Fouad 3
Fouad 3
Fouad 3
DEPARTEMENT
N° d’Ordre : ……………
N° de série : ……………
Mémoire en vue de l’obtention
Du diplôme de master II
Titre
Jury de soutenance :
Mme kedri, Souad, Maitre-assistante classe A, UMMTO présidente.
Mme Kacete, Malika, Maître-assistante classe A, UMMTO, encadreur.
Mme Assam Melha, Maître-assistante classe A, UMMTO, examinatrice.
monde ? ».
Jean-Paul Sartre
Remerciements
Sérine
A. Louize
Dédicace
particulier.
binôme Louize.
B .DYHIA
Tables des matières
Introduction ................................................................................................ .2
3-Identité aliénée…………………………………………………….18
4-Identité conflictuelle………………………………………………21
6- L’affirmation de soi………………………………………………58
Conclusion ................................................................................................... 61
Bibliographie ............................................................................................... 64
Introduction générale
. Introduction générale
Introduction générale
La littérature maghrébine d'expression française est une littérature baptême qui touche
à plusieurs thèmes : la politique, les phénomènes sociaux, la religion et le racisme. La quête
identitaire ou la quête de soi-même est l’un des sujets principaux de la littérature
postcoloniale et de la littérature maghrébine de langue française.
Tahar Ben Jelloun est écrivain marocain de langue française, il a obtenu le prix
Goncourt en 1987 pour La Nuit sacrée.C’était la première fois qu’un auteur d’un pays
maghrébin écrivant en français a reçu ce prixéblouissant. Dans ce roman, il dépeint de façon
symbolique l’histoire du peuple marocain privé de sa vraie identité. Le peuple magrébin et en
particulier marocain qui a subi une domination et aussi une acculturation. La domination de la
langue arabe en Afrique du Nord du XIXème au XXème siècle a eu un effet sur la culture et
l’identité berbère car le Pouvoir a imposé sa propre langue et ses propres valeurs et qui a
considéré la race arabe comme supérieure aux autres races. Nous allons tenter d'effectuer une
analyse en vue de répondre à notre problématique: comment La Nuit sacrée de Ben Jelloun
représente t-elle la question identitaire du peuple marocain?
2
. Introduction générale
Dans ce mémoire, notre objectif est d’analyser la quête identitaire dans La Nuit sacrée
de Tahar Ben Jelloun. Nous suivrons et étudierons laquête de Zahra depuis son départ de la
maison familiale jusqu'à sa disparition. Nous nous demandons si Ahmed/Zahra qui symbolise
le peuple berbère encherchant à retrouver sa féminité, c’est-à-dire son corps de femme, finira
par trouver savraie personnalité. Nous tenterons d'effectuer une analyse pour voir comment
La Nuit sacrée présent-elle la question identitaire du peuple marocain?
En effet, Ben Jelloun dans La Nuit sacrée, tente de mettre en évidence la question de
l’identité du peuple marocain, une identité inconnue, manipulée et reniée dont le peuple est
contraint à vivre dans la dictature. Une identité complexe qui n'arrive pas à se définir, faisant
de l'individu marocain un être identitairement incertain qui est en perpétuelle quête de
connaissance de soi. L’auteur veut mettre en exergue ce problème identitaire et ce à travers
l’histoire du personnage principal Zahra.
La narratrice dans le récit raconte son histoire, elle parle de son identité spoliée a
l’image de cette identité populaire imposée par un pouvoir qui ne se souci que de ses propres
intérêts. Un pouvoir incarné par le père obsédé par l’héritage.
Ainsi, Zahra la femme s’est retrouvée homme : elle a un corps de femme, mais elle est
forcée de vivre comme un homme. Pourtant, la femme en elle n’a jamais cessé de crier son
existence.Aussi, l’identité profonde de la communauté berbère du Maroc n’a jamais cessé
d’exister, elle est seulement étouffée à l’image de Zahra la femme suffocant sous ses
vêtements masculins.
Enfin, dans le but de confirmer nos hypothèses, nous avons opté pour une approche
pluridisciplinaire qui nous permettra de montrer la richesse de notre corpus. Nous mettrons
donc à contribution la psychanalyse, la poétique et la narratologie.
Nous aurons recours surtout aux travaux de Mikhaïl Bakhtine ayant travaillé sur le
dialogisme, travestissement et polyphonie.
3
. Introduction générale
Dans le deuxième chapitre, nous explorerons la notion de l’ambiguïté sexuelle qui est
une notion complexe possédant plusieurs définitions. Nous verrons par la suite comment
cette dernière se manifeste dans le roman La Nuit sacrée. Nous analyserons le dédoublement
identitaire chez l’héroïne Zahra. Celle-ci apparaît comme une personne bisexuelle, elle est à la
fois homme et femme : Ahmed/Zahra.
4
Chapitre I
À la recherche du moi perdu
Chapitre I : à la recherche du moi perdu
Introduction
Parmi tous les thèmes abordés dans le domaine littéraire au cours dutemps, le thème de
l’identité occupe certainement une place de choix.Cependant, l’identité n’a pas été toujours
traitée de la même façon d’un roman à un autre.Dans notre analyse de La Nuit sacrée de Ben
Jelloun,nous essayerons d’analyser la quête identitaire du personnage principal Zahra qui
symbolise l’identité berbère qui est toujours en quête de soipour affirmer son existence.
I- l’identité
1- Définitions de l’identité
Étymologiquement, le terme « identité » est un nom féminin, d’origine
latine « identitas » idem qui veut dire « le même ». Le Petit Robert nous donne
cettedéfinition : « Le fait pour une personne d’être tel individu et de pouvoir être légalement
reconnue pour tel sans nulle confusion grâce aux éléments (état civil, signalement) qui
l’individualisent; ces éléments ».1GotlobFerge(1984) a observé que l’identité est
indéfinissable « puisque toute définition est une identité, l’identité elle-même ne serait être
définie».2
1
Le petit Robert, disque compact, EncyclopédiaUniversalis, 2009.
2
EncyclopédiaUniversalis, 2009.
3
Ferdinand Alquié, Le Désir d’éternité, Paris, PUF, 1968.
6
Chapitre I : à la recherche du moi perdu
différent des autres; c’est ce par quoi je me sens exister aussi bien en mes personnages
(propriétés, fonctions, et rôles sociaux) qu’en mes actes de personne (significations, valeurs,
orientations). Mon identité c’est ce par quoi je me définis et me connais, ce par quoi je me
sens accepté et reconnu comme tel par autrui ».4
L’individu s’inscrit dans une temporalité, il sait d’où il vient, qui il est, et ou il suit un
fil rouge qui lui permet d’être conscient de son passé pour construire son avenir.8
-L’identité est un caractère de deux choses identiques, une relation entre deux termes
identiques.9
- ce qui permet de reconnaitre une personne parmi toutes les autres (état civil
signalement). Établir l’identité de quelqu’un. Pièce, carte, photo d’identité. Identité judiciaire,
service de la police chargé de l’identité de malfaiteur.11
4
EncyclopédiaUniversalis, 2009.
5
http://www.universalis.fr/encyclopedie/identite/
6
Dictionnaire, Larousse, Paris, 2008.
7
Dictionnaire, Larousse, Paris, 2008.
8
Dictionnaire, Larousse, Paris, 2008.
9
Dictionnaire, Robert- Canada, 1984.
10
Ibid
11
Ibid
7
Chapitre I : à la recherche du moi perdu
Sens 3 : données qui déterminent chaque personne et qui permettent de différencier des
autres.12
L’identité est un phénomène complexe qui englobe plusieurs caractères tels que les
mœurs, les croyances religieuses et la langue maternelle…C’est ce qui différencie une
personne d’une autre, un peuple d’un autre, une société d’une autre et un pays d’un autre.
C’est un facteur qui permet à l’homme de connaitre et de reconnaitre ses origines.
2- Identité en philosophie
L’identité nous renvoie à l’impression de constance quant ala ressemblance des choses
dans le temps. Il s’agirait donc de la perception prolongée ou non des objets. Si plusieurs
noms peuvent désigner une même chose (cheval ou race), on parle alors d’identité numérique
par opposition à l’identité de l’espèce (ex l’homme et le singe selon Aristote).
3 - Identité en anthropologie
Dans cette science, l’identité des individus et partout culturellement codée à travers leur
appartenance a des groupes en tant que membres de tel clan, de tel culte, de tel village, de tel
ethnie. La personne humaine serait dés lors, la résultante de l’inné, de l’Hérité et de l’acquis.
12
Dictionnaire français l’internaute, 01.07.2016 à 14 h 00.
13
David Hume, A, L. LEROY.PUF
8
Chapitre I : à la recherche du moi perdu
Selon Darwin, l’idée que l’altruisme n’a pas de racine culturelle, et renforcé par les
observations sur les très jeunes enfants jusqu'à quatorze mois environ, un bébé réagit souvent
à la détresse d’autrui si elle est visible par des manifestations de détresse. Au Delas il cherche
à consoler, à venir en aide, à partir de vingt mois à ramasser un stylo et lui offrir une
récompense aurait l’effet inverse. Pour Darwin, l’altruisme serait donc INNE. Ainsi ce
comportement a été observé chez les chimpanzés adultes en captivité qui enlevaient la chaine
pour laisser entrer un congénère non apparenté. Du reste la différence entre l’esprit du
l’homme et celui des animaux supérieurs n’est-elle pas a coup sur une différence de degrés et
non du nature. Il s’agit la d’exemple controversé car ni l’archéologie ni l’anthropologie ne
permettent de trancher.15
14
Levis Strauss, La pensée sauvage, 1962.
15
Charles Darwin, L’origine des espèces.
16
Pierre Bourdieu, Esquisses Algériennes.
9
Chapitre I : à la recherche du moi perdu
Pour mieux comprendre l’importance du regard porté sur les êtres citant Bourdieu et sa
conclusion :
« Le regard compréhensif que j’ai pris sur l’Algérie, j’ai pu le prendre sur moi-même,
sur les gens de mon pays, sur mes parents, sur l’accent de mon père, de ma mère et récupérer
tout ça sans drame, ce qui est un des grands problèmes de tout les intellectuels déracinés,
enfermés dans l’alternative du populisme ou au contraire de la honte de soi liée au racisme de
classe ».
4- Identité en psychologie
L’identité est certes « Le connais toi toi-même antique mais aussi le regard, la
reconnaissance ou non par les autres en m’opposant aux autres en m’intégrant a une autre
culture, a une autre histoire, a une géographie, je construis mon identité ou mon identité se
construit. »
Mais c’est aussi dans la différenciation que s’instaure l’identité. Mon corps, mon nom,
mes racines, mes droits et devoirs, mais aussi toutes les personnes, tous les animaux et les
objets que j’investies sont autant de parties de moi-même.
Par la création, l’engagement, l’action sur les situations et les objets par les valeursque
je fais miennes, je transforme mon identité. Dés lors serais- je aliéné a l’ÊTRE ou à
l’AVOIR?
L’identité sexuelle est définie comme « fait de se reconnaitre et d’être reconnu comme
appartenant à tel sexe ». Et l’identité judiciaire désigne « l’ensemble des moyens techniques
et scientifiques qui permettent l’identification d’une personne (portrait- rebot, relevé
d’empreintes etc. »18
17
Dictionnaire, Larousse, Paris, 2008.
18
Ibid.
10
Chapitre I : à la recherche du moi perdu
Selon Amin Maalouf dans son essai « Les Identités meurtrières », on ne peut pas cerner
la notion d’identité car celle-ci renferme d’ambigüité et de mystère qui mènent souvent à des
conséquences catastrophiques : « installe les hommes dans une attitude partiale, sectaire,
intolérante, dominatrice, quelques fois suicidaire et les transforme bien souvent en tueurs, ou
en partisans des tueurs ».19
Tout homme a une identité complexe et des appartenances multiples. Les éléments qui
composent cette notion sont totalement différents d’une personne à une autre : « L’identité de
chaque personne est constituée d’une foule d’éléments ».20Ces éléments sont représentés
selon Maalouf par le mot appartenance qui relie (la religion, la langue, la couleur, les
origines…).
Maalouf affirme : « Mon identité c’est ce qui fait que je ne suis identique à aucune autre
personne ».
Pour Amin Maalouf, l’identité est forcément complexe, elle ne se limite pas a une seule
appartenance, elle est une somme d’appartenance plus au moins importante, mais toute
signifiante. Il conçoit l’identité, ni comme un fait inné, ni acquise, elle s’acquiert via
l’influence d’autrui. On prend l’exemple de Zahra qui est désignée essentiellement garçon,
sans lui laisser la liberté d’être ce qu’elle est réellement (fille) et de vivre sa véritable identité,
Zahra se réagit contrel’enfermement imposé par son père, elle va revendiquer sa véritable
identité et la défendre.
Amin Maalouf estime que dans ce monde il ya le « nous » et le « eux », les autres. Nous
qui sommes victimes innocentes et eux qui sont coupable. Pour que ces derniers vivent en
paix il faut que l’un respecte l’autre et l’accepte tel qu’il est et lui donner la liberté d’être et
d’exister.21
19
Amin Maalouf, Les identités meurtrières, Edition grasset, Paris, 1998.p 39.
20
Ibid., P. 17
21
Ibid., p, 42.
11
Chapitre I : à la recherche du moi perdu
Pour Amin Maalouf l’identité devient un acte meurtrier et elle devient extrêmement
dangereuse quand elle oppose « Nous » aux « Eux », autres car elle implique soit la négation
de l’Autre, soit la négation de soit même, soit l’intégrisme.
Le substantif quête postule l’action de recueillir des fonds ou des objets ayant une
valeur, souvent réglée. C’est l’action de chercher à trouver, à découvrir. Elle peut être une
mission suivie par des personnes qui se consacrent à recueillir ou parvenir aux buts qu’ils se
sont donnés.La quête identitaire est une lutte de l’affirmation et de défense de soi.
La Nuit sacrée de Ben Jelloun est une histoire qui s’est passé au Maroc, elle reflète
l’identité perdue de peuple berbère. L’histoire est prise à la première personne du singulier ou
Zahra l’héroïneprend la parole pour nous raconter l’histoire de son identitéperdue et bafouée
et comment elle a pu échapper à la première existence qui lui était imposée par son père, un
riche commerçant qui a fait l’impossible pour avoir un héritier et qui décide d’élever sa
huitième fille comme un garçon quel que soit le sexe de ce nouveau-né.Et aussi comment elle
a cherché àtrouver sa véritable identité.
Au début du roman La Nuit sacrée, on relate la scène du décès du père de Zahra. Après
l’enterrement de celui-ci, Zahra enterre sa première vie avec lui. Elle déterre la tombe et y met
sa carte d’identité, ses vêtements d’homme, son tabac, et même le bandage qui lui entourait la
poitrine, qu’elle enroule autour du cou de son père. Cet enterrement de tous les objets passés
pourrait signifier, d’une part, un meurtre de la première personne que Zahra ne voulait pas
être, et d’une autre part, un appel à la renaissance de sa vraie identité enfouie depuis vingt ans
sous un masque.
22
Www.wikipedia.org
12
Chapitre I : à la recherche du moi perdu
« …Les bandelettes de tissu étaient encore autour de ma poitrine pour empêcher de les
seins de sortir et de grossir. Je retirai avec rage ce déguisement intérieur compos é de
plusieurs mètres de tissu blanc. Je le déroulai et le passai autour du cou du mort ».24
Zahra fuit la maison parentale à la quête de son identité réelle, elle sillonne le Maroc,
Arrivé dans une forêt, elle est violée. En arrivant dans la ville d’Agadir, elle va dans un
hammam où la dame qui tient laréception la prend en pitié et décide de l’héberger, en contre
partie, elle lui demandait de tenir compagnie à son frère aveugle. Ahmed devenu Zahra ne
tarda pas à découvrir les secrets de la maisonnée de ses hôtes. Elle s’enfonça dans le gouffre
de leur secret. De l’aveugle : vivant reclus chez sa sœur avec laquelle il entretenait des
relations incestueuses, il devint l’amant Zahra qu’il n’arrivait à reconnaître ni en tant que
femme ni en tant qu’homme. Sa sœur, jalouse de cette relation les sépara en donnant sa rivale
à l’oncle qui la cherchait depuis sa fuite de la maison paternelle, l’accusant de vol de
l’héritage familial. Elle le tua. Zahra : Jetée en prison elle ne nia pas le meurtre. Pour
s’entrainer à vivre en aveugle, elle se mettait un bandeau sur les yeux. Mais voilà que son
amant lui envoya une lettre de rupture. Ses sœurs la retrouvèrent, mais les pans sombres de la
nuit dans laquelle était tombée la fille-garçon depuis la mort de son père ne se rompirent pas
là. Elles étaient toutes animées de vengeance. Et Ahmed-Zahra ayant perdu son statut
protecteur de l’héritier né après sept sœurs, à peine sortie de la nuit pénitentiaire, se retrouva
dans l’engrenage d’une machine fatale : ses sœurs lui cousent les lèvres de son vagin pour
fermer à jamais cet orifice, semblable au leur, mais qui a eu les privilèges d’une naissance
autre.
Une fois son identité libérée, il s’éloigne de son milieu pour se couvrir de l’effacement
et des menaces. Mais elle n’arrive pas à échapper à son passé qu’elle essaie d’oublier. Il
surgit en elle pour la priver de sa liberté.Zahra décide d’oublier totalement son passé, après le
décès de son père ce qui signifie la mort d’Ahmed et la naissance de Zahra mais ce passé va
la suivre et la hanter malgré elle « Partout ou j’allais, je transportais ma prison comme une
carapace sur le dos. ».25 Elle s’échappe en espérant ne pas laisser de traces et échoue dans
une famille étrange composée du frère aveugle, le Consul, et de la sœur, l’Assise.
23
N, S, p, 56.
24
Ibid. p, 56-57.
25
N, S, p, 172.
13
Chapitre I : à la recherche du moi perdu
Cependant, la quête de Zahra ne dure pas longtemps. Elle se libère, il est vrai, de sa
famille, de son entourage et de tout ce qui a été, erre dans les rues et fait plusieurs rencontres.
Mais ses sœurs, ayant découvert que l’humiliation de toutes ces années venait de la part d’une
fille, d’une sœur cadette en plus, décident de se venger et réapparaissent dans sa seconde vie,
lui montrant que son passé ne peut jamais être effacé.
C’est dans le quatrième chapitre que Zahra l’héroïne essaye de faire la quête et la
reconquête de soi.
Le premier contact s’est déroulé dans le jardin parfumé où elle s’est fait enlever par un
prince bleu de désert dans un univers idéal ourègne l’égalité et la justice loin de la vie
ordinaire.Le cheikh confie a Zahra deux secrets :
Le premier est « le village desenfants ».Un monde idéal situé hors de temps et de
l’espace qui est une « utopie » il n’a pas de nom, il est plein d’enfants pour lesquels le temps
s’est arrêté.27C’est un monde qui n’a aucun lien avec le passé : « Nous n’avons aucun lien
avec le passé, avec la terre ferme ».28
L’oublie est le principe de cette république,un monde parfait. Pour Zahra ce voyage est
une découverte de cette source de l’oublie qui est une sorte de remède pour son malheur.29
« ….n’y vit que celui dont le cœur a souffert et qui ne se nourrit plus d’illusions sur le
genre humain »30
26
N, S, p, 26.
27
Ibid., p, 43.
28
Ibid., p,51-52.
29
Ibid., p, 43.
14
Chapitre I : à la recherche du moi perdu
Ensuite Zahra souhaite réintégrer le monde des vivants pour continuer sa quête et sa
lutte de sa véritable identité perdue.
Oublier le clan familial pour Zahraest une démarche plus engagée. Elle a enterré ses
objets dans la dépouille de son père.Ce geste est très fort,très poignant, il indique la volonté
et l’envie d’oublier le passé et suivre la quête de la réalité.Ce geste accomplis la dépouille
d’une identité masculine usurpée
Zahra s’est retrouvée face à un duel et une lutte entre le passé et le présent. Cette
dernière a tourné le dos a ce passé, elle a lutté contre ce dernier qui essaye de resurgir pour
l’empêcherde s’avancer :
Zahra qui symbolise « identité berbère» est en quête de soi pour retrouver son
originalité, elle essaye de surmonterses obstacles et ses difficultés pour s’affirmer : « le travail
de l’oubli se faisait tant bien que mal, j’avançais malgré tout dans l’enterrement des êtres et
des choses ».33
Zahra recourta un autre défi, c’est la libération du corps et la recherche de l’amour, elle
se libère de tous ses complexes, elle ose à s’affirmer et à acquérir sa féminité.
- Le viol est un acte par lequel une personne est contrainte à un acte sexuel, par la
force, surprise, ruse, menace…
L’expérience du viol pour Zahra n’est pas traumatisante mais un acte volontaire pour
découvrir sa véritable identité égarée.Malgré une rencontre qualifiée de « brutale et
aveugle »34, le violeur s’exprime par images ouvrant son discours par la traditionnelle formule
30
Ibid., p, 42.
31
Ibid., p, 49.
32
Ibid., p, 56.
33
Ibid., p, 84.
34
Ibid, p, 80.
15
Chapitre I : à la recherche du moi perdu
d’ouverture du coran « au nom de Dieu le clément et le miséricordieux ».35 Cet acte sexuel
peut être lu comme une libération pour Zahra, un pas supplémentaire accompli sur le long
chemin de sa quête identitaire car sa première expérience était de retirer les bandages qui
compriment ses seins qui est un acte volontaire d’affirmation de sa quête. Le viol se qualifie
comme une sorte de libération pour Zahra qui laisse pénétrer et s’enfoncera l’intérieur de ses
ténèbres, ses origines et sa véritable personnalité.36
La quête de L’amour
À travers ses errances dans les villes marocaines et à travers ses ruellesétroites a la
poursuite de sa quête, Zahra fait une rencontre avec une femme (l assise) qui possède un
hammam. Cette femme lui tend la main, l’aide et lui ouvre la porte de sa maison. En
revanche, Zahra aide l’assise à s’occuper de son frère aveugle « le consul».Cet homme qui
est un exemple de sagesse et d’intelligenceimpressionne Zahra. Il lui offreun apaisement
bénéfique, il l’attire par sa réflexion, sa culture et ses connaissances. Le consul ne connait pas
l’hypocrisie des autres hommes. Il ne se comporte ni en père, ni en tyran : il « n’était pas mon
maitre et je n’étais pas son esclave»37
Refusant les rapports traditionnels homme femme fondés sur la soumission, Zahra cette
rebelle épouse lesconcepts, les idées, lavision du monde du Consul. Le consul considère
Zahra comme son reflet féminin et Zahra le considère comme la bonne voix, le droit chemin
qu’il lui ouvre les portes de la liberté par sa sagesse, et sa culture et son intelligence : « nous
sommes semblables ». « Un pacte scellé le secret nousunit ».38
La complicité qui les unit devient une sympathie, une communion au sens fort du
terme, qui avive leur désir et leur curiosité. Les termes « grâce» et «miracle» traduisent la
métamorphose de Zahra, elle s’est trouvé un refuge émotionnel et intellectuel chez cet
instituteur.39
En dépit de cette sérénité, une malédiction s’installe dans ce foyer, c’est celle de la
jalousie de l’assise qui redécouvre la réalité de la double identité Ahmed/ Zahra, et informe
son oncle qui vient a sa recherche. Zahra tue son oncle avec un sang froid.
35
Ibid., p ,61.
36
Ibid., p, 56-57.
37
Ibid., p, 85.
38
Ibid., p, 135.
39
Ibid., p, 137.
16
Chapitre I : à la recherche du moi perdu
Le consul l’a quitté comme lui a prévenu un des enfants du jardin parfumé : « quelque
chose en toi provoque la destruction, je ne sais pas quoi il se propage et se nourrit de la
défaite des autres ». 40 Zahra ne contrôle pas tous les événements sa cause de son aspiration a
la liberté,le sentiment du tragique nait précisément de cette oscillation comme Oedipe
cherchant désespérément à échapper a la prédiction des deux et mettent en œuvre pour
déjouer la malédiction, Zahra croit possible la réalisation de son destin a la force de courage
et de volonté; Pourtant le destin rattrape ses victimes.
« ….je me trouvais de plus en plus au milieu d’un drame qui se déroulait depuis
longtemps). J’étais le personnage qui manquait a cette pièce ou la scène était la maison.
J’étais arrivée au moment ou les conflits s’étaient épuisés, ou le drame allait devenir une
tragédie burlesque, ou le sang aurait été mêlé au rire ou les sentiments ce jour fait partie des
auraient été anéanti par la confusion le désordre et la perversité ».41
Zahra s’est retrouvée épuisée, fatiguée et abattue par la vie, elle s’est emprisonnée, puis
torturée, laissée et abandonnée par ses siens en particulier par l’être qui avec elle se croit
trouver l’amour et la paix intérieure.Zahra cette femme rebelle, troublée n’arrive pas a
s’accrocher et a s’affirmer.Zahra « dans les ténèbres » voit sa cellule comme une
préfiguration de la tombe : «Préparatifs du grand départ »42
40
Ibid., p, 49
41
Ibid., p, 114.
42
Ibid., p, 143
17
Chapitre I : à la recherche du moi perdu
Après tous les événements et les tragédies, Zahra s’est retrouvée égarée et perdue
dans ce vaste monde. Cette dernière n’arrive pas à résister et à affirmer sa présence car les
obstacles et les préjugés l’ont condamné.
Zahra à la fin du roman la Nuit sacrée a connue une fin tragique, le consul a songé au
suicide,
Les aliénations identitaires vont des lavages de cerveaux aux acculturations forcées en
passant par les définitions totalitaires d’identités négatives par les amputations
dépersonnalisantes. On dit qu’il ya aliénation parce que les conditions normales de
l’affirmation identitaires ne se trouvent pas réalisées. On prend l’exemple du milieu éducatif
au Maroc .
43
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais
44
Alex, Mucchielli. , L’identité, p 110.
18
Chapitre I : à la recherche du moi perdu
En somme, pour l'individu aliéné, l’estime de soi Suppose d’afficher une appartenance
qui n’est pas la sienne. L'identité aliénée tient donc exclusivement à des signes, c’est-à-direau
regard de l’autre : c'est une hétéronomie absolue.
L’aliénation identitaire est un lavage de cerveau appliqué par l’autre, une acculturation
forcée, c’est un véritable ethnocide identitaire et culturel. C’est la transculturation et la
dépersonnalisation, c’ests’oublier, s’égarer, céder, pénétrer, noyer dans un autre univers
dominant, une autre culture tyrannique imposante. C’est l’assimilation et l’asservissement
pour l’autre.
19
Chapitre I : à la recherche du moi perdu
Selon Alex Mucchielli, le regard d’autrui peut être une aliénation. Regarder autrui
restreint sa liberté, le gêne, le force à faire attention à ce qu’il fait. Être sous le regard de
quelqu’un, c’est en effet aussi être sous son jugement et ce jugement constitue, le plus
souvent, une fausse identité de moi. C’est la le sens de la formule de Sartre : « Je suis ce que
je ne suis pas et je ne suis pas ce que je suis. » Autrui m’attribue une identité et me pousse à
me comporter d’une manière à répondre a cette définition qu’il donne de moi. Il affirme que
« l’enfer c’est les autres » aussi pour signification que la relation à autrui est d’une certaine
manière, aliénante.45
45
Alex, Mucchielli. , L’identité, p 118.
46
Ibid., A. M, P 118
47
http://fr.wikipedia.org/wiki/Kateb_Yacine
20
Chapitre I : à la recherche du moi perdu
V- L’identité conflictuelle
C’est une identité qui serapporte à un conflit.L’identité peut s’inscrire dans la logique
d’un conflit et fonder ainsi les acteurs antagonistes de ce conflit.La notion conflictuelle qui est
née de conflit c'est-à-dire chaque groupe social tribus parties politiques manifeste une identité
des tendances qui renvoient à une identité conflictuelle qui se rapporte à un conflit, qui est
source de conflit.
Donc, l’identité au sein d’un conflictuel c’est une identité qui émerge a la suite d’un
conflit. C’est l’essor d’une identité au sein d’un conflit du a une différence culturelle, social,
ethnique, religieuse, tribal, origines …etc. sur une détermination et chacune se manifeste pour
s’imposer. C’est une opposition, contradiction, combat et affrontement entre deux identités.
21
Chapitre I : à la recherche du moi perdu
C’est quand une identité essaye d’affirmer ses positions sans tenir compte des positions des
autres identités.
Dés sa naissance, il y a eu un conflit sur son identité. D’abord celui du père qui a
affronté tout le monde afin de sauvegarder Ahmed qui représente l’emblème de la famille qui
assure et garde l’héritage de sa famille et la protège du mauvais œil hostile. Ensuite celui de
Zahra durant son aventure et jusqu'à sa mort avec les différents personnages du récit.
Amin Maalouf affirme a propos de ces conflits qui tournent autour des identités : « tous
les massacres qui ont eu lieu au cours des dernières années, ainsi que la plupart des conflits
sanglants sont liées à des dossiers identitaires complexes et fort ancien ».48
Conclusion
Dans ce chapitre nous avons tenté de montrer les étapes par lesquels Zahra est passé
pour retrouver sa vraie identité. Nous avons essayé d’analyser la quête identitaire de Zahra
dans La Nuit sacrée et montrer le parcours qu’elle a traversé et les souffrances qu’elle a
vécues pour atteindre son identité originelle.
Dans notre analyse, nous avons remarqué que l’identité de Zahra symbolise l’identité
berbère et le père symbolise le pouvoir. Cette identité est une identité aliénée par les pratiques
illégales du pouvoir.Zahra (l’identité berbère) représente une figure d’identité conflictuelle.
Ben Jelloun à travers le personnage Zahra affirme l’identité troublée, aliénée du peuple
berbère qui entre en conflit avec le pouvoir dans le but de confirmer son identité perdue.
Ben Jelloun dans son roman démontre que Zahra à essayer par tout les moyens
d’affirmer son identité mais elle n’a pas pu arriver et la fin toujours de ces conflits est une
fin tragique et souvent la mort. Donc on peut constater que l’identité berbère a chaque fois
qu’elle essaye de s’affirmer, le pouvoir lui donne un coup qui l’apporte et transporte vers la
mort.
48
Amin Maalouf, Les identités meurtrières, Edition grasset, Paris, 1998.p. 42.
22
Chapitre II
L’Ambiguïté sexuelle
dans La Nuit sacrée
23
Chapitre II : l’ ambigüité sexuelle dans La Nuit sacrée
Introduction :
Les ambiguïtés sexuelles sont dues à une anomaliede la différenciation sexuelle. Cette
différenciationrésulte de la succession dans un ordrechronologique précis de plusieurs
évènements quise déroulent depuis la fécondation qui détermine lesexe génétique ou
chromosomique (xx, xy), jusqu’àla réalisation du sexe phénotypique : mâle oufemelle. Au
cours de cette différenciation sexuelleintervient également l’action de la sécrétionhormonale
des gonades (ovaires et testicules) et lasensibilité des tissus cible à ces hormonessecrétées.
Toute erreur apparaissant au cours deces différentes étapes entraîne une discordanceentre les
organes génitaux internes les organesgénitaux externes et les caractères sexuelssecondaires
pilosité raucité de la voix, musculature)et constitue une ambiguïté sexuelle.1
La psychanalyse de Freud élaborée au long d’un itinéraire intellectuel d’un demi siècleà
été profondément bouleversé par les continuateurs de l’œuvre Freudienne (les post-
freudiens). Pour Freud, la méthode doit mettre à jour progressivement l’inconscient. Ainsi en
est-il pour la théorie des pulsions sexuelles avec la période œdipienne où le garçon prend un
intérêt possessif pour la mère puis entre en rivalité avec le père. La fille se détourne selon
Freud de la mère pour aller vers le père et le séduire. Renonçant ensuite aux parents comme
objets sexuels, garçon et fille construisent leur identité sexuelle. Cette maturation peut être en
trouvée et la libido peut se fixer trop fortement sur l’une ou l’autre zone de développement
psychosexuel prégénital, empêchant ainsi l’accession à une génitalité adulte.
Dans le cas contraire, l’être homme ou femme atteint sa maturation affective car le
conscient n’est pas refoulé.
Est-ce à dire que l’inconscient devait être alors occulté ? Bien au contraire, même avec
une identité sexuelle dite « normale » l’inconscient imbibé par la culture, l’éducation, l’effet
d’imitation, donnera lieu à des comportements, des façons de se déplacer, de parler de vivre
sa masculinité ou sa féminité et donc impactera le corps lui-même.
1
Les ambiguïtés sexuelles en médecine interne de l’hôpital du point G Bamako - Mali
2
http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/identit%C3%A9_sexuelle/186025#C3WGWytsHSfI0cDo.99
24
Chapitre II : l’ ambigüité sexuelle dans La Nuit sacrée
Pour autant, qu’adviendra-t-il de l’enfant de sexe féminin par exemple, éduqué comme
garçon ? On se heurte ici à la controverse entre homosexualité inné etacquise. Selon les
psychiatrescomportementalistes, on ne peut douter de son homosexualité. Si on doute, c’est
un trouble obsessionnel et non la vérité.
Selon Freud, le complexe d’Oedipe est vécu dans sa période d’acmé entre trois à cinq
ans, lors de la phase phallique, son déclin marque l’entrée dans la période latence. Ce
complexe joue d’après Freud un rôle fondamental dans la structuration de la personnalité et
dans l’orientation du désir humain.3
Rien ne prédestine dés lors, cet enfant à adopter une sexualité différente de son sexe. Ici
se rencontre, l’éternelle opposition entre l’Inné et l’Acquis. Selon Simone de Beauvoir « On
ne nait pas femme, on le devient ». C’est pourquoi elle a intitulé deux livres en 1949 Le
deuxième sexe. Pour cette philosophe : « Jusqu'à 12 ans, la fillette serait aussi robuste que ses
frères et auraient les mêmes capacités intellectuelles qu’eux »4. A la question de
DeirdreBairuniversitaire américaine « Avez-vous eu des relations amoureuses avec une
femme » elle répondit : « Non jamais(…) sans doute un conditionnement de mon éducation,
de toute mon éducation non seulement celle reçue à la maison mais aussi toutes les lectures,
les influences qui m’ont marquée dans mon enfance ».5
« Si on me pressait de dire pourquoi je l’aimais, je répondais parce que c’était lui, parce
que c’était moi ».6
Le deuxième sexe fut sans aucun doute fondateur non seulement du féminisme moderne
mais aussi d’une relève théorique propre à l’histoire du mouvement psychanalytique. Simone
De Beauvoir reproche à Freud de calquer le destin féminin sur celui à peine modifié de
l’Homme. Mais en s’appuyant sur l’existentialisme sartrien « L’existence précède l’essence »,
elle s’oppose au freudisme classique « On ne nait pas femme, on le devient ».7
3
Lexique de psychanalyse basé sur vocabulaire de la psychanalyse par Laplanche et Fantalis.
4
Le Deuxième sexe - SimonedeBeauvoir Citation proposée le lundi 18 mai 2009 à 08:54:22.
5
Interview de Simone de Beauvoir par DeirdreBair, éditions Fayard, 1991.
6
http://www.linternaute.com/citation/auteur/michel-eyquem-de-montaigne/56797/
7
Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe 1, Gallimard © 1949, pages 285 et 286
25
Chapitre II : l’ ambigüité sexuelle dans La Nuit sacrée
même complexe paternel : « Mon père, s’il avait vécu m’eut écrasé[…] par chance il est mort,
alors que j’étais en bas âge »8. S de Beauvoir et J.P Sartre jusqu’à la fin de leur vie,
contrairement à Freud ou a Lacan assoient leur théorie des sujets sur la conscience.
« L’existence précède l’essence » et « Les mots comme anti dépresseurs » dira Simone
de Beauvoir illustrent pour tous les deux le poids de l’acquis par rapport à l’inne. Le féminin
demeure un devenir perpétuel qui se construit dans le vécu du sujet.
Femme et Autre à l’image de la société ou elle vit : Tout se passe comme si elle avait
besoin d’abolir la réalité biologique de la différence des sexes selon laquelle on nait homme
ou femme pour élaborer la construction de l’identité féminine. Néanmoins, le processus social
défini à un moment donné parait bien transformer l’individu biologique en un homme ou en
femme « porteurs des propriétés constitutives de l’identité sexuelles ». Celles-ci varient à
travers les sociétés, leur histoire et les classes sociales notamment.
L’identisation n’est elle pas une quête du souhait de devenir AUTRE en vue de combler
un manque c’est à dire un idéal de Moi. L’identité n’est pas un état ou un avoir, elle ne saisit
que par la prise de parole, de rôles… Elle trouve sans cesse appui sur de nouvelles
identifications. C’est l’histoire des illusions dont il faut se défaire. Pour se faire d’où parfois
ces disfonctionnements qu’on appelle troubles d’Identité 9
Ondéfinitl'ambiguïtésexuellecommeunétatd'unêtrehumaindontlesorganesgénitauxsontdifficile
souimpossiblesàdéfinircommemâleouCommefemelle.
Cetteambiguïtéanatomiquerésultededifférenceschromosomiquesouhormonales,quisemanifeste
8
Jean-Paul Sartre, Les Mots, 1964, Gallimard.
9
Roudinesco Élisabeth, « Le Deuxième Sexe à l'épreuve de la psychanalyse », L'Homme et la société, 1/2011 (n°
179-180), p. 28-45.
10
www.Larousse.fr » encyclopédie »divers.
26
Chapitre II : l’ ambigüité sexuelle dans La Nuit sacrée
ntàdiversdegréssurleplan physique.
D’aprèslemanueldesdiagnosticsmédicaux(DSM),l'ambiguïtésexuelleestuneinadéquationentrel
esexedésigné(c'est-à-direlesexeenregistrésurlecertificatdenaissance)etl'identitésexuelle.
L'identitésexuelleestlesentimentdesonappartenancesexuelle, c’est-à-dire direla
consciencedu«jesuisunhomme»ou«jesuisunefemme».
L’ambigüité sexuelle ou aussi l’intersexuation se dit d’un individu qui commence son
développement avec son sexe génétique mais l’achève avec le sexe opposé, et qui, de ce fait
présente un aspect intermédiaire entre le mâle et la femelle de son espèce.11
11
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/intersexu%C3%A9_intersexu%C3%A9e/43856.
12
L'ambiguïtésexuelle. : "ReprésentationsetAttitudes parentales",Thèse présentée pour l'obtention du
Doctorat en Sciences en Psychologie clinique, 2007-2008.p1.
27
Chapitre II : l’ ambigüité sexuelle dans La Nuit sacrée
seule solution est d’imposer une autre identité a leur nouveau né, une identité du sexe
opposé.13
D’abord, cette ambigüité fait de ces personnes des êtres identitairement incertains.
Ensuite un déséquilibre, une instabilité, une déchirure, une solitude et un trouble de la
personnalité, perturbation de l’ identité. En fin un divorce entre leur coté féminin et
masculins, l’angoisse… 14
L’ambigüité sexuelle du personnage dans la Nuit Sacrée de Ben Jelloun est investie
par la figure d'Ahmed-Zahra, personnage à la double polarité sexuelle qui se manifeste dans le
nom Ahmed-Zahra, qui est une composition du masculin et du féminin : « Rappelez- vous !
J’ai été une enfant à l’identité trouble et vacillante. J’ai été une fille masquée par la volonté
d’un père qui se sentait diminué, humilié parce qu’il n’avait pas eu de fils. ».15
Le récit est la transcription biographique de cette ambigüité qui prend sa naissance dans
une maison d’un ' riche commerçant marocain dont le désir d'avoir un enfant mâle n'a d'égal
que l'angoisse d'être sans héritier pour assurer sa fortune convoitée par ses frères :
13
L'ambiguïtésexuelle. : "ReprésentationsetAttitudes parentales",Thèse présentée pour l'obtention du
Doctorat en Sciences en Psychologie clinique, 2007-2008.
14
WWW.Wikipédia. COM
15
Tahar Ben Jelloun, La Nuit Sacrée, Alger, Laphomic, 1988, p.6.
16
Ibid., p.25.
28
Chapitre II : l’ ambigüité sexuelle dans La Nuit sacrée
Ce qui ajoute davantage à sa souffrance c'est le fait d'être l'objet de sarcasmes de ces
derniers qui se moquent de lui à cause de sa descendance exclusivement féminine. Dans une
société qui donne beaucoup d’importance au mâle, avoir uniquement des filles est associé le
plus souvent à l'impuissance du père, source de toutes les hontes. Le récit nous décrit ainsi la
perturbation du père face à cette situation qui n’a aucune issue. À l’aide d'une nouvelle
grossesse, il prend la décision de changer l’allée des choses et de bloquer la fatalité qu'il voit
s'animer sur lui: l'enfant à naître sera un enfant mâle quelle que soit la nature de son sexe :
« Quand la sage- femme m’appela pour constater que la tradition avait été
bien respectée, j’ai vu, je n’ai pas imaginé ou pensé, mais j’ai vu entre ses
bras un garçon et pas une fille. J’étais déjà possédé par la folie. Jamais je
n’ai vu en toi, sur ton corps, les attributs féminins. ».17
L'enfant naît, c'est une fille. Avec la complicité de la sage-femme et de la mère, elle sera
présentée comme un garçon et recevra pour nom celui d'Ahmed. Son père s'applique à lui
offrir une éducation exclusivement masculine selon une étude bien établie. L'enfant, puis
l'adolescent, et plus tard l'adulte, Le diptyque offre une occasion idéale à ce jeu du simulacre
où l'on voit s'affronter cette « culture» masculine du personnage avec sa «nature» féminine au
fur et à mesure que le corps effectue ses changements en faisant saillir sa féminité sous les
bandages qu'on s'acharne à lui appliquer sur le corps pour empêcher son développement
Naturel. Aussi, sous l'attaque de ce même corps, le secret est menacé de se trahir si ce n'est de
l'habileté du père, et du « fils », qui, pour un certain temps est devenu un complice dans le jeu
de l’apparence avant de laisser la place à l'appel du corps :
17
Ibid, P.26.
18
Ibid., P.56-57.
29
Chapitre II : l’ ambigüité sexuelle dans La Nuit sacrée
Dans La Nuit sacrée de Ben Jelloun qui raconte l’histoire d’un personnage ni-homme,
ni- femme qui est dés son enfance en quête de son identité .L’ambigüité est organisée autours
de l’héroïne qui se nomme Zahra, une fille déguisée en garçon et pourtant un prénom
masculin pour consoler son père
Née fille dans une famille qui compte sept, Zahra se trouve affublée d’une masculinité
imposée par un père jaloux de son nomet de sa fortune. Afin de sauver son honneur et de
protéger son héritage, le père a fait passer pour un garçon, Zahra s’est trouvée devant une
identité qui n a aucune relation avec la sienne, une identité complexe, ambigüe et sexuée :
« Peut être que sa révolte était dans une vengeance non déclarée : elle tombait enceinte
année après année et me donnait fille sur fille ; elle m’encombrait avec sa progéniture jamais
désirée … ».20
L’ambigüité sexuelle et le dédoublement chez Zahra ne sont pas physiques mais il s’agit
d’un seul corps avec deux mentalités, une féminine et l’autre masculine. La masculinité de
cette dernière est superficielle, une fille travestit en garçon et la féminité est dans le fait
qu’elle est née fille et que cette féminité somnole sousle déguisement et elle ne se réveille
pleinement qu’au jour de l’enterrement du père, où Zahra est emportée par un prince sur un
cheval blanc : « J’étais encore éblouie lorsqu’un bras puissant n’entoura la taille et me
souleva : le beau cavalier m’emporta sur sa jument et personne ne dit mot. ».21
Depuis sa naissance, Zahra est élevée comme un garçon, parce que son père était
désespéré de la descendance uniquement féminine, humilié par ses frères, souffrait de
l’absence d’un fils. La partie féminine de la personnalité d’Ahmed est étouffée jusqu’à ses
vingt ans où son père, en attendant la mort, reconnaît son fils Ahmed comme une femme :
19
Ibid.,P.22.
20
Ibid., P.24.
21
Ibid., P.38.
30
Chapitre II : l’ ambigüité sexuelle dans La Nuit sacrée
« La Nuit du Destin te nomme Zahra, fleur des fleurs, grâce, enfant de l’éternité, tu es le
temps qui se maintient dans le versant du silence… ».22
Portant un nouveau nom, Zahra est libérée du pouvoir de son père, mais pas de son
destin. Sa souffrance est due à une société oula tradition dit que les frères du père d’une
famille sansdescendants masculins deviennent ses héritiers, cela cause l’infériorité des filleset
la préférence des fils.
1- la solitude
Ahmed s’est réjoui de l’attention de son père puisqu’il le remplacera à la maison, au
magasin et dans la société. Il est son héritier et son représentant. Sa naissance, son enfance,
son éducation et tout autre chose qui le concerne, ont été des fêtes pour son père et tout cela a
crée la jalousie chez ses sœurs qui s’éloignent de lui et qui laisse ce dernier plonger dans sa
solitude. Aussi Ahmed a grandi comme homme donc il pense comme homme et juge comme
homme, il impose sa loi sa mère et ses sœurs. Il se considère supérieur à elles, donc il n’hésite
pas à abuser et à torturer ces dernières :
2- Le viol sexuel
Dans La Nuit sacrée, le personnage principal découvre l’ébullition du plaisir sexuel à
travers le viol d’un inconnu sorti dans la forêt. Après avoir était libérée par son père Zahra,
part a la recherche de son identité, elle a rencontré dans la forêt un homme étranger qui la
débarrasser de sa virginité : « Un après-midi à la sortie d’un petit village, un homme me dit
sur un ton plutôt ironique : ma sœur, mais ou va ma sœur toute seule ».24
Zahra poursuit son chemin sans prendre en considération les propos de l’inconnu, elle
ne se retourne même pas. Mais l’inconnu qui la suivait lui lançait des mots séduisants et
inquiétants au même temps, pour lui proposer sa compagnie :
22
Ibid., P.31.
23
Ibid., P.29.
24
Ibid., p.60.
31
Chapitre II : l’ ambigüité sexuelle dans La Nuit sacrée
L’homme essaye d’avertir Zahra du danger imminent qu’elle aura a affronté dans le
lieu vers lequel elle se dirige. Un endroit plein d’hommes assoiffés, qui attendent juste le
passage de leurs proies pour s’en prendre à elles.
L’inconnu essaye avec ses dires d’attirer Zahra dans la forêt pour déguster d’elle et ce
dernier a provoqué chez elle les frissons de peur : « J’eus comme un frisson de la tête au
pied »26
L’inconnue réussi à faire peur Zahra, en revanche il remercie Dieu de lui avoir envoyé
cette femme perdue pour assouvir son désir : « Au nom de Dieu le clément et le
miséricordieux […] louange à Dieu qui a mit sur mon chemin ce corps nubile qui avance sur
la pointe extrême de mon désir. »27
En utilisant ces mots attirants, l’inconnu a réussie éveiller chez Zahra des sensations
physiques et à guider cette dernière droit aux buissons sans qu’elle soit consciente : « Je
regardais à droite et à gauche, et je me rendis compte que j’étais arrivée aux buissons ». 28
L’homme inconnu a orienté Zahra jusqu’aux bois et en arrivant ce dernier perd son
contrôle et devient singulier qui voit Zahra comme une proie prête à être dévorée : «Je sentis
l’homme s’approcher de moi. Il tremblait et balbutiait quelques prières ».29
L’inconnue sans visage a débarrassé Zahra de sa virginité mais aussi a provoquer chez
elle des sensations charnelleset physiques : « Il me prit par les hanches, sa langue parcourait
ma nuque, puis mes épaules ; ils’agenouilla, je restai debout, il m’embrassa mes reins, ses
mains étaient toujours sur mes hanches. ».30
3- Le crime
Zahra arrive ensuite à Agadir. En allant au hammam, elle fait la rencontre de l'Assise,
la femme qui tient la réception. Celle-ci la prend en pitié et l'invite à venir vivre chez elle. Elle
lui demande de tenir compagnie à son frère, le Consul, qui a perdu la vue lorsqu'il était enfant.
Ibid.
25
26
Ibid.
27
Ibid. ., p.61.
28
Ibid. ., P.61
29
Ibid. ., P.62
30
Ibid. ., P.62
32
Chapitre II : l’ ambigüité sexuelle dans La Nuit sacrée
Il apparaît rapidement qu'il s'agit d'un couple étrange, aux relations presque incestueuses. Le
Consul et la narratrice entament une relation. L'Assise ne pouvant le supporter en découvrant
cette relation, elle décide de se venger de la jeune fille, elle va enquêter sur son passé et
retrouve son oncle, lequel vient jusqu'à Agadir pour l'accuser de mensonge, et de vol de
l'héritage familial. Zahra le tue violemment :
Zahra qui s’est retrouvée en prison ne considérait pas cet endroit comme une punition
parce que dés sa naissance sa vie déguisée en homme n’était qu’une prison. Elle était contente
d’avoir débarrassé le monde de l’injustice de cet homme.
31
Ibid. ., P.140.
32
Ibid. ., P.141.
33
Chapitre II : l’ ambigüité sexuelle dans La Nuit sacrée
Zahraest agressée par ses sœurs, elles l'ont retrouvée, et lui en veulent toujours d'avoir
tenu le rôle aisé du garçon dans leur famille. Lors d'une scène particulièrement barbare, elles
lui cousent les lèvres du vagin. Nous remarquons que Zahra en essayant d’approuver sa vraie
identité difficulté, elle s’est violée plusieurs fois, elle a commis un crime, elle est entré en
prison.
Les premiers Marocains qui ont peuplé le pays sont des populations variées appelées
« berbères ». Le Maroc présente une société composite ou la plupart de sa population parle le
berbère ce qui signifie que la grande majorité des Marocains ont du sang berbère. Plusieurs
tribus ont été arabisées par les Arabes qui sont été arrivées a la fin du VII siècle, ils ont
apportés l’Islam, la langue et la civilisation arabe, ou ces derniers s’imposèrent
progressivement aux berbères.34
L’identité amazighe est la plus ancienne au Maghreb. Cette identité maternelle a été
marginalisée par le pouvoir et ses pratiques. Pour atteindre ses intérêts, le pouvoir marocain a
essayé d’effacer l’identité berbère en lui portant un vêtement qui étouffe cette dernière. Le
pouvoir a tout arabisé en commençant par l’école, l’administration …, le marocain s’est
retrouvé face a une identité qui ne maitrise même pas et qui a obligé d’apprendre pour vivre
tranquillement et en paix. Le citoyen berbère a rencontré beaucoup de sérieux problème à
cause de cette arabisation.
L’identité berbère a été dominé, a chaque fois qu’elle essaye de se libérer ou s’affirmer
elle trouve beaucoup d’empêchement devant elle qui essayent de casser sa volonté.
Le peuple marocain est perturbé identitairement, il ne connaît pas son origine et cela
l’empêche d’avancer. Les berbères du Maroc son un peuple marginalisé.
33
Ibid. ., P.159.
34
www.mondeberbere.com/histoire/camps/origines.htm.
34
Chapitre II : l’ ambigüité sexuelle dans La Nuit sacrée
Tamazight, la langue amazighe (langue berbère), existe depuis la plus haute antiquité.
Elle est parlée par environ 30 millions de locuteurs en Afrique du Nord (de l’oasis de Siwa en
Egypte, au Maroc en passant par la Libye, la Tunisie, l’Algérie, le Niger, le Mali, Burkina-
Faso, la Mauritanie) et dans la diaspora.. L’arabisation de l’Afrique du Nord entamée au 7ème
siècle, se poursuit aujourd’hui inexorablement à la faveur des politiques d’assimilation forcée
pratiquées par les Etats à l’encontre des Amazighs. Les Amazighs restent fermement attachés
à leur identité malgré cette arabisation.
Les amazighophones représentent au moins 60% au Maroc qui sont installé sur trois
principales régions : Le Rif au nord, la chaîne montagneuse de l’Atlas au centre et le Souss au
sud. Les amazighophones représentent également une forte proportion des populations des
grandes villes telles que Casablanca, Rabat, Meknès, Marrakech, etc.
Les Amazighs au Maroc, croyaient être indépendants chez eux, réalisent qu’ils sont
privés de liberté et de leurs droits même les plus essentiels. Ils continuent donc d’être
colonisés, cette fois-ci de l’intérieur, par leurs propres concitoyens, leurs « frères »
panarabistes, ceux qui ne conçoivent le Maroc qu’exclusivement arabe et islamique. Profitant
du sens de l’hospitalité légendaire des Amazighs et manipulant la religion musulmane à des
35
Les Amazighes du Maroc : un peuple marginalisé, CMA, mars, 2006.
35
Chapitre II : l’ ambigüité sexuelle dans La Nuit sacrée
fins d’hégémonie politique, la petite minorité arabonationaliste a fini par bâtir sa domination
sur le pays et s’est donnée les instruments politiques, économiques, juridiques, institutionnels
et idéologiques lui garantissant la pérennité de son pouvoir absolu.
Les Amazighs du Maroc ont été jusqu’à présent victimes de politiques discriminatoires
menées par un Etat fondé sur le dogme de l’arabo-islamisme, un Etat raciste qui rejette
l’identitéberbère. En conséquence, chaque jour les Amazighs sont victimes de divers aspects
de l’exclusion, de la ségrégation et de la violence institutionnalisées.
Le Maroc selon le pouvoir à une langue unique, une religion unique, une culture unique
et finalement une identité arabo-islamique unique. L’amazighité est repoussée par l’état. Cela
laisse la composante amazighe du Maroc en situation de marginalisation et de conflits
permanents.36
De fait, Tamazight est mise hors du droit, confinée dans l’espace privé et présentée de
manière à la fois fausse, folklorique et raciste, comme un obstacle au développement du pays.
Les Amazighs marocains sont traités comme des étrangers et ce, dans leur propre pays.
Ainsi, au sein des organes judiciaires, les citoyens amazighs ne comprenant pas et ne parlant
pas l’arabe, ont besoin, pour assurer leur défense, d’un traducteur. En l’absence d’un
36
Les Amazighes du Maroc : un peuple marginalisé, CMA, mars, 2006.
36
Chapitre II : l’ ambigüité sexuelle dans La Nuit sacrée
traducteur officiel, le juge selon sa propre volonté, peut décider de désigner un citoyen parmi
les présents dans la salle d’audience, pour assurer la traduction si le dernier ne maitrise pas
aussi, il aura beaucoup de problèmes.
Dans leurs relations avec les citoyens amazighs, les autorités locales pratiquent
ouvertement les menaces, les intimidations et même les agressions physiques. Les
responsables refusent les autorisations des activités culturelles amazighes et les créations
d’associations. Le seul fait de s’exprimer publiquement en langue amazighe est suffisant pour
soulever la colère des responsables de l’administration. Des militants amazighs subissent en
permanence les harcèlements policiers,
Les Amazighs n’ont pas un accès équitable aux ressources nationales et aux emplois
publics, notamment de niveau cadre, dès lors qu’ils manifestent leur amazighité, ou seulement
s’ils sont soupçonnés d’être Amazighs ou encore s’ils ne font pas montre d’une ardeur à
défendre le caractère arabo-islamique du Maroc.
37
Chapitre II : l’ ambigüité sexuelle dans La Nuit sacrée
Au Maroc, les régions amazighphones ont un niveau de vie largement inférieur à celui
des autres régions. Il apparaît même que les autorités marocaines s’emploient à maintenir,
voire à accentuer la marginalisation économique et sociale de ces régions, en visant
particulièrement les localités considérées comme les plus rebelles. Ainsi, dans les régions du
Rif, de l’Atlas, du sud-est et du sud du Maroc, de très nombreuses initiatives économiques,
sociales ou culturelles indépendantes sont volontairement découragées par les obstacles
réglementaires et administratifs.
L’Etat du Maroc continue d’exploiter des lois datant de l’époque coloniale française
pour exproprier des paysans amazighs, portant sur l’exploitation des terres communautaires,
l’expropriation des terres foncières et l’exploitation des eaux et forêts. Cette législation qui
spolie des villageois Amazighs sous prétexte qu’ils ne possèdent pas de titre de propriété sur
leurs terres collectives, est une violente attaque contre un mode de vie, une culture et une
ressource de vie et par conséquent une grave atteinte au droit à l’existence de populations
entières. Les surfaces retirées à leurs propriétaires légitimes de manière illégale, souvent avec
usage de la force militaire, sont ensuite cédées à des familles marocaines ou étrangères
fortunées, ou à des investisseurs privés.
Un enfant amazigh n’a pas le droit de porter un prénom amazigh, sauf par une décision
d’un juge, ce qui est contraire à tous les principes qui régissent les droits humains. Parmi ces
prénoms interdits : Siman, Anir, Idir, Numidya, Massine, Juba …etc.,
A l’école, les enfants amazighs se trouvent encore une fois en déphasage par rapport
aux connaissances acquises directement dans leur milieu linguistique et culturel familial ou
communautaire. Par conséquent, ils ne se reconnaissent plus dans un système éducatif qui
désoriente toutes leurs connaissances acquises au cours des six premières années de leur vie,
avec comme support de communication Tamazight, leur langue maternelle.
38
Chapitre II : l’ ambigüité sexuelle dans La Nuit sacrée
Ces derniers enracinent cette l’idée raciste de la supériorité d’une civilisation (arabe) sur une
autre (amazighe).
Le peuple marocain est un peuple libre et fort qui n’accepte pas l’indignité, il a des
principes son but dans la vie est de vivre libre dans son pays mais le pouvoir marocain a
essayé par tout les moyen d’arracher la liberté de ces derniers .A chaque fois que le berbère
essaye d’affirmer son identité, le pouvoir l’agresse, le viol et parfois le tue.37
Conclusion
Dans ce chapitre nous avons tenté d’analyser l’ambigüité sexuelle de Zahra la narratrice
de La Nuit sacrée et montrer le parcours par lequel elle est passée pour atteindre la vérité de
son moi originel. Dans notre analyse, nous avons remarqué que l’identité de Zahra est une
identité morcelée qu’elle tente de récolter.
Zahra dans La Nuit sacrée raconte sa propre histoire : un parcours marqué de douleurs,
d'une quête, d'une hantise de cet autre qui n'est pas soi. L'ambigüité est sentie comme un
malheur, elle est le fruit d'un tissu de mensonge.
Zahra a essayé de reconquérir sa féminité dévoyée. Elle était d’un côté femme et d’un
autre homme. Elle a cherchée à tracer unenouvelle existence, celle d'une femme délivrée du
poids de la dissimulation et dusecret.
37
www.amazighworld.org/history/modernhistory/.../arabisation_berberie
39
Chapitre II : l’ ambigüité sexuelle dans La Nuit sacrée
L’identité de Zahra, comme celle du peuple berbère n’est pas stable. Le pouvoir àessayé
par tout les moyens possibles de masquer la vraie identité d’eux (l’identité de Zahra et celle
du peuple berbère).
Nous avons aussi remarqué qu’à chaque fois que cette identité se lève, le pouvoir lui
coupe les ailes. Dans notre analyse nous avons mis l’accent sur le viol, la prison, les douleurs,
la solitude, le crime qui sont subi par le personnage principal de Ben Jelloun afin d’acquérir
sa vraie identité.
40
Chapitre III
La polyphonie comme moyen
de l’affirmation de soi
Chapitre III La polyphonie comme moyen de l’affirmation de soi
Introduction
Dialogisme et polyphonie sont deux notions introduites dans la critique par Mikhaïl
Bakhtine pour évoquer les différentes instances narratives dans l’œuvre littéraire, le roman en
l’occurrence. Le dialogisme se manifesterait par l’apparition d’autres voix dans le récit
d’autrui, alors que la polyphonie serait la pluralité de voix dans une œuvre romanesque. 1
Selon Bakhtine, l’auteur joue dans ce cadre un rôle actif consistant à entrer en dialogue
avec les personnages. Il est une instance qui dirigerait les voix pour produire un effet de sens
global. De ce point de vue, il ne serait pas passif dans l’œuvre, malgré des procédés de
distanciation qu’il peut utiliser. Qu’en est-il du rapport entre les personnages dans cette
activité dialogique ? Pour Bakhtine, toutes les voix ont leur importance dans le texte.
Toutefois, il insiste sur un fait qui lui semble fondamental pour déterminer les instances
narratives dans le roman. Pour lui, en effet, dès qu’un personnage commence à dialoguer avec
lui-même, quels que soient les registres ou les niveaux de langue, il y a polyphonie. Cette
multiplication de voix narrative rendrait impossible toute hiérarchisation entre ces dites voix
puisqu’elles émanent d’une seule et même instance.2
Dans La Nuit Sacrée de Ben Jelloun, il y a une multiplicité d’instances narratives. Cette
technique narrative ‘inscrit dans la logique d’une quête identitaire, une des préoccupations
majeures du roman francophone, le récit linéaire ayant une intrigue qui retrace la vie d’un
personnage qui se nomme Zahra de sa naissance jusqu’à sa mort. Dans La Nuit Sacrée
plusieurs voix se greffent à l’histoire principale. Dès lors, on se demande dans quelle mesure
ces notions bakhtiniennes de « dialogisme » et de « polyphonie » réalisent-elles l’affirmation
du soi ?3
Dans ce chapitre nous allons aborder les deux notions de Mikhaïl Bakhtine, la notion
de polyphonie et celle de dialogisme.
1
© Les Cahiers du GRELCEF. www.uwo.ca/french/grelcef/cahiers_intro.htm No 1. L’Entre-deux dans les
littératures d’expression française. Mai 2010
2
Ibid.
3
Ibid.
42
Chapitre III La polyphonie comme moyen de l’affirmation de soi
I. Le dialogisme
A. Le dialogisme est un art, un genre du dialogue. Une figure de rhétorique qui consiste
à mettre sous la forme de dialogue les idées ou les sentiments que l’on prête à ses personnages
comme dans ces vers de la fontaine 4
-Nenni-M y voila donc ? Point du tout- M y voila ? – Vous n’en approchez point.5
-Le dialogisme désigne aussi l’art du dialogue, de la conversation, l’art de savoir mener
une discussion.7
-Le dialogisme est un adjectif qui dérive du mot dialogue. Il est écrit en forme de
dialogue, discussion dialogique.8 C’est le fait de présenter comme un dialogue une réflexion.9
B. Le dialogue est un entretien entre deux personnes, une conversation, un contact, une
discussion entre deux groupes. Ex : Le gouvernement veut renouer le dialogue avec les
syndicats.
C’est un ensemble des paroles qu’échangent les personnages d’une pièce de théâtre,
d’un film, d’un récit.
Dans une pièce de théâtre, le dialogue constitue l’essentiel du texte, dans un conte ou
dans un roman, il alterne avec des passages du récit.11
4
http://www.littre.org/definition/dialogisme
5
http://www.littre.org/definition/dialogisme.La fontaine- fable, p1,3
6
http://www.littre.org/definition/dialogisme.Mont. 11 ,239 .
7
Www.Wikipedia.Org
8
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/dialogue/25188
9
http://dictionnaire.reverso.net/francais-definition/dialogisme
10
http://www.espacefrancais.com/le-dialogue/
11
Ibid.
43
Chapitre III La polyphonie comme moyen de l’affirmation de soi
Dans notre récit ces fonctions se démontrent dans ces passages ci-dessous : le langage
reflète le caractère et le rôle du personnage :
Vingt ans de mensonge, et le pire c’est moi qui mentais, toi tu n’y es
pour rien, pour rien ou presque. Enfin l’oubli n’est même plus une passion,
c’est devenu une maladie. Excuse –moi, mais je voudrais te dire ce que je
n’ai jamais osé avouer à personne, pas même pas à ta pauvre mère, oh !
Surtout pas ta mère, une femme sans caractère, sans joie, mais tellement
obéissante, quel ennui ! Etre toujours à exécuter les ordres, jamais de
révolte, ou peut être se rebellait -elle dans la solitude et en silence14
D. La représentation du dialogue dans un récit :
E. Le rôle du dialogue dans le récit :Dans un récit, le narrateur peut rapporter les
paroles directement (fidèlement) tel que les personnages les prononcent. Ce procédé permet
de caractériser les personnages par leur langage, de mettre en valeur leurs réactions. A travers
le discours direct, le narrateur vise à faire partager avec le lecteur le moment vécu par les
12
http://www.espacefrancais.com/le-dialogue/
13
Tahar Ben Jelloun, Seuil La Nuit Sacrée, 1987, p. 22
14
Ibid., P. 23-24.
15
http://www.espacefrancais.com/le-dialogue/
44
Chapitre III La polyphonie comme moyen de l’affirmation de soi
La Nuit Sacréede Ben Jelloun est riche de passage du discours direct qui se démarque
ainsi :
Il en palpait une puis disait : « Ce rouge est trop vif », ou bien : « Ce jaune est
agréable au toucher. »17
Et aussi:
Le frère qui était plus âgée que moi me dit avant de s’enfuir :
« Si tu avais été une fille, je t’aurais fait autre chose ! »18
Et
Le dialogue chez Dostoïevski : selon Bakhtine dans son ouvrage problèmes la poétique de
Dostoïevski il ya plusieurs types de dialogue
a. Dialogue extérieur
« Un rouquin, dix ans à peine, des yeux ronds, vint vers et me dit :
16
http://www.espacefrancais.com/le-dialogue/
17
Ibid., P. p 72
18
Ibid., P. 127
19
Ibid., P. 45
20
Mikhaïl Bakhtine, Les problèmes de la poétique de Dostoïevski, p. 296
45
Chapitre III La polyphonie comme moyen de l’affirmation de soi
Le dialogue interne est une conversation avec soi même, c’est voyager dans ses
profondeurs, et se discuter avec son âme intérieure.
Zahra au hammam est entrée dans une conversation avec soi même, elle s’est plongée
dans ses profondeurs :
« Étais-je dans le sommeil ou dans le hammam ? J’entendis des cris langoureux, suivie
de râles. Et je vis _ en fait je crois avoir vu_ le consul recroquevillé dans les bras de sa
sœurs. Je ne réussis pas à savoir lequel des deux poussait ces râles de plaisirs ?23
Le dialogue entre deux textes est ce lien qu’un lecteur peut percevoir entre une
œuvre et une autre, qui lui est antérieur ou synchronique. Il est en même temps cet appel, ce
besoin d’une réponse qui se trouve dans d’autres œuvres. C’est ce qu’on appel en littérature le
dialogisme.
21
Ibid., P. 42
22
Mikhaïl Bakhtine, Les problèmes de la poétique de Dostoïevski, p. 296
23
Ibid., P. 91
24
Ibid., P. 91
46
Chapitre III La polyphonie comme moyen de l’affirmation de soi
F. Le dialogisme Bakhtinien
Cette notion tel qu’il a été traduit en français c’est un principe qui domine la pratique
langagière, car tout énoncé est en interaction avec d’autres énoncés, notre discours rencontre
d’autres discours antérieurs.En d’autres termes dans chaque texte littéraire on distingue
différents énoncés, l’énoncé est l’ « unité réelle de l’échange verbal ». Ils sont toujours en
dialogue constant commençant par celles de l’auteur avec celles du narrateur et celles de
différents personnages entre eux, il est en même temps le mélange de plusieurs discours.26
Ainsi, ce dialogisme qui est un dérivé du nom dialogue, s’actualise, chez Bakhtine
dans une multitude de contextes argumentatifs-démonstratifs hétérogènes, qui rendent
extrêmement difficile toute tentative de systématisation. La même constellation lexicale du
dialogisme désigne une relation entre des énoncés, une relation entre les locuteurs, le
dialogisme est convoqué pour expliquer les relations entre les instances du textelittéraire
(auteur, narrateur, personnages, lecteur)27
Bakhtine affirme que le roman est dialogique par excellence par contre la poésie est
monologique : « dés la première édition de Dostoïevski, et surtout avec « Le discours dans
le roman » La prose, qui est intertextuelle, s’oppose à la poésie, qui ne l’est pas. La
complexité poétique, dirait Bakhtine, se situe entre le discours et le monde ; celle de la prose,
25
https://fr.wikipedia.org/wiki/Dialogisme.
26
Ibid.
27
Ibid.
47
Chapitre III La polyphonie comme moyen de l’affirmation de soi
Pour répondre à ces questions nous avons fait appel à la théorie du dialogisme qui est
une théorie pivot sur laquelle s’axe et s’appuie ce travail.
Dans le récit de Ben Jelloun, nous remarquons divers citations d’intertextes arabes,
européens et même asiatiques. Ils viennent d’univers et d’époques différentes.Le roman
contient des allusions qui sont implicites et de ce fait souvent difficilesà démasquerpour un
lecteur européen.
Parmi les œuvres citées par Ben Jelloun, nous trouverons d’abord des
intertextesd’origines européennes et maghrébines qui contiennent des éléments fantastiques
ou merveilleux :l’ambiance mystique dans Hamlet, l’atmosphère onirique d’Ulysse,des
histoires et objets merveilleux des Milles et Une Nuits (un tapis volant, une pomme quiguérit)
ou le fantastique de certains contes du cycle La Comédie humaine (par exempleLa Peau de
chagrin)
1- Hamlet
2- Ulysse
« Il y avait même une très jeune fille qui se balançait sur un trapèze et récitait Ulysse
[...] »30
28
Le principe dialogique page 100
29
NS., p.37
48
Chapitre III La polyphonie comme moyen de l’affirmation de soi
« Dans une pièce décorée à l’orientale, une dizaine de belles femmes, toutes habilléesen
Schéhérazade, se proposaient de raconter chacune une partie des Milles et Une
Nuits. »31
4- La comédie humaine
La deuxième catégorie sera représentée par les auteurs qui proposent un autre
pointde vue sur l’Islam que tel qui est établi dans nos jours : Abû-l-Alâ al-Ma’arrî est un
poètearabe du XIesiècle dont l’œuvre est marquée par un pessimisme existentialiste ;
Mansural-Halladj est un mystique du soufisme actif au tournant du Ixeet Xesiècle dont
l’écriturecherche à renouer avec la pure origine du Coran, jusqu’aujourd’hui al-Halladj est
pour sespensées considéré par de maints musulmans comme un hérétique :
5- Abû-l-Alâ al-Ma’arrî
6- Risalat al-Ghufran
30
NS., P.98
31
NS., P.98
32
NS., P.98
33
NS., P.41
34
NS., P.98
49
Chapitre III La polyphonie comme moyen de l’affirmation de soi
7- Le coran
- De l’Islam.
- Toute religion n’est-elle pas basée sur la culpabilité ? Moi j’ai renoncé, je suisune
renoncée dans le sens mystique, un peu comme Al Hallaj.
Les autres citations ou allusions qui nous restent sont relevées par l’auteur surtout
pourleurs traits thématiques. En ce qui concerne Taha Hussein, homme de lettres égyptien,il
est mérité surtout dans le contexte arabophone comme un écrivain qui a beaucoupcontribué à
la modernisation de la littérature arabe. Il existe une analogie entrela conception narrative de
La Nuit Sacréeet l’écriture autobiographique dans Les Joursde Taha Hussein : l’écriture et la
narration sont comprises comme un moyen de libération(la narration de La Nuit
Sacréeressemble à la confession ; le Consul écrit son journal pouroublier le monde réel ;
Zahra rédige des lettres en prison pour les autres prisonnières ce quilui donne un peu plus de
liberté). De plus, les idées de Taha Hussein comparant sa cécitéphysique à l’aveuglement
mental, c’est-à-dire à l’ignorance et la sottise humaine qu’iltrouve infiniment pires que celle-
là, sont très proches à la mentalité benjellounienne.
J’ [Zahra] étais ainsi engagée dans une histoire d’amour cruelle où j’étais
à la foisSasuke le disciple amoureux de son professeur, maître de musique,
et cette même femmeShunkin, rendue aveugle parce qu’une bouilloire d’eau
brûlante avait été versée sur sonvisage. J’étais l’homme et la femme à la fois
[...] 36
35
NS., P.83
36
NS., P.145-146
50
Chapitre III La polyphonie comme moyen de l’affirmation de soi
Grâce aux citations, Ben Jelloun fait références à la fois à la tradition (Mille et Une
Nuits, Hamlet) et à la modernité (Ulysse) en associant les deux approches dans une
seuleœuvre. Il démontre aussi sa prédilection pour les pensées alternatives, pour celles
quiécartent des idées fixes conservées et persistant dans la société. Mais ce qui importe le
pluschez l’intertextualité de Ben Jelloun, c’est le besoin de souligner la fonction
métalittérairede la littérature. De la même manière que les cinéphiles regroupés autour des
Cahiersdu cinéma font dans ses films des allusions aux autres œuvres cinématographiqueset
littéraires pour démontrer leur érudition et connaissances et pour faire « recycler »l’héritage
culturel, Ben Jelloun se présente comme un amateur et connaisseur postmodernede la
littérature mondiale. L’intertextualité a donc plus à voir avec la littérature et la culture
littéraire qu’avec le fantastique même.
Tahar Ben Jelloun dans La Nuit Sacréea fait appel à beaucoup d’œuvresqui ont un lien
avec son récit et parmi ces derniers :
1- Hamlet Dans la Nuit sacrée Hamlet qui a clin d’œil à l’œuvre théâtrale de
Shakespeare, ce petit jeu spéculaire renvoie à Zahra, à son propre conflit avec la figure
paternelle. Zahra semble rêver tout éveillée, dans un rêve ou se mêlent les cultures : des
enfants se livrent à une étrange danse rituelle avec le cercueil, sur des rythmes africains.
Surgit alors comme en conte arabe, le cavalier en gandoura bleue du sud, le cheikh qui tentera
de lui faire oublier son passer en l’emmenant au village des enfants37
2- Le jardin parfumé « le village des enfants » dans le quatrième chapitre n’est
qu’un rêve qui puise sa source dans la littérature, la poésie d’Abu-i-ala-Ma’arri et dans les
utopies occidentales (Platon, Thomas More) et dans l’imaginaire de Tahar Ben Jelloun
(l’univers des enfants dans Harrouda). En perdant son père, Zahra s’est dépouillée de son
identité masculine, ce qui ne signifie pas que l’identité féminine soit acquise ; c’estpeut être la
raison pour laquelle elle préfère d’abord se refugier dans l’imaginaire, privilégiant le rêve par
rapport a l’action, a la confrontation au monde.
37
Laurence Kohn- Pireax, Etude sur Tahar Ben Jelloun, l’enfant de sable, la Nuit sacrée, p, 63.
51
Chapitre III La polyphonie comme moyen de l’affirmation de soi
En effet, le village des enfants mentionné dans le jardin parfumé est un monde hors de
commun, extraordinaire ou vivent les enfants en égalité et en sérénité suivant et respectant les
dogmes de cette cité idéale (utopie). Ben Jelloun avec cette utopie du jardin parfumé fait
allusion à la première des utopies littéraire, qui est la république de Platon, le rêve d’une cité
puissante, capable d’endiguer aussi bien les agressions extérieures que les difficultés
d’organisation interne, est une réponse à la défaite Athiénne dans les guerres de pelonnèse, en
404 av. J-C.
Aussi Ben Jelloun fait référence a Abu-i-ala-Ma’arri qui un poète a Marat al-Numan en
Syrie du nord dans la région d’Alep à travers Risalat al-Ghufranqui un livrefondamental
dans lequel le poète visite le paradis et rencontre ses prédécesseurs, poètes païens qui ont
trouvé le pardon38
3- Le Meurtre Dans le quinzième chapitre intitulé « Le meurtre », Ben jelloun reprend
la scène d’Albert Camus (la mort de l’arabe).
« Moi, je fus submergée d’une foule d’images et de pensées. J’étais prise par leur flot et
je savais que ma main était mue par l’énergie de Fatima, puis par celle de mon père et
de ma mère et tous ce qui avait été un jour victime de la méchanceté de cet homme. »39
38
Etude sur tahar ben jelloun l’enfant de sable, la Nuit sacrée., p, 52
39
NS.P.141
40
Laurence Kohn- Pireaux,Etude sur Tahar Ben Jelloun l’enfant de sable, la Nuit sacrée , P,57-58
52
Chapitre III La polyphonie comme moyen de l’affirmation de soi
mystique peut bel et bien être comme dieu incarné, et il prend comme exemple le cas non de
Mahomet, comme on s’y attendait, mais de jésus.
Rappelant également que ce théologien qui prêché la réforme des cœurs et exhorté a la
recherche de l’amour divin, fut si violemment controversé que ses détracteurs obtinrent sa
condamnation pour blasphème.41
Le rapport avec Zahra qui a fréquenté son œuvre, se présente au consul comme « une
renoncée dans le sens mystique, un peu comme Al Hallaj ». 42De ce fait Zahra s’est renoncée
contre sa société et les tabous de cette dernière et sa famille. Elle a léguée tout derrière elle
dans le but d’acquérir son identité égarée ; c’est le cas d’Alhallaj qui a contredit le monde afin
de réaliser sa conception.
II-La polyphonie
A. La polyphonie
Estun monde de composition à plusieurs voix jouées par des instruments ou chantées,
ordonnées suivant le principe du contrepoint.C’est unchant à plusieurs voix. C’est lefait pour
un groupe d’exprimer plusieurs opinions divergentes sur le même sujet.43
La polyphonie est une combinaison de plusieurs voix, de plusieurs parties dans une
composition musicale. C’est un assemblage de voix ou d’instrument sans préjuger de leur
nature. Une écriture a plusieurs voix obéissant à la règle de contre point. Ex chanson
polyphonique : sens chanson interprété a plusieurs voix.44
Le concept de « polyphonie » est un mot qui a été traduit, par métaphore, en théorie
littéraire par les ouvrages de Mikhaïl Bakhtine (1895-1975). Il produit ses œuvres majeures
dés les années 30 et ne seront traduites qu’aux années 60 pour écrire la particularité
constitutive du roman moderne, depuis Dostoïevski, qui met en scène des personnages,
comme des consciences indépendantes, qui dialoguent de manière individuée et alternative.
41
Laurence Kohn- PireauxEtude sur tahar ben jelloun l’enfant de sable, la Nuit sacrée , P ,61
42
NS.P.83
43
Hachette.Dictionnaire, 1278
44
Internote . Dictionnaire
45
http://fr.wikipedia.org/wiki/Polyphonie
53
Chapitre III La polyphonie comme moyen de l’affirmation de soi
Le terme polyphonie est utilisé aussi pour désigner une multiplicité de voix dans le
texte. Mikhaïl Bakhtine, le fondateur de cette théorie affirme dans la poétique de
Dostoïevski :
Par métaphore le terme a été inséré dans le champ de l’analyse linguistique et littéraire
grâce aux travaux du théoricien russe Mikhaïl Bakhtine (1895-1975), qui a élaboré la notion
de la polyphonie dans son fameux livre sur Dostoïevski : Problèmes de la poétique de
Dostoïevski.
Selon Bakhtine, la polyphonie, dans une définition strictement littéraire, est une
pluralité de voix et de consciences autonomes dans la représentation romanesque. « Le roman
pris comme un tout, c’est un phénomène pluristylistique, plurilingual, plurivocal. L’analyse y
rencontre certaines unités stylistiques hétérogènes.Chez Bakhtine, en effet, la polyphonie
s’oppose au monologue qui caractériserait le roman traditionnel.
La polyphonie peut désigner la diversité des voix (des langues, des variétés de langues
et styles) qui se manifestent dans les énoncés successifs d'un discours(romanesque avant tout).
Cette définition mérite d'être complétée (Roulet n'enparle pas) par l'acception que le terme de
polyphonie reçoit dans les Problèmesde la poétique de Dostoïevski. C'est sans doute la plus
radicale et la pluscontroversée. Elle repose, selon Bakhtine , sur la « multiplicité des voix et
des consciencesIndépendantes et non confondues», faisant que la parole du héros « a le
mêmepoids » que la parole de l'auteur, « possède une exceptionnelle indépendancedans la
structure de l'œuvre » et « résonne en quelque sorte aux côtés de la parolede l'auteur et se
combine d'une façon particulière avec elle ainsi qu'avec les voixnon moins qualifiées des
autres héros » .
La polyphonie peut aussi désigner la pluralité des voix au sein d'un mêmeénoncé (un «
hybride »). Ce sont les formes du discours rapporté, le discours indirect libre en est un
exemple, mais ce type de polyphonie n'est pas limité à lalittérature : « dans le parler courant
de tout homme vivant en société, la moitiéau moins des paroles qu'il prononce sont celles
d'autrui... ».
46
Mikhaïl Bakhtine, La poétique de Dostoïevski, P.34-35
54
Chapitre III La polyphonie comme moyen de l’affirmation de soi
Dés le début du roman La Nuit Sacrée, Tahar Ben Jelloun donne la parole à son héroïne
Zahra. Elle raconte l'histoire de son identité perdue et bafouée par son père :
« …A présent que je suis vielle, j’ai toute ma sérénité pour vivre. Je vais parler,
déposer les mots et le temps. Je me sens un peu lourde. Ce ne sont pas les années qui présent
le plus, mais tous qui n’a pas été dit, tout ce que j’ai dissimulé. Je ne savais pas qu’une
mémoire remplie de silences et de regards arrêtés pouvait devenir un sac rendant la marche
difficile. »47
C’est parun « je » que commence le récit et que la narratrice débute la narration de son
histoire :
« Rappelez-vous! J'ai été une enfant à l’identité trouble et vacillante. J’ai été une fille
masquée par la volonté d'un père qui se sentait diminué, humilie parce qu'il n avait pas eu de
fils »48
Ainsi dés la première page du roman, Zahra est à la recherche de son identité et cette
quête est accentuée par le mot vérité. La narratrice conte son histoire sans qu’il y un entre-
deux entre elle et le lecteur :
« Ce qui importe c’est la vérité(…) J’ai mis du temps à arriver à vous. Amis du Bien !
(…) Vous êtes ma délivrance, la lumière de mes yeux. »49
« Ô ma fille j’ai honte de ce que je te dis. Mais en cette nuit sacrée, la vérité se
47
Ibid., P.7
48
Ibid., p 6
49
Ibid., p, 7
55
Chapitre III La polyphonie comme moyen de l’affirmation de soi
manifeste en nous avec notre accord ou a notre insu. Et toi tu dois m’écouter même si cela
tefais mal. Une sorte de malédiction s’était installée dans la famille. Mes frères intriguaient
autant qu’ils pouvaient. Ils me vouaient une haine a peine voilée. Leurs paroles et leurs
formules de politesse m’exaspéraient. Je ne supportais plus leur hypocrisie. (…) Seule
l’arrivée d’un fils pouvait me donner la joie et la vie. Et l’idée de concevoir cet enfant, même
50
en allant à l’encontre de la volonté divine, changeait ma vie. »
Zahra n’est pas le seul énonciateur du récit. Dans les différents chapitres Ben Jelloun
- Le consul : Un homme aveugle dont la fonction est d’enseigner le Coran aux enfants
« Il faut que j’y aille ; les gosses sont terribles. J’essaye de leur faire apprendre le
coran comme je l’aurais fait avec une poésie, mais ils posent des questions embarrassantes,
du genre : « C’est vrai que les chrétiens iront tous en enfer ? » ou alors : « puisque l’islam
est la meilleur des religions, pourquoi Dieu a attendu si longtemps pour le faire
répandre ? »51
- Les enfants du jardin : Ce sont les enfants que Zahra rencontrent dans le chapitre
- Le père : hadj Ahmed Sulaiman, un homme riche, puissant qui décida que sa huitième
fille sera un garçon, il est le père de sept filles.
« Quand il m’arrivait d’aller à la mosquée, au lieu de faire l’une des cinq prières, je
me mettais àélaborer des plans très compliqués pour sortir de cette situation ou personne
50
Ibid., p.25.26
51
Ibid.,P78-79
52
Ibid., P41.42
56
Chapitre III La polyphonie comme moyen de l’affirmation de soi
- Les sœurs: les sept sœurs de l héroïne Zahra qui obéissent aux ordres de leur père.
- L’assise : une vielle femme forte qui ne s'est jamais mariée, qui a consacré toute sa vie
pour son frère le consul et elle est gardienne de hammam :
« - C’est notre père. Il n’était pas heureux, et nous non plus. Cette photo a été prise peu
de temps avant sa mort. Bon le consul te verra demain… »54
Dans La Nuit Sacréela narratrice s’adresse aux lecteurs à travers des formules issues de
Amis du Bien ! Cette formule veut dire en arabe dialectal (shabelkhir) ce qui explique
Ben Jelloun a donné la parole à son personnage principal Zahra pour qu’elle narre son
histoire et cela veut dire qu’il ne s’agit pas de son histoire à lui mais de son personnage et que
l’auteur n’est jamais le narrateur.
couvre ; la valise qu’il transporte ne recel aucun secret. Quand a ses propos, ils
semblent incohérents55
d’unemalle ; mais les objets hétéroclites qu’elle contient sont illusoires : il reconstitue
l’histoire d’une famille de colons français du début du siècle, sans rapport apparent
avec l’histoire attendue56
• Le troisième conteur : c’est une conteuse, femme jeune et surtout très belle : elle
entame un discours qui pourrait aboutir au récit escompté : elle remonte dans le temps,
53
Ibid.,.P/24
54
Ibid., P68
55
Ibid. 13-14
56
Ibid., P14-16
57
Chapitre III La polyphonie comme moyen de l’affirmation de soi
C.L’affirmation de soi
L’affirmation de soi est la capacité d’être expressif de soi : de ses opinions, de ses valeurs, de
ses émotions, ses besoins, ses limiteset ses pensées de même que de défendre ses droits tout
en respectant ceux des autres. On peut s’affirmer en s’exprimant verbalement mais aussi en
agissant ex :
Lorsque je donne mon point de vue lors d’une discussion avec mes collègues, je
m’affirme.
Lorsque je dis non à une proposition pour faire ce dont j’ai envie, je m’affirme.
Tous les gestes que je pose pour respecter ce que je suis sont des gestes d’affirmation de
soi.L’expression de soi peut donc se faire tant en paroles qu’en gestes.
L'affirmation de soi c'est savoir exprimer son opinion, ses sentiments et ses besoins. C'est
exprimerce que nous ressentons. L'affirmation de soi est une attitude intérieure qui consiste à
croire quenous avons une valeur. C'est le pouvoir d'agir face à ses besoins, à son
environnement.Comme nous le mentionnons dans notre définition, l'affirmation de soi
consiste en une attitude quinous permet d'exprimer clairement nos opinions, nos sentiments et
nos besoins. C'est une manièrede communiquer à notre environnement (conjoint, famille,
amis, etc.) ce que nous ressentons, ceque nous voulons. L'affirmation de soi se développe au
contact des autres, puisque ce contact nouspermet de reconnaître nos besoins et nos
sentiments. Pour plusieurs aînés et individus, s'affirmerest difficile puisqu'ils ont peu appris à
parler de leurs sentiments ou de leurs besoins.S'affirmer c'est savoir communiquer clairement,
sans détour à notre environnement nos besoins et nos droits. C'est maintenir notre autonomie
en communiquant notre pouvoir d'agir et de décider. C'est apprendre à dire oui et à dire non
quand il le faut, à qui il le faut et se sentir en accord avecsoi-même. S'affirmer c'est être bien
dans sa peau.58
57
Laurence Kohn- Pireaux, Etude sur Tahar Ben jelloun l’enfant de sable, la Nuit sacrée, P25-26.
58
LEE KELLY, Mieux-être en tête: Guide d’animation, C.A.P. Santé Outaouais,Juin
1994.
58
Chapitre III La polyphonie comme moyen de l’affirmation de soi
L'affirmation de soi consiste donc en une attitude qui nous permet de nous actualiser,
d'être autonome. Selon Isabelle Levret, psychologue clinicienne psychothérapeute, on
retrouve sous la dénomination Affirmation de soi un ensemble de pratiques apprises en
psychothérapie visant à développer l’assertivité, c'est-à-dire la capacité d’exprimer et de
défendre ses pensées, options, valeurs, besoins, limites, ses sentiments ou émotions sans
porter atteinte à l’autre et sans en éprouver une anxiété exagérée.59 Et selon Danny Gagnon il
ya trois différents styles d’interaction que l’on peut utiliser lorsqu’on entre en contact avec les
gens. Ils sont : le style passif, le style agressif, ou l’affirmation de soi. D’abord, le style
d’interaction passif c’est un style ou les gens passifs se valorisent moins que les autres, ils
croient que leurs droits, leurs opinions et leurs émotions ne sont pas importants et par
conséquent leurs besoins ne sont pratiquement jamais comblés et cela va provoquer chez ces
gens des croyances négatives à propos de leurs propre personne ( par exemple : « je ne serai
jamais capable de faire ça ») et des croyances négatives a propos des autres ( par exemple «
il ne prend pas soin de moi ») et cela provoquera l’ignorance des gens.60
Ensuite, le style d’interaction agressif c’est l’opposé du style passif qui est un style
d’agressivité, de non respect des droits, besoins et sentiments des autres. Et ce style mène vers
beaucoup de conséquences : D’abord beaucoup d’interaction explosive et conflictuelle avec
autrui. Ensuite l’ignorance des gens, le stresse, se sentir coupable envers les gens.61
Enfin l’affirmation de soi qui est un style d’interaction le mieux équilibré. Il s’agit
d’une attitude basée sur le sentiment que nous sommes un individu qui a autant de valeur que
tous les autres. Le noyau de l’affirmation de soi est tout simplement l’expression de nos
opinions, nos besoins, et nos sentiments tout en respectant les autres.
Une personne qui s'affirme parle d'elle, de ses sentiments, ses besoins et ses droits.
L'affirmation de soi est une ATTITUDE qui s'apprend tout au cours de la vie de l'individu et
elle se développe au contact des autres. Lorsqu'un individu s'affirme c'est qu'il croit en sa
valeur, en ses idées. Lorsque nous nous affirmons, notre langage doit être précis, simple et en
harmonie avec nos sentiments (ce que nous ressentons). L'utilisation du «je» et une attitude
non verbale d'assurance (le ton de la voix, l'expression du corps et du visage) favorisent
l'affirmation de soi.62
59
http://www.la-psychologie.com/affirmation
60
www.montrealcbtpsychologist.com/userfiles/.../L'affirmation_de_soi.
61
Ibid.
62
LEE KELLY, Mieux-être en tête: Guide d’animation, C.A.P. Santé Outaouais, Juin
59
Chapitre III La polyphonie comme moyen de l’affirmation de soi
Ben Jelloun dans La Nuit Sacréenous fait partager l’aventure de Zahra qui est perdue
entre le genre masculin, puis féminin pour terminer sansidentification.
En effet, Zahra est la victime de son père qui la contraint à mener une existence de
garçon alors qu’elle nait fille. Au moment de mourir le père décide de libérer sa fille d’une
telle existence. Après la mort du père, l’héroïne récupère son identité et cette dernière doit
apprendre à redécouvrir son essence féminine. Zahra quitte son domicile et part à la recherche
de son moi perdue et dans son aventure, Zahra a exprimé ses opinions, ses valeurs, ses
émotions, ses besoins et ses limites. D’abord la relation sexuelle dans la forêt. Ensuite, elle
vit un amour presque impossible avec le Consul. Enfin elle tue son oncle avec un sang froid.
Tous ces actes sont commis spontanément et volontairement par Zahra.
L’affirmation de Zahra se remarque dans ses habilles, elle s’habille en fillette et efface
l’identité masculine et dans son comportement ou elle se comporte comme une femme.
Aussi Ben Jelloun dans son récit La Nuit Sacréea donné la parole à son personnage
principal Zahra. Cette héroïne entre en dialogue avec d’autres personnages(le consul,
l’assise…). En communiquant avec ces personnages Zahra exprime ses pensées et donne son
avis.
Conclusion
La polyphonie et le dialogisme sont deux notions traitées par Mikhaïl Bakhtine que
Ben Jelloun a utilisé dans son roman La Nuit sacrée. La polyphonie est une pluralité des voix
dans un même texte ou l’auteur donne la parole à ses personnages pour dire ce que ces
derniers pensent ; le dialogisme est un dialogue entre les personnages dans un même texte ou
dialogue entre deux œuvres. Ces notions réalisent l’affirmation de soi en contactant avec les
autres et en communiquant avec les autres personnages ou autres auteurs et en donnant son
avis.Tahar Ben Jelloun tente, à travers son roman La Nuit Sacrée,de nousexposer la quête identitaire
de Zahraqui s’efforce à s’imposer dans son groupe social. Ce personnage féminin Zahra prend la
parole tout au long du récit pour nous conter sa vie. L’auteur a donné la parole à son personnage
principal pour dire et exprimer ce qu’il pense et pour se dialoguer avec d’autres personnages afin
1994.
60
Chapitre III La polyphonie comme moyen de l’affirmation de soi
d’affirmer son identité.Suite à cela, nouspouvons conclure avec cette idée : la voix est un moyen
d’expression et d’Affirmation d’une identité.
61
Conclusion générale
. Conclusion générale
62
. Conclusion générale
elle n’est ni homme ni femme mais homme etfemme à la fois. Donc Zahra est le symbole
d’une d’identité double.
Le troisième chapitre constitue la suite des deux premiers qui traitent la notion de
l’identité dans La Nuit sacrée. Il analyse deux notions de dialogisme et de polyphonie dans le
roman.
Nous avons essayé de voir comment à travers ces deux notions se réalise l’affirmation
identitaire dans le roman. Nous avons constaté qu’à travers ces notions s’exprime
l’affirmation de soi. S’affirmer donc c’est contacter et communiquer avec les autres. C’est
aussi donner son avis et le partager.
En effet l’œuvre de Ben jelloun est un parcours de richesse, elle présente une source de
connaissance et sa lecture éveille chez le lecteur beaucoup d’interrogations sur son identité
authentique.
63
Bibliographie
. Bibliographie
Corpus
- Ben Jelloun Tahar, La Nuit sacrée, édition Laphomic, Alger, 1988.
Ouvrages
1. Alquie Ferdinand, Le Désir D’éternité, Paris, PUF, 1968.
2. Bakhtine Michail, La poétique de Dostoïevski, édition Seuil, 1988.
3. Bakhtine Mikhaïl, Esthétique et théorie du roman, édition Gallimard, 1978.
4. Bakhtine Mikhaïl, Le principe Dialogique, édition Seuil, 1981.
5. Bakhtine Mikhaïl, Problèmes de la poétique de Dostoïevski, édition L’Age d’Homme,
coll. « Slavica », 1970.
6. Beauvoir, Simone De Le deuxième sexe, Gallimard, 1976.
7. Ben Jelloun Tahar, L’Enfant de sable, édition Laphomic, 1988.
8. KohnPireau Laurence, Etude sur TAHAR BEN JELLOUN, L’Enfant de sable, et La
Nuit sacrée, édition Ellipses, Paris, 2000.
9. Laplanche Jean, le vocabulaire de psychanalyse, Paris, PUF, 1997.
10. Maalouf Amin, Les identités meurtrières, Edition grasset, Paris, 1998.
11. Olsen Michel, Remarques sur le dialogisme et la polyphonie, Université de Roskilde,
20 novembre2002.
12. David Hume, A, L. LEIRY.PUF, 1953.
13. Alex, Mucchielli., L’identité.
Articles
14. Abdellah Alghamdi, A la recherche du soi maghrébin : l’exemple de l’ambiguïté
15. Alain Rabatel, la dialogisation au cœur du couple polyphonie/dialogisme chez
Bakhtine. Revue Romane, John Benjamine publishing, 2006,41 (1), pp55-80 « halains
000367519 ».
16. Barus Michel(J), Enriquez(F), Lévy(A) ( Sous la direction de ), Vocabulaire de
psychosociologie, références et positions, Paris, Ères, 2002.
17. Carlswärd Linda, La Quête de l’identité dans L’Enfant de sable de Tahar Ben Jelloun,
2007Karlstadsuniversitet 651 88 Karlstad Tfn 054-700 10 00 Fax 054-700 14 60
Information@kau.se www.kau.se.
18. CarpentMarijorie, Lebrun Celéne 4éme pédiatrie, Pathologies chirurgicales : Les
ambiguïtés sexuelles, 2013/2014.
19. Complexe d'Oedipehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Complexe_d%27%C5%92dipe
65
. Bibliographie
Site Internet
30. www.fabula.org
31. www.google.com:
32. www.limag.com
33. www.wikipédia.com
Dictionnaires
34. Dictionnaire encyclopédique, Larousse, Paris, 1997.
35. Dictionnaire le Robert, Canada, 1984.
36. Dictionnaire Hachette, 2010.
66
. Bibliographie
Mémoires
37. Badis Abdelkader, L’ambigüité sexuelle, thèse de Doctorat, université Montouri
Constantine, 2007/2008.
38. Belgasmia Noura, La soumission et l’insoumission des personnages féminins dans les
deux romans de Tahar Ben Jelloun : L’Enfant de sable et La Nuit sacrée, Mémoire de
licence, Université de Tizi-Ouzou, 2011/2012.
39. Boussem Souad, La Dimension Mystique Dans « La Nuit Sacrée » De Tahar Ben
Jelloun, mémoire de master, Université Mohamed Khider – Biskra, 2014/2015.
40. KacedAzedine, Izri Camélia, Les sujets tabous dans la société maghrébine à travers le
roman de Tahar Ben Jelloun La Nuit sacrée, mémoire de licence, Université de Tizi-
Ouzou, 2009/2010.
41. Yamina Sehli, Mythes et mythologie à travers la littérature maghrébine exemples de
trois romans : La Nuit sacrée de Tahar Ben J elloun, Habel de Mohammed Dib,
Poussière d’or d’Ibrahim Alkoni, thèse Doctorat, université d’Oran, 2011/2012.
67
RÉSUMÉ
Le sujet du présent mémoire porte sur la quête identitaire dans La Nuit sacrée de
Tahar Ben Jelloun. La Nuit sacrée raconte l’histoire de l’héroïne Zahra qui après la mort de
son père, se libère d’une identité imposée. Zahra s'engage à voyager, à vivre comme une
femme, à découvrir sa véritable identité, à être libre à sortir de ce carcan qu'il lui avait imposé.
Après les funérailles du père, elle enterre symboliquement avec lui tous les signes extérieurs
de cette période marquée à la fois par le secret, l'hypocrisie et qui avait fait d'elle un être à part
dans cette famille d'où elle était rejetée. Il y aura tout au long de ce roman une sorte de rappel
de cette identité masculine antérieure, comme une peau dont elle aurait du mal à se
débarrasser. Zahra l’héroïne est une figure emblématique d’un peuple autochtone marginalisé
par le pouvoir politique. Dans cette œuvre, il s’agit de mettre en lumière une réalité bien
vécue : celle des berbères marocains qui sont opprimés et privés de leur véritable identité.
Dans le troisième chapitre, nous analyserons le "je" qui est un pivot pour l’affirmation
de l’identité et dans la plupart du temps l’affirmation identitaire collective. Nous verrons aussi
de quelle façon s’exprime la polyphonie et le dialogisme dans notre corpus, et enfin, comment
se réalise l’affirmation de soi à travers ces deux notions crées par Mikhaïl Bakhtine.