Brevets Et Normes
Brevets Et Normes
Brevets Et Normes
SOMMAIRE
Pages
AVIS
adopté par le Conseil économique et social
au cours de sa séance du 27 mai 1998
I- 2
I- 3
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*
* *
1
L’ensemble du projet d’avis a été adopté à l’unanimité par un vote au scrutin public (voir le
résultat du scrutin en annexe).
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A - LE BREVET
Le brevet est un titre de propriété qui confère à son titulaire, pour une
période de temps (vingt ans dans la plupart des cas) à compter du dépôt et sur un
territoire donné, un droit exclusif d’exploitation de l’invention, c’est à dire le
droit d’interdire à quiconque la reproduction (la fabrication, l’utilisation ou la
commercialisation) de l’invention. Le titulaire du brevet peut céder son brevet à
un tiers, ou en concéder une licence d’exploitation, généralement contre
rémunération. Le monopole n’est accordé que sous réserve que le brevet soit
I- 5
reconnu et, qu’en outre, des taxes de maintien en vigueur soient payées
régulièrement. Il permet de préserver une rémunération de l’innovation pour
stimuler la recherche.
En contrepartie, l’invention sera divulguée : elle enrichira le patrimoine
collectif des connaissances. La révélation de l’invention, en mettant à disposition
de la société une information formalisée, permet à d’autres inventeurs et
chercheurs de prolonger, éventuellement, le champ des possibles et de
l’innovation, ouvert par l’invention, tout en la protégeant.
Le droit des brevets ne forme qu’une partie de celui, plus large, de la
propriété industrielle, partie, elle-même, de la propriété intellectuelle. Il constitue
une exception à la liberté du commerce et plus largement au principe de la libre
concurrence.
Toutes les inventions ne sont, légalement, pas brevetables. Seules le sont
les inventions nouvelles impliquant une activité inventive et susceptibles
d’applications industrielles. En outre, l’inventeur peut faire le choix de breveter
ou non, son invention. Le brevet n’est donc qu’un indicateur partiel du processus
d’innovation d’une économie.
B - LA NORME
La norme se présente comme un document établi par consensus, approuvé
par un organisme reconnu, qui fournit, pour des usages communs et répétés des
règles, des lignes directrices ou des caractéristiques, pour des activités ou leurs
résultats, garantissant un niveau d’ordre optimal dans un contexte donné. Elle
constitue, également, une assurance de qualité pour le client.
Autant que l’élaboration « consensuelle », la norme se distingue,
notamment du règlement, par son application non contrainte. Néanmoins, ce
principe général connaît des exceptions, dès lors que certains produits ou services
doivent répondre à des caractéristiques précisées lors des demandes d’achats.
Si l’on peut considérer la norme comme une « arme » offensive, elle peut
s’apprécier également comme un élément stratégique de défense et son respect
peut être exigé pour atteindre certains marchés. Certes, l’entreprise intéressée
garde toujours le droit de ne pas satisfaire à une telle exigence. Il lui sera,
cependant, alors, difficile de promouvoir sa production sur de tels marchés.
Si, évidemment, la norme ne peut dire le droit, elle peut en être un
auxiliaire précieux. En effet, de nombreux textes réglementaires, communautaires
notamment, font référence à la normalisation. Les normes acquièrent alors une
valeur, une force, en quelque sorte juridique que les tribunaux lui reconnaissent
de plus en plus fréquemment .
I- 6
1. Les brevets
1.1. Sur le plan français
Si la contribution française à la production mondiale des connaissances
scientifiques nouvelles (8%) est conforme à la place de la France dans le monde
et prometteuse pour l’avenir, sa part dans les brevets déposés au niveau mondial
(2%) manifeste des dysfonctionnements sérieux auxquels il convient de remédier
dans les meilleurs délais.
Trois enjeux principaux se détachent :
a) L’enjeu entrepreneurial
Souligné par notre Assemblée dans un récent avis portant sur
l’investissement des entreprises, sur le rapport de M. Alain Brunaud, l’enjeu
entrepreneurial s’impose à toute réflexion sur les brevets.
« ... Si déficit il y a ... celui-ci serait d’ordre plus qualitatif que quantitatif :
recherche-développement insuffisamment stimulée au niveau des entreprises et
excessivement concentrée sur les plus grandes d’entre elles, diffusion insuffisante
de ses retombées dans l’ensemble du tissu économique, retard d’investissements
dans les nouvelles technologies de communication, retard en matière de
production et d’exploitation de brevets.
Parmi les causes pouvant expliquer ce retard et au-delà du manque de
vocations entrepreneuriales, il convient de regretter la trop faible diffusion des
pratiques de réflexion stratégique au sein des PME, alors qu’il s’agit d’un
préalable indispensable aux changements de cap et aux investissements de
développement... »
I- 13
2. Les normes
Plus encore que dans le domaine des brevets, dans lequel la procédure dite
PCT, peut venir compenser, essentiellement pour les grandes entreprises, les
lacunes des dispositifs européens, en matière de normalisation, il ne saurait y
avoir d’approche stratégique efficace sans une réflexion sur l’articulation
pertinente entre la normalisation européenne et les autres normes tant nationales
qu’internationales.
Les acteurs économiques et sociaux français et européens, se trouvent, de
fait, placés devant l’alternative suivante :
- soit, ils développent une approche stratégique de la normalisation et
investissent dans la normalisation européenne des ressources
suffisantes en vue de disposer de normes européennes performantes et
compétitives sur la plupart des marchés mondiaux ;
- soit, ils s’en tiennent à une approche purement technique de la
normalisation et ne font pas de la normalisation de niveau européen
un objectif central. Ils seront conduits alors à s’adapter avec un
handicap de départ, aux normes élaborées et définies par les acteurs
économiques et sociaux dominants (américains, japonais, allemands,
néerlandais, voire français, pour quelques marchés sectoriels.).
2.1. Sur le plan français
Deux enjeux doivent faire l’objet d’un diagnostic et d’un traitement exacts
et sûrs.
a) Un enjeu institutionnel
Comment ne pas observer actuellement, l’amorce d’une contradiction entre
d’une part, le développement considérable des fonctions à assumer dans le
domaine de la normalisation et du rôle et de l’activité de l’AFNOR, notamment
dans la représentation des intérêts français à l’international, où l’association
anime de nombreux secrétariats des comités techniques à l’ISO, au CEN..., et
d’autre part, les bases relativement fragiles sur lesquelles repose son
fonctionnement, phénomène accentué par un désengagement certain de l’Etat.
Les modalités selon lesquelles cette contradiction sera surmontée,
notamment par la redéfinition des missions et des moyens entre l’AFNOR, les
organisations professionnelles, l’appareil consulaire, détermineront pour une part
non négligeable l’influence et la place de la France dans la normalisation
européenne.
b) Un enjeu économique et social
Sur un marché potentiel de 300 000 entreprises françaises concernées par la
normalisation européenne et internationale, on peut estimer actuellement que
30 000 entreprises se tiennent réellement informées, en temps réel, soit par
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Ainsi, on peut observer qu’il existe, en Allemagne, une culture partagée sur
les brevets entre les acteurs de l’entreprise (chefs d’entreprise, chercheurs,
ingénieurs, techniciens gestionnaires), le pôle université-recherche, les pouvoirs
publics.
L’existence de cette culture partagée ne saurait supprimer les conflits
d’intérêts, inhérents à toute forme sociale organisée, conduite, pour se
développer, à différencier des rôles et des fonctions. Ce processus de
différenciation génère des conflits d’intérêts, les individus et les groupes devant
préserver certains intérêts vitaux. Néanmoins, cette culture partagée contribue à
faciliter l’objectivation et la formalisation des éléments légitimes à prendre en
compte afin de gérer de manière dynamique les conflits d’intérêts entre les
acteurs.
1.2. La situation française
Si il ne faut, probablement, pas idéaliser la situation qui prévaut en
Allemagne, la situation française dans le domaine des brevets semble présenter
quatre dysfonctionnements majeurs :
- l’insuffisance de l’interface entre la recherche fondamentale et la
recherche appliquée ;
- une perception, par trop d’entrepreneurs encore, du brevet d’invention
comme un coût superflu, plutôt que comme un investissement pour
l’avenir de l’entreprise, alors que l’inventeur salarié n’est pas assez
considéré comme une ressource rare et une chance de réussite pour
l’entreprise ;
- une insuffisance de dynamisme collectif dans le domaine des brevets ;
- le cantonnement des brevets et de leurs responsables dans la sphère
juridique et/ou technique de l’entreprise, ainsi que l’absence de vision
stratégique liant systématiquement les brevets aux marchés à défendre
et/ou à conquérir.
Ces dysfonctionnements semblent reposer sur certaines représentations
collectives des acteurs :
• une conception cloisonnée de la recherche scientifique qui serait encore
trop dominante chez les chercheurs publics. En particulier, ceux qui
consacrent leur énergie à la recherche fondamentale, porteraient un
intérêt insuffisant à la valorisation industrielle de leurs découvertes ;
• une conception étroitement patrimoniale de la relation entre brevet et
entreprise. Cette conception se laisse entrevoir dans les lois de 1968 et
de 1978/1990 régissant les relations entre l’inventeur salarié et son
employeur : seule l’entreprise a le droit de décider d’exploiter ou non
une invention ; aucune compensation n’est envisagée en cas de décision
de non-exploitation ;
I- 18
C - LE CONTEXTE FISCAL
Il paraît également intéressant de s’interroger sur les incitations fiscales qui
peuvent contribuer à expliquer certains comportements des acteurs de l’entreprise
vis-à-vis des brevets et des normes dans différents pays.
un tribunal dans chaque Etat membre. Les décisions de ces tribunaux auraient
effet sur l’ensemble du territoire communautaire.
Les appels seraient portés exclusivement devant le tribunal de première
instance agissant en tant que Cour d’appel commune. Les pourvois en cassation
pour motifs de droit seraient formés devant la Cour de justice des Communautés
européennes.
*
* *
I- 43
I- 44
CONCLUSION
ANNEXE A L’AVIS
SCRUTIN
Groupe de l’agriculture
Comme dans les autres secteurs de l’économie, la normalisation représente
un intérêt majeur pour le secteur agro-alimentaire.
La normalisation est une nécessité pour éviter une banalisation des denrées
alimentaires et limiter les facteurs de distorsions de concurrence. Elle représente
aussi un enjeu commercial certain : le secteur agro-alimentaire est le premier
poste excédentaire de la balance commerciale française.
L’approche communautaire de la normalisation est horizontale, c’est-à-dire
limitée aux domaines d’intérêt essentiel, à savoir :
- la santé et la sécurité des consommateurs,
- la santé des animaux,
- la protection de l’environnement.
Cette approche qui ne prend pas en compte les qualités intrinsèques des
produits, a une triple conséquence :
- elle conduit à une standardisation des produits,
- elle pose le problème de l’équivalence des contrôles entre les Etats
membres de l’Union,
- elle rend complexe l’identification et la traçabilité des produits.
Il est donc important que la France prenne l’initiative de la définition de
normes plus précises et surtout plus complètes (en associant tous les partenaires
de la filière concernée : producteurs - transformateurs - distributeurs -
consommateurs - administration) dans un grand nombre de secteurs
agro-alimentaires afin de les négocier au niveau européen dans le cadre du
Comité européen de normalisation et au niveau international dans le cadre du
Codex Alimentaire. L’efficacité des normes alors retenues sera ainsi accrue dans
la mesure où elles vaudront pour l’ensemble des pays et des produits et dans la
mesure où elles seront plus globales.
Si nous n’y prenons pas garde, le souhait des consommateurs européens de
pouvoir acheter en confiance des produits alimentaires de qualité sera bafoué par
les « moins disant » du commerce international.
Groupe de l’artisanat
La prise de conscience de l’utilité des normes et des brevets comme leviers
stratégiques du développement de notre pays constitue, pour les entreprises, un
véritable enjeu, dont elles commencent à mesurer la portée avec l’élargissement
de leur marché.
Face aux mutations technologiques qui affectent de plus en plus en
profondeur certains métiers, aux exigences accrues des donneurs d’ordre, à une
demande croissante de sécurisation des consommateurs dans leurs choix de
I- 49
Groupe de la CFDT
La CFDT considère le rôle des brevets et des normes comme un élément
essentiel de l’innovation technologique et, par conséquent, d’une très grande
importance pour le développement culturel, économique et social de notre pays.
L’emploi, sous de multiples formes, est concerné, qu’il s’agisse de l’application
de la recherche, des spécialistes des normes dans les entreprises, des instituts et
écoles spécialisées dans la problématique des brevets. D’une façon plus générale,
l’innovation technologique peut générer des concepts, produits, services qui
constituent des gisements d’emplois qualifiés.
En ce qui concerne les brevets et les normes, notre pays accuse un retard
très préoccupant par rapport à ses principaux concurrents dans l’OCDE, et en
particulier avec ses voisins européens.
La France, quatrième puissance économique, cinquième dans le classement
pour la recherche - immédiatement après les Etats-Unis - pour la part qu’elle
consacre en pourcentage de sa richesse nationale (PIB), n’en est qu’au
15ème rang dans la capacité à déposer des brevets ! C’est pourtant sur son sol
que s’effectue une recherche fondamentale de grande qualité qui contribue au
progrès scientifique et à la production de normes universelles. A peine cent
entreprises, soit moins de 2 % de l’ensemble des entreprises françaises déposant
des brevets, sont à l’origine de 58 % des demandes de brevets. C’est là une
indication qui situe clairement une part importante de nos insuffisances en la
matière, puisque le rapport précise que ces dépôts de brevets sont réalisés, aux
deux tiers, par des entreprises qui dépassent 1 000 salariés.
Le rapport et l’avis, qui mettent l’accent sur les faiblesses des entreprises en
matière d’organisation et sur un cloisonnement peu propice à la culture de
l’innovation, plaident pour des relations sociales favorisant une véritable culture
de l’innovation. Pour la CFDT, il existe une corrélation entre ces carences très
préjudiciables au développement du pays et le niveau encore trop souvent faible
des relations sociales. La CFDT se prononce, notamment :
- pour l’élargissement des missions de l’INPI ;
- pour un programme prioritaire destiné aux PME-PMI, afin qu’elles soient
renforcées dans leur démarche d’utilisation des normes et de dépôt de brevets ;
I- 52
Groupe de la CFE-CGC
La normalisation et le développement des brevets sont des éléments clés de
la compétition économique dans le cadre du commerce mondial et des échanges.
La France doit à ce titre participer activement à ces techniques afin de
conserver ou de conquérir des parts de marché et de créer des richesses et des
emplois. Cela est important en ce qui concerne des industries et des services pour
lesquels nous sommes particulièrement compétitifs. Cela l’est, tout autant, dans
les domaines où nous sommes plus faibles, car brevets et normes pourraient alors
être facteurs d’exclusion.
Le brevet permet à l’entreprise d’adopter une attitude offensive pour
pénétrer les marchés en écartant les concurrents ou en réduisant l’attrait de leur
offre. Il lui permet aussi de négocier dans une situation avantageuse avec des
partenaires, voire avec des concurrents. Il sert également à développer un volet
défensif pour conserver les fruits de l’innovation et se protéger, entre autre, des
contrefaçons.
La norme est un instrument de compétitivité par la qualité, déterminant
pour ouvrir les marchés : elle participe donc à la mondialisation des échanges.
Un recours accru à ces outils est de ce fait fondamental, encore faut-il en trouver
les moyens et développer une volonté. Cela suppose, comme le souligne le
rapporteur, que l’on se dote d’une véritable stratégie de développement des
brevets. Cela suppose également que normes et brevets se développent de
manière cohérente et efficace dans le cadre européen afin de faire jeu égal avec
les Etats-Unis et le Japon.
Le groupe de la CFE-CGC approuve les propositions du rapporteur sur le
rôle de l’information, la communication, l’importance de la formation, ainsi que
sur la meilleure reconnaissance du salarié-inventeur.
Il lui semble également essentiel de sensibiliser, de convaincre, de
mobiliser et surtout d’épauler les PME dont le potentiel en terme d’emploi est
reconnu.
I- 53
Groupe de la CFTC
De toute évidence, tant le rapport que l’avis constitueront des instruments
de référence pour tous ceux qui sont concernés par le rôle des brevets et des
normes.
Les définitions précises, les éléments donnés pour une approche
stratégique, l’analyse des enjeux à moyen terme, tant pour l’Europe que pour la
France, font de l’avis un document précieux.
Nous regretterons que l’importance du sujet à traiter n’ait pas permis de
montrer toute l’importance du rôle des brevets et des normes en ce qui concerne
le problème de l’emploi.
Comme le note l’avis « la normalisation internationale accompagne la
mondialisation des échanges ». De ce fait, nous approuvons les suggestions qui
sont faites visant à « construire les conditions d’une convergence entre les
systèmes européens de brevets » et à permettre à l’Union européenne d’avoir une
vision stratégique dans l’utilisation de la normalisation.
Néanmoins, cela ne doit pas dispenser la France - et l’avis le souligne -
d’instaurer dans notre pays une « culture brevets et normes » par un
enseignement adapté, le développement d’outils pédagogiques et la création d’un
pôle recherche.
Nous approuvons tout particulièrement l’avis lorsqu’il préconise, avec
l’appui des chambres de commerce et de métiers, les organisations
professionnelles, de développer dans les PME/PMI la fonction de « conseil
stratégique en brevets ». Cela est un élément fondamental pour « construire une
stratégie française de développement de brevets », tant dans les grandes
entreprises que dans les PME/PMI.
Au niveau des relations professionnelles, dans ce domaine, nous notons que
les vingt-cinq premiers déposants français ont tous institué des systèmes
d’intéressement des inventeurs salariés. Par ailleurs, nous sommes d’accord avec
l’avis lorsqu’il suggère un toilettage systématique des conventions collectives
visant à supprimer des clauses restrictives « telles que l’impossibilité de
reconnaître plus d’un seul inventeur salarié par brevet déposé », et aussi lorsqu’il
préconise de « créer dans les entreprises un environnement favorable à
l’innovation technologique en associant les institutions représentatives du
personnel ».
Tout cela rejoint les positions constamment développées par la CFTC et
affirmant que l’efficacité économique passe par l’association du personnel qui
doit pouvoir être acteur, et ainsi s’épanouir dans son travail.
La CFTC a voté l’avis.
I- 54
Groupe de la CGT
Le groupe de la CGT se félicite du traitement d’un sujet peu abordé dans
cette enceinte, et mal connu. Ce travail a produit un rapport très riche en
informations et en réflexions. Au-delà de l’exposé des procédures complexes de
normalisation et d’établissement des brevets, il fait ressortir le caractère
stratégique de ces deux notions, à la fois composantes de l’innovation
technologique et conditions nécessaires à la mise en oeuvre de celle-ci. L’analyse
équilibré des acquis et des retards de notre pays dans ces deux domaines conduit
l’avis à énoncer des propositions que la CGT partage pour l’essentiel. Nous
retenons particulièrement le besoin :
- d’encourager l’investissement individuel et collectif des salariés en
matière d’innovation technologique. C’est à juste titre que l’avis
insiste sur l’évolution nécessaire des garanties légales et
conventionnelles protégeant l’inventeur salarié, et sur l’intérêt des
organisations du travail privilégiant la coopération, la circulation des
informations, l’interdisciplinarité, la qualité de la formation et de la
communication ;
- de créer les conditions d’une meilleure connaissance et donc d’un
meilleur accès des PME et PMI au processus de normalisation et à
l’établissement des brevets, ce qui amène l’avis à suggérer d’autres
modes de relations entre donneurs d’ordre et sous-traitants, et à
proposer une intervention plus cohérente et plus dynamique des
différentes institutions concernées ;
- d’articuler et non d’opposer des mesures au niveau national et au
niveau européen. Par exemple, il est tout aussi nécessaire de renforcer
les capacités d’intervention et d’anticipation de l’AFNOR, que de
contribuer au développement et à l’harmonisation des politiques
européennes de normalisation. Ces deux niveaux décisionnels sont
également complémentaires, pour améliorer la protection judiciaire
des détenteurs de brevets et la lutte contre les contrefaçons.
L’essentiel de l’avis est consacré à l’enjeu des brevets et des normes pour la
compétitivité des entreprises face à une concurrence internationalisée.
Cependant, d’autres aspects tout aussi stratégiques ont été ignorés ou simplement
effleurés. S’agissant des brevets, nous aurions souhaité que soient abordées les
relations entre la protection nécessaire des inventions et le besoin de nombreux
pays d’accéder à des ressources technologiques indispensables à leur
développement. De même, les rapports complexes entre recherche fondamentale
- qui suppose circulation des connaissances et publication rapide des résultats - et
valorisation industrielle, protégée par brevet, auraient mérité un traitement plus
approfondi. S’agissant des normes, notre groupe déplore que leur rôle stratégique
d’amélioration de la qualité et de la sécurité, de protection et d’information des
consommateurs, soit pratiquement absent du rapport comme de l’avis. Il aurait
fallu en outre évoquer la possibilité d’étendre le champ de la normalisation aux
conditions sociales de production, en particulier pour celles des normes qui
décrivent des procédures de fabrication.
I- 55
Groupe de la CGT-FO
L’avis fait bien apparaître la situation paradoxale de notre pays. Avec la
progression du nombre de brevets déposés, la France fait la course en queue de
peloton ! Il est évident que cette situation, si elle perdurait, serait gravement
préjudiciable à la prospérité future.
Le rapporteur a eu raison, également, d’attirer l’attention sur la double
vocation des brevets qui ont un rôle d’émulation en même temps qu’une mission
protectrice.
L’avis insiste, par conséquent, légitimement sur la nécessité de développer
la culture des brevets et des normes dans notre pays. La prospérité à venir en
dépend. Cela impose de ne pas laisser la question aux seuls spécialistes et d’en
faire l’affaire de la société entière.
Poursuivant la lecture de l’avis, nous estimons que les propositions auraient
pu être organisées autour de six grands axes. En premier, on aurait ainsi examiné
les propositions qui s’adresseraient à la société tout entière. Il s’y rattacheraient
les suggestions du projet d’avis consacrées aux médias, à l’école et à tout ce qui
fait l’opinion afin de créer une culture des normes et des brevets.
En deuxième, on placerait les préoccupations concernant les salariés. Nous
devons rappeler qu’il y a quinze ans notre organisation a formulé la revendication
du droit individuel à l’innovation et à la recherche. Les propositions de l’avis
sont dans le droit fil de ce que nous revendiquons, notamment en terme de
rémunération et de droit du salarié à profiter de la juste contrepartie de son
invention.
Le troisième axe concernerait l’entreprise. Les propositions visent à placer
la préoccupation des normes et brevets au coeur de la stratégie. Ils font bien
partie du patrimoine vital de l’entreprise, au coeur de ses investissements
immatériels sur l’importance desquels notre Conseil ne cesse d’attirer l’attention.
Le quatrième niveau serait dédié à ce qui est adressé aux pouvoirs publics.
A ce sujet, nous approuvons que l’avis insiste sur le rôle de l’INPI et de
l’AFNOR pour dynamiser, sous l’égide des pouvoirs publics, la perception
ordinaire de l’univers des normes et brevets.
I- 56
Groupe de la coopération
Le groupe de la coopération approuve l’avis du rapporteur tout en précisant
les points suivants.
La mondialisation de l’économie aura des influences non négligeables sur
les systèmes industriels et commerciaux ainsi que sur l’emploi.
La France ayant beaucoup de savoir-faire et d’innovations, celles-ci doivent
être préservées et mises en œuvre de façon stratégique pour ne pas être exploitées
par nos concurrents.
En ce qui nous concerne, dans le contexte de montée en puissance du
Codex alimentarus, organe d’arbitrage de l’OMC pour les litiges alimentaires
internationaux, le groupe de la coopération considère l’importance prévalente du
droit et des protections juridiques dans l’agro-alimentaire. Outre la législation qui
est du domaine public, le secteur privé développe des protections.
Des brevets : on en voit l’enjeu dans le nombre fulgurant de dépôts de
brevets dans le domaine stratégique des OGM où certains pays protègent à très
grande vitesse des portions entières d’organismes vivants traités par le génie
génétique.
Des cahiers des charges nationaux négociés consensuellement par la mise
en place de normes nationales, véritables outils de progrès pour diffuser et
standardiser des spécifications, mais aussi véritables armes juridiques pour
exclure des opérateurs.
La politique française en matière de protection de l’innovation, et donc de
protection de l’emploi, doit intensifier la sensibilisation des opérateurs nationaux
aux dépôts de marques, de brevets et de normes afin de réduire l’hémorragie de
nos innovations, découvertes en France, mais reprises et protégées par d’autres
Etats où, par culture, cette activité de protection de l’innovation est un réflexe et
une tactique commerciale payante.
prise de conscience que les normes et les brevets sont importants, que leur
progrès nécessite des formations, que pour être innovantes les entreprises doivent
évoluer vers plus de fluidité dans leur organisation et vers un intéressement plus
grand de tous les acteurs à leur travail et à ses résultats ne peuvent avoir que
notre approbation.
Quand la section des Activités productives de la recherche et de la
technologie parle de simplifications, ce qui nécessite concentration et suppression
des doubles emplois ou de baisse des coûts, nous ne pouvons qu’applaudir.
Derrière beaucoup de propositions se dessine le désir que l’Etat créé un
environnement favorable, car c’est son devoir, pour améliorer l’usage de normes
et de brevets. C’est une reconnaissance des efforts qu’il doit faire pour rendre
l’économie plus compétitive, condition indispensable pour réduire le chômage
dans une économie mondialisée.
Groupe de la FEN
Le groupe FEN-UNSA partage le constat de l’avis qui souligne le rôle des
brevets et des normes pour le développement de la capacité d’innovation.
Les brevets et les normes, dans le cadre de la mondialisation, sont l’une des
clés de la compétitivité sur les marchés et donc de l’emploi futur.
Il est donc essentiel que la France adopte les dispositifs qu’envisage le
Conseil économique et social, afin de conserver ou de conquérir des parts de
marché, mais aussi pour éviter que l’absence de brevets ou le non-respect de
normes ne deviennent facteur d’exclusion de certaines activités.
L’avis propose, et le groupe FEN-UNSA en souligne l’importance, que la
France se dote d’une véritable stratégie de développement des brevets.
Enfin le groupe FEN-UNSA approuve les recommandations relatives à la
meilleure reconnaissance du salarié-inventeur.
Le groupe FEN-UNSA a voté l’avis.
Groupe de la mutualité
La mondialisation de l’économie par les mécanismes de l’économie de
concurrence, a des conséquences de plus en plus importantes sur les aspects les
plus techniques de notre pays. L’avis fait apparaître, de ce point de vue, les
imperfections et même les anomalies du système des brevets et des normes par
rapport aux développements internationaux. Il propose d’y apporter quelques
remèdes, au moment malheureusement où l’Etat semble se désengager du
fonctionnement de l’AFNOR.
L’avis constate que l’Europe, en s’organisant, pourrait éviter à la France de
tomber dans la stratégie des pays à volonté économique hégémonique, et ce, en
créant une nouvelle voie qui assure une meilleure maîtrise de cette richesse
intellectuelle. On retrouve d’ailleurs ici le constat qu’on a pu faire en matière
d’énergie électrique.
Cet avis a le grand intérêt de faire apparaître l’importance du problème et
l’urgence avec laquelle les pouvoirs publics doivent essayer de le régler. Le
groupe de la mutualité approuve l’accent qui est mis sur cette regrettable
« exception française » qui consiste à ne pas savoir organiser la valorisation
industrielle des découvertes de la recherche fondamentale. Il insiste sur l’utilité
de modifier le cadre législatif des inventions faites par les salariés qui sont liées à
I- 59
Groupe de l’UNAF
Le rapport et l’avis présentés par M. Ramphft souhaitaient n’examiner que
les aspects techniques et les enjeux économiques des normes et brevets. Sans
méconnaître les contraintes du choix opéré, l’UNAF rappelle que l’entreprise est
constituée de ceux qui apportent les capitaux, de ceux qui apportent leur travail,
des fournisseurs, mais aussi des clients, consommateurs et usagers des produits
qu’elle élabore. Ces derniers doivent donc être reconnus pleinement comme
acteurs de la vie économique et donc comme acteurs de la normalisation, selon le
voeu du législateur.
En effet, la norme est un outil au service des intérêts divers et variés de la
société. Elle doit donc être accessible et gagner en lisibilité, non seulement pour
les professionnels, mais également pour les usagers, et permettre de distinguer
facilement ce qui relève d’un signe de qualité faisant appel à la certification
(démarche volontaire, exemple NF), et ce qui relève d’un marquage obligatoire
(CE).
Les associations de consommateurs ne disposent pas des moyens financiers
et humains pour être présentes dans les commissions de normalisation au niveau
national, et encore moins au niveau européen ou international, ni de budget
propre pour proposer des normes lorsque le secteur professionnel concerné paraît
défaillant. Accorder à ces associations les moyens nécessaires à leur action,
reconnaître le consommateur comme acteur à part entière de la normalisation,
ferait vraiment de celle-ci un outil d’innovation et de progrès social.
L’UNAF attend un signe fort des pouvoirs publics afin que le système
normatif défende la place des citoyens-consommateurs et contribue au
développement durable de la France.
Le groupe de l’UNAF félicite le rapporteur pour la qualité de son travail et
vote l’avis favorablement.
I- 61
RAPPORT
présenté au nom
de la section des Activités productives,
de la recherche et de la technologie
par Monsieur Christian RAMPHFT, rapporteur
II- 1
* *
II- 2
II- 3
INTRODUCTION
2
Olivier Giscard d’Estaing. « Le degré de la mondialisation de l’économie pour les entreprises
européennes », Humanisme et Entreprise n° 220 - Décembre 1996. page 75.
3
Michel Godet, audition devant la commission spéciale du Plan du Conseil économique et social.
II- 5
4
René Cote et Carl Caron, L’internationalisation de la normalisation, communication aux
entretiens du Centre Jacques Cartier. Colloque les autoroutes de l’information - 7 décembre
1995.
5
« Le Monde » du 15 août 1997.
6
cf. Association française des spécialistes en propriété industrielle de l’industrie (ASPI) - Les
Français et l’examen de qualification européen - juin 1997.
II- 8
TITRE I
APPROCHE ANALYTIQUE
DES BREVETS ET DES NORMES
II- 12
II- 13
CHAPITRE I
7
La section 8 de la Constitution américaine, promulguée le 17 septembre 1787, dispose que « le
Congrès a le pouvoir d’encourager le progrès de la science et des arts utiles, en assurant pour une
période limitée, aux auteurs et inventeurs, un droit exclusif sur leurs écrits et sur leurs
découvertes ».
II- 14
1789 apporta dans notre pays son lot de novation dans le droit des brevets.
La pensée économique des Lumières, s’opposant aux privilèges et monopoles au
nom, pour certains, du contrat social et pour d’autres de la liberté de l’esprit,
n’encourageait pas, on peut aisément le comprendre, au maintien d’un principe
d’exception.
Cependant, les oeuvres de l’esprit étant d’une nature particulière, il pouvait
être dérogé à certains principes philosophiques, au nom même de la pensée des
Lumières. Telle est, en substance, le contenu du rapport du Chevalier de
Boufflers préludant à la loi du 7 janvier 1791, et justifiant la protection de l’idée
créatrice de l’inventeur.
Le XIXe siècle : celui du machinisme et de l’industrialisation que certains
ont pu baptiser le siècle de l’ingénieur, fut celui de l’internationalisation du droit
des brevets, alors même que le commerce international se développait et
s’étendait à l’échange de produits manufacturés et aux machines elles-mêmes et
non plus aux seules matières premières. Il n’est alors pas étonnant de constater
que l’émergence du droit moderne des brevets date de la seconde moitié du
XIXe siècle, lorsque fut signée la convention d’Union de Paris.
Si le droit des brevets est inséparable de l’internationalisation des échanges,
la normalisation est, elle, inséparable du développement industriel de nos
sociétés.
Si l’application spontanée de la normalisation remonte à des temps reculés,
si certains auteurs, considèrent, à bon droit, que l’application du système
métrique - initiée par la loi du 18 germinal an III8 - consacrée par la loi du
19 frimaire an VIII9, est un exemple quasi parfait de l’idée normative, la mise en
oeuvre d’une méthodologie normative appartient au XIXe siècle industriel.
A cet égard, les différents congrès internationaux de normalisation, tenus à
la fin du siècle dernier en fournissent une preuve indéniable. De même, la
création du premier institut national de normalisation, en Grande-Bretagne,
l’engineering standards committee, en 1901, en est une marque.
Si la normalisation est fille du XIXe siècle, elle a pris son essor pendant le
premier conflit mondial, c’est-à-dire à l’occasion d’une période d’intense
mobilisation économique pendant laquelle les premiers efforts de rationalisation
de la production de plusieurs Etats alliés furent réalisés10.
A titre d’exemple, en juin 1918, une commission permanente de
standardisation fut créée auprès de Clementel, ministre du commerce et de
l’industrie.
8
La loi du 18 germinal an III (7 avril 1795) prescrit l’adoption d’un étalon unique de poids et
mesures.
9
La loi du 19 frimaire an VIII (10 décembre 1799) donne valeur légale aux étalons uniques des
poids et mesures dont naturellement le mètre.
10
La première étude économique d’ensemble sur les effets de la normalisation fut réalisée au sortir
du premier conflit mondial aux Etats-Unis à la demande spéciale du Président Hoover. Selon ces
conclusions le défaut de normalisation entraînait un gaspillage de 40 % de la production. On
trouverait des conclusions similaires dans les travaux réalisés près de quarante ans plus tard par la
commission de normalisation, simplification, spécialisation du Commissariat général à la
productivité.
II- 15
11
La position française rejoint, sur ce point, celle d’autres Etats. A titre d’exemple, la Cour suprême
des Etats-Unis a confirmé, en 1939, que ni la vérité scientifique ni son expression mathématique
ne sont des inventions brevetables. Cette position jusqu’ici constante pose quelques problèmes en
matière de traitement de l’information. On abordera plus loin la question des logiciels et des
brevets qui fait l’objet de débats.
12
L’élaboration du code de la propriété intellectuelle a été le premier résultat des travaux de la
commission supérieure de codification mise en place en 1989. Il a le grand mérite de regrouper
des dispositions hétérogènes et éparses. Il a été adopté par la loi n° 92.597 du 1er juillet 1992, tout
au moins pour sa partie législative. La partie réglementaire du code a été publiée par décret du 13
avril 1995.
II- 17
13
A. Chavanne, J.J. Burst : Droit de la propriété industrielle . Précis Dalloz - 4ème édition 1993.
14
Pour ce qui intéresse les brevets d’invention le code de la propriété intellectuelle résulte
essentiellement de la codification de la loi n° 78.742 du 13 juillet 1978 modifiant et complétant la
loi 68.1 du 2 janvier 1968 tendant à valoriser l’activité inventive et à modifier le régime des
brevets d’invention. Il a, par ailleurs, inclus les dispositions de la loi 90-1052 du 26 novembre
1990.
II- 18
15
En effet, la loi du 5 juillet 1844, outre la conformité de l’invention à l’ordre public et aux bonnes
moeurs ne prévoyait que deux critères : la nouveauté, le caractère industriel - c’est la loi de 1968
qui a ajouté l’activité inventive.
II- 19
orale, un usage ou tout autre moyen » (article L. 611.11 2e alinéa du CPI), c’est-
à-dire l’état des connaissances et des réalisations industrielles.
Cependant, le code ajoute qu’une simple demande de brevet (français,
européen, ou international désignant la France) qui aurait une date antérieure à
celle en cause, quelles que soient les suites données, est considérée comme
compris dans l’état de la technique.
3.2. L’activité inventive
Ce critère a fait l’objet de modifications sensibles d’une loi à l’autre. Ainsi
l’article 9 de la loi de janvier 1968 disposait simplement « qu’une invention était
considérée comme impliquant une activité inventive si elle ne découlait pas de
manière évidente de l’état de la technique ». Il laissait, finalement, au juge le soin
de décider si le critère de l’activité inventive était présent ou non. Cet état de fait
pouvait avoir des conséquences fâcheuses : un contentieux alourdi, par exemple.
L’article L. 611.14 actuel a apporté un certain nombre de précisions. Ainsi
« une invention est considérée comme impliquant une activité inventive si, pour
un homme du métier, elle ne découle pas d’une manière évidente de l’état de la
technique... ». Il ajoute donc, comme le notent MM. Burst et Chavanne, un
« personnage de référence » : l’homme du métier, que la jurisprudence définit
comme : une personne « normalement compétente dans le domaine en cause »,
c’est-à-dire possédant les connaissances normales et moyennes de la technique :
définition qui apparaît, cependant, sinon vague, du moins sujette à interprétation.
On voit ainsi que l’invention doit dépasser, en quelque sorte, les compétences de
cet homme de l’art confronté au problème technique à résoudre, elle doit faire
progresser significativement les savoir et savoir-faire existants.
3.3. L’application industrielle
Le troisième critère a fait l’objet d’une évolution assez sensible. La loi
de 1968 disposait que, pour être brevetable, l’invention devait avoir un caractère
industriel. Le code de la propriété intellectuelle, quant à lui, requiert, en son
article L. 611.15, qu’elle soit « susceptible d’application industrielle si son objet
peut-être fabriqué ou utilisé dans tout genre d’industrie, y compris l’agriculture »
amodiant quelque peu le texte d’origine. Il faut probablement voir dans cet
assouplissement du critère les effets de la convention sur le brevet européen dont
la rédaction de l’article 57 est identique. On voit, dès lors, que ce critère ne
limite, en aucune manière, la brevetabilité d’une quelconque invention dont on
imagine mal qu’elle ne puisse être fabriquée, sinon utilisée industriellement.
Quant au terme d’industrie, il est lui aussi d’une acception très vaste, si l’on
se réfère aux différentes directives européennes puisqu’il faut l’entendre comme
toute activité physique à caractère technique, c’est-à-dire une activité qui relève
du domaine des arts mécaniques (cette notion englobe donc l’industrie,
l’agriculture, le commerce, les services) par opposition aux beaux arts.
II- 20
16
Il convient que les normes soient fondées sur les acquis conjugués de la science, de la technique et
de l’expérience et visent à l’avantage optimal de la communauté.
17
On suit ici la présentation de la norme qui est faite par Mme F. Nicolas dans : Des normes
communes pour les entreprises - Commission européenne 1994.
II- 21
données sont satisfaites. Elle peut être une norme, une partie de norme ou être
indépendante d’une norme.
1.2. ...d’élaboration concertée entre les diverses parties intéressées...
L’ensemble des acteurs est d’accord sur ce point, il s’agit là d’une
caractéristique fondamentale des normes que d’être le fruit d’un travail coopératif
mobilisant nombre de partenaires intéressés ; en bref, de résulter d’une
concertation équilibrée entre tous les intérêts concernés : producteurs,
utilisateurs, ... On peut remarquer avec intérêt, que la normalisation réussit à
surmonter un paradoxe. Du fait du nombre infini de partenaires à sa définition,
l’accord devrait être impossible à réaliser entre des intérêts par définition
contradictoires. Or, il n’en est rien et l’ensemble des pays à économie de marché
ont réussi à mettre en place un système et une procédure non étatiques
permettant effectivement d’établir des normes reconnues et de les faire évoluer
au gré du progrès technique18. Ainsi, la coopération entre partenaires reconnus
montre son efficacité. On verra plus loin de qui se composent les divers comités
ou commissions tant au niveau national qu’international.
1.3. ...dans l’intérêt de tous...
Ce critère permet de distinguer la norme « d’intérêt général » pourrait-on
dire, telle qu’elle est établie au sein des organismes évoqués plus haut, de
spécifications dont la vocation universelle est moins apparente. On pense, par
exemple aux « normes d’entreprises » ou « standards » qui, par définition,
n’intéressent qu’une unité économique et non l’ensemble du tissu économique,
voire social.
1.4. ...approuvé par un organisme qualifié ou reconnu...
Les organismes, nationaux, régionaux ou internationaux seront évoqués
plus loin dans le rapport. Ils ont, tous, fait l’objet d’une activité juridique
importante. Ils sont distincts des organisations qui les composent et apparaissent
ainsi comme un lieu objectif et neutre.
1.5. ...accessible au public...
Les normes doivent être disponibles pour qui veut les consulter, que le
consultant soit un professionnel ou un consommateur...
1.6. ...destinée à une application répétitive ou continue...
« La norme doit être valable pour un produit ou service de façon
durable »19. S’agissant, comme le note Florence Nicolas, dans son ouvrage déjà
cité, « d’une sorte de plus grand dénominateur commun dans un espace industriel
et économique déterminé », elle s’apprécie comme fixant les caractéristiques des
produits déjà couramment sur le marché, pour lesquels une référence est
nécessaire afin d’organiser celui-ci ou la production avec le plus de rationalité
possible.
18
F. Nicolas - op. cit.
19
F. Nicolas - Op. cit.
II- 22
2. Normes et règlements
Le caractère facultatif de la norme est un principe maintes fois affirmé. On
en comprend assez aisément la raison de fond : celle qui veut éviter que l’on fige
une situation, par essence évolutive puisque reposant sur les innovations à la fois
techniques et sociales, vecteurs du progrès en général.
Néanmoins, à tous les niveaux décisionnels, le débat sur ce caractère est
ouvert. Cela est particulièrement vrai au niveau européen. Ainsi la résolution du
Conseil du 18 juin 1992 concernant le rôle de la normalisation européenne dans
le cadre de l’économie européenne, considère, en son point 9 « que la
normalisation, tout en étant organisée sur une base volontaire, sert aussi l’intérêt
public... ».
Si, évidemment, la norme ne peut dire le droit, elle peut en être un
auxiliaire précieux.
Certaines normes sont, en effet, intégrées à la réglementation et s’imposent
à titre d’obligation. Ainsi en dispose l’article 12 du décret du 26 janvier 1984,
dont la rédaction a été modifiée, dans le sens d’un élargissement, par le décret
du 19 mars 1991. Dans un nombre de cas visés par le dit article : ordre public...,
loyauté des transactions commerciales, défense du consommateur...
« l’application d’une norme homologuée ou d’une norme reconnue équivalente
applicable en France, en vertu d’accords internationaux peut être rendue
obligatoire par arrêté du ministère de l’industrie et, le cas échéant, des autres
ministères intéressés... » sous réserve de dérogations (prévues à l’article 15 du
décret).
Il en va de même dans le cas des marchés publics. Le décret du
17 juillet 1964 instituant le code des marchés publics rappelait, en son
article 75 qu’il est fait mention particulière des normes touchant directement les
prestations, objets de ces marchés. Les références techniques doivent être
incluses dans le cahier des prescriptions spéciales ou dans l’acte d’engagement.
II- 23
En cas de dérogations à ces spécifications ou aux normes, il doit être fait mention
de la décision qui autorise la dérogation.
Enfin, l’article 13 du décret de 1984 modifié, notamment par le décret du
15 novembre 1993, stipule que :
« 1 Sans préjudice de la réglementation applicable, l’introduction ou la
mention, explicite, des normes homologuées ou d’autres normes applicables en
France en vertu d’accords internationaux est, sous réserve des dérogations
prévues à l’article 18 du présent décret, obligatoire dans les clauses,
spécifications et cahiers des charges :
« a. des marchés d’un montant égal ou supérieur aux seuils prévus aux
articles 123 (1er) et 322 (1er) du code des marchés publics passés par les
personnes soumises aux dispositions des livres II et III de ce code ;
« b. des contrats soumis aux obligations de la publicité et de la mise en
concurrence définis au titre II de la loi n° 91.3 du 3 janvier 1991.
« Sauf dans le cas où les normes visées à l’alinéa précédent constituent la
transposition d’une norme européenne ou d’une spécification technique
commune, l’obligation prévue au précédent alinéa n’autorise pas les personnes
responsables du marché ou du contrat à écarter les soumissions conformes à des
normes en vigueur dans un autre Etat membre de la Communauté économique
européenne et justifiant d’une équivalence avec les normes françaises
homologuées.
« 2 Sans préjudice de la réglementation applicable, l’introduction ou la
mention explicite des normes homologuées transposant des normes européennes
est, sous réserves des dérogations prévues à l’article 18, obligatoire dans les
documents généraux ou dans les cahiers des charges des contrats définis par la loi
n° 92-1282 du 11 décembre 1992 relative aux procédures de passation de
certains contrats dans les secteurs de l’eau, de l’énergie, des transports et des
télécommunications.
« 3 Les clauses, spécifications techniques et cahiers des charges des
marchés et contrats visés au présent article ne peuvent mentionner des produits
d’une fabrication ou d’une provenance déterminée, ou des procédés particuliers à
certaines entreprises, et ne peuvent se référer à des brevets ou types, indications
d’origine ou de provenance, marques au sens du titre Ier du livre VII du code la
propriété intellectuelle, sauf lorsqu’il n’est pas possible de donner une
description de l’objet du marché ou du contrat sans ces références. Dans ce
dernier cas, de telles références sont autorisées lorsqu’elles sont accompagnées
de la mention ou "équivalent"».
La possibilité ouverte, par le décret de 1984 modifié, pour les différents
ministres, de rendre obligatoires certaines normes a été largement utilisée.
On verra plus loin comment il en est usé pour les normes européennes dans
le cadre de la nouvelle approche qu’il s’agisse de produits ou de l’organisation
générale de la sécurité des personnes : producteurs ou consommateurs.
Les normes ne peuvent ni se substituer ni a fortiori s’opposer à la
réglementation en vigueur. Cependant, de plus en plus les textes réglementaires
II- 24
20
P. Boulin - Présentation de la normalisation - Réalités industrielles - Revue des Annales des
Mines - Avril 1990.
II- 25
21
Cette mission de sensibilisation est la dernière qui ait été, à ce jour, confiée à l’institut, par la loi
du 26 novembre 1990.
22
On pourra voir là, une illustration de l’importance plus grande du niveau européen. En effet, la
directive européenne du 14 mai 1991 concernant la protection juridique des programmes
d’ordinateurs a imposé une révision des textes nationaux. Ce qui fut fait par la loi n° 94.361 du 10
mai 1994 et ses textes d’application.
II- 27
2. La normalisation
La structuration institutionnelle française de l’appareil de normalisation
offre un foisonnement aussi important, si on y associe l’étalonnage et la
certification. Au coeur du dispositif se trouve l’association française de
normalisation dont le rôle est déterminant. Au-delà, les bureaux de normalisation
et les différents laboratoires d’étalonnage et d’essais forment un ensemble dense.
Au total, ce sont près de trente mille experts qui oeuvrent dans l’activité
normative.
Avant de présenter cet appareil, on rappellera que le décret n° 84-74 du
26 janvier 1984 confie au ministre de l’industrie la charge de coordonner la
politique nationale de normalisation. Le délégué interministériel aux normes
assure, par délégation, cette mission. Il remplit, entre autres fonctions, celle de
commissaire du gouvernement auprès de l’AFNOR ; il agrée les bureaux de
normalisation; il se prononce sur tout projet de norme et peut s’opposer à
l’homologation d’une norme ; il peut, enfin, rendre obligatoire l’application
d’une norme non homologuée.
2.1. Le groupe interministériel des normes
Depuis 1994, mais réellement installé depuis 1995, le groupe
interministériel des normes témoigne du regain d’intérêt à l’égard de la
normalisation dans notre pays, regain dû, pour une bonne part, à l’adoption du
principe de la nouvelle approche européenne. Ce groupe est composé des
responsables ministériels aux normes, désignés par chaque ministre intéressé. Il
II- 29
23
A Germon, P. Marano - La normalisation clé d’un nouvel essor - rapport au Ministre de la
recherche et de l’industrie - 1982 - la documentation française.
II- 32
24
Les termes de la loi sont particulièrement explicites : The applicant shall make oath that he
believes himself to be the original and first inventor of the process, machine, manufacture or
composition of matter or improvement thereof, for which he solicites a patent, « le déposant fera
serment qu’il croit être, lui-même, le véritable et premier inventeur du procédé, machine, produit
ou de la composition faisant l’objet d’une amélioration pour lesquels il dépose un brevet ».
II- 34
court of appeal for the federal circuit créée pour réduire les défauts d’uniformité
et l’incertitude existant dans l’administration de la loi des brevets. Concernant le
contentieux, les spécialistes rappellent l’importance des sommes et du temps
qu’il faut y consacrer qui est sans commune mesure avec la situation européenne.
Comparé aux dépenses encourues par un breveté en France, le coût d’une action
en contrefaçon aux Etats-Unis est multiplié par trente à cinquante.
Les redevances payables sont différentes selon la taille du demandeur. Les
petites entités, c’est-à-dire, les inventeurs indépendants, les petites entreprises
(employant moins de 500 salariés), les associations à but non commercial etc...
bénéficient d’une réduction de 50 % sur certaines redevances.
2. La normalisation
Chaque pays industriel s’est doté d’un système de normalisation.
Il existe une parenté assez évidente entre les instituts nationaux de
normalisation là où ils existent ainsi que dans le mode d’élaboration des
documents normatifs. La différence essentielle tient plutôt dans la nature
juridique de la normalisation, dans celle du lien qui existe entre l’Etat et les
instituts centraux de normalisation, et dans la nature de la valeur que l’Etat
reconnaît aux textes élaborés.
Le plus ancien institut national est la British standards institution (BSI),
issue du comité de normalisation mécanique. Elle a été fondée en 1901. Ses
travaux sont financés par des contributions des entreprises industrielles et
commerciales, des institutions professionnelles et par une dotation de l’Etat
(dotation d’un montant, semble-t-il plutôt modeste : de l’ordre de 10 % du budget
global de l’institution). Environ 2 000 personnes travaillent à la BSI qui compte
quelque 30 000 adhérents. L’effectif de la BSI est assez largement supérieur à
celui de l’AFNOR ou de son homologue allemand. La raison en est que
l’organisation britannique intègre plusieurs laboratoires d’essais. La
production annuelle de normes britanniques est égale à celle de l’AFNOR (un
peu plus de 1 200). Les normes sont élaborées dans des comités techniques
spécialisés. Des conseils divisionnaires coordonnent les travaux. La British
standards institution gère la marque de conformité aux normes Kite-Mark. Enfin,
la BSI participe aux organes internationaux de normalisation.
On verra plus loin, comme pour les autres institutions nationales de
normalisation, combien de secrétariats elle assure au sein de l’ISO et du CEN.
Issu du Deutsch Normenausschuss (DNA), créé en mai 1917, le Deutsches
Institut für Normung (DIN) est une association de droit privé dont l’activité a été
autorisée, de nouveau, très rapidement au lendemain du second conflit mondial.
Les relations entre le DIN et l’ETAT fédéral sont de type contractuel (comme
c’est le cas en Grande-Bretagne par exemple, au contraire de la situation
française où la relation est basée sur un texte légal). Une convention, signée en
1975, lie donc le DIN qui s’engage à traiter en priorité les travaux que l’Etat lui
confie et à accueillir des fonctionnaires fédéraux dans ses commissions. En
contrepartie, l’institut se voit reconnaître l’exclusivité de compétence sur
l’ensemble du territoire allemand, et le montant des cotisations versées par les
adhérents au DIN est déduit des impôts.
II- 36
- les équivalences27.
En outre, la qualité de l’inventeur entraîne une autre typologie. En effet,
deux catégories d’inventeurs peuvent se présenter : soit un particulier soit un
inventeur salarié.
Si le cas du premier ne présente pas de difficultés juridiques particulières,
dans celui du second on distinguera, pour la France, plusieurs catégories
d’inventions :
- de commande ou de mission ;
- attribuables ;
- libres.
Enfin, les inventions brevetables donnent lieu à l’obtention de titres
parallèles dits certificats qu’on évoquera ci-après.
27
Certains spécialistes du sujet dénient aux équivalences leur place dans cette énumération.
II- 39
28
Dans la majorité des pays, à l’exception des Etats-Unis, un même brevet peut protéger à la fois un
produit nouveau, le procédé pour le fabriquer et même le dispositif pour mettre en oeuvre le
procédé. Ici, quand on parle de brevet de produit ou de procédé il s’agit en réalité de
revendications concernant ces deux familles, qu’elles se trouvent dans la même demande ou dans
des demandes séparées.
29
Ibid.
II- 40
31
Chavanne et Burst. op. cit
32
P. Mathely - op. cit.
33
La loi du 26 novembre 1990 a modifié et complété les termes de l’article L. 133-5 du code du
travail afin de prévoir le principe du bénéfice de la rémunération supplémentaire du salarié
inventeur dans les conventions collectives.
II- 43
34
COM (95) 370 final.
II- 47
35
Les entreprises face à la propriété industrielle - SESSI le 4 pages n° 86 - février 1998.
36
J.P. Martin. Brevets d’invention et contrefaçon - La lettre des conseils en propriété industrielle
n° 14 - septembre 1996
II- 48
5. Contrefaçons et contentieux
La contrefaçon est définie par la loi en des termes très larges, puisque toute
atteinte portée aux droits du propriétaire du brevet est considérée comme telle ;
(article L. 615.1 du CPI).
La contrefaçon engage la responsabilité civile de son auteur, dès lors que
l’acte d’utilisation, de vente ou de mise dans le commerce a été fait en
connaissance de cause.
La loi de 1979 avait dépénalisé la contrefaçon. Cette situation a pu
apparaître quelque peu paradoxale, dans la mesure où la contrefaçon des autres
composantes du droit de la propriété industrielle, les marques, les dessins, était
passible de sanctions pénales.
Le texte législatif de 1990 a, de nouveau, prévu la pénalisation de l’action
en contrefaçon. Les sanctions pénales, depuis le texte de 1994, ont été renforcées
les alignant sur celles infligées aux auteurs de contrefaçons en matière de droits
d’auteur. Elles figurent aux articles L. 615.14 et suivants du CPI. Les
contrefacteurs peuvent encourir une peine maximum d’emprisonnement de deux
ans et d’une amende dont le montant maximal est fixé à 1 million de francs ; en
cas de récidive les peines encourues peuvent être doublées : quatre ans de prison
et 2 millions de francs37.
37
L’article L. 615.16 dispose que si la violation porte préjudice à la défense nationale, une peine
d’emprisonnement de cinq ans peut être, en outre, prononcée.
II- 49
exister lorsqu’il est évident que ce dernier ne pouvait ignorer qu’il commettait un
délit.
En pratique, il est rare que le Parquet poursuive ; les poursuites pénales
sont généralement engagées par voie de plainte avec constitution de partie civile.
Assez curieusement, le délit de contrefaçon n’engage la responsabilité
pénale des personnes morales que pour les contrefaçons en matière de droits
d’auteur, de dessins et modèles et de marques, mais pas encore de brevets38.
38
Les délits de contrefaçon quel que soit le droit concerné : droits d’auteur, logiciels, brevets
d’invention, dessins et modèles, marques de fabrique, ont été exclus du bénéfice des deux
dernières lois d’amnistie de portée générale du 20 juillet 1988 (art. 29-17°) et du 3 août 1995 (art.
25- 6°). Cela témoigne d’une sévérité accrue des pouvoirs publics vis-à-vis de ce type
d’infractions, puisque ces dernières n’étaient pas exclues du bénéfice des lois d’amnistie
précédentes.
39
On a volontairement omis d’évoquer le cas des normes comptables. Le sujet mériterait à lui seul
un rapport, tant il revêt un caractère stratégique, dans le cas de la mondialisation de l’économie.
40
E. Dupont - La normalisation : une profonde évolution du contenu, des acteurs, des enjeux -
Enjeux 1994.
II- 51
41
J.C. Courtier- La normalisation internationale en métrologie fondamentale- Enjeux 1991.
42
La valeur « étalon » possède une caractéristique propre : sa traçabilité, c’est-à-dire son aptitude à
relier des résultats de mesure aux étalons de haute qualité métrologique à travers un chemin
ininterrompu : la chaîne d’étalonnage.
II- 52
CHAPITRE II
45
R. Klostermann. Die Patent gesetzgebung aller Länder. Berlin 1876. cité dans Y Plasseraud F.
Savignon. L’Etat et l’invention-histoire des brevets - La documentation française - 1986.
II- 58
1. Le traité « PCT »
Le « PCT » vise à substituer à la pluralité des demandes d’enregistrement
nationales, un enregistrement unique permettant de demander la protection de
la même invention, simultanément dans plusieurs Etats.
Le « PCT » crée donc une procédure de demande internationale de brevet
et non un brevet international.
En pratique, le système est le suivant :
- la demande internationale est déposée auprès d’un office récepteur.
En principe, il s’agit de l’office national du déposant (par exemple,
l’INPI en France) ;
- la demande comporte la liste des pays dans lesquels l’inventeur veut
obtenir des brevets et où la protection est demandée ;
- après un examen sommaire, sur la forme, l’office récepteur transmet
le dossier à l’administration internationale, le bureau international de
Genève, lequel fait effectuer une recherche internationale d’antériorité
par un office habilité (actuellement au nombre de six dont l’office
européen des brevets) ;
- l’OMPI publie la demande dans une des six langues internationales
reconnues : anglais, allemand, français, russe, japonais, espagnol, le
plus souvent accompagnée du rapport de recherche internationale,
tandis que la « Gazette du PCT » publie un abrégé descriptif en deux
langues : anglais et français ;
- vingt mois après la première demande, l’inventeur, s’il le désire et
compte-tenu du résultat de la recherche internationale, communique
sa demande internationale, accompagnée des résultats de la recherche,
à chacun des pays désignés : la phase nationale est alors engagée
selon la législation nationale.
Cet ensemble de dispositions constitue le PCT 1.
Le traité ouvre, également, la possibilité pour le déposant de demander à ce
qu’on effectue un examen préliminaire de brevetabilité portant sur la nouveauté,
l’activité inventive et l’application industrielle de son invention. Le déposant a la
faculté d’utiliser les résultats de cet examen dans un certain nombre de pays
désignés. Parallèlement, les Etats ne sont pas tenus d’adhérer à ces conclusions.
Enfin, le traité « PCT » prévoit, dans un chapitre spécial, la création de
services techniques destinés à fournir aux pays en développement des
informations et une assistance en matière de brevets.
A sa mise en place, le traité PCT a fait l’objet de commentaires plutôt
réservés de la part de certains auteurs. Ainsi, à titre d’exemple, on se reportera
II- 60
2. L’accord de Marrakech
L’accord de Marrakech, signé le 15 avril 1994 qui a clos le cycle de
l’Uruguay a emporté des effets en matière de droits de la propriété intellectuelle
touchant au commerce (ADPIC), formant l’annexe 1.C du traité. Il constitue la
première tentative d’inclusion de tous les éléments de la propriété intellectuelle
dans un même document international. De la sorte, pour la première fois, les
dessins et modèles, les secrets commerciaux sont, au même titre que les brevets
et les marques, les appellations d’origine, couverts par des dispositions
46
Les problèmes soulevés par le brevet européen. Avis adopté sur le rapport de M. G. Desbrière par
le Conseil économique et social le 23/11/1971. J.O. Avis et rapport du CES n° 2 - 14/01/1972.
47
J-M Wagret - Brevets d’invention et propriété industrielle - PUF Que sais-je ? 1992.
48
C’est-à-dire lorsque l’INPI est désigné comme office récepteur à la place de l’office national d’un
autre Etat.
II- 61
49
Cf. paragraphe 3 de l’article 27 de l’Accord ADPIC.
II- 62
50
Il semblerait que, dans les faits, cette troisième langue n’est plus utilisée.
51
Les négociations sur les entraves techniques au commerce ont été très nombreuses. Une première
conférence eut lieu à la Havane en 1947. Elle échoua. Lors du « Tokyo Round » qui aboutit, en
avril 1979, un premier accord relatif « aux obstacles techniques au commerce » également
dénommé « code des normes » fut signé, accord auquel la France adhéra sans réserve, ainsi que la
« Communauté ». Une décision du Conseil européen des ministres, du 15 janvier 1979, a précisé
l’articulation de la participation des Etats et de la Communauté en tant que telle, à l’accord par
référence à l’article 100 du traité de Rome.
II- 65
52
Aucun arrêt de la Cour de justice des Communautés européennes autant que celui rendu le
20 février 1979 plus connu sous le nom d’arrêt « cassis de Dijon », aura suscité tant de débats sur
l’interprétation de l’article 30 du traité de Rome et la compatibilité des législations nationales avec
les principes contenus dans cet article.
En substance, les conclusions de la CJCE stipulent que tout produit légalement fabriqué et
commercialisé dans un Etat membre doit être, en principe, admis sur le marché d’un autre Etat.
Elles disposent également, que les réglementations techniques et commerciales, certes applicables
indistinctement aux produits nationaux et importés, ne peuvent créer des entraves que si elles sont
nécessaires à la satisfaction des exigences impératives et si elles poursuivent un but d’intérêt
général dont elles constituent la garantie essentielle.
La commission, à la suite de cet arrêt, a rendu une communication interprétative, envoyée sous
forme de lettre aux Etats membres, aux termes de laquelle, elle se proposait de « rechercher
l’harmonisation des législations nationales ayant une incidence sur le fonctionnement du « marché
commun », lorsqu’il s’agira d’éliminer les entraves résultant des dispositions nationales
admissibles au vu des critères énoncés par la Cour ».
II- 66
patent information and documentation system) qui permet de consulter l’état des
connaissances techniques majeures dans le monde.
Le brevet européen n’est pas de caractère unitaire. En dépit d’un coût
relativement élevé, il reste moins onéreux à obtenir et implique moins de
démarches que l’addition de plusieurs brevets nationaux. Ces deux faits
expliquent, probablement, beaucoup de son succès. On verra plus loin, lorsque
les données quantitatives seront présentées, ce qu’il en est (cf. chapitre III).
2. Le brevet communautaire
La convention de Luxembourg, signée le 15 décembre 197553, a eu comme
ambition d’instituer un droit des brevets unitaire, de manière à ce que un brevet
européen produise les mêmes effets dans l’ensemble des Etats de la communauté.
Pour certains commentateurs, la convention de Luxembourg était beaucoup plus
ambitieuse dans son objectif que celle de Munich en ce qu’elle prévoyait
notamment :
- l’interdiction de cloisonner le marché européen en marchés nationaux,
les produits protégés pouvant circuler librement sur l’ensemble du
territoire communautaire ;
- la possibilité de limiter, par un système de licences obligatoires,
l’exclusivité d’exploitation conférée par la délivrance du brevet
européen ;
- l’institution d’un tribunal commun.
En bref, le brevet communautaire, ayant « pour caractéristiques
fondamentales l’unicité et l’autonomie est régi complètement par la loi
européenne »54.
Evoqué aux articles L. 614.25 à 30 du CPI, le brevet communautaire n’a
pas eu le succès que les signataires de la convention le créant, espéraient, loin
s’en faut.
Le système européen des brevets est partie au système international.
La convention sur le brevet européen constitue un arrangement particulier
au sens de la convention de Paris ainsi qu’un traité régional au sens du « PCT ».
Dans ces conditions, les brevets européens peuvent être délivrés sur la base d’une
demande internationale. Il est, dès lors, possible d’obtenir un brevet européen par
la voie « PCT ».
Lorsque le demandeur souhaite obtenir le brevet européen pour des Etats
membres du « PCT », il a le choix entre les voies européenne et « euro-PCT ».
Dans ce cas, l’OEB assure les fonctions d’office récepteur et élu ainsi que les
tâches administratives. Son activité est régie par les dispositions du PCT, lors de
la première phase (dite internationale). Dans la seconde étape, dite régionale,
l’OEB est régi par les dispositions de la convention de Munich.
53
Complétée par l’accord du 15 décembre 1989 de Luxembourg.
54
A. Chavanne, J-J. Burst - op.cit
II- 68
• au plan national :
- la ratification par certains Etats membres de la
convention du brevet communautaire, permettant l’entrée en vigueur de celle-ci, qui n’a toujours
pas eu lieu en dépit de l’accord intervenu en 1989 ;
- l’encouragement à l’utilisation des modèles
d’utilité par les PME et une meilleure sensibilisation des entreprises ;
- le support aux entrepreneurs pour définir une
stratégie en matière de protection intellectuelle et industrielle, ainsi que d’acquisition ou de
cession de licences ;
- les moyens d’une assistance renforcée aux
entrepreneurs et instituts de recherche pour lutter contre des piratages et des contrefaçons ;
- le renforcement de l’enseignement sur la
propriété intellectuelle et industrielle dans les formations suivies par les futurs chercheurs,
ingénieurs et gestionnaires d’entreprises.
• au niveau communautaire et international :
- la poursuite de l’effort d’harmonisation des
systèmes de propriété intellectuelle, en particulier dans le domaine des sciences du vivant, des
techniques liés aux logiciels, des télécommunications (société de l’information) et des modèles
d’utilité ;
- le renforcement des instruments de lutte contre
les contrefaçons ;
- la promotion des services d’information sur les
brevets comme méthode de veille technologique en s’appuyant, notamment, sur le système
d’information mis en place par l’Office Européen des Brevets. »
____________________
1 - Le premier rapport européen sur les indicateurs de R&D indique par exemple, que le nombre de brevets par
rapport aux dépenses de R&D est respectivement sept et trois fois plus élevé dans les produits métalliques et
les instruments, comparé à la moyenne du secteur manufacturier. En revanche, dans l’automobile et
l’aérospatial, ce même ratio est respectivement trois et quinze fois inférieur à la propension moyenne à
breveter. Ces données confirment que la diversité de propension à breveter et selon les secteurs, exprime
moins la productivité de R&D que l’opinion des innovateurs quant à l’inefficacité des brevets pour prévenir
l’imitation.
2 - La délivrance et le maintien en vigueur d’un seul brevet européen sur le territoire des quinze Etats membres
de l’Union et pour la période maximale de protection revient, en ce qui concerne les seules taxes officielles, à
environ 35 000 ECU, alors qu’aux Etats-Unis, le coût total n’est que de 7 500 $ soit environ six fois moins,
pour une protection comparable. En 1994, l’industrie européenne a dû dépenser, pour les seules obtentions et
maintien de la protection par brevet en Europe, environ 1,8 Milliard d’Ecus, un montant d’un ordre de
grandeur comparable étant consacré à la défense des droits conférés par le brevet, en matière judiciaire ou
extra judiciaire.
3 - C’est une des raisons pour lesquelles la commission a élaboré un livre vert sur « les modèles d’utilité »,
forme de protection des inventions techniques qui est particulièrement bien adaptée aux PME.
55
commission des Communautés européennes : 20 novembre 1996 doc. COM (96) 589 final.
56
commission doc op. cit. page 13.
II- 70
57
commission des Communautés européennes : Premier plan d’action pour l’innovation en Europe
(COM 96) 589 final page 31.
II- 72
58
Cf, notamment, J. Repussard. Les normes techniques au service de la construction européenne.
Revue du Marché commun n°396 - mars 1996.
59
Le CEN est une association internationale de droit belge à but non lucratif et à caractère
scientifique et technique. Fixé d’abord à Paris, il a déménagé son siège à Bruxelles en 1975.
60
Pour plus de détails sur les membres associés et plus généralement sur les organismes techniques
de normalisation cf. F. Nicolas op. cit. p. 28 et sq.
61
La normalisation européenne dans ce domaine précis de l’électricité est plus ancienne. Elle débuta
avec le CENELCOM (organe uniquement composé de membres du « marché commun ») puis du
CENEL ouvert aux représentants de l’AELE.
II- 73
62
Cf., notamment, S. Lecrenier. Vers l’achèvement du marché intérieur : l’évolution des procédures
de contrôle prévues par la directive 83/189/CEE depuis quatre ans. Revue du marché commun
n°315, mars 1988
II- 75
63
Résolution du Conseil du 7 mai 1985 - 85/6136/01.
64
E. Soyez - La normalisation ou l’Europe des marchandises Administration n° 158 - Janvier-Mars
1993.
II- 76
Les quatre directives que nous venons d’évoquer supposent l’existence d’un
nombre très important de normes. 210 projets de normes ont été ou sont en voie
de réalisation pour la directive « basse tension », six pour la directive « jouets »,
166 pour la directive « machines », 244 pour la directive « Equipements de
protection individuelle (EPI) »65. Précisons qu’un nombre non négligeable de
textes normatifs existe déjà, et que les directives ont fait ou font l’objet d’une
transposition dans le droit interne.
2.3. Les derniers développements : les livres verts
En 1990, la commission rédigeait un livre vert concernant le
développement de la normalisation européenne66. Ce document acte de foi de la
commission contient quelques formules « chocs », comme l’affirmation selon
laquelle les normes européennes engendrent un espace économique commun,
tandis que les normes nationales cloisonnent les marchés. Cette approche,
bruxelloise, assez réductrice ne va pas sans poser quelques problèmes, dans la
mesure où elle ne tient pas compte du rôle de la normalisation nationale comme
élément de la dynamique normative européenne. Elle fait, également, peu de cas,
du principe de subsidiarité qui pourrait dans le cas précis de la « nouvelle
approche » être invoqué.
Le livre vert poursuivait un triple objectif :
- attirer l’attention sur la signification stratégique de la normalisation
européenne pour la réalisation du marché intérieur ;
- accélérer l’adoption des normes européennes ;
- stimuler le débat sur le thème de savoir comment assurer un
dynamisme et une stabilité à long terme à la normalisation
européenne.
Ayant dressé un constat contrasté de la situation, en dépit de l’accélération
donnée par l’adoption de la nouvelle approche et le rôle accru dévolu aux
organisations normatives européennes, la commission en vient aux « défis » qui
se posent à la normalisation européenne à la veille de l’entrée en vigueur du
marché unique.
Cette partie centrale est intéressante à plus d’un titre. Elle débute par un
rappel particulièrement utile : une normalisation efficace dépend de la motivation
et de l’engagement des utilisateurs de normes. Celles-ci sont devenues trop
importantes pour rester du domaine exclusif des experts techniques. Ayant une
influence décisive sur la structure technologique du marché européen tout entier,
le travail d’élaboration des normes devrait voir une implication permanente et
pertinente des entreprises (on pourrait y ajouter celle des représentants des
salariés et des consommateurs).
65
A titre d’exemple, la directive « équipements de protection individuelle » au 1er janvier 1996
avait « suscité » l’élaboration par sept comités techniques de 110 normes sur les 244 sujets sur
lesquels la commission a officiellement demandé au CEN de travailler. Avant cette directive le
nombre de normes prises sur le sujet était d’un par an en moyenne. Depuis 1989, le rythme est
passé à dix huit annuellement.
66
Communication de la commission concernant le développement de la normalisation européenne -
action pour une intégration technologique plus rapide en Europe. JO CE 28/01/1991.
II- 79
67
Communication de la commission - op. cit.
II- 80
CHAPITRE III
A - LA FRANCE
1. Le nombre de brevets
En 1995, 89 753 demandes de protection sur le territoire français ont été
déposées auprès de l’Institut national de la propriété industrielle. Ce chiffre est en
hausse constante depuis plusieurs années. Cependant, le tableau ci-dessous
permet de constater que le nombre de demandes de brevets français est en légère
baisse par rapport à 1994 (- 0,9 %) et que celui relatif aux demandes de brevet
européen avec désignation de la France est en baisse constante depuis 1990, alors
que le nombre de demandes PCT (cf. chapitre II) avec désignation de la France
connaît une progression importante et continue : + 11,7 % en 1993, + 19,2 % en
1994, + 14,4 % en 1995.
Fig. 3 : Demandes de brevets en France
Evolution
Demandes de brevets en 1991 1992 1993 1994 1995 en %
France 1995/1994
Brevet national
Demandes d’origine française .... 12 597 12 539 12 638 12 514 12 419 - 0,8
Demandes d’origine étrangère.... 3 908 3 547 3 402 3 525 3 477 - 1,4
Total .......................................... 16 505 16 086 16 040 16 039 15 896 - 0,9
Demandes internationales
Demandes européennes
désignant la France*................... 41 335 41 307 38 555 37 414 36 321 - 2,9
Demandes PCT désignant la
France**..................................... 21 180 24 637 27 520 32 814 37 536 + 14,4
Total .......................................... 62 515 65 944 66 075 70 228 73 857 + 5,2
Total général............................. 79 020 82 030 82 115 86 267 89 753 +4
NB : Le traité PCT se décline en deux versions, « PCT 1 » et « PCT 2 » (cf. plus haut).
Source : INPI - février 1997.
Une fois les brevets délivrés, ils peuvent être inscrits au registre national
des brevets, en ce qui concerne les actes relatifs à la transmission, la concession
ou la modification des droits qui leur sont attachés.
Les inscriptions sont effectuées à la demande des titulaires de ces droits, ou
d’office par l’INPI.
Fig. 5 : Inscriptions au registre national des brevets
Evolution
Brevets 1991 1992 1993 1994 1995 (en %)
1995/1994
Inscriptions sur requête .. 7 458 8 638 7 719 7 348 8 480 + 15
Inscriptions d’office ....... 1 832 1 365 2 476 1 371 2 152 + 56
Total .............................. 9 290 10 003 10 195 8 719 10 632 + 22
Source : INPI.
Source : INPI.
Les données, plus larges, regroupées par l’OCDE dans l’édition 1995 des
« Statistiques de base de la science et de la technologie », permettent également
de se faire une idée plus précise de la situation. Le graphique ci-après retrace
l’évolution des demandes de brevets en France, depuis 1975.
Fig. 7 : Nombre de demandes de brevets déposées
Source : INSEE.
68
INSEE, Economie et Statistique, n°275-276, 1994.
II- 87
69
Utilisation de la protection par brevet en Europe. Enquête représentative réalisée pour le compte
de l’Office européen des brevets, EPOScript, collection publiée par l’OEB, volume 3, 1994.
II- 88
Ces résultats sont très proches de la moyenne calculée sur l’ensemble des
pays membres de l’OEB.
Fig. 11 : Répartition théorique des entreprises européennes
selon le degré de recours au brevet
Dans ce cadre, les travaux menés sous la direction de Mme Isabelle Kabla
et de Monsieur Jean-Paul François70 autorisent à procéder à un certain nombre de
constats.
2.1. Quelles entreprises françaises déposent des brevets ?
Première constatation, les sociétés commerciales représentent 97 % des
entreprises déposantes et 91 % des brevets déposés par des personnes morales.
En conséquence, les brevets provenant de la recherche publique ou
collective sont peu nombreux (10 % des dépôts, dont 1 % co-déposé avec le
secteur privé), de même que ceux initiés par les établissements publics ou Régies
faisant de la recherche (5 % des dépôts). Les 2 % restants sont le fait
d’organismes tels les centres techniques ou les chambres de commerce.
Pour nombre d’activité des organismes publics de recherche, « le brevet
n’est pas forcément la solution évidente » car « tout ce qui est concept n’est pas
brevetable », pour reprendre les termes employés lors de son audition devant la
section par Monsieur Tinet, directeur de la mission des relations avec les
entreprises au centre national de la recherche scientifique (CNRS). De fait, il
n’est pas anormal que toutes les activités relevant de la recherche fondamentale
ou conceptuelle ne donnent pas lieu à des dépôts de brevets, ce qui explique,
pour une grande part, leur faible nombre dans la recherche publique ou
collective.
Cela étant, des évolutions sont en cours, les établissements publics
cherchant de plus en plus à travailler avec les entreprises, tout au moins pour une
partie de leurs activités. Ainsi, comme le soulignait encore Monsieur Tinet, le
CNRS avait signé, en 1994, 3 800 contrats de recherche avec des entreprises,
contre 350 en 1982.
En conséquence, les inventions mises au point par le CNRS conduisent, par
ordre d’importance, à des brevets pris par les industriels, à des brevets en pleine
propriété CNRS et enfin à des brevets en copropriété (avec des universités,
l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), l’Institut
national de la recherche scientifique (INRA)...organismes avec lesquels le CNRS
dispose de laboratoires communs).
Selon l’enquête appropriation technologique menée par le service d’études
et de la statistique du ministère de l’industrie sur la période 1990/1992, seules
8 % des entreprises françaises brevetteraient systématiquement leurs innovations,
c’est à dire avaient recours à un dépôt de brevet pour au moins 80 % de leurs
innovations.
A contrario 57 % des sociétés ayant déposé un brevet déclarent avoir utilisé
cette procédure pour moins de 20 % de leurs innovations.
La taille des entreprises a une influence certaine sur leur capacité à déposer
des brevets. Les firmes de plus de 1 000 salariés sont à l’origine de plus des deux
tiers des dépôts de brevets européens. A peine cent entreprises (soit moins de
70
Cf. étude de l’Insee précitée. Enquête portant sur les entreprises de vingt salariés et plus, exerçant
leur activité principale dans l’industrie (y compris énergie et industries agro-alimentaires).
II- 91
Concernant le fait que seuls 40 % des brevets, déposés par une entreprise
française, désignent la France, il convient de rappeler que plus de 90 % des
brevets revendiquent une priorité française et que l’invention est, de ce fait,
automatiquement protégée en France.
II- 92
Source : OEB.
II- 94
Source : OEB.
Source : OST.
Source : OST.
Source : OEB.
II- 97
4. Les entreprises
Il existe peu de statistiques disponibles fiables, relatives aux entreprises
déposantes de brevets européens. Les travaux de l’OST permettent, de dresser
néanmoins, un certain nombre de constats généraux qu’il est intéressant de
rappeler.
En 1992, 42,2 % des brevets européens concernaient des inventions mises
au point dans des laboratoires situés sur le territoire de l’Union européenne.
Cependant, les pays membres n’en contrôlent que 40,5 %.
Concrètement, cela signifie que les entreprises multinationales non
originaires de l’Union européenne contrôlent une plus grande part d’activité au
sein de l’Union que ne le font leurs homologues européennes hors des frontières
de l’Union.
Ce constat global ne doit pas masquer les situations contrastées, observées
pays par pays. Ainsi, en France la situation est assez équilibrée (autant
d’entreprises étrangères en France que d’entreprises françaises à l’étranger), alors
que l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie accueillent sensiblement plus
d’entreprises étrangères, tandis qu’aux Pays-Bas, en Suède ou en Finlande, cette
présence étrangère est moindre.
Source : OCDE.
Source : OCDE.
II- 99
D - ESSAIS DE COMPARAISON
Les statistiques de l’OMPI permettent de mesurer, en valeur absolue, le
poids respectif des principaux pays déposants. Le (ou les) graphique(s) ci-après
reprennent ces statistiques.
Fig. 24 : Les demandes de brevets déposées par les ressortissants dans les
principaux de l'OCDE
Source : OMPI.
II- 100
Fig. 25 : Les demandes de brevet par les ressortissants des principaux pays
européens et asiatiques
Source : OMPI.
Source : OST.
Il est donc clair que trois zones sont à l’origine de la très grande majorité,
pour ne pas dire la quasi-totalité, des dépôts de brevets dans le monde.
Si l’on met en regard ce graphique avec le suivant, relatif à la part des
dépenses intérieures de recherche et développement de chacune de ces zones par
rapport au total mondial, on ne peut qu’être frappé par le parallélisme.
Incontestablement, il existe une relation directe entre l’effort de recherche et
développement et dépôts de brevets, même si les travaux scientifiques existants
n’ont pas encore permis de la qualifier.
Fig. 28 : Part de Dépense intérieure de recherche/développement (DIRD)
(en %) par zones (selon l'origine)
Source : OST.
II- 102
1. En termes quantitatifs
Globalement, les pays-membres de l’Union européenne déposent 45,6 %
des brevets valables sur le grand marché intérieur, contre 28,1 % pour les USA et
19,7 % pour le Japon.
Sur la période étudiée (1987-1993), l’UE a perdu 9 % de parts de brevets
tandis que les Etats-Unis progressaient de 6 % et le Japon de 22 %.
Les nouveaux pays industriels d’Asie ne déposent que 0,6 % de ces brevets
mais, si l’on se réfère à une base 100 pour 1987, cela représente, en 1993, un
indice de 290. Ces pays ont donc multiplié leur part pratiquement par trois en
sept ans...
Sur le brevet américain, les Etats-Unis sont à l’origine de 48,7 % des
demandes, le Japon représentant 25 % et l’Union européenne 18,6 %.
En évolution, la part américaine augmente de 5 %, celle du Japon de 11 %,
alors que celle de l’Union baisse de 24 %.
Là encore, on observe une forte augmentation pour les nouveaux pays
industriels d’Asie : ils ont multiplié leur part par 1,9 et représentent 1,3 % du
total.
Si l’on se réfère à l’indice de densité technologique (nombre de brevets,
européens ou américains, par rapport au PIB), les principaux résultats sont les
suivants.
Fig. 29 : Densités technologiques par rapport au PIB
Brevet Brevet
Pays ou zones
européen américain
Union européenne ............................................... 178 73
Association européenne de libre échange............ 337 157
Europe centrale et orientale ................................. 34 16
Israël.................................................................... 151 146
Afrique sub-saharienne........................................ 14 11
Etats-Unis ............................................................ 115 200
Canada................................................................. 42 103
Australie-Nouvelle-Zélande ................................ 47 38
Japon ................................................................... 198 251
Communauté des Etats indépendants .................. 6 4
Nouveaux pays industrialisés d'Asie.................... 18 71
Chine ................................................................... ns ns
Inde...................................................................... ns ns
Autres pays d'Asie et d'Extrême-Orient ............... ns ns
Afrique du nord ................................................... ns ns
Amérique latine ................................................... ns ns
Moyen et Proche-Orient ...................................... ns ns
Monde ................................................................. 100 100
Source : OST.
II- 103
2. En termes qualitatifs
2.1. Sur le brevet européen
Si l’Union européenne affiche d’excellents résultats dans les domaines
technologiques de la consommation des ménages/BTP (63,9 % des brevets
européens déposés) ou ceux de la machine-mécaniques- transport (57,8 %), elle
est beaucoup plus faible concernant électronique-électricité (35,2 %) ou
l’instrumentation (37,9 %). Concernant ces derniers secteurs, la part de l’UE est
similaire à celle du Japon et des Etats-Unis.
Suivant l’analyse par secteurs industriels, l’Union européenne a une
position forte dans les transports terrestres (64,4 %), les secteurs intensifs en
main d’oeuvre (58 %) et l’aérospatial (57,5 %). Elle est dominée dans
l’électronique - où elle représente 29,3 % - tant par le Japon (33,9 %) que par les
Etats-Unis (33 %). Enfin, elle est fortement concurrencée par les USA sur la
pharmacie (40,8 % contre 35,7 %) et la chimie (42,5 % contre 32,2 %).
2.2. Sur le brevet américain
Sur l’ensemble des secteurs technologiques étudiés, on constate
l’homogénéité et la puissance des positions américaines qui vont de 45,4 %
(machine-mécaniques - transports) à 51 % (consommation des ménages/BTP).
Cela étant, le Japon tire son épingle du jeu, notamment en ce qui concerne
l’électronique-électricité (35,4 %) et l’instrumentation (28 %).
Par contre, l’Union européenne est un peu en retrait ; ses meilleurs résultats
sont enregistrés dans les domaines de la chimie-pharmacie (23,2 %) et des
machine-mécaniques - transports (23,6 %).
Les Etats-Unis restent maîtres chez eux pour tous les secteurs industriels
étudiés mais certains constats méritent d’être faits. Ainsi, l’Union européenne
occupe une position sensiblement plus favorable dans l’aérospatial (25,8 %
contre 66,4 % pour les USA) ou la pharmacie (25,7 % contre 51,6 %). De son
côté, le Japon concurrence les Américains dans l’électronique (39,3 % contre
45,6 %) et les transports terrestres (30,4 %).
3. En termes de flux
Un article d’Ulrich Schmoch de l’Institut Fraunhofer pour la recherche sur
les systèmes et l’innovation de Karlsruhe, relatif à la stratégie des entreprises
multinationales en matières de brevets, fondé sur l’exemple des constructeurs
II- 104
Source : OCDE.
1. Le niveau international
L’ISO comptait en 1996, les principaux organismes de normalisation de
117 pays. Près de 30 000 personnes participent aux travaux de l’ISO, chiffre
auquel il faut ajouter environ 50 000 personnes employées par d’autres
organisations et qui travaillent pour les membres de l’ISO. Au total, ce sont
quelque 80 000 personnes qui, dans le monde, oeuvrent, peu ou prou, à la
normalisation de l’ISO72. Ensemble, les membres de l’ISO, ont publié quelque
550 000 normes nationales ou internationales.
Les dépenses de fonctionnement de l’ISO, c’est-à-dire pour ses travaux,
étaient, pour l’année 1996 (dernière année connue) de l’ordre de 150 millions de
francs suisses. Le budget se décompose ainsi :
- 69 % pour l’élaboration des normes et publications ;
- 13 % pour les services de soutien aux utilisateurs ;
- 11 % ventes et marketing des publications ;
- 7 % services aux membres.
Les dépenses réelles de l’ISO pour l’année 1995 font apparaître une
répartition identique (ou quasi identique) entre les quatre postes. Cependant, la
72
Le nombre est à rapprocher de celui, évoqué par M. Georges Ferré, dans un article intitulé : La
normalisation de l’informatique et ses enjeux économiques, dans lequel l’auteur indique que, par
recoupements, à la fin de la décennie 1980 on pouvait estimer à 150 000, le nombre total
d’experts qui participent, de par le monde, à l’effort de normalisation. cf. Courrier de l’OCDE n°
164 juin/juillet 1990.
II- 106
part réservée aux actions de soutien aux utilisateurs dépasse 15 % du total des
dépenses.
Le financement de l’organisation, c’est-à-dire, d’une part celui des activités
du secrétariat central et, d’autre part des travaux techniques réalisés dans les
secrétariats techniques, est assuré pour le premier par les cotisations des membres
(70 %) et les recettes de la vente des normes et autres publications (30 %).
Chaque comité membre verse sa cotisation selon un barème de points. Le nombre
de points de cotisation est calculé en fonction des indicateurs économiques du
PNB et de la valeur des exportations et importations du pays.
Les dépenses de fonctionnement des secrétariats techniques sont prises en
charge par le comité membre titulaire dudit secrétariat. Les dépenses de
fonctionnement du secrétariat central représentent environ 20 % du total des
dépenses (soit pour l’année 1995 une somme de l’ordre de 29,5 millions de
francs suisses)73.
Il est intéressant d’observer l’évolution des recettes des ventes des normes
et autres documents. Elles ont tendance à croître assez sensiblement. Ainsi, sur la
période 1991-1995, elles ont presque doublé (en francs suisses courants), de plus
de 5 millions de francs suisses à 10,3 millions en 1995, dont 6,6 millions pour la
vente des normes sous forme d’imprimés et 2,8 millions provenant des droits de
reproduction.
1.1. La structuration interne de l’ISO
Le nombre des comités techniques a cru. Il était, au milieu de la décennie
1980 à 160. Fin 1996, il était de 184.
Sur la décennie, les organismes de normalisation allemand, français et
britannique : le DIN, l’AFNOR et la BSI, assurent à peu près soixante-dix
secrétariats de comités techniques.
Fig. 31 : Comités techniques de l'ISO et secrétariats
Années TC Secrétariats
AFNOR DIN BSI AUTRES
1987 164 27 26 23 88
1988 166 24 27 22 93
1989 168 23 28 22 95
1990 171 23 29 21 98
1991 176 23 29 21 103
1992 178 21 31 22 104
1993 152 19 31 23 109
1994 184 17 32 22 113
1995 185 18 32 22 113
1996 184 17 31 21 115
Source : ISO.
73
dont 18,4 millions de francs suisses versés au titre des cotisations des marchés.
II- 107
que si le DIN améliore ses positions que si la BSI se maintient, vaille que vaille,
l’AFNOR a perdu dix secrétariats en dix ans.
Au 31 décembre 1996, la répartition était la suivante, en ce qui concerne les
secrétariats des diverses structures.
Fig. 32 : Secrétariats des comités techniques(TC), sous-comités (SC),
groupes de travail (GT)
Organismes TC SC GT Total
DIN (RFA) ................................. 31 114 377 522
ANSI (USA)............................... 30 90 397 517
BSI (GB) .................................... 20 94 335 449
AFNOR (France)........................ 18 67 192 277
SIS (Suède) ................................ 13 20 90 123
JISC (Japon)............................... 7 20 69 96
NNI (PB).................................... 7 15 63 85
SCC (Canada) ............................ 7 13 64 84
UNI (Italie) ................................ 1 16 37 54
Autres......................................... ... ... ... ...
Total........................................... 184 577 1 961 2 721
Source : ISO.
2. Le niveau régional
Le CEN regroupait, en 1996, dix-neuf pays membres, représentés par leur
organisme de normalisation auxquels s’ajoutent six membres associés et quatorze
pays affiliés. Au total, hors Serbie, Malte et les républiques issues de l’ex URSS,
non compris les trois Etats baltes, tous les pays d’Europe sont représentés au
CEN.
Les ressources de l’institution sont, pour partie, exprimées en cotisation des
membres et des associés. Les recettes du CEN, en 1995, étaient assurées, à plus
de 40 % par les cotisations des membres, et à 41 % par des contributions de
l’Union européenne à l’effort de normalisation. Les ventes représentaient 6 % des
ressources. L’AELE versait également une certaine quote part. Les versements
faits par l’Union et l’AELE pour la normalisation dans les pays tiers,
représentaient 8 % des recettes de l’année.
II- 110
Source : CEN.
3. Le niveau national
L’activité normalisatrice nationale est aussi intense.
3.1. Le budget de l’AFNOR et le coût de la normalisation
L’AFNOR compte 5 000 membres et emploie 600 salariés. Cependant le
nombre de personnes qui élaborent les projets de normes en France est plus
important. Au niveau institutionnel de l’AFNOR et des trente bureaux de
normalisation, ce sont environ 1 000 personnes. Si l’on y ajoute les experts de
tout genre, on atteint le nombre de 30 000 personnes participant à l’activité
normative. Il est à comparer avec celui, estimé, pour la RFA : 50 000.
Le budget de l’AFNOR comprend une subvention de l’Etat et des
ressources propres, alimentées par les cotisations des adhérents, les ventes, les
prestations diverses.
Jusqu’en 1977, l’AFNOR était financée, essentiellement, par une taxe
parafiscale : le centime additionnel pour la normalisation. Après la suppression
de la patente et l’institution de la taxe professionnelle, le centime additionnel
ayant été supprimé, l’association a reçu une subvention directe de l’Etat,
négociée annuellement74.
Ce budget a évolué comme suit sur la décennie passée.
74
L’horizon 2000 pour le système français de normalisation « rapport sur l’amélioration de
l’efficacité du système normatif ». AFNOR - Enjeux - janvier 1994.
II- 114
La part des cotisations dans la ressource n’est jamais très élevée. Par
contre, la subvention de l’Etat représentait le tiers de la dotation initiale de
l’AFNOR, en début de période. Elle a sensiblement baissé en valeur relative
(même si, en valeur absolue la tendance à la croissance s’observe jusqu’en 1994).
Elle ne représente plus pour l’année 1996 et dans le budget de 1997 que de
l’ordre de 20 % du budget de l’association. Cette baisse doit s’analyser davantage
comme la volonté de parvenir à une gestion plus économique de l’activité de
normalisation dans notre pays (à l’instar de la situation chez nos principaux
partenaires où les normes sont vendues et non photocopiées) que comme une
marque de désengagement à l’égard de la norme dont le caractère commercial est
ainsi reconnu.
La part des cotisations étant presque de l’ordre du symbole, celle de la
subvention de l’Etat étant en baisse, mais l’ensemble du budget étant en
croissance, les ressources de l’AFNOR sont, dès lors, davantage alimentées par
les activités commerciales : ventes de normes et ouvrages techniques, sur
supports papier ou autres (particulièrement CD-ROM). Ces ventes représentent
plus du quart des recettes du budget ; prestations de services (près de 40 % des
recettes) ; la certification (environ 7 %) ; activités de formation-conseil,
assistance (aux pays en développement et d’Europe centrale et orientale).
A ce propos, on notera deux faits. D’une part, le marché de la formation
évolue vers des sessions plus courtes et mieux ciblées. Cette constatation n’est
pas, en elle-même, négative. Cependant, l’une des causes en serait l’adaptation
aux restrictions budgétaires des entreprises sur le poste normalisation, ce qui est
plutôt préoccupant dans la mesure où cela témoigne d’une vision obérant le
moyen-long terme quant à l’importance du principe de la normalisation dans les
relations économiques et commerciales ; l’autre cause serait l’absence de
disponibilité des ingénieurs et des cadres.
D’autre part, concernant l’assistance et la coopération internationales, on
note l’importance prise par des actions à destination des pays de l’Europe
centrale et orientale. Il faut y voir là, la part de l’AFNOR dans l’effort conduit
par l’Union Européenne depuis quelques années, pour aider à la mise à niveau de
ces pays.
II- 115
1995. C’est-à-dire qu’en dix-huit ans, leur nombre a plus que doublé, même si, en
pourcentage l’augmentation n’est que de un point. Au total, on notera une
répartition moins inégalitaire des normes selon les secteurs, tout au moins en
valeur relative.
Il n’en demeure pas moins que les secteurs purement tertiaires ne croissent
pas autant que leur part dans l’ensemble de l’économie.
Fig. 44 : Comparaison du catalogue AFNOR (1946-1995)
(classement technologique)
1946 1979 1995
Classe Nombre Nombre Nombre
% de % de % de
normes normes normes
au au au
catalogue catalogue catalogue
A) Métallurgie .............................. 10 244 9,5 1 004 8,2 1 574
B) Carrière, etc. ............................ 5,2 128 3,3 345 2,5 481
C) Electricité ................................ 4 99 8,0 855 13 2 496
D) Econ. dom., etc........................ 5,6 138 2,3 243 1,6 316
E) Mécanique ............................... 29,7 729 14,3 1517 12,5 2 399
F) Chemins de fer ........................... 5,6 138 3,8 400 3,8 736
G) Textiles, cuirs ............................ 0,6 15 4,6 483 2,9 574
H) Emballage, etc. .......................... 0,9 21 2,8 296 1,7 333
J) Constructions navales................. 9,4 231 4,1 434 1,9 361
K) Banque, etc................................ 2,2 54 0,3 34 0,3 55
L) Aéronautique ............................. 0,2 6 6,6 703 7,6 1 453
M) Combustibles ............................ 1,3 30 3,3 348 2,2 432
P) Bâtiment, génie civil .................. 6,1 150 3,7 387 6,5 1 237
Q) Papiers, etc. ............................... 2,5 62 1,4 146 1,2 235
R) Automobile, etc. ........................ 9,8 239 3,7 396 2,7 513
S) Industries diverses...................... 1,3 31 5,2 548 5,2 998
T) Industries chimiques .................. 3,0 73 13,2 1 407 12,3 2 351
U) Matières premières agricoles ..... 0,7 16 1,9 197 1,9 375
V) Produits agriculture ................... 0,2 6 3,5 366 3,1 589
X) Normes fondamentales .............. 0,1 5 3,0 313 4,3 816
Z) Administrations, etc................... 1,6 39 1,5 158 4,3 825
TOTAL.......................................... 100 2 454 100 10 580 100 1 950
Source : AFNOR.
Ainsi, ni le commerce dont les origines sont pourtant aussi anciennes que
celles de l’industrie, ni les services dont la vocation universelle est plus
qu’affirmée n’ont véritablement été abordés par la normalisation avant une
période récente.
Comme le souligne Laurent Maruani75, « la tendance contemporaine et
forte, à vouloir normaliser la prestation de services est issue de deux courants :
... le premier s’inscrit dans une évolution de nos économies dans lesquelles
l’immatériel prend une part relative croissante dans la production et la
consommation... le deuxième est marqué par une réflexion managériale assez
ouverte, dans laquelle les critères classiques de profit et de chiffres d’affaires font
désormais place à des notions de qualité de la prestation, de fidélisation du
75
Laurent Maruani - La normalisation au service de la compétitivité commerciale rapport au
Ministre du commerce, de l’artisanat et du tourisme - 1986 et : Normaliser pour dynamiser la
gestion des services - Revue française de gestion n° 106 op. cit.
II- 119
client... retrouvant par là même des valeurs reconnues dans les industries
traditionnelles, mais adaptées aux marchés actuels, plus internationaux, plus
consuméristes... ».
La normalisation des services revêt une importance certaine lorsqu’on sait
que l’accord de Marrakech comprend un accord général sur le commerce des
services (AGCS ou GATS) dont l’article VI fait référence explicitement aux
normes.
Dès lors, non seulement le secteur du commerce, mais celui plus vaste des
services : du tertiaire marchand, est abordé par la normalisation.
Dans le strict domaine commercial, plusieurs catégories de normes
concernent directement le secteur. En premier lieu, naturellement, celles qui se
rapportent à la qualité des produits, au conditionnement, à l’emballage ainsi que
celles visant la réparabilité et les services après-vente. En deuxième analyse, les
normes traitant des moyens de production utilisés par les commerces : procédés
de conservation, la manutention... Enfin, celles que M. Maruani, dans son rapport
évoqué plus haut, nomme de qualification technique et d’organisation
contractuelle des commerces.
Si, comme le remarque l’auteur, les deux premiers types de normes
ressortissent à la vision traditionnelle de la normalisation, le troisième fait
davantage référence aux sciences de l’organisation. Il notait, également, que dans
le domaine des produits, la normalisation existante était, probablement,
d’inspiration trop industrielle pour être parfaitement admise par les
professionnels de la distribution ; ces professionnels ayant été, de surcroît, trop
peu associés à l’élaboration des normes.
On notera, avec intérêt que la normalisation des méthodes commerciales
apparaît, selon le rapport, particulièrement bien adaptée là ou la vente n’est pas
assistée, c’est-à-dire s’effectue sans la médiatisation d’un vendeur : VPC, libre-
service... La normalisation/produit varie d’intérêt selon les secteurs. L’exemple
des entreprises de la filière du bricolage et de la jardinerie qui référencient
plusieurs dizaines de milliers de produits est, à cet égard, éclairant.
La normalisation sur les conditionnements et emballages est d’importance
en ce qu’elle influence l’organisation même du travail : manutention, transport,
conditionnement, livraison, expédition... Celle relative aux capacités de
réparabilité, de services après-vente, concerne, particulièrement, les secteurs qui
commercialisent certains types d’appareils ménagers, tout comme celle relative
aux procédés de conservation intéresse, essentiellement, la commercialisation des
denrées et produits périssables. De la même manière, la normalisation des
systèmes de transferts qui intéresse tous les secteurs, est essentielle pour les
filières commercialisant des produits périssables, mais aussi celles requérant une
intense manipulation/manutention. Enfin, la normalisation logistique qui
approche l’organisation de l’entreprise est encore trop peu développée, alors
qu’un vaste champ lui est, potentiellement ouvert, dans le secteur du commerce,
tant de détail que de gros.
Un rapide survol, à titre d’exemple, des collections normatives du CEN,
montre un développement des normes liées au commerce ; particulièrement dans
II- 120
76
Cf. notamment F. Ferré. Les TI, la normalisation et les utilisateurs - L’observateur de l’OCDE n°
189 - 08/09/1994.
II- 121
77
La dimension économique des normes en matière de technologies de l’information - Les éditions
de l’OCDE 1991.
78
Sur l’historique de la stratégie de normalisation dans le domaine de l’information. cf. E. de
Robien - Revue d’économie industrielle n° 39 - 1er trimestre 1987 pages 220 et sq.
II- 122
II- 123
TITRE II
gains de productivité qui peuvent se traduire, selon les décisions prises pour leur
répartition, en diminution ou en création d’emplois liées à l’accroissement des
capacités d’investissement productif ou à l’augmentation de la consommation
permise par la diminution des prix de vente et par l’augmentation du pouvoir
d’achat des salariés (et de l’ensemble de la population).
L’extension des marchés, permise par la norme, constitue un facteur
favorable à l’emploi. Il s’agit d’un facteur potentiel qui, pour produire des effets,
doit être associé à d’autres, bien connus des acteurs économiques et notamment
la création de produits conformes à la norme, répondant à une demande solvable
et/ou solvabilisée.
Enfin, par rapport à ces deux fonctions techniques, la fonction juridique de
la norme renvoie également à la décision stratégique de deux manières
différentes selon les acteurs concernés.
En effet, la norme peut relever de deux formes de statut selon la décision
incombant soit aux Etats, soit aux unions d’Etats :
- un statut d’application volontaire ou contractuelle, selon la libre
détermination des parties privées ou publiques ;
- un statut juridique d’obligation légale ou réglementaire qui s’impose à
toutes les parties.
Ces choix stratégiques sur le statut des normes ont-ils un impact sur
l’emploi ? Comment et lequel ?
La nouvelle approche européenne en matière de normalisation, choix
stratégique effectué en 1985, modifie sensiblement le rôle de la norme en lui
conférant, en quelque sorte, une qualité d’élément du droit positif.
Dans ce cadre de référence, les entreprises qui maîtrisent les normes
disposent d’un avantage compétitif relatif. Celles a contrario qui ne les maîtrisent
pas risquent de se trouver hors jeu et donc de perdre des marchés et, à terme,
leurs emplois.
En vue de répondre à la question de savoir quel rôle les brevets et les
normes exercent précisément dans l’innovation et l’emploi, il convient
d’identifier avec précision :
- les fonctions déterminantes des brevets et des normes ;
- l’objet et le champ de la fonction stratégique des brevets et des
normes ;
- le niveau d’observation choisi pour appréhender l’impact sur
l’emploi, celui-ci étant fort différent selon que l’on se situe au niveau
de l’entreprise, de la branche d’activité ou de l’économie nationale.
Si l’on considère les brevets et les normes comme deux leviers
participant au développement de l’innovation technologique, force est de
constater que l’Europe avance à cloche-pied.
En effet, si la normalisation européenne peut être estimée comme mature
depuis l’adoption de la nouvelle approche et l’optimisation en cours du CEN, il
n’en est pas de même dans le domaine des brevets, l’analyse laissant percevoir la
II- 127
79
Pierre José Billotte Concurrence technologique et normalisation - Enjeux publics et stratégies
industrielles - AFNOR 1997.
II- 128
II- 129
CHAPITRE I
80
Cf. Parienty et Combemale. Technologie et chômage, un couple à histoire La Recherche n° 301 -
septembre 1997.
81
Cf. Angus Maddison, L’économie mondiale 1820-1992, OCDE, 1995.
82
Cf. Angus Maddison. op. cité.
II- 132
83
Cf. Parienty et Combemale, op. cité.
84
L’innovation technologique dans l’industrie. SESSI - Le 4 pages n° 46 - avril 1995. L’enquête
communautaire sur l’innovation (CIS) est fondée sur le questionnaire dit « d’Oslo » mis au point
par l’OCDE.
II- 133
A - LES BREVETS
La fonction informationnelle du brevet est la contrepartie du monopole
d’exploitation. L’article 29 de l’accord ADPIC mérite d’être cité intégralement
tant il exprime clairement les obligations des déposants en matière d’information.
« 29 - Conditions imposées aux déposants de demandes de brevets.
1 - Les membres exigeront du déposant d’une demande de brevet qu’il
divulgue l’invention d’une manière suffisamment claire et complète pour qu’une
personne du métier puisse l’exécuter, et pourront exiger de lui qu’il indique la
meilleure manière d’exécuter l’invention connue de l’inventeur à la date du dépôt
ou, dans les cas où la priorité est revendiquée, à la date de priorité de la
demande.
2 - Les membres pourront exiger du déposant d’une demande de brevet
qu’il fournisse des renseignements sur les demandes correspondantes qu’il aura
déposées et les brevets correspondants qui lui auront été délivrés à l’étranger »85.
Le brevet remplit plusieurs fonctions économiques issues des droits
conférés au titulaire, explicités par l’article 28 de l’accord ADPIC :
« 28 - Droits conférés.
1 - Un brevet conférera à son titulaire les droits exclusifs suivants :
a)- Dans les cas où l’objet du brevet est un produit, empêcher des tiers
agissant sans son consentement d’accomplir les actes ci-après : fabriquer, utiliser,
offrir à la vente, vendre ou importer à ces fins ce produit ;
b)- Dans les cas où l’objet du brevet est un procédé, empêcher des tiers
agissant sans son consentement d’accomplir l’acte consistant à utiliser le procédé
et les actes ci-après : utiliser, offrir à la vente, vendre ou importer à ces fins, au
moins le produit obtenu directement par ce procédé.
2 - Le titulaire d’un brevet aura aussi le droit de céder, ou de transmettre
par voie successorale le brevet et de conclure des contrats de licence »86.
85
Code de la propriété intellectuelle - Dalloz - 1997.
II- 134
86
Ibidem.
87
Nicolas Iung, Les implications économiques du système de brevets, INSEE, article du 24 février
1997 page 2.
II- 135
88
Cf. Nicolas Iung, article cité page 4.
89
Ibidem.
II- 136
B - LES NORMES
Les normes, comme les brevets, remplissent cinq fonctions qui portent les
mêmes intitulés mais recouvrent des contenus tout à fait différents : des fonctions
techniques et juridiques qui ont déjà été évoquées mais qui exigent un
complément d’analyse, des fonctions informationnelles, économiques et
stratégiques dont il convient d’identifier les caractéristiques.
Sur le plan technique, les normes s’inscrivent dans l’innovation de procédé
avec une intensité variable selon les différentes phases de leur développement.
Elles visent, en effet, la rationalisation de la production mais leur champ ne se
limite pas à l’organisation de la production. Il porte également sur l’organisation
des échanges.
Selon Danièle Benezech, le rôle principal d’une norme est passé de la
rationalisation de la production, qui implique l’interchangeabilité et
l’uniformisation, au contrôle de la qualité, devenu nécessaire en raison de la
diversification de l’offre et de la demande.
Les normes de définition, de référence, dans le but de faciliter
l’interchangeabilité et d’obtenir des économies d’échelle ont d’abord été
développées. Par la suite, l’augmentation du nombre de produits différents devait
aller de pair avec l’établissement d’un référentiel permettant de comparer
objectivement ces divers produits et de vérifier l’adéquation entre les propriétés
désirées et offertes, d’où l’élaboration de normes de qualité associées à la
certification.
Cette modification progressive du rôle de la norme technique en fonction
du type d’économies conduit à l’exigence d’interconnexion quand on aborde le
stade des économies de réseau. La mise en convergence des produits devient l’un
des éléments essentiels à l’obtention de telles économies, qui passe par la
construction d’un environnement d’interopérabilité, donc l’élaboration de normes
de compatibilité. L’importance observée des technologies de réseau constitue
l’un des signes distinctifs du stade actuel de l’évolution technologique. Il devient
alors fondamental d’obtenir une compatibilité technique pour la réalisation du
processus de diffusion technologique qui nécessite une certaine convergence des
technologies de réseau. L’importance des normes de compatibilité se trouve ainsi
mise en exergue, d’où la figure suivante.
II- 137
Si l’on suit Danièle Benezech, on peut considérer que, sur un plan global, le
rôle technique du système de normalisation dans la croissance économique est,
en fait, la standardisation de l’innovation dans le but d’organiser l’extension des
échanges entre les acteurs économiques. On peut constater aussi, que ce rôle
technique est vérifié par l’exemple du système métrique. On peut enfin observer
que le système de normalisation organise les conditions de la concurrence sur un
segment du marché.
Si l’on se place, désormais, au niveau de l’entreprise, on peut estimer que la
situation de celle-ci sera fort différente selon qu’elle aura ou non participé à
l’élaboration de cette standardisation de l’innovation ; qu’elle maîtrisera ou non
l’information technique sur les normes concernant son secteur d’activité ; qu’elle
sera contrainte ou non soit par un règlement, soit par un contrat avec un donneur
d’ordre de respecter telle ou telle norme ; qu’elle pourra ou non développer son
activité en recourant ou non à l’utilisation des normes...
Ainsi, la maîtrise des normes (nationales, régionales, internationales)
procure à l’entreprise un avantage compétitif indéniable, qu’elle peut utiliser
dans le cadre de sa stratégie économique, commerciale, financière.
Enfin, en vue de saisir l’impact économique des normes sur l’emploi, il
paraît utile d’analyser - comme ceci a été réalisé ci-dessus pour les brevets -
l’impact des deux composantes de l’innovation technologique inhérente aux
normes.
Pour les normes, deux fonctions techniques ont été identifiées : une
fonction de rationalisation de la production et une fonction d’organisation des
échanges.
On pourrait donc émettre l’hypothèse que les normes ont un impact
d’autant plus favorable sur l’emploi qu’elles réalisent une sorte d’optimum
économique, c’est-à-dire une réelle cohérence entre ces deux fonctions.
II- 138
90
Des mathématiciens formuleraient sans doute ce raisonnement à l’aide d’une équation :
Norme optimale = f (K.rp) x (K’.om)
ou K = un coefficient d’optimisation de la fonction rationalisation de la production (rp)
et K’ = un coefficient d’optimisation de la fonction organisation du marché (om).
II- 139
imposant des normes internationales sans contribuer à ce que ceux-ci prennent les
moyens de s’y adapter.
Dans le premier cas, ils peuvent mettre en oeuvre le système du « portage »
ou tout autre système de transfert ou d’assistance technologiques permettant aux
fournisseurs de s’approprier les méthodes d’ingénierie des innovations
technologiques inclues dans ces normes internationales. Dans le second cas,
l’ingéniosité des manières de faire connaît peu de limites : cahiers des charges,
délais, refus des livraisons, refus de paiement des prestations, ...
Cette double utilisation de la norme par les donneurs d’ordre laisse
apparaître qu’en matière de normalisation, les acteurs économiques agissent et
interagissent dans un système d’information dissymétrique et que l’accessibilité à
l’information normative n’est pas seulement une question technique, mais relève
également du domaine stratégique.
Un autre type de réponse ou plus exactement de questions pourrait être de
savoir si le système européen de normalisation intègre suffisamment ces trois
niveaux du marché (local-national, régional, mondial) et si le principe de
subsidiarité reconnu dans le cadre du fonctionnement politique et juridique de
l’Union européenne est suffisamment pris en compte dans le cadre de
l’organisation du marché unique.
A - LES BREVETS
L’enjeu constant de la décision stratégique portant sur le brevet réside dans
la protection juridique d’une innovation technologique pour conquérir ou
défendre une position destinée à ouvrir ou à maintenir ouvert un marché pour
l’entreprise et à tenter de le fermer ou au moins de le restreindre, en terme
d’accès, pour les concurrents. Dans cette stratégie, les firmes protègent tout
d’abord le marché intérieur où elles bénéficient de leur base de départ et où elles
maîtrisent mieux que leurs concurrents les procédures judiciaires.
Elles protègent également les marchés extérieurs sur lesquels elles
souhaitent maintenir ou développer leur présence actuelle ou potentielle.
La dynamique interne au système des brevets est, tout entière, créée par le
double caractère de conquête et de défense qui leur est lié et par la multiplicité
des jeux qu’il ouvre.
Une grande partie du jeu réside dans l’utilisation pertinente du couple
information/secret. Même lorsqu’elle fait le choix du dépôt de brevet, l’entreprise
s’efforce de remplir, a minima, ses obligations légales d’information (cf. article
29 de l’accord ADPIC), de façon à être en règle avec les institutions nationales et
internationales et de donner le moins de prise possible aux concurrents tant en
terme d’information que d’opposition.
La procédure d’opposition, très pratiquée en Europe par les entreprises
allemandes et aux Etats-Unis par certaines firmes, permet, en effet, d’allonger les
II- 140
B - LES NORMES
Pour les normes, la démarche suivie ici part du principe démontré ci-dessus
que sur un plan stratégique, une norme doit avoir pour objectif final de conquérir
les marchés mondiaux et de défendre les marchés intérieurs.
Au regard de ce principe, est observée la situation actuelle des PME vis-à-
vis de la normalisation européenne.
Les auteurs d’une enquête commandée par la DG XXIII, et l’AFNOR92 y
constatent que « les PME ont globalement conscience des impacts positifs du
marché unique même s’il n’est pas encore pleinement réalisé : facilitation des
échanges, aide à l’amélioration de la qualité des produits, de l’organisation de
l’entreprise, de la cohésion du personnel ainsi que de l’hygiène et de la sécurité
au travail. Toutefois, elles éprouvent des difficultés à s’adapter et à mettre en
application les réglementations et normes européennes nouvelles, la démarche
qualité, les règles de sécurité et à acquérir les certifications qui font la preuve de
la qualité de leurs produits et de leur organisation »93.
Au titre des problèmes majeurs, ils placent notamment la méconnaissance
des principes du marché unique et des concepts de l’harmonisation, c’est-à-dire
du fait que :
- l’application des spécifications techniques des normes européennes
harmonisées vaut présomption de conformité aux exigences
essentielles (obligatoires) des directives européennes nouvelle
approche transposées en droit national ;
- dès qu’une norme européenne est adoptée, elle doit être reprise à
l’identique comme norme nationale dans chaque Etat membre, cela
impliquant le retrait des normes nationales, devenues obsolètes ou
contradictoires, sur le sujet ;
- les difficultés d’accès à l’information réglementaire et normative ;
91
Cf. Nicolas Iung, article cité.
92
Normalisation, qualité, certification, hygiène et sécurité du travail : services de conseil aux
petites et moyennes entreprises. Euromanagement 1996.
93
op. cit.
II- 141
- la difficulté pour les PME et a fortiori pour les très petites entreprises
de certains secteurs comme celui des métiers, de formaliser la
démarche qualité ;
- la tendance des donneurs d’ordre et des consultants à inciter les PME
à privilégier la mise en application des schémas de démarche qualité
les plus exigeants alors que pour de nombreuses PME un schéma plus
simple pourrait être suffisant ;
- la méconnaissance du marquage CE ;
- la confusion entre certification de produits et certification du système
qualité ;
- le coût de la certification jugé trop élevé, ce qui constitue un frein à
son obtention, amplifié par le fait qu’il existe des modes de
certification multiples et divergents dans les différents Etats-
membres ;
- la motivation encore trop faible de la composante sécurité94.
Si l’on s’en tient aux aspects strictement stratégiques de la normalisation
européenne, une attention particulière doit être portée à son champ et à son objet.
Si l’on n’y prend garde, en effet, la nouvelle approche peut se révéler, à terme,
dévastatrice en terme d’emplois, en inondant les marchés locaux-nationaux de
normes européennes qui risquent d’être inadaptées, et en ne créant pas
suffisamment de normes européennes susceptibles de soutenir les firmes
européennes dans leur conquête des marchés mondiaux.
Ainsi, malgré tout son intérêt, on peut s’interroger sur le fait de savoir si la
nouvelle approche semble suffisante comme démarche stratégique en matière de
normalisation.
94
Euromanagement, op. cit, page 180.
95
G. Rahn - Protection industrielle en Allemagne et au Japon - Publication de l’association des
juristes Allemands et Japonais - volume 4 1993 : office européen des brevets - rapport annuel
pour 1995.
II- 142
dire si dans le capital d’une firme, son capital immatériel semble être valorisé au
Japon.
On ne peut manquer de clore cet aperçu en reprenant les paroles de
F. Shimura, professeur à l’université de l’Etat de Caroline du nord qui en 1993
rappelait que « ... l’économie japonaise repose sur les techniques de pointe,
lesquelles sont tributaires pour leur développement de la protection de la
propriété intellectuelle. Si le Japon veut rester à l’avenir un champion des
techniques de pointe, il est primordial qu’il gagne la guerre de la propriété
intellectuelle, ou du moins qu’il ne la perde pas »97 .
Cette préoccupation trouve un écho certain au travers des conclusions d’un
rapport d’une task force japonaise sur la propriété intellectuelle pour
XXIe siècle98 remis au Président de l’office des brevets du Japon.
Le document comporte une série de recommandations tendant à renforcer
l’action des brevets en matière de nouvelles technologies mais aussi à largement
l’ouvrir à d’autres secteurs que ceux traditionnellement couverts, dans la mesure
où les nouvelles technologies dépassent le strict cadre productif pour modifier le
mode de vie, même, des citoyens. Les experts constatant l’existence d’une part
importante de brevets dormants, il est fortement recommandé que les entreprises
mettent sur le marché ces brevets, sources de richesses par le biais du système de
la licence.
Beaucoup plus originale est l’idée du développement du cyber brevet, c’est-
à-dire du brevet sans support papier. Ce brevet dématérialisé et transporté sur
Internet qui représenterait une troisième génération de brevets à l’horizon 2005,
devrait permettre une démultiplication de l’information mise à disposition. Le
développement de cette nouvelle forme de brevet apparaît inséparable - on en
distingue assez bien les raisons - de celui, préconisé par ce groupe d’experts de
haut rang, du brevet global, c’est-à-dire d’un système mondial de brevets, par le
biais du brevet PCT et d’une coopération internationale renforcée ; d’abord entre
ce que le rapport appelle la trilatérale des offices (offices japonais, américain et
européen des brevets) puis avec d’autres offices, principalement situés en Asie du
sud-est.
Ce document, dont les rédacteurs sont autant des universitaires que des
industriels, tend à montrer l’intérêt stratégique du Japon pour la défense de la
promotion de la propriété intellectuelle, dans le cadre de la mondialisation des
échanges.
97
G. Rahn. op. cit.
98
Toward the era of intellectual creation - challenges for breakthrough - Rapport de la commission
des droits de propriété intellectuelle pour le XXIe siècle - avril 1997.
II- 144
99
William J. Hudson - The AMP view of strategic standardization management : a global
perspective. Dans l’introduction de son allocution, le Président d’AMP signale, incidemment, que
cette entreprise vient en tête de son secteur pour les dépôts de brevets et consacre 11 % de son CA
, évalué à plus de 5 milliards de $, à la R, D & C, c’est-à-dire à la recherche, développement et
conception.
II- 145
100
Hudson - op.cit.
II- 146
101
Cf. Régina Gusmao, Le poids de l’Europe dans le système français de recherche - Futuribles
n° 222 (juillet-août 1997) pages 41 à 64.
II- 147
aussi à leur application, à leur diffusion et à leur adaptation aux marchés locaux...
Entre la première et la seconde moitié des années 1980, le nombre d’accords
internationaux en matière de technologie a connu une croissance annuelle
moyenne de six pour cent. La croissance rapide du nombre de brevets dont les
inventeurs sont des ressortissants de plusieurs pays témoigne également de
l’importance de la coopération internationale...
Troisièmement, on observe une mondialisation de la genèse de la
technologie au sein des entreprises multinationales lorsque l’innovation est le
résultat d’efforts menés dans des laboratoires et des usines implantés à l’étranger.
On peut trouver un indicateur de cette tendance dans le pourcentage de brevets
délivrés à des filiales étrangères d’entreprises multinationales...
Le degré de mondialisation de la genèse de la technologie par les grandes
entreprises (serait) inférieur à celui observé pour la production et pour les
investissements, et il s’agirait d’un phénomène limité à des industries, des pays
ou des sociétés spécifiques. La production de technologie demeure largement
concentrée dans le pays d’origine de l’entreprise innovante (ou à proximité).
Bien que le processus de mondialisation soit un facteur important pour
certaines entreprises ou industries, il semble n’avoir que peu d’influence sur le
tableau général des activités novatrices qui se dégage des données nationales. En
effet, les caractéristiques des pays et de leurs systèmes nationaux d’innovation, à
savoir leurs points forts industriels et leurs domaines d’excellence, demeurent
importantes pour l’orientation prise par les flux internationaux d’activités
novatrices et les stratégies des sociétés multinationales »102.
Ainsi, on peut légitimement considérer que le processus de genèse de
l’innovation technologique relève au principal d’une dynamique nationale.
Il en est de même de l’appropriation de l’innovation technologique par les
entreprises françaises, comme le laissent apparaître les résultats de la deuxième
enquête « innovation pour la France » réalisée en 1993 à partir d’un
questionnaire européen. Cette enquête a porté sur un échantillon de plus de
4 500 entreprises industrielles de plus de vingt salariés. Le taux de réponse a été
de quatre-vingt-deux pour cent environ. « L’échantillon redressé représente ainsi
une population de quelque 23 700 entreprises représentatives de l’ensemble de
l’industrie manufacturière »103. Le tableau ci-après, particulièrement instructif sur
les sources de l’innovation et leur intensité montre que les sources internes à
l’entreprise ainsi qu’à son réseau national de relations (foires, expositions, etc.)
sont prépondérantes.
102
Danièle Archibugi et Mario Pianta, ISRDS-CNR, Italie - Les enquêtes sur l’innovation et les
brevets en tant qu’indicateurs de la technologie : état des connaissances - article paru dans
l’ouvrage Innovation, brevets et stratégies technologiques - OCDE 1996 - pages 17 à 62.
103
S. Lhuillery, Centre de recherche en économie industrielle de l’université de Paris Nord, article
L’innovation dans l’industrie manufacturière française : une revue des résultats de l’enquête
communautaires sur l’innovation - OCDE 1996 op. cit. - pages 95 à 131.
II- 148
104
Cf. S. Lhuillery, article cit.
105
Ibid.
II- 149
106
Danièle Archibugi et Mario Pianta, op. cit.
II- 150
cas de non respect de ces normes - vis-à-vis tant des participants aux
AEM que des pays non signataires ;
- d’autre part, les exigences liées aux produits (étiquetage, certification,
respect de normes et de labels, utilisation et traitement des déchets,
systèmes de recyclage) devraient s’appliquer aux marchandises en
provenance du reste du monde comme à celles fabriquées dans
l’Union européenne107.
107
Olivier Giscard d’Estaing - Le défi de la mondialisation de l’économie pour les entreprises
européennes Humanisme et entreprises - n° 220 - 1996.
II- 151
CHAPITRE II
A - LE LOGICIEL ET SA PROTECTION
Industriels, utilisateurs, auteurs, juristes... ont longtemps hésité entre le
droit des brevets, celui d’auteur ou un droit nouveau et spécifique en matière
informatique.
II- 154
une méthode abstraite et non un procédé industriel, d’autre part que toutes les
étapes de l’invention étaient mises en oeuvre par un programme d’ordinateur.
La demande de brevet revendiquait un procédé permettant de reconstituer
les caractéristiques physiques de formation d’un terrain pour déterminer
l’existence et l’importance éventuelles de gisements pétroliers.
Ce procédé comportait six étapes successives dont certaines - mais pas
toutes - impliquaient la mise en oeuvre de programmes d’ordinateurs. Certaines
impliquaient, par exemple, l’obtention de résultats concrets, fruits de mesures
physiques au travers de forages de référence ou d’exploitation.
En conclusion, l’arrêt de la Cour infirmait la décision du directeur de l’INPI
sur les deux motifs retenus :
- le procédé est considéré comme ayant un caractère industriel (car se
situant dans le champ de l’industrie de la prospection pétrolière), ne
consistant pas en une formule abstraite car impliquant une succession
d’étapes concrètes, matériellement exécutées, et permettant d’obtenir
la représentation de caractéristiques physiques (celles d’une formation
de terrain), résultat techniquement et industriellement utilisable ;
- le procédé met certes en jeu des programmes d’ordinateurs mais il ne
se borne pas à cela.
Ainsi, il ne saurait être question d’exclure du domaine de la brevetabilité la
plupart des inventions récentes qui nécessitent - et de plus en plus - l’intervention
d’un programme d’ordinateur.
On peut d’ores et déjà observer que, concernant le brevet européen, la
doctrine est semblable. En effet, la convention du 5 octobre 1973 prévoit que les
logiciels ne sont pas brevetables mais que les inventions pour lesquelles ils
participent sans en être la part essentielle, le sont.
La directive européenne, du 14 mai 1991, traite de la protection juridique
des programmes d’ordinateurs. Elle est, cependant, fondée sur une définition peu
explicite. En effet, un des considérants indique que sont concernés : « les
programmes sous quelque forme que ce soit, y compris ceux qui sont incorporés
au matériel » et « les travaux préparatoires de conception aboutissant au
développement d’un programme, à condition qu’ils soient de nature à permettre
la réalisation d’un programme d’ordinateur à un stade ultérieur »108.
La convention de Munich sur le brevet européen exclut, nous l’avons dit,
du champ de la brevetabilité les programmes d’ordinateur et les logiciels.
Néanmoins, depuis le milieu des années quatre-vingts, l’office européen des
brevets recommande d’accepter au titre des brevets de combinaison, les
programmes permettant de faire fonctionner un ordinateur « de manière
différente d’un point de vue technique ». C’est ainsi qu’un programme permettant
la transformation des codes de commande d’un système de traitement de texte en
d’autres commandes d’un autre traitement de texte a pu être breveté.
108
La loi n°94-361 du 10 mai 1994 a modifié le code de la propriété intellectuelle pour tenir compte
de la directive européenne du 14 mai 1991, concernant la protection juridique des programmes
d’ordinateurs.
II- 156
109
« Les recueils d’oeuvres littéraires ou artistiques tels que les encyclopédies et anthologies qui, par
le choix ou la disposition des matières, constituent des créations intellectuelles sont protégés
comme telles, sans préjudice des droits d’auteurs sur chacune des oeuvres qui font partie de ces
recueils ».
II- 157
C - LE DOMAINE DU VIVANT
Les progrès de la science, particulièrement ceux de la chimie organique ou
biologique, conduisent depuis une soixantaine d’années à poser la question d’une
protection juridique adéquate pour ce type de créations. Le Conseil économique
et social abordera prochainement le thème des biotechnologies, on renverra donc
à ce document pour de plus amples développements quant à la brevetabilité du
vivant. On se bornera, ici, à quelques notations qui, naturellement, ne prétendent
pas épuiser le sujet.
des variétés qui en sont issues par une hybridation lorsque leur reproduction
exige l’emploi répété de la variété initiale. »
Le comité de la protection des obtentions végétales est chargé d’instruire
les demandes et de délivrer les certificats qui ont une durée de vingt ans, à partir
de leur délivrance. Cette durée peut être fixée à vingt-cinq ans si la constitution
des éléments de la production de l’espèce exige de longs développements
(Art. 623-13).
Sur un plan international, la convention de Paris du 2 décembre 1961
- révisée à Genève le 10 novembre 1972 et le 23 octobre 1978 et entrée en
vigueur le 17 mars 1983 - a eu pour objet de «reconnaître et d’assurer un droit à
l’obtenteur d’une obtention végétale»..
Il est stipulé que : «Chaque Etat de l’Union (internationale pour la
protection des obtentions végétales) peut reconnaître le droit de l’obtenteur (...)
par l’octroi d’un titre de protection particulier ou d’un brevet. Toutefois, un
Etat (...) dont la législation nationale admet la protection sous ces deux formes ne
doit prévoir que l’une d’elles pour un même genre ou une même espèce
botanique.»
Au niveau communautaire, un règlement (CE) n° 2100-94 du Conseil des
ministres du 27 juillet 1994 institue un régime de protection communautaire des
obtentions végétales.
L’apparition des plantes transgéniques a compliqué la situation.
Schématiquement, une plante transgénique est celle dont le « patrimoine
génétique » est modifié afin de lui donner des vertus utiles pour la qualité, la
reproduction ou la consommation.
Autre problème concret et immédiat : l’étiquetage des produits
transgéniques. Le consommateur doit-il, ou non, être informé de la nature des
produits, des moyens mis en oeuvre pour les obtenir ? La tendance aujourd’hui
incline dans le sens de l’affirmative, tant au niveau national (le ministère de
l’agriculture ayant affirmé qu’il y était favorable) que de l’Union (un projet de
directive devant rendre obligatoire « toutes les matières premières génétiquement
modifiées » est en préparation).
De plus, l’Union européenne entend réviser plus profondément la directive
90/220/CEE du conseil, relative à « la dissémination volontaire des organismes
génétiquement modifiés dans l’environnement » afin, en particulier, de tenir
compte des récents progrès en la matière.
Sur le plan de l’éventuelle brevetabilité de ces nouveautés, le débat reste a
priori ouvert. En effet, si la plante transgénique, en tant que telle, paraît devoir
- aujourd’hui - relever du régime des obtentions végétales, le process
technologique ayant permis sa création, la manipulation génétique, pourrait
relever du droit des brevets.
II- 159
2. Les micro-organismes
La protection par brevets des procédés mettant en oeuvre les micro-
organismes a posé, semble-t-il, moins de problèmes110.
Néanmoins, il fallut attendre l’orée de la décennie 1980, pour que la cour
suprême des Etats-Unis (affaire Chakrabarty), juge qu’une nouvelle bactérie,
créée par l’homme et ayant des potentialités industrielles différentes des bactéries
naturelles de la même espèce était brevetable.
Le 18 août 1980, le traité de Budapest sur la reconnaissance internationale
du dépôt de micro-organismes aux fins de procédure en matière de brevets entrait
en vigueur. Les Etats contractants s’engageaient alors à transmettre le, ou les,
micro-organisme(s) à une autorité de dépôt internationale chargée de l’accepter,
ou non (puis, éventuellement, de le conserver) à fin de brevet(s).
110
Dès 1873, Louis Pasteur obtint des brevets français et américains pour une « levure exempte de
germes de maladies organiques ».
II- 160
113
La contrefaçon dans l’industrie - SESSI édition 1995.
II- 163
114
Au début de l'année 1998, le «label vert » a été obtenu par moins de 100 entreprises françaises
alors qu'on compte déjà plus de 600 entreprises allemandes titulaires de ce même label.
115
A. Perroy - Environnement - Grands programmes de normalisation. - Enjeux n° 171 février 1997.
II- 164
116
Avis sur le commerce extérieur présenté par M. Michel Souplet - n 87 Sénat 20 novembre 1997.
117
op. cit.
II- 165
l’accord, sont entrées dans les faits et qu’il s’agisse des projets de normes ou de
règlements techniques nationaux, ceux-ci sont transmis au secrétariat de l’OMC.
Cet effort de transparence peut emporter des effets bénéfiques, à condition que le
pays à l’origine de ces projets prenne en compte effectivement les observations
faites par les autres parties.
118
Gabriel Colletis - Jean-Louis Levet Quelles politiques pour l’industrie française ? La
documentation française 1997.
II- 166
119
Cf. chapitre III du titre I du présent rapport.
II- 167
120
A partir d’une liste des technologies-clés établie par le ministère de l’Industrie - Les 100
technologies clés pour l’industrie française à l’horizon 2000, DGSI, 1995, l’OST a effectué un
travail bibliométrique sur le brevet européen permettant de calculer pour dix « domaines
technologies-clés » les positions de chacun.
121
Calculés à partir des données de la base CHELEM du CEPII (ces indicateurs regroupent les
données relatives aux secteurs estimés comme étant les plus intensifs en R&D (aéronautique,
composants électroniques, matériel informatique, matériel de télécommunication, appareil et
instruments de mesure, produits pharmaceutiques).
122
cf. L’Europe est-elle en retard d’un modèle technologique ? - Economie internationale, n°56,
quatrième trimestre 1993.
II- 168
123
Pierre José Billotte - op. cit.
124
Philippe Caduc - Normes : les nouveaux réseaux informels - Veille 1997.
II- 170
L’enjeu que représente l’existence des normes de fait est assez important
pour que les organes officiels de normalisation, tant au niveau international que
régional aient envisagé les modalités pratiques d’incorporation de ces
spécifications techniques dans leurs collections sous des appellations diverses.
Comme le remarque P. Caduc, cette évolution présente un danger
d’exclusion de certains acteurs de la normalisation - on pense aux représentants
des utilisateurs autant qu’à ceux des pouvoirs publics.
Certains de nos principaux partenaires ont très vite pris conscience de
l’importance de ces normes de fait et des réseaux informels mis en place à partir
de ces standards privés.
« Cette prise de conscience se concrétise par une présence et un lobbying
de plus en plus marqué au sein des organismes formels de normalisation et de
prénormalisation et par une volonté de s’immiscer très tôt dans les réseaux
informels, tout en concluant des alliances... Ces accords réalisés en amont du
processus de normalisation, constituant une étape clé dans la mise en oeuvre
d’une stratégie de domination technico-économique »125. Notre pays,
contrairement aux Etats-Unis, Japon, RFA, Royaume-Uni...) resterait très en
retrait du processus en cours, notamment du fait d’un couplage insuffisant entre
stratégies industrielle et normative.
125
P. Caduc - op. cit.
II- 171
CHAPITRE III
A - LES BREVETS
En vue de préserver son autonomie technologique, indispensable au
développement de son industrie et de ses services, la France se trouve devant la
nécessité de construire une nouvelle stratégie brevets tant aux niveaux strictement
national qu’européen, afin de conquérir de nouveaux marchés ainsi que pour
mieux défendre ses marchés porteurs.
126
Commissariat général du Plan Chômage : le cas français, La documentation française, Mai 1997.
II- 174
B - LES NORMES
Dans un contexte de mondialisation accrue des échanges, où l’OMC
commence à élaborer des règles de la concurrence internationale, mais où celles-
ci sont loin d’être complètes et respectées par tous les acteurs, l’enjeu majeur
dans le domaine de la normalisation paraît résider dans l’articulation pertinente
des normes entre les trois types de marchés : marchés locaux/nationaux, marchés
régionaux, marchés mondiaux.
Même si, dans ce cadre, les défis relevant du niveau européen paraissent
prendre le pas sur ceux plus strictement nationaux, ces derniers ne sauraient être
négligés. De leur résolution dépendra le bénéfice légitime que la France est en
droit d’attendre de la normalisation européenne.
127
Le Figaro : 10 janvier 1997.
II- 176
128
Commissariat général du Plan - Evaluation du dispositif français de normalisation. Rapport au
Gouvernement de septembre 1997. Les systèmes de normalisation et de spécification dans les
appels d’offres internationaux - Avis et rapport du Conseil économique et social - JO n° 7 du 17
avril 1997.
129
Commissariat général du Plan,op. cit.
II- 177
130
Commissariat général du Plan - op. cit.
131
Ibid.
II- 178
on doit rappeler que l'emploi de termes protégés reste conditionné au respect d'un
cahier des charges et à l'acceptation d'un contrôle par tierce partie, et que la
certification de produit devrait reposer davantage, selon les professionnels, eux-
mêmes, sur des normes de spécification de produits dans le cadre du CEN (il y
aurait là une voie intéressante pour l'AFNOR de promouvoir encore plus les
intérêts français). Comme en d'autres matières la normalisation présente un triple
intérêt :
- la normalisation est un instrument essentiel de la transparence des
marchés, de la codification des modes d'élaboration des produits face
à l'impossibilité de revenir au niveau communautaire à des définitions
de produits ;
- la normalisation est une nécessité pour les consommateurs dans la
mesure où elle participe à la traçabilité des produits ;
- elle constitue enfin une garantie de débouchés pour les agriculteurs.
Il est important que la France soit à l'initiative de la définition des normes
dans un grand nombre de secteurs agro-alimentaires afin de les négocier au
niveau européen dans le cadre du comité européen de normalisation, et au niveau
international dans le cadre du codex alimentaire. Leur efficacité en sera ainsi
accrue dans la mesure où elles vaudront pour l'ensemble des pays et des produits.
Dès lors, clarifier la qualification juridique des différents types de normes
et les procédures contractuelles et judiciaires susceptibles d’être mises en oeuvre
est une nécessité.
Chacun des défis évoqués succinctement ci-dessus nécessite une analyse
des contraintes qu’il convient de surmonter et des ressources disponibles ou à
construire permettant d’y parvenir et notamment des orientations susceptibles de
contribuer à l’utilisation des brevets et des normes en vue de développer
l’innovation et l’emploi.
II- 179
A - LES BREVETS
cellule stratégique sur les brevets, capable de faire la synthèse des cinq fonctions
(techniques, juridiques, économiques, stratégiques, informationnelles) du
portefeuille brevets de l’ensemble de la holding et de ses filiales, de peser sur les
décisions stratégiques, d’impulser des nouveaux projets, d’évaluer les résultats.
Dans les PME-PMI, il conviendrait de créer et/ou de développer la fonction
« conseil stratégique en brevets » avec l’appui des chambres de commerce, de
métiers, des organisations professionnelles en dynamisant en quantité et en
qualité l’offre de conseil externe et/ou en formalisant juridiquement et
fonctionnellement des « conseils stratégiques en brevets » communs à plusieurs
entreprises associées.
Mieux former les entrepreneurs de demain.
C’est un enseignement complet qu’il convient de créer sur les brevets. Deux
pistes seraient à développer :
- promouvoir la créativité technologique visant à donner le goût et les
méthodes de créer de nouveaux produits et de nouveaux procédés,
aux jeunes et aux adultes à tous les niveaux de formation initiale et
continue ;
- créer des programmes d’enseignement pour les cursus technologiques,
de l’enseignement secondaire scientifique et économique et social, de
l’enseignement supérieur à destination des écoles d’ingénieurs, de
commerce et de gestion, des facultés de droit et de sciences
économiques, des écoles de journalisme permettant de développer
selon les types de formation une, voire les cinq fonctions des brevets :
fonctions technique, juridique, économique, stratégique et
informationnelle.
1.2. L’enjeu culturel et social
a) L’analyse de l’existant
L’écart existant entre la contribution française à la production mondiale des
connaissances scientifiques nouvelles (8 %) et sa part dans les brevets déposés au
niveau mondial (2 %) incite à interroger non seulement le fonctionnement des
composantes institutionnelles du système français des brevets, mais également les
représentations collectives qui en assurent les fondements.
En effet, chacun comprend aisément que l’enjeu, pour la France, consiste à
maintenir le niveau tout à fait correct de sa contribution aux découvertes
scientifiques, et de hisser à un niveau comparable, la part des brevets déposés
c’est-à-dire de réussir, par paliers progressifs, à la multiplier par quatre.
Ce résultat, qui lui permettrait de maintenir son rang de quatrième nation
innovatrice dans le monde de demain, ne saurait être escompté sans une évolution
sensible des représentations collectives et de leur traduction dans les institutions,
les pratiques et les relations professionnelles.
Si l’on s’efforce d’analyser les représentations collectives dominantes
inhibant le développement des brevets, on peut remarquer quatre aspects qui
conjuguent leurs effets.
II- 183
132
Cf. l’analyse de Jean-Paul Martin : Les inventions de salariés - CEDAT - 1996.
II- 186
133
En France, l’article L. 614.7 du code de la propriété intellectuelle subordonne l’effet juridique
d’un brevet européen à sa rédaction ou à sa traduction en français.
II- 190
134
Livre vert sur le brevet communautaire et le système des brevets en Europe. Position du CNPF
6 novembre 1997.
II- 191
135
Ibid.
136
Ibid.
II- 192
137
Antonio Rodota, Propos recueillis par Jean-François Augereau et Jean-Paul Dufour, Le Monde 23
octobre 1997.
138
Antonio Rodota, article cité.
139
Cf. R. Gusmao, Le poids de l’Europe dans le système français de recherche, Futuribles n° 222,
juillet-août 1997, pages 41 à 64.
II- 194
B - LES NORMES
n’implique pas que tous les produits et services aient vocation à cette destinée
régionale.
Les produits n’ayant pas vocation à être exportés pourraient fort bien
relever, conformément au principe de subsidiarité, de spécifications nationales.
Ainsi, le périmètre des normes européennes concernerait tous les produits
et services échangés dans la cadre des flux internationaux de l’Union qu’ils
soient intra ou extra communautaires.
Si le périmètre peut être conforme à celui précisé à l’instant, la visée de la
normalisation européenne se doit d’être plus large compte tenu du rôle qui lui est
dévolu en terme de conquête des marchés extérieurs. Le périmètre normatif
européen se rapporte au champ de compétence, de capacité, de conception et de
mise en oeuvre des acteurs publics et privés de l’Union, tandis que la visée porte
sur l’influence que la normalisation européenne pourrait chercher à exercer au
niveau mondial grâce à sa pertinence et à des actions appropriées de
« lobbying ».
Deux exemples permettent d’illustrer le propos. Le premier est connu des
milieux industriels puisqu’il concerne le programme européen de sécurité des
machines dont la qualité est reconnue par nos partenaires américains qui s’en
inspirent pour améliorer les normes de sécurité régissant le parc des machines
industrielles aux USA.
Le deuxième exemple se rapporte aux normes de conception et de
fabrication des pétroliers. Une norme d’origine française, devenue désormais
européenne, dite de la double coque, en vigueur sur tous les chantiers navals
européens, a démontré son efficacité. Jusqu’à présent, l’Union européenne ne
paraît pas préoccupée de se doter des moyens lui permettant de faire prévaloir
cette norme au plan mondial. Ceci constituerait un progrès économique et
environnemental, un marché potentiel ; mais il convient de savoir surmonter
certains intérêts notamment aux Etats-Unis, ainsi que certaines contraintes des
pays en voie de développement.
Ainsi, l’Union européenne ne saurait limiter son champ de préoccupation et
d’intervention à la normalisation relative aux seuls produits et services qu’elle
conçoit et réalise et qui sont échangés dans l’Union européenne. Cette démarche
risquerait de conduire à terme la normalisation européenne à céder la place
progressivement aux normes japonaises et américaines. Les acteurs publics et
privés de l’Union européenne ont intérêt à se donner également les moyens
d’étendre le champ d’influence des normes européennes, dès lors que leur
pertinence et leur efficacité relatives peuvent être estimées comme équivalentes
et a fortiori si elles apparaissent supérieures aux autres normes en présence.
II- 205
Définir sur un plan mondial trois seuils d’exigences pour les normes
internationales.
En vue d’améliorer et de développer les échanges mondiaux, l’Union
européenne pourrait, dans le prolongement de ses engagements à l’OMC,
promouvoir un débat sur les conditions d’une saine concurrence au niveau
international. Dans l’optique de la généralisation du concept de normalisation
hors de la sphère des Etats, hautement industrialisés, trois seuils d’exigences
seraient préconisés :
- un seuil incontournable relevant de l’OMC, relatif au respect de
quelques exigences essentielles en terme de sécurité, de santé, de
respect des personnes, de protection de l’environnement. Ce premier
niveau normatif relèverait sur le plan juridique du domaine
obligatoire d’ordre public, grâce au dispositif de la transposition ;
- un seuil médian, à la discrétion des Etats et/ou des unions d’Etats,
dans lequel seraient insérées les spécifications nationales légitimes.
Sur le plan juridique, ce niveau comporterait à la fois des normes,
rendues obligatoires par les règlements nationaux ou régionaux, et des
normes d’application volontaire ;
- un seuil d’exigence maximale, de caractère facultatif, défini par les
instances internationales de la normalisation.
Elaborer une stratégie de riposte aux normes de fait, imposées par
certains oligopoles.
Il conviendrait de conduire, ici, de manière convergente trois types
d’actions :
- une action juridique et politique, sous la responsabilité de l’Union
européenne, à la demande d’acteurs publics ou privés, dans le cadre
de l’OMC, au motif de la violation des règles de la concurrence
internationale ;
- une action juridique et technique, dans le cadre de l’Union
européenne, à la demande d’acteurs publics ou privés, mettant en
oeuvre le dispositif de présomption de conformité sous réserve défini
ci-dessus ;
- une action conceptuelle et industrielle, entreprise de concert par
plusieurs grands groupes européens, visant à proposer des normes et
des produits alternatifs.
Il serait également souhaitable qu’une étude sur le rôle juridique de la
norme soit entamée et menée à son terme. En effet, le statut de la norme tend à se
modifier, notamment, depuis la signature des accords de Marrakech.
II- 206
140
Commissariat général du plan - op. cité.
II- 207
Le moment est donc opportun d’engager une réflexion sur une politique
européenne du contrôle de l’utilisation et du respect des normes européennes.
b) Les axes de progrès
Définir une politique européenne du contrôle de l’utilisation et du
respect des normes européennes.
Cette orientation, dont la simplicité de l’énoncé cache la complexité, recèle
de nombreuses difficultés d’ordre juridique et technique qu’il conviendrait
d’identifier et de surmonter.
Quelques aspects seront abordés ci-dessous en vue d’indiquer dans quelle
direction les travaux pourraient s’orienter.
Jusqu’à présent a été abordée la question du contrôle de la conformité
technique des produits aux normes européennes. Il s’agit d’une composante
essentielle des contrôles à concevoir. Il permet, en effet, par exemple de certifier
qu’un véhicule automobile ou un médicament à bien été réalisé conformément
aux normes européennes. Il s’exerce sur l’acte de production. Les procédures
définies dans le cadre du marquage CE permettent souvent de l’effectuer. Pour
l’instant, comme il a été signalé ci-dessus de nombreux désaccords existent entre
les pays de l’Union sur les méthodes à retenir pour ces contrôles de conformité
(types d’essais, moments où sont effectués ces essais, champ des essais, ...). Il
s’agit donc d’un premier chantier.
Le contrôle des normes européennes peut-il se limiter aux contrôles de
conformité technique ? Il semblerait que non. Si l’on prend l’exemple d’un poids
lourds, ou d’un autocar, on peut constater que les normes européennes sont
conçues dans le cadre d’une certaine utilisation. Qu’en est-il si cette utilisation
n’est pas conforme ? Comment le fabricant qui a produit un véhicule selon les
normes européennes peut-il en établir la preuve et démontrer, en cas de rupture
d’une pièce mécanique par exemple, qu’il convient d’orienter l’enquête en
responsabilité du côté de l’utilisateur et non du côté du fabricant ?
Le même type de questions se pose dans l’utilisation des médicaments, des
dispositifs médicaux, de l’alimentation (cf. produits surgelés, congelés, ...) des
aires de jeux pour enfants...
Comment établir la responsabilité du fabricant, du prestataire de service, du
vendeur, de l’utilisateur, en cas d’incident majeur, par rapport au respect des
normes européennes ?
La responsabilité de l’utilisateur peut-elle être invoquée, si l’information ne
lui a pas été communiquée sur les dangers encourus du fait de l’utilisation des
produits consommés ?
C’est sur la base de cette non information que les fabricants de cigarettes
ont été lourdement condamnés par les tribunaux américains. Qu’en sera-t-il en
Europe, dans les années qui viennent ?
Ainsi, on peut constater la nécessité d’anticiper sur ces évolutions et de
développer à destination des utilisateurs l’information sur les conditions
d’utilisation des produits prises en compte dans la normalisation européenne.
II- 210
CONCLUSION
ANNEXES
II- 216
II- 217
9. 7. 92 n° C173/1
Journal officiel des Communautés européennes
I
(Communications)
CONSEIL
RÉSOLUTION DU CONSEIL
du 18 juin 1992
concernant le rôle de la normalisation européenne dans le cadre de l'économie européenne
(92/C 173/ 01)
1. RAPPELANT ses conclusions sur la normalisation du 16 juillet 1984, ainsi que sa résolution du 7 mai 1985
concernant une nouvelle approche en matière d'harmonisation technique et de normalisation (1) ;
2. RAPPELANT la politique communautaire d'ouverture des marchés publics qui confère un rôle important à la
normalisation européenne en demandant aux entités adjudicatrices dans les directives 71/305/CEE (2),
77/62/CEE (3) et 90/531/CEE (4) de se référer aux normes européennes ;
3. RAPPELANT les objectifs de l'Acte unique, y compris le renforcement de la cohésion économique et sociale ;
5. RAPPELANT la nécessité de disposer de normes européennes afin d'assurer l'interopérabilité des réseaux
transeuropéens dans l'esprit des conclusions du conseil européen de Maastricht ;
6. PRENANT EN CONSIDÉRATION que le débat large et important entre toutes les parties intéressées sur le
développement futur de la normalisation européenne qui a eu lieu à la suite de la publication de la
communication de la Commission du 16 octobre 1990 (5) a mis en relief l'importance stratégique de la
normalisation européenne pour le marché européen ;
8. RAPPELLE l'importance d'un système de normalisation européen cohérent organisé par et pour les parties
intéressées, fondé sur la transparence, l'ouverture, le consensus, l'indépendance par rapport aux intérêts
particuliers, l'efficacité et la prise de décisions sur la base de la représentation nationale ;
9. CONSIDÈRE que la normalisation européenne, tout en étant organisée sur une base volontaire, sert aussi
l'intérêt public et estime que, de ce fait, il est nécessaire de poursuivre et d'étendre au niveau européen une
relation de partenariat entre la Communauté et les organismes européens de normalisation ;
10. CONFIRME l'intérêt d'une normalisation internationale qui produise des normes qui sont effectivement
appliquées par tous les partenaires dans les échanges commerciaux internationaux et qui répondent aux
impératifs de la politique communautaire ;
Annexe 1 (Fin)
n° C 173/2 9.7.92
Journal officiel des Communautés européennes
11. S'ASSOCIE aux souhaits d'éviter la fragmentation des travaux de normalisation européens et l'accroissement de
la bureaucratie du système, au détriment de son efficacité ;
12. SE FÉLICITE des mesures déjà prises par les organismes européens de normalisation dans le cadre du débat
précité, notamment des décisions relatives à l’efficacité, à l'ouverture aux partenaires économiques et sociaux
organisés au niveau européen, à la transparence des activités de normalisation, à la visibilité, à l'accessibilité et
à l'identification claire des normes européennes, de la coopération avec les pays tiers ainsi que des accords
avec les organismes internationaux de normalisation, et exprime son intérêt pour que ces efforts soient
poursuivis;
13. SOULIGNE l'urgence de disposer de normes européennes de haute qualité tant pour l'application des directives
et la mise en oeuvre des politiques européennes que pour répondre aux besoins du marché ;
14. SOULIGNE la nécessité de renforcer la disponibilité effective des normes européennes au niveau national par
leur transposition systématique et rapide en normes nationales, en vue d'en assurer une large diffusion et de
permettre une application uniforme et efficace des actes communautaires ;
15. SOULIGNE l'importance de renforcer les liens entre les activités de recherche et de développement et les
activités de normalisation ;
16. POURSUIVRA, pour la mise en oeuvre de la politique communautaire d'harmonisation technique, la voie de la
nouvelle approche définie par sa résolution du 7 mai 1985 (1) dans chaque domaine où cela sera possible ;
17. ESTIME que l'utilisation des normes européennes devrait être davantage encouragée comme instrument de
l'intégration économique et industrielle au sein du marché européen, ainsi que comme support technique à la
législation, notamment pour la définition des spécifications techniques des produits et des services ou des
méthodes d'essai, dans d'autres domaines faisant l'objet d'une législation communautaire ;
18. INVITE les organismes européens de normalisation à renforcer leur coordination afin de rendre optimale
l'organisation des travaux compte tenu des ressources limitées disponibles ;
19. ENCOURAGE les organismes européens de normalisation à poursuivre et à approfondir conjointement et sur
une base régulière leur concertation avec l'ensemble des parties intéressées, y compris les petites et moyennes
entreprises ;
20. INVITE les organismes européens de normalisation à poursuivre leurs discussions sur une éventuelle indication
harmonisée de conformité aux normes européennes ;
21. INVITE la Commission à appliquer, en tant que de besoin, dans les futurs projets de législation communautaire
le principe du renvoi aux normes :
22. INVITE toutes les parties intéressées à s'organiser au niveau européen et à se coordonner d'une manière plus
étroite afin de collaborer en tant que telles d'une manière constructive et plus efficace avec les organismes
européens de normalisation ;
23. INVITE les Etats membres à prendre toutes les mesures utiles pour que leurs organismes nationaux de
normalisation respectent les règles communes des organismes européens de normalisation dont ils sont
membres et participent effectivement aux travaux de normalisation européenne ;
24. S'ENGAGE À POURSUIVRE, dans les limites des contraintes budgétaires globales, l'octroi d'une aide financière
aux organismes européens de normalisation, pour permettre la production des normes nécessaires à la
législation et aux politiques communautaires.
___
II- 219
Annexe 2 : Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui
touchent au commerce (annexe 1C de l’accord de Marrakech
instituant l’Organisation mondiale du commerce)
Article 31
Autres utilisations sans autorisation du détendeur du droit
Dans les cas où la législation d'un Membre permet d'autres utilisations (1) de l'objet d'un brevet sans l'autorisation du
détenteur du droit, y compris l'utilisation par les pouvoirs publics ou des tiers autorisés par ceux-ci, les dispositions
suivantes seront respectées :
a) L'autorisation de cette utilisation sera examinée sur la base des circonstances qui lui sont propres ;
b) Une telle utilisation pourra n'être permise que si, avant cette utilisation, le candidat utilisateur s'est efforcé
d'obtenir l'autorisation du détenteur du droit, suivant des conditions et modalités commerciales raisonnables, et que si
ses efforts n'ont pas abouti dans un délai raisonnable. Un Membre pourra déroger à cette prescription dans des
situations d'urgence nationale ou d'autres circonstances d'extrême urgence ou en cas d'utilisation publique à des fins
non commerciales. Dans des situations d'urgence nationale ou d'autres circonstances d'extrême urgence, le détenteur
du droit en sera néanmoins avisé aussitôt qu'il sera raisonnablement possible. En cas d'utilisation publique à des fins
non commerciales, lorsque les pouvoirs publics ou l'entreprise contractante, sans faire de recherche de brevet, savent
ou ont des raisons démontrables de savoir qu'un brevet valide est ou sera utilisé par les pouvoirs publics ou pour leur
compte, le détenteur du droit en sera avisé dans les moindres délais ;
c) La portée et la durée d'une telle utilisation seront limitées aux fins auxquelles celle-ci a été autorisée et, dans le
cas de la technologie des semi-conducteurs, ladite utilisation sera uniquement destinée à des fins publiques non
commerciales ou à remédier à une pratique dont il a été déterminé, à l'issue d'une procédure judiciaire ou
administrative, qu'elle est anticoncurrentielle ;
d) Une telle utilisation sera non exclusive ;
e) Une telle utilisation sera incessible, sauf avec la partie de l'entreprise ou du fonds de commerce qui en a la
jouissance ;
f) Toute utilisation de ce genre sera autorisée principalement pour l'approvisionnement du marché intérieur du
Membre qui a autorisé cette utilisation ;
g) L'autorisation d'une telle utilisation sera susceptible d'être rapportée, sous réserve que les intérêts légitimes des
personnes ainsi autorisées soient protégés de façon adéquate, si, et lorsque, les circonstances y ayant conduit cessent
d'exister et ne se reproduiront vraisemblablement pas. L'autorité compétente sera habilitée à réexaminer, sur
demande motivée, si ces circonstances continuent d'exister ;
h) Le détenteur du droit recevra une rémunération adéquate selon le cas d'espèce, compte tenu de la valeur
économique de l'autorisation ;
i) La validité juridique de toute décision concernant l'autorisation d'une réelle utilisation pourra faire l'objet d'une
révision judiciaire ou autre révision indépendante par une autorité supérieure distincte de ce Membre ;
j) Toute décision concernant la rémunération prévue en rapport avec une telle utilisation pourra faire l'objet d'une
révision judiciaire ou autre révision indépendante par une autorité supérieure distincte de ce Membre ;
k) Les Membres ne sont pas tenus d'appliquer les conditions énoncées aux alinéas b) et f) dans les cas où une telle
utilisation est permise pour remédier à une pratique jugée anticoncurrentielle à l'issue d'une procédure judiciaire ou
administrative. La nécessité de corriger les pratiques anticoncurrentielles peut être prise en compte dans la
détermination de la rémunération dans de tels cas. Les autorités compétentes seront habilitées à refuser de rapporter
l'autorisation si et lorsque les circonstances ayant conduit à cette autorisation risquent de se reproduire ;
1) Dans le cas où une telle utilisation est autorisée pour permettre l'exploitation d'un brevet (le second brevet) qui
ne peut pas être exploité sans porter atteinte à un autre brevet (le premier brevet), les conditions additionnelles
suivantes seront d'application :
i) L'intervention revendiquée dans le second brevet supposera un progrès technique important, d'un intérêt
économique considérable, par rapport à l'invention revendiquée dans le premier brevet ;
ii) Le titulaire du premier brevet aura droit à une licence réciproque à des conditions raisonnables pour utiliser
l'invention revendiquée dans le second brevet ; et
iii) L'utilisation autorisée en rapport avec le premier brevet sera incessible sauf si le second brevet est également
cédé.
(1) On entend par « autres utilisations » les utilisations autres que celles qui sont autorisées en vertu de l'article 30.
II- 220
II- 221
HOCHE
société d’avocats
II- 222
Annexe 3 (Suite)
INTRODUCTION
Cette étude a pour objet de faire ressortir les particularités du régime fiscal des brevets. Tout en
donnant un aperçu détaillé de ce régime, elle n’est pas destinée à régler l’ensemble des cas pouvant
se présenter.
Les développements qui suivent concernent :
- les brevets français délivrés par l’INPI et les brevets européens prévus par la
convention de Munich du 5 octobre 1973. Les brevets étrangers ne peuvent bénéficier
de ce régime que s’ils concernent une invention brevetée ou brevetable en France ;
- les inventions brevetables141 telles que définies par référence à la notion juridique de
brevetabilité, telle que définie par les articles 6 à 11 de la loi n° 68-1 du 2 janvier 1968
modifiée ;
- et les procédés de fabrication industriels accessoires142 à un brevet ou à une
invention brevetable qui remplissent les trois conditions cumulatives suivantes :
a) Ils constituent le résultat d’opérations de recherche ;
b) Ils sont l’accessoire indispensable de l’exploitation d’un brevet ou d’une invention brevetable ;
c) Ils sont cédés ou concédés simultanément au brevet ou à l’invention brevetable dont ils sont
l’accessoire et aux termes d’un même contrat.
141
Ci-après dénommées « droits assimilés » .
142
Ci-après dénommés « droits assimilés »
143
Instruction du 29 février 1988, BOI 4 D-1-88.
II- 223
Annexe 3 (Suite)
144
Article 236-1 du code général des impôts (ci-après CGI)
145
D. adm. 4 D-123, § 6, du 26 novembre 1996.
146
CE 30 octobre 1995, n° 142319, société Saint-Gobain Emballage – CE 4 mars 1996, n°150233,
SA Laboratoires Syntex.
147
CAA Lyon, 5 juillet 1994, n°92-1515, plén. SA Salomon – CE 30 octobre 1995, n° 154403,
société Pierre Fabre SA .
148
D. adm. 4 C 4525, n°11, 1er octobre 1992.
II- 224
Annexe 3 (Suite)
3. Inventeurs salariés
3.1. Inventions de services
Les inventions de services appartiennent à l’employeur. Il s’agit des inventions faites par le salarié
dans l’exécution, soit d’un contrat de travail comportant une mission inventive qui correspond à ses
fonctions effectives, soit d’études et de recherches qui lui sont explicitement confiées. Les conditions
dans lesquelles le salarié, auteur d’une telle invention, peut bénéficier d’une rémunération
supplémentaire sont déterminées par les conventions collectives, les accords d’entreprise et les
contrats individuels de travail.
Les autres inventions appartiennent au salarié. Toutefois, lorsqu’une invention est faite par un
salarié, soit dans le cours de l’exécution de ses fonctions, soit dans le domaine des activités de
l’entreprise, soit par la connaissance ou l’utilisation de techniques ou de moyens spécifiques à
l’entreprise ou de données procurées par elle, l’employeur a le droit, dans des conditions et délais
fixés par décret en Conseil d’Etat, de se faire attribuer la propriété ou la jouissance de tout ou partie
des droits attachés au brevet protégeant l’invention du salarié150.
La rémunération versée par un employeur à un salarié auteur d’une invention de service est imposée
en tant que salaire si cette rémunération procède du contrat de travail ou des conditions de sa
résiliation, sinon il s’agit de BNC (voir infra II).
Dans le cas d’une invention de service, c’est en principe, l’employeur qui prend en charge les frais
exposés par l’inventeur pour prendre un brevet ou en assurer la maintenance. Dans ce cas, c’est le
régime des dépenses engagées par les entreprises industrielles et commerciales qui s’applique (voir
ci-dessus I.1).
149
En réalité, il s’agit d’une semi-transparence, dans la mesure où la société détermine un résultat
fiscal propre à elle.
150
D. adm. 5 G-1143, n°3, 15 décembre 1990.
II- 225
Annexe 3 (Suite)
Par ailleurs, le salarié a toujours droit aux déductions et abattement généraux des salariés de 10 %
(déduction forfaitaire pour frais professionnels) et 20 % (abattement général).
3.2. Autres inventions
La rémunération des autres inventions que les inventions de service est imposée selon le même
régime que celui applicable aux inventeurs indépendants, c’est à dire le régime des bénéfices non
commerciaux.
II. EXPLOITATION DU BREVET
L’inventeur peut :
- exploiter lui-même l’invention ou concéder une ou plusieurs licences d’exploitation
(voir ci-après) ;
- céder ses droits en totalité ou en partie (voir III) ;
- apporter le brevet en société (Voir VI.1.).
1. Régime des produits et redevances de brevets perçus par les entreprises industrielles et
commerciales
1.1. Entreprises soumises à l’impôt sur les sociétés
Une réforme fiscale importante concernant les entreprises soumises à l’impôt sur les sociétés a été
engagée en septembre 1997. Les règles fiscales en vigueur jusqu’au 31 décembre 1996 seront
présentées dans un premier temps avant d’exposer les modifications apportées au régime fiscal des
entreprises soumises à l’impôt sur les sociétés à compter du 1er janvier 1997.
1.1.1. Les règles fiscales en vigueur au 31 décembre 1996: Imposition de l’ensemble des
produits selon le régime des plus-values à long terme
Le produit d’exploitation, de cession et des redevances de concession de licences d’exploitation
des brevets est imposé selon le régime des plus-values à long terme.
En effet, le régime des plus-values à long terme est applicable à la plus-value de cession et au résultat
net de la concession de licences d'exploitation d’un brevet qui présente le caractère d'un élément de
l'actif immobilisé ou a été acquis à titre onéreux depuis plus de deux ans151.
Pour bénéficier du régime spécial, les brevets et droits assimilés doivent faire partie de l’actif
immobilisé. Dans le cas où les brevets ont été acquis à titre onéreux, il faut que l’acquisition remonte
à au moins deux ans.
• Modalité d’imposition
Le résultat net de la concession de licences d’exploitation est égal à la différence entre les redevances
provenant de la concession et les charges de gestion correspondantes.
En cas de cession de brevets et droits assimilés, la plus-value nette est égale à la différence entre le
prix de cession et la valeur d’origine.
Le résultat net de la concession de licences d’exploitation ou la plus-value nette de cession est
imposé(e) à l’impôt sur les sociétés au taux de 20,90 %.
151
Article 39-terdecies-1 du CGI.
II- 226
Annexe 3 (Suite)
1.1.2. Les nouvelles règles fiscales applicables, à compter du 1er janvier 1997, aux entreprises
soumises à l’impôt sur les sociétés
Les nouvelles règles concernent uniquement les sociétés soumises à l’impôt sur les sociétés, qui ne
sont pas détenues directement ou indirectement à plus de 75 % par des personnes physiques152 et qui
réalisent un chiffre d’affaires supérieur ou égal à 50 millions de francs.
La nouvelle loi distingue entre les cessions de brevets et les droits assimilés d’une part, et les
concessions de licences d’exploitation de ces mêmes éléments, d’autre part.
a. Les cessions de brevets
Le résultat de la cession des brevets et droits assimilés est exclu du régime des plus ou moins values
à long terme.
Les sociétés concernées par la nouvelle règle fiscale sont imposables sur le résultat de la cession des
brevets et droits assimilés à l’impôt sur les sociétés au taux de 41,67 %153.
b. Le résultat net de la concession de licences d’exploitation
Le résultat net de la concession de licences d’exploitation continue à être imposé à l’impôt sur les
sociétés, dans la catégorie des plus-values à long terme, mais au taux de 23,75 %154.
1.2. Entreprises commerciales soumises à l’impôt sur le revenu
Il s’agit de société de personnes de type commercial telle que la société en nom collectif.
Lorsque c’est une société de personnes fiscalement «transparente» qui a inscrit le brevet à son actif et
l’exploit ou le cède, le résultat est d’abord déterminé au niveau de la société dans la catégorie des
bénéfices industriels et commerciaux.
Le calcul du résultat net de la concession de licences d’exploitation et de la plus-value nette est
identique à celui vu ci-dessus pour les entreprises soumises à l’impôt sur les sociétés.
Une fois déterminé, le résultat net de la concession de licences d’exploitation ou la plus-value nette
de cession est imposé(e) entre les mains des associés selon leur quote-part dans le résultat de la
société, à l’impôt sur le revenu au taux de 26 % (16 % +CSG 7,5 % + CRDS 0,5 % + prélèvement
social de 1 %).
1.3. Exceptions : lien de dépendance et crédit bail de brevet
a) Lien de dépendance
Lorsqu’il existe des liens de dépendance, directement ou indirectement, entre l’entreprise concédante
et l’entreprise concessionnaire, les redevances tirées de l’exploitation de brevets et droits assimilés
admises en déduction des résultats de l’entreprise versante, sont exclues du régime des plus-values à
long terme et sont imposables au taux plein dans le résultat de l’entreprise concédante.
Le lien de dépendance existe lorsqu’une entreprise détient directement ou indirectement la majorité
du capital social de l’autre ou y exerce en fait le pouvoir de décision ; ou encore si les deux
entreprises sont placées, dans les conditions qui viennent d’être indiquées, sous le contrôle d’une
même entreprise tierce.
152
ou qui ont la qualité de société mère d’un groupe fiscalement intégré.
153
33,1/3 + 10 % (33,1/3) +15 % (33,1/3)
154
19 + 10 % (19) + 15 % (19)
II- 227
Annexe 3 (Suite)
b) Crédit-bail de brevet
Les sommes perçues en exécution d’un contrat de crédit-bail portant sur des brevets ou droits
assimilés sont exclues du régime des plus-values à long terme et sont imposables au taux plein chez
l’entreprise crédit-bailleresse.
2. Inventeurs indépendants et sociétés de personnes réalisant des BNC
2.1. Inventeurs indépendants
Le résultat net d’exploitation du brevet est déterminé par la différence entre les produits
d’exploitation du brevet et des droits assimilés et les frais et dépenses exposés ou par le produit du
brevet auquel est appliqué un abattement de 30 % selon le régime ci-dessus exposé (voir ci-dessus
I.2.).
Une fois déterminé, le résultat net de la concession de licences d’exploitation est imposé à l’impôt
sur le revenu au taux de 26 % (16 % + CSG 7,5 % + CRDS 0,5 % + prélèvement social de 1 %).
2.2. Sociétés de personnes réalisant des BNC
C’est la société de personnes fiscalement «transparente» qui inscrit le brevet à son actif et l’exploite
ou le cède. Le résultat est d’abord déterminé au niveau de la société dans la catégorie des bénéfices
non commerciaux selon les mêmes règles que celles vues ci-dessus pour les inventeurs indépendants.
Une fois déterminé, le résultat net de la concession de licences d’exploitation est imposé entre les
mains des associés selon leur quote-part dans le résultat de la société, à l’impôt sur le revenu au taux
de 26 % 155.
2.3. Exception : existence de lien de dépendance entre l’inventeur et l’entreprise
concessionnaire
Lorsqu’il existe des liens de dépendance, directement ou indirectement, entre l’inventeur
indépendant concédant et l’entreprise concessionnaire, les redevances tirées de l’exploitation des
brevets et droits assimilés admises en déduction des résultats de l’entreprise versante, sont exclues du
régime des plus-values à long terme et sont imposables au taux marginal normal dans le revenu
imposable de l’inventeur au titre des BNC.
Le lien de dépendance existe lorsqu’un inventeur détient directement ou indirectement la majorité du
capital social de l’entreprise concessionnaire ou y exerce en fait le pouvoir de décision.
Toutefois, l’exception du lien de dépendance est écartée, temporairement, pour les inventeurs
personnes physiques qui concèdent une licence d’exploitation de brevets à une entreprise créée à cet
effet dont ils possèdent le contrôle lorsque les conditions suivantes sont remplies :
- la licence d’exploitation doit être exclusive et porter sur le brevet déposé par
l’inventeur uniquement ;
- l’entreprise doit être nouvelle et créée pour l’exploitation du brevet concédé.
2.4. Déficits subis par les inventeurs indépendants
Lorsque l’activité d’inventeur est une véritable profession, les déficits subis dans le cadre de cette
activité sont déductibles du revenu. Ils s’imputent sur le revenu global de l’année et, en cas
d’insuffisance, des cinq années suivantes.
155
16 % +CSG 7,5 % + CRDS 0,5 % + prélèvement social de 1 %.
II- 228
Annexe 3 (Suite)
Lorsque l’activité d’inventeur n’est pas une véritable activité professionnelle, les déficits ne sont pas
déductibles du revenu global et peuvent seulement être imputés sur les bénéfices d’activités
semblables durant la même année ou les cinq années suivantes.
Les frais de prise de brevet et de maintenance suivent un régime particulier vu ci-dessus au § I.2.1.
3. Inventeurs salariés
3.1. Inventions de services
La rémunération des inventions de service est imposée à l’impôt sur le revenu, dans la catégorie des
traitements et salaires.
3.2. Autres inventions
La rémunération des autres inventions que les inventions de service est imposée à l’impôt sur le
revenu dans la catégorie des BNC et dans les conditions exposée ci-dessus § II.1.
III. CESSION DU BREVET
1. Entreprises industrielles et commerciales
Le produit de cession des brevets et droits assimilés est imposé selon le régime des plus-values à
long terme dans les conditions exposées ci-dessus au § II.1.
1.1. Entreprises soumises à l’impôt sur les sociétés
1.1.1 Les règles fiscales en vigueur au 31 décembre 1996 : Imposition de l’ensemble des
produits selon le régime des plus-values à long terme
Pour bénéficier du régime spécial, les brevets et droits assimilés doivent faire partie de l’actif
immobilisé. Dans le cas où les brevets ont été acquis à titre onéreux, il faut que l’acquisition remonte
à au moins deux ans.
La plus-value nette est égale à la différence entre le prix de cession et la valeur d’origine. Toutefois,
la plus-value est égale au prix de vente dans les deux situations suivantes :
- l’élément en cause a été mis au point par l’entreprise, et les dépenses de recherche
correspondantes ont été déduites des résultats en application de l’article 236-I du CGI ;
- le brevet en cause a été immobilisé et totalement amorti au moment de la cession.
La plus-value nette de cession est imposée à l’impôt sur les sociétés au taux réduit de 20,90 %156.
L’application du régime des plus-values à long terme est subordonnée157 à la dotation de la réserve
spéciale des plus-values à long terme, d’un montant égal à la plus-value de cession de brevets
diminuée de l’impôt sur les société au taux réduit (19 %158). Cette réserve doit être constituée au
cours de l’exercice suivant celui de la réalisation de la plus-value, et en cas d’impossibilité de la
doter, totalement ou partiellement, au plus tard au cours de l’exercice clos la troisième année suivant
celle de la réalisation de la plus-value. A défaut de dotation de la réserve spéciale, le complément
d’impôt reste dû au titre de l’exercice qui suit celui de la réalisation de la plus-value. Les modalité et
l’ordre à suivre pour la constitution de la réserve relèvent du droit commun.
156
19 + 10 % (19)
157
Article 209 quater 1 du CGI.
158
19%, sans tenir compte de la contribution de 10 % soit une réserve d’un montant égal à 81 % de
la plus-value.
II- 229
Annexe 3 (Suite)
1.1.2. Les nouvelles règles fiscales applicables, à compter du 1er janvier 1997, aux entreprises
soumises à l’impôt sur les sociétés
Le résultat de la cession des brevets et droits assimilés est exclu du régime des plus ou moins values
à long terme.
Les sociétés concernées par la nouvelle règle fiscale sont imposables sur le résultat de la cession des
brevets et droits assimilés à l’impôt sur les sociétés au taux de 41,67 %159.
1.2. Entreprises commerciales soumises à l’impôt sur le revenu
La plus-value nette est identique à celle vue ci-dessus au § II.1. pour les entreprises soumises à
l’impôt sur les sociétés.
Une fois déterminés, la plus-value nette de cession est imposée entre les mains des associés selon
leur quote-part dans le résultat de la société, à l’impôt sur le revenu au taux de 26 %160 .
2. Inventeurs indépendants et sociétés de personnes réalisant des BNC
Les plus-values de cession de brevets et droits assimilés sont imposées dans les mêmes conditions
que les revenus d’exploitation vus ci-dessus au § II.2.
La plus-value nette de cession est déterminée par la différence entre les produits d’exploitation du
brevet et des droits assimilés et les frais et dépenses exposés ou par le produit de cession du brevet
auquel est appliqué un abattement de 30 % selon le régime ci-dessus exposé (voir ci-dessus I.2.).
Toutefois, la plus-value est égale au prix de cession dans les cas suivants :
L’élément en cause a été mis au point par l’inventeur, et les dépenses de recherche correspondantes
ont été déduites du revenu en application de l’article 236-I du CGI.
Le brevet en cause a été immobilisé et totalement amorti au moment de la cession.
Une fois déterminé, le résultat net de la concession de licences d’exploitation est imposé à l’impôt
sur le revenu au taux de 26 %161.
3. Inventeurs salariés
3.1. Inventions de services
L’employeur a le droit de se faire attribuer la propriété ou la jouissance de tout ou partie des droits
attachés au brevet protégeant une invention réalisée dans le cours de l’exécution des fonctions du
salarié, dans le domaine des activités de l’entreprise ou avec le concours technique de l’entreprise.
Dans cette situation, l’invention reste la propriété du salarié jusqu’à son attribution en propriété ou
en jouissance à l’employeur. Si l’employeur se fait attribuer des droits sur le brevet, le salarié doit en
obtenir en compensation un juste prix, fixé soit par accord entre les parties, soit par une commission
de conciliation, soit, en recours, par le tribunal de grande instance.
Les sommes ainsi obtenues par le salarié sont réputées représenter le prix de cession de l’invention.
Ces rémunérations considérées comme des plus-value de cession162 sont soumises à l’impôt au titre
des bénéfices non commerciaux, au taux de 26 %163.
159
33,1/3 + 10 % (33,1/3) +15 % (33,1/3)
160
16 % +CSG 7,5 % + CRDS 0,5 % + prélèvement social de 1 %.
161
16 % +CSG 7,5 % + CRDS 0,5 % + prélèvement social de 1 %.
162
En cas d’exploitation conjointe par le salarié et l’employeur, il s’agit de redevances imposées dans
la catégorie des BNC en tant que revenus imposés selon le barème de l’impôt sur le revenu.
163
16 % +CSG 7,5 % + CRDS 0,5 % + prélèvement social de 1 %.
II- 230
Annexe 3 (Suite)
164
16 % +CSG 7,5 % + CRDS 0,5 % + prélèvement social de 1 %.
165
D. adm. 7 D-2611, § 4, du 1er septembre 1995.
166
D. adm. 7 D-2611, § 3, du 1er septembre 1995.
167
D. adm. 7 E-451, § 4, du 25 mai 1992.
168
D. adm. 7 E-451, § 3, du 25 mai 1992.
II- 231
Annexe 3 (Suite)
V. TVA
Les cessions de brevets et les concessions de licences d’exploitation de brevets sont des prestations
de services imposables à la TVA169.
Mais, selon une tolérance administrative170, les cessions de brevets ne sont pas imposables à la TVA
lorsqu’il résulte des circonstances de fait qu’il y a également une cession au moins implicite de
clientèle devant être soumise au droit proportionnel d’enregistrement de l’article 719 du CGI
applicable aux cessions de fonds de commerce et de clientèles.
En revanche, les cessions de brevets, sans cession aucune de clientèle, sont soumises à la fois à la
TVA et au droit fixe d’enregistrement de 500 F de l’article 731 du CGI (voir ci-dessus).
Dans le cadre des opérations internationales, l’assujettissement à la TVA française des cessions de
brevets et des concessions de licences d’exploitation de brevets suit les règles fixées par l’article 259
B du CGI.
Pour le reste, les cessions de brevets et les concessions de licences d’exploitation de brevets sont
soumises au régime de droit commun de la TVA.
VI. DROIT DE TIMBRE
Le droit de timbre de dimension de 38 F par page est dû sur les actes de cessions de brevets ou de
concessions de licences d’exploitation de brevets dont l’INPI exige l’enregistrement171.
VII. MESURES D’INCITATION FISCALE
1. Apport en société d’un brevet
L’imposition de la plus-value constatée lors de l’apport, par un inventeur personne physique, d’un
brevet, d’une invention brevetable ou d’un procédé de fabrication industriel qui remplit certaines
conditions (voir ci-dessous), à une société chargée de l’exploitation peut, sur demande expresse du
contribuable, faire l’objet d’un report jusqu’à la cinquième année suivant celle au cours de laquelle
l’apport a été effectué ou jusqu’à la date de la cession ou du rachat des droits sociaux reçus en
rémunération de l’apport, si cette cession ou ce rachat intervient avant l’expiration de ce délai de
report172.
Ces règles ne concernent que les inventeurs personnes physiques imposables en BNC.
Le procédé de fabrication industriel doit constituer le résultat d’opérations de recherche, être
l’accessoire indispensable de l’exploitation d’un brevet ou d’une invention brevetable et être cédé ou
concédé simultanément au brevet ou à l’invention brevetable dont il est l’accessoire et aux termes du
même contrat que celui-ci.
La société bénéficiaire de l’apport doit notamment avoir pour objet l’exploitation du droit de
propriété industrielle qui lui est apporté. Son activité réelle doit être conforme à cet objet.
L’apport ne peut être rémunéré que par la remise de droits sociaux, à l’exclusion de toute autre forme
de contrepartie (ouverture d’un compte-courant, versement de sommes d’argent, prise en charge de
dettes, etc).
169
Article 256-IV-1° du CGI.
170
D. adm. 3 A-1131, § 2 et 3, du 1er mai 1992.
171
D. adm. 7 M-1212, § 9, du 15 décembre 1990.
172
Article 93-quater-I-ter du CGI.
II- 232
Annexe 3 (Suite)
La cession par la société des droits de la propriété industrielle ne met pas fin au report d’imposition.
La cession des droits sociaux reçus en rémunération de l’apport s’entend de toute transmission à titre
onéreux de droits sociaux (vente, échange ou apport en société). Le rachat s’entend du rachat par la
société de ses propres titres. En cas de cession ou de rachat d’une partie des droits sociaux, seule la
fraction correspondante de la plus-value en report est imposée ; le surplus continue à bénéficier du
report d’imposition. Les plus-values sont imposables dans les conditions en vigueur au titre de
l’année d’expiration du report d’imposition.
La demande de report d’imposition, établie sur papier libre, doit être jointe à la déclaration des
résultats de l’année au cours de laquelle l’apport en société a été effectué. L’apporteur doit également
joindre à sa déclaration d’ensemble de revenus n° 2042 de l’année en cours à la date de l’apport et
des années suivantes jusqu’à celle de l’expiration du report, une déclaration, établie sur papier libre,
qui doit contenir les renseignements suivants :
• sur l’opération d’apport :
- nom et adresse au moment de la déclaration de l’apporteur ;
- forme, dénomination sociale, numéro de SIRET et adresse du principal établissement
ou du siège de la direction effective de la société bénéficiaire de l’apport et, si elle est
différente, adresse de son siège social (en pratique, il convient de mentionner l’adresse
qui figure sur la déclaration des résultats de la société bénéficiaire), à la date de la
production de l’état ;
- date de l’apport ;
- nombre de titres reçus en rémunération de l’apport et leur valeur à cette date
correspondant à la valeur des apports telle qu’elle résulte de l’acte d’apport ;
- pour chaque droit de propriété industrielle apporté : valeurs comptable, fiscale et
d’apport et montant de la plus-value réalisée lors de l’apport et le régime fiscal qui lui
aurait été appliqué à cette date (régime des plus-values à long terme ou non) ;
• sur les opérations portant sur les droits sociaux reçus en rémunération de l’apport :
- en cas de cession à titre onéreux ou de rachat des droits sociaux : nature et date de
l’opération et nombre de titres concernés ;
- en cas de transmission à titre gratuit, date de la transmission, noms et adresses du ou
des bénéficiaires et nombre de titres concernés.
Le défaut de production de cette déclaration ou l’omission de tout ou partie des renseignements qui
doivent y figurer entraîne l’imposition immédiate des plus-values reportées173.
2. Crédit d’impôt recherche
Cet avantage fiscal concerne uniquement les entreprises industrielles et commerciales ainsi que les
entreprises agricoles.
Le dispositif s’applique de 1996 jusqu’à 1998 inclus.
Selon l’article 244-quater-B-I du CGI, les entreprises industrielles et commerciales ou agricoles
imposées d'après leur bénéfice réel peuvent bénéficier d'un crédit d'impôt égal à 50 % de l'excédent
des dépenses de recherche exposées au cours d'une année par rapport à la moyenne des dépenses de
même nature, revalorisées de la hausse des prix à la consommation, exposées au cours des deux
années précédentes.
173
Inst. 14 août 1997, BOI 5 G-14-97.
II- 233
Annexe 3 (Suite)
Le crédit d'impôt accordé aux entreprises nouvelles au titre de l'année de leur création est égal à
50 % des dépenses de recherche exposées au cours de cette période.
Le crédit d'impôt est plafonné pour chaque entreprise, y compris les sociétés de personnes, à
40 millions de francs. Il s'apprécie en prenant en compte la fraction du crédit d'impôt correspondant
aux parts des associés de sociétés de personnes et aux droits des membres de groupements d’intérêt
économique.
Pour le calcul du crédit d'impôt attribué au titre des années 1986 et suivantes, le crédit est égal à 50
% des dépenses de recherche de la première année au cours de laquelle l'entreprise expose des
dépenses de cette nature.
Les dépenses de recherche ouvrant droit au crédit d'impôt sont :
a. Les dotations aux amortissements des immobilisations créées ou acquises à l'état neuf et affectées
directement à la réalisation en France d'opérations de recherche scientifique et technique, y compris
la réalisation de prototypes ou d'installations pilotes. Toutefois, les dotations aux amortissements des
immeubles acquis ou achevés avant le 1er janvier 1991 ainsi que celles des immeubles dont le
permis de construire a été délivré avant le 1er janvier 1991 ne sont pas prises en compte ;
b. Les dépenses de personnel afférentes aux chercheurs et techniciens de recherche directement et
exclusivement affectés à ces opérations ;
c. Les autres dépenses de fonctionnement exposées dans les mêmes opérations ; ces dépenses sont
fixées forfaitairement à 75 % des dépenses de personnel mentionnées au b.
Ce pourcentage est fixé à :
1° 65 % des dépenses de personnel qui se rapportent aux chercheurs et techniciens de recherche qui
exercent tout ou partie de leur activité dans la région d'Ile-de-France ;
2° 100 % des dépenses de personnel qui se rapportent aux chercheurs et techniciens de recherche
affectés exclusivement dans les territoires ruraux de développement prioritaire et dans les zones
d'aménagement du territoire mentionnés à la dernière phrase du premier alinéa de l'article 1465.
d. Les dépenses exposées pour la réalisation d'opérations de même nature confiées à des organismes
de recherche publics ou privés agréés par le ministre de la recherche et de l'industrie, ou à des experts
scientifiques ou techniques agréés dans les mêmes conditions ;
e. Les frais de prise et de maintenance de brevets ;
f. Les dotations aux amortissements des brevets acquis en vue de réaliser des opérations de recherche
et de développement expérimental ;
g. Les dépenses de normalisation afférentes aux produits de l'entreprise, définies comme suit, pour la
moitié de leur montant :
1° Les salaires et charges sociales afférents aux périodes pendant lesquelles les salariés participent
aux réunions officielles de normalisation ;
2° Les autres dépenses exposées à raison de ces mêmes opérations ; ces dépenses sont fixées
forfaitairement à 30 % des salaires mentionnés au 1° ;
3° Dans des conditions fixées par décret, les dépenses exposées par le chef d'une entreprise
individuelle, les personnes mentionnées au I de l'article 151 nonies et les mandataires sociaux pour
leur participation aux réunions officielles de normalisation, à concurrence d'un forfait journalier de
3.000 F par jour de présence auxdites réunions ;
II- 234
Annexe 3 (Suite)
h. Les dépenses liées à l'élaboration de nouvelles collections exposées par les entreprises industrielles
du secteur textile-habillement-cuir et définies comme suit :
1° Les salaires et charges sociales afférents aux stylistes et techniciens des bureaux de style
directement et exclusivement chargés de la conception de nouveaux produits et aux ingénieurs et
techniciens de production chargés de la réalisation de prototypes ou d'échantillons non vendus ;
2° Les dotations aux amortissements des immobilisations créées ou acquises à l'état neuf qui sont
directement affectées à la réalisation d'opérations visées au 1° ;
3° Les autres dépenses de fonctionnement exposées à raison de ces mêmes opérations ; ces dépenses
sont fixées forfaitairement à 75 % des dépenses de personnel mentionnées au 1° ;
4° Les frais de dépôt des dessins et modèles.
Les subventions publiques reçues par les entreprises à raison des opérations ouvrant droit au crédit
d'impôt sont déduites des bases de calcul de ce crédit.
Il en est de même des sommes reçues par les organismes ou experts désignés au d ci-dessus, pour le
calcul de leur propre crédit d'impôt.
En outre, en cas de transfert de personnels, d'immobilisations ou de contrats mentionnés au d ci-
dessus, entre entreprises ayant des liens de dépendance directe ou indirecte, ou résultant de fusions,
scissions, apports ou opérations assimilées, il est fait abstraction, pour le calcul de la variation des
dépenses de recherche, de la part de cette variation provenant exclusivement du transfert.
Sur option de l'entreprise, les dispositions du présent article sont également applicables aux dépenses
exposées au cours des années 1996 à 1998 par les entreprises qui ont fait application du crédit
d'impôt recherche au titre de 1995 ou par celles qui n'ont jamais opté pour le régime du crédit
d'impôt recherche. L'option doit être exercée au titre de 1996 ou au titre de l'année de création de
l'entreprise, ou au titre de l'année au cours de laquelle l'entreprise réalise ses premières dépenses de
recherche éligibles au crédit d'impôt recherche.
Le crédit d’impôt est déterminé par année civile, quelle que soit la date de clôture des exercices et
leur durée.
Le crédit d’impôt est imputé sur le revenu ou sur l’impôt sur les sociétés dû par l’entreprise au titre
de l’année au cours de laquelle elle a accru ses dépenses de recherche. La fraction du crédit qui
excède l’impôt dû est imputable sur l’impôt des trois années suivantes et, le cas échéant, est restituée
à l’entreprise à l’issue de cette période.
174
Article 885-I-3e alinéa du CGI.
175
D. adm. 7 S-3432, § 6 et 7, du 1er février 1991
II- 235
Annexe 3 (Suite)
176
Article 39-terdecies-1-ter du CGI.
II- 236
Annexe 3 (Suite)
2.1.1. Principe
L’article 12-1 du modèle de convention dispose que « les redevances provenant d’un Etat et payées à
un résident de l’autre Etat contractant ne sont imposables que dans cet autre Etat, si ce résident en
est le bénéficiaire effectif ».
Cela signifie que :
- les redevances payées par une personne, physique ou morale, résidente fiscale de la
France (Etat de la source) à une personne physique ou morale qui n’est pas résidente
de la France ne sont pas imposable en France, mais seulement dans l’Etat de résidence
du bénéficiaire (Etat du bénéficiaire) des redevances ;
- les redevances payées par une personne, physique ou morale qui n’est pas une
résidente fiscale de la France à une personne physique ou morale résidente de la France
ne sont imposable qu’en France.
En principe, aucune retenue à la source ne peut être prélevée par l’Etat de provenance des
redevances. Toutefois, de nombreuses conventions fiscales internationales prévoient une telle retenue
à la source.
Annexe 3 (Suite)
Le débiteur des redevances doit adresser les imprimés administratifs à chacun des bénéficiaires et ce
en fonction de leur pays de résidence (par exemple, pour un bénéficiaire résident fiscal de
l’Allemagne : RF 3 Allemagne).
Ces imprimés sont disponibles auprès du Centre des impôts des non-résidents , 9 rue d'Uzès, 75094
Paris Cedex 02.
Ces imprimés comportent 3 volets identiques. Ils permettent notamment de mentionner les
coordonnées du créancier et du débiteur des redevances et contiennent une déclaration du créancier
ainsi qu'une attestation à faire compléter par l'autorité fiscale du pays de résidence du créancier.
Le débiteur doit remplir un imprimé pour chacun des bénéficiaires de redevances (appelé le
créancier) et le leur adresser. Le bénéficiaire des redevances doit remplir la déclaration contenue
dans cet imprimé et la soumettre au visa de son autorité fiscale locale.
A défaut de justifier de la résidence fiscale du créancier au moyen des imprimés précités avant le 31
décembre de la troisième année (délai de reprise de l'administration) suivant celle du paiement des
droits, le débiteur des redevances doit payer une retenue à la source égale à 33,1/3 % des sommes
versées.
Il existe, toutefois, des possibilité de régularisation à condition d’intervenir au plus tard le 31
décembre de l'année qui suit celle de la première échéance de paiement des redevances, avec une
demande de régularisation concernant la ou les échéances couvertes par l'exonération dont il s'agit.
2.2. Convention Franco - allemande
Selon l’article 15 de la convention fiscale conclue entre la France et l’Allemagne le 21 juillet 1959,
les revenus ou redevances d’usage ou de concession du brevet ne sont imposables que dans l’Etat
dont le bénéficiaire est le résident.
Cela signifie que :
- les revenus ou redevances payés par une personne, physique ou morale, résidente
fiscale de France (Etat de la source) à une personne physique ou morale résidente de
l’Allemagne ne sont imposable qu’en Allemagne (Etat du bénéficiaire). Ces revenus
ou redevances ne doivent pas être soumis à la retenue à la source de l’article 182 B du
code général des impôts (voir ci-dessus § VII-1).
- les revenus ou redevances payés par une personne, physique ou morale qui est une
résidente fiscale d’Allemagne (Etat de la source) à une personne physique ou morale
résidente de France, ne sont imposables qu’en France (Etat du bénéficiaire).
Toutefois, le 5e alinéa de cet article prévoit que lorsque le bénéficiaire des revenus possède dans
l’Etat de la source de ces revenus un établissement stable ou une installation fixe d’affaires, les
revenus ou redevances d’usage ou de concession du brevet imputés à cet établissement stable ou à
cette installation fixe d’affaires ne sont imposables que dans l’Etat de la source.
La convention ne prévoit pas de disposition concernant les redevances excédentaires. Toutefois, en
ce qui concerne les entreprises industrielles et commerciales, l’application de l’article 57 du code
général des impôts, permet la réintégration dans les résultats du débiteur, des redevances payées à
une partie liée à l’étranger et qui traduisent un transfert de bénéfice.
II- 238
Annexe 3 (Suite)
3. Redevances payées au résident d’un Etat bénéficiant d’un régime fiscal privilégié
Les redevances de cession ou concession de licences d'exploitation de brevets d'invention payées ou
dues par une personne physique ou morale domiciliée ou établie en France à des personnes
physiques ou morales qui sont domiciliées ou établies dans un Etat étranger ou un territoire situé
hors de France et y sont soumises à un régime fiscal privilégié, ne sont admises comme charges
déductibles pour l'établissement de l'impôt que si le débiteur apporte la preuve que les dépenses
correspondent à des opérations réelles et qu'elles ne présentent pas un caractère anormal ou
exagéré177.
Les personnes sont regardées comme soumises à un régime fiscal privilégié dans l'Etat ou le territoire
considéré si elles n'y sont pas imposables ou si elles y sont assujetties à des impôts sur les bénéfices
ou les revenus notablement moins élevés qu'en France.
Ces dispositions s'appliquent également à tout versement effectué sur un compte tenu dans un
organisme financier établi dans un des Etats ou territoires visés ci-dessus.
IX. OBLIGATIONS DECLARATIVES
Les entreprises, sociétés ou associations qui procèdent à l'encaissement et au versement de droits
d'inventeur sont tenues de déclarer, dans les conditions prévues aux articles 87, 87 A et 89 du CGI
pour la déclaration des salaires, le montant des sommes dépassant 300 F par an, qu'elles versent à
leurs membres ou à leurs mandants178.
La déclaration est souscrite auprès de la direction des services fiscaux du lieu du domicile de la
personne ou du siège de l’établissement ou du bureau qui a assuré le paiement lorsqu’elle est
produite par des personnes qui n’emploient aucun salarié ou emploient du personnel salarié ne
relevant pas du régime de sécurité sociale. Cette déclaration peut être souscrite soit par la
communication d’un support informatique, soit par l’envoi de formulaires normalisés, dont les
caractéristiques et le modèle sont fixés par l’administration179.
La déclaration doit porter sur les droits d’inventeur versés au cours de l’année précédente.
Selon l’article 241 du CGI, la déclaration n’est obligatoire que pour les sommes dépassant 300 F par
an pour un même bénéficiaire. Mais une tolérance administrative a porté cette limite à 500 F180.
La déclaration doit mentionner :
- la désignation des bénéficiaires : nom, prénoms, profession ou qualité, adresse181 ;
- le montant brut des sommes versées à chacun d’eux, avant toute déduction au titre
notamment des cotisations de sécurité sociale et de la CSG précomptées par
l’organisme déclarant182 ;
- pour les paiements ayant donné lieu à l’application de la retenue à la source (voir ci-
dessous) et payés à des personnes ou des sociétés qui n’ont pas en France d’installation
professionnelle permanente, le montant de ces paiements et le montant des retenues
pratiquées183. Ces précisions sont demandées par la documentation de base
administrative mais on peut noter que l’article 47 de l’annexe III au CGI ne les exige
que pour les droits perçus par les auteurs et non pour les droits perçus par les
inventeurs.
En pratique, ce sont les imprimés DADS 1 ou DAS 2 qui doivent être utilisés.
177
Article 238-A du CGI
178
Article 241 du CGI.
179
Article 47A de l’annexe III au CGI.
180
D. adm. 5 A-321, § 4 et 5, du 1er septembre 1992.
181
Inst. 13 mai 1992, BOI 5 G-9-92.
182
D. adm. 5 A-321, § 6, du 1er septembre 1992
183
Article 47 de l’annexe III au CGI et D. adm. 5 A-321, § 7, du 1er septembre 1992
II- 239
Annexe 3 (Fin)
Le défaut de production dans les délais prescrits de la déclaration donne lieu à l’application
d’une amende fiscale de 100 F.
L’administration peut adresser, par pli recommandé avec avis de réception, une mise en demeure
d’avoir à fournir la déclaration dans un délai de 30 jours. A défaut de production dans ce délai,
l’amende est portée à 1 000 F. Sauf en cas de force majeure, la non-production de la déclaration dans
un délai de 30 jours après une nouvelle mise en demeure notifiée par l’administration dans les
mêmes formes, donne lieu aux peines prévues à l’article 1726 du CGI (voir ci-dessous).
Sous réserve que l’infraction soit réparée spontanément ou à la première demande de
l’administration, dans les trois mois suivant celui au cours duquel la déclaration omise aurait dû être
produite, l’amende encourue n’est pas appliquée si le contribuable atteste, sous le contrôle de
l’administration, n’avoir pas commis depuis au moins 4 ans d’infraction relative à un document de
même nature184.
Sauf en cas de force majeure, les omissions ou inexactitudes relevées dans les renseignements que
doivent comporter la déclaration et l’omission totale de ces renseignements donnent lieu à
l’application d’une amende de 100 F par omission ou inexactitude, avec minimum de 1 000 F pour
chaque déclaration omise, incomplète ou inexacte. L’amende encourue n’est pas appliquée dans le
cas prévu à l’alinéa précédent185.
184
Article 1725 du CGI.
185
Article 1726 du CGI.
II- 240
II- 241
Michael Brosemer
Avocat à la Cour
Annexe 4 (Suite)
I - CRÉATION DU BREVET
1.1 Dépenses engagées par les personnes réalisant des revenus commerciaux (gewerbliche
Einkünfte) ou des revenus tirés d'une activité indépendante non commerciale (Einkünfte aus
selbständiger Tätigkeit)
Selon le § 18 ESTG, les revenus tirés d'une activité indépendante non commerciale "Einkünfte aus
selbständiger Tätigkeit" sont ceux réalisés notamment par les membres des professions libérales, les
administrateurs de biens et les membres du conseil de surveillance. Les inventeurs non salariés
perçoivent en général des revenus de cette catégorie, sauf si les inventions sont réalisées dans une
entreprise industrielle et commerciale (gewerbliches Unternehmen)186.
Dans les deux cas, le régime fiscal des dépenses de création des brevets est le suivant :
Par contre, les brevets créés ne peuvent être amortis sur le plan fiscal (§ 5 Il ESTG). Les dépenses
correspondantes sont donc immédiatement déductibles à condition toutefois qu'elles soient en
relation avec l'activité imposable. Il s'agit là d'un principe général. .Par contre, la déduction n'est pas
permise si l'activité d'inventeur n'est pas réalisée avec l'intention de faire un bénéfice, par exemple, si
un bénéfice futur ne peut être selon toute logique espéré.
Les inventions faisant partie de l'actif circulant doivent être activées pour leur prix d'acquisition. Les
dépenses engagées doivent ainsi être amorties faute d'être immédiatement déductibles
Le droit allemand distingue les inventions de service des inventions faites en dehors du service.
En droit allemand, toute invention faite par un salarié pendant la durée de son contrat de travail, soit
dans le cadre des missions qui lui ont été confiées, soit grâce à l'expérience ou aux travaux de
l'entreprise qui l'emploie, constituent des inventions de service.
186
R 149 des Einkommensteuerrichtlinien (Instructions de l'administration fiscale allemande sur
l'impôt sur le revenu).
II- 243
Annexe 4 (Suite)
Fiscalement, conformément à l'article § 19 ESTG, les revenus réalisés par les inventeurs salariés au
titre de leur invention de service constituent des salaires, c.a.d. "Einkünfte aus nichtseibständiger
Tätigkeit".
Les dépenses de création de brevet exposées par les inventeur salariés sont immédiatement
déductibles à condition toutefois de dépasser le plafond de la déduction forfaitaire applicable à tous
les salariés en Allemagne. Si les dépenses de création de brevets et les autres dépenses
professionnelles exposées par un inventeur salarié sont inférieures à ce plafond, la déduction ne peut
être pratiquée que dans la limite de ce plafond.
Les inventions faites par le salarié qui ne répondent pas aux conditions exposées ci-dessus
appartiennent au salarié. Si le salarié fait une telle invention durant la durée de son contrat de
travail, il doit en informer son employeur. En outre, le salarié ne peut, en principe, faire usage de
l'invention qu'après avoir proposé à son employeur un droit de jouissance sur cette invention à des
conditions acceptables.
Sur le plan fiscal, les revenus tirés d'une invention réalisée par un salarié en dehors de ses services
constituent des revenus non commerciaux (voir 1.1).
2 Autres impôts
Il n'y a pas d'autre imposition au moment de la création de l'invention, notamment pas de droits
d'enregistrement.
II - EXPLOITATION DU BREVET
Les règles exposées ci-après ne concernent que les revenus réalisés par les inventeurs eux-mêmes. Le
régime fiscal des revenus perçus par les acquéreurs d'un brevet ne sera pas abordé dans le cadre de
cette étude.
1. Redevances perçues par des personnes physiques réalisant des revenus commerciaux
"gewerbliche Einkünfte"
Le bénéfice est égal à la différence entre la valeur de l'actif net de l'entreprise à la clôture de
l'exercice et la valeur de l'actif net constatée à la clôture de l'exercice précédent, augmentée du
montant des prélèvements sur le capital et diminuée du montant des apports.
Les dépenses engagées pour la création du brevet, immédiatement déductibles, diminuent l'actif et
viennent en déduction des redevances facturées qui augmentent l'actif.
Une fois déterminé, le bénéfice est soumis à l'impôt sur le revenu dont le taux est progressif.
II- 244
Annexe 4 (Suite)
Ce bénéfice est également soumis à l’impôt de solidarité (Solidaritätszuschlag) qui est de 7,5% du
montant de l'impôt sur le revenu, ainsi qu'à l'impôt ecclésiastique (Kirchensteuer), si la personne est
membre d'une église, qui est de 8 à 9% (selon le land concerné) du montant de l'impôt sur le revenu.
Contrairement à l'impôt de solidarité, l'impôt ecclésiastique est déductible.
Ce bénéfice est en outre soumis à la taxe professionnelle. La base d'imposition est le bénéfice
calculé pour les besoins de l'imposition du bénéfice corrigé, le cas échéant, de quelques
réajustements. Toutefois, aucun réajustement ne doit être pratiqué pour les bénéfices provenant de
licences de brevets. Le taux de la taxe professionnelle est progressif et varie entre 1 et 5%.
Toutefois, le taux peut être relevé par la commune concernée. En 1993, la moyenne de relèvement
du taux de la taxe professionnelle était de 372%. Le taux marginal de cette taxe est donc de 18,6%..
La taxe professionnelle est déductible de la base de l'impôt sur le revenu et diminue ainsi sa propre
base.
Ainsi, pour une personne soumise au taux marginal, le montant total de l'imposition peut être calculé
comme suit:
2. Redevances perçues par des sociétés soumises à l'impôt sur les sociétés
Les redevances perçues par des personnes soumises à l'impôt sur les sociétés relèvent de la catégorie
des bénéfices commerciaux "Einkünfte aus Gewerbebetrieb". Le bénéfice est déterminé selon les
règles du droit commun (voir point 1. 1).
Si ces revenus sont distribués, le taux d'impôt est diminué et porté à 30%.
Les redevances sont également soumises à l'impôt de solidarité (Solidaritätszuschlag) qui est de
7,5% du montant de l'impôt sur les sociétés.
Les redevances sont soumises à la taxe professionnelle dont la base est établie selon les règles
précisées au point 2.1. Le taux de la taxe professionnelle est de 5 %. Il peut être relevé par la
commune concernée. En 1993, la moyenne de relèvement du taux de la taxe professionnelle était de
372%. Le taux marginal de cette taxe est donc de 18,6%. La taxe professionnelle est déductible de
la base de l'impôt sur le revenu et diminue ainsi sa propre base.
187
En principe, le taux marginal de l'impôt sur le revenu s'élève à 53%. Pour les revenus
commerciaux, ce taux est plafonnée à 47% pour atténuer l'effet du fait que ces mêmes revenus
sont soumis à la taxe professionnelle.
188
Ce calcul tient compte de la déduction de la taxe professionnelle de la base de l'impôt sur le
revenu mais pas de la déduction la taxe professionnelle de sa propre base.
189
En effet, l'impôt ecclésiastique payé est déductible, donc l'impôt dû pour une année donnée vient
en déduction dans l'année pendant laquelle il est payé. Pour faciliter le calcul: déduction
hypothétique la même année.
II- 245
Annexe 4 (Suite)
Les revenus tirés des inventions faites par des inventeurs libres, c.a.d. ceux qui n'exercent pas une
activité commerciale (gewerbliche Tätigkeit) relèvent de la catégorie des revenus d'une activité
indépendante non commerciale "Einkünfte aus selbständiger Tätigkeit".
Le bénéfice peut être déterminé de deux manières, selon l'option exercée par le contribuable.
S'il établit un bilan, ce qui n'est pas obligatoire, le bénéfice est déterminé selon les règles applicables
aux bénéfices commerciaux "Einkünfte aus gewerblicher Tätigkeit" (voir ci-dessus point 1.).
A défaut d'établissement d'un bilan, le bénéfice est constitué par la différence entre les produits et les
charges ce qui revient au même au cas présent (§ 4 111 ESTG).
Le taux de l'impôt sur le revenu marginal pour ces revenus s'élève à 53%. Ce taux est plus élevé que
celui qui frappe les bénéfices commerciaux "Einkünfte aus Gewerbebetrieb", étant donné que ces
derniers sont soumis à la taxe professionnelle
Le bénéfice est également passible de l'impôt de solidarité (Solidaritätszuschlag) qui est de 7,5% du
montant de l'impôt sur le revenu, ainsi que de l'impôt ecclésiastique (Kirchensteuer) si le
contribuable est membre d'une église, de 8 à 9% (selon le land concerné) du montant de l'impôt sur
le revenu. Contrairement à l'impôt de solidarité, l'impôt ecclésiastique est déductible.
En revanche, les redevances ne sont pas soumises à la taxe professionnelle.
Ainsi, pour une personne soumise au taux marginal, le montant total de l'imposition peut être calculé
comme suit :
Les redevances sont imposables dans la catégorie des salaires. Le montant imposable est constitué
par la différence entre les produits et les charges.
Les charges sont déduites sous forme d'un abattement forfaitaire de DM 2.000. Le contribuable peut
toutefois déduire les frais réellement exposés si ceux-ci excèdent les charges.
190
Cf. note 187.
191
Cf. note 188.
II- 246
Annexe 4 (Suite)
Un taux marginal de l'impôt sur le revenu de 53% s'applique. S'y ajoutent l'impôt de solidarité
(Solidaritätszuschlag) de 7,5% du montant de l'impôt sur le revenu, ainsi que l'impôt ecclésiastique
(Kirchensteuer) si la personne est membre d'une église, de 8 à 9% (selon le land concerné) du
montant de l'impôt sur le revenu. Contrairement à l'impôt de solidarité, l'impôt ecclésiastique est
déductible.
Ainsi, pour une personne soumise au taux marginal. le montant total de l'imposition peut être calculé
comme suit:
En ce qui concerne la qualification des revenus, il convient de se reporter au point 1.1. de la présente
étude.
Comme le brevet ne doit pas être immobilisé, la plus-value est en principe égale au bénéfice réalisé
(sauf en cas de charges engagés dans l'année de la cession).
Il n'y a ni régime spécifique de plus-values à long terme et à court terme ni taux d'imposition
spécifique.
Le taux de l'impôt sur le revenu est progressif. Le taux marginal pour ces revenus s'élève à 47%.
La plus-value réalisée est soumise à la taxe professionnelle. Ainsi, un taux progressif entre 1 et 5%
s'applique qui peut être relevé par la commune concerné. En moyenne, en 1993, ce taux était relevé
de 372% d'où un taux marginal de 18,6%. La taxe professionnelle est déductible de la base de
l'impôt sur le revenu.
Ainsi, pour une personne soumise au taux marginal, le montant total de l'imposition peut être calculé
comme suit:
192
Cf. note 188.
193
Cf. note 187.
194
Cf. note 188.
II- 247
Annexe 4 (Fin)
2 Cession du brevet par des sociétés soumises à l'impôt sur les sociétés
Les plus-values perçues par des personnes soumises à l'impôt sur les sociétés sont traitées comme les
autres bénéfices commerciaux (voir point n° 1, 1, 1.1.). Il n'existe pas de régime spécifique des plus-
values à long terme.
3. Cession du brevet par des personnes physiques réalisant des revenus « Einkünfte aus
selbständiger Tätigkeit »
Le plus-values sont traitées comme des revenus courants (voir point Il n° 3).
Le taux de l'impôt sur le revenu marginal pour ces revenus s'élève à 53%.
Ainsi, pour une personne soumise au taux marginal, le montant total de l'imposition peut être calculé
comme suit:
Si l'employeur n'a qu'un droit de jouissance sur l'invention (pour la distinction voir point 1 n° 1.2.
(a)), la plus-value réalisée lors de la cession du brevet n'est pas imposable car elle est située dans la
sphère privée.
195
Cf. note 187.
II- 248
II- 249
FRANCE ALLEMAGNE
OPÉRATION Avantages fiscaux Avantages fiscaux Références
CONCERNÉES Inconvénients fiscaux Inconvénients fiscaux des études
I- CRÉATION OU
ACQUISITION DU
BREVET
1. Entreprises industrielles • Avantages fiscaux
et commerciales Choix entre l’amortissement Allemagne :
- Dépenses de création de et la déduction immédiate § I. 1.1.a.
brevets
2. Inventeurs indépendants • Avantages fiscaux France :
- Report du déficit sur 9 ans § I.2.1.
- Abattement spécial de 30% § I.2.2.
II. EXPLOITATION DU
BREVET
Imposition du résultat • Avantages fiscaux • Inconvénients fiscaux France :
net de concession de Imposition dans la catégorie Imposition à l’IS au § II.1.1.2.b.
licences d’exploitation des PVLT au taux de 23,75 % marginal, tous impôts Allemagne :
1. Entreprises soumises à confondus, de 59 % §II.2.
l’impôt sur les sociétés
2. Personnes physiques • Avantages fiscaux • Inconvénients fiscaux Allemagne :
réalisant des BIC et Imposition dans la catégorie Imposition au taux § II.1.
soumises à l’impôt sur le des PVLT au taux de 26 % marginal, tous impôts France :
revenu confondus, de 62 % § II.1.2.
3. Inventeurs indépendants • Avantages fiscaux • Inconvénients fiscaux Allemagne :
- Imposition dans la catégorie Imposition au taux § II.3.
des PVLT au taux de 26 % marginal, tous impôts France :
- Report des déficits sur 5 ans confondus, de 59 % § II.2.2.
III. CESSION DU
BREVET
• Avantages fiscaux • Inconvénients fiscaux Allemagne :
1. Entreprises soumises à Imposition à l’IS au taux de Imposition au taux § III.2.
l’impôt sur les sociétés 41,7 % (taux réduit à 36,66 % marginal, tous impôts France :
pour les PME) confondus, de 59 % § III.1.1.2.
2. Personnes physiques • Avantages fiscaux • Inconvénients fiscaux Allemagne :
réalisant des BIC et Imposition dans la catégorie Imposition au taux § III.1.
soumises à l’impôt sur le des PVLT au taux de 26 % marginal, tous impôts France :
revenu confondus, de 62 % § III.1.2.
3. Inventeurs indépendants • Avantages fiscaux • Inconvénients fiscaux Allemagne :
Imposition dans la catégorie Imposition au taux § III.3.
des PVLT au taux de 26 % marginal, tous impôts France :
confondus, de 59 % § III.2.
4. Cession des inventions de • Avantages fiscaux
services par les salariés : Pas d’imposition de la plus- Allemagne :
plus-value réalisée par le value § III. 4.
salarié
IV. MESURES - Apport en société du
D’INCITATION brevet ; France :
FISCALE - Crédit d’impôt recherche ; néant § VII
- Exonération de l’impôt sur
la fortune ;
- Sociétés de capital risque.
II- 250
II- 251
196
Liste par ordre alphabétique avec l’indication des fonctions exercées au moment du contact et de
l’entretien.
II- 252
ADPIC : Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui
touche au commerce
AELE : Association européenne de libre-échange
AFAQ : Association française pour l'assurance de la qualité
AFNOR : Association française de normalisation
AFPPI : Association française pour la protection de la propriété industrielle
AIPPI : Association internationale pour la protection de la propriété
industrielle
ANSI : American national standard institut
ANVAR : Agence nationale pour la valorisation de la recherche
ASME : American society of mechanical engineers
ASPI : Association française des spécialistes en propriété industrielle de
l'industrie
ASTM : American society for testing and materials
ATT : American telegraph and telephon
BN : Bureaux de normalisation
BNM : Bureau national de métrologie
BOPI : Bulletin officiel de la propriété industrielle
BSI : British standards institution
BTP : Bâtiment, travaux publics
CASCO : Comité pour l’évaluation de la conformité
CBMEA : Computer and business equipment manufacturers
CCI : Chambre de commerce et d’industrie
CEA : Commissariat à l’énergie atomique
CECA : Communauté européenne charbon/acier
CEI : Commission électrotechnique internationale
CEIPI : Centre d'études internationales de la propriété industrielle
CEN : Comité européen de normalisation
CENEL : Comité européen de normalisation électrique
CENELEC : Comité européen de normalisation électrotechnique
CIB : Classification internationale des brevets
CJCE : Cour de justice des communautés européennes
CNPF : Centre national du patronat français
CNRS : Centre national de la recherche scientifique
COFRAC : Comité français d'accréditation
COP : Comité d'orientation et de programmation
COPOLCO : Comité pour la politique en matière de consommation
COS : Comité d'orientations stratégiques
CPI : Code de la propriété intellectuelle
CSBTS : China state bureau of technical supervision
CSPI : Conseil supérieur de la propriété industrielle
CTI : Centres techniques industriels
II- 254