Principes Et Outils de L'enquête en Sociologie
Principes Et Outils de L'enquête en Sociologie
Principes Et Outils de L'enquête en Sociologie
- L’enquête, qui consiste à mobiliser ou produire des données et à les analyser, est un
pilier constitutif de la discipline sociologique.
- Aucun discours est plus vrai qu’un autre.
- C'est le cas lorsque l'environnement social ancre dans l'esprit des individus une idée
considérée comme vraie. Ceci peut s'opérer par le biais de la socialisation familiale, ou
plus généralement à travers certains discours communs, ou encore à travers les
propos de personnes à qui l'on accorde un certain prestige, qui font "autorité".
- Le risque d'admettre des idées ou des affirmations comme vraies sans les interroger
est également très présent lorsque les personnes ont une conviction, une croyance
forte (d'ordre politique ou religieux par exemple), lorsqu'elles adhèrent à un dogme. La
croyance fonctionne alors comme une grille de lecture qui façonne les représentations
du monde social et amène les individus à considérer telle ou telle affirmation comme
vraie (ou fausse), en dehors toute tentative de mise en question ou de vérification.
- L’erreur sincère, l'opinion erronée peuvent également être favorisées par le caractère
très visible, voire spectaculaire de certains aspects de la vie sociale ou de certains
événements, qui s'imposent au regard et donnent du réel une image déformée.
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- Le sociologue devra prêter une attention toute particulière aux mots qu'il emploie.
Certains termes en effet, fréquemment utilisés dans l'espace public, politique,
médiatique…, sont porteurs d'une pluralité de sens et/ou sont tellement connotés que
les utiliser dans le cadre d'un travail scientifique devient difficile. Il faut alors soit les
définir clairement, soit en adopter d'autres4. Ainsi, des catégories comme "les
pauvres" - ou "les riches", "le peuple" - ou "l'élite", la "jeunesse", la "précarité", l'
"égalité", l' "intégration" (et bien d'autres…) nécessitent un véritable travail de
reconstruction pour être reprises à leur compte par les sociologues.
« La sociologie ne consiste pas à émettre des opinions ou des jugements sur la marche
des choses. (…) La sociologie est une discipline empirique, ce qui signifie qu'elle
s'appuie sur des faits dégagés avec méthode. (…) L'étudiant prudent lira de la
sociologie en se demandant à chaque fois : "Mais comment l'auteur sait-il cela ?" et
encore "par quels moyens parvient-il à cette conclusion ?" » (Brochier, 2015, p. 17).
• Un travail de définition de l’objet
• Soit le sociologue travaille à partir de données qu'il n'a pas lui-même produites. Il
peut s'agir de données statistiques élaborées par des instituts spécialisés (tels que
l'INSEE par exemple), ou par d'autres types d'organismes (par exemple, les chiffres
sur les accidents du travail produits par la Sécurité Sociale, ou bien les statistiques
produites à partir des dossiers de patients dans un hôpital, ou encore des données
électorales). Il peut s'agir également de tout autre type de données non chiffrées, par
exemple : des CV, des petites annonces, des témoignages parus dans la presse, des
messages sur des forums Internet, … Toute sorte de document, d'archive, de trace,
de chiffres ou de contenus peuvent faire l'objet d'une analyse sociologique et être
constitués en "données" pour le sociologue ;
• Pour mener une enquête, le sociologue va travailler non pas directement sur "le réel", mais sur
une série d'aspects sélectionnés à partir desquels il va constituer ce que l'on appelle les
« données". (Exemple d'un sociologue qui souhaiterait travailler sur « l'engagement politique
chez les jeunes »).
• Entre l'énoncé initial d'un objet ou d'une thématique d'étude, et les caractéristiques de
l'enquête mise en oeuvre et des terrains/populations investigués, se déploie tout un processus
de redéfinition, sélection, recherche ou production des données pertinentes :
• sélection par une définition limitative de l'objet d'étude
• sélection également par un nombre nécessairement restreint de cas concrets
enquêtes : voilà donc les deux e ets qui amènent à conclure que ce qu'on
appelle les "données", qui représentent la matière première de l'analyse, ne
couvrent jamais exactement l'ensemble de la réalité étudiée dans tous ses
aspects.
Nous abordons ici le troisième et dernier point fondamental qui caractérise une démarche
d'enquête sérieuse. Il s'agit de la capacité à respecter simultanément les deux impératifs de tout
travail sociologique :
• d'une part, appréhender et décrire la vie sociale dans sa dimension concrète, empirique ;
“La sociologie n'est pas une science descriptive. Elle peut utiliser la statistique et
produire des données statistiques, mais n'a pas pour objectif la comptabilité des faits
sociaux. A la différence de la démographie, la sociologie de la famille, par exemple, ne
compte pas le nombre de mariages, de PaCS. Elle cherche à repérer les facteurs
sociaux qui conduisent certaines personnes à se marier, à se pacser, et à comprendre les
raisons que ces personnes donnent pour expliquer leur choix d'avoir noué ce type de lien
officiel. Il en sera de même pour "l'entrée" dans le chômage, dans le musée, dans un
stade, dans telle maladie“ (De Singly & al., 2013, p. 21).
Le sociologue Charles Wright Mills (1967) a bien formulé les deux erreurs qui guettent le
sociologue "unijambiste" :
• s'en tenir au niveau théorique sans se donner la peine de confronter ses idées à des données
empiriques revient à "penser sans observer", et à produire ce qu'il nommait avec des
majuscules ironiques la "Suprême Théorie" : adeptes du "montage et démontage de
concepts", les sociologues qui la pratiquent "ne peuvent s'abaisser à observer. Jamais, au nom
de leur Haute Théorie, ils ne quitteront les généralités pour affronter les problèmes dans leur
contexte historique et structurel" (p. 36).
• mais l'empirisme seul, sans théorie, n'est pas plus pertinent sociologiquement : Wright Mills
parle d' "empirisme abstrait" lorsque les sociologues se concentrent uniquement sur le recueil
de données, accumulent des descriptions et des mesures, multiplient les sophistications des
protocoles d'enquêtes, mais ne donnent pas de sens aux données ainsi recueillies. Ces
sociologues "observent sans penser ».
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Conclusion chapitre 1 :
• Idéalement, une question de départ met en relation des éléments empiriques, concrets
avec des éléments conceptuels, abstraits.
Pour Max Weber et les tenants de l'approche compréhensive par exemple, l'explication
d'un phénomène social se situe essentiellement dans la signification que les individus
donnent à leurs actes. Elle est à rechercher dans la conscience des personnes, elle est
intérieure. Pour la découvrir, il faut passer par les opinions individuelles et rechercher les
principes et les valeurs qui orientent les comportements“ (Quivy & Van Campenhoudt,
1988, p. 93).
c. Clarté de la formulation