Iphigénie
Iphigénie
Iphigénie
Introduction :
Au XVIIème siècle, les auteurs s’inspirent des textes antiques dans la rédaction de leurs pièces.
Iphigénie de Racine parue en 1674 est une réécriture d’Iphigénie à Aulis d’Euripide.
Les tragédies de Racine incarnent des personnages héroïques. Iphigénie doit choisir entre se soumettre à
son devoir de princesse et de fille d’Agamemnon ou choisir de vivre pour épouser Achille.
La scène 4 de l’acte IV présente la tirade d’Iphigénie à Agamemnon, alors que sa mère Clytemnestre est
présente et vient comme elle d’apprendre la situation.
Nous pouvons donc nous demander comment Racine montre ce profond dilemme chez le personnage ?
Pour y répondre, nous verrons dans un premier mouvement qu’il dresse le portrait d’une princesse digne,
fille du roi Agamemnon qui semble accepter le sort.
Puis nous verrons dans un second mouvement que la princesse se sert en réalité des sentiments qu’elle
éprouve et de la rhétorique pour essayer de convaincre son père de la laisser en vie.
Conclusion :
En définitive, nous constatons que le basculement entre les deux mouvements se fait au 11 ème vers
lorsqu’Iphigénie choisit de parler de sa position de fille aimante, et des souvenirs qu’elle a avec son père,
au lieu de continuer d’affirmer sa complète soumission au sacrifice.
Ainsi, la maîtrise du langage permet l’obéissance aux devoirs de princesse et de fille d’Agamemnon et le
désir d’Iphigénie de vivre entourée de son époux Achille qu’elle était venue retrouver dans le camp où se
déroule l’histoire.
On comprend alors ici comment Racine résout la crise personnelle du personnage, notamment avec la
présence de Clytemnestre.
Lecture :
Dans un premier temps, la structure de la tirade permet d’insister sur la soumission d’Iphigénie au sacrifice
demandé par l’oracle et sur la décision d’Agamemnon. Notamment grâce à la stichomythie du premier vers
qui met en relief « Mon Père » et vise à montrer que la figure paternelle et royale forme le destinataire
principal de cette tirade. Agamemnon est ici mis en valeur car rien de complète ce vers.
Les vers 2 à 4 marquent l’obéissance d’Iphigénie avec en outre la césure a l’hémistiche par une virgule du
vers 2 qui montre sa fidélité.
Au début du vers : « Cessez », formule injonctive conjuguée à l’impératif présent assure le roi de son
obéissance.
Aussi, le niveau de langue employé tout au long de la tirade est soutenu ce qui accentue la dimension
royale de la famille. En témoigne le terme « point » à la fin du vers 2.
Au vers 3, Le futur de l’indicatif « commanderez » affermit la certitude du propos, ce qui est consolidé par
l’hémistiche clos par un point dans le but d’accentuer la césure. La proposition subordonnée conjonctive,
complément circonstanciel de temps du verbe « serez-obéi » souligne quant-à-elle une nouvelle fois la
soumission d’Iphigénie a son père.
Ensuite, au vers 6, on peut constater que l’auteur insiste sur la maîtrise des paroles d’Iphigénie avec une
nouvelle césure à l’hémistiche renforcée par un parallélisme de construction lui-même intensifié par la
réitération d’« aussi »
De plus, au vers 8, l’obéissance de la princesse est une nouvelle fois marquée par l’utilisation de l’indicatif
qui ouvre.
D’autre part, les vers 9 à 11 soulignent le champ lexical du sacrifice sanglant avec les mots « Calchas » et
« roi », désigné par le pronom personnel deuxième personne du pluriel « vous » dans la proposition
relative complétive du nom « rendre ».
De même, l’adjectif indéfini « tous » au vers 11 renforce l’ampleur du sacrifice qui semble consenti.
Dès lors, du vers 12 au vers 29, la tirade est orientée vers une autre issue qui s’oppose au sacrifice.4
Dans ce second mouvement, au vers 12, le parallélisme de construction associé a la césure a l’hémistiche
marque une réserve claire. La condition est alors introduite par « si » et « pourtant » en début de vers et
elle attire l’attention du public et du personnage.
D’autre part, à la fin du vers 13, « récompense », en plus d’être mis en évidence, est utilisé à contre-sens.
C’est ici un procédé d’ironie tragique. Il est accentué par l’adjectif indéfini « autre » qui induit une autre
perspective.
Au vers 14, l’anaphore de « si » poursuit cette nouvelle perspective, accentuée par la dimension
pathétique de « mère en pleurs ».
Puis, au vers 15, « j’ose » est mis en relief ce qui permet à Iphigénie de s’imposer dans cette nouvelle
dimension de sa tirade. « L’état où je suis » suppose qu’elle est venue pour épouser son promis Achille
mais qu’elle va se retrouver sacrifiée.
Au vers 16, « honneurs » s’oppose à « sacrifice » par son registre mélioratif qui impose un effet de
contraste. Cet effet est accentué par le modalisateur « peut-être » qui atténue la nouvelle dimension de la
tirade.
Au vers 19, les mots « opposition », « naissance » et « fin » insistent sur l’ampleur du sacrifice.
Au vers 20 et 21, on comprend qu’Iphigénie cherche à mettre en évidence la filiation avec son père le roi
par le substantif « fille » en début de vers auquel « père » répond à la rime du vers 21
Le vers 21 illustre l’équivalence entre « seigneur » et « père », le tout magnifié par l’adjectif qualificatif
épithète antéposé « doux ».
L’anaphore insistante du vers 22 « c’est moi qui » met en relief l’intensif « si longtemps » et « tant de fois »
associé au lexique mélioratif « doux », « plaisir », « caresses » qui évoquent la tendresse paternelle et
filiale.
Pour finir, au vers 23, la diérèse du mot « remercier » insiste sur le mot et la redevance d’Iphigénie a son
père.