Principes Et Outils de L'enquête en Sociologie

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Principes et outils de l’enquête en sociologie

Chapitre 1 : L’esprit d’enquête en sociologie.


Principaux points du chapitre 1 :
- Se fonde sur une curiosité a l’égard du monde social et sur une vigilance qui passe par
la mise à distances des prénotions et apparences.
- Doit tenir compte à la fois la dimension descriptive et la dimension interprétative de
l’enquête.

1. Une curiosité sincere :

- Volonté de découvrir sans préjugés.

2. Une vigilance critique :

- L’enquête, qui consiste à mobiliser ou produire des données et à les analyser, est un
pilier constitutif de la discipline sociologique.
- Aucun discours est plus vrai qu’un autre.

2.1 Mettre a distance le “sens commun“ :

- Le philosophe Gaston Bachelard a particulièrement bien formulé cette nécessité, pour


toutes démarches scienti ques, de s’a ranchir des opinions et de sortir de l’illusion du
savoir immédiat. C’est ce qu’il nomme la “rupture épistémologique“ : Il s’agit de
rompre avec les idées et les représentations communes pour adopter un autre regard,
celui du scienti que.

- C'est le cas lorsque l'environnement social ancre dans l'esprit des individus une idée
considérée comme vraie. Ceci peut s'opérer par le biais de la socialisation familiale, ou
plus généralement à travers certains discours communs, ou encore à travers les
propos de personnes à qui l'on accorde un certain prestige, qui font "autorité".

- Le risque d'admettre des idées ou des affirmations comme vraies sans les interroger
est également très présent lorsque les personnes ont une conviction, une croyance
forte (d'ordre politique ou religieux par exemple), lorsqu'elles adhèrent à un dogme. La
croyance fonctionne alors comme une grille de lecture qui façonne les représentations
du monde social et amène les individus à considérer telle ou telle affirmation comme
vraie (ou fausse), en dehors toute tentative de mise en question ou de vérification.

- L’erreur sincère, l'opinion erronée peuvent également être favorisées par le caractère
très visible, voire spectaculaire de certains aspects de la vie sociale ou de certains
événements, qui s'imposent au regard et donnent du réel une image déformée.
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- Le sociologue devra prêter une attention toute particulière aux mots qu'il emploie.
Certains termes en effet, fréquemment utilisés dans l'espace public, politique,
médiatique…, sont porteurs d'une pluralité de sens et/ou sont tellement connotés que
les utiliser dans le cadre d'un travail scientifique devient difficile. Il faut alors soit les
définir clairement, soit en adopter d'autres4. Ainsi, des catégories comme "les
pauvres" - ou "les riches", "le peuple" - ou "l'élite", la "jeunesse", la "précarité", l'
"égalité", l' "intégration" (et bien d'autres…) nécessitent un véritable travail de
reconstruction pour être reprises à leur compte par les sociologues.

2.2. Mettre les évidences à l’épreuve des faits :

« La sociologie ne consiste pas à émettre des opinions ou des jugements sur la marche
des choses. (…) La sociologie est une discipline empirique, ce qui signifie qu'elle
s'appuie sur des faits dégagés avec méthode. (…) L'étudiant prudent lira de la
sociologie en se demandant à chaque fois : "Mais comment l'auteur sait-il cela ?" et
encore "par quels moyens parvient-il à cette conclusion ?" » (Brochier, 2015, p. 17).
• Un travail de définition de l’objet

• Considérer la complexité des faits sociaux

2.3. Des données à (re)construire :

a. Données produites par le sociologue et données préexistantes

• Soit le sociologue travaille à partir de données qu'il n'a pas lui-même produites. Il
peut s'agir de données statistiques élaborées par des instituts spécialisés (tels que
l'INSEE par exemple), ou par d'autres types d'organismes (par exemple, les chiffres
sur les accidents du travail produits par la Sécurité Sociale, ou bien les statistiques
produites à partir des dossiers de patients dans un hôpital, ou encore des données
électorales). Il peut s'agir également de tout autre type de données non chiffrées, par
exemple : des CV, des petites annonces, des témoignages parus dans la presse, des
messages sur des forums Internet, … Toute sorte de document, d'archive, de trace,
de chiffres ou de contenus peuvent faire l'objet d'une analyse sociologique et être
constitués en "données" pour le sociologue ;

• Soit le sociologue travaille à partir de données qu'il a lui-même produites, en


mettant en oeuvre une méthode d'enquête comme le questionnaire, les entretiens ou
l'observation ethnographique.
b. Les données sont une approximation du réel

• Pour mener une enquête, le sociologue va travailler non pas directement sur "le réel", mais sur
une série d'aspects sélectionnés à partir desquels il va constituer ce que l'on appelle les
« données". (Exemple d'un sociologue qui souhaiterait travailler sur « l'engagement politique
chez les jeunes »).
• Entre l'énoncé initial d'un objet ou d'une thématique d'étude, et les caractéristiques de
l'enquête mise en oeuvre et des terrains/populations investigués, se déploie tout un processus
de redéfinition, sélection, recherche ou production des données pertinentes :
• sélection par une définition limitative de l'objet d'étude
• sélection également par un nombre nécessairement restreint de cas concrets
enquêtes : voilà donc les deux e ets qui amènent à conclure que ce qu'on
appelle les "données", qui représentent la matière première de l'analyse, ne
couvrent jamais exactement l'ensemble de la réalité étudiée dans tous ses
aspects.

3. Décrire les faits sociaux et les interpréter :

Nous abordons ici le troisième et dernier point fondamental qui caractérise une démarche
d'enquête sérieuse. Il s'agit de la capacité à respecter simultanément les deux impératifs de tout
travail sociologique :

• d'une part, appréhender et décrire la vie sociale dans sa dimension concrète, empirique ;

• d'autre part, expliquer, interpréter, donner un sens aux réalités étudiées.

“La sociologie n'est pas une science descriptive. Elle peut utiliser la statistique et
produire des données statistiques, mais n'a pas pour objectif la comptabilité des faits
sociaux. A la différence de la démographie, la sociologie de la famille, par exemple, ne
compte pas le nombre de mariages, de PaCS. Elle cherche à repérer les facteurs
sociaux qui conduisent certaines personnes à se marier, à se pacser, et à comprendre les
raisons que ces personnes donnent pour expliquer leur choix d'avoir noué ce type de lien
officiel. Il en sera de même pour "l'entrée" dans le chômage, dans le musée, dans un
stade, dans telle maladie“ (De Singly & al., 2013, p. 21).

Le sociologue Charles Wright Mills (1967) a bien formulé les deux erreurs qui guettent le
sociologue "unijambiste" :
• s'en tenir au niveau théorique sans se donner la peine de confronter ses idées à des données
empiriques revient à "penser sans observer", et à produire ce qu'il nommait avec des
majuscules ironiques la "Suprême Théorie" : adeptes du "montage et démontage de
concepts", les sociologues qui la pratiquent "ne peuvent s'abaisser à observer. Jamais, au nom
de leur Haute Théorie, ils ne quitteront les généralités pour affronter les problèmes dans leur
contexte historique et structurel" (p. 36).
• mais l'empirisme seul, sans théorie, n'est pas plus pertinent sociologiquement : Wright Mills
parle d' "empirisme abstrait" lorsque les sociologues se concentrent uniquement sur le recueil
de données, accumulent des descriptions et des mesures, multiplient les sophistications des
protocoles d'enquêtes, mais ne donnent pas de sens aux données ainsi recueillies. Ces
sociologues "observent sans penser ».
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Conclusion chapitre 1 :

Chapitre 2 : Élaborer un questionnement sociologique.

Principaux points du chapitre 2 :


-N’importe quel sujet peut être traité de façon sociologique…
- … mais n’importe quelle question n’est pas sociologique
- Une bonne question de départ doit répondre a certains critères
- La question de départ doit être retravaillée dans une phase exploratoire
- La phase exploratoire permet de construire un objet sociologique
- Les hypothèses, réponses provisoires aux questions de recherche, sont une aide dans
l’avancement du travail
1. Le choix du sujet : ne rien s’interdire.

1.2. Tout est intéressant (même le banal et l’ordinaire)

1.3. “On ne se baigne jamais deux fois dans le même euve“


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2. Formuler une question de départ

2.1. La nécessité d’une question

2.2. Qu’est qu’une bonne question de départ ?

a. Articuler concepts et éléments empiriques

• Idéalement, une question de départ met en relation des éléments empiriques, concrets
avec des éléments conceptuels, abstraits.

b. Ni descriptive ni scolastique : qu’est qu’une question sociologiquement pertinente ?


Il est important également de garder en tête qu'une question sociologique ne vise pas
nécessairement la recherche des causes d'un phénomène social :

“De nombreux chercheurs, débutants ou non, éprouvent des difficultés à raisonner


autrement qu'en termes de relations causales. Pour beaucoup d'entre eux, "comprendre"
est toujours synonyme de "rechercher les causes". Comprendre l'échec scolaire, le
suicide, le chômage, cela ne peut consister, pour eux, qu'à en rechercher les causes.
Pourtant il existe d'autres approches qui sont souvent plus éclairantes et plus
appropriées.

Pour Max Weber et les tenants de l'approche compréhensive par exemple, l'explication
d'un phénomène social se situe essentiellement dans la signification que les individus
donnent à leurs actes. Elle est à rechercher dans la conscience des personnes, elle est
intérieure. Pour la découvrir, il faut passer par les opinions individuelles et rechercher les
principes et les valeurs qui orientent les comportements“ (Quivy & Van Campenhoudt,
1988, p. 93).
c. Clarté de la formulation

d. Le critère de faisabilité : être réaliste


3. Travailler la question de départ : la phase exploratoire

3.1. L’exploration documentaire


3.2. Le terrain exploratoire

4. Construire un objet sociologique


5. Vers une problématique

6. Les hypothèses : des outils pour avancer

• Concrètement, la formulation rigoureuse d’une hypothèse doit respecter au moins deux


principes :
• Une hypothèse est engageante.
• Une hypothèse doit pouvoir se prêter à la véri cation empirique.
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