Geochimie Isotopique
Geochimie Isotopique
et géochronologie
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christian.lefevre@univ-lille1.fr
II - Abondances isotopiques
a – Radioactivité
b - Radioactivité
c – Capture d’un électron de la couche k
d – Fission spontanée
IV - Méthodes de Géochronologie
a - principe de la méthode
b - Equation chronométrique
c - limites et contraintes e la méthode géochronologique K - Ar.
Une espèce atomique X est caractérisée par son numéro atomique Z (égal au nombre de
protons du noyau) et sa masse atomique M (égale au nombre de protons et de neutrons)
MX Z
Les isotopes d'un élément chimique X ont tous le même nombre atomique Z (c'est à dire
le même nombre de protons), mais des masses atomiques M différentes, correspondant à un
nombre de neutrons différents. Prenons l'exemple de l'oxygène :
II - Abondances isotopiques
Il existe dans la nature environ 340 espèces nucléaires répertoriées mais qui n'ont pas
tous, bien sûr, la même abondance et la même importance.
La plupart des éléments possèdent plusieurs isotopes. On peut exprimer les abondances
isotopiques de plusieurs façons.
b - Par le rapport d'une quantité d'atomes d'un isotope MXZ à la quantité d'un autre
isotope du même élément. Prenons l'exemple du strontium : Sr38 qui possède 4 isotopes:
84Sr 0,56%
86Sr 9,86%
c - Par l'écart "" d'un rapport isotopique (R) d'un échantillon en comparaison du
même rapport isotopique avec un étalon de référence standard pour lequel le rapport
isotopique R est connu ;
ou en 0/00
Par exemple pour l'oxygène 18O, le standard de référence est le rapport isotopique
18O/16O très constant dans les eaux océaniques (Standard Mean Ocean Water : SMOW).
Ce rapport RSMOW 18O/16O est égal à 2,035 . 10-3. Si pour un échantillon le rapport
isotopique 18O/16O (R éch) est égal à 2,043 . 10-3 :
= ( 2,043.10-3
2,035.10-3
) -- 1 X 1000
= 3,931 %o
P ------------------------------------> F
(Isotope père radioactif) ---------------------> (Isotope fils radiogénique)
Dès le début du XX° siècle, suite aux découvertes sur la radioactivité, les scientifiques
tentèrent d'appliquer ses principes à la mesure des temps géologiques.
a - RADIOACTIVITÉ
Un atome se désintègre en émettant une particule c'est à dire un noyau d'hélium (4He2).
b - RADIOACTIVITÉ
n ---------> p+ + e
e + p+ ----> n ; Z -----> Z - 1
MXZ + e ----> MX'Z-1
d - FISSION SPONTANÉE
Un noyau lourd éclate en deux noyaux de masses voisines, avec émission de neutrons ;
Ex : 235U
Soit un isotope radioactif Père (P) qui se désintègre en élément radiogénique fils (F)
P ---------> F
Si P0 représente la quantité d'atomes pères à l'instant t0, l'équation 1 s'intègre selon les
équations (2) et (3) :
Dans la pratique, on ne doit faire intervenir dans l'équation que des grandeurs
mesurables actuellement. Or, on ne connaît pas le nombre d'atomes pères P0 à l'instant initial
P = P0 - F
ou P0 = P + F
P + F = P et
ou F = P et - P ; soit :
IV - Méthodes de Géochronologie
(6) F = P (et - 1) + F0
On peut écrire :
-11 -1
= 1,42.10 an
(9) ( 87Sr
86Sr
) ( =
87Rb
86Sr
) (et-1) + ( 87Sr
86Sr )
0
Considérons plusieurs échantillons cogénétiques de même age, distincts des uns des
autres par leur rapport 87Rb/86Sr, évoluant en système clos ; les points représentatifs de ces
échantillons doivent dans un diagramme (87Sr/86Sr) - (87Rb/86Sr) s'aligner sur une droite,
dénommée isochrone, dont la pente (et-1) est fonction de l'âge du système. L'ordonnée à
l'origine permet de connaître le rapport (87Sr/86Sr)0 (fig.1) (fig.2)
Age "absolu" : lorsque tous les points analytiques sont, dans le diagramme (87Sr/86Sr)
- (87Rb/86Sr), alignés (aux incertitudes analytiques près), cela signifie que 3 conditions ont
été remplies :
L'âge obtenu peut être alors considéré comme un " âge absolu."
u)
ol
s
e ab
87S r
âg
s(
86S r
le
ta
to
es
s h o w m a n y c _ _ Q 2 3 s t d 4 1 b a s i c _ s t r e a m b u f < w , Q 2 3 s t d 1 4 c
ch
*
ro
r
su
ne
3
ro
iso
ch *
2
1
*
*
( 8786SSrr ) 0 *
1
*
2
*
3
* t=0
4
87Rb
86S r
Fig.2 : Isochrone sur roches totales.
Les échantillons 1-2-3-4 issus d'un même réservoir magmatique, ont intialement
le même rapport isotopique ( 87Sr/86Sr)0. Ils s'alignent sur une horizontale et diffèrent
par leurs rapports 87Rb/ 86Sr. Avec le temps, la désintégration de 87Rb en 87Sr induit
pour chaque échantillon une augmentation de leur rapport 87Sr/86Sr et une diminution
de leur rapport 87Rb/ 86Sr. L'augmentation du rapport 87Sr/86Sr est proportionnelle à
la valeur du rapport 87Rb/ 86Sr. Les points s'alignent, conformément à l'équation 9
selon une droite dont lapente est une fonction du temps et est égale à (e t-1)
A - Minéraux
B - Roche totale
Dans la roche 2 ont cristallisé des plagioclases (Pl2) et des biotites (Bi2). Lors de la
cristallisation de ce magma au temps t = 0, magmas et minéraux ont le même rapport initial
(87Sr/86Sr)0.
s(
le
ta
86S r
to
es
nt)
pare
h
oc
a p
ge
rr
*4 x (â
su
r a u
né
r mi
ne
u
ro
s
rone les)
ch
* ch o t a
iso
is o * t
3 Bi2 o ches
(r
tm
pl2 *2 *4
87S r
( )
86S r tm
*
*1
* 3
* tm
* Bi2
pl2 2
* * 1
( 8786SSrr ) 0 *
pl2
*
1
*
2
*
3
* * t=0
Bi2 4
87Rb
86S r
Lors d'un événement thermique (tm), daté par l'isochrone sur roches totales tm le 87Sr
radiogénique est mis en mouvement. Les minéraux, plagioclases et biotite, échangent leurs
isotopes et leurs rapports isotopiques (87Sr/86Sr)tm s'équilibrent avec celui de la valeur
87Sr/86Sr de la roche 2 au moment de l'événement thermique tm. Graphiquement, l'isochrone
des minéraux bascule lors de l'événement thermique autour du point représentatif de la roche
totale de façon à acquérir une pente nulle (tm). Il y a homogénéisation isotopique. Quand
l'événement thermique est terminé, les minéraux (Pl2, Bi2) et la roche 2 se mettront à vieillir
selon l'équation (9) et dessineront une isochrone sur minéraux.
En conséquence, une isochrone sur roche totale correspond à la fermeture d'un système
magmatique correspondant à la première cristallisation et la mise en place du magma. Une
isochrone sur minéraux signe un événement thermique. Dans ce cas le rapport 87Sr/86Sr n'a
pas de signification car il dépend du rapport 87Rb/86Sr de la roche totale correspondante.
T = 0,704 Ga
Pour chacune des chaînes, l'équation radiochronologique (6) peut être appliquée :
Dans les trois équations (10) - (11) - (12), les teneurs initiales en éléments radiogéniques
( 206 Pb )0 - ( 207 Pb )0 - ( 208 Pb )0 sont inconnues. L'isotope stable du plomb, non
radiogénique (204Pb) sera utilisé comme référence ; les équations chronométriques pour
chacun des couples son alors :
Il est donc possible, comme dans le cas de la méthode Rb - Sr, de tracer des isochrones
dans des diagrammes :
L'avantage de cette méthode est donc de pouvoir estimer l'âge d'un système par le tracé
de 3 isochrones différentes. Les âges obtenus par ces trois isochrones peuvent être comparés ;
soit, ils sont sensiblement identiques et l'on peut alors estimer que ces âges concordants sont
des âges "absolus", soit ils présentent des différences sensibles, ce qui suggère que certains
âges obtenus peuvent être des âges discordants "apparents"
Une difficulté de cette méthode résulte du fait que l'uranium est un élément naturel
mobile, sensible aux altérations de surface, ce qui amène un lessivage de ce dernier. Les
points expérimentaux peuvent alors ne pas être bien alignés dans les diagrammes et une
certaine incertitude existe sur le tracé des isochrones et les âges estimés peuvent être
relativement certains. Dans ce cas, une méthode (la méthode Pb - Pb) peut permettre de
contourner cette difficulté en ignorant la concentration en uranium des échantillons.
207Pb 207Pb
-
17 204 Pb 204Pb
-----> (18) 0 235U e ' t - 1
16 =
206Pb 206Pb 238U e t - 1
-
204 Pb 204Pb
0
Le rapport 235U/238U est une constante et égal à 1/137,88 . Cette valeur peut être
rapportée dans l'équation (18) et le dosage de l'uranium devient alors inutile ; l'équation (18)
s'écrit alors :
Par cette méthode, l'âge d'un système est déterminé à partir des rapports isotopiques du
Plomb. Il n'y a pas contre pas de possibilités de connaître les rapports isotopiques initiaux
(207Pb/204Pb)0 et (206Pb/204Pb)0 .
C'est par cette méthode Pb - Pb que fut déterminé la première fois en 1955 l'âge de la
Terre par Patterson, Tilton et Inghram (fig.6).
*4
*3
: 1
* 2 pente = 137, 88 ( ee 't-1
t-1 )
* 1
206Pb
204Pb
Fig.5 : Isochrone Pb - Pb
40
207 Pb s
année
204 Pb d' Nuevo
30 liards
mil
Laredo
5
4,5
Richardton
e à
chron
20 iso
Saratov Elenovka
sédiments modernes et galènes récentes
1 0 , 2 9 3 Beardsley
10 Météorite ferreuse
(Canyon Diablo)
9
,3
0
6
6
10 20 30 50 40
206 Pb
204 Pb
Fig. 6 : âge de la terre défini par des météorites,
des sédiments océaniques actuels, des galènes
récentes (d'après Murthy et Patterson, 1962) selon
la méthode Pb - Pb
La composition actuelle des rapports isotopiques du plomb ont été déterminés par des
analyses de météorites ferreuses et chondritiques, des galènes récentes, des sédiments
océaniques actuels (argiles rouges des fonds océaniques) et des basaltes récents.
Toutes ces formations s'alignent sur une isochrone (fig.6) dont la pente donne l'âge de la
Terre : 4,55 milliards d'années ± 70 millions d'années.
Ceci nécessite des mesures sur des systèmes possédant des teneurs élevées en éléments
radioactifs pères, de façon que la quantité d'éléments radiogéniques (F) soit forte vis à vis de
la quantité d'éléments fils initiaux (F0). (Fo << F)
Dans le cas des systèmes uranium-plomb, il est donc nécessaire que les quantités
d'atomes pères 238U et 235U soient élevées de telle sorte que les quantités d'atomes fils
radiogéniques produits 206Pb et 207Pb soient fortes en regard des éléments fils initiaux
(206Pb)0 et (207Pb)0 potentiellement présents au départ.
Dans le cas des systèmes uranium - plomb, les systèmes enrichis en 238U et 235U sont
représentés dans les roches magmatiques par des minéraux riches en U. Le plus courant
d'entre-eux est un minéral toujours présent, bien qu'en faible quantité : le zircon (ZrSiO4).
Peuvent être également utilisés des monazites ou des minerais d'uranium.
Les âges calculés par les équations (20) et (22) peuvent être discutés dans un diagramme
(y - x) 206Pb/238U en y - 207Pb/235U en x (fig.7) appelé diagramme concordia.
La courbe concordia est la courbe de coordonnées paramétriques y/x. C'est le lieu des
points dont l'ordonnées et l'abscisse donnent des âges identiques par chacune des méthodes U-
Pb. Tout minéral donnant le même âge par les équations chronométriques (19) et (21) se situe
sur cette courbe. Tout minéral situé sur la concordia donne l'âge de cristallisation du minéral,
donc du magma.
Lorsque les âges obtenus par les deux méthodes ne sont pas concordants, les points
représentatifs se placent en dehors de la concordia et sont souvent alignés selon une courbe
(parfois même une droite) qui définit la discordia. Cela signifie alors qu'il y a eu ouverture du
système avec perte de plomb. L'intersection supérieure de la discordia avec le concordia
permet d'obtenir l'âge de la fermeture du système (cristallisation du magma). L'intersection
inférieure de la discordia avec la concordia date l'ouverture du système (suite par exemple à
événement thermique, telle une phase de métamorphisme).
Christian Lefevre – Univ. Sci et Technologie de Lille Page 18 20/09/2009
206 Pb 2,4
238 U 2,25
2,0 1
T
dia
or
**
c
Con 2 2 1
**
2
1,0
2
2
*
* 2 s h o w m a n y c _ _ Q 2 3 s t d 4 1 b a s ic _ s t r e a m b u f < w ,Q 2 3 s t d 1 4 c
0,6 T1
207 Pb
235 U
206Pb 207Pb
Fig.7 : diagramme concordia -- pour deux populations
238U 235U
de zircons ; les zircons de l'échantillon granitique , tousconcordants, attribuent
sur une discordia ont été formés en T il y a 2,0 milliards d'années (cristallisation du
magma) et ont subi un évènement thermique (épisode métamorphique) en T1, il y a
620 millions d'années
Les longues périodes de désintégration des éléments pères (238U - 235U - 232Th)
permettent d'utiliser ces méthodes pour dater des événements très anciens (plusieurs milliards
d'années à plusieurs centaines de millions d'années).
a - principe de la méthode
--- par capture d'un électron sur la couche électronique k selon la réaction (88%) :
MXZ + e ----> MX'Z-1
40K + e -----> 40Ar18 (constante de désintégration k = 0,581 . 10-10 . an-1)
Seul le couple 40K ---> 40K est utilisé en géochronologie car le 40Ca radiogénique est
trop peu abondant par rapport au 40Ca normal.
b - Equation chronométrique
soit :
Le rapport d'abondance (R) de ces deux isotopes radiogéniques est égal au rapport de
leurs constantes de désintégration ( et ). On peut donc écrire :
40 40Ca
Fils = 40Ar * ( 40Ar
Ar
+
40Ar
)
sachant que :
40Ar ( 1 + 1 )
(23) t = 1 ln 1+ R
40K
--- Pertes d'argon : l'argon étant un gaz, peut être volatile et l'argon radiogénique
mesuré est alors mesuré par défaut. Les âges apparents obtenus sont alors trop jeunes. Ces
pertes d'argon peuvent être dues :
* à l'adsorption de l'argon à la surface des cristaux et à son élimination aisée
ultérieurement
* à une élévation de température (métamorphisme) qui favorise l'élimination par
diffusion de l'argon qui, jusqu'alors était retenu à l'intérieur du réseau cristallin.
Certains minéraux ne perdent pas facilement leur argon (micas, amphiboles, sanidine,
pyroxènes) et sont plus particulièrement utilisés comme géochronomètres. D'autres au
contraire, tels que les feldspaths potassiques de type orthose ou microcline, ont une tendance à
perdre plus aisément leur argon radiogénique.
--- Excès d'argon : L'excès d'argon a pour conséquence de fournir des âges trop vieux.
Les causes en sont multiples, parfois obscures. Citons comme causes possibles :
* héritage de 40Ar initial (40Ar)0. C'est le cas des magmas qui peuvent ne peuvent pas
être totalement dégazés lors de leur cristallisation
* 40Ar hérité lors de transferts gazeux associés à des épisodes métamorphiques.
* 40Ar perdu par certains minéraux et piégé par d'autres minéraux.
La méthode potassium - argon est une méthode très utilisée en géochronologie, mais
demande beaucoup d'attention.
Elle permet de calculer, en principe, un âge sur une seule mesure (roche totale ou
minéraux), à condition que le système soit resté clos et qu'il n'y ait eu ni pertes ni excès
d'argon, ce qui est difficilement vérifiable d'une façon directe. La validité des âges mesurés
(âges absolus ou âges apparents) peut être vérifiée en effectuant des datations K - Ar sur
roches totales et sur minéraux séparés. Les résultats peuvent être reportés dans un diagramme
40Ar/40K et d'après l'équation
12C (98,892%)
13C (1,108%)
14C (en quantité infime)
(2) P = P 0 e -t
Le 14C est formé constamment dans l'atmosphère et est incorporé dans les molécules de
CO2 et est introduit de cette façon dans le cycle du carbone. Le 14C, au même titre que le 12C
(stable), est alors fixé dans les végétaux ou animaux. Le rapport (14C/12C)0 dans
l'atmosphère est une constante et est connu. Tous les êtres vivants ont ainsi un rapport
(14C/12C)0 constant. Pour un être vivant, l'instant t0 coïncide avec sa mort, dès lors qu'il n'y a
plus d'échanges avec le CO2 atmosphérique.
On peut voir selon l'équation (26) que connaissant (14C/12C)0 et mesurant 14C/12C,
on peut calculer l'âge de la mort de l'organisme.
ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE