Cours QEE CEM Ch1
Cours QEE CEM Ch1
Cours QEE CEM Ch1
INTRODUCTION
La qualité de l’énergie électrique est considérée comme une combinaison de la qualité de la tension
et de la qualité du courant. Nous allons donc définir ces deux notions dans la suite de ce chapitre.
1. Qualité de la tension
Dans la pratique, l’énergie électrique distribuée se présente sous la forme d’un ensemble de tensions
constituant un système alternatif triphasé, qui possède quatre caractéristiques principales :
amplitude, fréquence, forme d’onde et symétrie.
La qualité de l’onde de la tension recouvre les perturbations liées à la forme de l’onde de la tension
délivrée par le réseau susceptibles d’altérer le fonctionnement des appareils raccordés au réseau.
défauts dans le réseau électrique ou dans les installations des clients : court-circuit dans
un poste, une ligne aérienne, un câble souterrain, etc., ces défauts pouvant résulter de
causes atmosphériques (foudre, givre, tempête…), matérielles (vieillissement
d’isolants…) ou humaines (fausses manœuvres, travaux de tiers…) ;
installations perturbatrices : fours à arc, soudeuses, variateurs de vitesse et toutes
applications de l'électronique de puissance, téléviseurs, éclairage fluorescent, démarrage
ou commutation d’appareils, etc…
Les principaux phénomènes pouvant affectés la qualité de la tension sont brièvement décrits ci-
après.
1.1. Fréquence
Les variations de fréquence fondamentale peuvent être provoquées par un déséquilibre production-
consommation d’énergie (ex : perte importante de production, ilotage d’un groupe sur ses auxiliaires
ou son passage en réseau séparé, ou d’un défaut dont la chute de tension résultante entraine une
réduction de charge). Cependant, ces variations sont en générale très faibles (moins de 1%) et ne
nuisent pas le bon fonctionnement des équipements électriques ou électroniques.
1.2. Amplitude
1.2.1. Creux de tension ou coupures brèves
Un creux de tension est une chute brutale de l’amplitude de la tension. Il est caractérisé par :
• Sa profondeur (ΔV)
• Sa durée (Δt)
Les creux de tension peuvent provoquer le déclenchement d’équipements, lorsque leur profondeur et
leur durée excèdent certaines limites (dépendant de la sensibilité particulière des charges). Les
conséquences peuvent être extrêmement coûteuses (temps de redémarrage se chiffrant en heures,
voire en jours ; pertes de données informatiques ; dégâts aux produits, voire aux équipements de
production…).
Notons que les microcoupures (coupures brèves) peuvent être considérées comme des creux de
tension de sévérité maximale. Sa profondeur est supérieure à 90 % et de durée inférieure à 3
minutes.
De façon un peu arbitraire, liée à la durée des cycles de déclenchement-réenclenchement des liaisons
en cas de défaut, on distingue :
Les coupures brèves (< 3 min) : problème de qualité de la tension, rangé dans la même
catégorie que les creux de tension.
Les coupures longues (> 3 min) : problème de continuité (ou de fiabilité) de la tension,
1.2.2. Fluctuations de tension (Flicker)
Le Flicker est une diminution de la valeur efficace de la tension de moins de 10 %. La tension est
modulée en amplitude par une enveloppe dont la fréquence est comprise entre 0,5 et 25 Hz. Le
Flicker est provoqué par des variations rapides de puissance absorbée ou produite par des
installations telles que les soudeuses, fours à arc, éoliennes, etc.
Ces fluctuations de tension peuvent provoquer un papillotement de l’éclairage (flicker), gênant pour
la clientèle, même si les variations individuelles ne dépassent pas quelques dixièmes de pour-cent.
Les autres applications de l’électricité ne sont normalement pas affectées par ces phénomènes, tant
que l’amplitude des variations reste inférieure à quelque 10 %.
Les appareils usuels peuvent supporter sans inconvénient des variations lentes de tension dans une
plage d’au moins 10 % de la tension nominale.
Les harmoniques sont des composantes dont la fréquence est un multiple de la fondamentale
(50 Hz), qui provoquent une distorsion de l’onde sinusoïdale. Ils sont principalement dus à des
installations non linéaires telles que les convertisseurs ou les gradateurs électroniques, les fours à
arc, etc. Leur amplitude peut être amplifiée par des phénomènes de résonance, en particulier lorsque
des batteries de condensateurs ne sont pas installées avec les précautions nécessaires.
Figure I-3 Distorsion provoquée par un seul Figure I-4 Distorsion provoquée par un seul
harmonique (h=5) interharmonique (h=3.5)
Les composantes dont la fréquence n’est pas un multiple entier de la fondamentale se rencontrent
moins souvent sans être rares. Elles sont appelées interharmoniques. Les interharmoniques sont le
plus souvent dus à des installations produisant des harmoniques rapidement variables, tels que fours
à arc, cyclo-convertisseurs, variateurs de vitesse employés dans certaines conditions (la
“modulation” des harmoniques provoque l’apparition de “bandes latérales” à des fréquences
Gradateur de lumière ou de
chauffage
Redresseur d’alimentation à
découpage, par exemple :
ordinateur, électroménager
Le tableau (I-3) présente les limites des courants harmoniques des charges non linéaires dans le
système d’alimentation auquel la charge est reliée. Le rapport Icc/Ich est le rapport du courant de
court-circuit au point commun de raccordement (PCC), au courant fondamental maximal de la
charge. Il est recommandé que le courant de charge IL soit calculé comme le courant moyen de la
demande maximum d’une année précédente. Ainsi, quand l’utilisateur des charges diminue par
rapport à la taille du système, le pourcentage du courant harmonique qu’on permet à l’utilisateur
d’injecter dans le système électrique est augmenté. Ceci protège d’autres utilisateurs sur le même
système d’alimentation, qui exige de fournir une certaine qualité de tension à ses clients.
1.3.2. Transitoires
Les surtensions transitoires les plus fortes pour la clientèle-mais heureusement les moins fréquentes-
sont dues à la foudre. Leur amplitude peut atteindre plusieurs kV dans les réseaux BT aériens. En
outre, de tels transitoires peuvent se propager jusque dans les réseaux BT souterrains.
Des surtensions transitoires plus fréquentes se produisent dans les installations des clients, par
exemple lors du déclenchement d’appareils BT. Leur contenu énergétique est moindre que pour les
surtensions de foudre, mais leur amplitude peut dépasser 1 kV en BT, avec des fronts très raides
(temps de montée de l’ordre de 1 ns, c-à-d 10-9 s) ce qui présente un danger pour les circuits
électroniques.
Les surtensions risquent de provoquer des dégâts importants, vis-à-vis desquels on peut se prémunir
au moyen de parasurtenseurs. Par ailleurs, d’autres phénomènes transitoires peuvent provoquer des
dysfonctionnements gênants, sans impliquer de surtension d’amplitude très élevée.
N.B. Les encoches de commutation dues aux convertisseurs ou gradateurs électroniques ne sont pas
des transitoires au sens classique du terme. Les formes d’onde des Figure 6 et Figure sont de type
répétitif et pourraient être décrites (à l’aide de la transformée de Fourier) comme une série
d’harmoniques. Cependant, c’est la raideur des encoches de la sinusoïde qui risque de provoquer
des troubles ; ces encoches peuvent donc être considérées comme des transitoires répétitifs.
6
Oscillogramme idéalisé (en pratique, chaque variation brusque provoque une oscillation du circuit et la sinusoïde est marquée par
six petites oscillations amortie).
1.4. Dissymétrie-déséquilibre
Le déséquilibre d’un système triphasé s’observe lorsque les trois tensions ne sont pas égales en
amplitude et/ou ne sont pas déphasées régulièrement de 120° les unes par rapport aux autres. Cette
définition peut être appliquée pour la tension ou le courant. Typiquement le déséquilibre des
tensions d’un réseau triphasé est moins de 3 %. Le déséquilibre des courants peut être
considérablement plus important, particulièrement dans la présence des charges monophasées. Le
taux de déséquilibre dans un système triphasé est défini par le rapport de l’amplitude de la séquence
négative (Vn) sur l’amplitude de la séquence positive (Vp), exprimé en pourcentage, analytiquement,
il est représenté par l’équation suivante :
( ) (I-1)
Le déséquilibre d’une phase de tension, peut être causé par une asymétrie d’impédances des lignes
de distribution, des charges triphasées déséquilibrées, ouverture du raccordement des
transformateurs en triangles, ou même de défauts non identifiés/encombrés des défauts phase-à-
terre. Si les éventualités possibles en ce qui concerne la perturbation de tension sont prises en
compte, toutes les installations industrielles auront une tension d’alimentation équilibrée. L’effet du
déséquilibre de tension est tout à fait sévère, particulièrement, sur les charges entraînées par des
Le problème principal engendré par le déséquilibre est l’échauffement supplémentaire des machines
tournantes triphasées.
Le titre de la norme EN50160 est le : caractéristiques de tension d´électricité fournies par les
systèmes de distribution publique. Le groupe BTTF68-6 du CENELEC a préparé cette norme
européenne qui a été éditée pour la première fois en novembre 1994. Elle couvre les réseaux
triphasés de basse et moyenne tension et spécifie les critères de qualité pour la fréquence de tension,
l’amplitude, la forme d’onde et la symétrie.
La norme EN50160 fixe le taux de déséquilibre inverse admissible à 2 % sur les valeurs efficaces
calculées sur 10 minutes pour 95 % du temps d’une semaine.
2. Qualité du courant
La qualité du courant est relative à une dérive des courants de leur forme idéale, et se caractérise de
la même manière que pour les tensions par quatre paramètres : amplitude, fréquence, forme d’onde
et symétrie. Dans le cas idéal, les trois courants sont d’amplitude et de fréquence constantes,
déphasés de 2π/3 radians entre eux, et de forme purement sinusoïdale.
Le terme « qualité du courant » est rarement utilisé, car la qualité du courant est étroitement liée à la
qualité de la tension et la nature des charges. Pour cette raison, « la qualité de l’énergie électrique »
est souvent réduite à « la qualité de la tension ». C’est l’hypothèse que nous ferons dans la suite de
ce document, où le terme de « qualité de l’énergie » s’applique uniquement à celle de la tension.
IEEE Recommended Practice on Monitoring Electric Power Quality, Cette norme entoure la
surveillance de la qualité de courant électrique des systèmes monophasés et systèmes polyphasés.
Elle donne une description conformée aux phénomènes électromagnétiques se produisant sur les
systèmes d’alimentation.
Un autre type de classification des perturbations électriques peut également être élaboré en se basant
sur leur durée :
Les perturbations transitoires : Les perturbations électriques transitoires ont une durée
de moins d’une demi-période fondamentale. Elles ont pour principale origine les
manœuvres d’ouverture et de fermeture sur le réseau de transport et de distribution, mais
également des phénomènes naturels tels que la foudre.
Les perturbations de courte durée : Les perturbations de courte durée sont les creux de
tension, les coupures brèves et les surtensions, qui sont généralement provoquées par la
présence de court-circuit. Elles se caractérisent par des variations importantes de
l’amplitude de la tension, et peuvent avoir des conséquences néfastes et coûteuses sur les
équipements électriques.
Les perturbations permanentes : Dans la catégorie « perturbations permanentes » on
retrouve les harmoniques, le bruit, le déséquilibre et les variations de tension et de
fréquence. Elles sont généralement provoquées par la présence de charges non linéaires
et fluctuantes au sein du réseau électrique. Elles se caractérisent par de faibles variations
de l’amplitude, et sont à l’origine d’échauffement, de pertes supplémentaires, de
vieillissement prématuré des équipements électriques et de dysfonctionnements sur
certains appareillages de contrôle-commande.
On peut également remarquer que les origines des perturbations électriques peuvent être classées en
deux grandes catégories :
Enfin, les effets des perturbations électriques peuvent eux aussi être divisés en deux grandes familles
:
Les effets à court terme (déclenchement des appareils, dégâts matériels, …),
Les effets à long terme (pertes supplémentaires, échauffements, vieillissements).
Le tableau I-5 résume les considérations sur les phénomènes perturbateurs et donne quelques
indications sur les remèdes utilisables en cas de besoin.