Ruyblas
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Lectures analytiques :
L.A n°1 (Acte I, scène 1) : l'exposition
L.A. n°2 (Acte II, scène 2) : le monologue de la reine
L.A. n°3 (Acte III, scène 2) : la tirade de Ruy Blas, de « Bon appétit, messieurs – ô ministres intègres ! » jusqu'à
« Babel est dans Madrid. »
L.A. n°4 (Acte IV, scène 2) : Don César ou l'intermède burlesque
L.A. n°5 (Acte V, scène 4) : le dénouement.
Documents complémentaires :
Art poétique, Nicolas Boileau : les règles de la tragédie classique
Extraits de la préface de Cromwell, Victor Hugo, 1827
Mise en scène de Jacques Weber (2002) adaptée pour la télévision
Document sur le travail du scénographe autour des costumes et du décor (extrait du dossier de presse de la mise en
scène de Ruy Blas par la Comédie-Française en 2002)
Séance 1 : Contextes
Objectifs : Introduire l’œuvre, son époque, son auteur ...
Introduction au contexte historique, politique, social et culturel du XIXème : il s'agit de replacer l’œuvre dans le
contexte du XIX marqué par le douloureux enfantement de la démocratie, l'avènement d'une société industrielle dans
une double dimension (le positivisme du Progrès s'accompagne de la prolétarisation d'un peuple d'ouvriers de plus en
plus miséreux), et par le développement d'une culture de masse où la figure de l'écrivain occupe une place importante.
Éléments de la biographie de Victor Hugo, avec notamment ses combats littéraires, sociaux et politiques.
Le demi-siècle romantique : il s'agit de présenter grossièrement les « forces » littéraires en présence à l'aube du siècle
(« classiques » vs. « romantiques ») qui ont conduit à la fameuse bataille d'Hernani.
Supports :
Document sur le contexte historique et culturel du XIXème (Littérature Hatier, "Des textes au séquences", 1ère).
Document support résumant les points marquants (voir à la fin).
Séance 2 : L'exposition (I,1) : l'ouverture d'un drame romantique, entre tradition et innovation
Objectifs : Percevoir dans quelle mesure cette scène assume un rôle d'exposition et mesurer son originalité par rapport à la
tradition classique.
Questions préparatoires :
Quelles sont les fonctions d'une scène d'exposition ?
En quoi cette scène remplit-elle ces fonctions ?
Lisez la première scène de Phèdre. Quels points communs et quelles différences principales notez-vous entre cette
exposition et celle de Ruy Blas ? (intrigue, statut des personnages, didascalies, registres, langage, ...)
Projet de lecture : Dans quelle mesure cette scène d'exposition s'écarte-t-elle de la tradition classique ?
I. Une exposition qui répond à un double objectif d'information et de séduction (l'ancrage spatio-temporel – les
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Déroulement de l'activité : On procède en plusieurs étapes. Les élèves saisissent leur production sur un espace en ligne dédié et
le professeur procède à une première correction, en mettant en évidence les fautes d'orthographe et de syntaxe (mais sans les
corriger). Une première note est attribuée : celle-ci est calculée en retirant un point à chaque faute d'orthographe ou de syntaxe.
Le barème peut paraître sévère, mais il est destiné à faire en sorte que les élèves prennent conscience de l'importance cruciale
de la correction de l'expression. Les élèves sont ensuite invités à améliorer leur production en corrigeant les fautes signalées :
cette nouvelle version est corrigée une dernière fois par le professeur pour l'attribution d'une note définitive en suivant le même
principe de notation.
Bilan de l'expérimentation : L'utilisation du support informatique comme brouillon numérique est un réel atout car il permet de
retravailler la syntaxe et l'orthographe d'une manière simple et efficace. Par ailleurs, en concentrant la notation sur les aspects
syntaxiques et orthographiques, on souligne l'importance d'une expression rigoureusement correcte : c'est une nécessité dont les
élèves n'ont pas toujours conscience et qu'ils négligent, même pour les meilleurs, pensant que l'à-peu-près est suffisant, à partir
du moment où l'on comprend (parfois très vaguement) ce qui est écrit. Il faut cependant ajouter que ce travail nécessite une
double correction très méticuleuse du professeur et exige donc beaucoup de temps : on conseillera donc de privilégier des
productions assez courtes.
Questions préparatoires :
Situez le passage.
Dégagez les trois parties de ce monologue et donnez-leur un titre.
Comment ce monologue est-il relié à l'intrigue principale (et notamment à l'acte I) ?
Quel portrait ce monologue dessine-t-il de la reine ?
Quels sont les éléments tragiques de la scène ?
monologue de la reine est très écourté (même si le personnage et son costume sont fidèles au texte) puisque Weber ne conserve
que la lecture de la lettre de Ruy Blas. En revanche, on note un jeu intéressant de la caméra qui filme la reine à travers les
barreaux de la cage aux oiseaux morts : ce jeu de caméra dit symboliquement l'enfermement de la reine dans le carcan de
l'étiquette et de l'ennui mortifère de la cour.
Supports :
Actes I et II du DVD de Weber
Documents sur le travail du scénographe autour des costumes et du décor (extrait du dossier de presse de la mise en
scène de Ruy Blas par la Comédie-Française en 2002) : voir ci-après.
Corpus du Devoir Maison (voir le sujet proposé plus loin).
Activités : Après une analyse des différents documents proposés, on procède à une recherche d'idée commune avec prise de
notes au tableau. Les élèves sont ensuite invités à élaborer un plan détaillé de réponse à la problématique. Correction commune
au tableau.
Texte 1 : Entretien avec Ezio Toffolutti, scénographe et costumier de Ruy Blas pour la Comédie-Française (2001-
2002). Propos recueillis le 1 octobre 2001.
On est frappé à la lecture de Ruy Blas par l’importance et la précision des indications scénographiques que donne V.
Hugo. Ces indications sont-elle une aide ou une contrainte pour le décorateur qui aborde la pièce ?
Hugo a effectivement pris le soin de détailler méticuleusement le décor et les costumes, et pour le décorateur, la tâche
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n’est pas facile. On est loin de l’univers shakespearien1 qui laisse toujours une grande liberté de suggestion. La précision
dont Hugo fait preuve atteste de l’importance qu’il accordait aux éléments visuels, surtout pour des raisons dramaturgiques.
Dans Ruy Blas en effet, les travestissements, les déguisements font partie intégrante de l’action. Le costume y joue donc un
rôle moteur et nécessite de ce fait un traitement particulier.
De quelle façon avez-vous abordé ce travail ?
Malgré la précision des indications de l’auteur, je ne voulais pas adopter une démarche réaliste. J’ai même essayé, au
tout début, de voir si la transposition à l’époque contemporaine pouvait fonctionner. Très vite, j’ai dû abandonner cette idée
parce qu'elle était vraiment trop éloignée du texte, mais, néanmoins, j’ai cherché à faire en sorte que les costumes ne soient
pas décoratifs et ornementaux. Je voulais qu’ils aient une vie, un sens profond, qu’ils soulignent la complexité des
personnages et révèlent à quel point ils sont prisonniers de leur enveloppe. J’ai pris le parti de recréer des costumes très
riches, comme ils pouvaient l’être à la cour d’Espagne au XVIIe siècle, en m’inspirant essentiellement des tableaux de
Velazquez2. Mais je voulais que les costumes ne soient pas complètement finis, qu’ils soient comme des bâtis qui
laisseraient entrevoir constamment une autre personne sous l’apparence vestimentaire, qu’ils fonctionnent un peu comme
des masques. Mon travail pourrait s’apparenter à la démarche d’un Picasso3 ou d’un Bacon4 travaillant sur les tableaux de
Velazquez en y apportant un éclairage moderne qui ouvre de nouveaux points de vue.
Et le décor ?
Là aussi, je n’ai pas cherché à faire réaliste, même si je me suis largement inspiré des fonds de tableaux de Velazquez et
de Caravage5 et des dessins de Victor Hugo qui avait lui-même conçu le décor à la création de l’œuvre. Ruy Blas est une
pièce située uniquement en intérieurs, dans un univers clos, qui peut devenir étouffant et oppressant. Il y entre très peu de
lumière et peu d’éléments extérieurs, et j’ai beaucoup travaillé sur la matière pour restituer cette atmosphère.
L’espace choisi donne donc cette impression de claustrophobie plus ou moins accentuée selon les moments de l’action.
C’est également une pièce sur le pouvoir, sur la manipulation, sur des forces qui écrasent l’homme et l’empêchent de
vivre. J’ai cherché à concrétiser cette réflexion sur le pouvoir par des moyens visuels : le décor, même s’il présente une
unité, est donc très mobile: des portes et des fenêtres s’ouvrent, des murs bougent suggérant les perspectives et des
tensions. Le décor accompagne constamment les personnages ; il est comme un paysage qui évoquerait leur évolution, leur
conflit et leur souffrance.
Texte 2 : Propos sur Ruy Blas, par Brigitte Jacques-Wajeman, metteur en scène (Comédie Française, 2002) - extrait
Un rêve immense
La pièce m'est apparue comme un immense rêve. Un conte, un cauchemar. Où affleure l'inconscient. L'allusion
constante aux couloirs, aux fonds, aux trappes, aux égouts, au puits - aussi sombre que les personnes - et réciproquement :
un univers absolument étranger. On descend comme dans les entrailles de la terre. Aussi avais-je envie d'un décor aux murs
mouvants, presque organiques - des images de gens attrapés par des chauve-souris, pris dans des filets - un monde à la
Goya6 : une « glu hideuse », comme dit Hugo, où les gens sont saisis dans un tissu, où ils ignorent de quoi sont faits leurs
songes et leurs désirs. Mais le caractère organique de ces murs dissimule une machinerie très organisée : constructions,
machines, pièges, souterrains, arcanes, comme dans les gravures de Piranese7. Ruy Blas est d'ailleurs une grande pièce sur
l'angoisse ; ce en quoi elle est romantique. Comme lorsqu'on entend du Schumann8, du Verdi9, avec le pathétique qui s'y
attache. Les sujets sont pris dans un destin, mais non plus au sens grec. Les gens évoluent donc dans un monde à part, et
c'est de cette étrangeté que se dégage la poésie. Ce monde implique aussi qu'il y a de l'impossible à montrer : d'où la
floraison d'apartés, une dialectique du dehors et du dedans, où, comme dit Ruy Blas à don César de Bazan : « Le dehors te
fait peur, si tu voyais dedans ! »
1 Les pièces de théâtre de Shakespeare ont fortement influencé les conceptions romantiques.
2 Peintre espagnol (1599-1660)
3 Peintre espagnol (1881-1973) qui a repris certaine oeuvres de Velazquez, qui le fascinait.
4 Peintre britannique (1909-1992) inspiré, lui aussi, par les oeuvres de Velazquez.
5 Peintre italien (1573-1610)
6 Peintre espagnol (1746-1828)
7 Graveur et architecte italien (1720-1778)
8 Compositeur allemand romantique (1810-1856)
9 Compositeur italien romantique (1813-1901)
10 Jouvet et Vilar, célèbres acteurs et metteurs en scène
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La salle dite salle de gouvernement, dans le palais du roi à Madrid. Au fond, une grande porte élevée au-dessus de
quelques marches. Dans l'angle à gauche, un pan coupé fermé par une tapisserie de haute lice. Dans l'angle opposé, une
fenêtre. À droite, une table carrée, revêtue d'un tapis de velours vert, autour de laquelle sont rangés des tabourets pour huit
ou dix personnes correspondant à autant de pupitres placés sur la table. Le côté de la table qui fait face au spectateur est
occupé par un grand fauteuil recouvert de drap d'or et surmonté d'un dais en drap d'or, aux armes d'Espagne, timbrées de
la couronne royale. À côté de ce fauteuil, une chaise.
Au moment où le rideau se lève, la junte du despacho universal (conseil privé du roi) est au moment de prendre séance.
[cf. p153 du manuel « Les pratiques du français – Méthodes et textes », Hatier 2007]
Questions
1) A partir des textes 1 et 2, quels sont les rôles des costumes et du décor ?
2) En comparant le texte 3 et le document 4, vous direz en quoi le scénographe s'est inspiré des didascalies de Hugo et
en quoi il s'en est éloigné.
Séance 7 : La tirade de Ruy Blas « Bon appétit, messieurs – ô ministres intègres ! » (III,2)
Objectifs : Il s'agit d'analyser comment ce violent réquisitoire, aux accents épiques et romantiques, se charge d'une visée
critique, à l'encontre de la corruption et de la vénalité des Grands d'Espagne qui pillent le royaume, au détriment d'un peuple
accablé et exploité.
Supports : Acte III, scène 2 de « Bon appétit, messieurs » à « Babel est dans Madrid ».
Questions préparatoires :
Situez le passage.
Découpez la tirade en plusieurs parties et donnez-leur un titre.
Étudiez l'ironie des premiers vers. Quelles métaphores soulignent la bassesse des conseillers du roi (v1 à 9)?
Quels éléments relèvent du registre épique (v12 à 26, et v41 à 54) ?
Vers 34 à 40 : en quoi la description du « peuple » est-elle pathétique ?
Questions préparatoires :
Situez le passage.
En quoi cette scène vous paraît-elle comique ?
Projet de lecture : En quoi cette scène comique est-elle représentative du drame romantique ?
I. Une scène comique ... (le comique de situation : un moment de théâtre dans le théâtre – le comique de gestes – le
comique de paroles et la truculence d'un récit picaresque)
II. Représentative du drame romantique (une libération du langage – la mise en scène du grotesque à travers l'exhibition
du corps – le mélange des genres et des registres)
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Questions préparatoires :
En quoi cette scène est-elle spectaculaire ? (Vous pourrez étudier notamment la gestuelle, les procédés de
dramatisation, ...)
En quoi cette scène mêle-t-elle le registre tragique, pathétique et lyrique ?
Combien de répliques composent l'alexandrin du vers 22 ? En quoi est-ce surprenant ? Quel est l'effet produit ?
Relevez les éléments qui font référence à la religion. Quelle dimension cela confère-t-il à la mort de Ruy Blas ?
Dans quelle mesure la mort de Ruy Blas est-elle, paradoxalement, aussi une (re)naissance ?
Activités : On demandera aux élèves d'identifier les différences entre la mise en scène et le texte dans les passages étudiés en
lecture analytique. On sera notamment attentif à la valeur symbolique de certains choix opérés par le metteur en scène (par
exemple : le choix d'une salle de banquet où une table est couverte des reliefs d'un repas à la place de la « salle du
gouvernement » dans la scène 2 de l'acte III).
Supports :
Extrait d'Art poétique de Boileau (les règles du théâtre classique)
Extraits de la préface de Cromwell
Textes étudiés en lecture analytique
Nicolas Boileau 1636-1711, Art poétique (chant III), les règles de la tragédie classique :
Vos froids raisonnements ne feront qu'attiédir
Un spectateur toujours paresseux d'applaudir,
Et qui, des vains efforts de votre rhétorique
Justement fatigué, s'endort ou vous critique.
Le secret est d'abord de plaire et de toucher
Inventez des ressorts qui puissent m'attacher.
Victor Hugo, Préface de Cromwell (1827) : Véritable manifeste du drame romantique, cette préface dénonce l'absurdité des
règles classiques et plaide pour un théâtre total.
Quel jugement Hugo porte-t-il sur les trois unités héritées du siècle classique ?
Quels arguments avance-t-il pour se justifier ?
11 Oreste : Dans la mythologie grecque, fils d'Agamemnon et de Clytemnestre. Après le meurtre de son père par Égisthe, l'amant de Clytemnestre, il
tue sa mère et son amant avec l'appui de sa soeur Electre.
12 Barbon : vieillard, vieux beau (péjoratif)
13 Vestibule : petite pièce d'entrée d'un édifice ou d'une maison.
14 Péristyle : cour intérieure entourée de colonnes (antiquité).
15 Antichambre : pièce d'entrée qui donne accès aux autres pièces.
16 Aristote : philosophe grec qui fixa les règles de la tragédie reprises au XVIIème.
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loyal, osant tout dire sans pruderie17, tout exprimer sans recherche ; passant d'une naturelle allure de la comédie à la
tragédie, du sublime au grotesque ; tour à tour positif et poétique, tout ensemble artiste et inspiré, profond et soudain, large
et vrai ; sachant briser à propos et déplacer la césure pour déguiser sa monotonie d'alexandrin ; plus ami de l'enjambement
qui l'allonge que de l'inversion qui l'embrouille ; fidèle à la rime, cette esclave reine, cette suprême grâce de notre poésie, ce
générateur de notre mètre ; inépuisable dans la variété de ses tours, insaisissable dans ses secrets d'élégance et de facture ;
prenant, comme Protée18, mille formes sans changer de type et de caractère, fuyant la tirade ; se jouant dans le dialogue ; se
cachant toujours derrière le personnage ; s'occupant avant tout d'être à sa place, et lorsqu'il lui adviendrait d'être beau,
n'étant beau en quelque sorte que par hasard, malgré lui et sans le savoir ; lyrique, épique, dramatique, selon le besoin ;
pouvant parcourir toute la gamme poétique, aller de haut en bas, des idées les plus élevées aux plus vulgaires, des plus
bouffonnes aux plus graves, des plus extérieures aux plus abstraites, sans jamais sortir des limites d'une scène parlée ; en un
mot tel que le ferait l’homme qu'une fée aurait doué de l'âme de Corneille et de la tête de Molière. Il nous semble que ce
vers-là serait bien aussi beau que de la prose.
La reine vient d'avouer son admiration et son amour à Ruy Blas. Celui-ci se laisse alors aller
à un monologue où il exprime son bonheur.
1) Vous répondrez d'abord à la question suivante (4 points) : Quels sont les points communs aux trois textes ?
2) Vous traiterez ensuite un des sujets suivants au choix (16 points) :
Invention : Imaginez un monologue dans lequel un personnage prépare la déclaration d'amour mensongère qu'il
s'apprête à faire à un autre. Il en juge, au fur et à mesure, la qualité et en prévoit les effets. Vous n'oublierez pas de
donner, au fil du texte, les indications de mise en scène que vous jugez nécessaires.
Dissertation : Assister à une représentation théâtrale permet-il d'apprécier davantage une pièce et de mieux la
comprendre ?
Texte A - Molière (1622 - 1673), extrait de Dom Juan (1665), acte II, scène 4
Pour obtenir les faveurs d'une jeune paysanne, Charlotte, Dom Juan, un grand seigneur, lui a promis qu'il l'épouserait. Mais
Mathurine, une autre paysanne à qui il a fait la même promesse, survient.
1 MATHURINE, à Dom Juan - Monsieur, que faites-vous donc là avec Charlotte ? Est-ce que vous lui parlez d'amour
aussi ?
DOM JUAN, bas à Mathurine - Non, au contraire, c'est elle qui me témoignait une envie d'être ma femme, et je lui
répondais que j'étais engagé à vous.
5 CHARLOTTE, à Dom Juan - Qu'est-ce que c'est donc que vous veut Mathurine ?
DOM JUAN, bas à Mathurine - Tout ce que vous direz sera inutile ; elle s'est mis cela dans la tête.
CHARLOTTE - Quement donc ? Mathurine ...
DOM JUAN, bas à Charlotte - C'est en vain que vous lui parlerez ; vous ne lui ôterez point cette fantaisie.
MATHURINE - Est-ce que... ?
10 DOM JUAN, bas à Mathurine - Il n'y a pas moyen de lui faire entendre raison.
CHARLOTTE - Je voudrais...
DOM JUAN, bas à Charlotte - Elle est obstinée comme tous les diables.
MATHURINE - Vrament...
DOM JUAN, bas à Mathurine - Ne lui dites rien, c'est une folle.
15 CHARLOTTE - Je pense...
DOM JUAN, bas à Charlotte - Laissez-la là, c'est une extravagante.
MATHURINE - Non, non : il faut que je lui parle.
CHARLOTTE - Je veux voir un peu ses raisons.
MATHURINE - Quoi ?
20 DOM JUAN, bas à Mathurine - Gageons qu'elle va vous dire que je lui ai promis de l'épouser.
Texte B - Beaumarchais (1732 - 1799), extrait de Le Mariage de Figaro (1781), acte V, scène 7
Suzanne, suivante de la comtesse Almaviva, va épouser le valet Figaro. Mais le comte Almaviva, qui la désire, veut obtenir ses
faveurs. Suzanne avertit sa maîtresse et son fiancé. Pour ramener à elle son époux, la comtesse décide de prendre la place de
Suzanne, lors d'un rendez-vous que le comte lui a fixé dans le jardin, à la tombée de la nuit. Figaro, mis au courant de la
rencontre, assiste à la scène.
1 LE COMTE prend la main de la femme : Mais quelle peau fine et douce, et qu'il s'en faut que la Comtesse ait la main
aussi belle !
LA COMTESSE, à part : Oh ! la prévention !
LE COMTE : A-t-elle ce bras ferme et rondelet ? ces jolis doigts pleins de grâce et d'espièglerie ?
5 LA COMTESSE, de la voix de Suzanne : Ainsi l'amour ?...
LE COMTE : L'amour... n'est que le roman du cœur : c'est le plaisir qui en est l'histoire; il m'amène à vos genoux.
LA COMTESSE : Vous ne l'aimez plus ?
LE COMTE : Je l'aime beaucoup ; mais trois ans d'union rendent l'hymen1 si respectable !
LA COMTESSE : Que vouliez-vous en elle ?
10 LE COMTE, la caressant : Ce que je trouve en toi, ma beauté...
LA COMTESSE : Mais dites donc.
LE COMTE : ... Je ne sais : moins d'uniformité peut-être, plus de piquant dans les manières ; un je ne sais quoi, qui fait
le charme ; quelquefois un refus, que sais-je ? Nos femmes croient tout accomplir en nous aimant ; cela dit une fois,
elles nous aiment, nous aiment ! (quand elles nous aiment), et sont si complaisantes, et si constamment obligeantes, et
15 toujours, et sans relâche, qu'on est tout surpris, un beau soir, de trouver la satiété2, où l'on recherchait le bonheur !
LA COMTESSE, à part : Ah ! quelle leçon !
LE COMTE : En vérité, Suzon, j'ai pensé mille fois que si nous poursuivons ailleurs ce plaisir qui nous fuit chez elles,
c'est qu'elles n'étudient pas assez l'art de soutenir notre goût, de se renouveler à l'amour, de ranimer, pour ainsi dire, le
charme de leur possession, par celui de la variété.
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1. l'hymen : le mariage.
2. la satiété : état d'une personne totalement rassasiée
Texte C - Edmond Rostand (1866 - 1918), extrait de Cyrano de Bergerac (1897), acte III, scène 10 (vers 1504 - 1539)
La scène se passe à Paris, au XVIIème siècle. Cyrano, aussi célèbre pour ses prouesses militaires que pour son physique
disgracieux, aime sa cousine Roxane. Mais celle-ci lui a confié qu'elle aime le beau Christian et en est aimée. Elle reproche
cependant à ce dernier de ne pas savoir lui parler d'amour. Prêt à se sacrifier, Cyrano, poète à ses heures, décide d'aider
Christian. Ainsi, quand celui-ci, dissimulé avec Cyrano sous le balcon de Roxane, la désespère par la maladresse de son
discours amoureux, Cyrano décide de venir en aide à son rival en se faisant passer pour lui.
ROXANE, s'avançant sur le balcon J'adore comme lui la reine que vous êtes,
1 C'est vous ? 25 Comme lui je suis triste et fidèle...
Nous parlions de... de... d'un... ROXANE
CYRANO Et tu es
Baiser. Le mot est doux ! Beau comme lui !
Je ne vois pas pourquoi votre lèvre ne l'ose ; CYRANO, à part, dégrisé.
S'il la brûle déjà, que sera-ce la chose ? C'est vrai, je suis beau, j'oubliais !
5 Ne vous en faites pas un épouvantement : ROXANE
N'avez-vous pas tantôt, presque insensiblement, Eh bien ! montez cueillir cette fleur sans pareille...
Quitté le badinage et glissé sans alarmes CYRANO, poussant Christian vers le balcon
Du sourire au soupir, et du soupir aux larmes ! Monte !
Glissez encore un peu d'insensible façon : ROXANE
10 Des larmes au baiser il n'y a qu'un frisson ! Ce goût de cœur...
ROXANE CYRANO
Taisez-vous ! Monte !
CYRANO ROXANE
Un baiser, mais à tout prendre, qu'est-ce ? Ce bruit d'abeille...
Un serment fait d'un peu plus près, une promesse CYRANO
Plus précise, un aveu qui veut se confirmer, Monte !
Un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer; CHRISTIAN, hésitant
15 C'est un secret qui prend la bouche pour oreille, Mais il me semble, à présent, que c'est mal !
Un instant d'infini qui fait un bruit d'abeille, ROXANE
Une communion ayant un goût de fleur, 30 Cet instant d'infini !...
Une façon d'un peu se respirer le cœur, CYRANO
Et d'un peu se goûter, au bord des lèvres, l'âme ! Monte donc, animal !
ROXANE Christian s'élance, et par le banc, le feuillage, les piliers,
20 Taisez-vous ! atteint les balustres qu'il enjambe.
CYRANO CHRISTIAN
Un baiser, c'est si noble, madame, Ah ! Roxane !
Que la reine de France, au plus heureux des lords, Il l'enlace et se penche sur ses lèvres.
En a laissé prendre un, la reine même ! CYRANO
ROXANE Aïe ! au cœur, quel pincement bizarre !
Alors ! Baiser, festin d'amour, dont je suis le Lazare2 !
CYRANO, s'exaltant.
J'eus comme Buckingham1 des souffrances muettes,
1. Duc anglais, amant de la reine de France dans Les Trois mousquetaires d'Alexandre Dumas.
2. Personnage de l'évangile, pauvre et malade, qui vivait des restes de festin de la table d'un riche.
Question
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Il s'agit dans les trois textes d'une situation théâtrale fondée sur le mensonge où s'opère une séduction amoureuse dans un
trio de personnages (pour être parfaitement exact, le texte B met aussi en scène la vraie Suzanne, mais de manière très
discrète). Les personnages se partagent donc en deux catégories : trompeurs et trompés. Dom Juan (dupeur) ment à Charlotte
et à Mathurine (dupées) pour s'attirer leurs faveurs, de la même façon que la comtesse Almaviva (dupeuse) déguisée en
Suzanne (et sous le regard complice de Figaro, caché) trompe le comte (dupé) qui tente de la séduire, et que Cyrano (dupeur)
abuse Roxane (dupée) avec la complicité passive de Christian.
Par ailleurs, chacun des trois textes tire parti du mécanisme de la double énonciation à l'oeuvre au théâtre (rappelons que
l'on désigne ainsi le fait que toute parole prononcée sur scène a un double destinataire : les autres personnages et le public).
Ainsi, si toutes les paroles prononcées sur scène sont entendues du public, elles ne le sont pas toujours des autres personnages.
Ce mécanisme se manifeste avec le plus d'évidence dans les apartés. Dans le texte A, la didascalie « bas à Mathurine » indique
que les paroles de Dom Juan ne sont pas perçues par Charlotte (et réciproquement avec « Bas à Charlotte »). La didascalie « à
part » des textes B et C indique que les propos tenus ne sont entendus que du public. Ceci crée un forme de complicité avec le
spectateur, placé dans une position de supériorité vis à vis des personnages, car il est le seul à posséder toutes les données de la
situation : le public sait que Dom Juan trompe les deux paysannes, que la comtesse est déguisée, que Figaro est caché sur scène,
que Cyrano parle à la place de Christian, alors que les paysannes, le comte et Roxane l'ignorent. Ce procédé, à l'oeuvre dans les
trois passages, produit des effets différents : il est source de comique dans les textes A et B et plutôt producteur d'ironie
tragique dans le dernier texte où l'envolée lyrique de la séduction laisse bientôt la place au pathétique de la souffrance de
Cyrano (puisqu'il devient en quelque sorte le dupeur dupé, le grand perdant de sa propre victoire).
Écriture d'invention
b) une lecture préalable pour aider à la compréhension paraît nécessaire, surtout quand la langue est ardue et lointaine
c) lire, c’est aussi relire, et mieux comprendre alors que la représentation est par nature éphémère
d) lire, c’est laisser son imagination investir la scène intérieure de son esprit (surtout lorsque les didascalies sont très pauvres,
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c) assister à une représentation pour mieux comprendre une pièce et ressentir des émotions plus vives (p. ex : pathétique,
comique, ...)
a) l’incomplétude du texte théâtral implique le travail de mise en scène (cf. Anne Ubersfleld : « texte troué »)
b) la représentation est une œuvre d’art en elle-même qui permet de livrer une interprétation de la pièce
c) les interprétations d’une pièce peuvent être multiples, privilégier certains aspects, parfois trahir le sens initial de l'auteur
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Faits marquants :
Le douloureux enfantement de la démocratie, qui ne naît pas sans difficultés (six régimes se succèdent,
entrecoupés de crises violentes)
Le passage à une société industrielle, avec d'un côté l'essor de l'économie et de l'industrie (la science et la
technique deviennent des espèces de religions nouvelles), et de l'autre, la misère sociale extrême des ouvriers, leur
exploitation par l'homme ou par la machine (cf. par exemple, le travail des enfants dès huit ans sur les machines
textiles : voir le poème Melancholia de Hugo).
Les prémisses d'une culture de masse, avec l'essor du journal et le succès des romans populaires. L'écrivain est une
figure majeure de son temps.
Figure exceptionnelle dans la littérature française, il domine le XIXe siècle par l'ampleur et la qualité de sa
production (poésie, romans, théâtre, ...).
Génie précoce (« Je veux être Chateaubriand ou rien », écrit-il en 1816), il reçoit plusieurs récompenses littéraires
dès 16 ans (notamment, de l'Académie française en 1817) et est élu à l'Académie française en 1841.
Homme de tous les combats (le XIXe est traversé par deux révolutions, un coup d'état et une guerre), il mène une
triple lutte : sur le plan littéraire pour la révolution romantique, socialement contre la misère et pour le peuple,
politiquement pour la liberté, contre la censure (cf. notamment son combat contre Napoléon « Le Petit » lors de son
exil sur les îles anglo-normandes de 1852 à 1870.)
Figure de l'écrivain engagé, il prend part aux grands débats politiques de son temps et lutte pour plus de justice
sociale et contre la peine de mort (cf. Claude Gueux (1834) et Le Dernier jour d'un condamné (1829)).
Chef de file des romantiques, il mènera cette bataille au théâtre de 1827 à 1843 avec les oeuvres :
Cromwell (1827), dont la préface, véritable manifeste, définit le drame romantique.
Hernani (1830) : la bataille d'Hernani consacre le succès du drame romantique
Ruy Blas (1838) - Ruy Blas prend sa source dans l'histoire de l'Espagne de la fin du XVIIème siècle, pendant
une période de décadence de la monarchie et de la noblesse (Charles II et Maria de Neubourg).
Les Burgraves (1843) – échec de la pièce
19 La plupart des théâtres parisiens où se jouaient les mélodrames se situaient boulevard du Temple, surnommé « le boulevard du crime » à cause
des très nombreux crimes commis ... sur scène !
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C'est dans ce contexte que naît le drame romantique avec des difficultés bien réelles :
Comment trouver sa place entre le mélodrame de piètre qualité et la tragédie (qui malgré son affaiblissement
garde ses adeptes et ses places fortes comme la Comédie-Française20) ?
Comment résister à la censure, bien présente, qui voit d'un mauvais oeil cette « révolution romantique » ?
Comment convaincre les acteurs réticents et décontenancés par les hardiesses du romantisme, acteurs
accoutumés aux règles de la tragédie, à son ton, à sa rhétorique ?
La bataille d'Hernani :
Il s'agit des affrontements, restés célèbres, entre les « classiques » - ou les « grisâtres » - et les « romantiques » - les
« flamboyants », autour de Théophile Gautier et de son gilet rouge - lors des représentations de la pièce « Hernani » en
1830. C'est en fait un triple combat que remportera Hugo :
contre les acteurs (notamment la célèbre Madame Mars qui a 50 ans jouait le rôle de Dona Sol, 17 ans... et dont les
réticences à jouer le drame étaient nombreuses),
contre la censure qui n'admettait pas que l'image d'un roi soit ternie (« le roi s'exprime comme un bandit, [...] la fille
d'un Grand d'Espagne n'est qu'une dévergondée »),
contre les « classiques », scandalisés par les audaces romantiques.
La pièce conquit le public, fut un succès commercial et permit l'avènement de la génération romantique sur la scène.
Le Romantisme
Mouvement artistique de la première moitié du XIXème, il s'oppose à la tradition classique du XVII et au rationaliste du
XVIII et vise à une libération de l'imagination, de la sensibilité et de la langue. Le romantisme privilégie notamment
l'expression du Moi et les thèmes de la nature et de l'amour.
Auteurs romantiques : Hugo, Lamartine, Vigny, Musset
Thèmes récurrents : le moi en souffrance (explosion des sentiments, nostalgie de moments regrettés, ....), les passions, la
nature, la fuite du temps, la spiritualité, etc.
Deux notions sont indissociables du Romantisme : le lyrisme et l'engagement.
L'adjectif lyrique est formé sur le mot «lyre», qui désigne un instrument de musique. Cet instrument est associé au poète
et musicien de la mythologie grecque, Orphée, dont la légende raconte qu'il était capable, par sa poésie et par ses chants,
de charmer les bêtes sauvages. Le sens du mot « lyrique » a évolué : il s'appliquait initialement à tout ce qui pouvait être
chanté. Depuis le XIX° siècle, il est utilisé pour caractériser l'expression des sentiments et des émotions. On dira ainsi
d'un poème qu'il est lyrique s'il rapporte ce que ressent celui qui parle : joie, bonheur, espoir, ou chagrin,
amertume, douleur, regret.
L'engagement
On nomme engagement l'attitude de celui qui pense que l'art doit servir les hommes par une participation directe de
l'écrivain aux problèmes de son temps. L'écrivain engagé est donc actif dans son époque, et son œuvre a pour lui une
utilité immédiate.
Hugo a publié, par exemple, Le dernier Jour d'un Condamné, réquisitoire contre la peine de mort et a choisi de combattre
contre la dictature du second Empire de Napoléon III. Lamartine a, de son côté, occupé des fonctions politiques
importantes allant jusqu'à devenir ministre et se présenter aux élections présidentielles.
Le drame romantique
Les écrivains romantiques veulent renouveler complètement le genre dramatique, d'où une floraison d'écrits théoriques.
Se réclamant des auteurs allemands et de Shakespeare (qu'ils admirent pour sa liberté de ton et sa diversité de tons), ils
sont en quête d'un théâtre vivant, accordé à la sensibilité de leur temps et attaché à la vérité des caractères, du langage et
des situations.
Cette volonté réaliste leur fait rejeter les règles classiques; seule reste l'unité d'action qui donne une cohésion
d'ensemble. Ils prônent le mélange des genres, langue noble et ton familier, prose ou textes en vers, sublime et
grotesque "qui se croisent dans le drame, comme ils se croisent dans la vie et dans la création" (Victor Hugo). Les
notions de pudeur et de bienséance sont abandonnées au profit d'un souci d'exactitude psychologique et d'affirmation de
l'individu. Les sujets sont historiques, permettant des allusions politiques contemporaines, la recréation d'un univers
et la peinture d'une crise sociale où peuvent s'exacerber les passions. Ce théâtre total jouant sur l'émotion du spectateur
est dominé par l'idée de liberté et de fatalité et veut refléter "tout ce qui existe dans le monde, dans l'histoire, dans la vie,
dans l'homme" (Hugo). Il a aussi une visée didactique : "Le théâtre est une tribune, le théâtre est une chaire [...] le drame
a une mission nationale, une mission sociale, une mission humaine" (Hugo).
Malgré un succès relatif (mais spectaculaire), le drame romantique est un échec. Trop livresque, il utilise les acteurs du
mélodrame et emprunte à ce genre ses conventions (intrigues rocambolesques, escaliers dérobés, déguisements, etc.), ce
qui introduit la confusion chez les spectateurs qui confondent deux genres aux visées différentes. Enfin, l'Histoire n'est
qu'un décor, "un clou où le tableau est accroché", reconnaît Alexandre Dumas. Les réussites du drame romantique
tiennent surtout à la poétique du style et la peinture de destinées individuelles, bien loin de la description des situations
collectives et de prédication sociale qu'il se proposait de faire. (Source : Gallica)
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Vocabulaire élémentaire
Les grandes règles du théâtre classique au XVIIème (cf. Nicolas Boileau Art poétique, règles héritées d'Aristote)
Règle des trois unités : un seul lieu, unité de temps (24 heures maximum), une seule action prise à un moment de crise.
Règle de la vraisemblance : ce qui se déroule sur scène doit être crédible
Règle de la bienséance : rien ne doit choquer le spectateur (on interdit donc toute violence, le sang, la représentation de
la mort, ...)
Le registre comique :
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Il vise à faire rire le spectateur (mais il n'est généralement pas gratuit, puisqu'il possède souvent une visée didactique : corriger
les mœurs en faisant rire). On distingue plusieurs formes de comique :
le comique de mots ou de paroles : jeux de mots, insultes, traits d'esprits, ...
le comique de situation : naît d'une situation particulière (trompeur trompé, arroseur arrosé, voleur volé, quiproquo,
personnage caché, ...)
le comique de gestes : provient essentiellement de la gestuelle d'un acteur : mimiques, chutes, bastonnades, gifles,
grimaces, ...
le comique de répétition : dû à un effet mécanique de répétition (de paroles, de gestes, ...)
le comique de caractère : s'appuie sur un trait ridicule et grossi de la personnalité d'un personnage (jalousie maladive,
avarice, ...)
On ajoutera deux autres notions :
le burlesque : forme de comique qui provient du décalage entre le fond et la forme (par exemple, personnage de haut
rang qui s'exprime de manière vulgaire ou inversement, personnage ordinaire qui tente de s'exprimer en termes relevés)
la farce : comique grossier qui s'appuie sur des situations schématiques (coups de bâtons, bousculades, renversements
de situation : arroseur arrosé, ...).
On cherchera toujours à analyser précisément les procédés comiques, notamment en mettant en évidence une forme de décalage
(chute, effets de surprise, décalage entre le ton et le contenu du discours, ...), souvent à la source du comique.
Le registre pathétique :
Le registre tragique :
Il met en scène un personnage confronté à une force supérieur (= le destin) qui l'accable et le mène inexorablement à sa perte. A
l'origine, intimement lié au genre de la tragédie, on le trouve aujourd'hui dans d'autres genres (comédies, roman, poésie, ...). Ce
registre vise à provoquer terreur et pitié chez le spectateur. On retiendra trois éléments fondamentaux pour sa définition :