CR Lecture Partie 1 Corrigé
CR Lecture Partie 1 Corrigé
CR Lecture Partie 1 Corrigé
1.En quoi la passion amoureuse de Des Grieux et de Manon défie-t-elle les normes sociales, familiales et
religieuses de l’époque ?
Incipit récit de Renoncour permet de constater que la passion de DG et ML est condamnée par la justice
et les forces de police. Manon, considérée comme une « fille » cad une prostituée, est condamnée à la
déportation en Amérique. Elle est entourée de gardes. Cette passion est donc un défi aux normes sociales
car la sanction vise avant tout à séparer celle qui est considérée comme une débauchée de son amant. Lui,
jouit toujours d’une forme de respectabilité du fait de sa naissance, de son rang social.
Infraction aux règles familiales : rencontre à Amiens = rupture avec les devoirs que les deux familles
imposent aux jeunes gens : ML ne rejoint pas son couvent ; Les parents de DG, « qui sont d’une des
meilleures maisons de P. », avaient décidé d’envoyer leur fils au collège à Amiens et voulaient qu’il
devienne chevalier de l’ordre de Malte (« dans l’ordre de Malte, auquel mes parents me destinaient ») ; or
DG ne rentre pas chez son père qui le fait arrêter un mois après par crainte d’une mésalliance.
Pouvoir religieux contre les amants au nom de la morale chrétienne mais aussi dans le souci de faire
respecter l’ordre social établi. Saint-Sulpice, aux mains des jésuites, est une garantie pour le père de DG de
voir son fils surveillé.
La recherche d’argent à laquelle sont soumis plus d’une fois les deux héros les font entrer en collusion avec
les forces incarnant l’autorité (l’aristocratie, la bourgeoisie commerçante, la police et l’Eglise). DG se rend
coupable d’escroquerie au jeu, Manon finit par duper des hommes riches en usant de ses charmes (comme
le vieux G…M… dont elle recherche les largesses).
2.Identifiez les différents hommes d’âge mur constituant des obstacles à l’amour de Manon et de Des
Grieux. Etudiez la manière dont leur autorité est mise en évidence.
Le père de DG impose son autorité via le frère de DG. Les propos rapportés du père révèlent que sous
l’apparente compassion, le sarcasme et le châtiment ne sont pas loin car il prive DG de sa liberté.
M.de B… et le vieux G…M… participent à la séparation des amants. Le premier par sollicitude hypocrite
envers le père de DG ; le second par désir de vengeance : « Il prit là-dessus la résolution de nous faire
arrêter, et de nous traiter moins comme des criminels que comme de fieffés libertins. ».
3.Montrez que la haute société (nobles, membres du clergé et grands bourgeois), ainsi que les soldats,
contribuent à séparer Manon et Des Grieux et à les exclure. Etudiez en particulier le rôle de l’argent.
Les hommes qui agissent pour séparer Manon et Des Grieux exercent souvent un pouvoir qu’ils tiennent
de leur rang social (le père de Des Grieux, le Lieutenant général de Police, le Supérieur de Saint-Lazare, le
Gouverneur). Ils sont secondés dans leur tâche (le frère de DG, les exempts de police et autres gardes, le
domestique du Supérieur). ML et DG sont obligés de faire preuve de ruse ou de force (DG tue un
domestique, blesse Synnelet). L’exclusion temporaire du corps social est la sanction qui frappe Des Grieux
(rétention chez son père, à Saint-Lazare puis au Petit-Châtelet). De telles mises à l’écart ont pour but de
corriger le jeune homme et de le ramener vers la vertu. Les décisions qui frappent Manon visent à
l’empêcher d’agir (le couvent, l’Hôpital, la déportation). Alors que les exclusions de DG offrent toujours la
perspective d’un retour au centre, les mises au ban de Manon prennent en revanche un tour définitif.
D’autres hommes contribuent à la séparation des amants parce qu’ils estiment avoir été volés (M.de B… et
les G…M… père et fils). Pour qu’on leur rende justice, ils en appellent aux lois et s’appuient sur des
principes moraux pervertis. En effet, en rendant visite à DG à Saint-Lazare, G…M… justifie son
comportement en expliquant qu’ « il était permis à la faiblesse des hommes de se procurer certains plaisirs
que la nature exige, mais que la friponnerie et les artifices honteux méritaient d’être punis ». Ainsi, ces
hommes riches estiment que l’argent leur donne des droits sur Manon. L’abbé Prévost montre donc
l’hypocrisie d’un raisonnement qui leur permet de concilier la morale et l’achat des faveurs de jeunes
femmes. En Louisiane, le Gouverneur fonde sa décision de donner Manon à Synnelet sur des principes
semblables : les jeunes filles qui arrivent au Nouvel Orléans sont des débauchées que l’on peut soumettre
aux lois du commerce. Manon s’affirme ainsi tout au long du roman en tant que sujet pour échapper au
statut d’objet marchandable, même si elle profite de ce système.
Après avoir été dupé par DG à Amiens, demeure tout de même bienveillant à l’égard de son ami auquel il
rend visite. Retrouvent leur complicité au séminaire de Saint-Sulpice. Après la nouvelle fuite de DG,
l’amitié de T et sa foi en la capacité de l’homme à se corriger le poussent à écouter son ami et à lui venir en
aide financièrement. Donnera encore de l’argent à DG après l’incendie de Chaillot.
Trahisons nombreuses de DG amitié indéfectible = T lui rend visite chez son père, le retrouve au jardin
du Palais-Royal, à Saint-Lazare, puis au jardin du Luxembourg et ira le retrouver en Louisiane !!
Attention ! Cette assistance matérielle n’est en rien une approbation morale car T est animé par des valeurs
chrétiennes qui le poussent à condamner la liaison avec Manon, tout d’abord à cause de la nature
passionnelle de cet amour, ensuite du fait de la vie immorale des amants.
Voix de la raison, idéal de vertu qui fait ressortir par contraste les fautes de DG dont les discours et les actes
sont entièrement gouvernés par la passion.
1.Montrer que la ruse, le jeu, la tromperie sont des éléments moteurs de l’intrigue.
DG trompe d’emblée son ami T : « je résolus de le tromper à la faveur d’une équivoque ». Le départ en
secret et à l’aube de ML et DG = 1ère péripétie. Couple se construit sur un art de la tromperie.
Retenu au domicile familial, DG parfait sa capacité à tromper ses proches : son père, Tiberge : « Mon père,
me croyant tout à fait revenu de ma passion, ne fit aucune difficulté de me laisser partir. »
Conseillé par Lescaut, DG joue et triche à une table de pharaon : « j’escamotais assez légèrement pour
tromper les yeux les plus habiles, et ruiner sans affectation quantité d’honnêtes joueurs ».
Met à profit ses talents de comédien pour tromper G…M…. en se faisant passer pour le jeune frère de
Manon.
Abuse de la confiance du Père Supérieur de Saint-Lazare ; apporte des vêtements d’homme à Manon pour
faciliter son évasion
M fait de DG la victime de ses ruses. Elle cherche à dissimuler sa liaison avec M.de B… grâce à leur
domestique. Elle le quitte pour rejoindre G…M…. en annonçant fièrement : « Malheur à qui va tomber
dans mes filets ! ».
3.Montrer que le sort semble régir la vie des amants et permet de maintenir le suspens auprès du lecteur.
Rencontre de ML et de DG est fortuite, fruit d’un concours de circonstances. DG précise qu’il aurait pu
quitter Amiens « un jour plus tôt ».
Installation à Paris, rue V…près de chez M.de B… relève du hasard. Idem pour les retrouvailles de Manon
et de son frère « Il se trouva malheureusement logé, à Paris, dans la même rue que nous. Il reconnut sa
sœur, en la voyant le matin à sa fenêtre. » + incendie Chaillot
Par le biais d’artifices romanesques, Prévost démontre la précarité du bonheur face aux vicissitudes de la
vie.
4.Des Grieux est souvent victime de violence, de souffrances (arrestations, trahisons, séparations).
Expliquez en quoi cela rend le récit dramatique et pathétique. Montrez que les péripéties deviennent de
plus en plus dramatiques (comparez les deux incarcérations de Des Grieux et de Manon).
Avant même de commencer son récit, DG, place son propos sous le signe de la souffrance : « Je veux vous
apprendre, […] mes malheurs et mes peines » et oriente le jugement de Renoncour : « Je suis sûr qu’en me
condamnant, vous ne pourrez pas vous empêcher de me plaindre. »
Renoncour avait déjà préparé le lecteur à la compassion en disant à propos de DG : « Je n’ai jamais vu de
plus vive image de la douleur. ». L’abbé Prévost donne à ces affirmations une fonction programmatique
puisqu’elles suscitent une attente que le récit rétrospectif viendra combler par la suite.
DG connaît la privation de liberté à trois reprises : arrêté par les laquais de son père puis par six gardes
envoyés par G…M… Gradation dans la peine : passe de la maison paternelle à Saint-Lazare ; puis de Saint-
Lazare au Petit-Châtelet.
Manon le trahit une première fois avec M.de B…, mais elle verse des larmes tandis que, la seconde fois, elle
annonce par anticipation sa trahison par une lettre que DG juge monstrueuse. Dramatisation croissante.
DG ponctue souvent son récit de mises en perspective tragiques : « Mais j’étais né pour les courtes joies et
les longues douleurs » attirer la sympathie de l’auditoire et s’innocenter de toute faute.
Le vieux G…M est à l’origine des deux arrestations. Dans le 1 er cas, il est l’amant dupé qui se venge en
envoyant les force de police ; dans le second, c’est son fils qui a été trompé par Manon et DG avant d’être
arrêté et séquestré. Le père G…M… intervient alors en personne, accompagné d’archers pour retrouver son
fils.
Les deux arrestations se déroulent en marge de la journée, quand les amants sont dans une chambre
(« nous étions encore au lit » / « nous étions prêts à nous mettre au lit »).
2nde arrestation = contexte plus dangereux et récit plus étoffé. Colère redoublée car de nouveau victime, par
le biais de son fils, de la ruse des jeunes gens. Les amants eux-mêmes ont eu recours à la force en faisant
enlever le jeune G…M… déchaînement de forces hostiles sans commune mesure : DG est menacé de
mort (« je le ferai pendre demain, s’il ne m’apprend tout à l’heure ce qu’il en a fait »). DG conduit au Petit-
Châtelet sous une surveillance plus étroite (« prenez garde que le Chevalier ne vous échappe. C’est un
rusé, qui s’est déjà sauvé de Saint-Lazare »).
Aggravation de la situation des amants liée à la différence de traitement qui leur est réservée : DG voit sa
liberté négociée par son père tandis que Manon, condamnée à la déportation, ne peut plus être délivrée car
l’attaque du convoi n’aboutit pas. En outre, dès le départ, les conditions de détention sont toujours plus
pénibles pour Manon que pour DG : « Ma malheureuse maîtresse fut donc enlevée à mes yeux et menée
dans une retraite que j’ai horreur de nommer. Quel sort pour une créature toute charmante, qui eût occupé
le premier trône du monde, si tous les hommes eussent mes yeux et mon cœur ! On ne l’y traita pas
barbarement ; mais elle fut resserrée dans une étroite prison, seule et condamnée à remplir tous les jours
une certaine tâche de travail, comme une condition nécessaire pour obtenir quelque dégoûtante
nourriture. »