Ress c1 Section 2 Partie 1 Lexique Et Syntaxe 569594
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Ressources maternelle
Avril 2016
Sommaire
2. Le lexique 6
3. La mémorisation 14
3.4 Pour fixer les acquis lexicaux : les outils et les jeux 18
4. La syntaxe 19
4.1 L’acquisition 19
Repères de progressivité
Il convient de rappeler que la capacité à rendre compte de réalités de moins en moins immédiates, et l’accès aux
oraux coupés du contexte sont fortement liés aux compétences lexicales et syntaxiques acquises pour évoquer sans
ambiguïté une réalité ou relater un événement absent (passés, futurs ou imaginaires). C’est cette habileté langagière
qui doit être visée pour tous les élèves, particulièrement ceux qui sont les moins familiers du français parlé à l’école.
Tous les dispositifs d’enseignement, d’accompagnement et de soutien doivent être mobilisés pour conduire un travail
régulier sur la langue et compenser les inégalités linguistiques. L’apprentissage progressif d’un lexique varié et précis
ainsi que la compréhension intuitive des règles qui régissent la structure des phrases conditionnent la maîtrise du
français scolaire. Le temps de l’école maternelle doit être mis à profit pour permettre à tous les enfants de progresser
en ce sens.
Il y a de constantes interactions entre syntaxe et lexique. Les deux sont mobilisés ensemble dans des échanges
contextualisés. Pour faciliter la consultation de ces ressources, les deux rubriques sont séparées mais les zones de
recouvrement sont constantes entre les deux ; les repères de progressivité croisent les deux domaines.
La plupart des recherches montrent qu’à 20 mois, un enfant a acquis plus de noms que de verbes, et ce, dans de
nombreuses langues dont le français, l’anglais, l’espagnol, l’italien, l’hébreu, le néerlandais – le chinois et le coréen
qui accordent plus d’importance au verbe faisant exception. Ce retard des verbes est perceptible non seulement en
production mais aussi en compréhension : les enfants de 2 ans, 2 ans et demi comprennent mieux les noms que les
verbes nouveaux. La prépondérance des noms et le retard des verbes sont dus à un certain nombre de facteurs :
• Les noms renvoient à des entités stables, faciles à percevoir et groupées de façon logique et identifiable (les
objets, les personnes, par exemple) ; ils sont également très liés au processus de dénomination utilisé par les
personnes de l’entourage alors que les verbes renvoient à des événements parfois fugaces (rougir, cligner des
yeux, sauter, partir).
1 Les informations de ce paragraphe sont largement inspirées de la contribution de Dominique Bassano, « Comment les verbes
‘viennent’ aux enfants » à l’ouvrage Le verbe en toute complexité. Acquisition, transversalité et apprentissage, L’Harmattan, 2014,
p. 15-37, direction Corinne Gomila et Dominique Ulma.
À partir de 21 mois, il y a un rééquilibrage quantitatif des noms et des verbes, avec une explosion quantitative de ces
derniers à partir de 26 mois ; les verbes deviennent nettement plus fréquents que les noms à 30 et 39 mois.
À partir de deux ans, se développent particulièrement les verbes d’action concrets, notamment les verbes de mouvement
(courir, sauter, s’asseoir…), ceux qui désignent des actions (casser, manger, ranger, laver, habiller,…). Les verbes de
sens plus abstrait comme les verbes de perception (voir, entendre, toucher…) ou renvoyant à des états mentaux
(penser, réfléchir,…) ne sont produits qu’au milieu de la 3ème année. Mais cette évolution du concret vers l’abstrait
affecte aussi l’acquisition des noms ; des termes comme biberon, voiture, chat… sont utilisés en premier.
Les temps et modes se différencient : après l’émergence, assez précoce, du présent et de l’impératif, arrive celle de
l’infinitif et du participe passé (respectivement 12% et 9% des formes verbales, vers 3 ans), puis celle des autres formes.
Tous ces éléments relatifs au développement des noms et des verbes ne représentent qu’une moyenne ; les variabilités
interpersonnelles sont très importantes : les décalages entre les productions peuvent être très sensibles.
Les verbes et les mots grammaticaux ne doivent surtout pas être négligés : ils apportent une contribution importante à la
compréhension des énoncés, notamment les prépositions renvoyant à la topologie (sur, sous, devant, derrière…) ainsi
que toutes les conjonctions introduisant des relations entre les propositions. Les verbes sont essentiels, en lien avec les
consignes et les activités de la classe mais aussi les histoires et les lectures documentaires. Ils constituent le noyau de
toute phrase. Autour d’eux, s’articulent des sujets et des compléments.
Or, les noms sont fortement prégnants dans les choix pédagogiques et occupent une place centrale dans les imagiers :
ils ne doivent pourtant pas faire perdre de vue que les autres classes sont nécessaires pour améliorer sa maitrise de
la langue orale. Progressivement, les enfants différencieront les sens des mots en fonction de la construction : Pierre
pousse Paul / L’herbe pousse. La classe des noms a aussi des propriétés grammaticales ; les déterminants précèdent
les noms et en signalent le nombre et le genre (sauf dans certains cas, notamment les noms propres). Dans un
premier temps, les enfants réalisent des sons qui préfigurent, en quelque sorte, les déterminants « /e/ nez » « c’est /a/
chat ». Leur utilisation serait correcte aux alentours de 2 ans et demi, 3 ans.4 (Voir le discours d’Anicette, exempt de
déterminants, dans la partie 4. « La syntaxe », ci-dessous).
Au-delà de ce processus de « grammaticalisation » des noms par l’accompagnement quasi obligatoire du nom par un
déterminant se pose le problème du genre : les enfants dont la langue maternelle est le français apprennent le genre
les noms, de façon très naturelle, dans leur environnement linguistique. Ceux pour lesquels le français est une langue
seconde peuvent hésiter sur certains termes, surtout quand dans leur langue maternelle, le genre diffère ou n’est pas
porté par des déterminants.
Les adjectifs qualificatifs sont à travailler dès la petite section, dans des situations variées et régulières (jeux,
motricités, commentaires sur des photos, imagiers…) car ils sont indispensables pour caractériser les personnes, les
matériaux, les objets et les lieux. Les appréhender par paires opposées favorise leur apprentissage en réseau, ce qui
optimise la compréhension comme la mémorisation.
Les adverbes ont eux aussi une forte valeur sémantique : dans les textes narratifs, ils fournissent de précieux indices
pour comprendre situations et émotions et anticiper la suite du récit. Certains adverbes constituent des connecteurs
temporels ou logiques qui balisent l’avancée d’un récit (puis, alors, enfin, tout à coup…).
On le voit, la compréhension et la mémorisation des premiers récits passent par des compétences lexicales et
syntaxiques de plus en plus riches. Il en va de même des autres discours, descriptifs ou explicatifs, par exemple.
3. Travaux de Dominique Bassano, en 2005 : études transversales portant sur 20 enfants par groupe d’âge, observés à 20, 30 et
39 mois.
4. D’après les travaux de Dominique Bassano, « Production naturelle précoce et acquisition du langage », Lidil, n° 31, 2005, 61-84.
Le lexique est une notion théorique : il désigne l’ensemble complet des mots d’une langue. Il est à distinguer du
vocabulaire qui correspond à l’ensemble des mots effectivement employés par une personne dans un énoncé écrit ou
oral. Cependant, dans le langage courant, on emploie indifféremment les termes vocabulaire et lexique, ceux-ci étant
considérés comme synonymes.
• la phonologie pour la prononciation exacte des mots : les tout jeunes enfants rencontrent des difficultés pour
produire certains groupements de phonèmes (pestacle, crocrodile, maicresse…) ; la précision nécessaire se
met en place au fur et à mesure de années, les sons étant discriminés de façon de plus en plus efficace ;
• la morphologie pour la formation des mots ;
• la sémantique pour le sens de mots ;
• la syntaxe : comme nous venons de le voir, dans le point précédent, son développement est lié à celui du lexique
et le sens d’un mot peut être modifié par sa construction.
Le vocabulaire ne constitue qu’une partie du langage oral dont l’école maternelle vise l’appropriation mais il est
considéré par les enseignants comme très important ; ils sont attentifs au niveau lexical atteint par les enfants car ils en
connaissent l’impact dans les domaines d’apprentissage et le poids dans la réussite scolaire. Il y a de fortes variabilités
interindividuelles dont certaines sont d’ordre socio-culturel ; il est donc nécessaire dans le cadre de la lutte contre les
inégalités de doter tous les enfants d’un vocabulaire de plus en plus étendu. Il devrait être, environ de 2 000 à 2 500
mots à la fin de l’école maternelle, stock jugé nécessaire pour faciliter l’apprentissage de la lecture au CP. Rappelons
aussi que des chercheurs ont quantifié le vocabulaire des enfants et des adultes et que, dès le CM2, des enfants ont
un vocabulaire aussi étendu que certains adultes. Par ailleurs, la maîtrise d’un texte simple de la vie courante nécessite
environ 5 000 mots.
Pour le petit enfant, acquérir des mots, c’est mettre en correspondance des unités du langage :
Mais les séquences s’orienteront progressivement vers des éléments plus abstraits, en rapport avec les récits personnels
ou le rappel des histoires entendues (caractérisation des personnages, relations entre eux, enchainement logique et
chronologique) et l’expression des émotions et sentiments.
L’ensemble des domaines d’apprentissage fournissent l’occasion d’élargir le vocabulaire des enfants (voir le point 2.3),
ainsi que toutes les activités autour des documentaires et de la littérature : les enfants accèdent progressivement à un
vocabulaire plus spécialisé ou plus rare qui n’a pas cours dans le quotidien. Par exemple, la qualification très recherchée
dans l’album Le voyage de l’escargot de Ruth Brown : un matin lumineux et ensoleillé, un coteau escarpé, un tunnel
lugubre, un pont vertigineux, des fleurs ravissantes… En fait, aucun mot n’est plus difficile qu’un autre à mémoriser.
C’est juste un problème de compréhension, de production, de mémorisation lié à un usage familier du mot concerné. Si
le papillon piéride est étudié en classe sur une période, son nom sera compris et mémorisé.
L’aspect quantitatif ne doit pas faire négliger l’aspect qualitatif ; les mots sont plus ou moins disponibles et on fait la
différence entre le vocabulaire passif (vocabulaire compris mais non directement utilisé en situation de discours)
comprend toujours un nombre de mots beaucoup plus important que le vocabulaire actif (vocabulaire utilisé) et ce,
quelle que soit l’expertise du locuteur enfant ou adulte. Car ce dernier possède aussi un vocabulaire passif et une
partie non négligeable des mots qu’il utilise sont l’objet d’une compréhension approximative. C’est bien la nécessité de
produire et d’utiliser des mots qui favorise leur intégration réussie par l’enfant comme par l’adulte. Cette dimension est à
prendre en compte dans les apprentissages pour ajuster les supports et les exigences qui seront différents en réception
et en production.
L’apprentissage d’un mot ne dépend pas de la seule dénomination. Une des difficultés est liée au fait que le mot
s’applique à une classe d’objets et non à une entité singulière, sauf pour les noms propres, dans la grande majorité
des cas. Ainsi faut-il comprendre que le mot chien renvoie aux caractéristiques propres à tous les chiens, même s’il peut
désigner un chien particulier, dans certains contextes (Ce chien m’a mordu). Un mot ne renvoie pas seulement à un
référent mais à un concept, une image mentale. La boite à chaussures, la boite à lettres, la boite à mots de la classe, la
boite à pain, au-delà des différences d’emplois et de formes, renvoient à l’idée d’un contenant, par exemple.
Il faut cependant veiller à ne pas réduire les situations à des prétextes au service des seuls objectifs linguistiques. Pour
une approche transversale du langage, il convient d’associer systématiquement un objectif langagier à chaque situation
d’apprentissage, tout en veillant à assurer un temps d’activité suffisant (activité physique par exemple) et une démarche
spécifique (activités d’exploration en sciences par exemple) permettant d’atteindre les objectifs propres au domaine
concerné. Cette double vigilance est une compétence professionnelle essentielle à développer pour que le maître place
le langage au cœur des apprentissages.
Mais chaque domaine permet non seulement de travailler avec précision le vocabulaire qui lui est spécifique mais aussi
d’activer, de manière naturelle et répétée, des structures syntaxiques.
Un exemple dans le domaine « Agir, s’exprimer, comprendre à travers les activités artistiques » - MS-GS
Dans ce domaine, les diverses activités menées permettent d’utiliser et de nommer les différents matériaux, les outils,
les traces, les supports… Le programme de 2015 précise que les « expériences s’accompagnent de l’acquisition
d’un lexique approprié pour décrire les actions (foncer, éclaircir, épaissir...) ou les effets produits (épais, opaque,
transparent...). »
Le lexique est un ensemble organisé : un mot n’est jamais isolé, il prend son sens par rapport à d’autres mots avec
lesquels il entretient des relations de sens (synonymes, antonymes, champ lexical), des relations hiérarchiques (termes
génériques, termes spécifiques) et des relations morphologiques (mots de la même famille).
Aussi enseigner le lexique ne se limite-t-il pas exclusivement à l’extension d’un capital de mots. Au cours des activités,
les enfants peuvent manipuler un réseau de mots regroupés autour d’une thématique (le champ lexical), regrouper des
mots dans des catégories différentes (la banane est un fruit / le chou un légume), opposer certains termes (rugueux et
L’enseignant peut donc organiser, à partir de la GS, des phases centrées de manière plus consciente sur des faits
linguistiques précis, appelant une réflexion plus méthodique sur la langue.
Le sens des mots est sans cesse exploré, pendant les quatre années de l’école maternelle, et bien au-delà, dans
tous les domaines d’apprentissage ou en rapport avec les activités de littérature. Il arrive parfois que certains projets
tournent, explicitement et volontairement, autour d’un terme pour en explorer tous les emplois.
Les enfants, accompagnés par la maitresse, recensent tous les emplois qu’ils connaissent : le fil électrique, le fil à
coudre et à broder, le fil de téléphone, le fil à couper le fromage, le fil élastique, le fil à broder, le fil dentaire et même…
le fil d’Ariane, chacun étant illustré. Ils définissent ainsi, au fur et à mesure, le sème commun à tous ces fils : la faible
épaisseur. Il est différencié d’éléments proches : de la ficelle et de la corde qui sont plus épaisses, du lacet plus gros et
spécialisé, du ruban et du bolduc, plus larges et plus plats, du câble (électrique) qui contient plusieurs fils, etc….
On pourrait faire la même chose avec un objet concret du quotidien : la brosse qui peut être déclinée dans plusieurs
emplois : pour les dents, les cheveux, les chaussures, les vêtements, par exemple.
Pour favoriser la mémorisation, il est fréquent à la maternelle de regrouper les termes autour d’un même thème ; les
enfants, par exemple, apprendront les mots en rapport avec la toilette : les objets utilisés (le gant, la brosse à dents, le
peigne, la serviette…), le mobilier (le lavabo, la douche, la baignoire…), les actions (se laver, se savonner, s’essuyer,
se sécher, frotter, se coiffer…). Le corpus choisi dépend du niveau de la classe.
(Voir les trois séquences PS, MS et GS autour des habits, Ressources, septembre, 2010).
La notion d’antonymie permet de relier, de façon, très facile les mots entre eux. Elle est facile à percevoir pour les
enfants et l’opposition permet de définir de façon plus fine : le rugueux s’oppose bien au doux, le piquant au lisse, par
exemple. Beaucoup d’albums exploitent cette relation entre les mots. Il est alors facile de créer un album dont chaque
double page reprend un couple de contraires, rempli au fur et à mesure des rencontres et des occasions.
Les enfants utilisent aussi les contraires formés par les préfixes ; leurs essais – parfois hasardeux – montrent qu’ils ont
bien compris le fonctionnement de la langue : un enfant assis sur une chaise qui demande à être « déproché » de la
table, en opposition avec approcher.
La langue française est polysémique. Les enfants peuvent découvrir, au cours d’une activité, qu’un mot a un sens
différent de celui qu’il connait. Ils découvrent ainsi qu’un terme peut avoir aussi plusieurs acceptions, notamment en
changeant de domaine d’apprentissage. En arts visuels, le peigne n’y sert plus à coiffer mais à étirer la peinture ; le
couteau n’est plus utilisé pour couper les aliments mais pour étaler la peinture. La forme, l’emploi de l’objet ont changé.
Mais on perçoit bien la similitude entre le sens : on glisse facilement d’un sens à l’autre : le peigne a toujours des dents.
La dérivation est un phénomène essentiel de la langue française et les enfants de l’école maternelle l’utile de manière
très inconsciente. Elle participe grandement à l’augmentation du lexique d’un enfant qui fait preuve, très tôt, d’une
analyse des modes de dérivation et les applique avec une grande créativité, en utilisant cependant les affixes les plus
productifs, -eur par exemple pour les suffixes. Innovation dérivationnelle, surtout pour les noms et les verbes dès l’âge
de 3 ans. le crêmeur.
De 4 à 6 ans, les enfants construisent facilement des mots dérivés. En fait, la structure est assez rudimentaire : repérer
un radical et y adjoindre un suffixe n’est jamais aussi compliqué que de conjuguer un verbe ou d’en mémoriser les
différentes constructions (directes, indirectes, par exemple).
Catégoriser, activité primordiale à l’école maternelle, permet de regrouper des éléments épars dans une même classe,
avec parfois des effets d’emboitements. Les activités scientifiques permettent de classifier le vivant.
L’alimentation, thème souvent traité à l’école, permet d’opérer des regroupements : les fruits, les légumes, les laitages,
etc.
3. La mémorisation
Le programme de 2015 consacre une rubrique complète à cette importante question, dans le cadre des modalités
d’apprentissage à la maternelle. Il s’agit du « 2.4. Apprendre en se remémorant et en mémorisant ». Il souligne le fait
que « les opérations mentales de mémorisation chez les jeunes enfants ne sont pas volontaires ». Il est donc nécessaire
de les aider dans ces processus et d’une manière générale, de leur faire « prendre conscience qu’apprendre à l’école,
c’est remobiliser en permanence les acquis antérieurs pour aller plus loin ».
C’est aussi le cas pour l’apprentissage du vocabulaire. Acquérir le vocabulaire, c’est le mémoriser. Entendre un terme
une fois ou deux ne suffit absolument pour le retenir, encore moins pour l’intégrer dans le stock du vocabulaire actif.
L’enseignant doit donc connaitre quelques éléments concernant le processus de mémorisation et les moyens à mettre
en œuvre pour le rendre efficace car enseigner le vocabulaire consiste également à se donner les moyens de le fixer.
Garante de l’efficacité des apprentissages à long terme, la mémoire est en prise directe avec la problématique de
l’illettrisme. En effet, pour ceux qui ont été scolarisés, l’illettrisme résulte du fait que rien n’a été stabilisé de manière
irréversible.
• la mémoire à court terme dite « mémoire de travail » qui ne peut retenir que quelques éléments. Le programme
parle de cette « mémoire temporaire » pour signaler que les informations qui y sont fugacement enregistrées
s’appuient essentiellement sur l’aspect visuel, car la représentation par le langage n’est encore que partielle
alors « qu’à partir de cinq-six ans c’est le langage qui leur a été adressé qui leur permet de comprendre et de
retenir ».
• la mémoire à long terme qui permet la conservation plus pérenne des informations et qui regroupe 3 modules :
»» l’encodage qui correspond à l’acquisition d’une information dont l’individu conserve les caractéristiques
essentielles mais sans retenir le mot à mot ;
»» le stockage qui correspond à la rétention des informations sous une forme hiérarchisée et structurée, chaque
information étant mise en relation avec d’autres déjà stockées ;
»» la récupération qui permet à la personne de retrouver et de restituer les éléments mémorisés.
Les deux dernières étapes sont liées : plus le stockage est de qualité, plus la récupération sera aisée. Mais plus une
information sera réactivée, plus sa mémorisation sera profonde. Le programme de 2015 lie aussi les deux opérations :
il s’agit bien d’apprendre « en se remémorant et en mémorisant » et il revient au maître de rendre efficaces ces deux
processus, grâce aux activités et dispositifs qu’il met en œuvre : « Il organise des retours réguliers sur les découvertes
et acquisitions antérieures pour s’assurer de leur stabilisation, et ceci dans tous les domaines. Engager la classe dans
une activité est l’occasion d’un rappel de connaissances antérieures sur lesquelles s’appuyer, de mises en relations
avec des situations différentes déjà rencontrées ou de problèmes similaires posés au groupe. »
Réactiver fréquemment un mot, par exemple, permet de l’ancrer de manière de plus en plus efficace dans la mémoire.
Comment s’y prendre pour que les jeunes enfants, dont les acquis sont par définition labiles, stockent durablement
les savoirs scolaires ? Très souvent évoquée par les enseignants, cette question constitue un point crucial. Le tableau
suivant met en regard des repères très simples sur les conditions favorables à la mémorisation des informations en
général et du lexique en particulier ainsi que les conséquences pédagogiques que cela induit.
La mémoire ne retient que ce qu’elle S’attacher à ce que les informations données soient claires.
comprend : la base de la mémorisation
est la compréhension des données à Assurer la compréhension des mots appris pour permettre leur
enregistrer. mémorisation et remémoration. Ils doivent renvoyer à des réalités
accessibles aux enfants et tenir compte de leurs capacités d’abstraction.
La mémorisation s’inscrit dans un Montrer l’utilité de ce qui est à mémoriser, à automatiser et prévoir
projet donnant du sens aux données à systématiquement le réinvestissement pour finaliser les apprentissages :
enregistrer : il n’y a pas de mémorisation mémoriser des listes de mots n’a pas de sens en dehors d’un projet
efficace sans projet d’utilisation des d’utilisation. Toutes les acquisitions lexicales ne prennent sens que dans
connaissances à mémoriser. les situations de réemploi et de communication qui ont du sens pour les
enfants.
La mémoire enregistre mieux les Mettre les mots en relation les uns avec les autres (les mots appartenant
éléments structurés : la mémoire au même champ lexical, ceux qui sont contraires…)
retient des ensembles organisés et non
pas des données éparpillées. Pouvoir Privilégier les activités de catégorisation et de classement qui permettent
classer, catégoriser est une condition de un stockage bien hiérarchisé. Les jeux des familles permettent de
bon fonctionnement. travailler efficacement sur les différents membres d’une catégorie.
La mémoire fonctionne d’autant mieux Établir le lien entre ce que l’on est en train d’apprendre et ce que l’on sait
qu’on associe la nouvelle information déjà. Rechercher les analogies (« C’est comme… », « Ça fait penser
à du connu : le savoir se construit par à… ») et les différences (« Ce n’est pas pareil que… ».
une mise en relation des connaissances
antérieures avec le nouveau savoir à Placer un objet dans sa catégorie permet de le mémoriser plus facilement
acquérir. car il partage des caractéristiques déjà connues.
Les outils créés qui associent aux mots et aux phrases des mages, des
photographies, permettent de fixer les termes à mémoriser.
La mémoire a besoin de réactivations : Les « enfants éponges » sont très rares. Pour la plupart, il est nécessaire
une seule rencontre est insuffisante et de reprendre et de s’exercer. C’est le rôle des activités structurées et des
inefficace. L’entraînement est nécessaire séances spécifiques conduites en classe et en aide personnalisée. Les
pour fixer les acquis. mots doivent être répétés dans des contextes différents pour en affermir
le ou les emploi(s).
La mémorisation est en lien avec Choisir des axes de travail qui passionnent les enfants et emportent leur
l’aspect émotionnel. Elle est favorisée adhésion.
par la motivation, contrariée par le
stress.
Les informations associées à des Assurer un climat de travail bienveillant, sécurisant et valorisant.
souvenirs positifs font l’objet d’un
Croire aux possibilités de tous les enfants et le leur faire savoir.
traitement et d’une assimilation optimisés.
À l’inverse, les informations associées à Pratiquer une pédagogie de la réussite : privilégier en maternelle une
des souvenirs pénibles risquent d’être évaluation positive qui comptabilise les acquis, souligne les progrès et
bloquées lors du passage dans le cortex. non les manques ou les difficultés.
Les mots, pour être mémorisés, ont besoin d’être réactivés ; ils le seront
d’autant plus facilement qu’ils auront été consignés dans des outils
récapitulatifs de ce qui a été appris : des affiches, des frises, des albums
créés par la classe, des photos légendées, des tableaux, des imagiers
(avec un mot ou une phrase)… Ils constituent une mémoire externe qui
permet les réactivations. De nombreux exemples ont été donnés dans
cette section.
(Voir « L’alimentation » - Annexes – Jeu de loto sur les aliments - Ressources, février 2014)
4.1 L’acquisition
Le rôle joué par l’environnement est aussi important pour la syntaxe que pour le lexique. Chaque langue possède des
spécificités prosodiques, phonologiques et des règles particulières régissant la syntaxe6. Le tout petit les perçoit dans le
discours des adultes qui s’adressent à lui et tient compte au fur et à mesure des particularités de la langue à laquelle il
est exposé, aidé par les effets prosodiques et les intonations qui structurent les phrases en unités distinctes. Si la langue
comporte des désinences, il est obligé de faire attention à la terminaison des mots ; mais en français, il doit porter son
attention sur l’ordre des mots qui détermine le sens de la phrase, généralement construite sur le modèle sujet-verbe-
complément. Pierre bat Paul a un sens différent de Paul bat Pierre. Le bébé puis l’enfant repère ainsi l’ordre des unités
mais aussi les combinaisons et corrélations qui s’élaborent entre les termes. Il sélectionne les plus fréquentes dans les
énoncés des adultes et les utilise, dans un premier temps comme une « formule » un peu figée, dans le même contexte
(ouè ? = où il est ? èa = elle est là ; patè = par terre). L’agencement des premiers mots n’est donc pas dû au hasard
mais à l’exposition à la langue des adultes. Il y a une forte corrélation entre le parler des parents et adultes environnants
et celui de l’enfant.
L’enfant ne mémorise donc pas seulement un mot auquel serait affecté un sens mais aussi son environnement. Reliant
le vocabulaire à la syntaxe, il apprend progressivement pour chaque mot, les constructions et les significations qui lui
sont attachées, certaines plus fréquentes que d’autres sont donc mémorisées avant les autres. L’acquisition s’effectue,
au cas par cas et en fonction des échanges ; celle des verbes est plus difficile. L’enfant met du temps pour récolter
et mémoriser l’ensemble des constructions afférentes à un verbe donné ; certains acceptant plusieurs sortes de
compléments (groupes nominaux et prépositionnels, subordonnées complétives…)
On voit aussi la complexité d’utilisation d’un verbe très fréquent comme aller : aller en (voiture, Espagne), aller à (la
campagne), aller chez (sa mère), aller par (les chemins), aller (loin, mieux…), aller sur (les traces de). Suivi d’un
infinitif, il a un rôle de semi-auxiliaire (il va partir) et fonctionne aussi comme substantif : un aller, un aller simple, un
aller retour... L’enfant doit également ajouter progressivement les marqueurs grammaticaux (personne, genre, nombre,
temps). Beaucoup manquent dans un premier temps (manger bébé, pati papa) et sont intégrés progressivement.
Les premières périodes d’assemblage des mots sont caractérisées par l’omission très fréquente des déterminants,
prépositions ainsi que des pronoms et auxiliaires pour les verbes.
6. E.V. Clark, « Lexique et syntaxe dans l’acquisition du français », Langue française, n° 118, 1998, p. 49-60.
« Le lexique et les constructions dans l’acquisition de la syntaxe », Actes du colloque international sur l’acquisition de la syntaxe
en langue maternelle et langue étrangère, Université de Franche Comte, n° 631, novembre 1995, p. 61
Vers 4-5 ans, le maniement des pronoms est correct, ainsi que l’usage du nombre et du genre et des flexions verbales,
même si des réglages restent à faire (extension par exemple de la marque « é » aux verbes des autres groupes : il a
rié = il a ri, il a boivé = il a bu). L’attention de l’enseignant doit être constante et se fixer sur les points à rectifier encore.
Petit groupe de 4 élèves. L’enseignante montre des photos prises lors de la séance de motricité. Vidéo Banque
de séquences didactiques « Motricité et production langagière en petite section de maternelle ». https://www.
reseau-canope.fr/bsd/sequence.aspx?bloc=885817
Le schéma de la phrase organisée autour d’un verbe de base doit être intégré par tous les enfants en fin de GS ; il faut les
amener à produire en situation fonctionnelle des phrases simples, affirmatives ou négatives, relevant des différents types
de phrases (déclaratives, interrogatives, exclamatives, impératives) puis progressivement travailler les enchainements
de phrases et des phrases complexes. On peut attendre, fin de GS, des phrases avec des relatives, complétives,
circonstancielles, notamment des causales avec « parce que ». Mais les différences entre enfants peuvent être très
importantes. Au même âge, certains enfants ont peu de moyens syntaxiques à leur disposition quand certains autres
construisent très correctement leurs énoncés : « Il va lancer la balle pour essayer de faire tomber la quille » (fin PS).
La longueur moyenne d’un énoncé et sa complexité sont des indicateurs de la maturité syntaxique d’un enfant7.
7. Expertise collective, Dyslexie, dysorthographie, dyscalculie - Bilan des données scientifiques, Editions INSERM, 2007, p. 17.
Le modèle magistral
La langue est un objet éminemment culturel et les normes du code ne s’inventent pas. Pour se les approprier, il faut
pouvoir s’appuyer sur des modèles. Les discours auxquels sont exposés les enfants à la maison et sur lesquels ils fixent
leurs productions sont très différents, quantitativement et qualitativement. Certains entendent des énoncés normés,
d’autres, non. Pour ne pas accentuer les différences, l’enseignant doit faire entendre à tous ses élèves une langue cible
de qualité. Il offre en permanence à ses élèves un langage simple, adapté mais dénué de toute approximation. Il est
un modèle vivant pour ses élèves. La rigueur de la langue magistrale s’exerce sans relâche tout au long de la journée
de classe et doit être accentuée dans les moments spécifiques dédiés à l’apprentissage de la langue. Il s’agit là de la
première qualité du professeur des écoles en école maternelle.
Le modèle de l’écrit
Par ailleurs, les langues orales et écrites ont des syntaxes sensiblement différentes (Consulter texte de cadrage II. L’oral
et l’écrit, 1.2. La dimension linguistique). Il faut donc que, tout en restant simple, l’enseignant rapproche ses discours
de la structure de l’écrit et qu’il présente d’autres modèles permettant le développement des habiletés dans le domaine
de la syntaxe. Les comptines et formulettes, poèmes, chansons, sont très utiles pour engranger des structures et des
manières de dire plus élaborées que le langage ordinaire. Si l’on prend pour exemple la formulette bien connue « Où
vas-tu ? Que fais-tu ? M’entends-tu ? », il est fort probable que cette façon de poser des questions jouant sur l’inversion
sujet-verbe ne ressemble pas aux formulations ordinaires auxquelles sont habitués la plupart des enfants et peut même
leur paraitre étrange. Elle fera l’objet d’une attention particulière en compréhension comme en production.
Il incombe donc à l’école maternelle de les leur faire découvrir. Les caractéristiques linguistiques guident le choix des
textes à mémoriser ; c’est un critère qui mérite d’être plus largement utilisé.
Les lectures d’albums de littérature de jeunesse sont des voies d’accès privilégiées à la syntaxe de l’écrit.
La comparaison entre les productions orales et écrites est particulièrement précieuse de ce double point de vue (Voir la
dictée à l’adulte, II.4). Les affiches réalisées avec les élèves (comptes rendus d’expériences, retour sur un projet) sont
parfois rédigées sous forme de liste qui exclut les corrélations entre les éléments ou qui privilégie la juxtaposition : « on
a …. » « on a…. » ». Elles peuvent aussi témoigner d’une syntaxe plus élaborée.
Comme pour le lexique, ces compétences se développent dans le cadre de séances intégrées aux activités de la classe
ou de séances spécifiquement dédiées à la langue, en appui sur des objectifs précis toujours définis par l’enseignant en
amont de la séance. Les principes de mise en œuvre développés pour le lexique s’appliquent de la même manière à la
syntaxe : le développement des compétences syntaxiques doit faire l’objet d’une préoccupation quotidienne et être mis en
œuvre dans une approche résolument transversale. Les activités relevant des différents domaines sont potentiellement
des supports pour développer les habiletés dans ce domaine aussi. Il convient de repérer les opportunités et de les
exploiter : la formulation d’une demande, d’une observation en sciences ou la justification d’un choix sont autant de
tâches langagières que les enfants doivent apprendre à gérer.
La progression des apprentissages prendra appui sur les repères de progressivité déclinés à la fin de ce document
et permettra de fixer les priorités propres à chaque section. Les principes mis en avant pour la stabilisation des acquis
lexicaux valent également pour la syntaxe : l’exercice régulier des compétences est impérativement requis pour stabiliser
le maniement des structures de la langue ; cet objectif sera au cœur des séances spécifiques en classe, comme durant
les séances d’aide personnalisée, et les jeux favoriseront la répétition sans laquelle la maîtrise ne peut être atteinte.
Une attention particulière à l’égard des élèves qui en ont le plus besoin.
Les compétences langagières, aussi bien au plan lexical que syntaxique, sont très hétérogènes et il faut aider
particulièrement ces élèves par des sollicitations fréquentes, bien ciblées et génératrices de progrès.
L’enseignante fait systématiquement un effort pour comprendre ce que dit Anicette (alors qu’il est parfois un
peu difficile de reconstituer l’énoncé produit), construisant ainsi une réelle situation de communication avec elle.
D’autres enfants ont verbalisé les actions, avant elle, lui donnant des modèles à suivre ; elle s’appuie sur du
« déjà dit ». L’enseignante se saisit des réussites de l’enfant, complète ses énoncés (qui éliminent la plupart
des mots grammaticaux dont les pronoms et les prépositions), reformule et encourage, lui faisant ainsi prendre
confiance en ses moyens, sans jamais s’acharner à obtenir une réponse canonique que l’enfant, pour le moment,
ne peut pas reproduire.
On peut être étonné par la demande de l’enseignante « Alors, fais-moi une phrase ». Elle ne vise pas la production
d’une phrase canonique mais refuse la phrase réduite à un mot ou deux. De fait, même si l’exigence magistrale
reste floue pour Anicette, la petite fille y répond en allongeant son énoncé et en le complétant. Ces tentatives,
réitérées, vont permettre à l’enfant de comprendre de mieux en mieux cette attente et la combler.
Elle reprend également les énoncés d’autres élèves dont le niveau de langue est bien plus élaboré mais qui
achoppent encore sur certaines constructions : J’ai lancé le ballon par le tapis // J’ai lancé le ballon sur le tapis ;
Elle a sauté le tapis // Elle a sauté par-dessus le tapis.
Face aux difficultés linguistiques que peuvent rencontrer certains enfants, l’enseignant peut être tenté de laisser de côté
l’aspect syntaxique pour se concentrer sur l’acquisition lexicale ; ce serait une erreur car la syntaxe peut être motrice.
Tenir un propos sur le monde environnant, en situation, oblige à mettre en place une phrase centrée sur le verbe avec
des places vides à remplir : sujet et compléments. La voie d’acquisition de la langue seconde passe par la syntaxe8.
Des enfants non francophones, même en GS, peuvent ne communiquer que par l’intermédiaire du mot-phrase donc
d’un énoncé sans syntaxe. Les mettre en position de faire des phrases permet, naturellement, d’utiliser le vocabulaire.
8. Jean-Charles Rafoni, « L’acquisition du vocabulaire en langue seconde », Dossier Eduscol, Textes de références, 2011.
http://cache.media.eduscol.education.fr/file/Dossier_vocabulaire/14/8/JC_Rafoni_111202_avec_couv_201148.pdf
La capacité des enfants à structurer leur syntaxe est étroitement liée à la qualité et à la complexité des énoncés qu’ils
sont invités à produire. À cet effet, l’enseignant devra être extrêmement vigilant à ses modes de questionnement et de
sollicitation : les questions fermées ou les énoncés à trous qui appellent des réponses en un seul mot ne permettent pas
aux élèves de s’engager dans la production d’un énoncé « consistant » et compromettent les progrès dans la maîtrise
de la syntaxe
L’enseignant peut utiliser une très large palette de modes de questionnement efficaces.
Les questions fermées, souvent introduites par des pronoms interrogatifs (qui, à qui, que, qu’est-ce qui, où, lequel,
laquelle), induisent des réponses partielles qui prennent le plus souvent la forme d’un groupe nominal (GN); seul le
passage à l’écrit peut justifier l’exigence d’une phrase complète qui assure l’autonomie sémantique de la réponse.
Ainsi, « ma robe rouge » nous donne peu d’information. Ce groupe nominal peut répondre à diverses questions : « Quel
vêtement préfères-tu ? », « Que cherches-tu dans ton armoire ? » « Que t’a offert ta mamie pour ton anniversaire ? »
C’est l’enchaînement question-réponse qui donne, dans ce cas, tout son sens à l’énoncé.
L’usage des adverbes interrogatifs (quand, comment, pourquoi) induit souvent des phrases plus riches incluant des
compléments de phrase ou des subordonnées circonstancielles en réponse à des questions de fait plus ouvertes.
Le questionnement indirect
C’est une modalité très fertile : « Je me demande si, pourquoi, qui, où … », « Je ne sais pas … », « Je ne comprends pas
pourquoi, comment… ». Utilisé par le maître, ce mode de formulation a pour effet l’intériorisation du questionnement par
le récepteur qui s’investit dans l’élaboration de réponses variées que le maître l’engage à justifier : « Tu es sûr que ? »,
« Tu crois ? » « Est-ce que tu sais ? » Cette stratégie génère une véritable implication dans la prise de parole pour
partager ses connaissances ou exprimer ses croyances.
L’émission d’hypothèses
« Peut-être que… », « Et si… », « Si ça se trouve… », « Je pense que… ». Amorcée par le maître, elle constitue
une formidable ouverture pour enrôler l’enfant dans l’élucidation d’un mystère, l’expression de ses représentations ou
l’explication d’une observation en sciences, l’anticipation d’une action à venir ou de la suite d’un récit.
Le maître ou la marionnette ne comprend pas ou fait mine de ne pas comprendre ce que veut dire l’enfant. Il fait une
remarque incongrue, avance une hypothèse erronée, formule une consigne fantaisiste. C’est là une occasion idéale
pour susciter la production de phrases négatives et la restauration de la bonne réponse. L’implication des enfants est
assurée dans ces situations qu’ils affectionnent particulièrement car ils endossent alors le rôle de « redresseur de
torts ».
Ceci est particulièrement efficace dans la narration (reprise d’histoires connues ou histoires inventées) : « Mais », « Un
jour », « Tout à coup », « Soudain », « Alors », « Puis », « Pendant ce temps ». Leur seule formulation par le maître
enclenche la production d’un énoncé qui atteste le développement de la capacité à se situer dans le schéma narratif et
qui contribue à le renforcer.
C’est là un excellent moyen de susciter le questionnement des enfants. Trop rare dans les séances de langage saturées
par la parole magistrale, le silence du maître permet aux enfants de « se lancer » et d’aller jusqu’au bout de leur
propos en enchaînant plusieurs phrases. L’enregistrement de séances de langage montre que ces occasions sont trop
rarement offertes aux enfants.
Produire des phrases, Produire des phrases de plus Produire des phrases complexes,
même très courtes en plus longues, correctement correctement construites.
Objectifs
construites.
Toutes les situations, Jeux de devinettes sur des objets • Dans le cadre de séances intégrées
toutes les activités et tous très ressemblants nécessitant la en lien avec les différents domaines pour
les objets et supports production : décrire, expliquer, raconter.
constituent des occasions
de développer la qualité • d’une phrase complexe : groupe Pour que les objectifs soient atteints,
du langage des enfants en nominal enrichi, propositions il est indispensable pour l’enseignant
classe. subordonnées ; de formuler en amont avec une grande
précision les objectifs ciblés (ex : poser une
Il convient donc pour • d’une question précise. question en utilisant telle ou telle structure,
le maître d’exercer formuler une phrase négative en utilisant la
Reprise d’une chronologie
en permanence cette double négation, produire une justification
(recette, fabrication d’un objet,
vigilance, de repérer en utilisant « parce que »). L’explicitation
histoire ou récit de vie).
dans sa pratique toutes de ces objectifs est intéressante pour que
les occasions afin de les Prolongement d’une histoire les enfants centrent leurs efforts sur la
exploiter. Le langage ne ou d’une comptine à structure manière de dire les choses, sur « le bien
s’apprend pas seulement répétitive. parler ». Cette même précision s’impose
Situations - Supports
L’enseignant relate devant L’enseignant utilise explicitement L’enseignant utilise tous les temps et met
les enfants les actions en le passé et le futur devant les en scène explicitement l’un d’entre eux,
train de se faire : « j’ouvre enfants, lors d’un rappel de récit lors d’un rappel de récit ou l’anticipation
le robinet, je me lave les ou l’anticipation d’un projet d’une sortie, par exemple
mains » ou « Maëva prend
le savon » puis demande Il rectifie les énoncés des enfants : Formuler des projets vécus ou à venir
Situations - Supports
« Si j’étais… »
Produire des énoncés Produire des énoncés oraux et Produire un énoncé qui s’inscrit clairement
utilisant « je » et « tu » et écrits qui s’inscrivent dans le dans le passé ou le futur.
le présent de l’indicatif. passé ou le futur.
Maîtriser intuitivement l’usage des temps
Utiliser les diverses frises de la même si la forme n’est pas exacte : « Il
construction du temps social pour faisa. », « Il mourira. ».
Langage mis en oeuvre
récapituler ou se situer :
Maintenir cette cohérence temporelle dans
- frise des anniversaires passés, deux phrases successives, au moins.
présents et à venir
Utiliser des imagiers, de Reprendre et étendre l’utilisation des imagiers de la petite section en privilégiant
Situations - Supports
petites vidéos et faire les images mobiles permettant des classements multiples.
vivre les situations le plus
possible et dans toutes Organiser et hiérarchiser le lexique : regroupements des éléments en
les occasions, de la plus catégories (les habits, les animaux, les fruits, les commerces…) ; correction
quotidienne (l’habillage, des surextensions (ex : l’enfant qui nomme « fraise » tous les fruits rouges) et
par exemple) à des sous-extensions (nommer « bleu » une seule nuance de bleu).
séquences organisées Jeux progressifs de travail sur le lexique, les imagiers, à complexifier suivant le
(autour du jardinage, par niveau de la classe.
exemple).
précision, en situation ou
à partir d’images. Retrouver le critère de tri d’une collection constituée.
(En situation de jeu au sein d’un atelier, en appui sur une grille d’observation.)