Réanimation Cardiorespiratoire
Réanimation Cardiorespiratoire
Réanimation Cardiorespiratoire
Cardio-
Pulmonaire
Avancée
Ed i t i o n 3
Réanimation Cardio-Pulmonaire Avancée
Advanced Life Support French translation
Collaborateurs
Annette Alfonzo Joel Dunning Freddy Lippert David Pitcher
Alessandro Barelli James Fullerton David Lockey Rani Robson
Joost Bierens David Gabbott Oliver Meyer Helen Routledge
Leo Bossaert Marios Georgiou Sarah Mitchell Maureen Ryan
Hermann Brugger Carl Gwinnutt Koen Monsieurs Claudio Sandroni
Matthew Cordingly Anthony Handley Jerry Nolan Mike Scott
Robin Davies Bob Harris Elizabeth Norris Gary Smith
Charles Deakin Sara Harris Peter Paal Karl-Christian Thies
Sarah Dickie Jenny Lam John Pawlec David Zideman
Remerciements
Illustrations de Jean-Marie Brisart, Het Geel Punt bvba, Melkouwen 42a, 2590 Berlaar, Belgium
(hgp@hetgeelpunt.be) et Mooshka&Kritis, Belgium (info@mooshka.be).
Nous remercions Oliver Meyer pour la préparation digitale des tracés ECG et Annelies Pické
(ERC) pour la coordination administrative.
Publié par European Resuscitation Council asbl, Emile Vanderveldelaan 35, 2845 Niel, Belgium.
ISBN 9789492543134
Depot nr D/2016/11.393/027
© European Resuscitation Council 2015. Tous droits réservés. Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, archivée ou
transmise sous quelque forme ou par n’importe quel moyen (électronique, mécanique, reprographique, enregistrement ou autre) sans
l’autorisation préalable écrite de l’ERC. Le contenu de ce manuel est basé sur les directives ERC 2015, le contenu du précédent manuel, des
données probantes de la littérature, des lignes directrices existantes et des consensus de spécialistes.
AVERTISSEMENT: Les connaissances et pratiques en matière de soutien vital en général et en réanimation cardio-pulmonaire en particulier
restent un domaine de la médecine et une science de la vie en développement constant. Les informations fournies dans ce manuel de
cours le sont exclusivement à des fins éducatives et informatives. En aucune façon, ce manuel ne peut être considéré comme offrant des
informations exactes et actualisées, scientifiques ou médicales, ou tout autre conseil. Les informations contenues dans ce manuel de cours
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rédacteurs et/ou éditeurs de ce manuel de cours conseillent vivement les lecteurs de consulter un professionnel de la santé qualifié pour des
questions de diagnostic ou traitements ou des réponses à leurs questions médicales personnelles. Les auteurs, rédacteurs et/ou éditeurs
de ce manuel de cours ne peuvent pas garantir l’exactitude, la pertinence et l’efficacité des traitements, méthodes, produits, instructions,
idées ou de tout autre contenu mentionné. Les auteurs, rédacteurs et/ou éditeurs de ce manuel de cours ne seront en aucun cas tenus pour
responsables de perte, blessure ou dommage à toute personne ou propriété directement ou indirectement liés de quelle que manière que
ce soit à l’utilisation de ce manuel de cours et/ou des traitements, méthodes, produits, instructions, idées ou tout autre contenu mentionné.
2
Réanimation Cardio-Pulmonaire Avancée
Advanced Life Support Traduction française
Editeurs
Pierre Mols
Jean-Marie Jacques
Personal copy of Houmed Houssein Houmed (ID: 818632)
Traducteur
Eric Mercier
Cette publication est une traduction du manuel original Advanced Life Support (ISBN 9789079157839). La traduction a été
réalisée par et sous le contrôle du Belgian Resuscitation Council vzw - asbl, Rue du Château d'Eau 29, 1420 Braine-l'Alleud,
Belgique seul responsable du contenu. Si des questions se posent concernant l’exactitude des informations contenues
dans la traduction, il faut se référer à la version anglaise du manuel qui est la version officielle du document. Toutes les
divergences ou différences issues de cette traduction n’engagent en rien l’ERC (European Rescuscitation Council) et n’ont
pas d’effet légal en termes de conformité ou de mise en application.
This publication is a translation of the original manual Advanced Life Support (ISBN 9789079157839). The translation is
made by and under supervision of the National Resuscitation Councils, Belgian Resuscitation Council vzw - asbl, Rue du
Château d'Eau 29, 1420 Braine-l'Alleud, Belgique solely responsible for its contents. If any questions arise related to the
accuracy of the information contained in the translation, please refer to the English version of the manual which is the of-
ficial version of the document. Any discrepancies or differences created in the translation are not binding to the European
Rescuscitation Council and have no legal effect for compliance or enforcement purposes.
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Table des matières
1. Réanimation cardio-pulmonaire avancée en perspective 9
2. Compétences non techniques et qualité de la réanimation 15
3.
Reconnaissance du patient qui se détériore et
prévention de l’arrêt cardiorespiratoire 27
4.
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APPENDICES
Appendice A M
édicaments utilisés dans le traitement
de l’arrêt cardiaque 321
Appendice B Médicaments utilisés dans la période péri-arrêt 324
Appendice C Sites web utiles 329
5
Glossaire
6
ETCO2 (end tidal CO2) CO2 de fin J joule
d'expiration
J/kg joules par kilo
FA fibrillation auriculaire
LMA masque laryngé
FBAO obstruction des voies (laryngeal mask airway)
aériennes par un corps
L/min litres par minute
étranger (Foreign Body
Airway Obstruction) µg/kg microgrammes par kilo
FIO2 fraction d’oxygène dans ml/h millilitres par heure
l’air inspiré
ml/kg millilitres par kilo
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FC fréquence cardiaque
MSOC mort subite d’origine
FR fréquence respiratoire cardiaque
FV fibrillation ventriculaire NHS National Health Service
GRACE Global Registry of Acute NIRS spectrosopie proche
Coronary Events (régistre infrarouge (near infra-red
global événements spectroscopy)
coronariens aigus)
NP(T)R (DNAR) ne pas (tenter de)
GCS échelle de coma de réanimer (do not attempt
Glasgow (Glasgow Coma resuscitation)
Scale)
NPSA National Patient Safety
HDU unité de soins Agency
intermédiaires (high
NSTEMI infarctus myocardique
dependency unit)
sans segment ST sus-
IAM infarctus aigu du décalé
myocarde
O2 oxygène
ICP intervention coronaire
PaCO2 pression partielle en
percutanée
dioxyde de carbone dans
IECA inhibiteur de l’enzyme le sang artériel
de conversion de
PaO2 pression partielle en
l’angiotensine
oxygène dans le sang
IM intramusculaire ou artériel
infarctus myocardique
PAD défibrillation accessible
IN intra-nasal au public (Public Access
Defibrillation)
IO intra-osseux
PAM pression artérielle
IRM imagerie par résonance
moyenne
magnétique
PBIA pompe à ballonnet intra-
ISR insufflation à fréquence
aortique
rapide
PEP pression expiratoire
IV intraveineux
positive
7
PIC pression intracrânienne SpO2 saturation périphérique
en oxygène (peripheral
PVJ pression veineuse
oxygen saturation)
jugulaire
STEMI infarctus myocardique
PPC pression de perfusion
avec ST sus-décalé
cérébrale
SU service des urgences
RACS retour à la circulation
spontanée TA tension artérielle
RCP réanimation cardio- TAD tension artérielle
pulmonaire diastolique
1. Le problème
La maladie cardiaque ischémique est la première cause de décès dans le monde. En Europe,
l’arrêt cardiaque soudain (ACS) est l’une des principales causes de décès. En fonction de la
définition de l’ACS, de 55 à 113 sur 100 000 ou de 350 000 à 700 000 personnes sont affectées
chaque année en Europe. Concernant l’analyse du rythme cardiaque initial, environ
25 à 50 % des victimes d’ACS présentent une fibrillation ventriculaire (FV), un pourcentage
qui a diminué durant les 20 dernières années. Il est probable que des victimes beaucoup
plus nombreuses aient une FV ou une tachycardie ventriculaire (TV) rapide au moment de
l’effondrement, mais au moment de l’enregistrement du premier électrocardiogramme
par le personnel des services médicaux d’urgence, leur rythme s’est détérioré en asystolie.
Quand le rythme est enregistré rapidement après l’effondrement, en particulier avec un
DEA sur site, la proportion de victimes en FV peut s’élever jusqu’à 76 %. Davantage de
victimes d’ACS survivent si des témoins agissent immédiatement alors que la FV est encore
présente. Une réanimation réussie est moins probable quand le rythme s’est détérioré en
asystolie. L’incidence d’arrêts cardiaques extrahospitaliers (ACEH) traités est supérieure en
Amérique du Nord (54,6) qu’en Europe (35,0), Asie (28,3) et Australie (44,0) (p< 0,001). En
Asie, les pourcentages de FV et de survie à la sortie de l’hôpital étaient plus bas (11 % et 2
% respectivement) qu’en Europe (35 % et 9 % respectivement), en Amérique du Nord (28
% et 6 % respectivement) ou en Australie (40 % et 11 % respectivement).
L’incidence des arrêts cardiaques intra-hospitaliers est difficile à évaluer parce qu’elle
est fortement influencée par des facteurs tels que les critères d’admission à l’hôpital et
la mise en place de recommandations de type DNAR/NPR (do not attempt resuscitation/ne
pas réanimer). L’incidence rapportée des arrêts cardiaques intra-hospitaliers est de l’ordre
de 1 à 5 pour 1000 admissions. Des données du UK National Cardiac Arrest Audit (NCAA)
indiquent que la survie à la sortie de l’hôpital après un arrêt cardiaque intra-hospitalier
est de 13,5 % (tous rythmes confondus). Le rythme initial est une FV ou une TV sans pouls
9
Chapitre 1
Réanimation cardio-pulmonaire avancée en perspective
dans 18 % des cas, desquels 44 % survivent à la sortie de l’hôpital. Après une AEssP ou une
asystolie, le taux de survie à la sortie de l’hôpital est de 7%. Ces données préliminaires du
NCAA sont basées sur 3,184 patients adultes (âge ≥ 16 ans) des 61 hôpitaux participant au
NCAA (nombre d’hôpitaux en augmentation entre octobre 2009 et octobre 2010) avec un
rythme initial/premier rythme documenté connu et des données complètes concernant
le retour à une circulation spontanée (RACS) et la survie à la sortie de l’hôpital. Tous ces
individus ont reçu des compressions thoraciques et/ou une défibrillation par l’équipe de
réanimation en réponse à un appel du numéro d’urgence intra-hospitalier. De nombreux
arrêts cardiaques intra-hospitaliers ne remplissaient pas ces critères et ne furent pas inclus.
De nombreux patients victimes d’un arrêt cardiaque intra-hospitalier présentent une
comorbidité significative, laquelle influence le rythme initial. Dans ces cas, des stratégies
Figure 1.1
Chaîne de Survie
P
n
at
co
RCP précoce
ion
tion précoce
l’ai
Re
rilla
fib
de
Dé
- Pour p
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ou ou ur
rg ps r re oe
agne
r d u te
m d é m a rre r le c
10
1.2.1. Reconnaissance précoce et appel à l’aide
1
Dans les situations pré-hospitalières, une reconnaissance précoce de la sévérité d’une
douleur thoracique va permettre à la victime ou à un témoin d’appeler les services
médicaux d’urgence (SMU) et à la victime de recevoir un traitement adéquat pour prévenir
un arrêt cardiaque. Après un arrêt cardiaque extrahospitalier, un accès immédiat aux SMU
est vital. Dans la plupart des pays un numéro de téléphone unique (112 en Europe) permet
l’accès aux services de secours.
urgences internes vont permettre un traitement pour prévenir l’arrêt cardiaque (chapitre
3). Un numéro universel pour appeler l’équipe de réanimation ou des urgences internes
doit être adopté dans tous les hôpitaux. Si un arrêt cardiaque survient, ne pas retarder la
défibrillation jusqu’à l’arrivée de l’équipe de réanimation. Le personnel hospitalier doit
être entraîné à utiliser un défibrillateur.
11
Chapitre 1
Réanimation cardio-pulmonaire avancée en perspective
Il y aussi une évaluation suite à un scénario d’arrêt cardiaque (CASTest). Les candidats qui
atteignent le niveau souhaité reçoivent un certificat de Provider ALS. Les connaissances
12
Figure 1.2.
Réanimation cardio-pulmonaire avancée (adulte)
1
Absence de réaction et pas de
respiration normale?
RCP 30:2
Attacher le défibrillateur/moniteur
Minimiser les temps d’interruption
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Evaluer rythme
1 Choc
Retour de
Minimiser les temps
la circulation spontanée
d’interruption
13
Chapitre 1
Réanimation cardio-pulmonaire avancée en perspective
14
Chapitre 2.
Compétences non techniques et
qualité de la réanimation
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OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
Comprendre:
• le rôle des facteurs humains dans la réanimation
• l’utilisation d’outils de communication structurée comme SBAR et RSVP
• le rôle des rapports sur les incidents en matière de sécurité et des audits pour
améliorer les soins du patient
1. Introduction
Des compétences comme la défibrillation, des compressions thoraciques efficaces, la
capacité de ventiler, la reconnaissance du rythme d’arrêt cardiaque sous-jacent, lesquelles
sont toutes des composantes importantes d’une réanimation réussie, sont en général
qualifiées de compétences techniques. Ces compétences sont acquises à partir de
nombreuses sources différentes, y compris des formations. En dépit du fait qu’il y a peu
de désaccord à propos de la nécessité de ces compétences pour la réanimation humaine,
une autre catégorie de compétences et de facteurs a émergé récemment. Les termes
facteurs humains et compétences non techniques (CNT) ont été utilisés indifféremment,
même si chacun a sa définition spécifique. Les compétences non techniques sont les
compétences cognitives et interpersonnelles qui sous-tendent le travail d’équipe efficace
et on estime qu’entre 70 et 80 % des erreurs en soins de santé peuvent être attribuées
à une défaillance de ces compétences. Les compétences non techniques incluent
les compétences interpersonnelles de communication, le leadership et la capacité à
être dirigé (en étant membre d’une équipe) et les compétences cognitives de prise de
décision, de conscience de la situation et de gestion des tâches. Les compétences non
techniques font partie du programme des facteurs humains. Les facteurs humains sont un
terme générique qui analyse comment les professionnels de soins de santé interagissent
avec tous les éléments dans leur environnement de travail, comme les directives
cliniques, les politiques et procédures, la gestion du matériel et du stress. Il comprend
aussi l’amélioration des activités cliniques quotidiennes, à travers une appréciation
des effets du travail d’équipe sur le comportement humain et son application dans un
contexte clinique. Les compétences non-techniques examinent de manière spécifique les
interactions des membres de l’équipe, sans tenir compte de tous les autres éléments des
15
Chapitre 2
Compétences non techniques et qualité de la réanimation
Plusieurs systèmes ont été développés pour garantir une utilisation acceptable des
compétences non techniques, tel le formulaire d’évaluation collectif ou le Oxford Non-
Technical Skills Measure, pour citer deux exemples. Les principes utilisés pour promouvoir
les bonnes compétences non techniques dans la formation ALS sont basés sur le
Team Emergency Assessment Measure. La taxonomie proposée en compétences non
techniques (CNT), adoptée par l’ERC, est illustrée dans le tableau 2.1.
2. Leadership
En réalité, le leadership est un attribut extrêmement difficile à définir. Différents chercheurs
ont défini le leadership de différentes manières. Les définitions s’accordent sur le fait
qu’un leader efficace est la personne avec une vision globale de la situation à laquelle il/
elle fait face et, de ce fait, il/elle attribue les rôles aux différents membres de l’équipe de
manière à accomplir la vision globale du leader. La littérature médicale s’accorde à dire
que le leadership n’est pas un trait de caractère, mais qu’il est possible de l’acquérir avec
une formation continue. Dans les équipes de réanimation, le chef d’équipe doit:
1. Faire savoir aux membres de l’équipe exactement ce qui est attendu d’eux. Cela
implique un haut niveau de conscience de la situation, une capacité à attribuer
les tâches en fonction de l’expérience des membres de l’équipe et à établir son
processus de prise de décision en utilisant une médecine fondée sur des preuves
et en exprimant clairement ses décisions. Un bon chef d’équipe connaît les noms
de tous les membres de l’équipe et les utilise toujours quand il s’adresse à eux. Il
peut servir de modèle pour l’évolution de l’équipe.
16
2. Maintenir un niveau élevé de perspective globale. Cela signifie en réalité mettre
en action un plan du chef d’équipe. Quand les membres de l’équipe accomplissent
leurs tâches, le team leader surveille attentivement si les tâches sont réalisées.
Dans un contexte de réanimation cardio-pulmonaire, le team leader doit toujours
pouvoir entendre les informations que les membres de l’équipe relaient vers lui. 2
Ensuite le leader doit être capable non seulement de surveiller les procédures
cliniques au fur et à mesure de leur réalisation, mais aussi de donner des instructions
quand la nécessité survient et cela en restant « les mains libres ». La pratique en
toute sécurité de toutes les procédures est de la responsabilité du leader, pas
seulement pour le patient, mais aussi pour l’équipe de professionnels de la santé
qui travaillent ensemble. Le team leader doit aussi montrer de l’empathie pour les
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3. Travail d'équipe
Le travail d’équipe est l’une des principales CNT qui peut contribuer à la prise en charge
du patient en arrêt cardiaque. Compétence et expérience cliniques sont importantes
pour l’issue de la réanimation, mais elles ne sont pas une garantie de succès. Comme pour
le leadership, le travail d’équipe doit être appris et pratiqué dans des contextes variés
pour améliorer la performance de l’équipe de réanimation. Une équipe est un groupe de
professionnels de la santé avec des compétences et des vécus différents qui travaillent
ensemble pour réaliser un but commun. Le leader fait partie intégrante de l’équipe, mais
chaque membre de l’équipe a la même importance pour la performance de l’équipe. Les
éléments clés pour l’efficacité de la performance d’équipe sont:
1. Communication verbale et non verbale efficace. L’équipe a besoin de transmettre
les constatations à mesure qu’elles surviennent et les membres doivent être
capables de comprendre le plan du leader, en accomplissant les tâches attribuées
et en refermant toujours la boucle de communication. Les membres de l’équipe
doivent pouvoir soulever les points d’inquiétude, mais ils doivent toujours filtrer
l’information qu’ils fournissent. Dans la prise en charge d’un arrêt cardiaque,
différentes choses se produisent simultanément et une communication efficace
nécessite un entraînement dans ce contexte. La formation ALS constitue une telle
opportunité de s’entraîner à pratiquer une communication efficace.
2. Travailler ensemble pour réaliser des tâches dans un délai raisonnable. Le temps est
un facteur important pour la RCP et la coordination de l’équipe est extrêmement
importante pour l’administration en sécurité de la défibrillation, tout comme
pour le maintien de compressions thoraciques de haute qualité à travers toute la
tentative de réanimation.
17
Chapitre 2
Compétences non techniques et qualité de la réanimation
Tableau 2.1.
Taxonomie des Compétences Non Techniques adaptées et modifiées de Cooper et al (2010) pour être
utilisée dans les formations ALS. Voir http://medicalemergencyteam.com/ pour plus de détails
18
La réanimation cardio-pulmonaire est une situation stressante pendant laquelle une
performance individuelle sous-optimale peut affecter la performance de l’équipe,
spécialement lorsque le leader ne parvient pas à remplir son rôle. Chaque membre de
l’équipe doit, d’une manière polie et dans un contexte de coopération harmonieuse,
attirer directement l’attention du membre défaillant ou, de préférence, en informer 2
le leader en évitant toute atteinte potentielle aux autres membres.
3. Agir avec sang-froid et contrôle. De nombreux facteurs internes et externes
affectent la structure de l’équipe. L’accomplissement des rôles attribués par chaque
membre de l’équipe caractérise un travail d’équipe efficace. La gestion des conflits
et une culture de la critique adéquate sont des instruments importants permettant
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19
Chapitre 2
Compétences non techniques et qualité de la réanimation
Figure 2.1
Gestion des tâches
La gestion locale de la RCP peut être améliorée par un débriefing post RCP dans le but
de déterminer les erreurs qualitatives de la RCP et d’en diminuer leur survenue lors de
tentatives de RCP ultérieures. Des exemples de telles erreurs incluent des compressions
thoraciques à un rythme trop lent ou pas assez profondes, des interruptions prolongées
des compressions thoraciques et une ventilation excessive. Les institutions doivent aussi
être encouragées à soumettre leurs données relatives à la RCP en format standardisé aux
audits nationaux et/ou aux registres internationaux qui visent une amélioration continue
de la qualité. De telles pratiques ont déjà mené au développement de modèles prédictifs
validés, lesquels peuvent faciliter la planification des soins avancés. En outre, une analyse
antérieure des données de registre a quantifié la fréquence des erreurs et leur impact sur
la mortalité intra-hospitalière après des arrêts cardiaques choquables et non choquables.
Les résultats du registre ont montré des améliorations significatives dans les résultats des
arrêts cardiaques de 2000 à 2010.
20
Des données probantes publiées suggèrent qu’une infrastructure de réanimation
basée sur une organisation en équipe, des audits multi-niveaux institutionnels, un
enregistrement exact des tentatives de réanimation au niveau d’audits nationaux et/ou
de registres multinationaux, et des analyses de données consécutives et un feedback des
résultats rapportés peuvent contribuer à l’amélioration continue de la qualité de la RCP 2
intra-hospitalière et des résultats des arrêts cardiaques.
Les membres individuels de l’équipe, sans tenir compte de leur niveau hiérarchique,
doivent apprendre à accepter les ordres et leurs rôles comme non-intimidants.
L’orientation de l’équipe doit être construite en prenant des mesures pour augmenter
confiance et cohésion et aussi satisfaction, engagement et efficacité collective. Bien
qu’une meilleure conscience de différents styles de communication et l’inclusion possible
de ces compétences dans des formations médicales puissent aider les équipes à se
montrer plus efficaces dans la prise en charge commune des efforts pendant la RCP, une
communication précise et exacte à travers un protocole de communication en circuit
fermé doit toujours être encouragée. L’utilisation de l’outil de communication SBAR
pendant la communication écrite ou verbale, l’écoute active, le langage corporel et le ton
de la voix peuvent aussi aider les membres de l’équipe à reconnaître et comprendre les
styles personnels individuels, les préférences et les types de tempérament. L’appréciation
des différences des autres va améliorer l’approche entre les membres de l’équipe et
augmenter l’efficacité de l’équipe.
21
Chapitre 2
Compétences non techniques et qualité de la réanimation
Tableau 2.2.
Outils de communication SBAR et RSVP
22
SBAR RSVP Contenu Exemple
Assessment Vital • Inclut observations • Il semble très mal et il
(Evaluation) Signs spécifiques et valeurs des s’épuise.
(signes signes vitaux basées sur • A irway – Il peut dire 2
vitaux) approche ABCDE: quelques mots.
• Airway • B reathing – sa fré-
• Breathing quence respiratoire est
• Circulation de 24, râles bronchiques
du côté gauche. Satu-
• Disability
ration en oxygène à 90
• Exposure % malgré oxygène à
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23
Chapitre 2
Compétences non techniques et qualité de la réanimation
Un incident relatif à la sécurité du patient est défini comme “tout incident involontaire
et inattendu qui pourrait faire du tort ou qui a conduit à faire du tort à un ou plusieurs
patients pris en charge par le National Health Service (NHS)”. Des études antérieures de
cette base de données ont identifié des incidents liés à la sécurité du patient associés
aux dispositifs de gestion des voies aériennes dans les unités de soins critiques et mené à
des recommandations pour améliorer la sécurité. Une étude des incidents de sécurité du
NPSA relatifs à l’arrêt cardiaque et à la détérioration du patient du Conseil de Réanimation
(UK) montre que les incidents les plus souvent reportés sont associés à des problèmes
d’équipement, de communication, de délais avant que l’équipe de réanimation ne soit
présente et de défaillances dans l’intensification du traitement.
24
• le rythme initial de l’arrêt
• la définition de l’arrêt cardiaque (par ex. inclusion des arrêts cardiaques d’origine
respiratoire)
• la disponibilité d’équipes internes d’urgences médicales 2
La plupart des pays européens ont un audit national pour les arrêts cardiaques intra- et
extrahospitaliers. Ces audits vérifient et rapportent l’incidence et le devenir des arrêts
cardiaques dans un but d’évaluation des pratiques et procédures médicales. L’objectif est
d’identifier et de favoriser les améliorations dans la prévention, la délivrance des soins et
les résultats après arrêt cardiaque.
25
Chapitre 2
Compétences non techniques et qualité de la réanimation
POINTS ESSENTIELS
• Les facteurs humains sont importants pendant la réanimation.
• Utiliser SBAR ou RSVP pour une communication efficace.
• R
apporter les incidents de sécurité et collecter les données d’arrêt cardiaque
pour favoriser l’amélioration des soins du patient.
LITTÉRATURE COMPLÉMENTAIRE
• Youngson GG. Teaching and assessing non-technical skills. Surgeon, 2011;9: S35-37.
26
Chapitre 3.
Reconnaissance du patient qui se
détériore et prévention de l’arrêt
cardiorespiratoire
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OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
Comprendre:
• l’importance de la reconnaissance précoce d’un patient qui se détériore
• les causes d’arrêt cardiorespiratoire chez les adultes
• c omment identifier et traiter les patients à risque d’arrêt cardiorespiratoire en
utilisant l’approche ABCDE (Airway, Breathing, Circulation, Disability, Exposure)
1. Introduction
La reconnaissance précoce du patient qui se détériore et la prévention de l’arrêt cardiaque
forment le premier maillon de la chaîne de survie. Quand un arrêt cardiaque se produit,
moins de 20 % des patients présentant un arrêt cardiaque intra-hospitalier vont survivre
et rentrer chez eux. La prévention de l’arrêt cardiaque intra-hospitalier requiert la
formation du personnel, le monitorage des patients, la reconnaissance de la détérioration
du patient, un système d’appel à l’aide et une réponse effective.
27
Chapitre 3
Reconnaissance du patient qui se détériore et prévention de l’arrêt cardiorespiratoire
28
Figure 3.1
Chaîne de Prévention
Mo
nitorage pel à l’aid
Ap e 3
Personal copy of Houmed Houssein Houmed (ID: 818632)
Tableau 3.1
Exemple de système de score d’alerte précoce (EWS early warning score) – ces valeurs servent de
directives générales et peuvent varier dans des populations de patients spécifiques*
* De Prytherch et al. ViEWS - Towards a national early warning score for detecting adult in-patient
deterioration. Resuscitation. 2010;81(8):932-7
Score 3 2 1 0 1 2 3
91 - 111 -
Pouls/min ≤ 40 41-50 51-90 ≥ 131
110 130
Fréquence
≤8 9-11 12-20 21-24 ≥ 25
respiratoire/min
Température 35.1 - 36.1 - 38.1 -
≤ 35.0 ≥ 39.1
(°C) 36.0 38.0 39.0
TA systolique
≤ 90 91-100 101-110 111-249 ≥ 250
(mmHg)
Saturation
≤ 91 92-93 94-95 ≥ 96
oxygène (%)
Oxygène inspiré Air Toute
oxygénothérapie
29
Chapitre 3
Reconnaissance du patient qui se détériore et prévention de l’arrêt cardiorespiratoire
Les scores d’alerte précoce sont dynamiques et évoluent au fil du temps. La fréquence
Le score d’alerte précoce (EWS) est calculé en se basant sur le tableau 3.1. Une augmentation
du score indique une augmentation du risque de détérioration et de mort. Il doit y avoir une
réponse graduée aux scores en fonction des protocoles locaux des hôpitaux (tableau 3.2).
Alternativement, des systèmes intégrant des critères d’appel sont basés sur des observations
de routine, avec activation de la réponse quand une ou plusieurs variables atteignent une
valeur très anormale. La question de savoir lequel des deux systèmes est le meilleur n’est
pas tranchée. Certains hôpitaux combinent des éléments des deux systèmes.
Même quand des médecins sont prévenus des paramètres vitaux anormaux d'un patient, il y
a souvent un délai avant de le prendre en charge ou de le référer à des niveaux de soins plus
élevés.
Tout membre de l’équipe soignante peut initier un appel à l’EUI. Une implication précoce
de l’EUI peut réduire le nombre d’arrêts cardiaques, de morts et d’admissions imprévues
aux soins intensifs et faciliter les décisions relatives aux limitations du traitement (par
ex. décisions de ne pas tenter la réanimation – NPTR/DNAR). Les interventions de l’EUI
impliquent souvent des tâches simples comme le démarrage de l’oxygénothérapie et d’un
remplissage par voie intraveineuse. Les avantages du système de l’EUI restent à prouver.
30
Tableau 3.2
Exemple de protocole d’escalade basé sur un score d’alerte précoce (EWS)
Tableau 3.3
31
Chapitre 3
Reconnaissance du patient qui se détériore et prévention de l’arrêt cardiorespiratoire
Tous les patients en état critique doivent être admis dans une unité qui peut leur garantir
une supervision idéale et le plus haut niveau pour le support des organes et les soins
infirmiers. Il s’agit habituellement d’une zone de soins critiques, par ex. unités de soins
intensifs (USI) ou intermédiaires ou salle de réanimation. Le personnel de ces services
doit être constitué de médecins et d’infirmiers expérimentés dans les techniques de
réanimation avancée et de soins critiques.
5. Causes de la détérioration et
de l’arrêt cardio-respiratoire
La détérioration et l’arrêt cardiorespiratoire peuvent être causés par des problèmes
primaires des voies aériennes et/ou de la respiration et/ou cardiovasculaires.
5.1.1. Causes
Une obstruction des voies aériennes peut être complète ou partielle. Une obstruction
complète des voies aériennes peut rapidement causer un arrêt cardiaque. Une obstruction
partielle précède souvent une obstruction complète. Une obstruction partielle des voies
aériennes peut causer un œdème cérébral ou pulmonaire, un état d’épuisement, une
apnée secondaire, une lésion cérébrale hypoxique et finalement un arrêt cardiaque.
32
Causes d’obstruction des voies aériennes
• Dépression du système nerveux central
• Sang
• Vomissements
• Corps étranger (par ex. dent, nourriture) 3
• Trauma direct au visage ou à la gorge
• Epiglottite
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Une dépression du système nerveux central peut entraîner une perte de la perméabilité
des voies aériennes et des réflexes de protection. Les causes incluent des traumatismes
crâniens et des maladies cérébrales, l’hypercapnie, l’effet dépresseur des troubles
métaboliques (par ex. diabète) et les drogues comprenant l’alcool, les opioïdes et les
anesthésiques généraux. Un laryngospasme peut se produire après stimulation des
voies aériennes supérieures chez un patient semi-conscient dont les réflexes des voies
aériennes restent intacts.
Chez certaines personnes, les voies aériennes supérieures peuvent s’obstruer quand
elles dorment (apnée obstructive du sommeil). C’est plus fréquemment le cas avec des
patients obèses et l’obstruction peut s’aggraver en présence d’autres facteurs (par ex.
médicaments sédatifs).
5.1.2. Reconnaissance
Evaluer la perméabilité des voies aériennes chez toute personne à risque d’obstruction.
Un patient conscient va se plaindre de difficultés à respirer, il peut s’étouffer et montrer
des signes de détresse. En cas d’obstruction partielle des voies aériennes, les efforts
respiratoires seront bruyants.
Une obstruction complète des voies aériennes est silencieuse et il n’y a aucun mouvement
d’air à la bouche du patient. Les mouvements respiratoires sont en général pénibles. Les
muscles accessoires de la respiration seront impliqués avec un mouvement paradoxal
thoraco-abdominal: le thorax est attiré vers l’intérieur et l’abdomen vers l’extérieur à
l’inspiration et les mouvements vont en sens opposé à l’expiration.
33
Chapitre 3
Reconnaissance du patient qui se détériore et prévention de l’arrêt cardiorespiratoire
5.1.3. Traitement
La priorité est de s’assurer que les voies aériennes restent libres.
Traiter tout problème qui représente un risque pour les voies aériennes; par ex. aspirer
le sang et le contenu gastrique des voies aériennes et, sauf contre-indication, placer le
patient en position latérale de sécurité (PLS).
Donner de l’oxygène aussi vite que possible pour atteindre une saturation en oxygène
(SpO2) par oxymétrie de pouls de l’ordre de 94 à 98 %. Considérer une menace actuelle
ou imminente des voies aériennes chez tout patient avec une diminution du degré de
conscience, quelle qu’en soit la cause. Prendre des mesures pour protéger les voies
Des manœuvres simples d’ouverture des voies aériennes (head tilt-chin lift ou jaw-thrust),
l’insertion d’une canule oro ou nasopharyngée, une intubation trachéale élective ou une
trachéostomie peuvent être requises. Considérer l’insertion d’une sonde naso-gastrique
pour vider l’estomac.
5.2.1. Causes
Une insuffisance respiratoire peut être aiguë ou chronique. Elle peut être continue ou
intermittente et suffisamment sévère pour causer une apnée (arrêt respiratoire), laquelle
va rapidement provoquer un arrêt cardiaque. Un arrêt respiratoire se produit souvent en
raison d’une combinaison de facteurs; par ex. chez un patient avec une infection respiratoire
chronique, une infection pulmonaire, une faiblesse musculaire ou des côtes fracturées
peuvent mener à l’épuisement, en déprimant davantage la fonction respiratoire. Si la
respiration n’est pas suffisante pour oxygéner le sang de manière adéquate (hypoxémie),
un arrêt cardiaque finira par se produire.
• Commande respiratoire
Une dépression du système nerveux central peut diminuer ou abolir la commande
respiratoire. Les causes sont les mêmes que celles qui entraînent une obstruction des
voies aériennes suite à une dépression du système nerveux central.
• Effort respiratoire
Les muscles respiratoires principaux sont le diaphragme et les muscles intercostaux. Ces
derniers sont innervés au niveau de leurs côtes respectives et peuvent être paralysés par
une lésion de la moelle épinière au-dessus de ce niveau. L’innervation du diaphragme
est située au niveau des troisième, quatrième et cinquième vertèbres cervicales. Une
respiration spontanée ne peut pas se produire avec de sévères lésions médullaires
cervicales au-dessus de ce niveau.
34
Un effort respiratoire inadéquat causé par une faiblesse musculaire ou une lésion
nerveuse se produit avec de nombreuses pathologies (par ex. myasthénie, syndrome de
Guillain-Barré et sclérose en plaques). La malnutrition chronique et de graves maladies à
long terme peuvent également contribuer à une faiblesse généralisée.
La respiration peut aussi être altérée par des anomalies restrictives de la paroi thoracique,
comme une cyphoscoliose. Des douleurs causées par une fracture des côtes ou du 3
sternum empêcheront les respirations profondes et la toux.
• Maladies pulmonaires
La fonction pulmonaire est altérée par un épanchement pleural massif, un hémothorax ou
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5.2.2. Reconnaissance
Un patient conscient va se plaindre d’étouffement et être en détresse. L’anamnèse et
l’examen indiqueront généralement la cause sous-jacente. Hypoxémie et hypercapnie
peuvent causer irritabilité, confusion, léthargie et diminution du niveau de conscience.
La cyanose peut être visible, mais c’est un signe tardif. Une fréquence respiratoire rapide
(> 25/min) est un indicateur simple et utile de problèmes respiratoires. L’oxymétrie de pouls
est une mesure simple et non invasive de l’adéquation de l’oxygénation (voir chapitre 15).
Ce n’est toutefois pas un indicateur fiable de la ventilation et une gazométrie artérielle est
nécessaire pour obtenir les valeurs de la tension artérielle du dioxyde de carbone (PaCO2)
et du pH. Une PaCO2 en augmentation et une diminution du pH sont souvent des signes
tardifs chez un patient avec des problèmes respiratoires sévères.
5.2.3. Traitement
Donner de l’oxygène à tous les patients hypoxiques en état critique et traiter la cause
sous-jacente. Donner de l’oxygène à 15 l/min en utilisant un masque réservoir à haute
concentration. Une fois le patient stabilisé, changer le masque à oxygène et viser une
SpO2 de l’ordre de 94 à 98 %. Par exemple, suspecter un pneumothorax sous tension à
partir d’une histoire de traumatisme thoracique et le confirmer par des signes cliniques
et des symptômes. S’il est diagnostiqué, le décompresser immédiatement en plaçant un
cathéter de gros calibre (14 G) au niveau du second espace intercostal, sur la ligne médio-
claviculaire (thoracocenthèse à l’aiguille).
Les patients qui ont des difficultés respiratoires ou qui s’épuisent vont avoir besoin d’un
support respiratoire. Une ventilation non invasive avec un masque ou un casque peut être
utile, et permettre d’éviter une intubation trachéale et une ventilation mécanique. Pour
les patients qui ne peuvent pas respirer adéquatement, sédation, intubation trachéale et
ventilation contrôlée sont nécessaires.
35
Chapitre 3
Reconnaissance du patient qui se détériore et prévention de l’arrêt cardiorespiratoire
5.3.1. Causes
Des problèmes circulatoires peuvent être causés par une maladie cardiaque primaire
ou par des anomalies cardiaques secondaires à d’autres problèmes. Les problèmes de
circulation chez les patients en état critique sont le plus souvent dus à une hypovolémie.
Le cœur peut s’arrêter brutalement ou produire un débit cardiaque inadéquat pendant un
certain temps avant de s’arrêter.
Un arrêt cardiaque soudain peut aussi survenir en présence d’une insuffisance cardiaque,
d’une tamponnade cardiaque, d’une rupture cardiaque, d’une myocardite et d’une
cardiomyopathie hypertrophique.
5.3.2. Reconnaissance
Les signes et symptômes des cardiopathies comprennent douleur thoracique, dyspnée,
syncope, tachycardie, bradycardie, tachypnée, hypotension, hypoperfusion périphérique
(temps de recoloration cutanée prolongé), troubles de la conscience et oligurie.
36
La plupart des morts subites d’origine cardiaque (MSOC) surviennent chez des personnes avec
cardiopathies pré-existantes, lesquelles peuvent ne pas avoir été reconnues antérieurement.
Bien que le risque soit majoré chez des patients avec une cardiopathie sévère connue, la plupart
des MSOC surviennent chez des personnes avec maladie non reconnue. Une cardiopathie
asymptomatique ou silencieuse peut inclure une cardiopathie hypertensive, une atteinte de
la valve aortique, une cardiomyopathie, une myocardite ou une maladie coronaire.
3
• Reconnaissance du risque de mort subite d’origine cardiaque en extra-hospitalier
Les coronaropathies sont la cause la plus fréquente de MSOC. Des cardiopathies non
ischémiques et des valvulopathies sont à l’origine d’autres MSOC. Un petit pourcentage
des MSOC est causé par des anomalies héréditaires (par ex. syndromes QT long et court,
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Une évaluation dans une clinique spécialisée dans la prise en charge des personnes à
risque de MSOC est recommandée chez les membres des familles de jeunes victimes
de MSOC ou chez les personnes avec un trouble cardiaque connu entraînant un risque
majoré de MSOC.
5.3.3. Traitement
Traiter la cause sous-jacente de l’insuffisance circulatoire. Pour de nombreux patients malades,
cela signifie donner des liquides par voie intraveineuse pour traiter une hypovolémie.
Evaluer les patients avec douleur thoracique pour un syndrome coronarien aigu (SCA). Une
description complète de la prise en charge du SCA est donnée dans le chapitre 4.
La position assise sera plus confortable pour la plupart des patients avec une douleur
cardiaque ischémique. Dans certains cas une position couchée peut provoquer ou
aggraver la douleur. Envisager un anti-émétique, spécialement en présence de nausées.
37
Chapitre 3
Reconnaissance du patient qui se détériore et prévention de l’arrêt cardiorespiratoire
Les survivants d’un épisode de FV sont à risque probable de récidive à moins qu’un
traitement préventif ne soit appliqué. Ces patients peuvent requérir une intervention
coronaire percutanée, un pontage aorto-coronarien ou un défibrillateur cardiaque interne.
6. L’approche ABCDE
38
6.2. Premières étapes
1. Assurer sa sécurité personnelle et celle du patient. Organiser un cadre sûr et
sécuriser l'environnement. Porter tablier, gants et lunettes si approprié.
2. Considérer d’abord l’état général du patient pour voir s’il est en détresse.
3. Si le patient est conscient, lui demander «Comment allez-vous?». S’il est inconscient 3
ou s’il s’est effondré, le secouer et lui demander «Allez-vous bien?». S’il répond
normalement, il a les voies aériennes ouvertes, il respire et a une perfusion
cérébrale adéquate. S’il répond uniquement par de courtes phrases, il pourrait
avoir des problèmes respiratoires. Une incapacité du patient à répondre est un
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39
Chapitre 3
Reconnaissance du patient qui se détériore et prévention de l’arrêt cardiorespiratoire
2. Traiter une obstruction des voies aériennes comme une urgence médicale:
-- Obtenir l’aide d’un spécialiste immédiatement. Une obstruction des voies
aériennes non traitée cause de l’hypoxie (PaO2 basse) avec le risque de lésions
hypoxiques au cerveau, aux reins et au cœur, d’un arrêt cardiaque et même
de mort.
-- Dans la plupart des cas, seules de simples méthodes d’ouverture des
voies aériennes sont requises (par ex. manœuvres de libération des voies
aériennes, aspiration, mise en place d’une canule oro ou naso-pharyngée).
Une intubation trachéale peut être requise lorsque ces méthodes échouent.
40
de pouls. L’oxymètre de pouls ne peut pas détecter une hypercapnie. Si le patient
reçoit de l’oxygène supplémentaire, la SpO2 peut être normale en présence d’une
PaCO2 très élevée.
6. Ecouter les bruits respiratoires du patient à une courte distance de son visage: des
râles bronchiques indiquent la présence de sécrétions dans les voies aériennes,
généralement en raison de l’incapacité du patient à tousser efficacement ou à
prendre une inspiration profonde. Un stridor ou une respiration sifflante suggèrent 3
une obstruction partielle, mais significative des voies aériennes.
7. Percuter le thorax: un tympanisme peut suggérer un pneumothorax; une matité
indique généralement un foyer de consolidation ou la présence de liquide pleural.
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41
Chapitre 3
Reconnaissance du patient qui se détériore et prévention de l’arrêt cardiorespiratoire
42
10. Rechercher attentivement des signes d’hémorragie externe à partir de plaies
ou de drains ou d’hémorragies internes (par ex. thoracique, intra-péritonéale,
rétro-péritonéale ou intestinale). Des pertes sanguines intra-thoraciques, intra-
abdominales ou pelviennes peuvent être significatives, même si les drains sont
vides.
11. Le traitement spécifique d’un collapsus cardiovasculaire dépend de sa cause, mais
doit viser un remplissage volémique, un contrôle des hémorragies et la restauration 3
des perfusions tissulaires. Rechercher les signes de conditions menaçant
immédiatement la vie, par ex. tamponnade cardiaque, hémorragie massive ou
persistante, choc septique, et les traiter de manière urgente.
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12. Mettre en place au moins une voie intraveineuse de gros calibre (14 ou 16 G). Utiliser
des cathéters larges et courts parce qu’ils permettent le débit le plus élevé.
13. Prélever du sang par le cathéter pour analyse des gaz sanguins, bilan hématologique
de routine, biochimie, coagulation, hémocultures et compatibilité avant la perfusion
de liquide par voie intraveineuse.
14. S’il n’y a pas de blessure suspectée, lever les jambes du patient ou le placer en
position de Trendelenburg. Si la fréquence cardiaque diminue et la tension artérielle
s’améliore, effectuer un remplissage volémique rapide (sur 5 à 10 minutes) de 500
ml de solution cristalloïde réchauffée (par ex. Ringer lactate ou chlorure de sodium
0,9 %) si le patient est normotendu. Donner un litre si le patient est hypertendu.
Utiliser de plus petits volumes (par ex. 250 ml) pour les patients avec insuffisance
cardiaque connue ou trauma et intensifier le monitorage (ausculter le thorax à la
recherche de crépitants après chaque bolus).
15. Réévaluer la fréquence cardiaque et la TA régulièrement (toutes les 5 min), en visant
la TA normale du patient ou, si elle n’est pas connue, une TA systolique > 100 mmHg.
16. Si l’état du patient ne s’améliore pas, répéter l’épreuve du remplissage.
17. Si des signes et symptômes d’insuffisance cardiaque (dyspnée, fréquence cardiaque
augmentée, PVJ majorée, 3ème bruit cardiaque et crépitants à l’auscultation) se
produisent, ralentir la vitesse de remplissage ou arrêter le remplissage. Chercher
des moyens alternatifs pour améliorer la perfusion tissulaire (par ex. inotropes ou
vasopresseurs).
18. Si le patient a une douleur thoracique primaire et un SCA suspecté, enregistrer
rapidement un ECG 12 dérivations et traiter initialement avec aspirine, nitrés,
oxygène et morphine. Traiter le SCA en suivant les instructions du chapitre 4.
43
Chapitre 3
Reconnaissance du patient qui se détériore et prévention de l’arrêt cardiorespiratoire
44
• Vérifier que les médicaments de routine sont bien prescrits et administrés.
3. Revoir les résultats de laboratoire ou les examens radiologiques.
4. Déterminer quel niveau de soins est requis pour le patient (par ex. hospitalisation
normale, soins intermédiaires ou intensifs).
5. Transcrire de façon complète dans le dossier du patient les conclusions, évaluations
et traitements. Si nécessaire, confier le patient à vos collègues. 3
6. Enregistrer la réponse du patient au traitement.
7. Considérer le traitement définitif de la pathologie sous-jacente du patient.
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POINTS ESSENTIELS
• L a plupart des patients qui ont un arrêt cardiaque intra-hospitalier ont des
signes avant-coureurs et des symptômes avant l’arrêt.
• U
ne reconnaissance précoce et un traitement du patient qui se détériore vont
prévenir certains arrêts cardio-respiratoires.
• U
tiliser des statégies telles les systèmes de score d’alerte précoce (EWS) pour
identifier les patients à risque d’arrêt cardio-respiratoire.
• D
es problèmes de voies aériennes, de respiration et de circulation peuvent
provoquer un arrêt cardio-respiratoire.
• Utiliser l’approche ABCDE pour évaluer et traiter les patients en état critique.
45
Chapitre 3
Reconnaissance du patient qui se détériore et prévention de l’arrêt cardiorespiratoire
LITTÉRATURE COMPLÉMENTAIRE
• Armitage M, Eddleston J, Stokes T. Recognising and responding to acute illness in adults in hospi-
tal: summary of NICE guidance. BMJ 2007;335:258-9.
• Soar J, et al. European Resuscitation Council Guidelines for Resuscitation 2015. Section 3. Adult
Advanced Life Support. 10.1016/j.resuscitation.2015.07.016; p99 - p146
• Soar J, Callaway CW, Aibiki M, et al. Part 4: Advanced life support: 2015 International Consensus on
Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care Science With Treatment
Recommendations. 10.1016/j.resuscitation.2015.07.042; e71 - e122
• DeVita MA, Bellomo R, Hillman K, et al. Findings of the first consensus conference on medical
emergency teams. Crit Care Med. 2006;34:2463-2478.
• DeVita MA, Smith GB, Adam SK, et al. “Identifying the hospitalised patient in crisis”— a consensus
46
Chapitre 4.
Syndromes coronariens aigus
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OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
• le processus physiopathologique qui génère les syndromes coronariens aigus
• comment différencier les syndromes coronariens aigus
• le traitement immédiat des syndromes coronariens aigus
• la prise en charge des patients après récupération d’un syndrome coronarien aigu
1. Introduction
Les syndromes coronariens aigus (SCA) comprennent:
• l’angor instable
• l’infarctus du myocarde sans sus-décalage du segment ST
• l’infarctus du myocarde avec segment ST sus-décalé
Ces syndromes cliniques forment des parties d’un continuum et s’intègrent dans un même
processus pathologique. Dans la vaste majorité des cas ce processus est initié par une
fissure au niveau d’une plaque d’athérome située dans une artère coronaire provoquant:
• une hémorragie dans la plaque qui provoque une augmentation de sa taille et une
réduction de la lumière de l’artère
• une contraction au niveau des muscles lisses à l’intérieur de la paroi artérielle,
entraînant une réduction supplémentaire de la lumière
• la formation d’un thrombus à la surface de la plaque, ce qui peut causer une
obstruction partielle ou complète de la lumière de l’artère ou une embolie distale
L’étendue de la réduction des flux sanguins vers le myocarde provoquée par ces
événements détermine largement la nature du SCA clinique qui en découle.
47
Chapitre 4
Syndromes coronariens aigus
Par contre, l’angor instable est défini par un ou plusieurs des points suivants:
1. Angor d’effort survenant depuis quelques jours avec augmentation de fréquence,
provoqué par des efforts de moins en moins importants. Ce type d’angor est appelé
«angor crescendo».
2. Episodes d’angor survenant de manière récurrente et imprévisible, sans relation
spécifique avec l’effort. Ces épisodes peuvent être relativement courts (par ex.
quelques minutes) et céder spontanément ou être soulagés temporairement par
des nitrés en voie sublinguale avant de réapparaître endéans quelques heures.
3. Un épisode non provoqué et prolongé de douleur thoracique faisant suspecter un
IAM, mais sans ECG déterminant ou évidence biologique d’IAM (voir plus bas).
Dans l’angor instable, l’ECG peut:
a) être normal
b) m
ontrer des signes d’ischémie myocardique aiguë (généralement dépression
horizontale ou descendante du segment ST)
c) montrer des anomalies non-spécifiques (par ex. inversion de l’onde T)
Dans l’angor instable, les enzymes cardiaques sont en général normaux (mais se souvenir
qu’il existe d’autres causes que l’infarctus du myocarde qui s’accompagnent d’une
élévation des enzymes musculaires comme les CK – créatine kinase) et la libération de
troponine est absente. Des anomalies de l’ECG, surtout le sous-décalage du segment
ST, sont des indicateurs d’un risque majoré d’événements coronaires ultérieurs chez des
patients avec angor instable. Un ECG normal et une absence de libération de troponine
ne signifient cependant pas nécessairement qu’un patient avec angor instable n’est pas à
haut risque d’autres événements coronaires précoces potentiellement létaux. Si l’histoire
initiale suggère un angor instable, d’autres causes possibles de douleurs thoraciques
aiguës peuvent être envisagées seulement si l’ECG et la concentration de troponine sont
normaux et qu’une évaluation des risques complémentaires (par ex. par épreuve d’effort
ou imagerie non invasive) ne montre pas d’évidence d’ischémie myocardique réversible.
48
1.2. Infarctus myocardique sans élévation du segment ST (NSTEMI)
Un infarctus aigu du myocarde se présente typiquement avec une douleur thoracique
dans la poitrine ou l’abdomen supérieur ressentie comme une lourdeur, une raideur ou un
inconfort ressemblant à une indigestion, habituellement prolongé pendant au moins 20 à
30 minutes, souvent plus longtemps. La douleur/gêne thoracique irradie souvent dans la
gorge, dans un ou les deux bras, vers le dos et l’épigastre. Certains patients ressentent la
gêne davantage dans l’une ou plusieurs de ces régions qu’au niveau du thorax. Parfois la
douleur s’accompagne d’éructations, ce qui peut être interprété erronément comme un
signe d’indigestion comme cause de l’inconfort. 4
Personal copy of Houmed Houssein Houmed (ID: 818632)
Lorsque des patients présentent une douleur thoracique évocatrice d’un IAM, des
anomalies non spécifiques de l’ECG telles que dépression horizontale ou descendante
du segment ST ou inversion de l’onde T (figures 4.1 et 4.2) ou occasionnellement un ECG
normal et des tests de laboratoire montrant une libération de troponine (avec ou sans
élévation des concentrations plasmatiques des enzymes cardiaques), cela indique qu’une
lésion du myocarde est survenue. C’est ce qu’on appelle NSTEMI. Dans cette situation, il
est moins probable qu’une occlusion complète et totale de l’artère en cause soit survenue
par rapport à un infarctus du myocarde avec élévation du segment ST (STEMI).
NSTEMI et angor instable sont classifiés ensemble de «SCA sans élévation du segment ST»
car le traitement des deux est essentiellement le même et diffère sur certains points du
traitement du STEMI. Le traitement est largement déterminé par l’évaluation du risque.
Ces observations indiquent presque toujours une lésion myocardique en cours suite à
une occlusion aiguë complète de l’artère coronaire responsable (après fissuration initiale
d’une plaque). Non traitée, il est probable que la lésion myocardique dans le territoire
de l’artère occluse va progresser, ce qui se traduira généralement par le développement
d’ondes Q et la perte d’amplitude des ondes R à l’ECG. Durant la phase aiguë d’un STEMI, il
y a un risque substantiel de tachycardie ventriculaire (TV), de fibrillation ventriculaire (FV)
et de mort subite (figure 4.3).
49
Chapitre 4
Syndromes coronariens aigus
L’examen peut identifier d’autres anomalies importantes (par ex. souffle cardiaque ou signes
de décompensation cardiaque) qui influenceront les choix d’examens et de traitement. Chez
des patients souffrant de douleur thoracique aiguë, ne pas oublier de vérifier s’il y a des
signes de dissection aortique, spécialement si une fibrinolyse est envisagée. La présence
d’une dissection aortique peut être suggérée par des signes cliniques comme une perte
de pouls ou une asymétrie des pulsations dans les membres supérieurs, une régurgitation
aortique sévère ou des signes d’AVC dans le territoire de l’artère carotide. Suspecter une
dissection aortique chez tout patient dont la douleur thoracique est accompagnée d’une
hypotension marquée, mais sans évidence claire d’IAM à l’ECG. Néanmoins, chez un patient
avec une anamnèse claire et des signes typiques de STEMI sur l’ECG, ne retarder la thérapie
de reperfusion qu’en présence d’une forte évidence clinique justifiant des examens
préalables pour une possible dissection aortique.
Suspecter aussi un infarctus massif du ventricule droit (VD) chez les patients avec un STEMI
inférieur ou supérieur qui ont une pression jugulaire élevée, mais pas de signes d’œdème
pulmonaire. Le signe de Kussmaul peut être positif (PVC augmente en inspiration). Ces
patients sont souvent hypotendus.
50
Figure 4.1
ECG à 12 dérivations montrant un sous-décalage aigu du segment ST causé par une ischémie myocar-
dique chez un patient avec SCA sans élévation du segment ST
I aVR V1 V4
4
II aVL V2 V5
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III aVF V3 V6
RHYTHM STRIP: II
25 mm/sec: 1 cm / mV
Figure 4.2
ECG à 12 dérivations montrant une inversion de l’onde T chez un patient avec NSTEMI
I aVR V1 V4
II aVL V2 V5
III aVF V3 V6
RHYTHM STRIP: II
25 mm/sec: 1 cm / mV
51
Chapitre 4
Syndromes coronariens aigus
Figure 4.3
ECG à 12 dérivations montrant un début de FV chez un patient avec STEMI aigu antéroseptal
I aVR V1 V4
II aVL V2 V5
RHYTHM STRIP: II
25 mm/sec: 1 cm / mV
Figure 4.4
ECG à 12 dérivations montrant un STEMI antérolatéral
I aVR V1 V4
II aVL V2 V5
III aVF V3 V6
RHYTHM STRIP: II
25 mm/sec: 1 cm / mV
52
Figure 4.5
ECG à 12 dérivations montrant un STEMI inférieur
I aVR V1 V4
II aVL V2 V5 4
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III aVF V3 V6
RHYTHM STRIP: II
25 mm/sec: 1 cm / mV
Figure 4.6
ECG à 12 dérivations montrant un STEMI postérieur
I aVR V1 V4
II aVL V2 V5
III aVF V3 V6
RHYTHM STRIP: II
25 mm/sec: 1 cm / mV
53
Chapitre 4
Syndromes coronariens aigus
Les dérivations précordiales droites doivent être enregistrées chez tous les patients avec un
STEMI inférieur pour détecter un IM ventriculaire droit. Une dépression du segment ST isolée
≥ 0,05 mV dans les dérivations V1-V3 représente un STEMI dans la partie inférobasale du cœur
qui peut être confirmé par une élévation du segment ST dans les dérivations postérieures
(V7-V9). Les ECG pré-hospitaliers ou du Service d’Urgence apportent des informations utiles
pour le diagnostic quand ils sont interprétés par du personnel médical formé.
Si l’interprétation de l’ECG pré-hospitalier n’est pas disponible sur place, une interprétation
informatique ou la transmission de l’ECG du terrain vers l’expert sont raisonnables.
L’enregistrement et la transmission vers l’hôpital d’ECG d’une qualité permettant le
diagnostic prend en général moins de 5 minutes. Quand on l’utilise pour l’évaluation de
patients avec SCA suspecté, l’interprétation informatique de l’ECG peut augmenter la
spécificité du diagnostic de STEMI, spécialement pour des cliniciens non expérimentés
54
dans la lecture d’ECG. Le bénéfice de l’interprétation informatique est toutefois
dépendant de la précision du rapport ECG. Des rapports incorrects peuvent induire en
erreur des personnes peu expérimentées dans la lecture d’ECG. L’interprétation des ECG
par ordinateur ne doit donc pas remplacer, mais plutôt être utilisée en complément à
l’interprétation par un clinicien expérimenté.
2.2.2. Biomarqueurs
En l’absence d’élévation du segment ST sur l’ECG, la présence d’une anamnèse suggestive
et de concentrations élevées de biomarqueurs (troponines, CK et CKMB) caractérise un 4
non-STEMI et le distingue du STEMI et de l’angor instable respectivement. Les mesures de
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Pour une utilisation optimale du biomarqueur utilisé, les cliniciens doivent être familiarisés
avec Ia sensibilité, la précision et les normes institutionnelles du test et aussi avec la cinétique
de libération et d’élimination. Des tests très sensibles (ultrasensibles) avec troponines
cardiaques ont été développés. Ils peuvent augmenter la sensibilité et accélérer le diagnostic
d’un IAM chez les patients avec des symptômes évoquant une ischémie cardiaque.
Le test avec biomarqueurs cardiaques doit faire partie de l’évaluation initiale de tous
les patients se présentant au Service d’Urgence avec des symptômes suggérant une
ischémie cardiaque. Le délai de la libération de biomarqueurs du myocarde lésé empêche
cependant leur utilisation pour diagnostiquer un infarctus du myocarde dans les
premières heures après l’apparition des symptômes. Pour les patients qui se présentent
dans les 6 heures après apparition des symptômes et qui ont des troponines cardiaques
initialement négatives, les biomarqueurs doivent être mesurés encore entre 2-3 heures et
jusqu’à 6 heures plus tard pour les hs-cTn -high sensitivity cardiac troponin- (12 heures avec
troponines régulières). La majorité des patients avec un SCA possible n’en ont en fait pas,
mais l’identification de ceux qui ont un SCA est difficile. Les taux récemment rapportés de
patients avec un diagnostic «manqué» de SCA dans les services d’urgence vont jusqu’à 3,5
% avec une morbidité et une mortalité significatives.
55
Chapitre 4
Syndromes coronariens aigus
Il n’est pas recommandé d’utiliser des troponines à haute sensibilité en tant que mesure
isolée à 0 et 2 heures pour exclure le diagnostic de SCA, défini comme < 1 % des effets
cardiovasculaires défavorables majeurs à 30 jours. Des mesures négatives des hs-cTnI
(high sensitivity cardiac troponins I) à 0 et 2 heures peuvent être utilisées ensemble avec
un faible risque de stratification (score TIMI de 0 ou 1) pour exclure le diagnostic de SCA.
Des mesures négatives des cTnI ou cTnT à 0 et 3-6 heures ensemble peuvent aussi être
utilisées en conjonction avec un très faible risque de stratification (score de Vancouver
de 0 ou North American CP score de 0 et âge < 50 ans) pour exclure le diagnostic de SCA.
Il n’y a pas d’évidence en faveur de l’usage des tests de troponine au chevet du patient
(point-of-care testing - POCT) isolément en tant que test primaire dans le contexte
De plus, des diagnostics différentiels tels que dissection aortique, embolie pulmonaire,
sténose aortique, cardiomyopathie hypertrophique, épanchement péricardique ou
pneumothorax peuvent être identifiés. Par conséquent, l’échocardiographie doit être
disponible en routine dans les Services d’Urgence et utilisée pour tout patient avec
suspicion de SCA. Des études sont nécessaires pour évaluer l’impact de l’échocardiographie
dans le contexte pré-hospitalier.
56
un contexte clinique multiple, avec le score GRACE montrant une meilleure performance.
Chez les patients avec suspicion de SCA, la combinaison d’antécédents cliniques sans
particularité et d’examens physiques avec un ECG initial négatif et des biomarqueurs ne peut
pas être utilisée pour exclure un SCA de manière fiable. En conséquence une période de suivi
est obligatoire afin de pouvoir poser un diagnostic et de prendre des décisions thérapeutiques.
4. Traitement immédiat
4
4.1. Mesures générales pour tous les syndromes coronariens aigus
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Commencer par une évaluation clinique rapide et l’enregistrement d’au moins un ECG 12
dérivations. Administrer un traitement immédiat pour soulager les symptômes, limiter
les lésions myocardiques et réduire le risque d’arrêt cardiaque. Le traitement général
immédiat pour les patients avec SCA comprend:
• aspirine 300 mg per os, écrasée, mâchée ou IV aussi vite que possible
• nitroglycérine, comme le trinitrate de glycéryle sublingual (comprimé ou spray),
sauf si le patient est hypotendu ou si suspicion d’un infarctus extensif du VD
• le soulagement de la douleur est d’une importance capitale et de la morphine en
IV (ou diamorphine) doit être donnée, titrée pour contrôler les symptômes mais en
évitant sédation et dépression respiratoire
• considérer un traitement antithrombotique avec de l’héparine non fractionnée
(HNF) ou de l’héparine de bas poids moléculaire (HBPM) ou fondaparinux
La position assise sera plus confortable pour la plupart des patients avec douleur cardiaque
ischémique. Dans certains cas, une position couchée peut provoquer ou aggraver la
douleur. Donner un antiémétique si analgésie par opiacés ou si le patient a des nausées.
4.3. Oxygène
Les patients avec douleur thoracique aiguë et suspicion de SCA n’ont pas besoin
d’oxygène supplémentaire à moins qu’ils ne présentent des signes d’hypoxie, de dyspnée
ou d’insuffisance cardiaque. Il y a de plus en plus d’évidence suggérant que l’hyperoxie
va être délétère chez les patients avec infarctus du myocarde sans complication. En cas
de SCA compliqué par un arrêt cardiaque, l’hypoxie se développe rapidement. Une lésion
cérébrale ischémique est un déterminant majeur pour une survie neurologiquement
intacte. En conséquence, une oxygénation adéquate est essentielle durant la RCP. Après le
RACS, éviter à la fois hypoxie et hyperoxie (voir soins post-réanimation). Utiliser de l’oxygène
inspiré à 100 % jusqu’à ce que la saturation artérielle en oxygène puisse être mesurée de
Pour qu’une ICPP puisse procurer une reperfusion fiable en temps opportun, une salle de
cathétérisme complètement équipée avec une équipe expérimentée doit être disponible
24 heures sur 24. Une voie fiable de communication et de soin doit être mise en place
58
dans chaque zone de sorte que les patients pour lesquels un STEMI a été diagnostiqué
puissent accéder à ce service, idéalement par transfert direct vers cette facilité. Une ICP
primaire peut alors être réalisée pour les patients pour lesquels le délai «premier contact
médical – ballon» ne dépasse pas 120 minutes (ESC Guidelines 2010). Pour les patients qui
se présentent endéans les 2 heures de la survenue de la douleur thoracique, le délai entre
le premier contact médical et la reperfusion ne doit pas dépasser 90 minutes. Des délais
plus longs sont associés à une mortalité plus élevée.
Quand une ICPP n’est pas disponible immédiatement, la nécessité de réaliser une
reperfusion aussi vite que possible reste une priorité élevée. Pour ces patients, un 4
traitement initial par thérapie fibrinolytique peut offrir les meilleures chances de parvenir
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Le temps du délai avant l’ICPP peut être significativement réduit en améliorant les
systèmes de soins:
• Un ECG pré-hospitalier doit être acquis aussi vite que possible et interprété pour
un diagnostic de STEMI. Cela peut réduire la mortalité à la fois chez les patients
avec ICPP et thérapie fibrinolytique prévues.
• L’identification du STEMI peut être réalisée par la transmission de l’ECG ou son
interprétation sur le site par des médecins ou des infirmiers ou paramédicaux
hautement qualifiés, avec ou sans l’aide d’interprétation ECG assistée par
ordinateur.
• Quand l’ICPP est la stratégie planifiée, l’activation pré-hospitalière de la salle de
cathétérisme pour l’ICPP va être bénéfique pour la mortalité.
Un anticoagulant injectable doit être utilisé en cas d’ICP primaire pour un STEMI.
• Héparine non fractionnée > 5000 IU
• Enoxaparine
59
Chapitre 4
Syndromes coronariens aigus
bénéfiques, particulièrement lorsque les temps de transport vers l’hôpital sont très longs.
Un traitement précoce peut aussi être réalisé en minimisant le temps entre l’entrée à
l’hôpital et le début du traitement fibrinolytique (door-to-needle time).
Tableau 4.1
Indications typiques pour thérapie de reperfusion immédiate pour IAM
Tableau 4.2
Contre-indications typiques de la thérapie fibrinolytique
• C
hirurgie majeure récente (3 dernières semaines), trauma crânien ou autre trauma majeur
• H
émorragie interne active (à l’exclusion des menstruations) ou saignement gastro-
intestinal lors du dernier mois
• Dissection aortique connue ou suspectée
• Coagulopathie connue
RELATIVES
60
Un traitement fibrinolytique comporte un risque de saignement, y compris une
hémorragie cérébrale, et ce traitement ne peut pas être administré à tous les patients
en sécurité. Le tableau 4.1 établit une liste des indications typiques pour la thérapie de
reperfusion et les contre-indications typiques des fibrinolytiques sont indiquées dans le
tableau 4.2. La plupart des ces contre-indications sont relatives; le clinicien expérimenté
décidera si le bénéfice d’une thérapie fibrinolytique l’emporte sur le risque pour le patient
ou si une angiographie en urgence avec une ICP primaire en vue serait plus appropriée.
La figure 4.7 décrit les options pour le traitement de reperfusion pour les STEMI sous la
forme d’un algorithme. 4
Personal copy of Houmed Houssein Houmed (ID: 818632)
Donner à tous les patients qui reçoivent un agent fibrinolytique pour STEMI:
• aspirine 300 mg, et
• clopidogrel en dose de charge de 600 mg, et
• traitement antithrombinique: héparine à faible taux moléculaire (bolus IV puis
sous-cutané) ou héparine non-fractionnée (dose complète) ou fondaparinux.
Le rôle de l’ICP «facilitée» dans laquelle le traitement fibrinolytique initial est suivi d’une
coronographie immédiate et d’une ICP reste un sujet de débat. Il n’y a pas jusqu’ici
d’évidence suffisante en faveur de cette stratégie, mais des essais sont en cours.
61
Chapitre 4
Syndromes coronariens aigus
• Clopidogrel
S’il est donné en addition à l’héparine et AAS chez des patients à risque élevé de SCA
non STEMI, le clopidogrel améliore les résultats. Si une approche conservative est choisie,
donner une dose de charge de 300 mg; avec une stratégie d’ICP planifiée, une dose
initiale de 600 mg peut être préférée. Il n’y a pas d’étude à grande échelle comparant
prétraitement avec le clopidrogel et application péri-interventionnelle – avec dose de
charge soit de 300 soit de 600 mg.
• Prasugrel
Le prasugrel (60 mg dose de charge) peut être donné aux patients avec risque élevé de SCA
non STEMI et ICP planifiée seulement après angiographie, à condition que les sténoses
coronariennes soient adaptées pour une ICP. Les contre-indications (histoire d’AIT/AVC) et
la balance bénéfice/risque chez les patients à risque élevé d’hémorragie (poids < 60 kg,
âge > 75 ans) doivent être considérées.
• Ticagrelor
Selon les dernières directives de l’ESC (European Society of Cardiology), le ticagrelor (180
mg dose de charge) doit être donné en plus de l’AAS à tous les patients avec un risque
modéré à élevé de SCA non STEMI, qu’une stratégie invasive soit planifiée ou non. Chez
les patients avec SCA non STEMI avec approche conservative prévue, donner ticagrelor
ou clopidogrel dès confirmation du diagnostic. Il n’y a pas assez d’évidence pour
recommander ou pas un prétraitement avec ces agents quand l’ICP est la stratégie initiale.
62
4.7. Traitement de l’angor instable et des NSTEMI
L’anti-coagulation parentérale, en addition aux médicaments anti-plaquettaires, est
recommandée au moment du diagnostic parce qu’elle réduit effectivement le taux
d’événements cardiovasculaires majeurs (MACE) chez les patients avec SCA non STEMI.
Figure 4.7
Accès à la thérapie de reperfusion pour STEMI
4
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STEMI
Service ambulance
ou hôpital non ICP
63
Chapitre 4
Syndromes coronariens aigus
Les patients avec un NSTEMI doivent être considérés comme un groupe à risque élevé,
requérant un bilan précoce par coronographie durant la même hospitalisation dans la
majorité des cas, idéalement endéans les 72 h.
De nombreux patients de ces deux groupes bénéficieront d’une revascularisation par ICP.
Quelques-uns auront besoin d’un pontage aorto-coronarien (PAC).
Les systèmes officiels de scores de risque tels que GRACE (Global Registry of Acute Coronary
Events) doivent être utilisés pour guider la prise en charge clinique. Ces patients les plus
à risque tirent le plus grand bénéfice de l’intervention précoce en termes de réduction
d’autres événements cardiaques majeurs.
5.3. STEMI
Si un traitement fibrinolytique a été utilisé, de nombreux patients auront toujours une
sténose sévère ou une plaque instable dans l’artère coronaire responsable. Une ICP peut
stabiliser cette situation et réduire le risque de ré-occlusion de l’artère entraînant un
autre infarctus du myocarde, un arrêt cardiaque ou une mort subite. Une angiographie
coronaire et, si indiqué, une ICP doivent être réalisées précocement au cours de la même
admission à l’hôpital.
Chez les patients avec un STEMI avéré qui n’ont pas été traités par reperfusion (par ex.
en raison d’une présentation tardive) il est généralement recommandé de réaliser la
coronographie durant la même hospitalisation. Bien que les avantages de la réouverture
d’une artère occluse de manière tardive après le STEMI soient incertains, une maladie
dans d’autres vaisseaux coronariens risque souvent de provoquer d’autres événements
coronaires majeurs dans les mois suivants. Définir la gravité et l’autonomie de cette
maladie peut aider à identifier les personnes les plus à risque, chez lesquelles une
intervention précoce peut réduire ce risque.
64
5.4. Arythmies ventriculaires compliquant les syndromes
coronariens aigus
Quand une arythmie ventriculaire complique un SCA, sa signification doit être interprétée
en fonction de son contexte, principalement des données cliniques précises et du moment
de survenue de l’arythmie. Lorsqu’un arrêt cardiaque par FV/TVssP survient endéans les
premières 24-48 h après un STEMI et que l’évolution ultérieure est sans complication, le
risque d’une arythmie ventriculaire ultérieure est relativement faible et est déterminé
par d’autres facteurs, particulièrement la sévérité de l’insuffisance cardiaque gauche. 4
Si un arrêt cardiaque par FV/TVssP survient dans un contexte de SCA sans élévation du
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Les patients qui développent une FV/TVssP comme complication tardive après un infarctus
du myocarde en dehors du contexte de SCA resteront à risque élevé de présenter un
nouvel arrêt cardiaque. Ils doivent être adressés de manière urgente à un rythmologue
afin d’envisager l’insertion d’un DCI avant la sortie de l’hôpital.
65
Chapitre 4
Syndromes coronariens aigus
Des études observationnelles indiquent aussi que les résultats optimaux après ACEH
sont obtenus avec une combinaison de prise en charge avec température ciblée et d’ICP,
lesquelles peuvent être combinées dans un protocole standardisé post arrêt cardiaque en
tant que partie d’une stratégie d’ensemble pour améliorer la survie neurologique intacte
dans ce groupe de patients.
66
causée par une mauvaise perfusion cérébrale et une oligurie causée par la diminution
de la perfusion rénale. La mortalité est très élevée, mais peut être réduite par une
revascularisation précoce par ICP.
Le syndrome coronarien aigu (SCA) est la cause la plus commune de choc cardiogénique,
principalement à travers une large zone d’ischémie myocardique ou une complication
mécanique d’un infarctus myocardique. Bien que peu commune, la mortalité à court
terme du choc cardiogénique monte jusqu’à 40 %, contrastant avec la bonne qualité
de vie des patients qui quittent l’hôpital vivants. Une stratégie invasive précoce (c’est-à-
dire ICPP, ICP précoce après fibrinolyse) est indiquée pour ces patients pour lesquels une 4
revascularisation est adaptée. Même s’il est communément utilisé en pratique clinique, il
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Suspecter un infarctus du ventricule droit chez des patients avec infarctus inférieur,
choc clinique et poumons clairs. Une élévation du segment ST ≥ 1 mm dans la dérivation
V4R est un indicateur utile d’infarctus ventriculaire droit. Ces patients ont une mortalité
intra-hospitalière jusqu’à 30 % et beaucoup tirent un important bénéfice d’une thérapie
de reperfusion. Eviter les nitrates et autres vasodilatateurs et traiter l’hypotension par
remplissage IV.
Quand une fibrillation auriculaire survient dans le contexte d’un SCA, c’est en général une
indication d’un certain degré d’insuffisance ventriculaire: le traitement doit y répondre et
aussi se concentrer sur le contrôle de la fréquence et du rythme.
Quand un bloc AV survient dans le contexte d’un infarctus myocardique, il est souvent lié
à une activité vagale excessive. Les complexes QRS sont souvent fins et la fréquence peut
ne pas être trop lente. Traiter les bradycardies symptomatiques dans ce contexte avec
de l’atropine et si nécessaire de la théophylline et considérer un pacemaker temporaire
uniquement si la bradycardie et l’hypotension persistent après le traitement à l’atropine.
Un bloc AV complet dans cette situation est généralement transitoire et un pacemaker
permanent n’est pas souvent nécessaire.
Quand un bloc AV survient dans le contexte d’un infarctus myocardique inférieur, cela
implique en général une lésion myocardique étendue et un mauvais pronostic. Les
complexes QRS sont généralement larges et la fréquence cardiaque est souvent lente et
résistante à l’atropine. Un pacing cardiaque temporaire est habituellement nécessaire et
il ne doit pas être retardé. Beaucoup de ceux qui survivent à cette situation vont requérir
un pacemaker définitif.
67
Chapitre 4
Syndromes coronariens aigus
5.8.1. Bêtabloquants
Il n’y a pas d’évidence pour supporter des bêtabloquants IV en routine dans un contexte
pré-hospitalier ou au service des Urgences. Un usage précoce de bêtabloquants est
contre-indiqué chez les patients avec des signes cliniques d’hypotension ou insuffisance
cardiaque congestive. Ils peuvent être indiqués dans des situations spéciales comme
une hypertension sévère ou des tachyarythmies en l’absence de contre-indications. Il est
raisonnable de commencer les bêtabloquants par voie orale à faibles doses uniquement
après stabilisation du patient.
68
d’éjection du ventricule gauche < 40 %. Ne pas donner d’inhibiteurs d’ECA si la pression
artérielle systolique est inférieure à 100 mmHg à l’admission ou en présence de contre-
indications connues avec ces médicaments. En conséquence, donner un inhibiteur oral
d’ECA endéans 24 heures après l’apparition des symptômes chez les patients avec IAM
sans tenir compte du fait qu’un traitement de reperfusion soit ou non programmé,
particulièrement chez les patients avec infarctus antérieur, congestion pulmonaire ou
fraction d’éjection du ventricule gauche sous 40 %. Ne pas administrer d’inhibiteurs
d’ECA IV endéans 24 heures de l’apparition des symptômes. Donner un antagoniste des
récepteurs de l’angiotensine (ARA) aux patients intolérants aux inhibiteurs d’ECA.
4
5.8.4. Thérapie hypolipémiante
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Des directives ESC publiées récemment insistent sur l’importance des bêtabloquants en
tant que traitement de première ligne dans la prise en charge des arythmies ventriculaires
(AV) et la prévention de morts d’origine cardiaque soudaine:
Une cardioversion électrique ou une défibrillation sont les interventions de
prédilection pour terminer les AV chez les patients avec SCA. Une administration
précoce (éventuellement IV) de bêtabloquants peut aider à prévenir la récurrence
d’arythmies. Un traitement par anti-arythmiques avec l’amiodarone ne doit être
considéré que si les épisodes de TV ou de FV sont fréquents et ne peuvent plus être
contrôlés par cardioversion électrique ou défibrillation successives. La lidocaïne
IV peut être considérée pour TV ou FV soutenue récurrente ne répondant pas
aux bêtabloquants ou à l’amiodarone ou en présence de contre-indications à
l’amiodarone. Une TV polymorphe récurrente qui dégénère en FV peut répondre
aux bêtabloquants. En addition, une sédation profonde peut s’avérer utile pour
réduire les épisodes de TV ou de FV. L’utilisation d’autres médicaments anti-
arythmiques dans un contexte de SCA (par ex. procaïnamide, propafénone,
ajmaline, flécaïnide) n’est pas recommandée.
Chez les patients avec une dysfonction du VG avec ou sans insuffisance cardiaque avec
TV soutenue, la thérapie médicamenteuse pour la TV doit viser un blocage sympathique
maximal.
69
Chapitre 4
Syndromes coronariens aigus
POINTS ESSENTIELS
• D
onner aspirine, nitroglycérine et morphine aux patients qui se présentent
avec des syndromes coronariens aigus.
• U
ne évaluation rapide initiale en utilisant l’anamnèse, l’examen clinique et
• C
onsidérer un traitement de reperfusion immédiate chez les patients avec un
infarctus myocardique aigu accompagné d’une élévation du segment ST ou
d’un nouveau BBG.
• U
ne évaluation efficace et un traitement immédiat des patients avec SCA
vont réduire le risque d’arrêt cardiaque et de mort.
LITTÉRATURE COMPLÉMENTAIRE
• Nikolaou N. et al, European Resuscitation Council Guidelines for Resuscitation 2015 Section 8.
Initial management of acute coronary syndromes 10.1016/j.resuscitation.2015.07.030; p263 - p276
• Nikolaou N, Welsford M, Beygui F, et al. Part 5: Acute coronary syndromes: 2015 International
Consensus on Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care Science With
Treatment Recommendations. 10.1016/j.resuscitation.2015.07.043; e123 - e148
• Bassand JP, Hamm CW, Ardissino D, et al. Guidelines for the diagnosis and treatment of non-ST-
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National Infarct Angioplasty Project (NIAP). www.dh.gov.uk
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• Stub D, Smith K, Bernard S, et al. Air Versus Oxygen in ST-Segment Elevation Myocardial Infarction.
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American College of Cardiology/American Heart Association Task Force on Practice Guidelines.
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70
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• American College of Emergency P, Society for Cardiovascular A, Interventions, et al. 2013 ACCF/
AHA guideline for the management of ST-elevation myocardial infarction: a report of the American
College of Cardiology Foundation/American Heart Association Task Force on Practice Guidelines.
J Am Coll Cardiol 2013;61:e78-140.
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• Priori S et al. 2015 ESC Guidelines for the management of patients with ventricular arrhythmias and 4
the prevention of sudden cardiac death. European Heart Journal doi:10.1093
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71
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72
Syndromes coronariens aigus
Chapitre 4
Chapitre 5.
Réanimation intra-hospitalière
OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
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Comprendre:
• comment démarrer une réanimation intra-hospitalière
• comment continuer la réanimation jusqu’à l’arrivée d’une aide plus expérimentée
• l’importance d’une RCP de haute qualité avec le moins d’interruptions possible
1. Introduction
Après un arrêt cardiaque intra-hospitalier, la séparation entre réanimation cardio-
pulmonaire de base (BLS) et réanimation avancée (ALS) est arbitraire; en pratique le
processus de réanimation est un continuum. Le public attend des membres du personnel
hospitalier qu’ils soient capables d’effectuer une réanimation cardio-pulmonaire (RCP).
Pour tout arrêt cardiaque intra-hospitalier, s’assurer que:
• l’arrêt cardiorespiratoire est reconnu immédiatement
• l’aide est appelée en utilisant un numéro de téléphone standard
• la RCP est commencée immédiatement et, si indiquée, une défibrillation est tentée
aussi vite que possible (endéans les 3 minutes au plus)
Ce chapitre s’adresse principalement aux professionnels de la santé qui sont les premiers
à répondre à un arrêt cardiaque intra-hospitalier, mais il peut aussi concerner d’autres
professionnels de la santé travaillant dans d’autres contextes cliniques.
73
Chapitre 5
Réanimation intra-hospitalière
• l’équipement disponible
• le système de réponse de l’hôpital pour les arrêts cardiaques et urgences médicales,
par ex. équipe d’urgences internes (EUI), équipe de réanimation
2.1. Localisation
Pour les patients sous monitorage continu, un arrêt cardio-respiratoire est généralement
rapidement identifié. Les patients se trouvant dans les nombreuses zones sans facilité
de monitorage peuvent avoir présenté une période de détérioration et avoir un arrêt
cardiaque sans témoin. Tous les patients à risque élevé d’arrêt cardiaque doivent être pris
Une revue par le Conseil de Réanimation (UK) des incidents sérieux de sécurité des patients
associés à la RCP et à la détérioration du patient déclarés à l’Agence Nationale de la Sécurité
des Patients (National Patient Safety Agency) a montré que les problèmes d’équipement
74
pendant la réanimation (par ex. matériel manquant ou défectueux) sont fréquents. Tout le
matériel de réanimation doit être vérifié sur base régulière afin de s’assurer qu’il est prêt à
l’emploi. Envisager des DEA pour les zones cliniques et non-cliniques où le personnel n’a
pas les compétences de reconnaissance du rythme ou n’a pas souvent besoin d’utiliser un
défibrillateur.
Après une réanimation réussie, les patients peuvent avoir besoin d’un transfert vers d’autres
zones cliniques (par ex. unité de soins intensifs) ou d’autres hôpitaux. L’équipement ou les
médicaments pour permettre ce transfert doivent être disponibles. Cela doit inclure la
capnographie pour les patients qui ont eu une intubation trachéale et qui sont ventilés
(voir chapitre 7).
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5
Figure 5.1
Algorithme de la réanimation intra-hospitalière
Patient en collapsus/malade
RCP 30:2
Avec oxygène et
dispositifs gestion
voies aériennes
Appeler équipe
réanimation si approprié
Appliquer électrodes/
monitorage
Tentative
défibrillation si approprié
75
Chapitre 5
Réanimation intra-hospitalière
76
• Etre prudent avec les patients exposés à des substances toxiques. Eviter la
ventilation par bouche à bouche et l’air inspiré dans les intoxications au cyanure
d’hydrogène ou à l’hydrogène sulfuré.
• Eviter les contacts avec les produits chimiques corrosifs (par ex. acides forts, alcalin
ou paraquat) ou des substances telles les organophosphorés qui sont facilement
absorbées à travers la peau ou le tractus respiratoire.
• Il n’y a pas de cas rapporté d’infection acquise durant une formation à la RCP. Prendre
néanmoins les précautions raisonnables pour minimiser le risque d’infection
croisée transmise via les mannequins. Nettoyer les mannequins régulièrement
et désinfecter complètement après chaque usage. Certains mannequins ont des
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Figure 5.2
Secouer et appeler à l’aide
77
Chapitre 5
Réanimation intra-hospitalière
Figure 5.3
Head tilt et chin lift
Figure 5.4
Rechercher respiration ou tout autre mouvement
78
3.3 B. S’il ne répond pas
• La séquence exacte va dépendre de votre formation et de votre expérience
dans l’évaluation de la respiration et de la circulation chez des patients malades.
Une respiration agonique (gasps occasionnels, respiration lente, laborieuse ou
bruyante) est fréquente dans les premières étapes d’un arrêt cardiaque et forme
un signe d’arrêt cardiaque qui ne doit pas être confondu avec un signe de vie.
• Appeler à l’aide (si ce n’est déjà fait).
• Tourner le patient sur le dos.
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• Ouvrir les voies aériennes en utlisant les manœuvres head tilt et chin lift (figure 5.3).
5
• S’il y a un risque de lésion cervicale, ouvrir les voies aériennes en utilisant le jaw-
thrust ou chin lift combinés à une stabilisation manuelle en ligne (SMEL) de la tête
et du cou par un assistant (si suffisamment de personnel est disponible). Si une
obstruction des voies aériennes avec risque vital persiste malgré l’application
efficace du jaw-thrust ou chin lift, ajouter un head tilt de manière très progressive,
jusqu’à ouverture des voies aériennes. L’ouverture des voies aériennes,
l’oxygénation et la ventilation sont prioritaires par rapport à des inquiétudes à
propos d’une éventuelle lésion cervicale.
En maintenant les voies aériennes ouvertes, regarder, écouter, sentir (figure 5.4) pour
déterminer si la victime respire normalement. C’est une vérification rapide qui ne doit pas
prendre plus de 10 secondes (des gasps occasionnels ou une respiration lente, laborieuse
ou bruyante ne sont pas normaux):
-- Observer les mouvements thoraciques
-- Ecouter près de la bouche de la victime pour des bruits respiratoires
-- Sentir le contact de l’air sur votre joue
79
Chapitre 5
Réanimation intra-hospitalière
• Si le patient n’a pas de signe de vie, pas de pouls ou en cas de doute, commencer
la RCP immédiatement.
• Evaluer le patient pour confirmer l’arrêt cardiaque même s’il est monitoré dans une
zone de soins critiques.
Figure 5.5
Vérification simultanée de la respiration et du pouls carotidien
3.4 B. Si le patient ne montre pas de signes de vie et s’il n’y a pas de
pouls palpable
• Une personne commence la RCP alors que d’autres s’occupent d’appeler les secours
et de rassembler l'équipement de réanimation et le défibrillateur. Si seulement un
membre du personnel est présent, il devra alors laisser le patient seul.
• Donner 30 compressions suivies de 2 ventilations.
• Compresser à une profondeur d’environ 5 cm, mais pas plus que 6 cm.
• Les compressions thoraciques doivent être réalisées à une fréquence de 100 à
120/min.
80
• Permettre au thorax un relâchement complet après chaque compression; ne pas
s’appuyer sur le thorax.
• Minimiser les interruptions et garantir des compressions de haute qualité.
• Effectuer des compressions thoraciques pendant une période prolongée est
fatiguant; avec une interruption minimale, essayer de changer la personne en
charge des compressions toutes les 2 minutes.
• Maintenir l’ouverture des voies aériennes et ventiler les poumons avec l’équipement
le plus approprié immédiatement disponible. Une ventilation au masque de
poche ou à deux secouristes avec masque et ballon, à laquelle peut s’ajouter une
Personal copy of Houmed Houssein Houmed (ID: 818632)
81
Chapitre 5
Réanimation intra-hospitalière
82
Figure 5.6
Appeler l’équipe de réanimation
Personal copy of Houmed Houssein Houmed (ID: 818632)
Figure 5.7
Position des mains pour les compressions thoraciques
83
Chapitre 5
Réanimation intra-hospitalière
Figure 5.8
Mains placées au milieu de la partie inférieure du sternum
84
3.4 C. S’il ne respire pas et a un pouls (arrêt respiratoire)
• Ventiler les poumons du patient (comme décrit plus haut) et vérifier le pouls toutes
les 10 respirations (environ chaque minute).
• Le diagnostic peut être fait seulement si vous pensez être capable d’évaluer
la respiration et le pouls ou si le patient présente d’autres signes de vie (par ex.
extrémités chaudes et bien perfusées, recoloration capillaire normale).
• S’il y a le moindre doute quant à la présence d’un pouls, commencer les
compressions jusqu’à l’arrivée d’une aide plus expérimentée.
Personal copy of Houmed Houssein Houmed (ID: 818632)
• Tous les patients en arrêt respiratoire vont développer un arrêt cardiaque si l’arrêt
respiratoire n’est pas traité rapidement et efficacement. 5
POINTS ESSENTIELS
• A
dministrer des compressions thoraciques de haute qualité, à une profondeur
d’environ 5 cm, mais pas plus de 6 cm et une fréquence de 100 à 120/min et
permettre un relâchement complet entre les compressions.
• M
inimiser les temps d’interruption des compressions thoraciques pour
d’autres interventions – ce qui signifie que toutes les interruptions doivent
être planifiées avant d’arrêter les compressions.
85
Chapitre 5
Réanimation intra-hospitalière
LITTÉRATURE COMPLÉMENTAIRE
• Soar J, et al. European Resuscitation Council Guidelines for Resuscitation 2015. Section 3.
Adult Advanced Life Support. 10.1016/j.resuscitation.2015.07.016; p99 - p146
• Soar J, Callaway CW, Aibiki M, et al. Part 4: Advanced life support: 2015 International Consensus on
Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care Science With Treatment
Recommendations. 10.1016/j.resuscitation.2015.07.042; e71 - e122
• Sandroni C, D’Arrigo S, Antonelli M. Rapid response systems: are they really effective? Crit Care
2015;19:104
• Nolan JP, Soar J, Smith GB, et al. Incidence and outcome of in-hospital cardiac arrest in the United
Kingdom National Cardiac Arrest Audit. Resuscitation 2014;85:987-92.
• Nolan JP, Soar J, Smith GB, et al. Incidence and outcome of in-hospital cardiac arrest in the United
86
Chapitre 6.
Algorithme Réanimation
Cardio-Pulmonaire Avancée
(Advanced Life Support)
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OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
Comprendre:
• la fonction de l’algorithme de la réanimation avancée (ALS)
• l’importance des compressions thoraciques de haute qualité avec
des interruptions minimales
• le traitement des rythmes choquables et non-choquables
• quand et comment administrer les médicaments pendant un arrêt cardiaque
• les causes potentiellement réversibles de l’arrêt cardiaque
1. Introduction
Les rythmes cardiaques associés à l’arrêt cardiaque sont divisés en deux groupes: les
rythmes choquables (fibrillation ventriculaire/tachycardie ventriculaire sans pouls (FV/
TVssP)) et les rythmes non-choquables (asystolie et activité électrique sans pouls (AEssP)).
La principale différence dans la prise en charge de ces deux groupes d’arythmies est
le besoin d’une tentative de défibrillation chez les patients avec FV/TVssP. Les actions
subséquentes, y compris les compressions thoraciques, la prise en charge des voies
aériennes et la ventilation, l’accès veineux, l’injection d’adrénaline et l’identification et la
correction de facteurs réversibles, sont communes aux deux groupes.
L’algorithme ALS (figure 6.1) est une approche standardisée de la prise en charge des arrêts
cardiaques. Il présente l’avantage de permettre au traitement d’être administré rapidement,
sans discussion prolongée. Il permet à chaque membre de l’équipe de réanimation de
prévoir la suite et de préparer l’étape suivante du traitement du patient, ce qui augmente
l’efficacité de l’équipe dans son ensemble. Bien que l’algorithme ALS soit applicable pour
la majorité des arrêts cardiaques, des interventions additionnelles peuvent être indiquées
pour des arrêts cardiaques causés par des circonstances spéciales (voir chapitre 12).
87
Chapitre 6
Algorithme Réanimation Cardio-Pulmonaire Avancée (Advanced Life Support)
Les interventions qui améliorent incontestablement la survie après un arrêt cardiaque sont
la RCP immédiate et efficace par témoin, les compressions thoraciques ininterrompues
de haute qualité et la défibrillation précoce pour une FV/TVssP. Il a été démontré que
l’utilisation d’adrénaline permettait d’augmenter le nombre de retours à une circulation
spontanée (RACS), mais pour aucun médicament de réanimation, ni pour aucune
intervention de gestion avancée des voies aériennes, une amélioration du taux de survie
à la sortie de l’hôpital après un arrêt cardiaque n’a été prouvée. Dans ces conditions, bien
que les médicaments et les techniques de gestion avancée des voies aériennes restent
inclus parmi les interventions de l’ALS, ils sont d’une importance secondaire par rapport
aux compressions thoraciques de haute qualité et à la défibrillation précoce.
88
10. Continuer RCP pour 2 min; le team leader prépare l’équipe pour la pause suivante
de la RCP.
11. Faire une brève pause pour vérifier le moniteur.
12. Si FV/TVssP, répéter étapes 6-11 et administrer un second choc.
13. Si FV/TVssP persiste, répéter les étapes 6 à 8 et administrer un troisième choc. Sans
revérifier le rythme ou sentir un pouls, reprendre la RCP (30/2) immédiatement
après le choc, en commençant par les compressions thoraciques.
14. Si un accès IV/IO a été obtenu, pendant les 2 minutes suivantes de RCP, donner 1 mg
d’adrénaline et 300 mg d’amiodarone.
Personal copy of Houmed Houssein Houmed (ID: 818632)
Figure 6.1
Délivrance du choc
89
Chapitre 6
Algorithme Réanimation Cardio-Pulmonaire Avancée (Advanced Life Support)
L’intervalle entre l’arrêt des compressions et la délivrance du choc doit être minimisé et
idéalement ne pas dépasser 5 secondes. De plus longues interruptions des compressions
thoraciques réduisent les chances qu’un choc restaure une circulation spontanée.
Les compressions thoraciques sont reprises immédiatement après le choc sans vérifier
le rythme ou le pouls car, même si la tentative de défibrillation a réussi à restaurer un
rythme efficace, il est très rare que le pouls soit palpable immédiatement après la
défibrillation. Tout retard occasionné par des tentatives de trouver un pouls va de plus
compromettre davantage le myocarde si un rythme de perfusion n’a pas été restauré. Si
un rythme de perfusion a été restauré, administrer des compressions thoraciques ne va
pas augmenter le risque de récidive de FV. En présence d’une asystolie qui fait suite au
choc, les compressions thoraciques peuvent utilement induire une FV.
Si le RACS n’a pas été obtenu avec ce troisième choc, l’adrénaline peut améliorer le flux sanguin
myocardique et augmenter les chances d’une défibrillation réussie avec le choc suivant.
Malgré l’utilisation répandue de l’adrénaline pendant la réanimation, il n’existe aucune étude
contrôlée versus placebo qui montre que l’utilisation en routine d’un vasopresseur à quelque
étape que ce soit pendant un arrêt cardiaque chez l’homme augmente le taux de survie sans
séquelle neurologique à la sortie de l’hôpital. Les données actuelles sont insuffisantes pour
appuyer ou réfuter l’utilisation systématique d’un médicament particulier ou d’une séquence
de médicaments. Malgré l’absence de données chez l’homme, l’utilisation d’adrénaline est
encore recommandée principalement sur base de résultats d’études animales et sur une
augmentation de la survie à court terme chez l’homme.
Le timing de l’administration d’adrénaline peut être cause de confusion parmi les providers
ALS et il faut insister sur cet aspect pendant la formation. La formation doit aussi souligner
que l’administration de médicaments ne doit pas conduire à des interruptions dans la RCP
et retarder des interventions comme la défibrillation. La première dose d’adrénaline est
donnée durant la période de 2 minutes suivant la délivrance du troisième choc; 300 mg
d’amiodarone peuvent aussi être donnés après le troisième choc. Ne pas arrêter la RCP pour
vérifier le rythme avant de donner les médicaments sauf en présence de signes clairs de
RACS.
90
Figure 6.2
Algorithme réanimation avancée adulte
RCP 30/2
Attacher défibrillateur/moniteur
Minimiser les temps d’interruption
Personal copy of Houmed Houssein Houmed (ID: 818632)
Evaluer le rythme
6
Choquable Non-choquable
(FV/TV sans pouls) (AEssP/Asystolie)
1 Choc Retour de
Minimiser les temps la circulation
d’interruption spontanée
TRAITEMENT IMMÉDIAT
Reprendre immédiate- Reprendre immédiate-
POST ARRÊT CARDIAQUE
ment 2 min de RCP ment 2 min de RCP
n Utiliser l’approche ABCDE
Minimiser les temps Minimiser les temps
n Viser SaO de 94-98%
d’interruption 2 d’interruption
n Viser une PaCO normale
2
n ECG 12 dérivations
n T
raiter les causes
sous-jacentes
n G
estion ciblée de la
température
91
Chapitre 6
Algorithme Réanimation Cardio-Pulmonaire Avancée (Advanced Life Support)
Figure 6.3
Délivrance du choc
Quand le rythme est vérifié 2 minutes après l’administration d’un choc, si un rythme non
choquable est présent et s’il est organisé (complexes apparaissent réguliers ou fins), essayer
de palper un pouls central et rechercher d’autres preuves de RACS (par ex. augmentation
soudaine de l'ETCO2 ou évidence de débit cardiaque sur tout équipement de monitorage
invasif). Les vérifications du rythme doivent être brèves et la recherche du pouls est réalisée
uniquement si un rythme organisé est observé. Si un rythme organisé est observé durant
un cycle de 2 minutes de RCP, ne pas interrompre les compressions thoraciques pour
palper un pouls à moins que le patient ne montre des signes de vie suggérant le RACS. S’il
y a le moindre doute quant à la présence d’un pouls en présence d’un rythme organisé,
reprendre la RCP. Si le patient a un RACS, commencer les soins de post-réanimation. Si le
rythme du patient change en asystolie ou AEssP, voir les rythmes non-choquables plus bas.
Il est important pour une FV/TVssP réfractaire aux chocs de vérifier la position et le contact
des électrodes de défibrillation. La durée de toute tentative de réanimation individuelle est
fonction du jugement clinique et doit prendre en compte les chances perçues de succès. S’il
avait été considéré approprié de commencer une réanimation, on estime habituellement
utile de la continuer aussi longtemps que le patient reste dans une FV/TVssP identifiable.
En présence d’un doute quant à savoir si le rythme est une asystolie ou une fibrillation
ventriculaire à fines mailles, ne pas tenter de défibrillation; au lieu de cela continuer les
compressions thoraciques et la ventilation. Une FV à fines mailles qui serait difficile à distinguer
92
d’une asystolie a peu de chance d’être convertie avec succès par un choc en rythme de
perfusion. Poursuivre une RCP de bonne qualité peut améliorer l’amplitude et la fréquence
de la FV et améliorer les chances de succès d’une défibrillation ultérieure avec obtention de
rythme de perfusion. Administrer des chocs répétés pour tenter de défibriller ce qu’on pense
être une fibrillation ventriculaire à fines mailles peut augmenter des lésions myocardiques à
la fois directement par le courant électrique et indirectement par les interruptions du flux
sanguin coronaire. Si le rythme est clairement une FV, faire une tentative de défibrillation.
d’un rythme choquable. Son usage de routine n’est par conséquent pas recommandé. Il peut
être un traitement approprié uniquement quand il est utilisé sans délai pendant l’attente
d’un défibrillateur en cas d’arrêt par FV/TVssP monitoré. En utilisant le bord cubital du poing
bien fermé, administrer un coup brutal sur la moitié inférieure du sternum d’une hauteur 6
d’environ 20 cm et retirer alors le poing immédiatement pour créer un stimulus semblable
à une impulsion électrique. De très rares cas de coup de poing précordial convertissant un
rythme avec perfusion efficace en rythme sans perfusion ont été rapportés.
Cette stratégie à trois chocs peut aussi être considérée pour un arrêt cardiaque initialement
en FV/TVssP devant témoin si le patient est déjà connecté à un défibrillateur manuel – ces
circonstances sont rares. Il n’existe pas de données en faveur d’une stratégie à 3 chocs dans
aucune de ces circonstances, mais il est peu probable que les compressions thoraciques
vont améliorer les chances déjà très élevées de RACS quand la défibrillation se produit tôt
dans la phase électrique, immédiatement après la survenue de la FV.
93
Chapitre 6
Algorithme Réanimation Cardio-Pulmonaire Avancée (Advanced Life Support)
détectable ou une pression sanguine. Une AEssP peut être provoquée par des causes
réversibles qui peuvent être traitées (voir plus bas). La survie après un arrêt cardiaque
par asystolie ou AEssP est peu probable sauf si une cause réversible peut être trouvée et
rapidement et efficacement traitée.
Une asystolie est l’absence d’activité électrique sur le tracé ECG. Pendant la RCP, s’assurer
que les électrodes de l’ECG sont attachées au thorax et que le mode de monitoring
correct est sélectionné. S’assurer, si l’appareil le permet, que l’amplification du tracé est
maximale. Chaque fois qu’un diagnostic d’asystolie est fait, vérifier avec attention l’ECG à
la recherche d’ondes P parce que dans cette situation un arrêt ventriculaire peut être traité
efficacement par un pacing cardiaque. Les tentatives de pacing d’une vraie asystolie ont
94
Pour chaque diagnostic d’asystolie, rechercher soigneusement sur l’ECG la présence
d’ondes P, car il s’agit d’une bonne indication d’efficacité du pacing cardiaque. Il n’y a
aucun bénéfice à essayer le pacing pour une vraie asystolie.
3. Pendant la RCP
Durant le traitement d’une FV/TVssP ou d’une AEssP/asystolie persistante, l’insistance
est placée sur des compressions thoraciques de haute qualité entre les tentatives de
défibrillation, sur la reconnaissance et le traitement des causes réversibles (4 H et 4 T),
sur la sécurisation des voies aériennes et l’obtention d’un accès vasculaire.
Personal copy of Houmed Houssein Houmed (ID: 818632)
Pendant la RCP avec un rapport de 30/2, le rythme sous-jacent peut être observé
clairement sur le moniteur au moment de la pause des compressions pour permettre la
ventilation. Si une FV est observée pendant cette brève pause (que ce soit sur la partie
6
choquable ou non-choquable de l’algorithme), ne pas essayer de défibriller à ce stade;
au lieu de cela, continuer avec la RCP jusqu’à achever la période de 2 minutes. En sachant
que le rythme est une FV, l’équipe doit être pleinement préparée à délivrer un choc avec
un délai minimal à la fin de cette période de 2 minutes de RCP.
Dès que les voies aériennes sont sécurisées, continuer les compressions thoraciques sans
interruption pendant la ventilation. Pour réduire la fatigue, changer la personne en charge
des compressions toutes les 2 minutes ou plus tôt si nécessaire. Utiliser des dispositifs
de feedback rapides, indicateurs de la qualité de la RCP, quand ils sont disponibles. Être
conscient du fait que certains appareils pourraient ne pas compenser la compression du
matelas pendant une RCP sur un lit quand ils fournissent le feedback.
95
Chapitre 6
Algorithme Réanimation Cardio-Pulmonaire Avancée (Advanced Life Support)
pause ne doit pas dépasser 5 secondes. Alternativement, pour éviter toute interruption
des compressions thoraciques, la tentative d’intubation doit être différée jusqu’au RACS.
Aucune étude n’a montré que l’intubation trachéale augmentait la survie après un arrêt
cardiaque. Après l’intubation, confirmer le placement correct de la sonde, idéalement
avec la capnographie, et la sécuriser de manière adéquate. Ventiler les poumons à une
fréquence de 10 respirations/min; ne pas hyperventiler le patient. Une fois la trachée
du patient intubée, continuer les compressions thoraciques à une fréquence de 100-
120/min sans faire de pause pendant la ventilation. Une pause dans les compressions
thoraciques provoque une chute substantielle de la perfusion coronaire. En reprenant
les compressions, il se passe un certain temps avant la restauration de la pression de
96
4.
Utilisation de l’accès intra-osseux (IO) pendant l’ar-
rêt cardiaque
4.1. Introduction
La perfusion intra-osseuse (IO) en tant que moyen d’accès vasculaire est reconnue depuis
près d’un siècle et a connu une résurgence dans les dix dernières années particulièrement
pour un usage dans la réanimation d’adultes (figure 1). Cela est dû en partie à la
publication d’un nombre d’études qui suggèrent qu’il s’agit d’une alternative viable à
l’accès intraveineux (IV), mais aussi au développement d’instruments plus puissants pour
Personal copy of Houmed Houssein Houmed (ID: 818632)
insérer une aiguille, une technique récemment supportée par les conclusions d’une revue
systématique. L’accès intra-osseux est aussi plus rapide que l’accès veineux central chez
les patients pour lesquels l’accès veineux périphérique est impossible. De plus, l’utilisation
de cathéters veineux centraux (CVC) pendant la réanimation requiert beaucoup de 6
compétence et peut mener à des interruptions prolongées des compressions thoraciques.
Les recommandations établissent l’accès IO si l’accès IV est impossible ou associé à un
délai dans les 2 premières minutes de réanimation.
Le patient doit être évalué pour la présence de contre-indications à l’utilisation d’accès IO.
Elles sont les suivantes:
• fracture ou prothèse dans l’os ciblé
• IO récent (dernières 24-48 heures) dans le même membre y compris tentative
échouée précédente
• signes d’infection au site d’insertion
• incapacité de localiser des repères
4.1.2. Insertion
Une formation avec les dispositifs spécifiques qui seront utilisés en pratique clinique est
essentielle. Site d’insertion, d’identification des repères et techniques d’insertion vont
différer en fonction du dispositif utilisé. Des erreurs dans l’identification de repères ou
dans la technique d’insertion augmentent le risque d’échec et de complications.
1. Une fois inséré, le placement correct doit être confirmé avant délivrance de
médicaments ou de liquides de perfusion. L’aiguille doit être «aspirée»; la présence
de sang IO indique un placement correct, une absence d’aspiration n’implique
97
Chapitre 6
Algorithme Réanimation Cardio-Pulmonaire Avancée (Advanced Life Support)
Figures 6.4
Exemple de dispositifs intra-osseux
98
5. Causes réversibles
Les causes potentielles ou les facteurs d’aggravation pour lesquels un traitement
spécifique existe doivent être considérés durant tout arrêt cardiaque. Pour faciliter la
mémorisation, les causes réversibles sont divisées en deux groupes de quatre en fonction
de leur lettre initiale, le H ou le T. Plus de détails sur plusieurs de ces circonstances sont
donnés au chapitre 12.
• Hypoxie
• Hypovolémie
Personal copy of Houmed Houssein Houmed (ID: 818632)
Figure 6.5
Les quatre H et les quatre T
Hypoxia
Hypoxie Hypothermia
Hypothermie
Hyperkalaemia
Hyperkaliémie Hypovolaemia
Hypovolémie
Tamponade
Tamponnade
T
Pneumothorax
Tension Thrombosis
Thrombose
sousPneumothorax
Tension
Toxiques
Toxins
99
Chapitre 6
Algorithme Réanimation Cardio-Pulmonaire Avancée (Advanced Life Support)
• Les quatre H
Minimiser le risque d’hypoxie en garantissant une ventilation adéquate des poumons
du patient avec apport d’oxygène à 100 %. S’assurer de la présence d’un soulèvement
adéquat du thorax et de bruits respiratoires bilatéraux. En utilisant les techniques décrites
au chapitre 7, s’assurer que le tube trachéal n’est pas déplacé vers l’une des bronches ou
l’œsophage.
Une activité électrique sans pouls causée par une hypovolémie est provoquée le plus
souvent par une hémorragie sévère. Les signes de l’hémorragie peuvent être évidents,
par ex. trauma (chapitre 12), ou cachés, par ex. hémorragie gastro-intestinale ou rupture
d’un anévrisme de l’aorte. La volémie intra-vasculaire doit être restaurée rapidement par
Suspecter une hypothermie pour tout incident de noyade (chapitre 12); utiliser un
thermomètre à basse température.
• Les quatre T
Un pneumothorax sous tension peut être la cause primaire d’une AEssP et faire
suite à des tentatives d’insertion d’un cathéter veineux central. Le diagnostic est fait
cliniquement. Décompresser rapidement par thoracostomie ou thoracocentèse à
l’aiguille et ensuite insérer un drain thoracique.
Une tamponnade cardiaque est de diagnostic difficile car les signes de distension des
veines du cou et l’hypotension ne peuvent pas être évalués durant un arrêt cardiaque.
Un arrêt cardiaque après un trauma thoracique pénétrant ou une chirurgie cardiaque doit
fortement évoquer une tamponnade. Il convient dans ces situations d’envisager la nécessité
d’une péricardiocentèse à l’aiguille ou d’une thoracotomie de sauvetage. (chapitre 12).
100
La cause la plus fréquente d’obstruction respiratoire thrombo-embolique ou mécanique
est une embolie pulmonaire massive. Si on suppose que l’arrêt cardiaque est causé par
une embolie pulmonaire, envisager l’administration immédiate d’un thrombolytique.
A la suite d’une fibrinolyse en cours de RCP pour une embolie pulmonaire aiguë,
des survies et de bonnes évolutions neurologiques ont été rapportées dans des cas
nécessitant plus de 60 minutes de RCP. Si un médicament fibrinolytique est donné dans
ces circonstances, envisager de poursuivre la RCP pour au moins 60 à 90 minutes avant
de mettre un terme aux essais de réanimation.
cardiaque avancée
Bien qu’aucune étude n’ait montré que l’utilisation de cette modalité d’imagerie améliore
le résultat, il ne fait aucun doute que l’échocardiographie a le potentiel pour détecter 6
les causes réversibles de l’arrêt cardiaque. Des protocoles spécifiques pour évaluation
échographique pendant la RCP peuvent aider à identifier des causes potentiellement
réversibles (par ex. tamponnade cardiaque, embolie pulmonaire, hypovolémie,
pneumothorax) et une pseudo AEssP (contractions myocardiques organisées sans pouls
palpable). Si elle est à disposition de cliniciens formés, l’échographie peut être utile
pour faciliter le diagnostic et le traitement des causes potentiellement réversibles de
l’arrêt cardiaque. L’intégration de l’échographie dans la réanimation avancée requiert un
entraînement considérable pour pouvoir minimiser les interruptions des compressions
thoraciques. Une position sous-xiphoïdienne de la sonde est recommandée. Le placement
de la sonde juste avant l’interruption des compressions thoraciques pour une évaluation
planifiée du rythme permet à un opérateur bien entraîné d’obtenir des vues endéans les 5
secondes. Une absence de mouvement cardiaque à l’échographie pendant la réanimation
de patients en arrêt cardiaque est un important facteur prédictif de décès bien que
sensibilité et spécificité n’aient pas été reportées.
7. Signes de vie
Si des signes de vie (comme effort respiratoire régulier, mouvement) ou des lectures
du monitorage du patient compatibles avec un RACS (par ex. soudaine augmentation
du dioxyde de carbone expiré ou tracés de la pression sanguine artérielle) apparaissent
durant la RCP, arrêter brièvement la RCP et vérifier le moniteur. Si un rythme organisé
est présent, rechercher un pouls. Si un pouls est palpable, continuer les soins post-
réanimation et/ou le traitement d’arythmies péri-arrêt si approprié. En cas d’absence de
pouls, continuer la RCP.
101
Chapitre 6
Algorithme Réanimation Cardio-Pulmonaire Avancée (Advanced Life Support)
8.
Capnographie pendant la réanimation avancée
8.1. Introduction
Le dioxyde de carbone (CO2) est un produit résiduel produit par le métabolisme; environ
400 L sont produits chaque jour. Il est transporté dans le sang vers les poumons d’où il est
exhalé. La concentration sanguine est mesurée comme la pression partielle du CO2 (PCO2)
et dans le sang artériel, la PaCO2 est normalement de 5,3 kPa (4,7-6,0 kPa) = 40 mmHg
(35-45 mmHg). La concentration de CO2 peut aussi être mesurée dans l’air expiré et est
exprimée soit en pourcentage par volume, soit en pression partielle, les deux étant très
Figure 6.6
Capnographie
RCP RCP RCP RACS
CO2 en fin d’expiration / kPa
Intubé Temps/minutes
8.2. Nomenclature
Le terme décrivant les mesures de dioxyde de carbone est dérivé du Grec «capnos» qui
signifie fumée. Un capnomètre est un dispositif utilisé pour mesurer la concentration
de CO2 et donner une valeur numérique du % ou de la pression partielle (kPa) de la
concentration de CO2. Un capnographe est un dispositif qui montre une forme d’onde
de la concentration, variable durant l’expiration, de CO2 et une valeur numérique. C’est ce
que l’on appelle le tracé de capnographie et c’est la visualisation la plus utile pour l’usage
clinique.
102
Figure 6.7
Capnographie
«A: Début Expiration; B: Fin Expiration = ETCO2 »
CO2
B
5
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A
0 Temps
Time
6
Figure 6.8
Respiration spontanée
CO2 TRACÉS
0
CO2 MESURÉ
Figure 6.9
Patient ventilé
8 etCO2 RR
5.3 11
7 30
4 3 8
Figure 6.10
RCP de haute qualité
8 etCO2 RR
2.3 11
7 30
4 3 8
103
Chapitre 6
Algorithme Réanimation Cardio-Pulmonaire Avancée (Advanced Life Support)
Figure 6.11
Fatigue du provider de compressions thoraciques
8 etCO2 RR
1.3 11
7 30
4 3 8
Figure 6.12
8 etCO2 RR
5.6 11
7 30
4 3 8
Figure 6.13
ETCO2 basse de manière persistante - associée à un mauvais pronostic
8 etCO2 RR
1.3 11
7 30
4 3 8
Figure 6.14
déconnexion
8 etCO2 RR
5 11
7 30
4 3 8
104
8.3. Equipement
Afin d’analyser la concentration de CO2 dans le gaz expiré, la plupart des capnographes
emploient un échantillonnage latéral. Un connecteur (pièce en T) est placé dans le système
de respiration, habituellement à la fin du tube trachéal ou du dispositif supraglottique des
voies aériennes (SGA). Celui-ci a une petite connexion sur le côté à laquelle est attaché
un tube de prélèvement à diamètre fin. Un échantillon continu de gaz est aspiré (environ
50 ml/min) et analysé en utilisant la propriété d’absorption de la lumière infrarouge. La
quantité absorbée est proportionnelle à la concentration de la molécule absorbante
(dans ce cas CO2) et cela est comparé à un standard connu, permettant de déterminer
la concentration de CO2. Un système alternatif est un échantillonnage du flux principal
Personal copy of Houmed Houssein Houmed (ID: 818632)
dans lequel la source infrarouge et le détecteur sont contenus à l’intérieur d’un capteur
ou cuvette, lequel est placé directement dans le système de respiration, habituellement
entre le tube trachéal ou le SGA et le circuit. Le gaz est analysé quand il passe à travers le
senseur et rien ne sort du système. Les deux systèmes sont utilisés dans des moniteurs 6
fixes ou portables.
En matière de santé, les plus grandes variations se rapportent aux résultats des
changements du métabolisme, généralement une augmentation de la production de CO2.
Cela provoque des changements compensatoires dans le transport, une augmentation
du débit cardiaque, une élimination, une augmentation dans la ventilation pour prévenir
l’accumulation de dioxyde de carbone.
Chez des patients en état critique, c’est généralement une défaillance dans le transport
(débit cardiaque réduit), une élimination (ventilation inadéquate) ou une combinaison
des deux qui provoquent des changements dans la concentration artérielle de CO2 et
de ce fait des changements dans le CO2 de fin d’expiration. Pendant un arrêt cardiaque,
le flot sanguin vers les poumons s’arrête et, en dépit d’une production continue si la
ventilation est maintenue, l'ETCO2 tombe vers zéro. Une fois les compressions thoraciques
commencées, le flux sanguin vers les poumons va être partiellement restauré et, si le
patient est ventilé, le CO2 de fin d'expiration va augmenter proportionnellement au débit
cardiaque généré.
• Q
uelles informations obtenir du monitorage ETCO2 pendant la réanimation
cardio-pulmonaire?
1. Placement du tube endéo-trachéal
La capnographie a une haute sensibilité et spécificité pour confirmer le placement
du tube trachéal dans les voies aériennes.
105
Chapitre 6
Algorithme Réanimation Cardio-Pulmonaire Avancée (Advanced Life Support)
2. Qualité de la RCP
Plus les compressions thoraciques seront efficaces, plus le débit cardiaque sera
important, lequel délivrera plus de CO2 aux poumons desquels il est exhalé, en
générant donc une concentration de fin d'expiration plus élevée. Des compressions
thoraciques de haute qualité vont entraîner une valeur typique de l'ETCO2 de
2,0-2,5 kPa (15-18,75 mmHg).
5. Pronostic
Une ETCO2 plus élevée pendant la réanimation est associée à une probabilité
augmentée de RACS et de chances de survie à la sortie de l’hôpital. Dans une
étude, une ETCO2 < 1.9 kPa (14 mmHg) pendant la réanimation a une sensibilité
et une spécificité de 100 % dans la prédiction des non-survivants. Après un
arrêt cardiaque et plus de 30 minutes de RCP, les valeurs de dioxyde de carbone
expiré diminuent et peuvent atteindre zéro. Les différences interindividuelles et
l’influence de la cause de l’arrêt cardiaque, le problème des “prophéties auto-
réalisatrices” (effet Pygmalion) dans les études, notre manque de confiance dans
la précision des mesures pendant la RCP et la nécessité d’une gestion avancée des
voies aériennes pour mesurer le CO2 de fin d’expiration limitent sérieusement notre
confiance en son utilisation pronostique. Par conséquent, nous recommandons
qu’une valeur spécifique de CO2 de fin d’expiration à n’importe quel moment
pendant la réanimation ne soit pas utilisée seule pour arrêter les efforts de RCP.
Les valeurs de CO2 de fin d’expiration ne doivent être considérées que comme une
partie d’une approche multimodale pour la prise de décision pour le pronostic
pendant la RCP.
106
Après l’arrêt de la RCP, observer le patient pendant au moins 5 minutes avant de confirmer
le décès. L’absence de fonction cardiaque mécanique est normalement confirmée par une
combinaison des éléments suivants:
• absence d’un pouls central à la palpation
• absence de bruits cardiaques à l’auscultation
artérielle
• absence d’activité contractile en utilisant l’échocardiographie
6
Tout retour d’une activité cardiaque ou respiratoire pendant cette période d’observation
doit susciter une autre période d’observation de 5 minutes à partir du point suivant
d’arrêt cardio-respiratoire. Après 5 minutes d’arrêt cardio-respiratoire continu, l’absence
de réponse pupillaire à la lumière, des réflexes de la cornée et de toute réponse motrice
à la pression supra-orbitaire doit être confirmée. L’heure du décès est enregistrée comme
l’heure à laquelle ces critères sont remplis.
LITTÉRATURE COMPLÉMENTAIRE
• Soar J, et al. European Resuscitation Council Guidelines for Resuscitation 2015. Section 3. Adult
Advanced Life Support. 10.1016/j.resuscitation.2015.07.016; p99 - p146
• Soar J, Callaway CW, Aibiki M, et al. Part 4: Advanced life support: 2015 International Consensus
on Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care Science With Treatment
Recommendations. 10.1016/j.resuscitation.2015.07.042; e71 - e122
• Truhlar A, Deakin CD, Soar J, et al. European Resuscitation Council Guidelines for Resuscitation
2015 Section 4 Cardiac Arrest in Special Circumstances. 10.1016/j.resuscitation.2015.07.017; p147 -
p200
• Weiser G, Hoffmann Y, Galbraith R, Shavit I 2012 Current advances in intraosseous infusion – A
systematic review. Resuscitation 83 (2012) 20– 26
• Reades R, Studnek JR, Vandeventer S, Garrett J. 2011 Intraosseous versus intravenous vascular access
during out-of-hospital cardiac arrest: a randomized controlled trial. Ann Emerg Med. Dec;58(6):509-16.
• Kolar M, Krizmaric M, Klemen P, Grmec S. Partial pressure of end-tidal carbon dioxide successful
predicts cardiopulmonary resuscitation in the field: a prospective observational study. Crit Care.
2008;12(5):R115. doi:10.1186/cc7009
• Heradstveit BE, Sunde K, Sunde GA, Wentzel-Larsen T, Heltne JK. Factors complicating interpreta-
tion of capnography during advanced life support in cardiac arrest—a clinical retrospective study
in 575 patients. Resuscitation. 2012 Jul;83(7):813-8.
• Cook TM, Woodall N, Harper J, Benger J; Fourth National Audit Project. Major complications of
airway management in the UK: results of the Fourth National Audit Project of the Royal College of
Anaesthetists and the Difficult Airway Society. Part 2: intensive care and emergency departments.
Br J Anaesth. 2011 May;106(5):632-42.
107
Chapitre 6
Algorithme Réanimation Cardio-Pulmonaire Avancée (Advanced Life Support)
108
Chapitre 7.
Prise en charge des voies
aériennes et ventilation
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Section 1
Prise en charge de base des voies aériennes et ventilation
OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
Comprendre:
• les causes et la reconnaissance d’une obstruction des voies aériennes
• les techniques de gestion des voies aériennes en début de réanimation
• l’utilisation d’accessoires simples pour maintenir la perméabilité des voies
aériennes
• l’utilisation de dispositifs simples pour ventiler les poumons
1. Introduction
Les patients requérant une réanimation ont souvent les voies aériennes obstruées, le plus
souvent suite à une perte de conscience, mais parfois l’obstruction des voies aériennes
peut aussi être la cause primaire de l’arrêt cardio-respiratoire. Une évaluation rapide avec
contrôle de la perméabilité des voies aériennes et apport d’une ventilation si nécessaire
sont essentiels. Cela aidera à prévenir les lésions hypoxiques secondaires du cerveau et
d’autres organes vitaux. Sans oxygénation adéquate, il peut être impossible de récupérer
un rythme cardiaque organisé avec perfusion efficace. Ces principes ne s’appliquent pas à
un arrêt cardiaque devant témoin à proximité d’un défibrillateur; dans ce cas la priorité est
une défibrillation immédiate suivie par la gestion des voies aériennes.
109
Chapitre 7
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
contenu gastrique ou trauma), ou par des corps étrangers. L’obstruction au niveau laryngé peut
être causée par un œdème provoqué par des brûlures, une inflammation ou une anaphylaxie.
Une stimulation des voies aériennes supérieures peut provoquer un spasme laryngé. Une
obstruction des voies aériennes sous le larynx est moins courante, mais peut survenir suite
à des sécrétions bronchiques excessives, un œdème de la muqueuse, un bronchospasme,
un œdème pulmonaire ou une aspiration du contenu gastrique.
Dans une obstruction partielle, l’entrée d’air est diminuée et généralement bruyante:
• Un stridor inspiratoire est causé par une obstruction au niveau ou au-dessus du
larynx.
• Un wheezing expiratoire suggère une obstruction des voies aériennes inférieures
qui tendent à se collaber et à s’obstruer pendant l’expiration.
• Des gargouillements suggèrent la présence de liquide ou d’un corps étranger
semi-solide dans les voies aériennes supérieures.
• Le ronflement survient lorsque le pharynx est partiellement obstrué par la langue
ou le palais.
• Un stridor est le bruit d’un spasme laryngé ou d’une obstruction.
Une obstruction complète des voies aériennes chez un patient qui fait des efforts
respiratoires va aboutir à des mouvements thoraciques et abdominaux paradoxaux,
appelés «balancement thoraco-abdominal».
Pendant une obstruction des voies aériennes, les muscles accessoires de la respiration sont
utilisés – les muscles du cou et des épaules se contractent pour faciliter les mouvements de
la cage thoracique. Il peut aussi y avoir une dépression de l’espace intercostal et sous-costal
et des signes sous-claviculaires. Un examen complet du cou, du thorax et de l’abdomen
doit permettre de différencier les mouvements associés à une obstruction complète des
voies aériennes de ceux d’une respiration normale. Ecouter le flux d’air: une respiration
normale doit être calme, une respiration complètement obstruée sera silencieuse et une
respiration bruyante indique une obstruction partielle des voies aériennes. Pendant une
apnée, quand les mouvements de respiration spontanée sont absents, une obstruction
complète des voies aériennes est reconnue par l’échec du gonflement des poumons lors
de la tentative de ventilation en pression positive.
110
3.1. Patients avec trachéostomies ou stomies trachéales permanentes
Un patient avec une canule de trachéostomie ou avec un stomie trachéale permanente
(généralement après laryngectomie) peut développer une obstruction des voies
aériennes par blocage au niveau de la canule ou de la stomie – une obstruction des voies
aériennes ne peut survenir au niveau du pharynx chez ces patients. Enlever tout corps
étranger évident de la stomie ou de la canule de trachéostomie. Si nécessaire, enlever la
canule et, s’il est présent, changer le guide tubulaire de la trachéostomie. Si une canule
de trachéostomie obstruée est retirée, il doit être possible de ventiler les poumons du
patient en assurant l’étanchéité de la stomie et en utilisant un ballon-masque appliqué sur
le visage ou en intubant la trachée par voie orale avec une sonde endotrachéale standard.
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3.2. Etouffement
Une obstruction des voies aériennes par un corps étranger est une cause non commune,
mais potentiellement traitable de mort accidentelle. Comme la plupart des situations
7
d’étouffement sont associées au fait de manger, ils se produisent généralement en
présence de témoins. Comme les victimes sont initialement conscientes et réactives, il
y a souvent des opportunités pour des interventions précoces qui peuvent sauver la vie.
3.2.1. Reconnaissance
Des corps étrangers peuvent provoquer une obstruction sévère ou légère des voies
aériennes. Les signes et symptômes permettant de différencier obstruction des voies
aériennes légère et grave sont résumés dans le tableau 7.1.
111
Chapitre 7
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
Tableau 7.1
Signes d’étouffement
112
Figure 7.1
Algorithme de l’étouffement (adulte)
Evaluer la sévérité
113
Chapitre 7
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
Figure 7.2
Head tilt et chin lift
Ces méthodes simples de positionnement sont efficaces dans la plupart des cas quand
l’obstruction des voies aériennes résulte de la perte de tonus musculaire au niveau du
pharynx. Après chaque manœuvre, vérifier son efficacité en utilisant la séquence regarder,
écouter et sentir. Si les voies aériennes restent obstruées, chercher d’autres causes
d’obstruction. Utiliser la technique du doigt en crochet pour enlever un corps étranger
solide apparent dans la bouche. Une dentition cassée ou déplacée doit être enlevée, mais
les prothèses dentaires bien insérées doivent être laissées en place parce qu’elles aident
à maintenir les contours de la bouche, ce qui facilite une bonne étanchéité lors de la
ventilation avec les techniques du masque de poche ou du masque-ballon.
114
Figure 7.3
Jaw-thrust
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115
Chapitre 7
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
116
Figure 7.4
Mesure de la taille d’une canule oro-pharyngée
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Figure 7.5
Insertion d’une canule oro-pharyngée
117
Chapitre 7
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
pharyngée est préférée, mais si son insertion n’est pas possible et que les voies aériennes
sont obstruées, une insertion prudente d’une canule naso-pharyngée peut sauver la vie
(par ex. lorsque les bénéfices sont de loin supérieurs aux risques).
Figure 7.6
Insertion d’une canule naso-pharyngée
118
6. Oxygène
Pendant la RCP, donner la concentration maximale possible d’oxygène inspiré. Un ballon
autogonflant peut être connecté à un masque facial, à un tube trachéal ou à un dispositif
supraglottique (SGA). Sans oxygène supplémentaire, le ballon autogonflant ventile les poumons
du patient avec l’air ambiant (21 % oxygène). La concentration d’oxygène délivré peut être
augmentée jusqu’à environ 85 % en utilisant un système avec réservoir et oxygène à un débit
de 15 l/min. Après le RACS, dès que la saturation artérielle en oxygène peut être mesurée de
manière fiable (par analyse des gaz sanguins et/ou oxymétrie de pouls), titrer la concentration
d’oxygène inspiré pour maintenir une saturation artérielle en oxygène comprise entre 94 et 98
%. Eviter l’hypoxémie, laquelle a aussi des effets néfastes – garantir des mesures fiables de la
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7. Ventilation
Une ventilation artificielle est commencée aussi vite que possible pour tout patient dont la
respiration spontanée est inadéquate ou absente. Une ventilation par air expiré (bouche à 7
bouche) est efficace, mais la concentration en oxygène expirée par le sauveteur est de seulement
16-17 %. Il faut par conséquent la remplacer aussi vite que possible par une ventilation avec de
l’air enrichi en oxygène. Bien que la ventilation par bouche à bouche présente l’avantage de
ne requérir aucun équipement, la technique est esthétiquement déplaisante, particulièrement
en présence de vomi ou de sang, et les sauveteurs peuvent se montrer réticents à se placer en
position de contact intime avec une victime souvent inconnue.
Il n’y a que des rapports isolés d’individus ayant contracté une infection après avoir
administré une RCP, par ex. la tuberculose. Une transmission du VIH pendant une RCP
n’a jamais été rapportée. Des accessoires simples sont disponibles pour éviter le contact
de personne à personne; certains de ces dispositifs peuvent réduire le risque d’infection
croisée entre le patient et le sauveteur.
Le masque de réanimation de poche est similaire à un masque utilisé en anesthésie
et permet une ventilation de la bouche vers le masque. Il a une valve unidirectionelle,
laquelle dirige l’air expiré par la victime loin du sauveteur. Le masque est transparent,
ce qui permet de visualiser du vomi ou du sang venant du patient. Certains masques
possèdent une valve pour attacher une source d’oxygène. Lorsqu’on utilise des masques
sans cette valve, de l’oxygène supplémentaire peut être donné en plaçant le tube sous un
côté du masque et en assurant une étanchéité adéquate. Utiliser une technique à deux
mains pour maximiser l’étanchéité par rapport au visage du patient.
Des pressions élevées peuvent être générées dans les voies aériennes en présence de
volumes courants ou de flux inspiratoires excessifs, ce qui prédispose à une dilatation
gastrique et aux risques subséquents de régurgitation et d’aspiration pulmonaire. Le
risque d’inflation gastrique est augmenté par:
• un mauvais alignement de la tête et du cou et des voies aériennes obstruées
• un sphincter œsophagien inférieur incompétent (le cas chez tous les patients en
arrêt cardiaque)
• une pression d’insufflation élevée
119
Chapitre 7
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
Inversement, si le flux inspiratoire est trop faible, le temps inspiratoire va être prolongé
et le temps disponible pour les compressions thoraciques sera réduit. Donner chaque
insufflation en approximativement 1 seconde, en donnant un volume qui correspond à
un mouvement normal du thorax; cela représente un compromis entre donner un volume
adéquat, minimiser le risque d’inflation gastrique et permettre un temps suffisant pour
les compressions thoraciques. Pendant la RCP avec des voies aériennes non protégées,
donner 2 insufflations après chaque séquence de 30 compressions thoraciques.
Une hyperventilation involontaire pendant la RCP est commune. Alors que cela augmente
la pression intra-thoracique et les pressions de crête dans les voies aériennes dans de
petites séries de cas chez l’homme, une expérimentation animale scrupuleusement
contrôlée n’a pas révélé d’effets défavorables. Pendant des compressions thoraciques
120
du tube d’oxygène attaché. L’utilisation de valves à la demande avec un ballon permet
d’atteindre des concentrations d’oxygène proches de 100 %.
Bien que le masque avec ballon auto-gonflable permette une ventilation à de hautes
concentrations d’oxygène, son utilisation par une seule personne nécessite une habilité
considérable. Lors d’une utilisation avec masque facial, il est souvent difficile d’obtenir une
étanchéité complète entre le masque et le visage du patient, et de maintenir des voies aériennes
perméables avec une main tout en comprimant le ballon avec l’autre. Toute fuite significative
va causer une hypoventilation et, si les voies aériennes ne sont pas perméables, de l’air peut
aussi être poussé dans l’estomac. Cela va réduire davantage la ventilation et augmenter
considérablement le risque de régurgitation et d’aspiration. Une tendance naturelle consiste
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Figure 7.7
La technique à deux personnes pour la ventilation au masque et ballon
POINTS ESSENTIELS
• D
es manœuvres simples pour libérer les voies aériennes, avec ou sans dispositif
complémentaire de base, vont souvent permettre d’obtenir des voies aériennes
perméables.
• D
onner à tous les patients de l’oxygène à haute concentration jusqu’à ce que la
saturation en oxygène soit mesurable.
121
Chapitre 7
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
Section 2
Autres dispositifs de gestion des voies aériennes
OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
Comprendre:
• le rôle des dispositifs supraglottiques pour les voies aériennes durant la RCP
Il n’y a pas de données supportant un usage en routine d’une approche spécifique pour la
gestion des voies aériennes pendant un arrêt cardiaque. La meilleure technique dépend
des circonstances précises de l’arrêt cardiaque et des compétences du sauveteur.
2. Masque laryngé
Le masque laryngé (LMA pour laryngeal mask airway) consiste en un tube à large diamètre
avec, à son extrémité distale, un ballonnet gonflable de forme elliptique destiné à assurer
une étanchéité à l’ouverture du larynx. Le modèle de LMA original (classic LMA [cLMA]),
réutilisable, a été étudié pendant la RCP, mais aucune étude ne l’a directement comparé au
tube trachéal. Bien que le cLMA reste d’un usage courant en pratique anesthésique élective,
il a été supplanté par plusieurs SGA de 2ème génération qui présentent des caractéristiques
plus favorables, particulièrement quand ils sont utilisés pour une gestion en urgence des
voies aériennes. La plupart de ces SGA sont d’usage unique et ils obtiennent des pressions
oro-pharyngales étanches plus élevées que le cLMA, et certains incorporent des sondes
gastriques.
122
2.1. Technique d’insertion d’un masque laryngé
• Maintenir les compressions thoraciques tout au long de la tentative d’insertion.
• Sélectionner un LMA de taille appropriée pour le patient et dégonfler le ballon
complètement. Une taille 5 sera correcte pour la plupart des hommes et une
taille 4 conviendra à la majorité des femmes. Lubrifier la face extérieure de la zone
gonflable (la partie qui ne sera pas en contact avec le larynx) avec du gel soluble
dans l’eau.
• Fléchir légèrement le cou du patient et étendre la tête (essayer de maintenir un
alignement neutre de la tête et du cou s’il y a une suspicion de lésion cervicale).
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• En tenant le LMA comme un stylo, l’insérer dans la bouche (figure 7.8). Avancer
l’extrémité derrière les incisives supérieures avec la surface supérieure appliquée
sur le palais jusqu’à ce qu’elle atteigne la paroi pharyngée postérieure. Appuyer le
masque vers l’arrière et le bas en suivant la courbure du pharynx jusqu’à la mise en
évidence d’une résistance lorsque le masque a atteint le fond de l’hypo-pharynx.
Si possible demander à un assistant d’appliquer un jaw-thrust après l’insertion du 7
LMA dans la bouche – ceci augmente l’espace au niveau du pharynx postérieur
et facilite une mise en place réussie. Une légère rotation de 45 degrés va souvent
aider le placement si les tentatives initiales d’insertion au-delà du pharynx se
révèlent difficiles.
• Connecter la seringue de gonflage et gonfler le ballon avec de l’air (40 ml pour
un LMA de taille 5 et 30 ml pour un LMA de taille 4); alternativement, gonfler le
ballon jusqu’à une pression de 60 cmH2O. Si l’insertion est satisfaisante, le tube va
remonter de 1 à 2 cm hors de la bouche lorsque le ballon va trouver sa position
correcte et le larynx être poussé vers l’avant.
• Si le LMA n’a pas pu être inséré avec succès après 30 secondes, oxygéner le patient
en utilisant un masque de poche ou un ballon avec masque facial avant de
réessayer d’insérer le LMA.
• Confirmer l’ouverture des voies aériennes en écoutant les bruits respiratoires
durant l’insufflation et en observant les mouvements thoraciques bilatéraux. Une
fuite audible importante suggère un mauvais positionnement du LMA, mais, pour
autant que les mouvements thoraciques soient adéquats, une légère fuite est
considérée comme acceptable.
• Si disponible, insérer un dispositif pour empêcher la fermeture des mâchoires le
long du tube et fixer le LMA avec un pansement ou un ruban adhésif.
123
Chapitre 7
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
Figure 7.8
Insertion d’un masque laryngé
4. Tube laryngé
Le tube laryngé (TL) est un autre dispositif de gestion des voies aériennes communément
utilisé dans le cadre d’anesthésies et en dehors de l’hôpital. C’est un tube à lumière unique
avec deux ballonnets gonflables, un œsophagien et un pharyngé. Un guide unique,
disponible en plusieurs tailles, permet de gonfler les deux ballonnets simultanément. Les
insertions réussies et les pressions générées dans les voies aériennes sont comparables à
celles du LMA utilisé par des non-anesthésistes. Un TL à double lumière avec ouverture
œsophagienne, un TL pour intubation et une version jetable (LT-D) sont disponibles.
124
• Placer la tête et le cou du patient en «sniffing position» ou en position neutre
(essayer de maintenir un alignement neutre de la tête et du cou en présence de
suspicion de lésion de la colonne cervicale).
• L’extrémité du TL doit être placée contre le palais dur sous les incisives. Glisser
le TL vers le bas au centre de la bouche jusqu’à sentir une résistance ou jusqu'à
l’insertion presque complète du dispositif. Quand le TL est inséré correctement, la
seconde ligne noire en traits épais sur le tube devrait juste être positionnée entre
les dents supérieures et inférieures.
• Gonfler le ballon à une pression de 60 cmH2O. Le faire soit avec un système de
gonflage du ballon, soit avec une seringue de 100 ml graduée avec les volumes
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125
Chapitre 7
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
• Si des voies aériennes libres ne sont pas obtenues, enlever le SGA et essayer de le
réinsérer en assurant un bon alignement de la tête et du cou.
• Rarement, une obstruction des voies aériennes peut être causée par une poussée
de la langue vers la partie postérieure du pharynx. Retirer le SGA et essayer de
réinsérer.
Devenir compétent dans l’insertion d’un SGA requiert de la pratique sur des patients et
cela devrait se faire sous la supervision d’une personne à l’expérience appropriée (par ex.
un anesthésiste) dans un environnement contrôlé.
126
Section 3
Intubation trachéale et cricothyroïdotomie
OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
Comprendre:
• les avantages et désavantages de l’intubation trachéale pendant la réanimation
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cardio-pulmonaire
• quelques méthodes pour confirmer le placement correct du tube trachéal
• le rôle de la cricothyroïdotomie à l’aiguille et chirurgicale
7
1. L’intubation trachéale
Il n’existe pas assez de données pour supporter ou réfuter l’utilisation de l’une ou l’autre
technique spécifique pour maintenir les voies aériennes perméables et ventiler un patient
en arrêt cardio-pulmonaire. En dépit de cela, l’intubation trachéale est perçue comme la
méthode optimale pour assurer et maintenir des voies aériennes libres et sécurisées. Elle
doit être utilisée seulement lorsque du personnel formé est disponible pour appliquer la
procédure avec un haut niveau de compétence et d’expérience.
Les avantages perçus de l’intubation trachéale par rapport à la ventilation avec masque
et ballon incluent:
• permettre la ventilation sans interruption des compressions thoraciques
• permettre une ventilation efficace, particulièrement quand les compliances
pulmonaire et/ou thoracique sont mauvaises
• minimiser l’inflation gastrique et par conséquent le risque de régurgitation
• protection contre l’aspiration pulmonaire de contenus gastriques
• possibilité de libérer les mains des sauveteurs pour d’autres tâches
127
Chapitre 7
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
Le personnel de santé qui effectue des intubations pré-hospitalières ne doit le faire qu’à
l’intérieur d’un programme structuré et monitoré qui doit inclure une formation complète
basée sur les compétences et des opportunités régulières de mise à jour. Les sauveteurs
doivent peser les risques et les bénéfices de l’intubation trachéale face à la nécessité
de fournir des compressions thoraciques efficaces. La tentative d’intubation va requérir
une interruption des compressions thoraciques, mais une fois le dispositif de gestion
avancée des voies aériennes en place, la ventilation ne va plus requérir d’interruption
des compressions thoraciques. Le personnel expérimenté en gestion avancée des
voies aériennes doit être capable de réaliser une laryngoscopie sans interrompre les
compressions thoraciques; une brève pause dans les compressions ne sera requise qu’au
moment où le tube est passé à travers les cordes vocales. Alternativement, pour éviter toute
128
erreur chez les patients avec obésité morbide, grossesse avancée ou asthme sévère ou
en présence de sécrétions trachéales importantes; dans ces conditions, la trachée peut se
collaber quand l’aspiration est tentée.
1. D
es détecteurs colorimétriques de dioxyde de carbone de fin d’expiration (ETCO2)
à usage unique utilisent un papier litmus pour détecter le CO2. Ces dispositifs
donnent généralement des lectures de violet (ETCO2 < 0,5 %), ocre (ETCO2 0,5-2 %)
et jaune (ETCO2 > 2 %).
Le placement trachéal du tube est considéré vérifié si la couleur ocre persiste après
quelques ventilations. Bien que les détecteurs colorimétriques de CO2 identifient 7
assez bien le placement chez les patients avec une bonne perfusion, ces dispositifs
sont moins précis que l’évaluation clinique chez les patients en arrêt cardiaque
parce que le flux sanguin pulmonaire peut être si bas qu’il n’y a pas assez de dioxyde
de carbone exhalé. De plus, si le tube trachéal est dans l’œsophage, six ventilations
peuvent entraîner une distension gastrique, des vomissements et une aspiration.
2. L es dispositifs électroniques numériques pour l'ETCO2 mesurent en général l'ETCO2
en utilisant un spectromètre à infrarouge et affichent les résultats numériquement;
ils n'apportent pas un affichage graphique sous forme de tracés du cycle respiratoire
sur un capnographe.
3. L es détecteurs de CO2 de fin d’expiration qui incluent un affichage graphique
sous forme de tracés (capnographe) sont les plus fiables pour la vérification de la
position du tube trachéal pendant un arrêt cardiaque. Les études concernant les
tracés capnographiques pour vérifier l’intubation trachéale de victimes d’arrêt
cardiaque montrent une sensibilité et une spécificité de 100 % dans l’identification
du placement correct du tube trachéal.
129
Chapitre 7
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
2. Cricothyroïdotomie
Occasionnellement, il sera impossible de ventiler un patient apnéique par le ballon et
masque ou d’insérer un tube trachéal ou un autre dispositif pour les voies aériennes.
Cela peut se produire chez des patients avec des trauma du visage importants ou une
obstruction laryngée causée par un œdème, par ex. anaphylaxie ou corps étranger. Dans
ces circonstances, il sera nécessaire de créer un accès chirurgical aux voies aériennes en-
dessous du niveau de l’obstruction.
130
• En raison du risque élevé de lésions secondaires, cette méthode ne doit être utilisée
qu’avec des patients dont l’état se détériore en raison de problèmes ingérables des
voies aériennes.
POINTS ESSENTIELS
• Q
uand elle est réalisée par une personne compétente et expérimentée,
l’intubation trachéale est une technique efficace de gestion des voies aériennes
pendant la réanimation cardio-pulmonaire.
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• D
ans des mains non expertes, les interruptions prolongées des compressions
thoraciques et le risque élevé d’échec et d’autres complications (par ex.
intubation œsophagienne non reconnue) rendent les tentatives d’intubation
trachéale potentiellement délétères.
131
Chapitre 7
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
Section 4.
La ventilation mécanique de base
OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
Comprendre:
Très peu d’études envisagent les aspects spécifiques de la ventilation durant les manœuvres
de réanimation avancée. Quelques études indiquent que les fréquences de ventilation
délivrées par le personnel de santé pendant un arrêt cardiaque sont excessives. Différents
petits respirateurs portables automatiques peuvent être utilisés durant la réanimation. Ils
sont en général alimentés par une source gazeuse. Si une bouteille d’oxygène est utilisée
à la fois pour fournir de l’oxygène au patient et pour alimenter le respirateur, son contenu
peut être rapidement vidé. La plupart des respirateurs automatiques garantissent un
flux constant d’air au patient pendant l’inspiration; le volume délivré dépend du temps
d’inspiration (un temps plus long donne un volume tidal plus grand). Parce que la pression
dans les voies aériennes augmente durant l’inspiration, ces dispositifs ont souvent un
seuil de pression limité pour protéger les poumons d’un barotraumatisme. L’expiration se
produit passivement dans l’air ambiant.
POINTS ESSENTIELS
132
LITTÉRATURE COMPLÉMENTAIRE
• Soar J, et al. European Resuscitation Council Guidelines for Resuscitation 2015. Section 3.
Adult Advanced Life Support. 10.1016/j.resuscitation.2015.07.016; p99 - p146
• Soar J, Callaway CW, Aibiki M, et al. Part 4: Advanced life support: 2015 International Consensus on
Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care Science With Treatment
Recommendations. 10.1016/j.Resuscitation.2015.07.042; e71 - e122
• Nolan JP, Soar J. Airway techniques and ventilation strategies. Curr Opin Crit Care 2008;14:279-86.
• Wang HE, Simeone SJ, Weaver MD, Callaway CW. Interruptions in cardiopulmonary Resuscitation
from paramedic endotracheal intubation. Ann Emerg Med 2009;54:645-52.
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133
Chapitre 7
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
134
Chapitre 8.
Monitorage cardiaque,
électrocardiographie et
reconnaissance du rythme
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OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
Comprendre:
• les raisons du monitorage ECG
• les techniques du monitorage ECG
• l’origine de l’ECG
• l’importance de l’enregistrement ECG
• les rythmes cardiaques associés à l’arrêt cardiaque
• comment identifier les autres arythmies communes
1. Introduction
Pendant un arrêt cardiaque, l’identification du rythme cardiaque va aider à déterminer le
traitement correct. Il convient d'établir un monitorage cardiaque aussi vite que possible
lors d’un arrêt cardiaque. Chez de nombreux patients qui ont été réanimés après un arrêt
cardiaque, il persiste un risque substantiel d’autres arythmies et de nouvel arrêt. Maintenir
le monitorage cardiaque chez les personnes réanimées après un arrêt cardiaque, jusqu’à
ce que l’on soit certain que le risque de récidive est très faible.
Certains patients présentent une arythmie qui peut entraîner un arrêt cardiaque ou une
autre détérioration grave de leur condition. Une détection précoce et un traitement de
l’arythmie peuvent prévenir un arrêt cardiaque chez certains patients et une détérioration
potentiellement mortelle chez d’autres. Les patients à risque incluent ceux qui souffrent
d’arythmie persistante associée à une cardiopathie structurelle, de douleurs thoraciques,
d’une insuffisance cardiaque, d’une réduction du niveau de conscience ou d'un état de
choc. Chez tous les patients à risque de détérioration avec arythmie cardiaque persistante,
établir un monitorage cardiaque et chaque fois que possible enregistrer un ECG à 12
135
Chapitre 8
Monitorage cardiaque, électrocardiographie et reconnaissance du rythme
Un monitorage ECG à 1 dérivation n’est pas une technique fiable pour mettre en évidence
une ischémie myocardique (dépression/élévation du segment ST ou changements des
ondes T). Enregistrer des ECG 12 dérivations de manière répétée chez des personnes
souffrant de douleurs thoraciques évocatrices de syndrome coronarien aigu.
136
2. Techniques de monitorage ECG
Figure 8.1
Position des électrodes pour le monitorage ECG en utilisant les dérivations périphériques modifiées
137
Chapitre 8
Monitorage cardiaque, électrocardiographie et reconnaissance du rythme
La plupart des électrodes ont une couleur spécifique pour faciliter un placement correct.
Les positions classiques (sauf aux Etats-Unis) utilisent le rouge pour le bras droit, le jaune
pour le bras gauche et le vert pour la jambe (généralement placée au niveau de l’abdomen
ou de la paroi thoracique inférieure gauche) pour les dérivations périphériques modifiées.
Parfois une quatrième électrode noire est disponible (généralement placée sur le côté
droit de l’abdomen ou sur la paroi thoracique inférieure droite).
Figure 8.2
Electrodes de défibrillation
138
3. Diagnostic à partir des moniteurs cardiaques
Utiliser les lectures d’écran et impressions de moniteurs cardiaques uniquement pour la
reconnaissance du rythme; ne pas essayer d’interpréter des anomalies du segment ST
ou d’autres éléments plus complexes de l’ECG. Lorsqu’une arythmie est détectée sur un
moniteur, enregistrer un tracé de rythme chaque fois que c’est possible.
Figure 8.3
ECG 12 dérivations montrant une tachycardie auriculaire, laquelle peut être reconnue sur les dérivations
V1, V2.
I aVR V1 V4
II aVL V2 V5
III aVF V3 V6
RHYTHM STRIP: II
25 mm/sec: 1 cm / mV
139
Chapitre 8
Monitorage cardiaque, électrocardiographie et reconnaissance du rythme
Figure 8.4
ECG 12 dérivations montrant l’effet de l’adénosine lors d’un flutter auriculaire. Un bloc AV transitoire
démontre clairement que cette tachycardie régulière à complexes fins était un flutter auriculaire avec
conduction AV 2/1
RHYTHM STRIP: II
I 25 mm/sec: 1 cm / mV
II
III
aVR
aVF
V1
V2
V3
V4
V5
V6
4. Electrocardiographie de base
Au repos, les cellules du système de conduction cardiaque et le myocarde sont polarisés.
Une différence de potentiel d’approximativement 90 mV est présente entre l’intérieur de
la cellule (négativement chargée) et l’espace extracellulaire. Un passage soudain d’ions à
travers la membrane cellulaire déclenche la polarisation, ce qui génère le signal électrique
qui va se propager à travers tout le tissu de conduction et déclencher la contraction des
cellules myocardiques.
Dans un rythme sinusal normal, la dépolarisation est initiée dans un groupe de cellules
«pacemaker» spécialisées appelé le nœud sino-atrial (SA), localisé à proximité de l’entrée
de la veine cave supérieure dans l’oreillette droite. Une onde de dépolarisation se propage
alors à partir du nœud SA à travers le myocarde auriculaire.
Cela est visualisé sur l’ECG comme l’onde P (figure 8.5). La contraction auriculaire est la
réponse mécanique à cette impulsion électrique.
La transmission de cette impulsion électrique vers les ventricules se produit à travers des
tissus de conduction spécialisés (figure 8.6).
140
Figure 8.5 Figure 8.6
Composantes d’un signal ECG normal Conduction électrique cardiaque
Rameau postérieur
Nœud sino-atrial
Nœud auriculo-
ventriculaire
Faisceau de
His
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Branche droite
Branche
gauche
Rameau antérieur
8
Il y a d’abord une conduction lente à travers le nœud auriculo-ventriculaire (AV), suivie
d’une conduction rapide vers le myocarde ventriculaire par un tissu de conduction
spécialisé (fibres de Purkinje). Le faisceau de His transporte ces fibres depuis le nœud AV
et ensuite se divise en branches droite et gauche, lesquelles se déploient respectivement
dans les ventricules droit et gauche. La conduction rapide à travers ces fibres garantit la
contraction coordonnée des ventricules.
Lorsqu’une des branches du faisceau est lésée ou détériorée, la conduction rapide vers le
ventricule correspondant est empêchée. L’impulsion de dépolarisation circule de façon
141
Chapitre 8
Monitorage cardiaque, électrocardiographie et reconnaissance du rythme
plus rapide via la branche intacte vers le ventricule concerné et ensuite plus lentement à
travers le tissu myocardique normal vers l’autre ventricule. Cette situation est appelée un
bloc de branche. Parce que la dépolarisation des deux ventricules prend plus de temps
qu’à l’ordinaire, sur l’ECG le complexe QRS est large (0,12 sec ou plus).
Tout rythme cardiaque peut être décrit avec précision (par ex. tachycardie irrégulière
à complexes fins, bradycardie régulière à complexes larges, etc.) et pris en charge de
manière sûre et efficace en utilisant les quatre premières étapes.
Examiner le patient: un pouls est-il présent? Si le patient n’a pas pouls et s’il n’y a toujours
pas d’activité sur l’ECG, c’est une asystolie (tracé 2). Des asystolies auriculaire et ventriculaire
coexistent souvent, avec pour résultat sur l’ECG une ligne sans la moindre déflection. Une
ligne complètement droite indique généralement qu’une dérivation du monitorage s’est
déconnectée. Une déconnexion peut aussi s’afficher sous la forme d’une ligne droite mais
discontinue. Pendant une asystolie, l’ECG montre en général une légère ondulation de
la ligne de base et peut montrer des interférences électriques dues aux mouvements
respiratoires ou aux compressions thoraciques.
142
cette activité auriculaire est importante car un pacing a plus de probabilités d’engendrer
un débit cardiaque dans cette situation que dans la plupart des cas d’asystolies complètes
(chapitre 10).
Si le patient n’a pas de pouls et qu’une activité électrique est présente, déterminer si
des complexes QRS identifiables sont présents. S’il n’y en a pas et si l’ECG montre des
déviations rapides, bizarres et irrégulières de fréquence et d’amplitude aléatoires, c’est
une FV (tracé 4). Dans les FV, toute la coordination de l’activité électrique est perdue et il
n’y a pas de contraction ventriculaire efficace ni de débit cardiaque détectable.
petites mailles (tracé 5) en fonction de l’amplitude des complexes. S’il existe un doute
pour savoir si le rythme est une asystolie ou une FV à petites mailles, ne pas tenter la
défibrillation, mais continuer les compressions thoraciques et la ventilation. Une FV à
petites mailles, difficile à distinguer d’une asystolie, a peu de chance de répondre avec
succès à un choc électrique et de générer un rythme produisant un débit cardiaque. La
poursuite d’une RCP de bonne qualité peut améliorer l’amplitude et la fréquence de la
FV et augmenter les chances d’une défibrillation ultérieure efficace et d’un retour à une
circulation spontanée. Délivrer des chocs répétés dans une tentative de défibriller ce
que l’on pense être une FV à petites mailles va augmenter les lésions myocardiques à la 8
fois directement par le courant électrique et indirectement par les interruptions du flux
sanguin coronaire (chapitre 6).
Si une activité électrique est présente et contient des complexes QRS reconnaissables,
continuer avec les étapes suivantes de l’analyse du rythme.
Si le patient n’a pas de pouls et qu’il y a des complexes reconnaissables sur l’ECG dont on
attendrait qu’ils produisent un pouls, c’est une activité électrique sans pouls (AEssP) qui
requiert une RCP immédiate. Ne pas retarder la RCP pendant que l’analyse du rythme
cardiaque est poursuivie.
143
Chapitre 8
Monitorage cardiaque, électrocardiographie et reconnaissance du rythme
Figure 8.7
Calcul de la fréquence cardiaque à partir d’un tracé ECG (20 cycles cardiaques apparaissent dans 30
carrés larges = 200/min)
S’il y a un aspect cyclique, la relation entre les ondes QRS et les ondes P exige une analyse
minutieuse, comme décrit ci-dessous. Si les intervalles R-R sont totalement irréguliers
(irrégulièrement irréguliers) et si les complexes QRS sont de morphologie constante, le
rythme le plus probable est une FA (tracé 6).
144
Un rythme sous-jacent régulier peut être rendu irrégulier par des extrasystoles (battements/
contractions ectopiques). Les extrasystoles peuvent provenir des oreillettes ou des
ventricules et l’endroit ou le foyer de leur origine va déterminer leur morphologie sur l’ECG.
Si le complexe QRS des battements ectopiques est fin (< 0,12 sec), le rythme provient
probablement du dessus du myocarde ventriculaire (c’est-à-dire des oreillettes ou du nœud AV).
Des complexes ectopiques larges peuvent être d’origine ventriculaire ou être des
contractions ectopiques supra-ventriculaires en présence d’un bloc de branche.
Des extrasystoles auriculaires larges peuvent parfois être identifiées par une onde
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Une contraction qui provient du nœud AV ou du myocarde ventriculaire après une pause
prolongée, par exemple pendant une bradycardie sinusale ou après un arrêt sinusal, est 8
appelée une contraction d’échappement (tracé 8). Ceci implique que le foyer au niveau
du nœud AV ou du ventricule qui génère cette contraction agit comme un pacemaker de
réserve parce que la fonction normale du pacemaker sinusal est trop lente ou absente.
Des extrasystoles peuvent survenir de façon isolée ou par paires (doublets) ou par trois
(triplets). Si plus de trois complexes ectopiques surviennent en succession rapide, on parle
de tachyarythmie.
145
Chapitre 8
Monitorage cardiaque, électrocardiographie et reconnaissance du rythme
peuvent coïncider avec elles et causer une distorsion ou une variation des complexes QRS,
des segments ST ou des ondes T. Chaque fois que possible, l’enregistrement d’un ECG
12 dérivations peut permettre l’identification des ondes P dans une dérivation ou plus,
même si elles ne pouvaient pas être visualisées clairement dans la dérivation examinée
initialement. La dérivation V1 est souvent utile pour une visualisation claire de certains
types d’activité auriculaire, y compris des ondes sinusales P et une FA. Les ondes sinusales
P sont en général visualisées clairement dans la dérivation II.
D’autres types d’activité auriculaire peuvent être présents. En cas de flutter auriculaire,
l’activité auriculaire est visualisée par les ondes de flutter – un tracé absolument régulier
et répétitif avec un aspect en «dents de scie», souvent à une fréquence de 300/min. La
Pendant une FA, les circuits et les ondes de dépolarisation se déplacent de façon aléatoire
à travers les deux oreillettes. Il n’y a pas d’ondes P. Les ondes de fibrillation auriculaire
peuvent être visualisées par les variations rapides par rapport à la ligne de base d’amplitude
et de durée variables, généralement le mieux visualisées en V1. Chez certains patients,
l’amplitude peut être tellement faible qu’aucune activité auriculaire ne peut être visualisée.
Pendant une tachycardie soutenue, une activité auriculaire peut ne pas être visible entre
les complexes QRS. Si le rythme est d’origine auriculaire (par ex. flutter auriculaire ou
FA), il peut être possible de révéler une activité auriculaire en ralentissant la fréquence
ventriculaire tout en enregistrant un tracé ECG, de préférence dans plusieurs dérivations.
Par exemple, si une tachycardie régulière à 150/min est due à un flutter auriculaire avec
bloc 2/1, il peut ne pas être possible d’identifier les ondes de flutter avec certitude.
Une augmentation transitoire du blocage AV par stimulation vagale ou par un bolus IV
d’adénosine va mettre en évidence les ondes de flutter et permettre d’identifier le rythme
avec précision (figure 8.4).
La forme et la direction des ondes P peuvent aider à identifier un rythme auriculaire. Par
exemple, les ondes P sinusales sont positives dans les dérivations II et aVF. Si une activation
rétrograde de l’oreillette prend place à partir de la région du nœud AV (c’est-à-dire rythme
d’origine jonctionnelle ou ventriculaire), les ondes P seront inversées (négatives) dans les
dérivations II et aVF parce que la dépolarisation auriculaire se déplace dans la direction
opposée à la normale.
La fréquence et la régularité des ondes P (et la fréquence des ondes de flutter) sont
évaluées d’une manière comparable à celles des complexes QRS.
146
Remarquer SVP que le terme «intervalle PR» est utilisé à travers le texte, il est
toutefois reconnu que certains pays européens utilisent à la place l’intervalle PQ.
En termes d’interprétation du rythme, les deux termes sont interchangeables.
Occasionnellement, la conduction entre les oreillettes et les ventricules est inversée (c’est-
à-dire la dépolarisation ventriculaire est suivie par la conduction rétrograde à travers
le nœud AV et ensuite par la dépolarisation auriculaire); l’onde P apparaît peu après
le complexe QRS. Il peut être difficile de distinguer cette situation de la présence d’un
intervalle PR ou PQ très long.
entre le timing des ondes P et celui des complexes QRS. Cela indiquera que les
dépolarisations auriculaire et ventriculaire surviennent de manière indépendante, ce qui
est parfois appelé dissociation auriculo-ventriculaire. Des exemples incluent:
• Un bloc AV complet (troisième degré), où un rythme sinusal normal dans les oreillettes
est accompagné d’une bradycardie régulière provenant de sous le nœud AV.
• Quelques exemples de TV dans lesquelles des complexes QRS réguliers et larges
sont présents et des ondes P régulières peuvent être visualisées à un rythme
différent, plus lent ou plus rapide, qui n’est pas en phase avec les complexes QRS. 8
L’interprétation peut se compliquer quand la relation avec les ondes P et les complexes
QRS varie de façon récurrente. Ceci peut être erronément interprété comme une
dissociation auriculo-ventriculaire. Ces variations sont observées le plus souvent dans une
forme de bloc AV du second degré (appelée bloc de Wenckebach ou bloc AV Mobitz I).
Examiner minutieusement une longue bande de tracé pour trouver les profils récurrents,
pour déterminer et comparer le timing des ondes P et celui des complexes QRS. En cas de
bloc AV complet, le rythme des QRS est généralement tout à fait régulier.
Lors d’une FA, l’activité auriculaire est complètement irrégulière, de telle sorte qu’il n’y a
pas de relation identifiable entre cette activité auriculaire et le rythme ventriculaire qui
en résulte. Si la FA est accompagnée d’un rythme ventriculaire lent, tout à fait régulier, la
cause en est probablement un bloc AV complet en présence d’une FA dans les oreillettes.
Pour un flutter auriculaire, il peut y avoir une relation constante entre les ondes du flutter
et les complexes QRS, provoquant une conduction de type 1/1, 2/1, 3/1 etc. Dans certains
cas, il y a une relation qui varie constamment, en produisant un rythme QRS irrégulier; il
s’agit d’un flutter auriculaire avec bloc AV variable.
147
Chapitre 8
Monitorage cardiaque, électrocardiographie et reconnaissance du rythme
Deux rythmes anormaux peuvent être confondus avec une FV dans certaines circonstances
puisque l’un et l’autre produisent un rythme rapide, irrégulier et à complexes larges:
Le premier est une TV polymorphe (tracé 12). Ce rythme peut provoquer un arrêt
cardiaque et, quand il le fait, le traitement immédiat est le même que pour une FV.
Par conséquent le fait de ne pas différencier ce rythme d’une FV immédiatement ne
va pas entraîner un traitement inadéquat. Toutefois il est important de documenter
une TV polymorphe et de la reconnaître après la réanimation immédiate, afin que
les causes puissent être identifiées et corrigées et qu’un traitement approprié
puisse être donné pour éviter une récidive.
La seconde source de confusion possible est la FA avec pré-excitation. Elle survient
en présence d’une voie accessoire de conduction reliant les muscles auriculaire
et ventriculaire dans le syndrome de Wolff-Parkinson-White (WPW). Certains de
ces faisceaux accessoires ont des capacités de conduction extrêmement rapides,
transmettant des impulsions auriculaires aux ventricules à une vitesse pouvant
parfois atteindre les 300/min ou plus vite. Cela produit une tachycardie irrégulière
à complexes larges avec une certaine variabilité dans la largeur des complexes
QRS (figure 8.8) qui ne ressemble généralement pas à une FV, mais qui peut être
confondue avec un TV polymorphe. En l’absence de traitement, ce rythme peut
mener à une TV ou FV provoquant un arrêt cardiaque. Si une FA avec syndrome
de WPW entraîne un arrêt cardiaque clinique, le traitement correct sera une
défibrillation immédiate (comme pour toute tachycardie sans pouls à complexes
larges) de sorte qu’une mauvaise interprétation en TV ou FV n’entraînera pas de
traitement inapproprié. Encore une fois, il est important de documenter et de
reconnaître le rythme pour s’assurer que le patient est orienté immédiatement
vers un spécialiste approprié en vue d’un traitement pour minimiser le risque de
récidive de cette arythmie potentiellement dangereuse.
148
sans pouls est traitée de la même manière qu’une FV, par une défibrillation immédiate.
En présence d’un débit cardiaque (c’est-à-dire d’un pouls palpable), le traitement d’une TV
doit suivre l’algorithme de la prise en charge de la TV à complexes larges décrit au chapitre 11.
Figure 8.8
ECG à 12 dérivations montrant une fibrillation auriculaire avec pré-excitation chez un patient avec
syndrome de Wolff-Parkinson-White
I aVR V1 V4
II aVL V2 V5
III aVF V3 V6
RHYTHM STRIP: II
25 mm/sec: 1 cm / mV
149
Chapitre 8
Monitorage cardiaque, électrocardiographie et reconnaissance du rythme
sécurisante est de considérer toute tachycardie à complexes larges comme une TV jusqu’à
preuve du contraire.
Un type important de TV polymorphe est la torsade de pointes (TDP) dans laquelle l’axe
de l’activité électrique change de manière rotationnelle de telle sorte que l’apparence
générale de l’ECG sur un tracé produit une figure de type sinusoïdal (tracé 12). Cette
arythmie se produit généralement chez des patients avec un intervalle QT prolongé. Cela
peut apparaître comme une anomalie héréditaire dans certaines familles (syndrome du
QT long). Chez certaines personnes, des médicaments, y compris des anti-arythmiques,
sont responsables et la TDP peut aussi se produire moins communément comme une
manifestation de l’ischémie myocardique. De nombreux patients avec une TV de type TDP
6.3. L’asystolie
L’apparence d’une asystolie a déjà été décrite (tracé 2). Parfois il n’est pas évident de savoir
si le rythme observé est une asystolie ou une FV à très petites mailles. Dans cette situation,
le traitement immédiat consiste en l’administration d’une RCP de haute qualité. Si une FV à
petites mailles est présente, une RCP efficace peut augmenter l’amplitude et la fréquence
de la FV, en clarifiant le diagnostic et en augmentant la probabilité d’une défibrillation
réussie.
150
7.1. Les bradyarythmies
Une bradycardie est présente quand la fréquence ventriculaire (QRS) est < 60/min (tracé
13). Une bradycardie peut être un état physiologique chez des personnes en très bonne
santé ou pendant le sommeil, ou être la conséquence attendue d’un traitement (par ex.
bêtabloquants). Une bradycardie pathologique peut être causée par une dysfonction
du nœud SA ou par l’échec partiel ou complet de la conduction auriculo-ventriculaire.
Certains patients avec ces troubles du rythme peuvent requérir un traitement avec
implantation d’un pacemaker (tracé 14).
151
Chapitre 8
Monitorage cardiaque, électrocardiographie et reconnaissance du rythme
Dans certaines situations, l’origine peut être physiologique, par exemple chez des athlètes
entraînés intensivement avec un tonus vagal élevé. En dehors de ce cadre, un bloc AV de
Wenckebach est en général pathologique. Ses nombreuses causes incluent un infarctus
myocardique aigu (spécialement un infarctus inférieur). S’il est asymptomatique, ce
rythme ne nécessite généralement pas de traitement immédiat. Le besoin de traitement
est déterminé par l’effet de la bradyarythmie sur le patient et sur le risque de développer
un bloc AV plus sévère ou une asystolie.
152
produire des fréquences cardiaques plus lentes par rapport à un pacemaker plus proximal.
En conséquence un rythme d’échappement ventriculaire va généralement être plus lent
qu’un rythme jonctionnel provenant du nœud AV ou du faisceau de His.
Le terme de rythme idioventriculaire est utilisé pour décrire un rythme issu du myocarde
ventriculaire. Cela inclut des rythmes d’échappement ventriculaire qui accompagnent un
BAV complet. Le terme de rythme idioventriculaire accéléré (RIVA) est utilisé pour décrire
un rythme idioventriculaire avec une fréquence cardiaque normale (en général plus
rapide que le rythme sinusal mais pas assez rapide pour être une TV). Ce type de rythme
est assez fréquemment observé après une thrombolyse réussie (ou une intervention
coronarienne percutanée primaire) pour un infarctus aigu du myocarde (une «arythmie
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• Fibrillation auriculaire
La fibrillation auriculaire est l’arythmie la plus fréquemment rencontrée en pratique
153
Chapitre 8
Monitorage cardiaque, électrocardiographie et reconnaissance du rythme
clinique. Elle est caractérisée par une activité électrique désorganisée dans l’oreillette.
Aucune onde P reconnaissable ou activité auriculaire coordonnée n’est visible dans aucune
dérivation (tracé 6). La ligne de base est irrégulière et une activité auriculaire chaotique est
la mieux visualisée sur la dérivation V1 où l’onde auriculaire est de forme irrégulière à la
fois en amplitude et en fréquence. Le rythme des QRS est irrégulièrement irrégulier (c’est-
à-dire pas d’intervalle R-R constant de complexe à complexe). La fréquence ventriculaire
va dépendre de la période réfractaire de la jonction AV. En l’absence de traitement
médicamenteux ou de maladie préexistante du nœud AV, la fréquence ventriculaire qui
en résulte sera rapide, en général de 120 à 180/min ou plus rapide.
• Le flutter auriculaire
Lors d’un flutter auriculaire, l’activité auriculaire est visible sur l’ECG sous forme d’ondes de
flutter ou d’ondes F à une fréquence d’environ 300/min (tracé 22). Ces ondes sont le mieux
visualisées dans les dérivations inférieures II, III et aVF où elles ont une apparence «en
dents de scie» (figure 8.4). La fréquence ventriculaire dépend de la conduction AV, mais elle
se fait souvent sur base d’un bloc 2/1 (tracé 9) ou 3/1 (souvent qualifié de flutter auriculaire
avec bloc 2/1 ou 3/1). Si la conduction est constante, le rythme ventriculaire sera régulier,
mais une conduction variable va causer un rythme ventriculaire irrégulier. Comme la
fibrillation auriculaire, le flutter auriculaire est souvent, mais pas toujours, associé à une
maladie sous-jacente. Le flutter auriculaire survient souvent au niveau de l’oreillette droite
et de ce fait il est une complication reconnue des maladies qui affectent le cœur droit
qui incluent BPCO, embolie pulmonaire majeure, cardiopathie congénitale complexe et
insuffisance cardiaque congestive chronique quelle qu’en soit la cause. Il est aussi observé
chez des patients après une chirurgie cardiaque.
154
Une tachycardie ventriculaire peut dégénérer en FV, spécialement si la TV est très rapide
(par ex. 200/min ou plus vite) ou si le cœur est instable suite à une ischémie aiguë, à un
infarctus ou en présence de troubles électrolytiques (hypokaliémie ou hypomagnésémie).
Traiter toutes les tachycardies à complexes larges comme une tachycardie ventriculaire
sauf en présence de preuves claires d’une origine supra-ventriculaire.
Les patients avec un syndrome de WPW ont des faisceaux accessoires qui relient le myocarde
auriculaire et ventriculaire. Une certaine conduction auriculo-ventriculaire se produit à
travers ces faisceaux aussi bien qu’à travers le nœud AV. Cela entraîne un élargissement des
complexes QRS par les ondes appelées delta. En présence d’un tel faisceau accessoire qui
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court-circuite le nœud AV, une FA peut provoquer une fréquence ventriculaire à ce point
rapide que le débit cardiaque s’effondre dramatiquement. Sur l’ECG, cela apparaît comme
une très rapide, irrégulière tachycardie à complexes larges qui montre généralement une
variabilité dans la largeur des complexes QRS. Ce rythme peut être diagnostiqué à tort
comme une TV irrégulière ou éventuellement une FV. Globalement le rythme est plus
organisé qu’une fibrillation ventriculaire et l’activité chaotique d’amplitude variable est
absente.
8
8. L’intervalle QT
Lors de l’identification et du traitement des troubles du rythme, il est important de
reconnaître les causes sous-jacentes probables qui peuvent influencer le choix d’un
traitement efficace. Celles-ci peuvent être identifiées à partir de l’examen clinique (par
ex. infarctus du myocarde), des tests de laboratoire (par ex. anomalies des électrolytes)
ou de l’ECG. La prolongation de l’intervalle QT prédispose à une arythmie ventriculaire,
en particulier TV et FV.
L’intervalle QT est mesuré à partir du départ du complexe QRS jusqu’à la fin de l’onde T. Il
peut être difficile de le mesurer avec précision, principalement parce que l’identification
de la fin de l’onde T peut être difficile. La situation se complique spécialement en présence
d’ondes U proéminentes qui fusionnent avec la fin des ondes T. Les ondes U peuvent être
une caractéristique de certaines anomalies (par ex. hypokaliémie) mais peuvent être
présentes chez certaines personnes en bonne santé avec un cœur normal.
La longueur de l’intervalle QT peut aussi varier entre les différentes dérivations d’un
même ECG. Cela reflète en partie les variations en amplitude et en direction de l’onde T,
rendant la mesure plus difficile dans certaines dérivations que dans d’autres. La variation
dans l’intervalle QT (dispersion du QT) est également considérée comme un marqueur de
risque majoré de décès chez des patients avec cardiopathie ischémique, mais ce constat
n’a pas été développé comme un facteur prédictif utile pour l’usage en pratique clinique.
L’intervalle QT varie avec l’âge, le sexe et en particulier avec la fréquence cardiaque. L’intervalle
QT diminue lorsque la fréquence cardiaque augmente. Une correction peut être apportée
en utilisant l’intervalle QT mesuré et la fréquence cardiaque pour calculer l’intervalle QT
corrigé (QTc). La limite supérieure normale de l’intervalle QTc est de 0,42 sec. De nombreux
155
Chapitre 8
Monitorage cardiaque, électrocardiographie et reconnaissance du rythme
POINTS ESSENTIELS
• U
ne approche systématique de l’analyse du rythme de l’ECG permet une
reconnaissance précise de tout trouble du rythme de manière suffisante pour
permettre un traitement sûr et efficace.
• D
es enregistrements de tout trouble du rythme et de l’ECG en rythme sinusal
procurent des informations utiles pour le diagnostic et sont une aide précieuse
pour le choix correct d’un traitement à long terme.
• Un monitorage précis du rythme cardiaque est essentiel pour tous les patients
à risque élevé de développer une arythmie potentiellement mortelle.
• U
n monitorage précis du rythme cardiaque est essentiel dans la prise en
charge d’un arrêt cardiaque.
156
LITTÉRATURE COMPLÉMENTAIRE
• Blomstrom-Lundqvist C, Scheinmann M M (Co-Chairs). American College of Cardiology/American
Heart Association Task Force and the European Society of Cardiology Committee for Practice
Guidelines. ACC/AHA/ESC Guidelines for the Management of Patients With Supraventricular
Arrhythmias. European Heart Journal 2003;24:1857-1897. www.escardio.org
• Fuster V, Ryden L E, Cannom DS, et al. ACC/AHA/ESC 2006 Guidelines for the Management of
Patients with Atrial Fibrillation: a report of the American College of Cardiology/American Heart
Association Task Force on Practice Guidelines and the European Society of Cardiology Committee
for Practice Guidelines (Writing Committee to Revise the 2001 Guidelines for the Management
of Patients With Atrial Fibrillation): developed in collaboration with the European Heart Rhythm
Association and the Heart Rhythm Society. Circulation 2006;114:e257-354. www.escardio.org
Personal copy of Houmed Houssein Houmed (ID: 818632)
• Zipes DP, Camm AJ, Borggrefe M, et al. ACC/AHA/ESC 2006 guidelines for management of patients
with ventricular arrhythmias and the prevention of sudden cardiac death: a report of the American
College of Cardiology/American Heart Association Task Force and the European Society of Cardio-
logy Committee for Practice Guidelines (Writing Committee to Develop Guidelines for Manage-
ment of Patients With Ventricular Arrhythmias and the Prevention of Sudden Cardiac Death) J Am
Coll Cardiol 2006;48:e247-e346. www.escardio.org
157
Chapitre 8
Monitorage cardiaque, électrocardiographie et reconnaissance du rythme
Tracé 1
Rythme sinusal normal
Tracé 2
Tracé 3
Asystolie avec ondes P
Tracé 4
Fibrillation ventriculaire à larges mailles
Tracé 5
Fibrillation ventriculaire à fines mailles
158
Tracé 6
Fibrillation auriculaire à réponse ventriculaire rapide
Tracé 7
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Extrasystole ventriculaire
Tracé 8
Extrasystole jonctionnelle d’échappement 8
Tracé 9
Flutter auriculaire avec bloc auriculo-ventriculaire 2/1
Tracé 10
Tachycardie ventriculaire monomorphe
159
Chapitre 8
Monitorage cardiaque, électrocardiographie et reconnaissance du rythme
Tracé 11
Tachycardie ventriculaire avec complexes de capture et de fusion
Tracé 12
Tracé 13
Bradycardie sinusale
Tracé 14
Rythme électro-entraîné A et V
Tracé 15
Bloc auriculo-ventriculaire du 1er degré
160
Tracé 16
BAV II Mobitz type I ou bloc de Wenckebach
Tracé 17
BAV II Mobitz type II 2ème degré (2/1)
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Tracé 18
BAV II Mobitz type II 2ème degré (3/1)
8
Tracé 19
BAV du 3ème degré (BAV complet)
Tracé 20
Rythme agonique
161
Chapitre 8
Monitorage cardiaque, électrocardiographie et reconnaissance du rythme
Tracé 21
Tachycardie supra-ventriculaire
Tracé 22
162
Chapitre 9.
Défibrillation
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OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
Comprendre:
• le mécanisme de la défibrillation
• les facteurs déterminant le succès de la défibrillation
• l’importance de minimiser les interruptions des compressions thoraciques
pendant la défibrillation
• c omment délivrer un choc en toute sécurité en utilisant un défibrillateur
manuel ou un défibrillateur externe automatisé (DEA)
1. Introduction
Suite à la survenue d’une fibrillation ventriculaire ou d’une tachycardie ventriculaire
sans pouls (FV/TVssP), le débit cardiaque s’effondre et les lésions cérébrales hypoxiques
commencent endéans les trois minutes. Si l’objectif est une récupération neurologique
complète, une défibrillation précoce et réussie avec retour à la circulation spontanée
(RACS) est essentielle. La défibrillation est un maillon-clé dans la chaîne de survie et
représente l’une des quelques interventions qui ont clairement montré une amélioration
du pronostic pour un arrêt cardiaque sur FV/TV. La probabilité d’une défibrillation réussie
décline rapidement avec le temps; par conséquent une défibrillation précoce est l’un
des facteurs les plus importants dans la détermination du taux de survie après arrêt
cardiaque. En l’absence de RCP par un témoin, chaque minute qui passe entre le collapsus
et la tentative de défibrillation fait augmenter la mortalité de 10 à 12 %. Plus l’intervalle
entre la survenue d’une FV/TV et l’administration d’un choc est court, plus grandes
sont les chances d’une défibrillation réussie et de survie. Bien que la défibrillation
soit essentielle pour la prise en charge des patients en FV/TVssP, des compressions
thoraciques continues et ininterrompues sont aussi requises pour optimiser les chances
de réussite d’une réanimation. Une analyse de la performance de la RCP pendant des arrêts
cardiaques extra et intra-hospitaliers a montré que des interruptions significatives sont
communes et tous les efforts doivent être accomplis pour minimiser ces interruptions.
L’objectif doit être de s’assurer que les compressions thoraciques sont administrées de
manière continue tout au long de la tentative de réanimation, en s’arrêtant seulement
pour permettre des interventions spécifiques.
163
Chapitre 9
Défibrillation
Un autre facteur critique dans le succès de la défibrillation est la durée de l’intervalle entre
l’arrêt des compressions thoraciques et la délivrance du choc: la pause pré choc. La durée de
cette pause précédant le choc est inversement liée à la chance d’une défibrillation réussie;
chaque délai supplémentaire de 5 secondes dans la pause avant le choc divise presque
de moitié les chances d’une défibrillation réussie (définie par l’absence de FV 5 secondes
après la délivrance du choc). En conséquence la défibrillation doit toujours être réalisée
rapidement et efficacement afin de maximiser les chances d’une réanimation réussie.
S’il y a un délai pour obtenir un défibrillateur et pendant son application, commencer les
compressions thoraciques et la ventilation immédiatement. Lorsqu’une RCP par témoin
est réalisée, la diminution de la survie est plus progressive et atteint en moyenne 3 à 4 %
2. Le mécanisme de la défibrillation
La défibrillation est le passage d’un courant électrique d’une intensité suffisante à travers
le myocarde afin de dépolariser une masse critique du muscle cardiaque, en permettant
simultanément au pacemaker tissulaire naturel de reprendre le contrôle. Pour y parvenir,
tous les défibrillateurs ont trois caractéristiques communes: une source d’énergie capable
de fournir du courant continu, un condensateur qui peut être chargé à un niveau d’énergie
prédéterminé et deux électrodes qui sont placées sur la paroi thoracique du patient, de
chaque côté du cœur, à travers lesquelles le condensateur est déchargé. Une défibrillation
réussie est définie scientifiquement comme l’absence de FV/TVssP 5 secondes après
l’administration du choc, même si le but ultime reste le RACS.
164
La présence d’un patch médicamenteux cutané sur la paroi thoracique du patient peut
empêcher un bon contact et provoquer un arc électrique et des brûlures si des électrodes
auto-adhésives sont placées sur ce patch. Si la défibrillation risque d’être retardée par
l’obligation de le retirer et de nettoyer et sécher la surface avant d’appliquer les électrodes,
placer les électrodes dans une position alternative qui évite le patch.
est importante sur le thorax et si un rasoir est disponible immédiatement, l’utiliser pour
enlever la pilosité excessive sur la surface où les électrodes sont placées. La défibrillation
ne devrait pourtant pas être retardée si un rasoir n’est pas directement à portée de main.
En cas de pilosité importante, une position bi-axillaire de l’électrode peut permettre une
défibrillation plus rapide.
165
Chapitre 9
Défibrillation
suffisamment latéralement (figure 9.1). Bien que les électrodes soient marquées positives
et négatives, chacune peut être placée dans n’importe quelle position. D’autres positions
des électrodes acceptables incluent:
• chaque électrode sur les parois latérales du thorax, une à droite et l’autre du côté
gauche (bi-axillaire)
• une électrode dans la position apicale standard et l’autre plus élevée vers le haut
du dos à droite
• une électrode en position antérieure, sur la région précordiale gauche, et l’autre
électrode en arrière derrière le cœur, juste en dessous de l’omoplate gauche
Figure 9.1
Positions standards des électrodes pour la défibrillation
Le délai entre l’arrêt des compressions thoraciques et la délivrance du choc (la pause pré
choc) doit être réduit au minimum absolu; même un délai de 5 à 10 secondes va réduire les
chances de succès du choc. La pause pré choc peut être réduite à moins de 5 secondes en
continuant les compressions pendant le chargement du défibrillateur et par la présence
d’une équipe efficace coordonnée par un leader qui communique efficacement. La
vérification de sécurité pour éviter tout contact d’un sauveteur avec le patient au moment
de la défibrillation doit être effectuée rapidement mais avec efficacité. La pause après
le choc est minimisée par la reprise immédiate des compressions thoraciques après la
délivrance du choc. Le processus entier de défibrillation manuelle doit être réalisable avec
une interruption des compressions thoraciques de moins de 5 secondes.
166
3.4. Séquence de choc
Avec une efficacité du premier choc avec ondes biphasiques généralement supérieure à
90 %, un échec de la défibrillation d’une FV suggère le besoin d’une période de RCP pour
perfuser le myocarde, plutôt qu’un autre choc. Donc immédiatement après avoir donné
un choc unique et sans réévaluer le rythme ou chercher un pouls, reprendre la RCP (30
compressions/2 ventilations) pour 2 minutes avant de délivrer un autre choc (si indiqué
- voir plus bas). Même si la tentative de défibrillation a réussi à restaurer un rythme de
perfusion, il est très rare qu’un pouls soit palpable immédiatement après la défibrillation et
le retard occasionné par cette tentative de trouver un pouls va compromettre davantage
le myocarde si un rythme de perfusion n’a pas été restauré. Si un rythme de perfusion a
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Cette stratégie des trois chocs peut aussi être considérée pour un arrêt cardiaque FV/
TVssP initial devant témoin si le patient est déjà connecté à un défibrillateur manuel. Bien
qu’il n’y ait pas de données supportant l’utilisation de cette stratégie des trois chocs dans
aucune de ces circonstances, il est peu probable que des compressions thoraciques vont
améliorer les chances déjà très élevées de RACS quand la défibrillation se produit tôt dans
la phase électrique, immédiatement après la survenue de la FV.
167
Chapitre 9
Défibrillation
Il n’y a pas d’évidence pour supporter un protocole d’énergie fixe ou avec escalade, bien
qu’un protocole avec escalade puisse être associé avec une incidence plus basse de
refibrillation. Les deux stratégies sont acceptables; toutefois, si le premier choc n’est pas
un succès et si le défibrillateur est capable de délivrer des chocs avec énergie plus élevée,
il est raisonnable d’augmenter l’énergie pour les chocs subséquents.
En raison d’un taux de succès du premier choc plus élevé pour mettre un terme à
la fibrillation avec une forme d’ondes biphasiques et au potentiel pour réduire les
dysfonctions myocardiques post-choc, les formes d’ondes biphasiques doivent être
utilisées pour la cardioversion des arythmies auriculaires et ventriculaires, de préférence à
une forme d’onde monophasique.
Figure 9.2
Onde biphasique exponentielle tronquée
Courant (A)
Temps (ms)
168
Figure 9.3
Onde rectilinéaire biphasique
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Courant (A)
Temps (ms)
Aucune donnée ne montre que l’une ou l’autre des deux formes d’ondes biphasiques
le plus communément utilisées est plus efficace. Bien que l’énergie initiale d’un choc 9
biphasique ne doit pas être inférieure à 120 J pour une onde de type RLB et à 150 J pour
une onde de type BTE, il est recommandé par simplicité que le choc initial biphasique soit
d’au moins 150 J, quelle que soit la forme d’ondes biphasiques.
169
Chapitre 9
Défibrillation
4. Sécurité
Les tentatives de défibrillation doivent être réalisées sans risque pour les membres de
l’équipe de réanimation. La meilleure façon d’y arriver est d’utiliser des électrodes auto-
Des gants peuvent fournir une protection limitée contre le courant électrique; il est par
conséquent fortement recommandé que tous les membres de l’équipe de réanimation
en portent.
170
5. Défibrillateurs externes automatisés
Les défibrillateurs externes automatisés sont des dispositifs informatisés qui utilisent la
voix et des aides visuelles pour guider un secouriste ou un professionnel de la santé à
réaliser une tentative de défibrillation en toute sécurité pour des victimes d’arrêt cardiaque.
Des avancées technologiques, particulièrement en rapport avec la capacité des batteries
et le logiciel d’analyse des arythmies, ont permis la production en masse de défibrillateurs
portables relativement bon marché, fiables et d’utilisation aisée. Les défibrillateurs qui
recommandent un choc ont la capacité d’analyser l’ECG, mais ils peuvent en général être
contrôlés manuellement par des sauveteurs capables de reconnaître le rythme.
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Les DEA sont sûrs et efficaces quand ils sont utilisés par des témoins avec une formation
minimale ou sans formation. Les DEA rendent une défibrillation possible de nombreuses
minutes avant l’arrivée des secours professionnels. Les intervenants RCP doivent continuer
la RCP avec des interruptions minimales des compressions thoraciques au moment
d’attacher le DEA et pendant son usage. Les intervenants RCP doivent se concentrer et
suivre les instructions vocales dès qu’elles sont prononcées, en particulier pour la reprise
immédiate des compressions thoraciques et les interruptions minimales des compressions
thoraciques. Les DEA standard conviennent pour une utilisation avec des enfants de plus
de huit ans.
Les défibrillateurs externes automatisés ont été testés de manière extensive face à une
grande diversité de rythmes cardiaques enregistrés et dans de nombreux essais cliniques
chez les adultes et les enfants. Ils sont extrêmement précis dans l’analyse du rythme.
Bien que les DEA ne soient pas conçus pour fournir des chocs synchrones, tous les DEA
recommandent des chocs pour TV si la fréquence et la morphologie de l’onde R dépassent
des valeurs prédéfinies.
En dépit de preuves limitées, les DEA doivent être considérés en contexte hospitalier
comme un moyen de faciliter la défibrillation aussi vite que possible (endéans les 3 minutes
171
Chapitre 9
Défibrillation
après collapsus au plus), spécialement dans les zones où le personnel n’est pas compétent
pour la reconnaissance du rythme ou dans lesquelles l’utilisation de défibrillateurs est
peu fréquente. Un système efficace de formation et de recyclage doit être en place. Le
personnel doit être formé en nombres suffisants pour permettre la réalisation de l’objectif
d’administrer le premier choc endéans les 3 minutes après le collapsus n’importe où dans
l’hôpital.
La formation à l’utilisation des DEA peut être réalisée beaucoup plus rapidement et
facilement que pour un défibrillateur manuel. Les équipements automatiques ont permis
de rendre la défibrillation accessible à beaucoup plus de membres du personnel médical,
infirmier, paramédical ou non médical (par ex. police et secouristes – «défibrillation par
172
Figure 9.4
Algorithme DEA
Absence de réaction?
Appel à l’aide
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9
DEA évalue
le rythme
Pas de choc
Choc indiqué
indiqué
1 choc
Reprendre Reprendre
immédiatement immédiatement
RCP 30:2 RCP 30:2
pendant 2 min pendant 2 min
Continuer jusqu’à ce que la vic-
time commence à se réveiller:
à bouger, à ouvrir les yeux et à
respirer normalement
173
Chapitre 9
Défibrillation
174
Figure 9.6
Utilisation d’un défibrillateur semi automatique et RCP efficace
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6. Défibrillation manuelle
9
Les défibrillateurs manuels permettent à l’opérateur de diagnostiquer le rythme et de
délivrer un choc rapidement sans avoir à attendre l’analyse du rythme. Cela minimise
l’interruption des compressions thoraciques. Les défibrillateurs manuels ont souvent des
fonctions additionnelles, comme la possibilité d’administrer des chocs synchrones et
des facilités pour un pacing externe. Le principal inconvénient de ces appareils est que
l’opérateur doit être compétent pour la reconnaissance du rythme; en conséquence, en
comparaison avec les DEA, un apprentissage supplémentaire est requis.
175
Chapitre 9
Défibrillation
176
Figure 9.7
Appliquer les palettes du défibrillateur
Personal copy of Houmed Houssein Houmed (ID: 818632)
Figure 9.8
Chargement pendant les compressions thoraciques
Comme des palettes manuelles sont encore utilisées dans de nombreux pays, les
recommandations suivantes s’appliquent à leur utilisation:
1.a. Confirmer FV, en cas de doute utiliser une impression du tracé; la personne désignée
sélectionne l’énergie appropriée sur le défibrillateur (énergie maximum pour les
dispositifs monophasiques), laisser les palettes dans le défibrillateur et appuyer sur
le bouton de chargement.
1.b. Appliquer du gel conducteur sur le thorax du patient.
177
Chapitre 9
Défibrillation
7. Défibrillation pré-hospitalière
Il est prouvé que la réalisation de compressions thoraciques pendant que l’on apporte,
applique et charge un défibrillateur améliore la probabilité de survie. Du personnel AMU
doit fournir une RCP de haute qualité pendant qu’un défibrillateur est cherché, appliqué et
chargé. La défibrillation ne doit pas être retardée plus longtemps que le temps nécessaire
pour établir le besoin d’une défibrillation et d’un chargement. La délivrance en routine
d’une période prédéterminée de RCP (par ex. deux ou trois minutes) avant l’analyse du
rythme et la délivrance du choc n’est pas recommandée.
Les personnes non formées et les premiers intervenants qui utilisent des DEA doivent
attacher le dispositif aussi vite que possible et suivre les instructions.
8. Cardioversion synchrone
Si une cardioversion électrique est utilisée pour convertir une tachyarythmie auriculaire
ou ventriculaire, le choc doit être synchronisé pour survenir avec l’onde R (pas avec l’onde
T) de l’électrocardiogramme. En évitant la période réfractaire relative, le risque d’induire
une FV est minimisé. La plupart des défibrillateurs manuels incorporent un interrupteur
qui permet au choc d’être déclenché par l’onde R à l’ECG. Les électrodes sont appliquées
sur la paroi thoracique et la cardioversion est réalisée d’une façon comparable à un essai
de défibrillation mais l’opérateur doit anticiper le bref délai entre le moment de presser
le bouton et la délivrance du choc à l’apparition de l’onde R suivante. Ne pas déplacer les
électrodes du défibrillateur pendant cet intervalle; sinon le complexe QRS ne sera pas
détecté. Les mêmes mesures de sécurité que pour les essais de défibrillation doivent être
prises.
178
la restauration d’un rythme sinusal. Une fibrillation ventriculaire ou une TV sans pouls
nécessitent des chocs non synchrones. Des patients conscients doivent être anesthésiés
ou sédatés avant de tenter une cardioversion synchrone.
attentif quand on place les électrodes. Bien que les défibrillateurs modernes soient dotés
de circuits de protection, le courant peut se déplacer le long de la sonde du pacemaker
ou du défibrillateur implantable et causer des brûlures aux endroits où l’extrémité des
électrodes est en contact avec le myocarde. Cela peut augmenter l’impédance au point
de contact et progressivement augmenter le seuil du pacing. Placer les électrodes du
défibrillateur à au moins 8 cm du pacemaker pour minimiser le risque. Alternativement
placer les palettes en position antéro-postérieure comme décrit plus haut. Si la réanimation
est réussie après une défibrillation, vérifier régulièrement le seuil du pacemaker pendant
les deux mois suivants. Des rapports récents ont documenté des cas de chocs reçus par
les sauveteurs à partir de DCI alors qu’ils étaient en contact avec le patient pendant la RCP.
Il est particulièrement important de porter des gants et d’éviter le contact de peau à peau
avec le patient pendant que l’on effectue la RCP parce qu’il n’y a pas d’avertissement avant 9
les décharges du défibrillateur cardiaque interne.
POINTS ESSENTIELS
• P
our le patient en FV/TVssP, une défibrillation précoce est le seul moyen
efficace de restaurer une circulation spontanée
179
Chapitre 9
Défibrillation
LITTÉRATURE COMPLÉMENTAIRE
• Soar J, et al. European Resuscitation Council Guidelines for Resuscitation 2015. Section 3.
Adult Advanced Life Support. 10.1016/j.resuscitation.2015.07.016; p99 - p146
• Soar J, Callaway CW, Aibiki M, et al. Part 4: Advanced life support: 2015 International Consensus on
Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care Science With Treatment
Recommendations. 10.1016/j.resuscitation.2015.07.042; e71 - e122
180
Chapitre 10.
Pacing cardiaque
Personal copy of Houmed Houssein Houmed (ID: 818632)
OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
Comprendre:
• les indications du pacing cardiaque dans un contexte de péri-arrêt
• comment réaliser le pacing par percussion
• comment appliquer un pacing électrique transcutané non-invasif
• les problèmes associés au pacing transveineux temporaire et comment les
corriger
• c omment prendre en charge des patients avec pacemakers et défibrillateurs
internes permanents dans un contexte d’arrêt cardiaque et de péri-arrêt
1. Introduction
Dans certains contextes d’arrêt cardiaque ou de péri-arrêt, une utilisation appropriée
du pacing cardiaque peut sauver des vies. Un pacing non-invasif peut être utilisé pour
maintenir temporairement un débit cardiaque pendant qu’une aide spécialisée pour le
traitement à plus long terme est obtenue. Un pacing non-invasif peut être rapidement
établi et est clairement dans les compétences d’un provider ALS.
Le provider ALS n’a pas besoin d’avoir une connaissance détaillée des pacemakers
permanents et des défibrillateurs cardiaques internes (DCI) mais il doit pouvoir reconnaître
quand l’un de ces dispositifs est présent, quand il est défectueux et comment la présence
d’un appareil implanté peut influencer la prise en charge d’un arrêt cardiaque.
181
Chapitre 10
Pacing cardiaque
Rameau postérieur
Nœud SA
Nœud AV
Faisceau de His
Branche droite
Branche gauche
Rameau antérieur
Lorsqu’un bloc AV complet survient, l’activité automatique la plus rapide provient des
cellules immédiatement situées sous le niveau du bloc, lesquelles deviennent le nouveau
pacemaker. Le rythme intrinsèque de ces cellules est relativement rapide (souvent
aux environs de 50/min). Le rythme d’échappement qui en résulte est généralement
relativement stable et peu susceptible de s’arrêter et de causer une asystolie.
Les complexes QRS qui résultent de ce type de bloc sont fins parce que l’impulsion est
transmise aux ventricules rapidement à travers le système de His-Purkinje intact. Cette
situation peut se rencontrer en tant que complication d’un infarctus myocardique inférieur.
Dans ce contexte un bloc complet à complexes fins peut ne pas nécessiter de pacing parce
que la fréquence cardiaque n’est souvent pas spécialement lente et le risque d’asystolie est
généralement faible.
182
un infarctus myocardique antéroseptal ou suite à une fibrose dégénérative ou une
valvulopathie. Tout foyer automatique d’activité électrique naissant sous ce bloc, au
niveau des fibres distales de Purkinje, sera probablement lent et non fiable. Dans cette
situation, les complexes QRS résultants seront larges puisque l’impulsion passe lentement
à travers le muscle ventriculaire plutôt que rapidement à travers le système de His-Purkinje.
Ce rythme d’échappement non fiable peut s’arrêter brièvement, menant à une syncope
(syndrome de Stokes-Adams), ou complètement, causant alors un arrêt ventriculaire et
un arrêt cardiaque. Un bloc AV complet à complexes larges requiert un pacing cardiaque
et l’apparition de pauses ventriculaires significatives lui donne un caractère d’urgence
puisque le risque d’asystolie est bien réel. Le risque possible d’un bloc AV complet sévère
et d’une asystolie doit toujours être envisagé chez un patient qui a présenté une syncope
Personal copy of Houmed Houssein Houmed (ID: 818632)
et dont l’ECG montre des signes de retard de conduction (par ex. un intervalle PR long ou
un bloc de branche). De tels patients requièrent au moins un monitorage cardiaque et une
évaluation par un spécialiste.
Dans un contexte de péri-arrêt, les pacemakers artificiels sont utilisés lorsque le rythme
cardiaque est excessivement lent ou non fiable et qu’il ne répond pas au traitement décrit
dans l’algorithme du péri-arrêt pour une bradycardie (chapitre 11). Toutefois, le pacing ne sera
un succès que si le cœur est capable de répondre au stimulus du pacemaker. Dans le cadre
d’un arrêt cardiaque, la présence continue d’ondes P rend cette situation plus probable.
La pacing est très rarement efficace dans une asystolie sans ondes P et il ne doit pas être
tenté en routine dans cette situation.
La stimulation myocardique peut être soit mécanique, comme dans le pacing par 10
percussion, soit électrique comme pour un pacing transcutané ou transveineux.
3. Méthodes de pacing
Les méthodes de pacing sont classifiées de la façon suivante:
Non-invasives
• pacing par percussion («pacing par coup de poing»)
• pacing transcutané
Invasives
• pacing transveineux temporaire
• pacing permanent avec pacemaker implanté
Les dispositifs implantés qui réalisent un pacing comprennent les pacemakers implantés
pour le traitement de bradycardies, les pacemakers biventriculaires implantés pour le
traitement d’une décompensation cardiaque (thérapie de resynchronisation cardiaque)
et les défibrillateurs cardiaques internes (DCI) qui ont aussi une fonction de pacemaker.
183
Chapitre 10
Pacing cardiaque
Le pacing par percussion n’est pas aussi fiable que le pacing électrique pour stimuler
les complexes QRS. Si la percussion ne produit pas rapidement un rythme avec pouls,
indépendamment du fait qu’il déclenche ou non des complexes QRS, commencer la RCP
immédiatement.
Comme la RCP, le pacing par percussion est une mesure d’urgence utilisée pour essayer
de maintenir la circulation vers les organes vitaux et permettre soit la récupération d’un
rythme cardiaque spontané, soit un pacing transcutané ou transveineux.
184
particulièrement polyvalents. Des dispositifs autonomes de pacing peuvent également
être disponibles dans certains services hospitaliers.
• Eviter tout retard inutile dans la mise en route du pacing, mais veiller attentivement
à la technique pour augmenter les chances de succès.
• Avec des ciseaux ou un rasoir, enlever rapidement toute pilosité excessive du
thorax sur la peau à l’endroit où l’électrode doit être appliquée.
• S’assurer que la peau est sèche.
• Attacher les électrodes du monitorage et les câbles si nécessaire - ceux-ci sont
requis avec certains dispositifs de pacing transcutané.
• Placer les électrodes dans la position conventionnelle pectorale droite/apicale si
possible (figure 10.2a). Si ce n’est pas possible (par ex. trauma thoracique, pacemaker
ou défibrillateur-cardioverteur implanté), les positions antéro-postérieure (A-P)
peuvent être utilisées (figure 10.2b-d).
• Si l’appareil de pacing employé ne permet pas une défibrillation, utiliser les positions 10
A-P pour les électrodes de pacing afin d’encore pouvoir utiliser les positions
classiques, pectorale droite et apicale, pour les électrodes du défibrillateur si un
arrêt cardiaque se produit.
• Pour les positions pectorale droite et apicale, placer une électrode au-dessus du
muscle pectoral droit, juste en dessous de la clavicule. Placer l’électrode apicale sur
la ligne axillaire moyenne, qui recouvre la position de l’électrode V6 de l’ECG. Il est
important que cette électrode soit placée suffisamment latéralement. L’appliquer
sur la paroi thoracique, en veillant à éviter tout tissu mammaire.
185
Chapitre 10
Pacing cardiaque
Pour des positions A-P, placer l’électrode antérieure au niveau de la paroi thoracique, à
côté du sternum, recouvrant la position des électrodes V2 et V3 de l’ECG. Placer l’électrode
postérieure entre la partie inférieure de l’omoplate gauche et la colonne, au même niveau
horizontal sur le torse que l’électrode antérieure.
• Les différents dispositifs de pacing transcutané ont des propriétés différentes. Par
exemple certains requièrent que l’opérateur augmente le courant délivré à chaque
stimulation de pacing jusqu’à ce que la capture électrique soit réalisée, tandis
que d’autres utilisent un courant constant qui ne peut pas être ajusté et une plus
longue durée d’impulsion (durée du stimulus de pacing) que d’autres appareils.
S’assurer d’être familiarisé avec le fonctionnement de l’appareil utilisé.
186
Après avoir obtenu une capture électrique avec le pacemaker, vérifier la présence d’un
pouls. Un pouls palpable confirme la présence d’une réponse mécanique du cœur au
complexe QRS pacé (c’est-à-dire une contraction du myocarde). L’absence d’un pouls
en présence d’une bonne capture électrique constitue une activité électrique sans
pouls (AEssP). La cause la plus probable est une insuffisance myocardique sévère, mais
considérer les autres causes possibles d’AEssP dans ces circonstances.
que des analgésiques aussi bien que des médicaments sédatifs peuvent inhiber l’effort
respiratoire du patient.
Pour la défibrillation d’un patient auquel on a placé des électrodes destinées uniquement
au pacing, appliquer les palettes du défibrillateur à au moins 2 ou 3 cm des électrodes de
pacing pour prévenir la formation d’un arc électrique.
Figure 10.3a
Pacing transcutané. Aspect des spikes de pacing sur le monitorage cardiaque
Pacing Spike
Artifact
187
Chapitre 10
Pacing cardiaque
L’échec d’un système temporaire de pacing transveineux en place peut causer un arrêt
cardiaque, particulièrement quand le patient est dépendant du pacing. Les systèmes de
pacing transveineux temporaire peuvent être défaillants de trois manières:
Il est habituel de réaliser le pacing avec un stimulus de 3 à 4 volts, bien au-delà du seuil
de pacing initial. Au cours des premiers jours et semaines après l’insertion d’une sonde de
pacing (temporaire ou permanent) une augmentation du seuil peut être attendue.
Vérifier le seuil d’un pacemaker temporaire au moins quotidiennement pour s’assurer que
l’énergie du pacemaker est bien au-dessus du seuil. Dans le cas contraire, une perte de
capture peut survenir. Cela est visualisé sur l’ECG par un spike non suivi d’un complexe
QRS. La perte de capture peut être intermittente, de sorte qu’un spike sans contraction
apparent de cette nature doit entraîner une vérification répétée du seuil de pacing.
Si une perte de capture se produit en raison d’un seuil élevé, immédiatement augmenter
l’énergie du pacemaker bien au-dessus du seuil. Une augmentation brutale du seuil de
pacing peut être causée par un déplacement de la sonde; obtenir alors une aide spécialisée
rapidement, car un repositionnement de la sonde peut être requis.
S’assurer que toutes les connexions entre la sonde et le pacemaker produisent un bon
contact sécurisé peu susceptible de se détacher facilement, par exemple suite à un
mouvement mineur de la sonde ou du câble.
188
La perte de contact à n’importe quel point va arrêter la délivrance du stimulus de pacing
au cœur, visualisée sur l’ECG par l’absence de spike de pacing. Ceci peut être intermittent
ou asymptomatique, ou soudain et total et peut provoquer une syncope ou un arrêt
cardiaque par asystolie. Quand l’échec du pacing est accompagné par une perte du
spike de pacing sur l’ECG, vérifier toutes les connexions immédiatement; vérifier que
le pacemaker n’a pas été débranché par inadvertance et que ses batteries ne sont pas
épuisées. Si aucune de ces causes n’est présente, une autre explication possible est la
rupture d’un fil à l’intérieur de sa gaine isolante. Cela provoque généralement un échec
intermittent du pacing et la cassure a plus de chance de se trouver dans le câble de
connexion qu’au niveau de la sonde de pacing. En cas de doute à ce sujet, changer le
câble de connexion immédiatement.
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L’extrémité de la sonde de pacing peut aussi perforer la paroi du ventricule droit et migrer
vers le péricarde avec peu ou pas de changement apparent de position visualisé à la
radiographie du thorax. En de très rares occasions, ceci peut provoquer une tamponnade
péricardique; envisager cette possibilité chez un patient porteur d’une sonde de pacemaker
implantée récemment qui présenterait un arrêt cardiaque avec activité électrique sans
pouls. 10
Lorsqu’un déplacement ou une perforation se produisent, l’ECG va toujours montrer un
spike de pacing, mais il est probable que survienne une perte de capture, intermittente
ou complète, du stimulus de pacing, ce qui entraîne que les spikes de pacing ne sont pas
systématiquement suivis de complexes QRS. Lorsqu’une sonde de pacing se déplace mais
reste dans le ventricule droit, elle peut déclencher des extrasystoles ventriculaires ou des
arythmies ventriculaires plus sérieuses, y compris TV et FV. Quand un pacing transveineux
ne fonctionne pas, il y a un risque d’arrêt cardiaque en sidération ventriculaire. Il peut être
de durée relativement courte et provoquer une syncope ou se prolonger et provoquer un
arrêt cardiaque par asystolie. Dans cette situation, utiliser un pacing non invasif jusqu’au
ré-établissement d’un pacing transveineux efficace.
Lors de l’évaluation d’un patient par l’approche ABCDE, vérifier (durant le E) la présence
d’un dispositif implanté. Ces dispositifs sont généralement implantés en-dessous de la
clavicule, souvent mais pas toujours du côté gauche. Si un dispositif est identifié, considérer
189
Chapitre 10
Pacing cardiaque
s’il s’agit d’un pacemaker ou d'un DCI. Dans le cas d’un pacemaker, essayer d’établir s’il a
été implanté en tant que traitement d’une bradyarythmie ou d’une insuffisance cardiaque.
Les DCI sont généralement implantés dans la région pectorale comme un pacemaker
normal. Malgré l’apparente complexité de ces dispositifs, le moyen par lequel ils détectent
des modifications du rythme cardiaque est relativement simple; il dépend principalement
190
de la détection de fréquences cardiaques rapides. Par conséquent les DCI vont
occasionnellement mal diagnostiquer une arythmie ou mal interpréter d’autres signaux
électriques et délivrer des chocs inappropriés très déplaisants pour un patient conscient.
Les défibrillateurs cardiaques internes peuvent être désactivés temporairement en
positionnant ou en maintenant un aimant sur la peau au-dessus de l’appareil. Demander
une aide experte si un dysfonctionnement de l’appareil est suspecté, car il peut requérir
une reprogrammation.
Si un patient avec DCI présente un arrêt cardiaque qui n’est pas résolu par l’appareil
implanté, administrer la RCP de la façon habituelle. Jusqu’à récemment, on pensait que
les compressions thoraciques pouvaient être effectuées sans risque pour le sauveteur,
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même si le DCI délivre un choc interne au patient lors d’une compression thoracique. Il y
a eu cependant de rares rapports de sauveteurs recevant des chocs à partir d’un DCI. Le
port de gants minimise ce risque. En présence d’un rythme d’arrêt cardiaque choquable
non résolu par le DCI, utiliser la défibrillation externe de manière classique, en prenant
les mêmes précautions pour le choix de la position des palettes du défibrillateur que
pour un patient avec un pacemaker implanté. Evaluation et vérification de l’appareil
(DCI, pacemaker) par un spécialiste sont obligatoires aussi vite que possible après une
défibrillation externe ou une défibrillation.
Envisager la possibilité d’implantation d’un DCI chez tout patient réanimé d’un arrêt
cardiaque avec rythme choquable, en dehors du contexte d’un infarctus myocardique
prouvé avec élévation du segment ST. Tous ces patients doivent être adressés avant la
sortie de l’hôpital pour une évaluation à un cardiologue spécialisé dans les troubles du
rythme. 10
POINTS ESSENTIELS
• L e pacing non invasif peut être réalisé par tout provider ALS et c’est
le traitement immédiat pour des bradyarythmies qui sont un risque potentiel
pour le patient qui ne répond pas au traitement médicamenteux initial.
• L e pacing non-invasif est une mesure temporaire destinée à être utilisée soit
jusqu’au retour d’un rythme spontané stable et efficace, soit jusqu’à la mise
en place d’un pacing transveineux par une personne expérimentée.
• D
es précautions spéciales sont nécessaires pendant les tentatives de
réanimation chez les patients avec des pacemakers implantés et des DCI.
• L a nécessité éventuelle d’un DCI devrait être envisagée chez les patients
réanimés d’un arrêt cardiaque en TV ou FV chez lesquels il y a risque de
récidive.
191
Chapitre 10
Pacing cardiaque
LITTÉRATURE COMPLÉMENTAIRE
• National Institute for Clinical Health & Excellence 2006. Technology Appraisal 95. Implantable
cardioverter defibrillators for arrhythmias. Review of Technology Appraisal 11. www.nice.org.uk
• Soar J, et al. European Resuscitation Council Guidelines for Resuscitation 2015. Section 3. Adult
Advanced Life Support. 10.1016/j.resuscitation.2015.07.016; p99 - p146
• Soar J, Callaway CW, Aibiki M, et al. Part 4: Advanced life support: 2015 International Consensus on
Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care Science With Treatment
Recommendations. 10.1016/j.resuscitation.2015.07.042; e71 - e122
192
Chapitre 11.
Arythmies péri-arrêt
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OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
Comprendre:
• l’importance des arythmies qui peuvent précéder ou faire suite à un arrêt
cardiaque
• comment évaluer des arythmies péri-arrêt
• les principes de traitement des arythmies péri-arrêt
1. Introduction
Les troubles du rythme qui se produisent dans la période péri-arrêt peuvent être divisés
en deux catégories principales:
• Les arythmies qui peuvent mener à un arrêt cardiaque – de nombreux troubles
du rythme apparaissent sans entraîner d’arrêt cardiaque: ils sont une complication
relativement commune de l’infarctus aigu du myocarde (IAM) mais sont
également présents chez des patients présentant d’autres maladies cardiaques et
chez des personnes qui n’ont pas de maladies coronariennes ou de cardiopathies
structurelles. Non traitées, certaines de ces arythmies peuvent mener à un arrêt
cardiaque ou à une détérioration évitable de l’état du patient. D’autres peuvent ne
pas requérir de traitement immédiat.
• Les arythmies qui apparaissent après la réanimation initiale d’un arrêt
cardiaque – celles-ci indiquent souvent que la condition du patient est encore
instable et qu’il y a un risque de détérioration et d’arrêt cardiaque ultérieur.
Vous devez être capable de reconnaître les arythmies courantes et de savoir évaluer si
elles requièrent ou non un traitement immédiat. Les algorithmes de traitement décrits
dans cette section ont été conçus pour permettre aux providers ALS non spécialisés de
soigner un patient de manière efficace et sûre en situation d’urgence; dans cette optique,
ils sont présentés de manière aussi simple que possible. Si les patients ne sont pas en état
critique, il peut y avoir des options de traitement (voie orale ou parentérale) qui seront
moins familières à la personne non experte. Dans cette situation il convient, chaque fois
que possible, de chercher le conseil de cardiologues ou d’autres docteurs seniors avec
l’expérience appropriée.
193
Chapitre 11
Arythmies péri-arrêt
2. Séquence d’actions
Quand une arythmie est présente ou suspectée, commencer par une évaluation du patient
en utilisant l’approche ABCDE, en incluant la mise en place précoce d’un monitorage
cardiaque (voir chapitre 8). Evaluer le patient particulièrement pour les signes de gravité
(voir plus bas). Insérer une canule intraveineuse et, si approprié, donner de l’oxygène.
Chaque fois que possible, enregistrer un ECG 12 dérivations à la première occasion. Cela
aidera à identifier le rythme précis, soit avant le traitement soit de manière rétrospective,
si nécessaire avec l’aide d’un spécialiste. Une évaluation clinique est de valeur limitée dans
l’identification du trouble du rythme précis.
3. Signes de gravité
La présence ou l’absence de signes de gravité ou de symptômes dictera l’urgence et
le choix du traitement pour la plupart des arythmies. Les signes de gravité suivants
indiquent qu’un patient est instable et risque de se détériorer, en tout ou en partie à cause
de l’arythmie:
• Choc-hypotension (pression artérielle systolique < 90 mmHg), pâleur, sudation,
extrémités froides, confusion ou troubles de la conscience.
• Syncope-perte de conscience transitoire en raison de la réduction du débit sanguin
vers le cerveau.
• Insuffisance cardiaque-œdème pulmonaire et/ou augmentation de la pression
veineuse jugulaire (avec ou sans œdème périphérique et hypertrophie du foie).
• Ischémie myocardique-douleur thoracique ischémique typique et/ou évidence
d’ischémie myocardique sur l’ECG 12 dérivations.
• Fréquences cardiaques extrêmes - en addition aux signes de gravité susmentionnés,
il convient de considérer les fréquences cardiaques extrêmes comme des signes de
gravité par elles-mêmes, requérant une évaluation et un traitement plus urgents
qu’une tachycardie moins extrême ou une bradycardie sans signe de gravité.
1. Tachycardie extrême: quand la fréquence cardiaque augmente, la diastole
est raccourcie à un degré plus élevé que la systole. Des troubles du rythme
responsables de fréquences cardiaques très rapides (par ex. > 150/min)
réduisent le débit cardiaque considérablement (parce que la diastole est très
courte et que le cœur n’a pas le temps de se remplir correctement) et réduisent
le flux sanguin coronaire (car celui-ci survient surtout durant la diastole), ce
qui peut potentiellement causer une ischémie myocardique. Plus la fréquence
cardiaque est élevée, plus mal cela sera toléré.
194
2. B
radycardie extrême: en général, au plus la bradycardie sera lente au moins
elle sera tolérée et des fréquences cardiaques en-dessous de 40/min sont
souvent mal tolérées. C’est en particulier le cas quand des personnes ont
une maladie cardiaque grave et ne peuvent pas compenser la bradycardie
en augmentant le volume d’éjection. Certains patients avec une cardiopathie
sévère requièrent des fréquences cardiaques plus élevées que la normale pour
maintenir le débit cardiaque, et même une fréquence cardiaque «normale»
peut être inopportunément lente pour eux.
4. Options de traitement
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La plupart des médicaments agissent plus lentement et de manière moins fiable que
les traitements électriques. Dès lors le traitement électrique est généralement le choix
préféré pour un patient instable avec des signes de gravité. Quand on soigne d’abord par
des médicaments des patients sans signe de gravité, rester conscient de la possibilité de
11
détérioration due soit aux médicaments, soit à l’évolution naturelle de l’arythmie. Etre
préparé pour un traitement électrique immédiat (défibrillation, cardioversion ou pacing).
Si un patient développe une arythmie en tant que complication d’une autre condition
(par ex. infection, IAM, insuffisance cardiaque), s’assurer que la pathologie sous-jacente
est évaluée et traitée de manière appropriée, en impliquant des experts si nécessaire.
195
Chapitre 11
Arythmies péri-arrêt
6. Tachycardie
Des tentatives répétées de cardioversion électrique ne sont pas appropriées pour des
épisodes paroxystiques (qui se terminent par eux-mêmes) récurrents (endéans les heures
ou jours) de fibrillation auriculaire. Cela est relativement courant avec des patients en
état critique qui peuvent avoir des facteurs précipitants en cours qui causent l’arythmie
(par ex. trouble métabolique, sepsis). Une cardioversion ne prévient pas des arythmies
subséquentes. S’il y a des épisodes récurrents, les traiter avec des médicaments.
S’assurer que le défibrillateur est programmé pour délivrer un choc synchronisé. Le choc
sera délivré pour coïncider avec l’onde R. Un choc non synchronisé peut coïncider avec
une onde T et causer une fibrillation ventriculaire (FV).
Pour une tachycardie à complexes larges ou une fibrillation auriculaire, commencer avec
un choc de 120-150 J en biphasique (200 J monophasique) et augmenter par paliers si cela
échoue. Un flutter auriculaire et une tachycardie régulière à complexes fins vont souvent
être résolus par des chocs de moindre énergie: commencer à 70-120 J en biphasique
(100 J monophasique). Pour une fibrillation auriculaire et un flutter, utiliser les positions
antéro-postérieure pour les palettes du défibrillateur quand c’est possible.
Quand on délivre le choc, appuyer sur le bouton du choc et le maintenir enfoncé jusqu’à
l’administration du choc – il peut y avoir un léger délai avant la délivrance du choc.
196
6.3. Si le patient n’a pas de signe de gravité
Si le patient avec tachycardie est stable (pas de signe de gravité ou symptôme) et s’il ne
se détériore pas, un traitement pharmacologique peut être possible. Evaluer le rythme
en utilisant un ECG 12 dérivations et la durée du QRS. Si la durée du QRS est égale ou
supérieure à 0,12 secondes (3 petits carrés sur papier standard ECG), le rythme est classifié
comme tachycardie à complexes larges. Si la durée du QRS est inférieure à 0,12 secondes,
c’est une tachycardie à complexes fins.
clinique peut être causée par le traitement plutôt que par son absence d’efficacité. L’usage
de plusieurs médicaments anti-arythmiques ou de doses élevées d’un seul médicament
peut causer une dépression myocardique et une hypotension. Cela peut provoquer une
détérioration du rythme cardiaque et de la condition du patient. L’aide d’un spécialiste doit
être cherchée avant utilisation de doses répétées ou de combinaisons de médicaments
anti-arythmiques.
Une tachycardie ventriculaire stable peut être traitée avec 300 mg d’amiodarone IV sur 20
à 60 minutes suivis d’une perfusion de 900 mg sur 24 heures. Les conseils d’un spécialiste
doivent être demandés avant d’envisager des traitements alternatifs comme avec du
procaïnamide ou du sotalol.
197
Chapitre 11
Arythmies péri-arrêt
Figure 11.1
Algorithme de la tachycardie
Stable
n Amiodarone 300 mg IV
sur 10 à 20 min et répéter
choc; ensuite: QRS fin (< 0,12 sec)?
n Amiodarone 900 mg
OUI
Les possibilités incluent:
Si tachycardie ventriculaire
n F
A avec bloc de branche,
(ou rythme incertain):
traiter comme complexes fins n Amiodarone 300 mg IV sur 20 à Probable TSV par ré-entrée
n T
V polymorphe
60 min; puis 900 mg en 24 h nodale: Possible flutter auriculaire
(par ex. torsades de pointes n Si confirmation antérieure n Enregistrer ECG 12 dériva-
n Contrôler fréquence cardia-
198
Chercher l’aide d’un spécialiste pour l’évaluation et le traitement des tachyarythmies à
complexes larges irrégulières. Pour traiter une FA avec bloc de branche, procéder comme
pour une FA (voir plus bas). Si une FA avec pré-excitation (ou flutter auriculaire) est
suspectée, éviter adénosine, digoxine, vérapamil et diltiazem. Ces médicaments bloquent
le nœud AV et provoquent une hausse relative de la pré-excitation – ce qui peut entraîner
des tachyarythmies plus dangereuses. La cardioversion électrique est en général l’option
de traitement la plus sûre.
Traiter immédiatement une TV par torsades de pointes en arrêtant tous les médicaments
connus pour prolonger l’intervalle QT. Corriger les anomalies électrolytiques, spécialement
l’hypokaliémie. Donner 2 g de sulfate de magnésium IV sur 10 minutes. Obtenir une
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aide experte car un autre traitement (par ex. pacing par overdrive) peut être indiqué
pour prévenir une récidive une fois l’arythmie corrigée. Si des signes de détérioration se
développent (ce qui est normal), arranger une cardioversion synchrone immédiate. Si le
pouls du patient disparaît, essayer immédiatement une défibrillation (algorithme arrêt
cardiaque).
Une tachycardie à complexes fins irrégulière est le plus communément une FA ou parfois
un flutter auriculaire avec conduction AV variable (« bloc variable »).
199
Chapitre 11
Arythmies péri-arrêt
supra-ventriculaire (TSV) paroxystique, souvent observée chez des personnes sans aucune
autre cardiopathie et elle est relativement rare dans un contexte péri-arrêt. Elle provoque
une tachycardie régulière à complexes fins, souvent sans activité auriculaire clairement
visible sur l’ECG. Les fréquences cardiaques sont en général de loin supérieures aux normes
typiques de fréquences sinusales au repos (60 à 120 battements/min). C’est habituellement
bénin, sauf s’il existe en plus, de façon concomitante, une cardiopathie structurelle ou une
coronaropathie.
Une tachycardie par réentrée AV (AVRT) est observée chez des patients avec syndrome
de WPW et est en général aussi bénigne, sauf en présence d’une autre cardiopathie
structurelle additionnelle. Le type commun d’AVRT est une tachycardie à complexes fins
200
• Si l’arythmie persiste et n’est pas un flutter auriculaire, utiliser l’adénosine. Donner
5 ou 6 mg (en fonction de la préparation disponible) en bolus IV rapide. Enregistrer
un ECG (de préférence 12 dérivations) pendant chaque injection. Si la fréquence
ventriculaire ralentit de façon transitoire, mais que l’arythmie persiste ensuite,
chercher une activité auriculaire comme un flutter auriculaire ou une autre
tachycardie auriculaire et traiter en fonction. S’il n’y a pas de réponse aux 5 ou 6 mg
d’adénosine, donner un bolus de 10 ou 12 mg; s’il n’y a toujours pas de réponse,
donner un bolus supplémentaire de 10 ou 12 mg. Cette stratégie va mettre un
terme à de 90 à 95 % des arythmies supra-ventriculaires.
• Des traitements réussis de tachyarythmies par des manœuvres vagales ou
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201
Chapitre 11
Arythmies péri-arrêt
Demander l’avis d’un spécialiste pour déterminer le traitement le plus approprié pour
un patient donné. Plus longtemps un patient reste en FA, plus augmente la probabilité
du développement d’un caillot dans l’oreillette. En général, les patients qui ont été en FA
pendant plus de 48 h ne doivent pas être traités par cardioversion (électrique ou chimique)
tant qu’ils n’ont pas été complètement anti-coagulés depuis au moins 3 semaines, ou à
moins qu’une échographie trans-œsophagienne ait exclu la présence d’un caillot auriculaire.
Si la situation clinique impose une cardioversion de manière plus urgente, donner soit de
l’héparine de bas poids moléculaire en dosage thérapeutique, soit un bolus en injection
IV d’héparine non fractionnée suivi d’une perfusion continue pour maintenir le temps de
céphaline activée (TCA) à 1,5-2 fois la valeur de contrôle de référence. Continuer le traitement
à l’héparine et commencer l’anti-coagulation par voie orale après une cardioversion réussie.
7. Bradycardie
Une bradycardie est définie comme une fréquence cardiaque < 60 battements/min. Les
causes communes de bradycardie sont:
• physiologiques (par ex. athlètes)
• cardiaques (par ex. infarctus du myocarde, ischémie myocardique, maladie du sinus)
• non-cardiaques (par ex. réaction vasovagale, hypothermie, hypoglycémie,
hypothyroïdisme, élévation pression intracrânienne)
• induites par toxicité médicamenteuse (par ex. digoxine, bêtabloquants, anticalciques).
Les bradycardies sont causées par une cadence réduite du nœud sino-auriculaire ou par une
défaillance du système de conduction auriculo-ventriculaire. Une cadence réduite du nœud
sino-atrial est observée en cas de bradycardie sinusale (causée par un tonus vagal excessif),
d'arrêt sinusal ou de maladie du sinus. Les blocs auriculo-ventriculaires (AV) sont divisés en
premier, deuxième et troisième degrés et peuvent être associés à de nombreux troubles dus
aux médications ou électrolytiques, aussi bien qu’à des problèmes structurels causés par un
infarctus du myocarde aigu et une myocardite. Un bloc AV du premier degré est défini par un
intervalle P-R prolongé (> 0,20 s), et est en général bénin. Les blocs AV du second degré sont
divisés en Mobitz de type I et II. Pour le Mobitz de type I, le bloc est situé au niveau du nœud
AV, il est souvent transitoire et peut être asymptomatique. Dans le Mobitz de type II, le bloc
est situé le plus souvent sous le nœud AV au niveau du faisceau de His ou des branches de
conduction ventriculaire, et est souvent symptomatique, avec la possibilité de progresser vers
un bloc AV complet. Un bloc cardiaque du troisième degré est défini par une dissociation AV,
laquelle peut être permanente ou transitoire, en fonction de la cause sous-jacente.
• Evaluation initiale
Evaluer le patient avec bradycardie en utilisant l’approche ABCDE. Considérer la cause
potentielle de la bradycardie et chercher des signes de détérioration. Traiter toute cause
réversible de bradycardie identifiée pendant l’évaluation initiale. En présence de signes
de détérioration, commencer à traiter la bradycardie. Les traitements initiaux sont
202
Figure 11.2.
Algorithme de la bradycardie
OUI NON
Atropine
500 µg IV
Appeler un spécialiste
Préparer un pacing Observer
transveineux
n Dopamine
n G
lucagon (si intoxication
par bêtabloquants ou
anticalciques)
n G
lycopyrrolate pouvant
être utilisé en alternative à
l’atropine
203
Chapitre 11
Arythmies péri-arrêt
pharmacologiques, avec le pacing réservé aux patients qui ne répondent pas au traitement
pharmacologique ou avec des facteurs de risque d’asystolie (figure 11.2).
Le pacing transcutané peut être douloureux et peut ne pas réussir à produire une capture
mécanique efficace. Vérifier la capture mécanique et réévaluer la condition du patient.
Utiliser analgésie et sédation pour contrôler la douleur et essayer d’identifier la cause de
la bradyarythmie.
Chercher l’aide d’un spécialiste pour évaluer le besoin d’un pacing transveineux temporaire.
Un pacing transveineux temporaire doit être considéré en présence d’antécédents
récents d’asystolie; bloc AV Mobitz de type II; bloc cardiaque complet (troisième degré)
(spécialement avec QRS larges ou fréquence cardiaque initiale < 40 battements/min) ou
évidence d’arrêt ventriculaire de plus de 3 secondes.
204
7.3. Si le patient n’a pas de signe de détérioration
Chez un patient avec bradycardie et sans signe de détérioration ou risque élevé de progression
vers une asystolie, ne pas initier de traitement immédiat. Continuer à monitorer le patient.
Evaluer le patient pour identifier la cause de la bradycardie. Si la cause est physiologique ou
réversible (par ex. en arrêtant des thérapies inhibitrices), il est possible qu’aucun traitement
complémentaire ne soit requis. Demander l’avis d’un spécialiste pour arranger une évaluation
appropriée ultérieure et un traitement pour ceux avec d’autres causes de bradycardie.
POINTS ESSENTIELS
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• L’évaluation d’un patient avec une arythmie doit suivre l’approche ABCDE.
• C
haque fois que c’est possible, l’arythmie doit être documentée par un ECG
12 dérivations.
11
LITTÉRATURE COMPLÉMENTAIRE
• Soar J, et al. European Resuscitation Council Guidelines for Resuscitation 2015. Section 3. Adult
Advanced Life Support. 10.1016/j.resuscitation.2015.07.016; p99 - p146
• Soar J, Callaway CW, Aibiki M, et al. Part 4: Advanced life support: 2015 International Consensus
on Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care Science With Treatment
Recommendations. 10.1016/j.resuscitation.2015.07.042; e71 - e122
• Blomstrom-Lundqvist C, Scheinmann M M (Co-chairs). American College of Cardiology/American
Heart Association Task Force and the European Society of Cardiology Committee for Practice
Guidelines. ACC/AHA/ESC Guidelines for the Management of Patients With Supraventricular
Arrhythmias. www.escardio.org
• Moya A, Sutton R (Co-chairs). The Task Force for the Diagnosis and Management of Syncope of the
European Society of Cardiology (ESC). Guidelines for the diagnosis and management of syncope
(version 2009). www.escardio.org
• Ryden L, Fuster F (Co-chairs). American College of Cardiology/American Heart Association Task
Force and the European Society of Cardiology Committee for Practice Guidelines and Policy
Conferences. ACC/AHA/ESC guidelines for the management of patients with atrial fibrillation.
www.escardio.org
• Vardas P E (Chairperson). The Task Force for Cardiac Pacing and Cardiac Resynchronization Therapy
of the European Society of Cardiology. Guidelines for cardiac pacing and cardiac resynchroniza-
205
Chapitre 11
Arythmies péri-arrêt
206
Chapitre 12.
Arrêt cardiaque dans
des circonstances particulières
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OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
1. Introduction
La réanimation doit être modifiée dans des circonstances spécifiques. Une reconnaissance
précoce des signes et symptômes et un traitement efficace vont souvent prévenir l’arrêt
cardiaque. Ces conditions représentent une large proportion des arrêts cardiaques de
patients plus jeunes sans comorbité associée. Il est essentiel de demander rapidement
une aide experte appropriée parce que la plupart de ces conditions vont nécessiter des
interventions de spécialistes.
La survie dans l’ensemble de ces conditions repose encore sur l’utilisation de l’approche
ABCDE pour prévenir un arrêt cardiaque. Si un arrêt cardiaque se produit, une RCP de
haute qualité avec des interruptions minimales et le traitement des causes réversibles
sont toujours les interventions les plus importantes.
207
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
Envisager des troubles électrolytiques potentiellement létaux avec des groupes de patients
à risque (par ex. insuffisance rénale, brûlures sévères, insuffisance cardiaque et diabète
2.2.1. Hyperkaliémie
L’hyperkaliémie est le trouble électrolytique le plus commun associé à l’arrêt cardiaque.
Elle est généralement causée par une augmentation de la libération de potassium à partir
des cellules ou par une excrétion altérée par les reins, des médicaments ou une acidose
métabolique.
208
Définition
Il n’y a pas de définition universelle. Nous avons défini l’hyperkaliémie comme une
concentration de potassium sérique > 5,5 mmol/l; en pratique l’hyperkaliémie est un
continuum. Lorsque la concentration de potassium augmente, le risque de détérioration
et la nécessité d’un traitement urgent augmentent. Une hyperkaliémie sévère a été définie
comme une concentration de potassium sérique > 6,5 mmol/l.
Causes
Les causes de l’hyperkaliémie incluent:
• insuffisance rénale (c’est-à-dire lésion rénale chronique ou maladie rénale
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chronique)
• médicaments, par ex. inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine
(IECA), antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARB), diurétiques
d’épargne potassique, anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), bêtabloquants,
triméthoprime
• destruction tissulaire (rhabdomyolyse, lyse tumorale, hémolyse)
• acidose métabolique
• troubles endocriniens (maladie d’Addison)
• régime (peut être la seule cause chez les patients avant maladie rénale chronique
avancée)
• pseudo-hyperkaliémie (troubles hématologiques, temps de transit prolongé vers
le laboratoire, mauvaises conditions de stockage)
209
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
La plupart des patients auront des anomalies sur l’ECG à une concentration sérique
de potassium supérieure à 6,5 mmol/l. L’utilisation d’un analyseur de gaz sanguins qui
mesure le potassium permet de réduire les délais de la reconnaissance.
I aVR V1 V4
II aVL V2 V5
III aVF V3 V6
RHYTHM STRIP: II
25 mm/sec: 1 cm / mV
Traitement de l’hyperkaliémie
Les cinq étapes essentielles dans le traitement de l’hyperkaliémie sont:
1. protection cardiaque
2. transport du potassium vers les cellules
3. élimination potassium corporel
4. monitorer potassium sérique et glycémie
5. prévention récidive de l’hyperkaliémie
210
que les résultats du laboratoire ne soient disponibles. Impliquer une aide spécialisée
(néphrologue, intensiviste) à un stade précoce, particulièrement pour les patients qui
pourraient nécessiter des traitements de substitution rénale (par ex. dialyse). Continuer
à monitorer le potassium sérique pour un minimum de 24 heures après un épisode pour
éviter une reprise de l’hyperkaliémie.
211
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
Figure 12.2
Algorithme du traitement en urgence de l’hyperkaliémie
LEGERE MODEREE
K+ 6,0 – 6,4 mmol/l SEVERE
K+ 5,5 – 5,9 mmol/l K+ ≥ 6,5 mmol/l
Demander l’aide
d’un spécialiste
NON OUI
Protéger Calcium IV
le cœur 10 ml chlorure de calcium10 % IV
OU 30 ml gluconate de calcium 10 % IV
n Utiliser accès IV large et donner sur 5-10 min
n Répéter ECG
n onsidérer dose supplémentaire après 5 min si
C
les modifications ECG persistent
Perfusion IV insuline-glucose
Glucose (25 g) avec 10 unités solubles d’insuline sur 15 min IV
25 g glucose = 50 ml 50 % glucose OU 125 ml 20 % glucose
Transporter Risque d’hypoglycémie
K+ dans les
cellules
Salbutamol 10-20 mg en nébulisation
212
Elévation sévère (≥ 6,5 mmol/l – mEq/l) AVEC signes de toxicité sur l’ECG (figure 12.1):
• Demander l’aide d’un spécialiste.
• Protéger le cœur avec du chlorure de calcium: 10 ml chlorure de calcium 10 %
IV ou 30 ml gluconate de calcium 10 % IV sur 5-10 min pour contrarier les effets
toxiques de l’hyperkaliémie au niveau de la membrane cellulaire myocardique.
Cela protège le cœur en réduisant le risque de FV/TVssP, mais ne diminue pas le
potassium sérique (action endéans 1-3 min). Garantir un accès vasculaire sécurisé
avant l’administration (risque de nécrose tissulaire secondaire à l’extravasation de
sels calciques).
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Modifications du BLS
Il n’y a pas de modification des manœuvres de réanimation de base en présence de
troubles électrolytiques.
Modifications de l’ALS
Suivre l’algorithme ALS. Confirmer hyperkaliémie à l’aide d’un analyseur de gaz sanguins
si disponible.
Arrêt cardiaque: protéger le cœur d’abord; ensuite utiliser des stratégies de transfert et
d’élimination.
12
• Chlorure de calcium: 10 ml chlorure de calcium 10 % IV par injection rapide en bolus
pour contrarier les effets toxiques de l’hyperkaliémie au niveau de la membrane
cellulaire myocardique.
• Bicarbonate de sodium: 50 mmol IV par injection rapide (en cas d’acidose sévère
ou d’insuffisance rénale).
213
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
Les indications principales pour la dialyse chez les patients avec hyperkaliémie sont:
• Hyperkaliémie sévère potentiellement mortelle avec ou sans modifications sur
ECG ou arythmie
• hyperkaliémie résistant au traitement médical
214
2.2.2. Hypokaliémie
L’hypokaliémie est le trouble électrolytique le plus commun en pratique clinique. Elle est
observée chez jusqu’à 20 % des patients hospitalisés. L’hypokaliémie augmente l’incidence
des arythmies, particulièrement chez les patients avec cardiopathie préexistante et chez
ceux traités avec digoxine.
Définition
L’hypokaliémie est définie comme un potassium sérique < 3,5 mmol/l. Une hypokaliémie
sévère est définie comme un potassium < 2,5 mmol/l et peut être associée à des
symptômes.
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Causes
Les causes de l’hypokaliémie incluent:
• pertes gastro-intestinales (diarrhées)
• médicaments (diurétiques, laxatifs, stéroïdes)
• pertes rénales (tubulopathie rénale, diabète insipide, dialyse)
• troubles endocriniens (syndrome de Cushing, hyperaldostéronisme)
• alcalose métabolique
• déplétion en magnésium
• faible apport diététique
Reconnaissance de l’hypokaliémie
Exclure une hypokaliémie chez tout patient présentant une arythmie ou un arrêt
cardiaque. Chez les patients dialysés, l’hypokaliémie survient en général à la fin d’une
session d’hémodialyse ou durant un traitement par dialyse péritonéale continue
12
ambulatoire (DPCA).
Lorsque la kaliémie diminue, les muscles et les nerfs sont principalement touchés, causant
fatigue, faiblesse, crampes dans les jambes ou constipation. Dans des cas sévères (K+< 2,5
mmol/l), rhabdomyolyse, paralysie ascendante et difficultés respiratoires peuvent survenir.
Les caractéristiques de l’hypokaliémie sur l’ECG sont:
• ondes U
• aplatissement de l’onde T
• modifications du segment ST
• arythmies (spécialement si le patient prend de la digoxine)
• arrêt cardiorespiratoire (AEssP, FV/TVssP, asystolie)
Traitement de l’hypokaliémie
Il dépend de la sévérité de l’hypokaliémie et de la présence de symptômes et d’anomalies
215
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
sur l’ECG. Une substitution progressive du potassium est préférable, mais en situation
d’urgence du potassium IV est requis. Demander l’aide d’un spécialiste. Le taux de
perfusion IV maximum recommandé du potassium est de 20 mmol/h, mais une perfusion
plus rapide (par ex. 2 mmol/min sur 10 min, suivie de 10 mmol sur 5-10 min) est indiquée
pour des arythmies instables quand l’arrêt cardiaque est imminent. Un monitorage ECG
continu est essentiel durant la perfusion IV. Ajuster la dose après prélèvements répétés
des niveaux de potassium sérique.
Les patients qui ont un déficit en potassium peuvent aussi avoir un déficit en magnésium.
La restauration des stocks de magnésium va faciliter une correction plus rapide de
l’hypokaliémie et est recommandée dans les cas sévères d’hypokaliémie.
Tableau 12.1
Troubles du calcium et du magnésium
Rhabdomyolyse
Syndrome de lyse
tumorale
216
Trouble Causes Présentation ECG Traitement
Hypermagnésémie Insuffisance rénale Confusion Intevalles Considérer
PR et QT un traitement
Magnésium latrogène Faiblesse prolongés quand
> 1,1 mmol/l magnésium
Dépression onde T > 1,75 mmol/l
respiratoire culminante Chlorure de
calcium 10
Bloc AV Bloc AV % 5-10 ml
IV répétés si
Arrêt nécessaire
cardiaque
Support
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ventilatoire si
nécessaire
Diurèse saline:
0,9 % saline avec
furosémide 1
mg/kg IV
Hémodialyse
* Un calcium total normal est d’environ 2,2 à 2,6 mmol/l. Un calcium ionisé normal est d’environ 1,1 à
1,3 mmol/l. Les valeurs du calcium doivent être interprétées avec prudence. Consulter un spécialiste en cas
de doute. Le calcium total dépend des valeurs d’albumine sérique et devra être corrigé pour les valeurs à
faible taux d’albumine (calcium total corrigé). Les valeurs de calcium ionisé sont souvent mesurées par les
analyseurs de gaz sanguins. Il est important de ne pas confondre calcium ionisé, calcium total et valeurs de
calcium corrigées.
217
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
3. Intoxication
L’intoxication est une cause peu fréquente d’arrêt cardiaque ou de décès, mais les
admissions hospitalières pour intoxication médicamenteuse sont communes.
Les intoxications par médicaments ou drogues récréatives et par produits ménagers sont
les principales raisons d’admission à l’hôpital et d’appels au centre anti-poisons. Un dosage
inapproprié et des interactions médicamenteuses peuvent aussi provoquer une toxicité
médicamenteuse. Les intoxications accidentelles sont les plus fréquentes chez les enfants.
Les homicides par intoxication sont rares.
218
• Une fois la réanimation entamée, essayer d’identifier le(s) toxique(s) en cause. La
famille, les amis et les ambulanciers peuvent généralement fournir des informations
utiles. L’examen clinique du patient peut fournir des pistes diagnostiques telles que
des odeurs, des marques de ponction à l’aiguille, un myosis extrême, des résidus
de comprimés, des signes de corrosion au niveau de la bouche ou des lésions de
pression associées à un coma prolongé.
• Mesurer la température du patient - une hypo- ou hyperthermie peut survenir
après une intoxication médicamenteuse.
• Envisager des mesures de réanimation prolongée, en particulier chez les patients
jeunes, étant donné que le toxique peut être métabolisé ou excrété.
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219
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
220
patients traités avec naloxone doivent être monitorés. La durée d’action de la naloxone
est de 45-70 min, mais la dépression respiratoire peut persister pendant 4-5 h après une
surdose aux opiacés.
Un sevrage aigu des opiacés produit un état d’excès sympathique et peut causer des
complications comme un œdème pulmonaire, une arythmie ventriculaire et une agitation
sévère. Utiliser la naloxone en cas d’intoxication aux opiacés avec prudence chez des
patients suspects de dépendance aux opiacés.
3.3.2. Benzodiazépines
Une overdose de benzodiazépines peut causer perte de conscience, dépression respiratoire
et hypotension. Le flumazénil, un antagoniste performant des benzodiazépines, doit être
utilisé pour annuler une sédation causée par une ingestion unique de n’importe quel
benzodiazépine et quand il n’y a pas d’antécédents ou de risque de convulsions. Une
réversion d’intoxication aux benzodiazépines avec du flumazénil peut causer une toxicité
significative (convulsions, arythmie, hypotension et syndrome de sevrage) chez les patients
dépendants aux benzodiazépines ou en cas d’ingestion simultanée de médicaments pro-
convulsivants comme des antidépresseurs tricycliques. Ne pas utiliser le flumazénil en
routine chez un patient en overdose et comateux. Il n’y a pas de modifications spécifiques
requises pour un arrêt cardiaque causé par des benzodiazépines.
221
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
3.3.6. Bêtabloquants
La toxicité par bêtabloquants cause des bradyarythmies et des effets inotropiques
négatifs difficiles à traiter et qui peuvent mener à un arrêt cardiaque.
Les preuves en faveur du traitement sont basées sur des rapports de cas et des études
animales. Une amélioration a été rapportée avec du glucagon (50-150 µg/kg), des
doses élevées d’insuline et de glucose, des émulsions lipidiques, des inhibiteurs de
phosphodiestérase, un support extracorporel et avec pompe à ballonnet intra aortique
et des sels calciques.
222
3.3.7. Digoxine
Bien que les cas d’intoxication à la digoxine soient moins nombreux que ceux impliquant
les anticalciques et les bêtabloquants, le taux de mortalité avec la digoxine est très
supérieur. Une thérapie par antidote spécifique avec fragments d’anticorps spécifiques
de la digoxine (digoxin-Fab) doit être utilisée. Donner 2-10 fioles de digoxin-Fab (38 mg
par fiole) IV sur 30 min.
Figure 12.3
ECG 12 dérivations montrant les signes d’une intoxication sévère aux antidépresseurs tricycliques
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I aVR V1 V4
II aVL V2 V5
III aVF V3 V6
RHYTHM STRIP: II
25 mm/sec: 1 cm / mV
12
223
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
4. Hypothermie
4.1. Définition
On parle d’hypothermie quand la température corporelle centrale est en-dessous de
35˚ C. Elle est qualifiée arbitrairement de légère (32-35˚ C), modérée (28-32˚ C), ou sévère
(< 28˚ C). Le système gradué suisse basé sur les signes cliniques peut être utilisé par les
secouristes sur les lieux pour décrire les victimes: stade I – conscience claire et frissons;
stade II – troubles de la conscience sans frisson; stade III – inconscient; stade IV – arrêt
cardiaque ou bas débit cardiaque et V – décès dû à une hypothermie irréversible.
Se méfier d’un diagnostic de décès chez un patient hypothermique, car le froid seul
peut produire un pouls irrégulier très lent et peu perceptible et une tension artérielle
non enregistrable. Chez un patient hypothermique, l’absence de signes de vie (stade
IV classification Swiss hypothermia) seule n’est pas fiable pour confirmer le décès. A 18˚C
224
le cerveau peut tolérer des périodes d’arrêt circulatoire dix fois plus longues qu’à 37°C.
La dilatation des pupilles peut être causée par de multiples raisons et ne doit pas être
considérée comme un signe de mort. Une survie de bonne qualité a été rapportée après
un arrêt cardiaque avec une température centrale à 13,7˚C, après immersion en eau froide
avec RCP prolongée.
• Ouvrir les voies aériennes et, s’il n’y a pas d’effort respiratoire spontané, ventiler
les poumons du patient avec des concentrations élevées d’oxygène. Si possible
utiliser de l’oxygène chauffé (40 à 46°C) et humidifié. Considérer une intubation
trachéale prudente quand elle est indiquée, en fonction de l’algorithme ALS. Les
procédures peuvent précipiter une FV. Toutefois, les avantages d’une oxygénation
adéquate et d’une protection face à l’aspiration l’emportent sur le risque minimal
de déclenchement d’une FV en réalisant une intubation trachéale.
• Chercher le pouls au niveau d’une artère majeure et, si disponible, regarder l’ECG 12
pendant au moins 1 minute et chercher des signes de vie avant de conclure qu’il
n’y a pas de débit cardiaque. La fréquence respiratoire et le pouls peuvent l’un
et l’autre être très lents en cas d’hypothermie sévère et, par conséquent, une
évaluation prolongée est nécessaire. Une échocardiographie ou un Doppler
peuvent être utilisés pour déterminer s’il y a un débit cardiaque ou un flux sanguin
périphérique.
• Si la victime n’a pas de pouls, commencer les compressions thoraciques
immédiatement. Utiliser les mêmes fréquences de ventilation et de compressions
que pour un patient normotherme. L’hypothermie peut causer une rigidité de la
paroi thoracique, ce qui complique la ventilation et les compressions thoraciques.
Si vous manquez d’expérience dans l’évaluation des patients ou s’il y a le moindre
doute sur la présence d’un pouls, commencer les compressions thoraciques
jusqu’à ce qu’une aide plus expérimentée soit disponible.
• Une fois la réanimation entamée, confirmer l’hypothermie avec un thermomètre
lisant les basses températures. Utiliser une mesure de la température
225
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
4.4.1. Arythmies
Lorsque la température centrale du corps diminue, une bradycardie sinusale tend à être
remplacée par une fibrillation auriculaire (FA), suivie d’une fibrillation ventriculaire (FV) et
finalement une asystolie.
• Si une FV/TVssP est détectée, donner le choc initial en fonction des protocoles
de traitement ALS standards; si la FV/TVssP persiste après trois chocs, retarder les
tentatives de défibrillation suivantes jusqu’à ce que la température centrale soit
au-dessus de 30°C. Si un DEA est utilisé, suivre les instructions du DEA pendant le
réchauffement du patient.
• Des arythmies qui ne sont pas des FV ont tendance à se corriger spontanément
lorsque la température centrale remonte et elles ne requièrent en général pas de
traitement immédiat.
226
• Une bradycardie peut être physiologique en cas d’hypothermie sévère. Un
pacing cardiaque n’est pas indiqué à moins que la bradycardie persiste après le
réchauffement.
4.4.2. Réchauffement
Les mesures générales pour tous les patients consistent à la soustraction de la victime de
l’environnement froid, à la prévention de toute perte supplémentaire de chaleur et au
transfert rapide vers l’hôpital le plus approprié. Le réchauffement peut être passif, actif
externe ou actif interne.
• Sur le terrain, un patient avec une hypothermie modérée ou sévère doit être
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227
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
Les victimes d’avalanche ont peu de chance de survivre quand elles sont trouvées:
• ensevelies depuis > 60 min (ou si la température centrale initiale est < 30°C) et en
arrêt cardiaque avec obstruction des voies aériennes au moment du dégagement;
L’algorithme pour la prise en charge des victimes d’avalanche est présenté dans la figure
12.4.
228
Figure 12.4
Algorithme pour les victimes complètement ensevelies suite à une avalanche
OUI
Blessures mortelles ou corps entière- Ne pas
ment gelé commencer RCP
≤ 60 min
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NON
(≥ 30°C)
Durée de l’ensevelissement Algorithme
(température centrale)1 universel ALS2
NON
OUI
Asystolie ou
INCERTAIN
Considérer Hôpital avec
Voies aériennes ouvertes système
potassium sérique6
d’oxygénation
extracorporelle
NON (ECLS)
> 8 mmol l-1 12
Considérer fin de la RCP
1.
La température centrale peut changer si la durée de l’ensevelissement est inconnue
2.
Transporter les patients avec blessures ou complications potentielles (par ex. œdème pulmonaire) vers l’hôpital le plus approprié
3.
Chercher respiration spontanée et pouls jusqu’à 1 min
4.
Transporter les patients avec instabilité cardiovasculaire ou température centrale < 28°C dans un hôpital avec ECLS (réanimation
extracorporelle)
5.
Pas de RCP si le risque pour l’équipe de secours est inacceptablement élevé
6.
Les lésions par écrasement et les bloquants neuromusculaires dépolarisants peuvent élever le potassium sérique
229
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
5. Hyperthermie
5.1. Définition
L’hyperthermie survient lorsque la capacité de thermorégulation du corps ne fonctionne
plus et lorsque la température centrale dépasse celle qui est normalement maintenue par les
mécanismes homéostasiques. L’hyperthermie peut être exogène, causée par des conditions
environnementales, ou secondaire à une production endogène de chaleur.
L’hyperthermie maligne (HM) est un trouble rare de l’homéostasie du calcium des muscles
squelettiques caractérisé par une contracture des muscles et des crises hyper-métaboliques
potentiellement létales, survenant après exposition d’individus génétiquement prédisposés
à des anesthésiques halogénés ou à des relaxants musculaires dépolarisants.
230
5.2.2. Présentation clinique
Le coup de chaleur peut ressembler à un choc septique et il peut être causé par des
mécanismes similaires. Les caractéristiques comprennent:
• température centrale 40°C ou plus
• peau chaude et sèche (la sudation est présente dans la moitié des cas des coups
de chaleur à l’exercice)
• les signes précoces et les symptômes incluent: extrême fatigue, céphalées, malaise,
flush facial, vomissements et diarrhées
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5.2.3. Traitement
La base de la prise en charge repose sur un traitement de soutien avec optimisation de
l’ABCDE et refroidissement rapide du patient.
• Débuter le refroidissement avant l’arrivée du patient à l’hôpital. Viser à rapidement
baisser la température centrale aux environs de 39°C. Les patients avec coup de
chaleur sévère doivent être pris en charge dans une unité de soins intensifs.
• Utiliser un monitorage hémodynamique pour adapter le remplissage volémique.
Des volumes importants de liquide peuvent être nécessaires. Corriger les
anomalies électrolytiques.
• Si un arrêt cardiaque survient, suivre les procédures standards de réanimation de
base et avancée et refroidir le patient. Essayer une défibrillation si approprié tout en
231
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
6. Noyade
La noyade est une cause fréquente de décès accidentel. La conséquence délétère la plus
importante d’une noyade est l’hypoxie. L’arrêt cardiaque est en général un événement
secondaire. La durée de l’hypoxie est un facteur critique pour déterminer le pronostic
de la victime. Des durées de submersion de moins de dix minutes sont associées à des
232
chances très élevées de pronostic favorable, alors que des durées de submersion de plus
de 25 minutes sont associées à une faible chance de survie. L’âge, le temps de réponse des
services médicaux d’urgence, l’eau douce ou salée, la température de l’eau et la présence
de témoin(s) ne sont pas des indicateurs utiles de survie.
Ne pas oublier que certains patients peuvent avoir présenté un arrêt cardiaque primaire
(par ex. causé par un infarctus du myocarde pendant la nage). La mort par noyade est
plus fréquente chez les hommes jeunes et c’est la première cause de mort accidentelle en
Europe pour ce groupe.
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6.1. Définition
La noyade est définie comme un processus qui provoque une atteinte respiratoire
primaire liée à une submersion/immersion dans un milieu liquide. Cette définition
implique la présence d’une interface liquide/air à l’entrée des voies aériennes de la victime,
l’empêchant de respirer. La victime peut mourir ou survivre après ce processus, mais, quel
que soit le résultat, elle a été impliquée dans un accident de noyade.
La submersion se produit quand le visage est sous l’eau ou recouvert d’eau. Asphyxie et
arrêt cardiaque surviennent endéans quelques minutes de submersion. L’immersion, au
contraire, signifie que la tête reste au-dessus de l’eau, dans la plupart des cas grâce au
support d’un gilet de sauvetage. Dans la plupart des situations d’immersion, la victime
reste immergée avec des voies aériennes ouvertes et devient hypothermique, même si
une aspiration d’eau peut se produire si l’eau éclabousse le visage ou si la victime devient
inconsciente avec le visage dans l’eau.
6.3. Traitement
Le traitement d’une victime de noyade implique quatre phases qui comprennent:
1. sauvetage aquatique
2. réanimation de base
233
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
3. réanimation avancée
4. soins post réanimation.
• Sortir rapidement la victime de l’eau. Les chances pour une victime de noyade
d’avoir une lésion de la colonne cervicale sont très faibles. Une protection de la
colonne n’est pas nécessaire à moins qu’il n’y ait une histoire de plongeon en eau
peu profonde, ou des signes de lésions sévères après passage sur un toboggan
aquatique ou pratique de ski nautique, de kitesurf ou de courses nautiques avec
engins rapides. Si la victime n’a pas de pouls et est apnéique, la sortir de l’eau aussi
vite que possible tout en essayant de limiter la flexion et l’extension du cou.
Ventilation
• La séquence BLS en cas de noyade reflète l’importance critique d’un soulagement
rapide de l’hypoxie. Une initiation rapide d’une respiration artificielle ou une
ventilation par pression positive augmente la survie.
• Donner cinq ventilations initiales aussi vite que possible. L’inflation doit prendre
environ 1 seconde et être suffisante pour voir le thorax s’élever. Si possible, ajouter
de l’oxygène à la ventilation.
• La pression cricoïdienne, appliquée par du personnel formé et compétent pour
les victimes sans voies aériennes sécurisées, peut réduire l’inflation gastrique et
améliorer la ventilation en cas de noyade.
• Des personnes entraînées peuvent réaliser une réanimation dans l’eau, idéalement
avec le support d’un équipement de sauvetage flottant. Si un sauveteur, en
général en charge de surfers, trouve une victime de noyade qui ne répond pas en
eau profonde, il peut commencer la ventilation s’il est formé en fonction avant de
déplacer la victime sur la terre ferme ou une embarcation de sauvetage.
Compressions thoraciques
• Dès que la victime est sortie de l’eau, vérifier la respiration. Si la victime ne respire
pas (ou seulement gasps occasionnels) après les ventilations initiales, commencer les
compressions thoraciques immédiatement. Continuer la RCP avec un rapport de 30
234
compressions pour 2 ventilations. La plupart des victimes de noyade vont avoir un
arrêt cardiaque secondaire à l’hypoxie. Pour ces patients, une RCP avec seulement
des compressions sera probablement inefficace et doit être évitée.
Défibrillation
• Sécher le thorax des victimes avant de placer les électrodes pour la défibrillation.
Les procédures standards pour la défibrillation en utilisant un DEA ou un
défibrillateur manuel doivent être suivies.
causée par le mélange de l’air avec l’eau, qui sortent de la bouche de la victime.
Ne pas essayer d’enlever cette mousse qui va continuer à sortir de toute façon.
Continuer respiration artificielle/ventilation jusqu’à l’arrivée d’un provider ALS
capable d’intuber la victime.
• La régurgitation de contenu gastrique et d’eau avalée est commune pendant les
réanimations après noyade. Il n’est pas nécessaire d’éliminer des voies aériennes
l’eau aspirée, laquelle est absorbée rapidement dans la circulation centrale. Si cela
empêche complètement la ventilation, tourner la victime sur le côté et enlever
le contenu régurgité en utilisant une aspiration dirigée si possible. Si une lésion
cervicale est suspectée, retourner la victime en bloc, en gardant la tête, le cou et le
torse alignés. Le retournement en bloc requiert plusieurs sauveteurs.
Circulation et défibrillation
• Différencier un arrêt respiratoire d’un arrêt cardiaque est particulièrement
important pour une victime de noyade. Retarder le début des compressions
thoraciques va réduire la survie.
• Le gasping typique consécutif à un arrêt cardiaque est très difficile à distinguer des
premiers efforts respiratoires d’une victime de noyade qui récupère spontanément.
La palpation du pouls comme seul indicateur de la présence ou de l’absence
d’un arrêt cardiaque n’est pas fiable. Quand elle est disponible, une information
diagnostique additionnelle doit être obtenue à partir d’autres modalités de
monitorage comme un tracé ECG, ETCO2 et échocardiographie pour confirmer le
236
analyses génétiques post-mortem se sont avérées utiles dans ces situations et
doivent être considérées en présence d’une incertitude sur la cause d’un décès
par noyade.
7. Asthme
Dans le monde, environ 300 millions de personnes de tout âge ou toute origine ethnique
souffrent d’asthme, avec une prévalence élevée dans certains pays européens (Royaume-
Uni, Irlande et Scandinavie). Le nombre annuel de décès dus à l’asthme a été estimé à
250 000. Le taux de décès ne semble pas corrélé avec la prévalence de l’asthme. La plupart
des décès se produisent avant l’admission à l’hôpital.
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Ces instructions portent sur le traitement des patients avec asthme quasi fatal et en arrêt
cardiaque.
237
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
Sévérité de l’asthme
238
• Les sibilances sont un signe clinique habituel, mais leur sévérité n’est pas corrélée
au degré d’obstruction des voies aériennes. Les autres causes de respiration
sifflante (wheezing) comprennent: œdème pulmonaire, broncho-pneumopathie
chronique obstructive (BPCO), pneumonie, anaphylaxie, corps étrangers, embolie
pulmonaire et masse sous-glottique.
• Le patient avec asthme sévère aigu requiert une prise en charge agressive pour
prévenir une détérioration. Des cliniciens expérimentés doivent traiter ces patients
dans une unité de soins intensifs. Des patients avec SpO2 < 92 % ou avec des
caractéristiques d’asthme potentiellement mortel sont à risque d’hypercapnie et
requièrent des mesures de gaz sanguins artériels.
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• Utiliser une concentration d’oxygène inspiré qui permettra d’obtenir une SpO2 de
94 à 98 %. De l’oxygène à haut débit via un masque est parfois nécessaire. La non-
disponibilité de l’oxymétrie de pouls ne doit pas empêcher l’utilisation d’oxygène.
• Du salbutamol (5 mg en nébulisation) est le traitement principal pour l’asthme
aigu. Des doses répétées toutes les 15 à 20 min, ou en administration continue,
peuvent être nécessaires. Des nébulisateurs avec un flux élevé d’oxygène (au
moins 6 l/min) doivent être utilisés. Se souvenir que les médicaments nébulisés ne
seront pas diffusés efficacement si le patient est épuisé ou s’il hypoventile. Si un
nébulisateur n’est pas immédiatement disponible, des bêta-2 agonistes peuvent
être temporairement administrés par l’activation répétée d’un inhalateur-doseur
avec un dispositif de chambre d’expansion de grand volume.
• Des anticholinergiques en nébulisation (ipratropium 0,5 mg toutes les 4-6 heures)
peuvent produire une broncho-dilatation additionnelle chez les asthmatiques
sévères et ceux qui ne répondent pas aux bêta-agonistes.
• Le sulfate de magnésium inhalé n’est actuellement pas recommandé pour le
traitement de l’asthme aigu.
• Le sulfate de magnésium IV (2 g IV lent = 8 mmol) peut être utile chez les patients
avec asthme aigu sévère (débit expiratoire maximum/PEF < 50 % valeur attendue)
12
qui n’ont pas initialement bien répondu au traitement par bronchodilatateurs
inhalés. Les effets défavorables les plus souvent rapportés sont rougissement,
fatigue, nausée, céphalée et hypotension.
• L’utilisation précoce de corticostéroïdes à action systémique pour l’asthme
aigu réduit significativement les taux d’admission à l’hôpital. Bien qu’il n’y ait
pas de différence dans les effets cliniques entre les formulations orale ou IV de
corticostéroïdes, la route IV est préférable parce que les patients avec asthme
quasi-fatal peuvent vomir ou être incapables d’avaler.
• Considérer salbutamol IV chez les patients qui ne répondent pas au traitement
par nébulisation ou pour lesquels le traitement par nébulisation/inhalation est
impossible (par ex. un patient recevant une ventilation avec masque et ballon).
Donner soit une injection lente IV (250 µg IV lentement) soit une perfusion
continue de 3-20 µg/min.
• Il n’y a pas d’évidence de bénéfice et une incidence plus élevée d’effets défavorables
239
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
Arrêt cardiaque
• Suivre les protocoles BLS et ALS standards. La ventilation sera difficile en raison d’une
augmentation de la résistance des voies aériennes; essayer d’éviter l’inflation gastrique.
• Intuber précocement la trachée. Il existe un risque significatif de distension
gastrique et d’hypoventilation des poumons quand on essaye de ventiler un
asthmatique sévère non intubé.
• Des fréquences respiratoires de 8-10 respirations par minute et le volume tidal
requis pour une élévation normale du thorax pendant la RCP doivent minimiser
l’hyperinflation dynamique des poumons (trapping d’air).
• Si une hyperinflation dynamique des poumons est suspectée pendant la RCP, une
compression de la paroi thoracique et/ou une période d’apnée (déconnexion du
tube trachéal) peuvent lever cette rétention d’air. Bien que cette procédure ne soit
pas réellement validée, il est improbable qu’elle soit délétère dans une situation
par ailleurs désespérée.
• L’hyperinflation dynamique augmente l’impédance trans-thoracique, mais les
formes d’onde de défibrillation biphasique à impédance compensée modernes
ne sont pas moins efficaces chez des patients avec une impédance plus élevée.
Comme pour les protocoles ALS standards de défibrillation, envisager d’augmenter
l’énergie de défibrillation si le premier choc a échoué.
• Rechercher les causes réversibles en utilisant l’approche des 4 H et des 4 T.
• Un pneumothorax sous tension peut être difficile à diagnostiquer lors d’un arrêt
cardiaque; il peut être suggéré par l’expansion unilatérale de la paroi thoracique, un
240
déplacement latéral de la trachée et un emphysème sous-cutané. Une échographie
pleurale dans des mains expertes est plus rapide et sensible qu’une radiographie
du thorax pour la détection d’un pneumothorax. Une décompression précoce à
l’aiguille (thoracocentèse) suivie par l’insertion d’un drain thoracique est nécessaire.
La décompression à l’aiguille peut échouer en raison d’une longueur d’aiguille
inadéquate. Chez le patient ventilé, une thoracostomie (une ouverture chirurgicale
dans la paroi thoracique et la plèvre) peut être d’une réalisation plus rapide et d’une
plus grande efficacité pour décompresser le pneumothorax (voir section traumatisme).
• Toujours considérer un pneumothorax bilatéral en cas d’arrêt cardiaque lié à l’asthme.
• Suivre les directives standards pour les soins post réanimation.
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8. Anaphylaxie
8.1. Définition
L’anaphylaxie est une réaction d’hypersensibilité sévère potentiellement létale,
généralisée ou systémique.
8.2. Etiologie 12
L’anaphylaxie implique généralement la libération de médiateurs inflammatoires à
partir de mastocytes ou de basophiles déclenchée par un allergène interagissant avec
l’immunoglobuline E liée à la cellule (IgE). Une libération de médiateurs non médiée
par des IgE ou non immunitaire peut aussi survenir. La libération d’histamine et d’autres
médiateurs inflammatoires est responsable de vasodilatation, d’œdème et d’une
augmentation de la perméabilité capillaire.
L’anaphylaxie peut être déclenchée par n’importe lequel d’une très large série d’éléments
avec la nourriture, les médicaments, les insectes piqueurs et le latex identifiés comme les
déclencheurs les plus communs. La nourriture est le déclencheur le plus commun chez les
enfants et les médicaments le plus fréquent chez les adultes. Virtuellement, n’importe quel
aliment ou médicament peut être impliqué, mais certains aliments (noix) et médicaments
(relaxants musculaires, antibiotiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens et aspirine) causent
la plupart des réactions. Un nombre significatif de cas d’anaphylaxie est idiopathique.
Le risque de décès est majoré chez les patients avec un asthme préexistant, particulièrement
241
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
si l’asthme est mal contrôlé ou chez les patients asthmatiques qui n’utilisent pas, ou qui
retardent, le traitement avec adrénaline.
Quand l’anaphylaxie est fatale, le décès survient en général très rapidement après
le contact avec le déclencheur. Des réactions mortelles à la nourriture provoquent
typiquement un arrêt respiratoire après 30-35 min; des piqûres d’insectes provoquent
un collapsus lié au choc après 10-15 min; et les décès provoqués par des médicaments
intraveineux surviennent le plus souvent endéans les 5 minutes. La mort s’est rarement
produite plus de six heures après le contact avec l’élément déclencheur.
Se souvenir:
• Des changements au niveau de la peau ou des muqueuses seuls ne sont pas un
signe d’anaphylaxie.
• Les modifications au niveau de la peau et des muqueuses peuvent être subtiles ou
absentes dans jusqu’à 20 % des réactions (certains patients peuvent ne présenter
qu’une diminution de la tension artérielle, c'est-à-dire un problème de Circulation).
• Il peut aussi y avoir des symptômes gastro-intestinaux (par ex. vomissements,
douleur abdominale, incontinence).
242
8.3.1. Apparition soudaine et progression rapide des symptômes:
• Le patient ne se sentira pas bien et cela sera visible.
• La plupart des réactions se produisent sur plusieurs minutes. Rarement, des
réactions peuvent être plus lentes au début.
• Un élément déclencheur intraveineux va causer une apparition plus rapide de
la réaction qu’une piqûre d’insecte qui elle-même entraînera une survenue plus
rapide que les éléments déclencheurs ingérés par voie orale.
• Le patient est en général anxieux et il peut éprouver une «sensation d’effondrement
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imminent».
Problèmes de la respiration:
• essoufflement – rythme respiratoire augmenté
• respiration sifflante
12
• le patient fatigue
• confusion causée par l’hypoxie
• cyanose - en général un signe tardif
• arrêt respiratoire.
Problèmes de circulation:
• signes de choc - pâle, moite
• tachycardie
• hypotension - sensation d’évanouissement, collapsus
• niveau de conscience diminué ou perte de conscience
• l’anaphylaxie peut provoquer une ischémie myocardique et des changements sur
l’ECG, même chez des personnes avec des artères coronaires normales.
• arrêt cardiaque 243
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
Bien que les changements au niveau de la peau puissent sembler inquiétants ou pénibles
pour les patients et le personnel soignant, des changements au niveau de la peau sans
problème potentiellement létal des voies aériennes, de la respiration ou de la circulation
ne signifient pas une anaphylaxie.
244
8.4.2. Situations non létales (qui répondent en général à des mesures simples):
• évanouissement (épisode vaso-vagal)
• crise de panique
• épisode d’apnée chez l’enfant
• urticaire idiopathique (non-allergique) ou angiœdème
Il est possible de confondre une réaction anaphylactique et une attaque de panique. Des
victimes d’une réaction anaphylactique antérieure peuvent se montrer particulièrement
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vulnérables aux crises de panique si elles pensent avoir été réexposées à l’allergène qui
avait provoqué la réaction précédente. La sensation de mort imminente et l’essoufflement
menant à l’hyperventilation sont des symptômes qui ressemblent à ceux de l’anaphylaxie
à certains égards. Bien qu’il n’y ait pas d’hypotension, de pâleur, de respiration sifflante,
d’urticaire ou de gonflement, il peut parfois y avoir une peau rougeâtre et tachetée
qui, associée à l’anxiété, complique le diagnostic. Des difficultés de diagnostic peuvent
aussi se produire avec les attaques vaso-vagales après les procédures d’immunisation,
mais l’absence d’éruption cutanée, de difficultés respiratoires et de gonflement sont
des caractéristiques distinctives utiles, comme l’est le pouls ralenti d’une attaque vaso-
vagale en comparaison avec le pouls accéléré d’un épisode anaphylactique sévère. Un
évanouissement va en général être traité efficacement en allongeant le patient et en
surélevant ses jambes.
8.5. Traitement
Comme le diagnostic de l’anaphylaxie n’est pas évident, tous ceux qui traitent une réaction
anaphylactique doivent utiliser l’approche systématique ABCDE pour le patient malade.
Traiter les problèmes potentiellement létaux comme vous les trouvez. Les principales
étapes sont décrites dans l’algorithme de l’anaphylaxie (figure 12.5).
• Tous les patients doivent être installés dans une position confortable. Les patients
12
avec des problèmes des voies aériennes ou de respiration peuvent préférer
s’asseoir parce que cela facilitera leur respiration. Allonger la victime avec ou sans
surélévation des jambes sera utile pour les patients avec une circulation artérielle
basse (problèmes de Circulation). Si le patient sent qu’il va s’évanouir, ne pas l’asseoir
ou le redresser - cela peut causer un arrêt cardiaque. Les patients inconscients qui
respirent doivent être placés sur le côté (position latérale de sécurité).
• Enlever l’élément déclencheur d’une réaction anaphylactique si possible. Enlever le
dard après une piqûre d’abeille ou de guêpe. Arrêter tout médicament suspecté de
provoquer une réaction anaphylactique (par ex. arrêter colloïdes ou antibiotiques
intraveineux). Ne pas retarder le traitement définitif s’il n’est pas possible d’enlever
l’élément déclencheur.
• Monitorer tous les patients avec anaphylaxie suspectée aussi vite que possible
(par ex. équipe dans ambulance, service d’urgence). Le monitorage minimal inclut
oxymétrie de pouls, pression artérielle non invasive et ECG 3 dérivations.
245
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
246
• Donner un remplissage liquidien rapide IV (500-1000 ml pour un adulte) et monitorer
la réponse; donner d’autres doses si nécessaire. Il n’y a pas d’évidence pour appuyer
l’utilisation de colloïdes plutôt que de crystalloïdes dans ce contexte. Envisager
une perfusion de colloïdes comme la cause chez un patient recevant des colloïdes
au moment de la survenue d’une réaction anaphylactique et arrêter la perfusion.
Solution de Hartmann’s ou solution saline à 0,9 % sont des liquides appropriés pour
la réanimation initiale. Un large volume de liquide peut être nécessaire.
• Les antihistaminiques sont un traitement de deuxième intention pour une
réaction anaphylactique. Donner 10 mg IM de chlorphénamine ou IV lent. Les
antihistaminiques (antihistaminique H1) peuvent aider à contrer la vasodilatation
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247
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
Figure 12.5
Algorithme de l’anaphylaxie
Réaction anaphylactique?
n Appeler de l’aide
n Allonger le patient avec les jambes surélevées
(si la respiration le permet)
Adrénaline2
doses IM d’adrénaline 1/1000 (répéter après 5 min si pas d’amélioration) Adulte 500-1000 ml
n Adulte 500 µg IM (0,5 ml) Enfant 20 ml/kg-1
n Enfant de plus de 12 ans 500 µg IM (0,5 ml)
n Enfant 6-12 ans 300 µg IM (0,3 ml) Arrêter colloïdes IV si cela peut être la cause
n Enfant de moins de 6 ans 150 µg IM (0,15 ml)
de l’anaphylaxie
Adrénaline IV à administrer seulement par spécialistes expérimentés
Titrer: Adultes 50 µg; Enfants 1 µg/kg
4.
Chlorphénamine 5.
Hydrocortisone
(IM ou IV lente) (IM ou IV lente)
Adulte ou enfant de plus de 12 ans 10 mg 200 mg
Enfant 6-12 ans 5 mg 100 mg
Enfant 6 mois à 6 ans 2.5 mg 50 mg
Enfant de moins de 6 mois 250 µg/kg 25 mg
248
8.6. Investigations
Le test spécifique pour confirmer un diagnostic de réaction anaphylactique est la mesure
de la tryptase mastocytaire. En cas d’anaphylaxie, la dégranulation des mastocytes
conduit à des concentrations de tryptase sanguine nettement augmentées.
L’incidence exacte des réactions biphasiques est inconnue. Il n’existe aucun moyen
fiable de prédire qui présentera une réaction biphasique. Il est dès lors important que les
décisions concernant la sortie de l’hôpital soient prises pour chaque patient par un clinicien
expérimenté.
249
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
La clef d’une réanimation réussie suite à un arrêt cardiaque chez ces patients est la
reconnaissance de la nécessité de réaliser une resternotomie en urgence précocement,
spécialement dans un contexte de tamponnade ou d’hémorragie, quand des compressions
thoraciques externes risquent d’être inefficaces.
9.1. Etiologie
Il y a généralement des causes spécifiques d’arrêt cardiaque qui sont toutes potentiellement
réversibles Les principales causes d’arrêt cardiaque dans la période postopératoire
immédiate incluent:
• tamponnade cardiaque
• ischémie myocardique
• hypovolémie
• défaillance du pacing
• pneumothorax sous tension
9.2. Diagnostic
Une décision immédiate sur la cause probable de l’arrêt cardiaque doit être prise pour
permettre une intervention rapide et une réanimation réussie. Les patients en USI sont
très surveillés et un arrêt sera très probablement signalé par les alarmes du monitorage.
L’absence de pulsation ou de pression de perfusion sur la ligne artérielle, la perte de
signal de l’oxymétrie de pouls, de l’artère pulmonaire ou du CO2 en fin d’expiration et une
évaluation rapide du patient peuvent être des éléments suffisants pour indiquer l’arrêt
cardiaque sans avoir besoin de palper un pouls central. Appeler précocement une aide
expérimentée, incluant un chirurgien cardio-thoracique et un anesthésiste cardiaque.
250
9.3. Traitement
• Les compressions thoraciques peuvent provoquer des ruptures sternales ou
des lésions cardiaques dans un contexte post chirurgie cardiaque. Si une FV est
diagnostiquée, immédiatement administrer une défibrillation externe. Une FV/
TVssP devant témoin et monitorée doit être traitée immédiatement avec jusqu’à
trois tentatives de défibrillation successives rapides (en cascade). Trois chocs sans
succès confirment la nécessité d’une resternotomie en urgence. Une défibrillation
supplémentaire est essayée comme indiqué dans l’algorithme universel et doit être
réalisée avec des palettes internes à 20 J si une sternotomie a été réalisée.
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251
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
souvent ces techniques, de sorte à pouvoir les réaliser en sécurité endéans les 5
minutes de la survenue de l’arrêt cardiaque par toute personne avec une formation
appropriée.
• La même stratégie est appropriée pour des patients suite à une chirurgie cardiaque
sans sternotomie, mais les chirurgiens qui réalisent ces opérations doivent avoir
déjà donné des instructions claires au sujet de l’ouverture du thorax pendant un
arrêt.
Il est vital qu’un arrêt cardiaque d’origine médicale ne soit pas mal diagnostiqué comme
étant d’origine traumatique et qu’il soit traité avec l’algorithme ALS universel. Un arrêt
cardiaque ou d’autres causes de soudaine perte de conscience (par ex. hypoglycémie, AVC,
convulsions) peuvent provoquer un second événement traumatique. Quelques études
observationnelles ont rapporté qu’environ 2,5 % des arrêts cardiaques extrahospitaliers
non traumatiques se produisent dans des voitures. Dans ces cas, des rythmes choquables
(FV/TVssP) sont plus communs. La cause première de l’arrêt cardiaque peut être trouvée
grâce à des informations concernant l’histoire médicale passée, les événements précédant
l’accident (si possible), et à une évaluation systématique post RACS, comprenant un ECG
12 dérivations.
Le commotio cordis est un arrêt cardiaque réel ou un quasi-arrêt causé par un choc brutal
sur la paroi thoracique à hauteur du coeur. Un coup au thorax peut provoquer une FV si
l’objet frappe le thorax dans une fenêtre de 20 msec de l’ascension de l’onde T. Le commotio
cordis se produit le plus souvent pendant des activités sportives ou récréationnelles et les
victimes sont en général des hommes jeunes. Suivre les directives de RCP standards. Une
défibrillation précoce est importante pour la survie.
10.1. Diagnostic
Le diagnostic de l’arrêt cardiaque traumatique est fait cliniquement. Le patient présente
une respiration agonique ou une absence de respiration spontanée et une absence de
pouls central.
Un état de péri-arrêt est caractérisé par une instabilité cardiovasculaire, une hypotension,
une perte des pouls périphériques dans des zones non lésées et un niveau de conscience
se détériorant sans cause évidente liée au système nerveux central. Non traité, cet état va
probablement progresser vers un arrêt cardiaque.
252
• La réponse à un ACT doit être très rapide et sa réussite dépend d’une chaîne
de survie bien établie, comprenant des facilités pré-hospitalières avancées et
l'existence de Trauma center. Les efforts de réanimation immédiats pour un arrêt
cardiaque traumatique se concentrent simultanément sur le traitement des causes
réversibles, lesquelles prennent la priorité par rapport aux compressions. La Figure
12.6 montre l’algorithme de l’arrêt (du péri-arrêt) cardiaque traumatique.
• Les compressions thoraciques sont encore le standard de soin pour les patients en
arrêt cardiaque, sans tenir compte de l’étiologie. Dans les arrêts cardiaques causés
par hypovolémie, tamponnade cardiaque ou pneumothorax sous tension, les
compressions thoraciques ne seront probablement pas aussi efficaces que lors d’un
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253
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
10.2. Traitement
Figure 12.6
Algorithme de l’arrêt (du péri-arrêt) cardiaque traumatique
Patient traumatisé
Arrêt cardiaque /
Situation de péri-arrêt?
Hypoxie IMPROBABLE
Pneumothorax sous S’occuper simultanément des causes
Continuer ALS
Commencer /
Tension réversibles
Tamponnade cardiaque
Hypovolémie
Considérer thoraco-
Considérer l’arrêt de Retour de la circulation
NON tomie de réanimation
la RCP spontanée?
immédiate
OUI
En pré-hospitalier:
n Effectuer seulement des interventions vitales
En intra-hospitalier:
n Réanimation basée sur le contrôle des dommages
254
sans pansement), utiliser des garrots si nécessaire et/ou appliquer des agents
hémostatiques topiques. Une hémorragie non compressible est plus difficile.
Utiliser des attelles (attelle pelvienne), des produits sanguins, des liquides
intraveineux et de l’acide tranexamique en déplaçant le patient vers l'hôpital
approprié pour un contrôle chirurgical de l’hémorragie.
-- Pneumothorax sous tension - Réaliser des thoracostomies bilatérales dans
le 4ème espace intercostal pour décompresser le thorax pendant un ACT. En
présence d’une ventilation par pression positive, les thoracostomies ont plus
de chances d’être efficaces qu’une thoracocentèse à l’aiguille et seront plus
rapides que l’insertion d’un drain thoracique.
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• Sur les dix dernières années, le principe de «réanimation basée sur le contrôle des
dommages» a été adopté dans la réanimation traumatique pour les hémorragies
incontrôlées. La réanimation basée sur le contrôle des lésions combine une
hypotension permissive et une réanimation hémostatique avec chirurgie de 12
contrôle des dommages. Un niveau d'évidence bas et un consensus général
supportent une approche conservatrice de la perfusion de liquide intraveineux,
avec hypotension permissive jusqu’à obtention chirurgicale de l'hémostase.
L'hypotension permissive consiste en l’administration de liquides intraveineux à
un volume suffisant pour maintenir un pouls radial. La réanimation hémostatique
consiste en l’utilisation très précoce de produits sanguins comme liquides de
réanimation primaire pour prévenir l’exsanguination par coagulopathie induite
par le trauma. Le rapport recommandé de concentré de globules rouges, de
plasma frais congelé et de plaquettes est de 1/1/1.
• L’acide tranexamique (ATX) (dose de charge de 1 g sur 10 min suivi d’une infusion
de 1 g sur 8 h) augmente la survie après hémorragie traumatique. Il est plus efficace
s’il est administré endéans la première heure et certainement endéans les trois
premières heures suivant le trauma.
255
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
Thoracotomie de réanimation
• Une TR réussie est très dépendante du facteur temps. Un service du Royaume-Uni
recommande que si une intervention chirurgicale ne peut être effectuée endéans
les 10 minutes suivant la perte de pouls des patients avec blessure thoracique
pénétrante, une TR sur place doit être considérée.
Les pré-requis pour une TR réussie peuvent être résumés comme la règle des «quatre E»
(4E):
• Expertise: les équipes doivent être dirigées par un professionnel de la santé très
bien formé et aux compétences élevées.
• Temps Ecoulé: le temps entre la perte des signes vitaux et le début de la TR ne doit
pas dépasser 10 minutes.
Si n’importe lequel des quatre critères n’est pas rempli, la TR est futile et elle expose
l’équipe à des risques non nécessaires.
Considérer une thoracotomie au service d’urgence dans les circonstances suivantes:
• patients avec trauma contondants et moins de 10 min de RCP pré-hospitalière;
• patients avec trauma pénétrant du torse avec moins de 15 minutes de RCP.
11. Grossesse
La mortalité liée à la grossesse est relativement rare en Europe (estimée à 16 pour 100,000
naissances) même s’il existe de larges variations entre pays. La viabilité du foetus doit
toujours être évaluée quand un événement cardiovasculaire défavorable se produit chez
une femme enceinte. La survie fœtale dépend en général de la survie maternelle et les
efforts initiaux de réanimation doivent se concentrer sur la mère enceinte.
256
11.1. Causes de l’arrêt cardiaque durant la grossesse
L’arrêt cardiaque durant la grossesse est le plus souvent causé par:
• une maladie cardiaque
• une embolie pulmonaire
• des troubles psychiatriques
• des troubles hypertensifs liés à la grossesse, une éclampsie, un HELLP syndrome
• un sepsis
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• une hémorragie
• une embolie de liquide amniotique
• une grossesse ectopique
Les femmes enceintes peuvent aussi avoir les mêmes causes d’arrêt cardiaque que les
femmes du même groupe d’âge (par ex. anaphylaxie, intoxication médicamenteuse,
trauma).
11.2. Traitement
257
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
258
• Hémorragie: Elle peut se produire pendant la grossesse ou en post-partum.
Les causes incluent une grossesse ectopique, un décollement placentaire, un
placenta prævia et une rupture utérine. Les services de maternité doivent avoir
un protocole pour les hémorragies massives. Le traitement est basé sur l’approche
ABCDE. La priorité est d’arrêter le saignement. Envisager ce qui suit: réanimation
liquidienne y compris utilisation d’un système de transfusion rapide et d’épargne
cellulaire, correction de coagulopathie, oxytocine, ergométrine et prostaglandines
pour corriger l’atonie utérine, sutures compressives de l’utérus, dispositifs avec
ballon intra-utérin, embolisation radiologique d’un vaisseau qui saigne et contrôle
chirurgical incluant clampage/compression de la crosse aortique et hystérectomie.
Un placenta percreta peut requérir une chirurgie intra-pelvienne extensive.
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259
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
• Age gestationnel < 20 semaines. Une césarienne en urgence ne doit pas être
considérée parce qu’un utérus gravide de cette taille a peu de chance de
compromettre le débit cardiaque maternel et que la question de la viabilité du
fœtus ne se pose même pas.
• Age gestationnel d’environ 20 à 23 semaines. Débuter l’accouchement du fœtus
en urgence pour permettre une réanimation réussie de la mère, pas la survie du
bébé, laquelle est improbable à cet âge gestationnel.
• Age gestationnel approximativement > 24 semaines. Initier la césarienne en
urgence pour aider à sauver la vie de la mère et celle du bébé.
260
12. Obésité
Au niveau mondial, l'obésité a plus que doublé depuis 1980. De nombreuses études
cliniques ont lié l’index de masse corporelle (BMI) au devenir pour une large variété
de conditions cardiovasculaires ou non cardiovasculaires. Les facteurs de risque
cardiovasculaire traditionnels (hypertension, diabètes, profil lipidique, maladie
coronarienne, insuffisance cardiaque et hypertrophie du ventricule gauche) sont
communs chez les patients obèses. L’obésité est associée à un risque majoré de décès
soudain d'origine cardiaque. Les principales causes de décès sont cardiopathie dilatée
et sévère athérosclérose coronaire.
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261
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
13. Electrocution
Une lésion électrique est relativement peu fréquente, mais peut occasionner des lésions
multi-systémiques dévastatrices avec morbidité et mortalité élevées. La plupart des
lésions électriques chez les adultes se produisent sur les lieux de travail et ces accidents
sont en général associés à de hauts voltages. Pour les enfants par contre, les risques se
trouvent surtout au domicile, où le voltage est plus bas (220 volts en Europe, Australie,
Asie; 110 volts USA et Canada). L’électrocution par la foudre est rare, mais cause environ
1000 décès par an à l’échelle mondiale.
Les facteurs influençant la sévérité des lésions électriques comprennent le fait que le
Le contact avec du courant alternatif (AC) peut provoquer des contractions tétaniques des
muscles squelettiques, ce qui peut empêcher la victime de s’écarter de la source d’électricité.
Une défaillance myocardique ou respiratoire peut provoquer une mort immédiate:
• L’arrêt respiratoire peut être causé par une dépression respiratoire centrale ou par
une paralysie des muscles respiratoires.
• Le courant peut précipiter une FV s’il traverse le myocarde durant la période
vulnérable (analogue à un phénomène R/T). Le courant électrique peut aussi
causer une ischémie myocardique en raison d’un spasme d'une artère coronaire.
• L’asystolie peut être primaire, ou secondaire à l’asphyxie consécutive à l’arrêt
respiratoire.
Un courant qui traverse le myocarde a plus de risque d’être fatal. Un trajet transthoracique
(d’une main vers l’autre) sera plus probablement fatal qu’un trajet vertical (d’une main
vers un pied) ou croisé (d’un pied vers l’autre). Il peut y avoir des destructions tissulaires
extensives le long du trajet du courant.
262
foudre. Des patients inconscients avec des brûlures linéaires ou en forme de feuilles de
fougère doivent être traités comme des victimes de la foudre.
Le type et la sévérité des lésions causées par la foudre varient considérablement. Comme
avec les chocs électriques industriels et domestiques, la mort est provoquée par un arrêt
cardiaque ou respiratoire. Chez ceux qui survivent au choc initial, une libération majeure
de catochélamines ou une stimulation du système nerveux autonome peuvent se produire,
provoquant hypertension, tachycardie, changements non spécifiques sur l’ECG (y compris
prolongation de l’intervalle QT et inversion transitoire de l’onde T) et nécrose myocardique.
De la créatine kinase peut être libérée à partir des muscles myocardiques et squelettiques.
La foudre peut aussi provoquer divers problèmes neurologiques centraux et périphériques.
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13.1. Traitement
S’assurer que toute source de courant est coupée et ne pas s’approcher de la victime tant
que la sécurité n’est pas garantie. De hauts voltages (supérieurs aux sources domestiques)
d’électricité peuvent provoquer un arc électrique et une conduction à travers le sol jusqu’à
quelques mètres autour de la victime. On peut s’approcher et manipuler en sécurité des
victimes frappées par la foudre, même s’il serait plus prudent de les déplacer vers un
environnement plus sûr. Suivre les directives de réanimation standards.
• La prise en charge des voies aériennes peut être difficile en présence de brûlures
électriques sur le visage et le cou. Intuber la trachée précocement dans ces cas parce
qu’un œdème des tissus mous peut causer une obstruction des voies aériennes
subséquente. Immobiliser la colonne cervicale jusqu’à ce qu’une évaluation puisse
être réalisée.
• Une paralysie musculaire, spécialement après un haut voltage, peut persister
pendant quelques heures; un support ventilatoire est requis durant cette période.
• La fibrillation ventriculaire est l’arythmie initiale la plus fréquente après un choc
électrique de haut voltage par courant alternatif; traiter par une tentative de
12
défibrillation rapide. Une asystolie est plus commune après un choc électrique par
courant continu; utiliser les directives standards pour ce traitement et celui des
autres arythmies.
• Enlever les vêtements en combustion et les chaussures pour prévenir d’autres
lésions thermiques.
• Une thérapie liquidienne vigoureuse est requise en présence de destruction
tissulaire significative. Maintenir un bon débit urinaire pour augmenter l’excrétion
de myoglobine, de potassium et d’autres toxiques issus de lésions tissulaires.
• Considérer une intervention chirurgicale précoce chez les patients avec lésions
thermiques sévères.
• Réaliser un bilan secondaire minutieux pour exclure des lésions provoquées par
des contractions musculaires tétaniques ou chez des personnes projetées par la
force du choc.
263
Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
• Une électrocution peut provoquer des lésions tissulaires sévères et profondes avec
relativement peu de plaies cutanées parce que le courant a tendance à suivre les
faisceaux neuro-vasculaires; chercher avec soin les caractéristiques d’un syndrome
des loges, lequel va nécessiter une fasciotomie.
POINTS ESSENTIELS
• U
tiliser l’approche ABCDE pour une reconnaissance et un traitement rapides
pour prévenir un arrêt cardiaque.
• U
ne RCP de haute qualité et le traitement des causes réversibles forment la
pierre angulaire du traitement d’un arrêt cardiaque, quelle qu’en soit la cause.
• A
ppeler précocement une aide experte quand des procédures spécialisées
sont nécessaires - par ex. accouchement du fœtus en cas d’arrêt cardiaque
pendant la grossesse.
264
LITTÉRATURE COMPLÉMENTAIRE
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Chapitre 12
Arrêt cardiaque dans des circonstances particulières
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266
Chapitre 13.
Soins post réanimation
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OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
Comprendre:
• la nécessité de la poursuite de la réanimation après le retour à la circulation
spontanée
• comment traiter le syndrome post-arrêt cardiaque
• comment réaliser le transfert du patient en sécurité
• le rôle et les limites de l’évaluation du pronostic après un arrêt cardiaque
1. Introduction
Le retour à une circulation spontanée (RACS) est le premier pas vers l’objectif de récupération
complète après un arrêt cardiaque. Les processus patho-physiologiques complexes qui se
produisent après une ischémie sur l’ensemble du corps pendant un arrêt cardiaque et
la réponse subséquente de la reperfusion pendant la RCP et la réanimation réussie qui
s’ensuit ont été appelés syndrome post-arrêt cardiaque. En fonction de la cause de l’arrêt
et de la sévérité du syndrome post-arrêt cardiaque, de nombreux patients vont requérir
un soutien multi-organique et le traitement qu’ils reçoivent durant cette période de post-
réanimation influence significativement le devenir global et particulièrement la qualité de
la récupération neurologique. La phase de post réanimation débute à l’endroit où le RACS
a été obtenu mais le patient, une fois stabilisé, est transféré vers le service de soins de
haut niveau le plus adéquat (par ex. service d’urgence, salle de cathétérisme cardiaque ou
unité de soins intensifs) pour diagnostic, monitorage et traitement continus. L’algorithme
des soins post-réanimation (figure 13.1) souligne certaines des interventions essentielles
requises pour optimaliser les résultats pour ces patients. S’il y a le moindre doute à propos
de la fonction neurologique, la trachée du patient doit être intubée et un traitement pour
optimaliser les variables hémodynamiques, respiratoires et métaboliques, avec en même
temps une gestion ciblée de la température, doit être commencé en suivant le plan de
traitement standardisé local.
267
Chapitre 13
Soins post réanimation
Figure 13.1
Retour de la circulation spontanée et coma
voies aériennes
n Capnographie
Traitement immédiat
Circulation
n ECG 12 dérivations
Contrôler la température
n Température constante 32°C – 36°C
NON
Diagnostic
Considérer angiographie
Angiographie coronaire ± ICP
coronaire ± ICP
Considérer
tomodensitométrie (CT Cause de l’arrêt
NON
scanner) cérébrale et/ou cardiaque identifiée?
pulmonaire
OUI
n Echocardiographie
n M aintenir normoglycémie
Prévention secondaire
Suivi et
Par ex. DCI, recherche troubles
revalidation
héréditaires, gestion des facteurs de
risque
268
1.1. Le syndrome post-arrêt cardiaque
Le syndrome post-arrêt cardiaque comprend des lésions cérébrales post-arrêt cardiaque,
un dysfonctionnement myocardique post-arrêt cardiaque, la réponse systémique
ischémie/reperfusion et la pathologie causale persistante. La sévérité de ce syndrome va
varier avec la durée et la cause de l’arrêt cardiaque. Il peut ne pas se produire du tout
si l’arrêt cardiaque est bref. Les lésions cérébrales post-arrêt cardiaque se manifestent
comme un coma, des convulsions, des myoclonies, des degrés divers de dysfonction
neurologique et une mort cérébrale. Une lésion cérébrale post-arrêt cardiaque peut
être exacerbée par une défaillance microcirculatoire, une autorégulation défaillante,
une hypercapnie, une hypoxémie et une hyperoxémie, une pyrexie, une hyperglyémie
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2. Poursuite de la réanimation
Dans la phase immédiate de post réanimation, en attendant le transfert vers une zone de
soins de haut niveau appropriée, traiter le patient en utilisant l’approche ABCDE.
269
Chapitre 13
Soins post réanimation
un débit sanguin cérébral réduit. Après un arrêt cardiaque, l’hypocapnie induite par
l’hyperventilation cause une ischémie cérébrale. Ajuster la ventilation pour atteindre la
normocapnie et monitorer en utilisant le CO2 de fin d’aspiration et les valeurs des gaz
sanguins artériels. Une baisse de la température corporelle diminue le métabolisme et
peut augmenter le risque d’hypocapnie pendant l’intervention sur la température.
Bien que les stratégies de ventilation pulmonaire protectrice n’ont pas été étudiées de
manière spécifique chez des patients en post-arrêt cardiaque, étant donné que ces patients
développent une réponse inflammatoire marquée, il semble raisonnable d’appliquer une
ventilation pulmonaire protectrice: volume tidal de 6-8 ml/kg pour un poids corporel idéal
et pressions positives de fin d'expiration de 4-8 cmH2O. Insérer un tube gastrique pour
2.2. Circulation
270
2.2.2. Prise en charge hémodynamique
Une dysfonction myocardique post réanimation cause une instabilité hémodynamique,
laquelle se manifeste par une hypotension, une basse fréquence cardiaque et des
arythmies. Effectuer une échographie précoce chez tous les patients de manière à détecter
et à quantifier le degré de dysfonction myocardique. Une dysfonction myocardique
post réanimation requiert souvent un soutien inotrope, au moins transitoirement.
Selon des données expérimentales, la dobutamine est le traitement le plus établi dans
ce contexte, mais la réponse inflammatoire systématique qui se produit fréquemment
chez les patients post-arrêt cardiaque peut aussi causer vasoplégie et vasodilation sévère.
Par conséquent la noradrénaline, avec ou sans dobutamine, et des liquides forment en
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271
Chapitre 13
Soins post réanimation
Bien que cela puisse ne pas être d’un intérêt immédiat pour la prise en charge du patient,
évaluer la fonction neurologique rapidement et enregistrer le score de l’Echelle de Coma
Tableau 13.1
L’Echelle de Coma de Glasgow
272
2.5. Sédation
Bien qu’il ait été de pratique courante de sédater et de ventiler les patients pour au moins
24 heures après RACS, il n’y a pas de données de haute qualité pour supporter une période
définie de ventilation, de sédation et de blocage neuromusculaire après arrêt cardiaque. Les
patients doivent être sédatés de manière adéquate durant un traitement par hypothermie
thérapeutique et la durée de la sédation et de la ventilation est par conséquent influencée
par ce traitement. Aucune donnée n’indique si le choix de la sédation influence les
résultats, mais une combinaison d’opioïdes et d’hypnotiques est en général utilisée. Des
médicaments à action courte (par ex. propofol, alfentanil, remifentanil) vont permettre
une évaluation neurologique plus fiable et précoce (voir pronostic plus bas). Une sédation
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Une prophylaxie en routine pour les convulsions n’est pas recommandée pour les patients
post-arrêt cardiaque en raison du risque d’effets défavorables et de la réponse faible aux agents
antiépileptiques parmi les patients avec des convulsions cliniques et électrographiques.
273
Chapitre 13
Soins post réanimation
Des données animales et humaines indiquent qu’une légère hypothermie induite est
neuro-protectrice et améliore le résultat après une période d’hypoxie-ischémie globale. Le
refroidissement supprime de nombreux passages menant à une mort cellulaire retardée,
y compris l’apoptose (mort cellulaire programmée). L’hypothermie diminue le quotient
métabolique cérébral de l'oxygène (CMRO2) d’environ 6 % pour chaque réduction d’1°C
de la température centrale et cela peut réduire la libération des acides aminés excitateurs
• Maintenir une température cible constante entre 32°C et 36°C pour ces patients
pour lesquels un contrôle de la température est utilisé (forte recommandation,
preuves de qualité modérée).
• La gestion ciblée de la température (TTM) est recommandée pour tous les adultes
après AC avec n’importe quel rythme initial qui restent sans réaction après RACS.
• La gestion ciblée de la température (TTM) est suggérée pour les adultes après
ACEH avec un rythme initial non choquable qui restent sans réaction après RACS.
• La gestion ciblée de la température (TTM) est suggérée pour les adultes après ACIH
avec n’importe quel rythme initial qui restent sans réaction après RACS.
• Si une gestion ciblée de la température (TTM) est utilisée, il est suggéré que ce soit
pour une durée d’au moins 24 heures.
Les méthodes pour induire et/ou maintenir une gestion ciblée de la température (TTM)
incluent:
• De simples sacs de glace et/ou des serviettes mouillées ont un coût limité; toutefois
ces méthodes peuvent nécessiter plus de temps pour le personnel soignant,
résulter dans des variations de température plus importantes et ne pas permettre
un réchauffement contrôlé. Des liquides glacés seuls ne peuvent pas être utilisés
pour maintenir une hypothermie, mais l’addition de simples sacs de glace peut
permettre de contrôler la température de façon adéquate.
• Couvertures ou compresses de refroidissement
• Couvertures à circulation d’eau ou d’air
• Refroidissement transnasal par évaporation – cette technique permet un
refroidissement avant RACS et est l’objet d’investigations supplémentaires dans
un essai multi-centres contrôlé et randomisé.
274
• Echangeur de chaleur intra-vasculaire, placé en général dans les veines fémorales
ou sous-clavières
• Circulation extracorporelle (par ex. bypass cardiopulmonaire, ECMO)
Une reprise d’hyperthermie est associée avec un résultat neurologique aggravé. Par
conséquent, le réchauffement doit être réalisé lentement: la fréquence optimale n’est pas
connue, mais le consensus est actuellement aux environs de 0,25-0,5ºC de réchauffement
par heure.
sévère et coagulopathie médicale préexistante (la thérapie fibrinolytique n’est pas une
contre-indication à une hypothermie induite légère/thérapeutique).
2.9.1. Histoire
Obtenir une histoire complète aussi vite que possible. Ceux qui sont impliqués dans les
soins du patient immédiatement avant l’arrêt cardiaque doivent être capables d’aider (par
ex. personnel médical d’urgence, médecin généraliste et les proches). Spécifiquement, les
symptômes d’une maladie cardiaque doivent être recherchés. Considérer d’autres causes
d’arrêt cardiaque si peu d’éléments suggèrent une maladie cardiaque primaire (par ex.
surdose médicamenteuse, hémorragie sous-arachnoïdienne). Prendre note de tout retard
avant le début de la réanimation et de la durée de la réanimation; cela peut avoir une
signification pronostique, même si ce n’est en général pas fiable et ne doit certainement
pas être utilisé comme seul facteur pour prédire les résultats. La ligne de base de la réserve
physiologique du patient (avant arrêt cardiaque) est l’un des facteurs les plus importants
pris en considération par l’équipe de l’USI au moment de déterminer si un support multi-
organe prolongé est approprié.
2.9.2. Monitorage
Un monitorage continu de l’ECG, de la TA et si possible de la pression veineuse centrale, du 13
débit cardiaque, de la fréquence respiratoire, de l’oxymétrie de pouls, de la capnographie,
de la température centrale et du débit urinaire est essentiel pour détecter des changements
pendant la période d’instabilité qui suit la réanimation d’un arrêt cardiaque. Monitorer
de manière continue les effets des interventions médicales (par ex. ventilation assistée,
traitement diurétique).
2.9.3. Investigations
Plusieurs variables physiologiques peuvent être anormales immédiatement après un arrêt
cardiaque et des examens biochimiques et cardiologiques urgents doivent être réalisés
(tableau 13.2).
275
Chapitre 13
Soins post réanimation
La réponse physiologique normale à une acidose métabolique est de réduire la PaCO2 par
une augmentation dans la ventilation (compensation respiratoire). Le patient qui respire
spontanément peut ne pas y parvenir si la ventilation est déprimée par des sédatifs, un
niveau de conscience réduit ou une maladie pulmonaire significative. Dans ces cas, la
PaCO2 peut augmenter, provoquant une acidose combinée respiratoire et métabolique
et une acidémie profonde.
276
Tableau 13.2
Investigations après restauration de la circulation
Pour exclure l’anémie comme contribuant à l’ischémie myocardique et pour fournir des
valeurs de base
Biochimie
ECG à 12 dérivations
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Radiographie pulmonaire
Pour confirmer la position d’un tube trachéal, d’une sonde gastrique et/ou d’un cathéter
veineux central
Pour chercher des signes d’œdème pulmonaire
Pour chercher des signes d’aspiration pulmonaire
Pour exclure un pneumothorax
Pour détecter des séquelles non intentionnelles (par ex. fractures sternale ou costale)
Pour évaluer le profil cardiaque (une évaluation correcte de la taille du cœur requiert une
échographie standard PA debout – pas toujours réalisable dans une situation post-réanimation)
CT scan cérébral
277
Chapitre 13
Soins post réanimation
*
Immédiatement après un arrêt cardiaque, il y a typiquement une période
d’hyperkaliémie. Toutefois la libération de catécholamines endogènes favorise le
flux de potassium dans les cellules et peut causer une hypokaliémie. L’hypokaliémie
peut causer des arythmies ventriculaires. Donner du potassium pour maintenir le
potassium sérique entre 4,0 et 4,5 mmol/l.
** Un rythme sinusal normal est requis pour une fonction cardiaque optimale. La
contraction auriculaire contribue significativement au remplissage ventriculaire,
spécialement en présence de maladie myocardique ou de valvulopathie. La perte
de la contraction auriculaire et ventriculaire séquentielle du rythme sinusal peut
réduire le débit cardiaque de manière substantielle chez certains patients.
3. Pronostic
Deux tiers des patients qui meurent après admission à l’USI après un arrêt cardiaque
extrahospitalier meurent de lésions neurologiques. Un quart de ceux qui meurent après
admission à l’USI après un arrêt cardiaque intra-hospitalier meurt de lésions neurologiques.
Un moyen de prédire l’évolution neurologique applicable individuellement aux patients
immédiatement après le RACS est requis. De nombreuses études ont mis l’accent sur la
prédiction de mauvais résultats à long terme (invalidité cérébrale grave ou mort), basée sur
des résultats cliniques ou des tests qui indiquent des lésions cérébrales irréversibles, pour
permettre aux cliniciens de limiter les soins ou d’arrêter le traitement de substitution. Les
implications de ces tests pronostiques sont telles qu'ils devraient avoir une spécificité de
100 % ou un taux de faux positifs de zéro, c'est-à-dire qu’aucun individu ne devrait avoir un
« bon » résultat à long terme si un mauvais résultat a été prédit.
278
L’absence bilatérale de réaction pupillaire à la lumière à 72 heures à partir du RACS prédit
un mauvais résultat avec un taux de faux positifs (TFP) proche de 0 % que les patients
aient été traités avec la gestion ciblée de la température ou pas (TFP 1 [0-3] et 0 [0-8],
respectivement) et une sensibilité relativement basse (19 % et 18 % respectivement).
Des résultats similaires ont été documentés pour l’absence bilatérale de réflexe cornéen.
L’absence du réflexe vestibulo-oculaire à ≥ 24 h et un score de Glasgow moteur de 2 ou
moins (extension ou pas de réponse à la douleur) à ≥ 72 h sont moins fiables. D’autres signes
cliniques, y compris les myoclonies, ne sont pas recommandés pour prédire un mauvais
résultat. La présence d’état de mal myoclonique chez les adultes est fortement associée
avec un mauvais pronostic, mais de rares cas de bonne récupération neurologique de
cette situation ont été décrits et un diagnostic précis de l’état de mal myoclonique reste
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problématique.
3.2. Electrophysiologie
3.2.2. Electroencéphalographie
Chez les patients traités par gestion ciblée de température, une absence de réactivité
sur l’EEG prédit un mauvais pronostic à 48 h-72 h après RACS. La plupart des études
pronostiques sur l’absence de réactivité sur EEG ont été menées par le même groupe de
chercheurs. Les limitations de la réactivité EEG incluent un manque de standardisation, la
modalité de stimulation et un modeste accord inter-évaluateurs. Indépendamment de sa
signification pronostique, l’enregistrement EEG – qu’il soit continu ou intermittent – chez
les survivants comateux d’arrêt cardiaque pendant la gestion ciblée de la température
et après le réchauffement est utile pour évaluer le niveau de conscience – lequel peut 13
être masqué par une sédation prolongée, une dysfonction neuromusculaire ou des
myoclonies – et pour détecter et traiter des crises non convulsives qui peuvent se produire
chez environ un quart des survivants comateux après arrêt cardiaque.
3.3. Biomarqueurs
Les NSE et S-100B sont des biomarqueurs de protéines qui sont libérés suite à des lésions
de neurones et de cellules gliales, respectivement. Leurs valeurs artérielles après arrêt
cardiaque vont probablement être corrélées avec l’étendue de la lésion anoxique-
ischémique neurologique et, par conséquent, avec la sévérité du devenir neurologique.
Le S-100B est moins bien documenté que le NSE. Les avantages des bio-marqueurs par
rapport à l’EEG et à l’examen clinique incluent des résultats quantitatifs et l’indépendance
probable par rapport aux effets des sédatifs. Leur principale limitation en tant que
critère de pronostic est qu’il est difficile de trouver un seuil consistant pour identifier les
279
Chapitre 13
Soins post réanimation
patients au mauvais devenir avec un haut degré de certitude. En fait, les concentrations
sériques de biomarqueurs sont par elles-mêmes des variables continues, ce qui limite leur
applicabilité pour prédire un résultat dichotomique.
3.4. Imagerie
De nombreuses modalités d’imagerie (imagerie par résonance magnétique [IRM],
tomodensitométrie [CT], tomographie par émission monophotonique [SPECT],
angiographie cérébrale, Doppler trans-crânien, médecine nucléaire, spectroscopie
proche de l’infrarouge [SPIR]) ont été étudiées afin de déterminer leur utilité pour la
prédiction des résultats chez les survivants adultes d’un arrêt cardiaque. Sur base des
Le processus de récupération cérébrale suite à une lésion post anoxique globale est
complété endéans les 72 heures qui suivent l’arrêt pour la plupart des patients. Toutefois,
chez les patients qui ont reçu des sédatifs ≤ 12 h avant l’évaluation neurologique à 72 h post
RACS, la fiabilité de l’examen clinique peut être réduite. Avant de réaliser une évaluation
décisive, les facteurs confondants majeurs doivent être exclus; hormis la sédation et le
blocage neuromusculaire, ils incluent hypothermie, hypotension sévère, hypoglycémie,
et troubles métaboliques et respiratoires. Suspendre les sédatifs et les agents bloquants
neuromusculaires assez longtemps pour éviter les interférences avec l’examen clinique.
Les médicaments à action courte sont préférés chaque fois que c’est possible. Quand une
sédation/paralysie résiduelle est suspectée, considérer l’usage d’antidotes pour inverser
les effets de ces médicaments.
L’algorithme de stratégie de pronostic (figure 13.2) est applicable à tous les patients
qui restent comateux avec une réponse motrice absente ou des mouvements de
décérébration à 72 h à partir du RACS. Les résultats de tests pronostiques antérieurs sont
aussi considérés à ce moment.
Evaluer les indicateurs les plus solides d’abord. Ils incluent l’absence bilatérale de réflexe
pupillaire à ≥ 72 h du RACS et l’absence bilatérale de pESS N20 après réchauffement (ce
dernier signe peut être évalué à ≥ 24 h à partir du RACS chez les patients qui n’ont pas
été traités avec contrôle de température). En se basant sur des opinions expertes, nous
suggérons de combiner l’absence de réflexe pupillaire avec celle du réflexe cornéen pour
la prédiction de mauvais résultats à ce stade. Les réflexes oculaires et les PES maintiennent
leur valeur prédictive indépendamment de la température ciblée. Si aucun de ces signes
n’est présent pour prédire un mauvais résultat, un groupe d’indicateurs moins fiables
280
peut être évalué, mais le degré de confiance dans leur prédiction sera plus bas. Ces
indicateurs incluent la présence précoce d’un statut myoclonique (endéans 48 h après
RACS), valeurs élevées d’élonase sérique spécifique aux neurones (NSE) à 48 h-72 h après
RASC, un schéma EEG non réactif malin (suppression des salves, statut épileptique) après
réchauffement, la présence d’une réduction marquée du rapport de matière grise/blanche
(GM/WM pour grey matter/white matter) ou effacement des sillons sur CT scan cérébral
endéans 24 heures après RACS ou la présence de changements ischémiques diffus sur IRM
cérébral à 2-5 jours après RACS. En se basant sur des opinions expertes, nous suggérons
d’attendre au moins 24 heures après la première évaluation pronostique et de confirmer
l’inconscience avec un score moteur de Glasgow de 1-2 avant d’utiliser ce second groupe
d’indicateurs. Nous suggérons aussi de combiner au moins deux de ces indicateurs pour
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le pronostic.
Figure 13.2
Stratégie de pronostic
Arrêt cardiaque
Myoclonique
CT
Température contrôlée
Jours
Statut
1-2
Réchauffement
EEG - NSE
SSEP
NON
(1)
A ≥ 24h après RACS chez patients non traités par
température ciblée
Résultat indéterminé
(2)
Voir texte pour détails.
Observer et ré-évaluer
281
Chapitre 13
Soins post réanimation
4. Don d’organes
Le don d’organes doit être considéré pour ceux qui obtenu le RACS et qui répondent aux
critères neurologiques de décès. Chez ces patients comateux pour lesquels une décision
est prise d’interrompre un traitement de survie, le don d’organes doit être considéré après
la survenue du décès circulatoire. Le don d’organes peut aussi être considéré chez les
personnes pour lesquelles la RCP n’a pas réussi à atteindre le RACS. Toutes les décisions
relatives au don d'organes doivent suivre les exigences locales légales et éthiques,
lesquelles varient dans différents contextes.
Le feedback pour l’équipe de réanimation doit être constructif et non basé sur une culture
de la faute/du blâme. Que la tentative de réanimation ait été un succès ou non, les proches
du patient vont requérir un soutien considérable. Considérer les attentes religieuses de
toutes les personnes associées à l’arrêt.
POINTS ESSENTIELS
• A
près un arrêt cardiaque, le retour à la circulation spontanée est seulement la
première étape du processus continu de la réanimation.
• C
es patients requièrent un monitorage approprié, un transfert sûr vers un
environnement de soins critiques et un support continu des organes.
• N
otre capacité à prédire le résultat neurologique final pour ces patients qui
restent comateux après réanimation cardio-pulmonaire reste très faible.
282
LITTÉRATURE COMPLÉMENTAIRE
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Recommendations. 10.1016/j.resuscitation.2015.07.042; e71 - e122
• Nolan J et al. European Resuscitation Council Guidelines for Resuscitation 2015 Section 5. Post
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• Laver S, Farrow C, Turner D, Nolan J. Mode of death after admission to an intensive care unit fol-
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sive Care Medicine. Resuscitation 2014;85:1779-89.
13
283
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284
Soins post réanimation
Chapitre 13
Chapitre 14.
Arrêt cardiaque pré-hospitalier
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OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
Comprendre:
• le rôle de la réanimation cardio-pulmonaire (RCP) guidée par téléphone/
dispatcheur
• la position actuelle sur la question de savoir si on commence par la RCP
ou la défibrillation
• comment assurer un passage efficace d’un DEA à un défibrillateur manuel
• l’importance d’un transfert efficace au personnel hospitalier
• les règles pour arrêter la réanimation
• le rôle potentiel des centres spécialisés de l’arrêt cardiaque
1. Introduction
L’objectif de ce chapitre pré-hospitalier inclut dans le manuel de cours de réanimation
avancée (ALS) du Conseil Européen de Réanimation (ERC) est de réunir des sujets relatifs
à la réanimation d’un intérêt spécifique pour les services d’aide médicale urgente (AMU)
pré-hospitaliers. L’importance accrue accordée aux compressions thoraciques de haute
qualité avec des temps d’interruption minimum et à la réduction de la pause avant le choc
en continuant les compressions thoraciques pendant le chargement du défibrillateur
demande un programme de formation bien structuré et encadré pour les professionnels
des équipes d’aide médicale urgente. Cette formation doit inclure un entraînement
complet axé sur les compétences et des opportunités régulières d’actualiser ces
compétences. Il est admis que dans la plupart des cas, une réanimation pré-hospitalière
devra être prise en charge par un nombre moins important de professionnels par rapport
au nombre normalement présent en cas d’arrêt intra-hospitalier. Le transport vers un
centre médical d’accueil ajoute une dimension supplémentaire. L’insistance est placée sur
la nécessité d’une approche structurée et disciplinée. La formation ALS ERC est une plate-
forme idéale pour développer et pratiquer les compétences de réanimation et renforcer
l’approche d’équipe multidisciplinaire.
285
Chapitre 14
Arrêt cardiaque pré-hospitalier
2. Personnel et Interventions
Il y a des variations considérables à travers l’Europe dans la structure et les procédures
des services médicaux d’urgence. Certains pays ont adopté presque exclusivement
des systèmes basés sur des paramédicaux/techniciens d’urgence médicale pendant
que d’autres incorporent des médecins en pré-hospitalier de manière variable. Bien
que certaines études aient documenté des taux de survie plus élevés après arrêt
cardiaque dans les systèmes de secours médicaux d’urgence qui incluent des médecins
expérimentés en comparaison avec ceux qui dépendent de providers non-médecins,
d’autres comparaisons n’ont pas trouvé de différence pour la survie entre les systèmes
utilisant des paramédicaux ou des médecins en tant que partie intégrante de la réponse.
L’utilisation de protocoles écrits pour les demandes d’intervention à l’intérieur des centres
de communication médicale urgente, incluant des questions spécifiques pour améliorer la
reconnaissance de l’arrêt cardiaque, peut être utile. Les patients qui sont sans réaction et
qui ne respirent pas normalement doivent être présumés en arrêt cardiaque. L’adhésion
à de tels protocoles peut aider à améliorer la reconnaissance de l’arrêt cardiaque, tandis
qu’ignorer ces protocoles réduit le taux de reconnaissance de l’arrêt cardiaque par les
dispatcheurs aussi bien que la réalisation d’une RCP par téléphone. Les taux de RCP par
témoins sont bas dans de nombreuses communautés. Il a été démontré que les instructions
de la RCP assistée par téléphone améliorent le taux de RCP par témoin, réduisent le temps
avant la première RCP, augmentent le nombre de compressions thoraciques délivrées et
améliorent le devenir du patient suite à des arrêts cardiaques extrahospitaliers (ACEH)
dans tous les groupes de patients.
Les dispatcheurs doivent fournir des instructions de RCP par téléphone dans tous les
cas d’arrêt cardiaque suspecté à moins qu’un provider entraîné ne soit déjà en train
d’administrer une RCP. Quand des instructions sont requises pour une victime adulte,
les dispatcheurs doivent donner des instructions pour une RCP avec des compressions
thoraciques seules.
286
Si la victime est un enfant, les dispatcheurs doivent demander aux appelants de fournir des
insufflations et des compressions thoraciques. Ils doivent par conséquent être entraînés à
fournir des instructions avec les deux techniques.
ouvertes et sécurisées pendant un arrêt cardiaque, mais des données s’accumulent sur les
défis associés à l’intubation pré-hospitalière. Il est maintenant fortement recommandé
qu’une intubation trachéale ne soit utilisée que si du personnel formé est disponible pour
réaliser la procédure avec un degré élevé de compétences et de confiance. En l’absence de
personnel expérimenté, l’utilisation de dispositifs supraglottiques pour voies aériennes
(SAD) pendant la RCP est probablement plus raisonnable.
Toutefois, il n’y a que des données de faible qualité sur l’usage pré-hospitalier de ces
dispositifs pendant l’arrêt cardiaque comme les équipes travaillant dans les services de
secours médicaux sont structurées de différentes manières (avec médecin, unités ALS,
unités BLS, systèmes de RDV).
L’intubation trachéale et l’utilisation des SAD sont discutées de manière plus détaillée dans
le chapitre 7.
4.1. Ventilation
La majorité des patients après RCP dans un contexte pré-hospitalier sera ventilé suite
à la prise en charge des voies aériennes. En fonction de l’équipement disponible, des
dispositifs avec masque et ballon ou des moyens plus simples seront utilisés. Pour éviter
les problèmes potentiels comme le déplacement du dispositif des voies aériennes ou
des problèmes respiratoires secondaires, le monitorage doit inclure la capnographie si
disponible et des mesures continues de la saturation. Des volumes courants d’environ
6-7 ml/kg pour un poids corporel idéal à une fréquence de 10-12/min fourniront une
oxygénation et une ventilation adéquates. Hypercapnie et hypocapnie doivent être 14
évitées car elles peuvent aggraver le résultat.
287
Chapitre 14
Arrêt cardiaque pré-hospitalier
5. Défibrillation
288
ou compromettent la sécurité du provider. Les interruptions de la RCP pendant la mise en
place du dispositif doivent être évitées. Le personnel de santé qui utilise la RCP mécanique
ne doit le faire que dans le cadre d’un programme structuré et monitoré, lequel doit
inclure une formation complète axée sur les compétences et des opportunités régulières
de mettre à jour ces compétences.
7. Transfert à l’hôpital
Si une victime d’arrêt cardiaque est transportée à l’hôpital, une communication et une
documentation claires et précises sont des éléments essentiels du transfert vers le
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personnel hospitalier. Des informations vitales peuvent être perdues ou mal interprétées
si la communication entre les médecins des services médicaux d’urgence et le personnel
de l’hôpital n’est pas efficace.
Un message de pré-alerte doit être envoyé en routine et est essentiel en cas de réanimation
en cours pendant le transport pour garantir que le personnel du département d’urgence
et/ou l’équipe de réanimation de l’hôpital soient prêts à recevoir le patient. Cela donne
du temps à l’équipe de réanimation de l’hôpital pour élire un team leader et assigner
les rôles aux membres de l’équipe. Des interventions spécifiques pour traiter les causes
potentiellement réversibles peuvent être préparées.
289
Chapitre 14
Arrêt cardiaque pré-hospitalier
Des études supplémentaires ont montré que des associations de certaines variables
prédisent une réanimation futile comme absence de RACS sur le site, rythme non
choquable, arrêt sans témoin, pas de RCP par témoin, temps de réponse long de l'AMU et
absence de données démographiques du patient.
Les règles pour arrêter la réanimation sont moins fiables pour les arrêts cardiaques intra-
hospitaliers même si les règles pour les services médicaux d’urgence peuvent être utiles
pour les victimes d’arrêt cardiaque extrahospitalier qui ont une réanimation en cours dans
le département d’urgence.
Plusieurs études sur des arrêts cardiaques d’adultes en extrahospitalier n’ont pas démontré
d’impact de l’intervalle de transport du site à l’hôpital d’accueil sur la survie à la sortie de
l’hôpital si le RACS a été obtenu sur le site et que l’intervalle de transport a été court (3-11
min). Ceci implique qu’il peut être plus sûr de court-circuiter des hôpitaux locaux et de
transporter le patient en post-arrêt cardiaque vers un centre régional d’arrêt cardiaque. Il
y a des preuves indirectes que les systèmes régionaux de soins de réanimation cardiaque
améliorent les résultats après un infarctus myocardique avec élévation du segment ST
(STEMI).
L’implication de toutes ces données est que les centres spécialisés de l’arrêt cardiaque et
les systèmes de soins peuvent être efficaces, mais, jusqu’à présent, il n’y a pas d’évidence
directe pour supporter cette hypothèse.
290
POINTS ESSENTIELS
• C
hez les adultes, une RCP avec compressions thoraciques seules guidée
par téléphone/dispatcheur donne de meilleurs taux de survie qu’une RCP
conventionnelle guidée par téléphone.
• L ’intubation trachéale doit être essayée seulement par les personnes avec un
haut niveau de compétence et d’expérience avec la technique.
LITTÉRATURE COMPLÉMENTAIRE
• Soar J, et al. European Resuscitation Council Guidelines for Resuscitation 2015. Section 3. Adult
Advanced Life Support. 10.1016/j.resuscitation.2015.07.016; p99 - p146
• Soar J, Callaway CW, Aibiki M, et al. Part 4: Advanced life support: 2015 International Consensus
on Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care Science With Treatment
Recommendations. 10.1016/j.resuscitation.2015.07.042; e71 - e122
• Hupfl M, Selig HF, Nagele P. Chest-compression-only versus standard cardiopulmonary resuscita-
tion: a meta-analysis. Lancet 2010;376:1552-57.
• Nichol G, Aufderheide TP, Eigel B, et al. Regional systems of care for out-of-hospital cardiac arrest:
A policy statement from the American Heart Association. Circulation 2010;121:709-29.
• Rea TD, Fahrenbruch C, Culley L, et al. CPR with chest compresssions alone or with rescue brea-
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14
291
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292
Arrêt cardiaque pré-hospitalier
Chapitre 14
Chapitre 15.
Analyse des gaz sanguins et
oxymétrie de pouls
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OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
Comprendre:
• les termes utilisés pour décrire les résultats d’une analyse des gaz du sang artériel
• comment respiration et métabolisme sont liés
• c omment utiliser l’approche en 5 étapes pour analyser les résultats des gaz
sanguins artériels
• les principes de l’oxymétrie de pouls
• l’usage sûr et efficace de l’oxygène
1. Introduction
L’interprétation de l’analyse d’un échantillon de sang artériel pour déterminer le statut
acide-base d’un patient et les échanges gazeux respiratoires est un élément clé dans
la prise en charge d’un patient malade et particulièrement dans les situations de péri-
arrêt. Même s’il est souvent très tentant d’essayer d’analyser les données numériques
de façon isolée, il est essentiel d’avoir un système pour s’assurer que rien n’est négligé
ou mal interprété. Comme pour la lecture d’un ECG, la question initiale est «comment
est le patient?». Cela devrait inclure toute histoire connue et une description détaillée de
l’oxygénothérapie en cours et des médicaments.
Pour interpréter ces résultats, nous devons d’abord comprendre ce que chacun signifie.
Des marges normales sont données dans le texte, mais celles-ci varient légèrement entre
les institutions.
293
Chapitre 15
Analyse des gaz sanguins et oxymétrie de pouls
2. pH
L’acidité ou l’alcalinité du sang (ou de toute solution) est déterminée par la concentration
d’ions hydrogène [H+]; plus la concentration est élevée, plus la solution est acide. Dans le
corps, la concentration d’ions hydrogène est extrêmement faible, normalement autour de
40 nanomoles par litre (nmol/l), avec une nanomole équivalent à un milliardième de mole
(une mole est le poids molléculaire d’une substance en grammes; pour l’hydrogène, il
serait de 2 grammes). Pour mettre cela en perspective, les ions sodium (Na+) sont présents
à une concentration de 135 millimoles par litre (mmol/l), c’est-à-dire 3 millions de fois
supérieure. Pour des raisons de facilité face à des nombres si petits, nous utilisons l’échelle
de pH qui est une échelle logarithmique exprimant la concentration en ions hydrogène
De nombreuses réactions complexes au sein des cellules sont contrôlées par des
enzymes qui ne fonctionnent que dans une marge très étroite de pH; le pH normal doit
par conséquent être contrôlé étroitement entre 7,35 et 7,45. Chaque jour pendant une
activité normale, nous produisons cependant des quantités massives d’ions hydrogène
(approximativement 14 500 000 000 nmol), lesquels incontrôlés entraîneraient une
diminution substantielle du pH (acidémie) avant de pouvoir être excrétés. Pour prévenir
cela, le corps a une série de substances qualifiées de tampons qui absorbent les ions
hydrogène et de ce fait empêchent le développement d’une acidémie. Les principaux
tampons intracellulaires sont les protéines, le phosphate et l’hémoglobine (dans les
globules rouges) et les tampons extracellulaires sont les protéines du plasma et le
bicarbonate (voir plus bas).
294
3. Pression partielle
Nous utilisons normalement des pourcentages pour décrire la composition d’un mélange
de gaz; l’air est un bon exemple: 21 % d’oxygène, 78 % de nitrogène, 0,04 % de dioxyde de
carbone. Le nombre de molécules d’un gaz dans un mélange est cependant mieux décrit
en se référant à sa pression partielle. La pression partielle est la contribution apportée
à la pression totale par chaque gaz dans un mélange. L’importance de l’utilisation de
cette mesure est le mieux démontrée par le fait que si l’on double la pression totale d’un
mélange, les pressions partielles des constituants sont doublées, mais les pourcentages
restent les mêmes. Nous respirons des gaz à la pression atmosphérique ou 1 atmosphère,
très proche d’une pression de 100 kiloPascals (kPa) ou 750 mmHg (1 kPa = 7,5 mmHg).
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A la pression atmosphérique, la pression partielle d’un gaz dans un mélange (en kPa) est
numériquement la même que le pourcentage (%) de ce gaz par volume.
Lorsqu’un gaz est dissous dans un liquide (par ex. du sang), la pression partielle à l’intérieur
du liquide est la même qu’à l’intérieur du gaz en contact avec le liquide. Cela nous permet
de mesurer la pression partielle de l’oxygène et du dioxyde de carbone dans le sang.
En résumé, la pression partielle d’un gaz est une mesure de la concentration du gaz dans
le milieu dans lequel il se trouve et est exprimée en Pmilieu, par ex. la PaCO2 est la pression
partielle (P) de dioxyde de carbone (CO2) dans le sang artériel (a).
4. PaCO2
Le dioxyde de carbone (CO2) est un important déchet du métabolisme. Dans des
circonstances normales, il est transporté dans le sang vers les poumons où il est éliminé
pendant l’expiration. Pour le transport vers les poumons, il est soit combiné avec des
protéines et de l’hémoglobine, soit dissous dans le plasma où il réagit avec l’eau pour
former des ions d'hydrogène et du bicarbonate (HCO3-).
15
CO2 + H2O = H+ + HCO3-
La PaCO2 normale est de 5,3 kPa (40 mmHg) avec une marge de 4,7-6,0 kPa (35-45 mmHg).
Dans les poumons, la réaction se produit en sens inverse: le CO2 est généré et expiré.
De cette réaction nous pouvons voir que le CO2 se comporte comme un acide: toute
augmentation de la PaCO2 va provoquer un déplacement de la réaction vers la droite
et une augmentation de la concentration en ions hydrogène, avec le développement
ultérieur d’une acidémie. Il y aura évidemment la même augmentation de la concentration
de bicarbonate mais, comme il ne s’agit que de nanomoles, l’effet est minimal sur la
concentration totale globale de 22 à 26 mmol/l. Si la production métabolique de CO2 est
295
Chapitre 15
Analyse des gaz sanguins et oxymétrie de pouls
constante, le seul facteur qui influe la quantité dans le sang est la vitesse à laquelle il est
éliminé par la ventilation alvéolaire. Une diminution de la ventilation alvéolaire va réduire
l’excrétion de CO2 entraînant une augmentation de la PaCO2 et la production de plus d’ions
d’hydrogène. Si le pH diminue en dessous de 7,35, une acidémie a été produite. Comme la
cause primaire de l’acidémie est un problème avec le système respiratoire, nous appelons
ce processus une acidose respiratoire.
Inversement, une augmentation de la ventilation alvéolaire qui élimine le CO2 plus vite
qu’il n’est généré réduit la PaCO2 et déplace la réaction vers la gauche, ce qui réduit la
concentration d’ions hydrogène. En conséquence, le pH va augmenter et s’il dépasse 7,45
une alcalémie a été produite. Encore une fois la cause primaire est le système respiratoire
Il est par conséquent facile de comprendre comment même de brèves périodes d’apnée,
comme il s’en produit durant un arrêt cardiaque, résultent en une acidose respiratoire.
Toutefois, dans des circonstances normales, le centre respiratoire dans le tronc cérébral
est très sensible aux [H+] sanguins et, endéans quelques minutes, augmente rapidement
la ventilation alvéolaire. Cela augmente l’excrétion de CO2, réduit la PaCO2, diminue les
[H+] et ramène le pH à la normale.
Les poumons sont le principal mécanisme par lequel les [H+] sont ajustés par la régulation
de la PaCO2.
5.1. Bicarbonate
Le bicarbonate (HCO3-) est le tampon le plus important. Il est généré par les reins et
facilement mesuré dans un échantillon de sang artériel. Il peut être considéré comme le
contraire d’un acide et, en tant que tel, est aussi appelé une base. Quand le bicarbonate
tamponne les ions d’hydrogène, du dioxyde de carbone et de l’eau sont produits et
c’est par cette voie que la grande majorité des acides (90 %) sont excrétés chaque
jour. Les acides non éliminés par le système respiratoire peuvent cependant aussi être
tamponnés comme indiqué ci-dessous. La réaction ci-dessous se déplace vers la droite
et le bicarbonate neutralise les effets des ions H+ et empêche une diminution du pH
plasmatique. Dans les reins la réaction se déroule vers la gauche, les H+ sont excrétés dans
l’urine et le bicarbonate filtré et renvoyé dans le plasma. En fonction de la charge acide, les
reins excrètent de l’urine soit acide, soit alcaline.
H+ + HCO3- = H2CO3-
S’il y a une augmentation aigüe de la charge acide, bien que le système respiratoire essayera
d’augmenter l’excrétion de dioxyde de carbone, le bicarbonate va diminuer à mesure
qu’il tamponne les ions H+ supplémentaires. Une fois les réserves de bicarbonate utilisées,
296
les ions H+ vont s’accumuler en diminuant le pH. Contrairement au système respiratoire,
les reins répondent lentement et il faut plusieurs jours pour produire le bicarbonate
supplémentaire pour répondre à la demande de tamponner le surplus d’acide. Si les
reins ne parviennent pas à produire suffisamment de bicarbonate, l’acidose métabolique
résultante va conduire à une diminution du pH en dessous de 7,35 (acidémie).
Bien que ce lien existe, la capacité de chaque système de compenser pour l’autre n’est pas
instantanée, mais devient plus marquée lorsque la perturbation initiale dans un système
est prolongée. Un exemple typique démontrant le lien entre les deux systèmes est un
patient avec broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). Cette condition
297
Chapitre 15
Analyse des gaz sanguins et oxymétrie de pouls
entraîne une capacité réduite à excréter le dioxyde de carbone et une acidose respiratoire.
En l’absence de compensation, elle aboutirait à une acidémie persistante, mais
l’augmentation en dioxyde de carbone conduit la réaction ci-dessus vers la droite, avec la
production d’acide carbonique (H2CO3). Dans les reins, cela a pour effet d’augmenter les
ions H+ qui sont excrétés dans l’urine, tout en augmentant en même temps la production
de bicarbonate pour tamponner les ions H+ dans le plasma. En résultat, le patient a une
acidose respiratoire (PaCO2 augmentée) avec une alcalose métabolique compensatoire
(bicarbonate augmenté) et le pH va retrouver une valeur proche de la normale.
7. PaO2
La concentration d’oxygène dans l’air inspiré est de 21 % - représentant une pression
partielle de 21 kPa (158 mmHg). Celle-ci est réduite progressivement au fur et à mesure que
l’air descend dans les voies respiratoires, d’abord en raison de l’addition de vapeur d’eau
et, dans les alvéoles, par l’ajout de dioxyde de carbone de sorte qu’elle est normalement
autour de 13 kPa (98 mmHg). Cependant la pression partielle de l’oxygène dans le sang
artériel (PaO2) est toujours inférieure à l’alvéolaire: la valeur de ce gradiant est largement
déterminée par la présence d’une maladie du poumon. Chez un individu en bonne santé
respirant de l’air, la PaO2 est normalement plus élevée que 11 kPa (83 mmHg) c’est-à-dire
environ 10 kPa (75 mmHg) inférieure à la pression partielle d’inspiration. Ceci peut être
utilisé comme une règle de base pour estimer la PaO2 pour n’importe quelle concentration
inspirée donnée, dans le sens où cela devrait représenter numériquement environ 10 de
moins que la concentration inspirée (%). Par exemple, 40 % d’oxygène inspiré doivent
résulter dans une PaO2 d’approximativement 30 kPa (225 mmHg). Avec l’augmentation
des lésions pulmonaires, l’écart entre la concentration inspirée et la PaO2 augmente. Il est
important de le reconnaître parce que, pour quelqu’un qui respire 50 % d’oxygène, une
PaO2 de 13 kPa (98 mmHg) n’est pas «normale».
De manière intéressante, la PaO2 diminue aussi légèrement avec l’âge, atteignant 10 kPa
(75 mmHg) aux environs de 75 ans, mais elle monte à nouveau ensuite et se stabilise aux
environs de 11 kPa (83 mmHg) à 85 ans.
298
8.1. Etape 1
Comment est le patient?
Cela donnera souvent des indices précieux pour aider à l’interprétation des résultats. Par
exemple, on peut raisonnablement prévoir que l’analyse du sang artériel peu de temps
après une réanimation réussie devrait montrer des signes d’une acidose respiratoire causée
par une période de ventilation inadéquate et une acidose métabolique due à la période de
respiration anaérobie pendant l’arrêt produisant de l’acide lactique. Par conséquent, nous
nous attendrions à voir chez le patient un PH très bas avec des changements à la fois dans
la PaCO2 et dans l’excès de base. Un patient avec une maladie chronique bien compensée
va en général manifester des indices sur la cause primaire et la compensation secondaire.
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Sans l’histoire clinique, les résultats d’une analyse des gaz sanguins d’un patient atteint de
BPCO pourraient être mal interprétés comme une alcalose métabolique primaire avec une
acidose respiratoire compensatoire.
8.2. Etape 2
Le patient est-il hypoxémique?
La PaO2 en respirant l’air ambiant doit être de 10,0 à 13,0 kPa (75 à 98 mmHg). Toutefois, si le
patient reçoit de l’oxygène supplémentaire, la PaO2 doit être interprétée à la lumière de la
concentration d’oxygène inspiré. Comme précisé plus haut, la pression partielle d’oxygène
inspiré peut être considérée comme l’équivalent numérique de la concentration inspirée
(%). S’il y a une différence de plus de 10 entre les deux valeurs, il y a une défaillance de
l’oxygénation, proportionnelle à l’ampleur de la différence.
8.3. Etape 3
Le patient est-il acidémique (pH < 7,35) ou alcalémique (pH > 7,45)?
Si le pH est dans ou à proximité immédiate de la plage normale, cela suggère alors la
normalité ou une condition chronique avec compensation complète. En principe, le corps
ne surcompense jamais et cela devrait permettre de déterminer le problème primaire. Si
nécessaire, demander plus d’informations cliniques concernant le patient.
8.4. Etape 4
Que s’est-il passé avec la PCO2? 15
En d’autres termes, l’anomalie est-elle en tout ou en partie due à une défaillance du
système respiratoire?
299
Chapitre 15
Analyse des gaz sanguins et oxymétrie de pouls
Si oui, il y a une alcalose respiratoire, mais c’est un cas inhabituel et isolé chez
un patient respirant spontanément, avec une fréquence respiratoire normale.
Ils sont plus fréquents chez les patients qui sont ventilés mécaniquement
à des fréquences et/ou des volumes courants excessivement élevés. En
conséquence, la PaCO2 diminue, il y a une réduction des ions H+ et une
alcalose se développe.
8.5. Etape 5
Que s’est-il passé avec l’excès de base ou le bicarbonate?
En d’autres termes, l’anomalie est-elle en tout ou en partie due à une défaillance du
8.6.1. Exemple 1
pH < 7,40, avec une PaCO2 augmentée (> 6,0 kPa – 45 mmGh) et un excès de base augmenté
(> + 2 mmol/l) ou bicarbonate (> 26 mmol/l).
La tendance vers une acidémie indique que c’est le problème primaire et la PaCO2
augmentée qu’il s’agit d’une acidose respiratoire. L’excès de base/bicarbonate augmenté
représente une alcalose métabolique compensatoire, ramenant le pH vers la normalité.
300
8.6.2. Exemple 2
pH < 7,40, avec excès de base diminué (< - 2 mmol/l) ou bicarbonate (< 22 mmol/l) et
PaCO2 diminuée (< 4,7 kPa – 35 mmHg).
La tendance vers une acidémie indique que c’est le problème primaire et l’excès de
base/bicarbonate réduit suggère une acidose métabolique. La diminution de la PaCO2
représente une alcalose respiratoire compensatoire, ramenant le pH vers la normalité.
8.6.3. Exemple 3
Personal copy of Houmed Houssein Houmed (ID: 818632)
pH > 7,40, avec excès de base augmenté (> + 2 mmol/l) ou bicarbonate (> 26 mmol/l) et
PaCO2 augmentée (> 6,0 kPa – 45 mmHg).
La tendance vers une alcalémie indique que c’est le problème primaire et l’augmentation
d’excès de base/bicarbonate suggère qu’il s’agit primairement d’une alcalose
métabolique. La PaCO2 augmentée est une compensation respiratoire qui ramène le
pH vers la normalité. Cette situation peut se produire en présence d’une perte d’acide
de l’organisme par ex. en cas de vomissements prolongés de contenu gastrique (acide
hydrochlorique) ou d’hypokaliémie chronique. Dans ce cas, l’organisme compense
en déplaçant du potassium de l’intracellulaire vers l’extracellulaire en échange d’ions
hydrogène. Le pH augmente et le CO2 est retenu pour essayer de compenser.
8.6.4. Exemple 4
pH > 7,40, avec une PaCO2 diminuée (< 4,7 kPa – 35 mmHg) et un excès de base diminué
(< - 2 mmol/l) ou bicarbonate diminué (< 22 mmol/l).
La tendance vers une alcalémie indique que c’est le problème primaire et la diminution
de la PaCO2 suggère qu’il s’agit primairement d’une alcalose respiratoire. La diminution
de l’excès de base/bicarbonate est la compensation métabolique ramenant le pH vers la
normalité. Le cas n’est pas commun, mais il peut se produire après quelques jours quand
l’hyperventilation est utilisée pour aider à contrôler la pression intracrânienne chez des
patients avec lésion cérébrale.
Dans un contexte de péri-arrêt, il peut être plus facile d’obtenir un échantillon de sang
artériel (dans une seringue héparinée) de l’artère fémorale. L’artère radiale peut être
préférable une fois que le patient a un débit cardiaque et une pression artérielle adéquats.
L’artère radiale est aussi le meilleur site d’insertion d’une canule artérielle; cela permet un
monitorage continu de la pression artérielle et de fréquents prélèvements sanguins dans
la période post-arrêt cardiaque.
10.1. Rôle
L’oxymétrie de pouls est un complément vital à l’évaluation de l’hypoxémie. La
reconnaissance clinique de la diminution de saturation en oxygène de l’hémoglobine
(SaO2) est subjective est non fiable avec la cyanose, signe clinique classique, apparaissant
tard quand la saturation artérielle en oxygène est comprise entre 80 et 85 %. L’oxymétrie de
pouls est facile à utiliser, relativement bon marché, non invasive et elle fournit une mesure
objective immédiate de la saturation en oxygène du sang artériel. Elle est maintenant
largement utilisée dans tous les milieux hospitaliers et de plus en plus dans des zones
de soins primaires et en environnement pré-hospitalier. La saturation en oxygène, le
«cinquième signe vital», constitue aujourd’hui également un composant de beaucoup de
systèmes d’alerte précoce afin d’identifier le patient qui se détériore.
302
10.2. Principes
La sonde de l’oxymètre de pouls, contenant des diodes électroluminescentes (DEL ou
LEDs) et un photorécepteur situé en face, est placée en général sur un doigt ou un lobe
d’oreille. Une partie de la lumière est transmise à travers les tissus pendant qu’une autre
est absorbée. Le rapport lumière transmise/lumière absorbée est utilisé pour générer la
saturation artérielle périphérique d’oxygène (SpO2) affichée comme lecture numérique,
sous forme de tracé ou les deux. A la suite de l’échantillonnage rapide du signal lumineux,
la valeur affichée va se modifier toutes les 0,5 à 1 seconde, affichant la SpO2 moyenne des
5 à 10 secondes précédentes. La plupart des oxymètres de pouls ont une marge d’erreur
de ± 2 % au-dessus d’une SaO2 de 90 %.
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L’épaisseur du tissu doit idéalement être comprise entre 5 et 10 mm. Des lectures de
mauvaise qualité peuvent être améliorées en essayant différents sites, en réchauffant des
sites ou en appliquant des vasodilatateurs locaux.
Les oxymètres de pouls fournissent souvent un signal sonore audible lié à la SpO2, avec un
signal sonore diminuant qui reflète les degrés croissants de l’hypoxémie. Des informations
sur la fréquence du pouls et sur le tracé (forme d’onde pléthysmographique) peuvent
aussi être fournies. Un signal faible peut indiquer une pression artérielle basse ou une
mauvaise perfusion tissulaire – dans ce cas réévaluer le patient.
10.3. Limitations
La relation entre la saturation en oxygène et la pression partielle artérielle en oxygène
(PaO2) est démontrée par la courbe de dissociation de l’oxyhémoglobine (figure 15.1). La 15
forme sinusoïde de la courbe signifie qu’une diminution initiale d’une PaO2 normale n’est
pas accompagnée d’une baisse d’une ampleur similaire de la saturation en oxygène du
sang, et une hypoxémie précoce peut être masquée. Au point où la SpO2 atteint 90-92
%, la PaO2 aura diminué aux environs de 8 kPa (60 mmGh). En d’autres termes, la pression
partielle en oxygène dans le sang artériel aura diminué de près de 50 % en dépit d’une
réduction de la saturation en oxygène de seulement 6-8 %.
Les valeurs d’un oxymètre de pouls reposent sur une comparaison entre le signal courant
de sortie et des données de référence standardisées provenant de volontaires sains. Les
lectures fournies sont par conséquent limitées par l’étendue de la population incluse
dans ces études, et elles deviennent de moins en moins fiables avec l’augmentation de
l’hypoxémie. En-dessous de 70 %, les valeurs affichées sont très peu fiables.
303
Chapitre 15
Analyse des gaz sanguins et oxymétrie de pouls
Figure 15.1
Courbe de dissociation de l’oxyhémoglobine
37,5 75 112,5
304
10.4. Utilisations
L’oxymétrie de pouls a quatre utilisations principales:
1. détection/dépistage de l’hypoxémie
2. ciblage de l’oxygénothérapie
3. monitorage de routine durant l’anesthésie
4. diagnostic (par ex. apnée du sommeil)
Chez les patients en état critique, ceux présentant une hypoxémie aiguë (SpO2 initiale
< 85 %), ou en situation de péri-arrêt, donner de l’oxygène à haute concentration
immédiatement. Donner cet oxygène initialement avec un masque à oxygène et un
réservoir (masque «non-rebreathing») et un débit d’oxygène de 15 l/min. Pendant un
arrêt cardiaque, utiliser une concentration d’oxygène inspiré de 100 % pour maximiser le
contenu en oxygène artériel et l’apport vers les tissus.
Une fois que le RACS a été atteint et que la saturation en oxygène du sang artériel peut être
monitorée de manière fiable, ajuster la concentration d’oxygène inspiré pour maintenir
une SpO2 de 94-98 %. Si l’oxymétrie de pouls (avec une lecture fiable) est indisponible,
continuer l’oxygénation via un masque réservoir jusqu’à ce qu’un monitorage ou une
évaluation définitifs de l’oxygénation soit disponible. Tous les patients en état critique
auront besoin d’un échantillonnage et d’une analyse des gaz du sang artériel aussi vite
que possible. Des preuves suggèrent qu’une hypoxémie et une hyperoxémie (PaO2 > 20
kPa – 150 mmGh) dans la phase post-réanimation peuvent conduire à des résultats moins
bons que ceux pour lesquels la normoxémie est maintenue.
• Type II: PaO2 basse (< 60 mmHg), PaCO2 augmentée (> 45 mmHg). Ceci est souvent
décrit comme une insuffisance respiratoire hypercapnique et est en général causé
par une BPCO. S’ils reçoivent de l’oxygène en excès, ces patients peuvent développer
une aggravation de l’insuffisance respiratoire avec de nouvelles augmentations de
PaCO2 et le développement d’une acidose respiratoire. Si rien n’est fait, cela conduira
rapidement à une perte de conscience et à l’arrêt respiratoire et cardiaque. La valeur
cible de la saturation en oxygène pour cette population à risque doit être comprise
entre 88 et 92 %. Toutefois lorsqu’ils sont en état critique, donner initialement à ces
patients de l’oxygène à haut débit; puis analyser les gaz de sang artériels et utiliser
305
Chapitre 15
Analyse des gaz sanguins et oxymétrie de pouls
les résultats pour ajuster la concentration d’oxygène inspiré. Lorsque les patients
sont cliniquement stabilisés et qu’une lecture fiable de l’oxymétrie de pouls est
obtenue, ajuster la concentration d’oxygène inspiré pour maintenir une SpO2 de
88-92 %.
Chez les patients avec infarctus du myocarde ou un syndrome coronarien et qui ne sont
pas dans un état critique ou sérieux, viser à maintenir une SpO2 de 94-98 % (ou 88-92 %
si le patient est à risque d’insuffisance respiratoire hypercapnique). Cela peut être réalisé
sans oxygène supplémentaire, ce qui représente un changement par rapport à la pratique
précédemment admise.
• P
endant la RCP utiliser une concentration d’oxygène inspiré de 100 % jusqu’à
l’obtention du retour de la circulation spontanée (RACS).
• A
près obtention du RACS et dès que la SpO2 peut être monitorée de manière
fiable, titrer la concentration d’oxygène inspiré pour garder la SpO2 dans une
marge de 94 à 98 % (ou 88 à 92 % chez les patients à risque d’insuffisance
respiratoire hypercapnique).
LITTÉRATURE COMPLÉMENTAIRE
• A Simple Guide to Blood Gas Analysis. Eds. Driscoll P, Brown T, Gwinnutt C, Wardle T. BMJ Publi-
shing Group. London 1997.
• O’Driscoll BR, Howard LS, Davison AG. BTS guideline for emergency oxygen use in adult patients.
Thorax 2008;63 Suppl 6:vi1-68.
306
Chapitre 16.
Décisions relatives à la réanimation
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OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
Comprendre:
• les principes éthiques
• les décisions anticipées de refuser le traitement
• quand ne pas commencer la réanimation cardio-pulmonaire (RCP)
• discuter les décisions concernant la RCP avec les patients et leurs proches
• qui doit prendre les décisions relatives à la RCP
• quand arrêter les tentatives de réanimation
1. Introduction
Des tentatives de réanimation réussies ont apporté une vie prolongée, utile et précieuse, à
de nombreuses personnes. Cependant seule une minorité survit et se rétablit complètement
après une tentative de réanimation suite à un arrêt cardiaque. Toute tentative de réanimation
comporte un risque de provoquer des souffrances et de prolonger le processus de mort.
Prolonger la vie à n’importe quel prix n’est pas un objectif approprié de la médecine.
Idéalement, les décisions quant à savoir s’il est opportun ou pas de commencer une
réanimation cardio-pulmonaire (RCP) devraient être prises anticipativement, dans le cadre
du concept global de planification préalable des soins. Des directives détaillées ont été
publiées sur une base nationale dans la plupart des pays européens. En tant que provider
ALS, vous devez lire et vous familiariser avec ces directives et suivre les principes qu’elles
contiennent.
Il incombe à tous les professionnels de la santé d’exercer leur pratique dans le cadre de
la loi. La loi en ce qui concerne la RCP varie d’un pays à l’autre. Même au sein d’un pays,
il peut y avoir des différences entre les régions. En tant que provider ALS, vous devez
être familiarisé avec les aspects légaux pertinents en vigueur à l’endroit où vous vivez et
travaillez.
307
Chapitre 16
Décisions relatives à la réanimation
Discuter des décisions relatives à la RCP peut être difficile et pénible pour les patients et
leurs proches et pour le personnel en charge des soins de santé. Ces décisions peuvent
être influencées par plusieurs facteurs dont des croyances et des opinions personnelles,
des influences culturelles ou religieuses, des considérations éthiques ou légales et par des
circonstances sociales ou économiques. Certains patients aux facultés intactes décident
qu’ils ne veulent pas de traitement et enregistrent leurs souhaits dans une décision
anticipée de refuser un traitement (anciennement connu sous le nom de «testament de
vie»). En tant que provider ALS, vous devez comprendre les principes éthiques et légaux
aussi bien que les aspects cliniques impliqués avant d’entamer les discussions ou de
prendre une décision à propos de la RCP.
308
Les termes «décision anticipée» peuvent s’appliquer à toute expression des préférences
du patient. Le refus n’a pas à être écrit pour être valide. Si les patients ont exprimé leur
refus clair et cohérent verbalement, cela aura probablement le même statut qu’une
décision écrite préalable. Les gens doivent s’assurer que leurs soignants et leurs proches
sont au courant de leurs souhaits.
Lors d’un arrêt cardiaque extrahospitalier soudain, les personnes présentes ne connaissent
en général pas la situation et les volontés du patient et, même si une décision préalable
a été enregistrée, elle peut ne pas être disponible. Dans ces circonstances, la RCP peut
être commencée immédiatement et toute autre information sera obtenue quand ce sera
possible. Il n’y a aucune difficulté éthique à arrêter une tentative de réanimation qui a
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commencé si le personnel des soins de santé reçoit plus tard une décision anticipée valide
refusant le traitement qui a été entamé.
Inévitablement, des jugements devront être faits et il y aura des zones grises où des
opinions subjectives sont requises avec des patients présentant des comorbidités telles
qu’insuffisance cardiaque, maladies respiratoires chroniques, asphyxie, traumatisme
309
Chapitre 16
Décisions relatives à la réanimation
majeur, traumatisme crânien et maladies neurologiques. L’âge du patient peut être pris en
compte dans la décision, mais il reste un indicateur indépendant relativement faible des
résultats: les personnes âgées ont cependant souvent une comorbidité importante, ce qui
influence les résultats.
Auparavant dans de nombreux pays, les médecins prenaient une décision DNAR sans
consulter le patient, les proches ou d’autres membres de l’équipe des soins de santé.
De nombreux pays ont maintenant publié des directives claires sur la façon dont ces
décisions doivent être prises. Dans la plupart des cas, ces instructions mettent l’accent sur
l’implication du patient et/ou des proches.
être consulté?
La responsabilité globale de cette décision incombe au professionnel de la santé senior
en charge du patient après une consultation appropriée avec les autres professionnels de
la santé en charge du patient.
Les gens ont des droits éthiques et juridiques à participer aux décisions qui les concernent
et, si les patients ont leurs facultés, leurs points de vue doivent être demandés, sauf s’il
y a une raison clairement justifiable indiquant le contraire. Il n’est pas nécessaire de
commencer à discuter de la RCP avec chaque patient; par ex. s’il n’y a pas de raison de
s’attendre à la survenue d’un arrêt cardiaque ou si le patient est en phase finale d’une
maladie incurable qui rendrait une RCP inappropriée du fait qu’elle n’apporterait aucun
bénéfice.
Il convient d’impliquer les proches dans les décisions, même s’ils n’ont aucun statut juridique
en termes de prise de décision effective. Un patient avec toutes ses facultés doit donner son
consentement avant d’impliquer la famille dans une discussion DNAR. Le refus d’un patient
disposant de toutes ses facultés de permettre que l’information soit divulguée aux proches
doit être respecté.
Si des patients aux facultés atteintes ont auparavant désigné un mandataire avec le
pouvoir de prendre des décisions en leur nom, cette personne doit être consultée
lorsqu’une décision doit être prise en tenant compte des risques et contraintes d’une RCP.
310
Dans certaines circonstances, il existe des dispositions légales pour impliquer d’autres
personnes dans le processus de décision lorsque le patient n’a plus toutes ses facultés.
Par exemple, le Mental Capacity Act 2005, qui s’applique en Angleterre et au Pays de Galles,
exige la nomination d’un Independent Mental Capacity Advocate (IMCA) pour agir au nom
du patient qui n’a plus ses facultés. Toutefois, lorsque des décisions doivent être prises
dans l’urgence, le temps de nommer et de contacter un IMCA peut manquer alors que des
décisions doivent être prises dans le meilleur intérêt du patient. La base de ces décisions
doit être documentée clairement et complètement.
et des explications, ou, si nécessaire, par l’obtention d’un second avis clinique. En général,
les décisions prises par les autorités judiciaires sont souvent marquées par des retards
ou des incertitudes, spécialement s’il y a un système judiciaire accusatoire. Un jugement
juridique formel ne doit être recherché qu’en présence de différences irréconciliables
entre les parties concernées. Dans les cas particulièrement difficiles, le médecin senior
peut souhaiter consulter sa propre société de défense médicale pour un avis juridique.
311
Chapitre 16
Décisions relatives à la réanimation
pas tenter la RCP, le fondement de cette décision, les détails des personnes impliquées
dans sa réalisation et les détails des discussions avec les patients et leurs proches doivent
être enregistrés. La décision elle-même doit être enregistrée de manière à la rendre
immédiatement disponible et reconnaissable pour les personnes présentes, au cas où le
patient serait victime d’un arrêt cardiaque soudain. La plupart des pays européens ont
défini des normes pour l’enregistrement des décisions relatives à la RCP. Ces décisions ont
été qualifiées à un certain moment de «ne pas réanimer» (NPR ou DNR en anglais). DNR/NPR
a été remplacé par DNAR/NPTR (Do Not Attempt Resuscitation – Ne Pas Tenter de Réanimer)
pour souligner le fait qu’en réalité de nombreuses tentatives de réanimation ne sont pas
couronnées de succès. Malheureusement certains prestataires de soins de santé ont mal
interprété l’enregistrement de ces décisions, comme indiquant que d’autres traitements
En général, la RCP doit être poursuivie aussi longtemps qu’un rythme choquable ou
d’autres causes réversibles de l’arrêt cardiaque persistent. Il est en général admis qu’une
asystolie depuis plus de 20 minutes en l’absence d’une cause réversible (voir plus bas), et
avec toutes les mesures de réanimation avancée en place, a peu de chance de répondre à
une poursuite de la RCP et constitue une base raisonnable pour arrêter la RCP.
Une décision d’abandonner la RCP est prise par le chef d’équipe, mais seulement après
consultation des autres membres de l’équipe. En fin de compte, la décision est basée sur
le jugement clinique que d’autres soins de réanimation avancée ne vont pas redémarrer le
cœur et la respiration.
312
8. Décisions prises par des non médecins
De nombreux cas d’arrêt cardiaque extrahospitalier sont pris en charge par des techniciens
médicaux d’urgence ou du personnel paramédical qui font face à des dilemmes similaires
pour savoir quand la RCP est devenue inutile ou quand elle doit être arrêtée. En général
la RCP sera démarrée en cas d’arrêt cardiaque extrahospitalier, sauf en présence d’une
décision préalable valide de la refuser ou d’une ordonnance DNAR/NPTR valide ou s’il
est clair qu’une RCP serait vaine, par exemple en cas de blessures mortelles telles que
décapitation ou hémicorporectomie, d’immersion prolongée connue, d’incinération, de
rigidité cadavérique et de lividité. Dans de tels cas, le non médecin peut déterminer que
la mort a eu lieu, mais ne certifie pas la cause du décès (ce qui dans la plupart des pays ne
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Mais quand prendre la décision d’abandonner une tentative de réanimation? Par exemple,
les paramédicaux formés à l’ALS sont-ils en mesure de déclarer la mort lorsque le patient
reste en asystolie après 20 minutes en dépit des interventions ALS? Dans certains pays,
y compris le Royaume-Uni, les paramédicaux peuvent mettre fin à une tentative de
réanimation dans cette situation. Leur protocole strict exige que certaines conditions qui
pourraient indiquer une faible chance de survie (par ex. hypothermie) soient absentes.
La présence d’une asystolie doit aussi être établie au-delà de tout doute raisonnable et
documentée sur les enregistrements ECG (voir chapitre 14).
9. Circonstances spéciales
Certaines circonstances, par ex. une hypothermie au moment de l’arrêt cardiaque,
vont augmenter les chances de récupération sans dommages neurologiques. Dans de
telles situations, ne pas utiliser les critères habituels de pronostic (comme une asystolie
persistante pour plus de 20 min) et poursuivre la RCP jusqu’à correction du problème
réversible (par ex. réalisation du réchauffement).
16
10. Arrêt d’autres traitements après une tentative de
réanimation
La prévision de l’issue clinique et neurologique probables chez les personnes qui
demeurent inconscientes après avoir retrouvé une circulation spontanée est difficile
313
Chapitre 16
Décisions relatives à la réanimation
au cours des 3 premiers jours. En général les autres traitements de soutien doivent être
maintenus au cours de cette période, après quoi le pronostic peut être évalué avec plus
de certitude. Ce sujet est abordé plus en détails au chapitre 13.
POINTS ESSENTIELS
LITTÉRATURE COMPLÉMENTAIRE
• Bossaert L et al. European Resuscitation Council Guidelines for Resuscitation 2015
• Section 11. The ethics of resuscitation and end-of-life decisions. 10.1016/j.resuscitation.2015.07.033;
p301 - p310
• Baskett PJ, Lim A. The varying ethical attitudes towards resuscitation in Europe. Resuscitation
2004;62:267-73.
• British Medical Association, Resuscitation Council (UK) and Royal College of Nursing. Decisions
relating to cardiopulmonary resuscitation. 2007. www.resus.org.uk
• General Medical Council. Treatment and care towards the end of life. 2010. www.gmc-uk.org
• Lippert FK, Raffay V, Georgiou M, Steen PA, Bossaert L. European Resuscitation Council Guidelines
for Resuscitation 2010. Section 10. The ethics of resuscitation and end-of-life decisions. Resuscita-
tion 2010;81: 1445-51.
• Resuscitation Council (UK). The legal status of those who attempt resuscitation. 2010. www.resus.
org.uk
314
Chapitre 17.
Le soutien aux proches dans
la pratique de la réanimation
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OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
Comprendre:
• comment soutenir les familles qui assistent aux tentatives de réanimation
• comment s’occuper de la personne récemment endeuillée
• les exigences religieuses et culturelles lorsqu’un patient est décédé
• le processus de prise en charge légale et pratique après un décès récent
A travers ce chapitre, le terme «proches» inclut famille, amis proches et autres relations
significatives.
1. Introduction
Dans de nombreux cas d’arrêts cardiaques extrahospitaliers, la personne qui effectue la
RCP sera un ami proche ou un parent et ils peuvent désirer rester avec le patient.
De nombreux proches trouvent plus pénible d’être séparé d’un membre de la famille
dans ces moments critiques que d’assister aux tentatives de réanimation. En accord avec
la recherche d’une pratique clinique plus ouverte, les professionnels de la santé doivent
tenir compte des préférences des patients et de leurs proches.
Si la tentative de réanimation échoue, les proches perçoivent de nombreux avantages à
être présent durant la réanimation:
• Cela les aide à faire face à la réalité du décès, en évitant une période prolongée de
refus d’admettre la perte et en contribuant à un deuil plus serein.
• Les proches peuvent parler alors qu’il reste encore une chance que la personne
mourante puisse entendre.
• Ils ne souffrent pas d’être séparés d’un être aimé à un moment où ils ressentent le
besoin d’être présent.
• Ils peuvent constater que tout ce qui était possible a été fait pour la personne
mourante, ce qui favorise la compréhension de la réalité de la situation.
315
Chapitre 17
Le soutien aux proches dans la pratique de la réanimation
• Ils peuvent toucher et parler avec la personne décédée alors que le corps est
encore chaud.
316
expliquer pourquoi la tentative a été arrêtée.
Si le patient décède, prévenir les proches qu’il peut y avoir un bref intervalle pendant
lequel l’équipement placé est retiré, après quoi ils pourront se retrouver ensemble de
manière privée. Dans certaines circonstances, la structure judiciaire peut exiger que
certains équipements soient laissés sur place. Laisser du temps aux proches pour réaliser
ce qu’il vient de se passer et leur donner l’opportunité de poser d’autres questions.
Les hôpitaux doivent développer des stratégies pour permettre aux proches d’observer
les tentatives de réanimation de ceux qui leur sont chers.
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317
Chapitre 17
Le soutien aux proches dans la pratique de la réanimation
318
sa réponse au deuil. Respecter les exigences culturelles et, chaque fois que possible, mettre à
disposition des directives écrites pour chaque groupe ethnique individuellement.
319
Chapitre 17
Le soutien aux proches dans la pratique de la réanimation
POINTS ESSENTIELS
• De nombreux proches souhaitent avoir l’occasion d’être présent pendant les
tentatives de réanimation d’un être cher. Cela peut favoriser le processus de deuil.
320
APPENDICE A
321
APPENDICE A
Médicaments utilisés dans le traitement de l’arrêt cardiaque
322
Médicament Choquable (FV/TV sans pouls) Non-choquable (AEssP/Asystolie)
Bicarbonate Un arrêt cardiaque aboutit à une acidose combinée, respiratoire et
de sodium métabolique, puisque les échanges gazeux pulmonaires cessent et le
métabolisme cellulaire devient anaérobique. Le meilleur traitement de
l’acidémie en situation d’arrêt cardiaque est les compressions thoraciques; la
ventilation permet de gagner quelque bénéfice additionnel. Le bicarbonate
produit du dioxyde de carbone, lequel se diffuse rapidement dans les
cellules. Avec les effets suivants:
• exacerbation de l’acidose intracellulaire
• effet inotrope négatif sur le myocarde ischémique
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323
APPENDICE B
Drugs used in the peri-arrest period
APPENDICE B
324
Médicament Indication Dose
Amiodarone • C
ontrôle d’une TV monomorphe • 3 00 mg IV sur 1-60 min (en fonc-
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325
APPENDICE B
Drugs used in the peri-arrest period
327
APPENDICE B
Drugs used in the peri-arrest period
2. N
TG: Sublingual 300-600 µg
4. N
TG: commencer à 10-200 µg/
min IV si douleur persistante ou
œdème pulmonaire; titrer en
fonction des effets désirés sur TA
isosorbide mononitrate ou dini-
trate 30-120 mg oralement par
jour (préparations et fréquences
de dosage variées); transder-
mique 5-15 mg par jour
Après la conversion en oxyde nitrique, les nitrés causent une relaxation
des muscles lisses vasculaires. La dilatation résultante est plus marquée au
niveau veineux qu’artériel de la circulation et c’est cette veino-dilatation,
en réduisant la pression diastolique ventriculaire gauche qui est principale-
ment responsable du soulagement en cas d’angine de poitrine. Les nitrés
dilatent également les artères coronaires et lèvent les spasmes dans le
muscle lisse coronaire. Les nitrés sont contre-indiqués chez les patients
hypotendus (pression artérielle systolique < 90 mmHg).
328
APPENDICE C
APPENDICE
329
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330
Notes Personnelles
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Ce manuel ERC a été réalisé avec le soutien continu des partenaires professionnels de l’ERC:
Données de contact
European Resuscitation Council asbl
Emile Vanderveldelaan 35 - 2845 Niel - Belgium
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