manière relative , que cette dale; ils ont les oreilles droites, 1 encolure un
race don être jugée; considérée isolément peu grêle et le poitrail un peu serré pour un
cheval de trait, les hanches saillantes et la
elle don i éire dans ses rapports avec une in croupe courte. De la réunion de ces caractères
dustrie fort lucrative pour le Poitou et fort il résulte qu'il y a un air de famille entre eux
utile à beaucoup d'autres parties de notre et les chevaux de la Suisse et de beaucoup de
pays, la production des mulets, elle doit être parties de l'Allemagne. Cela n'a rien d'éton
conservée a peu près telle qu'elle est, avec ses nant , si l'on réfléchit que le voisinage a dû
déiauts qui deviennent des qualités. mêler les races, et que beaucoup de poulains
Les cultivateurs ont reconnu qu'accouplée sont achetés en Suisse pour finir de s'élever
avec te baudet elle retenait plus sûrement dans la Franche-Comté, et plus particulière
que loule aime race, ce qui pourrait peut- ment dans le département de la Haute-Saône.
être dépendre de sou tempérament lympha Quoi qu'il en soit de ces migrations des
tique. L, expérience leur a prouvé aussi que la productions de la Suisse dans la Franche-
mauvaise corne et la mauvaise vue ne se trans Comté, les poulains mâles de plusieurs parties
mettaient pas aux mulets, mais que ceux-ci , de ce dernier pays ne restent pas non plus
considération fort importante, héritaient d'une chez les propriétaires qui les ont fait naître;
taille et d un développement qu'on ne peut ob les départemeus du Doubs et du Jura, à
tenir de jumeus plus sveltes et plus énergi quelques exceptions près , commencent l'é
ques. levé , tandis que celui de la Haute - Saône
La race poitevine a sa souche dans les ma achète les poulains pour les faire travailler.
rais des depar. émeus de la Vendée et de la Au moyen de ces méthodes économiques
Charenle-iulér cure, parmi lesquels on peut et de son voisinage avec la Suisse , la Fran
citer ceux de Luçon et de La Kochelle. Llle che-Comté livre au commerce à assez bas
commence à s'élever presque complètement prix des chevaux de trait, pour la plupart hon
à l'étal sauvage, dans des patinages humides gres, qu'on voit attelés aux petites voitures
où elle demeure nuit et jour, eu hiver comme comtoises qui traversent la France. Elle four
eu été, circonstances qui lui tout acquérir un nit quelques chevaux moins lourds, qui, à dé
tempérament très mou; elle se multiplie faut d'animaux d'autres races , sont employés
aussi dans les éiablissemens situés autour de au service des voitures publiques du sud-est
Niort, deMelle, et dans plusieurs autres par de notre patrie. Mais il est fort rare que, com
ties de la plaine du Poitou où l'on se livre à me chevaux de trait, ces productions vaillent
la production des mulets; mais la race n'eu celles de la race boulonnaise, et que pour un
vient pas moins originairement des marais travail un peu plus rapide elles égalent les
qui bordent la mer. Les poulains mâles quit chevaux percherons et bretons.
tent ces lieux humides dans un âge peu
avancé; amenés dans le Berry et même la $ IV. Races percheronne et bretonne.
Beauee, ils gagueul une meilleure constitution
que s ils étaient restés dans le bas-Poitou ; En traitant dans le même paragraphe des
leur émigration prévient la plupart du temps races percheronne et bretonne, nous voulons
les attaques de la fluxion périodique , et l'on faire voir que beaucoup de ressemblances
en lait ainsi des chevaux lourds qui convien existent entre elles, sans vouloir affirmer
nent aux travaux aratoires. Beaucoup de pou qu'elles puissent être tout-à-fail confondues.
liches abandonnent aussi les marais dans leur Bien qu'elles présentent beaucoup d'analogie^
première ou leur deuxième anuée, pour être que toutes deux conviennent parfaitement
transportées dans d'autres parties du Poitou. au service de nos diligences, que beaucoup
Les éleveurs de mulets, notamment ceux des de poulains bretons finissent de s'élever
Deux-Sèvres, préfèrent les pouliches qui ont dans le Perche, elles présentent quelques dif
uue robe noire, une torle croupe, les membres férences. Le cheval tout-à-fait percheron a
gros et garnis de longs poils , et qui pro plus de taille; il a la téte moins chargée de
mettent beaucoup de développement. Les ganache et mieux attachée, l'encolure et les
loues les plus renommées pour la vente jambes moins garnies de crins, le garrot est
des poulains et pouliches de race mu- mieux sorti, l'épaule plus plate, la crou
lassièrc sont celles de Mai ans , de Muaillé, pe est moins courte, les jarrets sont clos, et
de Surgères, de Kochelorl, de Poui-l'Abbé, de au total il est moins commun que le cheval
Saiijon, etc.Quoique les pouliches s'y trouvent breton; ou, pour parler avec plus de précision,
souvent eu nombre considérable, la produc que 1« cheval de trait de la Bretagne, qui s'é
tion de ces femelles ne suffit pas aux basoios lève daa» l«s parti** k» «niatut cultivées de
CHAT. 8*. DES PRINCIPALES RACES DE CHEVAUX. 397
cette province ; car dans les localités encore ne sont pas seuls , même dans les départe
un peu sauvages qui n'y sont que trop com mens et les cantons les plus fertiles , mais
munes , il ne faut pas s'attendre à la produc qu'ils se trouvent occuper le pays avec la race
tion de chevaux d'autant de valeur. normande propre au carrosse, qui doit être
Les chevaux percherons ont la plupart classée dans une autre catégorie. Une consi
une robe grise. Les meilleurs se vendent à dération est encore à placer ici; c'est que tan
l'âge de quatre ou cinq ans, aux foires de dis qu'à partir de la rive droite de la Seine les
Chartres. Les plus purs percherons naissent travaux aratoires se font au moyen dechevaux,
et s'élèvent dans le département d'Eure-et- le bœuf devient le compagnon du laboureur
Loir. Les environs de Châteaudun et de Mon- dans plusieurs parties d'entre la Seine et la
doubleau produisent des poulains recherchés. Loire.
Des cultivateurs de plusieurs autres arrondis-
semens entretiennent des jumens pouliniè § V. Chevaux poitevins de diligence, d'artillerie et de
res, et beaucoup achètentdes poulains pour en cavalerie.
continuer l'élève.
Le cheval de trait breton se trouve dans Au-delà de la Loire il devient rare de voir
les cantons peu éloignés des bords de la mer l'élève du cheval de trait et du cheval de dili
des départemens d'Ille-et-Vilaine, des Côtes- gence conserver autant de développement
du-Nord et du Finistère. M. de la Roche-Ay- qu'entre la Seine et la Loire. Une exception
mon (Traité de la Cavalerie) en a vu partager existe cependant bien frappante, et elle a déjà
l'élève entre les cultivateurs de Dol, Dinan, été signalée; elle consisledaiislaprodnclionae
Lamballe, Paimpol, Saint-Brieuc, Poutrienx, la race mulassièredu Poitou. Mais on aurait une
Tréguier, Lannion, Morlaix, Lanmenr, Saint- bien fausse idée de l'élève du clievaldansce pays,
Pol ; et dans le Finistère, ceux de Pont- si l'on supposait quelePoilou, et même seule
l'Abbé, Plourez, etc., les uns se livrant encore ment le Bas-Poitou, ne se livre qu'à la produc
dans la Bretagne, comme dans beaucoup d'au tion de la race mulassière. Des habitants qui
tres endroits, a la production des poulains, et peuvent faire autorité, entre autresM.Bujault,
les autres achetant ces poulains pour les élever. cultivateur près deMelle, déplorent sa rareté
Le prix des poulains, à l'âge d'un an, est etson insuffisance pour la propagaliondu mulet,
dc!jà tort élevé. Ils sont bien nourris sans et son remplacement par une race plus légère,
être excédés de travail, et ils reparaissent, à plus élégante, obtenue en grande partie par
l'âge de quatre ans, aux foires de Dinan, de l'emploi d'étalons normands de la plaine de
Tréguier, de Paimpol, de Lannion, de Lam Caeu, donnés par l'administration des haras.
balle et de Quimper, où ils sont vendus pour La race mulassière est, selon toute proba
toutes sortes de services, depuis 600 jusqu'à bilité, celle qui est naturelle à la plupart des
800 francs, et même au-delà. marais qui se trouvent près des bords de la
Différant entre eux par la taille, ils n'en mer, depuis Paimbœuf jusqu'à Blaye, c'est-à-
conservent pas moins beaucoup de caractères dire depuis l'embouchure de la Loire jusqu'à
communs qu'ils doivent à l'ancienneté de leur celle de la Gironde. Une première cause, le
race; ce sont toujours des têtes courtes, car dessèchement plus ou moins complet de ces
rées , à chanfrein large, droit ou camus; marais, a dû influer sur la 'race qui s'élève à
des ganaches très fortes ; des yeux vifs, oui l'état de liberté. D'autres moyens ont eu aussi
paraissent petits à cause de la grosseur des leur part d'influence. L'établissement des
arcades orbilaires; des encolures droites, des prairies artificielles a permis à des cultiva
reins larges, des membres musculeux , des teurs soit du Poitou, soit d'autres provinces,
paturons courts, et, au total, des formes ra de retirer des marais un plus grand nombre
massées que présentent ces animaux. de poulains, et de corriger, par l'emploi d'ali-
La possibilité de les employer dès leur jeu mens plus nourrissans, l'influence de la nour
nesse aux travaux aratoires, le haut prix qu'ils riture aqueuse qui a contribué à la formation
atteignent, la certitude qu'ont les cultivateurs de la race poitevine. Les croisemens l'ont mo
de les vendre facilement , parce que la con difiée. Les dépôts d'étalons de Saint-jYJaixent,
sommation s'en augmente tous les jours pour (Deux - Sèvres), et de Saint- Jean- d'Angély
le service des voitures publiques et du rou (Charente- Inférieure), placés à la proximité
lage ; toutes ces causes réunies rendent de cantons abondans en jumens poulinières,
l'élève de ces chevaux si profitable qu'elle ont agi sur la race d'une manière d autant plus
est loin de rester le partage des cultivateurs sensible que des remontes de cavalerie ont
delà Bretagne: elle se répand au contraire été faites en grand nombre dans le Poitou, et
dans beaucoup d'exploitations , notamment que l'élève du mulet a dit être gênée à plu
entre la Seine et la Loire. sieurs reprises par la perte de Saint-Domin
Si l'on se rappelle ce qui a été dit de la gue et d'autres circonstances politiques.
race boulonnaise ou cauchoise, qui, née pour Les cultivateurs poitevins, sollicités de dif
ainsi dire sur les bords de la mer, s'est repan- férentes manières, ont créé des chevaux pour
duedanslenordde laFrance,on trouvera une beaucoup de services, sans établir de races
notable analogie entre ce qui se fait remarquer bien distinctes. Des cultivateurs des parties
dans la Picardie et la Hante-Normandie, d'une centrales de la France et des nourrisseurs
part, et ce qui se voit d'une autre part quand normands achètent les produits qui promet
on est passe sur la rive gauche de la Seine. tent de devenir propres au service des dili
Là, comme de l'autre côté du fleuve, se re gences, ou bien à celui du carrosse et de la
trouve en effet une race prédominante, la bre grosse cavalerie, selon leur développement.
tonne; et, comme de l'autre côté, elle tire son C'est dans le département de la Charente, en
nom du pays qui borde la mer La grande dif gagnant le Limousin, qu'émigrent les poulains
férence vient de ce que les chevaux bretons les plus légers, dont on fait des chevaux de
898 ANIMAUX DOMESTIQUES DES CHEVAUX ET DE LEUR ÉLÈVE, wv. m.
cavalerie légère et de dragons. Les foires les leurs mouvemens et de la force de leurs
Iilus renommées pour la recherche de ces pou- membres , qui corrigeait la trop grande fi
ains légers sont celles de Saint-Jean-d'Angély, nesse des jumens navarrines; que plus tard,
deMatha. deNeuvicq, dcBallans, de Pons (Cha en 1779, on se servit avec avantage de plu
rente-Inférieure), et celles de Rouillac,de Jar- sieurs étalons arabes , en même temps que
nac, de Ruffec (Charente): tandis que plus au les hussards de Belzunce , de Chamboran et
nord, à Saint-Maixent (Deux-Sèvres) etaSaint- de Berchiny avaient, à poste fixe, dans le
Gervais(Venilée), l'on trouveen bien plus grand Bigorre , le Béarn et la Navarre, des officiers
nombre les carrossiers et les chevaux de di de remonte, M. le comte de Lastic passe à
ligence. On reproche à ces chevaux de dili l'examen de ce qui s'est fait bien postérieu
gence d'être trop élevés sur jambes, de ne rement , quand d'abord les remontes cessè
pas présenter la solidité et In résistance des rent de se faire avec autant de suite, et
bretons et des percherons, et d'avoir des pieds qu'en même temps les courses prirent fa
plats et fnibles. On reproche aussi aux chevaux veur dans l'arrondissement de Tarbes. Les
plus légers d'avoir une charpente osseuse trop courses de Tarbes furent instituées en
développée et surtout une tête trop grosse et 1807; on n'y vit paraître d'abord , dit M. le
pesante; on leur reconnaît aussi des pieds comte de Lastic, que des productions d'éta
plats. Et en général, cette largeur des pieds lons du pays; celles des andalous arrivèrent
est le caractère le plus constant de tous les ensuite ; mais lorsque les produits des arabes
chevaux élevés dans les marais du Poitou. parurent, tout fut éclipsé. Malheureusement,
Sous beaucoup d'autres rapports, ils diffèrent ajoute-t-il , ceux de ces coureurs qui mon
considérablement entre eux, et ne peuvent trèrent le plus de vitesse provenaient des
constituer de races distinctes; nous n'en avons étalons les moins pourvus de corps et de
parlé que parce qu'ils se trouvent dans le Poi membres , de ceux qui avaient précisément
tou en grande quantité. les défauts du pays, et il en résulta que
les propriétaires , excités par l'appât du
§ VI. Race navarrine. gain dans les environs de Tarbes, ne s'at
tachèrent plus qu'à ces productions inutiles
Il est bon de rappeler, avant de parler de la Ïiour les services auxquels nous consacrons
race navarrine, une réflexion qui s'applique à es chevaux.
cette race et à toutes celles qui lui sont ana M. de Lastic ajoute qu'il faut s'éloigner de
logues par leur énergie, jointe à leur peu de dé Tarbes , assister aux distributions de primes
veloppement , et qui sont naturelles au midi de Bagnères, de Vie et de Lourdes , pour trou
de la France, à l'Auvergne et au Limousin ; ver des chevaux plus près de terre , ayant
toutes ces races sont loin d'avoir autant de plus d'étoffe et de membres , et conservant
valeur, eu égard à l'état de notre civilisation, encore tout autant de distinction que cela est
que celles qui sont bien plus communes et nécessaire ; et il en conclut que, pour l'admi
moins agréables. nistration des haras, le seul moyen de com
Nous rappelonsaussi que les chevaux nobles battre les fâcheux changemens qui se déve
et légers paraissent ne pouvoir être tous con loppent dans la race navarrine serait de ne
fondus ensemble, mais qu'ils se rapprochent plus cédera l'ignorance des propriétaires dans
au contraire, soit du type andalous, soit du le choix des étalons.
type anglais ; et nous ajoutons que les navar- Quant à nous , et sans nous arrêter à dis
nns semblent devoir être classés plutôt dans cuter si celte conclusion est bien celle qui de
la première catégorie que dans la seconde. vrait être déduite des faits exposés, tout ce
Sous'la dénomination de navarrins,l'on peut cjue nous avons voulu prouver c'est que, sous
comprendre les petits chevaux qui se rencon 1 influence de pareilles causes , savoir le peu
trent dans les Hautes et Basses- Pyrénées , de suite donné aux remontes de cavalerie, et
l'Ariège , la Haute-Garonne d'abord , et dont la tendance qu'ont les propriétaires à rendre
on retrouve des traces dans la plupart des plus légère et plus nerveuse une race à la
produits d'entre les Pyrénées et la Dor- quelle on doit reprocher en première ligne
dogne , et un peu au-delà de cette rivifcre. son extrême finesse, il est impossible d'ad
L'ancienne race , que les croisemens tentés mettre que les méthodes soient bonnes , et
par l'administration des haras n'ont pu faire dans le cas de donner les plus grands béné
disparaître, possède encore les qualités et les fices. Aussi, depuis 1807 , a-t-on vu beaucoup
défauts des chevaux espagnols, et nommé de cultivateurs du midi s'adonner, avec rai
ment des andalous; elle a, quand elle est son , à l'élève du mulet , malgré la taille peu
Îmre , leur tête un peu longue et busquée , élevée des produits en ce genre que donnent
eur étoffe, leurs allures un peu raccourcies leurs petites jumens.
à la vérité , mais solides , pleines de grâce et
de souplesse. $ VIL Race limousine et auvergnate.
Il est intéressant de voir comment, par
un système qui a réussi à l'étranger, on a fait De même que la race navarrine , les races
plus de mal que de bien à cette ancienne race. du Limousin et de l'Auvergne s'éloignent
Nous laissons à un officier des haras,M. le comte beaucoup du type anglais. Sous le rapport des
de Lastic Saint-Jal, le soin de prouver quelles formes , les fesses sont un peu maigres , I*
conséquences a présentées la pratique des iarrets coudés et clos , le paturon est un peu
courses publiques pour la race navarrine. long, le pied naturellement un peuencastelle,
Après nous avoir dit que la race navarrine les reins sont plus longs, et le corps est plm>
est moins dégénérée qu'on ne le suppose , cylindrique que dans la race anglaise.
3u'autrefois on recherchait pour l'entretenir ^ Sous le rapport des allures la réputation de
«s étalons andalous, à cause de la liberté de ces chevaux est établie depuislong-tempsjon les
CHAP. S*. DES PRINCIPALE» RACES DE CHEVAUX.
a toujours cités ^particulièrement ceux du Li d'Aurillac. Nous verrons plus tard ce qu'il est
mousin, qui sont les plus connus, comme très permis d'espérer de ces divers croisemens.
agréables et très sûrs à monter, et réunissant
toutes les qualités du cheval de manège et de $ VIII. Races normande* de tilbury, de carrosse et390 de
guerre. Ou leur a toujours reconnu également grosse cavalerie.
de
soient
l'ardeur
un peu
et hauts
de lasur
résistance,
jambes, etquoiqu'ils
que l'on
La Normandie, ou mieux la partie de la
puisse leur reprocher trop de finesse dans Normandie située sur la rive gauche de la
les membres. Seine , ne comprend pas seulement beaucoup
néeElevées
à l'état
pendant
de liberté
une grande
et sans partie
qu'on de
pressât
l'an- de pays d'élève , elje est aussi la contrée sur
laquelle sont dirigées beaucoup de produc
leur accroissement par une nourriture abon tions chevalines d'autres provinces; elle
dante , les races dont nous parlons étaient commerce beaucoup en chevaux et on ren
longues à se former, n'acquéraient que fort contre dans les foires des animaux de toutes
tara tout leur développement et toute leur figures. Déjà cependant se reconnaissent dans
force, et ne pouvaient guère être utilisées mandes les marchés
; maisdes
lesproductions
meilleures ayant
toul-à-fait
le plusnor-
de
avant six ans. Quoique plusieurs propriétaires
aient changé le régime que tous les 'éleveurs valeur, étant plus recherchées, y paraissent
faisaient autrefois suivre à leurs poulains, assez rarement , eu sorte que c'est dans les
le fait est qu'en général les chevaux du Li écuries des marchands , et encore mieux élues
mousin et de l'Auvergne se forment epeore les éleveurs, que la race peut être étudiée.
lentement. H. Rodet , autrefois vétérinaire Ou distingue, dans les races normandes de
dans les hussards de la garde royale , nous luxe , les chevaux qui sont élevés dans la par
en a fourni la preuve positive par ses ob tie du département de l'Orne connue sous le
servations faites sur les remontes de ces che nom de Merlerault, de ceux qui appartiennent
vaux ; il établit par des chiffres que , mis aux départemens de l'Eure, du Calvados et
au service à cinq ans , d'après les règlement de la Manche. De tous temps la taille des
militaires , ils éprouvent beaucoup de mala premiers a été moins haute en raison de la
dies , dues à ce qu'à l'âge de cinq ans nature des pâturages qui) sont substantiels,
les chevaux limousins ne sont pas encore sans être très abondants ; de tout temps aussi
formés. ils ont été nourris à l'état de liberté, si ce
Si l'on ajoute à ce défaut , qui est grave , n'est pendant les temps les plus rigoureux de
3ue les chevaux auvergnats n'ont guère plus l'hiver, et sans travail jusqu'à l'âge adulte.
e taille que les navarrins, que dans le Li Sous l'influence de ce régime , l'ancienne race
mousin la taille ne s'élève qu exceptionnelle donnait de bons chevaux de selle, assez cor
ment chez quelques propriétaires en petit sés, fort estimés, dont un grand nombre
nombre ; si 1 on réfléchit , en outre , que la étaieut achetés pour les écuries du roi et des
fluxion périodique est loin d'être une maladie princes, Cet état de prospérité, qui diminuait
inconnue , on aura la contre-partie des éloges déjà à la fin du dernier siècle par suite delà
que méritent ces chevaux ; et si l'on ajoute mode qui faisait rechercher les chevaux an
ensuite que le goût de l'équitation a beaucoup glais, reçut un rude échec en 1789 et dans les
diminué en France , que les personnes qui se années suivantes. Il reprit un peu , il est vrai,
servent de chevaux de selle , et qui les paient dans les belles années de l'empire, mais jamais
le mieux, ont pris l'habitude de monter a l'an il ne s'est reproduit tout-à-fait ; et maintenant,
glaise, que la taille et la force des chevaux quoique les cultivateurs aient employé les éta
sont maintenant plus estimées encore qu'au lons anglais du haras du Pin et que les che
trefois , et que les remontes de cavalerie ne vaux de Merlerault aient tous les caractères des
se sont pas toujours faites avec suite ni avec chevaux anglais et soient souvent vendus
esprit de prévision , il sera facile de conce comme tels, ils ne sont pas en grand nombre.
voir que 1 élève du cheval doit rapporter peu Les acheteurs leur reprochent un caractère sau-
de bénéfice dans le Limousin , l'Auvergne et Yageetdifficilequ'ilsattribuentàleurgenre d'é
les départemens voisins de ces deux pro ducation et qui n'est pas corrigé par l'habitude
vinces , et qu'elle éprouvera bien des modifi qui existe de châtrer les poulains dans un âge
cations à mesure des progrès que doit faire peu avancé. De leur côté, les nourrisseurs pré-
l'économie rurale. En attendant , le malaise se tendent que des chevaux qu'ils gardent cinq ans
démontre par les difficultés qu'éprouve le sans en tirer aucune espèce de profi t ,el qui tous
commerce des poulains mâles , les demandes ne réussissent pas, leur donnent rarement nu
faites à l'administration pour l'acquisition de bénéfice suffisant, Dans de pareilles conditions,
ces poulains , et la création des dépôts de les herbagers du Merlerault entretiennent
poulains , par la détermination qu'ont adoptée peu de jumeus, et quelques-uns d'entre eux
des éleveurs de se livrer à la propagation du vendent les poulains qu'ils font naître à des
mulet, et enfin parles modifications qu'on propriétaires de l'Eure et du Calvados, où ils
cherche à introduire par les croisemens. acquièrent plus de développement. C'eet un
Sous l'ancienne administration des haras , de malheur que cette race ne prospère pas davan
1761 à 1791 , les étalons barbes qui furent tage. Dans le Merlerault, la fluxion périodique
placés à Pompadour obtenaient en général la est une maladie inconnue , au contraire de ce
préférence ; a une époque plus rapprochée , qui se remarque dans le Limousin et l'Auver
dès 1806 et un peu auparavant, des étalons gne; la pousse, le cornage ne régnent pas
arabes passèrent pour faire quelque bien à la davantage. Ce sont autant de conditions fa
race limousine ; et depuis fort peu de temps vorables. Le caractère de rusticité reste
on essaie de la modifier par des étalons an comme obstacle : il a déterminé la forma
glais du haras de Pompadour et du dépôt tion d'une association à la tête de laquelle
400 ANIMAUX DOMESTIQUES : DES CHEVAUX ET DE LEUR ÉLÈVE. LIT.
s'est placé M. le vicomle d'Aure, qui s'occupe Nous publions avec plaisir que déjà la
d'acheter et de dresser ces chevaux un peu anglaise a changé d'une manière avantageuse
sauvages avant de les livrer aux amateurs. des productions de la Normandie, et nous
Si de leur côté lesnourrisseurs emploient une sommes persuadés qu'il ne s'agit que de con
méthode un peu moins dispendieuse, il est tinuer avec sagesse et persévérance dans cette
possible que cette race obtienne plus de fa direction pour obtenir la majeure partie des
veur et prenne plus d'extension. chevaux à la fois grands et légers, qui sont
L'élève des chevaux de luxe se fait sur une demandés pour le luxe : mais ces améliora
plus grande échelle dans le Calvados et la tions récentes et encore incomplètes ne de
Manche que dans l'Orne. Le seul avantage vaient pas empêcher que l'emploi des éta
qu'ils présentent consiste dans leur taille plus lons trop jeunes ne fût signale comme une
élevée et leur développement rapide; mais la cause d'avilissement.
première de ces qualités constitue un avantage Sans anticiper sur des considérations qui
très grand pour la vente, et la seconde un seront mieux placées à l'article croisement,
point essentiel à calculer pour l'économie de l'indication des formes de la race normande
l'élève; car en raison de la disposition qu'ont fera déjà pressentir comment elle peut être
ces animaux à se développer en peu de temps, améliorée. La race normande propre aux atte
ils peuvent travailler bien plus tôt, et coû lages a de la hauteur et de l'ampleur; elle a
tent beacoup moins à élever. Les Normands le système osseux assez développe ; la tète, qui
n'ont pas manqué d'user de ces dispo était busquée et que l'on tend à rendre carrée,
sitions. Le commerce des poulains s'est est un peu trop grosse; l'encolure, qui a une
établi dans leur pays comme dans le nord de longueur suffisante pour des allures rapides,
la France, la Bretagne, le Perche, le Poitou; conserve assez de force pour dissimuler un
certains cantons se sont trouvés placés pour peu le volume de la téte; 1« garrot n'a pas
s'adonner surtout à faire naître des poulains, toute la hauteur désirable, la poitrine n'a pas
d'autres à les utiliser dans les travaux aratoi assez d'étendue depuis le dos jusqu'au ster
res jusqu'à leur complet accroissement. Beau num, la dernière côte ne se prolonge pas as
coup de parties de la vallée d'Auge, du Co- sez en arrière , et les flancs sont trop longs ;
tentinetdu Bessin offrent des poulinières con la croupe horizontale est assez bien garnie de
sacrées à la reproduction, et qu'on laisse dans muscles, l'avant-bras et la jambe sont longs et
les pâturages pendant la plus grande partie de larges, le jarret est fort, un peu coudé, les ca
l'année, et quelquefois pendant toute l'année. nons sont courts, la région digitée estcourteet
Les cultivateurs de la plaine de Caen, qui pos le sabot rond et bien proportionné. Avec ces
sèdent des jumens en plus petite proportion, qualités et ces défauts, avec une robe bai es
s'adonnent principalement à continuer l'élève. timée dans le commerce, les chevaux nor
Il est fâcheux qu'on soit en droit de repro mands se sont vendus pendant longtemps à
cher à beaucoup d'éleveurs d'abuser des qua des prix assez élevés, et ils ont fourni les atte
lités de la race normande. Les pouliches sont lages de luxe de la capitale; ils se vendraient
couvertes dès l'âge de deux ans, et quand elles encore fort bien et s'écouleraient plus facile
sont vendues dans leur cinquième année, elles ment s'ils pouvaient être employés avec sécu
ont déjà mis bas deux fois. Les poulains ne rité immédiatement après leur acquisition.
sont pas non plus attendus davantage, on ne
les ménage pas toujours assez dans le travail § IX. Vices de l'éducation des chevaux normands.
qu'on exige d'eux et surtout on ne les nourrit
pas assez bien . La coutume es t de les engraisser, Quelque nombreux que soient les vices qui
peu de temps avant l'époque des foires, dans existent dans l'élève de beaucoup de chevaux
des écuries chaudes, sombres et humides, normands, leur énumération serait incom
avec les alimens les plus subtantiels, le sain plète si les inconvéniens du retard apporté
foin, l'avoine, les farineux, et quelquefois le dans la pratique de la castration et si la fré
blé bouilli. Sous l'influence d'un pareil ré quence du cornage n'étaient pas signalés.
gime, les chevaux normands peuvent bien La castration se pratique sur les chevaux
acquérir de l'ampleur dans les formes à cause de la plaine de Caen, non pas avant la vente,
des excellens pâturages dans lesquels on les mais immédiatement après, sur le champ de
élève ; ils peuvent bien avoir des formes agréa foire. Le vendeur présente un cheval entier,
bles, parce que les appareillemens pour la gé inquiet, en apparence vigoureux, pléthorique,
nération sont bien dirigés; ils peuvent bien disposé à beaucoup de maladies inflammatoi
avoir au moment de la vente une apparence res, et notamment, à cause de son âge, à la
de vigueur et de force; mais il est fort rare gourme et aux inflammations des conduits
que, misait service, ils ne présentent pas beau respiratoires. L'acheteur qui doit le vendre
coup de mollesse, jusqu'à ce que par l'emploi châtré est dans l'obligation de faire prati
de I avoine on parvienne à modifier leur tem quer l'opération ; mais alors tout change. Le
pérament. malade est uotirri médiocrement avec des ali
Aux causes qui leur donnent une mauvaise mens peu échauffans et notamment du son,
constitution il faut ajouter l'usage d'employer autant par économie que par nécessité pour la
à la monte des poulains beaucoup trop jeunes. santé de l'animal. Il est très rare qu on ne
Nous reconnaissons à la vérité que l'intro soit pas obligé de le saigner; il faut que, pen
duction de quelques étalons anglais, qui com dait sa convalescence , pendant la révolution
mencent à acquérir de la réputation, contri que détermine dans son économie l'ablation
bue à faire abandonner les poulains étalons; des organes de la génération, il soit dressé
nous applaudissons à la tendance manifestée tant bien que mal, en peu de temps, pour pou
par l'administration des haras de placer en voir être revendu. Il serait bien étonnant que
Normandie ses meilleurs chevaux anglais. de nombreux mécomptes ne se fissent pas
CHAP. 8». STATISTIQTJE DES CHEVAUX EN FRANCE.
remarquer soit chez le marchand , soit plutôt puissantLe carnage
de neest
pas, nous
faire châtrer
venons leurs
de le poulains.
dire , 401
un
chez l'acheteur définitif. Aussi les désappoin-
temens sont communs chez l'un et chez l'au des inconvéniens qui diminuent quelquefois
tre par l'effet de toutes ces causes réunies, et la valeur des chevaux normands. On appelle
en particulier par le retard apporté dans la ainsi un bruit, sorte de 'sifflement ou de râ-
castration. lement,qui se produit dans les voies de la
Pratiquée dans un âge aussi avancé , cette respiration, quelquefois dans le repos, mais
opération ne peut influer comme cela serait à plus fréquemment pendant et peu de temps
désirer sur les formes des animaux , puisque après l'exercice, et qui s'accompagne de la
déjà elles existent, et que celles qui dépendent gène de la respiration. Beaucoup de maladies
de la disposition du squelette sont a jamais dont on reconnaît facilement la nature, soit
fixées. Il résulte de la castration faite dans pendant la vie, soit après la mort , peuvent
le jeune âge que la tête et l'encolure, le garrot, déterminer le cornage; mais d'autres mala
les épaules s'amincissent et s'allègent, et que dies qui ne sont pas complètement connues
l'avant-main prend plus de légèreté , condi peuvent aussi l'occasionner. On sait que les
tions avantageuses à tous les chevaux de luxe. chevaux normands à tête busquée et plate
Ces changemens dans les formes ne peuvent sont souvent exposés au cornage, sans qu'on
s'opérer dans les chevaux coupés à 5 ans , ou soit au point d'affirmer d'une manière cer
bien ils ne sont pas aussi complets, aussi taine la cause de la gène de la respiration.
suivis , et il peut en résulter plus de mal que Celte espèce de cornage se transmet par hé
de bien. La castration dans tous les quadru rédité , on n'en fait pas le moindre doute , et
pèdes tend à diminuer, nous venons de le cependant, par l'effet même d'une pratique
dire, le volume de la tête et celui de l'enco dont nous n'avons vu jusqu'à présent que les
lure; mais faite à 5 ans elle ne peut agir éga avantages, le commerce des poulains, les éta
lement sur les os qui composent la tête et lons corneurs ne sont pas éloignés de la re
sont entourées de peu de parties molles, et production avec l'attention et la persévérance
sur l'encolure dans la composition de laquelle désirables. La maladie ne se développant pas,
existent beaucoup de muscles et beaucoup de ou du moins ne se développant que bien ra
graisse , dont les molécules se déplacent par rement , dans la première jeunesse, il parait
le mouvement vital plus facilement que celles indifférent à certains fermiers du Cotentin et
des os. Alors il arrive dans ces chevaux châtrés de la Manche, vendeurs de poulains, d'em
tard que la tête reste grosse tandis que le cou ployer des étalons entachés de ce vice. C'est
maigrit et s'amincit, et qu'en définitif l'ani un malheur bien avéré, mais qui ne peut que
mal peut avoir une grosse tête'supportée par diminuer par la raison que des cultivateurs
un long cou , et ce qui contrarie toutes les soucieux de leurs intérêts éloignés doivent
sages dispositions de la nature. comprendre que la réputation de leurs écuries
La castration , faite alors que les organes est une valeur qui se paie.
génitaux sont tout-à-fait développés et jouis Le cornage, l'habitude fâcheuse de conser
sent de toute leur action, est plus dangereuse ver entiers des chevaux que les marchands
que si elle était faite plus tôt; cela n'a pas et la remonte de la cavalerie doivent faire
besoin de démonstration. Exécutée dans les châtrer, la coutume d'engraisser les chevaux
jeunes animaux, elle aurait l'avantage de per outre mesure comme s'il s'agissait de bœufs
mettre de conserver ensemble les poulains ou de porcs, ont une corrélation qu'on ne
châtrés et les pouliches, et de faciliter l'élève; saurait trop mettre sous les yeux des cultiva
elle contribuerait à détourner les éleveurs de teurs. M. Cailleux, qui a publié une très bonne
leur fâcheuse habitude de faire étalonner les notice sur lescanses de la diminution du com
poulains ; en sorte que lorsqu'on examine l'u merce des chevaux en Normandie, fait remar
sage normand de conserver entiers des che quer que le vice du cornage disparaît dans
vaux de luxe, qui nécessairement doivent être le plus grand nombre des chevaux qui ont été
châtrés avant d'être mis en service, on n'y coupés a l'âge de dix-huit mois ou de deux
trouve d'abord que des inconvéniens. En y ans , et que cette affection est plus fréquente
réfléchissant, cependant, on s'explique : dans les chevaux dont Yembonpoint est consi
1* que les cultivateurs ont un léger avantage dérable que ï»ns ceux qui ne sont pas en
à se servir pour leurs travaux aratoires de graissés.
poulains entiers ; 2° qu'ils n'ont pas à suppor
ter ni les frais ni les risques de l'opération
tels petits qu'on les supposera; 3° on re Section III. — De la quantité de chevaux
connaîtra comme excuse principale de leurs vaux
qui existent
qui manquent
en France,
à ceetpays.
des qualités de che~
méthodes qu'ils échappent ainsi aux consé
quences d'une législation fâcheuse sur les
vices rédhibitoires qui prolonge au-delà de Les principales races de chevaux ont été
touteraison ladurée de la garantie du vendeur. examinées dans le chapitre précédent. Cette
En mettant les acheteurs dans la nécessité espèce d'animal domestique , si précieuse et
de châtrer leurs chevaux, et en les forçant à si variée dans les races et sous-races qu'elle
faire acte de propriété et à dénaturer la chose fournit , aurait pu être étudiée avec plus de
vendue, les marchands normands échappent à détails dans toutes les nuances qu'elle présen
tous les risques d'une garantie de 30 jours; te; mais il peut convenir dans un ouvrage tel
ce qui n'est pas pour eux une petite affaire. que celui-ci de ramener les différentes varié
Cet état de choses changera par les améliora tés de chevaux à des types principaux , des
tions qu'on introduira, il faut l'espérer, dans quels ensuite avec un peu d'attention , et en
la législation , et il ne restera plus aux examinant ce qui se passe dans la localité
fermiers de la plaine de Caen aucun motif qu'ils habitent, les cultivateurs peuvent voir
AGBICCLTt RE Tome il— 51.
402 ANIMAUX DOMESTIQUES : DES CHEVAUX ET DE LEUR ÉLÈVE. m. i».
descendre les races et sous-races qui existent " de prospérité de l'industrie chevaline , due à
dans noire pays. la passion des nobles d'autrefois pour l'élève
Plusieurs faits pourraient cependant être du cheval , remonte encore à une époque plus
présentés en contradiction de ce qui vient reculée , si jamais cet état a existé; en sorte
d'être avancé: on pourrait dire que beaucoup que depuis trois cents ans la France aurait
de chevaux ne peuvent pas décidément ren été, d'après des auteurs trèsrecommandables,
trer dans les catégories établies ; mais il se tributaire des pays voisins en ce qui concerne
rait facile de répondre par la triste vérité qui les chevaux.
a déjà été publiée, que, par suite de croisc- En présence de ces documens, il est diffi
mens trop nombreux et mal calculés , il cile d'admettre comme incontestable qu'au
existe des départemens où la masse des che trefois nous étions tout-à-fait bien partagés,
vaux ne peut être attribuée plutôt à une race et que notre infériorité relativement à d'au
qu'à uneautre. De bons esprits vont même si tres peuples de l'Europe date de peu d'années.
loin sous ce rapport qu'ils se sont demandé Les documens statistiques viennent au
s'il existait encore des races telles que la li contraire démontrer dans quelle proportion
mousine et la navarrine. s'accroît le nombre de nos chevaux ; et le
Une autre objection pourrait être faite. Des chiffre des importations et des exportations,
familles bjen distinctes ne peuvent trouver combien peu nous devons regretter ce qui
leur place dans le cadre établi. On ne saurait, avait lieu dans le siècle dernier, pendant le
par exemple, où ranger les petits chevaux quel , selon M. Huzard père , l'importation
corses, les chevaux de la Camargue, ceux de coûtait année commune plus de 30,000,000 de
l'Ile de Noirmoutiers , qui ont une certaine livres , dout l'Angleterre seule recevait 10
réputation , les chevaux de la Hague , les bi ou 12,000,000.
dets d'allure du Cotent in , les petits chevaux Notre position est bien changée. L'agricul
de la Bretagne et beaucoup d'autres encore ; ture, sans aucun doute, a fait des progrès
mais la remarque doit être faite que, soit par dans la production des chevaux connue dans
le nombre, soit par la qualité des animaux ses autres parties , et elle est indispeusable-
qui les composent, toutes ces races, ou au ment destinée à avancer encore.
moins la plupart, n'ont qu'une importance La population en chevaux n'était en effet
secondaire. estimée , en 1791 , dans un travail de Lavoi-
L'élève du cheval peut être envisagée main sier, qu'au nombre de 1,781,000.
tenant sous d'autres rapports. En comprenant, dans un recensement ana
Beaucoup de personnes voient l'industrie logue, le nombre des mulets, Chaplal a pu
chevaline comme étant lout-à-fait dans un état blié, à une époque plus rapprochée de nous,
de décadence ; elles regrettent le temps passé; que la France possédait 3,322,617 soit chevaux,
elles espèrent dans notre pays la propagation soit mulets.
des races les plus nobles, les plus légères, A une époque plus rapprochée encore , en
les plus précieuses, qui forment une partie 1822 , lès documens officiels transmis par
des richesses de nos voisins les Anglais. Ces l'administration des haras ont porté le chiffre
opinions conduisent à rechercher si la partie des chevaux seulement à 2,220,000. L'on peut
de l'économie rurale qui nous occupe est dans enfin se convaincre par les évaluations trans
un état moins prospère qu'autrefois, et s'il mises par la même administration qu'en un
est à désirer de voir se multiplier en grand petit nombre d'années les chiffres ont été suc
nombre, eu France comme en Angleterre, les cessivement portés à 2,400,000 et 2,500,000.
chevaux de course et de pur sang. Sans donner à ces recensemens plus de
De Lafonl-Pouloti, qui écrivait à la fin du valeur qu'ils n'en méritent , en les considé
dernier siècle, accusait les dépenses énormes rant seulement comme approximatifs, il se
que notre pays était obligé de faire à cette rait déjà fort difficile de contester les pro
époque en acquisitions de chevaux étrangers. grès marqués de notre économie rurale dans
Remontant à une époque antérieure, De La- l'élève des chevaux; mais, comme cela vient
font-Pouloti affirmait que, dans les guerres d'être dit , les renseignemens fournis par
de 1688 et de 1700, l'État avait acheté pour l'administration des douanes tendent aussi à
plus de cent millions de chevaux étrangers. établir de leur côté l'état où nous sommes
Postérieurement à la publication du nou arrivés, et à contrôler jusqu'à un certain point
veau régime des haras de De Lafont-Pouloli . les recensemens du ministère de l'intérieur.
M. Huzardpère regrettait aussi, dans sou In Or, à cet égard, il est constant que, dans les
struction sur les haras, la pauvreté de notre années ordinaires, c'est-à-dire celles pendant
pays; il affirmait que les guerres de Louis XIV lesquelles l'importation ne s'est pas augmen
occasionnèrent l'achat de cent cinquante tée des acquisitions de chevaux faites à l'étran
mille chevaux , et, comme l'avait déjà dit De ger par l'administration de la guerre, l'impor
Lafonl-Pouloti , une exportation de plus de tation , déduction faite de l'exportation , ne
cent millions. s'élève pas, comme le fait remarquer M. le duc
La belle époque des haras aurait été, d'après de Guiche, à plus de 10 à 11,000 chevaux et
M. Huzard, celle des temps de féodalité, se poulains , dont l'acquisition , il faut bien le
terminant à Louis XIII et au cardinal de noter, est en partie compensée par des ventes
Richelieu. M. Huzard cite l'exemple de Sully de mulets faites à l'étranger.
et celui d'autres grauds seigneurs proprié En envisageant l'élève des chevaux telle
taires de haras. Mais comme, vers ce temps, qu'elle se présente aujourd'hui , on voit donc
Olivier |de Serres, né en 1539 , exprimait for que, malgré une notable augmentation dans le
mellement que la France était loin de suffire nombre des animaux de cette espèce que pro
à sa consommation eu chevaux , on peut duit l'agriculture , l'étranger se trouve encore
croire, d'après les autorités citées, que l'état chargé de pourvoir une partie de notre mar
CHAP. Çe. DU CROISEMENT. 403
ché. Pour apprécier autant qu'on le peut notre du tilbury, la multiplicité des équipages lé
situation chevaline , il faut ajouter, à l'idée gers, la beauté des routes, ta rapidité qu'elles
qui doit naître des chiffres donnés , cette permettent dans le service des diligences
autre idée que les importations se composent auxquelles s'attellent les chevaux les plus
en général de chevaux de messageries et de nobles et les plus vites , tout concourt à éta
chevaux de carrosse et de tilbury.Il faut môme blir les plus grands contrastes entre ce qui
avouer que les bons chevaux pour ces der se passe en Angleterre et en France. De ces
niers services sont rares en France, en com contrastes il ne suit pas, il est vrai, que nous
paraison de ce que l'on peut remarquer en ne devions pas faire les chevaux nobles qui
Angleterre et en Allemagne. Ainsi tout en re nous sont nécessaires, mais il en résulte au
connaissant les progrès faits récemment par moins que cette branche de l'économie ru
l'agriculture, cequ il faut reconnaître aussi, rale est d'un intérêt fort secondaire, et qu'elle
c'est qu'ils ont porté surtout sur la produc présente moins de chances de gain a nos
tion des races communes, et que pour ce qui cultivateurs que si l'emploi des chevaux lé
est des races nobles, c'est une question de gers était plus considérable. Pour le cultiva
savoir s'il n'y a pas eu plutôt décroissance que teur anglais qui se livre à la production des
progrès. chevaux fins , l'écoulement de ses animaux
Le mal avoué, ce qu'il faut faire c'est d'en quels qu'ils soient n'est pas difficile ; la di
apprécier les causes et d'en connaître l'éten versité des services auxquels on les emploie
due. Or, quant aux causes, il n'est pas impos lui permet de les placer avec avantage. Mais
sible de les deviner. L'extension du service en France, dès qu un cheval n'a pas la taille
du roulage , la création et le développement et la corpulence voulues pour qu'il soit attelé
d'un service, maintenant immense , celui des au carrosse ou au cabriolet, sou prix baisse
messageries et des voitures publiques, la pro tellement que la production des chevaux les
babilité de vendre à de bons prix les gros che plus vites, parmi lesquels il eu est toujours
vaux communs, la facilité que présente leur quelques-uns qui prennent peu de taille, ex^
élève, la ressource qu'ont beaucoup d'agricul pose a beaucoup de mécomptes.
teurs de garder pour leur usage les gros che Ce sont du reste des considérations qui vont
vaux qu'ils ne pourraient vendre; voilà au se représenter à l'article croisement.
tant de motifs qui, avant porté les cultiva
teurs à se livrer à l'élève des chevaux com Section IV. — Du croisement.
muns, ont agi indirectement contre la pro
duction des races plus distinguées. Le croisement consiste dans l'accouplement
Et comme ayant agi directement , il faut pour la génération d'animaux de races diffé
compter aussi le peu de développement qu'a rentes. Les produits de ces accouplemens re
pris en France la consommation des chevaux çoivent le nom de métis. Les femelles premiè
de luxe , non-seulement pour la selle , mais res métisses, couvertes par un mâle de la race
encore pour le carrosse et les voitures parti pure qui leur a donné naissance, donnent des
culières ; la mode qui s'est prononcée en fa deuxièmes métis plus rapprochés de la race
veur des chevaux étrangers ; et les remontes du père qu'elles ne le sont elles-mêmes. Les
qui se sont faites en Allemagne pour la ca femelles deuxièmes métisses accouplées à leur
valerie. tour, en persévérant dans le même système ,
Quand d'une part les agriculteurs ont été avec un mâle de la race avec laquelle a été
sollicités par un intérêt bien calculé à faire commencée l'opération, produisent des troi»
de gros chevaux , et que de l'autre ils ont vu sièmes métis. En continuant encore on lorme
les difficultés s'augmenter pour la vente des des quatrièmes, des cinquièmes, des sixièmes
animaux de luxe ; quand en Normandie, les métis, et l'on rapproche tellement de la race
herbagers ont eu plus d'avantage à se livrer pure du père les produits qu'on obtient qu'on
plus exclusivement à l'engraissement des finit par ne pjus pouvoir les en distinguer.
bœufs à cause du développement du commerce Dans le cheval la dénomination de cheval
de la boucherie , on ne peut s'étonner du peu de pur sang est fréquemment employée au
de faveur qu'obtient la spéculation qui con lieu de pure race, et celles de demi-sang, de
cerne les chevaux de luxe. Mais de ce que ces trois-quarts de sang équivalent à celles de pre
chevaux sont produits en petit nombre dans mier et de deuxième métis.
notre pays , et que les meilleures qualités Le croisement, on ne sait pas pour quel mo
nous manquent ou sont fort rares, on ne peut tif, a été considéré en France par beaucoup de
conclure, nous le croyons, que le mal soit personnes comme une opération indispen
bien grand; il nous semble à craindre qu'on sable sans laquelle il nous serait impossible
ne s'exagère son importance par la considéra d'avoir les meilleurs chevaux. Vraie pour cer
tion de ce qui existe à Paris. A Paris seule taines de nos races, cette opinion de la néces
ment, et dans quelques grandes villes en très sité des croisemeus a été beaucoup trop gé
petit nombre, le besoin de ces chevaux se néralisée; et elle peut porter des cultivateurs
fait sentir, partout ailleurs il n'existe pas, ou à entreprendre sans calcul, sans esprit de pré
au moins il n'existe que dans des limites fort vision, des opérations qui leur deviendraient
restreintes, et l'on produirait en France beau onéreuses.
coup de chevaux de luxe que bientôt la pro C'est d'abord une erreur complète que celle
duction atteindrait les limites de la consom de croire que les races doivent nécessaire
mation. ment dégénérer, et qu'il soit besoin de s'y
Sous ce rapport , notre position est bien opposer par l'introduction d'étalons étran
différente de celle de l'Angleterre, à laquelle gers. L'on confond alors sans doute l'effet qui
nous avons quelquefois le tort de nous com se fait remarquer quand on accouple eutre
parer. La chasse h courre , l'usage fréquent eux les animaux de la même tapaillejespliis
4M ANIMAUX DOMESTIQUES : DES CHEVAUX ET DE LEUR ÉLÈVE. liv. m.
rapprochés sous le rapport de la parenté avec mesurer par avance l'étendue des dépenses
celui que l'on obtient de l'appareillement dans lesquelles il s'engage, la valeur pro
d'animaux de différentes familles, mais de la bable de ses produits, et surtout les facilités
même race. Dans le premier cas les animaux qu'il peut avoir pour réaliser celte valeur. Sous
dégénèrent, et quand on a pris le soin pen beaucoup de rapports la position du culti
dant une longue série de générations d'ac vateur est fort différente selon que les croi
coupler ceux de la même famille, de les pro semens qu'il entreprend sont suivis sur une
pager, comme on dit en Angleterre, toujours grande échelle par les cultivateurs des alen
dedans in and in , soit pour fixer certains ca tours, ou selon qu'ils lui sont particuliers.
ractères, certaines qualités , soit par expé Dans le premier cas, l'occasion se présente
rience, on finit par les rendre peu féconds pour lui d'acheter et de vendre des produits
et même tout à-fait stériles. Mais dans la analogues à ceux sur lesquels il veut spéculer;
seconde hypothèse comme rien de pareil n'a il est libre d'augmen 1er, de diminuer le nombre
été observé, on a tort de croire qu'il faille de ses animaux, et de gouverner ses opérations
aussi nécessairement mêler les races. Des selon la quantité des fourrages qu'il peut faire
races pures peuvent se conserver avec ton tes consommer. Dans la deuxième supposition, il
leurs qualités, lorsque les soins convenables ne jouit pas à beaucoup près des mêmes avan
sont apportés dans les appareillemens des tages; il ne trouve dans les domestiques du
mâles et des femelles, et les produits élevés pays ni autant de zèle ni autant d'intelligence
dans les conditions qui permettent et favori pour des innovations auxquelles ils répugnent,
sent le développement des qualités que l'on et quand à force de persévérance il a terminé
veut conserver. Cela est vrai, non-seulement l'élevé de ces animaux étrangers à sa localité,
pour les races indigènes, mais aussi pour les et qu'il les conduit sur le marché, il est rare
races étrangères que l'on a naturalisées. Nous qu'il puisse les vendre ce qu'ils valent, parce
en avons la preuve en France dans la race que les habitués de ces marchés ne se pressent
mérinos. pas, en général, d'acheter des chevaux de
Les soins que l'on donne à une race indi races qu'ils ne connaissent pas, sur lesquels
gène, naturelle au pays que l'on habite, sont ils n'ont pas coutume de spéculer, et qu'ils ne
fort souvent payés d'une manière plus avan sauraient où placer. Aussi faut-il. pour com
tageuse que les dépenses que l'on ferait pour penser tous ces inconvéniens, de très grands
une race nouvelle que l'on serait tenté de avantages, et est-il fort rare que ces améliora
créer. Des alimens en plus grande abondance tions isolées aient toute la suite désirable.
et de meilleure qualité, un peu de ménage En admettant que l'éleveur se décide à em
ment dans le' travail souvent trop fatigant ployer des étalons étrangers, un point essen
3u'on exige des jeunes chevaux, peuvent faire tiel pour lui est de ne pas se laisser entraîner
avantage pour l'amélioration que toutes les par des principes qui ne laissent voir qu'un
innovations que l'on voudrait tenter par les côté des questions qui pçuvent se présen
croisemens. Et par exemple l'introduction ter. Des livres où se trouvent d'ailleurs des
des prairies artificielles, le perfectionnement projets et des idées fort raisonnables font
des instrumens aratoires qui permet d'épar dépendre tontes les qualités des races du
gner les forces des animaux, le bon entretien degré de chaleur et de sécheresse du climat
des chemins vicinaux, celui des routes , peu sous lequel elles se sont formées; et parce
vent faire plus pour la prospérité chevaline de que le cheval arabe du désert jouit d'une vi
beaucoup de nos départemens que tous les gueur très grande, c'est le seul cheval arabe
changemens, qu'on cherche à produire par qui doit améliorer, sinon toutes nos races, au
l'emploi de nouveaux étalons. Car il arrive moins la plupart. Pour certains auteurs la na
pour beaucoup de nos chevaux qu'ils ne man ture du climat est à peu près tout dans la for
quent pas de vigueur, ni même d'une bonne mation des races; celles du Midi peuvent bien
conformation, mais qu'ils pèchent seulement améliorer celles du Nord, mais il est impossi
par la taille, leur peu de développement , suites ble que celles du Nord, celles de l'Angleterre,
inévitables d'une noarriture insuffisante et par exemple, améliorent jamais les races de la
d'un travail forcé. France. D'autres prétendront qu'il est d'une
Toutefois, de cequ'il existe de la tendance en indispensable nécessité de se servir pour éta
France à abuser des croisemens, à penser lons de chevaux de pure race, et que les mé
qu'ils soient indispensables , à croire qu'un tis même avancés doivent être repoussés, quel
poulain doive immanquablement être bon les que soient du reste les qualités qu'ils
parce qu'il a pour père un bel et bon étalon , possèdent. Il est bien reconnu que ces prin
et à négliger par suite les moyens les plus cipes absolus et d'autres encore sont mainte
sûrs, les plus positifs, qui consistent à bien nant contredits par des expériences incontes
nourrir et à bien ménager les jeunes chevaux , tables , et qu'ils ne peuvent s'appliquer ni à
il faut se garder de tomber dans une autre toutes les races ni a toutes les positions de
exagération et de négliger d'obtenir des amé l'éleveur.
liorations par des emprunts faits aux races Celui d'abord qui a fait ressortir que l'es
étrangères, quand ne se trouvent pas dans les pèce du cheval pouvait être divisée en deux
chevaux indigènes les qualités que recherche grandes catégories , comprenant des animaux
le commerce. ayant, des caractères souvent opposés, a rendu
Avant de faire ces croisemens, le cultiva service à l'art des croisemens. Il est impossi
teur doit connaître le but auquel il lui im ble d'admettre qu'il soit nécessaire de verser
fiorte de parvenir; il doit chercher à apprécier du sang arabe dans les races de gros chevaux
es moyens qu'il a de l'atteindre , tant ceux communs sous le prétexte de leur donner
que lui offre l'administration des haras que filus de vigueur, plus de vivacité. La vivacité,
ceux qu'il possède sur sa ferme ; il doit aussi 'ardeur ne leur sont pas nécessaires; elles
chap. 8». DU CROI! EMENT. 404
ont plutôt besoin de patience et de force; el qu'il devient impossible de trouver en
elles doivent rester pures, surtout en France France les meilleurs étalons, à un très petit
où elles ont un degré de perfection qui se nombre d'exceptions près.
trouve rarement ailleurs. l)e ces races qui doivent être améliorées
Dans l'élève de ces races, le cultivateur doit par des croisemeus , la race normande est|,
se garder du désir d'en augmenter la taille et sous plusieurs rapports, la plus importante.
la corpulence par l'emploi des plus gros éta Elle se développe el se fait en moins de
lons. Il peut bien alors, il est vrai, vendre temps ; elle prend plus de taille et de largeur,
quelques-uns de ses produits à des prix un et nous préférons tellement aux petits che
peu plus élevés, mais il court le risque d'a vaux, qui ne sont convenables qu'a la selle,
voir des animaux qui ont besoin de beaucoup tous ceux qui sont plus grands eL qui peuvent
d'alimens pour se nourrir, et qui n'ont pas être attelés, que les chevaux normands
généralement un aussi bon tempérament sont encore, de tous les chevaux de luxe,
que ceux qui ont pour pères des étalons moins les plus recherchés, quels que soient leur
volumineux, mais mieux proportionnés et tempérament et leur coulormatiou. Leur
plus agiles.Quand un cultivateur veui se créer nombre d'ailleurs est de beaucoup supérieur
une race de chevaux de labour, il est rare qu'il à celui des chevaux du Limousin. Aiusi, en
ne doive pas préférer des chevaux de taille prenant les calculs de Chaptal, tandis que
moyenne, avant un bon pas, à ceux qui se dans la Corrèze, la Creuse et la Haute-V ienne
raient tout-a-fait lourds, et qui se contente il n'existe que 19,971) chevaux, jumens et mu
raient de faire porter une partie de leur poids lets, e 1 4 ,95o pou Juins au-dessous de quatre ans,
sur les traits pour vaincre la résistance qui leur on compte jusqu'à 97,360 chevaux adultes et
est opposée; ces chevaux peu énergiques ont 32,456 poulains dans les seuls déparlemens
généralement un tirage plus lent. A moins du Calvados et de la Manche. Or, on eu con
que les terres ne soient très compactes, que viendra facilement, quand la population en
les labours et les charrois n'en deviennent chevaux est aussi élevée, el quand la race
très pénibles , les premiers chevaux sont à réunit déjà quelques-unes des qualiLes les plus
préférer aux seconds; et comme d'ailleurs ils recherchées, c'est dans de telles localités que
conviennent à une plus grande variété de tra les améliorations sonl le plus désirables el le
vaux; que ce sont eux notamment qui sont plus laciles à réaliser.
demandés pour le service de nos voitures pu La race normande, propre au carrosse, ga
bliques qui s'accroit journellement, le culti gnerait déjà beaucoup si les habitudes lâ
vateur a fréquemment de l'avantage à se livrer cheuses relatées au chapitre qui la concerne
à leur élève. Si donc des croisemeus devaient étaient remplacées par d'autres pratiques plus
être entrepris entre les races de chevaux de raisonnables. Cependant il est extrêmement
trait que nous offre notre pays, soit les per probable que, se reproduisant par elle-même,
cheronnes et bretonnes d'une part, les boulon- sans introduction d'étalons d'autres races, il
naises, les cauchoises , les picardes de l'autre, lui serait impossible d'acquérir toutes les
il faudrait plutôt tendre à employer les étalons qualités que l'on demande aux chevaux de
des premières que ceux des secondes. luxe el que l'on trouve fréquemment dans les
Dans le croisement des jumens communes , animaux de certaines races étrangères. 11 n'est
dont la race est devenue rabougrie par la mi pas rare de voir dans la cou forma lion des che
sère, il est bon d'éviter encore d'une manière vaux normands, une tête grosse el aplatie
plus rigoureuse l'emploi des étalons les plus d'un côté à l'autre, une encolure longue, des
gros et les élevés. La nature ne se prête pas à reins un peu longs et un peu bas, une croupe
ces brusques changemens ; c'est suivre une étroite, des fesses amaigries et des jarrets
méthode vicieuse que de chercher à augmen coudés et vacillans. Alors il semble que l'a
ter les tailles des races par l'introduction d'é vant- main, loin d'être chassée par le train
talons hors de proportion avec les jumens de derrière, traîne plutôt toute la machine;
qu'ils doivent couvrir. ou au moins il est clair que les parties de de
Si les races de chevaux communs doivent en vant et de derrière ne fonctionnent pas comme
général rester pures en France, à cause des cela devrait être pour que les allures soient
qualités qu'elles possèdent et qui sont appro franches et rapides/11 faut, de toute nécessité,
priées aux services auxquels ou les consacre; changer la couioi ination de pareils animaux,
si les cultivateurs doivent être loués des soins et, je le répète, ou ne peut trouver pour ar
qu'ils mettent à les maintenir et les améliorer river à cette lin d'aussi bons modèles en Nor
par elles-mêmes, les mêmes principes ne peu mandie qu'à l'étranger. D'un autre côté, il
vent s'appliquer aux races légères^ propresaux faut encore le redire, la boulé des chevaux ne
besoins du luxe. Celles qui depuis longtemps dépend pas seulement de la disposition des
ont eu le plus de réputation en France, la race parties extérieures; elle dépend aussi de l'in
normande , les races limousine , auvergnate tégrité et des proportions des organes les plus
et navarrine, ne nous donnent plus que très essentiels à la vie, comme aussi de la vigueur
peu de produits préférés à ceux qui nous vien que le climat, les soins de l'homme et le genre
nent de l'étranger. Le malaise des éleveurs a d'alimentation donnent à certaines races plu
été démontré par les tentatives que certains tôt qu'à telles autres. Or, il est de làil que la
d'entre eux ont faites pour changer leurs races race normande n'a pas les parties les plus
par des croisemens; mais comme ces essais nobles, le cœur, le poumon, le cerveau, aussi
ont été de plusieurs sortes, que rarement ils développées, ni une vigueur aussi grande que
ont été suivis avec autant de persévérance que la race arabe, par exemple, et que la race an
cela eût été nécessaire, l'on peut dire qiviis glaise.
n'out pas encore créé de races constantes aussi Le problème à résoudre pour ce qui 'a con-
bonnes que celles qui existent hors de France, cerne consiste à lui donner de l'énergie en
406 ANIMAUX DOMESTIQUES : DES CfiÉVAUX ailleurs deETs'assurer
DE LEUR de ÉLÈVE.
la généalogierfv,
de Ht.
ces
lui conservant dans les formes une ampleur
suffisante, et dans la stature assez d'élévation chevaux et de leur vitesse par les registres
pour qu'elle puisse convenir aux services qui que l'on tient exactement, et par les procès-
exigent le plus de chevaux de luxe et qui les verbaux des courses. Il est possible de trou
paient un meilleur prix. Pour arriver à ce ver en Angleterre des étalons de trois quarts
résultat il est indispensable de bien nourrir de sang qui conviennent beaucoup à nos cul
les animaux pendant leur jeune âge principa tivateurs normands, par leur grand dévelop
lement; mais il faut aussi verser dans la race pement, leur vigueur et les caractères qui les
reuses,
normande telles
duque
sang
celles
desderaces
l'Arabie
les plus
et de géné»
l'An rapprochent de leurs pères. Et quand on a ré
fléchi à loutes ces circonstances , quand on
gleterre, qui toutes deux ont leurs partisans. a fait la remarque que les cultivateurs recher
Le degré de pureté et d'ancienneté des ra chent dans le cheval de pur sang le plus grand
ces, leur genre de conformation, leur consti développement dans les formes, il est impos
tution et leur taille sont mis en balance quand sible de ne pas accorder pour la Normandie la
il s'agit de faire un choix entre les races arabe préférence aux étalons anglais sur ceux que
et anglaise, et en général ce sont des points nous pourrions nous procurer en Arabie. La
dont il faut toujours tenir compte dans le taille manque à ceux-ci, et quoique la taille
choix des étalons. des produits dépende beaucoup de celle des
Toutes les fois qu'un étalon vient d'un père et mères, qu'on puisse la développer par une forte
d'une mère de la môme race, et que depuis fort nourriture , cette qualité est si importante
longtemps il n'a pas existé decroisemensjdans que les cultivateurs ne peuvent se décider à
les animaux desquels il provient, et que l'on négliger une des causes qui contribuent à la
pourrait appeler ses ancêtres, il est probable donner.
qu'il reproduira plus sûrement les caractères La taille des chevailx anglais compense et
et qualités qu'il présente que si sa race était au-delà, dans les calculs des éleveurs nor
nouvelle et mêlée; car dans ce dernier cas, mands, plusieurs défauts de cette race, et no
les produits peuvent justement hériter des tamment le peu desouplesse dans les allures et
caractères des parens qui ne ressemblaient la dureté de la bouche. La grande affaire doit
pas à l'étalon que l'on se décide à employer. être pour eux de créer des chevaux de carrosse
La pureté et l'ancienneté sont donc à pren et de cabriolet qui joignent à la vitesse l'é
dre en considération. Mais de ce que ces points légance et les formes que veut la mode; ils la
sont essentiels à peser, il faut se garder de réaliseront selon toute probabilité plus facile
s'exagérer leur importance. ment en employant la race anglaise que la
En persévérant dans le métissage, il est pos race arabe.
sible d'obtenir des métis reproduisant aussi La tendance qu'ont les éleveurs à attacher
sûrement leurs caractères que les animaux beaucoup de prix au volume des étalons qu'ils
de race pure , ou la différence qui existe alors emploient leur fait accorder, quelquefois à
entre eux sous ce rapport est si peu sensible tort, dans notre opinion la préférence à des
qu'elle peut être négligée. métis peu avancés sur des métis plus avancés
En second lieu, il est possible d'aroir, par et sur des animaux qui passent pour être de
des premiers croisemens, des produits ayant pure race. Le moyen le meilleur de les enga
des qualités plus avantageuses que si l'on per ger à sej servir d'étalons de race pure, ou à
sévérait davantage dans l'opération du mé peu près pure, est de prouver par des exem
tissage; et pour peu que le métissage soit ples que les chevaux tout-à-falt fins et légers,
assez avancé pour donner à ces qualités un appareillés avec de grosses jumens, peuvent
certain degré de fixité, il est bien difficile de donner les produits que le commerce recher
dissuader les cultivateurs d'employer ces mâles che et un autre moyen encore consisterait h
métis comme étalons, et l'expérience a en attacher la plus grande importance à la force
core prouvé qu'ils pouvaient eu obtenir de des étalons anglais de pur sang qne l'on im
bons résultats. porte en France.
En appliquant ces idées aux chevaux ara Nous avons votiln pendant très longtemps
bes et anglais, il faut convenir que les pre loger les qualités des chevaux par l'examen de
miers sont d'une race plus ancienne et plus leurs formes extérieures; maintenant, plus sa
pure; et que, parmi les seconds, ceux-là mê ges, nous tenons compte des qualités dont ils
me qui sont dits de pur sang laissent plus à font preuve dans les exercices auxquels on
désirer quant à la pureté et à l'ancienneté de les soumet. Tous ceux qui ont eu des avan
leur race. Il serait fort difficile de prouver tages dans les courses acquièrent beaucoup de
que tous ceux qui sont réputés les pins purs Valeur; mais après avoir eu raison d'imiter en
descendent sans mésalliance de chevaux et de ce point les Anglais, il nous a semblé que nous
jumens arabes; seulement ce qu'on doit dire avions eu le tort d'abandonner un peu trop
après avoir mis en doute la noblesse de leur l'examen de l'extérieur des animaux. Un éta
généalogie , c'est qu'ils ont autant de sang lon ne peut nous convenir, par cela seulement
arabe que cela est nécessaire , et qu'ils se re^ qu'il est vite et qu'il est énergique; il faut
produisent par eux-mêmes depuis assez long' qu'il ait des muscles bièn développés, que ses
temps pour qu'on soit sûr de les voir trans os et ses tendons aient une certainegrosseur,
mettre les caractères qu'ils possèdent. Ainsi , qu'ils présentent des caractères de force et
sous ce point de vue, l'Angleterre peut nous de résistance; il faut encore que sa robe con
donner des étalons aussi bons que 1 Arabie. vienne, il est à désirer qu'il soit bai ; il est
L'Angleterre nous donne en outre, circon bon qu'il n'ait pas de balzanes, et il faut de
stance fort importante, des étalons dits de pur toute nécessité qu'il n'ait pas de tares hérédi
sang, plus élevés, plus développés que les taires et qu'il ne présente pas surtout un dé
chevaux arabes. 11 est plus facile que partout faut très commun dans la race anglaise , et
t)U CROISEMENT. 407
qui est de la plus grande gravité, celui d'a rapides coursiers qu'elle possède. Il a fallu
voir des pieds étroits dans les quartiers et les que la transpiration cutanée fût fréquemment
talons, et douloureux à cause de leur resser excitée par des frictions, que les chevaux
rement. La pratique prouve que ce défaut se fussent presque constamment couverts de
transmet souvent aux poulains ; la preuve de laine depuis la tête jusqu'aux pieds ; qu'ils
cette assertion peut se trouver en France fussent fortement nourris clans leur jeune
comme en Angleterre; aussi ce défaut doit-il âge pour prendre de la taille , qu'ensuite ils
être une cause d'exclusion. fussent exercés à des courses et soumis à un
Pour qu'un étalon anglais réunisse toutes régime particulier, dit d'entraînement , qui
les conditions qu'on doit rechercher, il ne suf développe le système musculaire, diminue la
fit donc pas, cela ne peut être trop répété, quantité de graisse et de tissu cellulaire , et
qu'il ait eu des succès dans les courses; if faut donne à tous les ressorts de l'animal toute l'in
qu'il possède, autant que possible, une partie tensité dont ils sont susceptibles. Mais il a fallu
des qualités que nous demandons dans les de toute nécessitéaussiqueles Anglais fussent
chevaux de service. Il faut toujours que celui guidés dans leurs pratiques par lesépreuves, les
qui en fait choix se rappelle l'état de nos courses publiques auxquelles ils soumettent
routes et le poids de nos voitures ; enfin , il beaucoup de leurs chevaux , que ces courses
faudrait encore que les succès qu'a obtenus , fussent assez nombreuses pour leur donner
comme étalon , le cheval que l'on veut impor la chance d'y obtenir quelques prix , et que,
ter fussent pris en grande considération. Il de plus, les chevaux encore très vites qui n'y
ne serait pas difficile de faire la liste d'un réussissent pas trouvassent dans le commerce
grand nombre de coureurs très vites , très un placement à peu près certain et avanta
énergiques, bien proportionnés, qui n'ont ja geux pour l'éleveur. C'est donc sous l'in
mais donné de très bons poulains, et de nom fluence des courses que s'est formée la race
mer d'autres étalons moins famés d'abord qui anglaise de pur sang; pour juger cette in-»
n'ont établi leur réputation que par les pro venues.Elles
flnence il fautsont
voirmaintenant
ce que les courses
fort nombreuses
sont de
duits qu'ils ont donnés. Ces derniers, on en
conviendra facilement, sont les mieux éprou en Angleterre ; elles ont lieu sur des terrains
vés , les meilleurs pour l'usage que l'on veut gazonnés et plats ; elles se font souvent en
en faire ; et si leur prix est en général très droite ligne; elles ne sont pas de longue du-
élevé , cette considération ne nous parait pas reé; elles se font fréquemment entre poulains
devoir arrêter ceux qui veulent sérieusement qui sont dans leur troisième année, et comme
améliorer les races. Un très bon étalon est tout est préparé et prévu, il s'est formé une
rarement trop cher ; il peut être beaucoup race de petits hommes peu pesans , la race
plus avantageux de l'acheter que de dépenser des jockeis, qui doit monter les poulains*. De
en acquisition de plusieurs étalons médiocres tout cela il est arrivé que la condition la plus
ou moins bien éprouvés [une somme égale ou désirable à obtenir dans l'élève des chevaux
supérieure. de pur sang a été l'extrême vitesse dans les
Le cheval anglais de pur sang, bien choisi, poulains , et qu'en effet les chevaux anglais
les métis de trois quarts de sang au moins , ont été plus vites que tous les antres chevaux,
paraissent donc, au résumé, devoir convenir sans excepter les arabes ; mais il est arrivé
a l'amélioration de la race normande de car aussi qu'ils sont rarement aussi solides dans
rosse; les chevaux de demi-sang ont rare les membres de devant , aussi siirs à monter
ment assez de race pour transmettre leurs que les arabes et autres chevaux du Levant ,
caractères ; mais il faut dire en même temps aussi maniables que les arabes, et qu'ils sont
que, lorsque l'expérience prouve qu'ils don souvent tarés par les efforts qu'on exige d'eux
nent à leurs produits leurs formes et leur alors qu'ils sont encore très jeunes.
tempérament, ils conviennent souvent da tent Si les
l'onchevaux
se rappelle
de selle
les qualités
navarrins,
que
limousins
présent
vantage aux cultivateurs que des étalons de
pur sang ou de trois quarts de sarig , tant est et auvergnats , on verra que ces petits che
grande et raisonnable la crainte qu'ils ont vaux ont en général des qualités opposées à
d'avoir des poulains trop fins et trop petits. celles des coursiers anglais ; qu'ils sont beau
La deuxième question qui se présente dans coup moins vites , qu'ifs ont 1 habitude d'une
les croisemens est de savoir si la race an plus grande sobriété, et qu'ils ont une crois
glaise doit être préférée à l'arabe et à quel sance plus longue; que leur mérite principal
ques autres sous-races orientales, dans le per consistedans la vigueur etla résistance jointes
fectionnement de nos autres chevaux élégans à une grande sûreté et beaucoup d'agrémens
et légers, et notamment de ceux que nous dans leurs allures ; et l'on en conclura sans
donnent nos départemens du Midi et des doute que ce n'est qu'avec une extrême pru
anciennes provinces du Limousin et de l'Au dence qu'il faudrait verser dans ces races du
vergne. Il est bon de rappeler, pour éclaircir sang anglais.
cette question, quelques particularités rela Les principaux mérites des chevaux anglais
tives aux chevaux anglais , et de faire ressor n'ont pas pour le midi de notre pays la valeur
tir en peu de mots ce qui a été dit de certaines qu'ils ont en Normandie. La disposition des
races françaises. chevaux anglais à se former en peu de temps
La. race anglaise, quoique ayant beaucoup ne pourrait être mise à profit qu'autant que
de sang arabe , a des caractères particuliers les cultivateurs du Midi changeraient entiè
qu'il faut bien apprécier; elle est, sous un rement leurs habitudes , car ils nourrissent
climat humide et brumeux , le produit des très modérément ; et de plus la taille élevée
soins que l'homme lui donne constamment. des chevaux anglais , leur force ne permet
L'alliance des chevaux et des jumens arabes traient de bons appareillemens qu'avec peu
n'aurait pas suffi pour doter l'Angleterre des de juin eus , car en règle générale elles sont
408 ANIMAUX DOMESTIQUES : DES CHEVAUX ET DE LEUR ÉLÈVE. liv. m.
petites et ne peuvent recevoir avec avan ment hors de France. La conséquence de tout
tage des étalons hors de proportion avec elles. cela a été que certains cultivateurs se sont
S'il est un principe dont il ne faut pas se dé dégoûtés , que la plupart n'ont pu suivre les
partir , c'est qu'on ne peut former de bonnes conseils qui leur éUient donnés de faire a
races par l'appareillcment de mâles volumi cette industrie des avances plus considérables
neux et de femelles beaucoup plus petites; on en nourrissant leurs animaux avec moins de
veut ainsi procurer aux produits une taille que parcimonie, et que quelques-uns ne se sont
l'on doit tendre à obtenir par une meilleure tirés de ces difficultés qu eu livrant leurs ju-
alimentation, et le plus souvent on ne donne meus au baudet. Alors il y a eu des nommes
aux résultats de ces accouplemens qu'une partisans enthousiastes de l'élève du cheval
mauvaise constitution. Le fœtus est gêné dans qui ont déploré celte tendance , et qui, si on
la matrice, la mise bas est difficile, l'allaite les eût laissé faire, eussent lait châtrer tous
ment est insuffisant ; l'habitude est prise par les baudets , sans réfléchir que les bénéfices
le cultivateur de peu nourrir , les conditions obtenus par la production du mulet sont le
dans lesquelles il se trouve l'y forcent le plus plus grand encouragement qu'onpuisse actuel
souvent , et en définitive il est très fréquent lement imaginer pour l'élève des chevaux.
de n'obtenir rien de bon de toutes ces ten L'élève du mulet présente pour le midi de
tatives. la France une de» conditions avantageuses que
Les qualités du cheval anglais réduites à donne aux cultivateurs du I\ord la produc
peu d'importance, ses défauts restant, la con tion des gros chevaux ;,les mulelous peuvent
clusion est bien évidemment que, pour les ra se vendre jeunes , le cultivateur peut réaliser
ces du Midi et même de l'Auvergne et du Li en peu de temps la valeur de ses fourragea ;
mousin , la plus grande circonspection doit ses jeunes mulets sont recherches parce que
être apportée daas l'emploi del'étalon anglais. la paix , la liberté du commerce , le dévelop
Ce qu il faut reconnaître maintenant, c'est le pement qu'ont pris beaucoup d'industries, et
degré d'utilité dont peuvent être pour ces l'extension du roulage, sont autant de causes
races , soit de nouveaux croisemens , soit de 2ui facilitent et augmentent ^consommation
meilleures méthodes dans leur élève. e ces animaux.
Les chevaux dont nous nous occupons ont Dans la spéculation agricole qui les con
beaucoup de nerf, et le plus fréquemment ils cerne , une importance^ plus grande est atta
pèchent par la taille , par une poitrine qui n'a chée à la pouliche qu'au poulain. La pouliche
pas assez d'ampleur , par la trop grande fi est mieux traitée, parce qu'elle doit donner
nesse des membres. Ces défauts doivent dis des mulets. Le cultivateur se décide aussi
paraître plutôt par l'effet d'une meilleure quelquefois a la faire couvrir par le cheval
alimentation que par de nouveaux croise pour s'éviter l'achat de nouvelles mères et
mens. Cependant , comme beaucoup de che renouveler son cheptel , et il se trouve dans
vaux du Midi n'ont plus de race , il pourrait l'obligatiou d'entretenir l'espèce du cheval
être utile de leur en donner en persévérant dont il lui aurait été profitable d'abandonner
Sendant long -temps dans des croisemens l'élève, sans les bénéfices que lui procurent les
ont l'utilité aurait été démontrée. mulets. 11 est déjà fort essentiel pour la bonté
Les chances de succès ne paraissent pas se des races que les femelles soient bien trai
réunir actuellement en faveur des étalons an- tées; les j unions manqueront toujours bien
dalous. Leur race a dégénéré, et d'ailleurs plus tôt que les étalons, quand il paraîtra avan
nous n'estimons plus autant qu'autrefois les tageux au cultivateur de faire de l'élève du
allures relevées et raccourcies. Il est plus cheval sa principale affaire ; et pour ce qui
probable qu'on obtiendrait de l'emploi des concerne maintenant les^mâles qu'il obtient
étalons de l'Orient des résultats avantageux; ceux-ci à leur tour seront l'objet de bien plus
on en cite quelques-uns qui passaient pour de soins et de dépenses dès qu'il pourra
arabes , et qui autrefois ont fait du bien et compter de rentrer dans ses avances.
laissé des descendans estimés. On peut être Pour se trouver dans la possibilité de bien en
certain qu'ils ne ressemblaient pas h ces é ta tretenir et d'améliorer leurs races de chevaux,
tous arabes très vites , très élancés , très les cultivateurs du Midi doivent solliciter par
minces de membres, dont a parlé M. deLastic tous les moyens, non pas l'achat de quelques
Saint-Jal quand il a fait connaître les incon- poulains, en petit nombre, pour les haras
véniens des courses telles qu'elles ont lieu royaux (ce serait pour la généralité des fer
sur l'hyppodrôme de Tarbes. Aussi des au miers une affaire de très peu d'importance et
teurs qui possèdent bien la connaissance des qui pourrait entraîner quelques-uns d'entre
chevaux du Midi vont-ils jusqu'à préférer eux dans une fâcheuse direction;, non pas l'a
aux arabes les plus purs d'autres races orien chat de leurs poulains pour des dépôts de re
tales, moins vîtes peut-être, moins nobles, monte, car il n'est pas raisonnable de deman
moins nerveuses , mais ayant plus de force et der à l'administration de terminer la fabrication
des muscles et des os autrement développés. des chevaux, mais au moins l'achat de leurs
Les difficultés sont grandes quand il s'agit chevaux adultes pour lacavalerie.L'administra-
pour le cultivateur des départeroens des Py tion est déjà depuis plusieurs années entrée
rénées, du Limousin et de l'Auvergne, de bé dans cette voie, et il est de la plus grande utilité
néficier sur l'élève des chevaux. Ses produits qu'elley persiste, non-seulement,a cause des ra
ne sont pas employés aux travaux aratoires , ces de chevaux du Midi, mais à cause de beau
c'est le bœuf qui laboure; ils ne sont plus coup d'autres chevaux plus communs dont
aussi recherchés qu'autrefois , parce que le les agriculteurs sauront bien faire d'excellens
goût de l'équitation se perd en France ; les chevaux de troupe du moment qu'ils auront
remontes ne paient pas les chevaux à des prix l'espoir fondé de les vendre à l'armée. Si le
assez élevés , et elles achètent trop fréquem- département de la guerre.se décid« à faire une
CHAt. 8*. DE LA CONSERVATION DES RACES. 409
part un peu plus large aux éleveurs , alors il Des motifs de plusieurs genres peuvent, ce
aura une action puissante sur l'élève des che uous semble, servir de guide dans le choix de
vaux dont maintenant il aurait tort de se ces étalons , et les croisemens que les culti
plaindre, et peu à peu, sans grande augmen vateurs sout engagés à pratiquer. Le vœu des
tation dans le chapitre des remontes , il par agriculteurs praticiens doit avant tout être
viendrait à se procurer des chevaux meilleurs consulté. Les vétérinaires , qui par leur état
que ceux qu'il a tirés d'Allemagne à plusieurs sont appelés à voir beaucoup de fermes, peu
époques, et à une partie desquels on peut re vent éclairer aussi l'administration et les cul
procher d'avoir une poitrine peu développée, tivateurs eux-mêmes. 11 y a beaucoup d'a
un flanc long, des reins faibles, et au total vantage à prémunir les éleveurs contre le dé
de présenter plus d'ardeur et de brillant que sir d'augmenter rapidement leurs races par
de solidité et de force. l'emploi des plus gros étalons. 11 leur est bien
Tous les autres moyens d'encouragement moins commun, lorsqu'on les laisse libres, de
ne vont pas à beaucoup près aussi sûrement chercher à les ennoblir intempeslivement par
à leur but, leur utilité est contestée; et l'usage des étalons nerveux et légers. Tous
par exemple, les primes pour les poulains et ceux notamment qui fout travailler les pou
pour les poulinières sont regardées comme lains apprécient toute la dislance qui existe
nuisibles par des auteurs qui ont bien étudié entre l'élève d'un cheval de trait et celle des
cette question, M. Huzard fils et M. Mathieu chevaux les plus légers. Quant aux administra
de Dombasle. Les courses ont été vantées teurs du département, il importe beaucoup
comme étant de première utilité par M. Hu qu'ils voient celle affaire d'une manière plus
zard fils, d'après ce qui se passe en Angle élevée. Les croisemens doivent avoir pour but
terre; elles ont été l'objet de remarques criti de uous procurer les espèces de chevaux qui
ques de la plus haute importance par M. de nous viennent du dehors et que nous payons
Burgdorf, et elles sont considérées comme chèrement. Les chevaux de poste et de dili
inutiles par M. Mathieu de Dombasle. gences se présentent en première ligne; ceux
Après avoir été étudiée par M. Mathieu de pour les carrosses et les équipages de luxe
Dombasle dans un article fort remarquable viennent en deuxième ligne. Il nous suffit que
intitulé de la Production des chevaux enFrance, ceux-ci aient le degré de beauté, de légèreté et
toute l'action de l'administration des haras de résistance des chevaux que nous tirons d'Al-
est en définitive représentée comme ne ten lemagne,car uous eu faisons venir fort peu d'An
dant qu'à un seul objet, celui d'engager les gleterre, et par exemple, les états des douanes
cultivateurs à élever une seule espèce de che n'eu indiquent pas plus de 623 pour 1828.
vaux, qui est précisément celle dont la produc Dans le courl article qui précède, plusieurs
tion offre le moins d'avantage à leur industrie. questions n'ont pu être traitées que d'une
Ce que nous pouvons faire ici, ce n'est pas de manière incomplète. Nos lecteurs gagneront à
discuter dans un court article les opinions des consulter, en ce qui les coucerne, plusieurs
auteurs que nous citons; notre désir se ouvrages et articles dont nous citons les prin
borne à faire voir que d'un côté l'utilité des cipaux : le traité des haras domestiques en
remontes faites en France n'est contestée par France, de M. Huzard fils; le travail de M. de
persouue, que de l'autre il est loin d'en être Dombasle intitulé De la Production des che
de même de différents moyens qu'emploie vaux en France, et inséré dans la sixième
l'administration des haras; d'où il suit que le livraison des Annales deRoville; une lettre de
premier, le plus réel des encourageniens que Maître Jacques Bujaull, à laquelle nous avons
puisse obtenir l'agriculture dans la production ajouté quelques notes et que nous avons [re
des chevaux consiste dans l'achat des chevaux produite dans le recueil de médecine vétéri
de troupe et l'élévation de leur prix qui per naire; des observations de M. Ammon, égale
mettrait de choisir les meilleurs qui se font ment reproduites avec des notes dans le
en France. A cet encouragement quelques même journal, et pouvant avoir pour épigra
déparlenieus eu ajoutent un autre qui ne peut phe : Tout le secret de faire de grands chevaux
faire l'objet d'aucune remarque critique bien existe pour les Anglais dans le sac à avoine; le
fondée. Il consiste dans la vente publique des traité des haras de M. Demoussy ; et le traité
étalons qui paraissent convenir le mieux aux de la cavalerie de M. de La Roche-Aymon.
croisemens des races indigènes. Le conseil YVART,
Ï;énéral fait les dépenses, il achète des é ta Directeur de i'Eoole vétérinaire cl'Alfoi t.
ons, les vend à l'enchère, puis il apporte aussi
peu que possible de restriction à la libre jouis Section V. — Conservation des races dans
sance des étalons par ceux qui en sont deve l'espèce cheval.
nus les propriétaires. Il lui importe surtout de Les races de chevaux , ainsi que cela vient
n'accorder aucune prime, aucune faveur aux d'être dit dans le chapitre qui précède , doi
produitsdeceschevaux ni aux produits de tous vent dans beaucoup de circonstances être
les autres étalons ; les acheteurs, doivent être conservées dans leur état de pureté. Ce n'est
sculsappelés à les juger. S'ils sont bous, le prix que lorsqu'elles ont dégénéré , ou qu'elles
des étalons s'élève; le département n'a plus sont toul-à-fait inférieures à des races étran
à supporter qu'une légère différence entre le gères , qu'il peut convenir de les changer
prix d'achat et celui de vente; il augmente le par le métissage. Pour prévenir la dégénéra-
nombre des bons étalons qu'il donne aux cul lion des races indigènes , comme aussi pour
tivateurs l'occasion d'acheter. Dans le cas assurer le succès des croisemens, il existe
contraire il est averti de ses fautes par les plusieurs conditions d'âge, de santé et de
obstacles qu'il rencontre. Mais il doit toujours conformation à rechercher dans les étalons et
s'attendre dans le commencement à des hési juin eus consacrés à la reproduction. Ces
tations, à des tàlonnemens. conditions vont être examinées.
AUftiCBLTUBE 128* livraison. tome II. —M.
410 ANIMAUX DOMESTIQUES DES CHEVAUX
chevaline,ET
et DE
rien LEUR
n'indique
ÉLÈVE.
qu'il y ait
uv.dimi
m.
§ I. — De l'âge auquel il convient d'ace upler les nution de volumeou de taille dans les énormes
tlit-vaux |iour la conserva lion des rac chevaux que produit la Flandre, mais ils sont
extrêmement mous et lymphatiques. Ainsi,
C'est une opinion généralement reçue que nous le pensons, le tempérament étant un
les étalons et les juineus ne donnent jamais héritage des deux ascendans , il importe ,
de meilleur produits que lorsque , parvenus pour conserver aux races toute la vigueur
à l'âge adulte, ou n'ayant pas beaucoup dé dont elles ont besoin, de n'employer à la re
passe cet âge, ils ont acquis et u'ont pas en production que des individus daus toute la
core perdu toute la force qui leur est départie force de l'âge.
pur la iianire.Ce principe, qui parait simple et D'après bourgelat, on ne doit permettre aux
fort sage, n'est pas aussi lacile à appliquer jumens l'usage de l'étalon que lorsqu'elles
qu'on pourrait le croire tout d'abord. Quel est auront atteint quatre ans, s'il s'agit de ju
l àge adulte pour leschevaux? Est-ce l'époque mens épaisses , et cinq ans s'il s'agit de ju
ou
placées?
les dents
Les dedents
laitdesont
remplacement
complètement fait, mens fines et légères, taudis qu'où ne doit
ont rein
commencer à employer un étalon de selle
dans toutes les races, leur éruption complète qu'à six aus, et a cinq ans l'étalon de trait
à ô ans; 11 faudrait donc admettre qu'à à ans ou de carrosse. En Angleterre, quoique les
toutes les races sout également propres à la chevaux de selle, plus abondamment et sur
reproduction ; mais les chevaux du nord et tout mieux nourris qu'eu France, se déve
de l'ouest de la France atteignent à 3 ans 1/2, loppent plus vite , ils ne sont cependant em
4 ans leur maximum d'accroissement et de ployés à la monte qu'après l'âge adulte; il faut
vigueur, taudis que les chevaux limousins n'y d'abord qu'ils aient suffi aux courses et qu'ils
arrivent qu'à b' aus, d'où il résulte que l'âge s'y soient distingués.
de l'accouplement doit varier selon les races Mous venons de déterminer l'âge auquel il
convient d'accoupler les chevaux. \ oyons
[§ II. — Inconvénient des femelles trop jeunes. maintenant, pour conserver toutes les quali
tés d'une race, quel est le temps pendant le
On devance fréquemment l'époque où il quel on peut les consacrer à la reproduction,
conviendrait de laire couvrir les jumens. bourgelat convient que les chevaux bien con
C'est là une cause puissante d'abâtardisse duits, bien ménagés, et qui n'ont pas étalonné
ment. avant l'âge mûr, peuvent servir tort long
Lu pouliche qui est fécondée à 2 ans, com temps ; mais il est toujours prudent, pour ne
me cela se pratique souvent, n'a pas encore, pas souiller les haras de mauvais poulains, de
comme la jument adulte, celte exubérance de réformer les étalons dès qu'ils commencent
vie qui, après la conception, se porte sur l'u à déchoir. Ou pourrait citer de nombreux
térus , et lui donne les moyens de nourrir le exemples de très vieux chevaux donnant de
nouvel être. Chez elle, toute l'activité vitale avons très beaux
vu unproduits;
étalon de Aristote
pur sang, rapporte
du haras
avoir
de
ne doit avoir qu'un but, l'accroissement com
plet des organes; et tous les matériaux assi
milables fournis par la digestion sont néces M. Rieussec, le Kaimbow, donuerdes produits
saires à ce développemeut. Si, après la fécon toujours admirables dans l'âge le plus avancé.
dation , la lorce formatrice qui se développe Pour l'âge de la jument, c'esi encore le i
dans l'utérus vient balancer ce mouvement de principe avec les mêmes exceptions.
nutrition, la mère et le petit sujet se parta
gent des matériaux qui n'eussent du servir § IV. — Conformation à rechercher dans les
qu'à un seul individu ; tous les deux en souf et les jumens destinés à la reproduction.
frent; la mère reste inachevée, le poulain naît
faible et débile. Pour la conservation et l'amélioration des
Lue jument entièrement adulte donne des qualités d'une bonne race, il ne suffit pas de
premiers-nés aussi vigoureux, aussi gros que choisir des étalons et des jumens d'un âge
ceux qu'elle douuera par la suite; c'est en convenable, il faut encore que leur conforma
raison des accouplemens prématurés qu'il tion soit aussi rigoureusement bonne que le
est possible d'admettre, avec la plupart des comportent les ressources que l'on a à sa
auteurs, que les premières poitées sont moins disposition. Dans le choix que l'on est ap
fortes que les suivantes. pelé à faire, on doit d'abord s'attacher à ces
A cette première cause de dégénération des qualités générales qui couvienuent à tous les
races, il laul ajouter encore que les jeunes animaux, quel que soit le service auquel ils
bètes, ayant le bassin peu évasé, mettent bas sont destinés; comme, par exemple, l'am
difficilement, qu'elles sont fréquemment cha pleur de la poitrine, qui est un indice de force
touilleuses et qu'elles sout peu laitières. et de résistance aux longues fatigues, la soli
dité des membres généralement exprimée par
$ III. — Inconvénient des étalons trop jeunes. le grand développement des articulations,
par la bonne couformatiou du pied ; la bouté
|îi L'emploi des mâles trop jeunes est aussi du tempérament, qui se trouve, pour ainsi
une des principales causes de dégénération. dire, traduite par le peu d'épaisseur de la peau
Par dégéuéraliou, nous ne croyous pas que qui dessine bien les muscles et les os qu'elle
l'on puisse entendre la diminution delà taille, recouvre, sa souplesse, la finesse des crins, le
mais bien plutôt un affaiblissement de la peu de développement du tissu cellulaire, etc.
constitution et de la boulé du tempérament. Après ces beautés qui doivent appartenir à
Les cultivateurs flamands emploient beau tous les chevaux de choix destines aux tra
coup de poulains à la reproduction de l'espèce vaux rapides, et autant que possible aux gros
ch.vp. 8'. DE LA MONTE. 411
chevaux, on pourra rechercher celles qui qu'il ne faille pas négliger les premières, le
s'harniouient le mieux, qui sont le plus en plus important est de s attacher à réunir celles
rapport avec le genre de service ou de pro qui annoncent à peu près immanquablement
duit que Ton veut obtenir des animaux qu'il la vigueur et une constitution solide.
s'agit de procréer. Veut-on des chevaux de
gros trail ; on choisira les reproducteurs Section VI. — De la monte ou de la saillie.
Îiarini les plus musculeux, en se rapprochant
e plus possible du type qui a été tracé. Veut- _ Les mots saillie ou monte sont les expres
on des chevaux de poste, de diligence; on re sions consacrées pour désigner l'accouplement
cherchera les Cormes qui annoncent le mieux dans l'espèce du cheval. Les méthodes suivies
la vigueur et la vitesse, telles qu'on les remar pour diriger l'acte de l'accouplement sorit
que, par exemple, dans le cheval percheron. importantes à connaître, parce qu'elles exer
Veut-on des chevaux de course; ou tiendra cent une puissante influence sur la conserva
compte de la capacité de la poitrine, non pas tion des étalons et sur la fécondation des ju-
en la mesurant par sa largeur, mais par sa mens.
hauteur et sa longueur; on tiendra compte L'époque de la monte est déterminée par
aussi de l'obliquité de l'épaule, de la longueur l'apparition des chaleurs ou du rut. On dési-
des avant-bras et des jambes. Veut-on enfin gue sous ces noms cette impulsion puissante
des chevaux de selle a allures douces et re qui, à des époques fixes pour chaque espèce,
levées, des chevaux de manège, en un mol , éveille impérieusement chez lotis les animaux
on aura égard à la longueur de la colonne l'instinct de la reproduction. Elle se mani
vertébrale, à celle des canons et des pâturons feste, à l'extérieur, par des signes très appa
et à la brièveté des avant-bras et des jambes. reils dans les jumens. Pour les mâles il
n'existe pas, à proprement parler, un temps
§ \ . — Appareillement. du rut; dans toutes les saisons ils sont aptes
à saillir les jumeus disposées.
Quelque perfectionnée que soit une race, on Dans la jument en chaleur, la physionomie
peutadmettre.que tous lesmdividus qui lacom- et l'habitude extérieure sont changées; plus
posent pèchent, sans exceptions, par quelques vive dans ses mouvemens, elle se tourmente
défectuosités variables et plus ou moins sensi et s'agite sans cesse, hennit fréquemment.
bles, qui peuvent devenir extrêmes et caracté Son appétit est diminué et sa soif est ardente,
ristiques de cette race, par l'accouplement des comme dans un accès de fièvre. Si elle est li
individus qui, au plus haut degré, possèdent bre, elle recherche les caresses et l'approche
les mêmes défauts, tandis qu'ils diminuent du mâle; si elle est maintenue à l'écurie, elle
ou disparaissent si l'on a le soin d'appareiller s'agite dans sa stalle, tient la queue souvent
l'étalon et la jument de manière à balancer les redressée, se campe fréquemment comme
défauts de l'un par les qualités opposées de pour uriner, gratte le sol de ses membres an
l'autre. Quelques exemples vont nous faire térieurs, abaisse voluptueusement la croupe,
comprendre. La race que l'on veut conserver et témoigne par des signes non douteux de
et améliorer pèche-t-elle par une tète bus ses vifs désirs de la copulation. Les lèvres de
quée, des naseaux étroits, des yeux petits; la vulve sont gonflées et tuméfiées; le clitoris
on choisit des étalons dont la tète soit car apparaît souvent rouge et érigé , et il s'écoule
rée, le chanfrein large, les naseaux bien ou par l'ouverture de la vulve un liquide glaireux
verts, et dont les yeux et les paupières soient d'une couleur blanchâtre dont rôdeur exerce
parfaitement conformés. Les juineus pèchent- sur les sens du mâle une influence excitante.
elles par un garrot peu sorti, un corps long, C'est au printemps que ces signes apparais
une encolure grêle; on leur donne un étalon sent et que l'accouplement doit avoir heu. Les
dont le garrot soit très élevé, le corps un peu motifs qui engagent à préférer cette époque à
court et l'encolure musculeuse. Il en est de toute autre sont : 1° que l'état d'excitation
même pour tous les défauts que l'on veut dans lequel se trouvent les jumens est, si
faire disparaître. non indispensable, du moins très favorable à
Ce n'est pas en entreprenant de faire dispa leur fécondation; 2° que ces femelles devant
raître à la fois tous les défauts d'une race que porter onze mois a peu près, les petits con
l'on parviendra à l'améliorer; on conçoit tout çus au printemps naitront l'année suivante i
de suite qu'il est impossible de toujours trou l'époque où les influences physiques exté
ver à allier des individus présentant un con rieures sont le plus favorables à leur dévelop-
traste exact dans leurs beautés et leurs défec j peinent. Au printemps, en effet, la tempé
tuosités, et voulant trop faire on n'arrive à rature est modérée, et l'on sait que, trop
aucun résultat. Il faut donc s'occuper exclu élevée ou trop froide, elle serait également
sivement du défaut dominant, et ne s'occuper nuisible aux jeunes animaux qui n'ont pas
avec persévérance d'uii autre défaut que lors encore eu eux, comme les adultes, la faculté
que celui-là aura disparu. C'est en procédant de résister aux chaleurs et surtout de souf
ainsi que les Anglais sont parvenus a avoir les frir le froid. Dans cette même saison , l'air
meilleures races dans toutes les espèces d'a sec et excitant exerce son influence salutaire
nimaux domestiques. sur la constitution des jeunes animaux, tout
Enfin il faut se rappeler que, dans l'espèce à la fois par son action directe sur elle, par
du cheval, il existe deux sortes de beautés: sou action sur celle de leur mère, et indirec
des beautés de convention d'abord qui dépen tement enfin par les modifications qu'il im
dent de la mode et du caprice des amateurs, prime au* plantes alimentaires. Eu hiver, l'air
et qu'il en est d'autres qui sont plus essen est froid et souvent humide; en été les nou
tielles, parce qu'elles sont un iudice de la veau-nés sont tout à la fois tourmentés par la
boulé des animaux, et nous pensons que bien haute température et par la piqûre des insec
412 ANIMAUX DOMESTIQUES DES CHEVAUX Quand ETles chaleurs
DE LEUR se manifestent,
ÉLÈVE. soil I iv.natu
IU.
tes ailés. Ajoutons encorequedanscettesaison
la végétation est trop avancée et que les rellement, soit sous une influence artificielle,
plantes nutritives ne se trouvent plus, par rap elles ont une durée variable et se renouvel
port aux organes digestifs des mères, dans les lent périodiquement pendant un certain
conditions où elles se trouvaient au début du temps, mais en diminuant d'intensité et de
printemps; alors, vertes et tendres, et gorgées longueur. Il est avantageux de satisfaire les
de principes sucrés, elles fournissent les ma femelles lors de leurs premières chaleurs, car
tériaux d un lait convenable. Toutefois, entre chez quelques-unes elles ne se reproduisent
les deux méthodes qui consistent à faire saillir qu'à des époques très éloignées; et si Ton est
les jumens dans une saison peu avancée ou obligé d'attendre le retour de ces chaleurs
tardivement, il n'y a pas à hésiter. Les ju pour faire couvrir les cavales, on court les
mens couvertes dans le commencement de la chances de tous les inconvéniens jqui résul
monte donnent de meilleurs poulains que tent des saillies tardives.
celles qui sont saillies fort tard. Tous les pou Maintenant se présente la question de sa
lains qui naissent tard et que l'on compare à voir si les saillies peuvent être répétées tous
ceux de la même année qui ont quelques mois les ans ou si les jumens ne doivent porter
de plus et qui sont conduits sur les mêmes que de deux aimées l'une. Si l'on consulte en
marchés , tous ces poulains, disons-nous, sont cela le vœu de la nature, on se décidera pour
Elus faibles, plus petits, et se vendent moins Faffirmative, car il est d'observation que les
ien, parce qu'il est très difficile de prou jumens saillies 8 ou 10 jours après le part ne
ver que leur peu de développement dépend de retiennent jamais plus sûrement. Nous de
leur âge moins avancé. La remarque doit être vons ajouter que ces femelles ne paraissent
faite aussi qu'il est plus facile de garantir les pas souffrir d'être à la fois mères et nourri
animaux du froid que des chaleurs très fortes, ces, que les poulains de lait n'en pâtissent pas
et que, pour ce qui concerne les jumens qui sensiblement ; nous ajouterons encore que la
mettent bas à l'écurie, le froid n'est jamais à fécondation n'étant pas a baucoup près aussi
craindre. Ainsi, quant à ces juments qui pou assurée dans les jumens que dans les autres
linent à l'écurie, il est fort utile qu'elles femelles, la reproduction serait insuffisante,
soient saillies dans une saison peu avaucée. si , à cette cause qui diminue déjà beaucoup
L'hiver et le commencement du printemps lenombre des poulains, s'ajoutait l'habitude de
peuvent être pour elles tics temps derepos, et ne faire couvrir les jumens que tous les deux
il serait fâcheux que le temps de la mise-bas ans. De bons alimens, en quantité suffisante-,
coïncidât avec des grands travaux aratoires. donnés aux jumens et aux poulains, le ména
montrée,
Cette nécessité
ou a dû des
nécessairement étant dé gement que l'on apporte dans le travail des
sailiies hâtivesrechercher
mères, permettent d'activer la reproduction
les moyens de faire naître les chaleurs, lors sans que la santé et la bonté des races en
que leur apparition n'a pas lieu à l'époque souffrent la moindre altération. Aussi cette
convenable, non pas, nous le répétons, qu'il règle ne doit-elle souffrir que très peu d'ex
soit indispensable que la jument soit en cha ceptions.
leur pour que la fécondation s'effectue, mais
parce qu'alors la jument retient mieux. § I. — Nombre det femelles auxquelles un maie
Autrefois on employait pour cela des sub peut suffire dan» l'espèce équestre.
stances échauffantes, telles que les graines
de chenevis, l'ail, le poivre, la poudre de can- On ne peut fixer à priori le nombre des
tharides; puis, après la monte, il était de ri femelles qu'un étalon peut féconder. La puis
goureuse indication de saigner, d'administrer sance de saillir est en effet variable en inten
les rafralchissemens à l'intérieur; c'était l'an sité dans les différens étalons, et aucun signe
tidote après le poison. Aujourd'hui l'on est extérieur, aucun caractère particulier ne peut
revenu de ces habitudes bizarres et peu rai- en donner la mesure.
sonnées ; on se contente, avant et pendant le On reconnaîtra qu'un étalon peut saillir deux
temps de la monte, de donner à l'étalon une fois parjour, lorsque le temps de la saillie ne
nourriture plus substantielle et de meilleure sera pas plus prolongé le soir que le matin; mais
qualité, afin de lui fournir les matériaux de s'il en est autrement, si le lendemain surtout
la réparation de ses pertes journalières, et la monte est sensiblement plus longue que la
même cette précaution n'est pas indispensa veille, on en tirera cette conséquence néces
ble. Et pour ce qui regarde les jumens , c'est saire que l'étalon ne peut, sans risquer d'ê
à leur procurer un état moyeu d'embonpoint tre bientôt ruiné, saillir aussi fréquemment.
qu'il faut tendre. Ainsi, il en est de trop La durée de la monte étant prise pour me
grasses, de trop lymphatiques, qu'il faut amai sure de la puissance de l'étalon, on ne devra
grir et exciter par le travail ou l'exercice ; pas s'en laisser imposer par son ardeur, par
d'autres au contraire, et c'est le plus grand la promptitude avec laquelle il se jette sur
nombre, qu'il faut exciter par un meilleur la jument, mais le juger dans l'action même.
régime. Pour déterminer l'apparition des cha Quelques étalons ne peuvent saillir que
leurs, les cultivateurs ne négligent pas, lors de deux jours l'un. Quant à la jument,
qu'ils le peuvent, de rapprocher la jument de elle est saillie trois ou quatre fois au plus,
1 «talon de manière à ce qu'ils puissent se voir, à deux ou trois jours d'intervalle, ou à des
s'entendre et se sentir, et de la présenter intervalles plus longs. Moins ardente que
même à un cheval ardent et de peu de va l'étalon, elle le repousse dès que ses feux
leur, qui en termes de haras, s'appelle le sont apaisés et qu'elle est fécondée. C'est de
toute-en-train. Il en est même quelquefois qui l'instinct, car le coït après la fécondation est
font couvrir les jumens pour développer leur fréquemment suivi de l'avorlement. Quel
ardeur amoureuse. ques jumens fout exception à celte règle;
«Map. 8*. DE LA MONTE.
corps pour venir se fixer par u nœud cou
413
on a remarqué qu'en général ce sont celles
donl la poitrine est délicate. lant de chaque coté de la bricole; la queue
En résumé donc, on ne peut fixer rigou esl tressée, soulevée et maintenue par une
reusement à l'avance le nombre de jumerfs ficelle qui s'attache à la bricole. La jument
3ue les étalons peuvent couvrir. Dans le esl tenue à la main par un palefrenier qui lui
onte, il ne convient pas de s'exagérer leurs tient la tète haute. Outre tout cet appareil,
qualités prolifiques, tant à cause du mâle qu'il on esl quelquefois obligé, lorsque la jument
faut ménager, surtout s'il a beaucoup de est très chatouilleuse, de lui mettre un tors-
valeur , qu'en raison des chances relatives nez.
à la fécondation des jumens. Cependant si La femelle étant ainsi disposée, un palefre
l'on fait attention que, laissés en liberté avec nier amène l'étalon qu'il maîtrise avec le ca-
des jumens, les étalons peuvent souvent saillir veçon;il le conduit à petits pas, lui fait décrire
plus de 2 à 3 fois par jour, témoin cet étalon un ou plusieurs cercles autour de la cavale, et
dont parle M. Huzard fils, et qui avait sauté l'empêche de s'enlever toutes les fois qu'il
17 fois la même jument dans un seul jour; si fait des pointes ; mais il se garde bien de con
l'on remarque en outre que les étalons de tinuer à tirer sur la longe lorsque l'étalon,
grosse race, appartenant à des cultivateurs, plein d'ardeur, est tout-à-làit dressé sur ses
couvrent jusqu'à 100 jumens dans une saison, jarrets , parce que , toujours entraîné à se
on pourra penser que , s'il ne convient pas soustraire à la résistance qu'il éprouve, il
dans les haras royaux d'imiter ces pratiques , pourrait se renverser.
il faudrait ne pas toujours ménager les étalons C'est une précaution indispensable, de ne
autant qu'on le fait, quand beaucoup de ju pas laisser monter l'étalon avant que l'érec
mens se présentent à la fois bien préparées tion ne se soit manifestée. On lui donne alors
dans les stations. L'infécondité reprochée à plus de liberté en lâchant la longe et ou l'ad
certains des étalons de l'administration semble met à l'action. Au moment où il se cabre, un
bien plutôt provenir de leur état d'embonpoint des hommes doit saisir le membre et le diri
excessif, du repos presque complet dans le ger dans la vulve, en écartant la queue, si elle
quel ils restent, que de leur épuisement par n'a pas été tressée et disposée comme nous
la monte et par l'âge. l'avons indiqué. Dans le moment de la copu
lation, l'étalon exécute des mouvemens re
§ II. — Précautiona i prendre pour diriger l'opéra doublés et précipités de sa croupe, et l'on est
tion de la monte. averti de l'époque de l'éjaeulation par les ef
forts qu'il fait pour s'introduire plus avant ,
L'acte de l'accouplement s'effectue de deux par le frémissement convulsif de sa queue et
manières différentes, suivant que les animaux ensuite par un état d'abattement tel qu'il
sont libres ou maintenus par des liens; de là laisse pencher sa tête sur les côtes de la ca
la distinction à établir entre la monte en li vale. Lorsque l'acte est accompli, on avance
berté et la monte à la main, ou à rattache. la jument d'un pas, et le palefrenier qui tient
l'étalon l'empêche d'avancer sur elle , et le
A. — Monte en liberté. fait descendre doucement et sans reculer.
Les animaux en liberté ne se livrent à l'ac Tel est le procédé de la monte en main.
couplement que lorsqu'ils y sont sollicités de Il a l'avanlage de ménager les étalons, d'é
part et d'autre par leurspenchans, les lois de la viter les accidens que peut entraîner la mon le
nature ne sont pas violées et la copulation est en liberté. C'est le seul qui doive être employé
plus souventfécondante.Aussi est-tl d'observa pour les étalons de prix.
tion que la méthode de la monte en libertéest Pour les gros étalons de trait, il est des cul
celle qui donne le plus grand nombre de pou- tivateurs qui emploient bien moins de précau
lains.Toutefois, de graves inconvéniens empê tions et de contraintes. Deux pieux enfoncés en
chent d'adopter généralement cette méthode. terre conservent de hauteur environ trois pieds
Dans la monte en liberté, l'étalon peut et demi. On les place à six à huit pieds l'un
préférer une des jumens à toutes les au de l'autre, on les réunit par une forte traverse.
tres, féconder celle qui fait l'objet de son La jument et l'étalon sont amenés de chaque
choix et en laisser d'autres stériles ; souvent côté de cette barrière ; la jument est mise en
aussi , lorsque les jumens ne sont pas complè rapport avec l'étalon, d'abord par la tête, en
tement en chaleur on sont chatouilleuses, suite par la croupe; el si elle est jugée en
elles se refusent à tout accouplement, ruent étal de recevoir le mâle, elle est couverte sur-
contre l'étalon qui veut les approcher, le re le-champ. Souvent l'opération se fait au mo
butent et peuvent le blesser. Enfin les ju ment où la jument revient du travail ; elle est
mens dédaignées par l'étalon , jalouses de conduite à l'écurie et prend son repas pour
celles qu'il affectionne, les frappent, les tour retourner ensuiteau travail. Maisilvautmicux
mentent, les blessent, et peuvent mettre ainsi lui laisser une journée de repos et de tranquil
obstacle à la fécondation. lité.
Moins ou garrottera les jumens, moins on
B. — Monte à la main. les contraindra, mieux cela vaudra. Pour évi-
tercet état de contrainte, comme aussi les in
Dans le procédé de la monte à la main, la convéniens de la monte en liberté , les Al
jument, coiffée d'un licol et pourvue d'une lemands ont adopté dans quelques haras une
bricole, est amenée sur un terrain uni, sec et méthodeque M. Huzard fils décrit ainsi. Ils pré
solide. Ses deux membres postérieurs sont en parent pour la monte une espèce de rotonde
través, et les longes qui passent dans les an en bois couverte ou non couverte; cette ro
neaux des entraves se croisent en diagonale tonde est assez grande pour que les animaux
sous le ventre, ou glissent de chaque coté du y tiennent à l'aise, mais non pas, assez pour
414 ANIMAUX DOMESTIQUES DES CHEVAUX mouvemens ET du
DEfœtus
LEURplusÉLEVÉ,
apparens,liv.
on fait
qu'ils puissent y trotter. C'est dans cette ro
tonde qu'on place la jument , après s'être boire à la mère de l'eau très fraîche. Il est
assuré par le boule-en-train qu'elle était bien d'observation que, lors de l'introduction de
disposée à recevoir le mâle; l'un et l'antre sont ce liquide dans l'estomac, le fœtus exécute
déterrés préalablement et abandonnés dans des mouvemens plus prononcés qui semblent
cette place jusqu'à ce que la saillie ait été faite; accuser l'état de malaise où on le met par
une lucarne domine la facilité d'examiner com l'abaissement de la température. Il ne faut
ment les choses se passent. L'étalon et la jument donc pas abuser de ce moyen qui pourrait de
conservent seulement un licol et une courte venir nuisible au jeune animal.
longe pour qu'on puisse facilement les repren Dans le cas où, après cet examen, on aurait
dre après l'acte de la saillie. M. Huzard ajoute encore quelques doutes sur l'état de la ju
qu'il a entendu dire beaucoup de bien de cette ment, ou pourrait alors avoir recours à l'ex
méthode dans quelques haras d'Allemagne. ploration directe, soit en appliquant la main
Mais il a aussi raison de dire que quelquefois sur les parois du flanc droit, soit en l'introdui
la monte à la main devient indispensable. Tel sant dans le rectum. Dans l'exploration du
est le cas où l'étalon et la jument sont d'un flanc, on doit avoir la double précaution :
caractère méchant. Tel est le cas encore ou 1° de ne pas exercer une pression trop forte,
les animaux que l'on veut accoupler sont de qui pourrait être préjudiciable au fœtus ,
taille inégale. La monte doit alors avoir lieu 2° de se mettre hors des atteintes des coups
sur un terrain en pente, et l'animal le plus petit de pied ou des morsures de la cavale qui ,
être placé sur la partie la plus élevée. assez souvent, cherche à se défendre de ces
Autrefois, lorsque l'acte de l'accouplement attouchemens. L'exploration rectale est une
était accompli, ou avait recours, pour faire re opération extrêmement délicate qui exige de
tenir les jumens, à différens moyens que l'on la part de celui qui la pratique des connais
croyait efficaces. C'est ainsi qu'on prescrivait sances qui ne se rencontrent que dans les
de leur jeter un seau d'eau fraîche sur le dos, hommes de l'art.
ou bieu de les passer à l'eau, ou bien encore Dans les derniers mois de la gestation,
de les forcer à des courses rapides, ou de leur d'autres signes viennent s'ajouter à ceux que
frotter le dos avec un bâton. Aujourd'hui l'on nous venons d'énumérer; la jument devient
a fait justice de tous ces moyens toujours inu plus lente dans ses mouvemeus, elle ne se
tiles et quelquefois nuisibles. Après l'acte de livre plus à des allures rapides, ou, si elle y est
l'accouplement, la jument fécondée qui ne vit contrainte, elle écarte, dans fa progression,
pas en liberté doit être reconduite dans sa ses membres postérieurs l'un de l'autre. Enfin,
stalle et laissée seule et tranquille. lorsqu'approche l'époque du part, ses ma
melles se développent, se tuméfient, et laissent
Section VU. — De la gestation. suinter par l'extrémité de leurs mamelons des
gouttelettes laiteuses.
On appelle gestation ou plénitude l'état de Ces changemens physiques ne sont pas les
la femelle qui porte en elle le produit de la seuls qu'éprouve la cavale dans l'état de plé
fécondation. nitude; son caractère subit aussi des modifi
Dans les premiers mois qui suivent l'ac cations. Elle, naguère si ardente, si fougueuse,
couplement , l'état de plénitude de la ju si impatiente du frein , supporte maintenant
ment ne s'annonce pas par des signes bien avec douceur les contraintes de la domesti
appareils. Le plus souvent les chaleurs ces cité. Si elle est abandonnée dans des pâtu
sent dans la cavale qui a conçu ; mais ce signe* rages avec d'autres jumens, elle s'isole, re
n'atteste pas la conception d'une manière ir cherche la solitude et le repos, et instinctive
récusable, puisqu'il n est pas très rare de voir ment s'abstient de tous les mouvemens qui
l'état du rut se continuer dans la jument fé pourraient exercer une fatale influence sur
condée, comme aussi de le voir disparaître son petit.
après l'accouplement dans la jument stérile. L'état de plénitude de la jument ne la rend
Ce n'est guère que six mois après la monte cependant pas impropre à toute espèce d'exer
que des signes non douteux permettent de pro cice ou de travail; bien au contraire, le tra
noncer sur l'état de plénitude. A cette époque, vail, lorsqu'il est modéré et continu, ne sau
en effet, son ventre a acquis de l'ampleur, il rait que lui convenir. Il la tient toujours un
est avalé, les flancs sont creux et cordés. Les peu (atiguée , l'empêche par là de se livrer
muscles de la croupe affaissés laissent l'épine a ces mouvemens brusques et désordonnés
susacrée se dessiner en relief. Les hanches et par lesquels les chevaux manifestent leur
la base de la queue apparaissent aussi plus gaité aû sortir de l'écurie, et la préserve ainsi
saillantes. La colonne dorsale semble fléchie. des conséquences fâcheuses qui peuvent en
Mais de tous les signes qui dénoncent la ges résulter tant pour elle que pour son petit. Le
tation dans une jument, le plus probant est travail modéré a, en outre, l'avantage d'exci
celui que fournit le fœtus lui-même. Les ter l'appétit et d'activer l'énergie des forces
mouvemeus qu'il exécute dans la matrice digestives, qui doivent suffire, dans la jument
sont quelquefois assez sensibles au flanc droit pleine, au double entretien de la mère et du
fiourque la vue puisse les saisir. C'est surtout petit. Aussi est-il nécessaire de bien nourrir
orsque la mère est couchée sur le côté gau les jumens pleines qui travaillent, surtout
che, qu'elle se trouve dans les conditions les lorsque la jument pleine allaite ou poulain.
Îilus favorqbles pour être examinée; car alors Une nourriture qui convient très bien aux
'utérus, repoussé par les grosses courbures jumens pleines, c'est ce que les Anglais ap
intestinales, est plus rapproché du flanc droit, pellent math; c'est un mélange de deux pro
et les mouvemeus qui s'y passent plus per portions d'orge et d'une d'avoine concassées,
ceptibles dans cette région. Pour rendre les sur lequel on a versé de l'eau bouillante et
en». »». DE LA sont engorgés, sa marche est pénible et chan
4M
que Ton donne aux animaux à la température
tiède. On se sert aussi des féveroles concas celante.
sées pour le même usage. Ces alimens, d'a Lorsque l'acte de la mise-bas va s'opérer,
près M. Huzard fils, dont l'ouvrage nous four la jument est dans une agitation presque con
nit souvent des matériaux, sont moins stimu- tinuelle qui dénonce un grand malaise; elle
lans que l'avoine, mais n'en sont pas pour cela clfange souvent de position, se couche, se re
moins nourrissans. lève pour se coucher encore; puis sa queue,
Tont ce que nous venons de dire sur le tra qui d abord était agitée de mouvemens conti
vail et l'alimentation, n'a rapport, bien en nuels, est bientôt maintenue droite. Alors
tendu , qu'aux cavales qui vivent dans une commencent les efforts par lesquels le produit
stabulation permanente ; car pour celles qui de la fécondation , arrivé à l'époque où il peut
habitent toujours les herbages, l'exercice au vivre de sa vie propre, doit être expulsé de
quel elles se livrent dispense de les soumettre l'organe qui le renferme. Le premier effet de
au travail, et d'ailleurs la nourriture peu sub ces efforts ex pu I si (s est de faire apparaître à
stantielle qu'elles prennent ne suffirait pas l'ouverture de la vulve un corps de forme
aux pertes. Quant aux jumens soumises à un arrondie, sorte de vessie formée par les mem
régime mixte, c'est-à-dire tantôt à l'écurie, branes qui enveloppent le fœtus et renfer
tantôt aux pâturages, pour elles le travail doit mant les eaux dans lesquels il nage. C'est à
être plus léger encore que pour les premières. cette vessie qu'on donne vulgairement le nom
Le travail doit aller en diminuant pour les de bouteille. Ou la voit souvent sortir et rentrer
jumens à mesure qu'elles approchent du à plusieurs reprises Bientôt elle se crève et les
terme de la gestation, et il doit cesser quelque liauidesqu'ellerenferme.s'écoulanl au dehors,
temps avant la mise-bas. On doit se contenter lubrifient les parois du détroit vulvo-utérin.
alors de promener souvent la jument pleine Les voies élant ainsi préparées, on ne tarde
au pas, afin de lui permettre de respirer un pas à voir apparaître les membres antérieurs
air pur, car il est souvent vicié et malsain du fœtus, puis le bout de sa tête qui est allon
dans les écuries ; mieux vaudrait encore, si la gée sur ces membres. Par cette position, les
saison et les localités le permettaient, l'aban parties antérieures du jeune sujet représen
donner libre dans un enclos ou dans un pâ tent assez bien un cône qui, poussé toujours
turage. Mais si la saison était trop froide, ou vers l'ouverture extérieure par les efforts ex-
si l'on n'avait pas d'enclos à sa disposition , on pulsifs de la mère, doit successivement dilater
devrait alors la laisser libre dans une écurie et agrandir cette ouverture et se frayer une
assez chaude et bien aérée. issue. Ainsi l'on voit successivement apparaître
Enfin, une dernière indication à donner qui les sabots antérieurs, puis les phalanges, puis
n'est pas moins essentielle, bien qu'elle soit les métacarpes, puis le bout du nez. Au mo
souvent négligée, c'est d'apporter le plus grand ment où le thorax et les épaules se présen
soin au pansement des bètes pleines. Per tent à l'orifice de la vulve, on voit la bête re
sonne n'ignore l'heureuse influence qu'exerce doubler d'efforts pour faire franchir le détroit
un pansement régulier et bien fait sur la santé vulvo-ntérin à ces parties dont le diamètre est
des_ chevaux, et le négliger, c'est se priver à considérable et disproportionné à l'ouverture
plaisir d'un moyen puissant pour donner à la par laquelle elles doivent passer. C'est là le
cavale des qualités précieuses, telles que la temps le plus long de la parturition, celui oui
finesse et le lustre de la peau, la sécheresse exigeleplusd'effortsdela pari de la mère et lui
des articulations, etc., qualités qu'elle doit cause le plus de douleur; une fois cette diffi
léguer en héritage à ses descendans. culté surmontée, toutes les parties postérieu
res sortent sans efforts, et le jeune sujet
Section VIII. — De la mise-tas. glisse jusqu'à terre sur les jarrets de sa mère.
Le cordon ombilical se rompt ordinairement
au moment où le jeune sujet arrive à terre.
La mise-bas, le part ou la parturition, est Si cette rupture n'a pas lieu de cette manière,
l'acte par lequel le fœtus, développé pendant ou b:en elle s'effectue par les mouvemens
la période de la gestation dans l'intérieur de qu'exécute le poulain en se débattant, ou bien
la matrice, en est expulsé avec ses annexes au la mère le coupe avec ses dents, ou bien, en
terme de cette période. fin, les personnes présentes au moment du
Le terme le plus ordinaire de la gestation part le déchirent eu le tordant. Dans aucun
dans les jumens est de 330 jours, le plus cas l'hémorragie n'est à craindre , et la liga
faible de 287 et le plus fort de 419. ture du cordon est toujours inutile Quelque
L'époque de la mise-bas s'annonce dans la fois la jument pouline étant couchée, celte
cavale par des signes non douteux et faciles à position est peut-être moins favorable à l'exé
saisir. Quelques jours avant le part, le ventre cution prompte du part, mais n'y met cepen
est entièrement avalé, les flancs sont creux, la dant pas obstacle.
colonne vertébrale tout-a-fait voussée en C'est ainsi que s'effectue le plus ordinaire
contre-bas; les mamelles gonflées sont dures ment l'acte de la parturition; mais quelque
et sensibles, et laissent écouler à la pression fois les seuls efforts de la nature soul impuis*
un liquide gluant, visqueux, sans couleur; c'est sans à la produire, et les femelles ont besoin
le premier lait ou colostrum. La vulve gon de secours étrangers pour mettre au jour le
flée
meuret muqueuse
dilatée donne
quelquefois
écoulementsanguinolente.
à une nu- produit de leur conception ; mais ces secours
doivent être éclairés. Nous ne les décrirons
Souvent la jument se pose comme pour uri pas ici {Voir art. Chirurgie). Il nous suffit de
ner, mais les efforts qu'elle fait n'aboutissent dire que, toutes les fois que le part se pro
qu'à l'expulsion de quelques gouttes d'urine longe, on doit avoir recours aux lumières d'un
qui sortent avec le liquide visqueux dont nous
venons de parler. Ses membres postérieurs vétérinaire.
416 ANIMAUX DOMESTIQUES DES CHEVAUX ET DE LEUR ÉLÈVE. lit. m.
Toutefois, il est quelques indications que, tous les tissus. Les éliminations aqueuses
sans être vétérinaire, on peut remplir pen sont à peu près nulles sur les surfaces pul
dant et après l'acte de la parturitiou. monaire et cutanée; l'air est moins vivifiant
Lorsqu'on s'aperçoit que les efforts expul- et le principe aqueux qui surabonde dans
sifs sont plus violens qu'us ne devraient l'être, l'atmosphère et dans les plantes agit sur la
on peut donner à la jument quelques lave- constitution des animaux par tontes les sur
mens d'eau tiède qui déterminent le rejet des faces, par toutes les voies. De toutes parts
matières que contenait le rectum. Il peut être donc le sang, déjà peu vivifié, reçoit ou re
bon quelquefois de faire dans le vagin des in tient des molécules aqueuses qui le délaient,
jections adoucissantes qui calment la douleur le rendent plus séreux, moins excitant et
dont cette région est le siège lors d'une pre moins réparateur pour les organes. Or, si tel
mière parturition. est l'effet produit sur les animaux en géné
Après la mise-bas naturelle, la jument bien ral, combien ne doit-il pas être plus marqué
bouchonnée doit être revêtue de couvertures; sur les femelles dans l'état de plénitude ,
on lui donne de l'eau blanche tiède, pour lorsqu'il s'ajoute à la cause puissante de débi-
calmer la soif ardente dont elle est ordinaire litation et d'appauvrissement qu'elles portent
ment dévorée, et puis on la laisse tranquille déjà en elles. Voyons maintenant comment la
et seule dans sa stalle. Les jumens qui vivent débilitation de toute l'économie peut expli
dans les pâturages exigent moins de soins. quer l'avortement. Si tous les organes sont
Toutefois, c'est une bonne précaution que privés de leur tonicité normale, l'utérus, par
de construire au milieu des pâturages, soit ticipant de cet état général de relâchement et
de petites écuries, soit des murs qui protè de mollesse, perdra ses connexions intimes
gent les mères et les petits contre l'intempé avec le fœtus qui s'est développé dans sa ca
rie des saisons. vité. Si tous les organes ne trouvent pas dans
le sang les matériaux suffisans pour leur ré
Section IX. — De l'avortement. paration, à plus forte raison ces matériaux
manqueront à l'utérus pour la composition
L'avortement est l'expulsion hors de la ma du nouvel être qu'il recèle. Qu'arrive-t-il alors?
trice d'un fœtus qui ne se trouve pas dans tantôt, avant le terme ordinaire, le fœtus est
les conditions nécessaires pour vivre de sa vie rejeté hors de la matrice, tantôt c'est à terme
propre. Ainsi, d'après cette définition, quelle que cette élimination a lieu, mais le fœtus
qu'ait été la durée de la gestation, si le fœtus n'est pas viable. Dans le premier cas , les
sortant du sein de sa mère n'est pas viable, connexions et les adhérences des enveloppes
ou s'il est déjà mort, il y a avortement, tan fœtales avec les parois de la matrice ont été
dis qu'il y a parturitiou s'il réunit toutes les rompues par suite de la laxité générale des
conditions pour vivre. Il est donc utile d'é organes de la mère; dans le second cas, le
tablir une distinction entre l'avortement et la fœtus n'a pu trouver dans un sang appauvri
parturition prématurée. et altéré des matériaux suffisans pour la com
L'étude des causes de l'avortement est position de ses organes, et n'est pas encore
d'une haute importance, car elle trace aux assez développé.
cultivateurs la marche qu'ils doivent suivre
pour en éviter l'influence. Cependant la plu 2° Alimentation insuffisante ou mauvaise.
part de ces causes sont ignorées dans nos
campagnes et chez les éleveurs, où l'on re Cette cause agit dans le même sens que
garde encore l'avortement comme un de ces l'autre et produit les mêmes effets. Le sang,
malheurs qu'il faut attribuer à quelque chose se trouvant incomplètement réparé, ne pos
de surnaturel, parce qu'on ne peut saisir le sède pas les propriétés nécessaires pour la
rapport qui existe entre les causes réelles et composition et la nutrition des organes; de là
leur effet est rarement immédiat. la pâleur, la mollesse des tissus, leur nutri
Nous essaierons dans ce chapitre de mettre tion incomplète, de là enfin l'avortement.
ces causes en évidence.
Les causes qui occasionnent l'avortement 3° Alimentation trop substantielle et trop abon
sont généraleset particulières. Sous l'influence dante.
des causes générales , l'avortement est en-
zootique ou épizootique; sous l'influence de Cette cause, bien que toul-à-fait contraire
causes particulières, il est sporadique. à celle que nous venons d'examiner, peut
5 1. — De l'aYortement enzootiqueet épizootique, et comme elle produire l'avortement.
de tes causes. Lorsqu'un animal est nourri avec des ali-
mens riches en principes nutritifs, le chyle,
Les causes générales de l'avortement sont : résultat de la digestion, abondant et riche
1» les années pluvieuses, 2° une alimentation lui-même en principes excitans, communique
insuffisante, ou de mauvaise qualité, 3° une au sang les propriétés dont il jouit et le rend
alimentation trop substantielle, 4° un mâle plus épais, plus rapidement coagulable et
trop fort pour les femelles, 5° la contagion. d'une circulation moins facile. De là un sur
1° Années pluvieuses. croit d'excitation et de vitalité dans toute l'é
conomie, mais aussi une prédisposition aux
C'est un fait d'observation qu'à la suite des inflammations et aux congestions, surtout
années pluvieuses les femelles sont fréquem dans les organes où le système vasctilaire est
ment exposées à avorter; en voici la raison. très développé, comme l'utérus et le placenta.
On sait que les effets appréciables d'une Dans ce cas, pour peu que la congestion soit
atmosphère humide sont la faiblesse géné violente et s'accompagne d'apoplexie, il s'o-
rale de l'économie, la mollesse et la pâleur de pèrera une désunion entre l'utérus et le pla
CBAT. 8*. DE L'ÀVORTEMETVT. 417
centa, et le foetus, désormais privé de ses dans l'estomac, surtout lorsque les femelles
communications avec sa mère, devra être ex sont en sueur;
pulsé de son sein. 4* Les indigestions. L'avortement s'expli
que dans ce cas par la pression que fait éprou
4* Un mâle hors de proportion avec les fe ver au fœtus l'accumulation de matières ali
melle». mentaires ou de gaz dans les courbures in
testinales, et par les contractions violentes
Dans ce cas, le rapport de la cause à l'effet des parois abdominales qu» détermine la
est trop appréciable pour qu'il soit néces douleur des coliques;
saire d'entrer dans aucuns détails pour l'ex 5° Les maladies. C'est un fait d'observation
pliquer. que la co-existence d'une maladie grave avec
1 étal de plénitude de l'utérus est une cause
5° La contagion. presque inévitable d'avortement, soit que le
sang, détourné en grande partie par l'organe
On a été conduit à admettre la contagion irrité, n'arrive plus en assez grande abon
comme cause d'avortement par l'observation dance à l'utérus, soit enfin que l'effet soit
de ce fait que, lorsque, dans de grandes mécanique, comme par exemple les secous
réunions d'animaux, quelques femelles avor ses que la toux fait éprouver au fœtus pen
taient, il n'était pas rare d'en voir beau dant certaines maladies de poitrine;
coup d'autres avorter aussi. Il en est ici de 6- L'excès de repos qui détermine la plé
l'avortement comme de beaucoup de maladies thore sanguine, et par suite des congestions
dues à l'influence de causes générales ; de ce sur l'utérus;
qu'on les voit attaquer simultanément un 7° La monte des femelles en état de pléni
grand nombre d'individus, on est tout de tude, ou la présence à leur voisinage d'un
suite porté à conclure que c'est par contagion mâle qui les tourmente et détermine la réap
qu'elles étendent ainsi leurs ravages. Mais parition des chaleurs;
bientôt un examen plus attentif démontre 8" La frayeur causée par le tonnerre ou les
que les propriétés contagieuses de ces mala explosions violentes et soudaines;
dies sont tout au moins problématiques, et 9° La constitution des femelles. Certaines
qne le plus souvent la simultanéité de leur jument d'un tempérament lymphatique et
apparition résulte de l'influence d'une même mou sont plus prédisposées à l'avortement ;
cause sur plusieurs individus à la fois. chez elles il n est ni accompagné . ni pré
Il en est de même pour l'avortement, et si cédé , ni suivi d'aucun signe maladif. On
plusieurs femelles avortent en même temps doit rejeter comme impropre à la reproduc
dans une ferme, on peut le plus souvent l'ex tion toute femelle dans laquelle l'avortement
pliquer par une des causes générales que nous ne reconnaît pas d'autre cause qu'une dispo
venons de signaler. Il est des cas cependant sition particulière.
où l'avortement, sans être le résultat de la Telles sont les causes qui peuvent déter
contagion, peut se communiquer aux femelles miner l'avortement dans les femelles des ani
uleines
es vientd'une
à avorter.
même écurie
Alors lorsque
il y a infection
l'une d'el-
de maux domestiques. Ces causes étant signa
lées, tous les soins des éleveurs doivent ten
l'air par les miasmes provenant de la décom dre à les éviter, puisque l'accident qu'elles
position, soit des enveloppes fœtales, soit des produisent a les graves inconvéniens : 1" de
liquides qui environnaient le fœtus, soit du faire perdre au propriétaire le fruit de ses
fœtus lui-même. La présence de ces miasmes peines et de ses avances; 2" de l'obliger par
dans l'air peut exercer une influence perni fois à laisser la jument sans être couverte
cieuse sur le sang des bêtes pleines, l'altérer pendant une année, afin de lui laisser le temps
et déterminer par là des congestions utérines de se remettre des suites de l'avortement;
non moins dangereuses que les congestions 3° de rendre souvent lesjumens impropres
résultant d'une trop bonne alimentation. Il à reproduire pour le reste de leur vie, puis
est donc d'indication d'éloigner de l'écurie la qu'il a été observé que les femelles qui ont
bête qui vient d'avorter et Je nettoyer la place avorté une fois sont rarement susceptibles
qu'elle occupait. d'être fécondées; et si elles conçoivent en
core, elles ont conservé une fatale prédispo
S II. — De l'avortement «poradiqne et de »e« causei. sition à avorter de nouveau. Nous ne parlons
Le plus souvent, surtout clans lesjumens, pas ici des autres suites graves de l'avorte
ment, telles que l'hémorragie, les renverse-
l'avortement se montre à l'état sporndique. mens du vagin et de la matrice, et les mala
Les causes qui peuvent le déterminer sont : dies dont
1* Les violences extérieures, telles que les à ce sujetil aux peut être cause. Nous renvoyons
articles de pathologie et de
heurts dans les brancards, ou par le timon chirurgie.
des voitures, les coups d'éperons trop subits,
Jes pressions en passant par des portes trop S III. — Symptômes et signe» qui peuvent faire prévoir
étroites; l'avorlemenl.
2° Les efforts violens , soit que l'on sou
mette les femelles dans les derniers mois de Rien ne peut faire prévoir l'avortement
la gestation à des travaux pénibles, soit qu'on lorsqu'il a lieu au terme ordinaire de la ges
les lance à des allures trop rapides, soit qu'il tation; mais lorsqu'il a lieu avant cette épo
leur faille dépenser beaucoup de force mus que, quelques signes le précèdent et l'an
culaire pour traverser les bourbiers et les fon noncent. La jument est triste, ses mamelles
drières qui se rencontrent souvent clans les sont flétries, son flanc creux; elle éprouve
pâturages; des envies fréquentes d'uriner et de fienter;
3' L'introduction d'une boisson trop froide puis enfin ses efforts expulsifs finissent par
AGRICXI.Tl'RE. Tome II. — 53.
418 ANIMAUX DOMESTIQUES : DES CHEVAUX ET DE LEUR ÉLÈVE. wV.
faire apparaître la bouteille, bientôt suivie du menades ou ses travaux; mais l'exercice qu'on
fœtus. Lorsque depuis quelque temps déjà le peut lui permettre doit toujours être en rap
petit sujet est mort dans la matrice, il s'écoule port avec ses forces. Lorsque la jument est em
par la vulve un liquide sanguinolent et fétide. ployée à des travaux longs ou rapides, le petit
Les phénomènes qui accompagnent l'avor- poulain ne doit pas la suivre. Du reste, il sera
tement sont les mêmes que ceux de la pnrtu- bon d'habituer de bonne heure la mère à
rit ion et la jument réclame les mêmes soins. cette séparation , parce qu'autrement l'état
Après l'avortement, lorsque les mamelles d'inquiétude et de tourment qui pourrait en
s'emplissent et deviennent douloureuses, l'in résulter pour elle exercerait sur la sécrétion
dication est de traire la jument pendant de son lait une fâcheuse influence. Le poulain
plusieurs jours. séparé de sa mère est mis avec d'autres s'il
est possible, et dans le cas contraire, il est
Section X. — De l'allaitement, du sevrage , et enfermé dans une écurie un peu sombre. La
privation de la lumière l'empêche de se tour
des soins à donner au poulain. menter et de se livrer à des ébats pendant
lesquels il pourrait se blesser- La jument qui
$ 1". — De l'allaitement. allaite doit être bien nourrie, car c'est la
bonne nourriture qui fait le bon lait, et c'est
le bon lait, qui fait les bons poulains.
A peine le nouveau sujet est-il venu au Une nourriture qui convient bien aux ju-
monde qu'il devient l'objet des soins de sa meus nourricières est celle qui leur est
mère. Poussée par son instinct, la jument le fournie à l'époque du printemps par les bons
débarrasse d'un enduit muqueux qui forme pâturages non marécageux. C'est par celte
une couche assez épaisse sur sa peau. Celles raison que les éleveurs doivent faire saillir
qui mettent bas pour la première fois négligent leurs iumens, comme nous l'avons indiqué,
parfois ce soin. Il faut dans ce cas saupoudrer dans les mois de mars, avril, et mai, afin
le poulain de sel de cuisine bien écrasé, ou de qu'elles mettent bas au moment où les pâtu
farine d'orge ; alors la mère ainsi appétée ne rages ne tardent pas à leur fournir en grande
tarde pas à le lécher, et s'il n'en était pas abondance les matériaux de leur nutrition. En
ainsi, il faudrait ressuyer et le sécher. outre, les poulains qui viennent au monde à
Les poulains ont ordinairement assez de cette époque s'habituent de bonne heure à
force pour pouvoir se dresser sur leurs mem prendre des alimens verts qu'ils digèrent fa
bres immédiatement après la naissance, et cilement et peuventainsi se passer plus tôt du
s'élever ainsi à la hauteur des mamelles et lait de leur mère.
les saisir; si les premiers efforts étaient in Toutefois, si la jument avait pouliné à une
fructueux, il faudrait les y aider. Souvent la époque où la végétation n'est pas encore as
jument chatouilleuse, surtout lorsqu'elle a sez avancée pour qu'on puisse la nourrir au
mis bas pour la première fois, est irritée par vert, il faudrait lui donner de bons alimens
les altouchemens de son petit et cherche à secs, avoine, orge, etc., et dans tous les cas les
s'y soustraire. Dans ce cas on doit détourner mashes des Anglais, qui sont très nutritifs et
sou attention, en la caressant et lui donnant augmentent la sécrétion laiteuse.
à manger quelque chose qu'elle aime beau Lorsque le poulain se trouve privé de sa
coup. Du reste ces précautions ne sont utiles mère avant l'âge d'être sevré, il faut avoir re
que dans les premiers moments, plus tard cours pour le nourrir à l'allaitement artificiel,
la femelle s'accoutume à cette sensation. ou bien substituer à sa mère uue autre ju
Lorsque le petit a souffert, soit pendant ment nourrice. Lorsqu'on prend le parti de
son séjour dans la matrice, soit pendant la le nourrir avec du lait sans le faire téter, il
parturition, il est alors faible et chancelant, suffit de lui mettre le doigt ou un chiffon
et quelques heures après la naissance il n'a trempé de lait dans la bouche, il commence à
£as encore assez de force pour se tenir de- sucer et boit eusuite. Il n'est pas aussi facile
out et chercher à téter-, il faut dans ce cas de substituer à la mère une nourrice étran
traire sa mère et lui faire avaler le lait encore gère. Souvent cette dernière n'estpas disposées
chaud; c'est le meilleur fortifiant qu'on puisse adopter le nouveau nourrisson qu on lui donne;
lui donner. elle le repousse et le maltraite. C'est par des
Il est avantageux que, pendant les premiers caresses et de la patience qu'on peut vaincre
jours, le jeune poulain habite un local un peu ses répugnances et l'amener à avoir autant
chaud, et qu'il ne soit pas séparé de sa mère d'attachement pour son poulain d'adoptiou
pour qu'il puisse constamment se réchauffer que pour celui qu'elle aurait mis au monde.
a sou contact. On ne pourra cependant pas
agir ainsi lorsque la jument, pleine d'aver § II. — Du «evrage.
sion pour son poulain, cherche à l'éloigner à
coups de dents et à coups de pieds. On le pla Le sevrage est la cessation de l'allaitement
cera dans une stalle voisine, de manière que et la substitution des alimens solides au lait
la mère puisse le voir ou le sentir, mais non dont le poulain faisait sa nourriture. L'époque
le maltraiter, et lorsqu'on l'amènera près du sevrage ne saurait être déterminée d'une
d'elle pour le faire téter, on surveillera atten manière invariable. Ordinairement, c'est vers
tivement tous les mouvemens de cette der l'âge de 6 mois; à cette époque, en effet, les
nière. Il est rare, du reste, que ces précau organes digestifs sont déjà habitués à l'élabo
tions soient longtemps nécessaires, et la ju ration des alimens solides, car même à l'écu
ment la plus méchante devient bientôt aussi rie le poulain ne fait pas sa nourriture exclu
bonne mere que les autres. sive du lait de sa mere. A un mois déjà il
* Quelque temps après la naissance le pou mange de l'herbe ou du foiu délicat, et dans
lain accompagne déjà sa mère dans ses pro quelques pays, et p our des races précieuses
chap. 8.. DES SOîîîS A DON! ÎER AU POULAIN. 419
on lui donne de l'avoine dont la mastication Pendant toute leur première année les pou
n'est pas nuisible, ainsi qu'on l'avait pensé lains et les pouliches peuvent rester ensem
d'abord par le seul examen de l'appareil den ble ; mais passé ce temps, c'est-à-dire au prin
taire. L'état de vacuité ou de plénitude des temps suivant, les animaux de sexe diffé
jumens est la principale cause qui apporte rent doivent être séparés, car alors l'influence
des différences dans la durée de l'allaitement. des sexes commence à se faire sentir, et l'é
Quand les jumens n'ont pas été couvertes, veil qu'elle donne aux organes génitaux est
ou quand après avoir été couvertes elles pernicieux à leur croissance.
n'ont pas retenu, l'allaitement peut se prolon
ger sans inconvénient pour la mère et avec un § IV. — Deuxième année du poulain.
peu d'avantage pour le poulain. Dans le cas Au printemps qui commence la seconde an
contraire, le sevrage peut se faire à six mois, née du poulain, la nourriture verte doit faire
et quelquefois plus tôt; et si le poulain est bien la base de son alimentation. A celte époque
nourri, il n'en souffre pas. Le sevrage expose on lui rend la liberté dont il a été privé pen
en même temps la mère à moins d'accidens;
la sécrétion laiteuse a déjà sensiblement di dant l'hiver, et on l'abandonne de nouveau
dans les pâturages, mais seulement pendant le
minué, à cause du travail de la gestation; elle jour; la nuit il doit rentrer dans une écurie,
a de la tendance à se supprimer, en sorte que à moins qu'il n'existe dans l'endos où il pà-
le sevrage n'exige aucune précaution essen ture un abri qui puisse le protéger contre les
tielle, si ce n'est la diminution graduelle de vents et les pluies. Dans ces écuries ou sons
l'alimentation de la mère en même temps ces abris, les poulains doivent trouver la ration
que s'augmente celle du poulain. soitd'orge, soit d'avoine, soit de féveroles, qu'il
§ III. — Soins après le sevrage. est indispensable d'associer à leur nourriture
verte; car, nous le répétons, c'est par le grain
Dans la saison qui suit le sevrage, les pou seul qu'on peut parvenir à donner aux pou
lains ne doivent pas, autant que cela se peut, lains une bonne constitution.
être abandonnés libres dans les pâturages, Lorsque les pâturages sont gras, il ne faut
comme on le fait dans quelques parties de la pas y abandonner trop longtemps les poulains,
Krance. Cette méthode serait bonne s'ils si l'on veut que leurs formes soient sèches et
étaient destinés à vivre en plein air pendant élégantes; car nous avons déjà vu que sous
toute leur vie ; mais il n'en est pas ainsi, et le l'influence d'une nourriture aqueuse le tissu
cheval qui doit passer à l'écurie le temps qui cellulaire s'infiltre de sérosité, la peau devient
ne doit pas être consacré au travail en sup épaisse et les crins grossiers et lourds. Les
porte difficilement le séjour et est exposé à poulains ne seront donc abandonnés que tard
des maladies graves, lorsqu'il n'y a pas été ha dans de pareils pâturages, et ils en sortiront de
bitué dès son jeune âge. D'ailleurs les plantes bonne heure en automne, avant que les pluies
que leur fournissent les pâturages pendant n'aient rendu le sol humide, sous peine de les
1 hiver sont fort souvent insuffisantes à leur voir, comme dans le Cottentin, avec des ex
complète nutrition. trémités épaisses et une tète commune.
Les poulains seront donc enfermés dans des Dans les petites exploitations oii les pâtu
écuries, mais non pas maintenus àl'attache. On rages manquent, il faut que les poulains aient
les laissera libres, séparés dans de grandes tout au moins la jouissance ou d'un enclos ou
stalles; l'écurie devra être bien aérée et bien d'une cour dans lesquels on pourra leur don
éclairée. Pour les habituer de lionne heure à ner la liberté pendant une partie du jour; c'est
souffrir les liens qui doivent un jour les main la condition tint qud non pour faire de bons
tenir attachés, on leur mettra autour de la poulains. S'ils ne peuvent jouir de la liberté
tête un licol par lequel on les prendra et ou pendant leur jeune âge, ils ne pourront ac
les conduira quelquefois ; puis pour les habi quérir les qualités qu'ils auraient dû posséder
tuer à rester a l'attache, on commencera d'a plus tard.
bord par les fixer au râtelier, ayant le soin d'y Dans les enclos, dans les pâturages ou dans
mettre une nourriture dont ils soient avides. les cours, jamais le poulain ne doit être limité
C'est auprès de la mère que ces premières dans ses mouvemens par les entravons comme
tentatives de soumettre le poulain a la servi on a malheureusement coutume de le faire
tude doivent être faites; là il reste plus tran dans certaines localités; c'est à cette cause qu'il
quille. faut souvent attribuer la détérioration précoce
Lorsque les poulains n'ont pas été peu à peu d'un poulain de noble origine; mieux vaudrait
habitués à rester à l'écurie, et que cependant encore le séjour à l'écurie.
on est obligé de les y enfermer et de les y A la fin de cette seconde année, pendant l'hi
maintenir attachés, ou doit porter sur eux ver, les poulains devront, comme l'année pré
une attention de tous les iuslans, car il est à cédente, rentrer à l'écurie.
craindre que, dans les mouvemens désordon C'est alors qu'on continuera leur éducation
nés auxquels ils se livrent, ils ne s'étreignent déjà commencée; on les habituera à se laisser
le cou ou les membres dans leurs longes et toucher, panser, lever les pieds, etc. Chaque
ne s'étranglent ou ne se blessent grièvement. poulain, suivant le service qu'il devra remplir
Dès que les poulains sont habitués au sé un jour, sera habitué peu à peu à tous les har-
jour de l'écurie, il faut les accoutumer à sup nachemens qu'il devra porter par la suite.
porter sans se défendre les soins dont ils au
ront un jour besoin dans leur état de domes 5 V. — Troisième année du poulain.
ticité ; ou les brossera de temps en temps avec
douceur, ou leur lavera les membres, et on Dès que les poulains ont atteint leur troi
frappera sur la sole des sabols pour simuler sième année, ceux d'entre eux qui seront un
les percussions du brochoir. jour propres aux services de trait peuvent
I
420 ANIMAUX DOMESTIQUES DES CHEVAUX encore une ETsource
DE LEUR ÉLÈVE.
de bénéfices pour l'éleveur.
UT. III.
déjà être employés aux travaux des champs.
Le travail ne peutnuireàleur développement, Toutefois, celui-ci comprendrait mal ses inté
si leurs conducteurs n'abusent pas de leur ar rêts s'il voulait abuser de son ardeur. Quel que
deur. soit le service de trait auquel les jeunes ani
Quant aux poulains qui par leur race sont maux de quatre ans doivent être employés un
propres à la selle, c*est une erreur de croire jour, l'expérience a démontré qu'on peut in
que, parce qu'ils ne seront propres à ce service distinctement les soumettre tous au même
qu'à l'âge de cinq ans, ils doivent jusque-là travail.
rester inutiles. C'est cependant cette croyance Le régime du cheval de quatre ans est le
qui rend l'élève des chevaux de selle si inuti même que celui du cheval de service; seule
lement dispendieuse. Il importe de rectifier ment il serait peut-être bon de lui donner en
cette erreur, car une fois que l'on sera bien core du vert a l'écurie en même temps que
convaincu que les chevaux destinés au ser des grains; par là on facilitera son entier dé
vice de la selle peuvent être utilisés dans leur veloppement. Cependant l'éleveur dev ra s'abs
jeune âge au travail du trait sans que ce tra tenir de soumettre à cette alimentation les ani
vail leur soit nuisible, leur éducation sera plus maux d'une constitution éminemment lym
fructueuse et plus souvent entreprise. phatique; pour eux le régime des grains et
Et d'abord nous admettons, avec M. Huzard des fourrages secs est le seul qui puisse com
fils, qu'il y a toujours avantage à employer dès battre leur prédisposition aux maladies ady-
l'âge de deux ans et demi au travail du trait namiques.
ceux des poulains qui, propres à la selle par Le cheval propre, par sa race et ses formes,
leur race, semblent y être impropres par leur au service du la selle, a pu, nous l'avons déjà
conformation et leurs allures. Quant à ceux dit, être employé sans préjudice depuis l'âge
qui promettent davantage, il est bon de les de 3 ans au travail du trait. C'est à 4 ans et
ménager jusqu'à l'âge de trois ans révolus; demi qu'on doit commencer son éducation
mais passe cette époque, ils peuvent être em pour la selle lorsque préalablement il a été
ployés, sans préjudice pour leur service à ve employé comme cheval de trait; mais, dans
nir, au travail du trait. Voici les motifs sur le cas contraire, on a dù commencer dès l'âge
lesquels on peut appuyer cette opinion. Nous de 3 ans à le dresser au service qu'il fera plus
voyons tous les jours : 1* des chevaux dits à tard. Il serait bien tard de commencer à 4
deux fins rendre de très bons services comme ans et demi; la liberté dont il aurait joui jus
chevaux d'attelage et en même temps comme qu'alors rendrait trop difficile sa sujétion, et
chevaux de selle; 2° grand nombre de beaux il faudrait avoir recours à des moyens ex
chevaux de selle qui ont servi d'abord aux at trêmes qui souvent tarent les chevaux. De
telages; 3° beaucoup de chevaux de cabriolet bonne heure donc le cheval sera habitué à le
qui peuvent, lorsqu'ils sont montés, être lancés laisser brider, seller et monter par un jeune
à des allures aussi rapides que les chevaux de garçon qui le promènera au pas, au trot et au
selle; 4" enfin des chevaux descl le dont les arti galop. Négliger ces soins, c'est faire perdre
culations sont vite ruinées, bien qu'ils n'aient aux poulains de selle une très grande valeur;
été employés que tardivement au travail, tandis les acheteurs ne veulent donner qu'un moindre
qu'un grand nombre de chevaux employés de prix d'un animal resté oisif depuis sa nais
bon ne heure an service d u Irai t conservent long sance et que son caractère sauvage rendra dif
temps leurs articulations saines. Tous ces faits ficile à maîtriser.
contredisent donc l'opinion des écuyers en gé Lorsque le cheval de selle a été habitué aux
néral qui pensent que le travail du trait rend mouvemens de l'homme, soit dans les tra
le cheval impropre au servicede la selle, parce vaux de In ferme, soit par l'espèce d'éduca
qu'il le rend moins libre du devant, et cause tion qu'on lui a donnée depuis l'âge de trois
plus tôt la ruine de ses membres ; leurs rai- ans, il est apte à entrer au manège et à en
sonnemens sont le plus souvent en contradic recevoir les enseignemens.
tion avec les faits, et en supposant même que Le poulain propre à la course par sa confor
le travail du trait diminue un peji l'aptitude mation, sa force ei son énergie musculaire
du poulain au travail de la selle, six mois ne doit y être préparé dès l'âge de trois ans et demi.
suffisent-ils pas pour rectifier son éducation? Plus tôt il n'a pas encore acquis assez de force;
La nourriture du poulain dans sa troisième plus tard, c'est-à-dire passé quatre ans, il y
année doit être une nourriture saine et a perte de temps pour lui, puisque depuis
abondante, dans laquelle, comme précédem plus de six mois il aurait pu acquérir l'habi
ment, doit entrer le grain. C'est une erreur tude de la course, habitude dont l'influence
de croire que l'avoine donnée aux chevaux de est telle qu'à force et énergie égales, celui des
bonne heure les prédispose à contracter la deux poulains qui a souvent couru l'emporte
fluxion périodique; bien au contraire, l'ali- nécessairement sur l'autre. Pour habituer le
mentatiou avec l'avoine a été un préservatif cheval à l'allure et aux fatigues de la course,
efficace contre cette maladie, comme le dé on le fait monter par un jeune garçon léger
montrent les registres du haras de Pompa- de corps et intelligent, qui tous les 2 jours
dour. Excellente pour tous les chevaux' de d'abord, et tous les jours ensuite, le lance à
toutes les races, cette alimentation est indis l'allure rapide du galop. Les premières courses
pensable pour donner au cheval de selle son doivent être de peu de durée. Le coureur doit
énergie et sa force musculaire. d'abord s'occuper à bien diriger et à maîtriser
§ VI. — Quatrième année du poulain. le cheval, et puis il cherchera successivement
à augmenter la longueur et la rapidité des
Dans sa quatrième année, le travail du che courses. Au bout de peu de temps il sera fa
val de trait ne doit plus être seulement une cile de juger, en comparant la longueur par
compensation des frais de sa nourriture, mais courue avec le temps mis à la parcourir, si le
chap. 8'. DES SOINS A D< INNER
ainsi leurs
AU bénéfices,
CHEVAL.parce que la plus grande421
cheval est doué d'assez de vitesse pour pa
raître dans l'arène et disputer le prix. Obser valeur qu'ils donneront à leurs chevaux com
vons bien que dans tous les essais de ce genre pensera et au-delà les frais de leur éducation.
le coureur ne doit point lancer son cheval au P.-Tu. Collignon, vétérinaire à Mantes.
train le plus rapide dont il est susceptible,
toujours il doit le retenir, car celui-ci doit Section XI.— Des soins hygiéniques à donner
sentir qu'il est capable de faire plus qu'il ne au cheval de travail.
fait. Cest seulement dans l'arène et vis-à-vis
ses concurrens qu'il doit déployer toutes ses A l'âge de cinq ans le cheval est arrivé à
forces. .son entier développement, et peut rendre les
Les allures du galop et du pas allongé sont services auxquels il est apte par sa conforma
les seules qu'on doive laisser prendre à un tion; mais sou utilisation eflicace, et surtout
cheval de course. Il faut donc l'habituer à pas durable, dépend de certaines conditions sans
ser immédiatement du repos au galop sans l'observation desquelles l'épuisement et la
l'intermédiaire du trot. Les chevaux de course ruine l'auraient bientôt mis hors d'usage. Il
qui trottent avant de galoper perdent tou n'en est pas, eu effet, des êtres vivans comme
jours un peu de temps lorsqu'il s'agit de les des machines inertes, qui exécutent leurs
lancer à 1 allure de la course, et cette perte mouveinens sans discontinuité, et ne se dé
peut leur être préjudiciable lorsqu'ils en dis tériorent qu'a la longue par les frottemens
putent le prix. En outre, les trotteurs ont de leurs rouages. Les animaux ne peuvent,
rarement un galop franc et allongé. par leur nature, sulfire à un mouvement con
Les alimens qu'il convient de donner au liuu; il faut qu'entre leurs momens d'action,
cheval de course sont ceux qui, sous le plus il y ait des temps de repos, pendant lesquels
petit volume, contiennent en plus grande pro ils réparent par la nutrition la perte de leurs
portion des principes nutritifs. Car il est es forces, conséquence inévitable de leurs mou-
sentiel qu'un cheval de course ait le ventre vemens : enliu, il laut que par les soins de
aussi petit que possible, pour la double raison l'homme, la surface de leur corps soit entre
que moins le ventre est volumineux moins il tenue dans un état de poli et de luisant indis-
pèse, et que, plus petite est la masse des vis pensabUment nécessaire à l'exercice de leurs
cères abdominaux, plus libres sont les mouve- fonctions et à la conservation de leur sauté.
mens du diaphragme, et plus facile est la Nous traiterons des trois conditions indis
dilatation des poumons. C'est donc surlout l'a pensables à la conservation du cheval de
limentation avec les grains qui convient au che travail, le pansage, le repos et Yalimentation.
val de course. Dans le but encore de diminuer § l'r. —Du pansage.
l'ampleur du ventre on a conseillé de frac
tionner les rations des animaux de course, de
ne leur donner que peu de nourriture à la Le pansage est une des conditions les plus
fois, mais de leur en donner plus souvent. De influentes sur la santé du cheval, condition
cette manière la digestion est plus rapide et trop souvent négligée et dont l'inobservation
le séjour des matières alimentaires moins long est souveul la cause du dépérissement de beau
dans le canal intestinal. L'on a raison aussi coup de chevaux et quelquefois même du dé
de ne pas les exciter à boire en mettant du veloppement de maladies redoutables. Les
son ou de la farine d'orge dans leur boisson. fonctions de la peau exercent sur toute l'é
Les autres soins à donnerait cheval de course conomie une grande influence. Sans entrer ici
sont de le panser au moins deux fois par dans des considérations théoriques pour dé
jour, de le bouchonner fréquemment et d'ex montrer les étroites syuipathies qui unissent
citer encore l'action de la peau par l'usage des les fonctions de la peau à celles des organes
couvertures de laine. internes, je dirai seulement que la peau est
Lorsque l'éducation du cheval de course continuellement le siège d'une transpiration
est achevée et qu'il est prêt à courir, il est dont
tat delesrepos,
produits
deviennent
vaporeux, sensibles
inaperçus dans
pendant
l't-
presque indispensable de le préparer au ter
rain sur lequel il doit être lance. Jamais les l'exercice, lorsque, sécrétés en grande quan
Anglais ne négligent ce soin, parce que l'ob tité, ils se condensent à sa surface et mouil
servation leur a démontré .qu'un cheval se lent les poils qui la revêtent : en sorte que cet
lance avec plus de hardiesse sur un terrain organe peut être considéré comme un émonc-
qu'il connaît déjà. toire destiné à l'éliminai ion en dehors de l'é
Tels sont les soins bien simples qu'il est conomie vivante des matériaux du sang qui
nécessaire de donner au cheval que 1 on pré ne peuvent plus servir à la nutrition des or
pare à la course. Nous ne parlons pas ici des ganes. Mais pour remplir celte importante
moyens que mettent en usage les gens qui fonction, il faut que la peau soit maintenue
font métier de dresser des chevaux à cet exer dans un état parlait de propreté, et que les
cice; les suées auxquelles ils condamnent ces pores dont elle est percée soient toujours
animaux, les drogues qu'ils leur administrent, béanspour donner passage aux matériaux de
les recettes mystérieuses qu'ils ont en leur la transpiration. S'il n'en était pas ainsi, si,
possession pour leur donner l'aptitude à la comme on le voit souvent, la surface de la
course sont toujours inutiles et impuissantes, peau était recouverte d'une couche de ma
et quelquefois nuisibles. tières concrétées, résultat du mélange avec les
Les éleveurs doivent bien se convaincre produits de la sécrétion, des poussières en
3u'il suffit, pour entrainer un cheval, des soins suspension dans l'air ou contenues dans les
'exercice et de régime que nous venons d'in fourrages, cette sécrétion serait, sinon tout-
diquer. Il est important qu'ils se chargent à-fail tarie, au moins de beaucoup diminuée,
eux-mêmes de ces soins, ils augmenteront et l'on verrait surgir des accidens bien graves.
422 ANIMAUXFig. 244. DOMESTIQUES DES CHEVAUX ET DE LEUR ÉLÈVE, uv.
Ainsi, il n'est pas rare de voir les animaux pour de la poussière qui les recouvre. La crasse dé
lesquels on néglige ces simples précautions tachée du corps de l'animal trouve une issue
hygiéniques, affectés de gale, de dartres, quel par les deux petits côtés du coffre, ou l'on
quefois
Du reste,
mêmepourcontracter
bien apprécier
la morve oul'utilité du dispose deux morceaux de fer nommés mar
le larcin.
teaux, au moyeu desquels, en frappant l'in
pansage et son heureuse influence sur la santé strument sur le pavé, on lui imprime des se
des chevaux, il suffît d'examiner les effets qu'il cousses qui en font tomber ta crasse. — Le
produit. Voyez, en effet, la différence qui manche de l'instrument est en bois et s'attache
existe, toutes conditions étant d'ailleurs sup au coffre sur le bord opposé aux marteaux.
posées égales, entre uu cheval régulièrement 2° Uépoussette (fig. 246) est ordinairement
pausé
glige ces
chaque
soins.
jour
Chez
et celui
le premier,
pour lequel
le poil
on né
est Fi£. 24». 247. 250. 240. 248.
luisant et lin. la peau souple, les extrémités
saiues et bien déliées, l'œil vif, et tout
témoigne de sa santé Chez le second, an con
traire, le poil devient terne, désuni, hérisse,
les extrémités s'empâtent, la peau se dénude
Î>ar place des poils qui la revêtent, et souvent
a maigreur et l'abattement sont la consé
quence des démangeaisons fatigantes que lui
fait éprouver le contact irritant des matières
qui séjournent sur sa peau.
Les Anglais ont si bien compris l'utilité du
pansage pour la conservation de la santé' et
de la beauté des chevaux, qu'ils l'emploient
comme un moyen de les perfectionner; et
c'est en apportant à son exécution l'attention
la plus minutieuse, qu'ils sont parvenus à don une queue de cheval munie d'uu manche en
ner à leurs chevaux ces formes si nettes et si bois. Elle sert, après le jeu de l'étrille, a enle
bien dessinées, caractéristiques de leur race.
ver la poussière qu'elle a détachée de la sur
A. Des instrument du pansage. face du corps, et la remplace dans les régions
où la peau est trop fine pour en supporter les
Les instrumens qui servent au pansage sont frottemens.
3" Le bouchon est un faisceau de paille ou
Yétride, l'epousselte, la brosse, l'éponge, le de foin, dont les liges sont tordues sur elles-
bouchon, le cure pied, le peigne, les ciseaux mêmes; on s'en sert pour frotler la surface
et le couteau de chaleur.
1» VétriUe {/g. 244 et 245) est l'instrument des poils après le jeu de l'étrille et de l'e
pousselte.
Fig. 245. 4° La brosse (fig. 247 ) sert comme l'é
trille à détacher la poussière de la surface du
corps, elle est munie sur son dos d'une cour
roie destinée à loger la main du palefrenier.
5* Le peigne (fig. 248), qui peut être de fer,
de cuivre, cfos, de bois ou de corne sert à dé
mêler les crins.
6* Véponge est employée pour laver les yeux,
les naseaux, le pourtour de la bouche, le four
reau de l'animal, etc.
7° Le cure-pied est une tige de fer aplatie et
recourbée en croche*., au moyeu de laquelle
on détache de dessous le sabot les matières
qui peuvent y adhérer.
8* Le couteau de chaleur (fig. 219) est une
essentiel du pansage. On y distingue te coffre, lame d'acier flexible, mince et non t ranci tante,
plaque de tôle rectangulaire, dont les deux munie cTuu manche à chacune de ses extré
grands bords sont infléchis à angle droit et mité», avec laquelle on racle la surface de la
dentés en scie sur toute leur longueur. Du peau pour en faire écouler l'eau ou la sueur qui
côté de cette inflexion, on remarque cinq la en humecte les poils.
mes de fer disposées verticalement et paral
lèlement à ces bords, et toutes dentelées B. Du mode du pansage.
comme eux, à l'exception de celle du milieu
qui forme le couteau de Cétrdle, et dont le Le cheval de travail doit être pansé chaque
bord uni se trouve un peu en dessous du ni malin à l'écurie si le temps est trop froid ou
veau des dents. trop pluvieux, et au dehors préférablemeut si
Les quatre autres lames constituent, avec la saison le permet.
les bords recourbés du coffre, les rangs de Dans ce dernier cas, le palefrenier lui met
l'instrument. Les dents des rangs sont desti un hridon et le sort de l'écurie. Puis, la main
nées à pénétrer à travers les poils de l'animal droite armée de l'étrille, il se place du côté
jusqu'à la surface cutanée, et a enlever à cette droit de l'animal et un peu en arrière, saisit
surlace la crasse adhérente; le couteau a pour la queue de la main gauche, et promène son
usage de lisser les poils et de les dépouiller instrument sur sa croupe et sa fesse droite, eu
CHAP. S*. DES SOINS A DONNER AU CHEVAL. 42S
le luisant agir avec rapidité et vigueur, et eu talion venant à augmenter, on n'augmentait
embrassant dans chaque mouvement de Sun paseii proportion le nombre des animaux de
bras une assez grande eleuduc de la surlace travail, et si conséquemmeDt' l«utes les autres
du corps; par les uiouvemeus rapides qu'il conditions restant du reste ,es raemes) on
effectue a poil et à cuulre-puit, il détache la les soumettait à des fatisues au-dessus de
poussière Ue la surface cutanée, et eu euleve leurs forces? D'abord l'influence ^u surcro,t
une parlie avec sou étrille dout il la uélache de travail sur les chevaux sera'1 tout-à-fait
eu Irappaul de temps a autre les marteaux inaperçue ; pendant lon"femPs e,lcore ils
sur les pavés. Il manœuvre aiusi successive conserveraient- toutes ■ lesn apP^ences
narMur^s de
oe la
la
ment et de chaque coté sur toutes les régions sauté, l'appétit serait aussi ™J P?»ff \%
du corps, à l'exception de la lete, du tran- voine, le poil aussi luisant, lW^Xls tfé"
chaut de l'encolure, de la base de la queue, ormes aussi énergiques : et \fu^mieax
de l'épine dorsale, du fourreau ou des ma cononue paraîtraient alors d'à
melles, et enfin de la face tuterue des cuisses fondés, que leur justesse serait enLesquelque
choses
sur lesquelles la peau est trop line pour souf sorte démonirée par l'expériencen<ianl 4> gt
frir saus douleur le coulacl de 1 étrille. Puis pourront rester dans cet élat Pei,angement,
après, il secoue avec 1 epoussette la poussière 6 mois, un an même, sans aucun cul uaus les
que l'étrille a détachée, et enfin, saisissant la sans aucun signe de dépérisseme^Q^p^ rien
brosse, il la promené successivement à poil animaux; mais passé ce laps de aDord chez
et contre-poil sur toute la surlace du corps, ne sera moins rare que de voir d'nt;risser et
eu ajaul soin, pour la débarrasser de la crasse un ou deux chevaux les poils se 0iorer, les
qu'elle ramasse et euleve, de la trotter a cha se ternir, les muqueuses se déc t l'appétit
que mouvemeut sur les dents de 1 étrille dont ganglions de l'auge se tuméfier, e y ies ac-
il tieut le manche d une main, pendant que pour l'avoine diminuer : peu à peera tout
de l'autre il lait mauueuvrer la brosse. cidens se multiplieront ; et l'on s „eS) et à
Apres avoir ainsi eirille et brosse tout le étonné de voir çà et là dans les atlelauombre
corps, le palefreuier donne du luisant aux des époques rapprochées, un grand jes mô-
poils, en les froUaut daus le sens de leur di de chevaux présenter successivement arition
rection avec le bouchou de paille ou de foui mes signes maladifs. Puis, après l'app tables
légèrement humecté ; puis il se sert de l'é de ces phénomènes, témoignages indubi dans
ponge pour laver les yeux, les naseaux, la d'une modification fâcheuse survenue étage
vulve ou le fourreau, eu ayant soin de enao l'économie de ces animaux, on verra le jtaire
ger l'eau fréquemment. se déclarer par un des naseaux, la pi lin avec
Pour laver les extrémités des membres, ou s'ulcérer, et enfin la morve apparaître plus
se seri avec avautage d une brosse longue toute la série de ses symptômes. Enfin, pont
Dominée pas.%e-partout [fig. '2M ), que i ou tard les mêmes phénomènes se manifestetous
trempe fréquemment dans l'eau, et avec la successivement dans tous les attelages, ont
quelle ou euleve la boue adhérente aux poil» les chevaux, jusqu'au dernier, deviendrà
des canons et des pâturons. Apres le lavage ou morveux ou farcineux ou succomberont
absorbe avec t'éponge I eau qui imbibe les des maladies adynamiques.
poils, ou bien ou la lait écouler avec le cou Tous les accidens dont nous venons de dé
teau de chaleur. rouler la série se lient d'uue manière évi
butin, pour faire le complément au pan dente pour les hommes observateurs, au dé
sage, ou peigne les crins du toupet, de la cri faut d'un repos suffisamment réparateur ac
nière et de la queue, ou les lisse avec l'éponge cordé aux animaux de travail.
humectée, et ou uéiache avec le cure-pied ue Le repos est donc pour le cheval une con
la face plantaire des sabots les matières qui dition essèntielle de santé et de conservation.
peuvent y adhérer ou être interposées entre Et pour être suffisamment réparateur, il doit
la corne et le fer. avoir une durée double au moins de la durée
Après ce, le pansage est terminé, on re du travail.
couvre l'animal et on le remet à sa place à
l'écurie. A. De l'habitation du cheval.
§ H. — Du repos. L'habitation du cheval reçoit le nom d'écu
rie. Nous renvoyons, pour ce qui a rapport à
Le repos est plus que le pansage encore son orientation et à son emplacement, au cha
pour le cheval de travail, une condition es pitre de cet ouvrage qui traite des construc
sentielle de conservation, dont il est d'autant tions rurales (voy. vol. îv, page 408) ; nous ne
plus important de bien apprécier l'influence voulons parler ici que de ses conditions hy
que les conséquent es des excès de labeur ne giéniques.
se manifestent qu'à la lougue et que leurs L'écurie doit être spacieuse, salubre et con
rapports avec les causes qui les produisent venablement disposée pour permettre au che
soin difticileiuent saisissables. val d'y prendre commodément sa nourriture
Ainsi, pour mieux faire comprendre ma et d'y jouir du repos réparateur de ses forces :
peusee, prenons pour exemple une entreprise 1" Spacieuse. Pour satisfaire à cette condi
exploitée par un nombre donné de ohevaux tion, il faut que l'écurie ait au moins 12 pieds
dont (alimentation soit aussi salubre que de hîiiteur et que son étendue permette d'ac
possible, tes conditions hygiéniques d'habifa corder à chaque cheval, qui doit y être logé,
lion et de pansage rigoureusement observées, un espace de 60 pieds carrés, dont 5 en lar
le travail modéré, et chez lesquels enfin la geur et 12 en longueur. Dans une place qui
santé n'ait jamais été troublée. Qu'arrivera- présente ces dimensions le cheval peut jouir
t-il si, je suppose, les travaux de celte exploi- de la liberté entière de ses mouvemens, s'é
424 ANIMAUX DOMESTIQUES : DES CHEVAUX ET DE LEUR ÉLÈVE, lit. in.
tendre sur sa filière sans gêner ses voisins et de toile ou de verre, sont nécessaires aux ou
sans être gêné par eux, enfin manger sa ra vertures, parce que la présence des animaux
tion, sans avoir rien à redouter de leur avi ne serait pas sulfisante pour maintenir l'at
dité. mosphère à un degré de chaleur assez élevé.
Lorsqu'au contraire la limitation des places B. Etat du sol et des murs. Le sol des écu
est trop bornée, les chevaux, entassés les ries doit être solide, tout-à-fait imperméable
uns sur les autres, se gênent mutuellement, et légèremeut incliné sous les animaux. So
les plus Torts fout la loi aux plus faibles, man lide pour résister aux percussions de leurs
gent une partie de leur ration et les em pieds et ne pas former, en s'excavact, des
pêchent de se coucher et de se reposer. trous qui présentent le double inconvénient
L'influence de cette exiguité de l'espace de servir de réservoirs à l'urine et de four
sur la santé des animaux est plus grande nir aux animaux une surface d'appui inégale
qu'où ne le pense généralement. La gène sur laquelle leurs aplombs tendent à se faus
continuelle qu'elle occasionne pour tous, la ser : imperméable, pour ne pas s'imprégner
privation de repos et souvent d'une partie de de matières excrémentitielles qui y fermen
la ration qu'elle cnlr.due pour quelques-uns, tent, s'y décomposent et donnent naissance à
sont des causes d'épuisement qui agissent des produits miasmatiques : enfin , légère
puissamment surtout sur ces derniers, et ment incliné pour permettre l'écoulement
concourent au développement de maladies des urines.
redoutables. Dans les régimens de cavalerie, Le pavage avec le grès ou la brique, ou le
l'exiguilé de la place qr.e l'étendue des écuries planchéiage avec de forts madriers, peuvent
permet d'accorder aux chevaux n'est peut- remplir ces trois conditions. Mais pour les
être pas la cause la moins influente de l'inva grandes écuries, le pavage de grès serré et
sion des fléaux (morve etfarcin) qui les déci solide est de beaucoup préférable aux briques
ment (voir Rec. Féicr.). par sa solidité, aux madriers par son prix
21' Salubre. La salubrité des écuries dépend moins élevé-, seulement il faut l'entretenir
de leur aération, de l'état de leur sol et de avec soin et réparer les détériorations qui ré
leurs murs; et enfin des soins de propreté sultent de la désunion des pavés.
qu'on leur donne. I.a terre battue et salpêlrée, qui forme le
A. Aération. Mélangé avec les produits (ie sol de beaucoup d'écuries, est loin de rem
la transpiration cutanée et pulmonaire, in plir les conditions que nous venons d'indi
fecté par les vapeurs qui s'exhalent des ma quer; il faudrait, pour qu'elle devint assez
tières excrémentilielles, enfin, échauffé par résistante, qu'elle fût revêtue d'un béton de
le contact des animaux, l'air des écuries leur chaux, de sable et degravier.
deviendrait lout-à-fail nuisible et serait bien- Les écuries doivent être le moins humides
161 même impropre à entretenir leur vie, s'il possible, et pour remplir cette condition, la
n'était sans cesse renouvelé. brique, substance sèche et imperméable à
Pour prévenir ces fâcheux résultats, il est l'humidité, doit être employée préférable-
nécessaire que les murs «les écuries soient nieut à toute autre matière daus leur con
percés, à leur partie supérieure, de nom struction. Lorsqu'elles sont construites en
breuses ouvertures, opposées les unes aux pierres ou en moellons, il faut, pour parer à
autres, à travers lesquelles puissent s'établir l'humidité, avoir soin de revêtir de planches,
des courans dépiirateurs. ou, ce qui est moins coûteux, de paillassons
Au moyen de celtedisposilion, l'atmosphère nattés, ceux de leurs murs qui avoisiuenl les
intérieure de l'écurie est dans un mouve places occupées parles chevaux.
ment perpétuel ; l'air qui s'est échauffé et Celle précaution, utile pour les écuries éle
vicié au conli.ct des animaux, devenu spécifi vées au niveau du sol, est indispensablement
quement plus léger, tend a occuper les ré nécessaire pour celles qui sont souterraines.
gions supérieures où il esi entraîné par leu C Propreté des écuries. Les soins de pro
courans, tandis (pu: l'air plus pur et plus preté sont, pour la salubrité des écuries, des
dense qui le remplace, obéit au contraire à conditions essentielles, mais trop souvent né
un mouvement descendant, et vient occuper gligées dans les campagnes, où l'on a l'ha
les régions inférieures, où il baigne las ani bitude, afin de s'assurer de meilleurs engrais,
maux /jusqu'à ce qu'écho uif.i par leur con de laisser les fumiers fermenter longtemps
tact, il s'clevu à sou tour et soit remplacé sous les chevaux ; cette pratique est mauvaise,
par un air nouveau. parce qu'elle est préjudiciable à la santé de
Dans les vastes écuries destinées à abriter ces animaux, et qu'on peut obtenir d'aussi
un grand nombre de cln vaux, il est inutile bons amendemens en faisant fermenter les
que les ouvertures des murs soient défendues fumiers daus des trous creusés en terre.
p.'rdes châssis ou des vitraux. La santé des Ainsi, chaque malin, lespalefreniersdevront
uniii.aux n'a rien à redouter des courans enlever avec leurs fourches et faire sortir de
qui s'établissent au-dessus de leur corps, et l'écurie toute la litière convertie en fumier
leur présence suffit pour maintenir l'atmo parle contact des urines et des excrémens;
sphère à un degré de température assez élevé, ils relèveront sous l'auge celle qui placée sous
malgré le renouvellement continuel de l'air. le devant du cheval, n'a pas été mouillée et
Dans les grandes chaleurs il est cependant peut encore servir; puis, avec un balai de bou
utile de fermer les ouvertures pendant le jour, leau, ils nettoieront à fond sa place. Si les
du côté du midi, soit avec des toiles épaisses, chevaux restent le jour à l'écurie, les pale
soit simplement avec des nattes de paille, freniers devront balayer de temps à autre les
pour empêcher l'entrée des insectes. ruisseaux qui donnent écoulement aux urines
Dans les écuries plus petites, destinées à et enlever avec une pelle et une vannelte les
loger seulement quelques chevaux, les châssis crolins dont les vapeurs infectent l'air.
CHAP. 8. DES SOINS A DONNER AU CHEVAL. 425
Enfin, le soir, lorsque les animaux revien de la mangeoire, et se donnent sur la région
dront du travail, on étendra sous eux la de l'occipital des contusions dont les con
paille fraîche relevée sous l'auge qui doit leur séquences peuvent être très-graves.
servir de litière pendant la nuit. Pour prévenir les accidens possibles il suf
d Disposition des râteliers et des mangeoi fit de combler l'intervalle vide de dessous
res. Les râteliers et les mangeoires sont les l'auge, soit avec de la maçonnerie, soit avec
meubles disposés à la place de chaque che des planches disposées verticalement au ni
val, pour recevoir les alimens. veau de la face antérieure de la mangeoire.
1» Le râtelier est une grille en bois de 2 Du reste, que les auges soient de bois ou de
pieds et 1/2 à peu près de hauteur, destinée à pierre, il est nécessaire que les palefreniers
former avec le mur devant lequel elle est aient la précaution de les laver tous les jours,
placée une espèce de cage dans laquelle on et en outre, à chaque repas qu'ils donnent
met la ration de fourrage. au cheval, de les nettoyer avec un bouchon
Dans la plupart des écuries, les râteliers de paille des restes du repas précédent. Sans
sont placés au-dessus de la mangeoire cl in cette précaution, les matières a demi mâchées
clinés en avant par leurextrémité supérieure; et imprégnées des sucs salivaires pourraient
mieux vaut, lorsque l'espace le permet, qu'ils séjourner dans la mangeoire, y fermenter,
soient disposés parallèlement au mur et sous lui communiquer une odeur infecte et dé
un plan postérieur à celui de la mangeoire; goûter les animaux.
dans ce cas, on les fait reposer par leur ex
trémité inférieure sur la paroi postérieure §111.—De l'alimentation du cheval de travail.
de l'auge, et l'espace qu'ils interceptent entre
eux et le mur est fermé par un autre grillage Pour les animaux dont on ulilise les forces
plus serré, et disposé transversalement, qui motrices au déplacement des résistances, l'a
livre passage à la poussière des fourrages et limentation n'est pas seulement une condi
la laisse tomber en arrière même de l'auge. tion d'existence, mais bien encore une condi
Les râteliers inclinés en avant et proémi- tion d'aptitude à rendre, le plus de services
nens au-dessus delà tète des animaux, pré possible : elle doit avoir pour but de fournira
sentent l'iuconvénient de laisser tomber dans la machine vivante les matériaux nécessaires
la mangeoire et sur leur crinière la poussière à son entretien, et de donner, pour ainsi dire,
des fourrages qu'ils contiennent; ils sont en à ses ressorts, le degré de trempe et de soli
outre moins commodément disposés pour le dité en rapport avec les forces qu'elle doit
cheval. Ils ne doivent donc être employés développer pour mouvoir les résistances. *
que lorsque l'exiguité de l'espace force de La question que nous avons à résoudre est
renoncer aux premiers. donc celle de savoir quel est le mode d'ali
2° L'auge de la mangeoire est une espèce de mentation le plus convenable au cheval de
canal de 15 pouces de profondeur sur 1 pied travail, pour l'entretenir en état de santé et
de largeur et fermé par ses 2 bouts. Le bord lui donner les forces et l'énergie nécessaires
supérieur de sa paroi antérieure est élevé au- à l'exécution des services qu'on exige de lui.
dessus du sol de 3 pieds 3 ou 4 pouces envi Nous allons examiner si le mode d'alimen
ron. On peut la construire en bois ou en tation actuellement adopté est convenable, et
pierre; les auges de bois sont les plus ordi s'il en est un autre qu'il faille lui préférer.
naires, les planches qui les forment doivent
être épaisses, dures, résistantes et tellement A. De Falimentation actuelle du cheval.
bien assemblées qu'il n'y aitentre elles aucun
espace dans lequel les alimens mouillés L'alimentation actuelle du cheval de travail
puissent séjourner et fermenter. Il est aussi a pour base la paille, le foin, le son et prin
nécessaire que le bord supérieur de la paroi cipalement l'avoine.
antérieure soit garni d'une plaque de fer ou 1° La paille. De toutes les pailles des gra
de zinc qui le protège contre la dent des che- minées, celle du froment est la plus usitée
pour la nourriture du cheval, parce que de
Les auges de pierre ont sur les premières toutes elle est réputée la plus alimentaire et
l'avantage d'être tout d'une pièce, d'offrir qu'il la préfère à toutes les autres.
plus de résistance à la dent des chevaux, d'im Les propriétés alimentaires de la paille de
perméabilité aux liquides, et enfin d'être froment sont démontrées par l'expérience,
plus faciles à nettoyer. Mais le prix trop con coutradictoirement à l'analyse chimique. Les
sidérable que demande leur construction leur chimistes n'ont en effet trouvé dans la paille
fait le plus souvent préférer les auges de que 2 pour 0/0 de principes nutritifs, et ce
bois. pendant, en Angleterre, on nourrit exclusi
Le plus ordinairement les mangeoires se vement avec de la paille les vaches qui ont
trouvent soutenues contre le mur de l'écurie cessé de donner du lait. En Pologne, et dans
au moyen de pieds-droits ou de consoles es le midi de l'Europe, elle est l'unique aliment
pacés de distance en dislance; en sorte qu'en des chevaux, des ânes, des mulets et des bœufs
tre leur faceinférieure et le terrain il existe un qui ne travaillent pas; ce qui implique évidem
espace libre dans lequel lus palefreniers ran ment la fausseté de l'analyse. Enfin, en 1830,
gent chaque matin la litière des chevaux. on a renouvelé les essais faits au sir'ge de
Cette disposition des mangeoires peut Carcassonne du temps de la ligue par Envert
avoir des résultats fâcheux. 11 arrive quel de Champaigne, et ou est parvenu à extraire,
quefois, en effet, que les chevaux étendus par la mouture, de. la paille de froment une
sur leur litière engagent leur tête dans cet farine bise analogue, par sa saveur et par ses
intervalle vide.etqu'en se relevant ils la heur propriétés, à la farine des grains de ble.
tent avec violence contre le bord inférieur La paille se donne en botte, broyée ou ha-
AcmcuLTunE. 129"" livraison. TOME II.— 54
496 ANIMAUX DOMESTIQUES : DES ' HEVAUX
L'avoineET
doitDE
se donner
LEUR auÉLÈVE,
cheval deliv.
travai
tu.I
chée. En botte, la paille n'est jamais mangée
en totalité par les animaux dont elle n'est pas à la dose d'un boisseau par jour (13 litres ), et
l'unique aliment. Ils choisissent parmi les ti même d'un boisseau 1/2 s'il est de forte taille
ges les plus succulentes ou les plantes four et si ses travaux sont rudes.
ragères dont elles sont toujours entremêlées, Le cheval de travail doit faire trois repas par
et foulent aux pieds le reste pour leur servir jour : un le matin, le second à midi, et le troi
de litière ; broyée par les procédés d'égrenage, sième le soir. Les repas du matin et du soir
elle est d'une mastication plus facile et man consistent en une botte de paille, 1/2 botte de
gée en plus grande quantité; enfin, hachée et foin et 1/3 de boisseau d'avoine; et celui de
mêlée au son ou à l'avoine, elle est mangée en midi, en une botte de foin et 1,3 d'avoine.
presque totalité, et fournit à l'appareil digestif Teiles sont les substances qui de tout temps
bien plus de matériaux nutritifs, car elle y est ont servi à l'alimentation du cheval, et y
soumise à une élaboration beaucoup plus par servent de nos jours encore. Ces substances
faite; c'est donc sous cette dernière forme semblent, en effet, être les plus convenables,
qu'il convient de donner la paille. Sa quantité non-seulement parce qu'elles sont riches en
par jour est de deux bottes ou environ 15 li principes nutritifs, mais encore parce que, sé
vres. journant longtemps dans le tube intestinal,
2° Du foin. Le foin est pour le cheval de tra elles maintiennent ses fonctions toujours en
vail un excellent aliment dont il est fort activité, empêchent le sentiment de la faim
avide. Il est très-riche en matériaux nutritifs de s'y manifester, et le lestent pour ainsi dire
et présente en outre l'avantage de servir de jusqu'à ce qu'elles aient subi une complète
lest
Onauxle donne
organesà la
digestifs.
dose de 15 à 20 livres par élaboration. J'explique ma pensée : — le tube
intestinal des animaux herbivores jouit de la
jour. propriété de convertir en substances animales
3° Du.ion. Le son est de tous lesalimens du les produits du règne végélal qui servent à
cheval de travail le moins propre à entretenir l'alimentation. Mais comme par leur nature
ses forces, parce qu'il est peu riche en prin ces produits résistent longtemps à l'élabora
cipes nutritifs, depuis que par lamouture elle tion digeslive, le canal intestinal des herbi
blutage actuels, la proportion de farine que vores présente de nombreux replis, de vastes
lui laissaient les anciens procédés n'est plu», réservoirs dans lesquels ils doivent long
que de 20 pour 0/0; aussi les animaux qui s'en temps séjourner pour y subir cette élabora
nourrissent principalement sont-ils mous, et tion, en vertu de laquelle ils sont chynufiés et
peu capables de suffire à de pénibles tra animalisés. Il est donc dans les lois naturelles
vaux. que les intestins des herbivores soient tou
Ajoutons que cet aliment est susceptible jours remplis et en quelque sorte lestes par
de fermenter facilement dans l'intérieur du les matières qui servent à leur alimentation.
tube intestinal, de s'y agglomérer en pelotes Si cette condition n'était pas satisfaite, l'état
et d'occasionner des indigestions très-redou de vacuité du tube intestinal donnerait nais
tables. Pour ces motifs le son ne doit entrer sance au sentiment de la faim et à la faiblesse
qu'en très-petite proportion dans la ration musculaire qui l'accompagne.
journalière du cheval de travail, et la quan Ceci étant posé, examinons si l'alimenta
tité qu'on lui accorde doit toujours être tion pauaire est susceptible de remplacer la
mouillée ou tenue en suspension dans les paille, le foin, l'avoine et le son dans l'ali
boissons. Mêlé avec l'avoine ou la paille ha mentation du cheval de travail.
chée, le son est d'une digestion plus facile.
4° De l'avoine. L'avoine est l'aliment par ex B. De l'alimentation panaire proposée pour
cellence du cheval de travail, celui dont il est les chevaux.
le plus avide, et qui, parles propriétés exci
tantes dont il jouit à l'état de crudité, est le On a proposé l'alimentation panaire pour
plus propre à lui donner de la force et de l'é le cheval, parce que dans les années stériles
nergie; aussi, de tout temps, ce grain a-t-il ou pluvieuses, lorsque les récoltes d'avoine et
été employé presqu'à l'exclusion de tout autre de fourrages sont peu abondantes ou de mau
pour l'alimentation des chevaux destinés à des vaise qualité, la hausse du prix de ces den
services qui exigent un grand déploiement de rées est pour le propriétaire de chevaux la
forces. > source d'un très-grand surcroît de dépenses.
L'action de l'avoine sur l'économie du cheval C'est donc dans un but économique qu'on a
est une action toute spéciale, dont on a cher tenté s'il ne serait pas possible de substituer
ché l'explication par l'analyse chimique. Elle à l'avoine, dans l'alimentation du cheval, des
a démontré dans ce grain une proportion peu substances qui pussent jouir de ses propriétés
considérable de principe féculent eu égard aux nutritives sans être aussi dispendieuses.
propriétés nutritives dont il jouit (59 pour 0,0 Les pains proposés pour remplir ce but sont
seulement), de la gomme, du Micre, et enoutre composés de différentes farines de graminées,
«Kponr 0/0 de gluten, et dans son écorce un de légumineuses ou de solanées, associées à
principe aromatique auquel on attribue les un condiment dont ou forme une pâle fer-
effets qu'il produit sur l'organisme du cheval. menlée et que l'on cuit au four.
Peut-être que les propriétés de l'avoine doi On a dit 1° que ces pains présentaient l'a
vent être attribuées, non-seulement au prin vantage d'être beaucoup plus digestibles pour
cipe stimulant qu'elle contient, mais aussi à l'estomac du cheval, parce que la fermenta
ce que le sucre que l'analyse y démontre tion panaire avait rendu plus facilement as
éprouve, dans l'appareil digestif, une véritable similables les substances qui entraient dans
fermentation en vertu de laquelle il est con leur composition ; 2* qu'ils renfermaient dans
verti en alcool ? un poids donné plus de substances nutritives
OKAP. S. DES SOINS A DONNER AU CHEVAL. 427
que dans le même poids d'avoine en grain, et Les pains qui servirent pendant quelques
que conséquemment il y avait avantage à rem mois à l'alimentation des chevaux dans plu
placer 12 livres d'avoine par 8 livres de pain; sieurs grands établissemens de Paris, n'avaient
3° enfin qu'ils étaient aussi excitans que l'a pas tous la même composition.
voine, puisqu'il entrait du sel dans leur com Les plus employés lurent les pains dits feu-
position; et à tous ces avantages on a ajouté lard, du nom du boulanger qui les fabri
celui de l'économie. quait.
L'économie est évidente, comme on le verra Ils étaient composés avec beaucoup de fa
Îilus loin, mais il n'en est pas de même pour rine d'avoine, un peu de farine d'orge, un
a réalité des avanlages que nous venons de peu de farine de féveroles, de la farine de
citer. froment de bonne qualité, et un peu de sel.
Et, en effet, si on se rappelle ce que nous Ces farines, non blutées, étaient mouillées,
avons dit tout à l'heure sur la nécessité de la manipulées pour former une pale fermentée,
présence continuelle, dans le tube intestinal que l'on cuisait au four sous la forme de pains
des herbivores, d'une certaine quantité de ma convenablement desséchés. Ces pains ou tour
tières alimentaires qui lui servent de lest, on teaux pesaient 4 kilog. Pour les donner aux
verra qu'il y a plutôt inconvénient qu'avan chevaux, on les coupait par morceaux et on
tage à donner au cheval des aliineus qui, les leur faisait manger, soit isolément, soit
peu volumineux et rapidement digérés, lais avec de l'avoine; quelques chevaux les refu
seront les intestins vides et inactifs. Le senti saient les premiers jours, puis ils finissaient
ment de la faim se développera rapidement, par les manger avec plaisir et avidité, surtout
et fera perdre au cheval de sa force et de son les vieux chevaux qui les préféraient aux
courage. Celle assertion est si vraie, que, dans grains d'avoine.
ces pays où l'alimentation panaire est depuis Un tourteau du poids de 4 kilog. devait rem
longb-mps en vogue, les chevaux doivent être placer la ration de 12 livres d'avoine de pre
alimentés sur les roules à des intervalles très- mière qualité ou un boisseau.
rapprochés pour être capables de suffire à L'économie que le propriétaire obtenait de
leurs services. cette alimentation était évidente : le boisseau
Disons maintenant que le sel est loin de d'avoine était veudu 1 fr. 20 c.
jouir des propriétés spécifiques du principe Les 4 kilog. de tourteaux coû
stimulant de l'avoine, et qu'à cet égard le pain taient 0 72
ne saurait la remplacer ; ajoutons enfin que
si le pain renferme sous un volume donné L'économie était par jour de 0 fr. 48 c.
plus de principes nutritifs que l'avoine (chose en supposant la ration journalière d'un bois
qui est loiu d'être prouvée), il contient aussi seau.
une quantité d'eau beaucoup plus considé M. Dailly, inaitre de poste de Paris, fit fa
rable (dans le rapport de 4 et même de 5 à 1), briquer des pains qui étaient composés de
et qu'a cet égard il doit être considéré comme 1/3 île résidu de marc de pommes de terre et
un aliment aqueux et débiliLaul pour l'écono 2/3 de farine quatrième qualité, avec un mé
mie du cheval. lange de balles de blé ou de paille hachée et
Il est donc inadmissible de croire que le un peu de sel.
pain puisse remplacer l'avoine dans l'alimen Deux livres de ce pain coupé en morceau
tation du cheval, puisque, loin de favoriser remplaçaient un quart de la ration d'avoine, et
comme celte dernière le développement mus un autre quart de cette ration était remplacé
culaire, il agira comme tous les alimens aqueux par un quart de boisseau de seigle gonflé
et nutritifs en portant son action sur le déve dans l'eau et conséquemment plus volumi
loppement de la graisse. neux. En sorte que la ration de chaque che
Examinons, du reste, les résultats de l'ex val consistait en 1/2 boisseau ou 6 livres d'a
périence. voine, 2 livres de pain, et 1/4 de boisseau de
Déjà depuis plusieurs années en France et seigle, plus une botte de foin et une botte de
dans plusieurs autres pays, l'alimentation pa paille.
naire avait été tentée pour les chevaux avec L'économie était pour chaque cheval de
plus ou moins de succès; en 1826, M. Dah- 30 c. par jour et de 109 fr. 50 c. par an.
bla-y proposa, pour nouvelle nourriture des Ces pains associés à une partie de la nour
Chevaux, un pain composé de 1/3 de farine riture ordinaire ont formé pendant plusieurs
bise de froment, 1/3 de farine de féveroles, mois, dans quelques grands établissemens de
1/3 de farine d'orge; il le donna à la dose Paris, l'alimentation des chevaux employés à
de 4 kilog. par jour pendant deux mois à deux leur exploitation, mais les effets qu ils pro
chevaux de poste, déjà vieux et uses, et sous duisirent bientôt sur leur constitution ne
■ce régime ils purent résister au travail le tardèrent pas à déjouer les espérances qu'on
plus rude de la poste; enfin, en 1829, on essaya avait pu concevoir tout d'abord. Dans les pre
il l'école d'Alfort de nourrir trois chevaux de miers mois, en effet, où l'alimentation panaire
troupe avec du pain composé de parties égales fut essayée, le succès parut en couronner la
de farine de féveroles, de seigle, et de fro tentative : sauf quelques signes de mollesse
ment de quatrième qualité; le pain étaitdonné que donnèrent les animaux dans les premiers
à la dose de 4 kilog. par jour, moitié le matin, jours, ils conservèrent pendant longtemps
moitié le soir, et au bout de plusieurs semai sous ce régime la vigueur et l'énergie néces
nes, il rendit les chevaux plus mous et plus saires à l'exécution de leurs services, et les
aptes à suer. propriétaires eurent à se louer de notables
Mais ce n'est qu'en 1834 que l'expérience a économies dans le budget de leurs dépenses.
été faite en grand à Paris et d'une manière Mais lorsqu'à la longue la constitution des
tout à fait décisive. chevaux eut été profondément modifiée sous
428 ANIMAUX DOMESTIQUES : tout
DU àHARNACHEMENT.
fait irréparable et qui finirent nv.
par suc
Ht.
cette influence alimentaire, ils tombèrent
alors dans un tel état de faiblesse et de mai comber victimes des maladies adynaraiques,
greur, qu'ils se trouvèrent dans l'impossibilité
de la morve ou du farcin. (Voy. Bec. vét. 1834,
âu'ils
absolueeussent
de continuer
recouvré
leurs
leurs
services
forcesjusqu'à
sous l'in-
ce
mémoire de O. Delafond.)
L'expérience est donc d'accord avec la théo
uence de l'ancien mode d'alimentation. Tous, rie pour démontrer que l'alimentation panaire
cependant, ne revinrent pas de l'atteinte pro est non-seulement insuffisante à la nutrition
fonde portée à leur constitution; il y en eut du cheval de travail, mais encore nuisible à sa
un grand nombre chez lesquels le mal fut santé. H. Boulet.
Les grands animaux ^domestiques ont été tance, puisqu'elle entre comme donnée essen
comparés, avec raison, à de puissantes machi tielle dans la solution de cet important pro
nes dont les forces sont utilement employées blème de mécanique : Etant donnée la force
par l'homme pour vaincre les résistances, sur d'un moteur animé, luifaire exécuter avec le
monter les obstacles et imprimer aux masses moins de perte possible le déplacement d'une
inertes des mouvemens de translation. Ainsi, résistance.
dans nos campagnes, associés à la charrue Avant de donner les règles que l'on doit
dont ils sont les moteurs, le bœuf ou le che suivre dans la confection des harnais, nous
val creusent les sillons du labour : dans les devons indiquer les noms, la forme et les usa
Ïiays riverains, les chevaux ont été longtemps ges des différentes parties qui entrent dans le
es" seuls inslrumens au moyen desquels harnachement des animaux, et rappeler en
l'homme est parvenu à vaincre la résistance même temps la description des régions anato-
constante du courant des fleuves, que les miques avec lesquelles ces parties se trouvent
seuls efforts de ses rames auraient difficile en rapport.
ment surmontées: enfin, dans la plupart des
contrées de France, aujourd'hui même encore, § 1er.— Du harnachement du cheval de trait.
les chevaux, les bœufs, les ânes et les mulets,
sont les seuls moteurs des machines employées
au transport par terre des marchandises qui Trois appareils distincs par le but qu'ils doi
alimentent le commerce de nos villes. Pour vent remplir constituent le harnachement du
utiliser avec efficacité ces puissans moteurs, cheval de trait (_fig. 251) : le 1", le plus essen-
et appliquer leurs forces avec le moins de perte Fig. 251.
possible contre les résistances qu'elles doi
vent vaincre, on a imaginé différens appareils
dont les uns, les harnais, ne sont pour la plu
part que des moyens de transmission de l'ac
tion des premières aux secondes, et les autres,
les voitures, les chariots et les différens mo
des de charroi, sont destinés à faciliter par
leur mécanisme le déplacement des masses.
Le but que nous nous proposons dans cet
article est de rechercher quel est, dans les
différens services de nos grands animaux, le
mode de harnachement, le plus favorable à
l'entier développement de leurs forces.
Section i". — Des harnais.
Les harnais sont ces divers appareils que
l'on adapte sur le corps des animaux domes tiel , est destiné à faire exécuter le tirage, c'est-
tiques, dans le but principal de les gouver à-dire à transmettre à la voiture le mouve
ner et de leur /aire exécuter le déplacement ment en avant communiqué par le cheval ;
d'une résistance, soit par le tirage, soit par le second imprime les mouvemens en arrière,
le transport à dos : quelques-unes de leurs et permet à ranimai des'opposer dans les des
parties accessoires servent à les préserver de centes à la trop grande vitesse, que le fardeau
la piqûre des insectes, et des effets de la tem peut acquérir en obéissant par son propre
pérature. poids à la pente du terrain ; le troisième enfin
Les harnais peuvent (•ivc considérés comme
les agens essentiels de relation entre les mo sert seulement à gouverner les animaux.
teurs animés et les masses qu'ils doivent dé
placer, ou en d'autres termes, comme les § II. — De l'appareil du tirage. ;
moyens d'i pplication des forces motrices à la
résistance qui leur est opposée; aussi leur con La partie essentielle de l|appareil du tirage
fection raisonnée et leur adaptation sur le est le collier dont les accessoires sont les traits,
corps des animaux est-elle d'une haute impor le surdos, lesfourreaux et la ventrelle.
p. 9. DES H ULN.VIS.
est dit coupé, et les deux attelles, susceptibles 429
A.Le collier (fig. 252, 253 et 854) est un har-
Fig. 252. Fig. 253. Fig. 254. de s'écarter l'une de l'autre, sont maintenues
rapprochées, lorsque le collier est en place,
au moyen d'une tige de fer qui passe de l'une
à l'autre.
Les attelles de fer sont formées simplement
par une tige de fer cylindrique, à laquelle on
imprime la courbure ovalaire du collier, et
nu on loge dans la rainure. Elles n'ont pas
d'oreilles, et portent seulement deux anneaux
de chaque côté, l'un en haut pour le passage
des guides, l'autre au niveau du milieu de
l'épaule pour l'attache des traits.
On a coutume de recouvrir la tête du col
nais à jour, ovalaire, qui entoure exactement lier d'une housse de peau de mouton, ou sim
l'extrémité inférieure de l'encolure et se pro plement de cuir tanné et verni, pour empê
longe de chaque côté sur les épaules. 11 est for» cher, dans les temps pluvieux, les coussins
mé de deux parties principales, les coussins de s'imbiber d'eau et de se détériorer. Cette
et les attelles. housse, en se prolongeant sur le dos de l'ani
Les coussins F sont deux bourrelets qui ont mal, le protège contre la pluie et le soleil.
pour base profonde des tiges de paille étroite Anatomie des régions sur lesquelles porte le
ment réunies et serrées de manière' à former collier. Le collier s'applique à la partie posté
un faisceau résistant; du côté interne, la toile rieure de l'encolure, en avant des épaulés, du
ou le cuir qui les revêt est rembourré par garrot et du poitrail ; il appuie de chaque côté,
des crins ou de la laine destinés à rendre plus par ses coussins, sur les masses musculaires
doux leur contact avec le corps de l'animal. saillantes qui revêtent et protègent le rayon os
Réunis l'un à l'autre inférieurement, suivant seux de l'épaule (scapulum), et l'articulation de
une courbe qui ceint le bord inférieur de cette région avec le bras (pointe de l'épaule).
l'encolure, ils font supérieurement leur jonc Eu haut il se trouve en rapport, à l'angle de
tion à angle très-aigu, et se prolongent au- jonction de ses coussins,avec le bord supérieur
dessus du sommet de cet angle en un cône D, de l'encolure, qui a pour base analomique
nommé téte du collier. On reconnaît à ces un tissu de nature fibro-graisseuse, et une
coussins deux faces et deux bords. La face in production ligamenteuse de couleur jaune
terne est arrondie et souple au toucher; la étendue de la nuque au garrot (ligament cer
face externe présente, sur son bord antérieur, vical); enfin, en bas, le collier se trouve dans
une saillie cylindrique qui suit tout le con la plan médian, au dessus de l'appendice an
tour du collier, dont elle forme la verge; en térieur du sternum, en rapport avec le con
arrière de cette verge elle offre une rainure duit aérien à son entrée dans la poitrine et de
profonde destinée à loger les attelles, et enfin chaque côté, avec les gros vaisseaux, carotides
derrière cette rainure.les coussins présentent et jugulaires, qui envoient le sang au cerveau
un renflement qui la limite. — Le bord anté et le ramènent au cœur.
rieur est droit et parallèle à la verge, le bord Il résulte de cet aperçu que, sur les parties
postérieur, mieux garni et plus épais, décrit supérieures des épaules', lecollier ne se trouve
une courbe dont la convexité est postérieure : en contact avec aucun organe essentiel, et que
du reste, la forme de cette courbe varie sa pression ne peut avoir aucune conséquence
comme nous l'indiquerons ailleurs, suivant fâcheuse, puisque le rayon osseux, qui seul
le service du tirage auquel est employé l'ani pourrait en souffrir, est suffisamment pro
mal. tégé par les coussins musculaires. Mais il
Les attelles du collier ( A. B) peuvent être n'en est pas de même pour les parties infé
de bois ou de fer; elles ont pour usage prin rieures de ces régions, pour le garrot et pour
cipal de donner attache aux traits. le poitrail ; et en effet, la pression trop forte
Les attelles de bois sont deux planches du collier au-dessus de la pointe de l'épaule
fixées verticalement par leur bord interne peut non-seulement gêner la liberté desmou-
concave, dans les rainures des coussins. Leur vemens de ce rayon, mais encore en excorier
extrémité supérieure dont la forme varie sui la peau, et faire développer dans son tissu des
vant les pays, est rejetée en dehors de chaque tumeurs difficilement curables; le contact
côlé de la tête du collier, et reçoit le nom a'o- du collier sur le bord supérieur de l'enco
reilles; elles sont toujours inunies d'anneaux lure peut occasionner des blessures que la
dans lesquels passent les rênes. présence du ligament cervical rend longtemps
La partie de l'attelle qui correspond au mi rebelles à la guérison ; enfin, les compressions
lieu de l'épaule est percée d'une ouverture exercées sur le conduit aérien et sur les gros
rectangulaire, destinée à loger une forte vaisseaux dont nous avons parlé, peuvent être
courroie repliée en arrière, en une anse ou suivies d'accidens très-funestes.
bracelet B dans laquelle s'attachent les traits. De là découlent des indications pour la
La partie inférieure de l'attelle, recourbée confection du collier que nous donnerons
en sens inverse de la partie supérieure, est plus tard, en énonçant les règles qui doivent
unie à l'attelle opposée d'une manière fixe ou y présider.
mobile ; dans le premier cas, les attelles sont B. Désira its. Les traits sont les liens qui unis
réunies, soit au moyen d'une courroie passée sent le collier à la voiture : ils ont pour usage
dans des ouvertures dont elles sont percées, de transmettre le mouvement du moteur
soit air moyen d'une lame de fer vissée sur animé à la résistance qu'il doit déplacer. Pla
l'une et l'autre; dans le second cas, le collier cés de chaque côté du corps de 1 animal, ils
430 ANIMAUX DOMESTIQUES : DU HARNACHEMENT. fcW . Bi
s'attachent d'une partait bracelet de l'attelle, partie du harnais est maintenue dans sa posi
de l'autre à la voiture on à son palonnier, et tion par plusieurs courroies ON nommées
sont maintenus dans leur position et leur di barres de[fesses ou bras de dessus, qui recou
rection par le surdos, le Jaux surdos, leJour- vrent les fesses, s'entre-croisent sur la croupe
reau et la ventrelle. Ils peuvent être en cuir, et se réunissent, soit à une sellette placée sur
en chanvre ou en fer. la croupe et analogue par sa forme au mante
Le surdos ou porte-trait est une large cour let de la bricole, soit simplement à un bras
roie, placée tranversalement sur le dos de l'a de dessus plus fort qui passe sur la croupe.
nimal, et destinée à soutenir les traits. Il Cette sellette ou ce bras de dessus sont
porte à ses extrémités libres un étui en cuir ou fixés, dans leur position, en avant par une
fourreau qui sert à les loger, et à protéger de courroie qui l'unit au collier ou à la sellette
leur frottement les parties de la peau qui du limon quand elle existe, et en arrière par
pourraient y être exposées. la croupière, bourrelet de cuir garni de crins,
On appelle ventrelle une courroie pour qui passe, en décrivant une anse, sous la queue
ainsi dire antagoniste du surdos, qui passe de 1 animal, et s'attache, par ses deux extré
sous la poitrine en arrière des membres anté mités réunies en une seule, soità la selle d'a-
rieurs et s'attache de chaque côté aux traits, valoire, soit au surdos du harnais.
qu'elle empêche de remonter. Régions anatomiques en rapport avec Vava
Le faux surdos et le faux fourreau ont les loire. Le reculement de l'avaloire se trouve
mêmes usages que les deux appareils du même en rapport, dans toute sa partie postérieure,
nom que nous venons de décrire, et en diffè avec les gros muscles fessiers, pour lesquels
rent seulement par leur position sur les ré sa pression ne saurait être douloureuse. En
gions des reins et des cuisses. avant, les anneaux de fer sont immédiatement
C. De la bricole. La bricole est un appareil placés sur les flancs, dont la peau se trouve
de tirage beaucoup plussimple que le collier; protégée de leurs frottements par une large
elle est essentiellement constituée, par une plaque de cuir nommée garde-flancs.
large bande de cuir, formée de plusieurs cou La sellette de l'avaloire, placée sur la ré
ches superposées qui ceint le poitrail du che gion des reins, appuie sur des parties qui pré
val et se termine à ses deux extrémités, en sentent les mêmes considérations anatomi
arrière des épaules, par un gros anneau de ques que les régions sur lesquelles pose le
fer auquel viennent s'attacher les traits. mantelet; elles ont en effet pour base, comme
Celte bande, nommée poitrail, est mainte ces dernières, les éminences osseuses des ver
nue en place par des courroies, le plus souvent tèbres surmontées d'une production ligamen
au nombre de quatre, deux de chaque côté. teuse; mais elles présentent cependant cette
Les premières s'attachent en arrière de la différence, que les éminences dans cette ré
pointe de l'épaule, les secondes à l'anneau et gion font une saillie moins prononcée au-des
elles viennent toutes aboutir à un coussin sus des masses musculaires qui les longent de
nommé mantelet, placé en arrière du garrot. chaque côté, et que conséquemment elles sont
Les parties accessoires de la bricole sont moins immédiatement ex posées à être blessées
les mêmes que celles du collier. par le contact du harnais.
Anatomie des rrgions sur lesquelles appuie
la bricole. Lorsque la bricole se trouve en § IV. — De l'appareil de gouverne.
position, elle appuie par toute la partie anté
rieure de son poitrail, sur le poitrail de l'a brideOn ,gouverne
les guidesles
et les
chevaux
rênes. de trait avec la
nimal, au-dessus du sternum, au niveau de
l'entrée, dans le thorax, des conduits aériens 1° De la bride (ABC fig. 251 ). Deux parties
et vasculaires, et de chaque côté sur la pointe distinctes entrent dans as la romposilioh de la
saillante des épaules. En arrière, elle n est en bride : l'une, le mors, se place dans la bouche
contact qu'avec les grosses masses musculaires de l'animal, et sert à le conduire; l'autre, la
situées dans l'angle scapulo-huméral. monture, entoure la tête et soutient la pre
Le mantelet de cet appareil s'appuie en ar mière.
rière du garrot à l'origine de la région dorsale Le mors, agent essentiel de la sujétion du
qui a pour base anatomique, dans le milieu, cheval, est bien plus compliqué et joue un
les éminences des vertèbres dorsales recou rôle bien plus important dans le harnache
vertes à leur sommet par une production li ment du cheval de selle que dans celui du
gamenteuse blanche, dont les lésions ont tou cheval de trait. Le mors de ce dernier est le
jours des conséquences très - lâcheuses. plus souvent constitué par un cylindre de
fer (embouchure du mors) ou même seule
§ III.— De l'appareil du reculer. ment de bois, renflé à ses deux bouts, qui
prennent le nom de canons du mors, et ré
Vavaloire (OPM fîg. 251) est la partie tréci dans son milieu où quelquefois il pré
essentielle de cet appareil; elle a, pour la sente une courbe appelée liberté de langue,
forme, une grande analogie avec la bricole, parce qu'elle est destinée à permettre les
car elle est, comme cette dernière, essentiel mouvemens de cet organe. A chacun de ses
lement constituée, par une large bande de deux bouts il est muni, soit simplement d'un
cuir M, identiquement semblable au poitrail, anneau destiné à l'attache de la monture et des
et qui par sa position ou son usage reçoit guides, soit d'une tige de fer qui lui est unie
le nom de Jesxière ou de reculement. Cette à angle droit. Cette tige ou branche du mors
fessière est terminée à chacune de ses extré est droite, munie à son extrémité supérieure
mités par un gros anneau de fer, auquel est d'une ouverture (œil du mors) destinée à don
attachée une chaîne ou courroie, appelée ner attache aux montans de la bride, et à sa
chaîne o\x courroie de reculement. Toute cette partie inférieure de deux anneaux, l'un placé
DES HARNAIS. 431
au niveau de l'embouchure et destiné à fixer fications, conséquences nécessaires de la dif
les rênes, l'autre à l'extrémité de la branche, férence des services auxquels ils doivent
pour l'attache des guides. satisfaire.
Régions anatomiques. Le mors prend son § V. — Du harnachement du cheval limonier.
point d'appui principal et exerce son action
sur les barres, régions qui ont pour base le Le harnachement du cheval limonier dif
bord supérieur tranchant du maxillaire et la fère principalement du harnachemeut du
membrane muqueusi: qui la,recou\re. cheval de trait par l'addition d'un appareil
La monture. Les parties constituantes de particulier destiné à lui faire porter les li
la monture sont la têtière, les montant, les mons de la voiture. Cet appareil est constitué
œillères ou aboutoirs, le frontal, la sous-gorge par la selle de limon et la dnssière.
et la muserole ou cache-nez. 1" De la selle de limon(fg.2bà et BJfg.SSi).
3 niLapasse
têtière
en est
arrière
la partie
des oreilles
élargiesur
delalanuque
bride
Fig. 255.
e l'animal. Ses deux extrémités sont décou
pées en deux lanières, l'une plus large qui
fait suite aux montans et qui est percée de
trous destinés à recevoir 1 ardillon de leur
boucle; l'autre plus étroite qui, en s'unissant
par une boucle à sou opposée, l'orme la sous-
gorge, ainsi nommée de ce qu'elle passe sous
la ganache et ceint la gorge de l'animal.
La têtière s'appuie sur une région qui a
pour base l'articulation de la première ver
tèbre avec la tète, l'origine du ligament cer La selle de limon est un harnais contourné
vical, et les tendons terminaux des muscles sur lui-même, de manière à pouvoir s'adap
de l'encolure ; rien n'est plus rebelle à la ci ter sur le dos de l'animal, qu'il doit servir à
catrisation que les blessures de cette ré protéger des frottemens de la dossière.
gion. Sa charpente en bois, nommée arcon ou fût
Les montons sont les deux parties de la (Bfig. 255), est formée de deux pièces con
bride placées de chaque côté sur les joues, caves, réunies l'une à l'autre par leur partie
entre la têtière en haut à laquelle ils s'unissent supérieure du côté de leur concavité, et main
par une boucle qu'elle porte, et en bas l'œil du tenues fixées ensemble par un corps aggluti-
mors, daus lequel ils passent. Au niveau de natif et des clavettes de fer.
l'œil de l'animal, chaque montant porte une Cet arçon porte sur sa face extérieure con
plaque de cuir carrée ou ovalaire (œillère) vexe en avant et en arrière, deux croissans en
destinée à empêcher le cheval de diriger ses bois FF nommés courbes qui, par leursaillie,
regards en arrière ou sur les côtés. interceptent entre deux une gorge profonde
Le frontal se place sur le front en avant des (siège de la selle de limon) dans laquelle se
oreilles. Muni, à chacune de ses extrémités, place la dossière. Toute cette surface exté
d'une anse dans laquelle passent les deux rieure de la selle est revêtue d'un cuir épais,
grandes lanières de la têtière, il a pour usage qui, en se prolongeai! t de chaque côté en bas de
d'empêcher cette partie de se porter en ar l'arçon, forme les quartiers EE. A sa face in
rière de la nuque sur le bord supérieur de terne concave l'arçon est muni de chaque
l'encolure. côté d'un coussin ou panneau AA, rembourré
La muserole ou cache-net est la lanière de de crin ou de laine, par lesquels doit s'établir
cuir qui passe sur le chanfrein, et embrasse le contact de la selle avec le corps de l'ani
dans les anses de ses extrémités la partie in mal.
férieure des deux montans qu'elle maintient La selle de limon est maintenue 'dans sa
sur les joues. Cette muserole est elle-même position au moyen de la sangle, large courroie
fixée en place par des courroies qui se croi de cuir qui passe sous le ventre de l'animal et
sent en x sur le front et vont s'attacher au qui s'attache par ses deux extrémités, décou
frontal. Sa forme peut varier. pées chacune en deux lanières, aux contre-
2° Des guides. Les guides sont les cordes de sanglons ou petites courroies situées de
chanvre, ou les longues et étroites lanière de chaque côté sous les quartiers de la selle.
cuir, qui s'attachent par un de leurs bouts Cette union se fait au moyen de boudes que
à l'extrémité de la branche du mors, et par portent les extrémités de la sangle.
l'autre sont tenues dans la main du conduc Actuellement à Paris, au lieu des selles de
teur ou à proximité de sa main. Elles sont un limon, trop pesantes et trop volumineuses, on
des moyens dont il se sert pour transmettre fabrique des sellettes, dites sellettes à la
aux chevaux sa volonté. française ( HI fig. 251). Cette sellette diffère
3° Les rênes (A fig. 251) sont deux lanières de la selle de limon par sa forme plus élé
de cuir, qui, destinées à soutenir la tète du gante, par le poids beaucoup moindre de
cheval, s attachent par leur extrémité infé son arçon, par ses dimensions plus exiguës et
rieure aux anneaux de l'embouchure du aussi par la forme particulière de sa face ex
mors, et par leur extrémité supérieure sont térieure qui, au lieu de courbes volumi
réunies à la tête du collier. neuses, porte seulement deux saillies do
Tels sont en général les noms, la forme et figure ovalaire, tronquées perpendiculaire
les usages des différentes parties du harna ment du côlé par lequel elles correspondent,
chement d'un cheval de gros trait. D'après le et interceptent entre leur troncature une
rang qu'occupent les animaux dans les atte rainure de la largeur de la dossière qu'elle est
lages, le harnachement subit quelques modi destinée à loger.
432 ANIMAUX DOMESTIQUES : DU HARNACHEMENT. viv. lu.
2° De la dossière ( I fig. 251'). La dossière plates-longes, qui, accolées aux traits, passent
est une bande de cuir, très-large et très-forte, dans leurs fourreaux, et vont se fixer aux
dont les deux bouts repliés sur eux-mêmes crochets qui les terminent.
forment deux anses destinées à soutenir les Cet appareil de reculer est très- important
branches du limon. Elle se place sur le siège dans le harnachement du cheval de cheville,
de la sellette et transmet au cheval tout le parce qu'il permet de l'utiliser dans les des
poids de la voiture. centes, pour aider le limonier à arrêter par
Les deux extrémités de la dossière, qui en sa résistance la rapidité du mouvement que
se repliant forment ses anses, sont découpées, l'inclinaison du terrain fait acquérir à la voi
dans une étendue de trois à quatre pouces ture.
environ, en deux lanières, séparées par une Pour produire ces effets, le cheval de che
encoche large d'un pouce a peu près, et ville doit être attaché par ses plates-longes à
repliées chacune et cousues sur elles-mêmes, des cordes ou à des chaines disposées en ar
de manière à former deux autres petites rière du charriot. On met son avaloire en rap
anses dans lesquelles on passe un cylindre de port avec les guides, en les unissant ensemble
bois ou de fer (billot). Il résulte de cette dis au moyen 'd'une courroie que l'on boucle
position uue ouverture carrée interceptée , avec elles et qui passe dans un anneau placé
entre les deux lanières de la dossière et son en avant de la selle. En faisant par cette dis
billot, destinée à donner passage à une cour position éprouver au cheval la sensation de
roie nommée couloir de la dossière $n porte- son mors, on le détermine à s'acculer sur son
dossière, dont les deux extrémités se doublent avaloire et à opposer ainsi au mouvement de
sur elles-mêmes et se réunissent l'une à la voiture une résistance qui lui est transmise
l'autre au moyen d'une boucle qui permet par les plates-longes du reculement.
l'allongement et le raccourcissement de la Lorsque la voiture doit parcourir des pays
dossière lorsqu'ils sont nécessités pour abais montueux dont les pentes sont très-rapides,
ser ou élever les brancards de la charrette. l'appareil de reculement est indispensable
Anatomie de la région avec laquelle la sel dans le harnachement de tous les autres che
lette se trouve en rapport. La sellette prend vaux de volée, afin qu'il soit possible au con
un point d'appui en arrière du garrot sur ducteur de recourir à leur aide dans les des
toute la région dorsale dont la base osseuse, centes à pic, pour soulager le cheval de limon,
formée par la tige des vertèbres dorsales et qui sans leur secours pourrait être entraîné
les arcs des côtes, soutient de chaque côté le par la rapidité de la voiture et écrasé sous son
gros muscle (ilio-spinal) qui longe 1 épine ver poids.
tébrale et comble l'espace anguleux, résultat L'emploi des chevaux de retraite est plus
de la jonction des côtes avec les vertèbres. Il efficace dans les descentes que tous les autres
résulte de cette disposition anatomique que moyens d'enrayement que l'on met en
le corps des vertèbres et l'origine des côtes usage : et, en effet, outre qu'ils produisent le
se trouvent complétementsoustrailsà la pres même résultat que l'enrayement, ils contre
sion de la sellette, par le coussin musculaire balancent, en agissant en arrière de l'essieu,
qui les recouvre, et que le sommet seul des à l'extrémité de la voiture comme sur un
eminences épineuses est exposé par sa position bras de levier, une grande partie du poids qui
superficielle à en souffrir le contact : consi exerce sur la dossière du limonier une action
dération d'une haute importance et sur la dont l'intensité se trouve en raison directe
quelle doivent se baser les règles qui prési même de l'inclinaison du terrain. Enfin, en
dent à la confection de ce harnais. dernier lieu, ils ont pour utile effet de s'op
Le collier du cheval limonier diffère un peu poser à la violence des cahots.
du collier ordinaire, en ce qu'il ne porte pas Le harnachement des autres chevaux de
de traits, et qu'en leur place ses hracelets volée ne diffère de celui du cheval de che
soutiennent des crochets destinés à donner ville que par l'absence de l'avaloire lorsque
un point d'attache aux chaînes du limon de les accidens du terrain ne rendent pas cet
la voiture. appareil nécessaire dans la localité que par
court la voiture.
§ VU—Harnachement du cheval de cheville. § VII. — Du harnachement des chevaux dans les
attelages par accouple.
Le harnachement du cheval de cheville dif
fère du harnachement ordinaire principale Les chevaux sont dits attelés par accouple,
ment dans son avaloire : la différence de son lorsqu'ils sont attelés deux à deux pour
collier consiste seulement en ce que l'attelle traîner une voiture à deux ou à quatre roues.
gauche de ce harnais porte autant d'anneaux Le harnachement des chevaux placés de
qu'il y a de chevaux de volée, chacun de ces chaque côté du timon de la voiture dans
anneaux étant destiné à soutenir la guide cette sorte d'attelage, diffère du harnache
d'un des chevaux de devant. ment ordinaire par son collier, par son ava
Son avaloiré est différente de celle du limo loire principalement et par l'addition d'un
nier, par sa plus grande simplicité, le recule- nouvel appareil désigné sous le nom de col-
ment en est beaucoup moins fort, la selle leron ou cravate. Le collier ne présente
plus petite, et même remplacée souvent par d'autre différence que la fixité d'attache des
un bras de dessus, et les barres de fesses beau traits à ses bracelets et l'addition à ses deux
coup moins nombreuses. Au lieu d'anneaux, attelles d'un anneau nommé boucleteau, dans
cette avaloire porte aux extrémités de son lequel passentde chaque côté les plates-longes
reculement une grosse boucle , par laquelle de l'avaloire.
s'attachent deux fortes courroies nommées Quant à. la différence de ce dernier appa-
GMAS. 9. DE LA. CONFECTION DES HARNAIS. 433
reil, elle consiste en ce que les plates-longes, mens qu'il produit se trouve perdue pour la
après avoir passé dans le boucleteau, vont se résistance, par suite de la direction mal rai-
réunir toutes deux à une chaîne, qui, attachée sonnée de l'appareil qui doit la lui transmet
à l'extrémité du tin, on, transmet à la voiture, tre, il est évident que l'effet utile du moteur
soit les mouvemens en arrière que les che animé sera de beaucoup inférieur à l'effet
vaux lui impriment, soit la résistance qu'ils maximum qu'il peut produire.
lui opposent. Les règles qui président à la confection des
Lecolleron n'est autre chose qu'une bande harnais sont donc d'une haute portée, puis
de cuir qui entoure le cou de l'animal et se qu'elles conduisent directement a la solution
termine par une anse, au moyeu de laquelle de cette importante question de mécanique,
elle embrasse l'extrémité d'une barre trans que nous avons énoncée plus haut : Etant don
versale suspendue par une chaîne de fer à né un moteur animé, lui faire produire son
l'extrémité et au-dessous du timon. Cet ap ejjet maximum.
pareil est utile tout à la fois pour soutenir
les chevaux dans les descentes et pour les § I*r. — Du collier, de sa position, de sa direction,
aider à retenir la voiture r il ajoute avanta de ses dimensions et de son poids.
geusement à l'effet de l'avaloire.
Les chevaux de volée, placés en avant de la La première condition à laquelle doit satis
flèche, ne diffèrent dans leur harnachement faire un bon collier {fg. 252 et 253) est de s'a
que par l'absence de l'avaloire. dapter parfaitement sur toutes les régions
du corps avec lesquelles il est en contact ; et
$ VIII.—Du harnachement des chevaux de bateaux. comme toutes ces régions présentent des
saillies et des dépressions alternatives, il est
Le harnachement du cheval de halage dif nécessaire, pour que cette adaptation soit par
fère du harnachement ordinaire principale faite, que ses coussins soient rembourrés
ment par l'absence d'avaloire et par l'addition, d'une substance molle au toucher et facile
à son ensemble, de plusieurs parties néces ment dépressible qui leur permettent de se
saires au service que remplit cet animal. mouler sur le corps. Sans cette condition,
Les attelles du collier donnent attache, au- l'appui du collier ne se ferait que sur les par
dessus des bracelets, à deux cordes qui se ties saillantes, son impression douloureuse
croisent sur les reins et se terminent derrière rebuterait les animaux, et ses frottemens oc
les fesses à un palonnier qu'elles supportent. casionneraient des plaies qui les empêche
Cet appareil reçoit le nom de porte-harnais. raient de se livrer avec franchise au tirage;
Les traits de ce harnachement ne diffèrent de là une perte de force et de mouvement.
des traits ordinaires que par leur brièveté; Indiquer cette condition, c'est assez dire
ils ne dépassent pas la longueur de l'animal que le collier ne doit être ni trop large, ni
et s'attachent au palonnier supporté sur les trop étroit.
fesses par le porte-harnais. Ils ont tous les Si les dimensions trop grandes de ce har
accessoires ordinaires. nais empêchent sa coaptation parfaite avec le
La sellette est remplacée par un harnais corps, à chaque pas du cheval il doit être re
appelé panneau, espèce de petite selle dont jeté d'un côté ou d'autre, parles mouvemens
les bords, relevés en avant et en arrière, im alternatifs des membres en avant ; d'où il ré
priment à sa face supérieure une courbure sulte pour le cheval uu point d'appui moins
qui forme le siège du conducteur des che étendu, et un choc moins énergique sur le
vaux. collier, et pour la résistance une perle de
Enfin, un accessoire indispensable du har mouvement.
nachement de halage est la dague, couteau à Ajoutons que dans les vacillations d'une
deux tranchons suspendu dans un étui en épaule à l'autre et de haut en bas, ce harnais
arrière de l'épaule gauche du cheval qui oc éprouve des frottemens qui peuvent avoir
cupe la gauche de l'attelage, c'est-à-dire qui de graves conséquencesvcomme nous l'indi
est le plus éloigné du bord du fleuve, car querons plus loin.
c'est ordinairement sur la rive droite que Trop étroit, le collier nuit à la liberté des
marchent les chevaux attelés aux bateaux. mouvemens des régions qu'il recouvre, et
Cette dague sert à couper les cordes d'at peut, eu comprimant les tubes aériens et vas-
telage lorsque les chevaux entraînés en ar culaires, gêner la respiration et la circulation,
rière par la force du courant sont menacés et conséquemment diminuer l'intensité d'ac
d'être précipités dans le fleuve. tion du moteur animé. Ajoutons encore que
sa compression peut devenir douloureuse
Section h. — De la confection des harnais sur les parties saillantes du corps et occa
et de leur adaptation sur les animaux. sionner des accidens graves.
La direction du collier (EF/fg. 251) doit être,
C'est de la confection des harnais et de quelle que soit celle des traits, parallèle à la
leur adaptation sur le corps des animaux direction de l'épaule; si le tirage s'effectue de
que dépend en grande partie l'emploi le plus bas en haut, les coussins seront rembourrés
efficace possible de leurs forces motrices con supérieurement, et inférieurement, s'il s'ef
tre les résistances qu'ils doivent déplacer. fectue de haut en bas, pour empêcher le col
Que si, en effet, l'appareil du harnachement lier de varier dans sa position; celte règle, du
met obstacle, par ses formes vicieuses, ses reste, n'est en quelque sorte que le corollaire
dimensions trop grandes ou trop exiguës et de la précédente.
son poids trop considérable, aux mouvemens Engénéral, les points de tangencedesenus-
de 1 animal et à l'entier déploiement de ses I sins avec le corps" doivent être d'autant plus
forces, si une partie de la quantité de morn e' • nombreux que la résistance à vaincre est
AGRICTJLTUBB. TOME II, 55
434 ANIMAUX DOMESTIQUES :de
plus
BUlongueur,
flARNACHEMENT.
les traitsmoins
ou l'attache
il tire du
de côté
palonnier
etliv.
moins
ont
nu.
elle-même plus forte ; les coussins du collier
de gros trait devront donc avoir de grandes
.dimensions en étenducafin que l'animal puisse il se fatigue.
f trouver un point d'appui plus large, tirer Accidens que peut occasionner l'applica
avec plus de franchise el communiquer à la tion d'un collier malfait. — L'application sur
résistance une plus grande quantité de mou le corps d'un collier mal confectionné peut
vement. donner naissance à des accidens souvent très-
La largeur des coussiusest donc très-utile graves
tion, pour
dontprouver
nous allons
davantage
donner
encore
rémunéra
combien-
dans un collier bien confectionné; mais cette
largeur peut fort bicji cire obleuuosans qu'il est nécessaire la stricte observation des règle»
soit
oids
ité. nécessaire
Ilénorme
est non-seulement
qui
de n'ajoute
donnerinutile,
en
à ce
rien
mais
harnais
à sa
encore
soli-
uu que nous avons énoncées.
La compression du collier sur le bord su
périeur de l'encolure détermine souvent dans
très- nuisible au développement de la force cette région la formation d'une tumeur de
des animaux, de barder leur collier de fer, et nature cornée (cor) qui finit à la longue par
de donner aux attelles les dimensions exagé se détacher et par laisser à nu le ligament
rées qu'elles présentent si souvent encore. vertical. Quelquefois aussi dans cette même
En chargeant les chevaux de ce fardeau, il région, ou sur la partie antérieure du garrot,
est évident qu'on leur fait dépenser à le sup les frotlemens réitérés d'un collier trop large-
porter une partie de leurs forces qu'ils em occasionnent le développement d'une tumeur
ploieraient plus utilement contre la résis flegmoneuse qui s'ouvre et laisse encore ex
tance : de là encore une perle de quantité de posé à l'air le ligament jaune de l'encolure.
mouvement. Dans l'un ou l'autre de ces deux cas l'acci
Ainsi, dans un collier bien confectionné, dent est fort grave, car les plaies du ligament
les attelles devront être assez fortes pour cervical et des éminences vertébrales sont
supporter la traction des traits, sans qu'il soit très-rebelles à laguérison et entraînent après
nécessaire de les couvrir de fer et de donnera elles les conséquences souvent les plus fâ
leurs oreilles une ridicule exagération. J'ob cheuses.
serve, à cet égard, que les attelles formées par Sur les pointes des épaules et sur les par
une tringle de fer dont on entoure les cous ties saillantes du poitrail, la compression d'un
sins réunissent le double avantage d'être so collier trop étroit ou trop dur, ou les vacil
lides et peu pesantes. lations d'un collier trop large peuvent occa
Destinés à transmettre à la voiture les mcni- sionner l'excoriation de la peau et déterminer,
vemensde sou moteur, les traits doiveutètre soit dans son épaisseur, soit dans le tissu cel
résistans et inextensibles : résistans, pour lulaire sous-cutané et les muscles sous-ja-
supporter, sans se rompre, les efforts de la cens, le développement de tumeurs dures
traction; inextensibles, pour transmettre ces difficiles à guérir, el qui, dans tous les cas,
efforts sans perle de mouvemeus; il faul aussi ont toujours l'inconvénient de mettre les ani
qu'ils soient lé-ers pour ne pas ajouter par maux pour quelque temps hors de service.
leur poids au poids des harnais ; et enfin lisses
à leur surface, ou enveloppés d'un étui qui - Confection d'une bricole.
leur donne cette qualité, pour ne pas blesser
par leurs froltemens continuels la peau des Une bonne bricole doit avoir un poitrail très-
animaux. Les cordes de chanvre rendues im large sur lequel le cheval puisse prendre un
perméables à l'humidité par le vernis de leur point d'appui solide; les coussins de sou u—
surface, ou les fortes lanières de cuir sont telet doivent être bien rembourrés, et
préférables aux chaînes de fer pour remplir entre leurs bords supérieurs un espac
toutes ces conditions. dans lequel peut être logée, à l'abri de
La jonction des traits avec la voiture de compression, la partie saillante de 'l'épine '
tébrale.
vrait toujours se faire au moyeu d'un palon
nier, quel que soit le mode de charroi et La bricole est un appareil moins favorable
d^attelage : el en effet, lorsque les traits sont pour le tirage que le collier, parce que sa sur
directement attachés à l'équipage, sans l'in face de contact avec le corps est trop peu
termédiaire du palonnier, comme dans les étendue pour fournir à l'animal tin point d'ap
voitures dites à limons, il doit résulter de pui solide. Ajoutons encore que le poitrail
pette disposition que, si l'animal s'écarte de étant dépourvu de coussins qui répartissent
la direction reclijigne, nécessairement l'un le contact du harnais sur toute la surface du
des traits exerce une plus forte traction que corps de l'animal, nécessairement le contact
l'autre; que par conséquent l'adaptation du doit se (aire principalement sur les saillies des
collier avec le corps cesse d'être parfaite, et pointes des épaules et dans les mouvemeus
que ce harnais exerce une plus forte pression alternatifs des membres, plutôt sur l'épaule
sur le poitrail du côté où la traction est la plus du membre posé à terre que sur celle du
forte; delà un appui moins étendu pour l'a membre qui se lève. D'oii résulte nécessaire
nimal, une pression du collier fatigante et ment que le cheval exécute le tirage seule
douloureuse, des efforts de sa part moins ment d'un seul côté, que son impulsion ne
énergiques, et, comme conséquence dernière, se trouve qu'irrégulièrement transmise à la
une perte de quantité de mouvement. résistance, et qu'une partie de ses forces est
Le palonnier a l'avantage d'articuler le ti perdue pour elle.
rage en un seul point et de permettre à l'a La bricole ne doit donc être employée que
nimal d'exercer la traction à plein collier, dans les cas seulement où des lésions du liga
même lorsqu'il s'écarte de l'axe de la direc ment cervical et du garrot s'opposent à l'ap
tion du fardeau. J'observe à cet égard que plication du collier, ou bien pour les travaux
ckap. 9. DE LA CONFECTI >N vertèbres
DES HARNAIS.
sont saillantes, et les masses mus436
qui exigent le déploiement de peu de forces.
culaires moins développées, il 'est nécessaire
S 111. — Confection do l'avaloire. de donner à l'arçon de la sellette une plus
grande incurvation, et aux coussins plus d'é
La selle de l'avaloire est la partie de cet ap paisseur pour que ces apophyses ne soient pas
pareil qui demande le plus de soin. La précau foulées par le harnais.
tion indispensable à prendre pour ce harnais, Nous observerons ici que dans ce harnais,
comme pour tous ceux qui sont placés dans comme dans tous ceux que nous avons exa
le plan médiau au-dessus de l'épine verté minés, le trop grand poids qu'on lui donne
brale, est de disposer les coussins de manière souvent n'est pas une coudition de solidité, et
a ce que la partie saillante de l'épine soit que plus léger, comme on le fait maintenant à
complètement soustraite à toute compres Paris, il peut parfaitement remplir ses usages.
sion. Pour que cette importante indication soit Nous conseillons donc de préférer aux gros
remplie, il faut que les coussins soient bien ses selles de limon les sellettes dites à Batine
rembourrés et interceptent entre leurs bords ou à la française, qui réunissent la légèreté à
supérieurs un espace libre. Par cette disposi la solidité.
tion, l'appui se trouve reporté sur les masses La sangle, qui maintient en place la selle de
musculaires qui longent l'épine dorsale, et le limon, doit être large et souple sur les bords
sommet de ses apophyses, logé à l'abri de pourvue pas occasionner l'excoriation de la
toute compression dans l'cntre-deux des cous peau.
sins. Quant à la dossière, la condition principale
Le reculement de l'avaloire devra être suf qu'elle doit remplir est la solidité, puisqu'elle
fisamment large pour permettre à l'animal est destinée à supporter le poids transmis par
d'y prendre frauchement son appui dans les les limons.
reculers et dans les descentes. En général, Açcidens qui résulte1. 1 de [application de
l'appareil de l'avaloire doit toujours avoir une la sellette et de la sangle.— Les accidens que
force de résistance en rapport avec les ef peut produire la sellette sur la partie posté
forts qu'il aura à supporter. Ainsi conséquem- rieure dit garrot et sur le dos, sont semblables
roeul, l'avaloire du limonier aura des coussins pour la forme et les conséquences à ceux que
mieux rembourrés et un reculement plus large nous avons déjà décrits sur le bord supérieur
que l'avaloire des autres chevaiiXj dans la de l'encolure, sur le garrot et sur les lombes,
quelle la selle peut être remplacée par un comme résultats de l'application de harnais
bras de dessus et le reculement présenter mal confectionnés. Cette similitude dans le»
moins de largeur. accidens s'explique par l'identité d'organisa
Accident qui résultent de Cnpplication d'une tion anatomique de ces régions. Seulement
avaloire mal confectionnée. — Lorsque la selle la fréquence en est plus grande sur la région
de l'avaloire n'est pas suffisamment arquée, du garrot et du dos, parce que la saillie plus
et que ses coussins ne présentent pas assez prononcée des vertèbres dorsales les expose
d'épaisseur pour transmettre seuls toute la plus fréquemment aux pressions de l'arçon.
pression de cet appareil sur les masses muscu La sangle de la sellette peut aussi, lors
laires qui longent l'épine lombaire, les apo qu'elle est trop étroite, et que le cuir en est
physes saillantes de cette épine peuvent élre trop dur, déterminer, soit des blessures à la
blessées, ou devenir le siège, soit d'une tu peau, soit des indurations dans son tissu, soit
meur cornée qui, en se détachant, laissera à des infiltrations dans le tissu cellulaire sous-
nu le ligament sus-épineux et les emmenées jacent.
qui le supportent; soit d'une tumeur flegmo-
neuse qui, en s'ouvrant, produira le même $ V. — De la confection de U bride.
résultat. Accident identique, comme on le
voit, pour la forme, à celui que fait naître la 1° Du mors. — Comme dans les chevaux de
pression du collier sur l'encolure, mais ce gros trait, le mors est plutôt un instrument
pendant entraînant des conséquences moins de gouverne qu'un instrument de sujétion ,
graves. il est inutile de donner à cette partie de la
Quant au reculement de l'avaloire, les ac- bride, dans le gros harnachement, les formes
cidens qu'il peut produire sont légers et con et les inflexions calculées par les écuyers pour
sistent à peu près uniquement dans l'excoria dompter les chevaux de selle. Des canons cy
tion de la peau des fesses et la formation de lindriques, une liberté de langue mesurée sur
petites tumeurs indurées dans son tissu. le volume de cet organe, des branches droites,
telles sont les conditions suffisantes que doit
§ IV. — De la sellette du limon et delà dossière. réunir le mors du cheval de trait; car, si
les branches formaient un bras de levier trop
La sellette de limon présente dans sa con puissant, il pourrait devenir un instrument
fection les mêmes considérations que la selle, fatal entre les mains de charretiers qui ne
de l'avaloire ; placée comme cette dernière à sauraient en calculer les effets, et courraient
la partie supérieure du corps et dans le plan les chances de briser les barres de leurs ani
médian, en rapport comme elle avec une ré maux dans les mouvemens saccadés et brus
gion qui présente les mêmes élémens a na fo ques qu'ils impriment souvent à leurs guides.
rniques, elle devra comme elle être confec Le cheval de trait sera toujours bien embou
tionnée dans le but de soustraire à la pression ché, lorsque les canons feront leur appui sur
celles de ces régions qui ne pourraient pas la les barres sans remonter trop haut et des
supporter sans danger. Seulement, comme cendre trop bas. Quant à la monture de la
dans la région dorsale sur laquelle appuie la bride, il faut que sa têtière soit assez large et
sellette de limon, les apophyses épineuses des assez souple pour que la nuque ne soit pas
436 ANIMAUX DOMESTIQUES : DU HARNACHEMENT. liv. «Bl
excoriée ou trop comprimée par son contact; et les épuise. Ajoutons que, dans le transport
il faut que les montans soient assez longs à dos, le poids de l'animal ne vient nullement
pour maintenir le mors dans la position qu il en aide à l'effort de ses muscles pour vaincre
doit avoir, il faut que la muserole soit assez la résistance qui lui est opposée , tandis que
lâche pour permettre l'écartemcnt des mâ dans le tirage, l'effort de la traction s'exerce
choires, que la sous-gorge ne gône pas la res horizontalement, c'est-à-dire dans le sens
piration, et enfin que les œillères aient une même de la plus grande résistance de la co
forme légèrement concave qui permette la lonne dorso-lombaire, et tout le poids de l'a
liberté des mouvemens des paupières. nimal transmis par les harnais, au fardeau
Accident que peut occasionner la bride. — qu'il doit traîner, contre-balance une partie
Le mors peut quelquefois par une pression égale du poids de ce fardeau, ce qui ajoute
trop forte, surtout lorsque les barres sont d'autant à la force de ses muscles.
saillantes, déterminer, soit l'excoriation de la Le transport à dos, malgré les désavantages
muqueuse qui les revêt, soit l'écrasement qu'il présente sur le tirage, est cependant le
avec brisure, de l'os qui forme leur base. Ses seul moyen d'utiliser les forces des animaux,
canons peuvent aussi, en comprimant les lè dans les pays de montagne où l'étroilesse des
vres, occasionner l'ulcération de leur mu sentiers et l'escarpement des routes rendent
queuse ou l'induration de leur tissu. Enfin un le tirage difficile et souvent même impossible;
mors trop grêle, et dont la liberté de langue dans les pays de plaine, on est aussi forcé d'a
n'est pas assez arquée, occasionne quelquefois voir recours à ce moyen, lorsque les neiges
l'entamure de la langue. ou les boues ont rendu les chemins imprati
Lorsque les inontans de la bride sont trop cables. Enfin, pour les menus travaux des
courts, ils déterminent, soit l'ulcération de champs, qui nécessitent des voyages sur les
la commissure des lèvres froncées et compri étroits sentiers qui traversent les terres la
mées par les canons du mors trop rapproché bourées ou les vignobles, le transport à dos
des dents molaires, soit la compression de la est encore d'une grande utilité ; mais il faut
têtière sur la nuque, compression qui peut avoir la précaution de proportionner à la
avoir pour conséquence le développement force des animaux le poids des fardeaux dont
d'une tumeur enkystée, flegmoneuse ou cor on les charge.
née, a laquelle l'organisation anatomique de Nous nous occuperons principalement, dans
cette région donne comme aux tumeurs du cet article, du harnachement des bêtes de
garrot, du dos et des lombes, un caractère somme.
très-grave.
Enfin, la muserole et le frontal peuvent § VII. — Du harnachement des bêtes de somme.
excorier la peau, les œillères gêner le mouve
ment des paupières, et la sous-gorge mettre I. Du bât. Le bât {fig. 256 et 257 ) est un
obstacle à la respiration, tous accidens dont
le dernier seul offre de la gravité. Fig. 253. Fig. 257. Fig. 258.
-
440 ANIMAUX DOMESTIQUES : DE L'ANE ET DU MULET. t-nr. m.
grandes fatigues, des longues courses et même dit - on, deux jours sans boire. Cependant,
de tout voyage, à les tenir soigneusement comme tout autre animal, les services qu'il
séparées des ânes, des chevaux et des mulets rend sont proportionnés à la nourriture et
adultes non castrés; 4° à surveiller avec soin aux soins qu'il reçoit.
l'instant de la parturition. A l'approche du Croirait-on qu'avec tant d'excellentes qua
terme qui se reconnaît au ravalement de la lités, ce pauvre animal puisse être si peu
croupe, à l'affaissement du ventre, à la pré prisé? On lui reproche, il est vrai, d'être lent,
sence du lait dans le pis, à la tuméfaction et paresseux et surtout entêté ; mais sans ces
au gonflement de la vulve et enfin à l'émission légers défauts il serait parfait, et ces vices
de matières visqueuses et sanguines, il faut mêmes, ne les doit-il pas aux mauvais trai te
leur faire bonne et copieuse litière, et se te rriens dont on l'accable. Ne les doit-il pas sur
nir là, soit pour empêcher que le petit ne se tout à ce préjugé funeste que plus il est chargé,
tue ou ne se blesse en tombant, ces animaux, plus il est battu, mieux il va. Que l'homme
ainsi que les jumens,. étant dans l'habitude cesse donc de l'accuser de torts qui sont les
de se tenir debout en ce moment, soit pour siens. C'est pour avoir élé trop forcé, trop
aidera la délivrance de la mère et faciliter la battu au contraire, surtout dans la jeunesse,
sortie du placenta ou arrière-faix et éviter qu'il se montre revêche, paresseux et têtu. Ce
qu'elle ne le dévore ainsi que font quelques 3ui le prouve, c'est que l'âne est susceptible
jumens, ce qui pourrait l'incommoder; ô° à 'obéissance et d'attachement pour le maître
donner à la mère, sitôt après la délivrance, et qui le1 traite avec quelque douceur.
à lui continuer quelques jours un breuvage On pourrait donc aussi chez nous se servir
d'eau tiède où l'on a mis de la farine d'orge de l'âne à la fois à la selle, au bât et à la voi
ou de froment, et à la préserver des coups ture, mais, à quelques légères exceptions
d'air, du froid et de l'humidité; G" à veiller à Crès déjà signalées, on ne l'emploie que comme
ce que le pelit ànon tète; 7° et enfin à donner été de somme ou de trait. Il rend ainsi de
à l'ânesse une nourriture plus abondante et grands services, et, mieux traité, il en ren
plus substantielle durant l'allaitement. drait de bien plus grands encore.
C'est par la minutieuse observation de tou Dans une bonne partie du Poitou et du Li
tes ces précautions que le Poitou obtient con mousin, et dans d'autres lieux, où les terres
stamment de si beaux produits, légères et sablonneuses n'exigent qu'une force
moyenne de tirage, il est fréquemment em
§ V. Utilité de l'âuc. —-Commeree. ployé aux travaux agricoles, par les petits pro
priétaires surtout qui n'ont souvent que deux
Tandis que dans toute l'Asie et même en ânes de la plus petite espèce pour cultiver leurs
Sicile et en Sardaigne, l'âne est en honneur, et terres. Il est merveilleux devoir des animaux
que les gens riches le préfèrent pourlaselleau en apparence si faibles exécuter de si péni
cheval qu'il égale souvent en force, en grâce, bles travaux. Si avec des individus de cette
en vitesse, et qu'il surpasse en adresse et en race pauvre et dégénérée on obtient pourtant
solidité, car il n'est arrêté dans sa course par un résultat satisfaisant, que ne devrait-on pas
aucun accident de terrain : l'âne, peu estimé attendre d'ânes de la graude et forte race du
chez nous comme bête de selle, excepté par Poitou? Peut-être même résulterait-il du croi
quelques femmes craintives qui le préfèrent sement des plus beaux animaux de cette race
au cheval à cause de sa taille, de sa lenteur et chétive, mais plus rustique, avec celle, du Poi
de sa solidité, ne sert guère en France qu'au tou, plus forte, mais plus exigeante, une es
malheureux. Compagnon de la misère du pau pèce mixte préférable à toutes deux et capa
vre dont il fait souvent toute la fortune, et ble de supporter les plus grandes fatigues sans
dont, serviteur fidèle et sobre, il partage tous exiger de grands soins.
les travaux et toutes les souffrances ; il n'a Enfin, nous pensons que par sa frugalité, sa
ordinairement pour pâturage que le carre force, sa patience, sa bonne santé, cet animal
four et la voie publique pendant l'été, et les serait d'un avantage immense pour les locali
mauvaises herbes qui croissent sur les berges tés pauvres en fourrages et où abondent les
des fossés pendant l'hiver. chardons et autres herbes dures, dans le midi
Notre âne, il est vrai, est loin de posséder de la France, par exemple. Là il y aurait avan
les éminentes qualités de celui d'Asie; néan tage, croyons-nous, à substituer au cheval et
moins, tel que l'ont fait notre température, le peut-être même au mulet, un animal fort et
temps et les mauvais soins, c'est encore un vigoureux jusqu'à l'âge de quinze ans, et qui,
animal précieux, robuste, patient, dur au tra ménagé, peut en durer trente; car un mulet se
vail et à la peine, peu délicat sur la qualité, nourrirait difficilement où vivront deux ânes,
peu exigeant sur la quantité des alimens, et et deux ânes pourtant feront souvent l'ou
se contentant des herbes repoussées par les vrage que ne saurait faire un mulet seul. De
autres. Aucun animal peut-être ne produit même la ration suffisante pour un mulet se
plus et ne consomme moins que l'âne, nul, du rait à peine capable de faire vivre un cheval de
moins, ne donne plus comparativement à ce même force, qui pourtant ne saurait rendre
qu'il coûte. Des herbes inutiles et même nui les mêmes services à égalité de nourriture.
sibles dans les campagnes, les chardons, l'ono- Enfin celle qui convient à ces trois sortes d'a
Ïiorde, la cardère la sarrette ou chardonnelte, nimaux ne saurait convenir au bœuf, plus
a bardane, l'arrête-bœuf et autres plantes de gourmand et plus difficile. C'est donc la lo
cette nature sont dévorées par lui avec avi calité qu'on habile, la nature et la quantitédes
dité, des feuilles vertes ou sèches, de la paille fourrages, le but qu'on se propose qui doivent
du chaume, des brins de sarment même, lui guider dans la préférence à accorder à l'un
suffisent au besoin. 11 n'est ni moins sobre ni plutôt qu'à l'autre de ces animaux. C'est au
plus difficile sur son breuvage et peut passer, cultivateur à comparer les avantages à balai
CHAP. iO. f DË L'ÉLÈVE DU MULET. 1 44t
cer la dépense et le produit absolu et relatif moins que lui, plus sobre, plus robuste, moins
de chaque espèce, et à se déterminer pour celle sujet aux maladies que le cheval, il ne redoute
qui. à consommation égale ou inférieure en pas commeluila chaleur et lesbrusqiies chan-
valeur, donne un produit supérieur. gemensdetempérature;il résiste aussi mieux
Personne n'ignore l'usage fréquent et pré a la fatigue qu'aucun d'eux, conserve plus
cieux du lait d'ânesse pour les poitrines déli longtemps sa vigueur, et est doué de plus de
cates et faibles, et le bien qu'en éprouvent longévité. Il dure, dit-on, de quarante à cin
les malades. Il s'en fait tous les ans une im quante ans, et l'on eu cite même un dans
mense consommation au mois de mai, et quel Athènes qui vécut jusqu'à quatre-vingts ans.
quefois encore même à l'automne. Aussi le Comme chez les ânes et les chevaux, l'âge
lait d'ânesse est-il fort cher en cette saison, du mulet se juge par les dents. Il est très-ra
et le malheureux, possesseur d'une ànesse, rement malade et ne devient jamais poussif,
trouve-t-il chaque année une ressource pré ce qui tient sans doute à ce qu'il est plus so
cieuse dans la vente de son lait et de sa pro bre et moins ardent que le cheval.
géniture. Les Hébreux, les Grecs et les Latins ont
Enfin, précieux par les services qu'il rend connu le mulet. Mais où et quand a-t-il paru
pendant sa vie, précieux par son fumier pour la première fois? D'où procède-t-il, du
chaud et très - avantageux dans les terres fait de l'homme ou du caprice du hasard?
froides et humides, il est encore utile après Voilà des questions qu'il ne nous est pas donné
sa mort par sa corne, ses os, sa chair employée de résoudre. En produisait-on en France avant
dans les arts, par sa peau surtout qui sert à l'introduction des baudets d'Espagne, au xvn*
faire des tablettes perpétuelles et à garnir des siècle ? C'est ce que nous ne savons pas davan
cribles, des caisses de tambour, etc. tage. Tout ce que nous pouvons affirmer, c'est
Les ânes de premier choix se vendent à l'é que cette industrie n'a pris du développement
curie, à l'âge de trois à six ans, 1500 à 6000fr. qu'à dater de cette époque.
Les autres sont vendus, soit à l'étable, soit Il est fort difficile de reconnaître dans le
dans les foires, de 100 à 1200 fr. Enfin tous les mulet la race de ses producteurs. Aussi dans
autres animaux de cette espèce, surtout ceux le commerce ne s'euquiert-ou pas de la race
de la petite bien plus communs, ou ânes de des ânes et des jumens dont sont issus les-
travail, se vendent, soit en Poitou, soit dans le mulets, et ne considère-t-on communément
reste de la France, suivant l'âge, la force et la en eux que la taille, le corsage, la force et la
taille, depuis 12 jusqu'à 100 fr. bonne conformation des membres; et comme
ces diverses qualités tiennent le plus souvent
Section h. — Bu mulet. aux localités, c'est aussi d'ordinaire d'après
leur provenance qu'où les désigne, et on les
distingue en mulets de Poitou, mulets de
On appelle mulet le produit de l'accouple Gascogne, etc. Ou préfère les premiers poul
ment de l'âne avec la cavale, ou du cheval ie trait et la charge, comme plus gros, plus
avec l'ânesse. Dans ce dernier cas cependant, matériels, plus robustes, parce que, dans ce
l'animal produit prend plus particulièrement pays, on s'applique à avoir de beaux ânes et de
le nom de bardeau, tandis que dans le premier fortes jumens bretonnes, tandis que pour la
il conserve le nom commun de mulet. selle on préfère les seconds, parce que, com
_ Il est généralement reconnu que les mulets me leurs parens, ils ont une taille plus haute,
tiennent et participent plus de la mère que plus élancée, et des formes plus gracieuses.
du père. Aussi le mulet ressemble-t-il davan 11 faut donc, selon qu'on veut obtenir des
tage au cheval, est-il plus grand, plus vigou mules de somme, de trait, de selle ou de voi
reux, surtout lorsqu'il provient d'une grande lure, prendre des poulinières svelles et légè
et forte jument, et le bardeau empruute-t-il res, ou de grosses et fortes cavales.
davantage de l'âne. Ainsi que des chevaux, on rencontre des
Le mulet a l'avant-main ou bout de devant mulets sous presque toutes les robes. Le pe
mieux fait, l'encolure plus forte, le poitrail lage le plus commun est le bai-brun et noir
plus ouvert, la côte plus relevée, le corsage mal teint. Les mulets ont parfois, comme| les
plus arrondi, le train de derrière aussi plus ânes, la bande cruciale; mais, de même que chez
élégant, le dos moins tranchant, les hanches eux, on ne la rencontre que dans les animaux
moins sorties, le flanc moins grand, la croupe de couleur claire. Quoique provenant de bau
glus arrondie, plus bombée; tandis que le dets à longs poils, ils oi.t en général le poil
ardeau, au contraire, participant plus de ras. Ceux qui, dans leur jeunesse, ont le corps
l'âne, est mince d'encolure, a la tête grosse couvert de soies longues et pendantes, com
et pesante, le poitrail serré, les hanches et la me les ânes, sont plus estimés que les autres,
colonne vertébrale saillantes, la côte plate ou mais ils sont rares ailleurs qu'en Poitou, où
basse, la croupe pointue et avalée. ils sont presque tous ainsi, du moins ceux
qui proviennent des jumens maraîchères. Du
A. Mulet proprement dit. reste, cela disparaît au bout de la première
année ou quand ils cessent de téter, et ils ne
S I". — Définition, nature, origine du mulet. diffèrent alors en rien des autres ; mais ils de
viennent, dit-on, plus forts et plus beaux.
Le mulet doit à l'âne sa tête grosse et
lourde, ses oreilles longues, son pied sûr, § II. — Propagation et élève du mulet.
sou tempérament excellent; h la cavale, sa
mère, des formes plus belles, une plus grande Quoique les mulets se distinguent en mâles
taille, un peu plus de docilité et de vivacité. et femelles, et que chez tous, les organes de
Plus vigoureux que l'âne, et craignant le froid la génération soient parfaitement conformes,
AGiucmvrirnB, 130* livraison. tome II — 56
442 ANIMAUX DOMESTIQUES DE mens.
L'ANE
Là, des
Eî ânes
DU MULET.
de 2", 3* et 4e choixwv.ne m.re-
quoiqu'ils aient, ainsi que leurs parons, beau
coup d'ardeur pour le coït, il est reconnu au çoiveut que toul juste ce qu'il faut pour leur"
jourd'hui qu'à 1 exception de quelques cas donner une vigueur et une santé moyenne.
bien rares, ils sout incapables de se repro Les uns sont gardés constamment à l'étable,
duire, et que leur fécondité n'e»t jamais trans- les autres n'y sont tenus que pendant la du
missible.Leseul moyen de lesinultiplier, c'est rée du saut et les temps de neige et de fortes
l'accouplement del'âue et de la jument. gelées, et sont envoyés au pacage dans de
Lorsque l'Espagne permit 1 introduction mauvaises landes le reste de l'année.
en France des beaux unes dont elle avait jus Dans quelquesautres localités, au contraire,
que-là prohibé la sortie avec un soin jaloux, lorsque la monte est faite, ou les emploie à
le gouvernement, désireux de faire des es divers genres de travaux, et alors on le» nour
sais comparatifs, plaça des baudets - étalons rit un peu mieux à l'étable. Nous pensons
dans différentes provinces du royaume. Mais, que cet usage, loin de leur être nuisible, leur
soit ignorance, soit incurie, soit enfin vice in est profitable. Eu effet, eu leur continuant une
hérent aux localités impropres à ce genre de nourriture forte et abondante, un travail mo
produit, la Gascogne et le Poitou sout restés déré ne peut qu'être propre à leur donner
seuls eu possession de la propagation des belles de la force et de la santé, tandis qu'une con
mules. Eux seuls ont couservé pure la race des stante oisiveté les use et les éuerve.
baudets d'Espagne, et se livrent d'une manière Dans les domaiues environuans sont placées
fructueuse, et sur une grande échelle, à l'élève une ou deux poulinières de race quelconque, le
et au cominorce des mules. plus souvent des bêtes usées, petites ou gran
En Poitou ce n'est que dans les quarante des, tantôt bonnes, tantôt mauvaises, dont on
cantons désignés à l'article Ane que la pro n'a d'autre soin que de les mener chaque ma
duction et l'élève de la mutasse est exploité. tin, sans précaution, dans les landes, dans les
Là se trouvent, à des distances fort rappro plus mauvais pàtis, et seulement après que
chées, des haras composés des plus beaux in les bœufs et les vaches ensuite les ont éiiri,
dividus de l'espèce; là les propriétaires et les mes et foulés, et de les rentrer le soir dans
riches fermiers ont de belles et fortes juineiis une élable garnie d'une couche de fumier
bretonnes au poitrail, au coffre, à l'abdomen d'un pied d'épaisseur où elles ne sont l'objet
et à la croupe bien développés; en un mot, et d'aucun soin; aussi leur robe est-elle tou
en termes du métier, des jumens bien mem- jours salie de terre et de fumier, et leur cri
brées, bien corsées, et qui, bien pansées, bien nière enchevêtrée au point qu on ne saurait
nourries, ne sont employées qu'à produire. la démêler sans la couper. C est ainsi qu'en
Celle qu'ils préfèrent surtout est une race hiver comme en été, par mauvais comme par
de jumens dites maraîchères, parce qu'elles beau temps, sont pansées ces malheureuses
sortent des marais Saint-Gervais; ce sont des bêtes, si ce n'est pourtant lorsque la neige qui
bêtes bien allongées, bien ouvertes, bien croi couvre la terre, ou la glace et la gelée qui ar
sées, mieux coffrées que toutes les autres, et rêtent toute végétation, ont flétri et brillé
ayant le poil souvent long de six pouces. l'herbe au point qu'il est impossible à l'ani
La monte de ces jumens a lieu dans les mal de la saisir et de la pincer; alors on leur
mois d'avril, mai et juin, et la durée de la donneà l'écurie les balles, graines et poussière
gestation est de onze mois à un an. Pendant (vulgairement senice) oui tombent du foin en
tout ce temps on a d'elles un soin tout par le secouant, ou les balayures et immondices
ticulier, et on les entoure de toutes les pré de la grange, et ce n'est qu'au jour de l'ac
cautions indiquées pour les ânesses. couchement, ou encore toul au plus le lende
Durant l'allaitement, les premiers jours sur- main, qu'on leur donne un peu de foin pur.
tout,on les nourrit mieux et plus abondam Enfin la mutasse n'est guère mieux trai
ment encore. Les plus gras pâturages en été, tée et elle est envoyée avec les mères dès
lesfourrages les niieiu choisis en hiver, le son, qu'elle peut marcher, ce qui a lieu presque
l'orge, l'avoine et souvent même le pain, telle immédiatement. Ces jeunes mulets n'ont
est la nourriture qu'on leur prodigue pour pour tout aliment dans les premiers temps
entretenir leur embonpoint et augmenter leur que le lait de la mère, peu aboudaut lui-même,
lait. On nourrit de même leurs petites mules vu la mauvaise pâture qu'elles reçoivent, et
dès qu'elles sont eu état de manger quelque plus tard quelques poignées de loin qu'on
chose, ce qui a lieu au bout de quelquesjours; leur donne à grand regret, quand ils peuvent
aussi n'est il, pas rare de voir vendre quelques- tient-on
le broyerjamais
sous leurs
que jeunes
de faibles
dents;
produits,
aussi n'ob-
et la
unes de ces mules, à l'âge de huit à dix mois,
700 francs et au delà, et la moyenne de moyenne des ventes, au bout du même temps
leur valeur est- elle toujours de 4 à 600 que les premières, est-elle, année commune,
francs. Le sevrage a lieu au bout de sept (te 75 à 80 francs au plus. Mais les paysans, en
à huit mois et s'opère le plus souvent par la général, n'aiment pas les chevaux, les soignent
mère elle-même. C'est le moment de nourrir mal , et regrettent même la mauvaise nourri
fortement les jeunes mules, si l'on ne veut ture qu'ils leurs donnent.
pas -les voir périr. Aussi ferons-nous observer encore que tan
Dans les autres parties delà circonscription dis que dans les cantons où l'on soigne Yrlève
plus éloignée» du centre et placées en dehors la réussi le annuelle est au moins de quatre-
de la limite désignée , il s'élève aussi bon vingt-dix sur cent juineus saillies, elle n'est
pombre de ces animaux; mais il s'en tant de dans ces localités que de cinquante au plus,
beaucoup que l'élève des mules soit aussi bien ce qu'il faut attribuer : 1° à l'infériorité, au
traitée que dans la partie centrale. Il n'existe mauvais
trop surchargés
choix etet àmal
la faiblesse
pansés; 2"desau étalons,
peu de
que de chétifs haras placés à de grandes dis-
tauces, et par celte raison surchargés de ju- disposition et d'aptitude à la conceplion des
«AP. 10. Ï)E L'UTILITÉ DJJ MULET. 443
poulinière* affaiblies et refroidies par le man long, le jarret large, le canon court, uni, sec
que d'alimeus et l'allaitement; 3° à la fré et bien musclé, le fanon peu garni, l'ergot pe
quence deravorlement produit par ces causes tit, le sabot rond et bien proportionné, le ta
et par l'absence des soins indiques pour les lon haut, enfin que le pâturon soit plutôt un
ànesses pleines et nourrices. peu long que s'ils étaient trop court-jointés,
Néanmoins, et malgré un si mince succès ce qui leur donne toujours un trot dur.
relatif, a-t-on encore un immense avantage à Le mulet a généralement, ainsi que nous
«lever des mules de préférence à des chevaux, l'avons dit, outre la supériorité de la force et
car, 1° tandis que la mutasse réussit presque de la durée sur l'âne et le cheval, l'avantage
toujours et ne coûte aucune peine, les pou de la vigueur et de la taille sur le premier, et
lains, quoique bien soignés, sont souvent em celui de la santé, de la sobriété sur le second;
portés par la gourme ou n'ont qu'une jeu mais quoiqu'il soit moins délicat pour la nour
nesse souffrante et maladive, et sur cent riture, nous pensons pourtant qu'on en reti
a peine en échappe-t-il cinquante; 2° quand rera un service d'autant meilleur qu'on le
an bout de huit à dix mois, au plus, un nourrira mieux, et nous devons dire, d'après
mulet se vend aisément de 00 à 240 francs, nôtre expérience personnelle, qu'alors on ne
difficilement parvieut-on à vendre, au bout trouvera pas une grande différence entre sa
d'un an, un poulain de 40 à 80 francs, en consommation et celle d'un cheval de même
core faut-il qu'il ait de la taille et des formes force, ei que seulement, à nourriture égale,
assez belles. Est-il défectueux ou malingre, il travaillera davantage. Mais si, au lieu de le
ou n'en trouve le plus souvent rien du tout. tenir à l'écurie, on renvoie pâturer et qu'on
Il n'en est point ainsi d'une mule, qui se dé n'exige de lui qu'un travail médiocre, on verra
bite toujours, si pauvre, si mince qu'elle soit. une grande préférence à lui donner; car il vi
Le Languedoc, le Périgord, le bas Limousin, vra fort bien où ud cheval crèverait de faim.
le Jura, 1 Isère, l'Aveyron élèvent aussi quel Le mulet est généralement plus fort, plus
ques mules, maisde qualité et en nombre bien agile et vit plus longtemps que la mule, mais
inférieurs. Enfin par toute la France, dans le celle-ci est plus douce, plus docile que lui.
midi surtout, il s'en fait quelques-unes; néan Aussi, à l'exception de ceux destinés à la char
moins, hors les pays ci-dessus désignés, ce rette et auxquels on ne veut rien retrancher
n'est qu'une industrie accessoire. de leur force, on est dans l'habitude de cas
Cette production devient d'autant plus pré trer les mâles à l'âge d'un oti deux ans pour
cieuse aujourd'hui, que l'Espagne, abrutie par les rendre plus patiens et plus soumis, et pour
ses moines, déchirée par les dissensions ci leur ôter cette ardeur eflrénée pour l'accou
viles, semble avoir abandonné une spéculation plement qui en rend l'usage dangereux.
pour elle jadis si avantageuse, et tire de nous En Italie, en Espagne, pays de collines, de
maintenant les mules qu'elle nous vendait au montagnes, de ravins et de précipices, l'usage
trefois. des mules, soit pour le transport à dos des
marchandises et bagages, soit pour la selle, est
§ lit. — Usage, utilité, avantages. aussi commun que celui des chevaux l'est chez
nous. Elles y sont aussi employées communé
Les mules et les mulets sont susceptibles ment à traîner la voiture et à porter les li
d'être appliqués aux mêmes usages que les tières. Leur pas plus sûr, plus ferme, leur so
chevaux; comme eux on peut les employer briété, les font préférer aux chevaux. En.
soit à porter l'homme, soit à recevoir la France, elles sont bien rarement employées
charge, soit à traîner la voiture, la charrue, etc.; comme bêtes de selle et d'équipage; leur in
seulement il s'agit de choisir pour chaque tra docilité, leur tête grosse et pesante, leur bou
vail l'animal qui lui est propre. che forte, leurs grandes oreilles, leur trot dur,
Les mulets qui conviennent au bât, à1 la les font presque toujours rejeter.
charrette, à la charrue, etc., sont ceux dont Mais eu revanche, en France et surtout
l'encolure est courte et forte, les formes car dans les pays plus riches en bruyères qu'en
rées, le corps épais, le dos et les reins larges prairies, les mules sont employées au labou
et droits et plutôt bombés que concaves, le rage, et à la charrette, au bât.
flanc petit, les membres forts, parallèles et Dans la plupart des campagnes, où chaque
bien dans leur aplomb, le jarret bien déve ménage rural fait lui-même son pain et en
loppé, le canon ou métacarpe gros, égal, voie moudre son blé à sachée, la dispersion
sain et net, le fanon saillant et recouvert d'une des habitations et la position des moulins,
forte houppe de poils ou bien moustache, presque toujours situés dans des gorges ou
le paturon moyen, plutôt un peu court que des bas-fonds souvent inabordables, rendant
trop long, le sabot gros, arrondi en pince, large le transport par charrettes trop dispendieux
et ouvert du talon. ou impraticable, ce sont encore les mules que
Ceux qui sont destinés, au contraire, à être les meuniers emploient.
moulés doivent avoir une conformation moins Les mulets, quoique robustes et peu dé
matérielle, plus élégante, la tête plus haute, licats, ne veulent pas être forcés de travail.
plus fine, l'oreille plus courte, l'encolure plus Excéder leurs forces, surtout dans leur jeu
dégagée, le corps plus allongé, le garrot plus nesse, c'est s'exposer à Les user promptement
relevé, les reins droits (jamais voussés), afin et à leur donner des caprices. 11 ne faut pas
qu'ils aient plus de souplesse dans leurs mou- non plus les faire travailler trop tôt, trois ans
vemensqueleurstrncturerend naturellement est le bon âge. Dans beaucoup d'endroits
un peu durs. On exige du reste que, comme pourtant, on a l'habitude pernicieuse de les
les premiers, ils soient bien établis, qu'ils mettre à la charrue dès l'âge de trente mois.
aient des aplombs réguliers, mais les mem Cet usage est nuisible à l'accroissement des
bres plus lins, l'épaule plate, l'avant - bras jeunes mules, et les fatigue prématurément,
444 ANIMAUX DOMESTIQUES : DE L'ANE ET DU MULET. liv. m.
Le mulet est surtout un animal indispen des foires très-remarquables pour ce genre
sable clans les pays mal percés, où le mauvais de trafic. Les plus considérables sont celles
état des chemins, les ravins, les montagnes, de Champdenier, Augé, Saint-Maixent, Niort,
les accidens quelconques de terrains rendent La Motle-Sainte-Heraye, Saint-Sauvent, Fon-
la voie du roulage impossible ou trop coû tenai, Mellé, Mauzé, Toussé, Chenoux, etc.
teuse. Aussi dans ces pays l'emploi des mu Les propriétaires de jumens poulinières, à
lets est-il fort commun. C'est ainsi que dans l'exception de quelques-uns particulièrement
certains lieux s'effectue l'enlèvement des blés favorisés par la localité et pourvus de bâti-
et des marchandises. Ils sont de même pres mens stiffisans et commodes, ne gardent leurs
que exclusivement employés à l'exploitation jeunes mules que jusqu'à l'âge de sept à dix
des mines, carrières, bois et forêts en pente et mois, et les mènent aux différentes foires où
eu coteaux peu accessibles aux voitures et char ils les vendent dans les mois de décembre, jan
rettes, et au transport à dos, dans les usines, vier, février et mars. Ou les désigne alors dans
des bois, charbons, minerais, terres, etc. Aussi le commerce sous le nom de Jetonnes. Les gar
dans les pays de cette nature, et aux appro der plus longtemps avec leur mère serait ex
ches de ces établissemens, existe-t-il des hom poser celle-ci à l'avortement, surtout quand
mes appelés muletiers, possédant dix à vingt ce sont des mulets, qui se jettent sans cesse
mulets chacun, qui se chargent de ces tra sur elles ; les garder seules n'est pas facile. On
vaux. évite de plus par là les dangers de la gourme,
Ces mulets n'ont guère pour nourriture ainsi que ceux de la castration pour les mâles.
3ue la maigre pâture qu'ils peuvent prendre Quelques éleveurs, possédant une certaine
ans les landes arides peuplées de bruyères quantité de landes de la nature de celles dont
et d'ajoncs, où ils vivent toute l'année de poin nous avons parlé plus haut, achètent de ces
tes d ajoncs, de genêt, d'herbe au lait, de jeunes mules qu'ils font pacager toute l'année
pâturin, d'ivraie vivace, demélique bleue, de dans ces landes où elles vivent tant bien que
nard et de quelques autres graminées rares et mal, et ne les tiennent à l'étable que la nuit
coriaces. C'est ainsi que pour la plupart, ils seulement. Ils ne les soignent et ne les nour
passent toutes les nuits de l'année a paître rissent un peu mieux qu'au moment où ils
pour travaillef: ensuite tout le jour. Ils n'ont veulent les vendre, ce qui a lieu de 24 à 30
de meilleure nourriture que celle que les mu mois, quelquefois avec un bénéfice assez con
letiers peuvent leur faire prendre à la ma sidérable. On les appelle alors doublonnes.
raude, ou le foin qu'ils sont forcés de leur Les autres sont achetées, soit par des re
l'aire donner en voyage quand ils ne peuvent vendeurs de la Gascogne, de l'Auvergne, de
trouver à prix d'argent ou à leurs risques et l'Espagne, du bas Limousin, du Languedoc,
périls un pacage ou une lande où les met qui les emmènent et les vendent dans leur
tre. Seulement ils donnent un peu d'avoine pays, soit par les fermiers qui les nourrissent
aux bêles jeunes, faibles ou malades. Et pour et les soignent jusqu'à l'âge de deux à trois
tant ces malheureux animaux, exténués de ans, époque où ils les emploient à tirer la
travail, souvent couverts de poux et de gale, charrue ou à tout autre usage. Ils les gardent
faute de soins et de pansement, n'en font pas ainsi tant qu'elles sont ce qu'on appelle mules
moins un excellent service, et transportent, de marque, ou jusqu'à l'âge de 5 ou 6 ans,
presque journellement et par des chemins temps où la vente est la plus avantageuse.
affreux dont ils ont peine à se tirer, à la dis Depuis que les entraves apportées à l'o
tance de deux à trois myriamètres, un poids dieux trafic de la traite des .Nègres et la di
moyen de 75 a 80 kilogrammes, travail auquel minution subséquente des esclaves employés
ne sauraient tenir des chevaux, quoique bien à la culture des terres dans les colonies, ont
mieux soignés. Ceci est suffisamment prouvé fait substituer dans une partie des travaux
par la nécessité où sont leurs maîtres .e re l'emploi de ces animaux à celui des hommes,
nouveler fréquemment la jument qu'. -f sont il s'en expédie chaque année une assez grande
obligés d'avoir avec leurs mules pour les gui quantité pour celte destination. De 1826 à
der, et qui, quoique mieux pansée, mieux 183.') il en a été exporté par le seul port de
nourrie et presque toujours avéuée, ne peut Cherbourg près de 9,000 à Bourbon et aux
soutenir longtemps cette fatigue. Antilles; mais on ne veut pour cela que des
A la vérité ils en perdent souvent, surtout mulets de quatre à quinze ans; plus jeunes,
dans les hivers rigoureux, par la faim, la gale ils ne peuvent, dit-on, supporter la traversée;
et la misère; mais avec un peu plus de mé plus vieux, ils ne valent pas les frais.
nagement et en les nourrissant mieux, ils Enfin les autres sont achetés, savoir : les plus
préviendraient une bonne partie de ces ac beaux par les meuniers, les voituriers et les
cidens. cultivateurs, et les médiocres par les mule
L'usage est de ferrer les mulets, à fers tiers qui ne peuvent y mettre de hauts prix.
ordinaires ou à fers en forme de croissant La nouvelle expédition d'Alger a fait haus
relevé et débordant en pince le sabot d'environ ser tout à coup le prix de ces animaux, et
nu pouce. Ce dernier mode a pour but de les cette colonie peut devenir un jour un débou
préserver des heurts et de les empêcher de ché fort avantageux pour cette production.
se prendre et de buter, surtout dans les lieux Les mulets du Poitou, plus membres, plus
monlueux et pierreux. (Voir l'art, ferrure.) corsés, plus robustes, sont les plus estimés
pour le trait et le bât, et sont exportés pour
ce service en Languedoc, en Espagne et aux
§ IV. — Commerce des mules et de mulets. colonies, tandis que ceux de Gascogne, plus lé
gers, plus miuces, plus sveltes, et d'une allure
Le Poitou et la Gascogne font un très-grand plus douce, sont principalement recherchés
commerce de mules et de mulets, et il existe par les méridionaux pour la selle, la litière et
CHAI». 11. DU BARDEAU. 445
la voiture; mais, en général, ils se vendent à mais ce métis est assez rare, aussi ne saurions-
des prix bien moins élevés. nous donner que peu de documens sur lui.
Comme celui de Fane, le fumier du mulet On le regarde généralement comme plus ro
est un fumier chaud, très- propre aux terres buste et plus sobre encore que le mulet.
froides et humides, granitiques et argileuses; Peut-être, d'après cette réputation, devrait-
son cuir, sa corne, ses os, sa chair, toutes ses on s'étonner de voir cet animal si peu pro
parties et ses issues enfin, sont employés dans pagé, tandis que le mulet est si commun;
les arts comme celles des chevaux el des ânes. mais cela doit s'attribuer, selon nous, 1" au
Dans le commerce, les mulets comme moins d'ardeur pour la copulation chez le
les chevaux diminuent beaucoup de va cheval que chez làne, et partant, au plus de
leur par la perte totale de leurs dents difficulté à le faire accoupler avec une femelle
caduques ou dents de lait, et le rasement d'une espèce différente de la sienne ; 2" au
des dernières remplaçantes, parce qu'a peu d'avantage qu'on aurait à faire saillir par
lors l'âge devient incertain pour beaucoup et le cheval les Délies ânesses dont le produit en
que l'animal est susceptible de prêter davan animaux de leur espèce est d'un prix bien
tage à la fraude de la part des maquignons; plus élevé que celui des plus beaux mulets et
aussi vend-on les mules bien plus avantageu bardeaux ; 3* à la difficulté et au danger de
sement un peu avant cette époque. l'union d'un cheval de taille même moyenne
avec une ânesse de petite taille, joint au peu
B. — Du bardeau. de profit qu'on retirerait de cet accouplement
qui, dans les cas assez rares où il aurait le ré
Le bardeau (hinnus) ne diffère guère du mu sultat désiré, ne donnerait que des produits
let proprement dit qu'en ce qu'il est fils du insignifians, vu leur faiblesse et leur petite
cheval el de l'ânesse, tandis que le premier taille, puisque c'est de la mère que parti
l'est de l'àne et de la cavale. Les métis tenant cipe surtout le produit.
toujours plus de la mère que du père, il a par PBB88AT,
conséquent plus de ressemblance avec l'àne; Cultivateur à Saint-Barban (Hanta-Vienne).
Pour me renfermer dans les limites qui me Si, an lieu d'un écuyer, un sage agricul
sont imposées, je ine bornerai à tracer les ca teur avait fondé l'école vétérinaire, c'est aux
ractères physiques et moraux des races bo champs qu'il l'eût établi ; il en eût étendu l'en
vines les plus remarquables et les plus utiles, seignement sur tous les animaux utiles, en le
désignant en peu de mots les races qui offrent dirigeant avec prédilection sur le bœuf, le
peu d'intérêt. Je ferai connaître les bœufs plus utile de tous.
étrangers qui, soit qu'ils appartiennent ou Si nous possédons quelques ouvrages im-
non à l'espèce de notre bœuf, rendent de portans sur la pathologie du bœuf, ils sont
grands services, et doivent être introduits un relatifs aux épizooties et presque tous sortis
jour dans notre économie rurale. de la plume de médecins de premier ordre,
D'un autre côté, chargé d'exposer les moyens tels que Ramazini, Sauvage, Vicq-d'Azir.
d'améliorations, je ne croirais pas avoir rem Quant à l'éducation de cet animal, à son
pli ma tâche après avoir établi les conditions 'girne, au perfectionnement de ses races,
des appareillemens et des croisemens amélio- peu m vétérinaires en ont parlé, les élémens
rateurs, j'indiquerai encore le choix et le ré en sont épars dans les journaux et les ou
gime des reproducteurs, ainsi que les soins vrages d'agriculture; c'est là que des faits pré
qu'exigent les petits jusqu'au sevrage. cieux ont été déposés par Olivier de Serres,
Je n'entrerai point, en matière avant d'avoir Rozier, Tessier, Bosc, Thaër, Pictet, Lullin et
exprimé un sentiment pénible, c'est celui que Mathieu de Dombasle; à peine possédons- nous
j'éprouve depuis longtemps en voyant à quel des traités spéciaux peu importons sur le
dejjré d'infériorité on a placé le bœuf en le bœuf, tels que le Parfait Bouvier de Boutrolle,
comparant au cheval. Les vétérinaires n'y ont le Manuel du bouvier de Bobiuet, et la Patho
pas attaché un grand intérêt, et ce n'est pas logie bovine de mon honorable confrère de
sans motif qu'on a reproché aux écoles de Toulouse, Rhodet. L'Allemagne, l'Italie et l'An
Bourgelat leur prédilection immense pour le gleterre ne sont guère plus riches que nous
noble animal, la plus belle conquête que en ce genre.
l'homme ait faite. J'entre maintenant en matière; ce travail
Bourgelat s'était illustré dans la science de se divise naturellement en deux sections,
l'équitatiou. Lorsqu'il fonda nos écoles, il eut l'une relative aux races, l'autre à leur amé
pour but de dérober la médecine du cheval lioration.
a un empirisme barbare. Peut-être même lui On peut définir les espèces organiques des
eût-il donné une attention exclusive , si, de collections d'individus qui descendent les uns
son temps, de graves épizooties ne s'étaient des autres par un mode constant de généra
pas déclarées sur les bêtes à cornes. tions, et qui, en général, se ressemblent entre
Les vétérinaires qui l'ont précédé ou suivi eux par les formes et le naturel plus qu'ils
ont presque tous, ainsi que lui, fait du cheval ne ressemblent à tous les autres. Ainsi l'es
j'pbjet spécial de jeurs travaux, pèce du bouif domestique Ç bqs (aurut) s«
446 ANIMAUX DOMESTIQUES : DES RAC &alliance
BOVINES
entreET
deux
DE races
LEUR sont
ÉLÉVE.
appeléstiv.
métis»
m.
compose de tous les bœufs de ce type soumis
à l'homme ou sauvages. et se propagent facilement.
Les races sont des modifications survenues De ce qu'on a vu quelquefois des mulets fé
dans une espèce par l'effet d'une ou de plu conds, il ne faut pas conclure qu'ils puissent
sieurs causes, telles que l'influence de la nour être la souche d'espèces nouvelles, comme les
riture, du sol, du climat, de certaines habi métis de races intermédiaires. La fécondité
tudes, de la domesticité, du pouvoir immense du mulet est fort rare et jamais transmissible.
de l'homme, modifications devenues traus-
missibles par voie de génération. Ainsi les Section i". — Caractères du genre bœuf, es
caractères du bœuf de Suisse et ceux du bœuf pèces domestiques entretenues dans des
d'Auvergne constituent des races. pays étrangers.
Les variétés sont des particularités qui dis-
tinguenl un ou plusieurs individus de la géné Le bœuf est un mammifère ruminant, et
ralité de leur espèce ou de leur race; ainsi présente : absence de dents incisives à la mâ
presque tous les bœufs français étant pour choire antérieure, huit à la postérieure, toutes
vus de cornes, les individus nés de ces races larges en forme de palettes et rangées réguliè
et dénués de cornes offrent une variété. Mais rement; — douze molaires, six de chaque côté;
si celte variété se fixait dans une suite de gé — des onglons derrière les sabots ; — cornes di
nérations, une race surgirait : c'est ce qui est rigées latéralement et relevées le plus souvent
arrivé en Ecosse, où s'est formée une race bo en lorme de croissant ; — tête terminée par
vine sans cornes. Des différences individuelles un large mufle; — fanon ou repli de la peau
ne peuvent constituer des variétés qu'autant à la face antérieure de l'encolure; — quatre
qu'elles sont très-sensibles ou qu'elles inté mamelles inguinales; — queue terminée par
ressent beaucoup; s'il suffisait pour cela des un flocon de poils; — corps de grande taille,
plus légères, il y aurait autant de variétés que supporté par des membres épais.
d'individus, car dans une espèce et même Toutes les espèces de ce genre sont so
dans une race, il n'est aucun individu qui ciables. A l'état sauvage, loin d'être timides
ressemble parfaitement à un autre. comme d'autres ruminans, tels que les anti
Les variétés qui se forment sous la lopes, elles se défendent, à l'aide de leurs cor
seule influence de la nature s'éieignent pour nes, contre les espèces carnassières les plus
l'ordinaire avec l'individu qu'elles modilient. redoutables; elles paissent en troupes nom
Les races elles-mêmes De peuvent subsister breuses sous la conduite d'un mâle; même à
que sous l'influence des causes qui les ont l'état de domesticité, un troupeau de boeufs
produites; encore dans ce cas faut-il que, s'iso- abandonné à lui-même, s'il est menacé par
Tant du reste de leur espèce, elles ne se pro uu animal carnassier, se range en uu cercle
pagent que dans leur intérieur. Uu mot en dans l'intérieur duquel se placent les veaux,
core des espèces. et présente à l'ennemi un rempartcirculaire
Si les espèces ne sont pas de tout temps, et hérissé de cornes. Les vaches domestiques
on peut dire que leur existence est d'une connaissent
qui pâturentpour/'hef
eu libertél'une
sur les
d'entre
montagnes
elles. re-
durée indéterminée. Les descriptions zoolo
giques d'Aristote, tracées depuis vingt siècles, On a rencontré des bœufs sauvages sur les
conviennent encore aux animaux de nos jours; montagnes du Thibet, dans les vastes forêts
les bœufs comme les chevaux, représentés de l'Inde, sur les monts Krapach et Cauca
sur les mono mens antiques, les chiens, les siens, au sud de l'Afrique et dans une grande
chats, les têtes de bœufs embaumés rapportés partie de l'Amérique. Parmi ces troupes bo
d'Egypte, ressemblent à ceux que nous éle vines errant en liberté, il en est qui appar
vons. tiennent à l'espèce domestique (bos taurus) ;
Bien convaincu de la permanence et de elles n'en sont pas pour cela la souche, caria
l'invariabilité des espèces, Buffon a dit : domesticité des grandes espèces qui vivent
_ « S'il était une fois prouvé qu'il y eut, je ne sous le joug de l'homme est de tous les temps.
dis pas plusieurs espèces, mais une seule qui Elles proviennent, comme les chevaux sau
eut été produite par la dégénéralion d'uue vages, d'animaux abandonnés par nous ou
autre espèce, il n'y aurait plus de bornes à la échappés de nos étables.
puissance de la nature, et on n'aurait pas tort Les espèces qui, avec notre bœuf domesti
de supposer que d'uu seul être elle a su tirer que, constituent le genre bos sont : le buffle,
avec le temps tous les êtres organisés, que larni, le mur, le gayal, le yungli glau, l'aie
tous les animaux sont venus d'un seul animal roch, le bœuf de Cafrerie, l'yach, le bison,
qui, dans la succession des temps, a produit l'ovibos, espèce sauvage américaine, connue
en se perfectionnant (ou en dégénérant) toutes depuis peu de temps, qui tient le milieu entre
les races d'animaux. » le bœuf et le mouton.
En résumé, les individus sont éphémères, Parmi ces espèces, il en est trois qui, quoi
les races peu durables, toujours disposées à que n'étant pas entretenues en France, n'en
s'altérer ou à s'éteindre, les espèces sent éter sont pas moins domestiques en d'autres pays;
nelles. ce sont le buffle, l'yach et le bison; nous ne
En groupant les espèces organiques d'après pouvons donc les passer sous silence.
un ou plusieurs caractères communs à toutes,
on a formé des genres ; réunissant ainsi le § 1*'. — Du Buffle (bos bubalus).
chien et le loup, le cheval et l'ànc, le bœuf et
le buffle. Les espèces d'uu même genre peu Le buffle a le front élevé, arrondi, le
vent s'allier, mais presque toujours les pro chanfrein concave, les cornes noires et tres-
duits qui en résultent sont inféconds; on les écartées l'une de l'autre, avec une crête sail
nomme mulets, tandis que les produits d'une lante à la partie antérieure, le fanon peu dé
CHAP. il. DU BUFFLE, DU YACK ET DU BISON. 447
veloppé, la queue longue et pendante, les ma animaux. Nulle part leur santé n'est plus ro
melles placées sur une seule ligne comme le buste que dans la fange des marais Pontins et
bœuf ordinaire, 13 paires de côtes, pelage des Maremmes de Sienne, ils y nagent, ils s'y
noir, poils noirs et durs. En Grèce et en Italie vautrent; et de nombreux troupeaux y vivent
le buffle est employé au labourage, et sa fe jusqu'à l'âge de quatre ans où l'on s'empare
melle fournit un lait qlii sert à faire un fro d'eux pour les dompter.
mage rond fort renommé. Originaire des con On donne en Italie le spectacle d'un combat
trées chaudes et humides de l'Inde, il fut de buffles comme en Espagne celui d'un com
introduit à l'est de l'Europe vers le vu" siècle. bat de taureaux, et ces jeux insensés sont en
Il y a encore une grande quantité de buf Italie encore plus périlleux.
fles sauvages dans les contrées de l'Afrique et La chair du buffle est dure, mais mangeable.
de l'Inde qui sont arrosées de rivières et où Le lait de la bufflesse n'est pas d'aussi bon goût
se trouvent de grandes prairies; ces animaux que celui de la vache, mais il est plus gras et
marchent en troupeaux nombreux et font de plus abondant; c'est au point que la plupart
grands dégâts dans les terres cultivées; mais en donnent journellement de 20 à 24 litres.
ils n'attaquent jamais les hommes, à moins Vers le commencement de ce siècle il ar
3u'ils n'aient été blessés; alors ils sont très- riva à la ferme expérimentale de Rambouillet
angereux, car ils vont droit à l'ennemi, le une colonie de buffles italiens; ils y réussi
renversent et le tuent en le foulant aux pieds. rent parfaitement, ils s'y montrèrent même
Us craignent beaucoup l'aspect du feu, et ont traitâmes et dociles; on les mit au travail, on
pour la couleur rouge la même aversion que fit du fromage de leur lait, et ils furent même
la plupart de nos bœufs domestiques, sans introduits dans quelques fermes du Beau
qu'on puisse en expliquer la raison. jolais, où j'en ai vu attelés et traçant docile
« Toutes ses habitudes sont grossières, dit ment leur sillon. Ou put croire que l'agricul
Buffon : il est après le cochon le plus sale ture française avait fait la conquête d'un ani
des animaux domestiques par la difficulté mal utile; mais il en a été de celte améliora
qu'il met à se laisser nettoyer et panser; sa tion comme de tant d'autres. Au reste, il est en
figure est grossière et repoussante, son regard agriculture surtout bien peu d'améliorations
stupidement farouche; il avance ignoblement qui n'aient été abandonnées et reprises plu
son cou et porte mal sa léte, presque toujours sieurs fois avant de s'établir définitivement.
penchée vers la terre; sa voix est un mugisse M. Prosper Lalanne et quelques autres cul
ment épouvantable, dur, d'un ton beaucoup tivateurs du Gers ont défriche des landes sté
plus fort et plus grave que celui du taureau; riles a l'aide de buffles, et se louent de leur
il a les membres inaigres et la queue nue. » docilité, de leur vigueur et de leur extrême
Cro;rait-on cependant qu'en certains pays sobriété. Ces animaux sont au bœuf ce que
ce sont des enfans qui sont exclusivement l'âne est au cheval. Précieux dans les pays
chargés d'assouplir des caractères si brutale pauvres, précieux pour les pauvres dans les
ment farouches? ces enfans leur donnent en pays riches, espérons qu'un jour nous les ver
chantant un nom auquel ils les habituent à rons se multiplier dans les landes et au rai-
répondre, et c'est toujours en musique qu'on lieu des étangs delà Bresse et de la Sologne,
les appelle; on chante aussi quand on trait les et y rendre les mêmes services que dans les
bufflesses, et pour en obtenir plus de lait, on Maremmes de Sienne et les Marais-Pontins.
joint à l'effet de la mélodie la vue du petit Si l'espèce du buffle et celle du bœuf ordi
tufflon qu'on place devaUt la mère. naire ne se mêlent pas, c'est plus à cause de
Dans les Marais-Pontins, où les buffles sont l'antipathie qui les divise que des différences
très-multipliés, il y a un village, la Cisterna, zoologiques qui les distinguent; cependant un
3ui est en possession de fournir de petits con- voyageur naturaliste digne de foi (Fouché-
ucteurs de buffles à toute l'Italie. Dassoinpierre ) assure que dans l'Inde, des
Il parait que les buffles sont d'autant plus produits, et même des produits féconds résul
médians qu'ils habitent un pays moins chaud; tent de l'alliance du buffle avec le bœuf,
dans le cen tre de l'A frique on les conduit aussi
facilement que les bœufs. Chez nous, pour les § II. — Du Yack (vache grognante).
conduire, on leur perce la cloison des narines
et on y passe un anneau de fer auquel on at L'racX-, bœuf du Thibet, bos grunnien.t, res
tache une corde. Il faut beaucoup de force et semble au buffle par les formes et en diffère
de dextérité pour cette opération : on lie en par une grosse touffe de poils qui couvre le
tre eux les pieds de l'animal et on le renverse sommet de sa tête et une sorte de crinière.
sur le dos. L'anneau qu'on lui a placé tombe Son pelage, en général ras et lisse en été, est
au bout de quelques années mais alors l'ani crépu et hérissé en hiver ; le ventre, le haut
mal est devenu docile. des jambes sont couverts de crins long_s et touf
On emploie le buffle au labourage. Deux fus; il a la queue blanche, garnie de crins d'une
animaux de cette espèce attelés à une charrue grande longueur, les cornes arrondies, un peu
tirent un plus lourd fardeau que quatre forts recourbées en arrière, une loupe sur le dos, les
chevaux. Comme leur tète et leur cou se por quatre mamelles placées sur une ligne trans
tent naturellement en bas, ils se servent pour versale ainsi que 1 auroch, et 14 paires de cô
lirer de tout le poids de leur corps. tes. Ce bœuf, ainsi que le buffle, se plaît dans
Ils sont moins difficiles que les bœufs sur les lieux inondés et marécageux ; il nage et il
la qualité de la nourriture ; ils résistent beau court plus vite ; son naturel est farouche ; au
coup mieux à toutes les causes de maladies, lieu de mugir comme ses congénères, il fait
et ils sont très-précieux pour travailler dans entendre des sons qui ont beaucoup de rap
les lieux humides ou marécageux, dont les port avec le grognement du cochon. Il vit,
émanations sont nuisibles à tous les autres a l'état sauvage, sur les montagnes du Thi
■148 ANIMAUX DOMESTIQUES DES RACES BOVINES ET DE LEUR ÉLÈVE, ut. m.
bet; les Orientaux font grand cas de leurs pourrait facilement le réduire à la domesticité'
queues, ce sont elles, et non celles du cheval, et en enrichir l'agriculture. Kalm assure qu'il
qui flottent en guise d'étendard dans leurs produit avec les"vaches communes. Sa ebair
armées. est bonne, sa peau excellente. On peut liler
Les Thibétains ont pour le yack le respect son poil et fabriquer de jolis ouvrages avec
religieux des bramines pour le zébu. ses cornes, qui sont très-dures et très-noires.
L'yack, réduit à l'étal de domesticité fait la
richesse de plusieurs peuples de l'Asie; on ne Section U. — 'Des caractères du boeuf
les emploie point à la culture des terres, ordinaire (bos taurus).
mais on s'en sert comme de bétes de somme.
Leur pied est très-sûr et ils peuvent porter
de lourds fardeaux. On en tire une grande Indépendamment des caractères de la fa
quantité de lait dont le beurre est d'excel mille et du genre, voici ceux de l'espèce do
lente qualité, on le dépose dans des sacs de mestique la plus répandue.
peau imperméable à l'air et on le conserve Des cornes arrondies, dirigées latéralement
ainsi inaltérable pendant des années entières. et relevées en pointe; — un pli de la peau,
« Il n'est point, dit M. Sonnini de Moncon- pendant sous le cou et tombant entre les
tour, d'espèce qui paraisse plus intéressante, jambes de devant, quelquefois jusqu'au-des
et en même temps plus facile à acquérir pour sous du genou, pli nommé fanon; deux lèvres
l'Europe que celle de l'yack. Assujettie de grosses, qui ne permettent à l'animal de sai
longue main à l'obéissance, elle est toute pré sir que des herbes hautes, et tout au plus de
parée à nous rendre les services que pli-sieurs pincer celles qui sont courtes;— front grand,
nations de l'Asie en retirent, soit pour le aplati, couvert d'un poil crépu, portant en
transport de fardeaux, surtout dans les pays général un épi à son milieu; — cou gros et
de montagnes, soit par l'abondance du lait court, dirigé horizontalement, corps massif;
qu'elle fournit, soit par la beauté de sa toison — jambes courtes , garnies inférieurement
dont nos arts tireraient sans doute un parti d'une touffe de poils analogue au fanon des
avantageux; les contrées du nord de la France chevaux; — hanches larges et saillantes; —
montueuses, boisées et rafraîchies par des amas jarrets larges, évidés ; genoux gros;— horizon
d'eau, seraient les plus convenables à l'accli talité presque parfaite d'une lifine qui irait
matation et à la mulliplication des yacks. Un de la nuque à l'origine de la queue; — pelage
de cesanimaux, envoyé duThibet à M. Hasting variant du noir au rouge.
et transporté du Bengale en Angleterre, s'ac Les cornes du bœuf croissent tant que ra
coutuma bientôt au climat de ce nouveau pays, nimai vit; on y dislingue des nœuds annu-
et quoiqu'il eût été fort maltraité pendant la laires qui incliquent son àj;e, mais la dentition
traversée, il reprit ses formes et sa vigueur; offre des indices plus sûrs (voyez page 220);
on lui fit couvrir plusieurs vaches communes du reste, les cornes ne tombent jamais, et si
qui produisirent des métis. » elles se cassent par quelque accident, elles qe
recroissent plus. A trois ans une lame très-
§ III. — Du bison (éoj americanus). raince de leur surface se. gerce, et tombe au
moindre frottement. Ils aiment a frotter leurs
Le bison (fig. 260), plus trapu que les précé- cornes contre les corps durs.
Fig. 259. Les cornes sont pour eux des armes redou
tables. Lorsqu'ils veulent en faire usage, ils
baissent la téte, en présentent la pointe à
leur adversaire, le soulèvent, et, s'il n'est pas
de trop grande taille, le lancent en l'air après
l'avoir percé; il est des races dont les cornes
ne tiennent qu'à la peau ou sont mobiles
comme des oreilles.
La voix dans ces animaux se nomme mu
gissement ; elle est forle dans les mâles en
tiers qu'on nomme taureaux ; elle se modifie
selon que l'animal est agité par l'amour ou
par la fureur, et dans ce dernier cas elle a
uu accent terrible. La vache mugit d'un ton
rauque, quand elle a peur; d'un ton plaintif,
| quand elle a perdu son veau.
I Ce dernier mugit d'un ton à peu près i
blable , quand il souffre, quand il éprouve le
dens, a la tête courte, grosse, une excroissance besoin de nourriture, qu'il désire sa mère.
charnue sur le garrot, un poil laineux, très- Malgré sa conformation massive, le bœuf
long et très-épais, qui recouvre la tête, le court quelquefois fort vile, et nage bien.
chanfrein, le cou et les épaules. Une épaisse Son sommeil est court et léçcr. Comme il se
touffe de poil roide lui forme sous le menton couche ordinairement du côle gauche, le rein
une longue barbe, le reste du corps est garni de ce coté est toujours plus gros et plus chargé
de poils ras et serrés; la queue est courte et de graisse que le droit.
terminée par une touffe de longs crins. Son Quoique son intelligence soit moins déve
pelage est noir marron. Originaire des plaines loppée que celle du cheval il est susceptible
ilu Missouri, il y vit encore en troupes. d'éducation, il obéil à la voix, s'attache à un
Cet animal, naturellement docile et inoffen- bon maître. On a vu des bœufs attelés m*
<*ifj Apprivoise ni$émflnl qaijs sa jeunesse; gn semble rçe prépare cto )» p)i|s yjve pmjijé; «yj
GRAP. 11. DES RACES DE BOEUFS DE TRAVAIL. 449
connaît la tendresse de la vache pour son La division en bœufs de montagnes et de
petit. plaines n'est pas plus exacte; leur taille, leur
La patience, la douceur et même les ca produit en lait, en viande et en travail, varient,
resses sont les meilleurs, pour ne pas dire les dans les montagnes comme en plaines, suivant
seuls moyens de dompter les taureaux et les les soins et la nourriture qu'on leur donne.
bœufs, et d'obtenir le lait des vaches. M. Desmareis les a divisés en races de haut
Le taureau a le membre très-long et la cru et races de nature. Les races de nature ont
pointe contournée eu spirale; il franchit la la peaufine, souple, le poil moelleux, le regard
fleur épanouie, pénètre dans l'intérieur de la doux, s'engraissent facilement et vivent dans
matrice, et quelquefois même dans les cornes des lieux peu élevés. Les races de haut cru, à
de ce viscère; il peut engendrer à un an. La cuir fort, à fanon développé, au regard fa
femelle est encore plus précoce, mais c'est rouche, habitent en général les montagnes;
plus lard qu'il convient de les accoupler. mais celte division n'est pas plus exacte que
La chaleur se manifeste pour l'ordinaire au les autres. Peut-être serait-il plus rationnel
printemps, il n'est pas rare de voir des vaches de les diviser en races de travail, races de bou
en chaleur plusieurs fois l'année, et même cherie et races laitières.
constamment. En Angleterre, où les chevaux et les mulets
La vache porte neuf mois ; plus souvent sont presque seuls employés à la culture et
que la jument elle met bas deux petits ; la au tirage, c'est uniquement pour le lait et la
parturition est souvent chez elle accompa boucherie qu'on y entretient les plus belles
gnée d'accidens. races bovines de l'univers.
On nomme veau le inàle impubère; vêle, _ Il résulte de documens statistiques posi
la femelle du même âge ; génisse, la femelle tifs que la moyenne du poids net des bœufs
qui, ayant atteint l'âge de la puberté, n'a pas de boucherie, en Angleterre, est de 554 livres,
encore porté. Le tourillon est un mâle entier et en France de 350. Même proportion à l'é
qui n'a pas encore trois ans; le bouvillon est gard des veaux, des. moutons, des agneaux.
un bœuf de même âge. Sur les montagnes Ce n'est pas tout : l'Angleterre, d'après les
d'Auvergne on nomme bourrets et bourrettes mêmes decumens, possède dix millions cinq
les jeunes bêtes qui ont moins de deux ans; cent mille têtes bovines, et la France seule
ce sont ensuite des doublons, des doublon- ment six millions six cent quatre-vingt-deux
nes, des tierçons (doubles ans, trois ans). mille; et, pourtant, de combien la France
Les bœufs comme les vaches prennent en est-elle supérieure à l'Angleterre en territoire
deux ans à peu près tout leur accroissement. et en population!
Lear plus grande force est de 5 à 9 ans; Aussi, quoique grands consommateurs de
Le terme naturel de leur vie, 15 à 18 ans. viande, les Anglais n'achètent point de bé
tail, et malgré notre excessive sobriété en ce
genre d'aliment, il rpsulte de recherches sta
Division des bœufs ordinaires, différences tistiques qu'en France les habitans des villes
qui les distinguent. consomment en viande, terme moyen, 60 livres
par an. ceux cîes campagnes environ 20; tan
Les bœufs présentent des variétés hérédi dis que chaque Anglais en absorbe 220 livres.
taires qui s'affaiblissent et s'effacent par le Nous traiterons d'abord des races bovines
croisement. Les plus remarquables sont l'exis travailleuses, en commençant par celles qui
tence au garrot d'une ou deux loupes grais sont étrangères à la France.
seuses, l'absence, la mobilité ou la division
des cornes en plusieurs branches, les diffé Section m. — Races de bœufs de travail.
rences dans le volume. et le poids. Le poids
varie de 200 à 4,000 livres; la taille, de celle de § I'r.— Du zébu ( bœuf à bosse) de l'Inde.
petits béliers, comme les bœufs de Norwége,
A celle des plus grands chevaux, comme les Le zébu [ftg. 260) est peu connu en France,
bœufs de l'Ukraine. Bien plus que dans les Fig. 260.
autres espèces, leur taille dépend de la nour
riture qu'ils reçoivent. La couleur présente
toutes les nuances du blanc au rouge et au
noir.
Ce qu'il faut surtout rechercher dans les
bêtes bovines, c'est l'aptitude au travail, l'a
bondance du lait, la facilité et l'économie de
l'engraissement; mais comme on ne trouve
pas toujours dans la même bête ces qualités
réunies, il faut choisir celle qui est le plus en
harmonie avec les localités, et qui offre les
moyens de changer le plus utilement le four
rage en lait, en fumier, en viande ou en pro
duits de travail.
Il n'est pas facile de classer les bœufs d'a
près leurs caractères extérieurs. En Alle
magne, on a cru qu'on pouvait les distinguer
far la couleur; mais bien qu'en général les c'est aux communications bienveillantes de
œufs de montagnes soient rouges, ceux de M. l'abbé perrin, si longtemps missionnaire
plaine gris, ce caractère n'est pas assez cpn- dans l'Inde, que nous «lovons les détails que
jstapt piHir servir de base i\ npe qjvjsjop, fiousallpiis do|ineT,Lezéhu est prusqur Ja seu,|o
?9 »ÎE H. — 5?
ÀSO ANIMAUX DOMESTIQUES : DES RAC1 Smais
BOVINES
elle fut ET
presque
DE LEUR
entièrement
ELEVE.'emportée
LiV. Ml.
race bovine domestique de l'Inde et de l'A
frique. L'Europe ne peut manquer de s'en enri par l'épizootie de 1816; elle est caractérisée
chir un jour. Déjà elle se multiplie dans quel ainsi: — absence complète de cornes, et mê
ques parcs anglais. On eu distingue plusieurs me aplatissement, et concavité aux lieux où
variétés : les uues a une seule, d autres à deux elles s'élèvent dans les autres races; — ex
bosses, toujours sur le garrot; ce sont des haussement au milieu du front; — pariétal et
loupes plus volumineuses ehez les mâles, dout crête de l'occipital très-forts;— près de terre,
le poids peut s'élever à 60 livres. quoique de grande taille, beaucoup de corps;
Ces excroissances sont ce qui, & l'extérieur, — poitrail et croupe très-larges; — épaules
distingue le plus les zébus des bœufs ordi très-musculeuses; — fanon descendant au-
naires; elles disparaissent au bout d'un cer dessous du genou; — peau fine; — poils ras
tain nombre de métissages. C'est bien à tort et fins (caractères des races orientales); —
qu'on a voulu faire du zébu une espèce bo poil blanc mêlé de rose et de rouge, quelque
vine particulière, il produit avec toutes nos fois de la nuance nommée porcelaine sur le
races domestiques des individus féconds; or, cheval ; — une grande douceur, soit au pâtu
c'est là la preuve naturelle de l'identité d'es rage, soit à l'élable; et, néanmoins, beaucoup
pèce. de force et de courage, se battant avec le poi
La taille des zébus varie de celle d'un petit trail plutôt qu'avec la tête; — abondance de
bélier à celle des plus gros bœufs européens ; lait et facilite de l'engraissement.
duoique trapus, ils sont fort agiles ; il en est Les produits de cette race unie aux vaches
dont les cornes sont mobiles, d'autres qui sont à cornes se sont constamment montrés sans
privés de cesorganes. Leurs jambes sont beau cornes, ou avec de petits corni lions adhérent
coup plus longues que celles de nos bœufs. à la peau qui ne tardent pas à tomber.
Tous, au lieu de mugir, font entendre un Cette race a éprouvé chez nous la même
grognement qui n'a rien de désagréable. défaveur qu,e les bêtes à laine d'Espagne, et
Leur naturel, leurs mœurs, leur régime, d'abord les cultivateurs la rejetaient égale
gence,
sont ceuxde de
docilité
nos bœufs
et d'aptitude
avec plusà un
d'iutelli-
grand ment; ils ne pouvaient se figurer que des ani
maux ainsi conformés missent être utiles, et
nombre de services. Ils traînent d'aussi pe ils refusaient de leur laisser couvrir leurs va
sons fardeaux que nos chevaux de trait. At ches. Il a fallu qu'ils vissent leur produit, que
telés au carrosse, ils vont aussi vite que des i l'expérience leur montrât combien leur mul
chevaux, et font 16 à 20 lieues par jour. tiplication est certaine, et enfin combien l'ab
Les zébus gravissent les montagnes de l'Inde, sence des cornes est non-seulement peu im
portant sur leur dos des balles de coton du portante, puisqu'elle n'empêche pas de les
poids de $00 livres : charge supérieure à celle atteler au collier, mais encore utile, pour
des plus forts mulets. au'its. consentissent à l'adopter. A sa grande
On selle et on monte encore les zébus. On ouceur, cette race joint les avantages d'être
les guide alors avec une corde qui, traversant bonne portière et très-bonne laitière ; elle a
les narines, fait fonction de mors. Ils trottent aussi celui de pouvoir être mise dans la même
constamment, et on les façonne facilement à pâture avec des jumens pleines ou poulinières,
l'allure de l'amble. Il est de ces zébus de forte sans craindre que les mères et les poulains
race qui, échappés à la domesticité, ont la soien t éventrés par des cou ps de cornes, comme
Vitesse des chevaux barbes.Les bachalis, bœufs il n'arrive que trop souvent.
de guerre qu'on emploie dans quelques con
trées de l'Afrique, sont des zébus. § III. — De la race helvétique de Schwitz.
Très-mullipliés dans l'Inde, ils y remplis
sent toutes les fonctions que les bœufs, les On a signalé en Suisse trois races bien dis
mulets et les chevaux remplissent ailleurs. tinctes de bêtes bovines : 1* celle de Fribourg;
Enfin il n'est pas de race bovine qui rende 2" celle de Hasti ; 3° celle de Schwitz ; la der
plus de service que le zébu. Aussi dans l'Inde, nière est plus précieuse que les deux autres :
toutes les caresses, tous les soins lui sont bonne laitière, s'engraissant aisément, elle est
prodigués; il est nourri délicatement et pansé encore éminemment propre au travail, aussi
avec exactitude; on ne souffre pas la plus l'avons -nous placée dans la section des tra
légère tache à sa robe; en outre, on le pare vailleurs.
avec plus ou moins de magnificence, selon le Voici ses principaux caractères :— couleurva-
rôle qu'il doit jouer. Le moins qu'on fasse, riable.en général bai-brun avec une raie fauve
c'est de renfermer chacune de ses cornes dans sur le dos;— fesses lavées;—poil de l'intérieur
yn étui de cuivre jaune et de lui mettre au des oreilles fauve; — tête large, carrée, chi
col un collier d'acier poli; mais s'il est assez gnon bien prononcé, cornes fortes, noires,
heureux pour entrer dans les écuries d'un œil vif, chanfrein court, large et charnu; —
prince, tous ses harnais sont d'or et de soie. encolure cour'c bien musclée, fanon bien dé
taché, sans descendre fort bas; — poitrail et
§ 11. — De la race écossaise sans cornes. épaules larges, bras et avant-bras larges, bien
musclés; — corps long, côtes arrondies, dos
Cette race, originaire d'Asie, est répan horizontal ; — extrémités fortes,jarrets larges,
due en Angleterre et surtout en Ecosse; on bien évidés, tendons fléchisseurs des extré
la retrouve en Irlande. On en introduisit, mités bien prononcés; — ensemble du corps
sous le consulat, une colonie à la ferme ex exprimant la force et la vigueur.
périmentale de Rambouillet ; on la trouva Ces caractères adoucis se retrouvent chez
Îtrécieute sous les rapports du travail et du la vache, ses mamelles amples sont garnies de
ait; elle se répandait dans les départeinens six mamelons, et ses vaisseaux mammaires
voisius ; on l'eût, sans doute, partout adoptée, sont très-apparens.
cm**. 11. ': ■' DES RACES DE 1 OEUFS
pointe; DE
— encolure
TRAVAIL.forte, principalement451à
Cette race, connue en France depuis peu
d'années, a été introduite dans la ferme-mo la partie supérieure ; épaules grosses, poitrail
dèle de Grignon; voici ce qu'en dit M. Bella, large, fanon descendant jusqu'au genou; —
directeur de cette belle institution : corps épais, ramasse, cylindrique; ventre peu
« On peut dire que, sous le rapport des for volumineux; dos horizontal; croupe volumi
mes, nulle autre race ne se rapproche aulant neuse, fesses larges, hanches petites; attache
du beau idéal : sous le rapport de la force, elle de la queue fort élevée ; — extrémités courtes,
souffre peu de comparaison. Les personnes jarrets larges, allures pesantes, aspect vigou
qui ont observé cetie race en Suisse peuvent reux, mais annonçant de la douceur et de la
rendre témoignage du travail qu'elle opère; docilité.
jusqu'ici, on ne peut encore donner qu'un Cette race est depuis un temps immé
petit nombre de fi.its recueillis à Grignon morial établie SHr les montagnes au milieu
même. Sehwitsg et Hector, les deux taureaux (lesquelles est bâtie la petite ville qui lui a
les plus beaux que l'institution ait possédés, donné son nom. Elle occupe peu d'espace,
traînent chacun, sur un chariot, 4 milliers de multiplie beaucoup, et plus qu'aucune race
vert. Les génisses de deux ans, qu'on attèle bovine d'Europe elle se répand au loin dans
pour le même usage, conduisent aisément, et toutes les directions, non pour propager l'es
sans être fatiguées, des charges de 4 à 6 mille pèce, mais pour tracer des sillons et ensuite
pour trois à quatre bêles. >> approvisionner les boucheries; s'acclimatant
Ses qualités laitières sont assez connues; aisément partout, résistant aux intempéries,
néanmoins on peut les comparer avec celles et d'un entretien peu dispendieux. Ces bœufs
de la race normande; à Grignon, l'expérience prennent les noms des pays qu'ils ont traver
comparative a été faite sur une moyenne de sés, et passent pour des boulonnais, des niver-
douze vaches suisses et dix-huit normandes, nais, des poitevins, des morvanais. C'est à l'âge
par conséquent on peut la regarder comme de3à4aus que le plus grand -nombre des
une buse suffisante. La nourriture était pour bœufs auvergnats quittent le sol natal pour
les deux races de même qualité, le produit ne plus y rentrer; à cet âge, l'accroissement
s'est trouvé le même. du bœuf étant loin d'être complet, devient
très-eonsidérable sous l'influence d'une nour
§ IV.— De la race auvergnate de Salers. ri lure succulente; aussi acquièrent-ils dans
des plaines plus fertiles, et tout en travail
On a écrit qu'il y avait en Auvergne au lant, un volume qui dépasse de beaucoup ce
moins trois races peu différentes entre elles. lui qu'ils auraient acquis sur le sol natal.
Né dans ce pays au milieu des chalets, que Cependant leur engraissement est long, peu
nous nommons mazut, j'en connais le bétail, économique, et leur viande n'est pas tres-es-
et je n'y ai signalé, comme digne d'intérêt, tiinée; on petit attribuer cet effet à deux
que la race de Salers; quant à celle qui pâ causes : la première est la rusticité de leur
ture dans la Limagne et sur les monts qui complexion qui les rend si propres à soutenir
entourent ce jardin de la France, elle est mas de rudes travaux ; la seconde, a l'usage de les
sive, mal conformée, bigarrée, à tête longue, bistournerau lieu de les châtrer par ablation,
ayant, comme celles de Berne et de Fribourg, ce qui fait qu'ils conservent toute leur vie
dont elle descend sans doute, ueu d'aptitude quelques restes du caractère du taureau.
pour le travail, et consommant beaucoup pour Les femelles de cette race robuste sont peu
donner un lait abondant en sérosité ; celle abondantes en lait, mais celui qu'elles four
de Murât, s'il faut donner ce nom à une ag nissent
and elles
est très-riche
ne sont pas
ensur
caséum.
les montagnes,
En général,
on
glomération chélive de bêtes bovines, ne mé
rite aucun intérêt. les nourrit mal et on les fait trop travailler.
Voici les caractères de la race éminemment C'est avec la plus grande facilité qu'on sou
travailleuse de Salers (fig. 261): met au joug, non-seulement les bœufs, mais
Fig. 2IC. encore les taureaux auvergnats; on les fait
marcher sur les sols les plus abruptes et sur
le penchant des précipices; on dirait que chez
eux l'aptitude au travail est un caractère de
race qui se transmet par génération commese
transmettent les attributs physiques; les bœufs
labourent en quelque sorte naturellement
quand ils sont descendus de bœufs labou
reurs, comme les chiens chassent bien lors
que leurs ascendans étaient bons chasseurs.
La douceur, la docilité, l'intelligence des bê
tes bovines d'Auvergne ont surtout pour cause
la bienveillance que leur témoignent les pas
teurs auvergnats.
Les animaux domestiques ne sont en gé
néral médians que lorsqu'on les traite avec
brutalité; et, j'aime à le répéter, les pasteurs
Taille de 4 pieds 2 à (i pouces; poil court, auvergnats sont doux envers les animaux. Ils
doux, luisant, presque toujours d'un rouge les conduisent avec des pique-bœufs sans ai
vif sans taches; —tête courte, front larj;e, ta guillons; ils leur donnent des noms, et s'en font
pissé, chez le taureau, d'une grande abondance obéir en leur parlant; ils chantent pour les
de poils hérissés; cornes courtes, grosses, lui exciter au travail. Les Poitevins, qui achètent
santes, ouvertes, légèrement contournées à la nos bœufs, ont parmi leurs bouviers des chan
442 ANIMAUX DOMESTIQUES : DES RACES BOVINES ET DE LEUR ÉLÈVE. UT. m.
teurs ou noteurs, et les engraisseurs du Li paysant elle a gagné des dispositions à l'en
mousin invitent, en chantant, leurs bœufs à graissement et a perdu de l'aptitude au travail,
manger. Si le noteur se lait, le bœuf ne mange c'est-à-dire qu'elle s'est affaiblie.
pas. Lorsque les bouviers entrent à l'éiable La deuxième race bieu caractérisée dans le
pour garnir les râteliers, les bœufs tournent Rouergue porte le nom de Ségalas, parce
vers eux des regards où se peint la reconnais qu'on l'élève sur des montagnes peu élevées
sance; ils les suivent sans difficulté quand où le seigle est la seule céréale cultivée.
ceux-ci vont les chercher au pâturage, soit Elle se distingue par une taille plus petite
pour les ramener à l'éiable, soit pour les fixer que celle des boeufs d'Aubrac et de Salers;
a la charrue. S'il y a plusieurs paires de bœufs, — Un poil à peu près uniforme, d'un rouge
chacune d'elles reconnaît son conducteur, et plus vif que celui de ce dernier; — le corps
obéirait avec répugnance, du moins pendant est plus court; — la tête est moins large; —
quelques jours, a un autre bouvier; et si ce les cornes sont plus minces; — les oreilles
lui-ci manquait de douceur, ils deviendraient plus petites et presque dégarnies de poils;
indociles et méchans. Les bœufs camarades se — les jambes sont grêles; — plus vigoureux
prennent d'amitié; chacnn d'eux connaît la que fort, ce bœuf est agile et ardent au tra
place qu'il doit occuper à la charrue; celui vail ; qu'on l'atlèle au collier, et il traînera la
qui doit être fixé au joug le dernier attend charrue tout aussi rapidement que le cheval;
paisiblement que son camarade soit attaché, mais il ne deviendra jamais excellente béle de
avant de se présenter pour l'être à son tour. boucherie, et sa femelle ne sera point a bou
Une chose remarquable, c'est que les bœufs dante laitière. Son poids est de 5 a 600 livres;
savent que ce n'est pas pour labourer, mais celte race parait élre un démembrement de
pour pâturer, qu'on les fait sortir le diman celle d'Aubrac ou de Salers qui a dégénéré
che; aussi bondissent-ils de joie ces jours-là sur un sol peu fertile, on peu de soins lui
en franchissant la porte de l'éiable. Je ne dirai ont été accordés ; on pourrait facilement la
rien de l'intelligence des vaches de montagnes relever en la nourrissant mieux et apportant
3ni connaissent la voix de leurs pasteurs, qui des soinsà sa production.
islinguent dans les pacages les limites
qu'elles ne doivent pas franchir, qui savent § vt. — Des races du Quercy et du Limousin.
obéir à celle d'entre elles qui s'est constituée
le chef du troupeau. Nous avons en effet dans Dans la première de ces races, la taille est
notre Auvergne des vaches helruckes tout plus élevée que dans celle du Rouergue et de
comme il en est en Suisse, c'est-à-dire des va la haute Auvergne. Le poil est uniforme, d'un
ches plus fortes, plus hardies, plus intelli rouge sanguin, ou blanc rouge; on méprise
gentes que leurs compagnes, qui s'établissent ceux d'autres couleurs, et on ne les élève pas;
les reines du troupeau et dont l'empire est le corps est long et peu massif, les épaules
consacré par une sonnette bruyante que le sont fortes, les jambes allongées, les hanches
pasteur leur attacheau cou. Comme en Suisse, saillantes, les cuisses plates, les cornes cour
nos vaches connaissent l'époque fixe où elles tes.
doivent se diriger sur les montagnes, et si les Les bœufs du Quercy sont plus vigoureux
intempéries relardent ce dépari, elles témoi que robustes; ils travaillent avec ardeur, mais
gnent la plus vive impatience; elles n'igno peu de temps de suite; ils ne s'engraissent pas
rent pas non plus le moment où elles doivent facilement, ou les voit maigrir à mesure qu ils
descendre, et ce n'est pas avec moins d'em avance ni en âge.
pressement qu'elles se réunissent pour rega La taille des bœufs du Limousin diffère
gner les élables. peu de celle des bœufs du Quercy; ils sont
Elus forts et moins vils, leur poil .est rouge,
, § V. — Des races d'Aubrac et de Sc^s'as. lond ou jaune paille; la tête est allongée, le
poids de 7 à 800 livres, les cornes plus lon
La première a ordinairement le poil fauve gues que l'on ne les voit d'ordinaire sur les
clair, avec les oreilles et les joues brunes, les bêtes de haut cru; elles se contournent sou
yeux bordés de noir et un cercle blanchâtre vent de manière à ce que la pointe soit diri
autour du mufle; on attache dans ce oays une gée en bas et de côté, ce qui rend nécessaire
grande importance à la couleur du poil des l'amputation de l'une des deux pour le pla
bœufs d'Aubrac; les plus estimés sont ceux cément du joug; les épaules sont épaisses et le
dont la robe ressemble à celle du blaireau avec garrot est/peu saillant, le fanon large; la dif
lesoreilles etles joues couleur de suie;on fait férence de taille entre les mâles etles femelles
peu de cas de ceux qui sont bigarrés de taches est encore plus grande qu'en Auvergne.
blanches et qu'on nomme pies.
La taille du bœuf d'Aubrac est à peu près § VII. — De la race charolaise.
la même que celle du bœuf de Salers; sou
poids est de 8 à «J00 livres; le corps est plus Taille à peu près égale à celle de la haute
trapu, les jambes plus courtes, la croupe Auvergne; poids de G50 à 750 livres; poil le
tout aussi volumineuse et les hanches plus plus souvent rouge de diverses nuances, quel
élevées; les jarrets ne sont pas si larges, ils quefois blanc comme du lait; — tête courte,
sont plus droits, le mufle est plus gros, les carrée; — front large; — cornes grosses,
formes sont moins arrondies, l'arrière-main courtes, polies, de couleur tirant sur le vert,
plus étroit. dirigées horizontalement et se relevant un
Cette race, qui parait s'être formée sur la peu en pointe ; yeux tout à la fois vifs et doux ;
montagne d'Aubrac qui se lie à la chaîne d'Au ■— oreilles horizontales et velues; — ventre
vergne, mériterait d'être mieux connue; elle volumineux ; — extrémités courtes : — jarrets
parnit êtr« originaire CanM>! j PB sp dÇ7 larges, bjeu («vidés, droits; i- allures pesantes
ciiap. 11. RACES DE BOETJ FS DE TRAVAIL. 453
et sûres, comme celle du bœuf auvergnatavec cornes, regards doux et tranquilles, cornes
lequel, sous un grand nombre de rapports, moins écartées, moins épaisses, plus longues
on pourrait le comparer. que dans les touraches, naseaux moins éta
Après avoir, comme bête de labour, fait un lés et couleur de chair, cou plus grêle, fa
excellent service, le bœufcbarolais s'engraisse non moins pendant, poitrine plus ovale, par
facilement, et sa viande est préférée à toute conséquent plus étroite, train de derrière plus
autre dans les boucheries de Lyon. large, cuisses plus saillantes, corps plus allon
Cette belle race est peu nombreuse. Le plus gé, os moins gros, plus larges, taille plus éle
grand nombre des prétendus charolais ame vée, peau plus mince sur le cou, plus forte
nés à Paris 6ont des auvergnats ou des niver- sur les fesses, plus mobile dans toute son
nais engraissés dans les embouches du Cha étendue.
rolais. Les fémelins sont plus dociles et d'une édu
Les laitières du Charolais ne valent pas cation plus facile; d'une stature généralement
celles de la Bresse, issues de la Comté, qui plus élevée, ils ont les mouvemens plus agi
elles-mêmes sont médiocres, et ne donnent, les, et s'engraissent mieux; s'ils ont moins
terme moyen, que 7 à 8 litres de lait par jour. de vigueur naturelle, on en obtient en résul
La marche de ce bœuf n'est pas vive, à cause tat au moins les mêmes avantages; chez eux,
de sa pesanteur; mais il est robuste et d'un la masse est compensée par le volume, et
naturel fort doux; il naît, travaille et s'engrais - l'activité par la longueur du levier, qui dans
se dans les plaines du Cbarolais. Il a le regard le même temps permet de parcourir une
doux, le cuir mince, le poil souple. plus grande distance avec moins de fatigue.
Les fémelines donnent plus de lait que les
$ VIII. — De la race comtoise. touraches : c'est ce que l'on appelle une race
de nature.
Deux races bovines ont été signalées en Elle a tant de rapport avec celle de Bresse,
Franche-Comté, la tourache, et la jémeline. qu'on peut les croire identiques; cette der
La première, qui se montre déjà aux envi nière lournit presque tout le lait qui se con
rons de Pontarlier, se prolonge au sud, sur somme à Lyon; c'est elleaussi qui, avec la race
tout le plateau du Jura jusqu'au Rhône. charolaise et à des époques différentes, en ap
La seconde |est entretenue au nord; elle provisionne les boucheries.
suit le cours de l'Oignon et de la Saône, et Les fémelines et les touraches sesontsouvent
s'étend dans les plaines de la Bresse. mêlés, et ce n'est que dans les parties centra
L'une et l'autre sont de taille moyenne de les, foyer de chacune d'elles, que les carac
4 pieds 2 à 6 pouces, et du poids de 5 à 600 liv. tères de l'une et del'autre sont saillans.
M. Ordinaire a tracé ainsi les caractères de la
race comtoise tourache : § IX. — Race Camargue.
« Dans les poils toutes les bigarrures de cou
leurs au milieu desquelles la plus dominante Petite taille (environ 4 pieds) ; pelage noir,
est le rouge foncé ; ce poil est fort, épais et sauf quelques individus à poils rouges, comme
dur, frisé sur la tète ; il se prolonge hérissé le bœuf de Salers.
le long des vertèbres cervicales et dorsales, D'après une tradition provençale , une
s'affaissaut insensiblement à mesure qu'il ar grande épizootie enleva les bœufs noirs à de
rive à l'extrémité de la colonne vertébrale. Sa mi sauvages de la Camargue vers le milieu du
peau dense et épaisse est assez adhérente et dernier siècle, dont le nombre s'élevait, dit-
présente sa plus grande épaisseur sur le cou on, à 15,000. Après ce désastre, on fit venir >
et les épaules; sa léle est forte et épaisse, le d'Auvergne une colonie bovine, qui s'est co
chanfrein court et large, le regard vif et som lorée en noir, sauf quelques individus qui
bre, les naseaux étalés et bruns, les cornes ont conservé la couleur originelle.
étalées et grosses, surtout à leur base; le cou En adoptant cette tradition, on peut croire
large et court présente inférieurement un que quelques taureaux échappés à la conta
fanon qui se balance entre les genoux, tandis gion ont imprimé leur couleur aux métis, ou
que son épaisseur se relève entre le garrot et attribuer ce phénomène à l'influence du
les cornes; lescôtes relevées et arrondies ren climat. ( a.
dent la poitrine large et les épaules écartées; Quoi ■ Vil en soit, si la race Camargue est
le corps assez ramassé se termine d'une ma une émanation de celle de Salers, elle a éprou
nière étroite, le» hanches étant rapprochées vé dans le delta du Rhône d'autres change-
et les cuisses peu saillantes; les os sont gros et mens que celui de la couleur. La taille s'est
larges, les jambes courtes, mais d'aplomb. » rapetissée; — la tête s'est allongée;— le mufle
Une race bovine qui offre ces caractères s'est rétréci ; — les cornes, se rapprochant
doit être plus propre au travail que disposée par la pointe, ont formé un arc; — 1 œil moins
à prendre beaucoup de graisse et à fournir gros a pris une expression farouche; — l'en
une grande aboudance de lait. colure s'est amincie; — le ventre est devenu
Comme de celle deSalers, quoiqu'il un de beaucoup plus volumineux; — le cuir telle
gré inférieur, on en tire de bonnes bêtes de ment épais qu'il est insensible aux piqûres
labour, et des vaches qui donnent un lait peu des cousins qui s'échappent par myriades des
abondant, mais très-caséeux ; il sert à faire des marais de la Camargue; — la chair est deve
fromages analogues à ceux de Gruyères. nue dure, filandreuse, à peine mangeable; —
La race comtoise fémeline a étéainsi décrite l'allure quelquefois comme celle des zébus,
par M. Ordinaire : surpassant celle d'un cheval au grand trot.
« Poil assez généralement de couleur châtain Des pâtres à cheval gardent ces bœufs en
clair, désigné sous le nom de poil fromenté, troupeaux; ils trouvent, non sans danger, les
tête étroite et mince, yeux rapprochés des moyens de les amener au travail. Ces bœufs
454 ANIMAUX DOMESTIQUES : DES RA.C :S BOVINES ET DE LEUR ÉLÈVE, liv. ut.
labourent avec autant de vigueur, mais non Il est des veaux de ces races qui, à quatre
avec autant de solidité el de constance que mois, pèsent plus de 400 livres, et des bœufs
les bœufs de Salera; et surtout, au lieu d'être gras qui pèsent plus de 8,000.
comme eux doux et dociles, ils sont farou Parmi les meilleures laitières sont les va
ches et dangereux. ches sans cornes, de la race écossaise : mais
« Les bœufs de la Camargue, dit M. de de toutes les races anglaises, la plus estimée,
La Tour d'Aiguës, n'entrent jamais dana les sous le double rapport du lait et de la ch iir,
élables; des gardiens à cheval les rassemblent, est celle à courtes cornes de Durliam (/f^.262);
les mènent aux champs pour labourer, et les
eu ramènent de la même manière en troupes. Fig. 262.
S'il survient par hasard de la neige et de
grands froids, on les conduit dans une grande
cour appelée buau, à portée des marais; celte
cour est fermée de fagots soutenus par des
pieux arrangés en forme de muraille; là on
leur donne un peu de foin.
» Les vaches destinées à renouveler les
troupeaux sont aussi libres que les bœufs, on
les garde séparément. Les hommes qui ont
ce soin sont aussi à cheval; à mesure qu'elles
vêlent, ou conduit les veaux dans un endroit
sec, à portée des marais, où l'on plante autant
de piquets que Ion attend de veaux; chacun
d'eux est attaché avec une corde de chanvre
tressée; quand les mères sont incommodées
de leur lait, ou pressentent que leurs veaux
ont besoin, elles viennent d'elles-mêmes voici ses caractères :
leur donner à téter, puis s'en retournent nu Poils doux et moelleux, nuancés d'un beau
marais. rouge et d'un blanc bien pur, tantôt disposés
» Tous ces animaux sont dangereux, les par larges plaques, tantôt régulièrement mé
vaches comme les bœufs, surtout dans la par langés, couvrant toute la partie supérieure et
tie méridionale de la Camargue, où ils ne sont latérale du corps; les jambes unissent la fi
pas habitués à voir du monde. I,es momens nesse à la vigueur ; — la tête petite va en
les plus critiques sont : 1° ceux où l'on veut les se rétrécissant jusqu'au museau et est porté*
marquer pour les reconnaître; 2" ceux où l'on sur un cou large, musculeux et plein de force;
cherche à les dompter pour les mettre pour la — narines très-ouvertes; — veux proémhiens,
Firemière fois à la charrue; et 3° ceux où on d'une douceur remarquable ; —■ oreilles
es conduit aux boucheries et où on les tue, » grandes et minces près du sommet de la tète;
Il faut pour cela beaucoup de force, d'a- cornes arquées très-courtes, lisses, pointues;
drcsseetcle courage; on tient cependant beau — poitrine large; — épaules projetées en ar
coup à ce genre d'industrie, parce que ces rière; — dos horizontal depuis le garrot jus
hœufs.vivant au milieu des marais, ne coûtent qu'à l'origine de la queue; — reins larges,
rien à nourrir; on va les y prendre pour les arrière main long, peau douce et souple.
mettre à la charrue, et, les travaux terminés, Cette race n'est pas ancienne : on l'a obte
on les lâche pnurallerleschercherde nouveau, nue par le soin constant de n'allier entre eux,
quand ils seront redovenus nécessaires, chacun dans la race même, que les individus offrant
reconnaissant les siens par des marques im au plus haut degré les formes el les qualités
primées avec un fer chaud. recherchées; c'est par ce mode, nommé sé
lection, que Backewell a opéré des prodiges.
Section iv. —- Rares bovine» laitières A mesure que cette race engraisse, elle
et ifengraissement. exige moins de nourriture.
§ I .—Des races anglaises, principalement de celle $ II.—Races helvétiques de Frlhourg et d'Hasti.
de Durliam.
Toutes les races helvétiques sont remar
Les races inglaises étant fort peu employées quables par l'abondance du lait qu'elles four
en Angleterre, soit aux labours, soit aux nissent ; elles diffèrent beaucoup par le vo
charrois, ce n'est pas vers une grande aptitude lume du corps;celledeFribourg ou de Berne
à de rudes travaux qu'on dirige l'améliora est colossale, celle d'flasli est petite, celle
tion de leurs races. Ou veut des bœufs de de Schwitz tient le milieu entre les deux au
boucherie énormes et d'une saveur délicate, tres.
et d'abondantes laitières. Il n'y a pas bien longtemps qu'on connaît
Les races les plus estimées ne sont pas les en France ces deux dernières, c'était naguère
plus robustes, telles que celles de Lincoln, de la seule race fribourgeoi.se qu'on parlait
dont la robe est pie, de Sommerset et de quand il s'agissait des bœufs et des vaches
Glocester, ordinairement roux, tons de grande suisses ; ce sont de toutes les bêtes bovines
taille, gros el forts. étrangères celles qui ont été en plus grand
On préfère les bœufs de Suffolk, du Hereford- nombre introduites en France. — Voici les
shire, elc, qui, à une corpulence colossale, caractères de la race de Berne {fig. 263).
joignent une grande aptitude à l'engraisse Taille de 4 pieds 8à 10 pouces dans les deux
ment. Us sont caractérisés par une petite tète, sexes, car ici, contrairement à ce qui s'observe
une encolure mince, le dos horizontal, etc. sur le plateau central de la France, les mâles
chap. 11. RACES BOVINES LAITIÈRES ET D'ENGRAISSEMENT,
Fig. 263. Comme cette race vit de peu, qu'elle peut
trouver sa subsistance sur des montagnes p res -
que arides et y fournir beaucoup de lait com
parativement à sa taille et à son alimentation,
nous regarderions comme très- précieuse sou
introduction dans beaucoup de localités de la
France; elle est réellement de nature, quoique
vivant sur les plus hautes sommités, ce qui
caractérise le haut cru.
§ H. — Races italiennes, sardes et savolsieones.
Nous connaissons peu les races bovines ita
liennes. On avait introduit en France celle
de la Romagne, se distinguant par les carac
tères qui suivent : grande taille; — cornes
longues, latérales, relevées au bout; —■ poil
et les femelles ne diffèrent point par le vo de couleur grise foncée, passant au brun 465 sur
lume du corps) les boeufs et les vaches ne la léte et au milieu du dos. Cette race, dé
pèseut pas inoins de 1000 à 1200 livres; — paysée, change de poils, ils deviennent blancs
la robe est bigarrée de uoir, de blanc et de à la téte. — Les veaux naissent avec des poils
rouge, cette dernière nuance prédominant le roux, mais peu à peu leur couleur change et
plus souvent sur toutes les parties du corps, à la nuance grise foncée se prononce.
l'exception de la lêle qui est ordinairement Celte race fut abandonnée, n'ayant pas été
blancUe; — culte partie est courte et grosse; trouvée assez bonne laitière. M. fessier a (ait
— l'encolure est fort épaisse et empâtée, le néanmoins observer que c'était à tort, car elle
poitrail est large, le fanon est lâche et descend est, selon lui, plus vive et plus forte que nos
fort bas; — le corps est massif, le ventre énor races françaises, laboure avec plus d'activité,
me; — l'origine de la queue fort élevée; — fournit beaucoup de chair et surtout s'en
les extrémités et surtout les jarrets n'offrent graisse bien. Il serait bon de la multiplier
pas une conformation et un caractère de force dans le midi où les grandes et bonnes races
suffisans pour supporter facilement une si du Nord réussissent plus difficilement.
lourde masse, aussi ces animaux ont-ils une Les boeufs siciliens ont des cornes remar
allure lente et lourde et sont-ils peu propres quables par leur grandeur et leur régularité,
au travail; c'est au point qu'étant attelés ils elles sont très-peu courbées, et leur longueur
se couchent dans lessdlons, et dans cette alti moyenne, mesurée eu ligne droite, est du 3
tude sont insensibles au fouet età l'aiguillon. pieds et quelquefois de 8 pieds 1/2.
Il eu résulte que les Suisses, malgré le nom En Sardaigue comme à Malte, les bœufs
bre de leurs bestiaux si renommés, font, depuis sont en général petiis et maigres.
quelque temps, venir d'Auvergne et du Cha- Ce ne sont pas des vaches indigènes qui
rolais des boeufs pour cultiver leurs terres. fournissent le lait dont on fait le fromage de
Cette inaptitude au travail dérive autant de Parmesan, mais des vaches helvétiques, prin
leurconstiluliou nerveuse que de leur confor cipalement delà race deSchwilz. Un ne con
mai iou; ou sait eu eflel que la force et la fai serve dans les vacheries, où se fabrique ce
blesse, l'ardeur et l'apathie des animaux tien laitage, que le nombre de vaches dont on a
nent autant et quelquefois beaucoup plus à la besoin pour renouveler les bœufs de travail et
constitution nerveuse transmissible par voie pour avoir des veaux dout la viande est fort
d'hérédité, qu'à la conformation extérieure, estimée.
qui souvent l'est beaucoup moins. M. Huzard, fils comparant la race italienne
Les vaches de celle race ont des mamelles du Parmesan à l'helvélique qu'on importe en
énormes d'où découlent des torrens de lait, 24 celle contrée, dit: «La lace du pays eut plus
et souvent 30 litres par jour; mars ce lait est grande, le corps ou le coffre est moins ample,
abondant tu sérosité, pauvre en caséum et en sorte que sa hauteur n'est due qu'à la lon
surtout en butirum, et il est le produit d'une gueur deses jambes; cellei-cisont plu» minces
énorme quantité de fourrage. Habitués aux néanmoins, moins écartées, moins d'aplomb;
pacages luxurians des vallées helvétiques, le bassin est plus étroit, la peau est plus fine,
le bétail qui en sort est grand consommateur le poil plusdoux, plus ras; la tète est beaucoup
et ne peut se maintenir qu'à la condition des plus petite, les yeux sont grands, l'oreille
pâturages les plus succulens ou de la nourri grande et bien pLcéc, le mufle petit, la corne
ture à l'étable ta plus abondaute. petite et mal laile ; sa chair est délicate. »
Nous ajouterons que l'engraissement de Ce sont bien des vaches indigènes, quoique
ces bœufs est peu fructueux; il coûte beau originaires de la Tareniaise, dont le lait sert à
coup et la viande en est peu estimée. faire le fromage du Mniit-Cenis : « Elles n'ont
La race helvétique dite d'Hasti habite pas, ilit M. Bonafous, cette perfection de for
les plus hauts pacages des Alpes, non loin mes qui caractérise les races de la .suisse,
des neiges éternelles; elle est petite, et pèse mais elles sont généralement plus frugales;
à peiue de 450 à 500 livres. elles ont l'encolure Courte, les cornes bien
Cette race a peu de disposition à prendre ouvertes, le ventre assez gros, le pied ferma
de la graisse, peut-être à cause delà vie active et les mamelles peu volumineuses, les cou
et en quelque façon pénible qu'elle mène leurs dominantes de leurs poils sont le noir
dans les Alpes, car dans d'autres conditions et le gris ardoisé. Le rouge et Je blanc sont
elle devient passablement grasse. des teintes peu recherchées. Les vaches blau-
466 ANIMAUX DOMESTIQUES : DES RACES BOVINES ET DE LEUR ÉLÈVE. UT-tlt.
ches sont ordinairement moins robustes et avec des teintes noires en quelque sorte bron
leur lait moins substantiel; — les plus grosses zées, tantôt rougeàtres, marquées de blanc;—
vaches n'excèdent pas 600 livres. Elles ne tète longue, mince, cornes allongées, poin
donnent, terme moyen, que 5 à 6 litres de lait tues; — structure peu massive, corps long,
par jour. » dos voûté, ventre volumineux; — membres
menus, jarrets étroits, queue attachée bas
§ IV. — Race hollandaise. et enfoncée entre les fesses qui sont minces.
Les fermiers qui élèvent les bœufs nor
Formée sur les rives herbeuses de l'Escaut, mands ne se sont pas attachés à une couleur,
cette race {fig. 264) s'est répandue dans le nord car on voit de ces bœufs pies de rouge et de
blanc, on en voit de noirs ; les habitans du
Fig. 264. Colentin ( Manche) préfèrent les bœufs à poil
truité, ce qu'on appelle dans le pays bringi.
Le meilleur bœuf normand pour la chair
est le Colentin, ce qui peut dépendre autant
de la constitution de l'animal que de la qua
lité du pâturage dans lequel on l'engraisse.
Peu propre au travail, ne donnant pas du lait
dans la proportion de son volume et de sa
consommation, le mérite de cette race est de
fournir abondamment une chair succulente
et beaucoup de suif excellent.
La race du pays d'Auge, nommée encore
race de Hollande, est le produit d'une im
portation qui n'est pas ancienne ; elle se pro
page dans des limitas étroites, car dans de ri
ches pâturages comme ceux de la Normandie, il
convient d'engraisser, non d'élever du bétail.
et l'ouest de la France. Elle est caractérisée par Elle diffère de la précédente par les carac
une taille élevée,—un poids moyen de 8 à 900 li tère suivans : taille un peu moins élevée, poids
vres, — la robe le plus souvent pie,—la téte al moins considérable;—couleur différente, étant
longée, effilée, — les cornes noires, longues, bigarrée de rouge, de blanc, de noir, etc.; —
minces, en demi-cercle, — l'encolure grêle, téte plus courte et plus large, cornes courtes,
— le corps allongé, haut sur jambes, — les grosses, blanches, arrondies au bout; — dos
jarrets et les genoux minces, — tempérament moins courbé, ventre moins volumineux, ex
lymphatique ; — est toujours maigre, quoique trémités moins menues, cuir plus épais.
consommant beaucoup. S'il est vrai que ces deux belles races bo
Une race bovine ainsi conformée est peu vines aient pour origine la race hollandaise,
propre à supporter de rudes travaux, elle est il faut convenir qu'elle n'a pas dégénéré dans
éminemment laitière : c'est au point de don sa nouvelle patrie; elle a conservé sa taille en
ner communément 15 à 18 litres de lait par acquérant de l'embonpoint, et ses formes sont
jour, et cela même deux ans après le part. devenues plus belles. Elle a changé de desti
Mais il en est de ce lait comme de celui des nation : ce n'est plus pour l'abondance du
vaches helvétiques, il ne fournit pas du beurre lait, mais pour la boucherie qu'on la recher
et du fromage en proportion de son abon che. Comme cette race ne travaille pas du
dance ; leur chair est excellente ; le suif est tout, les chevaux étant presque partout, en
abondant, le cuir estimé. Normandie, les agens de la culture, ou doit
La population bovine est immense en Hol engraisser et envoyer le plus tôt possible à la
lande comparativement à l'étendue du terri boucherie les bœufs normands; ils y arrivent
toire; elle fournit les élcmens d'une industrie à l'âge de trois ou quatre ans, et c'est une
qui constitue l'une des principales richesses opinion parmi les herbagers que, si on gardait
du pays, celle de la fabrication de ces fro ces animaux jusqu'à huit ans, leur chair se
mages si estimés qui, plus que tous autres, rait beaucoup plus savoureuse ; mais elle coû
supportent la mer et sont exportés dans terait trop cher, s'il fallait la payer au prix
toutes les parties du monde. d'un si long entretien.
On y . conserve beaucoup de taureaux pour
% V .— Race normande. l'exportation; c'est de la vallée d'Auge qu'ils
sortent pour améliorer les races voisines.
On en connaît deux principales, celle du
Colentin et celle du pays d'Auge; l'une et l'au § VI. — Races de Gascogne, etc.
tre remarquables par leur corpulence.
La taille de la première estd'environS pieds, Après celle de Normandie, la plus élevée
le poids brut de 15 à 1600 livres, ce qui sup en France : — couleur ordinairement grise
pose un millier de viande à consommer (la avec des teintes brunâtres, particulièrement
différence entre le poids brut et le poids net à la tête ; — téte' volumineuse dans toutes ses
d'un bœuf est d'environ un tiers, lequel tiers dimensions; — cornes grosses et longues; —
se compose du cuir, du sang, du suif, des is fanon descendant fort bas ; — épaules épaisses;
sues ; généralement de ce qui ne se débite que — garrot bas ; — corps long; — peu de ventre;
dans les basses boucheries); ses formes con — dos courbé; — peu de hanches; — queue
trastent avec celles de la race de Salers; elle attachée bas; — jarrets larges; — cuir fort.
offre, eu effet, en outre de la grande différence Cette belle race tient le milieu entre celles
je taille et de poids : couleur tantôt brunâtre de haut cru et celles de nature} elle est preS'
CHAP. 11 RACES BOVINES LAITIÈRES ET D'ENGRAISSEMENT
que aussi estimée dans les houcheries que les quilles; on ne doit user de leurs services qu'ave0 m
races normandes; elle les surpasse peut-être précaution, et en redoubler surtout quand il s'agi*
par la bonté du suif; elle est très- propre au de les abattre ; ce sont d'excellens bœufs de trait»
travail, et fournit au port de Bordeaux de ils travaillent jusqu'à neuf ou dix ans, puis sont
puissans mojeus de transport. engraissés pendant un an avec des fourrages secs
Ce n'est cependant pas cette race qui est mais ou dans les embouches ; leur viande est bonne,
généralement employée aux labours eu Lan un peu dure.
guedoc : on y fait servir de préférence des § VIII. — Race cholette.
bœufs d'Auvergne ou de Quercy.
Ce furent des animaux de ces deux races Après la Normandie, l'Anjou est une des pro
qfut, après la désastreuse épizootie de 1774, vinces où l'élève et l'engrais des bœufs sont prati
.urenl introduits le loug des Pyrénées; ils y ques avec le plus de succès. Ces bœufs ont pris le
fi
ont fondé trois tribus qui, sous les influences nom de Cholets, parce que c'est dans l'arrondisse
locales, se sont plus ou moins éloignées de ment de ce nom qu'on se livre surtout à leur élève.
leurs types originaires. L'une est grêle, nuan Leur taille est petite, en général de i pieds 5 à
cée de blaireau ou isabelle; l'autre est alezan 0races pouces, mais ils surpassent toutes les autres
par leur poids relatif de viande nette. Leur
clair; la troisième est alezan foncé. Elles ont couleur, d'un jaune tirant légèrement sur le rouge,
beaucoup perdu sous le rapport de l'aplitude est nuancée de noir a l'extrémité des oreilles et de
au travail, mais elles ont gagné, la première la queue ; — poil lisse, — œil noir, — tête large et
surtout, sous celui des dispositions à l'engrais courte,— cornes longues, blanches à la base, noires
sement. Ce sont plutôt de bonnes bétes de à la pointe; — corps long; dos horizontal; — peu
boucherie que de labour, et comme cette des de fanon; — queue attachée bas et enfoncée; —
tination est, dans ces pays, la plus importante, cuir léger; — suif abondant et de bonne qualité.
on doit les y rendre propres par un bon ré deLes bœufs de cette race travaillent jusqu'à l'Age
sept ou huit ans. On les conduit alors à l'engrais
gime et des croisemens bien combinés. où ils passent souvent deux ans ; leur chair, qui
Ou rapporte ordinairement à la race de. Gas est fort estimée, se consomme principalement à
cogne celles de l'Angoumois, de la Saintonge, Paris, depuis avril jusqu'en juillet.
du Périgord; mais ces races se rapprochent Les bœufs nantais et vendéens ne sont qu'un dé
bien plus de la limousine, laquelle a des rap membrement de cette race ; leur robe est en géné
ports avec la quercinoise qui n'est pas éloi ral plus foncée, et quelquefois entièrement noire,
gnée de l'auverguale de Salers. mais les yeux, l'extrémité des corues, les naseaux
Qui sait si toutes les races de l'ouest et du et l'a un s sont identiques; ils sont bons travail
leurs, s'engraissent aisément ; leur viande est bon
centre de la France n'ont pas une origine ne, mais moins délicate que celte des bœufs Cholets.
commune, c'est-à-dire une race éminemment Un autre démembrement de cette race se ren
robuste qui serait descendue du plateau cen contre dans la Mayenne et la Sarthe où elle a pris
tral de la France, et serait devenue ep dégé de la taille par suite de croisemens avec la race
nérant laitière et bête de boucherie ? normande; ses cornes sont courtes, sa robe est
b i • de, diaprée de larges parties blanches sur un fond
GnuGMEn,
Profeueur à IVcole vtlcriniire de Lyon. jaune roux ; elle est souvent jaspée d'une sorte de se
mis de petites taches blanches circulaires.
On peut considérer couime appartenant à la
§ VII.— Races nivernaisc, morvandaise et bourbon même race les bœufs de Bretagne qu'on emploie à
naise. la culture des terres aux environs de Rennes et de
Fougères, jusqu'à ce qu'on les envoie s'engraisser
Les races nivernaiseset Bourbonnaises ont été tel dans les pâturagusde la Normandie ; et les bœufs des
lement améliorées depuis quelques années, qu'elles Deux -Charente, nommés maraSchins, parce qu'ils
sont élevés sur d'anciennes prairies marécageuses
méritent d'ette mentionnées ici.
Les bœufs nivemais sont île moyenne taille; leur desséchées par Napoléon. Grâce à lui, à la place de
marais infects, dont les émanations désolaient le
couleur est café au lait foncé, leur poil fin et lui pays de Sèvres intermittentes, à la place de prai
sant, leurs cornes demi-longues, av. c la pointe en
avant. Ces bœufs travaillmt jusqu'il l'âge de six ries vaient
jonqueuses, où de rachitiques bestiaux s'éle
à grand'peinc pour fournir une viande que
ans, et sont ensuite mis à l'engrais pendant
dix-huit mois avant d'être livrés à la boucherie ; la boucherie ne pouvait conserver vingt-quatre
heures sans qu'elle tombât en putréfaction, ou voit
leur viande est de bonne qualité, mais inférieure aujourd'hui de vertes et riantes prairies couvertes
cependant a celle des bœufs normands et angevins. de beaux et robustes bestiaux.
Les bœufs du Bourbonnais ont une robe entière Ces bœufs se font remarquer maintenant par
ment blarichcet toujours d'une propreté remarqua leur grande et large taille, ils ont conservé l'aspect
ble, quels que soient l'état et la longueur des routes
qu'ils ont parcourues ; leurs cornes sont grosses et des bu
bœufs de marais, aspect qui rappelle celui des
llles ; leur robe d'un brun noir est jaune aux
longue.*, la pointe en est dirigée en avaut ; on les extrémités;
engraisse comme les Hivernais, après six ans de leurs cornes — leur poil est long et très-rude, —
travaux, avec des foins artificiels et naturels. grosses et longues, — l'œil farouche et
Grâce à la pratique de la grande culture, le Bour noir. Leur engraissement se fait en deux ans, et
leur viande est de bonne qualité ; toutefois, par un
bonnais a fait depuis quelques années d'immenses ancien préjugé que rien ne justifie aujourd'hui, les
progrès dans l'éducation et dans l'engraissement des
bouchers de Paris la redoutent, par la craïuto
bestiaux ; aussi les bœufs de ce pajsqui, il j a quel qu'ils
ques années, ne pesaient en moyenne que 325 kilo crainte est deplus ont ne pouvoir la conserver; mais cette
souvent le prétexte que la vrai*
grammes, en pèsent aujourd'hui 375; leur viande cause d'une demande de rabais sur les prix,
est presque aussi délicate que celle des bœufs de
Chollet et de Normandie.
Les bœufs du Morvan sont d'une taille moyenne : $ IX. — Races allemandes.
ils sont lourds, mal bâtis ; leur couleur est rousse ;
une sorte de draperie blanche suit le parcours de L'Allemagne est un des pays où iv,n occupé
leur colonne vertébrale ; ils sont médians, capri avec le plus de succès de l'élève, de l'engraisse
cieux, sournois, lancent souvent un coup de pied ou ment et de l'amélioration des bœufs. Grâce à d'heu
un coup de corne aux personnes qui les approchent, reux croisemens et à des soins continus, elle pos
•u moment même où ils paraissent le plus tran sède aujourd'hui des races bovines précieuses pouf
131** livraison* TOM% IL/— 58
y.
496 ANIMAUX DOMESTIQUES : DES RACES BOVINES ET DE LEUR ÉLÈVE, ut. tit
le travail, comme pour la viande et le lait qu'elles La race du Voigtland est très-répandue en Saxe
fournissent. Quoique pendant longtemps, et malgré et en Bohême; c'est aux environs d'Iigra qu'elle a
les droits de douane énurmes Uout leur introduc le mieux conservé sa pureté primitive» Les bœufs
tion est frappée, ces bœufs soient venus alimenter de cette race sont cxcellens pour le trait et la bou
les marchés de Paris, et qu'aujourd'hui encore ils cherie, les vaches donnent un lait abondant et très-
fournissent de viande la Lorraine et l'Alsace, les riche en beurre. Des expériences comparatives faites
races bovines allemandes sont peu connues et peu par Schweriz établissent d'une manière incontesta
appréciées chez nous. Nous le disons avec regret, ble leur supériorité sur les vaches de Fribourg et de
les hommes les plus désireux de l'amélioration de Frise. Éllcs sont très-faciles à nourrir, mangent
nos races se sont engoués des races suisses et ont volontiers la paille que refusent les vaches suisses,
dédaigné toutes les autres. Aujourd'hui que l'ex et deux d'entre elles ne coûtent pas plus d'entretien,
périence a si souvent démontré la difficulté de leur qu'une seule vache de Fribouig, quoiqu'elles four
élève, nous espérons que nous saurons enfin, sinon nissent moitié plus de beurre et par conséquent
nous approprier les races allemandes, qui n'offrent donnent un produit plus considérable. Voici leurs
en réaiité aucun avantage sur nos bounes races principaux caractères : robe rouge brun; — taille
françaises, du moins appliquer les procédés écono moyenne ; —tête longue ; — bouche pointue ; —cor
miques, à l'aide desquels les Allemands ont su nes longues dirigées latéralement et contournées
lutier avec succès contre nous jusque sur les mar en haut; — fanon développé; — poitrine large; —
chés de Paris. corps long et en forme de tonneau ; — dos large,
Les principales races allemandes sont celles de droit ; — hanches fortes ; — queue attachée assez
Franconie, de la Bavière Khenane et la race de haut ; — jambes fortes, droites et distantes.
Frise dont les caractères se rapprochent trop delà Une des meilleures races allemandes est la petite
race Hollandaise pour que nous la décrivions ici. race allgaue [fig. 260) que l'on trduve dans la
La race hongroise ifig. 265) s'élève en Podolie, en
Fig. 266.
Fig. 265.
1
466 ANIMAUX DOMESTIQUES : DES RAC] Srâiie'au
BOVINES vin ET
de leurs
DE LEUR
vaches ÉLÈVE,
de 4 à 5 litres
liv.iii.
de
sternum, en produisit, une heure après, un
troisième bien conformé qui vécut. liquide avec une livre de pain grillé; à moins
On a observé en Angleterre que l'un des que le vin ne soit faible, ils l'étendent d'un
jumeaux était assez souvent hermaphrodite, tiers d'eau. Ils donnent jusqu'à 3 de ces sou
c'est-à-dire qu'il n'offrait nettement les at pes dans l'espace de 24 heures; je me suis as
tributs d'aucun sexe. suré qu'une vache, relevant du vêlage, pou
Ces monstres oe proviennent pas toujours vait sans inconvénient ingérer dans un jour
d'un double vêlage. On les nomme taurs, el 12 à 15 litres de vin.
on en fait d'excellentes bêtes de travail. Douze ou quinze heures après la parturition
normale, on donne une bonne nourriture; et
$ Xi.—Soins à donner aux vaches pendant la partu c'est bien alors que conviennent plus parti
rition normale. culièrement les végétaux cuits.
La mère et le petit seront tenus chaude
La parturition anormale, ainsi que celle qui ment; ils sont l'un et l'autre frileux.
est prématurée, qu'on nomme avortement, Il est des pays où, le bétail pâturant toute
étant des cas pathologiques, ne doivent pas l'année, ou laisse les Vaches mettre bas au
nous occuper ici. ( Voyez page 283.) dehors ; on les rentre quelques heures après
Le premier soin, après la parturition, est l'opération. Déjà les veaux peuvent marcher.
de laisser les femelles dans la plus grande tran
quillité ; se conformant ainsi à leur instinct qui § XII. — Soins naturels et ceux que nous devons à
les porte à chercher, quand elles sont libres, la mère et au petit.
la solilude et les ténèbres. L'agitation, le
bruit suffisent pour troubler la parturition la Immédiatement après la parturition, la
plus naturelle. vache, comme la j umen t ( voyez page 4 1 8), est
Sans être vétérinaire, on peut, au besoin, poussée par un instinct maternel a lécher le
faciliter la parturition par les soins suivans: nouveau-né. Mais il faut surveiller cette opé
On vide le rectum avec le bras bien huilé, ration: les vaches, en léchant leur petits, les
si on a des raisons de croire que des excré- mordent quelquefois sur la croupe ou à la
mens durcis, dilatant l'intestin, diminuent le queue; elles donnent même assez souvent
diamètre du vagin. 1 lieu à des excoriations exomphales, à des hé
On fait des injections adoucissantes dans le morragies, à force de lécher ,1e nombril du
vagin, quand, à son orifice, il y a beaucoup de nouveau-né.
chaleur, ce qui arrive souvent chez les jeunes La mère prend avec sollicitude, dans un
jumeus qui poulinent pour la première fois, espace même exigu, l'attitude la plus fa
ou dont le fœtus est trop gros. vorable au nouveau-né; c'est toujours avec
Lorsque la parturition, quoique normale, se des précautions pleines d'adresse qu'elle se
prolonge el languit, on administre un cordial. couche et qu'elle se lève pour ne pas offenser
Quand la poche fœtalese préseule eu|dehors le petil, et ces soins attentifs seront prolongés
de la vulve, il faut bien se garder de l'ouvrir: tout le temps de l'allaitement.
les eaux couleraient avant le temps, et l'on au On s'assure d'abord si le petit est à l'état
rait provoqué
Îilus longue. Cette
une poche
parturition
doit être
sèche,
percée
toujours
par normal.
Les difformités congéniales et les produits
e fœtus lui-même. monstrueux sont beaucoup moins rares dans
Si, après l'écoulement de ces eaux, le petit, l'espèce bovine que dans les autres espèces
se présentant bien, restait néanmoins plus de domestiques. On voit s'il n'y a pas occlusion
8 minutes au passage, on l'aiderait à sortiren des ouvertures naturelles, telles que celles
le tirant peu à peu, doucement, en bas si la des yeux, de la bouche, de l'anus, de la vulve,
femelle est debout (elle l'est presque toujours), etc. Il est facile, dans ces premiers instans de
etsi elle est couchée, on tirerait dans la di la vie, de remédier à ces accidens.
rection des jarrets. Cette manœuvre doit co Les femelles uni pares ne se couchant pas
ïncider avec les efforts expulsifs de la mère. pour allaiter leurs petits, ceux-ci ne peuvent
On peut faciliter une parturition languis- téter que debout, et peu d'inslans après leur
saute, en soulevant la queue et avec elle l'os naissance : ils n'ont pas toujours la force de
sacrum, et faisant en même temps avancer, se lever; on les aide avec précaution. Une
autant que possible, les extrémités posté fois debout, ils se soutiennent pour l'ordi
rieures vers le centre de gravité. naire, et comme ils pourraient retomber, on
Si le cordon ombilical, qui a retenu le petit doit être présent pour les relever. Ils cher
dans sa chute, ne se rompait pas de lui-même, chent d'eux-mêmes la mamelle de la mère;
et que la vache négligeât de le mâcher, on le s'ils étaient trop longtemps à la trouver, on
couperait à environ 3 pouces du nombril. leur mettrait dans la bouche le bout du ma
Lorsque le délivre ne suit pas le fœtus, ce melon. Si la mère était chatouilleuse, ce qui
qui arrive souvent dans la vache, il ne faut n'est pas rare quand elle a mis bas pour la
pas s'en inquiéter dans les deux premiers première fois, surtout si on l'a livrée trop
iours; mais, passé ce temps, il ' faut recourir jeune à l'étalon, on la tient, on la caresse, on
. la chirurgie vétérinaire. lui donne quelques friandises. Celte répu
Après la parturition, la mère sera bou gnance cesse bientôt.
chonnée, enveloppée d'une couverture; on Si le nouveau -ué laisse passer quelques
mettra devant elle de l'eau blanche tiède : elle heures sans chercher à téter, c'est qu'il est
est ordinairement alors fort altérée. Si elle faible, qu'il a souffert pendant la gestation ou
est faible et fatiguée, on lui donnera, pour la mise-bas: alors on trait la mère, et on fait
relever ses forces, une soupe au vin tiède. boire au petit le lait tout chaud : il serait bon
Les cultivateurs du Lyonnais composent la de lui donner encore de l'eau sucrée ou miel
CBXT. 11. MOYENS D'AMÉLIORATION DANS L'ESPÈCE BOVINE. 467
lée; et s'il y avait beaucoup de faiblesse, on Le plus souvent on les sépare dans la'méme
administrerait du vin chaud. élable, ou dans les habitations différentes. Le
Les bons éleveurs regardent comme une veau ne suit pas sa nourrice au pâturage ; il
fort mauvaise pratique de manier sur le dos lui est amené à des heures déterminées.
les veaux nouvellement nés. En certains lieux on tire, avant son arrivée,
La vache et son veau, ayant beaucoup moins la moitié du lait; ailleurs, on laisse d'abord
besoin d'exercice musculaire que la jument téler le veau, et on le chasse assez tôt pour
et son poulain, on peut, sans inconvénient, pouvoir traire la plus grande partie, et c'est le
les laisser à l'étable, pourvu que cette ha plus crémeux. En d'autres endroits, on laisse
bitation soit saine. Bien nourrie, la vache y le veau téter d'un côté, pendant qu'on trait
produira plus de lait qu'au pâturage. la mère de l'autre Dans le Lyonnais, le veau,
Dès le huitième jour après la-mise bas, on logé loin de sa mère, lui est amené d'abord
trait la vache nourrice. Celte époque coïn quatre à cinq fois, puis trois fois par jour.On
cide avec celle où le colostrum a fait place au le laisse téter à discrétion, et on tire ensuite
lait de la meilleure qualité. Jamais la laitière tout le lait qu'il a laissé dans le pis. Autant
n'est si productive : on la dit jratche vêlèe. qu'on le peut, c'est toujours aux mêmes heu
Pour tirer de cet état tout le parti possible, res qu'a lieu l'allaitement journalier; et on
et afin de le prolonger, on n'abandonne au ne remarque pas que ni la nourrice ni son
veau qu'une partie du lait maternel, ou même petit témoignent beaucoup d'impatience pen
on l'en prive entièrement, le soumettant à un dant, leur séparation. On ne se plaint pas du
allaitement artificiel. surcroît desoins qu'exige cetle méthode qui
Le foin, la paille, les autres fourrages secs est confiée aux filles de basse-cour.
ne conviennent pas aux vaches fraîche vélées. Lorsque la vache est nourrie au pâturage,
Ces alimens exigent trop de travail des or le veau reste à l'étable, et alors il ne tète que
ganes digestifs alfaiblis par le vêlage; ils sont le matin, le soir, rarement une fois la nuit.
peu galactophores. Ce sont les végétaux cuits, Il faut bien se garder de soumeltre à l'allai
racines, tubercules, choux, autres fourrrages tement artificiel les veaux qui doivent devenir
en soupes, en buvées, qui leur conviennent des taureaux améliorateurs.
éminemment. On les distribue avec mesure Les veaux d'élève destinés à maintenir ou
néanmoins ; car en trop grande quantité, à relever les fortes races, à devenir de ro
cette nourriture pousserait à l'engraissement bustes travailleurs, doivent téler jusqu'à six
aux dépens de la production du lait. mois : c'est ce qui se pratique en Auvergne.
Comme chez-elfes, beaucoup plus que chez Ce sevrage tardif est facile; il se fût opéré de
les deux autres femelles domestiques, les or lui-même un peu plus tard, d'autant mieux
ganes mammaires ont, par l'effet d'une trac 3ue l'allaitement avait déjà été interrompu à
tion habituelle, acquis un grand volume et es intervalles successivement prolongées.
une grande activité; il s'y produit, daus les Les tendrons auvergnats sevrés ne sont
Îiremiers temps de l'allaitement, même avant pas mis sur-le-champ au régime du fourrage
a disparition du colostrum, une telle abon sec. Comme on les fait naître dans la saison
dance de lait que le pis s'engorge et devient de l'herbe verte, on en forme des troupeaux
quelquefois douloureux. Des abcès s'y for qu'on mène paître loin de leurs nourrices
ment ; ils sont suivis d'ulcères, de fistules ; qu'ils ne reverront plus, à moins de rentrer
d'autres fois il s'y développe des crevasses, à la vacherie en qualité de taureaux étalons.
des pustules. Les pustules qui surviennent au Si la saison trop avancée , des intempéries,
Îiis des vaches dans les premiers temps de d'autres circonstances interdisaient le pâtu
'allaitement surtout peuvent être le cowpox rage des tendrons, on leur donnerait des
(vaccine); on les reconnaît en ce qu'elles sont soupes légères, surtout d'abondantes boissons;
déprimées dans leur centre, et entourées car, encore plus que les poulains, ils sont al
d'une auréole inflammatoire rouge ou rose, et térés après le sevrage : c'est par gradation
contenant une humeur blanche. Ces pustules, 3u'on les habitue au fourrage sec ; on leur
enzootiques en Irlande et en Ecosse, ont été ounedu regain de préférence, parce qu'il est
rarement observées en France. L'humeur de d'une digestion plus facile ; qu'il exerce moins
ces pustules, inoculée à notre espèce, pré la rumination : fonction qui, venant de s'é
serve de la variole. Cet effet, constaté par l'ex tablir, a encore peu de force.
périence, ne saurait être expliqué par aucune Les veaux nouvellement sevrés sont, plus
théorie. que les poulains, sujets à la constipation ou
Les pustules et les crevasses peuvent être à la diarrhée.
causées par le fumier et les muselières com Dans le premier cas, on introduit avec pré
posées de peau de hérisson, ou armées d'un caution dans le fondement un doigt bien
clou, dont on affuble les veaux pour les em huilé; on fait un suppositoire de savon; on
pêcher de téter. On prévient ces accidens en donne quelques lavemensémolliens. Dans le
trayant les vaches d'une main douce, plusieurs second cas, qui est plus ordinaire, ou fait
fois dans la journée, et jusqu'à ce qu'il prendre des jaunes d'œufs avec du vin rouge;
ne coule plus de lait, dut-on le laisser perdre, on fait boire de l'eau ferrée; on soumet quel
en lavant le pis avec de l'eau émolliente, et quefois les veaux à l'usage complet des tour-
s'abstenant des corps gras, dont l'effet est rages secs; plus souvent, on est obligé de les
de provoquer la suppuration. remettre à la mamelle.
Lorsqu'on ne veut ou que l'on ne peut pas
§ XIII. — Allaitement et sevrage. séparer de leurs nourrices les veaux nouvelle
ment sevrés, on met à ces derniers une mu-
Il est rare qu'on laisse le jeune veau comme serole, ou l'on enveloppe les mamelles des
je poulain constamment avec sa nourrice. vaches d'une pièce de toile ou de cuir. Les
4«8 ANIMAUX DOMESTIQUES : DES RACES BOVINES ET DE LEUR ÉLÈVE, liv. ni.
uns sont alors exposés à des coups de pied, et du froid, ne se trouve dans la position la
les antres à être blessées aux pis et à perdre plus salutaii e et la plus convenable a sa nature.
leur lait. En revanche, le bétail, par la nourriture
Il y a des inconvéniens à mettre ensemble au pâturage, ne contribue que peu ou point à
des veaux nouvellement sevrés; ils se tètent, l'augmentation de la fertilité du sol el par
ou ils se lèchent. Le premier de ces tics les suite à l'augmentation du produit total de la
fait dépérir ; le' second peut donner lieu à la culture, et ne paie point, comme dans la sta-
formation des égagropiles. bulation, une partie notable des frais par ses
La vache n'est pas, après le sevrage, dans produits en fumier. Enfin, il lui faut, pour
les mêmes conditions que la jument; elle con son entretien, une plus grande étendue de
tinue à sécréter du lait, autant et quelquefois terre que par la nourriture à l'étable.
plus que pendant le nourrissage, où, presque Il en résulte que ce mode de nourriture
toujours, elle en abandonne à la trayeuse. n'esl avantageux que dans les localités où se
Si elle le refusait, si elle témoignait trop de trouvent de vastes étendues de terre qui
douleur de la perte de son petit, ce qui est ne pourraient être utilisées autrement que
bien rare quand l'allaitement a été prolongé comme pâturage, et là où le bétail donne un
jusqu'à l'âge de six mois, on la consolerail as«ez grand bénéfice par ses seuls produits
par des caresses el des friandises, sans rien de vente, et où la culture est en même temps
changer à son régime de nourrice. trop restreinte pour que le fumier soit d'une
Les veaux en Auvergne naissent sur la fin haute importance; en un mot, dans les loca
de l'hivernage; et ceux qu'on aura gardés lités où l'agriculture n'est qu'accessoire, et
pour en faire des bourrets seront assez forts où le bétail est la branche principale et le
I l'âge d'environ deux mois pour suivre leur seul moyen d'utiliser les produits du sol.
mère sur la montagne. Des circonstances semblables se rencon
Il règne en Auvergne, comme en d'autres trent dans la plupart des pays de montagnes,
lieux, un préjugé contre les veaux et les pou dans les contrées basses et marécageuses si
lains premiers nés :ou attribue à une pre tuées sur le littoral et à l'embouchure des
mière gestation l'influence d'uue gestation fleuves et rivières, ainsi que dans plusieurs
anticipée. pays de plaine à terres humides et herbues.
On est, au reste, convaincu dans ce pays Dans ces localités et sous l'empire des cir
que le veau mâle d'élève le plus beau est des constances mentionnées, la nourriture du gros
tiné à être successivement le taureau le plus bétail au pâturage est, sans contredit, la mé
vigoureux, le meilleur bœuf de travail, et la thode la plus convenable, et ne doit nulle
meilleure bête d'engrais. Les signes d'après ment être confondue avec ce régime de faim
lesquels on juge qu'un veau mâle d'environ et de misère qui a fait réprouver avec raison
deux mois sera élevé avec succès sont, indé le pâturage du gros bétail dans les trois quarts
pendamment des caractères de race et d'un de la France.
poil rouge sans la moindre tache, — un cor A. Nature des pâturages. — Le gros bétail
sage allongé; — la côte ronde; — les jambes est nourri dans des pâturages permanens ou
droites el fortes; — les jarrets larges; — les dans des terrains servant temporairement de
onglons gros; — la tête courte; — les oreilles pâturages. Ces derniers sont tantôt des her
longues ; — le dos horizontal; — l'oriçine de bages semés ou venus spontanément en ter-
la queue élevée; — les hanches écartées. Ou > es arables, tantôt des récoltes fourragères
regarde comme un signe trompeur la préco qu'on fait manger sur pied en partie ou en
cité sexuelle ; elle ne prouve souvent, en totalité, souvent aussi des prairies dont on
effet, qu'une surabondance de nourriture, et fait pâturer la seconde coupe; enfin ce sont
détermine de bonne heure l'énervation. encore, dans les pays arriérés, les chaumes et
Grognier, la jachère.
Prof. a Pécote vétérinaire de Lyon. Il a déjà élé question des pâturages ( tome I",
page 454). Je me bornerai ici à indiquer ceux
Section vi. •— De la nourriture des bêtes d'entre ces terrains qui conviennent a la nour
bovines. riture et à la tenue du gros bétail, et la ma
Le gros bétail est nourri pendant l'été au nière dont ils doivent être utilisés.
Les bêtes bovines ne se contentent pas,
pâturage ou à l'étable; en hiver on le tient comme les moutons, d'une herbe fine et rare.
et on Te nourrit, en France, généralement à Non-seulement
l'étable. Nous allons examiner ces diverses d'alimeus, mais leencore besoin d'une grande masse
méthodes, en commençant par la plus répan leur bouche et la manièrela dont conformation de
due, la nourriture au pâturage. ces animaux
pâturent, ne leur permettent de se nourrir
5 I*'. — Nourritnre au pâturage. facilement que dans un herbage bien fourni.
Les bêtes bovines ne coupent point l'herbe
Ce mode de nourriture est, sans contredit, comme les moutons et les chevaux, mais la
le plus simple et le plus commode; il de saisissent avec la langue, la serrent contre la
mande le moins de travail et le moins de mâchoire et la rompent. Il est nécessaire, par
soins. Le produit des pâturages étant, en ou celte raison, que l'herbe soit assez longue, et
tre, moius chanceux que celui îles récoltes connue le gros bétail n'en prend que la partie
fourragères, les variations et les disettes y supérieure, les chevaux el les moutons trou
sont moins à craindre. vent encore après lui largement à vivre. Au^si
On ne peut également se dissimuler que est-ce l'usage, dans beaucoup de localités, de
dans un bon pâturage, le bétail, soigné con mettre des chevaux dans les pâturages que
venablement, garanti des trop fortes chaleurs vieuneut de quiller les bêles bovines, et après
HA.F. 11. DE LA NOURRITURE DES BÊTES BOVINES.
les chevaux, des moulons qui coupent encore fait que les meilleurs terrains restent 409 de
plus ras que ceux-ci. cette souvent
sont manièreinsalubres
presque improductifs
et dangereux. et Ilmême
suf .
De cette manière on utilise le pâturage
complètement, et on trouve, en outre, l'avan fit, pour sen convaincre, d'avoir examiné
tage de ne pas voir se former des touffes d'en quelques-uns de ces communaux ou pâtis
grais, c'est-à-dire ces touffes d'herbes qui Iréq uen tes par les bêtes à cornes et les che
croissent dans les places où le bétail a lienté. vaux. Aussi voit-on les bons cultivateurs re
Cette herbe n'est pas mangée par les bestiaux noncer à l'avantage illusoire d'y nourrir leur»
dont la fiente l'a produite, taudis que sou bêles à cornes, et préférer les conserver à l'é-
vent elle est consommée par l'autre bétail. tableou dans des pâturages privés.
Lorsqu'elles restent intactes, ces touffes Il en esl de même des chaumes et des ja
d'engrais forment à la longue de petites but 3chères ne pour dontleslehêtes
parcours
ovines.
n'a Quant
quelque auxutilité
pré»
tes où viennent se loger des insectes et qui
nuisent considérablement aux pâturages. Pour ont on fait pâturer le regain, et au trèfle,
conserver ces derniers en bon étal, il est im sainfoin et luzerne dont on fait pâturer les
portant de faire étendre par les gardiens les troisièmes et dernières coupes, ils peuvent,
fientes de bètes à cornes et de chevaux tandis selon les localités, olfrir quelque avantage,
qu'elles sont encore fraîches. à condition toutefois qu'on aura observé Tes
Parmi les pâturages qui conviennent au précautions donl nous parlerons plus loin.
gros bétail, il y en a qui sont spécialement Les pâturages artificiels, quoiqu'cuiployés
Bons pour l'engraissement; ce sont les em moins fréquemment pour les bètes bovines
bouches. On eu parlera à l'article Engraisse que pour les bêles ovines, peuvent présenter
ment des bêles à cornes. D'autres conviennent de grands avantages dans la tenue et l'élève
mieux aux vaches laitières; il en est enfin qui des premières. Ces pâturages, qui se ratta
sont préférables pour l'élève. chent à un système de culture dout l'utilité
Les vaches, sans exiger des herbages aussi n'est pas encore assez appréciée en France,
gras que les bètes à l'engrais, demandent produisent la seule nourriture d'été du gros
cependant un pâturage abondant et com tés bétail
assez
et des
frais
chevaux
sous dans
le rapport
plusieurs
de pays
l'élèverépudes
posé de bonnes plantes, mais non maréca
geux. Ces pâturages se rencontrent aussi bestiaux; comme le Metkleubouig, le llolstein,
bien dans les pays de montagues que dans les le pays de Bray (Normandie), etc.
contrées basses. Ceux des premiers sont plus La nourriture du gros bétail dans les pâtu
substantiels, plus sains, plus aromatiques ; les rages artificiels est exempte d'un des plus
pâturages des contrées basses sont en général graves inconvéniens qu'offre le pâturage du
plus abondans. Les vaches qui, s'y nourris bétail dans les terrains constamment destinés
sent donnent une grande quantité de lait, à cet usage; rompus et cultivés de nouveau,
mais celui-ci est d'une qualité inférieure au ils permettent d'utiliser de la manière la plus
lait des vaches de montagues. Il contient sur avantageuse la fertilité qui s'y est amassée, et
tout moins de ca&éum. par les engrais dû bélad et par les racines et
Quant aux pâturages aigres, composés de autres détritus de plantes. De celte manière,
joncs, de roseaux, de taiches et autres plantes le fumier n'est pas perdu pour l'exploitation.
de marais, ils ne conviennent point aux va
ches laitières. Lorsqu'on ne peut les utiliser être Ces pâturages peuvent avoir été semés ou
au moyen des porcs et des chevaux, on les rencontre venus spontanément ; ce dernier cas se
abandonne aux bœufs de trait et aux bêtes le plus généralement, mais il ne
d élève de 2 à 3 ans qui en tirent eucore un 3ne doit le
exister
sol est
dans
ce une
qu'onbonne
appelle
culture
herbu,que c'est-à-
lors-
assez bon parti*, et eu éprouvent moins d'in-
couvéniens que les vaches et les élèves fort ire possède une disposition spéciale à se cou»
jeunes Ces pâturages sont surtout mauvais vrir de plantes fourragères dès qu'on le laissa
aux vaches avancées dans la gestation ou qui reposer quelque temps; dans tous les autres
viennent de mettre bas. Dans tous les cas, si cas, les pâturages artificiels doivent être se
l'on était obligé d'y nourrir des vaches, il fau més. Outre 1 avantage de pouvoir choisir les
drait avoir soin de les faire alterner chaque plantes les plus productives et les meilleures
jour avec des pâturages plus secs, et d'obser au bétail, on a celui d'obtenir dès les pre
ver avec exactitude les précautions que nous mières années un produit abondant. Ordi
mentionnerons plus loin. nairement les pâturages artificiels sont com
On a remarqué, du reste, que les pâturages posés de graminées et autres bonnes plantes
marécageux étaient moins dangereux au prin dant, dansconvenant
pérennes au sol. Il existe cepen
quelques localités, l'usage de se
temps qu'en été, et surtout qu'en automne. mer des récolles fourragères annuelles pour
Dans cette dernière saison, ils acquièrent, la lés faire
plupart, unhautdegré d'insalubrité qui néan ment de pâturer par le gros bétail au mo
leur floraison; cela se fait surtout
moins varie selon les années. Ce fait s'ap pour les vesces, la spergute, la moutarde blan
plique à tous les bestiaux.
Les communaux fout partie des pâturages che, le sarrasin, etc. Néanmoins, dans ce cas,
il est rare qu'on laisse pâturer le bélail libre
naturels. La question de leur util. té est jugée ment; on fait ordinairement usage du pâtu
depuis longtemps. Personne, même le simple
cultivateur, ne doute aujourd'hui que ce ne rage B. Précautions
au piquet dont qu'exige
nous remploi
parleronsdesplus
pâtura
loin.
soient les terrains les plus mal employas:
c'est surtout le cas loisqueces pâturages ser- ges.— Ondoit évilerpar-dessustout.d'y mettre
veut aux bètes bovines. L'absence générale les bestiaux par un temps humide. Il est éga
des précautions qu'ex^;- la pâture de ces bè lement d'une grande importance de ne pas
tes, pour que le gazon ne se détériore pas, I abandonner à la fois au bétail toute l'étendue
4^0 'ANIMAUX DOMESTIQUES : DES RAC ÏScharge
BOVINES
trop ET
peu,DE
outre
LEURqu'on
ÉLÈVE,
n'en tire
liti pas
a*
du pâturage, afin qu'il ne pâture et ne piétine
pas constamment les mêmes places. Ou a ob tout le parti possible, le bétail ne mange que
servé que les plantes souffraient lorsqu'elles les plantes qui lui conviennent le mieux, et
étaient constamment arrêtées dans leur crois dédaigne les autres qui alors mûrissent, ré-
sance par les pieds et la dent du bétail. Par ce Eandent
ir le terrain
leurs et
graines,
par détériorer
et finissent
le pâturage.
par enva-
motif on a soin, dans toits les pays de bonne
culture, de diviser le pâturage en plusieurs L'importance de cette règle est une nouvelle
parties égales que l'on sépare par des clôtures preuve de l'avantage qu'il y a à diviser les pâ
ou des fossés; la promptitude avec laquelle turages en enclos séparés, où seuls elle peut
l'herbe croit, indique le laps de temps qu'on être pratiquée.
laissera aux pâturages avant d'y remettre du La superficie nécessaire pour nourrir con
bétail. Dans tous les cas, cela ne doit avoir lieu venablement pendaut la belle saison une va
que lorsque l'herbe a au inoins 6 pouces. che de 6 à 700 livres, poids vivant, varie entre
Si dans une des divisions l'herbe était deve 30 et 150 ares. Nous ferons observer néan
nue trop haute, il vaudrait mieux la faire fau moins que dans la plupart des cas, la richesse
cher que de la f;iire pâturer, car le bétail re des terrains auxquels s'applique le premier
bute en général toutes les plantes qui ont chiffre permettrait d'y nourrir avec plus d'a
dépassé un certain point de croissance. vantage des boeufs d'engrais que des vaches lai
Cette méthode, de diviser le pâturage, a l'a tières; tandis que la pauvreté de ceux auxquels
vantage de nourrir une plus grande quantité s'applique le dernier chiffre, doit presque tou
de bétail sur un espace donné, de terrain, et jours les faire abandonner aux moutons qui,
d'empêcher le développement des mauvaises seuls, peuvent en tirer le parti convenable.
plantes; car lorsqu'on abandonne une grande Il n'est pas inutile de rappeler ici que pour
étendue aux bêtes, elles vont et viennent, conserver les pâturages en bon état, on doit
gâtent par le piétinement plus qu'elles ne avoir soin de couper les mauvaises plantes
consomment, et laissent les plantes qui ne auxquelles le bétail ne touche point, et qui,
sont pas tout à fait de leur goût. par cela même, viendraient à grener; d'en
Ce que nous avons dit plus haut sur la ma tretenir les sillons d'écoulement avec autant
nière de pâturer du gros Détail, indique suffi de soin que dans les champs; de ressemer les
samment qu'on ne doit le faire précéder dans places qui, par une circonstance quelconque,
le même pâturage par aucune autre espèce de se seraient dégarnies d'herbe; enfin d'étendre
bétail. Il est même peu convenable de faire les taupinières et les fourmilières à mesure
Îtâturer simultanément d'autres animaux avec qu'elles se forment.
ui, ainsi que cela se pratique dans plusieurs Dans plusieurs loealités.on considère comme
localités; les moutons surtout ne doivent ja avantageux de laisser tous les 4, 5 ou 6 ans, le
mais se trouver dans le même enclos, car ou a pâturage sans y mettre de bétail ; on en fauche
remarqué que le gros bétail répugnait à l'herbe alors l'herbe dont on fait du foin. Les cultiva
touchée par ceux-ci. Mais on peut avec avan teurs du Limbourg et de plusieurs parties de
tage faire alterner ensemble les diverses es la Normandie attachent une grande impor
pèces de gros bétail; mettre des vaches lai tance à celte pratique qui, selon eux, empê
tières après les bœufs d'engrais et des élèves, che le pâturage de se détériorer. Il est même
de même que des chevaux après les vaches. des localités où cette pratique se fait tous les
On a reconnu qu'il était avantageux pour le deux ans, de sorte que l'herbage est pâturé
pâturage d'y faire passer la nuit au bétail. A une année et fauché l'autre. De bons agricul
la vérité, on perd ainsi l'engrais que donnent teurs ont réprouvé celte méthode qui, selon
les bêtes en passant la nuit à l'étable, mais eux, tend à diminuer le produit du terrain
cette perle n'est qu'apparente lorsque les pâ comme pâturage et comme pré, les bonnes
turages sont temporaires; et dans les localités plantes de l'un n'étant pas également propres
mentionnées plus haut, où la culture propre a Paulr'e, et la croissance de l'herbe des pâtu
ment dite n'est qu'un accessoire, cette perle rages étant toute différente de celle de l'herbe
est nulle, le fumier étant ainsi applique aux des prairies. Il est à croire néanmoins que
seules natures de fonds qui aient de 1 impor lorsque cet alternat est renvoyé à la cin-
tance, aux pâturages. 3uième
uer avantageusement
ou sixième année,sur illa ne
production
peut qu'in-
du
Quant au bétail, il n'en souffre pas, du
moins lorsqu'il y est habitué, pourvu que des pâturage, et nous conseillons cette pratique
clôtures, des haies ou des arbres lui permet dans tous les pays où la nourriture au pâtu
tent de s'abriter du vent, de la pluie et du froid, rage est usitée.
et qu'on ait soin de le rentrer par les temps Soins à donner au gros betail.lls consistent
trop mauvais ; les pays de montagnes à climat à le rentrer à l'étable ou à le conduire sous
très-rude, et les localités marécageuses d'où des abris dans les instans les plus chauds de
s'élèvent pendant la nuit des brouillards mal a journée ; à éviter de le conduire pâturer
sains, sont les seuls où il soit nécessaire de lorsque l'herbe est couverte de gelée blanche,
rentrer le bétail chaque soir. Quant aux élèves, enfin à lui procurer tous les jours l'occasion
ce n'est qu'après le sixième mois qu'on peut de boire plusieurs fois.
sans danger leur faire passer la nuit dehors. Il est également important d'éviter tout ce
Une précaution importante pour toute es qui pourrait l'inquiéter, comme la vue de
pèce de pâturage, c'est d'y mettre le nombre chiens et celle de personnes étrangères, des
convenable de bétail. Si l'on surcharge un pâ explosions subites, etc. Cette règle ne doit pas
turage, les animaux «ont mal nourris, et par être observée avec moins de soin pour les va
conséquent profitent peu, et la faim les faisant ches laitières que pour les bœufs à l'engrais
courir çà et là, il en résulte un piétinement pour lesquels on l'a reconnue indispensa
nuisible au gazon. Quand, au contraire, on la ble au succès de l'engraissement.
cbap. 11. DE LA NOURRITURE DES BÊTES BOVINES. 471
On a reconnu, du reste, que les animaux leurs on peut laisser s'écouler un intervalle
élevés avec la nourriture à l'étable réussis plus ou moins long avant de changer le pi
saient moins bien aux pâturages que les au quet de place.
tres, et demandaient plus de soins. La fig. 270 indique la manière dont on s'y
D. Pâturage au piquet.— Ce mode de pâtu
rage, que nous avons déjà mentionné, n'est Fig. 270.
pas seulement usité en grand en Danemark
et en Angleterre, ainsi qu'on le croyait, d'a
près ce qu'en avait dit Thaër, mais encore
dans tout le pays de Caux, et cela d'une ma A
nière beaucoup plus parfaite que dans les
deux contrées mentionnées; on le nomme
dans ce pays pâturage au tiers.
Nous nous permettrons de transcrire ici ce
que nous en avons dit dans la relation de no
tre excursion agronomique dans le nord de
la France (1).
Le pâturage au tiers est pratiqué dans le
pays de Caux d'une manière plus parfaite prend pour faire pâturer un champ ou un
qu'en Allemagne. La corde, de deux brasses herbage au tiers. A est le terrain qui doit être
(10 pieds) de longueur, est coupée en deux au pâture; B est un espace vide, soit naturelle
milieu, et les deux bouts sont réunis à un ment, soit qu'on ait commencé par le faucher.
petit bois plat et étroit, ou palette longue de Cette précaution est nécessaire a fin que, même
8 à 10 pouces, percé d'un trou à chaque ex au début, l'animal ne piétine pas ce qu'il doit
trémité. Les bouts des cordes entrent dans consommer. On place les piquets sur la limite
les trous par des côtés opposés, et sont rete du champ en B, les deux extérieurs à une lon
nus par un nœud, ainsi que l'indique la fig. gueur de corde des limites latérales du
269 qui représente la palette vue de côté. ebamp, et tous à deux longueurs de corde les
uns des autres, de manière à ce que les bêtes
Fig. 269. ne puissent s'atteindre et que cependant au
cun espace ne reste entre elles sans avoir été
pâturé. Dès que le petit segment de cercle
compris entre la ligne a et l'arc 1 est brouté,
on avance le piquet en c, ce qui permet aux
animaux d'atteindre jusqu'en 2, puis en d
pour les faire avancer jusqu'en 3, ensuite en
Cette disposition est faite uniquement pour e pour qu'ils puissent pâturer jusqu'en 4.
permet tre à la corde de tourner sans se tor On continue ainsi jusqu'à ce qu'on soit ar
dre. On en a d'autres, mais celle-ci est la rivé à l'autre extrémité du terrain. Lorsque
plus simple et remplit parfaitement le but', celui-ci n'est pas d'une même largeur partout,
qui est d une haute importance, car dès que on raccourcit ou on prolonge les cordes selon
la corde se tord, elle s'entortille facilement le besoin.
autour des jambes ou du cou de l'animal, et Si le champ était trop étroit pour que l'on
peut occasionner des accidens graves. A l'une put mettre toutes les bêtes en une seule
de ses extrémités, la corde tient à un petit ligne, on faucherait, à une certaine distance
piquet de 15 à 18 pouces de longueur, ordi de B, et dans la même direction, un espace de
nairement surmonté d'un anneau mobile au 15 à 16 pieds de largeur, au milieu duquel on
quel est nouée la corde. Ce piquet s'enfonce placerait les piquets; on procéderait ensuite
en terre jusqu'à la tête. L'autre bout de la de même que je viens de l'expliquer. Plusieurs
corde est attaché aux cornes de l'animal, ou cultivateurs, au lieu d'opérer ainsi pour com
à un collier de cuir passé à son cou, ou bien mencer un champ, se contentent de raccour
à un licou. Cette dernière disposition offre le cir les cordes de beaucoup au début, afin de
moins de danger; mais elle ne permet pas à restreindre l'espace piétiné.
l'animal d'avancer autant sa tête. C'est par ces diverses précautions pour em
Un des grands points de la méthode cau pêcher le fourrage d'être foulé, que la mé
choise, c'est que jamais l'animal ne puisse thode cauchoise se dislingue avantageusement
marcher sur le fourrage encore sur pied. de la méthode allemande, dans laquelle, soit
A cet effet, on n'avance le piquet que de qu'on débute, soit qu'on avance, on place
1 pied à 18 pouces', lorsque la béte a mangé toujours le piquet au milieu du fourrage sur
tout ce qu'elle pouvait atteindre. pied ; on avance de 2 ou au moins d'une lon
Non-seulement on obvie de cette manière à gueur de corde.
l'inconvénient principal du pâturage ordi Suivant 'Thaër, une expérience compara
naire, qui est de faire perdre plus de four tive entre le pâturage et la nourriture a l'é
rage par les pieds et par la fiente que l'ani table faite dans l'Ile de Thorseng, aurait
mal n'en consomme, mais encore on peut donné les résultats suivans :
ainsi faire pâturer des trèfles et de la luzerne Nourriture à l'étable. — 4 vaches, pen
sans crainte de la météorisalion, parce que la dant 12 jours, donnèrent 1110 livres de lait,
bête, qui s'aperçoit qu'elle n'a qu'une mé et reçurent 6,144" livres de trèfle, produit de
diocre portion, mange lentement, que d'ail- 2,172 aunes carrées (2) de terrain; ce qui fait
; (1) Une brochure in-8, chezMra* Huzard. Paris. 1 fr. S0 centimes.
(2) L'aune de Prusse a (6 cent. 69 mil), de longueur.
478 ANIMAUX DOMESTIQUES : DES RACES BOVINES ET DE LEUR ÉLÈVE. %J*. Hi.
par vache et par jour : 23 1/8 livres de lait, nourriture n'est pas gâtée avec les pieds
128 livres de trèfle, 45 1/4 aunes carrées de comme dans le pâturage ordinaire, niais en-
terrain. cure
fumier parce
que que ue leobtient
l'on surcroît
parconsidérable
celte méthodede
Pâturage au piquet. — 4 vaches, pen
dant 12 jours, donnèrent 950 "J|5 livre de lail, permettant de fumer parfaitement les terres,
et consommèrent le trèfle sur une étendue de en augmente le produit dans une très-forte
1842 aunes carrées ; ce qui fait par vache et proportion. A l'exception des localités men
par jour 19 4/5 livres de lait, et 38.3,8 aunes tionnées plus haut où l'agriculture propre
carrées de terrain. ment dite n'est qu'un accessoire, et de celles
Dans la nourriture à l'étable on avait donc où les fourrages artificiels susceptibles d'être
consommé le produit de 330 aunes carrées de fauchés ne réussissent point, la stabulatioa
terrain de plus que dans la nourriture au pâ d'été du gros bétail doit devenir partie inté
turage; en revanche, ou avaitobtenu 159 3,5 li grante de toute bonne culture, et les pâtu
vres de lail en sus. rages, soit naturels, soit artificiels, si l'on
La production d'une livre de lait avait exi trouve de l'avantage à en conserver, seront
gé, daus la nourriture à l'étable : l—'i- aune car abandonnés aux montons.
rée de trèfle , dans le pâturage au piquet : Du reste, le problème de la stabulation
1_J-^T aune carrée. d'été du gros bétail est depuis longtemps ré
Il résulte de cette expérience qu'un espace solu d'une manière satisfaisante, sous le rap
port de la production des fourrages comme
donné de trèfle laucliable est tout aussi bien, sous celui de la sauté des ani maux.
et môme un peu mieux utilisé par le pâtu Partout où vient le trèfle, la luzerne, le
rage au piquet que par la nourriture à l'étable. sainfoin, ou les vesces, on peut nourrir à l'é
Eu revanche, ou perd sur la quantité de fu
mier produite. Cette perle néanmoins peut àtable; il y a même des localités où l'on a réussi
se réduire à rien, et l'avantage peut même être queintroduire ce mode de nourriture, quoi
du côté du pâturage sous ce rapport, lorsque, de la spergule, produisit
le sol ne
du
que du trèfle btauc,
sarrasin, du seigle pour
par exemple, le hunier d'étable reste long laucher en vert. Néanmoins dans des cas pa
temps en las et se décompose.
Le pâturage au tiers s'eiïectue souvent dans reils, à moins de circonstances toutes particu
le pays de Caux avec 20 bêles et plus. 11 suffit àlières, il y aura généralement plus d'avantage
d'un enfant ou d'une femme pour les surveil tenir des moulons.
ler, avancer les piquets el étendre les fientes. très Quant aux bêles elles-mêmes, elles se font
Pour les détacher, soit qu'on les mène aucunbien à la stabulation, et n'en éprouvent
inconvénient lorsque l'étable est vaste,
boire, ou qu'on les rentre, ou qu'on les change
de pièces, ou commence par délier la béle de aérée, proprement ténue, et qu'on a soin de
les conduire boire à quelque distance, ou
droite et on l'attache avec sa corde aux cor mieux
nes de sa voisine. Ou en fait de même des du jour,encore de les tenir pendant une partie
soit dans une cour, soit sur un tas de
autres jusqu'à la dernière bêle de gauche fumier peu élevé au-dessus du sol, et entouré
dont la corde est tenue par le gardeur. Peur
les attacher en place, ou s'y prend a l'oppose; de barricades; cette dernière méthode, géné
ralement pratiquée en Saxe, nous a semblé
on commence par la bête de gauche. U n gar- être la meilleure aussi bien pour le bétail que
deur adroit peut ainsi fort bien conduire et
soigner 20 à 30 bêtes, d'autant plus qu'elles pour le fumier qui s'améliore sensiblement
par l'effet du piétinement des animaux, et s'ac
s'habituent prompte ment a ces manœuvres, croît de tous les excrémens qu'ils y déposent
et finissent bientôt par se placer d'elles-mê
mes en ligue comme les chevaux de cavalerie. et A. qu'on n'a pas la peine d'y transporter.^
Condition de la stabulation. La première
Ce mode de nourritu re nous parai l réuni ries
avantages du pâturage ordinaire à ceux de la condition matérielle de la nourriture à l'é
table est une production de fourrages verts
nourriture à l'étable, et nous pensons qu'il plus que suffisante pour les cas ordinaires.
pourrait s'introduire avec succès dans beau On règle celte production de manière à ne
coup de provinces, surtout daus celles où la jamais manquer de nourriture fraiche pen
population est peu nombreuse. dant tout le cours de la belle saison, ce qui
§ II.— Nourriture d'été à l'étable. est facile à obleuir en combinant la fauchai-
son des diverses pièces, de manière à ce que
Ce mode de nourriture, que l'on appelle les premières coupées soient de nouveau
aussi tlabulatioii, passe avec raison pour le bonnes à la faux lorsqu'on a fini les der
plus perfectionné. Quoique nécessitant des nières.
dépenses el des soins plus grands que la nour ^. bourrages. L'herbe des prés est une res
riture au pâturage, il oflre, sous le rapport source à laquelle on est quelquefois forcé
de la production du fumier, un avantage si de recourir dans la nourriture à l'étable, mais
grand sur les autres méthodes, qu'il a été ce n'est qu'exceptionnellement; elle convient
adopté généralement par tous les bous agri trop à la dessiccation pour qu'on puisse avec
culteurs. Aujourd'hui des localités entières avantage la faire consommer en vert, emploi
n'onl plus d'autre mode de nourriture du pour lequel elle est inférieure à la plupart
gros bétail, et son adoption a permis d'y tenir des fourrages artificiels.
un nombre infinimeul plus grand d'animaux Ces derniers forment la base de la nour
que celui que permettait d'entretenir la nour riture à l'étable, et parmi eux, la luzerne, le
riture au pâturage. Cette méthode permet trèfle el les vesces peuvent en être considé
effectivement de nourrir une tête "de bétail rés comme les pivots.
sur le plus petit espace de terrain possible; C.La luzerne,par la promptitude de sa crois
non-seuîement parce qu'une portion de la | sance autant que par son produit considérable,
11. DE LA NOURRITURE DES BÊTES BOVINES. 47S
et la bonne qualité de son fourrage, assure le avec le trèfle ou la luzerne sous le rapport de
mieux le succès de la stabulation; malheureu la qualité. Le bétail le repousse même dans
sement tous les sols ne .vont pas également les commencemens, mais il finit bientôt par
propres à cette plante précieuse. Cependant le trouver fort bon. Néanmoins plusieurs ha
j'ai pu me convaincre, dans mes voyages agro biles agriculteurs ont cru remarquer que le
nomiques en France el en Allemagne, que le sarrasin, donné en grande quantité, agaçait
climat était pour beaucoup dans sa réussite, les dents des animaux à tel point qu'il leur
et que dans les contrées méridionales, à climat rendait la mastication très-difficile; on assure,
doux et sec, elle s'accommodait fort bien de du reste, pouvoir obvier à cet inconvénient
terrains où l'on avait essayé vainement de la en saupoudrant légèrement le sarrasin de
cultiver dans des localités plus froides et plus bonne cendre de bois.
humides. Le climat de l'est, du centre et de Pour ce qui est du sainfoin, cette plante ne
tout le midi de la France semble lui convenir donnant qu'une seule coupe, est rarement
particulièrement, et je ne doute pas qu'on ne consommée en vert. Toutefois, comme elle
puisse la faire venir dans toutes les terres réussit dans des terres calcaires ou siliceuses
suffisamment profondes et exemptes d'humi trop maigres pour le trèfle et la luzerne, elle
dité. Ce sont là les deuxseulescouditions sine peut aider utilement à la stabulation dans les
qua non qu'elle exige dans le sol, car elle localités pauvres.
réussit du reste dans des terrains trop pau Depuis que l'on cultive en grand la bette
vres el trop secs pour le trèfle. Je ne .saurais rave, on a cherché à utiliser les Jeuilles exté
donc trop conseiller *ux agriculteurs qui rieures en automne à l'époque où elles ont
veulent introduire chez eux la stabulation acquis tout leur développement, et où la pé
des bétes à cornes de tenter au préalable la nurie de fourrage frais se fait le plus sentir;
culture de la luzerne, quelle quesoil du reste la à part la difficulté de la récolte, ce fourrage
médiocrité de leur terrain. est de qualité si médiocre, . son enlèvement
D Le trèfle commun, ou trèfle de Hollande, nuit tant à la racine que depuis longtemps
est dans toute l'Allemagne, la Belgique et dans on y a renoncé chez tous les bons agricul
le nord de la France, la plante fourragère la teurs ; le petit cultivateur seul pourra l'utili
plus importante. Daus une foule de localités ser avec quelque avantage, en ayant soin
cette plante constitue la seule nourriture du toutefois de n enlever que les feuilles exté
gros bétail pendant tout l'été. Comme néan rieures qui commencent à se faner, el qui par
moins elle ne donne que deux coupes, il en conséquent ne contribuent plus en rien au
résulte souvent des embarras, lorsque les se développement de la plante.
condes coupes n'ont pas encore acquis le dé 11 en esl de même des feuilles de choux-
veloppement nécessaire, et que les premières raves, rutabagas el de navets, quoique ces
sont déjà trop avancées dans leur végétation. feuilles, de même que toutes celles des cruci-
Celte circonstance force généralement à jères , soient une nourriture bien préférable
cultiver en même temps des mélanges de aux feuilles de betteraves.
vesces, pois,jarrosses, etc., que l'on fait con Lors de l'arrachage de ces diverses racines,
sommer dans l'intervalle qui règne entre la ainsi que des betteraves et même des carottes,
première et la seconde coupe de trèfle. Celte on peut employer leurs feuilles avec avan
précaution est indispensable, aussi ces tage dans la grande comme dans la petite
fourrages sont- ils devenus l'accompagne culture, surtout lorsque les circonstances
ment obligé du trèfle partout où on ne peut permettent d'opérer cet arrachage à diverses
pas atteindre le même but par quelques pièces époques.
de luzerne qui le remplissent encore mieux. Je ne mentionnerai pas ici une foule d'au
Un autre inconvénient du trèfle commun, tres plantes qui, dans la petite culture, ser
c'est de ne pousser que fort tard ; pour obvier vent a nourrir le gros bétail pendant l'été; la
aux embarras que cela cause, on a recours à plupart croissent spontanément dans les bois,
diverses autres plantes fourragères d'une le long des haies et des chemins, dans les vi
croissance plus précoce, telles que le trèfle gnes, elc. , où elles sont recueillies par les
incarnat, fourrage médiocre à la vérité, mais femmes el les enfans de la maison.
recherché du bétail, parce qu'il forme la pre Quelques agriculteurs ont encore essayé
mière nourriture verte; le seigle coupé en d'utiliser la courge ou potiron à la nourriture
vert avant l'épiage et ordinairement mélangé du gros bétail. La manière dont croit celte
de vesces ou de lentilles d'hiver, ou dejarios- plante, les soins qu'elle exige, et enfin son
ses, jarrats et autres plantes. produit ne permettent pas de croire qu'elle
Dans l'arrière saison, lorsque la dernière puisse jamais offrir généralement de grands
coupe de trèfle est consommée, on a recours avantages sous ce rapport.
à des vesces semées tard, à du colza, de la
navette, de la moutarde blanche, ou moutar- § III. — Soins nécessaires dans la stabulation.
don, à la spergule, etc. Enfin dans les terrains
secs on tire un grand parti du mais, du millet La réussite de la stabulation dépend encore
en vert et du sarrasin fauché pendant la flo plus que celle de la nourriture au pâturage,
raison; les deux premières piaules sont très- des soins qu'on y apporte, et si plusieurs agri
recherchées du bétail et communiquent au culteurs ont éprouvé, dans le début de leurs
lait des vaches un goût excellent ; quant au essais, des inconvéniens qui les ont presque
sarrasin, la facilité avec laquelle il réussit fait renoncer à cette méthode, il faut l'attri
dans les plus pauvres terres et les produits buer uniquement à l'absence des soins el des
qu'il y donne devraient le faire répandre da précautions nécessaires.
vantage comme plante fourragère , quoique Pour ce qui est du fourrage vert, on doit
du reste il ne puisse être mis en parallèle le couper tous les jours, aulant que possible
AG&icuvmax. 132* livraison. vohb IL—-6m
474 ANIMAUX DOMESTIQUES : DES RAC S BOVINES ET DE LEUR ÉLÈVE. u«. m.
le matin on le soir; dès qu'il est rentré, on
l'étend auprès de l'étable dans un lieu frais, § IV. — Nourriture d'hiver du };ros bétail.
à l'abri du soleil et de la pluie.
Le danger qu'offre le trèfle mouillé n'est De tous les animaux donesiiques ce sont
pas aussi grand qu'on le croit généralement: les bêles bovines, et notamment les vaches
« C'est une erreur trop généralement admise, laitières, qui s'accommodent le mieux des ali-
dit M. Villeroy, dans son excellente brochure rnens aqueux, tels que racines, choux, résidus
sur l'éducation du gros bétail, de croire que de diverses branches techniques, comme su
le trèfle mouillé est dangereux; s'il est dan creries de betteraves, féculeries, etc. Toute-
gereux, c'est au contraire lorsqu'il est flétri lois il leur faut, de même qu'à l'autre bétail,
par le soleil, ou lorsque, fauché sec, il s'est une partie de la nourriture.au moins un tiers
échauffé en tas. Si cela pouvait s'accorder ou même la moitié, en foin ou eu paille.
avec la distribution du travail, je ne ferais La nourriture d'hiver la plus convenable et
faucher le trèfle \ert que le matin à la rosée, la moins chère pariout où l'on est privé de
et le soir au coucher du soleil. Pans les pre réiidus, se compose de racines et de regain
mières années de la culture de ma ferme, pau dont ou remplace ordinairement une partie
vre en fourrages, j'ai été quelquefois forcé de par de la paille, l'armi les premières, les
faire pâturera l'automne des trèfles trop petits pommes dr WKre sont les plus généralement
pour être fauchés; plusieurs fois, mes vaches employées. Il est rare qu'on les fasse cuire
ont gouflé, mais toujours après midi, par un pour les vaches laitières auxquelles la qualité
temps sec, et jamais le matin; j'ai commu laclifère des pommes de terre crues convient
niqué celte observation à un vétérinaire in fort bien, surtout lorsqu'on vend le lait en na
struit; desinformationsont été prises, et il s'est ture. Néanmoins les accidens auxquels cet
trouvé que d'autres que moi avaient constaté aliment donne parfois lieu, surtout chez les
le fait. Quant au trèfle fauché mouillé de animaux qui n'y sont pas habitués et chez les
pluie ou de rosée, je puis affirmer que pas vaches avancées dans la gestation, ont tait re
une fois il ne m'a cause un accident, quoique chercher des moyens moins coûteux et aussi
mes bétes en mangent autant qu'elles en peu efficaces que la cuisson, pour détruire, dans la
vent manger. » pomme de terre, cej.te propriété délétère qui
Dans la distribution du fourrage vert, on la distingue. La fermentation semble remplir
observera les règles suivantes': Les premiers ce but assez complètement, et plusieurs agri
fourrages verts, surtout s'ils sont jeunes et culteurs distingués appliquent aujourd hui ce
aqueux, doivent être donnés eu petite quan moyen en graud par une méthode simple et
tité à la fois et mélangésavec du sec, soit foin, économique. Voici ce que rapporte sur ce sujet
soit padle; à cet effet, il est bon de hacher le une feuille périodique agricole de laHes>e(l):
tout ensemble avec un hache-paille, afin d'o « Les p. mines de terre crues sont écrasées
pérer le mélange plus complètement, sans aussi complètement que 'possible, et mélan
quoi les animaux trient le vert du sec et lais gées avec de la paille hachée et mouillée. On
sent ce dernier. En général, une addition de met ce mélange dans une cuve ou dans une
paille (environ 3 livres par bêle) aussi long caisse, on le presse fortement, et on le laisse
temps que dure la nourriture verte est salu fermenter pendant trois iours. La masse s'est
taire pour le bétail et pécuniairement avan alors fortement é< hauffee, et les pommes de
tageuse pour le cultivateur, en lui économisant lerre se sont réduites en une bouillie qui a
des alimens de plus grande valeur; celte ad pénétré la p;ullede manière à former un tout
dition est surtout utile par des temps hu homogène. Cette nourriture est fort gonlée
mides. du bétail. « Les vaches, dii l'auteurdu Mémoire,
On évite de donner de fortes portions de onlaujourd'hui meilleure apparence que dans
fourrage vert à la fois; cette précaution, qu'il les années précédentes lorsqu'elles étaient
est assez, difficile d'introduire parmi les do nourries de résidus de distilleries de pom
mestiques, est cependant indispensable. On mes de terre ; elles ont le poil luisant et l'œil
évitera également de faire boire immédiate bon, beaucoup de vivacité, sont plus grasses
ment après le repas, on risquerait ainsi d'oc et donnent plus de lait qu'auparavant . » Ua pro
casionner la météorisation ; on fait boire une portion en volume esl de 3 simmeri (à 60 livres
heure avant les repas, ou seulement avant le environ chacun 1 de pommes de terre, et de
repas du soir. Les bêtes font quelquefois 3 re 4 simmeri de paille hachée auxquels on a fait
pas par jour et chacun dure alors près de 2 absorber quatre à cinq seaux d'eau. Celle
heures ; ou l'on préfère ne donner que 2 repas quantité esl pour onze à douze vaches, de
qui alors durent chacun 3 heures; je crois sorte que chacune d'elles reçoit de 15 à Ifi li
que celle dernière méthode est meilleure vres de pommes de terre par jour. Inutile
fiour les animaux de grandes races et pour d'ajouter qu'il faut quatre cuves, ou une
es bêles à l'engrais. La nourriture au vert cuve divisée en quatre compartimens, dont
dure, dans le climat du nord et du cenlre de chacun doit contenir la ration journalière.
la France, 160 à 200 jours; dans le midi elle L'opération d'écraser les pommes de terre
peut durer jusqu'à 250 jours et même plus étant assez difficile, on pourrait, je pense, se
dans certaines localités. contenler de les couper menu, dût -on les lais
Il faut à une vache pesant 7 à 800 livres en ser alors fermenter plus longtemps.
vie, 90 à 110 livres de fourrage vert par jour; On peut remplacer la paille hachée par des
on peut nourrir une vache pendant Péteavec siliques de colza, des balles de g'ain, du foin
environ 80 ares de trèfle ordinaire, 20 à 25 haché, etc. On peut également ajoutt-r au mé
de beau trèfle, 10 à 15 de belle luzerne. lange, et faire fermenter en même temps du
(1) Zeitschrift fur die landwii tlischaftlichcn vereine Hesstns. 5 janv. 1837.
-eaÀp.ii. ï>k L'i: l'Ali LE. 475
grain moulu, du son ou du tourteau d'huile. guère moins utile aux bêles bovines qu'aux
Ouol)vic encore au mauvais effet des pom chevaux. Le pansement de la main est surtout
mes de terro crues, en les faisant consommer indispensable aux bêtes d'engrais, de travail
avec des betteraves. Ces dernières, qui ne fa eL d'élève. S'il est moins nécessaire aux va
vorisent point la séiuéliou du lait, niais qui ches laitières, si même un pansement journa
poussent au contraire à la graisse, neutralisent lier trop énergique diminue, à ce qu'on as
ainsi l'influence opposée des pommes île terre. sure, la production du lait en poussant les
Enfin des laits nombreux et une longue ex bêtes à la graisse, on ne doit pas se croire dis
périence, uou -.seulement chez les animaux, pensé envers ces derniers animaux de soins
mais même chez les hommes, ont prouvé que qui, en les appropriant, contribuent si puis
le <ei é ail le meilleur et le plus puissant an samment à la conservation de leur santé. La
tidote contre le principe vénéneux çoutenu fiente dHrcie qui souvent leur couvre une par-
dans la pomme du terre. L'addition d'une lie du corps, surtout le ventre et les cuisses,
quantité même minime de sel serait donc très- nuit essentiellement à une fonction impor
utile toutes les luis qu'on donne les pommes tante de l'organisme animal, à la transpira
de terre crues et sans préparation. tion cutanée.
Une nourriture peu connue en France, est Pendant la belle saison, les bains de rivière
celle qu'on prépure dans quelques localités ou d'étang sont très-salutaires aux vaches et
de l'Allemagne avec des fourrages verts, des aux bœufs. Ils approprient et rafraîchissent
racines coupées, des choux, etc., qu'on entasse les animaux; mais ils exigent des précautions :
par tuuxhes saupoudrées de sel dans des bou l'eau ne doit pas être trop froide. Il en est de
ges ou dans des espèces de citernesfis pierre. même, do la température de l'air : les bêles ne
Ou met sur la niasse un couvercle de bois doivent pas être échauffées et en sueur. Le
qu'on charge de grosses pierres, puis on ajoute meilleur moment est avant le repas du soir.
de l'eau en suffisance pour qu'elle recouvre Avec la stabulalion, un bon bouvier peut
le tout de G à 8 pouces. La masse fermente soigner quinze à vingt vaches laitières ou
promplfinenl, et s'aigrit de même que la sur- bœufs à l'engrais, ou vingt à trente élèves
croûte qui se fait par un procédé semblable. de un à trois ans ; il doit, en outre, pouvoir ai
Elle reste longtemps dans cet état, pourvu der au fauchage ou à la préparation de la nour
qu'on ait soin d'empêcher le contactée l'air riture, traire les vaches, porter le lait, ete.
au moyen du couvercle et d'une quantité suf Dans la nourriture au pâturage, il peut soi
fisante d'eau. Le bétail est très-avide de cette gner un quart ou même un tiers en sus, lors
nourriture qui, dji-Qu, agit aussi favorable que ce sont des bêtes à l'engrais ou des élèves.,
ment sur la quantité que sur la qualité du
lait. Ou comprend, du reste, que cet aliment § Vil. — De l'étable.
ne doit pas former l'unique nourriture du
bétail, et qu'une addition de foin ou de paille La disposition générale et la distribution
est indispensable. La petite culture surtout intérieure des élables sont d'une haute im
me semble pouvoir tirer un grand parti de portance pour la sauté des anir.iaux et pour
cette méthode dans plusieurs localités, la commodité du service. Uiie bonne éiable
Upe méthode fort analogue est usitée dans doit èlre aérée et fraîche en été, et chaude en
le Mont-Dure pour les chèvres.qu'on y entre hiver. S'il y a de grands iucouvéniens à tenir
tient. Au lieu de fourrages et de racines, ce le gros bétail trop chaii'iemeut dans cette der
sont des feuilles de vignes qu'on entasse ainsi, nier» saison, surtout lorsqu'on le fait sortir
et qi|i constituent leur nourriture principale, chaque jour pour boire, il y eu a également à
mépie pendant unegïaiule partie de léle. le tenir dans des, étabtes froides comme le con
seillent plusieurs auteurs. Les bêles bovines
§ V.— Traitement et soins à l'établis. préfèrent, à la vérité, une chaleur très-modé
rée, et s'accommodent même d'une tempéra
La distribution de la nourriture so fait en ture assez basse; mais on a observé qu'elles
hiver de même qu'en été. Quoique les acci- mangeaient alors beaucoup plus, et que la
dens de météorisation y soient peu à redouier, nourriture leur profitait moins que lorsqu'on
on ne doit pas négliger celle règle, de ne don les tenait dans une température plus élevée.
ner la nourriture que par petites portions à Ce l'ait n'a pas été remarqué seulement che»
la fois; les bêtes rebutent, en général, le foiir- les bêtes à l'engrais, mais encore chez les va
rage sur lequel elles ont souillé à plusieurs ches laitières. Néanmoins un air pur et dé
reprises. barrassé autant que possible des vapeurs qui,
On fait boire plus ou moins souvent, selon en hiver, remplissent ordinairement les éta-
la proportion dalimens secs. On peut com bles, est aussi nécessaire aux bêtes bovines
mencer le repas par de la paille ou du foin, qu'à l'autre bétail. Il est donc indispensable
puis faire boire, et ensuite donner les racines de pratiquer dans les murs costières des éla
ou les rés'dusi on termine ordinairement par bles des soupiraux placés, les uns en haut, les.
de la paille. Beaucoup de personnes aiment autres en bas, ulin qu'il s'établisse entre eux
mieux faire boire une heure environ avant un courant d'air qui entraîne avec lui les gaz
les deux repas de midi et du soir. Ces deux méphitiques. Ces soupiraux doivent être dis
méthodes sont également bonnes lorsqu'elles tribués de manière a ce que le bétail ne s»
sont suivies avec régularité. trouve pas dans le courant d'air. On doit éga
lement pouvoir les boucher à volonté.
$ Vt. — Pansement a la.main. Outre les soupiraux, il faut des fenêtres
pour laisser pénétrer la lumière. Elles sont
Pendaut que les animaux terminent leur ordinairement munies d'un simple volet sans
repas, oq les étrille. Celle opération n'est vitres; quelques-unes, cependant, devraient
4î« ANIMAUX DOMESTIQUES : DES RACES BOVINES ET DE LEUR ÉLÈVE, u*. ni.
en avoir, afin que l'étable ne soit pas complè sorbe toujours l'urine et devient fangeuse. La
tement obscure lorsque le froid iorce à fer plupart des étables bien construites sont pa
mer les ouvertures. vées. Mais lorsque les pierres ne sout pas
La hauteur de l'étable est aussi un point larges et plates, les bétes reposent mal ; l'hu
important pour la salubrité. Une bonne étable midité s'infiltre d'ailleurs toujours dans le
ne doit pas avoir moins de 10 à 12 pieds de sol. Les dalles, les briques, les planches, une
hauteur. couche de béton ou de ciment hydraulique
L'air pur et la lumière sont encore pins sont ce qu'il y a de meilleur et devraient
nécessaires aux bétes d'élèves et de travail être généralement employées au moins pour
qu'aux vaches laitières. la place où se tient le bétail.
Afin que la poussière du fenil placé au-des Le sol de l'étable doit être élevé de 20 cent,
sus de 1 étable ne tombe sur le bétail, et que au moins au-dessus du terrain environnant,
les vapeurs ne pénètrent le fourrage et ne le et la place qu'occupe le bétail doit avoir une
détériorent, on fait des plafonds bruts aux pente d'un centimètre à peu près par mètre
Îilanchers supérieurs. Ceux qui craindraient de longueur, afin de favoriser l'écoulement des
a dépense de ces plafonds' pourraient les rem eaux dans les rigoles qui régnent derrière les
placer, ainsi que le plancher, par de fortes bêles et qui communiquent avec la fosse à fu
claies bien assujetties, puis garnies dessus et mier. Ces rigoles ne doivent manquer dans
dessous de paille pétrie et délayée avec de la aucune étable. On les fait peu profondes et
terre glaise ou autre un peu grasse. Cette dis on en rabat les talus afin qu elles n'occasion
position remplit assez bien son but et coûte nent point iFaccidens. Dans quelques lieux
peu, car eile peut être faite par les cultiva où on manque de litière, on fait l'emplace
teurs eux-mêmes. ment qu'occupent les bétes beaucoup plus
Toutefois ni l'un ni l'autre de ces moyens incliné que nous ne l'avons indiqué ici. Cette
n'empêche complètement les émanations hu disposition est mauvaise, en ce qu'elle peut
mides et ammoniacales de l'étable d'atteindre faire avorter les vaches et qu'elle fatigue tout
les fourrages. Une voûte seule peut remplir bétail eu général.
cet objet. Malheureusement les voûtes ordi- ! La meilleure mangeoire pour les bêtes à
naires en moellons ou en briques sont fort I cornes est une auge; quelquefois elle est mu
coûteuses. Nous avons vu dans une partie du ' nie d'un râtelier. Néanmoins ce dernier n'est
département du Gard une espèce de voûtes pas nécessaire. On a même remarqué que
qui nous a paru réunir, à une grande écono lorsqu'il était placé un peu haut, le mouve
mie, toute la solidité désirable eu pareil cas. ment constant que les vaches étaient obligées
Ces voûtes sont faites avec des briques de 2 à de faire pour atteindre le fourrage, les pré
3 pouces d'épaisseur, placées sur champ et liées disposait aux avorlemens. Aussi les man
avec du plâtre. Celles que j'ai vues avaient 18 à geoires quelconques ne doivent-elles jamais
24 pieds de largeur, et étaient surbaissées en être à plus de 1 pied ou 15 pouces d'élévation
anse de panier ou en ellipse ; néanmoins, au-dessus du sol.
malgré la charge considérable qu'elles sup L'auge doit être en général peu profonde
portaient, soit eu fourrage, soit eu grains pla et à fond arrondi, de manière à ce que les bétes
cés au-dessus, elles ne donnaient aucun signe puissent les vider avec facilité. Quelquefois
d'affaissement. chaque animal a sou auge en particulier, ce
Il faut avoir la précaution de recouvrir d'un qui est préférable aux auges en commun.
crépi l'intérieur de ces voûtes, lorsque c'est Dans ce cas, chaque auge doit avoir à sa par
pour une étable, afin que les vapeurs n'attei tie inférieure une ouverture qu'on puisse
gnent pas le plâtre. Outre l'économie de ma boucher à volonté, et qui permette de la net
tériaux, ces voûtes présentent uue grande toyer parfaitement. Lorsqu'on ne donne
économie de main-d'œuvre, pouvant être con point d alimens liquides, il suffit d'une es
struites sans cintres, uniquement avec des pèce de plate-forme ou espace planchéié ou
plombs et un panneau. pavé en dalles, qui règne devant le bétail sur
Le plâtre prenant plus de volume en se sé- une largeur de I mètre à 1 met. 30 c, et sur le
chaut, il ne laut d'abord poser que légèrement quel on dépose les fourrages. Le bord eu est
le voussoir formant la clef, et qui est ordinai garni d'une planche inclinée en dehors pour
rement en terre cuite. empêcher que les alimens ne tombent dans le
Dans les localités où le bois est bon marché, fumier. Celte mangeoire sert en même temps
on peut aussi substituer aux voûtes une sorte de couloir et de passage pour la distributioa
de plancher plat garni de palsons jointifs en de la nourriture. On voit celte disposition
tre les solives, et sur lesquels on met du sable dans la plupart des étables belges. La fig. 271
ou de la pierre eu poussière bien sèche à raz représente la coupe d'une de ces étables. A
dn bord supérieur de ces solives, qui, étant est l'emplacement du bétail, B est le passage
bien dressées et bien passées de niveau peu servant de mangeoire, et sous lequel est une
vent recevoir et supporter immédiatement un cave pour la conservation des racines: C est
plancher en planches ou en carreaux de terre une excavation placée derrière les bétes, dal
cuite. Cette disposition rend les fenils et gre lée de même que l'étable, et où l'on entasse
niers parfaitement impénétrables aux vapeurs le fumier qu'on enlève chaque jour sous
qui se dégagent de l'étable, car le sable ou la les animaux. A l'abri du contact de l'air,
terre fine et sèche sont les meilleurs obtura de la pluie et du soleil, tassé et tenu constam
teurs connus. ment humide par les urines qui s'y rendent,
Le sol de l'étable est également d'une haute le fumier ainsi placé ne se décompose que
importance pour la salubrité du lieu et la lentement, éprouve par conséquent peu de
commodité du sert ire. Il ne doit pas être en pertes, et se trouve en général dans la position
terre qui, quelque bien battue qu'elle soit, ab- la plus favorable ; aussi n'hésiterions-nous pas
,11. DE L'ÉTABLE
à recommander cette disposition, si elle n'a nière pour lui donner du jeur; ces deux cir 477
vait le grave inconvénient d'exiger un espace constances sont principalement avantageuses
double des étable* ordinaires. Il fuit à une dans l'engraissement. Enfin, comme les four
étable simple telle que celle représentée ici rages sout jetés du fenil dans l'aire qui se
{fig. 271), une largeur de 24 pieds. trouve en dessous, et de celle-ci dans les man
geoires, on évite les pertes qui ont presque
toujours lieu lors du transport des fourrages
dans l'étable. Au moyen de registres ou de
volets on ferme les ouvertures lorsque le re
pas est terminé.
La fig. 274 représente une coupe en profil
Fig. 274.
et en même temps la fermeture du pourtour de l'auteur, quand il dit qu'en aucun cas il ne
permet de procurer aux agneaux, pendant doit exister de grenier au-dessus del'étable:
l'hiver, une température douce qui leur est nous pensons, au contraire, qu'il peut être
nécessaire quand ils sont faibles et quand avantageux d'utiliser les combles aune ber-
leurs mères mal nourries ne leur fournissent Cerie, comme on le fait pour tous les autres
point assez de lait pour les fortifier. àtimens de la ferme ; ce que nous conseil
Les râteliers de M. deVindé {fig. 298) font lons est conforme à l'économie et ne présente
Fig. 298. aucun inconvénient, pourvu que l'on donne
issue aux vapeurs par une ventilation bien
établie , ou qu'on les fasse absorber par une
couche épaisse de litière sur laquelle repo
serait le fourrage.
Après toutes les précautions que nous exi
geons pour le renouvellement du bon air
dans les bergeries, il est facile de comprendre
que nous ne saurions approuver les éleveurs
qui laissent accumuler pendant plusieurs mois
le fumier sous leurs bétes blanches. Que di
rait-on d'un cultivateur qui ne curerait que
tous les six mois l'écurie de ses chevaux?
corps avec la mangeoire; ils sont suspendus sans doute il n'y aurait qu'une voix pour le
au mur assez haut pour que les bétes puis désapprouver ! Eh bien ! ce que l'on fait pour
sent se coucher dessous sans courir le risque les chevaux, on ne doit point hésiter à le
d'y rester prises; le fourrage y descend au faire pour les moutons ; car eux aussi peuvent
fond sans tomber sur les toisons ; et enfin le être attaqués de maladies de pieds dange
bord des mangeoires est construit en prisme, reuses en séjournant trop longtemps sur un
de façon que la saillie supérieure empêche fumier chaud et humide, et de plus leur toison
les agneaux de mettre les pattes dedans. Deux précieuse s'y salit et s'y détériore. Nous en
râteliers accouplés dos à dos, et suspendus à gagerons donc fortement à faire monder le
des pieux au milieu de la bergerie, forment plus souvent possible la bergerie et à l'entre
un râtelier double qui prend très-peu de tenir toujours garnie d'une bonne litière
place, puisque sa construction ne s oppose fraîche et abondante : celui qui suivra cet
pointa ce que les animaux se couchent au- avis y gagnera de plus d'une façon; ses ani
dessous. Les barres et les assemblages sont maux s'en trouveront mieux, et son fumier
en chêne ; les trois planches de la mangeoire frais sera plus profitable à ses terres. Voir
sont en bois blanc : le tout a été établi a 6 fr. l'article Fumiers frais, t. l'Vpage 104.
le mètre courant. , . Il ne nous reste plus qu'à indiquer par
Quoique nous approuvions sincèrement les quels procédés on peut purifier une bergerie
principes qui ont dirigé la construction de qui a longtemps été soumise à un état d'infec
cette bergerie, nous ne sommes point de l'avis tion que l'on veut faire cesser. II faut d'abord
CHAP. 13. DU RÉGIME DES MOUTONS. 607
enlever tous les immondices qui la souillent; pour éviter le gaspillage delà nourriture1 ; et
laver tout l'ameublement à grande eau, blan de petits appentis doivent pouvoir y être dis
chir les murailles, iutérieures à la chaux, et posés lors du part pour recevoir pendant quel
enfin détruire les gaz méphitiques par l'ac ques jours les brebis qui agnellent.
tion des chlorures. Les chlorures, surtout le
chlorure de chaux, sont d'un emploi très-fa § 111. — Régime ordinaire des moutons.
cile, le prix d'achat est peu de chose, on en
trouve chez tous les pharmaciens ; voici Le pâturage est indubitablement le régime:
comme on l'emploie : les moutons étant aux le plus convenable à la santé des bétes ovines :
champs, et le fumier étant enlevé, on fait le propriétaire d'un troupeau trouvera pres
fondre une livre ou deux de chlorure de chaux que toujours du bénéfice à procurer a ses
dans un baquet rempli d'eau ; quand la disso moutons un parcours abondant pendant tou
lution est complète, on trempe un balai ou tes les saisons de l'année ; pour atteindre ce
un bouchon de paille dans le liquide, et l'on but, on doit employer tous les moyens indi
badigeonne le bas des murailles, portes, po qués par la science agricole : il faut créer des
teaux, etc., à un mètre de hauteur; on en ré prairies qui se succèdent sans interruption,
pand légèrement partout où le besoin s'en qui bravent les froids de l'hiver et les cha
fait sentir : et si une maladie contagieuse a leurs du solstice d'été. C'est une entreprise
attaqué le troupeau, on purifie également les difficile, mais non impossible, et qui sera
crèches et râteliers avec le chlore; puis on très-profitable pour quiconque possède une
répand de nouvelle litière, et quelques heures bergerie de quelque importance.
après, quand l'odeur du chlorure s'est un peu Le parcours des terres vagues, des landes,
dissipée, on fait rentrer les moutons. Mais des bruyères, des chemins et des bois, est
celte purification n'est que momentanée, elle d'une grande ressource dans certains pays
détruit le mal que l'on a longtemps laissé pauvres oîi l'agriculture n'a pris aucun déve
croître et ne l'empêcherait point de renaître loppement; tant que dure la belle saison, on
après peu de temps : bientôt la bergerie de peut y entretenir, à peu de frais, des moulons
viendrait infecte de nouveau si l'on négligeait communs qui y prospèrent et qui sont re
les moyens que nous avons développés et sur cherchés par la boucherie. Dans les contrées
lesquels nous ne nous reprocherons point mieux cultivées, mais encore soumises à la
d'avoir insisté longuement, pourvu que nos jachère triennale, les fermiers parviennent
lecteurs adoptent cette idée que la bergerie quelquefois à nourrir leurs bétes avec ce
est un lieu de refuge où les bêtes ovines doi qu'elles trouvent sur la sole de jachère et
vent retrouver l'air pur, sec et doux, néces sur les chaumes. Toutefois, il faut reconnaître
saire à leur tempérament délicat. qu'un pareil pâturage ne peut suffire qu'à des
Quoique nous soyons convaincus de la né races très-rustiques, petites et de peu de pro
cessité «l'abriter les bétes à laine et de les pro duit : les moutons du Berry sont peut-être
téger par un toit contre l'intempérie des sai les seuls capables de supporter ce dur ré
sons si variables sur la majeure partie du gime qui les réduit presque à la famine par
territoire français, nous devons cependant les grandes sécheresses, et qui ne leurfournit
une nourriture abondante que dans les temps
humides, temps où le parcours est si dange
reux pour toute autre race.
mosphère y soit constamment imprégnée d'hu Si, au contraire, on veut entretenir des
midité; à la vérité, la température est moins troupeaux plus précieux, des moutons à laine
variable dans les lies Britanniques que dans fine, dont le tempérament délicat exige une
notre pays; les excès de chaleur et du froid nourriture toujours saine et en quantité tou
y sont moins grands ; les vents piquans y jours égale, ou des moutons de grande taille
sont fort rares, et enfin les races ont été fa pour la boucherie, auxquels l'abondance est
çonnées de longue main à celte manière de indispensable, il faut préparer des moyens de
■vivre. Ces avantages naturels pouvant se ren subsistance choisis et nombreux: compter sur
contrer dans quelques parties de la France, la vaine pâture serait une folie; il faut leur
nous engagerons ceux qui sont en position consacrer des prairies spéciales, naturelles ou
d'en profiter, à ne point négliger l'économie artificielles, et faner pour eux des fourrages
importante qui résulte d'un mode aussi simple. qui leur seront distribués à la bergerie les
En admettant donc ces conditions de tem* jours où on ne pourra les faire sortir.
pérature, on peut sans inconvénient loger les Entrons dans quelques détails sur ce sujet
moutons dans tout enclos assez bien fermé important.
pour qu'aucun animal dangereuxne puisseylpé- On sait qu'un mouton de taille moyenne
nétrer; les cours des fermes seraient, surtout, mange par jour environ 4 kilogrammes d'her
très-propres à former ce parc permanent ou be fraîche de prairie naturelle; cette herbe,
parc domestique , comme l'appelait Dauben- 3uandelle est fanée, se réduitàunkilogramme
ton, pourvu toutefois qu'elles fussent bien ni e foin dont se contente également le même
velées et que les eaux de fumier n'y formas mouton nourri au sec. En prenant ce fait
sent point des mares pestilentielles, comme pour base de nos calculs, nous reconnaîtrons
cela a lieu trop souvent. Car la première né qu'il faudrait consacrer 10 hectares de prai
cessité du parc domestique est d'être assis ries à l'entretien d'un troupeau de 100 mou-
sur un terrain ferme, s'égouttant facilement toils pendant une année; un tiers environ
et promplement quand la pluie l'a mouillé. étant fauché et fané pour affourrager dans les
Là, bien plus encore que dans les bergeries, la mauvais jours, les deux autres tiers étant
litière doit être abondante et très-souvent re mangés sur place.
nouvelée. Des râteliers y sont indispensables Peut-être aucun assolementne se prêlcrait-il
ANIMAUX DOMESTIQUES : DU MOUTON. lit. m.
3i la production d'une si grande quantité de brûlante et infecté par la vapeur concentrée
fourrages pour les seules bêtes ovines; c'est de leur corps : il n'est pas rare que quelques-
pour cela qu'on leur fait consommer d'autres uns tombent suffoqués et périssent pour
produits du sol, tels que des grains, des ra ainsi dire instantanément, et malgré tout se
cines, des pailles. cours. Un berger soigneux ne bravera jamais
Quoique plus favorable qu'aucun autre ré ce danger, ilse retirera devantlesoleilet con
gime à la santé des moutons, le pâturage leur duira ses moutons dans un endroit frais où
deviendrait promptement fatal si l'on ne le ils puissent h leur aise ruminer et digérer la
dirigeait convenablement : l'expérience a ap nourriture amassée dans leur premier esto
pris aux bergers à user de certaines précau mac. La bergerie, si c'est elle qui sert de I
tions, à suivre certaines règles hygiéniques de repos, doit être vaste et bien aéret
que les propriétaires doivent connaître pour aérée qu'en tout autre temps ; car, si les mou
être capables d'en surveiller l'exécution. tons devaient y être à l'étroit, il serait préfé
A moins d'obstacles très-grands, on doit rable de les tenir à l'ombre d'un mur, d'un
faire sortir chaque jour les bêtes à laine (dit bois ou d'arbres isolés.
Daubenton), parce qu'en pâturant, elles choi Dès que le soleil commence à devenir moins
sissent leur nourriture à leur gré, et la pren ardent, on ramène les troupeaux au pâtu
nent dans le meilleur état, et que du reste rage dont on les laissera jouir jusqu'à la nuit,
l'exercice stimule leur appétit et entretient A l'approche de l'hiver le parcours devient
leur vigueur; il est dans la nature de ces ani plus difficile; les prairies naturelles et arti
maux de vaguer à droite et à gauche, tout en ficielles s'épuisent, les terres vagues ne pro
ramassant ce qu'ils rencontrent ; le berger ne duisent plus d'herbe; c'est alors qu'un sup
doit pas contrarier leur instinct en les rete plément de nourriture doit être distribué à
nant en place malgré eux. Cependant, comme retable. Les pailles et les fourrages secs font
les moutons gâteraient beaucoup plus d'herbe la base ordinaire de cette nourriture : chaque
avec les pieds qu'ils n'en brouteraient, si on mouton devra en recevoir au moins 1 kilo
leur permettait de parcourir en liberté un gramme par jour; mais quelque bien choisie
pâturage abondant, le gardien ne donnera que soit la nourriture sèche, elle est moins
chaque jour accès au troupeau que dans une convenable aux moutons que la nourriture
portion du champ. verle à laquelle ils sont accoutumés et qui
Pendant la belle saison, on peut lâcher les est bien plus appropriée à leur tempérament;
moutons dès le lever du soleil, pourvu qu'il elle échauffe, nourrit moins, nuit & l'accrois
n'y ait ni rosée, ni brouillard; sinon, il faut sement et aux bonnes qualités de la laine;
attendre que le soleil les ait dissipés, car ils c'est surtout aux brebis qui allaitent que ce
pourraient causer aux animaux des coliques régime est défavorable; leurs nourrissons s'en
dangereuses : la nature semble avoir elle- ressentent d'une manière fâcheuse. On peut
même indiqué cette uti le précaution ; c'est une se créer une grande ressource dans cette sai
remarque facile à faire, que les bêtes ovines son en cultivant quelques pièces de pimpre-
pâturent avec moins d'avidité lorsque l'herbe nelle où les moutons trouvent toujours à paî
est mouillée, si ce n'est lorsqu'une pluie bien tre,puisque les froids ni la neige ne suspendent
faisante vient, après de longues sécheresses, pointla végétation de cette plante. Il est aussi
•rendre les plantes plus appétissantes. quelques cultivateurs qui entretiennent une
Quandla force du soleil augmente, on dirige certaine quantité de choux cavaliers pour en
les troupeaux de façon qu'ils ne reçoivent pas distribuerles feuillesaux brebis et augmenter
en face les rayons solaires, et, durant les gran leur lait. Il y a quarante ans, l'agriculture fran
des chaleurs de la journée, il est absolument çaise ne possédait, pour ainsi dire,aucun autre
nécessaire de les conduire à l'ombre pour y moyen d'hivernage que les fourrages secs ; si
reposer. Leur laine, qui empêche que l'air ne quelques-uns employaient les choux et la pim-
les refroidisse en hiver, empêche aussi que prenelle, le nombre en était rare et leur exem
l'air ne les rafraîchisse en été. D'ailleurs ces ple ne pouvait être suivi partout avec succès :
animaux ont le cerveau faible; le soleil tom aujourd'hui la nourriture fraîche est dans
bant à plomb sur leur tète peut leur donner beaucoup de fermes aussi abondante l'hiver
des vertiges qui les font tourner, et même nue l'été; les moutons peuvent jouir du vert
le mal appelé la chaleur qui les tue rapi dans toutes les saisons, grâce à la culture des
dement si le berger ne les secourt aussitôt racines. Ce serait une grande faute à celui
par une abondante saignée. Il n'est aucun qui élève des bêtes à laine de nos jours, de ne
prétexte qui puisse dispenser de prendre la point avoir à sa disposition une quantité suf
précaution que nous recommandons, car les fisante de navets, pommes de terre, bette
moutons n'emploieraient point à pâturer le raves, carottes ou topinambours pour tem
temps de la grande chaleur, quand même on pérer au moins l'action malfaisante dit sec
les forcerait de tenir la campagne; leur souf sur son troupeau. L'usage de ces racines est
france se manifeste alors d'une manière évi maintenant fortrépandu; on en connaît tous
dente : ils s'agitent plus que d'habitude ou se les avantages; l'excès pourrait seul en être
réunissent en troupe serrée; chacun d'eux nuisible : elles n'ont point toutes les mêmes
baisse le cou et place sa tête sous le ventre qualités nutritives, ni les mêmes propriétés
de son voisin pour s'abriter et mettre ses na lactifères; nous avons fait connaître à l'ar
seaux à l'abri de la persécution d'une mouche ticle spécial de chacune de ces plantes, au
noirâtre (l'œstre des moulons) qui cherche à y tome 1er, ce que l'expérience nous avait ap
pénétrer pour y_ pondre ses œufs. Mais s'ils pris sur ce sujet; en général on s'accorde en
réussissent ainsi a se soustraire aux piqûres cela qu'il est utile de distribuer aux moutons
de la mouche, ils ne peuvent échapper au une moitié de leur ration en sec, l'autre moi
danger de respirer un air chargé de poussière tié en racines; il n'est pas douteux que ce m£
OttP. t3; DE L'ÉDUCATION DES MOUTONS.
lange ne leur soit beaucoup plus favorable chemens d'eau mortels. On ne doit jamais ou
qu'une nourriture exclusive. Toutefois, nous blier qu'un mouton en bonne santé boit peu;
devons le répéter, on ne doit point se croire c'est presque un signe de maladie de le voir
dispensé, avec les meilleures provisions d'hi courir à 1 eau avec avidité.
ver, de chercher à créer des prairies hiver Un troupeau en pays sain,' et pendant la
nales ou très-hâtives, telles que la pimpre- belle saison, peut très-bien se passer de sel ;
nelle, le trèfle blanc, le pastel, pour y conduire mais cet assaisonnement est fort nécessaire
le troupeau dans les jours favorables de la pendant les mois pluvieux et froids de novem
mauvaise saison; car le pâturage est la ma bre à avril; il est indispensable dans les
nière la plus naturelle de vivre pour les pays bas, humides, si contraires au tempé
moutons, et notre expérience personnelle rament du mouton ; il soutient leur appétit,
nous a démontré que les bergers ont bien fortifie leur estomac et le rend plus capable
raison de dire sans cesse qu'un peu de nour de supporter sans danger la nourriture sèche
riture aux champs vaut mieux que beaucoup et les pâturages aqueux des terres froides.
à la bergerie. Daubenton, qui a si bien étudié Daubenton considère le sel comme un pré
tout ce qui concerne les bétes blanches, s'est servatif de la pourriture : il réchauffe les
étendu tort en détail sur leur régime d'hiver, moutons, dit-il, il, leur donne de la vigueur,
dans son instruction pour les bergers. empêche les obstructions, et fait couler les
Dans les départemens où l'hiver est rude, eaux superflues, qui sont la cause de la plu
dit-il, on commence à donner du fourrage aux part de leurs maladies. On le distribue dans
moutons en octobre ou en novembre : on en l'auge avec quelque nourriture, ou bien on le
distribue le matin, si la gelée blanche empê fait fondre dans de l'eau pour en arroser le
che le troupeau de sortir de bonne heure, et fourrage. Un kilogramme tous les huit jours
le soir lorsqu'il revient du pâturage sans être est sulfisant pour 40 moutons.
assez rempli. Quand les animaux sont forcés Tel est le régime ordinaire des moutons; il
de rester renfermés plusieurs jours de suite, doit être modifié selon la destination et la na
il faut, outre leur ration du matin et du soir, ture spéciale du troupeau.
leur donner à midi de la nourriture fraîche, ^Section n. — De téducation d'un troupeau.
ce qui les empêchera de dépérir et de s'alté
rer outre mesure; à défaut de verdure et de Nous avons établi les conditions qu'on doit
racines, quelques poignées d'avoine, un peu s'imposer avant de se livrer à l'éducation
d'orge, des pois cassés, etc., produiront un des bêtes à laine; nous avons dit comment
bon effet ; le gland même, les châtaignes, la on devait pourvoir à leur garde, à leur loge
graine de genêt si abondante dans quelques ment, à leur entretien : quiconque se trou
contrées, seraient d'un grand secours dans vera en position de suivre les règles que noua
line saison rigoureuse. On cesse de donner du avons tracées, doit alors rechercher sur quelle
fourrage aux moutons dans le printemps, race de moutons il portera ses soins.
lorsqu'ils commencent à trouverdans la cam Ce choix sera déterminé t° par la connais
pagne nue suffisante quantité d'herbes pour sance des races, de leurs besoins, de leurs
leur entretien, et lorsqu'ils sont bien ronds, produits ; 2° par les principes d'économie ru
c'est-à-dire bien remplis, en rentrant le soir rale développés§dans notre 4° volume.
Ie'. — Des races.
è la bergerie; mais tant que l'on voit qu'ils
n'ont trouvé qu'une partie de la nourriture Nous ne décrirons pas ici les innombrables
qui leur est nécessaire, il faut y suppléer en races de moutons, elles se réduisent toutes à
leurdonnant du fourrage au râtelier. deux genres bien distincts : 1" moutons à
Ce qui concerne la boisson des moulons est laine frisée ; 3° à laine lisse.
fort simple: de l'eau pureet enpetitequantité, Les premiers ont une taille moyenne, une
voilà la règle; lamauvaise qualité et la grande toison tassée à mèches très-ondulees, à brins
abondance de la .boisson amèneraient pres- très-fins ; leur hygiène exige des pâturages
qu'infailliblcment des maladies. bien sains; les contrées humides leur sont fa
L'humidité, sous toutes les formes, est dan tales ; ils n'utiliseraient pas convenablement
gereuse pour les bêtes à laine; le brouillard, de gras pâturages.
Ta pluie, la rosée, le serein, les vapeurs maré Les seconds ont une toison non tassée, à
cageuses, les pâturages trop succulents sont mèches longues, pendantes, pointues, dont le
à craindre pour ces animaux ; le berger évi brin, généralement grossier, peut devenir
tera donc de les pousser à boire. Quand il se très-fin dans des variétés perfectionnées ; ils
trouve de l'eau dans le voisinage de la ferme, arrivent à une taille élevée ; ils sont essen
le mieux est d'y conduire chaque jour le trou tiellement propres à la boucherie ; ils sup
peau et de passer lentement sans s'arrêter, portent très-bien l'humidité constante de
mais de façon que les moutons qui auront certains climats et ne peuvent prospérer sans
soif puissent se désaltérer; les autres passe une nourriture très-abondante.
ront sans boire. Si l'eau se trouve trop éloi Ces deux types existaient et existent encore
gnée pour y mener les bêtes chaque jour, il dans notre patrie ; on les rencontre aux deux
sera sans danger de ne les y conduire qu'une extrémités du territoire, en Roussillon et en
fois en 2 ou 3 jourssuivantque la nourriture et Flandre. Le territoire intermédiaire est peu
la saison sont plus ou moins altérantes. Ce plé d'une foule de variétés qui réunissent
pendant il ue faut jamais trop tarder à abreu plus ou moins les qualités de la race de mon
ver les moutons, non parce que la soif les ren tagne ou de la race de plaine.
drait malades, mais parce qu'ils boiraient en Le tableau suivant résume d'une manière
un jour autant qu'ils auraient bu en plusieurs suffisante ce qu'il est utile de savoir sur nos
jours, et que cette grande quantité de boisson moutons indigènes, et nous évite d'en donner
prise toute ù la lois pourrait causer des épaa- une description détaillée.
510 ANIMAUX DOMESTIQUES : DU MOUTON. m.
TABLEAU COMPARATIF
Des principales variétés de moutons français avant 1770.
Appartenant Longueur : 30 Fine, lassée; miche fri Pesant 301. nette. Habitués à voya La plus line des races an
an poucet. sée d'un pouce ai 1/2, ger de la ciennes; on croitqa'elle
Roussillon. pesant 3 à 4 1.en suint. plaine à la «'était alliée arec les
montagne mérinos.
comme les
moutons es
pagnols.
Languedoc - Long, 3 pieds : Peu gracieuse. Pesant 40 à 50 liv. Les brebis habi Il existait en Languedoc
Gévaudan. gros el ra tuellement plusieurs autres variétés
massé. soumises à la ce rapprochantde celles
traite. du Roussillon et dont
quelques-unes produi
saient deux portées par
an.
Provence. 30 a 33 pouces. Toison de 4 1. en suint. Pesant 30 à 36 liv. Essentiellement Chair excellente.
La Craox. transhuman
La Camar tes.
gue.
Auvergne. 30 pouces. Laine grossière, peu fri Pesant 30 liv. Éducation tota Cette variété était nn
sée, jarreuse, sauvent lement négli- exemple frappant de la
brune ou noire. dégénérescence a la
quelle peuvent arriver
les moutons quand
l'homme ne leur prodi
gue plus ses soins.
Poitou et 26 à 30 pouces. Laine frisée et courte Pesant 25 liv. Nourrie dans les Porte rarement des cor
Saintonge, asseï fine. terres arables nes.
Race rt les friches.
de plaine.
Race 3 pieds 2 pouces. Laine très-inférieure. Pesant 40 à 50 liv. Nourries dans Pourrait devenir un bon
de marais. des pâturages type de moutons de
humides et boucherie.
abondants.
Bcrry. 2 pieds 9 po. à 3 Toison fine, tassée, fri Pesant 25 1 30 liv. Prenant facile On soignaitauesbienl'é-
pi.; cou alon- sée, approchant beau ment bonne ducation de ces mon
gc ; tête sans coup plus que les pré chair. tons, qui du reste étaient
cornes , lainée cédentes des lainesdu habitués a une vie très-
sur le sommet Iioussillon. frugale.
jusqu'aux
yeux ; museau
et pieds bruns.
Sologne. 30 à 33 pouces, Toison plus courte, plus Pesant 22 a 25 liv. Très-sobre.
tête fine, me fine, mais moins tas Chair plus fine
nue , effilée, sée que la précédente ; dans le Berry.
quelquefois mèche tortillée au
courte , sou sommet-
vent sans cor
nes.
Ardennes. Se rapprochait des deux
racei précédentes.
Picardie. 40pouc. Taille Laine grossière, peu fri Pesant 60 à 80 liv. Exige unenour- Arriverait probablement
basse, tète sée, se rapprochant riture abon à la taille de la race
grosse; oreille plutôt deslaines à car dante el suc luivante en la soumet
large et cour de que des laines à pei culente. tant au même régime.
te. gne.
Flandre. 4 4/2 à 5 pieds Toison à mèches lon Pesant 45à65 kil. Exigeant une Latésplus grande des varié
françaises : son édu
de long. gues, pendantes, poin nourriture a- cation
tues. bondante et serait impossible
dans les pays où PafB-
substantielle, enlture ne pourrait loi
telle qu'on la fournir une
trouve dans aussi abondante nourriture
les riches pays l'hiver
de plaine. que l'été.
CBKV. 13. DE L'ÉDUCATION DES MOUTONS. 511
L'étude de ces diverses variétés que possé une grande erreur : l'agriculture française»
dait la France aurait, un jour ou l'autre, con en suivant cette voie, eût perdu tous les fruits
duit quelqn'homme de génie à reconnaître que l'on devait espérer de l'importation ob
qu'il était possible d'amener progressivement tenue à si grande peine.
le mouton à tel degré de perfectionnement Heureusement la direction du troupeau
que l'on eût jugé nécessaire. Les deux varié primitif que le gouvernement entretenait
tés extrêmes de Roussillon et de Flandre, con comme troupeau modèle, fut confiée à des
venablement dirigées, auraient pu, par elles- hommes assez habiles pour éviter soigneuse
mêmes, produire chez nous des types parfaits ment tous les extrêmes. Ils s'attachèrent à
de moutons à longue laine lisse et de mou maintenir la finesse des toisons et même à
tons à laine frisée superfine; mais ce but l'accroître; mais en même temps ils firent
«tait atteint depuis des siècles en Espagne tous leurs efforts pour conserver à cette race
(quant à la laine frisée) ; et l'on pensa qu'il un tempérament rustique, une santé ro
était plus simple d'introduire une race toute buste, afin de rendre sa propagation plus facile
faite que d'en créer une à force de temps. On et plus prompte. Il est probable que, sans
acheta donc des mérinos que l'on multiplia, cette direction rationnelle, le gouvernement
négligeant dès lors de pousser les variétés n'eût jamais pu faire adopter la race espa
françaises dans une voie progressive, ce oui gnole par les cultivateurs français. Si le trou
eût été cependant fort utile pour obtenir des peau national de Rambouillet n'eût présenté
laines lisses. Le succès des mérinos nous fit que des bêtes petites, faibles, chétives, la fi
Îierdre de vue ce but important vers lequel nesse de leur toison n'eût pas suffi pour déter
'Angleterre dirigea tous ses efforts et qu'elle miner la généralité des fermiers à les acheter;
atteignit bientôt. Aujourd'hui il ne nous ils auraient craint de s'enpger dans une ex
reste plus qu'à suivre pour les races de plaines périence trop délicate où ils pouvaient com
la voie suivie pour les races de montagnes, promettre leur argent et leur temps : mai»
c'est-à-dire à nous approprier les moutons en trouvant un troupeau aussi vigoureux
anglais comme nous nous sommes approprié que les races indigènes, d'un produit égal en
les moutons espagnols. viande, et d'un produit incomparablement
C'est en partant de cette idée que nous al plus grand en laine, nul ne pouvait hésiter.
lons étudier l'éducation des bétes à laine, Nous ne sortirons point de notre sujet
l'art de les élever, de les propager, d'en tirer en étudiant un peu ce troupeau de Ram
le plus grand produit. bouillet, où les cultivateurs vont, encore au
Élizée Lefevre, jourd'hui, chercher des béliers de race plus
parfaite que les béliers mêmes d'Espagne.
§ II. — Du mérinos. Au commencement de 1786, lorsque les
constructions de la ferme s'achevaient,
M. Dangivilier, ayant eu connaissance des
Pendant plusieurs siècles l'Espagne posséda longues et savantes expériences de Dauben-
seule cette belle race de moutons fins con ton sur les bétes à laine fine, se concerta
nus sous le nom de mérinos, elle en prohiba avec M. Trudaine, intendant du commerce,
toujours sévèrement l'exportation; cepen qui avait fait naître et encouragé l'établisse
dant, en 1723, la Suède; en 1765, la Saxe, en ment de Montbard, où Daubenton entrete
obtinrent un troupeau; la France n'obtint la nait depuis 1766 un troupeau de race pure
même faveurque vingt ans plus tard. espaguole. On fit goûter à Louis XVI le pro
Des systèmes divers furent suivis pour la jet de faire venir, pour sa ferme de Ram
multiplication ou plutôt pour l'éducation de bouillet, un troupeau de mérinos.
ces animaux précieux. Les éleveurs saxons Le roi fit demander en son nom au roi
s'attachèrent uniquement à la production d'Espagne, son beau-frère, la liberté d'impor
d'une laine sans égale pour la finesse, et attei ter un troupeau de bétes à laine superfine ;
gnirent ce but en négligeant toutes les autres cette demande fut accueillie, et toutes facilités
qualités des mérinos ; ils sacrifièrent à la fi furent accordées à M. de LaVauguyon, notre
nesse, la force, l'élasticité, l'abondance de la ambassadeur à Madrid, pour l'achat et la sor
laine; ils comptèrent pour rien Ja taille des tie des bétes ; le troupeau fut acheté et choisi
animaux, leur bonne construction et leur par deux Espagnols instruits dans cette partie,
produit comme bète de boucherie; néan don Ramira et André Gilles Hcrnans ; ils
moins ils s'acquirent une juste célébrité, prirent des animaux dans les principales ber
puisque nulle laine ne pouvait entrer en con geries ou cavagnes ; savoir :
currence avec la leur pour la confection de Peralés .58 Aleola 37
certaines étoffes. Perella. 50 Saint-Juan. ... 37
Ailleurs, en France par exemple, des éle Paular 48 Portago 33
veurs tombèrent dans l'extrême opposé, en Negrelté 42 Zranda 20
cherchant à élever la taille sanspresquesonger L'Escurial 41 Salazar 10
àla toison ; ce syslèmcctait. déplorable ;c'élait Le tout formait un troupeau de 3S3 bêtes,
l'abâtardissement des mérinos, la destruction dont 42 béliers, 334 brebis et 7 moutons con
sans aucun but utile d'un perfectionnement ducteurs. Réuni dans les environs de Ségovie,
qu'il avait fallu des siècles pour atteindre. il en partit le 15 juin 1786 sous la con
D'autres, se méprenant un peu moins sur duite de Gilles Hernans, comme maître ber
l'usage des mérinos, crurent obtenir assez ger, et de quatre autres Espagnols ; ils voya
d'avantages en produisant des toisons beau gèrent lentement-, l'hiver les surprit dans les
coup plus pesantes qu'aucune toison indigène, landes de Bordeaux, beaucoup de bûtes pé
et ne firent aucun effort pour maintenir la rirent ; mais elles furent, en partie, rempla
finesse des biles espagnoles; c'était encore cées par des 8gneaux nés en route. Enfui, le
SI» ANIMAUX DOMESTIQUES : DU MOUTON. tibia
troupeau arriva à Rambouillet le 12 octobre vint un de ses plus chauds protecteurs près de
1780, au nombre de 366 individus dont 41 bé la commission d'agriculture dont il était mem
liers, 818 brebis et les 7 moutons conduc bre : il y fut fortement secondé par plusieurs
teurs : comme il n'y avait point de bergerie de ses collègues, hommes éclairés el amis de
à la ferme, il fut placé provisoirement à Moc- leur pays, parmi lesquels il faut surtout citer
souris, dans les bâtimens de la blanchisserie, MÙVGilberl et Huzard ; ils s'attachèrent à la
où il resta jusqu'à la révolution, époque à la conservation du troupeau de Rambouillet, et
quelle on le transféra à la faisanderie ; et ce bientôt ils furent chargés de sa surveillance.
ne fut que lorsqu'on rétablit les chasses à A partir de celte époque, les suffrages des
Rambouillet que Von fit bâtir le corps de ber agriculteurs furent acquis à Rambouillet, et
gerie existant aujourd'hui. son nom fut porté dans toute l'Europe.
Le troupeau se réduisit l'hiver suivant Or, le troupeau prospérant de plus en pins,
à 831 bêtes, parce qu'il en mourut 35 de la et les agneaux qui naissaient chaque aDnee en
clavelée qu'il avait gagnée dans le voyage : augmentant le nombre, il fallait penser à en ti
lors de l'invasion de la maladie, les bergers rer parti en le propageant par tous les moyens
espagnols regardèrent ce troupeau comme possibles : on n'avait pas réussi en donnant
perdu et ils l'abandonnèrent aux soins du di les animaux, on eut le bon esprit de tenter de
recteur de l'établissement, M. Bourgeois père, les vendre. Les succès de l'administration, et
qui dès ce moment le fit gouverner par des le bon état dans lequel les curieux, qui visi
bergers du pays. Le mattre berger Hernans taient l'établissement, trouvaient le troupeau,
et ses compagnons repartirent pour l'Es parlèrent aux yeux et suscitèrent quelques
pagne le 4 avril 1787. C'est de cette époque imitateurs qui firent leur fortune en s'adon-
que date l'arrivée de Clément Delorme, pre nant les premiers à l'éducation des mérinos.
mier berger français de l'établissement, dont le En même temps que les agronomes démon
zèle et les connaissances pratiques ont con traient dans leurs écrits les avantages qu'il y
stamment maintenu le troupeau en bon état. avait à propager les mérinos pour améliorer
A Daubenton appartient le mérite d'avoir nos laines, M. Bourgeois père, cultivateur dès
conçu le premier I idée d'améliorer les laines sa naissance, agissait sur l'esprit des habitans
françaises, et d'en avoir donné les moyens de la campagne et déterminait les fermiers,
en croisant des brebis indigènes avec des bé autant par la persuasion que par les faits qu'il
liers mérinos; mais ce n'est qu'à Rambouillet leur faisait toucher au doigt, à introduire la
que l'on est parvenu à identifier tout à fait race espagnole dans leurs bergeries: il leur
les mérinos avec le sol : ils y réussirent si faisait voir que les mérinos produisaient des
bien, qu'après quelques années de soins toisons moitié plus pesantes, et beaucoup plus
mieux entendus qu'en Espagne, on put remar fines que les bêtes indigènes ; enfin ces culti
quer que les productions étaient supérieures vateurs pouvaient se convaincre par leurs yeux
aux bêtes nées en Espagne même. que ces animaux exigeaient une nourriture
Ce que l'on avait en vue à Rambouillet, plutôt de bonne qualité que très-abondante,
était surtout de naturaliser les mérinos dans et seulement un peu plus de soins.
les fermes, et de déterminer les cultivateurs Les propriétaires, d'abord, et quelques-uns
à améliorer leurs races du pays par le croise des fermiers les plus intelligens, ensuite, se
ment avec le pur sang espagnol : aussi s'em- décidèrent à acheter des béliers en petit nom
pressa-t-on de faire participer la culture au bre; comme ils avaient été payés beaucoup
bienfait de la riche importation que l'on ve plus cher que les moutons du pays, on leur
nait d'obtenir, et dès les premières années prodigua les soins nécessaires dans la crainte
on donna des béliers et même des brebis aux de perdre les fruits des sacrifices qu'ils avaient
propriétaires et fermiers qui voulurent bien coûté. Ces béliers transmirent une partie de
les recevoir; car très-peu en demandèrent; leurs qualités à leurs premiers descendans, les
quelques-uns même les refusèrent : on en bénéfices ne se firent pas longtemps attendre,
distribua aussi aux administrations provin et le goût de cette amélioration agricole gagna
ciales : il en fut particulièrement envoyé dans de proche en proche. Bientôt l'enlhousiasmo
la Beauce, la Brie, la Picardie, la Normandie, succéda à l'indifférence; le prix des mérinos
le Poitou, le Dauphiné, la Champagne, etc. s'éleva dans une proportion rapide jusqu'en
Généralement ceux qui les reçurent n'en pri 1821, au point que, aux ventes publiques de
rent aucun soin ; presque tous négligèrent de Rambouillet, des brebis furent payées plus de
les employer à la reproduction; quelques-uns 700 fr., et qu'un bélier atteignit 3,870 franci.
les laissèrent périr de faim ou de maladies : Voici le tableau du prix moyen des ventes
tant les cultivateurs sont habitués à priser peu publiques faites à Rambouillet depuis 179}
ce qui leur a peu coûté. jusqu'en 1834 ; l'élude peut en être utile pour
La révolution vint suspendre l'amélioration montrer de quelle importance est le choix
commencée; le troupeau n'échappa à la des d'une race d'animaux domestiques, et com
truction que par suite des courageux efforts bien les cultivateurs doivent réfléchir avant
de M. Bourgeois père, qui resta seul pour le de repousser une amélioration qu'on leur pro
défendre. Dès que l'orage fut calmé, M. Tes- pose, quelque contraire qu'elle soit à leurs
tier, qui avait suivi avec intérêt le trou habitudes.
peau de Rambouillet depuis sa création, de-
cup. U. DE L'ÉDUCATION DES HOUTORS. 113
TOTAL
BELIERS. BREBIS. MOUTONS. LAINES.
GÉNÉRAL
ANNEES. DB
nu faoDurr
BOVEN, PRIX raix mx
KOJJBBB. l«s frais
compris MOÏEir, «OHM. won». QUAHTIT*. boyeh, FOUB
homme. frais frais frais CHAQUE A»»BB.
dw 7 1/1 compris. compris. compris.
p. 100.
VOMBRE
NOMBRE ÉTAT, NOMBRE NOMBRE DÈS MALES .MÉTIS CHATRESEl ESPÈCE
NOMBRE DES riIEUU K*TIS OIS
DE MOîTTKS , DES TOISONS
c'est-à-dire TELESPÈCE
QU'IL EXISTE
DU TKOUPEAU
A CHAQUE BÉLIERS
VENDUS,PURS DE PURI
uni
d'années, TEHDUS,
i" produit du r prodaitdti VIHODES,
révolues. MONTE. troupeau. Ironpeau. i- produil du troupeju. VSHDUIS,
* "1 M produil.
Commencement
bre&is portières pures.. - . »«lj00
Sr* munir. >rebis portière» communes. i33 j
A«• Ufiude
liinr.l.'. agnelles
agnelle» pure..
de ir" génération. . l446 lj iJ0
la i'« miné* m.i iieie? commun»!» >83 ( bélier, purs. C moulon.de i" généraiion. 144 la
révolue. .
A U Un de
la3*k*monle.
année arçnrlles de i» génération.. lA4 j
révolue. il
portières de ir" généialion. ui j i nn béliers purs. 6 mouton, de l" gétiéralion. 1(4 br'bi. commune...
- . . . 1S0
A&•ï*monte.
liu do l^S^laV^ta^liiW! ! 138 j lio
la 4" année
révolue. brtbi.de ir* génération. îèo il
poriiéresdc »• génération, . 7a \ 3oo béliers purs, la moutons de a* génération. . 138
portière* de ir* génération. lo5)
A 1* Un de MpffU-'f de j" génération. . 36 lio béliers purs.
la6*S"monte.
année agnelles de a" généraiion.. . gS 17 moutons de 3" génération.
Total. . . ... 133
moJioiii de a" génération.
36 brebi.de >r« génération. l5o
97 41
révolue. portières pures .«..*.. 48
purtiéres
portières dede a*1 r" génération.,
général.un. a A310 300
7"
A lamonte.
fin de agnelles pures tl l
la i* année agnelles de 3" génération. . loi j l5o moutons de 3" géné ration.. io3 brebi. de >* génération.. lo5
révolue* Bfnelles de k" génération. . l3 ' moutons de i" généraiion.
Total. .... 117ai brebi. de i"Toial.
génération.
. . . Uo
45
portières pure* 61 1
portières de 5" génération. . S'" j 3oo béliers pur*, aï
porliëi es de »• génération. . lo3 )
A UTu de agnelles de *• ^énéralim-. . 18 i5o 61
laS* 7*mante.
année agnelka d« 3" g. néraiiyn. . loi moutons de A" génération.. 18
mouton» de 3" généraiion..
Total. . . ■ 119
loi brebi. de •• généraiion. . llo
révolue. 1 Ii
porhèrrsde 5r génération. . 1.1 SM béliers pur'. 3l
portières de a" génération. . 76
A 1*monte.
9* lin de agnelles de »• génération.. . 71 . i»o moutons de A" génération.. 70 brebi. de 3* génération.. 74
la 8" anuée agnelles de 3" génération. . 38 J moulons é» 3" Total.
génération.. 38 brebis de a" géuéralioQ.. 76
. . . I08
révolue. portières pures 1 13 1
porlièris de A" généraiion. . iS J 3oo béliers purs. Ai Total. ... 1S0
portit-re» de j" génération. . 169 |
10"
A Umonte.
lin de agnelles pure» * . .. 369 113
j la ii" année agnelet
agnellrsde
de 3* génération.
4" génération. . 84 i- moulons de A" genereition. ■ e* brebi. de i' génération., lin U4
révolu*-. portières pures l34
porliérei de 4" génération. . 89 . 9oe béliers purs. (7 Total. ... 93
portières de 3" génération.. 37
il*
A lumon'e.
lin agnelle» purs» 77
la îo* aimée kgnclles de 3" génération. . A4 ■ IÎÇ 1,-tbi) de 4" génération.. ,5
révolue. agnelles de 4" génèrfilion. . 19 brebu de 5« génération.. »7
portières pures 910
po lièresde 3" généraiion. . 9 loi bélirri purs, 77 Toial. . . . 7J Toial to
portières de A" généraiion. . 81
agnelle, de 6' génération. 4 iS7
Ii"
A lamonte.
fin de portières pures aS; béliers des loi mouton,
Totalpurs, de 6" généraiion. . i a»nelle. de 6- génération. 4 ■ venduas
.1.
la il" nnnée mouton, de S- Toial.
génération..
. . . 44< br.bi.de S- Toial.
génération.,
. . ,~7lt!
révolue. lf#f«. A cette époque, mut e» qu
reste de inélis dans le troupeau en tor béliers purs brebi.de 4' génération.. 111 lots
pour lonjour* et e*l vendu. Voje» a L vendus. ... 381 toisons
cinquième colonne. fort»', . . . 16. pures.
634 ANIMAUX DOMESTIQUES : DU MOUTON. UT. III-
Fig. 304.
Section Vt. — t>es troupeaux de perfection
nement.
L'éducation des mérinos telle que nons venons
de la décrire n'a pour but que la conservation
d'une race avec ses avantages acquis, en éloignant
toutes les causes qui pourraient la modilicr; cela
seul exige des soins assez nombreux pour que la
plupart des cultivateurs n'aient pas même l'idée
de rechercher s'il est possible de changer quelques
caractères de cette race, de les détruire ou de les
améliorer. Les connaissances nécessaires pour es » rière dans la situation où les apercevrait an
sayer utilement de modifier les bétes ovines ap » homme qui tiendrait un animal entre ses jambes;
partiennent du reste à bien peu d'éleveurs; sou » les chiffres placés dans la figure première, près
vent en essayant d'améliorer on détériore; si » des diverses parties de chaque oreille, indiquent
que'ques-uns ont réussi, beaucoup ont échoué- Le » le nombre qu'exprime chaque entaille fane a
célèbre Backwrll lui-même, dont les travaux ont » cette place : ainsi, si les deux entailles se trou-
eu un si brillant résultat, n'a-t il pas perdu toute » vent à la pointe de l'oreille gauche, cela veut
sa fortune dans ses belles expéiienres ? C'est donc » dire deux fois trois six; si le bord interne de
avec une extrême circonspection que l'on doit en » l'oreille droite est entaillé trois fois, c'est que
trer dans cette carrière si hasardeuse et dont la .. l'on a voulu exprimer 90 ou 3 fois 30, etc. Loi s-
route est si peu counue. » qu'on veut lire un numéro, on commence par
Toute modification de caractères ayant pour ré » les nombres les plus élevés, c'est -à-dire par le
sultat de rendre l'animal plus productif est un » bord extérieur de l'oreille droite; la figure
perfectionnement : aussi est-il fort difficile d'éta » deuxième présente un exemple de ce mode de nu
blir des lois précises dans cette matière; car » mérotage, et si l'on a bien compris ce que je viens
telle mo'lilication pourra être utile dans uue » de dire, on y tir a le numéro 7%. I haque année
circonstance donnée et nuisible dans une autre. ■ on reprend une nouvelle série de numéros, et on
On peut, par exemple, trouver fort avantageux » distingue les bêtes nées à chaque agnelage, par
d'augme nter la faculté dtgestive du mouton dans » une marque particulière, par un ou plusieurs
les cantons qui fournissent de la nourriture en u trous pratiqués au milieu de 1 oreille avec un
abondance, tandis que la qualité contiaire, la so » emporte-pièce. A chaque agnelage ou dresse un
briété, sera bien plus avantageuse dans un pays u tableau particulier des naissances : la première
•ride où l'agriculture fournit peu de fourrages. » colonne indique la date; la deuxième le numéro
Des perfeclionnemens divers peuvent être dési » de la mère ; la troisième le sexe. Celle-ci est di-
rés et tentés dans le mérinos ; la rusticité, la finesse » visée en deux parties, l'une pour les m airs et l'au-
et l'abondance de la laine, l'aptitude à l'engraisse » tre pour les femelles; et l'on inscrit dans cha-
ment, la fécondité de cette espèce laissent encore » cune le numéro que l'on donne au nouveau-né.
un beau champ aux travaux des expérimentateurs. » A chaque tonte on prend sur chaque bête de
Les diverses qualités que nous venons d'énumérer « la bergerie trois échantillons de laine, l'un au
peuvent être recherchées isolément ou plusieurs u haut de l'épaule, le second un peu au-dessous du
ensemble; l'individu qui les réuuiratt toutts au » plat de la cuisse, et le troisième au toupet. Ces
rait atteint le plus haut degré de perfection : les » trois mèches sont fixées dans le même ordre à
plus habiles éleveurs sont encore bien loin d'avoir » une carte d'échantillon sur laquelle est inscrit :
atteint ce but. Ordinairement on ne travaille que » !• le numéro de la béte, 2" le poids de la toison
sur une qualité seule, pour passer ensuite a une u au moment de la tonte. 3° l'animal et son poids
autre. Les règles générales du perfectionnement >> en vie; de façon que tous les élémens sor.t réu-
ont été tracées dans le chapitre préliminaire sur » nis pour juger d'un coup d'oeil la valeur d'une
l'éducation des animaux domestiques; nous n'y u béte.
reviendrons pas, seulement nous indiquerons briè » 11 est tenu en outre uu registre contenant ces
vement les moyens pratiques que doit employer » divers renseignemens , avec des notes sur la
l'éleveur pour suivre les progrès de ses travaux et » santé de tous les individus, et des observations
s'en rendre compte. » snr leur sortie de la bergerie, soit par la mort,
Lorsque l'on veut perfectionner un troupeau de » soit par la vente. »
bêles de prix, il faut employer une marque qui C'est à l'aide de cet ordre établi par M. de Dom-
permette de reconnaître chaque bête individuelle basle dans sa bergerie, de cette espèce d'état civil,
ment et de la suivre dans toutes les phases de son comme il l'appelle, que l'on peut éclairer sa route;
existence. Le moyeu indiqué par M. Morel de Vindé reconnaître si l'on a suivi la bonne voie ou si l'on
serait insuffisant, puisqu'il permet seulement de s'est fourvoyé.
savoir a quelle génération appartient tel ou tel L'amélioration la plus facile se produit à l'aide
animal, sans indiquer quelle est sa filiation. M. de du métissage dont nous avons déjà parlé plus haut.
Donihastc a présenté dans ses Annales un système Datibenton est le premier agronome qui en ail fait
de numérotage qui affecte un rang d'ordre à tous sentir l'importance, surtout en ce qui concerne
les animaux du troupeau ; cette méthode nous pa l'améliorai ion de la toison.
rait assez simple pour pouvoir être pratiquée faci « Mes expériences, dit-il, ont produit deux effets,
lement par ceux de nos lecteurs qui voudraient » l'un a été de faire disparaître le jarre, et l'autre
s'adonner à l'amélioration des bétes à laine. Nous » de rendre la laine plus fine. En faisant accoupler
allons donc transcrire ce que dit le savant agro «des brebis à laine jarreusc avec des béliers à
nome. «Après avnir essayé, dit il, les divers procé- » laine fine, j'ai vu le jarre disparaître presque en
» dés que l'on pratique ordinairement et auxquels » entier dès la première génération, ou, au plus
» j'ai trouvé des iuconvéniens de divers genres, je » tard, 4 la seconde, et il n'en est reste qu'autant
» me suis arrêté au moyen suivant. J'indique les » qu'il s'en trouve dans les laines que l'on ne doit
> numéros par de petites entailles faites a diverses «pas considérer comme jarreuses...
» places des deux orei lesde l'animal, et dont cha- » Lorsque j'ai fait accoupler des brebis à laine
» cuiic exprime un nombre connu, d'après la place • jarreusc avec des béliers à laine fine, non-seule-
» où elle est située. Une bêle est marquée ainsi » ment le jarre a disparu sur 1rs agneaux qui ont été
» pour toute sa vie, et n'a a redouter qu'une mur » produits par ce mélange, mais leut laine a pris un
» sure de chien qui arracherait l'oreille La » degré de finesse au-dessus de celle de leur mère-
» figure 304 donne une idée nette de la méthode; » Cette amélioration est très-profitable, parce que
» ce sont deux têtes de mouton vues de der- » les agneaux étant adultes, leur lame a le prix de*
«HA». 13. DES MOUTONS A LONGUE LAINE. 525
u demi-fines, tandis que celle de leurs mères n'a peut être classée que dans les laines entièrement
» que la valeur des grosses laines. communes qui fournissent au peignage un déchet
» Des brebis à laine demi-line, accouplées avec considérable : leur squelette est volumineux, leur
» des béliers à laine fine, ont produit des agneaux tête grosse, leurs flancs longs, leur disposition à
v dont la laine est devenue souvent presque aussi engraisser très-peu marquée, comparativement à
n fine que celle de leur père, et quelquefois plus. celle des bêtes anglaises. Elles ne présentent qu'un
» Lorsqu'au contraire j'ai uiêlé un bélier à grosse seul avantage, celui de la rusticité de leurtempé-
» laine avec des brebis à fine laine, les agneaux ament ; elles peuvent supporter facilement la fa-
vont eu la laine moins fine que celle de leur mère igue, et ne craignent pas d'aller chercher au loin
set moins grosse que celle du père... Lorsque j'ai leur nourriture. Mal logés, conduits par des ber
» donné à des brebis un bélier qui portait plus de gers inexpérimentés, forcés de parcourir tout le
» laine qu'elles, j'ai vu qu'un grand nombre de jour des champs très-divisés pour trouver leur
» leurs agneaux, étant devenus adultes, avaient des subsistance, les moutons flandrins ou picards se
• toisons qui pesaient le double et quelquefois le maintiennent dans un état de prospérité satisfai
«triple de celles de leurs mères.» sant ; tandis que les bétes anglaises succomberaient
Ce sont là, sans doute, des résultats avantageux ; certainement dans des circonstances aussi défavo
toutefois il n'y a point perfectionnement, mais seu rables. Mais partout où les cultivateurs voudront
lement transfusion d'une race dans une autre. Di se mettre en mesure de leur donner les soins con
sons encoreen passant que le métissage n'est point venables, ces derniers animaux seront d'un pro
aussi généralement applicable qu'on l'avait cru duit beaucoup plus avantageux
d'abord, et qu'il devient nuisible dès qu'il est pra Les races anglaises à laine longue sont très-va
tiqué sur des espèces trop éloignées l'une de l'au riées. Les comtés de Durham, de York.de Lincoln,
tre ; c'est en vain que l'on a essayé de croiser les de Lcicestcr, en fournissent déjà plusieurs. Ou en
bétes à laine lisse avec les béies a laine frisée ; on trouve d'énormes dans le Lincolnshirc et le Yorks-
n'a obteuu que desextraits bâtards et sans aucune hire ; elles diminuent de taille dans le leice*
valeur. S'il est possible d'allonger la laine des mé tershire ; mais en même temps c'est dans ce dernier
rinos, c'est par le mérinos lui-même que l'amélio comté que la forme des bétes s'est le plus améliorée.
ration aura lieu, et non point par son union avec C'est dan» le comté de Leiccster, en ef et, que Rack-
des béliers anglais ou abyssiniens. well a créé la race qui porte son nom ou celui de
Le perfectionnement d'une race se fait par la sa ferme appelée Dishleygrange
race elle-même, en propageant habilement et en Dans la formation de cette race, cet habile éle
développant les caractères spéciaux qui apparais veur s'est attaché, avant tout, à pétrir les animaux
sent de temps à autre par la seule influence du de manière à les rendre le plusgras possible : la laine
régime ou du climat. n'a été pour lui, comme pour beaucoup d'Anglais,
On a soumis en France le mérinos à deux genres qu'un produit secondaire, au contraire des amé
de perfectionnement très-diversqui ont tous deux liorations qui se sont faites en France sur la race
mérité une juste célébrité, rt qui ont créé deux mérinos.
sous-variétés connues sous le nom de Naz et de Fig. 305.
Rambouillet.
A Rambouillet on s'est attaché principalement à
obtenir des animaux d'une santé vigoureuse, por
teurs d'une toison pesante, susceptibles d'acquérir
plus tard beaucoup d'aptitude a l'engraissement
et un lainage superfln.
A Naz on a posé en principe que l'aptitude à
l'engraissement était incompatible avec la grande
finesse de la laine, et l'on a donné naissance à des
animaux faibles, ebétifs, d'une mauvaise consti
tution, mais dont la laine était sans égale.
Les directeurs de Rambouillet ont cherché à sa
tisfaire le plus grand nombre de besoins; ils ont
voulu encourager la production agricole par la La race pure de Diahley ( /î<..i(>!>> la tête petite, effi
production des bétes a laine, en établissant soli lée, les yeux gros, les oreilles fines, presque transpa
dement leur race de moutons, pensant avec raison rentes et droites, le cou court et mince, les épaule*
qu'il se trouverait ensuite des gens assez habiles très-larges, la poitrine très-élargie et lr flanc court;
pour développer successivement toutes les qualités le train de derrière, quoique volumineux, parait ce
de leurs mérinos; comme cela, en effet, arrive au pendant un peu moins développé que toutes les
jourd'hui dans l'ouest de la France. parties de devant. La graisse se trouve accumulée
Les directeurs de Naz, au contraire, ont travaillé dans ces bétes sur les côtes, le dos, les reins, et la
uniquement pour eux ou pourquclques situations croupe où elle forme des bosses dont on ne peut
agricoles fort rares. La variété qu'ilsonterééese per avoir d'idée parles petites accumulationsde graisse
drait tout de suite entre des mainsqui ne seraient qui constituent les maniemens de nos moutons
point fort expérimentées dans le maniement d'ani ordinaires. Cette graisse se forme dans ces animaux
maux aussi frêles; aussi tous les agronomes ap à un Age beaucoup moins avancé que dans nos
prouveront l'essai que vient de faire M. Yvart pour races; des bétes de la mois peuvent avoir acquis
fondre les béliers de Naz dans le type plus vigou tout leur embonpoint et être tellement chargées
reux de Rambouillet, et il y a tout lieu d'espérer dégraisse qu'elles seraient difficilement mangea
que le mérinos sortira de cette expérience plus bles en France, et qu'en Angleterre même on
précieux et en même temps plus vigoureux que leur reproche cet excèsd'cmbonpoint.
jamais il n'a été. La laine, plus fine que dans le Lincolnshire et le
Torkshire, n'a pas tout à fait autant de résis
Section vu. — Des moutons à longue laine lisse tance, et elle n'est pas à beaucoup près aussi abon
dante. Il serait possible que l'espèce de lard, qui
C'est en Angleterre que l'on trouve les variétés sépare la peau des parties sous-jacentes, contribuât
les plus perfectionnées de cette race que nous avons iquila semble
rendre moins vivante. C'est au moins ce
exister sur des bétes dans le dernier
désignée sous le nom de moulons de plaine. Les
moutons que nous possédons en France, dans le état d'obésité dont la laine tombe et se perd,
nord et dans l'ouest, sont bien inférieurs â ceux de comme cela aurait lieu, si elles étaient mal nour
ries Dans son état de pureté, cette îacc ne laisse
l'Angleterre sous le rapport de la toison et de la pas que d'exiger plus de soins que beaucoup
forme du corps. Leur laine a moins de nerf; elle
cet souvent feutrée, et la plupart du temps elle ne d'autres races anglaises ; il lui faut sqrlout la [ lu»
ANIMAUX DOMESTIQUES : DU MOUTON. LIV. III'
grande tranquillité, car elle est inhabile à suppor rés la nuit dans une cour qui est voisine de leurs
ter les fatigues- Dans cet état de pureté, elle n'est bergeries, dans laquelle ils ne rentrent que pour
fias très-nombreuse, mais elle sert de la manière recevoir leur nourriture ; ils n'ont ainsi aucun
a plus utile aux croisemens des autres races in abri contre la pluie et les intempéries des saisons.
La nourriture de ces animaux consiste, l'hiver,
dans 2 livres de regain et 2 à 3 livres d'un mé
lange de pommes de terres coupées et de betterave*
alors qu'elle était très-rare et que la plupart des pour chaque bête. Cette ration, composée d'un
bestiaux de l'Angleterre avaient des formes com mélange de plantes fourragères sèches et de ra
munes. Maintenant que ces deux circonstances cines, sufQt pour entretenir ces animaux dans le
sont bien changées, le prix des Dishley a considé meilleur état de santé.
rablement diminué, il est difficile même de tou On prétendait qu'un des obstacles à l'introduc
jours distinguer la race pure des races métis aux tion en France des moutons anglais â longue laine,
quelles elle a donné naissance. était que ces animaux ne pouvaient souffrir la vue
Importée à plusieurs reprises en France par petits des chiens, ce qui rendait difficile de les conduire
dans nos champs où généralement les pâturage*
ne sont pas fermés de haies ou de palissades.
M. Yvart a choisi d'abord un berger intelligent
et soigneux; il a ensuite introduit avec les mou
server la plupart de ses caractères, et c'est à nos tons anglais des chiens sages avec lesquels ils se
entretiens avec M. Yvart, le directeur de celte sont accoutumés à vivre ; et maintenant ces chiens
école, que nous devons les données de cet article. aident au berger a diriger les moutons lorsqu'ils
Ce troupeau qui doit être en France, pour les sortent pour se rendre dans les pâturages. Ainsi
moutons anglais à longue laine, ce qu'a été pour les animaux du troupeau royal d'Alfort sont, tous
les mérinos le troupeau de Rambouillet, a été ce rapport, conduits de la même manière que les
acheté en Angleterre en 1833 par ordre du gou moutons mérinos et ceux des autres races.
vernement. H mérite à ce titre une attention spé En France, encore plus qu'en Angleterre, il sera
ciale de la part de tous les cultivateurs qui vou difficile que cette race se propage beaucoup dans
draient s'adonner à l'éducation d'animaux sem toute sa pureté; mais elle conviendra chez nous
blables. Quelques mois après son arrivée à Alfort, comme chez nos voisins pour croiser les races indi .
il fut soumis à l'examen d'une commission de la gènes, et spécialement celles du nord de la France
Société royale d'agriculture de Paris, qui présenta et de l'ouest; en particulier, les races qui ont déjà
sur ce sujet intéressant un rapport dont nous al la laine longue.
lons donner la substance. Elle a servi également en Angleterre au croise
Au mois d'octobre 1833, M. Yvart, sur les ordres ment d'une race à laine courte, désignée sous le
du ministre, se rendit en Angleterre. Il y acheta, nom de race de southdown ; c'est au moyen de ce
dans le comte de Leicestcr, 110 brebis et 12 bé croisement que les Anglais se procurent des laines
liers, de la race de Dishley. un peu moins longues, mais plus fines que celles
Ces animaux, qu'ils obtiennent des bêtes de race pure. Ces mé
cation par des tis reçoivent en Angleterre le nom A'halfbred ;
M. Yvart, furent, A leur d< nous pourrions obtenir avec de grosses brebis de
confiés i un berger habile qui les conduisit à Al Picardie, de Flandre, du pays de Caux, des résul
fort. Ces animaux étaient de plus surveillés pendant tats tout â fait semblables. La toison des brebis
le voyage, par un des élèves les plus instruits de serait plus tassée que celle des bêtes anglaises de
l'établissement : au commencement de novembre, race pure qui toujours est un peu lâche; et au
ils y arrivèrent dans un état parfait de santé, et les total, la toison aurait beaucoup de poids.
légers accidens survenus à quelques-uns, accidens C'est dans les comtés 'es plus fertiles et les mieux
inévitables dans une longue roule et avec les fati cultivés de l'Angleterre que se trouvent ces grosses
gues de la mer, furent promptementguérispeu a pu s races dont le volume est si remarquable. Mais tou
leur arrivée; on a même remarqué que la mor jours les cultivateurs anglais savent proportionner
talité éprouvée par le troupeau, depuis qu'il est à le volume de leurs animaux â l'abondance des
Alfort, n'est pas dans une proportion plus forte fourrages qu'ils ont à faire consommer; et l'on
que celle des moutons des autres races dans les doit insister beaucoup auprès des cultivateurs fran
circonstances ordinaires ; et cependant il n'eût pas çais pour les engager à ne point se laisser déter
été étonnant que, dans le premier moment où le miner dans leur choix d'animaux étrangers uni
changement de température se fait le plus vive quement par la grosseur, mais bien plutôt par 1rs
ment sentir chez tous les animaux, la perte eût été proportions et les formes indiquant ce tempéra
plus forte- ment particulier à l'abondance et à la qualité de
Le 23 février 1834, la Société royale d'agricul la laine et de la chair.
ture chargea MM. Girard, Huznrd fils et de Horte- Un point fort essentiel dans l'acclimatation des
mart-Boisse, de visiter cé troupeau. Le troupeau bêtes de race anglaise, consiste dans leur logement
qui, malgré des ventes nombreuses a aujourd'hui qui doit être soigné d'une manière tout â fait
500 têtes, n'en comptait alors que 120. particulière. Quoique nous ayons déjà traité d'une
L'examen approfondi que les commissaires liront manière assez étendue ce qui concerne le loge
de chacune des bêtes, leur démontra qu'elles ap ment des moutons en France, nous devons ici in
partenaient à la race la plus pure de Bàckwell. sister <le nouveau sur ce point, et déclarer d'une
, Leur santé, comme aujourd'hui, était parfaite; manière positive nue des moutons anglais ne sau
leur laine avait de 5 a 7 pouces de longueur. La raient prospérer dans une bergerie fermée. Si l'in
plupart des brebis étaient pleines; une d'elles ve clémence de notre climat, si les loups, les chiens
nait d'agneler. Elle avait donné deux agneaux mâles; errans et le défaut de police rurale ne nous per
ce qui n'est pas rare dans cette race. La lutte des mettent pas de les laisser absolument et constam
brebis n'ayant pu avoir lieu que tard, en raison du ment en plein air, nous ne devons leur donner
voyage, l'agnelage commençait a peine- pour abri que de simples hangars ouverts et sans
Chacun des béliers surtout fut pour les commis fenil au dessus; car les brins de fourrage qui en
saires l'objet de longues observations : ils se dis tombent, la poussière qui s'en échappe s'introdui
tinguent par leur taille élevée et leur conformation sent s! facilement entre les mèches longues et peu
qui les dispose à prendre facilement la graisse. tassées de leur toison, que la valeur en est sensi
Tous sont remarquables par leur force, leurs belles blement diminuée. L'inconvénient qu'ont ces toi
formes, et la longueur en même temps que la qua sons de se salir jusque dans la racine du brin, doit
lité de leur laine. aussi engager à n'employer que des râteliers a
' Les brebis et les béliers, conduits séparément au rayons verticaux, ou encore mieux, inclinés dans
pâturage chaque matin, couchent également sépa- un sens opposé à celui qu'on leur donned'ordinaiçe.
13. PRODUITS DES MOUTONS. 627
Avec ces précautions, en ayant soin de renou formules indiquées dàns le 4e volume an chapitre
veler fréquemment la litière, en nourrissant abon de l'administration rurale ; nous n'avons donc point
damment les bêtes, en employant dans leur ali à en parler. Nous dirons seulement quelques mots
mentation des racines telles que la betterave, le de l'engrais que l'on fait produire aux bétes à
topinambour, la carotte, le navet, le rutabaga et laine au moven du parcage.
autres substances fraîches très-économiques, ou L'engrais produit par le parcage est un engraiv
peut faire en France des laiucs longues birn supé animal sans mélange composé de la fienle, de l'u
rieures  celles que nous produisons, et donner en rine et du suint que les moutons déposent sur le
niéme temps aux animaux de la propension à en champ où on les tient enfermés dans une enceinte
graisser dans un âge peu avancé. mobile, appelée parc (fig. 306).Nous avons expliqué
Les laines anglaises employées dans' plusieurs
manufactures françaises, à Amiens, par exemple,
à Turcoin, à Roubaix, nous arrivent lavées ;
dos ; il serait bon pour le cultivateur français d'i
miter cette pratique, et de laver aussi les moutons
avant de les tondre, il en tirera d'ailleurs un meil
leur parti, car elles sont peu chargées de suint et
elles offrent peu de déchet au lavage à dos. Cette
opération étant faite en avril ou mai, on doit at
tendre, pour tondre les bêtes, que la laine soit bien
sèche et que le suint même ait un peu remonté
pour lui donner de la souplesse. Il faut ordinaire
ment quatre a huit jours d'intervalle entre le ta
rage à dos et le moment de la tonte.
La race Disbley ou Newleicester, qui a le plus de
réputation en Angleterre, n'est cependant pas celle Fig. 307. Fig. 306. Fig. 308.
Sni fournit la laine la plus chère et la meilleure»
ans le comté de Kent se récoltent des laines au dans le 1 " volume, pag . I OC, les résultats du parcage,
moins aussi recherchées. Les vastes marais de Rom- nous devons dire ici comment on y procède, dans
neysont habités par une race plus rustique que la quelle saison et l'influence que cette stabulation
race de Leicester, qui fournit une laine au moins en plein air peut avoir sur la santé des troupeaux.
aussi belle, mais qui n'a pas la même propension L'enceinte mobile, ou le parc, estformée de claies
à engraisser. que l'on dresse les unes au bout des autres sur
La race de Romney-Marsh a nne taille très-élcvée, quatre lignes formant un carré, et que l'on sou
la poitrine un peu plus plate que le Disbley, le cou tient au moyen de crosses ou bâtons courbés par
plus long, la tête plus grosse, les membres et le l'un des bouts (fig. 309). Ces claies ont pour but,
squelette plus développés; elle a plus de ventre, Fig. 309. Fig. 314. Fig. 311.
plus de flancs, et elle exige plus d'alimens, elle est
aussi pins tardive pour la boucherie. Sa rusticité,
sa vigueur, constituent son principal mérite.
Dans la partie méridionale du comté de Kent
existe une sous-race qui, par ses formes, se rap
proche davantage des Dishley Les animaux de ces
différentes races ont été aussi introduits en France.
L'expérience ne tardera pas sans doute à nous per
mettre de les juger mieux que nous ne pouvous le
faire par des essais encore incomplets.
En tenant compte de l'opinion des auteurs an
glais les plus renommés, de la préférence que
beaucoup de cultivateurs de ce pays accordent aux
Dishley et du prix élevé auquel les béliers de cette
rare se maintiennent, c'est avec la plus grande
prudence, et après suffisant examen, qu'il Vaudra
préférer ces races de Kent a celles de Dishley. Le Fig. 312. Fig. 313. Fig. 310.
plus grand avantage, il ne faut pas l'oublier, des
races anglaises, sera d'améliorer les nôtres sous le non-seulement de retenir les moutons dans un es
rapport de la chair, de les rendre plus précoces et pace donné, mais encore de les soustraire à l'atta
de diminuer ainsi la durée du temps pendant le que des autres animaux, et surtout à celle des loups,
quel un mouton est nourri avant d'êire consacré l eur hauteur est ordinairement d'un mètre ;,o cen
a la boucherie. Le coût de la viande se répartit sur timètres, et leur longueur de 2 à 3 mètres On les
un moins grand nombre d'années, et il est rare fait en bois légers de façon qu'elles puissent être
que ces rares hâtives ne donnent pas le mo\en de facilement transportées d'un endroit â un autre
faire de la viande au meilleur marché possible. La par un seul homme; ce sont quelquefois des bran
direction que beaucoup de cultivateurs ont donnée ches d'osier ou de noisetier entrelacées (fig. 310);
a leurs troupeaux mérinos dans lesquels ils ont plus souvent ce sont des lames de bois assemblées
sacrifié une partie de la finesse du brin de laine au dans trois ou quatre montans ( fig. 311). Les crosses
volume des animaux, daus l'intention de les rendre sont des bâtons de 2 à 3 mètres de longueur ayant
plus convenables à la consommation, et la néces en bas une courbure qui forme patte, et qui est
sité de fournir de la viande a bas prix a une popu percée d'une mortaise dans laquelle doit être en
lation qui s'accroît en nombre et en aisance, sont foncée la fiche (fig. 312) qui sert à la maintenir. Le
autant d'indices qui rendent probables les avan bout supérieur est percé de deux trous où l'oi>
tages delà multiplication |des bêtes a graisse, et place des chevilles (fig. 313) disposées de manière
par conséquent de celles qui nous occupent ici. â retenir les claies du parc en avant et en arrière
lorsque le tout est mis en place.
SECTION VHI. — Produits tics mouton*. Lorsqu'un berger veut former un parc, il me
sure un carré suffisant pour le nombre de ses bê
Les produits des moutons consistent en laine, tes ; puis il place deux claies à angle droit dans la
peau, lait, viande, croit et engrais : on a indiqué direction qu'il s'est tracée, et continue son en
dans divers chapitres tic cet ouvrage les méthodes ceinte en apportant une seconde claie à la suite de
au moyen desquelles ces divers produits pouvaient la première, de façon que le coté droit de l'une
être recueillis et utilisés : leur prix de revient et les anticipaut un peu sur le côté gauche de l'autre, il
bénéfices qu'on an retire sont calculés à l'aide des reste un intervalle suffisant pour passer entre le»
52$ ANIMAUX DOMESTIQUES cette: pratique
DU MOUTON.agricole, mais d'autres raisons
LIT. III.
dé
montât» des deux claies le bout supérieur d'une
crosse dont le bout inférieur est fixé à la terre par duites de la meilleure qualité ou de la plus grande
une fiche que le berger y enfonce à coups de mail quantité d'engrais qu'il serait possible d'obtenir
let [fig. 314). dans la bergerie.
Vétendue que doit avoir un parc se calcule gé L'avantage du parcage est de fumer les terres
néralement d'après ce principe, qu'un mouton de sans frais de transport et de répandage, et surtout
race moyenne peut fertiliser un mètre carré en sans consommation de paille, ce qui est inappré
viron dan* un espace de temps d'autant plus bref ciable dans presque toutes les fermes, où l'on
que les animaux sont plus abondamment nourris. éprouve souvent la disette de litière. Ce que l'on
Voici ce que dit à ce sujet Daubenton dans un mé épargne ajnsi à la bergerie est souvent indispen
moire sur le parcage, qui relate avec exactitude la sable pour recueillir les déjections des gros ani
méthode suivie encore aujourd'hui par la plupart maux, qui, sans cela, ne l'eussent été qu'imparfai
des cultivateurs de la Brie : « La manière de gou tement, et la masse du fumier se trouve réellement
verner le parc doit varit-r selon les saisons : dans augmentée. Peut-être existe-t-ll quelques exploita
les longs jours on y fait entrer le troupeau une tions assrz heureuses pour n'avoir point besoin de
heure après le soleil couché, c'est-à-dire vers neuf recourir au parcage; mais en général (quand la
heures ; alors, comme les herbes ont beaucoup de nature des terres ne s'y oppose point ) son utilité
suc, comme la fiente et les urines sont très-abon est fort grande. Combien de terres éloignées de la
dantes, un parcage de quatre heures sufBt pour ferme, et n'y communiquant que par des chemins
amender la terre; les moutons devront donc être impraticables, ne seraient jamais fumées si les mou
changés de place trois fois, depuis le soir jus tons n'y déposaient leur engrais sans qu'il en coûte
qu'au matin; la l" à une-heure, la V a cinq heures, rien au fermier ! Des champs dédaignés et presque
et la 3" a neuf heures. On peut, au surplus, avancer abandonnés deviennent ainsi productifs; il est ar
ou reculer le changement des parcs lorsqu'on le rivé souvent que c'est par eux que l'on a essayé la
juge à propos ; mais il faut alors les faire de gran suppression de la jachère, parce que le cultivateur
deur inégale, et leur donner d'autant plus d'éten ne craint point de les épuiser en leur faisant porter
due que les bêtes doivent y séjourner plus long une récolte de fourrage, sûr qu'il est que ses mou
temps. Lorsque le mois de septembre arrive, les tons convertiront en engrais puissant cette récolte
ruits sont plus longues, les bétes i laine ont moins sur laquelle on les fait parquer à mesure qu'ils la
de temps pour pâturer; les plantes ont moins de consomment. Élisée I.efèvre.
suc ; les urines et la fiente sont moins abondantes :
il faut alors ne faire que deux parcs par nuit. »
Le berger, tant que dure le parcage, ne doit Section ix. — Des motifs déterminait* dans
plus coucher à la maison, son domicile est dans le choix d'une race de moutons.
le champ du parc : il y couche ordinairement dans
une petite cabane en bois montée sur des roues Les motifs qui doivent déterminer les cultiva
( flg. 308), et assez légère pour qu'il puisse la traî teurs
ner tous les jours à mesure qu'il change le parc qu'uneà autre entretenir sur leur terres une race plutôt
sont tirés de la nature du sol et du
de place. Cette cabane doit être munie d une porte système agricole adopté dans le pays.
et d'une lucarne que le berger laisse ouvertes
toute la nuit de façon à pouvoir veiller sans cesse tien Un sol sain, sec et fertile peut se prêter à l'entre
sur son troupeau, et courir à sa défense le cas de quelque race que ce soit quand le système
échéant. Il n'est pas sans exemple que des loups agricole ne s'y oppose point; dans les contrées
aient pénétré dans les parcs, et y aient causé de humides, malsaines, produisant en abondance des
grands ravagés ; on ne saurait donc prendre trop herbes très-aqueuses, il faut une race qui s'en
de précautions pour éviter cet accident, surtout graisse facilement et que l'on puisse placer avan
dans les pays voisins des grandes forêts : les chiens tageusement chez le boucher après quelques mois
du berger doivent, à cet effet, passer les nuits avec de pâturage : les pays de landes, de bruyères, à
leur maître, couchés sous sa cabane ; ou mieux en terres incultes et arides, veulent de petites espèces
core ( comme le conseille Daubenton ), dans une sobres et vigoureuses qui puissent résister aux
petite cabane placée d'un autre côté du parc longues marches nécessaires pour ramasser leur
ifig- 3C9). Quand on a lieu de craindre, on aug nourriture. Plusieurs de nos races indigènes con
mente encore ces moyens de défense en effrayant viennent fort bien à cet emploi ; aussi ne disparat-
les loups par des coups de fusil tirés le soir et dans tront-ellcs jamais entièrement du sol, à moins qu'il
la nuit; et en tenant allumée une chandelle dans ne soit un jour complètement transformé, car
un fanal dont les verres sont de différentes cou sans elles dévastes parties de la France resteraient
leurs, afin d'éloigner les animaux carnassiers par tout à fait sans valeur.
cet éclat auxquels ils ne sont point accoutumés. On doit cependant vivement désirer de les voir
Le parcage peut commencer dans le mois M'a- remplacer partout où il serait possible d'intro
'.vil, pourvu que les terres soient convenablement duire une race meilleure à l'aide d'une culture
assainies, et qu'elles aient été préparées par un plus soignée et d'une éducation mieux dirigée;
labour et un bon hersage ; car ce n'est point le les réflexions suivantes sur les moutons du Berry ,
froid, mais bien l'humidité, que redoutent les bêles conformes au vœu que nous émettons, peuvent
ovines : il peut se prolonger jusqu'après les se s'appliquer à une grande partie des bêtes commu
mailles du froment d'hiver qui dans les terres sai nes de la France.
nes supportent cette opération sans inconvénient, Avant l'introduction des mérinos en France, l'an
même quand les jeunes tiges de céréales pointent cien Berry était l'une des contrées où l'on élevait
déjà hors de terre. 11 est rare que l'on persévère, le plus de moutons. Lesgrandes plaines de terrains
après cette époque, à tenir encore les moutons au calcaires qui s'y rencontrent sont très-favorables à
parc ; les pluies d'automne rendent l'opération fort l'élève et à la nourriture de ces animaux, lors
difficile, et les pâturages venant à manquer, les même que, comme cela arrive souvent, ils sont ré
déjections sont trop peu abondantes pour engrais duits, pour se nourrir, à ce que leur offie la na
ser la terre en peu de temps. ture. Aussi les laines de ce pays ont-elles été
Dans les pays où l'on a l'habitude du parc, on longtemps recherchées comme les meilleures de
n'a point remarqué que la santé des moutons en France.
fût altérée, pourvu que le berger ait soin de ren Il est assez difficile de retrouver aujourd'hui avec
trer son troupeau par les grandes pluies et lorsque ses caractères originaires cette race berrichonne
la chaleur du soleil est trop forte. Il est même in qui a fait pendant si longtemps la principale ri
contestable que le séjour en plein air est plus con chesse du pays. Le désir d'augmenter sa taille et
venable qu". celui de bergeries étroites ou mal les produits de sa toison, par le croisement avec les
aérées pendant les nuits étouffantes de l'été; ce mérinos dont la laine donne des tissus si fins, a fait
n'est donc point l'hygiène qui peut s'opposer à créer des métissages plus ou moins heureux, et de*
CR4P. 14. DES MOTIFS DÉTERMINAIS DANS peu soignés;
LE CHOIXles troupeaux
D'UNE deRACE.
bétes à laine sont
S»
•variétés qui se sont plus ou moins éloignées des
types originaires. confiés à la garde d'enfants, de jeunes filles char
Cependant, c'est dans le département de l'In gées de les conduircaux champs, et qui, arrivées à
dre, notamment dans l'arrondissement d'Issou- peine à l'âge de 14 ou là ans répudient déjà, par
dun, qu'on peut reconnaître enrore celte race. On une fausse honte, ce genre d'emploi. Qu'attendre
l'y retrouve en troupeaux nombreux qui vaguent de pareilles bergères qui se contentent de chasser
dans ces vastes plaines. Ces bêtes sont d'une petite ces animaux devant elles, avec une précipitation
taille, mais elles sont bien faites, biles ont la jambe souvent nuisible, sans considération de la nature
fine et nue, la téte est pareillement dépourvue de du champ où on les conduit, de l'heure du jour,
laine, petite, le museau un peu allongé. Elles sont de la saison, du la température ? Ces malheureux
vives, alertes à cbercher leur nourriture qu'elles troupeaux livrés ainsi, pour ainsi dire, à leur pro
savent se procurer eu pinçant, dans les lieux où pre instinct, vivent de ce qu'ils trouvent, de l'herbe
elle est la moins abondante, une herbe Une et qui se rencontre sous leurs pas; jamais pâture ne
courte. Elles ont la laine tassée, frisée et assez leur est- préparée par des soins officieux; jamais,
fine. La toison pèse environ 2 livres 1/2 ou 3 livres. ou rarement, une addition de nourriture à l'étable
On distingue particulièrement parmi ces bétes ne vient suppléer à la rareté de celle qu'en certain
celles que dans le pays on nomme bryonnes. Ce temps lenr aura offerte le pâturage. Qu'espérer, je
sont celles qui portent une laine plus serrée, plus le répète, d'une pareille méthode?
frisée, plus abondante et plus Une que les autres. Je le dis avec autant de conviction que de regret,
Cette épithète de bryonnes est devenue une quali notre pays, le département du Cher, le berry, qui
fication pour désigner les bétes les plus remarqua pourrait, comme tout autre, être peuplé de bonnes
bles : il est bon toutefois de savoir qu'elle vieut de et belles raêcs qui accroîtraient sa richesse, est
ce que la commune de Bryon, canton de Lcvroux, dans un déplorable aniéré, sous le rapport de
produit les bétes les plus renommées pour la finesse l'entretien des bestiaux. Jamais il n'y aura de pro
de leur laine ; et cependant les terres de ce canton grès, tant qu'il ne s'opérera pas un changement
nesont pas de celles qui sont les plus maig.es et radical dans le gouvernement des troupeaux et des
qu'an a 1 habitude de considérer comme étant les établcs. Je ne finirais pas si je voulais parler de
plus favorables au pacage des bétes à laine ; ce sont tous les vices qu'on y remarque et qu'y entretient
de bonnes terres frouientales, un peu argileuses, l'esprit de routine.
quoique calcaires. Je n'ajouterai qu'un mot: voulons-nous des trou
Il ne faut pas confondre la race berrichonne peaux? sachons les nourrir, sachons les diriger.
dont je viens de parler, avec celle de Sulogne qui Au lieu d petites filles insouciantes ou plus oc
en est fort différeutc. Celle-ci est d'une taille un cupées à jouer qu'à les surveiller, ayons des ber
peu plus élevée ; elle a comme la précédente la téte gers, de bons bergers qui les conduisent avec la
et les jambes dépourvues de laine; mais ces parties prudence et l'intelligence convenables. Essayons,
sont ordinairement d'une couleur rousse et fauve contre ces maladies désastreuses, essayons du par
qui, avec la vivacité naturelle dont elle est douée, cage si utile aux champs, si salutaire aux animaux
lui donne une apparence quasi sauvage ; elle a le dans les ardentes chaleurs de l'été; nourrissons,
dos couvert d'une laine blanche, grosse, peu frisée, au lieu de nos médiocres et chétives bétes, de
ressemblant à du poil etnedonuant qu'une toison bonnes races plus robustes et' plus productives.
d'un poids inférieur A celui des autres variétés. Le Berry, dans plusieurs de ses parties, est plus
Ces troupeaux de Sologne assez nombreux et esti favorable, et dans d'autres n'est pas plus ingrat
més pour leur rusticité et la qualité de la chair que la Bcauce pour l'entretien des bétes à laine
d«"s animaux, sont lancés dans les vastes et tristes fine, et cependant quelle différence il y a entre
bruyères de cette contrée, où il faut qu'ils vivent les produits des laines du premier de ces pays et le
en toutes saisons des uniques ressources de ces second où les fermiers ont la possibilité d'acquitter
pâturages. Quand ces sols ingrats sont imprégnés leurs fermages avec la seule dépouille de leurs
ou plutôt couverts par les pluies de l'hiver qui ne troupeaux! Essayons, et marchons dans cette pen
peuvent les pénétrer à cause de la couche glai sée qui est vraie, que j'ai entendu émettre par
seuse qui a,. parait souvent jusqu'à leur surface, tous les fermiers que j'ai consultés : que, quand on
ils n'offrent plus aux animaux qui les parcourent s'est décidé A donner à des bêtes à laine tous les
qu'une nourriture insuflisaulc et malsaine ; aussi, soins que réclame ce genre d'animaux, il n'y
a la fin de l'hiver, ces bestiaux apparaissent-ils a pas plus de difficulté à entretenir des bétes ri
dans un état misérable, laissant tomber par lam ches que des médiocres; et qu'en tout état de
beaux, de toutes les parties de leur corps, la laine cause, avec des soins bien entendus, avec une in
dont ils devraient être revêtus ; et quand la saison telligente prévoyance, on peut parvenir, sinon'à
nouvelle revivifie la nature et développe la végéta neutraliser entièrement, du moins à diminuer
tion des
sent assez
herbes,
abondamment
des bruyères,
dansdescesgenêts
plaines,
qui cialors
ois- beaucoup quelques-uns des inconvéniens qui se
rencontrent dans certaines local tés.
les animaux qui ont résisté et échappé a la disette Toutefois il ne faut- pas perdre de vue que les
de l'hiver se jettent sur ces nouvelles productions mérinos ne peuvent réussir et être profitables que
du sol avec une dévorante avidité et s'en repais sous certaines conditions qui ont élé résumées
sent outre mesure. De là ces maladies désastreuses ainsi par M. de Gasparin dans un mémoire spécial :
connues sous le nom de maladie du sang, maladie « Le choix de la race mérinos devient avantageux
rouge, maladie de Sologne, et ailleurs de mnuroy, partout où les pâturages, ne donnant pas lieu à la
qui ravagent les troupeaux et contre lesquelles on cachexie, sont suftlsans pour nourrir, sans la lais
cherche trop tard de vains remèdes- ser dépérir, une brebis mérinos du poids de la
La nature supplée pourtant à ces désastres : de brebis commune, l'une et l'autre pesées avant la
nouveaux agneaux naissent, amènent aux cultiva tonte, et où la nourriture supplémentaire est suf
teurs de nouvelles espérances qui s'évanouissent fisante pour les temps de l'allaitement et de l'été,
comme celles qui les ont précédées, et l'homme de et ne revient pas à plus de 2 francs 60 centimes
ces pays se retrouve ainsi à chaque période, au les 50 kilogrammes, la laineétant A 160 francs. »
même point, sans profit, sans progrès, comme si Quand les mérinos commencèrent A être connus
rien n'avait marché, civilisation, industrie.... en France, l'ardeur que l'on mit A s'en procurer
C'est qu'en effet ces bienfaits sont là développés augmenta considérablement leur valeur: aussi les
moins qu'ailleurs ; c'est que dans le Berry, dont le éleveurs qui s'adonnèrent 1rs premiers à leur édu
sol offre, en général, à celui qui l'habile les res cation en retirèrent des bénéfices considérables.
sources suffisantes aux nécessités ordinaires de la Aujourd'hui il n'en est plus de même ; l'éducation
vie, on ne fait que peu d'efforts pour les accroî des mérinos ne présente plus de chance de gain
tre, et on s'en remet volontiers à la bienfaisance extraordinaire, leur production s'étant régula
dû sol et de la nature. risée comme celle de tous les antres animaux do
Ainsi, les animaux les plus profitables y sont mestiques, et l'on ne doit les considérer (selon l'cx-
AGRICULTURE. TOHE H. — 67
330 ANIMAUX DOMESTIQUES : DU MOUTON. liv. in.
pression de M. de Dombasle) que comme des ma pays l'engraissement des bétes a cornes, on rem
chines dont la fonction est de donner de la valeur place ce» animaux par des moutons dont la viande
aux productions que l'agriculture ne pourrait plus sert à faire de bons potages.
avantageusement
Mais l'eUHcn deutiliser.
ces questions appartient à l'é Pourque la chair d'un mouton suit aussi bonne
que possible, il faut 1° qu'il n'ait que 3 ou 4 ans;
conomie rurale, elles seront résolues ailleurs. î"' qu'il ait été châtré par l'enlèvement des testi
NAl'DlN, du Cher, cules; 3° qu'il ait été bien nourri jusqu'au mo
Conseiller a la Cour royale de Paris. ment où on l'a mis à l'engrais ; 4° qu'il ait été en
graissé ou à l'herbe line, substantielle et salée des
Section x. — Engraissement du mouton. bords de la mer, ou de pouture avec des pois, de
l'orge, de la luzerne, du trèfle, des féveroles, etc.
L'engraissement du mouton n'est considéré en castration — De ces conditions, la plus importante, c'est la
France que comme une branche accessoire de l'é plement bistournés complète. La viande des moutons sim
conomie des bétes à laine. La production du fumier celle conserve toujours le goût de
et la laine sont les objets que l'on a surtout en vue, La chair
des béliers.
des brebis est toujours inférieure à celle
aussi cetengraisseuient est encore peu avancé, mal
gré la protection que le gouvernement accorde aux des moutons; celle du bélier est dure et a une sa
agriculteurs en imposant sur les moutons étran- veur terme
sauvage. Lis fermiers connaissent bien le
où doit s'arrêter l'engraissement, ils savent
fers un droit de douane "de 25 p 0/0 de leur va- 3iio si l'on
ror. dépassait ce terme, le mouton perdrait
On compte en France, d'après les statistiques of- eUn sa graisse et périrait.
mouton ordinaire donne de 0 à 7 livres de
flcielles, de 34 a 35 millions de bêles à laine, et suif; les moutons de grande taille, flamands, nor
malgré cela les marchés de Paris en reçoivent cha- mands, etc., en donnent jusqu'à 15 livres ; ce suif
3ue année près de 100,000 qui viennent de la Suisse, est d'autant plus estimé qu'il est plus dense. Le
es Pays-Bas, mais surtout de l'Allemagne.
Les environs de Paris fournissent a peu près le est tout décomposéqui
suif des moutons ont été excédés de fatigue
tiers de l'approvisionnement des marchés, mais les brûlé. — A taille :égale les bouchers l'appellent suif
, un mouton eograisse
bouchers préfèrent les moutons dé la Normandie,
du Berry, de la Champagne, des Ardenncs et de la de pouture fournit plus de suif que le mouton en
Flandre; ils considèrent ceux des Deux-Sèvres graissé à l'herbe.
Plusieurs agronomes considèrent la bonté de la
comme fournissant la viande la plus exquise. (Ces chair et la disposition à s'engraisser comme incom
moutons sont engraissés avec des grains.)
Les moutons étrangers, surtout ceux de la Fran- patiblespui de
avec la finesse de la laine; ils citent à l'ap
cette opinion la race mérinos qui, à nourri
Conie, sont aussi très-estimés ; on met tant de soins ture égale,
à les élever, à les nourrir, à les entretenir dans donne pas deneviande prend pas autant de chair et ne
un état constant de propreté, on prend tant de des Ardennes et du aussi bonne que nos rares
Cotentin, par exemple : on
précautions pour leur éviter toutes les fatigues sent cependant de quelle
jjui résulteraient d'une trop longue marche ou des tenir une race qui, auximportance il serait d'ob
intempéries de l'air.que leur viande en acquiert un laine, joindrait l'aptitnde avantages à
d'une bonne
l'engraissement. Si,
grand degré de supériorité. comme tout le fait espérer, M. Yvart réussit dans
Il y a une très-grande différence entre la dispo ses essais d'acclimatation de la race du Leicester, ce
sition à s'engraisser et la bonté de la chair de but sera rempli, car cette belle race réunit à un
certaines races de bétes à laine. En Angleterre, et haut degré les deux avantages que l'on recherche
surtout dans le Leiccster et le Lincolnshire, on a
des races de brebis qui, a leur seconde année, don dans les bêtes à laine. Nous ne pouvons trop engager
les cultivateurs qui possèdent d'aboodans pâtura
nent le jour à un agneau qu'elles allai tint, après ges à se livrer, a>ec prudence toutefois, à la propa
quoi elles se trouvent naturellement grasses en au gation de cette race, d'autant plus précieuse pour
tomne ou en hiver, sans qu'on lis fasse saillir de notre pays,
nouveau. Cependant toutes les races anglaises n'ont grandes racesqu'elle servirait à améliorer nos
pas cette propriété; il en est qui ne peuvent être donnerait à la Artésiennes et Flandrines, et leur
fois plus d'égalité et plus de lui
engraissées avec avantage qu'à la .3* ou 4e année.
sant dans la toison et plus de facilité à l'engraisse
ment.
§ I. — Différences qui existent entre les qualités
delà chair des moutons. § 11.—Localités favorables à l'engraissement.
Il y a, suivant les races, une grande différence Les lieux les plus favorables à l'engraissement
«Uns la bonté de la chair ; la bonne viande de sont ceux où se trouvent des pâturages almndans,
mouton ne doit pas être spongieuse, mais tendre, mais un peu malsains- Les moutons y contractent
-à fllaracns fin*, et succulente. Une graisse modé- la pourriture ou cachexie aqueuse, et l'on sait que
Tée, entremêlée parmi les Hbres de la chair, est la première période de celle maladie est toujours
très-estiméc ; mais la graisse excessive qui se caractérisée par le développement de la graisse et
inontie en dehors sous la forme de lard, et qui a l'amélioration de la chair ; mais il ne faut pas abu
quelquefois 4 ou à pouces d'épaisseur sur les ser de ce moyen, il faut savoir distinguer le point
côtés, ne convient qu'a la classe pauvre, qui s'en où l'engraissement s'arrête pour faire place aux
sert pour accommoder les légumes. signes apparens de la maladie, sans cela les ani
La viande du mouton, quand elle est de bonne maux maigriraient et ne tarderaient pas à périr.
qualité, est généralement fort recherchée. C'est, Ou peut surtout se livrer avec avantage à l'en
dlt-oo, une" viande faite, c'est-a-dire la viande graissement des moutons dans les pays pourvus de
d'un animal qui a acquis, par son âge, le genre de terrains humides et riches, où le chaumedes céréa
perfection dont il est susceptible; elle est re les et le regain des prairies leur fournissent une
gardée comme plus saine que celle du veau et de nourriture abondante, mais il faut que l'on puisse
l'agneau, et les estomacs délicats la digèrent acheter à bon marché des bêtes maigres et que le
facilement- On peut distinguer au goût la chair voisinage d'une grande ville en assure la vente i
des moutons de quelques pays : tels sont reux bon prix après leur engraissement.
des Ardennes, de certaines parties de la Nor
mandie, et surtout des rivages de la m r où ils
paissent des herbes salées: d'on le nom de mou § III.—Règles de l'engraissement des moutons.
tons de prés salés qui leur a été donné. Les mou
tons des dé.>arleniens du midi sont estimés parce 11 arrive souvent que, même dans des pâturage!
qu'ils vivent d'herbes aroniatiqurs : comme le dé médiocres, on voit des moutous devenir gras en
filât de pâturages permet difficilement dans ces automne, sans qu'on ait pris d'eux aucun soin
CHAI*. 13. ENGRAISSEMENT DES MOUTONS. 431
particulier, mais ces faits sont des exceptions ; en Cet engrais dure un peu plus longtemps que les
général les moutons ont besoin, pour engraisser, autres (4 à â mois à peu près), mais il est beau
de quelque chose de plus que la nourriture ordi coup moins dispendieux- Les moutons picards
naire ; lorsqu'on veut entreprendre cette opération, qu'on engraisse en Flandre, de préférence aux
il y a toujours avantage à accélérer l'engraisse artésiens, parce qu'ils prennent la graisse plus
ment complet et à renouveler fréquemment le facilement, coûtent de premier achat 20 a 24 fr-,
troupeau ; l'engraissement de moutons nourris et, une fois engraissés, sont vendus de 28 à
avec parcimonie durera un an, et rarement la 33 francs ; ils pèsent alors de 25 à 30 kilogram
vente paiera les frais de nourriture; si donc on a mes ; en été, ces moutons sont nourris par le
des pâturages d'engraissement, il faudra les leur parcours, mais dans les temps de grande séche
livrer avec libéralité, c'est-à-dire ne pas y mettre resse on les nourrit, comme en hiver, avec la pulpe
un trop grand nombre de bêles, et dès que l'herbe de betterave que l'on conserve pendant des années
y diminuera, les faire passer à d'autres pâturages et dans des silos ; de sorte qu'un fermier, qui, grâce
les remplacer par des bétes de réforme qui con au voisinage des fabriques de sucre indigène,
sommeront le reste de l'herbe. Si le pâturage est peut se procurer cette pulpe en abondance et a
insuflisant, il faudra y ajouter un supplément de bon marché, peut se livrer toute l'année à l'en
nourriture à la bergerie, de manière à achever graissement, et augmenter ses fumiers de manière
leur engraissement en 8 à 10 semaines. à améliorer son exploitation, et à changer de mau
vaises terres en terres très-fertiles.
C. Engrais mixte. — On commence à faire pâtu
§ IV. — Méthodes d'engraissement. rer les moutons dans des chaumes, après la mois
son, jusqu'au mois d'octobre, pour les disposer à
11 y en a trois principales :1a première, appelée l'engraissement ; ensuite on les met daus un
engrais d'herbe, consiste à les faire pâturer dans champ de navets pendant le jour, et le soir on les
de bons herbages ; dans la seconde, ou engrais de fait rentrer à la bergerie où on leur donne de l'a
pouture, on les nourrit de fourrages secs dans la voine avec du son, de la farine d'orge, etc. Les
bergerie; enfin, dans quelques pays, on les met navets plantés en bon terrain, bien cultivés et pris
aux herbages en automne, et ensuite A la pou avant d'être pourris, gelés, ou trop vieux, sont
ture, c'est l'entrais nuxte. presque aussi bous que l'herbe pour l'engraisse-
A. Engrais d'herbes. Le temps de cet engraisse meut ; ils rendent la chair du mouton tendre et
ment dépend de l'abondance et de la qualité des de bon goût. La bonne nourriture que les animaux
herbages ; lorsqu'ils sont bons on peut engraisser trouvent le soir à la bergerie contribue aussi à les
les moutons en 8 à 10 semaines, et par consé engraisser et à les préserver en outre des maladies
quent, en commençant au mois de mars, faire 3 en- que les navets peuvent leur donner. Un arpent de
sraissemens par au dans le même pâturage. — On bons navets peut engraisser de 12 à 15 moutons.
doit laisser les moutons au repos le plus possible, Un ancien boucher allemand, fort habile encais
les mener très-doucement, prendre garde qu'ils ne seur de moutons, a fait connaître la méthode qu'il
s'échauffent, les faire boire, souvent, et avoir bien employait ; voici la substance de cette méthode.
soin de combattre immédiatement les diarrhées Ce boucher n'achetait jamais en bloc un trou
qui peuvent survenir ; en été, il faut les mettre peau destiné a la boucherie, parce que souvent il
au Frais et a l'ombre pendant les heures les plus y avait trouvé des bétes qu'on ne pouvait amener
chaudes de la journée. a bien. 11 choisissait tous ses moutons ; il fallait
La luzerne et le trèfle sont les plantes qui en qu'ils eussent au moins 3 ans 1/2; quand ils étaient
graissent le plus vite, mais elles donnent une cou plus âgés, c'était encore mieux; pourvu qu'ils n'eus
leur jaune a la graisse et produisent souvent des sent pas perdu une partie de leurs dents. En effet,
mémorisations, et par suite la mort. — Le sainfoin lorsque tes moutons sont trop jeunes, ils ne don-
possède les mêmes qualités que la luzerne, sans en nentpas desuif; s'ils sont trop vieux, ils ne peuvent
avoir les inconvéniens. Le froinenlal, le ray-giass, pas broyerconvenablement leur nourriture, les par
les herbes des prés, surtout des prés bas et hu ties nutritives sont pe rdues en grande partie et
mides, et dans certains pays, les chaumes après la leur santé s'altère; ou s'ils se porten t assez bien pour
moisson et les herbages des bois, sont très-propres qu'on ne craigne pas de les perdre, il leur faut un
a l'engraissement du mouton. long temps pour engraisser et leur engrais devient
B. Engrais de pouture. — L'engrais de pouture trop cher.
se pratique en hiver : après avoir tondu les mou Après l'âge, il donnait une grande attention à la
tons, on les enferme dans une bergerie et on ne conformation extérieure qui indique la propension,
les laisse sortir qu'à midi, â l'heure où on nettoie à la graisse. Il ne prenait que des moutons déjà en
l'étable;le soir, le matin, et même pendant les bon état, sachant bien que les moutons secs et
longues nuits, on leur donne à manger nu râtelier. maigres qu'on engraisse promptement ne donnent
Leur nourriture se compose de bons fourrages, de pas une chair succulente ; et qu'une livre de viande,
grains, ou d'autres aliincns très-nutritifs, suivaut qu'on a obtenue par la pouture, revient plus cher
fes productions du pays et le | rix des denrées, car cjue celle que l'on achète avec lè mouton avant
il faut prendre garde que les frais d'engraissement 1 engrais.
ne soient trop onéreux, et n'enlèvent le gain qu'on Après avoir ainsi choisi ses moutons, le boucher
devrait attendre de la vente. les classait dans trois divisions : la première ren
Dans plusieurs pays, la ration des moutons se fermait « eux qu'il venait d'acheter ; il mettait dans
eomposc de ;t quarterons de foin le matin et au la deuxième ceux qui mangeaient le mieux, à qui
tant le soir : a midi on donne une livre d'aminé la nourriture profitait et qui étaient disposés â'
et une livre de tourteaux huileux réduits en petits prendre graisse : parmi eux , il choisissait dé
morceaux ; ailleurs on ne leur donne que 10 onces temps en temps les plus gras pouf les mettre dans
de foin le matin et le soir, un quarteron d'avoine la troisième division , la seule on il allât prendre
et une demi-livre de tourteaux à midi ; mais c'est des bétes pour la tuerie.
là une mauvaise économie, car dans ce cas l'en La première division n'était affouragée que trois
graissement dure pl. 'S longtemps. Les tourteaux fois par jour. Le matin on donnait du foin, ou de la
communiquent un mauvais g>ût à la chair du paille de pois ou de lentilles ; à midi des lavures
mouton comme àl'usage
la chairlr> du boeuf, aussi
en discontinuer jours avant la faut-il ou résidus de brasseries mêlées de paille hachée ou
fin < e de feuilles de choux hachées, et du sel avec le four
l'engraissement. L'avoine et l'orge en grains, on rage ; le soir de la paille d'orge. 11 ne les engraissait
grossièrement moulus, 1 * lèves et autres graines qu'A mesure de ses besoins, parce qu'il lui en au
légumineuses do n fes seules ou mélangées, entre rait trop coûté pour les entretenir en cet état s'ils
elles, ou avec du son. accélèrent l'engrais. y étaient parvenus trop tôt. Les moutons qui ne
En Klamlic ou engraisse les moutons avec de la devaient passée à la tuci ic qu'après Pâques, étaient
pulpe de betterave se le ci très-peu de fourrage tondus l'hiver, leur laine croissant à vue d'oeil :
sec qui ne sert ordinairement ,que pour litière. cette opération lui procurait non-seulement nn
535 ANIMAUX DOMESTIQUES : CC «MERCE
même
sans mélange.
par forte
DESOnportion
BESTIAUX.'
observait
mélangée
très-soigneusement
avec les rations
ut. m. on
de
gain qui payait une partie de son fourrage, mais
elle était aussi fort avantageuse a la santé des mou
tons. donner une très-petite portion de chaque aliment,
Les moutons passés de la première division parce que souvent une partie des moutons se reti
dans la deuxième recevaient une ration très-nourris rait, et l'autre mangeait trop.
santequi leur éi ait donnée toutes lest ou 3 heures, Quand on avait choisi les plus gras dans la
selon la facilité qu'ils pouvaient avoir à la digérer, deuxième division, on en faisait passer un certain
et toujours par petites portions- On distribuait al nombre dans la troisième, et on continuait de les
ternativement la nourriture la plus facile à digérer, nourrir de la même manière. Ladei nièreétahle était
et celle qui l'était le moins. Cette dernière consis très-éclairée, ce qui facilitait au boucher le moyen
tait en grains de toute espèce, seigle, pois, orge, etc. d'apercevoir les moutons qui se retiraient les pre
La première consistait en racine-, navets, carottes, miers de la nourriture qu'ils aimaient le mieux. Il
pommes de terre, panais. Ces racines étaient ha les marquait sur-le-champ, parce que c'était pour
chées et mélangées avec des marcs de brasserie, lui la preuve qu'ils étaient parvenus au point d'en
un peu d'orge et de paille hachée. On n'oubliait grais dont ils étaient susceptibles.
point le sel dans cet affouragement ; on le donnait A. Bixio.
La chèvre est la vache du pauvre et des mon » La nourriture des chèvres du Mont-d'Or pen
tagnes arides; cela est exactement vrai pour l'es dant l'hiver se compose en très-grande partie de
père commun -, qui a toujours été élevée en vue feuillages de vigne, que l'on cueille après la ven
du laitage qu'elle peut produire, bien plus que dans dange; on les jette dans des fosses bétonnées,
l'intention d'utiliser sa chair ou sa toison. Aban situées pour l'ordinaire dans le cellier ou soua
donnée de l'homme, elle pourrait fort bien se suf un hangar, et toujours dans un lieu couvert.
fire a elle-même ; elle a conservé dans la domesti Ceux qui ne peuvent en nourrir qu'un très-peiit
cité l'intelligence, la vigueur, la sobriété de noinlire conservent les feuilles dans des tonneaux
l'état sauvage; elle nous est attachée plutôt que défoncés, où elles sont foulées et pressées avec la
soumise : A vrai dire, elle ne nous obéit que quand plus grande force. Vingt individus descendent
«Ile le veut. Si l'on essaie de la conduire en trou dans les citernes béton nées, et trépignent sans cesse,
peaux, elle court à droite et à gauche, bravant les tandis qu'on y jette celte provision d'hiver, onay
chiens et échappant au conducteur par mille bomls verse de l'eau en p tite quantité, et lorsque la fos <•
capricieux; aussi fait-elle le désespoir des ber est remplie, on la recouvre de planches, sur les-
gers, et de tous ceux dont elle traverse les chami s quel.es on place des pierres énormes. Au bout d'en
Nul animal n'est plus redoutable pour les bois, les viron deux mois, on découvre la fosse pour en ti
vergers, les champs cultivés; ses ravages l'ont rer les feuilles, qui alors ont contracté un goût
fait souvent proscrire par les lois, et son parcours acide, mais sans putridilê; leur texture est entière,
C't tout a fait intolérable, si ce n'est dans quel elles sont très-vert-s et très-agglutinécs entre
ques pays montucux sans bois et sans culture, elles; l'eauqui surnage est roussatre. d'une odeur
inaccessibles à tous autres animaux domestiques» désagréable, d'uue saveur acide, les chèvres la boi
La chèvre doit donc être mise en dehors de la vent avec plaisir, te. le nourriture singulière est,
grande culture, et son éducation ne peut être en pendant l'hiver, presque la seule qu'on donne à ces
couragée qu'autant qu'elle sera soumise aux lois animaux, ellese prolonge dans le printemps. Depuis
de la plus sévère domc>ticité, comme cela se pra quelque temps on leur donne aussi les résidus des
tique dans le département du Rhône, sur le IHont- brasseries de Lyon.
d'Or si renommé par ses excellents petits fro » Ces animaux font pendant l'été neuf repas par
mages, (.a méthode suivie dans ce pays peut servir iour. Chacun d'eux consomme 25 ou 26 livres de
de modèle à tous ceux qui veulent élever des chè f.iurrage vert. Hors de la monte, les boucs ne con
vres et en tirer tout le prollt possible. somment pas plus que les chèvres, et même, dans
« Dans douze communes du canton du Mont- ce temps, ils absorbent moins de nourriture solide,
d'Or.dit M.Grotfnier.ou possède près de 12,000 chè mais on leur donne du vin et de l'avoine. Les mères
vres. Leur taille n'est pas élevée, elles ont 2 pieds nourrices ne mangent pas plus que les laitières ; c'est
8 pouces de hauteur, sur 4 pieds de longueur et pendant la gesiaiion nue les chèvres mangent le
une grosseur égale. Les unes sont à poil ras, les au moins. Les chevreaux consomment, jusqu'à un au,
tres a poil long. La plupart ont des cornes (ftg. 31i); le quart de nourriture qu'on donne aux mères.
>• En général, ces animaux passent leur vie dans
Fig. SU. l'étable, et ils n'en sortent guère qu'au moment-
de la monte. Dans certaines communes, néanmoins,
on les fait sortir pendant quelques jours dans les
champs après la moisson, pourvu qu'on les garde
avec le plus grand soin ; le maire de Saint-Didier
ne donne cette permission qu'à la condition ex-
pressequ'on les conduira muselées depuis la berge
rie jusqu'au pâturage. Ces chèvresainsi renfermées
jouissent d'une santé robuste. L'école vétéri
naire n'a point connaissance qu'elles aient été
affectées de maladiés épizootiques; les indisposi
tions les plus communes parmi elles ont un carac
tère nerveux et sont rarement mortelles, leur ges
tation et leur mise-bas ne sont presque jamais
accompagnées d'accidens. Autrefois leurs ongles
s'allongeaient dans l'étable au point de les priver
delà faculté de marcher, on est actuellement dans
on préfère celles qui n'en ont point, parce qu'elles l'usage de leur faire la corne de temps en temps.
ne dégradent pas les murs des étahles et qu'elles La plus grande propreté règne dans leur habita
sont plus douces. On ne coupe jamais les mâles, tion, et les femmes qui en ont soin les traitmt
mais on les vend jeunes pour la boucherie; il suffit avec douceur ; elles les peignent souvent, ce qu
d'en garder quelques uns d'entiers pour étalon.*, Contribue A les maintenir en santé.
car un lion siif.it dans un été pour 400 chèvres, » Quelques pei sonnes prescrivent de jeternn peu
et «ouvre ea un jour jusqu'à 40 femelles. de sel dans l'eau dont on les abreuve, ou de leu*'
S4J ANIMAUX DOMESTIQUES Le : DE
poil LA
des CHÈVRE.
chèvres d'Angora, celui du ut.moins
m.
•n faire prendre en nature; mais il faut que la
dose n'excède pas 3 gros par semaine pour chaque dont on tire parti, est constamment blanc; quel
clièTre. » quefois, et surtout dans les femelles, le poil court
Les chèvres peuvent être livrées a l'accouple qui recouvre immédiatement leur peau en tout
ment dans tous les mois «le l'année t elles sont tou temps est de couleur ventre de biche; il ne varie
jours disposées a entrer en rut quand la présence ni en été ni en hiver, mais la toison qui le recou
du houe les y provoque; ordinairement on les fait vre et qui devient si longue dans le courant de
saillir dans le mois de novembre, parce que, leur l'année, est touiuurs du plus beau blanc.
gestation durant cinq mois, elles peuvent com Les différentes parties de la toison donnent dif
mencer à trouver de l'herbe fraîche quelque temps férentes qualités de poil; aussi lorsqu'il s'agit de
après le part. Ces animaux mettent souvent has les travailler on commence toujours par en faire
plusieurs petits à la fois, ordinairement deux, quel un triage exact, chaque partie formant différentes
quefois trois; cependant leur part est presque tou qualités de Dis, par conséquent de diflerens prix.
jours fort laborieux, et dans cette circonstance La quanti té du poil que ces animaux peuvent four
elles ont besoin d'être plus aidées que la brebis. nir, pi ut être évaluée à 4 livres de 01. l.a foison des
Quelques Jours avant et après la délivrance, il est boucs entiers en donne beaucoup plus, mais elle
bon de leur donner une nourriture choisie. On les est plus grossière ; la chèvre en donne moins, mais
préparc à l'accouchement, comme les brebis, par elle est très-fine. Le bouc coupé réunit la finesse a
des boissons fortifiantes ou émollientes, selon le cas. l'abondance.
La chèvre est meilleure mère que la brebis, elle
accueille toujours bien ses petits à leur naissance, § II. — De la chèvre de Cachemire.
et l'on n'a pas besoin d'user d'artifices pour l'en
gager à se laisser téter par eux ; on ne doit pas La taille des chèvres de Cachemire (fig. 316) est
craindre qu'elle les rebute, il faut plutôt redouter Fig.316.
d'abuser de sa bonne volonté en lui laissant plus
de nourrissons que ses forces ne lui permettraient
d'en élever, surtout lorsqu'elle n'a pas encore at
teint sa troisième année
Les chevreaux peuvent être élevés a noire comme
les agneaux, cl par les mêmes procédés ; en cas de
maladie on doit leur appliquer les, mêmes remè
des; ordinairement on leur laisse téter leur mère
pendant six semaines ou deux mois, mais on peut
lesLesevrer
chevreau
plus tôt,si
peutl'on
êtrea besoin
engraissé
du lait
pour
de la mère.
table
sans avoir été châtré, pourvu qu'on ne le laisse
pas dépasser l'âge de six mois; plus tard, sa chair
contracterait un mauvais goût, deviendrait coriace
et resterait toujours maigre.
Nos chèvres communes ne sont utiles que par
leur lait et leur chair, mais il existe deux variétés moyenne. Presque toutes ont des cornes droite.'»
exotiques qui, tout en offrant les mêmes avanta noires et rondes. Les toisons sont épaisses, four
ges, fournissent en outre un poil très-fin et très- rées, blanches dans la majorité des individus, bru
précieux : ce sont les chèvres d'Angora et de Cache nes ou noires, ou tachées dans plusieurs Elles sont
mire. Des expériences nombreuses ayant démontré formées de poils longs et durs, qui couvrent en par-
qu'il était fort possible de remplacer nos races eu lie lesjambes, et d'un duvet très-doux ; plus celui ci
ropéennes par ces races plus perfectionnées, ou csi lin, plus le long poil l'est aussi ; par l'un on re
nous permettra d'en dire quelques mots. connaît la qualité de l'autre. Ce duvet naît auprès
de la peau, il s'en sépare et se met en flocons,
$ I". — De la chèvre d'Angora. qu'on peut retirer par le moyen d'un peigne, ou
avec la main, lorsqu'il tombe. Leur chair est égale
Les chèvres d'Angora, originaires des montagnes à celle des chèvres ordinaires ; et leur lait contient
de l'Anatolie, dans l'Asie mineure, furent intro plus de parties butireuscs et casécuscs.
duites en Europe dans le siècle dernier. C'est à M. Ter.iaux que l'on doit l'introduction en
On élève ces troupeaux avec le plus grand soin France des chèvres de Cachemire : il avait reçu, par
dans ces confiées, parce qu'ils en font la nche-se; la llussic, assez de duvet pourfabriquer des < haies;
leur toison y est toujours préparée et n'en sort que ses succès lui donnèrent l'idée de faire venir les
filée ou fabriquée en étoffe connue sous le nom de chèvres qui produisaient ce duvet. L'entreprise
camelot d'Angora, étoffe si belle qu'elle n'est des n'était pas facile; il fallait pour l'exécuter un
tinée, par son prix, qu'à l'habillement des plus ri homme ardent et instruit, incapable de se rebuter
ches personnages du pays. La tonte se fait à la fin des obstacles; il trouva tout cela dans M. Aniédéc
de mars : si le ciseau n'enlevait pas la toison, elle J.iubert, professeur de langue turque à la Riblio-
tomberait bientôt d'elle-même, comme si la nature tbèquc royale. Ce savant avait déjà voyagé dans le
voulait débarrasser l'animal d'un poids qui lui de Levant, et pouvait se faire entendre chez différen
viendrait incommode pendant l'été. tes nations M. le duc de Richelieu, alors ministre
La chair de la chèvre d'Angora forme la principale des affaires étrangères, reconnut l'utilité du projet,
nourriture des ha bilans, ils la préfèient à ce le des et promit que si l'expédition avait du succès, le
moutons ; quant à son cuir, on le convertit en ma gouvernement achèterait lut) chèvres à un prix
roquin;
qu'à la barbe
enfin tout
des boucs,
est utilequidans
est rc>
longue,
animaforlc
ux, juset élevé.
M. Jauhrrt partit de Parisau mois d'avril 1818, et
luisante, et dont les perruquierssavent tirer parti. se rendit d'abord à Odessa, Tangarok rt Astracan.
On a souvent fait venir de ces animaux dans Là, on lui dit qu'il existait chez les Kirgbiz, peuple
quelques-unes de nos contrées, mais seulement nomade qui vient en Roukarie, sur les bords de
par pur motif He curiosité. Cependant il n'est pas l'Oural, une espèce de chèvres, presque toujours
douteux qu'ils ne puissent réussir aisément dans d'une blancheur éclatante, portant tous les ans, au
d'autres climats que celui d'Angora. On les a vus mois de juin, une toison remarquable. Les échan
prospérer en Suède et en Toscane; M. de La Tour- tillons qu'un luidonua Icconvalnquirentde la con
d'Aigues en a, pendant longtemps, élevé dans 1rs formité de ce duvet avec celui qui venait en France
Alpes ; et ces chèvres, sans y recevoir jamais aucun par la l'.us-ie. Cette découverle lui parut d'autant
traitement particulier, s'y sont toujours soute plus intéressante, qu'elle pouvait lui épargner du
nu s en bon état, et à nourriture égale, ont toujours temps et un trajet embarrassant pour pénétrer dans
^.'é plus en chair que les chèvres du pays. le Thilict par la l'erse et le Cachemire. On ne l'avait
. 18. DU LAPIN. £43
pas trompé ; il trouva en effet, au milieu des steppes pour le compte du gouvernement 99 chèvres et un
qui séparent Aatracan d'Orerahourg, des flocons jeune chevreau.
epars de dm et qui lui firent connaître qu'il n'était L'introduction de ces rhèvres tliibrtaines n'a
pas nécessaire qu'il allât plus loin. Il avait remarqué point eu jusqu'à présent le résultat heureux que
d'aillcms que, dans la langue du pays, on donnait l'on en espérait, probablement parce qu'il ne s'est
à ces chèvres le nom de chèvres du Thibel. Il acheta point rencontré d'agronome qui ait ronsacré son
1289 bétes, qu'il embarqua a Caffa, et qui arrivè temps et ses soins a les répandre et à les faire
rent au lazaret de Marseille au mois d avril 1819. adopter dans les contrées où l'on s'adonne il l'é
.£11 'S avaient beaucoup souffert du voyage, tous ducation de la chèvre; mais il ne faut point déses
les jours il en périssait quelques-unes ; mais une pérer d'atteindre un jour ce but, rt de voir colin
bonne ouurriture et des soins iutelligens les réta tirer parti de la conquête que M. Teruaux a livrée
blirent bien vite. Le 6 mai j'arrivai à Marseille par à la France,
ordre du ministre, pour les examiner. Je choisis TES8lEn,d> l'Institut.
Le genre chien, de l'ordre des carnassiers, fournit On commence A dresser les chiens A l'Age de c
à l'homme, depuis les temps les plus reculés, plu mois, s'ils sont forts, ou A 9 mois, s'ils ont peu de
sieurs espèces, dont il se sert pour ses plaisirs ou force.
pour ses besoins. Parmi ces espèces, celles que l'in Lorsqu'un bertrer conduit son troupeau, il peut
dustrie agricole utilise doivent seules nous occu tien bâter la marche du troupeau et celle des hè-
per ici. tes qui restent en arrière, mais il ne peut pas em
pêcher que le troupeau n'aille trop vite, ou que
Ce chien«> est
1"'. de
— Des
moyenne
cliienstaille
de berger.
: sa tétc est al- des bétes ne s'en éloignent en les devançant, ou en
s'écartant A droite ou A gauche: il faut qu'il se
fasse aider par les chiens.
Fig. 818. Pour obtenir d'eux un service convenable il faut
leur apprendre A s'arrêter, A se coucher, A abiyer,
A cesser d'aboyer, h se tenir à côte du troupeau, à
en faire le tour, A aller et venir sur un même côté
et A saisir un mouton par f'oreille ou par le jarret
au commandement que lui fait le berger de la voix
ou du gcete.
Pour apprendre A un chien A s'arrêter ou h se
Cracher, il faut, en prononçant le mot arrête! lui
présenter un morceau de pain , l'arrêter de force
et brusquement au moyen d'une ficelle et d'un
collier A pointe, en prononçant toujours le motur-
longée, ses oreilles courtes et droites, sa queue rëte! En répétant cette manœuvre on l'accoutume
horizontale en arrière ou pendante ou légèrement A s'arrêter A la voix du berger. Pour lui apprendre
recoui bée ; son poil est long sur tout le corps, le A se coucher on le caresse quand il s'est couché de
museau et la face externe des jambes exceptes; sa lui-même, sur un geste n.u un ton menaçant, ou
coiilcur est le plus ordinairement noire, souvent après l'avoir fait coucher de force, en le prenant
Ja gorge et le ventre sont blancs ou gris, quelque par les jambes : dans les 2 cas il faut prononcer
fois 11 présente des taclns de feu sur les veux. Sa fortement le mot couche! Pour faire aboyer un
\ournurc n'est pas gracieuse, sa force n'est pas chien lorsqu'on lèvent, on imite l'aboiement du
grande, mais il est d'une infatigable activité et chien en lui présentant un morceau de pain qu'on
d'une
Cetteintelligence
race de chiens,
extraordinaire.
nu'on rend aisément très- lui dounc lorsqu'il a aboyé; ensuite on prononce
le mot aboie! On l'accoutume aussi A cesser d'a
dociles, doit être préférée dans les cantons où les boyer lorsqu'on prononce le mot paix-là- On me
loups sont peu à craindre: parce que d'abord ils nace le chien et on le châtie lorsqu'il n'obéit pu;
paraissent plus naturellement portés que lesautres on le caresse et ou le récompense lorsqu'il a obéi.
espèces au rôle qu'on leur fait remplir, ensuite Pour apprendre A un chien A faire le tour du trou
parce qu'ils présentent A un moin Ire degré les in- peau, il faut jeter une pierre en avant pour le
coovéuiens qui résultent de l'emploi des chiens A faire courir après et la jeter encore successive
la garde des troupeaux. ment de place en place, jusqu'à ce qu'on ait fait
Les chiens mal disciplines et trop ardens se avec le chien le tourdu troupeau, toujours en pro
Jettent sur les moutons, les mordent, les blessent, nonçant le mot tourne! C'est aussi en jetant u.ie
épouvantent les brebis pleines, et en les heurtant pierre en avant et ensuite en arrière que l'on dresse
les fout quelquefois avorter: ils renversent les bétes le chien A côtojer le troupeau en prononçant le
languissantes qui ont priue A suivre le troupeau. mot côtoie ! On dit val pour le faire aller en avant ;
Un bon chien, bien dressé, gouverne les moutons retiens! pour le faire revenir.
sans leur nuire : ils s'accoutument A faire d'eux- Pour apprendre A un chien A saisir un mouton
mêmes ce que le chien leur ferait faire de force: par l'oreillé, pour le ramener lorsqu'il s'égare ou
ils se retirent lorsqu'il s'approche, et n'avancent pas pour l'arrêter au milieu du troupeau en attendant
du cûté où ils le voient en sentinelle sur le bord le berger, on fait tourner un chien autour d'un
d'un terrain défendu ou A l'entrée d'un sentier. mouton qui est seul dans un enclos, ensuite on mtt
«ha*. H. DU CHIEN )E
desGARDE.
suifs qu'on appelle pain de créions. Il ne fant
*<7
l'oreille do mouton dans la gneule du chien pour
l'accoutumer à le saisir par cette partie, on on at jamais leur donner a manger de In chair des hétes
tache un morceau de pain à l'oreille du mouton a laine; si on les accoutumait a cette nourriture,
<|ni rst au milieu d'un troupeau : alors on anime ils prendraient aus«i l'habitude de mordre les bêtes
lé chien à courir h l'oreille de la bête ; il s'accou du troupeau par avidité pour leursang.
tume ainsi à la saisir, à Hier le mouton que le berger Les mêmes chiens, élevés de la même façon, ser
lui désigne. Les chiens peuvent aussi arrêter 1rs vent également a la conduite et à lagarde des va
aaoutons en les saisissant avec la gueule par une ches et des breufs.des porcs, des âne», des chèvres,
Jambe au-dessus du jarret. et généralement de tous les quadrupèdes que l'on
Il faut moins de temps pour former un jeune mène paître ou que l'un fait voyager en troupes.
chien,
Lorsqu'un
lorsqu'il
cliienest
rn voitissu
un d'un
déjà père
instruit.
et d'une mère
parfaitement dressés à la conduite des troupeaux, § U. — Do chien de garde ou de basse-cour.
«n le dit chien de race. On croit qu'il devient plus
facilement que les autres bon chien de berger; les Le chien de garde se forme seul : son instinct
meilleurs sont toujours les chiens de Brie. lui suffit. S'il a de l'oreille, du ni z, de la voix, de
lorsqu'on est obligé d'employer un chien mal la vigueur, il est parfait dans son espèce.
discipliné a la garde du tioupeau, il faut lui scier Un chien de basse-cour qui le jour est etrant de
ou lui casser les dents canines ou crochets ; ce tous côtés et se familiarise avec les hommes, est
sont elles seules qui entrent profondément dans un mauvais gardien de nuit.
les chairs lorsque le chien mord les moutons. Il perd la perfection de son odorat, accoutumé à
Dan» les cantons où les terres exposées aux dé flairer trop de personne.-. Il vaut donc mieux le te
gâts des moutons n*sc rencontrent que rarement, nir enchaîné ou dans une luge grillée pendant le
un seul chien suffit pour 100 moutons; mais lors Jour et ne lui donner sa lilicrlé que le soir, afin
que ces terres sont près les unes des autres, et que qu'il connaisse tous les gens de la maison, il faut
le troupeau en approche souvent, il faut 2 chiens, le lâcher au moment où ils sont a table ; il les
et même ;i ou 4, parce que 2 ne pourraient pas ré flaire, et, si s'ils soi tent la n u i i , il ne leur d t rien.
sister plusieurs jours de suite aux courses presque Une attention utile est de placer la loge du chien
Continuelles qu'ils sont obligés de faire. de manière qu'il voie tout ce qui entre dans la
Les chiens bien garnis de poil supportent mieux maison. II peut ainsi avertir de tout ce qui se passe.
le froid et la pluie que les autres; néanmoins Il y a des chiens de petite taille plus actifs et
lorsqu'on fait parquer les moutons il faut mettre plus vigilans que des chiens de haute taille, parce
les chiens à l'abri, quelle que soit leur fourrure. qu'un rien les excite » aboyer. A vigilance égale,
U faut avoir I ou 2 petites loges que le berger les grands et forts chiens doivent être plus re
puisse transporter facilement. Les chiens s'y cou cherchés; quoique quelques-uns ne soient pas cou
chent dans du loin : elle doit toujours cire placée rageux, la plupart sont en état de se battre con
.près du parc, au côté opposé à celui où est la cabane tre des voleurs qui ne seraient armés que de bâ
du berger; la porte de la loge doit regarder le parc; tons. D'ailleurs les v< leurs les craignent, et cette
elle sera toujours exposée au vent, puisqucla porte crainte est salutaire. Il est donc nécessaire de ne
de la cabane du berger qui regarde le parc doitétre se pourvoir que de chiens de bonne lace; matins,
à l'abri du vent. Pour donner aussi un abri au dogues et hou e dogues ou croisés de ces 3 espèces.
chien, il faut mettre au bas de la porte de la loge Les boulcsdogues sont cxcellens pour la défense
une planche qui soit au moins aussi haute que personnelle, principalement dans les courses ou
•on corps lorsqu'il est couché ; en levant la tête rondes de nuit et dans les visites sous bois. Il faut
il verra par-dessus cette planche et il sautera aussi les habituer a l'attaque en leur criant à moi I les
par-dessus pour entrer ou sortir de sa loge. On encourager en leur disant ti'nslonl et leur faire
peut disposer une loge pour plusieurs chiens. lâcher prise par les mots à bas !
Dans les pays de bois et de montagnes où les Il est bon qu'une ou deux personne* au plus,
loups sont a craindre, on ne doit pas confier le toujours les mêmes, donnent A manger aux chiens
troupeau à de simples guides, il faut lui donner de garde, afin qu'ils prennent l'habitude de n'en
des défenseurs. Il faut donc choisir a la place du pas recevoir des autres; car les chiens qui pren
chien de Brie, ou plutôt il faut lui associer un chien nent de la nourriture detoutes 1rs mains rn pren
de forte race, vif, hardi et capable d'attaquer et de nent aussi de celles des voleurs qui les apaisent
terrasser un loup On trouve ces précieuses qua facilement en leurdonnant quelque substance nar
lités dans les mâtins de forte taille dont le poil est cotique mêlée à des alunens Pour donner plus de
dur et épais, les yeux et les narines noirs, les lè défiance aux chiens de garde sur la nourriture
vres d'un rouge obscur, la léte forte, les oreilles qui leur est présentée par des inconnus, on peut
pendantes, les dents aiguës, le cou court et gros, charger des mendians et des étrangers de leur
la poitrine large, les yeux étincelans, les jambes donner du pain et de la viande dans lesquels on
grandes, les doigts écartés, les ongles durs et aura mis une bonne dose d'extrait de coloquinte:
courts. Rarement avec cette organisation les chiens un chien ainsi trompé 6 a G fois se gardera bien
sont lâches et paresseux, surtout si on les em désormais de recevoir aucun aliment offert par
pêche de chasser, et si on les nourrit avec le trou d'autres personnes que celles de la maison.
peau aux champs et à la moisson. Il faut de bonne A. Chien matin (Canilfamiliaris /«/;/«/•/ . Tête
heure les former au combat; lesexciter à se battre allongée, front plat, oreilles dressées a la base et
entre eux, mais sans permettre que le plus faible pendantes à l'extrémité; pelage fauve, rayé de
soit tout à fait vaincu, de peurjqu'il ne se rebute noir, poil court sur tout le corps, plus long sur
et ne se décourage. Il faut toujours que le cou de les jambes et la queue ; queue relevée, jambes hau
ces chiens soit défendu par un large collier de tes, corps gros et long. Longueur du museau » l'a
cuir, garni de pointes de clous. Si l'on prend un nus 3 pieds; hauteur au train de devant 2 pieds. U
loup, que ce son-ut les chiens du troupeauqui l'é est d'excellente garde, et réunit la force, le cou
tranglent et le déchirent ; pendant la lutte il faut rage, la vigilance, l'intelligence et la fidélité.
les encourager, les caresser ensuite. Lorsqu'un Le dogue. Museau gros, court, plat ; nez retroussé
loup se jette sur le troupeau, le berger doit aver e> parfois fendu jusqu'aux dents ; lèvres épaisses et
tir et animer les chiens par le cri répété au loup! pendantes; tête grosse, large, presque cubique;
puis, leur en laissant un moment la poursuite, il oreilles pendantes à l'extrémité seulement; cou
rassemble letroupeau, et s'il peut le mettre en sû gros et court, jambes courtes et épaisses ; corps
reté il doit rejoin.lt e les chiens et les appuyer par gros et allongé; queue relevée et reeoui bée en
■es cris. avants; poil ras; museau et extérieur des oreilles
La nourriture des chiens employés soit à la con noirs; longueur 2 pieds 6 à 8 pouces; hauteur 16 à
duire, soit à la gaide des troupeaux, est fort sim 18 pouces. Intelligence bornée, très brave, très-
ple : < lle consiste en gros pain de seigle, d'avoine fort et très-attaché à son maître.
.ou d'orge, ou bien encore de résidus de la fonte Le dogue de forte race (fig. 119), produit du ma
ANIMAUX DOMESTIQUES : DU CHIEN. Lrv. m.
dant l'été, les chiens ont quelquefois l'instinct de
retirer toute la paille de leur loge et de se courtier
sur la planche nue ; le défaut de soin et de pro
preté engendre la plupart de leurs maladies.
$ III. — Maladies des chiens.
A. Maladies des jeunes chiens. — Cette maladie,
que quelques auteurs considèrent comme une in
flammation de la muqueuse nasale, d'autres comme
une inflammation de l'estomac et des bronches, est
tin et du dogue, tient plus de ce dernier pour la peu connue, quoique presque tous les jeunes chiens
forme et les proportion* ; pour la taille il égale et en soient attaqués. On la croit contagieuse.
dépasse même le matin; il réussit mieux en franco Considérée dans son état le plus simple, elle pré
que le dogue. Rien n'égale sa force et son courage sente les symptômes suivans : tristesse, diminu
lorsqu'il est hien tenu: il va jusqu'à la férocité; tion ou dépravation de l'appétit, abattement, inat
sa voix est épouvantable; il est a la vérité moins tention aux ordres du maître, chaleur de la gueule,
intelligent et moins éveillé que le malin : aussi ce rougeur et sécheresse de la membrane du nez. en-
dernier lui est-il préférable comme surveillant. chifrènement, soif très- vive- Bieutôt il survient
La nourriture de tous ces cliieDS est la même de la toux rl des éternuemens, et des mucosités
que celle des chiens de berger; on y aj ute lesrrs- d'abord limpides, puis jaunes* ou vertes, coulent
tes de la cuisine, les eaux grasses dans lesquelles par les yeux et par les narines qu'elles obstruent
on met détremper leur pain. On doit mettre, sur de manière à gêner In respiration ; souvent même
tout dans les grandes chaleurs et dans les granités il survient des vomlssemens; au bout de quelque
gelées, de l'eau fraîche et abondante a la portée temps, ces symptômes disparaissent graduellement
des chiens enchaînés ou enfermés, à cause de leur et la santé se rétablit, ou hien les yeux deviennent
disposition à contracter la rage. ternes, le dégoût pour les nlimens augmente, les
Lorsqu'on veut élever soi-même des chiens de urines exhalent une odeur fétide, la gueule laisse
garde ou de berger et qu'on a fait choix de la échapper une lave gluante, il survient du dé> élé
mère et d'un père ayant toutes les qualités qu'on ment, des convulsions, de la paralysie et la mort.
reut obtenir des élèves, il f.iut attendre que la fe Cette maladie se complique quelquefois d'ulcé
melle entre en chaleur, ce qui n'arrive que 2 fois ration des yeux et de chorée, niouvemens nerveux
l'an, et pendant là jours; on enferme alors le mâle de la tête, qui s'étendent à tout le corps.
avec elle de temps en temps, et on ne souffre pas que Traitement.—Celle maladie est si fréquente, que
d'autres chiens en approchent. Les femelles ne tout le inonde se mêle de la traiter : on essaie tour
doivent pas porter avant 18 mois et pas après 8 ans, à tour des emplâtres de poix sur la téte, de l'am
ou du moins en deçà et au delà leurs petits peuvent putation de la queue et des oreilles, de l'ellébore
ne pas présenter tous les avantages de vigueur en poudre, du vinaigre introduit dans le nez, d'eau
qu'on pourrait en attendre. Pendant la gestation, soufrée (l'eau ne dissout pas un atome de soufre).
qui est de CI à 63 jours, la mère doit être nourrie Les uns prescrivent les vomitifs; d'autres les pur
abondamment et exercée sans fatigue. gatifs, la saignée, les sétons au cou, le calomel, etc.
Au moment de la ïiiisc-has il faut lui disposer Toute la pharmacologie enfin a été passée en revue
dans un lieu obscur et tranquille, où l'air se re à propos de cette maladie. Ce n'est pas avec des re
nouvelle facilement, un lit de foin. Les portées mèdes préconisés pour tous les cas que l'on peut
sont ordinairement de 6 à 8 petits, mais il est bon parvenir à traiter avec succès une maladie aussi
de n'en laisser que 2 ou 3, 4 au plus à la mère. variable dans ses symptômes et ses effets. Cette
Leur allaitement doit cesser entre ' et 3 mois. maladie me parait être une affection spéciale, et
Il faut le plus tôt possible accoutumer les petits avoir une marche déterminée qu'il faut se gaidcr
chiens à manger: on leur présente d'abord du lait de troubler pirdes médications inopportunes; sou
tiè le dans un vase de terre plat, et l'on a soin de vent la nature fait à elle seule tous les frais de I»
ne leur en donner A la fois qu'une petite qu;mité, guérison, aussi le plus souvent doit-on se conten
parce que s'il n'était pas consommé sur-le-champ, ter de mettre en usage les règles les plus simples
il s'aigrirait et leur donnerait la diarrhée : ou se de l'hygiène : un peu de diète, du lait coupé pour
dispense ensuite de faire tiédir le lait : plus >ard boisson, quelques snupes, de la propreté, quelques
on y ajoute du pain émietté, et on les habitue gra promenades quand il fait beau, une température
duellement à la nourriture de leur mère. On leur douce, etc.; si l'écoulement par les narines est
donne des os quand leurs dents ont acquis la force abondant, il faut les laver avec soin et diriger dans
nécessaire pour les broyer, la mastication de ces le nez, à l'aide d'un entonnoir, des vapeurs d'eau
corps durs fortifie les muscles des màchoiies. Mais bouillante. S'il survient de la toux, il faut faire
il ne faut donner les os aux chiens qu'après leur avaler un peu de lait miellé; lorsque la fièvre
repas ; si on les leur jetait auparavant, ils dédai est forte, que l'inflammation devient générale,
gneraient tout autre aliment. alors seulement il faut pratiquer des saignées pro
Quoique le chien soit Carnivore, l'éducation a portionnées à la force de l'animal ; s'il y a consti
tellement modifié ses habitudes, que l'usage exclu pation, il faut administrer des lavemens émoi liens
sif ou trop abondant de la viande l'allourdit, en et les purgatifs n° 48. Dans les cas où le dévoiemeot
gourdit sa vigilance, et le dispose à certaines ma est considérable, les Anglais ont employé avec suc
ladies. On doit éviter dans ses alimcns l'excès de cès des pilules composées de parties égales de
graisse, d'assaisonnement et de chaleur. gomme arabique, de craie préparée et de. conserve
Les chiens ne doivent faire que deux repas par de rose, avec du lait de riz pour nourriture. S'il
jour; celui du matin surtout 'doit être peu abon survient une inflammation des yeux, il faut faire
dant : car lorsque ces animaux ont entièrement des lotions fréquentes avec l'eau pure ou des col
satisfait leur appétit, ils sont lourds et se lassent lyres adoucissans ou astringens; s'il se manifeste
facilement ; il ne faut pas souffrir qu'ils boivent des symptômes nerveux, des convulsions, de l'a-
lorsqu'ils sont échauffés par un violent exercice, A taxsic, etc., il faut avoir recours (aux antispasmo
muins qu'ils ne doivent le continuer. diques. Quand la tète parait tres-affeelée, on a
La loge des chiens de basse-cour doit être faite, souvent appliqué avec succès un vésicatoire à son
de planches, et élevée au-dessus du sol : elle doit sommet. Quant aux sétons au cou qu'on a con
être spacieuse, garnie de paille ou de foin souvent seillés au début, ce moyen peut être bon lorsque l'af
renouvelés. surtout en été, pour les débarrasser de fection est peu aiguë, niais lorsque la lièvre cl
la vermine qui s'v multiplie à l'infini et de la l'inflammation sont très-fortes, les sétons, p»r la
mauvaise odeur dont s'imprègne celte litière. Wtn- douleur et la réaction qu'ils déterminent, peuvent
CHAP. 18. DES EMPOISONNEMENTS. A49
aggraver cei symptômes, et il faut les supprimer. 1 l'aide d'une espèce de coiffe en toile pourvue de
En non.» résumant dans le traitement de cette deux trous qui correspondent aux yeux; on passe
ma nde, il faut varier les mojens scion les symp le museau dans cette coif c qui maintient les
tômes* sa durée varie de 10 à 15 jours. oreilles appliquées sur la téte et va s'attacher au
H. Surdité. — Si la surdité du chien provientde la Collier. On lave la plaie avec de l'eau tiède et on la
vieillesse, elle est iocurable ; lorsqu'elle est due A rouvre d'un plumasscau de charpie que la coiffe
l'amas et l'endurcissement du cérumen, il faut maintient. Souvent ce traitement est insuffisant,
verser dans son oreille, après en avoir coupé les et l'on est obligé d'enlever avec le bistouri ou les
poils, quelques gouttes de suc d'oignon écrase; ce ciseaux toute la portion malade, et de brûler la
suc rend le cérumen assez liquide pour qu'on plaie avec de, la pierre infernale, ou le cautère
puisse l'extraire à l'aide d'un petit bâton enlouré chauffé à blanc; il se forme alors une escarre qui
du linge. tombe au bout de quelques jours et laisse au-des
C- Lésion aux pattes.— Si une épine ou tout au sous d'elle une petite plaie vermeille que l'on
tre corps étranger s'est introduit dans lu patte de panse avec de l'eau-de-vie. Lorsque l'indocilité de
l'animal, il faut en faire I extraction et abandon l'animal n'y apporte pas obstacle, la guérison est
ner la plaie à elle-même; le chien se guérit en se prompte.
léchant II arrive souvent qu'on ne peut atteindre E. Agravée. — Survient à la suite des longues
le eorps étranger qu'à l'aide d'une incision. marches sur des terrains durs et caillouteux. L'ir
D. Chancres des oreilles — Cette maladie ne se ritation qui résulte d'une marche forcée déter
développe que chez les chiens qui ont les oreilles mine un gonflement douloureux de la patte qui
longues et pendantes, tels que les chiens de chasse s'étend souvent à tout le membre; l'animal tient
qui, en courant dans les bois et les broussailles, alors la patte levée en marchant. Quelques jours
peuvent s'y accrocher ou s'y déchirer les oreilles. de repos suffisent ordiimiiemrnt pour la faire ces
Ce chancre n'intéie«se d'abord que la peau et ne ser ; dans le cas contraire il faut entourer la patte
consiste qu'en de petites gerçures, mais bientôt la de cataplasme, mettre l'animal a la diète et le sai
peau devient saignante et donne cioulcuient à une gner; enfin, quand sa patte est très -gonflée, il est
humeur qui, en se desséchant, forme croûte; bien bon de pratiquer sur elle quelques mouchetures
tôt le point attaqué est comme rongé, offre une avec la lancette et d'arroser tout le membre malade
éebancrurc qui s'accroît d'autant plus vite que avec de l'eau contenant de l'extrait de Saturne.
l'animal est plus indocile et moins soigné. Tumeurs, verrues, abcès, brûlures, apbthes,
Traitement. — On préserve l>s oreilles des at gale, rage, etc. (foi'r l'article Cuikuhgie.)
teintes des pattes et des contacts extérieurs, à A. BixiO.