Candidature Brazzaville Ville Creative Musique
Candidature Brazzaville Ville Creative Musique
Candidature Brazzaville Ville Creative Musique
République du Congo
ville de musique
candidature auprès du Réseau UNESCO des villes créatives
ville de musique
candidature auprès du Réseau UNESCO des villes créatives
2
3
Sommaire
INTRODUCTION ......................................................................................................................................................5
LE MOT DU MAIRE ..................................................................................................................................................7
RÉSUMÉ ..............................................................................................................................................................8
LES ATOUTS CULTURELS DE LA VILLE.................................................................................................................8
PARTICIPER AU RÉSEAU DES VILLES CRÉATIVES : ENJEUX ET OBJECTIFS ....................................................................13
4
Introduction
6
Le mot du maire
Hugues NGOUELONDELE
Député-Maire de la Ville de Brazzaville
7
Résumé
11
Brazzaville : une autre manière de vivre la musique
Comme mentionné plus haut, la musique occupe une place importante et tout-à-fait
centrale dans la vie des Congolais et des Brazzavillois. Elle est une composante
essentielle de toutes les étapes qui rythment la vie sociale : baptême, mariage,
funérailles, rites à caractère initiatique, pratiques religieuses (très développées au
Congo). Les églises de quartier ont en leur sein des chorales auxquelles chacun peut
prendre part et qui animent l’ensemble des cérémonies. Ces chorales jouent le rôle de
véritables écoles musiques. Equipées d’instruments et de lieux adéquats, elles sont
des lieux d’apprentissage du solfège et du chant, de pratiques instrumentales et de
danse. Les enfants y apprennent dès leur plus jeune âge les rudiments de la musique
et du rythme. Tous les grands chanteurs et musiciens brazzavillois y ont fait leurs
armes.
Au-delà de la vie religieuse, la musique est une pratique systématique dans tous les
lieux de détente et de socialisation. Ainsi, à côté des deux stades et des salles de
spectacles qui accueillent les grandes manifestations, la ville regorge de bars-
dancing : La Détente, Les Diplomates, Bababoum, La Main bleue, pour ne citer que
les plus emblématiques. Conçus comme des bars-restaurants, ces lieux sont
généralement pourvus d’un espace extérieur et d’une scène en plein air où des
orchestres se produisent quasiment tous les soirs de la semaine, soit sous forme de
concerts payants, soit sous forme de répétitions ouvertes au public. A la nuit tombée,
les Brazzavillois-es aiment s’y retrouver pour boire une bière fraîche et esquisser
quelques pas de danse. On ne compte pas les boîtes de nuit et « VIP » (sorte de boîtes
nuit ouvertes dès 15h l’après-midi) où les clients dansent de manière quasi-continue
sous la lumière des stroboscopes au son des mix des DJs de coupé-décalé.
Il est une spécificité congolaise en matière de pratiques culturelles : la « sape ».
Apparue après les indépendances à Kinshasa et à Brazzaville, la sape (comprenez
« société des ambianceurs et des personnes élégantes ») est une pratique curieuse qui
consiste à rivaliser d’élégance en portant des vêtements de luxe, le plus souvent venus
de Paris mais aussi dessinés ou cousus sur place. Les adeptes de la sape (les
« sapeurs ») se comptent par milliers et se réunissent fréquemment en fin d’après-midi
(notamment les dimanche) pour exhiber leurs tenues chic sous forme de défilés de
mode dansés qu’on appelle « diatances ». Derrière cette pratique originale, ils
défendent les valeurs de respect, de dignité, de paix. Ils revendiquent une culture
spécifiquement congolaise de l’habillement en réinterprétant ou en détournant les
codes européens au profit de règles réinventées localement. Les sapeurs sont
regroupés en associations dont les plus structurées jouent un rôle social de première
importance : certaines tiennent lieu de caisses d’assurance maladie qui, à partir des
cotisations des membres, prennent en charge les besoins médicaux ou sociaux de
ceux-ci. Il faut souligner aussi la large gamme d’activités économiques engendrées par
la sape : design de vêtements, conseil en habillement, couture, pressing / laveries,
boutiques de luxe, salons de coiffure… Depuis toujours, musiciens et sapeurs
entretiennent des liens étroits : nombreux sont les chanteurs sapeurs qui arborent des
costumes griffés sur scène ; inversement, c’est toujours en musique que défilent les
sapeurs, dans la rue où à l’occasion de cérémonies diverses.
Pratiques religieuses, vie nocturne, sape : la musique est partout dans la vie des
Brazzavillois-es et elle engendre des pratiques spécifiques qu’on ne retrouve nulle part
ailleurs. Plus qu’une discipline artistique, elle est le moyen naturel et spontané de
l’expression individuelle et collective, du vivre-ensemble, du jeu social. Elle est la
composante essentielle de l’identité culturelle brazzavilloise.
12
La musique, une priorité de développement local pour la mairie de
Brazzaville
Dans un contexte marqué, au plan national par le défi de la décentralisation, au plan
international par l’émergence des métropoles comme des centres de commandement
culturel, la mairie de Brazzaville fait preuve d’une forte volonté politique en matière de
développement culturel.
Dans le cadre du chantier qu’il a entrepris pour inscrire la culture comme une priorité
de sa politique de développement local, le Conseil départemental et municipal de
Brazzaville a décidé de faire de la musique une dominante stratégique. Ce choix a
été fait sur la base d’une réflexion approfondie menée en partenariat avec l’ONG
Culture et développement et qui a mis en lumière le dynamisme du secteur de la
musique ainsi que son potentiel en matière de cohésion sociale, d’épanouissement
culturel et de développement économique. La musique est donc au cœur de la
stratégie de développement culturel adoptée en 2012 par la mairie. Ce document
cadre stipule que 50% des ressources financières destinées à financer la politique
culturelle de la villeUNESCO seront investies dans le développement de la musique.
Selon les prévisions budgétaires pour 2013, cela représente une enveloppe annuelle
d’environ 100 millions de FCFA (soit 150 000 euros) sur un budget de 200 millions de
FCFA pour la culture.
La dominante stratégique de développement de la musique a pour objectif de valoriser
le patrimoine musical congolais, d’accompagner et de dynamiser la vie musicale de la
ville et ses activités connexes, de contribuer à la structuration et à la
professionnalisation de la filière de la musique, de développer l’économie du secteur et
sa capacité à générer des emplois, de renforcer le rayonnement de la ville et son
attractivité touristique par la musique. Cette politique prévoit notamment :
> la création d’un musée de la rumba congolaise,
> la construction de salles de répétition dans les différents quartiers de la ville,
> l’ouverture d’un fonds de soutien municipal à la création et à la formation des
professionnels,
> la mise en place d’un programme « Tourisme, musique et élégance » sous la
forme d’un cluster destiné à accompagner les activités économiques,
> la promotion des artistes congolais à l’étranger via les accords de coopération
décentralisée conclus par la ville.
Comme expliqué ci-dessus, la mairie de Brazzaville est en train de mettre sur pied une
stratégie de développement local basée sur les potentialités culturelles de son
territoire. Au sein de cette stratégie, la musique constitue un domaine d’intervention
prioritaire. Elaborée en concertation avec les acteurs privés et de la société civile, cette
stratégie prévoit une mobilisation de l’ensemble des professionnels de la filière.
Tenant compte de cette dynamique, le comité de gestion de la candidature auprès du
Réseau UNESCO des villes créatives a identifié trois axes de travail qui pourraient faire
l’objet de coopérations bilatérales ou multilatérales dans le cadre du Réseau des villes
créatives.
13
1. Enrichir la stratégie locale de Brazzaville en matière de
développement de la musique
L’idée est notamment de permettre des échanges entre les villes membres du Réseau
(élus, agents, professionnels) quant à leurs stratégies de développement de la
musique : politiques publiques, projets innovants, bonnes pratiques, partenariats
public-privé…
14
1 Brazzaville :
porte de
l’Afrique
ouverte sur le
monde
Son positionnement géographique aux
abords du grand fleuve Congo, sa
proximité avec sa soeur jumelle
Kinshasa, la dimension internationale
de son histoire, le cosmopolitisme et
la jeunesse de sa population font de
Brazzaville une ville tournée vers le
monde, ouverte et sensible aux
influences extérieures, hospitalière,
sachant accueillir les apports des
autres cultures tout en contribuant
au rayonnement de la créativité
congolaise et africaine.
15
Le fleuve Congo
Brazzaville n’existerait sans doute pas sans le puissant et majestueux fleuve Congo qui
forme à cet endroit une large cuvette dénommée « le Pool Malebo ». Cette vaste
étendue d’eau qui marque la fin de la partie navigable est particulièrement propice au
transport fluvial et constitue une importante zone d’échanges avec le nord du Congo
mais aussi avec Kinshasa, capitale de la RDC1 établie sur l’autre rive du fleuve. C’est
au gré des nombreuses activités commerciales liées à ce positionnement stratégique
que s’est développée Brazzaville.
Ainsi, bien avant la colonisation apparaissent plusieurs bourgs qui forment peu à peu
une agglomération dénommée Nkuna (ou Ncouna), alors située aux marges du
royaume Téké dont la capitale est établie à Mbé, à 200 km au nord de Brazzaville.
Nkuna est administrée par les vassaux du roi des Tékés qui prélèvent une part
importante des revenus liés au commerce fluvial.
Conscient de l’intérêt stratégique qu’offre le Pool, l’explorateur franco-italien Pierre
Savorgnan de Brazza décide d’y établir le siège de l’implantation coloniale française en
1880. C’est ainsi que Nkuna prend le nom de Brazzaville et devient bientôt le chef-lieu
de l’Afrique équatoriale française (AEF).
Agissant avec une puissance à la mesure de ses dimensions, le grand fleuve Congo
occupe une place considérable dans l’imaginaire collectif des Brazzavillois et
e Congo
Le fleuv
Le fleuve Congo est aussi une porte entre Brazzaville et Kinshasa. Ces deux villes
cousines, capitales de deux pays séparés par l’histoire coloniale, ont en commun une
culture, des langues, un patrimoine. Le fleuve les sépare autant qu’il les unit. Chaque
jour des milliers de personnes le traversent, assurant l’échange de nombreuses
denrées et marchandises et entretenant des liens identitaires forts entre les deux
métropoles. Les chaînes de télévisions, les radios, les artistes, les musiciens
notamment, sont autant de passeurs culturels entre les deux rives. Si le rapport entre
artistes de « Brazza » et de « Kin » prend parfois une dimension concurrentielle, il
célèbre en même temps un héritage culturel commun mutuellement et continuellement
enrichi.
17
de l’Empire à « participer chez eux à la gestion de leurs propres affaires », faisant ainsi
un premier pas sur long chemin vers les indépendances africaines.
Dans cette page essentielle de l’histoire internationale, Brazzaville occupe une place
prépondérante dont elle porte aujourd’hui encore la mémoire, notamment à travers son
architecture exceptionnellement riche.
D’abord l’implantation coloniale façonne durablement le visage de la ville dès la fin du
XIXème siècle. Obtenant le statut de commune en 1911, Brazzaville est dotée de son
premier plan d’urbanisme en 1925. Apparaît un centre-ville habité par les colons et
abritant les différentes fonctions liées à la conquête et à l’administration du territoire :
le Plateau héberge le pouvoir politique dès les années 1880, la Plaine abrite les
factories2 , le Tchad correspond au quartier des casernes et des terrains militaires,
tandis que la mission catholique s’implante dans une zone appelée la Mission (futur
quartier de l’Aiglon). Autour de ce centre urbain sont construites deux grandes « cités »
destinées à loger les populations africaines : Poto-Poto, puis Bacongo. De nombreux
édifices de la fin du XIXème siècle témoignent encore de cette phase décisive de la
construction de Brazzaville : la cathédrale du Sacré Cœur, le Palais épiscopal, le Palais
du Peuple (ancien Palais des Gouverneurs qui abrite désormais la résidence officielle
du président de la République) ou la Case Tréchot (actuelle ambassade de Russie)
constituent un patrimoine architectural unique. L’histoire coloniale a profondément
structuré le tissu urbain en façonnant des quartiers qui, s’ils ont évolué, sont toujours
porteurs d’une identité forte et qui contribuent, chacun à leur manière, à la diversité
culturelle et créativité artistique de la ville.
La basilique Sainte-
Anne du Congo
>
19
une activité souvent délaissée par les Congolais davantage attirés par les métiers de
l’administration et du tertiaire. Ainsi, l’avenue de la Paix à Poto-Poto devient le fief des
commerçants ouest-africains. Les Chinois ayant largement investi l’avenue, les waras
se sont repliés en partie sur les arrondissements de Ouenzé et de Moungali. Brazzaville
compte également des Béninois et des Togolais, appelés les « popos » et, dans une
moindre proportion, des Mauritaniens, des Ivoiriens, des Guinéens, des Nigériens ou
des Nigérians.
Cette variété des origines ethniques et géographiques confère à Brazzaville une
importante diversité culturelle qui se traduit de multiples manières. On la perçoit
d’abord à travers les signes visibles liés à la religion : en grande partie musulmans, les
Ouest-Africains ont construit des mosquées et importé des coutumes et des pratiques
culturelles liées à l’islam (habitudes culinaires, vestimentaires, cultuelles…). Elle se
traduit aussi par les activités commerciales dans lesquelles s’activent beaucoup de
ressortissants ouest-africains.
À ces derniers se sont ajoutés en 1997 de nombreux réfugiés rwandais venus se
reconstruire une nouvelle vie. Egalement très actifs dans le commerce, ils contribuent
aussi à enrichir la palette des expressions culturelles, notamment dans le domaine de
la musique. Citons par exemple le groupe Amahoro, très connu à Brazzaville et présent
dans de nombreuses manifestations et cérémonies.
On note également une très riche diversité linguistique. Aux langues et dialectes
congolais4 s’ajoutent le Français, langue officielle largement parlée par les
Brazzavillois, et beaucoup d’autres langues africaines parlées au sein des
communautés parmi lesquelles on peut citer le kinyarwanda 5 . La diversité des
langues, qui constituent les véritables « colonnes vertébrales des cultures »6, est une
richesse culturelle de première importance. A Brazzaville, comme dans de nombreuses
villes africaines, elle l’est encore davantage du fait que chaque personne parle
couramment entre 2 et 5 langues, parfois plus. Ce polyglottisme, qui favorise les
apports mutuels entre les langues, participe d’une véritable dynamique interculturelle
par laquelle la diversité devient une richesse valorisée et partagée.
Le Congo est un pays fortement urbanisé. 62% des Congolais vivent en ville et
Brazzaville concentre à elle seule un tiers de la population congolaise. A l’instar de
nombreuses capitales africaines, la métropole de Brazzaville connaît une croissance
démographique fulgurante qui s’explique par les effets conjugués de l’exode rural et
d’une forte natalité. Sa population est ainsi passée de 585 000 habitants en 1984 à
plus de 1,5 millions d’habitants aujourd’hui. Cette explosion démographique
4 Les langues bantou occupent une place prépondérante. Le munukutuba et le lingala sont les deux grandes langues nationales reconnues par la constitution.
6 Termes empruntés à Jean Guibal, conservateur en chef du patrimoine et Directeur du Musée dauphinois.
20
s’accompagne d’un très fort rajeunissement de la population : un Congolais sur deux à
moins de 17 ans.
L’analyse de cette situation démographique permet de souligner deux éléments clés
pour comprendre les enjeux du développement de Brazzaville. D’abord,
l’accroissement démographique, qui entraîne une extension très rapide de la superficie
de la ville, constitue un défi inédit en matière d’aménagement du territoire,
d’infrastructures et de services aux populations (assainissement, voirie, transport,
santé, éducation…). Dans les réponses formulées pour relever ce défi, la prise en
compte de la dimension culturelle est un enjeu essentiel : le développement urbain doit
garantir aux populations de tous les quartiers les moyens et les conditions nécessaires
à la préservation et à l’épanouissement de leurs identités culturelles, de manière à
favoriser le bien-être de tous et la cohésion sociale dans un contexte apaisé.
Convivialité urbaine
21
l’habillement (le phénomène de la sape est une spécificité congolaise issue d’un
syncrétisme culturel entre l’Afrique et l’Europe), ou encore par les nombreuses
cérémonies liées à la vie des communautés.
La ville de Brazzaville est tout à la fois un département et une commune. A ce titre, elle
est administrée par le Conseil départemental et municipal de Brazzaville, lequel est
présidé par le député-maire Hugues NGOUELONDELE. Conscient de la richesse
culturelle de la ville, le Conseil a commandé en 2011 à l’ONG Culture et
développement une étude destinée à définir les axes forts d’une politique culturelle
locale. Il a ainsi adopté en 2012 une politique de développement culturel visant à :
> renforcer la cohésion sociale par une meilleure connaissance de l’histoire de la
ville et de sa diversité culturelle
> faciliter l’accès de la population à des ressources culturelles adéquates
> favoriser la professionnalisation des acteurs culturels et la création d’emplois
> contribuer à l’émergence d’une culture du développement
> favoriser le rayonnement culturel international
> développer le tourisme culturel
23
formation (Centre de formation et de recherche en Arts dramatiques – CFRAD) et la
coordination du Fespam (Festival Panafricain de Musique).
Restructuré en janvier 2010, le Ministère de la Culture et des Arts joue, sous la
direction de son Excellence Jean-Claude Gakosso, un rôle important dans la vie
musicale du Congo. À travers sa direction générale des Arts et des lettres, il définit la
stratégie de développement national et international de la musique congolaise. Il
soutient très activement le Festival panafricain de la musique (Fespam) qui se tient tous
les deux ans et dont l’organisation est confiée à une équipe spécialisée et autonome.
Outre la réhabilitation d’infrastructures culturelles, il a engagé un processus qui devrait
aboutir à la construction de la Cité de la Culture qui regroupera sur un même site tous
les services du Ministère ainsi que toutes les facilités techniques nécessaires à la
création et à la diffusion artistique. La Cité de la Culture offrira notamment un
auditorium de grande qualité pour la diffusion de la musique.
24
La future Cité de la
Culture
>
25
> la place des Arts
L’idée proposée est de réaménager le belvédère qui surplombe le fleuve en un théâtre
de verdure pouvant accueillir des spectacles au bord de l’eau. Le lieu serait jouxté de
points de vente de biens culturels (livres, CD, DVD, vêtements, artisanat d’art…)
> le square de l’Élégance
Dédié à la sape et aux métiers de l’habillement et de l’élégance, ce square hébergerait
un dispositif pour accompagner le développement des activités économiques liées à la
mode : stylisme, couture, pressing, coiffure, conseil vestimentaire, défilés…
> l’allée de la mémoire hollandaise
Il s’agirait de mettre en valeur, en le rendant plus visible et plus accessible, le
Cimetière des Hollandais qui constitue l’un des éléments les plus anciens du
patrimoine bâti de l’histoire coloniale de la ville.
Projet de
réaménagement des
berges du fleuve Congo
>
26
2 Brazzaville : la
musique au
cOEur de la vie
urbaine
27
Une autre manière de vivre la musique dans la ville
D’une certaine manière, on pourrait dire que la musique est aux Brazzavillois ce que la
gastronomie est aux Français : un élément essentiel de leur identité culturelle, du
vivre-ensemble, de leur rapport au monde et aux grandes étapes de l’existence. Ainsi
depuis des siècles, la musique et la danse sont présentes dans toutes les sphères et
pour tous les événements de la vie sociale : naissances, baptêmes, mariages,
funérailles, cérémonies religieuses en tous genres, rites initiatiques, célébrations à
caractère politique ou manifestations culturelles…
Répétition du groupe
Extra-Musica au bar-
dancing La Bonne
Humeur
>
Parmi tous les lieux de musique de Brazzaville, « Chez Faignond » est sans aucun
doute le plus emblématique et le plus mythique. Créé en 1948 à Poto-Poto par Emile
Joachim Faignond, il fut le haut-lieu historique de la rumba congolaise à Brazzaville. Il
était l’épicentre de la vie associative des années 1940-1950 où se retrouvaient pour
leurs réjouissances et leurs créations des associations de jeunes, hommes et femmes.
Mais « Chez Faignond » était surtout le point de convergence des différents styles de la
rumba congolaise. Il a fortement contribué à la naissance de la rumba moderne et
urbaine. Venus de Kinshasa, de grands musiciens de l’autre rive tels que Joseph
Kabasele venaient y jouer avec leurs homologues de Brazzaville. Et c’est dans ses
29
locaux que le quinquagénaire et célèbre orchestre Les Bantous de la Capitale a
donné son premier concert.
L’influence du bar-dancing « Chez Faignond » ne se limitait pas à la musique. Elle
concernait l’ensemble de la vie culturelle de Brazzaville à travers l’organisation de
concours de danse ou d’élégance. « Chez Faignond » a favorisé le développement
technologique et économique de la musique grâce à la qualité acoustique de son
équipement et à l’implantation au fil des décennies suivantes d’une dizaine
succursales dans différents secteurs de la ville : le Nganda Faigond, le Kilomètre 100,
l’Ile Faignond (à Kintélé) qui sont devenus autant de lieux emblématiques de la rumba
congolaise moderne.
Aujourd’hui, le bar-dancing originel a été délaissé au profit de night-clubs modernes
mais des orchestres y tiennent encore régulièrement des séances de répétition. Les
amoureux de la rumba congolaise qui le considèrent comme un sanctuaire souhaitent
en faire un musée de la rumba.
31
La naissance de la rumba congolaise
Brazzaville se situe au cœur d’une page décisive de l’histoire de la musique africaine.
Elle est en effet la porte par laquelle s’est effectué un aller-retour culturel entre
l’Afrique et les Amériques, aller-retour qui a donné naissance à la rumba, puis à la
rumba congolaise. Les musicologues estiment que pour comprendre les origines de la
rumba, il faut remonter entre le XIIIème et le XVIème siècle dans le bassin du Congo.
C’est là que s’est développée une danse rituelle très populaire dénommée n’kumba,
également appelée « danse du nombril ». Cette danse correspond à un motif rythmique
composé très spécifique et associé à un système harmonique dit « modal ». Au cours
de la traite négrière, les esclaves emmenés de force en Amérique latine (et plus
précisément à Cuba) emportent avec eux cette danse et ces motifs rythmiques. A
Cuba, au contact des autres cultures, les rythmes africains vont s’enrichir en intégrant
notamment les apports des musiques européennes importées par les Espagnols. Les
musiciens cubains marient alors le rythme de la nkumba avec les instruments
européens comme le piano ou la guitare. Ils transforment ainsi la nkumba en une
musique tonale, c’est-à-dire qui obéit à un système harmonique comportant des
accords. C’est ainsi, au terme de ce premier voyage depuis l’Afrique jusqu’aux
Caraïbes que naît la rumba cubaine, le mot rumba résultant de la déformation du mot
nkumba.
Et ce voyage aller est suivi d’un voyage retour. Dans les années 1920, les disques de
musique cubaine, à la faveur du commerce maritime, finissent par traverser les océans
et par arriver dans les ports des grandes villes africaines. A Brazzaville, alors capitale
de l’Afrique équatoriale française (AEF), séjournent et se croisent de nombreux
fonctionnaires internationaux qui sont autant de passeurs culturels. C’est ainsi que
Paul Kamba, jeune fonctionnaire congolais, découvre la rumba cubaine et décide
d’apprendre à jouer de la guitare et de la réinterpréter. Les Congolais reconnaissent
tout de suite les motifs rythmiques issus de leur propre patrimoine musical. Le succès
est immédiat et apparaissent dans le sillage de Paul Kamba de nombreux artistes
parmi lesquels Wendo Kolosoy, considéré comme le véritable précurseur et la première
grande star de la rumba congolaise traditionnelle.
Après l’effervescence des années 50-60, la rumba poursuit son évolution en donnant
naissance à d’autres genres musicaux comme le soukous, le ndombolo ou encore le
coupé-décalé. Egalement très populaires, ces nouveaux courants ont une résonance
dans l’ensemble du continent africain et même en Europe où ils influenceront plus tard
les musiques électroniques. Très dansantes, ces musiques suscitent la convivialité et
la fête partagée. Apparaissent de nouvelles générations d’artistes qui marquent les
années 1970 et 1980 de part et d’autre du grand fleuve Congo : Pamelo Mounka,
Master Mwana Congo, Koffi Olomidé, Werrason, Papa Wemba…
En 1970, l’Etat congolais, conscient du potentiel économique de la musique
brazzavilloise, crée la SOCODI, Société congolaise du disque. Ceci a pour effet de
renforcer l’économie du secteur et permet à des orchestres comme Les Bantous de la
Capitale de conforter leur assise internationale. Les Bantous et leurs musiciens
prestigieux deviennent une référence pour beaucoup de jeunes congolais et suscitent
des vocations un peu partout en Afrique. En 1983, la SOCODI est remplacée par l’IAD
(Industrie africaine du disque) qui se dote d’un studio d’enregistrement 24 pistes et
d’une usine de pressage. Elle assure la production, l’édition, le pressage et la
distribution des musiques congolaises. La qualité des productions s’améliore
nettement et on voit apparaître des ingénieurs du son et des producteurs de renom. Le
33
musicien, journaliste et producteur Freddy Kebano, qui a introduit de nombreuses
innovations dans la musique congolaise, est l’un des principaux artisans du renouveau
de la scène musicale de Brazzaville dans les années 70-80.
Les années 1980 sont marquées par la montée en puissance du soukous parisien,
musique dansante, rapide et populaire à Paris comme à Brazzaville. Apparaissent alors
une multitude d’artistes parmi lesquels Alain Nkounou, Géo Bilongo, Dany Ebongo, Mav
Cacharel ou Pierre Moutouari. L’arrivée de la cassette et des opportunités qu’elle offre
(possibilité de diffuser de la musique enregistrée dans les voitures, ou de recopier
facilement les albums) facilite grandement la circulation des œuvres musicales.
Les troubles politiques des années 1990 n’ont pas empêché l’émergence d’une
nouvelle génération d’artistes qui continuent aujourd’hui de faire danser les
Brazzavillois nuit et jour sur les rythmes d’une rumba revisitée et de ses
déclinaisons : Roga-Roga, Doudou Copa, les orchestres Extra-Musica ou Bana Poto-
Poto.
34
> Le tableau ci-dessous liste de manière non exhaustive les artistes plus significatifs des différents
courants musicaux existants :
35
L’économie de la musique
8 Profil culturel national de la République du Congo - Programme d’identification du champ des industries culturelles, Étude
réalisée par Culture et développement pour le compte de l’Organisation internationale de la Francophonie, 2011.
36
La chanteuse Oupta,
produite par la maison
de disques Letiok
Productions
>
37
international, à l’hébergement et à l’accueil des festivaliers. Sachant qu’il existe dans
tous les quartiers de nombreux bars-dancing qui accueillent tout au long de la semaine
des concerts, des répétitions ou des défilés de sapeurs, le soir ou en journée, il est
indéniable que la musique et la vie sociale qui se développe autour d’elle contribuent
pour une large part à l’économie urbaine, diurne et nocturne.
Brazzaville concentre la plus grande partie de l’économie nationale liée à la musique
dont le chiffre d’affaire est estimé à 3,8 milliards de francs CFA. Une part importante
de ce chiffre est imputable aux festivals de grande envergure. Parmi eux, le Fespam
(Festival Panafricain de Musique) est de loin de plus important.
38
> Les principales entreprises de la filière musicale à Brazzaville
DATE
DE
COMMENTAIRES
NOM ACTIVITE(S) RESPONSABLE
CREATION
Congo
Square Salle
de
répéBBon Clotaire
Kimbolo 2000
DM
Records Studio
d’enregistrement Arrangements,
enregistrement,
mixage,
mastering,
réalisaBon
de
vidéoclips
Réalise
une
douzaine
d’albums
par
an
ArBstes
:
Koffi
Olomidé,
Papa
Wemba,
Roga-‐Roga,
Lokua
Kanza
Bla
Nia
Records Studio
d’enregistrement Clotaire
Kimbolo 2010 Assure
aussi
la
réalisaBon
de
vidéoclips
DRTV
Studio
d’enregistrement Chris)an
Ingani 2002 ApparBent
au
groupe
audiovisuel
ProducAons privé
DRTV
Eben
Ezer Studio
d’enregistrement Roger
Ngossaki 2001 Enregistrement,
mixage,
mastering
Greenhills
Studio Studio
d’enregistrement Freddy
Kebano 1981 Freddy
Kebano
est
considéré
comme
l’un
des
meilleurs
ingénieurs
du
son
et
arrangeur
du
Congo
Mackie
Studio Studio
d’enregistrement Teddy
Ndele 2008
Patmos
Records Studio
d’enregistrement Francis
Ossombo 2004 Assure
aussi
la
réalisaBon
de
vidéo
clips
Studio
Espe Studio
d’enregistrement Espérance
Mouanda 2005 Assure
aussi
la
réalisaBon
de
vidéoclips
Studio
Jeven
Studio
d’enregistrement Jean-‐Yves
Ikonga 2009
Music
Studio
Loïs
Studio
d’enregistrement Antoine
Dimi 2002 Assure
aussi
la
réalisaBon
de
Magher vidéoclips
Studio
L’Or Studio
d’enregistrement Raymond
Ombara 2010
Dénidé
Maison
de
producBon Denis
Nguesso 1993 Produit
des
disques
et
des
ProducAons vidéoclips
ArBstes
:
Patrouille
des
stars,
Extra-‐Musica,
Guy-‐Guy
Fall,
Chorale
Sainte-‐Odile
LeAok
Maison
de
producBon Loe))a
Gambolo-‐ 2010 ArBstes
:
Papa
Wemba,
Oupta,
ProducAons Okouna Doudou
Copa,
Nzete
Deux
Rives
Maison
de
producBon Blanchard
Ngokoudi 2002 Produit
des
disques
et
des
ProducAons vidéoclips
ArBstes
:
Zao,
Luciana
et
Balou
Canta
Dimi
ProducAons Maison
de
producBon Antoine
Dimi 2004 ArBstes
:
Frère
Dimi,
Renouvelé,
Frère
Abdou
DRTV
Maison
de
producBon Chris)an
Ingani 2002 ApparBent
au
groupe
audiovisuel
ProducAons privé
DRTV
Produit
des
disques
et
des
vidéoclips
ArBstes
:
Eric
Tutsi,
Ferré
Gola,
Tabuley,
Hélène
Zoulou
Jolino,
Extra-‐Musica,
Youlou
Mabiala,
SOS
Salsa
EdiAons
Oboros Maison
de
producBon Okine
Oboropossa 1992 Produit
des
disques
et
des
vidéoclips
Spécialisé
dans
les
musiques
tradiBonnelles
ArBstes
:
Amaya,
Epongo,
Vocal
Bantou
39
Fred
Music Maison
de
producBon Jean-‐René
Nkouka 1999 Produit
des
disques
et
des
vidéoclips
ArBstes
:
Jean-‐Claude
Tandou,
Jean
Banzouzi,
Borel
Ntari
Global
Music Maison
de
producBon Idriss
Koné 2000 Produit
des
disques
et
des
vidéoclips
ArBstes
:
Fally
Ipupa,
Madilu
Système,
Mbilia
Bel
Maître
Onas Maison
de
producBon Philippe
2005 Produit
des
disques
et
des
Onangandzessi vidéoclips
ArBstes
:
Elondo
Mbombo,
Ezito
Loninguissa
NaBonal,
Loubakoussou,
Elembe,
Lekoli
Universel
Fula
Nge-‐Nge
Maison
de
producBon Alain
Ndolo 2007 Assure
aussi
le
management
Business d’arBstes
Koud-‐Express Maison
de
producBon Zephyrin
Ngalouo Produit
des
vidéoclips
Gan
(Groupe
Unité
de
duplicaBon
de
supports
Jean-‐François
A)po
1980
Anytha
Ngapi) audio
et
vidéo
(CD,
DVD,
cassedes) Ngapi
Digi
BouAque Distributeur
de
disques
et
produits
Guy
Hervé
2004
audiovisuels Massamouna
DRTV
Distributeur
de
disques
et
produits
Chris)an
Ingani 2002 ApparBent
au
groupe
audiovisuel
DistribuAon audiovisuels privé
DRTV
EdiAons
Oboros Distributeur
de
disques
et
produits
Okiné
Oboropossa 1992 Spécialisé
dans
les
musiques
audiovisuels tradiBonnelles
Global
Music Distributeur
de
disques
et
produits
Idriss
Koné 2000
audiovisuels
ND
ProducAons Distributeur
de
disques
et
produits
Amadou
Ndiaye 1999
audiovisuels
Arrêt
753 Point
de
vente
au
détail
de
disques
Frédéric
Mboungou
2001
et
produits
audiovisuels Ibara
Chez
Disker Point
de
vente
au
détail
de
disques
Weder
Abira 2006
et
produits
audiovisuels
Didas
Music Point
de
vente
au
détail
de
disques
Didas
Lepeni 1988
et
produits
audiovisuels
Dieu
Sait
Tout Point
de
vente
au
détail
de
disques
Aimé
Bobia 2009
et
produits
audiovisuels
Disco
Mabélé Point
de
vente
au
détail
de
disques
André
Mina 1980
et
produits
audiovisuels
Le
Jourdain Point
de
vente
au
détail
de
disques
Jean
De
Dieu
Balebo 2010
et
produits
audiovisuels
Massiya Point
de
vente
au
détail
de
disques
Jérôme
Nkouka 2000
et
produits
audiovisuels
Vidéo
Monde Point
de
vente
au
détail
de
disques
Nga]é
Hiero 2010
et
produits
audiovisuels
Deux
Rives
Tourneur
et
producteur
de
Blanchard
Ngokoudi
2002 Vente
de
spectacles
en
Europe
ProducAons spectacles (Les
Bantous
de
la
Capitale
à
l’Olympia)
Groupe
Pella
Producteur
et
organisateur
de
Henri
Germain
1982 Travaille
beaucoup
à
Yombo
(GPY) spectacles Yombo
(dit
l’internaBonal
«
Beethoven
») ArBstes
:
La
Fouine,
Oumou
Sangaré,
Papa
Wemba,
Zao,
Extra-‐Musica,
Koffi
Olomidé,
Kingoli
Praudif Manageur
et
producteur
de
Audifax
Moumpossa 1995 Opère
au
Congo
et
à
spectacles l’internaBonal
Prodiscom Producteur
et
organisateur
de
Herman
Bangi
Bayo 2002
spectacles
40
Les éléments structurants : infrastructures, formation,
organisations professionnelles, festivals, médias…
41
> Les principaux lieux de musique dans la ville
TUTELLE
/
NOM JAUGE COMMENTAIRES
GESTION
Stade
de
la
60
000
places Etat Accueille
environ
6
concerts
par
an,
notamment
à
RévoluAon l’occasion
des
grands
fesBvals
Stade
Félix
Eboué 15
000
places Etat Accueille
une
douzaine
de
concerts
par
an,
notamment
à
l’occasion
des
grands
fesBvals
Palais
des
Congrès
1500
places
assises Etat Salle
fermée,
climaBsée
et
équipée
(ou
Palais
du
+
1000
places
debout Usages
polyvalents
(conférences,
spectacles)
Parlement) Accueille
environ
50
concerts
par
an
InsAtut
français
du
1
salle
de
480
places
assises Coopéra)on
38
spectacles
musicaux
organisés
en
2012
Congo 1
salle
de
100
places
assises française 1
à
2
concerts
par
mois
dans
la
grande
salle
Concerts
jeunes
arBstes
tous
les
mois
dans
le
jardin
de
la
cafétéria
Danse
contemporaine
Partenaire
de
nombreux
événements
musicaux
(Fespam,
Ici
C
l’Afrik,
Fête
de
la
musique…)
Autres
:
théâtre,
exposiBons,
projecBons
de
films,
cinéma
iBnérant…
Cercle
culturel
Sony
Environ
400
places
assises
Etat
(Ministère
de
Accueille
essenBellement
des
résidences
de
créaBon
Labou
Tansi ou
600
places
debout la
Culture
et
des
et
les
spectacles
organisés
dans
le
cadre
des
fesBvals
+
scène
extérieure
2000
Arts)
places
debout
CFRAD
(Centre
de
400
places
assises Etat
(Ministère
de
Equipement
dédié
au
théâtre
mais
qui
accueille
formaAon
et
de
la
Culture
et
des
régulièrement
des
concerts
ou
des
spectacles
de
recherche
en
arts
Arts) danse
dramaAques)
Maison
commune
de
300
places
assises Mairie
de
Espace
polyvalent
qui
accueille
une
dizaine
de
Poto-‐Poto ou
400
places
debout Brazzaville spectacles
ou
concerts
par
an
Chez
Faignond 200
places
environ Privé Lieu
mythique
de
la
rumba
congolaise,
fief
de
l’orchestre
Les
Bantous
de
la
Capitale
La
Détente 200
places
environ Privé
Les
Diplomates 200
places
environ Privé L’orchestre
Patrouille
des
Stars
y
répète
et
s’y
produit
régulièrement
Bababoum 300
places
environ Privé
La
Main
bleue 600
places
environ Privé Ce
lieu
est
réputé
pour
être
le
fief
des
sapeurs
La
Congolaise 400
places
environ Privé Accueille
essenBellement
des
fêtes
et
événements
privés
Louami
Bar 400
places
environ Privé
Le
Music
Hall 300
places
environ Privé
La
Bonne
humeur 200
places
environ Privé Le
célèbre
chanteur
Roga-‐Roga
s’y
produit
et
y
répète
régulièrement
Les
Rapides 400
places Privé
Espace
Elonda 1500
places Privé Grand
complexe
comportant
de
nombreux
espaces
(restaurants,
terrasses,
piscine,
boîte
de
nuit…)
et
accueillant
régulièrement
des
concerts
Centre
culturel
500
places
environ Coopéra)on
américain américaine
42
Conscient des besoins culturels croissants liés à l’accroissement démographique et à
l’extension de la surface urbaine, le Ministère de la Culture et des Arts s’apprête à faire
construire dans le Nord de l’agglomération brazzavilloise (à Kintélé) un grand complexe
culturel appelé « Cité de la Culture » qui hébergera plusieurs salles de spectacles, le
siège du Fespam, le Musée panafricain de la musique (rattaché au Fespam), ainsi que
des espaces de convivialité et un hôtel. En plus de l’accueil de spectacles et de
festivals, cet équipement à vocation interdisciplinaire accueillera des résidences de
création et des formations pour les créateurs et les professionnels de la culture, ainsi
que des outils pour contribuer à la promotion des artistes congolais.
La future Cité de la
Culture
>
43
Les studios d’enregistrement
Suite au vide laissé par la fermeture de l’IAD se sont développés de nombreux studios
privés dont certains se sont progressivement équipés et qui offrent aujourd’hui des
prestations de très bonne qualité. Parmi les plus en vogue actuellement, on recense
une dizaine de studios professionnels.
Lieux de répétition
Voici une autre spécificité congolaise : la plupart des orchestres sont rattachés à un
bar-dancing qui accueille leurs répétitions de manière régulière. Il n’est pas rare que
ces répétitions soient ouvertes au public, voire payantes. Ceci permet aux groupes de
travailler systématiquement dans une configuration scénique. Cette manière de faire
favorise aussi la formation de jeunes musiciens qui sont présents aux répétitions et qui
apprennent peu à peu au contact des orchestres professionnels.
Organisations professionnelles
Les acteurs de la filière musicale congolaise se sont dotés de deux organisations
professionnelles dont les missions sont complémentaires.
44
Le Conseil congolais de la musique
Créé en 2005, le Conseil congolais de la musique est une association qui s’est donnée
pour mission de promouvoir la musique sous toutes ses formes, de contribuer à
l’éducation musicale des jeunes, de favoriser l’amélioration des conditions de travail
des acteurs de la filière à travers un rôle d’encadrement et de plaidoyer. Elle est
présidée par Gervais Hugues Ondaye et compte aujourd’hui 105 membres.
Le tissu associatif
Le secteur de la musique compte de nombreuses associations aux objets variés qui
servent le plus souvent de support à l’organisation de petites manifestations, concerts,
défilés de sapeurs… D’autres poursuivent un objectif structuré sur le long terme, à
l’image de l’association de la Maison culturelle Biso na Biso. Créée en 2004 par de
jeunes congolais passionnés de musique, la Maison Biso na Biso s’est donnée pour
mission de préserver et de promouvoir le patrimoine musical congolais en collectant et
en archivant des dizaines de milliers de disques produits au Congo depuis les années
1940, et en organisant des activités pour mettre en valeur la richesse de sa collection.
Avec un fond de plus de 800 000 disques qui correspond à plus 50 années de
l’histoire de la musique congolaise et africaine, l’association détient l’une des plus
grandes collections de références musicales en Afrique. Soutenue par la Mairie de
Brazzaville qui a mis à sa disposition un équipement informatique pour faciliter
l’archivage et la numérisation de son catalogue, la Maison Biso na Biso est un
partenaire essentiel pour la sauvegarde et la valorisation de l’immense patrimoine
musical et culturel de Brazzaville.
Le tissu associatif tend également à se développer dans le domaine de l’éducation
musicale. En témoignent de petites structures comme l’association Eseh Music and
Projects qui propose depuis 2009, dans les maisons de quartier, diverses activités
d’éducation musicale à destination des jeunes.
45
La musique dans la vie événementielle et les médias
Les festivals
Le Festival panafricain de la musique (Fespam) est sans aucun doute l’une des
plus importantes manifestations dédiées à la musique sur le continent. Il a été initié en
1996 sous l’égide de l’Organisation de l’union africaine (OUA) et se tient tous les deux
ans en partenariat avec le Centre international des civilisations Bantous (CICIBA), le
Conseil international de la musique (CIM) et l’UNESCO. Doté d’un budget de 4 milliards
de FCFA, il accueille durant une semaine plusieurs centaines d’artistes venus des
quatre coins d’Afrique pour illustrer la richesse et la diversité des musiques du
continent devant près de 20 000 spectateurs par soirée. A côté de la programmation
artistique, le Fespam abrite des symposiums réunissant chercheurs et spécialistes du
monde entier dans le but de contribuer à la recherche scientifique sur les musiques
africaines. Les actes des symposiums donnent lieu à des publications.
S’il est parfois critiqué pour la lourdeur de son budget et son caractère institutionnel, le
Fespam permet toutefois une importante émulation au sein de la vie musicale
brazzavilloise, et contribue incontestablement au développement économique du
secteur culturel en même temps qu’il favorise le rayonnement international de
Brazzaville dans les réseaux de la musique et de la culture.
Le festival Feux de Brazza est une manifestation biennale consacrée aux musiques
traditionnelles du Congo et d’Afrique. Fruit d’une initiative privée, il constitue, de par
son rayonnement international et sa qualité artistique, l’un des événements phares de
la vie musicale de la ville. En dépit de son budget limité (120 millions par édition), les
Feux de Brazza réunissent tous les deux ans plusieurs dizaines d’artistes et près de
10 000 spectateurs sur trois jours. Très appréciés de la population brazzavilloise, les
Feux de Brazza se déplacent de quartier en quartier. Chaque édition est ainsi
l’occasion de raconter et de mettre en valeur l’histoire et l’identité culturelle d’une
partie de la ville, au travers de nombreuses actions impliquant les habitants
(expositions, concours, villages artisanaux…). De cette manière, le festival permet aux
Brazzavillois d’avoir une meilleure connaissance de leurs propres identités culturelles
dans leur diversité et contribue ainsi à la cohésion sociale, à la transmission du
patrimoine culturel aux jeunes générations et à l’épanouissement des différentes
communautés.
Plus qu’une simple manifestation, le festival Feux de Brazza se veut un véritable relais
d’identification, de documentation, de conservation et de promotion des musiques
traditionnelles du Congo et d’Afrique. Il organise en ce sens des colloques sur les
musiques traditionnelles africaines, avec le concours du Centre international de
recherche et de documentation sur les traditions et les langues africaines (Cerdotola).
Ces rencontres, qui rassemblent universitaires, chercheurs, musiciens et
professionnels de la musique, permettent de mettre en perspective les apports des
musiques traditionnelles africaines dans la construction de l’Afrique contemporaine.
Elles donnent lieu à des publications éditées et diffusées par le Cerdotola.
Egalement tourné vers les préoccupations des professionnels de la musique, le festival
propose des ateliers de formation aux métiers des arts de la scène.
46
Spectacles de danse
traditionnelle lors du
festival Feux de Brazza
>
NOM DISCIPLINE
Mantsina
sur
scène Théâtre
Tuseo Humour
FesAval
des
7
quarAers Cinéma
Congo
Images Cinéma
SAMA Salon
de
la
mode
et
de
l’ar)sanat
Molato
na
Brazza Mode
Le
Meilleur
des
meilleurs Concours
scolaire
Les prix
Outre les festivals, la musique congolaise bénéficie de deux temps d’exposition
majeurs que sont les Tam tam d’Or et les Sanza de Mfoa, deux cérémonies qui
récompensent les artistes congolais et africains.
Créés en 2005 par le journaliste chroniqueur Médard Milandou, les Tamtams d’or
récompensent chaque année les meilleurs artistes musiciens du Congo et d’Afrique
dans 11 catégories : meilleure chanson ; meilleur album ; meilleur clip ; meilleur
spectacle ; meilleur artiste de la diaspora congolaise ; découverte ; meilleur groupe,
chorale ou individualité de musique chrétienne ; meilleur clip de musique chrétienne ;
meilleure chanson étrangère ; révélation ; musique métisse ; musique traditionnelle ;
prix pour la reconnaissance des anciennes gloires de la musique congolaise. Le jury
est composé de personnalités du monde culturel et de la télévision. Depuis 2005, près
de 500 artistes ont ainsi été nominés et plus de 100 ont reçu un prix.
Plus généralistes, les Sanza de Mfoa ont été créées en 2003 par Henri Germain Pella
Yombo (dit « Beethoven »). Elles décernent des récompenses aux meilleurs créateurs
dans de multiples domaines : musique, littérature, sculpture, peinture, cinéma, mode,
« clin d’œil ». Après neuf éditions, cet événement est devenu un rendez-vous
incontournable pour l’ensemble des artistes congolais, notamment dans le domaine
musical. Il est apprécié par les acteurs culturels pour son caractère sérieux et
professionnel et pour la qualité de sa politique artistique.
La musique à l’école
De la 6ème à 3ème, l’ensemble des élèves des collèges publics et privés de Brazzaville
bénéficient d’un programme d’éducation musicale. C’est l’occasion pour eux de
s’initier au solfège, au chant et à certaines pratiques instrumentales (flûte, piano,
percussions…). Au Congo, cet enseignement ne fait que compléter une éducation
musicale qui est déjà assurée par ailleurs d’une part à travers un héritage culturel dans
lequel la musique occupe une place importante, d’autre part par l’intermédiaire des
activités musicales qui ont cours au sein des communautés religieuses.
49
Les dispositifs de formation aux métiers liés à la musique
Brazzaville compte plusieurs institutions de l’enseignement supérieur, publiques ou
privées, qui forment aux métiers des arts et de la culture. La musique occupe une
place de premier plan dans les enseignements qui y sont dispensés : formation de
professeurs de musique, musicologie, pratiques instrumentales, gestion d’entreprises
culturelles…
50
> Publications de référence sur la musique à Brazzaville et au Congo
REFERENCES THEMATIQUES
ABORDEES
Paul
Nzete,
Le
Lingala
de
la
chanson
zaïro-‐Congolaise
de
variété
:
cas
de
la
chanson
de
Luambo
Makiadi
(alias
Franco),
Thèse
pour
le
doctorat
d’Etat
ès
Ledres,
Université
Paris
V,
1991.
Mfumu
Fylla
Saint-‐Eudes,
La
Musique
congolaise
du
XXème
siècle,
Brazzaville,
Beau’D
Pro,
2006.
Mfumu
Fylla
Saint-‐Eudes,
Œuvres
intemporelles
de
la
chanson
congolaise
(1949-‐1959),
Beau’D
Pro,
2008.
Mfumu
Fylla
Saint-‐Eudes,
Indépendance
Cha
Cha,
Beau’D
Pro,
2013. Musique
congolaise
:
histoire,
linguisBque,
portée
poliBque,
enjeux
sociétaux
et
culturels
Sylvain
Bemba,
50
ans
de
musique
du
Congo-‐Zaïre
(1920-‐1970)
-‐
De
Paul
Kamba
à
Tabu-‐Ley,
Présence
africaine,
Dakar,
1984.
Clément
Ossidonde,
Les
Bantous
de
la
Capitale
–
Les
rois
de
la
rumba
africaine
–
Chronologie
de
48
ans
d‘existence,
EdiBons
Cyriaque
Bassoka,
2008.
Florent
Mazzoleni,
Afro
Pop
–
L’Age
d’or
des
grands
orchestres
africains,
Castor
Music,
Bègles,
2011.
Théophile
Obenga,
Histoire
générale
du
Congo
à
nos
jours,
L’Harmadan,
2011.
Philippe
Moukoko,
Dic)onnaire
général
du
Congo-‐Brazzaville,
Histoire
du
Congo
et
contexte
géopoliBque
L’Harmadan,
1999.
Jean-‐Lucien
Ewange
(sous
la
direcBon
de),
Enjeux
géopoli)ques
en
Afrique
centrale,
L’Harmadan,
2009.
I)néraires
et
convergences
des
musiques
tradi)onnelles
et
modernes
d’Afrique,
Textes
réunis
par
Mukala
Kadima-‐Nzuji
et
Alpha
Noël
Malonga,
CoédiBon
Fespam
–
L’Harmadan,
2005.
Musiques
d’émancipa)on
et
mouvements
de
libéra)on
en
Afrique
et
dans
la
diaspora,
Textes
réunis
par
Honoré
Mobonda,
EdiBons
Fespam,
2007.
Les
musiques
africaines
à
la
croisée
des
chemins
de
la
mondialisa)on,
Textes
réunis
par
Honoré
Mobonda
et
Jean-‐Pierre
Actes
de
colloques
Ngole,
EdiBons
Fespam,
2009.
Héritage
de
la
musique
africaine
dans
les
Amériques
et
les
Caraïbes,
Textes
réunis
par
Alpha
NoëlMalonga
et
Mukala
Kadima-‐Nzuji,
CoédiBons
Fespam
–
L’Harmadan,
2007.
Musique(s)
tradi)onnelle(s)
d’Afrique
–
Liens
entre
les
généra)ons,
Actes
du
colloque
de
Brazzaville
(République
du
Congo),
EdiBons
du
Cerdotola,
2010.
51
La musique, dominante stratégique de la politique culturelle
de Brazzaville
52
Les axes de la politique de la mairie en matière de musique
Le Conseil départemental et municipal a décidé de faire de la musique la dominante
stratégique de sa politique de développement culturel. Cette dominante stratégique
s’articule autour des axes suivants :
> Valoriser l’histoire de la musique congolaise et le patrimoine musical de la ville
> Accompagner et dynamiser la vie musicale de la ville et les activités connexes
> Structurer et professionnaliser la filière musicale
> Développer l’économie du secteur en favorisant la création d’emplois
> Renforcer le rayonnement de la ville et son attractivité touristique à travers la
musique
Les actions envisagées pour mettre en œuvre cette stratégie ont été définies comme
suit :
> Création d’un musée de la rumba congolaise
> Ouverture de salles de répétitions et de concerts au sein des quartiers les plus
excentrés
> Mise en place d’un fonds de soutien pour appuyer les créateurs et les associations
œuvrant dans le domaine musical
> Programme pilote « Tourisme, musique et élégance » pour améliorer la mise en
valeur de la vitalité musicale de la ville et de la créativité locale en matière de
mode et d’habillement dans le cadre de circuits touristiques, dans une double
perspective de dynamisation du patrimoine culturel et de développement
économique
> Opérations de promotion des artistes brazzavillois à l’international, au travers
d’accords de coopération avec des villes partenaires
53
Avec les Ministères
Dans un contexte administratif marqué par le processus de décentralisation et le
transfert – encore non achevé – de compétences aux collectivités locales, un accord
pilote de coopération entre Brazzaville et les autorités de l’Etat est à l’étude. Il pourrait
aboutir prochainement à la mise en place d’un dispositif de concertation ville – Etat
impliquant les Ministères suivants et les autorités déconcentrées qui en dépendent :
Ministère de la Culture et des Arts, Ministère de l’Industrie touristique et des loisirs, le
Ministère des PME et de l’artisanat.
54
3 Brazzaville à
l’international:
enjeux et
perspectives
55
Les axes de coopération à l’international
Diplomatie culturelle
En tant que capitale de la République du Congo, Brazzaville abrite le siège de
nombreuses ambassades dont certaines déploient des moyens conséquents dans le
domaine de la coopération culturelle. La coopération française notamment, à travers
l’Institut français du Congo, est fortement impliquée dans les dynamiques de
développement culturel qui sont à l’œuvre à Brazzaville. Pour ne citer qu’un exemple
récent, les événements hip-hop, organisés par l’Institut français à l’occasion de la
venue à Brazza du festival Etonnants voyageurs, ont eu un écho considérable au sein
des jeunes du quartier populaire Bacongo, venus par centaines pour assister à la
performance des jeunes rappeurs congolais au sortir d’une résidence animée par leurs
ainés maliens, néo-calédoniens et français. A travers des initiatives de ce type, il
apparaît clairement que les espaces de coopération internationale offrent de
nombreuses opportunités : ils sont des caisses de résonnance qui permettent de
stimuler la créativité locale et de mettre la population en contact avec des références
culturelles plus diversifiées, plus larges et plus riches.
56
Coopération et société civile
Les acteurs de la société civile sont à l’origine de nombreux projets de coopération
internationale à dimension culturelle. Nous avons choisi de citer ici un exemple : c’est
celui du projet Siestes électroniques. Ce festival itinérant français de musiques
électroniques a effectué par deux fois un détour par Brazzaville avec un triple objectif :
aller à la (re)découverte de l’héritage musical congolais qui a indirectement influencé
les DJ européens via des musiques comme le soukous ou le coupé-décalé ; faire
découvrir au public congolais les musiques électroniques françaises ; explorer les
passerelles entre musiques africaines et musiques électroniques via des ateliers
organisés avec le concours de l’Institut français, associant DJ français et DJ
brazzavillois.
Autre exemple : les Nuits du Congo organisées depuis 2006 par le groupe congolais
GPY et son fondateur Henri Germain Pella Yombo. Cet événement consiste à faire la
promotion de la culture congolaise à l’étranger à travers une manifestation itinérante
qui se déroule chaque année dans un pays partenaire. Les Nuits du Congo se sont
successivement déroulées à Paris, à Casablanca, à Alger, au Caire, à Johannesburg,
en Chine. Si la programmation de ce festival itinérant est pluridisciplinaire, la musique
et la danse sont toujours à l’honneur, offrant une visibilité internationale à des dizaines
de stars et orchestres de la musique congolaise, traditionnelle et moderne.
57
Les ressortissants congolais qui sont à l’étranger sont bien souvent porteurs
d’initiatives qui visent au développement et à la promotion de la culture congolaise,
entre autres dans le domaine musical. On peut notamment citer l’exemple récent de la
production musicale Black Bazar, initiée par Alain Mabanckou. Ce projet qui reprend
le titre d’un célèbre roman de l’écrivain congolais a réuni des musiciens de Brazzaville
et de la diaspora pour aboutir à l’enregistrement d’un album qui revisite les origines et
la richesse de la rumba congolaise, de la sape et de la culture brazzavilloise. Après la
sortie du disque en 2012, le projet fait actuellement l’objet d’une tournée et il donnera
bientôt naissance à un film qui est en cours de réalisation.
Le groupe Black Bazar
sur scène
>
58
Perspectives de collaborations avec les villes membres du réseau
Suite à une concertation associant les professionnels de la musique à Brazzaville, le
comité de gestion de la candidature a formulé trois axes de coopération possibles à
explorer au sein du réseau des villes créatives de l’UNESCO.
Actions envisagées
Nous envisageons d’inviter, à l’occasion du festival Feux de Brazza, des représentants
des autres villes du Réseau (élus, agents territoriaux, opérateurs privés ou associatifs,
professionnels du tourisme…). Il leur serait alors proposer de :
> Découvrir la créativité musicale locale et voir comment le festival s’efforce de la
mettre en valeur, en lien avec les populations, dans une perspective de cohésion
sociale apaisée et renforcée
> Prendre part à des ateliers de réflexion / action qui seraient organisés autour de
thématiques à définir et connectés à des actions de terrain concrètes. Chaque
thématique pourra alors être discutée à la lumière des objectifs et des résultats de
l’action mise en œuvre.
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Axe 2 : Développer le tourisme culturel pour mettre en valeur et partager le patrimoine musical
congolais
Il s’agirait notamment de promouvoir les œuvres et les artistes qui font la grandeur de
la musique congolaise en les rendant plus visibles et plus accessibles, mais aussi de
bénéficier de l’expertise des autres villes pour élaborer une offre touristique intelligente
et attractive autour des ressources dont dispose la ville en termes de musique.
Actions envisagées
> Identification et promotion des compilations, ouvrages, expositions susceptibles de
valoriser la musique congolaise, à diffuser auprès des réseaux professionnels des
villes partenaires (stations de radio et autres médias, festivals, salles de
concerts…)
> Identifier au sein du Réseau des villes créatives des initiatives innovantes en
matière de tourisme culturel pour s’en inspirer
> Solliciter l’appui des villes membres pour faire la promotion de cette nouvelle offre
touristique dans leur pays ; mise en place de circuits touristiques intégrant une
dimension culturelle et musicale (festivals, concerts, défilés de sapeurs, stages…)
en lien avec les tours opérateurs établis dans les autres villes créatives du Réseau
Actions envisagées
> Inviter des professionnels des autres villes membres du Réseau à venir repérer les
talents locaux en vue de leur exportation
> Appuyer la circulation des artistes congolais dans les autres villes créatives du
Réseau (programmation croisée)
> Organiser des workshops, masterclass pour les musiciens des autres villes du
Réseau désireux de s’initier à la musique congolaise
> Mettre en place des résidences croisées organisées en amont des festivals
brazzavillois afin que le résultat puisse être montré sur scène aux festivaliers
> Organiser des ateliers de réflexion / action sur les nouveaux modèles économiques
de distribution de la musique enregistrée (voir axe 1)
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Les membres du comité de gestion
de la candidature
Président
Cyriaque Anicet MALONGA
Deuxième adjoint au Maire, chargé des Affaires culturelles
Diplômé de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM), Cyriaque Anicet MALONGA a été Directeur
de la Réglementation du travail, Directeur de cabinet du Ministre du Contrôle d’Etat, Directeur de cabinet du Ministre
à la Présidence. Aujourd’hui deuxième adjoint au maire de Brazzaville en charge des Affaires culturelles, il assure
avec dynamisme le pilotage de la stratégie de développement culturel adoptée par le Conseil départemental de
Brazzaville.
Superviseur
Gervais Hugues ONDAYE
Conseiller socioculturel du Maire, membre du Bureau exécutif du Conseil international de la musique
Hugues ONDAYE est à plusieurs titres une personnalité centrale dans le paysage musical et culturel de
Brazzaville. Conseiller socioculturel du Maire, il est également le fondateur et le Directeur général du
festival Feux de Brazza. Créée en 2005, cette manifestation biennale consacrée aux musiques
traditionnelles congolaises et africaines est l’un des événements culturels les plus importants du Congo.
Hugues ONDAYE est également membre du Bureau exécutif du Conseil international de la Musique (CIM)
depuis 2011, membre du réseau U40 Afrique et U40 Monde, vice-président de la Coalition pour la
diversité culturelle du Congo (UNESCO). Il est aussi le point focal de l’Observatoire des politiques
culturelles en Afrique (OPCA) pour le Congo.
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Rapporteur
Mfumu FYLLA SAINT-EUDES
Ecrivain, journaliste
Plus souvent appelé « Zao », Casimir ZOBA est l’un des chanteurs congolais les plus reconnus en Afrique
et au plan international. Révélé au grand public par le prix RFI en 1982, il a durablement marqué les
esprits avec sa version désormais célèbre de la chanson Ancien combattant, reprise entre autres par le
chanteur français Philippe Léotard. Apprécié pour ses textes engagés et humoristiques, Zao est un artiste
profondément ancré dans son époque.
Parallèlement à sa carrière internationale de musicien, il est devenu producteur et a ouvert un espace
culturel qu’il met à la disposition d’artistes émergents. Zao a également été le Directeur artistique du
Festival Panafricain de Musique (Fespam).
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Maxime FOUTOU
Directeur du Bureau congolais du droit d’auteur
Après avoir été successivement disquaire, distributeur de disques, producteur puis éditeur de musique,
Maxime FOUTOU devient le président de l’Association congolaise de lutte contre la piraterie et la
contrefaçon des œuvres de l’esprit. Parallèlement à ses activités de documentariste et de musicologue, il
développe une expertise reconnue en matière de droit d’auteur et de protection de la propriété
intellectuelle. Conseiller auprès du Ministre de la Culture et des Arts, il est aujourd’hui Directeur du Bureau
congolais du droit d’auteur.
Médard Milandou
Journaliste, chroniqueur
Manager des Tam tam d’Or
Médard MILANDOU est journaliste chroniqueur depuis 1977 à la télévision congolaise. En 1993, il a créé
le magazine musical télévisé Tam tam qui fêtera bientôt ses 20 ans. En 2005, il initie les Tam tam d’Or
qui récompensent chaque année les meilleurs artistes de la musique congolaise. Devenue une référence
incontournable dans le paysage musical africain, cette manifestation a primé aujourd’hui plus d’une
centaine d’artistes, contribuant ainsi à leur promotion au plan national et international.
Médard MILANDOU a également été personne-ressource pour le MASA (Marché des arts du spectacle
africain), chargé de communication du Fespam et Conseiller en communication auprès du Ministre de la
Culture.
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Dieudonné MOYONGO
Commissaire général du Festival Panafricain de Musique (Fespam)
Paul NZETE
Enseignant - chercheur
Directeur scientifique du Festival Panafricain de Musique (Fespam)
Professeur en linguistique à l’Université de Brazzaville, Paul NZETE consacre une partie de ses travaux aux
musiques africaines ; il est l’auteur d’une thèse sur la musique congolaise. Il est aujourd’hui le Directeur
scientifique du Fespam. A ce titre, il coordonne les différents symposiums organisés dans ce cadre autour
des musiques africaines.
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Loetitia Gambolo – Okouna Modzanga
Directrice générale de la société Letiok Productions
Loetitia GAMBOLO-OKOUNA est la Directrice générale de la société Letiok Productions. Créée en 2010
sous l’impulsion de plusieurs artistes congolais, cette maison de production phonographique et
audiovisuelle est l’une des plus dynamiques de la place. Particulièrement attentive à la qualité artistique de
ses produits, Letiok a à son catalogue les plus grands musiciens de la scène congolaise actuelle
(Roga-Roga, Papa Wemba…) mais s’attelle aussi à mettre en avant des artistes émergents et prometteurs
en éditant notamment des compilations de jeunes talents. Letiok a ouvert sa propre boutique de vente de
CD et DVD.
Félicité BOSSIBIAKA
Directrice artistique du festival Feux de Brazza
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Patrick OVU
Attaché socioculturel au Maire de Brazzaville
Juriste de formation, Patrick OVU a été Chef de section au service de la Dépense à la direction des
Finances municipales, puis assistant du Directeur de cabinet du maire de Brazzaville. Aujourd’hui attaché
socioculturel, il assiste le Conseiller socioculturel du Maire dans la mise en place de la politique culturelle
de la ville et de sa stratégie en matière de développement de la musique.
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Lettres de soutien
C'est un honneur pour moi de soutenir la candidature de la ville de Brazzaville au réseau des villes
créatives de l'UNESCO avec la dominante « Musique ». Ce soutien naturel et indéfectible du Ministère de
la Culture et des Arts dont j'ai la charge, se justifie par une multitude de raisons évidentes.
En effet, Brazzaville, notre ville capitale, a donné naissance à la rumba devenue musique moderne du
Congo français, du Congo belge et du Congo portugais dans les années 20. En 1969 est créée à
Brazzaville la Société Congolaise du Disque (SOCODIS) dont les cendres donneront naissance à l'Industrie
Africaine du Disque (IAD) qui a accueilli tous les orchestres d'Afrique et de sa diaspora dans les
années 80.
Il faut noter sur la place de Brazzaville le foisonnement de groupes vocaux, folkloriques, religieux et
d'orchestres modernes parmi lesquels Les Bantous de la Capitale dont les membres évoluent ensemble
depuis plus de 50 ans avec à leur actif nombre de décorations et la participation à plusieurs festivals à
travers le monde. A ce titre, Les Bantous comptent parmi les orchestres les plus vieux de notre continent
et peut-être même de la planète.
Avec la naissance du Festival Panafricain de Musique (FESPAM) en 1996, Brazzaville accueille une fois
tous les deux ans les artistes, chercheurs et acteurs culturels pour le plus grand et prestigieux rendez-
vous musical d'Afrique et de sa diaspora.
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Ancienne capitale de l'Afrique Equatoriale Française (AEF), ancienne capitale de la France libre, Brazzaville
a accueilli sur son sol toutes les nationalités de l'Afrique et d'ailleurs. Ville cosmopolite, Brazzaville a connu
un grand brassage des cultures qui a donné naissance à des cultures de métissage, source d'inspiration
et de fertilité créative. Habitée par plus d'un million d'âmes, sa proximité avec Kinshasa qui compte plus
de dix millions d'habitants est un gage d'éclosion de talents.
Les atouts naturels et touristiques qu'offre le fleuve Congo inspirent et stimulent les vocations qui
participent à l'augmentation des capacités de création tous azimuts. La position géographique et la
stabilité monétaire de la zone CFA offre au Congo le statut de pays de transit qui fait de Brazzaville une
ville très fréquentée et ouverte au reste du monde.
Son tissu économique culturel, qui brasse plus d'un milliard de francs CFA de chiffre d'affaires, peut être
encore amélioré. La mutualisation de ses savoir-faire avec ceux d'autres villes aura pour corollaire
l'augmentation de la créativité et de la production des biens et services culturels dont la consommation est
d'abord et avant tout l’affaire des jeunes, lesquels constituent la plus grande partie de la population.
En rejoignant le réseau des villes créatives de l’UNESCO, Brazzaville va non seulement continuer à donner
comme elle l'a déjà fait avec la rumba, le soukous, le coupé-décalé et autres, mais profitera aussi du
partage, des échanges et dialogues culturels, qui généreront à coup sûr d'autres courants et genres
musicaux.
Récemment encore, sans attendre la signature de l'accord de siège, le Ministère de la Culture a mis des
bureaux équipés à la disposition du Conseil Africain de la musique (CAM).
Autant d'atouts pour justifier cette candidature dont je me réjouis. Enfin, mon espoir est de voir cette
candidature déboucher sur l'acceptation de Brazzaville comme membre du réseau des villes créatives de
l’UNESCO.
Jean-Claude GAKOSSO
Ministre de la Culture et des Arts
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Lettre de soutien de Mfumu FYLLA SAINT-EUDES, écrivain,
journaliste
De longue tradition musicale, Brazzaville est le berceau de la musique congolaise. Les musiciens
congolais, Paul Kamba, Dadet Damongo, Guy Léon-Fylla, Albert Moundanda, Diaboua Lièvre, Essous,
Nino, Célestin Kouka, Pandi, Delalune, Pamelo Youlou, Zao, Kimbolo, Jacques Loubelo, pour ne citer que
les plus emblématiques, ont donné à la musique congolaise, moderne en particulier, ses lettres de
noblesse.
Longtemps et aujourd'hui encore, l'Afrique a dansé et danse au rythme du Congo. La danse des Bouchers
et le Soukous, marques de fabrique de cette musique ont inondé l'Afrique et le monde. Aujourd'hui, Extra-
Musica, les Tambours de Brazzaville et d'autres groupes de la néo musique congolaise en portent haut
l'étendard. Ces quelques rappels, pour éviter toute redondance argumentative, permettent de conforter la
candidature de Brazzaville au réseau des villes créatives. Elle a mon soutien total.
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Lettre de soutien de Casimir ZOBA, dit « Zao », artiste musicien
Terre d'origine de la rumba, Brazzaville est une ville de diversité musicale grâce à sa population
multiculturelle et à son ouverture sur tous les genres musicaux.
La musique est au centre de la vie quotidienne des Brazzavillois. Elle les accompagne de la
naissance à la mort. Les peines, les joies, les angoisses, les passions et les aspirations des Brazzavillois
s'expriment à travers la musique.
Grâce à cet environnement favorable, Brazzaville a vu naître des grands musiciens et a accueilli et
continue d'accueillir des artistes musiciens de renommée mondiale. Brazzaville dispose d'un héritage et
d’un potentiel musical extrêmement riche qui ne demande qu'à être entretenu et valorisé. L'ambition des
autorités municipales de Brazzaville d'inscrire notre ville dans le réseau des villes créatives de l'UNESCO
contribuera à coup sûr à atteindre cet objectif.
En effet, à l'ère de la mondialisation, il est suicidaire de vivre en vase clos. L'ouverture au monde est un
gage d'enrichissement mutuel et de valorisation de la musique. Mon expérience personnelle le démontre à
suffisance.
La candidature de Brazzaville au réseau des villes créatives de l'UNESCO représente pour nous les
musiciens une grande opportunité de reconnaissance et de partage et elle bénéficie de notre soutien total.
Zao
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Lettre de soutien d’Alain MABANCKOU, écrivain
Ville d'histoire et de culture, Brazzaville est sans aucun doute l'une des métropoles les plus créatives du
continent africain. Ancienne capitale de la France libre, elle a joué un rôle de premier plan dans le
mouvement des indépendances. Elle a vu l'émergence et l'affirmation de nombreux courants artistiques
qui font référence partout en Afrique et qui contribuent au rayonnement des cultures africaines dans le
monde.
Ainsi, aux côtés des grands noms de la littérature congolaise (Tchicaya U'Tam'si, Henri Lopès, Sony Labou
Tansi), les musiciens de Brazzaville sont les plus grands ambassadeurs de notre culture. Au même titre
que la littérature et les arts plastiques, la musique brazzavilloise constitue le cœur d'un patrimoine
immensément riche. Berceau de la rumba congolaise avec sa sœur jumelle Kinshasa, Brazzaville a vu
naître de nombreux orchestres auxquels on doit les plus grandes œuvres de la création musicale africaine.
De nos jours, le flambeau est tenu par les jeunes artistes qui font vivre cet héritage avec une créativité
sans cesse renouvelée.
Omniprésente dans la vie quotidienne des Brazzavillois, notre musique occupe une place essentielle dans
notre manière de vivre la ville. Elle fait notre identité, notre fierté, elle dit notre histoire et porte nos espoirs.
Elle nous rassemble.
C'est donc avec beaucoup d'espoir et d'enthousiasme que j'apporte mon soutien à la candidature de
Brazzaville au Réseau UNESCO des villes créatives en tant que « Ville de musique ». Cette opportunité
apporterait une reconnaissance utile et méritée à l'ensemble des créateurs et acteurs qui font la grandeur
culturelle de la capitale de la République du Congo.
Alain MABANCKOU
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Pour aller plus loin
Bibliographie
Actes de colloques
Itinéraires et convergences des musiques traditionnelles et modernes d’Afrique, Textes réunis par Mukala
Kadima-Nzuji et Alpha Noël Malonga, Coédition Fespam – L’Harmattan, 2005.
Musiques d’émancipation et mouvements de libération en Afrique et dans la diaspora, Textes réunis par
Honoré Mobonda, Editions Fespam, 2007.
Les musiques africaines à la croisée des chemins de la mondialisation, Textes réunis par Honoré Mobonda
et Jean-Pierre Ngole, Editions Fespam, 2009.
Héritage de la musique africaine dans les Amériques et les Caraïbes, Textes réunis par Alpha NoëlMalonga
et Mukala Kadima-Nzuji, Coéditions Fespam – L’Harmattan, 2007.
Musique(s) traditionnelle(s) d’Afrique – Liens entre les générations, Actes du colloque de Brazzaville
(République du Congo), Editions du Cerdotola, 2010.
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Webographie
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Ce dossier de candidature a été élaboré par le comité de gestion
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Remerciements
Le comité de gestion remercie vivement les artistes et musiciens congolais, les opérateurs culturels de
Brazzaville ainsi que l’ensemble des personnes et des structures qui ont contribué à l’élaboration de cette
candidature.
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Photographies et images
> Couverture : photo extraite du clip de la chanson Oh Mame / Oupta / Letiok Productions
> Page 21 : photo des enfants : Henri Hovi / Creative Commons / Flickr
> Page 22 : photo des sapeurs : Hugues Ondaye / Festival Feux de Brazza
> Pages 25, 26 et 43 : images de la Cité de Culture / Délégation des Grands Travaux / République du
Congo
> Pages 27, 28 et 34 : photos d’une répétition de Extra-Musica à la Bonne Humeur : Baptiste Fuchs
> Pages 36 et 52 : photos des Tambours de Brazza / Michele Car / Creative Commons / Flickr
> Page 37 : photo extraite du clip de la chanson Bilo Bilo / Oupta / Letiok Productions
> Page 45 : photos de la collection de disques de la Maison culturelle Biso na Biso : Jean-Basile
Massamba / Maison culturelle Biso na Biso
> Page 49 : photos de l’émission télévisée Congo Vibes : Jean-Patrice Passi / Congo Vibes
> Pages 61 à 66 : photos des membres du comité de pilotage : Thothy / Mairie de Brazzaville (sauf
photos de Cyriaque Anicet Malonga, Dieudonné Moyongo et Félicité Bossibiaka : auteurs inconnus)
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