2019 Medecine OustricNicolas
2019 Medecine OustricNicolas
2019 Medecine OustricNicolas
Thèse
Pour le
DOCTORAT EN MEDECINE
Diplôme d’État
par
Nicolas OUSTRIC
Né le 07/05/1991 à Chartres (28)
Président du Jury : Professeur Jean Pierre LEBEAU, Médecine Générale, PU, Faculté de
Médecine -Tours
Membres du Jury :
Professeur Bernard FOUQUET, Médecine Physique et Rééducative, Faculté de Médecine –
Tours
Professeur François MAILLOT, Médecine Interne et Formation Médicale Continue, Faculté
de Médecine – Tours
Madame le Docteur Virginie Lang : Pour m’avoir mis en relation avec son groupe de pairs
qui m’a beaucoup apporté au cours de la thèse. Et évidemment pour y avoir contribué.
Madame le Docteur Aline Ramond Roquin : Pour avoir accepté un interne étranger à la
faculté d’Angers et l’avoir suivi assidument durant 2 ans.
Mesdames les Docteurs Billard, Calu, Lasnier, Cussenot, Chartier, Maudet, Thomas
Messieurs les Docteurs Vaccaro, Millet, Cecchetti, Chastan : Pour leur participation active
à ce travail de thèse.
2
FACULTE DE MEDECINE DE TOURS
DOYEN
Pr Patrice DIOT
VICE-DOYEN
Pr Henri MARRET
ASSESSEURS
Pr Denis ANGOULVANT, Pédagogie
Pr Mathias BUCHLER, Relations internationales
Pr Theodora BEJAN-ANGOULVANT, Moyens – relations avec l’Université
Pr Clarisse DIBAO-DINA, Médecine générale
Pr François MAILLOT, Formation Médicale Continue
Pr Patrick VOURC’H, Recherche
RESPONSABLE ADMINISTRATIVE
Mme Fanny BOBLETER
********
DOYENS HONORAIRES
Pr Emile ARON (†) – 1962-1966
Directeur de l’Ecole de Médecine - 1947-1962
Pr Georges DESBUQUOIS (†) - 1966-1972
Pr André GOUAZE - 1972-1994
Pr Jean-Claude ROLLAND – 1994-2004
Pr Dominique PERROTIN – 2004-2014
PROFESSEURS EMERITES
Pr Daniel ALISON
Pr Philippe ARBEILLE
Pr Catherine BARTHELEMY
Pr Gilles BODY
Pr Jacques CHANDENIER
Pr Alain CHANTEPIE
Pr Pierre COSNAY
Pr Etienne DANQUECHIN-DORVAL
Pr. Dominique GOGA
Pr Alain GOUDEAU
Pr Anne-Marie LEHR-DRYLEWICZ
Pr Gérard LORETTE
Pr Roland QUENTIN
Pr Elie SALIBA
PROFESSEURS HONORAIRES
P. ANTHONIOZ – A. AUDURIER – A. AUTRET – P. BAGROS – P.BARDOS – J.L. BAULIEU – C.
BERGER – JC. BESNARD – P. BEUTTER – C. BONNARD – P. BONNET – P. BOUGNOUX – P. BURDIN
– L. CASTELLANI – B. CHARBONNIER – P. CHOUTET – T. CONSTANS – C. COUET – L. DE LA
LANDE DE CALAN – J.P. FAUCHIER – F. FETISSOF – J. FUSCIARDI – P. GAILLARD – G. GINIES – A.
GOUAZE – J.L. GUILMOT – N. HUTEN – M. JAN – J.P. LAMAGNERE – F. LAMISSE – Y. LANSON – O.
LE FLOCH – Y. LEBRANCHU – E. LECA – P. LECOMTE – E. LEMARIE – G. LEROY – M. MARCHAND
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POURCELOT – P. RAYNAUD – D. RICHARD-LENOBLE – A. ROBIER – J.C. ROLLAND – D. ROYERE -
A. SAINDELLE – J.J. SANTINI – D. SAUVAGE – D. SIRINELLI – B. TOUMIEUX – J. WEILL
3
PROFESSEURS DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS
DIBAO-DINA Clarisse
LEBEAU Jean-Pierre
PROFESSEURS ASSOCIES
5
MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS
CHARGES D’ENSEIGNEMENT
7
SERMENT D’HIPPOCRATE
Admis dans l’intérieur des maisons, mes yeux ne verront pas ce qui s’y
passe, ma langue taira les secrets qui me seront confiés et mon état ne
servira pas à corrompre les mœurs ni à favoriser le crime.
8
RESUME
ABSRACT
9
TABLE DES MATIERES
1 INTRODUCTION : 11
2 METHODES ET RESULTATS: 17
2.1.1 Méthode 17
2.1.2 Résultats 18
2.2.1 Méthode 28
2.2.2 Résultats 29
2.3.1 Méthode 32
2.3.2 Résultats 32
3 DISCUSSION : 35
4 CONCLUSION 40
5 BIBLIOGRAPHIE 41
10
TABLE DES ICONOGRAPHIES
Encadré 1: Ordonnance type de masso-kinésithérapie issue de la thèse de G.Truong ................. 14
Encadré 2 : courrier type destiné au MK issu de la thèse de G. Truong ....................................... 15
Encadré 3 : ordonnance type de masso-kinésithérapie issue de la thèse de G. Truong ................ 21
Encadré 4 : Ordonnance de masso-kinésithérapie après modifications ........................................ 23
Encadré 5 : Courrier issu de la thèse de G.Truong........................................................................ 24
Encadré 6 : Courrier modifié selon les propositions des médecins............................................... 27
Encadré 7 : Guide d’entretien individuel auprès des MG ............................................................. 29
MG : Médecin Généraliste
MK : Masseur Kinésithérapeute
TMS : Troubles Musculo-Squelettiques
BDK : Bilans Diagnostics Kinésithérapiques
1 Introduction :
11
On constate une demande croissante de soins masso-kinésithérapeutiques, avec un
nombre d'actes totaux en France métropolitaine qui passe de 61 millions en 1980(5), à plus de
264 millions en 2016(6). Les médecins généralistes (MG) et les kinésithérapeutes (MK) sont les
premiers consultés pour la prise en charge des lombalgiques(7). La majorité des prescriptions de
masso-kinésithérapie est rédigée par les MG (5) (8).
Les MK souhaitent davantage d’informations lors de l’adressage d’un patient (10). Les
MK britanniques (13) attendent notamment des médecins la transmission des principaux
antécédents, signes drapeaux jaunes, les mesures fonctionnelles. En France une majorité d’entre
eux regrette l’absence de mention du diagnostic précis, des traitements entrepris et des résultats
des examens complémentaires(8). Ils attendent aussi des retours notamment en cas de
difficultés(11).
Une étude britannique (13) précise que les MG attendent un diagnostic fonctionnel, un
résumé des séances ainsi que le pronostic à long terme.
Les MG ont des connaissances très limitées dans les techniques de rééducation (16,17).
Les MG et les KT ont en effet des formations séparées avec un manque de connaissance sur leurs
compétences réciproques (9,11)
Pour des raisons de secret médical (vis-à-vis du service administratif), le médecin n’est
pas censé donner d’informations médicales sur le patient sur l’ordonnance. Une solution serait de
joindre un courrier à l’ordonnance pour y ajouter ces informations.
Les MK justifient, dans différents travaux de thèse, le peu d’utilisation du BDK par la
lourdeur administrative, le temps nécessaire pour le remplir, le manque d’intérêt supposé de la
part des MG (9,16,18). Ils mettent également en avant son manque de lisibilité (19,20)
Une thèse de 2018 (14) interrogeait des MK par questionnaire sur les moyens
d’améliorer la communication et dégageait plusieurs pistes. La principale était l’utilisation d’une
plateforme d’échange sur internet, d’un dossier partagé ou logiciel sécurisé commun. La
communication par email était en seconde position avec des limites : seulement 56% des MK
interrogés avaient une boite mail professionnelle parmi lesquels 31% ne s’en servaient jamais.
12
L’organisation de rencontres et de formations communes a été citée par 1/6 des MK répondants.
Quelques répondants attendaient plus de considération et de retours de médecins.
Une enquête menée auprès de 155 kinésithérapeutes dans le cadre d’une thèse a permis
de lister ce que ces derniers attendaient d’une prescription de rééducation. Une aide à la
prescription a été créée en utilisant ces données.(22) Cette aide à la prescription consiste en un
couple d'ordonnance et de courrier d'accompagnement pré-rempli. Ils sont présentés ci-dessous :
13
Encadré 1: Ordonnance type de masso-kinésithérapie issue de la thèse de G.Truong
14
Encadré 2 : courrier type destiné au MK issu de la thèse de G. Truong
15
16
Cet outil n’a pas été confronté à la perspective des prescripteurs MG. Il serait donc
intéressant d’étudier son acceptabilité ainsi que les éventuelles améliorations à y apporter, et de
le tester, avant de pouvoir éventuellement envisager son utilisation à plus grande échelle et d’en
tester l’impact.
2 Méthodes et résultats :
Il s’agissait d’une étude pilote de type Recherche action, basée sur des méthodes mixtes
avec une composante qualitative majoritaire, menée d’octobre 2018 à mai 2019 auprès d’un
échantillon de convenance de MG d’Eure et Loir et du Loir et Cher, de la Sarthe et de leurs
patients. Cette étude reposait sur une phase initiale composée de 2 temps, suivie d’une phase
complémentaire (temps 3) du fait des résultats issus de la phase initiale.
L'évaluation était réalisée au cours d’une réunion à laquelle participaient des MG issus
d’un groupe de pairs du bassin Chartrain. Ces médecins avaient été rencontrés par l’étudiant en
thèse durant une de leur réunion où ils s’étaient portés volontaires. Ce recrutement permettait
d’avoir un échantillon de médecins habitués à se voir, donc pouvant travailler ensemble dans une
ambiance conviviale.
La réunion était animée par l’étudiant en cours de thèse grâce à un guide d’entretien
préalablement établi (cf Annexe 1). La séance était enregistrée avec analyse de l’intégralité des
17
remarques et propositions. Elle débutait par des questions visant à évaluer les pratiques de
prescription en kinésithérapie des participants. Puis les médecins étaient séparés en 2 groupes
(un de 3 et un de 4 MG) dans 2 pièces adjacentes, ayant pour missions de commenter les outils et
de suggérer des modifications de fond ainsi que de forme. Puis chaque sous groupe restituait ses
remarques et corrections.
2.1.2 Résultats
18
o Sentiment de compétence
o Aide à la prescription
Selon les participants, pour que l’aide à la prescription soit utilisable, elle devait
être simple, rapide et intégrée au logiciel. Cette aide permettrait d’être plus clair, plus
rigoureux et potentiellement de guider le MK vers la bonne technique de rééducation.
o Courrier
19
o Freins anticipés
Suite au travail en sous groupe les médecins ont proposé des modifications de
l’ordonnance et du courrier.
20
Encadré 3 : ordonnance type de masso-kinésithérapie issue de la thèse de G. Truong
21
L’ergonomie globale de l’ordonnance était appréciée, notamment les cases à
cocher. La présence du contexte (ALD, AT…) et le bilan diagnostic plaisaient aux MG. Ils
demandaient d’ajouter articulation à côté de « membre » qui était mal compris. Ils
cherchaient à simplifier l’ordonnance en diminuant le nombre d’items. La thèse portant
sur les médecins généralistes, il était retiré la rééducation d’une affection vasculaire,
maxillo-faciale ou ORL, et secondaire à une brulure, car les MG présents les prescrivaient
peu. Il était ajouté une case « autre » en fin d’ordonnance pour ces situations moins
fréquentes.
22
Encadré 4 : Ordonnance de masso-kinésithérapie après modifications
23
d) Suggestions de modifications du courrier
24
25
L’objectif de la modification du courrier pour ces MG était de le faire tenir sur
une page et de le réorganiser de façon à le rendre plus ressemblant à un courrier médical
que les médecins avaient l’habitude de remplir.
Puis ils créaient une zone « antécédents », regroupant tous les antécédents utiles :
en effet, selon les participants, tous les antécédents n’étaient pas à noter. Ils créaient une
case rééducation antérieure au sein des antécédents permettant de retirer la zone
correspondante, et plaçaient ensuite les traitements. Un médecin demandait de ne pas
écrire les médicaments mais leur classe thérapeutique et de ne pas transmettre
l’ordonnance qui ne concernait pas le M.K., il souhaitait maintenir le secret médical.
L’histoire de la maladie avec les signes cliniques et les résultats des examens ont été
positionnés en dessous. Les MG ne voyaient pas l’intérêt de l’item région à traiter, jugé
redondant, ni d’affection neurosensorielle, ni de laisser une zone dédiée à l’autonomie.
Les participants souhaitaient une phrase finale, visant à ouvrir le dialogue avec le
M.K. sans pour autant les pousser à appeler mais plutôt à envoyer un mail. Il était choisi :
« Dans l’attente de votre retour initial sur le patient, je serai heureux d’échanger avec vous
via cette adresse mail… ».
Enfin la zone « suivi médical » leur paraissait peu pertinente (les patients sachant
si ils revoient leur médecin et souvent revenant le voir après les séances si besoin).
26
Encadré 6 : Courrier modifié selon les propositions des médecins
27
2.2 Phase 2 : Utilisation de l’outil modifié à la phase 1 par les MG.
2.2.1 Méthode
Pour avoir une idée de l’acceptabilité par des MG extérieurs au projet, une pré-enquête
a été menée par email auprès de 4 anciens MSU (Maitres de stages des Universités) de l’étudiant.
L’ordonnance et le courrier modifiés leur étaient transmis par e mails avec les questions
suivantes : « pensez-vous l’utiliser ? Si non pourquoi ? ». 4 réponses étaient reçues dont une
complètement positive (utilisation possible sans réserve), 2 mitigées sur le travail demandé par le
courrier (notamment 1 sur l’intégration au logiciel), 1 qui retenait le courrier pour les cas plus
complexes. La proposition de retenir l’outil pour les cas plus complexes a été retenue pour la
suite du travail.
Les outils étaient ensuite envoyés par email à 21 médecins généralistes du réseau de
travail de l’étudiant comprenant les 7 MG de la réunion initiale, en leur demandant de les
essayer.
Les médecins volontaires étaient ensuite contactés individuellement par téléphone pour
leur préciser les objectifs : utiliser les deux outils ordonnance et courrier, dans le cadre de la
prise en charge de 10 patients au moins avant mars 2019. Les patients concernés devaient
répondre aux caractéristiques suivantes.
Un tableau était fourni pour permettre aux médecins de tracer leur utilisation des outils
proposés (Annexe 2).
Une date était fixée avec chaque médecin à partir de début mars afin de recueillir leur
expérience d’utilisation de l’outil.
28
Encadré 7 : Guide d’entretien individuel auprès des MG
2.2.2 Résultats
10 médecins généralistes étaient volontaires pour essayer les outils puis être interrogés.
5 faisaient partie du groupe de travail initial : MG1, MG2, MG3, MG6 et MG10 et MG10. Ils
étaient installés en Eure et Loir sauf MG8 (Loir et Cher) et MG9 (Sarthe). Il a été nécessaire de
prolonger la période de test jusqu’à mi avril pour permettre à certains médecins d’utiliser les
outils et notamment de se rapprocher de 5 prescriptions (MG5 à 10). Les principaux résultats
sont présentés dans le tableau 3 :
29
Tableau 3 : Utilisation des outils par les MG de phase 2 volontaires
MK Nb de Fréquence de Réponse
Médecin
référents prescriptions prescription de MK
MG1 Non 8 1/semaine 0
1/semaine, irrégulier
MG2 Parfois 3 0
oublis
MG3 Oui 5 1/15 jours oublis 0
MG4 Oui 2 (ordo seule) - 0
MG5 Oui 7 1 à 2 /sem 1
MG6 Non 0 0 0
MG7 Oui 5 1 / 2 semaines irrégulier 0
MG8 Oui 5 1 /2 semaines 0
MG9 Non 3 1/2 semaines 1
MG10 Oui 10 1 à 2/ jour 0
Seul MG6 n’a pas utilisé les outils pour des raisons de format numérique. MG4
n’utilisait que l’ordonnance et seulement à 2 reprises pour les mêmes raisons pratiques
(non intégrée au logiciel). La moitié des participants l’a utilisé au moins 5 fois. 4 MG
utilisaient l’outil 2 fois par mois (MG3, 7, 8 et 9). Certains MG interrogés rapportaient une
fréquence d’utilisation irrégulière notamment du fait d’oublis (MG2, MG3, 7). 48
ordonnances ont été rédigées et 46 courriers.
c) Type de patients
30
d) Avantages perçus
e) Inconvénients/frein à l’utilisation
f) Réponses de MK
Sur les 46 courriers envoyés, 2 ont reçu une réponse. La première (MG5) était un
email sur la boite professionnelle du médecin non sécurisée avec le bilan diagnostic et un
texte expliquant qu’il avait été utile d’avoir insisté sur le travail chez une patiente
fibromyalgique. Cela a permis au MK de réaliser une rééducation dynamique et d’éviter
trop de massages. La seconde était un appel téléphonique du MK à MG9 pour lui
expliquer le diagnostic, la prise en charge et l’évolution. MG9 était perturbée par l’appel
survenu durant une consultation et ne permettant pas de véritable échange.
31
g) Satisfaction des patients
Les résultats des phases 1 et 2 montraient un faible taux de réponse de la part des MK.
Une réunion interprofessionnelle permettant de demander leur avis aux MK sur la
communication MG/MK et sur cet outil a paru intéressante.
2.3.1 Méthode
L’étudiant a contacté par email les MG et MK exerçant dans une Maison de Santé
Pluriprofessionnelle (MSP) à St Georges sur Cher (Loir et Cher). Ils n’avaient pas participé aux
phases précédentes. Une réunion a pu être proposée sur un créneau déjà prévu pour les réunions
hebdomadaires à savoir entre 13h et 15h. Il s’agissait d’une réunion avec libre prise de parole,
animée par un Maitre de stage Universitaire coordinateur de la MSP et l’étudiant en thèse.
L’objectif était de discuter des moyens d’améliorer la communication entre MG et MK et de
restituer les opinions des MK concernant l’outil de communication modifié en phase 1. La
réunion était enregistrée et la teneur des discussions le plus fidèlement retranscrite, ce format
libre paraissait suffisant pour restituer une tendance d’opinion d’un groupe tout en permettant à
chacun de développer ses arguments. Etant donné l’horaire les participants n’étaient pas tous
présents du début à la fin d’où la difficulté de recueil de certaines données individuelles.
2.3.2 Résultats
Le 2 avril 2019 dans la salle de réunion de la MSP de St Georges sur Cher, étaient
présents 6 MK et 5 MG. Tous exerçaient en libéral dans la MSP à l’exception d’une MK venue
de Montrichard.
32
Tableau 4 : Caractéristiques des participants à la réunion de phase 3
La participation orale des MG a été limitée : 2 MG ont participé activement et 1 seul (le
coordinateur de la MSP) est resté jusqu’en fin de réunion.
La réunion débutait par une conversation sur les attentes des MK et des MG (précisions
diagnostiques, bilan…) et les freins à la communication avec des retours concordants avec les
études précédentes.
Les participants étaient invités à proposer des solutions pour mieux communiquer :
33
b) Retour sur les outils :
Les MK trouvaient l’ordonnance adaptée et complète avec une limite sur les
week-ends et jours fériés à mettre si nécessaire. Ils souhaitaient ajouter rééducation
respiratoire. Une MK demandait une ligne séparée avec rééducation d’une affection
rhumatologique et inflammatoire, de distinguer pathologie neurologique centrale de
périphérique et ajouter SEP et Parkinson (mais en termes physiopathologiques pour la
cotation et le secret médical). Le secret médical complexifie donc la rédaction. MG1
ouvrait un débat sur les questions éthiques du secret médical partagé.
MG2 exprimait clairement son refus de rédiger le courrier type car étant
chronophage.
Selon des MK, le BDK devrait être fait à la première séance mais parfois il y
avait besoin de plusieurs séances, les tests étaient longs, il fallait prendre des mesures,
dans tous les cas l’examen était complet. Les MK se plaignaient de la lourdeur ressentie
quant à la cotation et à la rédaction des BDK et à leur renouvellement qui étaient très peu
réalisés (les participants étaient surpris de la statistique – qui leur paraissait élevée - de
22% des MK de Loire Atlantique réalisant des BDK initiaux, cf thèse de D. Sadani (14)).
Les MK souhaiteraient pouvoir coter un BDK en temps que tel, avec moins de
contraintes administratives, un BDK simplifié permettant d’analyser l’état actuel du
patient en 1 séance.
34
Le meilleur moyen selon les MK pour ensuite envoyer ce BDK serait par
messagerie sécurisée MS Santé.
Suite à cette réunion les 7 MG n’ayant pas été interviewés ont été interrogés sur le
Dossier Médical Partagé et les réunions pluri professionnelles :
o Réunions interprofessionnelles
3 DISCUSSION :
Les avantages perçus étaient de mieux préciser leur demande et définir le terrain du
patient. Le caractère exhaustif de l’ordonnance était apprécié.
o Ordonnance seule
o Courrier seul
Le courrier était prévu pour ouvrir un dialogue en proposant un retour par email au MK.
Cependant seules 2 réponses ont été obtenues sur 46 courriers : un email avec le BDK a été
envoyé et un appel téléphonique reçu. MG9 qui recevait l’appel a été perturbé durant sa
consultation. On retrouvait dans la thèse d’Eugénie Schuck (21) que les appels téléphoniques
perturbaient certains MG.
Les MK interrogés appréciaient l’ordonnance type, ils proposaient cependant des ajouts.
Ils n’envisageaient pas de répondre à un courrier de MG pour des raisons de manque de
disponibilité.
36
On retrouve dans la thèse de Le Metayer(27) ce paradoxe entre une volonté d’améliorer
la communication et un manque de désir de s’investir davantage dans les solutions de
communication par manque de temps ou de moyens.
Ces résultats s’opposent à ce que laissait présager la thèse de Marion Tatin (18) qui
avait produit avec l’aide de 5 MK et 4 MG un courrier type d'une page pour le MG et d'une page
réponse pour le MK. Les MG et MK participants trouvaient l’outil simple à utiliser. Cependant il
n’avait pas été utilisé en pratique et les participants étaient des volontaires à l’origine du
document ce qui implique un biais de motivation.
La sélection d’un outil proposé lors d’une thèse précédente menée auprès d’un large
échantillon de 155 MK par G.Truong permettait d’avoir l’outil le plus proche des attentes
éventuelles des MK.
Le nombre d’outils utilisés auprès des patients était assez élevé : 46 couples
ordonnances-courriers.
L’échantillon de MG testeurs était assez faible : 10. Il existait un biais de sélection lié
au volontariat.
La moitié des MG participants était aidée par l’étudiant pour l’intégration au logiciel, ce
qui facilitait l’utilisation de l’outil, tous les MG n’avaient donc pas les mêmes conditions
d’utilisation informatique. On constate d’ailleurs que les 5 MG ayant reçu une aide informatique
ont utilisé 28 fois l’outil contre 18 pour les 5 MG non aidés.
37
La faible durée de la mise à l’épreuve (2 à 3 mois) limitait potentiellement le nombre
d’outils utilisés.
On retrouvait les mêmes propositions faites par les MK que dans le travail de D.Sadani (14) :
Le DMP est déployé depuis novembre 2016. En France, la majorité des médecins
est favorable au DMP d’après une enquête de l’ASIP santé de 2013(84%)(18), une
enquête d’opinion IPSOS en 2012 (77%) (19), et selon une thèse de 2016 (83%) (20) et de
2018 (29).
L’utilisation reste cependant limitée : seuls 6,7% des MG participants à une thèse
de 2018 réalisée en Ile de France (30) utilisaient le DMP.
Les MG expriment une crainte quant au risque de double saisie (88,3% et 66%
des répondants des thèses de Resmond G. et Le Beux respectivement).
Dans une thèse de 2018 (29), 205 médecins bretons étaient interrogés. 54% ne
pensaient pas avoir les compétences en informatique pour utiliser le DMP. 7% étaient
38
formés au sujet du DMP. Les facteurs associés à une meilleure utilisation du DMP étaient
notamment la capacité à informer le patient et la maîtrise de l’outil informatique. On notait
que seuls 36,6 % des répondants déclaraient être capables d’informer leur patient.
La mise en danger du secret médical était une préoccupation pour 56% des
médecins de l’enquête Opinionway, pour 74% des médecins dans la thèse de Le Beux G.
et pour 31% dans la thèse d’Enouf.S.
Les MSP (Maisons de Santé Pluri professionnelles) sont un moyen de développer les
réunions pluri professionnelles notamment entre MG et MK (les ¾ des MSP comprennent au
moins un MK). En 2018 93% des MSP (près de 600 structures) réalisaient au moins 6
réunions pluri professionnelles par an (36). La thèse de A.Dellandrea mettait en évidence une
amélioration de la collaboration interprofessionnelle pour une majorité des MG et des MK
dans ces MSP (9). Un projet d’éducation thérapeutique conjoint entre MG et MK pour les
lombalgiques chroniques est notamment en cours dans une MSP de Touraine.
39
Des études montrent que l'éducation interprofessionnelle, à savoir des séquences de
formation dans lesquelles « des membres de deux ou plusieurs professions sont réunis pour
apprendre avec les autres, grâce aux autres et à propos des autres » (Traduction libre, CAIPE :
Centre for the Advancement of Interprofessional Education and compliance, 2016), a un
impact positif sur la collaboration interprofessionnelle. (37,38)
4 Conclusion
Un outil d’aide à la prescription ne sera à priori pas la solution pour améliorer la
communication entre MG et MK. Ces professionnels se connaissent mal, et c’est en se
rencontrant qu’ils pourront échanger de leurs difficultés respectives et notamment des dossiers
plus complexes. Des formations communes entre étudiants en kinésithérapie et en médecine
permettraient d’initier précocement les futurs professionnels à la collaboration
interprofessionnelle. C’était déjà la conclusion de la thèse d’Eugénie Schuck. (21)
Afin de faciliter le partage d’information entre MG et MK, des formations sur le DMP,
ainsi qu’une simplification de son usage seraient potentiellement bénéfiques. Les messageries
sécurisées sont pertinentes mais leur utilisation risque de rester limitée au vu du manque de
temps évoqué. L’intérêt du BDK est remis en question du fait de son faible taux d’utilisation par
les MK, il pourrait être plus succinct afin d’être réalisable par les MK et de répondre aux
questions que se posent les MG.
40
5 Bibliographie:
1. Letrilliart L, Supper I. ECOGEN : Etude des éléments de la consultation en médecine
Générale. Exercer. 2014;25:148‑57.
3. Global, regional, and national incidence, prevalence, and years lived with disability for 301
acute and chronic diseases and injuries in 188 countries, 1990–2013: a systematic analysis
for the Global Burden of Disease Study 2013. Lancet. 2015;386(9995):743‑800.
7. Plénet A, Gourmelen J, Chastang J-F, Ozguler A, Lanoë J-L, Leclerc A. Seeking care
for lower back pain in the French population aged from 30 to 69: The results of the 2002–
2003 Décennale Santé survey. Annals of Physical and Rehabilitation Medicine.
2010;53(4):224‑38.
10. Dumont T. Étude des relations entre les professionnels de santé du territoire de
Gennevilliers/Villeneuve-la-Garenne: analyse des modalités de communication du médecin
généraliste vers les autres professionnels de santé lors de l’adressage d’un patient. Thèse de
médecine. Université Paris Diderot - Paris 7; 2016.
15. Bergeau A, Marechal T, Van Roekeghem F. Avis relatif à l’avenant n°1 de la convention
nationale des masseurs-kinésithérapeutes. Avec le Ministère de la Santé, de la Jeunesse et
des Sports. Journal Officiel de la République Française. 2008.
22. Truong G. Quelle prescription optimale de rééducation de l’appareil locomoteur par les
médecins généralistes ? Enquête auprès de 155 masso-kinésithérapeutes franciliens. Thèse
de médecine. Université Paris 13; 2017.
42
25. Vesselle B. La prescription de Masso-kinésithérapie. Formation médicale continue,
capacité de médecine du sport présenté au CHU de Reims. 2006. Disponible sur:
https://www.univ-reims.fr/minisite_103/formation-medicale-continue/documents-
pedagogiques/capacite-medecine-et-biologie-du-
sport/gallery_files/site/1/90/1129/1384/13621/13640.pdf
27. Le Métayer C. Étude des relations entre les professionnels de santé du territoire de
Gennevilliers/Villeneuve-la-Garenne: analyse du ressenti des masseurs-kinésithérapeutes et
des infirmiers sur leur communication avec le médecin généraliste lors de l’adressage d’un
patient. Thèse de médecine. Université Paris Diderot - Paris 7; 2016.
29. El Matouat A, Richard C. Utilisation du dossier médical partagé par les médecins
généralistes installés en région Bretagne. Thèse de médecine. Université de Rennes; 2018.
32. Manser T. Teamwork and patient safety in dynamic domains of healthcare: a review of the
literature. Acta Anaesthesiol Scand. 2009;53(2):143‑51.
34. Borrill C, A. West M. Team working and effectiveness in health care. British Journal of
Health Care Management. 2000;6(8):364‑71.
36. Fédération Française des Maisons et Pôles de Santé. Commission paritaire nationale des
structures pluri professionnelles. 2018. Disponible sur: https://www.ffmps.fr/wp-
content/uploads/2018/11/diaporama-cpn-du-13-06-2018.pdf
43
37. Morey JC, Simon R, Jay GD, Wears RL, Salisbury M, Dukes KA, et al. Error
Reduction and Performance Improvement in the Emergency Department through Formal
Teamwork Training: Evaluation Results of the MedTeams Project. Health Services
Research. 2002;37(6):1553‑81.
38. Reeves, Scott. A BEME systematic review of the effects of interprofessional education.
Medical Teacher. 2016;38(7):1‑13.
44
Annexe 1 : Guide d’entretien pour la réunion de MG de la phase 1
Réunion plénière :
45
Annexe 2 : Conseils d’utilisation des outils proposés aux médecins « testeurs » et tableau de
suivi des prescriptions
Consignes :
N’utiliser que pour les patients à risque de chronicité ou ayant des comorbidités nécessitant
une transmission au kiné (Parkinson, SEP, Neuroleptiques, anticoagulants…)
Pour environ 10 patients
Indiquer nom du patient + date, +/- pathologie
RdV fin mars début avril pour le débriefing : Rdv le / /2019
10
11
12
46
Annexe 3 : Modèle de Bilan diagnostic Kinésithérapique proposé par l’assurance maladie
47
Vu, le directeur de thèse
A Angers le 1/10/2019
Vu, le doyen
Tours, le
48
RESUME
Conclusion : Un outil de prescription ne parait pas être une solution pour améliorer la
communication MG/MK. Les réunions et des formations interprofessionnelles semblent avoir
davantage d’impact sur la collaboration MG/MK. Il serait intéressant d’évaluer l’impact des
réunions pluri professionnelles et des formations conjointes entre MG et MK sur l’évolution des
patients souffrants de TMS.
50
OUSTRIC Nicolas
Jury :
51