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EVOLUTION DE LA RICHESSE GLOBALE DU

MAROC 1999 - 2013

Juillet 2015
« Nous invitons le Conseil économique, social et environnemental,
en collaboration avec Bank Al Maghrib et les institutions nationales
concernées, et en coordination avec les institutions internationales
spécialisées, à entreprendre une étude permettant de mesurer la valeur
globale du Maroc entre 1999 et fin 2013 ».

Extrait du discours Royal


du 30 juillet 2014
PLAN

Synthèse et enseignements .......................................................................................... 3

1. Contexte, démarche et approche globale de l'étude.............................................. 9

2. Epargne nette ajustée et richesse globale.............................................................. 23

3. Capital immatériel, évolution et déterminants...................................................... 37

4. Richesse naturelle..................................................................................................... 59
Terres cultivées......................................................................................................... 64
Terres pastorales...................................................................................................... 80
Ressources halieutiques........................................................................................... 92
Aires protégées...................................................................................................... 103
Richesses forestières.............................................................................................. 112
Ressources minières............................................................................................... 127
Ressources énergétiques ...................................................................................... 139

5. Capital produit........................................................................................................ 147


Machines, équipements et structures................................................................... 149
Foncier urbain . ...................................................................................................... 159

6. Avoirs extérieurs nets............................................................................................ 165


Position financière extérieure globale.................................................................. 167

ANNEXES..................................................................................................................... 177
EVOLUTION DE LA RICHESSE GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Synthèse et enseignements
L’évaluation de la richesse du Maroc, objet de ce rapport, est le premier exercice du genre dans
notre pays. Elle s’inscrit dans la continuité de la vision Royale où le bien-être de la population et
la durabilité du développement sont au centre des préoccupations des politiques publiques. Selon
l’approche adoptée, la politique de développement est abordée comme une problématique de
gestion d’un portefeuille dont les composantes sont les différentes ressources du pays. Le rôle
central accordé à l’investissement dans le capital humain en particulier met le citoyen au cœur de
cette approche.

La méthodologie d’estimation de la richesse telle que développée par la Banque Mondiale dans les
années 90, se base sur deux évaluations parallèles. Celle de la richesse globale par l’actualisation
des consommations nationales futures et celle des différentes composantes de la richesse
matérielle en distinguant ce qui est produit de ce qui est naturel. Le capital immatériel est obtenu
en déduisant de la richesse globale les richesses produites et naturelles ainsi que la valeur des
avoirs extérieurs nets de la nation.

La notion de durabilité est appréhendée à travers le calcul de l’épargne nette ajustée. Ce concept
est une extension de l’épargne nationale brute de laquelle sont déduits les épuisements des
ressources naturelles et produites, mais augmentée des dépenses d’éducation. Ces dernières sont
considérées comme un investissement dans le capital humain. Lorsque cette épargne est négative,
son montant est déduit de celui des flux futurs de consommation pour le calcul de la richesse
globale.

Comme toute approche, la méthodologie de la Banque Mondiale a certaines limites. En particulier,


le capital immatériel n’est évalué que de manière indirecte sans distinction entre ses différentes
sous-composantes. En outre, l’application de cette méthodologie est fortement exigeante en
données, un problème majeur dans les pays en développement où les systèmes statistiques ne
sont souvent pas en mesure de répondre de manière satisfaisante à ces besoins.

Dans la présente évaluation, la méthodologie de la Banque Mondiale a été adaptée pour mieux
tenir compte des spécificités marocaines. Cette adaptation a été réalisée en étroite concertation
avec les institutions nationales concernées conformément aux directives Royales. Elle a consisté
notamment en une extension du périmètre de la méthode aux ressources halieutiques et à
l’utilisation de données et de paramètres qui reflètent mieux le contexte national. En outre, un
nouvel ajustement conceptuel que la Banque Mondiale compte introduire dans les futures éditions
de son rapport sur la richesse des nations, a été pris en considération. Il s’agit de la déduction des
dépenses d’éducation des flux futurs de consommation servant au calcul de la richesse totale. Ce

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changement se justifie par le fait que ces dépenses sont un investissement dans le capital humain
plutôt qu’une consommation finale.

Le premier résultat qui ressort de la mise en œuvre de cette approche est que le Maroc est sur
un sentier de croissance largement soutenable. Son épargne nette ajustée se situe en moyenne à
18,5% du PNB entre 1999 et 2013. Ce constat est prévisible dans la mesure où le développement
économique ne se base pas sur une exploitation de richesses abondantes comme c’est le cas de
plusieurs pays de la région.

Entre 1999 et 2013, la richesse globale du Maroc s’est appréciée annuellement de 5,7% à prix
courants, passant de 5904 milliards de dirhams à 12833 milliards. A prix constants de 2007, elle
s'est appréciée de 4% annuellement.

L’analyse de la structure de cette richesse à prix constants montre qu’elle s’apparente davantage
à celles observées dans les pays développés, avec une prédominance du capital immatériel dont
la part moyenne entre 1999 et 2013 s’élève à 71,8%. Ce constat majeur redimensionne à sa
juste valeur le rôle des composantes matérielles dans la création et l’accumulation des richesses. Il
interpelle toutefois sur le contenu de cette richesse intangible. Les études de la Banque Mondiale
pour certains pays montrent qu’elle se compose essentiellement du capital humain. Or, la faible
qualité de ce dernier qui constitue, l’un des principaux défis auxquels fait face notre pays, soulève
des questions sur sa valeur monétaire et son évolution.

Les résultats de certaines études internationales1 indiquent que c’est dans ce domaine que des
potentialités énormes restent à exploiter. Ils indiquent qu’une amélioration d’un indicateur comme
le nombre moyen d’années de scolarisation de 2 ans2 est associée à une augmentation de plus
de moitié de la richesse d’un pays du même niveau que le Maroc. Toutefois, vu que cet indicateur
concerne la population de 25 ans et plus, un tel objectif est difficile à atteindre à moyen terme.

Il est important de souligner à cet égard que le problème de l’éducation n’est pas lié à un manque
de moyens ou de volonté. Le Maroc enregistre un ratio des dépenses d’éducation au PIB parmi les
plus élevés au monde avec une moyenne entre 1999 et 2013 dépassant les 5%. Le problème est
celui de l’efficience dans l’utilisation des ressources qui est lié à l’efficacité des réformes au niveau
de ce secteur.

Sur le plan institutionnel, malgré les efforts déployés au cours des 15 dernières années en matière
de réformes et d’ouverture démocratique, notre pays continue de faire face à des défis importants
comme l’indique certains indicateurs publiés par les organismes internationaux, en particulier

1 Suzana Ferreira et Kirk Hamilton: Comprehensive Wealth, Intangible capital and development. PRWP, Banque Mondiale 2010.

2 Nécessaire pour le Maroc pour rattraper son retard par rapport aux pays arabes.

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EVOLUTION DE LA RICHESSE GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

ceux mesurant la qualité de la gouvernance de la Banque Mondiale et l’attitude de défiance de


la population vis-à-vis de certaines institutions nationales. Toutefois, les données disponibles sur
la confiance au niveau des « enquêtes mondiales sur les valeurs » indiquent une amélioration des
niveaux de confiance dans certaines de ces institutions comme le Parlement, ce qui reflèterait
les résultats des efforts consentis dans ce domaine. En outre, l’accélération de la transition
démocratique amorcée depuis 2011 devrait porter ses fruits au cours des années à venir.

Sur le plan du développement économique, les importants investissements réalisés par notre pays
ces dernières années ont permis de le doter d’importantes infrastructures économique et sociale
qui se reflètent au niveau de l’évolution de son stock de capital produit. Ce dernier a progressé
de 136,2% ou 6,3% annuellement entre 1999 et 2013 et sa part dans la richesse totale est
passée de 20% à 26%. Cependant, l’analyse de certains indicateurs de rendement montrent que
même si l’effort nécessaire est consenti comme l’illustre les taux élevés d’investissement, il y a
toujours une grande marge en matière d’amélioration de l’efficience et de la productivité de ces
investissements. Ce constat confirme que le problème principal au niveau de notre pays n’est pas
un manque de volonté ou de moyens, mais surtout un problème d’efficience dans l’utilisation des
ressources et d’efficacité des réformes. Cette problématique renvoie inéluctablement à celles de la
pratique de l’évaluation des politiques publiques et rappelle également la nécessité d’assurer un
travail préalable aux réformes afin d’assurer les conditions propices à leur réussite.

Pour ce qui est des ressources naturelles, la richesse agricole à prix constants a doublé au cours
de la période, celle des ressources halieutiques a presque septuplé et la richesse en phosphates a
été multipliée par plus de 10. La part du capital naturel globalement est passée de 6% en 1999
à 8,4% en 2013. L’un des défis qui se pose en matière de gestion de ces ressources est celui de
l’exploitation informelle qui revêt des dimensions importantes dans ces cas comme celui de la
forêt ou de la pêche. Le rythme auquel se fait cette exploitation dans certains cas peut remettre
en question la soutenabilité même de la ressource. Le problème est que souvent cette exploitation
constitue la source principale de revenu pour des franges entières de populations défavorisées et
en manque d’opportunités économiques. La situation se transforme en général en un dilemme
pour les pouvoirs publics pour trouver un équilibre entre l’amélioration des conditions de vie de la
population et la préservation de la ressource. Un constat qui rappelle l’importance de la cohérence
et de la globalité des politiques publiques.

Enfin, sur le plan extérieur, les données sur le stock d’avoirs et d’engagements qui renseignent sur
la vulnérabilité externe du pays, montrent que chaque marocain avait à fin 2013 un engagement
net envers le reste du monde équivalant à près de 17 mille dirhams à prix courants. Un montant
qui s’aggrave d’une année à l’autre à un rythme assez soutenu. Il a en effet été multiplié par 2,8
depuis 1999. Ce résultat nous rapelle à l’état de nos comptes extérieurs surtout au niveau de

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la balance commerciale qui n’a cessé de se détériorer au cours de ladite période. Il rappelle en
particulier la nécessité de développer une offre exportable compétitive pour réduire de manière
structurelle la vulnérabilité externe.

Au-delà de ces chiffres, cet exercice constitue un premier pas d’un nouvel agenda de réflexion
sur la richesse immatérielle, son évaluation, l’identification de ses déterminants et au-delà, ses
interactions avec les autres composantes de la richesse et les mécanismes de sa contribution au
développement. Cette réflexion est cruciale dans la mesure où la principale composante de cette
richesse n’est autre que le capital humain dont le développement constitue aujourd’hui le plus
grand défi auquel fait face notre pays et une priorité de la plus haute autorité de l’Etat.

En outre, les résultats obtenus et les enseignements qui en sont tirés montrent son utilité et sa
pertinence. Ils militent pour son enrichissement et sa reconduction d’une manière régulière pour un
meilleur suivi du processus de développement et une amélioration de l’efficacité de nos politiques
publiques. L’appropriation de la méthodologie de mise en œuvre, sa maitrise et le développement
des outils de calculs nécessaires réconfortent davantage cette proposition.

L’élan donné par Sa Majesté le Roi à cette réflexion en dictant la réalisation de ce premier exercice
permettra sans nul doute la poursuite de l’intérêt et de la mobilisation autour de cet agenda au
bénéfice du développement économique et surtout humain de notre pays.

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Richesse du Maroc à prix courants (en millions dirhams)
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

TOTAL 5 903 578 6 114 183 6 237 400 6 493 726 6 706 616 7 036 346 7 495 237 8 002 125 8 601 077 9 345 075 9 952 514 10 619 485 11 349 771 12 048 550 12 833 250

IMMATÉRIEL 4 514 999 4 653 827 4 648 920 4 808 594 4 980 746 5 147 832 5 411 051 5 733 107 6 086 303 6 298 815 6 992 698 7 320 702 7 713 371 8 031 206 8 845 171

AVOIRS EXTÉRIEURS
-197 531 -207 655 -208 457 -166 916 -154 538 -150 662 -159 493 -187 959 -218 497 -265 008 -320 749 -389 188 -438 725 -493 719 -557 326
NETS
CAPITAL PRODUIT
1 201 459 1 267 081 1 374 822 1 409 354 1 448 107 1 600 288 1 750 209 1 915 144 2 131 293 2 420 628 2 501 104 2 758 327 2 927 800 3 177 935 3 327 301
(1) + (2)
Machines, équi-
pements et strucu- 968 918 1 021 840 1 108 727 1 136 576 1 167 829 1 290 555 1 411 459 1 544 471 1 718 784 1 952 120 2 017 019 2 224 457 2 361 129 2 562 850 2 683 307
tres (1)
Foncier urbain (2) 232 540 245 242 266 095 272 778 280 279 309 733 338 750 370 673 412 508 468 509 484 085 533 870 566 671 615 084 643 994

NATUREL 384 651 400 930 422 116 442 695 432 301 438 888 493 469 541 833 601 979 890 640 779 461 929 644 1 147 324 1 333 128 1 218 105

Terres cultivées 196 818 199 642 191 657 197 593 193 287 200 533 228 020 251 499 271 234 285 226 279 330 312 403 335 860 387 849 408 054

Pâturages 146 946 152 628 159 484 168 576 170 715 171 974 188 095 209 195 225 099 231 673 225 390 248 195 260 217 295 287 309 092

Forêt 18 735 19 043 20 549 22 667 23 489 26 575 32 270 35 995 40 443 43 111 38 399 39 355 39 311 42 772 40 423

bois 6 679 7 146 8 412 10 364 11 799 15 221 20 144 23 325 26 794 29 004 25 392 25 887 26 000 28 784 26 813

non bois 12 056 11 897 12 137 12 303 11 690 11 354 12 126 12 670 13 649 14 107 13 007 13 468 13 311 13 988 13 610

Aires protégées 985 1 105 1 202 1 320 1 387 1 448 1 813 2 535 2 728 3 576 3 479 3 831 4 017 4 558 4 772

Halieutiques 7 556 9 524 23 675 24 706 20 176 19 411 25 266 23 710 26 245 35 892 38 571 40 512 43 778 50 096 51 138

Mines 13 384 18 700 25 176 27 417 22 842 18 611 17 571 18 472 35 731 289 708 193 466 283 945 462 807 551 478 403 587

Phosphates 13 326 18 630 24 938 26 918 22 289 18 040 16 746 17 487 34 740 287 552 192 388 282 302 460 014 547 076 396 827

Cuivre - - - - - - - - - - - 89 162 175 159

Fer 26 16 17 17 15 19 72 118 207 594 330 394 706 1 306 2 060

Or 33 45 208 464 507 497 651 715 554 932 428 288 91 100 248

Plomb - - - - - - 4 4 4 17 18 498 1 367 2 425 3 928

Nickel - 9 12 18 31 56 98 149 226 613 301 373 467 396 365

Argent - - - - - - - - - - - - - - -

Zinc - - - - - - - - - - - - - - -

Energies 227 289 374 416 405 335 434 427 499 1 453 827 1 403 1 334 1 087 1 038

Pétrole 60 86 108 106 99 90 87 117 172 470 238 560 571 498 485

Gaz natural 167 203 265 310 305 231 327 286 300 908 577 839 763 590 553

Charbon 0 - 0 0 0 14 19 23 27 74 12 4 - - -

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EVOLUTION DE LA RICHESSE GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013
Richesse du Maroc à prix constants de 2007 (en millions dirhams)

8
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

TOTAL 6 719 565 6 890 824 6 983 025 7 156 664 7 357 738 7 589 693 7 861 385 8 202 340 8 601 077 9 054 914 9 555 718 10 068 836 10 597 903 11 156 850 11 679 666

IMMATÉRIEL 5 218 833 5 311 099 5 310 153 5 341 782 5 409 784 5 483 765 5 618 039 5 832 789 6 086 303 6 278 142 6 625 449 6 962 996 7 246 494 7 596 168 7 984 025

AVOIRS EXTÉRIEURS
-255 986 -254 890 -249 076 -200 978 -190 881 -177 262 -178 176 -198 683 -218 497 -239 664 -318 529 -368 878 -383 086 -418 327 -478 205
NETS
CAPITAL PRODUIT
1 351 772 1 406 364 1 474 779 1 546 115 1 649 418 1 764 258 1 868 836 1 986 559 2 131 293 2 328 710 2 502 120 2 659 196 2 840 821 3 008 360 3 192 731
(1) + (2)
Machines, équipe-
ments et strucutres 1 090 139 1 134 165 1 189 338 1 246 867 1 330 176 1 422 789 1 507 126 1 602 064 1 718 784 1 877 992 2 017 839 2 144 513 2 290 985 2 426 097 2 574 783
(1)
Foncier urbain (2) 261 633 272 200 285 441 299 248 319 242 341 469 361 710 384 495 412 508 450 718 484 281 514 683 549 836 582 263 617 948

NATUREL 404 945 428 251 447 168 469 744 489 417 518 931 552 687 581 675 601 979 687 726 746 678 815 522 893 673 970 649 981 115

Terres cultivées 207 340 213 198 203 109 209 087 217 854 235 485 253 660 269 346 271 234 277 571 296 519 322 116 348 596 381 112 409 976

Pâturages 154 802 162 991 169 014 178 382 192 413 201 948 209 245 224 040 225 099 225 456 239 260 255 912 270 084 290 158 310 547

Forêt 19 736 20 336 21 777 23 986 26 474 31 207 35 899 38 549 40 443 41 954 40 762 40 579 40 802 42 029 40 614

bois 7 036 7 631 8 915 10 967 13 299 17 874 22 409 24 980 26 794 28 226 26 955 26 692 26 986 28 284 26 940

non bois 12 700 12 705 12 862 13 019 13 176 13 333 13 490 13 569 13 649 13 728 13 807 13 887 13 816 13 745 13 674

Aires protégées 1 038 1 180 1 274 1 397 1 563 1 700 2 017 2 715 2 728 3 480 3 693 3 950 4 169 4 479 4 795

Halieutiques 7 960 10 170 25 090 26 143 22 740 22 794 28 107 25 392 26 245 34 929 40 944 41 771 45 438 49 225 51 379

Mines 13 835 20 065 26 511 30 291 27 879 25 341 23 187 21 144 35 731 103 814 124 966 150 451 184 053 203 245 163 384

Phosphates 13 775 19 990 26 261 29 740 27 203 24 563 22 098 20 016 34 740 103 041 124 270 149 581 182 942 201 622 160 648

Cuivre - - - - - - - - - - - 47 65 65 65

Fer 26 17 18 19 18 25 95 135 207 213 213 209 281 481 834

Or 34 48 219 513 619 676 859 819 554 334 277 153 36 37 100

Plomb - - - - - - 6 4 4 6 12 264 543 894 1 590

Nickel - 9 13 19 38 76 129 170 226 220 194 198 186 146 148

Argent - - - - - - - - - - - - - - -

Zinc - - - - - - - - - - - - - - -

Energies 235 310 394 460 494 456 572 489 499 521 534 743 531 401 420

Pétrole 62 92 114 117 121 122 115 134 172 169 153 297 227 183 196

Gaz natural 172 218 279 342 372 315 432 328 300 325 373 445 304 217 224

Charbon 1 - 0 0 0 19 25 27 27 27 8 2 - - -
CHAPITRE 1
CONTEXTE, DÉMARCHE ET APPROCHE
GLOBALE DE L'ÉTUDE
CONTEXTE , DÉMARCHE ET APPROCHE GLOBALE DE L'ETUDE

Contexte, démarche et approche globale de l’étude


Contexte
A l’occasion du discours du Trône du 30 juillet 2014, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a invité :

« le Conseil Economique, Social et Environnemental, en collaboration avec Bank Al-Maghrib et


les institutions nationales concernées, et en coordination avec les institutions internationales
spécialisées, à entreprendre une étude permettant de mesurer la valeur de la richesse globale
du Maroc entre 1999 et fin 2013. L'objet de cette étude n'est pas seulement de faire ressortir la
valeur du capital immatériel de notre pays, mais également et surtout de souligner la nécessité de
retenir ce capital comme critère fondamental dans l'élaboration des politiques publiques, et ce,
afin que tous les Marocains puissent bénéficier des richesses de leur pays ».

Dans le même discours, Sa Majesté le Roi a défini le contexte de cette étude en précisant que :

« le modèle de développement marocain a atteint un seuil de maturité qui nous habilite à adopter
des critères avancés et plus pointus pour évaluer la pertinence des politiques publiques et la portée
de leur impact effectif sur la vie des citoyens. »

La mesure du développement et du progrès est, en effet, une question fondamentale au centre


de nombreux débats aussi bien dans le monde académique, l’opinion publique que parmi les
décideurs. C’est une problématique complexe qui renvoie aux arbitrages en termes de priorités
dans la fixation des objectifs des politiques publiques entre d’une part, les dimensions économique,
humaine, sociale et environnementale et d’autre part, le bien-être de la population à court terme
et celui des générations futures à plus long terme.

Les orientations de Sa Majesté sont claires à cet égard. Le développement ne peut avoir comme
finalité que le bien-être de la population et l’amélioration de ses conditions de vie et ne peut se
faire au détriment des générations futures.

L’adoption de l’approche basée sur la mesure du niveau et de l’évolution de la richesse globale


préconisée par Sa Majesté le Roi dans son discours apparait donc comme un choix naturel
dans ce sens. Cette méthode, développée par la Banque Mondiale dans les années 90, permet
d’aborder la politique de développement comme un problème de gestion de portefeuille dont les
composantes sont les différentes ressources du pays. Le niveau de richesse actuel renseigne sur le
bien-être potentiel de la population dans le futur et sa composition renseigne sur les conditions
de développement. Il permet ainsi de mesurer le progrès avec la dimension durabilité comme axe
central.

11
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Au cours des dernières années, le paradigme de la durabilité est devenu l’un des sujets les plus
importants du débat public sur le développement à l’échelle internationale. En effet, il s’est avéré
que les niveaux élevés de croissance réalisés dans certaines régions du monde pendant plusieurs
années étaient en réalité le résultat non seulement des progrès scientifiques et technologiques
mais également de l’épuisement des richesses naturelles. Plusieurs pays amélioraient le bien-être
de leur population au détriment de celui des générations futures et étaient de ce fait sur des
sentiers de croissance non soutenables.

L’exemple de l’évolution de la richesse halieutique dans certains pays est édifiant à ce titre.
Une surexploitation du stock conduit certes à une augmentation du PIB et des revenus, mais se
répercute négativement sur la régénération des espèces, sur la biodiversité et in fine sur le volume
des captures futures. La hausse du PIB dans le présent se traduit ainsi par sa baisse dans le futur,
indiquant un sentier de développement non soutenable. Il en est de même pour le cas de plusieurs
pays producteurs de pétrole qui, tout en exploitant et bénéficiant de la rente offerte par cette
richesse, épuisent leurs stocks et réduisent le niveau des rentes potentielles pour les générations
futures.

Le Maroc n’est pas producteur de pétrole, mais c’est un pays doté de plusieurs richesses naturelles
qui contribuent à sa croissance économique et permettent d’améliorer les conditions de vie de
sa population. Il est donc essentiel de s’assurer que leur exploitation et leur gestion se fait d’une
manière efficiente et rationnelle et que l’amélioration des revenus présents grâce à ces richesses
ne se fait pas au détriment de leur durabilité et du bien-être des générations futures. Assurer le
suivi de l’évolution annuelle de la valeur de ses richesses naturelles et de celles produites comme
les infrastructures permet, à cet égard, une gestion axée sur la durabilité des ressources et du
développement. C’est dans ce sens que la mesure de la richesse globale d’une nation et de son
évolution renseigne mieux sur la durabilité effective.

La durabilité est un concept complexe à cerner. En effet, au niveau d’une nation, l’épuisement
d’une ressource ou d’une richesse ne peut être considéré comme problématique que dans la
mesure où il est réalisé exclusivement à des fins de consommation. En revanche, l’épuisement
d’une ressource transformée pour en générer une autre ayant un niveau de rente plus élevé n’a
pas nécessairement de conséquence négative sur la richesse globalement sauf si son épuisement a
des impacts négatifs sur les stocks des autres richesses ou cause des dommages environnementaux
ou autres.

Tenant compte de ce souci de durabilité, les études sur la richesse réalisées par la Banque Mondiale
sur un ensemble de 120 pays ont conduit à un résultat majeur. Il s’agit de la prépondérance
du capital immatériel dans la richesse des nations. Celui-ci représente une part autour de 75%
et dépasse généralement les 80% pour les pays développés. Ce résultat qui redimensionne à

12
CONTEXTE , DÉMARCHE ET APPROCHE GLOBALE DE L'ETUDE

sa juste valeur le rôle des composantes matérielles dans la richesse des nations, n’est toutefois
que le début d’un nouvel agenda de réflexion sur la richesse immatérielle, son identification et
son évaluation, ses déterminants et au-delà ses interactions avec les autres composantes et sa
contribution au développement.

Le débat lancé aujourd’hui dans notre pays à l’initiative de Sa Majesté le Roi constitue ainsi une
opportunité précieuse pour avancer sur cet agenda au bénéfice du développement durable de
notre pays et du bien être de sa population.

Les alternatives pour la mesure du progrès

De tous les indicateurs connus comme mesure du développement et du progrès, le PIB est de
loin le plus connu et le plus utilisé. Développé dans les années 40, il mesure ou tente de mesurer
la valeur de marché de tout ce qui est produit par une nation au cours d’une période donnée.
Cependant, depuis quelques années, cet indicateur est de plus en plus critiqué et des appels au
développement d’alternatives pour mieux appréhender le progrès des nations sont de plus en
plus fréquents. C’est un indicateur partiel, qui sous-estime le niveau de revenu réel et un agrégat
moyen qui ne renseigne pas sur la distribution des revenus aussi bien intra-générationnelle
qu’intergénérationnelle.

Tenant compte de ces limites du PIB comme mesure du progrès, plusieurs approches alternatives
ou complémentaires ont été développées, guidées par deux principes fondamentaux. Le premier
est axé sur la dimension humaine par la prise en compte non seulement de l’évolution des revenus,
mesurés par le PIB, mais également des impacts de ces revenus sur le bien-être, notamment
en matière de conditions de vie des populations. L’indice de développement humain calculé et
publié annuellement par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en est
l’exemple le plus connu. Il est calculé sur la base de quatre variables représentant trois dimensions,
à savoir, le revenu, l’éducation et la santé. Plusieurs initiatives postérieures ont essayé de tenir
compte également du ressenti de la population, combinant des indicateurs subjectifs et objectifs,
l’initiative « Vivre Mieux » initiée par l’OCDE étant un exemple à cet égard.

Le deuxième principe est celui de la durabilité du développement qui a donné lieu à l’élaboration
de plusieurs indicateurs de mesure du développement durable, l’objectif étant d’attirer l’attention
sur l’impact des activités humaines sur l’environnement et la Planète. C’est dans ce sens que
s’inscrit l’initiative du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) qui a lancé en
2012 un indice de la richesse inclusive dont la méthodologie est similaires à celle de la Banque
Mondiale pour le calcul de la richesse.

13
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Les travaux de la Commission Stiglitz-Sen-Fitoussi en 2009 sur la mesure de la performance


économique et du progrès social constituent une des références les plus complètes sur la
problématique de mesure du progrès et du développement. Après avoir mis l’accent sur les
insuffisances des mesures classiques, la Commission propose trois orientations principales :
• l’amélioration des mesures classiques (PIB), notamment par l’ajustement de la notion de revenu
telle qu’elle est retenue par la comptabilité nationale pour tenir compte de la production des
services non marchands des ménages et des gains et pertes du capital existant. Elle préconise
également la production d’indicateurs sur la distribution des revenus ;
• la prise en compte de la dimension durabilité du développement en ajustant le PIB et
en développant de nouveaux indicateurs pour tenir compte des dommages causés à
l’environnement et des dépréciations des ressources naturelles. Le système des comptes
économiques et environnementaux intégrés développé au niveau de la Commission Statistique
des Nations Unies constitue un cadre conceptuel pour le développement de quelques-uns de
ces indicateurs. Elle préconise également pour appréhender la durabilité du bien-être, le calcul
de l’épargne nette ajustée, un des thèmes abordés dans le présent rapport ; et
• le développement de nouvelles mesures pour tenter de quantifier la qualité de vie, un concept
plus large que le simple niveau de vie. Il englobe plusieurs facteurs qui rendent la vie meilleure
au-delà du volet purement matériel.

Démarche générale
Comme cela a été clairement énoncé par Sa Majesté le Roi dans le discours du 30 juillet 2014
à l’occasion de la fête du Trône, la présente étude se base sur la méthodologie de la Banque
Mondiale. Au niveau macroéconomique, cette approche reste la plus développée, mais
son application rigoureuse nécessite des données assez détaillées dont une partie n’est pas
disponible. Pour contourner cette difficulté, la Banque Mondiale s'est basée sur des hypothèses
et des approximations qui, tout en permettant d'effectuer les calculs pour un grand nombre de
pays, ne reflètent toutefois que partiellement les réalités et les spécificités des pays considérés
individuellement.

Les Hautes Orientations Royales invitant à s’inspirer de cette approche pour évaluer la richesse de
notre pays constitue, à cet égard, une opportunité pour son adaptation en tenant compte, dans
la mesure du possible, des spécificités du Maroc, aussi bien en termes de données utilisées, de
paramètres adoptés que de champ de couverture.

Dans son discours, Sa Majesté le Roi a insisté sur la nécessité d’adopter une démarche de
concertation impliquant toutes « les institutions nationales concernées, et en coordination avec
les institutions internationales spécialisées ». Il s’agit de capitaliser d’une part sur la technicité

14
CONTEXTE , DÉMARCHE ET APPROCHE GLOBALE DE L'ETUDE

développée aussi bien par la Banque Mondiale que par d’autres institutions comme l’OCDE ou
certaines entités onusiennes comme le PNUE. D’autre part, il faut capitaliser sur la connaissance
accumulée par différentes institutions nationales dans les domaines de leur intervention. C’est
cette orientation Royale qui a guidé la démarche adoptée pour l’évaluation de la richesse du
Maroc au cours des 15 dernières années.

Pour la concrétisation de l’approche, le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) et


Bank Al-Maghrib ont mis en place une organisation composée d’un comité scientifique en charge
du pilotage de l’étude, d’une commission ad ‘hoc en charge de la réalisation du rapport global,
de toutes les commissions permanentes du CESE en charge de rédiger les rapports thématiques et
d’un comité technique en charge du chiffrage et des calculs des différents indicateurs.

Plusieurs rencontres, sous différentes formes (auditions, rencontres, ateliers de travail, réunions
institutionnelles, voire des forums d’échange et de débat) et avec l’ensemble des parties prenantes
concernées par le sujet (Gouvernement, représentants institutionnels, opérateurs économiques,
acteurs de la société civile, organismes internationaux, faiseurs d’opinion, experts...) ont été
organisées.

Parallèlement, une analyse critique de l’existant a été effectuée, notamment de l’approche de


la Banque Mondiale mais également des initiatives développées par d’autres institutions tout en
identifiant les défis, les leviers et recommandations issus des travaux de l’ensemble des commissions
ad ‘hoc et thématiques et qui seront développés au niveau du rapport final.

Concernant ce rapport intermédiaire et une fois la méthodologie de chiffrage validée, le comité


technique s’est consacré à reconstituer les données nécessaires à cette évaluation et à adapter
dans la mesure du possible les paramètres de calcul aux spécificités marocaines. Même lorsque ces
paramètres sont fixés aux niveaux préconisés par la Banque Mondiale des analyses de sensibilité
ont été effectuées pour apprécier l'impact des choix opérés pour ces paramètres.

Dans une deuxième étape, les travaux se sont poursuivis selon deux axes. Le premier a consisté à
l’affinement des calculs, des hypothèses et des méthodes avec l’ensemble des entités nationales
concernées par les composantes de la richesse évaluées. Cette démarche s’est traduite par
plusieurs séances de travail impliquant d’un côté les experts du comité technique et de l’autre
ceux des institutions nationales et internationales concernées. Ces débats ont permis en particulier
de capitaliser sur les travaux et les études déjà réalisés au sein de ces entités.

Sur un deuxième axe, le Comité a procédé à l’évaluation directe de certaines composantes de la


richesse qui ne sont pas prises en compte dans la méthodologie de la Banque Mondiale. Il s’agit
en particulier de l’évaluation des ressources halieutiques du Maroc. Ces travaux se sont concrétisés

15
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

par la mise en place de groupes de travail qui ont été chargés, en collaboration avec des experts
internationaux, de développer les approches nécessaires à ces extensions de calcul de la richesse.

Ce rapport constitue un premier produit de l’étude entreprise suite aux Hautes Orientations de
Sa Majesté le Roi. Il présente les résultats des travaux de chiffrage de la richesse globale et de ses
différentes composantes au cours de la période entre 1999 et 2013. Pour chaque composante,
il commence par un aperçu du secteur concerné en termes de contributions à la production
nationale et à l’emploi avant de présenter l’écosystème institutionnel et les politiques publiques en
la matière. A la fin de chaque chapitre, sont présentées des annexes décrivant la méthode de calcul,
les données utilisées et leurs sources, les hypothèses ainsi que les paramètres adoptés. Le présent
rapport est accompagné de la maquette ayant servi pour le calcul de toutes les composantes de la
richesse nationale et d'un guide méthodologique récapitulant les différentes méthodes utilisées.

Au-delà d’une évaluation ponctuelle

L’exercice d’évaluation de la richesse globale du Maroc fournit un éclairage important sur son
développement au cours des 15 dernières années. Il couvre une période assez longue qui permet
d’apprécier les tendances lourdes de notre développement. Il serait davantage pertinent et utile
de le reconduire sur une base régulière pour en faire un exercice de référence basé sur un véritable
dispositif de collecte de données et de calcul. Il permettra ainsi de calculer annuellement la richesse
du pays et d'évaluer les politiques publiques à la lumière de son évolution.

Approche globale de l’étude


L’idée de l’évaluation du stock de capital au niveau d’une nation date de plusieurs décennies.
Ses motivations les plus récentes résident dans la volonté de préserver les richesses naturelles.
Plusieurs initiatives ont été développées dans ce sens, en particulier au niveau des Nations Unies
et de certaines institutions internationales.

La mise en œuvre de l’évaluation de la richesse à grande échelle au niveau international remonte


aux années 90 avec les travaux initiés par la Banque Mondiale. L’approche telle que développée et
appliquée par cette institution a un soubassement théorique assez simple. La richesse disponible
à une date donnée n’est autre que la valeur actualisée de sa consommation future. Si on suppose
que l’horizon de vie est limité, il suffirait alors d’actualiser les valeurs futures de la consommation
nationale. La notion de consommation dans cette approche est considérée au sens soutenable.
Cette soutenabilité est prise en compte par la déduction de l'épargne nette ajustée lorsque celle-
ci est négative. L’épargne nette ajustée ou épargne véritable est un indicateur plus pertinent que
l’épargne nationale brute, telle qu’établie dans les comptes nationaux. Elle permet d'appréhender
l’évolution du stock du capital au sens large en déduisant en particulier de l'épargne brute,

16
CONTEXTE , DÉMARCHE ET APPROCHE GLOBALE DE L'ETUDE

l'épuisement des richesses naturelles et du stock de capital physique (voir annexe méthodologique).

Cette approche holistique est par la suite mise en cohérence avec une démarche «bottom-up» qui
consiste à évaluer directement les différentes composantes de la richesse. Ces dernières englobent
la richesse naturelle, la richesse produite, les avoirs extérieurs nets et la richesse intangible ou
immatérielle. Théoriquement, en sommant les valeurs de ces composantes, on obient la richesse
totale. Or, l’évaluation directe de ces composantes n’est pas un exercice facile, aussi bien sur le
plan méthodologique que sur le plan de la disponibilité des données. Tel est spécifiquement le cas
pour la richesse immatérielle qui est difficile à cerner même sur le plan conceptuel, son contenu
n’étant pas formellement défini. Certes, il est communément admis qu’elle englobe le capital
humain, institutionnel et social, mais ces sous-composantes ne sont pas clairement identifiées et
difficiles à chiffrer séparément.

Pour contourner cette difficulté, la Banque Mondiale a adopté une approche double qui consiste
à calculer d’une part, la richesse globale et d’autre part, ses composantes produites, naturelles
et les avoirs extérieurs nets. La richesse immatérielle est par la suite déduite comme la différence
entre la richesse totale et ses composantes évaluées directement. Une étape ultérieure dans cette
démarche, lorsque les données le permettent, consiste à évaluer les sous composantes du capital
immatériel. Certains pays ont pu chiffrer le capital humain, recourant notamment à une méthode
basée sur la valeur actuelle des revenus futurs de la population active. Les richesses institutionnelles
et sociales sont ainsi obtenues comme différence entre la richesse immatérielle et le capital humain,
c’est à dire comme un "résidu du résidu". Ces données ne sont malheureusement pas accessibles
au niveau national.

La méthodologie détaillée de calcul de chacune de ses composantes ainsi que les données et
paramètres utilisés sont présentés au niveau des différents chapitres mais la démarche générale
peut être récapitulée comme suit :
1. la richesse totale est calculée comme une actualisation de la consommation nationale
soutenable future sur un horizon de 25 ans correspondant à l’horizon d’une génération;
2. la richesse naturelle est calculée comme la somme des valeurs actualisées des rentes futures
de ses différentes sous-composantes ;
3. le capital produit est scindé en deux composantes, la valeur des machines et équipements
calculée par la méthode de l’inventaire permanent et celle du foncier urbain approximée
comme une proportion de la valeur de la première composante;
4. les avoirs extérieurs sont évalués sur la base des données de la position extérieure globale ;
5. le capital immatériel est déduit comme la différence entre le capital total et les différentes
composantes ayant été chiffrées.

17
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

RICHESSE TOTALE

Avoirs
Capital produit Capital naturel extérieurs Capital immatériel
nets
Machines, Foncier Minerais et Terres cultivées Aires Ressources Actifs- Humain, social,
équipements,
urbain énergies et pastorales Forêts institutionnel et
infrastructures protégées halieutiques Passifs
autres

Comme toute approche, la méthodologie de la Banque Mondiale a certaines insuffisances


reconnues par l’institution elle-même. En effet, elle rappelle à chaque nouvelle édition de son
rapport sur la richesse des nations, qu’elle s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue
aussi bien en termes de données utilisées que de techniques d’estimation.

Sur le plan conceptuel, cette approche représente un tournant en intégrant le capital naturel,
le capital humain et la qualité des institutions dans la définition et l’évaluation de la richesse
des Nations. Son apport consiste, en effet, à concevoir le développement comme un processus
confronté à des risques de durabilité, qu’il convient de prendre en compte en veillant à l’affectation
des revenus tirés des ressources naturelles vers des investissements durables dans la qualité du
capital humain et des institutions. Elle révèle l’importance d’exploiter de façon responsable les
ressources naturelles, d’identifier et de prévenir les atteintes au milieu naturel.

L’approche est limitée par un parti pris en faveur de la « durabilité faible » car elle admet la
substituabilité sans limite du capital immatériel au capital naturel, ce qui n’est pas nécessairement
acceptable ni viable à moyen ou long terme. L’intégration du capital immatériel et la valorisation
monétaire de composantes dont la valeur subjective est incommensurable (sentiment national,
attachement à l’unité et l’intégrité territoriale..) constituent une limite supplémentaire.

De même, le fait que le capital immatériel qui ressort globalement comme la composante la plus
importante de la richesse globale, ne soit pas calculée directement constitue une faiblesse. Par
ailleurs, comme toute approche qui se base sur l’actualisation de valeurs futures, elle est sujette
à l’incertitude liée à l’évolution des variables considérées. L’évolution des coûts d’extraction des
matières premières en est un exemple, comme l’illustre le cas de la richesse en phosphates au
Maroc. Le coût de la production devrait connaitre un changement significatif avec la mise en
service d’un projet de pipeline pour le transport des phosphates. Les rentes nettes générées de
cette ressource connaitraient ainsi une amélioration sensible qui n’est pas reflétée dans les données
actuellement disponibles. Un autre exemple est celui de la découverte de nouveaux gisements ou
l’exploitation de gisements déjà découverts grâce à l’avancement technologique qui permet de les
rendre commercialement rentables.

18
CONTEXTE , DÉMARCHE ET APPROCHE GLOBALE DE L'ETUDE

Sur le plan de la mise en œuvre, la méthode est fortement exigeante en données. Une caractéristique
qui peut constituer un obstacle dans les pays en développement où les systèmes statistiques ne
sont souvent pas en mesure de répondre à ces besoins en données.

En outre, quelque soit les arguments pouvant être avancés pour le choix des taux d’actualisation,
ces derniers restent toujours sujets à controverse. De même, le lissage des variables sur une
période de 5 ans (voir annexes méthodologiques) permet certes d’éviter les fluctuations de court
terme et est de ce fait mieux approprié pour une perspective de durabilité à moyen et long termes,
toutefois, ce choix rend parfois difficile l’interprétation des résultats.

Principaux ajustements et améliorations méthodologiques introduits


dans le présent rapport

L’application de la méthodologie d’évaluation de la richesse globale au Maroc constitue


une opportunité pour l’adapter aux spécificités et réalités du pays et pour tenir compte de la
connaissance développée et accumulée par les institutions nationales concernées. Elle a été
également l’occasion d’introduire certaines améliorations méthodologiques de l’approche.

Ainsi, une des principales nouveautés introduites dans ce rapport concerne le calcul de la richesse
globale. En effet, dans ses différents rapports, la Banque Mondiale calcule la richesse sur la base
de l’actualisation de la consommation finale nationale, diminuée de l’épargne nette ajustée
lorsque cette dernière est négative. Dans les prochaines éditions de son rapport sur les richesses
des nations, elle ajustera cette méthode en déduisant de la consommation finale les dépenses
d'éducation. Celles-ci constituent en effet un investissement dans le capital humain et non une
consommation finale. Dans la présente évaluation, on a introduit cet ajustement en concertation
aves la Banque Mondiale.

La deuxième importante amélioration au niveau de ce rapport, est l’extension de l’évaluation de la


richesse aux ressources halieutiques. Le Maroc est un pays caractérisé par deux façades maritimes
de plus de 3500 km au total et qui le dotent de ressources importantes et il est donc naturel de tenir
compte de cette spécificité. Une méthodologie a été développée dans ce sens avec les experts de
la Banque Mondiale et en concertation avec le Ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime
et l’Institut National de Recherche Halieutique pour ce qui est des données. D’autres extensions
ont été explorées mais ne se sont pas concrétisées faute de disponibilités d’un historique de
données. A défaut d’un chiffrage exhaustif des composantes du capital immatériel, une analyse
de leurs niveaux de développement et de leurs déterminants sur la base de certains indicateurs
pertinents et dont les données sont disponibles sur la période considérée a été effectuée.

Au niveau de l’évaluation des différentes composantes de la richesse, on a utilisé les prix à la


production au niveau national. Ces derniers qui reflètent mieux la valeur de la richesse sont souvent

19
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

inférieurs à ceux utilisés par la Banque Mondiale. Cette dernière a utilisé essentiellement la valeur
unitaire à l’export qui ressort en général supérieure aux prix à la production. Ce choix élimine ou
réduit ainsi d’éventuelles marges d’intermédiation qui ne reflètent pas la valeur de la richesse. En
conséquence il conduit en général à une révision à la baisse de la valeur de richesse.

Les différents calculs effectués sont basés dans la quasi-totalité des cas sur les données nationales
qui sont souvent identiques à celles des bases internationales, utilisées par la Banque Mondiale.
Parfois des écarts peuvent exister dus soit aux opérations d’harmonisation par les institutions
internationales à des fins de comparabilité internationale soit à des erreurs dans le processus de
transmission des producteurs nationaux aux institutions internationales. C’est le cas par exemple
de la superficie des aires protégées.

De même, pour le calcul des différents indicateurs par habitant, on a pris en considération les
résultats du recensement de la population de 2014. On a procédé à une estimation de la population
pour les années de 1999 à 2013 sur la base des données des différents recensements de 1982
à 2014 en utilisant les méthodes d’interpolation usuelles. Une actualisation des projections
démographiques officielles devrait être publiée à l’avenir mais les différences d’une variante à
l’autre devraient être minimes.

Concernant l’unité de mesure de la richesse, la Banque Mondiale utilise dans ses différents
rapports le dollar constant d’une année de référence (2005 pour son rapport de 2011). Pour ce
faire, elle actualise ou projette toutes les valeurs au même déflateur qui est celui du PIB. Le choix
se justifierait dans la mesure où il est difficile d’appliquer des déflateurs adaptés pour chaque
composante et pour chaque pays. Dans le cas de ce rapport, les résultats sont aux prix courants et
en dirham de 2007. Le choix de 2007 est dicté par le fait que cette année a été adoptée comme
nouvelle année de base des comptes nationaux. Pour ce qui est des déflateurs utilisés, pour chaque
composante on retient le plus approprié. C’est ainsi qu'on utilise le déflateur de la consommation
pour la richesse globale, celui des industries extractives pour les richesses minière et énergétique,
celui de la branche agriculture, forêt et services annexes et pêche pour la valorisation des terres
cultivées et pastorales, des aires protégées, des forêts et des ressources halieutiques, celui de
l’investissement pour le capital produit et enfin, celui des importations pour les avoirs extérieurs
nets. Ce dernier choix procède de l’idée que dans l’optique richesse considérée dans ce rapport,
les avoirs extérieurs peuvent être déflatés de la même manière que les biens et services qu’ils
permettent d’acquérir.

Pour ce qui est des hypothèses et de certains paramètres adoptés tels que les taux de
rente ou les coûts, les choix ont été arrêtés en concertation avec les institutions nationales
concernées. En cas d’absence d’alternatives spécifiques au contexte national, ce sont

20
EVOLUTION DE LA RICHESSE GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

les hypothèses de la Banque Mondiale qui ont été adoptées mais avec des analyses de
sensibilité pour apprécier l’impact de ces choix.

Enfin, il est à signaler que toutes les comparaisons internationales sont effectuées sur la base des
données de la Banque Mondiale y compris pour le Maroc et ce, dans un souci de comparabilité
des chiffres.

21
CHAPITRE 2
EPARGNE NETTE AJUSTÉE ET RICHESSE
GLOBALE
EPARGNE NETTE AJUSTÉE ET RICHESSE GLOBALE

2. Epargne nette ajustée et richesse globale


L’approche adoptée dans ce rapport consiste à approximer la richesse globale d’un pays par la
valeur actualisée de sa consommation future au cours des 25 prochaines années. Pour sa mise
en œuvre, les données utilisées sont celles de la comptabilité nationale qui fournit les dépenses
de consommation finale nationale. Dans le cas du Maroc sur la période 1999-2013, celle-ci est
constituée à hauteur de 76% en moyenne par celle des ménages et le reste par la consommation
finale des administrations publiques.

Evolution de la consommation nationale


Entre 1999 et 2013, le Maroc a enregistré une croissance annuelle moyenne de son produit
intérieur brut de 4,6%, un rythme largement supérieur à celui observé au cours de la décennie
90. Cette accélération s’est accompagnée d’une nette réduction de la volatilité et s’est reflétée
sur l’évolution de la consommation finale nationale, laquelle représente 79,7% du PIB, en
2013, à 718,4 milliards à prix courants. Les ménages s’accaparent 74,6% de ces dépenses et
les Administrations publiques 24,8%. Rapportée à la population, la consommation finale par
habitant s’élève à 21.542 dirhams, un niveau qui a plus que doublé depuis 1999.
Consommation finale nationale en milliards de dhs de 2007

700 10
600 8
500 6
400 4
300 2
200 0
100 -2
0 -4
1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

CFN aux prix de 2007 en milliards dhs Variation en % (axe de droite)

Source : HCP

En volume, la consommation nationale s’est améliorée annuellement de 4,3%, un rythme largement


plus rapide que celui de 2,4% enregistré au cours de la décennie 90. Par habitant, elle a progressé
de 3% en moyenne annuelle entre 1999 et 2013 contre 1,1% au cours de la décennie précédente,
avec une volatilité significativement plus réduite. Cette amélioration est en ligne avec la hausse
observée des dépenses des ménages dans les enquêtes microéconomiques et la baisse du taux de la

25
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

pauvreté. Elle profite certes beaucoup plus aux populations urbaines que rurales, mais les données
des enquêtes de 2001 sur la consommation et dépenses des ménages et de 2007 sur les niveaux de
vie indiquent une atténuation de ces disparités, un citadin consommant en moyenne 1,8 fois plus
que son compatriote rural en 2007 au lieu de 2 fois en 2001.
Croissance de la consommation nationale par habitant au prix de 2007 (en %)

12
10
8
6
4
2
0
-2
-4
-6
-8
1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Source : HCP

Evolution de l’épargne nette ajustée


L’un des apports importants de l’approche développée par la Banque Mondiale est la prise en compte
de la dimension durabilité du développement. Comme il a été indiqué, celle-ci est appréhendée
en particuler à travers l’épargne nette ajustée (ENA), définie comme l’épargne nationale brute
augmentée des dépenses d’éducation et diminuée des épuisements des ressources naturelles, du
stock de capital physique fixe et des dommages du CO2 (méthodologie détaillée en annexe).

L’ENA renseigne sur le degré de soutenabilité de la politique d’investissement et de gestion des


ressources. Si dans les comptes nationaux, seule la formation brute de capital fixe produit est
comptabilisée en tant qu’investissement, et donc comme augmentation de la valeur des biens
disponibles à la nation, dans le calcul de l’ENA, le champ est élargi aux capitaux naturel et
humain. L’épuisement des ressources non renouvelables réduit la valeur du stock de capital et
constitue un désinvestissement qui affecte la productivité et le bien-être futur. En revanche, les
dépenses en termes d’éducation augmentent la valeur du capital humain et donc la richesse
future. Contrairement au stock de la richesse qui, en général, change faiblement d’une année
à l’autre, l’ENA est un flux annuel qui peut changer rapidement et donc servir de signal précoce
pour l’orientation de la politique publique.

Les données des comptes nationaux montrent que le taux d’épargne nationale brute a enregistré
une tendance haussière depuis 1999 passant de 25,5% à un maximum de 34,1% en 2008. Depuis
cette année, qui coïncide avec le début de la crise financière et économique internationale, il s’est

26
EPARGNE NETTE AJUSTÉE ET RICHESSE GLOBALE

inscrit dans une tendance baissière pour s’établir à 27% en 2013. Il est important de souligner que
sans la résilience des transferts des MRE qui contribuent à hauteur de 8 points à ce taux, la baisse
aurait été relativement plus importante.

Par ailleurs, même si ce taux parait relativement élevé, notamment par rapport aux pays de la
catégorie revenu moyen inférieur (avec un taux d'épargne brute de 27,7% en moyenne entre 1999
et 2013), il reste insuffisant pour couvrir les dépenses d’investissement, notre pays continuant à
enregistrer un taux d’investissement assez élevé dépassant les 30% depuis plusieurs années et se
traduisant ainsi par un besoin de financement persistant de l’économie.

Taux d'épargne brut (en % du PNB)

36
34
32
30
28
26
24
22
20
1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Source : HCP

Le premier constat qui ressort du calcul de l’ENA pour le Maroc est que son niveau reste élevé. A
titre de comparaison, les données de la Banque Mondiale montrent que sur la période de 1999
à 2012, 25 pays disposent, en moyenne sur la période, d’une épargne nette ajustée négative. Ce
résultat est naturel du fait que le Maroc ne dispose pas de ressources naturelles abondantes dont
l’épuisement pourrait réduire son épargne nette ajustée et que le niveau des dépenses d’éducation
soit relativement élevé. Sur les 182 pays couverts par les données de l’UNESCO sur cette variable,
le Maroc se classe à la 45ème position selon le ratio dépenses d’éducation au PIB. Il devance
plusieurs pays développés réputés pour la qualité de leur système d’éducation comme Singapore,
la Suisse ou encore le Canada. Ce niveau élevé ne se reflète malheureusement pas au niveau de la
performance du système d’éducation, ce qui soulève la question de l’efficience et du rendement
de ces dépenses.

27
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

L’analyse de l’évolution du taux d’ENA sur la période montre qu'il a connu une tendance haussière
de 1999 jusqu’en 2006 où il a atteint 24,1%. Depuis, la hausse des prix des phosphates s’est
traduite par une valeur élevée de la ressource et en conséquence des quantités épuisées également.
L’ENA a accusé ainsi une baisse pour s’établir à 14,8% du PNB en 2013.

Epargne nette ajustée (en % du PNB)

35 Epuisement net halieutique


Dommages du CO2
25
Epuisement net des minerais
15 Epuisement net de l'énergie

5 Epuisement net des forêts


Dépenses d'éducation
-5
Depreciation du capital fixe
-15 Taux d'épargne brut
Epargne nette ajustée
-25
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Source : HCP, Banque mondiale et calculs du comité technique.

En conclusion, la valeur largement positive de l’ENA montre que le sentier de consommation


de notre pays demeure soutenable. Par conséquent, pour calculer la richesse globale, cette
consommation diminuée des dépenses d'éducation, sera projetée sur un horizon de 25 ans sans
ajustement à la baisse.

Il convient de rappeler que ce niveau relativement élevé de l’ENA doit être interprété avec
précaution. En effet, la notion de soutenabilité telle que considérée par la Banque Mondiale est
une notion faible qui ne se focalise que sur la valeur totale de toutes les déprécations. Elle n’est
donc pertinente que si les ressources sont substituables dans le sens où l’épuisement d’une d’entre
elles peut être contrebalance par l’utilisation d’une autre. Evidemment, ceci n’est pas le cas pour
les richesses naturelles, l’épuisement d’une ressource pouvant avoir des impacts négatifs sur les
autres.

Evolution de la richesse globale du Maroc

En 2013, la richesse globale du Maroc à prix courants s’élevait à 12833 milliards de dirhams. Elle
était de 5904 milliards de dirhams en 1999 et aura ainsi plus que doublé en 15 ans.

28
EPARGNE NETTE AJUSTÉE ET RICHESSE GLOBALE

Evolution de la richesse globale du Maroc : 1999-2013

Richesse globale en milliards de dirhams


Année A prix courants Aux prix de 2007
1999 5 904 6 720
2000 6 114 6 891
2001 6 237 6 983
2002 6 494 7 157
2003 6 707 7 358
2004 7 036 7 590
2005 7 495 7 861
2006 8 002 8 202
2007 8 601 8 601
2008 9 345 9 055
2009 9 953 9 556
2010 10 619 10 069
2011 11 350 10 598
2012 12 049 11 157
2013 12 833 11 680

Exprimée en dirhams constants de 2007, la richesse globale du Maroc est passée de 6720 milliards
à 11680 milliards de dirhams, soit une hausse de 73,8% au cours de la période ou une progression
annuelle moyenne de 4%. Par habitant, la richesse s’est appréciée de 2,7% annuellement durant
la période.

Même si la progression de la richesse globale a été continue au cours de la période, l’analyse du


rythme d’évolution permet de distinguer trois phases différentes. De 1999 à 2001, la richesse
a progressé à un rythme annuel moyen relativement limité de 1,9%. Cette lenteur s’explique
principalement par plusieurs chocs sur la croissance du PIB au cours de la période allant1 de 1995
à 2000 qui se sont répercutés négativement sur la consommation nationale. En particulier, la
croissance du PIB a été de -5,4% en 1995, de -1,6% en 1997 et après avoir repris en 1998, elle a
décéléré à 1,1% en 1999 et à 1,9% en 2000.

Au cours de la deuxième phase qui s’étale sur 8 ans, la progression de la richesse a connu une
accélération continue, passant de 2,5% en 2002 à 5,5% en 2009, reflétant une croissance
annuelle moyenne de 4,8% du PIB et de 4,9% de la consommation nationale.

A partir de 2010, le rythme de progression est resté élevé mais assez stable avec un taux de 5,1%
en moyenne et de 4,7% en 2013. La décélération de la croissance, notamment non agricole, sous

1 Le calcul de la richesse pour une année donnée se base sur une moyenne retardée de 5 ans de la consommation nationale diminuée des dépenses d'éducation. A
titre d’exemple, la richesse de 1999 se base sur la consommation nationale pour les années de 1995 à 1999 (Cf. annexe méthodlogique).

29
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

l’effet en particulier de la morosité de l’activité dans la zone euro s’est reflétée sur la consommation
nationale dont la progression a décéléré à 3,8% en 2013.
Evolution de la richesse globale

12 000 6%

11 000 5%

10 000 4%

9 000 3%

8 000 2%

7 000 1%

6 000 0%
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Capital Global en milliards de dhs de 2007 Variation

Ces évolutions montrent que dans le cas d’un pays comme le nôtre, la création et l’accumulation
de richesses restent tributaires de l’accélération de la croissance qui ne peut être obtenue que par
des politiques publiques efficientes à même de mobiliser les potentialités du pays au bénéfice de
son développement.
Pour apprécier cette progression de la richesse du Maroc par rapport aux autres pays, une
comparaison a été effectuée sur la base des données de la Banque Mondiale pour les années
1995 et 2005. Sur 124 pays pour lesquelles les chiffres sont disponibles pour les deux années, le
Maroc se positionne au 70ème rang en termes de progrès avec un rythme annuel moyen au cours
de cette période de 3%. Parmi les pays qui le devancent, on peut citer la Chine qui se classe à
la première position, la Jordanie ou encore la Tunisie. En revanche, il dépasse des pays comme le
Portugal avec une progression moyenne de 2,4% ou l’Algérie dont le capital s’est réduit de 0,2%
annuellement au cours de la même période.

30
CONTEXTE , DÉMARCHE ET APPROCHE GLOBALE DE L'ETUDE

Taux de croissance annuel moyen de la richesse globale entre 1995 et 2005 (en %)
Capital Capital Capital Richesse
Immatériel Produit Naturel globale
Chine 8,3 10,0 3,7 7,8
Jordanie 7,8 2,1 2,2 6,3
Corée du Sud 16,2 5,4 0,0 5,3
Tunisie 5,2 3,7 5,0 5,0
Egypte 3,9 2,1 5,4 4,2
Chili 2,0 6,0 6,7 3,3
Maroc 2,6 4,0 2,7 3,0
Portugal 2,9 2,6 -2,8 2,4
Venezuela -1,9 1,5 1,6 0,5
Algérie -17,5 1,1 8,3 -0,2
Source : Banque Mondiale

Comme cela a été précisé dans le premier chapitre de ce rapport, le PIB est la somme des valeurs
ajoutées générées par l’activité économique au cours d’une période donnée. Son ratio au capital
global renseigne dans une certaine mesure sur le rendement brut de ce capital et sur le niveau de
son utilisation. Ainsi, en rapportant le PIB aux prix de 2007 à la valeur du capital exprimée dans
la même unité, on obtient une mesure de ce rendement. Ce dernier s’est établi ainsi à 7,3% en
moyenne entre 1999 et 2013.
Ratio du PIB au capital global

7,8%
7,6%
7,4%
7,2%
7,0%
6,8%
6,6%
6,4%
6,2%
6,0%
1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

En comparaison internationale sur la base des données de la Banque Mondiale de 2005, le


niveau de ce ratio pour le Maroc ressort globalement inférieur à la moyenne mondiale. Toutefois,
l'interprétation de cet indicateur doit se faire avec précaution. En effet, il peut certes refléter
le rendement brut du capital mais ne peut être comparé entre deux pays que s'ils ont une
composition similaire du capital. En outre, un niveau élevé de ce rendement peut en réalité
refléter une surexploitation à court terme au détriment des rendements futurs. Ceci est le cas en

31
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

particulier des pays à capital dominé par les ressources naturelles. Un niveau de rendement moins
élevé, comme celui observé pour le Maroc, peut aussi traduire une certaine dynamique en matière
d’investissements pour mettre en place les conditions d’une croissance future.

Ratio du PIB à la richesse globale

PIB Richesse globale PIB/richesse globale

(en milliards USD de 2005)


Chili 124 1 660 7,5%
Chine 2 257 25 091 9,0%
Algérie 103 994 10,4%
Jordanie 13 278 4,5%
Tunisie 32 475 6,8%
Turquie 483 8 275 5,8%
Corée 898 11 986 7,5%
Angola 28 220 12,8%
Maroc 60 955 6,2%
Source : Banque Mondiale : WDI pour le PIB et « the Changing wealth of Nations, 2011 » pour le capital global.

Sensibilité de l’estimation de la richesse globale au taux d’actualisation et


à l’horizon d’actualisation
Pour le calcul de la richesse, on suppose que la consommation diminuée des dépenses d'éducation
va continuer à croître à un taux constant qui est celui observé historiquement, puis on actualise
son flux sur les 25 années suivantes à ce taux constant augmenté du taux pur de préférence pour
le présent. Ce dernier représente le taux d’actualisation du bien-être futur. Dans la littérature
économique, il est communément retenu un taux annuel compris entre 1% à 2% pour un horizon
de l’ordre d’une génération. Certains avancent même qu’il devrait être nul. La Banque Mondiale
a opté dans ses différents rapports pour un taux de 1,5%. On a retenu, pour rester aligné sur les
autres pays, ce même taux, mais dans cette section on présente l’impact de ce choix sur la richesse
globale.

Le graphique ci-après montre l’évolution de la richesse en fonction des différents scénarios. Plus ce
taux est faible, plus la richesse est élevée, une variation de 0,5 point de ce taux se traduisant par
une variation dans le sens inverse de près de 5,8% de la richesse. Pour une variation d’un point,
l’impact est autour de 11,1%. Toutefois, il est important de souligner que le choix de ce taux n’a
pas d’impact sur le rythme de croissance de la richesse.

32
METHODOLOGIE GLOBALE DE L'ETUDE

Sensibilité de l’estimation de la richesse au taux de préférence pour le présent

Capital  en  milliards  de  dhs  de  2007  


15  000  
14  000   0%.  
13  000   0,5%.  
12  000   1%.  
11  000   1,5%.  
10  000   2%.  
9  000  
3%.  
8  000  
7  000  
6  000  
5  000  
1999   2000   2001   2002   2003   2004   2005   2006   2007   2008   2009   2010   2011   2012   2013  

Une autre hypothèse importante du calcul du capital global est l’horizon d’actualisation. Dans
les rapports de la Banque Mondiale, il est fixé à 25 ans, soit approximativement le temps d’une
génération. Le graphique ci-après donne l’évolution de la richesse pour différents horizons
d’actualisation. Par rapport à l’horizon retenu qui est de 25 ans, la richesse globale augmente
de 15,9% si on considère un horizon de 30 ans, de 68,9% si on double l’horizon à 50 ans et
de 149,2% si on considère un siècle. De même, le choix de ce paramètre n’a pas d’impact sur le
rythme de croissance de la richesse.
Sensibilité de l'estimation de la richesse à l’horizon d’actualisation

35  000  
Capital  en  milliards  de  dhs  de  2007  

30  000   20  ans  

25  000   25  ans  
20  000   30  ans  
15  000  
40  ans  
10  000  
50  ans  
5  000  
1999   2000   2001   2002   2003   2004   2005   2006   2007   2008   2009   2010   2011   2012   2013   100  ans  

33
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Structure de la richesse
L’examen de la structure de la richesse globale montre que le capital immatériel en constitue la
composante principale avec une part de 71,8% en moyenne entre 1999 et 2013. Le capital produit,
composé essentiellement des infrastructures, équipements et du foncier urbain représente 24,1%
et les richesses naturelles contribuent à hauteur de 7,3%. Pour ce qui est des avoirs extérieurs,
la position extérieure nette du Maroc ressort négative, avec un passif qui augmente mais dont le
poids dans la richesse ressort stable sur la période.
Evolution de la richesse globale et de ses composantes à prix constants

1999 2013
Valeur Part en % Valeur Part en %
Immatériel 5 219 77,7 7 984 68,4
Capital produit 1 352 20,1 3 193 27,3
Capital Naturel 405 6,0 981 8,4
Avoirs extérieurs nets (256) -3,8 (478) -4,1
Capital total 6 720 100 11 680 100

Ces résultats ressortent en ligne avec le constat général des études de la Banque Mondiale qui
montrent que le capital immatériel est la composante principale de la richesse des nations. Toutefois,
le niveau de cette composante au Maroc est relativement élevé par rapport à la catégorie des pays
à revenu intermédiaire à laquelle il appartient. La structure de la richesse nationale s’apparente
davantage à celle des pays à revenu élevé. Ceci est prévisible, dans le sens où le Maroc ne dispose
pas d’une richesse naturelle abondante. Le poids de cette dernière est relativement plus élevé
dans les pays à faible revenu ou dans certains pays riches en ressources naturelles et qui n’ont pas
développé les autres composantes du capital.
Structure du capital par catégorie de pays en 2005

Source : Banque Mondiale.

34
METHODOLOGIE GLOBALE DE L'ETUDE

Au cours de la période de 1999 à 2013, l’évolution de la structure du capital du Maroc a été


caractérisée par une hausse relativement importante de la part du capital produit. Celle-ci est
passée de 20,1% à 27,3%, reflétant une progression annuelle moyenne de 6,3% du stock de
ce capital. Ce résultat refléterait les efforts importants d’investissement dans les infrastructures
économiques et sociales et de développement des secteurs du tourisme et de l’immobilier. La
richesse naturelle a vu sa part s’améliorer de 6% à 8,4%, tirée principalement par l’appréciation
de la richesse en phosphates dont la valeur a progressé de 19,2% annuellement en moyenne
sous l’effet de la hausse importante des prix observée surtout en 2008. Ces évoluions se sont
répercutées sur la part du capital immatériel dont la part a baissé de 77,7% en 1999 à 68,4% en
2013.

L’évolution de cette structure reflète en particulier des dynamiques de croissance différentes d’une
composante à l’autre et par conséquent des niveaux de contribution différents à la progression
observée du capital global.

Contribution à la croissance de la richesse globale (en points de %)

7  
6  
5  
4  
3  
2  
1  
0  
 

oy  

 
00

01

02

03

04

05

06

07

08

09

10

11

12

13

ne

-­‐1  
20

20

20

20

20

20

20

20

20

20

20

20

20

20

en

-­‐2  
M

Avoirs  extérieurs  nets   Naturel   Capital  Produit   Immatériel  

Ainsi, sur l’ensemble de la période, la croissance annuelle moyenne de 4% du capital global


s’explique d’abord par la contribution du capital immatériel qui a été de 2,4 points de pourcentage,
suivie de celle du capital produit de 1,3 point, puis du capital naturel avec 0,4 point. La contribution
des avoirs extérieurs nets a été négative à hauteur de 0,2 point. Il est à noter qu’en termes de
dynamique, c’est le capital naturel qui ressort en premier, mais c’est la contribution du capital
immatériel qui est la plus importante au vu du poids de ce dernier. La hausse des prix des phosphates
à partir de 2008 s’est sensiblement répercutée sur la contribution des richesses naturelles. Celle-ci
est passée de 0,3 point en moyenne entre 2000 et 2007 à 0,8 point entre 2008 et 2012 avant de
revenir à 0,1 en 20131.
1 Le prix du phosphates est passé de 70,93$/t en 2007 à 345,59$/t en 2008.

35
CHAPITRE 3
CAPITAL IMMATÉRIEL, ÉVOLUTION ET
DÉTERMINANTS
CAPITAL IMMATÉRIEL, ÉVOLUTION ET DÉTERMINANTS

3. Capital immatériel, évolution et déterminants


Par construction, le capital immatériel englobe toutes les richesses à l’exclusion du capital produit,
des richesses naturelles et des avoirs extérieurs nets. Il comprend en particulier le capital humain
qui correspond à la force de travail dont dispose le pays et à l’ensemble des compétences et savoir-
faire qu’elle a accumulés. Il englobe notamment les capitaux social et institutionnel qui permettent
de mieux gérer et exploiter le capital produit et les richesses naturelles, de faciliter la création de
richesses additionnelles et d’augmenter la productivité des facteurs.

Composantes du capital immatériel

La richesse immatérielle demeure, du point de vue technique difficile à appréhender et à mesurer.


Le capital culturel et historique, par exemple, est inestimable même si une faible partie de sa valeur
monétaire peut se refléter, entre autres, dans les recettes de voyages que génèrent les visites de
millions de touristes attirés par ces richesses.

Pour contourner ces difficultés, le capital immatériel est appréhendé de manière indirecte, comme
la différence entre le capital global et les autres composantes calculées directement, à savoir le
capital produit, les richesses naturelles et les avoirs extérieurs nets.

Les études empiriques effectuées sur un grand nombre de pays montrent que le capital immatériel
est un important facteur de production. Il contribue à hauteur de 18% à la production nationale,
contre 7% pour la richesse naturelle et 32% pour le capital produit. Dans les pays développés
comme les membres de l’OCDE, il ressort comme le facteur le plus important avec une contribution
de plus de 50%.

En 2013, le capital immatériel au Maroc est évalué à prix courants à 8845 milliards en dirhams
contre 4515 milliards en 1999.

39
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Il constitue la plus grande composante de la richesse du Maroc, avec une part moyenne de 71,6%
au cours de la période 1999-2013. L’analyse de l’évolution de cette part montre une tendance
baissière suite à l’augmentation de la part de la richesse minière avec la flambée des prix des
phosphates et à la progression du capital produit consécutivement aux efforts importants en
matière d'investissement dans les infrastructures.

Exprimé en dirhams constants de 2007, le capital immatériel s’élève à 7984 milliards en 2013,
contre 5219 milliards en 1999, soit une appréciation de 53% au cours de la période ou une
progression annuelle moyenne de 3,1%, un rythme inférieur à celui du capital global.
Evolution du capital immatériel (en dhs de 2007)

Part
8 500 100
90
8 000
80
7 500 70

7 000 60
50
6 500 40
6 000 30
20
5 500
10
5 000 0
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Valeur en MM dhs 5 219 5 311 5 310 5 342 5 410 5 484 5 618 5 833 6 086 6 278 6 625 6 963 7 246 7 596 7 984
Part en % 77,7 77,1 76,0 74,6 73,5 72,3 71,5 71,1 70,8 69,3 69,3 69,2 68,4 68,1 68,4

L’amélioration de ce capital reflèterait les progrès autres que matériels réalisés au cours de la période.
En particulier, les efforts en matière de scolarisation et d’éducation, les réformes institutionnelles
et de gouvernance ont certainement contribué à cette progression.

L’approche adoptée par la Banque Mondiale pour évaluer ce capital ne permet pas de lier
directement ces efforts aux progrès réalisés. Leurs effets sont appréhendés indirectement à travers
l’impact sur la productivité et la croissance, et par conséquent, sur la consommation nationale
qui sert de base pour le calcul de la richesse globale, et par ses interactions avec les composantes
matérielles de la richesse qui sont évaluées directement. Toutefois, ces évolutions peuvent être
analysées à la lumière de certains indicateurs mesurant le niveau de développement de ces
composantes, en particulier les indicateurs liés au capital humain et à la qualité de la gouvernance
ou aux liens sociaux.

40
CAPITAL IMMATÉRIEL, ÉVOLUTION ET DÉTERMINANTS

Capital humain

Le capital humain est un concept plus global que celui de la force de travail. Il englobe, en plus
de celle-ci, l’ensemble des connaissances et du savoir-faire accumulé. Il représente le stock des
capacités humaines économiquement productives. Dans toutes les études économiques sur le
développement, le capital humain1 ressort comme un facteur clé de la richesse des nations.

La Banque Mondiale définit le capital humain comme étant « l’ensemble des connaissances,
compétences et données d’expérience que possèdent les individus et qui les rendent économiquement
productifs»2. Cette définition renvoie essentiellement aux aptitudes intellectuelles permettant aux
individus de participer à la création de la richesse. L’OCDE, de son côté, considère que le capital
humain recouvre les connaissances, les qualifications, les compétences et les autres qualités d’un
individu qui favorisent le bien-être personnel, social et économique. Cette dernière définition
intègre les externalités non-économiques que peut induire l'investissement dans le capital humain
sur le bien-être et la cohésion sociale.

La Commission Européenne souligne, dans sa stratégie pour la croissance et l'emploi, que


l’éducation et la formation sont indispensables pour préserver le potentiel de croissance à long
terme de l'UE ainsi que sa cohésion sociale. L’attractivité d’un pays est non seulement tributaire,
de son capital naturel et ses infrastructures, mais également de la qualité de son capital humain et
de ses capacités intellectuelles et éducatives.

Par analogie au capital physique, le capital humain peut s’acquérir, notamment par l’éducation, se
préserver et se développer à travers des formations continues. Une population non suffisamment
éduquée implique des ressources qui manquent d’aptitudes et de qualifications requises à l’emploi.
Cette situation exerce des externalités négatives, d’une part, sur le processus productif et, d’autre
part, sur le contexte social dans la mesure où elle favorise la criminalité et les incivilités. Le schéma
ci-après récapitule l’ensemble des formes d’investissement en capital humain et ses avantages.

1 Dans son rapport de 2006 : “where is the wealth of nations », la Banque Mondiale le définit comme « le stock des compétences et savoir-faire humain ».
2 Glossaire de la Banque Mondiale : http://www.worldbank.org/depweb/beyond/beyondfr/glossary.html

41
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Les formes d’investissement en capital humain et ses avantages

Source: UNU-IHDP and UNEP (2014). Inclusive Wealth Report 2014.

L’évaluation du capital humain constitue un enjeu majeur dans la mesure où elle permet de
comprendre le processus d’accumulation de la richesse et son rôle en tant que moteur de la
croissance économique et du bien-être de manière générale. La quantification de cette richesse
immatérielle vise aussi à évaluer le rendement du système éducatif et de formation et analyser
la durabilité à long terme du modèle de développement d'un pays. Enfin, elle a pour objectif
d’éclairer les décideurs en matière d’action à entreprendre pour la valorisation et la mise à niveau
de cette richesse dans une économie mondiale fondée sur la connaissance et de plus en plus
marquée par une compétitivité accrue et un usage massif des nouvelles technologies.

Le caractère multidimensionnel, mais aussi dynamique, du capital humain crée des défis majeurs
lors de son évaluation. En effet, cette richesse intangible recouvre plusieurs dimensions dont
notamment l’éducation, les compétences, la santé incluant les capacités physiques, cognitives et
mentales, la démographie (entre autres la pyramide des âges) et l’emploi (voir Figure ci-après).
En dépit de ces difficultés, plusieurs projets ont été menés dans le but de proposer une mesure
exhaustive et communément admise du capital humain et d’encourager par la suite son utilisation

42
CAPITAL IMMATÉRIEL, ÉVOLUTION ET DÉTERMINANTS

dans le système des comptes nationaux1.


Les dimensions du capital humain

Source: Des auteurs

L’évaluation du capital humain peut se faire de deux manières soit en utilisant les indicateurs
physiques ou bien en ayant recours à une évaluation monétaire. La Figure ci-après dresse une
typologie des différentes méthodes permettant d’évaluer le capital humain.
Classification des approches de mesure du capital humain

Source: Human capital measurement: country experiences and international initiatives, Gang Liu, 2014

La première dite non monétaire repose sur des indicateurs tels que le taux de scolarisation, le taux
1 En coopération avec un certain nombre d'agences statistiques nationales, l’OCDE a lancé en 2009 un projet visant à identifier une méthodologie commune et des
exigences en matière de données pour construire des comptes relatif au capital humain et établir des comparaisons internationales.

43
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

d’alphabétisation, le nombre d’années d’études et les acquisitions scolaires. Par définition, cette
approche ne fournit pas une évaluation monétaire du stock de capital humain et se contente de
donner une appréciation globale qui renseigne sur les performances du système éducatif. Il s’agit
d’une mesure approximative du capital humain qui ne prend pas en compte la complexité et
l’hétérogénéité de l’apprentissage qui continue tout au long de la vie.

La mesure monétaire comporte, quant à elle, trois approches. L’approche indirecte ou résiduelle
de la Banque Mondiale qui estime le capital humain par la différence entre la richesse globale et
le capital matériel (Ruta et Hamilton, 2007; Ferreira et Hamilton, 2010). Certes, cette approche a
été appliquée à un grand nombre de pays, néanmoins, elle est affectée par les erreurs de mesure
liées aux autres composantes. De même, cette mesure réduit le capital immatériel à la composante
humaine uniquement et ne permet pas d’expliquer les changements observés au fil du temps,
offrant ainsi des informations moins pertinentes pour les décideurs.

La deuxième dite approche par les coûts consiste à estimer le capital humain à partir de l’ensemble
des investissements ou dépenses effectués par l’Etat, la famille, les employeurs et l’individu
notamment dans le domaine de l’éducation et de la formation. L’approche par les coûts est
relativement facile à implémenter, du moins lorsqu’on se limite aux dépenses publiques et privés
dans le secteur de l’éducation. Toutefois, elle a été critiquée vuque la valeur du capital humain
devrait être déterminée par l’offre et la demande. Aussi, la difficulté de différencier entre les
investissements et la consommation amène l’utilisateur de cette mesure à recourir à une allocation
arbitraire des dépenses entre ces deux catégories.

La troisième appelée approche par les revenus repose sur la valeur actuelle des revenus attendus
par l’ensemble des individus. Dans le cadre de cette mesure, le travail non rémunéré n’est pas
comptabilisé. De même, contrairement à l’approche par les coûts qui se focalise sur l’input et donc
ignore l'efficacité des investissements engagés dans la production de cette richesse, l’approche
par les revenus se base sur l’output et par conséquent elle est mieux appropriée pour l'analyse
du rendement. Aussi, bien que cette dernière nécessite des données détaillées, elle a le mérite
de quantifier la contribution de différents facteurs (démographie, éducation, marché du travail,
…). Cet avantage est de nature à faciliter la conception de politiques adéquates aux différentes
dimensions du capital humain. Enfin, il est important de souligner que les deux approches
permettent d’établir des comparaisons entre les différentes composantes de la richesse globale.

Il est à noter qu’une évaluation du capital humain moyennant l’approche par le revenu de la vie
entière a été réalisée pour le cas du Maroc. En raison de l’indisponibilité des données, notamment
sur les salaires, un certain nombre d’approximations ont été introduites dans l’implémentation de
cette approche. L’encadré suivant ainsi que le complément méthodologique en annexe donnent
une description de la méthodologie et les résultats de l’évaluation.

44
CAPITAL IMMATÉRIEL, ÉVOLUTION ET DÉTERMINANTS

Implémentation de l’approche par le revenu de la vie entière pour le cas du Maroc

L’approche fondée sur le revenu de la vie entière (ou LIA « Lifetime Income Approach ») mesure le
capital humain d’un pays comme étant la valeur actualisée des revenus futurs de travail générés par
sa population en âge d’activité. Cette approche peut être implémentée en passant par trois étapes
essentielles (*).
La première étape consiste à construire une base de données détaillées sur la population en âge de
travail (en général de 15 à 64 ans) intégrant les caractéristiques relatives aux salaires, taux d’emploi
et de survie et à la poursuite d’études et ventilée par niveau de diplôme et par âge simple. Dans
la deuxième étape, les revenus de la vie entière pour un individu au sein d’une classe âge/niveau
de diplôme sont calculés par une approche récursive. Plus précisément, les revenus attendus d’un
individu sont égaux aux revenus des individus de même niveau de diplôme et ayant l’âge que cet
individu aura dans les périodes futures ajustés pour inclure les hausses de revenus. Ensuite, La richesse
pour une classe âge/niveau de diplôme est obtenue en multipliant le revenu de la vie entière d’un
individu représentatif de la classe multiplié par l’effectif de celle-ci. Enfin, le stock de capital humain
est déduit en additionnant l’ensemble des classes d’âge considérées.
En utilisant l’approche LIA pour le cas du Maroc, le capital humain a été quantifié. Il ressort de cette
évaluation que le capital humain à prix courant est passé de plus 3789 MMDH en 1999 à environ
6097 MMDH en 2012, soit une progression annuelle de 4%. A prix constant, le capital humain a
également augmenté de 4164 MMDH en 1999 à plus de 5593 MMDH en 2012, réalisant ainsi une
croissance annuelle de 2%.
Les estimations du stock de capital humain sont sensibles aux données sur les salaires et aux
hypothèses adoptées au sujet de la croissance des revenus futurs et aux taux d’actualisation. Afin de
tenir compte des limites relatives aux salaires déclarés à la CNSS, une analyse de sensibilité des salaires
de l’année 2012 a été conduite en ajustant le niveau des salaires à la hausse par un coefficient de
correction (10%, 15%, 20%). Les résultats de cette analyse sont présentés dans le tableau ci-après.

Analyse de sensibilité pour les salaires

Scénarios utilisés
Coefficient de correction des salaires

0% 10% 15% 20%


Salaire annuel moyen (En DHS) 41 924 4 192 6 289 8 385
Capital Humain (En MMDH 2007) 5 593 6 152 6 432 6 712

(*) Les hypothèses ainsi que les données utilisées sont détaillées dans l’annexe méthodologique du rapport.

45
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

L’estimation du capital humain est aussi sensible aux hypothèses relatives au taux de croissance réel
des revenus et au taux d’actualisation des revenus futurs. Afin d’évaluer la sensibilité de l’évaluation
du capital humain à ses paramètres, différentes valeurs de ces taux ont été considérées. Le tableau
ci-après présente la valeur du capital humain en 2012 pour différentes valeurs des dits paramètres.
Analyse de sensibilité pour les salaires

Taux d’actualisation ( ) Taux de croissance (r) Capital Humain en 2012 Part dans le capital
(En MMDH) immatériel (en (%)
5,5 0,5 5 245 70,9

5,5 1 5 593 75,6


5,5 1,5 5 978 80,8
5 1 5 963 80,6
5,5 1 5 593 75,6
6 1 5 260 71,1

Par ailleurs, s’inspirant du rapport du World Economic Forum (WEF) intitulé « The Human Capital
Report » et publié en 2013, plusieurs indicateurs ont été utilisés pour appréhender les différentes
dimensions du capital humain au Maroc, à savoir, l’éducation, la santé et l’emploi. L’examen de
ces dimensions révèle que malgré les progrès réalisés par le Maroc sur certains fronts, un certain
nombre de facteurs continuent de pénaliser son capital humain.
Evolution des principaux indicateurs du capital humain entre 1999 et 2012

Source : HCP, PUND, OIT, UNICEF, OMS

46
CAPITAL IMMATÉRIEL, ÉVOLUTION ET DÉTERMINANTS

En effet, au niveau de l’éducation, des progrès quantitatifs importants ont été enregistrés ces
dernières années avec la généralisation de la scolarisation des enfants au bénéfice notamment du
monde rural et des jeunes filles en particulier. Toutefois, sur le plan de la qualité de l’éducation, les
déficits restent énormes. Le nombre moyen d’années de scolarisation des adultes marocains de 25
ans et plus est de 4,4 années1 avec une progression d’une année entre 2000 et 2012 mais cela
veut aussi dire qu’un adulte moyen n’a pas le niveau primaire en général.

Ce retard a un impact important sur le développement du pays et sur sa richesse malgré les efforts
de généralisation de l’accès à l’école et l’effet démographique qui contribueront, dans les années
avenir, à améliorer le nombre moyen d’années de scolarisation. Les estimations effectuées2 sur
la base d’un nombre important de pays montrent qu’une année supplémentaire de scolarisation
se traduit par une augmentation de 110253 dollars de 2005 dans le capital immatériel et par au
moins autant dans le capital total.

Sur cette base, l’amélioration de cet indicateur de deux ans4 serait associée à une augmentation de
la richesse immatérielle de 81% et de la richesse globale de 56% pour un pays du même niveau
de capital que la Maroc. Cet indicateur qui est lié au niveau d’éducation de la population de 25
ans et plus évolue lentement et illustre l’l’impact potentiel des investissements dans l’éducation
sur la richesse d’un pays.

Le retard enregistré à la fois sur le plan quantitatif que qualitatif du système scolaire témoigne de
l’échec des réformes initiées pour la mise à niveau du système d’éducation et de formation. Un
1 Pour des raisons de comparabilité internationale, on présente l'estimation de l'UNESCO pour 2013.
2 Suzana Ferreira et Kirk Hamilton: Comprehensive Wealth, Intangible capital and development. PRWP, Banque Mondiale 2010.
3 Un dollar américain s’échangeait à 8,87 DH en moyenne en 2005. Projeté au même déflateur que celui de la consommation nationale sur la base de laquelle est
calculée la richesse globale, c’est l’équivalent de 9,4 DH de 2007.
4 Nécessaire pour le Maroc pour rattraper son retard par rapport aux pays arabes.

47
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

regard sur quelques autres indicateurs en la matière permet, à juste titre, de saisir l’ampleur de
ces contreperformances et partant, de comprendre la qualité du capital humain dont dispose le
Maroc.

Sur le plan quantitatif, l'accès à la scolarisation n’est pas encore généralisé, le taux net d’accès
étant de l’ordre de 78,5%, et se caractérise par un rythme d’amélioration lent et un faible taux
net de préscolarisation, soit 53,5% en 2013 au niveau national.

Aussi, malgré quelques progrès en matière de généralisation du primaire, l’obligation de la scolarité


jusqu’à l’âge de 15 ans est loin d’être respectée, le taux spécifique en 2013 étant de 93% au
niveau national et de 83% en milieu rural. Quant au segment de l’enseignement qualifiant, l’accès
demeure très faible en raison des déperditions et des rendements faibles dans les cycles scolaires
antérieurs. A titre d’indication, le taux net de scolarisation en 2013 se situe à 32%.

A cet égard, le Maroc enregistre des taux de déperdition alarmants sur l'ensemble des niveaux
scolaires pénalisant, aussi, la qualité de son capital humain et son positionnement international.
L’examen de l’évolution des déperditions en termes d’abandon et de redoublement ainsi qu’un
benchmark international en la matière permet de saisir l’ampleur d'un tél fléau. Il ressort à titre
d’indication qu’entre 1999 et 2012 près de 400 mille décrochages, tout cycles confondus, sont
enregistrés chaque par année. Aussi, le cumul des redoublements est évalué à près de 11 millions
d’élèves redoublants durant la même période soit plus de 760 milles élèves redoublants par an.
Aussi, le cumul des redoublements est évalué à près de 11 millions d’élèves redoublants durant la
même période soit plus de 760 milles élèves redoublants par an.
Effectifs des abandons entre 1999 et 2012

Source: MENFP, 2013

48
CAPITAL IMMATÉRIEL, ÉVOLUTION ET DÉTERMINANTS

Effectif des redoublants entre 1999 et 2012

Source: MENFP, 2013

Selon l’Unesco le taux de redoublement au Maroc est le plus élevé parmi les Etats Arabes et le
taux moyen de redoublement au primaire (11% en 2012) se situe à des niveaux supérieurs à la
moyenne mondiale.

Sur le plan de la qualité des enseignements, le classement du Maroc dans les tests internationaux
d’évaluation des acquisitions scolaires (TIMSS, PIRLS, etc.) témoigne d’une carence inquiétante en
matière d’apprentissage chez les élèves marocains comparativement à leurs pairs. Ce qui inquiète
davantage est que les scores obtenus sont en régression en particulier entre 2003 et 2011.

C’est dire que malgré les efforts considérables que l’Etat et les ménages engagent pour la scolarité
des enfants, le Maroc peine à mettre à niveau son système d’éducation et de formation. En
effet, durant la décennie passée le Maroc, qui compte parmi les pays ayant une dépense élevée

49
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

en matière d’éducation et de formation, est largement en deçà des rendements moyens des
autres pays. Les deux graphiques ci-après permettent d’appréhender l’efficacité de la dépense en
éducation en lien avec les performances scolaires obtenues.
Dépenses publiques (% PIB) vs l’Espérance de Vie Scolaire

Source: Analyse du système de l’enseignement et de formation marocain. BAD, 2013

Acquisitions des élèves et coût unitaire dans le primaire

Source: Analyse du système de l’enseignement et de formation marocain. BAD, 2013

Une telle contreperformance explique la prédominance d'une main d'oeuvre en grande partie non
qualifiée. En effet, en 2012, 60% de la population employée ou en âge de travailler ne disposaient
pas du niveau primaire. De surcroit, 76% des actifs occupés ont au plus un certificat des études
primaires ou équivalent. Ceci ne peut se traduire que par une faible productivité du capital humain
dans la création de la richesse.

50
CAPITAL IMMATÉRIEL, ÉVOLUTION ET DÉTERMINANTS

Population âgée de 15 ans et plus selon le niveau scolaire

Actifs occupés % Ensemble des 15 ans %


et plus
Sans niveau scolaire 3 476 522 33% 8 505 483 36%
Préscolaire 2 846 776 27% 5 232 854 22%
Fondamental 1er cycle 1 664 047 16% 4 020 803 17%
Fondamental 2ème 1 093 620 10% 3 286 724 14%
cycle
Secondaire 869 249 8% 1 777 757 7%
Supérieur 475 353 5% 685 859 3%
Autres 84 936 1% 344 556 1%
Total 10 510 503 100% 23 854 036 100%
Source : HCP, 2012

Les défis relatifs à la mise à niveau du système éducatif au Maroc restent ainsi considérables
et multiples liés à la fois à la qualité de l’enseignement scolaire, l’ancrage et l’adéquation de
la formation professionnelle et universitaire aux attentes du marché, ainsi qu’à l’alphabétisation
effective et à la formation continue d’une frange importante de la population en âge d’activité.

C’est dire qu’en dépit des efforts engagés dans le cadre de la décennie de la réforme en termes de
financement et de communication, l’état et l’output du système d’éducation et de formation sont
restés quasiment inchangés et continuent de pâtir d'insuffisances graves sur les plans quantitatif
et qualitatif : la généralisation et l’obligation ne sont pas encore achevées, les acquisitions
scolaires sont très faibles (notamment en ce qui concerne la maîtrise des langues et les matières
scientifiques), les déperditions sont à un niveau élevé, l’insertion des universitaires et des lauréats
de la formation professionnelle est problématique, les acteurs sociaux manquent de mobilisation
et d’implication, la gouvernance est toujours de faible qualité, etc.

De tous les objectifs inscrits dans le cadre de la Charte Nationale d’Education et de Formation,
seul l’objectif de financement a été atteint. Cet objectif prévoit, à juste titre, que l’Etat s’engage
à augmenter régulièrement le budget alloué au secteur de l’éducation et de formation de 5 %
chaque année. Le taux de croissance moyen annuel du budget durant la période 2000-2012 a
dépassé ce seuil de 3 points à 8% par an.

51
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Budget de l’Etat alloué au système d’éducation et de formation (en millions de DH)

Source : CSEFRS, 2014

Dans le domaine de la santé, des progrès notables ont été réalisés notamment en matière
d’amélioration de l’espérance de vie à la naissance en lien avec la maîtrise des facteurs conduisant
au décès. Néanmoins, comme indiqué dans de nombreux rapports internationaux (voir les rapports
du PNUD et du WEF sur le développement humain), des efforts sont toujours nécessaires pour
améliorer la santé maternelle et infantile.

S’agissant de l’emploi, le taux d’activité a connu une baisse de 6,1 points entre 1999 et 2012,
passant de 54,5% à 48,4%. Concernant l’activité féminine, elle demeure faible comparativement
au sexe masculin. En effet, le taux d’activité des femmes a enregistré une baisse en passant de
30,4% à 24,7% entre 1999 et 2012, alors qu’il est passé de 79,3% à 73,6% sur la même période
pour les hommes.

Le portrait de la population âgée de 15 ans et plus indique la prépondérance des groupes d’âge
15-24 et 25-34 qui totalisent près de 50% en 2012 au lieu de 56% en 1999. Pour les personnes en
âge de la retraite, leur part a connu une augmentation passant de 11% en 1999 à 13% en 2012,
soit un accroissement de presque 1 million de personnes durant cette décennie. Notant également
que la catégorie des jeunes 15-24 et 25-34, qui occupait plus de la moitié de la population active
occupée en 1999 a connu une baisse importante au profit de la classe 45-59 dont la part est
passée de 17% en 1999 à 25% en 2012.

Sur un autre registre, bien que le chômage ait reculé significativement passant de près de 14%
en 1999 à 9% en 2012, celui des jeunes de moins de 25 ans et des diplômés demeure toujours
élevé soit respectivement 18,6% et 18,7% en 2012 contre 20.3% et 27,6% en 1999. Aussi, les

52
CAPITAL IMMATÉRIEL, ÉVOLUTION ET DÉTERMINANTS

emplois précaires qui correspondent aux emplois saisonniers et occasionnels représentent plus
de 8% de l’emploi total en 2012. En l’espace d’une décennie, ces formes d’emploi ont plus que
doublé puisqu’en 1999 elle représentait uniquement 4%.

Sur le plan qualitatif, comme précédemment rappelé, la structure de la population active et


celle employée se caractérise par une prédominance d’un très faible niveau d’instruction et de
qualification professionnelle. De plus, il existe une relation ambivalente entre l’employabilité et
le niveau d’éducation. En effet, à mesure que l’individu gravit les échelons élevés du système
éducatif, ses chances de trouver un emploi sur le marché d’emploi deviennent de plus en plus
faibles. Ce constat est considéré parmi les défis les plus importants du marché du travail marocain
et renvoie à la question de l’inadéquation entre la formation et l’emploi et l’incapacité du marché
d’emploi à insérer les flux croissants des diplômés et, plus particulièrement, de les stabiliser dans
des emplois plus adéquats avec la formation pursuivie.

En définitive, il ressort de cette analyse que le capital humain est confronté à un dilemme d’une
complexité apparente :

- En amont, un système éducatif marqué par une inefficacité interne qui se traduit par des taux
de plus en plus élevé de décrochage et de redoublement scolaire. Le Maroc compte parmi les
pays ayant des taux de redoublement et d’abandon scolaire élevés notamment pour la catégorie
des enfants en âge de scolarité fondamentale. Ces afflux des non scolarisés nuisent à la qualité
du capital humain et nourrissent chaque année le marché d’emploi par une force de travail non
qualifiée.

- En aval, un taux de chômage chronique parmi les diplômés de niveau supérieur. Cette situation
reflète à la fois l’inefficacité du système d’éducation et de formation mais également l’incapacité
du marché d’emploi à insérer les flux croissants des universitaires diplômés, principalement les
sortants des établissements à accès libre.

- Une population active dont la composante prépondérante est constituée des personnes n’ayant
pas accédé à l’école, soit près de 60% de la population âgé de 15 ans et plus en 2012. Aussi,
le marché d’emploi compte environ 76% des individus ayant au plus un niveau fondamental
de premier cycle. Cette situation se traduit nécessairement par un décalage important entre les
besoins évolutifs du marché et le potentiel des qualifications disponibles. C’est la raison principale
qui explique la faible productivité du facteur travail marocain dans la création de la richesse.

- Une pression de plus en plus importante sur le marché du travail exercée par le glissement vers le
haut de la population en âge d’activité et qui est susceptible d’augmenter considérablement sous
l’effet de la montée des migrations rurales.

53
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Compte tenu, d’une part, des contreperformances inquiétantes du système d’éducation et de


formation et, d’autre part, de l’inadéquation entre l’offre d’emploi et les besoins réels liés aux
différents chantiers initiés par le Maroc ces dernières années, la problématique du capital humain
qualifié se pose avec acuité et interpelle les politiques publiques quant aux choix stratégiques à
opérer pour endiguer les répercussions d’une telle situation sur le développement économique et
social du Maroc.

Capital institutionnel et capital social

Le capital institutionnel et le capital social sont difficiles à mesurer directement comme stock. Pour
le capital institutionnel, même si les études empiriques et théoriques sur le rôle des institutions
dans le développement abondent et confirment le rôle important de ce facteur, sa mesure reste
relativement peu développée et sujette à controverse.

En effet, dans les années 70, plusieurs économistes ont soutenu que la qualité des institutions
affecte le développement économique via leur impact sur la productivité des facteurs, le capital
humain et le capital physique. Les institutions sont définies comme étant les règles du jeu dans
une société. Plus formellement, ce sont des contraintes et des règles qui régissent les interactions
humaines. Elles structurent les incitations dans les échanges humains aussi bien politiques, sociaux
qu’économiques. Sans un système judiciaire efficient ou des lois de protection des droits de
propriété par exemple, il est difficile de développer l’investissement. Sans marchés organisés, il
est difficile de développer l’investissement et la production et de permettre à tout un chacun de
répondre à ses besoins, qu’il soit consommateur ou investisseur.

Il n y’a pas jusqu’à présent de méthode de mesure directe du stock de capital institutionnel, mais
plusieurs indicateurs ont été développés pour mesurer la qualité des institutions ou leur niveau de
développement. Les plus connus d'entre eux sont les six indicateurs de gouvernance de la Banque
Mondiale, à savoir :

1. Être à l'écoute et rendre compte : mesure les droits politiques, civils et les droits de l'homme ;

2. Instabilité politique et violence : mesure le degré de menace de violence contre les


gouvernements, voire leur renversement, y compris le terrorisme ;

3. Efficacité des pouvoirs publics : mesure la compétence de la bureaucratie et la qualité de la


prestation du service public ;

4. Fardeau réglementaire : mesure l'incidence de politiques non favorables sur les marchés ;

5. État de droit : mesure la qualité de la mise en application des contrats, la police et les tribunaux,

54
CAPITAL IMMATÉRIEL, ÉVOLUTION ET DÉTERMINANTS

y compris l'indépendance du système judiciaire, et l'incidence de la criminalité ;

6. Maîtrise de la corruption : mesure l'abus des pouvoirs publics à des fins lucratives y compris la
corruption et le détournement des biens de l'Etat par les élites.

Les données relatives à ces indicateurs sont produites annuellement depuis 1996 pour plus de 200
pays. Toutefois et malgré une large utilisation, ces indicateurs restent assez critiqués. Ils sont basés
en grande partie sur des perceptions d’experts ou d’opérateurs économiques qui sont par nature
subjectives.

Evolution des indicateurs de gouvernance de la Banque Mondiale pour le Maroc

2000 2013 Variation

Reddition des comptes -0,47 -0,72 -0.26


Instabilité politique et violence -0,16 -0,50 -0.34
Efficacité des pouvoirs publics -0,03 -0,07 -0.04
Fardeau règlementaire -0,06 -0,17 -0.11
Etat de droit 0,14 -0,25 -0.39
Maitrise de la corruption -0,03 -0,36 -0.33
Source : Banque mondiale. Les indicateurs varient entre -2,5 et +2.5. Plus la valeur est élevée plus la qualité de la gouvernance est bonne.

Dans le cas du Maroc, l’analyse de ces données sur la période 2000 à 2013 montre qu’à l’exception
de l’indicateur mesurant l’efficacité des pouvoirs publics qui est resté quasiment stable, les cinq
autres ont connu une régression durant cette période.

Le plus utilisé reste l’ «Etat de droit » qui mesure le degré de confiance dans les institutions et
le respect de la loi. Il intégre également une dimension importante du capital social qui est la
confiance.

Par rapport aux pays du benchmark retenu, le Maroc ressort à un niveau moyen en 2013. Il
devance le Venezuela, l’Egypte et l’Algérie, se situe quasiment au même niveau que la Tunisie mais
reste derrière la Jordanie et le Chili.

55
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Evolution de l’indicateur « Etat de droit » pour un échantillon de pays

Pays 2000 2013

Algérie -1,17 -0,68


Chili 1,26 1,34
Chine -0,48 -0,46
Egypte -0,01 -0,60
Jordanie 0,37 0,39
Corée 0,83 0,94
Maroc 0,14 -0,25
Portugal 1,17 1,03
Tunisie -0,15 -0,20
Venezuela -0,90 -1,79
Source : Banque mondiale

Si on considère que ces indicteurs de la qualité institutionnelle sont pertinentes comme mesure,
leur évolution indique que le Maroc dispose de marges importantes pour accélérer la progression
de son capital immatériel et de sa richesse globale. A cette fin, il faudrait accélérer davantage les
réformes institutionnelles dont plusieurs sont en cours, notamment celles liées au climat des
affaires, au système judiciaire et à la lutte contre la corruption.

Pour ce qui est du capital social, il est défini en général comme étant la capacité des citoyens
d’un pays à travailler et à se mobiliser ensemble pour la réalisation d’objectifs communs. Il est
souvent lié au niveau de confiance régnant dans la société et qui permet ainsi de faciliter les
interactions et de réduire leurs coûts. Les mesures développées pour apprécier le niveau de
confiance d’un pays consistent principalement en des indicateurs issus d’enquêtes auprès de la
population renseignant sur les rapports des individus à leurs différents environnements familial,
social, politique, professionnel, etc.

L’une des questions souvent posées dans ce type d'enquêtes est le degré de confiance qu’ont les
individus dans leur environnement. Au Maroc, une enquête réalisée en 2011 par l’Institut Royal
des Etudes Stratégiques sur les liens sociaux et deux autres par la HCP sur les jeunes en 2011 et
sur le bien être en 2012 fournissent ce type d’indicateurs, elles sont ponctuelles et ne renseignent
pas sur l’évolution au cours de la période étudiée.

En revanche, le programme mondial des enquêtes sur les valeurs (World Values Survey1) a réalisé
plusieurs vagues d’enquêtes sur les valeurs au niveau de plusieurs pays. Le Maroc a été couvert
à plusieurs reprises notamment en 2001 et 2011, deux enquêtes dont les résultats permettent

1 Association basée à Stockholm fonctionnant sous forme d’un réseau de chercheurs dans le domaine social étudiant les changements de valeurs et leurs impacts
sur la vie sociale et politique.

56
CAPITAL IMMATÉRIEL, ÉVOLUTION ET DÉTERMINANTS

de renseigner sur le niveau de confiance et sur son évolution au cours de la période objet de
cette étude. Deux questions de ces enquêtes représentent un intérêt particulier pour apprécier
l’évolution de la confiance au Maroc.

La première concerne la confiance dans autrui : « D'une manière générale, diriez-vous qu'on
peut faire confiance à la plupart des gens ou qu'on doit être très prudent quand on a affaire
aux autres?». La deuxième est liée au niveau de confiance dans les institutions, l’enquêté étant
amené à dire « à quel point il leur fait confiance : très grande confiance, assez confiance, pas trop
confiance ou pas du tout confiance? ». Les institutions concernées sont les imams, l’armée, les
médias, la police, les syndicats, la justice, le gouvernement, les partis politiques, le parlement, les
services publics, etc.

La comparaison des données des enquêtes de 2001 et de 2011 montrent des résultats divergents.
En effet, la confiance dans les gens en général a baissé. En 2001, 21,7% déclaraient qu'on peut faire
confiance aux gens en général et 74,7% qu'il faut plutôt être prudent. En 2011, ces proportions
sont de 12,3% et 86,1% respectivement. En revanche, la confiance dans les institutions s’est
globalement améliorée comme le montrent les résultats présentés dans le tableau suivant.

Confiance dans les institutions (part de la population qui fait confiance, en %)

2001 2011 1 Variation


Services publics 34,9 46,3 11,5
Gouvernement 53,6 44,3 -9,3
Partis politiques 13,2 25,2 12,0
Parlement 19,1 35,3 16,2
Armée 69,5 73,1 3,6
Police 51,5 61,5 10,0
1
L’enquête de 2011 s’est déroulée entre le 25 mai et le 18 juin, période qui a précédé le referendum du 1er juillet.
Source : www.worldvaluessurvey.org.

57
CHAPITRE 4
RICHESSE NATURELLE
RICHESSE NATURELLE

Richesse naturelle
La richesse naturelle est composée des terres cultivées, des terres pastorales, des forêts, des aires
protégées, des réserves minières et énergétiques et des ressources halieutiques. Entre 1999 et
2013, cette richesse a été multipliée par près de 2,4, passant de 404,9 milliards à prix constant
de 2007 en 1999 à 981,1 milliards en 2013. A prix courants, elle s’est établie à 1.218,1 milliards
de dirhams au total et 36.526 dirhams par habitant en 2013, contre 384,7 milliards et 13.759
dirhams par habitant en 1999. Elle Représente en moyenne 7,8% de la richesse totale sur la
période.

Richesse naturelle

Terres Terres Ressources Richesse Richesse


Aires protégées Richesse minière
cultivées pastorales halieutiques forestière énergétique

Structure de la richesse naturelle

Dans ce capital naturel, la richesse des terres cultivées constitue la composante la plus importante,
suivie des terres pastorales. Cette configuration a connu des modifications importantes durant la
période étudiée. La composante minière a pris de l’ampleur à partir de 2008, en liaison avec le
renchérissement du phosphate sur le marché international, son prix étant passé de 70 dollars la
tonne en moyenne en 2007 à 346 dollars en 2008, avant de se stabiliser autour de 150 dollars. La
richesse des terres agricoles (cultures et pâturages), même en accroissement, a vu en conséquence
sa part se réduire au profit des mines.

61
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Evolution de la richesse naturelle (en %)

Par composante, la richesse des terres cultivées, à prix constants, a doublé au cours de la période
pour atteindre 410 milliards de dirhams en 2013. Cette dynamique reflète notamment une hausse
annuelle moyenne de 6,4% de la richesse des cultures fruitières, de 4,1% de celle des céréales et
de 5,6% de celle des cultures maraîchères.

La richesse des terres pastorales, à prix constants, s’est établie à 310,5 milliards de dirhams en
2013 contre 154,8 milliards en 1999, soit une progression annuelle moyenne de 5,1%. En termes
de structure, la viande bovine constitue la composante la plus importante avec une part moyenne
de 24,1% de la richesse pastorale, suivie du lait avec une part moyenne de 18%.

Concernant la richesse forestière, elle est évaluée à prix constants à 40,6 milliards de dirhams en
2013 contre 19,7 milliards en 1999. Par composantes, cette richesse est répartie en moyenne à
hauteur de 57% pour les ressources en bois et 43% pour le non bois.

Pour sa part, la richesse halieutique est passée de 8 milliards de dirhams à 51,4 milliards à prix
constants, soit une croissance annuelle moyenne de 14,2%. Cette évolution reflète notamment
une progression moyenne de 13,1% de la richesse de la pêche côtière, de 12,4% de celle de la
pêche hauturière et de 29,3% de celle de la pêche artisanale.

En outre, la richesse des aires protégées est estimée à prix constants à 4,8 milliards de dirhams en
2013 contre un milliards en 1999, soit une progression annuelle moyenne de 11,6%.

Pour ce qui est de la richesse minière, à prix constant, elle est évaluée en 2013 à 163,4 milliards
de dirhams contre 13,8 milliards en 1999, soit une progression annuelle moyenne de 26%. Le
phosphate est dominant avec une part moyenne sur la période de 98,2% suivi de l’or avec une
part moyenne de 1,2%.

62
RICHESSE NATURELLE

Quant à la richesse énergétique du Maroc, elle demeure faible, s’établissant à 420 millions de
dirhams en 2013 contre 234,7 millions en 1999, soit un taux de croissance annuel moyen de
4,2%.

63
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Terres cultivées
I- Secteur agricole au Maroc sur la période 1999-2013

1- Présentation globale du secteur

D’une superficie utile1 de 8,7 millions d’hectares, l’agriculture2 est l’un des secteurs clés de
l’économie nationale. Elle participe à hauteur de 12,8% en moyenne au PIB avec toutefois des
variations importantes selon les conditions climatiques. Elle constitue après les services, le principal
pourvoyeur d’emplois avec une part de 39,3% en 2013. En milieu rural, près de 74,2% de la
population y est employée.

Evolution de la part de l’agriculture dans l’emploi et dans le PIB global

%
50

40

30

20

10

0
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013

Part dans l'emploi global Part dans le PIB global


 
Source : HCP.

Au niveau des échanges extérieurs, les produits agroalimentaires présentent en moyenne près
de 9,4% des exportations du Maroc en valeur et 9,7% de ses importations. L’essentiel des
exportations est constitué des agrumes avec une part moyenne de 25,9%, suivis des tomates
fraîches avec 16%, les légumes frais congelés ou en saumure avec 13,8% et les conserves de
légumes avec 11,3%, alors que les céréales restent le principal produit importé.

De par sa dimension sociale, le secteur agricole a bénéficié d’une politique favorable des
gouvernements successifs depuis l’indépendance, allant de l‘‘opération labour’’ lancée en 1957, de
la politique des barrages3, de l’aménagement hydro-agricole, de l’encadrement des agricultures,
des programmes de développement rural intégré jusqu’au plan Maroc Vert (2009-2020). Ce dernier
s’inscrit dans la perspective de développement inclusif et durable et s’est fixé comme objectif

1 Il s’agit de la somme des superficies des céréales, des cultures maraîchères, des cultures industrielles et oléagineuses, des plantations fruitières et des jachères
diminuée de celle des cultures en sous étages pour ne pas avoir une double comptabilisation.
2 Il s’agit de l’agriculture, forêt, services annexes et pêche.
3 128 grands barrages sont actuellement en service, totalisant près de 17,2 milliards de m3 de capacité (source : www.water.gov.ma).

64
RICHESSE NATURELLE

d’ériger le secteur agricole en véritable levier de développement socio-économique, notamment


pour la création d’emplois, la lutte contre la pauvreté et la protection de l’environnement. Il
s’articule autour d’une approche globale intégrant l’ensemble des acteurs opérant dans le secteur
et repose sur deux piliers.

Le premier pilier vise à développer une agriculture moderne, compétitive basée sur les filières à
haute valeur ajoutée. 961 projets ont été identifiés pour un investissement de 75 milliards de
dirhams.

Le second pilier porte sur la mise à niveau solidaire des agriculteurs les plus fragiles autour de trois
types de programmes : (i) la reconversion qui permettrait de faire passer les exploitants fragiles
de la céréaliculture à des productions à plus forte valeur ajoutée et moins sensibles à la volatilité
de la pluie, (ii) l’intensification avec de meilleures techniques capables d’améliorer les rendements
et valoriser les productions et (iii) la diversification qui doit générer des revenus complémentaires
autour du développement accéléré des produits spéciaux ou de terroirs. Au total, ce pilier envisage
la réalisation, à l'horizon 2020, de 545 projets sociaux en faveur de 855 000 exploitants pour un
investissement de 20 milliards de dirhams.

Parallèlement à ces deux piliers dits verticaux, un ensemble d’actions transversales ont été
engagées afin de créer un environnement favorisant le succès des projets du Plan Maroc Vert. Ils
portent notamment sur la gestion de l’eau, la concession au secteur privé des terres collectives
et domaniales, l’adoption d’une stratégie d’accès aux marchés étrangers, la modernisation de
la distribution, l'agroindustrie, le renforcement de l’interprofession, ainsi que la réforme du
Département de l’Agriculture et des fonctions d’encadrement de l’État.

Pour l’action relative à l’eau, le Plan Maroc Vert prévoit la mise en œuvre de deux programmes
stratégiques. Le Programme National d’Economie d’Eau en Irrigation (2008-2020) a pour objet de
reconvertir l’irrigation de surface1 et par aspersion2 en irrigation localisée ainsi que l’amélioration
du service de l’eau d’irrigation, la promotion des techniques économes et des systèmes de
culture assurant une meilleure valorisation de l’eau sur une superficie globale de 555.000 ha. Le
deuxième appelé Programme d’Extension d’Irrigation (2009-2018) vise le rattrapage du décalage
des superficies dominées par les barrages à travers la création de nouveaux périmètres d’irrigation
et le renforcement de l’irrigation des périmètres existants.

Le Plan Maroc vert a pour objectif global de multiplier par deux le PIB du secteur, de créer 1,5
million d’emplois supplémentaires, d’augmenter la valeur des exportations de 8 à 44 milliards de
dhs et d’améliorer le revenu agricole de 2 à 3 fois en faveur de 3 millions de ruraux (Cf. Annexe
1 L’irrigation de surface ou irrigation gravitaire consiste à repartir l’eau directement sur la parcelle cultivée par ruissellement sur le sol dans des sillons (méthode
d’irrigation à la raie), par nappe (irrigation par planche ou calant) ou encore par submersion contrôlée (irrigation par bassin).
2 Cette technique consiste à imiter l’effet des précipitations. L’eau, acheminée sous pression par des tuyaux flexibles, est propulsée en l’air sous forme de gouttelettes
lesquelles retombent sur les cultures autour de chaque asperseur.

65
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

II : Objectifs par filière dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Maroc Vert).

Depuis la mise en œuvre de cette stratégie, le secteur a réalisé une valeur ajoutée additionnelle
moyenne de près de 32 milliards de dirhams entre les deux périodes 2004-2008 et 2009-2013.
Parallèlement, la valeur des exportations agroalimentaires a marqué une progression annuelle
moyenne de 8,8% sur la période 2009-2013 pour s’élever à 18 milliards de dirhams, soit un taux
de réalisation de 41,1%. Aussi, les superficies en irrigation localisée ont connu une accélération
de leur croissance sur la période 2009-2013 pour atteindre plus de 350 mille hectares contre 550
mille hectares prévus à l’horizon 2020.

2- Présentation des cultures

Le Maroc produit une diversité de cultures qui contribuent à hauteur de 70% de la valeur ajoutée
du secteur agricole. Leur évolution est à différencier selon les sous-groupes de cultures.

a- Céréales

Les céréales constituent la principale culture au Maroc avec une part de 57,3% de la superficie
agricole utile. Sur la période 1999-2013, la superficie emblavée des céréales s’est accrue de
0,3% en moyenne annuelle pour s’élever à près de 5,4 millions d’hectares en 2013. Ce niveau
demeure bien au dessus de l’objectif de 4,2 millions d’hectares arrêté par le Plan Maroc Vert du
fait en partie du développement des cultures intercalaires faisant suite à la plantation conséquente
d’arbres fruitiers dans le cadre du pilier II du plan. L’analyse par culture céréalière montre que la
part du blé tendre a enregistré une progression remarquable passant de 31,3% à 41,9% de la
superficie céréalière totale durant la période considérée au détriment de l’orge dont la proportion
est revenue de 40,1% à 36,5%. Le blé dur et le maïs occupent respectivement près de 17,5%
et 3,3% dans la superficie céréalière en 2013 contre 20,9% et 6,4% en 1999. En termes de
production, le blé tendre en représente près de 45,3%, suivi de l’orge (29,3%) et du blé dur
(21,4%).

Sur la période 1999-2013, la production céréalière est passée de près de 2 millions de tonnes en
1999/2000 à 10,4 millions de tonnes en 2008/2009 et à 9,9 millions de tonnes en 2012/2013.
Les prix à la production des principales cultures céréalières sont globalement quasi stables avec
toutefois des hausses au cours des périodes se caractérisant par des conditions climatiques
défavorables et/ou des conditions de crise sur le marché international (2008).

66
RICHESSE NATURELLE

Evolution de la production des principales cultures Evolution des prix à la production des principales
céréalières cultures céréalières
Milliers de tonnes Dh/tonne
12 000 4 500
4 000
10 000
3 500
3 000
8 000
2 500
6 000 2 000
1 500
4 000
1 000

2 000
500
0
0 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013
98-99 00-01 02-03 04-05 06-07 08-09 10-11 12-13

Blé tendre Orge Blé dur Maïs Blé tendre Blé dur Orge Maïs

Source : Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime

Tenant compte de leur importance dans la consommation des marocains, les céréales restent les
produits les plus importés avec une part de 70,7% en moyenne dans le volume des importations
agroalimentaires sur la période 1999-2013 et leur évolution reste déterminée aussi bien par les
performances de la production que par l’accroissement de la demande.

b-Cultures maraîchères

S’agissant des cultures maraîchères, bien qu’elles occupent moins de 4% de la superficie


agricole utile, elles contribuent de manière significative à l’équilibre de la balance commerciale
agroalimentaire. Elles sont représentées principalement par les pommes de terre et les tomates
qui participent à la production à hauteur de 23% et 18% en moyenne respectivement et dans
une moindre mesure par les oignons secs, le melon et la pastèque avec des parts de 11%, 10%
et 8% respectivement.

Sur la période 1999-2013, la production s’est accrue de 3,5% en moyenne annuelle pour atteindre
près de 8 millions de tonnes avec une augmentation de 3,8% pour les pommes de terre, de
1,1% pour les tomates et de 4,2% pour les oignons secs. Le melon et la pastèque ont enregistré
quant à eux des progressions respectives de 2,9% et 7,2%. S’agissant des prix à la production,
l’évolution diffère d’une culture à une autre. Pour les trois premières cultures, les prix ressortent
globalement en hausse sur la période 1999-2013, passant de 2010 dh/tonne à 2380 dh/tonne
pour les pommes de terre, de 1940 dh/tonne à 2310 dh/tonne pour les tomates et de 1170 dh/
tonne à 1530 dh/tonne pour les oignons secs.

Pour le melon et la pastèque, après avoir connu de légères baisses au cours de la période 1999-
2006, les prix se sont inscrits dans une tendance haussière passant de 2834 dh/tonne en 2007 à
3413 dh/tonne en 2013 pour le premier et de 1326 dh/tonne à 1599 dh/tonne pour le deuxième.

67
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Evolution de la production des principales cultures Evolution des prix à la production des principales
maraîchères cultures maraîchères

Sources : Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime et annuaires statistiques du HCP.

Pour ce qui est des exportations, les tomates fraîches restent le principal produit exporté au
niveau de ces cultures avec une part de 19,1% en moyenne dans le volume des exportations
agroalimentaires. L’analyse de son évolution indique un doublement du volume exporté entre les
deux périodes 1999-2006 et 2007-2013, passant d’une moyenne de 205 à 411,6 mille tonnes
respectivement. Il est à noter que le Maroc a occupé la sixième place sur le marché mondial de
la tomate en 2013 avec une part de 6%, derrière le Mexique (20,1%), les Pays Bas (14,4%),
l’Espagne (13,1%), la Jordanie (8%) et la Turquie (6,3%).

Evolution des exportations des tomates en volume Quantités exportés des tomates par pays en 2013
Milliers de tonnes %
500 100 Autres 1,2
450
80 Suisse 1,3
400
350 60
Pays-Bas 4,4
300 40
250 Espagne 4,6
200 20
150
Grande-Bretagne 7,3
0
100 Russie 13,1
-20
50
0 -40 France 68,1 %
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Exportations des tomates fraîches Croissance 0 10 20 30 40 50 60 70 80
 
Source : Office des changes.

c- Cultures fourragères

Bien que sa contribution dans la superficie emblavée globale ne dépasse pas 4%, les cultures
fourragères contribuent à hauteur de 32% dans la production végétale en moyenne sur la période
1999-2013. Elles comprennent principalement la Luzerne (43% en moyenne), le Bersim (24%) et
dans une moindre mesure, l’orge et le maïs fourragers avec une part de 12% chacun. Au cours
de la période considérée, la production1 des cultures fourragères a enregistré une progression
1 Il est à noter que pour la période 1994-2007, il a été proposé en concertation avec le Ministère de l’Agriculture d'appliquer la part moyenne des six dernières années
(de 2008 à 2013) pour l’ensemble des cultures.

68
RICHESSE NATURELLE

annuelle moyenne de 2,4% pour atteindre 14,6 millions de tonnes. Cette évolution reflète un
accroissement annuel moyen de 2% pour la Luzerne, de 2,2% pour le Bersim et l’orge fourragère
et de 4,2% pour le maïs fourrager. L’analyse des prix indique que bien que certains produits
comme le mélange fourrager, l’avoine vert et la vesce avoine contribuent faiblement dans la
production, leurs prix demeurent largement supérieurs à ceux de la luzerne, du bersim ainsi que
de l’orge et du maïs fourragers.

Evolution de la production des principales cultures Evolution des prix à la production de certaines
fourragères cultures fourragères

Source : Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime.

d- Légumineuses

La part des légumineuses reste faible aussi bien dans la superficie que dans la production végétale.
Elles sont constituées principalement des fèves avec une part de 49% en moyenne dans le total de
la production des légumineuses. Au cours de la période 1999-2013, la superficie des légumineuses
a enregistré une hausse annuelle moyenne de 1,3% pour s’établir à 400,5 mille hectares en 2013.
Pour sa part, la production qui reste tributaire des conditions climatiques est passée de 80 mille
tonnes en 1999/2000 à 339,2 mille tonnes en 2010/2011 et à 293,3 mille tonnes en 2012/2013.
Pour ce qui est des prix à la production, à l’exception des lentilles dont le prix a oscillé autour de
5702 dh/tonne sur la période considérée, les autres cultures se sont inscrites globalement dans
une tendance haussière.

Evolution de la production des légumineuses Evolution des prix à la production des principales
cultures légumineuses

Milliers de tonnes
400
350
300
250
200
150
100
50
0
98-99 00-01 02-03 04-05 06-07 08-09 10-11 12-13
Fèves Pois chiches Lentilles
Petits-pois Orobes Autres

Source : Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime.


69
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Globalement, ces cultures attestent d’une faible rentabilité en raison de la faiblesse des rendements
qui se situent en moyenne à 0,6 tonne/hectare et des charges élevées de production1.

e- Cultures sucrières et oléagineuses

S’agissant des cultures sucrières, constituées de la betterave à sucre et de la canne à sucre, elles ont
accusé des baisses moyennes annuelles de 2,9% et de 5,5% respectivement de leur production
entre 1999 et 2013. Cette situation pourrait s’expliquer par la hausse des coûts de la production et
par la compétition des cultures de haute valeur ajoutée pratiquées dans les périmètres d’irrigation.

En vue de promouvoir le secteur, plusieurs actions ont été mises en place portant notamment sur
(i) la revalorisation des prix à la production des cultures sucrières et des primes en fonction des
spécificités de chaque région ; (ii) la signature d’un contrat programme avec la profession pour
la période 2008-2013 avec pour objectif d’augmenter la production nationale de 40 % pour un
investissement de 2,3 milliards DH (irrigation, semences, recherche-développement).

Evolution de la production des principales cultures Evolution des prix à la production des principales
sucrières cultures sucrières

Milliers de tonnes
4 000
3 500
3 000
2 500
2 000
1 500
1 000
500
0
98-99 00-01 02-03 04-05 06-07 08-09 10-11 12-13

Betterave à sucre Canne à sucre

Source : Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime.

Pour ce qui est des cultures oléagineuses, elles comprennent principalement le tournesol et dans
une moindre mesure l’arachide. Au cours de la période 1999-2013, la production du tournesol,
a connu des fluctuations importantes du fait que cette culture est considérée par les agriculteurs
comme une substitution aux cultures d’hiver, en cas d’inondations ou de sécheresse automnale.
Quant à l’arachide, sa production fluctue en moyenne autour de 42 mille tonnes. Globalement,
ces niveaux de production demeurent négligeables par rapport aux besoins de la consommation
locale d’où le recours aux importations. L’analyse des prix à la production montre que celui de
l’arachide s’est inscrit dans une tendance haussière pour se situer à 8450 dh/tonne en 2013,
niveau qui demeure supérieur à celui du tournesol qui fluctue autour d’une moyenne de 4139 dh/
tonne sur la période 1999-2013.

1 La hausse des charges de production s’explique par le recours systématique des agriculteurs à la main d’œuvre pour réaliser les principales opérations culturales,
notamment le semis, le désherbage et la récolte.
70
RICHESSE NATURELLE

Evolution de la production des principales cultures Evolution des prix à la production des principales
oléagineuses cultures oléagineuses

Milliers de tonne
120

90

60

30

0
98-99 00-01 02-03 04-05 06-07 08-09 10-11 12-13

Tournesol Arachide

Source : Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime.

f- Cultures fruitières : agrumes

Les agrumes constituent la culture fruitière la plus importante en termes de production et


d’exportations. Ils génèrent des effets importants sur l’emploi à travers la création de près de 21
millions journées de travail par an selon les données du Ministère de l'Agriculture.

Entre 1999 et 2013, la superficie globale des agrumes s’est établie à 75,5 mille hectares en
moyenne sur la période 1999-2003 avant de s’inscrire dans une tendance haussière ininterrompue
pour atteindre 110,7 mille hectares en 2013 avec une tendance vers les plantations des petits
fruits. Parallèlement, la production est passée en moyenne de 1,3 million de tonnes sur la période
1999-2008 à 1,7 million de tonnes sur la période 2009-2013 bénéficiant de la mise en œuvre
du Plan Maroc vert qui table sur une production de 2,9 millions de tonnes à l’horizon 2018.
Parallèlement, les prix à la production se sont inscrits dans une tendance haussière sur la période
considérée pour atteindre 3276 dh/tonne pour les oranges et 3244 dh/tonnes pour les petits fruits
(tangerines, mandarines, clémentines et satsumus).

Evolution de la production des agrumes Evolution des prix à la production des principales
cultures des agrumes
Dh/tonne
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013

Oranges Tangerines, mandarines, clémentines, satsumas

Source : Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime.

71
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Les agrumes restent le produit le plus exporté avec une part moyenne de 34,5% dans les
exportations agroalimentaires. Leur volume à l'export a fluctué entre 418 et 645 mille tonnes sur
la période 1999-2013, générant ainsi un chiffre d’affaires moyen de 2,8 milliards de dirhams à
l'export. L’analyse de la structure des exportations des agrumes indique une tendance à la baisse
des oranges au profit des petits fruits, notamment les clémentines, qui se sont inscrits en hausse
continue au cours de la même période. Cette situation pourrait s’expliquer par la forte concurrence
internationale pour les oranges (l’Espagne, et actuellement l’Egypte et la Turquie) conjugué à un
écoulement de plus en plus important sur le marché local relativement plus rémunérateur et moins
exigeant.

Par marché, la Russie1 continue d’accaparer la part la plus importante dans les exportations des
agrumes en termes de volume, avec 56,4% en 2013, suivie par les Pays Bas avec 15,4% et le
Canada avec 7,1%.

Evolution des exportations des agrumes par variété Exportations des agrumes en volume par marché
en volume en 2013
Canada Allemagne France
milliers de tonnes 7,1% 0,3% 4,6%
700

600 Royaume Uni


2,3%
500

400
Pays Bas
300 15,4%
200

100
Russie
0 56,4%
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013
Oranges Petits fruits Total

Source : Office des changes.

g- Autres cultures fruitières

Il s’agit principalement de l’olivier qui contribue en moyenne à hauteur de 60,7% dans la superficie
des plantations fruitières et de près de 20% dans la production fruitières. L’oléiculture est présente
sur tout le territoire national à l’exception de la bande côtière atlantique et permet d’assurer une
activité agricole qui génère plus de 15 millions de journées de travail par an.

Au cours de la période 1999-2013, la superficie consacrée aux oliviers a marqué une forte hausse
passant de 445,6 mille hectares en 1998/1999 à 748,5 mille hectares en 2007/2008 et à 925,7
mille hectares en 2012/2013 bénéficiant ainsi de la mise en œuvre du Plan Maroc Vert qui a
comme objectif d'atteindre 1,22 million d’hectares à l’horizon 2020. De même, la production a
enregistré une importante croissance de 148,4% sur la période 1999-2013 pour s’élever à près de
1 Il est à noter qu’en 2011, une nouvelle ligne maritime entre le port d’Agadir et le port de Saint Petersburg en Russie a été ouverte.

72
RICHESSE NATURELLE

1,2 million de tonnes en 2013 contre 2,5 millions de tonnes prévues en 2020. En termes de prix,
il s’est situé à 4640 dh/tonne en 2013 contre 2860 dh/tonne en 1999 avec un record de 5060 dh/
tonne en 2008.

Evolution de la production de l’olivier Evolution des prix à la production

Milliers de tonnes
1 600
1 400
1 200
1 000
800
600
400
200
0
98-99 00-01 02-03 04-05 06-07 08-09 10-11 12-13

Source : Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime.

Pour les autres cultures fruitières, elles sont constituées principalement des raisins et des pommes
et dans une moindre mesure de la banane. Au cours de la période 1999-2013, ces cultures ont
connu une progression de 64,3% de leur production à 2,2 millions de tonnes. Cette performance
s’est accompagnée d’une extension de la superficie à 405,1 millie hectares. Concernant les prix à
la production, ils se sont inscrits globalement dans une tendance haussière bien qu’à des rythmes
différenciés.
Evolution de la production des autres cultures Evolution des prix à la production des autres
fruitières cultures fruitières
Milliers de tonnes
2 500

2 000

1 500

1 000

500

0
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013
Pommes Raisins Bananes
Abricots Figues Dattier
Prunes et prunelles Amandier Grenadier
Autres

Source : Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime.

II-Evaluation de la richesse en terres cultivées


1- Cultures retenues et méthodologie adoptée
Pour évaluer la richesse du Maroc en terres cultivées, plus de 95%1 des produits ont été couverts
relevant des céréales, des légumineuses, des cultures sucrières et oléagineuses, des cultures
1 Le reste des produits a un poids négligeable et est exclu du suivi régulier du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime.

73
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

fourragères et des cultures fruitières (Cf. Annexe III : liste des produits retenus pour l’évaluation de
la richesse en terres cultivées du Maroc).

La méthodologie préconisée est une adaptation de l’approche de la Banque Mondiale en tenant


compte des données du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime avec une utilisation
des prix nationaux à la production au lieu de la valeur unitaire à l'export ou les prix internationaux
réalisés par la Banque Mondiale. La richesse en terres cultivées ainsi évaluée à son état brut, est
une actualisation à un taux de 4%, des rentes futures générées à l’issue de l’exploitation de ces
terres pour un horizon de vie de 25 ans (Cf. Annexe IV : étapes de calcul de la richesse en terres
cultivées).
2- Résultats et analyse

Les résultats de l’évaluation de la richesse en terres cultivées indiquent que celle ci a doublé sur
la période 1999-2013, passant de 196,8 milliards de dirhams à 408,1 milliards de dirhams à prix
courants. Cette évolution reflète notamment une hausse en moyenne annuelle de 6,7% de la
richesse en cultures fruitières à 135,1 milliards de dirhams, de 4,4% de celle en céréales à 120,9
milliards de dirhams et de 5,9% de celle en cultures maraîchères à 101,3 milliards de dirhams.
Evolution de la richesse en terres cultivées à prix courants
Milliards de dirhams
500

400

300

200

100

0
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013
 

Sources : Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime et calculs des auteurs.

A prix constants de 2007, la richesse est passée de 207,3 milliards de dirhams en 1999 à 410
milliards de dirhams en 2013, soit une croissance annuelle moyenne de 5%. Toutefois, l’analyse
de son évolution fait état de trois phases différentes sur la période 1999-2013.

74
RICHESSE NATURELLE

Evolution de la richesse en terres cultivées à prix Evolution de la richesse en cultures à prix constants
constants
Milliards de dirhams Milliards de dirhams
450 450
400
400
350
350
300
250
300 200
150
250 100
50
200
0
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013
150
Phase 1999-2001 Phase 2002-2008 Phase 2009-2013 Céréales Cultures maraîchères
100 Plantations fruitières cultures fourrageres
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 Cultures sucrières Léguminseuses

  Cultures oléagineuses Autres cultures industrielles


 
Sources : Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime, HCP et calculs des auteurs.

Sur la première période 1999-2001, la richesse en terres cultivées est revenue de 207,3 milliards de
dirhams à 203,1 milliards de dirhams reflétant notamment la baisse de la richesse en céréales de
13,2% à 60,2 milliards de dirhams et celle en cultures fruitières de 3% à 55,4 milliards de dirhams.
Ces contreperformances s’expliquent par les conditions climatiques défavorables de 1999 et 2000
qui ont fortement impacté la production des principales cultures.

A partir de 2002, la richesse a enregistré une croissance annuelle moyenne de 4,8% pour s’élever
à 277,6 milliards de dirhams en 2008 à la faveur de conditions climatiques plus favorables
comparativement à la première phase. Par culture, cette évolution reflète principalement la hausse
annuelle moyenne de 5,6% de la richesse en céréales, de 4,8% de celle en cultures fruitières et
de 6,1% de celle en cultures maraîchères.

Entre 2009 et 2013, période coincidant avec la mise en oeuvre du Plan Maroc Vert, la richesse
en terres cultivées a connu une accélération de son rythme de progression à 8,4% en moyenne
annuelle pour s’établir à 410 milliards de dirhams. Cette performance est attribuable principalement
à une importante hausse annuelle de 13% de la richesse en cultures fruitières à près de 135,8
milliards de dirhams. Elle a été également tirée par l’accroissement de 7,2% de la richesse en
céréales à 121,5 milliards de dirhams et de 6,6% de celle en cultures maraîchères à 101,7 milliards
de dirhams.

L’analyse de la structure de la richesse en terres cultivées sur la période 1999-2013 indique un


changement progressif à partir de 2006 avec un recul de la part de la richesse en céréales de 37%
à 30% en 2013 au profit des cultures fruitières dont la contribution est passée de 24% à 33%.
Celle des cultures maraîchères a, pour sa part, fluctué autour 26%.

75
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Evolution de la structure de la richesse en terres cultivées


120 %

100

80
28 26 24 25 24 25 26 28 29 31 32 33
27 26 26
60
24 24 24 26 26
23 23 24 24 25 27 26 26 25 25
40

20 33 33 35 35 37 34 32
30 31 31 31 31 29 30 30
0
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Céréales Cultures maraîchères Plantations fruitières Cultures fourragères


Cultures sucrières Léguminseuses Cultures oléagineuses Autres cultures industrielles
 

Sources : Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime et calculs des auteurs.

La richesse en terres cultivées contribue faiblement dans la richesse globale du Maroc avec une
part de 3,2% en moyenne sur la période 1999-2013. Toutefois, cette proportion s’élève à 43,8%
dans le capital naturel.

Evolution de la richesse en terres cultivées dans le Evolution de la part de la richesse en terres


capital naturel cultivées dans la richesse globale

Source : Calculs des auteurs.

3-Comparaison internationale (années 2000 et 2005)


Malgré l’orientation favorable des politiques publiques depuis l’indépendance pour le développement
de l’agriculture, la performance du Maroc dans ce secteur reste en deçà du potentiel au regard de la
performance de certains pays comparables1. En effet, même si la superficie agricole utile du Maroc,
chiffrée à 0,3 ha/habitant en 2005, est supérieure à celle de certains pays comme l’Egypte (0,05
ha/habitant) ou l’Italie (0,18 hectare/habitant), sa richesse agricole par habitant demeure inférieure
à celles de ces deux pays. Cette surpérformance s'expliquerait par les conditions climatiques plus
favorables en Italie et par l'irrigation généralisée en Egypte.

1 La comparaison est établie sur la base des données de la Banque Mondiale et de la FAO.

76
RICHESSE NATURELLE

La richesse en terres cultivées est évaluée à 1559 dollars/habitant supérieure à celle de l’Algérie
(903 dollars/ habitant) mais inférieure à celle de la Tunisie (1900 dollars/habitant), de l’Egypte
(2206 dollars/habitant) ou de l’Italie (3012 dollars/habitant).

Surface agricole utile par habitant en 2005 et 2000 Richesse en terres cultivées par habitant en 2005
et 2000 (dollars de 2005)
Ha/habitant Dollars/ habitant
0,60 6 000
0,52
0,49 4 960
0,50 5 000

0,40 0,34 4 000


0,30 3 012
0,30 0,26 0,25 3 000
2 011 1 900 2 206
0,20
0,20 0,18 2 000 1 735 1 559 1 690
866 903
0,10 0,05 0,05 1 000

0,00 0
Tunisie Maroc Algérie Italie Egypte Algérie Maroc Tunisie Egypte Italie

2000 2005 2 000 2 005


   
Sources : FAO et Banque mondiale.

4- Analyse de sensibilité
La méthodologie adoptée par la Banque Mondiale utilise, pour des raisons de comparabilité et
de disponibilité de données, les prix internationaux pour certains produits comme le blé, le maïs,
l’orge, la banane, l’orange, le sorgho, le riz et la valeur unitaire à l’export pour le reste des cultures.
Dans cette étude, nous utilisons les prix nationaux pour mieux refléter la richesse à l’état brut. Ce
choix a un impact sur le niveau de la richesse . A titre d’exemple, l’utilisation des prix internationaux
pour la plupart des cultures céréalières1 sous-estime la richesse de ces cultures qui s’élève en 2013
à 96,4 milliards de dirhams contre 121,5 milliards de dirhams en optant pour les prix nationaux à
la production (Cf. annexe V : Evolution des prix des principales cultures céréalières).

Evolution de la richesse en céréales en fonction des Evolution de la richesse de certaines cultures


prix utilisés maraichères en fonction des prix utilisés

Milliards de dirhams
250

200

150

100

50

0
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Valeur unitaire à l'export Prix à la production

Sources : FAO, Banque Mondiale, Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime et calcul des auteurs.

1 Il s’agit du blé dur, du blé tendre, de l’orge, du sorgho et autres céréales.

77
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

En revanche, l’évaluation de la richesse d’un ensemble de cultures maraichères qui participent


à hauteur de 23,7% dans la richesse en terres cultivées se retrouve impactée négativement par
l’utilisation des prix nationaux à la production (Cf. annexe VI : Evolution des prix d’un échantillon
de cultures maraîchères).

Pour ce qui est des cultures fruitières, l’évaluation de la richesse d’un échantillon de produits
représentant 22,1% de la richesse en terres cultivées indique que celle-ci aurait été de 110,2
milliards de dirhams en 2013 en utilisant les prix à la production contre 299,8 milliards de dirhams
avec les valeurs unitaires à l’export (Cf. annexe VII : Evolution des prix de certaines cultures
fruitières).

Evolution de la richesse de certaines cultures fruitières en fonction des prix utilisés

Milliards de dirhams
350
300
250
200
150
100
50
0
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013

Prix à la production Valeur unitaire à l'export


 

Sources : Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime, FAO et calculs des auteurs.

78
RICHESSE NATURELLE

Objectifs par filière dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Maroc Vert

• Baisse de la superficie à 4,2 millions d’hectares


Céréaliculture
• Production de 7 millions de tonnes
2009-2020
• Repli des importations de 20%

• Hausse de la superficie à 1,22 million d’hectares


• Augmentation de la production à 2,5 millions de tonnes
Filière oléicole • Consommation interne de 4 kg/hab/an pour l'huile d'olive et de 5 kg/hab/an pour
2009-2020 les olives de table
• Progression des exportations à 120 mille tonnes pour l’huile d’olive et à 150 mille
tonnes pour les olives de table.

• Extension de la superficie globale à 105.000 hectares.


Filière agrumicole
• Production de 2,9 millions de tonnes à l'horizon 2018, dont 1,3 million de tonnes
2008-2018
destinés à l'export .

• Augmenter la superficie cultivée à 91.000 hectares.


Filière sucrière • Porter la production nationale en sucre, à partir des plantes sucrières locales, de
2009-2013 466.000 tonnes en moyenne entre 2003 et 2007 à 675.000 tonnes, soit 55% du
besoin national, et d’étendre la capacité industrielle à 63.000 tonnes par jour.

• Extension progressive des superficies pour atteindre 105,7 mille hectares dont 77,5
mille hectares pour la betterave à sucre et 28,2 mille hectares pour la canne à sucre.
Filière sucrière • Amélioration du rendement du sucre à l’hectare
2014-2020 • Sur le plan industriel, l’objectif est d’augmenter les capacités de traitement des
sucreries pour arriver à 62,5 mille tonnes par jour afin d’être en phase avec
l’évolution effective de la production des plantes sucrières

Filière maraîchère • Etendre la superficie à 53.000 hectares, en vue de porter la production à 3,2 millions
2009-2020 de tonnes de primeurs dont 1,7 million de tonnes destiné à l’export.

•Extension de la superficie avec la plantation de 2,9 millions de plants à l'horizon 2020


Filière palmier dattier •Accroître la production dattière pour atteindre 185 mille tonnes à l'horizon 2030 et
la valoriser par l'amélioration de sa qualité et des conditions de commercialisation.

Sources : Site du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime et document relatif aux contrats programmes pour le développement des filières de production.

79
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Terres pastorales
Introduction

Les parcours ou les terres pastorales au Maroc sont estimés à près de 50 millions d’hectares1,
représentant 75% du territoire national. Ces espaces se retrouvent dans toutes les régions
naturelles du pays, avec une extension plus importante dans les zones à climat aride. Les parcours
constituent une importante ressource fourragère (près de 25% en moyenne du bilan fourrager
national) et la majeure part de l’alimentation des ovins et caprins des zones pastorales. Ces terres
constituent une source de richesse non négligeable en fournissant des produits, comme la viande,
le lait et la laine. En plus de leur rôle économique, les parcours fournissent un habitat à de
nombreuses espèces animales sauvages, protègent le sol contre l’érosion hydrique et éolienne et
constituent un réservoir de biodiversité.

Le secteur de l’élevage constitue l’une des composantes importantes de l’économie agricole de


notre pays, contribuant pour 25% à 30% de la valeur ajoutée agricole et employant environ 20%
de la population rurale active. Il approvisionne en matières premières le secteur agro-industriel,
constitue une source de liquidité permanente pour la plupart des agriculteurs et fournit une force
de traction animale encore utilisée par les petits agriculteurs.

I- Evolution des principaux produits de l’élevage


Les bovins, ovins, caprins et camelins sont les principales races produites au Maroc. Jouissant
de larges territoires de parcours, ce cheptel est en amélioration continue aussi bien en termes
d’effectifs que de qualité de races, permettant ainsi de répondre de mieux en mieux aux besoins
de la population. Dans la cadre du Plan Maroc Vert (PMV), les efforts de développement de la
filière viande rouge reposent sur l’amélioration de la production en amont, le développement de
l’abattage moderne et de la valorisation des viandes, ainsi que l’amélioration des circuits de la
distribution de viandes.

Pour ce qui est de la filière avicole, elle est considérée comme l’une des filières les mieux
organisées et constitue la première source de protéine animale au Maroc. Concernant la filière
du lait, les efforts substantiels concédés pour l’importation de races améliorées, la vulgarisation
des techniques d’élevage, la vaccination et la lutte contre les maladies ont permis une progression
sensible de la production de ce secteur.

1 Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime.

80
RICHESSE NATURELLE

1. Viandes rouges

La production des viandes rouges est assurée à hauteur de 98% par les espèces bovines, ovines
et caprines. L’effectif du cheptel s’élève, en 2012, à près de 3 millions de bovins et 18,4 millions
d’ovins. La production est estimée en 2013 à 490.000 tonnes, couvrant la totalité de la demande
nationale. Cette production est en accroissement de 55,4% par rapport à 1999 et de 33,7% par
rapport à 2008. L’augmentation de la production est liée en grande partie à l’amélioration du
poids moyen par carcasse qui est passé de 136 kg à 178 kg pour les bovins et de 13 kg à 14 kg
pour les ovins au cours de la période.

Production de viandes rouges

Source : Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime

La production de viande bovine a connu une croissance quasi-continue sur la période allant de 2008
à 2013, avec un taux annuel moyen de 5,2%. Il en est de même pour la production de viande ovine
qui a progressé en moyenne de 3,9% sur la même période. Ces performances reflètent la priorité
accordée à ces filières dans le cadre du PMV, à travers notamment l’encouragement des importations
de veau d’engraissement, de projet intégré et le soutien aux organisations professionnelles pour
l’exécution des programmes d’amélioration génétique des races. L’importation de génisses a permis
ainsi d’augmenter le cheptel de reproducteurs améliorés de plus de 200.000 femelles.

Quant aux importations des taurillons, elles ont atteint 40.000 têtes entre mars 2010 et fin 2013.
Cette performance est due aux mesures de suspension des droits de douane et à la baisse de la TVA
à l’importation de 20% à 10% et à la dynamique d'investissement suscitée par le PMV.

81
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Importations cumulées de vaches de race pure

Source : Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime

En plus des races pures, l’importation des semences animales de race améliorée contribue également
à l’amélioration de la productivité. En 2013, près de 160.000 doses de semences animales ont été
importées pour l’insémination artificielle du cheptel bovin.

La consommation des viandes rouges est passée durant les 20 dernières années de 8,2 kg à 11,7 kg par
personne et par an. Les viandes rouges représentent plus de 25% des protéines animales de la ration
moyenne du consommateur marocain.

Concernant les prix de ces produits, ils ont connu une augmentation tendancielle avec toutefois des
baisses au cours de certaines années. Pour la viande bovine, son prix a cru en moyenne de 2,4% entre
2008 et 2013, avec toutefois une baisse en 2012. Pour la viande ovine, les prix ont enregistré la même
tendance, progressant de 4,2% en moyenne entre 2008 et 2013. Avant cette période, entre 1999
et 2007, les prix ont été assez volatiles, enregistrant des baisses marquées en 2000 et 2005 pour les
viandes ovines et bovines des hausses importantes en 2002 et 2006.

Productions de viandes bovine et ovine Prix des viandes bovine et ovine (en dirhams la
(en tonnes) tonne)

Sources : Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime.

82
RICHESSE NATURELLE

La production de viande rouge en 2013 représente près de 89% de l’objectif fixé par le PMV pour 2020,
qui est de 550.000 tonnes. En 2013, sept nouveaux projets ont été réalisés pour un investissement de plus
de 500 millions de dirhams. 51 autres projets, d’un montant de 1,16 milliard sont en cours de réalisation.

2. Filière avicole

L’offre de viandes de volaille est assurée à 91% par le secteur intensif moderne. En 2013, la production
est estimée à 565.000 tonnes. Ce niveau permet de couvrir 100% de la demande en viandes de
volailles, représentant 54% de la consommation totale toutes viandes confondues. Cette production
a augmenté de 114% par rapport à 1999 et de plus de 15,3% par rapport à 2008.

En matière d’infrastructure de production, le secteur moderne compte actuellement 46 couvoirs


de type chair d’une capacité de 494 millions de poussins par an, 4 couvoirs de type ponte d’une
capacité de 33,8 millions de poulettes par an, 3 couvoirs de dinde d’une capacité de 11,2 millions
de dindonneaux, 6.030 unités d’élevage de poulets de chair, 421 élevages de dinde, 233 unités
d’élevage de poules pondeuses et 40 unités de fabrication d’aliments d’une capacité totale de 4
millions de tonnes par an. Le réseau d’abattoirs avicoles, exclusivement privé est composé de 23
unités, officiellement agréés, d’une capacité de 50.000 tonnes par an, soit près de 15% de la
capacité effective. Il est à noter que les importations de poussins, qui étaient importantes avant
1981, ont fortement diminué depuis pour s’annuler à partir de 1985 pour les poussins de type
chair et à partir de 2002 pour les poussins de type ponte, grâce au développement de la filière
d’accouvage et aux efforts déployés par les autorités publiques et la fédération interprofessionnelle1.

Entre 2008 et 2010, la production nationale des poussins et des dindonneaux est passée de :
- 330 à 350 millions pour les poussins type chair (+6%);
- 13 à 14 millions pour les poussins type ponte (+8%);
- 4,6 à 7,7 millions pour les dindonneaux (+67%).

La consommation annuelle par habitant est passée de 15,4 kg à 17,2 entre 2008 et 2010, soit un niveau
supérieur à la moyenne mondiale qui s’est située en 2007 à 12 kg selon la FAO. L’évolution des prix de la
viande de volaille a été marquée par une augmentation moyenne de 1% entre 2008 et 2013, ponctuée
toutefois par une baisse en 2010. De 1999 à 2005, les prix ont été en baisse quasi-continue, avec un
taux annuel moyen de -3,8%.

La production de volaille a enregistré une hausse annuelle moyenne de 14,1% entre 1999 et 2007 et de
3,9% entre 2008 et 2013, recouvrant une baisse de 5,1% en 2012 et des hausses de 16,7% en 2008
et de 14,3% en 2010.

1 FISA, ou Fédération Interprofessionnelle du Secteur Avicole. La FISA compte cinq associations, à savoir celles relatives (1) aux Fabricants d’Aliments Composés, (2)
aux Accouveurs Marocains, (3) aux Abattoirs Industriels Avicoles, (4) aux Producteurs d’œufs de Consommation et (5) Producteurs des Viandes de Volailles.

83
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Prix et production de viande de volaille

Sources : Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime, FISA.

Concernant les œufs de consommation, la production a augmenté de 22% par rapport à 2008 pour
se situer à 5,2 milliards d’unités en 2013. La consommation moyenne par habitant est passée de 117
unités en 2008 à 158 en 2013. Selon les données de la FAO, la consommation moyenne mondiale est
de 145 unités par habitant en 2005.

Etant donné le niveau de production nationale en œufs, les importations de ces produits sont très faibles
et ont enregistré une baisse importante en 2002. En effet, en 2013, le Maroc a importé près de 70
tonnes, contre 934 tonnes en 2001. Cette évolution témoigne du dynamisme de la filière avicole et de
l’augmentation de la production.
Importations d’œufs

Source : Office des changes.

A l’horizon 2020, le PMV prévoit un volume de production de 900.000 tonnes de viandes blanches
et de 7,2 milliards d’unités d’œufs de consommation, ainsi qu’une consommation par habitant et
par an de 25 kg de viandes de volailles et de 200 œufs. Il est prévu un volume d’investissement
additionnel de 13,8 milliards de dirhams, un chiffre d’affaires de 38 milliards de dirhams et la
création de 500.000 emplois permanents directs et indirects.

84
RICHESSE NATURELLE

Le plan de développement dans le cadre du PMV prévoit le soutien à l’investissement dans


le secteur à travers les « crédits dawajine », l’appui à la promotion de la consommation des
produits avicoles, la recherche appliquée, la mise à niveau de l’interprofession et la contribution
du programme « Rawaj ».

3. Lait

La production laitière est évaluée à 2,3 milliards de litres en 2013, soit une hausse de près de 60%
par rapport à 2008. Ce niveau permet de couvrir 90% de la demande nationale en lait et produits
laitiers, le reste est assuré par les importations, notamment de la poudre de lait et du beurre
destiné aux industries laitières et biscuiteries.

Les conditions climatiques restent un facteur déterminant de la production laitière, en raison


de son influence directe sur la disponibilité en ressources fourragères pour les animaux. Ainsi,
l’analyse de l’évolution de la production laitière nationale montre que celle-ci est passée de 865
millions de litres en 1990 à 1,1 milliard en 1999, soit un taux d’accroissement moyen par an de
5,9%. Toutefois, deux baisses de la production de 11,5% en 1993 et de 14,9% en 1998 ont été
enregistrées à cause de la sècheresse. De même, l’année 2001 a enregistré une baisse de 4,3% de
la production de lait. Le volume produit a connu une évolution ascendante à partir de 2002, qui
s’est accélérée en 2010, avec la mise en œuvre du PMV, le taux de croissance annuelle moyen de
2010 à 2013 s’est élevé à 8%.
Prix et production de lait

Sources : Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime pour les prix, FAO pour la production.

Pour ce qui est des prix du lait, ils ont été libéralisés en juin 1992 et ont connu une hausse
progressive avant de se stabiliser en 1995. Ils sont restés quasi stables avant de connaître un saut
en 2007 (+17,8%) du fait de la hausse des prix des intrants notamment ceux de l'aliment. Les
prix ont continué à croître modérément avec un taux de 0,7% en moyenne entre 2008 et 2013.

85
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

La structure de l’industrie laitière comprend deux grandes composantes :

(1) des unités industrielles de transformation : secteur très concentré autour de 82 unités dont
2 contrôlent 80% des volumes traités. Ces unités agrègent les producteurs en amont et collecte
aujourd’hui entre 75% et 80% des volumes produits ;

(2) des circuits parralèlles importants de distribution composés de « mahlabats » (laiteries) qui
représentent 20% à 25% des volumes collectés et non manufacturés.

En 2009, le lait a été collecté par plus de 1.450 centres de collecte avant d’être usiné au niveau
des unités de transformation laitières sous forme pasteurisée (600 millions de litres) ou UHT (140
millions de litres). La quantité de lait usiné en 2010 a été de l’ordre de 1,7 milliard de litres, soit
une augmentation de 21% par rapport à 2008.

En 2013, l’importation des vaches de race pure a affiché une croissance de 70% par rapport à
2008, soit un effectif total de plus de 88.000 têtes. La répartition par pays d’origine fait ressortir
que l’Allemagne a été le premier pays exportateur, suivi de la France et de la Hollande. A noter que
l’augmentation des effectifs des génisses importées a été accélérée grâce au soutien accordé dans
le cadre du Fonds de Développement Agricole qui s’élève à 4.000 dirhams par femelle importée
à partir du 1er mai 2009.

Importations des principaux produits laitiers Importations des principaux produits laitiers
(en milliers de dirhams) (en tonne)

Source : Office des changes.

Les importations des produits laitiers en 2013 ont atteint 76.403 tonnes, en baisse de 9,4% par
rapport à 2012. Le volume de beurre importé s’est établi à 24.107 tonnes, en hausse annuelle de
1,4% et le fromage à 15.828 tonnes, en hausse de 12,8%. En revanche, le lait et produits de la
laiterie (hors beurre et fromage) ont été en baisse de 23,3% à 35.440 tonnes.

Parmi les axes du PMV pour la filière, il y a la refonte de l’amont de la filière autour de l’agrégation
à travers d’abord la promotion de l’investissement pour le développement du modèle de fermes

86
RICHESSE NATURELLE

productivistes (400 à 500 fermes de plus de 100 vaches) et le renforcement des petites et moyennes
fermes à travers le soutien à l’amélioration génétique du cheptel, soutien à l’importation de
génisses et à la production.

Il y a également l’axe du développement de l’aval de la filière par le renforcement de l’intégration


verticale en amont et en aval à travers la création de nouvelles unités de transformation.

4. Filière caméline

L’effectif du cheptel camelin est estimé en 2011 à 190.000 têtes, dont 92% concentré au sud du
Royaume dans l’axe Essaouira-Figuig. En 2009, la première usine pour la transformation du lait de
chamelle a été construite à Laayoune avec une capacité de 10.000 litres par jour.

Les chiffres de la production de viande caméline montrent une certaine volatilité avec une
progression moyenne de 5,8% entre 2008 et 2013. Pour sa part, le lait camelin a enregistré
des sauts importants en 2006 et en 2009 mais avec un volume de production qui reste faible,
représentant en moyenne 0,3% (2008-2013) du total de la production de lait de vache.
Production caméline

Source : FAO.

Cette filière a fait l’objet d’un nouveau Contrat Programme pour son développement pour la période
2011- 2020. Les objectifs pour la filière à l’horizon 2020 consistent à atteindre une production de
plus de 4.800 tonnes de viandes et près de 10.500 tonnes de lait pour un investissement de 702
millions de dirhams.

5. Alimentation du bétail

Les disponibilités alimentaires pour le cheptel sont essentiellement basées sur les apports des sous-
produits de cultures, des parcours naturels, des grains de céréales, des cultures fourragères et des
sous-produits de l’agro-industrie.

87
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

En années favorables, le disponible fourrager est en moyenne d’environ 14 milliards d’unités


fourragères1 (UF) alors qu’en année défavorable ce disponible n’excède pas 10 milliards d’U.F. A
titre d’exemple, pour la campagne 2008-2009 et compte tenu des conditions pluviométriques très
favorables, les disponibilités fourragères ont été estimées à 18 milliards d’UF.
Répartition du bilan fourrager 2008-2009 (18 milliards d’UF)

Sources : « Situation de l’Agriculture Marocaine, N°9 », Conseil Général du développement Agricole, Ministère de l’Agriculture, novembre 2011.

Compte tenu des effectifs du cheptel, les besoins en aliments de bétail dans la campagne 2008-2009
ont été évalués à 14 milliards d’UF, ce qui a permis un report de stock sur la campagne suivante de près
de 4 milliards d’UF, constitué principalement de la paille et des grains de céréales notamment l’orge.

II- Estimation de la richesse

1. Résultats

L’évaluation de la richesse des terres pastorales passe par celle de la valeur des produits issus de
l’élevage. Près de 88% en moyenne de la richesse est évaluée sur la base des données (production
et prix) de sources nationales (Cf. méthodologie en annexe I). Pour les prix, ce sont ceux à la
production qui ont été retenus pour éviter les revenus générés par l’intermédiation.

La richesse des terres pastorales, à prix courants, s’établie ainsi à 309,1 milliards de dirhams en
2013 contre 146,9 milliards en 1999, soit une progression annuelle moyenne de 5,5%.

1 L’UF représente la quantité d’énergie nette absorbable lors de l’engraissement ou l’entretien d’un ruminant.

88
RICHESSE NATURELLE

Tableau 1 : Richesse des terres pastorales

1999 2000 2005 2008 2009 2010 2011 2012 2013


Richesse des terres de
pâturage (en milliards de 145,2 153,1 204,9 223,9 236,8 254,1 266,9 285,5 302,3
dirhams de 2007)

Terres de pâturage 50 000 000 d’hectares


Part (%) dans la richesse
38,1% 37,9% 37,9% 33,6% 32,9% 32,4% 31,3% 30,9% 32,1%
naturelle
Part (%) dans la richesse
2,2% 2,3% 2,7% 2,5% 2,6% 2,6% 2,6% 2,7% 2,7%
totale

Exprimée en dirhams constants de 2007, cette richesse a enregistré une croissance continue avec
un taux moyen sur la période étudiée de 5,1% mais assez fluctuant d’une année à l’autre.

Richesse pastorale Richesse par produit (en M de Dh 2007)

En termes de structure, la viande bovine constitue la richesse la plus importante avec une proportion
moyenne sur la période 1999-2013 de 24,1% de la richesse pastorale. Le lait vient en deuxième
position avec une part moyenne de 18% sur la période. La viande ovine constitue le troisième
produit avec une proportion moyenne de 17,7%.

Parts dans la richesse pastorale en 1999 (en %) Parts dans la richesse pastorale en 2013 (en %)

89
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Par rapport à la richesse totale, sa part a légèrement augmenté en 2004 pour se stabiliser autour
de 2,6% sur la période postérieure, contre 2,5% sur la période 1999-2003.

Tableau 2 : Richesse des terres pastorales par produits, en millions de dirhams de 2007

1999 2000 2005 2008 2009 2010 2011 2012 2013


Viande bovine 36 631 38 276 52 740 54 309 56 905 59 959 61 892 66 399 71 524

Viande ovine 32 072 33 120 38 125 37 098 38 665 40 508 42 270 44 372 47 406

Viande de volaille 23 028 24 033 29 977 33 545 36 289 630 39 43 265 45 850 47 847

Lait 24 376 26 663 34 274 42 604 46 580 51 070 57 411 63 303 68 533

Œufs 13 414 13 878 15 004 14 920 15 264 15 659 16 667 17 752 19 893

Abats 9 191 9 685 11 517 11 538 11 912 12 442 12 764 13 493 14 000

Autres produits 16 090 17 337 27 608 31 442 33 645 36 644 35 815 38 989 41 344

Total richesse pastorale 154 802 162 991 209 245 225 456 239 260 255 912 270 084 290 158 310 547

2.Comparaison internationale

Afin d’apprécier le niveau de la richesse des terres pastorales du Maroc par rapport aux niveaux
mondiaux, il a été procédé à une comparaison sur la base des estimations de la richesse telle que
calculée par la Banque Mondiale pour un échantillon de pays y compris le Maroc pour les années
2000 et 2005. Les résultats indiquent que la performance nationale a été en deçà de la moyenne
de l’échantillon pour les périodes considérées. En effet, par habitant, cette richesse s’établie pour
le Maroc à 683 dollars1 en 2005 et 848 dollars en 2000, tandis que la moyenne des pays de
l’échantillon est de 998 dollars et 1.259 dollars en 2005 et 2000 respectivement. La richesse
de cette composante par habitant reste supérieure à celle de la Jordanie et de l’Egypte et assez
proche de celle de la Tunisie. La part de la richesse des terres pastorales dans la richesse totale
est relativement élevée au Maroc avec une proportion de 2,6% en moyenne entre 2000 et 2005.

Richesse pastorale par habitant ($ de 2005) Richesse pastorale par rapport à celle totale

Source : Banque mondiale

1 Dollar constant de 2005.

90
RICHESSE NATURELLE

Par rapport à l’ensemble des pays à revenu moyen inférieur, le Maroc affiche des chiffres meilleurs,
ces pays ayant une richesse pastorale par habitant en 2005 et 2000 respectivement de 523 dollars
et 520 dollars. En revanche, les pays de l’OCDE ont des richesses pastorales largement plus élevées
avec 3.152 dollars par habitant en 2000 et 2.240 dollars en 2005. Le Maroc se situe à un niveau
inférieur à la moyenne mondiale (888 dollars en 2005) et à celle des pays à revenu moyen supérieur
(1.327 dollars en 2005 et 2.100 dollars en 2000).
Richesse pastorale par habitant ($ de 2005) Richesse pastorale par rapport à la richesse totale

Source : Banque mondiale

En proportion de la richesse totale, les pays à revenu faible et à revenu moyen inférieur affichent,
respectivement, 5,6% et 3,1% en 2005. La part de la richesse pastorale dans la richesse totale est
assez faible dans les pays de l’OCDE, ne dépassant pas 0,4% en 2005 et 0,6% en 2000.

91
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Ressources halieutiques
I. Présentation du secteur de la pêche maritime
Avec un littoral qui s’étend sur plus de 3500 kilomètres sur les deux façades atlantique et
méditerranéenne, le Maroc dispose d’un espace maritime d’environ 1,2 million de km2 qui constitue
un réservoir stratégique de ressources. Grâce à cette richesse et à sa position géographique,
le Maroc se place parmi les plus importants producteurs et exportateurs de produits de la mer
(Cf. Encadré1). La pêche hors industrie des produits de la mer participe en moyenne à hauteur
de 0,8%1 dans la formation du PIB sur la période 2007-2013 et génère un nombre important
d’emplois2. Elle contribue également pour près de 50,4% à la valeur des exportations alimentaires
et de 9,7% à celle des exportations globales du Maroc. L’essentiel des exportations de la pêche
est constitué des crustacés, mollusques et coquillages avec une part de 45,6% en moyenne sur la
période considérée, suivis des préparations et conserves de poissons et crustacés avec 34,9% et
des poissons frais, salés, séchés ou fumés avec 14,7%.
Evolution de la valeur ajoutée de la Pêche en Structure des exportations du secteur de la pêche
niveau et en part sur la période 1999-2013

Crustacés, mollusques
et coquillages 45,6%
Préparations et
conserves de poissons
et crustacés
34,9%

Poissons vivants
1,1%
Poissons
frais, salés, séchés ou Farine et poudre
fumés de poissons
14,7% 3,7%
 
Sources : HCP et Office des Changes.

Par marché, l’Espagne reste le premier débouché pour les trois grands produits de la mer en
2013. La deuxième place est occupée par le Japon pour la composante « crustacés, mollusques
et coquillages » avec une part de 14,7%, l’Italie pour « préparations et conserves de poissons et
crustacés » avec 12,5% et le Brésil pour « poissons frais, salés, séchés ou fumés » avec 10,5%.

1 Selon les données du HCP.


2 L’ONP estime ce nombre à 700.000 emplois directs et indirects (www.onp.azursystems.com).

92
RICHESSE NATURELLE

Part des exportations en valeur des principaux produits de la mer par marché, en 2013

Source : Office des Changes.

Encadré 1 : Performance du Maroc en termes de production, des exportations et de la


consommation à l’échelle mondiale

Avec une production en produits de la mer évaluée à 1,2 million de tonnes en 2012 sur un total 79,7
millions de tonnes, le Maroc se positionne au 18ème rang devançant ainsi les pays de l’Afrique et de
la région MENA. Cependant, cette performance reste loin derrière celle de certains pays asiatiques,
notamment la Chine qui représente à elle seule 17,4% de la production mondiale.
Les 18 principaux pays producteurs de produits de la mer, en millions de tonnes, en 2012

 
Source : Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture, FAO, 2014, données 2012

Le Maroc fait partie des 21 premiers pays exportateurs des produits de la pêche au niveau mondial
avec une valeur de 1,4 milliard de dollars, devançant un certain nombre de pays comme la Turquie,
le Portugal, la Mauritanie ou le Sénégal. Bien que la part des pays en développement dans les
exportations mondiales des produits halieutiques est importante, elle demeure tributaire des marchés
développés qui constituent les principaux débouchés de ces exportations.

93
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Pays exportateurs des produits de la pêche, part en % du total mondial

Source : FAO, données 2011.

Pour ce qui est de la consommation apparente des produits de la mer1 par habitant et par année au
Maroc, elle a connu une progression continue ces dernières années, passant de 7,8 kg en 1999 à
13,3 kg en 2011, niveau inférieur à la moyenne mondiale2 (18,7 kg). En comparaison internationale,
la consommation du Maroc demeure largement inférieure à celle du Japon (53,7 kg), de la Chine
(42,4 kg) mais dépasse celle de la Tunisie (12,7 kg), de la Turquie (7,3kg) et de l’Algérie (3,9 kg).

Consommation apparente du poisson et fruits de mer en kg/habitant/an


pour un échantillon de pays

Source : FAOSTAT, données 2011.

1 La consommation apparente du poisson et fruits de mer est appréhendée par la disponibilité alimentaire qui correspond à la somme de la production, de la
variation du stock ainsi que le solde commercial des produits en question (importations - exportations).
2 L’échantillon retenu porte sur 187 pays pour lesquels les données existent au niveau de la FAOSTAT,

Parallèlement aux exportations, le Maroc a conclu un ensemble d'accords dont notamment :


• Accord avec l’UE entré en vigueur en 2007 pour une période de 5 ans et qui a apporté une
contribution financière de 189,5 millions d'euros.
• Accord avec le Japon sur la période 1999-2014 avec une contrepartie financière qui s’élève à
1,1 millions de dollars.
• Plusieurs accords avec la Russie

94
RICHESSE NATURELLE

Période de l’accord Contrepartie financière


1996-1999 6 265 637 Dollars
2004-2006 14 032 357 Dollars
2007-2009 13 318 713 Dollars
2010-2012 17 688 640 Dollars
2013-2014 36 119 547 Dollars

Le Maroc a lancé en 2009 le plan Halieutis qui s’articule autour de trois principaux axes, à savoir
(i) la durabilité en assurant la pérennité de la ressource pour les générations futures, (ii) la gestion
efficiente des équipements et des infrastructures de débarquement et la mise en place d'un
mécanisme de contrôle de la qualité, afin de garantir, aux consommateurs, l’accès à des produits
avec un haut niveau de sécurité sur les plans de l’hygiène et de la santé et (iii) le développement
de produits bien valorisés et compétitifs, en facilitant l’accès des industriels aux matières premières
et en misant sur les marchés les plus porteurs.

Globalement, le Plan Halieutis a pour objectif global de porter le PIB du secteur de la pêche de
8,1 milliards de dirhams en 2013 à 21,7 milliards de dirhams en 2020, d’augmenter le nombre
d’emplois directs et indirects dans le secteur et de porter la valeur des exportations à 3,1 milliards
de dollars.

Parallèlement à ces axes, un ensemble d’actions transversales, ont été engagées dont notamment:
• la mise à niveau des associations professionnelles et la création de nouveaux organismes
dédiés à la nouvelle stratégie ;
• l’instauration d’un système de contrôle pertinent pour assurer la traçabilité des produits tout
au long de la chaîne de production et de commercialisation.
• la mise en place de moyens appropriés ainsi que l’adoption d’un vaste programme
d’investissement dans le domaine des ports, des équipements de débarquement, des sites
aquacoles, des halles, des marchés de gros et de détail.

II. Evolution des différentes catégories de la pêche maritime sur la période


1999-2013
1. Pêche côtière et artisanale
La pêche côtière et artisanale revêt une grande importance aussi bien économique que sociale
avec une contribution à hauteur de 80,7% au volume global des débarquements et de 53% de
leur valeur. Les captures sont constituées principalement des poissons pélagiques avec une part de
85% et dans une moindre mesure du poisson blanc (7,6%) et des céphalopodes (6,6%).

95
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Au cours de la période 1999-2013, cette catégorie de pêche a permis de produire en moyenne


811,6 mille tonnes avec un record en 2001 (978,5 mille tonnes). En termes de prix, bien qu’ils
soient volatils, ils se sont inscrits dans une tendance haussière passant de 1650 dh/tonne à 2518 dh/
tonne pour les poissons pélagiques, de 9846 dh/tonne à 31029 dh/tonne pour les céphalopodes
et de 6647 dh/tonne à 17596 dh/tonne pour le poisson blanc.
Evolution de la production de la pêche côtière et Evolution des prix des captures de la pêche côtière
artisanale et artisanale
Milliers de tonnes
1 200
1 000
800
600
400
200
0
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013

Poissons pélagiques Céphalopodes Poisson blanc


Crustacés Coquillage
 
Sources : Département de la pêche Maritime, ONP et HCP.

Les prises qui proviennent de la pêche côtière et artisanale sont essentiellement destinées à
l’industrie de transformation1 dont 29,1% pour les sous produits (farine et huile de poissons) et
15,3% pour les conserves. Une part de 45% est expédiée vers les marchés de la consommation à
travers un réseau de halles répartis dans tous les ports du Royaume.

2. Pêche hauturière

Cette catégorie de pêche2 est aussi importante que la côtière et artisanale avec une participation de
42,2% dans la valeur de la pêche maritime nationale et de 13,2% au volume des débarquements.
Les captures sont constituées principalement des céphalopodes, du poisson blanc, des poissons
pélagiques et des crevettes.

S’agissant des céphalopodes et du poisson blanc, ils contribuent pour près de 74% à la valeur de
la pêche hauturière. Leur production a accusé une baisse importante sur la période 2001-2004 en
liaison avec les mesures prises pour permettre la reconstitution du stock, avant de s’inscrire dans
une tendance haussière pour s’établir à 75 mille tonnes en 2013. Pour leur part, les prix ont évolué
dans une fourchette allant de 26 mille dirhams à 50 mille dirhams/tonne.

1 Voir annexe : branches d’activité de l’industrie de la pêche.


2 Il s’agit d’une pêche pratiquée par les navires qui séjournent en mer pendant des périodes dépassant huit jours.

96
RICHESSE NATURELLE

Evolution de la production des céphalopodes et du Evolution des prix des céphalopodes et du poisson
poisson blanc blanc

Source : Département de la pêche Maritime.

Pour ce qui est des poissons pélagiques qui représentent près de 12% de la valeur de la pêche
hauturière en 2013, ils ont connu une nette progression de leur production ces dernières années
pour s’établir à 218,7 mille tonnes en 2013 contre 20 mille tonnes seulement en 1999. Cette
performance pourrait s’expliquer par le développement de l’activité de ce segment dans les
régions sud du pays. Parallèlement, les prix sont restés volatils et se sont élevés à 2044 dh/tonne
en 2013. Il est à noter qu’en 2000, les bateaux exerçant cette activité ont été immobilisés pour
des raisons techniques.

Evolution de la production des poissons pélagiques Evolution des prix des poissons pélagiques

Source : Département de la pêche Maritime.

Quant aux crevettes qui participent à hauteur de 14% de la valeur des débarquements, leur
production s’est inscrite dans une tendance baissière entre 2001 et 2004, suite à une dégradation
de l’état des stocks de cette espèce, avant d’évoluer autour d’un niveau moyen de 4,3 mille
tonnes. Cette évolution s’est accompagnée d’une augmentation des prix de 32,7 mille dirhams/
tonne en 1999 à 127,8 mille dirhams/tonne en 2013.

97
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Evolution de la production des crevettes Evolution des prix des crevettes

Source : Département de la pêche Maritime.

3. Autres activités
3.1 La pêcherie à la madrague

Les captures de la madrague n'ont pas dépassé pas en moyenne 2% de la valeur globale des
débarquements sur la période 1999-2013. Le thon rouge reste la principale espèce ciblée par les
madragues. Toutefois, d’autres espèces tel que l’espadon, peuvent être capturées accidentellement.
L’évolution de la production sur la période considérée a été tributaire des quotas fixés à l’échelle
internationale et arrêté par l’ICCAT1, eux-mêmes liés à l’état des stocks disponibles.
Evolution de la production de la pêche de la Evolution du chiffre d’affaires de la pêche de la
madrague madrague

Tonne Milliers de dirhams


3 000 300 000

2 500 250 000

2 000 200 000

1 500 150 000

1 000 100 000

500 50 000

- -
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013
   
Source : Département de la pêche Maritime.

3.2 L’aquaculture
Bien que l’aquaculture recèle un fort potentiel de développement au Maroc, il n’est pas pleinement
exploitée à ce jour ce qui se répercute sur sa contribution au secteur halieutique national. Il y a lieu
de préciser que par leur aptitude à s’intégrer parfaitement dans les milieux où elles s’implantent,
elles contribuent à valoriser les sites naturels, sans bouleverser leur équilibre écologique, et à
renforcer la biodiversité, grâce à la production des espèces en élevage. Ces activités permettent
également de reconstituer et de régénérer certains stocks surexploités ou en voie d’extinction.
1 La Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique (ICCAT) est une organisation de pêche intergouvernementale responsable de la
conservation des thonidés de l’océan Atlantique et des mers adjacentes.

98
RICHESSE NATURELLE

Le nombre de projets actifs recensés à ce jour est de 16 dont une seule ferme piscicole située
dans la région de M’diq, spécialisée dans la production du loup-bar. Les 15 autres projets sont
exclusivement réservés à la production d’huitre, répartis entre la région de Oualidia et de Dakhla.
Enfin, il est également important de signaler l’absence des exportations aquacoles nationales et
que l’ensemble de la production nationale est écoulée au niveau du marché national.

L’évolution de ces activités au cours de la période 1999-2013 atteste de deux phases différentes.
La première période qui s’étale de 1999 à 2005 se caractérise par une production moyenne de
1055 tonnes générant un chiffre d’affaires de 40 millions de dirhams. Quant à la deuxième phase,
la production a été en moyenne à 335 tonnes ce qui correspond à une valeur de l’ordre de 11
millions de dirhams.
Evolution de la production des activités aquacoles Evolution du chiffre d’affaires des activités aquacoles

Tonnes Milliers de dirhams


1 600 70 000
1 400 60 000
1 200 50 000
1 000
40 000
800
30 000
600
400 20 000

200 10 000
0 0
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013
   
Sources : Département de la pêche Maritime et annuaires statistiques du HCP.

3.3 Les algues

Les algues1 marines constituent une source importante de produits utilisés pour l'alimentation et pour
diverses applications industrielles. Toutefois, leur contribution ne dépasse pas 2% aussi bien du volume
que de la valeur des débarquements. Après une production record de 14,9 mille tonnes en 2006, celle-
ci s’est inscrite dans une tendance baissière pour se situer à 5,7 mille tonnes en 2013. Cette situation
pourrait s’expliquer par une exploitation anarchique et majoritairement non autorisée qui a entrainé
une baisse considérable de la densité et de la biomasse sur le littoral d'El Jadida, principale zone de
production.
Evolution de la production d'algues Evolution des exportations d'algues
Tonne Tonnes
10 000 % 2,5
16 000
14 000 8 000 2,0
12 000
6 000 1,5
10 000
8 000 4 000 1,0

6 000 2 000 0,5


4 000
0 0,0
2 000 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013
0 Exportations des algues
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 Part dans les exportations des produits de la mer
   
Sources : Département de la pêche Maritime et annuaires statistiques du HCP.

1 Il y existe trois zones de ramassage des algues marines : la Méditerranée, l'Atlantique Nord et l'Atlantique Sud. La zone d'El Jadida concentre plus de 80 % de la
production nationale.

99
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Parallèlement, les exportations ont fortement chuté revenant de 8462 tonnes en 2005 à 2333 tonnes
en 2011 avant de se redresser pour se situer à 4257 tonnes en 2013. La contreperformance observée
pourrait s’expliquer par les mesures de restriction quantitatives à l’exportation mises en place par le
ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime.

En comparaison internationale, sur la base des données de la FAO, le Maroc a été en 2011, le 11ème
exportateur au niveau mondial devançant des pays comme l’Espagne (23ème), le Brésil (28ème) l’Italie
(30ème) et le japon (16ème) mais reste derrière l’Indonésie (1ère) la Chine (3ème), le Pérou (7ème) et la France
(9ème).

III- Evaluation de la richesse halieutique


1. Produits retenus et méthodologie adoptée

Pour évaluer la richesse halieutique, une distinction a été faite par segment et par type de navire.
Il s’agit notamment de :

Pêche côtière Pêche hauturière Pêche artisanale Autres activités


Senneur Céphalopodier
Chalutier RSW 1 Barques Pêcherie à la madrague
Palangrier Crevettier
1 Refrigerated sea water

Les contreparties financières des accords de pêche ont été également prises en compte dans le calcul de
la richesse, à savoir, celles provenant de l’UE, du Japon et de la Russie.

Il est à noter que les segments retenus représentent plus de 97% du chiffre d’affaires global de la pêche
maritime. La méthodologie préconisée a été développée avec les experts de la Banque Mondiale et repose
sur les données officielles du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime et des départements
opérants dans le secteur.
Les données utilisées portent essentiellement sur le nombre de navires, les prix et les coûts. La richesse
halieutique ainsi évaluée, est une actualisation à un taux de 4%, des rentes futures générées de
l’exploitation des produits de la mer sur un horizon de vie de 25 ans (Cf. Annexe I : Etapes de calcul de
la richesse halieutique).

2.Résultats et analyse

Les résultats d’évaluation de la richesse halieutique indiquent qu’à prix courants, celle-ci est passée de
7,6 milliards de dirhams en 1999 à 51,1 milliards de dirhams en 2013, soit une croissance annuelle
moyenne de 14,6%. Cette évolution reflète notamment une progression annuelle de 13,5% de la

100
RICHESSE NATURELLE

richesse de la pêche côtière à 24,2 milliards de dirhams, de 12,7% de celle de la pêche hauturière à 14,4
milliards de dirhams et de 29,8% de celle de la pêche artisanale à 6,5 milliards de dirhams.
Evolution de la richesse halieutique à prix courants

Sources : Département de la Pêche Maritime, ONP et calculs des auteurs.

A prix constants de 2007, la richesse halieutique a progressé en moyenne annuelle de 14,2% à


51,4 milliards de dirhams en 2013. Toutefois, l’analyse de son évolution fait état de trois phases
différentes.
Evolution de la richesse halieutique à prix Evolution de la richesse des principales ressources
constants halieutiques à prix constants
Milliards de dirhams
50

40

30

20

10

-
2 001 2 003 2 005 2 007 2 009 2 011 2 013

Pêche hauturière Pêche côtière Pêche artisanale


 
Sources : Département de la Pêche Maritime, ONP et calculs des auteurs.

Au cours des années 1999 et 2000, la richesse est restée à un niveau relativement faible passant
de 8 à 10,2 milliards de dirhams. Par catégorie, la richesse de la pêche côtière s’est établie à 5,1
milliards de dirhams contre 4,3 milliards de dirhams, tandis que celle de la pêche hauturière a
atteint 3,8 milliards de dirhams au lieu de 2,8 milliards de dirhams un an auparavant. Celle de la
pêche artisanale s’est située, pour sa part, à 0,4 milliard de dirhams après 0,2 milliard de dirhams
en 1999.

Durant la seconde phase allant de 2001 à 2007, la richesse halieutique s’est établie en moyenne à

101
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

25,2 milliards de dirhams contre seulement 9,1 milliards de dirhams sur la période 1999-2000 soit
une hausse de 178%. Cette évolution recouvre, toutefois, des rythmes de croissance différenciés
par catégories de pêche, avec une baisse de 21,9% en moyenne annuelle de la richesse de la
pêche hauturière et des hausses annuelles respectives de 15,8% et de 28,4% pour les richesses
des pêches côtière et artisanale.

A partir de 2008, la richesse en produits de la mer s’est inscrite en hausse annuelle moyenne de
8% pour s’établir à 51,4 milliards de dirhams en 2013. Cette performance reflète une progression
annuelle de 8,1% de la richesse de la pêche côtière à 24,3 milliards de dirhams, de 10,8% de
celle de la pêche hauturière à 14,5 milliards de dirhams et de 4,3% de celle de la pêche artisanale
à 6,5 milliards de dirhams. Il convient de signaler qu’au cours de cette période le Maroc a ratifié
un ensemble d’accords avec un certain nombre de pays qui a permis de valoriser davantage la
richesse halieutique.

L’analyse de la structure de la richesse halieutique sur la période 1999-2013 indique que celle de
la pêche côtière représente la part la plus importante avec 46,7% en moyenne, suivie la pêche
hauturière avec 30,8%. La richesse provenant de la pêche artisanale participe quant à elle à
hauteur de 12,1%.

En moyenne sur la période 1999-2013, la richesse halieutique a contribué à hauteur de 4,6%


dans le capital naturel et de 0,3% dans la richesse globale.

Evolution de la richesse halieutique dans le capital Evolution de la part de la richesse halieutique dans
naturel la richesse globale

Sources : Département de la Pêche Maritime, ONP et calculs des auteurs.

102
RICHESSE NATURELLE

Aires protégées
Introduction

Les aires protégées destinées à la conservation et la préservation des écosystèmes fournissent


une multitude de services dont certains sont directement monnayables telles que les activités
touristiques. Elles fournissent également des services plus indirects tels que ceux relatifs aux
bassins versants et à la pollinisation qui maintiennent une couverture forestière saine et stimulent
les activités agricoles dans le voisinage. Evaluer la valeur monétaire des services liés à l’écosystème
est un exercice difficile. Une manière d’estimer cette valeur est d’utiliser une approche de coût
d’opportunité. En effet, l’agriculture est considérée comme une utilisation alternative des aires
protégées. La richesse des terres agricoles constituerait une valeur minimale de la richesse des aires
protégées pour une unité de superficie.

La décennie 2011-2020 a été érigée par les Nations Unies comme celle de la biodiversité. Ayant
ratifié les différentes conventions dans le domaine, particulièrement celle sur la diversité biologique
de 1992 ratifiée en 1996, le Maroc s’est inscrit dans cette orientation mondiale. Le pays dispose de
ressources naturelles d’une grande qualité, mais celles-ci restent fragiles et nécessitent des efforts
soutenus pour leur préservation. A cet égard, plusieurs actions ont été menées dans le sens de la
conservation et d’une utilisation durable de la biodiversité. Il y a eu d’abord le Plan Directeur des
Aires Protégées, élaboré en 1996, qui avait identifié 154 Sites d’Intérêt Biologique et Ecologique
(SIBE) pouvant être classés pour leurs valeurs écologique, scientifique, socio-économique ou
patrimoniale, en proposant le classement en parcs nationaux d’une dizaine d’entre eux. Répartis sur
une superficie de 2,5 millions d’hectares, ces SIBE représentent presque la totalité des écosystèmes
naturels du pays.

I. Définition et cadre régissant les aires protégées

L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) classe les aires protégées en
fonction de leurs objectifs de gestion. Les catégories distinguées sont reconnues par des organismes
internationaux les Nations Unies et par de nombreux gouvernements nationaux comme une
norme mondiale pour la définition et l’inscription de ces aires en tant que zones protégées. Au
total, il y a sept catégories :
• Réserve naturelle intégrale : Ces réserves sont mises de côté pour protéger la biodiversité
et éventuellement, les caractéristiques géologiques et géomorphologique, et où les visites
humaines et l’utilisation des ressources sont strictement contrôlées et limitées pour assurer la
protection des valeurs de conservation.

103
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

• Zones de nature sauvage : Elles sont généralement de grandes zones intactes ou peu
modifiées, conservant leur caractère naturel, sans habitation humaine permanente ou
importante. Elles sont protégées et gérées de manière à préserver leur état naturel.
• Parc national : Il s’agit de grands espaces qui ont un caractère naturel ou sont à proximité de
zones naturelles, mis de côté pour protéger les processus écologiques à grande échelle, avec
la présence d’espèces et d’écosystèmes caractéristiques de la région. Ils fournissent également
une base environnementale et sont compatibles avec des activités culturelles, scientifiques et
éducatives.
• Monument ou élément naturels : Ces zones sont consacrées à la protection d’un monument
naturel spécifique, qui peut être un relief de mer, une caverne sous-marine, une caractéristique
géologique comme une grotte. Elles sont généralement très petites et ont souvent une valeur
touristique élevée.
• Habitat / sanctuaires de faune : il s’agit de zones protégeant des espèces ou des habitats
particuliers et dont la gestion reflète un caractère prioritaire. Les aires protégées de cette
catégorie nécessitent des interventions actives régulières pour répondre aux exigences
d’espèces particulières ou pour maintenir des habitats.
• Paysages protégés (terre et mer) : ce sont des aires protégées où l’interaction des
personnes et de la nature au fil du temps a produit une superficie avec un caractère particulier
et une valeur significative, écologique, biologique, culturelle et pittoresque. La sauvegarde de
l’intégrité de cette interaction est essentielle à la protection et au maintien de la région et de
sa conservation.
• Aire protégée de gestion durable des ressources naturelles : cette catégorie concerne la
conservation des écosystèmes et des habitats ainsi que les valeurs culturelles et les systèmes
traditionnels de gestion des ressources naturelles. Elles sont généralement de grande taille,
avec la prédominance des régions dans un état naturel, où une proportion est sous gestion
durable des ressources naturelles. L’usage non industriel des ressources naturelles est limité et
compatible avec la conservation de la nature.

Au Maroc, la loi n°22-07 relative aux aires protégées promulguée par dahir (16 juillet 2010) définit
les aires protégées comme tout « espace terrestre et/ou marin, géographiquement délimité,
dûment reconnu et spécialement aménagé et géré aux fins d’assurer la protection, le maintien
et l’amélioration de la diversité biologique, la conservation du patrimoine naturel et culturel, sa
mise en valeur, sa réhabilitation pour un développement durable, ainsi que la prévention de sa
dégradation.

Une aire protégée peut être subdivisée en zones continues ou discontinues relevant de régimes
de protection différents, compte tenu des objectifs d’aménagement, des contraintes découlant de
l’état des lieux et des sujétions justifiées par les besoins et les activités des populations qui y sont
installées. »

104
RICHESSE NATURELLE

A cet effet, cette loi classe les aires protégées en fonction de leurs caractéristiques, de leur vocation
et envergure socio-économique, dans l’une des cinq catégories suivantes :
• Le parc national : Il s’agit d’un espace naturel, terrestre et/ou marin, au sens absolu, ayant
pour vocation de protéger la diversité biologique, les valeurs paysagères et culturelles et les
formations géologiques présentant un intérêt spécial, aménagé et géré à des fins culturelles,
scientifiques, éducatives, récréatives et touristiques, dans le respect du milieu naturel et des
traditions des populations avoisinantes.
• Le parc naturel : C’est un espace terrestre et/ou marin, renfermant un patrimoine naturel et
des écosystèmes représentant un intérêt particulier qu’il convient de protéger et de valoriser,
tout en assurant le maintien de ses fonctions écologiques et l’utilisation durable de leurs
ressources naturelles.
• La réserve biologique : Elle est définie comme un espace terrestre et/ou marin situé
exclusivement sur un domaine de l’Etat, renfermant des milieux naturels rares ou fragiles,
d’intérêts biologiques et écologiques ayant pour vocation la conservation des espèces végétales
ou animales de leur habitat à des fins scientifiques et éducatives.
• La réserve naturelle : Il s’agit d’un espace naturel, terrestre et/ou marin, constitué à des fins
de conservation et de maintien du bon état de la faune sédentaire ou migratrice, de la flore,
du sol, des eaux, des fossiles et des formations géologiques et géomorphologiques présentant
un intérêt particulier qu’il convient de préserver ou de réhabiliter. Elle est utilisée à des fins de
recherche scientifique et d’éducation environnementale uniquement.
• Le site naturel : Il est défini comme un espace contenant un ou plusieurs éléments naturels
et/ou culturels particuliers, d’importance exceptionnelle ou unique, méritant d’être protégés
du fait de leur rareté, de leur représentativité, de leurs qualités esthétiques ou de leur
importance paysagère, historique, scientifique, culturelle ou légendaire, dont la conservation
ou la préservation revêt un intérêt général.

105
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Tableau 1 : Concordance entre les catégories nationales et les catégories de l'UICN

Catégories d’AP retenues Principaux objectifs de gestion Catégorie de l’UICN dans


dans la loi 22-07 laquelle s'inscrit l'AP

Parc National - Protection de la biodiversité et des valeurs paysagères et Catégorie II


culturelles. (Parc National)
- Utilisation à des fins culturelles, scientifiques, éducatives,
récréatives et touristiques.
Parc naturel - Protection et valorisation du patrimoine naturel et utilisation Catégorie VI
durable des ressources naturelles. (aire protégée de gestion
durable des ressources
naturelles)

Réserve biologique - Protection des espèces et des habitats et utilisation à des fins Catégories Ia ou Ib
éducatives et scientifiques (dans un espace appartenant au (réserve naturelle intégrale et
domaine de l’Etat). zone de nature sauvage)

Réserve naturelle - Maintien dans un bon état de conservation de la faune et la flore Catégorie IV
et d’autres éléments du milieu physique (sol, géologie…). (aire de gestion des habitats
ou des espèces)

Site naturel - Conservation d’éléments naturels et/ou culturels d’intérêt Catégorie III
particulier (importance exceptionnelle). (Monument naturel)

Sources : Haut Commissariat des Eaux et Forêts et Lutte Contre la Désertification.

II. Gestion de la biodiversité et place des aires protégées


Le Maroc fait partie des pays méditerranéens les plus originaux, caractérisé par son extrême diversité
écologique, au niveau du bioclimat, de la morphologie, de la végétation et de la faune. Cette
diversité lui confère une valeur patrimoniale exceptionnelle dans le domaine de l’environnement
naturel. En effet, la quarantaine d’écosystèmes terrestres identifiés au Maroc abrite plus de 4.000
plantes vasculaires, près de 550 espèces de vertébrés et des milliers d’invertébrés.

La forêt marocaine constitue l’élément fondateur de la richesse écologique du pays. Elle abrite les
deux tiers des plantes et un tiers des espèces animales. Son rôle est d’autant plus important que
c’est au sein des écosystèmes forestiers que s’élaborent les grands cycles, comme celui de l’eau.

Au niveau du Bassin Méditerranéen, la biodiversité marocaine occupe la seconde place en


méditerranée après celle de la région anatolienne (Turquie), avec un taux d’endémisme1 global de
20%. Les ressources naturelles dont dispose le Maroc sont certes d’une grande qualité, mais restent
fragiles et surtout insuffisamment protégées. Afin de conserver et valoriser ce patrimoine national,

1 Ce taux reflète l’originalité en termes de faune et de flore d’un pays. En d’autres termes, il renseigne sur la présence exclusive d’espèses dans le pays en question,
par exemple l’arganier qui existe à l’état naturel uniquement au Maroc.

106
RICHESSE NATURELLE

le Maroc entreprend depuis plusieurs années la mise en place d’un système d’aires protégées, qui
englobent des écosystèmes uniques et représentatifs de la diversité biologique du pays.

Evolution des parcs créés en nombre et en superficie (ha)

Source : Bilan des réalisations du programme décennal (2005-2009), HCEFLCD

Le Plan Directeur des Aires Protégées, élaboré en 1996, avait identifié 154 Sites d’Intérêt
Biologique et Ecologique (SIBE), représentant presque la totalité des écosystèmes naturels du pays,
en proposant le classement en parcs nationaux d’une dizaine d’entre eux. De 1942 à 2008, le
Maroc a connu la création de dix parcs nationaux, en vertu de la loi sur les parcs nationaux datant
de 1934, à savoir le Toubkal (1942), le Tazekka (1950), le Souss Massa (1991), l’Iriki (1994), le
Talassemtane (2004), Ifrane (2004), le Haut Atlas Oriental (2004), Al Hoceima (2004), le Khenifiss
(2006) et Khénifra (2008).

Des textes législatifs, notamment le dahir de 1917 sur la conservation et l’exploitation des forêts, le
dahir de 1923 sur la police de la chasse et le dahir de 1922 sur la pêche dans les eaux continentales,
ont permis d’accorder à certains SIBE un statut de Réserve Biologique.

En plus des parcs nationaux, le Maroc s’est doté de trois Réserves de Biosphère, qui viennent
promouvoir des solutions réconciliant la conservation de la biodiversité et son utilisation durable.
Il s’agit de la Réserve de Biosphère de l’Arganeraie, la Réserve de Biosphère des Oasis du Sud du
Maroc et la Réserve de la Biosphère Intercontinentale de la Méditerranée. Concernant les zones
humides, quatre sites ont été classés sites Ramsar1 en 1980. Il s’agit de la Réserve de Merja Zerga,
la Réserve de Sidi Bou Ghaba, la Réserve de la lagune de Khnifiss et la Réserve du lac Aguelmame
Afenourir. En 2005, vingt autres sites ont été inscrits sur la liste Ramsar.

Les efforts se sont poursuivis pour le renforcement et la mise en réseau de l’ensemble de ces
espaces ; ce qui leur permettra de remplir leur rôle de conservation des ressources naturelles

1 Il s’agit d’un traité intergouvernemental sur les zones humides pour la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides et de leurs ressources. Au Maroc,
il y a 24 zones humides classées sites Ramsar, totalisant près de 272.010 hectares.

107
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

au service d’un développement local durable. En effet, le texte qui éclaircit les notions d’aires
protégées est celui de la loi n°22-07 de 2010 relative à ces zones protégées. En vertu de ce
texte, les aires protégées au Maroc sont créées, aménagées et gérées dans une perspective de
maintien et de valorisation de leurs valeurs bioécologiques et socioculturelles et de lutte contre
la désertification. La valorisation d’une aire protégée peut se faire par le biais de l’exploitation
rationnelle de certaines ressources naturelles et par le développement d’activités économiques
compatibles avec les objectifs de conservation. L’activité économique la plus efficace, en matière
de valorisation de la nature, reste le tourisme de nature ou l’écotourisme.

III. Estimation de la richesse

La richesse des aires protégées est approchée par le coût d’opportunité, en supposant la possibilité
de reconversion de ces zones en terres cultivées ou en terres de pâturages. Pour cette raison, il est
pris comme référence pour le calcul de cette richesse, celle par hectare des terres cultivées et des
terres de pâturage. Le minimum des deux richesses donne une approximation de la richesse par
hectare des aires protégées.

Les terres de cultures, appelées aussi les superficies agricoles utiles, sont constituées des terres
arables et des terres permanentes de cultures. Pour ce qui est des terres pastorales ou les parcours,
elles correspondent aux terres agricoles moins les terres de cultures. Au Maroc, selon le Ministère
de l’agriculture, la superficie des parcours est stable et avoisine les 50 millions d’hectares.

Sources de données

Données requises Sources

Superficie des aires protégées (hectare) Haut-commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification.

Terres de cultures (hectare) Ministère de l’Agriculture


Terres de pâturage (hectare) Ministère de l’Agriculture
Richesse des terres cultivées (en Dh 2007) Calculée
Richesse des terres de pâturage (en Dh 2007) Calculée

Les données sur la superficie des aires protégées proviennent du Haut-Commissariat aux Eaux et
Forêts. Ces données couvrent les années 1995, de 2004 à 2010 et 2014. Pour compléter la série,
on a procédé à une estimation basée sur une évolution linéaire de la superficie pour les périodes
1999-2003 et 2005-2009. Pour la période restante (2011-2013), on a reconduit le chiffre de
l’année 2014, qui est d’ailleurs quasi-similaire à celui de 2010.

108
RICHESSE NATURELLE

Superficie des aires protégées (ha)

Sources : HCEFLCD et estimations des auteurs.

En 2013, la superficie des aires protégées est de 772.000 hectares, l’objectif final étant, comme
fixé par le Plan Directeur des Aires Protégées, d’atteindre une superficie totale de 2,5 millions
d’hectares.

En matière de calculs de la richesse des aires protégées, le tableau suivant présente les résultats
pour quelques années. Il en ressort une évolution croissante, attribuable aussi bien à la richesse
pastorale qu’à l’élargissement de la superficie des zones protégées. A prix courants, la richesse des
aires protégées s’établie à 4,8 milliards de dirhams en 2013 contre 985,1 millions en 1999, soit
une progression annuelle moyenne de 11,9%. Pour mieux apprécier l’évolution de cette richesse,
on considère sa valeur en dirham constant de 2007.

Tableau : Résultats pour le Maroc

1999 2000 2005 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Richesse des AP (en millions de


1 038 1 180 2 017 3 480 3 693 3 950 4 169 4 479 4 795
dirhams de 2007)

Superficie des AP (ha) 335 200 362 000 482 000 771 850 771 850 771 800 771 800 771 800 772 000

Part dans richesse naturelle 0,3% 0,3% 0,4% 0,5% 0,5% 0,5% 0,5% 0,5% 0,5%

Part dans la richesse totale 0,02% 0,02% 0,03% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04%

En termes de variations, une évolution en dents de scie a été observée, avec une tendance
globalement à la hausse. Un important accroissement a été relevé en 2006, dû principalement à
la hausse de 25,7% de la superficie des aires protégées, en raison de la création du parc national
de Khenifiss, situé entre les villes de Tan Tan et de Tarfaya avec une superficie de près de 185.000

109
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

hectares. Le pic a été constaté en 2008 en termes d’augmentation de la superficie, soit +27,4%,
en liaison notamment avec la création du parc national de Khénifra de 93.500 hectares.
Evolution de la richesse des aires protégées (variations en %)

Par conséquent, le niveau de la richesse en dirham constant de 2007 a été en augmentation


quasi-constante, avec des accélérations de la croissance observées en 2006 et 2008. Outre
l’élargissement des aires protégées, cette évolution intègre une augmentation constante de la
richesse à l’hectare des terres pastorales qui est prise comme référence dans le calcul. En effet,
cette dernière richesse à l’hectare reste inférieure à celle des terres de cultures sur toute la période
étudiée en raison principalement de l’importance des parcours (50 millions d’hectares) par rapport
aux terres de cultures (8 millions d’hectares en moyenne).
Richesse des aires protégées en millirads de dirhams constants de 2007

Par rapport au capital naturel, la part des aires protégées est restée quasi stable autour de 0,5% en
moyenne à partir de 2006, après 0,3% en moyenne pour la période antérieure. En part du capital
total, entre 2006 et 2013, elle a été de 0,04%, niveau supérieur à 0,02% observé en moyenne
pour la période 1999-2005.

110
RICHESSE NATURELLE

Part de la richesse des aires protégées (en %)

La relative baisse constatée au niveau de la part dans la richesse naturelle est expliquée par les sauts
observés dans les autres composantes de cette richesse, principalement le produit des phosphates
à partir de 2008.

111
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Richesses forestières
I- Présentation du secteur

La forêt marocaine constitue une source importante de revenus et de richesse aussi bien pour
la population que pour l’économie nationale. Elle joue également un rôle important dans la
préservation des équilibres écologiques et permet de disposer d’espaces récréatifs et de multiples
autres biens et services.

Schéma synthétisant les éléments pris en compte dans l’évaluation de la richesse forestière

Richesse forestière

Bois Non bois

• Bois du feu • Loisirs, chasse et pêche


• Bois ronds industriels conifères • Bassins versants
• Bois rond industriels feuillus • Produits forestiers non ligneux

Selon le rapport « évaluation des ressources forestières du Maroc » élaboré par la FAO en 2010, le
secteur forestier marocain contribue à l’économie nationale pour près de 2% à la valeur ajoutée
agricole et 0,4% au PIB. Tenant compte des revenus tirés directement par les populations riveraines
sous forme de bois de feu et de parcours, sa contribution réelle serait, selon la même institution,
de l’ordre de 10% de la valeur ajoutée agricole. Le secteur crée près de dix millions de journées de
travail par an et participe à hauteur de 4% à l’offre mondiale de liège.

112
RICHESSE NATURELLE

Indicateurs des avantages socioéconomiques des forêts, 2011

Emploi Valeur ajoutée brute

Total, secteur formel et informel Total, secteurs formel et informel

% de la main d'œuvre en millions de $


en milliers % du PIB total
totale US
Algérie 13 0,1 259 0,1
Egypte 39 0,1 505 0,2
Libye 61 2,6 90 0,2
Maroc 91 0,8 657 0,7
Mauritanie 102 8,9 83 2,0
Tunisie 194 5,0 470 1,1
Chine 6 092 0,7 152 694 1,9
Japon 375 0,6 40 540 0,7
Malaisie 395 3,2 9 955 3,5
Turquie 195 0,7 7 776 1,1
Allemagne 317 0,7 26 772 0,8
Espagne 162 0,7 10 040 0,8
Russie 600 0,8 13 649 0,8
Finlande 75 2,8 9 669 4,3
Grèce 33 0,6 1 362 0,5
Italie 258 1,0 17 258 0,9
Portugal 63 1,1 3 376 1,6

Source : Rapport sur la situation des forêts du monde, FAO, 2014

Sur la base du dernier rapport sur la situation des forêts du monde publié par la FAO en 2014, la
contribution du secteur forestier structuré au PIB ne dépasse pas 0,4% dans les pays de la région
MENA à l’exception de la Tunisie qui enregistre une contribution de 0,8% au PIB. En tenant compte
du secteur informel, la participation à la croissance s’élève à 0,7% et 1,1% respectivement, au
Maroc et en Tunisie. Le secteur informel au Maroc demeure important comparativement aux
autres pays de l’échantillon.

Sur le plan du statut foncier des terres, les formations forestières, paraforestières et alfatières sont
en majorité domaniale et représente un taux de couvert de 12,7% du territoire national. En effet,
tenant compte des nappes alfatières, le domaine forestier marocain s’étend sur une superficie
de plus de 9 millions d'hectares. Les formations forestières arborées couvrent près de 6 millions
d’hectares et sont constituées à hauteur de 58% d’essences feuillues et de 21% d’essences
résineuses.

113
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Composition des terrains forestiers, en millions d’hectares

Source : HCEFLCD

Les peuplements forestiers, situés en majeure partie dans les climats semi-arides, subhumides
et humides, sont composés d’essences et de structure très diverses. Néanmoins, le taux moyen
de boisement du pays est de l’ordre de 8%, ce qui est en deçà du taux optimal (15% à 20%)
nécessaire à l’équilibre écologique et environnemental. Ce taux varie selon les régions de 4% dans
les provinces du Sud à 40% dans les régions du Rif et du Moyen Atlas. Les capacités productives
ligneuses de la forêt marocaine, à l’image de la forêt méditerranéenne, sont relativement limitées,
les ressources forestières ne couvrant que 30% des besoins en bois d’œuvre et d’industrie du
Maroc.
Structure des grandes formations boisées

Source : HCEFLCD

La superficie des feuillus enregistre une baisse tendancielle, passant de 3,6 millions d’hectares en
1990 à 3,3 millions en 2010, mais sa part représente toujours 58% de la superficie des grandes
formations boisées. Sur la même période, les résineux affichent une part moyenne de 20% du
total de la superficie, les nappes alfatières non compris. Les parts des superficies reboisées et
matorrals indiquent des hausses respectives de 7% à 11% et de 9% à 11% entre 1990 et 2010.

114
RICHESSE NATURELLE

Superficie des forêts en millions d’hectares

Source : HCEFLCD

Les arbres sont couramment regroupés en deux grands ensembles, les feuillus d’un côté et les
conifères ou résineux de l’autre. Les feuillus sont des arbres produisant des feuilles bien développées,
par opposition aux conifères ou résineux dont la forme des feuilles est réduite à des aiguilles. Ces
derniers englobent plusieurs espèces dont notamment :
• Le thuya de Berbérie est endémique de la Méditerranée occidentale. Au Maroc, il occupe
environ 566 000 ha. Le thuya réagit par une régénération naturelle qui se produit aisément si
les conditions écologiques le permettent.
• Le genévrier est d'origine américaine, asiatique, africaine et européenne. Cet arbre atteint 4
à 15 m de haut et même 25 à 30 m pour certaines espèces.
• Le cèdre de l’Atlas répandu dans le Rif, le Tazekka, le Moyen-Atlas central et oriental et le
Haut-Atlas oriental. Son amplitude écologique est relativement large. La richesse floristique
des cédraies est estimée à un millier d’espèces dont environ 10% d’arbres, 15% d’arbustes et
arbrisseaux et 75% de plantes herbacées annuelles ou pérennes.
• Le pin d’Alep est le résineux le plus répandu et le plus connu dans le bassin méditerranéen.
Au Maroc, il couvre près de 60 000 ha. C’est un arbre de faibles exigences écologiques. Il
est d’une grande rusticité et résiste assez bien à la sécheresse. Ses qualités écologiques et
physiologiques (germination facile et croissance rapide) en font une très bonne essence de
reboisement.
• Le pin maritime est une espèce méditerranéo-atlantique. Au Maroc, ses surfaces naturelles
ne dépassent pas 12 000 ha, répartis entre le Rif, le Moyen-Atlas et le Haut-Atlas, surtout
oriental.
• Le cyprès de l’Atlas individualise des formations pré-steppiques localisées dans la haute
vallée du Nfiss dans le Haut-Atlas occidental où il occupe près de 6000 ha. C’est une essence
longévive qui peut vivre jusqu’à 700 ans.
• Endémique marocain, le sapin du Maroc, se répand dans le Rif et au-dessus de Chefchaouen.

115
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Certains sapins atteignent jusqu’à 50 m de haut, d’autres peuvent présenter des troncs de 5
m de circonférence. Le sapin du Maroc est un arbre très exigeant en eau et localisé dans les
régions les plus arrosées du pays.
Répartition de la superficie des résineux par essences (forêts naturelles)

Source : HCEFLCD

S’agissant des feuillus, les espèces les plus répandues au Maroc sont :
• Le chêne vert qui est la première essence forestière par sa superficie et par sa production en
bois de feu. Par ailleurs, ses rôles écologique et socio-économique sont très importants. Il est
présent dans toutes les régions non arides du pays.
• L’arganier est connu par ses qualités exceptionnelles. Il est présent le long du littoral entre
Safi et lfni dans la plaine du Souss et sur les flancs des parties occidentales du Haut et de
l’Anti-Atlas. Sa superficie est estimée à 871 210 ha, deuxième surface après celle du chêne
vert, mais la densité moyenne des peuplements est faible. Du point de vue écologique, il se
développe dans le semi-aride et l’aride tempérés et chauds à condition que l’humidité relative
de l’air soit suffisante.
• Le chêne-liège est endémique des pays du bassin méditerranéen occidental. Il est le seul arbre
qui présente encore des forêts de plaines suffisamment denses et vastes. Les écosystèmes à
chêne-liège de la portion centrale du Rif ont été quasi-littéralement anéantis par les opérations
de défrichement.
• Trois types d’acacias existent à l’état spontané au Maroc. L’Acacia gummifera "gommier
du Maroc", arbre endémique du sud marocain. L'Acacia raddiana et l'Acacia ehrenbergiana
qui sont typiquement sahariennes. On estime la superficie à un million ha, mais la densité
moyenne des peuplements est faible.

116
RICHESSE NATURELLE

Répartition de la superficie des feuillus par essences (forêts naturelles)

Source : HCEFLCD

En plus des arbres qui constituent la source de bois, la forêt fournit également des produits non
bois, c'est-à-dire, tout ce qui est produit forestier non ligneux (PFNL) avec toute la diversité et
ses composantes, les externalités positives des bassins versants, et les revenus engendrés par les
espaces récréatifs, les loisirs, la chasse et la pêche.
Les PFNL sont des biens d’origine biologique autre que le bois, dérivés des forêts, des autres terres
boisées et des arbres hors forêts. Ils peuvent être récoltés dans la nature ou produits dans les
plantations forestières, ou par les arbres hors forêt. Au Maroc, les principaux produits non ligneux
tirés de la forêt sont les caroubes, les champignons, le miel, l’huile d'argan, le gland, les plantes
aromatiques et médicinales et les produits de chasse et de pêche.
Les ventes des PFNL

Année Production (en kg) Valeur (en DH)


1994 4 719 000 3 670 580
1995 2 147 000 6 239 096
1996 759 500 1 143 450
1997 1 793 000 1 069 400
1998 48 444 000 2 399 200
1999 6 210 500 2 111 900
2000 13 963 000 2 330 700
2001 23 665 000 5 620 850
2002 11 294 500 4 867 500
2003 36 466 000 5 382 300
2004 36 987 550 4 768 000
2005 34 358 000 7 645 500
2006 60 067 740 8 576 300
2007 45 134 000 12 028 876
2008 207 871 800 5 693 300
2009 6 667 400 4 031 850
2010 5 137 830 4 393 656
2011 25 725 800 4 899 145
2012 20 410 300 3 901 151
2013 27 088 000 5 905 900

Source : HCEFLCD

117
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

L’alfa se trouve dans les régions arides de l'Ouest du bassin de la Méditerranée et pousse en touffes
d'environ un mètre de haut, formant de vastes nappes dans les régions arides et semi-arides. Elle
est organisée en écosystèmes sans arbres et sur d’immenses étendues du Maroc oriental aride avec
une superficie estimée à 3 millions d’hectare. L'alfa est une plante d’une grande valeur écologique
(lutte contre l’érosion), économique (industrie de papier) et sociale (espaces pastoraux).

Sur un autre registre, la chasse rassemble environ, 70000 chasseurs nationaux et près de 3000
touristes cynégètes étrangers. Le droit de chasse appartient à l'État qui peut en déléguer l'exercice
sous certaines conditions. Le HCEFLCD, appuie et encourage le recours à la chasse amodiée
par la politique d'amodiations du droit de chasse à des associations ou des sociétés de chasse
touristique sur la base d’un cahier de charges qui définit les actions et mesures à mettre en place
pour l’amélioration cynégétique des terrains amodiés. La superficie allouée à la chasse représente
près de 2,3 millions d’hectare et sont amodiés à 340 associations et 34 organisateurs de chasse
touristique. Les espèces gibier autorisées à la chasse sont de trois types : le grand gibier tel que le
sanglier, le petit gibier terrestre et le gibier d'eau tel que les oies, les canards, etc.

II• Valorisation de la richesse forestière

Source : Agence française de développement

On distingue généralement, deux composantes de la richesse forestière, à savoir : les « valeurs


d’usage » et les « valeurs de non-usage ». La somme des deux catégories forme la « valeur
économique totale ».

La valeur d’usage totale comprend deux composantes. La première inclut les « valeurs d’usage

118
RICHESSE NATURELLE

effectif », c’est-à-dire les avantages dont bénéficient effectivement les usagers d’une ressource
environnementale, comme le bois. La deuxième composante inclut les « valeurs d’option », qui
concernent les valeurs attachées à l’usage potentiel d’une ressource que l’on n’utilise pas dans
l’immédiat, mais dont on désire préserver la possibilité d’une éventuelle utilisation. Cette « option»
n’est pas seulement pour soi, elle peut être aussi pour les autres pour des motivations altruistes
qui font que l’on assigne un prix à la conservation d’un patrimoine pour les autres individus
aujourd’hui (valeurs altruistes) ou pour les générations futures (valeurs de legs).

Les valeurs de non-usages procèdent des valeurs conférées à l’existence d’un patrimoine ou d’une
ressource, indépendamment de toute possibilité de jouissance directe ou indirecte, actuelle ou
future. Ces valeurs partent de l’idée que certaines choses ont une valeur « en soi », même si elles
ne révèlent aucune utilité. Enfin, la diversité biologique de la faune et de la flore confère à la forêt
une valeur de non-usage.

Pour l’évaluation de la richesse forestière, une distinction est faite entre le « bois » qui englobe le
bois de feu, les conifères et les feuillus, et « le non bois » qui correspond aux loisirs, la chasse, la
pêche, les effets des bassins versants et les produits forestiers non ligneux.

Pour ce qui est du bois, il est important de souligner que parallèlement à la production officielle,
il y a des prélèvements directs des populations, soit à titre de droit d’usage, soit sous forme de
prélèvements délictueux. A titre d’exemple, selon les estimations1 de la FAO, la production du bois
de feu représente 6,7 millions de m3, en moyenne sur les trois dernières années, soit près de vingt
fois la production officielle. A cet égard, pour mieux refléter la réalité, le chiffrage repose pour le
bois de feu, sur les données estimées pour les deux types de production (officielle et non officielle).

Production formelle de bois de feu, en milliers Production informelle de bois de feu, en milliers
de m3 de m3

Source : HCEFLCD Source : Site web de la FAO, http://faostat.fao.org

1 Il n'y a pas de données nationales publiques sur les prélévements informels.

119
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Production de bois en milliers de m3

Source : HCEFLCD

Les quantités produites des trois composantes, à savoir, le bois de feu, les bois ronds industriels
conifères et feuillus, sont assez volatiles. En effet, compte non tenu des prélèvements informels,
les données officielles font ressortir une production de bois de feu de 670,2 mille de m3 en
1999 et de 341,3 mille en 2013. En moyenne sur les cinq dernières années, sa production s’est
située à 374,6 mille m3 représentant, ainsi, une part de 48% de la production totale de bois. En
termes d’évolution, le rythme de progression de la production du bois de feu s’est inscrit en baisse
continue depuis 2008 jusqu’à 2012, passant de 20,9% à 1,6%.

Avec une part moyenne de 18,2% du total sur les quinze dernières années, la production du bois
rond industriel conifère s’est inscrite en ralentissement depuis 2011, passant de 16,7% à 1,5% en
2012 et à 0,1% en 2013. S’agissant du bois rond industriel feuillus, sa production s’est élevée à
255,5 mille de m3, en progression de 7,2% après 15,1%.

La production nationale couvre environ 30% des besoins du pays en bois d’œuvre et d’industrie,
d’où le recours aux importations de bois de conifères d’Europe et de bois tropicaux d’Afrique. Le
liège et les autres produits forestiers non ligneux sont destinés essentiellement à l’exportation. La
cession des produits forestiers se fait par voie d’adjudications publiques organisées annuellement
aux niveaux de toutes les régions du pays. Le calendrier des adjudications est publié au début de
chaque campagne et la récolte des lièges est assurée par le HCEFLCD. Les lièges rassemblés sur les
dépôts administratifs sont mis en vente annuellement dans le cadre d’une adjudication organisée
au niveau national.

120
RICHESSE NATURELLE

Prix nationaux du bois, en dhs par m3

Source : HCEFLCD

Le prix du bois rond industriel conifère est supérieur aux prix du bois de feu et du bois rond
industriel feuillu. Il est important de souligner que l’évolution du prix du bois rond industriel est
assez corrélée au rythme de progression de la valeur ajoutée du BTP.

L’évolution des prix des trois composantes est assez volatile. Le prix du bois rond industriel conifère
a enregistré un pic historique en 2008 atteignant une valeur de 1213,1 dirhams le m3 et le prix du
bois de feu a doublé entre 1999 à 2013 passant de 148,3 dirhams le m3 à 310,5 dirhams en 2013.
Revenu du bois en milliards de dhs de 2007, moyenne mobile sur 5 ans

Source : HCEFLCD, calculs des auteurs.

Tenant compte des prélèvements informels, le revenu total des trois catégories prises en compte
dans l’étude s’est établi à 3,1 milliards de dirhams en 2013, à prix constants de 2007. Le revenu
maximal a été enregistré en 2008 avec un montant de 3,3 milliards de dirhams réparti à hauteur
de 2,9 milliards de dirhams pour le bois de feu, 202,5 millions de dirhams pour le bois rond
industriel conifère et 136,1 millions pour les feuillus. En se basant uniquement sur les données
officielles, le revenu serait nettement plus bas et s'établirait à 460,7 millions de dirhams en 2013.

121
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Le taux de rente est une donnée capitale pour le calcul de la richesse globale. Il correspond à
la différence entre la valeur de la production et les coûts de production. Cette différence est
rapportée à cette même valeur de production. La non-disponibilité de données portant sur le coût,
nous amène à adopter le taux de rente calculé au niveau international. Il est estimé à 55% par la
Banque Mondiale pour l’ensemble des pays de la région MENA.

Pour le calcul de la durée de vie de la ressource, les données portant sur la superficie productive et
des matériels sur pied sont utilisés. La superficie forestière totale englobe les superficies allouées
à la production, la protection du sol et de l’eau, la conservation de la biodiversité, les services
sociaux et les usages multiples. La superficie productive est la superficie d’où l’on peut extraire le
bois et correspond à la superficie totale diminuée de la superficie allouée à la protection du sol et
de l’eau, à la conservation de la biodiversité et des services sociaux. La superficie productive est
estimée à 5,3 millions d’hectares en 2010. Les dernières données du HCEFLCD font apparaitre un
volume de matériel sur pied de 191 576 000 m3 sur écorce en 2012 en hausse de 29 488 500 m3
par rapport à 1990 et de 10 307 600 m3 par rapport à l’année 2000.

Superficie forestière en millions d’hectares

Source : HCEFLCD

Le taux d’accroissement annuel moyen à l'hectare de la masse de bois de qualité commerciale est
fixé à 1,5% (m3/an/ha), soit le même taux utilisé par la Banque mondiale. Il faut souligner que le
taux d’accroissement varie d’une essence à l'autre. A titre d’exemple, ce taux est de 2,9% pour le
sapin et de 0,1% pour le genévrier.

S’agissant du non bois qui correspond aux loisirs, chasse, pêche, effets des bassins versants et
produits forestiers non ligneux, les résultats présentés dans la section suivante se basent sur les
données nationales et sur les résultats de l’étude menée par Lampietti et Dixon1 . La superficie
allouée à la chasse et à la pêche s’élève à 2 397 592 ha et reste fixe pour l’ensemble de la période
de l’étude. Pour les effets des bassins versants, la superficie totale des forêts a été retenue.
1 Lampietti & Dixon, « To See the Forest for the Trees: A Guide to Non-Timber Forest Benefits », 1995.

122
RICHESSE NATURELLE

II- Evolution de la richesse forestière

Cette section présente les estimations de la richesse forestières sur la base de l’approche présentée
précédemment et détaillée en annexe, en s’appuyant sur les données provenant du Haut
commissariat aux eaux et forêts et la lutte contre la désertification et de la FAO.

En 2013, la richesse forestière totale est évaluée à prix courant à 40,4 milliards de dirhams contre
18,7 milliards en 1999, et ce compte tenu des prélèvements informels. Ainsi, la forêt marocaine
procure à chaque habitant une richesse de 1212 dirhams contre 670 dirhams quinze ans
auparavant. Par composantes, cette richesse est répartie à hauteur de 26,8 milliards de dirhams
pour le bois et 13,6 milliards pour le non bois.

A prix constants de 2007, la richesse forestière a plus que doublé en quinze ans, passant de 19,7
milliards de dirhams en 1999 à 40,6 milliards en 2013, soit une progression annuelle moyenne
de 5,3%. Elle représente 0,4% de la richesse globale nationale et 5% de la richesse naturelle, en
moyenne sur l’ensemble de la période considérée.
Richesse forestière totale en milliards de dirhams de 2007

*Compte tenu des prélèvements informels

S’agissant du bois, tenant compte des prélèvements informels, sa richesse est estimée à 26,9
milliards de dirhams en 2013 contre 7 milliards en 1999. En ne prenant en considération que les
prélèvements officiels, la richesse devrait s’établir à 4 milliards de dirhams en 2013 contre 2,2
milliards en 1999. La richesse en bois a progressé positivement durant toute la période de l’étude à
l’exception des années 2009, 2010 et 2013 où elle a été en baisse. Cette évolution est attribuable
aux efforts d’aménagement en ligne avec l’orientation internationale de développement durable
et de conservation de la biodiversité avec, notamment, l’élaboration de l’étude nationale sur les
aires protégées en 1996, le programme forestier national en 1999 et le plan d’action de lutte
contre la désertification en 2001.

123
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Evolution de la richesse en bois en milliards de dirhams de 2007

La part de la richesse forestière en bois hors prélèvements informels ne dépasse pas 0,05% du
total de la richesse nationale et 0,3% y compris les prélèvements non officiels. Cependant, la
richesse en bois représente 2,9% en moyenne sur la période considérée de la richesse naturelle.
Part de la richesse en bois dans la richesse totale (en%)

Pour les produits non bois (loisirs, chasse, pêche, effets des bassins versants et produits forestiers
non ligneux), leurs richesse est évaluée à 13,7 milliards de dirhams en 2013, soit un accroissement
annuel moyen de 0,5% par rapport à 1999. Les externalités positives des bassins versants sur la faune
et la flore y contribue à hauteur de 8 milliards de dirhams. La part moyenne du non bois représente
0,2% de la richesse totale et 2,1% de la richesse naturelle. L’importance des PFNL dans le non bois
est considérable. Ces écosystèmes quoique diversifiés, restent fragiles en raison des conditions
climatiques sévères et de l'aridité qui touche près de 90% du territoire national. Toutefois, au
Maroc, l'éco-tourisme a été introduit comme composante essentielle dans les stratégies nationales
et considérée comme solution de compensation pour les populations riveraines. Le développement
de l'éco-tourisme dans la montagne marocaine a pour objectifs d’offrir des revenus alternatifs aux
populations locales. Ces stratégies visent également à promouvoir l'investissement dans les zones

124
RICHESSE NATURELLE

montagneuses généralement marginalisées et contribuer au désenclavement des populations


rurales et à la mise en place d’infrastructures de base.

Encadré 1 : le liège
Les forêts de Chênes liège sont une caractéristique des territoires méditerranéens. Elles représentent
une surface totale d’environ 2,1 millions d’hectares au niveau mondial avec l’essentiel de ces surfaces
au Portugal, en Espagne, au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en France et en Italie.
Le Portugal est le principal producteur de liège avec près de 50% de la production mondiale de liège.
L’Algérie, le Maroc et la Tunisie produisent ensemble environ 14%.
Superficie des forêts de liège
Production annuelle de liège par pays

Superficie en ha Part en % Production en tonne Part en %


Portugal 715 922 33,8 Portugal 100 000 49,6
Espagne 574 248 27,1 Espagne 61 504 30,5
Maroc 383 120 18,1 Maroc 11 686 5,8
Algérie 230 000 10,9 Algérie 9 915 4,9
Tunisie 85 771 4,0 Tunisie 6 962 3,5
France 65 228 3,1 Italie 6 161 3,1
Italie 64 800 3,1 France 5 200 2,6
Total 2 119 089 100 Total 201 428 100
Source : APCOR, 2012

En 2013, La valeur totale estimée des exportations de liège à l’état brut s’élève à 142,6 millions de
dollars américain. Le Portugal et l’Espagne sont les principaux exportateurs mondiaux avec des parts
respectives de 45,2% et de 39,9%. Le Maroc est le premier exportateur dans la région MENA avec
5,1% du total des exportations mondiales.
Exportations du liège naturel brut, en% des exportations mondiales de liège, en 2013

Source: Intenational Trade Center, Trade map.

Globalement, l’analyse des données de certains pays du pourtour méditerranéen, sur la base des
estimations de la Banque Mondiale, montre que tout les pays de la rive nord, sans exception, ont
une richesse par habitant supérieure à celle des pays de la rive sud. La richesse par habitant au

125
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Maroc s’est améliorée ces dernières années, ce qui n’est pas le cas pour tout les pays. Néanmoins,
au regard des performances enregistrées dans les pays de la rive nord tel que le Portugal, l’Italie ou
l’Espagne il existe encore une marge importante de développement du secteur même si le climat
est relativement moins favorable.
Richesse forestière par habitant en dollars constant de 2005

Source : Banque Mondiale.

126
RICHESSE NATURELLE

Ressources minières

I. Aperçu général sur le secteur des mines

1.Présentation du secteur

De par sa contribution dans la valeur ajoutée globale, l’atténuation du déficit commercial et la


promotion de l’emploi, l’activité minière constitue un important levier de développement au
Maroc.

L’industrie d’extraction demeure dominée par le phosphate et ses principaux dérivés. Le pays
possède plus de 75% des réserves mondiales prouvées de ce minerai, il est le premier exportateur au
monde et le troisième producteur après les Etats-Unis et la Chine. Le Royaume dispose également
de plusieurs autres gisements miniers localisés dans différentes régions et dont la production est
destinée principalement à l’exportation. A cet égard, les principales exploitations minières peuvent
être regroupées en cinq zones :

1. Les localités de Khouribga, Benguérir, Youssoufia et Boucraâ où se situent les principaux


gisements de phosphate.

2. La zone située au centre du pays, de 60 à 120 km de la côte atlantique, riche en plomb,


fluorine et antimoine.

3. L'Anti-Atlas renfermant des gisements de cuivre, de manganèse, de métaux précieux (or et


argent) et de métaux stratégiques (cobalt, étain, titane, wolfram, etc.).

4. Le Haut-Atlas possédant des gisements de plomb, de zinc, de cuivre, de manganèse, et de


fer de barytine.

5. Le Rif avec des gisements de fer, zinc, antimoine, et argile (smectique et bentonite), demeure
aussi une zone particulièrement riche en métaux.

127
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Production de minerais au Maroc en KT (2006-2013)

2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013


Phosphates 27 249 27 588 27 159 18 307 26 603 28 052 27 060 26 400

fer 36 48 23 31 45 79 207 301

Plomb 59 60 48 49 46 44 39 44

Zinc 147 109 162 88 87 90 92 93

Cuivre 16 20 21 42 53 43 59 46

Fluorine 103 79 57 72 90 79 79 81

Barytine 628 665 725 587 572 770 1 021 1 094

Manganèse 3 42 102 52 76 58 90 111

Sel 507 216 219 310 503 721 730 488

Cobalt 31 21 20 26 31 22 20 20

Argile 29 122 141 132 83 104 82 59

Talc 1 1 0 - - 1 0 0

Ghassoul 1 1 1 1 1 1 2 2

Bentonite 20 136 50 84 111 97 91 105

Pyrophilite 13 26 26 33 27 5 - -

Autres 1 38 30 - - - 0 0

Ensemble 28844 29170 28784 19815 28329 30164 29573 28845


Sources : Ministère de l’énergie, des mines de l’eau et de l’environnement et OCP

1.1.Contribution du secteur minier à l’économie nationale

Tirée principalement par le phosphate, la participation des industries d’extraction à la VA globale


était en moyenne de 2,2% entre 1999 et 2008. En 2009, elle a baissé à 2% sous l’effet du recul
de 32% de la production du phosphate et d’une chute de 63% des cours à l’international.
Entre 2010 et 2013, la contribution des activités minières a augmenté pour se situer à 3,8% en
moyenne.
Contribution de l’industrie d’extraction à la valeur ajoutée globale (en %)

 
Source : HCP

128
RICHESSE NATURELLE

Sur le plan des échanges extérieurs, les exportations des produits bruts d’origine minérale1 ont
représenté en moyenne 8,3% de la valeur des exportations durant la période 1999-2013. A
noter que ces réalisations sont principalement dues aux exportations du phosphate avec une part
moyenne de 66%.

Evolution des exportations des produits d’origine minérale (en milliards de dirhams)

Source : Office des changes

En matière d’emploi, la contribution de ce secteur demeure relativement faible avec une part ne
dépassant pas 1% en moyenne sur la période 1999-2013.

1.2. Politiques de développement du secteur minier

La recherche et l’exploitation minière au Maroc est régie actuellement par le Dahir du 16 avril
1951. Les principales dispositions du règlement minier sont : (i) les substances minérales sont
propriété Domaniale (ii) l'exploitation minière est considérée comme une activité commerciale et
gérée par le principe d'entreprise d'économie libérale. (iii) un permis minier pour toutes substances
minérales, à l’exception des phosphates qui sont un monopole d’Etat, est octroyé selon le principe
du premier venu premier servi. A fin 2014, 6712 permis miniers ont été octroyés dont 3277 sont
détenus par des sociétés minières (49%), 2347 par des opérateurs individuels (35%) et 1088 par
l’Office National des Hydrocarbures et des Mines (16%).

Compte tenu de l’obsolescence de ce cadre législatif, un nouveau code minier a été approuvé par
le Conseil de gouvernement en juillet 2014 et voté par la chambre des conseillers en février 2015.
Ainsi, après sa promulgation et la publication des décrets d’application, la Loi 33-13 remplacera
le dahir du 16 avril 1951.

De même, dans le but de restructurer graduellement le secteur minier marocain à l’horizon 2025,
le Ministère de l’énergie et des Mines, en collaboration avec les professionnels du secteur, à initier
1 Les produits bruts d’origine minérale incluent principalement les phosphates, le sulfate de barium, le fer, le manganèse, le cuivre, le plomb, le zinc, le cobalt,
l’antimoine, les déchets et débris de fonte, de fer et d’acier , les déchets et débris de cuivre, la Fluorine-spath fluor et l’étain.

129
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

en 2013 une nouvelle stratégie nationale. Les principales lignes directrices de cette stratégie sont
(i) le triplement du chiffre d’affaires du secteur (hors phosphate et dérivés) à plus de 15 milliards
de dirhams, (ii) le doublement des emplois générés et (iii) la multiplication par 10 du volume
d’investissement dans l’exploration et la recherche minière.

Cette stratégie couvre l’ensemble de l’activité minière : l’exploration, la recherche, l’exploitation, la


valorisation ainsi que la transformation des minerais. A cet égard, un certain nombre de chantiers
stratégiques ont été identifiés, il s’agit essentiellement de :
• L'accélération du rythme de la production cartographique et professionnalisation de la
promotion minière
• La mise à niveau de la zone minière du Tafilalet et de Figuig
• La refonte de la fiscalité minière
• Le renforcement de l’offre de formation
• L'élaboration d'un programme dédié à la mise à niveau du patrimoine
• L'accélération de la délivrance des autorisations d’occupation temporaire des sols
• La réintégration de la gestion des permis de recherche et d’exploitation au sein du ministère
• Le renforcement du contrôle de l’Etat en phase de recherche et d’exploitation
• La définition et la priorisation des efforts de recherche en fonction des intérêts du pays
• La retructuration de la sous-traitance
• La résorption des activités minières illicites

2. Zoom sur le Phosphate et ses dérivés

Les activités d’extraction et de transformation du phosphate relèvent exclusivement des attributions


de l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) créé en 1920. Il est le leader mondial sur le marché
des phosphates et de ses dérivés. Acteur incontournable tout au long de la chaine industrielle
phosphatière au Maroc, l’OCP extrait, valorise et commercialise le phosphate et ses dérivés dont
notamment l'acide phosphorique et les engrais. A ce titre, il est le premier exportateur mondial de
la roche de phosphate et de l’acide phosphorique et l’un des plus grands producteurs d’engrais.

2.1 Evolution de l’activité d’extraction et de transformation

L’extraction du phosphate est opérée essentiellement sur 3 principaux sites : Khouribga, Gantour
et Boucraâ mais la grande partie de la production phosphatière est concentrée sur le premier (plus
de 65%) en raison de la conjonction de facteurs historiques, géographiques et logistiques. Ainsi,

130
RICHESSE NATURELLE

durant la période 1999-2013, l’extraction du phosphate a affiché une tendance haussière, passant
de 23 millions de tonnes en 1999 à 28 millions de tonnes en 2013, soit une croissance de 21,7%
sur la période. Cette performance est liée au renforcement des capacités productives de l’OCP
qui s’attèle à répondre à une demande mondiale en augmentation continue, dans un contexte
marqué par une évolution favorable des cours internationaux du phosphate. Les domaines ont
connu des hausses significatives particulièrement à partir de 2007 avec une hausse moyenne
annuelle du prix à la tonne de presque 60% sur la période 2007-2013.

Production phosphatière du Maroc (en milliers de Evolution du prix de la Roche Export FOB ($/T)
tonnes)

   
Source : OCP

Pour ce qui est du potentiel phosphatier, les réserves prouvées du Maroc demeurent les plus
importantes à l’échelle mondiale avec une part moyenne de 75%. Les réserves de la Chine
représentent 6% du potentiel mondial et celles des Etats-Unis environ 2%.
Par ailleurs, le phosphate peut aussi être transformé1 en produits dérivés dont principalement
l’acide phosphorique et les engrais. La production de ces dérivés a connu une croissance sensible
durant la dernière décennie pour atteindre un volume total supérieur à 9 millions de tonnes en
2013.
Evolution de la production des produits dérivés (en millions de tonnes)

 
Source : OCP

1 La première phase du processus de transformation du phosphate brut est le traitement. Cette opération consiste à enrichir les quantités extraites de faible teneur
pour homogénéiser la totalité de la production et satisfaire ainsi les exigences des clients de l’OCP. Le traitement du phosphate est généralement réalisé à travers
un processus procédant par 5 opérations (lavage, flottation, enrichissement à sec, calcination et séchage).

131
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

S’agissant des échanges extérieurs, les exportations en valeur du phosphate brut ont connu une
croissance importante à partir de l’année 2007 sous les effets combinés de la hausse des cours
et du développement des capacités productives de l’OCP. En effet, entre 2000 et 2007, la valeur
des exportations du phosphate brut s’élevait en moyenne à 4,3 MMDH, alors que sur la période
2008-2013 elle a atteint une valeur moyenne de 11 MMDH par an. De même, les exportations des
produits dérivés du phosphate ont atteint en moyenne 29 MMDH entre 2008 et 2013 contre 10,6
MMDH sur la période 2000-2007. Les exportations des produits phosphatiers (brut et dérivés) ont
représenté ainsi 16% des exportations du Maroc sur la période 2000-2007 et 21% sur la période
2008-2013.
Part des exportations phosphatières dans les exportations totales

 
Source : OCP

De surcroît, l’analyse des exportations marocaines de phosphate par destination montre que
les Etats-Unis sont le premier client du Royaume avec une part de 22% en moyenne entre 1999
et 2011, suivis de l’Espagne et du Mexique avec des parts de 10%. Enfin, l’Inde et la Nouvelle
Zélande reçoivent chacun une part de 5%.
Répartition des exportations des phosphates par destination (1999-2012)
100%  
90%  
80%  
70%  
60%  
50%  
40%  
30%  
20%  
10%  
0%  
1999   2000   2001   2002   2003   2004   2005   2006   2007   2008   2009   2010   2011   2012  
Autres  pays   Pologne   Nouvelle  Zélande   Mexique   Inde   Etats-­‐Unis   Espagne   Brésil  

Source : Office des changes

132
RICHESSE NATURELLE

2.2 Stratégie d’investissement de l’OCP

L’analyse de la répartition de la production mondiale de phosphate indique que le Maroc occupe


la 3ème place avec une capacité de production annuelle de 30 millions de tonnes, tandis qu’il
possède la première réserve mondiale. Ce constat souligne ainsi l’importance des marges de
progression que pourrait réaliser le Maroc dans le domaine de l’extraction et de l’exploitation
de la richesse phosphatière. C’est dans cette perspective que l'Office Chérifien des Phosphates a
entamé une politique de restructuration globale à partir de 2006 pour mettre à niveau son mode
de gouvernance et consolider sa compétitivité à l’échelle internationale.

L’OCP a ainsi élaboré une stratégie globale avec une enveloppe budgétaire de 97,7 milliards de
dirhams sur l’horizon 2010-2020. Cette stratégie comprend un plan ambitieux d’investissement
visant à moderniser les actifs industriels et à accroître les capacités de production dans l’objectif
de répondre à une demande mondiale croissante en phosphate et produits dérivés. Aussi, la
politique commerciale du groupe et réorientée vers la consolidation des parts de marché acquises,
la redéfinition de la stratégie de fixation des prix et l’accroissement de l’approvisionnement du
territoire national en engrais. Enfin, le programme a également concerné les ressources humaines
et les pratiques managériales de l’Office pour assurer les conditions de réussite de l’ensemble des
chantiers entrepris.

Au niveau de la programmation des investissements, l’enveloppe budgétaire de 97,7 milliards de


dirhams devrait être répartie à hauteur de 29,5 milliards pour l’activité de l’extraction minière,
44,9 milliards pour la branche chimique du groupe et 13 milliards pour le projet stratégique du «
Hub Jorf Lasfar ».

Les objectifs de ces investissements miniers sont, d’une part, l’amélioration de la productivité des
structures existantes de production et, d’autre part, l’augmentation des capacités productives de
la branche extractive du Groupe dans le but d’optimiser l’exploitation des réserves dont dispose
le Maroc et d’approvisionner les unités mises en place par les investisseurs étrangers dans le cadre
du Hub de Jorf Lasfar. Concrètement, le plan prévoit d’atteindre une production de roche de 50
millions de tonnes à l’horizon 2020 grâce à l’optimisation des capacités productives de la zone de
Khouribga qui devraient passer de 19 millions de tonnes à 38 millions de tonnes. Aussi, il est prévu
d’ouvrir deux nouvelles mines à Halassa et Ouled Fares et de prolonger la Mine Zone Centrale
Nord.

S’agissant des investissements dans la branche chimique, le programme de l’OCP concerne les
trois principaux volets de l’activité. En premier lieu, le processus de transformation du phosphate
brut en phosphate pulpe sera renforcé pour faciliter le transit des matières extraites à travers le
nouveau « Slurry Pipeline ». En second lieu, il est prévu de créer deux unités de granulation de
l’acide et d'agrandir ainsi les parts de marché de l’OCP dans le marché mondial des engrais. Enfin,

133
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

les investissements programmés inclus aussi la construction de 4 usines d’acide phosphorique


et d’engrais DAP dans le but de rehausser les capacités productives de Maroc Phosphore et de
consolider sa compétitivité à l’échelle internationale.

En vue d’accompagner l’ensemble de ces grands chantiers, le programme d’investissement de


l’OCP accorde une attention particulière au développement des infrastructures qui devrait accroître
le potentiel d’extraction, réduire le temps et le coût du transport et améliorer la rentabilité de
l’activité phosphatière de manière générale. A cet égard, le projet phare de l’Office demeure le «
Slurry Pipeline » qui consiste en l’installation du plus grand système de convoyage de phosphate
au monde. Ce Pipeline de 240 km pourrait transporter environ 55 millions de tonnes de roches par
an entre les mines de Khouribga et de Gantour et les usines chimiques de Jorf-Lasfar et de Safi. De
même, le plan de développement des infrastructures phosphatières prévoit également l’extension
des structures logistiques, de stockage et d’installations portuaires (futur port de Safi).

Enfin, l’OCP mise également sur le projet du « Hub Jorf Lasfar » afin d’attirer les investisseurs
étrangers dans le domaine des mines et de contribuer ainsi à mieux exploiter le potentiel
phosphatier du Maroc. Ce projet se base sur une offre « Plug & Play » permettant aux investisseurs
de bénéficier de multiples avantages. D’une part, ils pourront utiliser les infrastructures industrielle
et portuaire existantes et en cours de développement et réduire ainsi significativement leurs charges
d’exploitation. D’autre part, les investisseurs étrangers auraient le privilège de s’approvisionner
directement en matières premières et à un prix très compétitif.

II. Evaluation de la richesse minière


Pour l’évaluation de la richesse minière du Maroc, nous avons considéré les 8 minerais les plus
importants, à savoir : le phosphate, le cuivre, l'or, le fer, le nickel, le plomb, l'argent et le zinc.
Ce choix restrictif est justifié par la disponibilité des données sur la production et sur les coûts de
production.

1.Evolution de la richesse minière


1.1.Principales tendances

A prix courant, la richesse minière est passée de 13,4 milliards de dirhams à 403,6 milliards entre
1999 et 2013. A prix constant, elle s’est établie en 2013 à 163,4 milliards de dirhams contre 13,8
milliards de dirhams en 1999, soit une progression annuelle moyenne de 19,3%.

Ainsi, l’évolution de la richesse minière à prix constant entre 1999 et 2013 a connu trois phases
distinctes. Entre 1999 et 2006, sa progression a connu une décélération continue et puis une
baisse sur la période 2003-2006. A partir de 2007, elle a connu une accélération de son rythme

134
RICHESSE NATURELLE

d’évolution qui a culminé à 191% en 2008. A partir de 2009, elle a affiché une décélération avant
d’observer une baisse de 20% en 2013.

Evolution de la richesse minière Evolution de la richesse minière par habitant


En MMDH (Dirham constant de 2007) (Dirham constant de 2007)

   

Cette évolution de la richesse minière reflète la conjonction de trois principaux facteurs. Outre les
cours qui ont enregistré des pics historiques, le Maroc a entrepris un certain nombre de réformes
en vue d’encourager les activités de recherche et d’exploitation minières. Parmi les mesures les
plus importantes figurent notamment :
• L’exonération des droits de douanes et l’exemption de taxes sur les équipements importés.
• La réduction de 50 % des impôts sur l’entreprise ou sur le revenu pour les compagnies minières
qui exportent leurs produits miniers directement ou indirectement.
• Une contribution de l'État entre 50 % et 70 % dans les infrastructures d'installation.

En troisième lieu, ce secteur a bénéficié des efforts publics dans le domaine des infrastructures
routières, ferroviaires et portuaires, ce qui a facilité le transport des matières extraites.

Rapportée à la richesse naturelle, la part de la richesse minière est passée de 3,5% en 1999 à
33,1% en 2013. Cette contribution était de 4,6% en moyenne sur la période 1999-2006 avant
d'enregistrer une augmentation significative pour atteindre une moyenne d’environ 29,8% sur
la période 2007-2013. Dans la richesse totale du Maroc, cette part est passée d’une moyenne
d’environ 0,3% sur la période 1999-2006 à 2,8% entre 2007 et 2013.

135
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Part de la richesse minière dans la richesse totale Part de la richesse minière dans la richesse
naturelle

   

S’agissant de la structure de la richesse minière, le phosphate s’accapare la plus grande part avec
une contribution moyenne de 98% sur la période 1999-2013. L’or arrive en 2ème position avec
une contribution moyenne de 1,2%, suivi du fer qui représente une part d’environ 0,25% sur
la même période. Les autres produits miniers, dont principalement le plomb et le nickel, ont des
parts faibles ne dépassant pas 0,2% en moyenne.

Répartition de la richesse minière par composante (en %)

136
RICHESSE NATURELLE

Richesse minière en millions de DH 2007

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Phosphate 13 775 19 990 26 261 29 740 27 203 24 563 22 098 20 016 34 740 103 041 124 270 149 581 182 942 201 622 160 648

Cuivre - - - - - - - - - - - 47 65 65 65

Fer 26 17 18 19 18 25 95 135 207 213 213 209 281 481 834

Or 34 48 219 513 619 676 859 819 554 334 277 153 36 37 100

Plomb - - - - - - 6 4 4 6 12 264 543 894 1 590

Nickel - 9 13 19 38 76 129 170 226 220 194 198 186 146 148

Argent - - - - - - - - - - - - - - -

Zinc - - - - - - - - - - - - - - -

Pour ce qui est de l’évolution de la richesse phosphatière, principale composante de la richesse


minière, celle-ci a connu une progression importante passant de 13,8 milliards de dirhams en
1999 à plus de 160,6 milliards en 2013, réalisant ainsi un taux de progression moyenne de 19,2%.

Evolution de la richesse phosphatière


en MMDH (Dirham constant de 2007)

 
Source : calcul des auteurs.

Enfin, la richesse en or est passée de 218,6 millions de dirhams en 2001 à 858,9 millions de
dirhams en 2005, alors que celle en fer s’est accrue de 26,4 millions de dirhams en 1999 à 834,1
millions en 2013 avec un taux de croissance record de 276% en 2005.

137
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Evolution de la richesse en or Evolution de la richesse en fer


en MDH (Dirham constant de 2007) en MDH (Dirham constant de 2007)

   
Source : calcul des auteurs

1.2. Analyse de sensibilité

Au regard de l’importance des réserves prouvées en phosphate, le choix d’un horizon d’exploitation
plafonné à 25 ans sous estime la richesse en ressources minières. A ce titre, une analyse de
sensibilité a été effectuée dans le but d’évaluer cette richesse sous l’hypothèse d’un horizon
correspondant à la moyenne sur la période 1999-2013 du rapport entre les réserves prouvées
en phosphate et la production phosphatière annuelle. L’horizon moyen ainsi obtenu par cette
méthode est de 700 ans. Si on adopte cet horizon, cette richesse serait en moyenne de 122
MMDH au lieu 76 MMDH obtenus en adoptant l’horizon de 25 ans.
Richesse phosphatière en milliards de dirhams selon l'horizon

 
Source : calcul des auteurs

138
RICHESSE NATURELLE

Ressources énergétiques
Malgré son appartenance à une région géographique connue comme importante zone de
production énergétique, le Maroc est très peu doté de cette ressource. Le pays importe la quasi-
totalité de ses besoins (entre 93% et 97%), avec une facture énergétique qui a atteint 102 milliards
de dirhams en 2013, contre 13 milliards en 1999, représentant 26,8% des importations totales.

En 2009, le Maroc a adopté une nouvelle stratégie énergétique qui vise à renforcer la sécurité
d’approvisionnement et la disponibilité de l’énergie ainsi que son accessibilité généralisée à des
coûts raisonnables. Elle prévoit le développement du potentiel national en ressources énergétiques
notamment renouvelables, la promotion de l’efficacité énergétique et une plus forte intégration
au système énergétique régional.

I-Consommation et production d’énergie


La situation énergétique au Maroc est marquée par une forte dépendance vis-à-vis de l’extérieur
et un accroissement important de la demande énergétique. Entre 93 % et 97 % des besoins en
énergie sont importés sous forme de produits pétroliers, de charbon et d’électricité. Seules les
énergies hydroélectriques, éoliennes et solaires sont produites localement.

Taux de dépendance énergétique Consommation en énergie primaire par habitant

Source : Ministère de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environement.

La consommation nationale en énergie primaire a augmenté en moyenne de près de 5% par an


de 2003 à 2012 pour atteindre 17,5 millions de Tonne Equivalent de Pétrole (TEP). En dépit de
cette évolution, la demande par habitant demeure relativement modeste, se situant autour de
0,5 TEP en moyenne contre une moyenne mondiale de 1,7 TEP. Quant à la structure de cette
consommation, elle est dominée par celle des produits pétroliers avec une part moyenne, entre
2003 et 2012, de 62%. Le charbon représente en moyenne près de 26,5 % de la consommation
primaire totale sur la même période, mais sa part a tendance à diminuer en faveur du gaz naturel

139
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

et de l’éolien. La part du gaz naturel qui était marginal en 2003 (près de 0,4%) est passée à 5,1%
en 2012. Quant à l’électricité hydraulique, éolienne et importée, sa contribution est passée de
7,2% en 2003 à 11% en 2013.

Structure de la consommation en énergie

Source : Ministère de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environement.

En parallèle, la production de l’énergie, estimée à 9,4 millions de TEP en 2002, a évolué à un taux
moyen de 3,3% pour s’établir à 13,5 millions de TEP en 2013, reflétant une progression aussi
bien de l’activité de raffinage que de la production d’électricité. La production des industries de
raffinage, estimée à 5,9 millions de tonnes en 2002, a enregistré une hausse moyenne de 1% à
6,6 millions de tonnes en 2013. Parallèlement, la production nette locale d’électricité a progressé
en moyenne de 6,1% à 6,9 millions de TEP en 2013. L'accroissement de la demande énergétique
face à des ressources locales limitées a contribué au creusement du déficit énergétique qui est
passé de 0,8 million de TEP en 2002 à 4,6 millions de TEP en 2013. En conséquence, la facture
énergétique s’est alourdie de manière sensible, passant de 13 milliards de dirhams en 1999 à 102
milliards de dirhams en 2013.

Evolution de la production nationale d’électricité et Déficit énergétique


de produits pétroliers raffinés

Source : Ministère de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environement.

140
RICHESSE NATURELLE

Evolution de la facture énergétique brute

Source : Office des changes.

Pour sauvegarder le pouvoir d’achat de la population et la compétitivité de l’économie, l’Etat


consacre un budget important pour le soutien des prix des produits pétroliers. Au cours de la
dernière décennie, la charge de subvention s’est inscrite dans une tendance haussière sous l’effet
combiné de la flambé des cours sur le marché international et de l’évolution de la consommation.
La charge de compensation des produits pétroliers est passée de 0,2% du PIB en 2003 à 5,8% en
2012 avant de baisser à 4,1% du PIB en 2013.
Charges de subvention aux produits pétroliers (en % du PIB)

Source : Caisse de compensation.

II- Présentation de la stratégie énergétique nationale


Face à cette forte dépendance énergétique, le gouvernement a élaboré en 2009 une Stratégie
Énergétique Nationale qui a pour objectifs :
• la diversification de l’offre énergétique ;
• le développement des ressources énergétiques nationales particulièrement celles renouvelables;
• l’exploitation du potentiel d’efficacité énergétique dans les secteurs clés de l’économie ;
• l’intégration du réseau local au niveau régional et international pour renforcer la sécurité
énergétique.

141
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

De manière chiffrée, ces objectifs devraient se traduire par :


• l’augmentation de la part du charbon dans la production de l’électricité à 39,1% de la demande
primaire et à 27% de la capacité installée et ce, compte tenu de sa forte disponibilité, de la
stabilité de son prix à l’international et de son faible coût de production en termes de KWh et
l’utilisation du gaz de redevance pour la production de pointe et de semi-base1 .
• l’accroissement de la part des énergies renouvelables à 42% de la puissance électrique
installée à l’horizon 2020, avec des parts égales (14%) pour les énergies solaire, hydraulique
et éolienne.
• la réalisation d’économies de 12% sur la consommation de l’énergie.
• La composante à court terme de cette stratégie se rapporte à la mise en œuvre d’un Plan
National d’Actions Prioritaires (PNAP), dont l’objectif est de rétablir l’équilibre entre l’offre
et la demande dans le secteur de l’électricité, à travers la rationalisation de la demande et le
renforcement des capacités de production. A moyen et long terme, la stratégie prévoit une
baisse du coût de production de l’énergie avec une réduction de l’impact sur l’environnement.
En vue d’accompagner et soutenir les réformes engagées, plusieurs mesures d’ordre réglementaire
et institutionnel ont été adoptées. Il s’agit de :
• l’adoption de la Loi (N°13-09) sur les énergies renouvelables, qui vise la promotion de la
production d’énergies à partir de sources renouvelables, de sa commercialisation et de son
exportation par des entités publiques ou privées.
• la mise en place de deux nouvelles institutions gouvernementales - l’Agence marocaine
de l’énergie solaire (MASEN) et l’Agence Nationale pour le Développement des Énergies
Renouvelables (ANDREE).
• la mise en place en 2010 de la Société d’investissements énergétiques (SIE) dotée d’un capital
d’un milliard de dirhams souscrit par l’Etat (71%) et le Fonds Hassan II pour le Développement
Economique et Social (29%).
• la création du Fonds de développement énergétique doté d’un montant équivalent à un
milliard de dollars provenant des dons de l’Arabie Saoudite (500 milliards USD) et des Emirats
Arabes Unis (300 Mrd USD) et de la contribution du Fonds Hassan II pour le Développement
Economique et Social (200 milliards USD).
• l’adoption de la Loi 47-09 relative à la promotion de l'Efficacité Energétique.

III- Potentiel en énergies renouvelables au Maroc


Le Maroc dispose d’un grand potentiel en énergies renouvelables, il occupe la 9ème position pour
le solaire et la 31ème pour l’éolien. Pour réduire sa dépendance, le pays a décidé de changer
sa politique énergétique en développant une stratégie à deux voies. D’une part, il encourage

1 Janvier 2013. Ministère de l’énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement. Présentation de la stratégie énergétique nationale, Bilan d’étape.

142
RICHESSE NATURELLE

l’exploration pétrolière et d’autre part, il s’oriente vers l’accroissement de la part des énergies
renouvelables.

- Développement de l’énergie solaire

Le Maroc bénéficie d’atouts considérables en termes de potentiel solaire, puisqu’il profite de


plus de 3000 heures d’ensoleillement par an, soit une irradiation d’environ 5,5 kWh/ m²/ jour.
Lancé en novembre 2009, le programme d’énergie solaire vise l’installation d’une capacité de
2 000 MW pouvant générer une production électrique annuelle de 4 500 GWh. L’investissement
global du programme s’élève à 9 milliards de dollars, réparti sur 5 sites. Certes, les prix des
technologies solaires devraient rapidement baisser sous l’effet de l’apprentissage technologique
et du déploiement croissant de ces technologies, mais les coûts actuels au kWh produit restent
deux à trois fois plus chers par rapport au kWh produit à partir des énergies fossiles.
Sites de production d’électricité à partir de l’énergie solaire

Production Rayonnement Date de mise


Site Puissance (MW) Superficie (ha)
(GW/an) solaire (KWh/m²/an) en service
Ouarzazate 500 2500 1150 2635 2015
Tarfaya (Sabkhat Tah) 500 2500 1140 2140 2019
Boujdour 100 2500 230 2642 2019
Laâyoune (Foum Al Ouad) 500 2500 1150 2628 2019
Aïn Béni Mahtar 400 2000 835 2290 2019
Source : ONEE.

L’investissement permettra une économie de 1 million de TEP1 /an et de 3,7 millions de tonnes
d’émissions de CO2 par an. La mise en œuvre du programme a été confiée à l’Agence Marocaine
de l’Energie Solaire.
- Développement de l’énergie éolienne

Avec des vitesses de vent variant de 9,5 à 11 m/s dès 40m de hauteur, le potentiel éolien exploitable du
Maroc est estimé à près de 25 000 MW sur l’ensemble du territoire. Le programme d’énergie éolienne
mis en place dans le cadre de la nouvelle stratégie énergétique vise à atteindre une capacité de 2 000
MW (dont 1 000 MW déjà en fonction ou en développement) et une production annuelle de 6 600
GWh. Le programme porte sur un investissement de 3,5 milliards de dollars sur 5 nouveaux sites (Taza,
Koudia Al Baïda, Sendouk, Tiskrad et Boujdour).

L’investissement du programme éolien devrait permettre une économie de 1,5 million TEP/an et de 5,6
millions de tonnes d’émission de CO2 par an.
- Développement de l’énergie hydraulique
L’énergie hydraulique est une énergie renouvelable qui utilise les chutes d’eau naturelles (cascades)
ou artificielles (barrages hydroélectriques). Les centrales hydrauliques produisent de l’énergie
1 La tonne d’équivalent pétrole est une unité de mesure de l’énergie. Elle vaut, 42 GJ, ce qui correspond au pouvoir calorifique d’une tonne de pétrole .

143
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

mécanique convertie la plupart du temps en électricité (hydroélectricité).

L'énergie hydroélectrique est une composante dans la stratégie de développement des énergies
renouvelables. En effet, comme pour l’éolien et le solaire, 14 % de la production énergétique
nationale proviendra de l'énergie hydraulique à l’horizon 2020. La puissance hydroélectrique
installée sera portée de 1730 MW en 2008 à 2700 MW en 2020 par la construction de nouveaux
barrages et stations de transfert d’énergie par pompage.

- Schistes bitumineux

Les schistes bitumineux sont des roches contenant des substances organiques appelées kérogènes.
Lorsqu’elles sont présentes en quantité, ces substances peuvent être exploitées pour produire du
pétrole et du gaz combustible. Les travaux de recherche et développement sur ces derniers ont
été intenses durant les années 70 et le début des années 80 suite aux chocs pétroliers de 1973
et 1979. Ces travaux, ont permis de mettre en évidence et confirmer le potentiel du Maroc en
schistes bitumineux mais ont été arrêtés au milieu des années 80 suite à l’effondrement des prix
du pétrole à l’échelle internationale. Le Maroc est classé à l’échelle mondiale au 6ème rang avec
un potentiel de plus de 50 milliards de barils.

Par ailleurs, il n’existe pas actuellement au niveau mondial, une unité de valorisation de cette
ressource pour la production d’hydrocarbures à l’échelle industrielle, les unités existantes sont
encore au niveau d'expérimentation. L’industrie des schistes bitumineux devra faire face à un défi
technique pour passer au stade industriel en prenant en considération les coûts de production
ainsi que l’impact négatif sur l’environnement.
Capacité de production en schiste bitumineux

Pays Ressources en milliards de barils Rang


États-Unis 2118 1
Russie 447 2
RD Congo 100 3
Brésil 82 4
Italie 73 5
Maroc 53 6
Jordanie 34 7
Australie 31 8
Estonie 16 9
Chine 16 10
Source : Office National des Hydrocarbures et des Mines.

144
RICHESSE NATURELLE

IV- Evolution de la richesse énergétique


Evolution de la richesse globale

A prix courants, la richesse énergétique globale du Maroc s’est établie à 1 milliard de dirhams en
2013 contre 227 millions en 1999, soit une progression annuelle moyenne de 11,5%.

A prix constants, elle est passée de 234,7 millions de dirhams en 1999 à 420 millions en 2013, soit
un taux de croissance annuel moyen de 4,2%.
Richesse énergétique en millions de DH 2007, à prix constants

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Richesse en pétrole 62,0 92,2 114,1 116,9 121,1 122,2 115,4 134,1 172,0 168,6 153,4 296,7 227,1 183,4 196,3

Richesse en gaz
172,2 217,6 279,2 342,3 372,3 315,1 431,9 327,9 300,2 325,5 372,9 444,7 303,5 217,3 223,8
naturel
Richesse en charbon 0,5 0,0 0,3 0,3 0,3 19,2 25,0 26,5 26,5 26,5 7,6 1,9 0,0 0,0 0,0

Richesse énergétique 234,7 309,8 393,6 459,5 493,8 456,5 572,3 488,6 498,8 520,6 533,9 743,3 530,6 400,7 420,0

La progression de la richesse énergétique à prix constants de 1999 à 2013 est passée par deux
phases. Une croissance quasi-continue de 1999 à 2010 avec un rythme annuel moyen de 11%,
reflétant principalement une hausse significative des prix du pétrole et du gaz naturel. De 2011
à 2013, cette richesse a connu une baisse tendancielle avec un rythme de 17,3% attribuable
notamment à une surexploitation du stock de réserve du gaz naturel.
Evolution de la richesse énergétique (en millions de dirhams de 2007)

L’analyse de la structure de cette richesse, fait ressortir une prédominance du gaz naturel avec
une part moyenne de 66,2% entre 1999 et 2013, suivi du pétrole en deuxième position avec une
part moyenne de 32%. Le charbon, quant à lui, représente une part quasi nulle dans la richesse
énergétique.

145
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Evolution de la structure des richesses énergétiques entre 1999 et 2013

Rapportée à la richesse totale, les ressources énergétiques n’en représentent qu'une proportion
très faible qui contraste avec la situation dans les pays de la région.

146
CHAPITRE 5
CAPITAL PRODUIT
CAPITAL PRODUCTIF

Machines, équipements et structures


I.Evolution de l’investissement

Pour accélérer le rythme de sa croissance économique, le Maroc a consenti des efforts


d'investissement comme orientation stratégique de la politique de développement économique.
Ainsi, au cours de la période 1999-2013, l’investissement a connu une progression annuelle
moyenne de 6,9% en termes réels.

Rapporté au PIB, l’investissement sur la période 1999-2008 a représenté en moyenne une part
de 30,1%. Cette contribution s’est consolidée davantage durant la période 2009-2013 pour
atteindre une part moyenne de 34,9%.

Evolution de la formation brute de capital (en Evolution du ratio de la Formation Brut de Capital
millions de DHS) au PIB réel (en %)

   
Source : HCP

L’analyse de la structure de l’investissement par produit montre que la composante bâtiment et


travaux publics occupe la 1ère place avec une part qui oscille entre 44% et 50%. Cette contribution
reflète essentiellement les efforts déployés en matière de renforcement des infrastructures routières,
portuaires et aéroportuaires et du développement de l’habitat. L’investissement en produits de
l’industrie représente une part entre 34% et 43%.

Par secteur institutionnel, la part moyenne du secteur privé durant la dernière décennie s'élève
à plus de 80%. Le secteur public contribue avec une part d’environ 10%. Cette part n'inclut pas
les établissements et entreprises publiques (EEP) qui jouent un rôle important dans les politiques
de développement. Opérant dans les secteurs de l'énergie et mines, de l'eau, de l'habitat, du
transport, de l'agriculture et pêche, des télécommunications et du tourisme, les EEP ont investi
plus de 78 milliards de dirhams en 2013.

149
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Evolution de l’investissement du Trésor (en milliards Evolution de l’investissement des établissements et


de DHS) entreprises publiques (en milliards de DHS)

Source : Ministère de l'économie et des finances

Ces efforts reflètent la mise en œuvre de différentes stratégies sectorielles en particulier le


développement des infrastructures, l’agriculture, le tourisme et l’industrie. L’évolution de
l’investissement refléterait également l’amélioration du climat des affaires et de l’attractivité des
investissements étrangers.

II- Politique de promotion de l’investissement

2.1 Mise en place des stratégies sectorielles

Conscient des opportunités que recèlent les secteurs des infrastructures, de l’agriculture et pêche
et de l’industrie, le Maroc a élaboré une multitude de stratégies de développement sectoriel pour
accélérer sa croissance et assurer sa soutenabilité.

2.1.1. Investissement dans les infrastructures

En vue d’insuffler une nouvelle dynamique au développement socio-économique du Royaume,


le Maroc a initié plusieurs chantiers d’envergure visant à renforcer les infrastructures de
transport routier, autoroutier, ferroviaire, portuaire et aéroportuaire. Depuis 1998, le volume des
investissements est passé de 27 MMDH au cours de la période 1998-2002 à 166 MMDH pour
la période 2012-2016. Ce sursaut s’explique notamment par la mise en œuvre de la stratégie
nationale logistique lancée à partir de 2010 dans la mesure où le développement de la logistique
absorbe 38% du total des investissements dans le transport.

150
CAPITAL PRODUCTIF

Volume des investissements dans les transports Ventilation du volume d’investissement dans les
(MMDH) transports pour la période 2012-2016 (en MMDH)

   
Source : Ministère de l’Equipement et du Transport

Pour ce qui est du réseau routier, le Maroc devrait compter 1800 Km de réseau autoroutier reliant
l’ensemble des villes, dont 1511 km déjà en service et 261 km en cours de construction, dans le
cadre du contrat programme signé entre l’Etat et la Société Nationale des Autoroutes du Maroc
(ADM). Par ailleurs, le transport urbain a connu la réalisation de deux projets structurants, à savoir
la construction du tramway de Rabat-Salé en 2011 et celui de Casablanca en 2012 avec un coût
global de 9 MMDH financé par l’Etat, les emprunts internationaux et les contributions du Fonds
Hassan II pour le Développement Economique et Social.

Réseau autoroutier en service (en KM)

 
Source : MEF

De même, le transport ferroviaire a connu un important développement après la signature du


contrat-programme 2005-2009 entre l’Etat et l’Office National des Chemins de Fer. A ce titre, il y a
lieu d’indiquer l’aménagement d’une quarantaine de gares, la mise en service de nouvelles liaisons
ainsi que la modernisation de la ligne Tanger-Rabat. Au début de 2010, le Maroc a initié un
nouveau contrat-programme visant le lancement d’une première ligne de Train à Grande Vitesse

151
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

(TGV) reliant Tanger et Casablanca. Ce contrat-programme, s’étalant sur la période 2010-2015,


porte sur un investissement total de 33 MMDH dont 20 MMDH est dédiée au projet du TGV et 13
MMDH à la modernisation et à la mise à niveau du réseau ferroviaire actuel.

S’agissant des infrastructures portuaires, le Maroc a consolidé sa stratégie portuaire à partir de


2010 à travers la mise en place de plusieurs pôles portuaires ainsi que le lancement d’une série de
chantiers dont principalement la construction du Port Tanger Med et le lancement du complexe
portuaire Nador West Med.

Concernant le transport aérien, ce secteur a connu l’entrée en vigueur en 2006 de l’accord du


ciel ouvert (Open Sky) grâce auquel la plateforme aéroportuaire marocaine est desservie par une
multitude de compagnies internationales. Aussi, plusieurs autres projets d’extension et de mise à
niveau d’infrastructures aéroportuaires ont été mis en œuvre par l’Office National des Aéroports
(ONDA). Il s’agit principalement des aéroports de Casablanca, Rabat-Salé, Marrakech, Tanger,
Oujda, Al-Hoceima, Essaouira et Dakhla.

2.1.2. Le plan de l’émergence industrielle

Dans le cadre de la mise à niveau de son tissu industriel, le Maroc a lancé en 2009 le Pacte
National pour l’Emergence Industrielle (PNEI) qui vise à développer les secteurs qualifiés de Métiers
Mondiaux du Maroc (MMM), à savoir l’offshoring, l’automobile, l’aéronautique et l’électronique,
le textile et l’agroalimentaire. La liste de ces métiers a été étendue par la suite aux industries
pharmaceutiques et chimiques et parachimiques.

Nécessitant une enveloppe budgétaire totale de 12,4 MMDH sur la période 2009-2015,
cette stratégie prévoit la mise en place de plateformes intégrées répondant aux standards
internationaux, l’amélioration du climat des affaires et le renforcement de la compétitivité des
entreprises industrielles. Sur le plan quantitatif, le PNEI s’est fixé comme objectifs à l’horizon 2015
de générer 95 MMDHS d’exportations additionnelles, de créer 220000 emplois et d’augmenter
l’investissement privé dans les activités industrielles.

En 2014, le Maroc a entrepris un nouveau Plan dit d’Accélération Industrielle s’étalant sur la
période 2014-2020. Ce plan, s’inscrit dans la lignée du PNEI et vise la poursuite des efforts
déjà consentis afin d’ériger le secteur industriel marocain en un véritable levier de croissance
économique. S’agissant du financement, un Fonds de Développement Industriel (FDI) doté d’une
enveloppe budgétaire de 20 MMDH sur la période 2014-2020 a été créé pour accompagner cette
stratégie.

152
CAPITAL PRODUCTIF

2.1.3. Les secteurs de l’agriculture et de la pêche

Lancé en 2008, le Plan Maroc Vert (PMV) ambitionne le renforcement des filières à haute valeur
ajoutée et la promotion des exportations marocaines tout en préservant les ressources naturelles
et en s’adaptant aux changements climatiques. Cette stratégie s’articule autour de deux piliers :
le premier concerne l’agriculture moderne à forte valeur ajoutée et devrait mobiliser de 100 à 150
MMDH, tandis que le second pilier porte sur l’agriculture solidaire située en zones montagneuses
et est doté d’un investissement global compris entre 15 et 20 MMDH.

Depuis son démarrage, l’Etat a mobilisé près de 66 MMDH sur la période 2009-2015 et le PMV
a bénéficié du soutien du Fonds Hassan II et du Fonds de Développement Rural (FRD). En outre,
les bailleurs de fonds internationaux ont également contribué au financement de la stratégie à
hauteur de 12 MMDH dont environ 5 MMDH de dons et 7 MMDH de prêts.

Fort de richesses halieutiques considérables, le Maroc a lancé en 2009 le plan Halieutis en vue de
dynamiser le secteur de la pêche à travers la création de nouvelles plateformes industrielles et une
exploitation plus efficace et durable des ressources halieutiques. De ce cadre, il prévoit la création
de trois pôles de compétitivité qui devraient mobiliser des investissements de l’ordre de 10 MMDH.

2.2 Amélioration du climat des affaires

Durant ces dernières années, le Maroc a consenti des efforts importants pour l’instauration d’un
environnement propice aux affaires susceptible de dynamiser le secteur privé et d’améliorer sa
contribution à la croissance et à l’emploi.

2.2.1 Cadre institutionnel et procédures administratives

Parallèlement à l’institution en 2002 des Centres Régionaux d’Investissement (CRI), de l’Agence


Marocaine de Développement des Investissement (AMDI) et du comité National de l’Environnement
des Affaires (CNEA) en 2009, un ensemble de mesures ont été mises en oeuvre en vue de
promouvoir l’investissement.

- Simplification des procédures de création des entreprises : dans le sillage de l’amélioration du


cadre juridique, le projet de loi modifiant et complétant la loi n° 17-95 relative aux Sociétés
Anonymes (SA) constitue une véritable avancée dans la mesure où il permettra de faciliter les
procédures de création et de fonctionnement des S.A au Maroc. Dans le même registre, un
guichet unique et électronique de paiement des droits et taxes afférents à la création d’entreprise
a été conjointement créé par les Centres Régionaux d’Investissement et la Trésorerie Générale
du Royaume.

153
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

-Instauration de l’Identifiant Commun de l’Entreprise : dans un souci de simplification de l’échange


d'informations sur les entreprises entre les administrations publiques, un système informationnel
dénommé Identifiant Commun de l’Entreprise a été adopté en 2014. Cet outil permettra
également de faciliter les procédures administratives pour les entreprises.

-Mise à jour de la Charte de l’Investissement : figurant parmi les principales priorités du


Comité National de l'Environnement des Affaires (CNEA), un projet d’une nouvelle charte
de l’investissement vise l’amélioration de l’attractivité et de la compétitivité du Royaume, la
promotion de l’emploi, le développement et le renforcement du tissu productif, la réduction du
coût de l’investissement, le développement régional, la pérennité des projets d’investissement
ainsi que la simplification des procédures et la réduction des délais de traitement administratif
des projets.

-Refonte de la charte de la PME : conscient de son importance dans le développement économique


du pays, tant en matière de contribution à la valeur ajoutée qu’à la création de l’emploi, la Très
Petite, Petite et Moyenne Entreprise (TPME) devraient bénéficier du projet de loi modifiant la loi
n°53 formant la charte de la PME. Ce projet ambitionne l’adaptation de la charte de la PME au
contexte économique actuel ainsi qu’aux mesures et dispositifs déjà mis en place pour renforcer
la compétitivité de ces entreprises.

Outre ces chantiers majeurs, le Maroc s’est lancé dans la mise en œuvre d’autres réformes afin
d’améliorer le climat des affaires. Il s’agit en l’occurrence de l’amélioration du cadre institutionnel
régissant les marchés publics, la mise en place d’un cadre juridique pour la consécration de la
concurrence libre et loyale et, surtout, de l’amélioration de la résolution des litiges commerciaux.

2.2.2 Mesures incitatives

Dans le cadre de conventions ou contrats d’investissement à conclure avec l’Etat, le Fonds de


Promotion des Investissements offre aux investisseurs porteurs de projets plusieurs avantages en
termes d’acquisition des terrains et de réalisation d’actions de formation professionnelle. A ce
titre, la participation de l’Etat peut atteindre 20 % des dépenses d’acquisition du terrain et 5% du
montant d’investissement relatif aux dépenses d’infrastructures. De même, le Fonds peut couvrir
20% des frais des formations professionnelles prévues dans le programme d’investissement.
Pour bénéficier de ces avantages, le projet d’investissement doit porter sur un montant global
d’investissement d’au moins 200 millions de dirhams et créer un minimum de 250 postes d’emploi.

Dans le même registre, le Fond Hassan II pour le développement économique et social soutient
les projets d’investissement réalisés dans certains secteurs industriels. Cette aide financière est
plafonnée à 15% du montant total d’investissement à hauteur de 30 MDH et concerne aussi
bien la construction ou l’acquisition de bâtiments professionnels que l’acquisition de biens
d’équipements neufs.
154
CAPITAL PRODUCTIF

S’agissant des avantages fiscaux, les entreprises dont les projets d’investissement s’élèvent à 200
millions de dirhams peuvent bénéficier d’exonérations du droit à l’importation et de la TVA à
l’importation des biens d’équipement et des matériaux et outillages nécessaires à la réalisation
de ces projets d’investissement, à condition qu’ils démarrent dans les 36 mois qui suivent la date
de signature de la convention. Des mesures additionnelles concernent la réduction de l’IS qui est
passé de 35% à 30% à partir de 2010 et l’introduction de diverses mesures d’encouragement en
faveur des entreprises qui ambitionnent de rejoindre la place financière de Casablanca Finance City
(CFC). A ce propos, elles ont droit à une exonération totale de l’IS pendant leurs cinq premières
années d’exercice et elles seront assujetties à un taux de 8,75% à l’issue de cette période.

Enfin, d’autres réformes entreprises par les pouvoirs publics sur le plan institutionnel ont concerné
la lutte contre la corruption et le renforcement de la transparence, notamment avec la mise en
place de l’Instance de Prévention de la Corruption, l’adoption de la loi sur le blanchiment d’argent
et la Loi sur la déclaration du patrimoine.

2.3 Attractivité des investissements directs étrangers

L’analyse des flux des IDE sur la période allant de 1999 à 2013 fait ressortir l’existence de deux
phases. La première qui s’étale de 1999 à 2004 est caractérisée par des flux d’investissement
relativement faibles s’élevant à 14 MMDH en moyenne. Sur la période 2005 à 2013, les flux d'IDE
ont plus que doublé pour atteindre 40 MMDH en 2013. Le dynamisme des IDE est attribuable
principalement aux efforts déployés par le Maroc en matière de mise en place des zones franches
dans le cadre des stratégies sectorielles et au processus de privatisation des entreprises publiques
qui a démarré dans les années 90. Ces efforts ont permis d’améliorer le positionnement du pays
au niveau régional depuis l’an 2000 pour devenir un des pays les plus attractifs d’IDE en Afrique.
Evolution du flux des IDE sur en MMDH (1999-2013)

 
Source : Office des Changes

155
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

S’agissant de la répartition sectorielle des IDE, le secteur de l’industrie s’est accaparé 23% des flux
d'IDE sur la période 1999-2013. Aussi, après le niveau record de 18 MMDH réalisé en 2003, les
IDE dans ce secteur ont repris leur rythme de progression pour atteindre 15 MMDH en 2013. Les
secteurs de l’immobilier, des télécommunications et du tourisme ont contribué respectivement à
hauteur de 19%, 17% et 12% sur la période 1999-2013.
Structure des IDE par secteur en % (1999-2013)

 
Source : Office des Changes

Somme toute, l’investissement a connu une dynamique exceptionnelle au Maroc, particulièrement


durant les quatorze dernières années, sous l’impulsion des pourvois publics qui ambitionnent à
travers cette orientation l'accélération du rythme de la croissance économique et la réduction du
chômage et de la pauvreté. Cependant, comment cette dynamique de l’investissement s’est-elle
réellement répercutée sur l’accumulation du capital physique ? Quel poids occupe ce capital dans
la richesse globale ? Et comment ce capital physique a-t-il évolué durant la dernière décennie ?

III- Evaluation du stock de capital physique


Le capital produit est composé du stock de capital physique (K) et des terrains urbains (U). Pour
le calcul du stock de capital physique (K), la méthode de l’inventaire permanent (PIM), largement
utilisée par les chercheurs et les institutions internationales, a été adoptée. Cette méthode évalue
le stock de capital à une date donnée comme étant la somme des investissements antérieurs
diminués de l’amortissement (voir annexe).

3-1 Principales évolutions

L’application de cette méthode montre qu’à prix courants, le stock de capital physique est passé
de 968,9 milliards de dirhams en 1999 à 2683,3 milliards en 2013. A prix constant, le stock de
capital physique a plus que doublé en 15 ans passant de 1090,1 milliards de dirhams en 1999
à environ 2574,8 milliards en 2013, réalisant ainsi sur l’ensemble de cette période un taux de
croissance annuel moyen de 6,3%.

156
CAPITAL PRODUCTIF

Evolution du stock de capital physique


en milliards de DHS (à prix constants de 2007)

 
Source : calculs des auteurs

L’analyse de l’évolution de ce stock entre 1999 et 2013 permet de distinguer 3 phases qui reflètent
globalement le contexte macroéconomique qui les caractérise. La première période s’étalant de
1999 à 2001 affiche un taux de croissance moyen du stock de capital de 3,7%. Plusieurs facteurs
expliquent cette évolution dont notamment la faiblesse du capital accumulé durant les années
1980, caractérisées par le plan d’ajustement structurel qui a réduit les marges de manœuvre
de l’Etat en matière de dépenses d’investissement, mais aussi le cycle économique morose qu’a
traversé l’économie marocaine durant les années 1990. La seconde phase qui s’étale de 2002 à
2009 montre un profil différent avec un taux de croissance moyen de 6,3%. Cette performance
témoigne des efforts entrepris par le Maroc qui s’est inscrite dans un processus de réformes visant
à asseoir les bases d'une économie de marché ouverte et compétitive. Entre 2010 et 2013, le stock
de capital physique a continué de progresser à un rythme soutenu de 5,4%. Cependant, ce dernier
a légèrement décéléré par rapport à la période précédente en raison de la crise économique qui
ont connu les principaux partenaires du Maroc et du retour des pressions sur les finances publiques
qui a obligé l’Etat à repenser ses dépenses de manière générale.

3-2 Contribution à la richesse totale

Rapportée à la richesse globale, la part du stock de capital physique est passée de 16,1% en
1999 à 20,3% en 2013, participant ainsi en moyenne avec un taux de 18,4% à la richesse sur
cette période. De ce fait, le stock du capital physique représente la première richesse matérielle
au Maroc comparativement au capital naturel qui arrivent en deuxième position et aux avoirs
extérieurs nets qui contribuent de manière négative à l’accumulation de la richesse.

157
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Contribution du capital physique à la richesse totale (en %)

 
Source : calculs Des auteurs

3-3 Comparaisons internationales

La comparaison, sur la base des données de la Banque Mondiale, du Maroc avec les autres pays
montre que la part du capital produit dans la richesse totale est relativement élevée. Ceci est
un résultat prévisible dans la mesure où le Maroc a enregistré durant la période 1999-2013
un taux d’investissement parmi les plus élevé dans le monde. En effet, selon les indicateurs de
développement dans le monde (WDI de la Banque Mondiale) et sur les 192 pays pour lesquels les
données existent, le Maroc se classe au 19ème rang en termes de ratio formation brut de capital
au PIB avec un taux moyen de 31% entre 1999 et 2013.

158
CAPITAL PRODUCTIF

Foncier urbain
Depuis l’indépendance, le Maroc a connu une forte urbanisation de sa population. En 1960,
la population urbaine était de 3,3 millions et représentait 29,2% de la population totale. En
2013, les citadins représentaient près de 60% de la population totale. Cette augmentation de la
population urbaine est le résultat de trois facteurs, à savoir la croissance naturelle, la migration
et la promotion des centres ruraux au statut urbain. En parallèle, le Maroc comptait 112 villes en
1960, dont 11 grandes villes et moyennes (plus de 50 000 habitants). En 2004, ce nombre a atteint
352 villes, dont 54 ont une taille de plus 50 000 habitants. Pour accompagner cette évolution,
les pouvoirs publics ont consenti des efforts importants pour l’investissement dans l’infrastructure
et la mobilisation des terrains fonciers. Ces investissements se traduisent aujourd’hui par une
infrastructure et une assiette foncière urbaine importante qui constituent une composante non
négligeable de la richesse du pays. La gestion et la préservation de cette richesse, passe d’abord
par son évaluation et son suivi régulier dans le temps.

I- Développement et gestion urbaine


Au cours des dernières années, le besoin en terrains urbains n’a cessé d’augmenter, créant ainsi
une forte pression sur les prix du foncier. Ces derniers ayant plus que doublé durant ces quinze
dernières années, constituant ainsi un frein à l’investissement et aux opérations d’aménagement
urbain et aggravant les difficultés d’accès au logement pour les ménages.

Evolution des prix des terrains urbain par m2

Source : Des auteurs & ANCFCC

Cette situation est amplifiée par les problèmes de mobilisation du foncier causés par les statuts
juridiques qui le régissent. En effet, la diversité des statuts fonciers (propriété privée, propriété
publique, terres collectives, terres « Guich », biens « Habous »), la dualité du régime foncier
(propriété immatriculée et non immatriculée) et la multiplicité des intervenants dans l’organisation

159
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

et la gestion du patrimoine foncier, ont un impact sur l’aménagement urbain à plusieurs niveaux
notamment :
• au niveau des acquisitions foncières, avec des procédures longues et complexes ;
• au niveau du marché foncier et de l’investissement, les divers statuts fonciers contribuent à la
rareté des terrains en raison de la lourdeur et la lenteur de leur mobilisation ;
• l’absence de l’immatriculation foncière pose le problème de l’hypothèque, de l’accès au crédit
et du défaut de l’information et de la transparence foncière.

Afin de bien maîtriser la planification urbaine, une politique d’aménagement du territoire est mise
en œuvre à travers un ensemble de documents d’orientation, qui ont pour objectif de tracer les
options fondamentales d’aménagement du territoire retenues à l’échelle nationale, régionale et
locale. Ainsi, le Gouvernement s’est doté de différents documents relatifs à l’aménagement du
territoire. Il s’agit notamment des schémas directeurs d’aménagement urbain (SDAU) qui sont
constitués d’un ensemble de documents graphiques accompagnés d’un rapport justifiant le plan
d’aménagement et les mesures à prendre pour sa réalisation. Ils déterminent les choix et options
d'aménagements devant régir le développement économique et social du territoire concerné.

Les plans d’aménagements (PA) sont des documents d’urbanisme réglementaire qui définissent
le droit d’utilisation du sol à l’intérieur des territoires auxquels ils s’appliquent. Ils définissent les
limites et la destination de la voirie, les limites et les dispositions des espaces publics.

Les plans de zonage définissent l’utilisation des sols en l’absence d’un PA pour un secteur
déterminé. Ils ont pour objet de définir l’affectation des différentes zones suivant l’usage principal
qui doit être fait et ils définissent les règles d’utilisation des sols.

Les Schémas d'orientation de l'urbanisme coordonnent, planifient les organisations de l'urbanisme


et de l'aménagement de tous les intervenants dans ce secteur. Ils déterminent les choix et les
options d'aménagement qui doivent régir le développement harmonieux et durable sur le plan
économique et social du territoire et concerne les zones nouvelles d'urbanisation et leur destination
générale ainsi que les dates à partir desquelles elles pourront être ouvertes à l'urbanisation.

- Politique de développement urbain

Programme des villes nouvelles au Maroc

Le programme nationale des villes nouvelles, lancé en 2004, a pour objectif d’identifier et
d'analyser les déterminants sur lesquels devra se construire une vision prospective du paysage
urbain national, de définir le rôle des villes nouvelles dans l’encadrement territorial ainsi que dans
la mise à niveau urbaine.

160
CAPITAL PRODUCTIF

Le Maroc a opté pour une politique de villes nouvelles, à travers un programme de construction de
plusieurs villes notamment Tamensourt, Lakhyayta, Tamesna et plus récemment Chrafate lancée
en janvier 2009.
Programme villes nouvelles- Etat d'avancement en 2012

Nombre Coût
Population à Taux d’avancement
Villes nouvelles Superficie Ha logement à aménagement Coût globale
terme d’aménagement
terme en MdH

Tamansourt 1931 90 000 450 000 4 826 95% 40 000


Tamesna 840 55 000 250 000 1743 95% 22 700
Lakhyayta 1292 58 000 300 000 4087 80% 25 000
Chrafate 770 30 000 150 000 2276 70% 20 000
Total 4833 233 000 1 150 000 12 932 - 107 700
Source : Ministère de l’habitat et de la politique de la ville.

Ces villes nouvelles devraient contribuer à une meilleure répartition de la population urbaine et
des activités sur le territoire et sont considérées comme un instrument pour stimuler et promouvoir
l’investissement et générer de nouvelles richesses.

Programme National Villes Sans Bidonvilles (VSB)

Le programme national « Villes sans bidonvilles » a été lancé en 2004, et a pour objectif le
développement social, la lutte contre la pauvreté et l’exclusion en milieu urbain. Ce programme
s’attaque à l’ensemble des bidonvilles dans les espaces urbains à travers des opérations de
restructuration qui ciblent les grands et moyens bidonvilles pouvant être intégrés au tissu urbain,
afin de les doter des infrastructures nécessaires (assainissement, voirie, eau potable, électrification)
et régulariser leur situation urbanistique et foncière.
Bilan du programme VSB- Etat d’avancement en 2011
Régions Total des villes Villes VSB Nombre de Ménages traités
ménages ou en cours
Laâyoune - Boujdour - Sakia El Hamra 2 2 16693 16693
Oued Eddahab - Lagouira 1 1 5122 5122
Guelmim - Smara 1 0 3363 3363
Souss - Massa - Draa 4 4 16495 16495
Tadla - Azilal 3 3 1289 1289
Oriental 12 8 5796 5760
Chaouia - Ouardigha 8 6 6589 6384
Doukkala - Abda 5 3 4383 3950
Marrakech - Tensift - El Haouz 3 1 31576 26684
Fès - Boulemane 4 1 15463 12638

161
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Régions Total des villes Villes VSB Nombre de Ménages traités


ménages ou en cours
Meknès - Tafilalet 8 6 12582 9782
Gharb - Cherada 7 2 32853 24099
Tanger - Tétouan 9 4 14855 9743
Rabat - Salé - Zemmour - Zaër 10 3 55160 30366
Grand Casablanca 4 0 109093 53605
Al Hoceïma - Taza - Taounate 3 0 8710 849
Ensemble 84 44 340022 226822
Source : Programmes des Nations Unies pour les Etablissements Humains –ONU-Habitat

Ainsi, 44 villes sur un ensemble de 84, sont déclarées sans bidonvilles, portant le nombre de
ménages concernés par des opérations achevées ou en cours de réalisation à 227.000 ménages,
soit un taux de réalisation de 67%.

Projet de renouvellement urbain

Ce projet peut être défini comme une forme d’évolution et de reconstruction de la ville sur elle-
même permettant d’apporter des solutions à des dysfonctionnements d’ordre urbanistique. La
mise en œuvre de ce projet se fait par la création d’un organisme national dédié aux projets de
renouvellement urbain à l’instar des sociétés ou agences telles que la société d’aménagement
et de développement du Port de Tanger, l’Agence de l’aménagement de la vallée de Bouregreg,
l’Agence d’urbanisme et de développement d’Anfa, etc.

II- Evolution de la richesse en foncier urbain


Dans le calcul de la valeur du stock de richesse d'un pays, les estimations finales du capital
physique comprennent la valeur des structures, les machines et équipements et le foncier urbain.
Etant donné la difficulté d’évaluer directement la valeur du foncier urbain, on suppose que cette
valeur est une proportion fixe égale à 24% de la valeur du capital physique. Ce paramètre a été
choisit en se basant sur une évaluation de la richesse du foncier urbain au Canada, la proportion
trouvée était de 33% de la valeur des structures, qui représentent 72% du capital physique au
Canada, soit une part de 24% du capitale physique. Nous supposons ainsi que le foncier urbain
et les infrastructures se développent dans les mêmes proportions.

A prix courants, la richesse en foncier urbain est estimée à 644 milliards en 2013 contre 232,5
milliards de dirhams en 1999, soit une progression annuelle moyenne de 7,5%.

A prix constants, l’analyse de l’évolution du foncier urbain entre 1999 et 2013, laisse indiquer que
sa richesse a quasiment doublé durant cette période, passant de 261,6 milliards de dirhams en
1999 à 617,9 milliards de dirhams en 2013, soit un taux de croissance annuel moyen de 6,3%.

162
CAPITAL PRODUCTIF

Richesse en foncier urbain en milliards de dirhams de 2007

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Richesse en foncier urbain 261,6 272,2 285,4 299,2 319,2 341,5 361,7 384,5 412,5 450,7 484,3 514,7 549,8 582,3 617,9

Evolution de la richesse en foncier urbain

La part de la richesse du foncier urbain dans la richesse totale n’a cessé de s’accroitre entre 1999
et 2013, passant de 4,4% à 4,8%, représentant ainsi une part non négligeable dans la richesse
totale du Maroc.
Part de la richesse en foncier urbain dans la richesse totale

163
CHAPITRE 6
AVOIRS EXTÉRIEURS NETS
AVOIRS EXTÉRIEURS NETS

Position financière extérieure globale

Dans ses activités économiques, le pays est amené à échanger des biens et des services et à
recevoir et transferer des capitaux et des instruments avec l’extérieur. Le solde de ces échanges
constitue une part de la richesse globale du pays. Si la Balance des paiements permet de mesurer
les flux de ces échanges au cours d’une période donnée, la Position Financière Extérieure Globale
(PFEG), permet de tracer la situation patrimoniale d’une économie vis-à-vis de l’extérieur. Le niveau
de cette position à une date donnée constitue une résultante des flux de la balance courante et du
compte capital au cours des années antérieures. Il reflète donc les performances notamment en
termes de commerce extérieur, de revenus touristiques et de transferts nets de l’extérieur.

Pour comprendre l’évolution de la PFEG, il est donc essentiel d’analyser celle des flux des différentes
rubriques de la balance des paiements, en particulier la balance commerciale. Pour ce faire, on
prend en considération une période qui remonte à 1990.

I. Evolution des principales composantes de la balance courante


L’analyse de l’évolution du compte courant au Maroc permet de distinguer trois phases. La
première de 1990 à 2000 a été caractérisée par un déficit moyen de 0,8% du PIB, la deuxième
phase excédentaire s’étale entre 2001 et 2007, avec un surplus moyen de 2,3% du PIB. De 2008
à 2013, la balance a été marquée par une aggravation du déficit courant à 6,6% du PIB en
moyenne, avec un maximum de 9,5% en 2012.

Evolution des composantes du compte courant


En milliards de DH En milliards de DH
150 40

100 20
50
0
0
-20
-50
-40
-100
-60
-150

-200 -80

-250 -100
90
91
92
93
94
95
96
97
98
99
00
01
02
03
04
05
06
07
08
09
10
11
12
13
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20

Total biens Total revenus Total services


Total transferts courants Total compte courant

Source : Office des Changes.

La dégradation du solde des transactions courantes depuis 2008 est attribuable essentiellement
à l’accentuation du déficit commercial et à la baisse ou la faible progression des recettes voyages
et des transferts des marocains résidant à l’étranger dont le rythme d’évolution moyen s’est établi

167
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

respectivement à -0,2% et 1% entre 2008 et 2013, au lieu de 15,5% et 15,7% entre 2000 et
2007.
1- Balance commerciale

La politique d’ouverture du Maroc sur l’économie internationale a permis au pays d’enregistrer un


certain dynamisme des exportations au cours des dernières années. Toutefois, cette amélioration
s’est faite à un rythme plus faible que celui des importations. Cette évolution a été amplifiée par
l’avènement de la crise dans la zone euro et l’envolée des prix des matières premières. Ainsi, le
déficit commercial s’est inscrit sur une tendance au creusement pour atteindre 21,8% du PIB en
moyenne entre 2008 et 2013 contre 13,7% entre 2001 et 2007.
Evolution du solde commercial
Milliards de dirhams %
450 30.0
400
25.0
350
300 20.0
250
15.0
200
150 10.0
100
5.0
50
0 0.0
90

91
92

93
94

95
96
97

98
99

00
01

02
03

04
05

06
07
08

09
10

11
12

13
19

19
19

19
19

19
19
19

19
19

20
20

20
20

20
20

20
20
20

20
20

20
20

20

Déficit commercial (en % du PIB) Importations Exportations


 
Source : Office des Changes.

Entre 1998 et 2007, les exportations du Maroc ont été dominées par trois principaux secteurs,
en l’occurrence le textile et l’habillement, l’agroalimentaire et les phosphates et dérivés, avec des
parts respectives de 31,4%, 20,4% et 16,4%. Cette situation s’est renversée entre 2008 et 2013
en faveur du secteur des phosphates et dérivés, qui a représenté en moyenne 24,5%, contre
18,3% pour chacun des deux autres secteurs.

En outre, depuis la mise en œuvre de la stratégie de développement des Métiers Mondiaux


du Maroc, la part de ces métiers, notamment la construction automobile, l’aéronautique et
l’électronique, a connu une hausse remarquable atteignant une part de 21,1% en 2013 contre
20,2% pour les phosphates et dérivés.

168
AVOIRS EXTÉRIEURS NETS

Principales composantes des exportations (en %)

Source : Office des Changes.

En parallèle, le rythme annuel moyen de progression des importations s’est établi à 4% au cours
de la période 1990-1997, et s’est accéléré à 11,4% en moyenne entre 1998 et 2007 avant de
ralentir à 3,2% entre 2008 et 2013. Durant cette dernière période, outre l’aggravation de la
facture énergétique liée principalement à la hausse des cours internationaux, la composition des
importations marocaines a été caractérisée par la prédominance des demi-produits, des produits
finis d’équipement industriel et de consommation.
Encadré : Commerce extérieur dans le cadre des Accords de Libre-Echange (ALE)

Le Maroc a signé au cours de ces dernières années plusieurs accords de libre-échange. Ses échanges
commerciaux, dans le cadre de ces ALE ont progressé de 58 milliards dirhams en 2006 à 166 milliards en
2013. Les exportations se sont accrues de près de 26,7% en moyenne annuelle, pour atteindre 51 milliards de
dirhams en 2013. De leur côté, les importations sont passées de 47 milliards à 115 milliards, soit un taux de
croissance annuelle moyen de 13,5%. Le déficit commercial dans le cadre des ALE s’est, ainsi, creusé, passant
de 37,5 milliards de dirhams en 2006 à 64 milliards en 2013, soit 32,4% du déficit commercial global. La
part des exportations réalisées dans le cadre des ALE dans les exportations globales a connu une amélioration
notable. Elle a atteint 27,7% en 2013 contre 8,7% en 2006. S’agissant des importations, leur part dans les
importations globales a représenté 30,1% au lieu de 22,5%.
Déficit commercial dans le cadre des Accords de Libre-Echange (ALE)
  Milliards de dirhams %
140 50

120
40
100

30
80

60 20

40
10
20

0 0
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Déficit commercial ALE (en % du déficit global) Importations (ALE) Exportations (ALE)

Source : Office des Changes.

169
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

En conclusion, malgré les efforts déployés en faveur du développement du système productif et


de la promotion du commerce extérieur à travers, notamment, la mise en œuvre de stratégies
sectorielles ambitieuses et l’amélioration de l’environnement des affaires, la part de marché du
Maroc au niveau mondial ne s’améliore toujours pas. Elle a affiché une quasi-stagnation aux
alentours de 0,11%, en moyenne au cours de la période 2000-2013. Cette part a atteint son
niveau le plus élevé de 0,12% en 2008, en lien, notamment, avec la croissance importante des
exportations de phosphates et dérivés au cours de cette année.
2- Services et transferts courants

Après avoir contribué pendant longtemps à la couverture du déficit de la balance commerciale, les
exportations des services et les transferts courants sont sensiblement impactés, depuis 2008, par
la crise économique dans la zone euro.

Ainsi, le rythme de croissance des exportations de services est revenu de 16,4% en moyenne entre
2000 et 2007 à 1,8% en moyenne entre 2008 et 2013, reflétant le ralentissement des recettes
voyages. Parallèlement, les recettes au titre des transferts courants ont progressé à un rythme
moyen de 3,3% entre 2008 et 2013, largement inférieur à celui de 15,4% enregistré entre 2000
et 2007.
3- Sources de financement du déficit courant

Le financement du déficit courant est assuré en partie par les flux des investissements directs
étrangers, les prêts et les crédits commerciaux. Nous nous limitons à la période allant de 2008 à
2013, en raison de l’ampleur du déficit au cours de cette période, soit 6,6% du PIB, contre 0,8%
du PIB entre 1990 et 2000.
Flux de financements extérieurs en % du déficit courant

Moyenne 2008-2013
Comptes opérations financières hors avoirs de réserve 95,3
Investissements directs étrangers 31,7
Autres investissements 63,7
Crédits commerciaux 10,6
Prêts 42,7
Avoirs de réserve 9,8
Source : Office des Changes.

Il ressort de l’analyse de ce tableau que durant de la période 2008-2013, le déficit courant du


Maroc a été couvert par des entrées nettes de capitaux étrangers à hauteur de 95,3% et par
une ponction dans les réserves de l’ordre de 9,8%. L’analyse de la structure des flux de capitaux

170
AVOIRS EXTÉRIEURS NETS

étrangers montre également que la contribution des capitaux à long terme est prépondérante,
avec 42,7% pour les prêts et 31,7% pour les IDE.
Contributions des principales composantes de la balance
des paiements à la croissance des avoirs de réserve (phase excédentaire du compte courant)
Moyenne 2001-2007
Recettes de voyage 192%
Transferts MRE 255%
Investissements directs étrangers 85%
Balance commerciale et autres -432%
Total 100%
Source : Office des Changes.

Par ailleurs, le surplus du compte courant, entre 2001 et 2007 est attribuable essentiellement à
celui des transferts des MRE, des recettes de voyage et des IDE dont la contribution moyenne à la
croissance des avoirs de réserves s’élève respectivement à 255%, 192% et 85%, et qui ont plus
que compensé la contribution, globalement négative, des composantes restantes, notamment la
balance commerciale.

II- Position financière extérieure globale


Pour analyser l’évolution de la position extérieure globale du Maroc, les données utilisées sont
celles de l’Office des Changes pour la période 2002-2013. Pour les années de 1999 à 2001, les
observations utilisées sont celles de la base de données extérieure de la richesse des nations Mark
II1 en appliquant une interpolation linéaire.

En 2013, la position extérieure globale s’est soldée par une situation débitrice de l’ordre de 557,3
milliards de dirhams contre 197,5 milliards en 1999. Par habitant, la situation débitrice de la PFEG
s’est élevée à 16712 dirhams en 2013 au lieu de 7066 dirhams en 1999, soit une aggravation de
137% au cours de la période.

L’analyse de l’évolution de la position financière extérieure globale fait état de deux phases
distinctes. La première qui s’étale entre 1999 et 2004 a été marquée par une relative amélioration
de 21,8% de la situation débitrice s’établissant à 154,5 milliards en 2003, avant d’enregistrer un
allégement de 2,5% à 150,6 milliards en 2004. Cette évolution reflète un accroissement moyen
de l’encours des avoirs (16,8%) plus important que celui des engagements (3%) durant cette
période. À l’opposé, la situation débitrice de la position extérieure nette s’est dégradée depuis
2005, passant de 159,5 milliards de dirhams à près de 557,3 milliards en 2013, avec un rythme
moyen de 16,9%.
1 La base de données utilisée pour l’évaluation de la position extérieure nette est une version mise à jour et étendue de « La base de données extérieure de la richesse
des nations Mark II » développée par Lane et Milesi-Ferretti (2007), cette base contient les données sur les avoirs et les engagements en millions de dollars US pour
178 économies couvrant la période de 1970-2011.

171
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Position financière extérieure globale Position extérieure globale par habitant


  Milliards de DH
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013
1 000
0
800
-2 000
600 -4 000
400 -6 000
200 -8 000
0 -10 000
-200 -12 000
-14 000
-400
-16 000
-600
-18 000
-800
Dirhams
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013
 
Avoirs Engagements P osition  extérieure  nette

Sources : Office des Changes et base de données extérieure de la richesse des nations Mark II.

Agrégats de la position financière extérieure globale (en milliards de dirhams)


2002 2005 2013
Rubriques Avoirs Engagements Solde Avoirs Engagements Solde Avoirs Engagements Solde
Investissements directs 4,6 123,3 -118,7 6,6 191,9 -185,4 20,1 418,1 -398,1
Investissements de
0,9 6,5 -5,6 1,2 18,8 -17,6 5,1 27,4 -22,3
portefeuille
Autres investissements 4,8 161,4 -156,6 12,4 141,7 -129,3 34,3 328,2 -293,8
Avoirs de réserve 114,0 - 114,0 172,9 - 172,9 156,9 - 156,9
Position nette 124,3 291,2 -166,9 193,0 352,5 -159,5 216,4 773,8 -557,3
Source : Office des Changes.

A prix constants1 de 2007, la position extérieure s’est soldée par un creusement des engagements
nets du Maroc vis-à-vis des non résidents de 222,2 milliards de dirhams pour s’établir à 478,2
milliards de dirhams en 2013, soit une dégradation de 86,8% par rapport à 1999. Par habitant,
cette situation débitrice s’est aggravée de 56,6% pour s’établir à 14339 dirhams en 2013 au lieu
de 9157 dirhams en 1999.
Position financière extérieure globale en milliards Position extérieure globale par habitant en
de dirhams de 2007 dirhams de 2007
Milliards de DH
800 0

600 -2 000

400 -4 000
200 -6 000
0 -8 000
-200 -10 000
-400 -12 000
-600
-14 000
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013
-16 000
Avoirs Engagements Positions extérieure nette
 
Dirhams
 
Sources : Office des Changes et base de données extérieure de la richesse des nations Mark II.

1 Le déflateur utilisé est celui des importations. L’utilisation de celui des exportations donne des résultats similaires.

172
AVOIRS EXTÉRIEURS NETS

III- Evolution des principales composantes de la PFEG

1. Investissements directs étrangers

L’analyse de l’évolution des IDE permet de distinguer deux principales phases. La première, allant
de 2003 à 2008, a été marquée par un rythme moyen de progression du stock de 17,2% et a
été caractérisée par une entrée importante de capitaux étrangers dans le cadre d’opérations de
privatisation, avec une part moyenne de 31,2% dans le total des IDE. Il s’agit notamment de 14,2
milliards en 2003 suite à la cession de 80% du capital de la Régie des Tabacs, 12,4 milliards en
2005 émanant de la vente de la deuxième tranche du capital de Maroc Télécom et 3,1 milliards
en 2007 de la cession du capital de la société DRAPOR, en plus de celle de 4% du capital de
Maroc Télécom. Sur cette période, les flux d’IDE ont bénéficié à hauteur de 27,1% au secteur des
télécommunications, de 19,1% à celui de l’industrie, de 11,1% au secteur de l’immobilier et de
10,9% à celui du tourisme.

Evolution du stock d’IDE en montants et en Evolution du stock d’IDE par secteur


pourcentage du PIB
  En milliards DH %   En milliards DH
450 55 350
400 300
50
350
45 250
300
200
250 40

200 150
35
150 100
30
100 50
25
50
0
0 20 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
IDE En % du PIB Industrie Télécommunications Immobilier Banque Tourisme

Source : Office des changes. Source : Office des Changes.

La seconde phase, allant de 2009 à 2013, a connu un rythme d’augmentation d’IDE limité à 6%
en moyenne, bien que l’année 2013 ait été marquée par l’entrée d’un volume record de 39,1
milliards.

173
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Evolution des entrées d’IDE Evolution des sorties d’IDE


(en milliards de dirhams) (en milliards de dirhams)

  40   22
35 20
18
30 16
25 14
12
20
10
15 8
10 6
4
5 2
0 0
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Source : Office des Changes. Source : Office des Changes.

Il est important de souligner que si ces opérations de privatisation constituent des mannes
ponctuelles importantes d’entrée de devises, les transferts de dividendes sont de plus en plus
importants avec un montant de 6,9 milliards de dirhams en 2013 et de près de 15 milliards en
2014.

2. Prêts publics et privés

Pour ce qui est de l’encours des prêts des administrations publiques, il s’est inscrit dans une
tendance baissière, entre 2002 et 2006, avec un rythme moyen de 8,5%, s’établissant à fin
décembre 2006 à 64,8 milliards ou 11,2% du PIB. Lors de cette période, le Trésor a privilégié
l’endettement intérieur, dans un contexte marqué par un excès de liquidité et une détente des
taux sur le marché intérieur.

En revanche, sur la période 2007-2013, l’encours des prêts des administrations publiques a connu
une hausse annuelle moyenne de 12%, pour s’établir à 130,1 milliards ou 14,9% du PIB à fin
2013. Cette période a été marquée par le recours du Trésor à plusieurs levées de fonds sur les
marchés internationaux : 500 millions d’euro en 2007, un milliard d’euro en 2010, 1,5 milliard de
dollar en 2012 et 750 millions de dollar en 2013.

174
AVOIRS EXTÉRIEURS NETS

Evolution des emprunts du Trésor et des Evolution du coût moyen de la dette du Trésor
établissements publics

  En milliards DH   %
140 8
7,3
120 7
6,4
100 6 5,9
5,3 5,2
80 4,8
5 4,7
60 4,0
4 3,9 4,3
40 3,3 3,0 3,3
3 3,1
20
2
0
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Administrations Prêts des établissements publics Dette intérieure Dette extérieure

Source : Ministère de l'économie et des finances. Source : Ministère de l'économie et des finances.

L’encours des prêts contractés par les sociétés non financières s’est inscrit dans une tendance
haussière continue depuis 2005, avec une hausse annuelle moyenne de 9,8%. En particulier,
l’encours de la dette des établissements publics a enregistré une progression moyenne de 11,8%
entre 2005 et 2013.

Evolution de l’encours des engagements au titre


des prêts privés et ceux des banques (en milliards de dirhams)
  18

16

14

12

10

0
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Secteur privé Banques


Source : Office des Changes.

Pour sa part, l’encours des engagements au titre des prêts du secteur privé non financier s’est
inscrit dans une tendance baissière depuis 2002 jusqu’à 2012, avec un taux annuel moyen de
8%, avant de reprendre en 2013 pour s’établir à 12,5 milliards de dirhams, soit une progression
de 102,7% par rapport à 2012.

3. Crédits commerciaux

L’encours des engagements des crédits commerciaux a progressé à un rythme soutenu depuis
2002 en relation avec le développement du commerce extérieur. Sur la période 2002-2012, cet

175
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

encours s’est accru de 33,5% en moyenne annuelle à 18,9 milliards en 2012 et a plus que doublé
pour atteindre 38,3 milliards en 2013.
Evolution de l’encours des crédits commerciaux
En milliards DH
60

50

40

30

20

10

0
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Avoirs engagements

Source : Office des Changes.

4. Avoirs de réserve

S’agissant du stock des avoirs de réserve, il s’est raffermi durant la période 2002-2007, reflétant
principalement l’excédent du compte courant. En revanche, sur la période 2008-2012, il a
diminué de 8,3% en moyenne annuelle, reflétant ainsi l’aggravation du déficit commercial et
l’essoufflement des recettes de voyage et des transferts MRE. Toutefois, l’année 2013 a été
marquée par l’amélioration de l’encours des avoirs de réserve grâce à l’allégement du déficit
commercial, aux recettes en dons publics et à l’afflux d’IDE
Evolution des avoirs de réserve
En milliards DH %

250 40

35
200

30
150
25
100
20

50
15

0 10
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 T3- 2014
2014
Avoirs de réserve En % du PIB

Source : Office des Changes.

176
ANNEXES
CAPITAL IMMATÉRIEL, ÉVOLUTION ET DÉTERMINANTS

Epargne nette ajustée et richesse globale


Annexe Méthodologique
La richesse d’un pays comprend son capital produit (capital physique, foncier urbain, bâtiments et
infrastructures), son capital naturel (forêts, terrains agricoles, etc.), ses actifs extérieurs nets et son
capital immatériel, dont notamment le capital humain, institutionnel et social.

Richesse Totale (W) = Capital matériel + Capital immatériel + avoirs extérieurs nets

Capital matériel = Capital produit + Capital naturel

Capital immatériel = Capital humain + Capital institutionnel + Capital social + autres

Avec r le facteur d’actualisation des revenus futurs dans l’économie. T est l'horizon d'actualisation
et C(p) la consommation de l'année.

Le taux d’actualisation est obtenu à partir de la maximisation, sous certaines hypothèses, du bien
être intergénérationnel, en supposant une fonction d’utilité avec une aversion relative au risque
constante.

Avec le taux de préférence pure pour le présent, est à la fois le coefficient d’aversion au risque
et l’élasticité de l’utilité marginale par rapport à la consommation et

est le taux de croissance de la consommation.

Sous l’hypothèse que =1 et d'un taux de croissance de la consommation à g, on a :

La consommation future est donnée ainsi par :

179
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

La valeur de la richesse totale en t est ainsi fonction exclusivement de la consommation en t, c(t)


et du taux de préférence pure pour le présent e. Pour les besoins de calcul, il est supposé un taux
de préférence pure pour le présent à 1,5% et un horizon temporel limité à 25 ans. Les étapes de
calcul sont :
• La construction de la série « brute » de la consommation nationale à partir des données de la
comptabilité nationale ;
• Calcul en parallèle de l’épargne nette ajustée. Si elle est négative, on réduit la consommation
nationale du montant négatif. On obtient alors la série de consommation soutenable. Dans le
cas du Maroc, l’épargne nette ajustée est positive et la série de la consommation soutenable
est identique à celle de la consommation nationale.
• Le lissage de la volatilité, en retenant une moyenne retardée de cinq ans de la série de
consommation « soutenable ».
• Dans le cas de ce rapport, on a déduit également les dépenses d'éducation de la consommation
nationale dans la mesure où ces dernières sont plutôt un investissement dans le capital humain
et non une consommation finale.

Cet ajustement introduit en concertation avec la Banque Mondiale sera également pris en compte
par cette dernière dans les futures éditions de son rapport sur la richesse des nations.

Calcul de l’épargne nette ajustée (ENA)

L’ENA est un indicateur de soutenabilité. Elle est calculée sur la base de la mesure traditionnelle
de l’épargne nationale brute qui est ajustée pour tenir compte de l’épuisement des ressources
naturelles, du capital physique et des investissements dans le capital humain. Ces différentes
composantes sont calculées en pourcentage du produit national brut.
• La première étape consiste à déduire de l’épargne nationale brute une estimation (en
pourcentage du PNB) de la consommation de capital fixe (amortissement) pour obtenir
l’épargne nationale nette.
• On déduit par la suite du chiffre obtenu, les estimations de l’épuisement des ressources
naturelles comptabilisées dans la richesse. Ces dernières sont calculées sur la base des niveaux
d’exploitation (voir la méthodologie de calcul des différentes composantes de la richesse
naturelle).
• Les dommages liés à la pollution globale par le dioxyde de carbone sont également soustraits.
Leurs estimations sont fournies par la Banque Mondiale.
• Enfin, les dépenses d’éducation sont ajoutées pour refléter l’investissement en capital humain.

180
RICHESSE NATURELLE

Terres cultivées
Annexe I : Liste des produits agroalimentaires retenus dans l’analyse
Agrumes Légumes frais, congelés ou en saumure
Amidons, gluten de froment et dérivés Légumes à cosse secs
Animaux vivants (alimentation) Mais
Autres céréales Margarines et matières grasses (alimentation)
Autres produits alimentaires Miel
Bananes fraîches ou sèches Œufs
Beurre Orge
Bières, vins, vermouths et autres boissons
Pastèques et melons
spiritueuses
Blé Pâtisseries et préparations à base de céréales
Cacao et préparations à base de cacao Raisins frais ou secs
Café Légumes et plantes potagers desséchés
Conserves de fruits et confitures Pomme de terre
Conserves de légumes Préparations alimentaires diverses
Dattes Préparations et conserves de viandes et abats
Eaux minérales et boissons non alcooliques Préparations lactées pour enfants
Epices Préparations pour l'alimentation des animaux.
Extraits et essences de café ou de thé Préparations à base de sucre (alimentation)
Farine de légumes Riz
Farines, gruaux, semoules et agglomérés de
Sucre brut ou raffiné
céréales
Fraises et framboises Tabacs
Fromage Thé
Fruits frais ou secs, congelés ou en saumure Tomates fraîches
Grains de céréales sauf du riz, autrement travaillés Viandes et abats comestibles
Laits et produits de la laiterie autres que le beurre Tourteaux et autres résidus des industries
et le fromage alimentaires
Jus de fruits et de légumes

Laits et produits de la laiterie autres que le beurre Tourteaux et autres résidus des industries
et le fromage alimentaires
Légumes et plantes potagers desséchés
Source : Office des Changes

181
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Annexe II : Liste des produits utilisés pour l’évaluation de la richesse en


terres cultivées du Maroc

Cultures Produits Prix utilisé

Blé tendre, blé dur, orge, mais, sorgho,


Prix à la production
avoine,

Prix à la production de 1994 à 1998.


Céréales De 1999 à 2013, et suite à la non
Riz disponibilité des données, il a été
utilisé le prix international issu de la
banque mondiale
Prix à la production moyen du blé dur
Autres céréales
et blé tendre
Fèves sèches, pois chiche, lentilles, pois
Légumineuses Prix à la production
secs, orobe, autres légumineuses
Graines de tournesol, arachides non
Cultures oléagineuses Prix à la production
décortiquées et sésame
Cultures sucrières Betterave à sucre, canne à sucre Prix à la production

Cannabis Prix à la production


Autres cultures industrielles
Graines de coton -
Prix calculé sur la base des prix à
Ail l’export tout en diminuant un taux de
marge estimé à 30%
artichauts, aubergines, betterave potager,
carottes, choux fleur et brocolis, choux et
autres brassicacées, concombres, fraises,
fèves vertes, haricots verts, melons et Prix à la production calculé sur la base
cantaloups, menthe poivrée et menthe des prix de gros tout en diminuant un
verte, navets, niora, oignons, échalotes taux de marge estimé à 35%
Cultures maraïchères frais, pastèque, pois frais, piments forts,
piments doux frais, citrouilles, courge et
potirons
Moyenne des prix des produits
Autre cultures maraichères (artichauts, aubergines, patate douce
et concombres)

patate douce Même prix que les pommes de terre

Oignons secs, tomate et pomme de terre Prix à la production

182
RICHESSE NATURELLE

Cultures Produits Prix utilisé

Avoine vert, bersim, féverole, luzerne,


mais fourrager, orge fourrager, sorgho Prix à la production
fourrager, triticale, vesce avoine
Moyenne des prix à la production de
l’ensemble des cultures fourragères à
Cultures fourragères Lupin, mélange fourrager
l’exception des produits auxquels on
a estimé le prix
Même prix à la production que l’orge
Pois fourrager
fourrager
Triticale -
Prix à la production calculé sur la base
Oranges, tangerines, mandarines,
des prix de gros tout en diminuant un
clémentines, citrons et limes
taux de marge estimé à 35%
Plantations fruitières : Agrumes Même prix à la production que le
pamplemousse et pomelos
citron
Même prix à la production que celui
Autres agrumes
des oranges et des petits fruits

Abricots, avocats, bananes, caroubes,


cerises, figues, grenadier, néflier,
pacanier, pêches et nectarines, Prix à la production calculé sur
pistaches, cognassier, poires, pommes, la base des prix de gros tout en
prunes et prunelles, framboises, diminuant un taux de marge estimé
Plantations fruitières : Rosacées myrtilles, coing à 35%

mangues, mangoustans et goyaves,


-
mils, papayes,

Amandes non décortiquées Prix à la production


calculé sur la base de l’indice des prix
Noix non décortiquées
de l’amande
Olives Prix à la production

calculé sur la base de l’indice des prix


Autres plantations fruitières Dattes
de l’amande
Vigne Prix à la production

Il est à noter que l’ensemble des données et hypothèses sur les prix susmentionnées proviennent
du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime. A titre d’exemple, les produits pour lesquelles
les prix sont disponibles partiellement pour des périodes récentes sont calculés sur la base des
indices d’évolution des principaux produits par filière (tomate pour les légumes, pommes pour
les rosacées et amandes pour les dattes et les noix) en supposant l'année 2008 comme année de
référence (2008=100).

183
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Annexe III : Etapes de calcul de la richesse en terres cultivées


La richesse en terres cultivées est calculée selon les étapes suivantes :

1. Calcul du revenu à prix courant pour chaque produit :

Revenu à prix courant =Production (tonne)*Prix unitaire (Dh/tonne)

2. Calcul du revenu à prix constant pour chaque produit :

Revenu à prix constant= Revenu à prix courant/déflateur de la valeur ajoutée agricole


(base 2007)

3. Calcul du revenu moyen pour chaque produit (ct)

4. Calcul de la rente future moyenne pour chaque culture

Rente futuret= (revenu moyent0* taux de rente)* (1+g)t-t0

avec
• Taux de rente= ((prix du marché-cout de production)/ prix de production), (estimation de
la Banque mondiale jugée plausible par le Ministère de l'Agriculture) estimé à 30% pour
l’ensemble des cultures
• g est la croissance de la rente évaluée en moyenne à 1,94%

5. Calcul de la richesse pour chaque produit

avec :
• Taux social à 4%
• Horizon de vie T à 25 ans

6. Richesse en terres cultivées n’est que la somme des richesses de l’ensemble des cultures.

184
RICHESSE NATURELLE

Annexe IV : Evolution des prix des principales cultures céréalières

Blé tendre Blé dur


DH/tonne DH/tonne
4 500
3 500
4 000
3 000
3 500
2 500 3 000
2 000 2 500
1 500 2 000
1 500
1 000
1 000
500 500
0 0
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013
Prix à la production Prix international Prix à la production Prix international

Orge Mais
DH/tonne DH/tonne
3 500 3 500
3 000 3 000
2 500 2 500
2 000 2 000
1 500 1 500
1 000 1 000
500 500
0 0
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013
Prix à la production Prix international Prix à la production Prix international

Sources : Banque mondiale pour les prix internationaux et Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime pour les prix à la production.

185
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Annexe V : Evolution des prix de certaines cultures maraîchères

Pomme de terre Tomates fraîches

DH/tonne DH/tonne
6000 10000,0

5000 8000,0

4000
6000,0
3000
4000,0
2000
2000,0
1000

0 0,0
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013

Valeur unitaire à l'export Prix à la production Valeur unitaire à l'export Prix à la production

Melon Pastèque
DH/tonne DH/tonne
12000 8000
10000 7000
6000
8000
5000
6000 4000
4000 3000
2000 2000
1000
0
0
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013
Valeur unitaire à l'export Prix à la production Valeur unitaire à l'export Prix à la production

Sources : FAO pour la valeur unitaire à l'Export et Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime pour les prix à la production.

186
RICHESSE NATURELLE

Annexe VI : Evolution des prix de certaines cultures fruitières

Oranges Pommes
DH/tonne
20 000
18 000
16 000
14 000
12 000
10 000
8 000
6 000
4 000
2 000
0
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013
Prix à la production Valeur unitaire à l'export

Olives Tangerines, mandarines, clémentines, satsumas


DH/tonne DH/tonne
24 000 10 000
20 000 8 000
16 000
6 000
12 000
4 000
8 000
4 000 2 000

0 0
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013

Prix à la production Valeur unitaire à l'export Prix à la production Valeur unitaire à l'export

Sources : FAO, Banque mondiale et Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime pour les prix à la production.

Il est à noter que selon la méthodologie adoptée par la Banque Mondiale, il a été proposé d’utiliser
la valeur unitaire à l’export du pays en question, sinon celle de la région, sinon celle du Monde.
De ce fait, lors de l’analyse des prix, on observe des fois des fluctuations importantes dues aux
estimations faites en cas d’absence des données sur le pays.

187
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Terres pastorales
Annexe I : Méthodologie d’évaluation de la richesse des terres pastorales
et hypothèses retenues
La richesse des terres pastorales repose sur des produits issus de l’exploitation des pâturages.
Ceux-ci comprennent les viandes, le lait, la laine de mouton et les œufs.

La liste des produits considérés dans l’étude est la suivante :

- Viande bovine - Lait de vache frais - Œufs - Laine brute


- Viande ovine - Lait camelin frais

- Viande caprine - Lait de chèvre frais

- Viande équine - Lait de brebis frais

- Viande cameline
- Viande porcine
- Viande de volaille
- Viande de gibier
- Abats

La richesse est calculée comme la valeur actuelle des rentes à partir de la production de différents
produits identifiés, actualisées à 4% pour une durée de 25 ans. Plus précisément, la richesse de
l’année t pour le produit c est estimée en utilisant la formule suivante :

Où :

W est la richesse, TR est le revenu total, RR est le taux de rente, r est le taux d’actualisation fixé à
4%, et T est le nombre d’années d’épuisement des ressources fixé à 25 ans.

Le total des revenus (TR) pour un produit c l’année t est estimé en utilisant la formule suivante,
calculée comme une moyenne retardée de cinq ans :

188
RICHESSE NATURELLE

Où :

est la production, P est le prix unitaire, soit le prix à la production ou, en son absence, comme
la valeur unitaire des exportations.

Production

Les données sur la production proviennent des annuaires statistiques du Maroc ou de la base
de données de la FAO. Le tableau suivant retrace les sources de données pour les volumes de
production.

Produit Source de données de la production


Viande bovine Annuaire statistique du Maroc (HCP)
Viande ovine Annuaire statistique du Maroc (HCP)
Viande de volaille Annuaire statistique du Maroc (HCP)
Viande caprine Annuaire statistique du Maroc (HCP)
Viande équine FAO-Stat (source Maroc et estimations FAO)
Viande porcine FAO-Stat (source Maroc et estimations FAO)
Viande cameline FAO-Stat (source Maroc et estimations FAO)
Abat Annuaire statistique du Maroc (HCP)
Viande de gibier FAO-Stat (estimations FAO)
Lait FAO-Stat (source Maroc)
Œufs Annuaire statistique du Maroc (HCP)
Laine brute FAO-Stat (source Maroc et estimations FAO)

Les chiffres des différents produits sont arrêtés à fin 2012, une estimation de 2013 a été effectuée
sur la base de la croissance moyenne des cinq dernières années pour la majorité des produits. Pour
les produits ayant une production stable d’une année à l’autre (viande équine, porcine et de gibier)
il y a eu reconduction du volume de l’année 2012.

Prix

Il s’agit des prix à la production. Certains prix ont été corrigés, en défalquant les marges des
intermédiaires. Le tableau suivant dresse une liste des sources de données en matière de prix.

En l’absence des prix nationaux, les valeurs unitaires des exportations ont été utilisées. Elles
correspondent au rapport entre les valeurs et les quantités des exportations de ces produits du
Maroc. Elles sont également reprises de la FAO qui puise elle-même dans les données nationales.
Certaines observations manquantes ont été remplacées par les prix moyens unitaires des
exportations des pays de la région (Afrique du nord), ou à défaut, par la moyenne mondiale.

189
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Produit Source de données sur les prix


Viande bovine Ministère de l’Agriculture
Viande ovine Ministère de l’Agriculture
Viande de volaille Ministère de l’Agriculture, FISA
Viande caprine Ministère de l’Agriculture
Viande équine FAO-Stat (valeurs unitaires des exportations)
Viande porcine FAO-Stat (valeurs unitaires des exportations)
Abats Moyenne des prix des viandes ovines et bovines1
Viande cameline FAO-Stat (valeurs unitaires des exportations)
Viande de gibier FAO-Stat (valeurs unitaires des exportations)
Œufs Ministère de l’Agriculture, FISA
Lait Ministère de l’Agriculture
Laine brute FAO-Stat (valeurs unitaires des exportations)
1 Hypothèse retenue en accord avec le Ministère de l’Agriculture.

Les quantités et les valeurs des exportations disponibles dans la base de la FAO s’arrêtent à fin
2011. Par conséquent, des estimations ont été effectuées pour 2012 et 2013 en reconduisant
la moyenne mobile des cinq dernières années. Cet exercice a permis d’avoir toutes les données
arrêtées à fin 2013 pour le calcul de la richesse.

Rentes et richesse

Les quantités produites multipliées par les prix unitaires donnent les revenus totaux. Ces derniers
sont convertis en dirham constant au moyen du déflateur du PIB agricole avec base 100 en 2007.
Les revenus totaux sont ainsi calculés pour chaque année comme une moyenne retardée de cinq
ans.

La rente des pâturages est calculée comme le produit du total des revenus de la production des
pâturages et du taux de rente. Ce dernier est supposé égal à 45% des revenus totaux pour tous
les produits considérés au niveau des hypothèses de la Banque mondiale. Cependant, suite aux
discussions avec le Ministère de l’Agriculture, ce taux a été ramené à 35%. La richesse annuelle
de l’année t est projetée à l’année (t + 24) sur la base des taux annuels de croissance de 2,95%.
La richesse annuelle des pâturages est la somme des rendements (richesses) de tous les produits
considérés.

190
RICHESSE NATURELLE

Annexe II : Abattages contrôlés


Evolution des abattages contrôlés

Source : Annuaires statistiques du Maroc, HCP.

Evolution des abattages contrôlés des principales espèces

1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
Nombre de têtes
4 874 5 220 6 124 5 034 4 549 4 881 5 520 5 203 4 759 4 002
(en milliers)
Bovins 742 711 572 710 671 705 861 907 933 734

Ovins 3 170 3 517 4 552 3 324 3 178 3 076 3 465 3 087 2 682 2 195

Caprins 962 992 1 000 1 000 700 1 100 1 194 1 209 1 112 1 043

Autres variétés* 32 30

2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2002 2003

Nombre de têtes (en


4 577 5 124 5 401 5 187 5 451 4 787 4 767 5 042 4 759 4 002
milliers)

Bovins 626 672 720 793 840 815 808 838 933 734

Ovins 2 444 2 978 2 947 2 954 3 200 2 570 2 498 2 607 2 682 2 195

Caprins 1 463 1 446 1 706 1 417 1 386 1 376 1 433 1 558 1 112 1 043

Autres variétés* 44 28 28 23 25 26 28 39 32 30

*Camelins, équins et porcins.


Source : Annuaires statistiques du Maroc, HCP.

191
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Ressources halieutiques
Annexe I : Branches d’activité de l’industrie de la pêche au Maroc

Le secteur des industries de la pêche au Maroc comprend 6 principales branches d'activité

La conserve Traitement et mise en conserve des petits pélagiques


(essentiellement la sardine)

La semi-conserve Filetage, salaison et conditionnement des anchois


Fabrication de marinades à bas e des produits de la mer

Conservation des captures par la technique de la congélation et


La congélation
surgélation (essentiellement le poulpe et la sardine)

Le conditionnement à
Préparation et conservation des produits de la mer par la
l'état frais technique de réfrigération (esentiellement le poisson blanc)

Transformation des petits pélagiques en farine de poisson,


La fabrication de farine
et huile de poisson
largement utilisé en aviculture, et en huile de poisson, à la base
de nombreux produits cosmétique et diététique

Traitement des algues pour extraction de l'agar-agar, utilisé


Le traitement des algues dans le secteur alimentaire et l'industrie cosmétique

Source : Présentation sous le thème « Stratégie de développement et de compétitivité du secteur halieutique marocain à l’horizon 2020 » , Département de la
Pêche Maritime, 2010

192
RICHESSE NATURELLE

Annexe II : Méthodologie détaillée


Pour évaluer la richesse halieutique, une distinction a été faite par segment et par type de navire.
Type de navires par segments de pêche

Pêche côtière Pêche hauturière Pêche artisanale Autres activités


Senneur Céphalopodier
Chalutier RSW Barques Pêcherie à la madrague
Palangrier Crevettier

Les données utilisées proviennent du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime et des


départements opérants dans le secteur et portent sur le nombre de navires, les prix, les coûts et la
production. La richesse halieutique a été calculée selon les étapes suivantes :
1- Calcul de la richesse par composante
2- Calcul de la richesse provenant des accords de pêche
3- Calcul de la richesse halieutique

Richesse par composante


1. Charges variables par an = charge variable par journée * le nombre de jours de pêche.
2. Taxes et prélèvements= 15 % du chiffre d’affaires total.
3. Coûts totaux = (charges variables par an + charges fixes par an + taxes et prélèvements) *
nombre de navire
4. Rente en dhs, à prix courants = chiffre d’affaires total – coût total
5. Rente en dhs, à prix constants de 2007= Rente en dhs, à prix courants / déflateur de la valeur
ajoutée agricole de 2007
6. Rente en dhs, à prix constants de 2007, moyenne mobile sur 5 ans : à partir de 2003. Il est à
noter que pour les années antérieures, une moyenne a été calculée sur la base de l’historique
disponible.

Années Calcul de la moyenne mobile


1999 1999
2000 Moyenne mobile sur 1999-2000
2001 Moyenne mobile sur 1999-2001
2002 Moyenne mobile sur 1999-2002
A partir de 2003 Moyenne mobile retardée sur 5 ans

La richesse par composante est une actualisation à un taux de 4%, des rentes futures générées à
l’issue de l’exploitation des produits de la mer sur un horizon de vie de 25 ans.

193
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

!∗!!!!
Rente  totale
1 + taux  d�actualisation !!!∗  
!!!∗

Richesse provenant des accords de pêche


1. Accords zone Euro : contrepartie financière en euro par année

2. Accord Russie et Japon : contrepartie financière en dollars

3. Contrepartie financière en dhs, à prix courants = contrepartie financière en euro et en dollars


* taux de change

4. Contrepartie financière en dhs à prix constants 2007 = Contrepartie financière en dhs, à prix
courants/ déflateur de la valeur ajoutée agricole de 2007

5. Contrepartie financière en dhs à prix constants 2007, moyenne mobile sur 5 ans.

La richesse contrepartie financière est une actualisation à un taux de 4%, des rentes futures
générées à l’issue des accords de pêche sur un horizon de vie de 25 ans.
!∗!!!!
Rente  totale
1 + taux  d�actualisation !!!∗  
!!!∗

Richesse halieutique
La richesse halieutique correspond à la somme de toutes les valeurs actualisées des composantes
prises en comptes.

Cotier seineur + cotier chalutier + cotier palangrier + madrague + hauturier cephalopodier +


hauturier RSW + hauturier crevettier + pêche artisanale + les contreparties financières des accords

194
RICHESSE NATURELLE

Aires protégées
Présentation des principaux parcs nationaux
Parc national de Toubkal Parc national du Tazekka
• Le plus ancien parc national du Maroc, créé par le Dahir du • Parc créé par arrêté viziriel le 11/07/1950 ;
19/01/1942 ; • Situé dans la province de Taza ;
• Relève des provinces d’Al Haouz et de Taroudant ; • Superficie de 680 ha correspondant à la cédraie sommitale du Mont
• 38.000 ha de parc au sens strict (zone centrale) et 62.000 ha de zone Tazekka ; extension de son aire à 13.737 ha en 2004 ;
périphérique ; • Près de 80 % en domaine forestier et 20 % en enclaves agricoles ;
• Zone centrale : 100 % domaine forestier ; • Parc montagneux s’étageant entre 1.400 m et 1.980 m ;
• Abrite la montagne la plus élevée de toute l’Afrique du Nord : le • 3 zones clés : un noyau central, une zone de subéraie (Bab-Azhar),
Toubkal avec 4.165 m ; et une zone dite « touristique » ;
• Un zonage écologique : zones naturelles protégées (conservation • Parc divisé en trois zones écologiques : zone naturelle protégée de
stricte) ; sanctuaires naturels gérés (activités humaines compatibles 1.284 ha (cédraie, futaie de chêne zène, réserve du cerf) ; sanctuaire
possibles) ; zone d’expansion (mouflons) ; zone de gestion des naturel géré de 2.497 ha ; zone de gestion des ressources naturelles
ressources naturelles (la plus grande partie). de 10.328 ha, soit 75% du parc, dont 2.940 ha d’enclaves agricoles.

Parc national de Souss Massa Parc national d’Al Hoceima


• Créé par un décret le 8 août 1991 ; • Parc créé en 2004 par décret ;
• Relève de la préfecture d’Inezgane Ait Melloul et des provinces de • Relève de la province d’Al Hoceima ;
Chtouka Ait Baha et Tiznit (7 communes); • 48.000 ha dont 19.000 ha de zone marine ;
• 33.800 ha en bordure du littoral atlantique : environ 65 km de long sur • 35% sur terrain public, 65% sur terrain privé ;
5 km de largeur en moyenne ; • Il présente un intérêt ornithologique particulier : 69 espèces
• 35% de zone forestière de l’Etat, 65% de terrains privés ou collectifs ; d’oiseaux, dont spécifiquement une des plus grandes concentrations
mondiales de Balbuzard pêcheur.
• Il offre abri à des espèces très rares telles que le Phoque moine et le
Goéland d’Audouin
Parc national du Haut Atlas Oriental Parc national de Talassemtane
• Créé par décret en 2004 ; • Le décret de création date du 8 octobre 2004 ;
• Situé dans la province de Midelt ; • Situé dans la province de Chefchaouen ;
• Superficie globale approximative de 55.000 ha ; • Surface de 58.000 ha, dont 42.267 ha de forêts (73%) ;
• Le domaine forestier recouvre 18.509 ha, soit 37% de la superficie • 73% de terrains publics et 17% de terrains privés et collectifs ;
totale du parc ;
• Les terrains se répartissent entre des domaines de l’Etat et des terrains
collectifs ;
Parc national d’Iriqui Parc national de Khenifiss
• Créé en 1994 ; • Créé en 2006 ;
• Occupe l’espace entre l’Oued Draâ et la retombée Sud de l’Anti-Atlas, • Il se situe sur le littoral atlantique au sud-ouest du Maroc, entre les
dans les provinces de Zagora et de Tata ; villes de Tan Tan et de Tarfaya ;
• Superficie : 123.000 ha ; • La superficie est égale à 185.000 ha ;
• Le parc est caractérisé par des paysages désertiques typiques du sud • Il est composé d’une partie marine, la lagune de Khenifiss, zone
marocain ; humide d’importance internationale inscrite sur la liste de la
• Les terrains se répartissent entre des domaines de l’Etat et des terrains Convention de Ramsar depuis 1980.
collectifs ;

Parc national d’Ifrane


• Créé par décret en 2004 ;
• Situé dans la province d’Ifrane ;
• Surface du parc : 125.000 ha ;
• Surface forestière de la province d’Ifrane : 116.000 ha, dont 48.700 ha de cédraies ;
• Surface des parcours du parc : 114 000 ha ;
• 53% de la surface est occupée par le domaine public de l’État, 41% du domaine privé de l’État, 5% de terrains collectifs et 1% d’autres
propriétaires fonciers ;
• 33% de forêts, 23% de superficie agricole et 44% de parcours et incultes ;
• deux catégories de zone de protection : 3 Biologique (412 ha en protection stricte) et 6 Faune (7.300 ha dont 1.200 ha en protection stricte) ;
• Une zone d’utilisation durable des ressources naturelles en périphérie.
Sources : - Centre d’Echange d’Information sur la Biodiversité du Maroc (http://ma.chm-cbd.net).
- Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification.

195
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Richesses forestières
Annexe I : Méthodologie
Bois

Selon le rapport sur l’évaluation des ressources forestière1, les forêts sont définies comme des terres
occupant une superficie de plus de 4 hectares avec des arbres atteignant une hauteur supérieure à
deux mètres et un couvert arboré de plus de dix pour cent, ou avec des arbres capables d’atteindre
ces seuils in situ. Sont exclues de cette définition les terres à vocation agricole ou urbaine.

Sources de données :

Le Haut commissariat aux eaux et forêts et la lutte contre la désertification (HCEFLCD) est la source
de données concernant la production du bois de feu, du bois rond industriel (conifères) et du bois
rond (feuillus). Les données sur les prix proviennent de la même source et correspondent aux prix
de ventes par adjudications.

Les données sur la superficie totale des forêts, la superficie productive* ainsi que sur le matériel
sur pied relatives aux années 1990, 2000, 2005 et 2010 proviennent du HCEFLCD. Les données
pour les autres années ont été estimées par interpelation linéaire.

*Fonction principale désignée

Superficie forestière totale

Protection du sol et Conservation de


Production Services sociaux Usages multiples autres
de l’eau la biodiversité

La superficie productive = la superficie allouée à la production + celle consacrée aux usages


multiples.

Méthodologie de calcul
1. Le revenu du bois à prix courants (en dhs) = la valeur unitaire * la quantité
2. Le revenu du bois à prix constants 2007 (en dhs) = Le revenu du bois à prix courants / déflateur
de la valeur ajoutée agricole.
3. Calcul des moyennes mobiles sur 5 ans du revenu du bois à prix constants 2007 (en dhs)
moyenne de 5 ans.
Ces trois étapes ont été appliquées pour les trois produits en question.
1 Rapport sur l'évaluation des ressources foêstières mondiales, Maroc, FAO 2010.

196
RICHESSE NATURELLE

4. Le taux de rente = ((prix du marché – coût de production)/ prix du marché).


Comme les données sur les coûts de productions ne sont pas disponibles, le taux de rente est fixé
à 55% sur toute la période. Ce taux provient des estimations de la Banque Mondiale pour un
ensemble de pays.
5. La rente totale = TR * revenu total du bois
6. La rente unitaire = rente totale / production
7. Le bois sur pied de la zone productive (en m3) = (bois sur pied/superficie totale) * superficie
productive.
8. L’accroissement annuel moyen à l'hectare de la masse de bois de qualité commerciale est
estimé à 1,5 (m3/ha/an) en se basant sur l’étude de « A. Mather, Global Forest Resources,
Belhaven Press, London, 1990 ».
9. L’épuisement (en m3)= production – (superficie productive * accroissement)
10. L’horizon de vie = 25 ans
11. Taux d’actualisation = 4%
12. La richesse totale des forêts (bois) à prix constant 2007 en dhs =

!∗!!!!
Rente  totale
1 + taux  d�actualisation !!!∗  
!!!∗

13. L’épuisement net des forêts à prix constant 2007 (en dhs)= L’épuisement (en m3) * la rente
unitaire

14. L’épuisement net des forêts à prix courants (en $)= L’épuisement net des forêts à prix constant
2007 (en dhs) * déflateur de la valeur ajoutée agricole
Non-bois

Le non-bois comporte les biens obtenus des forêts qui sont des objets tangibles et physiques
d’origine biologique autre que le bois, les loisirs, la chasse et la pêche, et les effets des bassins
versants.

Les rendements sont obtenus à partir de l’article de Lampietti et Dixon « To See the Forest for the
Trees: A Guide to Non-Timber Forest Benefits », 1995. Les rendements sont ensuite ajustés pour
les autres années en utilisant le déflateur de la valeur ajoutée agricole.

197
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Prix 1995
Loisirs, chasses et pêches 17 $/ha
Effets des bassins versants 10$/ha

Prix courant en millions de dollars US (2005)

NTFP 13

1. Les rendements sont convertis en dh en utilisant le taux de change.


2. Les bénéfices unitaires pour chaque composante sont multipliés par les déflateurs appropriés.
3. Le bénéfice total des loisirs, chasses et pêches = superficie allouées à la chasse et la pêche du
HCEFLCD * bénéfice unitaire à l’hectare * (1/1+taux d’actualisation)t
4. Le bénéfice total des effets des bassins versants = superficie totale des forêts * bénéfice unitaire
à l’hectare (il dépend du taux de déforestation et du taux d’actualisation)
5. La richesse totale du non bois à prix courants en dhs = le total des trois composantes
6. La richesse totale du non bois à prix constants 2007 en dhs = La richesse totale du non bois à
prix courants en dhs / déflateur de la valeur ajoutée agricole.

198
RICHESSE NATURELLE

Annexe II : Estimation du stock forestier


Classe nationale Superficie (ha) Volume Volume Volume Volume estimé
2010 1990 (m3) 2000 (m3) 2005 (m3) 2010 (m3)
Forêts Naturelles 5 795 200 155 549 000 170 303 900 178 916 500 173 220 800

Essences Résineuses 1 386 300 46 257 400 50 742 800 53 465 300 51 449 100

- Cèdre de l'Atlas 133 300 25 443 400 26 213 800 26 669 700 25 712 300

- Thuya de Berberie 671 100 5 409 800 7 948 600 9 451 600 8 692 300

- Genévriers 478 000 9 980 600 10 220 700 10 457 200 10 337 600

- Pins 99 100 4 635 100 5 456 000 5 951 500 5 701 500

- Sapin 4 800 772 500 865 200 935 300 1 005 400

Essences Feuillues 4 408 900 109 291 600 119 561 100 125 451 200 121 771 700

- Chêne vert 1 429 800 72 159 000 77 684 700 80 897 900 76 913 300

- Arganier 952 200 17 339 500 19 810 900 21 210 000 22 638 300

- Chêne liège 312 300 10 877 400 11 706 800 12 187 700 11 637 700

- Chêne zeen 14 600 2 769 500 2 873 600 2 972 200 3 070 800

- Autres feuillues 1 700 000 6 146 200 7 485 100 8 183 400 7 511 600

Boisements Artificielles 627 000 6 138 500 10 157 100 12 547 000 15 685 100

Plantations Résineuses 329 900 2 823 700 3 655 800 4 333 500 5 314 000

Plantations Feuillues 297 100 3 314 800 6 501 300 8 213 500 10 371 100

Matorral 631 300 400 000 807 400 1 011 100 1 324 500

Total Terre boisée 7 053 500 162 087 500 181 268 400 192 474 600 190 230 400
Source : HCEFLCD.

199
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Annexe III : Superficie forestière (en ha)

Classe nationale 1990 2000 2005 2010 2012

I- TERRAINS BOISES
1.1- Forêts Naturelles
1.1.1- Essences Résineuses
- Cèdre de l'Atlas 133 604 133 599 133 300 133 300 128 300
- Thuya de Berberie 565 720 564 996 671 100 671 100 671 100
- Genévriers 243 248 243 238 478 000 478 000 478 500
- Pins 82 090 80 973 99 100 99 100 104 200
- Sapin 3 174 3 174 4 800 4 800 4 800
Sous-total : 1 035 340 1 033 484 1 386 300 1 386 300 1 386 900
1.1.2- Essences Feuillues
- Chêne vert 1 414 528 1 414 197 1 429 800 1 429 800 1 345 300
- Arganier 959 300 955 600 952 200 952 200 952 200
- Chêne liège 315 124 314 674 312 300 312 300 293 500
- Chêne zeen 9 091 9 091 14 600 14 600 15 800
-Autres essences 1 442 000 1 442 000 1 442 000 1 700 000 1 693 000
Sous-total : 4 140 043 4 135 562 4 150 900 4 408 900 4 299 800
Total forêts naturelles: 5 175 383 5 169 046 5 537 200 5 795 200 5 686 700
1.2- Forêts Artificielles
1.2.1- Plantations Résineuses 221 809 253 775 284 600 309 900 341 300
1.2.2- Plantations Feuillues 256 429 269 185 276 000 311 500 301 000
Total forêts artificielles: 478 238 522 960 560 600 621 400 642 300
II AUTRES TERRES BOISEES
2.1 peuplement épars 62 800
2.2- Matorral 407405 407 360 631 300 631 300 542 300
Total autres terre boisées: 6 061 026 6 099 366 6 789 900 7 047 900 6 934 100
III-TERRES NON BOISES
3.1- Nappes d’Alfa 3 318 259 3 318 259 3 318 300 2 999 000 2 999 000
3.2- Fruticées (/maquis) 1 070 500 1 070 500
3.3 Autres terres dotées d'arbres 791 000 842 000 1 081 800 1 177 200
3.4 Eaux intérieures 75 000 92 000 100 000 105 000 105 000
3.5- Autres terrains non boisés 61 630 715 60 784 375 60 034 800 59 851 300 59 869 700
Total 7 1085 000 7 1085 000 7 1085 000 7 1085 000 7 1085 000
Source : HCEFLCD.

200
Emploi Valeur ajoutée brute
Production de Transformation Pates et Production de bois Transformation Pates et Total secteur forestier
bois d'œuvre du bois en papiers Total secteur forestier d'œuvre du bois papiers
en milliers milliers en milliers en millions de $ US en millions de en millions

PIB, 2011
en milliers % de la main $ US de $ US en millions de $ US
d'œuvre totale contribution au PIB, en %

Algérie 1 11 2 13 0,1 40 122 68 229 0,1


Egypte 12 3 24 39 0,1 77 22 344 443 0,2

Libye 1 1 0 2 0,1 33 10 3 46 0,1

Maroc 12 9 4 25 0,2 106 85 138 330 0,3

Mauritanie 0 0 0 0 0,0 2 0 - 2 0,1

Tunisie 3 17 3 23 0,6 62 175 99 337 0,8

Chine 1 021 1 304 1 3 0,5 32 386 41 120 53 013 126 519 1,6
516 841
Japon 70 124 181 375 0,6 1 995 9 247 28 757 39 999 0,7

Malaisie 43 104 63 210 1,7 3 051 1 613 1 038 5 702 2,0

Turquie 37 68 48 152 0,6 3 077 1 058 1 497 5 632 0,8

Allemagne 48 134 135 317 0,7 3 044 9 189 13 901 26 135 0,8

Espagne 33 75 54 162 0,7 1 554 3 242 4 800 9 596 0,7

Russie 228 261 111 600 0,8 2 767 5 108 5 200 13 075 0,8

Finlande 25 27 23 75 2,8 4 019 1 581 4 045 9 645 4,3

Grèce 4 21 8 33 0,6 71 654 313 1 038 0,4

Italie 27 149 82 258 1,0 821 7 127 7 063 15 011 0,8

Portugal 10 41 12 63 1,1 956 1 075 1 251 3 281 1,6

Source : rapport sur la situation des forêts du monde, FAO, 2014

201
RICHESSE NATURELLE

Annexe IV : Contribution du secteur forestier structuré à l’emploi et au


EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Ressources minières

Approche d’évaluation de la richesse minière

Methodologie de calcul

Le calcul de la richesse minière est basé sur l’actualisation des rentes futures générées par
l’exploitation de la ressource pendant sa durée de vie. La rente d’une ressource minérale pour une
année « t » est calculée comme suit :

Où :

• productiont représente la production annuelle de la ressource.

• prixt correspond au prix de vente unitaire.

• coûtt correspond au coût unitaire de production.

La richesse minière pour l’année « t » correspond de ce fait à la valeur actuelle nette des rentes
futures :

 
Où W est la richesse en ressources minières, r représente le taux social d’actualisation (4%) et T
correspond à la durée de vie ou durée d’épuisement de la ressource fixé à 25 ans.
Estimation des rentes futures

L’estimation de la richesse pour chacune des ressources précitées nécessite le calcul des rentes
futures qui reposent sur les perspectives de la production, du prix de vente ainsi que du coût de
production pour les années correspondant à la totalité de la durée d’exploitation. Etant difficiles
à obtenir, la Banque mondiale a opté pour une rente constante sur la durée d’exploitation du
minerai. Cette rente est lissée par une moyenne de 5 ans afin de minimiser la volatilité due aux
variations des cours des matières premières à l’international.

202
RICHESSE NATURELLE

Données et hypothèses utilisées pour les calculs

L’évaluation de la richesse minière concerne 8 ressources, il s’agit du phosphate, fer, cuivre, zinc,
nickel, plomb, or et argent. Les données relatives à la production brute et aux prix de vente à
l’exportation du phosphate proviennent de l’OCP. Les séries relatives à la production brute et aux
prix de vente à l’export des autres minerais proviennent du Ministère de l’énergie et des mines. En
l’absence de données locales sur les coûts de production, on a retenu les estimations du Bureau
américain des mines actualisés par l’indice Manufactures Unit Value de la Banque mondiale. Par
ailleurs, un taux de 4% a été retenu pour l’actualisation et l'horizon a été fixé à 25 ans. Les
variables ont été déflatées par le déflateur de la branche industrie d’extraction base 2007 afin
d’obtenir la richesse minière en dirham constant de 2007.

203
EVOLUTION DE LA VALEUR GLOBALE DU MAROC DE 1999 À 2013

Ressources énergétiques
Méthodologie de calcul et source de données :
• Méthodologie d’estimation de la richesse énergétique

Le calcul de la richesse énergétique se base sur l’actualisation des rentes futures de l’exploitation
des ressources énergétiques pendant leur durée de vie. La rente d’une ressource énergétique pour
une année "t " est calculé comme suit :
!! = (!"#$%&%é  !"#$%&'(! ) ∗ Prix  de  la  ressource! −   Coût  de  la  production!

Le stock, ou la richesse actuelle, est finalement calculé à partir de la valeur actualisée des revenus
futurs sur l’horizon T :

!!!!! !!
!! = !!!
! 1+!

Où Wt représente la richesse actuelle ; T représente l’horizon de vie de la ressource et r correspond


au taux d’actualisation.

L’estimation de la richesse énergétique selon la méthode de la Banque mondiale a porté sur les
ressources suivantes : gaz naturel, pétrole et charbon.

• Hypothèses retenues :
• Horizon de vie de la ressource, T = 25 ans ;
Taux d’actualisation, r = 4% ;
• Les coûts unitaires de production de gaz naturel sont supposés suivre la même tendance
que pour le pétrole.

• Sources de données :

204
RICHESSE NATURELLE

Données Produits Sources


Production Pétrole
ONHYM
Gaz naturel
Charbon IEA (International Energy Agency)
Prix Pétrole
ONHYM
Gaz naturel
Charbon World Bank (Pink sheet)
Coût Pétrole Calcul de la Banque Mondial basé sur le
Gaz naturel bulletin statistique annuel 2014 de l’OPEC
Charbon World Bank estimation
Réserves Pétrole
Statistical review of world energy
Charbon
Gaz naturel ONHYM

Foncier urbain
Sur la base d’une étude détaillée réalisée en 19981, la valeur des terrains urbains est calculée comme
une proportion fixe égale à 24% de la valeur du capital physique. Dans ce rapport et à défaut
de données permettant d’estimer cette proportion pour le cas du Maroc, nous retenons cette
estimation. Elle suppose implicitement que le foncier urbain et les infrastructures se développent
dans les mêmes proportions.

1 Kunte, A., K. Hamilton, J. Dixon, and M. Clemens. 1998. “Estimating National Wealth: Methodology and Results.” Environment Department Paper 57, World Bank,
Washington, DC

205

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