Cesaire Cahier Dun Retour Au Pays Natal HNDP Nougaro 2021
Cesaire Cahier Dun Retour Au Pays Natal HNDP Nougaro 2021
Cesaire Cahier Dun Retour Au Pays Natal HNDP Nougaro 2021
Travail à partir de la version du Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire, parue aux Éditions Présence Africaine
Toutes les citations extraites du Cahier sont en vert
Hortense Nougaro-Dallé-Pallé
IA-IPR de Lettres
L’interrogation sur l’Humanité et son histoire,
sur ses expériences caractéristiques et sur son devenir
L’enfance et l’adolescence
Aimé Césaire naît le 26 juin 1913 à Basse-Pointe, en Martinique,
« ce plus essentiel pays […] depuis Trinité jusqu’à Grand-
Rivière » (p.14). Son père était instituteur et sa « mère [dont les
jambes pour [leur] faim inlassable pédalent, pédalent de jour,
de nuit » (p.18) est couturière. Il grandit « dans une maison
minuscule qui abrite en ses entrailles de bois pourri […] la
turbulence de [s]es six frères et sœurs » p.18).
Le « négrillon somnolent » (p.11), au sujet duquel le père disait
« quand Aimé parle, la grammaire sourit » poursuit de brillantes
études au lycée Schœlcher, à Fort-de-France dès 1924.
« Une vieille misère pourrissant sous le soleil » (page 8)
Les Antilles, la ville, le morne, le pays, la
maison, la rue, la mer (pages 8-19) L’école (pages 11-12)
Adaptation cinématographique
Roman de Joseph Zobel (1950) Euzhan Palcy
Un texte en écho
Photogramme du film d’Euzhan Palcy, à partir Patrick Chamoiseau,
du récit de Joseph Zobel, l’école en 1930 Une enfance créole II, Chemin-d’école (1994)
18
« Des mots ?
Ah oui, des mots ! » (p.27)
Ø“ J’aurais des mots assez vastes pour vous contenir” (page 21)
Ø“Et si je ne sais que parler, c’est pour vous que je parlerai”
Ø“Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de
bouche, ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot
du désespoir” (p.22)
Ø“Mais qui tourne ma voix ? qui écorche ma voix ?“. (p.31)
Ø “ Ah oui, des mots ! Mais des mots de sang frais, des mots
qui sont des raz-de-marée et des érésipèles et des paludismes
et des laves et des feux de brousse, et des flambées de chair,
et des flambées de villes… “(p.31)
Frontispice du
Cahier, offert par
W. Lam (version
de 1943)
+
Une lecture audio
du Cahier
Une ère de ruptures
et de transgressions
1842–1898 1854–1891
Oiseau du possible lithographie de Wilfredo Lam
Le terreau littéraire =>
de “L’Albatros” au “menfenil funèbre” (page 42)
Séquence : Une poétique du retour
Cahier d’un retour au pays natal : entre « vrai cri » et « prière virile »
Le parcours de lecture =>
En quoi le Cahier, œuvre fondamentale, restaure-t-il le rapport à soi et
retisse-t-il les liens unissant l’homme au cosmos ?
Poème lyrique au flux continu d’une « pensée jamais lasse » scandé par trois
mouvements, dont il est somme toute aisé de retracer l’itinéraire :
Ma Négritude point n’est sommeil de la race mais soleil de l’âme, ma négritude vue et vie
Ma Négritude est truelle à la main, est lance au poing
Récade. Il n’est question de boire, de manger l’instant qui passe
Tant pis si je m’attendris sur les roses du Cap-Vert !
Ma tâche est d ‘éveiller mon peuple aux futurs flamboyants
Ma joie de créer des images pour le nourrir, ô lumières rythmées de la Parole !
Léon Gontran Damas
« Pourquoi une femme semble faire la planche dans la rivière Capot (son corps lumineusement obscur
s’organise docilement au commandement du nombril » page 11
« Nous chantons les fleurs vénéneuses éclatant dans des prairies furibondes » (p. 31)
Une lecture de plusieurs extraits du Cahier par J. Martial
Des entrées par le lexique
Des entrées par le lexique
Deux champs majeurs :
• Le mot scienPfique
- La biologie
- La pathologie
- La zoologie
- La botanique
- L’astronomie…
- … Mais aussi les religions, les sciences humaines, les mythologies
• Le mot archaïque et le mul?séman?sme
- médiéval
- Préciosité
- CulPsme …
Soleil cou coupé
Adieu
Adieu
Soleil cou coupé »
Et au milieu de tout cela je dis hurrah ! mon grand-père meurt, je dis hurrah ! la vieille
négritude progressivement se cadavérise.
Il n’y a pas à dire : c’était un bon nègre.
Les Blancs disent que c’était un bon nègre, un vrai bon nègre, le bon nègre à son bon
maître.
Je dis hurrah !
C’était un très bon nègre,
la misère lui avait blessé poitrine et dos et on avait fourré dans sa pauvre cervelle qu’une
fatalité pesait sur lui qu’on ne prend pas au collet ; qu’il n’avait pas puissance sur son
propre destin ; qu’un Seigneur méchant avait de toute éternité écrit des lois d’interdiction
en sa nature pelvienne ; et d’être le bon nègre ; de croire honnêtement à son indignité,
sans curiosité perverse de vérifier jamais les hiéroglyphes fatidiques.
C’était un très bon nègre
et il ne lui venait pas l’idée qu’il pourrait houer, fouir, couper tout, tout autre chose vraiment que la canne
insipide
Et on lui jetait des pierres, des bouts de ferraille, des tessons de bouteille, mais ni les pierres, ni cette ferraille,
ni ces bouteilles…
Ô quiètes années de Dieu sur cette motte terraquée !
le négrier craque de toute part… Son ventre se convulse et résonne… L’affreux ténia de sa cargaison
ronge les boyaux fétides de l’étrange nourrisson des mers !
Et ni l’allégresse des voiles gonflées comme une poche de doublons rebondie, ni les tours joués à la sottise dangereuse
des frégates policières ne l’empêchent d’entendre la menace de ses grondements intestins
En vain pour s’en distraire le capitaine pend à sa grand’vergue le nègre le plus braillard ou le jette à la mer, ou le livre à
l’appétit de ses molosses
La négraille aux senteurs d’oignon frit retrouve dans son sang répandu le goût amer de la liberté
la négraille assise
inattendu ment debout
debout dans la cale
debout dans les cabines
debout sur le pont
debout dans le vent
debout sous le soleil
debout dans le sang
debout
et
libre
debout et non point pauvre folle dans sa liberté et son dénuement maritimes
tirant en la dérive parfaite et la voici :
plus inattendument debout
debout dans les cordages
debout à la barre
debout à la boussole
debout à la carte
debout sous les étoiles
debout
et
libre