L'Art de L'influence Et de La Manipulation Au Quotidien
L'Art de L'influence Et de La Manipulation Au Quotidien
L'Art de L'influence Et de La Manipulation Au Quotidien
© Dunod, 2021
ISBN : 978-2-10-082734-3
Page de titre
Copyright
Prologue
2. Stratégies d'influence
Le pied-dans-la-porte
La technique du leurre
L'influence de la météo
Humeur champêtre ?
Au nom de la liberté ?
Formules de politesse
6. Irrésistible proximité
Séduisante similarité
De la similarité à l'imitation
La proximité physique
Restez courtois !
7. Le langage du corps
L'effet strip-tease
Ambiance sonore
9. La soumission à l'autorité
La peur du gendarme
La norme de réciprocité
Épilogue
Notes et références
Index
Prologue
Cela vous est forcément arrivé : un ami vous demande un « petit » service
supposé durer une demi-heure, et trois heures plus tard, ce n’est toujours
pas terminé. Ou bien vous aviez vu une annonce publicitaire pour un robot
présentant toutes les caractéristiques dont vous rêviez et à un prix
abordable, mais quand vous arrivez dans le magasin, le modèle est épuisé et
vous ressortez avec un autre robot… bien plus cher. Ou encore, vous
n’aviez pas vraiment besoin de nouvelles chaussures, mais vous n’avez pas
pu résister à la « promotion extraordinaire » affichée dans la devanture
devant laquelle vous êtes passé cet après-midi…
Les exemples abondent où vous avez l’impression d’avoir été dépossédé
de votre libre arbitre : vous avez été manipulé !
Inversement, vous savez que pour obtenir ce que vous souhaitez, votre
plus beau sourire est toujours aussi efficace… Vous avez aussi remarqué
que votre pouvoir de persuasion augmente quand vous vous montrez poli,
quand vous êtes bien habillé, quand vous effleurez le bras de votre
interlocuteur. Vous endossez alors le rôle de manipulateur !
Le quotidien est fait de ces multiples petites occasions où l’art de
l’influence et celui de la manipulation sont à l’œuvre. Les deux termes sont-
ils équivalents ? L’influence est utilisée pour infléchir le comportement
d’un tiers. En revanche, la manipulation vise à contrôler des choix ou des
actes. Nous n’aborderons ici que l’influence et la manipulation au
quotidien, c’est-à-dire sans conséquences délétères pour celui qui en est
l’objet. Nous avons fait le choix de décrire l’influence et la manipulation
« légères », pas celles qui entraînent des drames personnels ou sociétaux.
En fait, cette influence et cette manipulation au quotidien constituent un
« art », car il existe, comme pour la peinture ou la musique, des techniques
– certaines simples, d’autres plus élaborées. Nous les pratiquons souvent de
façon inconsciente, parce que l’imitation ou l’expérience personnelle nous
en ont montré l’efficacité. Alors pourquoi ne pas les découvrir pour savoir
les reconnaître si elles sont utilisées sur nous ou pour les appliquer soi-
même ? C’est précisément l’enjeu de cet ouvrage.
Et quand vous aurez pris conscience de la richesse de ces techniques de
psychologie, vous serez en mesure d’adapter votre comportement lors de
situations embarrassantes, ennuyeuses, voire inquiétantes. Vous saurez
mieux comment vous comporter face à un interlocuteur, en fonction de son
apparence, de sa façon d’être, de l’endroit où vous vous trouvez, etc.
Cet ouvrage regroupe de nombreuses expériences qui éclairent les
mécanismes de l’influence ou de la manipulation. Les premières études ont
été réalisées dans les années 1960 et ont marqué le début des recherches en
psychologie sociale. De nombreuses expériences fondatrices rapportées ici
datent de cette période. Elles ont été reproduites depuis, soit sous leur forme
originale, soit en utilisant des modes opératoires un peu différents. Les
dates de ces expériences fondatrices sont pour la plupart indiquées, mais ce
n’est pas le cas de celles des réplications, car ces recherches se poursuivent,
chacune apportant des éléments qui complètent les résultats acquis
précédemment.
Ces expériences mettent souvent à contribution des étudiants en
psychologie qui secondent les chercheurs : ils sont parfois leurs complices
lors de la réalisation des expériences, parfois ce sont leurs comportements
qui sont étudiés. Les serveuses et les serveurs de restaurant sont également
souvent sollicités pour diverses expériences. Les campus universitaires, les
bars et restaurants, les salles de jeu ou de danse, les rues passantes, les
galeries marchandes sont autant de lieux d’étude pour les psychologues.
Les méthodes d’influence obéissent à des mécanismes profondément
ancrés en nous, et les techniques d’influence sont des clés permettant
d’activer des leviers internes. Nous sommes le fruit d’une longue évolution
et de notre éducation, nous ressentons des émotions et utilisons un langage
d’une étonnante richesse sémantique et symbolique, nous avons une vie
sociale diversifiée. Et malgré tout cela – ou à cause de tout cela –, il nous
arrive de tomber dans un piège ou d’en tendre un. Connaître les méthodes
sous-jacentes vous aidera à éviter ces écueils. Vous ne serez plus ainsi ni
victime, ni manipulateur. Ou, le cas échéant, vous pourrez l’être en toute
connaissance de cause !
1
Se méfier des apparences !
« Tu sais, mabig [fiston], ce ne sont pas les plus beaux oiseaux qui chantent
le mieux. » Voilà ce que me dit un jour ma grand-mère, lorsque, petit, je lui
demandai d’écouter le coucou. Elle me répondit, en bonne paysanne
bretonne, honnête et travailleuse : « Le coucou c’est un voleur, mais ça ne
se voit pas sur lui, c’est comme le monsieur à la banque avec son costume
et ses mains blanches. »
Même si nous savons qu’il faut nous en méfier, nous nous laissons
tromper, malgré nous, par l’apparence physique et vestimentaire des autres,
laquelle influe sur nos interactions. On ne parle pas ici d’habits propres ou
sales, mais des multiples petites singularités qui suffisent parfois à modifier
notre comportement. Ainsi, certains détails, par exemple les talons,
changent le maintien, tandis que d’autres, tel le maquillage, renforcent
l’éclat et la beauté du visage ; quant aux touches de singularité, elles
éveillent la curiosité. Les nombreuses façons de transformer son apparence
modifient la façon dont nous jugeons autrui ou dont nous interagissons avec
lui. L’apparence pouvant être modifiée, le manipulateur y trouve des
techniques pour renforcer sa crédibilité et sa force de persuasion. Ma
mamm-gozh (ma grand-mère) avait raison : le chant du coucou n’est pas
très joli même si l’oiseau est beau ! Mais il m’a fallu bien des années pour
comprendre cette métaphore…
De surcroît, ce ne sont pas les employés qui vont vous aider, car nous
avons également observé, dans d’autres études, que les vendeurs et le
personnel de sécurité surveillent davantage les personnes vêtues de façon
négligée que les personnes élégantes. Arsène Lupin l’avait bien compris, lui
qui était élégant en toutes circonstance et agissait sans crainte.
Ainsi, nous sommes victimes de l’apparence vestimentaire – nous
sommes tous des fashion victims –, car l’apparence active
vraisemblablement des stéréotypes différents selon les vêtements. Quand
ces préjugés sont activés, il devient difficile de réagir sereinement. En
présence d’un voleur bien habillé, une dissonance cognitive – un conflit
cognitif – s’installe : on repère le voleur, donc on pense d’abord prévenir le
vigile, mais une tenue élégante n’est pas spontanément associée à celle d’un
voleur – supposé pauvre. On ne comprend pas pourquoi il vole, alors qu’il
ne semble pas avoir de difficultés financières. Et ces réflexions plus ou
moins inconscientes sont longues et laissent le temps au voleur de
disparaître avant que l’on ait pris la décision de prévenir le vigile.
En résumé, et contrairement à ce qu’affirme le proverbe, l’habit fait bien
le moine, et le manipulateur a tout intérêt à soigner son apparence.
Ces résultats ont été confirmés, et nous avons également mis en évidence
que les talons n’ont d’influence que sur les hommes. Nous avons demandé à
une jeune femme marchant dans la rue de laisser tomber un gant en faisant
semblant de ne pas s’en apercevoir.
62 % des hommes ont prévenu la jeune femme de la perte du gant lorsqu’elle avait des
chaussures plates, contre 78 % avec des talons de 5 centimètres et 93 % avec des
talons de 9 centimètres. La hauteur des talons n’a eu aucun effet sur les femmes qui
ont été environ 50 % à prévenir la jeune femme.
Plusieurs recherches ont confirmé cet effet de la fleur dans les cheveux
sur d’autres types de comportements. Ainsi, en 2015, Jordy Stéfan12 et ses
collègues de l’université Bretagne Sud ont réalisé une étude où des
étudiantes âgées de 19 à 20 ans étaient chargées de faire une enquête
portant sur les produits locaux. Elles ont demandé à près de 500 passants
d’y répondre. Selon les cas, l’enquêtrice avait – ou non – une fleur dans ses
cheveux, soit une rose rouge naturelle, soit une rose artificielle en tissu
rouge.
En l’absence de fleur dans les cheveux, 31 % des personnes sollicitées ont accepté de
répondre, contre 46 % lorsque la jeune femme portait une fleur artificielle et 48 %
quand la fleur était naturelle. La nature de la fleur aurait peu d’importance.
Une seconde expérience a été faite, mais cette fois-ci, la jeune femme
demandait un peu d’argent pour acheter un sandwich. Là encore, les
hommes donnaient plus facilement quand la jeune femme avait du rouge à
lèvres.
Par ailleurs, comme on l’apprend dans les cours de marketing et de vente,
il n’y a rien de mieux, pour un vendeur, d’être lui-même le support du
produit qu’il propose. C’est particulièrement vrai pour la vente de produits
cosmétiques. En 2014, le psychologue polonais Wojciech Kulesza16 et ses
collègues ont étudié le comportement de 150 clientes d’un magasin de
produits cosmétiques et de beauté. Une vendeuse avait reçu pour instruction
de se présenter à son travail soit sans aucun maquillage, soit avec un
maquillage des yeux, des lèvres et de la peau du visage. On enregistrait les
achats effectués par chaque cliente et, à la sortie du magasin, on demandait
aux clientes d’évaluer la qualité des conseils de la vendeuse à l’aide d’une
échelle allant de 1 (médiocre) à 9 (très grande qualité).
Lorsque les clientes ont été accueillies par la vendeuse maquillée, elles ont acheté, en
moyenne, pour 79,9 zlotys (17,5 €), contre 33,3 zlotys (7,5 €) lorsque la vendeuse
n’était pas maquillée. Pour la vendeuse maquillée, la qualité du service était en
moyenne estimée à 8,4 (pour un maximum de 9) et pour la vendeuse non maquillée, la
note était de 6,3.
*
En bref
Pour éviter de vous faire arnaquer, chassez de votre esprit tous les stéréotypes bien
ancrés et méfiez-vous des femmes aux longs cheveux blonds ornés d’une fleur naturelle,
qui portent des vêtements élégants et des talons hauts, qui sont bronzées et maquillées !
2
Stratégies d’influence
La technique du leurre
Nous avons parfois des réactions inadaptées, et la frustration en est souvent
responsable. Un exemple : un arbre est tombé dans votre jardin. Vous
décidez d’acheter une tronçonneuse électrique pour le découper. Un copain
vous convainc d’en acheter une dont le rapport qualité/prix est excellent.
Pas de chance, ce modèle n’est pas disponible dans votre magasin et
finalement, vous achetez un autre modèle.
Il est arrivé à tout le monde de partir acheter un produit bien particulier et
de revenir avec un autre, car l’article souhaité n’était pas disponible.
Parfois, l’objet n’était pas en stock, parfois, trop pressé, vous avez pris le
premier dans le rayon. Mais un vendeur peut aussi user (ou abuser) d’une
technique dite « du leurre » pour vous faire acquérir une tondeuse à gazon à
la place de la tronçonneuse que vous vouliez acheter !
En 1989, Robert-Vincent Joule13 et ses collègues ont été les premiers à
étudier cette technique et à lui donner son nom. Ils recherchaient des
étudiants sur le campus d'Aix-en-Provence qui donneraient un peu de leur
temps pour participer à une expérience, et ce gratuitement. Un
expérimentateur les abordait en prétendant conduire une recherche sur les
émotions pour laquelle il avait besoin de volontaires. Cela pouvait être
plaisant puisqu’il s’agissait de regarder un film de 25 minutes, puis de
répondre pendant 5 minutes à un questionnaire sur le film. Et l’étudiant
recevrait même 5 euros. Les étudiants intéressés communiquaient leur nom,
et on leur donnait rendez-vous pour venir au laboratoire.
Quand l’étudiant arrivait au laboratoire, un autre expérimentateur lui
annonçait qu’il avait déjà terminé son expérience, mais n’avait pas eu le
temps de prévenir le collègue qui l’avait convoqué. Bref, l’étudiant s’était
déplacé pour rien… Voyant son air dépité, le second expérimentateur
s’empressait de lui dire qu’il y avait une autre expérience sur la mémoire
qui durerait une demi-heure, mais qui, malheureusement, n’était pas
rétribuée comme la première. Une condition contrôle avait été mise en
place, où l’on proposait seulement à l’étudiant la seconde expérience non
rémunérée.
En condition contrôle, 15 % des étudiants sollicités ont accepté de participer à la
seconde expérience non rémunérée, tandis qu’avec la technique du leurre, la
proportion a atteint 47 %, soit trois fois plus.
*
En bref
Pour éviter de vous faire arnaquer, méfiez-vous de ceux qui pratiquent la technique du
pied-dans-la-porte (votre interlocuteur vous demande un premier service acceptable,
avant d’en demander un second plus « coûteux »), la technique de la porte-dans-le-nez
(il vous demande un premier service inacceptable, pour en proposer un second moins
« coûteux » que vous accepterez), la technique du low-ball (vous dites « oui » à une
première demande, puis vous n’osez plus dire « non » à une demande plus exigeante), la
technique du leurre (vous voulez profiter d’une promotion, mais vous finissez par
acheter un produit plus cher), ou encore la technique de la pique (votre interlocuteur
pique votre curiosité et vous acceptez plus facilement sa demande). Et surtout, apprenez
à dire « non » !
3
De l’influence du contexte
Tout ce nous entoure, le lieu où nous nous trouvons, le temps qu’il fait, sont
autant de facteurs qui influent sur nos décisions sans que nous n’en ayons
conscience. Pour maîtriser un peu mieux nos comportements et nos choix,
mieux vaut connaître ces facteurs pour ne pas devenir le jouet d’autrui qui,
lui, n’aurait pas de scrupules à les utiliser…
La ville, avec sa densité de population, favoriserait l’individualisme et
rendrait les individus moins sensibles à autrui, et notamment à ceux qui en
ont le plus besoin. Cela signifie-t-il que dans les zones moins densément
peuplées, les individus seraient plus susceptibles d’apporter leur aide ? Pour
le savoir, en 1981, les psychologues américains George Whitehead et Susan
Metzger1 ont déposé des enveloppes timbrées portant le nom et l’adresse du
destinataire dans différents lieux publics comme si elles avaient été perdues
ou oubliées. L’expérimentation se faisait dans de petites agglomérations
américaines ou dans de grandes métropoles.
Dans les petites villes, 80 % des enveloppes ont été déposées dans une boîte aux
lettres de la poste, contre 53 % dans les grandes agglomérations.
Ainsi, dans les zones peu peuplées, l’entraide est supérieure à celle qui
règne dans les grandes agglomérations. Ce résultat a été confirmé à maintes
reprises.
La psychologue américaine Nancy Steblay2 a ainsi montré, en 1987, dans
une synthèse de toutes les expériences ayant été réalisées sur ce thème et
impliquant l’étude du comportement réel de plusieurs milliers de personnes,
que l’on aide beaucoup plus en zones peu urbanisées et rurales que dans les
grandes villes.
Quelques résultats le confirment :
– 82 % des personnes sollicitées acceptent de répondre à un questionnaire en zone
peu urbanisée, contre 76 % dans une grande agglomération.
– 40 % des passants donnent de l’argent à un mendiant assis dans une rue en zone
peu urbanisée, contre 9 % en zone très urbanisée.
– Même lorsqu’il s’agit d’aider un enfant perdu ou d’apporter son aide à quelqu’un qui
est tombé par terre et feint d’être évanoui, les passants apportent moins souvent leur
aide dans les grandes agglomérations que dans les petites villes.
Une autre recherche a montré que, quand on faisait croire que deux
produits venaient de différents endroits, celui qui était supposé venir de
notre environnement immédiat était plus souvent jugé meilleur. Si vous êtes
de Cahors et que l’on vous fait goûter un produit prétendument de Cahors,
vous le trouverez meilleur que si l’on vous dit qu’il vient de Chartres. Si
vous êtes de Chartres, le choix sera inversé ! On marque souvent une
préférence pour ce que l’on croit être un produit local, et cela a été émis en
évidence pour de nombreux produits alimentaires (pâte à tartiner, confiture,
et même eau minérale), mais aussi pour des produits industriels, par
exemple un textile, jugé de meilleure qualité s’il est produit près de chez
vous.
Si l’on vous demande d’aider des personnes vivant dans votre quartier,
vous vous montrerez également plus altruistes. En 2018, avec des collègues,
nous avons demandé à des étudiants de recueillir des denrées alimentaires
au profit d’une association caritative4. Sur les tee-shirts des étudiants qui
faisaient la sensibilisation et assuraient la collecte des produits, nous avions
imprimé trois types de messages et, selon les jours, les étudiants
changeaient de tee-shirt. L’un d’eux servait de condition contrôle, et
arborait le message suivant : « Il y a des gens qui ont faim ». Sur un autre
était écrit : « En France, il y a des gens qui ont faim ». Et enfin, sur le
troisième, on pouvait lire : « À Bain-de-Bretagne, il y a des gens qui ont
faim ».
Comme vous l’avez deviné, l’expérience a été réalisée à Bain-de-Bretagne ; en
condition contrôle (sans évocation de lieu), 9,5 % des personnes ont donné,
contre 16,8 % pour le slogan évoquant la France et 26,9 % quand on évoquait la faim
à Bain-de-Bretagne.
L’influence de la météo
Vous savez que le soleil ou la pluie agissent sur votre humeur et certaines de
vos perceptions. Mais saviez-vous que cela influence des comportements
plus subtils tels que la générosité, la gentillesse ou le jugement de la valeur
des choses ?
En 1979, le psychologue social Michael Cunningham11, de l’université
de Louisville, aux États-Unis, a mené une étude pour laquelle il a abordé
plus de 500 personnes en se présentant comme appartenant au département
de sociologie de l’université et en leur disant qu’il faisait une enquête. Il
ajoutait que c’était un questionnaire de 80 questions, mais que chacun
pouvait choisir le nombre de questions auquel il acceptait de répondre.
L’enquête était réalisée les jours où il ne pleuvait pas. On enregistrait
différents paramètres météorologiques, ainsi que le niveau d’ensoleillement.
Plus l’ensoleillement augmentait, plus les personnes acceptaient de
répondre à un nombre important de questions, et ce quelle que soit
la saison.
D’autres expériences ont montré que l’entraide augmente au printemps et
en été. En hiver, si le soleil brille, l’entraide est comparable à celle observée
au printemps ou en été quand le ciel est nuageux. Ce n’est donc pas tant la
température extérieure qui importe, mais plutôt l’ensoleillement.
Ainsi, en 2013, dans une recherche portant sur près de
3 000 automobilistes, nous avons testé avec des collègues l’effet de la
météo sur l’auto-stop12. Des auto-stoppeurs et auto-stoppeuses se plaçaient
dans des lieux utilisés pour faire de l’auto-stop par beau temps ou avec un
ciel très nuageux (nous évitions les jours de pluie).
Quand le soleil brillait, 9,4 % des automobilistes se sont arrêtés, contre 6,1 % lorsque
le ciel était couvert.
Humeur champêtre ?
Vous aimez la nature, admirer les fleurs, les arbres, vous promener dans une
forêt, marcher le long d’un canal arboré qui passe en ville, écouter le chant
des oiseaux ? Il est normal, me direz-vous, que la nature agisse sur nous.
Oui, mais sommes-nous plus influençables dans un environnement
champêtre ? Sans doute, puisqu’il a été montré que notre comportement à
l’égard de quelqu’un change quand il porte une plante ou des fleurs. C’est
peut-être pour cette raison que l’on offre des fleurs ?
Ce matin, vous êtes pressé et, comme vous n’avez pas de voiture, vous
avez recours à la solidarité des automobilistes. Prenez un bouquet de fleurs
dans la main et vous n’attendrez pas longtemps ! En 2015, avec mes
collègues Sébastien Meineri et Jordy Stefan16, nous avons réalisé une
expérience qui a impliqué 2 000 automobilistes : nous avons demandé à des
jeunes gens (hommes et femmes) de jouer le rôle de l’auto-stoppeur. Ils
étaient vêtus comme des jeunes de leur âge avec un sac à dos et avaient ou
non un bouquet de fleurs. On mesurait alors la proportion des
automobilistes qui s’arrêtaient.
Le bouquet de fleurs a eu un impact positif, mais uniquement quand l’auto-stoppeur
était un homme : la proportion des automobilistes hommes qui se sont arrêtés est
passée de 6,8 % sans le bouquet à 13,6 % avec et celui des automobilistes femmes
est passé de 1,3 % sans les fleurs à 10,5 % avec. Quant aux auto-stoppeuses, la
présence des fleurs n’a pas augmenté la proportion des automobilistes qui se sont
arrêtés. Un homme avec des fleurs, c’est rare. L’effet curiosité évoqué précédemment
aurait-il joué un rôle ?
Quant à la nature de l’objet (fleurs ou plante verte), les deux agissent sur nos
comportements. Quand un piéton attend pour traverser sur un passage protégé,
les automobilistes sont 34 % à s’arrêter s’il a un bouquet de fleurs, 22 % s’il porte
une plante verte et 19 % qu’il tienne un tee-shirt dans sa main ou… qu’il n’ait rien du
tout.
Après une courte immersion dans un parc, nous sommes plus coopératifs
et plus aimables. De surcroît, d’autres expériences ont révélé que la nature
agit même si nous n’y sommes pas réellement immergés. Ainsi, en 2014,
Jia Wei Zhang18 et ses collègues de l’université de Memphis, aux États-
Unis, ont montré que le simple fait d’exposer des personnes à de belles
photos de nature les rend plus coopératives.
La nature modifie aussi les opinions. Par exemple, la présence de photos
de la nature et de plantes vertes améliore la perception que les employés ont
de leur entreprise, ils estiment que la qualité de vie au travail y est
supérieure à celle qui règne dans d’autres sociétés, que l’ambiance est
meilleure et que le directeur est plus à l’écoute.
Ainsi, une touche de nature, une petite balade dans un parc, une simple
vue de nature, et nos interactions sociales changent. Si vous êtes abordé par
quelqu’un qui est dans un parc ou à proximité d’un beau jardin, son
influence ou son pouvoir de manipulation seront supérieurs à ce qu’ils
seraient en d’autres lieux. Soyez vigilant !
Vous pouvez également, comme dans le film Les 101 dalmatiens, utiliser
votre chien pour faciliter une rencontre amoureuse. Avec mon collègue
Serge Cicotti21, nous avions demandé à un jeune homme, beau et âgé d’une
vingtaine d’années, d’essayer d’obtenir des numéros de téléphone de jeunes
filles du même âge alors qu’il se promenait dans une rue avec un chien en
laisse.
28 % des jeunes filles ont donné leur numéro lorsque le jeune homme était
accompagné de son chien, contre 9 % lorsqu’il était seul.
L’effet est encore amélioré avec un chiot tenu dans les bras. Cela
fonctionne aussi sur les sites de rencontre sur Internet : quand un homme est
photographié avec son chien, les femmes acceptent plus facilement d’entrer
en contact avec lui. Le même homme serait jugé plus beau et plus attirant
quand il est photographié avec son chien que sans !
Et si vous êtes une femme et que vous cherchez le prince charmant,
n’oubliez pas votre chien ! Quand une jeune femme est assise sur un banc
ou à la terrasse d’un café et que son chien (ou encore mieux son chiot !) est
couché à ses pieds, les hommes l’abordent plus que si elle est seule.
D’ailleurs, la première chose qu’ils demandent, c’est le nom de l’animal.
Un bon prétexte pour entamer la conversation…
Le chien est un puissant facilitateur des relations sociales dans de
multiples circonstances, et modifie le jugement qui est porté sur son
propriétaire.
*
En bref
Pour éviter de vous faire arnaquer, méfiez-vous des personnes qui vous abordent dans un
contexte champêtre pour vous demander quelque chose, car vous serez moins vigilant ;
n’oubliez pas que vous aurez inconsciemment tendance à trouver meilleurs les produits
locaux ; soyez également conscient que les objets qui vous entourent influent sur vos
décisions ; rappelez-vous que les jours de grand soleil, vous êtes de meilleure humeur et,
par conséquent, moins prudent ; et si quelqu’un vous offre des fleurs, c’est peut-être pour
dissiper votre méfiance, surtout s’il est accompagné d’un chien !
4
Place au(x) bon(s) sens !
Même dans des situations où le client sait ce qu’il veut acheter, l’odeur
peut influencer son comportement de consommateur. À l’aide de diffuseurs
électriques, Céline Jacob12 et ses collègues ont répandu (ou non) une odeur
de lavande dans un magasin de fleurs.
Sans odeur, 84 % des clients achetaient (cette proportion est élevée, mais c’est normal
puisqu’on entre dans un magasin de fleurs pour… acheter des fleurs !), mais lorsque
l’odeur de lavande était diffusée, la proportion a atteint 98 %.
Qui plus est, le « panier moyen », c’est-à-dire le montant moyen des dépenses des
clients, a augmenté de 23 %.
Une odeur agréable agit aussi sur la façon dont on évalue un magasin.
Ainsi, une odeur de chocolat chaud dans une librairie a des effets positifs
sur le jugement du magasin et sur le comportement d’achat. De même, les
clients passent plus de temps dans une bijouterie quand elle est parfumée
avec des odeurs de fruits et de fleurs. Cet effet se manifeste d’ailleurs dès le
plus jeune âge, puisque des enfants de sept à huit mois sont plus attirés par
un jouet parfumé à la vanille : il le touchent et le portent plus volontiers à la
bouche que d’autres jouets non parfumés.
Tous ces résultats confirment que les odeurs influent sur nombre de nos
comportements, et pas seulement pour nous donner envie de manger. Selon
les circonstances, vous pouvez donc décider de vous parfumer ou non, voire
de diffuser telle ou telle odeur d’ambiance dans votre magasin.
*
En bref
Pour éviter de vous faire arnaquer, sachez que tous vos sens peuvent vous trahir. Votre
ouïe d’abord : le rythme et le volume d’une musique d’ambiance, les paroles d’une
chanson peuvent vous inciter à consommer, voire à boire, davantage. Votre odorat
ensuite : selon l’odeur des lieux, vous serez plus ou moins généreux, coopératif,
dépensier ; quant au parfum, n’oubliez pas que c’est une redoutable arme de séduction !
Enfin, votre vue est le sens le plus sollicité, et est tout aussi influençable que les autres :
l’ambiance lumineuse, vive ou tamisée, modifie votre comportement d’achat ou de
coopération, et votre regard sera toujours attiré par une source lumineuse.
5
Le pouvoir des mots
Au nom de la liberté ?
Après avoir illustré par divers résultats expérimentaux l’influence, sur nos
comportements, des apparences, des lieux et du contexte, ainsi que de nos
sens qui nous jouent bien des tours, nous allons résumer ici diverses
expériences qui illustrent le pouvoir des mots. Commençons par le mot
« liberté » : nombreux sont ceux qui ont donné leur vie pour que nous
puissions la nommer et en faire l’expérience chaque jour de notre vie. C’est
le premier mot de la devise de la Constitution française : « Liberté, Égalité,
Fraternité ». Condition indispensable de la démocratie, ce mot est
certainement le plus cher à chaque être humain. Et tout naturellement, les
psychologues s’intéressent au pouvoir de ce mot. Au risque de découvrir
des paradoxes. Ainsi, le simple fait de vous dire que vous êtes libre de faire
quelque chose vous rend plus soumis, vous privant de cette « liberté
chérie ».
Dans une série d’expériences menées par Alexandre Pascual en 20021,
nous avons demandé à des personnes de donner un peu d’argent pour
dépanner quelqu’un. Dans la première étude, menée auprès de
80 personnes, un expérimentateur sollicitait des individus dans la rue en
leur demandant de l’argent pour acheter un ticket de bus. En condition
« Vous êtes libre de… », le passant était sollicité de la manière suivante :
« Vous êtes libre d’accepter ou de refuser, mais auriez-vous quelques pièces
pour que je puisse prendre le bus s’il vous plaît ? » En condition contrôle,
on se contentait de dire : « Auriez-vous quelques pièces pour que je puisse
prendre le bus, s’il vous plaît ? » On mesurait alors le nombre de personnes
qui consentaient à donner un peu d’argent, ainsi que le montant moyen des
dons consentis.
En condition contrôle, 10 % des passants ont donné, contre 40 % en condition « Vous-
êtes libre de… ». Les montants moyens des dons ont été supérieurs quand la liberté
de donner était évoquée.
La technique ESL fonctionne aussi via Internet, même quand il n’y a pas
de récompense à la clé. Ainsi, en 2010, Jacques Fischer-Lokou et ses
collègues5 de l’université Bretagne Sud ont contacté près de
1 000 internautes par courriel. Le message provenait d’une association
humanitaire s’occupant d’enfants victimes des mines antipersonnel dans le
monde ; on demandait aux personnes contactées d’aller sur le site de
l’association et de signer une pétition visant à exercer une pression
internationale contre l’usage de ces armes. À la fin du message, un bouton
apparaissait, associé à un lien vers le site de l’association. Sur ce bouton
était inscrit, selon les cas : « Nouveau », « Cliquez ici » ou « Vous êtes libre
de cliquer ici ».
Le taux de visite du site a été de 82 % avec le bouton « Vous êtes libre de cliquer ici »,
65 % avec « Cliquez ici ! » et 53 % avec « Nouveau ».
Les expérimentateurs ont également mesuré la proportion d’internautes ayant signé la
pétition : 7,3 % avec le bouton « Vous êtes libre de cliquer ici », 5,7 % avec « Cliquez
ici ! » et 4 % avec « Nouveau ».
Ce résultat a été confirmé avec une expérience impliquant plus de 4 500 internautes et
la mention « Consultez librement le programme » et la condition contrôle « Consultez
le programme »
Ainsi, la technique ESL est efficace quel que soit le mode d’interaction
sociale, y compris en l’absence de face-à-face, puisque les résultats sont
confirmés lors des échanges par Internet, téléphone ou courrier postal.
Quel est le facteur important ? Le mot « liberté » ou le sentiment de
liberté de choix ? Pour le savoir, nous avons testé diverses formes
d’évocation de la liberté. En 2013, dans une expérience réalisée par l’équipe
de Robert-Vincent Joule, un étudiant (ou une étudiante) abordait des
passants (300 dans une ville du sud de la France) afin de leur demander un
peu d’argent pour s’acheter un ticket de bus. La liberté était évoquée de
deux façons différentes : soit, comme précédemment, par la phrase : « Mais,
bien entendu vous êtes libre de m’aider ou non » ; soit sans utiliser le mot
« libre » ou « liberté » : « Mais, bien entendu, ne vous sentez pas obligé de
m’aider ». Dans la condition contrôle, ni l’une ni l’autre de ces phrases
n’était prononcée.
Dans la condition contrôle, 32 % des personnes ont accepté, contre 51 % avec la
mention « ne vous sentez pas obligé de m’aider » et 46 % dans la condition « vous
êtes libre de m’aider ou non ». Les deux formulations permettent d’obtenir une
augmentation notable du nombre des personnes qui donnent de l’argent.
Dans une autre expérience menée par Robert-Vincent Joule6, l’efficacité
de la mention : « Faites comme vous le souhaitez » et celle « Vous êtes libre
de… » ont été comparées. À nouveau, les deux formulations se sont
montrées plus efficaces que la condition contrôle.
La répétition de l’évocation sémantique de la liberté renforce-t-elle
l’efficacité de la technique ? Pour le savoir, nous avons combiné plusieurs
formulations susceptibles d’activer le sentiment de liberté dans une même
demande : « Désolé de vous déranger Madame/Monsieur, j’ai quelque
chose à vous demander, mais vous êtes libre de m’aider ou pas. Auriez-vous
un peu de monnaie pour acheter un ticket de bus car je n’en ai pas assez.
Mais, évidemment, vous n’êtes pas obligé(e) ». Dans cette condition, la
répétition a rendu la technique encore plus efficace puisque les taux
d’acceptation ont été supérieurs (69 %) à ceux obtenus avec une seule de
ces formules.
Une autre façon d’activer le sentiment de liberté par les mots serait
également produit par l’anticipation du refus. Un jour, mon fils âgé de 7 ans
m’avait dit : « Je sais que tu vas dire “non” papa, mais je voudrais bien des
bonbons après l’école, ce soir… » Le soir même, je suis allé acheter des
bonbons à mon fils, car je suis libre de dire non… mais aussi de dire oui.
En 2019, l'Américaine Sally Farley7 a utilisé une formulation originale
susceptible d’activer le sentiment de la liberté de choix. Dans ses deux
expériences, elle voulait qu’une personne accepte soit de prêter son
téléphone portable pendant quelques minutes, soit de répondre à une
enquête. Elle a montré que la mention « Vous êtes libre de dire non » a
augmenté les réponses positives, dans les deux cas. De même, la mention
« Vous allez certainement refuser, mais… » a montré son efficacité quand
on demande de l’argent au profit d’une association caritative. Bref, évoquez
le « non » ou un refus, et vous aurez de grandes chances d’obtenir un
« oui » ! Comme le disait le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, en
2004, à propos du référendum sur le projet de traité de Constitution
européenne : « Win the “yes” needs the “no” to win against the “no” » (le
« oui » a besoin du « non » pour l’emporter sur le « non »).
Avec plusieurs dizaines d’expériences réalisées en utilisant la technique
ESL et plusieurs dizaines de milliers de personnes testées, il est avéré que
l’évocation du mot « libre » a un pouvoir d’influence réel sur le
comportement des individus. Ce pouvoir sémantique est cohérent avec les
théories actuelles sur l’influence d’autrui. Nous savons aujourd’hui que le
sentiment de liberté est une condition indispensable pour qu’un individu
produise spontanément un comportement attendu. Ce préalable à l’action
est si profondément ancré que la simple évocation de la liberté suffit. C’est
parce que ce sentiment de liberté de décider et de choisir s’active que vous
pouvez dire « non » aux sollicitations, mais c’est aussi pour cette raison que
vous pouvez dire « oui ».
Toutefois, pour que la liberté et le sentiment de liberté exercent leur effet,
il faut que ces termes aient un sens pour l’individu concerné. Ainsi, en
2012, Alexandre Pascual et ses collègues8 ont montré, dans une étude de la
technique ESL impliquant divers pays, que la technique est plus efficace
dans des pays démocratiques et individualistes (par exemple la France et les
États-Unis) que dans des cultures plus contrôlées par le pouvoir de l'État et
plus collectivistes (par exemple la Chine et la Russie). Le concept de liberté
n’est pas universel et n’a pas le même sens selon les pays et les cultures.
« Je ne veux pas vous forcer » ; « Vous faites comme vous voulez » ;
« C’est vous qui voyez » ; « Vous êtes libre de… » sont autant de références
sémantiques à la liberté de décision, et nous les utilisons souvent dans nos
interactions sociales. Cet usage résulte sans doute d’une longue tradition
culturelle qui nous pousse à les utiliser sans y penser. Car loin d’être
neutres, ces références sont un atout notable pour celui qui sait les employer
à bon escient, sans même en être conscient. Parce que la liberté n’a pas de
prix !
Cette étape est à respecter, car Jerry Burger a montré que si le vendeur dit
« Le gâteau coûte 75 centimes maintenant, mais tout à l’heure il était à
1 dollar », il n’y a pas plus de ventes qu’en condition contrôle. Par
conséquent, si vous êtes du côté du vendeur, ne dévoilez pas tout d’un seul
coup ! Et si vous êtes du côté de l’acheteur, méfiez-vous de ceux qui vous
renseignent par étapes, surtout s’il y a deux vendeurs !
Souvent, une personne qui vous sollicite dit n’avoir besoin que d’un petit
quelque chose et que, si vous acceptez de répondre, son enquête serait
terminée. Votre réponse peut-elle être influencée par cette précision ?
Afin de le vérifier, le psychologue américain Christopher Carpenter18 a
réalisé, en 2014, une expérience auprès de 160 personnes. Des étudiants
jouant le rôle d’enquêteurs abordaient ces passants en se présentant, puis en
expliquant que, dans le cadre d’un travail universitaire, ils devaient réaliser
une enquête qui prenait 10 minutes. L’enquêteur demandait alors à la
personne si elle acceptait de répondre. En condition expérimentale,
l’enquêteur ajoutait : « Il me faut encore une réponse pour avoir terminé
mon enquête. » Cette phrase n’était pas prononcée en condition contrôle.
60 % des personnes ont accepté en condition contrôle, contre 80 % en condition
expérimentale. La petite phrase de fin, impliquant la responsabilité du sujet qui, s’il
répond, libérera l’enquêteur, semble efficace. Et c’est bien l’idée d’être le dernier qui
importe. Dans une seconde expérience, l’étudiant disait qu’il lui manquait cinq
réponses pour avoir terminé. Il n’a constaté aucune différence entre ce groupe
(cinq réponses) et le groupe contrôle.
Bien que nous connaissions par cœur la fable de La Fontaine qui, comme
d’autres, nous met en garde contre les méfaits de la flatterie, nous aimons
entendre ces petites phrases qui nous font plaisir. Cela nous fait du bien et
nous sommes enclins à consommer davantage et à témoigner à la serveuse
notre gratitude pour le bon moment passé dans ce restaurant. Comme dans
tous les exemples accumulés au fil de ces pages, tant que la manipulation
ou l’influence n’ont pas de conséquences délétères pour le sujet et qu’il se
sent bien, il n’y a rien à redire. La situation ne devient problématique que si
le manipulateur abuse de son pouvoir d’influence et que le client en devient
la victime.
Dans un autre registre, on imagine mal une scène de séduction dans un
film sans que l’homme ait d’abord adressé quelques compliments à la
femme qu’il veut séduire, ou l’inverse. De même, dans la vraie vie, une
personne attirée par une autre va user de compliments. Dans une expérience
réalisée en 2013, nous avons demandé à un jeune homme d’une vingtaine
d’années, jugé beau garçon, d’aborder des jeunes filles sensiblement du
même âge qui marchaient seules dans la rue afin de les inviter à prendre un
verre à la terrasse d’un café24. En condition contrôle, la demande était
directe. Dans la condition de flatterie, le garçon disait à la jeune fille qu’elle
était ravissante et qu’elle savait se vêtir avec goût, puis lui proposait d’aller
prendre un verre.
En condition contrôle, 9 % des jeunes filles ont accepté. En condition de flatterie, la
proportion est passée à 22 %.
Ce type d’approche, éculé et prévisible, fonctionne donc malgré tout. Et, moi-même,
j’ai beau connaître toutes ces études sur les compliments, je sais que je risque de me
faire piéger comme les autres.
*
En bref
Pour éviter de vous faire arnaquer, méfiez-vous dès que l’on vous dit que vous êtes libre
de faire telle ou telle chose : votre liberté risque d’être menacée. Méfiez-vous également
des offres que l’on vous fait en ajoutant : « Et ce n’est pas tout ! » Quant aux phrases
rituelles, de type « Comment allez-vous ? », ou aux formules de politesse, elles sont
utilisées tous les jours, mais pas toujours sans arrière-pensées, tant elles sont efficaces
pour stimuler la générosité. Et pire encore, la flatterie : même si vous savez que les
paroles que vous aimez entendre sont juste destinées à abaisser votre vigilance, vous
risquez de vous faire piéger !
6
Irrésistible proximité
Parking d’un centre de loisirs familial en Ariège. Arrivée après dix heures
de voiture avec enfants et bagages. Je sors enfin de la voiture et une voix
m’interpelle :
— Des 56, d’où venez-vous ?
— De Séné, à côté de Vannes.
— Incroyable, nous sommes de Cantizac !
— Nous du Goah Ver.
— Alors nous sommes de la même commune, et tout proches en plus !
Après cette étonnante rencontre, nous avons passé quinze jours ensemble
et sommes devenus inséparables !
Le proverbe « Qui se ressemble, s’assemble » ne s’applique pas
seulement aux correspondances physiques ou sociologiques des personnes.
Il évoque aussi tous ces détails qui nous font croire qu’une personne a de
nombreux points communs avec nous, ce qui suffit à ce que nous lui
prêtions plus attention. Les manipulateurs le savent bien : il faut savoir se
rendre proche d’autrui, même si ce n’est qu’illusion. Or il existe
d’innombrables petites techniques comportementales que l’on peut utiliser
pour que son interlocuteur dise : « Nous sommes proches », « Il me rappelle
quelqu’un », « J’ai déjà vécu ce qu’il vit », etc. Si cette impression prend
forme, vous êtes dans de bonnes dispositions pour accepter une requête de
la part de quelqu’un que vous ne connaissiez pas quelques minutes plus tôt.
Séduisante similarité
Le proverbe cité précédemment s’applique très bien dans la vie sociale. Il
suffit que quelqu’un ait quelque chose en commun avec vous – une relation,
une caractéristique physique, une passion – pour que cela crée une
proximité entre vous. Pas étonnant, pensez-vous, car avoir les mêmes
intérêts ou un vécu similaire, cela rapproche ! Oui, mais de nombreux
autres éléments, parfaitement aléatoires, peuvent suffire à créer ce
sentiment de proximité. C’est la similarité incidente, fort utile au
manipulateur !
En 2004, Jerry Burger1 et ses collègues ont fait venir des étudiants
volontaires dans une salle pour une prétendue tâche visant à tester leur
créativité. On obtenait ainsi son prénom : s’il était très rare, la personne
était exclue de la procédure. Au contraire, quand il était commun, on se
débrouillait pour le transmettre à un compère. Ce dernier l’inscrivait sur un
badge et se faisait passer pour un volontaire d’une association de santé qui
collectait des fonds pour une jeune fille souffrant d’une maladie grave.
Lorsque l’étudiant avait terminé sa tâche, il sortait de la salle et était abordé
par ce compère qui lui expliquait son action et sollicitait un don.
Quand les prénoms étaient identiques, les étudiants ont donné en moyenne
2,1 dollars, contre 1 dollar quand les prénoms étaient différents.
Ces chercheurs ont retrouvé des résultats similaires avec des eaux
minérales, des barres chocolatées ou des biscuits pour l’apéritif. Nous
aimons ce qui nous rappelle… nous-mêmes !
Les coïncidences permettent d’alimenter les conversations, favorisent les
amitiés ou même les histoires d’amour. Mais elles représentent aussi une
faiblesse, un talon d'Achille pour chacun d’entre nous, si notre interlocuteur
possède des informations sur nous. Or, des informations personnelles,
aujourd’hui, il suffit de se connecter aux réseaux sociaux pour en ramasser
à la pelle. Alors méfiez-vous si, lors d’une interaction avec un inconnu,
vous pensez tout à coup : « Quelle coïncidence ! » Il sera urgent de rester
vigilant, car votre interlocuteur cherche peut-être à vous piéger par la
méthode de la similarité incidente.
De la similarité à l’imitation
Nous l’avons vu, nous sommes prompts à nous laisser influencer par une
coïncidence ou une similarité apparente. Si telle ou telle personne a le
même prénom, ou mieux encore le même nom que moi, elle doit apprécier
les mêmes choses que moi et je vais m’en sentir proche. Mais il y a encore
mieux que la similarité : la ressemblance parfaite, c’est-à-dire le miroir de
soi. En effet, ne sommes-nous pas la personne que nous connaissons le
mieux et que nous apprécions le plus ? Dès lors, nous nous sentons proche
de quelqu’un qui nous imite, car il devient le miroir de nous-même. Il nous
renvoie un reflet que nous reconnaissons et estimons. Aussi, méfiance à
nouveau, car on passe de la similarité à l’identité : nous risquons d’être si
bien disposés à l’égard de l’imitateur que nous pourrions accepter tout ce
qu’il demande.
En 2012, Rick van Baaren et ses collègues5 de l’université de Nimègue,
aux Pays-Bas, ont convoqué des étudiants un par un, dans une salle. Chaque
étudiant se retrouvait en face d’une jeune femme qui jouait le rôle de
l’expérimentatrice et présentait différentes publicités en posant des
questions à l’étudiant. Ce n’était qu’un prétexte pour qu’il y ait une
interaction sociale suffisamment longue pour laisser le temps à
l’expérimentatrice de reproduire certains gestes et postures de l’étudiant.
Par exemple, s’il se grattait la tête, l’expérimentatrice le faisait également ;
s’il faisait une moue en disant quelque chose, elle reproduisait cette moue.
Lors de certains entretiens, l’expérimentatrice n’imitait pas l’étudiant.
Après cette première phase, l’expérimentatrice se déplaçait dans la salle et
faisait « accidentellement » tomber des pièces par terre. On mesurait alors
l’aide spontanée apportée par l’étudiant pour ramasser ces pièces.
33 % des étudiants n’ayant pas été imités par l’expérimentatrice l’ont aidée, contre
100 % en condition d’imitation.
Dans une autre condition, l’expérimentatrice, à l’issue de la première phase, disait, en
désignant une tirelire, qu’elle faisait une collecte en faveur d’une association de clowns
intervenant auprès des enfants hospitalisés.
En condition d’imitation, 76 % des étudiants ont fait un don, contre 43 % en l’absence
d’imitation. De plus, ils ont été plus généreux, en moyenne, en condition d’imitation
(79 centimes d’euro) qu’en condition contrôle (38 centimes d’euro).
La proximité physique
Repérer des coïncidences, des ressemblances et les mettre en relief vous
permettra d’attirer l’attention d’une personne avec laquelle vous souhaitez
faire connaissance ou dont vous espérez obtenir de l’aide, en un mot dont
vous voulez vous rapprocher. Il n’y a ensuite qu’un pas de la proximité de
pensée à la proximité physique, autre enjeu majeur de l’influence, voire de
la manipulation.
« C’est un de mes proches », « Il a toujours été près de moi », « Lui et
moi, ça a toujours été main dans la main »… De nombreuses expressions
servent à qualifier la connivence et l’intimité psychologique et
émotionnelle, et utilisent des mots également employés pour désigner la
proximité physique. Les psychologues montrent en effet que la proximité
physique a des effets notables sur les personnes, même lorsqu’elles se
connaissent peu.
Parmi les premières expériences qui ont mis cet effet en évidence, citons
celle de Robert Baron et Paul Bell9 qui, en 1976, ont réalisé une recherche
auprès de 160 étudiants qui étaient assis seuls à une table dans une
bibliothèque. Un expérimentateur, âgé d’une vingtaine d’années,
s’approchait de l’étudiant assis et se présentait. Pendant toute la durée de
leur interaction, l’expérimentateur se tenait debout soit à 30-45 centimètres
de son interlocuteur, soit à 90-120 centimètres. Il disait travailler sur un
projet de groupe en psychologie et recherchait des volontaires pour
répondre à des questionnaires qui prenaient entre une demi-heure et deux
heures et demie selon la disponibilité de chacun. Il ajoutait que chacun
pouvait choisir le temps qu’il acceptait de consacrer à cette étude. Si
l’étudiant voulait bien participer, l’expérimentateur lui demandait de dire
combien de temps il pourrait y consacrer.
En condition de proximité, les étudiants ont accepté d’accorder plus de temps (30 % de
temps supplémentaire) à l’expérimentateur que dans la condition d’éloignement.
Faites des efforts et montrez-le, vous arriverez plus facilement à vos fins.
De même, dans un magasin, des jeunes filles demandaient à des clients s’ils
voulaient bien leur laisser leur place dans la file d’attente aux caisses car
elles étaient pressées.
Personne n’a accepté en condition normale, tandis que 53 % des clients ont laissé leur
place lorsqu’elles arrivaient en marchant vite et avec de la sueur sur le visage.
Ce n’est pas le fait de dire que vous être pressé qui compte, mais le fait de faire croire
que vous l’êtes !
Une autre expérience l’a confirmé. Afin d’évaluer ce qui rend une
demande sincère, nous avons demandé à des étudiants d’essayer d’obtenir
un peu d’argent pour aller dans des toilettes payantes. Ils devaient le
demander de deux façons différentes : soit l’étudiant était statique et
décontracté, soit il feignait une envie pressante.
40 % ont donné dans la condition décontractée, contre 63 % lorsque le corps exprimait
une envie manifeste.
Ainsi, il faut que le corps « parle » aussi pour que la demande d’aide
paraisse crédible et sincère. Diverses autres méthodes ont été testées et se
sont révélées efficaces : avoir l’air paniqué quand on demande de pouvoir
téléphoner, faire un geste de prière en demandant un peu de monnaie ou
encore avoir un maquillage ayant un peu coulé pour simuler la détresse,
comme si vous aviez pleuré… Si le corps soutient vos paroles, l’aide
demandée a plus de chances d’être accordée.
Restez courtois !
Dans ces parties de poker menteur que nous évoquons depuis le début de
cet ouvrage, de nombreux facteurs peuvent être à l’œuvre. On mesure à
quel point les relations sociales dépendent de facteurs dont nous n’avons
généralement pas conscience. La courtoisie et la politesse sont encore
d’autres facteurs essentiels dans les relations sociales. Cela signifie que je
viens vers l’autre avec une forme d’apaisement et de respect. Les personnes
âgées adorent d’ailleurs croiser des jeunes enfants qu’elles ne connaissent
pas et qui leur disent « Bonjour Madame/Monsieur », car cela active chez
elles le sentiment que le monde à venir sera bienveillant. Nous avons tous
intérêt à nous montrer courtois et polis dans nos interactions sociales.
En 2003, nous l’avons confirmé dans une recherche menée avec
Alexandre Pascual13. Nous demandions à un garçon âgé de 21 ans de se
rendre dans des boulangeries afin d’acheter un pain au chocolat. Au
moment de payer, il se rendait compte qu’il n’avait pas assez d’argent, alors
que l’employée avait déjà mis le pain au chocolat dans un sachet et le lui
tendait. Le jeune homme continuait à chercher dans son porte-monnaie avec
une certaine fébrilité pendant quelques secondes, puis regardait l’employée.
En condition de politesse, il disait : « Je suis désolé Madame, il me manque
20 centimes, est-ce que vous m’en feriez cadeau ? » En condition
d’impolitesse, il disait de manière nettement moins polie et courtoise :
« Merde, il me manque 20 centimes putain ! Vous m’le donnez quand
même ? » On observait alors si l’employée acceptait ou non de lui donner le
pain au chocolat.
Lorsque le jeune homme se montrait poli, l’employée lui faisait grâce des 20 centimes
dans plus de 93 % des cas, contre 45 % en condition d’impolitesse.
La politesse, ce n’est pas seulement de ne pas dire des gros mots, cela
recouvre bien d’autres comportements. En 1983, Morton Goldman et ses
collègues14 de l’école de commerce Kellogg, aux États-Unis, avaient
téléphoné chez des particuliers en faisant croire qu’ils pensaient appeler un
garagiste parce qu’ils étaient en panne au bord d’une route. L’interlocuteur
leur répondait que ce n’était pas le bon numéro, mais l’expérimentateur
disait que c’était le dernier appel qu’il pouvait passer et lui demandait de le
faire à sa place. Soit il disait de façon abrupte, en donnant un ordre : « Vous
devez appeler le garage pour moi car j’en ai vraiment besoin » ; « J’insiste
pour que vous appeliez »… Soit il s’exprimait de façon plus polie :
« Consentiriez-vous, s’il vous plaît, à me dépanner en appelant vous-
même… »
95 % des personnes ont appelé le numéro du prétendu garagiste lorsque la personne
se montrait polie, contre 45 % lorsqu’elle s’était exprimée de façon malpolie.
Pour obtenir un don ou de l’aide, mieux vaut donc être poli et serrer la
main de son interlocuteur. Et après, rien de plus automatique et classique
que de dire « merci », même si on connaît tous des gens qui semblent
ignorer ce mot… Pourtant, placé au bon endroit, ce mot fait son effet ! En
1995, les psychologues américains Bruce Rind et Prashant Bordia17 ont
demandé à une jeune serveuse d’écrire à la main « Merci » au bas de la note
remise au client (ou de ne pas le faire, selon les cas).
En moyenne, les pourboires ont atteint 16,3 % du montant de l’addition en l’absence
du « Merci » sur la note, contre 18,1 % quand il apparaissait. Cela représentait une
augmentation de 11 %.
Ainsi, cet incontournable de la politesse, placé au bon moment ou au bon endroit,
exerce toujours son effet.
*
En bref
Instinctivement, sans en avoir conscience, vous serez attirés par les personnes qui ont le
même prénom ou le même nom que vous, qui habitent près de chez vous ; vous vous
laisserez séduire par ceux qui vous imiteront par le geste ou la parole ; vous vous
sentirez d’autant plus proches psychologiquement d’autrui que la distance physique entre
lui et vous diminuera. Dès lors, si vous vous trouvez en présence d’un personnage qui a
le même prénom que vous, qui habite dans votre quartier, répète vos phrases ou vos
gestes, s’approche de vous et, de surcroît, est très courtois… Méfiance !
7
Le langage du corps
L’une de mes collègues touche tout le temps les gens lorsqu’elle leur
demande quelque chose, et je n’ai jamais vu quelqu’un lui dire « non », moi
y compris, alors que je connais l’influence du toucher !
Vous touchez le bras de votre interlocuteur pour le convaincre ? Vous
souriez à la charmante voisine qui vient d’arriver ? Vous vous penchez vers
votre interlocuteur pour lui confier un secret ? Autant d’automatismes du
corps dont vous n’êtes pas conscient, la plupart du temps, quand vous les
utilisez… ou que les autres les utilisent.
Le corps parle : il émet des signaux non verbaux. « Et alors ? », pourrait-
on dire, ce n’est pas pour autant que cela a une influence sur les êtres
humains qui disposent du langage parlé et sont si rationnels ! Eh bien
détrompez-vous : il existe une communication non verbale et, dans certains
cas, c’est une arme de persuasion particulièrement efficace, qui influence le
comportement d’autrui à notre égard.
Cet effet du contact tactile a été confirmé dans des contextes variés.
Ainsi, une personne qui tient un gros chien en laisse et demande à des
passants de bien vouloir le garder le temps d’aller à la pharmacie chercher
des médicaments sera aidée dans 55 % des cas si la personne abordée a été
touchée, contre 35 % en l’absence de contact. Ou encore : si un enquêteur
dans la rue vous touche en vous demandant de répondre à son enquête, vous
serez plus nombreux à accepter.
Le contact rapide est efficace quand on sollicite l’aide d’autrui, mais
également quand un commerçant veut vendre ses produits. En 1982, le
psychologue américain David Smith et ses collègues2 ont réalisé une
expérience dans un supermarché. Ils ont demandé à un démonstrateur de
toucher le bras des passants à qui il proposait de goûter la pizza dont il
faisait la promotion.
Quand il effleurait le bras des clients alors qu’il leur proposait de goûter la pizza, 79 %
ont accepté, contre 51 % en condition contrôle (absence de contact).
Quand le regard est dirigé, il n’y a pas d’ambiguïté : on sait que c’est
bien à soi et non à un autre que l’on s’adresse. En 1975, Charles Morgan et
ses collègues12 de l’université Washington, à Seattle, ont étudié le
comportement de 4 000 automobilistes vis-à-vis de personnes qui faisaient
de l’auto-stop. L’auto-stoppeur avait pour instruction de regarder
l’automobiliste qui arrivait droit dans les yeux ou juste au-dessus de la ligne
des yeux.
10 % des automobilistes se sont arrêtés en situation de regard dans les yeux du
conducteur, contre 5 % lorsque le regard se focalisait au-dessus de ses yeux.
Veillez donc à offrir des sourires francs, amples et sincères ! Vous pouvez
même sourire pendant le service et dessiner un sourire sur la note. En 1996,
Bruce Rind et Prashant Bordia18 ont demandé à un serveur et à une
serveuse de dessiner un petit smiley sur la note remise aux clients dans un
restaurant. Les pourboires ont augmenté de 20 %, aussi bien pour le serveur
que pour la serveuse.
Et bien sûr, n’oublions pas le sourire de la séduction ! Comment vous
rendre plus attirants ? Eh bien souriez ! C’est ce qu’ont montré les
psychologues américains Debra Walsh et Jay Hewitt19 dans une expérience
réalisée en 1985. Une femme qui était leur compère s’asseyait à une table
vide dans un bar et devait engager (ou non) une interaction non verbale
avec des hommes présents. Selon les cas, la femme envoyait quelques
œillades à cet homme, accompagnées (ou non) d’un sourire. Dans un
groupe contrôle, il n’y avait ni contact visuel, ni sourire. On observait si
l’homme tentait alors d’établir un contact avec la jeune femme.
Aucun homme n’est venu aborder la jeune femme en l’absence de contact ; 60 % des
hommes à qui la jeune femme avait adressé plusieurs contacts visuels assortis d’un
sourire l’ont abordée. En outre, on a montré que c’est bien le sourire, et non les
regards, qui importe, puisqu’il n’y a eu que 20 % de contacts avec la jeune femme
quand elle a établi plusieurs contacts visuels, mais n’a pas souri. Le sourire a donc
multiplié par trois le nombre d’hommes qui sont venus l’aborder.
Un résultat sans ambiguïté pour toutes les personnes qui doivent faire des
enquêtes !
La façon d’aborder quelqu’un pour lui demander quelque chose est
importante, mais la façon dont on se tient l’est tout autant. Quand le corps
traduit le dynamisme et la force d’un individu, il aura beaucoup plus de
chances d’obtenir de l’aide ou un service qu’une personne trop statique. Le
corps a un réel pouvoir de persuasion.
*
En bref
Pour obtenir (presque) tout ce que vous voulez, usez du contact tactile : effleurez le bras
de votre interlocuteur. Si, de surcroît, vous le regardez droit dans les yeux, si vous lui
adressez un large sourire, si, éventuellement, vous vous inclinez légèrement devant lui,
et si vous vous déplacez plutôt que de rester statique, rien ne vous résistera ! Mais si
votre interlocuteur agit ainsi, méfiez-vous au risque de vous retrouver dans le rôle de
l’arroseur arrosé…
8
Sous l’influence d’Internet
Internet et les réseaux sociaux sont des outils précieux. Ils offrent un accès
rapide à toutes les formes d’information, à des produits que nous ne
pourrions trouver à proximité, à la possibilité de rencontrer des personnes
que jamais nous n’aurions croisées dans le monde réel : c’est la liberté, la
diversité, le plaisir, la rencontre, la culture. Dans la vie professionnelle,
Internet permet de travailler à distance, ce qui donne l’impression de mieux
contrôler son travail et d’être plus libre ; cela permet de changer sa façon de
travailler. Mais il faut se garder de croire à cette liberté apparente et à la –
supposée – bienveillante neutralité d'Internet. C’est un monde social,
entièrement piloté par des êtres humains, il n’y a donc aucune raison
objective pour que les techniques d’influence et les manipulateurs en tous
genres, qui plus est protégés par l’anonymat, n’y prospèrent.
C’est une technique formidable qui met les connaissances acquises dans
le monde entier depuis la naissance de l’histoire à la portée du plus grand
nombre, mais elle a aussi son côté obscur et les innombrables faits divers
d’arnaques, d’embrigadement et de harcèlement sont là pour nous le
rappeler. En outre, Internet est un formidable outil pour les chercheurs qui
peuvent étudier, comparer et évaluer de nombreuses données, telles que les
pages d’accueil des sites, les tweets, les courriels, des bannières
publicitaires, et cela en testant des milliers, voire des millions de personnes.
On peut ainsi influencer – pour le meilleur ou pour le pire – un nombre
important de personnes.
L’effet strip-tease
La rapidité d’accès à l’information est l’une des principales caractéristiques
d'Internet. Il suffit aujourd’hui de quelques secondes et de quelques clics
pour obtenir des informations qui exigeaient autrefois un temps infini, voire
auxquelles on ne pouvait simplement pas avoir accès. Mais, sur Internet,
celui qui peut contrôler l’accès à l’information ou la façon dont elle est
délivrée a le pouvoir d’influencer les « visiteurs ». On sait, notamment, que
l’attente suscite le désir, et celui qui contrôle le temps peut renforcer les
désirs de l’internaute. C’est ce que l’on nomme l’« effet strip-tease ».
La personne qui effectue un strip-tease suscite une excitation à mesure
qu’elle se dévêt, et cette excitation se dissipe lorsque tous ses vêtements
sont à terre. Observe-t-on un phénomène similaire sur un site internet ? Si
l’excitation croît progressivement quand on cherche à atteindre un but
(l’objet de sa recherche), cela devrait nous conduire à cliquer toujours
davantage. En 1998, Syam Sundar, Carson Wagner et leurs collègues1 de
l’université d'État de Pennsylvanie ont tenté de voir l’effet d’une publicité
apparaissant sur un site Internet de façon rapide ou graduellement. Des
internautes se trouvaient seuls face à un écran d’ordinateur. À l’aide
d’électrodes placées sur la paume de leur main, on enregistrait la
conductance de la peau, c’est-à-dire l’activité électrique à la surface de
la peau. Cette activité est un indicateur de l’activation émotionnelle et
physiologique d’un individu. Quand un individu est stressé, la conductance
cutanée augmente (le sujet a la paume des mains moite).
On projetait sur l’écran la photo d’un jeune couple en train de
s’embrasser avec passion, conformément à ce que l’on peut voir dans une
publicité pour un parfum. L’image apparaissait soit instantanément à l’écran
et restait projetée pendant 20 secondes, ou bien elle apparaissait
progressivement (pendant 18 secondes), puis restait affichée 2 secondes
supplémentaires. Ensuite, l’internaute se retrouvait sur un site d’information
(la chaîne d’information CNN), et on le laissait libre de faire ce qu’il
voulait pendant trois minutes. On enregistrait son activité de navigation à
son insu. Pendant toute cette période, son niveau d’activation physiologique
était enregistré à l’aide des électrodes, et on comptabilisait également le
nombre de liens activés sur le site de CNN, ce qui reflétait son
comportement de navigation.
Lorsque le chargement de la publicité avait été progressif, une forte activation
physiologique a été enregistrée, à la fois pendant l’exposition à la publicité, mais
également lors de la navigation sur le site d’information. Conséquence de cette
excitation, les internautes ont cliqué en moyenne sur 5,35 liens durant leurs
trois minutes de navigation sur le site de CNN, contre 2,84 liens, en moyenne, lorsque
la publicité était apparue d’un seul coup.
Ambiance sonore
Si la musique et les sons exercent, comme nous l’avons vu, une influence
sur le consommateur dans le monde réel, le monde virtuel n’échappe pas à
la règle. Dans les magasins comme dans les restaurants, l’ambiance
musicale doit être en adéquation avec les produits proposés, avec le
standing de l’établissement (voir p. 68). Nous allons examiner ce qui se
passe sur Internet et voir… que le monde virtuel est à l’image du monde
réel : l’ambiance sonore d’un site doit être adaptée à ce qu’il propose. En
2014, ma collègue Céline Jacob4 a présenté un site Internet valorisant l’île
de « Belle-Île-en-mer : la perle du Morbihan ». Les personnes avaient pour
instruction de naviguer sur le site comme elles le souhaitaient pendant
cinq minutes. Pendant toute la durée de cette navigation, les haut-parleurs
de l’ordinateur diffusaient une ambiance sonore constituée soit de musique
jazz soit de musique djembé. Une condition sans ambiance sonore était
également étudiée. La période de navigation terminée, on disait aux
internautes d’imaginer qu’ils avaient la possibilité de visiter Belle-Île la
semaine suivante et on leur donnait une liste de différents types
d’hébergements (hôtel, camping, bed and breakfast, appartement meublé,
auberge de jeunesse) en leur demandant de choisir la solution pour laquelle
ils opteraient.
En l’absence de musique, les choix ont été assez bien répartis entre les différentes
propositions d’hébergement. En revanche, lorsque la musique jazz était diffusée, 80 %
des internautes ont opté pour l’hôtel, 3 % pour l’auberge de jeunesse et 3 % pour le
camping. Et avec la musique djembé, 63 % ont opté pour le camping, 18 % pour
l’auberge de jeunesse et 5 % seulement pour l’hôtel. L’ambiance sonore ayant
accompagné leur visite virtuelle de l’île avait visiblement orienté les choix des
internautes.
Ainsi, il suffit qu’un inconnu vous dise qu’il a un point commun avec
vous pour que cela vous rende plus réceptif, exactement comme dans la
vraie vie, comme nous l’avons vu au début de l’ouvrage (voir chapitre 6).
Indépendamment de ce que vous dit cet inconnu, méfiez-vous aussi du
contenu de son adresse mail, car elle peut, elle aussi, vous influencer sans
que vous n’en ayez conscience.
Comme cela a été rapporté (voir chapitre 6), il est très simple de
manipuler l’adresse électronique de l’expéditeur. On réussit à multiplier par
six la proportion des personnes qui acceptent de répondre à une requête
qu’un inconnu leur a adressée, si le prénom et éventuellement le nom de
l’expéditeur sont identiques à ceux du destinataire. En outre, comme il est
très facile d’automatiser ces procédures de modification du nom et du
prénom dans l’adresse de l’expéditeur, on peut toucher plusieurs dizaines ou
centaines de milliers de personnes.
Sur Internet ou sur les réseaux sociaux comme dans la vie courante,
rencontrer quelqu’un avec qui vous avez des points communs – véritables
ou inventés – suffit à vous rendre plus influençables. Cette influence est
plus forte sur les réseaux sociaux car, comme vous avez peu d’informations
sur les personnes avec qui vous êtes en contact, le peu que vous apprenez
prend une importance toute particulière.
*
En bref
Vous recherchez une information sur un site marchand et vous trouvez que l’affichage
est extrêmement long ? Non ce n’est pas votre ordinateur ! C’est une technique pour
vous faire cliquer sur « Dans votre panier » dès que vous aurez atteint le produit
recherché. Méfiez-vous aussi des préjugés de genre, d’âge, d’ethnie, etc. : ils sont tout
aussi présents sur Internet que dans la vraie vie. De surcroît, vous croyez connaître vos
« amis » virtuels, mais ce n’est pas le cas. Vous projetez juste sur ces « amis » ce que
vous imaginez. Et, non content de vous faire influencer par ces étrangers que vous
« likez », vous participez à la grande illusion numérique en donnant à voir des selfies qui
ne vous ressemblent pas. Heureusement, si vous restez prudent, voire méfiant, Internet
vous offrira un monde riche et passionnant et vous permettra de travailler de temps en
temps de chez vous.
9
La soumission à l’autorité
La peur du gendarme
Quand on se sent menacé, par exemple si l’on est confronté à des
comportements inacceptables (une agression, un vol à la tire, etc.), on peut
faire appel, entre autres, aux gendarmes, chargés de garantir la sécurité des
personnes. L’uniforme permet d’identifier la profession ou l’autorité
incarnée. La force symbolique de l’uniforme est telle que nous pourrions
faire des choses contraires à nos intimes convictions simplement parce
qu’une personne vêtue d’un uniforme – même si elle n’appartient pas à une
autorité officielle – nous en donne l’ordre.
En 1984, le psychologue américain Brad Bushman3 a étudié l’impact,
aux États-Unis, de l’uniforme, en forçant – sans user de la force physique –
une personne à accomplir un acte incongru, quasi indécent. Cette
expérience fut réalisée auprès de passants interpelés dans une rue. Un
premier compère – 23 ans, 1,78 mètre et 61 kilogrammes – se tenait à côté
d’une voiture en stationnement, près d’un parcmètre, et faisait semblant de
chercher de la monnaie dans ses poches. Un second compère – 47 ans,
1,80 mètre, 95 kilogrammes – se tenait à proximité. Selon les cas, ce second
compère était vêtu comme un mendiant (condition d’absence d’autorité),
comme un cadre (condition d’autorité par statut) ou portait un uniforme
ressemblant à celui des pompiers (condition d’autorité par rôle). Il arrêtait
un passant et, tout en pointant son doigt dans la direction du premier
compère, disait d’un ton impératif : « Cette personne garée près du
parcmètre n’a pas de monnaie. Donnez-lui une pièce de 5 centimes. »
82 % des personnes sollicitées se sont exécutées dans le cas de l’autorité par rôle
(avec l’uniforme), 50 % avec l’autorité par statut et 44 % lorsque le compère était vêtu
comme un mendiant. L’expérience a été reproduite avec une femme, plutôt petite et
menue, dans ces trois rôles et a donné des résultats identiques.
Ces résultats en disent long sur la nature humaine et sur les effets pervers
que peut avoir la télévision…
Les pièges de l’obéissance aveugle
L’obéissance est de mise dans l’armée et la hiérarchie y est stricte, mais
c’est aussi le cas dans beaucoup d’organisations ou de systèmes de travail,
où le fossé qui sépare certaines catégories d’emploi, dont les statuts sont
très différents, peut conduire à une forme d’obéissance automatique. Des
chercheurs se sont demandé si cela pouvait être le cas en milieu hospitalier.
En 1966, le psychiatre américain Charles Hofling et ses collègues6 ont
réalisé une expérience auprès d’infirmières de leur hôpital. Des boîtes de
médicaments avaient été placées dans l’armoire à pharmacie de différents
services et on pouvait y lire : « ASTROTEN, capsules de 5 mg, dosage
ordinaire 5 mg, dose quotidienne maximale 10 mg ». L’expérimentateur
téléphonait à l’infirmière de garde et se présentait comme un médecin : « Je
suis le Dr Hanford », nom qui était totalement inconnu dans le service. Il
disait ensuite qu’il allait venir rendre visite à un de ses patients hospitalisés
dans le service, puis donnait le nom du patient, effectivement soigné dans le
service. Ensuite, ce docteur Handford demandait à l’infirmière d’aller
vérifier dans l’armoire à pharmacie si le médicament ASTROTEN était
bien arrivé. Lorsque l’infirmière revenait pour confirmer la présence du
médicament, ce médecin lui demandait alors d’administrer 20 milligrammes
au patient, soit le double de la dose maximale autorisée. Il disait qu’il
signerait la prescription plus tard, mais qu’il fallait commencer le traitement
tout de suite, pour que l’effet se manifeste déjà lorsqu’il arriverait
dix minutes plus tard. Il remerciait l’infirmière et raccrochait.
96 % des infirmières ont obéit à la demande et ont administré la dose prescrite par le
faux médecin. Ce « médicament » n’était en fait qu’une simple solution sucrée.
Ce résultat obtenu sur le terrain a été comparé à celui obtenu lors d’un
test proposé sur papier à un groupe d’infirmières en exercice et un groupe
d’infirmières en formation. On leur expliquait la situation et on leur
demandait comment elles auraient agi : 83,3 % ont dit qu’elles n’auraient
pas obéi à la demande en raison du dosage, de l’absence de demande écrite
et du non-respect des règles de prescription. Elles ont également mentionné
que, selon elles, la majorité des infirmières ne se seraient pas conformées à
cette demande. Il y a donc un écart important entre l’analyse froide, hors
contexte, de ce cas de figure et le comportement dans la vie professionnelle
réelle.
Dans certaines organisations, comme ici à l’hôpital, la délimitation des
responsabilités de chacun est nette et dépend de la place occupée. Les
médecins sont en haut de la pyramide et sont les seuls à avoir la
compétence de poser un diagnostic. Les personnes qui n’ont pas cette
compétence sont généralement là pour exécuter une prescription. Cela
risque parfois d’entraîner une réponse automatique, même quand la
prescription est entachée d’erreurs. Notons que cette étude ne pourrait pas
être reproduite aujourd’hui pour des raisons éthiques. Elle est toujours
enseignée en école d’infirmiers pour sensibiliser les étudiants aux questions
de responsabilité, mais les procédures ont notablement évolué depuis les
années 1960.
Si, dans un tel contexte, on obéit (ou obéissait) aveuglément à ses
supérieurs, au risque de nuire à autrui (et l’on ne devient pas infirmier pour
cela), on comprend qu’il n’est pas bien difficile d’obtenir d’un cadre, dans
une entreprise, qu’il humilie et pousse à bout un de ses collègues.
Ainsi, on ne se pose guère de questions, même si l’on sait que l’on prend
des risques pour soi-même, quand un scientifique le demande. Les
exemples rassemblés dans ce chapitre montrent à quel point l’obéissance
aveugle est une attitude délétère pour soi et pour autrui, qui semble pourtant
répandue. On imagine aisément toutes les dérives auxquelles un tel
comportement, que l’on déclenche si facilement, peut donner naissance : on
comprend comment le leader d’une secte, une figure admirée ou un
prédicateur charismatique obtiennent soumission et obéissance de quelques
personnes, voire de tout un peuple… L’obéissance à l’autorité – celle des
parents, du pouvoir politique, des forces de l’ordre, etc. – est nécessaire
pour la vie en société, mais pas à n’importe quel prix !
*
En bref
De nombreuses expériences, montrent que tout un chacun accepte, s’il est soumis à une
autorité – ici scientifique –, de faire souffrir autrui pour qu’il atteigne un objectif que lui
a fixé l’« autorité ». Une personne sous influence accepte également de prendre des
risques pour elle-même, si une autorité le lui demande. Remettre en cause un ordre émis
par une autorité est très difficile, voire impossible, pour de nombreuses personnes.
Certaines conditions, par exemple l’uniforme ou le direct à la télévision, renforcent
l’obéissance à l’autorité. Mais attention aux risques associés à une obéissance aveugle…
10
Pratiquez l’auto-influence !
« Tu n’y arriveras pas, c’est trop dur ! Tu es prof de fac, pas terrassier ! »
Voilà ce que me répétait un ami lorsque je lui disais que je voulais enterrer
moi-même une grande réserve d’eau sous une terrasse attenante à ma
maison. Pendant deux mois, j’ai passé toutes mes soirées, tous mes week-
ends, à décaisser 30 mètres cubes de terre argileuse avec une pioche et un
seau que j’ai répartis sur des talus à proximité. Combien de fois me suis-je
dit que c’était une idée stupide, que c’était de la folie de s’engager dans un
tel travail ? Mais j’avais commencé et c’était impossible de revenir en
arrière.
Il y a en nous des leviers particuliers qui nous poussent à nous engager
dans des processus qui nous influencent. J’ai appelé ce processus l’« auto-
influence ». Certains de ces leviers résultent de notre éducation et de notre
vie sociale. La norme de réciprocité – rendre la pareille – est l’un de ces
leviers. D’autres proviennent des émotions activées aisément, telles que la
peur et l’angoisse. D’autres encore sont très personnels et nous n’avons
aucun contrôle sur eux : c’est, par exemple, notre date d’anniversaire. Dans
tous les cas, il suffit au manipulateur d’activer ces leviers internes et nous
sommes alors prêts à être influencés, c’est-à-dire à faire des choses que
nous n’avions pas vraiment envie, ou prévu, de faire.
Et en ce qui concerne ma réserve d’eau, j’ai récupéré les cinq kilos que
j’avais perdus et j’ai de l’eau en abondance pour arroser mon jardin. Je suis
fier de ce travail, mais attention, car la fierté… c’est aussi un levier d’auto-
influence !
Un Narcisse en chacun de nous ?
La conscience de soi est un autre de ces leviers, et elle est renforcée par tout
ce qui nous renvoie notre image. Dans la mythologie grecque, Narcisse était
d’une grande beauté et, en s’abreuvant un jour à l’eau d’une source, il vit
son reflet dans l’eau et en tomba éperdument amoureux. Il succomba à cet
amour, incapable d’attraper ce reflet, objet de son amour. Aujourd’hui, les
miroirs sont omniprésents et on ne tombe (généralement) pas amoureux de
son image. Et pourtant, saviez-vous qu’entre deux photos de votre visage,
l’une inversée et l’autre réelle, c’est l’inversée que vous préférez alors que
vos amis et vos proches préfèrent l’autre ? La raison ? Dans notre miroir,
c’est la photo inversée que nous voyons, c’est donc celle qui nous est la
plus familière. Nous savons que le miroir nous est nécessaire pour nous
maquiller ou nous raser, par exemple, mais nous ignorons généralement que
notre propre reflet influe sur nos comportements.
Beaucoup de recherches ont mis en évidence que ce que nous mangeons
peut changer en fonction… de la présence d’un miroir dans la pièce. En
2015, Abeer Alawad et ses collègues1 de l’université de Djeddah, en Arabie
saoudite, ont mesuré le temps mis par des femmes pour manger quand elles
pouvaient voir (ou non) leur reflet dans un miroir pendant leur repas. Le
même groupe de femmes a été testé deux fois. Dans une première phase, les
chercheurs ont enregistré le temps qu’elles mettaient pour manger sept
petits morceaux de pizza posés dans une assiette en l’absence de miroir.
Puis, quinze jours plus tard, les participantes ont été convoquées à nouveau
pour manger face à un miroir. Le type de pizza et le nombre de parts étaient
strictement identiques dans les deux situations de test. Le temps mis pour
terminer la pizza a à nouveau été noté.
En l’absence de miroir, les participantes ont mis 158 secondes en moyenne pour finir
la pizza, contre 202 secondes lorsqu’elles étaient placées en face d’un miroir. Elles
ont pris plus de temps, ce qui, on le sait, est bon pour la santé !
Par conséquent, c’est bien lorsque le papier est appliqué sur le pare-brise
qu’il suscite la peur. Dès que vous voyez le papier, vous vous dites que vous
avez une contravention et… soulagement, ce n’est qu’une publicité ! Vous
éprouvez alors une sensation de bien-être qui vous conduit à accepter plus
favorablement la demande de l’enquêteur.
Soulignons que c’est bien ce soulagement qui influence le comportement
de la personne, comme l’a montré Dariuz Dolinsky dans une autre
recherche. Dans ce cas-là, le papier glissé sous l’essuie-glace de la voiture
était soit une simple publicité, soit un (faux) message de la police indiquant
à l’automobiliste qu’il avait violé une règle de stationnement et devait
prendre contact avec le commissariat.
Lorsque c’était une publicité, on retrouve la proportion de 62 % des gens qui ont
accepté de répondre au questionnaire, mais lorsqu’il s’agissait de la note de la police,
8 % seulement ont accepté.
Dans cette seconde condition, l’angoisse du procès-verbal a empêché le soulagement
d’opérer et réduit notablement la proportion des automobilistes coopératifs. Cela
prouve bien que les deux étapes – peur, puis soulagement – sont nécessaires
pour que l’auto-influence fonctionne.
Il ne suffit pas de faire attention à l’ordre choisi, il faut aussi le faire vite,
le temps étant un facteur essentiel. Nous l’avons vérifié avec des collègues8
en demandant à des serveurs et serveuses de restaurants de proposer un café
ou un thé en fin de repas de deux façons différentes à plus de 500 clients qui
déjeunaient seuls. Dans une condition dite « sans délai », l’employé·e, tout
en débarrassant l’assiette, demandait au client s’il souhaitait un dessert. S’il
refusait, on lui proposait alors, immédiatement, un café ou un thé. Dans la
condition avec délai, on procédait de la même façon, mais, quand le client
refusait le dessert, la serveuse ne proposait pas immédiatement de café ou
de thé, continuait à débarrasser la table, puis vaquait à d’autres tâches
pendant trois minutes. Ensuite, elle revenait à la table du client pour lui
proposer un café ou un thé.
Lorsque la proposition de thé ou de café était immédiate, 50 % des clients en ont
commandé un, contre 33 % lorsque la proposition avait été retardée.
Dans un restaurant, il ne faut jamais laisser de temps au temps !
La norme de réciprocité
Et pourtant, c’est parfois difficile de résister à ces pressions, qui
déclenchent des conflits psychologiques. Refuser de rendre service fait
partie des décisions difficiles à prendre : si quelqu’un vous a rendu service
quelque temps auparavant, vous ne pouvez pas lui refuser de l’aider, même
si vous étiez déjà engagé par ailleurs. La norme de réciprocité, c’est-à-dire
le fait de rendre à autrui ce qu’il vous a donné auparavant, que ce soit un
service, un cadeau, une information, est omniprésente dans nombre de
sociétés. Cette norme est l’un des socles de relations sociales saines, de la
coopération, de la solidarité, etc. Mais c’est à nouveau une aubaine pour le
manipulateur qui peut détourner cette norme à son profit : il donne peu de
son côté, voire il donne seulement l’illusion de donner, pour que l’autre se
sente son obligé.
Normalement, sauf dans les relations entre proches, les « dons »
réciproques sont équilibrés. Toutefois, des chercheurs ont montré que, grâce
à la puissance de la norme de réciprocité, il suffit parfois de donner peu
pour recevoir beaucoup. En 2015, Céline Jacob et ses collègues11 ont réalisé
une expérience auprès de plus de 400 passants. Une jeune femme était
chargée de les aborder avec le sourire en leur proposant un bonbon. Plus de
95 % ont accepté le bonbon. Juste après, la jeune femme disait faire une
enquête sur « les clubs et associations » et demandait à la personne si elle
acceptait de participer.
33 % des passants ont accepté de répondre à l’enquête lorsqu’on ne leur avait rien
proposé, contre 46 % lorsque la jeune femme avait offert un bonbon.
*
En bref
Vous pouvez être influencé par autrui, voire manipuler votre interlocuteur, mais vous
êtes aussi la première victime… de vous-même, par un mécanisme dit « d’auto-
influence » ! En voilà quelques exemples :
– Vous aimez votre image et, par conséquent, vous aimez vous regarder dans un
miroir. Mais le miroir augmente votre conscience de soi, ce qui peut déclencher une
sensation désagréable, voire un malaise.
– Le soulagement qui survient après une peur passagère vous rend plus influençable.
– Ne vous précipitez pas : la pression est mauvaise conseillère.
– Ne vous laissez pas piéger par la norme de réciprocité : si l’on vous offre ne serait-
ce qu’un bonbon, vous serez prompt à vouloir rendre la pareille, et risquez de
donner bien plus que la valeur du présent initial…
– Ne communiquez pas votre date de naissance : le jour de votre anniversaire, vous
êtes de bonne humeur, prêt à vous montrer généreux. Normalement, c’est vous qui
recevez des cadeaux, mais un manipulateur pourrait faire en sorte que vous lui en
fassiez un !
Épilogue
altruisme 1, 2, 3
amorçage 1, 2
animal 1
anniversaire 1
apparence 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
argent 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20,
21, 22, 23, 24, 25, 26
auto-stop 1, 2, 3, 4, 5, 6
automatismes 1, 2
autorité 1
bannières publicitaires 1
beauté 1, 2, 3, 4, 5
blondes 1
bronzage 1
carte de crédit 1
chansons 1
chaussures 1, 2, 3, 4
cheveux 1, 2
chien 1
coiffure 1, 2, 3, 4
compliment 1
confiance 1, 2, 3, 4, 5
contact tactile 1
contact visuel 1
costume 1, 2, 3, 4, 5, 6
couleurs 1
courtoisie 1
cravate 1, 2, 3, 4
curiosité 1
demande dérisoire 1
démarche 1, 2
devanture 1, 2, 3, 4
discrimination 1
dissonance cognitive 1
éclairage 1
effet strip-tease 1
élégance 1
embauche 1
émotion 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
engagement 1, 2, 3
enquêteur 1, 2, 3, 4, 5
entraide 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11
environnement 1
essoufflement 1
estime de soi 1
Facebook 1, 2
familiarité 1
flatterie 1
fleurs 1
galeries marchandes 1, 2
hiérarchie 1
honnêteté 1, 2, 3
image 1
imitation 1
impolitesse 1
individualistes 1, 2
leurre 1
liberté 1
low-ball 1, 2
lumière 1
maquillage 1
marketing 1, 2, 3
message 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
météo 1
miroir 1, 2
mouvement 1
musique 1, 2
nature 1
nom de famille 1
obéissance 1, 2, 3, 4
objet 1
odeurs 1
ordre de présentation 1
originalité 1, 2
ornementation 1, 2
parfum 1
perception 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
peur 1
phrases rituelles 1
pied-dans-la-bouche 1
pied-dans-la-porte 1
pied-dans-la-porte double 1
pique (technique de la) 1
poignée de main 1
politesse 1
population 1
porte-dans-le-nez 1
posture 1
pourboire 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11
pression 1
promotion 1
proximité 1, 2
réciprocité 1
regard 1
relations sociales 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
restaurant 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15
rouge à lèvres 1
scripts verbaux 1
selfies 1
sentiment de liberté 1
similarité 1, 2
smiley 1
soleil 1
sons 1
soulagement 1
soumission 1, 2, 3
sourire 1
statut social 1
stéréotypes 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
talons hauts 1
technique ESL 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
télétravail 1
télévision 1
tenue 1
toucher 1
uniforme 1
vente 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
visite virtuelle 1
vitrine 1
yeux 1
Notes et références
Chapitre 1. Se méfier des apparences !
1. Kleinke C. L. (1977). Effects of dress on compliance to requests in a field setting. The Journal
of Social Psychology, 101(2), 223–224.
2. Bickman L. (1971). The effect of social status on the honesty of others. The Journal of Social
Psychology, 85(1), 87-92.
3. Solomon L. Z., Solomon H. & Maiorca J. (1982). The effects of bystander’s anonymity,
situational ambiguity, and victim’s status on helping. The Journal of Social Psychology, 117(2),
285-294.
4. Guéguen N. (2003). The effect of shoplifter’s status on reporting a crime: An evaluation in a
natural setting. Studia Psychologica, 45(3), 221-228.
5. Morris P., White J., Morrison E. & Fisher K. (2013). High heels as supernormal stimuli: how
wearing high heels affects judgements of female attractiveness. Evolution and Human Behavior,
34, 176-181.
6. Guéguen N. (2015). High heels increase women’s attractiveness. Archives of Sexual Behavior,
44, 2227-2235.
7. Prokop P. & Švancárová J. (2020) Wearing high heels as female mating strategy. Personality
and Individual Differences 152 (1), 1-5.
8. Guéguen N. & Stefan J. (2015). Men’s Judgment and Behavior Toward Women Wearing High
Heels, Journal of Human Behavior in the Social Environment. 25 (5), 416-425.
9. Green W. P. & Giles H. (1973). Reactions to a stranger as a function of dress style: The tie.
Perceptual and Motor Skills, 37(2), 676.
10. Guéguen N. & Jacob C. (2015). Subtle differences in a male interviewer’s dress appearance
and compliance to a survey request: the influence of a tie and bow tie in a field setting,
International Journal of Fashion Design, Technology and Education, 8(3), 224-227.
11. Stillman J. W. & Hensley W. E. (1980). She wore a flower in a hair: The effect of
ornamentation on nonverbal communication. Journal of Applied Communication Research, 1, 31-
39.
12. Stefan J., Jacob C. & Guéguen N. (2015). The interviewer wore a flower in her hair: The
effect of hair ornamentation on compliance to a survey request. Field Methods, 27(4), 363-372.
13. Guéguen N. & Lamy L. (2013). The effect of facial makeup on the frequency of drivers
stopping for hitchhikers. Psychological Reports, 113(1), 97-101.
14. Jacob C., Guéguen N., Boulbry G. & Ardiccioni R. (2009). Waitresses’ facial cosmetics and
tipping: A field experiment. International Journal of Hospitality Management, 29(1), 188-190.
15. Guéguen N. (2021). Labial makeup and helping behavior : Two studies in field setting.
16. Kulesza W., Szypowska Z., Jarman M. S. & Dolinski D. (2014). Attractive chameleons sell:
The Mimicry-attractiveness link. Psychology & Marketing, 31(7), 549-561.
17. Swami V. & Barret S. (2011). British men’s hair color preferences: An assessment of courtship
solicitation and stimulus ratings. Scandinavian Journal of Psychology, 52(6), 595-600.
18. Lynn M. (2009). Determinants and consequences of female attractiveness and sexiness:
Realistic tests with restaurant waitresses. Archives of Sexual Behavior, 38(5), 737-745.
19. Guéguen N. & Lamy L. (2009). Hitchhiking Women’s Hair Color. Perceptual and Motor
Skills, 109, 941-948.
20. Price M. (2008). Fund-raising success and a solicitor’s beauty capital: Do blondes raise more
funds? Economics Letters, 100, 351-354.
21. Guéguen N. & Lamy L. (2013). Women’s hair color and survey responses rate: A field
experiment. Journal of Human Behavior in Social Environment. 23, 383-387.
22. Guéguen N. (2015). Women’s hairstyle and men’s behavior: A field experiment. Scandinavian
Journal of Psychology, 56(6), 637-640.
23. Banerjee S. C., Campo S. & Greene K. (2008). Fact or wishful thinking? Biased expectations
in I think I look better when I’m tanned. American Journal of Health Behavior, 32, 243-252.
24. Guéguen N. (2015). Effect of solicitor’s suntanned face on compliance with a face-to-face
helping request: A brief examination in a field setting. Psychological Reports, 117(1), 245-250.
Chapitre 2. Stratégies d’influence
1. Freedman J., Fraser S. (1966). Compliance without Pressure : The Foot-in-the-Door Technique,
Journal of Personality and Social Psychology, 4, 195-202.
2. Guéguen N. & Fischer-Lokou J. (1999). Sequential request strategy: effect on donor generosity.
The Journal of Social Psychology, 139(4), 669-671.
3. Grassini A., Pascual A. & Guéguen N. (2013). The Effect of the Foot-in-the-Door Technique on
Sales in a Computer-Mediated Field Setting, Communication Research Reports, 30:1, 63-67.
4. Guéguen N., Marchand M., Pascual A. & Lourel M. (2008). Foot-in-the-door technique using a
courtship request: A field experiment. Psychological Reports, 103(2), 529-534.
5. Cialdini R. B., Vincent J. E., Lewis S. K., Catalan J., Wheeler D. & Darby B. L. (1975).
Reciprocal concessions procedure for inducing compliance: The door-in-the-face technique.
Journal of Personality and Social Psychology, 31(2), 206-215.
6. Millar M. G. (2001). Promoting health behaviours with door-in-the-face: The influence of the
beneficiary of the request. Psychology, Health & Medicine, 6(2), 115-119.
7. Ebster C. & Neumayr B. (2008). Applying the door-in-the-face compliance technique to
retailing. The International Review of Retail, Distribution and Consumer Research, 18(1), 121-
128.
8. Pascual A. & Guéguen N. (2006). Door-in-the-face technique and monetary solicitation: An
evaluation in a field setting. Perceptual and Motor Skills, 103(3), 974-978.
9. Cialdini R., Cacioppo J., Basset R. & Miller J. (1978). Low-Ball Procedure for Producing
Compliance: Commitment then Cost, Journal of Personality and Social Psychology, 36, 463-476.
10. Guéguen N., Pascual A. & Dagot, L. (2002). Low-ball and compliance to a request: An
application in a field setting. Psychological Reports, 91(1), 81-84.
11. Joule R. V. (1987). Tobacco deprivation: The foot-in-the-door technique versus the low-ball
technique. European Journal of Social Psychology, 17(3), 361-365.
12. Guéguen N. & Pascual A. (2014). Low-ball and compliance: Commitment even if the request
is a deviant one. Social Influence, 9(3), 162-171.
13. Joule R-V., Gouilloux F. & Weber F. (1989). The Lure : A New Compliance Procedure, The
Journal of Social Psychology, 129(6), 741-749.
14. Marchand M., Joule R.-V. & Guéguen N. (2015). The lure technique: Generalization and
moderating effects. European Review of Applied Psychology / Revue Européenne de Psychologie
Appliquée, 65(2), 105-113.
15. Guéguen N. & Jacob C. (2008). La technique du leurre en situation d’achat: Impact du
renforcement d’une décision sur le renoncement. La Revue des Sciences de Gestion – direction et
gestion des entreprises, 234, 115-120.
16. Santos M. D., Leve C. & Pratkanis A. R. (1994). Hey buddy, can you spare seventeen cents?
Mindful persuasion and the pique technique. Journal of Applied Social Psychology, 24(9), 755-
764.
17. Lee S. & Feeley T. H. (2017). A meta-analysis of the pique technique of compliance. Social
Influence, 12(1), 15-28.
18. Guéguen N. & Lamy L. (2016). The pique technique: A goal-oriented effect? Communication
Reports, 29(2), 115-125.
19. Burger J. M., Hornisher J., Martin V. E., Newman G. & Pringle S. (2007). The pique
technique: Overcoming mindlessness or shifting heuristics? Journal of Applied Social Psychology,
37(9), 2086-2096.
20. Guéguen N., Meineri S., Pascual A., Girandola F. & Silone F. (2016). Hey buddy, can you
give me 37 s of your time? Extension of the pique technique to a non-monetary solicitation and
test of justification for compliance. Current Psychology: A Journal for Diverse Perspectives on
Diverse Psychological Issues, 35(4), 583-586.
Chapitre 3. De l’influence du contexte
1. Whitehead G. I. & Metzger S. C. (1981). Helping behavior in urban and nonurban settings. The
Journal of Social Psychology, 114(2), 295–296.
2. Steblay N. K. (1987). Helping behavior in rural and urban environments: A meta-analysis.
Psychological Bulletin, 102(3), 346-356.
3. Jacob C. & Guéguen N. (2015). Does the geographic proximity of products influence a
consumer’s decision? An evaluation in a restaurant. Annals of Tourism Research, 52, 169-172.
4. Guéguen N., Lamy L. & Fischer-Lokou J. (2018). Does the sense of the geographic proximity
of a requester influence donation? Three evaluations in field studies. Journal of Human Behavior
in the Social Environment, 28(2), 193-203.
5. Guéguen N. (2021). Asking for Help in the Right Place: When Legitimizing a Request with the
Place in which the Solicitation is Made Increases Compliance.
6. Guéguen N. (2015). The effect of requesting money with a few coins in one hand: The foot-in-
the-hand technique. Social Influence, 10(4), 193-201.
7. Guéguen N., Pascual A., Silone F. & David M. (2015). When legitimizing a request increases
compliance: The legitimizing object technique. The Journal of Social Psychology, 155(6), 541-
544.
8. Jacob C., Guéguen N. & Boulbry N. (2010). L’effet d’éléments figuratifs sur le comportement
de consommation : une illustration de l’influence du choix d’un plat dans un restaurant, La Revue
des Sciences de Gestion-Direction et gestion des entreprises, 242, 61-69.
9. Tifferet S., Gaziel O. & Baram, Y. (2012). Guitar increases male Facebook attractiveness.
Preliminary support for the sexual selection theory of music. Letters on Evolutionary Behavioral
Science, 3, 4-6.
10. McCall M. & Belmont H. J. (1996). Credit card insignia and restaurant tipping: Evidence for
an associative link. Journal of Applied Psychology, 81(5), 609-613.
11. Cunningham M. R. (1979). Weather, mood, and helping behavior: Quasi experiments with the
sunshine Samaritan. Journal of Personality and Social Psychology, 37, 1947-1956.
12. Guéguen N. & Stefan J. (2013). Hitchhiking and the “Sunshine driver”: Further effects of
weather conditions on helping behavior. Psychological Reports, 113(3), 994-1000.
13. Guéguen N. & Lamy L. (2013). Weather and helping: Additional evidence of the effect of the
sunshine Samaritan. The Journal of Social Psychology, 153(2), 123-126.
14. Rind B. (1996). Effect of beliefs about weather conditions on tipping. Journal of Applied
Social Psychology, 26(2), 137-147.
15. Murray K. B., Di Muro F., Finn A. & Popkowski Leszczyc P. (2010). The effect of weather on
consumer spending. Journal of Retailing & Consumer Services, 17(6), 512-520.
16. Guéguen N., Meineri S. & Stefan J. (2012). Say it with flowers’to female drivers: Hitchhikers
holding flowers & driving behavior, North American Journal of Psychology, 14(3), 623-628.
17. Guéguen N. & Stefan J. (2016). “Green altruism”: Short immersion in natural green
environments and helping behavior. Environment and Behavior, 48(2), 324-342.
18. Zhang J. W., Piff P. K., Iyer R., Koleva S. & Keltner D. (2014). An occasion for unselfing:
Beautiful nature leads to prosociality. Journal of Environmental Psychology, 37, 61-72.
19. McNicholas J. & Collis G. M. (2000). Dogs as catalysts for social interaction: Robustness of
the effect. British Journal of Psychology, 91(1), 61-70.
20. Guéguen N. (2013). Redesigning the donation box: The effect of animal banks on donations
for animal welfare. Society & Animals: Journal of Human-Animal Studies, 21(3), 240-248.
21. Guéguen N. & Ciccotti S. (2008). Domestic dog as facilitators in social interaction: An
evaluation of helping and courtship behaviors. Anthrozoös, 21, 339-349.
Chapitre 4. Place au(x) bon(s) sens !
1. Areni C. S. & Kim D. (1993). The Influence of Background Music on Shopping Behavior:
Classical Versus Top-Forty Music in a Wine Store. Advances in Consumer Research, 20(1), 336-
340.
2. North A. C., Hargreaves D. J. & McKendrick J. (1999). The Influence of In-Store Music on
Wine Selections. Journal of Applied Psychology, 84(2), 271-276.
3. Milliman R. E. (1982). Using Background Music to Affect the Behavior of Supermarket
Shoppers. Journal of Marketing, 46(3), 86-91.
4. Caldwell C. & Hibbert S. A. (2002). The Influence of Music Tempo and Musical Preference on
Restaurant Patrons’ Behavior. Psychology & Marketing, 19(11), 895-917.
5. Guéguen N., Hélène L. G. & Jacob C. (2004). Sound level of background music and alcohol
consumption: An empirical evaluation. Perceptual and Motor Skills, 99(1), 34-38.
6. Greitemeyer T. (2011). Exposure to music with prosocial lyrics reduces aggression: First
evidence and test of the underlying mechanism. Journal of Experimental Social Psychology, 47(1),
28-36.
7. Engels R. C. M. E., Slettenhaar G., ter Bogt T. & Scholte R. H. J. (2011). Effect of alcohol
references in music on alcohol consumption in public drinking places. The American Journal on
Addictions, 20(6), 530-534.
8. Baron R. A. (1997). The sweet smell of… helping: Effects of pleasant ambient fragrance on
prosocial behavior in shopping malls. Personality and Social Psychology Bulletin, 23(5), 498-503.
9. Guéguen N. (2001). Effect of perfume on prosocial behavior of pedestrians. Psychological
Reports, 88(3, Pt2), 1046-1048.
10. Adenskaya L. & Dommeyer C. J. (2011). Can Perfume Increase The Response Rate To A
Face-To-Face Survey? International Business & Economics Research Journal. 3(2), 37-43.
11. Guéguen N. (2012). The sweet smell of… implicit helping: Effects of pleasant ambient
fragrance on spontaneous help in shopping malls. The Journal of Social Psychology, 152(4), 397-
400.
12. Jacob C., Stefan J. & Guéguen N. (2014). Ambient scent and consumer behavior: A field
study in a florist’s retail shop. The International Review of Retail, Distribution and Consumer
Research, 24(1), 116-120.
13. Brennan M. & Charbonneau J. (2005). The coulour purple: The effect of questionnaire colour
on mail survey responses rates. Marketing Bulletin, 16, Research Note 5.
14. Kettlewell N. M. & Evans L. (1991). Optimizing letter design for donation requests.
Psychological Reports, 68(2), 579-584.
15. Garrett J. C. & Brooks C. I. (1987). Effect of ballot color, sex of candidate, and sex of college
students of voting age on their voting behavior. Psychological Reports, 60(1), 39-44.
16. Guéguen N. (2003), The effect of glass color on the evaluation of the thirst-quenching quality
of a beverage, Current Psychology Letters, 11, 2, 1-8.
17. Lee N. Y., Noble S. M. & Biswas D. (2018). Hey big spender! A golden (color) atmospheric
effect on tipping behavior. Journal of the Academy of Marketing Science, 46(2), 317-337.
18. Areni C.S. & Kim D. (1994). The Influence of in-store lighting on consumers’ examination of
merchandise in a wine store. International Journal of Research in Marketing, 11, 117-125.
19. Summers T. A. & Hebert P. R. (2001). Shedding Some Light on Store Atmospherics: Influence
of Illumination on Consumer Behavior, Journal of Business Research, 54, 145-150.
20. DeMarco A. (2004). Displaying Jewelry in the Best Light, JCK, 175(4), 96-100.
21. Chiou W.-B. & Cheng Y.-Y. (2013). In broad daylight, we trust in God! Brightness, the
salience of morality, and ethical behavior. Journal of Environmental Psychology, 36, 37-42.
Chapitre 5. Le pouvoir des mots
1. Pascual A. & Guéguen N. (2002). La technique du « vous êtes libre de » : Induction d’un
sentiment de liberté et soumission à une requête ou le paradoxe d’une liberté manipulatrice = The
“you are free of” technique: Induction of a feeling of freedom and compliance in a request or the
paradox of a manipulating freedom. Revue Internationale de Psychologie Sociale, 15(1), 51–80.
2. Halimi-Falkowicz S., Quaderi A. & Joule R.-V. (2007). La soumission librement consentie au
service de la socialisation de l’Âgé = Free compliance procedures for the socialisation of the Aged.
Pratiques Psychologiques, 13(2), 213-225.
3. Guéguen N., Jacob C. & Pascual A. (2017). The effect of the evoking freedom technique on
compliance with a server’s suggestion: An evaluation in a restaurant. Journal of
Hospitality & Tourism Research, 41(5), 635-639.
4. Grassini A., Pascual A., Guéguen N. & Jacob C. (2012). The effect of the “evoking freedom”
technique on sales in a computer-mediated field setting, The International Review of Retail,
Distribution and Consumer Research, 22(4), 435-437.
5. Fischer-Lokou J., Martin A. & Guéguen N. (2010). Sentiment de Liberté et Comportement de
Soumission: Deux Expériences sur L’impact de L’évocation de la Liberté d’un Internaute à
Accepter une Requête Formulée par e-mail. European Journal of Social Sciences. 17, 372-381.
6. Guéguen N., Joule R., Halimi F. S., Pascual A., Fischer L. J. & Dufourcq B. M. (2013). I’m
free but I’ll comply with your request: Generalization and multidimensional effects of the
“evoking freedom” technique. Journal of Applied Social Psychology, 43(1), 116-137.
7. Farley S. D., Kelly J., Singh S., Thornton C. Jr. & Young T. (2019). “Free to Say No”: Evoking
freedom increased compliance in two field experiments. The Journal of Social Psychology, 159(4),
482-489.
8. Pascual A. et al. (2012). Cross-Cultural investigation of compliance without pressure: The
“You are free to” technique in France, Ivory Coast, Romania, Russia, and China. Cross-Cultural
Research: The Journal of Comparative Social Science, 46(4), 394-416.
9. Burger J. M. (1986). Increasing compliance by improving the deal: The that’s-not-all technique.
Journal of Personality and Social Psychology, 51(2), 277-283.
10. Lee S., Moon S.-I. & Feeley T. H. (2019). The “that’s-not-all” compliance-gaining technique:
When does it work? Social Influence, 14(2), 25-39.
11. Howard D. J. (1990). The influence of verbal responses to common greetings on compliance
behavior: The foot-in-the-mouth effect. Journal of Applied Social Psychology, 20(14), 1185-1196.
12. Meineri S. & Guéguen N. (2011). “I Hope I’m Not Disturbing You, Am I?” Another
Operationalization of the Foot-in-the-Mouth Paradigm. Journal of Applied Social Psychology,
41(4), 965-975.
13. Cialdini R. B. & Schroeder D. A. (1976). Increasing compliance by legitimizing paltry
contributions: When even a penny helps. Journal of Personality and Social Psychology, 34(4),
599-604.
14. Perrine R. M. & Heather S. (2000). Effects of a picture and even-a-penny-will-help appeals on
anonymous donations to charity. Psychological Reports, 86(2), 551-559.
15. Guéguen N., Martin A. & Meineri S. (2013). “Even a single marble will make him/her
happy…”: Further evidence and extension of the legitimizing paltry contribution technique on
helping. Social Influence, 8(1), 18-26.
16. Guéguen N. (2013). ‘‘Even a donation one time in your live will help…’’: The effect of the
legitimizing paltry contribution technique on blood Donation. Transfusion and Apheresis Science,
49, 489-493.
17. Meineri S., Dupré M., Vallee B. & Guéguen N. (2015). When a service request precedes the
target request: Another compliance without pressure technique? Social Influence, 10(4), 278-285.
18. Carpenter C. J. (2014). Making Compliance Seem More Important: The “Just-One-More”
Technique of Gaining Compliance, Communication Research Reports, 31:2, 163-170.
19. Grzyb T. & Doliñski D. (2017). “This is my only request” – Using the “Omega’ strategy to
boost the success of charity drives. European Review of Applied Psychology / Revue Européenne
de Psychologie Appliquée, 67(4), 181-185.
20. Seiter J. S. (2007). Ingratiation and gratuity: The effect of complimenting customers on
tipping behavior in restaurants. Journal of Applied Social Psychology, 37(3), 478-485.
21. Seiter J. S. & Dutson E. (2007). The effect of compliments on tipping behavior in hairstyling
salons. Journal of Applied Social Psychology, 37(9), 1999-2007.
22. Dunyon J., Gossling V., Willden S. & Seiter J. S. (2010). Compliments and purchasing
behavior in telephone sales interactions. Psychological Reports, 106, 27-30.
23. Jacob C. & Guéguen N. (2014). The effect of compliments on customers’ compliance with a
food server’s suggestion. International Journal of Hospitality Management, 40, 59-61.
24. Guéguen N., Fischer-Lokou J. & Lamy L. (2013). Compliments and receptivity to a courtship
request: A field experiment. Psychological Reports, 112(1), 239-242.
25. Varma A., Toh S. M. & Pichler S. (2006). Ingratiation in job applications: Impact on selection
decisions. Journal of Managerial Psychology, 21(3), 200-210.
Chapitre 6. Irrésistible proximité
1. Burger J. M., Messian N., Patel S., del Prado A. & Anderson C. (2004). What a coincidence!
The effects of incidental similarity on compliance. Personality and Social Psychology Bulletin,
30(1), 35–43.
2. Oates K. & Wilson M. (2002). Nominal kindship cues facilitate altruism. Proceedings of the
Royal Society London, 269, 105-109.
3. Garner R. (2005). What’s in a name? Persuasion perhaps. Journal of Consumer Psychology, 15,
108-116.
4. Brendl M. C., Chattopadhyay A., Pelham B. W., Carvallo M. & Pritchard E. T. (2003). Are
brands containing name letters prefered ?, Advances in Consumer Research, 30, 151-152.
5. Muller B. C. N., Maaskant A. J., van Baaren R. B. & Dijksterhuis A. (2012). Prosocial
consequences of imitation. Psychological Reports, 110(3), 891-898.
6. Fischer-Lokou J., Martin A., Guéguen N. & Lamy L. (2011). Mimicry and propagation of
prosocial behavior in a natural setting. Psychological Reports, 108(2), 599-605.
7. van Baaren R. B., Holland R. W., Kawakami K. & van Knippenberg A. (2004). Mimicry and
Prosocial Behavior. Psychological Science, 15(1), 71-74.
8. Kulesza W., Szypowska Z., Jarman M. S. & Dolinski D. (2014). Attractive chameleons sell:
The Mimicry-attractiveness link. Psychology & Marketing, 31(7), 549-561.
9. Baron R. A. & Bel P. A. (1976). Physical distance and helping: Some unexpected benefits of
crowding in on others. Journal of Applied Social Psychology, 6(2), 95-104.
10. Glick P., DeMorest J. A. & Hotze C. A. (1988). Keeping your distance: Group membership,
personal space, and requests for small favors. Journal of Applied Social Psychology, 18(4, Pt 2),
315-330.
11. Jacob C. & Guéguen N. (2012). The effect of physical distance between patrons and servers
on tipping. Journal of Hospitality & Tourism Research, 36(1), 25-31.
12. Guéguen N. (2015). Suer c’est gagner. Rapport de recherche. Université de Bretagne-Sud.
13. Guéguen N. & Pascual A. (2003). Status and people tolerance against ill-mannered person: A
field study. Journal of Mundane Behavior, 4(1), 1-8.
14. Goldman M., Pulcher D. & Mendez T. (1983). Appeals for help, prosocial behavior, and
psychological reactance. The Journal of Psychology: Interdisciplinary and Applied, 113(2), 265-
269.
15. Guéguen N. (2008). La politesse, clé du lien social. Cerveau & Psycho, 27, 28-31.
16. Guéguen N. (2013). Handshaking and compliance with a request: A door-to-door setting.
Social Behavior and Personality: An International Journal, 41(10), 1585-1588.
17. Rind B. & Bordia P. (1995). Effect of Server’s “Thank You” and Personalization on
Restaurant Tipping. Journal of Applied Social Psychology, 25(9), 745-751.
Chapitre 7. Le langage du corps
1. Kleinke C. (1977). Compliance to requests made by gazing and touching experimenters in field
settings. Journal of Experimental Social Psychology, 13, 218–223.
2. Smith D., Gier J. & Willis F. (1982). Interpersonal touch and compliance with a marketing
request. Basic and Applied Social Psychology, 3, 35-38.
3. Hornik J. (1992). Tactile stimulation and consumer response, Journal of Consumer Research,
19, 449-458.
4. Wycoff E. & Holley J. (1990). Effects of flight attendants’ touch upon airline passengers’
perceptions of the attendant and the airline. Perceptual and Motor Skills, 71, 932-934.
5. Guéguen N. (2007). Courtship compliance: The effect of touch on women’s behavior, Social
Influence, 2(2), 81-97.
6. Vaidis D. & Halimi-Falkowicz S. (2008). Increasing compliance with a request: Two touches
are more effective than one. Psychological Reports, 103, 88-92.
7. Kleinke C. L. (1977). Compliance to requests made by gazing and touching experimenters in
field settings. Journal of Experimental Social Psychology, 13(3), 218-223.
8. Kleinke C. L. & Singer D. A. (1979). Influence of gaze on compliance with demanding and
conciliatory requests in a field setting. Personality and Social Psychology Bulletin. 5(3):386-390.
9. Bateson M., Nettele D. & Roberts G. (2006). Cues of being watched enhance cooperation in a
real-world setting. Biology Letters, 2(3), 412-414.
10. Valentine M. E. & Ehrlichman H. (1979). Interpersonal gaze and helping behavior. The
Journal of Social Psychology, 107(2), 193-198.
11. Lindskold S., Forte R. A., Haake C. S. & Schmidt E. K. (1977). The effects of directness of
face-to-face requests and sex of solicitor on streetcorner donations. The Journal of Social
Psychology, 101(1), 45-51.
12. Morgan C. J., Lockard J. S., Fahrenbruch C. E. & Smith J. L. (1975). Hitchhiking: Social
signals at a distance. Bulletin of the Psychonomic Society, 5(6), 459-461.
13. Guéguen N., Meineri S. & Eyssartier C. (2015). A pedestrian’s stare and drivers’ stopping
behavior: A field experiment at the pedestrian crossing. Safety Science, 75, 87-89.
14. Guéguen N. & Jacob C. (2002). Direct look versus evasive glance and compliance with a
request. The Journal of Social Psychology, 142(3), 393-396.
15. Solomon H., Zener Solomon L., Arnone M. M., Maur B. J., Reda R. M. & Roth E. O. (1981).
Anonymity and helping. The Journal of Social Psychology, 113(1), 37-4.
16. Guéguen N., Eyssartier C. & Meineri S. (2016). A pedestrian’s smile and drivers’ behavior:
When a smile increases careful driving. Journal of Safety Research, 56, 83-88.
17. Tidd K. L. & Lockard J. S. (1978). Monetary significance of the affiliative smile: A case for
reciprocal altruism. Bulletin of the Psychonomic Society, 11(6), 344-346.
18. Rind B. & Bordia P. (1996). Effect on restaurant tipping of male and female servers drawing a
happy, smiling face on backs of customers’ checks, Journal of Applied Social Psychology, 26(3) 3,
218-225.
19. Walsh D. G. & Hewitt J. (1985). Giving men the come-on: Effect of eye contact and smiling
in a bar environment. Perceptual and Motor Skills, 61(3, Pt 1), 873-874.
20. Davis S.F., Schrader B., Richardson T.R., Kring J.P. & Kieffer J.C. (1998). Restaurant Servers
Influence Tipping Behavior, Psychological Reports, 82, 223-226.
21. Lynn M. & Mynier K. (1993). Effect of Server Posture on Restaurant Tipping, Journal of
Applied Social Psychology, 23(8), 678-685.
22. Tavernier O., Leduc M, Segaud C. & Gesnouin L. (2016). Garder le Cap ! On a levé le voile
sur les dons. Dossier d’expérimentation, IUT de Vannes.
23. Carney D. R., Cuddy A. J. C. & Yap A. J. (2010). Power posing: Brief nonverbal displays
affect neuroendocrine levels and risk tolerance. Psychological Science, 21(10), 1363-1368.
24. Guéguen N. (à paraître). Seated or Standing? Effect on compliance.
Chapitre 8. Sous l’influence d’Internet
1. Sundar S.S., Wagner C.B. (1998). The Tease Effect of Slow Downloading : Arousal and
Excitation Transfer in Online Communication, Proceedings at the annual convention of the
Association for Education in Journalism and Mass Communication, Baltimore, August 5-8, 1998.
2. Ruan B., Hsee C. K. & Lu Z. Y. (2018). The teasing effect: An underappreciated benefit of
creating and resolving an uncertainty. Journal of Marketing Research, 55(4), 556-570.
3. Mandel N. & Johnson E. J. (2002). When web pages influence choice: Effects of visual primes
on experts and novices. Journal of Consumer Research, 29(2), 235-245.
4. Guéguen N. & Jacob C. (2014). Congruency between instrumental background music and
behavior on a website. Psychology of Music, 42(1), 29-34.
5. Cuny C., Fornerino M. & Helme-Guizon A. (2015). Can music improve e-behavioral intentions
by enhancing consumers’ immersion and experience? Information & Management, 52(8), 1025-
1034.
6. Martin A., Jacob C. & Guéguen N. (2013). Similarity facilitates relationships on social
networks: A field experiment on Facebook. Psychological Reports, 113(1), 217-220.
7. Guéguen N. (2008). Helping on the Web: Ethnic stereotype and computer-mediating
communication. Research Journal of Social Science, 3, 1-3.
8. Albert R., Escot L. & Fernández-Cornejo J. A. (2011). A field experiment to study sex and age
discrimination in the Madrid labour market. The International Journal of Human Resource
Management, 22(2), 351-375.
9. Döring N., Reif A. & Poeschl S. (2016). How gender-stereotypical are selfies? A content
analysis and comparison with magazine adverts. Computers in Human Behaviors, 55, 955-962.
10. Golden T. D. (2006). Avoiding depletion in virtual work: Telework and the intervening impact
of work exhaustion on commitment and turnover intentions. Journal of Vocational Behavior,
69(1), 176-187.
Chapitre 9. La soumission à l’autorité
1. Milgram S. (1974). Soumission à l’autorité, Calmann-Lévy.
2. Meeus W. & Raaijmakers Q. (1995). Obedience in modern society: The Utrecht studies.
Journal of Social Issues, 5(1). 155-175.
3. Bushman B. J. (1984). Perceived symbols of authority and their influence on compliance.
Journal of Applied Social Psychology, 14(6), 501-508.
4. Howery T. & Dobbs D. (2000). The effects of authority on the acceptance of misinformation.
[Manuscrit en ligne]. Disponible sur : http://clearinghouse.mwsc.edu/manuscripts.
5. Nick C. & Eltchaninoff M. (2010). L’expérience extrême, Éditions Don Quichotte.
6. Hofling C., Brotzman E., Dalrymphe S., Graves N. & Pierce C. (1966). An experimental study
in nurse-physician relationships. The Journal of Nervous and Mental Disease, 143, 171-180.
7. Martin J., Lobb M., Chapman G. & Spillane R. (1976). Obedience under condition demanding
self-immolation. Human Relations, 29, 345-356.
Chapitre 10. Pratiquez l’auto-influence !
1. Alawad A., Mahgoub Y & Yousef F. (2015). The mirror, as a self-awareness enhancing tool,
which can modify food consumption behaviours. Journal of Natural Sciences Research, 5(8), 90-
95.
2. Guéguen N. & Charles-Sire V. (2011). Mirror Exposure and High-Fat Sauces Consumption in a
University Cafeteria. Food Nutrition Sciences, 2, 613-617.
3. Liebling B. A., Seiler M. & Shaver P. (1974). Self-awareness and cigarette-smoking behavior.
Journal of Experimental Social Psychology, 10(4), 325-332.
4. Dolinski D. & Nawrat R. (1998). “Fear-then-relief” procedure for producing compliance:
Beware when the danger is over. Journal of Experimental Social Psychology, 34(1), 27-50.
5. Dolinski D., Dolinska B. & Bar-Tal Y. (2017). Cognitive structuring and its cognitive-
motivational determinants as an explanatory framework of the fear-then-relief social influence
strategy. Frontiers in Psychology, 8.
6. Dolinski D. & Szczucka K. (2012). Fear-then-relief-then argument: How to sell goods using the
EDTR technique of social influence. Social Influence, 7(3), 251-267.
7. Cialdini R. (2004). Influence & Manipulation, Paris, First.
8. Guéguen N., Jacob C. & Meineri S. (2011). Effects of the Door-in-the-Face technique on
restaurant customers’ behavior. International Journal of Hospitality Management, 30(3), 759-761.
9. Brannon L. A. & Brock T. C. (2001). Limiting time for responding enhances behavior
corresponding to the merits of compliance appeals: Refutations of heuristic-cue theory in service
and consumer settings. Journal of Consumer Psychology, 10(3), 135-146.
10. Nunes J. C. & Drèze X. (2006). The endowed progress effect: How artificial advancement
increases effort. Journal of Consumer Research, 32(4), 504-512.
11. Jacob C., Guéguen N. & Boulbry G. (2015). Effect of an unexpected small favor on
compliance with a survey request. Journal of Business Research, 68(1), 56-59.
12. Strohmetz D. B., Rind B., Fisher R. & Lynn M. (2002). Sweetening the till: The use of candy
to increase restaurant tipping. Journal of Applied Social Psychology, 32(2), 300-309.
13. Meineri S., Dupré M., Guéguen N. & Vallée B. (2017). Experimental clues in favor of a
generalized norm of reciprocity. Polish Psychological Bulletin, 48(3), 375-379.
14. Guéguen N., Meineri S., Ruiz C. & Pascual A. (2016). Promising reciprocity: When proposing
a favor for a request increases compliance even if the favor is not accepted. The Journal of Social
Psychology, 156(5), 498-512.
15. Nickell G., Pederson K. & Rossow C. (2003). The birthdate effect: An extension of the mere
ownership effect. Psychological Reports, 92(1), 161-163.
16. Pelham B. W., Mirenberg M. C. & Jones J. T. (2002). Why Susie sells seashells by the
seashore: Implicit egotism and major life decisions. Journal of Personality and Social Psychology,
82(4), 469-487.
17. Guéguen N. & Jacob C. (2013). The birthdate effect: Solicitation on birthday affects
compliance. The International Review of Retail, Distribution and Consumer Research, 23(3), 353-
356.