Santé Mentale Et Périnatale
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OBJECTIF DU COURS
Le présent cours vise la compréhension des enjeux liés à la santé mentale pendant la
période périnatale.
PLAN DU COURS
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Par Dr Ovambe
École des Sciences de la Santé (UCAC) Cours de Santé mentale et périnatale
INTRODUCTION
Enfin, la psychologie clinique se doit, pour une santé globale, de relever le défi de
s'opposer au clivage psyché/soma qui parasite le soin médical occidental. En périnatalité, les
processus de maternalité et d'épigenèse du fœtus/bébé sont constitutifs d'une intrication
somato/psychique. De même, l'intrication somato/psychique de la paternalité est moins
évidente mais tout aussi présente. Toute approche soignante doit éviter la tendance à
l'hypermédicalisation déshumanisante de la parentalité et de la naissance, en intégrant
l’aspect psychologique de la périnatalité.
3.1.1. Souffrance
Selon l’OMS, la souffrance « qualifie un être qui supporte, endure, ou subit une
douleur physique et morale, un état de mal-être, c'est-à-dire un sentiment de non-adaptation
au monde, d'étrangeté aux êtres et aux choses, d'indifférence douloureuse ».
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La souffrance psychique quant à elle renvoie selon cette même organisation mondiale
à « un état de mal-être qui n’est pas forcément révélateur d’une pathologie. Elle indique la
présence de symptômes ne correspondant pas à des critères diagnostics de maladie et qui
peuvent être réactionnels à des situations éprouvantes et à des difficultés existentielles ». Elle
résulte de diverses situations telles que la maladie, la pauvreté, l’exclusion ou la précarité.
3.1.3. Périnatalité
Dans le cadre de la santé mentale, la périnatalité est nettement plus large. Elle débute
avec la gestation et s'étend, selon les référentiels, jusqu'aux ancestraux quarante jours
post-partum, aux trois premiers mois, ou encore, à la fin de la première année. Il est
question ici de la zone qui va de la gestation à la fin de la première année du bébé, tout en
acquiesçant la pertinence d'une ponctuation aux quarante jours et à la fin du congé maternité.
La définition que l’OMS donne au concept santé mentale n’est pas restreinte, elle
s’étend bien au-delà de l’aspect psychiatrique habituel, puisque qu’elle renvoie au fait de
« posséder une bonne santé mentale, c’est parvenir à établir un équilibre entre tous les
aspects de sa vie physique, psychologique et sociale ». La santé mentale est de ce fait définie
par l’OMS comme « un état de bien-être permettant à chacun de reconnaître ses propres
capacités, de se réaliser, de surmonter les tensions normales de la vie, d’accomplir un travail
productif et fructueux et de contribuer à la vie de sa communauté ». En termes simples, il
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s’agit d’« un état de bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en
l’absence de maladie ou d’infirmité ».
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La santé mentale est un élément de la santé globale et est intimement liée à la santé
physique. En fait, la santé mentale et la santé physique sont indissociables (Mantoura, 2014).
Elle est déterminée par des facteurs sociaux, psychologiques et biologiques (WHO, 2018).
C’est en fait un état positif caractérisé par un sentiment de bien-être, une estime de soi, un
optimisme, la maîtrise de son état de vie actuel ainsi que par l’habileté d’initier, de
développer et de soutenir des relations personnelles satisfaisantes (Foresight Mental Capital
and Wellbeing Project, 2008). Elle se pose ainsi comme une ressource essentielle pour les
individus et nécessite d’être protégée, alimentée et soutenue (Doré et Caron, 2017; Mantoura
et al, 2017).
Durant les dernières décennies, la santé mentale était définie comme l’absence de
troubles mentaux (modèle du continuum unique) (Doré et Caron, 2017; Keyes, 2002). Une
nouvelle conceptualisation de la santé mentale dans sa dimension positive (OMS, 2001)
suggère qu’elle serait mieux définie par le bien-être (Doré et Caron, 2017; Keyes, 2002).
Cette définition holistique est représentée par le modèle des deux continuums. On
peut y voir :
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Le bien-être psychologique concerne la manière dont les personnes vivent leur vie
plutôt que des situations particulières de leur vie; certaines personnes ressentent un bien-être
psychologique même si elles rencontrent des situations difficiles dans leur vie. Il se définit
comme étant un état positif de fonctionnement psychologique qui permet aux individus
d’atteindre leur potentiel et d’accomplir des objectifs significatifs. Il est variable dans le
temps : il est influencé par les expériences de vie de l’individu et l’environnement dans lequel
il évolue. Keyes regroupe ces éléments en 6 dimensions, basées sur l’échelle de Ryff (Keyes,
2007, Ryff,1989) :
1. Acceptation de soi : avoir des attitudes positives envers soi-même;
2. Croissance personnelle : être conscient de son propre potentiel, avoir un sentiment
de développement continu;
3. Sens de la vie : trouver que sa vie a un sens et une direction;
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La périnatalité est une période pendant laquelle la santé mentale des acteurs en jeu est
mise à rude épreuve. Le processus qui conduit à la naissance d’un nouvel être humain, même
normal, est chargé en émotions. Lorsqu’il est encore émaillé de complications, la santé
mentale devient un réel défi, tant pour l’embryon/fœtus/bébé, les parents, la fratrie, que pour
le personnel soignant.
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- Stress
Chez la rate gestante soumise à un stress, la conséquence est, notamment, le
raccourcissement de la durée de gestation (Roegiers, Molenat, 2011). En laboratoire, chez la
femme (non gestante), le stress entraîne des contractions utérines ; à l'inverse, cette fois chez
la femme enceinte, la relaxation diminue le nombre de CU, d'où un intérêt thérapeutique des
techniques dites corporelles.
- Anxiété
Aucune étude n'a prouvé de lien entre prématurité et anxiété qu'elle soit état ou
anxiété-trait (Dayan, 1999). Par contre, l'annonce de la MAP génère de l'anxiété.
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- Dépression anténatale
Les études ne trouvent pas de lien vraiment direct entre MAP et dépression, sauf dans
la population socialement défavorisée chez qui les autres facteurs de risque sont intriqués :
comportements à risque, isolement, mauvaise utilisation des circuits de soin, addictions,
manque de considération pour son corps, retard à consulter.
- Attitude psychologique globale face à la grossesse
Que ce soit par la mesure de l' « investissement de la grossesse » (De Muylder et al.,
1992) ou l' « attitude envers la grossesse » (Mamelle et al., 1997), les chercheurs trouvent un
lien direct entre les difficultés psychologiques liées à la grossesse et le risque d'accouchement
prématuré.
- Personnalité de la parturiente à risque d'accouchement prématuré
Chez les femmes qui ont accouché prématurément, on trouverait des traits de
personnalité communs : des femmes plus nerveuses, anxieuses, dépendantes et immatures,
narcissiques, ayant plus de préoccupations corporelles notamment des difficultés à assumer
les transformations physiques de la grossesse, une fragilité de l'identité féminine. Elles
auraient une image maternelle dominante, la mère étant un modèle ou au contraire un anti-
modèle absolu.
- Hypothèse psychanalytique
Selon Racamier (1984), « la décompensation somatique de la grossesse » serait la
manifestation d'un conflit inconscient qui, pendant les derniers mois de la grossesse, se
jouerait entre deux pulsions opposées, l'une qui vise à retenir le fœtus, l'autre à l'expulser
selon H. Deutsch (1987). Cette ambivalence conflictuelle peut alors aboutir à ce compromis
qu'est le symptôme prématurité selon Le Vaguerese (1983). La MAP serait l'expression
somatique d'une détresse psychique (Alexander, Slater, 1987).
Pour Alexandre, « Le support social et affectif sert de contenant psychique aux
angoisses de la femme enceinte qui peut alors à son tour contenir la grossesse et le bébé. Ce
rôle de contenant psychique peut être dévolu aux soignants ».
- Conséquences psychologiques de la prématurité
L'ambiance d'urgence, de stress, de drame qui entoure l'accouchement prématuré, la
rupture brutale du lien in utero, ou pire, la séparation physique brutale survenant avant la
bascule entre l'état de grossesse et l'attente d'un enfant, la privation des premières interactions
visuelles, sensorielles précoces, de la première tétée, si importantes dans le processus
d'attachement, la culpabilité, le sentiment d'incompétence – « pas capable » de donner la vie
« normalement », « moins bien que [sa] mère », d'avoir fabriqué un petit pas fini, si
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vulnérable, de ne pas avoir rempli son contrat vis-à-vis du père et conjoint –, le sentiment
d'être dépossédée de son bébé au profit de professionnels qui savent faire, eux, tous ces
sentiments engendrent angoisse, frustration, honte, blessure narcissique et un sur-risque de
dépression postnatale.
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