Sekwester - Kort Geding - Distributieovereenkomst: K.U.Leuven
Sekwester - Kort Geding - Distributieovereenkomst: K.U.Leuven
Sekwester - Kort Geding - Distributieovereenkomst: K.U.Leuven
K.U.LEUVEN
RECHT$"''"'' ,~..,.., ,r--
f B MEi 1999
Tiensestraat 4 1
Rechtsleer Doctrine
Le séquestre judiciaire en droit commercial door P. Van 228 Le séquestre judiciaire en droit commercial par P. Van 228
Ommeslaghe Ommeslaghe
Rechtspraak Jurisprudence
I. RECHTSPRAAK IN VERBAND MET HET GE- 248 I. JURISPRUDENCE RFELATIVE AU SÉQUESTRE 248
RECHTELIJK SEKWESTER JUDICIAIRE
A. ZAAK SIGAREN "HAVANA" A. LES CIGARES "HAVANE"
1. SEKWESTER 248 1. SÉQUESTRE 248
Gerechtelijk sekwester - Kort geding - Eenzijdig verzoek- Séquestre judiciaire - Rétëré - Requête unilatérale (Prés.
schrift (Vz. Kh. Brussel 29 januari 1997) (noot) Comm. Bruxelles 29 janvier 1997) (note)
Actualiteit Actualité
FINANCIËLE VERRICHTINGEN - VENNOOT- 297 OPÉRATIONS FINANCIÈRES - SOCIÉTÉS 297
SCHAPPEN
Aandelen - Openbare overnamebiedingen Actions - Offres publiques d'acquisition
Aandelen - Openbaar aanbod tot verkoop van aandelen dat 298 Actions - Offre publique de vente se déroulant simultané- 298
gelijktijdig loopt in België en in de Verenigde Staten - Op- ment en Belgique et aux États-Unis - Établissement du pros-
stellen van prospectus pectus
1
Pour une étude circonstanciée récente de la question en matière de
droit des sociétés: Cf. Tilleman "Het gerechtelijke sekwester in ven-
nootschapsgeschillen" T.R. V. 1993, 503. - Pour une réflexion critique et
une distinction entre le séquestre et l'administrateur provisoire en matiè-
re de droit des sociétés: Maeyens "Voorlopig vermogensbeheer en/of
sekwester ener vennootschap" R.W. 1961-62 col. 345 (discours de
rentrée à la Conférence du Jeune Barreau de Courtrai du 7 octobre
1961).- Sur le séquestre en général: Cf. outre les auteurs de droit civil en
général: Encycl. Dalloz, Droit civil, v0 Séquestre.- P. Van Houtte "Sek-
wester" in Commentaar bijzondere overeenkomsten, Antwerpen, Klu-
wer rechtswetenschappen, 1987.- W. Van Cauwelaert, "Bewaargeving
4
en sekwester" Antwerpen, Kluwer rechtswetenschappen, 1982 - Voir Cette définition est généralement critiquée: Cf. Encycl. Dalloz, Droit
aussi les notes plus spécifiques citées infra. civil, v0 Séquestre, n° 6 et suiv. et les réf.
2 Nous ne traitons donc pas d'applications, fréquentes, faites notam- 5
Cf. De Page, Traité élémentaire de droit civil belge, t. V, 2e éd., n°
ment en droit successoral ou en matière de régime matrimoniaux, sauf 282. Il s'agit, d'une part, du séquestre de biens saisis (1961, 1°) et,
de manière incidente. d'autre part, du cas des offres réelles suivies de consignation (article
3
Lenteur variable certes selon les juridictions et les circonstances, et 1961 3°, qui se réfère implicitement à l'article 1264 du Code civil rela-
en voie incontestable d'amélioration à la suite de la réorganisation de tif aux offres réelles suivies de consignation). L'analyse de De Page est
divers cours et tribunaux. reprise par la plupart des commentateurs belges.
du 2°. Toutes les autres conditions du séquestre judiciaire à prendre, mais cette fois par une autorité administrative.
sont communes à ces trois hypothèses. 6 Ces mesures de séquestre sont prévues dans l'intérêt
général et ne s'expliquent pas par des conflits portant sur
Selon l'article 1961, 2°, le juge peut ordonner le sé-
des droits subjectifs. C'est la raison pour laquelle l'ex-
questre "d'un immeuble ou d'une chose mobilière dont la
pression de "séquestre d'intérêt général", parfois utilisée
propriété ou la possession est litigieuse entre deux ou
en France, nous paraît préférable. 12
plusieurs personnes".
Tel est le cas, par exemple, de l'article 24, § 7, de la loi
De Page considère que le séquestre conventionnel ne peut
du 22 mars 1993 sur la surveillance des établissements de
être réduit à un dépôt7, tandis qu'il estime, au contraire,
crédit: la Commission bancaire et financière peut décider
que les droits et les obligations résultant d'un séquestre
la mise sous séquestre d'actions ou parts appartenant à un
judiciaire, s'ils ne sont pas à proprement parler contrac-
ou plusieurs associés d'un établissement de crédit, repré-
tuels, doivent se définir par rapport au seul contrat de
sentant au moins 5 % du capital ou 5 % des droits de
dépôt. 8
vote, dont l'influence serait de nature à compromettre la
A vrai dire, nous ne voyons pas de raison pour laquelle gestion saine et prudente de cet établissement de crédit et
les deux situations devraient être analysées différemment qui n'auraient pas cédé ces actions ou parts dans le délai
sous cet angle: dans les deux cas, la mission du séquestre imparti par elle au profit d'un acquéreur agréé. Elle choi-
s'écarte de celle d'un simple dépositaire et il peut être in- sit le séquestre. 13 Une disposition analogue s'applique
vesti de prérogatives relatives aux biens séquestrés qui ne aux entreprises d'investissement, en vertu de l'article 67,
s'expliquent pas par la notion de dépôt. Dans l'exercice § 7, de la loi du 6 avril 1995 relative aux marchés secon-
de ces prérogatives, le séquestre engage le propriétaire de daires, au statut des entreprises d'investissement et à leur
ces biens (et, plus généralement, les personnes qui peu- contrôle, aux intermédiaires et conseillers en placements.
vent prétendre à des droits relativement à ces biens)9, ce
Nul besoin de préciser que le séquestre dont nous parlons
qui implique qu'il dispose d'un pouvoir de représenta-
ici n'a rien à voir avec des mesures de droit public, par-
tion. 10 Dans le cas du séquestre conventionnel, ce pouvoir
fois qualifiées de séquestre, tel le séquestre des biens en-
ne peut résulter que d'un mandat. Dans l'hypothèse du
nemis en temps de guerre.
séquestre judiciaire, il s'agit d'un mandat judiciaire. 11 De
plus, dans les deux cas, le séquestre peut porter sur un L'expression séquestre est quelque peu ambiguë en ce
immeuble alors que le dépôt ne peut avoir cet objet. Nous qu'elle désigne tout à la fois la convention ou l'institution
pensons donc qu'il n'existe pas de différence fondamen- judiciaire en cause et la personne désignée pour assurer la
tale entre les deux hypothèses de sequestre si ce n'est que conservation de la chose qui en fait l'objet.
le séquestre judiciaire ne résulte pas d'une convention.
La jurisprudence et la doctrine répètent que l'article 1961
En dehors de ces cas de séquestre, conventionnel ou judi- du Code civil peut faire l'objet d'une interprétation large,
ciaire, prévus par le Code civil, le législateur est encore en ce sens que l'on ne doit pas en limiter l'application
intervenu pour autoriser des autorités administratives à aux seules hypothèses qui y sont énumérées. 14 Encore
mettre des biens sous séquestre dans certains cas. On convient-il cependant de respecter les caractéristiques es-
parle parfois, ici aussi, de "séquestre légal" mais l' expres- sentielles de l'institution, ce qui est parfois perdu de vue
sion ne nous paraît pas très heureuse car le séquestre ne par certains juges du fond, quelque peu obnubilés par le
résulte pas dans ces hypothèses du seul effet de la loi, souci de prendre des mesures qu'ils estiment efficaces
mais, comme dans le séquestre judiciaire, d'une décision sans trop se préoccuper de leur fondement légal.
6
3. Nomination du séquestre judiciaire
Voy. sur la définition du séquestre judiciaire et ses caractéristiques
générales, outre les traités classiques de droit civil: Herbots, Claryse et
Werckx, Overzicht van rechtspraak, Bijzondere overeenkomsten, T.P.R. Le séquestre judiciaire est le plus souvent nommé par le
1985, n° 168 et suiv., p. 913 et suiv. et les réf.- Herbots et Pauwels, juge des référés et toutes les conditions de droit commun
Overzicht van rechtspraak, Bijzondere overeenkomsten, T.P.R. 1989, n°
444, p. 1386 et les réf.- Herbots, Pauwels et Degroote, Overzicht van de l'intervention du juge des référés, tant en ce qui con-
rechtspraak, Bijzondere overeenkomsten, T.P.R. 1997, 1151, n° 810 et
les réf.- Simont, De Gavre et P.-A. Foriers, Examen de jurisprudence sur
12
les contrats spéciaux, R.C.J.B. 1986, n° 216, p. 882 et les réf.; 1976, n° Cf. Encycl. Dalloz, Droit civil, v0 Séquestre, n° 59 et suiv.
13
78, p. 450 et les réf. Depuis la loi du 17 décembre 1998, l'Institut de Réescompte et de
7
op. cit., n° 276. Garantie, initialement chargé de ces missions de séquestre, est sup-
8
op. cit., n° 286 à 288. primé.
9 14
Sur la circonstance que le séquestre représente le propriétaire des Cf. par exemple: Cass. Il octobre 1951 Pas., 1952, I, 63, motifs.-
biens séquestrés en tant que mandataire de justice: Cf. la jurisprudence Bruxelles 27 octobre 1994, T.R. V. 1995, 192 et note van Gompel; A.J. T.
française rapportée in Encycl. Dalloz, Droit civil, v Séquestre, n° 41. -
0
1994-95, 207, et note Ballon.- Prés. Comm. Liège 5 septembre 1994,
La représentation concerne en réalité tous les titulaires de droits sur les T.R. V. 1995, 432 et note Wyckaert "Een sekwester op aandelen aan
biens séquestrés. toonder aangesteld op eenzijdige verzoekschrift"; J.L.M.B. 1996, 1223
1
° Cf. en ce sens à juste titre: Planiol et Ripert, Traité, 2e éd., t. XI, n° et note Parmentier.- Prés. Civ Liège (réf) 10 février 1995, J.L.M.B.
1197. 1995, 1706, et les réf. citées dans le jugement.- Note van Gompel citée,
11 Sur la représentation résultant d'un mandat judiciaire: Cf. Mazeaud,
n° 4.- Note Ballon citée note 14. - Maeyens, op. cit., spécial. n° 7 à 9 et
Leçons de droit civil, t. 11, 6e éd., n° 150.-Encycl. Dalloz, Droit civil, v 0
les réf. ainsi que la comparaison avec l'interprétation stricte donnée
Représentation par Pete!, n° 33 et suiv. alors en droit néerlandais.
cerne la compétence (y compris l'urgence dans la mesure D'autre part, l'objectif propre du séquestre est d'éviter
où elle conditionne la compétence), que les conditions de qu'une chose qui fait l'objet d'une contestation soit
forme de sa saisine (requête unilatérale en cas d'absolue aliénée, altérée, perdue ou affectée d'une moins-value par
nécessité et d'extrême urgence, citation ou comparution suite d'une quelconque circonstance jusqu'à ce que la
volontaire) doivent être remplies. Le droit commun s'ap- contestation soit vidée. Il s'en déduit que le séquestre ju-
plique aussi en ce qui concerne le caractère provisoire de diciaire ne saurait être utilisé à d'autres fins et que la
la mesure (qui ne souffre pas de difficulté), l'appréciation mesure ne pourrait être inspirée par d'autres objectifs,
de l'urgence, la balance des intérêts en présence. Nous comme par exemple intimider l'autre partie, lui imposer
n'y insistons pas ici puisqu'il ne s'agit pas de questions des restrictions dans son activité professionnelle ou pren-
spécifiques au séquestre. 15 dre une mesure de police du commerce. 17 Nous commen-
terons ci-après diverses décisions qui ont ordonné des
Comme dit ci-dessus, le séquestre peut aussi être nommé
mesures de séquestre notamment en matière de police du
par le juge du fond, notamment par application de l'arti-
commerce ou de marques, dans le but d'empêcher la
cle 19, alinéa 2, du Code judiciaire, suivant lequel le juge
commercialisation de certains produits ou de limiter le
saisi de la contestation peut prendre des mesures provi-
préjudice subi par le titulaire d'un droit de propriété intel-
soires ou conservatoires. La désignation du séquestre peut
lectuelle ou industrielle par suite d'une contrefaçon. De
également relever de la compétence du juge des saisies,
telles décisions nous paraissent méconnaître la nature et
lorsqu'elle intervient en complément d'une saisie (Infra
l'objet du séquestre judiciaire. 18
n° 14).
La mesure de séquestre ne pourrait davantage avoir un
4. Nature du séquestre judiciaire: mesure conservatoire et effet définitif, en droit ou même en fait
temporaire
Le séquestre n'entraîne aucune incapacité du propriétaire
de la chose. Celui-ci conserve par conséquent son droit
Le séquestre judiciaire s'insère ainsi parmi les mesures
d'aliéner cette chose et d'accomplir tous les actes conci-
conservatoires qui peuvent être prises sur des éléments
liables avec la mission conservatoire du séquestre. 19 Cette
d'un patrimoine, soit pour assurer la sauvegarde des inté-
mission ne saurait davantage avoir pour conséquence une
rêts d'une personne qui prétend à des droits sur cet élé-
suspension ou une réduction du droit de poursuite des
ment de patrimoine. 16
créanciers, même sur le chose séquestrée. 20 Lorsque une
De telles mesures apportent des restrictions aux droits chose est transmise à un séquestre, elle ne sort pas du pa-
subjectifs des titulaires des droits réels sur les biens en trimoine de celui qui en apparaîtra propriétaire, ni même
cause et plus généralement sur le patrimoine dont ces de sa possession juridique. Elle n'est grevée d'aucun pri-
biens font partie. Ces restrictions dérogent au droit du ti- vilège en faveur du demandeur de séquestre. En cas de
tulaire d'un patrimoine de gérer celui-ci. Elles sont en faillite, la chose fait partie de la masse. La remise d'une
règle définies avec précision par le Code civil, le Code somme d'argent faite à un séquestre à la suite d'une
judiciaire ou plus généralement par les lois dont elles contestation entre un créancier et un débiteur ne peut va-
procèdent: que l'on songe aux conditions rigoureuses et loir paiement, contrairement aux conséquences attachées
aux garanties qui entourent l'exercice de l'action paulien- à une consignation consécutive à une offre faite confor-
ne, de l'action oblique, des saisies conservatoires ou mément aux articles 1257 et suivants du Code civil. 21
d'autres mesures conservatoires organisées notamment
par le Code judiciaire. Le séquestre judiciaire, s'analysant
également en une mesure conservatoire, ne saurait se sub-
stituer à celles qui sont ainsi organisées ni devenir une
panacée permettant d'obtenir des restrictions à des droits
subjectifs alors que les conditions spécifiques de telles
mesures ne sont pas remplies. 17
Cf. sur le caractère conservatoire et temporaire du séquestre judiciai-
En principe un créancier doit suivre la foi de son débiteur re: Tilleman, op. cit., n° 2 in fine.- Planiol et Ripert, Traité, 2e éd, t. XI
n° 1192, qui indiquent que le séquestre judiciaire prend fin en principe
et ne peut s'immiscer dans la gestion du patrimoine de ce avec le procès qui en est l'occasion - ce qui souligne le lien nécessaire
dernier ni se substituer à lui à cet effet, sauf circonstances entre le séquestre et, sinon un procès, au moins une contestation. Infra,
exceptionnelles définies avec précision par le droit posi- au texte, n° 5, 18.
18
Cf. infra n° 19 et suiv., à propos des applications particulières.
tif. 19
Encycl. Dalloz, Droit civil, v Séquestre, n° 36 et la réf. à la jurispru-
0
5. Conditions du séquestre judiciaire: la disposition de l'article 1961, 2°, du Code civil, selon
1° Propriété ou possession litigieuse laquelle le séquestre peut être ordonné lorsque la proprié-
té ou la possession d'une chose est "litigieuse entre deux
Aux termes de l'article 1961, 2°, du Code civil, le sé- ou plusieurs personnes", la Cour ajoute que "cette mesu-
questre judiciaire ne peut être ordonné qu'à propos d'une re ne peut être ordonnée que lorsque ces personnes ont
chose dont la propriété ou la possession est litigieuse ou prétendent avoir un droit sur le bien dont on demande
entre deux ou plusieurs personnes. le séquestre", approuvant le juge du fond d'avoir refusé
la mesure, alors que de telles prétentions concurrentes
Tous les commentateurs, ainsi que la jurisprudence, ont
n'existaient pas. 26 La Cour rejette le moyen qui soutenait
admis une interprétation large de cette condition, en sorte
qu'un simple intérêt sur les choses à séquestrer suffit à
que le séquestre judiciaire est admissible toutes les fois
justifier une telle mesure et proposant ainsi une interpré-
qu'il existe une contestation relativement à une chose,
tation particulièrement extensive de l'article 1961, 2°,
même si elle n~ porte pas sur la propriété ou la posses-
conformément à une certaine doctrine et à quelques déci-
sion, mais plus généralement si elle se rapporte à des pré-
sions de jurisprudence. Cet enseignement est donc claire-
tentions contradictoires relativement à cette chose.
ment rejeté par la Cour de cassation.
Comme le souligne un arrêt de la Cour de Bruxelles du
On approuvera en conséquence une décision du président
28 octobre 1968 22 , l'objectif de l'institution est de laisser
du tribunal de commerce de Courtrai qui, après avoir sou-
en l'état des choses sur lesquelles porte une contestation,
ligné le caractère exceptionnel que doit revêtir la mise
afin que la situation ne soit pas compromise pendant le
sous séquestre en raison des atteintes au droit de propriété
temps nécessaire à la solution du litige. Le séquestre judi-
qu'elle implique, refuse d'accéder à la requête d'un ac-
ciaire peut donc, selon cet arrêt, être requis par toute per-
tionnaire minoritaire; ce dernier sollicitait la mise sous
sonne pouvant sérieusement prétendre à des droits sur la
séquestre d'actions appartenant à un actionnaire majori-
chose litigieuse. En l'espèce, il s'agissait d'un vendeur
taire, au motif que ces actions auraient été vendues à un
d'immeuble dont l'acheteur ne payait pas le prix et qui
tiers et qu'il aurait eu intérêt à bloquer l'exercice du droit
disposait dès lors du privilège du vendeur.
de vote s'y rapportant. Le président constate, à juste titre,
On peut admettre que de telles prétentions contradictoires le défaut de droits ou de prétentions du requérant sur les
existent lorsqu'une partie a intérêt à la production de actions dont la mise sous séquestre était sollicitée. 27
moyens de preuve, qui se trouvent en la possession de
De même une décision déjà ancienne du tribunal de com-
l'autre partie pour la solution d'une contestation, et qu'il
merce de Bruxelles rejette une demande de l'Etat de met-
existe des craintes que ces éléments de preuve soient per-
tre sous séquestre des marchandises entreposées dans un
dus, altérés ou détruits, comme le décide justement un
magasin frigorifique, alors que le défendeur n'élevait au-
arrêt de la Cour d'appel de Bruxelles du 29 septembre
cune prétention à la propriété de ces marchandises. 28
1994; il y a lieu en effet, en pareil cas, de soustraire ces
éléments de preuve à la possession d'une partie pour en Voyez aussi, pour un cas où il n'existait pas de contesta-
assurer la conservation. 23 C'est là une conséquence de la tion sérieuse sur la propriété ou la possession d'actions
nécessaire collaboration des parties à l'administration de entre des personnes contestant une cession d'actions réa-
la preuve reconnue par le Code judiciaire et consacrée lisée au mépris d'un pacte de préemption et les acqué-
notamment par les articles 871 et 877 de ce Code. Encore reurs de ces actions: Prés. Comm. Gand (réf) 14 novem-
faut-il rester dans les limites organisée par les règles de la bre 1997 29 • Ceux-ci étaient de bonne foi en sorte que leur
procédure civile ainsi que nous le verrons ci-dessous propriété ne pouvait être mise en cause à défaut de tierce
(Infra n° 18). complicité: infra n° 16. Aucun séquestre ne pouvait dès
lors être ordonné.
En revanche, on ne saurait admettre une mesure de sé-
questre judiciaire, à peine de méconnaître cette notion, en
6. Suite: 2° Faut-il un litige ou à tout le moins une con-
l'absence de prétentions contradictoires de plusieurs pers-
testation?
onnes sur une chose. 24
La Cour de cassation le rappelle très justement dans un Ici encore, la jurisprudence et la doctrine se satisfont
important arrêt du 16 avril 198425 : après avoir reproduit d'une interprétation extensive, nonobstant les termes uti-
26
En l'espèce, des travailleurs employés d'une société en conflit avec
22 Pas. 1969, II, 19.- Cet arrêt cite la doctrine traditionnelle sur l'in- celle-ci prétendaient obtenir la mise sous séquestre de certains éléments
terprétation large de l'article 1961, 2°, du Code civil, mais en fait une du patrimoine social, - ce qui leur a été refusé, à juste titre, par les juges
application classique, dès lors qu'il constate l'existence de droits con- du fond au motif qu'ils ne disposaient pas de droits de propriété ou de
currents et d'un conflit relatifs à la chose mise sous séquestre. Le pre- possession sur ces biens comme tels: Prés. trib. trav. Verviers 22 décem-
mier juge avait, à tort, rejeté la demande au motif qu'elle aurait été con- bre 1981, J.T.T. 1982, 73 et note Rommel, confirmé par Cour trav. Liège
traire à la garantie d'éviction. La mesure conservatoire se situait, à 29 juin 1982, J.T.T. 1983, 184.
27
l'évidence, sur un autre plan. Prés. Comm. Courtrai (réf) 29 janvier 1991, T.R. V. 1993, 566.
23 A.J.T. 1994-95, 207, et note Ballon.- Cf. infra n° 18. 28 Prés. Comm. Bruxelles (réf) 6 septembre 1921, ].C.B. 1921, 472, par
24
Cf. en ce sens: Tilleman, op. cit., n° 7. une motivation brève mais percutante.
29
25
Pas. 1984, I, 1036, et la note. T.R. V. 1998, 54 et note.
lisés tant par l'article 1955 et que par l'article 1961, 2° du nant ces biens. 34 Une mesure de séquestre n'est nullement
Code civil. Certes, le "litige" auquel se réfère l'article appropriée à cette situation. Actuellement d'ailleurs,
1961, 2°, n'implique pas nécessairement un conflit pen- celle-ci peut être réglée par l'application des articles
dant devant un tribunal ou un arbitre. Mais il faut qu'il 488bis-A et suivants du Code civil.
existe une contestation entre parties et que cette contesta-
Certains auteurs considèrent qu'un séquestre judiciaire
tion soit sérieuse, même si elle n'a pas encore donné lieu
pourrait être ordonné en dehors de tout litige ou de toute
à des mesures judiciaires ou à des mesures préparatoires à
contestation. Il suffirait, selon cette doctrine, d'une sim-
l'exercice d'un recours. 30
ple divergence d'intérêts relativement à une chose, voire
Cette condition est requise et le juge doit en vérifier la même seulement de l'utilité de prendre une mesure
réalité. La Cour de cassation le rappelle dans un arrêt du conservatoire concernant une chose, par exemple aban-
28 avril 1994: l'existence d'une contestation est une con- donnée ou laissée en déshérence. 35
dition de la nomination du séquestre judiciaire, et cette
Cette interprétation ne nous paraît pas admissible - et elle
contestation doit être sérieuse. 31
est condamnée par la jurisprudence de la Cour de Cassa-
On approuvera, dès lors, un jugement du président du tri- tion, citée ci-dessus - car elle s'écarte du concept même
bunal civil de Bruxelles, siégeant en référé, du 28 juin de séquestre judiciaire tel qu'il est défini par l'article
199032 qui rejette une demande de séquestre portant sur 1961, 2°, du Code civil: elle implique que soient attribués
les titres au porteur d'un série de sociétés dont étaient co- au séquestre des pouvoirs étrangers à l'institution et mé-
propriétaires un mari et une femme en instance de divor- connaît le caractère temporaire de sa mission qui doit
ce, - sociétés dont le mari était généralement l'admini- prendre fin lorsque la contestation ou le conflit qui a jus-
strateur-délégué ou le gérant,- alors qu'il n'existait pas de tifié sa nomination est réglé. On constate d'ailleurs que
contestation sérieuse entre les parties sur la manière dont les décisions parfois invoquées à l'appui de cette interpré-
étaient gérés tant les titres que les sociétés dont ils confé- tation se rapportent souvent à des situations litigieuses,
raient le contrôle. même lorsque leurs motifs paraissent consacrer l'opinion
que nous critiquons. 36 Certaines ordonnances font néan-
Il ne saurait, dés lors, être question, à notre avis, de sé-
moins application de cette doctrine, par exemple en cas
questre judiciaire en l'absence de prétentions opposées
de biens laissés en déshérence, de biens abandonnés par
sur un bien, par exemple en cas de succession vacante,
un locataire disparu, de documents et valeurs délaissés
d'absence, de disparition d'une personne qui délaisse des
dans un coffre par un défunt. 37
biens, ou encore dans la situation de personnes atteintes
d'un état physique ou mental les rendant incapables de Ce n'est pas parce que les parties sont d'accord sur la dé-
gérer leurs biens. Seule une administration provisoire signation d'un séquestre judiciaire par justice et qu'elles
peut alors être envisagée, pour autant qu'il n'existe pas déposent des conclusions communes sur ce point, qu'il
d'institution spécifique tels le curateur à succession va- n'existe pas entre elles de différend ou de contestation
cante ou l'administrateur provisoire prévu par les articles
488bis-A et suivants du Code civil (loi du 18 juillet 1991)
pour les majeurs qui, en raison de leur état de santé, sont 35
W. Van Cauwelaerts, op. cit., n° 302 mais tous les cas cités par cet
partiellement ou totalement hors d'état de gérer leurs auteur ne nous paraissent pas illustrer sa thèse.- P. Van Houtte, op. cit.,
n° 12 énonce l'opinion que nous défendons au texte tout en ajoutant,
biens. C'est à juste titre, dès lors, que plusieurs annota- sans autre justification, que, dans des cas exceptionnels, un séquestre
teurs critiquent des ordonnances désignant un séquestre peut être nommé en dehors de toute contestation, dès lors qu'il existerait
pour assurer l'administration provisoire des biens de ma- des intérêts opposés entre les parties. Cf. aussi certains cas de jurispru-
dence cités par Tilleman, op. cit., n° 3, mais cet auteur ne paraît pas
lades mentaux faisant l'objet d'une mesure de "décollo- prendre position en faveur de cette solution. On peut citer l'arrêt de la
cation" dans l'institut psychiatrique dans lequel ils se Cour d'appel de Liège du 20 juillet 1920 (Pas. 1923, II, 40) qui désigne
trouvent33 , alors qu'aucune contestation n'existe concer- un séquestre à titre de mesure purement conservatoire et provisoire à la
requête d'un propriétaire dont le locataire était parti "à la cloche de
bois". Actuellement en tout cas, il nous paraît que le propriétaire devrait
en ce cas pratiquer une saisie, éventuellement accompagnée d'une me-
30
De Page, op. cit., n° 283. qui accepte une interprétation particulière- sure de séquestre complémentaire (Cf. n° 15). L'arrêt réforme l'ordon-
ment large de ce concept.- Cf. aussi Tilleman, op. cit., n° 3 et les réf. à nance a quo en ce qu'elle avait autorisé la vente par le séquestre des
diverses décisions anciennes.- En faveur d'une interprétation large de biens meubles délaissés dans les lieux.
36
l'article 1961 du Code civil, mais pour autant qu'il existe une contesta- Cette expression est par exemple utilisée par le tribunal civil d'Ypres
tion relativement à une chose: Boelaers et De Cort, note sous Gand 9 dans un jugement du 30 octobre 1963 (R. W 1963-64 col. 1709), cité, à
juin 1987, R. W 1988-89, col.! 5, spécial. n° 4.1, et les réf. et 4.1.1. l'appui de l'opinion que nous critiquons, dont les motifs se réfèrent no-
31
Bull. 1994, 418; A.J.T. 1994-95, 267; J.L.M.B. 1995, 5; R. W 1994- tamment à Kluyskens, mais l'analyse de la décision démontre qu'il exis-
95, 812. tait un sérieux litige entre les parties en l'espèce à propos de l' applica-
32
J.T. 1991, 393. tion de leur régime matrimonial et de dettes invoquées par l'une contre
33
C'est-à-dire du passage d'un régime fermé à un régime ouvert pour l'autre, en sorte que la décision de désigner un séquestre se trouvait tout
des raisons thérapeutiques. à fait justifiée par l'analyse la plus traditionnelle.
34 37
Prés. civ. Bruges (réf) 3 mars 1982 VI. T. Gez. 1988 p. 70 et note cri- Voir les exemples cités par le R.PD.B., v Dépôt-Séquestre, n° 205 et
0
tique Herman Nys.- Prés. Civ. Malines (réf) 13 octobre 1988 et note cri- suiv. dont not. Prés. Civ. Bruxelles (réf) 13 février 1915, Pas. 1915-16,
tique K. Timmermann, Ibid., 1988, 94. Dans le premier cas, les requêtes III, 190. Dans ce dernier cas, il n'existait sans doute pas de contestation
en vue de la désignation de séquestres avaient été introduites par les ad- mais le séquestre se justifiait, selon le tribunal, pour permettre la liqui-
ministrateurs provisoires des patients, - ce qui souligne le côté quelque dation et le partage d'une succession entre plusieurs personnes dont les
peu incongru de la solution consacrée par le tribunal. droits portaient donc sur les mêmes choses.
justifiant la désignation du séquestre. Tel était le cas, par trielle, d'une masse successorale, d'un fonds de commer-
exemple, dans une affaire ayant fait l'objet d'une ordon- ce qui comprend des éléments incorporels.
nance du président du tribunal de commerce de Bruxelles
Ainsi une décision, déjà citée, du président du tribunal de
du 23 octobre 1964 alors que, de commun accord entre
commerce de Bruxelles du 23 octobre 1964 a trait à la
parties, un séquestre avait été nommé pour assurer la
mise sous séquestre d'un fonds de commerce de pharma-
garde d'un fonds de commerce de pharmacie, à propos
cie - suivant d'ailleurs un accord intervenu entre parties
duquel des conflits existaient entre ces parties. 38
dans le cours du litige. 40 Une ordonnance du président du
Les juges des référés, qui ordonnent des mesures conser- tribunal civil de Huy du 23 mars 194941 place sous sé-
vatoires en raison d'une contestation qui n'est pas encore questre des biens dépendant d'une succession litigieuse y
portée devant le juge du fond, précisent souvent que la compris un fonds de commerce de courtage d'assurance.
mesure cessera ses effets à défaut d'introduction de l'ac-
Cependant la mesure ne pourrait s'étendre à la totalité du
tion au fond dans un certain délai. Cette pratique nous pa-
patrimoine d'une personne physique ou morale, qui serait
rait excellente : elle est de nature à éviter les détourne-
ainsi frappée indirectement d'une incapacité que la loi ne
ments de procédure et à lier opportunément le séquestre
prévoit pas, sans que les garanties qui entourent normale-
judiciaire à sa finalité, à savoir la conservation d'une
ment de telles mesures soient respectées. 42 A notre avis,
chose litigieuse jusqu'à la fin d'un litige, sans cependant
l'on ne pourrait aboutir indirectement au même résultat
exiger une interprétation trop formaliste de cette condi-
en mettant sous séquestre tous les biens d'une personne
tion. Parfois, c'est le juge des référés, statuant sur requê-
physique ou morale, considérés comme formant une uni-
te unilatérale qui impose l'introduction d'un débat contra-
versalité de fait. 43 Dans ces hypothèses, seule une mesure
dictoire dans un délai qu'il fixe. 39 Cette dernière solution
d'administration provisoire pourrait être envisagée car on
est beaucoup plus discutable. Si le juge du provisoire a
n'imagine pas une mesure de séquestre portant sur la to-
été regulièrement saisi, on n'aperçoit pas comment il
talité d'un patrimoine qui ne serait pas assortie, à titre
pourrait imposer que sa décision soit conditionnée à une
non point accessoire, mais principal, de la mission de
autre décision, elle aussi, aussi au provisoire. 39bis
gérer ce patrimoine, notamment s'il s'agit d'une entrepri-
Le lien entre la nomination d'un séquestre judiciaire et se.44 (Sur la distinction entre le séquestre judiciaire et
l'existence d'un litige se déduit encore de la définition de la l'administration provisoire Cf. Infra n° 12).
mission du séquestre: celle-ci doit prendre fin lorsque cesse
La mesure de séquestre doit nécessairement porter sur
le litige relatif à la chose conservée (Supra n° 11) - ce qui
une chose individualisée, c'est-à-dire un corps certain au-
implique nécessairement que le séquestre judiciaire ne peut
quel se rapportent les prétentions contradictoires des par-
être ordonné en dehors de tout litige actuel ou menaçant.
ties. Se pose alors la question délicate de savoir dans
quelle mesure des sommes d'argent peuvent faire l'objet
7. Suite: 3° Quelles choses peuvent faire l'objet d'un sé-
d'un séquestre judiciaire lorsqu'elles ne sont pas indivi-
questre judiciaire?
dualisées dans les conditions requises pour qu'elles
constituent un corps certain. On ne conçoit pas, en effet
Selon les articles 1955 et 1961, 2°, du Code civil, le sé-
un séquestre portant sur des choses fongibles qui ne sau-
questre judiciaire peut porter sur des choses mobilières ou
raient, par définition, être appréhendées par le mandataire
sur des immeubles; la question ne saurait être discutée.
de justice. Nous examinons cette question ci-après sub
Le séquestre judiciaire peut avoir pour objet sur des do- n° 18.
cuments et plus généralement des éléments de preuve
dont il y a lieu d'assurer la conservation, sans pour autant
que le juge puisse méconnaître les caractéristiques de
l'institution (Cf. Infra n° 17). 40
J.C.B. 1965, 45. Comme dit ci-dessus, par cette ordonnance, le prési-
On peut se demander s'il peut porter sur des choses incor- dent refuse de lever le séquestre ordonné à la suite d'un accord des par-
ties ·à défaut de modification des circonstances ayant justifié la mesure.
porelles; aucune restriction ne résulte à ce propos des 41
Pas. 1950, III, 16. Dans cette espèce, le président souligne le caractè-
textes et la jurisprudence l'admet en effet: ce peut être le re exceptionnel et nécessairement limité du séquestre et en restreint les
cas de droits intellectuels, de droits de propriété indus- effets jusqu'à une date permettant de provoquer le cas échéant la désigna-
tion éventuelle d'un séquestre par le juge du fond, en se fondant sur une
jurisprudence ancienne en ce sens. Actuellement, les limitations dans le
temps sont plutôt axées sur la décision à rendre sur le fond du droit.
38 42
J.C.B. 1965, 45.- Cette décision ne peut certainement pas être invo- Planiol et Ripert, op. cit., n° 1192 et les réf. en note 3 à la jurispru-
quée en faveur de l'interprétation que nous combattons au texte. En dence de la Cour de cassation de France et n° 1194 à propos de l'inter-
l'espèce, le président se refuse à lever le séquestre, même ordonné par diction de pallier par un séquestre judiciaire l'absence d'une procédure
un jugement d' expédient consacrant un accord des parties, à défaut de de faillite pour un non-commerçant.- Encycl. Dalloz, Droit civil, v0 Sé-
modification des conditions de l'espèce depuis la première décision. questre, n° 36 et la jurisprudence citée.- Maeyens, discours cité in R. W.
39
Cf. pour une application: Prés. Comm. Namur (réf) 16 juin 1993, 1961-62, 345, spécial. n° 38 à 41, et les réf.
43
T.R. V. 1993, 556, dans une procédure sur requête unilatérale tendant à Dans le sens que nous indiquons, notamment pour les non-com-
obtenir la désignation d'un administrateur provisoire. merçants en état de déconfiture: Encycl. Dalloz, Droit civil, v0 Sé-
39bi., Nous en pouvons examiner ici tous les aspects de cette question, qui questre, n° 36. - Contra: Planiol et Ripert, op. cit., n° 1192.
44
n'est pas propre à la matière du séquestre, mais intéresse plus générale- Cf. dans le même sens: Tilleman, op. cit., n° 29.- Maeyens, op. cit.,
ment la saisine du juge des référés. R. W. 1961, col. 345, spécial. n° 38 et suiv., et les réf.
8. Caractère exceptionnel de la mesure.- Opportunité plus intense au demandeur que ses droits paraissent plus
sérieusement établis et inversement.
La désignation d'un séquestre judiciaire appelé à assurer Le juge peut naturellement décider que, nonobstant la
la conservation d'une chose litigieuse implique nécessai- contestation et les droits en litige, il n'existe pas de péril
rement une atteinte aux droits de ceux qui disposent à en la demeure suffisant pour ordonner la mesure. Dans
l'égard de cette chose d'un droit réel ou personnel et se cet ordre d'idées, le président du tribunal de commerce de
traduit par des inconvénients pratiques pour ces per- Bruxelles a, par exemple, jugé qu'il n'y avait pas lieu de
sonnes, en sorte que les juges soulignent souvent qu'il ne mettre sous séquestre des obligations convertibles dont la
doit être fait usage de cette faculté qu'avec circonspection propriété était contestée, alors qu'il n'existait pas de
et qu'il convient aussi de ne pas donner au séquestre des risque qu'elles fussent aliénées. 49 De même, dans un liti-
pouvoirs ou des prérogatives qui ne sont pas indispen- ge concernant une cession d'actions et, partant, l'exercice
sables à la conservation de la chose. L'interprétation ex- des droits y afférents, le président du tribunal civil de
tensive des éléments de la définition contenue notamment Bruxelles a considéré qu'une mesure de séquestre ne se
dans l'article 1961, 2°, du Code civil se complète ainsi justifiait pas et qu'une interdiction de faire usage des
par une recommandation de prudence relative tant au droits attachés aux actions litigieuses assurait une protec-
principe du recours à la mesure qu'au contenu des pou- tion satisfaisante des parties. 50 Dans l'affaire Dupuis, dont
voirs et des prérogatives attribuées au séquestre judiciai- question infra n° 18, alors que le président du tribunal de
re.45 Nombre de décisions le rappellent. 46 La doctrine commerce avait placé les actions dont la cession était
l'enseigne unanimement. 47 contestée sous séquestre, la Cour d'appel a considéré
qu'il suffisait d'en interdire la cession et de faire défense
Il en résulte que, même si les conditions légales sont
à la société de faire quelque inscription que ce soit dans
remplies, le juge n'a évidemment jamais l'obligation de
le registre de ses actions nominatives. 51
désigner un séquestre et qu'il dispose d'un très large pou-
voir d'appréciation en opportunité, - que ce soit en référé Nous n'insistons pas ici sur ces aspects de la démarche du
ou au fond ou encore lorsque le juge des saisies est, ex- juge, dont la jurisprudence donne évidemment de nom-
ceptionnellement, compétent. breux exemples, car ils ne sont pas propres à la désigna-
tion de séquestre judiciaire; et nous pouvons dès lors ren-
Le juge vérifiera notamment si d'autres mesures moins
voyer aux études sur le référé en général. La situation est
contraignantes ne pourraient aboutir à garantir de manière
analogue si le séquestre est ordonné, à titre de mesure
suffisante les intérêts des parties.
provisoire et avant toute décision au fond, par le tribunal
Spécialement s'il statue en référé, il procédera à une ba- lui-même et non par le juge des référés puisqu'il s'agit,
lance des intérêts respectifs de parties en présence, selon ici aussi, d'une mesure conservatoire et provisoire.
la démarche maintenant bien usuelle des juges des référés
et il déterminera les avantages et les inconvénients de 9. Pouvoirs du séquestre judiciaire
chacune des solutions pour les diverses parties en présen-
ce, pour adopter la solution la moins dommageable pour Même si le juge dispose en principe d'un large pouvoir
chacun. d'appréciation dans la détermination des pouvoirs à attri-
buer au séquestre judiciaire, encore est-il limité par les
Comme tout juge des référés, celui auquel la désignation
caractéristiques fondamentales de l'institution, à savoir
d'un séquestre est demandée devra faire une appréciation
son caractère essentiellement conservatoire.
prima facie du fondement des droits respectifs faisant
l'objet de la contestation et écarter la demande si ces On s'accorde à reconnaître que ces pouvoirs excèdent
droits ne sont pas dotés d'une apparence raisonnable de ceux que confère au dépositaire le contrat de dépôt de
fondement. 48 Il pourra accorder une protection d'autant droit commun - et à notre avis il s'en déduit nécessaire-
ment que le séquestre, notamment judiciaire, implique un
mandat qui, dans les limites du pouvoirs du séquestre, lie
45
les personnes pouvant prétendre à des droits sur la chose
Cf. par exemple les motifs excellents de l'arrêt de la cour d'appel de
Liège du 25 novembre 1947, Pas. II, 70 et les notes, à propos d'un sé-
séquestrée. 52
questre judiciaire sur des éléments de preuve.
46
Cf. par exemple: Bruxelles 8 février 1977, R.PS. 1978, 189 dans un
Mais ces pouvoirs se limitent à préservation de la chose
cas où la cour réforme une décision ayant ordonné un séquestre sur la et, partant, à des mesures à caractère conservatoire. La
quasi-totalité des titres d'une société alors que les circonstances de fait Cour de cassation y veille, en rappelant ce principe avec
ne le justifiaient pas.
47
Cf. not. Simon!, De Gavre et P.-A. Foriers, Examens de jurispruden-
ce sur les contrats spéciaux, R.C.J.B. 1986, n° 216, p. 882 et les réf.;
49
1976, n° 78, p. 450, et les réf.- Herbots, Claryse et Werckx, Overzicht Prés. Comm. Bruxelles (réf) 18 octobre 1988, T.R. V. 1989, 145, et
van rechtspraak, Bijzondere overeenkomsten, T.PR., 1985, n° 168 et note BVB.
50
suiv. p. 913 et suiv., et les réf. Prés. Civ. Bruxelles (réf) 6 février 1958, R.PS. 1958, 284.
48 51
Cf. sur la portée exacte de cette règle: Dieux, note sur "La formation, Ordonnance du 27 novembre 1984, R.PS. 1985, 81, et arrêt de la
l'exécution et la dissolution des contrats devant le juge des référés" cour d'appel de Bruxelles du 3 janvier 1985, Ibid., 109.
52
R.C.J.B. 1987, p. 250, spécial. n° Il et Cass. 9 septembre 1982 Pas. Supra n° 10.- Contra: pour le seul séquestre judiciaire: De Page,
1983, I, 469. Ibid ..
constance: voyez les arrêts des 11 octobre 195 !53, 24 oc- stockage sont élevés58 etc. Le séquestre est alors reporté
tobre 198954 , 28 avril 1994.55 La conservation de la chose sur le prix.
peut naturellement impliquer certains actes d'administra-
On cite le cas, certes exceptionnel, d'un séquestre judi-
tion. Comme il sera indiqué ci-après à propos de divers
ciaire chargé de prendre possession d'actions données en
exemples, les modalités de l'exercice de la mission doi-
gage et de les vendre alors qu'un conflit avait surgi entre
vent apporter le moins d'inconvénients possibles à l'exer-
le constituant du gage et le créancier et que les actions
cice normal des droits sur la chose séquestrée (Infra n° 16
avaient atteint un cours particulièrement élevé qui en jus-
et suiv.).
tifiait la réalisation refusée par le créancier. (Arrêt de la
La Cour de cassation a précisé dans son arrêt précité du Cour de Bruxelles du 20 juillet 1920).59 Cet arrêt, qui ré-
11 octobre 1951 que, le législateur n'ayant pas déterminé forme une ordonnance ayant rejeté la demande, nous pa-
de manière limitative quels sont les actes conservatoires raît dénaturer le séquestre; en l'espèce, celui-ci n'est pas
que le séquestre peut accomplir, il appartient au juge de chargé de recevoir une chose pour la conserver - éven-
les déterminer souverainement dès lors que "les pouvoirs tuellement en l'administrant - mais il a pour fonction de
qu'il donne au séquestre ne sont pas en contradiction contraindre un créancier à réaliser son gage alors que
avec le caractère conservatoire de sa mission". Le même celui-ci s'y refuse. Telle ne saurait être la mission d'un
principe est énoncé par l'arrêt précité du 28 avril 1994: séquestre judiciaire.
dans la limite du caractère conservatoire et provisoire de
Le caractère conservatoire de la fonction du séquestre ex-
la mesure qu'il ordonne, "le juge a un pouvoir d'appré-
clut que l'on puisse lui ordonner de se dessaisir des cho-
ciation souverain quant à l'opportunité de la désignation
ses dont il doit assurer la conservation, par exemple en
de ce séquestre et quant à l'étendue de la mission qu'il
les remettant à un tiers, décide la Cour de cassation dans
lui confie, lorsque le caractère sérieux de la contestation
son arrêt précité du 24 novembre 1989. 60
apparaît certain et qu'il est de l'intérêt des parties qu'il
soit procédé à cette mesure". Le séquestre judiciaire appelé à assurer la conservation
d'actions ou de parts de société peut-il recevoir la mis-
Ces pouvoirs ne peuvent être, en règle, que de garde et de
sion d'exercer le droit de vote y relatif? Nous examinons
conservation, rappelle ensuite la Cour dans le même
cette question ci-après: Infra n° 16.
arrêt. Dans des circonstances exceptionnelles, le juge
peut toutefois les étendre à des actes de disposition, mais Lorsque le séquestre s'étend à un fonds de commerce, il
il lui appartient alors de motiver sa décision par des implique normalement des devoirs d'administration pro-
constatations qui font apparaître que la mesure est urgen- visoire relativement plus étendus que dans le cas de la
te et indispensable à la bonne administration des biens et conservation de choses corporelles. Tel a été le cas dans
intérêts à sauvegarder. A défaut, par exemple s'il ordonne les espèces citées supra n° 8. On se rapproche, dès lors,
la vente d'une chose mise sous séquestre par la seule de l'administrateur provisoire et l'on peut se demander
considération qu'elle fait l'objet d'une contestation entre dans quelle mesure ce n'est pas plutôt cette dernière me-
parties, le juge du fond méconnaît l'article 1961, 2°, du sure qui devrait alors s'imposer, comme en matière de so-
Code civil et sa décision doit être cassée. 56 ciétés (Infra n° 12).
A ces conditions, et moyennant une justification liée à Les pouvoirs du séquestre judiciaire sont fixés par la dé-
son caractère conservatoire, la mission peut comprendre cision qui le désigne.
la vente de biens périssables, la réalisation de biens su-
Dans la pratique, ces pouvoirs sont généralement définis
jets à des fluctuations de prix rapides alors que l'on peut
de manière circonstanciée et cela nous paraît tout à fait
craindre des pertes de valeur5 7 , la réalisation de stocks de
justifié: c'est au juge et non au séquestre lui-même qu'il
marchandises sujets à moins-values et dont les frais de
appartient, à la lumière des circonstances de la cause et
de la balance des intérêts des parties, de déterminer la
mission du séquestre.
58
Cf. par exemple: Prés. comm. Bruges (réf) 29 avril 1994, T.R. V.
53
Cass. 11 octobre 1951, Pas. 1952, I, 63. 1994, 253, et note Tilleman, à propos de la réalisation par le séquestre
54 Pas. 1990, 1,374 et la note qui se réfère à l'arrêt du Il octobre 1951, d'un stock de produits pétroliers sur lequel existaient des prétentions
précité et à un arrêt du 11 novembre 1880, Pas. 1881, I, 8. La jurispru- contradictoires de deux sociétés et des saisies pratiquées par les créan-
dence de la Cour est donc fixée de manière très ferme sur cette question. ciers de l'une d'elles. A noter que les parties étaient d'accord pour que
55 Bull. 1994, 418; A.J.T. 1994-95, 267; J.L.M.B. 1995, 5; R.W 1994- le séquestre soit doté de ces pouvoirs.
59
95, 812. P.P. 1921, n° 433, p. 425; J.C.B. 1921, 271 et observ. critiques sig-
56
Dans le même sens: Van Gompel, note citée au T.R. V. 1995, 195, nées J.T.
60
n° 5. Dans un litige entre le Crédit communal et un de ses agents, le juge
57 Il s'agissait, dans l'espèce tranchée par la cour de cassation par l'ar- du fond avait désigné un séquestre chargé de prendre possession d' ar-
rêt précité du 11 octobre 1951, de la réalisation de biens revenant à des chives, de valeurs, d'instruments informatiques, de documents, de listes
créanciers et détenus par un séquestre appelé à remplacer un mandataire de données et, notamment, de les mettre à la disposition du nouvel ex-
agissant pour le compte de ces créanciers. A défaut d'une telle liquida- ploitant de l'agence pour permettre à ce dernier la poursuite des acti-
tion, les créanciers étaient exposés à voir disparaître leur gage, selon les vités bancaires.
61
constatations du juge du fond. op. cit., t. V, n° 285.
Il peut se produire que le séquestre sollicite des prec1- recours en cassation, dont on sait que, en règle, il n'est
sions de la part du juge ou des aménagements de sa mis- pas suspensif en matière civile. Mais le juge pourrait,
sion justifiés par les circonstances. De Page s'élève avec selon les circonstances, considérer que le séquestre ne
vigueur contre cette pratique qu'il estime "détestable" et doit pas être maintenu au delà d'une décision exécutoire,
même illégale. 61 A vrai dire, nous n'apercevons pas pour- éventuellement par provision65 , ou bien prévoir d'autres
quoi il en serait ainsi, puisque c'est le juge qui fixe la dispositions justifiées par les circonstances.66 Il se recom-
mission du séquestre et que spécialement le juge des mande en tout cas que le juge soit très précis sur la déter-
référés peut toujours aménager sa décision, selon les cir- mination du moment où le séquestre prendra fin.
constances et l'évolution de la cause. Sans doute le sé-
Toutefois, pas plus que l'on n'admettrait en pareil cas un
questre agit-il sous sa responsabilité dans les limites
cantonnement ou une saisie conservatoire, le juge ne peut
fixées par le juge et doit-il prendre, dans ces limites, les
ordonner un séquestre dont l'objet serait de faire pièce à
décisions qui s'imposent sans demander chaque fois l'au-
l'exécution d'une décision rendue en dernier ressort pen-
torisation du tribunal. Mais l'on n'aperçoit pas pourquoi
dant la durée d'une instance en cassation ou d'un juge-
serait illégale une requête tendant à préciser la mission ou
ment assorti d'une exécution provisoire (Cf. sur cette
en modifier le contenu, par exemple si elle s'avère inexé-
question: infra n° 14).
cutable pour telle ou telle raison. Les parties peuvent
avoir l'occasion de faire entendre leur point de vue à ce
11.Responsabilité du séquestre judiciaire
propos. Il arrive d'ailleurs, pour les séquestres comme
pour les administrateurs provisoires, que le tribunal pren-
Les droits et les obligations du séquestre judiciaire se dé-
ne lui-même l'initiative de prescrire qu'il lui en sera
terminent en principe comme en matière de dépôt salarié,
référé en cas de difficulté ou d'inviter le séquestre à lui
puisqu'il jouit normalement d'une rémunération. Il faut
faire rapport périodiquement sur l'exercice de sa mission.
donc apprécier sa responsabilité par référence au compor-
Une autre règle peut restreindre les pouvoirs du juge in- tement du bon père de famille, selon le critère de la culpa
vité à désigner un séquestre judiciaire: il est actuellement levis in abstracto. Ses obligations comprennent la reddi-
admis que le juge des référés ne pourrait ordonner une tion de compte67 incombant à tout mandataire de justice,
mesure accordant au demandeur, même provisoirement, qui doit avoir lieu à l'égard du tribunal, éventuellement
ce que ce dernier ne pourrait obtenir du juge du fond. 62 La en présence des personnes intéressées. 68
même règle doit s'appliquer aux mesures provisoires or-
La jurisprudence belge ne comprend guère d'exemples de
données par le juge du fond par application de l'article 19
la mise en cause de la responsabilité d'un séquestre judi-
alinéa 2 du Code civil. La Cour de Bruxelles en déduit
ciaire.
que le Président du tribunal de commerce, siégeant
comme en référé dans une action en cessation, ne pourrait La jurisprudence française considère que, comme manda-
ordonner ou aménager une mesure de séquestre sollicitée taire de justice, le séquestre peut engager les biens sé-
à titre conservatoire lors de l'introduction de la procédu- questrés par les fautes commises par lui dans les limites
re, alors qu'il doit, au fond, se borner à émettre, le cas de ses fonctions, sans préjudice du recours des propriétai-
échéant, un ordre de cessation et qu'il ne peut ordonner ni res ou des détenteurs préjudiciés. 69 Cette conception ne
un séquestre définitif ni une confiscation. 63 nous paraît pas admissible, dès lors que l'on ne confond
pas le séquestre avec l'administrateur provisoire de tout
1O. Fin des fonctions du séquestre judiciaire un patrimoine. Nous n'avons pas trouvé de jurisprudence
belge la consacrant. En effet, le bien mis sous séquestre
Mesure conservatoire, le séquestre doit prendre fin ne fait pas partie du patrimoine du séquestre, en sorte
lorsque cesse la contestation ou le litige à propos duquel qu'il ne peut servir de gage général à ses créanciers;
il a été ordonné. 64 Il appartient au juge de déterminer à d'autre part, les pouvoirs de conservation et <l'administra-
quel moment on pourra considérer le litige comme termi-
né: normalement il prendra en considération soit l'accord 65
Cf. par exemple l'arrêt de la Cour de Bruxelles du 3 janvier 1985 qui
des parties soit une décision définitive à rendre par le fixe le terme des mesures provisoires ordonnées à une décision du juge
du fond ou d'un collège arbitral ou, à défaut, après un délai de six mois
juge du fond. Il paraît raisonnable de se référer à une dé- à dater de la signification de l'arrêt, sauf accord des parties.
cision définitive qui n'est plus susceptible de recours or- 66
Par exemple, dans une ordonnance du 22 mai 1992, le président du
dinaire ou extraordinaire. Cette dernière précision permet tribunal civil de Courtrai ordonne la mise sous séquestre judiciaire d'ac-
tions dépendant d'une communauté conjugale litigieuse non seulement
de maintenir le séquestre pendant la durée d'un éventuel pour la durée de la procédure en divorce au cours de laquelle il prenait
ces mesures provisoires, mais encore pour toute la durée des opérations
de liquidation et de partage de la communauté. (T.R. V 1993, 552).
67
62 Voy. Stijns, D. van Gerven et Wéry, Chronique de jurisprudence sur Sur le principe de la reddition de comptes: De Page, op. cit., t. V, n°
les obligations, J.T. 1996, 689, spécial. n° 96 et les réf.: par exemple, le 289.
68
juge des référés ne peut ordonner la poursuite de l'exécution en nature Sur ces principes qui ne paraissent pas soulever de contestation: De
d'un contrat dont on allègue qu'il a été dissout irrégulièrement, si la Page op. cit., t. V, n° 236.- R.P.D.B., v0 Dépôt-séquestre, n° 241 et suiv.-
seule sanction légale d'une telle dissolution irrégulière devant le juge du Van Cauwelaert, op. cit., n° 321 et suiv.- Encycl. Dalloz, Droit civil, v0
fond consiste dans l'allocation de dommages-intérêts. Séquestre n° 41 notamment à propos des actes par lesquelles le sé-
63
Bruxelles 17 septembre 1997, cette Revue p. 250. questre agit comme mandataire.- Van Houtte, op. cit., art. 1962-2, I.
69
64
Tilleman, op. cit., n° 16. Encycl. Dalloz, Droit civil, v0 Séquestre, n° 41 et les réf.
tion limitée ne paraissent pas de nature à engager le pro- sceptibles d'être adaptées aux circonstances de chaque
priétaire du bien en raison des fautes extra-contractuelles espèce, qui peuvent incomber à l'administrateur d'un pa-
que le séquestre aurait commises, même si on lui recon- trimoine, spécialement s'il s'agit d'une entreprise ex-
naît, comme nous le proposons, un pouvoir de représenta- ploitée par une société. 73
tion pour les actes accomplis relativement à la chose mise
Il faut reconnaître cependant que la distinction n'a pas
sous séquestre. 70
toujours été clairement faite par la jurisprudence. 74
III. Le séquestre judiciaire et certaines institutions voisi- Certaines juridictions n'hésitent pas à désigner un sé-
nes questre tout en le chargeant de l'administration de la tota-
lité du patrimoine d'une société et en lui attribuant des
12. Séquestre judiciaire et administration provisoire pouvoirs qui ne se limitent pas à la conservation d'une
chose litigieuse: Cf. par exemple Prés. Comm. Bruges 5
A notre avis, il y a lieu de distinguer clairement le sé- décembre 1985 75 dans une espèce où l'associé prépondé-
questre judiciaire de l'administrateur provisoire: ces deux rant et gérant d'une SPRL avait été déclaré en faillite, et
institutions se différencient par les conditions de nomina- où, à notre avis, les conditions prévues par l'article 1961,
tion, par la nature et l'étendue de la mission, par les res- 2°, n'étaient pas remplies - à défaut notamment de tout li-
ponsabilités encourues, par leurs fondements juridiques. 71 tige sur la propriété du patrimoine social - mais où le juge
a néanmoins désigné un séquestre en lui confiant des
Le fondement juridique du séquestre judiciaire se trouve
missions qui ne correspondent nullement à ce que cette
incontestablement dans l'article 1961 du Code civil et
institution permet. 76• 77
spécialement dans l'article 1961, 2°, qui en trace les con-
tours, alors que l'on s'accorde aujourd'hui à reconnaître, Parfois, l'on désigne un mandataire hybride dénommé
après de sérieuses hésitations et des controverses, que la "séquestre-administrateur provisoire". On peut en trouver
désignation d'un administrateur provisoire à une société à un exemple dans une ordonnance du président du tribunal
forme commerciale repose sur l'article 12 des lois coor- de commerce de Mons siégeant en référé du 11 novembre
données sur les sociétés commerciales, ce qui conduit 1940, nommant un "séquestre administrateur provisoire"
évidemment à des appréciations totalement différentes de appelé à prendre possession de tous les documents, de
ces deux situations. 72 toutes les archives et de la comptabilité d'une société
déchirée par des conflits d'actionnaires avec pouvoir de
Les deux mandats de justice diffèrent aussi fondamentale-
suivre toutes les activités sociales, de les enregistrer, de
ment par leurs objets: même si le séquestre peut être
signer "tous documents, chèques et décharges". Une telle
chargé de certaines missions d'administration concernant
mission ne saurait être impartie à un séquestre, en ce
la chose conservée par lui, celles-ci ne sauraient être
qu'elle aboutit à substituer la personne désignée aux or-
confondues avec les fonctions, d'ailleurs variées et su-
ganes sociaux pour la quasi-totalité de la gestion de la so-
ciété. Il ne suffisait pas de constater que la possession des
70
Sur la circonstance que le mandataire n'engage pas le mandant pour
documents sociaux se trouvait litigieuse pour pouvoir in-
les délits et quasi-délits qu'il commet, même dans l'exercice de ses voquer l'article 1961 du Code civil et charger le séquestre
fonctions de représentation: De Page, Traité, t. V, 2e éd., n° 452 et suiv. de ces documents d'administrer complètement la société!
71
Cf. notamment pour une étude approfondie de la doctrine et de la ju-
risprudence récentes en matière d'administration provisoire: Pottier et Cette expression est également utilisée par la Présidente
De Roeck, "L'administration provisoire: bilan et perspectives" R.D.C.
1997, 203.- Adde: Tilleman "De voorlopige bewindvoerder: een laatste
du tribunal de commerce de Namur dans une ordonnance
redmiddel" note sous Prés. comm. Charleroi 11 juillet 1989, T.R. V. du 16 juin 1993, commentée ci-après n° 13.
1990, 324. Voy. en particulier p. 327 sur les cas dans lesquels le juge
peut désigner un séquestre plutôt qu'un administrateur provisoire.- Sur Dans une espèce tranchée par la Cour d'appel de Bruxel-
l'inadéquation de la figure juridique du séquestre pour l'organisation de les le 24 juin 195978 , le juge de première instance avait
l'administration provisoire d'une société: Maeyens, discours cité, R. W
1961-62, 345, spécial. n° 43 et suiv.
désigné un "séquestre administrateur provisoire" pour dé-
72
Sur ce fondement et sur l'historique des controverses: D. Lindemans, tenir des actions litigieuses entre des héritiers et assurer
"Een sekwester ais beheerder bij vennootschapsgeschillen", R.D.C. l'administration de la société; cette ordonnance fut ré-
1987 p. 321 n° 2. Sur les justifications anciennes en jurisprudence et les
confusions avec le séquestre: Maeyens, discours cité in R. W 1961-62,
345 spécial. n" 25 et n° 32 et suiv. - Pottier et De Roeck, op. cit., n° 102
et les réf. citées en notes 134 et 135. Ce fondement nous laisse quelque 73 Cf. sur la diversité de ces missions, qui s'écartent très souvent de la
peu perplexe, car il paraît difficile de trouver le fondement d'une institu- conservation d'une chose litigieuse et sur leur adaptation aux particula-
tion dans une disposition légale dont le seul objet est de prescrire une rités des cas d'espèce: D. Lindemans, op. cit., n° 4 et 5.- Pottier et De
mesure de publicité. De plus cette justification ne pourrait s'appliquer à Roeck, op. cit., n" 149 à 177.
74
d'autres personnes morales non soumises à l'article 12 des lois coordon- Cf. sur ces confusions: Maeyens, discours cité, R. W 1961-62, 345,
nées sur les sociétés commerciales telles les ASBL par exemple alors spécial. n° 48.
75 R.D.C. 1987, 377.
cependant que la désignation d'administrateurs provisoires peut tout
76
aussi bien concerner ce type de personnes morales que les sociétés com- Nous rejoignons tout à fait les critiques dirigées contre cette décision
merciales. Cf. l'opinion sur le fondement juridique de ces mesures, no- par l'annotateur D. Lindemans dans son étude citée.
tamment en rapport avec l'article 1961 du Code civil, que nous formu- 77 Voyez d'autres illustrations de cette tendance dans les années 1960
lions avec M. Van Ryn in Examen de jurisprudence sur les sociétés dans le discours cité de L. Maeyens, R. W 1961-62, 345 spécial. n° 13 à
commerciales, R.C.J.B. 1967 n° 41 p. 332 et suiv. et avec M. Dieux, 16.
78
Ibid, 1986 n° 203 et suiv. p. 807 et suiv.. R.P.S. 1961, p. 103.
formée, à juste titre, par le juge d'appel, dès lors qu'il 13. Séquestre et "expert gardien"
n'existait pas de contestation relativement au patrimoine
de la société elle-même et que la contestation entre asso- La jurisprudence témoigne d'un certain nombre d'espèces
ciés n'en empêchait pas le fonctionnement. 79 dans lesquelles le juge des référés a désigné un mandatai-
re de justice, qui n'est certes pas chargé d'administrer un
Cf. aussi l'ordonnance du président du tribunal de pre-
patrimoine et en particulier une entreprise ou le patrimoi-
mière instance de Termonde du 24 octobre 196280 qui dé-
ne d'une société, mais qui ne peut, par ailleurs, être quali-
signe une "personne qui assumera provisoirement la ge-
fié de séquestre, car sa fonction n'est pas d'assurer la
stion de la société et de son patrimoine" dans le cas d'une
conservation de biens litigieux. Sa mission consiste à sur-
société nantie de deux conseils d'administration rivaux et
veiller certaines opérations et à faire éventuellement rap-
en conflit, puis qualifie cette personne de séquestre, alors
port au tribunal sur le résultat de cette surveillance. Le
qu'il s'agit de toute évidence d'un administrateur provi-
cas échéant, son autorisation est requise pour que la so-
soire.
ciété puisse accomplir certains actes. Le président du tri-
Mais dans l'ensemble, on peut constater que cette exten- bunal de commerce de Bruxelles l'a dénommé "expert-
sion indue de la mesure de séquestre devient plus rare. 81 gardien".s6, s1
La doctrine moderne met clairement les choses au point à
Il s'agit, à notre avis, d'une variété d'administration pro-
ce propos. 82 La jurisprudence y est sensible. Par exemple,
visoire mais avec des pouvoirs atténués. Le président du
la distinction est faite de manière heureuse par le Prési-
tribunal de commerce de Bruxelles dans son ordonnance
dent du tribunal de commerce de Hasselt: après avoir
du 18 octobre 1988 (infra, même paragraphe) utilise à
énoncé qu'un séquestre ne peut être désigné sur la société
cette occasion l'expression de "administrateur ad hoc".
elle-même, il recourt plutôt à l'institution de l' "expert-
gardien" ( "expert-bewaarnemer ") chargé de missions de Ainsi, dans une affaire tranchée par une ordonnance du
vérification et de contrôle spécifiques, compte tenu du 27 décembre 1977, confirmée par un arrêt du 8 décembre
conflit existant en l'espèce. 83 197888 , le président du tribunal de commerce de Bruxel-
les a désigné un expert chargé de vérifier les transferts in-
La désignation d'un séquestre portant sur tout le patri-
tervenus entre deux sociétés faisant partie d'un même
moine d'une société doit également être condamnée en
groupe et d'autoriser, moyennant justification, de nou-
considération de l'attribution de pouvoirs qu'elle sup-
veaux transferts éventuels, pour sauvegarder la valeur des
pose84· 85 : ce mandataire de justice serait nécessairement
actions de la société filiale saisies par un ancien action-
investi d'une fonction d'administration provisoire qui se-
naire prépondérant impayé, qui les avait vendues à la so-
rait en réalité principale et non point accessoire par rap-
ciété-mère sérieusement soupçonnée de bénéficier d'a-
port à sa mission de conservation. La contestation ne
vantages abusifs provenant de la réalisation d'actifs de la
porte d'ailleurs pas en cette hypothèse sur la propriété ou
société filiale.
la possession du patrimoine social ni même sur des droits
relatifs à ce patrimoine comme tel, mais sur l'administra- Dans l'ordonnance du 13 mars 1980, rendue à la requête
tion de la société, la composition ou le fonctionnement de d'un créancier, la nomination d'un expert-gardien a lieu
ses organes etc .. pour éviter des hémorragies financières anormales, grâce
à des contrôles mais sans pouvoir de gestion. 89
Même solution dans une décision du président du tribunal
de commerce de Bruxelles du 18 octobre 198890, dans un
litige relatif à un apport en nature de marques à une so-
79
Cette même expression est utilisée dans une note de Van der Mens- ciété: le président désigne un administrateur provisoire ad
brugghe dans laquelle l'auteur commente notamment cette espèce in
R.P.S. 1963 p. 45 spécial. n° IV, p. 52. Les différents exemples et hypo-
hoc, sans droit de vote mais nanti notamment d'un droit
thèses cités par cet auteur nous paraissent confirmer qu'il y a lieu de de veto sur les décisions que les organes sociaux prend-
distinguer soigneusement entre l'administrateur provisoire du séquestre.
80 R.P.S. 1963, 130.- Voir aussi la note qui parle de "l'administration
raient en contradiction avec les dispositions de l'ordon- 14. Séquestre judiciaire, saisies et cantonnement
nance relatives à ces marques.
Le séquestre judiciaire ne saurait davantage se substituer
Par une ordonnance du 14 mai 1991, la Présidente du tri-
aux saisies, et particulièrement aux saisies conservatoires.
bunal de commerce de Bruxelles nomme un administra-
Le Code judiciaire énonce des conditions précises pour la
teur provisoire qui n'est pas chargé de fonctions d'admi-
réalisation de saisies conservatoires, organise la protec-
nistration de la société; son rôle est limité à s'opposer à
tion des droits du saisi, assure l'intervention, parfois préa-
des mesures par lesquelles les associés et gérants d'une
lable et donc préventive des abus, du juge des saisies et
SPRL tenteraient de rendre inefficace une saisie-arrêt pra-
établit une balance circonstanciée des intérêts en présen-
tiquée sur les parts de l'un d'eux par son épouse. 91
ce, y compris les recours éventuels de tiers. Il ne pourrait
Ces conceptions se retrouvent dans l'affaire ayant donné être admis que l'on élude l'application de ces règles par
lieu à l'ordonnance célèbre de la Présidente du tribunal le recours à une mesure de séquestre qui pourrait avoir
de commerce de Namur du 16 juin 1993 92 : à la requête de des effets analogues à ceux d'une saisie conservatoire,
salariés craignant les conséquences d'un licenciement voire des effets plus étendus notamment en raison de la
collectif, la présidente, siégeant en référé, se fondant sur dépossession que le séquestre implique, sans que les ga-
les circonstances de l'espèce qui dénotaient, selon elle, un ranties prévues par le Code judiciaire puissent trouver ap-
manquement aux devoirs s'imposant aux sociétés multi- plication.
nationales en ce domaine, a désigné un collège de
C'est ce que décide à très juste titre une ordonnance du
"séquestres-administrateurs provisoires" chargés, outre
président du tribunal civil de Bruxelles du 28 janvier
l'administration provisoire de la société, de faire particu-
195095 rejetant une action mue à la requête d'employés
lièrement rapport sur les relations entre la société belge et
d'une association internationale à but scientifique tendant
les autres sociétés du groupe et sur toute mesure de sau-
à la mise sous séquestre du patrimoine de cette société
vegarde utile des droits des créanciers. Sur appel, la Cour
pour assurer le paiement de créances de dommages-in-
de Liège a considéré que les motifs retenus par le premier
térêts dont ils se prétendaient titulaires à l'égard de la dé-
juge ne justifiaient ni une administration provisoire ni un
fenderesse.96 Seule une saisie conservatoire peut être en-
séquestre et a entériné une proposition de la société en
visagée en pareil cas.
cause tendant à la désignation d'un réviseur d'entreprises
appelé à vérifier la régularité des opérations intervenant A fortiori, un juge ne pourrait-il ordonner la mise sous sé-
entre les sociétés du groupe, ainsi que la correction de la questre du montant d'une condamnation prononcée en
tenue de la comptabilité et à prévenir les mouvements de dernier ressort en attendant le résultat d'un pourvoi en
fonds à destination des sociétés étrangères membres du cassation dirigée contre la décision ayant prononcé cette
groupe, qui ne seraient pas justifiés par des engagements condamnation.
tenant au fonctionnement correct des sociétés filiales
La Cour de Gand a, dès lors, réformé à juste titre une or-
belges. 93
donnance qui avait accordé la désignation d'un séquestre
Ce dernier arrêt fait ainsi clairement la distinction entre le dans un tel cas-, qui plus est, sur requête unilatérale. 97 La
séquestre - jugé en l'espèce injustifié - et cette mission de Cour souligne que cette situation est régie par les articles
surveillance, de rapport et d'intervention sous la forme de 1403 et suiv. du Code judiciaire, relatifs au cantonne-
préventions d'opérations irrégulières. Le fondement de ment, auxquels on ne saurait substituer l'article 1961, 2°,
cette mission ne se trouve donc pas dans l'article 1961, du Code civil. Elle ajoute, mettant ainsi en lumière le dé-
2°, du Code civil. tournement de procédure qu'elle stigmatise, que si le
demandeur avait réellement considéré être en droit d'ob-
Voy. encore une application de ces distinctions par le pré-
tenir une mesure conservatoire, pour garantir son éven-
sident du tribunal de commerce de Hasselt, dans l' ordon-
nance du 17 novembre 1995 citée ci-dessus, qui utilise
l'expression de "expert-bewaamemer".94 95
Pas. 1950, III, 17, et la note renvoyant à la doctrine rejetant l'utilisa-
tion du séquestre pour pallier ! 'inorganisation de la déconfiture civile.-
Prés. Civ; Bruxelles (réf) 17 décembre 1951, Pas. 1952, III, 59 qui se
réfère à l'ordonnance précédente.- Prés. Trib. tr. Verviers 22 décembre
1981, J. T. T. 1982, 73, cité., conf. par Cour Tr Liège 29 juin 1982, J. T. T.
1983, 184 ; pourvoi rejeté par Cass.1984, I, 1036 et la note, cité. L'arrêt
de la Cour du travail et l'arrêt de la Cour de cassation ne traitent pas
spécifiquement de ce motif. - Voy; sur le caractère abusif de l'emploi du
séquestre en lieu et place d'une saisie conservatoire, notamment pour en
éluder les conditions légales: note Boelaert et de Cori, "Aanstelling van
91
T.R. V. 1992, 45, et note Peeters. een sekwester tijdens voorziening in cassatie", sous Gand 9 juin 1987,
92
T.R. V. 1993, 556; J.L.M.B. 1993, 949. R. W. 1988-89, col. 15, spécial. n° 4.1.1., et les réf.
93 96
T.R. V. 1993, 549. L'arrêt souligne notamment le caractère exception- Sur la nécessité de ne pas confondre séquestre et saisie et surtout de
nel que doit revêtir l'intervention du juge des référés dans la vie des so- ne pas recourir au séquestre pour éluder les règles relatives à la saisie:
ciétés et énonce qu'il appartient en principe aux organes sociaux d'as- Maeyens, discours cité, R.W 1961-92, 345, spécial. n° 39 et les réf.
97
surer l'administration de celles-ci. Il considère également que le premier Gand 9 juin 1987 R. W. 1988-89 col 14 et note Boelaert et De Cort
juge aurait dû déclarer irrecevable la demande introduite sous la forme "Aanstelling van een sekwester tijdens voorziening in cassatie",qui ap-
d'une requête, à défaut d'extrême urgence et d'absolue nécessité. prouvent la décision sur ce point mais par un raisonnement à notre avis
94
Ordonnance du 17 novembre 1995, voy. note 83. quelque peu compliqué.
tuelle créance de restitution en cas de succès de son pour- que néanmoins les sommes litigieuses seront remises à un
voi, il aurait dû solliciter l'autorisation de pratiquer une séquestre chargé de verser une allocation mensuelle au
saisie conservatoire, - ce que, à coup sûr, aucun juge des créancier à prélever sur le montant. 103
saisies n'aurait accordé. La décision de première instance
réformée aboutissait en réalité à éluder, par le biais de IV. Applications particulières du séquestre judiciaire
l'institution d'un séquestre, les règles du cantonnement
qui n'auraient pas permis de faire pièce à l'exécution de 15. Mise sous séquestre d'actions ou de parts de sociétés
la décision rendue en premier ressort. Elle méconnaissait
également la disposition de l'article 1118 du Code judi- La jurisprudence comporte des exemples assez nombreux
ciaire selon laquelle le pourvoi en cassation n'est pas sus- de mises sous séquestre d'actions ou de parts sociales, ce
pensif en matière civile sauf exceptions. 98 De plus cette qui peut être justifié si celles-ci font l'objet de prétentions
décision était inconciliable avec l'article 1333, alinéa 2, contradictoires ou de droits sérieusement contestés.
du Code judiciaire interdisant que soit accordé un délai
Tel est le cas, selon le président du tribunal de commerce
pour l'exécution d'une décision de justice après sa pro-
de Hasselt siégeant en référé 104 dans une espèce où une
nonciation. 99
vente d'actions faisait l'objet d'une action en nullité ou
Les mêmes principes devraient s'appliquer à l'égard en résolution, alors qu'une assemblée générale extraordi-
d'une décision de première instance ordonnant l'exécu- naire était convoquée pour statuer sur le sort de la société
tion provisoire. par application de l'article 103 des lois coordonnées sur
les sociétés commerciales.
Ceci n'exclut pas qu'une mesure de séquestre judiciaire
puisse le cas échéant, si les circonstances le justifient, Mesure analogue ordonnée par le président du tribunal de
compléter une mesure de saisie conserva toire régulière- commerce de Gand siégeant en référé 105 dans une contes-
ment pratiquée, ou même une saisie exécution avant tation entre deux actionnaires sur la propriété d'une partie
qu'elle ne donne lieu à une vente, si l'on a lieu de croire des actions d'une société. Il est précisé que la mission du
que le saisi ne jouera pas correctement le rôle de gardien séquestre se limitera à la conservation des actions jusqu'à
des objets saisis que la loi lui assigne. Mais, en ce cas, les décision définitive au fond, le demandeur et lè défendeur
garanties relatives à la réalisation de la saisie auront pu conservant l'exercice de leurs droits de vote afférents aux
jouer préalablement. Cette hypothèse est celle que vise actions mises sous séquestre.
l'article 1961, 1°, du Code civil. 100 Elle est également
Le président du tribunal civil de Courtrai a placé sous sé-
prévue par diverses dispositions du Code judiciaire relati-
questre des actions faisant partie d'une succession litigi-
ves à des saisies: par exemple par l'article 1443, alinéa 2,
euse, en désignant à cet effet l'un des notaires liquida-
pour la saisie immobilière conservatoire, l'article 1572,
teurs de la succession, avec la mission d'administrer les
alinéa 1er, en matière de saisie exécution immobilière. 101
actions. 106 Dans une autre espèce, il a pris la même me-
On peut, selon la doctrine, étendre cette faculté à toute
sure pour des actions dépendant d'une communauté con-
espèce de saisie. 102
jugale faisant l'objet de contestations. 107
Un intéressant arrêt de la Cour d'appel de Liège concerne
Le président du tribunal de commerce de Bruxelles, dans
la nomination d'un séquestre dans un cas où la cour refu-
l'affaire Dupuis, déjà citée, a mis sous séquestre le regi-
se à une partie condamnée à une exécution provisoire la
stre des actions nominatives d'une société, alors qu'une
faculté de cantonner le montant des condamnations en
contestation existait à propos de la rupture d'une négocia-
raison d'un préjudice grave qui en résulterait pour le
tion relative à la cession de ces actions et de leur vente à
créancier (article 1406 du Code judiciaire). Elle décide
un tiers. 108
Même solution encore de la part du président du tribunal
98 Cf. Boelaert et De Cort, op. cit., n° 4.2.
99
Cf. Boelaert et De Cort, op. cit., n° 4.3.
de commerce de Liège, agissant sur requête unilatérale, à
100 Cette disposition admet la désignation d'un séquestre judiciaire por- propos d'actions dont l'annulation était demandée par
tant sur "des meubles saisis sur un débiteur". On en trouvera une appli-
cation excellente dans un jugement du juge des saisies d' Audenaerde du
-~ 28 juin 1995, T.G.R. 1996, 20 (n° 15/96). Cette décision considère que
':! la désignation d'un tel séquestre ne peut être sollicitée par voie de re-
quête unilatérale devant le juge des saisies. Une requête pourrait, il est
vrai, être introduite sur pied de l'article 584 du Code judiciaire si les
conditions en sont remplies, mais alors devant le président du tribunal et
non devant le juge des saisies.
101 Les articles 1471 et 1551 autorisent l'huissier à établir un surveil- 103
Liège 12 novembre 1992, J.L.M.B.1993, 268, et note G.de L.
. 'Iant à la garde de navires et des bateaux faisant l'objet de saisie conser- 104
14 juillet 1993, T.R. V. 1993, 554).
105
vatoire ou d'une saisie exécution, ce qui n'est pas à proprement parler Prés. Comrn. Gand (réf) 11 février 1992, T.R. V. 1993, 562.
106
un séquestre mais s'en rapproche. Prés. Civ.(réf) Courtrai 27 septembre 1962, R. W. 1964-65, col. 829.
102 107
Cf. en ce sens: Dirix et Broeckx, Beslag, in A.P.R. 1992, n° 377. Ces Prés. Civ. Courtrai (réf) 22 mai 1992, T.R. V. 1993, 552.
108
auteurs examinent aussi la question de savoir qui, du juge des saisies ou Prés. Comrn. Bruxelles (réf) 9 novembre 1984, T.R. V. 1993, 569.
du président siégeant en référé, voire de l'un et de l'autre, est compétent Cette décision étend la mission du séquestre à la saisie d'éléments de
pour se prononcer sur ce point.- Cf. aussi sur la possibilité d'une mesure preuve sur 1' opération de vente litigieuse de manière à en éviter le ris-
de séquestre complétant une saisie: Tilleman, op. cit., n° 6. que de dépérissement.
certains actionnaires, dans un litige intéressant un groupe En tout cas, le droit de vote est généralement reconnu au
de sociétés. 109 séquestre lorsque les actions font l'objet d'une indivision
ou sont grevées d'un usufruit si les co-titulaires de ces
Le président du tribunal de commerce de Namur a ordon-
droits réels ne s'entendent pas sur la désignation d'un
né la mise sous séquestre des actions représentant la par-
mandataire commun pour l'exercice du vote et que la ma-
ticipation d'une société française, nationalisée en 1981,
tière n'est réglée ni par les statuts ni par une conven-
dans une société belge, à la requête d'un syndicat d'ac-
tion.115
tionnaires de la société française qui contestait l'effet
extra-territorial de la nationalisation et prétendait, avec Pour le surplus, la question doit être résolue à la lumière
une apparence suffisante de fondement, que les actifs lo- du caractère conservatoire et provisoire 116 de la mission
calisés hors de France devaient leur revenir. 110 Une solu- du séquestre.
tion inverse a été consacrée par le président du tribunal de
A défaut de précision, la mise sous séquestre n'entraîne
commerce de Bruxelles siégeant en référé à propos d'une
certainement pas l'attribution du droit de vote au sé-
autre société française nationalisée, mais la demande était
questre. 117
surtout rejetée à défaut d'urgence. 111
Le droit de vote ne pourra être accordé au séquestre que
A défaut de tierce complicité ou de mauvaise foi dans le
si cela est nécessaire pour assurer la conservation efficace
chef de l'acquéreur d'un paquet d'actions cédé en viola-
des actions, par une décision expresse du juge qui le
tion d'une restriction conventionnelle à la libre cessibilité
nomme. Il l'exerce alors pour compte de qui il appar-
des titres, le président du tribunal de commerce de Gand
tiendra, c'est-à-dire de celui qui sera finalement jugé être
rejette, en revanche, une demande de séquestre au motif
propriétaire des actions litigieuses.
qu'il n'existait pas, dans ces circonstances, de contesta-
tion sérieuse sur la propriété ou la possession des Ce ne pourrait être le cas s'il s'agissait au contraire de
actions. 112 faire basculer une majorité dans un sens ou dans l'autre et
ainsi de prendre des mesures définitives. 118
16. Suite: exercice du droit de vote relatif aux actions ou
Dans l'espèce tranchée par le président du tribunal de
aux parts mises sous séquestre
commerce de Hasselt, mentionnée ci-dessus, le séquestre
est investi de la périlleuse mission d'exercer les droits so-
La question de savoir dans quelle mesure le séquestre
ciaux et notamment de provoquer la remise d'une assem-
peut recevoir le pouvoir d'exercer les droits de vote rela-
blée générale convoquée par application de l'article 103
tifs aux actions ou aux parts dont il assure la conservation
ou d'y exercer les droits de vote dans l'intérêt tant des de-
est délicate.
mandeurs (acheteurs qui poursuivaient la nullité ou la ré-
Une partie de la doctrine et certaines décisions de juris- solution de la vente des actions litigieuses) que des défen-
prudence résolvent cette question par la négative, au deurs, le cas échéant. Selon le tribunal, une telle mission
motif que le droit de vote est une prérogative exclusive n'impliquait pas d'acte de disposition.
des actionnaires et que ceux-ci ne sont pas représentés
Le droit de vote était donc, en l'espèce, limité à une as-
par le séquestre à cet effet. 113 Cette solution extrême ne
semblée avec un objet bien déterminé - et l'on peut en
nous paraît pas exacte et elle n'est plus guère suivie dans
effet considérer que le caractère conservatoire de la mis-
notre pays, spécialement par la jurisprudence. 114
sion du séquestre pourrait impliquer une attribution sélec-
tive et limitée de ce droit. 119
Dans l'ordonnance du 22 mai 1992, déjà citée, le prési-
109
Prés. Comm. Liège (réf) 5 septembre 1994, T.R. V. 1995, 432 et dent du tribunal civil de Courtrai a chargé de le séquestre
note Wyckaert "Een sekwester op aandelen aan toonder aangesteld op (qu'il qualifie de "bewaamemer") d'exercer les droits de
eenzijdige verzoekschrift", cité.- La justification de cette demande d'an-
nulation d'actions n'apparaît pas trop clairement de la requête publiée,
mais il en résultait incontestablement que les actions faisaient J' objet
115
d'une contestation relative à leur propriété, susceptible de justifier l'in- On peut citer en ce sens: Liège 14 juin 1905, Pas., 1907, II, 48.
116
stitution d'un séquestre. Tel est le cas même si Je séquestre est désigné en référé ; on sait
110 Ordonnance du 12 août 1982, R.P.S. 1982, 184. Cette décision con- que Je juge des référés peut ordonner des mesures ayant un caractère ir-
tient d'intéressants développements sur les effets de nationalisations réversible en fait, pour autant qu'il n'empiète pas sur les compétences
pour justifier l'apparence de droit de propriété des actionnaires deman- du juge du fond et que celui-ci puisse toujours trancher définitivement
deurs sur les actifs de la société française. la question: Cf. Dieux, "La formation, l'exécution et la dissolution des
111 contrats devant Je juge des référés", R.C.J.B. 1987, 250 spécial. n° IV.
29 octobre 1982, J.T. 1982, p. 743. Cette ordonnance réforme une
117
ordonnance sur requête qui avait ordonné la mise sous séquestre de la En ce sens: Wyckaert, note citée in T.R. V. 1995, 437, n° 6.- Tille-
participation de la société française dans sa filiale belge. man, op. cit., n° 21.
112 118
Prés. comm. Gand (réf) 14 novembre 1997, T.R. V. 1998, 54 et note Cf. en ce sens l'arrêt de la Cour de Paris précité du 6 décembre
déja cité. 1954, qui recourt également à cet argument, ainsi que la note de P. Cop-
113 Cf. par exemple Paris 6 décembre 1954, R.P.S. 1955, p. 224 et les pens sous cet arrêt.
119
auteurs cités dans la note de P. Coppens sous cet arrêt. Cf. aussi d'autres exemples en ce sens empruntés à la jurisprudence
114 française in Tilleman, op. cit., n° 25. Mais ces espèces ne nous parais-
Coppens, note citée in fine.- En faveur de l'attribution possible du
droit de vote au séquestre selon les circonstances et l'opportunité: Tille- sent guère correspondre à la pratique de la jurisprudence belge notam-
man, op. cit., n° 23 et 24.- Une brève note Demeur in R.P.S. 1961, p. 106 ment en raison de l'étendue des droits de vote qui furent dans ces cas
cite la solution comme évidente, mais sans autre justification. accordés au séquestre selon la description qui en est faite.
vote relatifs à des actions litigieuses entre des époux en séquestre du registre des actions d'une société et l'inter-
instance de divorce, après avoir constaté diverses voies diction de vendre ces actions à un tiers acquéreur en rai-
de fait de la part du mari, mais sans justifier spécialement son d'une contestation sur les conditions de la rupture de
sa décision sur ce point cependant délicat. 120 la négociation relative à leur cession, la saisie par le sé-
questre de conventions et d'éléments de preuve relatifs à
Parfois, comme dans le cas ayant donné lieu à la décision
une cession contestée de manière que ces éléments de
du tribunal de commerce de Gand 11 février 1992, citée
preuve ne puissent disparaître. 125
supra 121 , le tribunal prend soin au contraire de préciser que
les droits de vote seront exercés par les propriétaires des Pour qu'un séquestre puisse être ordonné, il faut que
actions, nonobstant la mise sous séquestre de celles-ci. soient identifiés les documents ou les autres moyens de
preuve devant faire l'objet de la mesure conservatoire.
Dans d'autres cas, la mise sous séquestre doit avoir pour
Celle-ci ne saurait se substituer aux règles de procédure
effet de neutraliser le droit de vote pendant la période de
concernant l'administration de la preuve elle-même ni
conservation des actions en cause, afin de rendre celle-ci
être utilisée pour collecter des éléments d'information
efficace, - auquel cas ce droit ne peut être exercé ni par
plus ou moins indéterminés ou pour se livrer à une sorte
les parties prétendant avoir des droits sur les actions ni
de perquisition civile dans les archives et les documents
par le séquestre. Telle a été la décision du président du
de l'autre partie. Les conditions dans lesquelles une partie
tribunal de commerce de Namur dans l'ordonnance pré-
peut être invitée à produire des documents sont réglées
citée du 12 août 1982 122 , relative à la mise sous séquestre
par les articles 871 et 877 à 882 du Code judiciaire qui
d'une participation de contrôle dans une société belge ap-
fixent des règles précises et ces règles ne sauraient être
partenant à une société française nationalisée en 1981 et
éludées par le biais du recours à un séquestre. Le sé-
dont la propriété était revendiquée par un syndicat d' ac-
questre judiciaire ne pourrait aboutir à instituer dans notre
tionnaires de la société française qui contestait les effets
droit, en dehors des garanties ainsi offertes par le Code
extra-territoriaux de la nationalisation.
judiciaire, une sorte de procédure de "discovery" telle
Comme le décide, à juste titre, le président du tribunal de qu'elle est connue dans le droit anglo-américaine. Cer-
commerce de Liège siégeant en référé, le séquestre ne tains demandeurs s'efforcent cependant d'y arriver à la
pourrait être utilisé pour exercer le droit de vote apparte- faveur d'un séquestre judiciaire, mais il s'agit d'un véri-
nant à un actionnaire absent, alors que les circonstances table détournement de procédure et la jurisprudence ne
ne justifient pas de prendre des mesures conservatoires à s'y prête généralement pas. Une prudence toute particu-
l'égard des actions elles-mêmes. Ce serait évidemment lière s'impose lorsque les mesures sont sollicitées en con-
méconnaître les règles relatives à l'exercice du droit de sidération d'un litige futur. 126
vote dans une société anonyme. 123
Quant à des investigations dans les comptes ou les autres
archives d'une partie, elles peuvent prendre la forme
17. Mise sous séquestre d'éléments de preuve
d'une expertise, avec ici encore les garanties que la loi
prévoit, mais ne pourraient être le fait d'un séquestre ju-
Plusieurs décisions considèrent, à juste titre, qu'un sé-
diciaire. Le séquestre ne saurait donc être chargé de se
questre judiciaire peut être désigné pour assurer la con-
prononcer sur la pertinence, le contenu, l'exactitude ou le
servation d'éléments de preuve utiles à la manifestation
caractère complet ou non des éléments de preuve faisant
de la vérité dans un litige né ou à naître ou plus générale-
l'objet de la contestation. 127
ment dans une contestation, dès lors qu'il y a lieu de
craindre qu'ils soient perdus, altérés ou détruits (Cf. La mise sous séquestre ne peut apporter de troubles ex-
Bruxelles 27 octobre 1994, cité supra). 124 cessifs pour la partie qui la subit, notamment en entravant
le fonctionnement de sociétés dont des archives ou des
Comme indiqué ci-dessus, la collaboration des parties à
documents comptables feraient l'objet de la mesure.
la charge de la preuve et le droit pour une partie de de-
mander au tribunal d'ordonner la production d'éléments On rencontre notamment les cas d'application suivants:
de preuve qui se trouvent en possession de l'autre partie
permettent de considérer que les diverses parties litigan-
tes peuvent avoir des prétentions en concours sur ces élé-
ments de preuve (Supra n° 5).
125
9 novembre 1984, T.R. V. 1993, 569, ordonnance sur requête uni-
Dans l'affaire Dupuis, déjà citée, le président du tribunal latérale. Celle-ci a donné lieu ensuite, sur tierce opposition aux déci-
de commerce de Bruxelles a ordonné, outre la mise sous sions du tribunal de commerce de Bruxelles du 27 novembre 1984,
R.P.S. 1985 , 81 et de la Cour d'appel de Bruxelles du 3 janvier 1985,
Ibid.,109.
126
Cf. à juste titre à ce propos: Delwiche, "De sekwestratie van be-
12
° Cité; T.R. V. 1993, 552. wijsmateriaal - een gerechtelijke hinderlaag ?" R. W 1977-78, col. 2019,
121
Prés. Comm. Gand (réf) Il février 1992, T.R.V. 1993, 562. spécial. n° 10 et suiv.
122 127
R.P.S. 1982, 184 citée supra. Cf. sur ce dernier point, à juste titre, la note Ballon, "De aanstel-
123
Prés. comm. Liège (réf) 18 février 1930, R.P.S. 1935, 155. ling van een gerechtelijk sekwester ais middel om bewijsmateriaal te
124
A.J.T. 1994-95, 207; T.R. V. 1995, 192 et note van Gompel. (Réfor- verzamelen" A.J. T. 1994-95, 209, n° 3, note sous Bruxelles 27 octobre
mation d'une ordonnance qui avait refusé le séquestre) 1994 cité.
La Cour d'appel de Liège, par l'arrêt précité du 25 no- quelle avait été ordonnée la mise sous séquestre de tous
vembre 1947 128 , a justement décidé que des éléments de les documents en rapport avec la clientèle du requérant,
preuve relatifs à un litige concernant un contrat de travail notamment établie en Zambie, au Kenya et en Amérique
pouvaient être mis sous séquestre, mais a réformé la déci- centrale, en quelque lieu que ces documents se trouvent et
sion du premier juge qui avait confié au séquestre judi- ceci en prévision d'un futur débat contradictoire, non en-
ciaire des pouvoirs d'investigation concernant ces élé- core introduit, concernant une imputation de détourne-
ments de preuve, en dehors de toute expertise, en lui ment parasitaire de clientèle, le tout avec communication
prescrivant "de prendre connaissance de toutes archives, de ces documents en copie au demandeur après débat en
de tous les livres et tous les documents comptables qui référé. Ces décisions nous paraissent, comme à leur anno-
pouvaient être utiles à la solution du litige". tateur, tout à fait abusives.
La Cour d'appel de Bruxelles, dans l'arrêt précité du 27 Comme toute mesure de séquestre, celle qui porte sur des
octobre 1994, a admis la possibilité de placer sous sé- éléments de preuve implique l'existence de prétentions
questre différents documents qui sont énumérés dans la contradictoires sur ceux-ci et l'existence d'un litige; à
décision, alors que la requête tendait à donner au sé- défaut la demande doit être rejetée comme le décide à
questre judiciaire un ample droit d'investigation dans les juste titre le président du tribunal de commerce de
documents et archives de plusieurs sociétés. L'arrêt préci- Bruxelles le 18 novembre 1927 (Cf. Supra n° 6). La rup-
se que la mise sous séquestre doit porter sur des docu- ture d'un contrat de louage de services ne suffit pas à ren-
ments déterminés, susceptibles de faire l'objet d'un ordre dre litigieuse la propriété ou la possession d'archives et
de production sur pied de l'article 877 du Code judiciaire de documents relatifs à une exploitation dirigée par le
et dont on pourrait craindre qu'ils disparaissent. De plus, préposé pour compte du propriétaire de celle-ci. 133
la Cour souligne que la mesure de séquestre ne peut nuire
aux droits de la partie qui la subit et notamment ne peut 18. Séquestre portant sur une somme d'argent
porter atteinte au fonctionnement des sociétés en cause.
Elle organise, dès lors, un régime de copie de ces docu- Une mesure de séquestre peut-elle porter sur une somme
ments et elle interdit au séquestre de donner connaissance d'argent? 134
ou copie des documents séquestrés à l'autre partie sans
Il faut à notre avis répondre à cette question par la négati-
autorisation de la Cour ou du juge du fond saisi de la con-
ve, sauf l'hypothèse assurément exceptionnelle où des
testation, ceci pour en éviter tout usage abusif et pour
espèces seraient matériellement isolées et individualisées
permettre aux autres parties de prendre leurs recours con-
et deviendraient de ce fait un corps certain. En effet, toute
tre l'ordonnance rendue, en l'espèce sur requête unilaté-
somme d'argent, que ce soit sous forme d'espèces ou de
rale. 129 Cet arrêt fait ainsi une synthèse excellente des
monnaie scripturale, est nécessairement une chose de
conditions dans lesquelles un séquestre peut être désigné
genre fongible, qui ne peut être individualisée au sein du
pour assurer la conservation d'éléments de preuve.
patrimoine de celui qui la détient et ne peut dès lors faire
Démarche semblable du président du tribunal civil de l'objet d'un séquestre, répondant aux conditions que nous
Tournai, saisi par une requête unilatérale, qui ordonne la avons précisées ci-dessus (Supra n° 7): on ne peut identi-
mise sous séquestre du dossier médical d'un patient qui fier une chose dont la propriété ou la détention serait con-
entendait mettre en cause la responsabilité de son méde- testée.
cin et de l'hôpital où il avait été opéré, pour éviter tout
Une somme d'argent ne peut d'ailleurs faire l'objet d'un
risque de déperdition d'éléments de ce dossier et toute
dépôt au sens propre du terme, mais seulement d'un
menace de refuser de le produire sous prétexte de secret
dépôt irrégulier. 135 La Cour de cassation l'a décidé dans
médical; le séquestre désigné est un médecin. 130
son arrêt du 16 septembre 1993 136 à propos du "dépôt en
On ne saurait approuver, en revanche, une ordonnance du banque": cette opération ne donne pas naissance à un
Président du tribunal civil d'Anvers siégeant en référé du dépôt au sens des articles 1915 137 et suiv. du Code civil,
29 juillet 1977 131 rejetant un recours contre une décision en sorte que l'on ne peut y faire application de l'article
rendue sur requête unilatérale le 14 juillet 1977 132 par la- 1293, 2°, du Code civil qui exclut la compensation en ma-
128 133
Pas. 1947, II, 70 et les notes. - L'arrêt souligne Je lien qui existe J.C.B. 1927, 496.
134
entre le droit d'exiger la production de documents, selon les normes en Selon le R.P.D.B. v0 Dépôt-séquestre, le séquestre pourrait porter
vigueur à l'époque, et le droit d'en demander la conservation par sé- sur une somme d'argent mais sans autre explication.- Comp. Tilleman,
questre judiciaire. Là se situe précisément les limites de l'intervention op. cit., n° 4.- Boelaers et De Cort, note sous Gand 9 juin 1987, R. W.
du séquestre judiciaire. 1987-88, col. 15 spécial. n° 4.1. l.
129 135
En l'espèce, la partie qui avait obtenu le séquestre était invitée à in- Or, on le sait, le Code civil traite le séquestre comme une variété de
troduire une action en référé dans un délai donné pour rendre le débat dépôt (Supra n° 2).
136
contradictoire. Pas. 1993, I, 698.
130 137
Prés. Civ. Tournai 31 août 1995, J.T. 1995, 793. Rappelons que l'article 1915 du Code civil définit le "dépôt en
131
R.W. 2017, et la note critique Delwiche, citée. - Cette décision est général", dont le séquestre est une variété, comme étant un "acte par
également critiquée par Van Gompel, note citée au T.R. V. 1995, 195, n° lequel on reçoit la chose d'autrui, à la condition de la garder et de la
5. restituer en nature" - ce qui exclut Je dépôt irrégulier du champ de la dé-
132
Ibid., col. 2028. finition.
tière de restitution d'une chose déposée. C'est ce qui ex- Faut-il condamner ces décisions?
plique que la "revendication" du montant d'un compte en
A notre avis, non, dans la mesure où le séquestre ne nous
banque ne se conçoit pas, par exemple, en cas de faillite.
paraît pas porter dans ce cas sur des sommes d'argent
Des tiers ne peuvent faire valoir des droits sur des som-
fongibles, mais bien sur la créance du titulaire du compte
mes d'argent faisant l'objet d'un dépôt en compte que
contre le banquier. Comme indiqué ci-dessus, l'ouverture
dans des circonstances exceptionnellement prévues par le
du compte de dépôt a pour conséquence de faire naître
législateur, telle la "ségrégation des comptes" organisée
dans le chef du banquier une obligation de restitution
par l'article 77 de la loi du 6 avril 1995 sur les sociétés
dont est titulaire le prétendu déposant. Or, la créance con-
d'investissement en faveur de clients de ces sociétés. 138
stitue un bien meuble incorporel parfaitement individua-
C'est la raison pour laquelle, à juste titre selon nous, lisé, qui, peut, comme tel, faire l'objet d'une mesure de
quelques décisions rejettent une demande de séquestre séquestre.
portant sur des sommes d'argent non autrement individu-
Pareillement, dans l'espèce tranchée par la Cour d'appel
alisées se trouvant dans le patrimoine du défendeur à qui
de Liège le 12 novembre 1992, citée 142 où la cour ordon-
l'on voudrait imposer le séquestre ou même sur des som-
ne la mise sous séquestre du montant de condamnations à
mes à recevoir par ce dernier. Le demandeur de séquestre
verser à un tiers, pour lesquelles elle refuse le cantonne-
est en réalité titulaire d'un droit de créance dont l'assiette
ment, la mesure porte en réalité sur la créance de celui
peut s'exercer sur la totalité du patrimoine du débiteur. La
qui avait obtenu le bénéfice de ces condamnations.
voie à utiliser serait éventuellement celle de la saisie-arrêt
(Supra n° 14).
conservatoire dans Je cas de sommes à recevoir. 139
A notre avis, le président du tribunal civil de Gand a 19. Applications en matière de droits d'auteur, de mar-
excédé ses pouvoirs en ordonnant la mise sous séquestre ques, de pratiques du commerce
d'une somme d'argent retirée indûment par une femme
d'un compte du mari lors d'une procédure en divorce (du Plusieurs décisions publiées dans le présent numéro con-
moins selon les allégations du mari), en lui donnant la cernent des applications du séquestre en matière de prati-
mission de rechercher cette somme et de l'encaisser à ques du commerce, de droits intellectuels ou de droits de
défaut de remise volontaire par l'épouse. La chose ne se propriété industrielle. Elles apportent des précisions inté-
trouvait certainement pas identifiée dans les conditions ressantes sur l'institution. Elles concernent des hypothè-
requises pour qu'un séquestre pût être institué. La Cour ses dans lesquelles le titulaire d'une marque, de droits
d'appel a réformé cette décision, mais pour d'autres mo- d'auteur ou une personne se prétendant victime d'actes de
tifs. 140 concurrence déloyale sollicite la mise sous séquestre de
biens qui matérialisent la violation de ses droits. La situa-
Certaines décisions ordonnent cependant la mise sous sé-
tion pourrait d'ailleurs aussi se présenter en matière de
questre de comptes ouverts en banque au nom de la per-
brevets. 143
sonne contre laquelle la demande est dirigée.
Certaines décisions rappellent opportunément que le
Par exemple, le président du tribunal de commerce de
Code judiciaire organise une procédure de saisie particu-
Bruxelles a par une ordonnance du 27 mai 1986 141 mis
lière en matière de contrefaçon (articles 1481 et suiv.)
sous séquestre des montants se trouvant entre les mains
pour les titulaires de droits d'auteur et de différents droits
d'un tiers banquier auquel l'une des parties à la cause les
de propriété industrielle. 144 Cette procédure permet non
avait payés en échange de la remise de documents dans
seulement la description des objets contrefaits mais auto-
une opération de crédit documentaire. Les sommes étai-
rise aussi le juge des saisies à interdire à une partie de
ent individualisées dans un compte ouvert spécialement à
s'en dessaisir ou à les mettre sous séquestre. Il peut être
cet effet. Le séquestre était destiné à conserver les som-
saisi sur requête, à des conditions que le Code judiciaire
mes dans le compte pour permettre ultérieurement une
précise.
éventuelle compensation, qui supposait que l'on fasse
préalablement abstraction de la personnalité morale dis- Ici encore, l'on ne saurait admettre que l'on ait recours au
tincte de deux sociétés faisant partie d'un même groupe - séquestre prévu par l'article 1961, 2°, du Code civil en
ce dernier point devant être tranché par le juge du fond. lieu et place de cette procédure spécifique, sans en res-
pecter les conditions et les garanties, et tout particulière-
ment en usant de la voie de la requête unilatérale réservée
par l'article 584, alinéa 3, du Code judiciaire aux cas
138 Cf. M. Grégoire, "La segrégation des dépôts auprès des sociétés de
d'extrême urgence ou d'absolue nécessité. Comme le re-
Bourse" in "De hervorming van de financiële markten en bemiddelaars"
Cahiers AEDBF, Bruylant, 1997, p. 625. Et encore ne s'agit-il pas là
d'un droit de propriété sur les comptes mais d'un privilège sur les mon-
142
tants qui y sont portés. J.L.M.B. 1993, 268 et note G.de L.
139 Comm. Bruxelles, 14 janvier 1937, J.C.B. 1937, 180.- Prés. comm. 143
Cf. les décisions de première instance et d'appel publiées ci-après
Bruxelles 8 décembre 1924, J. C.B. 1925, 41. pp. 248 et suiv.
140 144
Gand 23 septembre 1983, T.G.R. 1985, 13. Cf. notamment l'arrêt de la Cour d'appel de Bruxelles du 13 sep-
141
R.P.S. 1986, 225. tembre 1994, J.T. 1995, p. 50 et note van Bunnen.
lève la cour d'appel de Bruxelles dans son arrêt du 13 venait pas de l'île de Cuba et qui n'y avaient pas été con-
septembre 1994 145 , la procédure spéciale des articles 1-411 dilioaaés. CWle 1e relève la Cour d'appel dans soo
et suiv. du Code judiciaire permet de faire face à tous les arrêt chi 17 septembre 1997 150, cette action pouvait abou-
besoins de la pratique. Cet arrêt réforme des ordonnances tir à un ordre de cessation et à une interdiction de pour-
qui, en matière de droits d'auteur, avaient accueilli une suivre la vente de ces cigares sous cette dénomination,
demande de mise sous séquestre formulée par requête mais en aucun cas à la confiscation des cigares au profit
unilatérale. du demandeur. La Cour en déduit que le juge de la cessa-
tion, statuant en vertu de l'article 19 alinéa 2 du Code ju-
Le recours à la procédure prévue par l'article 1961, 2°, du
diciaire ne pouvait ni ordonner une mesure de séquestre,
Code civil, de préférence à celle de la saisie-description,
ni modifier une mesure antérieure ni y mettre un terme,
pose également la question de savoir dans quelle mesure
en vertu du principe selon lequel le juge du provisoire ne
des choses créées et mises en circulation en contravention
peut prendre une mesure qui serait hors des pouvoirs du
avec l'une des lois protectrices de la propriété intellectu-
juge du fond. 151 Mais il faut en déduire, à notre avis, que
elle ou industrielle peuvent être considérées comme fai-
le président du tribunal de commerce statuant en référé,
sant l'objet d'une contestation relative à leur propriété ou
n'aurait pas eu davantage, dans les circonstances de la
leur possession.
cause, le pouvoir d'ordonner une telle mise sous sé-
En règle, la circonstance qu'une chose ait été contrefaite, questre, à défaut de prétention du demandeur sur la pro-
ou revêtues d'une marque contrefaite ou encore créée en priété, la possession ou tout autre droit sur les cigares liti-
violation de droits d'auteur ne peut, de ce fait, être reven- gieux susceptible d'être reconnu par le juge du fond.
diquée par le titulaire du droit violé. 146 Celui-ci n'a donc,
Par une ordonnance du 18 août 1997 152 , le président du
en principe aucune prétention à émettre sur les choses
tribunal de commerce de Bruxelles déclare prolonger
dont la mise sous séquestre est demandée et une condi-
pour une durée indéterminée une mesure de séquestre
tion essentielle de l'application de l'article 1961, 2°, du
portant sur des marchandises (en l'espèce des parfums)
Code civil fait défaut.
dont la vente avait fait antérieurement l'objet d'un ordre
Certes, en matière de marques, la confiscation des choses de cessation dans le but de rendre efficace cet ordre de
faisant l'objet de l'infraction peut être ordonnée, en cas cessation qui apparemment avait été méconnu. Il ordonne
de poursuites pénales, et elle peut avoir lieu éventuelle- même au séquestre de "renouveler les opérations autant
ment au profit du titulaire de la marque. 147 En matière de de fois que nécessaire dans l'hypothèse où une ou plu-
droits d'auteur, la loi du 30 juin 1994 a introduit la possi- sieurs défenderesses venaient à offrir ultérieurement
bilité pour le juge de prononcer, dans le cours d'une ac- d'autres marchandises des marques... ". Ici, le séquestre
tion civile, une confiscation des objets contrefaits à char- devient un moyen de rendre efficace un ordre de cessa-
ge d'un défendeur de mauvaise foi, avec remise de tion alors que le juge des cessations n'aurait pas lui-
ceux-ci au demandeur, à valoir sur la réparation à laquelle même pu prendre une telle mesure. Il perd tout caractère
il aura droit. 148 Néanmoins ces éventualités nous parais- provisoire et conservatoire et ne répond en aucun cas à la
sent trop lointaines et incertaines pour justifier l'existence nécessité de conserver une chose litigieuse jusqu'à déci-
de prétentions sur les biens issus de la contrefaçon ou sion au fond, d'autant plus qu'il est ordonné pour une
porteurs d'une marque illicitement apposée; elles ne sont durée indéterminée sans aucune référence à aucune pro-
d'ailleurs généralement invoquées ni par les requérants ni cédure au fond. Il s'agit à notre avis d'un détournement
par les décisions qui ordonnent un séquestre. du séquestre de sa finalité et d'une méconnaissance de
ses conditions d'application. L'ordonnance a été juste-
Dans l'affaire des "cigares Havane", ayant donné lieu à
ment rétractée par une ordonnance du 23 décembre
plusieurs décisions publiées ci-après 149 , le demandeur
1997 153 , par la constatation qu'il n'existait pas de préten-
avait déclaré avoir l'intention d'introduire une action en
tions contradictoires relatives à la propriété des biens mis
cessation fondée sur l'usage abusif de la dénomination
sou séquestre, - ce qui suffisait à écarter l'application de
"Havane" pour désigner des cigares dont le tabac ne pro-
l'article 1961, 2°, du Code civil.
C'est, à juste titre à, notre avis, que le Président du tribu-
145
J.T. 1995, 50. L'arrêt, n'ayant pas abordé le fond, n'a pas eu à exa- nal de commerce de Bruxelles rejette une demande de
miner si les conditions du séquestre étaient réunies et notamment s'il
existait les prétentions des demandeurs à la propriété ou à la possession
mise sous séquestre de vêtements dont il était allégué
des objets prétendument contrefaits. Cf. au texte même paragraphe. qu'ils étaient distribués sous une marque irrégulièrement
146
La situation est différente en matière de brevets en cas de contre- apposée, à défaut pour les demandeurs d'établir un quel-
façon de mauvaise foi. La saisie des objets contrefaisant un brevet au
profit de l'auteur du brevet doit en principe être ordonnée. Dans ce cas,
conque droit de propriété ou une prétention à la propriété
on pourrait admettre que le titulaire du brevet puisse émettre des préten-
tions à la propriété des objets contrefaits.
147
Braun, Précis des marques de produits et de services, 2e éd., n°
490. 15
° Cette revue, p. 250.
151
148 Van Bunnen, "Procédure pénale et civile (l'action en contrefaçon)" La Cour aborde cette question une première fois dans son arrêt cité
in "Le renouveau du droit d'auteur en Belgique", KUL, sous la direction du 17 septembre 1997 publié dans cette revue pp. 250.
152
de Gotzen, Bruylant, 1996, p. 400 spécial. p. 408. Cette revue p. 252.
153
149
p. 248 et suiv. infra p. 252-253.
154
Cette revue, infra p. 254-255.
"' Telles sont en effet les justifications données par la Cour: Arrêt du
23 octobre 1997 infra p. 255.
2. Voorzitter Rechtbank van Koop- niet slechts zijn samengesteld uit Cubaanse tabak en in
Cuba zijn aangemaakt, de aanduiding Havane dan wel
handel te Brussel Havana of afgeleiden ervan te gebruiken" en bijgevolg
verweerster "tot de staking van dit gebruik te horen ver-
oordelen onder verbeurte van een dwangsom ten bedrage
17 maart 1997 van 100.000 F per éénmalig gebruik van een verboden
aanduiding";
Overwegende dat verweerster zich o.m. erover beklaagt
SEKWESTER dat, terwijl de bevolen maatregel hoge kosten, o.a. van
Gerechtelijk sekwester - Voorafgaande maatregel (art. opslag, veroorzaakt, vermits de sekwester haar goederen
19, 2• lid, Ger. W.) - Handelspraktijken weggenomen heeft en deze in een betalende opslagplaats
ondergebracht heeft, eiseres sedert 5 februari 1997 in ge-
SEQUESTRE breke blijft haar stukken mede te delen met het oog op
Séquestre judiciaire - Mesure préalable (article 19, al. het in staat stellen van huidige zaak;
2, C.J.) - Pratiques du commerce
Dat zij stelt dat het zinloos is een dagvaarding uit te bren-
(N.V. Robert Suter / N.V. Etn. Vandermarliere) gen zo nadien nagelaten wordt de zaak in staat te stellen;
Dat volgens haar, en gelet op de wederzijdse rechten en
belangen van partijen, de handhaving van de voorlopige
maatregel, die onder absolute hoogdringendheid en nood-
Overwegende dat op verzoek van de partijen, de debatten zakelijkheid bevolen werd, niet langer verrechtvaardigd
die op laatstgenoemde zitting plaatsvonden, beperkt wer- is;
den tot de incidentele vordering van verweerster die ertoe
Dat verweerster bij mondelinge conclusie ter zitting ge-
strekt eiseres te doen veroordelen de onder sekwester ge-
nomen, hic et nunc haar incidentele vordering beperkt tot
legde goederen te doen terugbrengen naar de zetel van
de veroordeling van eiseres om de onder sekwester geleg-
verweerster;
de goederen terug te brengen in haar eigen installaties,
Overwegende dat op eenzijdig verzoekschrift van eiseres, die de mogelijkheid bieden de maatregel te handhaven
de voorzitter van deze rechtbank een beschikking geveld zonder kosten;
heeft op 29 januari 1997, waarbij o.a.:
Overwegende dat verweerster in de eerste plaats opwerpt
- Gerechtsdeurwaarder Luc Verschueren te Dendermon-
dat haar stukken, zoals geïnventariseerd in haar eenzijdig
de als sekwester aangesteld werd van alle Havana-siga-
verzoekschrift, gekend zouden zijn door verweerster,
rendoosjes waarover verweerster zou beschikken op het
zodat geen mededeling ervan diende te geschieden;
ogenblik van de betekening van de beschikking,
- verweerster geboden werd bedoelde goederen effectief Dat het Gerechtelijk Wetboek echter geen uitzondering
ter beschikking te stellen van de sekwester onder verbeur- van die aard kent op de verplichting die op de eisende
te van een dwangsom van 100.000 F per doosje, partij rust om haar stukken aan de verwerende partij
- gepreciseerd werd dat de aldus bevolen voorlopige mede te delen;
maatregel toegekend werd "daar onder andere elementen
Overwegende dat verweerster verder onze bevoegdheid
(blijkt dat) verzaekster (d.i. huidige eiseres) zinnens is
betwist om tussen te komen in de uitvoering door de aan-
binnen de 8 dagen de stakingsrechter te adiëren ten einde
gestelde sekwester van een in kort geding bevolen maat-
het stopzetten van de bewuste inbreuken te horen
regel;
bevelen";
Overwegende echter dat de ten gronde geadieerde rechter,
Dat het derdenverzet van verweerster tegen deze beschik-
bevoegd is om de toestand van de partijen voorlopig te
king afgewezen werd bij beslissing in kort geding dd.
regelen (art. 19 Ger. W.), o.m. op grond van feiten of om-
18 februari 1997;
standigheden die zich voorgedaan hebben in de loop des
Dat de toenmalige verzoekster, hier eiseres, bij hogerge- gedings en die nieuw zijn t.o. v. de toestand waarin partij-
meld exploot van dagvaarding dd. 30 januari 1997 - en zich bevonden v66r de rechter in kort geding;
waarbij huidige zaak ingeleid werd - het voomemen de
Dat zulks geen geschil uitmaakt over de tenuitvoerleg-
stakingsrechter te adiëren, dat zij in haar verzoekschrift
ging van de beschikking in kort geding;
uitgedrukt had, verwezenlijkt heeft;
Dat de nieuwe omstandigheid die thans door verweerster
Dat luidens dit exploot, de vordering van eiseres, exclu-
ingeroepen wordt, het misbruik van procedure is dat aan
sieve invoerder en verdeler van Havana-sigaren voor de
eiseres verweten wordt en dat zich vertolkt in het lijdelijk
Benelux, ertoe strekt "te doen vaststellen dat het zawel
verzet dat eiseres biedt t.o. v. het in staat stellen van de
strijdig is met het verbod misleidende reclame te voeren
zaak door haar stukken aan verweerster niet mede te
ais met de eerlijke handelsgebruiken, voor sigaren die
delen alhoewel de wet haar oplegt zulks te doen, met het
gevolg dat de financiële last van de in kort geding bevo- I. Feiten en procedurele voorgaanden
len maatregel, die uiteindelijk op verweerster zou kunnen
wegen, bij de dag toeneemt zolang de beslissing ten gron- ( ... )
de achterwege zou blijven;
Overwegende dat de eerste rechter op basis van artikel
Dat deze nieuwe omstandigheid vaststaat en de doelein- 19, lid 2 Ger. W., onder alle voorbehoud van de rechten
den van de incidentele vordering, beperkt zoals hierboven van partijen ten gronde, de gewijzigde tegenvordering
gezegd, verrechtvaardigt; ontvankelijk en gegrond heeft verklaard;
Dat de hier gevorderde maatregel inhoudt dat verweer- dat hij dienvolgens appellante heeft veroordeeld alle goe-
ster, eiseres op incident, ais sekwester zou aangesteld deren die door gerechtsdeurwaarder Verschueren in zijn
worden in vervanging van Gerechtsdeurwaarder Luc Ver- hoedanigheid van sekwester bij geïntimeerde werden
schueren; weggehaald ingevolge de beslissing van 29 januari 1997,
op de zetel van deze laatste terug te brengen;
dat daarenboven geïntimeerde ais sekwester werd aange-
D.d. 17 maart 1997 - Voorz. Kh. Brussel
steld ter vervanging van voormelde gerechtsdeurwaarder;
Zet.: N. Diamant, ondervoorzitter
Pleit.: Mrs. Th. Van Innis, A. De Caluwé en D. De Jaeger dat de debatten omtrent de behandeling van de zaak ten
gronde werden vastgesteld op de zitting van 21 april
1997;
Noot/Note Overwegende dat het hoger beroep er toe strekt de tegen-
vordering van geïntimeerde onontvankelijk, minstens on-
Zie in dit nummer, / Voyez dans ce numéro, P. Van Om-
gegrond te verklaren;
meslaghe, "Le séquestre judiciaire en droit commercial",
p. 229. ( ... )
II In rechte
Noten
1. Président du Tribunal de Com- Issey Miyake et Jean-Paul Gaultier se trouvant dans les lo-
caux principaux et annexes du point de vente précité;
merce de Bruxelles
2. de se rendre sans désemparer au point de vente "Passage
74", rue Wayez pour y prendre possession de tous les pro-
duits de marques Parfums Givenchy, Antonio Puig, Paco Ra-
18 août 1997
banne, Issey Miyake et Jean-Paul Gaultier se trouvant dans
les locaux principaux et annexes du point de vente précité;
SEQUESTRE 3. de se rendre sans désemparer au siège de la défende-
Séquestre Judiciaire - Référé resse Copra-Venta, en "La Solderie Permanente", 52, rue
L. Théodore à 1090 Bruxelles, pour y signifier la présente
SEKWESTER ordonnance et, le même jour, immédiatement prendre
Gerechtelijk sekwester - Kort geding possession de tous les produits des marques Parfums Gi-
venchy, Antonio Puig, Paco Rabanne, Issey Miyake et
(S.A. Copardis et S.A. Improlux / S.C.R.L. Compra Venta Jean-Paul Gaultier se trouvant dans les locaux principaux
et S.A. Galerie des Lots) et annexes du point de vente précité;
4. de dresser l'inventaire des marchandises ainsi mises
sous séquestre; de conserver ces marchandises dans les
( ... ) formes et délais légaux, en son étude;
Attendu que les demanderesses s'appuient sur une ordon- 5. de renouveler les opérations autant de fois que néces-
nance du Président du Tribunal de Commerce de saire dans l'hypothèse où une ou plusieurs des défende-
Bruxelles, du 1er février 1996, confirmée par arrêt de la resses venaient à offrir ultérieurement d'autres marchan-
Cour d' Appel de Bruxelles le 20 juin 1997, ordonnant la dises des marques Parfums Givenchy, Antonio Puig, Paco
cessation de toute offre en vente, par les défenderesses, Rabanne, Issey Miyake et Jean-Paul Gaultier( ... );
des produits des marques Paco Rabanne, Givenchy et An-
tonio Puig, décisions signifiées le 24 juillet 1997 ainsi
que sur des constats d'huissiers du 26 juillet 1997; D.d. 18 août 1997 - Prés. Comm. Bruxelles
Siég.: M. J.M. Lahaye, Vice-président
qu'il en ressort que les défenderesses violent les usages Plaid.: Me S. Dufrene
honnêtes du commerce, par l'offre en vente et la vente de
parfums, en mentionnant ou en laissant entendre qu'il
s'agit de produits provenant de faillites ou de liquidations Note/Noot
d'usines, ce qui n'est pas le cas;
Voyez dans ce numéro, / Zie in dit nummer, P. Van Ommesla-
que les demanderesses veulent sauvegarder leurs droits de
ghe, "Le séquestre judiciaire en droit commercial", p. 229.
concessionnaires exclusifs de grandes marques de parfums;
Par ces motifs,
( ... )
Attendu que la présente tierce opposition vise à: Copardis et Impro-Lux agissant en tant que concession-
naires de vente exclusive des produits litigieux;
- faire rétracter et annuler au bénéfice de Bellux, ici tierce
opposante, la susdite ordonnance en tant qu'elle a prolongé Qu'en l'absence de données disponibles au registre du com-
pour une durée indéterminée la mise sous séquestre de tous merce au sujet de l'établissement du 74 de la rue Wayez à An-
les produits des marques Parfums Givenchy, Antonio Puig, derlecht, Copardis et Impro-Lux ont attribué l'exploitation de
Paco Rabanne, Issey Miyake et Jean-Paul Gaultier se trou- celui-ci à Galerie des Lots sur base d'un constat d'huissier de
vant au point de vente du 74 de la rue Wayez à Anderlecht; justice du 26 juillet 1997, auquel est annexé le ticket de caisse
portant le nom et l'adresse de ladite société, qui lui fut remis
- faire ordonner à Copardis et Impro-Lux, sous peine
lors de l'achat qu'il avait effectué dans cet établissement;
d'une astreinte, la restitution des produits maintenus sous
séquestre en vertu de l'ordonnance attaquée; Attendu que Copardis et Impro-Lux ne peuvent opposer à
Bellux, qui n'était pas partie à la cause ayant donné lieu à
Que Bellux expose en effet être l'exploitante du point de
l'ordonnance attaquée, rendue par défaut à leur requête
vente susdit et la propriétaire des marchandises qui y ont
contre Galerie des Lots et Compra Venta, le bien-fondé
été enlevées par le séquestre le 8 août 1997 en exécution
de la mesure de séquestre litigieuse que cette décision a
d'une ordonnance rendue le 4 août 1997 sur requête uni-
implicitement reconnu dans leur chef;
latérale de Copardis et Impro-Lux, et dont la durée de va-
lidité fixée à quinze jours a été prolongée par l' ordonnan- Que, d'autre part, les pièces de la procédure relative à
ce entreprise pour une durée indéterminée; cette cause font apparaître que Copardis et Impro-Lux,
alors demanderesses, n'invoquaient en réalité aucun droit
( ... )
propre, notamment de marque, sur les choses dont elles
Attendu qu'à l'appui de son recours, Bellux invoque no- demandaient la mise sous séquestre;
tamment avoir pris en location depuis le 27 juin 1997,
Que la mesure de séquestre qui a été ordonnée par défaut,
suivant bail commercial enregistré le 9 juillet 1997, les
n'avait donc aucun fondement en droit (article 1961 du
locaux de la rue Wayez 74 à Anderlecht, d'où les produits
Code civil, Cass. 16 avril 1984, Pas. 1984, I, 1036,
litigieux ont été enlevés le 8 août 1997 par le séquestre
D. Lindemans, "Een sekwester als beheerder bij vennoot-
judiciaire, locaux qui n'ont jamais été donnés en location
schapsgeschillen", R.D.C. 1987, p. 327);
ni à Galerie des Lots ni à Compra Venta;
Que dans ces circonstances, il appartiendrait à Copardis
Qu'elle produit également diverses pièces relatives à la
et Impro-Lux, pour s'opposer avec succès aux fins de la
modification de ses statuts et au transfert de son siège so-
présente tierce opposition, de démontrer que le droit de
cial, constatés par acte notarié du 2 septembre 1997, ainsi
propriété revendiqué par Bellux serait inexistant;
que la facture du 30 avril 1997 de la S.P.R.L. ABC des
Affaires pour la vente d'un lot de parfums; Qu'elles ne fournissent pas cette preuve en arguant comme
elle le font du caractère prétendument suspect de la présente
Attendu que Copardis et Impro-Lux, se fondant sur
tierce opposition sur base, d'une part, de l'existence de liens
l'existence de liens entre Bellux, Galerie des Lots et
entre Bellux, Galerie des Lots et Compra Venta, et d'autre
Compra Venta, invoquent le caractère "suspect" du pré-
part, de la présence de prétendues anomalies dans les docu-
sent recours; qu'elles invoquent aussi que les pièces pro-
ments produits par Bellux, mais sans démontrer que ces élé-
duites donneraient l'apparence d'avoir été confectionnées
ments affecteraient de quelque manière que ce soit le droit
pour les besoins de la présente cause;
de propriété revendiqué par Bellux et reconnu par Galerie
Que, pour leur part, Galerie des Lots et Compra Venta ne des Lots, que Copardis et Impro-Lux ont donc tenue à tort
contestent pas le droit de propriété revendiqué par Bellux pour être la propriétaire des choses mises sous séquestre;
sur les biens séquestrés et ont déclaré ne pas s'opposer
Que la tierce opposition est donc fondée;
aux fins de la présente tierce opposition;
Attendu que la mesure de séquestre ordonnée par la décision
attaquée l'a été, semble+il, à titre de mesure complémentaire Du 23 décembre 1997 - Prés. Comm. Bruxelles
en vue d'assurer l'exécution effective par Galerie des Lots et Siég.: Mme. N. Diamant, Vice-président
Compra Venta de l'ordre de cessation, déjà assorti d'une as- Plaid.: Mes J. D'Havre, S. Dufrene et S. Huart loco I. Van
treinte, qui leur avait été donné par l'arrêt de la Cour d' Appel Cleemput
de Bruxelles du 20 juin 1997 d'offrir en vente ou de vendre,
en mentionnant ou en laissant entendre qu'il s'agit de pro-
duits provenant de faillites ou de liquidations d'usines alors Note/ Noot
que tel n'est pas le cas, un certain nombre de produits cosmé-
tiques identifiés par leur marque, ordre de cessation étendu à
Voyez dans ce numéro, / Zie in dit nummer, P. Van Om-
des parfums d'autres marques par l'ordonnance attaquée;
meslaghe, "Le séquestre judiciaire en droit commercial",
Que les diverses décisions de justice dont il est question p. 229.
dans la présente cause ont été rendues à la demande de
1 Voorzitter Rechtbank van Koop- selectief distributienetwerk van tweede verzoekster in Eu-
ropa en meer bepaald in de Benelux;
handel te Brussel
Dat de uitbaters van de winkel "Dod" zich dan ook maar
in "Polo by Ralph Lauren"-kledingstukken hebben kun-
nen bevoorraden, rechtstreeks of onrechtstreeks, buiten
1 oktober 1997
Europa of tengevolge van een contractbreuk door een !id
van het selectief distributienetwerk;
SEKWESTER Dat in beide gevallen de oorsprong van de goederen on-
Gerechtelijk sekwester - Merken - Kort geding rechtmatig is;
Dat het, in casu, hoogstwaarschijnlijk is dat de goederen
SEQUESTRE
vanuit buiten Europa afkomstig zijn;
Séquestre judiciaire - Marques - Référé
Dat zij anders niet met een redelijke winstmarge zouden
(The Polo Lauren Cy en S.A. Poloco / "DOD") kunnen worden gecommercialiseerd;
Dat, zoals reeds onderstreept, "Polo by Ralph Lauren"-kle-
dingstukken, afkomstig vanuit buiten Europa, niet op recht-
matige wijze in Europa kunnen worden gecommercialiseerd;
Verzoekschrift
Aangezien voorlopige maatregelen zich dan ook op ui-
Aangezien eerste verzoekster, ais merkhoudster, en tweede terst dringende wijze opdringen, opdat de schade die
verzoekster, ais exclusieve licentiehoudster, beschikkende beide verzoeksters lijden zo snel mogelijk en zo efficiënt
over een selectief distributierecht, derhalve belang hebben om mogelijk zou beperkt worden;
zich te verzetten tegen elk onrechtmatig gebruik, dat in het Dat een voorlopige verbodsmaatregel van verdere com-
economisch verkeer gemaakt wordt van de merken "Polo by mercialisatie van de litigieuze kledingstukken, onder ver-
Ralph Lauren" en "Ralph Lauren" voor waren, waarvoor beurte van een dwangsom, zich onverwijld opdringt;
deze merken zijn ingeschreven, met name kledingstukken;
Dat een sekwestermaatregel van de litigieuze kleding-
Aangezien verzoeksters ervan op de hoogte gebracht wer- stukken en van alle aan- en verkoopfacturen, bestelorders
den dat ondermeer in een winkel, gelegen te 1210 Brus- en leveringsbonnen, die betrekking hebben op de com-
sel, Leuvensesteenweg 16, genaamd "Dod", kledingstuk- mercialisatie van de litigieuze kledingstukken in boven-
ken van eerste verzoekster verkocht worden, die voorzien genoemde winkel zich eveneens onverwijld opdringt;
zijn van het merk en het logo van eerste verzoekster en
ingevoerd zijn vanuit buiten Europa; .Dat een onderzoek naar de oorsprong van de litigieuze
kledingstukken en vaststelling van de geleden schade
Aangezien hier aldus onrechtmatig gebruik gemaakt zich inderdaad opdringt; Dat daarom mededeling van alle
wordt van de merken en het logo van eerste verzoekster; aan- en verkoopfacturen, bestelorders en leveringsbonnen
Dat de litigieuze kledingstukken, ingevoerd vanuit buiten van de litigieuze kledingstukken zich opdringt;
de Europese Gemeeschap, immers, onder het merk en het Dat elke dag vertraging de schade aan verzoeksters im-
logo van eerste verzoekster, in de Gemeenschap in het mers ontegensprekelijk vergroot;
verkeer zijn gebracht, zonder toestemming van verzoek-
sters, zodat deze laatsten zich op grond van hun uitslui- Aangezien omwille van het onontbeerlijke verrassingsef-
tend recht hiertegen kunnen verzetten; fect dergelijke verbods- en sekwestermaatregelen enkel
bij éénzijdig verzoekschrift gevorderd kunnen worden;
Dat op grond van artikel 7, lid I van de EEG-harmonisa-
tierichtlijn merkenrecht in de lidstaten, immers, moest Dat zoniet de litigieuze koopwaar spoorloos dreigt te ver-
overgestapt worden van het systeem van de wereldwijde of dwijnen voor dat de sekwester- en verbodsmaatregelen
universele uitputting naar de communautaire uitputting; kunnen worden uitgevoerd;
"Polo by Ralph Lauren" en "Ralph Lauren", enig eigendoms- enig eigendomsrecht op de kwestieuze goederen kunnen
recht op de kwestieuze goederen nog kunnen doen gelden; doen gelden, zoals vereist door artikel 1961, 2° B.W.;
Dat hun vordering bijgevolg niet gegrond is (art. 1961, 2° Overwegende dat de appellanten terecht aanvoeren dat de
BW); (... ) eerste rechter slechts geantwoord heeft op één onderdeel
van hun vordering, namelijk de sekwestermaatregel, ter-
wijl zij tevens verbod van de verdere commercialisering
Dd.: 1 oktober 1997 - Voorz. Kh. Brussel van de "Polo bij Ralph Lauren" -goederen door de uitbater
Zet.: Mw N. Diamant, Ondervoorzitter van de "DOD" -winkel vroegen;
Pleit.: Mr P. Lefebvre
dat zij bovendien terecht voorhouden dat de opsomming
van de gevallen waarin de rechter het sekwester kan be-
velen, opgenomen in artikel 1961 B.W., niet limitatiefis;
dat namelijk wordt aangenomen dat de rechter het se-
2. Hof van Beroep te Brussel kwester kan bevelen telkens wanneer, gelet op de concre-
te omstandigheden, het noodzakelijk blijkt een in betwis-
ting zijnde zaak aan de partijen te onttrekken in
23 oktober 1997 afwachting van een beslissing ten gronde;
Overwegende dat in casu een sekwestermaatregel op eenzij-
SEKWESTER dig verzoekschrift dringend en noodzakelijk is teneinde de
Gerechtelijk sekwester - Merken - Kort geding schade die beide appellanten lijden zo snel en zo efficiënt
mogelijk te beperken; dat uit het proces-verbaal van vaststel-
SEQUESTRE ling dd. 23 september 1997 van gerechtsdeurwaarder Sacré
Séquestre judiciaire - Marques - Référé blijkt dat er zich een relatief aanzienlijk aantal litigieuze kle-
dingstukken in de rekken van de genoemde winkel bevinden;
(The Polo Lauren Cy en S.A. Poloco / "DOD") dat het gevaar bestaat dat bij een tegensprekelijke procedure
de uitbater van de winkel gewaarschuwd wordt en zich on-
middellijk zou ontdoen van de litigieuze kledingstukken en
de daarop betrekking hebbende documenten, waardoor de
gevorderde maatregel geen nut meer zou hebben;
Gelet op de procedurestukken, inzonderheid de beschik-
king van de voorzitter van de rechtbank van koophandel dat trouwens de bevolen maatregelen strikt in tijd beperkt
te Brussel gewezen op eenzijdig verzoekschrift op 1 okto- worden, zoals hiema bepaald;
ber 1997 conform artikel 584, derde lid, 1° en 3° Ger. W.,
Overwegende dat het hoger beroep gegrond is;
waartegen bij verzoekschrift op 3 oktober 1997 een regel-
matig en toelaatbaar hoger beroep werd ingesteld;
Overwegende dat eerste verzoekster in haar hoedanigheid Om deze redenen,
van titularis van de merken "Polo bij Ralph Lauren" en
"Ralph Lauren" alsook van het logo van de polospeler en (... ) Ontvangen het hoger beroep en verklaren het ge-
tweede verzoekster als exclusieve licentiehoudster in es- grond;
sentie voor alle staten van de Europese Unie en de landen
Doen de bestreden beschikking teniet en opnieuw recht-
van de EFfA-groep, zich verzetten tegen het onrechtma-
doend;
tig gebruik dat in het economisch verkeer gemaakt wordt
van genoemd merk en logo voor waren, waarvoor deze Stellen aan als sekwester (... )
merken zijn ingeschreven, met name kledingstukken, in
Verbieden verdere commercialisering van genoemde kle-
casu in een winkel genaamd "DOD" gelegen te 1210
dingstukken, voorzien van het merk "Polo bij Ralph Lau-
Brussel, Leuvensesteenweg 16, welke geen deel uitmaakt
ren" en/of "Ralph Lauren" en/of van het logo van de po-
van het selectief distributienetwerk van tweede verzoek-
lospeler, onder verbeurte van een dwangsom van 25.000
ster in Europa en meer bepaald in de Benelux;
F per verkocht kledingstuk;
dat verzoeksters stellen dat voorlopige maatregelen, na-
Zeggen voor recht dat verzoeksters gehouden zijn de zaak
melijk verbod van verdere commercialisering en sekwes-
ten gronde in te leiden binnen de drie weken vanaf van-
ter van de litigieuze kledingstukken, dringend nodig zijn
daag, bij gebreke waarvan de geldigheid van deze be-
teneinde de schade die beide verzoeksters lijden zo snel
schikking vervalt; (... )
en zo efficiënt mogelijk te beperken;
Overwegende dat de eerste rechter deze vordering als onge-
grond afwijst om reden dat niet voldoende vaststaat dat de D.d. 23 oktober 1997 - Brussel
verzoekers, als respectieve titularis en licentiehoudster van Zet.: Mw A.M. Stubbe-Pauwels, Kamervoorzitter
de merken "Polo by Ralph Lauren" en "Ralph Lauren", nog Pleit.: Mr P. Lefebvre
ci à 30 mois de bénéfices semi-bruts.( ... ) En conséquence 2 invite expressément les parties à un accord dont la
de qui précède, nous arrêtons donc immédiatement notre conclusion leur est, avant ce moment, interdite; que, si la
activité de sous-concessionnaire Nissan (... )'; que le négociation s'institue et conduit, dans un délai compa-
22 juillet 1993, (la défenderesse) répliqua à (la demande- tible avec les réalités commerciales et économiques, à la
resse) par écrit dans les termes suivants: 'Contrairement à conclusion d'un accord, il ne reste plus aux parties qu'à
ce que vous laissez supposer, nous n'avons jamais eu exécuter le contrat jusqu'à son terme convenu et il aura
l'intention de vous dispenser de prester un préavis et de été pleinement et idéalement satisfait au prescrit de la loi
vous payer en contre-partie une indemnité compensatoire (... ); que si, comme en l'espèce, dans un bref délai - pre-
de préavis. Notre courrier était particulièrement clair à ce nant cours au moment du refus de négocier de la partie à
sujet puisqu'il précisait que ce préavis commençait à cou- laquelle la résiliation a été notifiée ou au moment où son
rir à dater du jour de la réception de celui-ci. D'autre part, absence de réponse équivaut à un refus - l'auteur de la
concernant la durée même de ce préavis, nous vous lais- résiliation notifie alors unilatéralement la durée du pré-
sions la possibilité de nous faire savoir quelle durée pou- avis qui lui paraît raisonnable, il serait contraire à la loi
vait recevoir votre assentiment plutôt que de fixer un de décider, dans une telle hypothèse, qu'il s'agit d'une
délai d'autorité. Nous trouvons dès lors votre attitude résiliation sans préavis; que (... ) la loi du 27 juillet 1961
quelque peu cavalière. Puisque vous ne nous avez nulle- n'impose aucune forme à la notification de la résiliation
ment fait savoir quelle durée de préavis vous agréait, du contrat moyennant préavis; (... ) que (la défenderesse
nous avons l'honneur par la présente, de fixer définitive- n'avait pas) l'obligation de notifier de façon rigoureuse-
ment ce préavis à deux ans, courant à dater du 1er juillet ment simultanée la résiliation unilatérale du contrat (avec
1993, date de réception de la lettre recommandée de la ré- invitation à [la demanderesse] de négocier la durée du
siliation unilatérale qui vous a été envoyée le 29 juin der- préavis; (... ) que le préavis de 24 mois était raisonnable",
nier. Eu égard à ce qui précède, nous vous mettons en de- et aux motifs du premier juge, adoptés par la cour d'ap-
meure de reprendre immédiatement vos activités relatives pel, selon lesquels "(la demanderesse) a, quant à elle,
au contrat de sous-concession avenu entre parties et ce, adopté un comportement fautif, spéculatif et contraire à la
jusqu'au 30 juin 1995. (... )"', l'arrêt déboute la demande- bonne foi, en refusant d'emblée toute négociation du pré-
resse de sa demande tendant à faire condamner la défen- avis, en voulant imposer l'octroi d'une indemnité com-
deresse à lui payer une indemnité compensatoire de pré- pensatoire et en refusant de poursuivre l'exécution du
avis, aux motifs "que (la défenderesse) avait valablement contrat nonobstant le préavis généreux qui lui a été donné
mis fin au contrat de sous-concession avec un préavis et les sommations reçues; elle a manqué à son devoir de
fixé unilatéralement à 24 mois après constatation de collaboration pour qu'il soit mis fin au contrat de façon
l'échec des négociations proposées à (la demanderesse) harmonieuse; la durée du préavis raisonnable se détermi-
pour déterminer amiablement un préavis raisonnable; que nant par rapport au temps nécessaire à (la demanderesse)
l'article 2 de la loi du 27 juillet 1961 modifié par celle du pour retrouver une concession équivalente, cette dernière
13 avril 1971 (... ) n'impose pas une rigoureuse simulta- n'a pas été de bonne foi en refusant d'office l'offre du
néité entre la notification de la résiliation et la fixation de concédant de débattre de ce délai; le choix entre le pré-
la durée du préavis; avis et l'indemnité compensatoire appartenait à (la défen-
deresse) dès lors qu'elle avait pris l'initiative de la résilia-
Qu'il résulte de la combinaison des articles 2 et 6 de la loi
tion; (la défenderesse) a opté pour le préavis raisonnable
du 27 juillet 1961 qu'avant le moment de la dénonciation
et (la demanderesse) n'était pas en droit de remettre ce
du contrat, les parties ne peuvent convenir valablement
choix en cause; le refus de (la demanderesse) de pour-
de la durée du préavis;( ... ) qu'en l'espèce, en notifiant la
suivre l'exécution du contrat depuis le début du préavis
résiliation du contrat, (la défenderesse) a signifié claire-
équivaut à un acte de rupture du contrat dans son chef;
ment à sa cocontractante qu'elle mettait fin à la conven-
. elle ne peut dans ces conditions prétendre à une indemni-
tion moyennant un préavis qui commençait à courir dès la
té destinée à compenser l'inexécution du préavis auquel
réception de la lettre de rupture; que (la défenderesse) a
elle a elle-même renoncé",
indiqué sans ambiguïté que la durée de ce préavis devait
être raisonnable dès lors que (la demanderesse) était invi- Alors que, première branche: 1. aux termes de l'article 2
tée à formuler, dans la quinzaine, une proposition de pré- de la loi du 27 juillet 1961, "lorsqu'une concession de
avis; que le premier juge a constaté à bon escient que la vente soumise à la présente loi est accordée pour une
loi contenait une invitation à tenter de s'entendre sur la durée indéterminée, il ne peut, hors le manquement grave
durée d'un préavis raisonnable; qu'il est possible pour d'une partie à ses obligations, y être mis fin que moyen-
une partie d'opter pour la résiliation du contrat par l'exé- nant un préavis raisonnable ou une juste indemnité à dé-
cution d'un préavis en proposant à l'autre partie de négo- terminer par les parties au moment de la dénonciation du
cier la durée du préavis; qu'une telle proposition est contrat. A défaut d'accord des parties, le juge statue en
conforme à la lettre et l'esprit de la loi en général et de équité et, le cas échéant, en tenant compte des usages"
celle du 27 juillet 1961 en particulier, puisque l'obliga- qu'aux termes de l'article 6, "les dispositions de la pré-
tion doit être exécutée de préférence en nature, et à la ri- sente loi sont applicables nonobstant toute convention
gueur seulement, en équivalent; que, de surcroît, l'article contraire conclue avant la fin du contrat accordant la
concession"; que l'obligation de payer une indemnité terme duquel le contrat prenait fin, et que la demanderes-
visée à l'article 2 remplace l'obligation contractuelle in- se n'a fixé unilatéralement le délai de préavis au terme
exécutée de donner un préavis raisonnable; que le droit à duquel elle entendait soumettre la fin des relations
l'indemnité pouvant résulter de la rupture unilatérale de contractuelles que 23 jours après la notification de sa vo-
la convention naît et se détermine dès la notification de la lonté de résiliation; qu'en décidant néanmoins que la dé-
volonté de rupture par l'une des parties; que lorsque la fenderesse avait valablement mis fin au contrat avec un
partie qui notifie à son cocontractant sa volonté de préavis fixé unilatéralement à 24 mois, l'arrêt viole les ar-
rompre la convention n'a pas fixé le délai à l'expiration ticles 2 et 6 de la loi du 27 juillet 1961;
duquel elle entend que les relations prendront fin, la
Seconde branche, la notification de la volonté de rompre
convention prend fin immédiatement; que dès la notifica-
unilatéralement un contrat de concession de vente exclusi-
tion de la volonté de rompre, il naît, dans le chef du co-
ve à durée indéterminée, sans fixation de délai de préavis,
contractant, un droit à l'indemnité destinée à compenser
met immédiatement fin au contrat et fait naître dans le chef
l'obligation inexécutée de donner un préavis raisonnable;
de celui qui se voit imposer la rupture un droit à la cessa-
que la résiliation unilatérale, sans juste motif ni préavis,
tion du contrat et à une indemnité compensatoire de pré-
d'une convention comportant des prestations échelonnées
avis; que le refus de la demanderesse de proposer, après la
dans le temps et conclue pour une durée indéterminée en-
rupture du contrat, un délai de préavis raisonnable et de re-
traîne en effet l'extinction immédiate de celle-ci et crée
prendre l'exécution d'un contrat qui a déjà pris fin, ne peut
dans le chef de celui qui (se) voit imposer la résiliation un
être considérée comme un comportement fautif contraire à
droit à la cessation du contrat; que la résiliation unilatéra-
l'exécution de bonne foi des conventions ni comme un acte
le d'une convention est un acte irrévocable et définitif;
de rupture dans son chef; qu'en considérant, par adoption
que l'invitation faite au cocontractant, dans la lettre de
des motifs du premier juge, que la demanderesse, qui a re-
congé, à négocier le délai de préavis raisonnable et la
fusé de négocier la durée du préavis, "a adopté un compor-
fixation unilatérale ultérieure de ce délai ne constituent
tement fautif, spéculatif et contraire à la bonne foi" et "ne
pas une résiliation assortie d'un préavis; que la détermi-
peut prétendre à une indemnité destinée à compenser l'in-
nation d'un délai de préavis qui intervient après l' extinc-
exécution du préavis auquel elle a elle-même renoncé",
tion de la convention, ne peut faire revivre la convention
l'arrêt viole l'article 1134, alinéa 3, du Code civil, ainsi que
éteinte; que certes, l'article 2 de la loi du 27 juillet 1961
les articles 2 et 6 de la loi du 27 juillet 1961:
dispose que le préavis raisonnable doit être déterminé par
les parties au moment de la dénonciation du contrat et, à Quant à la première branche:
défaut d'accord, par le juge; que la partie qui se voit im-
( ... )
poser la rupture unilatérale de la convention n'a toutefois
aucune obligation de proposer elle-même la durée du pré- Que la fin de non-recevoir ne peut être accueillie;
avis raisonnable; que la partie qui dénonce unilatérale-
Attendu que l'article 2 de la loi du 27 juillet 1961 relative
ment la convention doit au contraire prendre l'initiative
à la résiliation unilatérale des concessions de vente exclu-
de fixer un délai du'elle soumet à l'accord de l'autre par-
sive à durée indéterminée dispose que "lorsque la conces-
tie; qu'à défaut d'accord des parties sur un délai de pré-
sion de vente soumise à la présente loi est accordée pour
avis raisonnable au moment de la dénonciation du
une durée indéterminée, il ne peut, hors le manquement
contrat, la partie qui se voit imposer la dénonciation de la
grave d'une des parties à ses obligations, y être mis fin
convention a droit à une indemnité compensant soit l'ab-
que moyennant un préavis raisonnable ou une juste in-
sence de préais, soit l'insuffisance du préavis proposé par
demnité à déterminer par les parties lors de la dénoncia-
son cocontractant; que cette indemnité doit être fixée par
tion du contrat. A défaut d'accord entre les parties, le juge
le juge; 2. qu'en l'espèce, l'arrêt constate (a) que, le 29
statue en équité et, le cas échéant, en tenant compte des
juin 1993, la défenderesse a notifié à la demanderesse sa
usages";
décision de mettre fin au contrat de sous-concession en
l'invitant à lui faire parvenir "sous quinzaine" une propo- Attendu que dans le système de cette loi, ainsi que le
sition de durée raisonnable de préavis sur laquelle les par- confirment les travaux préparatoires, lorsqu'il est mis fin
ties pourraient se mettre d'accord; (b) que par lettre du 5 par une des parties à une concession de vente exclusive à
juillet 1993, la demanderesse a excipé de l'absence d'in- durée indéterminée, l'octroi d'un préavis raisonnable
dication de la durée du préavis pour réclamer une indem- constitue la règle et ce n'est qu'à défaut d'un tel préavis
nité compensatoire de préavis, estimant le contrat rompu qu'une indemnité compensant les avantages d'un préavis
sur-le-champ, et (c) que le 22 juillet 1993, la défenderesse et calculée en fonction de ces avantages doit être accordée;
a fixé le délai de préavis à deux ans à partir du 1er juillet
Attendu que lorsque la partie qui veut mettre fin unilatérale-
1993, date de la réception de la lettre de résiliation unila-
ment à la concession manque à son obligation de donner un
térale, et a mis la demanderesse en demeure de reprendre
préavis raisonnable, le juge ne peut qu'imposer à cette par-
les activités relatives au contrat de sous-concession jus-
tie le paiement de l'indemnité prévue à l'article 2 précité;
qu'au 30 juin 1995; qu'il ressort de ces constatations que
lors de la dénonciation unilatérale du contrat, les parties Attendu que l'arrêt constate que la défenderesse a notifié
n'ont pas déterminé le délai de préavis raisonnable au à la demanderesse qu'elle mettait fin au contrat de sous-
concession de vente exclusive à durée indéterminée qui que cette proposition est conforme à l'esprit de la loi en
les liait, mais sans indiquer la durée du préavis qu'elle es- général et à celle du 27 juillet 196 l en particulier,
timait raisonnable; "puisque l'obligation doit être exécutée de préférence en
nature, et à la rigueur seulement, en équivalent". Une
Que, partant, en refusant d'allouer à la demanderesse une
thèse assez voisine avait déjà été défendue par M. Billiet2
indemnité compensatoire de préavis, la cour d'appel a
qui estimait que l'intervention du juge pour fixer la durée
violé les dispositions visées en cette branche du moyen;
du préavis pourrait se concevoir à un moment où aucune
Qu'en cette branche, le moyen est fondé; résiliation n'était encore intervenue.
5 Nous avions écrit que la solution consistant, pour d'un contrat de concession exclusive de vente visé par la
l'auteur de la résiliation unilatérale, à i:iotifier sa décision loi du 27 juillet 1961.
de rompre, tout en accompagnant cette notification d'une
proposition de négocier la durée du préavis, nous parais- 7 Rappelons les brièvement.
sait pouvoir être approuvée d'un point de vue pratique. 5
En matière de concession de vente, il n'est plus guère
Nous avions toutefois souligné que l'on pouvait se de- contesté à l'heure actuelle que les obligations d'accorder
mander si cette solution ne reposait pas sur une contradic- un "préavis raisonnable" ou de payer une "juste indem-
tion interne en ce que, que ce soit pour négocier avec son nité" ne sont pas des obligations alternatives l'une de
cocontractant les termes d'un éventuel accord quant à la l'autre mais que l'obligation de payer une indemnité de
durée du préavis ou pour demander au juge de fixer celle- préavis est une obligation compensatoire de l'obligation
ci, la partie qui souhaite mettre fin à la convention devra contractuelle inexécutée de donner un préavis raisonnable.
nécessairement aviser l'autre partie de cette intention. 6
Cette solution a été affirmée à différentes reprises par la
Or, le caractère irrévocable et immédiat reconnu à la déci- Cour de cassation9 et, notamment, dans un arrêt du 6 no-
sion de résiliation est tel que l'on a pu dire "qu'il suffit à vembre 1987, dans lequel le problème de droit internatio-
une partie de manifester son intention de rompre le lien nal privé ne se posait absolument pas. 10 La solution a en-
contractuel pour que s'opère la résiliation" .7 suite été rappelée par de nombreuses décisions des
juridictions de fond. 11
C'est donc dans ce sens que s'est prononcée la Cour de
cassation. Dans les faits, il n'en reste pas moins que, par la force des
choses, c'est la partie qui prendra l'initiative de la résilia-
6 Nous nous étions interrogés sur la question de savoir tion qui exercera un premier choix, en assortissant ou non
si la théorie de l'abus de droit ne serait pas le moyen de celle-ci de l'octroi d'un délai de préavis. La question sera
concilier le caractère pratique de la solution proposée dès lors de savoir si, une fois la résiliation intervenue, et
avec le respect des conséquences du caractère irrévocable le choix entre l'octroi d'un préavis ou le paiement d'une
d'une résiliation. 8 indemnité opéré par celui qui en a pris l'initiative, ce
choix pourrait encore être remis en cause par l'une ou
On pourrait, en effet, concevoir par exemple que, si un
l'autre des parties, voire par le juge. 12
concédant met fin à un contrat moyennant un préavis
qu'il juge raisonnable tout en se déclarant prêt à en négo-
8 La réponse à cette question suppose un rappel du
cier de bonne foi la durée ou d'accepter une décision du
contenu de la notion de résiliation. Celle-ci est générale-
tribunal qui, avant l'expiration de ce délai de préavis,
ment définie comme "un acte juridique unilatéral, défini-
fixerait un délai plus long, le concessionnaire pourrait, si
tif et indivisible" .13
les conditions d'application en sont réunies, se rendre
coupable d'abus de droit en refusant radicalement cette Selon le professeur Van Ommeslaghe, la résiliation unila-
proposition et en exigeant le paiement d'une indemnité térale est un "acte juridique unilatéral réceptice ", qui
compensatoire de préavis pour la période excédant la "sortit dès lors ses effets de piano et de manière irrévo-
durée fixée par le concédant. cable dès qu'elle a été adressée à son destinataire et que
celui-ci l'a reçue ou à tout le moins qu'il a pu en prendre
Force est cependant de constater que les circonstances de
connaissance ( ... ) Il en résulte une situation définitive-
l'espèce sont précisément celles que nous avions envisa-
ment acquise avec toutes les conséquences qui peuvent
gées en formulant cette réserve. Dans l'arrêt attaqué, la
s'y attacher... ". 14
cour d'appel de Bruxelles avait considéré qu'en se refu-
sant à la négociation de la durée du préavis ainsi que l'y
invitait le concédant, le concessionnaire avait adopté "un
comportement fautif, spéculatif et contraire à la bonne
foi". 9
Cass. 6 avril 1978, Pas., I, p. 871 et Cass. 28 juin 1979, Pas., I,
1260 avec conclusions de M. l'avocat général Krings.
La Cour de cassation a clairement refusé d'avaliser ces 1
° Cass. 6 novembre 1987, R.D.C. 1988, p. 182 et note Nelissen
considérations et a adopté une solution conforme à la ri- Grade; voy. également Stuyck, op. cit., n° 553, p. 518.
11
Comm. Bruxelles 30 octobre 1985, R.D.C. 1987, p. 619 et note K.
gueur des principes applicables à la question de la résilia- Lenaerts; Bruxelles 20 janvier 1987, R.D.C. 1987, p. 639; Anvers 19
tion de tout contrat à durée indéterminée, s'agît-il même août 1987, R.W. 1988-1989, p. 749 et note Strubbe; Mons 24 octobre
1988, R.D.C. 1989, p. 527 et note K.ileste; Bruxelles 30 mars 1989, Iné-
dit, R.G. n° 4022/87; Comm. Bruxelles 22 juin 1989, R.D.C. 1990,
p. 702 et note Kileste.
5 12
Kileste, La concession de vente, en "La distribution commerciale Sur cette question, voy. Kileste, "Résiliation unilatérale d'une con-
dans tous ses états", Jeune Barreau de Bruxelles 1997, n° 54. cession de vente exclusive à durée indéterminée: le choix entre le préa-
6 vis et l'indemnité et les conséquences de ce choix", R.D.C. 1988, p. 588
Kileste et Hollander, Examen de jurisprudence 1987-1992, R.D.C.
1993, n° 44, p. 55 et sv. et SV.
7 13
Delahaye, op. cit., p. 125, n° 104; voy. également Kileste, note pré- Delahaye, "Résiliation et résolution unilatérales en droit commercial
citée, n° 30, p. 600. belge", Bruxelles, Bruylant, 1984, n° 103, p. 124.
8 14
Kileste, La concession de vente, op. cit., ibid.; voy. également note, Van Ommeslaghe, "Les obligations, examen de jurisprudence",
R.D.C. 1988, p. 588 et sv. et Verougstraete, op. cit., n° 36, p. 170. R.C.J.B. 1988, n° 147, p. 37.
Appliquant ces principes à la loi du 27 juillet 1961, Mon- JO Ainsi que nous l'avions déjà écrit par ailleurs 20 , il
sieur le Professeur Dieux en a conclu que l'article 2 de la nous semble qu'il doit également être déduit du caractère
loi du 27 juillet 1961 "exclut, de façon implicite mais irrévocable de la résiliation que:
certaine, que l'obligation de donner une préavis raison- - si le délai de préavis accordé est jugé insuffisant par la
nable puisse faire l'objet d'une exécution forcée en natu- partie qui le reçoit, l'auteur de la résiliation ne pourrait
re"_1s m:
• décider unilatéralement de prolonger ce préavis et
Le caractère irrévocable de la résiliation d'une conces-
échapper par là au paiement d'une indemnité compensa-
sion a été expressément consacré par la Cour de cassation
toire pour la partie du préavis complémentaire qui eût dû
dans son arrêt précité du 6 novembre 1987, dans lequel la
être accordée; l'arrêt annoté se rapproche expressément
Cour a dit pour droit que "lorsqu'une partie, qui veut ré-
de cette hypothèse, assimilant la résiliation moyennant
silier unilatéralement le contrat, n'est pas convenue avec
proposition de négocier la durée du préavis à une résilia-
l'autre partie, au moment de la résiliation, de la durée du
tion sans préavis.
délai de préavis à prendre en considération, le juge, au-
• ni demander au tribunal, alors qu'il aurait déjà résilié la
quel le litige est soumis, ne peut intervenir dans l'exécu-
concession moyennant un préavis jugé insuffisant par le
tion du contrat en imposant un délai de préavis ou un
concessionnaire, de fixer la durée et le terme du délai du
délai complémentaire de préavis". 16
préavis raisonnable qui eût dû être accordé, même en se
Il faut donc en déduire que lorsque le choix opéré par la déclarant prêt à exécuter le contrat de concession jus-
partie qui a pris l'initiative de la résiliation unilatérale qu'au terme qui serait ainsi fixé. 21
d'une concession de vente exclusive à durée indéterminée - le caractère irrévocable de la résiliation empêche éga-
a été de n'assortir cette résiliation d'aucun délai de pré- lement que la victime de cette résiliation ou le tribunal ne
avis, mais de payer plutôt une indemnité compensatoire puisse décider d'une réduction du délai de préavis fixé
de préavis, ce choix lie la partie victime de la résiliation par l'auteur de la résiliation. Par le biais d'une nouvelle
et le tribunal, qui ne peuvent, ni l'un ni l'autre, le re- résiliation, celui-ci pourrait cependant choisir de payer
mettre en cause.17 une indemnité compensatoire pour la durée du préavis
restant à courir plutôt que de respecter celle-ci. 22 • 23
9 Dans ces arrêts antérieurs, la Cour de cassation avait
du reste déjà expressément énoncé les principes selon les- 11 L'arrêt ici annoté s'inscrit donc très clairement dans
quels: le prolongement de la jurisprudence antérieure de la
- la résiliation d'une convention à durée indéterminée a Cour, fondée sur le caractère irrévocable de la résiliation
un caractère irrévocable en ce que "la résiliation unilaté- et sur le fait que celle-ci sortit ses effets dès la notifica-
rale, sans juste motif ni préavis, d'une convention com- tion de la volonté de rompre. L'arrêt précité du 6 no-
portant des prestations échelonnées dans le temps et vembre 1997 l'avait du reste été dans une affaire où l'au-
conclues pour une durée indéterminée, entraîne l'extinc- teur de la résiliation moyennant préavis s'était déclaré
tion immédiate de la convention; cette résiliation exclut disposé à poursuivre le contrat jusqu'à la date qui serait
le recours à l'exécution forcée de la convention, fût-ce déterminée par le tribunal saisi du litige.
par équivalent, et donne uniquement droit à la réparation
La Cour poursuit donc le même raisonnement en assimi-
du préjudice résultant de la résiliation sans juste motif ni
lant la résiliation accompagnée d'une invitation à négo-
préavis". 18
cier la durée du préavis à une résiliation sans préavis.
- "le droit à indemnisation pouvant résulter de la ruptu-
re unilatérale d'une convention naît et se détermine dès La solution peut paraître sévère mais nous paraît parfaite-
la notification de la volonté de rupture par l'une des par- ment conforme aux principes régissant la matière. L'invi-
ties, lors même qu'en vertu d'une stipulation particulière tation faite aux parties de s'entendre sur la durée d'un
de la convention résiliée, celle-ci continuerait de produi- préavis, que l'article 2 de la loi du 27 juillet 1961, peut
re certains effets jusqu'a l'expiration du délai de pré- sembler consacrer, doit donc s'interpréter comme visant
avis".19 une négociation préalable à une résiliation éventuelle.
2
° Kileste, La concession de vente, in "La distribution commerciale
151 Dieux, op. cit., R.C.J.B. 1987, p. 254. dans tous ses états", Jeune Barreau de Bruxelles, 1997, n° 53.
21
16 Cass. 6 novembre 1987, R.D.C. 1988, p. 182, et note Nelissen Mons 9 octobre 1989, R.D.C. 1990, p. 683; dans le même sens, voy.
Grade. Gand 27 juin 1985, R.D.C. 1986, p. 135, qui fut confirmé par l'arrêt
17
Kileste, note précitée, R.D.C. 1988, p. 588 et sv.; en ce sens, voy. précité de la Cour de cassation du 6 novembre 1987.
22
Mons 6 mars 1996, Inédit, R.G. n" 1994/1153; Comm. Namur 2 mai Kileste, note précitée, R.D. C. 1988, p. 588 et sv.
23
1994, Inédit, R.G. n° 2299/92. Nous ne reviendrons pas dans le cadre du présent commentaire sur
18 Cass. mars 1973, Pas. 1973, I, p. 640; voy. également Mons 6 mars la problématique, parfois considérée comme particulière, de l'interven-
1996, Inédit, R.G. n° 1994/1153 et Comm. Namur 7 décembre 1993, In- tion du juge des référés en la matière. Cette question nous paraît en réa-
édit, R.G. n° 1384/92. lité devoir simplement être réglée également par les principes rappelés
19 Cas~. 25 mars 1976, Pas. 1976, I, p. 824; voy. également Van Om- ci-avant et nous nous permettons de renvoyer le lecteur aux nombreux
meslaghe, "Les obligations. Examen de jurisprudence", R.C.J.B. 1988, commentaires y consacrés: voy. Kileste, La concession de vente, in "La
n° 148, p. 39 et Mons 9 octobre 1989, R.D.C. 1990, p. 681 et note Kiles- distribution commerciale dans tous ses états", Jeune Barreau de Bruxel-
te. les, 1997, n° 81 et les références citées.
A défaut d'une accord dans le cadre d'une telle négocia- Cour de Cassation
tion préalable, au cours de laquelle il importera évidem-
ment que la partie qui souhaite mettre fin au contrat,
s'abstienne soigneusement de résilier formellement celui-
ci24, cette partie devra alors prendre l'initiative de la rési-
liation en indiquant alors quelle est la durée du préavis
qu: elle accorde. 22 octobre 1998
Ceci laissera évidemment encore toute liberté aux parties
de rechercher un accord amiable ultérieur mais aura sim-
CONCESSION
plement pour effet que l'auteur de la résiliation sera tenu
Concession de vente exclusive - Fin - Volonté de
par la durée du préavis qu'il a notifiée et ne pourra s'op-
mettre fin au contrat.
poser à ce que, plutôt que d'en négocier la prolongation,
la partie victime de la résiliation choisisse de réclamer
Le manquement d'une partie à ses obligations peut
immédiatement le bénéfice de l'indemnité compensatoire
constituer la preuve de la volonté de celle-ci de mettre fin
de préavis prévue par la loi si elle devait estimer ce délai
au contrat de concession.
de préavis insuffisant.
Le juge du fond décide souverainement si les manque-
Patrick Kileste ments commis par un concédant révèlent sans ambiguïté
sa volonté de mettre fin au contrat, pour autant qu'il ne
déduise par cette volonté d'éléments de fait qui ne justi-
fieraient pas cette décision. Pour étayer celle-ci, il ne
doit pas nécessairement constater que le concédant a ap-
porté une modification importante à un élément essentiel
des relations contractuelles.
CONCESSIE
Verkoopconcessie - Beëindiging - Wil de overeen-
komst te beëindigen.
La cour,
Oui Monsieur le conseiller Parmentier en son rapport et
sur les conclusions de Monsieur Piret, avocat général;
Vu l'arrêt attaqué, rendu le 21 novembre 1996 par la cour
d'appel de Mons;
Sur le moyen pris de la violation des articles 1134, 1135,
24
Rappelons à cet égard qu'il n'y a de préavis que lorsque la partie 1142, 1184 du Code civil, 2 et 3 de la loi du 27 juillet
qui subit la résiliation a connaissance de manière certaine et non équivo- 1961 relative à la résiliation unilatérale des concessions
que de la décision de l'autre de rompre le contrat; voy. notamment de vente exclusive à durée indéterminée, tels que ces
Bruxelles 15 mars 1990, J.L.M.B. 1990, p. 804.
deux derniers articles ont été modifiés par les articles 2 et d'appel fonde sa décision suivant laquelle la défenderesse
3 de la loi du 13 avril 1971, a pu légitimement considérer que la demanderesse avait
la volonté de mettre fin au contrat de concession, sur la
en ce que, après avoir constaté que la demanderesse était
seule constatation que cette dernière avait commis un
liée à la défenderesse par un contrat non écrit de conces-
manquement grave à ses obligations contractuelles, à sa-
sion de vente exclusive au sens de la loi du 27 juillet
voir "l'organisation chez un tiers ... et à l'insu de (la dé-
1961,
fenderesse) ... d'une journée 'portes ouvertes' destinée à
et après avoir relevé les faits suivants: "(la demanderesse) la présentation de son nouveau matériel"; qu'il ne résulte
s'est rendue coupable de manquements successifs à pas de ce simple manquement que la demanderesse avait
l'égard de son cocontractant, à savoir l'accumulation de- la volonté de mettre fin au contrat; d'où il suit qu'en déci-
puis fin février 1987 de retards dans l'exécution des com- dant que la demanderesse a "mis fin sans préavis et sans
mandes, retards d'autant plus préjudiciables que les ma- motif à la concession litigieuse (et) était tenue au paie-
chines qui en étaient l'objet devaient être utilisées pour ment des indemnités prévues aux articles 2 et 3 de la loi
des travaux saisonniers, ce que 'la demanderesse' ne pou- du 27 juillet 1961 sur les concessions exclusives de
vait ignorer en sa qualité de fabricant spécialisé en maté- vente", l'arrêt viole ces dernières dispositions, telles que
riel agricole et horticole; l'organisation par (la demande- modifiées par la loi du 13 avril 1971; qu'il viole en outre
resse) chez un tiers - en l'espèce l'intimée Bini - et à les dispositions du Code civil visées au moyen relatives à
l'insu de (la défenderesse) avec laquelle elle était encore la force obligatoire des contrats (articles 1134 et 1135), à
officiellement en négociation sur un réaménagement de la responsabilité contractuelle (article 1142) et à la réso-
leur collaboration - d'une journée 'portes ouvertes' desti- lution des contrats pour inexécution fautive (article
née à la présentation de son nouveau matériel fut légiti- 1184);
mement considérée par (la défenderesse) comme un man-
seconde branche, la règle, consacrée en matière de contrat
quement d'une gravité telle qu'il rendait impossible en
de travail, suivant laquelle le manquement d'une partie à
l'espèce la poursuite des relations contractuelles et qu'il
ses obligations contractuelles peut constituer un indice ou
révélait sans ambiguïté la volonté de (la demanderesse)
une preuve de la volonté de celle-ci de modifier unilatéra-
de rompre la concession exclusive les liant jusque là; (la
lement le contrat et, partant, d'y mettre fin, suppose qu'il
défénderesse) a immédiatement dénoncé les faits à (la de-
s'agisse d'une modification importante d'un élément es-
manderesse) par télécopie du 25 janvier 1989 en sorte
sentiel; que, dans ce cas, la cause de la rupture du contrat
qu'il ne peut lui être reproché d'avoir tacitement entériné
ne réside pas dans le manquement comme tel, mais dans
la cessation des relations entre parties", l'arrêt décide
la modification importante d'un élément essentiel qui en
qu "'à bon droit le premier juge a considéré que la respon-
résulte; que même si cette règle, admise en matière de
sabilité de la rupture incombait à (la demanderesse) et
contrats de travail, s'applique à la résiliation unilatérale
qu'ayant mis fin sans préavis et sans motif à la conces-
du contrat de concession de vente exclusive (quod non:
sion litigieuse, (la demanderesse) était tenue au paiement
voir première branche), encore ne ressort-il pas des mo-
des indemnités prévues aux articles 2 et 3 de la loi du 27
tifs précités de l'arrêt que, par les manquements qu'il re-
juillet 1961 sur les concessions exclusives de vente",
lève, la demanderesse aurait manifesté la volonté de mo-
alors que, première branche, la résiliation unilatérale difier de manière importante un élément essentiel du
d'une concession de vente exclusive moyennant un pré- contrat; qu'en effet, l'arrêt se borne à déduire la volonté
avis raisonnable ou une juste indemnité conformément à de la demanderesse de rompre la concession de vente ex -
l'article 2 de la loi du 27 juillet 1961, modifiée par la loi clusive de la circonstance que cette dernière avait commis
du 13 août 1971, suppose la notification par une partie de un manquement grave, à savoir "l'organisation chez un
sa volonté de rupture à l'autre partie; que cette volonté ne tiers ... et à l'insu de (la défenderesse) ... d'une journée
peut se déduire de la seule constatation que la partie a 'portes ouvertes' destinée à la présentation de son nou-
manqué à ses obligations contractuelles; que le manque- veau matériel", sans indiquer qu'il résulterait de ce man-
ment d'une partie, fût-ce à ses obligations essentielles, ne quement la modification importante d'un élément essen-
met pas fin en soi au contrat de concession de vente ex- tiel du contrat; que, par conséquent, même si la règle
clusive; qu'il en est ainsi même s'il s'agit d'un manque- précitée pouvait s'appliquer en matière de concession de
ment grave au sens de l'article 2 de la loi du 27 juillet vente exclusive, l'arrêt en méconnaît les conditions d'ap-
1961; que la partie envers laquelle l'engagement n'a pas plication (violation des articles 1134 du Code civil, 2 de
été exécuté ou la faute grave commise a le choix, selon la loi du 27 juillet 1961, modifié par l'article 2 de la loi
les circonstances, entre l'exécution du contrat de conces- du 13 avril 1971, et, pour autant que de besoin, violation
sion de vente exclusive, la résolution judiciaire en vertu des autres dispositions légales visées au moyen):
de l'article 1184 du Code civil ou la résiliation pour motif
Quant à la première branche:
grave; qu'en revanche, cette partie ne peut considérer que
l'autre partie aurait résilié le contrat par le simple fait que Attendu que le manquement d'une partie à ses obligations
celle-ci aurait commis un manquement grave; qu'en l'es- peut constituer la preuve de la volonté de celle-ci de
pèce, il ressort des motifs précités de l'arrêt que la cour mettre fin au contrat de concession;
Attendu que l'arrêt considère "que l'organisation par (la Hof van Beroep te Brussel
demanderesse) chez un tiers ( ... )et à l'insu de (la défen-
deresse) avec laquelle elle était encore officiellement en
négociation sur un réaménagement de leur collaboration,
d'une journée 'portes ouvertes' destinée à la présentation
de son nouveau matériel fut légitimement considérée par
(la défenderesse) comme un manquement d'une gravité 11 april 1997
telle qu'il rendait impossible en l'espèce la poursuite des
relations contractuelles";
CONCESSIE
Attendu que la cour d'appel a pu déduire de ces considé-
Franchising - Toepassing van de Wet van 27 joli 1961
rations que le comportement de la demanderesse "révélait
hetreffende de eenzijdige beëindiging van de voor on-
sans ambiguïté la volonté de (celle-ci) de rompre la
bepaalde tijd verleende concessies van alleenverkoop
concession exclusive les liant jusque-là";
(niet)- Beëindiging contract van franchising
Que le moyen, en cette branche, ne peut être accueilli;
De bij een franchise-overeenkomst in licentie gegeven
Quant à la seconde branche:
imago en commercialiseringssyteem hebben meestal be-
Attendu que le juge du fond décide souverainement si les trekking op diensten.
manquements commis par un concédant révèlent sans
De franchisenemer kan slechts beroep doen op de be-
ambiguïté sa volonté de mettre fin au contrat, pour autant
scherming van de wet van 27 juli 1961 wanneer de exclu-
qu'il ne déduise pas cette volonté d'éléments de fait qui
sieve verkoop van de producten van de franchisegever het
ne justifieraient pas cette décision;
hoofdbestanddeel van de franchise-overeenkomst uit-
Qu'il ne doit pas nécessairement, pour étayer cette déci- maakt.
sion, constater que le concédant a apporté une modifica-
In aanmerking genomen dat in casu: de franchisenemer
tion importante à un élément essentiel des relations
een vergoeding voor de licentie betaalt, er een gemeen-
contractuelles;
schappelijke beschermde naam is, in publiciteit het uni-
Que le moyen, en cette branche, manque en droit; forme imago van de keten uitgedragen wordt en dat aile
publiciteit van de franchisegever de adressen van de
franchisenemers vermeldt, dat de knowhow van de fran-
Par ces motifs, chisegever aan de franchisenemers overgedragen wordt,
en dat aan de franchisenemers technische en economi-
Rejette le pourvoi; sche begeleiding aangeboden wordt, dient te worden aan-
genomen dat de elementen van een franchise-overeen-
Condamne la demanderesse aux dépens.
komst, met name het ter beschikking stellen van een
knowhow rond een gemeenschappelijk imago en commer-
cialiseringssysteem, het hoofdbestanddeel van de over-
Du 22 octobre 1998 - Cassation
eenkomst vormt, zadat de franchisenemer zich niet op de
Siég.: Monsieur Verougstraete, président de section, Monsieur
bepalingen van de wet van 27 juli 1961 kan beroepen.
Forrier, président de section, Monsieur Parmentier, Monsieur
Waûters et Madame Bourgeois, conseillers, Monsieur Piret, Wanneer de franchisegever de contractueel bepaalde op-
avocat général. zegmodaliteiten naleeft, moet hij geen reden voor de
Pl.: M. Kirkpatrick et 't Kint. beëindiging opgeven.
CONCESSION
Franchise - Application de la loi du 27 juillet 1961 re-
lative à la résiliation unilatérale des concessions de
vente exclusive à durée indéterminée (non) - Résilia-
tion du contrat de franchise
Considérant en l'espèce que: le franchisé paie une rétri- schreven vormvereisten en dat ingevolge art. 9.1 van de-
bution pour la licence, qu'il existe un nom commun pro- zelfde wet de overeenkomst dd. 3 februari 1986 her-
tégé, que l'image uniforme de la chaîne apparaît dans nieuwd is voor een periode van 5 jaar;
toute publicité et que dans sa publicité le franchiseur
dat hij de heropening der debatten beveelt teneinde partij-
mentionne les adresses des franchisés, que le savoir-faire
en toe te laten te besluiten nopens de draagwijdte van de
du franchiseur est transmis aux franchisés, et que l'on
dd. 6 februari 1991 afgesloten overeenkomst en met de
propose un soutien technique et économique aux franchi-
hieruit voortvloeiende gevolgen met betrekking tot de
sés, il y a lieu d'admettre que les caractéristiques d'un
beëindiging ervan;
contrat de franchise, à savoir la mise à disposition d'un
savoir-faire dans le cadre d'un contrat de franchise,
IV. Overwegende dat de feiten de volgende zijn:
d'une image de marque et d'un système de commerciali-
sation communs constituent l'élément essentiel du con- dat appellante, die een systeem heeft ontwikkeld be-
trat, de sorte que le franchisé ne peut se prévaloir des treffende de uitbating van zelfstandige verkooppunten
dispositions de la loi du 27 juillet 1961. van zwangerschapskledij, op 3 februari 1986 een franchi-
se-overeenkomst voor een duur van vijf jaren afsloot met
Le franchiseur qui respecte les modalités de résiliation
geïntimeerde nopens de winkel gelegen te Brussel, op de
prévues au contrat n'est pas tenu de motiver la résilia-
hoek gevormd door de Concordestraat en de Louizalaan;
tion.
dat bij exploot betekend op 2 augustus 1990, door appel-
(B.V.B.A. Cache-Cache/ Boitte) lante een einde werd gesteld aan de samenwerking mits
een opzeggingstermijn van zes maanden, zoals contractu-
eel voorgeschreven;
dat tussen partijen op 6 februari 1991 een overeenkomst
I. Gelet op de procedurestukken, inzonderheid het be- werd afgesloten waarin werd bepaald dat de samenwer-
streden vonnis op 28 oktober 1992 uitgesproken door de king nog tijdelijk (uiterlijk tot einde juli 1991) zou verder
rechtbank van koophandel te Brussel, beslissing waarvan gezet worden;
geen akte van betekening wordt overgelegd en waartegen
bij verzoekschrift op 24 september 1993 een regelmatig dat tevens onderhandelingen plaatsvonden nopens de uit-
en toelaatbaar hoger beroep werd ingesteld; oefening van het voorkeurrecht nopens de ovemame van
de handelszaak, conform art. 1.6 van de franchise-over-
II. Overwegende dat de oorspronkelijke vordering van eenkomst;
geïntimeerde, gestoeld op de bepalingen van de wet van dat v66r de beëindiging van deze onderhandelingen, door
27 juli 1961 betreffende de eenzijdige beëindiging van appellante werd gedagvaard op 10 juni 1991;
een exclusiviteitsovereenkomst, in hoofdorde ertoe strekt
betaling te bekomen van een verbrekingsvergoeding van V. Overwegende dat appellante in de eerste plaats de eer-
4.500.000 frank en 1.000.000 frank ais vergoeding voor ste rechter ter grieve duidt te hebben geoordeeld dat op de
inbreng van cliënteel, en, in ondergeschikte orde, tot beta- franchise-overeenkomst dd. 3 februari 1986 de bepalin-
ling van een provisie van 1.000.000 frank en de aanstel- gen van de wet van 27 juli 1961 betreffende de eenzijdige
ling van een boekhouder-deskundige teneinde de juiste beëindiging van de voor onbepaalde tijd verleende con-
schadebedragen te bepalen; cessies van alleenverkoop van toepassing zijn;
dat deze vordering, in meer ondergeschikte orde en voor Overwegende dat niet wordt betwist dat partijen op 3 fe-
zover zou geoordeeld worden dat de wet van 27 juli 1961 bruari 1986 een franchise-overeenkomst afsloten: dat par-
niet van toepassing is, ertoe strekt appellante te veroorde- tijen deze ais dusdanig benoemden; dat uit de bepalingen
len tot betaling van 4.500.000 frank wegens onrechtmati- ervan blijkt dat appellante aan geïntimeerde gebruiks-
ge verbreking van de tussen. partijen op 3 februari 1986 rechten verleende op haar merk, handelsnaam, logo's en
afgesloten overeenkomst; emblemen en overging tot de mededeling van haar lasten-
boek en knowhow; dat appellante technische bijstand ver-
III. Overwegende dat de eerste rechter een uitvoerige uit- leende en dat op regelmatige tijdstippen vergaderingen
eenzetting geeft van de feiten, voomamelijk een ontle- werden gehouden;
ding van de tussen partijen op 3 februari 1986 afgesloten
franchise-overeenkomst en de omstandigheden van de Overwegende dat de franchise-overeenkomst een au-
beëindiging ervan, en in rechte beslist dat de litigieuze tonoom contract sui generis is, dat in principe onder-
overeenkomst een exclusieve verkoopovereenkomst scheiden is van de concessie van alleenverkoop;
bevat die onderworpen is aan de bepalingen van de wet dat het bij de franchise-overeenkomst in licentie gegeven
van 27 juli 1961; imago en commercialiseringssysteem meestal betrekking
dat hij verder oordeelt dat de opzegging nietig is wegens heeft op diensten;
de niet-naleving van de in art. 3bis van deze wet voorge-
dat, wanneer deze franchise-overeenkomst eveneens be- bepaalde tijd verleende concessies van alleenverkoop in-
trekking heeft op de exclusieve distributie van de door de roept;
franchisegever vervaardigde of verdeelde producten, de
dat haar vordering, zoals in hoofdorde gestoeld op de be-
franchisenemer slechts beroep kan doen op de bescher-
palingen van de genoemde wet, ongegrond is;
ming van de bepalingen van de wet van 27 juli 1961,
wanneer de exclusieve verkoop van de producten van de Overwegende dat geïntimeerde in gebreke blijft te bewij-
concessiegever er het hoofdbestanddeel van uitmaakt; zen dat appellante op onrechtmatige wijze de tussen par-
tijen bestaande samenwerking heeft verbroken;
Overwegende dat geïntimeerde tevergeefs betwist dat in
casu de elementen van een franchise-overeenkomst, nl. dat immers overeenkomstig de bepalingen van art. 9.1
het ter beschikking stellen van een knowhow rond een van de franchise-overeenkomst, appellante gerechtigd
gemeenschappelijk imago en commercialiseringssysteem, was de overeenkomst te beëindigen mits een vooropzeg-
het hoofdbestanddeel van de litigieuze overeenkomst uit- ging van zes maanden;
maakt ten aanzien van de exclusieve verkoop van de pro-
dat appellante derhalve niet gehouden was om een reden
ducten van appellante;
of motief voor de verbreking te vermelden;
dat dit blijkt uit de bepalingen van de litigieuze franchise-
( ... )
overeenkomst en uit de dossierstukken:
- dat geïntimeerde niet kan ontkennen dat zij een vergoe-
ding betaalde voor de licentie, nl. een eenmalig entree-
Om deze redenen,
geld en een maandelijks recht van 3% (aanvankelijk 6%);
- dat zij evenmin het bestaan van een gemeenschappelij-
HetHof,
ke (Benelux en intemationaal beschermde) naam kan ont-
kennen; Rechtdoende na tegenspraak;
dat in de publiciteit het uniforme imago van de franchise- Ontvangt het hoger beroep en verklaart het gegrond;
keten wordt uitgedragen en dat alle publiciteit (folders,
Doet de bestreden beslissing teniet en opnieuw recht-
Gouden Gids, in magazines) van appellante de adressen
doend;
vermeldt van haar franchisenemers;
- dat zij ten onrechte de overdracht van knowhow be- Ontvangt de oorspronkelijke vordering van de geïnti-
twist dat haar immers een verplichte leerperiode in een meerde, <loch verklaart deze ongegrond;
bestaande franchisewinkel werd opgelegd, dat zij bij de
ondertekening van de overeenkomst een gedetailleerd
handboek ontving met betrekking tot de uitbating van de D.d.: 11 april 1997 - Hof van Beroep te Brussel
franchisewinkel; dat zij werd uitgenodigd om deel te Zet.: Mw. Pauwels, Voorzitter, Mw. Van Cauwelaert en Mr.
nemen aan de modeshows teneinde op de hoogte te blij- Demyttenaere, Raadsheren.
ven van de trends in de zwangerschapskledij en dat zij Pleit.: Mr. Verhaert loco Mr. Berckmans, en Mr. Caelen loco
onrniddellijk kon beschikken over een ingerichte winkel- Mr. Claes.
ruimte met stock aangepast aan de verwachte omzet;
dat het feit dat deze knowhow talrijke bekende elementen
bevat, niets afdoet aan de eigenheid van de werking van
de Cache-Cache winkelketen;
- dat zij tevergeefs ontkent dat bij de aanvang van de
franchise-overeenkomst, haar technische en economische
begeleiding werd aangeboden, nl. de inrichting van een
nieuw verkoopspunt en een marktstudie; dat tijdens de
uitvoering ervan, geïntimeerde uitgenodigd werd op ver-
gaderingen nopens allerlei juridische en praktische onder-
werpen; dat haar de mogelijkheid werd geboden tot
groepsaankopen van dure toestellen; dat in geval van
nood zij beroep kon doen op gekwalificeerd vervangings-
personeel;
dat de omstandigheid dat zij geen gebruik zou hebben ge-
maakt van (al) deze faciliteiten, daaraan geen afbreuk
doet;
Overwegende <lat in de gegeven omstandigheden geïnti-
meerde tevergeefs de bescherming van de wet van 27 juli
1961 betreffende de eenzijdige beëindiging van voor on-
Bij een lastgeving van bepaalde duur met stilzwijgende Het tijdig en op rechtsgeldige wijze ingesteld hoger be-
verlenging bij gebreke aan het in acht nemen van een roep betreft het vonnis van 6 september 1994, op tegen-
welbepaalde opzegtermijn, hebben partijen bij het aan- spraak gewezen door de rechtbank van koophandel te
gaan van hun overeenkomst de herroeping ad nutum van Brugge, afdeling Oostende, vierde kamer, waarbij de
de lastgeving uitgesloten. hoofdvordering van de inrniddels gefailleerde n. v. Immo
Adam gedeeltelijk gegrond verklaard werd en appellante
Bij gebrek aan bewijs van enige wanprestatie in hoofde veroordeeld werd tot betaling van 150.000 F schadever-
van de lasthebber, dient de lastgever de overeengekomen goeding, vermeerderd met de gerechtelijke interesten, ter-
opzegmodaliteiten in acht te nemen en, bij gebreke hier- wijl de zaak voor het overige naar de bijzondere roi
aan te voldoen, de schade te vergoeden die de lasthebber verzonden werd met het oog op latere beslechting be-
hierdoor geleden heeft. treffende de tegenvordering en de kosten van het geding.
Deze schade is gelijk aan het overeengekomen loon dat Tegen dit vonnis heeft de n. v. Immo Adam incidenteel be-
de lasthebber heeft moeten derven mits aanpassing we- roep ingesteld om onverkort aanspraak te blijven maken
gens het feit dat de lasthebber gedurende een periode op 464.154 F schadevergoeding.
geen prestaties heeft moeten Zeveren.
Ter rechtsdag heeft haar curator verklaard het geding in
CONVENTION deze zijn hoedanigheid verder te zetten.
Eléments - Qualification - Agent immobilier - Man-
dat ou louage d'ouvrage et de services - Contrat mixte 1 Appellante sloot op 9 oktober 1988 vier overeenkom-
- Obligation principale sten, waarbij zij aan de n.v. Immo Adam "exclusieve op-
dracht" gaf tot tehuurstelling van twee studio's en drie
Lorsque la mission de l'agent immobilier contient non appartementen. Blijkens de desbetreffende contracten
seulement des actes matériels mais également des actes werden die overeenkomsten gesloten voor de duur van
juridiques, il ne s'agit pas d'un contrat de louage d'ou- een jaar, zo nochtans dat bij gebreke van opzegging zes
vrage et de services, ou bien d'un mandat, mais d'un maanden voor het verstrijken van de opdracht, deze tel-
contrat mixte. kens voor een terrnijn van drie jaar verlengd zou worden.
Lorsqu'il s'avère impossible de dissocier les relations Middels ter post aangetekende brief van haar raadsman
contractuelles, il y a lieu de prendre l'obligation princi- d.d. 21 november 1990 heeft appellante verklaard de ver-
pale en considération, in casu le mandat, puisqu'en l'es- leende mandaten "ad nutum te herroepen, conform artikel
pèce les actes matériels, comme la mise en location de 2003".
In opvolgende briefwisseling heeft de raadsman van de en geen der partijen blijkt zich daaraan gewaagd te heb-
n. v. Immo Adam geste Id dat de overeenkomsten van 9 ben. Aan de hand van de feitelijke toedracht moet derhal-
oktober 1988 niet louter lastgeving maar ook verhuring ve naar het dominerend element in de rechtsbetrekking
van diensten betroffen en, op grond van onrechtmatige gezocht worden. Krachtens de absorptietheorie, op grond
verbreking aanspraak gemaakt op schadevergoeding. Van waarvan geen rekening gehouden wordt met de bijkom-
zijn kant heeft de raadsman van de appellante voorgehou- stigheden en enkel de hoofdverbintenis in aanmerking
den dat de bedoelde diensten een commissiecontract en genomen wordt, moet bijgevolg nagegaan worden of de
derhalve een vorm van lastgeving betroffen, waaraan materiële daden dan wel de rechtshandelingen de belang-
door de lastgever evenzeer naar goeddunken door herroe- rijkste opdracht uitmaken.
ping een einde kon gesteld worden.
4 Terecht doet geïntimeerde gelden dat het vinden van
2 Bij dagvaarding van 19 juni 1991 heeft de n.v. Immo kandidaat-contractanten in de jurisprudentie doorgaans
Adam betaling gevorderd van 464.154 F schadevergoe- ais de voomaamste taak van immobiliënagenten en vast-
ding. Bij tegenvordering heeft appellante aanspraak ge- goedmakelaars wordt beschouwd, zodat het gehele con-
maakt op betaling van achtergehouden huurgelden tot be- tract veelal ais huur van werk en diensten wordt gekwali-
loop van 31.000 F. ficeerd. In rechtsleer en rechtspraak is inderdaad een
natuurlijke neiging naspeurbaar om, ter zake van make-
De eerste rechter oordeelde dat de overeenkomsten van
laarsovereenkomsten, de dienstenverhuring ais hoofdcon-
partijen in wezen lastgeving betreffen, doch nu ze voor
tract te beschouwen en de contractsluiting met opge-
bepaalde duur gesloten werden is het mandaat volgens
spoorde klanten slechts ais de bekroning van de overige
hem onherroepelijk, maar omdat het geen gemeenschap-
verbintenissen van de makelaar aan te zien.
pelijke belangen op het oog heeft, kan dit mandaat vol-
gens hem niet behouden blijven wanneer de lastgever zijn Het bijkomstig karakter van de contractsluiting in naam
wil wijzigt. Steeds volgens de eerste rechter kon appel- van de opdrachtgever wordt vaak afgeleid uit het feit dat
lante herroepen, maar is zij een schadevergoeding ver- het commissieloon van de agent gerelateerd is aan de
schuldigd die echter niet gelijk is aan het overeengeko- prijs die hij kan bekomen en dus aan de moeilijkheids-
men loon, maar naar billijkheid bepaald kan worden. graad van het zoeken naar gegadigden. Ter zake ging het
Waar hij ter zake een schadevergoeding van 150.000 F echter om verhuring tussen maart en oktober van aan de
toekende, verklaarde hij rekening te houden met het feit Zeedijk te Oostende gelegen vakantieverblijven en was
dat de lasthebber geen prestaties meer diende te leveren. het commissieloon niet afhankelijk van de geleverde in-
spanning maar uitsluitend gerelateerd aan de welbepaalde
3 Nu partijen het daaromtrent grondig oneens blijven, en weliswaar naar gelang de maand veranderlijke maar
dringt zich juridische kwalificatie op van hun wederzijdse niettemin vaste huurprijzen, waaromtrent partijen van
verbintenissen. meet af aan overeenkwamen.
Het staat vast dat de n. v. Immo Adam bij contractsluiting Het Hof is van oordeel dat de n. v. Immo Adam ter zake in
en ook daama steeds ais immobiliënagente gehandeld hoofdzaak belast was met het opstellen en sluiten van de
heeft. Haar opdracht wordt in de vier contracten omschre- huurcontracten en met het ontvangen van de huurgelden
ven ais: de aangeduide onroerende goederen voor de ei- en het desbetreffend verlenen van kwijting. De opdracht
genaar en in diens naam te huur te stellen, de verhuur te tot prospectie door affichering en het laten bezichtigen
afficheren, de plaatsen te laten bezoeken, ieder verhuur- van de te verhuren ruimten, was duidelijk ondergeschikt
contract op te maken, de verhuurprijzen te innen en con- aan de bevoegdheid om in naam van de opdrachtgever
tant aan de eigenaar uit te betalen. rechtshandelingen te stellen.
In die opsomming wijst enkel de (uiteraard bevrijdende) Het contract moet derhalve in zijn geheel ais lastgeving
inning van de huurgelden op rechtshandelingen die voor gekwalificeerd worden.
lastgeving kenmerkend zijn, doch geïntimeerde ontkent
niet en heeft in brief van 3 december 1990 zelfs bevestigd 5 In hoger beroep blijft appellante stellen dat de lastge-
dat zij de agpellante bij het sluiten van de huurcontracten ving naar goeddunken herroepen kan worden en dat aan
met de aangebrachte derden vertegenwoordigde en dat zij de lasthebber geen vergoeding verschuldigd is, ook niet
die huurcontracten ook in haar naam ondertekende. Ook in geval de herroeping aan deze laatste nadeel berokkent,
die taak van vertegenwoordiging maakt duidelijk dat de wat volgens haar ter zake niet eens bewezen wordt. Zij
opdracht van de geïntimeerde niet beperkt was tot het benadrukt dat contractueel geen vergoeding bedongen
stellen van louter materiële handelingen, maar dat haar werd en dat vergoeding aan geïntimeerde ook ontzegd
ook de bevoegdheid verleend werd om bepaalde rechts- moet worden omdat deze in gebreke bleef haar verbinte-
handelingen te stellen. nissen na te leven.
Wat voorafgaat noopt tot het besluit dat partijen gemeng- Die stelling kan niet bijgetreden worden. Bij ontstentenis
de contracten gesloten hebben. Opsplitsing van de con- van opzegging werden de contracten van partijen met in-
tractuele rechtsbetrekking komt echter onmogelijk voor gang van 9 oktober 1989 stilzwijgend verlengd voor een
duur van drie jaar, die niet eerder beëindigd kon worden Op deze gronden,
dan door opzegging met inachtneming van een termijn
van zes maanden welke niet eerder dan per 9 oktober HetHof,
1992 kon verstrijken. De tijdsbepaling toont genoegzaam
aan dat partijen bij contractsluiting beoogden de ad Melding makende van de toepassing van artikel 24 van
nutum herroepelijkheid uit te sluiten. Tot zolang mocht de wet van 15 juni 1935.
appellante de exclusief verleende lastgeving niet naar Ontvangt het hoger beroep en verklaart het in de volgen-
goeddunken herroepen, omdat zij de verbintenis had aan- de mate gegrond.
gegaan iets niet te doen, met name niet te herroepen en de
toevertrouwde opdracht niet zelf uit te voeren of aan ie- Doet het bestreden vonnis teniet en opnieuw wijzend:
mand anders dan aan geïntimeerde toe te vertrouwen. Zij Verklaart de hoofdvordering gegrond tot beloop van
diende het conventioneel bedongen tijdstip van beëindi- 150.000 F en verklaart ook de tegeneis gegrond voor het
ging en de conventioneel overeengekomen opzeggings- bedrag van 31.000 F.
termijn in acht te nemen.
( ... )
6 De eenzijdige, onmiddellijke en ontijdige beëindiging
waartoe zij overging heeft appellante niet op wanprestatie
van de lasthebber gesteund noch op schending van de D.d. 10 december 1997 - Hof van Beroep te Gent
vertrouwensrelatie. Vruchteloos beroept zij zich thans op Zet.: HH. Staessens, kamervoorzitter, Debucquoy en Floren,
een brief met klachten die een van de huurders haar op 3 raadsheren.
december 1993 gericht heeft. Uiteraard kan die brief niet Pleit.: Mr. Herssens.
van aard zijn de beëindiging, waartoe zij drie jaar eerder
overging (21 november 1990), te verantwoorden. Zo zij
van oordeel was dat geïntimeerde haar verbintenissen niet
of niet behoorlijk uitvoerde, dan stand het haar vrij de
verbreking van de overeenkomst, gebeurlijk met schade-
vergoeding, te vorderen, wat zij niet gedaan heeft. Zij
heeft de lasthebber zelfs nooit in gebreke gesteld, zodat
zij thans vruchteloos het weinig betrouwbaar bewijsmid-
del van getuigenverhoor aanbiedt. De omstandigheid dat
zij de overeenkomst naar het einde van het eerste jaar toe
niet opgezegd heeft, maar een opvolgende periode van
drie jaar liet ingaan, toont veeleer aan dat de n. v. Immo
Adam haar verbintenissen behoorlijk naleefde.
16 - Le 18 février 1986, Bricolux confirme à Quadro de notre côté, nous garderons l'exclusivité de vente dans
qu'elle s'en tient à son rôle de distributeur scolaire "et ne le domaine scolaire dans toute la partie francophone du
vend le Quadro que dans les écoles de Wallonie et du pays.
Luxembourg."
Comme la firme Van Dorpe a fait des offres contraires à
17 - Le 28 avril 1986, Bricolux transmet à Quadro la ces accords, elle s'engage à payer 10 % à la firme Brico-
preuve de la violation par Van Dorpe de ses obligations et lux jusqu'au 31 décembre 1986 sur toutes les ventes Qua-
signale que celui-ci approvisionne deux concurrents, la dro effectuées à des distributeurs scolaires Wallons ...
maison Gonay-Close à Trois-Ponts et la firme Viroux à
Enfin, la firme Van Dorpe s'engage à ne plus livrer ces
Sambreville qu'il fournit à des conditions leur permettant
distributeurs scolaires wallons à dater du 1er janvier
d'offrir des prix inférieurs aux siens. Elle demande à
1987."
Quadro conformément à la lettre du 4 avril 1985 de ne
plus approvisionner "un distributeur ne respectant pas in- Cette lettre restera sans suite.
tégralement les données du Marché."
21 - En 1987, Van Dorpe continuant d'approvisionner les
18 - Quadro se propose de réunir Van Dorpe et Bricolux, concurrents directs de Bricolux sur le marché wallon,
ce que celle-ci refuse le 6 juin arguant de ce que celle-ci . "monte une opération (publicitaire) contre la
- "les ventes ... effectuées à mes concurrents ici en Wal- firme Van Dorpe" et menace Quadro d"'intensifier (ses)
lonie sont contraires à (nos) accords et devront m'être ventes directes à toutes les foires en Flandre à des prix ri-
commissionnées d'une manière ou d'une autre. dicules" au besoin par l'intermédiaire de deux sociétés
- "Il vous appartient d'être ferme vis à vis de ces accords flamandes qu'elle contrôle. (dossier Bricolux, pièces 40
et il ne peut en aucun cas être question de travailler avec &42).
la maison Van Dorpe.
Elle indique qu'elle n'acceptera de "lever (sa) campagne"
19 - Une réunion se tient cependant dans les locaux de que si
Bricolux le 18 juin 1986. Le lendemain, Van Dorpe adres-
1) Monsieur Van Dorpe ne livre plus aucune société sco-
se à Bricolux la proposition suivante destinée à "trouver
laire en Wallonie.
une solution aux problèmes existants.
2) Monsieur Van Dorpe nous adresse une commission de
1. La firme Van Dorpe, représentant la firme Quadro
15 % sur toutes les ventes effectuées jusqu'à présent à
s'occupe de la coordination des opérations Quadro en
mes concurrents."
Belgique, c.a.d.:
a) Vente aux détaillants, grossistes, groupements d'achat, 22 - Le 20 juillet 1987, Quadro signale à Bricolux que ses
grands magasins, etc. attaques contre Van Dorpe lui sont également préjudi-
b) Organisation du réseau scolaire, afin d'éviter des pro- ciables. En conséquence, elle l'invite à prendre accord
blèmes en ce qui concerne les exclusivités et prix. avec Van Dorpe sur base de la proposition du 19 juin
c) Centralisation des stocks et service après vente ... 1986 et précise qu'à défaut, "elle ne voit aucune possibi-
d) Organisation de la publicité au niveau national. lité de (la) livrer directement à l'avenir, si ce n'est qu'en
passant par la firme Van Dorpe."
2. Afin d'optimaliser le rendement ... toutes les livrai-
sons se feront par la firme Van Dorpe .. . 23 - Par lettre du 23 juillet 1987, Bricolux exprime un
refus catégorique rappelant qu'"il est inadmissible que
3. Exclusivité.
Monsieur Van Dorpe ait délibérément saccagé le marché
Les firmes Quadro et Van Dorpe peuvent assurer le mieux scolaire en Wallonie sans que mon fournisseur ne prenne
possible l'exclusivité de vente à la firme Bricolux dans le immédiatement des sanctions contre lui et ce, contraire-
domaine scolaire en Wallonie. Cette exclusivité sera dis- ment à nos accords."
cutée d'année en année ... en tenant compte des résultats
24 - Le 30 juillet 1987, le conseil de Van Dorpe notifie à
de l'année précédente.
Bricolux que "(son) client détient le droit d'importation
4. Commission. exclusif de tous les articles fabriqués par Quadro en Bel-
gique et en Hollande (et précise) que votre firme pourra
Sur toutes les livraisons faites à des firmes ... opérant
acheter les articles Quadro chez (Van Dorpe) selon les
dans le secteur scolaire en Wallonie, la firme Van Dorpe
conditions et les prix applicables pour tous les clients."
paiera une commission de 10 % à Bricolux. Ceci jsuqu'à
Bricolux est mise en garde contre toute vente à perte et
Nurnberg 1987, où la situation sera évaluée et éventuelle-
action susceptible de nuire au droit exclusif d'importation
ment régularisée."
de Bricolux. (dossier Quadro, pièce 35).
20 - Le 25 juin 1986, Bricolux refuse de passer par "le
25 - Le 4 août 1987, Quadro annonce à Bricolux qu'elle a
Diktat du point 3" et rappelle sa position:
envoyé sa commande du 22 juillet 1987 chez Van Dorpe,
"Vous garderez l'exclusivité de vente pour les magasins "(son) importateur pour la Belgique" et l'invite à prendre
en Belgique ainsi que du domaine scolaire en Flandre et
contact avec celui-ci "pour le délai de livraison et les mo- que cette exclusivité peut être partagée "lorsque plusieurs
dalités de paiement." distributeurs bénéficient ensemble d'une exclusivité les
protégeant dans un territoire commun à l'encontre de la
26 - Les relations entre parties prennent fin à ce moment.
concurrence de tiers" ou "lorsque plusieurs concession-
27 - Il résulte d'un procès-verbal de réunion du 20 juillet naires d'un même territoire se partagent la clientèle en
1987 entre Quadro et Van Dorpe que celui-ci est effecti- fonction du type de matériel ou de la qualité des clients"
vement devenu le représentant du fabricant pour les Pays- (T.P.D.C., n° 923);
Bas et que "le chiffre d'affaires prévu pour 1987 pour les
Attendu que "C'est évidemment à celui qui se prévaut de
Pays-Bas et la Belgique est fixé à 450.000 DM (soit
la qualité de concessionnaire exclusif qu'il appartient
9.540.000 F), calculé au prix d'achat des articles." (dos-
d'en rapporter la preuve. Si une simple situation de fait
sier Quadro, pièces 32 et 33).
non conventionnelle n'est pas protégée et si des fourni-
28 - À titre de comparaison, Bricolux a réalisé les opéra- tures mêmes répétées ne peuvent suffire à établir l' exis-
tions suivantes: tence d'un contrat de vente, il n'en reste pas moins que la
achats ventes preuve de l'existence d'un contrat de concession n'est
1983 845.172 F 1.521.309 F soumise à aucun formalisme et peut être prouvée par
1984 937.544 F 1.687.579 F toutes voies de droit" (Examen de jurisprudence 1992 à
1985 742.629 F 1.336.732 F 1997, Hollander et Kileste, R.D.C. 1998, n° 12, p. 6);
1986 980.854 F 1.765.537 F
qu'il ne peut dès lors être tiré aucune conclusion du fait
1987 (7 mois) 830.965 F (x 1,8 =) 1.495.737 F
que le gérant de Bricolux ait refusé de signer le contrat
(conclusions principales Brico. p. 17; c. additionnelles qui lui fut proposé le 10 février 1984 parce qu'il était ré-
d'appel Brico. p. 15; conclusions principales Quadro, digé en langue allemande;
p. 20).
que la preuve de l'existence de la convention peut en
29 - L'instruction de la cause révèlera également que effet être établie "par la manière dont les parties l'ont
Quadro accordait à Van Dorpe des prix préférentiels sous exécutée" ainsi que par les correspondances échangées
forme de ristournes pouvant atteindre 15 % (dossier Qua- (Chronique de jurisprudence, Fierens et Mottet Haugaard,
dro pièces 39 à 43). J.T. 1998, n° 4, p. 106);
30 - Bricolux assigne devant le juge des référés mais son que cette preuve résulte à suffisance non seulement des
action à propos de laquelle aucune pièce n'est produite correspondances dont le contenu a été exposé plus haut
n'aboutit pas. (v. particulièrement les lettres de Quadro des 21 mars, 4
et 19 avril 1985) mais également de la façon dont les trois
Objet des demandes et procédure parties ont appliqué la répartition organisée par le concé-
dant jusqu'au jour où Van Dorpe a tenté de supplanter
( ... ) Bricolux sur le marché wallon des crèches et écoles;
qu'il existait donc bien une convention cadre destinée à
Discussion
promouvoir la vente des produits distribués par Quadro
sur le marché belge et que Bricolux disposait de droits
1- Attendu que le règlement du déclinatoire de compéten-
spéciaux;
ce territoriale soulevé en instance par Quadro et Van
Dorpe implique qu'il soit statué préalablement sur l'exis- Attendu que le tribunal de commerce a considéré à bon
tence d'un contrat de concession de vente exclusive entre droit qu'il y avait bien une concession de vente exclusive
parties; à durée indéterminée et qu'il était compétent pour
connaître de la demande sur base de l'article 4 de la loi
Attendu qu"'Est une concession de vente exclusive à
du 27 juillet 1961;
durée indéterminée, au sens de l'article 1er de la loi du 27
juillet 1961 modifié par l'article 1er de la loi du 13 avril 2 - Attendu que la rupture des relations entre parties est
1971, toute convention en vertu de laquelle un concédant intervenue en août 1987;
réserve à un ou plusieurs concessionnaires le droit de
qu'elle trouve sa source dans la détérioration des rapports
vendre, en leur propre nom et pour leur propre compte,
entre Van Dorpe et Bricolux; que dès l'origine, celui-ci
des produits qu'il fabrique ou distribue";
avait exprimé l'opinion que la Belgique était trop petite
qu'il y a exclusivité lorsque le concessionnaire est le seul pour être partagée (v. lettre du 2 décembre 1983);
à bénéficier dans un segment déterminé du marché, du
que Van Dorpe n'a dès lors eu de cesse de conquérir sur
droit de vendre en son propre nom et pour son propre
le terrain les droits spéciaux reconnus par Quadro à Bri-
compte les produits fabriqués ou distribués par le concé-
colux "depuis quelques années" (v. lettre du 21 mars
dant." (Marc et Stéphane Willemart, T.P.D.C., tome 2, n°
1985) lorsqu'il fut question d'une répartition du marché
922);
en 1983/84;
Attendu que Quadro s'est efforcé de maintenir aussi long- soit une différence de 1.068.383 F;
temps que faire se peut l'entente entre parties et d'obtenir
que la comparaison entre le chiffre d'affaires Quadro et le
de leur part l'exécution loyale de l'accord intervenu;
chiffre d'affaires total de Bricolux est la suivante:
Attendu qu'après avoir "éliminé" Vaessen (voir dossier
Quadro c.a. total %
Quadro, pièce 35; dossier Bricolux, pièce 38), A. Van
1984 1.687.579 F 34.438.480 F 4,9
Dorpe s'est attaqué avec succès au marché hollandais;
1985 1.336.732 F 34.052.504 F 3,9
Attendu que lorsqu'il est apparu que la mésentente entre 1986 1.765.537 F 33.508.002 F 5,2
ses deux distributeurs était devenue irrémédiable et que le 1987 2.564.120 F 43.096.930 F
conflit dégénérant était susceptible de causer préjudice à + 1.068.383 F
ses intérêts, Quadro s'est trouvée dans la nécessité de = 44.165.313 F 5,8;
faire un choix;
Attendu que le produit était donc en plein développe-
qu'elle a décidé de privilégier son partenaire le plus dy- ment; qu'il faut encore tenir compte de l'impossibilité
namique et le plus puissant ce qui présentait également pour Bricolux de trouver un produit de remplacement;
pour elle l'avantage de pouvoir centraliser livraisons et
qu'il doit cependant être tenu compte du caractère limité
commandes chez un seul distributeur;
du marché concédé à Bricolux;
Attendu qu'en refusant d'approvisionner directement Bri-
que ces considérations justifient que la durée du préavis
colux à partir du 1er août 1987 et en lui imposant de se
raisonnable soit fixée à quatorze mois;
fournir par l'intermédiaire de Van Dorpe, Quadro a modi-
fié un élément essentiel du contrat et provoqué la rupture Attendu que le calcul de l'indemnité compensatoire s'éta-
de la concession; blit généralement par référence au bénéfice semi-net ma-
joré des frais généraux incompressibles (J.T. 1998, n° 52,
que "la résiliation peut (en effet) parfois être implicite et
p. 115; R.D.C. 1998, n° 76, p. 29) sur base des deux ou
se déduire du comportement d'une partie qui n'a pas ex-
trois dernières années précédant la résiliation;
pressément notifié sa décision de mettre fin au contrat.
Selon cette analyse, cette partie commet alors un acte Attendu que la difficulté naît de ce que les pièces pro-
équivalent à rupture auquel sont attachées les mêmes duites par Bricolux ne permettent pas d'identifier le béné-
conséquences qu'à la résiliation unilatérale." (Examen de fice net dégagé par la concession ni de déterminer les
jurisprudence 1987 à 1992, Hollander et Kileste, R.D.C. frais généraux incompressibles qui y sont afférents;
1993, n° 46, p. 57; Fierens et Mottet Haugaard, J.T. 1998,
Attendu que les parties ne souhaitant pas qu'il soit recou-
n° 37, p. 111);
ru à une mesure d'instruction, il y a lieu d'appliquer la
Attendu que Bricolux est donc fondée à réclamer une in- méthode de calcul utilisée par les parties sur base de bé-
demnité compensatoire de préavis "déterminée de maniè- néfice brut estimé à 1,8;
re à ce qu'elle obtienne l'équivalent de ce qu'elle aurait
Attendu qu'entre le 1er janvier 1985 et le 31 juillet 1987,
obtenu suite à l'exécution d'un préavis raisonnable" (Fie-
Bricolux a réalisé un bénéfice de
rens et Mottet Haugaard, J.T. 1998, n° 51, p. 115 et les ré-
férences; dans le même sens Liège 7 février 1992, R.G. prix d'achat
n° 22.387/88 cité par Hollander et Kileste, R.D.C. 1998, 1985 742.629 F x 0,8 = 594.103 F (conc. add. Brico
n° 74, p. 28); 1986 980.854 F x 0,8 = 784.683 F p. 15; conc. Quadro
1987 830.965 F x 0,8 = 664.772 F p. 21)
Attendu qu'en l'espèce, la concession a duré un peu plus
2.043.558 F
de huit ans de juin 1979 (date de la première facture) à
juillet 1987 inclus; que l'indemnité compensatoire de préavis s'élève dès lors
à 2.043.558 x 14\31 = 922.897 F;
que le marché s'est développé de manière spectaculaire à
partir de 1983 après que Quadro ait modifié la conception que cette somme couvre également les frais incompres-
de ses kits ce qui permit d'en diminuer le prix tout en sibles;
multipliant les possibilités d'assemblage;
3 - Attendu que Bricolux réclame également la condam-
Attendu que les parties s'accordent à considérer que la nation de Quadro au paiement de l'indemnité complé-
marge bénéficiaire de Bricolux était de 1,8; mentaire prévue par l'article 3 de la loi du 27 juillet 1961;
que le montant des ventes Quadro que Bricolux devait 3.A. L'indemnité pour plus-value de clientèle.
normalement réaliser en 1987 est donc de
Attendu que "le droit à indemnité complémentaire pour
830.965 F x 12\7 x 1,8 = 2.564.120 F (projection) plus-value de clientèle ne requiert pas la preuve d'un pré-
judice. Le concessionnaire doit seulement établir qu'il
au lieu de 1.495.737 F (chiffre réel réalisé en 7 mois;
existe une plus-value notable de clientèle, que cette clien-
conc. ppales Quadro p. 20)
tèle a été apportée par lui et que celle-ci restera acquise
au concédant après la cessation de la concession" (J. T. réalité de l'ordre de 5 à 6 % au cours des deux dernières
1998, n° 60 & 61, p. 116 et les références citées); années (v. plus haut);
Attendu que l'existence d'une plus-value notable de Attendu qu'il est certain que Bricolux a exposé de 1979 à
clientèle résulte du simple examen de l'évolution des 1987 des frais réguliers pour promouvoir les kits Quadro
ventes réalisées par Quadro qui sont passées de 110.500 F notamment à l'occasion de l'émission de ses catalogues
en 1979 à 1.765.537 Fen 1986 et qui devaient normale- annuels qui ont permis l'ancrage et participé au maintien
ment attteindre la somme de 2.564.120 Fen 1987 (pro- du produit à long terme dans la clientèle;
jection sur base des résultats des 7 premièrs mois, v. plus
que ces frais ont donc profité au concédant après l'expira-
haut);
tion de la concession;
Que cette plus-value résulte des efforts déployés par Bri-
Attendu qu'il doit cependant être tenu compte de la cam-
colux qui fut le premier à distribuer les kits Quadro pour
pagne effectuée par Bricolux dans la presse du nord du
faire connaître ce nouveau produit dans le secteur du
pays ainsi que dans le quotidien Le Soir en vue de casser
marché qui était le sien mais également de la mise au
les prix et de causer préjudice à Van Dorpe (v. dossier
point par Quadro en 1983 de nouveaux kits modulaires.
Bricolux, pièces 40 & 41; dossier Quadro, pièce 31);
Attendu que "ce n'est pas la preuve d'une acquisition ef-
que dans sa lettre du 3 juillet 1987, le responsable de Bri-
fective de la clientèle au concédant qui doit être rapportée
colux évalue le coût de cette publicité à plus de 10.000
par le concessionnaire, mais plutôt la preuve d'une acqui-
DM;
sition possible de cette clientèle." (Hollander et Kileste;
R.D.C. 1993, n° 75, p. 74; R.D.C. 1998, n° 91, p. 34); que cette publicité a incontestablement causé préjudice à
Quadro et qu'il doit en être tenu compte lors de l'évalua-
Attendu qu'il existe en l'espèce des présomptions de l'ac-
tion des frais de publicité qui ont profité au concédant;
quisition de la clientèle de Bricolux par le concédant;
Attendu que l'indemnité doit dès lors être fixée ex aequo
qu'il n'existe pas de produits de substitution sur le mar-
et bono à la somme de 50.000 F;
ché;
( ... )
que la rupture des relations entre parties trouve son origi-
ne dans la volonté de Van Dorpe de s'accaparer le marché
exploité par Bricolux; que Van Dorpe avait déjà entrepris
Par ces motifs,
de pénétrer le marché des écoles et des collectivités en
Wallonie en 1985, 1986 et 1987;
La cour, statuant contradictoirement;
que Quadro ne fournit aucune explication permettant de
Reçoit les appels, la demande additionnelle et la deman-
penser que ce marché lui aurait échappé après que Brico-
de nouvelle;
lux ait été évincée;
Confirme le jugement entrepris et statuant en vertu de
Attendu que "la clientèle (étant) un actif dont la valeur est
l'effet dévolutif,
fonction de son aptitude à produire des bénéfices, il appa-
- condamne Quadro à payer à Bricolux la somme de
raît dès lors plus judicieux de tenir compte du bénéfice
1.576.556 F augmentée des intérêts aux différents taux lé-
brut que la clientèle a permis de réaliser (Fierens et Mot-
gaux à partir du 19 juillet 1988 jusqu'au complet paiement
tet Haugaard, J.T. 1998, n° 66, p. 117 et les références);
sauf la période du 1er mai 1992 et au 27 février 1996 ainsi
Attendu que compte tenu de l'incidence favorable sur le qu'aux dépens de Bricolux à concurrence de 52.097 F,
développement du marché de la mise au point par Quadro - condamne A. Van Dorpe à payer à Bricolux la somme de
de nouveaux produits, l'indemnité de plus-value de clien- 200.000 F augmentée des intérêts aux différents taux lé-
tèle doit être calculée sur base du bénéfice brut moyen gaux à partir du 7 mai 1996 jusqu'au complet paiement
réalisé pendant 9 mois (v. plus haut); ainsi qu'aux dépens de Bricolux à concurrence de 17.366 F.
2.043.558 x 9 = 593.291 F
31
D.d. 17 mars 1998 - Appel Liège
3.B. Frais de publicité Siég.: M. Diskeuve, président, MM. de Francquen et Ligot,
conseillers.
Attendu que Bricolux qui réclamait initialement de ce chef
Plaid.: Mes. Deboeck loco De Meyer, de Briey, Depierreux et
la somme de 165.678 F porte sa demande à 231.630 F
Dombret loco Muller.
(conclusions du 28 mai 1997, p. 21);
qu'il doit tout d'abord être relevé que le calcul qu'elle ef-
fectue dans ses conclusions additionnelles est erroné; que
la part de la concession dans le chiffre d'affaire global
n'a jamais atteint en effet 17 ou 19 % et qu'elle était en
De franchisenemer die aan de franchisegever een vergoe- L'article XIV D de la convention dispose toutefois qu'il
ding vraagt voor de schade die hij geleden heeft ten ge- n'a pas été accordé au franchisé un territoire exclusif,
volge van de vervroegde ontbinding van de voor bepaal- Tandy se réservant le droit sans aucune restriction de
de duur gesloten overeenkomst, miskent zijn verplichting choisir des endroits pour l'établissement, à l'avenir,
van goede trouw niet, en begaat evenmin rechtsmisbruik. d'autres magasins agréés et de magasins propres;
2. Fin 1986, Tandy Corporation a transféré ses succur-
sales européennes - dont Intertan Belgium établie à Na-
ninne - à la société de droit canadien Intertan Canada 6. Le 22 juillet 1993, Intertan a écrit par recommandé à
Ltd.; chacun de ses franchisés belges, dont les deux intimés,
que, l'approvisionnement à partir du Royaume-Uni
3. Le 14 mai 1993, Intertan Canada a fait savoir tant au
s'étant avéré impraticable, elle se voyait contrainte de ré-
public par communiqué de presse qu'à tous ses franchisés
silier le contrat de franchise avec un préavis prenant
belges par courrier:
cours le 23 juillet pour se terminer le 31 décembre 1993;
- qu'elle avait décidé de mettre un terme à ses activités
en Europe continentale, en fermant notamment sa succur- 7. Le 4 août 1993, le conseil de l'époque de la deuxième
sale belge de Naninne ainsi que les 92 magasins de la so- intimée a écrit à lntertan que cette dernière avait rompu
ciété (company stores) en Belgique; que les activités unilatéralement le contrat de franchise liant les parties,
belges seraient arrêtées progressivement de manière à suite au non respect de ses obligations contractuelles déjà
permettre la liquidation des stocks et à aboutir à la cessa- depuis de nombreux mois; que sa cliente était dans l'at-
tion définitive des dites activités, prévue pour 1994; tente de propositions éventuelles de la part d'lntertan
- que cette décision s'expliquait par le fait qu'Intertan pour diminuer son préjudice et se réservait le droit d'en-
avait accumulé d'importantes pertes en Europe et ce mal- tamer les démarches judiciaires qui s'imposaient;
gré une première restructuration réalisée en juin 1992 par
8. Le 2 août 1993, lntertan a fait savoir à ses franchisés
la fermeture de 160 magasins en Europe; qu'ainsi, pour la
belges que dorénavant toute marchandise livrée au départ
période de juillet 1992 à mars 1993, les pertes avaient at-
de Naninne devrait être payée comptant avant enlèvement
teint 160 millions en Belgique;
ou expédition et le 25 août 1993, elle a informé les
- que ces pertes pouvaient être imputées à la mauvaise
mêmes franchisés:
situation économique globale mais également à la struc-
- qu'à partir du 15 septembre 1993, elle entreprendrait la
ture très coûteuse des entreprises Intertan;
liquidation des stocks dans ses magasins avec des rabais
- que l'objectif principal était de limiter les pertes et de
proposés aux clients de 20 % à 60 % du prix de vente;
tenter ainsi de maintenir le groupe en vie, l'objectif à
que le public en serait informé par une campagne publici-
long terme étant d'améliorer la position des autres entre-
taire, notamment à la radio;
prises du groupe, en particulier au Canada, en Grande-
- qu'étant donné le stock relativement restreint dispo-
Bretagne et en Australie;
nible à Naninne, elle donnait aux franchisés la possibilité
Dans la lettre adressée à ses franchisés, Intertan ajoutait de s'approvisionner directement dans les magasins de la
qu'un projet était à l'étude pour continuer et développer société en bénéficiant d'une remise de 15 % par rapport
une opération dealer et franchise sur le continent; aux prix pratiqués;
4. Le 3 juin 1993, la deuxième intimée a écrit à Intertan
La procédure
Canada:
- que la décision unilatérale et soudaine qui venait d'être
1. Par citation du 22 décembre 1993, les intimés ont assi-
prise provoquait un déséquilibre inacceptable du contrat
gné l'appelante ainsi que la SA Intertan Europe et la so-
de franchise et une incertitude à tous les niveaux, qui
ciété américaine Tandy Corporation INC devant les pre-
constituait un manquement grave et justifiait la résolution
miers juges en résiliation des contrats de franchise aux
du contrat aux torts d'Intertan Canada avec l'obligation
torts des parties citées et en paiement à chacun d'eux de
pour cette dernière d'indemniser l'important préjudice
5.000.000 F à titre provisionnel. (Dans leurs conclusions
causé à la deuxième intimée;
du 20 septembre 1994, les intimés ont majoré leurs récla-
- que le préjudice subi depuis l'annonce de la dite déci-
mations à respectivement 7 .200.137 F pour le premier in-
sion augmentait tous les jours davantage par le fait que,
timé et 4.328.651 F pour la deuxième intimée);
dans l'esprit de la clientèle, toute la chaîne Tandy dispa-
raissait, sans distinction entre le réseau des magasins 2. Dans ses conclusions du 10 août 1994, l'appelante a
propres à Intertan et celui des franchisés; dirigé une action reconventionnelle contre le premier inti-
mé tendant à entendre condamner ce dernier à lui payer,
5. Le 5 juillet 1993, Intertan a adressé à ses franchisés
pour des factures impayées, 164.691 F majorés d'intérêts
belges un "memo" dans lequel elle exposait:
moratoires de 1 % par mois depuis le 1er janvier 1994 et
- que, depuis le 17 mai 1993, la situation à Naninne avait
d'une indemnité forfaitaire de 10 %;
été complètement bloquée par des grèves et par la prise
en charge de la succursale belge par des administrateurs 3. Par le jugement entrepris du 6 mars 1995, les premiers
provisoires désignés par le tribunal de commerce de juges ont déclaré:
Namur mais que, depuis le 1°' juillet 1993, la situation - les demandes principales dirigées contre les sociétés
avait été débloquée par un arrêt de la Cour d'appel de SA Intertan Europe et Tandy Corporation NC irrece-
Liège; vables;
- qu'elle recommençait à travailler sur le projet d'un ap- - les demandes principales dirigées contre l'appelante re-
provisionnement des franchisés via la Grande-Bretagne; cevables tout en ordonnant, avant de statuer au fond, une
expertise judiciaire avec la mission de:
"donner un avis sur la hauteur des pertes subies par les l'exécution de la convention est devenue seulement non
parties demanderesses et sur les gains dont elles ont été rentable ou déficitaire pour l'une des parties contrac-
privées suite à la rupture anticipée au 31 décembre 1993 tantes;
des contrats de franchise par la SA lntertan Canada Ltd";
Qu'une extension de la "caducité pour perte d'objet" aux
- la demande reconventionnelle recevable et fondée;
conventions dont l'exécution est devenue déficitaire pour
4. Par son appel principal du 20 juin 1995, la SA lntertan l'une des parties contractantes, constituerait, par rapport à
Canada Ltd sollicite que les actions principales soient dé- la force obligatoire des contrats et à la sécurité juridique
clarées irrecevables et à tout le moins non fondées à son des cocontractants, une atteinte plus grave encore que la
égard; "théorie de l'imprévision", non admise en droit belge
quoique bien plus restrictive puisque limitée aux "événe-
5. Dans leurs conclusions d'appel des 10 octobre 1996 et
ments extraordinaires échappant à toute prévision"
20 octobre 1997, les intimés sollicitent par voie d'appel
(X. Dieux, Réflexions sur la force obligatoire des contrats
incident:
et sur la théorie de l'imprévision en droit privé, R.C.J.B.
- que l'appelante soit condamnée à leur payer des in-
1983, p. 386);
demnités provisionnelles, soit 2.000.000 F au premier in-
timé et 1.500.000 F à la deuxième intimée; Attendu que si l'appelante semble avoir subi au début des
- que la mission d'expertise précise que l'expert devra années 1990, en Europe continentale, des pertes relative-
évaluer les pertes et les gains sur une période de 34 mois ment importantes - les montants exacts de ces pertes et
pour le premier intimé et de 18 mois pour la deuxième in- leur incidence sur les résultats consolidés du groupe In-
timée sur base de leurs bénéfices bruts des années 1990, tertan Canada n'ont pas été précisés-, elle n'établit nulle-
1991 et 1992; ment que la poursuite de la commercialisation de ses pro-
- qu'il soit réservé à statuer concernant la demande re- duits en Europe continentale - par l'intermédiaire de ses
conventionnelle jusqu'à l'issue du litige quant à la de- franchisés - était devenue impossible alors qu'elle a
mande principale; continué ses activités commerciales avec succès au
Royaume-Uni comme dans bien d'autres pays du monde;
Discussion
Attendu qu'il peut encore être observé que l'appelante a
elle-même imputé partiellement les pertes subies en Eu-
A. Le droit à indemnité pour résiliation anticipée des
rope continentale à la structure très coûteuse de son entre-
contrats de franchise
prise (voir l'exposé des faits, point 3 ci-dessus), ce qui
implique au moins une erreur de gestion dans son chef,
1. La caducité
en relation causale avec lesdites pertes; qu'il en résulte
que, même si l'on admettait de reconnaître la caducité des
Attendu que l'appelante fait valoir en substance:
contrats de franchise litigieux - quod non-, cela n'empê-
- qu'en raison du caractère gravement déficitaire de ses
cherait pas l'appelante d'être tenue de réparer les dom-
activités en Europe continentale, elle a été contrainte de
mages subis par ses cocontractants en exécutant ses obli-
fermer son centre d'approvisionnement de Naninne;
gations par équivalent (P.A. Foriers, loc.cit. R.C.J.B.
- qu'ayant constaté ensuite avec les franchisés belges et
1987, p. 98, n° 21; Fierens et Mottet-Haugaard, "Chro-
français que l'approvisionnement de ceux-ci au départ du
nique de jurisprudence, La loi du 27 juillet 1961 relative
Royaume-Uni était impraticable, c'est l'exécution des
à la résiliation des concessions de vente exclusive à durée
contrats de franchise eux-mêmes qui s'est avérée impos-
indéterminée", J.T. 1998, p. 110, n° 30);
sible;
- qu'en conséquence, ces contrats sont devenus caducs
2. La bonne foi et l'abus de droit
par la disparition de leur objet, ce qui a entraîné leur dis-
solution de plein droit;
Attendu que l'appelante rappelle très opportunément que
- que la dissolution du contrat, par suite de sa caducité,
les conventions doivent être exécutées de bonne foi, ce
n'ouvre un droit à indemnisation qu'à l'égard de la partie
qui interdit notamment à chacune des parties contrac-
qui a fautivement causé la perte de l'objet du contrat; or,
tantes de se désintéresser de l'autre; que cette obligation
il n'y a pas de rupture fautive lorsque, comme en l'espè-
de bonne foi est particulièrement importante dans le cadre
ce, l'impossibilité d'exécution résulte de l'arrêt d'une ac-
d'un contrat de franchise dont "l'objet principal ... est la
tivité gravement déficitaire.
fourniture d'un savoir-faire qui implique entre les parties
Attendu que, si la caducité d'une convention par la perte une collaboration et une intégration beaucoup plus
de son objet doit être reconnue lorsque l'exécution en na- étroites que celles qu'entraîne la simple concession de
ture de la convention ou de l'une de ses obligations es- vente" (Van Ryn et Heenen, Principes de droit commer-
sentielles est devenue impossible (P.A. Foriers, "Obser- cial, T.IV, 2ième éd. 1988, n° 71, p. 57);
vations sur la caducité des contrats par suite de la
Attendu que l'appelante reproche à tort aux intimés de ne
disparition de leur objet ou de leur cause", R. C.J.B. 1987,
pas avoir fait preuve de bonne foi et d'avoir même abusé
p. 97, n° 20), la caducité ne peut être admise lorsque
de leurs droits en exigeant le maintien des contrats de
franchise litigieux jusqu'à leurs termes contractuels; que donnée aux franchisés d'abandonner rapidement l'en-
les intimés n'ont jamais revendiqué la poursuite de l' exé- seigne Tandy, apparaissent bien dérisoires au regard des
cution de leurs contrats de franchise en nature jusqu'aux éléments préjudiciables relevés ci-dessus;
termes convenus mais ont uniquement exigé l'indemnisa-
Attendu que la rupture d'un contrat de franchise sans pré-
tion du préjudice que leur causait la rupture anticipée des
avis suffisant cause un préjudice considérable au franchi-
dits contrats;
sé, qui est plus vulnérable que d'autres distributeurs com-
Attendu que si l'appelante a pu prendre légitimement des merciaux, comme par exemple le concessionnaire
décisions importantes pour atténuer le dommage que lui exclusif de vente;
causaient les pertes subies en Europe occidentale, l' exé-
Que le franchisé, qui doit consentir des investissements
cution de bonne foi de ses obligations de franchiseur ne
spécifiques et importants pour se conformer aux instruc-
lui permettait pas de se désintéresser des conséquences
tions du franchiseur, "n'est en effet pas propriétaire des
préjudiciables que ses décisions pouvaient avoir pour ses
éléments essentiels de son fonds de commerce, soit les
franchisés, particulièrement pour ceux qui, comme les in-
éléments de ralliement d'une clientèle, tels l'enseigne, la
timés, étaient liés à elle depuis plusieurs années par une
marque, les logos ou le savoir-faire( ... ). A l'expiration du
clause d'approvisionnement exclusif et qui lui vouaient
contrat, le franchisé ne peut plus écouler ses stocks, à dé-
dès lors, depuis autant d'années, l'exclusivité de leurs ac-
faut de pouvoir utiliser la marque du franchiseur en sorte
tivités commerciales et investissements dans les magasins
que le fonds de commerce, souvent créé à grands frais, se
concernés;
vide de ses valeurs actives les plus significatives pour ne
Attendu que la Cour relève qu'en espèce, l'appelante a plus être qu'une sorte de coquille presque vide" (Chr.
adopté une mesure radicale, à savoir la cessation totale de Matray, Franchise, Collaboration et bonne foi, note sous
ses propres activités en Europe continentale dans un délai Liège, 4 juin 1991, RRD 1992, p. 249);
très court de 7 mois et demi (de la mi-mai à fin décembre
Attendu que le préjudice subi par les intimés a été d'au-
1993), le temps de liquider rapidement les stocks de son
tant plus grave en l'espèce que la distribution des pro-
important centre d'approvisionnement de Naninne et de
duits Tandy a disparu purement et simplement du territoi-
ses nombreux magasins de firme, dont 92 en Belgique;
re belge; qu'il en résulte que les intimés n'ont nullement
Qu'en agissant de la sorte, l'appelante n'a guère pris de méconnu leur obligation de bonne foi ni abusé de leurs
précautions pour sauvegarder les intérêts de ses franchi- droits en réclamant à l'appelante la réparation de l'impor-
sés en Belgique, dès lors qu'il ressort des éléments de la tant préjudice que leur a causé la résiliation anticipée de
cause exposés ci-dessus: leur contrat de franchise, préjudice que le préavis accordé
- que vers la mi-mai 1993, l'appelante a fait savoir, par de 5 mois n'a guère atténué en raison des circonstances
voie de communiqué de presse au public qu'elle avait dé- négatives exposées ci-dessus;
cidé "la cessation définitive de ses activités en Belgique
Attendu que la jurisprudence citée par l'appelante concer-
prévue pour 1994", sans même mentionner qu'elle étu-
nant l'abus de droit en matière de bail n'est pas du tout
diait la possibilité de poursuivre la diffusion de ses pro-
pertinente pour apprécier les données très différentes de
duits en Belgique par l'intermédiaire de ses franchisés;
la présente cause;
cette annonce a causé inévitablement une importante et
brutale diminution des ventes des produits Tandy sur le
B. Le montant des indemnités
territoire belge, au préjudice des franchisés;
- que, début août 1993, l'appelante a imposé à ses fran-
( ... )
chisés de payer comptant toutes les marchandises à eux
fournies par le centre d'approvisionnement de Naninne,
mettant fin soudainement à toutes les facilités de paiement
Par ces motifs,
antérieurement consenties pour l'approvisionnement;
- qu'en septembre 1993, l'appelante a entrepris la liqui-
La Cour,
dation rapide des stocks de ses propres magasins en
concédant des rabais considérables - jusqu'à 60 % - à la Reçoit les appels,
clientèle, le tout appuyé par une importante campagne
Confirme le jugement entrepris en ce qu'il a déclaré les
publicitaire; ceci a placé les franchisés dans une situation
actions principales dirigées contre l'appelante recevables;
particulièrement délicate sur le plan concurrentiel pour li-
quider leurs propres marchandises; Réformant ce jugement pour le surplus et statuant par
voie de dispositions nouvelles;
Attendu qu'il ressort de ces éléments que l'appelante ne
s'est pas préoccupée, comme elle en avait le devoir, du Déclare les actions principales dirigées contre l'appelante
sort de ses franchisés, n'a guère pris des mesures pour li- dès à présent partiellement fondées;
miter le préjudice et favoriser la reconversion de ces der-
Condamne l'appelante, la SA de droit canadien lntertan
niers; que les quelques mesures qu'elle a prises et dont
Canada Ltd à payer à titre provisionnel:
elle fait état dans ses conclusions, comme l'autorisation
La non-exécution partielle de mesures de recapitalisation 1.1 Demande principale introduite par la SA Jerry & C0
projetées ne constitue pas une infraction à la loi sur les Franchising
sociétés commerciales ni aux lois comptables ni aux sta-
tuts et n'ouvre pas d'action en responsabilité sur la base 2. Attendu que la SA Jerry & C° Franchising a assigné
de l'article 62, alinéa 2, desdites lois coordonnées. chaque franchisé en récupération de créances;
L'article 35, 2°, LCSC ne trouve pas davantage à s 'appli- Qu'elle sollicitait la condamnation de chaque franchisé
quer, car il vise l'hypothèse où l'augmentation de capital au paiement de:
a été effectivement réalisée.
- La SPRL Mich Fashion (RG Af95/02959): 353.537 F
FRANCHISING - La SPRL J. Desmedt (RG Af95/01023): 490.019 F
Wezenlijke verbintenissen van de franchisegever -Te- - La SPRL Kathy Day en liquidation
kortkoming - Ontbinding (RG Af95/01454): 128.932 F
- La SPRL An tex en liquidation
Maken wezenlijke verbintenissen van een overeenkomst (RG Af95/01030): 190.553 F
van franchising uit, de plicht tot loyale en wederzijdse sa- - La SPRLA.S.P. (RG Af95/01681): 98.400 F
menwerking, die gedurende de hele looptijd van het con- - La SA Denim & C 0 (RG Af95/01031): 352.238 F
tract moet nageleefd worden, en de plicht om de franchi- - La SPRL CDGT (RG Af95/00986): 346.326 F
senemer in de mogelijkheid te stellen een product of een - La SPRL R & R en liquidation
dienst in de beste voorwaarden van rendabiliteit te com- (RG Af95/01039): 619.856 F
mercialiseren. - La SPRL Georges Delvaux
(RG Af95/02886): 859.642 F
Indien de franchisegever ernstig tekort geschoten is aan
zijn verplichtingen de bestelde goederen te leveren en 3. Attendu que par voie de conclusions déposées le 9 fé-
loyaal samen te werken voor de uitvoering van de fran- vrier 1996, la SA Jerry & C° Franchising a étendu sa de-
chiseovereenkomst, en deze fouten tot een financiële mande sur base de l'article 807 du Code judiciaire aux
noodtoestand van de franchisenemer geleid hebben, dient fins:
de franchiseovereenkomst ten nadele en ten taste van de - d'entendre condamner chaque franchisé au paiement
franchisegever te worden ontbonden. de:
- La SPRL Mich Fashion: 353.537 F 500.000 F par franchisé à titre de remboursement des re-
- La SPRL J. Desmedt: 519.014 F devances de franchise payées par les franchisés à la SA
- La SPRL Kathy Day en liquidation: 841.015 F Jerry & C° Franchising en cours d'exécution du contrat
- La SPRLAntex en liquidation: 605.246 F de franchise, des dommages et intérêts pour compenser
- La SPRLA.S.P.: 537.715 F les autres préjudices subis par les franchisés hormis ceux
- La SA Denim & C 0 : 1.002.814 F évoqués ci-avant;
- La SPRL CDGT: 1.184.472 F
5. Attendu que les franchisés sollicitent enfin qu'il leur
- La SPRL R & R en liquidation: 619.856 F
soit donné acte de ce qu'ils évaluent le préjudice total
- La SPRL Georges Delvaux: 988.503 F
subi par chacun d'eux à un montant provisionnel de
- d'entendre prononcer la résolution des conventions de
2.500.000 F.
franchise intervenues entre la SA Jerry & C° Franchising
et chacun des franchisés, aux torts des franchisés;
2 ActionN95/01566
- d'entendre condamner chaque franchisé à lui payer un
montant provisionnel de 100.000 F à titre de dommages
2.1. Demande principale introduite par les franchisés
et intérêts pour résolution du contrat;
Que par ses conclusions déposées le 9 février 1996, la SA Attendu qu'en cette cause, l'action tendait aux termes de
Jerry & C° Franchising, sur base de l'article 807 du code la citation introductive d'instance du 14 juin 1995, signi-
judiciaire arrête le montant des dommages et intérêts dus fiée par les franchisés au franchiseur, à entendre ordonner
pour la résolution du contrat aux torts des franchisés, à un avant dire droit, la production des documents suivants:
montant de 1.000.000 F par franchisé; - les comptes annuels et les rapports des administrateurs
et du commissaire-réviseur de la SA Jerry & C° Franchi-
En outre, la SA Jerry & C° Franchising étend sa demande
sing, pour la période du 1er janvier 1994 au 31 décembre
aux intérêts conventionnels moratoires au taux de 15 %
1994;
prévus à l'article 6 de ses conditions générales de vente,
- un compte d'exploitation de la SA Jerry & C° Franchi-
sur chaque facture impayée à compter de son échéance,
sing pour la période du 1er janvier 1995 au 31 mai 1995;
ensuite aux intérêts judiciaires au même taux jusqu'à par-
fait paiement, ainsi qu'à la clause pénale de 20 % stipulée Qu'elle visait subsidiairement la désignation d'un expert
sous le même article 6. chargé de vérifier si les conditions d'application de l'ar-
ticle 104 des LCSC se trouvent réunies en ce qui concer-
1.2. Demande reconventionnelle introduite par les fran- ne la SA Jerry & C° Franchising, dans quelle mesure le
chisés plan de restructuration proposé à l'assemblée générale du
mois de mai 1994 en application de l'article 103 des
4. Attendu que dans le cadre des actions en paiement in- LCSC a effectivement été mis en œuvre et enfin, si les
troduites par la SA Jerry & C° Franchising contre eux, les administrateurs de la SA Jerry & C° Franchising ont res-
franchisés sollicitent à titre reconventionnel, les condam- pecté les dispositions des lois coordonnées sur les socié-
nations suivantes: tés commerciales;
- la résolution des contrats de franchises aux torts de la
Que l'action tendait ensuite à entendre donner acte aux
SA Jerry & C° Franchising;
franchisés de ce qu'ils se réservaient le droit, le cas
- la condamnation solidaire des défendeurs sur recon-
échéant, à la lumière de l'analyse des documents précités:
vention au paiement des montants provisionnels suivants
- de demander la dissolution de la SA Jerry & C° Fran-
au titre de dommages et intérêts dus pour non livraison de
chising sur la base de l'article 104 des LCSC, voire sa
marchandises:
mise en faillite;
- 588.961 Fen faveur de Mich Fashion
- de poursuivre la responsabilité personnelle de Mon-
- 1.435.652 Fen faveur de Desmedt
sieur Axel Gaone et de la SA F.G.W. en qualité d'admi-
- 730.781 Fen faveur de Kathy Day
nistrateurs de la SA Jerry & C° Franchising;
- 800.910 Fen faveur de Antex
- 950.179 F en faveur de ASP Attendu que les franchisés ont limité leur demande par
- 773.038,50 Fen faveur de Denim voie de conclusions; qu'il résulte, en effet, du dispositif
- 1.332.425 Fen faveur de CDGT des conclusions déposées le 30 avril 1996, que les fran-
- 1.212.152 Fen faveur de R & R chisés sollicitent uniquement qu'il soit réservé à statuer
- 975.000 Fen faveur de Delvaux sur l'application des articles 60, 103 et 104 des lois coor-
- la condamnation solidaire des défendeurs sur reconven- données et sur la dissolution de la SA Jerry & C° Franchi-
tion au paiement d'un montant provisionnel de 250.000 F sing;
par franchisé, à titre de remboursement du droit d'entrée
Attendu que les parties Gaone Axel, SA F.G.W., Gaone
payé par les franchisés à la SA Jerry & C° Franchising au
Michaël, Gaone Filippo entendent former par les conclu-
moment de la conclusion du contrat de franchise;
sions déposées le 31 mai 1996 une demande reconven-
- la condamnation solidaire des défendeurs sur recon-
tionnelle pour procès téméraire et vexatoire et sollicitent
vention au paiement d'un montant provisionnel de
dès lors la condamnation solidaire des franchisés au paie- 8. Vu ce retard ou même quasi-absence de fournitures,
ment d'un montant de 500.000 F à titre de dommages et les franchisés ont adressé de nombreuses mises en de-
intérêts; meure et ensuite assigné, le 22 mars 1995, la SA Jerry &
C° Franchising devant le juridiction commerciale des ré-
Attendu que les demandes sont connexes, qu'il y a lieu
férés. Par ordonnance du 6 avril 1995, le président du tri-
dès lors de les joindre en vue d'une bonne administration
bunal de commerce de Charleroi a fait droit à la demande
de la justice.
des franchisés et condamné le franchiseur à livrer les col-
lections commandées dans les 4 jours de la signification
III. Données du litige - Rétroactes
de l'ordonnance sous peine d'une astreinte de 10.000 F
par jour de retard;
1. La SA Jerry & C° Franchising et chacun des franchisés
ont signé pour une durée de 9 ans un contrat de franchise 9. La Cour d'appel, dans son arrêt du 28 juillet 1995, a
de distribution ayant pour objet la diffusion par la vente confirmé cette ordonnance avec la précision que la
au détail sous l'enseigne "SA Jerry & C 0 d'articles sport- condamnation de la SA Jerry & C° Franchising, sous
wear et d'accessoires"; peine d'astreinte, ne concernait que les franchisés deman-
deurs originaires en ordre de paiement des livraisons
2. Chaque franchisé a payé un droit d'entrée de 250.000
faites par le franchiseur (paiement de factures échues ga-
F. La redevance est fixée à 4 % du chiffre d'affaires
ranti par des traites non encore échues);
HTVA, acquittée par des acomptes mensuels, le décompte
exact était établi tous les trois mois; 10. Le 6 juin 1995, à l'égard des huit premiers franchi-
sés, le 13 août 1995, à l'égard de la SPRL Jacques Del-
3. Attendu que les clauses du contrat type de franchise
vaux, le franchiseur a interrompu toutes les livraisons de
qui intéressent le présent litige sont les suivantes:
la collection printemps-été 1995, les relations d'affaires
- Le franchisé s'engage à respecter les exigences de
n'ont par la suite pas repris.
Jerry concernant l'éventail minimum de marchandises à
avoir en stock, et toutes exigences minimum de stock à
VI. Discussion
savoir, deux achats annuels d'avant-saison représentent
60 % du budget saison et 40 % en commande réassort et
1. Récupérations de créances dans le chef du franchi-
flash;
seur
- Le paiement des livraisons des produits est fixé à 60
jours date de la facture, les commandes de réassort et
Attendu que les franchisés ne contestent pas devoir les
flash sont payables à 30 jours date de la facture. Pour les
sommes réclamées en principal et intérêts par le franchi-
franchisés CDGT, ASP, Denim & C0 et Delvaux, la
seur, représentant le solde des factures échues; qu'il y a
convention de franchise prévoit le paiement par traite ac-
lieu de faire droit à la demande du franchiseur en récupé-
ceptée;
ration de sommes;
4. Les franchisés ont commandé des marchandises pour
Attendu que par jugement du 12 juin 1995, le franchiseur
la saison printemps-été 1995, sur base de divers bons de
a obtenu condamnation de la SPRL Kathy Day en liqui-
commandes transmis à l'administration du franchiseur en
dation pour une somme provisionnelle de 451.262 F.
novembre 1994;
5. Dans un info-franchise n° 3/95 du 1er février 1995, le 2 Résolution du contrat de franchise
franchiseur a annoncé que les livraisons de la collection
printemps-été 1995 débuteraient à la mi-février et attein- Attendu que tant le franchisé que les franchiseurs sollici-
draient leur point culminant au début du mois de mars tent la résolution des contrats de franchise;
1995;
Que le franchiseur soutient s'être vu contraint de cesser
6. Au cours du premier trimestre 1995, tous les franchi- les livraisons en juin 1995, vu les retards de paiement im-
sés - à l'exception de la SPRL R & R - ont bénéficié de portants qu'accusaient les franchisés, qu'il précise que les
délais de paiement pour apurer le solde restant dû sur les franchisés invités à se rendre au show-room de Cour-
factures afférentes aux livraisons de la saison automne- celles afin d'y voir et commander la collection automne-
hiver 1994 par le biais de traites échelonnées, pour cer- hiver, ne s'y sont pas rendus;
tains, jusqu'au troisième trimestre 1995;
Que le franchiseur prétend ainsi que les franchisés ont
7. Contrairement à ce qui avait été annoncé dans l'info- manqué à l'une des obligations principales qui leur in-
franchise de février 1995, il ressort des dossiers indivi- combait en vertu du contrat de franchise, à savoir payer
duels des franchisés que la SA Jerry & C° Franchising les commandes de base dans les 60 jours de leur factura-
n'a effectué que peu ou aucune des livraisons des articles tion et les commandes de réassortiment dans les 30 jours
commandés, que seuls 0 à 30 % des marchandises étaient de leur facturation et ainsi impute la responsabilité de la
fournies en date du 29 mars 1995. A la fin avril 1995, la résolution des contrats aux franchisés;
moyenne des livraisons n'atteignait pas 50 %.
Attendu que les franchisés soutiennent pour leur part qu'à moyens d'y faire face, failli au principe de l'exécution de
la suite des agissements fautifs du franchiseur consistant bonne foi des conventions;
pour l'essentiel dans le retard ou l'absence totale de li-
Que de manière plus spécifique, il a manqué à deux des
vraison des commandes au cours du premier trimestre
obligations essentielles du contrat de franchise, à savoir
1995, ils se sont trouvés dans les pires difficultés finan-
le devoir de collaboration loyale et réciproque qui doit
cières;
être respecté durant toute la durée du contrat et conduire
Attendu qu'au vu de la chronologie des événements, on les parties à une étroite collaboration et l'obligation de
observe qu'au cours du premier trimestre 1995, le fran- procurer au franchisé la possibilité de commercialiser un
chiseur a exigé que l'échu se rapportant aux livraisons de produit, un service dans les meilleurs conditions de renta-
la saison automne-hiver soit couvert par des traites, ce qui bilité (voir Ch. Matray, note sous la sentence arbitrale du
a été accepté par tous les franchisés en litige, à l'excep- 15 janvier 1995, J.T. p. 267);
tion de la SPRL R & R;
Que les franchisés démontrent par des circonstances ex-
Que dans le même temps, il n'a livré qu'un pourcentage ternes à l'exécution du contrat que le franchiseur avait à
dérisoire des commandes de la saison printemps-été; dessein le démantèlement du réseau de franchise, ou à
tout le moins, la cessation des activités d'un certain
Qu'en effet, à la fin du premier trimestre 1995, la situa-
nombre de points de vente;
tion de chaque franchisé se présentait de la manière sui-
vante, chiffres non critiqués par le franchiseur; Que les franchisés soutiennent en effet, sans être déniés
- pour la SPRL C.D.G.T.: 522 pièces livrées sur 2.208 par la SA Jerry & C° Franchising, qu'au cours de l'année
commandées 1995, six magasins auraient été fermés, d'autres auraient
- pour la SPRL Mich Fashion: 207 pièces livrées sur supprimé l'enseigne Jery pour adopter celle de "Cactus",
1.000 commandées que par ailleurs, la SA Jerry & C° Franchising a elle-
- pour la SPRL Desmedt: 580 pièces livrées sur 1.561 même annoncé dans l'info franchise 5/95, qu'une nouvel-
commandées le société H.D.A. (Héritage d'Amérique) avait été consti-
- pour la SPRL Kathy Day: 553 pièces livrées sur 1.850 tuée; que les franchisés affirment sans être contestés,
commandées qu'il s'agissait d'un nouveau réseau de franchise vendant
- pour la SPRL Antex: aucune pièce livrée sur 800 com- des produits identiques dans des points de vente implan-
mandées tés à proximité des magasins SA Jerry & C 0
;
Attendu qu'il y a lieu d'allouer les montants provision- Que, par ailleurs, il échet d'observer que les franchisés ne
nels justement évalués; démontrent pas le lien de causalité entre le défaut de reca-
pitalisation à concurrence de 20.000.000 F et leur dom-
Attendu que les franchisés postulent également la
mage;
condamnation du franchiseur à les indemniser du préjudi-
ce subi suite au non respect des autres obligations décou- Que l'article 35, 2°, des lois coordonnées sur les sociétés
lant du contrat de franchise; commerciales aux termes duquel les administrateurs sont
solidairement tenus, en cas d'augmentation de capital, de
Que cependant ils se limitent à évoquer, sans les dévelop-
la partie du capital qui n'a pas été valablement souscrite
per, plusieurs manquements notamment aux obligations
ne trouve pas davantage à s'appliquer en l'espèce, cet ar-
de publicité, à l'engagement d'assurer les services aux-
ticle visant l'hypothèse où une augmentation de capital a
quels les franchisés étaient en droit de s'attendre dans le
été effectivement réalisée et non pas seulement projetée;
cadre d'une exécution conforme du contrat de franchise;
Attendu que les franchisés poursuivent en second lieu la
Qu'ils réclament de ce chef le remboursement du droit
responsabilité solidaire des administrateurs sur la base de
d'entrée et celui des redevances payées par les franchisés
l'article 1382 du Code civil;
dans le cadre de l'exécution du contrat, ainsi que des
dommages et intérêts destinés à réparer la préjudice grave Qu'il leur incombe de démontrer que les fautes invoquées
subi dans le cadre d'engagements financiers auprès de sont imputables personnellement aux administrateurs
tiers; contre lesquels l'action est intentée;
Qu'il convient d'inviter les franchisés, d'une part, à pré- Que si les franchisés ont établi de manière certaine la res-
ciser les manquements commis par le franchiseur autres ponsabilité du franchiseur dans la rupture des relations
que le non respect de l'obligation d'approvisionnement contractuelles, force est de constater qu'ils restent en dé-
et, d'autre part, à s'expliquer sur leur demande de rem- faut de démontrer le manquement précis à ses obligations
boursement du droit d'entrée dans son intégralité compte de prudence qu'aurait commis chacun des administra-
tenu de l'article 3 du contrat de franchise qui prévoit teurs;
qu'en cas de rupture prématurée par la SA Jerry & C 0
Que dès lors, la demande relative à la condamnation soli-
Franchising, celui-ci s'engage à rembourser d'une part le
daire des administrateurs aux dommages et intérêts man-
droit d'entrée, sur base d'un amortissement linéaire de 20
que de fondement;
% l'an, d'autre part, des redevances payées au cours de la
convention, vu que la résolution de ce contrat, à presta- Attendu que les franchisés reprochent enfin aux adminis-
tions successives, ne vaut que pour l'avenir et ne peut trateurs ne pas avoir respecté les articles 60 à 103 et 104
donc rétroagir. des lois coordonnées sur les sociétés commerciales et
d'avoir poursuivi leur activité déficitaire;
Responsabilité personnelle des administrateurs
Attendu qu'à leur demande expresse, il y a lieu de réser-
Attendu que les franchisés recherchent en premier lieu la
ver à statuer sur ce point.
responsabilité solidaire des administrateurs de la SA Jerry
& C° Franchising sur la base de l'article 62 des lois sur
les sociétés commerciales au motif qu'ils n'auraient pas
Par ces motifs,
respecté les prescriptions des reviseurs, à savoir recapita-
liser la SA Jerry & C° Franchising mais auraient détourné
Le tribunal,
au profit d'une autre société les fonds initialement réser-
vés à la recapitalisation; Joint toutes les causes.
Attendu qu'ainsi que le relève le franchiseur la non-exé- En les causes ...
cution partielle des mesures de recapitalisation proposées,
Sur la demande principale de la SA Jerry & C° Franchi-
soit 20.000 000 F au lieu des 40.000.000 F annoncés à
sing
l'assemblée générale extraordinaire du 31 mai 1994, ne
constitue pas une infraction aux lois coordonnées sur les Reçoit les demandes principales et reconventionnelles.
sociétés commerciales, ni aux lois comptables ni aux sta-
Déclare la demande principale partiellement fondée dans
tus et n'ouvre pas d'action en responsabilité sur la base
la mesure ci-après:
de l'article 62, al. 2 des lois coordonnées sur les sociétés
commerciales; Condamne chaque partie défenderesse au principal à
payer, à titre principal à la SA Jerry & C° Franchising les
Que le fait pour certains administrateurs de constituer une
sommes suivantes:
nouvelle société ne peut être source de responsabilité so-
lidaire pour tous les administrateurs de la SA Jerry & C 0
La SPRL Mich Fashion: 353.537 F
Franchising; La SPRL J. Desmedt: 519.014 F
La SPRL Kathy Day en liquidation: 841.015 F
La SPRL Antex en liquidation: 605.246F
Note
nuari 1996 bij een ander leverancier dan deze aangeduid Weliswaar heeft de brouwerij in conclusies gesteld dat ze
door de brouwerij bevoorraad met dranken van Interbrew. akkoord gaat dat eiseres zich op het beding ten gunste
Zij betwist dat eiseres rechten zou putten uit de bruik- van een derde beroept. Deze bevestiging is nochtans niet
leenovereenkomst (relativiteit van de overeenkomst) en pertinent verrnits daaruit niet blijkt dat ze de bedoeling
meent dat het beding van drankafnameverplichting, geen had bij het sluiten van de bruikleen overeenkomst rech-
beding ten behoeve van een derde is. De brouwerij zou ten te scheppen voor eiseres, noch blijkt daaruit dat eerste
hier niet de bedoeling hebben gehad voor eiseres te be- verweerster toen aanvaard heeft dat eiseres opzichtens
dingen maar wel voor zichzelf waarbij het haar bedoeling haar, afdwingbare rechten verkreeg met de bruikleen
was Magerman aan zich te binden. Bovendien is eiseres overeenkomst.
ten overstaan van de brouwerij geen derde maar te aan-
Aldus dient de vordering van eiseres ongegrond te wor-
zien als een uitvoeringsagent, gelast met de levering van
den verklaard.
de dranken.
( ... )
1.3 De brouwerij bevestigt in haar conclusies van 27
maart 1997 dat zij eiseres heeft aangeduid als leverancier
en dat ze akkoord is dat eiseres zich beroept op dit beding D.d. 2 oktober 1997 - Kh. Brugge
ten gunste van een derde. Zet.: H.H. Vercruysse, ondervoorzitter, Van Nieuwenhuyse en
De Buysere, rechters in handelszaken
1.4 Op de zitting van 26 juni 1997 volhardden de partijen
Pleit: Mr. Spriet loco Soete en Ampe, Mr. D'Hoest loco Luxt
in hun besluiten.
en D'Hoest, en Mr. Cailliauw.
2. Beoordeling
- dat er tussen de NV Nopri en de NV Van Durme op onmisbare karakteristieken is van een franchiseketen en
19 augustus 1991 met terugwerkende kracht vanaf 30 ja- het homogene karakter van de keten een constante kwali-
nuari 1990 een overeenkomst werd gesloten tot exploita- teit van de producten en diensten moet verzekeren (art. 1
tie van een Nopri-verkooppunt te Brakel, aan de Kasteel- en art. 4 franchiseovereenkomst);
straat 31; - dat de samenwerking tussen eiseres en verweerster of
- dat voormelde overeenkomst werd gesloten voor een haar rechtsvoorgangers sedert de jaren '70 zonder noe-
duur van vijf jaar met ingang vanaf 31 januari 1990; menswaardige problemen is verlopen; wel integendeel,
- dat in artikel 30 van deze overeenkomst wordt bepaald dankzij de vele inspanningen geleverd door beide partij-
dat zij, bij gebreke aan opzegging, telkens stilzwijgend en, zonder de investeringen door eiseres 2,5 jaar geleden
zal hemieuwd worden voor opeenvolgende periodes van van 25.000.000 F te vergeten, is het Nopri-verkooppunt te
vijf jaar; Brakel over de jaren heen kunnen uitgebouwd worden tot
- dat de tussen partijen bestaande overeenkomst ingevol- een rendabele handelszaak;
ge de opeenvolgende verlengingen ervan voor een perio- - dat sedert 23 mei 1997 via persmededelingen en kran-
de van vijf jaar, thans verstrijkt op 30 januari 2000, reke- tenartikels duidelijk geïnspireerd door GB de meest wilde
ning houdende met de terugwerkende kracht van de geruchten de ronde doen over de verdwijning van de win-
overeenkomst (artikel 37 franchiseovereenkomst dd kelnaam Unie en Nopri, dewelke straks Maxi-GB wordt;
19 augustus 1991); - dat naar aanleiding van deze krantenberichten en de
- dat de NV Nopri op 29 oktober 1997 werd gesplitst en brief van 23 mei 1997 van Nopri, eiseres op 29 juli 1997
haar activa en passiva door de NV GB Retail Associates, een aantal specifieke vragen heeft gericht aan Nopri no-
met maatschappelijke zetel te Brussel, Dambordstraat 26 pens het lot van de tussen partijen bestaande overeen-
en de NV Noprimmo, met maatschappelijke zetel te Brus- komst, hoe de gedane en toekomstige investeringen zou-
sel, Dambordstraat 26 werden overgenomen; den vergoed worden en of de garantie kon bekomen
- dat de NV Nopri tengevolge van deze splitsing werd worden dat zij tot het einde van het contract bevoorraad
ontbonden, zonder vereffening en opgehouden heeft te zou worden met merkartikelen Nopri;
bestaan; - dat Nopri hierop op 5 augustus 1997 antwoordde: GB
- dat ingevolge de splitsing van de NV Nopri de activa heeft aanvaard om haar uithangbord en systeem open te
en passiva alsmede de rechten en verplichtingen die be- stellen voor de Nopri- en Unic-franchisenemers die dit
trekking hebben op de commerciële activiteiten van de wensen en om deze mee te laten genieten van de grotere
gesplitste vennootschap Nopri, namelijk het franchiseren aantrekkingskracht die hiervan uitgaat. Dit geschiedt lo-
van Nopri-winkels, in de verkrijgende vennootschap GB gischerwij ze op vrijwillige basis, wat niet altijd uit de
Retail Associates werden ingebracht; krantenartikels bleek. Ondertussen blijven uiteraard alle
- dat ook de huurcontracten gesloten met de franchisene- lopende contracten bestaan; Vragen nopens schadever-
mers, door de gesplitste vennootschap Nopri werden in- goeding zijn niet aan de orde "gezien de Nopri-keten in-
gebracht in de verkrijgende vennootschap GB Retail As- middels verder blijft bestaan; Een eventuele omschake-
sociates; ling naar de Super GB Partner formule kan gebeuren met
- dat de NV GB Retail Associates aldus de rechtsopvolg- een minimum aan bijkomende investeringen (opnieuw
ster is van de NV Nopri; 11.200.000 F voor eiseres);"
- dat eiseres een overeenkomst ondertekend heeft met - dat vervolgens op 7 oktober 1997 de NV Nopri aan de
NV Nopri omwille van de faam, bekendheid en vertrou- franchisenemers, onder wie eiseres, een brief laat gewor-
wen die deze keten genoot bij het publiek. Eiseres koos den waarin gesteld wordt dat het de bedoeling is om
heel bewust voor een Nopri-winkel, niet voor een Unie of progressief van een structuur met drie enseignes (Unie,
GB, nochtans behorende tot dezelfde groep, in het kader Nopri, GB) naar één enseigne (GB) over te stappen met
van dewelke na de opslorping van Sarma Nopri door GB drie métiers: Maxi, Super en Convenience Stores. Verder
in 1987, de economische entiteit "Nopri" haar autonomie wordt in deze brief gesteld dat de globale franchise-orga-
behield en zich feitelijk voorstelt ais promotor van dit nisatie (GB, Unie, Nopri) zowel commercieel ais admini-
systeem (Nopri-systeem); stratief volledig geüniformiseerd wordt en dat vanaf 1 fe-
- dat de NV Nopri zelf benadrukt en toegeeft dat Nopri bruari 1998 de productcentrale food en non-food van
een specifiek eigen imago heeft; "Door de loop der tijd, Unie, Nopri en GB volledig zullen gegroepeerd worden;
ervaring en investeringen, geniet NV Nopri bij het pu- - dat eiseres op voormeld schrijven dd. 7 oktober 1997
bliek van een reputatie en een kennis voor wat betreft de aangetekend gereageerd heeft ais volgt op 15 oktober
kwaliteit van de artikels en de beschikbare diensten in de 1997: "Wij ontvingen in goede orde uw brief van 7 okto-
Nopri-winkels, reputatie en imago welke een exclusief ber 1997. Wij menen dat een overgang naar Super GB
voordeel betekenen voor Nopri en de aangeslotene, en die Partner veel meer betekent dan een loutere nieuwe en be-
een belangrijk actueel en potentieel cliënteel lokken." tere organisatie zaals door u voorgesteld en in geen geval
(cfr. preambule overeenkomst); de continuïteit en specificiteiten van onze franchiseover-
- dat partijen overeenkomen alles in het werk te stellen eenkomst respecteert, wel integendeel. Deze overgang
om loyaal samen te werken aan het vormen van het zau een fundamentele wijziging inhouden van de voor-
groepsbeeld; dat de uniformiteit één van de essentiële en waarden van de tussen ans bestaande franchiseovereen-
komst en is ondenkbaar zander onze uitdrukkelijke toe- goeding lastens verweerster (overeenkomstig art. 1184
stemming... ; B.W.);
- dat de NV Nopri nooit op deze brief geantwoord heeft,
terwijl eiseres met dit schrijven duidelijk verwees naar de II. Bespreking
verplichte concertatie inzake wijziging van de handelspo-
litiek die niet nageleefd werd door de eenzijdige beslis- A. Beweerde onontvankelijkheid van de vordering we-
singen en handelingen van verweerster; gens gebrek aan belang
- dat op 18 oktober 1997 in De Personeelsgids van de
krantengroep De Standaard een advertentie verschijnt ( ... )
houdende een oproep naar nieuwe kandidaat-franchisene-
mers voor de formule Super GB Partner, waarin gesteld B. Ten gronde
wordt dat deze "Nieuwe Franchiseformule" zal kunnen
genieten van "de ervaring van de franchiseketens Nopri Overwegende dat verweerster tevens besluit tot de onge-
en Unie" daar waar deze ervaring (knowhow), mede op- grondheid van de vordering;
gebouwd door de vroegere franchisees, waaronder eise-
Overwegende dat franchising algemeen gedefinieerd
res, een essentieel element is van de franchise zelf en van
wordt ais een contractueel geregelde vorm van commer-
het uithangbord, waarop de franchisees een exclusief ge-
ciële samenwerking tussen zelfstandige ondememers
bruik kunnen doen gelden;
waarbij de franchisegever aan de franchisenemer het
- dat volgens eiseres deze advertentie een manifeste in-
recht geef om, tegen een vergoeding zijn knowhow,
breuk is op het contractueel vertrouwen dat tussen de par-
imago, handelsnaam, merk, uithangbord en andere onder-
tijen moet bestaan: eiseres heeft dan ook op 24 oktober
scheidingselementen te gebruiken bij de verkoop van pro-
1997 naar Nopri toe aangetekend gereageerd op deze ad-
ducten (Jaarboek Handelspraktijken 1990, 543, R. W.
vertentie en opnieuw de vraag gesteld naar het lot van de
1991-92, 263 met noot G. Ballon, Y. Merchiers, "Enkele
continuïteit en specificiteiten van haar overeenkomst
nieuwe handelsovereenkomsten", T.P.R. 1979, 723, nr.
onder de benaming en het logo Nopri; de NV Nopri heeft
46);
nooit op deze brief geantwoord;
- dat inmiddels verweerster reeds GB-producten in Dat aldus franchising zich allereerst kenmerkt doordat het
plaats van Nopri-producten begon op te dringen. Eiseres een samenwerkingsovereenkomst is tussen van elkaar on-
heeft deze GB-producten steeds geweigerd. Op deze wei- afhankelijke handelaars (H. De Bauw, tw. "Franchising",
gering kwam nooit een reactie van verweerster; in L. De Keyser e.a., Bijzondere overeenkomsten. Com-
- dat op 5 november 1997 de franchisenemers door mentaar met overzicht van rechtspraak en rechtsleer, Ant-
Nopri verwittigd werden dat de NV Nopri opgesplitst werpen, Kluwer 1988, 4b), waarbij een systeemlicentie
werd en dat verweerster in de rechten en verplichtingen is wordt verleend tegen vergoeding (J. Stuyck in W. Van
getreden van de NV Nopri inzake de franchiseovereen- Gerven e.a., Handels- en economisch recht. Ondeme-
komst met eiseres; rningsrecht, B, Brussel, Story 1990, 537);
- dat deze opsplitsing opnieuw voorgesteld wordt ais een
Overwegende dat tot zover de franchiseovereenkomst in
zuivere vennootschapsrechtelijk-technisch-adrninistratie-
België nog niet het voorwerp van een bijzondere wetge-
ve operatie doch in werkelijkheid bevat deze mededeling
ving is; dat bijgevolg in principe enkel het algemeen ver-
volgens eiseres een totaal misleidende zinsnede ni.:
bintenissenrecht van toepassing is;
"Naast de afdeling Nopri zal GB Retail Associates bin-
nen haar schoot een ander afdeling creëren, zijnde deze Overwegende dat verbintenisrechtelijk franchising een
der Super GB winkels om franchisegever te worden van onbenoemd, consensueel, wederkerig, opeenvolgend
de Partner-, Contact- en Convenience-winkels"; hoofdcontract is, vergeldend van aard, dat onder bezwa-
- dat hiermee impliciet uitschijnt dat de benarning en het rende titel intuitu personœ wordt afgesloten (F. Van den
uithangbord Nopri ais afzonderlijke entiteit zouden blij- Abeele, "Franchising", Antwerpen, Kluwer Rechtsweten-
ven bestaan, terwijl uit de eigen mededelingen van G.I.B. schappen België, p. 17 e.v.);
aan de pers via woordvoerders en directie blijkt dat het in
Overwegende dat het in art. 1134 B.W. neergelegde be-
elk geval de bedoeling is om op vrij korte termijn de
ginsel, dat overeenkomsten te goeder trouw moeten wor-
namen en uithangborden Nopri en Unie te doen verdwij-
den uitgevoerd, de partijen verbiedt rnisbruik te maken
nen of deze op zodanige wijze af te zwakken dat zij niet
van de rechten die het contract hen toekent;
langer de commerciële uitwerking en uitstraling zullen
hebben voortvloeiende uit het concept en het contract; Dat tevens het principe dat stelt dat een overeenkomst
- dat gezien de onzekerheid van eiseres nopens het wordt beëindigd wanneer een partij een wezenlijk bestand-
voortbestaan van haar overeenkomst onder de benaming deel (imago, knowhow) wijzigt, steunt op art. 1134 B.W.;
en het logo Nopri en de afwezigheid van duidelijke uitleg
Overwegende dat de relatie tussen franchisegever en
omtrent de dubbelzinnige en misleidende houding van
franchisenemer plaats vindt in de geest van de Europese
verweerster, zag eiseres zich verplicht te dagvaarden in
deontologische Code inzake franchising (zie preambule);
ontbinding van de franchiseovereenkomst met schadever-
dat dit betekent dat de rechtsverhoudingen tussen partijen Overwegende dat wat de franchisegever-verweerster be-
billijk en loyaal moeten geregeld worden (C. Matray, "Le treft geenszins hetzelfde kan worden voorgehouden;
contrat de franchise", uitgave Larcier 1992, nr. 33 p. 62;
Overwegende dat in casu vaststaat dat de zogenaamde
J. De Lat en B. Maes, "Franchising, een juridische schets
aanpassing aan de evolutie van de markt in werkelijkheid
van een succesformule" in de reeks Prolegomena, uitgave
neerkomt op een systematische en geleidelijke omvor-
Swinnen 1985, p. 180);
ming van de bestaande Nopri's naar Super GB Partners,
Overwegende dat de Belgische doctrine het eens is over met verdwijning van de specifieke logo, benaming, know-
de verplichting van de franchisegever de franchisenemer how en uithangbord Nopri;
volledig en voorafgaandelijk te informeren (Matray, o.c.,
Dat verweerster het Nopri-concept aldus niet aanpast,
p. 35 en p. 63 e.v.; D. Grisay, "Les accords de franchise
doch zij vervangt het éénzijdig door een ander concept,
au regard du droit belge", DAOR 1989, p. 27 en 28; J.
hetgeen strijdig is met het principe dat indien de franchi-
Billiet, B.R.H. 1982, p. 113-114; W. Oberreit, "Franchis-
segever grondige wijzigingen aanbrengt aan zijn com-
ing", Economisch en financieel recht vandaag, II, p.
mercieel systeem hij daartoe de toestemming van de fran-
343);
chisenemer moet inwinnen, en indien dit niet gebeurd kan
Overwegende dat ook in België de informatieverplichting hij de franchisenemer niet dwingen tot verdere uitvoering
van de franchisegever, omwille van zijn deskundigheid, van zijn contractuele verplichtingen;
zeer streng wordt beoordeeld en ertoe neigt een resul-
Dat kwestieuze fundamentele éénzijdige wijziging de
taatsverbintenis te worden (F. Dirix en A. Van Oevelen,
franchiseovereenkomst gelijk staat met een éénzijdige
"Kroniek van het verbintenissenrecht, 1985-1992", R. W
foutieve verbreking van voomoemde overeenkomst ;
1992-93, p. 1211; G. Schrans, "De progressieve totstand-
koming der contracten", T.P.R. 1984, p. 13; W. Wil- Overwegende dat de door verweerster terzake aangehaal-
lems,"Het recht op informatie in het verbintenissenrecht. de argumenten niet terzake zijn en zeker haar fouten niet
Een grondslagen onderzoek", R. W 1980-81, 519); verontschuldigen;
Dat ook de rechtsleer over het algemeen oordeelt dat de Overwegende dat tevens vaststaat dat verweerster sinds
franchisenemer kritisch moet staan tegenover de informa- 23 mei 1997 grovelijk tekort kwam aan haar hoofdverbin-
tie gegeven door de franchisegever (D. Grisay, o.c. p. 29; tenis van franchisegever t. w. op ondubbelzinnige wijze
M. Kahn, "Franchise et partenariat", Guide pratique, aan eiseres de door haar meermaals gevraagde informatie
Paris 1994, p. 75). Ook dit is een toepassing van het alge- te verstrekken;
meen verbintenissenrecht (Schrans, o.c. p. 13 e.v.);
Dat verweerster, zoals duidelijk blijkt uit voormeld fei-
Overwegende dat het Hof van Beroep te Gent ( 14 oktober tenrelaas, eiseres onvoldoende geïnformeerd heeft om-
1994 - T.B.H. 1995, p. 50 l) tevens geoordeeld heeft dat trent haar plannen, niet geantwoord heeft op de schrifte-
de franchisegever ook de overeenkomst te goeder trouw lijk uitgedrukte bezorgdheid van eiseres omtrent de
moet uitvoeren en de franchisenemer niet mag beconcur- specificiteiten en de continuïteit van haar overeenkomst
reren; met N.V. Nopri en zelfs misleidende correspondentie
heeft gericht aan eiseres en haar andere franchisenemers
Overwegende dat klare en openlijke communicatie essen-
om haar werkelijke plannen zolang mogelijk te verdoeze-
tieel is in de verhouding tussen partijen waar zij samen-
len;
werking boven concurrentie verkiezen (preambule);
Overwegende dat vaststaat dat verweerster, als deskundi-
Overwegende dat eveneens volgens F. Van den Abeele,
ge, aldus verantwoordelijk is voor deze onopzettelijk ge-
voomoemd, het inderdaad behoort tot de essentie van een
geven misleidende informatie (R. Kruithof, H. Bocken, F.
franchiseovereenkomst dat de franchisegever het com-
De Ly en B. De Temmerman, "Verbintenissenrecht, over-
mercieel systeem aanpast en bijwerkt in het licht van de
zicht van rechtspraak 1981-1992", T.P.R. 1994, nr. 76, p.
evoluerende situatie op de desbetreffende markt; dat dit
281);
aanpassen en bijwerken echter niet kan worden be-
schouwd als een absoluut recht. Indien de franchisegever Overwegende dat verder de advertentie welke op 18 okto-
fundamentele wijzigingen nodig acht zal hij hiertoe de ber 1997 verscheen in de Personeelsgids van de kranten-
toestemming van de franchisenemer nodig hebben; groep "De Standaard" inderdaad een manifeste inbreuk is
op het contractueel vertrouwen dat tussen de partijen
Toepassing van voormelde principes op huidig geschil moet bestaan;
Overwegende dat voormelde contractuele tekortkomin-
Overwegende dat vaststaat dat aan eiseres-franchisene-
gen derhalve voldoende zwaarwichtig zijn om lastens
mer geen verwijten kunnen worden gemaakt, zij heeft de
verweerster de gerechtelijke ontbinding van kwestieuze
richtlijnen van verweerster-franchisegever tot op heden
franchiseovereenkomst uit te spreken;
correct opgevolgd. Verweerster heeft dit trouwens zelf
bevestigd in haar conclusies;
Overwegende dat verweerster ten onrechte aan eiseres Nota bij twee vonnissen inzake franchising
verwijt haar vordering tot ontbinding niet te hebben doen
voorafgaan door een ingebrekestelling; 1. Belang van de uitspraken
Overwegende dat thans algemeen aangenomen wordt dat
een dagvaarding met als voorwerp de gerechtelijke ont- Bovenstaande vonnissen, het ene uitgesproken door de
binding, gelijk staat met een ingebrekestelling (S. Stijns, Rechtbank van Koophandel te Charleroi op 4 oktober
"De gerechtelijke en buitengerechtelijke ontbinding", 1996, het andere door de Rechtbank van Koophandel te
Maklu 1994, p. 171, nr. 108); Brussel op 3 juli 1998 hebben toevallig en in een tijds-
spanne van bijna twee jaar beiden uitspraak moeten doen
Dat zelfs indien zulks niet vereist. is, dienen de talrijke over de beëindiging van een franchisingcontract ten ge-
brieven van eiseres waarbij zij uitdrukkelijk stelt dat zij volge onverenigbaarheid tussen frachisegever en hun
een overgang naar Super GB Partner niet aanvaardt, franchisenemers. In beide zaken werd aan de rechtbank
evenwel als ingebrekestelling beschouwd (S. Stijns, o.c. gevraagd om het contract te ontbinden lastens de andere
p. 177, nr. lll); partij wegens contractuele fouten.
Overwegende dat de vordering derhalve gegrond is zoals Merkwaardig is dat de rechtbank in beide zaken de ont-
bepaald in het dispositief hierna; binding uitsprak lastens de franchisegever wegens door
Overwegende dat in casu de rechtzekerheid de uitvoer- hem begane tekortkomingen, echter om verschillende re-
baarheid bij voorraad verantwoordt. denen:
- In de zaak te Charleroi verweet de rechtbank aan de
franchisegever - door het deels inhouden van de leverin-
Om deze redenen, gen - de franchisenemers financieel in een onhoudbare
toestand te hebben geplaatst en alzo te hebben gefaald in
De Rechtbank, zijn plicht de overeenkomst te goede trouw uit te voeren.
- In de zaak voor de Brusselse rechtbank meent de rech-
Rechtsprekende op tegenspraak, ter dat de franchisegever de fout heeft begaan zijn fran-
Verklaart de vordering toelaatbaar en gegrond ais volgt, chisingconcept radicaal en eenzijdig te wijzigen, zonder
overleg, noch instemrning van de franchisenemers en de-
Verklaart ontbonden ten nadele van verweerster, in toe- welke gelijk te stellen is met "éénzijdige foutieve verbre-
passing van artikel 1184 B.W., de franchisingovereen- king ... ".
komst gesloten tussen eiseres en NV Nopri op 19 augus-
tus 1991, en dit vanaf de betekening van huidig vonnis; Ook meent de rechtbank dat de franchisegever grovelijk
tekort kwam aan zijn verbintenis de door de franchisene-
Veroordeelt verweerster om, mits terugbetaling van de mers gevraagde informatie te verstrekken, ni. omtrent
aankoopprijs ervan, binnen de acht dagen na de beteke- diens plannen om het concept te wijzigen.
ning van huidig vonnis, alle producten van het merk
Nopri te komen afhalen op haar kosten en zulks op straffe De advertentie die de franchisegever liet verschijnen in
van een dwangsom van tweehonderd vijftigduizend frank de pers om kandidaten aan te trekken voor het vernieuwd
per dag vertraging in de uitvoering; concept wordt door de rechtbank beschreven als "mani-
feste inbreuk op het contractueel vertrouwen dat tussen
Verleent akte aan eiseres van haar voorbehoud omtrent de partijen moet bestaan ".
haar vordering op schadevergoeding lastens verweerster
en verzendt dit punt naar de roi; 2 Toetsing aan de principes
Behoudt de kosten voor;
Verklaart het vonnis uitvoerbaar bij voorraad niettegen- 2.1. Bij gebreke aan specifieke wetgeving zijn franchis-
staande alle verhaal en zonder borgstelling noch kanton- ingcontracten onderworpen aan het algemeen verbintenis-
nement. senrecht. Hieruit volgt o.a. dat partijen dus worden veron-
dersteld hun contractuele verplichtingen te goeder trouw
uit te voeren, in toepassing van art. 1134 B.W. In de be-
D.d. 3 juli 1998 - Kh. Brussel sproken vonnissen is de rechter tot het besluit gekomen
Zet.: Mev. De Tandt, ondervoorzitter, De Maeseneer en Here- dat de franchisegever grovelijk tekort gekomen is aan zijn
mans, rechters in handelszaken. plicht van goede trouw:
Pleit.: Tavernier, Ryckman, en De Maeyer en Van Poucke "... il a manqué à deux des obligations essentielles du
loco Van Buggenhout. contrat de franchise, à savoir le devoir de collaboration
loyale et réciproque qui doit être respecté durant toute la
durée du contrat et conduire les parties à une étroite col-
laboration et l'obligation de procurer au franchisé la
possibilité de commercialiser un produit, un service dans
3 Beoordeling
O. Vaes
Advocaat
3. Advies over het bod door de raad van bestuur. De 7. Kapitaa/verhoging na de aankondiging van een
rechtsleer is verdeeld over de vraag of de regels die op bod De Commissie werd op de hoogte gebracht van een
het gebied van belangenconflicten van toepassing zijn kapitaalverhoging tengevolge een beslissing van de raad
(artikels 60 en 60bis van de gecoôrdineerde wetten op van bestuur genomen na het uitbrengen van een bod. De
de handelsvennootschappen), eveneens van toepassing Commissie heeft zich beperkt tot het onderzoek van de
zijn op het advies dat de raad van bestuur over het bod naleving van de statutaire en wettelijke bepalingen en
moet geven (artikel 15 van het besluit op de openbare van de verplichting tot motivering die in dergelijk geval
ovemamebiedingen). De Commissie heeft deze vraag aan de raad wordt opgelegd. Ze heeft zich daarentegen
negatief beantwoord, omdat het gegeven advies geen niet uitgesproken over de opportuniteit van de beslis-
betrekking heeft op een beslissing van de vennootschap sing, daar ze van mening was dat alleen de raad van
noch op een operatie waarin haar patrimonium betrok- bestuur, onder toezicht van de hoven en rechtbanken,
ken wordt. De Commissie meent bovendien dat een over deze vraag kon oordelen.
dergelijke toepassing van de reglementering zou verhin-
8. Bevoegdheden van de raad van bestuur tijdens het rities and Exchange Commission ("SEC") goedgekeurde
bod. Het besluit op de openbare overnamebiedingen legt prospectussen normaliter geen verantwoording van de
aan de doelwitvennootschap het verbod op om tijdens de prijs bevatten.
duur van het bod, behalve op grond van een beslissing
van de algemene vergadering, beslissingen te nemen in 2. Teneinde tegenstrijdigheden te vermijden, heeft de
verband met of over te gaan tot operaties die een be- Commissie - na een grondig onderzoek van de door de
langrijke invloed hebben op de toestand van het actief SEC goedgekeurde prospectussen - geoordeeld dat zij
of passief van de vennootschap (artikel 8, § 1, 3°). De haar goedkeuring kon verlenen aan een in België te
Commissie heeft beslist dat de raad van bestuur noch- publiceren prospectus dat, wat de verantwoording van de
tans geldig kan beslissen over de verwerving van een prijs van de aangeboden aandelen betreft, niet meer
dochtermaatschappij van de bieder, omdat deze transac- informatie zou bevatten dan het Amerikaanse prospectus
tie de doelwitvennootschap niet verarmde en de bieder met een "Management discussion and analysis of finan-
met de operatie had ingestemd. cial condition and resu/ts of operations" waarin de fi-
nanciële positie en de resultaten van de onderneming
9. Openbaar uitkoopbod. Tengevolge de w1Jz1gmg grondig worden geanalyseerd en op basis waarvan de
doorgevoerd door het koninklijk besluit van 11 juni belegger zich een gegrond oordeel over de onderneming
1997, voorziet het besluit op de openbare overnamebie- en over de prijs van de aangeboden aandelen kan vor-
dingen thans in de mogelijkheid voor de aandeelhouder men. De Commissie heeft aldus aanvaard dat het Ameri-
die 95 % of meer effecten bezit, om een uitkoopbod uit kaanse prospectus (in het Engels) werd aangewend in
te brengen. Dat bod gebeurt ofwel in aansluiting op een België, met dien verstande dat een samenvatting van het
openbaar bod ofwel onathankelijk van elk openbaar bod. prospectus (met onder meer de "MD&A Section") in
In dat laatste geval is er namelijk voorzien dat een ver- minstens één van de landstalen dient te worden opge-
slag dat toelichting geeft over de toepasselijkheid van de steld en dat de gehanteerde boekhoudkundige normen
evaluatiemethode van de vennootschap moet worden (US GAAP normen) en de Europese normen met elkaar
voorbereid en aan de Commissie mag worden voorge- in overeenstemming worden gebracht.
legd. In tien van de twintig dossiers van uitkoopbiedin-
gen waarvan ze op de hoogte werd gebracht tijdens de C. VAN ASSCHE
voorbije periode, heeft de Commissie aan de bieder
opmerkingen moeten maken over de evaluatiemethode.
De Commissie stelt in haar verslag vast dat die opmer- FINANCIËLE VERRICHTINGEN
kingen de bieder ertoe hebben gebracht de termijnen van
het bod te wijzigen of de gegeven informatie in de pros- Verhandeling van rechten van deelneming in Instel-
pectus in dat opzicht op een toereikende manier aan te lingen voor Collectieve Belegging ("ICB's") via In-
vullen. ternet
Aandelen - Openbaar aanbod tot verkoop van aande- 1. In haar jongste jaarverslag rapporteert de Commis-
len dat gelijktijdig loopt in België en in de Verenigde sie, aan de band van een specifiek dossier, over het
Staten - Opstellen van prospectus gebruik van Internet om rechten van deelneming in
ICB's te commercialiseren.
Commissie voor het Bank-en Financiewezen, Jaarver- Het ging in concreto om een kredietinstelling die
s/ag 1997-1998, 108. enerzijds een "informatiesite" heeft via dewelke het
beleggerspubliek wordt geïnformeerd over de ICB's die
1. De Commissie heeft in haar jongste jaarverslag de bank commercialiseert en die toegankelijk is voor
melding gemaakt van een dossier waarbij zij ermee iedereen, en die anderzijds de mogelijkheid biedt om via
heeft ingestemd dat bepaalde informatie die normaliter Internet op rechten van deelneming in te schrijven. Deze
dient te worden vermeld in het prospectus dat moet laatste mogelijkheid is voorbehouden aan specifieke
worden opgesteld bij een openbaar aanbod tot verkoop cliënten van de bank (ni. de cliënten met een lopende
van aandelen in België, niet diende te worden opgeno- rekening en een effectenrekening die met een abonne-
men in het prospectus dat wordt gebruikt voor een open- ment toegang hebben tot een aantal elektronische bank-
baar aanbod dat gelijktijdig loopt in België en in de diensten).
Verenigde Staten (bijvoorbeeld bij een gelijktijdige De Commissie was de mening toegedaan dat de in-
notering op EASDAQ en NASDAQ via een openbaar schrijvingsprocedure via Internet zoals ontworpen door
aanbod tot verkoop ). de bank voldoende garanties biedt om de naleving, zo-
In casu ging het meer bepaald om de vereiste tot wel qua inhoud ais qua verspreiding, van haar vroegere
verantwoording van de prijs (of de prijsvork) van de aanbevelingen te verzekeren (meer bepaald het prospec-
aangeboden aandelen. De Amerikaanse praktijk wijkt af tus bestaande uit verschillende onderdelen en het zoge-
van de Belgische regels in die zin dat de door de Secu- naamde "verkorte prospectus") en tevens de gelijke
behandeling van de beleggers op het vlak van de infor- 3. De Commissie kwam tot de conclusie, mede ge-
matieverstrekking, ongeacht of zij toegang hebben tot steund op een juridisch advies van een advocatenkantoor
Internet, respecteert (daar de belegger steeds kan vragen omtrent de rechtsgeldigheid van de close-out netting be-
om thuis kosteloos een exemplaar toegestuurd te krijgen dingen in de ISDA Master Agreement onder Belgisch
van aile stukken van het volledige prospectus en van het recht (en in het bijzonder onder artikel 157 van de wet
algemene informatiestuk over de ICB's). van 22 maart 1993) en door informatie ingewonnen bij
de bevoegde autoriteiten van de diverse andere Staten
2. De Commissie ziet eveneens toe op de administra- waarin de potentiële wederpartijen gevestigd zijn, dat de
tieve en technische organisatie van de ICB's. In het ISDA Master Agreement ten aanzien van het Belgische
kader daarvan, besteedt zij dan ook bijzondere aandacht recht voldoet aan de voorwaarden van artikel 17, § 2
aan de maatregelen die worden getroffen om de veilig- van de eigen-vermogensregeling en er geen bezwaar is
heid van transacties via Internet te waarborgen en aan de om het risicoverminderend karakter ervan te erkennen
tenlastelegging van de kosten verbonden aan het nieuwe met wederpartijen gevestigd in de desbetreffende staten,
distributiesysteem. onder voorbehoud evenwel van het volgende:
- de overeenkomst moet zijn afgesloten met een kre-
3. De Commissie duidt tenslotte nog aan dat zij de dietinstelling of een andere financiële instelling zoals
nieuwe projecten die aan haar worden voorgelegd in gedefinieerd in artikel 157 van de wet van 22 maart
verband met de commercialisatie van rechten van deel- 1993;
neming in ICB's via Internet op analoge wijze zal bena- - de partijen moeten uitdrukkelijk opteren voor de auto-
deren, rekening houdend met de specifieke kenmerken matische beëindiging van de verbintenissen onder de
van elk dossier en de opgedane ervaring. Zij zal zich overeenkomst in geval van faillissement;
tevens blijven informeren omtrent de werkzaamheden op - er moet een termijn van tenminste zes maanden ver-
internationaal vlak dienaangaande en de potentiële im- lopen tussen het afsluiten van de ISDA Master Agree-
pact daarvan op haar positie. ment en het erkennen van het risicoverminderend
karakter van de overeenkomst voor voordien aangega-
C. VAN ASSCHE ne, nog niet vervallen schulden. Dit strekt ertoe te
vermijden dat een tijdens de verdachte periode geslo-
ten schuldvergelijkingsovereenkomst (ISDA Master
BANK Agreement) opnieuw zou kunnen worden aangevoch-
ten.
Kredietinstelling - Risicoverminderend karakter -
Schuldvergelijkingsovereenkomsten - Netting 4. In het jaarverslag wordt tenslotte noch benadrukt
dat deze kaderbeslissing te onderscheiden valt van het
Commissie voor het Bank- en Financiewezen, Jaarver- individuele akkoord van de Commissie dat overeenkom-
slag 1997-1998, 56. stig artikel 17, § 2 vereist is. Dit individueel akkoord
wordt gegeven nadat de Commissie zekerheid heeft
1. De Commissie heeft in haar jongste jaarverslag verkregen dat de betrokken kredietinstelling zodanig is
twee gevallen beoordeeld waarin artikel 17, § 2 van de georganiseerd dat op basis van de netto-bedragen de
eigen-vermogensregeling van 5 december 1995 van vervangingskost van de afgeleide instrumenten correct
toepassing was. Op basis van dit artikel mag een kre- kan worden berekend en dat de gesloten overeenkomsten
dietinstelling die met een wederpartij een bilaterale steeds op hun rechtsgeldigheid kunnen worden getoetst.
schuldvernieuwings- of schuldvergelijkingsovereenkomst De Commissie heeft geoordeeld dat deze Jaatste voor-
met betrekking tot afgeleide instrumenten (de zgn. waarde ten aanzien van de leden van de ISDA vervuld
"derivatives") heeft afgesloten, onder bepaalde voor- was. Ten aanzien van de eerste voorwaarde wordt het
waarden en na voorafgaande toestemming van de Com- advies van de erkende commissaris-revisor gevraagd.
missie, de vervangingskost van deze afgeleide instru-
menten berekenen op basis van de uit deze overeenkom- C. VAN ASSCHE
sten resulterende netto-bedragen in plaats van bruto-
bedragen.
BANK - FINANCIËLE VERRICHTINGEN
2. Een van deze twee gevallen betrof een bilaterale
schuldvergelijkingsovereenkomst, ni. de ISDA Master Deposito's en financiële instrumenten - Bescherming
Agreement (versie 1992). Op verzoek van zes Belgische - Zekerheden - FIF
banken aangesloten bij ISDA (International Swaps and
Derivatives Association) heeft de Commissie onderzocht De wet van 17 december 1998 (B.S., 31 december 1998,
in welke mate zij onder deze overeenkomst het risico- 2° ed.) heeft, met ingang van 15 februari 1999, een
verminderend karakter kon erkennen ten aanzien van nieuwe regeling ingesteld voor de bescherming van
wederpartijen die ressorteren onder het recht van België, cliënten van kredietinstellingen en beleggingsonderne-
Duitsland, Verenigd Koninkrijk, Frankrijk, Groot-Her- mingen in geval van faillissement of een hiermee gelijk
togdom Luxemburg en Nederland. te stellen situatie. De hervorming is gepaard gegaan met
een nieuwe organisatorische omkadering van de bescher- IL Beheer van de beschermingsregeling: het FIF
mingsregelingen, waarvan het beheer voortaan toekomt
aan ·het "Beschermingsfonds voor deposito' s en De wet van 17 december 1998 (B.S., 31 december 1998,
financiële instrumenten" (verkort: "FIF"). Na een situe- 2• ed.) richt onder de naam "Beschermingsfonds voor
ring van deze hervorming (1) en nadere toelichting bij deposito's en financiële instrumenten", afgekort "FIF"
het beheer van de beschermingsregeling door het FIF (hiema: het Fonds) een openbare instelling met rechts-
(11) worden de voomaamste veranderingen die de nieu- persoonlijkheid op. Het Fonds heeft uitsluitend tot doel
we beschermingsregeling met zich meebrengt, beschre- het beheer van één of meer depositobeschermingsrege-
ven (III). lingen en/of van één of meer beleggersbescher-
mingsregelingen. Het Fonds is gerechtigd om deze be-
L Situering schermingsstelsels onder te brengen in één enkele rege-
ling.
De materie van depositobescherming bij kredietinstellin- Het Fonds vormt, althans wat de depositobescher-
gen en beleggerscompensatie bij beleggingsondememin- mingsregeling bij kredietinstellingen betreft, de opvolger
gen heeft, voomamelijk onder invloed van de Europese van het Herdiscontering- en Waarborginstituut (H.W.1.),
reglementering, in de voorbije jaren grondige mutaties dat bij dezelfde wet wordt afgeschaft. De rechten en
doorgemaakt. De omzetting van de Europese richtlijn verplichtingen van het H.W.I. met betrekking tot het
van 30 mei 1994 inzake de depositogarantiestelsels bij beheer van de depositobeschermingsregeling gaan van
kredietinstellingen had in de Belgische rechtsorde al ge- rechtswege over op het Fonds (art. 30-33). Terzelfdertijd
leid tot een unificatie van de voorheen bestaande wordt het Interventiefonds voor de Beursvennootschap-
beschermingsregimes voor deposito's bij kredietinstellin- pen ontbonden, en worden al diens rechten en verplich-
gen. Op grond van een protocol gesloten tussen het tingen aan het Fonds overgedragen (art. 34). De inwer-
Herdiscontering- en Waarborginstituut (H.W.1.) enerzijds kingtreding van deze maatregelen is door de Koning op
en de kredietinstellingen anderzijds, werd één enkel 15 februari 1999 vastgesteld (art. 1 K.B. 29 januari
beschermingsfonds in het leven geroepen, beheerd door 1999, B.S., 5 februari 1999, p. 3427).
het H.W.I., dat de door de richtlijn opgelegde bescher-
ming bood aan deposanten bij kredietinstellingen. De De interne organisatie van het Fonds wordt nader gere-
geld in de aangehaalde wet van 17 december 1997, en
toetreding tot een depositobeschermingsregeling was
verder geconcretiseerd in een intem organisatieregle-
voor kredietinstellingen naar Belgisch recht en bijkanto-
ment, goedgekeurd bij M.B. van 15 februari 1999 (B.S.,
ren van niet-Europese kredietinstellingen een voorwaar-
3 maart 1999, p. 6247). Het bestuur van het Fonds be-
de geworden voor het verkrijgen van hun bedrijfsver-
rust bij het Bestuurscomité, bestaande uit 12 door de
gunning vanwege de Commissie voor het Bank- en
Koning benoemde leden. De helft van de leden worden
Financiewezen (art. 110 W. 22 maart 1993). voorgedragen door de representatieve organisaties van
Voor beursvennootschappen bestond een wettelijke respectievelijk kredietinstellingen (4 leden) en van be-
beschermingsregeling, beheerd door het Interventiefonds leggingsondememingen (2 leden). Het dagelijks bestuur
voor de Beursvennootschappen, dat een tegemoetkoming van het Fonds wordt toevertrouwd aan de Nationale
voorzag voor de verliezen die cliënten van beursven- Bank van België.
nootschappen bij faillissement of gelijkaardige situatie
zouden lijden ingevolge de onmogelijkheid om aan de Teneinde de werkbaarheid van de beschermingsrege-
financiële instelling toevertrouwde gelden of financiële ling(en) te verhogen, neemt de wet van 17 december
instrumenten te recupereren (art. 112-116 W. 6 april 1998 een aantal principes uit de vroegere wetgeving
1995). over:
- De verbintenissen die het Fonds aangaat in het kader
De huidige hervorming is het rechtstreekse gevolg van van de beschermingsregelingen die het beheert, kun-
de verplichting om uiterlijk op 26 september 1998 over nen enkel worden uitgevoerd binnen de grenzen van
te gaan tot omzetting in het Belgische recht van de de beschikbare middelen van deze regelingen (art. 5,
Europese richtlijn van 3 maart 1997 inzake beleggers- lid 3).
compensatiestelsels. Deze richtlijn noopte niet enkel tot - De schuldvorderingen in hoofdsom en de bijkomende
een substantiële wijziging van het bestaande bescher- schuldvorderingen van het Fonds op de kredietinstel-
mingsstelsel voor beursvennootschappen, maar vereiste lingen en beleggingsondememingen in het kader van
eveneens een uitbreiding van de bescherming bij krediet- de financiering van de beschermingsregelingen zijn
instellingen voor zover deze beleggingsdiensten verle- bevoorrecht op aile roerende goederen van de schul-
nen. denaar (art. 15, § 1). Het voorrecht moet de financie-
ring van de beschermingsregelingen lastens de aange-
De wetgever heeft deze gelegenheid te baat genomen sloten financiële instellingen zeker stellen.
om te streven naar een verdere uniformisering, en zelfs - De betalingen die het Fonds aan begunstigden van een
mogelijke unificatie van de beschermingsregeling voor beschermingsregeling verricht, hebben de subrogatie
kredietinstellingen en beleggingsondememingen. in de rechten van de begunstigde tegenover de finan-
ciële instelling tot gevolg. Bij gedeeltelijke betaling één enkel Interventiefonds, opgericht binnen en beheerd
door het Fonds, komt de begunstigde, in afwijking door het FIF. Niettemin wordt nog een onderscheid
van art. 1252 B.W., in gelijke rang met het Fonds te gemaakt tussen de verschillende categorieën financiële
staan voor de betaling van het saldo (art. 15, § 3). instellingen op het vlak van de voor vergoeding in aan-
merking komende tegoeden enerzijds, en met betrekking
III. Inhoud van de beschermingsregeling tot de financiering van de beschermingsregeling ander-
zijds.
Met ingang van 15 februari 1999 worden de bestaande De Mededeling maakt binnen de eengemaakte rege-
deposito- en beleggersbeschermingsregelingen vervangen ling eveneens een onderscheid tussen de beschermingsre-
door één enkele door het Fonds beheerde "bescher- geling voor deposito's enerzijds, en voor financiële
mingsregeling voor deposito's en financiële instrumen- instrumenten anderzijds. Dit onderscheid houdt verband
ten". Deze regeling vindt zijn juridische grondslag in met de berekening van de maximale tegemoetkoming:
een Protocol, ondertekend tussen het Fonds enerzijds en de maximale tegemoetkoming binnen elk van beide
de vertegenwoordigers van kredietinstellingen en beleg- subcategorieën bedraagt 20.000 EUR (15.000 EUR tot
gingsondememingen (beursvennootschappen en vennoot- 31 december 1999).
schappen voor vermogensbeheer) anderzijds. Op basis
van dit - vertrouwelijk - Protocol, werd een Mededeling B. Beschermde tegoeden
in het Belgisch Staatsblad gepubliceerd, die de modali-
teiten van financiering van de regeling en tegemoetko- De Mededeling differentieert bij de bepaling van de
ming ten gunste van deposanten en beleggers uiteenzet beschermde tegoeden naargelang de financiële instelling
(zie B.S., 25 februari 1999, p. 5728). Deze Mededeling waarbij de tegoeden worden aangehouden. Hierbij wordt
is te beschouwen ais een van het Fonds uitgaande bin- eveneens rekening gehouden met de beperkingen in
dende eenzijdige wilsuiting. toegelaten werkzaamheden van deze ondememingen. Zo
is in geval van deficiëntie van een vennootschap voor
De huidige geünificeerde beschermingsregeling verschilt vermogensbeheer de toekenning van een tegemoetko-
op diverse punten van de regelingen die ze vervangt. ming aan de cliënten eerder uitzonderlijk, nu het voor
Hiema worden enkel de hoofdlijnen en belangrijkste deze vennootschappen in principe verboden is om depo-
wijzigingen ten opzichte van de vroegere regeling weer- sito' s of financiële instrumenten van hun klanten in
gegeven. Hierbij wordt enkel aandacht geschonken aan ontvangst te nemen (art. 79, § 2, lid 2 W. 6 april 1995).
de tegemoetkoming na deficiëntie van een financiële In dezelfde lijn geldt in principe geen tegemoetkoming
instelling. Zoals voorheen kan door het Fonds ook be- voor deposito's aangehouden door een beursvennoot-
sloten worden om op preventieve basis tussen te komen. schap, wanneer deze niet waren bestemd voor de aan-
De (discretionaire) beslissing hiertoe ligt bij het Be- koop van financiële instrumenten of voor terugbetalin-
stuurscomité van het Fonds. gen.
Met het oog op de berekening van de plafonds en de
A. Eengemaakte beschermingsregeling termijn voor tegemoetkoming, worden alle beschermde
tegoeden verder ondergebracht in de regeling voor depo-
De uitwerking van één enkele beschermingsregeling sito' s of voor financiële instrumenten.
voor kredietinstellingen, beursvennootschappen en ven-
nootschappen voor vermogensbeheer naar Belgisch recht Op grond van deze beginselen kan de beschermingsrege-
vormt wellicht de belangrijkste vemieuwing van het ling voor de verschillende categorieën financiële instel-
huidige regime. De tegemoetkomingen voor de cliënten lingen ais volgt worden geschematiseerd:
van al deze financiële bemiddelaars geschieden lastens
Depositobescherming Bescherming
(20.000 EUR) financiële
instrumenten
(20.000 EUR)
Gewone deposito 's "Gebonden" Schuldbewijzen Financiële
deposito 's instrumenten
······Eu-······ .. Niet-EU........ Eu-······ .. Niet-EU........ EU_........ Niet-Eu·· .......... Alle ·vâîuta ......... .
valuta valuta valuta valuta valuta valuta
.........+ .....................................+········ .........+.................+............................................... + ...................
Kredietinstelling
Beursvennootschap + + +
Vennootschap (+) (+) (+)
vermogensbeheer
Voor kredietinstellingen heeft de nieuwe regeling twee moetkoming voor tegoeden die verband houden met het
belangrijke wijzigingen tot gevolg: enerzijds wordt witwassen van gelden uit de georganiseerde misdaad of
voortaan een vergoeding toegekend voor de niet-recupe- wanneer de begunstigde bedrog heeft gepleegd met
reerbare financiële instrumenten van de cliënt die de betrekking tot onder meer de beschermingsregeling.
deficiënte kredietinstelling onder zich hield. Anderzijds
worden deposito's die verband houden met de aanschaf Bij de berekening van de plafonds voor tegemoetkoming
van financiële instrumenten of voor terugbetalingen in bevat de Mededeling zoals voorheen bijzondere regels
dit verband ("gebonden" deposito's) eveneens gedekt voor gezamenlijke of fiduciaire rekeningen, evenals voor
wanneer ze niet in de valuta van een Europese lidstaat de herbeleggingsrekeningen van beursvennootschappen
of in euro luiden. Voor de berekening van de plafonds (art. 77, § 2 W. 6 april 1995).
voor tegemoetkoming worden de "gebonden" deposito's
ondergebracht bij de depositobescherming, niet bij de C. Modaliteiten en procedure van terugbetaling
bescherming van financiële instrumenten. Zoals voor-
heen wordt voor bancaire schuldbewijzen enkel een Voortaan gebeurt de terugbetaling door het Fonds in
tegemoetkoming verleend wanneer ze op naam luiden, principe in euro. Tot het einde van de overgangsperiode
dan wel in rekening of in open bewaargeving zijn ge- . voor de invoering van de euro (31 december 2001) kan
bracht. Tot slot zij tevens opgemerkt dat het saldo op de begunstigde evenwel verzoeken om terugbetaling in
een vooratbetaalde, door de kredietinstelling uitgegeven Belgische frank. De omrekening naar euro (of Belgische
betaalkaart (elektronische portemonnee, bv. Proton), frank) gebeurt volgens de onherroepelijke omrekenings-
wordt gelijkgesteld met deposito's, en bijgevolg even- koersen. Voor tegoeden die niet in de valuta van een
eens bescherming geniet. land uit de euro-zone luiden, geschiedt de omrekening
volgens de gemiddelde marktkoers op de dag vooraf-
Voor beursvennootschappen schuilt de voomaamste gaand aan het intreden van de deficiëntie.
vemieuwing in het plafond voor tegemoetkoming. Deze In afwijking van het voorgaande worden tegoeden,
kan thans oplopen tot maximaal 40.000 EUR: 20.000 luidend in een munt die niet tot de euro-zone behoort,
EUR voor financiële instrumenten en nogmaals eenzelf- en aangehouden bij een bijkantoor van de financiële
de limiet voor "gebonden" deposito's. Voorheen gold instelling in een andere EU-lidstaat of in een derde land,
een globale limiet van 2,5 miljoen BEF (ca. 60.000 uitbetaald in de munt van het vestigingsland van dat
EUR) per cliënt, waarbij de vergoeding voor "gebonden" bijkantoor.
deposito's niet hoger mocht liggen dan 500.000 BEF
(ca. 12.500 EUR). De voorheen bestaande globale limiet De termijnen waarbinnen het Fonds tot uitbetaling van
van tegemoetkomingen per deficiënte beursvennootschap de tegemoetkoming moet overgaan, zijn overgenomen
(max. 200 miljoen BEF; ca. 5 miljoen EUR) komt daar- uit de Europese richtlijnen: voor de tegoeden beschermd
entegen niet meer voor in de nieuwe regeling. ten titel van depositobescherming geldt een termijn van
3 maanden, te rekenen vanaf de deficiëntie van de finan-
De invoering van de beschermingsregeling ten gunste ciële instelling. De tegemoetkoming die onder de be-
van cliënten van vennootschappen voor vermogensbeheer scherming van financiële instrumenten valt, moet wor-
is eveneens nieuw, maar onderworpen aan een belangrij- den uitbetaald binnen 3 maanden nadat is vastgesteld dat
ke beperking: cliënten van vermogensbeheerders zullen een vordering voor tegemoetkoming in aanmerking komt
slechts aanspraak kunnen maken op tegemoetkoming en het bedrag ervan is vastgesteld. Deze termijn is veel
voor bepaalde tegoeden (financiële instrumenten en onduidelijker, aangezien het startpunt ervan op zich niet
"gebonden" deposito's) wanneer ze aantonen dat ze te aan een tijdslimiet sedert de intrede van de deficiëntie is
goeder trouw handelden, zonder weet te hebben van het gebonden.
verbod voor die vennootschappen om deposito's en
financiële instrumenten van de cliënten in ontvangst te Naar het mode! van de vroegere depositobeschermings-
nemen en te bewaren. regeling, legt de wet aan het Fonds slechts een terug-
betalingsverbintenis op ten gunste van cliënten binnen
Het recht op terugbetaling of vergoeding wordt ontzegd de perken van de beschikbare middelen van het Fonds.
aan verschillende categorieën van cliënten. De eenge- In dit geval worden de terugbetalingen proportioneel
maakte regeling verschilt op dit punt weinig van de teruggebracht tot de (geschatte) beschikbare middelen.
voorheen vigerende regimes. Zo worden onder meer Afuankelijk van nieuwe beschikbare middelen worden
uitgesloten: personen betrokken bij het beheer of het de saldi later, en bij voorrang terugbetaald.
toezicht van de deficiënte financiële instelling; tegoeden
van financiële instellingen in de mime zin; tegoeden van Concluderend kan worden vastgesteld dat de Belgische
grote ondememingen; tegoeden waarvoor de cliënt indi- wetgever, zij het met enige vertraging, voldaan heeft aan
vidueel betere financiële voorwaarden dan de markt- de verplichting om de Europese richtlijn inzake beleg-
voorwaarden heeft ontvangen, en die h.ebben bijgedragen gerscompensatiestelsels in intem recht globaal be-
tot de deficiëntie, ... Evenmin bestaat een recht op tege- schouwd getrouw om te zetten. De unificatie van de
voorheen bestaande beschermingsregelingen is hierbij een grondige wijze te kunnen antwoorden op het grote
een belangrijke verworvenheid, en zal de credibiliteit aantal klachten die bij haar worden ingediend. De aan-
ervan bij het spaarders- en beleggerspubliek beslist ten klagers zijn echter niet verstoken van elke rechtsbescher-
goede komen. ming, want volgens deze rechtspraak behouden ze het
recht om een geschreven uiteenzetting te ontvangen,
M.TISON waarin de Commissie de redenen uiteenzet die haar
ertoe hebben gebracht de klacht ais "niet prioritair" te
verwerpen. In het aangehaalde arrest bevestigt het Hof
MEDEDINGING - EUROPEES RECHT voor de eerste keer het begrip "afwezigheid van commu-
nautair belang". Zij stelt echter bepaalde voorwaarden
Misbruik van machtspositie - Klacht - Taak van de waarmee de Commissie rekening moet houden bij het
Commissie EG inroepen van dit begrip.
Hof van Justitie, 4 maart 1999, zaak C-119/97 P, Union 3. Het besproken geval betreft een klacht die door
française de l'express (Ufex) e.a. tegen Commissie, Ufex in 1990 bij de Commissie is ingediend om de
[1924]. logistieke en commerciële steun aan de kaak te stellen
die de Franse post zou hebben gegeven aan haar doch-
Zet.: Puissochet (voorz.), Moitinho de Almeida, Gul- termaatschappij SFMI, werkzaam in de sector van de
mann, Edward, Wathelet (rechters). internationale exprespost. Volgens Ufex zou La Poste
Adv.-gen.: Ruiz-Jarabo Colomer. misbruik hebben gemaakt van haar machtspositie door
Adv.: Morgan de Rivery, Jacques Derenne, Richard SFMI te laten genieten van haar infrastructuur onder
Lyal, Fabiola Mascardi en Jean-Yves Art. abnormaal voordelige voorwaarden met het doel de
machtspositie waarover ze krachtens haar wettelijk mo-
1. Naar aanleiding van een hogere voorziening tegen nopolie op de markt van de basispostdiensten beschikte,
het arrest van het Gerecht van eerste aanleg van 15 uit te breiden tot de aanverwante markt van de inter-
januari 1997 (SFEI e.a./Commissie, zaak T-77 /95, Ju- nationale exprespost.
rispr., p. 11-1), heeft het Hof van Justitie verduidelijkt
onder welke voorwaarden de Europese Commissie 4. In 1994 heeft de Commissie de klacht van Ufex
klachten kan verwerpen die verband houden met een verworpen wegens "ontbreken van communautair be-
schending van het mededingingsrecht. 1 Dergelijke ver- lang". Deze beslissing is hoofdzakelijk gebaseerd op drie
werpingen worden over het algemeen door de commissie overwegingen: ten eerste, had de Commissie een be-
gerechtvaardigd hetzij met verwijzing naar de beoor- paald aantal wetgevende maatregelen genomen met het
deling ten gronde of beoordeling van de materiële regels oog op het reguleren van de postsector - met inbegrip
die van toepassing zijn op de zaak, hetzij met verwijzing van de betwiste praktijken; ten tweede had La Poste in
naar het "ontbreken van communautair belang" van de het kader van een beslissing van 1991 waarin de Com-
betreffende zaak. Dit laatste beginsel houdt meer be- missie een joint venture tussen La Poste en andere post-
paald in dat de Commissie naar opportuniteit oordeelt administraties goedkeurde, zich ertoe verbonden om de
dat het aannemen van een beslissing die uitdrukkelijk bevoorrechte toegang tot de uitrusting waarvan SFMI
uitspraak doet over het bestaan van een inbreuk op het genoot en de financiële voordelen die eruit voortvloei-
mededingingsrecht niet behoort tot haar administratieve den, in de toekomst uit te breiden tot de concurrerende
prioriteiten. exprespostondememingen, waaronder Ufex; ten derde,
had Ufex, volgens de Commissie, geen bewijs voorge-
2. Het is vaste rechtspraak dat het mededingingsrecht legd dat La Poste sinds het aannemen van de beslissing
een aanklager het recht niet toekent om een formele van 1991 haar verbintenissen niet had nageleefd. In deze
beslissing te verkrijgen over het bestaan van een in- omstandigheden meende de Commissie dat ze er niet toe
breuk. 2 Het is ook in deze context dat het Gerecht van gehouden was eventuele schendingen van de mededin-
eerste aanleg van de EG het begrip "ontbreken van com- gingsregelen die in het verleden hadden plaatsgevonden,
munautair belang" heeft ontwikkeld. 3 Deze rechtspraak te onderzoeken, daar het enige doel van een dergelijk
berust op de vaststelling dat de beperkte administratieve onderzoek er in zou bestaan dat Ufex makkelijker een
middelen van de Commissie niet zouden voldoen om op
1. Artikels 85 en 86 van het EG-verdrag, toekomstige artikels 81 en 82 na de inwerkingtreding van het Verdrag van Amsterdam. De overeenkom-
stige bepalingen in het Belgisch recht zijn te vinden in de artikels 2 en 3 van de wet van 5 augustus 1991 tot bescherming van de economische
mededinging (B.S, 11 oktober 1991, p. 22493-22516). .
2. Zie arrest van het Hof van 18 oktober 1979, Gema/Commissie, 125/78, Jurispr., p. 3173. Arrest van het Hof van 18 maart 1997 (Guérm/
Commissie, zaak C-282/95 P, Jurispr., p. 1-1503) heeft slechts betrekking op de procedurele aspecten van deze problematiek.
3. Het betreft de rechtspraak in de lijn van het mijlpaalarrest van het Gerecht van 18 september 1992, Automec/Commissie, T-24/90, Jurispr., p. 11-
2223. Zie onlangs de arresten van het Gerecht van 16 september 1998, IECC/Commissie in de zaken T-110/95, T-133/95 en T-204/95, nog met
gepubliceerd in de Jurisprudentie.
fout in hoofde van La Poste zou kunnen aantonen die lende maten van prioriteit aan de bij haar ingediende
haar zou toelaten voor de nationale rechtbanken een klachten [toe te kennen]" (punt 88). Haar discretionaire
schadevergoeding te verkrijgen. bevoegdheid is echter op twee manieren beperkt. De
Commissie moet enerzijds op een gedetailleerde manier
5. Daar het Gerecht het beroep van Ufex tegen deze haar beslissingen tot verwerping van een klacht moti-
beschikking had verworpen, stelde laatstgenoemde hoger veren. De Commissie is er anderzijds toe gehouden "om
beroep in bij het Hof. in elk individueel geval de emst van de gestelde inbreu-
ken op de mededinging alsmede het voortduren van d~
6. In haar zesde middel (punten 76 en volgende) ver- gevolgen ervan te beoordelen" (punt 93). Het Hof be-
wijt Ufex het Gerecht in hoofdzaak dat het de criteria perkt daarbij de redenen die de Commissie kan inroepen
van het arrest Automec II (hierboven genoemd) niet om een klacht te verwerpen: "De Commissie mag der-
heeft toegepast om de verwerping van de betrokken halve niet met een beroep op het enkele feit dat de ver-
klacht door de Commissie op grond van "afwezigheid meende met het verdrag strijdige praktijken zijn beëin-
van communautair belang" te rechtvaardigen. In dit digd, besluiten om aan een klacht waarin die praktijken
verband overweegt het Hof (punt 79): "Daar bij de be- aan de kaak worden gesteld, wegens het ontbreken van
oordeling van het in een klacht aan de orde gestelde communautair belang geen gevolg te geven, zonder te
communautair belang rekening moet worden gehouden hebben geverifieerd, dat de mededingingsverstorende
met de omstandigheden van elk individueel geval, moet effecten niet voortduurden en dat in voorkomend geval
het aantal beoordelingscriteria waarnaar de Commissie de emst van de gestelde inbreuken op de mededinging
kan verwijzen niet worden beperkt en moet zij evenmin of het voortduren van de gevolgen ervan niet zodanig
worden verplicht, uitsluitend bepaalde criteria te gebrui- waren, dat aan de klacht een communautair belang
ken". Het Hof erkent hiermee op pragmatische wijze dat moest worden gehecht" (punt 95). Het Hof legt de Com-
in een domein, zoals dat van het mededingingsrecht, de missie dus op om, wanneer ze een klacht verwerpt, een
feitelijke en juridische context van iedere zaak aanzien- diepgaande retroactieve en prospectieve economische
lijk kan verschillen, zodat het de Commissie vrij staat studie uit te voeren van de vaak moeilijk te identificeren
criteria te hanteren die in het verleden nog niet werden gevolgen van de aangeklaagde handelspraktijken.
gebruikt. Hiermee bevestigt het Hof nogmaals de ruime
discretionaii:e bevoegdheid waarover de Commissie 9. Deze inmenging in de vaste administratieve prak-
beschikt in het kader van de implementatie van haar tijk van de Commissie is niet zonder gevaren. Zij houdt
mededingingsbeleid. meer bepaald het risico in dat de Commissie haar dis-
cretionaire bevoegdheid en beperkte administratieve
7. In haar zevende middel vestigt Ufex er vervolgens middelen niet langer zal kunnen concentreren op de
de aandacht op dat de rol van hoedster van het Verdrag zaken die een actueel communautair belang hebben. Het
die de Commissie vervult er zich tegen verzet dat deze Hof legt de Commissie immers op om op systematische
instelling een klacht zou verwerpen enkel en alleen op wijze de potentiële economische gevolgen van histori-
basis van de overweging dat de aangeklaagde anticon- sche handelspraktijken te onderzoeken, terwijl deze
currentiële praktijken zijn gestaakt: volgens Ufex zou diensten niet noodzakelijk van oordeel zijn dat de be-
een dergelijke omstandigheid als zodanig niet volstaan trokken praktijken een inbreuk vormen op de mededin-
om de economische toestand te herstellen, zoals die zich gingsregels. Deze zienswijze kan des te strenger lijken
zou hebben voorgedaan bij afwezigheid van de betwiste in een situatie waarbij, zoals in casu, de kwestieuze
anticoncurrentiële praktijken. praktijken door een tussenkomst van de Commissie
gestaakt zijn. Het beleid van deze instelling dat erop
8. Naar aanleiding hiervan herinnert het Hof er eerst gericht is de gedecentraliseerde4 toepassing van het
en vooral aan (punt 86) dat "de Commissie, volgens Europese mededingingsrecht door de nationale rechterlij-
vaste rechtspraak van het Hof gehouden is alle feitelijke ke instanties en administratieve overheden5 te bevorde-
en juridische elementen waarvan klagers haar op de ren, wordt (gelukkig) niet ter discussie gesteld door het
hoogte hebben gesteld, aandachtig te onderzoeken". De aangehaalde arrest.
Commissie heeft daarentegen het recht om, teneinde
deze taak doeltreffend te kunnen vervullen, "verschil- H. NYSSENS
4. Mededelingen respectievelijk gepubliceerd in het Publikatieblad van de Europese Gemeenschappen nrs. C 39/6 van 13 februari 1993 en C 313/3
van 15 oktober 1997.
5. ln België is de bevoegde instantie de Dienst en de Raad voor de mededinging, opgericht bij de wet van 1991.
I. Verougstraete I. Verougstraete
Narcissenlaan 2 Narcissenlaan 2
1640 Sint-Genesius-Rode 1640 Rhode-Saint-Genèse
Prijzen (inclusief BTW, verzend- en administratiekosten): Prix (TVA, frais d'envoi et d'administration inclus):
- jaargang 1999: 4.845 BF (studenten: 2.423 BF, - pour 1999: 4.845 FB (étudiants: 2.423 FB,
stagiairs: 3.634 BF) stagiaires: 3.634 FB)
- opbergband: 735 BF - classeur: 735 FB
- fiches: 735 BF (enkel verkrijgbaar indien besteld bij de - fiches: 735 FB (uniquement sur commande en même
jaargang) temps que l'abonnement)
- los nummer: 565 BF - numéro separé: 565 FB
Een abonnement loopt per kalenderjaar en Abonnement par année civile. Souscription
wordt automatisch verlengd behoudens prolongée automatiquement sauf résiliation.
opzegging.
U kan, tegen betaling van 850 BEF, een kopie Vous pouvez obtenir, contre paiement de 850 FB,
van de in de actualiteit besproken vonnissen of une copie, dans leur langue originale, des arrêts
arresten in de oorspronkelijke taal verkrijgen ou jugements publiés dans ce numéro. Contactez
via Martine Lietaer (fax: (03)360 02 21). Geef Martine Lietaer (fax: (03)360 02 21) avec le numé-
hierbij de code op die tussen haakjes vermeld ro de référence figurant en en-tête du commentaire
staat bij het betrokken vonnis of arrest. concerné.
Adreswijziging: bij wijziging van naam of adres, een verbe- Changement d'adresse: en cas de changement de nom ou
terd adresetiket terugzenden a.u.b. d'adresse, veuillez nous retourner l'étiquette de l'enveloppe
corrigée.
Behoudens de uitdrukkelijk bij Wet bepaalde Sous réserve des exceptions explicitement pré-
uitzonderingen mag niets uit deze uitgave wor- vues par la Loi, il est interdit, sauf accord préa-
den verveelvoudigd, opgeslagen in een geauto- lable et écrit de l'éditeur, de reproduire, de
matiseerd gegevensbestand, of openbaar stocker dans une banque de données ou de
gemaakt, op welke wijze ook, zonder de uit- publier le présent ouvrage, même partiellement,
drukkelijke voorafgaande en schriftelijke toe- quels que soient le moyen, le mode ou la forme
stemming van de uitgever. d'exploitation utilisée.