Texte Bertrand - Copie-1
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FACULTE DE DROIT
A la mémoire…………………………………………………………………………….
EPIGRAPHE
Vincent de Gournay.
REMERCIEMENTS
Tous ceux qui de près ou de loin ont mis la main dans la patte pour façonner notre vie, vous
avez une place dans notre cœur.
SIGLES ET ABREVIATIONS
§ : Paragraphe
P. : Page
Pp. : Pages
Ss. : Suivants
I. PROBLEMATIQUE
Pour mieux harmoniser son influence sur le développement, les Etats membres de la
CEPGL ont ensuite conclu à Kigali, le 21 juin 1975, un accord commercial et de la
coopération douanière. Par cet accord, ils expriment le souhait de mettre en place un
programme de la réalisation progressive d’une communauté économique entre eux 2.
L’objectif de cet accord est de promouvoir et d’intensifier les échanges entre les parties. Aux
termes de l’article 1 de cet accord « les Etats parties s’engagent mutuellement à autoriser, sans
formalités que celles d’introduction d’une demande de licence d’importation et d’exportation
des marchandises figurant aux listes A, B, et C annexés à l’Accord et produits sur leurs
territoires respectifs3.
1
Art. 2 de la Convention portant création de la CEPGL conclue à Gisenyi le 20 septembre 1976, n° 16748, in
Nations Unies-Recueil des Traités, 1978.
2
Lire le Préambule de l’Accord commercial entre la RDC, le Rwanda et le Burundi signé à Kigali, le 21 juin 1975.
3
Ibidem, art. 1.
4
Lire J. MALIPO KIGWATI, Le commerce intracommunautaire au sein de la Communauté économique des pays
des grands lacs : Portée juridique et problème de l’effectivité normative, Mémoire de licence, Faculté de Droit,
U.O.B, 2016-2017, p. 2, Inédit.
5
Lire C. LINDBERG, Political Dynamics of European economic integration, Ed. Léon, 1963, p. 37.
Toutefois, malgré ses avantages et le souhait exprimé dans le cadre de la CEPGL, il se
pose des défis majeurs dans la pratique quant à l’exercice du petit commerce transfrontalier 6
au sein de ladite communauté7. On peut ainsi noter les barrières tarifaires et non tarifaires
prévues par les législations internes des Etats membres de la CEPGL 8. En effet, certains pays
membres de la CEPGL prévoient les taxes liées à l’import et export, tel est le cas de la RDC
et du Burundi9. Par ailleurs, le Rwanda applique des contrôles stricts de vérification des
normes sanitaires et phytosanitaires qui constituent des barrières non tarifaires 10. La CEPGL,
à en croire à Moise Cifende Kaciko, n’a pas assuré une libre circulation des personnes et ici
les petits commerçants en ce sens que l’autorisation spéciale de voyage de la CEPGL est taxée
de 10 USD dans chaque Etat membre11. Ceci influe négativement l’exercice du petit
commerce transfrontalier du fait que cette branche de l’économie renferme les petits
commerçants qui dispose d’un faible capital ne pouvant pas répondre aux exigences des
barrières tarifaires et non tarifaires12.
Eu égard à ce qui précède, les questions suivantes font l’objet de la présente recherche :
II. HYPOTHESES
Par rapport à la première question, nous pensons que le régime juridique du petit
commerce transfrontalier serait premièrement les instruments de coopération et d’intégration
régionale portant sur les domaines tels que les échanges commerciaux, les finances
6
En effet, en faisant référence au droit positif congolais, le petit commerce est constitué d’un ensemble
d’activités qui ne sollicitent pas un fonds de commerce exigent ou de grande valeur. Car avec un faible montant
peut faciliter l’exercice de petit commerce.
7
B. BYAMUNGU BEN, L’adhésion de la RDC à la communauté des Etats d’Afrique de l’Est et la protection
juridiques des PME : Regards critiques, Mémoire de licence, Faculté de Droit, U.O.B, 2019-2020, p. 2, Inédit.
8
Lire P. KITAMBALA ASSANI, Des effets juridiques du commerce transfrontalier informel dans la zone CEPGL,
Mémoire de licence, Faculté de Droit, U.O.B, 2015-2016, p. 18, Inédit.
9
Lire respectivement FOCUS GROUPE, Commerçants congolais, Rapport, Uvira, 6 au 8 mai 2016, p. 7 ; FOCUS
GROUPE, Commerçant burundais, Rapport, Rugombo du 9 au 10 mai 2016, p. 13.
10
K. TITECA et C. KIMANUKA, Marcher dans l’obscurité : le commerce informel transfrontalier dans la région des
Grands Lacs, Septembre 2012, p. 29.
11
M. CIFENDE KACIKO, « Vers la ratification d’une convention sur la libre circulation des personnes, des biens,
des services et des capitaux dans la CEPGL ?, In NDESHYO RURIHOSE (dir), La RDC : les défis récurrents de
décolonisation, de l’Etat du droit et du développement économique et social, Mélanges Célestin NGUYA-NDILA,
CEDESURKI, Kinshasa, 2012, p. 318.
12
R., NDAKOSHE, Les barrières dans l’intégration de la communauté économique des pays des grands lacs,
Mémoire de master, Faculté de Droit, Hope Africa University, 2018, p. 17, Inédit.
(arrangement monétaire CEPGL) et la libre circulation des personnes, marquées par la mise
en place d’une carte spéciale de circulation CEPGL et d’un passeport CEPGL. Ceci dans le
but de favoriser l’exercice du PCT dans le cadre économique. Deuxièmement, il serait soumis
à des textes régissant le petit commerce au sein de chaque pays membre de la CEPGL à savoir
la RDC, le Rwanda et le Burundi. Au niveau de la RDC le régime juridique du petit
commerce est régi par l'Ordonnance-loi n° 90-046 du 8 août 1990 portant réglementation du
petit commerce, alors qu’au niveau du Rwanda c’est le code relatif aux sociétés commerciales
du 27/04/2009 qui fixe le lieu de vente et les conditions de vente dans le cadre du petit
commerce. Au regard de ce code, le commerce ambulant est qualifié d’illégal et donc qui est
interdit. Pour ce qui est du Burundi, le petit commerce est régi par la loi n°01 du 16 janvier
2015 portant révision de la loi n°1/07 du 26 Avril 2010 portant Code de commerce qui
qualifie le petit commerçant d’un ambulant qui se déplace constamment d’un endroit à un
autre du territoire national, pour une durée variable, afin d’y exercer un commerce dont le
chiffre d’affaires ne dépasse pas un montant déterminé par ordonnance conjointe des
Ministres ayants les finances et le commerce dans leurs attributions.
Par rapport à la deuxième question, nous estimons que chaque Etat devrait supprime ses
barrières tarifaires et non tarifaires aux petits commerçants transfrontaliers qui constituent les freins
de l’essor de la CEPGL. Ensuite, il conviendra de mettre en place des moyens de droit comme
l’harmonisation de la législation relative à l’exercice de petit commerce dans les Etats membres de la
CEPGL, et des mesures de sauvegarde pour la promotion du petit commerce transfrontalier au sein
de la CEPGL notamment, le renforcement de la protection juridique des petits commerçants dans les
Etats membres de la CEPGL et l’application réciproque et égalitaire des accords pris dans le cadre de
la CEPGL pour assurer un traitement égal aux petits commerçants transfrontaliers dans les 3 États.
L’usage de la méthode juridique dans son approche exégétique est indispensable. Cette
méthode permettra d’analyser et d’interpréter les textes juridiques en rapport avec le petit
commerce dans les trois pays membres de la CEPGL et les accords adoptés dans le cadre de la
CEPGL.
Ensuite, grâce à une démarche déductive, nous allons appliquer les dispositions légales
et conventionnelles aux activités du petit commerce dans le cadre de la CEPGL. Cela nous
permettra de comparer la réalité vécue au sein des pays membres de la CEPGL avec les
prévisions légales et conventionnelles.
Par ailleurs, le recours à certaines techniques susceptibles de favoriser la récolte des
données nécessaires à la rédaction de la présente dissertation juridique a été nécessaire. Il
s’agit de la technique documentaire, d’entretien, d’enquête et la technique d’observation
directe et indirecte. La première nous a permis non seulement d’avoir accès aux documents,
rapports et autres œuvres scientifiques ayant trait au présent sujet, mais aussi de développer
un bon argumentaire fondés sur des bases légales, jurisprudentielles et doctrinales solides. La
seconde, quant à elle, a facilité l’obtention des informations nécessaires à la rédaction de ce
travail auprès des personnalités et de diverses institutions tant publiques que privées,
notamment la Direction générale de migration (DGM, la Direction générale des douanes et
accises (DGDA), la Fédération des entreprises du Congo (FEC), etc… La troisième nous a
permis à partir d’un questionnaire de récolter les données auprès des petits commerçants des
différents pays qui œuvrent dans la ville de Bukavu. Quant à la quatrième technique, elle nous
a permis d’observer l’exercice du petit commerce transfrontalier au sein de la CEPGL.
La présente étude puise ses racines à la fontaine de la réflexion formulée par Kabamba
Kazadi qui démontre dans sa thèse l’intégration régionale dans le cadre de pays de grands lacs
s’est richement inspirées du modèle européen 13. L’auteur démontre toutefois que les accords
ainsi conclus dans le cade de la CEPGL ont du mal à recevoir une application effective entre
les Etats membres. Ceci fait en sorte que les accords d’intégration régionale en Afrique en
général et dans le cadre de pays membres de la CEPGL en particulier profitent à certains Etats
au désavantages des autres14.
Cette recherche s’est nourrie du mémoire de John Malipo Kigwati qui traite sur Le
commerce intracommunautaire au sein de la Communauté économique des pays des grands
lacs. Ce chercheur montre dans ses conclusions qu’en dépit du fait que les Etats parties à la
CEPGL ont conclu certaines conventions et protocoles dans le but de libéraliser la circulation
des marchandises dans tous les pays membres en supprimant les droits des douanes et taxes à
l’importation et à l’exportation force est de constater que l’harmonisation des règles
nationales qui aurait due d’en suivre est toujours attendue pour le développement économique
des Etats membres. Il poursuit en disant que l’absence de l’harmonisation des règles
13
Lire à ce sujet B. KABAMBA KAZADI, Inter-régionalité des Pays des Grands Lacs Africains. Elaboration d’un
modèle d’intégration régionale en Afrique et son application à la région des grands Lacs (Burundi, RDC, Kenya,
Tanzanie, Ouganda et Rwanda), Thèse de doctorat en sciences politiques, Faculté de Droit, Université de Liège,
novembre 2000, Tome 1, p. 13.
14
Ibidem.
nationales dans le secteur commercial est un défi majeur auquel devront résoudre les Etats
pour faires disparaitre les restrictions et les blocages à la libre circulation des marchandises 15.
L’originalité que présente notre étude à celle de John Malipo réside dans le fait qu’au
moment où son étude a porté sur l’analyse du commerce intracommunautaire des produits du
cri dans l’espace CEPGL en présentant ses défis, la nôtre examine les barrières tarifaires et
non tarifaires applicable à tout produit dans le cadre du petit commerce transfrontalier. Après,
notre étude fournit certains moyens pour une promotion du petit commerce transfrontalier
dans le CEPGL.
La particularité de notre sujet réside dans le fait qu’il cherche à analyser limites et défis
que présente la réglementation du petit commerce dans les pays membres de la CEPGL face à
l’intégration économique sous-régionale et cela en faisant une étude dans le cadre de la
CEPGL.
Il apporte de délimiter ce travail sur deux aspects. D’abord sur le plan temporaire, ce
travail compte aborder les sujets à partir de l’adoption de la convention portant création de la
CEPGL. Ce choix est motivé par le fait que c’est dans le cadre de cette communauté que
l’exercice du petit commerce sera analysé.
Ensuite, en raison de son objet, ce travail traite du droit commercial, en particulier le petit
commerce et l’intégration économique relative au droit communautaire. Le domaine du droit
communautaire est moins fréquenté par les doctrinaires congolais, pourtant il regorge encore
des difficultés relevant de notre système et de ses contradictions qui méritent, les unes d'être
comblées, les autres résolues par les juristes d'aujourd'hui et de demain.
Enfin sur le plan géographique, notre travail se situe dans la région des grands lacs
essentiellement la RDC, le Rwanda et le Burundi. Ce choix est motivé par le fait que c'est
dans l’angle de la CEPGL que nous comptons aborder cette problématique.
Cette partie du travail aborde dans un premier temps une approche définitionnelle et
les caractéristiques du PCT (§1), dans le second temps, elle présente la CEPGL (§2).
Il sera question de cette partie de définir le PCT (A) puis de dégager ses
caractéristiques (B).
A. La définition du PCT
Sur le second plan, le flux et reflux des marchandises entrent en jeu pour que le
commerce soit transfrontalier. La marchandise doit passer d’une frontière à une autre pour
que le caractère transfrontalier soit rempli.
B. Caractéristique du PCT
Premièrement le PCT est exercé par le biais d’un faible capital commercial 22. Il s’agit
donc d’une activité généralement exercée par une couche de la population à faible revenu. Le
montant varie d’une législation à une autre au sein de différents pays de la CEPGL. A titre
d’illustration, nous pouvons épingler du côté de la RDC l’ordonnance-loi n°90-046 du 8 août
1990 tient compte de la faible quantité de la marchandise vendue ou de la faiblesse du chiffre
d’affaires pour parler du petit commerce23.
C’est aussi une sorte de commerce où les femmes et les jeunes sont les principaux
acteurs. En effet, les femmes et des jeunes qui moyennant un petit capital effectuent des
transactions commerciales à faible volume de part et d’autre des frontières en proposant une
gamme diversifiée de produits agricoles, de la pêche et de l’élevage24.
21
Lire l’Ordonnance-loi n° 90-046 du 8 août 1990 portant réglementation du petit commerce, in Journal officiel
de la RDC, Kinshasa.
22
Ibidem.
23
Ibidem.
24
E. MIRINDI, Problématique des conflits armés à l’est de la RDC et de son incidence sur le petit commerce
transfrontalier, Mémoire de licence, Faculté des sciences économiques et des gestions, Université catholique
de Bukavu, 2022, p. 27, inédit.
25
Ibidem.
A la différence du petit commerce qui est régi par la législation interne de chaque Etat
membre de la CEPGL26 et comme nous le verrons ultérieurement, les règles régissant le PCT
relèvent des normes sous régionales de la CEPGL27. Ce sont ces règles que cette partie
analyse. Il est donc évident de faire une brève présentation de la CEPGL (A), avant d’analyser
le soubassement juridique du PCT dans la CEPGL (B).
A. La présentation de la CEPGL
La CEPGL est une organisation sous régionale qui s’inscrit dans le cadre de
l’intégration économique. Cette dernière peut être définie comme le processus par lequel des
Etats créent entre eux un espace économique commun par l’élimination des barrières
discriminatoires dans leurs dans leurs rapports 28. Il s’agit de fusionner plusieurs espaces
économiques en vue d’une meilleure utilisation des ressources 29. Cette définition est
d’importance capitale dans le cadre de ce travail en ce sens qu’elle souligne l’élimination des
barrières.
La création de la communauté économique des pays des grands lacs (CEPGL) remonte
de 1976 et marque l’institutionnalisation d’une coopération économique qui profite quelque
peu aux trois pays membres30, à savoir le Rwanda, le Burundi et la RDC. L’histoire démontre
toutefois que cette organisation n’a pas été à la hauteur de la conjoncture socio, politico-
économique de ses Etats membres31. En effet, l’alternance imposée par les guerres civiles du
26
M. NFIZI, Le climat socio- économique de l’initiative privée à l’aube de l’intégration économique : cas de la
CEPGL, Mémoire de licence, Faculté des sciences économiques et des gestions, ULPGL/GOMA, p. 35, Inédit.
27
D. NDADAYE, L’application des normes de la CEPGL aux activités du petit commerce transfrontalier : quel
avenir de réglementation interne au sein des Etats membres, Mémoire de master, Faculté de Droit, Hope Africa
University, 2020, p. 61.
28
M. OUEDRAOGO, Les libertés de circulations des marchandises et des services dans l’union économique et
monétaire des Etats de l’Afrique de l’Ouest, Mémoire présenté pour l’obtention du Master en études
européennes, global studiesinstitutues de l’université de Genève, 2016, p. 1 cité par M. OUEDRAOGO, Op. Cit.,
p. 23.
29
L. MARIUS IBRUGA, « L’état de la mise en œuvre de l’union douanière dans l’espace UEMOA », in
Sensibilisation au droit communautaire de l’UEMOA, Actes du séminaire sous-régional, Ouagadougou-Burkina
Fasso du 06 au 10 octobre 2003, Paris, éd. Girafe, 2003, p. 111 ;
30
Lire NGOMA KHUABI, « La coopération économique entre la République démocratique du Congo, le Rwanda
et le Burundi : état des lieux et perspectives », p. 24 disponible sur
https//www.nomos-elibrary.de/10.5771/2363-6262-2015-1-166/ la-coopération-économique-entre-la-
république-démocratique-du-congo- le-rwanda-et-le-burundi- état-des-lieux-et-perspectives-jahrgang-3-2016-
heft-1 ?page=1,consulté le 07 décembre 2023.
31
Lire dans ce sens M. CIFENDE KACIKO, « La CEPGL et le défi de sa revitalisation : plaidoyer pour
l’élargissement de la fusion de deux communautés économiques régionales des grands lacs africains (CEPGL et
EAC) in BAKANDEJA WA MPUNGU (dir), Quelle politique d’intégration pour quelle unité de l’Afrique du 21 ème
siècle ?, in Mélanges NDESHYO RURIHOSE, PUF, Kinshasa, 2014, pp. 389.
Burundi (1993) et du Rwanda (1994) et les guerres de la RDC (1996, 1998), a mis la CEPGL
en veilleuse sans officiellement la dissoudre32.
Dès 2004, la question de la relance des activités de la CEPGL, a été une question
cruciale pour les trois pays membres de la CEPGL (La RDC, le Burundi et le Rwanda) 33.
Ainsi, la circulation des personnes et des biens dans l’espace CEPGL, est un des champs
d’intervention de la CEPGL34 à même d’asseoir la coopération et d’intégration attendue des
trois Etats membres35.
32
D. MBUYI LUKUSA, « Echecs des tentatives d’intégration régionale face à la crise sécuritaire dans les Grands
Lacs et en Afrique centrale », p. 1-6, disponible sur https://www.afdb.org/uploads/tx-//afdbpapers/ consulté le
07 décembre 2023.
33
NZEREKA MUGHENDI, « Relancer la CEPGL en pleine crise économique ? l’enjeux du partage des ressources
congolaises », p. 1 disponible sur https://www.douania-risre.net/IMG/pdf/Douania2-pp-91-97.pdf
34
Article 2.3 de la convention portant création de la CEPGL du 20 sept 1976, convention portant création de la
CEPGL, in Journal officiel de la République du Zaïre, n°20 du 15 oct. 1980, pp. 5-9. La CEPGL s’inscrit dans la
promotion de la circulation des personnes et de leur bien ainsi que des échanges commerciaux. Aux termes de
l’article 2 de la convention précitée, cette dernière a pour objectifs : « assurer d’abord et avant tout la sécurité
des Etats membres et de leurs population de façon qu’aucun élément extérieur ne vienne troubler l’ordre et la
tranquillité à leurs frontières respectives, promouvoir et intensifier les échanges commerciaux et la libre
circulation des personnes et des biens, concevoir, définir et favoriser la création et développement d’activités
d’intérêts communs, coopérer d’une façon étroite dans le domaines social et économique, commercial,
scientifique et touristique plus spécialement en matière juridique, douanière, sanitaire, énergétique, de
transports et de télécommunication, etc…
35
La RDC, le Rwanda et le Burundi s’étaient également mis d’accord sur la redynamisation de la CEPGL, créée
par le Traité de Gisenyi. La CEPGL a été mise en veilleuse suite au génocide rwandais de 1994 compté à la
rébellion de l’AFDL soutenue par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Ces évènements ont affectée les relations
internationales de ces trois pays. C’est sous la médiation de la Belgique que ces trois pays ont consenti en 2003
de redynamiser la CEPGL pour contribuer à la suite stabilisation de la région. Lire à ce sujet A. KILOMBA
SUMAILI, « La CIRGL et le règlement des différends dans la région des Grands Lacs : cas de rébellion du M23 ».
en place d’une carte spéciale de circulation CEPGL 36 et d’un passeport CEPGL37. Ceci dans
le but de favoriser l’exercice du PCT dans le cadre économique38.
Ainsi, dans cette perspective, la circulation des personnes et des biens ainsi que leur
taxation différenciée au travers les territoires de ces trois Etats s’avère un élément important
sur lequel, la relance de la CEPGL doit continuer son chemin en vue d’appuyer le PCT 39.
Dans cette perspective de relance des activités, la circulation au sein de la CEPGL des
personnes (I) et des biens (II) a connu de profondes adaptations qui méritent d’être étudiées,
du fait qu’elle sera fortement influencée par la récente décision du Rwanda, de la libre entrée
sur son territoire des ressortissants de tous les pays africains sans visas.
Dans le cadre de la CEPGL, la libre circulation des personnes et des services pouvant
influencée positivement le PTC est fondée sur l’idée selon laquelle la construction du marché
commun ne peut se faire que si les peuples de ces Etats membres bénéficient de la faculté de
circuler et de séjourner librement sur tout le territoire communautaire 40. Cela est d’autant plus
plausible car la construction de tout marché commun ne revêt un sens que si les peuples des
Etats membres bénéficient de la faculté de circuler et de séjourner librement sur tout le
territoire communautaire41.
Parlant de la CEPGL, le cadre juridique de la circulation des personnes est fixé par la
Convention portant création de la Communauté économique des pays des grands lacs de
197642 et la Convention sur la libre circulation des personnes, des biens et des services, des
36
La carte spéciale CEPGL, avait été reconnue comme document de voyage le 7 décembre 1980, à partir d’un
arrangement particulier entre les Etats de la CEPGL sur la libre circulation des hommes d’affaire au sein de la
CEPGL conclu à Bujumbura.
37
Le passeport CEPGL est venu compléter la carte spéciale CEPGL avec la convention sur les privilèges et
immunité de la CEPGL du 1er décembre 1985.
38
Gr. MBAZI BEDA, « Cadre juridique de la circulation au sein de la Communauté économique des pays des
grands lacs », in OHADADJM, 26 février 2023, p. 3.
39
Ibidem.
40
E. CEREXHE et L . HARDY DE BEAULIEU, Introduction à l’Union économique Ouest africain, éd. De
BOECK University, C.E.E.I de Ouagadougou, Paris, Bruxelles, septembre 1997, cité par E. CNIMPIEBA
TONNANG, Droit matériel et intégration sous-régionale en Afrique centrale : contribution à l’étude du droit
communautaire de la communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEEMAC), Thèse de
Doctorat, Université de Nice Sophia Antipolis, 2004, pp. 32-33.
41
S. BINGANA KUMBANA MYSTERE, Op. Cit., p. 26.
42
Lire la convention portant création de la CEPGL du 20 sept 1976, convention portant création de la CEPGL, in
Journal officiel de la République du Zaïre, n°20 du 15 oct. 1980, les articles 2, point 3 et article 3.
capitaux et sur le droit d’établissement dans le pays membres de la communauté économique
des pays des grands lacs du 1er décembre 1985 qui fixe des conditions et les documents de
voyage entre ces trois pays membres de la CEPGL 43. A côté de ces deux conventions de la
CEPGL, et des différentes résolutions, les lois nationales de ces trois Etats sur l’immigration
et sur le petit commerce transfrontalier fixent également des conditions, des modalités et les
documents de circulation des personnes et des biens entre les trois pays44.
A titre de rappel, précisons que la libre circulation des marchandises constitue un des
principes fondamentaux de toute union douanière 47. La circulation des biens est également
l’un des objectifs de la CEPGL48 ainsi que la coopération entre les trois Etats membres de la
CEPGL dans le domaine économique, commercial, douanière, transport49, etc…
Sur le plan réglementaire, la circulation des biens comme la circulation des personnes
est particulièrement organisée par la convention sur la libre circulation des personnes, des
biens, des services, des capitaux et sur le droit d’établissement dans les pays membres de la
CEPGL du 1 décembre 1985, telle qu’amendée par ses Protocoles. La circulation des biens au
sein de l’espace CEPGL, est accentuée par le petit commerce transfrontalier entre les
membres de la CEPGL50.
43
M. CIFENDE KACIKO, Op. Cit., p. 319. (cfr infra n°11)
44
Pour illustrer on peut citer la carte spéciale CEPGL, avait été reconnue comme document de voyage le 7
décembre 1980, à partir d’un arrangement particulier entre les Etats de la CEPGL sur la libre circulation des
hommes d’affaire au sein de la CEPGL conclu à Bujumbura ; passeport CEPGL est venu compléter la carte
spéciale CEPGL avec la convention sur les privilèges et immunité de la CEPGL du 1er décembre 1985, etc…
45
Lire les dispositions de l’article 2 de la Convention sur la libre circulation des personnes, des biens, des
services et des capitaux et sur le droit d’établissement dans les pays membres de la communauté économique
des pays des grands lacs du 1er décembre 1985.
46
M. CIFENDE KACIKO, Op. Cit., p. 321.
47
E. CNIMPIEBA TONNANG, Op. Cit., p. 55.
48
Lire à ce titre l’article 23 de la convention portant création de la CEPGL de 1976.
49
Ibidem, art. 24.
50
Gr. MBAZA BEDA, Op. Cit., p. 7.
Le petit commerce transfrontalier entre ces trois pays s’est développé depuis
l’apaisement de la crise politico-sécuritaire entre la RDC et le Rwanda, avec surtout
l’opération Umojawetu en 200951. Parmi ses motivations, il sied d’épingler entre autres le
manque d’autres possibilités d’emploi en particulier ; le manque d’accès à la terre et à
l’agriculture sont d’autant des causes qui poussent les personnes ressortissantes de ces trois
pays à recourir vers le petit commerce transfrontalier 52.C’est surtout le cas pour les petits
commerçant (e)s congolais, qui ont souvent peu d’autres options dans un contexte post-
conflit53. D’autre part, parfois le petit commerce transfrontalier ne suffit pas aux ménages, et
d’autres activités sont nécessaires pour nouer les deux bouts du mois au regard des exigences
relatives aux barrières tarifaires et non tarifaires qui en constituent le goulot d’étranglement 54.
51
NZEREKA MUGHENDI, Op. Cit., pp. 3 et suivants.
52
Ch. KASINGWA MASUMBUKO, Intégration économique du Sud-Kivu dans l’Afrique des grands lacs. Pour une
nouvelle économie géographique, Editions universitaires européens, 2015, p. 41.
53
OCDE, « Les petites et moyennes entreprises : force locale, action mondiale », in 2ème synthèse, juin 2000, p.
72.
54
Ch. KASINGWA MASUMBUKO, Op. Cit., p. 41.
55
Protocole relatif aux normes de transit routier conclu à Gisenyi, le 11 janvier 1982 dans le but d’harmoniser
les politiques de transport routier.
56
M. CIFENDE KACIKO, Op. Cit., p. 324.
L’exercice du petit commerce a connu plusieurs textes juridiques et réglementaires en
RDC. Il sied toutefois de reconnaitre le rôle du constituant congolais dans cette
réglementation.
En effet, la constitution du 18 février 2006 tel que révisée à ce jour a apporté des
réformes considérables en matière économique. C’est dans ce cadre que l’article 35 de ladite
constitution dispose « l’Etat garantie le droit à l’initiative privée tant aux nationaux qu’aux
étrangers Il encourage l’exercice du petit commerce, l’art et de l’artisan par les congolais, et
veille à la protection de l’expertise et des compétences national. La loi fixe les modalités de
ces droits »57.
Quant aux lois auxquelles renvoie l’article 35 ci-haut cité, il sied d’épingler
l’ordonnance-loi n°79-021 du 2 août 1979 et son arrêté d’application (arrêté
interdépartemental n°0029/80 du 7 avril 1980), en suite l'Ordonnance-loi n° 90-046 du 8 août
1990 portant réglementation du Petit commerce, puis ordonnance-loi n° 13/009 du 23 février
2013 modifiant et complétant certaines dispositions de l'ordonnance-loi n° 90-046 du 8 aout
1990 portant règlementation du petit commerce qui est actuellement en vigueur 58.
Dans l’économie générale des textes ci-haut cités, on peut aisément dégager la
définition du petit commerce en vertu du droit interne de la RDC (A) et l’encadrement du
régime de patente auquel s’appliquent les textes en question (B).
57
Voir la Constitution de la République démocratique du Congo telle que revisée et complétée par la loi n°
11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la République démocratique du Congo du 18
février 2006, in JORDC, 52ème année, n° spécial, Kinshasa, 20 janvier 2011, art. 35.
58
Toutefois, au sujet de la conformité de textes ci-haut cités le Professeur LWANGO MIRINDI Patient estime
que l’adhésion de la RDC à l’OHADA a pour effet de rendre obsolète la législation relative à l’exercice du petit
commerce. Il poursuit en démontrant que la solution pour y mettre fin passerait par exemple par la saisine du
juge constitutionnel pour obtenir que ce denier déclare inconstitutionnelles l’ordonnance-loi n°13/009 du 23
février 2013 modifiant et complétant certaines dispositions de l’ordonnance-loi n°90-046 du 8 août 1990
portant réglementation du Petit commerce, ainsi que les textes pris au niveau provincial exigeant le paiement
de la patente ; en invoquant que les deux textes précités ne sont pas conformes à la Constitution de la RDC
dont l’article 215 donne primauté au nouvel AUDCG et au statut de l’entreprenant qui en découle sur
l’ordonnance-loi n°90-046 et le statut du petit commerçant qui en dépendait ou bien en termes plus simples la
caducité de l’ensemble de l’ordonnance-loi n°90-046 du fait de l’entrée en vigueur du statut de l’entreprenant.
Pourraient agir dans ce sens les commerçants concernés qui ont le plus besoin de la sécurité juridique ou toute
personne intéressée, en se fondant sur l’article 162 alinéa 2 de ladite Constitution qui dispose que « toute
personne peut saisir la Cour constitutionnelle pour inconstitutionnalité de tout acte législatif ou réglementaire
». Lire P. LWANGO MIRINDI et Ch. CHANDA BWIRIRE, « La coexistence de l’entreprenant et du petit
commerçant en République démocratique du Congo : cas de la ville de Bukavu », In Centre de recherche de
droit des affaires en Afrique, octobre 2019, p. 7.
L’importance de revenir sur la définition du petit commerce se justifie par le fait qu’il
faut préciser qu’en vertu du droit congolais, la définition du petit commerce est soumis au
régime de la patente.
Ceci dit, au sens de l’ Ordonnance-loi n°79-021 du 2 août 1979, on entend par petit
commerce, « le commerce de toutes denrées, marchandises ou objets de consommation
courante effectué par la vente ou l’offre de vente à l’acheteur, soit au domicile même du
vendeur, soit de porte en porte ou de place en place, soit encore sur la voie publique ou sur les
marchés publics sauf si l’échoppe ou l’étal placé sur la voie publique constitue le
prolongement d’un magasin »59. En outre, étaient assimilés au petit commerce et soumis au
régime de la patente « le petit transport de personnes ou de marchandises ainsi que toute
entreprise artisanale se situant dans les limites fixées par arrêté conjoint du Ministre des
Finances et du Ministre de l’Economie, industrie et Commerce »60.
59
Art. 2 de Ordonnance-loi n°79-021 du 2 août 1979 portant réglementation du Petit commerce, in RDC
www.Droit-Afrique.com.
60
ibidem
61
Article 3, alinéas 1 et 2 de suite l'Ordonnance-loi n° 90-046 du 8 août 1990 portant réglementation du petit
commerce.
62
Art.1 al.1er de l’ordonnance-loi n° 13/009 du 23 février 2013 modifiant et complétant certaines dispositions
de l'ordonnance-loi n° 90-046 du 8 aout 1990 portant règlementation du petit commerce.
n’est valable que pour la circonscription administrative et pour l’activité pour lesquelles elle a
été délivrée63.
Les conditions relatives à l’obtention de la patente soulevées dans cette partie ne sont
pas sans incidence dans l’angle du PCT dans l’angle de la CEPGL car désormais la CEPGL
autorise aux autres petits commerçants des pays membres de la CEPGL à exercer les activités
au PCT. Nous aurons à y revenir ultérieurement dans le cadre des barrières tarifaires et non
tarifaires comme obstacles à l’exercice du PCT dans l’espace CEPGL68.
Dans cette partie du travail, il sera question de voir d’un côté l’historique du petit
commerce au Burundi (I), avant de voir l’encadrement juridique actuel du petit commerce
dans ce pays (II).
69
La Chambre Fédérale de Commerce et de l’Industrie du Burundi a pour objet d'initier, de proposer et de
soutenir toutes les actions visant à améliorer l'environnement des affaires en vue du développement durable du
pays. Voire à cet effet, Historique du commerce au Burundi, par chambre fédérale de commerce et industrie du
Burundi disponible sur http:// www.cfcib.bi/index.php/portfolio-2/4-column/portfolio-4-col-st-3 Consulté le 27
aout 2019 à 23h 30’.
70
Ibidem
Il en résulte que c’est depuis 1964 qu’émergea le statut d’un nouvel acteur économique
au Burundi, en l’occurrence le petit commerçant. Toutes les activités effectuées par ce nouvel
acteur économique, le petit commerçant, bénéficiaient donc d’un régime d’encadrement
juridique par la CFCIB. C’est la consécration du statut juridique du petit commerce, au
Burundi.
L’examen de la législation interne au niveau du Rwanda sur le petit commerce relève que
la réglementation appliquée au Rwanda concernant le lieu de vente et les conditions de vente
(commerce ambulant illégal) qui est interdit. Les conditions de vente doivent se faire dans le
strict respect de la loi73. Cette situation a pour conséquence que les petits commerçants qui
n’ont pas les moyens de s’installer sur les marchés au Rwanda ont tendance à s’orienter vers
le marché de Bukavu.
71
L’article 45 al. 1 de la loi n°1/01 du 16 janvier 2015 portant révision de la loi n°1/07 du 26 avril 2010 portant
code burundais du commerce, disponible sur https://www.assemblee.bi consulté le 13 septembre 2019 à 11h 30’
72
Ibidem.
73
Loi n°07/2009 relative aux sociétés commerciales au Rwanda.
commerciale génératrice de revenus dont la valeur des transactions commerciales journalières
ne dépasse pas un seuil de montant donnée. Le PCT relève toutefois certaines caractéristiques
dont le plus essentiel est le faible capital du petit commerçant transfrontalier.
Son régime juridique résulte des règles communautaires secrétées dans le cadre de la
CEPGL. Ces règles concernent principalement la libre circulation des personnes et de leurs
biens et services. S’agissant de la libre circulation des personnes et des services, elle contribue
à l’exercice du PCT dans la mesure où l’idée à la base de leur établissement repose sur le fait
que la construction du marché commun ne peut se faire que si les peuples de ces Etats
membres bénéficient de la faculté de circuler et de séjourner librement sur tout le territoire
communautaire ainsi que leurs biens et services doivent circuler librement pour l’effectivité
de l’intégration.
D’autres normes relatives au petit commerce conçues dans le droit interne de chaque
Etat membre de la CEPGL influence l’exercice du PCT d’autant qu’il serait difficile pour les
petits commerçants de se déployer au niveau régional sans avoir une reconnaissance légitime
de leur profession au niveau national. La RDC, le Rwanda et le Burundi définissent, chacun à
ce qui le concerne les normes devant régir le petit commerce sur son territoire.
CHAPITRE 2. LES MECANISMES DE PROMOTION DU PETIT COMMERCE
TRANSFRONTATLIER DANS LA CEPGL
Les difficultés à l’exercice du PTC que nous avons identifiées lors de notre enquête
ont trait aux barrières tarifaires prévues d’un à l’autre côté de la frontière (§1) mais aussi à des
barrières non tarifaires (§2).
Lors de nos enquêtes avec les petits commerçants, il a été identifié comme obstacle à
l’effectivité du petit commerce au niveau de la CEPGL, les barrières tarifaires au sein de
certains Etats membres de la CEPGL principalement le RDC et le Burundi, à l’exception du
Rwanda. Il sied donc d’énoncer la notion des barrières tarifaires (A) avant de présenter
certaines taxes pratiques qui en constituent (B).
Les barrières tarifaires sont les barrières à l’entrée et à l’accès sur un marché 74. Elles
peuvent se définir, dans le cadre de la présente étude, comme tout ce qui empêche un petit
commerçant transfrontalier d’accéder à un marché ou ce qui la rend moins concurrentielle sur
le marché en question75.
Les barrières peuvent être motivées par plusieurs raisons dont principales les frontières
physiques, du fait de la distance et de la géographie entre deux ou plusieurs Etats. Des
barrières peuvent exister en raison de facteurs politiques ou économiques, comme une
demande intérieure qui protège les petits commerçants nationaux76.
74
L. MKIMER MKIMER-BENGELOUNE., Modélisation des barrières non tarifaires et leur impact sur les échanges
internationaux : une application aux pays méditerranéens, Thèse de Doctorat, Faculté Economies et finances.
Université de Toulon, 2013, p. 128.
75
Ibidem.
76
Ibidem, p. 131.
Un tarif s’entend d’un droit sur les importations ou les exportations qui réduit la
compétitivité d’un produit importé par rapport à des marchandises produites sur le marché
intérieur77.
L’étape la plus facile (et la première d’ailleurs) consiste à déterminer les tarifs liés à vos
produits. Ce processus utilise la nomenclature tarifaire du Système harmonisé pour fournir les
droits de douane de « tous les produits existants » (ou à peu près). La plupart des pays
disposent d’un point de contact similaire pour aider à calculer les tarifs appropriés78.
Durant notre enquête avec certaines personnes intervenantes dans le cadre du PCT à
savoir les petits commerçants, les agents des douanes et les membres de la Division
provinciale de l’économie nationale, nous avons constaté que les barrières tarifaires consistent
à:
I. Du côté de la RDC
Dans la pratique, les petits commerçants ont soulevé qu’ils sont assujettis au paiement de
la patente dont la valeur varie selon les catégories classées pour chaque année civile, les PV
recueillis au niveau de la Division provinciale de l’économie nationale en annexe faisant foi.
77
P. MALINVAUD, « La protection des consommateurs », in Recueil dalloz sirey, Chronique, 1981, pp. 34.
78
Ibidem.
79
Lire à ce sujet P. LWANGO MIRINDI et Ch. CHANDA BWIRIRE, Op. Cit., p. 4.
80
M. NFIZI, Op. Cit., p. 16.
Procédant à la question de vouloir savoir la persistance de la patente malgré l’avènement
de la CEPGL, et sous d’autres angles l’arrivée de l’OHADA, les mobiles suivantes ont été
fournies par la Divion provinciale de l’économie nationale : « la patente constitue un
mécanisme d'accès au petit commerce. A cet effet, elle constitue une ressource indispensable
pour le développement économique de la province du Sud-Kivu81. Cette dernière connait une
autonomie financière entant que province de la RDC conformément à l’article 3 la
Constitution du 18 février 2006 »82.
Pour l’exercice 2023, les catégories sont A (11, 8$), B (16, 5$) ; C (22, 8$) et enfin D à
33$ évaluables en frais congolais. Il existe des méthodes de recouvrement qui consiste
première au paiement personnel de la patente par le petit commerçant c'est-à-dire le petit
commerçant passe par lui-même ou par son représentant pour payer la patente et la seconde
consiste aux agents de passer récolter porte à porte devant soit la Boutique, Kiosque ou auprès
de Commerce ambulant et dans le marché public pour recouvrer la patente 83. Son
recouvrement présente un caractère personnel du fait du fait que la patente ne peut d'être
cédée ni prêtée. En outre, elle doit être présentée à toute réquisition de l'autorité et détenue au
lieu où s'exercent les activités pour faciliter le recouvrement84.
La patente telle que présentée ci-haut n’est pas sans incidence majeurs aux petits
commerçants qui disposent des moyens limités. Dès lors, au cours de notre enquête, les
81
Notre entretien du 3 juin 2022 avec Monsieur AMIZA CIZA Gloire/Secrétaire de la Division économique
provinciale.
82
L'article 3 de la Constitution est ainsi libellé : « Les provinces et les entités territoriales décentralisées de la
République Démocratique du Congo sont dotées de la personnalité juridique et sont gérées par les organes
locaux. [...] Elles jouissent de la libre administration et de l’autonomie de gestion de leurs ressources
économiques, humaines, financières et techniques. [...] ». Lire Constitution de la République démocratique du
Congo telle que révisée et complétée par la loi n° 11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains
articles de la République démocratique du Congo du 18 février 2006, in JORDC, 52ème année, n° spécial,
Kinshasa, 20 janvier 2011, art. 3. Voir aussi Notre entretien du 3 novembre 2023 avec Monsieur AMIZA CIZA
Gloire/Secrétaire de la Division économique provinciale.
83
Notre entretien du 3 novembre 2023 avec Monsieur AMIZA CIZA Gloire/Secrétaire de la Division économique
provinciale. Voir en annexe le PV de recouvrement de la patent au sein de la Division provinciale de l’économie
nationale.
84
Notre entretien du 3 Novembre 2023 avec Monsieur AMIZA CIZA Gloire/Secrétaire de la Division économique
provinciale.
problèmes suivants ont été soulevé par les petits commerçants transfrontaliers liés au
prélèvement de la patente :
- Bien que la patente constitue une des ressources efficaces pour soulever l'autonomie
provinciale de la province du Sud-Kivu, nombreux sont les petits commerçants qui
perçoivent la patente comme étant une barrière à l'esprit d'initiative au fait de manque
de ressources nécessaires. En effet, nombre sont les petits commerçants qui disposent
d’un capital qui se situe entre 50 et 100 $, le fait pour lui de payer en moyen 10 dollars
pour exercer le petit commerce constitue une charge lourde85.
- Par ailleurs, le résultat de notre enquête démontre qu’il arrive des fois où les services
fiscaux appliquent la patente aux petits commerçants étrangers c’est-à-dire des autres
pays membres de la CEPGL pour maximiser les recettes 86. A ce propos, les membres
de la Division provinciale de l’économie nationale soulèvent qu’il faut assimiler
certaines personnes physiques étrangers comme des nationaux pour rentabiliser cette
taxe au trésor public provincial.
b) La taxation de l’exportation et l’importation au niveau de la RDC
La direction du flux commercial est influencée par les régimes de taxation divergents : le
Rwanda ne taxe pas les produits exportés tandis que la RDC applique la taxe à l’exportation
ainsi qu’à l’importation87. Ainsi, les petits commerçants rwandais qui viennent
s’approvisionnent dans la plaine de Ruzizi pour les produits agricoles sont assujettis au
paiement des taxes liées à l’exportation quand bien même que ces produits sont exemptés par
les règles applicables aux produits du gru. Il s’agit donc ici des barrières tarifaires non
prévues dans le texte interne congolais mais mises sur pieds par les services fiscaux88.
Lorsque les petits commerçants congolais se rendent au niveau du Rwanda pour importer
la farine des maniocs et maïs, les taxes relatives à l’importation leurs sont appliquées en
RDC89.
85
Entretien en date du 1 novembre 2023 avec les petits commerçants transfrontaliers dans certains marchés de
la ville de Bukavu notamment le marché de Kadutu et Baba Cingazi, Marché feu vert Nguba, etc…
86
Notre entretien du 3 Novembre 2023 avec Monsieur AMIZA CIZA Gloire/Secrétaire de la Division économique
provinciale.
87
Gr. MBAZI BEDA, Op. Cit., p. 8.
88
Entretien en date du 1 novembre 2023 avec les petits commerçants dans certains marchés de la ville de
Bukavu notamment le marché de Kadutu et Baba Cingazi, Marché feu vert Nguba, etc…
89
Ibidem.
II. Du côté du Burundi
90
D. NDADAYE, Op. Cit., p. 63.
91
Lire dans ce sens B. BYAMUNGU BEN, Op. Cit., p. 3.
92
Lire Gr. MBAZI BEDA, Op. Cit., p. 8.
93
Ibidem.
94
D. NDADAYE, Op. Cit., p. 63.
95
Lire à ce propose M. CIFENDE KACIKO, Op. Cit., p. 328.Lire aussi D. MBUYI LUKUSA, « Echecs des tentatives
d’intégration régionale face à la crise sécuritaire dans les Grands Lacs et en Afrique centrale », p. 1-6,
disponible sur https://www.afdb.org/uploads/tx-//afdbpapers/ consulté le 07 décembre 2023
de voyage des régimes spéciaux mis en place par la CEPGL 96. Il s’agit ici de l’autorisation
spéciale de circulation CEPGL qui a une validité d’une année pour tous les ressortissants des
trois pays membres de la CEPGL et des trois mois pour les expatriés résidant dans l’un de
trois pays membres avec un séjour ne dépassant pas un mois dans un autre pays. Son cout est
de 10 dollars américains ($) dans tous les trois pays sauf du coté congolais où il faut en
ajouter 3000FC97. Toutefois, précisons ici que les utilisateurs des documents CEPGL sont
exemptés des visas vers les pays hôtes98.
§2. Les barrières non tarifaires applicables au sein des Etats membres de la CEPGL
La démarche suivie dans cette partie est de nature à fournir une notion relative aux
barrières non tarifaires (A) avant d’élucider de manière pragmatique les barrières non
tarifaires qui sont présentes au sein de pays membres de la CEPGL (B).
Pour mieux comprendre la question des barrières non tarifaires au sein de la CEPGL, il
sied de les définir puis montre le fait que ces barrières sont complexes et difficiles à
déterminer de manière exhaustive.
La définition des barrières non tarifaires a donné lieu à des divergences au sein des
différentes organisations99. Cette situation a été influencée par le fait que l’identification
même des barrières non tarifaires pose problème. Toutefois, l’effort fourni oriente toutes ces
définitions dans un même sens.
En effet, d’une manière générale, les barrières non tarifaires sont généralement définies
comme étant des mesures restrictives qui peuvent être appliquées en remplaçant ou en
complétant les tarifs douaniers et qui sont susceptibles de limiter ou de fausser indûment le
commerce transfrontalier100.
96
Lire à ce propose M. CIFENDE KACIKO, Op. Cit., p. 328 ;
97
La carte spéciale CEPGL, avait été reconnue comme document de voyage le 7 décembre 1980, à partir d’un
arrangement particulier entre les Etats de la CEPGL sur la libre circulation des hommes d’affaire au sein de la
CEPGL conclu à Bujumbura. Pour le cas de la RDC c’est la Direction générale de migration qui s’occupe de la
délivrance de CEPGL. Le passeport CEPGL est venu compléter la carte spéciale CEPGL avec la convention sur les
privilèges et immunité de la CEPGL du 1er décembre 1985.
98
Ibidem.
99
L. MKIMER MKIMER-BENGELOUNE, Op. Cit., p. 26.
Le rapport sur le commerce mondial souligne que les barrières non tarifaires englobent
toutes les mesures ayant une incidence sur le commerce autres que les droits de douane. Mais
comme la plupart des mesures réglementaires prises par les gouvernements peuvent, du moins
en principe, avoir une influence sur le commerce, le champ des BNT possible est vaste et ses
limites sont floues. OMC101.
L’OMC, quant à elle, distingue les barrières non tarifaires fondées sur un objectif légitime
(comme la protection de la santé des personnes), qui peuvent être introduites d'une manière
compatible avec les règles de l'OMC, de celles ayant des fins discriminatoires, qui sont mises
en place comme un moyen de protectionnisme déguisé102.
Pour couper court aux controverses ci-haut soulevées, cette étude retient que les barrières
non tarifaires sont « toute mesure ou réglementation commerciale autres que droits de douane
susceptibles de limiter le petit commerce transfrontalier, de modifier le prix et/ou la quantité
des biens et/ou services échangés et de réduire le revenu réel103.
Celles-ci pourront avoir des effets sur les prix, les quantités ou sur le bien-être social du
pays importateur tout comme du pays exportateur104. Elles peuvent constituer un obstacle
majeur aussi bien pour les exportateurs petits commerçants qui tentent d’accéder aux marchés
étrangers que pour les importateurs petits commerçants qui doivent se conformer à un large
éventail d’exigences du marché domestique105.
De plus, les barrières non tarifaires pouvant avoir différents objectifs, il est essentiel de
faire la distinction entre les BNT protectrices visant à éliminer l’asymétrie d’informations en
fournissant toutes les informations nécessaires à la protection de la santé et de la sécurité du
consommateur et les BNT protectionnistes visant la protection des marchés domestiques et
limitant la concurrence étrangère106.
100
Ibidem. T., BOURGOIGNIE, Eléments pour une théorie du Droit de la consommation, Paris, Story Scienta,
1988, p. 461.
101
CONFERENCE DE NATIONS UNIES SUR LE COMMERCE ET LE DEVELOPPEMENT (CENUCED), Manuel sur la
protection du consommateur, Nations unies, p. 172, disponible sur
https://unctad.org/fr/publicationsLibrary/dictccplp2017d1_fr.pdf (consulté le 12/12/2020)
102
Ibidem.
103
Ibidem.
104
L. MKIMER MKIMER-BENGELOUNE, Op. Cit., p. 26.
105
Ibidem.
106
Ibidem.
Pour ces raisons et pour d’autres, notamment en ce qui concerne le manque
d’informations ou la mauvaise qualité des données détaillées disponibles sur les diverses
barrières non tarifaires touchant les produits entrants des marchés étrangers, la simple
indentification des barrières non tarifaires est particulièrement difficile 107.
Au regard des données que nous avons eu à récolter sur terrain, certaines mesures mises
en place au sein de l’espace CEPGL peuvent constituer les barrières non tarifaires 108. Il sied
toutefois de préciser que cette étude ne fournit pas une liste exhaustive des toutes les barrières
non tarifaires dans l’espace CEPGL109. En effet, il n’est pas toujours facile d’identifier ou de
définir les barrières non tarifaires, ni d’être certain de leur objet 110. Notons cependant que
dans la plupart de temps, ce n’est pas la mesure en elle-même qui est une barrière au petit
commerçant mais c’est plutôt sa mise en œuvre qui peut l’être111.
De manière générale, au sein de l’espace CEPGL les BNT consistent à des mesures qui
abusent des procédures d’entrée et de sortie de la marchandise pour régir la qualité des
produits, la protection des consommateurs et la sécurité nationale telles que les mesures
sanitaires et phytosanitaires ou les normes techniques112. Il s’agit de :
- Certaines mesures qui mettent en place des règles et des limites relatives à
l’application des accords commerciaux telles que les règles d’origine ;
- Certaines mesures qui s’appliquent illégalement au mouvement de personnes
(passeports, visas...) ;
- Les mesures qui se traduisent par un manque de capacité à répondre aux exigences des
normes de qualité imposées par le pays importateur ;
- Les mesures qui se manifestent comme une insuffisance des services d’appui au petit
commerce transfrontalier : finances, assurance, transport...
- Les mesures de contrôle de la quantité : mesures destinées à limiter en quantité les
importations d’un produit donné, en provenance de toutes les sources ou de certaines
107
D. NDADAYE, Op. Cit., p. 63.
108
Entretien avec les responsables de la douane Ruzizi premier le 2 novembre 2023 et ceux de Ruzizi deuxième
le 3 novembre 2023.
109
R. NDAKOSHE, Les barrières dans l’intégration de la communauté économique des pays des grands lacs,
Mémoire de master, Faculté de Droit, Hope Africa University, 2018, p. 54.
110
Ibidem.
111
Ibidem.
112
Ibidem. p. 57.
sources seulement, par le recours à un régime de licences restrictif, la fixation de
contingents prédéterminés ou des interdictions d’importer113.
I. Au niveau du Rwanda
La catégorie des BNT relatives aux « mesures de contrôle de prix » englobe les
mesures mises en œuvre pour contrôler les prix des articles importés en vue de soutenir les
prix nationaux de certains produits lorsque le prix à l'importation de ces produits est faible, de
rétablir les prix nationaux de certains produits en raison de la fluctuation des prix sur les
marchés domestiques, ou l'instabilité des prix sur un marché étranger, et compenser les
dommages résultant de la survenance des pratiques «déloyales» du commerce extérieur. La loi
n°18/020 relative à la liberté de prix et à la libre concurrence est éloquente à ce sujet.
La catégorie des BNT relatives aux « restrictions de distribution » fait référence aux
mesures qui restreignent la distribution des marchandises à l’intérieur du pays importateur. Il
peut s’agir de restrictions géographiques ou de restrictions par rapport aux reventes. En RDC,
il est interdit de procéder à la revente des produits Amustel en provenance de Burundi. Nos
sources ont fait savoir à ce sujet qu’au niveau de la frontière de Ruzizi l’on admet uniquement
l’entrée d’une quantité à consommation personnelle.
113
Ibidem, p. 58.
114
Voir à ce propos B. KARABANDWA, La contribution des barrières non tarifaires sur la prise des mesures
sanitaires : réflexion critique des leurs incidences économiques, Thèse de Doctorat, Université du Burundi,
Faculté d’économie, p. 242.
115
Entretien en date du 1 novembre 2023 avec les petits commerçants transfrontaliers dans certains marchés
de la ville de Bukavu notamment le marché de Kadutu et Baba Cingazi, Marché feu vert Nguba, etc…
116
Ibidem.
En résumé, chacune des catégories des barrières non tarifaires présente une incidence
sur les échanges commerciaux. Bien qu’elles contribuent parfois à l’amélioration des
informations relatives aux produits ou services échangés, elles limitent les échanges dans la
plupart des cas en raison de multitudes procédures, démarches et règles à appliquer117.
Pour une promotion du PCT au sein de l’espace CEPGL, il est nécessaire d’envisager
un ensemble des mesures dont certaines sont déjà prise mais uniquement leur mise en
application pose problème (§1), d’autres devant être adopter ultérieurement et spécifiquement
par la RDC pour une promotion de son PCT (§2).
117
Entretien avec les responsables de la douane Ruzizi premier le 2 novembre 2023 et ceux de Ruzizi deuxième
le 3 novembre 2023.
118
Voir en annexe les propos émis par Clarrisse Biricako, petite commerçante transfrontalière de crèmes glaces
depuis 2004 entre la RDC et le Burundi.
119
Ibidem.
120
Ibidem.
Ainsi, à la faveur de l’interdépendance des économies de la région, les offres au sein des
marchés transfrontaliers concourent à résorber le déficit de la production nationale. Aussi, la
dotation en facteurs explique-t-elle cette interdépendance, laquelle s’est enracinée au fil de
temps et oriente les différents choix des filières de production121.
Ainsi dans ce cadre, le Rwanda et la RDC ont par exemple signé en 201O un accord pour :
Dans le cadre de la CEPGL, des réunions avec les Gouverneurs des provinces frontalières
se tenaient deux fois par ans et chaque fois que cela est nécessaire. Dans ces réunions, il était
121
NZEREKA MUGHENDI, « Relancer la CEPGL en pleine crise économique ? l’enjeux du partage des ressources
congolaises », disponible sur https://www.douania-risre.net/IMG/pdf/Douania2-pp-91-97.pdf
122
Ibidem.
123
Ibidem.
124
D. NDADAYE, Op. Cit., p. 94.
songé des politiques communes pour la promotion de la paix et du développement avec
comme pilier la promotion du PCT125. Au cours de ces réunions, les gouverneurs ont
recommandé l’harmonisation et la modernisation des processus de formalités douanières et
des règles de parafiscalité transfrontalières. (La première réunion s’est tenue à Bukavu du 6
au 7 mai 2009)126.
Mais avec la tension qui se vit entre la RDC et le Rwanda au cours de ces dernières
années sur la rébellion du M23, certaines sources nous ont affirmé que ces réunions ne se
tiennent plus régulièrement. Il est donc nécessaire de reprendre les activités dans le cadre de
ces réunions.
IV. La ratification du protocole sur la libre circulation des personnes, des biens,
des services et des capitaux de la CEPGL
A long terme, suite à la révision et à l’adoption du Protocole sur la libre circulation des
personnes, des biens, des services et des capitaux de la CEPGL, l’établissement d’une zone de
la libre échange est prévu. Cette zone vise une réduction progressive des taxes et d’autres
125
Protocole portant institutionnalisation de la Réunion des Gouverneurs des provinces frontalières des pays
membres de la CEPGL, 7 mai 2009.
126
Ibidem.
127
J. MALIPO KIGWATI, Op. Cit., p. 33, Inédit.
128
Ibidem.
129
Amendement à l’accord commercial et de coopération douanière entre la République du Burundi, la
République du Rwanda et la République du Zaïre.
130
Ibidem.
obstacles tarifaires et non tarifaires à partir de 2012 et l’établissement d’une zone douanière à
partir des 2015. Néanmoins, ce protocole n’a pas encore été ratifié.
L’intérêt marqué pour la RDC, à l’origine, à la coopération avec ces deux pays
pourrait actuellement être évalué à la lumière des enjeux de la crise qui l’a secoué, dès la fin
du règne du Président Mobutu, laquelle crise qui s’est cristallisée dans sa partie orientale
directement frontalière avec ses deux derniers voisins. Aussi, examiner la question de la
coopération économique entre la RDC et ses deux voisins membres de la CEPGL s’analyse
dans la perspective de sortie de cette crise, tant il est vrai, qu’une véritable coopération,
fondée sur une idée d’intégration économique des populations des trois pays recréerait un
climat de confiance rompue par deux décennies de conflit 131. Sans cela, le difficile processus
actuel de reconstruction d’une paix fondée sur une multitude des résolutions et d’accords 132.
La libre circulation des personnes au sein de la CEPGL est une des missions principales 134
de cette organisation et vise la suppression des visas et d’autres documents apparents au visa,
lors d’entrée dans un Etat. La Convention sur la libre circulation des personnes, des biens, des
services, des capitaux et sur le droit d’établissement dans les pays dans les pays membres de
la communauté économique des pays des grands lacs du 1 décembre 1985, dispose que
« chaque Etat membre s’engage à assurer sur son territoire aux ressortissants des autres Etats
membres de la CEPGL, le droit d’entrée, de séjour, de résidence, de s’établir et de revenir
ainsi que d’exercer toutes les activités économique et d’avoir accès à l’emploi et
l’enseignement supérieur dans les conditions prévues par ladite convention135.
131
Pour NGOMA KHUABI, il est vraie qu’une coopération entre la RDC, le Burundi et le Rwanda, axée sur
l’exploitation en commun des ressources naturelles transfrontalières, quelle que soit le format envisagé,
bilatéral ou multilatéral, à travers notamment la CEPGL ou la CIRCGL peut contribuer à ramener la paix dans
cette région, il est tout aussi vrai qu’une telle entreprise ne peut valablement se construire et se pérenniser
que si les Etats membres maintiennent une stabilité politique sur le plan interne. Lire NGOMA KHUABI, « La
coopération économique entre la République démocratique du Congo, le Rwanda et le Burundi : état des lieux
et perspectives », p. 24 disponible sur https//www.nomos-elibra’y.de/10.5771/2363-6262-2015-1-166/ la-
coopération-économique-entre-la- république-démocratique-du-congo- le-rwanda-et-le-burundi- état-des-
lieux-et-perspectives-jahrgang-3-2016-heft
132
Ibidem.
133
Il s’agit ici de la Convention sur la libre circulation des personnes, des biens, des services, des capitaux et sur
le droit d’établissement dans les pays dans les pays membres de la communauté économique des pays des
grands lacs du 1 décembre 1985.
134
M. CIFENDE KACIKO, Op. Cit., p. 336.
135
Convention sur la libre circulation des personnes, des biens, des services, des capitaux et sur le droit
d’établissement dans les pays dans les pays membres de la communauté économique des pays des grands lacs
Mais la convention n’est jamais entrée en vigueur faute d’avoir réuni les ratifications
requises, la RDC et le Burundi s’y étant opposés. Il semble que des raisons politiques et
économiques expliquaient les réticences 136 des deux pays quant à la ratification de ce précieux
instrument de coopération. Dans une perspective de sortie de crise, un autre projet de
convention fut proposé aux Etats en 2010. Ce dernier expurge le terme « droit
d’établissement » contenu dans la première non ratifiée. La différence est à rechercher dans
l’esprit des initiateurs de ces projets. En effet, pour la convention de 1985, la liberté de
circulation et le droit d’établissement impliquait pour les ressortissants de chaque Etat
membre, le droit d’entrée, de séjour, de résidence, de s’établir et de revenir.
Chaque Etat membre de la CEPGL devrait songer à harmoniser son droit interne pour
faciliter l’exercice du PCT. Il sied de rappeler que certains efforts sont déjà entrepris au
niveau interne des certains Etats à l’instar de la République du Rwanda et de la République du
Burundi.
Au niveau du Rwanda, on peut noter l’effort conjugué par la suppression des droits des
douanes à l’export et import aux petits commerçants relevant de l’espace CEPGL. En outre, la
suppression de visa au niveau de ce pays pour tout pays membre de l’Union Africaine en
générale et particulièrement des pays de la CEPGL est aussi un effort à faciliter l’exercice du
PCT.
du 1 décembre 1985.
136
Ibidem.
137
B. BYAMUNGU BEN, Op. Cit., p. 47.
Pour assurer une promotion des petits commerçants congolais au niveau de la CEPGL,
le gouvernement congolais devra songer à renforcer le petit commerce congolais et une
réforme fiscale (A), la subvention aux petits commerçants congolais (B) et la création d’un
marché national intégré (C).
Le petit commerçant congolais est le moins favorisé dans l’espace CEPGL eu égard à
la politique nationale de la RDC 138. On peut épingler, il est le plus mouvant dans la région de
la CEPGL139. En effet, l’Etat congolais n’arrive pas à assurer une protection efficace de ses
petits commerçants qui paraissent constituer le pilier de son économie. A ce point, il y a lieu
de croire que l’adhésion de la RDC à la CEPGL fait n’est pas bonne pour son économie.
S’agissant des difficultés rencontrées sur terrain par les petits commerçants, le résultat
de recherche est que nos enquêtés ont affirmés qu’ils rencontrent des problèmes notamment
l’exigence de la patente, l’accès difficile à l’autorisation spécial des voyages CEPGL,
l’indisponibilité de la marchandise au niveau local de la RDC en outre en plus de la patente
les mamans ont relevé les tracasseries policières au niveau de marché de Nyavera, Baba
Cingazi et Essence pour l’étalement de leurs produits. Ils relèvent le fait qu’ils ne disposent
pas d’un marché pour l’étalement de leurs produits. L’autre aspect est l’instabilité de la devise
nationale congolaise face à la monnaie étrangère140.
Pour renverser la tendance, l’ont devrait songer à investir dans le secteur agricole au
niveau local et industriel. Ceci pourrait présenter deux types d’avantages. Premièrement, les
petits commerçants congolais n’auraient pas à voyager à l’étranger pour acheter le stock-
marchandise et attirer les autres petits commerçants des deux pays voisins et membres de la
CEPGL à venir acheter au niveau de la RDC. La patente devrait être supprimée pour deux
raisons en tant que barrière tarifaire141.
138
M. NFIZI, Op. Cit., p. 40.
139
Ibidem.
140
Résultat de notre enquête sur les petits commerçants de la ville de Bukavu.
141
Lire P. LWANGO MIRINDI et Ch. CHANDA BWIRIRE, Op. Cit., p. 7. En effet, dans l’angle de leur étude, ces
auteurs estiment queque l’adhésion de la RDC à l’OHADA a pour effet de rendre obsolète la législation relative
à l’exercice du petit commerce. Il poursuit en démontrant que la solution pour y mettre fin passerait par
exemple par la saisine du juge constitutionnel pour obtenir que ce denier déclare inconstitutionnelles
l’ordonnance-loi n°13/009 du 23 février 2013 modifiant et complétant certaines dispositions de l’ordonnance-
loi n°90-046 du 8 août 1990 portant réglementation du Petit commerce, ainsi que les textes pris au niveau
provincial exigeant le paiement de la patente ; en invoquant que les deux textes précités ne sont pas
conformes à la Constitution de la RDC dont l’article 215 donne primauté au nouvel AUDCG et au statut de
l’entreprenant qui en découle sur l’ordonnance-loi n°90-046 et le statut du petit commerçant qui en dépendait
En outre, l’absence d’un point d’informations commerciales devant permettre la mise
à disposition au profit des commerçants et petits commerçants des données indispensable pour
l’accès aux marchés constitue un handicap à l’accès des produits locaux dans les marchés
transfrontaliers142. Ce manque d’informations explique également le refus d’entrée des
marchandises pour non-respect des règlementations sanitaires et phytosanitaires ou des
règlements techniques (exemple : emballage, étiquetage) prescrits au niveau du Rwanda. Ce
point d’informations devrait renseigner les opérateurs économiques (commerçants et petits
commerçants) sur les différentes opportunités du marché, les prix du marché et les différentes
contraintes afin de pouvoir les contourner143.
La RDC devrait songer à apporter des subventions aux petits commerçants congolais.
A ce titre, les dons peuvent être octroyés à des coopératives des petits commerçants congolais.
Les petits commerçants congolais demandent au gouvernement de leur apporter le soutien
financier pour augmenter leur capital. Les petits commerçants veulent migrer du petit
commerce vers le commerce144.
Ce chapitre a passé en revue les barrières tarifaires et non tarifaires rencontrées dans
l’espace CEPGL par les petits commerçants transfrontaliers. Celles-ci consistent à des
barrières à l’entrée et à l’accès sur un marché. Elles peuvent se définir, dans le cadre de la
présente étude, comme tout ce qui empêche un petit commerçant transfrontalier d’accéder à
un marché ou ce qui la rend moins concurrentielle sur le marché en question. Le résultat de
l’enquête ont démontré que les barrières tarifaires se trouvent au niveau du Rwanda et du
Burundi.
Les barrières non tarifaires sont généralement définies comme étant des mesures
restrictives qui peuvent être appliquées en remplaçant ou en complétant les tarifs douaniers et
qui sont susceptibles de limiter ou de fausser indûment le commerce transfrontalier. La
patente se perçoit comme une barrière non tarifaire aux petits commerçants étrangers des
autres pays membres dont le Rwanda et le Burundi. Au niveau du Rwanda, les règles relatives
à l’emballage et des mesures sanitaires et phytosanitaires.
Les voies de sortie pour la promotion du PCT au niveau de la CEPGL que cette recherche
propose dans ce chapitre consistent à l’adoption d’une politique commune spécifiquement
axée sur les conventions pouvant favoriser la libre circulation des personnes, des biens et
services au sein de la CEPGL.
CONCLUSION GENERALE
A la fin de cette dissertation juridique, il importe de résumer les faits saillants auxquels
son analyse a conduit. Il est vrai que cette tâche n’est pas aisée mais l’effort fourni pousse à
croire que l’exposé qui suit offre une vue suffisamment objective de l’ensemble de cette
dissertation.
En initiant cette réflexion, la présente étude avait pour objectif de dégager, dans le
cadre du droit commercial, la problématique de l’exercice du petit commerce transfrontalier
dans la région de la communauté économique des pays des grands lacs et présenter les voies
de sortie pour la promotion du PCT dans ladite région et particulièrement en RDC.
Pour y parvenir, la problématique de cette recherche s’est assise sur les questions
suivantes : Quel est le régime juridique du petit commerce transfrontalier au sein de la
CEPGL ? Quels sont les moyens de droit et des mesures de sauvegarde à prendre dans la
CEPGL pour la promotion du petit commerce transfrontalier au sein de la CEPGL ?
Par rapport à la première question, nous pensons que le régime juridique du petit
commerce transfrontalier serait premièrement les instruments de coopération et d’intégration
régionale portant sur les domaines tels que les échanges commerciaux, les finances
(arrangement monétaire CEPGL) et la libre circulation des personnes, marquées par la mise
en place d’une carte spéciale de circulation CEPGL et d’un passeport CEPGL. Ceci dans le
but de favoriser l’exercice du PCT dans le cadre économique. Deuxièmement, il serait soumis
à des textes régissant le petit commerce au sein de chaque pays membre de la CEPGL à savoir
la RDC, le Rwanda et le Burundi. Au niveau de la RDC le régime juridique du petit
commerce est régi par l'Ordonnance-loi n° 90-046 du 8 août 1990 portant réglementation du
petit commerce, alors qu’au niveau du Rwanda c’est le code relatif aux sociétés commerciales
du 27/04/2009 qui fixe le lieu de vente et les conditions de vente dans le cadre du petit
commerce. Au regard de ce code, le commerce ambulant est qualifié d’illégal et donc qui est
interdit. Pour ce qui est du Burundi, le petit commerce est régi par la loi n°01 du 16 janvier
2015 portant révision de la loi n°1/07 du 26 Avril 2010 portant Code de commerce qui
qualifie le petit commerçant d’un ambulant qui se déplace constamment d’un endroit à un
autre du territoire national, pour une durée variable, afin d’y exercer un commerce dont le
chiffre d’affaires ne dépasse pas un montant déterminé par ordonnance conjointe des
Ministres ayants les finances et le commerce dans leurs attributions.
D’autres normes relatives au petit commerce conçues dans le droit interne de chaque
Etat membre de la CEPGL influence l’exercice du PCT d’autant qu’il serait difficile pour les
petits commerçants de se déployer au niveau régional sans avoir une reconnaissance légitime
de leur profession au niveau national. La RDC, le Rwanda et le Burundi définissent, chacun à
ce qui le concerne les normes devant régir le petit commerce sur son territoire.
Alors que le second chapitre qui a porté sur les mécanismes de promotion du petit
commerce transfrontalier dans la CEPGL, le résultat reste sans équivoque dans la mesure où
les barrières tarifaires constituent une entrave au bon déroulement du petit commerce
transfrontalier. La pratique est telle qu’en RDC, la patente et les taxes liées à l’exportation et
importation sont appliquées aux petits commerçants transfrontaliers. Au niveau du Burundi, il
fut observée est qu’à la sortie de la frontières Ruha les contrôles sont effectués par les services
des douanes burundais et souvent une quittance est remise au transport qui doit couvrir les
charges liées à l’exportation de ses passages. Le Rwanda est en avance d’autant que les taxes
liées à l’importation et l’exportation des biens et services ne sont plus opérationnelles aux
petits commerçants transfrontaliers. Le défi majeur réside dans le fait que la taxe sur la
circulation des personnes au sein de la CEPGL.
Quant aux barrières non tarifaires, la patente se perçoit comme une barrière non
tarifaire aux petits commerçants étrangers des autres pays membres dont le Rwanda et le
Burundi. Au niveau du Rwanda, les règles relatives à l’emballage et des mesures sanitaires et
phytosanitaires.
Aux termes de cette analyse et nonobstant son ampleur, restons convaincu qu’elle n’a
pas été exhaustive. Nous ne pouvons pas avoir la prétention d’avoir tout dit ou que la présente
analyse donne l’impression de la perfection scientifique. D’autres aspects auraient pu être
abordés. Il s’est agi ici d’une simple contribution qui n’est ni dogmatique, ni rhétorique. Une
contribution est toujours soumise à débat et elle est tributaire du conditionnement et du point
de vue de son auteur. Nous restons ainsi convaincus que la présente recherche n’est qu’à
l’antichambre du vaste labyrinthe de la protection des consommateurs dans la loi n°18/020
qu’il sied d’approfondir ultérieurement dans un autre cadre.
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
I. Textes conventionnels
Accord commercial entre la RDC, le Rwanda et le Burundi signé à Kigali, le 21 juin
1975.
Arrangement particulier entre les Etats de la CEPGL sur la libre circulation des
hommes d’affaire au sein de la CEPGL conclu à Bujumbura.
Convention portant création de la CEPGL conclue à Gisenyi le 20 septembre 1976, n°
16748, in Nations Unies-Recueil des Traités, 1978.
Convention sur la libre circulation des personnes, des biens, des services et des
capitaux et sur le droit d’établissement dans les pays membres de la communauté
économique des pays des grands lacs du 1er décembre 1985.
Convention sur les privilèges et immunité de la CEPGL du 1er décembre 1985.
Protocole portant institutionnalisation de la Réunion des Gouverneurs des provinces
frontalières des pays membres de la CEPGL, 7 mai 2009.