Comprendre l'ECG 2020
Comprendre l'ECG 2020
Comprendre l'ECG 2020
amine
Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Cardiologie et maladies vasculaires – Offre premium, par la Société française de cardiologie (SFC).
2020, 512 pages.
Échocardiographie clinique, par C. Klimczak. Collection « Cardiologie pratique ». 2016, 7e édition,
264 pages.
La maladie thrombo-embolique veineuse, par La Société Française de Médecine Vasculaire (SFMV),
Le Collège des enseignants de médecine vasculaire (CEMV), Le Collège Français de Pathologie Vascu-
laire (CFPV), P. Lacroix. 2015, 328 pages.
La maladie veineuse chronique, par La Société Française de Médecine Vasculaire (SFMV), Le Collège
des enseignants de médecine vasculaire (CEMV), Le Collège Français de Pathologie Vasculaire (CFPV),
J.-L. Guilmot. 2015, 256 pages.
med-hub Dr a.amine
Comprendre l'ECG
Éloi Marijon
Professeur des Universités, praticien hospitalier, Unité de rythmologie,
Hôpital européen Georges-Pompidou et Université de Paris
Ardalan Sharifzadehgan
Chef de clinique assistant, Unité de rythmologie,
Hôpital européen Georges-Pompidou et Université de Paris
med-hub Dr a.amine
Elsevier Masson SAS, 65, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex, France
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pour évaluer et utiliser toute information, méthodes, composés ou expériences décrits ici. Du fait
de l'avancement rapide des sciences médicales, en particulier, une vérification indépendante des
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122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle).
Abréviations
AV atrioventriculaire
BAV bloc atrioventriculaire
BB bloc de branche
BBD bloc de branche droit
BBG bloc de branche gauche
bpm battement par minute
BSA bloc sinoatrial
CMH cardiomyopathie hypertrophique
ECG électrocardiogramme
ESA extrasystole atriale
ESV extrasystole ventriculaire
FA fibrillation atriale
FC fréquence cardiaque
FV fibrillation ventriculaire
HAD hypertrophie atriale droite
HAG hypertrophie atriale gauche
HBAG hémibloc antérieur gauche
HBPG hémibloc postérieur gauche
HTA hypertension artérielle
HVD hypertrophie ventriculaire droit
HVG hypertrophie ventriculaire gauche
IVA artère interventriculaire antérieure
LQT syndrome du QT long
NAV nœud atrioventriculaire
OD oreillette droite
OG oreillette gauche
SCA syndrome coronarien aigu
SIV septum interventriculaire
TA tachycardie atriale
TSV tachycardie supraventriculaire
TV tachycardie ventriculaire
VD ventricule droit
VG ventricule gauche
med-hub Dr a.amine
Préface
Il est amusant d'apprendre que l'activité électrique d'un cœur avait été démontrée
en laboratoire dès 1856, sur une préparation. Elle était reliée au nerf d'une patte de
grenouille qui bougeait à chacun de ses battements. Le premier ECG humain avait
été enregistré en 1887 par Augustus D. Waller qui reliait une électrode posée sur le
thorax de son technicien de laboratoire, à un tube capillaire placé dans un champ
magnétique. Le niveau du liquide dans le tube variait à chaque battement mais
l'onde obtenue était grossière. Il avait aussi parcouru toutes les places européennes
en faisant la même expérience avec son chien devenu plus célèbre que lui.
Tout change avec Einthoven. Il utilise un galvanomètre à corde relié à deux électrodes,
récipients de liquide, dans lesquels plongent les bras du patient, et enregistre un tracé
d'une dérivation qui déroule sur un tambour. Le terme d'électrocardiogramme (ECG)
qu'il propose en 1893, la description des ondes PQRST, l'enregistrement en 1906
d'une fibrillation atriale, la généralisation du procédé dans le monde de la cardiologie
lui valent le prix Nobel de médecine qui lui est remis en 1924. Depuis, les modifications
liées à l'hypertrophie ou à l'ischémie et toutes les arythmies ont été décrites. Le
nombre des dérivations a été multiplié : triangle d'Einthoven à 3 électrodes (1912),
précordiales V1-V6 (1938) unipolaires des membres (1942).
L'ECG fait partie de tout examen cardiologique, personne n'en est dispensé quel que
soit le service où se trouve le patient. On l'enregistre en continu avec des moniteurs
de surveillance, par des Holters plus ou moins prolongés dans la vraie vie ou lors
d'épreuves d'effort. On l'a amplifié pour essayer de surprendre des potentiels ignorés
des tracés standard. C'est aussi la base des explorations électrophysiologiques
devenues primordiales dans les ablations de troubles du rythme.
L'ECG de surface est passionnant car il est logique et réfléchi mais demande
un effort. Le titre de ce traité (Comprendre l'ECG) lève toute ambiguïté. Mais
paradoxalement, à mesure que la médecine s'en empare, la cardiologie le
boude au profit de techniques d'imagerie plus accessibles, ou d'explorations
endocavitaires plus complexes. La compréhension de l'ECG est pourtant
indispensable à tout étudiant et à tout médecin. Ils auront à s'en servir dans le
quotidien de leurs patients. Les interprétations automatiques dont les progrès
sont considérables les aideront mais ne les remplaceront pas. Ils auront aussi à voir
des ECG non standardisés à une seule dérivation comme ceux que produisent les
montres connectées en attendant comme certains dispositifs simples, qu'elles en
fournissent six ou plus.
L'ECG qui, avec d'autres examens, aide à l'analyse des différentes cardiopathies
est surtout irremplaçable dans le diagnostic des arythmies où il peut éviter des
XII
med-hub Dr a.amine
1
Comprendre l'ECG
PLAN DU CHAPITRE
■■ 1.1. Acquisition du signal
Comprendre l'ECG
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2 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Onde de dépolarisation
A Complexe positif
B Complexe négatif
C ou
Complexe biphasique
Figure 1.2. Principe de l'influx électrique.
Comprendre l'ECG 3
med-hub Dr a.amine
Les dix électrodes placées à la surface de la peau, quatre sur les membres
et six sur le thorax, permettent de définir 9 dérivations unipolaires (pont
virtuel entre l'électrode unipolaire et une électrode neutre, nécessitant une
amplification notée « a », l'électrode placée sur la jambe droite étant consi-
dérée comme l'électrode neutre) et 3 bipolaires (entre deux électrodes)
(Fig. 1.3).
Pour un ECG à 18 dérivations, il faut déplacer les électrodes afin d'obtenir
six d érivations unipolaires supplémentaires : V1, V2 et V3 sont respective-
ment p ositionnées en VE (sous-xyphoïde), V3R et V4R (symétrique à droite du
sternum de V3 et V4), et V4, V5 et V6 sont respectivement positionnées dans
le dos sur la même ligne horizontale en V7, V8 (pointe de l'omoplate) et V9
(Fig. 1.4). Ces modifications sont immédiatement reportées par écrit sur le
tracé pour éviter toute confusion.
Plusieurs territoires (Tableau 1.1) définis à partir d'un ensemble de dérivations
permettent une description ECG correspondant aux parois cardiaques et à
leur vascularisation coronaire. Il faut toujours se demander si une anomalie
ECG fait partie d'un ou de plusieurs territoires, si elle est diffuse sur toutes
les dérivations (en faveur d'une cause générale, métabolique ou médicamen-
teuse) ou isolée à une dérivation (considérée le plus souvent comme non
pathologique).
DI +
aVR aVL
V6
V5
V1 V2 V3 V4
DII DIII
+ +
aVF
V4R
V9
V8
V7
V3R
V1 V2 V3 V4 V5 V6
Segment ST
T
P U
Q
S
Intervalle PR
QRS
Intervalle QT
Figure 1.5. Nomenclature ECG d'un cycle cardiaque.
Nœud atrio-ventriculaire
Nœud sinusal
OG
OD Faisceau de His
VG
Branche gauche
Branche postérieure
Réseau de Purkinje
1
2
0 mV
0 3
Potentiel de repos
4
–90 mV
R
T
xième onde positive, après R. Lorsqu'il n'y a qu'une seule onde négative sans onde R
dans le complexe, cette déflexion négative est nommée QS. Quand il n'y a qu'une
onde R, on la dit R exclusif. La déflexion intrinsèque (intrinsécoïde pour les puristes)
est le temps qui sépare le début du QRS du sommet de l'onde R.
La morphologie du QRS physiologique change selon les dérivations (Fig 1.4 et 1.8).
Lors de la dépolarisation ventriculaire, l'influx initial provient du SIV et se dirige
(dans un cœur normal) de gauche à droite. Les dérivations V1-V2 sont en regard du
VD, V3-V4 en regard du septum, V5-V6 en regard du VG. Il en résulte donc :
■ initialement, une onde r en V1, alors qu'une petite onde q « septale » est inscrite
en D1 et V6 ;
■ ensuite, une onde S est inscrite en V1, en raison de la dépolarisation du VG
(masse plus importante que celle du VD), et une onde R en V6 ;
■ enfin, quand la totalité du myocarde est dépolarisée, le tracé regagne la ligne
isoélectrique.
L'ascension de l'onde R et la régression de l'onde S sont donc progressives de V1 à
V6. La transition, quand R et S sont d'amplitude identique (habituellement V3-V4),
indique l'emplacement du SIV.
L'axe du QRS, appelé classiquement l'axe du cœur, représente la résultante vectorielle
des dépolarisations ventriculaires (Fig. 1.9). L'axe normal est compris entre –30° et + 90°.
Il est calculé automatiquement par tous les appareils actuels. En regardant les unipolaires
du plan frontal, on peut définir rapidement quatre cadrans (supérieur droit, supérieur
gauche, inférieur droit, inférieur gauche).
Le segment ST correspond à la repolarisation ventriculaire (cf. infra, section 2.2.3.1).
L'onde T correspond à la phase rapide de la repolarisation ventriculaire.
L'intervalle QT est la durée de dépolarisation et de repolarisation des ventricules.
C'est la systole électrique du cœur.
L'onde U est une onde surnuméraire après l'onde T.
I aVR V1 V4
II
aVL V2 V5
III aVF V3 V6
II 10 secondes
−90°
Déviation axiale
gauche
VR VL
−150° −30°
−180°
0° DI
+180°
Déviation
axiale droite
+120° +60°
DIII +90° DII
VF
Limites de l'axe normal du cœur
Figure 1.9. Représentation vectorielle de l'axe cardiaque.
La repolarisation atriale ne se voit pas car elle est d'amplitude trop faible et
confondue à la dépolarisation ventriculaire.
Pour que les données numériques soient bien précises, il faut que l'enregistrement
soit correctement étalonné (vitesse de déroulement, en routine, de 25 mm/s et
échelle d'amplitude à 1 mV/cm).
doivent intriguer le lecteur. Il faut alors vérifier les électrodes périphériques des
membres. Toutes les erreurs sont possibles et doivent être envisagées quand des
ECG successifs sont très différents.
1.3.3. Artefacts
Les artefacts peuvent être évités en enregistrant l'ECG dans des conditions favo-
rables : patient au calme et détendu, en décubitus dorsal, les membres supérieurs
le long du corps.
La ligne de base doit être isoélectrique (horizontale). Dans le cas contraire, il faut
s'assurer que le patient ne bouge pas. Pour ceux qui ont des tremblements des
extrémités (maladie de Parkinson), il est possible de placer les électrodes des
membres supérieurs sur les épaules, et celles des membres inférieurs sur les cuisses
ou les crêtes iliaques. Il importe d'éloigner montre, smartphone ou barreaux de
lit pour éviter toutes interférences, et de vérifier les défauts de contact des élec-
trodes. Il est possible d'activer le filtre de l'électrocardiographe.
med-hub Dr a.amine
CHAPITRE
2 2
Analyser l'ECG
PLAN DU CHAPITRE
■■ 2.1. Rythme cardiaque
Comprendre l'ECG
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Analyser l'ECG 11
med-hub Dr a.amine
Une bonne interprétation d'un ECG nécessite une analyse systématique des
12 dérivations et des tracés longs en cas de trouble du rythme (bradycardies ou
tachycardies). La bande supplémentaire de référence continue est appelée «bande
rythme» (généralement D2). Elle reste la même lorsque l'on passe des dérivations
frontales aux dérivations précordiales (Fig. 1.9). Ceux sont les conditions idéales
mais l'ECG peut ne comporter qu'une seule ou deux dérivations (enregistrement
d'un holter, enregistreur d'événement spécialisé et smartphone), ce qui limite les
informations.
Une lecture non systématique de l'ECG est source d'omission. Un ECG se lit dans
l'ordre chronologique, c'est l'unique moyen de ne rien laisser passer et de rendre
simple son interprétation, avec toujours le réflexe «PQRST». Un ECG de réfé-
rence est toujours le bienvenu pour mieux apprécier d'éventuelles modifications
temporelles.
Dans les dérivations précordiales, les ondes P sont diphasiques ± en V1. Le rythme
sinusal peut être irrégulier, surtout chez l'enfant du fait des variations respiratoires
(il s'accélère à l'inspiration du fait de l'augmentation du retour veineux).
2.2.1. Onde P
Elle se recherche simultanément dans toutes les dérivations, surtout en V1 et D2.
Elle résulte de la somme des vecteurs de dépolarisation des oreillettes droite et
gauche.
Analyser l'ECG 13
med-hub Dr a.amine
OG
OD
VG
V1 VD
DII
OG
OD
VG
VD
DII
2.2.2. Intervalle PR ou PQ
Il se mesure du début de l'onde P jusqu'au début de l'onde Q (ou R en absence
d'onde Q). Il est normal entre 120 et 200 ms. S'il est supérieur à 200 ms (1 grand
carreau), c'est un bloc atrioventriculaire du premier degré (BAV 1). S'il est
inférieur à 120 ms (3 petits carreaux) et associé à un empâtement du QRS,
c'est une préexcitation ventriculaire. La dépolarisation ventriculaire est pré-
coce en raison de l'existence d'un faisceau accessoire, qui court-circuite le
NAV, expliquant donc cette onde delta. Sans préexcitation, il correspond à
une conduction nodale accélérée (NAV hyperdromique). L'intervalle PR, un
intervalle légèrement supérieur aux limites (120–200 ms), n'est pas rare chez
un sujet sain. Un BAV 1 asymptomatique n'a généralement pas d'implication
thérapeutique.
Analyser l'ECG 15
med-hub Dr a.amine
V1 V6
NORMAL
BBD
BBG
V6 V6
OG OG
OD OD
VG VG
VD VD
V1 V1
Figure 2.4. Blocs de branche droit et gauche.
OG
OD
DI
VG
VD
aVF
OG
OD
DI
VG
VD
aVF
L'HBPG est plus rare que l'HBAG en raison du diamètre plus important de
l'hémibranche postérieure. L'HBPG atteste donc d'une atteinte sévère du tissu
conductif et doit conduire à rechercher systématiquement un trouble conduc-
tif de plus haut degré, d'autant qu'il est le plus souvent associé à un BBD. L'axe
gauche d'HBAG associé à un BBD complet est plus courant et ne mérite
qu'une surveillance. L'association d'un BBD et d'un hémibloc, qui correspond à
l'atteinte de deux faisceaux, est appelée bloc bifasciculaire. L'appellation tradi-
tionnelle de bloc trifasciculaire quand le bibloc s'associe à un PR long n'est pas
correcte, le PR long étant le plus souvent le résultat d'une conduction ralentie
dans le NAV. On devrait donc parler de bibloc avec BAV 1.
Le diagnostic différentiel des BB comprend la stimulation ventriculaire avec un
artefact de stimulation bipolaire mal visible, la préexcitation ventriculaire et les
rythmes ectopiques ventriculaires (ESV et TV). En cas de forte HVG, le QRS peut
s'élargir et l'onde Q septale disparaître, mais la déflexion intrinsèque n'est pas
retardée comme dans le BBG.
20 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
2.2.3.4. Amplitude
L'augmentation de la hauteur des complexes QRS traduit une augmentation de
la masse musculaire ventriculaire.
2.2.3.4.1. Hypertrophie VG (Fig. 2.7)
Le diagnostic repose sur le principe simple que la masse musculaire du VG est
accrue et engendre plus de potentiel dans les dérivations qui le regardent et l'inverse
dans celles qui le fuient. Il faut rechercher une forte positivité de R dans les dériva-
tions gauches (V5-V6) et une forte négativité dans les dérivations droites (V1-V2).
On utilise, malgré leur faible sensibilité, les indices de Sokolow et de Cornell :
■ indice de Sokolow (le plus utilisé) : R V5-V6 + S V1-V2 supérieur à 35 mm (addi-
tion des amplitudes) ;
■ indice de Cornell : R VL + S V3 supérieur à 20 mm pour les femmes et supé-
rieur à 28 mm pour l'homme.
Ils ne sont pas applicables en cas de séquelle de nécrose antérieure, et il faut utili-
ser un indice de Sokolow supérieur à 45 mm en cas de BBG.
Il existe aussi des critères monodérivation en faveur de l'HVG qui évaluent l'ampli-
tude de la positivité en regard des dérivations gauches du plan frontal : aVL supé-
rieur à 11 mm, D1 supérieur à 15 mm. Il apparaît logique d'avoir un seuil un peu
plus bas en aVL qu'en D1, la dérivation aVL étant un peu moins dans l'axe du cœur.
OG
OD
VG
V5
V1
VD
Lorsque l'HVG est importante, on retrouve des ondes T inversées en latéral (D1,
aVL, V5-V6), et parfois une déviation axiale gauche. Autrefois, la distinction était
faite entre l'HVG de type systolique (HTA, rétrécissement aortique) avec des
ondes T négatives, et l'HVG de type diastolique avec des ondes T restant positives
(insuffisance aortique).
2.2.3.4.2. Hypertrophie VD (Fig. 2.8)
Le complexe QRS est d'amplitude plus importante dans les dérivations droites en
regard du VD.
L'onde R est supérieure à S en V1 et l'onde S est profonde en V6. Elle s'accompagne
souvent d'une déviation axiale droite et dans les cas significatifs d'ondes T néga-
tives en V1-V2. L'hypertrophie ventriculaire droite est normale chez le nouveau-né
et disparaît ensuite. Les ondes T dites infantiles restent négatives en V1-V3.
V6
OG
OD
VG
V1 VD
2.2.4. Segment ST
Normalement isoélectrique, il peut être sus- ou sous-décalé de façon diffuse ou
localisée, avec des images en miroir dans les dérivations opposées.
2.2.4.1. Sus-décalage
Il est plus ou moins important, horizontal ou descendant, et on parle de cou-
rant de lésion sous-épicardique dans un contexte ischémique (Fig. 2.9 et 3.7).
I aVR V1 V4
II aVL V2 V5
III aVF V3 V6
II
Il n'est pas spécifique d'un infarctus en phase aiguë (cf. infra section 3.2 sur les
douleurs thoraciques) ; il existe aussi dans les péricardites aiguës virales, où le seg-
ment ST est sus-décalé, concave dans toutes les dérivations et sans onde Q. Un
envol du ST (ST + ascendant) avec décalage du point J et une onde T très posi-
tive dans les dérivations antéroseptales peut traduire une repolarisation précoce
bénigne, fréquente chez le sportif.
Les causes de sus-décalage ST :
■ infarctus du myocarde ou équivalent (angor de Prinzmetal, syndrome de
takotsubo, anévrisme du VG).
■ péricardite aiguë ;
■ lésion myocardique (myocardite, trauma, tumeur) ;
■ HVG, BBG (dérivations droites) ;
■ surcharge ventriculaire droite aiguë ;
■ repolarisation précoce bénigne ;
■ hyperkaliémie ;
■ syndromes de l'onde J (syndrome de Brugada, repolarisation précoce maligne,
hypothermie).
2.2.4.2. Sous-décalage
■ Cause ischémique : infarctus sous-endocardique, image en miroir.
■ HVG.
■ Bloc de branches.
■ Cupule d'imprégnation digitalique : ST descendant et QT court. C'est un signe
d'imprégnation mais pas de surdosage (Fig. 2.10).
2.2.5. Onde T
L'onde T est toujours négative en aVR, et positive en D1 et D2. Elle est asymétrique
avec une ascension lente, un sommet émoussé et une descente plus rapide. L'in-
version des ondes T et la modification de leur morphologie et/ou de leur durée
doivent être recherchées systématiquement.
2.2.6. Intervalle QT
Il se mesure du début du QRS à la fin de l'onde T (Fig. 2.11). Il faut une mesure
maximale, stable et reproductible sur plusieurs cycles. C'est en latéral bas (V5-V6)
que la mesure est habituellement la plus aisée.
L'intervalle QT est fréquence-dépendant (QT corrigé ou QTc), mais varie aussi
selon le sexe et le nycthémère. Les variations sont mineures chez le sujet sain.
La technique de mesure du QT via la tangente du sommet à la fin de l'onde T,
au niveau de la ligne isoélectrique, est utilisée en cas d'onde U gênant la mesure.
L'onde U est une onde située après l'onde T pouvant apparaître chez les sujets
sains, ou dans certaines pathologies, notamment lorsque l'onde T est patholo-
gique (hypokaliémie, etc.).
La formule de Bazett QT mesurée en msec/√ (intervalle de RR en sec).
Le QTc est long s'il est supérieur ou égal à 480 ms, et court s'il est inférieur à 360 ms.
Intervalle RR
Tangente
T
P U
Ligne de base
QRS QT
QTc = QTm / √ RR (s)
Figure 2.11. Calcul du QT.
26 Comprendre l'ECG
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2.3.1. Extrasystolies
Une extrasystole est, comme son nom l'indique, une activité électrique cardiaque
anticipée/précoce et ectopique (de morphologie différente), provenant soit des
oreillettes, soit des ventricules, exceptionnellement de la jonction AV.
La morphologie des ESA varie selon leur origine. Plus elles sont latérales, plus
elles sont larges. Les ESA septales sont plus fines. Les ESA de la partie inférieure de
l'oreillette sont négatives dans les dérivations inférieures (car l'influx électrique naît
de l'inférieur). Les ESA de l'oreillette gauche sont négatives en aVL et positive en
V1. Les extrasystoles droites sont négatives en V1.
La plupart des ESA entraînent un petit retard de l'onde P suivante car la dépolari-
sation atriale prématurée entraîne un recyclage du nœud sinusal.
Encadré 2.1
Description systématique d'ESV des extrasystoles
Toujours faire un ECG à 12 dérivations :
■
morphologie de l'extrasystole ;
■
largeur et fragmentation de l'extrasystole ;
■
monomorphe, dimorphe ou polymorphe (≥ 3 morphologies différentes) ;
■
association à des anomalies du cycle sinusal de base ;
■
couplage RR : quantifie la prématurité de l'activité ectopique ;
■
nombre : isolée, doublet (2 à la suite), triplet (3 à la suite) ;
■
fréquence (par minute) en cas de doublet/triplet ;
■
rythme : bigéminé (1 complexe prématuré sur 2), trigéminé (1 complexe prématuré sur 3) ;
■
si la fréquence du foyer extrasystolique est stable, on parle de parasystolie.
28 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
2.3.2. Tachycardies
La tolérance clinique de la tachycardie dépend de sa fréquence, de sa nature
et surtout de la cardiopathie sous-jacente (en particulier en cas de dysfonction
ventriculaire préexistante). Son diagnostic est facilité par la possession d'un ECG
antérieur et de la liste des médications en cours. Dans la mesure du possible, un
ECG à 12 dérivations parfois long sur plusieurs feuilles, pendant les manœuvres
diagnostiques jouant sur la conduction AV, et le démarrage/arrêt des tachycardies
permettent d'affiner le diagnostic.
Le massage sinocarotidien inefficace chez les enfants et les sujets jeunes, très
efficace chez les sujets âgés, ou l'injection d'adénosine permettent de ralentir
(voire d'interrompre complètement) la conduction du NAV et de visualiser
l'activité atriale et d'arrêter les tachycardies par réentrées qui dépendent de la
jonction AV (dites jonctionnelles). Un algorithme (Fig. 2.16) simple est alors
appliqué.
Analyser l'ECG 29
med-hub Dr a.amine
Tachycardie
Irrégulière Régulière
Fibrillation atriale
QRS fins : tachycardie supraventriculaire
Tachycardie sinusale
Tachycardie jonctionnelle = rythme réciproque
Tachycardie atriale / flutter atrial
QRS larges
OG
OD
VG
VD
OG
OD
VG
VD
D 300/min
II
D
III
avF
V1
Si l'on parle d'isthme dépendance, c'est que cet isthme est un passage obligé et qu'il
est possible de le détruire pour obtenir une guérison (ablation par radiofréquence).
2.3.2.1.3. Tachycardie atriale (Fig. 2.19)
La tachycardie atriale peut être focale et son mécanisme est soit un hyperautoma-
tisme, soit une microréentrée. La TA focale est régulière avec une fréquence atriale
entre 130 et 240 bpm. Elle est permanente ou paroxystique. Les ondes atriales
(P') sont différentes des ondes P sinusales. Leur localisation dépend de leur mor-
phologie et la première dérivation à regarder est la dérivation V1. Les tachycardies
de l'oreillette gauche ont des ondes P' positives et celles de l'oreillette droite des
ondes P' négatives ; celles du septum sont souvent étroites alors que les localisa-
tions latérales donnent des ondes P' très larges. L'axe dans le plan frontal, supérieur
ou inférieur, renseigne sur le siège bas ou haut de rythme anormal.
S'agissant de la conduction des ondes P' au ventricule dépendant du NAV, si la
TA focale est rapide, on retrouve plus d'ondes P que de QRS en raison du blocage
de l'influx par le NAV (souvent TA avec conduction 2/1). Comme dans le flutter,
l'onde qui conduit est la plus éloignée du QRS suivant.
Analyser l'ECG 33
med-hub Dr a.amine
La TA peut aussi être multifocale. Dans ce cas, les ondes P' ont des morphologies
différentes entre elles. Elle est perçue comme irrégulière sur l'ECG mais on retrouve
des ondes P' avant chacun des complexes QRS. C'est un stade préfibrillatoire.
Une arythmie fréquente chez les sujets âgés se présentant en salves plus ou moins
répétées de quelques battements, autour de 120 bpm. La morphologie de P est
identique ou très proche des ondes P sinusales. On pense que ce sont des réen-
trées sinusales ou parasinusales.
OG
OD
VG
VD
V1
OG
OD
VG
VD
Le démarrage se fait sur une extrasystole atriale qui se bloque dans la voie rapide
mais passe dans la voie lente, avec un temps de conduction très long, qui permet
alors de passer à contre-courant dans la voie rapide qui a eu le temps de récupé-
rer et de déclencher la réentrée en dépolarisant donc l'oreillette en rétrograde.
Souvent l'onde P rétrograde n'est pas visible, parfois elle est partiellement appa-
rente tout de suite derrière le QRS (signe de l'épaulette avec aspect r'en V1) ;
■ la réentrée sur faisceau accessoire (Fig. 2.21) : elle descend au ventricule par
la voie normale et remonte du ventricule à l'oreillette par le faisceau accessoire
(d'où le terme de tachycardie orthodromique). L'onde P de la tachycardie
remontant du ventricule est décalée du QRS et est analysable dans le segment
ST, incompatible avec une origine atriale haute puisqu'elle débute près des
anneaux. Elle est positive en V1 et négative en D1 pour les voies accessoires
gauches par exemple. La présence d'une préexcitation sur l'ECG en rythme
sinusal n'est pas constante car, parfois, le faisceau accessoire ne conduit que
dans le sens rétrograde (voie accessoire dite « cachée »). Cette dernière n'est pas
associée à un risque accru de mort subite.
Analyser l'ECG 35
med-hub Dr a.amine
OG
OD
VG
OG
OD
VG
VD
cas de capture atriale rétrograde par le ventricule), ni évidente quand elle existe et
doit être recherchée avec précaution dans les dérivations où l'onde P sinusale est
bien visible (D2 et V1) et leur cycle repéré sur une feuille de papier.
Les complexes de capture et les fusions : la capture est un QRS fin et prématuré en
cours de tachycardie à QRS larges. C'est la transmission au ventricule d'une dépolarisa-
tion atriale conduite par le NAV. La capture totale est rare sauf sur les TV peu rapides. Le
complexe de capture reproduit le QRS observé en dehors de la tachycardie. La fusion
est un QRS moins large, hybride et pas forcément prématuré car le QRS provient à la
fois de la dépolarisation atriale transmise et de la dépolarisation ventriculaire de la TV.
D'autres critères de TV existent mais ne sont pas pathognomoniques :
■ un R exclusif positif en aVR en cours de TV est facile à observer : habituellement,
l'axe du QRS est négatif en aVR puisque la dépolarisation ventriculaire normale
commence dans le septum et va vers le bas. Une dépolarisation de bas en haut
comme c'est le cas lors d'une TV explique un axe du QRS positif alors en aVR ;
■ la concordance précordiale : un aspect QS en V1-V6 (concordance négative),
qui donne aussi des R exclusif aVR, ou encore la concordance positive R dominant
en V1-V6 sont des signes intéressants. En fait, ces arguments sont ceux des discus-
sions de spécialistes ;
■ des différences de morphologie des QRS, par rapport aux QRS sinusaux ou aux
aspects classiques des BBD ou BBG. Ces critères sont peu fiables. Pour simplifier le
raisonnement, il faut se rappeler que, dans une TV, ce sont les premiers vecteurs
qui sont perturbés et la pente initiale du QRS est lente et parfois crochetée dans
une TV, alors que, dans les blocs de branche, ce sont les derniers vecteurs qui sont
38 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Encadré 2.2
Localisation de la TV
Comme pour les ESV, il faut utiliser la morphologie des QRS :
■
aspect en V1 :
– retard gauche = aspect de BBG = origine VD ;
– retard droit = aspect de BBD = origine VG ;
■
concordance précordiale (qui participe aussi au diagnostic de TV) :
– négative : aspect QS de V1 à V6 : foyer VG antéroapical ;
– positive : aspect R ou Rs de V1 à V6 : foyer VG postérobasal ;
■
aspect en dérivations inférieures :
– négatif : origine inférieure ;
– positif : origine supérieure.
La localisation est importante car elle permet d'identifier les tachycardies ventriculaires
bénignes focales (celles des voies de sortie ventriculaires «infundibulaires» avec des
QRS amples, pas très larges, un axe vertical et un aspect de retard gauche) et les réen-
trées fasciculaires gauche sensibles aux anticalciques (elles aussi peu larges avec le plus
souvent un axe gauche et retard droit) (Fig. 2.23).
I aVR V1 V4
II aVL V2 V5
V3 V6
III aVF
I aVR V1 V4
II aVL V2 V5
III aVF V3 V6
II
Figure 2.24. Fibrillation atriale à QRS larges sur bloc de branche gauche complet.
OG
OD
VG
VD
2.3.3. Bradycardies
Le diagnostic est souvent aisé quand la bradycardie est présente lors de la consulta-
tion, mais beaucoup plus difficile dans les formes paroxystiques qui nécessitent parfois
OG
OD
VG
VD
des enregistrements holter prolongés et même des holters implantés. Il est important
d'emblée de comprendre si on s'oriente vers une dysfonction sinusale (bloc sinoatrial)
ou vers un bloc atrioventriculaire ; pour faire simple, le BAV supprime des QRS, le BSA
supprime des ondes P. Si l'on veut se concentrer sur le mécanisme des BSA et BAV, la
méthode du papier puis la mesure des intervalles PP et PR est indispensable.
OG
OD
VG
VD
40−60/min
OG
OD
VG
VD 20−40/min
■ BAV (4 sous-familles) :
●
type Mobitz 1 avec un phénomène de Wenckebach : l'intervalle PR s'al-
longe progressivement jusqu'à une onde P non suivie de QRS (bloquée). Le
bloc est là aussi le plus souvent nodal. La période de Wenckebach est le rap-
port donnant le nombre d'onde P (n) pour le nombre de QRS conduits (n–1).
Par exemple, 3/2, 4/3, ou 5/4, etc. Tout comme le BAV 1, le Mobitz 1 peut être
la conséquence d'une simple hypertonie vagale ;
●
type Mobitz 2 : l'intervalle PR est stable mais inopinément une onde P n'est
pas suivie de QRS. Cela signe le plus souvent un bloc infranodal, hisien ou
sous-hisien ;
●
BAV 2/1 : après chaque onde P donnant un complexe QRS, une onde
P est bloquée. L'intervalle PR est stable (lorsque le QRS est conduit) (par-
fois, l'intervalle PP varie un peu, un mécanisme appelé arythmie ventricu-
lophasique). Le BAV 2/1 peut correspondre aux deux extrêmes : un type
Mobitz 1 (bénin) ou un type Mobitz 2 (malin). Un petit effort (pédalage
dans le lit sur le dos) peut suffire à départager les deux hypothèses : aggra-
vation en cas de bloc infrahisien ou nodal organique, et amélioration en
cas de bloc nodal fonctionnel ;
●
BAV de haut degré : c'est un bloc où plusieurs ondes P successives peuvent
être bloquées mais il n'est pas complet car la conduction raccroche à certains
moments (BAV 3/1, 4/1, etc.) ;
■ BAV (dit complet) : le bloc se caractérise par une dissociation atrioventricu-
laire complète (aucune relation entre les ondes P et les QRS) avec plus d'oreillettes
que de ventricules. La largeur de l'échappement ventriculaire responsable de la
dépolarisation ventriculaire est fonction de la localisation du bloc (plus le QRS
est large, plus l'échappement est bas situé) et donc du risque de pause longue.
Si le QRS d'échappement est fin, le BAV complet peut être d'origine nodale. En
cas de fibrillation atriale, il n'y a pas d'onde P visible. Cependant, on peut faire le
diagnostic de BAV complet lorsque le rythme ventriculaire devient lent et régulier.
C'est en fait l'échappement ventriculaire qui donne le rythme et il n'y a pas de
conduction de l'influx atrial aux ventricules ;
■ BAV fréquence-dépendant, BAV paroxystiques : certains blocs apparaissent
pour de discrets changements de fréquence, soit en plus, soit en moins. Ils inté-
ressent en général le faisceau de His ou ses branches. Ils sont organiques et sévères.
Le plus dangereux est le bloc paroxystique qui apparaît brusquement chez un
patient avec un bloc de branche ou bifasciculaire (le plus souvent BBD et HBPG),
avec ou sans allongement de PR. Le bloc est un bloc en phase 4 (bradycardie-dépen-
dant, le plus souvent lors d'une pause compensatrice post-ESV), sur la branche ou
l'hémibranche qui conduit. Il est brutal et complet, avec des pauses longues synco-
pales car il est très bas situé. La conduction ne reprend qu'après un é chappement
46 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
et une onde P bien placée ensuite. Le rythme est alors immédiatement 1/1. C'est
le bloc que l'on redoute et que l'on essaie d'éviter en mettant des stimulateurs
préventivement.
Enfin, un mot sur l'asystolie (Fig. 2.29). C'est l'arrêt de l'activité électrique du
cœur qui se traduit par une ligne isoélectrique plate. Elle peut être précédée d'un
rythme choquable (TV/FV) ou faire suite à un trouble conductif de haut degré.
La dissociation électromécanique est aussi un autre rythme non choquable
retrouvé lors d'un arrêt cardiaque. Elle correspond à une activité électrique du
cœur agonique et inefficace sur le plan mécanique.
3
S'orienter selon
les symptômes
PLAN DU CHAPITRE
■■ 3.1. Palpitations et syncopes
■■ 3.2. Douleurs thoraciques
■■ 3.3. Dyspnée
Comprendre l'ECG
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48 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
3.1.3.2. Cardiomyopathies
Les cardiomyopathies hypertrophiques ont souvent des ECG perturbés avec
des témoins d'hypertrophie ventriculaire gauche, voire d'hypertrophie auriculaire
gauche et des ondes Q fines de pseudonécrose. L'hypertrophie ventriculaire droite
est plus rare. Une variété particulière de cardiomyopathie de la pointe (CMH api-
cale) donne des ondes T très négatives antéroapicales. Lorsque cette cadiomyo-
pathie est de type septal, on retrouve des ondes Q et des ondes T amples.
Les cardiomyopathies dilatées évoluées se caractérisent par un bas voltage dans
les dérivations périphériques. Le voltage précordial est prédominant mais la pro-
gression de R, de droite à gauche sur les dérivations, est lente.
La dysplasie ventriculaire droite arythmogène (Fig. 3.2) est une cardiomyopa-
thie du VD d'origine génétique qui se caractérise par une infiltration fibroadi-
peuse du myocarde ventriculaire exposant à des tachycardies ventriculaires
et à des morts subites, et tardivement à une insuffisance cardiaque. L'ECG de
base peut être normal ou discrètement perturbé. Il faut rechercher des ondes T
négatives sur le précordium droit, une onde epsilon de faible amplitude entre
la fin de QRS et le début de l'onde T en V1-V3. Les TV ont un aspect de retard
gauche avec une déflexion initiale lente et parfois une cassure sur la descente
de l'onde S. L'axe du QRS diffère selon le lieu de naissance de la tachycardie
infundibulaire : (haute) proche de la tricuspide ou de la pointe.
Figure 3.2. Dysplasie ventriculaire droite arythmogène avec onde epsilon et ondes
T négatives antérieures.
S'orienter selon les symptômes 51
med-hub Dr a.amine
OD
II OD OG OG OD OG
OD OD
OD
V1
OG OG
OG
Figure 3.3. Morphologies d'une onde P normale et anormale.
Onde P normale ; Hypertrophie atriale droite ; Hypertrophie atriale gauche.
3.1.3.4. Canalopathies
Ce sont des maladies génétiques rares mais souvent graves, responsables de
troubles du rythme qui, pour certaines, montrent des ECG de base très perturbés
(syndrome de Brugada, QT longs congénitaux, repolarisation précoce), d'autres pas
du tout (torsades à couplage court, tachycardies catécholergiques, fibrillation ven-
triculaire primaire (en dehors des ESV malignes). Attention, l'aspect ECG est labile...
52 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
I aVR V1 V4
II aVL V2 V5
III aVF V3 V6
OG Lésion
sous-épicardique
OD
Ischémie
sous-épicardique
VG
VD
Lésion
sous-endocardique
Ischémie
sous-endocardique
Figure 3.7. Ischémie/lésion myocardique. Onde T négative : ischémie sous-
épicardique. Onde T positive : ischémie sous-endocardique. Sous-décalage ST :
lésion sous-endocardique. Sus-décalage ST : lésion sous-épicardique.
Dans la lésion sous-endocardique, le vecteur électrique des zones saines se dirige vers
les zones ischémiques, donc vers la cavité : le ST en regard est sous-décalé. Dans la
lésion sous-épicardique, le courant se dirige vers l'extérieur et le segment ST est sus-
décalé (courant de lésion).
OG
OD
VG
VD
puis régressif des nécroses inférieures, BBD et/ou BBG, hémiblocs gauches des
infarctus antérieurs massifs pouvant donner des blocs paroxystiques syncopaux).
Si le BBD ne gêne pas le diagnostic d'infarctus, ce n'est pas le cas du BBG. Au stade
de séquelle, le signe de Cabrera (apparition d'un crochetage de la branche ascen-
dante du qS, qui permet de faire le diagnostic d'infarctus du myocarde transmural
dans le territoire antéroseptal ; ce signe est pathognomonique mais peu sensible)
est très évocateur d'infarctus antérieur (Fig. 3.9).
En phase aiguë, si le décalage du segment ST du BBG est discordant, un infarctus
est probable.
3.2.3. Péricardites
Dans les formes aiguës virales et idiopathiques, une inflammation de
la séreuse et des zones sous-épicardiques des ventricules et des oreil-
lettes entraîne des modifications diffuses de l'ECG avec une évolution
stéréotypée :
■ stade I : sus-décalage du segment ST diffus, concave vers le haut sans miroir,
ondes T positives le premier jour accompagnées d'un sous-décalage diffus de
PQ (sauf en aVR) : c'est le signe de Spodick expliqué par un courant de lésion
atriale ;
■ stade II : ondes T plates entre la 24e et la 48e heure ;
■ stade III : ondes T négatives la première semaine ;
■ stade IV : normalisation au cours du premier mois.
Dans les péricardites purulentes ou tuberculeuses, les modifications durent plus
longtemps. Les péricardites avec gros épanchements rapidement constitués
donnent une alternance électrique de QRS qui est un signe de tamponnade. Les
épanchements péricardiques chroniques lentement constitués (myxœdème, radio-
thérapie, à paillettes de cholestérol, urémie, etc.) donnent des signes d'épanchement
avec microvoltage des QRS.
La péricardite chronique constrictive donne des troubles diffus de la repolarisa-
tion avec des ondes T aplaties et un voltage réduit.
3.2.4. Myocardites
Le plus souvent d'origine virale, les myocardites ont des tableaux cliniques très
variés, latents ou au contraire bruyants avec insuffisance cardiaque ou troubles
du rythme atriaux/ventriculaires et des BAV. Les signes ECG sont aspécifiques tels
S'orienter selon les symptômes 57
med-hub Dr a.amine
3.3. Dyspnée
La dyspnée peut être aiguë ou chronique et accompagner toutes les pathologies
cardiaques et pulmonaires. Pour les formes aiguës, une embolie pulmonaire doit être
recherchée, surtout si le contexte est favorable à la survenue d'une stase veineuse
(intervention chirurgicale, alitement, voyage aérien prolongé, déshydratation).
4
Cas cliniques
et questionnaires
à choix multiples
Comprendre l'ECG
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Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 59
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 1
Un patient de 57 ans, tabagique hypertendu, se plaint d'une douleur rétrosternale
constrictive avec nausée depuis une heure. Il appelle alors le SAMU. L'ECG réalisé
(Fig. 4.1) montre :
A. un SCA ST+ antérieur
B. un BAV complet
C. un BAV 1
D. un SCA ST+ inférieur
E. une péricardite
Figure 4.1.
60 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : C, D.
C'est un SCA ST+ inférieur. En effet, l'ECG retrouve un rythme sinusal avec un
intervalle PR qui est prolongé à 240 ms, il y a donc aussi un BAV 1. Les QRS sont fins
mais on remarque un sus-décalage systématisé du segment ST en inférieur formant
une onde de Pardee. Il existe aussi un minime sus-décalage du segment ST en V5-V6.
Un sous-décalage du segment ST est remarquable dans les dérivations antérieures
comme le miroir du sus-décalage du segment ST inférieur.
La bradycardie à 50–55 bpm ainsi que l'allongement du PR sont souvent retrouvés
dans les infarctus inférieurs, notamment par atteinte de la coronaire droite, vascu-
larisant le nœud sinusal et le nœud atrioventriculaire. Classiquement, ces troubles
conductifs sont transitoires et régressifs après revascularisation.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 61
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 2
Une patiente de 70 ans se présente aux urgences pour une asthénie qui dure depuis
plusieurs jours. L'ECG réalisé (Fig. 4.2) montre :
A. un BAV complet
B. une fibrillation atriale
C. une dysfonction sinusale
D. un BSA complet
E. une onde P rétrograde
Figure 4.2.
62 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : C, D, E.
Il s'agit d'une bradycardie avec dysfonction sinusale ou encore un BSA complet.
Il n'y a jamais d'onde P avant les QRS, et les QRS sont réguliers entre eux, et fins,
attestant d'un échappement probablement jonctionnel en raison de la fréquence
cardiaque qui est relativement haute (> 40 bpm).
De plus, on remarque, dans la repolarisation des QRS au niveau du segment ST, des
ondes négatives en inférieur. Ce sont des ondes P d'activation rétrograde secon-
daire à l'échappement ventriculaire, expliquant leur négativité dans les dérivations
inférieures.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 63
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 3
Un homme de 80 ans appelle le SAMU pour une syncope. L'ECG réalisé (Fig. 4.3)
montre :
A. un BAV complet
B. un BAV 1
C. un BAV 2/1
D. un BAV 2 Mobitz 1
E. un BAV 2 Mobitz 2
Figure 4.3.
64 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : B, C.
Il s'agit d'un ECG montrant seulement les dérivations précordiales. C'est un BAV
2/1. On retrouve une bradycardie importante inférieure à 40 bpm, avec un rythme
sinusal ayant une conduction ventriculaire une fois sur deux, et une onde P blo-
quée une fois sur deux.
Les ondes P sont régulières entre elles, l'intervalle PR est constant lorsqu'une onde P
donne un QRS avec un BAV 1 (PR à 220 ms). Les QRS sont réguliers entre eux.
Par ailleurs, on note un bloc incomplet gauche avec un rabotage des ondes R en
antérieur, qui pourraient être un signe d'infarctus antéroseptal.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 65
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 4
Vous voyez un patient de 74 ans en consultation de cardiologie pour la première
fois, son cardiologue étant parti à la retraite. L'ECG réalisé (Fig. 4.4) montre :
A. une tachycardie ventriculaire
B. un bloc de branche gauche complet
C. une stimulation cardiaque ventriculaire
D. une dysfonction du stimulateur cardiaque
E. un rythme sinusal
Figure 4.4.
66 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : C, E.
Le rythme est sinusal puisque nous pouvons observer une onde P systémati-
quement avant chaque QRS. On voit par la suite des spikes ventriculaires suivis
d'une dépolarisation ventriculaire systématique. Cette dépolarisation ventricu-
laire est large en raison de la position de la sonde ventriculaire du pacemaker
au niveau du ventricule droit, créant ainsi un asynchronisme interventriculaire.
La stimulation ventriculaire crée donc un pseudoaspect de bloc de branche
gauche car la stimulation se fait d'abord à droite puis de proche en proche vers
la gauche.
Nous pouvons par ailleurs noter la présence d'une extrasystole ventriculaire
(7e complexe) : c'est un complexe large, précoce et sans onde P avant.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 67
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 5
Un patient de 80 ans, parkinsonien, se présente aux urgences pour chute. L'ECG
réalisé (Fig. 4.5) montre :
A. une fibrillation atriale
B. un BAV complet
C. un flutter atrial
D. un rythme sinusal
E. un artefact de tremblement
Figure 4.5.
68 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : D, E.
Il s'agit d'un ECG à 12 dérivations retrouvant un rythme sinusal. Les ondes P sont
systématiquement présentes avant chaque QRS ; cependant, des artefacts liés
aux tremblements des dérivations frontales (électrodes posées sur les membres)
peuvent porter confusion. Il faut donc s'efforcer de chercher les ondes P en balayant
verticalement toutes les dérivations. En défaveur de la fibrillation atriale, les QRS
sont réguliers entre eux, et en défaveur du flutter atrial il n'y a pas d'onde F en toit
d'usine bien déterminée. Par ailleurs, les QRS sont élargis avec des morphologies
de bloc de branche gauche incomplet (inférieur à trois petits carreaux) et l'axe est
gauche à –30°.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 69
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 6
Une patiente de 45 ans est hospitalisée en unité de soins intensifs cardiologiques pour
la suite d'une prise en charge d'un arrêt cardiaque. L'ECG réalisé (Fig. 4.6) montre :
A. un ECG normal
B. un syndrome du QT long
C. un syndrome de QT court
D. un syndrome de Brugada
E. un syndrome coronarien aigu ST+
Figure 4.6.
70 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : B.
Il s'agit d'un syndrome du QT long responsable de torsade de pointes, puis d'un
arrêt cardiaque. L'ECG retrouve un rythme sinusal, des QRS fins et un axe du QRS
normal. Le QT mesuré par la méthode de la tangente retrouve un QT à 490 ms ; il
est corrigé par la formule de Bazett à 500 ms. Il n'y a pas d'aspect en dôme évo-
quant un syndrome de Brugada en V1-V2 ni d'élévation du point J pour un syn-
drome de repolarisation précoce.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 71
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 7
Un homme de 72 ans est hospitalisé pour un globe urinaire. L'ECG (Fig. 4.7), réalisé
en raison d'une bradycardie lors de la prise de constante, montre :
A. un rythme sinusal
B. un BAV complet
C. un BAV 2/1
D. des extrasystoles atriales bloquées
E. un BAV 1
Figure 4.7.
72 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : A, D.
Voici un ECG long avec trois dérivations. Le rythme n'est pas régulier mais on
retrouve un rythme sinusal avec une onde P avant chaque QRS et un intervalle PR
constant. L'irrégularité est liée à des ESA bloquées. En effet, au niveau du deuxième
complexe, on aperçoit dans la repolarisation une onde qui modifie l'onde T par
rapport au complexe précédent. Cette onde est une onde P précoce d'une extra-
systole atriale qui n'est pas conduite au ventricule en raison de la précocité de
celle-ci.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 73
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 8
Un patient est scopé en unité de soins intensifs pour une myocardite aiguë. À j1, le
scope (Fig. 4.8) montre :
A. des artefacts
B. une fibrillation ventriculaire
C. une torsade de pointes
D. une tachycardie ventriculaire
E. une dissociation électromécanique
Figure 4.8.
74 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : A, B.
Ce tracé de scope montre une seule dérivation dans un ordre chronologique. Le
tracé du haut retrouve un rythme sinusal avec une onde P avant des QRS régu-
liers entre eux et des artefacts qui entraînent une pseudotrémulation de la ligne
isoélectrique.
Le tracé du dessous montre une fibrillation ventriculaire : les QRS sont larges et
irréguliers, totalement anarchique. Il est surtout intéressant de remarquer le début
de la FV, avec une ESV initiatrice qui possède un couplage assez court à 320 ms.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 75
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 9
Un patient consulte son cardiologue pour un bilan cardiovasculaire après une
récente hospitalisation en unité de soins intensifs. L'ECG réalisé (Fig. 4.9) montre :
A. un bloc de branche droit complet
B. une nécrose antéroseptale
C. une hypertrophie atriale gauche
D. un bloc de branche gauche complet
E. un SCA ST+ antérieur
Figure 4.9.
76 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : A, B, C.
Il s'agit d'un patient ayant fait un infarctus antéroseptal, avec un aspect séquellaire
de nécrose.
La nécrose est identifiée par l'onde Q pathologique de V1-V4 large, supérieure à un
petit carreau, et profonde, supérieure à un tiers de l'onde R.
On observe sur l'aspect QRS une morphologie de bloc de branche droit complet.
Ce patient possédait probablement au préalable un BBD avec un aspect rSR' mais
l'infarctus entraîne une onde Q et un rabotage de la première onde r.
Par ailleurs, le rythme est sinusal, avec une onde P systématique avant chaque QRS.
L'onde P est large en D2 (> 3 petits carreaux) et diphasique en V1 : c'est une HAG.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 77
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 10
Un patient est hospitalisé à la suite d'une douleur thoracique avec SCA ST+ néces-
sitant une coronarographie en urgence avec angioplastie de l'IVA et de la circon-
flexe. L'ECG réalisé (Fig. 4.10) montre :
A. une péricardite aiguë postinfarctus
B. une ischémie sous-épicardique
C. une nécrose myocardique
D. un sus-décalage persistant du ST
E. un axe droit
Figure 4.10.
78 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : B.
C'est une ischémie sous-épicardique. Le sus-décalage ST est minime en V2-V3 et on
observe plutôt une onde T négative en antérieure sur le territoire de l'IVA (V1 à V4)
et en latéral haut sur le territoire de la circonflexe (D1-aVL).
Il n'y a pas d'onde Q répondant à la définition de l'onde Q pathologique de nécrose.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 79
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 11
Un patient de 60 ans consulte pour une céphalée. Lors de la prise de constantes,
on note une pression artérielle à 172/95 mmHg. L'ECG réalisé (Fig. 4.11)
montre :
A. une ischémie sous-épicardique
B. un SCA ST+ antérieur
C. une HAG
D. une HVG de type systolique
E. une HVD
Figure 4.11.
80 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : C, D.
C'est un rythme sinusal avec une hypertrophie atriale gauche et une hypertrophie
ventriculaire gauche. L'HAG s'explique par une onde P bifide en D2 et large. L'HVG
se caractérise par un onde R géante en latéral, avec un indice de Sokolov (R5+ S1)
à 55 mm. Nous avons bien entendu vérifié l'étalonnage de l'ECG avec 10 mm/mV.
On retrouve une onde T négative en inférieur et un sous-décalage en latéral bas
pouvant s'expliquer par la sévérité de l'HVG.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 81
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 12
L'urgentiste vous appelle, inquiet, pour une patiente de 73 ans avec une tachycar-
die à 150 bpm. L'ECG réalisé (Fig. 4.12) montre :
A. une tachycardie ventriculaire
B. un syndrome super-Wolff
C. une fibrillation atriale
D. une fibrillation ventriculaire
E. une torsade de pointes
Figure 4.12
82 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : C.
Il s'agit d'une fibrillation atriale avec bloc de branche gauche complet atypique.
Tout d'abord, le diagnostic de FA est aisé car c'est une tachycardie irrégulière, caté-
gorisant directement cette ECG. Ensuite, il n'est clairement pas mis en évidence
d'onde P.
En ce qui concerne la morphologie des QRS, soit le bloc est préexistant à la FA,
soit c'est un bloc fonctionnel lié à la rapidité de la tachycardie. La morphologie est
celle d'un bloc de branche gauche car on note un aspect QS en V1. Mais le QRS
reste négatif en V5-V6, témoignant d'un BBG atypique. Pour rappel, pour un BBG
typique, le QRS doit être positif en latéral.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 83
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Cas clinique 13
Vous êtes appelé aux urgences pour une femme de 40 ans en crise de palpitation
plus soutenue qu'à son habitude. L'ECG réalisé (Fig. 4.13a) montre :
A. une tachycardie sinusale
B. une tachycardie ventriculaire
C. une tachycardie jonctionnelle
D. une fibrillation atriale
E. une tachycardie atriale
Figure 4.13a.
A
84 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Figure 4.13b.
B
Réponse : C.
Il s'agit d'une tachycardie jonctionnelle sur probable réentrée atrionodale (maladie
de Bouveret).
Il faut utiliser l'algorithme des tachycardies. Ici, la tachycardie est régulière, éliminant la FA,
et à QRS fins, éliminant la TV. Il faut maintenant rechercher une activité atriale permet-
tant de poser le diagnostic. On ne voit pas d'onde P avant chaque QRS ; cependant, dans
les dérivations inférieures, on voit une onde P rétrograde immédiatement derrière le QRS.
Vous administrez de la striadyne pour bloquer le NAV (Figure 4.13b). La tachycar-
die s'arrête. Le diagnostic de tachycardie jonctionnelle est donc avéré.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 85
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Cas clinique 14
Un jeune de 18 ans consulte avec ses parents pour un bilan de palpitations. L'ECG
réalisé (Fig. 4.14) montre :
A. une HVG
B. un syndrome de Brugada
C. un faisceau de Kent
D. un bloc de branche gauche
E. un bloc de branche droit
Figure 4.14.
86 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : C.
L'ECG retrouve un faisceau accessoire de Kent en raison d'une préexcitation prin-
cipalement visible dans les dérivations latérales. Le PR est très court et on observe
une onde delta dans le QRS, expliquant sa largeur. La négativité du QRS en V1
atteste en fait de son origine probablement droite.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 87
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Cas clinique 15
Vous voyez en consultation de routine un homme de 40 ans ; il ne déclare pas de
signe fonctionnel cardiaque. L'ECG réalisé (Fig. 4.15) montre :
A. un syndrome de Brugada
B. un bloc de branche complet droit
C. un bloc de branche complet gauche
D. un syndrome coronarien ST+ antérieur
E. un rythme sinusal
Figure 4.15.
88 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : B, E.
L'ECG retrouve un rythme sinusal avec une onde P systématique avant chaque
QRS. La fréquence cardiaque est de 60 bpm. L'onde P est normale ainsi que l'inter-
valle PR. Les QRS sont large à 160 ms, avec un aspect de retard droit rSR' en V1 et
une onde S en V6 large et empâtée. C'est un bloc de branche droit complet.
Il existe aussi un aspect d'hémibloc antérieur puisque l'axe gauche est à –45°.
La repolarisation secondaire au bloc de branche droit explique l'onde T négative
dans les dérivations antérieures V1-V3.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 89
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 16
L'urgentiste vous appelle pour un patient de 69 ans consultant pour des palpita-
tions. L'ECG réalisé (Fig. 4.16) montre :
A. une tachycardie sinusale
B. un flutter atrial
C. une fibrillation atriale
D. une tachycardie ventriculaire
E. une extrasystole atriale
Figure 4.16.
90 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : C.
L'ECG retrouve une tachycardie irrégulière à QRS fins. C'est une fibrillation atriale.
La fibrillation est visible grâce à la trémulation de la ligne isoélectrique. Aucun cycle
atrial stable n'est visualisable et le rythme est anarchique. Les QRS sont tous irrégu-
liers entre eux, fins (80 ms), et l'axe est normal.
En ce qui concerne la repolarisation, on note des ondes T plates dans le territoire
inférieur. Cela peut être le signe d'une ischémie myocardique en raison de sa systé-
matisation à un territoire.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 91
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 17
Un patient de 50 ans, hypertendu, se présente au service d'accueil des urgences
pour une dyspnée et des palpitations. L'ECG réalisé (Fig. 4.17) montre :
A. une fibrillation atriale
B. un flutter atrial commun
C. un flutter atrial atypique
D. une tachycardie jonctionnelle
E. une tachycardie sinusale
Figure 4.17.
92 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : B.
L'ECG retrouve une tachycardie régulière à 150 bpm.
L'activité atriale est caricaturale, avec des ondes F régulière à 300 bpm, en dents de
scie ou toit d'usine. On retrouve une onde F ayant une pente ascendante rapide
nettement visualisable dans les dérivations inférieures, puis une pente descendante
lente, sans retour à la ligne isoélectrique.
C'est donc un flutter atrial commun antihoraire (= typique) avec une conduction
atrioventriculaire fixe en 2/1. En effet, pour deux ondes F il n'y a qu'un seul QRS
conduit.
L'analyse de la repolarisation en devient alors délicate en raison d'une activité
atriale continue.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 93
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 18
Le même patient (cf. cas clinique 17) est maintenant plus lent, sous traitement
ralentisseur. L'ECG réalisé (Fig. 4.18) montre :
A. un flutter atrial commun lent
B. un BAV complet
C. une fibrillation atriale
D. un flutter atrial atypique
E. une dysfonction sinusale
Figure 4.18.
94 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : A.
Il s'agit du même flutter atrial commun qui a une conduction atrioventriculaire
ralentie car la réponse ventriculaire est à 75 ms. On parle de flutter atrial commun
avec conduction en 4 pour 1.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 95
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 19
Vous prenez en charge un patient de 84 ans pour une syncope traumatique. Vous
êtes frappé par sa bradycardie. L'ECG réalisé (Fig. 4.19) montre :
A. une dysfonction sinusale
B. une fibrillation atriale
C. un BAV complet
D. un flutter atrial
E. un artefact
Figure 4.19.
96 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : B, C
C'est un ECG qui n'est ni fréquent ni facile. Il s'agit d'un bloc atrioventriculaire
complet chez un patient en fibrillation atriale. C'est l'unique cas où la FA présente
des QRS qui sont réguliers entre eux. En fait, la fibrillation atriale est bien visible
à l'étage atrial avec la trémulation de la ligne isoélectrique, mais elle ne conduit
pas au ventricule car sinon les QRS serait irréguliers et anarchiques. Ici, les QRS
proviennent d'un échappement ventriculaire lié au BAV. L'échappement est par
ailleurs assez haut situé, les QRS étant relativement fins.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 97
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 20
Un patient de 70 ans vient à votre consultation pour un bilan de lipothymie. L'ECG
réalisé (Fig. 4.20) montre :
A. un BAV complet
B. un BAV 1
C. un BAV 2/1
D. un BAV 2 de type Mobitz 1
E. un BAV 2 de type Mobitz 2
Figure 4.20.
98 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : A.
Il s'agit d'un BAV complet. Les ondes P sont complètement dissociées des ven-
triculaires (avec A > V). L'espace PR n'est jamais fixe, mais les PP et les RR sont
constants. Ici, l'échappement ventriculaire paraît haut situé car les QRS sont rela-
tivement fins.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 99
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 21
Vous suivez un patient pour une fibrillation atriale paroxystique. Il est sous traite-
ment antiarythmique. L'ECG réalisé (Fig. 4.21) montre :
A. une bradycardie sinusale
B. un BAV complet
C. un BAV 1
D. une dysfonction sinusale complète
E. un échappement jonctionnel
Figure 4.21.
100 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : A, C.
Il s'agit d'une bradycardie sinusale avec un BAV 1 car le PR est constant pour
chaque cycle mais allongé à 220 ms.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 101
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 22
Un patient vient vous voir pour la première fois depuis qu'il a été mis sous corda-
rone pour un accès de FA aux urgences. L'ECG réalisé (Fig. 4.22) montre :
A. un BAV 1
B. un bloc de branche droit complet
C. un bloc de branche gauche complet
D. un QT allongé
E. un axe gauche
Figure 4.22.
102 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : C.
Il s'agit d'une bradycardie sinusale avec un intervalle PR normal sans allongement.
Le QRS est large, supérieur à 120 ms, avec un aspect QS en V1 et un aspect RR' en
latéral. C'est un bloc de branche gauche typique.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 103
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 23
Vous voyez en consultation une femme de 36 ans pour des palpitations. L'ECG
réalisé (Fig. 4.23) montre :
A. une tachycardie ventriculaire infundibulaire
B. une tachycardie ventriculaire fasciculaire
C. un bloc de branche gauche
D. une fibrillation atriale
E. une tachycardie ventriculaire soutenue
Figure 4.23.
104 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : A.
Il s'agit de salves de tachycardies ventriculaires infundibulaires non soutenues :
tachycardie ventriculaire car on note un démarrage brutal avec un rythme régulier
à QRS large, sans activité atriale avant le QRS.
L'origine infundibulaire s'explique par un aspect de retard gauche QS en V1 et un
axe vertical avec QRS positifs en inférieur.
C'est une étiologie le plus souvent bénigne, sur cœur sain, comme en atteste la
morphologie non fragmentée et ample des QRS.
On parle de TV non soutenue lorsque la salve est inférieure à 30 secondes.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 105
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 24
Vous voyez en consultation un homme de 40 ans pour des palpitations. L'ECG
réalisé (Fig. 4.24) montre :
A. une tachycardie ventriculaire infundibulaire
B. une tachycardie ventriculaire fasciculaire
C. un bloc de branche gauche
D. une fibrillation atriale
E. une tachycardie ventriculaire soutenue
Figure 4.24.
106 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : B.
Il s'agit ici d'une TV fasciculaire. Elle fait elle aussi partie des TV dites idiopathiques
sur cœur sain. On retrouve un critère pathognomonique de TV qui est la dissocia-
tion AV avec V supérieur à A (en D2). La difficulté, ici, réside dans le fait que les
QRS sont plutôt fins, avec un aspect de retard droit et un axe gauche. Cette TV
correspond à une macroréentrée au sein du fascicule postérieur gauche (90 % des
cas). Elle est très sensible aux inhibiteurs calciques.
Cas cliniques et questionnaires à choix multiples 107
med-hub Dr a.amine
Cas clinique 25
Vous recevez un jeune patient de 24 ans en unité de soins intensifs cardiologiques
pour une syncope. Vous enregistrez ce tracé (Fig. 4.25) au moment où le scope
sonne. Celui-ci montre :
A. une fibrillation ventriculaire
B. une fibrillation atriale
C. une fibrillation atriale associée à un bloc de branche fonctionnel
D. une fibrillation atriale associée à un faisceau accessoire
E. une tachycardie ventriculaire
Figure 4.25.
108 Comprendre l'ECG
med-hub Dr a.amine
Réponse : A,D.
C'est un tracé rare de syndrome super-Wolff qui associe une fibrillation atriale
conduite aux ventriculaires par un faisceau accessoire malin.
La largeur des QRS en accordéon permet de faire le diagnostic selon le degré relatif
de passage de l'influx atrial par le faisceau accessoire et le NAV.
Le caractère malin du faisceau accessoire est expliqué par la rapidité par laquelle
l'influx atrial passe dans le faisceau, ce qui va alors entraîner une fibrillation ven-
triculaire (passage de la FA en FV bien visible au milieu du tracé). En effet, l'influx
est conduit par le NAV selon des périodes réfractaires beaucoup plus longues que
celle du faisceau de Kent.