Sécurité Incendie Et Constructions en Béton
Sécurité Incendie Et Constructions en Béton
Sécurité Incendie Et Constructions en Béton
et
constructions en béton
Ir Jean-François Denoël
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© FEBELCEM, 2007
ISBN 2‐9600430‐2‐2
EAN 9782960043020
D/2007/280/02
Sécurité incendie
et
constructions en béton
- les Professeurs A. Brüls, J.C. Dotreppe, J.M. Franssen et J.B. Schleisch de l’Université de Liège,
Jean‐François Denoël
Préambule
Le dramatique incendie de l’Innovation en 1967 à Bruxelles aura montré l’absolue nécessité d’une réglementation en matière
de résistance au feu et d’une meilleure connaissance du comportement des matériaux et des structures soumis au feu.
Il s’en est suivi des travaux sans précédent dans ces domaines. Ils ont été et sont menés pour rejoindre la préoccupation de tout
utilisateur ou concepteur de bâtiment : une sécurité incendie optimale.
Plus récemment, des incendies se sont produits dans les tunnels de montagne puis sous la Manche et à New‐York, le 11
septembre 2001. Ce fut le cas, plus récemment encore à Madrid, à Mons sur et notre réseau autoroutier belge. Ils ont conduit
tout un chacun à une plus grande vigilance, à réfléchir aux différentes composantes des incendies et, sûrement, à se poser des
questions sur la tenue des ouvrages au feu.
Cette publication est destinée aux professionnels de la construction qu’ils soient auteurs de projets, architectes ou bureau
d’études, spécificateurs, entrepreneurs, assureurs ou autorités publiques.
Le document :
- montre que le béton intégré dans la structure sous forme de béton armé, de béton précontraint ou de
maçonnerie confère aux ouvrages une résistance remarquable au feu et de bonnes possibilités de
restauration après incendie.
Ainsi, ce document devrait apporter des réponses aux nombreuses questions soulevées
et permettre une meilleure compréhension de ce vaste et passionnant sujet.
7
Table des matières
Préambule 7
A. Introduction 11
B. La sécurité incendie 14
1. Objectif de la sécurité incendie : la protection des personnes et des biens......... 14
2. Physique de l’incendie ‐ notions de base ................................................................... 16
2.1. Terminologie : feu et incendie................................................................................................................ 16
3. Les réglementations........................................................................................................ 22
3.1. Les directives européennes et les Eurocodes. ...................................................................................... 22
3.2.2. Les normes de base en matière de prévention contre l’incendie et l’explosion ............. 24
4. Protections et risques...................................................................................................... 29
4.1. L’incendie : risques, facteurs, origine et propagation ......................................................................... 29
8
5. Mécanismes thermiques ................................................................................................ 36
5.1. Mécanismes de transfert de la chaleur.................................................................................................. 36
6. Actions............................................................................................................................... 40
6.1. Les actions mécaniques........................................................................................................................... 40
7.2.5. L’acier....................................................................................................................................... 48
7.2.6. Comparaison des caractéristiques mécaniques des matériaux acier et béton ................ 50
8.1.2.7. Colonnes................................................................................................................... 55
9
8.2. Le Fire Safety Engineering...................................................................................................................... 56
8.4.1. Classification des activités exercées et des risques incendie pour les bâtiments
industriels .............................................................................................................................. 64
2. Conception de bâtiments............................................................................................... 76
3. Tests au feu de bâtiments .............................................................................................. 77
3.1. Gand 1974 ................................................................................................................................................. 77
E. Annexe 81
Annexe 1 ‐ Discussion sur les systèmes de sprinklers................................................. 81
F. Bibliographie 85
1. Bibliographie générale................................................................................................... 85
2. Normes .............................................................................................................................. 87
3. Règlements ....................................................................................................................... 87
10
A. Introduction
ministérielles et de son côté l’Institut Belge de Normalisation
Le tragique incendie [1] de l’Innovation à Bruxelles en 1967
(IBN) publia des normes.
coûta la vie à plus de 250 personnes. Le recul montre que ceci
devait arriver tôt ou tard. En cas d’incendie, de nombreux Le cas de la Belgique n’était pas unique, tous les autres pays
bâtiments publics de l’époque se transformaient en véritables européens durent faire face à ce même problème. Un peu
pièges. partout, des laboratoires furent fondés en toute hâte et des séries
d’essais furent entrepris.
11
Pourquoi choisir une structure béton ?
Le béton est spécifié dans les bâtiments et dans les projets de génie civil pour plusieurs raisons : question de coût, de vitesse de
construction, d’esthétique ou d’apparence architecturale. Néanmoins, un des bénéfices majeurs, inhérent au béton, est sa performance en
cas d’incendie et ce, sans surcoût, élément qui peut s’avérer prédominant au regard des facteurs affectant le processus de décision lors de
la conception d’un projet.
Le béton [21] et les structures en béton présentent des caractéristiques particulièrement favorables :
- Le béton est, avec la maçonnerie, le seul matériau porteur capable de résister remarquablement à un incendie, sans mesure de
protection complémentaire de quelque nature que ce soit, comme un revêtement de plâtre ou de peinture intumescente. Ses
propriétés relatives au comportement face au feu ne se modifient pas dans le temps. Elles restent permanentes, sans dépenses
supplémentaires en maintenance. Le simple choix du béton constitue un élément important dans les mesures de sécurité
préventives contre l’incendie ;
- Le béton offre de façon économique la résistance exigée : il suffit le plus souvent de vérifier l’enrobage et les dimensions
minimales indiqués dans les tableaux des normes de calcul. Cette approche simple par tableaux ne nécessite pas le recours à tout
l’art complexe du « Fire Safety Engineering » ;
- Les structures portantes en béton offrent une résistance très élevée lors des incendies. Ainsi dans les grands bâtiments à plusieurs
étages, il réduit les risques pour les occupants de ce type de bâtiments et pour les services d’incendie. Ces derniers peuvent
pénétrer dans le bâtiment et intervenir de façon rapprochée et donc efficace ;
- Grâce à leur inertie thermique et leur massivité, les éléments en béton contrairement aux profilés métalliques non protégés
résistent très longtemps à des températures élevées, avec un minimum de déformations. Les armatures d’une dalle en béton armé
n’atteignent qu’après 2 heures leur température critique de 500 °C, à une profondeur de 3,5 cm. Un béton d’agrégats légers peut
répondre à des exigences encore plus élevées. Il constitue une barrière efficace à la propagation du feu ;
- L’inertie thermique élevée des parois en béton présente également un intérêt considérable pour le retardement de l’embrasement
généralisé ;
- Le béton est non combustible : aucun élément en feu ne s’en détache ou n’en dégouline. Il ne fond pas. Le béton ne propage pas
le feu et n’émet ni fumées, ni gaz toxiques, même dans les conditions les plus extrêmes de température ;
- Les parois coupe‐feu en béton marient harmonieusement résistance au feu, isolation acoustique et inertie thermique. Le
compartimentage effectif des grandes surfaces par des planchers et des murs en béton réduit le risque de perte totale en cas
d’incendie. Ces éléments ainsi que les cages d’escaliers en béton offrent des voies d’évacuation sûres, simples et économiques ;
- Les constructions en béton fournissent, par leur sécurité intrinsèque au feu, une plus grande liberté architecturale. Les exigences
au feu pèsent lourd pour d’autres matériaux qui doivent être protégés à l’aide de revêtements ou s’adjoindre des mesures de
protections actives dont le béton ne s’encombre pas. De cette manière, l’architecte peut se concentrer pleinement sur sa création
architecturale ;
- Les éléments structuraux en béton disposent en général de réserve de sécurité au feu qui peuvent être exploitées sans dépenses
supplémentaires si les exigences de sécurité à l’incendie venaient à être relevées, notamment en cas de reconversion du bâtiment,
comme c’est souvent le cas ;
- Les excellentes propriétés du béton sous incendie sont valorisées par les assureurs de biens immobiliers : les bâtiments en béton
bénéficient des primes d’assurance incendie les plus avantageuses ;
- Le béton ne craint pas l’eau, souvent utilisée en grande quantité pour éteindre les incendies ;
- Grâce à sa capacité de compartimentation des espaces, le béton empêche la propagation des incendies et réduit par là l’impact
environnemental associé. L’attaque du béton par le feu ne génère pas de résidus toxiques ;
- De par la protection qu’il offre, le béton permet la continuité des activités dans les installations d’intérêt vital . Il protège
également les compartiments qui abritent notre patrimoine culturel ;
- L’usage d’éléments préfabriqués en béton permet une rapidité d’exécution très appréciée ;
- Les planchers en béton sont sujets à de faibles déformations, en regard d’autres matériaux ;
- Après un incendie, le béton offre également une restauration simple et peu coûteuse.
12
Le lecteur notera que ce document ne constitue pas un guide
complet sur la sécurité incendie. Il s’agit plutôt d’une vue
d’ensemble sur les points clés de la sécurité incendie et du
comportement du béton dans les constructions. Ainsi, ce
document constitue une bonne introduction aux Eurocodes 1 et
2 partie feu.
Les réglementations (voir p22) font l’objet d’un chapitre qui peut
être abordé indépendamment. Dans le chapitre consacré à l’AR
de 1997 (voir p25), chacun pourra profiter d’un rappel succinct,
des dispositions imposées par la réglementation belge au niveau
des cages d’escaliers, des cages d’ascenseur, des allèges et
trumeaux.
13
La sécurité [32] contre l’incendie ne peut pas être absolue. Elle
consiste à réduire les risques, en prenant une série de mesures.
B. La sécurité incendie Chacune de ces mesures est en soi insuffisante, mais leur
conjonction permet d’atteindre une bonne sécurité.
1. Objectif de la sécurité Dans nombre de pays européens, il existe une tendance [33] à
réduire les exigences au niveau de la protection incendie des
incendie : la protection des bâtiments. Ceci affecte directement la résistance au feu exigée
personnes et des biens dans les éléments structuraux. La raison principale de cette
attitude résulte de la conviction que seule la résistance au feu
Les objectifs de la sécurité incendie [18], [20] sont la protection nécessaire à la protection des personnes doit être réglementée
efficace contre les risques d’incendie des personnes et des biens. par les autorités publiques. La responsabilité de la protection des
Plus précisément, ils concernent bâtiments, et des biens est donc transférée aux citoyens. Le
Centre Mondial des Statistiques Incendies a présenté dans son
- La sauvegarde des vies des occupants de l’immeuble rapport annuel de 1999 une comparaison internationale des
- La protection des vies des services d’intervention coûts associés aux incendies. Cette comparaison révèle
- La protection de l’intégrité du bâtiment l’importance des protections incendie :
- La sauvegarde des bâtiments adjacents
- Le coût total des dommages incendie est de 0,2 à 0,3 %
En l’absence de police d’assurance spécifique couvrant les arrêts du produit national brut ;
de production, les primes d’assurances ajustées en fonction des - Le nombre de décès lors d’incendies varie par 100 000
risques encourus ne couvrent, dans les bâtiments industriels, habitants de 0,55 en Suisse à 1,32 en Belgique et à 2,12
que la perte de biens mais pas les arrêts de production. Ceci en Finlande.
revêt toute son importance lorsque l’on sait que près de 50 % des
entreprises victimes d’un incendie majeur font faillite [6]. - La somme des coûts liés aux mesures de protection et
aux dommages incendie atteint 0,6 % du produit
Les exigences de base de la protection incendie consistent à national brut en moyenne.
réduire le développement de éviter la propagation du feu assurer l’évacuation rapide des faciliter l’intervention du corps
l’incendie occupants avec une relative sécurité. des sapeurs pompiers
14
Ces chiffres montrent la nécessité de disposer d’une protection La filière béton participe à l’effort d’optimisation de la sécurité
incendie d’ensemble. Une réduction du nombre de décès par et à l’économie des projets. La présentation dans ce document
incendie et des coûts liés à leurs dommages devrait être de la démarche scientifique utilisée par le « Fire Safety
poursuivie comme finalité sociale et économique incontestable. engineering » se veut un gage de son ouverture. Elle espère
fournir ainsi une vue objective de la problématique. Assurément,
La limitation de la pollution par les fumées, les gaz toxiques et
elle refusera les approches réductrices ou compartimentées et
l’eau d’extinction contaminée devrait quant à elle contribuer à la
non intégrées. Les intérêts des parties : propriétaires, architectes,
protection de l’environnement.
entrepreneurs, producteurs, assureurs, occupants des bâtiments
et visiteurs, ne sont pas nécessairement convergents. Une
réglementation équilibrée devra prévoir des formations, des
agréations de personnes pour les calculs et les contrôles.
15
2.2.2. Le développement d’un incendie – le
flashover
2. Physique de l’incendie -
notions de base Un incendie comporte une phase de développement où la
température s’élève, puis une phase de décroissance où cette
température diminue.
2.1. Terminologie : feu et incendie Une source de flamme provoque le début d’incendie dʹune
Un feu est une combustion [4]. On le trouve dans des fours, des quantité de matériaux. Les premiers gaz et la fumée
chaudières sous forme de combustion contrôlée. Dans le apparaissent. En milieu fermé, sous l’action de la chaleur
domaine de lʹincendie, il devient une combustion incontrôlée. Il croissante, la fumée s’élève en panache jusqu’à heurter le
prend alors une dimension telle quʹil peut provoquer un plafond. A ce moment, elle s’étale radialement le long du
incendie. plafond jusqu’à heurter une paroi et continuer son chemin vers
le bas où elle stagne dans une couche supérieure sous le plafond.
Il y a une différence fondamentale entre feu et incendie. Les
experts du feu maîtrisent une combustion contrôlée qui répond En général, le local contient une couche inférieure froide se
au scénario défini par un programme thermique prédéterminé. composant de lʹair ambiant, de gaz et une couche supérieure
On les trouve dans l’industrie du verre, celle de la céramique et chaude (modèle à deux zones). Une température de l’ordre de
autres, dans les laboratoires d’essai également, tous lieux où des 200 °C provoque l’éclatement des vitres des fenêtres, créant un
feux sont réalisés dans des fours ou enceintes d’essai, où les apport subit d’oxygène frais qui redonne de la vigueur à
fumées sont canalisées pour ne pas incommoder les opérateurs. l’incendie. La couche supérieure se rapproche du plancher, car
Les experts de l’incendie que sont les sapeurs‐pompiers elle croît en volume de par son alimentation en panaches de
doivent, eux, tenter de maîtriser une combustion incontrôlée qui fumées.
répond à un scénario parsemé d’imprévus, avec des vies Au cours du développement de l’incendie, il peut exister, un
humaines qui doivent être secourues, qui doivent aussi secourir, moment où la température du mélange gazeux de la couche
intervenir… supérieure est tellement élevée qu’elle provoque l’ignition de
tout élément combustible dans le compartiment. Ce phénomène
2.2. Déroulement d’un incendie s’appelle le flash‐over ou l’embrasement généralisé. Il
correspond généralement à une température de 500 à 600 °C. La
montée très rapide des températures dans le compartiment et
2.2.1. Le triangle du feu lʹaccroissement du dégagement de chaleur provoquent un
brassage des fumées où les couches se mélangent (modèle à une
Pour qu’un incendie puisse prendre naissance [5], il faut la
zone). L’incendie est alors dit ʺcomplètement développéʺ.
présence conjuguée de trois éléments : l’oxygène (21 % en
volume d’air), des matériaux combustibles et une source de Ces différentes phases de développement d’un incendie sont
chaleur. Ils constituent ce qu’il est convenu d’appeler le triangle schématisées dans le graphique ci‐après, montrant l’évolution de
du feu, représenté à la figure ci‐dessous. Les deux premiers la température dans le compartiment en fonction du temps.
éléments [19] entrent en combustion lorsque la température
Le feu sera contrôlé par le combustible s’il y a suffisamment
d’inflammation est atteinte. La combustion du carbone produit
d’oxygène disponible pour la combustion. Il sera contrôlé par la
du gaz carbonique CO2 et, si l’oxygène vient à manquer, elle
ventilation s’il n’y a pas suffisamment d’oxygène.
produit le gaz bien connu, très dangereux pour l’être humain, le
CO. La résistance au feu des colonnes, poutres, voiles et dalles devra
empêcher la propagation de l’incendie et l’effondrement de la
structure pour permettre le bon déroulement des opérations
Source de d’extinction sans que les pompiers ne courent de risques
chaleur excessifs.
Oxygène Matériau
combustible
2.3. Courbes nominales – la courbe
ISO
figure : le triangle du feu
La façon la plus simple de représenter un incendie est d’utiliser
des courbes nominales, soit une relation donnant l’évolution de
la température des gaz en fonction du temps.
16
Pour la courbe ISO, il est facile de retenir que, après ¼ h, la
température ambiante atteint environ 745 °C et continue à
augmenter d’environ 100 °C chaque fois que l’on double le
temps.
Dans cette équation, les deux phases [5] qui se produisent lors
d’un incendie se retrouvent clairement : la période
d’embrasement généralisé durant laquelle se produit une
augmentation très rapide de la température jusqu’à environ
800 °C, puis la période où l’incendie est entièrement développé.
800 difficulté, ce qui est très loin d’être le cas des éléments
courbe d'hydrocarbures majorée métalliques non protégés. Après 10 à 15 minutes , lʹacier atteint
600 (tunnels)
500 à 600 degrés et sa résistance chute fortement. Il existe des
courbe d'hydrocarbures (pétrochimie et plaques et des peintures isolant lʹacier, mais une mauvaise
400
plates-formes en mer)
exécution de chantier, une dégradation de ces matériaux
200 courbe ISO 834 (bâtiments)
rapportés peuvent entraîner des conséquences dramatiques.
0
0 30 60 90 120 150
Temps (minutes)
2.4. Réaction et résistance au feu
La réaction au feu [18] s’applique aux matériaux de
Figure : Différentes courbes de température construction. Elle mesure l’ensemble des propriétés des
matériaux de construction en rapport avec la naissance et le
La courbe standard ISO : θg= 20 + 345 log10(8t+1)
développement dʹun incendie. Elle est caractérisée par le
Avec θg = température des gaz dans le compartiment en °C potentiel calorifique [5], la non‐combustibilité, l’inflammabilité,
le mode de propagation des flammes à la surface du matériau,
T = temps en minutes
17
éventuellement par d’autres propriétés comme la formation de − Les produits de construction sont séparés en deux
fumées et la production de gaz toxiques. grandes familles [12]: celle des revêtements de sol et celle
des autres produits. Cette distinction s’explique par le fait
La résistance au feu s’applique aux éléments de construction.
que les scénarios d’exposition au feu et le comportement
Elle constitue une mesure de leur aptitude à remplir le rôle qui
des matériaux diffèrent dans les deux cas. Dans chacun
leur est dévolu, malgré l’action d’un incendie.
de ces groupes, les Euroclasses , au nombre de sept,
Ces deux notions sont donc totalement différentes. La première définies dans la NBN EN 13501‐1:2002 [105], se déclinent
intervient à la naissance et au début du développement de comme suit : A1Fl , A2Fl , BFl , CFl , DFl , EFl , et FFl pour les
l’incendie alors que la seconde se manifeste dans la phase de revêtements de sol (Fl pour « floor » ) ;
pleine intensité. Aucun des deux domaines ne peut être négligé − A1, A2, B, C, D, E, et F pour les autres produits de
en prévention incendie. Les prescriptions comportent donc des construction.
exigences relatives aux deux aspects.
Les classes A1 et A2 (respectivement A1Fl , A2Fl ) sont attribuées
Ainsi le bois [5] est un matériau qui ne présente pas une bonne aux produits à faible ou très faible fraction organique qui sont,
réaction au feu – le bois brûle – alors que des poutres ou des de ce fait, très peu ou peu combustibles.
colonnes en bois sont des éléments de construction présentant
Les classes B à E (respectivement BFl , EFl ) sont attribuées aux
une résistance au feu significative.
produits combustibles qui contribuent de manière importante à
Par contre l’acier est un matériau qui présente une bonne l’embrasement, tant pour les revêtements de sol que pour les
réaction au feu, alors que les éléments en acier sont des éléments autres produits. La classe E s’applique à des produits répondant
de construction présentant une très faible résistance au feu. au critère minimal de mise sur le marché allemand et la classe F
Enfin le béton, lui, cumule les deux qualités. C’est pourquoi il est s’applique à des produits non classés ou ayant échoué au test le
“ le ” matériau de prédilection en matière d’éléments de moins sévère.
construction où est recherchée une bonne tenue en cas A côté de la réaction proprement dite, certains produits de
d’incendie. construction reçoivent deux qualifications supplémentaires :
Les choix qui améliorent la résistance au feu des éléments de − s1, s2 ou s3 pour la production de fumée (s = ’smoke’ =
construction offrent, par leur caractère plus permanent, plus de fumée : Plus le chiffre est élevé, plus l’émission de fumée
sécurité pour la prévention contre l’incendie. Chaque est importante) :
modification (rénovation, agrandissement) est soumise à un • s3 : aucune limitation pour l’émission de fumées ;
nouveau permis de bâtir ou à une révision du permis d’exploiter
où les services d’incendie sont consultés. • s2 : l’émission totale de fumée et la vitesse
d’émission de la fumée sont limitées ;
Il n’en est pas de même pour les parachèvements, en particulier
dans les immeubles d’habitation, où le propriétaire/locataire de • s1 : exigences plus sévères que pour s2.
l’immeuble peut modifier le contenu du bâtiment et la nature − d0, d1 ou d2 pour le comportement face aux retombées de
des revêtements à un point tel que la charge et le risque gouttelettes et particules enflammées : (d = ’drop’ =
d’incendie sont fondamentalement modifiés. goutte : Plus le chiffre est élevé, plus la production de
gouttes est importante) :
2.4.1 La réaction au feu des produits de
• d2 : pas de limitation ;
construction - leur classification
• d1 : production de gouttelettes / particules
Concernant la réaction au feu mentionnée dans le marquage CE, incandescentes pendant un temps déterminé ;
tout professionnel de la construction se doit d’apprivoiser un
• d0 : pas de production de gouttelettes/ particules
minimum du langage européen pour comprendre les nouvelles
normes d’essais et de classification. incandescentes
Ce système de classement [40] a fait l’objet de décisions de la Le tableau [51] ci‐dessous permet la transposition des classes de
Commission Européenne les 08‐02‐2000 [61], [63] et 26‐08‐2003. réactions au feu entre l’ancienne classification française et la
Au fur et à mesure de la parution des arrêtés de mise en nouvelle classification européenne (EN 13501‐1) :
application de ce marquage, les industriels doivent vérifier que
leurs produits répondent aux nouvelles exigences européennes
et, si nécessaire, modifier ces produits.
18
Classes selon NF EN 13501‐1
Exigence 2.4.2. La réaction au feu – attestation de
nouvelle classification
ancienne conformité
classification
A1 ‐ ‐ Incombustible Le tableau [64] ci‐après explicite les différents niveaux
A2 s1 d0 M0 d’attestation de conformité requis, selon les produits et leurs
A2 s1 d1 classes. Ces systèmes d’attestation permettent d’obtenir la
s2 d0 présomption de conformité aux normes « produits », en rapport
A2 avec l’enjeu de la sécurité incendie.
s3 d1
M1
s1 d0 Classe systèmes d’attestation de
B s2 d1 conformité
s3 A1*, A2*, B*, C* 1
s1 d0 A1**, A2**, B**, C**, D, E 3
C s2 d1 M2 (A1 à E)*** 4
s3 * produits subissant un traitement pour améliorer la réaction
s1 d0 M3 au feu
D s2 d1 ** produits sans traitement
M4 (non gouttant)
s3 *** produits « deemed to satisfy », classés sans essai
Toutes classes autres que E‐d2
M4 Le tableau ci‐après détaille les tâches dédiées à chaque partie
et F
pour les différents niveaux d’attestation de conformité :
En 1996, la Commission Européenne a publié une liste
Systèmes Tâches dédiées aux Tâches dédiées au producteur
réglementaire des matériaux de construction [34], [61] qui, sans
organismes agréés
examen complémentaire, peuvent être groupés dans la classe de ‐ essais de type initiaux ‐ contrôle de production
1
protection A1. Cette liste contient les différents types de béton ‐ inspection initiale de ‐ essais complémentaires
ou de constituants minéraux utilisés dans le béton. Pour les fabrication
matériaux contenus dans cette liste, cette classification est liée à 3 ‐ essais de type initiaux ‐ contrôle de production
l’exigence d’une teneur inférieure à 1 % en constituants par le laboratoire agréé
organiques distribués de façon homogène. 4 ‐ essais de type initiaux
‐ contrôle de production
Le béton, matériau de construction minéral [33], satisfait aux
exigences de la classe A1 parce qu’effectivement il n’est pas
inflammable et ne prend pas feu aux températures encourues
lors des incendies. Aucun élément en feu ne se détache ou ne
coule du béton.
19
La dénomination française « Coupe‐Feu CF » correspond aux
2.4.3. La résistance au feu des éléments critères REI. .
structuraux Ces deux derniers critères permettent d’éviter l’inflammation de
matériaux en contact avec cette face.
Lʹaptitude dʹune construction en béton à conserver sa fonction
portante pendant la durée exigée est exprimée comme suit : Dans les éléments structuraux porteurs comme les poutres,
colonnes, murs et dalles, la résistance R empêche l’effondrement
Ed,fi(t) ≤ Rd,fi(t)
de la structure. En général, la fonction séparative (E et I)
où : Ed,fi(t) est la valeur calculée de lʹeffet des actions, des s’applique aux éléments qui font partie intégrante des parois et
sollicitations, au moment (t) de lʹincendie ; de l’enveloppe du compartiment : ainsi les murs et les dalles.
Rd,fi(t) est la valeur de calcul de la résistance de la Pour la fonction de capacité portante, il convient d’évaluer tous
construction aux températures élevées au moment (t). les modes de rupture, tels la rupture par flexion, par effort
tranchant, par flambement ou rupture de l’ancrage des
La résistance au feu des éléments structuraux est mesurée lors
armatures dʹéléments en béton.
d’essais sous la sollicitation thermique décrite par la courbe ISO.
Elle comporte les trois critères qui s’appliquent à la majorité des L’essai avec la courbe ISO ne prend pas en compte les liaisons
éléments de construction : aux éléments voisins, qui permettent des redistributions de
contraintes vers des sections ou des éléments moins exposés.
- la stabilité R (capacité portante) ;
- l’étanchéité aux flammes E ; Certains phénomènes, surtout la dilatation d’ensemble de la
- l’isolation thermique I. structure sous l’influence des hautes températures, ne sont pas
considérés dans l’essai sous courbe ISO, alors qu’ils peuvent être
Dans certains Etats Membres, l’exigence de performance W
déterminants dans la réalité.
(rayonnement limité) peut être exigée. Sʹy ajoutent des critères
complémentaires : M (résistance aux impacts), C (fermeture
Les éléments en béton des bâtiments peuvent satisfaire à toutes
automatique) et S (étanchéité aux fumées) ainsi que des suffixes
les classes de résistance au feu définies par la Directive
apportant des précisions relatives à la configuration d’exposition
Européenne relative à la “ Sécurité à l’incendie » ” sans mesure
au feu et au domaine d’application des résultats d’essais.
de protection complémentaire de quelque nature que ce soit
Le degré de résistance REI de l’élément est le temps (revêtement de plâtre, peinture intumescente…).
immédiatement inférieur à la durée observée, choisi parmi les
valeurs de 15, 20, 30, 45, 60, 90, 120, 180, 240, 360 minutes, [61],
[62].
Attention ! Qu’un élément structural ait résisté à un incendie ne
A titre dʹexemple, un essai sur un mur porteur conduit aux
signifie pas que l’élément n’a pas subi de dégâts, ni que
résultats suivants :
l’élément ne doit pas être remplacé. Cela signifie seulement que
Temps Classement les fonctions structurales de l’élément ont été remplies sous les
Capacité portante 130 min R 120 charges thermiques et mécaniques supportées.
Etanchéité au feu 92 min RE 90
Le calcul pour une période exigée de résistance au feu, n’explore
Isolation thermique 46 min REI 45
pas le comportement de la structure au‐delà de cette période ni,
Le mur bénéficie donc des classements R 120 / RE 90 / REI 45 à fortiori, après refroidissement de la structure à température
ambiante.
Le critère « stabilité » (R) d’un élément indique le temps durant
lequel est assurée sa résistance mécanique sous charge statique
définie au §6.1 et durant lequel ses déformations restent Les essais comportent des limites : coûteux, ils ne permettent
compatibles avec sa fonction dans la stabilité de la construction que de tester des éléments de longueur limitée, généralement
(généralement 1/30ème de sa portée). Il correspond à la sans pouvoir, à leurs extrémités, reproduire les liaisons à la
dénomination française de « Stable au Feu SF ». structure.
Le critère de « l’étanchéité aux flammes »(E) n’est plus satisfait Afin d’éviter [37] qu’un essai de résistance au feu ne soit
lorsqu’une nappe de coton, placée à la distance de 2 à 3 cm nécessaire pour chaque produit de construction, des méthodes
d’une ouverture, s’enflamme spontanément. de calcul ont été mises au point pour définir les sollicitations
thermiques (§6.2) et mécaniques (§6.1) et ainsi évaluer la
La dénomination française « Pare‐Flamme PF » correspond aux résistance au feu (§8.1) des structures en béton, en acier, en
critères RE. . acier/béton mixte, en bois, en maçonnerie et en aluminium. Ces
Le critère de « l’isolation thermique » (I) est satisfait si méthodes de calcul se retrouvent dans la partie des Eurocodes
l’élévation de température de la surface non exposée de relative au comportement au feu. L’objectif de ces documents est
l’élément reste inférieure à 140 °C en moyenne et à 180 °C de définir d’une manière uniforme à travers toute l’Europe la
ponctuellement. tenue aux feux des structures.
20
Sur base de ces normes de calcul, une norme produit
européenne a été élaborée spécifiquement pour chaque type
d’élément. Ainsi les faux plafonds, les gaines techniques, les
façades, les murs, les clapets, les dalles alvéolées en béton…
disposent d’une norme spécifique. Cette disposition n’était pas
celle qui prévalait en Belgique où, précédemment, lʹensemble de
ces éléments était traité au sein d’une seule et même norme.
21
3. Les réglementations Il est à remarquer que la protection des biens ainsi que la
préservation des arrêts de production ne constituent pas en tant
que tels des objectifs de la DPC. La Commission européenne
3.1. Les directives européennes et les laisse à chaque pays le soin de déterminer le niveau de sécurité
Eurocodes. pour les personnes dans leur pays. Les informations
additionnelles spécifiques à la NBN EN 1992‐1‐2 [107] précisent
qu’il est loisible à chaque pays d’imposer dans sa réglementation
3.1.1. Les directives européennes des critères qui prennent en compte, pour des raisons
économiques et/ou environnementales, la protection des biens
Si nous ne voulons pas passer à côté de la compréhension des
directement exposés. Les autorités régionales en charge du
profondes mutations du marché et de la réglementation
développement économique et celles en charge de
incendie, il nous faut comprendre le cadre global.
l’environnement peuvent être sensibles à l’aspect de la
La « Directive Produits de Constructions », la DPC, [2] distingue préservation des arrêts de production et de l’environnement.
six exigences essentielles (ER pour « Essential Requirements ») Ces aspects sont également, bien sûr, du ressort du maître de
pour lesquelles il est admis que les Etats Membres peuvent l’ouvrage (voir §1. consacré aux objectifs de la sécurité incendie).
réglementer les ouvrages de construction :
Toujours [107] selon ce document interprétatif n°2, l’exigence
1. la résistance mécanique et la stabilité ;
essentielle peut être respectée en suivant les différentes
2. la sécurité incendie ;
possibilités de stratégie de sécurité incendie en vigueur dans les
3. la santé ;
Etats membres, tels des scénarios de feux conventionnels (feux
4. l’hygiène et l’environnement ;
normalisés) ou “ naturels ” (feux paramétrés), qui comprennent
5. la sécurité d’utilisation ;
des mesures de protection passives et/ou actives contre
6. les économies d’énergie et l’isolation thermique.
l’incendie.
La DPC, comme son nom lʹindique, est imposée par lʹUnion Les fonctions [107] et les niveaux de performance exigés peuvent
européenne aux PRODUITS mis sur le marché européen, livrés être spécifiés, soit en termes de degré de résistance au feu
sur chantier, mais PAS aux OUVRAGES construits sur chantier normalisé (standard), comme c’est le cas en Belgique, soit en se
avec ces produits : les exigences relatives aux ouvrages restent référant aux études d’ingénierie de la sécurité incendie pour
de la compétence des Etats Membres. évaluer les mesures de protection passives et actives. Voir la
NBN EN 1991‐1‐2 [106] (voir demande de dérogation en
L’ER 2 de la sécurité incendie est réglementée en Belgique au
Belgique)
niveau fédéral. La réglementation de l’ER 1 repose actuellement
sur la responsabilité décennale du concepteur et de
l’entrepreneur. L’ER 6 fait l’objet d’une directive européenne sur
Des exigences supplémentaires [107] concernant, par exemple :
la performance énergétique des bâtiments récemment transposée
dans nos réglementations régionales. − la possibilité d’installer et d’entretenir des systèmes de
sprinklers ;
Cette directive ʺProduits de Constructionsʺ est une des directives
− les conditions d’occupation du bâtiment ou d’un
“ nouvelle approche ” promulguées dans le prolongement du
compartiment de feu ;
Traité de Rome du 25 mars 1957, instituant la Communauté
− l’emploi de matériaux d’isolation ou de revêtement
économique européenne. Sa création avait notamment pour but
agréés, y compris leur entretien
de supprimer les obstacles à la libre circulation des personnes,
des services et des biens (et donc des produits) entre les Etats ne figurent pas dans l’EC1 feu, car elles doivent faire l’objet de
membres. Un document interprétatif, rédigé par la Commission spécifications émanant de l’autorité compétente.
européenne, en collaboration avec des experts européens, est lié
à chacune des exigences essentielles. Suivant les objectifs La DPC a longtemps buté sur la mise au point de normes
généraux dégagés dans le document interprétatif pour l’ER d’essais de réaction au feu, chaque pays disposant de ses
incendie, le bâtiment [107] doit être conçu et construit de telle propres procédures. Or, les trois quarts des produits de
manière qu’en cas d’incendie : construction sont concernés par la sécurité au feu.[12]
- la propagation de l’incendie et de la fumée dans le De nombreux produits de construction, par exemple les hourdis
bâtiment soit limitée ; et les blocs de béton, font l’objet d’une norme européenne
- les éléments structuraux conservent leur fonction produit harmonisée. Elle est dite harmonisée dès qu’elle dispose
pendant un temps déterminé ; d’une annexe Z. Là sont reprises les différentes caractéristiques
- la propagation de l’incendie aux bâtiments voisins soit que tout producteur doit déclarer dans son marquage CE. Ce
évitée ; marquage est apposé sur les produits ou repris sur des
- les personnes puissent quitter le bâtiment ou puissent documents accompagnant les produits. Un produit
être sauvées d’une autre manière ; “ harmonisé ” vendu dans l’espace économique européen doit
- la sécurité des services d’incendie soit assurée. obligatoirement porter ce marquage. Les caractéristiques à
22
déclarer doivent être conformes à la norme et sont attestées - la NBN ENV 1991‐2‐2 + DAN “ Actions sur les structu‐
selon le système d’attestation 1+, 1, 2+, 2, 3 ou 4. Le 1+ res exposées au feu ” ;
correspond à une certification par une tierce partie alors que le 4 - la NBN ENV 1992‐1‐2 + DAN “ Calcul des structures en
correspond à une simple déclaration de conformité du fabricant. béton ‐ partie feu” ;
- la NBN ENV 1994‐1‐2 + DAN “ Calcul des structures
Puisque la Belgique s’est dotée d’une réglementation incendie,
mixtes acier‐béton ‐ partie feu” ;
comme la plupart des Etats Membres, tous les produits de
- la NBN ENV 1996‐1‐2 + DAN “ Calcul des maçonne‐
construction dont la norme est harmonisée doivent, pour une
ries ‐ partie feu”.
mise en œuvre, comporter dans leur marquage une déclaration
relative tant à la réaction qu’à la résistance au feu. Plus communément, l’on parle des Eurocodes 1, 2, 4 et 6, partie
feu. Ces normes belges sont des prénormes européennes,
Les normes produits font référence à de très nombreuses
complétées par leur Document d’Application Nationale (DAN).
normes d’essais préparées par le comité européen CEN TC 127.
Elles commencent à remplacer les essais décrits dans la norme Ces prénormes (ENV) seront remplacées prochainement par les
belge, la NBN 713‐020. normes européennes (EN), associées avec leur annexe nationale
(ANB pour Annexe Nationale – Nationale Bijlage).
Les dalles TTPL 840 du plancher du magasin franchissent une Quʹen est‐il de la normalisation au niveau européen? [13]
portée de 17 m et reprennent une charge de 1200 kg/m2. La Le projet prévoit la mise à disposition pour les Etats membres
toiture est composée de poutres IV. européens, sous peu, de normes EN relatives au calcul de la
Les colonnes de l’axe central sont prévues avec une descente tenue au feu des ouvrages structuraux. Dans un délai prescrit,
d’eau pluviale diam 160 mm. chaque pays doit les transposer en normes nationales. Par
exemple, dans les annexes informatives, chaque pays est libre
Le montage de la structure a été réalisé en une vingtaine de dʹadopter des charges au feu différentes. En effet, le choix du
jours. niveau de sécurité est du ressort des Etats. La publication des
Eurocodes feu homologués pourrait voir le jour en 2007
3.1.2. Les Eurocodes (Moniteur belge). Soulignons que ces normes deviennent
obligatoires uniquement par contrat ou actes administratifs ou
Les normes produits sont basées sur des normes de calcul légaux.
européennes dénommées Eurocodes, au nombre de 58, normes
produites par le comité technique TC250 du CEN, le Comité La NBN EN 1992‐1‐2:2005 “ Calcul des structures en béton ,”
Européen de Normalisation. Cʹest la Commission européenne partie feu a été publiée début 2005 par l’IBN.
qui lʹa mandaté pour cette rédaction. Ainsi, à ce jour, les normes
de calcul relatives au béton soumis au feu et publiées par l’IBN
entre 1995 et 1999, d’application en Belgique, sont :
23
La prénorme européenne, couplée avec son document bâtiments élevés (1972), puis moyens et élevés (1994),
d’application nationale (DAN), la NBN ENV 1992‐1‐2, est bas (1997) (normes de base revues en 2003).
actuellement en vigueur en Belgique.
Au niveau fédéral, la détermination des normes de base pour la
La norme européenne, la NBN EN 1992‐1‐2:2005, est en cours de prévention, communes à une ou plusieurs catégories de
traduction vers le néerlandais. construction, indépendamment de leur destination, relève de la
compétence du SPF INTÉRIEUR. Toujours au niveau fédéral,
Son annexe nationale (ANB) devrait être disponible cette année
pour l’application de certaines exigences en matière de
pour pouvoir être utilisée en conjonction avec les normes
prévention des incendies, ce sont d’autres ministres qui sont
produits béton.
compétents au travers d’autres règlements. Le tableau ci‐après
Après enquête publique et publication, elle connaîtra une reprend à titre d’illustration la répartition des compétences.
période de coexistence maximale de trois ans avec l’ENV,
Par ailleurs, à l’occasion de la révision de ce règlement,
période au terme de laquelle l’ENV sera retirée.
lʹappellation ʺnormes de baseʺ devrait rationnellement
disparaître au profit du vocable ʺRèglement Généralʺ, ceci afin
3.2. Situation de la réglementation de ne pas entretenir la confusion par le vocable “ normes ”. En
incendie belge effet, une norme synthétise les règles de l’art dans un domaine.
Elle ne devient obligatoire que si elle est consacrée comme telle
La sécurité en cas d’incendie relève de la responsabilité du dans un règlement.
Maître de l’ouvrage. Il détermine avec l’architecte les mesures
Il existe [40] quelques sites où trouver des informations
actives et passives qui protègeront son bâtiment.
détaillées, notamment : www.previ.be [66], www.previlex.be,
www.normes.be [7], www.anpi.be [60]. Ces sites fourmillent
3.2.1. Contexte général d’informations. Il est cependant toujours prudent de contrôler
Normes de base Législation sur le RGIE - DPC Hôpitaux et Hôtels Aménagement du territoire
Bien-être au instituts
Travail, RGPT (les psychia-
écoles également) triques Maisons de repos
Tableau : Vue générale, à titre d’illustration, de la répartition des compétences dans le domaine de la prévention des incendies en Belgique
24
Dans le cadre de l’attribution d’un permis d’urbanisme, malgré Les prescriptions de ces normes de base applicables aux
l’exclusion des rénovations, des mesures de sécurité peuvent bâtiments concernent :
être exigées. Elles pourront être basées sur les prescriptions
− l’implantation et les chemins d’accès ;
reprises dans les normes de base. Si certaines prescriptions des
− le compartimentage et l’évacuation ;
normes de base sont difficilement applicables pour un bâtiment
− certains éléments de construction ;
rénové, elles pourront être réduites et compensées par d’autres,
− la construction des bâtiments et des espaces d’évacuation ;
sur base d’une décision prise à un niveau local (le bourgmestre,
− la construction de certains locaux et espaces techniques ;
conseillé par son Service incendie).
− l’équipement des immeubles.
Les AR de 94 et 97 ne sont pas d ‘application pour les maisons
Le classement pour la réaction au feu, repris dans l’annexe 5 des
unifamiliales, pour les bâtiments industriels et pour les
normes de base, comprend 5 classes : A0 à A4. Le document
bâtiments à deux niveaux maximum, couvrant une superficie
propose également des exigences de réaction au feu en fonction
totale inférieure ou égale à 100 m2.
des types de locaux. Une réécriture de cette annexe,
Cʹest la date de lʹaccusé de réception par la commune du dossier introduisant le nouveau classement européen, est en voie de
complet de demande de permis dʹurbanisme qui fait foi pour finalisation.
déterminer la version des normes de base qui est dʹapplication.
Spécifiquement, pour les matériaux d’isolation, un tableau de
En résumé :[8] corrélation des réactions au feu passées et nouvelles a été établi
sous deux versions différentes. En effet, faute dʹun consensus au
Permis de Bâtiments bas Bâtiments Bâtiments sein du Conseil Supérieur, deux propositions différentes ont été
bâtir moyens élevés
rédigées et transmises au Ministre de l’Intérieur, afin qu’il
Avant 1972 Néant Néant Néant marque son choix pour l’une d’elles.
22/12/1972 Néant Néant AR 04/04/1972 Les quelques dispositions architecturales à retenir et reprises ci‐
reprenant la dessous ne peuvent bien sûr se substituer au texte complet des
NBN 713‐010 normes de base (110 pages) [11] :
1980 Néant NBN S 21‐ NBN S 21‐
La distance horizontale entre un bâtiment et un bâtiment
201,2,3 201,2,3
opposé est de 6 m pour les BB, 8 m pour les BM et les BE, sauf si
26/05/1995 Néant AR 07/07/1994 AR 07/07/1994 les parois répondent aux exigences telles que définies pour les
bâtiments contigus. Cette distance n’est pas d’application pour
01/01/1998 AR 19/12/1997 AR 19/12/1997 AR 19/12/1997
des bâtiments qui sont séparés par des rues ou chemins, …
04/04/2003 AR 04/04/2003 AR 04/04/2003 AR 04/04/2003 existants appartenant au domaine public.
Tableau : Dates de référence pour l’application des arrêtés de Les parois qui séparent des bâtiments contigus présentent un
modification [101, [102], [103], [104]. Rf de 1 h pour les BB, 2 h pour les BM, 4 h pour les BE.
Les exigences [20] pour les sous‐sols sont plus sévères que pour
les rez‐de‐chaussée et les étages supérieurs du même bâtiment,
vu la plus grande difficulté dʹintervenir dans le cas d’un Figure : allège [18]
incendie en sous‐sol.
25
BM cas général [18] BM ‐ 6 appartements [18]
Figure : trumeau [18] - Pour les BE, le palier d’accès du ou des ascenseurs doit être
Même si l’observateur extérieur ne peut s’en rendre distinct des paliers et des sas des cages d’escaliers. Ils
doivent ne pas être inclus dans le chemin d’évacuation, sauf
compte, les façades‐rideaux en verre doivent également
dans les cas repris dans les normes de base (cas complexes
satisfaire à ces exigences relatives aux allèges et aux
avec 4 et 6 appartements par niveau non repris ici).
trumeaux.
Les cages d’escaliers et les ascenseurs
26
3.2.2.4. Les nouveaux règlements en projet Pour utiliser cette méthode de calcul, il peut être tenu compte
de :
3.2.2.4.1. Les bâtiments industriels
− l’examen de scénarios d’incendie conventionnels ;
Les nouveaux bâtiments industriels ne sont pas encore couverts
par la réglementation fédérale sur les bâtiments nouveaux. Leur − l’examen de scénarios d’incendie naturels, avec examen du
réglementation a fait l’objet de très longues discussions pour rôle des installations d’extinction, des pompiers et des
aboutir à un projet de norme de base, la future Annexe 6. Elle installations de détection incendie ;
n’a jamais été publiée sous forme d’AR mais la plupart des Au jour d’aujourd’hui, aucune méthode n’est encore agréée. La
services d’incendie ont pris connaissance du document et, faute Commission des dérogations les autorise, au cas par cas.
dʹune réglementation applicable en la matière, s’en servent pour Pratiquement, les calculs effectués avec la courbe ISO sont
établir leur rapport de prévention relatif à des bâtiments acceptés s’ils sont établis sur base de nos “ DAN ” partie 1‐2 des
industriels. Ce projet reprenait entre autres une classification Eurocodes et que ces derniers ont été correctement appliqués.
issue d’une norme sur les installations d’extinction automatique La révision des normes de base incendie devrait régulariser cette
ou sprinklers se basant sur le type d’activités dans ces bâtiments. procédure. Les bureaux d’études vérifient par calcul la
Cet AR a été rejeté par le Conseil d’Etat argumentant notamment résistance au feu demandée. Elle est mentionnée explicitement
que le type d’activité dans ces bâtiments était du ressort des sur les plans d’exécution. Les architectes et les maîtres
Régions et pas du Fédéral. d’ouvrage se concentrent sur la conformité technique aux
Pour combler le manque de réglementation en la matière et sur prescriptions des règlements et les exigences tant des services
base d’une proposition d’Agoria et de Technum, relayée par la incendie que des assureurs.
FEB, un groupe ad hoc du Conseil Supérieur de la Sécurité Préalablement à l’octroi du permis de bâtir [8], les plans de la
contre l’Incendie et l’Explosion a rédigé un nouveau projet future construction sont transmis aux services d’incendie
d’annexe 6, actuellement en cours d’approbation. Il est basé sur territorialement compétents. Ceux‐ci remettent alors, sous
une classification des bâtiments industriels en fonction de leur forme de rapport, un avis qui sera joint à la demande de permis
densité de charge calorifique caractéristique. Il fixe : de bâtir à fin de décision pour le département urbanisme de la
- une charge calorifique maximale admissible par commune concernée. A la fin des travaux, les services incendie
compartiment de laquelle est déduite la surface maximale effectuent une dernière visite, afin de vérifier si la construction
des compartiments, est bien conforme à ce qui a été prévu sur plan, et que le
bâtiment ne présente pas de manquements importants.
- une résistance au feu pour les parois des compartiments ainsi
que pour les autres éléments structurels, Selon l’AR de 1997, les portes ont, quant à elles, leur résistance
au feu attestée par la marque Benor‐ATG. Elles doivent être
- des distances minimales par rapport aux bâtiments voisins, placées par des placeurs agréés par notre Ministre de l’Intérieur.
- les exigences à satisfaire pour lʹévacuation des occupants et Cette double exigence a été cassée par le Conseil d’Etat en 2004,
la sécurité des équipes de secours. suite à une plainte concernant le recours à des placeurs agréés.
L’annexe 7 reprenant les objectifs généraux a été abandonnée. Le paragraphe de l’arrêté énonçant les deux exigences a été
balayé d’un seul coup alors que l’exigence de sécurité relative à
3.2.2.4.2. Les façades l’attestation Benor‐ATG pouvait être maintenue. Le SPF de
Des règles de conception des façades sont actuellement à l’étude l’Intérieur a préparé un texte comblant le vide actuel.
au sein d’un groupe de travail du Conseil Supérieur. Elles
viendront détailler les prescriptions déjà reprises dans les 3.2.4. Réglementation pour les détecteurs
normes de base actuelles. incendie dans les logements
3.2.2.4.3. Les traversées de paroi + pays
Des recommandations relatives à la réalisation des traversées de nordiques
paroi par des conduites de fluide ou d’électricité ont déjà été
distribuées aux services incendie sous forme de circulaire. Une Dans les pays nordiques et anglo‐saxons, les détecteurs de
procédure de modification des normes de base a déjà été fumée sont imposés depuis longtemps déjà parce que beaucoup
entamée. Elle reprend ces recommandations. de maisons étaient en bois et que la nécessité de prévenir
apparaissait plus élémentaire : partout où sont placés des
3.2.3. Octroi du permis de bâtir - résistance détecteurs, on constate en moyenne une chute de 80 % du
au feu nombre de décès et de blessés graves.
27
3.2.5. Les bâtiments anciens
Les bâtiments anciens… toute une problématique [8], [9], [10]
28
4.2. Protection passive et active… et
4. Protections et risques comportement humain
Les mesures de prévention sont classiquement divisées en
4.1. L’incendie : risques, facteurs, mesures de protection passives et actives :
origine et propagation − les premières sont réalisées lors de la construction du
bâtiment et sont opérationnelles à tout moment ;
Dans un bâtiment bien protégé, il existe un équilibre entre
danger et protection. Le risque se définit donc par le rapport − les secondes peuvent être réalisées pendant ou après la
entre danger et protection. Le danger est plus grand dans les construction du bâtiment et ne deviennent
bâtiments élevés puisque, plus encore que pour les autres opérationnelles que lorsqu’un incendie se produit.
bâtiments, l’attaque du feu doit se faire par l’intérieur. Il est
également plus grand dans les bâtiments abritant des personnes 4.2.1. Mesures de protection passives - le
à mobilité réduite, dont l’évacuation est plus difficile. Plus le compartimentage
danger est élevé, plus les règles de sécurité doivent être sévères.
Le matériau béton occupe une très large place dans le domaine
Les facteurs [38] à considérer dans le développement d’un des mesures de protection passive. Par sa résistance reconnue
incendie sont : au feu, il permet d’assurer un compartimentage hautement
- la probabilité de la naissance d’un incendie ; sécuritaire empêchant la propagation de l’incendie. Ce
- l’intensité du feu ; compartimentage permet l’évacuation ou la mise en sécurité des
- la vitesse d’extension possible de l’incendie ; occupants vers un autre compartiment. Il facilite l’accès des
- l’existence de risques particuliers (produits toxiques). services de secours et contribue ainsi largement à leur sécurité
dans la lutte contre le feu. Le compartimentage doit être étudié
La probabilité de naissance d’un incendie est fonction : dès l’élaboration des plans du bâtiment.
- des installations de chauffage et appareils électriques ;
- de la présence de gaz inflammable ;
- de certains procédés de chimie industrielle ;
Le béton permet la continuité des activités dans les
- de la présence de poussières pouvant générer des
installations d’intérêt vital.
explosions.
Relativement au dernier point, des déchets comme les copeaux La continuité est primordiale pour les bâtiments d’intérêt public
de bois, les poussières etc. doivent être régulièrement évacués comme les centrales électriques, les gares de chemins de fer, les
pour contrer un sérieux danger d’incendie. Citons aussi la hôpitaux, les bureaux des administrations publiques.
combustion spontanée de chiffons pleins d’huile, l’auto
Dans les entrepôts, hôtels, halls industriels, complexes de
inflammation de laines de fer par des piles…
bureaux, centres de distribution, les feux interrompent non
L’origine du danger incendie peut être : seulement le fonctionnement des entreprises qui les exploitent
- interne, lié : mais interrompent également :
• au bâtiment lui‐même et à son contenu ;
- le service aux personnes qui y recourent
• aux activités qui s’y déroulent (activités
industrielles) ; - la productivité des entreprises ou des organisations qui
• aux personnes occupant le bâtiment (fumeurs, gravitent autour des activités de l’entreprise touchée.
déchets).
- externe, lié : Outre sa fonction porteuse, le béton combine une protection
• aux bâtiments adjacents (par les fenêtres par au feu, une protection thermique et une protection acoustique
exemple) ;
• aux installations voisines (gaz liquéfié) ; Les parois intérieures, les façades extérieures et les planchers des
• à des conduites de gaz sous la voirie. bâtiments sont soumis non seulement à des charges mécaniques
mais aussi aux sollicitations thermiques du climat, aux bruits
Son développement dans le compartiment est limité par :
ambiants et aux incendies.
- le choix des matériaux dans les bâtiments (voir §2.4
La figure ci‐après montre les sollicitations agissant sur une paroi
réaction au feu) et
de compartimentage et les propriétés associées nécessitées par
- la fiabilité des installations techniques de protection
ces sollicitations, remplissant les fonctions adéquates de
active telles des détecteurs, des alarmes, des sprinklers,
protection.
des évacuations de fumées et chaleur.
29
automatiques ne se referment pas correctement est de 20 %.
« L’utilisation [5] de dispositifs de fermeture, couplés à un
système de détection, permet d’éviter cette situation qui met en
péril tout l’effet recherché par le compartimentage. »
(Neck, 1999)
Paroi non re‐maçonnée dans une paroi EI, au niveau des canalisations
de chauffage la traversant (source [8])
«Si elle n’est pas fermée, la meilleure porte [5] résistant au feu
n’est d’aucune utilité lors d’un incendie. Lorsque le législateur
exige des ferme‐portes, on constate souvent que dans la réalité,
ces portes sont maintenues en position ouverte afin de faciliter
l’exploitation du bâtiment. » La BS 7974:PD7 [111] fournit
d’ailleurs des valeurs repères relatives à la fiabilité de ces
portes : la probabilité que ces portes coupe‐feu soient bloquées
en position ouverte est de 30 %. La probabilité que des portes
30
Coursives longeant toute la façade du bâtiment (source [8]). Ouvertures de désenfumage au sommet de la cage d’escalier (source
Ces balcons continus constituent des chemins d’évacuation FEBELCEM)
pour les personnes.
31
sont définies pour les risques légers, ordinaires (OH) ou élevés.
Le choix de murs et planchers en béton pour une résistance
A chaque classe est associée une surface sprinklée qui doit être
élevée au feu constitue un maître choix. Ces éléments
maintenue sous contrôle. Ceci signifie que le feu ne doit pas
permettent en outre de réduire la transmission du bruit à
s’étendre au‐delà de cette surface. Le tableau suivant de la
travers les murs et les sols (moins de planchers ou de cloisons
NBN EN 12845 reprend la définition de ces surfaces d’action,
légères). Ils améliorent le confort thermique, réduisent les frais
associées avec un nombre de tête de sprinklers et un débit
d’entretien du propriétaire, augmentent la durabilité. Ces
minimum par têtes de sprinkler :
caractéristiques se traduisent par une meilleure valeur de
Nombre revente pour les propriétaires, un gain financier lié à une prime
Surface débit minimum par
Classes de de têtes d’assurance incendie plus faible tout en diminuant le risque
d’action têtes de sprinkler
risque de d’exposition au danger des services de secours ainsi que les
(m2) (l/m2/min)
sprinklers frais indirects encourus après incendie.
Légers 1 / 21m2 84 2,25
ordinaires 1 / 12m2 72 à 360 5 L’attitude responsable d’un certain nombre de concepteurs, de
Élevés sauf 1 / 9m2 développeurs et de propriétaires qui améliorent la sécurité
260 7,5 à 12,5
HHP4 incendie dans leur bâtiment au‐delà de la réglementation sur
une base volontaire mérite d’être soulignée. Dans le même
temps, pour d’autres bâtiments, ces mêmes personnes, sous le
couvert de maintien de compétitivité, sont priées de réduire au
minimum les exigences réglementaires de sécurité incendie.
Nous pensons spécialement à ceux qui obtiennent des
dérogations permettant la construction de projets qui répondent
à des exigences moindres que celles formulées dans les
réglementations prescriptives des constructions.
32
4.2.3. Comportement humain L’importance notoire du comportement humain est confirmée
par l’expérience canadienne où, grâce à une vaste campagne
Le comportement des occupants des immeubles et celui des d’information, le nombre d’incendies d’appartements a
visiteurs intervient d’une façon non négligeable dans fortement diminué ces dernières années.
l’occurrence des incendies et le fonctionnement des protections.
Il faut noter qu’à partir du moment où la sécurité incendie ne
Prévoir des séances d’exercice anti‐incendie (évacuation et concerne plus des établissements destinés à recevoir du public,
première intervention), ne pas laisser des objets encombrants aucune mesure n’est prévue par la réglementation permettant
dans des chemins d’évacuation, ne pas verrouiller des issues de un suivi et une vérification des mesures prises en prévention
secours… sont autant d’éléments qui augmentent la sécurité. incendie.
Un essai d’évaluation [8] du risque incendie a été mené
récemment pour des bâtiments à appartements multiples. Il
sʹintéresse à la sécurité des personnes et se base sur des fiches
d’évaluation à points. Il s’appuie sur les normes de base belges
en matière d’incendie (AR 1997) et sur l’expérience des services
Pictogrammes réglementaires indiquant la présence dʹun
d’incendie. Chaque critère est relativement simple à vérifier et
hydrant quelconque, d’un dévidoir, dʹun extincteur ou des
ne nécessite pas des techniques élaborées pour son évaluation. Il
sorties de secours
suggère une pondération équilibrée entre les différents
paramètres limitant le risque d’incendie : 2/3 pour les
La sécurité active ne compense‐t‐elle pas les points faibles des
protections passives, 1/9 pour les protections actives et 2/9 pour
structures en acier? [13]
le comportement des occupants et des responsables des
immeubles. « La sécurité active prend en compte la présence des sprinklers,
la détection automatique, la disponibilité d’une réserve dʹeau
suffisante, la proximité des services d’interventions, le type
d’activité exercée dans lʹimmeuble. Ces éléments sont utilisés
dans l’ingénierie du feu pour diminuer artificiellement les
exigences en matière de résistance au feu. Il serait téméraire de
ne pas conserver au bâtiment une sécurité structurale
intrinsèque minimale raisonnable (c’est la sécurité passive) pour
parer à des défaillances extérieures.
33
- l’installation de détection automatique n’éteindra C’est dans le quotidien que l’importance de la redondance en
jamais un incendie et n’organisera jamais une matière de sécurité incendie est clairement perçue. Je ne citerai
évacuation correcte ; qu’un exemple : l’incendie de l’usine Mabelpap à Verviers le
06‐08‐2002 : lorsque l’incendie provoque une explosion et que le
- l’installation d’extinction automatique laissée à elle‐
système de sprinklage fonctionne à moins de 1 m du sol, lorsque
même n’éteindra pas l’incendie, voire provoquera des
les exutoires ne peuvent s’ouvrir…, il reste les murs de
dégâts « collatéraux » excessifs ;
compartimentage Rf pour limiter l’extension de l’incendie. Une
- l’installation EFC n’éteindra jamais un incendie et, au vision aérienne des lieux après incendie est riche
contraire, activera ce dernier. d’enseignements. …
Cette caractéristique est également un des points faibles des Les systèmes de détection ont gagné en fiabilité. Nous pouvons
systèmes de sécurité active : sans réaction humaine appropriée, l’affirmer, même si l’on est assez desservi au niveau des
sans personnel formé, elles perdent une grande partie, voire la statistiques. Des évolutions sont encore à venir , par exemple
totalité de leur efficacité. pour le détecteur communiquant par ondes électromagnétiques
avec le central. Le danger réside peut‐ être dans l’intégration du
La deuxième caractéristique commune aux trois techniques est
système de détection automatique dans un super ordinateur qui
d’être intimement liées à l’organisation spatiale des locaux, à
gère le « risque » d’un bâtiment, d’une entreprise où, à force
l’organisation technique des bâtiments.
d’affiner les asservissements, on en arrive à ne plus connaître
On ne place pas n’importe où une tête de détection, une tête de
avec précision ce qui se passe. Trop de procédures tue l’initiative
« sprinklage », une grille de désenfumage.
humaine : la gestion des centrales nucléaires l’a clairement
démontré. …
Et toute modification des lieux (création de nouvelles parois,
ouverture de certaines parois, modification du système de
conditionnement d’air, etc) doit entraîner une réévaluation de la C’est l’être humain qui a conçu tous les systèmes dont nous
protection par sécurité active. venons de parler. C’est lui qui devra les installer pour qu’ils
aient leur efficacité maximale, qui les testera dans toutes les
configurations possibles, qui devra les entretenir.
Cette deuxième caractéristique commune montre l’importance
C’est surtout lui qui ira prendre les informations et déterminera
de l’entretien régulier de ces systèmes. Ces systèmes craignent
les suites à donner pour combattre efficacement l’incendie.
l’influence néfaste du couple formé par le commercial et le
financier (si on joint à ce couple un décorateur on atteint un
mélange explosif) qui pour des raisons qui leur sont propres
ʺJe suis furieux quand j’entends dire que l’être humain est
vont modifier la disposition des lieux et des techniques : ce qui
toujours le maillon faible d’une chaîne de sécurité. Car, quand
compte c’est l’aménagement commercial du magasin, c’est la
tout foire ‐ permettez‐moi l’expression ‐ c’est sur les épaules du
beauté des meubles du bureau du directeur, c’est l’introduction
personnel présent que repose la bonne gestion de l’incident. A ce
d’une nouvelle technique qui modifie toute l’organisation du
moment, il est trop tard pour se demander : a‐t‐il bien été formé,
travail. Et c’est bien sûr dans les budgets d’entretien que le
y a‐t‐on consacré les budgets nécessaires (ndlr : taux
financier va penser pouvoir faire des coupes sombres : pourquoi
d’encadrement pendant la nuit dans les homes), lui laisse‐t‐on
entretenir une installation technique qui de toute façon ne sert
suffisamment d’initiative, a‐t‐on organisé des exercices de
jamais (du moins on l’espère) ?…
simulation ?
34
Photo : entrepôt industriel de 7200 m2 nord Rognac (France) ‐ samedi
15 juin 1996 (source CIMBETON) : Les murs coupe‐feu en béton ont
parfaitement isolé l’incendie et empêché sa propagation aux entrepôts
voisins.
35
écoulement thermique unidimensionnel, le flux de chaleur
qλ qui traverse une surface de 1 m2 perpendiculaire à la direction
5. Mécanismes thermiques de l’écoulement vaut :
qλ = λ.(∂T/∂x)
5.1. Mécanismes de transfert de la où
chaleur
λ varie de 2,0 à 0,6 W/m°C pour le béton en fonction de la
Il y a trois mécanismes [38] de base de transfert de la chaleur : température. Cette variation est explicitée au §7.2.1.
36
Pour des raisons historiques et de facilité, la charge définie ci‐ L’expérience montre que, si les autres paramètres sont constants,
avant est encore parfois remplacée par une “ charge équivalente la durée d’un incendie est proportionnelle à sa densité de charge
de bois ” (1 kg de bois correspond à 17,5 MJ). Pour la facilité du calorifique. Il en résulte qu’une augmentation d’une charge
lecteur, nous utilisons cet équivalent bois plutôt que des MJ. normale d’incendie provoquera généralement une augmentation
de la durée de l’incendie, mais pas spécialement de la valeur
En réalité, la valeur de la charge incendie définie ci‐avant doit
maximale de la température moyenne dans le local.
être affectée d’un coefficient d’utilisation qui tient compte du fait
que la majorité des matériaux ne se consument pas entièrement Le mode de stockage des matériaux conditionne la vitesse de
et ne libèrent donc pas la totalité de l’énergie qu’ils contiennent. combustion. Par exemple, les rouleaux de papier s’effeuillent : il
Ceci est lié au matériau lui‐même, à sa géométrie, à sa surface est nécessaire de les stocker horizontalement (voir §8.4.1
exposée aux flammes, etc. La charge incendie contribuant activités dans les bâtiments industriels).
réellement à la combustion se situe entre 50 et 90 % de la charge
A ce titre, les deux paramètres tα et RHRf permettent de
incendie théorique définie ci‐dessus. Dans le cas des matériaux
caractériser la distribution des matériaux combustibles :
principalement cellulosiques, selon l’annexe E de la
NBN EN 1991‐1‐2 [106], il est admis de supposer un coefficient tα = le temps nécessaire pour atteindre un débit
de combustion m=0,8. calorifique de 1 MW et
RHRf = RHR pour “ Rate of Heat Release” : le débit
calorifique maximal produit par 1 m2 de feu dans le
cas d’un feu contrôlé par le combustible. A titre
indicatif, voir le tableau suivant :.
RHRf tα (s)
Type de stockage – d’occupation
(kW/m2)
37
Feu contrôlé par le combustible
RHR (MW)
= q . Afi
70 % du
combustible a Feu contrôlé par la
brûlé ventilation
Phase de
décroissance
Phase de
croissance
Q = 2.T.(t/π)0.5.Eff
Lorsqu’il est fait usage de bouches d’évacuation des fumées, L’effusivité thermique élevée des parois en béton se révèle dès
actionnées automatiquement par des éléments sensibles à la lors intéressante autant pour le confort thermique que pour le
température, l’amenée d’air complémentaire qui en résulte retardement du flashover.
38
La diffusité thermique
Le transfert de chaleur dans le matériau est, en régime
a = λ /(ρ.c) permanent, directement proportionnel à la conductivité
thermique alors qu’en régime transitoire, il est, comme montré
est quant à elle une mesure de la vitesse à laquelle la
ci‐dessus, directement proportionnel à l’effusivité thermique.
température évolue dans le matériau. Cette grandeur apparaît
Dans le domaine de l’incendie, c’est donc l’effusivité thermique
dans l’équation 1 donnée au §5.1. Plus elle est grande, plus le
matériau s’échauffe rapidement. Eff = (λ.ρ.c )0,5 élevée, associée à la massivité des éléments en
béton, qui se révèle particulièrement favorable dans l’évolution
des températures des gaz (retardement du flashover).
La longueur de diffusion Ldiff est la profondeur x à laquelle la - la durée de l’incendie, déterminée par la charge
variation de température vaut près de la moitié de la variation d’incendie et la ventilation ;
brusque de température à la surface. L’équation : - la température moyenne dans le compartiment,
Ldiff = (a.t)
0.5 déterminée par la ventilation et l’isolation thermique
du compartiment ;
néglige les changements de phase éventuels dans le matériau
lui‐même. - la vitesse avec laquelle le feu se développe et avec
laquelle la température croît, influencée par le
Le tableau ci‐après donne un aperçu des propriétés thermiques comportement thermique des parois.
pour quelques types de matériaux :
39
Ad = la valeur de calcul de l’action thermique
indirecte due à l’incendie (bridage,
6. Actions déplacement).
La présentation des actions mécaniques est nécessaire pour la En général, l’application de ces combinaisons d’action conduit à
compréhension de la résistance au feu des structures où une charge en situation d’incendie de l’ordre de 50 à 70 % de
intervient la notion de taux de chargement. La prise en compte celle prise en compte lors du dimensionnement à froid.
de ce paramètre permet un dimensionnement plus affiné.
Le taux de chargement à chaud ηi le plus élevé qui soit est 1/1,35
La présentation des actions thermiques a pour but, quant à elle, soit 0,74. En pratique, il y a toujours une petite charge
la compréhension des « feux naturels » dans la démarche du d’exploitation qui donne le taux de chargement de 0,7.
« Fire Safety Engineering ». Cette démarche prend en compte les
Nous utiliserons à nouveau cette notion dans la présentation de
phénomènes physiques et les conditions d’intervention
la méthode des valeurs tabulées (voir §8.1.1 et 8.1.2 ).
rencontrés pour le bâtiment étudié.
La performance des éléments de structure en béton vis‐à‐vis du 6.2. Les différents modèles de l’action
feu permet au concepteur de bâtiments qui le choisit de ne pas thermique
s’encombrer de protections complémentaires ou de ne pas
recourir à des évaluations complexes et à des demandes de Il y a plusieurs façons de modéliser l’incendie [18] à l’intérieur
dérogation. d’un bâtiment. Dans un ordre croissant de complexité, les
modèles utilisés le plus couramment sont :
Dans le même esprit, le recours au béton donne le plus souvent,
sans dépenses additionnelles, des résistances au feu dépassant ‐ les courbes nominales ;
les courbes nominales. La sécurité relative des autres modèles, ‐ les courbes paramétriques ;
quant à elle, est souvent plus faible que celle atteinte avec la ‐ les modèles de zones ;
courbe ISO. Exception est faite dans le cas où les charges au feu ‐ les modèles CFD
sont extrêmement élevées comme, par exemple, dans les
et enfin les modèles de feux localisés qui eux n’affectent pas
bibliothèques pour autant que des coefficients de réduction des
uniformément la surface du compartiment.
charges au feu n’aient pas été appliqués pour tenir compte des
sécurités actives ! Ils sont développés dans la norme EC1 feu : la courbe ISO dans
le corps de la norme et les autres modèles dans les annexes
informatives.
40
6.2.3. Modèles de zone qui pourrait se développer. Ce type de feu peut entrainer, au
même titre qu’un feu généralisé, la ruine d’un bâtiment.
Ces modèles utilisent les paramètres développés au §5.2.
1400
Courbe ISO
100 [MJ/m²]
1200
200 [MJ/m²]
300 [MJ/m²]
1000
Temparature des Gaz [°C]
400 [MJ/m²]
500 [MJ/m²]
800
600 [MJ/m²]
700 [MJ/m²]
600 800 [MJ/m²]
900 [MJ/m²]
400 1000 [MJ/m²]
1100 [MJ/m²]
1300 [MJ/m²]
0
0 3600 7200 10800 14400 18000
Feu localisé : modèle d’Hasemi [106]
Temps [sec]
Figure : exemple de courbe obtenue par un modèle de zone pour 6.2.5. Modèles CFD
différentes charges au feu de calcul qfd pour un compartiment de
Les méthodes avancées en Dynamique des fluides (CFD pour
10m x 10m x 3m(=h) avec des parois de 12 cm de béton recouvertes de Computational Fluid Dynamics) analysent les systèmes incluant
1,5 cm de plâtre dans le cas d’un RHRf de 250 kW/m2 l ‘écoulement des fluides, les transferts de chaleur et les
phénomènes associés, cela en résolvant les équations
6.2.3.2. Modèles à deux zones fondamentales de la Mécanique des Fluides.
Les modèles à deux zones sont des modèles numériques qui Ces équations constituent une représentation mathématique des
calculent l’évolution de la température des gaz en fonction du lois physique de conservation.
temps dans la couche inférieure et supérieure, à l’aide des bilans
Dans ces modèles, les équations différentielles de la
massiques et énergétiques écrits pour chacune des deux couches
thermodynamique et de l’aérodynamique sont résolues en un
au sein desquelles la température est supposée uniforme.
très grand nombre de points du compartiment pour déterminer,
Un incendie peut être appréhendé par un modèle à deux zones entre autres, les températures et les composantes de vitesse des
qui lui‐même basculera vers un modèle à une zone au moment fumées. Très complexes à manipuler et très sensibles aux
du flashover. Ces modèles ont été développés plus hypothèses, ces modèles sont réservés à la recherche. Ils sont
particulièrement par l’Université de Liège, notamment au sein surtout utilisés pour étudier la dispersion de la fumée et de la
du programme OZONE. chaleur, rarement pour évaluer en termes de flux de chaleur
l’impact du feu vers les éléments de structure.
Ces modèles sont utilisés lorsque l’incendie est de petite taille
comparée à celle du local.
6.2.6. Quelle courbe, quel modèle choisir ?
L’épaisseur de la couche inférieure reste à température assez
basse et ne contient pas de produits de combustion. Elle est très Notre réglementation actuelle n’accepte que l’usage des courbes
importante pour apprécier les conditions de survie des nominales. Une dérogation spéciale doit être introduite auprès
occupants dans le compartiment. du Service Public Fédéral si le concepteur souhaite justifier la
résistance au feu de son bâtiment à l’aide d’autres courbes.
6.2.4. Modèles de feux localisés Dans la conception des bâtiments, le dimensionnement selon les
courbes paramétriques ou de modèles de zone plutôt que de la
La norme EC1 feu donne également la possibilité d’effectuer un
courbe ISO influence fortement le risque d’écroulement des
calcul de l’échauffement local des gaz au droit d’un feu localisé
ouvrages en cas dʹincendie : un feu ISO de 2 heures dans des
habitations, des bureaux ou tout autre bâtiment, avec une
41
densité de charge calorifique inférieure, est plus sévère qu’un
feu calculé avec des courbes paramétriques ou des modèles de
zone. L’usage de ces courbes est développé plus loin dans le
cadre du dimensionnement par le « Fire Safety Engineering ».
42
limite de résistance du béton est dépassée. Ce phénomène est
d’autant plus accentué que l’humidité du béton est élevée et que
7. Les matériaux l’échauffement est rapide. Des fragments de béton peuvent alors
être projetés de la surface de l’élément avec plus ou moins de
violence (voir plus loin « éclatement du béton).
7.1. Les phénomènes physiques et
chimiques dans le matériau béton
Bien que les normes fournissent des règles simples et aussi de
plus complexes à utiliser, il est important de comprendre les
propriétés du matériau béton soumis à un feu.
La déshydratation et la décarbonatation sont des réactions Les changements [55] qui s’opèrent dans le béton à “ basse ”
endothermiques : elles absorbent de lʹénergie et donc température (< 300 °C) reflètent principalement des change‐
ralentissent l’échauffement. Elles vont donc de pair avec ments dans la pâte de ciment, puisque presque tous les granulats
lʹabsorption de chaleur qui retarde lʹéchauffement du matériau courants sont relativement stables jusqu’à 350 °C. Il a été montré
exposé au feu. que le gravier de rivière de la Tamise, “Thames gravel ”, éclate
A partir de la surface chauffée se forme un front de déjà à cette température, contrairement à l’excellent
déshydratation et de vaporisation où la température dépasse à comportement des autres granulats.
peine les 100 °C (voir figure ci‐après). Si les pores capillaires sont
trop fins, la pression de vapeur qui augmente peut générer dans
le béton des contraintes de traction à ce point importantes que la
43
Le comportement des bétons cellulaires
Il faut retenir l’excellent comportement des bétons cellulaires qui Réactions du béton à une attaque thermique
sont dʹailleurs utilisés dans les fours pour réaliser la maçonnerie
Température
autour des portes coupe‐feu quʹil faut tester !
dans le béton Réaction du béton
L’éclatement explosif du béton (« spalling ») pourrait se (°C)
manifester dans les poutres en béton précontraint où les
< 100 Cette température est en règle générale inoffensive
contraintes thermiques résultant du front de déshydratation
pour le béton. Simple dilatation.
viennent se superposer aux contraintes très élevées existant dans
le béton et où l’âme est bridée par des semelles plus massives. Le
> 100 Le béton perd son eau libre. Lʹeau non
bridage d’un élément de construction est l’action d’entraver, de chimiquement liée sʹévapore des pores capillaires.
bloquer les déformations de cet élément. L’analyse de la stabilité
d’un élément de construction doit tenir compte de la 100 à 800 Le béton perd son eau chimiquement liée de CSH
superposition de ces contraintes.
44
L’éclatement explosif est improbable lorsque la teneur en eau du
7.2. Les caractéristiques mécaniques béton est inférieure à k % du poids total du béton. Au‐dessus de
k %, il convient d’étudier plus précisément l’influence de la
et thermiques du béton et de l’acier teneur en eau, du type de granulat, de la perméabilité du béton
et de la vitesse d’échauffement.
Pour effectuer la vérification des éléments en béton, il nous faut
connaître le comportement thermique et mécanique du béton et Dans chaque pays membre du comité européen de
de l’acier. Ces propriétés, présentées ci‐dessous, ont été extraites Normalisation, le CEN, la valeur de k à utiliser sera fournie dans
de l’Eurocode 2 partie 1‐2, la NBN EN 1992‐1‐2: 2005 [107]. Cette son Annexe Nationale. Le projet d’ANB belge rend normatif la
norme ne sera pas d’application en Belgique avant 2007, lorsque valeur k=3 qui est la valeur recommandée au niveau européen.
son ANB sera rédigée. En attendant, c’est la NBN ENV 1992‐1‐2
On peut supposer que lorsque les éléments sont conçus pour
[113] , complétée par son DAN qui est d’application stricto
application intérieure (classe d’environnement EI selon la
sensu. En réalité, les résultats de l’EN sont déjà exploités pour
NBN B 15‐001 [117]), la teneur en eau de ces éléments est
les bétons haute résistance, au cas par cas (pour la période de
inférieure à k % du poids du béton, avec 2,5 % < k < 3,0 %.
transition voir §3.1.2 relatif aux Eurocodes).
0,8 avec,
granulats calcaires
résistance du béton
θ la température considérée.
0,6
0,4
0,2
0
0 200 400 600 800 1000 1200
température (°C)
L’utilisation des valeurs tabulées (voir plus loin) n’impose Figure : Modèle mathématique de la relation contrainte‐déformation du
aucune vérification concernant l’éclatement pour le béton de béton en compression aux températures élevées. Pour des questions de
densité normale. stabilité numérique, il convient d’adopter une partie descendante. Les
modèles linéaires ou non linéaires sont admis. [107]
Cependant, si la distance de l’axe de l’armature au parement est
supérieure ou égale à 70 mm, alors il faut prévoir des armatures Une dilatation empêchée ne provoquera la rupture ni du béton
de peau pour s’opposer à d ‘éventuelles chutes de béton. Le ni de l’acier. En effet, l’allongement du béton comportant des
treillis de peau disposera d’une maille inférieure à 100 par granulats siliceux, résultant d’une dilatation libre, est inférieur à
100 mm et d’armatures de diamètre supérieur ou égal à 4 mm. εc1,θ. De même la dilatation des barres d’acier résultant d’une
dilatation libre est inférieure à εsy,θ, comme le montre la figure
Si d’autres méthodes de calcul sont utilisées, il y a lieu de
considérer le phénomène de l’éclatement. ci‐après. εsy est défini au §7.2.5.
45
2,2
epsilon,cu1
5 epsilon,c1 2
epsilon,sy
1,8
1,2
3
1
0,8
2 u=0%
0,6
u=1,5%
0,4
1 u=3%
0,2
0
0 0 200 400 600 800 1000 1200
0 200 400 600 800 1000 1200
tem pérature (°C)
température (°C)
Figure : Chaleur spécifique du béton, cp(θ ), en fonction de la
température pour 3 teneurs en eau, u, différentes : 0 %, 1,5 % et 3 %
Figure : Evolution des allongements de l’acier et du béton en fonction
du poids de béton [107]
de la température (source FEBELCEM)
14,E-3
1,20
12,E-3
1,00
allongement
10,E-3
0,80
8,E-3 0,60
6,E-3 0,40
0,20
4,E-3
granulats siliceux
0,00
2,E-3 granulats calcaires 0 200 400 600 800 1000 1200
000,E+0
tem pérature (°C)
0 200 400 600 800 1000 1200
46
Les courbes de conductivité thermique tirées de l’ENV 1992‐1‐2 2,00
font apparaître à 20 °C une conductivité thermique des bétons
1,80 BN limite supérieure
de calcaire inférieure d’environ 20 % à celle des bétons de silice.
1,60 BN limite inférieure
Conductivité thermique
7.2.2. Les bétons légers. 1,40 béton léger
du béton (W/m°C)
1,20
Les propriétés des bétons de granulats légers ne sont pas 1,00
indiquées dans la NBN EN 1992‐1‐2. A défaut, elles sont
0,80
extraites de la NBN ENV 1992‐1‐2 [113].
0,60
La dilatation thermique du béton léger 0,40
La déformation thermique εc(θ) du béton en fonction de la 0,20
température est illustrée à la figure suivante : 0,00
0 200 400 600 800 1000 1200
16,E-3
14,E-3
tem pérature (°C)
10,E-3
8,E-3
7.2.3. Les bétons haute résistance.
6,E-3
La considération des bétons haute résistance (BHR) dans l’EC2
4,E-3 granulats siliceux est tout à fait neuve tant pour le calcul des bétons à « froid » qu’à
2,E-3
granulats calcaires « chaud ».
granulats légers
000,E+0 1
facteur de réduction de la résistance
2,2 0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 1100 1200
2 u=3%
Chaleur spécifique (kJ/kg°C)
47
Les caractéristiques thermiques données pour le béton normal figure suivante. Ce facteur varie selon le type d’acier (laminé à
peuvent également être appliquées pour le béton à haute chaud ou à froid) et en fonction de l’allongement des aciers :
résistance.
1
Les règles de l’Eurocode 2 feu précisent également les cas où il
0,9 courbe 1
Méthode D : utiliser un mélange de béton qui contient plus de La courbe 1 est la même que dans la NBN ENV 1993‐1‐2 [112]
2 kg/m3 de fibres de polypropylène monofilamentaires. pour le calcul des profilés dans les charpentes en acier.
Cette dernière méthode est celle que nous recommandons à Pourquoi limiter les déformations pour les armatures en
défaut de démonstration par les méthodes B et C. compression (courbe 3) ?
48
La formulation de la relation contrainte‐déformation peut
également être appliquée pour l’acier de béton armé en
10 mm pour les barres et 15 mm pour les torons.
compression.
1 La dilatation thermique de l’acier
0,9 courbe 2 (barres) La variation de la dilatation thermique εs(θ) en fonction de la
facteur de réduction de résistance
0,8
température est illustrée à la figure suivante :
0,7 courbe 1a (torons et
fils Classe A) 18E-3
0,6
courbe 1b (torons et
0,5 16E-3 armature BA
fils Classe B)
0,4 14E-3 armature de précontrainte
0,3
12E-3
0,2
allongement
0,1 10E-3
0 8E-3
0 200 400 600 800 1000 1200
6E-3
température (°C)
4E-3
4,0
3,0
2,0
1,0
0,0
Esy,θ 0 200 400 600 800 1000 1200
49
60 1,0
Conductivité thermique (W/m°C)
30 0,6
0,5
20
0,4
10 0,3
0,2
0
0 200 400 600 800 1000 1200 0,1
0,0
tem pérature (°C)
0 200 400 600 800 1000 1200
Figure : Conductivité thermique de l’acier au carbone en fonction de la température (°C)
température [112]
Es,θ / Es (20 °C) voir §7.2.5
Ec,θ / Ec (20 °C) voir §7.2.1
7.2.6. Comparaison des caractéristiques
mécaniques des matériaux acier et (source FEBELCEM)
béton Le graphique ci‐dessus n’est pas commun : il montre que la
chute relative de rigidité est plus forte pour le béton que pour
Les chutes de résistance du béton et de l’acier sont portées ci‐ l’acier ! Ceci reflète la capacité pour le béton, comme exprimé
dessous sur un même graphique. Pour l’acier, c’est la courbe 1 plus haut, de s’accommoder du bridage. Le bridage d’un
(relative à une déformation de l’acier supérieure à 2 %) qui est élément de construction est l’action d’entraver, de bloquer les
portée sur le graphique. déformations de cet élément.
1 Cette chute importante de rigidité du béton à température élevée
0,9 béton calcaire influence relativement peu la rigidité des éléments comprimés
réduction de résistance
0,8 acier courbe 1 en béton de puisque seuls les premiers centimètres à partir de la
0,7 surface sont affectés.
0,6 Par contre la diffusivité thermique de l’acier, 25 fois plus élevée
0,5 que celle du béton combinée avec une faible massivité des pièces
0,4 influence gravement le comportement au flambage des pièces en
0,3 acier.
0,2
0,1
0
0 200 400 600 800 1000 1200
température
(source FEBELCEM)
50
Pour le béton, ce niveau 1 permet une vérification immédiate
8. Calcul de la protection et du pour les poutres et dalles. Une approche conservative en guise
de prédimensionnement, en prenant un taux de chargement de
risque 0,7, donne immédiatement les sections minimales des colonnes
et les épaisseurs des murs.
8.1. La vérification de la résistance au Les méthodes de niveau 2 et 3 permettent d’affiner les résultats
feu : calcul et de prendre en compte les réserves structurales offertes par
l’hyperstaticité éventuelle de la structure : la continuité des
armatures supérieures au droit des appuis et les effets
8.1.1. Trois méthodes, trois niveaux bénéfiques de membrane dans les planchers monolithiques sont
autant d’exemples.
Il est important que les architectes et les prescripteurs
distinguent l’existence des 3 méthodes, associées chacune à un Les concepteurs de structures métalliques ou structures mixtes
niveau de calcul. Seule la méthode 1 sera détaillée plus loin. Elle acier‐béton exploitent au maximum ces dernières méthodes dans
offre un maximum de pertinence et de simplicité pour les leur démonstration de la tenue des bâtiments au feu.
structures béton. Pour les autres méthodes, le lecteur consultera
utilement des revues [37] ou directement la NBN EN 1992‐1‐2
[107]
Le niveau 2 : modèles simplifiés de calcul
La partie feu des Eurocodes présente trois types, trois niveaux
L’usage de cette méthode serait également de la responsabilité
de modèles pour le calcul de la résistance au feu des structures
du bureau d’étude, contrôlé par la commune, elle‐même
[37]. Au niveau Fédéral, un texte a déjà été rédigé concernant
conseillée par les Services incendie sur base d’attestations de
l’acceptation par les autorités compétentes des notes de calcul
conformité :
selon ces différentes méthodes. Ce texte fera l’objet d’un arrêté
royal [52]. Du plus simple au plus complexe : - soit le bureau d’étude est certifié par un organisme de
certification accrédité BELAC (EN 45013) et il atteste lui‐
Le niveau 1 : calculs par valeurs tabulées
même la conformité de sa note de calcul ;
L’usage de cette méthode serait de la responsabilité du bureau
- soit le bureau d’étude n’est pas certifié et la conformité doit
d’étude contrôlé par la commune, elle‐même conseillée par les
être attestée par un organisme de certification accrédité
Services incendie.
BELAC (EN 45004).
La norme européenne EC2 partie 1‐2 permet de vérifier, pour un
Un calcul plus poussé de niveau 2 utilise la même démarche que
feu ISO, les poutres, colonnes, murs et dalles en béton armé ou
pour le dimensionnement à froid. Elle intègre en plus la perte de
précontraint. Cette norme se base sur des tableaux (tabulated
résistance du béton et des armatures en fonction de leur
data) qui fournissent les dimensions minimales des sections
température. Leur température est déterminée, pour un feu ISO,
ainsi que la distance de l’axe (axis distance) des armatures
soit à l’aide d’abaques, soit à l’aide dʹun programme effectuant
jusquʹau parement le plus proche. Les valeurs fournies par ces
l’analyse thermique pour la section étudiée. Si la capacité de
tableaux ont été calculées soit après calibrage des
résistance est supérieure aux sollicitations, l’élément de structure
caractéristiques du matériau et des modèles de calcul, soit sont
aura dès lors une durée de résistance au feu au moins égale à la
déduites de formules empiriques calibrées à partir d’essais.
durée recherchée.
L’Eurocode maçonnerie partie 1‐2 précise l’épaisseur minimale à
Le tableau ci‐après reprend les coefficients de sécurité sur les
donner aux murs en fonction du type de blocs utilisés.
matériaux béton et acier :
Les tableaux prenant en compte le taux de chargement pour les
A froid A chaud
murs et les colonnes en béton armé ou précontraint permettent
Béton 1,76(*) 1
d’affiner le résultat.
Acier armatures 1,15 1
Ce type de vérification est considéré de même accessibilité qu’un Structures acier 1,1(**) 1
calcul à froid.
Coefficients de sécurité sur les matériaux
(*) 1,76 = 1,5 / 0,85
(**) selon l’ENV 1993‐1‐1 [116]
51
Ce type de calcul demande une bonne connaissance du FSE. Elle 8.1.2.1. Domaine d’application
est accessible à des bureaux d’études dont les notes de calcul
devraient être certifiées. - L’EC2 feu est applicable aux bétons de densité normale
jusqu’à des C90/105 et aux bétons légers jusqu’à des
Le niveau 3 : modèles avancés de calcul LC55/60.
Les notes de calcul recourant à ces modèles avancés ne sont - Les tableaux couvrent des durées d’exposition au feu
acceptées qu’au cas par cas par la Commission de dérogation du normalisé de la courbe ISO jusqu’à 240 minutes ;
Service Public Fédéral de l’Intérieur.
- Les valeurs données dans les tableaux s’appliquent aux
bétons avec une masse volumique comprise entre 2000 et
2600 kg/m3 et avec granulats siliceux ;
52
chargement à chaud divisé par le coefficient de sécurité de l’acier
à froid, soit :
8.1.2.3. Enrobage à l’axe ks, nécessaire = ηfi/(γs/γs,fi) = 0,7/(1,15/1,0) = 0,609.
- Dans le cas de plusieurs lits d‘aciers (notamment dans les Cette valeur correspond à une température de 500 °C, selon la
poutres), « a » désigne ici « am » = la distance entre le centre courbe pour les armatures de BA présentée ci‐dessus.
de gravité des aciers et le parement le plus proche. Chaque Cette même valeur correspond à une température de 400 °C,
barre doit néanmoins respecter un « a » minimum ; selon la courbe “ 2 ” pour les barres de précontrainte. Selon la
‐ Dans le cas de poutres à un seul lit d’aciers, la valeur “ a ” courbe “ 3 ” pour les torons et fil de précontrainte, cette même
des armatures d’angles devra être augmentée de 10 mm par valeur correspond à une température de 350 °C.
rapport à celle donnée dans les tableaux ; ‐ Dans le cas des aciers de précontrainte, les mêmes tableaux
‐ Les tableaux sont basés sur une température “ critique ” de peuvent être utilisés en majorant la distance “ a ” de
l’acier : 500 °C pour les aciers de béton armé, 400 °C pour les ‐ 10 mm pour les barres de précontrainte et
barres de précontrainte, 350 °C pour les fils et torons de ‐ 15 mm pour les torons et fil de précontrainte.
précontrainte. Cette différence de température critique peut‐ Comment expliquer ces deux majorations de distance ?
être traduite par une majoration d’enrobage dans le cas de
précontrainte. Le graphique ci‐dessous, extrait de l’EC2, donne la distribution
de température pour un écoulement thermique unidimension‐
Le facteur de réduction de la résistance caractéristique des aciers nel, distribution qui sʹapplique pour les dalles. Ces mêmes
de béton armé et de précontrainte en fonction de la température courbes sont utilisées pour les dalles alvéolaires appelées plus
critique θcr à utiliser avec les tableaux est illustré par les courbes communément hourdis.
de références de la figure ci‐après. Elles sont légèrement
différentes de celles présentées au §7.2.5 (car elles ont été
déduites de tests réalisés selon des procédures différentes).
1,00
armature BA
0,90 barre de précontrainte
0,80 fils et torons de précontrainte
facteur de réduction de résistance
0,70
0,60
0,50
0,40
0,30
0,20
0,10
0,00
0 200 400 600 800 1000 1200
température (°C)
15 mm
(source [107])
‐ Quelle est l’origine de ces valeurs de températures Légende : x est la distance à partir de la surface exposée
critiques ? Figure : Distribution des températures dans les dalles (hauteur
Pour un taux de chargement à chaud de 0,7 (ceci a été développé h = 200 mm) pour R 60 à R 240 (source [107]
précédemment dans les actions mécaniques au §6.1) et à toute La température d’un point situé à 30 mm de la surface après
autre chose égale, les aciers travailleront seulement à 70 % de 90 minutes d’exposition de l’élément est de 500 °C. A ce même
leur contrainte admissible à froid. moment, la température d’un point situé 15 mm plus profond,
A chaud, les aciers peuvent travailler à une contrainte 1,15 fois soit à 45 mm, est de 350 °C.
plus importante qu’à froid. Ceci résulte de coefficients de Ainsi, pour obtenir les distances nominales à l’axe “ a ” pour les
sécurité de l’acier : 1,15 à froid et 1,00 à chaud. torons de précontrainte, il suffit bien de majorer de 15mm les
Pour que les aciers supportent la charge, la fraction de résistance distances données pour des armatures de BA.
résiduelle nécessaire à chaud est donnée par le taux de Ajustement de l’enrobage : pour les poutres et les dalles,
lorsque la section des armatures à froid est surabondante et
53
pour un taux de chargement ηi, l’EC prévoit une procédure 2ème partie
simple, sur la base de températures critiques. Pour les
Sachant que la section d’acier prévue dépasse, pour des raisons
éléments tendus et les éléments fléchis sur appuis simples,
de standardisation, de 18 % la section d’acier strictement
elle permet de réduire l’enrobage donné dans les tableaux.
nécessaire, quel est l’enrobage nominal minimum acceptable ?
En développant les équations proposées dans l’EC,
la distance « a » de l’armature au parement du béton Calculons la valeur de ζ.
obtenue par les tableaux peut être diminuée par soustraction
La norme NBN EN 1991‐1‐1‐ANB:2005 [114] précise les charges
de la valeur ∆a définie comme suit :
d’exploitation applicables en Belgique pour les bureaux au
1. Pour le béton armé : tableau 6.2 ANB soit :
cnom = 15 + 10 = 25 mm
54
Dimensions minimales (mm) ‐ les dalles sur appuis linéaires simples sans moment aux
Résistance Combinaisons possibles de a et de bmin, a Epaisseur d’âme bw appuis à un ou deux sens porteurs en béton armé ou
au feu
étant la distance moyenne des axes des précontraint (voir diagramme §8.1.2.3);
normalisé armatures au parement et bmin étant la Classe Classe Classe
largeur de la poutre WA WB WC
‐ les dalles continues ;
1 2 3 4 5 6 7 8
asd = a + 10mm (voir note ci-dessous) Pour la vérification de la résistance au feu des poteaux, deux
Il convient de prendre en compte, pour les poutres précontraintes, l’augmentation de la distance
méthodes sont fournies : A et B. Les deux méthodes peuvent être
d’axe des aciers au parement conformément au §8.1.2.3. utilisées indifféremment dans leur champ d’application. Elles
asd est la distance de l’axe des aciers à la paroi latérale de la poutre dans le cas des armatures prennent en compte :
d’angle (ou câble ou fil) des poutres présentant un seul lit d’armatures. Pour les valeurs de bmin
supérieures à celles données dans la colonne 4, aucune augmentation de la valeur de asd n’est
requise.
‐ la taille et l’élancement des colonnes ;
‐ le niveau de chargement ;
* L’enrobage exigé par la NBN EN 1992-1-1 est normalement déterminant.
‐ l’excentricité du premier ordre ;
Tableau : Dimensions et distances de l’axe des armatures au parement ‐ la résistance du béton ;
minimales pour les poutres en béton armé et précontraint sur appuis ‐ l’armatures ;
simples sans moment sur appuis [107]) - la distance de l’axe des barres au parement et enfin,
- le nombre de barres longitudinales (4 ou 8).
8.1.2.5. Poutres continues Les valeurs tabulées sont indiquées uniquement pour des
structures contreventées. Ainsi, des colonnes d’un bâtiment
L’EC2 feu fournit un tableau semblable à celui des poutres
supportant des planchers reliés à un noyau central sont
isostatiques avec des distances à l’axe « a » réduites.
typiquement contreventées. Une note relative aux structures non
Nous nous contenterons de signaler l’importance, dans les contreventées figurera dans l’annexe nationale belge.
structures continues, de prolonger sur toute la travée les
La méthode A
armatures supérieures prévues au droit des appuis, du moins
une partie, pour rencontrer l’apparition de moments négatifs. La méthode A a été mise au point par l’Université de Liège et
Ces derniers apparaissent en travée, suite aux gradients existait précédemment dans le DAN de la prénorme. A présent,
thermiques dans les sections : elle a été introduite dans la norme européenne. Un ensemble de
tests sur 80 colonnes, effectué par 4 laboratoires différents de par
le monde, a permis le calibrage d’une formule prédisant la durée
Ligne des moments à
Ligne des moments pour de résistance au feu en fonction des différents paramètres
froid pour la charge
la charge et le gradient mentionnés ci‐dessus.
thermique
Le champ d’application de la méthode A limite notamment son
usage
55
L’annexe nationale belge fournit des tableaux étendus qui réglementation, soit, pour chaque cas d’application, sur base
permettent à l’utilisateur une lecture directe des solutions sans d’une étude justificative. ”
recourir à une interpolation.
Les différentes approches de calcul au feu sont :
Les valeurs des tableaux de la norme européenne et de notre
ANB ne coïncident pas car elles ont été calculées avec des ‐ la classification basée sur la courbe standard ISO,
valeurs différentes du paramètre αcc (respectivement = 1,00 et ‐ l’usage des feux paramétriques et
0,85) ‐ l’usage des courbes de feux naturels couplées avec des
coefficients réducteurs sur les charges calorifiques. Ceci est
La méthode B
un des développements du Fire Safety Engineering.
Elle repose sur les résultats d’une modélisation mathématique.
Elles ne conduisent pas au même niveau de sécurité.
Les deux méthodes A et B ont été comparées intensivement et
présentent une bonne corrélation avec les tests effectués sur les Les propriétaires des bâtiments et les Compagnies d’assurances
80 colonnes. doivent se rendre compte que les structures en béton sont
normalement classées selon la courbe standard ISO. Elles sont
Cette méthode dispose d’un champ d’application moins limité,
robustes, peuvent être réparées après un incendie et il est
surtout s’il est fait usage de l’annexe informative C de l’EC2 feu.
possible d’effectuer des changements durant la vie du bâtiment.
- élancement des colonnes jusqu’à 80 et
La température critique des structures en acier sans protection
- excentricité “ e/b ” du premier ordre jusque 0,5. au feu est selon les prénormes européennes de 540 °C lorsque le
taux de chargement est de 0,7. La température critique est
La difficulté d’interpolation dans les tables peut être contournée
atteinte dans les profilés courants dans les 10 à 15 minutes ou
par un simple programme.
plus selon la massivité des éléments et leur taux de chargement.
C’est pourquoi l’industrie de l’acier a développé des méthodes
8.1.2.8. Voiles
de calcul pour montrer que les températures sont beaucoup plus
L’EC2 feu fournit des tableaux pour basses que celles rencontrées dans un feu ISO. Cette industrie
montre également que les charges mécaniques peuvent être
‐ les voiles porteurs ; inférieures à celles requises pour une classification standard
‐ les voiles non‐porteurs (exigence EI) ; selon la courbe ISO. L’industrie du bois partage les mêmes
‐ les voiles coupe‐feu (rencontrant l’exigence complémentaire intérêts.
de résistance aux chocs).
Même si les exigences peuvent être satisfaites au moyen de
courbes paramétriques ou du FSE, les propriétaires des
bâtiments ont davantage de sécurité et de flexibilité pour le
8.2. Le Fire Safety Engineering même prix s’ils choisissent le béton avec une classification
standard.
Il n’existe aucune définition absolue, mais néanmoins la
définition suivante semble acceptable (Purkiss, 1996) : Dans l’annexe nationale belge, une ouverture vers des courbes
différentes est donnée pour le cas des grands compartiments
Le “ Fire Safety Engineering ” peut être défini comme comprenant des charges combustibles réduites où
l’application de principes scientifiques et d’ingénierie aux effets manifestement l’embrasement généralisé ne peut se produire.
du feu : on quantifie les risques et les dangers encourus, tant en Dans ce cas précis et uniquement si les autorités compétentes
vue de réduire les pertes en vies humaines et les dommages aux l’autorisent, la courbe ISO est délaissée au profit des feux
biens, quʹen vue de fournir une solution optimale à l’application localisés détaillés dans l’annexe C .
de mesures de prévention et de protection.
L’ANB rend les annexes C et D et G normatives (voir §3.1.2
p 23). Les annexes A, B E et F restent informatives. Ces annexes
La démarche du « Fire Safety Engineering » peut conduire à
sont neuves par rapport à la prénorme NBN ENV 1991‐2‐2 [118]
utiliser “ les feux naturels ” pour décrire l’évolution des
et sont le résultat des derniers développements du FSE.
températures dans les compartiments et vérifier la tenue au feu
de la structure. Les feux naturels englobent les courbes
L’annexe A développe les courbes paramétriques.
paramétriques et les modèles de zone développés plus haut.
L’annexe D développe les modèles de feu avancés (une et deux
Cette démarche est introduite dans les annexes informatives de
zones).
la norme Eurocode 1 partie 1‐2 [106]. Actuellement, elle nʹest pas
utilisable en Belgique sans dérogation à la réglementation. Le L’annexe E, la plus soumise à critiques, traite des densités de
document d’application nationale (ANB) comprendra une note charge calorifique, des vitesses de propagation du feu à
très importante à ce sujet : introduire dans les modèles définis dans les autres annexes. Elle
comprend, au niveau de l’ANB, un certain nombre
« La courbe de température à appliquer doit être autorisée par
d’amendements qui sont le résultat d’un dialogue constructif au
les autorités publiques compétentes soit d’office dans la
sein du groupe ad‐hoc chargé de sa rédaction.
56
L’annexe F développe la méthode du temps équivalent déterminée de façon à ce que la probabilité de ruine sur 50 ans
d’exposition au feu. Elle ne permet pas de tenir compte du débit soit de
calorifique maximal.
5.10‐5/ (4.10‐7.200.50) = 1,25 %.
Dans les annexes, la densité de charge calorifique considérée
Ceci revient à accepter la ruine d’1,25 bâtiment sur 100 en cas
dans le calcul n’est pas la valeur moyenne européenne
d’incendie sévère (=non contrôlé, avec flashover par exemple).
rencontrée dans le type de bâtiment étudié. Elle ne correspond
pas non plus au fractile de 80 %, c’est‐à‐dire une valeur pour
Il a été montré que les densités de charges d’incendie suivent
laquelle 80 % des bâtiments contiennent une charge de
une loi de Gumbel type I. Cette loi est utilisée dans quelques
combustible plus faible. Cette valeur sert néanmoins de valeur
domaines (en particulier la finance et le crédit) car elle permet de
de référence conventionnelle.
représenter des statistiques asymétriques, ce qui semble être le
cas des densités de charges incendie : il y a nécessairement un
Le FSE donne des probabilités d’effondrement en situation
minimum de combustible mobile dans un logement mais par
d’incendie, mais il n’existe aucun critère clair d’acceptabilité.
contre, il n’y a pas de maximum. En conséquence, la moyenne
Des consultants en FSE ont utilisé l’interprétation suivante : (c) est décalée par rapport à la médiane (b = fractile à 50 %) et
par rapport à la densité de charge la plus probable (a) (voir
pf,fi . pfi < pt figure ci‐après) :
avec,
57
ou encore : acceptable de ruine. Un coefficient complémentaire de 1,22 est
alors applicable sur la densité de charge calorifique.
1,93 . moyenne,
Dans l’ANB, un amendement semble pertinent pour une
soit, dans une habitation, un équivalent de
meilleure appréhension du risque lié à l’usage d’un bâtiment :
1,93 . 45 = 87 kg de bois/m2. cʹest la prise en compte du bâtiment entier dans le cas de
plusieurs compartiments superposés et non pas d’un seul de ses
En prenant un coefficient de combustion m=0,8, la densité de
compartiments. Si la ruine du compartiment considéré peut
charge calorifique de calcul s’élève alors dans notre exemple à
entraîner la ruine d’autres compartiments, une approche
0,8 . 87 . 17,5 = 1218 MJ/m2. sécuritaire de l’évaluation δq1 peut être basée sur l’addition des
surfaces de ces compartiments. Il faut noter que cet
In fine, le calcul de la charge au feu qf,d peut‐être réalisé selon
amendement, en dépit de son apparence, ne prend pas en
deux niveaux de complexité :
compte les conséquences financières de lʹeffondrement d’un
- la méthode générale : comme dans l’exemple ci‐dessus, bâtiment plus ou moins important. Il y a moyen d’ajuster le
en raisonnant en termes de probabilité, pour déduire facteur de sécurité incendie pour minimiser le coût total,
un coefficient global qui affecte le fractile à 80 % représenté par le coût de la sécurité incendie et la valeur
pondérée à la fois du bâtiment, de son contenu et des pertes
- La méthode simplifiée : pour chaque paramètre
indirectes. Cette lacune dans l’approche Eurocodes est explicitée
(surface du compartiment, type d’occupation, effet des
plus en détail dans le paragraphe consacré aux méthodes
sprinklers,…), utiliser un coefficient partiel. Leur
quantitatives pour l’évaluation du risque. Une modulation
produit donne alors, de façon conservative, un
timide et grossière de la probabilité cible de défaillance est
coefficient global qui affecte le fractile à 80 %.
possible, par le biais des classes de conséquences présentées
En développant la méthode simplifiée, on peut démontrer que dans l’Eurocode “ Bases de calcul des structures ” [109]
pour obtenir le fractile cible, il faut multiplier la charge
La prise en compte poussée des protections actives
correspondant au fractile à 80 % par un coefficient dépendant de
la surface de plancher du compartiment (δq1) et du type Nous avons montré comment prendre en compte l’intervention
d’occupation du bâtiment (δq2). Ces coefficients sont repris dans des occupants et des pompiers, la surface du compartiment, son
le tableau ci‐après : type d’occupation et la classe de conséquences. Des concepteurs
poussent plus loin la démarche du FSE : pour la prise en compte
Surface de plancher Coef. Exemples de types Coef.
des mesures actives comme l’usage de détecteurs et
du compartiment δq1 d’occupation δq2
transmissions automatiques, de sprinklers, d’approvision‐
Galerie d’art,
25 1,10 0,78 nements indépendants en eau, de délais extrêmement courts
musée, piscine
d’intervention des services de secours, ils s’autorisent à présent à
Bureaux, résidence,
250 1,50 1,00 diminuer les charges calorifiques, toujours dans la même
hôtel, papetière
approche semi‐probabiliste décrite ci‐dessus.
Usine de machines
2 500 1,90 1,22
et de moteurs
Ces développements du « Fire Safety engineering » sont utilisés
Laboratoire de pour compenser un manque de résistance inhérent au feu de
5 000 2,00 1,44
chimie certaines structures.
Fabrique d’artifices
10 000 2,13 1,66 Ces outils sont relativement neufs [50] et seules des personnes
ou de peintures
très qualifiées et averties doivent les manipuler.
Coefficients δq1 et δq2 (tableau E.1 extrait de la NBN EN 1991‐1‐2)
De plus, une dérogation auprès des autorités compétentes doit
Le rapport de la recherche NFSC [42] précise que, pour chaque actuellement être introduite pour en tirer les bénéfices.
type de bâtiment ou dʹactivité, une étude particulière devrait
être réalisée pour connaître la probabilité p1 de développement Pour des murs coupe‐feu, il est prudent d’exiger la stabilité au
d’un feu sévère. Par exemple, en termes de probabilité dans le feu pour toute la durée de l’incendie sans tenir compte des
cas de bâtiments destinés aux activités de lʹindustrie des feux protections actives et de l’intervention humaine. Cette exigence
d’artifice, le risque est multiplié par un facteur 1000. En terme de est satisfaite par des murs coupe‐feu REI 120, REI 240 ou REI 360
coefficients agissant sur les charges calorifiques, ce facteur 1000 en fonction des conditions d’incendie.
est traduit par un facteur d’activation de 1,66. L’évaluation
grossière de ce facteur d’activation, lié au manque de données
statistiques suffisantes, doit inciter à la plus grande prudence.
58
contente de moyenner les statistiques. Une différentiation
En juin 2005, le professeur Jose Torero (Université d’Edinbourg),
performancielle devrait être introduite.
l’un des experts mondiaux leader dans le « Fire Engineering »
(FE) répondait ainsi au qualificatif de « black art » qui est parfois Dans cette approche, les succès des mesures actives sont
collé à l’art du FE [50] : supposés indépendants. C’est ce qui permet d’effectuer le
produit des probabilités (voir aussi l’exemple d’arbre
« L’industrie doit utiliser le FE prudemment. Le FE s‘appuie sur
événementiel dans le §8.3.2.3 relatif à la description des
une science mais qui n’a pas encore été digérée à un point tel
méthodes quantitatives).
que nous disposions d’outils conviviaux, robustes et fiables qui
puissent être utilisés par tous. A ce stade, il reste une affaire de L’hypothèse de l’indépendance du succès d’extinction de
spécialistes. L’industrie devrait chercher des spécialistes avec l’incendie par les corps de pompiers et du succès d’un système
des références adéquates et une solide formation. De de sprinklers est discutable. Le résultat de l’action des services
nombreuses personnes sans qualification appropriée exercent le d’incendie dépend du fonctionnement des sprinklers.
FE ; ce sont celles‐là qui introduisent la « sorcellerie » comme
En réalité, l’arbre événementiel présenté au §8.3.2.3 n’est pas
substitut d’une connaissance réelle. L’industrie devrait être très
tout à fait correct. Ceci est d’ailleurs reconnu explicitement dans
prudente et s’entourer des professionnels compétents lorsqu’un
la définition des facteurs p3 et p4. Ils ne sont pas des probabilités
projet requiert le recours au FE »
de défaillance des mesures actives associées mais des facteurs de
réduction de défaillance des pompiers dans leur lutte contre
La probabilité [42] d’occurrence d’un feu sévère (par an)
l’incendie.
susceptible de mettre en danger la stabilité structurelle peut être
exprimée comme : Ceci est tout à fait clair dans le cas des détecteurs qui ne vont
jamais éteindre un incendie. Des fiabilités de fonctionnement de
pfi = p1 . p2 . p3 . p4 . Afi
72 % à 84 % (c‐à‐d des taux de défaillances de 28 % à 16 %) pour
avec, les détecteurs de fumées sont rapportées dans l’étude reprise en
[53] dans la bibliographie. Dès lors, il n’apparaît pas possible
p1 = probabilité de feu sévère incluant les possibilités
d’obtenir des facteurs
d’extinction par les occupants et les services publics de
secours (par m2 et par an). p3 = 0,25 . 0,25 . 0.25 = 1,56 %
p2 = facteur de réduction supplémentaire selon les types de comme mentionné dans l’EC1 feu : p3 doit être supérieur au
pompiers et sur le temps entre l’alarme et l’intervention de minimum à 16% !
pompiers.
Une des difficultés de l’introduction du FSE provient de la
p3 = facteur de réduction considérant la détection de feu discutabilité des hypothèses adoptées dans une démarche qui ne
automatique (par la fumée ou la chaleur) et / ou la converge pas vers une unanimité. Les probabilités d’occurrence
transmission automatique de l’annonce. d’un feu, le comportement des occupants et des visiteurs, le
succès des opérations de pompiers (taille des équipes,
p4 = facteur de réduction tenant compte de la présence d’un
connaissance des lieux) : autant de paramètres qui sont fonctions
système d’extinction.
du comportement humain, de réglementations propres à chaque
Afi = superficie du compartiment. pays, tant au niveau de la conception que des contrôles du
fonctionnement des installations, des répartitions des charges
Ainsi, l’usage de système de sprinklers à efficacité de 98 %
combustibles.
(95 %) permet de multiplier les charges calorifiques par un
coefficient partiel δn1 de 0,61 (0,70). Il convient de faire remarquer que selon le rapport NFSC [44],
un taux moyen de succès des services incendie de 9/10
Il faut insister sur le fait que tous ces facteurs sont seulement
correspond à l’intervention d’une équipe de secours de
applicables dans la mesure où une approche semi‐probabiliste
professionnels dans un délai compris entre 10 et 20 minutes
est acceptée. Ainsi, si la densité de charge calorifique est
après transmission de lʹannonce. Ce même taux moyen de
constante (cas de la partie de charge permanente qui est connue),
réussite serait atteint lors de l’intervention dans un délai
il y a lieu de prendre cette charge sans l’affecter des facteurs de
inférieur à 10 minutes pour une équipe de secours composée de
majoration ou de minoration. Il s’agit pour cette partie de la
volontaires.
charge totale d’une approche « déterministe ».
La notion de délai d’intervention effective peut couvrir des
Si le type d’approche semi‐probabiliste peut se justifier aux yeux
réalités très différentes, surtout lors d’un risque élevé : s’agit‐il
de compagnies d’assurances qui répartissent leurs pertes et
de l’arrivée sur place des services de secours, de la mise en
bénéfices sur un grand nombre de sinistres pour un parc de
action de la première lance ou de « n » lances lors d’un
bâtiments donné, il est beaucoup plus difficile à faire accepter
déploiement progressif ?
par un propriétaire ou un exploitant. Par exemple, sur le plan de
la différentiation de la fiabilité des mesures actives, un recours L’allongement des délais d’intervention diminuerait bien sûr le
plus important à des structures en acier augmenterait taux de réussite.
vraisemblablement la sinistralité des bâtiments. Ces change‐
Le calibrage des paramètres de la loi de distribution statistique
ments constructifs seraient sans difficulté absorbés par les
de la densité de charge calorifique pose certaines difficultés,
assureurs, par une hausse de prime, tant que la norme se
59
notamment avec des coefficients de dispersion plus élevés que La méthode générale (approche probabiliste)
0,3. C’est pourquoi notre ANB se limite à l’adoption d’une seule
Il faut retenir que la méthode générale qui sous‐tend lʹannexe E
dispersion.
(approche probabiliste) conduit à un résultat beaucoup plus
Dans le cas d’un incendie résultant d’un court‐circuit ou d’un choquant :
acte de malveillance, le bâtiment particulier fort éloigné d’une
Que lʹon considère un usage de bureau, de logement ou de lieu
caserne de pompiers ou non occupé pendant la nuit (hall
de production avec un ʺrisque dʹactivationʺ inférieur ou égal à
industriel, bureau) est calculé, d’après les hypothèses du FSE,
1,00 (ceci est expliqué plus loin) : si les efficacités avancées dans
avec une intervention des occupants et des pompiers qui n’est
l’annexe E de lʹintervention :
pas effective. Bien souvent, l’action de ces derniers devra se
limiter à la non‐propagation de l’incendie aux bâtiments voisins. ‐ des pompiers (défaillance = 0,1) ;
Ainsi, implicitement, le niveau de sécurité fixé n’est pas
‐ des occupants (défaillance = 0,4) ;
identique, pour les biens et pour les activités, à celui obtenu
pour les personnes. En réalité, les actes de malveillance touchent ‐ du système de sprinklers (facteur multiplicatif de
près de 30 % des bâtiments soumis à incendie. défaillance des pompiers et des occupants = 0,02) ;
Les charges calorifiques [49], considérées actuellement par le ‐ des détecteurs de fumée (facteur multiplicatif de
FSE lorsquʹil modélise des feux “ naturels ”, sont des charges défaillance des pompiers et des occupants = 0,0625) et
moyennées sur le compartiment. Leur répartition uniforme se
‐ de la transmission automatique aux services publics de
rencontre rarement dans les bâtiments. Dès lors, une
secours (facteur multiplicatif de défaillance des
concentration locale de matières combustibles pourra provoquer
pompiers et des occupants = 0,25)
l’effondrement d’un élément portant, suite à son action
thermique localisée. Il entraînera ainsi la ruine du
sont correctes (voir le commentaire de la page précédente
compartiment.
relatif aux détecteurs), alors la probabilité de défaillance de
Ainsi les techniques et les hypothèses du FSE, qui prennent en l’ensemble de ces mesures est
compte les mesures actives, doivent encore faire leurs preuves et
0,1 . 0,4 . 0,02 . 0,0625 . 0,25 = 1,25.10‐5
répondre encore à un certain nombre d’objections, avant de
pouvoir constituer une base suffisamment solide pour être soit un cas sur 80 000. La probabilité d’accéder à un feu sévère
reprises dans la partie normative de l’EC1 feu et, à fortiori, dans et donc à la ruine d’un bâtiment de 8 000 m2 équipé de
une réglementation. De nombreux pays européens, tels la l’ensemble de ces mesures est de
France et l’Allemagne, pour ne citer que de grands pays
pocc.pdéfaillance = (10‐5 . 50 . 8 000) . 1,25.10‐5 = 5.10‐5 ≤ 5.10‐5.
limitrophes, n’ont pas retenu cette approche dans leur annexe
nationale de la norme EC1 feu. Cette probabilité de ruine étant strictement inférieure à la
probabilité cible, la structure ne devrait alors présenter aucune
En sus, une vérification de la structure pourrait être réalisée à
résistance intrinsèque au feu pour toute superficie inférieure à
l’aide de courbes paramétriques ou de modèles de zone :
8 000 m2, si les autorités compétentes acceptent une démarche
‐ jusqu’à la combustion complète du combustible ou autre que la démarche ISO.
‐ jusqu’à un temps t correspondant à une durée fixée, par Si la transmission automatique nʹest pas incluse, alors le taux de
exemple celle fixée dans notre réglementation actuelle défaillance tombe à 1 cas sur 20 000, et la structure ne doit
faisant référence à un feu ISO. N’est pas examiné le présenter aucune résistance intrinsèque au feu pour toute
comportement de la structure passé ce délai : peu superficie inférieure à 2 000 m2.
importe que l’ouvrage s’écroule.
Cʹest seulement si la probabilité de ruine du bâtiment est
La deuxième solution présente bien sûr une sécurité plus faible supérieure à la probabilité cible qu’une vérification de structure
que la première solution. Elle constituerait un rabotage de la avec une densité de charge calorifique réduite devrait être
sécurité incendie dont on se gardera. Le projet d’ANB de la effectuée.
NBN EN 1991‐1‐2 n’a pas retenu cette solution, fort
Pour un bâtiment de 2 000 m2, l’application de la méthode
heureusement, en ne définissant pas de limite de temps. Par
générale conduit à ne demander, en cas d’incendie sévère,
ailleurs, il faut noter que, si cette deuxième solution a été ouverte
aucune résistance au feu à la structure.
dans l’EC1 feu, dans presque toutes les publications relatives
aux feux naturels, les structures sont étudiées pour le cycle Par contre, l’application de la méthode des coefficients partiels
complet d’incendie, y compris la phase de refroidissement. conduit à demander une survie de la structure en cas d’incendie
sévère dans 61 % des cas. Ce sont les cas où la densité de charge
Si l’on considère [49] que, pour un bâtiment industriel, le coût de
calorifique est inférieure à q(61 %). En effet,
la structure ne représente que 10 à 30 % du coût total du
bâtiment, sans parler de la valeur du contenu, on peut se poser 1,90 . 0,61 . 0,73 . q(80 %) = 0,74 . q(80 %) = 1,03 . qmoy = q(61 %)
la question de l’utilité de telles méthodes.
Ainsi, autant la méthode conservative des coefficients partiels de
l’annexe E de l’Eurocode peut donner dans notre exemple des
résultats qui semblent raisonnables (résistance minimale
60
correspondant au fractile à 61 %), autant l’application de la ‐ le renforcement de la réglementation relative aux
méthode générale donne lieu à une perception opposée (pas sprinklers et aux voies d’évacuation dans les bâtiments
d’exigence minimale). existants ;
La méthode générale n’a pas été présentée dans l’Eurocode car ‐ l’éloignement maximum des escaliers de secours ; le
elle fait appel à des notions de probabilité et de fiabilité que les renforcement des cages d’escalier et l’adoption d’une
rédacteurs ont jugées trop complexes pour les utilisateurs signalisation cohérente.
“ basiques ”. Les résultats “ rassurants ” obtenus par
Les autres recommandations peuvent être lues sur le site
l’application de la méthode des coefficients de l’annexe E
http://www.nceplus.co.uk/ et vont notamment, tant que la
occultent les résultats “ moins rassurants ” qui pourraient être
recherche n’est pas terminée, vers une non‐utilisation de
obtenus par des experts du FSE.
conceptions de sécurité incendie basées sur une approche
Il est évident qu’en cas dʹincendie nocturne (70 % en dehors des performancielle.
heures ouvrables pour les entrepôts : courts‐circuits, actions
Il nous semble important de rappeler que les normes sont la base
criminelles, vandalisme), lʹefficacité des détecteurs de fumées va
des aspects techniques dʹune réglementation [3]. Cʹest seulement
chuter drastiquement ; lʹefficacité des pompiers se verra
lorsque les normes, après avoir fait leurs preuves, ont acquis un
également réduite et la probabilité de survenance dʹun feu
certain degré de maturité quʹelles peuvent être intégrées dans
généralisé dépassera les 1/20 000. La méthode est clairement
des réglementations. Il serait inopportun de ʺbrûlerʺ les étapes.
insécuritaire. Elle doit encore convaincre. Cʹest ainsi que le
Ce parcours peut représenter une vingtaine d’années.
rapport de l’US National Institute for Standards & Technology
(NIST) ‐ juin 2005 ‐ met le bémol pour ce type d’approche. Les mots clés de ces recommandations sont : développement,
analyse de la réglementation, méthodes, tests, recherche,
Le rapport du NIST (11 septembre : death of fire engineering ?)
conditions en service, outils de conception, système de
[54]
communication, entraînement, inspection, certification,
Ce rapport final officiel et colossal sur les effondrements du enregistrement, collaboration entre architectes et experts feu.
World Trade Center est composé de 43 sections ( 10 000 pages ).
La nouvelle “ Freedom Tower ” disposera d’un noyau central en
Cʹest le résultat d’une investigation du NIST. Elle aura duré
béton haute résistance C80/95 avec des murs d’une épaisseur de
3 ans et coûté près de 15 millions d’Euros.
900 mm et se targuera d’être le gratte‐ciel à vocation de bureaux
le plus sûr au monde avec :
61
Autant la description du détail des différentes méthodes sort du
Pour améliorer sa compétitivité [13], la filière acier a cherché à
cadre de ce document, autant il nous a semblé important de
affiner le dimensionnement, presque toujours dans le sens d’une
donner une vue d’ensemble des méthodes utilisées dans le FSE.
diminution de la charge au feu (fonction de la quantité de
matière inflammable contenue dans lʹimmeuble). Ceci conduit à L’acceptabilité [35] du risque peut‐être évaluée par comparaison
limiter la sécurité au strict nécessaire, compte tenu d’une série avec des limites supérieures prédéfinies. On considère le rapport
d’hypothèses. Pour prendre en compte une charge au feu coût/bénéfice ou l’efficacité des dépenses. Les méthodes
adaptée à chaque configuration particulière de bâtiments, d’évaluation courantes du risque reposent sur le principe dit de
d’autres courbes de température ont été développées : elles ALARP (« As Low As Reasonably Practicable »).
prennent principalement en compte la charge au feu et les
Au niveau du risque pour les personnes lors d’incendies dans
ouvertures, par exemple les fenêtres. Ces feux sont le plus
les pays industrialisés, les statistiques font apparaître un nombre
souvent moins sévères que le feu de la courbe ISO. L’application
annuel de décès compris entre 0,4 et 2 par 100 000 habitants. Le
de ces courbes nécessite une grande vigilance. En effet, la charge
public [35] serait plus réticent à accepter un petit nombre de
au feu varie fortement dʹun bâtiment et dʹun pays à lʹautre. De
grands accidents qu’un même risque distribué sur un plus grand
plus, dans le cas d’un changement d’affectation durant la vie
nombre dʹaccidents de moindre ampleur. Dans de nombreuses
dʹun bâtiment, les charges au feu ou les ouvertures peuvent
études et méthodes d’appréciation de risques, la perception et
varier par rapport à la conception initiale. Dans ce cas, le choix
donc l’acceptation du risque diminue avec le carré du nombre de
d’autres courbes que la courbe ISO pourra imposer une révision
victimes potentielles [16] : ainsi, pour 3 victimes, l’acceptabilité
majeure de la structure.
est 10 fois inférieure à celle pour 1 victime. De même, pour
10 victimes, l’acceptabilité est 100 fois plus petite que celle pour
1 victime. Ceci peut aider à comprendre une des raisons qui
8.3. Le risque incendie poussent le législateur à imposer des résistances au feu plus
importantes pour les bâtiments élevés que pour des bâtiments
8.3.1. Réglementations prescriptive et bas.
performancielle Plusieurs méthodes de travail ont été développées, basées sur
Traditionnellement dans les réglementations [36], l’élaboration des calculs. Elles constituent une aide précieuse dans
de la sécurité incendie a largement reposé sur des règles lʹappréciation du risque d’incendie en fonction d’un grand
prescriptives. Ceci est particulièrement vrai pour la sécurité des nombre de paramètres. Ces méthodes d’analyse de risques
personnes dans le cas d’incendie. peuvent être classées selon trois types : les méthodes
qualitatives, semi quantitatives et quantitatives. Elles n’ont
La meilleure compréhension du phénomène de l’incendie, des cependant pas la prétention de pouvoir remplacer le
demandes de flexibilité accrue dans la conception des bâtiments, raisonnement et le jugement des personnes habilitées à définir
des recherches coût/efficacité et l’implémentation de nouvelles les mesures de protection.
technologies a mené à produire des réglementations de type
performanciel plutôt que prescriptif. Cela dans plusieurs pays 8.3.2.1. Les méthodes qualitatives
au cours des 20 dernières années, comme par exemple en 1994 la
Suède. Une réglementation performancielle définit les objectifs Les méthodes qualitatives sont souvent utilisées de manière
de conception mais sans détailler la manière dʹatteindre ces informelle, quand un compromis est envisagé et que les effets
objectifs. sur la stratégie de sécurité incendie sont limités. L’expérience et
le feeling du concepteur sont souvent suffisants pour effectuer
Pour les bâtiments classiques, les méthodes tabulées ou
de légères adaptations des solutions existantes reconnues ou
simplifiées sont les plus efficaces. Pour les bâtiments plus
pour classer quantitativement les performances des différentes
exceptionnels, des incompatibilités apparaissent régulièrement
mesures de sécurité. Le critère de performance utilisé dans la
entre la protection incendie et d’autres aspects architecturaux,
vérification est relatif et s’exprime en termes de “ aussi sûr que ”
constructifs ou relatifs aux activités commerciales du bâtiment.
ou “ pas pire que ”.
Dans ces situations, le recours à des méthodes basées sur des
méthodes d’analyse de risques constitue une solution. 8.3.2.2. Les méthodes semi-quantitatives
8.3.2. Méthodes d’évaluation du risque Les méthodes semi‐quantitatives constituent un outil simple
incendie dans beaucoup de situations où la sécurité incendie doit être
évaluée et que le temps ou l’argent font défaut pour réaliser une
Les risques en « Fire Safety Engineering » (FSE) [36] peuvent être analyse quantitative détaillée des risques. Dans la gestion des
définis comme une combinaison de fréquence ou de probabilité risques industriels, des listes à points avec pondération [20]
d’occurrence en regard des conséquences d’un événement ainsi que des méthodes à indices ont été largement utilisées
spécifié. Il est donc important [8], [15], [16], [17] de pouvoir en pour classer et donner des priorités aux différentes mesures
évaluer les probabilités et les conséquences. préventives de sécurité.
62
Méthodes de listes à points même projet et selon l’expert qui introduit les données,
les résultats peuvent varier considérablement.
En Suède par exemple, des méthodes basées sur des listes à
points ont été développées pour les hôpitaux. Elles servent La méthode FRAME repose sur trois concepts principaux :
dʹoutil pour les services d’inspection incendie. Néanmoins, ce
1. Dans un bâtiment bien protégé, il existe un équilibre
type de méthode n’a pas encore été utilisé dans la phase de
entre danger et protection. Le risque se définit donc par
conception de la sécurité incendie car à ce jour est seulement
l’indice égal au quotient Danger / Protection. Une valeur
admise implicitement la recherche d’un compromis entre les
inférieure à 1 reflète une bonne protection du bâtiment ;
différents objectifs de sécurité de la réglementation. Par ailleurs
une valeur supérieure à 1 indique une mauvaise
nʹapparaît pas clairement la manière de traiter les aspects non
protection ;
couverts par la réglementation, par exemple les aspects
organisationnels et de formation. Ils affectent néanmoins la 2. Le danger se définit par l’indice égal au quotient de deux
sécurité incendie dans un bâtiment. valeurs : “ le risque potentiel P ” et “ le risque acceptable
A”;
Méthodes à indices
3. La protection est calculable en partant de valeurs
Durant des années, différentes approches ont été utilisées pour
spécifiques pour les techniques de protection :
développer des classements : ainsi le système GRETENER et les
l’extinction par lʹeau, l’évacuation, la résistance au feu, les
méthodes NFPA.
moyens manuels et automatiques d’intervention.
Les procédures NFPA sont applicables pour différents types de
bâtiments construits dans la tradition des bâtiments aux Etats‐ Trois calculs peuvent être développés : un premier calcul pour le
Unis. bâtiment et son contenu, un deuxième pour les personnes qui
l’occupent et un troisième pour l’activité économique
En Suède, une procédure de classement a été développée pour développée dans le bâtiment. Dans ces trois calculs, les facteurs
des hôpitaux. Elle suit des méthodes utilisées en Grande‐ d’influence n’interviennent pas de la même manière puisque le
Bretagne. Elle attribue une pondération selon les préférences risque potentiel et le risque acceptable ne sont pas les mêmes sʹil
des décideurs, combinées avec des catégories de paramètres qui sʹagit de personnes, de biens ou d’activités économiques.
permettent l’évaluation du risque. La méthode SAW (“ Simple
Additive Weighting ”) est la méthode la plus utilisée. 8.3.2.3. Les méthodes quantitatives
Le système GRETENER est basé sur les statistiques de
Les calculs de la sécurité incendie sont basés sur des seuils de
compagnies d’assurance suisses. Initialement, il était utilisé pour
niveau de risques que la solution ne peut dépasser. Les
des applications industrielles.
méthodes véritablement quantitatives d’analyse de risque
‐ 1970 : méthode de M. GRETENER (ANPI suisse) : elle comprennent explicitement l’effet combiné de la fréquence et des
permet seulement une évaluation du risque pour les conséquences des accidents possibles. La méthode décrite dans
biens. Elle est fort répandue en Suisse et en Autriche. l’annexe E de l’Eurocode 1, prenant en compte les mesures
actives de protection incendie, n’associe pas explicitement à leur
‐ 1978 : méthode ERIC (Evaluation du Risque d’Incendie
probabilité les conséquences des accidents.
par le Calcul) en France : cette méthode ne vise plus
seulement la protection des biens, mais également celle De même, l’Eurocode “ Bases de calcul ” [109] ne donne qu’une
des personnes. classification grossière, en termes de classes de conséquences par
type de construction : conséquence élevée, moyenne ou faible
‐ 1981 : E. DE SMET (ANPI belge) présente une version
relativement aux pertes de vies humaines, ou conséquences
élaborée de la méthode GRETENER, avec le nom de
économiques, sociales ou environnementales en cas de
méthode FREME : Fire Risk Evaluation Method for
défaillance structurale.
Engineering.
La majorité des ouvrages se calculent en classes CC2
‐ 10 ans plus tard E. DE SMET met au point une nouvelle
correspondant à une situation où les conséquences d’une
version de la méthode FREME, sous le nom de FRAME
défaillance de la structure seraient « moyennes ». Les classes
(Fire Risk Assessment Method for Engineering ), faisant
CC1 et CC3 correspondent respectivement à des conséquences
apparaître un troisième aspect du risque incendie : la
faibles et élevées (salles de concert, tribunes).
perte d’exploitation, autrement dit le risque pour les
activités se déroulant dans le bâtiment concerné. Son A chaque classe de conséquences est associé un indice de
enseignement est prodigué en Belgique dans le cours fiabilité β. Certains pays nordiques affectent un indice de
supérieur de l’ANPI ainsi quʹaux ingénieurs architectes fiabilité minimum différent pour chaque type d’éléments d’une
de l’Université de Gand. La méthode a déjà été acceptée construction. L’indice de fiabilité d’une colonne devra être
par des autorités belges (services d’incendie, inspection supérieur à celui d’une poutre secondaire : il y a là un souci plus
technique) pour des applications où les prescriptions aigu de prise en compte des conséquences de défaillance
légales ne pouvaient s’appliquer comme telles. Une structurale.
demande officielle de reconnaissance de la méthode a été
introduite au Ministère de l’Intérieur en 2001. Pour un Les méthodes peuvent varier d’une simple analyse quantitative
de la performance d’un élément (la résistance au feu d’un
63
élément, le temps de réponse d’un type déterminé de détecteur automatiques de sprinklers équipant ces bâtiments sont
incendie,…) à une analyse quantitative complète du risque, déterminés à partir de cette classification. Ils sont classés en
comprenant divers scénarii de chaînes d’événements et prise en risque à faible potentiel calorifique (LH= « low hazard »), risques
compte explicite d’incertitudes. ordinaires (OH1 à OH4) ou risques très élevés (HH). Les risques
très élevés font l’objet d’une distinction entre les bâtiments où
Des arbres événementiels sont souvent utilisés pour prendre en
s’exerce une activité de production (HH/P1 à HH/P4) et les
compte le comportement humain et la fiabilité des systèmes de
bâtiments de stockage (HH/S1 à HH/S4).
protection incendie installés. A chaque événement est associée
une probabilité. Cette démarche a été utilisée dans la méthode Dans le cas des bâtiments de stockage, le chiffre affectant la
décrite dans l’annexe E de l’Eurocode 1. dénomination du risque représente la catégorie des
marchandises stockées (défini comme un produit et son
Naissance Incendie Incendie Incendie Feu
d’un contrôlé par contrôlé par contrôlé par les totalement
incendie les occupants les sprinklers pompiers(*) développé
Pocc poccup pSP pFB pstr
2
(feux/m /an)
-6
Oui 0,6 6,00.10
-5 -6
1,00.10 Oui 0,98 3,92.10
-6 -8
Non 0,4 4,00.10 Oui 0,90 7,20.10
-8
Non 0,02 8,00.10
-9
Non 0,10 8,00.10
Figure : exemple d’arbre événementiel
La méthode quantitative étendue combine l’analyse Les configurations de stockage par empilage, en palettes ou sur
traditionnelle des incertitudes et la méthode quantitative rayonnage font l’objet d’une classification pour laquelle des
standard. En faisant varier les paramètres de charges au feu, limitations et des exigences sont posées. Les hauteurs de
conditions de ventilation, temps de réponse (= simulation stockage, la largeur des allées, la dimension des blocs de
Monte‐Carlo ), les profils de risques peuvent être présentés en stockage sont traitées.
termes de profils moyens, complétés par des intervalles de
confiance. Ceux‐ci traduisent en termes plus explicites la
variation du risque, la variation de la probabilité de certaines
conséquences.
64
Il est fondamental que l’architecte et le maître d’ouvrage, de
même que les autorités compétentes, prennent acte de cette
classification.
De même, dans le cas d’un dimensionnement initial de la René Dosne synthétisait en 2001 [48] une étude sur les incendies
structure recourant aux feux naturels, la résistance de la dʹentrepôts.
structure doit être vérifiée sous les nouvelles charges Cette étude sur les feux dʹentrepôts est articulée uniquement à
thermiques. partir de cas vécus par René Dosne, durant ses 43 ans de
On parle de plus en plus de constructions durables. Des collaboration opérationnelle aux côtés des Sapeurs‐Pompiers
bâtiments durables permettent, tout en gardant la structure, de parisiens. Ces cas sont illustrés pour la revue ALLO 18 (…) de
modifier les compartiments, de changer d’activité ou d’installer ces sapeurs‐pompiers.
une nouvelle façade. Cette étude était également étayée par 24 ans de collaboration à
La réserve de résistance au feu des structures en béton offre une la revue ʺFACE AU RISQUEʺ du C.N.P.P. au travers de la
plus grande souplesse dans les modifications de stockage et réalisation de la rubrique ʺfeu instructifʺ, totalisant 180 sinistres
dans les changements d’affectation des bâtiments. La durée de dont un grand nombre de feux dʹentrepôts (…)
vie des structures béton, sans entretien, est importante. «Après avoir vécu, maintes fois, la dramatique lutte contre un
Il existe d’excellents matériaux pour réaliser des murs coupe feu, sinistre violent semblant dépasser les possibilités des secours,
mais que constate‐t‐on en pratique ? mesuré lʹincroyable violence du feu et son développement
inexorable se jouant des moyens de secours, après avoir décelé
Souvent, la stabilité de ces murs coupe‐feu, qui doivent résister à les signes annonciateurs de lʹembrasement généralisé dʹun
des incendies de 2 à 4 heures, est assurée par une structure qui entrepôt que les pompiers quittaient au dernier moment avant
offre une résistance d’à peine 15 minutes. Si le mur ne s’effondre quʹil ne disparaisse dans les flammes, il est apparu que les
pas dans la chute de la structure ou est endommagé par solutions étaient à intégrer au moment de lʹélaboration du
l’effondrement de la structure avoisinante, celui‐ci se trouvera bâtiment.
souvent dans une position à ce point instable qu’il représente un
danger réel pour les services de secours. Combien de sapeurs‐pompiers, observant lʹavancée dʹun feu
dans un édifice, nʹont imaginé en pensée un bon mur de
Les murs coupe‐feu sont nécessaires mais ils doivent être maçonnerie se dressant soudain, pour leur laisser le temps
correctement conçus. dʹétablir leurs lances! (…) »
65
La légèreté de certaines constructions, le potentiel calorifique
énorme quʹelles abritent, les dimensions imposantes, la non
application ou la mauvaise application de la réglementation en
vigueur, lʹinsuffisance des moyens de lutte face à la violence de
ces sinistres entraîne des destructions coûteuses : 750 000 euros
en moyenne par sinistre en France, ajoutés au milliard d’euros
de perte dʹexploitation (...)
Causes :
Découverte du sinistre par la détection incendie :
dimanche 2 août 1998 à 03h53
Les incendies (70 %) surviennent essentiellement hors des
heures ouvrables, la nuit ou le week‐end. 26 % sont dʹorigine
Alerte des sapeurs-pompiers à : 04h11
criminelle, pourcentage auquel il faut ajouter une partie des
causes indéterminées.
66
Toitures et éléments annexes : Cette dernière toiture, si ses exutoires sont insuffisants,
retiendra fumées et gaz chauds sans céder. Ces feux dʹespaces
Un entrepôt moderne est une boîte ouverte sur une face, garnie
clos génèrent un effet de four qui rendent bientôt toute entrée
dʹune rangée de portes, coiffée dʹun ou de deux étages de
impossible, et peuvent conduire au flash‐over.
bureaux.
Le compartimentage :
La structure est en béton ou en acier, les façades en bardage ou
en plaques de béton préfabriquées. La toiture est presque Le mur coupe‐feu doit dépasser en toiture afin dʹinterrompre la
toujours semblable : bac acier couvert dʹun revêtement isolant et continuité combustible de la couverture, source non négligeable
étanche, souvent bitumeux. de ʺdébordementsʺ sur les cellules contiguës…
En cas dʹincendie, (…) les hautes températures atteintes sous Même sʹil est traditionnellement indépendant de la structure
toiture vont liquéfier le revêtement bitumeux par conduction porteuse, le mur coupe‐feu peut être altéré par la proximité
des bacs acier. Leur déformation va permettre leur écoulement dʹune structure métallique qui, en se déformant, va entraîner sa
dans lʹentrepôt et, parfois, lʹallumage de foyers secondaires. ruine partielle ou complète.
Si lʹon peut dire que cet apport combustible est de peu Lors de plusieurs sinistres, on a observé que la fermeture dʹune
dʹimportance au regard de lʹénorme potentiel calorifique stocké, porte coupe‐feu avait été empêchée par la position trop basse du
en revanche, son rôle propagateur est réel au‐delà des limites de fusible commandant sa fermeture. Le mur avait été déformé
la cellule en feu (…) auparavant, ou des décombres étaient tombés, bloquant son
coulissement. Le fusible ou détecteur doit être situé au plus
Les revêtements bitumeux de toiture, lorsquʹils ne sont pas haut sous toiture pour déclencher sans retard la fermeture de la
interrompus par le dépassement dʹun mur coupe‐feu pourraient porte.
peut‐être se voir ʺquadrillésʺ de bandes incombustibles dʹune Le contenu :
largeur à définir (…)
(…) Le mode de stockage palettisé, filmé, placé sur des
La réalité du danger présenté par les revêtements bitumeux, tels rayonnages métalliques : de véritables bûchers bien aérés où le
quʹils existent actuellement, sʹillustre par les sinistres feu se développe avec facilité.
destructeurs qui avaient pour origine des travaux par points
chauds sur toiture et qui, malgré leur survenue au‐dessus de Les hauteurs de stockage doivent être limitées sous plafond,
lʹentrepôt, ont conduit, à leur destruction complète après être afin de retarder la survenue du flash‐over, très souvent observé
ʺtombésʺ dans le bâtiment. au cours du développement du feu.
ʺIl nʹest pas dʹexemple dʹincendie que lʹon nʹait pas éteint !ʺ, Les rayonnages doivent être disposés perpendiculairement à la
disent les pompiers. Temps dʹextinction et surface parcourue façade et ainsi disposer de plus dʹaccès ou ouvertures, pour
font toute la différence. Déterminer la surface maximale de favoriser la pénétration du jet des lances. En effet, dans les
cellule dont lʹincendie reste maîtrisable est un exercice difficile. entrepôts de grandes dimensions, on constate souvent quʹune
importante surface centrale reste à lʹabri du jet des lances limité,
On admet quʹau‐delà de quelques centaines de m² en feu, la pour la plupart dʹentre elles, à 40 m de portée utile.
cellule est perdue, évidemment si elle est remplie. Lʹarrêt du feu
est particulièrement délicat si lʹon ne sʹappuie pas sur un Les délais entre la découverte du feu et lʹintervention des
ouvrage résistant (mur) ou une large bande sans marchandises. pompiers sont difficilement compressibles. Dʹautres facteurs
peuvent allonger les délais, tels la distance du centre de secours
Un incendie sera plus facilement maîtrisable dans une cellule de au feu et les conditions de circulation (trafic, météo…).
10 000 m² aux stockages bas, espacés, pourvue dʹune efficace
surface de désenfumage, plutôt quʹune cellule de 2000 m² A lʹarrivée des pompiers, la situation est souvent déjà très
emplie jusquʹau plafond (…) dégradée et les risques dʹeffondrement empêchent leur
entrée.(…)
Pour quʹun sinistre reste maîtrisable par les services de secours,
il faut que sa surface permette, à partir des façades, le Lʹaction des pompiers :
recouvrement des jets de lances. (35/40 m de portée utile). Les Incendie déjà trop violent, accès fermés, (rideaux de fer à
plus grandes longueurs ne devraient donc pas dépasser 80 m, et forcer), ruine de la structure empêchant la pénétration efficace
des accès exister au moins par deux faces opposées. des secours, dimensions des entrepôts ne permettant pas aux
lances de couvrir la surface en feu, insuffisance dʹaccès sur les
Les surfaces dʹexutoires devraient être beaucoup plus
4 faces : les sapeurs‐pompiers sont contraints de rester en limite
importantes quʹelles ne le sont aujourdʹhui, au regard de
du bâtiment, et dʹarroser sans efficacité par‐dessus des façades
lʹextrême pouvoir fumigène des produits actuels. Le problème
sans ouvertures.
des fumées ne se pose pas longtemps pour les entrepôts à
ossature métallique et toiture de bacs acier ou fibrociment : elles
sont rapidement emportées, laissant le feu créer lʹexutoire qui
lui convient. En revanche, cʹest plus délicat pour les entrepôts à
toiture constituée dʹéléments en béton.
67
Ces sinistres réclament en moyenne des débits dʹeau de 400 à Les panneaux sandwichs à peau métallique
600 m³/h,, débits supérieurs aux possibilités du réseau local.
Les panneaux béton ne génèrent pas de pollution lors des
Trop de zones industrielles ne possèdent pas de réseau incendies. Par contre, la combustion incomplète [67] de la
dʹincendie adapté aux risques quʹelles génèrent. Leurs poteaux mousse de polyuréthane des panneaux sandwich génère des
dʹincendie, mal ou parfois non (!) alimentés, sont appelés fumées nocives et irritantes compliquant ainsi l’évacuation et les
ʺpoteaux pot de fleursʺ par les pompiers. Le phénomène nʹest opérations d’extinction.
pas rare...
Les bonnes propriétés d’isolation des panneaux sandwichs sont
Entrepôts frigorifiques et bâtiments isolés par panneaux responsables d’une montée en température rapide dans les
sandwichs : locaux et donc de l’apparition accélérée du flashover.
Chaque année, plusieurs établissements qui utilisent largement Jointure des panneaux
les panneaux à âme de polyuréthanne brûlent. Quʹils soient M4
ou M1 (voir p19), le mode dʹassemblage de ces panneaux leur Le montage des panneaux sandwich est très important et doit
confère un effet de mèche difficile à enrayer en cas de sinistre, être effectué avec le plus grand soin. La mousse ne peut en
car le feu court dans les murs aucune façon être mise à nu, sinon elle risque d’entrer en contact
avec des étincelles, des flammes, des braises en suspension dans
Il suffit dʹinterrompre cette continuité combustible, soit en l’air… L’utilisation d’un cadre spécial autour des ouvertures de
insérant une lame incombustible entre les assemblages, soit en portes et de fenêtres permet de remédier à ce risque.
intégrant, dans une continuité de panneaux, quelques panneaux
isolés à la laine minérale ou à la mousse de verre, incombustible. Mais un bâtiment vit : des ouvertures sont pratiquées dans les
Ces plages coupe‐feu permettraient aux secours dʹappuyer leur panneaux sandwich, des cloisons sont ajoutées et enlevées,
dispositif sur une base solide. mettant à nu l’âme synthétique des panneaux.
68
construction. Cette méthode attribue un code En effet, on observe en milieu urbain, où les secours sont
construction, en fonction de la nature des matériaux. Il rapidement sur place avec des moyens nombreux et puissants,
permet dʹentrer dans un tableau fournissant les les mêmes destructions quʹen zone rurale. Un plus grand
majorations ou rabais “ constructions ” applicables au nombre de lances sont mises en action et plus rapidement, mais
bâtiment. Les variations vont de –25 % à +50 %. on ne peut sʹopposer au développement du feu dans la cellule
dʹorigine, dès lors que lʹon ne dispose pas dʹécran ʺen durʺ pour
La différence de coût de prime d’assurance entre un bâtiment appuyer le dispositif des lances.
dont l’ossature et la couverture sont en béton et un autre,
Les façades
présentant une solution en acier, est de l’ordre de 30 % en faveur
du béton Le rayonnement thermique intense d’un incendie force à prévoir
une certaine distance entre l’entrepôt étudié et les bâtiments
4. le mode de chauffage des bâtiments ; voisins, pour éviter les dégâts collatéraux à ces bâtiments et en
outre, bien sûr, conserver des zones d’accès pour les services
5. la qualité des installations électriques ;
incendie.
6. la prévention des sinistres : surveillance, interdiction de
Eu égard au prix des terrains ou plus simplement aux
fumer, gestion des déchets, liquides, gaz, maintenance
contraintes d’implantation du bâtiment, il peut s’avérer
des installations techniques, lutte contre la
intéressant de limiter cette distance :
malveillance ;
- Par l’usage d’un talus construit à partir des terres de
7. les protections incendie : formation du personnel,
déblais pour l’édification du bâtiment ;
sprinklers, extincteurs, désenfumage,
approvisionnements en eau… et compartimentage. - Par l’usage de façades en béton coupe‐feu.
« Une conception d’ensemble prenant en compte ces principes L’usage de façades en béton coupe‐feu limite le flux
permet à l’assuré de réduire sensiblement le montant de sa thermique pour les bâtiments voisins, les services d’incendie
prime d’assurance incendie, mais aussi de limiter les et leur matériel. Il est fondamental que ces façades soient
conséquences humaines et économiques de ce type de sinistre. auto‐stables ou solidaires d’une structure présentant le
Dès la conception des travaux pour un bâtiment neuf, une même degré de résistance. Les structures béton sont sans
extension ou un aménagement, Il est donc recommandé de conteste les favorites.
contacter son assureur. »
69
Figure : cellule de 5000 m2 – Flux thermique sans mur coupe‐feu
(source CIMBETON).
70
toutes les conséquences dʹinterruption dʹalimentation des
lances...
- d’incendie et d’explosion ;
- de pollution (sol, eau et air)
71
Dans les tunnels routiers, le béton sera donc utilisé de manière
optimale comme surface de roulement.
72
C. Exemples de comportement au feu
des structures en béton lors d’incendies
1.« Feux instructifs »
73
La tour était construite avec un béton de résistance normale, provoqué la rupture de la dalle de béton. C’est la chute des
avant l’apparition des normes récentes de tests au feu et sans éléments incandescents qui a communiqué le feu aux étages
aucun système de sprinklers. La tour était en cours de rénovation inférieurs, par les fenêtres de ces mêmes étages.
qui comprenait, ô ironie du sort, l’installation de mesures de
Les dommages couverts par l’assurance incendie sont estimés à
prévention actives et passives.
122 millions d’euros.
Le feu a démarré au 21ième étage et s’est rapidement propagé tant
La lutte contre le feu pour des incendies d’une telle ampleur ne
vers le haut que le bas. Les services incendie ont dû se limiter à
peut que se limiter à la protection des bâtiments voisins. Le feu
une action de confinement de l’incendie. L’incendie s’est achevée
s’est propagé par l’ouverture entre les planchers et les façades.
après 26 heures de lutte, laissant un bâtiment complètement brûlé
Notre réglementation belge impose aux auteurs de projets des
au‐dessus du 5ième étage. La façade en acier‐verre a été
dispositions spéciales afin d’éviter ce mode de propagation de
complètement détruite, dégageant le périmètre des colonnes en
l’incendie. Les structures en béton ont résisté…
béton. Les colonnes en acier situées au‐dessus du 20ième étage ont
souffert d’un effondrement complet. Elles reposaient
partiellement sur la dalle technique supérieure.
74
1.2. Le viaduc des 3 Fontaines
béton (détachement de morceaux) sont aussi visibles, avec des
armatures mises à nu.
75
2. Conception de bâtiments
ERGON [31] a proposé une variante en béton armé pour la La résistance au feu des colonnes en BHR a été justifiée par
réalisation, en 2003, des 2 tours North‐Galaxy de 30 étages, calcul par l’Université de Liège à l’aide de son programme
situées à côté du Centre Rogier à Bruxelles. Cette variante s’est SAFIR classé dans les méthodes avancées.
avérée non seulement plus économique que la solution initiale
La limitation à des bétons BHR C80/95, avec une teneur
en structure acier enrobée de béton mais aussi beaucoup plus
maximale en fumées de silice de 6 % du poids de ciment, permet
rapide. Elle répondait en outre aux conditions techniques
de s’affranchir de l’utilisation de fibres de polypropylène
prévues dans le projet initial, concernant la dimension des
monofilamentaires, conformément aux règles de la norme
éléments, l’espace disponible pour les techniques et la résistance
Eurocode 2 partie 1‐2 [107]. Voir §7.2.3 relatif aux
au feu. [58]
caractéristiques du béton haute résistance.
A la base du succès de la réalisation en béton préfabriqué, on
retrouve l’utilisation de béton haute résistance et la mise en L’utilisation d’éléments en béton préfabriqué dans les
œuvre d’un nouvel élément TT. immeubles tours confirme les avantages par rapport à d’autres
systèmes :
La rapidité d’exécution a aussi été un facteur déterminant : le
- assurance d’une résistance au feu de deux heures sans
montage des éléments préfabriqués était réglé comme du papier
protection complémentaire ;
à musique, avec un rythme de deux étages tous les huit jours
- rapidité d’exécution ;
ouvrables. Aucune tour en Belgique ne peut se targuer d’un
- déformation limitée des planchers ;
montage aussi rapide.
- meilleure isolation acoustique des planchers ;
La stabilité des deux tours est assurée par un noyau rigide coulé - prix plus que compétitif.
en place à l’aide de coffrage grimpants.
Ces avantages ont tous été confirmés sur le terrain dans de
La pré‐étude complète s’est singulièrement complexifiée par des
nombreuses réalisations telles que :
exigences strictes complémentaires du maître d’ouvrage,
relatives au risque d’écroulement en chaîne (“ progressive ‐ la tour Vazon au Luxembourg (19 étages) ;
collapse ”) et imposées suite aux événements du 11 septembre ‐ extension de la tour Madou à Bruxelles (15 étages) ;
2001. ‐ extension de la tour Botanique à Bruxelles (18 étages) ;
‐ projet North Galaxy à Bruxelles (30 étages).
76
3. Tests au feu de bâtiments
Les essais au feu sur les éléments structuraux individuels sont utiles pour améliorer les connaissances relatives aux effets dʹun incendie sur
ces éléments de construction. On effectue rarement un essai au feu réaliste sur un bâtiment complet ou sur une partie importante qui
réunit tous ces éléments et permet dʹétudier leur interaction.
77
3.2. Cardington 2001
(source BCA)
Le Building Research Establishment (BRE) a effectué, à Ce bâtiment en béton comportait 7 étages, chacun dʹentre eux de
Cardington (UK) le 26 septembre 2001, un test au feu d’un 22,5 m x 30 m. Chaque étage comportait 12 (3 x 4) travées
compartiment situé au rez‐de‐chaussée d’un bâtiment de six (7,7 m x 7,7 m).
étages en béton armé. Cet essai fait partie du ʺEuropean
Ce test a démontré, malgré la mise à nu de ses armatures
Concrete Building Projectʺ et a été financé notamment par la
inférieures, la bonne tenue de la dalle champignon, le bon
British Cement Association [28], FEBELCEM (Fédération de
comportement de sa colonne centrale en béton haute
l’industrie cimentière belge) et CEMBUREAU (Fédération de
performance, équipée de fibres de polypropylène.
l’industrie cimentière européenne).
(source : BCA).
78
D. La restauration des structures béton
la construction sont relativement faciles à détecter. Un simple
Enseignements tirés d’incendies [14], [22]
coup dʹœil suffit.
La “ Concrete Society ” (UK) a investigué un nombre important
Le béton est fabriqué à base de granulats calcaires ou siliceux :
de structures différentes endommagées par des incendies en
soumis à échauffement, sa couleur change. Le changement de
Grande‐Bretagne. L’investigation rassemblait des informations
couleur est imputable à la présence de certains composants
détaillées sur la performance, l’évaluation et la réparation de
ferrugineux. De ce fait il varie selon le type de béton. Cette
plus de 100 structures comprenant des logements, des bureaux,
modification de couleur est permanente : il est donc possible, sur
des entrepôts, des usines et des parkings pour voitures. Les
base de la couleur du béton, dʹévaluer approximativement la
constructions étaient à un étage ou à étages multiples. Les types
température maximale atteinte pendant lʹincendie. Les différen‐
de constructions examinées incluaient des dalles champignons et
tes couleurs du béton sont les suivantes :
dʹautres reposant sur un réseau de poutres, poutres et colonnes
associées pour des structures tant coulées sur place que − rose ou rouge pour des températures comprises entre 300 et
préfabriquées et tant armées que précontraintes. L’examen de la 600 °C ;
liste des dégâts et des réparations a montré que : − gris blanchâtre pour des températures comprises entre 600
et 900 °C ;
− la plupart des structures ont été réparées. Parmi celles
− terne ou jaune clair (couleur peau de chamois) pour des
qui ne l’ont pas été, nombreuses sont celles qui auraient
températures excédant 900 °C.
pu l’être mais qui ont été démolies pour d’autres raisons
que les dommages subis ; Ceci implique quʹil est également possible dʹévaluer la résistance
du béton après incendie. Dans la pratique, on peut affirmer
− presque toutes les structures se sont correctement
quʹun béton présentant une coloration rose est suspect. Une
comportées durant et après l’incendie.
température de 300 °C correspond en effet, grosso modo, à celle
dʹun béton qui a perdu une partie permanente de sa résistance.
Une coloration gris blanchâtre indiquera, elle, un béton fragile et
poreux.
Les structures en béton incendiées peuvent en général être
restaurées là où des structures en d’autres matériaux seraient Par ailleurs, une déformation permanente de la construction
irrémédiablement endommagées, même par des charges indique une surchauffe de lʹarmature.
d’incendie moindres
1.2. Méthodes d'essais
Nous reprenons, presque littéralement, le texte du MAG 169 de
lʹANPI : [27] On dispose des méthodes suivantes :
Une construction en béton exposée à des températures élevées − examen de la résistance à la compression, par exemple
peut être endommagée. Dans certains cas, les dégâts peuvent avec un scléromètre ;
être réparés. Dans dʹautres cas, ils sont irréversibles et la − réalisation de mesures acoustiques, en vue de détecter la
construction doit être démolie. formation de fissures internes ;
− forage et extraction de carottes pour effectuer à la fois des
essais de compression et un examen tant pétrographique
1. Méthodes d'inspection que microscopique.
79
− la résistance de la construction après incendie ;
En chauffant, le béton [13] risque dʹéclater : ce nʹest pas le cas de
− les déformations permanentes ;
lʹacier...
− la durabilité après incendie et réparations ;
− lʹaspect esthétique. « Dans un bâtiment clos, le taux dʹhumidité (voir §7.2.1) dans le
béton est classiquement inférieur au seuil à partir duquel
Le choix de la solution est largement dicté par des
apparaît l’éclatement. Dʹautre part, les bétons à hautes
considérations dʹordre économique : quelle est la solution
performances (60 à 100 MPA) se comporteront correctement
économiquement la plus avantageuse ? Remplacer ou réparer
moyennant une attention particulière à leur composition, à
les éléments endommagés ? En règle générale, pour une
l’incorporation de fibres de polypropylène ou d’un ferraillage de
construction en béton qui, suite à un incendie, présente une
peau type grillage. Le tunnel sous la Manche, ouvrage bridé par
déformation, la solution la plus logique consiste à remplacer les
excellence (béton de 100 Mpa sans précaution particulière) a
éléments de construction ou à démolir le bâtiment.
quand même été soumis à un feu d’une durée de près de
Lorsque lʹarmature nʹa pas été soumise à une chaleur trop 9 heures et à une température maximale de près de 1100 °C. On
élevée, le décapage du béton endommagé jusquʹau béton sain ne parle pas de la même chose quand on parle d’une résistance
sera largement suffisant. Dans la pratique, une bonne solution de ¼ h pour l’acier qui est porté à environ 600 degrés.ʺ
consiste à réparer le béton endommagé à lʹaide de béton projeté,
pour autant que ce travail soit effectué par des hommes de
métier. En collant sur la surface endommagée du béton des
plats métalliques ou des bandes de fibres de carbone, il est
parfois possible de renforcer une armature affaiblie localement.
Ce travail doit également être exécuté par des spécialistes. Dans
le cas de dégâts à lʹesthétique du bâtiment, la solution la plus
évidente consiste à appliquer un revêtement.
Béton projeté
Le béton projeté est souvent utilisé pour des réparations, des
rénovations ou pour une construction de type particulier. Dans
le cadre du thème ʺ La sécurité incendie et les structures en
béton ʺ, le béton projeté est plus particulièrement utilisé pour la
réparation dʹéléments de structure où lʹarmature a été mise à nu.
Dans le cas du béton projeté, le mortier est projeté sous pression.
On distingue deux techniques de projection : par voie sèche et
par voie humide.
Le mortier sec est dirigé vers une conduite haute pression. Celle‐
ci transporte le mélange sec vers la tête de projection où
lʹinjection dʹeau le transforme en béton qui est ensuite projeté sur
la surface à réparer. Il sʹagit dʹune technique relativement
compliquée qui nécessité un appareillage lourd. Elle est
uniquement appliquée pour des éléments volumineux.
80
E. Annexe
Annexe 1 - Discussion sur les systèmes de sprinklers
dans le système de distribution d’eau desservant les bâtiments.
Aux Etats‐Unis, dans les immeubles multifamiliaux (y compris
Des interruptions dans la distribution d’eau peuvent survenir
les hôtels, motels, crèches, maisons pour personnes âgées), une
dans un certain nombre d’autres cas, comme par exemple les
compartimentation offrant une résistance d’une ou deux heures
opérations de maintenance des conduites d’eau à l’intérieur ou
tant entre toutes les unités de logement qu’entre les espaces
l’extérieur du bâtiment, y compris la maintenance du système de
publics et les unités de logement devrait être redondante [41]
sprinklers. Interviennent aussi les risques naturels comme les
avec des systèmes de détection automatique de fumées et des
tremblements de terre, les tempêtes, voire les coupures par des
sprinklers.
pyromanes ainsi que des feux simultanés dans plusieurs
bâtiments (attentats, explosions de conduites de gaz…).
La notion de redondance s’oppose à la notion de substitution. Il
faut le comprendre comme une combinaison de deux moyens L’intervention humaine peut également dégrader l’opération‐
complémentaires pour accéder à un niveau de protection nalité des sprinklers. Les recommandations de NFSA sont
incendie élevé.
− Ne jamais peindre les sprinklers ;
Il serait instructif d’analyser si, en Belgique, se dégagent les − Ne rien pendre à quelque partie que ce soit du système
mêmes tendances qu’aux Etats‐Unis où des incendies touchent sprinklers ;
proportionnellement 2,6 fois plus souvent les immeubles à
− Ne rien stocker à proximité des sprinklers (le sommet du
appartements multiples que les logements destinés à une ou
stockage ou du mobilier devrait être à une distance
deux familles. Ce rapport est de 1,6 si les statistiques de décès
supérieure à 45 cm sous les sprinklers) ;
sont analysées. Ce rapport est de 3,6 pour les blessés. Les dégâts
moyens par appartement sont près de deux fois plus élevés que − Toujours avertir immédiatement d’un dommage au
pour les logements unifamiliaux. système de sprinklers ;
81
− Les systèmes de sprinklers sont vérifiés
Le National Institute of Standards and Technology (NIST) a
hebdomadairement (vanne de contrôle,
émis ses conclusions le 03‐03‐2005, suite à un grave incendie
alimentation en eau, alarme), vérification confirmée
en 2003, au sujet des conceptions incendie des bâtiments
par un rapport écrit ;
équilibrant les mesures de protection active et passive. Le
rapport recommande : − Un balayage électronique est installé dans les
bâtiments élevés.
− d’éliminer, pour les bâtiments pourvus d’installations
de sprinklers, les concessions accordées sur les • En Suisse, toutes les vannes d’alarme sont connectées aux
facteurs qui influencent le temps d’évacuation des services de secours. La fermeture de la vanne principale
bâtiments ; transmettra une annonce aux services de secours,
empêchant le syndrome de la vanne fermée et la fermeture
− Les « Model Codes » et les réglementations devraient
de la vanne en cas d’incendie criminel.
exiger la redondance des systèmes de protection
passive et active contre l’incendie pour assurer une • Selon la BS7974 [111], les valeurs recommandées sont de 75
performance adéquate de la structure lorsqu’un ou à 95 % (valeurs mentionnées également dans le rapport du
plusieurs systèmes de protection sont compromis par Warrington Fire Research [43]) ;
des actions intempestives de la part du propriétaire ou
• Selon le rapport du WG4 de l’étude NFSC [44], en France,
des occupants (notamment la mise à l’arrêt des
des valeurs de 95 % s’appliqueraient. La moitié des
sprinklers lors de maintenance).
déficiences sont liées à des erreurs humaines. ;
82
de succès donnée par M. Ramachandran (New‐York)
• Comment est vérifiée la capacité de l’alimentation en eau ?
monterait à 94 % dans l’hypothèse d’1/3 des incendies
non déclarés. A l’installation, une courbe débit‐pression est établie. Lors de
l’inspection par l’ANPI, tous les 6 mois, il est procédé à un essai
A défaut de preuve de cette hypothèse, une fiabilité dit de bout de ligne. Le sprinkler dont la situation est la plus
opérationnelle de 84 % a été retenue par le NFPA. Ce rapport défavorable dans le réseau hydraulique est actionné. Il est vérifié
semble indiquer que la fiabilité des systèmes automatiques de que le poste de contrôle sur la conduite principale déclenche
sprinklers annoncée à environ 96 % est surestimée. bien l’alarme.
Il faut souligner qu’en cas d’incendie même si la fiabilité des A l’occasion de l’établissement de nouvelles entreprises dans un
systèmes est de 84 %, ces sprinklers réduisent drastiquement les zoning industriel par exemple, la courbe débit‐pression peut
pertes en vies humaines et la destruction de biens. s’avérer insuffisante. Dès lors, à l’occasion de l’inspection
semestrielle, l’ANPI informe les entreprises déjà pourvues d’un
L’annexe nationale belge de l’Eurocode 1 partie 1‐2 introduit
système de sprinklers. Il leur est alors recommandé de s’équiper
plusieurs valeurs de fiabilité pour l’extinction automatique selon
d’une source d’alimentation indépendante complémentaire.
le type de bâtiments.
83
• La norme NBN EN 12845 est‐elle d’application ?
Il y a à boire et à manger…
84
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[100] NBN EN 1992‐1‐1 :2005 Eurocode 2 : Calcul des structures calcul et actions sur les structures ‐ Partie 2‐2 : Actions sur les
en béton ‐ Partie 1‐1 : Règles générales et règles pour les structures ‐ Calcul du comportement au feu y compris le
bâtiments. document dʹapplication belge (version homologuée + DAN).
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