Traité de Droit de L'environnement

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African
Law
Law
African
Traité de droit de l’environnement Traité de droit de

Traité de droit de l’environnement


Perspectives congolaises
l’environnement
Résultat d’un parcours scientifique et académique, cet ouvrage propose un voyage
autour des concepts les plus fondamentaux d’une des tendances en puissance dans
Perspectives congolaises
le monde légal : le droit de l’environnement. Motivé par l’impact du changement
climatique en République Démocratique du Congo, l’auteur offre une vision en
profondeur de la notion d’environnement, des sources du droit environnemental,
des principes internationaux dudit droit et les structures de l’administration
congolaise qui travaillent sur le sujet, parmi d’autres sujets.

Après ses études de Master, le Dr. Kennedy Kihangi Bindu a suivi un programme
de Doctorat en Droit à UniSa (University of South Africa), mené des recherches
doctorales à l’Université de Genève (Suisse) et travaillé comme enseignant de Droit

Kennedy Kihangi Bindu


de l’environnement dans plusieurs centres académiques (Université Libre des Pays
des Grands Lacs, Goma, RDCongo).
Kennedy Kihangi Bindu

Globethics.net
Traité de droit de l’environnement
Perspectives congolaises
Traité de droit de l’environnement
Perspectives congolaises

Kennedy Kihangi Bindu

Globethics.net African Law No. 12


Globethics.net African Law
Director: Prof. Dr. Obiora Ike, Executive Director of Globethics.net in Geneva
and Professor of Ethics at the Godfrey Okoye University Enugu/Nigeria.
Series Editor: Dr Ignace Haaz, Managing Editor.

Globethics.net African Law Series 12


Kennedy Kihangi Bindu, Traité de droit de l’environnement
Perspectives congolaises
Geneva: Globethics.net, 2022
ISBN 978-2-88931-462-1 (online version)
ISBN 978-2-88931-463-8 (print version)
© 2022 Globethics.net

Managing Editor: Ignace Haaz


Assistant Editor: Jakob W. Bühlmann

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Email: publications@globethics.net

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Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License (CC BY-
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TABLE DES MATIÈRES

Sigles et abréviations .......................................................... 9


Avant-propos..................................................................... 15
Préfaces.... ........................................................................ ..19
Introduction ...................................................................... 27

1 Aperçu général sur le droit de l’environnement ......... 35


1.1 La conceptualisation : environnement et développement
durable .............................................................................................. 35
1.2 Les courants d’ordre philosophique et moral
de l’environnement ............................................................................ 55
1.3 Droit de l’environnement, une nouvelle branche autonome
du droit .............................................................................................. 64
1.4 Environnement et droits humains................................................ 93
2 Sources du droit international de l’environnement
et le droit de l’homme à un environnement sain ........ 99
2.1 Les sources du droit international de l’environnement ............. 100
2.2 Le droit de l’homme à l’environnement ..................................... 109
3 Les principes fondamentaux du droit international
de l’environnement ...................................................... 147
3.1 Principe du développement durable .......................................... 149
3.2 Le principe d’information et de participation du public
au processus de prise de décisions environnementales ................... 152
3.3 Principe d’action préventive et de correction ............................ 163
3.4 Principe de précaution ............................................................... 169
3.5 Principe de pollueur-payeur ....................................................... 177
3.6 Le principe de l’intégration et de la coopération entre États
en matière d’environnement ........................................................... 180
4 Ministère de l’environnement et développement
durable .......................................................................... 185
4.1 Attributions du Ministère de l’environnement
et développement durable .............................................................. 187
4.2 Administration du Ministère de l’environnement
et développement durable .............................................................. 189
4.3 Cadre structurel et organique du secrétariat général
au ministère de l’environnement et développement durable ......... 190
4.4 Cadre organique de la coordination provinciale
de l’environnement et développement durable .............................. 197
4.5 Les établissements publics ......................................................... 199
5 Cadre juridique de gestion des ressources
naturelles ...................................................................... 217
5.1 Souveraineté permanente d’un État sur ses ressources
naturelles ......................................................................................... 220
5.2 Le régime juridique de gestion du secteur forestier .................. 229
5.3 Régime juridique de la conservation de la nature ..................... 248
5.4. Régime juridique de la chasse et de la pêche ........................... 272
5.5 Régime juridique de gestion du secteur de l’eau ....................... 288
5.6 Régime juridique de gestion du secteur des hydrocarbures ...... 318
5.7 Régime juridique de gestion du secteur de l’électricité ............. 342
5.8 Régime juridique de gestion du secteur minier ......................... 355
5.9 Autres activités soumises aux régimes particuliers
des autorisations administratives préalables .................................. 388
6 Les mécanismes juridictionnels de protection
de l’environnement ...................................................... 395
6.1 La répression des atteintes environnementales
devant les cours et tribunaux .......................................................... 411
6.2 Responsabilité civile environnementale et responsabilité
environnementale............................................................................ 424
6.3 Responsabilité pénale en matière d’environnement ................. 442
6.4. Responsabilité administrative en matière d’environnement .... 447
6.5 Les juridictions congolaises dans la répression des atteintes
à l’environnement............................................................................ 450
Conclusion ....................................................................... 457
Bibliographie ................................................................... 463
SIGLES ET ABRÉVIATIONS

ACE Agence congolaise pour l’environnement

ACE Agence congolaise de l’environnement

ALT Autorité du Lac Tanganyika

CA Cour d’appel

CADHP Charte africaine des droits de l’homme et des


peuples

CADHP Cour africaine des droits de l’homme et des


peuples

CCL III Code civil livre III

CCNUCC Convention cadre des Nations unies sur les


changements climatiques

CDB Convention des Nations unies sur la diversité


biologique

CE Conseil d’état

CE Cour de l’environnement

CE- Communauté économique des états de l’Afrique


DEAO de l’ouest

CEEC Centre d’évaluation, d’expertise et de certifica-


tion ;

CEF Cour environnementale et foncière


10 Traité de droit de l’environnement

CF Code forestier

CIJ Cour internationale de justice

CITES Convention sur le commerce international des


espèces de faune et de flore sauvages menacées
d’extinction

CLD Convention des Nations unies sur la contre la dé-


sertification

CNUED Conférence des Nations unies sur


l’environnement et le développement

COP Conference of Parties

CPA Cour permanente d’arbitrage

CPI Cour pénale internationale

CRDD Centre ressource du développement durable

CRED- Centre de recherche sur la démocratie et le déve-


DA loppement en afrique

CSP- Comité de soutien et de plaidoyer pour la Région


REGLA des grands lacs

CTE Cours et tribunaux de l’environnement

DESC Droits économiques, sociaux et culturels

DGDA Direction générale des douanes et accises

DIH Droit international humanitaire

EIC État indépendant du Congo

EIES Étude d’impact environnemental et social

ENMOD Environmental Modification Techniques


Sigles et abréviations 11

Conventions

FFN Fonds forestier national

FIPE Fonds d’intervention pour l’environnement

GES Gaz à effet de serre

GIEC Groupe intergouvernemental d’experts sur


l’évolution du climat

HHI Harvard Humanitarian Initiative

ICC International criminal court

ICCN Institut national pour la conservation de la nature

IJBZC Institut des jardins botaniques et zoologiques du


Congo

IPNB Institut des parcs nationaux du Congo belge

IPNC Institut des parcs nationaux du Congo

IUCN International Union for Conservation of Nature

IZCN Institut Zaïrois pour la conservation de la nature

MARC Modes alternatifs de résolution des conflits

MDGs Millenium Development Goals

MDP Mécanisme de développement propre

MEDD Ministère de l’environnement et développement


durable

OCDE Organisation de coopération et de développe-


ment économique

ODD Objectifs de développement durable

OMC Organisation mondiale du commerce


12 Traité de droit de l’environnement

ONG Organisation non gouvernementale

Op. Cit. Opere citato

OUA Organisation de l’unité Africaine

PAPA- Programme aires protégées d’Afrique du centre


CO et de l’ouest

PAR Plan d’atténuation et de réhabilitation

PGES Plan de gestion environnementale et sociale

PNUD Programme des Nations unies pour le dévelop-


pement

PNUE Programme des Nations unies pour


l’environnement

PUL Presses universitaires de Lubumbashi

RADE Revue Africaine de droit de l’environnement

RDC République démocratique du Congo

REDD Réduction des émissions issues de la déforesta-


tion et de la dégradation des forêts

RSE Responsabilité sociétale des entreprises

SADC Southern African Development Community

SERAC Social and Economic Rights Action Centre

SERAP Socio-Economic Rights and Accountability Pro-


ject

SOCO Sydney Oil Company

SODI- Société de développement industriel et minier du


MICO Congo
Sigles et abréviations 13

TDR Termes de référence

TE Tribunal environnemental

TGI Tribunal de grande instance

Tripaix Tribunal de paix

UA Union Africaine

UCL Université catholique de Louvain

ULPGL Université libre des Pays des grands lacs

UNES- Organisation des Nations unies pour l’éducation,


CO la science et la culture

UNISA University of South Africa

UWA Uganda Wildlife Authority

Vol. Volume
ZEE Zone économique exclusive
AVANT-PROPOS

Le droit de l'environnement apparaît à ce jour comme un comparti-


ment de la science juridique qui s'est grandement enrichi et développé
depuis le milieu du XXe siècle, plus particulièrement depuis la Déclara-
tion de Stockholm de 1972. Cette ascension fulgurante trouve en partie
une explication dans le fait que cette branche émergeante du droit s’est
progressivement révélée comme un véritable carrefour de complexité,
faisant interagir toutes les sphères du droit (droit public - droit privé,
droit international - droit national). L’une des plus belles illustrations de
ce phénomène transparaît nettement dans la discussion sur le régime
juridique de la réparation du préjudice écologique qui s’illustre par une
lecture croisée entre les responsabilités civile, pénale et administrative.
Les six chapitres qui composent cet ouvrage (1ère édition) ne sont donc
en réalité qu’une tentative de restitution de cette mosaïque des principes
ayant émergé de différentes sources du droit (Traités internationaux,
coutume, principes généraux, jurisprudence, doctrine, Constitution, lois,
etc.) pour finalement en constituer ses fondements.

Le chapitre premier offre un aperçu général sur la conceptualisation


et la théorisation de la notion d’environnement, spécialement dans ses
rapports avec la notion bien plus générale de développement durable. La
discussion qui prend corps interroge plusieurs sources, notamment les
conventions internationales (la Déclaration de Stockholm de 1972 sur
l’environnement, la Charte mondiale de la nature de 1982, la Déclara-
tion de Rio de 1992 sur l’environnement et le développement, la Con-
vention-cadre des Nations-unies sur les changements climatiques de
1992, la Convention des Nations-unies sur la diversité biologique de
1992, la Convention des Nations-unies sur la lutte contre la désertifica-
tion de 1994, le Protocole additionnel I aux conventions de Genève de
16 Traité de droit de l’environnement

1949, etc.), la jurisprudence internationale de la Cour internationale de


justice, la doctrine et la loi nationale (La Loi congolaise n° 11/009 du 9
juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l’environnement). Les efforts de théorisation eux sont particulièrement
repris dans la discussion sur les fondements d’ordre moral et philoso-
phique de la notion d’environnement. Une autre discussion intéressante
dans ce chapitre, est celle qui tourne autour de la controverse sur la
nouveauté du droit de l’environnement entant que branche du droit.
Après avoir passé en revue les différentes approches entreprises par
plusieurs auteurs, ce chapitre finit par adopter une approche trilogique
qui combine à la fois règles, techniques et institutions. Cette approche
large est autant révélatrice de la complexité du droit de l’environnement.
Le chapitre clôture avec une discussion sur les rapports entre environ-
nement et les droits humains. Il finit par conclure qu’il n’est plus besoin,
à ce jour, de chercher à démonter la relation manifestement établie par
différents instruments juridiques entre l’environnement et les droits de
l’homme. Toute l’attention doit désormais être orientée vers les méca-
nismes établis de respect des instruments juridiques y afférents.

Le Chapitre deux propose un aperçu général sur les sources du droit


de l’environnement. La discussion révèle aussi une juxtaposition entre
les sources internationales, régionales et nationales. Une attention parti-
culière est accordée aux obligations des États découlant des instruments
juridiques tant à l’échelle internationale que régionale notamment la
Charte africaine des droits de l’homme et des peuples de 1981. Ce cha-
pitre offre un panorama intéressant sur la reconnaissance du droit de
l’homme à l’environnement à l’échelle universelle, régionale et natio-
nale. L’une des plus grandes recommandations faites aux États Africains
en ce qui concerne les droits largement reconnus dans les systèmes juri-
diques internes de la plupart des pays africains est que les jurisprudences
développées par la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples
ainsi que par la Cour de justice de la CEDEAO pourraient servir de
Avant-propos 17

point de référence et d’inspiration puissant pour les juridictions internes,


les gouvernements et les sociétés civiles des différents pays, au niveau
de l’interprétation de ces droits.

Le chapitre trois offre un exposé sur les principes qui se sont déve-
loppés en droit (international) de l’environnement. Il est abordé les prin-
cipes suivants : Principe d’action préventive et de correction, Principe de
précaution, Principe de pollueur-payeur, Principe de participation et de
l’information, Principe de l’interdépendance entre l’environnement et le
développement, Principe de justice environnementale et de l’équité entre
générations et entre espèces et Principe de responsabilités communes
mais différenciées. Les principes fondamentaux du droit (international)
de l’environnement résultent de l’innovation, d’une adaptation juridique
mais aussi du caractère tout à fait jeune de cette branche de droit. Ils
expriment une idée fondamentale d’un certain consensus dégagé à
l’échelle internationale visant à guider les comportements des différents
acteurs.

Le chapitre quatre présente un exposé sur les structures de


l’administration publique congolaise qui interviennent dans la gestion du
secteur de l’environnement. À part les attributions du ministère sectoriel
et du cadre organisationnel au niveau de provinces, le chapitre présente
les établissements publics qui interviennent dans l’organisation du sec-
teur. Il s’agit notamment de l’Institut Congolais pour la conservation de
la nature (ICCN), du Fonds forestier national (FFN) et de l’Agence
congolaise de l’environnement (ACE).

Le chapitre cinq dépeint le cadre juridique de la gestion des res-


sources naturelles. L’un des grands thèmes discutés dans ce chapitre est
de savoir comment concilier le principe de la souveraineté permanente
des États sur leurs ressources naturelles en cause, considérées comme
richesses naturelles nationales, avec l’exigence de la gestion écologique
rationnelle de ces ressources dans l’intérêt des générations présentes et
18 Traité de droit de l’environnement

futures. Il est rappelé que la notion de patrimoine national d’intérêt éco-


logique commun ou mondial peut satisfaire aux deux exigences préci-
tées a priori contradictoires, mais tout aussi de valeur constructive l’une
de l’autre. Le chapitre suggère que l’exercice de la souveraineté perma-
nente de l’État congolais sur ses ressources naturelles tient compte du
fait que l’environnement fait partie du patrimoine commun de la nation.
Sa gestion et sa protection sont d’intérêt général et soumises au respect
du principe de développement durable. Le chapitre discute en outre les
régimes juridiques des forêts, mines, eaux, pêche, chasse, hydrocar-
bures, électricité ainsi que celui que prévoit la loi sur la conservation de
la nature.

Le chapitre six clôture par une discussion sur les mécanismes juri-
dictionnels de protection de l’environnement. Après avoir présenté la
répression des atteintes à l’environnement, le chapitre discute en pro-
fondeur les aspects civil, pénal et administratif de la responsabilité envi-
ronnementale. Le plus intéressant dans ce chapitre, c’est la discussion
sur la corrélation entre ces différentes notions classiques de responsabili-
té et le caractère spécifique de la responsabilité environnementale. Cette
dernière apparaît à la fois comme concise dès lors que l’on considère
que son objet se focalise exclusivement sur les atteintes à
l’environnement, mais aussi comme un ensemble assez large qui inclut
les dommages résultant d’atteintes à l’environnement.

Pour avoir eu le privilège de parcourir les différents chapitres de


cette première édition, je peux affirmer sans ambages que l’ensemble
des questions traitées dans cet ouvrage offrent un précieux sésame aux
juristes, particulièrement ceux qui s’intéressent à l’environnement.

Dr Christian-Junior KABANGE NKONGOLO


Professeur à la Faculté de Droit de l’Université de Kinshasa
PRÉFACES

Première Préface par Benjamin TOIRAMBE BAMONINGA. Secrétaire


général à l’Environnement et développement durable

Depuis quelques décennies, la République démocratique du Congo


(RDC) est au centre des intelligences interpellées par les effets néfastes
du changement climatique, les menaces exacerbées contre la biodiversité
et la dégradation des paysages forestiers à l’échelle planétaire. D’aucuns
ne peuvent plus agir en ignorant cette réalité car, sans nul doute, avec
toutes ses forêts et sa biodiversité très riche, la RDC tient « l’horloge »
de l’avenir de l’humanité. Il n’est plus possible de s’autoriser une poli-
tique d’investissement non orientée vers la triangulation des données
scientifiques fiables et vérifiables d’ordre tant économique, social
qu’environnemental.
Dès les premières initiatives marquant la nécessité de protection de
l’environnement à l’échelle internationale, la RDC porte un intérêt à
œuvrer et à agir avec circonspection et discernement pour la survie de
l’homme. Sa participation active à la première Conférence des Nations
Unies sur l’environnement, qualifiée de premier sommet de la terre,
tenue du 5 au 16 juin 1972, à Stockholm autour du slogan « une seule
terre », a été une opportunité à poser le fondement de toutes les actions
futures. La démarche sera renforcée lors du « sommet planète », organi-
sé à Rio de Janeiro (Brésil), du 3 au 14 juin 1992 (Conférence des Na-
tions unies sur l’environnement et le développement) avant de présenter
sa vitrine d’un « pays solution1 » aux défis liés aux changements clima-
tiques au cours des assises de la COP 26 à Glasgow.

1
Allocution du Président de la RDC à la COP-26 à Glasgow/Grande Bretagne, 2
novembre 2021, https://medd.gouv.cd/allocution-de-son-excellence-monsieur-
20 Traité de droit de l’environnement

À plusieurs niveaux de discussions sur les défis environnementaux,


la RDC a toujours été sollicitée. La création du Ministère de
l’environnement et développement durable n’a été qu’une des réponses
idoines en vue d’asseoir un cadre de vie satisfaisant pour le bien-être des
générations présentes et futures. Il agit en toute exclusivité dans certains
secteurs où cela est consacrée et intervient conjointement avec d’autres
Ministères (des Mines, des Hydrocarbures et de l’Agriculture) selon que
le cadre légal et réglementaire l’exige. L’Administration du Ministère de
l’environnement et développement durable, composée des techniciens et
experts intervenant dans différentes directions, demeure la colonne ver-
tébrale de la mise œuvre de toute politique en la matière. Sa contribution
au développement socioéconomique du pays en veillant sur la protection
de l’environnement et la promotion des bonnes pratiques dans la gestion
qui se veut durable des ressources naturelles renouvelables du domaine
de l’eau, de la forêt et de la faune est tant attendue.
Un appel vibrant des acteurs intéressés à la protection de
l’environnement et à la conservation de la nature a été l’élaboration d’un
cadre juridique adapté, car, il ne peut y avoir protection ou conservation
sans règles de droit. D’aucuns notent avec satisfaction le caractère quasi
garni du cadre constitutionnel et règlementaire du pays dans les diffé-
rents secteurs de l’environnement affichant une réelle volonté du législa-
teur et son engagement à porter haut les préoccupations environnemen-
tales. Il est, néanmoins, dommage de noter que la connaissance et la
mise œuvre de l’arsenal juridique environnemental congolais n’échappe
pas au syndrome qui gangrène l’ensemble du cadre légal et réglemen-
taire du pays. Ce cauchemar est au quotidien d’une « culture » à bannir.
La Constitution du 18 février 2006 de la RDC telle que modifiée par
la Loi no 11/002 du 20 janvier 2011 a posé le jalon de la prise de cons-
cience en matière de protection de l’environnement et de la conservation

felix-antoine-tshisekedi-tshilombo-president-de-larepublique-democratique-du-
congo-a-la-cop26-climat/
Préfaces 21

de la nature. Ainsi, sur un total de 229 articles, plus de 14 dispositions


constitutionnelles portent respectivement sur les droits et devoirs visant
à protéger l’environnement et les ressources naturelles de l’État. Le
constituant intègre la pénalisation de tout acte, tout accord, toute con-
vention, tout arrangement ou tout autre fait, qui a pour conséquence de
priver la nation, les personnes physiques ou morales de tout ou partie de
leurs moyens d’existence tirés de leurs ressources ou de leurs richesses
naturelles. Il est confirmé le principe de la souveraine permanente de
l’État congolais sur ses ressources naturelles notamment sur le sol, le
sous-sol, les eaux et les forêts, sur les espaces aérien, fluvial, lacustre et
maritime congolais ainsi que sur la mer territoriale congolaise et sur le
plateau continental. Il est exigé une gestion rationnelle des ressources au
profit de toute la nation et dans le respect des règles environnementales.
La jouissance des richesses nationales et du patrimoine commun de
l’humanité est annoncée comme un droit constitutionnellement garanti.
La plupart des dispositions constitutionnelles relatives à
l’environnement sont fixées par des lois et règlements2.
En effet, édicter une norme est une chose, sa mise en application en
est une autre. La valeur d’un texte de loi dépendra ainsi de la charnière à
placer entre les deux « phases » ; car, « l’existence d’un cadre juridique
ne suffit pas pour résoudre un problème sociétal. Il faut que ses condi-
tions de viabilité soient déterminées et son contenu encadre intégrale-
ment et de manière cohérente ce problème pour sa résolution. Le cadre
juridique congolais est comme un enfant né (existence), sans ses sens ni
organes vitaux (non opérationnel)3. » Les mesures d’applications doi-

2
Articles 9, 47, 48, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 123, 202 (points 25, 26, 28, 29, 36
f.), 203 (points 11, 12, 15, 16, 18 & 19), & 204 (points 20, 23 & 26) de la Cons-
titution du 18 février 2006 telle que modifiée en 2011 en RDC.
3
Ntirumenyerwa Mihigo Blaise Pascal, « Combattre la pollution plastique en
République démocratique du Congo Les défis des récentes réglementations en la
matière », IUCN, World Commission on Environmental Law, Commission
Mondiale de Droit de l’Environnement, pp. 6, 7, 9 & 10.
22 Traité de droit de l’environnement

vent constituer « le fer de lance » de toute l’action entreprise en vue


d’une application aisée devant les cours et tribunaux.
Un des outils à promouvoir reste la transmission du savoir en vue
d’une appropriation des grandes orientations et des objectifs fixés par le
législateur. Il se pose généralement le besoin d’une éducation et d’une
justice environnementales. Le droit de l’environnement apparait comme
cette nouvelle branche de droit qui se confirme et qui doit être enseigné.
En agissant de la sorte, il sera possible de prévenir et/ou de limiter les
atteintes à l’environnement, d’avoir dans les cours et tribunaux des juges
ayant une expertise avérée à aborder les contentieux environnementaux
avec détermination. Les victimes des atteintes environnementales ne
seront pas abandonnées à leur triste sort en saisissant les cours et tribu-
naux en vue des réparations éventuelles.
L’auteur de cet ouvrage, enseignant et avocat spécialiste des ques-
tions liées à la législation environnementale en RDC, a une expertise
avérée. Il est porteur d’un Doctorat, d’un Master et d’une Licence en
Droit (environnement, droits humains et justice internationale). Il dis-
pense les enseignements de droit (international) de l’environnement à
l’Université libre des Pays des grands lacs, ULPGL en sigle, et dans
d’autres institutions universitaires.
Cet ouvrage est le fruit d’une expérience avérée dans l’enseignement
du cours de droit (international) de l’environnement depuis 2010, cou-
plée des publications des articles scientifiques et autres publications en
cette matière.
« Traité de Droit de l’Environnement, Perspectives Congolaises » est
l’intitulé choisi par son auteur et comprend six chapitres. Après un aper-
çu général sur le droit de l’environnement, les fondements d'ordre philo-
sophique et moral de l'environnement (Chapitre 1), l’auteur aborde les
sources du droit (international) de l'environnement (Chapitre 2) et les
principes juridiques qui gouvernent la gestion des ressources naturelles
(Chapitre 3). Un état des lieux de l'administration en charge de l'envi-
Préfaces 23

ronnement fait ressortir la complexité institutionnelle dans laquelle


l’exploitation des ressources naturelles est vécue par les communautés
locales (Chapitre 4) avant d'aborder les mécanismes juridictionnels de
protection de l'environnement en RDC (Chapitre 6) et les spécificités du
cadre juridique de gestion des ressources naturelles en RDC
(Chapitre 5). Un panorama des préoccupations environnementales
d’ordre existentiel a été scruté, à savoir : Quels sont les régimes juri-
diques applicables aux ressources naturelles selon les secteurs de
l’environnement en RDC ? Les atteintes à l’environnement sont-elles
prises en charge devant les cours et tribunaux en RDC ? Les juges et les
auxiliaires de la justice ont-ils l'expertise nécessaire pour éclairer la
lanterne des justiciables sur la responsabilité environnementale et la
responsabilité civile environnementale, la responsabilité pénale environ-
nementale et la responsabilité administrative en matière
d’environnement ? Le programme national dans les Universités et Insti-
tuts Supérieurs offre-t-il aux étudiants une audience d’apprentissage des
cadres juridiques se rapportant aux différents secteurs de
l’environnement ? Existe-il une politique publique nationale sur l'éduca-
tion et la justice environnementales ?
Cet ouvrage est un outil pédagogique mis à la disposition de toutes
les parties prenantes (étudiants, enseignants, acteurs de la société civile,
agents de l’administration publique, etc.) et apporte tant soit peu des
réponses éclairées aux problématiques précitées. Le respect des règles
environnementales n’est pas négociation. Les atteintes à
l’environnement doivent être portées à la connaissance du juge. Les
auteurs doivent subir la rigueur de la loi et les victimes doivent bénéfi-
cier de leur droit à la réparation. L’ouvrage entre vos mains contribue
ainsi à la littérature quasiment faible en droit de l’environnement congo-
lais. Son contenu est un menu à la portée de toutes et de tous. Les géné-
rations présentes et futures y trouveront certainement un trésor qui ras-
sure d’un lendemain meilleur.
24 Traité de droit de l’environnement

Nous souhaitons plein succès à cet ouvrage et à son auteur, Profes-


seur Ordinaire Kennedy KIHANGI BINDU, qui ouvre largement les
débats sur les préoccupations environnementales en droit congolais de
l’environnement dans les milieux notamment du savoir, socioécono-
mique que politiques. Il se révèle adéquat de suggérer à son auteur
l’élaboration d’un deuxième volume.

Seconde Préface par Professeur Aristide KAHINDO NGURU. Doyen de


la Faculté des Sciences juridique, politique et administrative de
l’Université libre des Pays des Grands Lacs (ULPGL/Goma)

Le présent ouvrage que Professeur Kennedy Kihangi Bindu met à la


disposition du public ne mérite pas simplement une considération de
première vue d’un lecteur attiré uniquement par la qualité attrayante de
son intitulé : « Traité du Droit de l’environnement, perspectives Congo-
laises ». Son contenu introduisant déjà la peinture des difficultés réelles
de la mise en œuvre du droit de l’environnement en République démo-
cratique du Congo (RDC), augure plutôt l’intérêt d’une œuvre dont
l’auteur stimule l’action d’une lecture profonde, critique et suggestive.
Par ailleurs, l’inégale répartition des retombées de l’exploitation des
ressources naturelles, la quasi ignorance par les exploitants des exi-
gences légales environnementales et l’impuissance des institutions pu-
bliques reconfigurent l’intérêt de la production de cette œuvre scienti-
fique.
Il faut dire, en fait, que la présente production d’un savoir scienti-
fique environnemental pour la RDC vise à contribuer à l’amélioration
des choix politiques de protection de l’environnement. Comme le dé-
montre l’auteur, le défi de protection de l’environnement ne concerne
pas uniquement les experts des questions environnementales, mais da-
vantage les communautés de base dont l’éducation à la maîtrise des
préliminaires de protection de l’environnement sert de socle dans la
prévention et les précautions à définir face à tout besoin de protection
Préfaces 25

exprimé. Ce besoin concerne, aussi bien, les espèces animales, végétales


que humaines qui toutes dépendent d’une protection efficace et effective
de l’environnement. Ainsi, par cet outil pédagogique, l’auteur vise-t-il
l’éveil, non seulement, des étudiants attirés par l’intérêt de
l’enseignement du droit de l’environnement, mais aussi celui de tout
autre acteur du monde du savoir, de la politique ou de la société civile
intéressé.
Fruit d’une expérience d’environ 11 ans dans le domaine de la re-
cherche et celui de l’enseignement universitaire, le présent ouvrage
comporte six chapitres. Le premier présente un aperçu général sur le
droit de l’environnement. Le deuxième expose les sources du droit in-
ternational de l’environnement et le troisième les principes fondamen-
taux du droit international de l’environnement. Concernant le quatrième
chapitre, il traite des attributions du ministère ayant l’environnement et
le développement durable dans ses attributions. Les deux derniers cha-
pitres s’intéressent successivement au cadre juridique de gestion des
ressources naturelles, ainsi qu’aux mécanismes juridictionnels de protec-
tion de l’environnement.
Au regard de ce riche contenu, je recommande vivement cet ouvrage
à la lecture par toute personne qui a la chance de l’avoir dans ses mains.
C’est par sa lecture, par exemple, que le juge saura comment contribuer
au développement du droit de l’environnement et comment combler
certaines lacunes contenues dans les différents textes dans ce domaine.
C’est par sa lecture également que toute personne censée contribuer aux
actions de prévention et de protection de l’environnement y parviendra
soit individuellement soit collectivement. En outre, la connaissance du
contenu du présent ouvrage permettra au gouvernement de définir une
bonne politique de promotion et de protection de l’environnement, voire
à concevoir un programme national d’éducation environnementale.
26 Traité de droit de l’environnement

C’est donc avec enthousiasme que je demande aux uns et aux autres
de s’approprier ce précieux traité de droit congolais de l’environnement
auquel je souhaite plein succès.
INTRODUCTION

La République démocratique du Congo (RDC) apparaît aujourd’hui


comme un pays caractérisé par une abondance de ressources naturelles4
mais dont les retombées de l’exploitation ne sont pas équitablement
reparties. Les conflits armés se multiplient et la misère de la population
accroît de manière exponentielle. À cette cohorte des malheurs s’ajoute
une accumulation de conséquences désastreuses sur l’environnement.
L’exploitation des ressources (forêts, mines, hydrocarbures, eaux, …) se
fait dans un contexte d’une quasi-ignorance des exigences légales envi-
ronnementales, sous l’œil impuissant des institutions publiques, des
populations, de la société civile et des partenaires de la communauté
internationale. Bénéficiant de l’accompagnement de certains opérateurs
politiques et économiques, les industries extractives se comportent en
des « puissances occupantes sur des étendues territoriales conquises » au

4
La RDC est reconnue comme un « scandale géologique » car elle recèle
d’incommensurables ressources naturelles, particulièrement celles du sous-sol
qui font de cet espace national un monde potentiellement riche où la pauvreté
stricte n’existerait pas. La RDC est, avec l’Afrique du Sud, deux pays riches en
biodiversité sur le continent noir. Kankonde Mukadi, « Les effets de la guerre
sur la biodiversité constituent un obstacle à un développement durable en Répu-
blique démocratique du Congo » in Actes des journées scientifiques, « Écono-
mie de guerre, bonne gouvernance et développement en RDC », Faculté
d’Administration des Affaires et Sciences Économiques, 28 au 29 mai 1999,
Université Protestante au Congo, 3ème Année, Numéro Spécial, Revue de la
Faculté d’Administration des Affaires et Sciences Économiques, Kinshasa,
1999, pp. 81-82.
28 Traité de droit de l’environnement

mépris des impératifs environnementaux et des droits des communautés


locales5.
L’état des lieux de la situation environnementale en RDC reste alar-
mant car marqué par des inondations et des érosions quasi régulières.
Les sécheresses fortes, l’infertilité du sol dans les entités agro-
pastorales, la destruction des aires protégées, l’extinctions des espèces
rares, la destruction des infrastructures routières et aéroportuaires, le
délabrement très avancé des infrastructures de base (écoles, hôpitaux et
autres services sociaux), les mauvaises conditions hygiéniques, la pollu-
tion de l’air, la pollution du sol et de l’eau, la pollution acoustique, le
logement indécent et les constructions anarchiques sont des indicateurs
réels de contre-performance. Les enfants, les femmes, les personnes
âgées sont confrontées à des graves problèmes de santé publique avec
une forte mortalité due aux maladies d’origine hydrique, aux infections
respiratoires, à la malnutrition, etc. Les études réalisées par le Pro-
gramme des Nations unies pour le développement (PNUD) démontrent
que « faute d’un approvisionnement en eau, d’un assainissement et de
conditions d’hygiène convenables, l’eau insalubre est responsable de
3,1% des décès dans le monde. Plus de 99% des victimes succombent
dans les pays en développement6. » Les pays en développement présen-
tant aussi un tableau sombre en termes de perte totale d’espérance de vie

5
Kihangi Bindu Kennedy, « L’exploitation minière dans un contexte post conflit
et les exigences légales environnementales en République démocratique du
Congo : Cas de la Province du Nord Kivu », Actes du colloque régional sur le
rôle de l’Université et de l’Universitaire dans la construction de la paix et le
développement durable dans la région des Grands Lacs africains, Numéro Spé-
cial, Analyste Topic, ULPGL, Goma, 2012, p. 124.
6
United Nations Development Program, Sustaining the environment to fight
poverty and achieve the MDGs : The economic case and priorities for action,
OCDE, Pourquoi un environnement sain est essentiel à la réduction de la pau-
vreté, p.3, https://www.oecd.org/fr/environnement/environnement-develop
pement/36364670.pdf (consulté le 7/7/2022)
Introduction 29

imputable à hauteur de 20% à des causes environnementales, contre 4%


environ dans les pays les plus riches. Globalement, le manque d’eau
potable et d’assainissement sont les causes prédominantes de cette perte
d’espérance de vie, mais la mauvaise qualité de l’air en est aussi une des
causes premières7.
Toutes les énergies déployées par la RDC dans la signature et/ou la
ratification des accords et traités internationaux ainsi que les discours
politiques consécutifs n’ont pas d’effets significatifs ou encourageants
sur le terrain. La plupart de débats ou discours en la matière restent
stériles car non porteurs en filigrane d’une volonté de changement d’état
d’esprit dans la gouvernance des ressources naturelles et/ou de
l’environnement. Joseph Kabila, alors Président de la République, ne
s’est, par exemple, pas empêché de déclarer, dans son discours à la na-
tion en date du 7 décembre 2009, que « pour nous, la préoccupation pour
l’environnement et sa protection n’est nullement un effet de mode. Elle
découle d’une conviction ». Pareille conception met en évidence un
besoin réel d’une éducation environnementale en vue de saisir le bien
fondé et la pertinence de toute orientation politique à adopter en matière
d’environnement pour le bien-être de toutes et de tous.
C’est depuis plus de trois décennies que les préoccupations environ-
nementales sont au centre des intelligences des milieux diplomatiques,
du savoir et de la société civile dans sa diversité. Au-delà de tout senti-
ment partisan, il se dégage une certaine unanimité sur la nécessité de
protection de l’environnement car la survie des espèces animales, végé-
tales et humaines en dépend largement. Il est, désormais, attendu de
l’être humain, un certain comportement « responsable » vis-à-vis de son
milieu naturel car l’homme demeure au centre de toute œuvre dans ses
relations avec les autres composantes de l’environnement. Agir avec

7
United Nations Development Program, Sustaining the environment to fight
poverty and achieve the MDGs: The economic case and priorities for action,
Idem.
30 Traité de droit de l’environnement

discernement devient le mot d’ordre, toutes les fois, qu’il est convié à
exploiter l’environnement pour ses propres fins. Il est d’une évidence
que « le pouvoir qu’a l’homme de transformer le milieu dans lequel il
vit, s’il est utilisé avec discernement, peut apporter à tous les peuples les
bienfaits du développement et la possibilité d’améliorer la qualité de vie.
Utilisé abusivement ou inconsidérément, ce même pouvoir peut causer
un mal incalculable aux êtres humains et à l’environnement8. »
En effet, une mauvaise gestion de l’environnement conduit généra-
lement à des conséquences fâcheuses. Il est indiqué, en amont tout
comme en aval, de s’activer par des actions préventives bien pensées.
Cela passe particulièrement par l’élaboration et le respect des textes
juridiques à l’échelle nationale, régionale et internationale. En d’autres
termes, la conjugaison d’efforts dans la lutte contre la dégradation de
l’environnement s’avère nécessaire car une pollution atmosphérique ou
des eaux ainsi que les mouvements transfrontières de déchets dangereux,
par exemple, ne peuvent recevoir de solutions idoines au niveau natio-
nal.
L’Afrique a été à l’origine de plusieurs initiatives importantes en ma-
tière d’environnement dont l’élaboration de la Charte Mondiale de la
Nature à l’initiative de la RDC (ex. Zaïre) n’est pas des moindres9. Cela
pour confirmer les propos de Tshibangu Kalala selon lesquels la RDC
est entrée trop tôt dans l’« ère écologique » en vue d’assurer la protec-
tion de « l’espace où vivent les Congolais et dont dépendent la qualité de

8
Déclaration de Stockholm, Conférence des Nations unies sur l’environnement
du 5 au 16 juin 1972, Point 1 ; Prieur Michel & Doumbé Billé Stéphane, Recueil
francophone des traités et textes internationaux en droit de l’environnement,
Bruylant, Bruxelles, 1998, p. 27.
9
La Charte Mondiale de la Terre adoptée par l’Assemblée Générale de l’ONU
(Rés. 37/7), le 28 octobre 1982, à l’initiative de la RDC (ex. Zaïre). Kamerhe
Vital, Les fondements de la politique transatlantique de la République démocra-
tique du Congo, Larcier, Bruxelles, 2011, p. 152 ; Kamto Maurice, Le droit de
l’environnement en Afrique, Edicef, Paris, 2000, p. 13.
Introduction 31

leur vie et de leur santé, y compris pour les générations futures des Con-
golais10. »
La conjugaison d’efforts s’impose comme une nécessité car tout
risque écologique est de nature à causer de dommages incalculables, non
seulement aux individus pris isolement mais également à des collectivi-
tés entières. Ce qui soulève des réelles préoccupations de droit, notam-
ment l’examen de la théorie classique sur la responsabilité (civile,
pénale et administrative) : « tout dommage causé doit être réparé par
l’auteur du fait dommageable ».
Malgré les différents mécanismes existants de prévention et de pré-
caution par les États, on rencontre souvent des atteintes étendues, du-
rables et graves à l’environnement naturel et à la santé de l’homme.
L’indemnisation intégrale de ces dommages soulève des problématiques
complexes qu’il faut aborder juridiquement. Il s’avère indispensable de
circonscrire froidement ces préoccupations et tant d’autres en droit posi-
tif congolais en vue d’éclairer la lanterne des uns et des autres en ce
moment de grandes mutations sociopolitiques et économiques. Pour des
raisons d’ordre pédagogique, il nous semble pertinent de souligner que
la matière de la responsable civile notamment n’a pas échappé à
l’attention du législateur. Celui-ci affirme notamment dans les articles
68, 69 et 70 de la Loi No 11/009 du 9 juillet 2011 portant principes
fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement que :

Sans préjudice des peines applicables pour infractions à la présente loi et


ses mesures d’exécution, est responsable toute personne qui, par
l’exercice de ses activités, a causé un dommage à l’environnement et à
la santé en violation de la présente loi.

10
Tshibangu Kalala, « La domestication du droit international de
l’environnement dans l’ordre juridique interne Congolais », Annales de la Fa-
culté de Droit, Université de Kinshasa, Éditions Droits et Société « DES »,
Kinshasa, Juin 2014, p. 7.
32 Traité de droit de l’environnement

Toute personne physique ou morale est, non seulement civilement res-


ponsable des condamnations pour les infractions commises en violation
de la présente loi et de ses mesures d’exécution par ses préposés dans les
limites de ses activités, mais aussi solidairement responsables du paie-
ment des amendes et frais résultant des mêmes condamnations, à moins
de prouver qu’elle était dans l’impossibilité d’empêcher la commission
de l’infraction.
Sans préjudice des peines applicables pour infractions à la présente loi et
ses mesures d’exécution, l’exportateur ou l’importateur des déchets est
responsable des dommages résultant d’un accident ou incident survenu
au cours d’un mouvement transfrontière des déchets jusqu’au moment
où l’éliminateur en prend possession.
L’éliminateur des déchets est responsable des dommages résultant d’un
accident ou incident survenu au cours de leur élimination.
Les demandes d’indemnisation sont recevables si elles sont présentées
dans un délai de dix ans à partir de la date à laquelle a eu lieu l’accident
ou l’incident ou dans un délai de cinq ans à compter de la date à laquelle
le demandeur a eu connaissance ou a normalement dû avoir connais-
sance des dommages.

Près de 11 ans après d’expérience acquise en qualité de chercheur-


enseignant en droit de l’environnement (Cours à option, deuxième
licence, Droit public) à la Faculté de Droit de l’Université libre des Pays
des grands lacs, ULPGL, Goma/RDC et dans d’autres institutions de
l’enseignement supérieur et universitaire dans la région des Grands Lacs
africains, il nous semble judicieux de poser la base de la réflexion en
nourrissant la bibliothèque de la pensée en cette matière. L’intention est
de partager notre expérience en mettant cet outil pédagogique à la dispo-
sition de nos étudiants et de tout acteur du monde du savoir, politique et
de la société civile intéressé. Les enseignements de droit de
l’environnement dans les Facultés de droit en RDC, organisés confor-
mément au programme national en vigueur, doivent désormais éveiller
Introduction 33

la conscience non seulement du corps scientifique et académique, mais


aussi de façon particulière, les étudiants éblouis par leurs caractères
transdisciplinaires.
1

APERÇU GÉNÉRAL SUR


LE DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

On ne peut aborder et arriver à comprendre la matière sur le droit de


l’environnement sans pour autant définir certains concepts clefs qui se
sont imposés dans son évolution au fil de temps. La conceptualisation
apparaît ici comme un point d’entrée de ce menu de réflexions qui cou-
vrent l’ensemble de la thématique.
Quelques notions sont ainsi abordées sommairement. Il s’agit des
concepts de l’environnement et le développement durable ; les théories
classiques d’ordre philosophique et moral de l’environnement ; le droit
de l’environnement comme une nouvelle branche du droit ;
l’environnement et les droits humains.

1.1 La conceptualisation : environnement et développe-


ment durable

Le concept « environnement » s’affiche comme une notion polysé-


mique exprimant des réalités et/ou des frustrations. La notion « environ-
nement » est, d’une part, abordée sous une lecture d’espoir ou de déses-
poir ; et, d’autre part, sous une lecture d’un luxe réservé aux pays
riches11. Elle est, plus loin, abordée sous un cliché apocalyptique, un
mythe ou un monstre à plusieurs têtes. Morand-Deviller le qualifie de

11
Ignacy Sachs, L’écodéveloppement : stratégies pour le XXIème siècle, Syros,
Paris 1997 cité par Prieur Michel., Droit de l’environnement, 4ème éd., Dalloz,
Paris, 2001, p. 1.
36 Traité de droit de l’environnement

concept « caméléon » qui se situe entre une acception trop étroite, la


protection de la nature, et une approche trop globale attirant à elle
l’ensemble des problèmes touchant à la qualité de la vie12.
Le concept « environnement » ne fait pas encore l’objet d’une défini-
tion générale universellement admise en droit positif. Quelques textes
nationaux en donnent des définitions partielles ou limitées à un objet
précis, mais bien rares sont les documents juridiques internationaux de
caractère contraignant ou non qui le définissent de façon globale.
Dans son Avis consultatif du 8 Juillet 1996 sur la licéité de la me-
nace ou de l’emploi d’armes nucléaires, la Cour internationale de justice
(CIJ) note que « l’environnement n’est pas une abstraction, mais bien
l’espace où vivent les êtres humains et dont dépendent la qualité de leur
vie et leur santé, y compris pour les générations à venir13. » De manière
complémentaire, pour la Cour permanente d’arbitrage (CPA), le terme
« environnement » englobe l’air, l’eau, la terre et la flore, les écosys-
tèmes et les sites naturels, la santé et la sécurité humaine, ainsi que le
climat14. Toute espèce vivante a besoin des conditions naturelles pour
garantir son existence et son développement.
La notion « environnement » doit englober la faune, la flore15 et
d’autres éléments de la nature ainsi que les relations qui existent entre
eux. La tendance est celle d’inclure des objets d’origine humaine s’ils

12
Morand Deviller J., Le droit de l’environnement, PUF, Que sais-je, Paris,
2009, p. 6 in Sabin Mande M., Droit de l’environnement, Presses universitaires
de Lubumbashi (PUL), Lubumbashi, République démocratique du Congo, 2017,
pp. 27 & 45.
13
La licéité de la menace ou l’emploi d’armes nucléaires, Avis consultatif de la
Cour internationale de justice du 8 Juillet 1996, Paragraphe 29.
14
Arbitrage relatif à la ligne du Rhin de fer (« Ijzeren Rijn ») (Belgique et Pays-
Bas), Sentence du Tribunal arbitral ad hoc, Cour permanente d’arbitrage,
La Haye, 24 Mai 2005, Paragraphe 58.
15
La faune englobe l’ensemble des espèces animales vivant dans un espace
géographique ou un habitat déterminé ; La flore renvoi à l’ensemble des espèces
végétales croissant dans une région, un milieu donné.
Aperçu général sur le droit de l’environnement 37

sont importants pour le patrimoine culturel d’un peuple. Dans cette


perspective, Kamto considère que « l’environnement est le milieu,
l’ensemble de la nature et des ressources humaines, y compris le patri-
moine culturel et les ressources humaines indispensables pour les activi-
tés socio-économiques et pour le meilleur cadre de vie16. »
La Loi n° 11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamentaux
relatifs à la protection de l’environnement définit l’environnement
comme un : « ensemble des éléments naturels ou artificiels et des équi-
libres biologiques et géochimiques auxquels ils participent, ainsi que des
facteurs économiques, sociaux et culturels qui favorisent l’existence, la
transformation et le développement du milieu, des organismes vivants et
des activités humaines17. »
Somme toute, l’environnement est un tout constitué des éléments des
milieux physiques et biologiques qui offrent des conditions naturelles
susceptibles de garantir une existence et croissance des espèces vivantes,
végétales, animales et même humaines. Jouant un rôle culminant de
sauvegarde des conditions naturelles de vie, l’environnement doit être
conservé, protégé et géré de manière rationnelle en période de paix
comme en période des conflits armés18. À ce point, le principe 24 de la
Déclaration de Rio de 1992 porte une avancée notable en ces termes :

La guerre exerce une action intrinsèque destructrice sur le développe-


ment durable. Les États doivent donc respecter le droit international re-

16
Kamto Maurice, Op. Cit., p. 16.
17
Article 2. 16 de la Loi No 11/009 du 9 Juillet 2011 portant principes fonda-
mentaux relatifs à la protection de l’environnement, Journal Officiel de la Répu-
blique démocratique du Congo, 52ème Année, Numéro Spécial, 16 juillet 2011,
Cabinet du Président de la République.
18
Mollard-Bannelier, K. La protection de l'environnement en temps de conflit
armé, Pedone, Paris, 2011, p. 12; Kihangi Bindu Kennedy, « Environmental
legal requirements and the exploitation of natural resources in a post conflict
country : A case study of the Democratic Republic of Congo », The A38 Journal
of International Law, Vol. 1, Ed. 3, 2013, pp. 1-2.
38 Traité de droit de l’environnement

latif à la protection de l’environnement en temps de conflit armé et par-


ticiper à son développement, selon que de besoin.

En période des conflits armés, les parties sont tenues au respect des
règles se rapportant à la protection de l’environnement conformément
aux prescrits des protocoles additionnels de 1977 aux 4 Conventions de
Genève de 194919 et du Statut de Rome de la Cour pénale internationale
(CPI) adopté en 1998.
La prise en compte du besoin de protection de l’environnement en
droit humanitaire a connu un long processus20 avant d’atteindre les
points culminants notamment avec l’adoption en 1976 de la Convention
sur l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de
l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles (Con-
vention on the Prohibition of Military or Any Other Hostile Use of Envi-
ronmental Modification Techniques Convention - ENMOD)21 et

19
Protocoles Additionnels aux Conventions de Genève de 1949 relatif respecti-
vement à la protection des victimes des conflits armés internationaux (Protocole
I) et à la protection des victimes des conflits armés non internationaux (Proto-
cole II).
20
Michael N. Schmitt, « Green War – An Assessment of the Environmental Law
of International Armed Conflict », Yale Journal of International Law, Vol. 22:
1, 1997, pp. 9-15, https://digitalcommons.law.yale.edu/cgi/viewcontent.cgi?
article=1054&context=yjil. Catherine Deloo, Les conséquences du droit interna-
tional de la guerre au niveau de l’environnement peuvent-elles pallier les fai-
blesses et les lacunes du droit international humanitaire ? Mémoire de Master,
Université catholique de Louvain (UCL), 2016/2017, pp. 14-16,
https://dial.uclouvain.be/memoire/ucl/fr/object/thesis%3A12254/datastream/PD
F_01/view
21
À cette Convention ENMOD, il faut ajouter d’autres règles et principes du
droit international humanitaire se rapportant aussi à l'environnement, sans toute-
fois le mentionner expressément, une protection en cas de conflit armé. Il faut
épingler notamment des principes généraux coutumiers relatifs à la conduite des
hostilités, tels que le principe de distinction qui limite les attaques aux objectifs
militaires et le principe de proportionnalité qui interdit l'emploi de moyens et
Aperçu général sur le droit de l’environnement 39

l’adoption des articles 35 et 55 du Protocole Additionnel I aux 4 conven-


tions de Genève. Pour Michael N. Schimitt, le but de cette convention
(ENMOD) n’était pas à ce stade la protection de l’environnement en tant
que tel que l’évitement de sa manipulation de manière à s’en servir
comme une arme22. Une simple lecture des termes de l’article 35 para-
graphe 3 du Protocole Additionnel I présente une nette avancée par
rapport non seulement à la Convention ENMOD mais aussi à l’article 55
du Protocole Additionnel I. L’environnement avait toujours été envisagé
de façon anthropocentrique mais l’article 35 paragraphe 3 a consacré
pour la première fois en Droit international humanitaire (DIH),
l’environnement comme une entité distincte, dissociée de son impact sur
la population humaine23.
Les articles 35 et 55 du Protocole Additionnel I aux conventions de
Genève de 1949 offrent à l’environnement une protection significative
en ces termes :

1. Dans tout conflit armé, le droit des parties au conflit de choisir


des méthodes et moyens de guerre n’est pas illimité.
2. Il est interdit d’employer des armes, des projectiles et des ma-
tières ainsi que des méthodes de guerre de nature à causer des
maux superflus.
3. Il est interdit d’utiliser des méthodes ou moyens de guerre qui
sont conçus pour causer, ou dont on peut attendre qu’ils cause-
ront, des dommages étendus, durables et graves à
24
l’environnement naturel.

méthodes de combat provoquant des dommages excessifs. Lire Comité Interna-


tional de la Croix Rouge, CICR, Services consultatifs en droit international
humanitaire, Convention de 1976 sur l’interdiction d’utiliser des techniques de
modification de l’environnement, 2/2003.
22
Michael N. Schmitt, Op. Cit., pp. 13-14 ; Catherine Deloo, Op. Cit., p. 16.
23
Article 35 du Protocole Additionnel I aux 4 Conventions de Genève de 1949.
24
Idem.
40 Traité de droit de l’environnement

Quant à l’article 55 du Protocole Additionnel I aux Conventions de


Genève de 1949 dispose que :

1. La guerre sera conduite en veillant à protéger l’environnement


naturel contre des dommages étendus, durables et graves. Cette
protection inclut l’interdiction d’utiliser des méthodes et moyens
de guerre conçus pour causer ou dont on peut attendre qu’ils cau-
sent de tels dommages à l’environnement naturel, compromet-
tant, de ce fait, la santé ou la survie de la population.
2. Les attaques contre l’environnement naturel à titre de représailles
sont interdites.25

La protection des biens culturels et des lieux de culte pendant les


conflits armés est organisée par l’articles 53 du Protocole Additionnel I
et l’article 16 du Protocole Additionnel II aux Conventions de Genève
de 1949. L’article 53 du Protocole Additionnel I dispose que :

Sans préjudice des dispositions de la Convention de La Haye du 14 mai


1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé et
d’autres instruments internationaux pertinents, il est interdit :
a. de commettre tout acte d’hostilité dirigé contre les monuments
historiques, les œuvres d’art ou le lieu de culte qui constituent le
patrimoine culturel ou spirituel des peuples ;
b. d’utiliser ces biens à l’appui de l’effort militaire ;
c. de faire de ces biens l’objet de représailles.

L’article 16 du Protocole Additionnel II prévoit que :

Sous réserve des dispositions de la convention de La Haye du 14 mai


1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé, il est
interdit de commettre tout acte d’hostilité dirigé contre les monuments
historiques, les œuvres d’art ou les lieux de culte qui constituent le pa-

25
Article 55 du Protocole Additionnel I aux 4 Conventions de Genève de 1949.
Aperçu général sur le droit de l’environnement 41

trimoine culturel ou spirituel des peuples et de les utiliser à l’appui de


l’effort militaire.

Dans l’affaire Le Procureur c. Ahmad Al Faqi Al Mahdi, ordonnance


de réparation du 17 août 2017, la CPI s’est prononcé sur l’importance de
la protection du patrimoine culturel par les parties à un conflit en ces
termes :

14. La communauté internationale a reconnu dans divers instruments


l’importance du droit humain à la vie culturelle et à ses manifesta-
tions physiques. Ces instruments condamnent la destruction du pa-
trimoine culturel, même en situation de conflit. Le Statut punit no-
tamment les attaques contre les biens culturels et prévoit que les vic-
times de telles attaques ont droit à des réparations … le patrimoine
culturel joue un rôle central dans la façon dont les communautés se
définissent et tissent des liens entre elles, s’identifient à leur passé et
envisagent leur avenir. L’Unesco explique que « la perte de patri-
moine en période de conflit peut priver une communauté de son iden-
tité et de sa mémoire, ainsi que du témoignage physique de son passé.
Ceux qui détruisent le patrimoine culturel entendent fragiliser le tissu
social des communautés concernées ».
15. Le patrimoine culturel doit être appréhendé comme l’ensemble des
ressources qui rendent possibles les processus d’identification et de
développement culturels des personnes et des groupes et que ceux-ci,
de façon implicite ou explicite, veulent transmettre aux générations
suivantes. Il inclut le patrimoine matériel comme les sites, les struc-
tures et les vestiges ayant une valeur archéologique, historique, reli-
gieuse, culturelle ou esthétique, ainsi que le patrimoine immatériel
comme les traditions, les coutumes et les pratiques, les connais-
sances, les langues vernaculaires ou autres, les formes d’expression
artistique et le folklore. Le patrimoine culturel revêt une importance
internationale indépendamment de l’endroit où il se trouve et de son
origine.
42 Traité de droit de l’environnement

16. Les biens culturels considérés comme constituant le patrimoine cultu-


rel sont des objets, des monuments et des sites qui témoignent de la
créativité et du génie humain. C’est cette qualité exceptionnelle qui
leur confère leur désignation de patrimoine culturel. Le patrimoine
culturel est important non seulement en lui-même mais aussi dans sa
dimension humaine. Les biens culturels permettent également à un
groupe de se distinguer et de marquer son identité au sein de la com-
munauté mondiale.
17. Le patrimoine culturel mondial est une catégorie des plus impor-
tantes. Plus la communauté internationale prête d’intérêt à un objet,
plus l’importance culturel de cet objet est grande et plus l’attention et
la préoccupation internationales augmentent.
18. L’importance du patrimoine culturel pour les communautés est illus-
trée par le fait que ce sont souvent celles-ci elles-mêmes qui deman-
dent que la protection de leurs sites culturels soit une priorité, même
dans des situations de violence mettant en danger des vies humaines

19. L’attaque menée contre les Bâtiments protégés n’a pas seulement dé-
truit et endommagé des structures physiques. Elle a également « eu
des répercussions sur la communauté et a affaibli le lien qui unissait
la communauté locale à ce patrimoine culturel si précieux auquel elle
s’identifiait.
20. Un mécanisme juridique particulièrement important à cet égard est la
Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et na-
turel, adoptée le 16 novembre 1972, créée pour protéger le patrimoine
culturel et naturel de valeur universelle exceptionnelle. L’inscription
sur la liste du patrimoine mondial passe par une procédure très stricte
à l’issue de laquelle il doit être démontré notamment que le bien ou le
site en question revêt une qualité exceptionnelle qui transcende les
frontières nationales.
Aperçu général sur le droit de l’environnement 43

21. ... Tombouctou a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial en


1998 car i) ses mosquées et ses lieux saints ont joué un rôle essentiel
dans la diffusion de l’Islam en Afrique à une très haute époque ; et ii)
les trois grandes mosquées de Tombouctou, restaurées par le Cadi Al
Aqib au XVIe siècle, témoignent de l’âge d’or de cette capitale intel-
lectuelle et spirituelle à la fin de la dynastie des Askia.
22. En raison de leur objet et de leur valeur symbolique, la plupart des
biens culturels ainsi que le patrimoine culturel sont uniques et revê-
tent une valeur sentimentale. Par conséquent, ils ne sont ni fongibles
ni facilement remplaçables. La destruction du patrimoine culturel in-
ternational est donc « porteuse d’un message de terreur et
d’impuissance ; elle détruit une partie de la mémoire partagée et de la
conscience collective de l’humanité ; et elle empêche l’humanité de
transmettre ses valeurs et ses connaissances aux générations fu-
tures ».26

Un site du patrimoine mondial est protégé compte tenu de sa valeur


universelle exceptionnelle. Il est du devoir de la communauté internatio-
nale de veiller sur cette valeur par des mécanismes juridiques et judi-
ciaires appropriés. La condamnation de Ahmad Al Faqi Al Mahdi27 se
présente en modèle dans la lutte engagée par la CPI de protéger les sites
du patrimoine mondial en période particulièrement de conflits et de
garantir le droit à la réparation des victimes (les victimes ne sont pas
seulement Maliennes mais aussi la communauté internationale). Il a été
alloué des réparations individuelles, collectives et symboliques aux

26
Le Procureur c. Ahmad Al Faqi Al Mahdi, Ordonnance de réparation, ICC-
01/12-01/15-236-tFRA, 17/8/2017, Paragraphes 14/22.
27
En date du 27 septembre 2016, Ahmad Al Faqi Al Mahdi a été reconnu par la
CPI coupable du crime de guerre d’avoir intentionnellement dirigé des attaques
contre les monuments historiques et dédiés à la religion à Tombouctou, au Mali
entre juin et début juillet 2012. Le Procureur c. Ahmad Al Faqi Mahdi, ICC-
01/12-01/15-171-tFRA, 2septembre 2016.
44 Traité de droit de l’environnement

victimes et considéré que les descendants des personnes dont les


membres de la famille avaient été enterrés dans les mausolées endom-
magés pouvaient recevoir une indemnisation pour le préjudice mental.28
Les biens indispensables à la survie de la population civile pendant
les conflits armés, les ouvrages et installations contenant des forces
dangereuses doivent aussi être protégés en période de conflits armés
(articles 54, 56 du Protocole additionnel I et 15 du Protocole additionnel
II aux IV Conventions de Genève de 1949). L’article 54 du Protocole
Additionnel I dispose que :

1. Il est interdit d’utiliser contre les civils la famine comme méthode de


guerre.
2. Il est interdit d’attaquer, de détruire, d’enlever ou de mettre hors
d’usage des biens indispensables à la survie de la population civile,
tels que des denrées alimentaires et les zones agricoles qui les produi-
sent, les récoltes, le bétail, les installations et réserves d’eau potable et
les ouvrages d’irrigation, en vue d’en priver, à raison de leur valeur de
subsistance, la population civile ou la Partie adverse, quel que soit le
motif dont on s’inspire, que ce soit pour affamer des personnes civiles,
provoquer leur déplacement ou pour toute autre raison.
3. Les interdictions prévues au paragraphe 2 ne s’appliquent pas si les
biens énumérés sont utilisés par une Partie adverse :
a) Pour la subsistance des seuls membres de ses forces armées ;
b) À d’autres fins que cet approvisionnement, mais comme appui di-
rect d’une action militaire, à condition toutefois de n’engager en
aucun cas, contre ces biens, des actions dont on pourrait attendre
qu’elles laissent à la population civile si peu de nourriture ou
d’eau qu’elle serait réduite à la famine ou forcée de se déplacer.
4. Ces biens ne devront pas être l’objet de représailles.

28
Kihangi Bindu Kennedy, « Le droit à la réparation des victimes des crimes
internationaux dans la jurisprudence de la Cour pénale internationale », Revista
Meritum, Belo Horizonte, Vol. 15, n. 2, May/August, 2020, pp. 27-28.
Aperçu général sur le droit de l’environnement 45

5. Compte tenu des exigences vitales de toute Partie au conflit pour la


défense de son territoire national contre l’invasion, des dérogations
aux interdictions prévues au paragraphe 2 sont permises à une Partie
au conflit sur un tel territoire se trouvant sous son contrôle si des né-
cessités militaires impérieuses l’exigent.

L’article 56 du Protocole Additionnel I prévoit que :

1. Les ouvrages d’art ou installations contenant des forces dangereuses, à


savoir les barrages, les digues et les centrales nucléaires de production
d’énergie électrique, ne seront pas l’objet d’attaques, même s’ils cons-
tituent des objectifs militaires, lorsque de telles attaques peuvent pro-
voquer la libération de ces forces et, en conséquence, causer des pertes
sévères dans la population civile. Les autres objectifs militaires situés
sur ces ouvrages ou installations ou à proximité ne doivent pas être
l’objet d’attaques lorsque de telles attaques peuvent provoquer la libé-
ration de forces dangereuses et, en conséquence, causer des pertes sé-
vères dans la population.
2. La protection spéciale contre les attaques prévues au paragraphe 1 ne
peut cesser :
a) Pour les barrages ou les digues, que s’ils sont utilisés à des fins
autres que leur fonction normale et pour l’appui régulier, impor-
tant et direct d’opérations militaires, et si de telles attaques sont le
seul moyen pratique de faire cesser cet appui ;
b) Pour les centrales nucléaires de production d’énergie électrique,
que si elles fournissent du courant électrique pour l’appui régu-
lier, important et direct d’opérations militaires, et si de telles at-
taques sont le seul moyen pratique de faire cesser cet appui ;
c) Pour les autres objectifs militaires situés sur ces ouvrages ou ins-
tallations ou à proximité, que s’ils sont utilisés pour l’appui régu-
lier, important et direct d’opérations militaires, et si de telles at-
taques sont le seul moyen pratique de faire cesser cet appui.
46 Traité de droit de l’environnement

3. Dans tous les cas, la population civile et les personnes civiles conti-
nuent de bénéficier de toutes les protections qui leur sont conférées par
le droit international, y compris des mesures de précaution prévues par
l’article 57. Si la protection cesse et si l’un des ouvrages, l’une des ins-
tallations ou l’un des objectifs militaires mentionnés au paragraphe 1
est attaqué, toutes les précautions possibles dans la pratique doivent
être prises pour éviter que les forces dangereuses soient libérées.
4. Il est interdit de faire de l’un des ouvrages, de l’une des installations
ou de l’un des objectifs militaires mentionnés au paragraphe 1 l’objet
de représailles.
5. Les parties au conflit s’efforceront de ne pas placer d’objectifs mili-
taires à proximité des ouvrages ou installations mentionnés au para-
graphe 1. Néanmoins, les installations établies à seule fin de défendre
les ouvrages ou installations protégées contre les attaques sont autori-
sés et ne doivent pas être elles-mêmes l’objet d’attaques, à condition
qu’elles ne soient pas utilisées dans les hostilités, sauf pour les actions
défensives nécessaires afin de répondre aux attaques contre les ou-
vrages ou installations protégés et que leur armement soit limité aux
armes qui ne peuvent servir qu’à repousser une action ennemie contre
les ouvrages ou installations protégés.
6. Les Hautes Parties contractantes et les Parties au conflit sont instam-
ment invitées à conclure entre elles d’autres accords pour assurer une
protection supplémentaire des biens contenant des forces dangereuses.
7. Pour faciliter l’identification des biens protégés par le présent article,
les Parties au conflit pourront les marquer au moyen d’un signe spécial
consistant en un groupe de trois cercles orange vif disposés sur un
même axe comme il est spécifié à l’article 16 de l’Annexe I au présent
Protocole. L’absence d’une telle signalisation ne dispense en rien les
Parties au conflit des obligations découlant du présent article.
Aperçu général sur le droit de l’environnement 47

L’article 15 du Protocole Additionnel II fixe la protection des ou-


vrages et installations contenant des forces dangereuses en ces termes :

Les ouvrages d’art ou les installations contenant des forces dangereuses,


à savoir les barrages, les digues et les centrales nucléaires de production
d’énergie électrique, ne seront pas l’objet d’attaques, même s’ils consti-
tuent des objectifs militaires, lorsque ces attaques peuvent entrainer la
libération de ces forces et causer, en conséquence, des pertes sévères
dans la population civile.

Ces dispositions portent une marque d’un renforcement des méca-


nismes judicieusement fixés de protection de l’environnement en pé-
riode de conflits armés. Les parties aux conflits ne peuvent se livrer à
des attaques ignorant l’importance et la valeur des biens protégés. Une
distinction des objectifs civils et militaires doit être clairement établie en
vue d’éviter des pertes inutiles et la destruction de l’environnement.
Agir autrement exposerait les auteurs à des poursuites devant les cours
et tribunaux aux niveaux national qu’international (Par exemple : devant
la Cour d’Appel en RDC et la Cour pénale internationale à l’échelle
internationale).
Dans son avis consultatif du 8 Juillet 1996 sur la licéité de la menace
ou de l’emploi d’armes nucléaires, paragraphe 31, la CIJ a eu une lec-
ture aussi forte sur l’impérieuse nécessité de protection de
l’environnement au cours des conflits armés. Par la résolution 47/37 de
l’Assemblée Générale du 25 novembre 1992, intitulée « Protection de
l’environnement en période de conflit armé », il est consacré l’opinion
générale selon laquelle, les considérations écologiques constituent l’un
des éléments à prendre en compte dans la mise en œuvre des principes
du droit applicable dans les conflits armés. La destruction de
l’environnement non justifiée par des nécessités militaires et ayant un
caractère gratuit est manifestement contraire au droit international en
vigueur.
48 Traité de droit de l’environnement

Bien avant cette évolution jurisprudentielle, la Charte mondiale de la


nature29 adoptée et solennellement proclamée par l'Assemblée générale
des Nations unies, le 22 octobre 1982, rappelait aussi par ses principes 1
& 5 l’importance de la protection de la nature qui doit être préservée des
déprédations causées par la guerre ou d'autres actes d'hostilité.
Toute atteinte à l’environnement peut désormais conduire à des
poursuites devant la Cour pénale internationale (CPI) aux termes de
l’article 8. 2, b, IV, IX et XIV du Statut de Rome de la CPI organisant
les crimes de guerre.

Article 8.2 : Aux fins du Statut, on entend par « crimes de guerre » :


Article 8.2, b (IV & IX), e (iv) du Statut de Rome de 1998 :
b. Les autres violations graves des lois et coutumes applicables
aux conflits armés internationaux dans le cadre établi du droit inter-
national, à savoir, l’un quelconque des actes ci-après :
iv) Le fait de diriger intentionnellement une attaque en sa-
chant qu’elle causera incidemment des pertes en vies humaines
dans la population civile, des blessures aux personnes civiles,
des dommages aux biens de caractère civil ou des dommages
étendus, durables et graves à l’environnement naturel qui se-
raient manifestement excessifs par rapport à l’ensemble de
l’avantage militaire concret et direct attendu.
ix) Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre
des bâtiments consacrés à la religion, à l’enseignement, à l’art, à
la science ou à l’action caritative, des monuments historiques,
des hôpitaux et des lieux où des malades ou des blessés sont ras-
semblés, à condition qu’ils ne soient pas des objectifs militaires.
e. Les autres violations graves des lois et coutumes applicables
aux conflits armés ne présentant pas un caractère international, dans

29
Charte Mondiale de la Nature, https://ise.unige.ch/isdd/IMG/pdf/1982_
Charte_Mondiale_Nature_JO.pdf
Aperçu général sur le droit de l’environnement 49

le cadre établi du droit international, à savoir l’un quelconque des


actes ci-après :
iv) Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre
des bâtiments consacrés à la religion, à l’enseignement, à l’art, à
la science ou à l’action caritative, des monuments historiques,
des hôpitaux et des lieux où des malades et des blessés sont ras-
semblés, pour autant que ces bâtiments ne soient pas des objec-
tifs militaires.

La jurisprudence de la CPI est assez révélatrice dans son Affaire Le


Procureur c. Ahmad Al Faqi Al Mahdi. En date du 27 septembre 2016,
Ahmad Al Faqi Al Mahdi a été reconnu par la CPI coupable du crime de
guerre d’avoir intentionnellement dirigé contre des monuments histo-
riques et dédiés à la religion à Tombouctou, au Mali, entre fin juin et
début juillet en 2012.30 Dans son Ordonnance de réparation, la chambre
de première instance VIII :

… Ordonne l’octroi de réparations individuelles, collectives et symbo-


liques en faveur de la communauté de Tombouctou, comme précisé aux
paragraphes 56, 67, 71, 83, 90, 106 et 107 de la présente ordonnance,
Reconnaît que la destruction des Bâtiments protégés a causé des souf-
frances à toute la population du Mali et à la communauté internationale,
Évalue la responsabilité d’Ahmad Al Mahdi aux fins de ces réparations
à 2,7 millions d’euros… 31

L’environnement apparaît comme un carrefour où les sciences se


croisent tout en poursuivant un seul et même idéal, la survie de

30
Le Procureur c. Ahmad Al Faqi Al Mahdi, ICC-01/12-01/15-171-tFRA, 2
septembre 2016.
31
Le Procureur c. Ahmad Al Faqi Al Mahdi, Ordonnance de réparation, ICC-
01/12-01/15-236-tFRA du 17 août 2017, VII, Paragraphes 66/67 ; Kihangi Bin-
du Kennedy, « Le droit à la réparation des victimes des crimes internationaux
dans la jurisprudence de la Cour pénale internationale », Op. Cit., p. 27.
50 Traité de droit de l’environnement

l’humanité. Les frontières érigées par les États sont quasiment ignorées
car les préoccupations environnementales se posent de manière globale,
planétaire. Face au risque de propagation transfrontière d’une catas-
trophe écologique, l’idée d’une ingérence verte32 semble, à juste titre,
avoir trouvé un écho favorable au niveau international (l’ingérence verte
et droit international)33.
L’évolution de la pensée environnementaliste a poussé les doctri-
naires à asseoir une démarche présentant les nécessités de protection de
l’environnement sans ignorer le besoin de développement. La grande
avancée enregistrée a été la formulation dès l’année 1980 du concept

32
Simple phénomène d’époque à la suite de la notion d’ingérence pour raison
d’assistance humanitaire, la question mérite de faire l’objet d’une attention
particulière en Afrique car un bon nombre des pays du continent pourraient être
des “victimes potentielles » d’une telle ingérence. Cette approche peut donner
ouverture à une nouvelle forme de domination des bailleurs de fonds (institu-
tions ou gouvernements) dans la prise de décisions environnementales. Allons-
nous donc vers une marginalisation verte de l’Afrique à qui le mécanisme de
l’échange de dette contre protection de l’environnement n’a guère profité. Kam-
to Maurice. Op. Cit., p. 59.
33
À l’instar du droit/devoir d’ingérence humanitaire en Droit international pu-
blic tel qu’abordé par Kamto Maurice, la politique de « l’ingérence verte » ou le
« droit d’ingérence écologique » se résume par la faculté pour un ou plusieurs
États à pouvoir s’immiscer, sans en être requis, dans le territoire d’un autre État
pour protéger ou restaurer une partie du patrimoine commun détruit ou en dan-
ger de destruction. Le danger imminent d’une telle pratique serait
l’institutionnalisation d’une espèce de « gendarmerie écologique mondiale » qui
érigerait les pollueurs en gardiens du temple et condamnerait les seuls pays
pauvres pour délinquance écologique. L’Afrique post coloniale qui semble être
en tête d’affiche doit se tenir convenablement débout dans cette dynamique qui
se profile à l’horizon. Kamto Maurice, Op. Cit., p. 60 ; Kihangi Bindu Kennedy.
« La justiciabilité du droit à l’environnement consacré par la Charte africaine des
droits de l’homme et des peuples de 1981 en République démocratique du Con-
go », Revista Catalana De Dret Ambiental, Vol. IV, No 1, 2013, p. 29 ; Patrick
Daillier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Droit international public, 8ème édition,
LGDJ, 2009, p. 492.
Aperçu général sur le droit de l’environnement 51

« développement durable » popularisé par le Rapport Brundtland en


1987. Une consécration solennelle va connaître un aboutissement au
travers de la Déclaration de Rio de 199234 dans ses principes 3 et 4 : « le
droit au développement doit être réalisé de façon à satisfaire équitable-
ment les besoins relatifs au développement et à l’environnement des
générations présentes et futures » ; « Pour parvenir à un développement
durable, la protection de l’environnement doit faire partie intégrante du
processus de développement et ne peut être considérée isolément ». Le
concept est apparu d’emblée comme une notion économique qu’il fal-
lait, toutefois, vite transcrire en droit et a fortiori dans la pratique juri-
dique. Son champ d’action est plus vaste car il inclut au-delà de la crois-
sance économique, des considérations environnementales, sociales,
voire culturelles. Intéressé fortement par la notion de « développement
durable », dans ses écrits, Kamto Maurice. a préféré l’interpréter dans
son appréhension juridique en ces termes35 :

Tout phénomène peut être saisi par le droit et devenir par voie de consé-
quence une chose juridique dans un ordre juridique donné dès lors que
cet ordre juridique y attache une signification conventionnelle prêtant à
conséquence juridique. C'est-à-dire, dès l’instant où, par convention en-
tendue comme une acception partagée, l’on décide par le biais d’une
règle de droit qu’elle est devenue un objet juridique. Les définitions pro-
posées notamment celle de la convention sur la diversité biologique se-
lon laquelle une « utilisation » durable est « une utilisation qui maintien
et renforce les ressources naturelles renouvelables d’une façon qui satis-
fait les besoins des générations présentes sans compromettre la possibili-
té pour les générations futures de satisfaire leurs propres besoins à partir
de mêmes ressources », et celle de la Commission Brundtland « un dé-

34
Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement,
https://www.un.org/french/events/rio92/rio-fp.htm#:~:text=En%20juin%2019
92%2C%20%C3%A0%20Rio,le%20domaine%20de%20l'environnement
35
Kamto Maurice, Op. Cit. pp. 54/56.
52 Traité de droit de l’environnement

veloppement durable est celui qui est susceptible de satisfaire les besoins
des générations » présentent sans compromettre ceux des générations fu-
tures » sont à la base de deux constituants implicites qui fondent leur ju-
ridicité : l’idée d’une obligation de gestion écologiquement rationnelle et
celle d’une responsabilité inter temporelle.

La Déclaration de Johannesburg sur le développement durable de


2002 a renforcé significativement la place du développement durable
dans l’agenda international. Elle proclame à son point 5
l’interdépendance et la complémentarité des trois piliers du développe-
ment durable : le développement économique, le développement social
et la protection de l’environnement36.
La Cour permanente d’arbitrage (CPA) rappelle avec pertinence
que :

Le droit de l’environnement et le droit applicable au développement ne


constituent pas des alternatives, mais des concepts intégrés se renforçant
mutuellement ; ainsi, lorsque le développement risque de porter atteinte
de manière significative à l’environnement, doit exister une obligation
d’empêcher, ou au moins d’atténuer, cette pollution … ce devoir est dé-
sormais devenu un principe du droit international général … Le Tribunal
a rappelé l’observation de la CIJ dans l’affaire Gabcikovo – Nagymaros
selon laquelle « le concept de développement durable traduit bien cette
nécessité de concilier développement économique et protection de
l’environnement37. » Dans ce contexte, la Cour a clairement précisé que
« ces normes nouvelles doivent être prises en considération et, … ces
exigences nouvelles convenablement appréciées, non seulement lorsque

36
Déclaration de Johannesburg sur le développement durable, point 5,
https://www.comite21quebec.org/wp-content/uploads/2015/09/declaration_de
_johannesbourg_sur_le_developpement_durable_2002.pdf (consulté le 7/7/
2022).
37
Gabcikovo – Nagymaros (Slovaquie/Hongrie), Arrêt du 25 septembre 1997,
Recueil C.I.J., Paragraphe 140.
Aperçu général sur le droit de l’environnement 53

des États envisagent de nouvelles activités, mais aussi lorsqu’ils pour-


suivent des activités qu’ils ont engagés dans le passé38. »

Le développement durable implique aussi la prise en compte des


droits de l’homme, notamment le droit à un environnement sain. La
Déclaration de Rio de 1992, dans son Principe 1, le souligne clairement
en ces termes : « les êtres humains sont au centre des préoccupations
relatives au développement durable. Ils ont droit à une vie saine et pro-
ductive en harmonie avec la nature ». Il en résulte que la reconnaissance
du droit de l’homme est une condition nécessaire à la mise en œuvre de
l’objectif du développement durable.
Ainsi, la consécration de la notion de « développement durable »
dans différents instruments juridiques tant à l’échelle internationale que
nationale depuis 1992 est une base juridique évidente des obligations
juridiques auxquelles sont soumises les générations présentes et futures.
Toute décision administrative qui ignorerait cette dimension est suscep-
tible de faire l’objet d’un examen devant le juge administratif. Le légi-
slateur Congolais a ainsi consacré le principe de « développement du-
rable » parmi tant d’autres principes généraux dans sa Loi N° 11/009 du
9 juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l’environnement pour servir de base aux lois particulières pour régir les
différents secteurs de l’environnement en RDC.
L’environnement reflète désormais une valeur sociale, une éthique et
une responsabilité collective qui s’imposent non seulement aux États
mais aussi à tous les acteurs économiques et sociaux. Il est exigé de tout
acteur une obligation d’ordre juridique de gestion écologiquement ra-
tionnelle et celle d’une responsabilité inter temporelle39. À long terme, il

38
Arbitrage relative à la ligne du Rhin de Fer (“Ijzeren Rijn”) (Belgique c. Pays
Bas), Sentence du Tribunal Arbitral ad hoc, Cour permanente d’arbitrage,
La Haye, 24 mai 2005, Paragraphe 59, https://pcacases.com/web/sendAttach/481
39
Kamto Maurice, Op. Cit. pp. 54-56.
54 Traité de droit de l’environnement

n’y aura pas de développement possible s’il n’est pas économiquement


efficace, socialement équitable et écologiquement tolérable40.

Il ressort de ce schéma trois composantes qui forment le concept de


développement durable : l’aspect social, l’aspect économique et l’aspect
environnemental. Une compréhension plus holistique intègre aussi
d’autres aspects notamment d’ordre culturel, démocratique et de partici-
pation. Tout en se posant de manière transversale, ils reposent fortement
sur l’idée de la démocratie environnementale, expression d’une nouvelle
forme de gouvernance publique dans laquelle chaque citoyen participe à
la dynamique de détermination des politiques publiques en matière
d’environnement, abordée par Aenza Konaté en ces termes :

Les trois piliers de la démocratie environnementale sont préconisés par


le principe 10 de la Déclaration de Rio de 1992 selon lequel : La meil-
leure façon de traiter les questions d’environnement est d’assurer la par-
ticipation de tous les citoyens concernés, au niveau qui convient. Au ni-
veau national, chaque individu doit avoir dûment accès aux informations
relatives à l’environnement que détiennent les autorités publiques, y
compris aux informations relatives aux substances et activités dange-

40
Jean-Michel Corhay, Changements climatiques et développement durable, les
jalons d’une prise de conscience mondiale, https://diplomatie.belgium.be/sites/
default/files/downloads/dossier_climat_developpement.pdf
Aperçu général sur le droit de l’environnement 55

reuses dans leurs collectivités, et avoir la possibilité́ de participer aux


processus de prise de décision (...) Un accès effectif à des actions judi-
ciaires et administratives, notamment des réparations et des recours, doit
être assuré41.

Le développement durable a une portée juridique non négligeable et


son contrôle passe par le juge administratif qui peut être saisi en recours
pour excès de pouvoir, de la contradiction d’un acte règlementaire avec
le développement durable. Les pouvoirs publics ont ainsi l’obligation de
le promouvoir. Il s’agit ici d’un exercice qui permet au juge de procéder
à une conciliation d’intérêts divergents (la protection et la mise en valeur
de l'environnement, le développement économique et le progrès so-
cial)42.

1.2 Les courants d’ordre philosophique et moral


de l’environnement

Au fil des années, d’innombrables courants d’ordre philosophique et


moral de l’environnement ont fait apparition. Le mouvement des droits
des animaux, la problématique de la valeur intrinsèque de la nature, le
biocentrisme, l’éco-féminisme et la libération de la nature ont été abor-
dé, par André Beauchamp dans une approche d’une écologie profonde
en faisant ressortir deux axes importants, à savoir : le rapport être hu-
main/nature et le statut de la nature sous l’angle des droits et des va-

41
Aenza Konaté, « Pour une démocratie environnementale en Afrique : De
nouveaux droits de citoyenneté indispensables à l’effectivité du droit de
l’environnement », Revue Africaine de droit de l’environnement (RADE),
Le droit de l’environnement en Afrique, N°01, 2014, p. 38.
42
Conseil d’État, Le Juge administratif et le droit de l’environnement, Dossiers
thématiques du Conseil d’État, 1er juin 2015, pp. 6-7, https://www.conseil
-etat.fr/decisions-de-justice/jurisprudence/dossiers-thematiques/le-juge-
administratif-et-le-droit-de-l-environnement (consulté le 7/7/2022)
56 Traité de droit de l’environnement

leurs43. Au cours des années 1970, plusieurs autres pensées vont émer-
ger autour de ce que d’aucuns ont qualifié « écologie politique ». Il s’est
agi, en fait, d’un ensemble de courants insistant sur la prise en compte
des enjeux écologiques dans les actions politiques, économiques, so-
ciales et culturelles (malthusien, arcadien, autoritaire, institutionnaliste,
catastrophiste, constructiviste, etc.)44. Les théories anthropocentrées45,
non-anthropocentrées, biocentrisme et l’écocentrisme seront suffisam-
ment nourries46. Et, c’est dans cette dynamique que le droit de
l’environnement va connaître un essor impressionnant47.
Dans son étude sur « les rapports entre l’homme et la nature, une
analyse critique de l’éthique de l’environnement », Martino Amisi48 est
revenu sur certains courants développés autour de composantes de

43
André Beauchamp, Introduction à l’éthique de l’environnement,
https://www.erudit.org/fr/revues/ltp/1995-v51-n2-ltp2152/400927ar.pdf
44
Dominique Bourg, Kerry Whiteside, « Écologie politique : essai de typolo-
gie » Pensée écologique, N°1, 2017, https://www.cairn.info/revue-la-pensee-
ecologique-2017-1-page-a.htm?contenu=article ; Estelle Deléage, Denis Char-
tier, « Écologie et politique : vingt ans d’engagement, et après ? » Écologie &
politique, 2012, N° 45, https://journals.openedition.org/lectures/9544?lang=es
(consulté le 7/7/2022).
45
Mustapha Mekki, « Responsabilité civile et droit de l’environnement : Vers un
droit de la responsabilité environnementale ? », p. 1, https://mustaphamekki.
openum.ca/files/sites/37/2017/05/redaction-Responsab ilite-civile-et-droit-de-
l%E2%80%99environnement.pdf (consulté le 7/7/2022).
46
Kihangi Bindu Kennedy, Environmental and developmental rights in the
Southern African Development Community with specific reference to the Dem-
ocratic Republic of Congo and the Republic of South Africa, Thesis, University
of South Africa, 2010, pp. 72-75 ; Sabin Mande M., Op. Cit., pp. 33-35.
47
Adeline Meynier, Réflexions sur les concepts en droit de l’environnement,
Thèse de Doctorat, Université Jean Moulin Lyon 3, pp. 17-18.
48
Martino Amisi, Les rapports entre l’homme et la nature. Une analyse critique
de l’éthique de l’environnement, Institut Facultaire Théophile Reyn, 2009,
https://www.memoireonline.com/09/09/2716/m_Les-rapports-entre-lhomme-et-
la-nature-Un-analyse-critique-de-lEthique-de-lenvironnement8.html
Aperçu général sur le droit de l’environnement 57

l’environnement et les rôles respectifs qu’elles jouent à l’intérieur de


l’environnement. Par la théorie de l’anthropocentrisme, il est noté le rôle
central que joue l’homme en tant qu’une composante de
l’environnement à l’intérieur de la nature. L’homme est, non seulement,
une partie de la nature, mais aussi, l’unique être capable de saisir
l’intelligibilité de l’univers. Ainsi, toute action sera jugée bonne ou
mauvaise selon qu’elle procure un bien ou un mal à l’homme. L’homme
étant le seul possesseur des valeurs morales, son action sur la nature est
moralement neutre parce que la nature n’est pas porteuse de la loi mo-
rale. Partant, les composants non humains de la nature ne pourront se
voir reconnaître de valeur que par rapport aux intérêts des êtres humains
et aux buts que les humains s’assignent. Cela renvoie ipso facto à l’idée
d’une valeur instrumentale49.
Dans la suite de temps, est né dans le cadre de la théorie de
l’anthropocentrisme, la théorie de la restauration de la nature qui consi-
dère que l’homme, en tant que maître de la nature, a l’obligation de
réparer les dommages faits à la nature. Cela justifie à ces jours les pro-
grammes de reboisement initiés dans différents pays en vue de lutter
contre les effets du réchauffement climatique et l’effondrement de la
biodiversité50. La théorie non-anthropocentrée porte un cliché fondé sur
l’idée selon laquelle tout être vivant « a un égal droit à vivre » et « à
s’épanouir ». Tout doit partir d’une éthique totalement nouvelle, une
résolution environnementale, pour mettre en échec le « chauvinisme
humain », désastreux du point de vue écologique.

49
Martino Amisi, Op. cit., https://www.memoireonline.com/09/09/2716/m_Les-
rapports-entre-lhomme-et-la-nature-Un-analyse-critique-de-lEthique-de-
lenvironnement8.html
50
Le Monde, L’ONU a planté plus de 1,6 milliards d’arbres en 2007,
https://www.lemonde.fr/planete/article/2007/12/27/l-onu-a-plante-plus-de-1-6-
milliard-d-arbres-en-2007_993853_3244.html ; Martino Amisi, Op. Cit.,
https://www.memoireonline.com/09/09/2716/m_Les-rapports-entre-lhomme-et-
la-nature-Un-analyse-critique-de-lEthique-de-lenvironnement8.html
58 Traité de droit de l’environnement

Bryan Norton considère, bien évidemment dans cette perspective,


que l’homme n’a pas encore adéquatement reconnu et apprécié toute la
gamme des intérêts que les êtres humains ont à conserver des écosys-
tèmes intacts et en bon état. Là-dessus, les intérêts de tous les êtres hu-
mains concernés ne sont pas davantage reconnus : ceux des membres
des générations futures ont été particulièrement négligés51.
Warwick Fox partage l’idée selon laquelle les partisans d’une
éthique environnementale sont en droit de demander à ceux qui, par
l’industrialisation, se préparent à exterminer d’autres formes de vie ou à
polluer l’environnement, de prouver le bien-fondé de leurs actes. C’est à
ceux qui font, non à ceux qui empêchent de faire, que la charge de la
preuve revient.52 Cela semble rencontrer l’idée développée par Yuriko
Saito de la notion de « citoyenneté environnementale » dans sa concep-
tion du civisme environnemental (ce civisme est présenté dans une com-
préhension large des valeurs à partager à l’égard de l’environnement
plutôt que celle du respect de lois environnementales. Dans ce cas la
protection de l’environnement a plus de chances de se réaliser car elle
reposerait sur la préservation de ce que les gens valorisent)53. Ce ci-
visme s’oppose à un respect passif de l’environnement qui reposerait sur
la seule observation de lois sanctionnant notre rapport à ce dernier. Pour
Yuriko Saito « respecter l’environnement parce que la loi nous y enjoint
n’est pas la même chose que de le faire parce qu’on souhaite déterminer
ses conditions de vie selon ses propres valeurs … il y aurait fort à parier
que le respect de l’environnement serait plus assuré s’il émanait d’une

51
Canto-Sperber M. (S/dir.), Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale,
PUF, Paris, 1996, p. 499 cité par Sabin Mande M., Op. Cit., p. 34.
52
Ibidem, p. 34.
53
Frédéric Abraham, Sur ce qu’il y a d’éthique dans l’esthétique de
l’environnement : Allen Carlson, Martin Seel, Arnold Berleant et les implica-
tions éthiques de l’esthétique environnementale, Thèse, Université du Québéc,
Octobre 2012, p. 161.
Aperçu général sur le droit de l’environnement 59

initiative citoyenne autonome visant à promouvoir ce qui nous tient à


cœur54 ».
En vue d’asseoir la valeur fondamentale de la nature, il a été déve-
loppé d’autres théories non moins importantes, notamment le biocen-
trisme et l’écocentrisme. La théorie du biocentrisme (centré sur la vie)
de protection de l’environnement, a été présentée comme l’effort
d’étendre la valeur morale à toute forme de vie. Il existe un lien étroit de
dépendance qui relie l’homme à l’environnement qui l’entoure et, par
conséquent, on ne peut nier que ses intérêts soient étroitement liés à
ceux du monde physique. Par voie de conséquence, l’homme peut être
réduit à un simple composant du monde naturel, à une autre forme de
vie sans plus d’importance morale que les autres.
Taylor Paul cité par Sabin Mande va défendre un biocentrisme beau-
coup plus exigeant. Tous les êtres vivants s’efforcent d’atteindre des fins
qui leur sont immanentes. Tout organisme a une « valeur inhérente »
pour autant qu’il soit un « centre de vie téléologique. » À ce titre, tout
organisme vivant possède une valeur de façon égale55. L'idée d'un être
possédant un bien qui lui est propre, telle que la conçoit Paul Taylor,
n'implique pas le fait que cet être ait des intérêts, ou qu'il prenne intérêt
à ce qui affecte sa vie pour le meilleur ou pour le pire. Nous pouvons
agir pour le bien d'un être ou de façon contraire à ses intérêts sans que ce
dernier soit intéressé parce que nous le faisons pour lui. Tel serait le cas,
par exemple, des arbres qui sont dénués de connaissance, de désir ou de
sentiment. Et pourtant, il est incontestable que les arbres peuvent tirer un
bénéfice ou subir un préjudice du fait de nos actions. De ce fait, nous
pouvons les aider ou les entraver dans la réalisation de leur bien56.

54
Yuriko Saito, « On the role of aesthetics in civi environmentalism », in Ber-
leant A., & Carlson A. (Ed), The aesthetics of human environments, pp. 203-218
cité par Frédéric Abraham, Op. Cit., pp. 160-161.
55
Canto-Sperber M. (S/dir.), Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale,
Paris, PUF, 1996, p. 499 cité par Sabin Mande M., Op. Cit., p. 35.
56
Martino Amisi, Op. Cit.,
60 Traité de droit de l’environnement

Somme toute, l'éthique biocentrique reconnaît un vouloir-vivre dans


la nature et accorde à toutes formes de vie une dignité morale. Taylor
Paul estime que l'éthique biocentrique implique une éthique du respect
de la nature : si tous les vivants ont un statut égal, et qu'on ne peut pas
traiter une valeur intrinsèque comme un moyen, alors chaque entité
individuelle a droit à la protection parce qu'il s'agit là d'une affaire de
principe. L'éthique du respect de la nature est donc une éthique déonto-
logique qui évalue les actions selon qu'elles respectent ou non les prin-
cipes moraux57.
Goodpaster cité par Sabin Mande estime qu’il n’est requis
d’envisager les effets de ses actions sur les autres organismes vivants
non humains que lorsque ses propres intérêts majeurs n’entrent pas en
conflit avec les leurs. Dans cet angle d’une éthique environnementale
biocentrée minimaliste, les êtres humains ont le droit de mettre en cul-
ture les plantes, de tuer les animaux afin de s’en nourrir, d’abattre des
arbres pour construire des maisons ou fabriquer du papier. Globalement,
ils ont le droit de traiter les autres êtres vivants comme des moyens pour
des fins humaines. Il faut seulement s’assurer qu’agir ainsi est néces-
saire, c’est-à-dire qu’on ne cause pas, de façon gratuite ou frivole, de
dommages aux autres êtres vivants58.
Pour Louis Lombardi cité par Sabin Mande, les êtres vivants possè-
dent une valeur inhérente et doivent être respectés. Mais tous ne la pos-
sèdent pas de façon égale. Or, si les intérêts des êtres figurant dans cette
hiérarchie de la valeur peuvent aussi être ordonnés, on peut alors cons-
truire un algorithme raisonnable et réalisable pour arbitrer les conflits
d’intérêts qui mettent en jeu des membres d’espèces différentes :

https://www.memoireonline.com/09/09/2716/m_Les-rapports-entre-lhomme-et-
la-nature-Un-analyse-critique-de-lEthique-de-lenvironnement8.html
57
Idem.
58
Canto-Sperber M. (S/d), Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale,
Paris, PUF, 1996, p. 498 cité par Sabin Mande M., Op. Cit., p. 34.
Aperçu général sur le droit de l’environnement 61

Les espèces ont une valeur intrinsèque et, corrélativement, les êtres hu-
mains ont l’obligation de les préserver. Mais les écosystèmes constituent
la matrice au sein de laquelle les espèces ont évolué. Il s’ensuit que les
écosystèmes ont également une valeur intrinsèque et que les êtres hu-
mains ont l’obligation corrélative de les préserver59.

Revenant à l’étude réalisée par Martino Amisi, contrairement à


l’éthique biocentrique de l’environnement, l’écocentrisme est présenté
comme un élargissement du domaine moral jusqu’aux éléments non
vivants de la nature, c’est-à-dire un égalitarisme biosphérique selon
lequel les espèces, les communautés, les écosystèmes ont une valeur
intrinsèque, parce qu’ils sont une matrice des organismes. L’homme fait
partie de la communauté biotique, les plantes et les animaux sont ses
compagnons. Cela pose ipso facto la nécessité d’un partenariat
(stewardship) avec la nature60.
Aldo Léopold note que le principe fondamental de l'éthique écocen-
trique est qu’une « chose est juste lorsqu'elle tend à préserver l'intégrité,
la stabilité et la beauté de la communauté bioéthique et qu'elle est injuste
lorsqu'elle tend à autre chose. » L'écocentrisme évoque l'idée de la va-
leur systémique étant donné que les éléments de la nature sont liés les
uns aux autres dans un système61.
Évoquant la valeur de la nature, Rolston III démontre l'existence de
la valeur systémique fondamentale dans la nature : « les valeurs sont
intrinsèques, instrumentales et systémiques, et les trois sont entrelacées,
aucune ne pouvant se voir reconnaître une importance prioritaire par

59
Ibidem, p. 35.
60
Martino Amisi, Op. Cit.,
https://www.memoireonline.com/09/09/2716/m_Les-rapports-entre-lhomme-et-
la-nature-Un-analyse-critique-de-lEthique-de-lenvironnement8.html
61
Idem.
62 Traité de droit de l’environnement

rapport aux deux autres, bien que la valeur systémique soit fondamen-
tale62. »
Toutes considérations faites, l’éthique biocentrique et l’éthique éco-
centrique présentent toutes un rapport de partenariat entre l’homme et
les autres composantes de la nature étant donné que l’homme n’est
qu’une composante au même titre que les autres. Cependant, l'homme
doit demeurer et être considéré comme un administrateur de la nature63.
Ayant à l’esprit l’ensemble des courants philosophiques, Morand
Déviller cité par Sabin Mande considère ce qui suit :

Anthropocentrisme ou éco-centrisme, il revient à l’homme d’apprendre


la modestie : Il n’est plus « maître et possesseur de la nature », et la na-
ture n’est plus servante mais maîtresse. Une des premières victoires de la
cause environnementale est d’avoir révélé combien homme et nature
sont complices, inséparables, car mutiler la nature c’est, pour l’homme,
se mutiler lui-même64.

Le fondement théologique et religieux autour des relations entre


l’homme et la nature a rencontré aussi une bonne audience en termes
d’idées ayant émargé au fil des temps. Le christianisme a été présenté
comme la religion la plus anthropocentrique que le monde ait con-
nue. Le récit de la création établit l'homme maître de tout ce qui existe.
Dans ce récit, Dieu ordonne à l'homme de dominer sur les poissons de la
mer, les oiseaux du ciel, sur les bestiaux, sur toutes les bêtes sauvages et
toutes les bestioles qui rampent sur la terre et de parfaire l'oeuvre de la
création (Genèse 1, 26-29)65.

62
Rolston III cité par Martino Amisi, Op. Cit.
63
Idem.
64
Sabin Mande M., Op. Cit., p. 35.
65
Martino Amisi, Op., Cit.
https://www.memoireonline.com/09/09/2716/m_Les-rapports-entre-lhomme-et-
la-nature-Un-analyse-critique-de-lEthique-de-lenvironnement8.html ; Louis
Aperçu général sur le droit de l’environnement 63

L’Islam porte son attention sur le fait que l’humanité résulte de la


volonté divine et que chaque être humain, vicaire de Dieu et prolonga-
teur de sa création, est responsable du devenir de cette création en gérant
avec sagesse et respect les richesses de la nature et de l’environnement.
Cette nature belle et fragile est confiée à la sauvegarde de l’homme dont
la survie dépend étroitement de l’environnement minéral, animal ou
végétal. Elle appelle une nouvelle éthique de responsabilité, encadrée
par le principe de précaution, qui tente de mettre en place des méca-
nismes protégeant la biodiversité, l’eau, les nappes phréatiques, les fo-
rêts en danger, l’atmosphère et la santé humaine, et même animale,
contre les méfaits des pesticides, des pollutions radioactives, de l’effet
de serre, et des modifications génétiques dans l’agriculture menaçant
l’alimentation humaine et même la respiration66.
Jean Bastaire cité par Sabin Mande67, chrétien catholique, est partie
d’une question aussi significative, à savoir : existe-t-il une écologie
chrétienne ? En cela, il a tenu à présenter une interpellation pour
l’existence d’une écologie chrétienne. L’écologie est, selon lui, d’abord
un défi spirituel, avant, pendant et après les débats politiques et parle-
mentaires. Il y va d’abord de la responsabilité individuelle de chacun.
Danneels, de sa part, note que la création est en danger, et le proces-
sus de son anéantissement doit être arrêté. Car, notre vie entière se passe
au sein de la nature. Elle nous porte et nous nourrit68. Les religions mo-
nothéistes considèrent tout comportement qui dégrade ou porte préjudice
à l’écologie comme un péché, « un crime contre la nature est un crime

Segond, La Sainte Bible traduite d’après les textes originaux Hébreu et Grec,
Édition Revue avec références, Alliance Biblique Universelle, p. 10.
66
Sabin Mande M., Op. Cit., p. 36.
67
Ibidem, p. 38.
68
Danneels G. (Cardinal), L’homme et son jardin, Écologie et création,
Bruxelles, Service de presse de l’Archevêché, 2008, p. 10 in Sabin Mande M.,
Op. Cit., p. 38.
64 Traité de droit de l’environnement

contre nous-même et un péché contre Dieu ».69 Cela doit donc être en-
cadré juridiquement en vue de prévenir toute atteinte à l’écologie et
promouvoir une relation harmonieuse entre l’homme et la nature.
Les différentes composantes de l’environnement sont marquées par
une interdépendance pour la survie de l’humanité. L’homme doit adop-
ter un comportement responsable à la hauteur d’une dimension déonto-
logique, citoyenne et éthique. Les courants précités ne cessent
d’influencer les normes juridiques se rapportant à la protection de
l’environnement dans ses différents secteurs à l’échelle tant internatio-
nale, régionale que nationale.

1.3 Droit de l’environnement, une nouvelle branche


autonome du droit

Le droit de l’environnement, en tant qu’une nouvelle branche de


droit, est au centre des controverses énormes lorsqu’on porte l’attention
sur sa genèse, son importance, son contenu, son autonomie vis-à-vis
d’autres branches de droit et sa dimension transdisciplinaire. Il s’agit
d’une nouvelle discipline qui fait son chemin et qui se confirme judi-
cieusement. Bien que certains doctrinaires lui trouvent un fondement
dans des textes relativement anciens, il est un droit jeune, si pas adulte
selon la compréhension de Prieur M.,70 qui développe des principes
assez révolutionnaires propres sans lesquels il serait douteux de parler
d’une branche de droit. Son évolution impressionnante, portée spécifi-
quement par les sciences et la technologie, fait que son champ
d’intervention soit élargi, tout en gardant, toutes proportions faites et
tous protocoles observés, la spécificité de son autonomie par rapport à
d’autres branche de droit. Pour Martin Bidou, l’objet de ce nouveau
droit, la préservation de l’environnement, est suffisamment particulier,

69
Sabin Mande M. Op. Cit., p. 40.
70
Prieur Michel., Droit de l’environnement, 4ème édition, Op. Cit., p. 8.
Aperçu général sur le droit de l’environnement 65

précis et identifiable pour permettre de dire qu’il y a une nouvelle


branche du droit71. Si la protection de l’environnement s’impose à
l’humanité comme une nécessité, il serait aberrant de l’envisager en
ignorant le droit. Les normes juridiques sont aussi d’une grande impor-
tance pour une protection efficace dans le secteur de l’environnement
comme dans tous les autres secteurs. Ces normes prennent différentes
formes notamment la forme d’instruments juridiques internationaux, de
directives des institutions internationales, de cadre constitutionnel,
d’actes législatifs et réglementaires nationaux.
En tant que droit très fragmenté, le droit de l’environnement associe
plusieurs approches et est subdivisé en différentes sous
branches notamment :

- Les branches liées aux éléments composant l’environnement :


droit de l’air, - droit de l’eau et de la mer, droit des sols droit de
la biodiversité et des biotopes72 ;
- Les branches liées à des activités humaines : droit de la chasse,
de la pêche, de l’énergie ;
- Les branches liées à des activités nuisibles ou polluantes : droit
du bruit, droit des installations classées (établissements), droit
de l’assainissement, droit des risques majeurs industriels ou na-
turels ;
- Les branches liées à un objet particulier : droit de la protection
de la nature qui intègre aussi la protection de l’environnement
nocturne contre la pollution lumineuse, droit des produits chi-
miques, droit des déchets, droit des sites, des monuments histo-
riques, etc. ;

71
Martin Bidou P., Droit de l’environnement, éd. Vuibert, Paris, 2010, 12 cité
par Sabin Mande M., Op. Cit. p. 51.
72
Biotope : Aire géographique caractérisée par des conditions climatiques et
physicochimiques homogènes permettant l’existence d’une faune et d’une flore
spécifique.
66 Traité de droit de l’environnement

- Les branches liées à un secteur économique auquel on appose


ses problématiques juridiques environnementales propres :
agriculture et environnement, industrie et environnement, ser-
vices et environnement. La déclinaison peut aller à l'infini par
sous-secteur : pisciculture, nucléaire, tourisme, santé-
73
environnement, etc.
On oppose souvent artificiellement alors qu'ils sont complémentaires
le droit de la protection de la nature et celui de la lutte contre les pollu-
tions et nuisances.
Le droit de l'environnement se décline selon l'ordre juridique qu'il in-
terroge, l’interaction est aussi envisageable vis-à-vis d'autres branches
juridiques à l'exemple du droit civil (reconnaissance du préjudice écolo-
gique ), du droit pénal, du droit commercial74, du droit des affaires75, du
droit fiscal, et l'on évoquera alors le droit pénal de l'environnement. Le
droit de l'environnement peut à la fois relever du droit public comme du
droit privé.
Outre son aspect normatif, imposant des obligations d’ordre public -
comparé à du hard law ou « droit dur », le droit de l'environnement peut
prendre également le caractère de « droit mou » (Soft Law) sans imposer
d'obligations juridiques mais juste des normes de comportement recom-
mandées. Il est aussi un des champs d'application anticipatoire du prin-
cipe de prévention et du principe de précaution ainsi que des notions
d’études d’impact, de mesures conservatoires, mesures compensatoires
et responsabilité environnementale ou de remboursement de rembour-
sement de dette écologique.76

73
Kihangi Bindu Kennedy, Tutoriel du cours d’Introduction au droit de
l’environnement, L1/LMD/S1/Intro-Dr-envir/KKB/21-22, 2022, pp. 9-11.
74
https://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_commercial
75
https://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_des_affaires
76
Idem.
Aperçu général sur le droit de l’environnement 67

La Déclaration de Stockholm de 1972 sur l’environnement


Le droit international de l’environnement a connu une évolution im-
pressionnante à partir de la première Conférence des Nations unies sur
l’environnement, qualifiée de premier sommet de la terre, tenue du 5 au
16 juin 1972, à Stockholm. Ainsi, autour du slogan « une seule Terre »,
la conférence a abouti à la création du Programme des Nations unies
pour l’environnement (PNUE)77. Il avait été noté la nécessité, au cours
de ces assises, d’adopter une conception commune et des principes
communs qui inspireront et guideront les efforts des peuples du monde
en vue de préserver et d’améliorer l’environnement.78 Pour la toute pre-
mière fois, les questions relatives à l’homme et son milieu ont été discu-
tées à l’échelle internationale79. Les divergences de vues nourries autour
des priorités à définir notamment entre le développement et la protection
de l’environnement entre les pays en voie de développement et les pays
industrialisés ont fait beaucoup de recettes pour qu’elles marquent
l’ensemble des négociations futures internationales.
Selon Günther Handl, Stockholm a été l’occasion de dresser « le tout
premier bilan des conséquences des activités humaines pour
l’environnement à l’échelle du monde, avec la volonté d’esquisser une
conception commune des moyens d’assurer la difficile tâche de préser-
ver et d’améliorer ce qu’on appelait alors l’environnement humain.
Élaborée dans cet esprit, la Déclaration de Stockholm adopte surtout des

77
Centre ressource du développement durable (CRDD), Objectifs de dévelop-
pement durable : Nouveau cadre international et national de mise en œuvre du
développement durable à l’horizon 2030, http://www.cerdd.org/Parcours-
thematiques/Territoires-durables/Ressources-territoires-durables/Objectifs-de-
Developpement-Durable-Nouveau-cadre-international-et-national-de-mise-en-
oeuvre-du-developpement-durable-a-l-horizon-2030
78
Déclaration de Stockholm de 1972 sur l’environnement, 26 principes adoptés.
79
Développement durable et impacts environnementaux,
http://stockage.univ-valenciennes.fr/MenetACVBAT20120704/acvbat/chap01/
co/ch01_050_1-4-2.html
68 Traité de droit de l’environnement

objectifs généraux de politique environnementale, et non des disposi-


tions normatives précises. Toujours est-il que la période qui a suivi a été
marquée par une prise de conscience spectaculaire des questions
d’environnement dans le monde entier, qui s’est accompagnée d’un
essor du droit international de l’environnement80. »
La Déclaration de Stockholm contient 26 principes qui, depuis son
adoption, inspirent largement les politiques et grandes orientations inter-
nationales, régionales et nationales en matière d’environnement.

La Conférence des Nations unies sur l’environnement,


du 5 au 16 juin 1972, Déclaration de Stockholm
- Les principes 1, 2 et 3 de la Déclaration portent sur les droits et
devoirs de l’homme ;
- Les principes 4, 5, 8, 13, 14, 15, 21, 22, 24 et 25 de la Déclara-
tion rappellent les aspects se rapportant aux responsabilités des
différentes parties prenantes dans la gestion des ressources na-
turelles, la réparation des préjudices écologiques au profit des
victimes dans le respect de l’égalité souveraine des États.
- Les principes 6, 7 et 26 de la Déclaration traitent des matières
toxiques, armes nucléaires et pollution de l’environnement ma-
rin.
- Les principes 9, 10, 11, 12, 16, 17 et 23 de la Déclaration se
rapportent aux aspects des politiques et institutions à mettre en
place dans les pays sous-développés, en voie de développement
et industrialisés en vue d’une coordination efficace dans la pré-
servation et l’amélioration de l’environnement.
- Les principes 18, 19 et 20 de la Déclaration abordent des as-
pects se rapportant à la science, la technique et l’enseignement.

80
Günther Handl, Environnement : les déclarations de Stockholm (1972) et de
Rio (1992), United Nations Audiovisual Library of International Law, 2013, p. 1
disponible sur www.un.org/law/avl
Aperçu général sur le droit de l’environnement 69

La Charte mondiale de la nature de 1982


Dix ans après la conférence de Stockholm et avant la conférence de
Rio, la Charte mondiale de la nature a été proclamée par l’Assemblée
Générale des Nations Unies, le 28 octobre 1982. Elle est une déclaration
de principes écologiques et éthiques ayant une attention particulière sur
les valeurs intrinsèques des espèces et des écosystèmes (protection et
conservation). Considérée de progressiste, la Charte reconnaît
l’interdépendance entre l’environnement et le développement, préfigure
le principe de développement durable, énonce le fait que l’humanité fait
partie de la nature et la vie dépend du fonctionnement ininterrompu des
systèmes naturels. Marquée par une grande valeur morale, la Charte
mondiale de la nature introduit une idée fondamentale de la notion de
générations futures et des principes de conservation au regard desquels
tout acte de l’homme affectant la nature doit être guidé et jugé. Malgré
son caractère juridique non contraignant, la Charte rappelle non seule-
ment des principes fondamentaux sur la conservation de la nature et a
fortement influencé l’élaboration d’autres textes juridiques nationaux,
régionaux et internationaux en matière d’environnement.81
La première partie de la Charte mondiale de la nature porte pour
l’essentiel sur les principes généraux (articles 1 à 5) ; la deuxième partie
fixe les fonctions (articles 6 à 13) ; et la troisième partie sur la mise en
œuvre de la Charte (article 14 et suivants).82

La Déclaration de Rio de Janeiro de 1992 sur


l’environnement et le développement
Vingt ans après le premier rendez-vous mondial sur l’environnement
à Stockholm (Suède) en 1992, la Conférence des Nations unies sur
l’environnement et le développement (CNUED), connue sous le nom de

81
Sabin Mande M., Op. Cit., p. 58.
82
Charte Mondiale de la Nature, : https://ise.unige.ch/isdd/IMG/pdf/1982_
Charte_Mondiale_Nature_JO.pdf
70 Traité de droit de l’environnement

« sommet planète », organisée à Rio de Janeiro (Brésil), du 3 au 14 juin


1992, a été une autre opportunité de lecture minutieuse des défis envi-
ronnementaux83. Dans le registre préparatoire de ce forum, il a été signa-
lé quelques faits saillants qui ont influencé directement ou indirectement
le rendez-vous de Rio notamment : le Sommet de Nairobi du 10 au 18
mai 1982 (sommet de la terre n’ayant pas connu du succès) ; les travaux
de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement
des Nations Unies, ayant abouti à la publication du Rapport Brund-
tland84 de 1987 (intitulé « Notre avenir à tous » - Our Common Future),
ont porté une grande attention à l’opposition régulièrement évoquée du
besoin de développement et de la nécessité de protection de
l’environnement. L’objectif poursuivi étant celui, certes, de concilier le
développement économique, le progrès social et la protection de
l’environnement. Dans son contenu, il a été noté particulièrement :

- Le constat d’un avenir compromis, de la nécessité de mettre en place


un développement durable et de procéder à la redéfinition du rôle de
l’économie mondiale ;
- Les problèmes communs à gérer (la démographie, la finitude des res-
sources, la sécurité alimentaire, la nécessité de la préservation des es-
pèces et des écosystèmes, l’énergie, l’industrie, …) ;
- Les propositions en matière d’efforts communs (gestion commune du
patrimoine, la paix, la sécurité, le développement et l’environnement,
et enfin la nécessité d’une action commune).

83
La conférence était présidée, comme d’ailleurs aussi celle de Stockholm en
1972, par le Canadien Maurice Strong. Elle avait réuni 178 délégations parmi
lesquelles 52 États Africains dont la délégation de la République démocratique
du Congo (ex. Zaïre). Maurice Kamto, Op. Cit., p. 44.
84
Brundtland, nom de la Présidente de la Commission, Gro Harlem Brundtland,
Norvégienne, http://stockage.univ-valenciennes.fr/MenetACVBAT20120704/
acvbat/chap01/co/ch01_070_1-4-4_1.html
Aperçu général sur le droit de l’environnement 71

À l’issue des travaux de la Commission mondiale sur


l’environnement et le développement des Nations Unies avait été propo-
sé l’organisation d’une nouvelle Conférence des Nations unies sur
l’environnement et le développement. Contraire au Club de Rome85 qui
considérait le danger que représente une croissance économique et dé-
mographique exponentielle du point de vue de l’épuisement des res-
sources (énergie, eau, sol), de la pollution et de surexploitation des sys-
tèmes naturels dans son rapport produit en 1972 ; le rapport Brundtland
va établir que la croissance économique est nécessaire pour assurer la
« sauvegarde » de la planète.
En effet, la conférence de Rio a été un moment de célébration des
acquis de la Conférence de Stockholm de 1972 et d’adoption d’un bon
nombre d’instruments internationaux, bien que non contraignants juridi-
quement,86 définissant des principes87 et des orientations pour la protec-
tion de l’environnement. Un programme mondial d’action sur le déve-
loppement durable, intitulé « Action 21 » ou « Agenda 21 » de Rio a été
adopté avec succès. La Déclaration de Rio de 1992 sur l’environnement
et le développement énonce 27 principes du développement durable.88

85
Dans son « rapport Meadows », le Club de Rome partait du principe selon
lequel, pour faire face à une explosion démographique intense, la croissance
zéro devra être la règle. Ici, le développement et la protection de
l’environnement sont présentés comme antinomiques. Développement durable et
impacts environnementaux http://stockage.univ-valenciennes.fr/MenetACVBAT
20120704/acvbat/chap01/co/ch01_040_1-4-1.html
86
Ces textes n’ont pas de caractère obligatoire sur le plan de droit à l’instar
d’autres déclarations des Nations Unies notamment sur les droits de l’homme.
C’est sur le plan moral que les États pourraient donc se sentir obligés d’adhérer
aux principes adoptés.
87
Le concept « Développement Durable » présenté dans le rapport Brundtland a
été introduit à cette occasion comme un principe de droit de l’environnement.
88
Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement,
https://www.un.org/french/events/rio92/rio-fp.htm#:~:text=En%20juin%20
1992%2C%20%C3%A0%20Rio,le%20domaine%20de%20l'environnement
72 Traité de droit de l’environnement

- Principe 1 : L’homme est placé au centre des préoccupations


- Principe 2 : Reconnaissance du droit souverain de chaque État
d’exploiter les ressources nationales sans nuire aux autres États
- Principe 3 : Prise en compte des intérêts des générations pré-
sentes et futures
- Principe 4 : L’environnement fait partie du développement du-
rable
- Principe 5 : La contribution de tous les États à la lutte contre la
pauvreté
- Principe 6 : Une priorité à accorder aux besoins particuliers des
pays en développement
- Principe 7 : Responsabilité commune mais différenciée
- Principe 8 : Promotion des politiques démographiques viables
- Principe 9 : Nécessité de la diffusion et du transfert des tech-
niques nouvelles et novatrices
- Principe 10 : Accès à l’information, participation du public
dans le processus de prise de décisions, accès à des actions ju-
diciaires et administratives (recours et de réparations) en ma-
tière d’environnement
- Principe 11 : Promulgation et publication des textes législatifs
au niveau national en matière d’environnement
- Principe 12 : Les mesures nationales environnementales ne
doivent pas constituer des barrières injustifiées au commerce
entre États
- Principe 13 : Établir des responsabilités et procéder aux répara-
tions des dommages causés aux victimes en matière
d’environnement
- Principe 14 : Éviter le transfert d’activités polluantes
- Principe 15 : Nécessité de prendre des mesures de précaution
- Principe 16 : Promouvoir au niveau national l’idée « pollueur-
payeur »
Aperçu général sur le droit de l’environnement 73

- Principe 17 : Nécessité de la conduite des études d’impact envi-


ronnemental au niveau national
- Principe 18 : Les États doivent avertir de toute catastrophe
- Principe 19 : Les États doivent avertir de toutes activités dange-
reuses susceptibles d’avoir des effets transfrontières
- Principe 20 : Rôle des femmes dans la gestion de
l’environnement et le développement
- Principe 21 : Rôle des jeunes
- Principe 22 : Rôle des communautés locales et autochtones
- Principe 23 : Veiller aux droits des populations opprimées
- Principe 24 : Respect des règles environnementales en temps de
guerre
- Principe 25 : Lien entre paix-environnement-développement
- Principe 26 : Résolution pacifique des différends en matière
d’environnement
- Principe 27 : Les États doivent coopérer de bonne foi.

Trois autres conventions internationales ont été signées :

- La Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements


Climatiques (CCNUCC) de 1992 ;
- La Convention des Nations unies sur la diversité biologique
(CDB) de 1992.
- La Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertifi-
cation (CLD) de1994.

La conférence de Rio a été un cadre d’un compromis entre la posi-


tion des pays industrialisés et les pays en voie de développement. Les
pays industrialisés souhaitaient que soit adoptée une brève déclaration
confirmant la Déclaration de Stockholm de 1972 et soulignant la néces-
sité de protéger la planète. En revanche, pour les pays en voie de déve-
loppement, on devrait discuter sur leurs préoccupations propres de ma-
74 Traité de droit de l’environnement

nière assez bien élaborée notamment leur droit souverain au développe-


ment, la reconnaissance du fait que les pays industrialisés sont les prin-
cipaux responsables des problèmes écologiques actuels et que soient
développées des nouvelles ressources et techniques pouvant permettre
aux pays en voie de développement de ne pas utiliser des moyens ou
modes similaires de développement aussi polluants que ceux des pays
développés89.
Une lecture combinée des dispositions de la Déclaration de Rio sur
l’environnement et le développement révèle un caractère anthropocen-
trique en soulignant le fait que les êtres humains sont au centre des pré-
occupations relatives au développement durable, qu’ils ont droit à une
vie saine et productive en harmonie avec la nature. En outre, elle définit
des orientations dans le sens de la conservation, de la protection, du
rétablissement de la santé et de l’intégrité de l’écosystème. Elle insiste
aussi sur le fait d’assurer la participation de tous les citoyens, d’adopter
des normes en matière d’environnement, la responsabilité en matière de
pollution et d’autres dommages à l’environnement et l’indemnisation de
leurs victimes, le rôle vital des femmes et des jeunes dans la gestion de
l’environnement, le développement et la participation des populations,
des communautés autochtones et autres collectivités locales dans la
gestion de l’environnement.
Par la conférence de Rio de Janeiro de 1992, on a imprimé une étape
majeure du développement du droit international de l’environnement. Il
a été reconnu mondialement l’importance de la protection juridique de
l’environnement et une influence notable et directe des instruments
adoptés à Rio sur l’ensemble du droit conventionnel de
l’environnement . 90

89
Sabin Mande M., Op. Cit., pp. 59-60.
90
Kiss A. & Beurier J.P., Droit international de l’environnement, Pedone, Paris,
2004, p. 10 in Sabin Mande M. Op. Cit., p. 60.
Aperçu général sur le droit de l’environnement 75

Dans ses analyses, Günther Handl affirme, sans atermoiement fixe


une ligne rouge en des termes aussi simples que « les deux déclarations
accordent une place importante à l’être humain sans réellement consacré
l’existence d’un droit humain à l’environnement :

À l’instar de la Déclaration de Rio, qui affirme sans ambages, dans son


principe 1 que « les êtres humains sont au centre des préoccupations re-
latives au développement durable », celle de Stockholm, aux Principes
1, 2, 5 et à plusieurs points du préambule, s’inscrit dans une conception
instrumentaliste de l’environnement. Cependant, les deux déclarations
contrastent avec d’autres instruments tels que la Charte mondiale de la
nature de 1982 (résolution 37/7 de l’Assemblée générale) et la Conven-
tion sur la diversité biologique (al.1), dont les principes de conservation
se justifient par la « valeur intrinsèque » de toute forme de vie indépen-
damment de l’intérêt que celle-ci présente pour les êtres humains. Main-
tenant que l’on connaît mieux les autres formes de vie …
l’anthropocentrisme des deux déclarations semble dater quelque peu. On
a parfois pensé, à tort, que le Principe 1 des deux déclarations supposait
l’existence d’un droit humain à l’environnement. Le texte de Stockholm
parle d’un « droit fondamental à [...] un environnement dont la qualité
permette [à l’homme] de vivre dans la dignité et le bien-être ». Or, à la
Conférence, les différentes propositions visant à mentionner de façon di-
recte et sans ambiguïté un droit de l’homme en la matière ont été reje-
tées. La Déclaration de Rio, qui se limite à dire que les êtres humains «
ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature » va
encore moins loin à ce propos. Entretemps, l’idée d’un droit de l’homme
générique à un environnement adapté ou sain, bien qu’elle se soit enra-
cinée dans certains systèmes régionaux de protection des droits de
l’homme, n’a pas obtenu l’appui général de la communauté internatio-
76 Traité de droit de l’environnement

nale et n’a donc, a fortiori, été consacrée par aucun traité mondial relatif
aux droits de l’homme.91

Abordant la question relative à la prévention des dommages envi-


ronnementaux, Günther Handl soumet deux principes contenus dans les
deux Déclaration (Stockholm 1972 et Rio 1992) à une compréhension
nuancée :

Les principes 21 de Stockholm et 2 de Rio disposent, dans les mêmes


termes, que les États ont le devoir de faire en sorte que les activités
exercées dans les limites de leur juridiction ou sous leur contrôle ne cau-
sent pas de dommages à l’environnement dans d’autres États ou dans
des zones ne relevant d’aucune juridiction nationale. Cette obligation est
nuancée par le fait que, dans la première partie des mêmes principes, les
Déclarations reconnaissent le droit souverain d’un État d’« exploiter »
ses propres ressources naturelles selon sa politique d’environnement
(Stockholm) ou sa politique d’environnement et de développement
(Rio). Si à Stockholm certains pays mettaient encore en cause
l’appartenance de cette obligation au droit coutumier, il ne fait au-
jourd’hui plus de doute que ladite obligation fait partie du droit interna-
tional général. D’abord dans son avis consultatif sur la licéité de la me-
nace ou de l’emploi d’armes nucléaires puis, plus récemment, dans
l’arrêt qu’elle a rendu en l’affaire relative à des usines de pâte à papier
sur le fleuve Uruguay, la Cour internationale de justice a reconnu ex-
pressément que cette obligation était une règle coutumière du droit in-
ternational. De plus, dans l’arrêt, elle a confirmé clairement que
l’obligation de prévention de l’État relevait du principe de diligence re-
quise.92

91
Günther Handl, Op. Cit., p. 1.
92
Günther Handl, Op. Cit., p. 4.
Aperçu général sur le droit de l’environnement 77

La CIJ fait observer dans l’affaire relative à des Usines de pâte à pa-
pier sur le fleuve Uruguay (Argentine/Uruguay), du 20 avril 2010, para-
graphe 101, que :

Le principe de prévention, en tant que règle coutumière, trouve son ori-


gine dans la diligence requise (due diligence) de l’État sur son territoire.
Il s’agit de « l’obligation, pour tout État, de ne pas laisser utiliser son
territoire aux fins d’actes contraires aux droits d’autres États » (Détroit
de Corfou (Royaume Uni c. Albanie), fond, arrêt, CIJ, recueil 1949,
p. 22). En effet, l’État est tenu de mettre en œuvre tous les moyens à sa
disposition pour éviter que les activités qui se déroulent sur son terri-
toire, ou sur tout espace relevant de sa juridiction, ne causent un préju-
dice sensible à l’environnement d’un autre État. La Cour a établi que
cette obligation « fait maintenant partie du corps de règles du droit inter-
national de l’environnement » (Licéité de la menace ou de l’emploi
d’armes nucléaires, avis consultatif, CIJ, Recueil 1996 (I), p. 242, Para-
graphe 29).

Il a fallu attendre plusieurs décennies après l’adoption de la plupart


de ces instruments juridiques internationaux adoptés notamment la Dé-
claration de Stockholm de 1972 sur l’environnement et la Déclaration de
Rio de 1992 sur l’environnement et le développement pour que
quelques-uns des principes soient intégrés dans l’arsenal juridique Con-
golais et servent de base aux lois particulières dans différents secteurs de
l’environnement (Loi No 11/009 du 9 juillet 2011 portant principes
fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement).

Le Protocole de Kyoto à la Convention-cadre des Nations


unies sur les changements climatiques
Le Protocole de Kyoto de 1997 est intégré à la Convention-Cadre
des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) de
78 Traité de droit de l’environnement

1992.93 Il fixe des objectifs de réduction ou de limitation des émissions


de gaz à effet de serre (GES) pour les pays développés : Le dioxyde de
carbone CO2 (qui provient essentiellement de la combustion des éner-
gies fossiles et représente 80% des émissions) ; le méthane (CH4) ;
l’oxyde nitreux (N2O) ; et les trois gaz industriels à vie longue (Hydro-
fluorocarbones - HFC, Hydrocarbures perfluorés - PFC et Hexafluorure
de soufre - SF6).94 La réduction devait être de 5,2% entre 1990 et la
première période d’engagement (2008-2012). Le niveau des émissions
de chaque pays devait être calculé en effectuant la moyenne de ses émis-
sions durant la période 2008-2012. Les engagements varient d’un pays à
l’autre, surtout en fonction de leurs capacités de réduction, du niveau de
développement économique, et des mesures prises auparavant. Pour
offrir davantage de souplesse aux États, dans leurs efforts de réduction

93
La Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques
(CCNUCC) adoptée à Rio en Juin 1992 avait été arrêtée le 9 Mai 1992 à New
York. L'objectif ultime de la convention et des autres instruments juridiques
connexes est de stabiliser, conformément aux dispositions pertinentes de la
Convention, les concentrations de gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère à
un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système
climatique. Il conviendra d’atteindre ce niveau dans un délai suffisant pour que
les écosystèmes puissent s’adapter naturellement aux changements climatiques,
que la production alimentaire ne soit pas menacée et que le développement
économique puisse se poursuivre d’une manière durable (Article 2). L'engage-
ment des États porte sur une liste de mesures : inventaires nationaux, pro-
grammes pour atténuer les changements, application et diffusion de technologies
adéquates, préparatifs pour parer aux conséquences… (Article 4).
https://unfccc.int/resource/docs/convkp/convfr.pdf
94
Les Gaz à effet de serre (GES) sont des gaz qui absorbent une partie des
rayons so-laires en les redistribuant sous la forme de radiations au sein de l'at-
mosphère terrestre, phénomène appelé effet de serre. Plus d’une quarantaine de
gaz à effet de serre ont été recensés par le Groupe intergouvernemental d’experts
sur l’évolution du climat (GIEC). https://www.actu-environnement.
com/ae/dictionnaire_environnement/definition/gaz_a_effet_de_serre_ges.php4
(consulté le 7/7/2022).
Aperçu général sur le droit de l’environnement 79

des émissions de GES, le Protocole de Kyoto établit trois « mécanismes


de flexibilité », dits mécanismes de Kyoto. L’idée est que les pays qui
trouvent particulièrement onéreux de réduire leurs émissions sur leur
territoire national peuvent payer des réductions d’émissions moins coû-
teuses ailleurs dans le monde (« ticket pollueur »).95 Le Protocole pré-
voit la mise en place de trois mécanismes de flexibilité :

- Le marché international de Permis d’Émission Négociables96, par les-


quels le « droit à polluer » ou à exploiter des ressources fossiles peut
être échangé contre un permis libre ou contrôlé selon la logique du
marché97 ;
- La Mise en Œuvre Conjointe98 permet, entre pays développés de pro-
céder à des investissements visant à réduire les émissions de Gaz à ef-
fet de serre en dehors de leur territoire national et de bénéficier des
crédits d’émission générés par les réductions ainsi obtenues ;
- Le Mécanisme de développement propre99, permet aux pays industria-
lisés d’aider les pays du sud à entrer dans un développement durable,
en contribuant à des projets de réduction dans les pays du sud, non
contraints à des objectifs de réduction. Ce dispositif permet également
aux pays industrialisés de gagner des crédits d’émission.

95
Développement durable et impacts environnementaux, le Protocole de Kyoto
de 1997, http://stockage.univ-valenciennes.fr/MenetACVBAT20120704/
acvbat/chap01/co/ch01_130_1-4-6.html
96
http://stockage.univ-valenciennes.fr/MenetACVBAT20120704/acvbat/chap
01/ co/ch01_130_1-4-6.html#footnotesN102E3
97
Les permis d’émission négociables et la lutte contre la pollution atmosphé-
rique, séminaire économique de l’environnement du commissariat général du
plan, 14 octobre 1998, https://www.researchgate.net/publication/
241758996_Les_permis_d'emission_negociables_et_la_lutte_contre_la_pollutio
n_atmospherique
98
http://stockage.univ-valenciennes.fr/MenetACVBAT20120704/acvbat/chap
01/co/ch01_130_1-4-6.html#footnotesN10304
99
http://stockage.univ-valenciennes.fr/MenetACVBAT20120704/acvbat/chap
01/co/ch01_130_1-4-6.html#footnotesN10325
80 Traité de droit de l’environnement

Avant que le protocole de Kyoto puisse entrer en vigueur, il devait


être ratifié par au moins 55 pays, qui représentent au moins 55% des
émissions de CO2 des pays industrialisés. L’entrée en vigueur du Proto-
cole de Kyoto s’est faite grâce à la ratification par la Russie (2007),
responsable de 17,4% des émissions des pays industrialisés. Deux pro-
blèmes se sont posés quant à l’efficacité du Protocole100:

- La réduction de 5,2% prévue entre 2008 et 2012 a été ramenée aux


alentours de 2% suite au fait que les États-Unis n’ont pas ratifié le Pro-
tocole.
- Les pays comme la Chine ou l’Inde qui n’entrent pas dans le champ
d’application du protocole en raison du fait qu’en 1992 ils n’étaient
pas classés « pays industrialisés », alors qu’aujourd’hui ils présentent
une forte croissance économique et ont vu ces dernières années leurs
émissions de Gaz à effet de serre augmenter très sensiblement.

Le Sommet de Johannesburg de 2002


Qualifié de Sommet Mondial sur le Développement Durable, le
Sommet de Johannesburg a eu lieu du 26 août au 4 septembre 2002 et a
été une étape importante d’évaluation du Sommet de Rio sur les enjeux
du développement (renouvellement des engagements politiques des
États en faveur du développement et la mise en place d’un partenariat
plus appuyé entre le Nord et le Sud). Il a été dressé un bilan mitigé des
engagements pris à Rio et un plan d’action autour de quelques questions
prioritaires101:

100
Développement durable et impacts environnementaux, le Protocole de Kyoto
de 1997, http://stockage.univ-valenciennes.fr/MenetACVBAT20120704/a
cvbat/chap01/co/ch01_130_1-4-6.html
101
Développement Durable et impacts environnementaux, le Protocole de Kyoto
de 1997, http://stockage.univ-valenciennes.fr/MenetACVBAT20120704/
acvbat/chap01/c o/ch01_130_1-4-6.html
Aperçu général sur le droit de l’environnement 81

- La réduction de moitié du nombre de personnes privées d'accès à l'eau


potable (1,2 milliards d'individus sur Terre) et à l'assainissement
(2 milliards d'individus) ;
- L’accroissement de la part des sources d'énergies renouvelables dans
la production énergétique mondiale ;
- La lutte contre la pauvreté à travers la création d'un fonds de solidarité
mondiale.
- L’évolution des modes de production et de consommation ;
- L’amélioration de la performance environnementale et sociale
des systèmes industriels ;
- L’aide publique aux pratiques agricoles écologiquement viables ;
- Le développement des connaissances sur les liens entre santé et envi-
ronnement.

Sommet de Durban de 2011102


Le Sommet de Durban a été un moment de suivi et d’évaluation de la
période après l’adoption du Protocole de Kyoto de 1997 intégré à la
Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques.
Les États parties à cette Convention-Cadre se réunissent en sommet
qualifié « Conférence des Parties », COP en sigle. On en dénombre déjà
plus de 20 COP organisées en ce jour : COP-1 en 1995 (Ber-
lin/Allemagne) ; COP-2 en 1996 (Genève/Suisse) ; COP 3 en 1997
(Kyoto/Japon) ; COP-4 en 1998 (Buenos Aires/Argentine) ; COP-5 en
1999 (Bonn/Allemagne) ; COP-6 en 2000 (La Hague/Pays Bas) ; COP-7
en 2001 (Marrakech/Maroc) ; CP-8 en 2002 (New Delhi/Inde) ; COP-9
en 2003 (Milan/Italie) ; COP-10 en 2004 (Buenos Aires/Argentine) ;
COP-11 en 2005 (Montréal/Canada) ; COP-12 en 2006 (Nairo-
bi/Kenya) ; COP-13 en 2007 (Bali/Indonésie) ; COP-14 en 2008

102
L’après Kyoto, le Sommet de Durban 2011, Développement durable et im-
pacts environnementaux, Développement Durable et impacts environnementaux,
le Protocole de Kyoto de 1997, http://stockage.univ-valenciennes.fr/Menet
ACVBAT20120704/acvbat/chap01/ co/ch01_130_1-4-6.html
82 Traité de droit de l’environnement

(Poznań/Pologne) ; COP-15 en 2009 (Copenhague/Danemark) ; COP-16


en 2010 (Cancun/Mexique) ; COP-17 en 2011 (Durban/Afrique du
Sud) ; COP-18 en 2012 (Doha/Qatar) ; COP-19 en 2013 (Varso-
vie/Pologne) ; COP-20 en 2014 (Pérou/Lima) ; COP-21 en 2015 (Pa-
ris/France) ; COP-22 en 2016 (Marrakech/Maroc) ; COP-23 en 2017
(Bonn/Allemagne) ; COP-24 en 2018 (Katowice/Pologne) ; COP-25 en
2019 (Madrid/Espagne) ; COP-26 en 2021 (Glasgow/Grande Bretagne).

Au cours du Sommet de Durban, il a fallu trouver un accord permet-


tant d’éviter un vide juridique à une année de l’échéance de la première
période d’engagement du Protocole de Kyoto. Les préoccupations sur
l’opérationnalisation des accords de Cancun (COP-16 en 2010) exigeant
l’entrée en vigueur et le financement rapide du fonds verts pour le climat
promis par les pays développés lors de la conférence de Copenhague
(COP-15 en 2009)103 devaient être discutées. En termes des résultats, il
été adopté à Durban :

- Un accord sur la poursuite du Protocole de Kyoto à compter du 1er


janvier 2013 ;
- Un accord sur la mise en place d'un mécanisme de fonctionnement du
fonds vert ;
- Une procédure de négociations, dite « Durban Platform for Enhanced
Action », ayant pour objet d'élaborer un engagement juridique de

103
La COP-15 à Copenhague avait lancé l’idée d’un fonds vert, une sorte de
« repentance » des pays industrialisés qui s’acquitteraient ainsi d’une partie de
leur « dette climatique ». Le montant se chiffrait à plusieurs dizaines de mil-
liards de dollars destinés aux pays en développement et aux ONG qui les ac-
compagnent. Il avait été annoncé, au cours de ces assises, un montant de 100
milliards. Développement Durable et impacts environnementaux, le Protocole de
Kyoto de 1997, http://stockage.univ-valenciennes.fr/MenetACVBAT
20120704/acvbat/chap01/ co/ch01_130_1-4-6.html
Aperçu général sur le droit de l’environnement 83

l’après Kyoto qui s'appliquerait à tous les États. Cet engagement de-
vrait être signé en 2015 pour une entrée en vigueur en 2020104.

D’aucuns ont néanmoins tendance à réduire le texte adopté à Durban


à une déclaration d'intention juridiquement non contraignant. La ques-
tion de l'alimentation du fonds vert n'a pas été tranchée. En plus, les
promesses de réductions de gaz à effet de serre faites par les pays parais-
sent insuffisantes aux dires des experts et ne couvrent au total que 60%
des efforts nécessaires pour tenir le réchauffement en-dessous du seuil
de 2°C d'ici à 2100, par rapport à l’ère préindustrielle, seuil décidé au
sommet de Copenhague (COP-15)105.
Au-delà de tous les acquis et de la prise de conscience manifeste au-
tour de la nécessité de la protection de l’environnement, retenons
quelques enjeux qui doivent aussi attirer l’attention de jeunes étudiants,
particulièrement Africains :

- La non conclusion d’un texte contraignant pour remplacer le Protocole


de Kyoto en vue de lutter efficacement contre les changements clima-
tiques. La plupart des conférences organisées partant de Copenhague
jusqu’aux COP-21106 et 22 respectivement à Paris et à Marrakech en
2016 n’ont pas données des solutions idoines. La COP-22107 se voulait

104
Idem.
105
Idem.
106
Qu’est-ce que l’Accord de Paris ? https://unfccc.int/fr/process-and-meetings/
l-accord-de-paris/qu-est-ce-que-l-accord-de-paris (consulté le 18 avril 2022).
107
« La COP-22 a été marquée par l’annonce de plusieurs mesures visant à
accélérer le processus lancé par l’Accord de Paris en 2015. Parmi les points
importants, on a noté la confirmation des engagements pris par les pays en ma-
tière de financement ; les pays riches doivent mobiliser 100 milliards de dollars
d’ici 2020 pour soutenir les projets d’atténuation et d’adaptation aux effets du
changement climatique ; l’engagement des États parties à verser 23 millions de
dollars au Centre et Réseau des Technologies Climatiques ; le lancement du
fonds d’investissement de Marrakech pour l’adaptation (MICA) doté de 500
millions de dollars. Un élément aussi marquant était le fait que malgré l’élection
84 Traité de droit de l’environnement

« africaine » en mettant en avant les initiatives lancées à l’échelle du


continent, dont le point d’orgue a été l’organisation du premier som-
met africain de l’action. On avait noté une participation active de la
RDC à ces assises qui avaient abouti à la signature de la Déclaration
de Marrakech pour un développement durable du secteur du palmier à
huile en Afrique. Le projet se rapportant au transfèrement des eaux de
la rivière Ubangi vers le lac Tchad avait été rejeté au cours de ces as-
sises par les experts Congolais estimant qu’il constituerait une menace
pour les parcs nationaux et les espèces aquatiques.108

Lors de la COP-26, il a été rappelé la nécessité de mise en œuvre des


engagements pris par les États parties dans la lutte contre les change-
ments climatiques au-delà de « discours-slogans ». Dans son adresse, le
Chef de l’État congolais a non seulement rappelé quelques notes de ces
engagements mais aussi présenté la RDC comme « pays solution » aux
défis planétaires liés aux changements climatiques en ces termes :

Cette conférence représente … une opportunité historique pour mettre


fin à nos tergiversations et renforcer nos engagements pour la mise en
œuvre effective de l’Accord de Paris … le réchauffement de la planète
est en hausse, entre 4 et 5 degré Celsius de la température globale, loin
des 2 degré Celsius prévues par l’Accord de Paris … nos discussions
devraient … se focaliser sur la décarbonation de l’économie mondiale et

du « climatosceptique » Donal Trump à la tête des États Unis, les pays ont mani-
festé un front uni face à l’imminence de mettre en œuvre l’accord de Paris sur le
climat et ont souligné son caractère « irréversible ». Adopté en décembre 2015,
entré en vigueur le 4 novembre et ratifié déjà par 111 États sur les 193 signa-
taires, cet accord vise à limiter « bien en dessous » de 2°C le réchauffement du
climat global ». Extrait tiré de l’Echos de la Monusco, COP-22 : Les États réaf-
firment leur engagement en faveur de l’accord de Paris sur le climat, Vol VIII,
N°63, Novembre 2016, p. 19, https://monusco.unmissions.org/sites/
default/files/echos_63_web.pdf
108
Echos de la Monusco, COP-22, Op. Cit., https://monusco.unmissions.org/
sites/default/files/echos_63_web.pdf
Aperçu général sur le droit de l’environnement 85

la nécessité de soutenir … les pays vulnérables, en particulier ceux de


l’Afrique, …, à s’adapter aux impacts du changement climatique …
la préservation de notre planète ne pourra, …, se matérialiser sans pour
autant que nous ne fassions preuve de vérité dans la responsabilité …
l’Afrique qui n’émet que très peu de gaz à effet de serre, se voit être l’un
des continents les plus vulnérable face à ces changements … Cependant,
bien que possédant une immense forêt tropicale humide, la Bassin du
Congo, qui constitue une part importante de la réponse aux défis clima-
tiques actuels, force est de constater que notre continent ne reçoit pas, en
retour de cette contribution, une compensation juste et proportionnelle
… la RDC fournit à l’humanité un immense service de séquestration de
gaz carbonique et contribue à limiter l’augmentation de la température
planétaire … ses ressources énergétiques ainsi que ses minerais straté-
giques essentiels dans le développement de techniques, outils et procé-
dés visant à réduire l’impact carbone de même que la pollution au ni-
veau planétaire positionne naturellement, mon pays, comme solution …
l’Afrique et la RDC recommandent vivement l’application effective de
l’Article 9 de l’Accord de Paris aux termes duquel, les pays développés
fournissent des ressources financières adéquates pour assister les pays en
développement à mettre en œuvre leurs programmes d’adaptation et
d’atténuation.109

- La réticence des pays industrialisés principaux responsables des


grandes pollutions atmosphériques ayant conduit aux perturba-
tions climatiques à payer leur dette écologique en transférant
les ressources nécessaires aux pays en développement pour
s’adapter et lutter contre le changement du climat.

109
Allocution du Président de la RDC lors de la COP-26 à Glasgow/Grande
Bretagne, 2 novembre 2021, https://medd.gouv.cd/allocution-de-son-excellence-
monsieur-felix-antoine-tshisekedi-tshilombo-president-de-la-republique-
democratique-du-congo-a-la-cop26-climat/
86 Traité de droit de l’environnement

- Les imperfections et les reculs du droit de l’environnement


sous plusieurs aspects se traduisant par la suppression de cer-
tains droits ou obligations environnementaux, les déclasse-
ments fantaisistes, l’octroi anarchique d’exonération, la non
application de certaines procédures de protection de
l’environnement, etc.
- Les faiblesses du droit de l’environnement dans les procédures
de prise de décision sont observables à plus d’un égard notam-
ment en matière de responsabilité et de sanction. La gouver-
nance à l’échelle tant internationale, régionale et nationale
semble être taillée sur la mesure des acteurs quasi influents, à
savoir les États industrialisés et les entreprises multinationales.
Le caractère non contraignant de la plupart des instruments ju-
ridiques internationaux en matière d’environnement ne favorise
pas la mise en place de politique publique solide en matière
d’environnement à tous les niveaux de gouvernance natio-
nale110.

Sommet de Rio 2012, appelé « Rio+20 » ou « Stockholm+40 »


Il s’est agi d’une nouvelle opportunité de ré-visitation des différents
efforts entrepris autour de deux priorités prédéfinies du sommet :
l’économie verte et l’éradication de la pauvreté d’une part, le cadre
institutionnel du développement durable, d’autre part111. Au-delà de

110
Olivier Soria, Petit vocabulaire du droit de l’environnement, Édi-
tions Confluences, 2009, pp. 5-57 ; Octave Gelinier, François-Xavier Simon et
Jean-Pierre Billard, Entreprise compétitive et responsable, ESF Editeur CEGOS,
2005, p. 157 ; Christian Huglo, Jehan de Malafosse et Marie-Pierre Maître, Code
de l’environnement et autres textes relatifs au développement durable, Édition
Lexis Nexis, LITEC, 2010, pp. 41-179.
111
Centre ressource du développement durable (CRDD), Objectifs de dévelop-
pement durable : Nouveau cadre international et national de mise en œuvre du
développement durable à l’horizon 2030, http://www.cerdd.org/Parcours-
Aperçu général sur le droit de l’environnement 87

toutes les divergences de vues notées au cours de ces assises, il a été


félicité la production d’un outil de travail intitulé « l’avenir que nous
voulons » et la nécessité du déclenchement du processus de définition
des objectifs mondiaux de développement durable destinés à guider
l’action internationale à l’horizon 2030. Cela après, certes, une évalua-
tion des objectifs du millénaire pour le développement 2000-2015
(OMD), par un groupe de travail mandaté par l’Assemblée Générale des
Nations Unies. L’agenda 2030 se résume par un plan d’action universel
visant 17 objectifs de développement durable (ODD)112 parmi lesquels
les préoccupations relatives à la protection de l’environnement.

thematiques/Territoires-durables/Ressources-territoires-durables/Objectifs-de-
Developpement-Durable-Nouveau-cadre-international-et-national-de-mise-en-
oeuvre-du-developpement-durable-a-l-horizon-2030
112
Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde ; Élimi-
ner la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir
l’agriculture durable ; Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir
le bien-être de tous à tout âge ; Assurer l’accès de tous à une éducation de quali-
té, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au
long de la vie ; Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et
les filles ; Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une
gestion durable des ressources en eau ; Garantir l’accès de tous à des services
énergétiques fiables, durables et modernes à un coût abordable ; Promouvoir une
croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif
et un travail décent pour tous ; Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir
une industrialisation durable qui profite à tous et encourager l’innovation ; Ré-
duire les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre ; Faire en sorte que les
villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et
durables ; Établir des modes de consommation et de production durables ; Pren-
dre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et
leurs répercussions ; Conserver et exploiter de manière durable les océans, les
mers et les ressources marines aux fins du développement durable ; Préserver et
restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à les exploiter de façon durable,
gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser le
processus de dégradation des terres et mettre fin à l’appauvrissement de la bio-
diversité ; Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous aux
88 Traité de droit de l’environnement

En effet, le droit (international) de l’environnement a été, au fil des


années et de besoins, enrichi de beaucoup d’autres textes dont ceux
d’origine Africaine. Notons à titre illustratif, la Convention Africaine sur
la Conservation de la Nature et des Ressources Naturelles, du 15 sep-
tembre 1968, adoptée à Alger et entrée en vigueur le 16 juin 1969, puis
modifiée à Maputo/Mozambique en 2003 et entrée en vigueur en 2016.
Les Chefs d’États et de Gouvernements de l’Organisation de l’unité
africaine, OUA (Union Africaine, UA, actuellement) étaient déjà cons-
cients des besoins de protection de l’environnement, de promotion de la
conservation et de l’utilisation durable des ressources naturelles,
d’harmonisation et de coordination des politiques dans tous ces do-
maines en ces termes :

Nous, Chefs d’États et de Gouvernement des États membres de l’Union


Africaine (UA) ;
Conscient de ce que l’environnement naturel de l’Afrique et les res-
sources naturelles dont elle est dotée sont une part irremplaçable du pa-
trimoine africain et constituent un capital d’une importance vitale pour
le continent africain et l’humanité tout entière ; …
Conscient de l’importance toujours grandissante des ressources natu-
relles du point de vue économique, social, culturel et environnemental ;
Affirmant que la conservation de l’environnement mondial est une pré-
occupation commune à l’humanité tout entière, et celle de
l’environnement africain, une préoccupation majeure de tous les afri-
cains ;
Réaffirmant que les États ont, conformément à la Charte des Nations
Unies et aux principes du droit international, le droit souverain
d’exploiter leurs propres ressources selon leur politique en matière

fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en


place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes à
tous ; Renforcer les moyens de mettre en œuvre le Partenariat mondial pour le
développement durable et le revitaliser.
Aperçu général sur le droit de l’environnement 89

d’environnement et de développement, et le devoir de faire en sorte que


les activités exercées dans les limites de leur juridiction ou sous leur
contrôle ne causent pas de dommages à l’environnement dans d’autres
États ou dans des zones ne relevant pas d’aucune juridiction nationale ;
Réaffirmant également que les États ont la responsabilité de protéger et
conserver leur environnement et leur ressources naturelles, et de les uti-
liser de manière durable, dans le but de répondre aux besoins de
l’homme en accord avec les capacités limites de l’environnement ;
Conscients des dangers qui menacent ce capital irremplaçable ; ….
Conscients de la nécessité de continuer à promouvoir les principes con-
tenus dans la Déclaration de Stockholm, de contribuer à la mise en
œuvre de la Déclaration de Rio et du Programme Action 21, et de coopé-
rer étroitement à la mise en œuvre d’instruments mondiaux et régionaux
conformes à ces objectifs ; …113

La RDC a participé activement à la plupart des sessions internatio-


nales convoquées autour des questions environnementales et a ratifié
quasiment l’ensemble d’instruments adoptés. Tous ces efforts n’ont,
malheureusement, pas un impact réel au niveau national car certaines
obligations internationales sont ignorées dans la gouvernance de diffé-
rents secteurs de l’environnement notamment l’élaboration des législa-
tions nationales, des politiques, des plans et programmes nationaux de
mise en œuvre ; la mise en place d’un cadre institutionnel ; l’exigence de
l’étude d’impact environnemental et social avant la réalisation de cer-
taines activités susceptibles d’avoir d’effets néfastes sur
l’environnement. À cela, d’aucuns fustigent aussi le fait que les popula-
tions ne sont souvent pas informées des instruments internationaux rati-
fiés en matière d’environnement, les juges et auxiliaires de la justice ont
beaucoup de peine à se familiariser avec tous les instruments ratifiés
pour une mise en œuvre effective.

113
Préambule de la Convention Africaine sur la Conservation de la Nature et des
Ressources Naturelles adoptée à Alger en 1968 et modifiée à Maputo en 2003.
90 Traité de droit de l’environnement

Définition du droit de l’environnement


De prime abord, Prieur, dans ses analyses autour de la définition du
droit de l’environnement, note que ce droit est conçu comme impliquant
une éthique et comportant une obligation de résultat114. Kamto note qu’il
joue, à juste titre, à la fois un rôle préventif, dissuasif et curatif (répres-
sif). 115 Toute protection de l’environnement exige des normes juridiques
à caractère obligatoire et le cadre juridique national s’inscrit comme lieu
de prédilection de mise en œuvre effective et efficace.
Le droit de l’environnement a fait l’objet d’innombrables tentatives
de définitions, selon que les auteurs se sont intéressés à la question. Il est
conçu à la fois comme un droit défensif (droit de protection de
l’environnement), mais également comme un droit offensif, un droit
interventionniste, de nature à permettre la lutte contre les atteintes dont
il peut être victime (droit contre la pollution).116 Cette définition ne
s’éloigne pas de celle proposée par Malingrey qui considère le droit de
l’environnement comme un ensemble des règles juridiques visant à
préserver la nature, le patrimoine et le voisinage des atteintes provo-
quées par certaines activités humaines ou la survenance de risques natu-
rels117.
Le droit de l’environnement constitue un ensemble des règles juri-
diques tendues vers la suppression ou, à tout le moins, la limitation des
atteintes à l’environnement.118 Pour Romi, « le noyau dur de la défini-
tion, c’est l’existence d’atteintes aux éléments de l’environnement ou
leur interrelation qui fait l’appartenance au droit de l’environnement …
il est un droit qui touche à l’air, l’atmosphère, l’eau, le sol, les terres, les
paysages, les sites naturels, les zones côtières ou marines et la diversité

114
Prieur Michel, Droit de l’environnement, Op. Cit, p. 8.
115
Kamto Maurice, Op. Cit., pp. 17-18.
116
Sabin Mande M., Op. Cit., p. 28.
117
Malingrey P., Introduction au droit de l’environnement, Lavoisier, Paris,
2008, p. 2.
118
Kamto Maurice ; Op. Cit., p. 20.
Aperçu général sur le droit de l’environnement 91

biologique119. » Van Lang enrichit la pensée en soulignant que « la dy-


namique rénovatrice du droit de l’environnement s’exerce notamment
sur le droit administratif, où la notion d’ordre public écologique pourrait
contribuer au renouveau de l’ordre public classique ; sur le droit de la
décentralisation à la faveur de mécanismes innovants propres à la ma-
tière environnementale120… »
Le droit de l’environnement se confirme comme un droit de « solida-
rité » entre diverses disciplines scientifiques et entre diverses branches
de droit. Il tend ainsi à protéger ou à restaurer et à gérer l’environnement
pour le bien-être de tous. Son importance réside dans le rôle que les
normes juridiques jouent dans la régulation du comportement de
l’homme sur les écosystèmes.
Toutes considérations réunies et pour raison d’ordre pédagogique, la
formulation proposée par Kamto. nous semble assez limpide et boucle
les pensées des érudits : « le droit de l’environnement est l’ensemble des
règles et techniques ainsi que des institutions relatives à la protection du
milieu et à la conservation de la nature et des ressources naturelles ».121
Les règles, les techniques et les institutions à mettre en place doivent
bien évidemment tenir compte des données d’ordre empirique. Il est
question d’éviter tout un mimétisme servile de règles d’importation mais
une adaptabilité puisée du patrimoine culturel, identitaire et connais-
sances traditionnelles africaines. Une adaptation à la mentalité des
peuples pourra favoriser l’appropriation et le rejet de toute idée de néo-
colonialisme et de victimes d’injustice. C’est en cela que le législateur
congolais ne s’est pas empêché dans sa législation sur la conservation de
la nature de souscrire à une démarche de symbiose, « de doter le pays
d’un cadre juridique adapté aux principes modernes de gestion des res-

119
Nerac Croisier R., Sauvegarde de l’environnement, Le Seuil, Paris, 2002, p. 1
in Sabin Mande S., Op. Cit., p. 49.
120
Sabin Mande M., Op. Cit., p. 28.
121
Kamto M. Op. Cit. p. 21.
92 Traité de droit de l’environnement

sources biologiques et génétiques, des savoirs traditionnels et des aires


protégées ainsi qu’aux exigences de mise en œuvre des traités et conven-
tions internationales qu’il a ratifiés122. » Le savoirs traditionnels sont
entendus comme « l’ensemble de connaissances, savoir-faire et repré-
sentation des communautés locales ayant une longue histoire avec les
milieux naturels en matière de conservation et d’utilisation durable de la
diversité biologique123. » L’Afrique regorge des particularités assez
innovantes qui doivent être mises en exergue notamment les pratiques et
connaissances traditionnelles dans la gestion de ses ressources natu-
relles. Ce droit de l’environnement dans sa dimension africaine présente
ainsi un cliché particulier dans ses caractéristiques :

- Une dépendance étroite avec les sciences, la technologie et les


savoirs traditionnels. Ce qui donne sens à une approche pluri-
disciplinaire.
- Un droit à caractère transversal recouvrant les différentes
branches classiques du droit (privé, public et international). Il
est un droit carrefour parce qu’étant au croisement du droit in-
ternational et du droit interne et à l’intersection du droit public
et du droit privé.
- Un droit d’interactions qui tend à pénétrer dans tous les sec-
teurs du droit pour y introduire l’idée environnementale se con-
formant ainsi au principe d’intégration.
- Un droit qui unit les générations et les peuples. Il a une voca-
tion universelle qui bouscule à la fois les frontières du temps

122
Exposé des motifs de la Loi No 14/003 du 11 février 2014 relative à la con-
servation de la nature.
123
Article 2 point 43 de la Loi No 14/003 du 11 février 2014 relative à la con-
servation de la nature.
Aperçu général sur le droit de l’environnement 93

(intergénérationnel) et celles de l’espace. Il se décline au ni-


veau international avant de se préciser au niveau national124.
- Un droit adulte dont on peut rechercher les traits particuliers et
autonome parce qu’il est aujourd’hui un corps de règles cohé-
rent animé de principes sans lesquels on ne saurait parler de
droit.

Se fondant sur toutes les théories philosophiques et morales, les


principes propres, les enjeux et les caractéristiques sus examinés, l’ordre
juridique Congolais de l’environnement se construit, lentement mais
sûrement, malgré le caractère épars des textes juridiques disponibles. La
RDC ne dispose pas encore d’un arsenal juridique assez garni en matière
d’environnement et adapté à tous ses engagements internationaux.125 À
cela, il faut ajouter un déficit criant en termes de production doctrinale et
jurisprudentielle environnementale.

1.4 Environnement et droits humains

Les débats autour du lien entre l’environnement et les droits humains


ne cessent de faire de recettes.126 Une évolution récente présente des
acquis significatifs quant à la reconnaissance du droit à l’environnement
(droit de l’homme) et le lien existant entre les droits humains et
l’environnement. La protection de l’environnement et les droits de
l’homme sont interdépendants.127 Il est de plus en plus suggéré, selon les

124
Morand Deviller J., Le droit de l’environnement, Que sais-je, PUF, Paris,
2009, p. 4.
125
Exposé des motifs de la Loi N° 11/009 du 9 juillet 2011 portant principes
fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement.
126
Kihangi Bindu Kennedy, « La justiciabilité du droit à l’environnement con-
sacré par la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples de 1981 en
République démocratique du Congo », Op. Cit., p. 6.
127
Brown Weiss E. (ed.), Environmental change and international law : New
challenges and dimensions, Tokyo, United University Press, 1992, p. 274. Kiss
94 Traité de droit de l’environnement

auteurs, que les droits environnementaux appartiennent à une « troi-


sième génération des droits de l’homme128. » John Knox, Rapporteur
spécial des Nations Unies sur les droits humains et l’environnement
l’affirme en ces termes : « un environnement sûr, propre et sain revêt
une importance primordiale pour la jouissance des droits humains, et en
même temps l’exercice de ces droits, notamment le droit à la liberté
d’expression, à l’éducation, à la participation et aux réparations est in-
dispensable à la protection de l’environnement129. » C’est en cela que
l’environnement est protégé par différents instruments juridiques à ca-
ractère international, régional et national. Les États sont tenus au respect
de tous les traités ratifiés et du droit international coutumier déterminant
des obligations juridiques en matière d’environnement130. Une grande
faiblesse à déplorer demeure l’absence jusqu’à ce jour d’un instrument
global juridiquement contraignant pour la protection de l’environnement
dans le monde. Quelques efforts sont signalés au niveau de certaines
régions comme au niveau Européen où la Cour Européenne fournit une

A. & Shelton D., Guide to international environmental law, Martinus Nijhoff


Publishers, Leiden/Boston, 2007, pp. 237-241. Miller C., « Environmental
rights : Critical perspectives », 1998 in Thornton J. & Beckwith S., Environmen-
tal law, 2nd ed. Sweet and Maxwell Thomson London, 2004, p. 638.
128
Karel Vasak, « la déclaration universelle des droits de l’homme : 30 ans
après », Courrier de l’UNESCO, XXX, 11, Paris, Organisation des Nations
unies pour l’éducation, la science et la culture, Novembre 1977 in
Manuel sur les droits de l’homme et l’environnement, Éditions du Conseil de
l’Europe, p. 7, https://www.echr.coe.int/LibraryDocs/DH_DEV_Manual_
Environnement_Fr.pdf
128
Ibidem, p. 8 ; Christian Tomuschat, Human rights : Between idealism and
realism, Second Edition, Vol. XIII/1, pp. 54-60.
129
Fédération Internationale pour les droits humains, droits humains et droits de
l’environnement, https://www.fidh.org/fr/themes/mondialisation-droits-humains/
droits-humains-droits-de-l-environnement/
130
Manuel sur les droits de l’homme et l’environnement, Éditions du Conseil de
l’Europe, p. 7, https://www.echr.coe.int/LibraryDocs/DH_DEV_Manual_
Environnement_Fr.pdf
Aperçu général sur le droit de l’environnement 95

jurisprudence assez fouillée en matière des violations des droits humains


résultant de facteurs environnementaux néfastes ou défavorables. Cette
jurisprudence fait état de trois manières différentes131 :

- Les odeurs toxiques d’une usine d’incinération de déchets pourraient


avoir un impact négatif sur la santé des individus. Les autorités pu-
bliques peuvent être tenues de prendre des mesures afin de s’assurer
que des droits de l’homme ne sont pas sérieusement affectés par des
facteurs environnementaux défavorables.
- La violation de certains droits procéduraux peut résulter des facteurs
environnementaux défavorables. Les autorités publiques doivent res-
pecter certaines exigences concernant l’information et la communica-
tion, ainsi que la participation dans les processus décisionnels et
l’accès à la justice pour les affaires soulevant des questions environ-
nementales.
- La protection de l’environnement peut constituer un objectif légitime
justifiant des ingérences dans la jouissance de certains droits de
l’homme. Le droit au respect des biens, par exemple, peut faire l’objet
de restrictions si cela se révélait nécessaire à la protection de
l’environnement.

Lors de la Conférence des Nations unies sur l’environnement à


Stockholm en 1972, il avait été souligné, sans ambages, les relations
mutuelles entre le respect des droits de l’homme et la protection de
l’environnement : « les deux éléments de son (l’homme) environnement,
l’élément naturel et celui qu’il a lui-même créé, sont indispensables à
son bien-être et à la pleine jouissance de ses droits fondamentaux, y
compris le droit à la vie même ».132 Cela a été confirmé par le Principe 1
de la même déclaration en ces termes :

131
Ibidem, p. 8.
132
Préambule de la Déclaration de Stockholm de 1972, Conférence des Nations
unies sur l’environnement.
96 Traité de droit de l’environnement

L’homme a un droit fondamental à la liberté, à l’égalité et à des condi-


tions de vie satisfaisantes, dans un environnement dont la qualité lui
permette de vivre dans la dignité et le bien-être. Il a le devoir solennel de
protéger et d’améliorer l’environnement pour les générations présentes
et futures. À cet égard, les politiques qui encouragent ou qui perpétuent
l’apartheid, la ségrégation raciale, la discrimination, les formes colo-
niales et autres d’oppression et de domination étrangères sont condam-
nées et doivent être éliminées.

La Déclaration de Rio de 1992 adoptée à l’issue de la Conférence


des Nations unies sur l’environnement et le développement a aussi don-
né un écho favorable aux relations entre les droits de l’homme et
l’environnement en termes de droits procéduraux :

La meilleure façon de traiter les questions d'environnement est d'assurer


la participation de tous les citoyens concernés, au niveau qui convient.
Au niveau national, chaque individu doit avoir dûment accès aux infor-
mations relatives à l'environnement que détiennent les autorités pu-
bliques, y compris aux informations relatives aux substances et activités
dangereuses dans leurs collectivités, et avoir la possibilité de participer
aux processus de prise de décision. Les États doivent faciliter et encou-
rager la sensibilisation et la participation du public en mettant les infor-
mations à la disposition de celui-ci. Un accès effectif à des actions judi-
ciaires et administratives, notamment des réparations et des recours, doit
être assuré.133

Des travaux aussi fouillés sur le plan international, particulièrement


dans le cadre des Nations Unies, sont revenus sur le caractère relevant
des relations entre les droits humains et l’environnement à l’instar du
Rapport spécial de Mme F.Z. Ksentini du 26 juillet 1994 consacré au

133
Principe 10 de la Déclaration de Rio de 1992 adoptée lors de la Conférence
des Nations unies sur l’environnement et le développement.
Aperçu général sur le droit de l’environnement 97

droit de l’homme à l’environnement dans le monde.134 Il n’est plus be-


soin, à ce jour, de chercher à démonter la relation manifestement établie
par différents instruments juridiques entre les droits de l’homme et
l’environnement. Toute l’attention doit désormais être orientée vers les
mécanismes établis de respect des instruments juridiques y afférents.

134
Ksentini F.Z., Droit de l’homme et environnement, Commission des droits de
l’homme, Conseil Économique et Social des Nations Unies, 6 juillet 1994 ;
Prieur Michel, Les principes généraux du droit à l’environnement, notes de
cours, N° 5, Université de Limoges, France, p. 9.
2

SOURCES DU DROIT INTERNATIONAL


DE L’ENVIRONNEMENT ET LE DROIT DE
L’HOMME À UN ENVIRONNEMENT SAIN

Le droit Congolais de l’environnement trouve sa source notamment


dans les traités ou accords internationaux ratifiés par la RDC, la cou-
tume, les principes généraux, la jurisprudence, la constitution, la loi et le
règlement. Il puise énormément en droit international de
l’environnement qui est une des branches spécialisées de droit interna-
tional dont les sources sont définies à l’article 38 al.1 du Statut de la
CIJ :

1. La Cour, dont la mission est de régler conformément au droit interna-


tional les différends qui lui sont soumis, applique :
a. Les conventions internationales, soit générales, soit spéciales, établis-
sant des règles expressément reconnues par les États en litige ;
b. La coutume comme preuve d’une pratique générale acceptée comme
étant le droit ;
c. Les principes généraux de droit reconnus par les nations civilisées ;
d. Sous réserve de la disposition de l’article 59, les décisions judiciaires
et la doctrine des publicistes les plus qualifiés des différentes nations,
comme moyen auxiliaire de détermination des règles de droit.

Il faut faire remarquer que le statut de la CIJ ne fait nullement cas


d’une quelconque hiérarchie entre les sources énumérées en droit inter-
100 Traité de droit de l’environnement

national. Il serait donc malsain d’envisager une hypothèse selon laquelle


les traités l’emporteraient sur la coutume ou inversement.135

2.1 Les sources du droit international de l’environ-


nement

Le droit (international) de l’environnement comme toute autre


branche de droit a plusieurs sources.

2.1.1 Le traité et la coutume

Considérant les deux définitions contenues dans les Conventions de


Vienne (article 2, al.1. a., Convention de Vienne de 1969 sur le droit des
traités et article 2, a) i) & ii), Convention de Vienne de 1986), Ruzié D.
& Teboul G. définissent le traité comme suit :

Accord international, quelle que soit sa dénomination particulière, con-


clu par écrit entre États, ou entre un État et une organisation internatio-
nale ou entre organisations internationales et régi par le droit internatio-
nal.136

Le droit international – qui n’est pas formaliste – laisse toute liberté


aux parties quant à l’appellation donnée à leur engagement ». La pra-
tique, selon Alain Pellet,137 révèle que les mots « traité », « convention
», « accord » sont interchangeables et sont souvent employés en tant que
termes génériques. Tout en reconnaissant la variété impressionnante des
vocabulaires utilisés (traité, convention, protocole, déclaration, charte,
pacte, statut, accord, modus vivendi, échanges de notes, échanges de
lettres, …), la CIJ note que « la terminologie n’est pas un élément dé-

135
Nguyen Quoc Dihn, Daillier Patrick & Alain Pellet, Op. Cit., p. 127.
136
Ruzié D. & Teboul G., Droit international public : Les mémentos, 25ème
édition, Dalloz, Paris, 2019, p. 24.
137
Nguyen Quoc Dihn+, Daillier Patrick & Alain Pellet, Op. Cit., p. 135.
Sources du droit international de l’environnement 101

terminant quant au caractère d’un accord ou d’un engagement interna-


tional138. »
En effet, la dénomination d’un instrument juridique sur le plan inter-
national, par exemple un traité, une convention, un accord, un protocole,
n’influence pas son statut légal pour autant que les États impliqués dans
son adoption aient l’intention de le rendre juridiquement contraignant.
L’importance de cette matière fait qu’on ait plus de 300 conventions
multilatérales consacrées entièrement ou partiellement à
l’environnement et environ quelques 900 traités bilatéraux ayant un
objet similaire. Les États Africains sont quasiment parties à la plupart de
ces accords, instruments juridiques, qui ont vocation à s’appliquent sur
leurs territoires respectifs139.
Ayant opté pour la tradition moniste, la RDC reconnaît la primauté
du droit international sur le droit interne140 et l’applicabilité par les juri-
dictions de l’ordre judiciaire des traités et accords internationaux dûment
ratifiés141 aux termes des articles 215 et 153 de la Constitution du 18
Février 2006 telle que modifiée par la Loi n° 11/002 du 20 janvier
2011 :

138
Sud-Ouest africain, exceptions préliminaires, Rec. 1962, p. 331-332 in Ibi-
dem, p. 136.
139
Kamto Maurice., Op. Cit., p. 68 ; Prieur Michel., Op. Cit, p. 16.
140
Cabinet du Président de la République démocratique du Congo, Instruments
internationaux relatifs aux droits de l’homme ratifiés par la République démo-
cratique du Congo, 40ème Année, Numéro Spécial, Kinshasa, 9 avril 1999, p. 1 ;
Kihangi Bindu Kennedy, « De l’applicabilité des traités internationaux relatifs
aux droits de l’homme ratifiés par la République démocratique du Congo »,
Analyste Topique, Revue interdisciplinaire des facultés de l’Université libre des
Pays des grands lacs, N° 06, Juin 2012, p. 67.
141
Kihangi Bindu Kennedy, « Environmental law of the Democratic Republic of
Congo », Thomson Reuters, 6/2017, p. 10; Kihangi Bindu Kennedy, Environ-
mental and developmental rights in the SADC: Specific reference to the Demo-
cratic Republic of Congo and the Republic of South Africa, LAP, Lambert
Academic Publishing, 2011, pp. 194, 195 ; Tshibangu Kalala, Op. Cit., p. 7.
102 Traité de droit de l’environnement

Les traités et accords internationaux régulièrement conclus ont, dès leur


publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve pour
chaque traité ou accord, de son application par l’autre partie.
Les Cours et tribunaux, civils et militaires, appliquent les traités interna-
tionaux dûment ratifiés, les lois, les actes réglementaires pour autant
qu’ils soient conformes aux lois ainsi que la coutume pour autant que
celle-ci ne soit pas contraire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs.

Consécutivement à ces dispositions, aux termes de l’article 13 de la


loi du 9 juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protec-
tion de l’environnement :

Le gouvernement met en œuvre des politiques et programmes de coopé-


ration avec d’autres États et partenaires désireux de contribuer à la pro-
tection de l’environnement et à la gestion durable des ressources natu-
relles dans le cadre des conventions, traités et accords internationaux
auxquels la République est partie.142

Les justiciables, les avocats ainsi que les magistrats doivent avoir
une connaissance de tous ces textes qui doivent être appliqués devant les
cours et tribunaux en RDC. L’effectivité sur le terrain pose de pro-
blèmes énormes suite à la faiblesse de gouvernance observée dans la
plupart des secteurs de l’environnement. L’harmonisation ou la coexis-
tence entre les instruments internationaux ratifiés et les législations
nationales est un besoin réel.
La coutume, définie comme un « ensemble d’usages et de pratiques
qui, par l’effet de la répétition, durant un certain temps et souvent revêtu
d’une certaine publicité, s’impose à un moment donné comme une règle
obligatoire susceptible, en cas de violation, d’une sanction sociale effec-

142
Article 13 de la Loi N° 11/009 du 9 Juillet 2011 portant principes fondamen-
taux relatifs à la protection de l’environnement.
Sources du droit international de l’environnement 103

tive143 », est retenue comme une source de droit (international) de


l’environnement. Elle doit être appliquée par les cours et tribunaux en
RDC pour autant qu’elle ne soit pas contraire à l’ordre public et aux
bonnes mœurs (article 153 de la Constitution de la RDC du 18 Février
2006 telle que modifiée en 2011).
Il est reconnu aujourd’hui que plusieurs règles de droit (internatio-
nal) de l’environnement sont généralement acceptées en tant que droit
international coutumier. Tel est le cas du principe 21 de la Déclaration
de Stockholm selon lequel « un État ne peut notamment pas provoquer,
ou permettre que son territoire soit utilisé pour provoquer, des dom-
mages à l’environnement d’autres États … ». Le Principe 24 de la même
Déclaration de Stockholm sur le devoir de coopération semble égale-
ment avoir acquis ce statut144.

2.1.2 Les principes généraux du droit

Les principes généraux du droit sont également présentés par le Sta-


tut de la CIJ à son article 38 comme une des sources du droit internatio-
nal de l’environnement ainsi que par la Loi Congolaise. Il s’agit des
principes communs à la plupart des systèmes légaux du monde entier, si
pas à tous les systèmes145. Ils sont de portée générale et quasi univer-
selle, les uns communs aux ordres juridiques des États et transposés en
droit international, et les autres nés dans l’ordre international lui-
même.146 Le droit congolais de l’environnement s’inspire des principes

143
Kifuabala Tekilazaya J.P., Droit civil, les biens : Les droits réels fonciers,
T. 1, Lubumbashi, PUL, 2003, p. 21.
144
Guy Canivet, Luc Lavrysen & Dominique Guihal (S/dir.), Manuel judiciaire
de droit de l’environnement, Programme des Nations unies pour
l’environnement, Nairobi, 2006, p. 38.
145
Ibidem, p. 39.
146
Raymon Guillien et Jean Vincent (S/dir), Lexique des termes juridiques,
13ème édition, Dalloz, Paris, 2001, p. 437.
104 Traité de droit de l’environnement

fondamentaux et universels consacrés par différents instruments juri-


diques à l’échelle tant internationale, régionale que nationale (Exposé
des motifs de la loi N° 11/009 du 9 Juillet 2011 portant principes fon-
damentaux relatifs à la protection de l’environnement). Les cours et
tribunaux feraient œuvre utile toutes les fois saisis des contentieux envi-
ronnementaux à faire judicieusement appel à ces principes.

2.1.3 La jurisprudence

Cornu définit la jurisprudence comme « l’ensemble des solutions ap-


portées par les décisions de justice dans l’application du droit, soit dans
l’interprétation de la loi quand celle-ci est obscure, soit même dans la
création du droit quand il faut compléter la loi, suppléer une règle qui
fait défaut147 ». Dans un sens plus précis, il s’agit d’une solution suggé-
rée par un ensemble de décisions suffisamment concordantes rendues
par les juridictions sur une question de droit148.
Le Statut de la CIJ qui énumère les sources du droit international (de
l’environnement) ne retient pas la jurisprudence. La CIJ fait, cependant,
à des moments référence à des décisions judiciaires pour éclairer sa
lanterne dans différentes questions lui soumises notamment en matière
d’environnement. Les jugements et les opinions consultatives de la CIJ,
du Tribunal de Hambourg en droit de la mer, de la Cour d’Arbitrage ou
d’autres tribunaux internationaux sont assez importants et sont souvent
considérés comme l’affirmation ou la révélation des règles internatio-
nales coutumières. On considère que le jugement de la Cour d’Arbitrage
du 11 mars 1941 dans l’affaire de la fonderie de Trail a posé les fonde-
ments du droit de l’environnement international, au moins en ce qui

147
Cornu G., (S/dir.), Association Henri Capitant, Vocabulaire juridique, PUF,
Paris, 2007.
148
Raymon Guillien et Jean Vincent (S/dir), Op. Cit., p. 437.
Sources du droit international de l’environnement 105

concerne la pollution transfrontalière149. La règle annoncée a été confir-


mée par un principe plus général interdisant de nuire à un autre État
dans l’arrêt de la CIJ du 9 avril 1949 (Affaire du canal de Corfou, le
Royaume-Uni contre l’Albanie, CIJ, 4, 1949150), et on y a fait référence
dans l’arbitrage du lac Lanoux (Espagne contre France) en 1956, 12
U.N.R.I.A. 281 (1957) dans le contexte de la pollution des eaux trans-
frontalières151.
L’œuvre du juge étant très sollicitée en matière d’environnement
comme une des sources non négligeables du droit de l’environnement.
La CIJ a créé le 19 juillet 1993 une chambre spéciale compétente pour
traiter des affaires relatives à l’environnement. Parmi les décisions aussi
importantes au niveau des principes figurent l’avis consultatif concer-
nant la menace ou l’emploi d’armes nucléaires selon lequel
« l’environnement n’est pas une abstraction mais bien l’espace où vivent
les êtres humains et dont dépendent la qualité de leur vie et leur santé

149
Bien qu’elle ne constitue pas un précédent juridiquement contraignant, la
sentence arbitrale survenue dans cette affaire a fortement influencé le dévelop-
pement du droit international de l’environnement concernant la pollution trans-
frontalière. Cette affaire illustre le premier exemple de contentieux international
provoqué par un cas de pollution transfrontalière. Les fumées nocives émises par
une fonderie de plomb, située en territoire canadien, dévastaient les récoltes
d’agriculteurs américains, établis de l’autre côté de la frontière. En l’espèce, en
l’absence de règles de droit international public, les arbitres raisonnèrent par
analogie, en se référant aux principes applicables en cas de pollution des eaux,
par-delà les limites d’un État fédéré, dans un ensemble fédéral. La responsabilité
du Canada fut retenue par les arbitres. Cette sentence est considérée comme
constituant l’ébauche d’une règle de droit coutumier international consacrant la
responsabilité de l’État en cas de dommage causé à l’environnement d’autres
États ou dans des zones ne relevant d’aucune compétence territoriale (Principe
21 de la Déclaration de Stockholm sur l’environnement de 1972). L’arbitrage de
la fonderie de Trail (les États-Unis contre le Canada) (1941) 3 U.N.R.I.A.A.
1938 (1949) in Ruzié D. & Teboul G., Op. Cit., p. 330.
150
Affaire du détroit de Corfou, CIJ, Recueil, 1949, p. 21.
151
Guy Canivet, Luc Lavrysen & Dominique Guihal (S/dir.), Op. Cit., p. 39.
106 Traité de droit de l’environnement

pour les générations à venir »152 et l’arrêt du 25 septembre 1997 relatif à


l’affaire Babcikovo – Nagymaros entre la Hongrie et la Slovaquie selon
lequel :

La vigilance et la prévention s’imposent en raison du caractère souvent


irréversible des dommages causés à l’environnement et des limites inhé-
rentes au mécanisme même de réparation de ce type de dommage … ces
normes nouvelles doivent être prises en considération non seulement
lorsque des États envisagent de nouvelles activités mais aussi lorsqu’ils
poursuivent des activités qu’ils ont engagées dans le passé153.

L’interprétation faite par le juge permet de donner corps à certains


régimes de protection de l’environnement, l’étendue des droits environ-
nementaux et devoirs définis par différents textes juridiques tant au
niveau international que national. En droit positif congolais, une juris-
prudence constante des juridictions supérieures s’impose d’autorité et
constitue une source de droit. Il est inquiétant de constater que le juge
Congolais ne soit pas suffisamment engagé à produire une jurisprudence
sur les questions se rapportant à l’environnement. Le manque d’une
expertise avérée en la matière justifierait une son hésitation. À cela, il
faut ajouter le faible engagement des populations appelées à saisir le
juge chaque fois qu’elles sont victimes des atteintes à l’environnement
ou qu’elles sont au contact des cas des violations des dispositions légales
dans les différents secteurs de l’environnement en procédant notamment
par des dénonciations ou des plaintes conformément à la procédure en
vigueur.
À la jurisprudence, il faut ajouter les écrits d’éminents juristes en
matière d’environnement. La littérature congolaise en cette matière est
quasiment peu fournie. Les enseignements dispensés dans les institu-

152
Avis Consultatif du 8 juillet 1996, Paragraphe 29.
153
Ranjeva R., L’environnement, la Cour internationale de justice et la chambre
spéciale pour les questions d’environnement, AFDI, 1994, p. 433.
Sources du droit international de l’environnement 107

tions d’enseignement supérieur et universitaire sont pour la plupart des


cas enrichis par la littérature étrangère teintée d’une quasi absence des
données d’ordre empirique.

2.1.4 La Constitution, la loi et le règlement

La Constitution du 18 février 2006 de la RDC telle que modifiée par


la Loi N° 11/002 du 20 Janvier 2011 reste une des preuves notables de
prise de conscience en matière de protection de l’environnement en
RDC. Un nombre non négligeable des dispositions constitutionnelles
portent respectivement sur les droits environnementaux et devoirs visant
à protéger l’environnement et les ressources naturelles de l’État. Le
constituant intègre la pénalisation de tout acte, tout accord, toute con-
vention, tout arrangement ou tout autre fait, qui a pour conséquence de
priver la nation, les personnes physiques ou morales de tout ou partie de
leurs moyens d’existence tirés de leurs ressources ou de leurs richesses
naturelles. Il est confirmé le principe de la souveraine permanente de
l’État congolais sur ses ressources naturelles notamment sur le sol, le
sous-sol, les eaux et les forêts, sur les espaces aérien, fluvial, lacustre et
maritime congolais ainsi que sur la mer territoriale congolaise et sur le
plateau continental.154 Il est exigé une gestion rationnelle des ressources
au profit de toute la nation et dans le respect des règles environnemen-
tales. La jouissance des richesses nationales et du patrimoine commun
de l’humanité est annoncée comme un droit constitutionnellement ga-
ranti. La plupart des dispositions constitutionnelles relatives à
l’environnement sont fixées par des lois et règlements.
Les lois et règlements fixent les principes fondamentaux relatifs à la
gestion, à la protection de l'environnement et à la biodiversité contre

154
Articles 9, 47, 48, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 123, 202 (points 25, 26, 28, 29,
36 f.), 203 (points 11, 12, 15, 16, 18 & 19), & 204 (points 20, 23 & 26) de la
Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée en 2011 en RDC.
108 Traité de droit de l’environnement

toutes les formes de dégradations, afin de promouvoir l’exploitation


rationnelle des ressources naturelles, de lutter contre toutes les formes de
pollutions et nuisances et d'améliorer les conditions de vie des popula-
tions, présentes et futures, dans le respect de l'équilibre de leurs relations
avec le milieu ambiant.155 La Loi N° 11/009 du 9 Juillet 2011 portant
principaux fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement a le
mérite d’avoir apporté quelques innovations notamment l’obligation
d’une étude d’impact environnemental et social, d’un audit environne-
mental, d’une évaluation environnementale des politiques, des plans, et
programmes, la création d’un cadre institutionnel et d’un fonds
d’intervention pour l’environnement et le renforcement des dispositions
pénales.156 Il est du devoir du Gouvernement de définir la politique
nationale en matière d’environnement et de gestion durable des res-
sources naturelles traduite en un plan national d’action environnemen-
tal.157
L’arsenal juridique congolais de l’environnement est constitué des
lois et règlements se rapportant aux différents secteurs de
l’environnement. Citons à titre illustratif :
- Loi N° 18/001 du 9 Mars 2018 modifiant et complétant la Loi N°
007/2002 du 11 juillet 2002 portant code minier.
- Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau.
- Loi N° 15/012 du 1er août 2015 portant régime général des hydrocar-
bures.
- Loi N° 14/003 du 11 février 2014 relative à la Conservation de la na-
ture.

155
Article 123 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée en 2011
en RDC.
156
Exposé des motifs de la Loi N° 11/009 du 9 juillet 2011 portant principes
fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement.
157
Article 15 de la Loi N° 11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamen-
taux relatifs à la protection de l’environnement.
Sources du droit international de l’environnement 109

- Loi N° 14/011 du 17 juin 2014 relative au secteur de l’électricité.


- Loi N° 11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamentaux rela-
tifs à la protection de l’environnement.
- Loi N° 11/022 du 24 décembre 2011 portant principes fondamentaux
relatifs à l’agriculture.
- Loi N° 11/2002 du 29 aout 2002 portant code forestier.
- La loi N° 73 – 021 portant régime général des biens, régime foncier et
immobilier et régime de sureté ;
- Loi n° 68-002 du 28 janvier 1982 portant réglementation de chasse ;
- Décret N° 18/024 du 8 juin 2018 modifiant et complétant le décret N°
038/2003 du 26 mars 2003 portant règlement minier.
- Décret N° 14/019 du 2 août 2014 fixant les règles de fonctionnement
des mécanismes procéduraux de la protection de l’environnement.
- Arrêté N° 08/CAB/MA/68 du 15 janvier 1968 interdisant la coupe du
bois sur tout le territoire national.

Le cadre juridique congolais s’enrichit graduellement dans les sec-


teurs de l’environnement chaque fois que de besoin. Le succès de tous
les textes disponibles dépendra, bien évidemment, du degré de leur ap-
plication et de maîtrise par les membres du pouvoir judiciaire. Les ma-
gistrats doivent porter la température de leur mission d’application de
ces textes en vue de leurs donner un corps et un sens dans la phase de la
mise en oeuvre. Il est aussi du devoir des autorités politico-
administratives de faire preuve d’une réelle volonté de veiller sur le
respect de ces textes dans la phase d’élaboration et de mise en œuvre des
politiques publiques en matière d’environnement.

2.2 Le droit de l’homme à l’environnement

Des instruments juridiques à l’échelle universelle que régionale font


mention directement ou indirectement au droit à l’environnement pré-
sentant ipso facto son originalité et ses spécificités.
110 Traité de droit de l’environnement

2.2.1 Reconnaissance du droit à l’environnement à l’échelle univer-


selle

Le droit de l’homme à l’environnement158 demeure une notion fon-


damentale du droit de l’environnement admise au plan international dans
de nombreux textes déclaratoires, sans d’ailleurs que l’expression « droit
à l’environnement » soit toujours employée. De prime abord, il convient
de faire remarquer que l’idée de la prise en compte de l’environnement a
fait son apparition avec force au travers de la Déclaration universelle des
droits de l’homme159 qui vise le droit à la vie dans son article 3160 et le
droit à la santé dans son article 25161. À cela, il faut ajouter le Pacte
international relatif aux droits civils et politiques qui consacre le droit à
la vie (article 6.1) et le droit à la sécurité (article 9) ; le Pacte internatio-

158
Karel Vasak « 30 years’ struggle – The sustained efforts to give force of law
to the universal Declaration of Human Rights » Unesco Courrier, November
1977, p. 29.
159
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 Décembre 1948, Jour-
nal Officiel du Zaïre/DR Congo, N° Spécial, Avril 1999, p. 7.
160
Article 3 : « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa
personne ». Au Pakistan, la Cour Suprême a considéré que le droit à la vie inclut
le droit de vivre dans un environnement sain. Boyle A. & Anderson M., Human
rights approaches to environmental protection, Clarendon, Oxford, 1998 ; Ki-
hangi Bindu Kennedy, « La justiciabilité du droit à l’environnement consacré
par la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples de 1981 en Répu-
blique démocratique du Congo », Op. Cit., p. 7.
161
Article 25 : 1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assu-
rer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation,
l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services so-
ciaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie,
d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses
moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.
2. La maternité et l’enfance ont droit à une aide et à une assistance spéciale.
Tous les enfants, qu’ils soient nés dans la mariage ou hors du mariage, jouissent
de la même protection sociale.
Sources du droit international de l’environnement 111

nal relatif aux droits économiques, sociaux et culturels qui organise le


droit à la santé (article 12).
Il est noté généralement que ce nouveau droit a été proclamé pour la
première fois dans le principe 1 de la Déclaration de Stockholm de 1972
selon lequel « l’homme a un droit fondamental à la liberté, à l’égalité et
à des conditions de vie satisfaisante, dans un environnement dont la
qualité lui permette de vivre dans la dignité et le bien-être. Il a le devoir
solennel de protéger et d’améliorer l’environnement pour les générations
présentes et futures. »
En 1990, l’Assemblée Générale des Nations Unies avait franchi un
pas énorme en adoptant une résolution qui porte plus haut le besoin de
protection de l’environnement en des termes aussi clairs « toutes les
personnes ont droit à vivre dans un environnement propre à assurer leur
santé et leur bien-être162. » Cela n’a fait que confirmer l’existence du
droit à l’environnement au niveau mondial.
La Déclaration de Rio de 1992 est apparue, à cet égard, comme un
recul dans la mesure où elle s’était contentée d’une formulation dans
laquelle l’idée du droit à l’environnement est implicite. Le principe 1 de
cette Déclaration proclame en effet que « les êtres humains ont droit à
une vie saine et productive en harmonie avec la nature ». Rio fait moins
bien que Stockholm en 1972.
La notion de droit à l’environnement n’en a pas moins conservé tout
son intérêt au niveau international mais elle va connaître un écho plus

162
United Nations General Assembly, Resolution on the Need to Ensure a
Healthy Environment for the Well-being of Individuals. A/RES/45/94 (adopted
on 14th Dec. 1990, 68th Plenary Meeting). « The General Assembly … Reaf-
firming that in accordance with the Declaration of the United Nations Confer-
ence on the Human Environment, men and women have the fundamental right to
freedom, equality and adequate conditions of life in an environment of quality
that permits a life of dignity and well-being …
1. Recognizes that all individuals are entitled to live in an environment
adequate for their health and well-being ; … »
112 Traité de droit de l’environnement

favorable à l’échelle régionale et au niveau des États.163 Il sera noté un


ferme engagement des États à consacrer et à promouvoir ce nouveau
droit pour le bien-être des générations présentes et futures.

2.2.2 Reconnaissance du droit à l’environnement à l’échelle régio-


nale

Le droit à l’environnement a connu un progrès juridique très impres-


sionnant sur le plan régional notamment sur le continent Africain.
L’Afrique est le premier continent à avoir donné une consécration juri-
dique formelle au droit à l’environnement à travers la Charte africaine
des droits de l’homme et des peuples de 1981 (CADHP), dont l’article
24 dispose :

Tous les peuples ont droit à un environnement satisfaisant propice à leur


développement.164

163
Kamto M., Op. Cit., p. 51.
164
La reconnaissance formelle du droit à l’environnement sur le continent a été
une apparition historique qui a depuis lors marqué les esprits et l’évolution de ce
droit. En proclamant dans un instrument juridique contraignant ce que le monde
entier avait jusque-là accepté seulement dans des textes de « soft law », comme
la Déclaration de Stockholm de 1972 et celle de Rio de 1992, l’Afrique mani-
feste son intention réelle de donner corps à ce droit pour le bien-être de tous. On
se serait attendu à ce que l’Afrique qui est un continent en proie au sous-
développement et à la pauvreté soit réticente pour une telle consécration et
qu’elle mette en avant son droit à un développement économique renvoyant
ainsi les questions liées à l’écologie aux pays développés. Visiblement,
l’Afrique a fait preuve de réalisme et n’est pas tombée dans ce piège. À travers
la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, elle a adopté une atti-
tude de conciliation en consacrant dans le même instrument le droit à la paix, le
droit au développement et le droit à l’environnement. Jiatsa Meli H., Les droits
fondamentaux en Afrique, 2007, https://www.memoireonline.com/10/10/
4025/m_Les-droits-fondamentaux-et-le-droit--lenvironnement-en-Afrique7.html
Sources du droit international de l’environnement 113

Sans nul doute, à la lecture de cette disposition (article 24), la Charte


africaine des droits de l’homme et des peuples reconnaît le droit à
l’environnement au titre d’un droit de l’homme. Cependant, lorsqu’on
cherche à savoir à quoi renvoie ce droit et qui en est le titulaire, des
controverses surgissent.
En effet, pour qualifier l’environnement, selon Hervé Jiatsa, les ré-
dacteurs de la Charte ont choisi des mots « suffisamment imprécis pour
se prêter à toutes sortes d’interprétations » comme satisfaisant, global,
etc. Mohamed Ali Mekouar165 estime qu’on aurait pu utiliser des mots
plus précis comme « sain, salubre, propre, équilibré, décent, conve-
nable, de qualité, dignité, bien-être, intérêt des générations futures,
etc. » pour donner plus de sens.
La difficulté de cerner le droit à l’environnement dans la Charte afri-
caine des droits de l’homme et des peuples n’est pas spécifique à ce
texte. Abordant le cas de la France, au sujet de la consécration législa-
tive, Prieur M. reconnaît qu’« il était difficile de formuler concrètement
ce droit fondamental nouveau166. » Mohamed Ali Mekouar explique ce
flou par le fait que les rédacteurs de la Charte ne s’étaient basés sur
aucun précédent dans les instruments internationaux de protection des
droits de l’homme car ils faisaient un peu œuvre de pionniers167.
Une autre difficulté majeure signalée que connaît la Charte africaine
des droits de l’homme et des peuples est liée au titulaire du droit à
l’environnement. Il ressort d’une analyse de ce texte qu’il est résolument

165
Mohamed Ali Mekouar cité par Kihangi Bindu Kennedy, « La justiciabilité
du droit à l’environnement consacré par la Charte africaine des droits de
l’homme et des peuples de 1981 en République démocratique du Congo », Op.
Cit., p. 8.
166
Prieur Michel, Droit international et comparé de l’environnement : Les prin-
cipes généraux du droit de l’environnement, Cours N° 5, Op. Cit., p. 12.
167
Mohamed Ali Mekouar cité par Kihangi Bindu K., « La justiciabilité du droit
à l’environnement consacré par la Charte africaine des droits de l’homme et des
peuples de 1981 en République démocratique du Congo », Op. Cit, p. 9.
114 Traité de droit de l’environnement

tourné vers une approche collective puisqu’allusion est faite au


« peuple ». Cette approche collective n’est qu’apparente car le droit
consacré dans la Charte africaine protège aussi bien le peuple dans son
ensemble (droit collectif pouvant être exercé par une association, un
groupe ayant la capacité d’intenter en justice) que les personnes prises
individuellement (toute personne dont le droit à l’environnement aura
été violé pouvant demander à ce que justice soit faite168.)
Le terme « peuple » contenu dans l’article 22 de la Charte mérite
d’être compris et défini tout en réservant une place de choix et une con-
formité à la lettre et à l’esprit de la Charte enracinés dans les valeurs de
la civilisation africaine. Les explications peuvent être trouvées dans la
philosophie africaine de l’existence Ubuntu169 : « I am because we are
and since we are therefore I am170. » Ankumah soutient que vivre en
Afrique signifie aussi :

168
Jiatsa Meli H., Les droits fondamentaux en Afrique, 2007,
https://www.memoireonline.com/10/10/4025/m_Les-droits-fondamentaux-et-le-
droit--lenvironnement-en-Afrique7.html
169
Ubuntu est considéré comme un concept africain classique signifiant une
philosophie éthique ou humaniste centrée sur les allégeances et les relations des
gens entre eux. Selon Desmond Tutu, Ubuntu parle particulièrement du fait que
vous ne pouvez pas exister en tant qu'être humain isolé et solipsiste. Cela parle
de notre interdépendance et générosité. Kihangi Bindu Kennedy, Building Afri-
can Leadership Capacity for the 21st Century (BALC21): A Morehouse College
Research Initiative on Challenging Issues in The African Great Lakes Region,
Keynote Speaker communication, International Symposium, Morehouse Col-
lege, Georgia/Atlanta, April 2016, http://uat.ulpgl.net/index.php?
lvl=bulletin_display&id=368
170
Mbiti J.S., African religions and philosophy, 1970, p. 144 in Ankrumah E.
A., The African Commission on Human Rights and Peoples’ Rights : Practice
and procedures, Vol. 16, Martinus Nijhoff Publisher, The Hague, London,
Boston, 1996, p. 159.
Sources du droit international de l’environnement 115

« Abandonner le droit d'être un individu, particulier, concurrent, égoïste,


agressif, conquérant, être afin d'être avec les autres, en paix et en har-
monie avec les vivants et les morts, avec l'environnement naturel….171 »

En effet, la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples de


1981, entrée en vigueur en 1986, a introduit désormais le droit à
l’environnement dans le droit international positif, fut-il de portée régio-
nale. L’ordre juridique consacrant ce droit sur le continent africain a été
renforcé par plusieurs autres instruments quelques années après.
La Convention de 1968 sur la Conservation de la nature et des res-
sources naturelles révisée en 2003 à Maputo/Mozambique et entrée en
vigueur en 2006 a également été un des moments forts ayant précédé à
la consécration du droit à l’environnement par la Charte africaine des
droits de l’homme et des peuples en 1981. Dans son article 2, la Con-
vention de 1968 venait déjà de mettre à la charge des États le devoir de
prendre des mesures nécessaires pour une gestion des ressources natu-
relles au profit des peuples. Dans sa forme révisée de 2003, entrée en
vigueur en 2006, les articles 3 et 16 de la Convention d’Alger définis-
sent respectivement les principes et les droits procéduraux en ces
termes :

Art. 3. En prenant des mesures pour réaliser les objectifs de la pré-


sente Convention et de mettre en œuvre ses dispositions, les parties
seront guidées par :
1. Le droit de tous les peuples à un environnement satisfaisant qui favo-
rise leur développement ;
2. Le devoir des États, individuellement et collectivement, d’assurer
l’exercice du droit au développement ;

171
Keba M. & Birame N., The Organization of African Unity, the international
dimension of human rights, Vol. 2, 1982, p. 583 in Ankumah Everlyne A., Op.
Cit., p. 160.
116 Traité de droit de l’environnement

3. Le devoir des États de veiller à ce que les besoins en matière de déve-


loppement et d’environnement soient satisfaits de manière durable,
juste et équitable.172

Art 16 :
1. Les parties contractantes adoptent les mesures législatives et régle-
mentaires nécessaires pour assurer à temps et de manière appropriée ;

a) La diffusion d’informations sur l’environnement ;


b) L’accès du public aux informations sur l’environnement ;
c) La participation du public à la prise des décisions pouvant avoir
un impact important sur l’environnement ;
d) L’accès à la justice en ce qui concerne les questions liées à la
protection de l’environnement et des ressources naturelles.

2. Toute Partie contractante à l’origine d’un dommage environnemental


transfrontière veille à ce que les personnes affectées par un tel dom-
mage dans une autre Partie contractante aient un droit d’accès à ses
procédures administratives et judiciaires, égal à celui accordé à ses
nationaux ou résidents en cas de dommage à l’environnement dans
les limites de ses frontières173.

L’article 18 du Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme


et des peuples, relatif aux droits des femmes, qui a été adopté à Mapu-
to/Mozambique en juillet 2003, et qui est entré en vigueur en fin février
2005, insiste sur la dimension du genre dans la consécration du droit à
l’environnement en ces termes :

1. Les femmes ont le droit de vivre dans un environnement sain et viable.


2. Les États prennent les mesures nécessaires pour :

172
Article 3 de la Convention d’Alger de 1968 révisée en 2003 à Mapu-
to/Mozambique et entrée en vigueur en 2006.
173
Article 16 de la Convention d’Alger révisée en 2003 à Maputo/Mozambique
et entrée en vigueur en 2006.
Sources du droit international de l’environnement 117

a) Assurer une plus grande participation des femmes à la planification, à


la gestion et à la préservation de l’environnement ainsi qu’à
l’utilisation judicieuse des ressources naturelles à tous les niveaux ;
b) Promouvoir la recherche et l’investissement dans le domaine des
sources d’énergies nouvelles et renouvelables et des technologies ap-
propriées, y compris les technologies de l’information, et en faciliter
l’accès et le contrôle aux femmes ;
c) Favoriser et protéger le développement de la connaissance des
femmes dans le domaine des technologies indigènes ;
d) Réglementer la gestion, la transformation, le stockage et l’élimination
des déchets domestiques ;
e) Veiller à ce que les normes appropriées soient respectées pour le
stockage, le transport et l’élimination des déchets toxiques.174

La Charte Africaine de l’Organisation de l’unité africaine (OUA)


obligeait, dans son préambule, les États à utiliser les ressources du con-
tinent dans l’intérêt des peuples africains. L’Afrique a, dès les premières
heures, voulu démontrer l’importance de placer l’homme au cœur des
préoccupations environnementales.
La dynamique environnementale semble avoir atteint l’ensemble des
régions au niveau continental qui, dans leurs textes constitutifs, consa-
crent directement le droit à l’environnement ou y font allusion de ma-
nière implicite. Tel est le cas de la Southern African Development Com-
munity (SADC) dans son texte constitutif, Windhoek (Namibie), du 17
août 1992, à son article 5 qui dispose :

Les objectifs de la SADC sont


a) Réaliser le développement et la croissance économique, réduire la pau-
vreté, améliorer le niveau et la qualité de vie des populations d'Afrique

174
Article 18 du Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des
peuples relatif aux droits des femmes adoptée à Maputo/Mozambique en juillet
2003 et entré en vigueur en fin février 2005.
118 Traité de droit de l’environnement

australe et soutenir les personnes socialement défavorisées par l'intégra-


tion régionale ; (…)
g) parvenir à une utilisation durable des ressources naturelles et à une
protection efficace de l'environnement ....

Manifestement, l’ensemble d’instruments cités à l’échelle africaine


renforcent l’idée de la compréhension du droit à l’environnement consa-
cré par la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples de 1981
et donne un éclairage sur son caractère justiciable, le droit d’accès à la
justice ainsi que celui de présenter des revendications liées à la protec-
tion de l’environnement.
Cependant, le droit à l’environnement qui est resté depuis un nombre
d’années dans une dimension quasiment d’abstraction a porté son vrai
« costume juridique » avec l’entrée en vigueur le 25 Janvier 2004 du
Protocole de Ouagadougou du 8 Juin 1998 créant la Cour africaine des
droits de l’homme et des peuples. Cette juridiction (Cour africaine des
droits de l’homme et des peuples) a été dotée du pouvoir de juger les
atteintes à ce droit nouveau et surmonter les difficultés liées à
l’interprétation de ce droit dans ses deux approches, individuelle et col-
lective. La Cour africaine est saisie par la Commission africaine des
droits de l’homme et des peuples, les États parties à la Cour et les Orga-
nisations intergouvernementales Africaines. Elle peut recevoir, en cas
d’épuisement des voies de recours internes, des requêtes formulées par
des Organisations non gouvernementales (ONG) dotées du statut
d’observateur auprès de la Commission Africaine, mais aussi des indivi-
dus si l’État concerné a donné une autorisation en ce sens en faisant une
déclaration au titre de l’article 34 (6) de ce Protocole175. Se fondant sur
ces dispositions et autres de la Charte et du Protocole de Ouagadougou
du 8 juin 1998, la Cour s’était déclarée compétente pour connaitre des

175
Article 5 du Protocole relatif à la Charte africaine des droits de l’homme et
des peuples portant création d’une cour africaine des droits de l’homme et des
peuples (1998/2004).
Sources du droit international de l’environnement 119

affaires et de tous les différends dont elle est saisie concernant


l’interprétation de la Charte, du Protocole et de tout autre instrument
pertinent relatif aux droits de l’homme et ratifiés par les États qui se-
raient concernés dans l’affaire Ingabire Victoire Umuhoza c. République
du Rwanda, « le défendeur est un État partie au Protocole, dont il a dé-
posé l’instrument de ratification … a également déposé la Déclaration
prévue à l’article 34(6) du Protocole176…». La question d’épuisement
des voies de recours internes a été abordée spécifiquement dans l’affaire
Social and Economic Rights Action Centre (SERAC) et Autres c. Nigeria
pour éviter notamment que la Commission africaine ne se transforme en
un tribunal de première instance pour des affaires dans lesquelles il
existe des solutions internes efficaces177.

A. Obligations des États parties à la Charte africaine des droits


de l’homme et des peuples dans la protection et la promotion
du droit à l’environnement

Partant du principe selon lequel, il n’existe d’autre fondement à


l’autorité de la règle de droit dans l’ordre international que la volonté
étatique, les États signataires de la Charte africaine des droits de
l’homme et des peuples de 1981 ont volontairement souscrit au principe
des obligations qui leur sont imposées par la Charte178. Pour corroborer

176
Ingabire Victoire Umuhoza c. République du Rwanda, Requête No 003/2014,
Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), Paragraphe 49,
50 & 51.
177
Social and Economic Rights Action Centre (SERAC) et Autres c. Nigeria,
(2001), RADH, 63, Commission Africaine des Droits de l’Homme et des
Peuples (CADHP), Paragraphe 39.
178
Ruzié D., Droit international public : Mémento, 16ème édition, Dalloz, Paris,
2002, p. 281 ; Tchikaya B., Mémento de la jurisprudence du droit international
public, 2ème édition, Hachette, Paris, 2001, pp. 31-32 ; Kihangi Bindu Kennedy,
Doit international public I : Théorie générale, Notes de cours dispensé en Troi-
120 Traité de droit de l’environnement

cette assertion, Claudia Scotti-Lam note que « le propre de tout traité


international est de présenter un caractère obligatoire pour les États
contractants179. » Certes, une obligation ne peut naître d’un traité pour
un tiers que s’il l’accepte explicitement. Mais la création d’un droit est,
en revanche, établie sur la base d’une présomption de consentement de
sa part tant qu’il n’y a pas d’indication contraire180. Deux dispositions de
la Charte contiennent manifestement ces obligations. L’article 25 dis-
pose que :

Les États signataires de la présente Charte ont le devoir de pro-


mouvoir et d’assurer, par l’enseignement, l’éducation et la diffu-
sion, le respect des droits et des libertés contenus dans la présente
Charte, et de prendre des mesures en vue de veiller à ce que ces
libertés et droits soient compris de même que les obligations et
devoirs correspondants.

L’article 26 prévoit que :

Les signataires de la présente Charte ont le devoir de garantir


l’indépendance des tribunaux et de permettre l’établissement et le
perfectionnement d’institutions nationales appropriées chargées
de la promotion et de la protection des droits et libertés garantis
par la présente Charte.

sième Année de Graduat, Faculté de Droit, Université libre des Pays des grands
lacs, Inédit, 2010, p. 3.
179
Scott-Lam C., L’applicabilité des traités internationaux relatifs aux droits de
l’homme, Bruxelles, Bruylant, 2004, p. 478.
180
Articles 35 & 37 de la Convention de Vienne de 1969 sur le Droit des Trai-
tés ; Nations Unies, La Commission du Droit International et son Œuvre : Ins-
truments, 7ème édition, New York, 2009, p. 137.
Sources du droit international de l’environnement 121

ll ressort de ces dispositions des obligations et des mesures que les États
sont appelés à prendre pour une protection efficace de
181
l’environnement . Elles sont de trois ordres distincts :

Des obligations négatives :


- Ne pas adopter de politiques ou de mesures portant atteinte à
l’environnement
- Ne pas créer d’obstacles à l’acquisition, la diffusion ou l’utilisation
des informations environnementales.
Des obligations positives :
- Adopter un cadre juridique et administratif pour protéger
l’environnement et éviter les pollutions ;
- Adopter un cadre juridique pour recueillir, fournir, divulguer les in-
formations environnementales ;
- Adopter un cadre juridique de surveillance de l’environnement et de
détection des abus ;
- Adopter des procédures pour prendre en compte les avis des citoyens.
Des mesures à prendre :
- Mise en œuvre des mesures concrètes de protection de
l’environnement, de lutte contre la pollution et de restauration du mi-
lieu ambiant ;
- Surveillance des pollutions et inspections ;
- Génération et diffusion des informations environnementales ;
- Prise en compte des avis des citoyens ;
- Fonctionnement des organes de dialogue ;
- Exécution des décisions concernant la protection de l’environnement,
sanctions et réparations des préjudices ;
- Ombudsman et tribunaux pour traiter les plaintes des citoyens pour at-
teinte à l’environnement.

181
Kiss A., Conseil Européen du Droit de l’Environnement (CEDE), le droit à
l’environnement, un droit fondamental dans l’Union Européenne, Funchal, Mars
2001, p. 25.
122 Traité de droit de l’environnement

Un rappel des obligations revenant aux États a été pertinemment fait


par la Cour de Justice de la Communauté économique des états de
l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) dans la décision Droits économiques et
sociaux et projet responsabilité (SERAP) c. Nigéria en ces termes :

… l’incapacité du gouvernement à promulguer des lois efficaces et à


établir des institutions capables de réglementer les activités des entre-
prises, associées à son incapacité à traduire en justice les auteurs de la
pollution, équivalait à une violation des obligations et engagements in-
ternationaux du Nigéria en matière de droits humains … la qualité de vie
des personnes étant déterminée par la qualité de l’environnement, le
gouvernement avait manqué à son devoir de maintenir un environne-
ment satisfaisant et propice au développement de la région du delta du
Niger.182

Cette jurisprudence a largement apporté une nouvelle dimension à la


mise en œuvre des dispositions de la Charte au niveau Africain et de-
vrait servir de point de repère aux juges nationaux dans la prise en
charge des questions ayant trait à la protection de l’environnement et,
particulièrement, attirer l’attention des États par rapport à leurs obliga-
tions à prendre des actes facilitant l’application des dispositions de la
Charte. En cela, la RDC n’a pas réalisé de pas de géant pour servir de
modèle. Il a fallu attendre plus de deux décennies, après l’entrée en
vigueur de la Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples,
pour que soit, par exemple, adopté une loi se rapportant aux principes
fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement (Loi no 11/009
du 9 juillet 2011) et la création d’une Agence congolaise pour
l’environnement (ACE) par le Décret No 14/030 du 18 novembre 2014.
L’ACE a pour mission : définir le processus de l’évaluation environne-

182
La Cour de la CEDEAO ordonne au gouvernement du Nigeria de sanctionner
les compagnies pétrolières responsables de pollution, https://www.amnesty.org/
download/Documents/308000/pre016192012fr.pdf
Sources du droit international de l’environnement 123

mentale et sociale en RDC ; veiller à l’exécution de tout pro-


jet/programme de développement dans le strict respect des normes envi-
ronnementales et sociales ; et pourvoir au renforcement des capacités de
l’administration congolaise ainsi que des investisseurs tant publics que
privés en matière d’évaluation environnementales183.
La mise en place des institutions nationales pour la protection et la
promotion des droits humains prévus par la Charte africaine des droits
de l’homme et des peuples s’impose aux États signataires. La création
des cours et tribunaux reste une nécessité en vue de donner corps aux
droits organisés par la Charte et garantir ainsi leur caractère justiciable.
Il serait aberrant de la part des juges de réserver une fin de non-recevoir
à toute action judiciaire qui serait fondée sur la violation des droits hu-
mains organisés par la Charte, en l’occurrence le droit à un environne-
ment sain.
Il est déplorable de noter que, malgré les engagements pris par les
États, l’efficacité des instruments juridiques internationaux relatifs aux
droits humains ne cesse de se heurter de plein fouet à l’intransigeance
des souverainetés184. Les États Africains demeurent jaloux de leur sou-
veraineté et de leur indépendance, et ils considèrent avilissant de sou-
mettre les problèmes internes à une tierce institution, fût-elle, la Com-
mission africaine des droits de l’homme et des peuples ou la Cour afri-
caine des droits de l’homme et des peuples. Le cas de la lettre du 1er
mars 2016 au travers de laquelle le Rwanda notifiait à la Cour africaine
des droits de l’homme et des peuples son intention de retirer sa déclara-
tion faite conformément à l’article 34(6) du Protocole relatif à la Cour
africaine des droits de l’homme et des peuples portant création d’une
Cour africaine des droits de l’homme et des peuples est assez révélateur.

183
Décret No 14/030 du 18 novembre 2014, https://medd.gouv.cd/ace/ (consulté
le 10/6/2021).
184
Dupuy J.M., Droit international public, 9ème édition, Dalloz, Paris, 2008, p.
219.
124 Traité de droit de l’environnement

Par cette voie, le Rwanda attendait certainement empêcher les nouveaux


recours à son encontre mais aussi suspendre les procédures en cours :

La République du Rwanda demande qu’après le dépôt du dit instrument,


la Cour suspende toutes les affaires concernant la République du Rwan-
da, notamment l’affaire citée ci-dessus, jusqu’à ce qu’une révision de la
déclaration soit faite et notifiée à la Cour en temps opportun185.

Ce rétropédalage de la République du Rwanda dans l’élan de la pro-


motion des droits de l’homme prônée par les États sur le continent Afri-
cain prouve à suffisance un manque de volonté réelle et de perspectives
démocratiques. Au nom d’une certaine souveraineté étatique, les efforts
entrepris dans la lutte contre l’impunité savamment orchestrée au profit
de certains présumés auteurs des violations massives des droits humains
et du droit international humanitaire sont quasiment renvoyés aux ca-
lendes grecques.
L’expérience montre que dans l’ensemble, sur le continent africain,
le droit à l’environnement qui est bien pourvu sur le plan juridique fait
encore l’objet de certaines controverses. La difficulté de réparer les
dommages écologiques, souvent très difficiles à évaluer à cause de leur
nature, des conséquences à moyen et long terme qu’ils peuvent produire
et surtout du caractère irréversible qu’ils peuvent revêtir, amène les
chercheurs, les décideurs politiques, les juges à tousser timidement. Sans

185
David Pavot, « Le retrait de la déclaration du Rwanda permettant aux indivi-
dus et ONG de saisir la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples,
Revue québécoise de droit international », 30.2, 2017, p. 222,
https://www.sqdi.org/wp-content/uploads/Le-retrait-de-la-d%C3%A9claration-
du-Rwanda-permettant-aux-individus-et-ONG-de-saisir-la-Cour-africaine-des-
droits-de-l%E2%80%99homme-et-des-peuples-.pdf
Affaire Ingabire Victoroire Umuhoza c. République du Rwanda, Requête no
003/2014, CADHP, 2016, Paragraphe 18 et 19, https://www.african-
court.org/fr/images/Cases/Orders/Opinion%20individuelle.Ingabire%20c.%20
Rwanda.Retrait%20de%20la%20de%CC%81claration.pdf (consulté le
7/7/2022).
Sources du droit international de l’environnement 125

sous-estimer la valeur des possibilités de recours prévus pour violation


du droit à l’environnement devant la Cour africaine des droits de
l’homme et des peuples (CADHP), Kiss pense que l’on devrait ainsi
insister sur les méthodes visant à prévenir ces violations186. L’autre
élément qui aurait pu contribuer à la protection de l’environnement en
Afrique est l’information et la participation des populations en matière
d’environnement. Les tentatives à ce point ne donnent pas aussi des
résultats satisfaisants. Il serait judicieux d’envisager au niveau continen-
tal une politique attrayante d’éducation et de justice environnementales à
exécuter dans les États. Cela ferait partie du curriculum national dans les
institutions d’enseignements à tous les niveaux pour une prise en charge
et gestion rationnelle l’environnement dans tous ses secteurs.

B. Le particularisme de la Charte africaine des droits de


l’homme et des peuples et de la jurisprudence dans le do-
maine des droits socioéconomiques et culture et les droits de
la solidarité

La conception africaine des droits humains reste marquée par un par-


ticularisme qui démontre l’attachement africain aux droits sociaux, éco-
nomiques, culturels et de la solidarité à titre « d’éléments essentiels des
droits de l’homme en Afrique187. » En vue de donner sens à cet attache-
ment, les États ont l’obligation de protéger les populations des mono-
poles internationaux sur les ressources naturelles (article 21. 5 de la

186
Kiss A., Environnement, droits fondamentaux, droit international, droits
fondamentaux, cahier du conseil constitutionnel, N° 15 in Kihangi Bindu Ken-
nedy, « La justiciabilité du droit à l’environnement consacré par la Charte afri-
caine des droits de l’homme et des peuples de 1981 en République démocratique
du Congo », Op. Cit., p. 17.
187
Social and Economic Rights Action Centre (SERAC) et Autre c. Nigeria
(2001), RADH, 63, (CADHP), 2001, Paragraph 68, in Heyns & Killander (ed.),
Recueil de documents clés de l’Union Africaine Relatifs aux Droits de l’Homme,
Pretoria University Press, PUL, 2018, p. 351.
126 Traité de droit de l’environnement

CADHP). Cette assertion a été inscrite en « lettres d’or » dans la déci-


sion de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples
sur le peuple Endorois du Kenya. Pour la Commission, « le peuple En-
dorois a le droit de disposer librement de leur richesse et ressources
naturelles… l’État est réputé avoir violé ce droit prévu à l’article 21 de
la CADHP188. »
Étant progressifs par nature, les droits économiques, sociaux et cul-
turels (DESC) mettent à la charge des États que des obligations de
moyen. En effet, la violation par un État du droit à l’eau, à
l’alimentation, à l’éducation ou à la santé ne concerne généralement pas
un individu isolé mais une partie importante de la population, a fortiori,
dans des pays en développement aux infrastructures encore incomplètes.
Afin d’assurer ces droits de manière satisfaisante, il est fondamental de
développer les infrastructures appropriées et d’avoir pour ce faire les
moyens humains, financiers et matériels nécessaires.
Les ressources financières de l’État sont donc à tel point en jeu qu’on
peut être amené à penser qu’il s’agit d’une question politique qui ne
devrait pas faire l’objet d’une sanction du pouvoir judiciaire. Les mêmes
observations sont aussi formulées à l’endroit des droits collectifs ou de
la solidarité perçus parfois comme la somme d’autres droits. C’est ici
qu’il faut présenter le caractère combien primordial de
l’interdépendance et de l’indivisibilité des droits humains. Les DSEC et
les droits collectifs ou de la solidarité sont à considérer comme une
précondition à l’accomplissement des droits civils et politiques. Par
ailleurs, la violation de tous les droits est indéniablement liée. Par
exemple, la pollution d’une rivière prive les individus de leur droit à un

188
Centre for Minority Rights Development (Kenya) and Minority Rights Group
International au nom de l’Endorois Welfare Council c. Kenya, (2009), RADH,
(CADHP), 2009, Paragraphe 268, in Heyns & Killander (Ed.), Op. Cit., p. 246 ;
La protection du droit à la terre, territoire et ressources naturelles en droit inter-
national et régional africain : Trousse d’information à l’intention des ONG de la
République démocratique du Congo, 2013, p. 10, https://www.forestpeoples.org/
Sources du droit international de l’environnement 127

environnement sain, de leur droit d’accès à l’eau potable et, éventuelle-


ment, de leur droit à la dignité, voire à la vie189. Suite à une dynamique
interprétative, la Commission Africaine est arrivée à « judiciariser » les
droits humains190. Elle a ainsi adopté à la fois un principe et une mé-
thode d’interprétation qui transcendent les catégories classiques des
droits de l’homme. Le principe est celui de la justiciabilité de tous les
droits reconnus par la Charte191. Dans les cas du peuple Ogoni c. le Ni-
geria et Free Legal Assistance group c. le Zaire192, la Commission saisit
cette opportunité pour clarifier qu’il n’y a pas de droit dans la Charte
africaine que l’on ne puisse mettre en œuvre193. La méthode consiste à
expliciter pour chaque droit les « quatre niveaux d’obligations » qui
incombent à un État qui s’engage à adopter un régime de droits :
l’obligation de respecter, de protéger, de promouvoir et de réaliser ces
droits. La Commission note que ces obligations s’appliquent universel-

189
Serre F., Bardeche J. & Fokoua N., Responsabilité sociale des entreprises :
L’entreprise entre le développement durable et le droit au développement ou
comment sortir de l’éthique en toc » ? in Kihangi Bindu Kennedy, « La justicia-
bilité du droit à l’environnement consacré par la Charte africaine des droits de
l’homme et des peuples de 1981 en République démocratique du Congo », Op.
Cit., p. 18.
190
Mutoy Mubiala, Le système régional africain de protection des droits de
l’homme, Bruylant, Bruxelles, 2005, p. 89.
191
Frouville O., L’intangibilité des droits de l’homme en droit international.
Régime conventionnel des droits de l’homme et droit des traités, éd. Pédone,
Paris, 2004, p. 261.
192
Comm n° 155/96, Social and Economic Rights Action Center, Center for
Economic and Social Rights c. Nigeria, oct. 2001, 15ème rapport annuel
d’activités de la Commission Africaine des droits de l’homme et des peuples,
2001-2002 Annexe 5 in Frouille O., Op. Cit., p. 261. Dans l’affaire Free Legal
Assistance Group c. Zaire, la Commission avait conclu à la violation par l’État
du droit à la santé physique et mentale et au principe de non-discrimination.
193
Social and Economic Rights Action Centre (SERAC) et Autre c. Nigeria
(2001), RADH, 63, (CADHP), 2001, Paragraph 68, in Heyns & Killander (ed.),
Op. Cit., p. 351.
128 Traité de droit de l’environnement

lement à tous les droits et imposent une combinaison de devoirs négatifs


et positifs, notamment aux États parties à la CADHP :

- L’obligation de respect exige que l’État se garde d’intervenir dans la


jouissance de tous les droits fondamentaux ; il devrait respecter ceux
qui doivent jouir de leurs droits, de respecter leurs libertés, indépen-
dance, ressources et libertés d’action. Eu égard aux droits socio-
économiques, cela signifie que l’État est obligé de respecter la libre
utilisation des ressources qui appartiennent ou sont à la disposition
d’un individu seul ou en une quelconque forme d’association avec
d’autres personnes, notamment le ménage ou la famille, aux fins des
besoins liés aux droits mentionnés plus haut. En ce qui concerne le
groupe collectif, il faudrait respecter les ressources dont il dispose,
étant donné que pour satisfaire ses besoins, il doit utiliser les mêmes
ressources.
- L’État est tenu de protéger les détenteurs de droits contre d’autres in-
dividus, par la législation et la mise à disposition de recours effectifs.
Cette obligation requiert de l’État de prendre des mesures pour proté-
ger les bénéficiaires des droits protégés contre les ingérences poli-
tiques, économiques et sociales. La protection exige généralement la
création et le maintien d’un climat ou d’un cadre par une interaction
effective des lois et règlements, de manière à ce que les individus
puissent exercer librement leurs droits et libertés. Cela est inextrica-
blement lié à la troisième obligation de l’État qui est de promouvoir la
jouissance de tous les droits humains. L’État devrait veiller à ce que
les individus puissent exercer leurs droits et libertés, par exemple en
favorisant la tolérance, en sensibilisant davantage le public et même en
construisant des infrastructures.
- L’État doit satisfaire les droits et libertés pour le respect desquels il
s’est engagé librement aux termes des divers instruments des droits de
l’homme. C’est plus qu’une attente positive, de la part de l’État,
d’orienter son système vers la réalisation effective des droits. Cela est
Sources du droit international de l’environnement 129

également inextricablement lié à l’obligation de promotion mention-


née dans le paragraphe précédent. Elle pourrait consister en la fourni-
ture directe des besoins fondamentaux tels que la nourriture ou les res-
sources qui peuvent être utilisées pour l’alimentation (aide alimentaire
directe ou sécurité sociale194).

Appliquant la compréhension au cas d’espèce, la commission a cons-


taté la violation du droit à la santé, du droit à l’environnement sain, du
droit des peuples à la libre disposition de leurs ressources naturelles, et
du droit au logement adéquat. Certes, l’autorité de la commission ne fait
pas de ses décisions de véritables actes juridictionnels, ce que la Cour
africaine des droits de l’homme et des peuples est venue corriger.
Dans l’affaire SERAP c. le Nigéria, la Cour de Justice de la commu-
nauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) a mar-
qué un tournant fort décisif, à portée pédagogique forte, quant au carac-
tère justiciable des droits garantis par la Charte africaine des droits de
l’homme et des peuples (CADHP). La Cour fait remarquer qu’il est bien
établi que les droits garantis par la Charte africaine (CADHP) sont op-
posables devant la Cour en citant l’article 9(4) du Protocole additionnel
au traité établissant la Cour et l’article 4(g) du traité CEDEAO révisé, et
cette dernière souligne sa compétence relative aux droits de l’homme
prévus dans la Charte africaine (CADHP). La Cour a également jugé
que le plaignant avait un intérêt à agir sur le fondement de l’action popu-
laris qui permet à toute personne ou entité de contester la violation d’un
droit public. Se fondant sur des jurisprudences étrangères, la Cour a
ajouté que pour devoir agir dans un contentieux concernant le public, le
plaignant doit démontrer qu’il a subi un dommage personnel ou qu’il
possède un intérêt particulier qui doit être protégé. La Cour précise éga-
lement que le demandeur doit démontrer qu’un intérêt public (collectif)

194
Social and Economic Rights Action Centre (SERAC) et Autre c. Nigeria
(2001), RADH, 63, (CADHP), 2001, Paragraphes 44, 45, 46, 47 et 48, in Heyns
& Killander (ed.), Op. Cit., 2018, p. 346.
130 Traité de droit de l’environnement

digne d’être protégé a été violé et que ce droit est opposable195. Ce qui
reste un cas d’école dans cette analyse.
En ce qui concerne les droits largement reconnus dans les systèmes
juridiques internes de la plupart des pays africains, les jurisprudences
développées par la Cour africaine des droits de l’homme et par la Cour
de justice de la CEDEAO peuvent servir de point de référence et
d’inspiration puissant pour les juridictions internes, les gouvernements
et les sociétés civiles des différents pays, au niveau de l’interprétation de
ces droits. Il est ainsi rappelé à l’État d’adopter des mesures positives
afin de prévenir les violations des droits socio-économiques, culturels et
de la solidarité (droits collectifs). En cas de violations signalées de ces
droits, l’État est dans le devoir de poursuivre les auteurs et permettre des
recours aux victimes.

2.2.3. La reconnaissance du droit à l’environnement dans l’ordre


juridique Congolais

En vue d’asseoir une culture démocratique de respect, de protection,


de promotion et d’apporter satisfaction (réalisation) aux droits humains,
l’incorporation d’un chapitre ou d’un titre sur les droits humains dans
une constitution est une nécessité majeure. Heynes Christof & Viljoen
Frans reconnaissent que:

The domestic level is the most important level on which human rights
should be protected by law in Africa. If the legal system of a particular
country protects the human rights of everyone within its jurisdiction,
there will be little or no need for higher levels of protection. Further-
more, without a certain level of respect for human rights in the partici-

195
Socio-Economic Rights and Accountability Project (SERAP) c. Nigéria, N°
ECW/CCJ/JUD/18/12, 2012, Paragraphes 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 36, 37, 38,
39, 40, 43 & 45.
Sources du droit international de l’environnement 131

pating domestic system, a regional system, which is based on consensus


and voluntary compliance by member states, cannot function196.

Les États sont généralement invités à incorporer dans leurs ordres ju-
ridiques internes les instruments internationaux consacrant le droit à
l’environnement après la procédure de ratification. Cette procédure ne
devrait se heurter à aucun obstacle si elle a eu lieu dans le respect du
droit interne.
La consécration constitutionnelle du droit à l’environnement dans
plusieurs pays africains s’est faite un peu tardivement contrairement à
d’autres régions notamment en Europe où, par exemple, le Portugal l’a
fait en 1976197, la Grèce en 1975198. Ce n’est que depuis les années 1990
que l’on a assisté à un déferlement de consécration du droit à
l’environnement aussi bien sur le plan des textes fondamentaux des
États que sur le plan des lois dans différents pays africains.
Le droit à l’environnement est consacré par un certain nombre de
constitutions africaines récentes, soit indirectement à travers la référence
à la Charte africaine (CADHP), soit directement en lui consacrant une
disposition constitutionnelle explicite, soit enfin en utilisant les deux

196
Heynes C., & Viljoen F., « The regional protection of human rights in Afri-
ca : An overview and evaluation » in Tiyambe Zeleza P., & McConnaughay PJ.,
Human rights, the rule of law, and development in Africa, University of Penn-
sylvania, USA, Philadelphia, 2004, p. 131.
197
L’article 66. 1. de la Constitution Portugaise du 2 avril 1976 dispose que :
« Toute personne a droit à un environnement humain, sain et écologiquement
équilibré, et a le devoir de le défendre ».
198
L’article 24. 1. de la Constitution du 9 Juin 1975 de la Grèce énonce un
devoir de l’État : « La protection de l’environnement naturel et culturel constitue
une obligation de l’État. En vue de sa sauvegarde, l’État est obligé de prendre
des mesures spéciales, préventives ou répressives. La loi règle les matières
relatives à la protection des forêts et des espaces forestiers en général. La modi-
fication de l’affectation des forêts et des espaces domaniaux est interdite, à
moins que leur exploitation agricole ou un autre usage imposé par l’intérêt pu-
blic ne soit prioritaire pour l’économie nationale ».
132 Traité de droit de l’environnement

techniques à la fois. Certains pays africains paraissent ainsi, sur un plan


purement formel bien sûr, bien en avance sur de nombreux pays déve-
loppés où la constitutionnalisation du droit à l’environnement, voire sa
simple consécration juridique au moyen même des catégories norma-
tives inférieures à la constitution, est restée au niveau d’une revendica-
tion.
Depuis les avancées notables de consécration et/ou de constitution-
nalisation du droit à l’environnement en Afrique, le mouvement s’est
accentué dans plusieurs pays au-delà de l’Afrique. Citons à titre illustra-
tif, la France qui a procédé à l’adoption de la Charte de l’environnement
en 2004199 à laquelle le préambule de sa constitution de 1958 fait réfé-
rence :

Le peuple Français proclame solennellement son attachement aux Droits


de l'homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu'ils ont
été définis par la Déclaration de 1789, confirmée et complétée par le
préambule de la Constitution de 1946, ainsi qu'aux droits et devoirs dé-
finis dans la Charte de l'environnement de 2004.

L’inscription constitutionnelle d’un droit à l’environnement porte


des conséquences juridiques notables. Elle rend notamment possible un
élargissement considérable des demandes concernant la garantie et
l’amélioration de la qualité de l’environnement et confère un fondement
juridique stable pour les décisions juridictionnelles dans les différents
secteurs de l’environnement. Elle apporte aussi une légitimité accrue
aux développements législatifs liés à l’amélioration de la qualité envi-
ronnementale200. Néanmoins, l’effectivité de cette constitutionnalisation

199
L’article 1er de la Charte de l’environnement dispose que : « Chacun a le droit
de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé. »
200
Eurick, J., The constitutional right to a healthy environment: Enforcing envi-
ronmental protection through state and federal constitution, p. 187.
Sources du droit international de l’environnement 133

ne se fait pas de façon automatique201. Des lois particulières organisant


et définissant clairement les missions des institutions dotées de moyens
de fonctionnement doivent être adoptées et publiées. À ce point, la RDC
n’a pas un parcours très louable car il a fallu attendre plusieurs années
après la ratification notamment de la Charte africaine (CADHP) pour
que des textes légaux dans certains secteurs de l’environnement soient
adoptés conformément aux dispositions constitutionnelles. Tel a été le
cas de la Loi no 11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamentaux
relatifs à la protection de l’environnement.
Un bon nombre de pays ont intégré le droit à l’environnement dans
leurs constitutions « sans une grande conviction » et avec des approches
très différentes. De l’impossibilité d’établir une notion si floue,
d’innombrables entraves juridiques se posaient contre l’affirmation
constitutionnelle d’un droit de l’homme à l’environnement, un droit sans
consistance à cause de la difficulté de définir l’environnement mais
aussi à cause de l’impossibilité de le considérer comme justiciable et de
le protéger202. En sus de ces allégations et de l’habillage constitutionnel,
un ensemble d’autres préoccupations et affirmations font surface.
Dans quelle mesure et par quels moyens peut-on exiger la réalisation, la
transposition du droit à l’environnement de l’univers juridique abstrait
vers la vie réelle ? Qu’est-ce la promotion au statut de droit fondamental

201
Lise Tupiassu Merlin, En quête de la pleine effectivité du droit à
l’environnement, p. 3, http://www.droitconstitutionnel.org/congresParis/
comC8/TupiassuTXT.pdf, (consulté le 21/11/ 2015).
202
Hafidha Chekir, Droit de l’environnement : Introduction générale, Latrach
Editions, Tunis, 2014, pp. 34 et suiv. ; Delhoste, M. F., L’environnement dans
les constitutions du monde, RDP, No 2, 2004, p. 441,https://books.google.cd/
books?id=k7RTDwAAQBAJ&pg=PA35&lpg=PA35&dq=Delhoste,+M-F.,+
L’environnement+dans+les+constitutions+du+monde&so
urce=bl&ots=AgYhZX79b4&sig=ACfU3U3y29QR_brNdJOS5xoV_OoREv_KI
Q&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwix6aDZr-XpAhXEShUIHfKMC54Q6AEwA
HoECAoQAQ#v=onepage&q=Delhoste%2C%20M-F.%2C%20L’environne
ment%20dans%20les%20constitutions%20du%20monde&f=false
134 Traité de droit de l’environnement

apporte à la conservation de l’environnement et à la promotion d’une


meilleure qualité de vie aux individus ? La protection et l’amélioration
de la qualité de l’environnement seraient uniquement de finalité assez
floue assignée à l’État entrainant forcément l’engagement de ressources
budgétaires. La concrétisation d’un tel droit reviendrait à la seule com-
pétence du pouvoir législatif. Par conséquent, doter une telle norme
d’effets directs et justiciables porterait atteinte à la séparation des pou-
voirs. En ce sens, le droit à l’environnement apparaît comme un « droit-
créance » dépourvu de valeur normative pleine et inefficace. La plupart
d’arguments avancés peuvent, cependant, être réfutés, selon Delhoste203,
sur la base du recours à certaines méthodes et à certains mécanismes de
protection courants en matière de garanties des droits de l’homme. Ain-
si, selon cet auteur, l’environnement, difficile à définir, peut être défen-
du en assurant aux individus l’accès à certaines procédures en cas de
détérioration. Ce qui aboutit à décomposer l’environnement en un pro-
cessus comportant 3 étapes :

- Toute personne doit avoir le droit d’être informé de projets ou


plans qui peuvent sérieusement affecter son environnement ;
- Toute personne doit pouvoir participer à la prise de décisions
essentielles concernant ces projets ou plans ;
- Toute personne doit avoir accès à des voies de recours juridic-
tionnels et non juridictionnels au cas où les procédures n’ont
pas été respectées ou si son environnement a subi des dom-
mages sérieux.

Au-delà de toute critique susceptible d’être formulée à l’endroit du


droit à l’environnement notamment sur sa validité, sa normativité, son
efficacité et sa justiciabilité, le droit à l’environnement est classé dans la
troisième catégorie des droits de l’homme (droits collectifs ou de la
solidarité) par la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par

203
Idem.
Sources du droit international de l’environnement 135

la Loi N° 11/002 du 20 Janvier 2011 en RDC. Il ne se confond pas avec


les droits classiques, ni avec les droits procéduraux, ni avec les droits-
créance. Il doit, en tout état de cause, être compris comme un « droit
bidimensionnel », c'est-à-dire, à la fois comme un droit humain et un
droit de la nature204.
Cette approche écarte l’anthropocentrisme juridique si fréquent en
droit de l’environnement qui, par son objet même, devrait mettre en
avant la nature dans toutes ses composantes. Ainsi, en « s’efforçant de
poser des règles destinées à empêcher les pollutions des faunes et des
flores, le droit de l’environnement protège la nature, mais aussi par
ricochet l’homme. Il arrive donc que l’objet et le titulaire du droit à
l’environnement se confondent. On peut, ainsi, se permettre de dire que
les titulaires et les débiteurs du droit à l’environnement sont multiples et
contingents205. Revendiquer le droit à l’environnement, c’est aspirer à un
milieu sain et équilibré, aspiration universelle qui ne peut cependant être
pleinement réalisée que dans un contexte de développement économique
harmonieux.
Dans cette dynamique, et pour répondre à ses obligations internatio-
nales, la RDC s’est engagée à veiller au respect, à la protection, à la
promotion et à la réalisation des droits de l’homme par sa loi fondamen-
tale et quelques lois particulières. Il est, non seulement, fait référence
aux instruments juridiques internationaux consacrant le droit à
l’environnement dans le préambule de la Constitution du 18 Février
2006 telle que modifiée par la Loi N° 11/002 du 20 Janvier 2011 mais

204
Sitack Yombatina B., Le droit de l’environnement à l’épreuve des représenta-
tions culturelles africaines : la nécessité d’une approche dialectique et plus res-
ponsable, Mémoire de Master, Université de Saint Louis, Bruxelles, 2000, p. 63
cité par Hervé Jiatsa Meli, Les droits fondamentaux et le droit à l’environnement
en Afrique, Mémoire de Master, Université de Nantes, 2007,
https://www.memoireonline.com/10/10/4025/m_Les-droits-fondamentaux-et-le-
droit--lenvironnement-en-Afrique6.html
205
Hervé Jiatsa Meli, Idem.
136 Traité de droit de l’environnement

aussi son incorporation dans le titre II « Des droits humains, des libertés
fondamentales et des devoirs du citoyen et de l’État » :

Réaffirmant notre adhésion et notre attachement à la Déclaration univer-


selle des droits de l’homme, à la Charte africaine des droits de l’homme
et des peuples, aux Conventions des nations unies sur les droits de
l’enfant et sur les droits de la Femme … ainsi qu’aux instruments inter-
nationaux relatifs à la protection et à la promotion des droits humains.

Les droits civils et politiques (Articles 11 à 33), socioéconomiques et


culturels (articles 34 à 49) et de la solidarité (articles 50 à 61) contenus
dans la Constitution présentent des innovations et une spécificité ma-
jeure de la Constitution du 18 Février 2006 qui pose les jalons du consti-
tutionalisme et de la démocratie en RDC.
Au moment de l’indépendance et pendant les années qui suivirent,
les questions relatives à la reconnaissance des droits socioéconomiques,
culturels et de la solidarité (droits collectifs) n’étaient pas au cœur des
discussions des acteurs politiques et de la société civile. C’est ainsi que
la quasi-totalité des textes constitutionnels qui ont régi le pays pendant
la première et la deuxième République n’abordaient pas les questions
notamment environnementales. Il a fallu attendre la ratification par la
RDC de la Charte africaine (CADHP), les changements intervenus au
cours des années 1990, pour que les préoccupations environnementales
aient un écho favorable dans les milieux politiques et de la société civile
en RDC. Cela signifie en d’autres termes que seule la « révolution cons-
titutionnelle » à partir des années 1990 a apporté un changement majeur
dans le renforcement du déploiement constitutionnel des droits humains
et dans la prise en compte des préoccupations environnementales.
Après l’Acte Constitutionnel de la Transition du 9 Avril 1994
(article 30) et la Constitution de la Transition du 5 Avril 2003 (article
54), la Constitution du 18 Février 2006 modifiée en 2011 intègre des
dispositions importantes relatives à l’environnement notamment le droit
à un environnement sain. L’article 53 dispose :
Sources du droit international de l’environnement 137

Toute personne a droit à un environnement sain et propice à son


épanouissement intégral. Elle a le devoir de le défendre. L’État veille
à la protection de l’environnement et à la santé des populations.

Cette disposition à caractère anthropocentrique présente le droit à


l’environnement dans ses deux dimensions, procédurales et substan-
tielles, comme un droit fondamental de l’homme constitutionnellement
garanti, protégé et justiciable. Son aspect procédural sous-entend le droit
d’avoir accès à l’information environnementale, le droit de participer au
processus de prise de décision en matière d’environnement, le droit de
recours devant les instances judicaires en cas de violation et le droit à la
réparation206. Le droit à l’environnement apparaît comme un droit indi-
viduel et collectif aux termes de l’article 53 précité de la Constitution de
2006 modifiée en 2011 et de l’article 46 de la Loi N°11/009 du 9 juillet
2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l’environnement qui dispose que :

Toute personne a droit à un environnement sain et propice à son


épanouissement intégral. Elle a le devoir de le défendre par toutes voies
de droit en action individuelle ou collective.

À lecture de cette disposition, d’aucuns doivent noter que le devoir


de défendre son environnement est aussi important que le droit à un
environnement sain reconnu à toute personne. Pour préserver
l’environnement dans lequel il vit, l’homme doit le défendre notamment
par des actions judiciaires et/ou administratives. Le droit d’accès à la
justice en matière d’environnement est reconnu à toute personne. Ainsi
dans différents secteurs de l’environnement, le législateur a donné des
orientations assez claires et significatives. Les associations représenta-
tives des communautés locales et les organisations non gouvernemen-
tales nationales agréées et contribuant à la réalisation de la politique

206
Articles 8, 9, 10, 68 – 70 de la Loi N°11/009 du 9 Juillet 2011 Portant prin-
cipes fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement 2011.
138 Traité de droit de l’environnement

gouvernementale en matière environnementale ont le droit d’ester en


justice ou se constituer partie civile pour les faits constituant une infrac-
tion à la Loi no 011/2002 du 29 août 2002 portant code forestier (article
134), Loi no 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau (article 108), à
leurs mesures d’application, ou une atteinte, selon les accords et conven-
tions ratifiés par la RDC et qui causent un préjudice direct ou indirect
aux intérêts collectifs qu’elles ont pour objet de défendre.
L’aspect substantiel fait mention du droit à la santé et à la sécurité
alimentaire207, le droit à un logement décent, le droit d’accès à l’eau
potable et le droit à l’énergie électrique208 et aux meilleures conditions
de vie. Contrairement aux aspects procéduraux qui peuvent faire l’objet
d’une application immédiate, les aspects substantiels du droit à
l’environnement obligent une démarche progressive ou graduelle209.
Somme toute, la mise en œuvre du droit à l’environnement implique
que chaque personne ait le droit d’intenter une action en justice afin
d’influer sur les décisions, actions ou omissions qui portent atteinte à la
qualité de l’air, au niveau sonore, à la qualité des eaux, à l’hygiène au
travail, à l’accès aux ressources naturelles, paysage, parcs, littoral, mon-

207
Article 47 de la Constitution du 18 Février 2006 modifiée en 2011 : « Le
droit à la santé et à la sécurité alimentaire est garanti. La loi fixe les principes
fondamentaux et les règles d’organisation de la santé publique et de la sécurité
alimentaire » ; Article 47 de la Loi N°11/009 du 9 Juillet 2011 Portant principes
fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement 2011 : « Toute per-
sonne a le droit de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé. Est interdite, toute
émission dans l’air susceptible d’incommoder la population ou de nuire à
l’environnement et à la santé. Les activités polluantes sont soumises soit au
régime d’interdiction soit au régime d’autorisation préalable. Un décret délibéré
en Conseil de Ministres fixe les normes d’émission dans l’air ».
208
Article 48 de la Constitution du 18 Février 2006 modifiée en 2011 : « Le
droit à un logement décent, le droit d’accès à l’eau potable et à l’énergie élec-
trique sont garantis. La loi fixe les modalités d’exercice de ces droits. »
209
Smets H., « Une charte des droits fondamentaux sans droit à l’environ-
nement », 4 Revue Européenne de droit de l’environnement, 2001, p. 391.
Sources du droit international de l’environnement 139

tagne, etc., ou qui mettent en péril la vie de l’homme. Il est attendu du


juge Congolais une attitude proactive en sa qualité de garant des droits
et libertés fondamentaux (article 150 de la Constitution du 18 Février
2006 modifiée en 2011) en vue de donner corps à cette volonté législa-
tive d’accorder à l’homme un environnement sain et propice à son épa-
nouissement intégral.

Droit à l’environnement, un droit subjectif et droit collectif


consacré par la Constitution congolaise
Le cadre constitutionnel et règlementaire congolais utilise le pronom
« toute » lorsqu’il consacre le droit à l’environnement à l’instar des
constituants Malien210, Tchadien211 et Brésilien212. Le pronom « toute »
exprime ici une idée d’ouverture et d’inclusion que ce droit est indépen-
dant de la nationalité, de la race, du sexe, de l’âge, des conditions de
santé, de la profession, du revenu ou du lieu de résidence. Le champ
d’application du droit à l’environnement est ici étendu sans préciser qui
est titulaire de ce droit et sans exclure personne.
L’environnement est en même temps un bien collectif dont on jouit
personnellement et collectivement.213 Le droit à l’environnement appar-
tient à chaque personne, mais notons qu’il est aussi « trans-
individuel214. » C'est pourquoi, le droit à l'environnement entre dans la

210
Article 15 de la Constitution du Mali de 1992 : « Toute personne a droit à un
environnement sain. La protection, la défense de l'environnement et la promo-
tion de la qualité de la vie sont un devoir pour tous et pour l'État ».
211
Article 47 de la Constitution du Tchad de 1996 : « Toute personne a droit à
un environnement sain ».
212
Article 225 de la Constitution promulguée le 5 Octobre 1988 : « Tous ont le
droit à un environnement écologiquement équilibré … ».
213
Canosa Usera Raul, « Aspectos constitucionales del derecho ambiental »,
Revista de estudios politicos, Madrid, Centro de estudios constitucionales, vol.
94, 1996, p. 79.
214
Tribunal régional fédéral, 4° région, appel d'une action civile publique,
1998.04.01.009684-2-SC-Rapp. Joel I. Paciornik. DJU 16-04-2003. In Interesse
140 Traité de droit de l’environnement

catégorie des intérêts diffus et n'est pas limité à une seule personne mais
concerne un ensemble plus large d'une collectivité indéterminée215.
Après avoir confirmé le caractère subjectif du droit à
l’environnement, le constituant congolais annonce le droit à l'exercice
d'une action environnementale qui est un devoir de toute personne de
défendre l’environnement par toutes voies de droit en action individuelle
ou collective (Article 53 al. 2 de la Constitution du 18 février 2006 telle
que modifiée en 2011article 46 al. 2 de la Loi N° 11/009 du 9 Juillet
2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l’environnement en RDC). Ce qui rejoint largement la tendance de la
promotion du droit à l’environnement au Costa Rica et la défense des
droits de la nature en Équateur. La Constitution de la République de
Costa Rica du 7 novembre 1949 et ses révisions dans son texte à jour au
1er octobre 2009 dispose à son article 50 que :

L’État procurera le plus grand bien-être à tous les habitants du pays, or-
ganisant et encourageant la production et le partage le plus approprié de
la richesse. Toute personne a droit à un environnement sain et écologi-
quement équilibré. Pour cette raison, elle a intérêt à agir pour dénoncer
les actes qui enfreignent ce droit et pour réclamer l’indemnisation du
dommage causé. L’État garantira, défendra et préservera ce droit.
La loi déterminera les responsabilités et les sanctions correspondantes.

Après avoir annoncé le droit de « toute » personne à un environne-


ment sain, il est porté une attention soutenue sur la question de la dé-
fense de l’environnement et la légitimation de l’intérêt à agir. La nature
est ici protégée indirectement à travers le respect du droit à
l’environnement. Toute personne peut agir pour dénoncer les actes qui

Publico V. 19, 2003, p. 288.


215
Paulo Affonso Leme Machado - Cahiers du Conseil constitutionnel n° 15
(Dossier : Constitution et environnement) - janvier 2004, http://www.conseil-
constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/nouveaux-cahiers-du-conseil/
cahier-n-15/l-environnement-et-la-constitution-bresilienne.52003.html
Sources du droit international de l’environnement 141

enfreignent ce droit et pour réclamer l’indemnisation du dommage cau-


sé. Cependant, la disposition est silencieuse quant au fait de savoir si les
personnes qui agissent pour dénoncer les actes qui enfreignent ce droit et
pour réclamer l’indemnisation du dommage causé sont soumises ou pas
à l’obligation de justifier d’un intérêt direct et personnel. S’intéressant à
la question du contenu de cette disposition (article 50 précité de la Cons-
titution de la République de Costa Rica), la Cour Constitutionnelle de la
République de Costa Rica avait circonscrit et interprété largement
l’intérêt à agir pour accéder à la juridiction constitutionnelle à des fins
de protection de l’environnement. Il s’était dégagée trois tendances :

- Un intérêt de tous les habitants, de toutes les personnes, ou de


la collectivité nationale ;
- Existence d’un intérêt diffus ;
- Existence d’une action populaire216.

Cette avancée significative de protection de l’environnement devant


les cours et tribunaux va connaître un moment plus crucial et de contro-
verse prononcée lorsque l’Équateur (pays de l’Amérique Latine) va
procéder à une protection plus effective en incluant dans sa constitution
la reconnaissance expresse de la nature comme sujet de droits et de celle
des droits fondamentaux de la nature. Il reconnaît ici un intérêt à agir
très large pour accéder au juge et défendre ces droits217. La République
de l’Équateur, à partir de 2008, apparaît comme un pays pionnier, le tout
premier pays, à avoir incorporé dans sa constitution les droits de la na-
ture. Il porte ainsi un nouveau système juridique de protection de

216
Edgar Fernandez Fernandez, « Les controverses autour de l’intérêt à agir
pour l’accès au juge constitutionnel : de la défense du droit à l’environnement
(Costa Rica) à la défense des droits de la nature », la représentation de la nature
devant le juge : approche comparative et prospective, Vertigo, La revue électro-
nique en sciences de l’environnement, Hors-série, 2015, https://journals.
openedition.org/vertigo/16214
217
Ibidem.
142 Traité de droit de l’environnement

l’environnement qui pourrait inspirer les autres systèmes juridiques sur


les questions relatives à la protection de l’environnement. D’aucuns
pourraient certainement chercher à savoir la ratio legis d’une telle dé-
marche constitutionnelle sans perdre de vue que depuis belle lurette le
droit de l’environnement a pris de tendances fortement anthropocen-
triques qui exposent l’environnement à toute sorte d’atteinte.
La démarche entreprise par le constituant en Équateur trouve une as-
sise dans les croyances et traditions des populations autochtones. Aux
termes de la Constitution « la nature ou Pacha Mama a le droit d’exister,
de persister, de maintenir et de régénérer ses cycles, structures, fonctions
et processus vitaux d’évolution ». Ce droit constitutionnel est indépen-
dant de l’obligation des personnes physiques et morales ou de l’État
d’indemniser les personnes qui dépendent des systèmes naturels. La
nouvelle Charte des droits fondamentaux de la République de l’Équateur
procède ainsi à une redéfinition des rapports existants entre la personne
et la nature, déclarant que cette dernière n’est pas un objet à s’approprier
et à exploiter, mais une entité dotée de droits qui doivent être traités
avec égalité devant la loi218. Cette philosophie ne s’éloigne pas de la
reconnaissance d’une personnalité juridique du Fleuve Whanganui en
Nouvelle Zélande219.

218
Titre II, chapitre VII, articles 71 à 74 de la Constitution de la République de
l’Équateur : Droits de la nature, Assemblée Nationale de la République de
l’Équateur, Centre de documentation, 2008,
https://www.silene.ong/fr/centre-de-documentation/documents-legaux/constitu
cion-republica-ecuador ; Déclaration de Colombo : accord sur la maintenance de
la vie, notre conversion écologique, 2016, Centre de documentation,
https://www.silene.ong/fr/centre-de-documentation/declaration/statement-from-
colombo-agreeing-to-sustain-life-our-ecological-conversion
219
La Nouvelle-Zélande a reconnu la personnalité juridique du fleuve Whanga-
nui après une bataille juridique de 170 ans, Mai 2017, https://www.silene.ong/
fr/actualites/la-nouvelle-zelande-reconnait-la-personnalite-juridique-du-fleuve-
whanganui-apres-une-bataille-juridique-de-170-ans
Sources du droit international de l’environnement 143

L'environnement est l'affaire de tous. Toute personne a un droit sub-


jectif et un intérêt à agir pour le défendre, non seulement, en cas
d’atteinte personnelle, mais aussi en cas d’atteinte collective220. Cette
vue normative signifie que chacun est à la fois acteur et victime de l'en-
vironnement, pollueur et pollué. L’environnement apparaît ici comme
un patrimoine commun de la nation, ce qui engage chacun à contribuer à
le surveiller et à le préserver. Le législateur Congolais insiste sur cet
aspect aux termes de l’article 3 de la Loi N°11/009 du 9 juillet 2011
portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l’environnement :

L’environnement congolais fait partie du patrimoine commun de la na-


tion sur lequel l’État exerce sa souveraineté permanente. Sa gestion et sa
protection sont d’intérêt général. Elles sont soumises au respect du prin-
cipe de développement durable. L’État, la province et l’entité territoriale
décentralisée ainsi que toute personne physique ou morale publique ou
privée ont le devoir de le protéger et de participer à l’amélioration de sa
qualité221.

Le doit à l’environnement est indispensable à une saine


qualité de vie
Paulo Affonso Leme Machado note que la qualité de vie « saine » ne
peut être obtenue que si l'environnement est écologiquement équili-
bré222. Avoir une qualité de vie saine, c'est avoir un environnement non

220
Le Tribunal Suprême Espagnol, dans sa décision du 25 avril 1989, a donné le
même sens aux dispositions environnementales de la Constitution, éloignant les
doutes concernant l’intérêt d’agir des citoyens en matière de l’environnement.
221
Article 3 de la Loi N°11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamen-
taux relatifs à la protection de l’environnement.
222
Paulo Affonso Leme Machado - Cahiers du Conseil constitutionnel n° 15
(Dossier : Constitution et environnement) - janvier 2004, http://www.conseil-
constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/nouveaux-cahiers-du-conseil/
cahier-n-15/l-environnement-et-la-constitution-bresilienn e.52003.html
144 Traité de droit de l’environnement

pollué. C’est dans cette perspective que le constituant Congolais fait le


lien entre le droit à l’environnement, la protection de l’environnement et
la santé de la population (Article 53 de la Constitution Congolaise de
2006 telle que modifiée en 2011). Cela démontre à suffisance
l’importance de la protection de l’environnement comme une garantie
d’un développement à tous égards de l’être humain. La santé des êtres
humains ne consiste pas seulement à se protéger des maladies connues.
Il faut aussi prendre en considération l'état de santé des éléments de la
nature, eaux, sol, air, flore, faune et paysage. Ils sont intimement liés au
cadre de vie des hommes et s'ils sont malades ou dégradés, les êtres
humains ne pourront plus avoir une qualité de vie saine. Le qualificatif
« sain » peut être interprété comme orientant l’attention vers un envi-
ronnement qui ne peut pas nuire à la santé humaine. Ce qui, plus loin,
sous-entend la promotion d’une « qualité de vie223. » Cela rejoint l’esprit
du législateur à l’article 47 de la Loi N°11/009 du 9 juillet 2011 portant
principes fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement 2011
en ces termes :

Toute personne a le droit de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé.


Est interdite, toute émission dans l’air susceptible d’incommoder la po-
pulation ou de nuire à l’environnement et à la santé. Les activités pol-
luantes sont soumises soit au régime d’interdiction soit au régime
d’autorisation préalable. Un Décret délibéré en conseil des ministres
fixe les normes d’émissions dans l’air.

Le droit à l’environnement et les pouvoirs publics,


responsabilité environnementale intergénérationnelle

223
Hervé Jiatsa Meli, Les droits fondamentaux et le droit à l’environnement en
Afrique, Mémoire de Master, Université de Nantes, France, 2007,
https://www.memoireonline.com/10/10/4025/m_Les-droits-fondamentaux-et-le-
droit--lenvironnement-en-Afrique6.html
Sources du droit international de l’environnement 145

Aux termes de l’article 53 de la Constitution Congolaise, « l’État


veille à la protection de l’environnement … ». Ce qui sous-entend une
responsabilité environnementale intergénérationnelle incombant aux
pouvoir publics qui ne peuvent s’en décharger. Ils partagent bien enten-
du cette responsabilité avec tous les autres membres de la collectivité
(toute personne … Elle a le devoir de le défendre …). Les devoirs ou
responsabilités précitées énoncent l’idée d’une éthique de la solidarité
parce que les générations présentes ne doivent pas pouvoir utiliser l'en-
vironnement dans des conditions telles qu’il serait affaibli et détérioré
pour les générations futures. La Constitution Espagnole de 1978, par
exemple, énonce que les pouvoirs publics doivent défendre et restaurer
l'environnement grâce à l'appui indispensable de la solidarité collective
(art. 45 - 2224). La continuité de la vie sur la planète exige que cette soli-
darité ne soit pas cantonnée dans une seule génération mais s'applique à
l'égard des autres générations. La responsabilité environnementale inter-
générationnelle devient un nouveau principe juridique. Ainsi, une bonne
administration de l'environnement qui assure la continuité et le long
terme pourra garantir le « développement durable225. »
Le droit à l’environnement doit désormais faire l’objet de l’attention
du juge en sa qualité de garant de droits et libertés fondamentaux consa-

224
L’article 45 de la Constitution de l’Espagne du 27 décembre 1978 dis-
pose que :
1. Chacun a le droit de jouir d’un environnement approprié pour le dévelop-
pement de la personne, et le devoir de le préserver.
2. Les pouvoirs publics veillent à l’utilisation rationnelle de toutes les res-
sources naturelles, dans le but de protéger et d’améliorer la qualité de vie, ainsi
que de défendre et de restaurer l’environnement, en s’appuyant sur une indispen-
sable solidarité collective.
3. Pour ceux qui violent les dispositions du paragraphe précédent, dans les
termes fixés par la loi, on établira des sanctions pénales ou le cas échéant, admi-
nistratives, ainsi que l’obligation de réparer le dommage causé.
225
Notre avenir à tous, Commission mondiale sur l'environnement et le déve-
loppement, Montréal, Les éditions du Fleuve, 1987, p. 10.
146 Traité de droit de l’environnement

crés par la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée en 2011 en


vue de lui donner un contenu éclairé et une lecture audible. Agir de la
sorte serait une voie salutaire pour éviter toute sorte de misunderstan-
ding ou d’interprétation erronée du droit à l’environnement dans les
milieux judiciaires, du savoir, des décideurs politiques et de la société
civile.
3

LES PRINCIPES FONDAMENTAUX


DU DROIT INTERNATIONAL
DE L’ENVIRONNEMENT

Les principes fondamentaux du droit (international) de


l’environnement résultent de l’innovation, d’une adaptation juridique
mais aussi du caractère tout à fait jeune de cette branche de droit. Ils
expriment une idée fondamentale d’un certain consensus dégagé à
l’échelle internationale visant à guider les comportements226 et marquent
le sceau à la protection de l’environnement. Il est ainsi imposé une cer-
taine conscience collective en termes de conduite à adopter227. Une lec-
ture soutenue de ces principes présente bien évidemment une prétention
d’ordre juridique pendant que leurs énoncés ne sont pas libellés en
termes normatifs228 : certains sont des simples constants (constant
d’évidence, constant d’observation) pendant que d’autres ont un carac-
tère normatif qui se manifeste à travers l’utilisation récurrente du verbe
« devoir », verbe impératif ou prescriptif229. Certains énoncés à préten-
tion d’ordre principiel combinent la formulation constitutive sans consé-

226
Prieur Michel, Droit de l’environnement, droit durable, Bruxelles, Bruylant-
AUF, juillet 2013, p. 9.
227
Kamto Maurice, Op. Cit., p. 16.
228
Kamto Maurice, « Les nouveaux principes du droit international de
l’environnement après la conférence de Rio 1992 », RJE., 1993 Cité par Kamto
Maurice, Droit de l’environnement en Afrique, Op. Cit., p. 71.
229
Idem.
148 Traité de droit de l’environnement

quence juridique avec un énoncé ayant une identité normative ; il y a


donc soit une absence de rigueur juridique, soit un amalgame230.
La consécration de la plupart de ces principes par des instruments ju-
ridiques internationaux en matière d’environnement adoptés par des
États parties, à caractère contraignant ou pas est une avancée significa-
tive à saisir dans les ordres juridiques nationaux. Ils protègent
l’environnement non seulement en amont mais aussi en aval.
En amont, il s’agit notamment des méthodes de production propres,
l’évaluation des activités pouvant avoir des effets nocifs sur
l’environnement, l’utilisation équitable et durable d’une ressource parta-
gée (par exemple un fleuve international), le devoir de tout État d’éviter
de causer des dommages à l’environnement au-delà des frontières natio-
nales, le principe de précaution et celui de prévention.
En aval de la protection, c’est-à-dire au moment où les choses tour-
nent mal ou après la catastrophe et les dommages, il s’agit de la notifica-
tion des situations critiques, la coopération transfrontière en cas
d’accident industriel, le devoir d’assistance écologique pour les États
sinistrés, la responsabilité pour dommages causés à l’environnement et
le principe pollueur-payeur231. C’est ce qui fait que les principes de
protection de l’environnement ont une fonction d’anticipation pour cer-
tains, une fonction de réparation pour d’autres et, dans certains cas, une
fonction hybride constituant lorsqu’ils sont applicables en amont et en
aval.
Il serait hasardeux de procéder à un recensement exhaustif de tous
les principes à l’échelle internationale (droit international convention-
nel/coutumier) et/ou nationale. Il nous semble judicieux de partir de
ceux contenus dans la Loi N°11/009 du 9 juillet 2011 portant principes

230
Idem.
231
Le principe pollueur-payeur peut aussi intervenir en amont. Il a une portée
préventive. Caudal S., La fiscalité de l’environnement, Librairie générale de
droit et de jurisprudence, Paris, 2014, p. 69.
Les principes fondamentaux du droit de l’environnement 149

fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement inspirés des


instruments juridiques internationaux en matière d’environnement et de
l’article 123 point 15 de la Constitution du 18 février 2006 telle que
révisée en 2011232 : Principe du développement durable, principe
d’information et de participation du public au processus de prise de
décisions en matière d’environnement, principe d’action préventive et de
correction, principe de précaution, principe de pollueur-payeur, principe
de coopération entre États en matière d’environnement et de celui de
l’intégration.
D’entrée de jeu disons que le terme « principe » est polysémique
dans le vocabulaire juridique233. Mais il fait l’objet d’une utilisation trop
laxiste en droit de l’environnement au point d’y apparaitre comme une
nébuleuse conceptuelle.

3.1 Principe du développement durable

S’inspirant particulièrement des principes 3 et 4 de la Déclaration de


Rio de 1992 et de l’article 5 alinéa 1er de la Convention sur la gestion
durable du Lac Tanganyika (projet de travail no 4) conclue à Dar-Es-
Salaam (Tanzanie)234, le législateur congolais consacre le développe-
ment durable comme un principe à promouvoir dans différents secteurs
de l’environnement. Les articles 3 et 7 de la Loi N°11/009 du 9 juillet

232
Article 123 point 15 de la Constitution du 18 février 2006 telle que révisée en
2011en RDC : « Sans préjudice des autres dispositions de la présente Constitu-
tion, la loi détermine les principes fondamentaux concernant : 15. La protection
de l’environnement et le tourisme ».
233
Kamto Maurice, Droit de l’environnement en Afrique, Op.cit., p. 71.
234
« Les ressources naturelles du lac Tanganyika doivent être protégées, conser-
vées, gérées, et utilisées pour un développement durable pour répondre de façon
équitable aux besoins des générations actuelles et futures ».
https://iwlearn.net/resolveuid/104dd0a81cb3a21c7e235e66402b2e6d#:~:text=L'
objectif%20de%20cette%20Convention,op%C3%A9ration%20entre%20les
%20Etats%20contractants
150 Traité de droit de l’environnement

2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de


l’environnement présentent son caractère relevant. L’article 3 de la Loi
N°11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la
protection de l’environnement dispose que :

L’environnement congolais fait partie du patrimoine commun de la na-


tion sur lequel l’État exerce sa souveraineté permanente.
Sa gestion et sa protection sont d’intérêt général. Elles sont soumises au
respect du principe de développement durable.
L’État, la province et l’entité territoriale décentralisée ainsi que toute
personne physique ou morale publique ou privée ont le devoir de le pro-
téger et de participer à l’amélioration de sa qualité.

Aux termes de l’article 7 de la Loi N°11/009 du 9 juillet 2011 por-


tant principes fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement :

La protection de l’environnement et la gestion des ressources naturelles


sont assurées de manière à répondre équitablement aux besoins des gé-
nérations présentes sans compromettre la capacité des générations fu-
tures à répondre à leurs propres besoins.
Toute politique nationale en matière de développement économique et
social intègre ce principe.

Précédemment à la Loi N°11/009 du 9 juillet 2011 portant principes


fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement, le législateur
congolais faisait déjà état de la nécessité de la prise en compte du prin-
cipe de développement durable dans la gestion du secteur forestier en
RDC. L’article 2 de la Loi N° 011/2002 du 29 août 2002 portant Code
forestier dispose que :

La présente loi définit le régime applicable à la conservation, à


l’exploitation et à la mise en valeur des ressources forestières sur
l’ensemble du territoire national.
Les principes fondamentaux du droit de l’environnement 151

Le régime forestier vise à promouvoir une gestion rationnelle et durable


des ressources forestières de nature à accroitre leur contribution au déve-
loppement économique, social et culturel des générations présentes, tout
en préservant les écosystèmes forestiers et la biodiversité forestière au
profit des générations futures.

Le développement durable, selon Garry Sakata, n’est pas une pana-


cée universelle. Il revient de le mettre en œuvre en tenant compte des
données d’ordre empirique dans le respect des principes fondamentaux,
notamment la responsabilité, la solidarité, la diversité culturelle, la parti-
cipation. Dans le secteur de la forêt, le développement durable doit no-
tamment permettre d’assurer la permanence de la forêt de sorte que les
générations futures bénéficient de ses services235.
Le principe de développement durable fait son chemin sur le plan de
prise de conscience théorique. Il ne fait pas encore l’objet d’attention
des cours et tribunaux, des pouvoirs publics, des milieux des affaires
voire de la société civile en RDC. Le rôle des cours et tribunaux reste
fondamental comme il en a été le cas dans certaines affaires devant la
Cour Suprême Indienne (Affaire du Forum pour le bien-être des ci-
toyens de Vellore contre l’Union indienne, 1996), Cour Suprême du Sri
Lanka (Affaire Eppawela, 2000) et la Cour Suprême du Népal (Affaire
Rajendra Parajuli et les autres contre la distillerie Shree SRL & les
autres, procès n° 3259 en 1996). La Cour Suprême du Népal a affirmé
que le principe du développement durable signifiait que :

Chaque industrie a le devoir de diriger ses activités de développement


sans causer de détérioration à l’environnement. L’environnement ne de-

235
Garry Sakata Tawab M., Code forestier congolais et ses mesures
d’application : Commentaire pratique, Bruylant, Academia S.A, Louvain-La-
Neuve, 2010, pp. 28, 29 & 30.
152 Traité de droit de l’environnement

vrait pas être considéré en dernier lieu. Il est impératif que chaque indus-
trie soit prudente vis-à-vis de l’environnement pendant qu’elle agit236.

Un essor sur le plan industriel ne doit pas ignorer la prise en compte


de l’environnement. Une balance des intérêts économiques et environ-
nementaux doit être bien pensée, en temps réel, dans un processus
d’industrialisation. Dans sa proactivité, le juge de la Cour Suprême du
Népal fait un rappel significatif et donne corps au principe de dévelop-
pement durable en abordant sans détour la question de la protection de
l’environnement. Il est hors de considération de se lancer ou d’autoriser
l’exploitation d’une activité industrielle en ignorant l’environnement.
Des efforts dans ce sens sont attendus dans les milieux judiciaires de la
RDC où le législateur a fixé des règles particulières qui ne doivent souf-
frir d’aucune faille (articles 3, 7 et 21 de la Loi N°11/009 du 9 juillet
2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l’environnement).

3.2 Le principe d’information et de participation


du public au processus de prise de décisions environ-
nementales

La législation congolaise, inspirée des instruments juridiques inter-


nationaux, porte une attention soutenue au droit à l’information et à la
participation du public au processus de prise de décisions environne-
mentales. Il s’agit ici des droits juridiquement organisés et garantis ne
pouvant souffrir d’aucune défaillance en RDC (Articles 24 et 53 de la
Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée en 2011). Aux termes
de l’article 8 de la Loi N°11/009 du 9 juillet 2011 portant principes
fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement :

236
Guy Canivet, Luc Lavrysen & Dominique Guihal (S/dir.), Op. Cit., p. 51.
Les principes fondamentaux du droit de l’environnement 153

Toute personne a le droit d’accéder aux informations disponibles, com-


plètes et exactes relatives à l’environnement, y compris celles relatives
aux substances et activités dangereuses et aux mesures prises pour leur
prévention, traitement et élimination, selon le cas.
L’État, la province et l’entité territoriale décentralisée mettent à la dis-
position du public toute information relative à l’état de l’environnement.
Les modalités d’accès à l’information ainsi que les voies de recours en
cas de refus injustifié de fournir l’information sont définies par décret
délibéré en Conseil des Ministres.

Il ressort de cette disposition la reconnaissance du droit de toute per-


sonne à l’information sur l’état de l’environnement, le devoir de l’État
de mettre à la disposition du public des informations sur l’état de
l’environnement et la définition des modalités d’accès à l’information
par la voie réglementaire mais aussi la possibilité pour le public
d’exercer un recours contre le refus de l’État de fournir des informations
demandées sur l’état de l’environnement237. L’article 9 de la Loi
N°11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la
protection de l’environnement porte sur le droit de participation en ces
termes :

Toute personne a le droit de participer au processus de prise de décision


en matière d’environnement et de gestion des ressources naturelles.
Le public participe au processus d’élaboration par les autorités publiques
des politiques, programmes, plans et règlements relatifs à
l’environnement dans un cadre transparent et équitable défini et mis en
place par lesdites autorités.
Le public concerné a également le droit de participer, dès le début et tout
au long, au processus de prise de décisions qui ont une incidence sur son
existence ou peuvent avoir un effet important sur l’environnement, no-
tamment les décisions en matière d’aménagement, les autorisations de

237
Tshibangu Kalala, Op. Cit., pp. 20-21.
154 Traité de droit de l’environnement

mise en chantier d’un projet ou d’une activité, les autorisations de cons-


truction ou d’exploitation des installations classées, les émissions ainsi
que les études d’impact environnemental et social. Il a le droit d’être in-
formé de la décision finale.
Les modalités de participation du public au processus de prise de déci-
sion en matière d’environnement sont définies par décret délibéré en
Conseil des Ministres.

La philosophie adoptée par le législateur congolais d’une gestion ra-


tionnelle, durable et de protection de l’environnement pour l’intérêt
général implique l’information et la participation de tous/toute à la pré-
servation du milieu et des ressources. L’information apparaît comme le
moyen le plus sûr d’éclairer les choix et de persuader du bien-fondé des
décisions à prendre. La participation s’impose comme une méthode de
recherche d’une appropriation des décisions prises en une matière qui
touche le plus souvent directement à la vie et aux modes d’existence des
populations. Les deux se combinent pour faire du droit de
l’environnement un droit de conciliation, un droit consenti plutôt
qu’imposé238. Ce qui sous-tend l’idée noble d’une démocratie environ-
nementale qui repose sur l’exercice de droits procéduraux garantissant
l’information et la participation du public aux étapes d’élaboration des
décisions ayant une incidence sur l’environnement, d’une part, et la
possibilité́ accordée aux citoyens d’accéder facilement à la justice,
d’autre part. Elle est qualifiée à juste titre par certains auteurs comme
une « citoyenneté de la chose publique239. »
Par une procédure d’enquête publique environnementale,
l’information est donnée à la population en vue d’éclairer sa participa-
tion au processus. Aux termes de l’article 24 de la Loi N°11/009 du 9
juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l’environnement :

238
Kamto Maurice, Op. Cit., p. 76.
239
Aenza Konaté, Op. Cit., p. 38.
Les principes fondamentaux du droit de l’environnement 155

Tout projet ou toute activité susceptible d’avoir un impact sur


l’environnement est assujetti à une enquête publique.
L’enquête publique a pour objet :

a) d’informer le public en général et la population locale en particulier


sur le projet ou l’activité ;
b) de recueillir les informations sur la nature et l’étendue des droits que
pourraient détenir des tiers sur la zone affectée par le projet ou
l’activité ;
c) collecter les appréciations, suggestions et contre-propositions, afin de
permettre à l’autorité compétente de disposer de tous les éléments
nécessaires à sa décision.

Un décret délibéré en Conseil des ministres fixe les modalités de dé-


roulement et de sanction de l’enquête publique.

Consécutivement à cette disposition et pour asseoir le droit à


l’information ainsi que celui de la participation du public au processus
de prise de décision en matière d’environnement, l’article 2 alinéa 21 du
Décret n°14/019 du 2 août 2014 fixant les règles de fonctionnement des
mécanismes procéduraux de la protection de l’environnement liste les
projets pour lesquels une étude d’impact environnemental et social doit
préalablement être réalisés avant toute exécution en RDC. Il s’agit de
tout projet de développement, d’infrastructures ou d’exploitation de
toute activité industrielle, commerciale, agricole, forestière, minière, de
télécommunication ou autre susceptible d’avoir un impact sur
l’environnement. Les activités sont ainsi classées selon les domaines
conformément à l’Annexe au Décret n°14/019 du 2 Août 2014 fixant les
règles de fonctionnement des mécanismes procéduraux de la protection
de l’environnement.
156 Traité de droit de l’environnement

1. Infrastructures et aménagements, agriculture, élevage


- Tout projet de construction et d’aménagement de route, revêtue ou
non ;
- Tout projet de construction et d’aménagement de voie ferrée ;
- Tout projet de réhabilitation de voie ferrée ;
- Tout projet de construction, d’aménagement ou de réhabilitation
d’aéroport à vocation internationale ou régionale ou nationale et/ou de
piste ;
- Tout projet de construction, d’aménagement ou de réhabilitation et
d’entretien (précisément dragage) des ports principaux et secondaires ;
- Tout projet d’implantation de port maritime ou fluvial ;
- Toute activité d’excavation et remblayage de plus de dix mille mètre
cube (10.000 m3) ;
- Tout projet d’aménagement de zones de développement économique
et social ;
- Tout projet d’énergie nucléaire ;
- Tout projet d’énergie solaire ;
- Tout projet d’installation hydro-éolienne ;
- Tout projet d’installation éolienne ;
- Tout projet de construction ou d’installation des antennes de télécom-
munication ;
- Toute industrie en phase d’exploitation ;
- Tout projet de centrale thermique ;
- Tout projet d’installation de ligne électrique ;
- Tout projet d’aménagement des voies navigables incluant le dragage ;
- Tout projet d’aménagement ou de réhabilitation hydro agricole ou
agricole de plus de cinq cent hectares (500 ha) ;
- Tout projet d’élevage de type intensif ou industriel ;
- Tout prélèvement d’eau de surface ou souterraine de plus de trente
mètres cube par heure (30m3/h) ;
Les principes fondamentaux du droit de l’environnement 157

- Tout projet d’épandage de produits chimiques, de par son envergure


de porter atteinte à l’environnement et à la santé humaine ;
- Tout aménagement de terrain destiné à recevoir des équipements col-
lectifs de plus de cinq mille (5000) spectateurs.

2. Ressources naturelles renouvelables


- Toute introduction de nouvelles espèces, animales ou végétales ou
d’organismes génétiquement modifiés (OGM) sur le territoire natio-
nal ;
- Tout projet d’exploitation forestière ;
- Tout projet de capture et de vente d’espèces de faune destinées à
l’exportation ;
- Tout projet de création de parcs et réserves, terrestres ou marins,
d’envergure nationale et régionale ;
- Tout projet de chasse et de pêche sportive ;
- Toute augmentation de l’effort de pêche en zone marine par type de
ressources.

3. Tourisme et hôtellerie
- Tout aménagement hôtelier d’une capacité d’hébergement supérieur à
vingt (20) chambres ;
- Tout aménagement récréa-touristique ;
- Tout restaurant d’une capacité de plus de deux cent cinquante (250)
couverts.
4. Secteur industriel
- Toute unité industrielle soumise à autorisation ;
- Toute unité de transformation de produits d’origine animale (conser-
verie, salaison, charcuterie, tannerie, …) de type industriel ou semi-
industriel ;
- Toute unité de fabrication d’aliments du bétail.
158 Traité de droit de l’environnement

5. Gestion des produits et déchets divers


- Toute unité de stockage de pesticides, de produits chimiques, pharma-
ceutiques d’une capacité supérieure à dix tonnes (10 T) ;
- Toute unité de récupération, d’élimination ou de traitement de déchets
domestiques, industriels et autres déchets à caractère dangereux ;
- Toute unité de traitement ou d’élimination de déchets médicaux ;
- Tout type de stockage de produits et/ou de déchets radioactifs ;
- Tout stockage de produit dangereux ;
- Toute unité de traitement d’eaux usées domestiques.

6. Secteur minier
- Toute activité de recherche ou d’exploitation minière ou de carrière ;
- Tout projet d’exploitation artisanale des minerais ;
- Toute exploitation de substances radioactives ;
- Tout traitement physique ou chimique de substances minérales.

7. Hydrocarbures et énergie fossile


- Tout projet d’exploitation ou de production des hydrocarbures ou de
gaz naturel ;
- Tout projet de transport par pipeline des hydrocarbures ou de gaz natu-
rel ;
- Tout projet d’extraction et d’exploitation industrielle de charbon de
terre ou cokeries ;
- Tout projet d’implantation de raffinerie de pétrole brut, de gazéifica-
tion et de liquéfaction ;
- Tout projet d’implantation off-shore et on shore ;
- Tout projet d’extraction de substances minérales bitumineuses ;
- Tout projet de stockage de produits pétroliers et dérivés ou de gaz na-
turel ;
- Tout projet d’énergie géothermique ;
- Tout projet de dégazage ;
- Tout projet de production des biocarburants.
Les principes fondamentaux du droit de l’environnement 159

Tout promoteur d’un projet ou d’une activité susceptible d’avoir une


incidence sur l’environnement et soumis à une étude d’impact environ-
nemental et social préalable saisit le gouverneur qui initie la procédure
d’enquête publique240. La demande d’enquête publique est accompagnée
d’un dossier comprenant les documents suivants établis en français : une
fiche descriptive faisant ressortir les principales caractéristiques tech-
niques du projet soumis à l’enquête publique ; un résumé non technique
du projet ; la carte d’influence du projet241.
Sur instruction du gouverneur, l’enquête publique est menée par une
commission constituée par l’administrateur du territoire ou le bourg-
mestre, qui comprend : le représentant du service local de
l’environnement ; les représentants des services des autres ministères
concernés ; les représentants de la société civile locale. Le président de
la commission peut, à la demande des membres de la commission, re-
courir à des experts privés et/ou publics si les spécificités du projet
l’exigent. Le coût de l’enquête est à la charge du promoteur242.
L’enquête publique est annoncée par toutes les voies de communica-
tion accessibles au public de la zone d’insertion du projet, en français et
dans la langue nationale du lieu, au moins deux mois avant la date fixée
pour son ouverture243. L’enquête publique se réalise en deux étapes : la
communication préalable du projet aux parties prenantes ; la collecte des
appréciations, des suggestions et de contre-propositions auprès des par-
ties prenantes. La durée de l’enquête publique ne peut dépasser deux

240
Article 52 du Décret n°14/019 du 2 Août 2014 fixant les règles de fonction-
nement des mécanismes procéduraux de la protection de l’environnement.
241
Article 53 du Décret n°14/019 du 2 Août 2014 fixant les règles de fonction-
nement des mécanismes procéduraux de la protection de l’environnement.
242
Article 54 du Décret n°14/019 du 2 Août 2014 fixant les règles de fonction-
nement des mécanismes procéduraux de la protection de l’environnement.
243
Article 55 du Décret n°14/019 du 2 Août 2014 fixant les règles de fonction-
nement des mécanismes procéduraux de la protection de l’environnement.
160 Traité de droit de l’environnement

mois.244 L’enquête publique se clôture par la transmission du rapport de


la commission à l’autorité publique compétente. Le rapport comprend :
la description du processus d’enquête ; les procès-verbaux de chaque
session de l’enquête publique signés par les membres de la commission
et par les délégués des personnes consultées ; aux procès-verbaux sont
annexés les listes dûment signées par toutes les parties prenantes pré-
sentes ; la synthèse des consultations, des recommandations émises et
des décisions arrêtées en consultation avec les parties prenantes245.
Après examen du rapport, l’autorité publique compétente adresse à la
commission d’enquête sa décision : soit d’acceptation du rapport
d’enquête et de sa publication ; soit sa demande motivée pour ajout
d’éléments complémentaires246. La commission d’enquête dispose de 15
jours dès réception des observations lui faites par l’autorité publique
compétente afin de transmettre les éléments complémentaires requis.
Dépassé ce délai, l’autorité publique compétente publie le rapport
d’enquête, y compris ses observations247. La publication du rapport
d’enquête se fait par toutes les voies de communication accessibles au
public de la zone d’insertion du projet, en français et dans la langue
nationale du lieu. Une copie est réservée au Ministre ainsi qu’aux Mi-
nistres sectoriels concernés par le projet pour disposition. Le requérant
dispose, conformément à la procédure en matière administrative, d’un

244
Article 56 du Décret n°14/019 du 2 Août 2014 fixant les règles de fonction-
nement des mécanismes procéduraux de la protection de l’environnement.
245
Article 57 du Décret n°14/019 du 2 Août 2014 fixant les règles de fonction-
nement des mécanismes procéduraux de la protection de l’environnement.
246
Article 58 du Décret n°14/019 du 2 Août 2014 fixant les règles de fonction-
nement des mécanismes procéduraux de la protection de l’environnement.
247
Article 59 du Décret n°14/019 du 2 Août 2014 fixant les règles de fonction-
nement des mécanismes procéduraux de la protection de l’environnement.
Les principes fondamentaux du droit de l’environnement 161

droit de recours contre les décisions de l’autorité publique compé-


tente248.
Les autorités publiques sont dispensées ou autorisées à opposer un
refus à une demande d’informations environnementales que de manière
exceptionnelle notamment dans des cas préalablement connus. Il est fort
possible pour l’administration de refuser de communiquer une informa-
tion pour des raisons de secret des délibérations des autorités publiques,
de défense nationale, de sécurité publique, pour permettre la bonne
marche de la justice ou pour le respect du secret commercial et indus-
triel, le respect des droits de la propriété intellectuelle, pour le caractère
confidentiel des données ou les intérêts d’un tiers qui a fourni volontai-
rement les informations. L’article 38 alinéa 3 du Décret n°14/019 du 2
Août 2014 fixant les règles de fonctionnement des mécanismes procédu-
raux de la protection de l’environnement en RDC précise à ce titre que
« … pour causes dûment motivées, certains détails techniques de procé-
dés peuvent être soustraits à l’information du public. Ce retrait est sus-
ceptible de recours exercé conformément à la procédure en vigueur en
droit administratif ». C’est ce qu’affirme aussi Konaté249 : Toute déci-
sion explicite de refus de communication est soumise à une obligation
de motivation et susceptible de faire l’objet d’un examen devant le juge
de l’excès de pouvoir. Il est d’une bonne politique à ce que la loi fixe
des délais de réponse à une demande formulée d’information. Il s’agirait
certainement d’un délai raisonnable et que le silence de l’administration
qui serait considéré comme une décision de refus soit déférée devant le
juge de l’excès de pouvoir. Il est du devoir des autorités publiques de
faciliter l’accès à l’information notamment par tous les moyens à sa

248
Articles 60 & 61 du Décret n°14/019 du 2 Août 2014 fixant les règles de
fonctionnement des mécanismes procéduraux de la protection de
l’environnement ; article 451 du Règlement Minier de 2003 tel que révisé en
2018.
249
Aenza Konaté, Op. Cit., p. 43.
162 Traité de droit de l’environnement

disposition comme les media et toute autre voie facile de communica-


tion comme les nouvelles technologies de l’information et de la commu-
nication250.
La participation du public au processus de prise de décisions envi-
ronnementales intervient dès le début et tout au long du processus de
prise de décision ou de l’élaboration de politiques publiques et des
normes législatives dans différents secteurs de l’environnement (article
9 alinéa 3 de la Loi N° 11/009 du 9 Juillet 2011 portant principes fon-
damentaux relatifs à la protection de l’environnement). Cette procédure,
en amont, est indispensable car permet de donner assez de renseigne-
ment pouvant éclairer la religion des autorités publiques sur la perti-
nence ou pas de la politique ou de la norme à élaborer pour l’intérêt
général. Les observations, suggestion et contre-propositions du public
devraient être prises en compte par l’autorité publique compétente pour
prendre la décision. Konaté251 note que le défaut de participation du
public devrait être sanctionné par le juge comme la méconnaissance
d’une formalité substantielle, entachant ainsi d’irrégularité la procédure
au terme de laquelle est intervenue la décision attaquée et, par voie de
conséquence, l’annulation de la décision. Le public devrait s’exprimer,
sous le contrôle du juge, dans le cadre de procédures précises telles que
l’enquête publique, le débat public ou la concertation. Le juge adminis-
tratif congolais devra avoir le courage de s’engager sur ce terrain en vue
de donner sens à toutes les dispositions se rapportant à cette question à
l’instar du juge administratif français (Conseil d’État) dans son arrêt du
3 octobre 2008, CE, assemblée, n° 297931, Commune d’Annecy252. Les

250
Ibidem, p. 44.
251
Ibidem, pp. 45 & 46.
252
Par cet arrêt, le Juge Administratif a procédé à l’annulation d’un décret pour
méconnaissance de la Charte de l’environnement de 2004, reconnu la valeur
constitutionnelle de l’ensemble de ses dispositions, affirmé aussi que sa mécon-
naissance peut être invoquée pour contester la légalité des décisions de l’article 7
de la Charte « comme l’ensemble des droits et devoirs définis dans la Charte de
Les principes fondamentaux du droit de l’environnement 163

États doivent mettre en place des mécanismes appropriés pouvant facili-


ter l’accès du public, individuellement et/ou aux associations qui les
représentent, à la justice afin de garantir le droit d’accès à l’information
et de participation au processus de prise de décisions environnementales
(article 8 de la Déclaration universelle des droits de l’homme ; article 7
paragraphe 1 de la CADHP, articles 19 et 53 de la Constitution de la
RDC du 18 Février 2006 telle que modifiée en 2011 ; article 46 de la Loi
N° 11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la
protection de l’environnement ; article 108 de la Loi N° 15/026 du 31
décembre 2015 relative à l’eau). Seraient sanctionnés, les manquements
des autorités publiques qui font obstacles à la mise en œuvre des dispo-
sitions environnementales notamment procéder à l’annulation des déci-
sions administratives entachées d’irrégularité (lutte contre l’excès de
pouvoirs).

3.3 Principe d’action préventive et de correction

Conformément aux instruments internationaux liant la RDC, le prin-


cipe d’action préventive et de correction est organisé par la Loi
N°11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la
protection de l’environnement :

Le gouvernement prend des mesures incitatives en vue de prévenir ou de


réduire les dommages à l’environnement, de le restaurer ou d’en amélio-

l’environnement, et à l’instar de toutes celles qui procèdent du Préambule de la


Constitution, ont une valeur constitutionnelle ; qu’elles s’imposent aux pouvoirs
publics et aux autorités administratives dans leurs domaines de compétence
respectifs », Aenza Konaté, Op. Cit., p. 46.
https://www.doc-du-juriste.com/droit-public-et-international/droit-administratif/
commentaire-d-arret/arret-ce-assemblee-3-octobre-2008-commune-annecy-4618
88.html, (visité le 03/06/2020).
164 Traité de droit de l’environnement

rer la qualité. Un décret délibéré en conseil des ministres en fixe la na-


ture et les conditions d’éligibilité253.

Aux termes de l’article 10 de la Loi susmentionnée :

L’État, la province et l’entité territoriale décentralisée veillent à ce que


soient prises, dans toute activité humaine, artisanale ou industrielle, des
mesures d’action préventive ou de correction, par priorité à la source,
des atteintes à l’environnement en utilisant les technologies moins pol-
luantes disponibles à un coût économiquement acceptable254.

Les actions pouvant avoir un impact sur l’environnement doivent, en


termes de priorité, être prévenue à la source en utilisant toutes les mé-
thodes et techniques appropriées disponibles. Le principe de la préven-
tion est d’une portée générale car applicable à tous les secteurs de
l’environnement comme dans le domaine de l’agriculture. La Loi
N°11/022 du 24 décembre 2011 portant principes fondamentaux relatifs
à l’agriculture dispose à son article 70 que :

L’État, la province et l’entité territoriale décentralisée prennent des me-


sures préventives en vue de protéger l’environnement et la santé contre
des dommages éventuels découlant de certaines pratiques agricoles et de
l’utilisation de certains produits chimiques dans l’agriculture. À cet ef-
fet, le Gouvernement central met au point un système d’homologation
des produits chimiques avant commercialisation, basé sur l’évaluation et
la gestion des risques et met en place un mécanisme de surveillance et
de prévention des risques majeurs et des calamités agricoles.

La prévention reste la règle d’or en droit de l’environnement. Il est


toujours judicieux de s’interroger en amont sur ce que pourrait être les

253
Article 5 de la loi de Juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la
protection de l’environnement en RDC.
254
Article 10 de la loi de Juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à
la protection de l’environnement en RDC.
Les principes fondamentaux du droit de l’environnement 165

conséquences environnementales de tout projet255. Prieur M. note que la


prévention consiste à empêcher la survenance d’atteintes à
l’environnement par des mesures appropriées dites préventives avant
l’élaboration d’un plan ou la réalisation d’un ouvrage ou d’une activité.
Il s’agit d’une action anticipatrice et a priori qui est préférée aux me-
sures a posteriori du type réparation, restauration ou répression qui
interviennent après une atteinte avérée à l’environnement. Malgré le fait
que la tendance générale a toujours été celle d’opposer ces deux types de
mesures, la réalité est qu’elles sont complémentaires et pas exclusives
car il n’est toujours pas possible de tout prévoir. La procédure d’étude
d’impact environnemental et social (EIES) est un des outils de la pré-
vention et n’est rien d’autre que la mise en œuvre du vieux principe
« mieux vaut prévenir que guérir ».
Pour prévenir, il faut connaître et étudier à l’avance l’impact c’est-à-
dire les conséquences d’une action, c’est une règle de bon sens qui exige
une étude scientifique.256 L’idée centrale ici est d’aboutir à une décision
mieux pensée tenant compte des contraintes environnementales.
L’auteur du projet est placé en face de ses responsabilités en choisissant
de mener à bien son projet ou d’y renoncer. Et, l’administration en der-
nier ressort va pouvoir mieux apprécier si elle peut ou non autoriser les
travaux. Les effets de l’EIES seront appréciés tant sur le plan adminis-
tratif (soit un recours déposé devant le juge administratif contre une
autorisation ou une approbation d’un projet devant comporter une EIES
pouvant conduire à une suspension en cas d’absence d’EIES ou alors

255
Kihangi Bindu Kennedy, « L’exploitation du pétrole du lac Edouard et la loi
environnementale en République démocratique du Congo », Legal aspects of
sustainable natural resources, legal working paper series, Centre for Interna-
tional Sustainable Development Law (CISDL), 2011, p. 10.
256
Kamto Maurice, Op., Cit., p. 74.
166 Traité de droit de l’environnement

une annulation de l’acte de l’autorité administrative) que juridictionnel


(responsabilité du pétitionnaire et/ou du rédacteur de l’EIES257).
L’étude d’impact est soumise à la publicité. On peut se demander a
priori à quoi sert l’étude d’impact dans la mesure où elle est faite par
l’auteur du projet qui ne doit démontrer que son projet ne porte pas
atteinte à l’environnement et dans la mesure où elle n’est pas systémati-
quement contrôlée par un organisme spécialisé. La responsabilité
éthique de l’auteur de l’ouvrage des effets de son activité sur
l’environnement reste un élément déterminant lors de la conduite de
l’étude d’impact environnemental et social. L’étude d’impact n’est
qu’un élément d’une procédure et ne constitue pas un acte administratif
spécial258. En plus, si un dommage survient ultérieurement vis-à-vis des
tiers du fait de l’ouvrage et ayant des conséquences écologiques non
prévues dans l’étude d’impact, le maître de l’ouvrage engage sa respon-
sabilité civile dans les conditions habituelles du droit commun quel que
soit en réalité le contenu même l’étude d’impact. Les prévisions de
l’étude d’impact n’exonèrent en aucun cas le pétitionnaire de sa respon-
sabilité future259.
L’étude d’impact environnemental et social est désormais une des
exigences légales avant la réalisation de plusieurs projets pouvant avoir
un impact sur l’environnement en RDC260. Cette exigence légale a justi-

257
Prieur Michel, Les principes généraux du droit de l’environnement, Op. Cit.,
pp. 49-52 ; Prieur Michel, Droit de l’environnement, Op. Cit, p. 67.
258
Prieur Michel, Les principes généraux du droit de l’environnement, Op. Cit.,
p. 49 ; Prieur M., Droit de l’environnement, Op. Cit, p. 91.
259
Prieur Michel, Les principes généraux du droit de l’environnement, Op. Cit.,
pp. 50-52 ; Prieur Miche, Droit de l’environnement, Op. Cit, p. 93 ; Kihangi
Bindu Kennedy, « L’exploitation du pétrole du lac Edouard et la loi environne-
mentale en République démocratique du Congo », Op. Cit., p. 11.
260
Articles 21 et 22 de la Loi N°11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fon-
damentaux relatifs à la protection de l’environnement ; articles 1 points 19 &
41 ; 80 point d. ; 117 point f. ; 154 point c. ; 165 de la Loi N°18/001 du 9 mars
2018 modifiant et complétant la Loi N°007/2002 du 11 juillet 2002 portant code
Les principes fondamentaux du droit de l’environnement 167

fié l’exercice auquel était soumis en août 2010, le député national élu de
Rutshuru en Province du Nord Kivu, Célestin Vunabandi, s’adressant à
la société civile environnementale à Goma, conduisant la délégation de
Sydney Oil Company (SOCO) dans le cadre du projet d’exploitation du
pétrole du Lac Édouard. Cette séance avait été jugée par la société civile
comme consistant à convaincre qu’à informer. À l’issue des échanges,
une pétition initiée par la société civile avait été adressée au Premier
Ministre et chef du Gouvernement à travers laquelle elle cherchait à
savoir si l’étude d’impact environnemental conduite par SOCO avait
suivi les exigences et les étapes légales261. Outre une telle action ci-
toyenne de protestation, les populations locales et la société civile262
peuvent également introduire des actions judiciaires tendant à solliciter
l’annulation d’un acte règlementaire, par exemple un décret ou arrêté
ministériel auprès de la section du contentieux du Conseil d’État pour
violation de la loi conformément à la Loi organique no 16-027 du 8

minier ; Loi N°15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau ; Loi N°15/012 du


1er août 2015 portant régime général des hydrocarbures ; Loi N°14/003 du 11
février 2014 relative à la conservation de la nature ; Loi N°11/022 du 24 dé-
cembre 2011 portant principes fondamentaux relatifs à l’agriculture ; Décret
n°14/019 du 2 août 2014 fixant les règles de fonctionnement des mécanismes
procéduraux de la protection de l’environnement en RDC ; Annexe au Décret
n°14/019 du 2 août 2014 fixant les règles de fonctionnement des mécanismes
procéduraux de la protection de l’environnement ; etc.
261
Kihangi Bindu Kennedy, « L’exploitation du pétrole du lac Edouard et la loi
environnementale en République démocratique du Congo », Op. Cit., p. 13 ;
L’article 27 de la Constitution du 18 Février 2006 modifiée en 2011 reconnaît à
tout congolais le droit d’adresser individuellement ou collectivement une péti-
tion à l’autorité publique qui y répond dans les trois mois. Nul ne peut faire
l’objet d’incrimination, sous quelques formes que ce soit, pour avoir pris une
telle initiative.
262
Article 134 de la Loi organique no 16-027 du 8 octobre 2016 portant organi-
sation, compétence et fonctionnement des juridictions de l’ordre administratif
dispose que : « La juridiction administrative est saisie soit par requête des par-
ties, soit par réquisition du Ministère public près la juridiction concernée ».
168 Traité de droit de l’environnement

octobre 2016 portant organisation, compétence et fonctionnement des


juridictions de l’ordre administratif263.
Le principe de la prévention voudrait que les États fassent preuve de
“la prudence requise”, c’est-à-dire agir raisonnablement, avec diligence
et bonne foi dans la gestion des activités publiques et privées soumises à
sa juridiction ou à son contrôle et susceptible de nuire à une partie de
l’environnement. Ce principe n’impose pas un devoir absolu de prévenir
tous les dommages, mais plutôt une obligation pour chaque État
d’interdire les activités risquant de provoquer un dommage important à
l’environnement, par exemple, le déversement de déchets toxiques dans
un lac international. La procédure d’autorisation préalable,
d’homologation préalable à la mise sur le marché de produits ou
d’agrément renforce l’action préventive et rejoint la notion d’effet dis-
suasif. Les mesures de dissuasion, telles que les sanctions pénales et la
responsabilité civile inciteront les acteurs à faire preuve d’un comporte-

263
Article 85 de la Loi organique no 16-027 du 8 octobre 2016 portant organisa-
tion, compétence et fonctionnement des juridictions de l’ordre administratif
dispose que : « La section du contentieux du Conseil d’État est le juge de toutes
les affaires qui relèvent de la compétence contentieuse du Conseil d’État.
Sans préjudice des autres compétences que lui reconnaît la Constitution ou la
présente loi organique, la section du contentieux du Conseil d’État connaît, en
premier et dernier ressort, des recours en annulation pour violation de la loi, de
l’édit ou du règlement, formés contre les actes, règlements ou décisions des
autorités administratives centrales ou contre ceux des organismes publics placés
sous leur tutelle ainsi que ceux des organes nationaux des ordres professionnels.
La violation de la loi, de l’édit, du règlement, de la coutume et des principes
généraux de droit comprend notamment : 1. l’incompétence ; 2. l’excès de pou-
voir ; 3. la fausse application ou la fausse interprétation de la loi, de l’édit ou du
règlement ; 4. la non-conformité à la loi, à l’édit ou au règlement de l’acte, du
règlement ou de la décision dont il a été fait application ; 5. la violation des
formes substantielles ou des formes prescrites à peine de nullité des actes ; 6. la
dénaturation des faits et des actes ; 7. la négation de la foi due aux actes. La
section contentieuse statue souverainement, en tenant compte des circonstances
de fait et de droit sur les recours en suspension formés contre lesdits actes ».
Les principes fondamentaux du droit de l’environnement 169

ment plus prudent pour éviter d’augmenter les frais. Les sanctions pé-
nales devraient donc être appropriées pour exercer un effet dissuasif
empêchant que d’autres dommages soient causés à l’environnement.264
Dans l’affaire relative au projet Gabcikovo-Nagymaros (Hon-
grie/Slovaquie) du 25 Septembre 1997, la CIJ affirme que dans le do-
maine de la protection de l’environnement, la vigilance et la prévention
s’imposent en raison du caractère souvent irréversible des dommages
causés à l’environnement et des limites inhérentes au mécanisme même
de réparation de ce type de dommages265.

3.4 Principe de précaution

Le principe de précaution ne s’éloigne pas de celui de la prévention


dans la mesure où il vise également à protéger l’environnement par la
prévention. Il peut être considéré comme la forme de prévention la plus
développée. La précaution, qui oblige la société à intervenir même dans
le brouillard, signifie la préparation à des menaces potentielles, incer-
taines ou mêmes hypothétiques, lorsqu’il n’existe aucune preuve irréfu-
table que le dommage se produira. Le doute scientifique impose de re-
doubler de prudence, voire de s’abstenir. Plus il y a de brouillard plus il
faut faire attention et réduire sa vitesse266. C’est une prévention basée

264
Ce principe a été discuté au cours des procédures judiciaires dans un nombre
d’affaires notamment : Affaire Greenpeace Australie SPRL contre la compagnie
d’électricité Redbank SPRL et le Conseil de Singleton 86 LGERA 143 (Austra-
lie, 1994); Affaire Leatch contre les parcs nationaux, le Service pour la vie
sauvage et le conseil municipal de Shoalhaven 81 LGERA 270 (Australie,
1993); Affaire du Forum pour le bien-être des citoyens de Vellore contre
l’Union Indienne AIR 1996 SC 2715; Affaire Shela Zia contre WAPDA, Vol.
XLVI A11, décisions judiciaires du Pakistan, 693 ; Guy Canivet, Luc Lavrysen
& Dominique Guihal (S/dir.), Op. Cit, pp. 52 & 53.
265
Affaire relative au projet Gabcikovo-Nagymaros (Hongrie/Slovaquie), CIJ,
25 Septembre 1997, Paragraphe 140.
266
Prieur Michel, Droit de l’environnement, droit durable, Op. Cit., p. 10.
170 Traité de droit de l’environnement

sur des probabilités ou des éventualités267. Le législateur congolais at-


tache une attention particulière à la précaution en des termes non éloi-
gnés de ceux de la Déclaration de Rio de 1992 :

L’État, la province et l’entité territoriale décentralisée veillent à la mise


en œuvre des procédures d’évaluation des risques et prennent toute me-
sure de précaution nécessaire pour assurer la protection efficace de
l’environnement. L’absence de certitude, compte tenu des connaissances
scientifiques et techniques du moment ne doit pas servir de prétexte pour
retarder l’adoption de mesures effectives et proportionnées visant à pré-
venir un risque de dommages graves et irréversibles à l’environ-
nement268.

Ce principe de précaution énoncé sur le plan général dans la Déclara-


tion de Rio de 1992 dont il constitue le « principe 15 » est formulé en
ces termes :

Pour protéger l’environnement, des mesures de précaution doivent être


largement appliquées par les États selon leurs capacités. En cas de risque
de dommage grave irréversible, l’absence de certitude scientifique abso-
lue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l’adoption des
mesures effectives visant la dégradation de l’environnement.

Ayant une attention sur les principes consacrés par la Déclaration de


Stockholm de 1972 et la Déclaration de Rio de 1992, Günther Handl
relève pertinemment le fait que

Le principe de la précaution (principe 15) est l’un des principes de la


Déclaration de Rio dépourvus d’équivalent dans celle de Stockholm qui
prévoit que « des mesures de précaution doivent être largement appli-
quées par les États selon leurs capacités ». En cas de risque de dom-

267
Guy Canivet, Luc Lavrysen & Dominique Guihal (S/dir.), Op. Cit., p. 53.
268
Article 11 de la Loi N°11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamen-
taux relatifs à la protection de l’environnement.
Les principes fondamentaux du droit de l’environnement 171

mages graves ou irréversibles, l’absence de certitude scientifique abso-


lue ne saurait justifier qu’un État s’abstienne de prendre des mesures
économiquement rationnelles visant à prévenir la dégradation de
l’environnement. Aujourd’hui, ce concept trouve un large écho dans la
pratique internationale bien qu’il n’en existe pas de définition unique
faisant autorité, tant du point de vue de la teneur que de la portée, ce qui
a amené quelques États, dont les États-Unis, à remettre en cause son sta-
tut de principe du droit international et, a fortiori, de règle coutumière
internationale (Organisation mondiale du commerce (OMC), Commu-
nautés européennes – Mesures affectant l’approbation et la commercia-
lisation des produits biotechnologiques, par. 7.80 à 7.83). Cela étant,
dans un avis consultatif donné en 2011, la Chambre pour le règlement
des différends relatifs aux fonds marins du Tribunal international du
droit de la mer a noté « un mouvement qui tend à incorporer cette ap-
proche dans le droit international coutumier », ajoutant ainsi sa voix à
toutes celles, de plus en plus nombreuses, qui considèrent la « précau-
tion » comme un principe de droit international établi, si ce n’est une
règle coutumière du droit international269.

Ce principe est repris sur un plan plus spécifique dans le cadre de la


Convention sur la Diversité Biologique où il est déclaré en préambule
que :

Lorsqu’il existe une menace de réduction sensible ou de perte de la di-


versité biologique, l’absence de certitudes scientifiques totales ne doit
pas être invoquée comme raison pour différer les mesures qui permet-
traient d’en éviter les dangers ou d’en atténuer les effets270.

269
Günther Handl, Op. Cit., p. 5.
270
Préambule de la Convention sur la Diversité Biologique de Rio de Janeiro du
5 juin 1992. https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/29146/
CBD1992_FR.pdf?sequence=3&isAllowed=y
172 Traité de droit de l’environnement

Le principe de la précaution est également affirmé au paragraphe 3


de l’article 3 de la Convention - Cadre des Nations Unies sur les chan-
gements climatiques de 1992 où d’ailleurs le terme précaution est em-
ployé dans un sens nettement plus proche de l’idée de prévention :

Il incombe aux Parties de prendre des mesures de précaution pour pré-


voir, prévenir ou atténuer les causes des changements climatiques et en
limiter les effets néfastes. Quand il y a risque de perturbations graves ou
irréversibles, l’absence de certitude scientifique absolue ne doit pas ser-
vir de prétexte pour différer l’adoption de telles mesures, étant entendu
que les politiques et mesures qu’appellent les changements climatiques
requièrent un bon rapport coût-efficacité, de manière à garantir des
avantages globaux au coût le plus bas possible. Pour atteindre ce but, il
convient que ces politiques et mesures tiennent compte de la diversité
des contextes socio-économiques, soient globales, s’étendent à toutes les
sources et à tous les puits et réservoirs de gaz à effet de serre qu’il con-
viendra, comprennent des mesures d’adaptation et s’appliquent à tous les
secteurs économiques. Les initiatives visant à faire face aux change-
ments climatiques pourront faire l’objet d’une action concertée des Par-
ties intéressées.

En Afrique, la Convention de Bamako (29 janvier 1991271), qui in-


terdit l’importation en Afrique des déchets dangereux « sans attendre
d’avoir la preuve scientifique » des risques encourus, consacre aussi le
principe de précaution. La Convention africaine sur la conservation de la
nature et des ressources naturelles énonce, comme obligation générale,
la mise en œuvre par les parties des « mesures nécessaires pour réaliser
les objectifs de la convention, notamment par […] l’application du prin-
cipe de précaution » (article IV).

271
Convention de Bamako sur l’Interdiction d’importer en Afrique des déchets
dangereux et sur le Contrôle des Mouvements transfrontaliers et la Gestion des
déchets dangereux produits en Afrique (1991) et entrée en vigueur en 1998.
Les principes fondamentaux du droit de l’environnement 173

La Charte de l’eau du lac Tchad énonce « le principe de précaution,


en vertu duquel l’absence de certitude scientifique ne doit pas être un
prétexte pour remettre à plus tard l’adoption de mesures destinées à
assurer la protection quantitative et qualitative des ressources en eau et
de l’environnement du Bassin » (paragraphe 7 h), et la Charte de l’eau
du bassin du Niger déclare : « Les États Parties devront se garder de
différer la mise en œuvre de mesures destinées à éviter toute situation
susceptible d’avoir un impact transfrontière au motif que la recherche
scientifique n’a pas démontré l’existence d’un lien de causalité entre
cette situation et un éventuel impact transfrontière » (art. 6).
Le principe de la précaution a un caractère anticipatif et d’action qui
amène à tenir compte de l’incertitude scientifique dans la prise des déci-
sions et conduit à développer la recherche scientifique pour tenter de
lever ces incertitudes. En tant que principe d’action politique, il voudrait
que les autorités politiques prennent les mesures nécessaires sans at-
tendre la réalisation de risques par nature incertains272. Il a été remarqué,
par exemple, la Cour Européenne de justice appliquer le principe de
précaution, surtout vis-à-vis des risques environnementaux mettant en
danger la santé humaine. La Cour avait estimé que la Commission Eu-
ropéenne n’avait pas commis d’erreur manifeste en interdisant
l’exportation de bœuf pendant la crise de « la vache folle273. » Dans
l’affaire de l’Union nationale des fermiers (UNF), la Cour Européenne
de Justice va affirmer que :

À l’époque où cette décision contestée a été adoptée, il régnait une


grande incertitude à propos des risques provoqués par les animaux vi-
vants, la viande bovine et ses produits dérivés. Là où règne l’incertitude
à propos de l’existence ou de l’étendue d’un risque pour la santé hu-
maine, les institutions peuvent prendre des mesures de protection sans

272
Sabin Mande M., Op. Cit., p. 74.
273
Affaire C 180/96, Le Royaume-Uni contre la Commission, 1996, Rec.I-3903,
Paragraphe 83.
174 Traité de droit de l’environnement

devoir attendre que la réalité et la gravité de ces risques apparaissent


dans leur totalité274.

Là où la nature insuffisante, peu concluante ou imprécise des conclu-


sions fait qu’il est impossible de déterminer avec certitude le risque ou
le danger, mais où le risque de dommage persiste, le principe de précau-
tion justifierait la prise de mesures restrictives :

De telles mesures restrictives ne doivent pas être discriminatoires et doi-


vent être objectives. Elles doivent être appliquées dans le cadre d’une
politique basée sur les meilleures connaissances scientifiques dispo-
nibles à n’importe quel moment. Le principe de précaution ne peut ja-
mais justifier l’adoption de décisions arbitraires, et ne peut justifier la
poursuite de l’objectif du « risque zéro » que dans les circonstances les
plus exceptionnelles275.

La Cour d’Appel de Versailles, dans son arrêt du 5 Février 2009 con-


firmant le jugement du Tribunal de grande instance de Nanterre du 18
Septembre 2008 avait donné une grande leçon en ordonnant à la société
Bouygues Télécom l’enlèvement d’une antenne-relais de téléphonie
mobile implantée à proximité d’habitations en ces termes :

Aucun élément ne permet d’écarter péremptoirement l’impact sur la san-


té publique de l’exposition des personnes à des ondes ou des champs
électromagnétiques (…) si la réclamation du risque reste hypothétique, il
ressort de la lecture des contributions et publications scientifiques pro-
duites aux débats et des positions législatives divergentes entre les pays,
que l’incertitude sur l’innocuité d’une exposition aux ondes émises par

274
Affaire T-76/96 R, l’Union nationale des fermiers (UNF), 1996, Rec. II-815,
Paragraphe 88.
275
Guy Canivet, Luc Lavrysen & Dominique Guihal (S/dir.), Op. Cit., p. 55.
Les principes fondamentaux du droit de l’environnement 175

les antennes-relais demeure et qu’elle peut être qualifiée de sérieuse et


raisonnable276.

Un tel principe est prescriptif des normes de comportement expri-


mant soit une obligation d’entourer l’opération à entreprendre des garan-
ties, soit une obligation de s’abstenir, c'est-à-dire, de ne pas faire ou
stand still. Dans cette perspective, une Cour en Argentine avait exigé la
suspension immédiate de travaux destinés à installer un réseau électrique
jusqu’à ce que le prévenu ait préparé avec la participation des personnes
concernées un rapport reprenant les impacts et les mesures de prévention
et de réduction visant à éviter les effets négatifs potentiels du champ
électromagnétique. En cela, elle avait explicitement affirmé qu’elle
appliquait le principe de précaution faisant partie du droit et de plusieurs
instruments environnementaux internationaux (Asociacion Coordinado-
ra de Usuarios, Consumidores y Contribuyentes contre ENRE-
EDESUR, Cour d’appel fédérale de La Plata, 2003277).
Une avancée jurisprudentielle en cette matière démontre que le prin-
cipe de précaution empêche que l’on retarde l’adoption de mesures de
protection de l’environnement en prétextant de la nature encore incer-
taine des risques incriminés. L’administration est appelée à prendre des
mesures de protection, en vertu de ce principe, sans avoir à attendre que
la réalité et la gravité de ces risques soient pleinement démontrées278. La
situation en RDC (Ville de Goma) laisse à désirer, par exemple, dans le
domaine de télécommunication où les entreprises procèdent à
l’installation des antennes-relais sans tenir compte des règles en la ma-
tière, notamment l’absence des études d’impact environnemental et
social, exposant ainsi la population à des risques énormes de santé pu-
blique. Il est fort étonnant que des familles entières se lancent dans la
passation de marché et la signature des contrats de bail avec des entre-

276
Sabin Mande M., Op. Cit., p. 76.
277
Guy Canivet, Luc Lavrysen & Dominique Guihal (S/dir.), Op. Cit., p. 54.
278
Sabin Mande M., Op. Cit., p. 75.
176 Traité de droit de l’environnement

prises de télécommunication pour l’implantation des antennes-relais


dans des concessions qu’elles habitent sous l’œil impuissant de l’autorité
publique.
L’avènement du principe de précaution dans le domaine de la res-
ponsabilité, en droit Français en l’occurrence, a entraîné un débat doc-
trinal important quant à sa possible influence sur la nouvelle fonction
préventive du droit de la responsabilité civile279. Gilles J. Martin pose
les débats de l’avènement de la « faute de précaution » consistant à
rendre fautif « celui qui en situation d’incertitude scientifique ou de
doute n’aura pas adopté une démarche de précaution280. » Quelques
juges ont manifesté un intéressement, spécialement dans le contentieux
relatif à l’implantation des antennes-relais281 comme cela a été soulevé
précédemment sur le territoire national Français. Dans ces affaires, les
juges étaient confrontés aux demandes de certaines personnes vivant à
proximité d’une antenne-relais et estimant que celle-ci était à l’origine
des dommages sur la santé humaine282. Elles demandaient, certes, répa-
ration, mais aussi, la prévention des dommages au moyen du démantè-
lement ou de l’interdiction de l’antenne. Si la consécration d’un tel prin-
cipe valeureux permet de porter à l’intention des juges les éventualités
de problèmes sanito-environnementaux, contribuant de ce fait à la judi-
ciarisation du droit de l’environnement283 et à la justiciabilité du droit à

279
Mazeaud M., « Responsabilité civile et précaution », RCA 2001, n° 6, p. 72 ;
Thibierge C., « Avenir de la responsabilité, responsabilité de l'avenir », S.e.,
2004, p. 557 ; Boutonnet M., Le principe de précaution en droit de la responsa-
bilité civile, LGDJ, Paris, 2005.
280
Martin G. J, « Précaution et évolution du droit », 39 D 299, Dalloz, 1995.
281
Mazeaud D., « La responsabilité du fait des ondes », Mélanges J. L. Bau-
douin, Ed. Y Blais, Paris, 2012, p. 871.
282
Documentaire « Tous crétins » téléchargeable sur YouTube, visualisé le
09/02/2018 à 22 heures.
283
Mustapha Mekki, « Responsabilité civile et droit de l’environnement : vers
un droit de la responsabilité environnementale ? », article inédit, 2017, pp. 12-
16.
Les principes fondamentaux du droit de l’environnement 177

l’environnement, la difficulté de prouver l’existence d’un préjudice


certain en vertu duquel réclamer un quelconque dédommagement et
l’incidence de ce principe à l’idée d’une négation d’action ou d’initiative
se montrent alors subséquentes. Toutes ces préoccupations n’ont cepen-
dant pas encore fait l’objet des débats doctrinaux ni d’une jurisprudence
en RDC pour définir de manière concise et claire les contenus réels du
principe de la précaution.

3.5 Principe de pollueur-payeur

Conformément aux dispositions de la Déclaration de Rio de 1992


(principes 13, 14 & 16) et d’autres instruments internationaux284, la
législation congolaise contient des dispositions pertinentes sur la consé-
cration du principe de pollueur - payeur285. L’article 12 de la Loi
N°11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la
protection de l’environnement dispose spécifiquement que :

Les coûts résultant des mesures de prévention, de lutte contre la pollu-


tion et la réduction de celle-ci ou de remise en état des sites ou paysages
pollués sont supportés par le pollueur.

284
L’Organisation pour la Coopération au Développement Économique (OCDE)
a énoncé pour la première fois le principe de pollueur-payeur pour empêcher les
autorités publiques nationales de subventionner les frais de contrôle de la pollu-
tion des entreprises privées. Guy Canivet, Luc Lavrysen & Dominique Guihal
(S/dir.), Op. Cit., p. 57.
285
Article 54 de la Constitution du 18 février 2006 telle modifiée en 2011 ;
Préambule et articles, 1, 2, 12, 39, 49, 50, 66, 67, 78 et 84 de la Loi N°11/009 du
9 juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l’environnement ; article 161 de la Loi n° 15/012 du 1er août 2015 portant ré-
gime général des hydrocarbures ; article 19 de la Loi N°15/026 du 31 décembre
2015 relative à l’eau ; article 71 point 8 de la Loi N°14/003 du 11 février 2014
relative à la conservation de la nature.
178 Traité de droit de l’environnement

Le principe de pollueur - payeur est inspiré par la théorie écono-


mique selon laquelle les coûts sociaux externes qui accompagnent la
production industrielle (dont le coût résultant de la pollution) doivent
être internalisés, c’est-à-dire, pris en compte par les agents économiques
dans leurs coûts de production286. Il suppose, outre l’identification d’un
pollueur, l’identification d’un coût associé à la pollution, car l’efficience
économique suppose que l’intégralité du coût de la pollution est suppor-
tée par le pollueur. L’objectif est de faire en sorte qu’un pollueur prenne
en compte, dans son analyse économique, le coût de la pollution287.
Le pollueur peut être défini comme celui qui cause directement ou
indirectement un dommage à l’environnement ou qui crée une situation
menant à ce dommage. L’application du principe peut être difficile dans
la pratique là où l’identification du pollueur se révèle quasiment impos-
sible parce que la pollution résulte de plusieurs causes simultanées ou de
plusieurs causes consécutives ou là où le pollueur est devenu financiè-
rement insolvable288. Dans ce cas, il peut être envisagé l’adoption des
régimes de responsabilité objective289. Si le principe « pollueur-payeur »
justifie la mise en œuvre d’un régime de responsabilité civile, il n’a pas
pour objectif d’en définir les conditions d’applicabilité, qu’elles soient
ou non fondées sur la faute. L’automaticité de la responsabilité objective
correspondant mieux au principe pollueur-payeur290. L’article 54 alinéa

286
Prieur Michel, Les principes généraux du droit de l’environnement, Op. Cit.,
p. 99.
287
Sabin Mande M., Op. Cit., p. 78.
288
Guy Canivet, Luc Lavrysen & Dominique Guihal (S/dir.), Op. Ct., p. 57.
289
Convention sur la responsabilité civile des dommages résultant d’activités
dangereuses pour l’environnement (dite de Lugano), 21. VI. 1993, Série des
traités européens - n° 150, Conseil de l’Europe, 6ème Considérant, « Considérant
l’opportunité d’établir dans ce domaine un régime de responsabilité objective
tenant compte du principe « pollueur-payeur ».
290
Prieur Michel, Les principes généraux du droit de l’environnement, Op. Cit.,
p. 99.
Les principes fondamentaux du droit de l’environnement 179

2 de la Constitution du 18 Février 2006 telle que modifiée en 2011 met


en exergue la responsabilité du pollueur :

Toute pollution ou destruction résultant d’une activité économique


donne lieu à compensation et/ou réparation.

Le législateur s’est montré plus décisif dans sa Loi N°11/009 du 9


juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l’environnement à son article 67 :

Tout exploitant d’une installation pétrolière, de manutention


d’hydrocarbures ou d’un port prend des mesures nécessaires en vue de la
prévention et de la lutte contre tout événement de pollution par les hy-
drocarbures.
À cet effet, il élabore et met en œuvre un plan d’urgence de bord contre
la pollution par les hydrocarbures en coordination avec le système natio-
nal.
Les obligations visées aux alinéas 1er et 2 s’appliquent également à tout
exploitant d’un navire battant pavillon national, naviguant dans les es-
paces maritimes congolais ou accostant dans un port maritime sous juri-
diction nationale.

L’élaboration et la mise en œuvre d’un plan d’urgence ont désormais


un caractère contraignant car leur ignorance expose un exploitant d’une
installation pétrolière et autres à des sanctions éventuelles dans le sec-
teur des hydrocarbures. Il s’agit ici de la mise en œuvre de la fonction
curative du principe pollueur-payeur consistant à garantir aux victimes
une réparation intégrale de la part du pollueur pour les dommages que
causent ses activités commence à trouver son expression avec l’idée
qu’il faut internaliser non seulement le coût de la prévention et de la
lutte contre la pollution, mais aussi internaliser le coût des dommages et
que les règles de la responsabilité civile puissent s’appuyer sur le prin-
cipe pollueur-payeur en faisant payer à l’auteur de la pollution le coût
180 Traité de droit de l’environnement

des dommages qui en résultent291. En d’autres termes, il doit être défini


un mécanisme de responsabilité pour dommage écologique couvrant
tous les effets de la pollution sur les biens, les personnes et la nature.
Sans verser dans les controverses autour de l’idée de la dictature de
l’argent qui serait consacrée sur les considérations écologiques, à force
de répétition, le principe de pollueur-payeur est devenu un principe de
droit coutumier en l’absence de toute codification internationale.292 Sa
judiciarisation devient de plus en plus une réalité au quotidien des juges
dans différents systèmes juridiques, à l’exception du juge congolais qui
n’a pas encore fait preuve d’une volonté réelle en la matière.
Dans deux affaires, les juges Colombiens et Indiens ont respective-
ment fourni un examen pédagogique en chargeant économiquement
ceux qui détériorent ou contribuent à la détérioration de l’environnement
ainsi que ceux qui tirent avantage des ressources naturelles d’assumer
les frais de remédiation aux effets négatifs que leurs actions ont sur
l’environnement (Affaire Marlene Beatriz Duran Camacho contre la
république de Colombie (26 septembre 1996)). Il a été aussi question
des personnes qui exercent des activités exposant à des risques ou dan-
gers. Elles ont été jugées responsables de dédommager la perte qu’elles
font subir à d’autres personnes à cause de ces activités (affaire du Con-
seil indien pour l’action légale environnementale contre l’Union in-
dienne, AIR 1996 SC 1446 (1996), 2 SCR 503, 3 SCC 212 (1996293)).

3.6 Le principe de l’intégration et de la coopération


entre États en matière d’environnement

En vue de garantir le développement durable, le principe


d’intégration commande d’éviter les approches sectorielles tradition-

291
Van Lang Agathe, Droit de l’environnement, Paris, éd. du Seuil, 2002, p. 23
cité par Sabin Mande M., Op. Cit., p. 80.
292
Kamto Maurice, Op. Cit, p. 75.
293
Guy Canivet, Luc Lavrysen & Dominique Guihal (S/dir.), Op. Cit., p. 57.
Les principes fondamentaux du droit de l’environnement 181

nelles et implique l’intégration de l’environnement dans toutes les déci-


sions et stratégies publiques et privées. En cela, sur le continent Afri-
cain, la Convention africaine sur la conservation de la nature et des
ressources naturelles dispose que : « les parties veillent à ce que la con-
servation et la gestion des ressources naturelles soient traitées comme
une partie intégrante des plans de développement nationaux et/ou lo-
caux294. » La Charte de l’eau du bassin du lac Tchad et la Charte de
l’eau du bassin du Niger prévoient, chacune, la gestion intégrée des
ressources en eau, un processus qui favorise le développement et la
gestion coordonnés de l’eau, des terres et des ressources connexes, en
vue de maximiser, de manière équitable, le bien-être économique et
social en résultant, sans pour autant compromettre la pérennité
d’écosystèmes vitaux295.
Différents instruments internationaux notamment les déclarations de
Stockholm de 1972, de Rio de 1992 invitent les États parties à coopérer
dans le cadre de la protection de l’environnement. Dans cette perspec-
tive, le gouvernement congolais s’est résolu de mettre en œuvre des
politiques et programmes de coopération avec d’autres États et parte-
naires désireux de contribuer à la protection de l’environnement et à la
gestion durable des ressources naturelles296.
Aux termes de l’article 14 de la Loi N° 11/009 du 9 juillet 2011,
« L’État, la province et l’entité territoriale décentralisée s’assurent que

294
Convention africaine pour la conservation de la nature et des ressources
naturelles, art. 14, a.
295
Article 2 de la Charte de l’eau du bassin du Niger et articles 2 et 81 de la
Charte de l’eau du bassin du lac Tchad.
296
Article 13 de la Loi N°11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamen-
taux relatifs à la protection de l’environnement : « Le gouvernement met en
œuvre des politiques et programmes de coopération avec d’autres États et parte-
naires désireux de contribuer à la protection de l’environnement et à la gestion
durable des ressources naturelles dans le cadre des conventions, traités et ac-
cords internationaux auxquels la République est partie. »
182 Traité de droit de l’environnement

l’élaboration et la mise en œuvre des plans et programmes sectoriels


intègrent les normes en matière d’environnement et de développement
durable ». En cela, le législateur congolais ne s’éloigne pas du Principe
13 de la Déclaration de Stockholm de 1972 et particulièrement de
l’annexe I de la Déclaration de Kampala sur l’environnement de juillet
2002 qui reprend l’engagement des États Africains à faire tous les ef-
forts possibles pour intégrer l’environnement aux objectifs nationaux de
développement économique en Afrique, sans pour autant négliger les
priorités du continent en matière de développement socio-économique et
humain durable en particulier au bénéfice des pauvres et des commu-
nautés marginalisées.
La gestion transfrontalière des ressources naturelles apparait ici
comme un outil favorisant la coopération entre États et la promotion de
relations de bon voisinage. Elle facilite ou améliore la gestion des res-
sources naturelles, pour le bénéfice des toutes les parties de la région
concernée. La RDC, l’Ouganda et le Rwanda se sont engagés dans une
telle dynamique autour du Parc National de Virunga en RDC, Parc Na-
tional des Volcans au Rwanda et Queen Elizabeth Parc en Ouganda.
Une collaboration transfrontalière s’impose car les animaux ne res-
pectent pas les frontières érigées par les États. Une bonne politique de
gestion transfrontalière aide à faire un suivi aisé des mouvements des
animaux et favorise le tourisme dans la région. Il s’agit aussi d’une
bonne manière de lutter contre le braconnage. Par des actions communes
concrètes, les États parviennent à contenir certaines menaces exposant le
parc à une destruction par des éléments incontrôlés. La RDC au travers
de l’Institut Congolais pour la conservation de la nature (ICCN) et
l’Ouganda au travers de Uganda Wildlife Authority (UWA), au cours de
la réunion transfrontalière, du 20-21 juin 2003 étaient parvenus par
exemple à noter la pertinence à mener certaines actions communes :
Les principes fondamentaux du droit de l’environnement 183

- Promouvoir une bonne communication entre UWA et ICCN – par


téléphone/radio. Cela implique bien évidemment la signature des
accords pour une harmonisation des fréquences respectives.
- Les formations conjointes en termes de renforcement des capacités
de toutes les parties prenantes
- Les Formations sur la langue commune pour faciliter la communi-
cation – soit l’Anglais/Français ou Swahili.
- La tenue régulière des réunions entre les autorités de trois pays en
charge de la gestion des aires protégées.
- La conclusion des accords formels entre Gouvernements pour per-
mettre l’évolution vers le statut transfrontalier des parcs.
- La sensibilisation et la conscientisation de toutes les parties pre-
nantes pour que la région échappe aux pressions297.

Les évènements politiques dans la région des Grands Lacs ne facili-


tent pas malheureusement la mise en œuvre de la gestion transfrontalière
des ressources naturelles. Les conflits armés qui ont élu domicile dans la
région depuis déjà plus de décennies notamment dans la partie Est de la
RDC n’ont pas faciliter la matérialisation d’actions communes de ma-
nière spécifique298.

297
Rapport de la réunion transfrontalière 20/21 juin 2003, https://programs.wcs.
org/portals/49/media/file/AFPR_AlbR_rpt_transboundary_030715_plumptre_fr.
pdf.
298
Marc Languy & Emmanuel de Merode (S/dir.), Parc National des Virunga :
Survie du premier parc d’Afrique, Éditions Lannoo sa, Tielt, Belgique, 2006,
pp. 268-269.
4

MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT
ET DÉVELOPPEMENT DURABLE

Au lendemain de la Conférence des Nations unies sur


l’environnement ayant servi de cadre pour porter très haut la prise de
conscience environnementale à Stockholm en 1972, la RDC (ancien
Zaïre) est l’un des pays africains à avoir organisé un ministère de
l’environnement, conservation de la nature et tourisme en 1975. Par
l’Ordonnance 75-231 du 22 juillet 1975, le Ministère de
l’environnement, conservation de la nature et tourisme avait comme
mission de :

Promouvoir et de coordonner toutes les activités relatives à


l’environnement, à la conservation de la nature, au tourisme et à
l’hôtellerie et de prendre toutes les initiatives et toutes les mesures ten-
dant à la pleine réalisation de cette mission, conformément aux progrès
actuels de la science.
Il est chargé, notamment, de :
1. En milieu urbain :
 Assurer la salubrité du milieu humain par la lutte contre toutes les
nuisances provoquées par la pollution des eaux, du sol et de l’air ;
 Créer des établissements humains par l’aménagement des zones
vertes et des parcs d’attraction, tout en assurant une bonne poli-
tique de reboisement et de lutte antiérosive ;
 Donner ses avis sur des questions relatives à l’urbanisme et à
l’habitat ;
186 Traité de droit de l’environnement

 Émettre des avis circonstanciés sur tout projet d’industrialisation


ou d’aménagement susceptible d’améliorer ou de porter atteinte à
la qualité de vie.
2. En milieu rural :
 Créer et gérer des réserves naturelles, intégrales et quasi intégrales
(parcs nationaux, réserves de chasse, de pêche et des ressources
aquatiques) ;
 Assurer la protection et la valorisation de la faune et de la flore
dans ses réserves ;
 Créer et gérer les stations dites de « capture » établies au sein ou
en dehors des réserves ;
 Créer et gérer des écosystèmes des eaux et des forêts.
3. Dans le domaine du tourisme et de l’hôtellerie :
 Promouvoir le tourisme au Zaïre par tous les moyens appropriés,
notamment par la propagande, la création des bureaux de rensei-
gnements pour touristes et l’aménagement des sites touristiques ;
 Promouvoir et organiser l’industrie hôtelière, créer et gérer le pa-
trimoine hôtelier de l’État299.

Depuis lors, ce ministère a été enrichi dans ses attributions et ser-


vices aux niveaux national, provincial et local. Il a fallu dans la suite de
temps tenir compte de tous les défis liés à son organisation administra-
tive et la nécessité de conciliation avec les besoins de développement
durable posés à partir de la Conférence des Nations unies sur
l’environnement et le développement de Rio de Janeiro de 1992. Ainsi, à
l’environnement, il a été joint le développement durable pour devenir,

299
22 Juillet 1975 – Ordonnance 75-231 fixant les attributions du département
de l’environnement, conservation de la nature et tourisme et complétant
l’ordonnance 69-146 du 1er août 1969, J.O.Z., n°18, 15 septembre 1975,
1111 ; République démocratique du Congo, Les codes Larcier : Droit public et
administratif, Vol. 2 droit administratif, Afrique éditions, Tome VI, Larcier,
Bruxelles, 2003, p. 143.
Ministère de l’environnement et développement durable 187

après plusieurs changements selon les visions des gouvernements qui se


sont succédés, le « Ministère de l’environnement et développement
durable » par l’Ordonnance N° 20/017 du 27 mars 2020 fixant les attri-
butions des ministères.
Le Ministère de l’environnement et développement durable est dirigé
par un Ministre et un Vice-ministre assistés dans l’exercice de leurs
fonctions par un cabinet dont l’organisation et le fonctionnement sont
fixés par le Décret N°07/01 du 26 mai 2007 portant organisation et fonc-
tionnement des cabinets ministériels (article 1). Les cabinets du Ministre
et Vice-Ministre de l’environnement et développement durable travail-
lent en étroite collaboration avec l’Administration du Ministère et les
organismes publics placés sous l’autorité ou la tutelle du Ministre300.
Les attributions du Ministère de l’environnement et développement
durable, de directions, de divisions et services sont désormais clairement
définies pour rencontrer les besoins de protection de l’environnement
ainsi que les exigences d’un développement durable.

4.1 Attributions du Ministère de l’environnement


et développement durable

L’Ordonnance N° 20/017 du 27 mars 2020 fixant les attributions des


ministères, le Ministère de l’environnement et développement durable
en RDC a comme attributions :

- Exécution des politiques nationales de gestion durable de


l’environnement et de la préservation de la biodiversité et des écosys-
tèmes ;
- Élaboration, suivi et évaluation des plans de mise en œuvre desdites
politiques ;

300
Article 2 du Décret N° 07/01 du 26 Mai 2007 portant organisation et fonc-
tionnement des cabinets ministériels.
188 Traité de droit de l’environnement

- Gestion durable des forêts, des ressources en eau, des ressources fau-
niques et de l’environnement ;
- Évaluation et suivi des études environnementales et sociales de tout
projet susceptible de porter atteinte à l’environnement ;
- Réglementation de toute activité susceptible de porter atteinte à
l’environnement, à la biodiversité, aux écosystèmes ainsi qu’aux
règles de salubrité ;
- Élaboration et mise en application des normes relatives à
l’assainissement des milieux ;
- Création et aménagement des zones vertes et parcs d’attraction ;
- Élaboration des normes relatives au respect de l’environnement dans
les secteurs des mines, carrières et hydrocarbures ;
- Réglementation de la chasse et de la pêche, le cas échéant en collabo-
ration avec le Ministère ayant la Pêche dans ses attributions ;
- Protection de la faune et de la flore ;
- Promotion et coordination de toute activité relative à la conservation
de la nature ainsi qu’à la gestion durable de l’environnement, des res-
sources forestières, fauniques et aquatiques ;
- Suivi et audit environnementaux des établissements publics et des en-
treprises privées ainsi que des organisations non gouvernementales
œuvrant dans les secteurs de l’environnement et conservation de la na-
ture ;
- Détermination et gestion des écosystèmes ;
- Gestion des services environnementaux ;
- Création des aires protégées autres que les réserves naturelles inté-
grales et propositions de création de ces dernières ;
- Création et gestion des stations de capture des espèces de la faune
sauvage ;
- Élaboration, vulgarisation et gestion des programmes d’éducation en-
vironnementale.
Ministère de l’environnement et développement durable 189

Le Ministère de l’environnement et développement durable agit dans


certains secteurs de l’environnement en toute exclusivité, et dans
d’autres, il intervient conjointement avec d’autres ministères notamment
des mines, des hydrocarbures et de l’agriculture. Il est attendu du minis-
tère une politique conséquente d’harmonisation des interventions de
toutes les parties prenantes pour une gestion axée sur des valeurs d’une
gestion rationnelle et d’utilisation durable des ressources naturelles.
L’administration du ministère aux niveaux central, provincial et local est
constituée des techniciens et experts intervenant dans les différentes
directions.

4.2 Administration du Ministère de l’environnement


et développement durable

L’Administration du Ministère de l’environnement et développement


durable au niveau tant national, provincial que local exécute une mission
générale qui est celle de contribuer au développement socio-économique
du pays en assurant avec professionnalisme la protection de
l’environnement et la gestion durable des ressources naturelles renouve-
lables du domaine de l’eau, de la forêt et de la faune301. Ses missions
spécifiques se résument de la manière ci-après :

- Concevoir et élaborer les projets de politiques et des stratégies en ma-


tière de protection de l’environnement, de préservation des écosys-
tèmes des eaux et forêts et de la diversité biologique et évaluer les ré-
sultats de leur mise en œuvre ;
- Concevoir et élaborer les avants projets de textes législatifs et les pro-
jets de textes réglementaires sur la protection des populations contre

301
Ministère de l’environnement et développement durable, Secrétariat général à
l’environnement et développement durable, Cadre et structures organiques du
secrétariat général à l’environnement et développement durable, République
démocratique du Congo, Avril 2016, p. 6.
190 Traité de droit de l’environnement

les effets néfastes des pollutions, des nuisances, des détériorations de


l’environnement, des déchets, des eaux et matières usées ainsi que sur
la protection et la conservation de la faune et de la flore ;
- Contribuer à la gestion des aires protégées ;
- Organiser les réserves apparentées et les écosystèmes des eaux et fo-
rêts ;
- Assurer l’assainissement du milieu ;
- Contribuer à la signature des projets de conventions et des accords
sous régionaux, régionaux et internationaux en matière de protection
de l’environnement et de la conservation de la nature conformément
aux orientations du Gouvernement.302

L’absence de politiques dans plusieurs secteurs de l’environnement


reste un des besoins énormes à couvrir au pays. Le gouvernement parti-
cipe à des sessions internationales de l’environnement sans avoir une
vitrine claire définissant l’agenda et la vision dans les différents secteurs
de l’environnement.

4.3 Cadre structurel et organique du secrétariat général


au ministère de l’environnement et développement
durable

Le secrétariat général du Ministère de l’environnement et dévelop-


pement durable303 dispose d’un cadre et des structures organiques défi-
nissant les attributions des directions et services rattachés en vue
d’éviter tout conflit des compétences.304 Le secrétariat général au Minis-

302
Ibidem, pp. 6 & 7.
303
Ministère de l’environnement et développement durable, Secrétariat général à
l’environnement et développement durable, Cadre et structures organiques du
secrétariat général à l’environnement et développement durable, République
démocratique du Congo, avril 2016, pp. 6, 7 & 8.
304
Idem.
Ministère de l’environnement et développement durable 191

tère de l’environnement et développement durable a comme attribu-


tions :

 Assister le Ministre de l’environnement et développement du-


rable dans l’accomplissement de ses prérogatives constitution-
nelles ;
 Décider dans les matières de sa compétence et donner des avis
pour celles qui ne le sont pas, notamment dans le domaine du re-
crutement, des situations des agents en cours de carrière et à la
fin de celle-ci ;
 Planifier, organiser, coordonner, superviser, contrôler et évaluer
toutes les activités du secrétariat général réalisées par les Direc-
tions ;
 Assurer :
- l’élaboration des projets de textes sur la législation et la ré-
glementation du secteur de l’environnement et développement
durable ;
- la définition des stratégies de promotion et de développe-
ment du secteur de l’environnement et développement durable ;
- le contrôle et le suivi des activités des opérateurs du secteur
de l’environnement et développement durable ;
- le suivi évaluation des mécanismes de mise en œuvre des
conventions et des accords sous régionaux, régionaux et interna-
tionaux relatifs à la protection de l’environnement et la gestion
des ressources naturelles renouvelables et non renouvelables du
domaine de la forêt, de l’eau et de la faune ;
 Assurer la liaison entre le cabinet du Ministre, l’Administration
de l’environnement et développement durable et les partenaires
au développement ;
 Développer une vision, une stratégie et fixer les objectifs annuels
pour l’Administration de l’environnement et développement du-
192 Traité de droit de l’environnement

rable, en tenant compte des orientations politiques et budgé-


taires ;
 Assurer la direction et l’organisation du secrétariat général par la
gestion efficace et efficiente du temps, des coûts, des activités et
des moyens ;
 Coordonner les politiques et les stratégies de modernisation de
l’Administration de l’environnement et développement durable et
apprécier l’efficacité et les capacités managériales des cadres di-
rigeants.

Le secrétariat général bénéficie de l’accompagnement de plusieurs


services et cellules constitués des techniciens et experts dans différents
domaines de l’environnement. Les questions environnementales étant
très dynamiques et complexes, le renforcement en compétences des
personnels rattachés auprès du secrétariat général doit se faire de ma-
nière régulière et à des périodes bien définies.
La structure administrative au Ministère de l’environnement et déve-
loppement durable comprend les directions standard (direction des res-
sources humaines, la direction administrative et financière, la direction
des études et planification, et la direction des archives et nouvelles tech-
nologies de l’information et de la communication) ; la direction générale
de l’environnement et cadre de vie305 (direction de la conservation de la

305
La direction générale de l’environnement et cadre de vie assure la concep-
tion, l’élaboration de projets de politiques, des stratégies, des normes et méca-
nismes en matière de :
a) Gestion des quotas des espèces de faune et de flore menacées de dispari-
tion dans le cadre de la convention CITES ;
b) Gestion durable des ressources fauniques dans les zones vertes, des do-
maines et réserves de chasse ainsi que les parcs d’attraction ;
c) Gestion des réserves de biosphère ;
d) Gestion des aires protégées et réserves apparentées, des écosystèmes de
l’eau, de la forêt et de la faune ;
e) Surveillance continue de l’environnement ;
Ministère de l’environnement et développement durable 193

nature, direction des établissements humains et protection de


l’environnement, direction de l’assainissement, et direction des res-
sources en eau) ; la direction générale de forêts306 (direction de gestion
forestière, direction reboisement et horticulture, direction inventaire et
aménagement forestiers, direction de promotion et de valorisation du
bois, direction technologies de l’énergie-bois) ; et d’autres spécifiques :
la direction de la réglementation et contentieux environnementaux, la
direction de cadastre forestier et la direction du développement durable.
Ces trois dernières directions portent des aspects juridiques spécifiques
contenus dans leurs attributions spécifiques. La direction de la régle-
mentation et de contentieux environnementaux est appelé à :

 Initier la législation, gérer la réglementation et la normalisation en


matière de protection de l’environnement, de la conservation de la

f) Régulation des activités des installations classées et de leur surveillance


continue ;
g) Suivi et évaluation de l’impact des activités humaines sur
l’environnement ;
h) Reboisement et d’horticulture sur l’ensemble du territoire national con-
formément au programme du Gouvernement ;
i) Lutte biologique antiérosive et contre la destruction du couvert végétal
naturel ;
j) Création, d’organisation et de promotion des centres horticoles,
d’aménagement des zones vertes et des parcs d’attraction sur l’ensemble
du pays.
Lire, Ministère de l’environnement et développement durable, Secrétariat géné-
ral à l’environnement et développement durable, Cadre et structures organiques
du secrétariat général à l’environnement et développement durable, République
démocratique du Congo, Avril 2016.
306
La direction générale de forêts assure la conception, l’élaboration de projets
de politiques, des stratégies, des normes et mécanismes en matière de gestion
forestière ; d’inventaire et d’aménagement forestier ; des technologies et éner-
gie-bois ; de reboisement et d’horticulture ; et de promotion et de valorisation du
bois.
194 Traité de droit de l’environnement

nature et de la gestion durable des ressources naturelles dans les


domaines de l’eau, de la forêt et de la faune ;
 Participer aux travaux des commissions mixtes ou bilatérales, mul-
tilatérales et régionales, et à ceux des commissions prévues dans le
code forestier ;
 Émettre des avis sur tous les projets des textes à caractère juridique
dans les secteurs de l’environnement et du développement durable ;
 Participer à l’élaboration des normes relatives à la protection de
l’environnement ;
 Contribuer au règlement des contentieux environnementaux, de la
conservation de la nature et du développement durable ;
 Émettre des avis techniques de quitus de fonctionnement des asso-
ciations et ONGs du secteur de l’environnement et développement
durable par rapport à la loi ;
 Élaborer les projets de contrat de partenariat avec les opérateurs du
secteur de l’environnement et développement durable ;
 Assurer l’organisation des concertations des parties prenantes ;
 Contribuer, conformément à l’orientation du Gouvernement, à la
mise en œuvre des conventions et des accords sous régionaux, ré-
gionaux et internationaux ayant trait à la protection de
l’environnement et de gestion durable des ressources naturelles re-
nouvelables et non renouvelables du domaine de l’eau, de la forêt et
de la faune.307

La direction de cadastre forestier est chargée de :

 Concevoir et élaborer les projets de politique et des stratégies en


matière de cadastre forestier et en assurer la mise en œuvre après
leur validation ;

307
Ministère de l’environnement et développement durable, Secrétariat général à
l’environnement et développement durable, Cadre et structures organiques du
secrétariat général à l’environnement et développement durable, République
démocratique du Congo, avril 2016, pp. 6, 7 & 8.
Ministère de l’environnement et développement durable 195

 Contribuer :
a) à l’élaboration des avant-projets de textes législatifs relatifs au
cadastre forestier et en assurer la mise en œuvre après leur
promulgation ;
b) à l’élaboration des projets de textes règlementaires relatifs au
cadastre forestier et en assurer la mise en œuvre après la publi-
cation ;
 Traiter et conserver les documents cadastraux du domaine fores-
tier ;
 Assurer la planimétrie (le prélèvement, la délimitation, le mesurage
et le bornage) du domaine forestier de la RDC
 Établir et mettre à jour les plans cadastraux forestiers ;
 Produire les cartes de concession forestière ;
 Établir et réviser la carte du domaine forestier ;
 Superviser et suivre la production, la conservation et la gestion des
titres et actes forestiers de cadastres forestiers provinciaux ;
 Constituer, gérer et mettre à jour la banque des données.308

La direction du développement durable contribue à :

a) L’élaboration des politiques et des stratégies ayant trait au dé-


veloppement durable et en assurer la mise en œuvre après leur
adoption ;
b) L’élaboration des avant-projets de textes législatifs et projets
des textes règlementaires relatifs au développement durable et
en assurer la mise en œuvre après la promulgation ou la publi-
cation ;
c) L’élaboration des programmes d’action de lutte contre les ef-
fets du changement climatique sur l’environnement, la biodi-
versité, la désertification et la déforestation, en concertation
avec les parties prenantes et s’assurer de leur mise en œuvre ;

308
Idem.
196 Traité de droit de l’environnement

d) La promotion des services environnementaux et l’économie


verte ;
e) Faire le suivi de la mise en œuvre des recommandations et dé-
cisions du forum politique de haut niveau sur le développe-
ment durable ;
f) Faire le suivi de l’application des objectifs du développement
durable et de l’Agenda de développement post 2015 ;
g) Faire le suivi de la mise en œuvre de la neutralité en matière
de dégradation des terres (NDT), relative à l’objectif 15 du dé-
veloppement durable et plus spécifiquement l’Objectif du dé-
veloppement durable (ODD) 15 ;
h) La gestion de la base des données relative à la dégradation des
terres et des forêts et du système d’informations géographiques
y relatif ;

Elle assure aussi :

a) La mise en œuvre et le suivi des activités, recommandations et


résolutions de la commission mondiale du développement du-
rable et des conférences des parties aux conventions sur la biodi-
versité, le changement climatique et la désertification ;
b) Le suivi de la mise en exécution du challenge de BONN relatif à
la restauration du paysage forestier dégradé309.

Toutes les attributions des différentes directions ont été formulées de


manière à promouvoir un cadre structurel de redevabilité de toutes les
parties prenantes. La plupart des directions, cellules et services au ni-
veau national comme aux niveaux provincial et local n’ont malheureu-

309
Ministère de l’environnement et développement durable, Secrétariat général à
l’environnement et développement durable, Cadre et structures organiques du
secrétariat général à l’environnement et développement durable, République
démocratique du Congo, avril 2016, pp. 6, 7-8.
Ministère de l’environnement et développement durable 197

sement pas les moyens nécessaires de fonctionnement pour une réalisa-


tion efficace de leurs tâches au quotidien. Les problèmes liés à
l’environnement ne sont pas souvent rigoureusement abordés. Les lois
adoptées pour raison de « marketing politique » et d’autosatisfaction ne
sont généralement pas accompagnées de mesures d’application et de
suivi.

4.4 Cadre organique de la coordination provinciale


de l’environnement et développement durable

Le cadre organique en province prévoit une coordination provinciale


(le chef de division étant le coordonnateur provincial) et une coordina-
tion urbaine. Dans les communes, les territoires et les secteurs,
l’environnement est pris en charge par différents services de supervi-
sion. Le coordonnateur provincial est chargé :

 D’assister le Gouverneur de province dans ses prérogatives


constitutionnelles ayant trait au secteur de l’environnement et
développement durable ;
 D’assurer la liaison avec l’Administration centrale de
l’environnement et développement durable ainsi qu’avec les
autres divisions provinciales intervenant dans le domaine de
l’environnement ;
 De veiller à la mise en application, dans la province, des textes
légaux et règlementaires ayant trait à l’environnement et déve-
loppement durable ;
 De mettre en place les outils et autres instruments de manage-
ment nécessaires au fonctionnement de la coordination provin-
ciale ;
 De constater et liquider, dans son ressort, les actes générateurs
des recettes non fiscales ;
198 Traité de droit de l’environnement

 De gérer la documentation, la bibliothèque, la photothèque, la


filmothèque et conserver les archives de la coordination provin-
ciale de l’environnement et développement durable ;
 D’élaborer régulièrement à terme échu le rapport d’activités à
l’intention de la hiérarchie.

Les attributions de la coordination urbaine portent sur :

 La gestion du personnel de la coordination urbaine ;


 La réalisation des travaux d’assainissement ;
 La surveillance continue de l’environnement ;
 La conservation de la nature ;
 Le contrôle et l’inspection ;
 L’éducation environnementale.

La chaine de gestion et de communication est aussi fonctionnelle


dans les communes, territoires et secteurs. La supervision de
l’environnement dans les communes doit assurer la réalisation des en-
quêtes de commodo et incommodo ainsi que la supervision des activités
de la brigade communale d’assainissement (chef de brigade). Dans le
territoire, la supervision de l’environnement doit veiller notamment sur
la gestion du personnel, des ressources financières et matérielles du
Territoire ; la réalisation des travaux d’assainissement ; la surveillance
continue de l’environnement ; la conservation de la nature ; le contrôle
et la vérification ; constater et liquider les recettes dues au trésor public
perçues à l’initiative du Ministère de l’environnement et développement
durable. Au niveau de chaque secteur (EDT), on doit s’assurer de la
réalisation des activités de gardes forestiers et de gardes chasse. La réa-
lisation de toutes ces tâches exige bien évidemment des moyens finan-
ciers, logistiques et humains qui ne sont généralement pas disponibles.
Cette faible prise en charge est principalement due à une quasi absence
d’une politique ou d’un programme environnemental dans les diffé-
rentes entités administratives.
Ministère de l’environnement et développement durable 199

Une simple observation révèle que la plupart d’attributions formu-


lées en vue de donner corps au cadre organique et fonctionnel en appli-
cation ne sont pas respectées pour apporter une amélioration tant atten-
due de l’état de l’environnement en RDC. Le besoin d’une éducation
environnementale de toutes les couches de la population reste suspendu
sur les lèvres car les discours des gouvernants n’atteignent pas la hauteur
des engagements internationaux du pays. Les quelques établissements
publics créés fournissent tant soit peu des efforts mais sans beaucoup de
succès car « chasser le naturel il revient au galop » dit-on.

4.5 Les établissements publics

Conformément à la Loi n°08/009 du 7 juillet 2008 portant disposi-


tions générales applicables aux établissements publics et aux attributions
du Ministère de l’environnement et développement durable, trois éta-
blissements publics contribuent fortement à l’action du Ministère de
l’environnement et développement durable.

4.5.1 Institut Congolais pour la conservation de la nature (ICCN)

L’origine de l’ICCN remonte à l’époque coloniale. Par décret du 9


juillet 1929, il fut créé une institution dénommée « Parc National Al-
bert ». Il s’agissait d’une institution dotée de la personnalité civile. Les
territoires constitués en réserves naturelles étaient soumis à un régime
juridique particulier310. Par le décret du 26 novembre 1934, la dénomina-
tion va changer pour devenir « Institut des parcs nationaux du Congo
belge (IPNB) » :

310
Institut Congolais pour la Conservation de la Nature, Manuel des droits et
obligations des parties prenantes dans les aires protégées, Ministère de
l’environnement, conservation de la nature et tourisme, République démocra-
tique du Congo, mars 2011, p. 30.
200 Traité de droit de l’environnement

Il est créé une institution dénommée « Institut des parcs nationaux


du Congo belge ».
Cette institution jouira du bénéfice de la personnalité civile.
Son siège est fixé à Bruxelles.
Cette institution se substitue à celle dénommée « Parc National Al-
bert » dont elle reprend tous les droits et charges.311

IPNB devait assurer dans les territoires lui réservés, la protection de


la faune et de la flore, d’y favoriser la recherche scientifique ainsi que y
encourager le tourisme pour autant que ceci soit compatible avec la
protection de la nature.312
Lors de l’accession du pays à la souveraineté nationale et internatio-
nale, par l’ordonnance-loi n° 67-514 du 1er décembre 1967, la dénomi-
nation de l’Institut de 1934 (IPNB) fut amputée de l’adjectif « Belge »
pour devenir « Institut des parcs nationaux du Congo (IPNC). Il fut
débaptisé dans l’ordonnance-loi n°69-041 du 22 août 1969 pour devenir
« Institut de la Conservation de la Nature du Congo », tout en gardant le
même objet et placé sous tutelle du Président de la République par
l’ordonnance-loi n°69-062 du 5 décembre 1969 (article 4). C’est en
vertu de la loi n°75-023 du 22 juillet 1975 qu’il va porter la dénomina-
tion « Institut Zaïrois pour la conservation de la nature (IZCN) ».
L’objet de l’Institut sera défini par l’article 3 de l’ordonnance 78-190 du
5 mai 1978 portant statut d’une entreprise publique en ces termes :

1. D’assurer la protection de la faune et de la flore dans les réserves


naturelles, intégrales ou quasi-intégrales ;
2. De favoriser en ces milieux la recherche scientifique et le tourisme
dans le respect des principes fondamentaux de la conservation de la
nature ;

311
Article 1er du décret du 26 novembre 1934.
312
Article 2 du décret du 26 novembre 1934.
Ministère de l’environnement et développement durable 201

3. De gérer les stations dites « de capture » établies dans ou en dehors


des réserves.

Aux termes de l’article 21 al. 1er de cette ordonnance 78-190 du 5


mai 1978, l’Institut a été placé sous la tutelle des départements de
l’environnement, conservation de la nature et tourisme, et du porte-
feuille, chacun y intervenant dans la sphère de ses attributions spéci-
fiques. En 1997, le pays redevient République démocratique du Congo
(RDC) et la dénomination de l’institution va redevenir « Institut Congo-
lais pour la conservation de la nature », ICCN en sigle. C’est en 2010
que l’ICCN sera fusionné avec l’ancien Institut des jardins botaniques et
zoologiques du Congo313 (IJBZC) et transformé en établissement public
aux termes du Décret n°10/15 du 10 avril 2010 fixant les statuts d’un
établissement public dénommé Institut Congolais pour la conservation
de la nature, ICCN en sigle. Les cadres et agents de l'Établissement
public institut des jardins zoologiques et botaniques du Congo « IJZBC
», dissout par Décret n°10/03 du 05 février 2010, et dont les contrats de
travail étaient en vigueur à la date de la dissolution ont été retenus
comme faisant partie intégrante des personnels de l’ICCN (Article 40
alinéa 3).314
L’ICCN est un établissement public à caractère scientifique et tech-
nique, doté de la personnalité juridique et régi par la Loi n°08/009 du 7
juillet 2008 portant dispositions générales applicables aux établisse-
ments publics et par le Décret n°10/15 du 10 avril 2010 fixant les statuts
d’un établissement public dénommé Institut Congolais pour la conserva-

313
Décret n°10/03 du 5 février 2010 portant dissolution d'un établissement
public dénommé Institut des jardins zoologiques et botaniques du Congo, col.
36.
314
Article 40 alinéa 3 du Décret n° 10/15 du 10 avril 2010 fixant les statuts d'un
établissement public dénommé Institut Congolais pour la conservation de la
nature en sigle « ICCN »
202 Traité de droit de l’environnement

tion de la nature (ICCN).315 L’institut a pour objet la conservation de la


nature dans les aires protégées in et ex situ. Il est chargé notamment :

- D’assurer la protection de la faune et de la flore ;


- De valoriser la biodiversité en favorisant la recherche scientifique
et en facilitant les activités d’écotourisme conformément à la légi-
slation en vigueur et dans le respect des principes fondamentaux de
la conservation ;
- De réaliser ou de faire réaliser les études et d’en assurer la vulgari-
sation à des fins scientifiques et didactiques dans le domaine de la
conservation.316

Les structures organiques de l’ICCN sont le conseil d’administration,


la direction générale et le collège des commissaires aux compte.317 Le
Conseil d’Administration est l’organe de conception, d’orientation, de
contrôle et de décision de l’Institut. La Direction générale, organe de
gestion de l’Institut, est assurée par un Directeur général, assisté d’un
Directeur général adjoint, tous nommés, relevés de leurs fonctions et, le
cas échéant, révoqués par ordonnance du Président de la République, sur
proposition du Gouvernement délibérée en Conseil des Ministres. Le
Directeur général et le Directeur général adjoint sont nommés pour un
mandat de cinq ans renouvelable une fois. Ils ne peuvent être suspendus
à titre provisoire que par Arrêté du Ministre de tutelle, qui en informe le

315
Article 1er du Décret n°10/15 du 10 avril 2010 fixant les statuts d’un établis-
sement public dénommé Institut Congolais pour la Conservation de la Nature,
Ministère de l’Environnement et Développement Durable, MEDD, Institut
Congolais pour la conservation de la nature, ICCN, https://medd.gouv.cd/iccn/,
(consulté, le 15/06/2020).
316
Article 4 du Décret n°10/15 du 10 avril 2010 fixant les statuts d’un établis-
sement public dénommé Institut Congolais pour la Conservation de la Nature.
317
Article 7 du Décret n°10/15 du 10 avril 2010 fixant les statuts d’un établis-
sement public dénommé Institut Congolais pour la Conservation de la Nature.
Ministère de l’environnement et développement durable 203

Gouvernement.318 Au-delà de la Direction générale, il est organisé des


directions provinciales319 et les sites qui assurent les fonctions opéra-
tionnelles sur le terrain. Les Directions Provinciales contribuent effica-
cement à la gestion d’un vaste réseau d’aires protégées représentant
environ 10% du territoire national (près de 215.000 km2) et constitué
des parcs nationaux, des réserves naturelles et des domaines de chasse. Il
est aussi organisé une plate-forme dénommée « Coalition pour la Con-
servation au Congo », Cococongo en sigle, en vue du renforcement des
capacités de l’ICCN. 320
Les actions judiciaires tant en demandant qu’en défense sont intro-
duites et/ou soutenues au nom de l’institut par le Directeur Général ou, à
défaut, par son remplaçant ou par toute autre personne mandatée à cette
fin.321 L’Institut est placé sous la tutelle du Ministre ayant la conserva-
tion de la nature dans ses attributions, à savoir le Ministère de
l’environnement et développement durable. Le Ministre exerce son
pouvoir de tutelle par voie d’autorisation préalable, par voie
d’approbation ou par voie d’opposition. Sont soumis à l’autorisation
préalable :

318
Articles 14 & 15 du Décret n°10/15 du 10 avril 2010 fixant les statuts d’un
établissement public dénommé Institut Congolais pour la Conservation de la
Nature. Notons à titre illustratif l’arrêté ministériel n°
004/CAB/VPM6MIN/EDD/EBMCNB/BBM/TSD/BDK/02/2021 du 03 août 2021,
de son Excellence Madame la Vice-Première Ministre, Ministre de
l’Environnement et Développement durable, Eva Bazaiba, portant suspension à
titre conservatoire du Directeur général de l’Institut Congolais pour la conser-
vation de la nature, en sigle ICCN, Mr Cosma Wilungula.
319
Il est à ce jour organisé cinq directions provinciales : Goma/Nord Kivu,
Bukavu/Sud Kivu, Lubumbashi/Haut Katanga, Kisangani/Province de la Tshopo
et Mbandaka/Équateur. Fonctionnement de l’ICCN,
https://www.iccnrdc.org/fonctionnement.html
320
Fonctionnement de l’ICCN, https://www.iccnrdc.org/fonctionnement.html
321
Article 17 du Décret n°10/15 du 10 avril 2010 fixant les statuts d’un établis-
sement public dénommé Institut Congolais pour la Conservation de la Nature.
204 Traité de droit de l’environnement

- Les acquisitions et aliénations immobilières ;


- Les emprunts à plus d’un an de terme ;
- Les prises et cessions de participations financières ;
- L’établissement d’agences et de bureaux à l’étranger ;
- Les marchés de travaux et de fournitures d’un montant égal ou su-
périeur à 500.000.000 de Francs congolais.

Sont soumis à l’approbation :

- Le cadre organique ;
- Le budget de l’Institut arrêté par le Conseil d’Administration sur
proposition de la Direction Générale ;
- Le statut du personnel fixé par le Conseil d’Administration sur pro-
position de la Direction Générale ;
- Le barème de rémunération du personnel ;
- Le règlement intérieur du Conseil d’Administration ;
- Le rapport annuel d’activités.322

L’ICCN est confronté à des défis énormes liés notamment à la ges-


tion des aires protégées particulièrement dans les provinces du Nord-
Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri. Les conflits armés qui sévissent dans
cette part partie Est de la RDC ont des conséquences néfastes sur la
faune et la flore depuis l’arrivée des réfugiés Rwandais en juillet
1994.323 Au-delà des opération des groupes armés locaux et étrangers,
les aires protégées subissent des pressions d’origine variée comme les
activités de braconnage, les activités humaines conduisant à une conver-
sion de l’utilisation des terres, les feux de brousse, les controverses sur
la matérialisation du processus de fixation des limites des aires proté-

322
Articles 23, 24, 25 & 26 du Décret n°10/15 du 10 avril 2010 fixant les statuts
d’un établissement public dénommé Institut Congolais pour la Conservation de
la Nature.
323
Marc Languy & Emmanuel de Merode (S/dir.), Virunga : Survie du premier
parc d’Afrique, Éditions Lannoo, Belgique, 2006, p. 221.
Ministère de l’environnement et développement durable 205

gées et ses conséquences, les menaces d’exploitation du pétrole dans les


aires protégées par les industries extractives, la surexploitation des res-
sources végétales par les communautés locales riveraines des aires pro-
tégées et la pollution.324 Emmanuel de Merode, Directeur provincial de
l’ICCN au Nord Kivu et conservateur du Parc National des Virunga, l’a
reconnu lors de sa prestation de serment en ces termes :

L’intensité du conflit dans et autour du parc en fait un défi de taille, mais


c’est un privilège de travailler de pair avec une équipe aussi dévouée et
courageuse de gardes. J’ai une réelle confiance dans notre capacité à as-
surer un avenir pour le parc afin de garantir qu’il apporte une contribu-
tion positive à la vie de la population du Nord-Kivu.325

Le braconnage est un défi très inquiétant car il détruit de précieux


écosystèmes et reste un obstacle majeur aux opportunités socio-
économiques. On signale un réel manque à gagner dans le secteur du
tourisme et de la recherche. La politique de conservation communautaire
développée par l’ICCN dans les trois provinces précitées permet tant
soit peu aux villageois d’arrêter ou de dénoncer des braconniers en rece-
vant en contrepartie diverses primes.326 Au-delà de ces primes, il serait
judicieux de mettre en place un mécanisme cohérent de partage équi-
table des revenus provenant du tourisme lié à l’observation de la faune.
Deux préoccupations restent significatives : la pauvreté dans les milieux
des communautés locales marquées par une forte croissance démogra-
phique et la présence des forces négatives dans les aires protégées. Marc

324
Union internationale pour la conservation de la nature (UINC) - Programme
aires protégées d’Afrique du centre et de l’ouest (PAPACO), Parcs et réserves
de la République démocratique du Congo : Évaluation de l’efficacité de la ges-
tion des aires protégées, 2010, Gland/Suisse, pp. 35-36.
325
Les Anges Gardiens, De Merode Emmanuel,
https://www.faunesauvage.fr/fspersonnalite/de-merode-emmanuel
326
Elvis Mutiri wa Bashara, RDC : Les opportunités d’investissements dans le
tourisme, Éditions Universitaires Européennes, 2018, p. 29.
206 Traité de droit de l’environnement

Languy & Emmanuel de Merode attirent toute l’attention sans ambiguïté


en ces termes :

La plupart des menaces sur le parc viennent des populations limitrophes


qui ne voient aucun bénéfice tangible du parc, en dehors de
l’exploitation du poisson. Il est dès lors primordial que les populations
soient d’une part informées et sensibilisées quant aux bénéfices écolo-
giques et économiques du parc, que ceux-ci soient directs ou indirects,
mais aussi qu’elles soient impliquées dans des initiatives de gestion des
ressources du parc dans un cadre formel de gestion communautaire su-
pervisé par l’ICCN.327

L’implication des communautés locales dans la gestion des aires pro-


tégées reste une approche idoine qui permet de surmonter de défis jugés
complexes notamment la croissance démographique et la pauvreté des
populations riveraines. Les leçons et défis extraits de l’étude réalisée par
Marc Languy & Emmanuel de Merode328 sont à exploiter pour servir de
source d’inspiration dans l’élaboration d’une politique publique en la
matière en RDC. La prise en compte des aspects anthropologiques, so-
cioéconomiques et culturels des communautés locales invitées à partici-
per au processus d’élaboration de la politique précitée s’avère néces-
saire.

4.5.2 Fonds forestiers national

Le Fonds forestier national, FFN en sigle, est un établissement pu-


blic à caractère technique et financier institué par l’article 81 de la Loi
n° 11/2002 du 29 août 2002 portant code forestier.329 Il a pour mission

327
Marc Languy & Emmanuel de Merode (S/dir.), Op. Cit., p. 227.
328
Ibidem, pp. 233, 234 et 235.
329
L’article 81 de la Loi n° 11/2002 du 29 Août 2002 portant code forestier
dispose que :
Ministère de l’environnement et développement durable 207

d’assurer le financement des opérations de reboisement et


d’aménagement forestier et de toute opération de nature à contribuer à la
reconstruction du capital forestier. Il finance, en outre, les missions de
contrôle et de suivi de la réalisation des opérations susmentionnées.330
Le siège du FFN est établi à Kinshasa et des antennes sont ouvertes dans
les provinces. Les ressources financières du FFN proviennent de
sommes perçues au titre des taxes telles que prévues par l’article 22
alinéas 2, 4 & 5 du code forestier de 2002 ; 50% des recettes provenant
de la vente de bois des plantations du domaine public de l’État, déduc-
tion faite des charges y afférentes, 10% des recettes publiques provenant
des services environnementaux : crédit carbone,331 mécanisme de déve-
loppement propre (MDP), mécanisme de réduction des émissions issues
de la déforestation et de la dégradation des forêts (REDD) ; subventions
budgétaires ; apports extérieurs agréés par le Gouvernement dans le

Pour assurer le financement des opérations de reboisement et d’aménagement,


de contrôle et de suivi de leur réalisation, il est créé un Fonds forestier national
émargeant au budget pour ordre et alimenté notamment par les recettes des taxes
de reboisement et autres redevances forestières. Le Fonds est placé sous la res-
ponsabilité du ministre. Un décret du Président de la République détermine le
statut, l’organisation et les modalités de fonctionnement du Fonds.
330
Article 2 & 3 du Décret n° 09/24 du 21/05/2009 portant création, organisa-
tion et fonctionnement du Fonds forestier national en abrégé « FFN ».
331
Crédit carbone : Une unité qui équivaut à l’émission d’une tonne de dioxyde
de carbone (Co2). Il permet à son détenteur d’émettre davantage de gaz à effet
de serre (par rapport au taux en vigueur fixé par le Protocole de Kyoto). Méca-
nisme de développement propre (MDP) : mécanisme économique qui vise à
récompenser l’instauration de technologies de réduction d’émission de dioxyde
de carbone dans le pays en développement, et à en monétiser la valeur négociée
en unités d’équivalent d’une tonne dioxyde de carbone (Co2). Réduction des
émissions issues de la déforestation et de la dégradation des forêts (REDD) :
Mécanisme multilatéral permettant de récompenser par actifs monnayables les
réductions des émissions issues de la déforestation et de la dégradation des
forêts. Article 1er Décret n° 09/24 du 21/05/2009 portant création, organisation
et fonctionnement du Fonds forestier national en abrégé « F.F.N ».
208 Traité de droit de l’environnement

cadre du financement des programmes de reboisement et d’amélioration


forestière ; dons et legs.332
Le FFN est placé sous la tutelle du Ministre de l’environnement et
développement durable et comprend un Conseil d’Administration, une
Direction Générale et un Collège des Commissaires aux Comptes. Le
Conseil d’Administration dispose d’un pouvoir de contrôle qu’il peut
exercer à tout moment sur la gestion quotidienne du FFN. Le contrôle
porte notamment sur la conformité de l’exécution des décisions du Con-
seil d’Administration et la gestion administrative et financière du Fonds.
La gestion quotidienne du FFN est assurée par le Directeur Général,
assisté éventuellement d’un Directeur Général adjoint. Ils sont nommés,
relevés de leurs fonctions, ou les cas échéant, révoqués par ordonnance
du Président de la République, délibérée en Conseil des Ministres sur
propositions du Ministre ayant les forêts dans ses attributions. Le Mi-
nistre de l’environnement et développement durable exerce son pouvoir
d’autorisation ou d’approbation. Ainsi, sont soumis à l’autorisation
préalable :

- Les acquisitions et aliénations mobilières et immobilières ;


- Les marchés des travaux et de fournitures d’un montant égal ou
supérieur à 500.000.000 de francs congolais constants ;
- Les emprunts à plus d’un an ;
- Les prises et cessions de participations financières.
Sont soumis à l’approbation, notamment :
- Les acquisitions et les aliénations mobilières ;
- L’organisation ainsi que les modifications à y intervenir, les
mouvements du personnel de commandement ;
- Le règlement intérieur du Conseil d’Administration ;
- Le budget du Fonds ;
- Le programme d’actions ;

332
Articles 6 & 8 du Décret n° 09/24 du 21/05/2009 portant création, organisa-
tion et fonctionnement du Fonds forestier national en abrégé « FFN ».
Ministère de l’environnement et développement durable 209

- Le rapport annuel ;
- L’établissement d’agences et bureaux à l’intérieur et à
l’extérieur du pays.333

Le FFN est actuellement représenté dans 16 provinces : Kinshasa,


Kongo Central, Kwilu, Kwango, Mai-Ndombe, Équateur, Haut-Katanga,
Tanganyika, Lualaba, Tshopo, Ituri, Sud Kivu, Nord Kivu, Haut-Uélé,
Sud et Nord Ubangi et Mongala.334
Plus de 10 après l’institution du FFN en RDC, il s’avère indispen-
sable pour le Gouvernement de la République de procéder à une évalua-
tion à mi-parcours de ce Fonds. Dans la foulée, les problématiques au-
tour des avantages que la RDC tire des transactions sur le marché car-
bone et les autres mécanismes (Mécanisme de développement propre-
MDP et Réduction des émissions issues de la déforestation et de la dé-
gradation des forêts-REDD) devront faire l’objet d’une relecture de
manière critique et constructive.

4.5.3 Agence congolaise de l’environnement

Le Décret n° 14/030 du 18 novembre 2014 fixant les statuts d’un


établissement public dénommé Agence congolaise de l’environnement,
ACE en sigle, crée un établissement public à caractère technique et
scientifique, doté de la personnalité juridique, et régi par la Loi n°08/009
du 7 juillet 2008 portant dispositions générales applicables aux établis-
sements publics.335 Elle a son siège à Kinshasa et exerce ses activités sur
l’ensemble du territoire national. Elle a pour objet l’évaluation et
l’approbation de l’ensemble des études environnementales et sociales

333
Articles 10, 18, 19 & 36 du Décret n° 09/24 du 21/05/2009 Portant Création,
Organisation et Fonctionnement du Fonds forestier national en abrégé « FFN ».
334
Ministère de l’Environnement et Développement Durable, MEDD, Fonds
forestier national (FFN), https://medd.gouv.cd/ffn/
335
Ministère de l’Environnement et Développement Durable, MEDD, Agence
Congolaise de l’Environnement (ACE), https://medd.gouv.cd/ace/
210 Traité de droit de l’environnement

ainsi que le suivi de leur mise en œuvre. Elle veille à la prise en compte
de la protection de l’environnement dans l’exécution de tout projet de
développement, d’infrastructures ou d’exploitation de toute activité
industrielle, commerciale, agricole, forestière, minière, de télécommuni-
cation ou autre, susceptible d’avoir un impact sur l’environnement et
cela sans préjudice aux termes de l’article 71 de la Loi N°11/009 du 9
juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l’environnement.336
Avec sa structure tripartite (Conseil d’Administration, Direction Gé-
nérale et Collège des Commissaires aux Compte), l’ACE réunit plu-
sieurs ministères. Ainsi, le Conseil d’Administration est composé d’un
Directeur général, un représentant du Ministère de Tutelle (Ministère de
l’environnement et développement durable), un représentant des parte-
naires sociaux, un représentant du Ministère des mines, un représentant
du Ministère des hydrocarbures. Des représentants du secteur privé, du
monde scientifique et d’autres ministères peuvent aussi être invités aux
réunions du Conseil d’Administration. La Direction générale assure la
gestion courante de l’agence et la représente auprès des tiers. Les actions
judiciaires tant en demande qu’en défense sont introduites et/ou soute-
nues au nom de l’Agence par le Directeur général ou, à défaut, son rem-
plaçant ou toute autre personne dûment mandatée à cette fin. Le Mi-
nistre de l’environnement et développement durable exerce un pouvoir
de contrôle par voie d’approbation ou d’autorisation préalable. Sont
ainsi soumis à l’autorisation préalable :

- Les acquisitions et aliénations immobilières ;


- Les emprunts à plus d’un an de terme ;
- Les prises et cessions de participations financières ;

336
Articles 1, 2, 3, 4 & 41 du Décret n° 14/030 du 18 novembre 2014 Fixant les
Statuts d’un Établissement Public dénommé Agence congolaise de
l’environnement ; Article 22 de la Loi du 11 juillet 2011 portant principes fon-
damentaux relatifs à la protection de l’environnement.
Ministère de l’environnement et développement durable 211

- L’établissement d’agences et bureaux à l’étranger ;


- Les marchés des travaux et de fournitures d’un montant égal ou
supérieur à 500.000.000 de francs congolais.

Sont soumis à l’approbation :


- Le plan de travail annuel et le budget de l’agence arrêté par le
Conseil d’Administration sur proposition de la Direction géné-
rale ;
- Le statut et le barème de rémunération du personnel fixés par le
Conseil d’Administration sur proposition de la Direction géné-
rale ;
- Le cadre organique de l’agence ;
- Le règlement intérieur du Conseil d’Administration ;
- Le rapport annuel d’activités.337

L’ACE exerce plusieurs activités, bien évidemment en faisant appel


à une expertise bien diversifiée. Il s’agit notamment des activités ci-
après :

 L’instruction des études environnementales et sociales ;


 Le traitement des dossiers de demande d’agrément des bureaux
d’études spécialisés en évaluation environnementale et sociale ;
 L’élaboration et/ou la validation des Termes de référence « TDR » dé-
finissant les grandes orientations pour la réalisation de différentes
études environnementales et sociales ;
 La vérification, à travers les études soumises à la validation et à
l’approbation, du respect par le promoteur, de la procédure et de la
méthodologie relative à la Communication environnementale et so-
ciale dans les projets/activités ;

337
Articles 6, 8, 13, 16, 24 & 25 du Décret n° 14/030 du 18 novembre 2014
Fixant les Statuts d’un Établissement Public dénommé Agence congolaise de
l’environnement.
212 Traité de droit de l’environnement

 L’instruction préliminaire du rapport environnemental et social au ni-


veau interne ;
 La mise en place du panel des experts multidisciplinaires pour
l’évaluation et l’approbation des études ;
 La communication des résultats et/ou décision du panel au promoteur
pour la délivrance du Certificat et/ou de l’Avis Environnemental ;
 La vérification du respect des prescriptions environnementales et so-
ciales dans la mise en œuvre du Plan de Gestion Environnementale et
Sociale « PGES » par le promoteur de projet ;
 Le jugement de l’efficacité des mesures d’atténuation, de mitigation
et/ou de bonification préconisées dans les études environnementales et
sociales ;
 La vérification et le contrôle de la conformité environnementale et so-
ciale des projets et/ou des activités ;
 La consultation du public ;
 Le suivi de la mise en oeuvre du plan de gestion environnemental et
social ;
 L’organisation des formations pour le renforcement des capacités in-
ternes du personnel de l’Agence, des opérateurs du secteur public et
du secteur privé en matière environnementale et sociale ;
 L’acquisition de la documentation sur l’évaluation environnementale
et sociale et la gestion des archives, des statistiques et la publication
des données sur le site web ;
 La communication au public de la gestion des aspects environnemen-
taux et sociaux des projets/activités ;
 La visibilité de l’image de marque de l’Agence et la relation avec
l’extérieur ;
 L’implication des partenaires dans la réalisation des objectifs de
l’Agence.338

338
Agence congolaise de l’environnement, https://acerdc.odoo.com/activites
(conculté le 7/7/2022).
Ministère de l’environnement et développement durable 213

L’ACE se présente comme interface entre différentes parties pre-


nantes appelées à veiller sur la protection de l’environnement. Elle se
livre ainsi à l’exercice d’éclairer la lanterne des uns et des autres sur les
mécanismes procéduraux de protection de l’environnement et d’autres
aspects d’ordre substantiel. L’ACE veille sur le respect de toutes les
phases de conduite de l’EIES et des évaluations de conformité environ-
nementale et sociale à réaliser. L’étude d’impact vise à apprécier les
conséquences environnementales du projet pour en limiter, atténuer ou
compenser les impacts négatifs en proposant des mesures d’atténuation,
de mitigation, de surveillance et de suivi y afférents, et bonifier les im-
pacts positifs.
Les objectifs spécifiques de l’étude d’impact environnemental et so-
cial sont les suivants :

 Analyser l’état initial du site et son environnement ;


 Évaluer les risques environnementaux et sociaux potentiels liés
aux activités des travaux d’implantation et d’exploitation du pro-
jet.
 Énoncer les mesures envisageables pour supprimer, réduire, et si
possible, compenser les conséquences dommageables du projet
sur l’environnement ;
 Proposer des mesures d’atténuation, de compensation et de miti-
gation des impacts environnementaux et sociaux générés par le
projet ;
 Évaluer les coûts de mise en œuvre du Plan de gestion environ-
nementale et sociale ainsi que des mesures d’accompagnement
environnementales et sociales proposées.

L’EIES est un instrument de planification qui analyse l’ensemble des


facteurs environnementaux, prend en compte les intérêts et attentes des
parties-prenantes en vue d’éclairer les choix et les prises de décisions,
afin de permettre aussi l’appropriation du projet par les populations
environnantes. Un plan de mise en conformité environnementale et so-
214 Traité de droit de l’environnement

ciale d’un projet vise principalement d’identifier, d’analyser et d’évaluer


les impacts environnementaux et sociaux d’une activité d’exploitation,
et de proposer aux responsables des mesures d’atténuation de ces im-
pacts, un plan de gestion des déchets ainsi qu’un plan d’Hygiène, de
Sécurité et d’Urgence et ce, conformément à la législation en matière
environnementale et sociale en République démocratique du Congo,
ainsi qu’aux traités et conventions internationaux dont la RDC est partie.
L’objectif d’un Plan d’atténuation et de réhabilitation (PAR) est de
déterminer les cadres et conditions permettant: (i) la meilleure prise en
compte des aspects sociaux concernant les populations affectées par le
projet, explorant toutes les alternatives viables de conceptions du projet;
(ii) la canalisation transparente de l’aide/l’assistance aux personnes
affectées à améliorer leurs anciennes conditions de vie, leur capacité de
génération de revenus ou au moins leur restauration ; (iii)
l’encouragement de la production communautaire dans la planification
et la mise en œuvre de la cartographie/zonage participative ; et (iv) la
résolution de tous les problèmes liés à la légalité et au régime foncier.
Le PAR décrit les objectifs, principes et procédures qui encadrent le
régime de l’acquisition des terrains pour la mise en place
d’infrastructures d’utilité publique.339
Le personnel de l’ACE est régi par le Code du travail, ses mesures
d’application et le statut du personnel dûment approuvé par le Ministre
de l’environnement et développement durable.340 Le renforcement de ce
personnel en capacités, en moyens financiers et logistiques reste une
nécessité en vue d’atteindre les objectifs lui assigné.
L’état inquiétant de l’environnement dans différents milieux notam-
ment de mines peut conduire à une conclusion d’un déficit énorme de

339
Agence congolaise de l’environnement, questions fréquentes des entreprises,
https://www.ace-rdc.cd/vis-a-vis-des-entreprises
340
Article 41 du Décret n° 14/030 du 18 novembre 2014 fixant les statuts d’un
établissement public dénommé Agence congolaise de l’environnement.
Ministère de l’environnement et développement durable 215

l’action de l’ACE. Elle semble travailler dans l’ombre et ses résultats


sont peu connu du grand public. D’aucuns ont tendance à considérer
l’ACE comme un service de trop ajouté à la chaine des services éta-
tiques de tracasseries et de découragement des initiatives dans le secteur
de l’entreprenariat privé. Elle doit largement communiquer en vue d’une
appropriation de mesures d’atténuation ou de suppression des atteintes à
l’environnement envisagées par les titulaires des projets susceptibles
d’avoir des incidences néfastes sur l’environnement.
5

CADRE JURIDIQUE DE GESTION


DES RESSOURCES NATURELLES

La RDC attire la curiosité de puissances à la recherche des res-


sources naturelles au point d’influer les tendances géostratégiques de
l’Afrique, continent convoité 341
sur l’échiquier international.342 Pour
s’en convaincre, il suffit de jeter un regard cursif sur la ruée des compa-
gnies d’exploitation d’origine étrangère vers le continent africain.343
L’accès à ces ressources situées sur des territoires des États souverains
taraude les esprits des forces multiformes endogènes, exogènes et ali-
mente les dynamiques des conflits. La RDC est restée au cœur des té-
nèbres344 des conflits armés interminables opposant des seigneurs de
guerre intéressés ardemment à acquérir le contrôle de ses ressources.345

341
Roland Pourtier, « Ressources naturelles et conflits en Afrique subsaharienne
(Natural resources and conflicts in Sub-Saharan Africa) », in Bulletin de l'Asso-
ciation de géographes français, 89ème année, 2012-1, pp. 34/53.
342
Kamerhe Vital, Les fondements de la politique transatlantique de la Répu-
blique démocratique du Congo, Larcier, Bruxelles, 2011, p. 149.
343
Kodjo Anani Tomedonou, L’exploitation des ressources naturelles en
Afrique subsaharienne et le droit des populations à un environnement épanouis-
sant, Mémoire de maîtrise, Faculté de Droit et de Criminologie, Université
catholique de Louvain, 2016, p. 1.
344
Ngodi E., « L’Afrique centrale face aux enjeux sécuritaires du XXIe siècle »,
référence du 24 avril 2018, disponible sur E Ngodi - 2015 - codesria.org
345
Kihangi Bindu Kennedy, « L’exploitation minière et les impératifs environ-
nementaux légaux en République démocratique du Congo : Cas de la Province
du Nord Kivu », in Mwapu Isumbisho, Karhagomba Balagizi, Mulume Ma-
218 Traité de droit de l’environnement

Il suffit, pour s’en convaincre, de passer en revue les cas du pétrole entre
l’Ouganda et la RDC,346 le Rwanda et la RDC concernant l’exploitation
du gaz méthane du lac Kivu et autres ressources de la région, sans ou-
blier le cas de l’Angola et la RDC.347
La gestion des ressources naturelles dans beaucoup de pays Africains
devient de plus en plus complexe lorsqu’elles sont situées dans des
zones frontalières où chaque État limitrophe se réclame propriétaire et
cherche à les contrôler et à les exploiter sans se soucier de son voisin.
L’exploitation des ressources naturelles « communes » par l’un des
États ne peut pas s’opérer et arriver à terme sans porter atteinte à la

patano et Deo Niyonkuru, Gouvernance des ressources naturelles collectives


des écosystèmes fragiles dans la région des Grands Lacs Africains, Éditions du
Centre de Recherches Universitaires du Kivu (CERUKI), p. 82 ; Kabamba
Mbambu F., « Conflits armés et exploitation forestière en République démocra-
tique du Congo (RDC) : Pour une action environnementale régionalement inté-
grée », in Paix, sécurité et reconstruction post-conflit dans la région des grands
lacs, www.codesria.org
346
Les tensions autour des ressources naturelles du Lac Albert et du lac Edouard
sont liées à la question de la détermination des frontières terrestres et lacustres,
au partage des ressources naturelles transfrontalières ainsi qu’au trafic illicite des
minerais congolais notamment l’Or vers l’Ouganda. Bokondu Georges et Ka-
bemba Claude, La traversée des frontières : Conflits des ressources naturelles
transfrontalières entre la République démocratique du Congo et ses voisins,
Angola et Ouganda, Southern Africa Research Watch, SARW et Open Society
Initiative for Southern Africa, OSISA, 2015, p. 46.
347
Les conflits se situent à quatre niveaux : la détermination des frontières mari-
times ; l’exploitation du Bloc 15 par l’Angola et l’exploitation commune de la
Zone d’intérêt commun ; les tracés des frontières terrestres et l’afflux des congo-
lais dans les zones d’exploitation de diamant dans le Nord de l’Angola, et enfin,
la pêche dans la côte Atlantique. Bokondu Georges et Kabemba Claude, Ibidem,
p. 34 ; Bernard respaut, Les ressources d’hydrocarbures : une source potentielle
de stabilisation du pays ? Conjonctures congolaises, 2016, pp. 166 et suivantes ;
Yav Katshung J., « La Malédiction des ressources naturelles dans la région des
Grands Lacs, la série continue ? », référence du 7 avril 2018, disponible sur
www.joseyav.com
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 219

réserve de l’autre État avec lequel les ressources sont partagées ; surtout
lorsqu’il s’agit des ressources épuisables. Ntuda Ebodé rappelle,
d’ailleurs, à cet effet que :

La présence des ressources ne se soumet pas aux frontières tracées par


l’homme. Au contraire, les minerais, les fleuves, la faune souvent se
trouvent de part et d’autre des frontières et engendrent des conséquences
aux droits des propriétés, créent des externalités et empêchent
l’utilisation unilatérale de ces ressources. Au risque de conflits,
l’exploitation ou l’utilisation d’une ressource transfrontalière doit être
réglementée, partagée ou même cogérée, réduisant par la suite la souve-
raineté d’un État.348

Les ressources naturelles transfrontalières sont généralement source


de conflits dans trois cas spécifiques, selon George Bokondu et Claude
Kabemba : lorsque l’appartenance des ressources n’est pas clairement
établie ; quand il y a une asymétrie de forces caractérisée par
l’organisation interne des États et leur capacité militaire. Le plus organi-
sé et souvent le plus fort militairement peut s’engager à exploiter ces
ressources même quand elles ne lui appartiennent pas ; et enfin, à travers
l’exploitation illégale quand les frontières ne sont pas bien contrôlées.349
Les ressources naturelles jouent un rôle stratégique dans les relations
interétatiques et exigent une capacité conséquente de gestion et
d’exploitation dans le respect des règles environnementales au niveau
national. Cela découle du fait de leur valeur économique et de la puis-
sance qu’elles confèrent aux pays qui y ont accès.350 Une gestion durable
des ressources naturelles exige à ce que le capital naturel soit préservé,

348
Ntuda Ebode J. V. (S/dir.), La gestion coopérative des ressources transfron-
talières en Afrique centrale : Quelques leçons pour l’intégration régionale, éd.
Clé, Yaoundé, 2011.
349
Bokondu Georges et Kabemba Claude, Op. Cit., p. 13.
350
Wackermann G., Géographie des conflits non armés, Ellipses, Paris, 2011, p.
130.
220 Traité de droit de l’environnement

puisse être renouvelé ou fasse l’objet de substitut s’il est dégradé. Si la


substitution est impossible, les normes déterminant des seuils critiques
pour certaines ressources devront être mises en œuvre à tous les niveaux
(national, régional et international).351 La position géostratégique et
géopolitique de la RDC marquée par un partage des frontières avec neuf
pays limitrophes exige une adaptabilité conséquente dans la gestion des
ressources transfrontalières. Les efforts accomplis ont été sanctionnés
par la signature de quelques accords qui ne donnent pas souvent les
résultats attendus. Le cas précité des relations tumultueuses entre la
RDC et l’Angola reste assez révélateur.

5.1 Souveraineté permanente d’un État sur ses res-


sources naturelles

Le principe de la souveraineté permanente sur les richesses natu-


relles et son corollaire du droit des peuples à disposer permanemment de
leurs ressources naturelles ont été rappelés par les Nations Unies dans
différentes résolutions ainsi que par la Charte africaine (CADHP). Il
revient à chaque État d’exploiter ses ressources naturelles dans les li-
mites de ses frontières nationales.352 Il est recommandé le respect du
droit souverain de chaque État de disposer de ses richesses et de ses
ressources naturelles. Toute mesure prise à cette fin doit se fonder sur la
reconnaissance du droit inaliénable qu'a tout État de disposer librement
de ses richesses et de ses ressources naturelles, conformément à ses
intérêts nationaux et dans le respect de l'indépendance économique des
États. L’évolution manifeste a été la résolution de l’Assemblée Générale
des Nations Unies 1803 (XVII) du 14 décembre 1962 qui reconnaît en

351
Sabin Mande M., Op. Cit., p. 88.
352
Assemblée Générale des Nations Unies, Résolutions : 523 (VI) du 12 janvier
1952 ; 626 (VII) du 21 décembre 1952 ; 1314 (XIII) du 12 décembre 1958 ;
1514 (XV) du 14 décembre 1960 ; et 1515 (XV) du 15 décembre 1960.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 221

des termes clairs le droit de souveraineté permanente des peuples et des


nations sur leurs ressources naturelles :

Le droit de souveraineté permanente des peuples et des nations sur leurs


richesses et leurs ressources naturelles doit s'exercer dans l'intérêt du dé-
veloppement national et du bien-être de la population de l'État intéres-
sé.353

Au vu des résolutions précitées, il est reconnu un droit inaliénable à


tout État de disposer librement de ses richesses et de ses ressources
naturelles. Dans cette philosophie, l’article 21 de la Charte africaine
(CADHP) est assez révélateur en ces termes :

1. Les peuples ont la libre disposition de leurs richesses et de leurs res-


sources naturelles. Ce droit s’exerce dans l’intérêt exclusif des popula-
tions. En aucun cas, un peuple ne peut en être privé.
2. En cas de spoliation, le peuple spolié a droit à la légitime récupération
de ses biens ainsi qu’à une indemnisation adéquate.
3. La libre disposition des richesses et des ressources naturelles s’exerce
sans préjudice de l’obligation de promouvoir une coopération écono-
mique internationale fondée sur le respect mutuel, l’échange équitable,
et les principes du droit international.
4. Les États parties à la présente Charte s’engagent, tant individuellement
que collectivement, à exercer le droit de libre disposition de leurs ri-
chesses et de leurs ressources naturelles, en vue de renforcer l’unité et
la solidarité africaines.

353
Haut-Commissariat des Nations Unies des droits de l’homme, Résolution
1803 (XVII) de l’Assemblée Générale en date du 14 décembre 1962 : Souverai-
neté permanente sur les ressources naturelles »,
https://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/NaturalResources.aspx ;
Fischer G., « La souveraineté sur les ressources naturelles », in AFDI, Année
1962, p. 516.
222 Traité de droit de l’environnement

5. Les États, parties à la présente Charte, s’engagent à éliminer toutes les


formes d’exploitation économique étrangère, notamment celle qui est
pratiquée par des monopoles internationaux, afin de permettre à la po-
pulation de chaque pays de bénéficier des avantages provenant de ses
ressources nationales.

Saisie dans l’affaire Social and Economic Rights Action Centre


(CERAC) et Autre c. Nigeria, la Commission Africaine des Droits de
l’Homme et des Peuples a eu le temps d’interroger le passé historique de
l’article 21 de la Charte africaine précitée :

L’origine de cette disposition peut remonter au colonialisme, période du-


rant laquelle les ressources matérielles et humaines de l’Afrique ont été
largement exploitées au profit de puissances étrangères, créant ainsi une
tragédie pour les africains eux-mêmes, les privant de leurs droits inalié-
nables et de leurs terres. Les conséquences de l’exploitation coloniale
ont laissé les populations et les ressources précieuses de l’Afrique en-
core vulnérables au détournement étranger. Les rédacteurs de la Charte
africaine voulaient manifestement rappeler aux gouvernements africains
l’héritage douloureux du continent et ramener le développement écono-
mique coopératif à sa place traditionnelle, c’est-à-dire au cœur de la so-
ciété africaine.354

Tout en prenant note des controversées observées en la matière,355 la


souveraineté permanente sur les ressources naturelles exprime l’idée
que « l’État décide en dernière instance et en toute indépendance du sort
des ressources naturelles qui se trouvent sur son territoire et des activités

354
Social and Economic Rights Action Centre (CERAC) et Autres c. Nigeria,
(2001), RADH, 63 (CADHP), Paragraphe 56 ; Mutoy Mubiala, « La reconnais-
sance et la protection régionales des minorités en Afrique », Études intercultu-
relles, Revue d’analyse publiée par la Chaire Unesco de l’Université de Lyon,
juillet 2014, pp. 14-17.
355
Schrijiver N., Sovereignty over natural resources-Balancing rights and du-
ties, Cambridge University, 1997, p. 1.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 223

économiques qui s’y exercent ».356 Leticia Sakai fait remarquer que
l’État dispose des pouvoirs souverains, permanents, constants, exclusifs
et inaliénables sur ses ressources naturelles. Le principe de la souverai-
neté permanente découle, en réalité, de deux principes du droit interna-
tional classique : le principe de la souveraineté et le principe de non-
ingérence dans les affaires intérieures de l’État. 357 Les pouvoirs souve-
rains de l’État prennent les formes d’imperium et de dominium sur les
ressources naturelles. Leticia Sakai présente ces deux pouvoirs souve-
rains de l’État de manière détaillée. Le pouvoir de dominium renferme
l’idée d’un pouvoir exercé par l’État sur les ressources naturelles envi-
sagée en tant que choses. L’État détient des droits de nature « réelle » 358
similaires aux droits d’un propriétaire sur ses biens (notamment le
« droit de disposer de » ses ressources). Il est ici possible pour l’État de
concéder certains des droits. Tel est le cas du droit de propriété,
d’exploitation et de jouissance concéder à un autre État ou à un particu-
lier (national ou étranger). Le pouvoir d’imperium signifie en d’autres

356
Salmon J., Dictionnaire de droit international public, Bruylant, Bruxelles,
2001, p. 1046.
357
Leticia Sakai, La souveraineté permanente sur les ressources naturelles et la
protection internationale des droits de l’homme, Thèse de doctorat, Université
Panthéon-Sorbonne, Paris I, 2014, pp. 20-22,
http//tel.archives-ouvertes.fr/tel-01523109; Patrick Daillier, Mathias Forteau &
Alain Pellet, Droit international public, Op. Cit., pp. 481-495 ; Dupuy Pierre
Marie & Kerbrat Yann, Droit international public, 14ème édition, Dalloz, Paris,
2018, pp. 48-53.
358
Les droits réels (portent directement sur une chose) principaux sont le droit
de propriété et de ses démembrements. Le droit de propriété comporte trois
prérogatives : le droit d’user de la chose, le droit d’en percevoir les fruits, le
droit d’en disposer. Certains droits réels ne confèrent à leur titulaire qu’une
partie de ces attributs ; on les qualifie de démembrements du droit de propriété
(ex. : servitude, usufruit). Par opposition aux droits réels principaux, il existe des
droits réels accessoires, ils sont liés à l’existence d’une créance dont ils garantis-
sent le recouvrement (ex. : hypothèque). Serge Guinchard et Thierry Debard
(S/dir.), Lexique des termes juridiques, Dalloz, 21ème édition, Paris, 2014, p. 363.
224 Traité de droit de l’environnement

termes un pouvoir de commandement, d’autorité suprême, qui découle


de la notion de souveraineté elle-même. Il s’agit d’un pouvoir qu’exerce
un État sur les personnes et les choses se trouvant sur son territoire. Par
ce pouvoir, l’État exerce une autorité suprême sur ses ressources natu-
relles. Par voie de conséquence, tous ses actes de puissance publique sur
ses ressources naturelles ne sont soumis à aucun autre pouvoir de même
nature. C’est dans cette optique que la souveraineté de l’État sur les
ressources naturelles est qualifiée de permanente. Ainsi, même si l’État,
par son pouvoir de dominium, peut concéder des droits issus de son
pouvoir de dominium, cette concession doit se réaliser pour « une pé-
riode de durée raisonnable ». Cela voudrait signifier, en d’autres termes,
que l’État ne peut pas l’effectuer de façon permanente, ni pour de très
longues périodes.359
Kamto M. estime que la souveraineté contrarie, au moins sur certains
points, les desseins écologiques planétaires, et la difficulté n’est pas
aisée à surmonter sur le plan des principes. À ce point, pour concilier le
principe de la souveraineté des États sur les ressources naturelles en
cause, considérées comme richesses naturelles nationales, avec
l’exigence de la gestion écologique rationnelle de ces ressources dans
l’intérêt des générations présentes et futures, la notion de patrimoine
national d’intérêt écologique commun ou mondial pouvait satisfaire à
ces deux exigences a priori contradictoires, mais tout aussi important
l’une de l’autre. La conscience d’une gestion rationnelle écologique doit
être placée au centre de toute réflexion dans une logique de développe-
ment durable. 360

359
Leticia Sakai, Op. Cit., pp. 20-22,
http//tel.archives-ouvertes.fr/tel-01523109
360
Kamto Maurice, Op. Cit., pp. 58-59 ; Kihangi Bindu Kennedy,
« L’exploitation du pétrole du lac Edouard et la loi environnementale en Répu-
blique démocratique du Congo », Op. Cit., p. 18.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 225

Tout en reconnaissant le droit souverain de chaque État d’exploiter


les ressources nationales, le principe 2 de la Déclaration de Rio soumet
cet exercice à certaines exigences en termes de politique
d’environnement et de développement durable :

Conformément à la Charte des Nations Unies et aux principes du droit


international, les États ont le droit souverain d'exploiter leurs propres
ressources selon leur politique d'environnement et de développement, et
ils ont le devoir de faire en sorte que les activités exercées dans les li-
mites de leur juridiction ou sous leur contrôle ne causent pas de dom-
mages à l'environnement dans d'autres États ou dans des zones ne rele-
vant d'aucune juridiction nationale.

L’article 9 de la Constitution de la RDC du 18 février 2006 modifiée


en 2011 pose le principe de la souveraineté permanente du pays sur les
ressources naturelles en ces termes :

L’État exerce une souveraineté permanente notamment sur le sol, le


sous-sol, les eaux et les forêts, sur les espaces aérien, fluvial, lacustre et
maritime congolais ainsi que sur la mer territoriale congolaise et sur le
plateau continental.
Les modalités de gestion et de concession du domaine de l'État visé à
l'alinéa précédent sont déterminées par la loi.

L’exercice de la souveraineté permanente de l’État congolais sur ses


ressources naturelles tient compte du fait que l’environnement fait partie
du patrimoine commun de la nation. Sa gestion et sa protection sont
d’intérêt général et soumises au respect du principe de développement
durable.361 En conformité avec les prescrits de la Constitution du 18
février 2006 précitée, les articles 53, 18 et 16 de la Loi n°73-021 du 20
juillet 1973 modifiée par la Loi 80-008 du 18 juillet 1980 portant régime

361
Article 3 de la Loi N°11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamen-
taux relatifs à la protection de l’environnement.
226 Traité de droit de l’environnement

général des biens, régime foncier et immobilier et régime des sûretés en


RDC (Loi dite Foncière) prévoient respectivement que :

Le sol est la propriété exclusive, inaliénable et imprescriptible de l’État.


L’eau des cours d’eau et des lacs et les eaux souterraines appartiennent à
l’État.
Sous réserve des dispositions légales ou règlementaires qui en détermi-
nent la jouissance, et des concessions particulières qui peuvent toujours
être accordées par l’autorité́ publique, la faculté́ d’en user est commune
à tous.
Le lit de tout lac et celui de tout cours d’eau navigable, flottable ou non,
font partie du domaine public de l’État.

Une lecture combinée des articles 53, 18 et 16 de la loi dite foncière


précitée reconnaissant à l’État la propriété exclusive et inaliénable ;
articles 9, 214 et 217 de la Constitution du 18 février 2006 telle que
modifiée en 2011 posant le principe de la souveraineté permanente de
l’État sur ses ressources naturelles, la possibilité accordée au Gouver-
nement Congolais de procéder à la ratification d’un traité portant sur la
cession, l’échange ou l’adjonction de territoire avec l’accord du peuple
ou un abandon partiel de souveraineté362 en vue de promouvoir l’unité

362
L’article 214 de la Constitution du 18 février 2006 telle modifiée en 2011
dispose que :
« Les traités de paix, les traités de commerce, les traités et accords relatifs aux
organisations internationales et au règlement des conflits internationaux, ceux
qui engagent les finances publiques, ceux qui modifient les dispositions
législatives, ceux qui sont relatifs à l’état des personnes, ceux qui comportent
échange et adjonction de territoire ne peuvent être ratifiés ou approuvés qu’en
vertu d’une loi.
Nulle cession, nul échange, nulle adjonction de territoire n’est valable sans
l’accord du peuple congolais consulté par voie de référendum ».
L’article 217 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée en 2011
dispose que : « La République démocratique du Congo peut conclure des traités
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 227

africaine fait moucher : S’agit-il d’une évolution ou d’une révolution qui


a marqué la pensée du législateur Congolais ? La tendance semble être
celle de favoriser une ouverture vers trois régimes fonciers notamment
le domaine foncier public de l’État, le domaine foncier privé de l’État
ainsi que le domaine foncier coutumier. Il s’agit non plus d’une proprié-
té exclusive et inaliénable de la terre (cession et concession) mais une
propriété partagée entre l’État et le peuple. Par cette voie, la souveraine-
té permanente de l’État sur ses ressources pourra permettre au peuple de
s’exprimer quant à toute destination à faire de son territoire. Cela con-
trairement à une hypothèse pouvant être soulevée d’un quelconque con-
flit entretenu entre les dispositions de la loi dite foncière et de la consti-
tution du 18 février 2006 précitée. La pratique administrative en ce jour,
d’ailleurs, démontre qu’en ville de Goma/Province du Nord Kivu, toute
demande de terre dans les milieux périphériques adressée à l’autorité
publique habilitée doit être accompagnée d’un acte des populations
autochtones ayant donné un avis favorable (acte dénommé Mapatano).
Par extrapolation, la sauvegarde des biens du domaine public de
l’État en RDC a attiré l’attention de Victor Irenge Balemirwe au cours
des journées scientifiques du 25 mai 2017 à la faculté de droit de
l’Université libre des Pays des grands lacs (ULPGL/Goma) : Pour sécu-
riser ses biens, l’État doit-il disposer des titres (certificat
d’enregistrement) à l’instar de tout particulier. Si cela s’avère possible,
l’État est alors censé signer une espèce de contrat avec « soi-même » ou
« unipersonnel ». Tel a été le cas de l’espace communément appelé
« plage du peuple » à Goma évoqué où l’État semble avoir acquis des
titres pour protéger ce lieu. L’impression est que l’État semble recourir à
une pratique populaire pour sécuriser ses biens dans la ville de Goma
« cette parcelle n’est pas à vendre ». Les scientifiques ne doivent plus
être en marge de ces questions de société qui sont à la base de plusieurs

ou des accords d'association ou de communauté comportant un abandon partiel


de souveraineté en vue de promouvoir l'unité africaine ».
228 Traité de droit de l’environnement

conflits. Il s’agit d’une thématique réelle à circonscrire clairement et de


manière objective en vue d’éviter la spoliation des biens de l’État.
En effet, les ressources, constituant de richesses nationales,363 doi-
vent faire l’objet d’une gestion rationnelle pour le bénéfice de toute la
nation et dans le respect des règles environnementales.
Aux termes de l’article V.1 de la Convention africaine sur la conser-
vation de la nature et des ressources naturelles du 15 septembre 1968,
l’expression « ressources naturelles » signifie les « ressources naturelles
renouvelables, tangibles et non tangibles, notamment les sols, les eaux,
la flore, et la faune, ainsi que les ressources non renouvelables ... ».
Cette compréhension n’est pas aussi éloignée des prescrits de
l’article 2. 36 de la Loi N° 11/009 du 9 juillet 2011 portant principes
fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement en RDC qui
considère les ressources naturelles comme des ressources tangibles et
non tangibles, notamment les sols, les eaux, la flore et la faune ainsi que
les ressources non renouvelables.364

363
L’article 58 de la Constitution du 18 février 2006 modifiée en 2011 rappelle
pertinemment que : Tous les Congolais ont le droit de jouir des richesses natio-
nales. L’État a le devoir de les redistribuer équitablement et de garantir le droit
au développement.
364
Les ressources naturelles renouvelables, ou non épuisables, sont celles qui
sont capables de se reconstituer ou de se renouveler après leur utilisation, tels
que les sols, les eaux, la flore et la faune. En revanche, les ressources non renou-
velables, épuisables, une fois tirées de la nature ne peuvent pas être reconstituées
dans un temps court après leur usage. Ce sont les énergies fossiles et les miné-
raux en général. On doit aussi faire mention de la catégorie spécifique, les res-
sources énergétiques qui comprend une distinction entre celles pouvant être
renouvelées, comme les énergies hydraulique, éolienne ou solaire, et les res-
sources énergétiques non renouvelables, comme par exemple, le charbon, le gaz,
le pétrole et certains métaux lourds, comme l’uranium. Elian, George, « Le
principe de la souveraineté sur les ressources nationales et ses incidences juri-
diques sur le commerce international », RCADI, Vol. 149, 1976, p. 11 ; Leticia
Sakai, Op. Cit., p. 20.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 229

Le Protocole sur l’exploitation illégale des ressources naturelles,


adopté dans le cadre de la Conférence internationale sur la région des
Grands Lacs (africains), le 30 novembre 2006, semble plus expressif
lorsque son article 1er définit les ressources naturelles en ces termes :

Les substances fournies par la nature, utiles aux personnes humaines,


ayant une valeur économique […] Les principaux types de ressources
naturelles comprennent notamment les minerais, la flore et la faune, les
produits halieutiques et l’eau.365

5.2 Le régime juridique de gestion du secteur forestier

La valeur de la forêt dans la protection de l’environnement et la con-


servation des espèces naturelles n’est plus à démontrer car elle reste
notamment le principal réservoir d’oxygène de la planète. La RDC a une
richesse forestière très impressionnante dont l’importance dans la régu-
lation du climat terrestre est capitale. Les statistiques font état des esti-
mations de la surface du couvert forestier de la RDC oscillant entre 128
à 145 millions d’hectares. Ce qui représente plus de 62% du territoire
national ; 60% des forêts pluviales des pays du Bassin du Congo ; 47%
des forêts d’Afrique ; 7% des forêts du monde. Ce tableau classe la RDC
premier pays d’Afrique de par l’étendue de ses forêts, deuxième massif

365
Protocole sur la lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles
(Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs),
http://www.icglr.org/common/docs/docs_repository/prot_ienr_fr.pdf
Ce Protocole est entré en vigueur le 21 juin 2008, date d’entrée en vigueur du
Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la Région des Grands
Lacs. En effet, l’article 37, § 1 du Protocole dispose que ce protocole fait partie
intégrante du Pacte et ne doit pas être sujet à une signature et à une ratification
séparée des États membres.
230 Traité de droit de l’environnement

dans le monde après celui de l’Amazonie au Brésil et cinquième pays


forestier du monde après la Russie, le Canada, les USA et le Brésil.366
Les forêts de la RDC abritent une diversité faunique et floristique
d’un grand intérêt socioculturel, économique et environnemental pour
ses populations, particulièrement, et pour l’humanité dans son ensemble.
Elles sont reparties en quatre grands types : la forêt dense humide, la
forêt de montagne, la forêt claire et la mosaïque savane-forêt. Selon
Bolika JM, « Près de 50 millions de personnes dépendent directement de
la forêt pour la couverture de leurs besoins quotidiens … la forêt congo-
laise contribue aux besoins alimentaires, énergétiques et de santé de 30
millions d’urbains. Elle constitue également un enjeu majeur en termes
de préservation de la biodiversité et de régulation du climat – stockage
du carbone et cycle de l’eau ».367 Les communautés locales ne cessent
de revendiquer mais sans succès notable leurs droits traditionnels et
coutumiers inaliénables et légitimes sur ces forêts.368 L’ensemble des
forêts congolaises absorbe actuellement un stock de carbone qui peut
être estimé à 40 Gigatonnes (Gt), soit l’équivalent de 150 Gt
d’émissions potentielles de CO2, ce qui représenterait l’ensemble des
émissions mondiales actuelles pendant plus de six ans. 369

366
Garry Sakata Tawab M., Op. Cit., p. 13 ; Tshibangu Kalala, Op. Cit., pp. 6-
7 ; Kamto Maurice, Op. Cit., p. 165.
367
Jean-Marie Bolika, Coordonnateur de Programme Gouvernance fores-
tière/WWF-RDC, Rdc : les grands défis environnementaux qui attendent Félix
Tshisekedi, « l’application de la loi »,
https://www.environews-rdc.org/2019/02/22/rdc-les-grands-defis-environnem
entaux-qui-attendent-felix-tshisekedi-lapplication-de-la-loi/
368
Dynamique des groupes des peuples autochtones & Réseau ressources natu-
relles – Plateforme nationale de monitoring et de gouvernance, ABC REDD :
Comprendre REDD et ses enjeux, Septembre 2009, p. 32.
369
Duveiller et al., « Déforestation in central Africa : Estimates at regional,
national and landscape levels by advanced processing of systematically – dis-
tributed Landsat extracts », Remote sensing of environment, 112, Université
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 231

Pendant qu’au Brésil, la forêt Amazonienne s’embrase alors que la


déforestation fait rage, la RDC regorge encore une forêt dense avec une
diversité biologique non reconnues malheureusement sur le plan mon-
dial en termes de contreparties des efforts de protection et de contribu-
tion dans la régulation du climat. La mise en œuvre du régime des cré-
dits carbones générés par les projets de boisement ou de déboisement
dans le cadre du mécanisme pour un développement propre (institué par
l’article 12 du Protocole de Kyoto et les accords de Marrakech lors de la
7ème Conférence des Parties en novembre 2001) ne dépasse malheureu-
sement le seuil théorique. La RDC doit résolument s’engager dans une
« diplomatie environnementale »370 proactive et agissante en vue d’une
compensation carbone dans l’intérêt des générations présentes et futures.
L’idée de la compensation volontaire des acteurs de différents horizons
serait aussi mise à profit en vue d’encourager les acteurs environnemen-
taux à développer des projets de réduction d’émission de gaz à effet de
serre en échange de crédit carbone.371 Il est du devoir de l’État de veiller
sur la prise en compte, dans la stratégie nationale de conservation et le
programme national forestier, de la valeur potentielle des stocks de
carbone forestier dans la régulation du climat ainsi qu’à la rémunération
juste et équitable des services des écosystèmes et des mesures
d’atténuation (article 8 alinéa 1er de la Loi N°14/003 du 11 février 2014
relative à la Conservation de la nature). La participation de la RDC aux
différentes initiatives notamment REDD (Réduction des émissions liées
à la déforestation et à la dégradation des forêts) visant à améliorer la
gouvernance forestière doit faire l’objet d’une évaluation structurelle et
fonctionnelle en conformité avec la législation forestière en vigueur afin

catholique de Louvain, 2008, pp. 1969-1981 cité par Kamerhe Vital, Op. Cit, pp.
149-150.
370
Jean-Marie Bolika, Op. Cit.
371
Kihangi Bindu Kennedy, Lettre adressée au Président de la République dé-
mocratique du Congo en date du 15 septembre 2019, pp. 5-6.
232 Traité de droit de l’environnement

que les communautés locales engagées depuis de décennies à la protec-


tion des forêts soient récompensées, placées au centre de retombées pour
l’émergence d’une classe moyenne.372 Néanmoins, la forte la pression
due aux activités industrielles et artisanales d’exploitation (légale et
illégale) non contrôlée du bois reste une menace sérieuse malgré
l’existence des mécanismes administratifs et judiciaires existants.
La législation forestière en RDC a connu une évolution fulgurante
depuis l’époque coloniale. Principalement centrée sur l’exploitation du
caoutchouc (Décret du 17 octobre 1889 relatif à l’exploitation du caout-
chouc et autres produits végétaux), et ignorant les préoccupations
d’ordre environnemental et social malgré les modifications intervenues
(Décret du 11 avril 1949),373 la législation forestière a été un instrument
au service du colonisateur. Il a fallu attendre 42 ans après l’accession du
pays à la souveraineté nationale et internationale pour qu’on enregistre
des innovations dans ce secteur par l’adoption de la Loi N° 011/2002 du
29 août 2002 portant Code forestier. Depuis lors, la RDC s’est engagée
dans un processus de réforme du cadre juridique du secteur forestier.

5.2.1. Présentation sommaire du Code forestier de 2002 et de


ses principales innovations

La Loi N° 011/2002 du 29 août 2002 portant Code forestier (CF)


contient dix titres et 156 articles : Des dispositions générales ; statut des
forêts ; droits d’usage forestiers ; la protection des forêts ; l’inventaire,
l’aménagement et la reconstitution des forêts ; la concession forestière ;

372
Jean-Marie Bolika, Op. Cit.
https://www.environews-rdc.org/2019/02/22/rdc-les-grands-defis-environnem
entaux-qui-attendent-felix-tshisekedi-lapplication-de-la-loi/ ; République démo-
cratique du Congo, Ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature et
Tourisme, Plan de préparation à la REDD 2010-2012, 2 mars 2010,
373
Garry Sakata Tawab M., Op. Cit., p. 14.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 233

l’exploitation forestière ; la fiscalité forestière ; les dispositions pé-


nales et les dispositions finales.
Il est répertorié quelques règlements d’exécution :

- Arrêté Ministériel CAB/MIN/AF.F.E.T/259/2002 du 3 octobre 2002


portant composition, organisation et fonctionnement des conseils con-
sultatifs provinciaux des forêts ;
- Arrêté Ministériel CAB/MIN/AF.F.E.T/260/2002 du 3 octobre 2002
fixant la procédure des transactions en matière forestière ;
- Arrêté Ministériel CAB/MIN/AF.F.E.T/261/2002 portant organisation
et fonctionnement du cadastre forestier ;
- Arrêté Ministériel CAB/MIN/AF.F.E.T/262/2002 du 3 octobre 2002
fixant la procédure d’établissement d’un plan d’aménagement fores-
tier ;
- Arrêté Ministériel CAB/MIN/AF.F.E.T/263/2002 du 3 octobre 2002
portant mesures relatives à l’exploitation forestière ;
- Arrêté Ministériel CAB/MIN/AF.F.E.T/276/2002 déterminant les es-
sences forestières protégées et Ordonnance 81-068 du 16 mai
1981portant création et statuts d’une entreprise publique dénommée
« Société forestière et commerciale » (Forescom).

Les principales innovations de la Loi N° 011/2002 du 29 août 2002


portant Code forestier sont classées sur le plan institutionnel et sur le
plan de la gestion forestière.

Sur le plan institutionnel

a) L’État a l’obligation d’élaborer une politique forestière nationale ma-


térialisée par un plan forestier national à réviser périodiquement en
fonction de la dynamique de l’industrialisation forestière ;
b) Les forêts sont classées et déclassées par arrêtés du Ministre suivant
la procédure fixée par décret du Président de la République ;
234 Traité de droit de l’environnement

c) Trois catégories des forêts sont désormais prévues par la présente loi,
à la différence de l’ancienne loi, à savoir : forêts classées, forêts pro-
tégées et forêts de production permanente. Celles-ci sont soustraites
des forêts protégées à la suite d’une enquête publique en vue de leur
concession.
d) La création d’un cadastre forestier tant au niveau de l’administration
centrale qu’à celui de l’administration provinciale. Si la mission du
cadastre forestier provincial consiste à conserver tous les actes et con-
trats relatifs à la gestion forestière, le cadastre forestier national doit,
tout en ayant la même mission, constituer une banque de données
permettant au ministère chargé des forêts d’élaborer la politique fo-
restière sur base des informations fiables.
e) La création d’un conseil consultatif national et des conseils consulta-
tifs provinciaux des forêts. Le premier s’occupe essentiellement de la
planification et de la coordination du secteur forestier au niveau na-
tional, tandis que les seconds surveillent la gestion forestière des pro-
vinces et des autres entités décentralisées, d’une part, et d’autre part,
ils se chargent de donner des avis dans les projets de classement ou
de déclassement des forêts. La population locale participe dans la
procédure de classement et de déclassement.374

Sur le plan de la gestion forestière

a) Toute forêt à concéder fait l’objet d’une enquête préalable de manière


à pouvoir la rendre quitte et libre de tout droit. La consultation des
populations riveraines de la forêt est obligatoire pour garantir la paix
sociale et la jouissance paisible des forêts concédées.

374
Exposé des motifs, 2.1 de la Loi N° 011/2002 du 29 août 2002 portant Code
forestier.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 235

b) Pour assurer le développement durable des ressources naturelles, la


présente loi introduit dans la gestion forestière deux concepts, celui
d’inventaire forestier et celui d’aménagement forestier.
c) Dans la présente loi, la concession forestière se démarque nettement
de la concession foncière et constitue un droit réel immobilier « sui
generis » parce que portant uniquement sur le bois. Il est sous-
entendu par un contrat de concession forestière accompagné des ca-
hiers des charges dans lesquels sont spécifiés les droits et obligations
des parties contractantes. La concession forestière peut s’acquérir par
deux voies : l’une principale, l’adjudication, et l’autre, exception-
nelle, le gré à gré. Toutefois, les communautés locales, c’est-à-dire en
fait les populations locales, peuvent acquérir, à titre gratuit, une con-
cession forestière sur leurs terres ancestrales.
d) Par rapport au décret du 11 avril 1949, cette loi insère dans le régime
forestier des dispositions spécifiques relatives à la fiscalité forestière.
Celle-ci se distingue de la fiscalité ordinaire et vise à asseoir une po-
litique de taxation forestière qui soit à même de garantir à la fois une
gestion durable de la ressource forestière, une incitation à la meil-
leure gestion forestière et une conciliation d’objectifs de développe-
ment de l’industrie forestière et de l’accroissement des recettes fores-
tières.375

La plupart de ces innovations inscrivent la gestion forestière dans


une dynamique d’un développement durable portée par des institutions
légalement établies à tous les niveaux de l’administration (national,
provincial et local) en RDC. Tout en veillant sur les besoins d’ordre
environnemental, les droits des communautés locales sont classés en
ordre utile (articles 11 à 113 du CF).

375
Exposé des motifs, 2.2 de la Loi N° 011/2002 du 29 août 2002 portant Code
forestier.
236 Traité de droit de l’environnement

5.2.2 Régime de gestion et classification des forêts

Le régime forestier vise à promouvoir une gestion rationnelle et du-


rable des ressources forestières de nature à accroître leur contribution au
développement économique, social et culturel des générations présentes,
tout en préservant les écosystèmes forestiers et la biodiversité forestière
au profit des générations futures (article 2 alinéa 2 du CF). Au sens du
CF de 2002, il faut entendre par forêts :

a) Les terrains recouverts d’une formation végétale à base d’arbres ou ar-


bustes aptes à fournir des produits forestiers, abriter la faune sauvage
et exercer un effet direct ou indirect sur le sol, le climat ou le régime
des eaux.
b) Les terrains qui, supportant précédemment un couvert végétal arboré
ou arbustif, ont été coupés à blanc ou incendiés et font l’objet
d’opérations de régénération naturelle ou de reboisement. Par exten-
sion, sont assimilées aux forêts, les terres réservées pour être recou-
vertes d’essences ligneuses soit pour la production du bois, soit pour la
régénération forestière, soit pour la protection du sol (article 1 alinéa
1er du CF).

Par cette disposition, le législateur ne porte pas son attention sur


quelques aspects jugés aussi indispensables de la définition des forêts
pouvant renseigner clairement sur le régime applicable, à savoir : la
localisation géographique (milieux urbains ou ruraux), et le propriétaire
(personne publique ou personne morale). En réponse à ces préoccupa-
tions, les termes de l’article 7 du CF définissent le cadre juridique des
forêts : « les forêts constituent la propriété de l’État ». L’article 8 alinéa
1er du CF prévoir que « les forêts naturelles ou plantées comprises dans
les terres régulièrement concédées en vertu de la législation foncière
appartiennent à leurs concessionnaires ». Et l’article 9 alinéa 1er précise
que « les arbres situés dans un village ou son environnement immédiat
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 237

ou dans un champ collectif du village ou individuel sont la propriété


collective ou celle de la personne à laquelle revient le champ ».
Il est clairement noté que l’État est propriétaire des forêts jouissant
de tous les attributs de la propriété (usus - usage, fructus - jouissance, et
abusus – disposition). La compréhension de départ est certainement de
considérer toutes les forêts comme étant classées donc relevant du do-
maine public de l’État. Par voie de conséquence, sont inaliénables et
incessibles. Cependant, le CF prévoit l’hypothèse où des personnes
autres que des États peuvent se prévaloir de droits de propriété sur une
forêt. Dans ce contexte, cette forêt doit préalablement faire l’objet d’une
procédure particulière pour être déclassée. Interprétant les articles 7, 8 et
9 du CF, Sakata soutient que l’affirmation péremptoire de la propriété
exclusive des forêts en faveur de l’État est tempérée par les articles 8 et
9 notant la possibilité pour un concessionnaire ou un village d’être dé-
claré propriétaire d’une forêt ou d’arbres. Il s’avère ici nécessaire de
préciser les concepts utilisés. Le concessionnaire, est-il forcément pro-
priétaire ? En effet, un propriétaire a le droit de posséder indéfiniment et
de disposer à sa guise. Le concessionnaire forestier a un droit limité dans
le temps (25 ans – article 21 du CF) et ne peut le céder sans autorisation
préalable (article 95 du CF). Il est donc, fort probable, selon Sakata,376
que le législateur ait utilisé maladroitement le concept « propriété » et
« appartiennent » aux articles 8 et 9 en lieu et place de « sont gérées ou
administrées » par le village ou par les concessionnaires.
Intéressé au statut d’un village pour être propriétaire d’une forêt, Sa-
kata377 soutient fortement le fait qu’un village n’est pas une entité terri-

376
Garry Sakata Tawab M., Op. Cit., p. 38.
377
Les droits des communautés locales sur les terres qu’elles occupent sont
restés au point de controverses énormes. L’article 387 de la Loi 73-021 du 20
juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et
régime des sûretés, dite Loi Foncière, dispose que « les terres occupées par les
communautés locales deviennent (…) des terres domaniales ». L’article 388
dispose que « les terres occupées par les communautés locales sont celles que
238 Traité de droit de l’environnement

toriale décentralisée (article 3 de la Constitution du 18 février 2006 telle


que modifiée en 2011 et article 5 de la Loi organique n° 08/016 du 7
octobre 2008 portant composition, organisation et fonctionnement des
entités territoriales décentralisées et leurs rapports avec l’État et les
Provinces). En tant qu’entité territoriale déconcentrée, un village est
dépourvu d’une personnalité juridique, ne peut donc pas avoir un patri-
moine propre. Il ne peut donc pas posséder une forêt. L’article 9 du CF
semble être en conflit avec la constitution en conférant au village le droit
d’être propriétaire. Seul le village ayant statut de communauté locale
reconnue peut revendiquer le droit de propriété d’une forêt.
La confusion reste patente car les libellés des articles 8 et 9 suggère
une reconnaissance sans équivoque d’un droit de propriété aux per-
sonnes publiques autres que l’État et aux particuliers. Il serait donc plus
approprié pour le législateur d’employer pour l’article 8 le verbe « ap-
partenir » et pour l’article 9 de parler de « propriété collective ou indivi-
duelle ». Cela conduirait à comprendre qu’il existe des forêts publiques,
d’une part, et de forêts privées, d’autre part.
Une lecture combinée des articles 22, 111 à 113 du CF révèle la pos-
sibilité pour une communauté locale d’obtenir à titre de concession
forestière une partie ou la totalité des forêts protégées parmi les forêts
régulièrement possédées en vertu de la coutume. La différence entre les

ces communautés habitent, cultivent ou exploitent d’une manière quelconque –


individuelle ou collective – conformément aux coutumes et usages locaux ».
Selon l’article 389, « Les droits de jouissance régulièrement acquis sur ces terres
seront réglés par une ordonnance du Président de la République ». Formelle-
ment, cette Loi dite Foncière ne reconnaît pas aux communautés locales la pro-
priété collective des terres qu’elles occupent et par voie de conséquence des
forêts qui y sont incorporées. La promesse de régler les droits de jouissance
régulièrement acquis par ces communautés sur les terres occupées selon la défi-
nition de l’article 388 est restée au niveau des discours politiques, seul l’État en
RDC est propriétaire foncier. Garry Sakata T. M., Op. Cit., p. 39.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 239

concepts de « forêts des communautés locales » et la « concession des


communautés locales » étant une différence de fait et pas de droit.378
Cependant, l’article 2 du Décret n° 14/018 du 02 août 2014 fixant les
modalités d'attribution des concessions forestières aux communautés
locales présente une forêt de communauté locale, une concession fores-
tière de communauté locale tout en revenant sur la définition d’une
communauté locale en ces termes :

1. Forêt de communauté locale : une portion de forêts protégées


qu'une communauté locale possède régulièrement en vertu de la cou-
tume ;
2. Concession forestière de communauté locale : une forêt attribuée
gratuitement et perpétuellement à une communauté locale par 1'État, sur
la base des forêts qu'elle possède régulièrement en vertu de la coutume,
en vue de son utilisation, sous toutes les formes, pour la satisfaction de
ses besoins vitaux, avec l'obligation d'y appliquer des règles et pratiques
de gestion durable ;
3. Communauté locale : une population traditionnellement organisée
sur la base de la coutume et unie par des liens de solidarité clanique ou
parentale qui fondent sa cohésion interne. Elle est caractérisée, en outre,
par son attachement à un terroir déterminé.

Une concession forestière reconnue a une communauté locale est ju-


ridiquement protégée, l’État (exception faite des pouvoirs régaliens) et
les tiers ne pourront plus se prévaloir des droits et prérogatives sur cette
portion forestière qu’avec l’assentiment de ladite communauté locale.379
Les articles 18 alinéa 5 et 20 du Décret n° 14/018 du 02 août 2014 fixant
les modalités d'attribution des concessions forestières aux communautés
locales sont très éloquents en la matière :

378
Garry Sakata Tawab M., Op. Cit., p. 60/61.
379
Idem.
240 Traité de droit de l’environnement

Les forêts attribuées aux communautés locales à titre de concession fo-


restière sont rendues quittes de tout droit … Pour le besoin d'exploitation
de sa concession forestière, une communauté locale peut s'organiser soit
en une association sans but lucratif, soit en une société coopérative ou
sous forme d'un comité de développement locale suivant le modèle type
du ministère de développement rurale. Dans ces cas, la législation spéci-
fique relative à la forme adoptée est d'application. Elle peut aussi choisir
de signer des conventions avec les exploitants privés artisanaux ou pro-
moteurs de projets de conservation ou d'écotourisme, par 1'entremise de
son représentant ou de ses représentants attitrée ( s ). Dans tous les cas,
la concession forestière de communauté locale reste un bien indivisible
de la communauté locale tout entière, qui n'appartient ni à l'association,
ni à la société constituée encore moins au(x) représentant(s) de la com-
munauté …

Cette législation forestière communautaire s’avère être souple et


claire pour permettre une gestion aisée, une variété d’options de gouver-
nance mettant en exergue les réalités locales.380
L’article 10 du CF porte sur la classification des forêts en ces
termes :

Le domaine forestier comprend les forêts classées, les forêts protégées et


les forêts de production permanente.
Les forêts classées sont celles soumises, en application d’un acte de
classement, à un régime juridique restrictif concernant les droits d’usage
et d’exploitation ; elles sont affectées à une vocation particulière, no-
tamment écologique.

380
Robert E. Moise, Réussir la foresterie communautaire en RDC : perspectives
anthropologiques sur la gestion communautaires des forêts, Rainforest Founda-
tion, UK, securing lands, sustaining lives, septembre 2019, p. 2,
https://www.rainforestfoundationuk.org/media.ashx/drc-moise-study-french.pdf
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 241

Les forêts protégées sont celles qui n’ont pas fait l’objet d’un acte de
classement et sont soumises à un régime juridique moins restrictif quant
aux droits d’usage et aux droits d’exploitation.
Les forêts de production permanente sont les forêts soustraites des forêts
protégées par une enquête publique en vue de les concéder ; elles sont
soumises aux règles d’exploitation prévues par la présente loi et ses me-
sures d’exécution.

À la lumière de l’alinéa 2 de l’article 10 du CF, le rôle écologique de


la forêt commande de domanialiser certaines parties de celle-ci. Pour la
simple raison qu’elle remplit un rôle d’intérêt public. Ainsi, elle doit être
placée au rang des biens ayant besoin de cette protection. Cette indispo-
nibilité reste absolue tant que la forêt n’est pas déclassée.381 Les forêts
protégées font parties du domaine privé de l’État et donc elles sont dans
le commerce.
L’article 12 porte sur les forêts classées :

Les forêts classées font partie du domaine public de l’État.


Sont forêts classées :

a) Les réserves naturelles intégrales ;


b) Les forêts situées dans les parcs nationaux ;
c) Les jardins botaniques et zoologiques ;
d) Les réserves de faune et les domaines de chasse ;
e) Les réserves de biosphère ;
f) Les forêts récréatives ;
g) Les arboreta ;
h) Les forêts urbaines ;
i) Les secteurs sauvegardés.

L’article 13 du CF ajoute celles qui sont jugées nécessaires :

Sont en outre classées, les forêts nécessaires :

381
Garry Sakata T. M., Op. Cit., p. 42.
242 Traité de droit de l’environnement

a) La protection des pentes contre l’érosion ;


b) La protection des sources et des cours d’eau ;
c) La conservation de la diversité biologique ;
d) La conservation des sols ;
e) La salubrité publique et l’amélioration du cadre de vie ;
f) La protection de l’environnement humain ; et
g) En général, toute autre fin jugée utile par l’administration
chargée des forêts.
Font également l’objet de classification, les périmètres de reboisement
appartenant à l’État ou à des entités décentralisées.
Les forêts classées avant la date d’entrée en vigueur de la présente loi
conservent leur statut.

Les textes ci-après sont d’application en cas de classement, déclas-


sement et d’aménagement des forêts classées :

- Le décret n°08/08 du 8 avril 2008 fixant la procédure de classement et


déclassement des forêts.
- L’arrêté n° 262/2002 du 3 octobre 2002 portant sur la procédure
d’établissement d’un plan d’aménagement forestier (articles 12 à 16).
- L’arrêté ministériel n° 043/2006 du 8 décembre 2006 portant disposi-
tions relatives à l’obligation de l’évaluation environnementale et so-
ciale des projets.
- Loi N° 14/003 du 11 février 2014 relative à la conservation de la na-
ture.
- Décret n° 14/019 du 2 août 2014 fixant les règles de fonctionnement
des mécanismes procéduraux de la protection de l’environnement.
- Loi N° 11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamentaux rela-
tifs à la protection de l’environnement.

Les forêts classées doivent représentées au moins 15% de la superfi-


cie totale du territoire national (article 14 du CF). Cela s’inscrit visible-
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 243

ment dans la dynamique de l’ère écologique mondiale déclenchée à


partir de la Conférence des Nations unies sur l’environnement tenue à
Stockholm en 1972. Dans son discours de la N’Sele (9 septembre 1975),
le Président Mobutu s’étant exprimé sans détour qu’« en dix ans de
temps, nous avons créé plus de parcs et de réserves naturelles que nos
colonisateurs n’en avaient créés en quatre-vingts ans d’occupation. Et
notre objectif est d’arriver à une protection intégrale de quinze pour cent
du territoire national, ce qui est considérable, en tenant compte de di-
mensions du Zaïre, … ». Dans la compréhension de Mobutu Sese Seko,
alors Président de la République, il s’agissait des aires protégées dans un
sens plus large. Ce qui suppose que les forêts classées y sont incluses.382
Les institutions qui interviennent dans la gestion de la forêt sont no-
tamment le Ministère de l’environnement et développement durable
(article 24 du CF), le cadastre forestier (article 28 du CF), le conseil
consultatif national et les conseils consultatifs provinciaux des forêts
(articles 29, 30 & 31 du CF), les associations et organisations non gou-
vernementales agréées (article 134 du CF).

Les associations représentatives des communautés locales et les organi-


sations non gouvernementales nationales agréées et contribuant à la réa-
lisation de la politique en matière environnementale peuvent exercer les
droits reconnus à la partie civile en ce qui concerne les faits constituant
une infraction aux dispositions de la présente loi et de ses mesures
d’exécution, ou une atteinte, selon les accords et conventions internatio-
naux ratifiés par la République démocratique du Congo et causant un
préjudice direct ou indirect aux intérêts collectifs qu’elles ont pour objet
de défendre (article 134 du CF).

382
Institut Congolais pour la conservation de la nature (ICCN), Manuel des
droits et obligations des parties prenantes dans les aires protégées, Ministère de
l’environnement conservation de la nature et tourisme, République démocratique
du Congo, mars 2011, p. 19.
244 Traité de droit de l’environnement

L’État a le droit d’exposer l’affaire devant le tribunal et de déposer ses


conclusions. Au cas où il n’est pas représenté à l’audience, le tribunal
prononce d’office les dommages intérêts (article 135 du CF).
Les jugements en matière forestière sont signifiés au ministère de la jus-
tice, qui en porte connaissance à l’administration forestière. Sur l’appel
de l’une ou l’autre des parties, l’État a le droit d’exposer l’affaire devant
la juridiction d’appel et de déposer des conclusions (article 136 du CF).
Sous réserve des dispositions particulières du présent titre, les disposi-
tions du Code de procédure pénale relative aux enquêtes, actions, pour-
suites et citations, à l’instruction, au jugement et aux voies de recours de
recours sont applicables aux infractions forestières (article 141 du CF).

Le cadre juridique relatif à la gestion de la forêt en RDC porte des


innovations sans impact réel sur la gouvernance forestière en RDC. Les
enjeux majeurs sont notamment des faiblesses liées à son application et
son caractère quasiment inadapté aux phénomènes des conflits armés, de
l’insécurité, de la démographie galopante, de la nécessité de la promo-
tion de l’économie verte (vers les énergies renouvelables).383
L’exploitation illégale du bois est devenue une pépinière d’une délin-
quance que l’État a de la peine à sanctionner. Tout point considéré, près
de vingt ans après l’adoption de la loi forestière, Bolika JM énumère
quelques aspects qui doivent être peaufinés utilement :

- La lutte contre l’impunité des criminels forestiers et fauniques, au ren-


forcement des inspecteurs forestiers et des éco gardes, à l’équipement
des services du contrôle forestier et à la mise en place d’un mécanisme
de contrôle efficace dans les frontières…

383
Jean-Marie Bolika, Coordonnateur de Programme Gouvernance fores-
tière/WWF-RDC, RDC : Les grands défis environnementaux qui attendent Félix
Tshisekedi, « l’application de la loi »,
https://www.environews-rdc.org/2019/02/22/rdc-les-grands-defis-environneme
ntaux-qui-attendent-felix-tshisekedi-lapplication-de-la-loi/
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 245

- À redorer l’image du secteur forestier et permettre à celui-ci de contri-


buer suffisamment au bien-être des Congolais et au budget national
par une fiscalité et un contrôle forestier transparent.
- Renforcer la participation de la société civile environnementale
comme une des parties importantes dans la conception, l’élaboration et
la mise en œuvre des politiques et programmes du secteur des res-
sources naturelles, capable de proposer des idées et initiatives allant
dans le sens d’améliorer la gouvernance afin que les ressources natu-
relles contribuent au trésor public et bénéficient réellement aux popu-
lations locales et peuples autochtones.
- Promouvoir des approches innovantes qui valorisent l’économie verte
et qui classent les forêts au rang de ressources stratégiques face aux
moteurs de déforestations et dégradations de forêts.
- Mettre en place des alternatives appropriées et adaptées, réalisées en
faveur des communautés locales et peuples autochtones riveraines des
forêts afin de réduire la pression sur les ressources en général et res-
sources forestières en particulier, notamment par l’électrification des
milieux péri -urbains et ruraux, la promotion et l’utilisation de
l’énergie propre, soit renouvelable (énergie solaire) à la place de la
carbonisation à outrance.
- Développer l’écotourisme dans le cadre d’un partenariat public-privé.
- Valoriser et domestiquer les produits forestiers Non ligneux (PFNL) et
les ressources.
- Faciliter l’obtention des concessions des forêts des communautés et
Aires protégées communautaires conformément au respect de la rè-
glementation en vigueur.384

384
Jean-Marie Bolika, Coordonnateur de Programme Gouvernance fores-
tière/WWF-RDC, RDC : Les grands défis environnementaux qui attendent Félix
Tshisekedi, « l’application de la loi »,
https://www.environews-rdc.org/2019/02/22/rdc-les-grands-defis-environneme
ntaux-qui-attendent-felix-tshisekedi-lapplication-de-la-loi/
246 Traité de droit de l’environnement

Une action conjuguée et concertée de tous les acteurs impliqués


(Gouvernement, société civile, communautés locales et partenaires in-
ternationaux) dans la gestion et la défense de la forêt s’annonce comme
une stratégie de lutte contre les activités d’exploitation illégale de la
forêt. La faible vulgarisation de la Loi forestière et l’absence de toute
éducation citoyenne en matière de forêts sont deux questions majeures
qui nécessitent une réaction urgente de la part des gouvernants.

5.2.3 Régime répressif en matière forestière

Il est organisé un régime répressif dans le secteur forestier qui fixe


la procédure et les sanctions (une servitude pénale et des amendes). Les
infractions susceptibles de faire l’objet d’un examen devant le juge sont
clairement définies (articles 45, 52, 53, 54, 56, 57 à 63, 66, 68, 70, 90,
100, 101, 105, 107, 108, 112 point 2, 120, 137, 143, 144, 145, 146, 147,
148, 150, 151, 153, 154, 155, 149 du CF)385 ainsi que les peines aux
articles 143 à 153. Sera ainsi puni, par exemple :

- Quiconque se livre à l’exploitation forestière en violation des disposi-


tions du CF et de ses mesures d’exécution ;
- Quiconque transporte ou vend du bois obtenu en violation des disposi-
tions du CF et de ses mesures d’exécution ;
- Le titulaire d’une autorisation de reconnaissance forestière ou
d’inventaire qui exploite des produits forestiers sans y avoir été autori-
sé ;
- Celui qui procède à une reconnaissance forestière ou à un déboisement
de forêts sans l’autorisation y afférente ;

385
Dignité Bwiza, Dictionnaire essentiel des infractions environnementales en
Droit Congolais : Un aide-mémoire pour mettre en application les lois environ-
nementales de la RD Congo, 2020, pp. 59-120.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 247

- Quiconque contrefait ou falsifie, ou, s’étant indûment procuré le mar-


teau véritable, en fait frauduleusement usage, en enlève ou tente
d’enlever les marques ;
- Le concessionnaire forestier qui refuse l’accès de sa concession à des
agents de l’administration chargés des forêts ou aux membres du con-
seil consultatif provincial des forêts en mission de service ;
- Le concessionnaire forestier qui loue, échange ou cède sa concession
sans autorisation de l’autorité compétente ;
- Le concessionnaire qui exporte des essences en violation des restric-
tions instituées par les mesures d’exécution de la Loi Forestière ;
- Le concessionnaire qui exploite les produits forestiers, sans autorisa-
tion requise ;
- Celui qui dégrade un écosystème forestier ou déboise une zone expo-
sée au risque d’érosion ou d’inondation ;
- Celui qui dans une forêt classée, procède à l’émondage ou
l’ébranchage des arbres ou pratique la culture par essartage ;
- Celui qui déboise la forêt sur une distance de 50 mètres de part et
d’autre des cours d’eau ou dans un rayon de 100 mètres autour de leur
source ;
- Celui qui sans y être autorisé, coupe, arrache, enlève, mutile ou en-
dommage des arbres ou plants d’essences forestières protégées ;
- Celui qui enlève, déplace ou dégrade des bornes, marques ou clôture
servant à délimiter des forêts ou des concessions forestières ;
- Quiconque, dans une forêt classée, exerce un droit d’usage forestier en
violation des dispositions du CF ou de ses mesures d’exécution ;
- Quiconque dans une forêt protégée, exerce un droit d’usage forestier
en violation des dispositions du CF ou de ses mesures d’exécution ;
- Quiconque fait obstacle à l’accomplissement des devoirs des inspec-
teurs forestiers, fonctionnaires et agents de l’administration chargée
des forêts.
248 Traité de droit de l’environnement

Le régime répressif dans le secteur forestier marque une avancée si-


gnificative dans la lutte contre la destruction des ressources forestières.
Les cours et tribunaux, selon leurs compétences,386 doivent agir en toute
diligence toutes les fois qu’elles seront saisies de tout acte ou compor-
tement criminel dans le secteur forestier.

5.3 Régime juridique de la conservation de la nature

La RDC est classée parmi les pays disposant d’une diversité biolo-
gique riche à l’échelle mondiale. Au regard de l’importance de cette
biodiversité, la RDC a adopté différents textes juridiques pouvant servir
de base à une stratégie nationale de conservation de la nature.387 La Loi
N° 14/003 du 11 février 2014 sur la conservation de la nature est le texte
qui régit cette matière en conformité avec les prescrits de la constitution
du 18 février 2006 telle que modifiée en 2011 (articles 203, point 18 et
204 point 23) et de la Loi n° 11/009 du 9 juillet 2011 portant principes
fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement (articles 27 à
35) dans une dynamique de développement durable.

5.3.1 Présentation sommaire de la loi sur la conservation de la na-


ture et de ses principales innovations

La Loi N° 14/003 du 11 février 2014 sur la conservation de la nature


porte six titres et 86 articles : Les dispositions générales (Titre I) ; les
mesures de conservation (Titre II) ; les ressources biologiques et géné-
tiques et des savoirs traditionnels (Titre III) ; les mécanismes de finan-

386
Articles 85 et 89 de la Loi organique n°13/011-B du 11 avril 2013 por-tant
organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l'ordre judi-
ciaire.
387
Institut Congolais pour la conservation de la nature (ICCN), Stratégie natio-
nale de conservation de la biodiversité dans les aires protégées de la République
démocratique du Congo, septembre 2012, p. 13.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 249

cement (Titre IV) ; les infractions et les peines (Titre V) ; les disposi-
tions abrogatoires et finales (Titre VI).
Contrairement à loi abrogée (Ordonnance-loi n° 69-041 du 22 août
1969 relative à la conservation de la nature), la nouvelle loi (Loi N°
14/003 du 11 février 2014 sur la conservation de la nature) porte des
innovations majeures dans le secteur de la conservation de la nature :

- La définition des mesures générales de conservation de la diversité


biologique et l’utilisation de ses éléments constitutifs ;
- L’obligation faite aux pouvoirs publics de définir les mécanismes de
sensibilisation, d’information et de participation du public au proces-
sus d’élaboration et de mise en œuvre de la politique nationale de con-
servation de la diversité biologique ;
- L’obligation des études d’impact environnemental et social préalable à
tout projet de création des aires protégées et la nécessité de
l’implication des communautés locales dans ce processus ;
- L’obligation faite au Gouvernement d’assurer le financement de la
stratégie nationale et plan d’action de la diversité biologique, de la
stratégie nationale de conservation dans les aires protégées, de la re-
cherche scientifique et de plans de gestion des aires protégées à tra-
vers, notamment les ressources provenant du fonds fiduciaire créé à
cet effet ;
- La définition des conditions d’accès aux ressources biologiques et gé-
nétiques, la valorisation des savoirs traditionnels associés à ces res-
sources, ainsi que le partage juste et équitable des avantages découlant
de leur exploitation ;
- L’implication de la province et de l’entité territoriale décentralisée
dans la conservation de la diversité biologique ;
- La consultation préalable des populations riveraines avant tout projet
de création d’une aire protégée en vue de recueillir des informations
sur la nature et l’étendue des droits que ces dernières pourraient déte-
nir sur le site ou espace concerné ainsi que les modalités
250 Traité de droit de l’environnement

d’indemnisation ou de compensation équitable et préalable en cas


d’éventuelles expropriation ou déplacements des populations ;
- Le renforcement du régime répressif en vue d’assurer la protection des
espèces, écosystèmes et habitats naturels.

Ces innovations portent des orientations positives des actions ci-


toyennes impliquant toutes les parties prenantes à la cause de la conser-
vation de la nature notamment les communautés locales, les administra-
tions à tous les niveaux et les partenaires internationaux. Dans une dy-
namique de développement durable, la lutte contre la pauvreté des
communautés riveraines des aires protégées est portée très haut en
termes de fer de lance. Il est aussi noté la valorisation des savoirs tradi-
tionnels et la participation active des communautés locales dans la ges-
tion des aires protégées. La promotion de ces éléments passera certai-
nement par des mesures d’application.
Parmi les mesures d’application qui doivent être prises dans le cadre
de cette loi, il y a lieu de citer :

- Un décret déterminant la liste des espèces de faune intégralement et


partiellement protégées ;
- Un décret déterminant la liste des espèces de flore intégralement et
partiellement protégées ;
- Un décret définissant les catégories d’aires protégées dont la gestion
peut être confiée au secteur privé ;
- Un décret déterminant les objectifs de conservation pour chaque caté-
gorie d’aire protégée ;
- Un décret fixant le statut d’un organisme public ayant pour mission la
gestion des aires protégées d’intérêt national ;
- Un arrêté ministériel fixant le contenu ainsi que les modalités
d’élaboration, d’approbation, de mise en œuvre et de suivi d’un plan
de gestion d’une aire protégée ;
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 251

- Un décret relatif au commerce international des spécimens des espèces


de faune et de flore sauvages menacées d’extinction en République
démocratique du Congo ;
- Un décret définissant les catégories d’aires protégées dont la création
peut être concédée ;
- Un décret délibéré actualisant les limites des aires protégées existantes
et en détermine les zones tampon ;
- Un décret délibéré fixant les conditions et modalités de déclassement
des aires protégées ;
- Un arrêté ministériel fixant les conditions et modalités de surveillance
des aires protégées ;
- Une ordonnance du Président de la République déterminant le type
d’uniforme et de grades des conservateurs et éco-gardes commis à la
surveillance des aires protégées ;
- Un décret fixant la liste des espèces envahissantes et les modalités
d’application ;
- Un décret fixant les conditions et les procédures d’obtention du con-
sentement préalable à l’accès aux ressources biologiques et géné-
tiques ;
- Un décret déterminant le mécanisme de surveillance de l’utilisation
des ressources génétiques et du savoir traditionnel ;
- Un décret délibéré déterminant la nomenclature des avantages décou-
lant de l’utilisation des ressources biologiques et génétiques et aux sa-
voirs traditionnels ;
- Un arrêté interministériel fixant les conditions au Fond fiduciaire pour
les aires protégées.388

En conformité avec les prescrits de l’article 9 de la Constitution du


18 février 2006 telle que modifiée en 2011 ; de l’articles 3 alinéa 1er ; de
l’article 5 alinéa 1er et de l’article 12 de la Loi N° 14/003 du 11 février

388
Aires protégées, Atlas forestier de la République démocratique du Congo,
https://cod.forest-atlas.org/conservation/ap?l=fr
252 Traité de droit de l’environnement

2014 sur la conservation de la nature, la RDC exerce une souveraineté


permanente sur les ressources naturelles, biologiques et génétiques, les
écosystèmes, les sites et monuments situés sur le territoire national et
garantit à chaque congolais l’accès à l’information et le droit à une édu-
cation environnementale. Cela reste indispensable pour une bonne prise
de conscience nationale sur l’importance de la conservation de la diver-
sité biologique car les espèces de la faune, de la flore sauvage et les aires
protégées font partie du domaine public, sous réserve des dérogations
établies par la loi.

5.3.2 La protection et la gestion des espèces de la faune et de la flore

La loi définit plusieurs espèces bénéficiant d’une protection notam-


ment celles qui sont considérées comme menacées d’extinction ou sus-
ceptibles de l’être. Aux termes des articles 14 et 15 de la Loi N° 14/003
du 11 février 2014 sur la conservation de la nature :

Il est interdit de :
1. Prélever, chasser, pêcher, capturer, harceler ou tuer délibérément
des spécimens des espèces protégées ;
2. Perturber intentionnellement ces espèces, notamment durant la
période de reproduction, de dépendance, d’hibernation ou de mi-
gration ;
3. De détruire, endommager, enlever, ramasser les œufs de ces es-
pèces ou en modifier la position ;
4. Détériorer ou détruire les sites de reproduction, les aires de repos
ou tout habitat naturel où vivent ces espèces à un des stades de
leur cycle biologique ;
5. Détenir, transporter, échanger, vendre ou acheter, offrir ou céder
à titre gratuit les spécimens ou toute partie de ces espèces préle-
vées dans la nature ;
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 253

6. Détenir, céder, vendre, acheter ou transporter tout produit dont


l’emballage ou la publicité annonce contenir des spécimens ap-
partenant à l’une des espèces protégées ;
7. Exposer dans les lieux publics ces spécimens (article 14).
Toute personne qui capture accidentellement un spécimen de l’une des
espèces protégées est tenue de le déclarer et de le rendre à l’organisme
public prévu à l’article 36 de la présente loi ou, à défaut, au service
compétent de l’administration chargée de la conservation de la nature.
Lorsqu’un spécimen d’espèce de faune sauvage intégralement protégées
se retrouve en dehors des limites d’une aire protégée, la population rive-
raine est tenue d’alerter le conservateur le plus proche pour son refoule-
ment (article 15).

Il est, cependant, organisé un régime dérogatoire aux mesures de


conservation pour raison d’ordre public, de recherche scientifique et
autres définies par la loi (articles 19 et 20 de la Loi n° 14/003 du 11
février 2014 sur la conservation de la nature).
Conformément à l’arrêté ministériel N°020/CAB/MIN/ECN-
EF/2006 du 20 mai 2006 portant agrément de la liste des espèces ani-
males protégées en RDC, il est défini le statut de 72 espèces animales
protégées et de 234 espèces animales partiellement protégées.389
Les espèces de flore sauvage sont protégées à tous les stades de leur
cycle biologique. Par voie de conséquence,

Il est interdit de :

389
Recueil des textes juridiques en matière environnementale en République
démocratique du Congo, http://extwprlegs1.fao.org/docs/pdf/cng70227.pdf
(consulté le 21/06/2020).
Arrêté ministériel n° 020/CAB/MIN/ECN-EF/2006 du 20 mai 2006 portant
agrément de la liste des espèces animales protégées en République démocratique
du Congo,
https://www.leganet.cd/Legislation/Droit%20administratif/Environnement/AM.
020.20.05.2006.htm (consulté le 7/7/2022).
254 Traité de droit de l’environnement

1. Couper, déraciner ou détruire intentionnellement des spécimens des


espèces de flore menacées dans la nature ;
2. Détenir, transporter, vendre ou acheter des spécimens de ces espèces
de flore prélevées dans la nature ;
3. Détériorer ou détruire intentionnellement les habitats dans lesquels la
présence de ces espèces de flore est établie (article 17 de la Loi N°
14/003 du 11 février 2014 sur la conservation de la nature).

Ces interdictions ne s’appliquent cependant pas aux opérations


d’aménagement, de gestion et d’entretien des aires protégées ou sites en
vue de maintenir les espèces et leurs habitats dans un état de conserva-
tion favorable ainsi qu’aux droits d’usage forestier des populations vi-
vant à l’intérieur ou à proximité du domaine forestier prévu par la légi-
slation forestière (article 18 de la Loi n° 14/003 du 11 février 2014 sur la
conservation de la nature). L’arrêté ministériel n° CAB/MIN/AF. F-
E.T/276/2002 du 5 novembre 2002 déterminant les essences forestières
protégées présente une liste qui fait foi en cette matière. Il s’agit notam-
ment des espèces de la flore qui existent ou non dans le domaine fores-
tier congolais mais reprises aux annexes I, II et III de la convention sur
le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages
menacées d’extinction (CITES) et dont le commerce, en particulier, est
soumis aux dispositions légales et réglementaires spécifiques. On y
ajoute aussi les essences forestières existant dans le domaine forestier
congolais et non concernées par la convention sur le commerce interna-
tional des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction
(CITES), mais qui font l’objet d’une protection particulière.
Un régime dérogatoire aux mesures de conservation est organisé
pour raison d’intérêt public, de recherche scientifique ou autres. À ce
point, l’article 20 de la Loi n° 14/003 du 11 février 2014 sur la conserva-
tion de la nature dispose que :
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 255

Sans préjudice des dispositions de l’article 19 de la présente loi,


l’organisme public prévu à l’article 36 peut, à titre exceptionnel et dans
les aires protégées qu’il gère, accorder des dérogations notamment :
1) Dans l’intérêt de la protection de la faune et de la flore sauvages et
de la conservation des habitats naturels ;
2) Dans l’intérêt de la santé et de la sécurité publique, ainsi que de la
sécurité alimentaire des populations riveraines des aires protégées ;
3) Pour prévenir des dommages importants notamment aux cultures, à
l’élevage, aux forêts, aux pêcheries, aux eaux et à d’autres formes de
propriété ;
4) À des fins d’éducation, de repeuplement et de réintroduction de ces
espèces et pour des opérations de reproduction nécessaires à ces fins, y
compris la propagation artificielle des plantes ;
5) À des fins de recherche scientifique et de bioprospection.
Il en informe le ministre ayant la conservation de la nature dans ses at-
tributions.

5.3.3 Création et gestion des aires protégées

Une protection effective de la faune et de la flore sous-entend


l’existence des aires protégées et bien gérées sur le territoire d’un État.
Aux termes de l’article 2 alinéa 1 de la Loi No 14/003 du 11 février
2014 sur la Conservation de la nature, une aire protégée est « un espace
géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré par tout
moyen efficace, juridiquement ou autre, afin d’assurer à long terme la
conservation de la nature ainsi que les services des écosystèmes et les
valeurs culturelles qui lui sont associées ». La RDC s’est dotée d’un
réseau d’aires protégées d’une superficie globale de 26 millions d’ha
représentant 11,2% du territoire national. L’objectif légal étant
256 Traité de droit de l’environnement

d’atteindre au moins 15%, l’État prévoit de créer 10 millions d’ha d’aire


protégées supplémentaires.390
La création des aires protégées repose sur une connaissance optimale
des éléments constitutifs de la diversité biologique et elle est de la com-
pétence de l’État et de la province. Cette compétence peut aussi être
concédée à une personne physique ou morale privée, dans les limites,
bien entendu, des compétences de l’État et de la province (articles 2.1,
23 et 26 de la Loi N° 14/003 du 11 février 2014 sur la conservation de la
nature).
Conformément à la législation en vigueur, la création des aires pro-
tégées doit respecter une procédure particulière qui ne porte pas atteinte
aux droits des populations locales et aux règles environnementales en la
matière notamment la réalisation d’une étude d’impact environnemental
et social.

Les aires protégées sont créées dans le domaine forestier de l’État ou dans
d’autres sites d’intérêt national, provincial ou local et comprennent :
1. Les réserves naturelles intégrales ;
2. Les parcs nationaux ;
3. Les monuments naturels ;
4. Les aires de gestion des habitats ou des espèces ;
5. Les réserves de biosphère ;
6. Les paysages terrestres ou marins protégés ;
7. Les jardins zoologiques et botaniques ;
8. Les domaines et réserves de chasse ;
9. Toute autre catégorie que des lois particulières et règlements désignent
comme telles en vue de la conservation des espèces de faune et de
flore, du sol, des eaux, des montages ou d’autres habitats naturels (ar-
ticle 31 de la Loi N° 14/003 du 11 février 2014 sur la conservation de
la nature).

390
Aires protégées, Atlas forestier de la République démocratique du Congo,
https://cod.forest-atlas.org/conservation/ap?l=fr
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 257

Les aires protégées déclarées d’intérêt national ainsi que l’étendue de


leurs zones tampon sont créées par décret délibéré en conseil des mi-
nistres. Ce décret fixe également les limites des zones tampon et la na-
ture des activités qui peuvent y être autorisées. Les aires protégées
d’intérêt provincial ou local et leurs zones tampon sont créées, selon le
cas, par arrêté du gouverneur de province, après concertation avec
l’autorité compétente de l’entité territoriale décentralisée, ou par déci-
sion de cette dernière, dans les conditions prévues aux articles 32 et 34
de la Loi n° 14/003 du 11 février 2014 sur la conservation de la nature.
Un décret délibéré en conseil des ministres actualise les limites des aires
protégées existantes et en détermine les zones tampon (article 33 de la
Loi n° 14/003 du 11 février 2014 sur la conservation de la nature).
Une réserve naturelle intégrale est une catégorie d’aires protégées
qui sont mises en réserve pour protéger la diversité biologique et aussi,
éventuellement, des caractéristiques géologiques et/ou géomorpholo-
giques, où les visites, l’utilisation et les impacts humains sont stricte-
ment contrôlés et limités pour garantir la protection des valeurs de con-
servation (article 2. 39 de la Loi no 14/003 du 11 février 2014 sur la
conservation de la nature). Les objectifs d’une réserve naturelle intégrale
sont notamment de :

- Préserver des biotopes, des écosystèmes et des espèces dans les condi-
tions les plus naturelles ou les moins modifiées qui soient ;
- Maintenir de ressources génétiques dans un état dynamique et évolu-
tif ;
- Maintenir de processus écologiques établis ;
- Sauvegarder des éléments structurels du paysage ou de formations ro-
cheuses ;
- Conserver de milieux naturels exemplaires à des fins d’étude scienti-
fique, de surveillance continue de l’environnement et d’éducation y
compris des aires de référence, en excluant tout accès qui puisse être
évité ;
258 Traité de droit de l’environnement

- Réduire au minimum les perturbations, en planifiant et en menant avec


circonspection les activités autorisées, de recherche et autres ;
- Limiter l’accès au public. 391

Un parc national est une catégorie d’aires protégées consistant en


une vaste aire naturelle ou quasi naturelle mise en réserve pour protéger
des processus écologiques de grande échelle, ainsi que les espèces et les
caractéristiques des écosystèmes de la région, qui fournissent aussi une
base pour des opportunités de visites de nature spirituelle, scientifique,
éducative et récréative, dans le respect de l’environnement et de la cul-
ture des communautés locales (article 2. 31 de la Loi no 14/003 du 11
février 2014 sur la conservation de la nature). Les objectifs de gestion
d’un parc national sont notamment de :

- Protéger des régions naturelles et des paysages d’importance nationale


et internationale, pour leur utilisation à des fins scientifiques, éduca-
tives, spirituelles, récréatives ou touristiques ;
- Perpétuer, dans des conditions aussi naturelles que possible, des
exemples représentatifs de régions physiographiques, de communautés
biologiques, de ressources génétiques et d’espèces, tout en garantis-
sant une stabilité et une diversité écologique ;
- Limiter et, ultérieurement, prévenir toute forme d’exploitation ou
d’occupation incompatible avec les objectifs du statut de conserva-
tion ;
- Garantir le respect des éléments écologiques, géomorphologiques, sa-
crés ou esthétiques justifiant le statut de parc national ;
- Tenir compte des besoins des populations indigènes, y compris
l’utilisation des ressources aux fins de subsistance, dans la mesure où

391
Trinto Mugangu, Types de gouvernance et catégories d’aires protégées, 2008,
pp. 1-2, cité par Institut Congolais pour la conservation de la nature (ICCN),
Ministère de l’Environnement, Conservation de la nature et tourisme, Manuel
des droits et obligations des parties prenantes dans les airs protégées, Répu-
blique démocratique du Congo, mars 2011, pp. 7-8.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 259

ceux-ci n’ont aucune incidence négative sur les autres objectifs de ges-
tion. 392

L’approche de la conservation communautaire qui porte


l’implication de la communauté locale et de ses besoins autour des aires
protégées rencontre aisément le grand cliché des objectifs de gestion
d’une aire protégée. Les communautés locales tirent d’importantes res-
sources des aires protégées pour leur subsistance (plantes médicinales,
pêche de subsistance, bois, miel, etc.). Les aires protégées renferment
aussi des sites d’importance culturelle ou spirituelle de forte valeur pour
la population riveraine. La RDC compte neuf parcs nationaux393 dont
cinq classés sur la liste des sites du patrimoine mondial de l’humanité :

- Parc National des Virunga, décret du 21 avril 1925, superficie de


784.368 ha, classé patrimoine mondial de l’humanité ;
- Parc National de la Garamba, décret du 17 mars 1938, 790.000 ha,
classé patrimoine mondial de l’humanité ;
- Parc National de l’Upemba, décret du 15 mai 1939 ; ordonnance-loi
75-241 relative à la délimitation du parc national de l’Upemba et au
régime applicable dans son périmètre, superficie de 1.773.000 ha ;
- Parc National du Kahuzi-Biega, ordonnance-loi du 30 mars 1970 ; or-
donnance 75-238 du 22 juillet 1975 portant modification des limites
du parc national du Kahuzi-Biega, superficie de 600.000 ha, classé pa-
trimoine mondial de l’humanité ;
- Parc National de la Salonga, ordonnance-loi du 30 mars 1970, superfi-
cie de 3.600.000 ha, classé patrimoine mondial de l’humanité ;

392
Ibidem, pp. 8-9.
393
Les superficies de ces aires protégées ont été fournies par l’UICN, lire Union
Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), Parcs et réserves de la
République démocratique du Congo : Évaluation de l’efficacité de la gestion des
aires protégées, Programme aires protégées d’Afrique du centre et de l’ouest
(PAPACO), Suisse, 2010, p. 12.
260 Traité de droit de l’environnement

- Parc National des Kundelungu, ordonnance-loi du 30 novembre 1970 ;


ordonnance 75-097 du 1er mars 1975 relative à la délimitation du parc
national des Kundelungu et au régime applicable dans son périmètre,
superficie de 760.000 ha ;
- Parc National de Maiko, ordonnance-loi du 30 novembre 1970, super-
ficie de 1.083.000 ha ;
- Parc National de la Lomami, décret N° 16/024 du 19 juillet 2016 por-
tant création du parc national de la Lomami, « PNL » en sigle, superfi-
cie de 8.879 km2.
- Parc Marin des Mangroves (PMM), arrêté ministériel 044/M/ECN/92
du 2 mai 1992 portant création et délimitation d’une réserve dénom-
mée « réserve naturelle des Mangroves » ou « Parc marin », superficie
de 768 Km2.

Il est envisagé la création de nouveaux parcs nationaux, à savoir : le


parc national à Okapi (la réserve de la faune à Okapi étant classé sur la
liste du patrimoine de l’humanité), le parc national de la Mondjo et le
parc marin de Moanda.394 Selon une étude réalisée par l’UICN, les aires
protégées couvrent environ 11% du territoire de la RDC395 d’une super-
ficie de 2.345.410Km2.
Un monument naturel est une catégorie d’aires protégées qui sont
mises en défens pour protéger un vestige naturel spécifique, qui peut
être un élément topographique, une montagne ou une caverne sous-
marine, une caractéristique géologique telle qu’une grotte ou même un
élément vivant comme un îlot boisé ancien (article 2. 30 de la Loi N°
14/003 du 11 février 2014 sur la conservation de la nature).

394
Centre d’échange d’informations RDC, Convention sur la diversité biolo-
gique, https://cd.chm-cbd.net/ (consulté le 7/7/2022).
395
Institut Congolais pour la conservation de la nature (ICCN), Manuel des
droits et obligations des parties prenantes dans les aires protégées, Ministère de
l’environnement conservation de la nature et tourisme, République démocratique
du Congo, mars 2011, p. 9.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 261

Une aire de gestion des habitats ou des espèces est une zone terrestre
ou marine faisant l’objet d’intervention active au niveau de la gestion,
de façon à garantir le maintien des habitats et/ou à satisfaire aux exi-
gences d’espèces particulières (article 2. 2 de la Loi sur la conservation
de la nature de 2014).
Une réserve de biosphère est une catégorie d’aires protégées créée
par l’autorité compétente et reconnue par l’Organisation des Nations
unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) pour promou-
voir un développement durable basé sur les efforts combinés des com-
munautés locales et du monde scientifique (article 2. 36 de la Loi sur la
conservation de la nature de 2014). On enregistre quelques réserves de
la biosphère créées en RDC, citons à titre illustratif : celle de Yangambi
dans la province de la Tshopo en 1970 ; celle de la Lufira dans la pro-
vince du Katanga en 1979, celle de la Luki dans la province du Bas-
Congo (Kongo Central) en 1979 et la réserve de faune à Okapi de
1992.396
Un paysage est un ensemble des zones territoriales qui se distinguent
par des différences dans les formes du relief, de la végétation, de
l’utilisation et des caractéristiques d’ordre esthétique (article 2. 32 de la
Loi sur la conservation de la nature de 2014).
Une réserve de chasse est une catégorie d’aires protégées ou zone in-
térieure d’une aire protégée dans laquelle les activités de chasse sont
interdites en vue de favoriser la reproduction de la faune sauvage (article
2. 37 de la Loi sur la conservation de la nature de 2014).
Revenant à la procédure de création d’une aire protégée, il convient
de noter que toute création d’une aire protégée est subordonnée préala-
blement à une enquête publique et assujettie à une étude d’impact envi-
ronnemental et social assortie de son plan de gestion dûment approuvés
conformément à la loi.

396
ICCN, réserves, disponible sur
https://www.iccnrdc.org/reserve.html
262 Traité de droit de l’environnement

L’enquête publique a pour objet :

1. D’informer le public en général et la population locale en particulier


sur le projet ;
2. De recueillir les informations sur la nature et l’étendue des droits que
pourraient détenir des tiers sur la zone affectée par le projet ;
3. De déterminer les modalités d’indemnisation ou de compensation en
cas d’éventuelles expropriations ou déplacement des populations ;
4. De collecter les appréciations, suggestions et contre-propositions, afin
de permettre à l’autorité compétente de disposer de tous les éléments
nécessaires à sa décision.397

Une aire protégée ne peut faire l’objet d’un déclassement partiel ou


total que lorsque des circonstances exceptionnelles imprévues portent
gravement atteinte aux caractéristiques naturelles ou pour raison
d’intérêt public. L’acte de déclassement est assujetti à une étude
d’impact environnemental et social assortie de son plan de gestion dû-
ment approuvés ainsi que des mesures de compensation ou d’atténuation
de l’incidence négative du déclassement sur les objectifs de conservation
de la diversité biologique. Ce déclassement ne peut avoir pour effet de
restreindre les objectifs de conservation :

L’État veille que les aires protégées représentent au moins quinze pour-
cent de la superficie totale du territoire national. Il prend des mesures
économiques, fiscales et sociales en vue d’inciter ou d’encourager les
personnes physiques ou morales privées, les associations d’utilité pu-
blique et les communautés locales à la conservation et à l’utilisation du-

397
Article 32 de la Loi sur la conservation de la nature de 2014 ; Articles 51 à 61
du Décret n°14/019 du 2 Août 2014 fixant les règles de fonctionnement des
mécanismes procéduraux de la protection de l’environnement, article 24 de la
Loi de 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l’environnement.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 263

rables des éléments constitutifs de la diversité biologique et au dévelop-


pement de l’écotourisme dans les aires protégées.398

Le décret n° 10/15 du 10 avril 2010 confie à l’Institut Congolais


pour la conservation de la nature (ICCN) la mission de veiller à la con-
servation de la nature dans des aires protégées in et ex situ. Il est chargé
d’assurer notamment la protection de la faune et de la flore.399 Est ainsi
interdite dans les aires protégées, toute activité incompatible avec les
objectifs de la conservation. Est également nul, sous réserve des mesures
légales dérogatoires, tout droit accordé dans les limites des aires proté-
gées et leurs zones tampon. Car, la gestion d’une zone tampon doit être
compatible avec les objectifs de conservation et le plan de gestion de
chaque aire protégée concernée. Tout projet de développement,
d’infrastructures ou d’exploitation de toute activité industrielle, com-
merciale, agricole, forestière, minière, de télécommunication ou autre
dans la zone tampon400 est conditionné par le fait qu’il n’ait pas
d’incidence négative sur l’aire protégée et est assujetti à une étude
d’impact environnemental et social préalable assortie de son plan de
gestion dûment approuvé. Les terres et forêts domaniales ainsi que les
cours d’eau se trouvant dans les aires protégées ne peuvent recevoir

398
Articles 35 et 26 de la Loi n° 14/003 du 11 février 2014 relative à la conser-
vation de la nature.
399
Article 4 du décret n° 10/15 du 10 avril 2010 fixant les statuts d’un établis-
sement public dénommé Institut Congolais pour la conservation de la nature,
ICCN en sigle.
400
Une zone tampon est située entre la partie centrale d’une aire protégée et le
paysage terrestre ou marin environnant, qui protège le réseau d’aires protégées
d’influences extérieures potentiellement négatives, et qui est essentiellement une
zone de transition. Le régime des activités autorisées dans la zone tampon est
défini dans le respect des droits d’usage forestiers reconnus aux populations qui
y sont établies (Articles 2. 47 et 28 de la Loi n° 14/003 du 11 février 2014 rela-
tive à la conservation de la nature)
264 Traité de droit de l’environnement

d’affectation incompatible avec les objectifs de conservation.401 C’est à


ce titre que le Contrat de Partage de Production conclu entre la RDC et
l’Association Dominion Petroleum, SOCO, avait fait l’objet de contesta-
tion par la société civile environnementale au Nord Kivu exigeant son
annulation.

Par l’Ordonnance n° 10/044 du 18 Juin 2010 portant approbation du


Contrat de Partage de Production conclu entre la RDC et SOCO, le Pré-
sident de la République avait attribué les droits d’exploration pétrolière à
l’Association Dominion Petroleum, SOCO E&P DRC et la Congolaise
des Hydrocarbures (COHYDRO) au sein du Bloc V Graben Albertine.
Si l’Ordonnance précitée avait été favorablement accueillie dans les mi-
lieux politiques par les Députés Nationaux, élus de la province du Nord
Kivu, la société civile en matière environnementale du Nord Kivu s’était
insurgée contre une telle initiative pour des raisons aussi évidentes.
D’aucuns voulaient savoir si l’Ordonnance du 18/06/2010 pouvait-elle
rendre légale les activités d’une compagnie pétrolière à l’intérieur du
Parc National des Virunga, faisant partie des forêts classées selon
l’esprit de l’article 10, alinéa 2 de la Loi N° 011/2002 du 29 Août 2002
portant Code forestier. Si oui, ce texte déclenchait-elle la procédure de
déclassement tacite du Parc National des Virunga ? Les communautés
locales qui seront directement affectées par ces activités d’exploration et
d’exploitation avaient-elles été consultées au cours de la procédure
d’étude d’impact environnemental et social ?402

Une aire protégée jouit, en période de paix comme en période de


conflit armé, du statut de neutralité nécessaire et d’une protection parti-

401
Articles 25, 26, 27, 28, 29 & 30 de la Loi n° 14/003 du 11 février 2014 rela-
tive à la conservation de la nature et 33 de la Loi N° 11/009 du 9 juillet 2011
portant principes fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement.
402
Kihangi Bindu Kennedy, L’exploitation du pétrole du lac Edouard et la loi
environnementale en République démocratique du Congo, Op. Cit.,
https://www.cisdl.org/ (consulté le 7/7/2022).
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 265

culière contre tout acte de nature à violer son intégrité et à compromettre


les principes de base de la conservation. Le personnel affecté à la sur-
veillance des aires protégées est apolitique et bénéficie en période de
paix ou de conflit armé d’un statut de non belligérance.403 Ce personnel
est composé des conservateurs et des éco-gardes. Ils sont revêtus
d’uniformes avec signes distinctifs et grades pour permettre de les iden-
tifier dans les conditions définies par ordonnance du Président de la
République. Ils sont pourvus d’une arme à feu qu’ils sont appelés à
utiliser conformément à la loi.404
Quatre parcs Congolais inscrits sur la liste des biens du patrimoine
mondial culturel et naturel de l’Organisation des Nations unies pour
l’éducation, la science et la culture (Unesco) sont soumis à un régime de
protection et de gestion particulier conformément aux prescrits de la
Convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel et
naturel adoptée à Paris, le 16 novembre 1972, et dont la RDC est partie :
Parc National des Virunga ; Parc National de la Garamba ; Parc National
de Kahuzi Biega ; Parc National de la Salonga405 et la réserve de la
faune à Okapi.
En effet, aux termes de la Convention concernant la protection du
patrimoine mondial culturel et naturel du 16 novembre 1972, sont consi-
dérés comme « patrimoine naturel » :

403
Articles 44 & 42 de la Loi n° 14/003 du 11 février 2014 relative à la conser-
vation de la nature.
404
Corps pour la protection des parcs nationaux et réserves naturelles apparen-
tées, CorPPN en sigle, Décret n0 15/012 du 15 juin 2015 portant création d’un
corps chargé de la sécurisation des parcs nationaux et réserves naturelles appa-
rentées et Article 43 de la Loi n° 14/003 du 11 février 2014 relative à la conser-
vation de la nature.
405
En date du 19 juillet 2021, l’Unesco a procédé au retrait du Parc National de
la Salonga de sa liste du patrimoine mondial en péril en raison des améliorations
apportées à son état de conservation, https://www.geo.fr/environnement/rdc-le-
parc-national-de-la-salonga-retire-de-la-liste-du-patrimoine-mondial-en-peril-
205570
266 Traité de droit de l’environnement

- Les monuments naturels constitués par des formations physiques et


biologiques ou par des groupes de telles formations qui ont une valeur
universelle exceptionnelle du point de vue esthétique ou scientifique,
- Les formations géologiques et physiographiques et les zones stricte-
ment délimitées constituant l’habitat d’espèces animale et végétale
menacées, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de
vue de la science ou de la conservation,
- Les sites naturels ou les zones naturelles strictement délimitées, qui
ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la
science, de la conservation ou de la beauté naturelle.406

L’inscription d’un bien sur la « liste du patrimoine mondial » est


soumise à une procédure particulière et cela avec le consentement de
l’État intéressé.

1. Chacun des États parties à la présente convention soumet, dans toute


la mesure du possible, au Comité du patrimoine mondial un inventaire
des biens du patrimoine culturel et naturel situés sur son territoire et
susceptibles d’être inscrits sur la liste prévue au paragraphe 2 du pré-
sent article. Cet inventaire, qui n’est pas considéré comme exhaustif,
doit comporter une documentation sur le lieu des biens en question et
sur l’intérêt qu’ils présentent.
2. Sur la base des inventaires soumis par les États en exécution du para-
graphe 1 ci-dessus, le Comité établit, met à jour et diffuse, sous le nom
de « liste du patrimoine mondial », une liste des biens du patrimoine
culturel et du patrimoine naturel, tels qu’ils sont définis aux articles 1
et 2 de la présente convention, qu’il considère comme ayant une va-
leur universelle exceptionnelle en application des critères qu’il aura
établis. Une mise à jour de la liste doit être diffusée au moins tous les
deux ans.

406
Article 2 de la convention concernant la protection du patrimoine mondial
culturel et naturel adoptée à Paris, le 16 novembre 1972.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 267

3. L’inscription d’un bien sur la liste du patrimoine mondial ne peut se


faire qu’avec le consentement de l’État intéressé. L’inscription d’un
bien situé sur un territoire faisant l’objet de revendication de souverai-
neté ou de juridiction de la part de plusieurs États ne préjuge en rien
les droits des parties au différend.
4. Le Comité établit, met à jour et diffuse, chaque fois que les circons-
tances l’exigent, sous le nom de « liste du patrimoine mondial en pé-
ril », une liste des biens figurant sur la liste du patrimoine mondial
pour la sauvegarde desquels de grands travaux sont nécessaires et pour
lesquels une assistance a été demandée aux termes de la présente con-
vention. Cette liste contient une estimation du coût des opérations. Ne
peuvent figurer sur cette liste que des biens du patrimoine culturel et
naturel qui sont menacés de dangers graves et précis, tels que menace
de disparition due à une dégradation accélérée, projets de grands tra-
vaux publics ou privés, rapide développement urbain et touristique,
destruction due à des changements d’utilisation ou de propriété de la
terre, altérations profondes dues à une cause inconnue, abandon pour
des raisons quelconques, conflit armé venant ou menaçant d’éclater,
calamités et cataclysmes, grands incendies, séismes, glissements de
terrain, éruptions volcaniques, modification du niveau des eaux, inon-
dations, raz de marée. Le Comité peut, à tout moment, en cas
d’urgence, procéder à cette inscription sur la liste d patrimoine mon-
dial en péril et donner à cette inscription une diffusion immédiate.
5. Le Comité définit les critères sur la base desquels un bien du patri-
moine culturel et naturel peut être inscrit dans l’une ou l’autre des
listes visées aux paragraphes 2 et 4 du présent article.
6. Avant de refuser une demande d’inscription sur l’une des deux listes
visées aux paragraphes 2 et 4 du présent article, le Comité consulte
l’État partie sur le territoire duquel est situé le bien du patrimoine cul-
turel ou naturel dont il s’agit.
268 Traité de droit de l’environnement

7. Le Comité, avec l’accord des États intéressés, coordonne et encourage


les études et les recherches nécessaires à la constitution des listes vi-
sées aux paragraphes 2 et 4 du présent article.407

Tout en respectant pleinement la souveraineté des États sur le terri-


toire desquels est situé le patrimoine culturel et naturel et sans préjudice
des droits réels prévus par la législation nationale sur ledit patrimoine,
les États parties à la convention concernant la protection du patrimoine
mondial culturel et naturel de 1972 reconnaissent qu’il constitue un
patrimoine universel pour la protection duquel la communauté interna-
tionale tout entière a le devoir de coopérer. Les États parties à cette
convention ont ainsi l’obligation d’apporter leur concours à la protec-
tion, à la conservation et à la mise en valeur du patrimoine culturel et
naturel si l’État sur le territoire duquel il est situé le sollicite. Aucun État
partie à la convention précitée ne peut prendre délibérément aucune
mesure susceptible d’endommager directement ou indirectement le
patrimoine culturel et naturel qui est situé sur le territoire d’autres États
parties à cette convention.408
La protection d’un site érigé en patrimoine mondial naturel impose
une gestion responsable de la part de l’État sur le territoire duquel il est
localisé pour l’intérêt des générations présentes et futures. Ainsi, lors-
qu’il est établi une divergence des vues entre la communauté internatio-
nale et l’État, il serait souhaitable que, comme dans le cas d'ingérence
humanitaire, l'on soit à même de déterminer sans équivoque l'existence
d'un intérêt légitime qui soit supérieur de manière à contraindre l'État à
s'aligner sur la volonté de la communauté internationale. 409

407
Article 11 de la convention concernant la protection du patrimoine mondial
culturel et naturel adoptée à Paris, le 16 novembre 1972.
408
Article 6 de la convention concernant la protection du patrimoine mondial
culturel et naturel adoptée à Paris, le 16 novembre 1972.
409
Kihangi Bindu Kennedy, « L’exploitation du pétrole du lac Edouard et la loi
environnementale en République démocratique du Congo », Op. Cit. ; Kabange
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 269

5.3.4 Régime répressif en matière de conservation de la nature

La gestion des aires protégées est renforcée par des dispositions pé-
nales. Les infractions et peines sont clairement définies par les articles
70 à 84 de la Loi N° 14/003 du 11 février 2014 sur la conservation de la
nature. Ainsi, est punie d’une servitude pénale d’un à trois ans et d’une
amende de cent mille à un million cinq cent mille francs congolais ou de
l’une de ces peines seulement, toute personne qui, dans les réserves
naturelles intégrales, les parcs nationaux et les réserves de biosphère :

1. Introduit les armes à feu et autres instruments de chasse ;


2. Détient ou transporte des espèces de faune et de flore sauvages
vivants, leurs peaux ou autres dépouilles ;
3. Introduit intentionnellement une espèce exotique susceptible de
menacer les écosystèmes, habitats ou espèces ;
4. Pratique une activité de pêche de toute nature ;
5. Prend ou détruit les œufs et/ou les nids ;
6. Détruit, par quelque moyen que ce soit, les biotopes, les es-
pèces de faune et de flore sauvages, ou les autres ressources na-
turelles biologiques ou génétiques ;
7. Déplace, brise ou enlève les bornes servant de limites des aires
protégées ;
8. Pollue directement ou indirectement les eaux, rivières et cours
d’eau.410

Nkongolo C.J, « Solidarité internationale et souveraineté permanente sur les


ressources naturelles : rapport de force ou coexistence pacifique ? Le cas du
pétrole dans le Parc National des Virunga », in Mingashang Y. (dir.), la respon-
sabilité du juriste face aux manifestations de la crise dans la société contempo-
raine, http://reseau-multipol.blogspot.com/2018/10/ouvrage-y-mingashang-dir-
la.html
410
Article 71 de la Loi n° 14/003 du 11 février 2014 relative à la conservation de
la nature.
270 Traité de droit de l’environnement

Il est formellement prohibé à toute personne de poursuivre, chasser,


capturer, détruire, tuer intentionnellement de quelque manière que ce
soit, toute espèce de faune sauvage dans les réserves naturelles inté-
grales, les parcs nationaux et les réserves de biosphères, sauf en cas de
légitime défense. Cela dans le cas où l’intéressé n’avait pas d’autre al-
ternative que de porter atteinte à la vie de l’espèce animale sauvage.
L’obligation qui pèse à ce dernier est, cependant, celle de faire une dé-
claration, dans les quarante-huit heures à l’ICCN. Il incombe à l’auteur
d’établir la preuve qu’il s’est réellement trouvé en état de légitime dé-
fense, qu’il n’a pas provoqué, ni directement, ni indirectement
l’agression dont il prétend avoir été victime. En d’autres termes, la légi-
time défense ne doit pas être présumée par l’intéressé. Il doit donner
toutes les preuves pour la justifier. Tous les moyens de preuve à la dis-
position de l’intéressé peuvent être présentés car la loi n’a pas déterminé
les modes de preuves acceptables en la matière. Toute personne qui
provoque délibérément un incendie dans une aire protégée n’échappe
pas aussi à la rigueur de la loi.411 Il est aussi prohibé de stocker,
d’enfouir ou de déverser les déchets toxiques, les substances chimiques,
les polluants et tout autre produit dangereux dans les réserves naturelles
intégrales, les parcs nationaux et les réserves de biosphères. Toute acti-
vité de prospection ou d’exploitation forestière, minière, des hydrocar-
bures ou des carrières est prohibée dans les aires protégées. L’agent
public de l’État ayant délivré l’autorisation de ces activités sera égale-
ment puni.412
Le régime répressif touche aussi toute personne qui, dans une aire
protégée :

1. Abat, détruit, déracine ou enlève une essence forestière ;

411
Article 72 de la Loi n° 14/003 du 11 février 2014 relative à la conservation de
la nature ; Sabin Mande M., Op. Cit., p. 116.
412
Article 74 de la Loi n° 14/003 du 11 février 2014 relative à la conservation de
la nature.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 271

2. Introduit tout matériel végétal forestier, vivant ou mort, ou toute


espèce exotique susceptible de menacer les écosystèmes, les
habitats et les espèces ;
3. Fait évoluer un aéronef à une hauteur inférieure à 500 mètres ;
4. Effectuer des travaux non prévus dans le plan d’aménagement
et qui sont de nature à modifier les sites minéralogiques et pa-
léontologiques, les vestiges archéologiques, le paysage, le re-
lief, le drainage naturel, la fertilité du sol, le régime et la pureté
des eaux, la végétation, la faune et la flore sauvages ;
5. Enlève des litières et de la végétation herbacée ou utilise des
engrais et des biocides ;
6. Construit une maison, ferme ou hangar, sauf s’il est exclusive-
ment affecté à la gestion de l’aire protégée.

La juridiction compétente ordonne la restauration des écosystèmes,


habitats naturels ou sites dégradés ou pollués et /ou la destruction des
ouvrages illégalement érigés dans les aires protégées aux frais de
l’auteur de l’infraction.413
Il est dommage de noter que l’existence de cet arsenal juridique ré-
pressif dans ce secteur et d’autres (forêt, mines, eau, électricité, hydro-
carbures, …) n’a pas significativement servi dans la lutte contre les faits
infractionnels. Dans le secteur de la faune, on enregistre des atteintes
aux droits humains dans un contexte quasi incontrôlé d’exploitation
extractive dans les zones concernées, la précarité des conditions des vies
des populations locales, l’ignorance quasi certaine des législations par
les communautés locales et la perte du génie traditionnel selon les
termes utilisés par Genèse Bibi Ekomene citant l’Institut de la paix des
États-Unis (USIP).414 La persistance est également favorisée par les

413
Articles 73 à 82 de la Loi n° 14/003 du 11 février 2014 relative à la conserva-
tion de la nature.
414
Rapport synthèse du symposium sur les poursuites des crimes économiques
et environnementaux commis dans le contexte des conflits armés organisé par
272 Traité de droit de l’environnement

conflits interservices notamment entre l’Institut Congolais pour la con-


servation de la nature (ICCN) et la Direction générale des douanes et
accises (DGDA) dus essentiellement au déficit d’interprétation des
textes juridiques. Parmi les retombées bien évidemment de ces conflits,
on dénombre la perte de contrôle sur les aires protégées, la perte de
redevances et de la crédibilité de l’administration congolaise au niveau
international.415

5.4. Régime juridique de la chasse et de la pêche

La chasse est réglementée par la Loi N° 82-002 du 28 mai 1982 por-


tant réglementation de la chasse. Cette loi est accompagnée d’un bon
nombre d’arrêtés d’exécution. Il s’agit notamment de l’arrêté départe-
mental (00602/Agri) du 2 juillet 1973 réglementant la profession de
guide de chasse ;416 l’arrêté 00007 du 14 février 1974 créant un domaine
de chasse réservée en zone de Faradje ;417 l’arrêté 00008 du 14 février

l’Institut de la paix des États-Unis (USIP) en partenariat avec le Ministère de la


Justice et le Conseil supérieur de la Magistrature, Kinshasa du 12 au 16 avril
2016, pp. 6, 23 et 71 in Genèse Bibi Ekomene, « Compétence des juridictions
Congolaises à l’égard des crimes environnementaux », KAS African Law Study
Library, Librairie Africaine d’Études Juridiques, 5, 2010, p. 622 ;
https://www.nomos-elibrary.de/10.5771/2363-6262-2018-4-614.pdf?downloa
d_full_pdf=1
415
Ibidem.
416
Est réputé guide de chasse quiconque se charge de guider à titre onéreux,
pour son compte ou pour le compte d’une entreprise de tourisme cynégétique,
des expéditions de chasse (article 1 de l’arrêté départemental (00602/Agri) du 2
juillet 1973 réglementant la profession de guide de chasse).
417
Domaine de chasse des Mondo-Missa en zone de Faradje (article 1 & 2 de
l’arrêté 00007 du 14 février 1974 créant un domaine de chasse réservée en zone
de Faradje).
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 273

1974 créant un domaine de chasse réservée en zone de Dungu ;418


l’arrêté 00021 du 14 février 1974 créant un domaine de chasse réservée
en zone de Faradje, de Watsa et Dungu ;419 l’arrêté 00022 du 14 février
1974 créant une réserve de faune en zones de Bondo et
d’Ango ;420 l’arrêté 00024 créant le domaine de chasse réservée en zone
de Rutshuru ;421 arrêté 036/CAB/MIN/ECN-EF/2004 portant création
d’un domaine de chasse dans le territoire d’Oshwe ;422 arrêté n°
014/CAB/MIN/ENV/2004 du 29 avril 2004 relatif aux mesures
d’exécution de la Loi n° 82-002 du 28 mai 1982 portant réglementation
de la chasse avec ses annexes (Animaux totalement protégés, animaux
partiellement protégés et animaux non protégés).423

418
Le domaine de chasse des Azande en zone de Dungu (article 1 & 2 de l’arrêté
00008 du 14 février 1974 créant un domaine de chasse réservée en zone de
Dungu).
419
Il est institué en zones de Faradje, de Watsa et Dungu un domaine de chasse
réservée dénommé « domaine de chasse Gangala Na Bodio », article 1 & 2 de
l’arrêté 00021 du 14 février 1974 créant un domaine de chasse réservée en zone
de Faradje, de Watsa et Dungu.
420
Il est créé, dans les zones d’Ango et de Bondo, une réserve spéciale dénom-
mée « réserve de faune du Bomu », article 1 & 2 de l’arrêté 00022 du 14 février
1974 créant une réserve de faune en zones de Bondo et d’Ango.
421
Il est institué en zone de Rutshuru un domaine de chasse réservée dénommé «
domaine de chasse Rutshuru », article 1 de l’arrêté 00024 créant le domaine de
chasse réservée en zone de Rutshuru,
http://www.leganet.cd/Legislation/Droit%20economique/Chasse/A00024.14.02.
1974.htm
422
Il est institué en territoire d’Oshwe, en province de Mai-Ndombe, un do-
maine de chasse réservé dénommé : domaine de chasse d’Oshwe,
https://www.droitcongolais.info/files/940.06.04-Arrete-du-7-juin-
2004_Domaine-de-chasse_territoire-d-Oshwe.pdf (consulté le 23/06/2020).
423
Journal officiel de la République démocratique du Congo, Cabinet du Prési-
dent de la République, N° 14, 15 juillet 2005, http://www.leganet.cd/
Legislation/Droit%20economique/Chasse/A041.29.04.2004.htm (consulté le
7/7/2022).
274 Traité de droit de l’environnement

5.4.1. Présentation sommaire de la loi sur la chasse

La Loi N° 82-002 du 28 mai 1982 portant réglementation de la


chasse édicte des normes conciliant le souci de sauvegarde et de conser-
vation de la faune avec les besoins alimentaires des populations, spécia-
lement, celles des milieux ruraux. Elle contient 90 articles, six chapitres
et deux annexes respectivement sur les animaux totalement protégés et
les animaux partiellement protégés : Dispositions générales (Chapitre
1) ; Exercice de la chasse (Chapitre 2) ; Permis de chasse (Chapitre 3) ;
Produits de chasse (Chapitre 4) ; Protection des biens et des per-
sonnes (Chapitre 5) ; et Dispositions finales (Chapitre 6).
La faune reste la propriété de l’État, elle fait partie du patrimoine na-
tional et doit être gérée dans l’intérêt de la nation. Tout en étant recon-
nue, la chasse coutumière est soumise à des restrictions qui sont compa-
tibles avec les normes de la bonne gestion des ressources fauniques. Il
sied, toutefois, de rappeler que la chasse coutumière autonome constitue
l’une des principales causes de la destruction massive de la faune, mais
aussi des moyens quelconques pour abattre ou capturer sans discerne-
ment les animaux surpris en cours d’expédition. 424
Au sens de la loi, la chasse est définie comme toutes manœuvres
employées pour capturer ou abattre le gibier, pour le rechercher ou le
poursuivre en vue de sa capture ou de son abattage pour notamment, en
prélever les œufs, les nids, les couvées, les jeunes. Un gibier est un ani-
mal de chasse.425

424
Article 2 al. 2 et préambule de la Loi N° 82-002 du 28 mai 1982 portant
réglementation de la chasse.
425
Article 1 de la Loi N° 82-002 du 28 mai 1982 portant réglementation de la
chasse.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 275

A. Les réserves de chasse

Tout en ayant une attention particulière à la législation sur la conser-


vation de la nature de 2014 (Loi n° 14/003 du 11 février 2014) et sur les
principes fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement (Loi
N° 11/009 du 9 juillet 2011), certaines parties du territoire national peu-
vent être érigées en réserves de faune ou en domaine de chasse par le
ministre national ayant la chasse dans ses attributions par arrêté, sur
proposition du gouverneur de province. Le ministre ayant la chasse dans
ses attributions peut confier ou retirer la gestion et l’organisation des
activités de chasse à un organisme spécialisé placé sous la tutelle de son
ministère. Il organise l’ensemble des services chargés de la gestion de
ces activités. Le directeur chargé de la chasse est officier de police judi-
ciaire. Sa compétence territoriale s’étend sur tout le territoire national et
sa compétence matérielle limitée aux infractions à la Loi N° 82-002 du
28 mai 1982 portant réglementation de la chasse, ses mesures
d’exécution, à la législation particulière sur l’ivoire et les armes à feu.
Les officiers de chasse, les chefs de division régionaux du ministère
ayant la chasse dans ses attributions, les conservateurs des parcs natio-
naux et des réserves de faune, les régisseurs des domaines de chasse sont
officiers de police judiciaire. La compétence territoriale des officiers de
chasse s’étend sur tout le territoire national, celle des chefs de division
régionaux sur la région d’affectation de chacun, celle des conservateurs
et régisseurs sur la réserve ou le domaine de chasse dont ils sont respon-
sables ainsi que sur une zone de 50 km autour de la réserve ou du do-
maine de chasse. Le ministre national ayant dans ses attributions la
chasse peut, dans un but scientifique, permettre à des personnes déter-
minées de chasser dans les réserves, les animaux dont la chasse y est
interdite. Il est prohibé à l’intérieur des réserves de faune, sauf autorisa-
tion de l’autorité locale :
276 Traité de droit de l’environnement

1. D’introduire des animaux domestiques ou exotiques, des armes


à feu, pièges ou tout engin de chasse, d’y détenir, transporter
des animaux sauvages vivants, leur peau ou trophée, leur
viande ou tout autre sous-produit de la faune ;
2. De poursuivre, chasser, capturer, détruire, effrayer ou troubler,
de quelque manière que ce soit, toute espèce d’animal sauvage,
même les animaux réputés nuisibles sauf cas de légitime dé-
fense ou de force majeure.
Dans ce dernier cas, si l’animal a été blessé ou tué, l’auteur doit en
faire la déclaration auprès du ministre ayant la chasse dans ses attribu-
tions ou de son délégué le plus proche dans les 48 heures.
Il devra en outre établir la preuve qu’il s’est réellement trouvé dans
un état de légitime défense et n’a provoqué ni directement ni indirecte-
ment l’agression dont il prétend avoir été victime.
Faute de preuves suffisantes, il sera passible des peines prévues par
la loi ;
3. De détériorer d’une manière irrégulière l’habitat de la faune
sauvage ;
4. De faire évoluer un aéronef à une hauteur inférieure à 500
mètres.426

Il est aussi consacré un régime d’interdiction dans les réserves totales


ou partielles de faune. Il est ainsi prohibé toute modification des activi-
tés humaines existantes comme le déplacement des localités ;
l’immigration des populations et création de nouvelles localités ; défri-
chement de terrains boisés et, d’une manière générale, toutes activités
qui risqueraient de porter atteinte à la tranquillité, au développement ou

426
Articles 8, 9, 10, 11, 12 & 13 de la Loi N° 82-002 du 28 mai 1982 portant
réglementation de la chasse et 71, 72, 73, 74, 75 & 76 de la Loi n° 14/003 du 11
février 2014 relative à la conservation de la nature.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 277

à l’exploitation de la faune. Le législateur vise le repeuplement des es-


pèces. Il est envisagé la protection tant de la nature que de la chasse.427

B. La période de chasse

La chasse est ouverte et fermée chaque année pour une période


n’excédant pas 6 mois dans les régions situées au Nord et au Sud de
l’Équateur, selon l’alternance des saisons. En principe et chaque année,
le Gouverneur de province peut décider l’ouverture ou la fermeture de la
chasse dans la province conformément au calendrier prévu. En vue de
permettre la reconstitution de la faune, le ministre ayant la chasse dans
ses attributions peut fermer la chasse de toutes ou certaines espèces
d’animaux pour une période à déterminer par lui, dans une partie ou sur
toute l’étendue d’une région.428

C. Les permis de chasse

Nul n’a le droit d’exploiter la faune par la chasse ou par tout autre
mode d’exploitation sans être muni d’une autorisation de l’autorité com-
pétente. L’autorisation de chasse est constatée par un des permis va-
lables que pour une seule période de chasse.429 On enregistre deux caté-
gories des permis : les permis ordinaires430 et les permis spéciaux.431

427
Article 14 de la Loi N° 82-002 du 28 mai 1982 portant réglementation de la
chasse.
428
Articles 18 & 19 de la Loi N° 82-002 du 28 mai 1982 portant réglementation
de la chasse et article 3 de l’arrêté n° 014/CAB/MIN/ENV/2004 du 29 avril
2004 relatif aux mesures d’exécution de la Loi N° 82-002 du 28 mai 1982 por-
tant réglementation de la chasse.
429
Articles 4, 5 & 6 de la Loi N° 82-002 du 28 mai 1982 portant réglementation
de la chasse.
430
Articles 48 à 60 de la Loi N° 82-002 du 28 mai 1982 portant réglementation
de la chasse ; 12 à 19 de l’arrêté n° 014/CAB/MIN/ENV/2004 du 29 avril 2004
278 Traité de droit de l’environnement

Permis ordinaires

- Permis sportifs de petite chasse ;


- Permis sportif de grande chasse ;
- Petit permis de tourisme ;
- Grand permis de tourisme ;
- Permis rural de chasse ;
- Permis collectif de chasse.

Permis spéciaux

- Permis de capture commerciale ;


- Permis scientifique ;
- Permis administratif.

Les permis de chasse sont personnels et incessibles. Le ministre


national ayant la chasse dans ses attributions ou son délégué peut obliger
tout chasseur ne possédant pas une expérience cynégétique suffisante,
qui se livre à une activité de chasse présentant des risques, à se faire
accompagner par un guide de chasse agréé par son ministère. Aucun
permis de chasse ne peut être accordé à une personne qui au cours de
deux dernières années précédant la demande, a été condamnée en RDC
ou à l’étranger à une peine de servitude pénale d’un mois au minimum
pour infraction à la législation sur la chasse.432
Le permis sportif de petite chasse est délivré par l’administrateur
du Territoire, sur avis du service de chasse, et donne à son titulaire le

relatif aux mesures d’exécution de la Loi N° 82-002 du 28 mai 1982 portant


réglementation de la chasse.
431
Articles 61 à 72 de la Loi N° 82-002 du 28 mai 1982 portant réglementation
de la chasse ; 20 à 23 de l’arrêté n° 014/CAB/MIN/ENV/2004 du 29 avril 2004
relatif aux mesures d’exécution de la Loi N° 82-002 du 28 mai 1982 portant
réglementation de la chasse.
432
Article 37 & 38 de la Loi N° 82-002 du 28 mai 1982 portant réglementation
de la chasse.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 279

droit de chasser dans le territoire, mais en dehors des réserves et do-


maines de chasse, des oiseaux et des mammifères non protégés. Ils sont
accordés aux personnes qui résident en RDC ne sont valables que sur
l’étendue de la région pour laquelle ils sont délivrés. Le Ministre ayant
la chasse dans ses attributions peut autoriser d’étendre l’aire de validité
d’un permis à une autre région.
Le permis sportif de grande chasse est délivré par le Gouverneur
de province ou son délégué, sur avis de l’administration provinciale de
la chasse, et permet à son titulaire de chasser dans la province, mais en
dehors des réserves et domaines de chasse, des oiseaux des mammifères
non protégés ainsi que ceux partiellement protégés. Le permis sportif de
grande chasse peut être valable pour plusieurs régions ou pour tout le
territoire national.
Le petit permis de tourisme est délivré par le régisseur d’un do-
maine de chasse dans les aires relevant de sa compétence. Il peut aussi
être délivré par le Gouverneur de province ou son délégué à un non-
résident pour chasser dans la province, mais en dehors des réserves et
domaines de chasse. Ce permis confère à son titulaire le droit de chasser
dans l’aire qu’il détermine des animaux non protégés.
Le grand permis du tourisme est délivré par le régisseur d’un do-
maine de chasse dans les aires relevant de sa compétence et donne à son
titulaire le droit de chasser des animaux non protégés et partiellement
protégés.
Le permis rural de chasse est délivré par l’administrateur de terri-
toire à tout congolais habitant sa juridiction et lui donne le droit de chas-
ser, uniquement dans le ressort du territoire, des animaux non protégés.
Le permis collectif de chasse est délivré par l’administrateur de ter-
ritoire au chef de secteur. Il faut préciser que ce permis n’autorise que
l’usage d’engins coutumiers tels que, sagaie, arc, arbalète, fronde et
piège, confectionnés avec des matériaux locaux, à l’exclusion de toute
arme à feu, de pièges et câbles métalliques. Il n’est autorisé que la
280 Traité de droit de l’environnement

chasse d’animaux repris à l’annexe 4 de l’arrêté n°


014/CAB/MIN/ENV/2004 du 29 avril 2004 relatif aux mesures
d’exécution de la Loi N° 82-002 du 28 mai 1982 portant réglementation
de la chasse et dont le nombre par espèce est fixé annuellement, pour
une période de chasse, en fonction de la densité locale du gibier par
l’administrateur de territoire, sur avis de service local de chasse. Ce
permis permet aux habitants du secteur ou de la localité de chasser en
groupe sous la responsabilité du chef de secteur ou de la localité, suivant
les coutumes locales et uniquement dans les strictes limites de leurs
besoins alimentaires. Toutefois, et dans les conditions fixées, le chef de
secteur et/ou localité peut, sous sa responsabilité et dans les conditions
fixées autoriser la chasse individuelle. L’air de validité d’un permis
collectif de chasse ne peut dépasser les limites de terre sur lesquelles les
bénéficiaires du permis ont, d’après la coutume, la faculté de chasser. Il
peut faire l’objet d’un retrait ou d’une suspension par l’autorité qui l’a
délivré si la communauté bénéficiaire enfreint les dispositions de la loi
sur la chasse de 1982 ou de ses mesures d’exécution.
Le permis scientifique est valable pour une durée ne dépassant pas
six mois et peut, selon les circonstances, être délivré en dehors de la
période d’ouverture de la chasse. Il est délivré par le Ministre ayant la
chasse dans ses attributions et donne à son titulaire le droit de capturer
ou d’abattre uniquement les animaux qu’il mentionne. L’obligation est
faite au titulaire de présenter son rapport à la fin de ses opérations et de
ses recherches.
Le permis administratif de chasse peut être accordé dans l’intérêt
supérieur de l’Administration. Il indique l’aire de validité, le nombre de
chasseurs auxquels son titulaire peut recourir, la destination des animaux
capturés ou abattus et leurs dépouilles. Il précise les conditions particu-
lières auxquelles son usage est subordonné.
Le permis de capture commerciale est délivré par le Secrétaire gé-
néral qui a la chasse dans ses attributions ou son délégué. Il est valable
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 281

pour une durée ne dépassant pas six mois et au cours de la période


d’ouverture de chasse. Il autorise à son titulaire de ne capturer ou de ne
collecter que des animaux non protégés ou partiellement protégés dont il
détermine les espèces, le sexe et le nombre dans un registre tenu à cet
effet. Pour des opérations particulières et limitées, le Ministre compétent
peut exceptionnellement autoriser le titulaire du permis de capture
commerciale à utiliser des procédés ou engins prohibés, tels que filets de
tenderie et trappes diverses.
Les défenses d’éléphants, les cornes des rhinocéros et les dents
d’hippopotames trouvés morts ou abattus sont propriété de l’État. Sont
également propriété de l’État, les produits de chasse sous couvert de
légitime défense, d’opérations de police des animaux notamment la
protection des cultures. Au cas où les animaux de chasse deviennent
nuisibles à l’équilibre écologique sans qu’il soit possible d’évoquer la
légitime défense, le ministre ayant dans ses attributions la chasse ou son
délégué peut autoriser la chasse de ces animaux suivant les conditions
qu’il détermine dans chaque cas. Les produits de chasse comprennent les
animaux de chasse abattus ou capturés, morts ou vifs, les dépouilles, la
viande et les œufs de ces animaux.433
Toute infraction à la Loi N° 82-002 du 28 mai 1982 portant régle-
mentation de la chasse ainsi qu’à ses mesures d’exécution est passible
d’une peine de servitude pénale. La peine sera doublée en cas
d’infraction aux articles 18 et 19 de la loi précitée ou si l’infraction a été
commise : dans une réserve ou dans un domaine de chasse ou dans un
parc national, sans préjudice des législations particulières ; par un agent
de l’État ou par une personne chargée d’une mission cynégétique ; par
une personne qui aura été condamnée pour un des faits prévus par la
présente loi ou ses arrêtés d’exécution, au cours de deux dernières an-
nées.

433
Articles 73 & 74 de la Loi N° 82-002 du 28 mai 1982 portant réglementation
de la chasse.
282 Traité de droit de l’environnement

Quiconque aura été trouvé en possession d’un animal totalement ou


particulièrement protégé, vivant ou mort, ou d’une partie de cet animal,
sera réputé l’avoir capturé ou tué lui-même à moins d’en fournir la
preuve contraire. Sera réputé avoir chassé à l’aide d’un engin éclairant,
quiconque aura été trouvé, pendant la nuit, en dehors des limites des
agglomérations, en possession d’une arme de chasse et d’une lampe
frontale ou modifiée, pour pouvoir être fixée à la tête ou à la coiffure.
Toute personne surprise en flagrant délit de chasse sans permis cor-
respondant à l’activité de chasse exercée est tenue de payer le triple du
montant de la taxe prévue pour l’obtention de ce permis, sans préjudice
d’autres sanctions pénales. Sans préjudice des dispositions prévues à
l’article 39 de la loi précitée, le tribunal peut prononcer la déchéance
d’un permis de chasse pour toute infraction à la loi. Le tribunal peut
également interdire pour un délai ne dépassant pas cinq ans, l’obtention
d’un permis de chasse. En cas de récidive, la déchéance est prononcée
d’office.434

5.4.2 Régime juridique de la pêche

Le potentiel halieutique de la RDC est estimé à plus de 707.000


tonnes de production annuelle. Il est lié au vaste réseau hydrographique
et au relief favorable au développement de la pisciculture en RDC. Le
développement de la pêche constitue donc une priorité pour lutter contre
l’insécurité alimentaire, le poisson pouvant facilement compléter les
besoins en protéines animales des populations les plus pauvres. La pro-
duction annuelle essentiellement artisanale et continentale est d’environ
240.000 tonnes soit environ 30% du potentiel.435

434
Articles 85, 86, 87 & 88 de la Loi N° 82-002 du 28 mai 1982 portant régle-
mentation de la chasse.
435
Agence nationale pour la promotion des investissements, RD Congo, pêche et
élevage, https://www.investindrc.cd/fr/PECHE-ET-ELEVAGE (consulté le
7/7/2022).
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 283

Lors de l’accession à l’indépendance en 1960, le pays avait hérité de


quelques infrastructures de pêche. Les pêcheries de Moanda sur l’océan
Atlantique, de Vitchumbi sur le lac Édouard, de Kalemie sur le lac Tan-
ganyika, les deux grands ports de pêche à Kisangani et à Mbandaka
étaient bien florissants. À côté de cette activité industrielle s’est déve-
loppée la pêche artisanale fournissant l’essentiel des poissons consom-
més par la majorité de la population au pays.436
La pêche est organisée en RDC conformément à plusieurs textes ju-
ridiques, dont certains date des années de la colonisation : le décret du
12 juillet 1932 portant réglementation des concessions de pêche ; le
décret du 21 avril 1937 sur la chasse et la pêche ; l’ordonnance 103/Agri
– du 4 octobre 1937 – les mesures d’exécution du décret du 21 avril
1937 ; l’ordonnance 274/Agri du 26 septembre 1945 – les comités lo-
caux de la pêche – Organisation ; l’arrêté 552/208 du 7 novembre 1958
– la réglementation de la pêche au filet dans le lac Tanganyika sur le
territoire d’Albertville et Baudouin ville, tel qu’amendé par l’arrêté
552/188 du 22 décembre 1959 ; l’arrêté départemental 070/CCE/DEC-
NT/80 du 23 décembre 1980 portant prescriptions relatives aux mail-
lages minimums dans les eaux maritimes ; l’arrêté départemental 002 du
9 janvier 1981 portant interdiction de la pêche par empoisonnement des
eaux ; l’ordonnance 86-121 du 18 avril 1986 relative au commerce du
poisson salé et séché ; l’arrêté départemental 0083 du 2 août 1988 por-
tant création d’un service national de promotion et de développement de
la pêche.437
La pêche est permise sur l’ensemble du territoire national dans les
eaux territoriales, lacs, étangs et cours d’eau dont le lit fait partie du
domaine de l’État.438 Il est aussi instauré un régime de concessions de

436
Kamerhe Vital, Op. Cit., p. 147.
437
République démocratique du Congo, Les codes larcier, Droit commercial
économique, Tome III, Vol 2, Afrique Éditions, Bruxelles, 2003, p. 480.
438
Article 57 & 58 du décret du 21 avril 1937 sur la pêche.
284 Traité de droit de l’environnement

pêche par le décret du 12 juillet 1932 portant réglementation des conces-


sions de pêche.

A. Présentation sommaire du décret du 21 avril 1937 sur la


chasse et la pêche

La pêche est soumise à quelques règles en vue de promouvoir une


gestion équilibrée des ressources aquatiques. Le décret du 21 avril 1937
sur la chasse et la pêche porte trois chapitres et 73 articles : La chasse
(Chapitre 1) ; la Pêche (Chapitre 2) ; et les prescriptions communes à la
chasse et à la pêche (Chapitre 3).
Le chapitre 1 portant sur la chasse (articles 1 à l56 bis) a été abrogé
par la Loi 82-002 du 28 mai 1982 portant réglementation de la chasse à
son article 89. Ainsi, la destruction du frai, des alevins et la pêche dans
les frayères sont interdites. L’autorité compétente peut aussi procéder à
l’interdiction de l’utilisation de certains modes, pièges ou engins de
pêche jugés inappropriés. Il revient à l’autorité compétente notamment
le Gouverneur de fixer les dimensions minima que peuvent avoir les
mailles des filets, les mailles ou les interstices des nasses. Dans chaque
région, il est défendu de détenir, d’exposer en vente, de vendre ou
d’acheter, de céder ou de recevoir à un titre quelconque, de transporter
ou de colporter les poissons dont la pêche est interdite. Seule une autori-
sation spéciale de l’autorité compétente peut lever cette interdiction.439
Tout en autorisant les populations locales à jouir de leurs droits tradi-
tionnels de pêche notamment au moyen de barrages, nasses et filets,
dans la mesure fixée par la coutume et dans les limites de la circonscrip-
tion, il est interdit de détruire ces installations. Néanmoins, si elles en-
travent la navigation, provoquent l’envasement ou l’ensablement des
cours d’eau, ou constituent un danger au point de vue sanitaire, l’autorité
locale compétente peut les faire modifier ou enlever.440

439
Articles 60, 61, 64 & 65 du décret de 1937 sur la pêche.
440
Article 59 du décret de 1937 sur la pêche.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 285

En vue de permettre la reproduction ou la protection de certaines es-


pèces, il peut être procédé par l’autorité locale compétente à la fermeture
de la pêche dans certains cours d’eau, lacs ou étangs pendant certaines
périodes et pour certaines espèces de poisson qu’ils déterminent. Dans la
même perspective, il est aussi envisagé que l’autorité compétente décide
que certaines eaux soient constituées en réserve où la pêche serait prohi-
bée partiellement ou totalement.441

B. Présentation sommaire du décret du 12 juillet 1932 portant


réglementation des concessions de pêche

Le décret du 12 juillet de 1932 portant réglementation des conces-


sions de pêche compte six chapitres et 13 articles : Règles générales
concernant les concessions de pêche (chapitre 1) ; Demandes de conces-
sions et formalités (Chapitre 2) ; Respect des droits des indigènes (cha-
pitre 3) ; Obligations du concessionnaire (Chapitre 4) ; Révocation de la
concession (Chapitre 5) ; et Sanctions (Chapitre 6).
Les deux régimes de pêche reconnus en RDC sont des opportunités
de pêche en termes d’ouverture à exercer la profession de pêcheur. Le
premier régime de pêche s’organise dans les eaux appartenant à l’État,
et, le second s’exerce dans les concessions de pêche concédées aux
particuliers.
Dans les eaux appartenant à autrui, la pêche ne peut être exercée que
par le titulaire du droit de pêche ou par son consentement ou celui de ses
ayants-droit. Les concessions de pêche portent sur des eaux déterminées,
dont la superficie totale ne pourra dépasser 1.200 kilomètres carrés, ni
comporter dans sa plus grande dimension plus de 60 kilomètres.442 Il est
fixé une durée de dix, vingt ou trente années, selon le contrat à négocier
pour la concession. Le concessionnaire pourra bénéficier des autorités

441
Article 61 et 62 du décret de 1937 sur la pêche.
442
Article 1 & 2 du décret de 1932 portant réglementation des concessions de
pêche.
286 Traité de droit de l’environnement

compétentes, en location pour toute la durée de la concession ou en


pleine propriété, aux conditions des règlements généraux en vigueur, un
terrain à la rive soit d’un tenant, soit en plusieurs parcelles, d’une super-
ficie maximum de 500 ha et situé à proximité de la concession accordée.
Les demandes de concessions sont suivies des formalités particulières
tout en veillant sur le respect des droits des indigènes. Le concession-
naire s’engage :

1. À pratiquer la pêche selon les méthodes modernes et au moyen


d’engins perfectionnés et autorisés, … ;
2. À mettre sa concession en valeur par l’exercice effectif de la
pêche dans les douze mois qui suivent la signature du contrat et
à poursuivre régulièrement cet exercice ; si cet exercice venait
à être rompu par suite de cas fortuit ou de force majeure, le
gouverneur de province déterminera le délai à l’expiration du-
quel il devra être repris ;
3. À ne pas céder, en tout ou en partie, les droits qu’il détient en
vertu de la concession, si ce n’est avec l’approbation préalable
et écrite du gouverneur de la province.443

Le concessionnaire ne pourra, sous quelque prétexte que ce soit, en-


traver la navigation ou la libre circulation sur les eaux navigables ou
flottables. Il ne pourra, de quelque façon que ce soit, modifier le régime
normal des eaux.444 Rappelons que toute demande de concessions de
pêche sera suivie d’une enquête qui aura pour but de vérifier s’il existe
des droits de pêche exercés par les indigènes (communautés locales) à
leur profit propre dans les eaux faisant l’objet de la demande de conces-
sion, ou si des tiers sont dans l’habitude de procéder à la pêche pour
leurs besoins ou ceux de leurs entreprises. Cette demande se fera con-

443
Article 7 du décret de 1932 portant réglementation des concessions de pêche.
444
Articles 5, 7 & 9 du décret de 1932 portant réglementation des concessions
de pêche.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 287

formément à la procédure suivie pour les enquêtes de vacance de terres.


Si l’enquête révèle l’existence de droits de pêche exercés par les indi-
gènes (communautés locales) à leur profit propre, la concession sera,
soit refusée, soit accordée sous réserve du respect, par le concession-
naire, de l’exercice de ces droits. Les infractions sont punissables d’une
servitude pénale et des amendes ou d’une ces peines seulement. Il est
aussi prévu des sanctions administratives notamment le retrait de la
concession.445
Les prescrits de l’article 10 accordent à la colonie le droit de révo-
quer la concession accordée. Le concessionnaire pourra solliciter un
dédommagement pour le préjudice subi du fait de la révocation de sa
concession. Il sera fait recours aux experts pour une fixation juste du
montant du dommage.

La colonie aura le droit, à toute époque et moyennant un préavis de six


mois, de révoquer la concession accordée.
Dans ce cas, le concessionnaire pourra obtenir, sur sa demande, et si la
chose est possible, une autre concession de pêche de superficie équiva-
lente, aux mêmes conditions que celles qui régissent la concession révo-
quée. La colonie réparera le dommage réel et actuel subi par le conces-
sionnaire du fait de la révocation de sa concession.
Le montant de ce dommage sera fixé par des experts. Il ne pourra en au-
cun cas être inférieur au prix de revient total pour le concessionnaire,
amortissements déduits, de l’ensemble de ses installations, construc-
tions, moyens de pêche et de transport, sous déduction de la valeur de ce
que le concessionnaire aurait pu vendre ou transporter ailleurs. Le mon-
tant du dommage ainsi fixé sera éventuellement réduit de la valeur de la

445
Articles 6 & 12 du décret de 1932 portant réglementation des concessions de
pêche.
288 Traité de droit de l’environnement

concession nouvelle qui aurait été accordée en remplacement de la con-


cession révoquée.446

5.5 Régime juridique de gestion du secteur de l’eau

L’eau est une denrée d’une importance capitale qui conditionne la


croissance de toute espèce vivante. La protection de ressources en eau,
le droit d’accès à une eau potable et la gestion rationnelle des eaux
s’imposent pour le bien être des générations présentes et futures. Toutes
hypothèses réunies, il ressort que, dans un avenir proche, la crise à la-
quelle l’humanité doit se préparer sera celle de l’accès à l’eau. L’eau
pourra devenir le « fer de lance » du développement socioéconomique et
de positionnement sur l’échiquier international. Certains faits et chiffres
présentés par les Nations Unies mettent à surface un tableau inquiétant
qui doit interpeller à coup sûr car la survie de l’humanité en dépend
largement :

- 2,2 milliards de personnes n’ont pas accès à des services d’eau potable
gérés de manière sûre ;
- 4,2 milliards de personnes manquent de services d’assainissement gérés
de manière sûre ;
- 297.000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de mala-
dies diarrhéiques ;
- Le stress hydrique affecte 2 milliards de personnes et ce chiffre risque
d’augmenter ;
- Les inondations, les sécheresses et les tempêtes ont été à l’origine de
près de 90% des catastrophes naturelles ;
- Environ 80% des eaux usées dans le monde sont rejetées dans
l’environnement sans traitement ;
- L’agriculture représente près de 70% des prélèvements d’eau ;

446
Article 10 du décret de 1932 portant réglementation des concessions de
pêche.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 289

- Environ 75% de l’ensemble des prélèvements d’eau à usage industriel


sont destinés à la production énergétique.447

Ces indicateurs exposent largement la population au niveau mondial.


S’agissant de réels besoins d’ordre existentiel, les Nations Unies doivent
porter une attention soutenue par des stratégies appropriées pour la sur-
vie de l’humanité. Le continent Africain connait déjà quelques conten-
tieux se rapportant à la gestion des eaux dont les États ont en partage et
d’autres faisant l’objet de sollicitation suite à une sècheresse prononcée
des lacs et cours d’eau. Cet état des choses fait que certains pays soient
contraints d’orienter l’attention sur les réserves d’eau générées en dehors
de leur propre territoire national pour l’agriculture et la production de
l’électricité.448
Les récentes controverses autour de la construction du barrage de la
renaissance entamée en 2012 sur le Nil bleu par l’Éthiopie et dont
l’Égypte dépend à 90% pour son approvisionnement en eau oblige déjà
une attention soutenue de la part des acteurs de tous bords sur le conti-
nent. L’Éthiopie se trouva déjà à une phase de remplissage de son réser-
voir en eau pour l’opérationnalisation du projet en 2022, l’Égypte de-
mande un minimum annuel garanti de 40 milliards de m3, ce à quoi
l’Éthiopie ne donne pas un avis favorable et évoque un « droit histo-
rique » sur le fleuve, garanti par une série de traités. Le Nil bleu est le
plus long fleuve du monde qui sert d’artère vitale en Afrique de l’Est
pour les dix pays qu’il traverse. Toute absence d’accord entre l’Éthiopie,
le Soudan et l’Égypte peut susciter un conflit aux conséquences fâ-
cheuses.449

447
UNICEF, OMS, UNESCO et FAO, L’eau, https://www.un.org/fr/global-
issues/water (consulté le 7/7/2022).
448
Raymond S. Lumbuenamo, Transfert des eaux du bassin du Congo vers le lac
Tchad : Un bref aperçu, Elikya Magazine, Mensuel No 2, Mai 2021, p. 26.
449
Crise du barrage de la renaissance : une rencontre entre l’Égypte, le Soudan
et l’Éthiopie à Washington, https://afrique.le360.ma/autres-pays/politique/
290 Traité de droit de l’environnement

L’Afrique centrale connue par ses potentialités hydriques énormes


est aussi garnie par une crise d’eau qui s’est annoncée depuis déjà
quelques années entre la RDC et le Tchad autour du projet très contro-
versé « Transaqua ». Un projet titanesque basé sur la construction d’un
canal de 2.400km qui partirait de la RDC et passerait par la Centrafrique
pour se jeter dans le Lac Tchad menacé par la sécheresse. Il est évoqué
le besoin de remplissage du lac par le transfert des eaux du bassin du
Congo vers le fleuve Oubangui jusqu’au Chari qui alimente le lac
Tchad.450 À sa question de savoir, « La RDC peut-elle se le permettre »,
Raymond S. Lumbuenamo réfléchit froidement en ces termes :

À priori, oui … le débit moyen maximum du fleuve Congo mesuré à


Kinshasa au mois de décembre est de 56.000m3/s alors que le débit mi-
nimum au mois d’août est de l’ordre de 31.000m3/s, soit une perte sai-
sonnière de 26.000m3/s, de quoi couvrir la demande des bassins loin-
tains … Cependant, contrairement à ce que d’aucuns croiraient, la posi-
tion de la RD Congo à cheval sur l’équateur est loin de l’épargner des
conséquences liées au réchauffement du climat dont les impacts sont de
plus en plus irréfutables, par exemple : la rivière Ubangi autrefois navi-
gable 361 jours par an ne l’est plus aujourd’hui que pendant 122 jours ;
le lac Tumba se rétrécit ; le régime des pluies est totalement perturbé à
travers tout le pays, par exemple, la saison de pluies qui durait 7 à 8
mois dans le Katanga, ne dure plus que 4 à 5 mois. De plus, le bassin du
Congo est un écosystème dépendant d’un cercle vertueux entre la forêt
et l’eau. La forêt du bassin du Congo, contrairement aux autres bassins
tropicaux comme l’Amazonie et l’Indonésie, est tributaire de la présence
des masses d’eau qu’elle abrite mais, en même temps, les pluies qui

2019/10/30/28381-crise-du-barrage-de-la-renaissance-une-rencontre-entre-
legypte-le-soudan-et-lethiopie
450
Assèchement du lac Tchad : le retour du projet Transaqua fait polémique,
https://www.jeuneafrique.com/537309/societe/assechement-du-lac-tchad-le-
retour-du-projet-transaqua-fait-polemique/
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 291

tombent sur le bassin du Congo dépendent à plus de 87% du recyclage


de l’eau par le couvert forestier. Ceci souligne la nécessité de maintenir
un débit de réserve qui puisse assurer le maintien du couvert forestier et
donc des précipitations en plus des besoins socioéconomiques des com-
munautés qui en dépendent ainsi et du pays tout entier. Pour minimiser
les impacts négatifs d’une telle entreprise, un site de prélèvement situé
vers l’embouchure en aval du barrage d’Inga serait le meilleur choix …
la RDC se doit de maintenir un débit de réserve dont elle a besoin pour
assurer le fonctionnement normal de ses écosystèmes forestiers, la navi-
gation, sur son réseau fluvial, ainsi que ses besoins agricoles et domes-
tiques … Tout transfert d’eau doit impérativement être précédé d’une
batterie d’études socio-environnementales pour orienter le choix du lieu,
de la période et du volume de prélèvement pour que la RDC ne soit pas
le dindon de la farce … les négociateurs congolais doivent être des pa-
triotes dévoués à la cause de la nation et non des ventriotes prêts à signer
n’importe quels accords à leur propre profit au détriment des intérêts de
la nation.451

Le législateur congolais dans sa Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015


relative à l’Eau fixe clairement la question de transfert des eaux aux
termes des articles 51, 52, 53 et 119. La procédure envisagée est d’ordre
constitutionnel car exige l’organisation d’un référendum populaire con-
formément à l’article 214 alinéa 2 de la Constitution du 18 février 2006
telle que modifiée en 2011 :

Les traités de paix, les traités de commerce, les traités et accords relatifs
aux organisations internationales et au règlement des conflits internatio-
naux, ceux qui engagent les finances publiques, ceux qui modifient les
dispositions législatives, ceux qui sont relatifs à l’état des personnes,

451
Raymond S. Lumbuenamo, Transfert des eaux du bassin du Congo vers le lac
Tchad : Un bref aperçu, Op. Cit., p. 28.
292 Traité de droit de l’environnement

ceux qui comportent échange et adjonction de territoire ne peuvent être


ratifiés ou approuvés qu’en vertu d’une loi.
Nulle cession, nul échange, nulle adjonction de territoire n’est valable
sans l’accord du peuple congolais consulté par voie de référendum

La RDC est marquée par un immense potentiel hydrique. Le terri-


toire national est couvert par le fleuve Congo, de plusieurs rivières, des
lacs intérieurs et transfrontaliers. La RDC regorge une réserve d’eau
douce d’Afrique estimée à 53%. La préservation de ces ressources en
eau douce et à quelques égards son exploitation pour le bien être de sa
population ainsi que pour le reste du continent Africain exigent que
certains paramètres fassent l’objet d’une étude minutieuse, comme le
fait savoir Vital Kamerhe :
- La croissance démographique galopante (la population actuelle
pourrait tripler d’ici 2050) ;
- L’exode rural exacerbé par les guerres et menant à des excrois-
sances urbaines rapides perturbant toute planification, notam-
ment en matière d’accès à l’eau potable et à un assainissement
adéquat ;
- La pollution des sources d’eau potable par les exploitations mi-
nières et industrielles et l’invasion des bassins versants par les
populations urbaines, avec des impacts néfastes sur les écosys-
tèmes et la santé ;
- Les changements climatiques et leur impact sur les ressources
en eau. 452

5.5.1 Présentation sommaire de la Loi N° 15/026 du 31 décembre


2015 relative à l’eau et ses principales innovations

L’arsenal juridique du secteur de l’eau en RDC a connu une méta-


morphose fulgurante fondée sur les articles 9 et 48 de la Constitution du

452
Kamerhe Vital, Op. Cit., p. 128.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 293

18 février 2006 modifiée en 2011. L’État exerce une souveraineté per-


manente sur ses eaux et le droit d’accès à l’eau potable est constitution-
nellement garanti. La Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à
l’eau définit sans ambiguïté dans son exposé des motifs ses objectifs :
ses options fondamentales ainsi que ses innovations majeures. Elle
compte 10 titres et 126 articles : Dispositions générales (Titre I) ; Souve-
raineté, obligations de l’État et domaine public de l’eau (Titre II) ; Ges-
tion des ressources en eau (Titre III) ; Usages de l’eau (Titre IV) ; Ser-
vice public de l’eau (Titre V) ; Protection des écosystèmes aquatiques
(Titre VI) ; Gestion des catastrophes (Titre VII) ; Mécanismes de règle-
ment des conflits (Titre VIII) ; Dispositions pénales (Titre IX) ; et Dis-
positions transitoires, abrogatoires et finales (Titre X).

Des objectifs de la Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à


l’eau :

- Répondre à l’obligation prescrite à l’État par les articles 9 et 48 de la


Constitution … ;
- Fixer les règles de responsabilités relatives au service public de l’eau
et à l’assainissement en les adaptant aux exigences actuelles du déve-
loppement économique et social du pays ;
- Déterminer les instruments nécessaires pour la gestion rationnelle et
équilibrée du patrimoine hydrique, selon une approche multisectorielle
qui tienne compte des besoins présents et à venir ;
- Résoudre le problème de cadre juridique et institutionnel inadapté ain-
si que du faible taux d’accès à l’eau potable ;
- Protéger la ressource en eau et réglementer son utilisation ;
- Rendre performant le secteur ;
- Attirer, à travers des mesures de sécurisation, les investisseurs vers le
secteur et favoriser une émergence hydrique nationale par le recours à
la formule du partenariat public/privé.
294 Traité de droit de l’environnement

Des innovations majeures de la Loi N° 15/026 du 31 décembre


2015 relative à l’eau

 L’accent mis sur les usages prioritaires de l’eau et la prise en compte


de l’option levée par le gouvernement de développer davantage les
secteurs porteurs de croissance ;
 La couverture des besoins en eau de toutes les catégories de consom-
mateurs ;
 La création de cadre fixant les règles tarifaires claires selon les prin-
cipes de vérité de prix, d’égalité, d’équité et de non-transférabilité des
charges ;
 L’instauration d’un mécanisme de règlement des différends dans
l’érection de certains faits en infractions pénales spéciales et leur ré-
pression conséquente en vue d’une application efficace de la loi ;
 La protection des consommateurs en ce qui concerne la potabilité de
l’eau ;
 L’obligation de protection de l’environnement pour tous les projets du
développement du secteur.

5.5.2 Principes fondamentaux et régimes de gestion des ressources


en eau

L’État est propriétaire des eaux et détermine le régime approprié de


jouissance et de contrôle notamment définir les mesures de prévention
contre la pollution. Les prescrits de la Loi n° 73-021 du 20 juillet 1973
portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime
des sûretés confirment cette propriété en ces termes :

Le lit de tout lac et celui de tout cours d’eau navigable, flottable ou non,
font partie du domaine public de l’État453 ;

453
Article 16 de la Loi n° 73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des
biens, régime foncier et immobilier et régime des sûretés telle que modifiée et
complétée par la Loi n° 80-008 du 18 juillet 1980.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 295

L’eau des cours d’eau et des lacs et les eaux souterraines appartiennent à
l’État. Sous réserve des dispositions légales ou règlementaires qui en dé-
terminent la jouissance, et des concessions particulières qui peuvent tou-
jours être accordées par l’autorité publique, la faculté d’en user est
commune à tous.454

Ces dispositions sont corroborées par celles de la Loi N° 15/026 du


31 décembre 2015 relative à l’eau en ces termes :

Sous réserve des dérogations établies par la loi, les ressources en eau et
les écosystèmes aquatiques naturels font partie du domaine public.455
La gestion des ressources en eau concerne les eaux continentales, mari-
times et transfrontalières.456

Conformément à la Loi N° 09/002 du 7 mai 2009 portant délimita-


tion des espaces maritimes de la République démocratique du Congo et
à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer du 10 décembre
1982 ratifiée par la RDC alors Zaïre par ordonnance-loi n° 88/036 du 28
septembre 1988, le pays dispose de différents espaces maritimes déter-
minés comme suit :
La mer territoriale s’étend jusqu’à une limite extérieure fixée à 12
milles marins à partir de la ligne de base ; la zone contiguë s’étend
jusqu’à une distance de 12 milles marins à partir de la limite extérieure
de la mer territoriale ; la zone économique exclusive (ZEE) s’étend
jusqu’à 200 milles marins à partir de la ligne de base et le plateau conti-
nental s’étend jusqu’à 350 milles marins à partir de la ligne de base ou à
100 milles marins à partir de l’isobathe de 2.500 mètres.457

454
Article 18 de la Loi n° 73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des
biens, régime foncier et immobilier et régime des sûretés telle que modifiée et
complétée par la Loi n° 80-008 du 18 juillet 1980.
455
Articles 7 de la N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau.
456
Articles 11 de la N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau.
457
Articles 1, 5, 6, 7 & 8 de la Loi N° 09/002 du 7 mai 2009 portant délimitation
des espaces maritimes de la République démocratique du Congo,
296 Traité de droit de l’environnement

La Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982 défi-


nit clairement les espaces maritimes.

La zone contiguë

1. Dans une zone contiguë à sa mer territoriale, désignée sous le nom de


zone contiguë, l’État côtier peut exercer le contrôle nécessaire en vue de :
a) Prévenir les infractions à ses lois et règlements douaniers, fiscaux, sani-
taires ou d’immigration sur son territoire ou dans sa mer territoriale ;
b) Réprimer les infractions à ces mêmes lois et règlements commises sur son
territoire ou dans sa mer territoriale.
2. La zone contiguë ne peut s’étendre au-delà de 24 milles marins des lignes
de base à partir desquelles est mesurée la largeur de la mer territoriale.458

La zone économique exclusive (ZEE)

Une ZEE est une zone située au-delà de la mer territoriale et adjacente à celle-ci,
soumise au régime juridique particulier en vertu duquel les droits et la juridic-
tion de l’État côtier et les droits et les libertés des autres États sont gouvernés par
les dispositions pertinentes de la convention sur le droit de la mer de 1982.459
Son étendue ne peut aller au-delà de 200 milles marins des lignes de base à
partir desquelles est mesurée la largeur de la mer territoriale.460 Sur cet espace,
l’État côtier exerce, en vertu de l’article 56, des compétences pour la mise en
place et l’utilisation d’îles artificielles, d’installations et d’ouvrages, la recherche
scientifique marine ; la protection et la préservation du milieu marin. Des droits
souverains lui sont aussi reconnus aux fins d’exploitation de conservation et de
la gestion des ressources naturelles, biologiques et non biologiques, des eaux

https://www.leganet.cd/Legislation/Droit%20Public/frontieres/Loi.09.002.07.05.
09.htm
458
Article 33 de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982.
459
Article 55 de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982.
460
Article 57 de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982)
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 297

sus-jacentes aux fonds marins, des fonds marins et de leur sous-sol, ainsi qu’en
ce qui concerne d’autres activités à l’exploration et exploitation de la zone à des
fins économiques, telles que la production d’énergie à partir de l’eau, des cou-
rants et des vents. Tous les autres États jouissent des libertés de navigation, et de
survol et de la liberté de poser de câble et pipelines sous-marins.461

Le plateau continental

1. Le plateau continental d’un État côtier comprend les fonds marins et leur
sous-sol au-delà de sa mer territoriale, sur toute l’étendue du prolongement
naturel du territoire terrestre de cet État jusqu’au rebord externe de la marge
continentale, ou jusqu’à 200 milles marins des lignes de base à partir des-
quelles est mesurée la largeur de la mer territoriale, lorsque le rebord externe
de la marge continentale se trouve à une distance inférieure.
2. Le plateau continental ne s’étend pas au-delà des limites prévues aux pa-
ragraphes 4 à 6.
3. La marge continentale est le prolongement immergé de la masse terrestre
de l’État côtier ; elle est constituée par les fonds marins correspondant au
plateau, au talus et au glacis ainsi que leur sous-sol. Elle ne comprend ni les
grands fonds des océans, avec leurs dorsales océaniques, ni leur sous-sol.
4. a) Aux fins de la Convention, l’État côtier définit le rebord externe de la
marge continentale, lorsque celle-ci s’étend au-delà de 200 milles marins
des lignes de base à partir desquelles est mesurée la largeur de la mer territo-
riale, par : i) Une ligne tracée conformément au § 7 par référence aux points
fixes extrêmes où l’épaisseur des roches sédimentaires est égale au centième
au moins de la distance entre le point considéré et le pied du talus continen-
tal ; ou ii) Une ligne tracée conformément au § 7 par référence à des points
fixes situés à 60 milles marins au plus du pied du talus continental.

461
Kihangi Bindu Kennedy, Droit international public I : Théorie générale, Op.
Cit.
298 Traité de droit de l’environnement

b) Sauf preuve du contraire, le pied du talus continental coïncide avec la


rupture de pente la plus marquée à la base du talus.
5. Les points fixes qui définissent la ligne marquant, sur les fonds marins, la
limite extérieure du plateau continental, tracée conformément au § 4, lettre
a), i) et ii), sont situés soit à une distance n’excédant pas 350 milles marins
des lignes de base à partir desquelles est mesurée la largeur de la mer territo-
riale, soit à une distance n’excédant pas 100 milles marins de l’isobathe de
2.500 mètres, qui est la ligne reliant les points de 2.500 mètres de profon-
deur.
6. Nonobstant le §5, sur une dorsale sous-marine, la limite extérieure du pla-
teau continental ne dépasse pas une ligne tracée à 350 milles marins des
lignes de base à partir desquelles est mesurée la largeur de la mer territo-
riale. Le présent § ne s’applique pas aux hauts - fonds qui constituent des
éléments naturels de la marge continentale, tels que les plateaux seuils,
crêtes, bancs ou éperons qu’elle comporte.
7. L’État côtier fixe la limite extérieure de son plateau continental, quand ce
plateau s’étend au-delà de 200 milles marins des lignes de base à partir des-
quelles est mesurée la largeur de la mer territoriale, en reliant par des droites
d’une longueur n’excédant pas 60 mille s marins des points fixes définis par
des coordonnées en longitude et en latitude.
8. L’État côtier communique des informations sur les limites de son plateau
continental, lorsque celui-ci s’étend au-delà de 200 milles marins des lignes
de base à partir desquelles est mesurée la largeur de la mer territoriale, à la
Commission des limites du plateau continental constituée en vertu de
l’annexe II sur la base d’une représentation géographique équitable. La
Commission adresse aux États côtiers des recommandations sur les ques-
tions concernant la fixation des limites extérieures de leur plateau continen-
tal. Les limites fixées par un État côtier sur la base de ces recommandations
sont définitives et de caractère obligatoire.
9. L’État côtier remet au Secrétaire général de l’ONU les cartes et rensei-
gnements pertinents, y compris les données géographiques, qui indiquent de
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 299

façon permanente la limite extérieure de son plateau continental. Le Secré-


taire général donne à ces documents la publicité voulue.
10. Le présent article ne préjuge pas de la question de la délimitation du pla-
teau continental entre des États dont les côtes sont adjacentes ou se font
face.462
L’État côtier, pour ce qui est du régime juridique, exerce d’une manière ex-
clusive sur le plateau continental des droits souverains aux fins de
l’exploration et de l’exploitation des ressources expressément énumérées par
la Convention à l’article 77 de la Convention des Nations unies sur le droit
de la mer. En face de ces droits se dressent de nombreuses obligations en
rapport avec les droits et libertés des autres États sur les eaux et l’espace aé-
rien sur – jacents ainsi que la poser des câbles et pipelines sous-marins.463

En effet, en matière de délimitation des espaces maritime, le droit in-


ternational laisse place aux négociations entre les États dont les côtes se
font face ou sont adjacentes. 464

A. Les eaux continentales

Les eaux continentales regroupent les eaux intérieures telles que les
eaux fluviales, les eaux lacustres, les eaux souterraines, et plus large-
ment les eaux des sols ainsi que les glaces continentales et les glaces
souterraines.465 La Loi sur l’eau (N° 15/026 du 31 décembre 2015) con-
sacre le libre écoulement des eaux de surface et des eaux souterraines,
nul ne peut l’empêcher, sauf une dérogation prévue par loi ou un règle-

462
Article 76 de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982.
463
Article 79 de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982.
464
Articles 1, 5, 6, 7 & 8 de la Loi N° 09/002 du 7 mai 2009 portant délimitation
des espaces maritimes de la République démocratique du Congo,
https://www.leganet.cd/Legislation/Droit%20Public/frontieres/Loi.09.002.07.05.
09.htm
465
https://www.aquaportail.com/definition-6138-eaux-continentales.html
300 Traité de droit de l’environnement

ment en la matière. Les eaux continentales sont soumises à l’un des


régimes juridiques ci-après : la déclaration ; l’autorisation ou la conces-
sion.

1. La déclaration est une formalité administrative accomplie auprès de


l’autorité compétente en vue d’exploiter ou d’utiliser les eaux du do-
maine public sous certaines conditions ;
2. L’autorisation est un acte juridique par lequel l’administration permet
à une personne physique ou morale d’exploiter ou d’utiliser les eaux
ou des ouvrages d’assainissement du domaine public sous certaines
conditions ;
3. La concession est un contrat conclu entre l’État et une personne phy-
sique ou morale, publique ou privée, permettant à celle-ci d’exploiter
le domaine public de l’eau sur une période déterminée.466

Les aménagements hydrauliques qui ne présentent pas de dangers de


pollution ou d’incidences néfastes sur l’eau et les écosystèmes aquatique
doivent faire l’objet d’une déclaration préalable auprès de l’autorité
locale. Il est de même de l’utilisation des eaux à des fins de construction
ou d’entretien de bâtiment publiques étatiques, locales ou privées.
Le régime d’autorisation préalable s’applique pour les aménage-
ments hydrauliques, d’une manière générale les installations, les ou-
vrages, les travaux et les activités réalisées par toute personne physique
ou morale, publique ou privée entrainant selon le cas :

a) Des prélèvements d’eau de surface ou souterraine à des fins in-


dustrielles, commerciales, artisanales, de stockage ou de distri-
bution d’eau potable ;
b) Une modification du régime des sources d’eau ;
c) Une eutrophisation des eaux ;

466
Article 3 points 10, 13 & 14 de la Loi n° 15/026 du 31 décembre 2015 rela-
tive à l’eau.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 301

d) Un empêchement de la circulation sur les eaux.467


Le droit d’utilisation permanente des eaux du domaine public à des
fins d’intérêt général, notamment la production d’énergie électrique et la
distribution d’eau potable par réseau ainsi que d’activités agricoles,
minières, industrielles et touristiques est accordé, selon le cas, par le
gouvernement national ou le gouvernement provincial à toute personne
physique ou morale, de droit public ou privé par un contrat de conces-
sion. Le régime de la concession des ressources en eau est ici reconnu à
toute personne physique de nationalité congolaise ou morale de droit
congolais qui remplit les conditions suivantes :

a) Avoir une résidence ou un domicile connu en RDC ;


b) Présenter la preuve de son inscription ou registre de commerce,
s’il s’agit d’une personne exerçant le commerce ;
c) Justifier d’une capacité technique et financière éprouvée pour
sa mise en valeur.468

La concession peut porter sur tout ou une partie d’un cours d’eau,
d’un lac naturel ou artificiel et d’aquifères souterrains. Le droit
d’utilisation des eaux et l’aménagement d’ouvrages hydrauliques sont
limités par l’obligation de ne porter atteinte aux droits des riverains, de
restituer l’eau de façon qu’elle soit réutilisée et de respecter l’intégrité
de l’environnement et des écosystèmes aquatiques.
Conformément à l’article 29 de la N° 15/026 du 31 décembre 2015
relative à l’eau, une enquête publique préalable est exigée pour tout
aménagement hydraulique ou toute mesure relative à la gestion des
eaux. Cela donne un soubassement à l’applicabilité du principe de la
participation du public en général et des populations locales en particu-

467
Article 23 de la Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau
468
Articles 20, 21, 23, 24, 25 & 26 de la N° 15/026 du 31 décembre 2015 rela-
tive à l’eau.
302 Traité de droit de l’environnement

lier dans la gestion des eaux. Il est exigé le respect de règles environne-
mentales.
L’octroi de la concession est assujetti à une étude d’impact environ-
nemental et social, assortie de son plan de gestion dûment approuvés. Il
est aussi reconnu par le législateur la possibilité pour les usagers de
l’eau de se constituer en association locale de l’eau ou association
d’usagers, conformément à la loi, en vue de la gestion, de la mise en
valeur, de la protection de la ressource en eau et de la protection contre
les catastrophes. Ces associations peuvent être déclarées d’utilité pu-
blique par les administrations concernées, même dans le cas où la con-
cession d’utilisation de l’eau accordée n’a pas été elle-même déclarée
d’utilité publique. Il est envisagé par la loi des servitudes, des aires et
des périmètres de protection dans la protection des eaux continentales.
Les fonds riverains d’un cours d’eau ou d’un lac sont grevés, sur chaque
rive, d’une servitude d’utilité publique d’une largeur de 100 mètres à
partir des bergers, dite servitude de libre accès, destinée à permettre la
mobilité des engins de curage et d’entretien et à l’administration de l’eau
d’installer des moyens de signalisation, de mesure et de relevé.469
Conformément aux prescrits de la Constitution du 18 février 2006
telle que modifiée en 2011 confirmant l’exercice de la souveraineté
permanente de la RDC sur ses ressources en eaux, la Loi N° 15/026 du
31 décembre 2015 relative à l’eau définit les modalités en matière de
transfert des eaux en ces termes :

Article 51 de la N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’Eau :

Tout transfert des eaux de surface ou souterraines dans les limites du ter-
ritoire national ou en dehors de celui-ci est assujetti à une étude d’impact
environnemental et social préalable, assortie de son plan de gestion dû-
ment approuvés.

469
Article 30, 32 & 40 de la N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 303

Article 52 de la N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’Eau :

Dans les limites du territoire national, le transfert des eaux est intégré
dans le schéma directeur de l’ensemble hydrographique ou dans les
schémas directeurs relatifs aux ensembles concernés préalablement à son
approbation par arrêté du ministre ayant la gestion des ressources en eau
dans ses attributions.

Article 53 de la Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau

Tout transfert d’eau douce en dehors du territoire national vers le terri-


toire d’un autre État est soumis à l’accord préalable du peuple Congolais
constitué par voie de referendum conformément à l’article 214, alinéa 2,
de la Constitution.

L’article 214 alinéa 2 de la Constitution du 18 février 2006 modifiée


en 2011 dispose que :

Nulle cession, nul échange, nulle adjonction de territoire n’est valable


sans l’accord du peuple congolais consulté par voie de référendum.

Une sanction pénale (dix à vingt ans) et une amende (deux cent cin-
quante millions de francs congolais à cinq cent millions de francs congo-
lais ou l’une de ces peines seulement seront infligées à quiconque aura
favorisé ou occasionné, sous quelque motif que ce soit, tout transfert
d’eau douce en dehors du territoire national vers le territoire d’un autre
État.470
Ainsi, la Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau fixe
des préalables pour que le transfert d’eau douce (l’eau douce c’est l’eau
des rivières, des lacs, de pluie, des glaciers, des tourbières, etc. par op-
position à l’eau opposition à l’eau de mer) ne soit infractionnel.471 Tout
transfert en dehors du territoire national est soumis à :

470
Article 119 de la Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau.
471
Sabin Mande M., Des infractions environnementales en droit Congolais,
Write On Publishing, Cape Town, Afrique du Sud, 2021, p. 84.
304 Traité de droit de l’environnement

- Une étude d’impact environnemental et social préalable, assortie du


plan de gestion approuvée ;
- L’intégration dans le schéma directeur de l’ensemble hydrographique
ou dans les schémas directeurs relatifs aux ensembles concernés préa-
lablement ;
- L’accord préalable du peuple congolais consulté par voie de referen-
dum.

Toutes les dispositions précitées posent un principe interdisant tout


transfert des eaux douces congolaises du territoire national vers le terri-
toire d’un autre État. Une exception est néanmoins acceptable avec
l’accord préalable du peuple Congolais par voie de la procédure de refe-
rendum. Le projet « Transaqua »472 peut être abordé à la lumière de
cette procédure.

B. Les eaux maritimes et transfrontalières

Dans les eaux maritimes, aux termes de l’article 54 de la Loi sur


l’eau (N° 15/026 du 31 décembre 2015), il est interdit toute immersion
des substances nocives et/ou radioactives susceptibles de mettre en dan-
ger la santé de l’homme, de nuire aux ressources biologiques, à la faune
et à la flore marines, de porter atteinte aux agréments ou de gêner toutes
autres utilisations légitimes de la mer et des eaux territoriales.
Dans le cadre de la gestion des eaux transfrontalières, selon les pres-
crits de la Loi sur l’eau,473 la RDC conclut avec les États riverains des
cours d’eau et des frontaliers des accords bilatéraux ou multilatéraux ou
autres arrangements afin de définir les relations mutuelles en matière
d’utilisation, de mise en valeur et de protection des ressources en eau et

472
Transfert des eaux du bassin du Congo vers le fleuve Oubangui jusqu’au
Chari qui alimente le lac Tchad.
473
Article 57 de la Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 305

des écosystèmes aquatiques de manière équitable. Cette coopération vise


en particulier :
a) L’échange d’information et de données ;
b) La gestion intégrée et durable des eaux transfrontalières ;
c) La mise en œuvre de programmes et projets conjoints et de
structures bi ou multilatérales de gestion des eaux partagées ;
d) Le renforcement de capacités ;
e) La coordination des actions visant à servir les objectifs et les
intérêts communs dans les fora régionaux et internationaux re-
latifs à la gestion et la protection des ressources en eau. Les ac-
cords à conclure portent également sur la conduite à tenir en
cas de situations d’urgence ou pour la prévention, la maîtrise et
la réduction de toute pollution qui risque d’avoir un impact
transfrontalier.
Les aspects socioéconomiques et politiques restent toujours au centre
de la gestion des eaux transfrontalières. Les États riverains arrivent à la
signature des arrangements après moult discussions. Il peut s’agir aussi
de l’adaptation de certains arrangements faits par les puissances colo-
niales, comme cela est le cas des eaux du Lac Kivu, arrangement du 14
mai 1910. La gestion peut aussi être confiée à une organisation indépen-
dante créée par les États riverains. Tel est le cas de l’Autorité du Lac
tanganyika (ALT) dont le siège se trouve à Bujumbura en République du
Burundi.474

5.5.3 Le droit d’accès à l’eau potable

Sur le plan continental, la Convention africaine sur la conservation


de la nature et des ressources naturelles (Convention d’Alger de 1968

474
Lubiku Lusiense R.N., Les ressources naturelles transfrontalières de la RDC
avec ses neuf pays voisins, Novembre 2016, pp. 96 & 108.
306 Traité de droit de l’environnement

révisée à Maputo/Mozambique en 2003) fixe la base en matière de l’eau.


Son article V donne des orientations non moins claires en ces termes :

(1) Les États contractants institueront des politiques de conservation,


d’utilisation et de développement des eaux souterraines et superficielles, et
s’efforceront de garantir aux populations un approvisionnement suffisant et
continu en eaux appropriés en prenant les mesures appropriées, eu égard :
1) à l’étude des cycles de l’eau et aux inventaires par bassin de drainage ;
2) à la coordination et à la planification de projets de développement des res-
sources en eau ;
3) à l’administration et au contrôle de toutes les formes d’utilisation des
eaux ;
4) à la prévention et au contrôle de leur pollution.

(2) Lorsque les ressources en eau, superficielle ou souterraine, intéressent deux


ou plusieurs États contractants, ceux-ci se consulteront et, le cas échéant, consti-
tueront des commissions étatiques pour étudier et résoudre les problèmes nés de
l’utilisation commune de ces ressources, et pour assurer conjointement le déve-
loppement et la conservation de celles-ci.

Quelques décennies après, le droit à l’eau a été élevé au rang d’un


droit de l’homme par une résolution de l’Assemblée Générale des Na-
tions Unies 64/292 (A/RES/64/292 du 3 août 2010) en ces termes :

… le droit à l’eau potable et à l’assainissement est un droit de l’homme,


essentiel à la pleine jouissance de la vie et à l’exercice de tous les droits
de l’homme.

Le droit à l’eau trouve ses fondements juridiques dans plusieurs


autres instruments internationaux des droits de l’homme. Notons à titre
illustratif l’article 14 alinéa 2(h) de la Convention sur l’élimination de
toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ; article 24
paragraphe 2 (c) de la Convention relative aux droits de l’enfant ; article
54 du Protocole additionnel I aux Conventions de Genève de 1977.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 307

En effet, pour l’Observation générale n° 15 (2002) du Comité des


droits économiques, sociaux et culturels (Conseil économique et sociale
des Nations Unies), « le droit à l’eau consiste en un approvisionnement
suffisant, physiquement accessible et à un coût abordable, d’eau salubre
et de qualité acceptable pour les usages personnels et domestiques de
chacun. Une quantité adéquate d’eau salubre est nécessaire pour préve-
nir la mortalité due à la déshydratation et pour réduire le risque de
transmission de maladies d’origine hydrique ainsi que pour la consom-
mation, la cuisine et l’hygiène personnelle et domestique ».475
Dans son contenu, le droit à l’eau consiste en des libertés et des
droits. Ainsi, parmi les libertés, selon l’observation n° 15 du Comité des
droits économiques, sociaux et culturels, figurent le droit d’accès inin-
terrompu à l’approvisionnement en eau nécessaire pour exercer le droit à
l’eau, et le droit de ne pas subir d’entraves, notamment une interruption
arbitraire de l’approvisionnement et d’avoir accès à une eau non conta-
minée. Parmi les droits, on se réfère au droit d’avoir accès à un système
d’approvisionnement et de gestion qui donne à chacun la possibilité
d’exercer, dans des conditions d’égalité, le droit à l’eau.476 Le droit à
l’eau doit aussi être exercé dans des conditions de durabilité.

Trois facteurs d’eau

L’eau doit être disponible, de qualité et accessible. Ces trois facteurs


ont fait l’objet des définitions dans l’Observation Générale du Comité

475
Comité des droits économiques, sociaux et culturels (Conseil Économique et
Social des Nations Unies), Questions de fond concernant la mise en œuvre du
pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, Observa-
tion générale n° 15 (2002), p. 2.
476
Comité des droits économiques, sociaux et culturels (Conseil Économique et
Social des Nations Unies), Questions de fond concernant la mise en œuvre du
pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, Observa-
tion générale n° 15 (2002), p. 5.
308 Traité de droit de l’environnement

des droits économiques, sociaux et culturels du Conseil économique et


social des Nations Unies :

- La disponibilité : l’eau disponible pour chaque personne doit être suf-


fisante et constante pour les usages personnels et domestiques, qui
sont normalement la consommation, l’assainissement individuel, le la-
vage du linge, la préparation des aliments ainsi que l’hygiène person-
nelle et domestique.
- La qualité : l’eau nécessaire pour chaque usage personnel et domes-
tique doit être salubre et donc exempte de microbes, de substances
chimiques et de risques radiologiques qui constituent une menace pour
la santé.
- L’accessibilité : l’eau, les installations et les services doivent être ac-
cessibles, sans discrimination, à toute personne relevant de la juridic-
tion de l’État partie. L’accessibilité renvoie notamment aux aspects
physique, économique, non discriminatoire et de l’information.
L’accessibilité physique porte sur les installations et les services adé-
quats organisés qui doivent être physiquement accessibles sans danger
pour toutes les couches de la population. L’accessibilité économique
voudrait que l’eau, les installations et les services soient d’un coût
abordable pour tous. Les coûts directs et indirects qu’implique
l’approvisionnement en eau doivent être raisonnables, et ils ne doivent
pas compromettre ou menacer la réalisation des autres droits. La non-
discrimination voudrait que l’eau, les installations et les services
soient accessibles à tous, en particulier aux couches de la population
les plus vulnérables ou marginalisées, en droit et en fait, sans-
discrimination fondée sur l’un quelconque des motifs proscrits.
L’accessibilité de l’information correspond au droit de rechercher, de
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 309

recevoir et de répandre des informations concernant les questions rela-


tives à l’eau.477

Obligations des États

Le Pacte relatif aux droits économiques, sociaux et culturels prévoit


une réalisation progressive du droit à l’eau, tenant ainsi compte des
contraintes dues à la limitation des ressources disponibles. Il n’en im-
pose pas moins aux États des obligations avec effet immédiat. Les États
ont, par exemple, l’obligation de garantir son exercice sans discrimina-
tion et celle d’agir en vue d’assurer l’application pleine et entière des
articles 11, paragraphe 1 et 12 du Pacte International sur les droits éco-
nomiques, sociaux et culturels. Les mesures à prendre doivent avoir, à
cet effet, un caractère délibéré et concret et viser un plein exercice du
droit à l’eau. Comme pour tout autre droit de l’homme, le droit à l’eau
impose aux États l’obligation :

- De respecter (s’abstenir d’entraver directement ou indirectement


l’exercice du droit à l’eau) ;
- De protéger (empêcher les tiers d’entraver l’exercice du droit à l’eau) ;
- De mettre en œuvre (faciliter, promouvoir et assurer) l’exercice du
droit à l’eau.
- L’État doit prendre des mesures positives pour aider les particuliers et
les communautés à exercer le droit à l’eau (obligation de faciliter) ;
- De prendre des actions pour assurer la diffusion d’informations appro-
priées sur l’utilisation hygiénique de l’eau, la protection des sources
d’eau et les méthodes propres à réduire le gaspillage (obligation de
promouvoir) ;

477
Ibidem, pp. 5 & 6.
310 Traité de droit de l’environnement

- De mettre en œuvre le droit à l’eau lorsque des particuliers ou des


groupes sont incapables de l’exercer eux-mêmes avec leurs propres
moyens (assurer la réalisation).478

Le droit à l’eau est constitutionnellement garanti en RDC par


l’article 48 de la Constitution du 18 février 2006 modifiée en 2011 qui
dispose que :

Le droit à un logement décent, le droit d’accès à l’eau potable et à


l’énergie électrique sont garantis. La loi fixe les modalités d’exercice de
ces droits.

Obligations des gestionnaires

La Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau rassure que


les ressources en eau qui sont du domaine public, l’État garantit à tout
Congolais l’accès juste et équitable aux ressources en eau et aux espèces
aquatiques. Le Pouvoir central, les provinces et les entités territoriales
décentralisées assurent, dans les limites de leurs compétences et attribu-
tions respectives, les missions d’intérêt général nécessaire à la conserva-
tion, l’utilisation et à la protection des ressources en eau.479 Toute per-
sonne physique ou morale, publique ou privée, chargée de la production,
du transport ou de la distribution de l’eau de consommation s’assure que
l’eau ainsi produite, transportée et distribuée est conforme aux normes
de potabilité. Elle met en place des moyens internes adéquats de suivi de
la qualité de l’eau.480

478
Comité des droits économiques, sociaux et culturels (Conseil Économique et
Social des Nations Unies), Questions de fond concernant la mise en œuvre du
pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, Observa-
tion générale n° 15 (2002), pp. 9 & 10.
479
Articles 5, 6 & 7 de la Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau &
articles 203, point 16 et 204, point 26 de la Constitution du 18 février 2006
modifiée en 2011).
480
Article 59 al. 1 de la Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 311

Il est de principe que l’eau est un bien social et économique.


D’autres ont tendance à la considérer même comme un bien culturel.481
Elle a un caractère social car tout membre de la société peut prétendre y
avoir accès. Les décideurs politiques ou les gestionnaires de l’eau doi-
vent définir une meilleure politique avec la participation des populations
pouvant permettre un accès à l’eau. Le caractère de l’eau comme bien
économique fait qu’il soit relativement couteux de mobiliser et de distri-
buer aux usagers l’eau. Les coûts engagés pour l’eau doivent en principe
être répartis entre tous car il s’agit généralement d’une question qui
exige des investissements importants. C’est dans cette perspective que la
fixation des prix doit tenir compte des paramètres définis par la Loi N°
15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau.
L’article 84 de la Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à
l’eau dispose que :

Le service public de l’eau est accessible à tous.


Il n’est pas gratuit.
Son prix est déterminé par un tarif.
Les tarifs de consommation d’eau sont calculés de manière transparente,
afin de couvrir l’ensemble des coûts supportés par leurs gestionnaires,
sans toutefois dépasser les coûts autorisés.

Dans le même état d’esprit, l’article 85 de la Loi N° 15/026 du 31


décembre 2015 relative à l’eau prévoit que :

Les tarifs de l’eau sont fixés selon les principes de vérité des prix,
d’égalité, d’équité et de non-transférabilité des charges, celles-ci pou-
vant faire l’objet d’audit.

481
Comité des droits économiques, sociaux et culturels (Conseil Économique et
Social des Nations Unies), Questions de fond concernant la mise en œuvre du
pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, Observa-
tion générale n° 15 (2002), p. 5.
312 Traité de droit de l’environnement

La vérité des prix consiste en ce que les tarifs reflètent tous les coûts y
compris les coûts d’exploitation encourus pour l’approvisionnement des
consommateurs en eau. Ces coûts sont compatibles de façon claire et
transparente et vérifiés par l’autorité de régulation.
L’égalité consiste en ce que les tarifs représentent, pour chaque catégo-
rie de consommateurs, les coûts occasionnés pour son approvisionne-
ment en eau.
L’équité consiste en ce que les tarifs sont jugés acceptables pour chaque
catégorie de consommateurs.
La non-transférabilité consiste en ce que les tarifs reflètent la structure
des coûts encourus selon les différents niveaux de consommation.

Toute politique en matière de gestion des ressources en eau en RDC


doit intégrer tous les aspects précités car l’alimentation en eau potable
est une priorité à tout autre usage. Le gouvernement central, le gouver-
nement provincial ainsi que les collèges exécutifs urbains, communal, de
secteur et de chefferie, chacun dans les limites de ses compétences et
attributions, doivent prendre les mesures destinées à l’inventaire de
toutes les ressources en eau, à leur conservation, en ce compris, les
zones humides, les zones côtières et les bassins et sous-bassins versants,
ainsi qu’à leur protection, à la prévention et au contrôle de la pollution.
Les politiques, schémas directeurs et programmes envisagés doivent :

- Couvrir les besoins en eau de la population ;


- Satisfaire ou concilier les exigences de l’agriculture, de l’élevage, de
la pêche et de l’aquaculture, de l’extraction des substances minérales,
de l’industrie, de la production d’énergie, des transports, du tourisme,
des loisirs ainsi que de toute autre activité humaine légalement exer-
cée ;
- Préserver la quantité et la qualité des eaux ;
- Protéger les écosystèmes aquatiques ;
- Faire face aux nécessités de la santé, de la salubrité publique, de la sé-
curité civile et aux problèmes posés par le changement climatique ;
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 313

- Veiller à la participation de tous les acteurs concernés, notamment les


communautés locales, les usagers, la société civile et le secteur privé.
482

L’usage de l’eau répond à un certain nombre d’exigences notamment


le besoin de protection de l’environnement. L’utilisation de l’eau obéit à
un ordre de priorité établi de la manière suivant :

- L’usage de l’eau à des fins domestiques pour la consommation,


l’hygiène et autres besoins des ménages ;
- L’usage de l’eau par les municipalités et les communautés à des fins
liées à leurs fonctions en particulier concernant la santé publique,
l’hygiène et l’assainissement ;
- L’usage de l’eau pour la production d’énergie ;
- L’usage de l’eau pour l’activité industrielle ;
- L’usage de l’eau à des fins de navigation et de transport ;
- L’usage de l’eau à des fins sportives, récréatives et touristiques.483

La loi reconnaît aux usagers de l’eau la possibilité de se constituer en


association locale de l’eau d’usagers, en vue de la gestion, de la mise en
valeur, de la protection de la ressource en eau et de la protection contre
les catastrophes. Une telle association peut être déclarée d’utilité pu-
blique par les administrations concernées, même dans le cas où la con-
cession d’utilisation de l’eau accordée n’a pas été elle-même déclarée
d’utilité publique. 484 La législation congolaise en matière de l’eau re-
connaît aussi la possibilité pour toute personne, toute association repré-
sentative des communautés locales ou toute organisation agréée du do-
maine de la protection de l’environnement à saisir le juge en cas de
violation de ses dispositions. Ainsi, l’article 108 dispose :

482
Articles 12 & 13 de la Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau.
483
Article 58 de la Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau.
484
Article 32 de la Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau.
314 Traité de droit de l’environnement

Toute personne physique ou morale, toute association représentative des


communautés locales, ou toute organisation non gouvernementale natio-
nale agréée œuvrant dans les domaines de la protection de
l’environnement, de la gestion des ressources en eau ou du service pu-
blic de l’eau, peut ester en justice contre toute violation des dispositions
de la présente loi ou de ses mesures d’application, ou toute atteinte aux
dispositions des accords et conventions internationaux ratifiés par la Ré-
publique démocratique du Congo, lesquelles causent un préjudice direct
ou indirect aux intérêts collectifs ont pour objet de défendre.485

Cependant toute procédure judiciaire de règlement des conflits en


matière d’utilisation des ressources en eau doit être précédée d’une pro-
cédure de conciliation entre parties. Cette procédure interrompt ipso
facto le délai de prescription prévu en droit commun dès réception de la
demande de conciliation à l’initiative d’une partie. En cas d’échec à
l’issue de cette procédure (non conciliation), la demande est introduite
par la partie la plus diligente devant la juridiction compétente dans un
délai maximum de trois mois à compter de la réception du procès-verbal
de non conciliation.486

485
Article 108 de la Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau.
486
Les articles 106 & 107 de la Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à
l’eau disposent respectivement que :
« Les conflits relatifs aux contestations d’utilisation des ressources en eau ne
sont recevables devant les instances judiciaires que s’ils ont été préalablement
soumis à la procédure de conciliation, à l’initiative de l’une des parties devant
l’organe prévu aux articles 14 et 75 de la présente loi ».
« La procédure de conciliation interrompt le délai de prescription prévu en droit
commun dès la réception de la demande de conciliation par l’organe prévu aux
articles 14 et 75 de la présente loi. En cas de non-conciliation, la demande est
introduite par la partie la plus diligente devant la juridiction compétente dans un
délai maximum de trois mois à compter de la réception du procès-verbal de non
conciliation ».
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 315

En cas de pollution des eaux ou d’inondation, le gouvernement, le


gouvernement provincial et le collège exécutif de l’entité territoriale
décentralisée, chacun dans les limites de ses compétences et attributions,
prend les mesures appropriées au cas.487
La pollution des eaux des rivières Tshikapa et Kasaï due à l’activité
d’une mine de diamants de la province angolaise de Lunda Sul provo-
quant un rejet accidentel de ses effluents depuis fin juillet 2021 a posé
des défis majeurs auxquels le gouvernement central et les gouverne-
ments provinciaux devraient agir dans les meilleurs délais. Les rejets
toxiques occasionnant la pollution ont affecté près d’un million
d’habitants, douze cas de décès et 4.500 cas de diarrhées, de maladies
cutanées et la perte des espèces aquatiques.488 La gestion de cette catas-
trophe écologique par le gouvernement congolais est restée un « secret
d’État » pendant que la liste des victimes s’est allongée avec comme
risque la contamination des eaux souterraines du fleuve Congo en amont
de Kinshasa. Le gouvernement doit faire jouer le principe de pollueur-
payeur en définissant les responsabilités de l’auteur de la pollution et la
réparation des préjudices causés aux victimes conformément à l’article
110 de la Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau (atteintes
aux écosystèmes aquatiques Congolais par des rejets ou effluents
d’origine étrangère). La servitude pénale ne peut être inférieure à 10 ans

487
Article 102 de la Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau.
488
Jacques Deveaux (https://www.francetvinfo.fr/journaliste/jacques-deveaux/),
RDC : 12 morts et des milliers d'intoxications suite à la pollution de la rivière
Kasaï https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/environnement-africain/rdc-
12-morts-et-des-milliers-d-intoxications-suite-a-la-pollution-de-la-riviere-
kasai_4758863.html ; Pollution des rivières Kasaï et Tshikapa en RDC: une
mission humanitaire bientôt sur le terrain, https://www.rfi.fr/fr/afrique/
20210821-rdc-pollution-des-rivi%C3%A8res-kasa%C3%AF-et-tshikapa-une-
mission-humanitaire-bient%C3%B4t-sur-le-terrain RDC : entre Tshisekedi et
Lourenço, qui va payer pour la pollution des fleuves ?
https://www.jeuneafrique.com/1225148/politique/rdc-entre-tshisekedi-et-
lourenco-qui-va-payer-pour-la-pollution-des-fleuves/
316 Traité de droit de l’environnement

et une amende de mille milliards de franc Congolais, sans possibilité de


choix entre les deux peines. Agir n’est plus un choix pour le bien-être
des générations présentes et futures. Toute personne physique ou mo-
rale, toute association représentative des communautés locales, ou toute
organisation non gouvernementale nationale agréée œuvrant dans les
domaines de la protection de l’environnement peut aussi prendre
l’initiative aux termes de l’article 108 de la Loi N° 15/026 du 31 dé-
cembre 2015 relative à l’eau.

5.5.4 Le régime répressif en matière de l’eau

Les aspects pénaux en matière de l’eau sont abordés sous le titre IX


intitulé « Des dispositions pénales », article 109 à 121, de la Loi N°
15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau. Les infractions sont re-
cherchées et constatées par les fonctionnaires et agents assermentés de
l’administration en charge de la gestion en eau, de service public de
l’eau et/ou d’assainissement. Conformément aux trois régimes consacrés
par la Loi précitée (déclaration, autorisation et concession), sera punie :

- Toute personne qui effectue des prélèvements d’eau ou la construction


des ouvrages hydrauliques sans déclaration ou autorisation préalable ;
- Toute personne qui viole les interdictions et prescriptions instaurées
dans le périmètre de protection de captage. Lorsqu’un même fait cons-
titue à la fois un manquement administratif et une infraction prévue
par la Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau, et moyen-
nant une mise en demeure, son auteur, sans préjudice de l’application
des peines prévues, est passible de l’une des sanctions administratives
suivantes devant les juridictions de l’ordre administratif :
 La suspension du droit d’opérer ;
 La résiliation du contrat ;
 Le retrait du titre ;
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 317

 L’interdiction d’exercer dans le secteur.489

Sans préjudice des dispositions de droit commun en matière de res-


ponsabilité civile, des sanctions pénales seront infligées à quiconque ou
toute personne qui aura fourni de l’eau hors normes de potabilité ; dé-
truit ou sabote des ouvrages de captage, de traitement ou de distribution
d’eau. Si cet acte cause la mort ou les blessures graves sas intention de
les donner, son auteur est puni conformément à la loi pénale.
Est aussi puni d’une servitude pénale et d’une amende ou de l’une de
ces peines seulement, quiconque :

- Interrompt la fourniture d’eau aux consommateurs sans motif valable ;


- Se livre à la fraude de consommation d’eau ou au raccordement frau-
duleux ;
- À la destruction des scellés de compteurs ou l’endommagement des
équipements de raccordement et de comptage placés dans les installa-
tions des utilisateurs ;
- Favorise ou occasionne, sous quelque motif que ce soit, tout transfert
d’eau douce en dehors du territoire national vers le territoire d’un autre
État.490

La gestion des ressources en eau relève de la compétence du Minis-


tère de l’environnement et développement durable. Les cours et tribu-
naux ont la charge de mettre en application les dispositions de loi préci-
tée en matière de l’eau selon leurs compétences491 en vue de sauver des
vies humaines. Des mesures d’accompagnement de la gestion patrimo-
niale, intégrée, participative et concertée de l’eau doivent être prises en

489
Article 121 de la Loi No 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau.
490
Articles 117 à 119 de la Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau.
491
Articles 85, 86, 89 et 91 de la Loi organique n°13/011-B du 11 avril 2013
portant organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l'ordre
judiciaire.
318 Traité de droit de l’environnement

amont pour toute fin utile de prévention et de précaution notamment


d’une catastrophe éventuelle.492

5.6 Régime juridique de gestion du secteur des hydro-


carbures

Point n’est besoin de rappeler que la RDC dispose d’un potentiel


énorme en ressources d’hydrocarbures mais qui est malheureusement
peu exploité.493 Les quelques investissements signalés dans le secteur ne
profitent pas significativement à l’économie du pays. Particulièrement,
ils sont sans impact réel sur les besoins de développement des commu-
nautés locales. En cela, la RDC ne fait pas exception sur le continent.
L’évidence démontre que dans un bon nombre des pays Africains,
l’utilisation des revenus tirés de la « manne » pétrolière ne participe pas
toujours à la réduction de la pauvreté et à la croissance économique
équitable. La gestion du pétrole rimerait souvent avec la constitution et

492
Articles 13 à 16 de la Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau.
493
Perenco (société anglo-française) est la seule société pétrolière à ce jour en
RDC, localisée au Kongo-Central, qui produit du pétrole sur des gisements off-
shore et on-shore. Elle est classée dans la catégorie des entreprises de petite
taille avec ses 450.000 barils par jour (en 2015), comparativement aux
« géants » comme Aramco, Exxonmobil ou Chevron qui atteignent le seuil de 3
et 12 millions de barils par jour (données statistiques de 2015). Dans son étude
sur « les ressources d’hydrocarbures : une source potentielle de stabilisation du
pays ? », Bernard Respaut, conclut que si les ressources identifiées dans les
différents bassins de la RDC se révèlent économiquement exploitables, la RDC
jouirait de réserves de pétrole de plus de 10 milliards de barils (3 au minimum
au Graben Albertine, 8 au Graben Tanganyika). Cela placerait le pays au rang de
l’Angola ou de l’Algérie. Ceci sans compter les réserves off-shore, situées dans
la zone maritime que la RDC dispute à l’Angola, estimées à plusieurs milliards
de barils. Bernard Respaut, « Les ressources d’hydrocarbures : une source poten-
tielle de stabilisation du pays ? », Conjonctures congolaises, 2016, pp. 154-58,
disponible sur : https://www.eca-creac.eu/sites/default/files/pdf/2016-02-06-
respaut.pdf
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 319

l’approvisionnement de caisses noires et mise en place des fonds de


financement des opérations occultes494. Le point culminant reste la mau-
vaise gouvernance caractérisée par une corruption endémique, les préfi-
nancements pétroliers de certaines dépenses de prestige ou d’achat
d’armements, les systèmes de bonus occultes, et les contrats conclus
dans le secret au bénéfice de compagnies pétrolières et de petits groupes
de nantis.495 Les richesses pétrolières sont aussi une des sources non
négligeables de pollution de l’air, de destruction de la faune et de la
flore, de troubles sociaux et de guerres civiles.496

Potentiel d’hydrocarbures en RDC


Aux termes de la Loi n° 15/012 du 1er août 2015 portant régime gé-
néral des hydrocarbures, le concept hydrocarbure se définit en « un
composé organique constitué d'atomes de carbone et d'hydrogène, so-
lide, liquide ou gazeux, gisant dans le sol et/ou le, sous-sol et utilisable
comme carburant, combustible ou pouvant servir de matière de base

494
S. Ngodi Gestion des ressources pétrolières et le développement en Afrique
cité par J.G Lugerero Kadusi Les défis, les opportunités et les enjeux de
l’économie pétrolière dans le monde, en Afrique et en République démocratique
du Congo in Atelier National de la Société Civile Bonne gouvernance et res-
sources naturelles et minières de la République démocratique du Congo (15 – 16
Décembre 2006) Centre d’Études pour l’Action Sociale (CEPAS) Kinshasa,
p. 66.
495
Ibidem, p. 67; Kennedy Kihangi Bindu, « L’exploitation du pétrole du lac
Edouard et la loi environnementale en République démocratique du Congo »,
Op. Cit., p. 5.
496
Kihangi Bindu Kennedy, « L’exploitation minière et les impératifs environ-
nementaux légaux en République démocratique du Congo : Cas de la Province
du Nord Kivu », Op. Cit., p. 82 ; Kabamba Mbambu F., « Conflits armés et
exploitation forestière en République démocratique du Congo (RDC) : Pour une
action environnementale régionalement intégrée », in Paix, sécurité et recons-
truction post-conflit dans la région des grands lacs, www.codesria.org, (consul-
té le 12 avril 2018).
320 Traité de droit de l’environnement

pour - l'industrie pétrochimique ».497 Jean Devaux Charbonnel présente


de manière plus détails les hydrocarbures comme « des substances mi-
nières résultant d’un mélange complexe des molécules combinant en des
proportions variables des atomes d’hydrogène et de carbone ».498 Ces
substances ont plusieurs composantes suivant leur nature géologique,
pouvant être à l’état solide, liquide ou gazeux (pétrole, schistes bitu-
meux et gaz naturel).499
Le potentiel d’hydrocarbures connu de la RDC est localisé dans trois
bassins sédimentaires :
- Le bassin côtier off-shore et on shore qui a une superficie de
6.000 Km2. Il appartient à la province pétrolière Ouest Afri-
caine dans la province maritime du Bas-Congo (Kongo cen-
tral). On y trouve une zone maritime marquée et une zone ter-
restre qui connaissent des activités pétrolières depuis les années
1950. Plusieurs champs pétroliers y ont été identifiés. Les tra-
vaux géologiques, géophysiques et les forages d’exploration
conduits entre 1959 et 1982 ont permis l’identification de 5
champs pétroliers dans la zone maritime. La société congolaise
de recherche et d’exploitation, SOCOREP, avait déjà aussi
identifié 7 champs pétroliers en 1956 dans la zone terrestre du
bassin côtier. Depuis plusieurs décennies, un différend oppose
la RDC à l’Angola sur la détermination des frontières mari-

497
Article 2 point 22 de la Loi n° 15/012 du 1er août 2015 portant régime général
des hydrocarbures.
498
Jean Devaux Charbonnel, Droit minier des hydrocarbures : Principes et
applications, Ed Technip, 1987, p. 1 ; Nzau Matuta Joseph, Droit Congolais des
hydrocarbures : Reconnaissance, exploration et production, Collection Études
Juridiques, Éditions ICES, p. 14 ; Kamerhe Vital, Op. Cit., p. 123.
499
Nzau Matuta, Idem.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 321

times conformément aux règles de droit international en la ma-


tière.500
- Les bassins de la branche Ouest du Rift Est Africain couram-
ment appelé Graben Albertine et du Tanganyika situé à l’Est du
pays ont une superficie globale 55.600 Km2 et compte 11
blocs. Ils sont subdivisés en deux branches : le Graben Alber-
tine et le Graben du Tanganyika. Le Graben Albertine com-
prend le lac Albert et la plaine de Semliki (8.240 Km2) ; le lac
Édouard (8.360 Km2). Par l’arrêté ministériel n°
013/CAB/MIN/ENER/2005 du 11 août 2005, le Graben Alber-
tine a été subdivisés en 5 blocs à attribuer aux différents opéra-
teurs. Le lac Albert est situé à cheval entre la RDC et
l’Ouganda. C’est dans la perspective d’une exploitation com-
mune et d’échange des données géologiques et géophysiques
qu’il a été signé entre les deux pays un Accord à Ngurdo-
to/Tanzanie, le 8 septembre 2007.501 Le Graben du Tanganyika
comprend le fossé nord du lac Tanganyika (5.640 Km2) ; le
fossé sud du lac Tanganyika et le fossé à terre de la Luana
(33.360 Km2).502 Le bassin du lac Kivu (7.000 Km2), commun
à la RDC et au Rwanda, contient, de son côté, des réserves ga-
zières importantes. Il a été découvert depuis déjà quelques dé-

500
Nzau Matuta Joseph, Droit Congolais des hydrocarbures : Reconnaissance,
exploration et production, Collection Études Juridiques, Éditions ICES, pp. 14-
17.
501
Accord de Ngurdoto/Tanzanie portant sur la coopération bilatérale entre la
République démocratique du Congo et la République de l’Ouganda, 8 septembre
2007, http://afrique.kongotimes.info/files/pdf/accord_ngurdoto.pdf (consulté le
7/7/2022) ; François Layinga, Le pétrole du parc Virunga : potentiel de conflits
et enjeux géopolitiques pour la RDC, Kinshasa, 2015,
http://www.irenees.net/bdf_fiche-analyse-1053_fr.html; Nzau Matuta, Op., Cit.,
pp. 22-25.
502
Nzau Matuta, Ibidem, pp. 22-25.
322 Traité de droit de l’environnement

cennies du gaz méthane évalué en quantité à 60 milliards Nm3


(Normal m3). Trois moments ont marqué les relations entre la
RDC et le Rwanda par rapport à la copropriété de ce gaz mé-
thane : la signature de la convention du 3 mai 1975 ; la création
de la société commerciale et industrielle du gaz du lac Kivu
« SOCIGAZ » en 1992 et la création par le Rwanda après 1997
des nouvelles sociétés d’exploitation du gaz sans associer l’État
congolais.503
- Le bassin de la cuvette centrale s’étend sur 750.000 Km2 et
comprend les provinces de l’Équateur (ancienne configuration),
du Bandundu (ancienne configuration), Kasaï Oriental et Kasaï
Occidental (ancienne configuration), le Maniema, une partie de
la Province Orientale (ancienne configuration) et se limite à
l’Ouest, au-delà de Kinshasa.504 Elle est subdivisée en 22 blocs
qui pourraient être délimités et atteindre 80 blocs ; elle contient
des schistes bitumeux de l’ordre de 800.000 tonnes et est ou-
verte aux investisseurs suite à l’importance sédimentaire.505

Les hydrocarbures relèvent de la compétence du Ministère des Hy-


drocarbures qui a comme compétence, conformément à l’Ordonnance n°
20/017 du 27 mars 2020 fixant les attributions des Ministères :

- L’application de la législation sur les hydrocarbures ;


- La gestion du domaine des hydrocarbures et des informations y rela-
tives ;
- La promotion de la mise en valeur des ressources pétrolières ;
- La constitution et la gestion des stocks stratégiques des hydrocar-
bures en collaboration avec les Ministères ayant les finances et
l’économie dans leurs attributions ;

503
Nzau Matuta, Op. Cit., p. 26.
504
Ministère des hydrocarbures, République démocratique du Congo,
https://hydrocarbures.gouv.cd/?AMONT-PETROLIER-13
505
Nzau Matuta, Op. Cit., pp. 26-27 ; Kamerhe Vital, Op. Cit., pp. 123-124.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 323

- L’octroi des droits et titres sur les gisements d’hydrocarbures et con-


servation des titres y afférents ;
- Le suivi de l’exécution des conventions en collaboration avec les
Ministères ayant les finances et portefeuille de l’État dans leurs attri-
butions ;
- L’octroi d’autorisations d’importation, de transport, de stockage, de
commercialisation et de fournitures des produits pétroliers ;
- Le suivi et contrôle technique des activités de prospection, de re-
cherche et d’exploitation des ressources pétrolières, des activités de
raffinage, de transports et de stockage des produits pétroliers, ainsi
que des activités connexes ;
- Le suivi et contrôle de commercialisation des produits des hydrocar-
bures.

Ces attributions constituent un chapelet d’intention sans réel impact


sur les différentes problématiques liées à l’exploitation du potentiel
d’hydrocarbures du pays. Une remise en question de « politique » en la
matière s’avère nécessaire et urgente en vue de renforcer l’agenda éco-
nomique du pays à l’équilibre des besoins écologiques.
Le Ministère de l’environnement et développement durable agit aussi
dans l’élaboration des normes relatives au respect de l’environnement
dans les secteurs des mines, carrières et hydrocarbures, conformément à
l’Ordonnance n° 20/017 du 27 mars 2020 fixant les attributions des
Ministères.506

506
http://www.leganet.be/Legislation/Droit%20Public/Ministeres/ordonnance.20.
17.27.03.2020.html
324 Traité de droit de l’environnement

5.6.1 Présentation sommaire de la Loi n° 15/012 du 1er août 2015


portant régime général des hydrocarbures et ses innovations ma-
jeures

En conformité à la constitution du 18 février 2006 telle que modifiée


en 2011, le cadre législatif et règlementaire des hydrocarbures en RDC a
connu une évolution non négligeable, particulièrement par la Loi n°
15/012 du 1er août 2015 portant régime général des hydrocarbures (8
titres et 193 articles) conçue pour « répondre à deux défis majeurs
d’ordre énergétique », à savoir, la mise en valeur de ressources en hy-
drocarbures et la satisfaction du besoin croissant d’énergie pour le bien-
être de la population et le développement des activités économiques ; et
le Décret n° 16/010 du 19 avril 2016 portant Règlement
d’Hydrocarbures. Cette législation apporte, entre autres, comme innova-
tions, le renforcement du contenu local dans les activités
d’hydrocarbures et la responsabilité des entreprises pétrolières. Ce qui
oblige les entreprises pétrolières à prendre en compte les différents
droits et le bien-être des communautés locales tout en veillant sur la
gestion durable de l’environnement :507 Dispositions générales (Titre I) ;
Activités d’hydrocarbures en amont (Titre II) ; Activités
d’hydrocarbures en aval (Titre III); Régime fiscal, douanier et de charge
des activités d’hydrocarbures en amont (Titre IV) ; Régime fiscal, doua-
nier et de change des activités d’hydrocarbures en aval (Titre V) ; Pro-
tection de l’environnement, du patrimoine culturel, de la sécurité et de
l’hygiène (Titre VI) ; Règlement des différends, des manquements aux
obligations, des sanctions et des dispositions pénales (Titre VII) ; et
Dispositions transitoires, abrogatoires et finales (Titre VIII).

507
Southern Africa resource watch & Avocats sans frontières, Termes de réfé-
rence de l’atelier restreint du 1er mars 2021, « Sango Ya Pétrole », CEPAS,
Kinshasa.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 325

Des innovations majeures de la Loi n° 15/012 du 1er août 2015 por-


tant régime général des hydrocarbures
L’exposé motifs de la Loi précitée présente plusieurs innovations par
rapport au régime juridique passé régissant ce secteur et cela dans une
vision de respect des règles environnementales au cours de toutes étapes
d’extraction. Il s’agit notamment de :

- La couverture à travers son champ d’application de l’ensemble des


segments du secteur des hydrocarbures, à savoir : l’amont pétrolier re-
groupant la prospection, l’exploration et la production des hydrocar-
bures et l’aval pétrolier regroupant les activités de raffinage, de trans-
port-stockage et de distribution des produits pétroliers ;
- L’affirmation de la propriété de l’État sur les ressources
d’hydrocarbures du sous-sol jusqu'au point d’exportation ;
- L’obligation faite à l’État de s’investir dans les travaux de recherche
géologique, géophysique et géochimique en vue de l’évaluation de ses
ressources en hydrocarbures ;
- L’affirmation de la propriété de l’État sur les données scientifiques et
techniques issues des activités d’hydrocarbures ;
- La prise en compte de toutes les ressources d’hydrocarbures, conven-
tionnelles et non conventionnelles ;
- La mise en place d’un régime d’hydrocarbures basé principalement sur
le contrat de partage de production et subsidiairement sur le contrat de
services ;
- L’instauration d’une procédure spécifique d’appel d’offres pour
l’attribution des droits d’hydrocarbures différente de la procédure or-
ganisant les marchés publics ;
- L’affirmation du principe selon lequel le Conseil des ministres assure
le contrôle et la régulation de la procédure d’appel d’offres en raison
du caractère stratégique des ressources en hydrocarbures ;
326 Traité de droit de l’environnement

- L’instauration de la règle selon laquelle les droits d’hydrocarbures, en


l’occurrence, le droit d’explorer et d’exploiter sont accordés unique-
ment par voie de contrat, à l’exclusion du permis ;
- Le principe de la création de la société nationale d’hydrocarbures ;
- La création d’un fonds en faveur des générations futures ;
- Le renforcement du contenu local dans les activités d’hydrocarbures
afin de former des compétences nationales et d’impliquer les entre-
prises locales auxdites activités ;
- La responsabilité sociétale des entreprises pétrolières aux fins
d’impliquer ces dernières aux enjeux de développement durable en fa-
veur des populations directement affectées par les travaux pétroliers, à
travers des contributions et une provision pour les interventions so-
ciales tant en phase d’exploration qu’en phase d’exploitation ;
- Le renforcement de la protection de l’environnement et du patrimoine
culturel ;
- La création de quatre zones fiscales, afin de construire une fiscalité de
l’amont pétrolier qui tient compte de la réalité géologique et environ-
nementale de notre pays ;
- L’affirmation du principe selon lequel les droits d’hydrocarbures régu-
lièrement acquis avant l’entrée en vigueur de la présente loi conservent
leur validité jusqu’à leur expiration. À leur renouvellement, ils seront
régis par les dispositions de la présente loi ;
- La consécration et le regroupement des grands principes généraux de
l’aval pétrolier actuellement éparpillés dans des textes réglementaires ;
- La définition des modalités de constitution des stocks des produits pé-
troliers, notamment des stocks stratégiques et de sécurité ;
- Le renforcement du dispositif répressif.508

508
Exposé des motifs de la Loi n° 15/012 du 1 août 2015 portant régime général
des hydrocarbures.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 327

5.6.2 Principes fondamentaux de gestion des hydrocarbures

La législation en matière d’hydrocarbures consacre plusieurs prin-


cipes notamment celui de la domanialité :

Les hydrocarbures du sol ou du sous-sol découverts ou non découverts


situés dans les limites du territoire national, en ce compris, les espaces
fluvial, lacustre, maritime ainsi que sur la mer territoriale congolaise, la
zone économique exclusive et le plateau continental sont la propriété de
l’État. Les hydrocarbures produits appartiennent à l’État jusqu’au point
d’exportation. Les données techniques et les informations sur les bassins
sédimentaires de la République démocratique du Congo font également
partie du patrimoine national.509

Il est interdit d’effectuer des opérations liées à l’exercice des activi-


tés d’hydrocarbures, en amont ou en aval, sans être titulaire d’un droit y
afférent.510 Toute politique gouvernementale en matière des hydrocar-
bures doit tenir compte du besoin de protection de l’environnement dans
les activités d’hydrocarbures tant en amont (prospection, exploration et
exploitation) qu’en aval (raffinage, transport – stockage des produits
pétroliers, fourniture des produits pétroliers, importation et commerciali-
sation des produits pétroliers et industrie pétrochimique).
Il est institué un fonds en faveur des générations futures dont les res-
sources proviennent notamment d’une quotité de la part du profit oil de
l’État qui n’est rien d’autre que « le solde de production après déduction
des royalties et des coûts pétroliers, destiné à être partagé ».511

509
Article 3 de la Loi n° 15/012 du 1 août 2015 portant régime général des
hydrocarbures.
510
Article 4 de la Loi n° 15/012 du 1 août 2015 portant régime général des
hydrocarbures.
511
Articles 11, 19, 20 & 100 de la Loi n° 15/012 du 1 août 2015 portant régime
général des hydrocarbures.
328 Traité de droit de l’environnement

Le renforcement d’une expertise locale dans les activités


d’hydrocarbures est présenté comme une de voies d’épanouissement des
communautés locales dans les milieux d’exécution du projet pétrolier.512
Cela rejoint particulièrement la responsabilité sociale des entreprises
pétrolières appelées à contribuer au développement durable en faveur
des populations directement affectées par les travaux pétroliers (articles
77, 137 & 138 de la Loi n° 15/012 du 1 août 2015 portant régime géné-
ral des hydrocarbures et 297, 298 & 299 du Décret n° 16/010 du 19 avril
2016 portant Règlement d’hydrocarbures de 2016 ). Par ces dispositions,
on peut entrevoir l’apprentissage de bonnes pratiques démocratiques
dans ce secteur : la promotion de la transparence, la bonne gouvernance
et la protection de l'environnement (article 11 al 2 Loi n° 15/012 du 1
août 2015 portant régime général des hydrocarbures).

5.6.3 Activités des hydrocarbures et la protection de


l’environnement, du patrimoine culturel, de la sécurité et de
l’hygiène

La protection de l’environnement et du patrimoine culturel au cours


des activités d’hydrocarbures en amont qu’en aval est perceptible aux
termes des articles 155 à 181 de la Loi n° 15/012 du 1er août 2015 por-
tant régime général des hydrocarbures et 330, 333 à 337 du Décret n°
16/010 du 19 avril 2016 portant Règlement d’Hydrocarbures.
L’exercice des activités d’hydrocarbures en amont est interdit dans
les aires protégées et les zones interdites. Cependant, pour cause d’utilité
publique, un décret délibéré en Conseil des Ministres peut, après un
audit environnemental ; une enquête publique et un avis de
l’établissement public chargé de l’évaluation et de l’approbation de
l’étude d’impact environnemental ainsi que du suivi de sa mise en

512
Articles 5, 6 et 7 de la Loi n° 15/012 du 1 août 2015 portant régime général
des hydrocarbures ; articles 8 à 12 du Décret n° 16/010 du 19 avril 2016 portant
Règlement d’Hydrocarbures).
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 329

œuvre, autoriser les activités d’exploration dans les aires protégées et les
zones interdites. En cas de découverte d’hydrocarbures, il pourra alors
être procédé à l’exploitation, après la procédure légale d’un déclasse-
ment de tout ou partie des aires protégées et zones interdites.513
Il est exigé la conduite d’une étude d’impact environnemental et so-
cial préalable, assortie d’un plan de gestion, qui comporte notamment :

- Une analyse de l’état initial du site ;


- Une description des activités envisagées et le cadre juridique dans
lequel elles s’exercent ;
- Une analyse des alternatives aux activités proposées, y compris
l’évaluation comparative de leurs incidences positives ou négatives
sur l’environnement et sur la population ;
- Les mesures envisagées pour prévenir, réduire, compenser, réparer
ou, dans la mesure du possible, supprimer les conséquences dom-
mageables pour l’environnement ;
- Les mesures compensatoires pour les populations affectées par une
réinstallation, le coût et les modalités d’exécution.514

Cette étude doit être approuvée par l’organe habilité (Agence congo-
laise de l’environnement) conformément à la procédure fixée par le
Décret n° 14/019 du 02 août 2014 fixant les règles de fonctionnement
des mécanismes procéduraux de la protection de l'environnement. Mal-
gré le caractère obligatoire consacré par la loi, les études d’impact

513
Article 155 & 156 de la Loi n° 15/012 du 1er août 2015 portant régime géné-
ral des hydrocarbures ; article 33 de la Loi N° 11/009 du 9 juillet 2011 portant
principes fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement et articles 25
& 35 de la Loi N° 14/003 du 11 février 2014 relative à la conservation de la
nature.
514
Article 157 de la Loi n° 15/012 du 1er août 2015 portant régime général des
hydrocarbures.
330 Traité de droit de l’environnement

(EIES), propriété de l’État,515 réalisées par les entreprises qui exécutent


des projets de développement susceptibles d’avoir un impact sur
l’environnement s’engagent à titre d’une simple formalité sans un degré
d’engagement à juste titre. Cela sous l’œil impuissant des structures
étatiques.
Sauf dispositions contraires, les travaux d’exploration et
d’exploitation sont interdits aux alentours des villes, villages et agglo-
mérations, puits et conduites d’eau, édifices publics et travaux d’utilité
publique, lieux considérés comme sacré, voie de communication, ou-
vrages d’art, dans un périmètre inférieur à leur zone d’influence.516 La
prévention voudrait que tout exploitant d’une installation pétrolière ou
de manutention d’hydrocarbure prenne des mesures nécessaires en vue
de lutter contre tout événement de pollution par les hydrocarbures ou les
produits pétroliers. À l’issue des travaux d’exploration, et chaque fois
qu’une partie du bloc est abandonnée, le contractant est tenu de remettre,
à sa charge, le site en état et de réaliser les opérations d’abandon dans le
respect de la loi. La remise en état du site, à la fin des travaux ou site
abandonné, doit de répondre aux exigences suivantes :

- Identification de l’environnement le plus approprié ;


- La consultation de la population locale ;
- La comparaison de l’environnement initial du site avec
l’environnement estimé à la fin des travaux d’exploration et/ou
d’exploitation ;

515
Article 21 de la Loi No 11/009 du 9/7/2011 portant principes fondamentaux
relatifs à la protection de l’environnement.
516
Article 158 de la Loi n° 15/012 du 1er août 2015 portant régime général des
hydrocarbures.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 331

- Le plan d’abandon du site comprenant une estimation du coût des


travaux d’abandon.517

L’abandon définitif du site n’exonère pas le contractant de ses obli-


gations en cas de survenance de tout dommage au cas où le dommage
est la conséquence des activités d’hydrocarbures. L’applicabilité des
dispositions en matière environnementale, de sécurité et d’hygiène sont
d’application immédiate aux termes de la loi sur les hydrocarbures.518
Les articles 155 à 168 de la Loi n° 15/012 du 1 août 2015 portant ré-
gime général des hydrocarbures disposent respectivement que :

Article 155

L’exercice des activités d'hydrocarbures en amont est interdit dans les


aires protégées et les zones interdites.
Pour cause d'utilité publique, un décret délibéré en Conseil des Ministres
peut, après audit environnemental, enquête publique et avis de l'établis-
sement public chargé de l'évaluation et de l'approbation de l'étude d'im-
pact environnemental ainsi que du suivi de sa mise en œuvre, autoriser
tes activités d'exploration dans les aires protégées et zones interdites.
En cas de découverte d'hydrocarbures, il pourra être procédé à l'exploita-
tion, après déclassement de tout ou partie des aires protégées et zones in-
terdites. Ce déclassement aux fins d'activités d'hydrocarbures se fait con-
formément à la loi.

Article 156

Le contractant ou son sous-traitant est tenu de respecter les dispositions


légales et réglementaires relatives à la protection de l'environnement et
du patrimoine culturel.

517
Article 165 de la Loi n° 15/012 du 1 août 2015 portant régime général des
hydrocarbures.
518
Articles 161, 164, 165, 168 & 189 de la Loi n° 15/012 du 1 août 2015 portant
régime général des hydrocarbures.
332 Traité de droit de l’environnement

Il est responsable objectivement de tout dommage causé dans le cadre


des activités d'hydrocarbures.

Article 157

L'étude d'impact environnemental et social préalable, assortie de son


plan de gestion prévue dans la présente loi comporte notamment :

1. une analyse de l'état initial du site ;


2. une description des activités envisagées et le cadre juridique dans le-
quel elles s'exercent ;
3. une analyse des alternatives aux activités proposées, y compris l'éva-
luation comparative de leurs incidences positives ou négatives sur l'envi-
ronnement et sur la population ;
4. les mesures envisagées pour prévenir, réduire, compenser, réparer ou,
dans la mesure du possible, supprimer les conséquences dommageables
pour l'environnement ;
5. les mesures compensatoires pour les populations affectées par une ré-
installation, le coût et les modalités d'exécution.

Elle est soumise à la procédure d'approbation prévue par la loi portant


principes fondamentaux relatifs à la protection de l'environnement.

Article 158

Les travaux d'exploration et d'exploitation sont interdits aux alentours


des villes, villages et agglomérations, puits et conduites d'eau, édifices
publics et travaux d'utilité publique, lieux considérés comme sacrés,
voies de communication, ouvrages d'art, dans un périmètre inférieur à
leur zone d'influence. Toutefois, les travaux visés à l'alinéa 1er du pré-
sent article peuvent être autorisés en cas d'accord préalable avec le con-
cessionnaire du sol concerné, des propriétaires des immeubles ou de
leurs ayants droit, moyennant indemnisation préalable de ces derniers.
Le Gouvernement central valide les termes de l'accord préalable visé à
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 333

l'alinéa précédent, après avis technique du Gouvernement provincial et


des entités territoriales décentralisées.

Article 159

Les travaux d'exploration et d'exploitation peuvent être soumis à cer-


taines conditions ou interdits dans un périmètre de protection de dimen-
sions quelconques sans que le contractant puisse prétendre à une indem-
nisation. Le périmètre visé à l'alinéa 1 er du présent article est établi par
le Ministre ayant les Hydrocarbures dans ses attributions, sur proposition
du Gouverneur de province, pour la protection des édifices et agglomé-
rations, sources, voies de communication, ouvrages d'art et travaux d'uti-
lité publique comme en tous autres points où il est nécessaire à l'intérêt
général.
Les droits attachés à l'exercice des activités d'hydrocarbures préexistant
à la déclaration d'une zone ainsi interdite cessent de produire leurs effets
pour cas de force majeure. Dans ce cas, l'État peut, dans les conditions à
convenir avec le contractant, autoriser celui-ci à transférer son droit sur
un autre bloc.

Article 160

Toute occupation de terrain privant les ayants droit de la jouissance du


sol ou toute modification rendant le terrain impropre à la culture entraîne
pour le contractant, l'obligation de payer à ceux-ci une indemnité fixée
de commun accord.

Article 161

Tout exploitant d'une installation pétrolière ou de manutention d'hydro-


carbures prend des mesures nécessaires en vue de la prévention et de la
lutte contre tout événement de pollution par les hydrocarbures ou tes
produits pétroliers. Il élabore et met en œuvre un plan d'urgence de bord
contre la pollution par les hydrocarbures et les produits pétroliers.
Le règlement d'hydrocarbures en fixe les modalités d'application.
334 Traité de droit de l’environnement

Article 162

Les Ministres ayant respectivement l'Environnement et les Hydrocar-


bures dans leurs attributions procèdent à un audit de tout ouvrage d'hy-
drocarbures présentant un risque potentiel pour l'environnement et la
population.

Article 163

Le contractant est tenu d'informer, sans délai et par écrit, l'autorité de


l'entité territoriale décentralisée de toute découverte d'indices archéolo-
giques ainsi que de sa localisation géographique et géologique.
L'autorité concernée assure, le cas échéant, fa protection du site ou le
déplacement des indices pour conservation auprès du Ministre ayant les
Hydrocarbures dans ses attributions en toute sécurité, dans un délai de
soixante jours à compter de l'avis de la découverte. Passé ce délai, le
contractant y pourvoit.

Article 164

À l’issue des travaux d'exploration et/ou d'exploitation, et chaque fois


qu'une partie du bloc est abandonnée, le contractant est tenu de remettre,
à sa charge, le site en état et de réaliser les opérations d'abandon dans le
respect de la présente loi et du règlement d'hydrocarbures.

Article 165

L'obligation de remise en état du site comporte, notamment :

1. l'identification de l'environnement le plus approprié ;


2. la consultation de la population locale ;
3. la comparaison de l'environnement initial du site avec l'environne-
ment estimé à la fin des travaux d'exploration et/ou d'exploitation ;
4. le plan d'abandon du site comprenant une estimation du coût des tra-
vaux d'abandon.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 335

Article 166

Le plan d'abandon est approuvé par le Ministre ayant les Hydrocarbures


dans ses attributions.

Article 167

La réalisation par le contractant de son obligation de remise en état du


site est sanctionnée par la délivrance d'un certificat d'exécution par le
Ministre ayant les Hydrocarbures dans ses attributions.
Une évaluation des travaux d'abandon de site est effectuée régulièrement
par le Ministre ayant les Hydrocarbures dans ses attributions.

Article 168

Le contractant demeure responsable de la survenance de tout dommage


après abandon définitif du site au cas où le dommage est la conséquence
des activités d'hydrocarbures.

Conformément à l’annexe au Décret n° 14/0 19 du 02 août 2014


fixant les règles relatives aux mécanismes procéduraux de la protection
de l’environnement, les projets ci-après sont soumis à l’étude d’impact
environnemental et social dans le secteur des hydrocarbures et énergie
fossile :

- Tout projet d'exploration ou de production des hydrocarbures ou de


gaz naturel ;
- Tout projet de transport par pipeline des hydrocarbures ou de gaz natu-
rel ;
- Tout projet d'extraction et d'exploitation industrielle de charbon de
terre ou cokeries ;
- Tout projet d'implantation de raffinerie de pétrole brut, de gazéifica-
tion et de liquéfaction ;
- Tout projet d'implantation off-shore et on shore ;
- Tout projet d'extraction de substances minérales bitumineuses ;
336 Traité de droit de l’environnement

- Tout projet de stockage de produits pétroliers et dérivés ou de gaz na-


turel ;
- Tout projet d'énergie géothermique ;
- Tout projet de dégazage ;
- Tout projet de production des biocarburants.

5.6.4 Le régime répressif des hydrocarbures

Le régime répressif des hydrocarbures touche directement toute per-


sonne qui, par contrainte, menace ou toute autre pression, oblige un
fonctionnaire du ministère ayant les hydrocarbures dans ses attributions
ou tout autre agent public à agir en violation de la loi. Sera aussi puni de
servitude pénale tout agent public de l’État qui aura à conclure délibé-
rément un contrat d’hydrocarbures en violation de la loi ou y oblige un
autre placé sous ses ordres. Toute destruction méchante d’installations,
de canalisations, de détournement, de vol ou de recel d’hydrocarbures
ou de produit pétroliers expose aussi son auteur à des peines prévues par
la loi.519
Tout manquement aux engagements souscrits ou aux obligations qui
résultent de la Loi n° 15/012 du 1 août 2015 portant régime général des
hydrocarbures par le contractant en phase d’exploration ou
d’exploitation donne lieu au paiement éventuel d’une amende fixée par
le contrat et le Règlement d’hydrocarbures.520
Cette nouvelle législation dans le secteur d’hydrocarbures (Loi n°
15/012 du 1 août 2015 portant régime général des hydrocarbures) porte
des grandes avancées contrairement à celles qui l’ont précédées. Cepen-

519
Articles 186 à 188 de la Loi n° 15/012 du 1 août 2015 portant régime général
des hydrocarbures.
520
Article 184 de la Loi n° 15/012 du 1 août 2015 portant régime général des
hydrocarbures et article 367 du Décret no 16/010 du 19 avril 2016 portant Rè-
glement d’Hydrocarbures.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 337

dant, selon Bernard Respaut,521 ses clauses semblent être en contradic-


tion avec toute volonté d’asseoir de pratiques de bonne gouvernance
dans ce secteur (transparence, redevabilité, lutte contre la corruption et
respect des règles environnementales, …). Tel est le cas de certaines
procédures d’expropriation pour cause d’utilité publique, de déclasse-
ment de certaines zones protégées, d’appel d’offres pour l’attribution
des concessions et la restauration d’un site en fin d’exploitation.

L’exercice des activités d’hydrocarbures en amont est interdit dans les


aires protégées et les zones interdites. Pour cause d’utilité publique, un
décret délibéré en Conseil des Ministres peut, après audit environnemen-
tal, enquête publique et avis de l’établissement public chargé de
l’évaluation et de l’approbation de l’étude d’impact environnemental
ainsi que du suivi de sa mise en œuvre, autoriser des activités
d’exploration dans les aires protégées et zones interdites. En cas de dé-
couverte d’hydrocarbures, il pourra être procédé à l’exploitation, après
déclassement de tout ou partie des aires protégées et zones interdites. Ce
déclassement aux fins d’activités d’hydrocarbures se fait conformément
à la loi.522

Le Conseil de ministres se réserve le droit d’exproprier, voire de


procéder au déclassement de zones protégées pour favoriser
l’exploitation d’hydrocarbures en raison de la poursuite d’« intérêts
nationaux » ou pour « cause d’utilité publique ». Cette assertion peut
faire l’objet de toutes sortes d’interprétations en cas de conflit d’intérêts
entre les parties en présence et semble renvoyer aux calendres grecques
toute politique environnementale.

521
Bernard Respaut, « Les ressources d’hydrocarbures : une source potentielle
de stabilisation du pays ? », Conjonctures congolaises, 2016, p. 163, disponible
sur : https://www.eca-creac.eu/sites/default/files/pdf/2016-02-06-respaut.pdf
522
Article 55 de la Loi n° 15/012 du 1 août 2015 portant régime général des
hydrocarbures
338 Traité de droit de l’environnement

La « cause d’utilité publique » pouvant justifier de manière excep-


tionnelle la conduite des activités d’exploration dans les aires protégées
et zones interdites doit être clairement établie car il ne s’agit pas d’un
fait déclaratif. Il s’avère adéquat de circonscrire le cadre juridique justi-
fiant ce changement de régime juridique initial applicable aux aires
protégées et zone interdites à un régime juridique plus ou moins exorbi-
tant de droit commun. Il s’agit d’un préalable majeur pour que la « cause
d’utilité publique » l’emporte sur la dimension écologique pour que
l’espace soit ouvert aux activités d’hydrocarbures ». Ainsi l’infraction
persistera aussi longtemps qu’un opérateur économique pourra se lancer
dans des activités d’hydrocarbures sans que le statut juridique du site
n’ait changé (du statut de zone classée pour la conservation en zone libre
d’activités).523 L’exploration ou prospection illégale dans les aires pro-
tégées entraine l’application des dispositions pénales spéciales proté-
geant l’environnement en général et les espaces de conservation en par-
ticulier. L’abandon de l’enquête publique exigée par la loi est une faute
qui, en principe, entraîne la nullité de l’acte.524
Par cette même procédure, des dispositions d’autres lois dans diffé-
rents secteurs de l’environnement sont quasiment vidées de leurs subs-
tances. Il s’agit notamment de l’article 33 de la Loi No 11/009 du 9
juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l’environnement qui dispose que :

Toute activité susceptible de nuire à l’environnement est prohibée dans


les aires protégées ainsi que dans les zones interdites. Est nul tout droit
accordé dans les limites des aires et zones visées à l’alinéa 1er.

Les articles 25, 26 et 30 de la Loi n° 14/003 du 11 février 2014 sur la


conservation de la nature qui disposent respectivement que :

523
Sabin Mande M., Des infractions environnementales en droit Congolais »,
Write on publishing, Cape Town, Afrique du Sud, 2021, pp. 207-208.
524
Ibidem, p. 209.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 339

Toute activité incompatible avec les objectifs de la conservation est in-


terdite dans les aires protégées. Sous réserve des dérogations prévues par
la présente loi, est nul tout droit accordé dans les limites des aires proté-
gées et leurs zones tampon.
L’État veille que les aires protégées représentent au moins quinze pour-
cents de la superficie totale du territoire national. Il prend des mesures
économiques, fiscales et sociales en vue d’inciter ou d’encourager les
personnes physiques ou morales privées, les associations d’utilité pu-
blique et les communautés locales à la conservation et à l’utilisation du-
rables des éléments constitutifs de la diversité biologique et au dévelop-
pement de l’écotourisme dans les aires protégées.
Les terres et forêts domaniales ainsi que les cours d’eau se trouvant dans
les aires protégées ne peuvent recevoir d’affectation incompatible avec
les objectifs de conservation.

Il faut aussi fustiger le régime dérogatoire de la loi sur la conserva-


tion de la nature de 2014 (Loi n° 14/003 du 11 février 2014 sur la con-
servation de la nature) qui semble rendre nul tout effort entrepris dans le
domaine de la conservation de la nature et de la protection de
l’environnement en RDC notamment les articles 19 et 20 qui disposent
respectivement que :

Pour raison d’intérêt public, de recherche scientifique et dans le cadre de


la délivrance des permis et certificats visés aux articles 64 à 67 de la pré-
sente loi, un décret délibéré en Conseil des ministres peut déroger aux
mesures de protection prévues par la présente loi. La dérogation ne peut
être accordée qu’à condition qu’il n’existe aucune autre solution satisfai-
sante et qu’elle ne nuise pas au maintien, dans un état de conservation
favorable, des spécimens des espèces de faune et de flore concernées
dans leur aire de distribution naturelle. Elle est assujettie à une étude
d’impact environnemental et social préalable assortie de son plan de ges-
tion dûment approuvé.
340 Traité de droit de l’environnement

Sans préjudice des dispositions de l’article 19 de la présente loi,


l’organisme public prévu à partir 36 peut, à titre exceptionnel et dans les
aires protégées qu’il gère, accorder des dérogations notamment : 1) dans
l’intérêt de la protection de la faune et de la flore sauvages et de la con-
servation des habitats naturels ; 2) dans l’intérêt de la santé et de la sécu-
rité publique, ainsi que de la sécurité alimentaire des populations rive-
raines des aires protégées ; 3) pour prévenir des dommages importants
notamment aux cultures, à l’élevage, aux forêts, aux pêcheries, aux eaux
et à d’autres formes de propriété ; 4) à des fins d’éducation, de repeu-
plement et de réintroduction de ces espèces et pour des opérations de re-
production nécessaires à ces fins, y compris la propagation artificielle
des plantes ; 5) à des fins de recherche scientifique et de bioprospec-
tion.525

Au-delà de la procédure d’appel d’offres pour l’attribution des con-


cessions qui reste floue par rapport aux critères précis de prise de déci-
sion, la restauration d’un site en fin d’exploitation est soumise à la seule
approbation du ministre des Hydrocarbures, sans avis du ministre de
l’environnement, ce qui est un risque flagrant de conflit d’intérêts.526 Il
s’agit ici de fenêtres, de corruption éventuelle, ouvertes par le législateur
dans le secteur d’hydrocarbures si de mesures préventives fortes dans le
sens de promotion de la bonne gouvernance ne sont pas adoptées et
appliquées. Bernard Respaut peint déjà un tableau très inquiétant en ces
termes :

Une illustration claire de ce problème de corruption se retrouve dans la


polémique soulevée par les activités de l’opérateur pétrolier Soco Inter-
national dans le bloc 5 du Graben Albertine, sur le territoire du Parc na-

525
Lire aussi l’article 6 alinéa 3 du Code Minier de 2002 tel que révisé en 2018
et les articles 3 & 4 du Règlement minier de 2003 tel que révisé en 2018.
526
Bernard Respaut, « Les ressources d’hydrocarbures : une source potentielle
de stabilisation du pays ? », Conjonctures congolaises, 2016, p. 163, disponible
sur : https://www.eca-creac.eu/sites/default/files/pdf/2016-02-06-respaut.pdf
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 341

tional des Virunga ... Malgré le caractère unique de l’écosystème de


cette zone, qui jouit du statut de patrimoine mondial de l’humanité déli-
vré par l’Unesco et qui abrite les derniers gorilles des montagnes en voie
de disparition, certains membres des autorités congolaises ont émis le
souhait de diminuer la superficie du parc. Ceci afin de permettre à Soco
International d’effectuer des forages, en totale contradiction avec
l’adhésion de la RDC à la charte de l’Unesco (Jeune Afrique 22 janvier
2016). Des membres des FARDC ont même été corrompus par
l’opérateur pour lui faciliter l’accès au territoire des Virunga, avec usage
de la force (Global Witness 2015). La protection de l’environnement,
capital exceptionnel en RDC, ne figure donc pas encore en bonne place
sur l’agenda des autorités congolaises. Autre exemple remarquable de la
corruption ambiante : la société Nessergy, propriété de Dan Gertler, un
proche du président Kabila, a revendu, en 2014, à l’État congolais des
concessions pétrolières off-shore pour un montant 300 fois supérieur à
leur valeur d’achat. À souligner que ces droits d’exploitation ont été
concédés dans une zone disputée par la RDC à l’Angola et que la firme
Nessergy, créée quelques semaines avant l’attribution des concessions,
n’a effectué aucune activité d’exploration avant de revendre cet actif !
Le dernier élément de gouvernance que nous évaluerons concerne la
libre circulation de l’information. L’obligation légale de publier les CPP
et les flux financiers y afférant est peu respectée. Les dirigeants congo-
lais pratiquent aussi souvent la langue de bois quand ils sont interrogés
sur l’attribution de contrats liés aux hydrocarbures, comme en octobre
2016 au sujet du très onéreux projet de construction, par EPPM, d’une
centrale électrique à alimenter par le gaz du lac Kivu ... Si certaines voix
s’élèvent pour plus de responsabilisation des décideurs, leur portée reste
limitée, comme souligné par Reporters sans Frontières (Reporters sans
Frontières 2016) et l’ONU (ONU, Conseil de Sécurité 2016).527

527
Bernard Respaut, « Les ressources d’hydrocarbures : une source potentielle
de stabilisation du pays ? », Conjonctures congolaises, 2016, pp. 164-165, dis-
342 Traité de droit de l’environnement

Le cadre légal d’hydrocarbures exige des lunettes écologiques sans


complaisance de la part des acteurs agissant pour la cause du bien-être
des communautés locales en vue de surmonter les intérêts égoïstes nais-
sant avec les projets pétroliers. Les associations locales représentatives
des communautés locales ou toute autre organisation non gouvernemen-
tale agréée agissant dans les domaines de protection de l’environnement
doivent faire un monitoring des actions entreprises dans le secteur
d’hydrocarbures et saisir les instances habilitées notamment les cours et
tribunaux toutes les fois que les intérêts des communautés locales et/ou
d’ordre écologique seraient menacés.

5.7 Régime juridique de gestion du secteur de


l’électricité

La RDC est considérée comme un « scandale énergétique » suite à


son hydrologie très riche. Elle regorge un potentiel hydroélectrique
gigantesque estimé à 100.000 MW, soit le tiers du potentiel du continent
et 13% du potentiel hydroélectrique mondial. Malgré ce tableau impres-
sionnant, 9 % seulement de la population congolaise a accès à
l’électricité.528 Le secteur de l’électricité relève de la compétence du
Ministère des ressources hydrauliques et électricité qui a comme attribu-
tions, conformément à l’article 1. B. 10 de l’Ordonnance n° 20/017 du
27 mars 2020 fixant les attributions des Ministères :

- Conception et mise en œuvre de la politique de l’énergie au plan de la


production, du transport et de la distribution, élaboration des straté-

ponible sur : https://www.eca-creac.eu/sites/default/files/pdf/2016-02-06-


respaut.pdf
528
Ministère de l’économie et des finances, direction générale du trésor, Répu-
blique démocratique du Congo, https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/CD/l-
economie-de-la-rd-congo ; Kamerhe V., Op. Cit., pp. 125-127.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 343

gies, mise en place d’un plan directeur d’électricité et des mécanismes


de régulation ;
- Développement du potentiel de production, de transport et de distribu-
tion d’eau et d’électricité ;
- Développement des capacités d’exportation de l’énergie électrique et
des fournitures domestiques ;
- Réformes et restructurations y afférentes pour améliorer l’efficacité du
secteur, en collaboration avec le Ministère ayant le portefeuille de
l’État dans ses attributions ;
- Application de la législation en vigueur et, au besoin, son adaptation ;
- Octroi d’agréments pour la fourniture des biens et services en matière
d’énergie électrique ;
- Octroi des droits, par convention, en matière de construction des bar-
rages hydroélectriques et des lignes de transport ;
- Suivi et contrôle technique des activités de production, transport et de
commercialisation d’eau et d’électricité ;
- Gestion des ressources et du secteur de l’électricité ;
- Gestion du secteur d’eau potable et hydraulique.

5.7.1 Présentation sommaire de la Loi N° 14/011 du 17 juin 2014


relative au secteur de l’électricité et ses innovations majeures

Le secteur de l’électricité est régi par la Loi N° 14/011 du 17 juin


2014. Le Décret n° 18/052 du 21 décembre 2018 fixe les modalités de
sélection des opérateurs, d’attribution, de modification et d’annulation
des concessions, des licences et des autorisations dans le secteur de
l’électricité ; le Décret 16/014 du 21 avril 2016 porte création, organisa-
tion et fonctionnement d’un établissement public dénommé agence na-
tionale chargée de la promotion et de financement de l’électrification et
des services énergétiques en milieux rural et périurbain « Anser » en
sigle ; le Décret 16/013 du 21 avril 2016 porte création, organisation et
fonctionnement d’un établissement public dénommé autorité de régula-
344 Traité de droit de l’environnement

tion du secteur de l’électricité « ARE » en sigle. La loi précitée compte


133 articles et 10 titres, à savoir : Dispositions générales (Titre I) ; Ser-
vice public de l’électricité et mesures de sécurité (Titre II) ; Régimes
juridiques (Titre III) ; Contrat de délégation (Titre IV) ; Cadre institu-
tionnel (Titre V) ; Mécanismes de règlement des différends (Titre VI) ;
Servitudes (Titre VII) ; Dispositions fiscales, douanières et sociales
(Titre VIII) ; Dispositions pénales et administratives (Titre IX) ; et Dis-
positions transitoires, abrogatoires et finales (Titre X).

Des innovations majeures de la Loi N° 14/011 du 17 juin 2014 re-


lative au secteur de l’électricité

La loi sous examen porte des innovations qui révolutionne le secteur


de l’électricité dans une perspective d’un développement durable.

- La promotion et le développement de l’offre de l’électricité en mi-


lieu urbain, périurbain et rural par la création des conditions éco-
nomiques permettant la réalisation, la sécurisation, la rentabilisa-
tion des investissements dans le secteur ainsi qu’une émergence
énergétique nationale, par le recours à la formule de partenariat pu-
blic-privé ;
- La couverture des besoins en électricité de toutes les catégories de
consommateurs par des fournitures de qualité et dans le respect des
normes de l’environnement et de sécurité ;
- L’obligation pour l’État de garantir le respect des règles de concur-
rence loyale dans le secteur ;
- La fixation des règles tarifaires claires et de facturation selon les
principes de vérité des prix, d’égalité, d’équité et de non-
transférabilité des charges ;
- L’instauration des différents régimes juridiques pour l’exercice des
activités du service public de l’électricité, à savoir : la concession,
la licence, l’autorisation, la déclaration et la liberté ;
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 345

- L’instauration du contrat de délégation, en vue de la gestion, par un


tiers, de tout ou partie des installations de l’État de production, des
réseaux de transport ou de distribution, ouvrages et autres dépen-
dances destinés au service public de l’électricité, selon l’un des
modes suivants : concession de service public, affermage, régie in-
téressé et gérance ;
- La création d’un nouveau cadre institutionnel comprenant le gou-
vernement central, la province, l’autorité de régulation du secteur
de l’électricité et l’établissement public chargé de la promotion et
du financement de l’électrification en milieux rural périurbain ;
- L’instauration d’un mécanisme de règlement des différends dans le
secteur ;
- L’érection de certains faits soit en fautes administratives, soit en in-
fractions pénales spéciales et leur répression conséquente, en vue
d’une application efficace de la loi ;
- Le traitement des questions relatives aux servitudes inhérentes aux
activités du service public de l’électricité et des dispositions fis-
cales, douanières et sociales ;
- La protection des consommateurs et la réparation des préjudices
subis par eux du fait des exploitants.529

Dans son exposé des motifs, la loi précitée (N° 14/011 du 17 juin
2014) consacre une mutation profonde dans le secteur de l’électricité en
RDC en vue de réponde tant soit peu au déficit criant en fourniture de
l’énergie électrique à la population c’est-à-dire au faible taux de des-
serte. Les principes qui fondent cette dynamique sont notamment :

 La libéralisation du secteur de l’énergie électrique et l’ouverture du


marché de l’électricité à tout opérateur ;

529
Exposé des motifs de la Loi N° 14/011 du 17 juin 2014 relative au secteur de
l’électricité.
346 Traité de droit de l’environnement

 La répartition des compétences concurrentes entre le pouvoir central,


les provinces et les entités territoriales décentralisées ;
 L’érection de tout site hydroélectrique ou géothermique en site
d’utilité publique inaliénable ;
 La mise en place d’un nouveau cadre institutionnel ;
 L’instauration d’un mécanisme efficace de protection de l’opérateur et
du consommateur ;
 L’instauration d’un mécanisme de règlement de différends entre les
opérateurs, d’une part, et, entre ceux-ci et les consommateurs, d’autre
part ;
 L’institution des servitudes inhérentes aux activités du service public
de l’électricité ;
 Le régime fiscal, douanier, et financiers de droit commun ou conven-
tions ; et
 L’obligation de protection de l’environnement pour tous les projets de
développement du secteur de l’électricité.

5.7.2 Le droit à l’énergie électrique

Le droit à l’électricité est un droit fondamental de l’homme, un droit


social et économique reconnu à toute personne humaine. En conformité
aux dispositions constitutionnelles qui consacrent le droit à l’énergie
(article 48 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée en
2011),530 la Loi relative au secteur de l’électricité (N° 14/011 du 17 juin
2014) fixe les modalités d’exercice du droit d’accès à l’énergie élec-
trique. Le service public de l’électricité matérialise le droit d’accès de

530
L’article 48 de la Constitution du 18 février 2006 modifiée en 2011 dispose
que : « Le droit à un logement décent, le droit d’accès à l’eau potable et à
l’énergie électrique sont garantis. La loi fixe les modalités d’exercice de ces
droits ».
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 347

tous à l’électricité, produit de première nécessité.531 Les opérateurs dans


le secteur de l’électricité exercent des missions du service public. Ils ont,
par voie de conséquence, parmi tant d’autres, la mission d’assurer
l’accès à l’électricité pour tous. Ils sont aussi tenus au respect des prin-
cipes d’égalité, de continuité et de régularité de service, d’adaptabilité et
dans les meilleures conditions de sécurité, de qualité et de coût, de prix,
de protection de l’environnement et d’efficacité énergétique, écono-
mique et sociale.532
La reconnaissance d’un service public dans le secteur de l’énergie est
à l’origine d’un régime juridique dérogatoire aux règles du marché. Le
service public est traditionnellement défini comme une activité d’intérêt
général exercée par une personne publique, ou sous son contrôle, et
soumise à un régime plus ou moins exorbitant du droit commun. Il est
reconnu par le législateur le lien entre le service public et le droit
d’accès à l’électricité.533 L’électricité est l’un des facteurs majeurs et
irréversibles qui conditionnent le développement économique, social,
technologique et culturel de toutes les nations, de tous les peuples, de
toutes les communautés ou de tout individu pris isolement.
La libéralisation du secteur de l’électricité en RDC crée une dyna-
mique de respect, de protection et de promotion du droit d’accès à
l’électricité dans un contexte concurrentiel entre différents opérateurs
économiques. Différentes villes de la RDC expérimentent un renouveau
dans la production, le transport ou distribution de la fourniture de
l’énergie électrique par différentes sociétés très engagées, à savoir :

531
Article 5 de la Loi N° 14/011 du 17 juin 2014 relative au secteur de
l’électricité.
532
Article 59 du Décret n° 18/052 du 21 décembre 2018 fixant les modalités de
sélection des opérateurs, d’attribution, de modification et d’annulation des con-
cessions, des licences et des autorisations dans le secteur de l’électricité.
533
Krolik Christophe, Le droit d’accès à l’énergie, Rapport de post-doctorat,
Décembre 2014, p. 97.
348 Traité de droit de l’environnement

 EDC (Électricité du Congo): centrale hydroélectrique de Lugundi (1,5


MW) desservant 10 000 habitants à Tshikapa.
 Virunga SARL : centrale hydroélectrique de Mutwanga (0,4 MW) et
de Matebe (12,6 MW) fournissant de l’électricité à 5 000 consomma-
teurs ; soutenu par l’Union européenne et la Fondation Howard G.
Buffet. Les investissements futurs devraient servir 10 000 consomma-
teurs supplémentaires en province du Nord Kivu.
 SOCODEE SA (Société congolaise de distribution d’eau et
d’électricité) : 5 MW desservant la ville de Goma et le territoire de
Nyiragongo.
 Enerka (Kasai Energy Corporation) : cette filiale de la MIBA exploite
la centrale hydroélectrique de Tshiala (18,48 MW) destinée à desservir
la ville de Mbuji-Mayi.
 SOKIMO (société minière Kilo-Moto Gold): exploite une centrale hy-
droélectrique de 11 MW à Bunia et Mongbwalu et fait partie du projet
Kibaly Hydro Strategy en partenariat avec les sociétés minières Kibali
Gold, Anglogold Ashanti et Randgold Resources.
 Énergie du Nord-Kivu: projets de mini-réseaux financés par la Banque
mondiale et la DBSA.
 SNEL : exploite une mini-centrale hydroélectrique à Kindu et Kisan-
gani et neuf centrales diesel dans les villes de Gungu, Idiofa, Kenge,
Malemba Nkulu, Ankoro Baraka, Fizi, Bena Dibele et Bikoro.
 Congo Énergie, en collaboration avec Enerdeal, a mis en service une
centrale 100% solaire, qui produit de l'électricité et alimente un nou-
veau réseau isolé à la SNEL de Manono.
 Kivu Green Energy : exploite un système solaire hybride de 55 kW.534

534
Les opportunités d’investissement dans les énergies renouvelables en RDC,
disponible sur : https://static1.squarespace.com/static/5bc4882465019f632b
2f8653/t/5d319a073b5b7f00015993f7/1563531862392/Template+ER_FR_VFA
_compressed.pdf
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 349

La libéralisation du secteur de l’électricité ne laisse pas aux opéra-


teurs économiques un marché vide de tout contrôle ou encadrement. Les
articles 32, 33 et 34 de la Loi N° 14/011 du 17 juin 2014 relative au
secteur de l’électricité donnent respectivement des orientations consé-
quentes en ces termes :

Sur proposition de l'autorité de régulation du secteur de l'électricité, le


ministre peut prendre toutes mesures visant à interdire toute activité de
production, de transport, d'importation, d'exportation ou de distribution
de l'énergie électrique présentant un grave danger pour les personnes, les
biens et l'environnement.
Dans le but d'assurer le contrôle de la sécurité des installations élec-
triques, le ministère chargé de l'électricité dispose d'un droit d'inspection
des installations de toute personne ayant une activité de production, de
transport, d'importation, d'exportation ou de distribution d'énergie élec-
trique.
Dans le cadre de l'inspection susvisée, les exploitants ont l'obligation de
communiquer tout document nécessaire à leurs activités au ministre dans
le délai défini au cahier des charges.
Des experts indépendants pour la certification des installations élec-
triques de production, de transport et de distribution suivant les puis-
sances ou tensions exploitées sont agréés par le ministre afin d'exercer, à
charge de l'opérateur, le contrôle ou l'inspection technique de conformité
requis dans le cadre de la présente loi et de ses mesures d'exécution.

Les articles 10 et 11 de la Loi535 définissent successivement les obli-


gations de toutes les parties prenantes appelées à assurer l’accès à
l’énergie électrique de qualité.

Le gouvernement central, la province, l’entité territoriale décentralisée et


l’opérateur économique garantissent, dans les limites de leurs compé-

535
Loi N° 14/011 du 17 juin 2014 relative au secteur de l’électricité.
350 Traité de droit de l’environnement

tences ou responsabilités respectives, à tout usager ou consommateur


l’accès à l’énergie électrique de qualité.
Tout usager ou consommateur du service public de l’électricité contri-
bue, dans les conditions définies par la présente loi et ses mesures
d’exécution, aux charges destinées à l’amélioration de l’accès à l’énergie
électrique de qualité.

Un contrat d’accès aux réseaux publics existants est un des préa-


lables importants à accomplir. Tout refus de conclure ce contrat à un
utilisateur devra être motivé et notifié au demandeur et à l’autorité de
régulation du secteur de l’électricité. Les critères de refus doivent être
objectifs, non discriminatoires et publiés. Il est reconnu au demandeur
qui s’estime lésé, un droit à un recours administratif avant d’être juridic-
tionnel, le cas échéant.536

5.7.3 Protection de l’environnement dans le secteur de l’électricité et


activités soumises à une étude d’impact environnemental et social

Le besoin de protection de l’environnement pour tout projet de déve-


loppement du secteur de l’électricité est pris en compte par le législa-
teur. Tout projet de développement, d’ouvrage ou d’installation élec-
trique ou toute activité dans le secteur de l’électricité est assujetti à une
étude d’impact environnemental et social préalable assortie de son plan
de gestion dûment approuvé conformément à la législation sur la protec-
tion de l’environnement. Le ministère de l’environnement et dévelop-
pement durable procède à l’audit de tout projet, ouvrage ou de toute
activité dans le secteur de l’électricité présentant ou susceptible de pré-

536
Article 21 de la Loi N° 14/011 du 17 juin 2014 relative au secteur de
l’électricité.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 351

senter un risque pour l’environnement ou pour la population dans les


conditions définies par la législation en vigueur.537
L’annexe au Décret n° 14/0 19 du 02 août 2014 fixant les règles rela-
tives aux mécanismes procéduraux de la protection de l’environnement
considère les projets ci-après comme étant soumis à l’étude d’impact
environnemental et social :

- Tout projet d'énergie nucléaire ;


- Tout projet d'énergie solaire ;
- Tout projet d'installation hydro-éolienne ;
- Tout projet d'installation éolienne ;
- Tout projet de construction ou d'installation des antennes de télécom-
munication ;
- Toute industrie en phase d'exploitation ;
- Tout projet de centrale thermique ;
- Tout projet d'installation de ligne électrique ;
- Tout projet de barrage hydroélectrique.

Le non-respect de la procédure notamment la réalisation des études


d’impact environnemental et social expose l’opérateur économique à des
sanctions d’ordre administratif pouvant conduire au retrait ou à
l’annulation de la licence ou l’autorisation d’exploitation ainsi que
d’ordre civil et pénal.

5.7.4 Régime répressif du secteur de l’électricité

La Loi N° 14/011 du 17 juin 2014 relative au secteur de l’électricité


intègre une série de dispositions pénales (articles 119 à 133) érigeant en
infraction certains comportements jugés inciviques et à la base des situa-
tions destructrices du secteur de l’électricité.

537
Articles 12 & 13 de la Loi N° 14/011 du 17 juin 2014 relative au secteur de
l’électricité.
352 Traité de droit de l’environnement

Sont érigés en infraction pénales spéciales, au sens de l'article 119 de


la Loi N° 14/011 du 17 juin 2014 relative au secteur de l’électricité, les
faits suivants :

- la malfaçon pour violation des standards et normes dans le secteur de


l'électricité ;
- l'interruption de la fourniture de l'électricité aux consommateurs sans
motif valable ;
- la destruction d'une centrale, d'un ouvrage, d'une installation élec-
trique, d'un réseau de transport ou de distribution de l'énergie élec-
trique ;
- le sabotage d'une centrale, d'un ouvrage, d'une installation électrique
ou d'un réseau de transport ou de distribution de l'énergie électrique ;
- l'exercice sans agrément des prestations de service dans le secteur de
l'électricité,
- l'octroi illégal d'un titre ou l'exercice sans titre d'une activité du secteur
de l'électricité ;
- la destruction des scellés des compteurs ou l'endommagement des
équipements de raccordement et de comptage placés dans les installa-
tions des utilisateurs ;
- la fraude de l'énergie électrique et le raccordement frauduleux ;
- la construction ou l'autorisation d'une construction sur ou sous les
lignes électriques ;
- l'intervention sans mandat ou qualification au niveau des installations
des réseaux électriques ;
- l'occupation d'une emprise des installations électriques du domaine
public ;
- la perturbation du réseau, du fait de la non homologation des installa-
tions internes de l'opérateur et de celles de production, de transport,
d'importation ou d'exportation ;
- la mise en service, sans certificat de conformité, d'une installation de
production, de transport, d'importation ou d'exportation ;
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 353

- l'exercice de l'une des activités du secteur de l'électricité, en dépit de


son interdiction ;
- l'importation ou l'exportation sans licence ;
- l'obstruction au contrôle des agents dûment mandatés par les services
compétents ou des agents assermentés ;
- le défaut de l'autorisation des installations d'autoproduction ou d'éta-
blissement des lignes électriques privées ;
- le défaut de déclaration pour une autoproduction d'une puissance com-
prise entre 51 et 99 kW ;
- le défaut d'homologation du matériel et des installations électriques in-
térieures ;
- l'entrave à l'exécution des travaux autorisés ou concédés, à l'entretien
des ouvrages ou à l'usage des servitudes par l'exploitant ;
- le non-respect des normes environnementales, urbanistiques et sécuri-
taires dans le secteur de l'électricité.538

Sera puni d’une servitude pénale et d’une amende ou de l’une de ces


peines seulement, quiconque :

- interrompt sans motif valable, détruit ou sabote, fait exploser une cen-
trale, un ouvrage, une installation, un réseau de transport ou de distri-
bution de l'énergie électrique. Si cet acte cause la mort ou des bles-
sures graves sans intention de les donner, son auteur est puni confor-
mément au code pénal ;
- interrompt la fourniture de l'électricité aux consommateurs sans motif
valable.
- agit comme prestataire des services d'électrification sans agrément ;
- exerce sans titre légal l'une des activités du secteur de l'électricité;
- octroie illégalement un titre pour exercer une activité du secteur de
l'électricité ;

538
Article 120 de la Loi N° 14/011 du 17 juin 2014 relative au secteur de
l’électricité
354 Traité de droit de l’environnement

- intervient sur des installations électrique sans mandat ni qualité ;


- se livre à la fraude de l'énergie électrique ou au raccordement fraudu-
leux ;
- se livre à la destruction de scellés de compteurs ou l'endommagement
des équipements de raccordement et de comptage placés dans les ins-
tallations des utilisateurs ;
- construit sur ou sous les lignes électriques ou occupe des emprises des
installations électriques du domaine public de l'État ;
- cause des perturbations importantes aux réseaux du fait de la non-
homologation de ses installations électriques intérieures ;
- met en service une installation de production, de transport ou d'impor-
tation ou d'exportation ou de distribution de l'électricité sans avoir ob-
tenu le certificat de conformité ;
- exerce l'une des activités visées par la présente loi en dépit de l'inter-
diction prononcée par l'autorité compétente ;
- entrave le contrôle des agents dûment mandatés des services compé-
tents de l'État ;
- importe ou exporte de l'électricité sans être titulaire d'une licence ;
- fait de la malfaçon ou expose, par ce fait, les personnes et leurs
biens à de graves dangers ;
- fait entrave à l'exécution des travaux autorisés ou concédés
et à l'entretien des ouvrages ou l'usage par l'exploitant des servi-
tudes.539

Aux termes de l’article 133 de l’article 120 de la Loi N° 14/011 du


17 juin 2014 relative au secteur de l’électricité, « L'exploitant est tenu
responsable de tout dommage causé par une surtension ou une anomalie
quelconque provenant de son réseau électrique sur les biens de son
client. À cet effet, le constat de la police et l'avis technique de l'autorité
de régulation du secteur l'électricité sont requis ».

539
Articles 121 à 132 de la Loi N° 14/011 du 17 juin 2014 relative au secteur de
l’électricité
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 355

Les cours et tribunaux de l’ordre administratif (pour fautes adminis-


tratives) comme de l’ordre judiciaire selon leurs degrés respectifs de
compétences définies par la loi540 ont la charge de recevoir tout justi-
ciable ayant une réclamation dans le secteur de l’électricité.

5.8 Régime juridique de gestion du secteur minier

À la suite d’une phrase lapidaire mais prophétique attribuée à Jules


Cornet « le Katanga … ce scandale géologique ! » lors de son expédition
en 1892 au Katanga après avoir découvert d’impressionnantes minérali-
sations et d’autres informations fournies, le secteur minier de la RDC ne
cesse d’attirer l’attention des investisseurs et chercheurs de tous bords541
intéressés par les substances minérales estimés à plus de 1100.542
Les retombées des activités d’exploitation minière ne sont profitables
à toute la population, comme l’exige l’article 58 de la constitution du
pays.543 La responsabilité sociale des entreprises extractives demeure un
« slogan folklorique » sans impact réel et visible en termes

540
Articles 85, 86, 89 et 91 de la Loi organique n°13/011-B du 11 avril 2013
portant organisation, fonctionnement et compétences des juridictions
de l'ordre judiciaire.
541
République Démocratique du Congo : de la qualification du « scandale
géologique » à la malédiction des ressources naturelles,
https://www.wathi.org/republique-democratique-du-congo-de-la-qualificati on-
de-scandal-geologique-a-la-malediction-des-ressources-naturelles/ (consulté le
7/7/2022).
542
Document de la Banque Mondiale, République démocratique du Congo. La
bonne gouvernance dans le secteur minier comme facteur de croissance, octobre
2007, p. 20 ; Kamerhe Vital, Op. Cit., p. 130 ; Kihangi Bindu Kennedy,
« L’exploitation du pétrole du lac Edouard et la loi environnementale en Répu-
blique démocratique du Congo », Op. Cit., p. 8.
543
L’article 58 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée en 2011
dispose que : « Tous les Congolais ont le droit de jouir des richesses nationales.
L’État a le devoir de les redistribuer équitablement et de garantir le droit au
développement. »
356 Traité de droit de l’environnement

d’amélioration des conditions de vie des populations. L’extraction de


l’or artisanal en particulier se fait dans une opacité qui favorise la fraude
et la contrebande car hors de toute traçabilité susceptible de permettre au
gouvernement d’évaluer la quantité de l’or produit et destiné à
l’exportation. La contribution des industries extractives au budget et au
développement socio-économique de la RDC présente un tableau mitigé.
Le registre des frustrations et de crise de confiance entre parties im-
pliquées dans l’exploitation minière ne cesse de s’alourdir par des décla-
rations. Le Chef de l’État ne s’est pas ainsi empêché d’indiquer avec
véhémence lors de son dernier séjour en Province de Lualaba (ville de
Kolwezi) :

Il n’est pas normal que ceux avec qui le pays a signé des contrats
d’exploitation s’enrichissent pendant que nos populations demeurent
pauvres.
Il est temps que le pays réajuste ses contrats avec les miniers pour scel-
ler des partenariats gagnant-gagnant.
J’en ai vraiment assez ! (…) Je suis très sévère envers ces investisseurs
qui viennent s’enrichir seuls. Ils viennent les poches vides et repartent
milliardaires.544

La transparence dans la gouvernance institutionnelle du secteur mi-


nier et la lutte contre l’impunité545 sont de piliers de promotion des

544
RDC : Félix Tshisekedi envisage la révision de certains contrats miniers,
https://deskeco.com/2021/05/14/rdc-felix-tshisekedi-envisage-la-revision-de-
certains-contrats-miniers
545
Les articles 311 bis sur la fraude et du pillage des ressources naturelles mi-
nières et 311 ter sur l’entrave à la transparence et à la traçabilité dans l’industrie
minière du Code minier de 2002 dans sa forme révisée de 2018 (textes coordon-
nés) disposent respectivement que : Est puni d’une peine de servitude pénale de
dix à vingt ans et d’une amende dont le montant s’élève à l’équivalent en francs
congolais de 250.000 à 500.000 USD, quiconque aura, par tout acte générale-
ment quelconque, tout accord, toute convention, tout arrangement ou tout autre
fait, qui a pour conséquence de priver la nation, les personnes physiques ou
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 357

droits humains ainsi que des normes environnementales. Certes, seule


une gestion rationnelle dans ce secteur pourrait permettre à la RDC de
répondre aux besoins énormes de développement en agissant de manière
efficace et efficiente à la plupart de ses défis.
La période coloniale a connu une succession de législations qui ont
régi le secteur minier sous l’État indépendant du Congo (EIC), la Colo-
nie du Congo belge et la période post coloniale jusqu’en 1967.546 Ces
législations étaient généralement orientées vers la nécessité d’asseoir
l’autorité de l’État sans une attention particulière sur les aspects liés à la
protection de l’environnement. Il a fallu attendre la loi n°007/2002 du 11
juillet 2002 portant code minier pour qu’une nouvelle politique minière
intègre des préoccupations environnementales. La loi n° 18/001 du 9
mars 2018 modifiant et complétant la Loi N° 007/2002 du 11/7/2002
portant code minier a été une nouvelle fenêtre de renforcement des dis-
positions se rapportant au besoin de protection de l’environnement dans
le secteur minier en RDC.

morales de tout ou partie de leurs propres moyens d’existence tirés de leurs


ressources ou richesses minières, outre la confiscation des biens et avoirs issus
du délit. Est passible d’une amende dont le montant s’élève à l’équivalent en
francs congolais de 100.000 à 1.000.000 USD, quiconque, par tout acte, tout
accord, toute convention, tout arrangement ou tout autre fait, entrave à la trans-
parence et à la traçabilité dans l’industrie minière.
546
La République démocratique du Congo a accédé à la souveraineté nationale
et internationale le 30 juin 1960. Malgré l’accession à l’indépendance, il a fallu
attendre l’année 1967 pour qu’une nouvelle loi soit promulguée dans le secteur
minier. Cette nouvelle législation va tenir compte des résultats de toutes les
tractations politiques de la table ronde de Bruxelles et de la Loi Bakajika.
358 Traité de droit de l’environnement

5.8.1 Présentation sommaire de la loi n° 18/001 du 9 mars 2018 mo-


difiant et complétant la loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002 portant
code minier et ses innovations majeures

En conformité à la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée


en 2011, le secteur minier est régi par un arsenal juridique non moins
important constitué notamment des lois et actes règlementaires :
- Loi n° 18/001 du 9 mars 2018 modifiant et complétant la loi n°
007/2002 du 11 juillet 2002 portant code minier ;
- Décret n° 18/024 du 8 juin 2018 modifiant et complétant le dé-
cret n° 038/2003 du 26 mars 2003 portant règlement minier ;
- Arrêté interministériel n°0711/CAB.MIN/MINES/01/2010 et
206/CAB/MIN.FINANCES/2010 du 15 décembre 2010 portant
manuel de procédure et de traçabilité des produits miniers de
l’extraction à l’exportation ;
- Arrêté n° 0274/CAB.MIN/MINES/01/2011 du 03 juin 2011
portant manuel de certification des minerais de la filière auri-
fère ;
- Arrêté n° 0057/CAB.MIN/MINES/01/2012 du 29 février 2012
portant mise en œuvre du mécanisme régional de certification
de la conférence internationale sur la région des grand lacs
« CIRGL » en République démocratique du Congo ;
- Arrêté ministériel 392/CAB.MINES/01/2000 du 12 mai 2000
portant réglementation de l’exploitation artisanale, de la vente
et du traitement des minerais de cuivre ;
- Décret 052/2001 du 22 septembre 2001 portant création et or-
ganisation d’un service public dénommé centre d’évaluation,
d’expertise et de certification des substances minérales pré-
cieuses et semi-précieuses, en sigle « C.E.E.C » ;
- Décret 131/2002 portant création et statuts d’une entreprise pu-
blique dénommée société de développement industriel et minier
du Congo, en sigle « SODIMICO ».
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 359

La loi n° 18/001 du 9 mars 2018 modifiant et complétant la loi n°


007/2002 du 11 juillet 2002 portant code minier porte 17 titres : Généra-
lités (Titre I) ; Dispositions communes (Titre II) ; Droits miniers (Titre
III) ; Exploitation artisanale des mines et carrières (Titre IV) ; Droits de
carrières (Titre V) ; Sûretés (Titre VI) ; Amodiation et mutations (Titre
VII) ; Obligations des titulaires des droits miniers et de carrières (Titre
VIII) ; Régime fiscal douanier et des recettes non fiscales applicable aux
activités minières (Titre IX) ; Règlementation de change et des garanties
de l’État (Titre X) ; Relations des titulaires des droits miniers et/ou de
carrières entre eux et avec les occupants du sol (Titre XI) ; Manque-
ments aux obligations administratives, sociales et des sanctions (Titre
XII) ; Infractions et pénalités (Titre XIII) ; Recours (Titre XIV) ; Dispo-
sitions diverses (Titre XV) ; Dispositions transitoires (Titre XVI) ; et
Dispositions abrogatoires et finales (Titre XVII). Les préoccupations
environnementales sont notées parmi les innovations majeures. Il s’agit
notamment de :

- L’inclusion du stockage, de la détention et du transport des subs-


tances minérales dans le champ d’application du code minier ;
- La restriction de l’éligibilité aux droits miniers à la seule personne
morale ;
- Le relèvement de la quotité de la participation de l’État dans le capital
social des sociétés minières ;
- Le paiement des droits proportionnels ;
- Le renforcement des conditions d’octroi, de transformation, de renou-
vellement et de cession des droits miniers et de carrières ;
- La prise des mesures incitatives à l’endroit des provinces en déficit
d’infrastructures afin de permettre leur essor économique ;
- L’exclusivité de l’activité de la sous-traitance dans le secteur de
mines et carrières aux seules sociétés dont la majorité du capital est
détenue par des congolais ;
360 Traité de droit de l’environnement

- La précision des modalités de superposition des périmètres des droits


miniers et/ou des carrières ;
- La participation requise d’au moins 10 % des personnes physiques de
nationalité congolaise dans le capital social des sociétés minières ;
- La restriction d’accès à l’exploitation artisanale aux seules personnes
physiques majeures de nationalité congolaise, membres d’une coopé-
rative agréée ;
- Le retrait des droits miniers et la récupération du périmètre ;
- La participation des congolais dans le capital des comptoirs d’achat et
de vente des matières précieuses et de traitement ;
- L’introduction du cahier de charges pour les sociétés minières en rap-
port avec leur responsabilité sociale vis-à-vis des populations locales ;
- L’introduction du certificat environnemental pour l’obtention d’un
permis d’exploitation ;
- Le renforcement de la responsabilité industrielle du titulaire ;
- La prise en compte des principes et critères de l’initiative pour la
transparence des industries extractives ;
- La restriction du régime privilégié du Code ;
- L’élargissement de l’assiette et le relèvement des taux de la redevance
minière ;
- La cessation du bénéfice des droits d’entrée au taux préférentiel pour
les titulaires qui auront accompli six ans et plus d’exploitation ;
- L’effectivité et le contrôle du rapatriement de 60 % ou 100 % de re-
cettes des ventes à l’exportation ;
- L’intervention d’autres ministres sectoriels dans la sphère des compé-
tences du Ministre des mines du fait de la transversalité de
l’exploitation minière ;
- La précision du cadre juridique pouvant exceptionnellement autoriser
l’exportation des minerais à l’état brut ;
- L’autorisation d’exportation, selon le cas des substances minérales ;
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 361

- L’institution d’une collaboration entre l’agence congolaise de


l’environnement et la direction de la protection de l’environnement
sur les questions ayant trait à l’instruction environnementale et so-
ciale ;
- Le remplacement de l’avis environnemental par le certificat environ-
nemental ;
- L’attribution exclusive au Premier ministre de la compétence de clas-
ser ou de déclasser une zone interdite à l’activité minière ou aux tra-
vaux de carrières, de déclarer le classement ou le déclassement d’une
substance minérale en une substance réservée ;
- L’obligation de construction du bâtiment abritant le siège social dans
le chef-lieu de la province de l’exploitation ;
- L’application des règles d’amortissement linéaire des immobilisa-
tions ;
- La fixation du montant du capital social à au moins 40 % des res-
sources nécessaires à la réalisation de l’investissement ;
- L’évaluation du gisement en cas de cession d’actifs immobiliers et la
prise en compte de sa valeur dans le capital social de la société com-
mune ;
- L’attribution de pas de porte à la société commerciale appartenant à
l’État ayant effectué les travaux d’étude et de documentation sur le
gisement.

Contrairement au caractère attractif des investisseurs dans le secteur


minier porté par le Code Minier de 2002, le texte révisé de 2018 porte
un caractère d’ordre social favorisant le développement des communau-
tés locales affectées par l’exploitation minière. L’article 288 bis du Code
minier dans sa forme révisée fixe la procédure en cas de constat du non-
respect des engagements vis-à-vis des obligations sociales en ces
termes :

Le non-respect par le titulaire de ses engagements vis-à-vis des obliga-


tions sociales dans le délai est constaté par l’Agence congolaise de
362 Traité de droit de l’environnement

l’environnement en collaboration avec la Direction de protection de


l’environnement minier, après enquête sur site et consultation des com-
munautés concernées, qui transmet le procès-verbal de son constat au
ministre et au Cadastre minier. Ce dernier le notifie à l’intéressé dans un
délai de dix jours ouvrables après la fin de la période pendant laquelle
ses engagements auraient dû se réaliser.
Dans un délai maximum d’un jour ouvrable suivant la réception du pro-
cès-verbal, le Cadastre minier affiche le constat de l’Agence congolaise
de l’environnement en collaboration avec la Direction de protection de
l’environnement minier dans une salle indiquée par le Règlement minier.
Une copie de ce procès-verbal est remise au titulaire.
Chaque titulaire a la responsabilité de s’informer du constat de l’Agence
congolaise de l’environnement en collaboration avec la Direction de
protection de l’environnement minier concernant son projet.
Le titulaire dont le non-respect des engagements vis-à-vis des obliga-
tions sociales a été constaté peut présenter tout document relatif à sa dé-
fense dans les quarante- cinq jours qui suivent la date d’affichage du
constat. L’Agence congolaise de l’environnement, en collaboration avec
la Direction de protection de l’environnement minier, instruit le dossier
de la défense dans un délai de trente jours à compter de la fin du délai
fixé à l’alinéa précédent et transmet son avis technique au ministre et au
Cadastre minier qui en informe le titulaire concerné. Le Cadastre minier
transmet le dossier y afférent et le projet de décision au ministre pour
compétence.

L’Agence congolaise de l’environnement en collaboration avec la


Direction de protection de l’environnement minier veillent sur le respect
des obligations sociales de manière proactive et dans le respect des
échéances fixées par la Loi minière.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 363

5.8.2 Organes et services en charge de la protection de


l’environnement dans le secteur minier

Ayant dans ses attributions la charge de l’application et de la vulga-


risation de la législation minière, le Ministère des mines a à son sein une
direction et des services qui veillent sur les contraintes d’ordre environ-
nemental : La direction de protection de l’environnement minier et
l’agence congolaise de l’environnement.

Direction de protection de l’environnement minier


Les attributions de la Direction de Protection de l’Environnement
Minier sont définies par l’article 11 du Règlement Minier de 2003 révisé
en 2018 qui dispose :

La Direction de protection de l’environnement minier est chargée de :

En collaboration avec l’agence congolaise de l’environnement, le


fonds national de promotion et de service social et, le cas échéant, tout
autre organisme de l’État concerné :
- Mettre en œuvre la réglementation minière en matière de protec-
tion de l’environnement ;
- Procéder à l’instruction environnementale de :
 Plan d’atténuation et de réhabilitation « PAR » ;
 Étude d’impact environnemental et social « EIES » et du
plan de gestion environnementale et sociale « PGES » ;
- Assurer le suivi des obligations incombant aux titulaires des
droits miniers et de carrières, des entités de traitement ou de
transformation des substances minérales, des laboratoires
d’analyses de produits miniers marchands en matière de sécurité,
d’hygiène, de santé, de protection de l’environnement dans les
mines ;
- Délivrer l’attestation de libération des obligations environnemen-
tales ;
364 Traité de droit de l’environnement

- Émettre un avis pour l’agrément des bureaux d’études environ-


nementales ;
- Veiller à la mise en œuvre de la politique de responsabilité socié-
tale des entreprises minières et des carrières (RSE) vis-à-vis des
communautés locales affectées par les projets miniers.
Un Arrêté interministériel des Ministres ayant respectivement les Mines,
l’Environnement et les Affaires Sociales dans leurs attributions fixe les modali-
tés de collaboration entre l’agence congolaise de l’environnement, la direction
de protection de l’environnement minier et le fonds national de promotion et de
service social.
Matières exclusives :
- Contribuer à la conception et à l’élaboration de projets de politiques,
de textes législatifs et règlementaires ainsi que des stratégies et la mise
en œuvre de normes (…) relatives à la protection de l’environnement
dans le secteur des mines ;
- Contribuer au règlement des différends dans le cadre de l’exécution
des plans environnementaux dans le secteur minier ;
- Émettre un avis de non-lieu à la délivrance du certificat environne-
mental pour toute demande d’extension du permis d’exploitation et de
l’autorisation d’exploitation de carrières permanentes à d’autres subs-
tances minérales associées ;
- S’assurer du respect des normes relatives à la mise en œuvre et à
l’évaluation de :
 Techniques et mesures d’atténuation des effets négatifs des
opérations minières sur les écosystèmes et les populations ;
 Techniques de réhabilitation des milieux affectés par les ac-
tivités minières ;
- Effectuer des contrôles périodiques ou ponctuels des opérations de re-
cherches et en contrôler la conformité dans la tenue des registres et la
véracité des rapports d’activités ;
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 365

- Constituer et gérer la base des données sur l’état environnemental dans


les zones d’activités minières et contribuer à la publication des statis-
tiques y relatives sur le site internet et le journal du ministère des
mines ;
- Émettre un avis sur la demande de :
 Certification de commencement des travaux de recherches ;
 Certification de commencement des travaux du développe-
ment et construction ;
- Délivrer l’autorisation environnementale appuyant la déclaration
d’ouverture ou de fermeture d’un centre de recherches ou
d’exploitation avant le commencement des travaux ;
- Veiller :
 À la construction de la sûreté financière de réhabilitation
des sites miniers ;
 Au respect de la réglementation en matière de délocalisa-
tion et de l’indemnisation des populations affectées par les
projets ;
- S’assurer annuellement de la constitution de la provision et du pla-
fond du 0,5 % du chiffre d’affaires et de son utilisation pour la réhabi-
litation des sites ;
- Participer aux travaux de :
 La commission interministérielle d’approbation des listes
des biens à importer sous le régime douanier privilégié du
code minier ;
 La commission interministérielle d’adjudications des
offres.547

547
Décret N° 038/2003 du 26 mars 2003 portant règlement minier tel que modi-
fié et complété par le Décret n° 18/024 du 8 juin 2018.
366 Traité de droit de l’environnement

Agence congolaise de l’environnement (ACE)


Créée par le Décret n° 14/030 du 18 novembre 2014 en vertu de la
loi portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l’environnement, l’ACE est un établissement public à caractère tech-
nique et scientifique, doté de la personnalité juridique, agissant sur toute
l’étendue du territoire national sous la tutelle du Ministère de
l’environnement et développement durable.548 Elle exerce les activités
d’évaluation et d’approbation de l’ensemble des études environnemen-
tales et sociales ainsi que le suivi de leur mise en œuvre en veillant à la
prise en compte de la protection de l’environnement dans l’exécution
des projets miniers.549 Elle coiffe pratiquement toutes les phases d’un
projet (en amont, pendant et aval) notamment dans le secteur minier
assujetti à la conduite d’une EIES assortie d’un PGES.

Fonds National de Promotion et de Service Social


Créé par le Décret n° 13/007 du 23 janvier 2013, le fonds national de
promotion et de service social, FNPSS en sigle, est un établissement
public qui appuie l’action sociale et humanitaire du Gouvernement. Son
action dans le domaine environnemental en collaboration de la direction
de protection de l’environnement minier auprès du Ministère de mines
est indispensable dans la prise en charge des besoins de communautés
locales. À ce titre, il assure la mobilisation et la gestion des finance-
ments destinés à l’action sociale et humanitaire de l’État et garantit le

548
Article 22 du Décret n° 14/030 du 18 novembre 2014 Fixant les Statuts d’un
Établissement Public dénommé Agence congolaise de l’environnement.
549
Articles 1, 2 & 3 du Décret n° 14/030 du 18 novembre 2014 fixant les statuts
d’un établissement public dénommé agence congolaise de l’environnement,
ACE en sigle ; Article 1er ter de la Loi n° 18/001 modifiant et complétant la loi
n° 007/2002 du 11 juillet 2002 portant code minier.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 367

relèvement social des groupes vulnérables et des personnes nécessi-


teuses ainsi que leur accès aux services sociaux de base.550

Division provinciale des mines


Dans ses attributions formulées à l’article 13 du règlement minier, le
Chef de division des mines est compétent pour émettre un avis technique
et environnemental pour les demandes d’octroi ou de renouvellement
des autorisations d’exploitations de carrières permanentes pour les maté-
riaux de construction à usage courant.551
L’apport du Ministre de l’environnement et développement durable
est aussi perceptible lorsqu’il statue sur les résultats des audits environ-
nementaux conjointement avec le Ministre des mines.552

5.8.3 Protection de l’environnement dans le secteur minier

Les titulaires des droits miniers et de carrières sont soumis à un cer-


tain nombre d’exigences en matière de protection de l’environnement.553
Ces obligations sont définies respectivement par le Code Minier de 2002
et le Règlement Minier de 2003 tels que modifiés en 2018. Selon les
prescrits des articles 203 à 211 du Code Minier de 2002 dans sa forme

550
Articles 1, 2, 3 & 4 du Décret n° 13/007 du 23 janvier 2013 fixant les statuts
d’un établissement public dénommé « Fonds national de promotion et de service
social », FNPSS en sigle.
551
Article 13 al. 5 du Décret N° 038/2003 du 26 mars 2003 portant règlement
minier tel que modifié et complété par le Décret n° 18/024 du 8 juin 2018.
552
Article 10. s de la loi N° 18/001 du 9 mars 2018 modifiant et complétant la
loi N° 007/2002 du 11 juillet 2002 portant code minier.
553
Aux termes de la loi, le droit minier est toute prérogative d’effectuer la re-
cherche et/ou l’exploitation des substances minérales classées en mines. Le
permis de recherches, le permis d’exploitation, le permis d’exploitation des
rejets et le permis d’exploitation de petite mine sont des droits miniers. Article
1er. 14 du Code Minier de 2002.
368 Traité de droit de l’environnement

révisée de 2018, tout titulaire d’un droit minier ou de carrières ou des


produits de carrières554 a l’obligation :

- d’élaborer et d’obtenir l’approbation d’un plan d’atténuation et de


réhabilitation (PAR) pour l’activité proposée avant de commencer les
travaux de recherches minières ou des produits de carrières. Le PAR re-
lève de la compétence du service chargé de la protection de
l’environnement au sein du Ministère des mines en collaboration avec le
Ministre de l’environnement et développement durable.
- de présenter une étude d’impact environnemental et social (EIES)
accompagnée d’un plan de gestion environnementale du projet et
d’obtenir l’approbation de son EIES et du plan de gestion environne-
mental et sociale (PGES) ainsi que de mettre en œuvre le PGES. L’EIES
est un processus systématique d’identification, de prévision,
d’évaluation et de réduction des effets physiques, écologiques, esthé-
tiques et sociaux préalables au projet d’aménagement, d’ouvrage,

554
Une des grandes innovations de la révision du Code Minier en 2018 (Loi No
18/001 du 9 mars 2018) est le fait de rendre exclusivement la personne morale
éligible au droit minier. Les personnes physiques détentrices des droits confor-
mément à la loi de 2002 (Code Minier de 2002) doivent créer de sociétés com-
merciales avant de transmettre leurs titres à ces dernières. Ainsi, l’exploitation
artisanale se fait par les coopératives minières conformément à l’Acte Uniforme
du 15 décembre 2010 relatif au droit des sociétés coopératives regroupant les
exploitants artisanaux. Une coopérative minière est tenue notamment au respect
du code de conduite de la coopérative et de l’exploitant artisanal et les règles
environnementales ; …. D’assurer la formation des exploitants artisanaux en
philosophie et techniques de protection de l’environnement dans le cadre des
opérations d’exploitation artisanale des produits des mines et des carrières (ar-
ticles 233 septies, 416 et 417 du Règlement Minier ; article 112 du Code Mi-
nier). La carte d’exploitant artisanal est retirée par le ministre provincial de
Mines, après mise en demeure de 30 jours ouvrables en cas de non-respect des
normes en matière de l’environnement, de l’hygiène, de la sécurité et de
l’utilisation d’eau ou de non-respect du code de conduite de l’exploitant artisanal
(articles 112 alinéa 1 du Code Minier et 416 du Règlement Minier).
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 369

d’équipement, d’installation ou d’implantation d’une exploitation mi-


nière ou de carrière permanente, ou d’une entité de traitement, et per-
mettant d’en apprécier les conséquences directes ou indirectes sur
l’environnement (article 1er alinéas 19 et 41du code minier de 2002 dans
sa version révisée de 2018). Ce processus doit suivre une procédure par-
ticulière telle qu’elle est définie par les articles 450 à 465 du règlement
minier de 2003 tel que révisé en 2018,555 l’Annexe VIII, Directive sur
l’étude d’impact environnemental et social, titre I « Du respect de la di-
rective sur l’EIES lors de l’élaboration de l’EIES et du PGES »556 et du
Décret n° 14/019 du 02 août 2014 fixant les règles de fonctionnement
des mécanismes procéduraux de la protection de l'environnement. Le
PGES est un cahier des charges environnementales du projet minier con-
sistant en un programme de mise en œuvre et de suivi des mesures envi-
sagées par l’EIES pour supprimer, réduire et éventuellement compenser
les conséquences dommageables du projet minier sur l’environnement.
- de fournir une sûreté pour garantir l’accomplissement de leurs obliga-
tions environnementales pendant la recherche et/ou l’exploitation. En
outre, le titulaire des droits miniers est autorisé à constituer une provi-
sion pour réhabilitation du site conformément aux dispositions de
l’article 258 du code minier :
Le titulaire est tenu à constituer, en franchise de l’impôt sur les bé-
néfices et profits, une provision pour réhabilitation du site sur lequel
sont conduites les opérations minières. Le montant maximal de la dota-

555
Les articles 450 à 465 du Règlement Minier de 2003 tel que révisé en 2018
portent notamment sur la portée et les objectifs de l’EIES/PGES, la procédure
d’approbation de l’EIES/PGES et la mise en œuvre du PGES, Décret N°
038/2003 du 26 mars 2003 portant règlement minier tel que modifié et complété
par le Décret n° 18/024 du 8 juin 2018, Journal Officiel, Numéro spécial, 12 juin
2018.
556
Décret N° 038/2003 du 26 mars 2003 portant règlement minier tel que modi-
fié et complété par le Décret n° 18/024 du 8 juin 2018, Journal Officiel, Numéro
spécial, 12 juin 2018, p. 384.
370 Traité de droit de l’environnement

tion au titre de cette provision est égal à 0,5 % du chiffre d’affaires au


titre de l’exercice au cours duquel elle est effectuée. Dans l’hypothèse
où le titulaire est tenu de constituer une provision ou de remplir d’autres
obligations financières en application de la réglementation sur la protec-
tion de l’environnement, le montant de cette seconde provision ou de ces
obligations, est déduit du montant maximal autorisé pour la dotation au
titre de provision pour la réhabilitation du site. Il est tenu au respect de
la directive sur l’EIES telle que prévue dans le Règlement Minier. Cette
provision doit être utilisée avant l’expiration d’un délai de dix ans à
compter de la clôture de l’exercice au cours duquel elle a été constituée.
Le solde de cette provision non utilisée est réintégré dans le bénéfice
imposable au titre du onzième exercice suivant celui au cours duquel la-
dite provision a été constituée. Le solde de cette provision non utilisé à
la clôture du dernier exercice du projet est réintégré dans le bénéfice im-
posable au titre de cet exercice.557
- d’informer l’autorité administrative locale et l’autorité chargée de la
culture, arts et musées, de la découverte des indices archéologiques si
ces travaux de recherches ou d’exploitation révèlent l’existence de ces
indices, de ne pas les déplacer et de les protéger.
- de prendre les mesures de sécurité, d’hygiène et de protection édictées
par des règlements spéciaux et de publier les consignes de sécurité au
regard des conditions particulières de son exploitation.

Les prescrits des articles 451 du Règlement Minier et 126 de son


Annexe VIII relative à la Directive sur l’étude d’impact environnemen-
tal et social558 insistent sur la participation et la consultation publique

557
Article 258 du Code Minier de 2002 et les ajouts apportés (article 258 al 1er
et ajout de l’alinéa 3) en 2018 dans la Loi N° 18/001 du 9 mars 2018 modifiant
et complétant la Loi N° 007/2002 du 11 juillet 2002 portant Code Minier.
558
Décret N° 038/2003 du 26 mars 2003 portant règlement minier tel que modi-
fié et complété par le Décret n° 18/024 du 8 juin 2018, Journal Officiel, Numéro
spécial, 12 juin 2018, p. 384.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 371

des communautés affectées par le projet minier lors de l’élaboration de


l’EIES et du PGES.
L’article 451 du règlement minier de 2003 dans sa forme révisée en
2018 présente l’objectif du programme de consultation du public au
cours de l’élaboration de l’EIES en ces termes :

La consultation du public au cours de l’élaboration de l’Étude d’impact


environnemental et social doit permettre la participation active des
communautés locales affectées par le projet de mines ou de carrières à
l’élaboration de l’Étude d’impact environnemental et social.
Le programme de consultation du public au cours de l’élaboration de
l’Étude d’impact environnemental et social doit prévoir notamment la
présentation et l’explication du programme des travaux d’exploitation,
des impacts négatifs et positifs produits par le projet et des mesures
d’atténuation et de réhabilitation aux communautés locales affectées et
recueillir leurs réactions, questions et préoccupations.
Le représentant de la société minière chargé des relations publiques avec
les communautés locales devra transmettre aussitôt que possible à
l’Administrateur du Territoire, aux autorités politico-administratives lo-
cales, aux organisations communautaires de base et aux représentants
des communautés concernées un résumé écrit de l’Étude d’impact envi-
ronnemental et social ou le Plan de gestion environnementale et sociale
dans la langue locale qui résumera le programme des travaux
d’exploitation, les impacts négatifs et positifs produits par le projet et les
mesures de réhabilitation proposées.
Le demandeur, en tant que titulaire d’un droit de recherches minières ou
de carrières, doit avoir établi de bonnes relations avec chaque commu-
nauté directement affectée par le projet et entrepris notamment les me-
sures suivantes :
- connaître les populations concernées, leurs activités principales,
leurs valeurs sociales et culturelles ;
372 Traité de droit de l’environnement

- informer les communautés locales du programme des travaux


d’exploitation et des impacts négatifs et positifs du projet
d’exploitation ;
- consulter les populations affectées lors de la détermination du pro-
gramme des mesures d’atténuation et de réhabilitation ;
- dédommager les personnes affectées par le projet d’exploitation
conformément aux dispositions du Code et à l’annexe XVIII relative
à l’expropriation, l’indemnisation, la compensation, le déplacement
et la réinstallation des communautés affectées par les projets miniers
du présent Décret.
Les mesures établissant les fondements relationnels et visant à la bonne
entente entre l’entreprise minière et les communautés locales affectées
par le Projet qui faisait déjà partie du Plan d’atténuation et de réhabilita-
tion du demandeur devraient être mises en place lors de la préparation de
l’Étude d’impact environnemental et social ou du Plan de gestion envi-
ronnementale et sociale.
Si, pour une raison quelconque, ces mesures n’ont pas été réalisées lors
des travaux de recherches ou s’il existe des points de discorde entre
l’entreprise minière ou de carrières et les communautés locales, le de-
mandeur doit remédier à ces lacunes avant d’établir son programme de
consultation du public au cours de l’élaboration de l’Étude d’impact en-
vironnemental et social ou Plan de gestion environnementale et sociale.

L’article 126 de l’annexe VIII au Règlement Minier, Directive sur


l’élaboration de l’EIES porte sur le programme de consultation du pu-
blic au cours de l’élaboration de l’EIES en ces termes :

L’exploitant est tenu de joindre en appendice de l’EIES le programme


de consultation du public prévoyant les principes, méthodes et le calen-
drier de consultation prévus par l’exploitant lors de l’élaboration de
l’EIES en conformité avec l’article 451 du Règlement Minier.
L’exploitant doit également présenter un rapport relatif au programme
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 373

de consultation du public mis en œuvre pendant l’élaboration de l’EIES


détaillant le calendrier des réunions, questions et réponses échangées
avec les communautés affectées par le projet ainsi que les conclusions
de la consultation avec le public. Ce rapport doit être co-signé par
l’Administrateur du territoire et le Chef de secteur/Chefferie ou le
Bourgmestre et le Maire de la Ville selon le cas.

L’ignorance de la procédure légale d’une EIES pour les activités mi-


nières expose l’intéressé à des sanctions conformément à l’article 72 de
la Loi No11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamentaux rela-
tifs à la protection de l’environnement qui dispose que :

Est punie d’une amende égale au quintuple des frais qu’elle aurait dé-
boursés pour l’évaluation et la validation de l’étude, toute personne qui
réalise ou contribue à réaliser un projet ou une activité sans étude
d’impact environnemental et social alors qu’il y était soumis en vertu
des dispositions de la présente loi.
Le tribunal saisi peut en outre ordonner la destruction de l’ouvrage sans
préjudice des dispositions de l’article 86 de la présente loi.

Le titulaire des droits miniers et de carrières engagerait sa responsa-


bilité en cas de non-respect des dispositions se rapportant à la protection
de l’environnement. Il pourra ainsi répondre des dommages causés aux
personnes, aux biens et à l’environnement du fait de ses activités mi-
nières, même en l’absence de toute faute ou négligence. Il s’agit ici
d’une responsabilité objective visant à protéger l’être humain, les biens
et l’environnement contre les dommages en considération du fait du
caractère potentiellement dangereux des activités minières industrielles.
À ce titre, il sera tenu de les réparer et, l’action en réparation de ces
dommages est imprescriptible.559 Suite au caractère souvent continu et

559
Southern Africa Research Watch (SARW), Guide de vulgarisation de la Loi
N°18/001 du 9 mars 2018 modifiant et complétant la Loi N° 007/2002 du 11
juillet 2002 portant Code Minier, Novembre 2018, p. 59.
374 Traité de droit de l’environnement

insidieux des atteintes à l’environnement, les délais de prescription peu-


vent paraître inadaptés. Les dommages, par leur étendue et leur gravité
sur la nature et sur la santé humaine peuvent se déclarer dans le temps.
L’objectif ici est de protéger tant les générations présentes que les géné-
rations futures contre les dégradations graves de l’environnement.560
Les caractères durables et étendus des dommages561 justifient énor-
mément une telle démarche en ce moment où les intérêts économiques
semblent constituer des pieds fermes le centre de toutes les intelligences
et sentiments au détriment des besoins écologiques. Ce caractère im-
prescriptible est aussi renforcé par la loi de mise en œuvre du Statut de
Rome (Loi n° 15/022 du 31 décembre 2015 modifiant et complétant le
Décret du 30/01/1940 portant Code Pénal Congolais). À son article 223,
1. d, elle intègre les aspects environnementaux parmi les crimes de
guerre en ces termes :

Aux fins de la présente loi, on entend par « crimes de guerre » :


2. Les autres violations graves des lois et coutumes applicables aux con-
flits armés internationaux dans le cadre établi du droit international, à
savoir, l’un quelconque des actes ci-après :
d) le fait de diriger intentionnellement une attaque en sachant qu’elle
causera incidemment des pertes en vies humaines dans la population ci-
vile, des blessures aux personnes civiles, des dommages aux biens éten-
dus, durables et graves à l’environnement naturel qui seraient manifes-

560
Prieur M., Droit de l’environnement, 6ème édition, Dalloz, 2011, p. 1032 cité
par Sabine Mande M., Op. Cit., p. 251.
561
Article 83 de la Loi N° 11/009 du 9/7/2011 portant principes fondamentaux
relatifs à la protection de l’environnement dispose :
« Quiconque dirige intentionnellement une attaque en sachant qu’elle causerait
des dommages étendus, durables et graves à l’environnement, qui seraient ex-
cessifs par rapport à l’ensemble de l’avantage militaire concret et direct attendu,
est puni conformément aux dispositions pertinentes du Code pénal militaire
congolais ».
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 375

tement excessifs par rapport à l’ensemble de l’avantage militaire concret


et direct attendu.

Il faudra rappeler que la prescription est prévue par le code pénal


congolais (Décret du 30/01/1940 tel que modifié et complété à ce jour,
mis à jour, le 30/11/2004) en ses articles 24 à 26 dans ses deux dimen-
sions : la prescription des infractions et des peines. L’action publique
résultant d’une infraction sera prescrite : après un an révolu, si
l’infraction n’est punie que d’une peine d’amende, ou si le maximum de
la servitude pénale applicable ne dépasse pas une année ; après trois ans
révolus, si le maximum de la servitude pénale applicable ne dépasse pas
cinq années ; après dix ans révolus, si l’infraction peut entraîner plus de
cinq ans de servitude pénale ou la peine de mort.
Les articles 27, 28 et 29 du Code pénal congolais, Décret du
30/01/1940 tel que modifié et complété à ce jour (mis à jour, le
30/11/2004), prescrivent respectivement en deux ans ou quatre ans révo-
lus selon la valeur de l’amende. Les peines de servitude pénale de dix
ans ou moins se prescrivent par un délai double de la peine prononcée,
sans que le délai ne puisse être inférieur à deux ans. Les peines de servi-
tude pénale de plus de dix ans se prescriront par vingt ans et les peines
perpétuelles par vingt-cinq ans. Les infractions et les peines prévues par
la Loi N° 11/009 du 9/7/2011 portant principes fondamentaux relatifs à
la protection de l’environnement se prescrivent ainsi conformément à
ces fourchettes définies par la loi pénale.
Le titulaire d’un droit minier et/ou de carrières est soumis à des obli-
gations fortes en cas d’atteintes contre l’environnement mais aussi
d’atteinte à la santé de l’homme en cas de sa propre faute ou pas. Les
articles 285 bis du Code minier de 2002 tel que révisé en 2018 et 405 bis
et ter du Règlement minier de 2003 tel que révisé en 2018 sont assez
révélateurs en cette matière. L’article 285 bis du Code miner tel que
révisé en 2018 dispose que :
376 Traité de droit de l’environnement

Tout titulaire d’un droit minier et/ou des carrières est responsable des
dommages aux personnes, aux biens et à l’environnement du fait de ses
activités minières, même en l’absence de toute faute ou négligence. Il est
tenu à les réparer.
Il ne peut être exonéré que s’il apporte la preuve que ces dommages
proviennent d’une cause étrangère à son activité minière.
Le Règlement minier fixe les modalités de la réparation.

L’article 405 bis du Règlement Minier de 2003 tel que révisé en


2018 en matière de responsabilité industrielle du titulaire prévoit que :

Le titulaire est responsable des dommages causés aux personnes, aux


biens et à l’environnement du fait de ses activités minières, même en
l’absence de toute faute ou négligence.
Cette responsabilité objective vise à protéger l’être humain, les biens et
l’environnement du fait du caractère potentiellement dangereux des acti-
vités minières industrielles.

L’article 405 ter du Règlement minier tel que révisé en 2018 en ma-
tière de réparation des dommages aux personnes, aux biens et à
l’environnement par les activités minières dispose que :

Le titulaire d’un droit minier et/ou de carrières est responsable de dom-


mages causés aux personnes, aux biens et à l’environnement par ses ac-
tivités minières.
Si l’enquête conclut à la confirmation du dommage allégué, la Direction
de Protection de l’Environnement Minier détermine l’étendue dudit
dommage et les mesures de réparation appropriées qu’elle soumet au ti-
tulaire du droit minier ainsi qu’aux victimes.
En cas de refus de réparer ou de désaccord entre le titulaire et les vic-
times, le Tribunal compétent sera saisi par la partie diligente suivant la
procédure de droit commun.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 377

Les prescrits de l’article 404 bis du Règlement minier de 2003 dans


sa forme révisée de 2018 définissent des mesures de prévention contre
les minerais radioactifs. L’opérateur minier est aussi responsable de la
radioprotection pour toutes ses activités conformément à la loi portant
dispositions relatives à la protection contre les dangers des rayonne-
ments ionisants et à la protection physique des matières et des installa-
tions nucléaires562 et le Décret portant réglementation de la protection
contre les dangers des rayonnements ionisants (Décret n° 05/22 du 29
mars 2005).563 Il doit assurer la protection radiologique de ses travail-
leurs et prendre toutes les dispositions nécessaires pour éviter que ses
activités minières ne soient sources de contamination radiologique de
l’environnement afin de prévenir l’exposition et la contamination du
public aux rayonnements ionisants.
Les atteintes à l’environnement constatées, documentées sont aussi
susceptibles de sanctions conformément aux prescrits des articles 292 du
Code minier de 2002 dans sa forme révisée de 2018 et 569 à 571 du
Règlement minier de 2003 révisée en 2018.
Les manquements aux obligations relatives à la réglementation envi-
ronnementale sont constatés et notifiés au titulaire par les Inspecteur et
Agents de la Direction chargée de la Protection de l’Environnement
Minier en collaboration avec l’Agence congolaise de l’environnement
immédiatement en cas de danger imminent ou dans un délai n’excédant
pas dix jours pour les autres cas. Le titulaire dispose d’un délai de dix
jours à dater de la notification pour présenter ses moyens de défense,
sans préjudice de l’exercice du recours administratif.

562
Loi 017-2002 du 16 octobre 2002 portant dispositions relatives à la protec-
tion contre les dangers des rayonnements ionisants et à la protection physique
des matières et des installations nucléaires.
563
Journal Officiel de la République démocratique du Congo, n° 7, 15 avril
2005, http://www.ilo.org/dyn/natlex/natlex4.detail?p_lang=en&p_isn=84927
&p_country=COD&p_count=261 (consulté le 7/7/2022).
378 Traité de droit de l’environnement

Toute personne, sans préjudice des dispositions de l’article 292 du


Code minier, qui, sans justification de force majeure, contrevient à ses
obligations environnementales telles que décrites au Titre XVIII du
Règlement minier de 2003 dans sa forme révisée en 2018 et contenues
dans le plan environnemental est soumise à la procédure et aux sanctions
suivantes :
 Le manquement est notifié au titulaire du droit minier ou de carrières
avec mention du délai de quatre-vingt-dix jours pour y remédier sous
peine de suspension des opérations minières ;
 Si, à l’issue de ce délai de quatre-vingt-dix jours, le titulaire du droit
minier ou de carrières n’a pas remédié au manquement, l’Inspecteur ou
Agent ordonne la suspension des activités minières ou de carrières pen-
dant trente jours ;
 Si le titulaire du droit minier ou de carrières n’a pas tenté de remédier au
manquement pendant les trente jours de la suspension, la suspension des
opérations minières ou de carrières est prorogée de soixante jours et la
pénalité initiale définie par l’inspecteur ou l’Agent est doublée ;
 Si, à l’issue des soixante jours, le titulaire du droit minier ou de carrières
n’a toujours pas remédié au manquement, la suspension des opérations
minières ou de carrières est prorogée de quatre-vingt-dix jours et la pé-
nalité est triplée ;
 Si, à l’issue des quatre-vingt-dix jours, le titulaire du droit minier ou de
carrières persiste dans le manquement, soit la suspension des opérations
minières ou de carrières est prorogée de quatre-vingt-dix jours et la pé-
nalité initiale est quadruplée, soit les opérations minières ou de carrières
sont définitivement suspendues pour les cas graves.
Pour tout manquement mettant directement en danger la vie ou la
santé d’une ou plusieurs personnes, le Ministre peut immédiatement, dès
sa constatation, suspendre temporairement les opérations minières ou de
carrières, pour le temps nécessaire à la mise en place des mesures adé-
quates pour sauvegarder la vie et la santé.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 379

En cas de manquement aux obligations environnementales incom-


bant au titulaire, il est procédé à la confiscation de la sûreté financière de
réhabilitation de l’environnement conformément aux dispositions perti-
nentes du Règlement minier de 2003 dans sa forme révisée de 2018.564

Article 410 : De la sûreté financière de réhabilitation de


l’environnement
En application de l’article 204, alinéa 4 du Code minier, toute per-
sonne effectuant des opérations de recherches ou d’exploitation minière
ou de carrières est tenue de constituer une sûreté financière de réhabilita-
tion de l’environnement en vue d’assurer ou de couvrir le coût des me-
sures de réhabilitation de l’environnement.
La sûreté financière de réhabilitation de l’environnement est consti-
tuée conformément à la Directive sur la Sûreté Financière de Réhabilita-
tion de l’Environnement reprise à l’annexe II du présent Décret après
l’approbation du Plan Environnemental et Social du titulaire.
Les fonds de la sûreté financière de réhabilitation de
l’environnement sont mis à la disposition de l’État et gérés aux fins de la
réhabilitation du site des opérations minières ou de carrières dans les
conditions précisées ci-dessous.

Au sens de l’article 294 du Code minier, on entend par « la provision


correspondante constituée par le titulaire pour la réhabilitation du site, »
la sûreté financière de réhabilitation de l’environnement.

Article 411 : De la confiscation de la sûreté financière de réhabilita-


tion de l’environnement
En cas d’inexécution ou d’exécution fautive par le titulaire de ses
obligations d’atténuation et de réhabilitation prévues au Plan Environ-
nemental et Social en cours ou à la cessation de ses activités de re-

564
Articles 410, 411, 412, 413 & 414 du Décret No 038/2003 du 26 mars 2003
portant Règlement minier tel que modifié et complété par le Décret No 18/024
du 8 juin 2018.
380 Traité de droit de l’environnement

cherches ou d’exploitation, le tribunal territorialement compétent peut


prononcer, à la requête du Ministre ou de son délégué accompagnée de
la preuve de la réalisation des procédures préalables exposées aux ar-
ticles 412 et 413 ci-dessous, la confiscation de la sûreté financière de ré-
habilitation de l’environnement en faveur de l’État, représenté par le
Ministre.
Outre la confiscation des fonds de sûreté financière de réhabilitation
de l’environnement, le titulaire défaillant peut être astreint à d’autres
mesures financières ou restrictives conformément aux dispositions de
l’article 294 alinéas 2 et 3 du Code minier.
Dans l’intérêt public, le jugement prononcé par le tribunal saisi en
cas de la confiscation de la sûreté financière de réhabilitation de
l’environnement est soumis au recours judiciaire prévu aux articles 315
et 316 du Code minier.
En cas de confiscation, les fonds de la sûreté financière de réhabilita-
tion sont gérés conformément aux dispositions de l’article 414 ci-
dessous.
Si le coût d’exécution des travaux d’atténuation et de réhabilitation
est inférieur à la sûreté financière, le titulaire a droit à la restitution du
trop-perçu.
Si la sûreté financière de réhabilitation de l’environnement confis-
quée ne couvre pas les coûts réels du site endommagé, le Ministre ou
son délégué peut confier l’exécution des travaux correspondants à un
tiers. Le surplus des frais est à la charge du titulaire défaillant.
Article 412 : De la procédure préalable à la confiscation de la sûreté
financière de réhabilitation de l’environnement en cas de défaillance du
titulaire au cours des activités minières ou de carrières.
Si, au terme de la deuxième prolongation de la période de suspen-
sion temporaire prononcée conformément à l’article 570 du présent Dé-
cret, le titulaire n’a pas réalisé les travaux d’atténuation et de réhabilita-
tion de l’environnement et envoyé une Attestation de libération
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 381

d’obligations environnementales et sociales au Ministre, ce dernier peut


mettre en œuvre la procédure de confiscation de la portion de la sûreté
financière nécessaire soit pour payer un tiers pour réaliser lesdits tra-
vaux, soit pour dédommager les ayants droit.
Article 413 : De la procédure préalable à la confiscation de la sûreté
financière de réhabilitation de l’environnement en cas de défaillance du
titulaire à la cessation des activités minières ou de carrières.
Lorsqu’à la cessation des activités minières ou de carrières, le titu-
laire n’a pas réalisé les travaux de réhabilitation prévus dans son Plan
Environnemental et Social, le Ministre ou son délégué peut enclencher
la procédure judiciaire de confiscation du montant de la sûreté financière
pour payer un tiers chargé de réaliser lesdits travaux ou pour indemniser
les ayants droits, selon la procédure suivante :
 La transmission au Ministre d’une copie du procès-verbal de
constat dressé par la Direction de la Protection de l’Environnement Mi-
nier sur l’inexécution des travaux de réhabilitation prévus dans son Plan
Environnemental et Social ou pour tout autre dommage ;
 La transmission par le Ministre dans un délai de quinze jours de
la réception du procès-verbal de non réalisation des travaux, d’une mise
en demeure par lettre missive avec accusé de réception au titulaire dé-
faillant le sommant de réaliser les travaux de réhabilitation prévus dans
son Plan Environnemental et Social dans un délai de nonante jours à
compter de la réception de la mise en demeure par le titulaire et de pré-
senter à la Direction de la Protection de l’Environnement Minier une at-
testation de libération des obligations environnementales ;
 La mise en œuvre par le Ministre de la procédure judiciaire de
confiscation à défaut d’avoir reçu l’Attestation de libération des obliga-
tions environnementales et humaines au terme de nonante jours et en
l’absence de circonstances exceptionnelles. Le titulaire défaillant peut
invoquer des circonstances exceptionnelles qui ont pour effet de proro-
382 Traité de droit de l’environnement

ger de trois à neuf mois, le délai, selon le cas, pendant lequel il devait
avoir réalisé ses travaux de réhabilitation.
Pour invoquer valablement les circonstances justificatives de non-
accomplissement des travaux dans le délai acquis, le titulaire défaillant
doit :
 Prouver le commencement des travaux de réhabilitation ;
 Spécifier les causes justificatives de non-accomplissement des
travaux dans le délai requis ;
 Présenter un calendrier de réalisation des travaux d’atténuation
et de réhabilitation.
Article 414 : De la gestion des fonds de la sûreté financière de ré-
habilitation de l’environnement confisquée
Les Ministres ayant respectivement les Mines et les Finances dans
leurs attributions fixent par arrêté conjoint, sur proposition de la Direc-
tion chargée de la Protection de l’Environnement Minier, les modalités
de la gestion des fonds de la sûreté financière confisquée conformément
aux dispositions du présent article.
Dans les quinze jours ouvrables qui suivent le prononcé d’une sen-
tence de confiscation de sûreté financière par le tribunal compétent, la
Direction chargée de la Protection de l’Environnement Minier, soumet
aux Ministres ayant respectivement les Mines et les Finances dans leurs
attributions une proposition pour la gestion des fonds de la sûreté finan-
cière confisquée, compte tenu du type de sûreté financière en cause.
 La proposition de gestion doit respecter les principes suivants :
 La Direction chargée de la Protection de l’Environnement Mi-
nier gère les fonds de la sûreté financière en tant que fiduciaire pour les
communautés de la zone affectée qui sont les bénéficiaires ;
 Les modalités de la gestion devraient permettre de réaliser le
maximum possible des mesures de réhabilitation durables et appropriées
à l’environnement concerné ;
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 383

 Les autorités locales et les représentants des communautés lo-


cales seront consultés au préalable sur le choix des modalités de la réha-
bilitation à effectuer ;
 Les travaux de réhabilitation seront engagés sous contrat ;
 Les paiements seront effectués après contrôle des travaux effec-
tués, sous réserve de la possibilité d’avancer un maximum de 10% du
montant d’un contrat contre facture pro forma ;
 Une comptabilité spéciale sera établie pour la gestion des fonds
de la sûreté financière confisquée, qui sera soumise aux contrôles de la
comptabilité publique.
Dès que la proposition est approuvée par les Ministres, la Direction
chargée de la Protection de l’Environnement Minier prépare et leur
soumet un projet d’arrêté interministériel pour leur accord.
L’arrêté interministériel fixant les modalités de la gestion des fonds
de la sûreté financière confisquée est publié au Journal officiel.

La sureté financière pour la cause de l’environnement doit être inter-


prétée comme une marge de sécurité à la portée des communautés lo-
cales exposées aux aléas orchestrés par des opérateurs miniers mal in-
tentionnés.

5.8.4 Sites protégés contre les activités minières

La législation minière organise des sites ayant un régime spécial de


protection contre les activités minières. Il s’agit notamment des aires
protégées et des zones interdites. Selon les prescrits de l’article 6 alinéa
3 du Code minier de 2002 révisé en 2018 et articles 3, 4 du Règlement
minier de 2003 tel que révisé en 2018, il ne peut être octroyé des droits
miniers ou de carrières dans une aire protégée ni y être érigé une zone
d’exploitation artisanale sauf disposition contraire prévue par la loi.
L’article 3 du Règlement minier de 2003 révisé en 2018 dispose que :
384 Traité de droit de l’environnement

Lorsque la conservation de la faune, de la flore, du sol, des eaux et en


général d’un milieu sensible présentant un intérêt spécial nécessite de les
soustraire de toute intervention susceptible d’en altérer l’aspect, la com-
position et l’évolution, le Premier Ministre peut, par Décret délibéré en
Conseil des Ministres, sur proposition conjointe du Ministre et des Mi-
nistres ayant l’environnement et la conservation de la nature ainsi que le
tourisme dans leurs attributions, délimiter une portion du territoire na-
tional en aire protégée, après avis du cadastre minier et du service géo-
logique national du Congo.
Le Décret portant délimitation des aires protégées peut en déterminer la
durée. Il est publié au Journal Officiel.
Il ne peut être octroyé des droits miniers ou des carrières dans une aire
protégée ni y être érigé une zone d’exploitation artisanale.
Aux termes du présent Décret, sont considérées comme aires protégées :

 Les parcs nationaux notamment Virunga, Garamba, Kundelungu,


Maiko, Kahuzi-Biega, Okapi, Mondjo, Upemba et Moanda ;
 Les domaines de chasse notamment Azandé, Bili-Uélé et Bomu,
Gangala na Bodio, Maika-Pange, Mondo-Missa, Rubi-Tele, Be-
na-Mulundu, Bushimaie, Lubidi-Sapwe, Mbombo-Lumene,
Luama, Rutshuru, Sinva-Kibali et Mangaï ;
 Les réserves notamment le parc présidentiel de la N’Sele, la ré-
serve de Srua-Kibula, de Yangambi, la réserve de la Luki, de la
Lufira ;
 Les secteurs sauvegardés et les jardins zoologiques et botaniques
de Kinshasa, Kisangani, Lubumbashi, Kisantu, Eala.

En cas de changement de circonstances ou de besoins nationaux, une


aire protégée peut être déclassée moyennant la même procédure précisée
au premier alinéa ci-dessus pour le classement.
Si la déclaration de classement d’une aire protégée porte atteinte à
l’exercice des droits miniers ou de carrières préexistants, une juste in-
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 385

demnité est payée au titulaire des droits concernés conformément aux


dispositions du présent article.
Dans les cinq jours qui suivent la date de la signature du Décret portant
classement d’une aire protégée, l’État communique au titulaire endom-
magé le montant de l’indemnité proposée et la date précise ou estimée à
laquelle interviendra son paiement, au plus tard six mois après la date de
signature de Décret portant déclaration de classement. Après la notifica-
tion, le titulaire est obligé à procéder à la fermeture de ses opérations
conformément à son plan environnemental dans les plus brefs délais.
Sauf s’il demande un délai supplémentaire, le titulaire endommagé doit
réagir dans les quinze jours ouvrables à dater de la réception de la pro-
position de l’État.
En cas d’acceptation, l’indemnité exprimée en dollars américains est
payée immédiatement en l’équivalent en monnaie nationale.
En cas de désaccord, la réponse du titulaire doit comprendre sa proposi-
tion quant à la hauteur réelle de l’indemnité.
Si l’État rejette la proposition du titulaire lésé, ce dernier peut requérir
que le litige soit statué par le tribunal compétent ou par la procédure
d’arbitrage prévue aux articles 317 à 320 du Code minier.
L’exercice du recours judiciaire ou arbitral est également possible lors-
qu’il n’y a pas eu notification de la déclaration de classement, du mon-
tant de l’indemnité ou en cas de notification tardive, enfin, lorsque
l’indemnité n’est pas payée six mois après la date de la signature du Dé-
cret portant classement de l’aire protégée.

L’article 4 du Règlement minier de 2003 révisé en 2018 dispose


que :

En cas de déclaration d’une zone en zone interdite conformément aux


dispositions de l’alinéa 1er, spécialement en son article 6 alinéas 1 et 2
du Code minier, il ne peut être octroyé des droits miniers ou de carrières,
ni érigé une zone d’exploitation artisanale sur une superficie comprise
dans cette zone interdite.
386 Traité de droit de l’environnement

Si la déclaration de classement d’une zone interdite porte atteinte à


l’exercice des droits miniers ou de carrières préexistants, une juste in-
demnité est payée au titulaire des droits miniers concernés conformé-
ment aux dispositions des alinéas 6 à 12 de l’article 3 ci-dessus.

5.8.5 Régime répressif du secteur minier

Le régime répressif du secteur minier a été significativement renfor-


cé depuis la révision du Code Minier en 2018. Toute violation de la loi
minière fait l’objet de poursuites devant les cours et tribunaux Congolais
compétents.
Sera ainsi puni d’une amende quiconque se livre, sans autorisation, à
des travaux de recherches ou d’exploitation des mines ou de carrières en
violation du Code minier (activités minières illicites, article 299 du Code
minier de 2002 révisé en 2018). Sont illicites l’exploitation et le com-
merce de produits miniers provenant d’un site où une contravention des
lois sur la protection des droits humains, des droits de l’enfant ou des
droits de la femme a fait l’objet d’un constat par un procès-verbal d’une
autorité compétente (Violations des droits humains, article 299 du Code
minier). Il est aussi fixé des pénalités (servitude pénale et une amende
ou l’une de ces peines seulement) pour quiconque :

- Se rend coupable de vol ou de recel des substances minérales ;


- Aura facilité le détournement des substances minérales ;
- Aura acheté ou vendu des substances minérales en violation des dispo-
sitions légales et règlementaires :
- Aura détenu illégalement des substances minérales ;
- Aura transporté ou fait transporter des substances minérales ;
- Aura contrevenu aux dispositions de la règlementation minière sur
l’hygiène et la sécurité publiques ;
- Aura frauduleusement ou méchamment :
Porté une fausse indication sur un poteau-signal ou une borne,
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 387

Placé, déplacé ou dégradé un poteau-signal ou une borne,


Fait une fausse déclaration ou fait usage des documents qu’il sa-
vait faux ou erronés en vue, soit d’empêcher autrui d’obtenir ou
d’exploiter des droits miniers ou autorisations de carrières (des-
tructions, dégradations et des dommages) ;
- Aura outragé par faits, paroles, gestes, menaces ou frappé un agent de
l’administration ou des services spécialisés des mines, dans l’exercice
ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions (article 14 du Code Mi-
nier dans sa forme révisée)
- Aura, par tout acte généralement quelconque, tout accord, toute con-
vention, tout arrangement ou tout autre fait, qui a pour conséquence de
priver la nation, les personnes physiques ou morales de tout ou partie
de leurs propres moyens d’existence tirés de leurs ressources ou ri-
chesses minières, outre la confiscation des biens et avoirs du délit (ar-
ticle 311 ter du Code Minier dans sa forme révisée de 2018) ;
- Aura omis ou refusé de signaler auprès de services habilités notam-
ment le cadastre minier, tout changement de localisation de son domi-
cile ou du siège social et administratif.565

Tout acte de fraude (exportation ou tentative d’exportation fraudu-


leuse) des substances minérales, la corruption des agents des services
publics de l’État et les contraventions aux arrêtés du Ministre ou du
Gouverneur de Province sont sévèrement sanctionnée devant les cours et
tribunaux (articles 305, 307 et 311 bis du Code minier de 2002 dans sa
forme révisée de 2018, textes annotés).

565
Articles 299 bis, 300, 301, 302, 303, 304, 306, 308, 309, 309 bis, 310, 311,
311 ter et 311 quater du Code minier 2002 dans sa forme révisée de 2018, textes
annotés).
388 Traité de droit de l’environnement

5.9 Autres activités soumises aux régimes particuliers


des autorisations administratives préalables

Il est organisé en droit positif Congolais de l’environnement des ré-


gimes juridiques particuliers des autorisations administratives préalables
pour certaines activités susceptibles d’avoir une incidence sur
l’environnement. Bien que ces régimes soient de manière ordinaire clas-
sés dans la réglementation économique et sociale, certaines de leurs
dispositions présentent de l’intérêt pour la santé, l’hygiène et la préser-
vation de l’environnement. On peut épingler à titre illustratif, les ré-
gimes juridiques des cimetières, inhumations, exhumations et incinéra-
tions des cadavres humains.
L’arsenal juridique se rapportant aux cimetières, inhumations, ex-
humation et incinérations des cadavres humains en RDC date de
l’époque coloniale. Il est quasiment ignoré par la population car non
disponible et non actualisé. Les autorités politico-administratives, parti-
culièrement dans les milieux ruraux, font certaines fois œuvre de pion-
nier suite à la rareté des textes :

- Ordonnance du 4 septembre 1909 portant sur les cimetières dans les


villages indigènes ;
- Ordonnance 11-58 du 13 février 1949 portant sur l’exhumation et
transfert à l’intérieur de la colonie des restes mortels des personnes
décédées dans la colonie ;
- Ordonnance 11-104 du 15 mars 1950 portant sur le service des inhu-
mations et police des cimetières ;
- Arrêté du Gouverneur Général du 16 mai 1907 portant sur les conces-
sions de sépultures ;
- Ordonnance 11-170 du 24 mai 1950 relative à l’incinération des ca-
davres humains ;
- Ordonnance du 14 février 1914 relative au service des inhumations et
police des cimetières ;
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 389

- Ordonnance du 26 mars 1915 portant sur l’exhumation et transport


des restes mortels d’étrangers décédés en RDC ;
- Ordonnance 364/APAJ du 1er décembre 1942 portant sur les conces-
sions de sépultures
- Loi du 20 juillet 1971 sur les funérailles et sépultures (MB
03/08/1971) modifiée par la loi du 20 septembre 1998 (MB
28/10/1998 – entrée en vigueur le 7/11/1998).

Il est établi, par l’autorité publique, dans chaque entité un cimetière


dans lequel devront être inhumées toutes les personnes décédées.
L’inhumation ne peut être effectuée hors de l’endroit ainsi déterminé,
sauf pour un motif exceptionnel et moyennant l’autorisation préalable de
l’autorité compétente. L’emplacement choisi pour le cimetière est au
préalable délimité et autant que possible clôturé d’au moins 1m 50
d’élévation. Le cimetière est ainsi protégé contre toute pratique condui-
sant à y jeter ou à y déposer des immondices, de laisser paître ou diva-
guer les animaux, d’y commettre aucune indécence et d’y rien faire qui
soit contraire au respect dû à la mémoire des morts et aux coutumes. Il
ne peut être élevé aucune habitation ni creusé aucun puits à une distance
inférieure à au moins 50 mètres des cimetières. L’ouverture des fosses
pour de nouvelles sépultures ne pourra avoir lieu qu’après l’écoulement
d’un délai de dix ans sur ordre des autorités judiciaires ou avec
l’autorisation du gouverneur de province.566
L’inhumation des corps, qui ne peut avoir lieu que dans les terrains
affectés par l’autorité aux inhumations, ne peut se faire sans un permis

566
Articles 1, 2, 3, 4, 9 & 10 de l’ordonnance du 4 septembre 1909 portant sur
les cimetières dans les villages indigènes ; article 1er de l’ordonnance du 11 avril
1957 et 1er de l’ordonnance du 14 février 1914 portant service des inhumations
et police des cimetières ; articles 2, 3, 4, 9, 14, 15, 20 et 21 de l’ordonnance du
14 février 1914 portant service des inhumations et police des cimetières ; article
2 de la loi du 20 juillet 1971 sur les funérailles et sépultures modifiée par la loi
du 20 septembre 1998.
390 Traité de droit de l’environnement

délivré par l’officier de l’état civil de la localité de la personne décédée


ou à défaut par l’autorité administrative. Les permis d’inhumation ne
seront accordés qu’au vu d’un certificat médical. S’il n’y a pas de méde-
cin, l’officier de l’état civil ou l’autorité administrative ne pourra déli-
vrer le permis d’inhumation qu’après s’être transporté auprès de la per-
sonne décédée, pour s’assurer du décès. L’inhumation aura lieu dans
une fosse séparée. Chaque fosse aura une profondeur de 1m 50 sur 80
centimètres de largeur et 2 mètres de longueur. Les fosses sont distantes
entre elles d’au moins 30 centimètre sur tous les côtés. Il est cloué à la
tête de chaque cercueil ou attaché au linceul une estampille en métal
portant un numéro d’ordre, lequel sera reproduit sur les clôtures, pierres
sépulcrales, croix ou autres signes funéraires élevés sur les tombes.567
Le placement de pierres tombales ou monuments, même en cas de
concessions, ne pourra avoir lieu que moyennant l’obtention de
l’autorisation préalable de l’autorité administrative, qui veillera, notam-
ment, à empêcher les empiétements sur les fosses voisines.
Le gouverneur de province peut accorder, dans les lieux consacrés
aux sépultures des concessions de terrain aux personnes qui désirent y
posséder une place distincte pour y fonder leur sépulture et celle de leur
famille. Pareilles concessions peuvent être accordées aux associations
religieuses et autres, possédant la personnalité civile, pour la sépulture
de leurs membres ou agents.568
Les concessions accordées par le gouverneur de province pour les
sépultures sont perpétuelles ou temporaires. Les concessions tempo-
raires sont de 15 ans et elles sont exclusivement individuelles. En cas de
désaffectation d’un cimetière, les concessions seront transportées dans le
cimetière nouveau à l’endroit déterminé par le gouverneur de province.

567
Articles 4, 5 & 6 de l’Ordonnance du 14 février 1914 - Service des inhuma-
tions et police des cimetières.
568
Articles 2, 3, 4, 9, 11, 20 et 21 de l’ordonnance du 14 février 1914 portant
service des inhumations et police des cimetières
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 391

La durée des concessions temporaires transférées dans le nouveau cime-


tière sera égale au temps pendant lequel ces concessions auraient dû être
encore maintenues, dans l’ancien cimetière, au moment de la désaffecta-
tion. Aussitôt que le terrain nouveau est mis à leur disposition, les con-
cessionnaires doivent enlever les caveaux et monuments érigés sur le
terrain concédé. Il est toutefois noté que les concessionnaires ont le droit
de conserver la possession de la partie du terrain et d’y laisser subsister
les monuments qui y ont été élevés aussi longtemps qu’il ne sera pas fait
usage du cimetière.569
Lorsque de nouveaux emplacements destinés aux inhumations ont
été aménagés, le conseil communal ou l’intercommunale fixe la date de
cessation des inhumations dans les anciens cimetières. Ceux-ci restent
dans l’état où ils se trouvent sans qu’il puisse en être fait un usage quel-
conque pendant cinq ans au moins. À défaut de décision fixant une date
de cessation des inhumations, le conseil communal ou l’intercommunale
peut également décider le changement d’affectation d’un ancien cime-
tière s’il s’est écoulé dix ans au moins depuis la dernière inhumation
dans celui-ci, l’inscription au registre des inhumations faisant foi.570
Aux termes des prescrits de l’ordonnance 11-170 du 24 mai 1950 sur
l’incinération des cadavres humains, aucune incinération de cadavre
humain ne peut avoir lieu sans l’autorisation de l’officier de l’état civil
ou, à défaut, de l’autorité administrative. Si l’officier de l’état civil a
quelque raison de croire que l’incinération ou les conditions dans les-
quelles il est proposé d’y procéder sont contraires aux croyances ou au
vœu du défunt, il subordonnera l’autorisation à la preuve contraire qui,
par toute voie de droit, devra être faite à sa satisfaction. Un terrain affec-
té aux incinérations ne peut être désaffecté que par une décision de

569
Articles 1, 7, 9 et 10 et 11 de l’arrêté du gouverneur général du 16 mai 1907
portant sur les concessions de sépultures
570
Article 5 la loi du 20 juillet 1971 sur les funérailles et sépultures modifiée par
la loi du 20 septembre 1998.
392 Traité de droit de l’environnement

l’administrateur de territoire qui pourra déterminer en même temps la


période pendant laquelle le terrain ne pourra être cédé, concédé, loué ou
occupé d’une façon quelconque. Cette période ne sera pas inférieure à 5
ans.
Toute exhumation et translation à l’étranger du corps d’une personne
décédée peut être autorisée dès que le corps a séjourné en terre pendant
un an au moins conformément à l’ordonnance du 26 mars 1915 sur
l’exhumation et transport à l’étranger des restes mortels de personnes
décédées. La demande d’exhumation et de transport à l’étranger d’une
personne décédée doit être adressée au gouverneur de province. Lors-
qu’un corps doit être expédié à l’étranger, les mesures suivantes doivent
être observées :

 La dépouille mortelle sera placée dans un cercueil confectionné avec


des lames de zinc ayant au moins un demi-millimètre d’épaisseur, par-
faitement soudées entre elles ;
 Elle est mise en contact avec des matières désinfectante ou conserva-
trices de manière à prévenir ou arrêter la putréfaction et éviter le déga-
gement des gaz infects à l’extérieur.
 Ce cercueil préalablement soudé, sera renfermé dans deux bières dont
la première en plomb devra être fabriquée avec des lames de 3 milli-
mètres au moins d’épaisseur et la seconde en chêne, ou tout autre bois
présentant une égale solidité, dont les parois auront 4 centimètres
d’épaisseur. Elles seront fixées avec des clous à vis et maintenues par
trois frettes en fer serrées à écrou. Ce dernier cercueil sera scellé du
sceau de l’officier de l’état civil.571

En cas de désaffectation d’un cimetière, l’exhumation des défunts


qui y ont été inhumés et leur translation dans une nouvelle nécropole ne
seront autorisées par le gouverneur de province sur avis du médecin

571
Article 3 de l’Ordonnance du 26 mars 1915 – Exhumation et transport à
l’étranger des restes mortels de personnes décédées dans la colonie.
Cadre juridique de gestion des ressources naturelles 393

qu’après un délai de trois ans prenant cours à la date où la dernière in-


humation aura été effectuée. Les infractions aux exigences légales préci-
tées sont punies de servitudes pénales et des amendes ou à l’une de ces
peines.572

572
Article 12 de l’Ordonnance du 26 mars 1915 – Exhumation et transport à
l’étranger des restes mortels de personnes décédées dans la colonie
6

LES MÉCANISMES JURIDICTIONNELS


DE PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT

Depuis près d’une décennie, l’arsenal juridique congolais en matière


d’environnement connaît une évolution que d’aucuns qualifient de ful-
gurante. Les régimes juridiques de protection et de gestion de
l’environnement dans différents secteurs fixent désormais des principes
et règles accompagnés des sanctions administratives et judiciaires en cas
de violation. Cependant, cette évolution normative contraste à quelques
égards avec la réalité sur le terrain. La plupart des textes adoptés ne sont
souvent pas appliqués ou suivis de mesures d’application. Ngoma
Khuabi soutien qu’« en République démocratique du Congo, la règle de
droit de façon générale et les règles de protection de l’environnement en
particulier souffrent d’un cruel déficit d’application et de contrôle, les
structures chargées d’opérer ces contrôles n’exerçant pas toujours les
compétences que leur reconnaissent les textes. Aussi, leur efficacité s’en
trouve affectée ».573

573
Ngoma Khuabi Camille, L’application de la Loi N°11/009 du 9 juillet 2011
portant principes fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement dans
la ville de Kinshasa : Leçons tirées de l’expérience d’un projet de gouvernance
environnementale locale dans les communes de Mont-Ngafula, Kisenso et
N’djili, Konrad Adenauer Stiftung, Librairie Africaine d’Études Juridiques, Vol.
15, pp. 86, 87 & 90 ; Laurent Granier & Aenza Konaté, Analyse juridique com-
parative des projets de loi-cadre sur l’environnement en République démocra-
tique du Congo, UIC-RDC, 2009, p. 19 ; Vincent Zakane « Problématique de
l’effectivité du droit de l’environnement en Afrique : L’exemple du Burkina-
396 Traité de droit de l’environnement

Tel est le cas de la Loi no11/009 du 9 juillet 2011 portant principes


fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement qui souffre
d’un déficit d’application dans certains domaines faute de publication de
certains règlements pour ce qui est notamment des mesures incitatives
de prévention ou de réduction des dommages à l’environnement en vue
de restaurer ou d’en améliorer la qualité. Ce que Ntirumenyerwa Mihigo
qualifie comme étant « l’inconsistance et l’incohérence du législateur
congolais … ce dernier promulgue une loi, prône les mesures de sa mise
en œuvre et, après 7 longues années, n’adopte aucune règlementation
facilitant l’implémentation d’une loi qu’il a lui-même édictée …
l’existence d’un cadre juridique ne suffit pas pour résoudre un problème
sociétal, il faut que ses conditions de viabilité soient déterminées et son
contenu encadre intégralement et de manière cohérente ce problème
pour sa résolution. Le cadre juridique congolais est comme un enfant né
(existence), sans ses sens ni organes vitaux (non opérationnel) ».574 Ce
constat rejoint l’assertion de Vincent Zakane selon laquelle « aussi per-
tinentes soient-elles, les règles de droit ne produisent pas, par elles-
mêmes les effets que l’on attend d’elles. Leur efficacité dépend le plus
souvent des moyens de contrôle mis en œuvre par les pouvoirs publics
pour en assurer le respect ».575 Les énergies déployées lors de l’édiction
de ces normes sont dans l’ensemble affaiblies au cours des procédures
administratives et judiciaires. On déplore notamment qu’au-delà des
compétences reconnues au Ministère de l’environnement et développe-

Faso, in Laurent Garnier (Dir.), Aspects contemporains du droit de


l’environnement en Afrique de l’Ouest et Centrale, IUCN, Droit et politique de
l’environnement, n° 69, 2008, p. 16. https://www.kas.de/c/document_library/
get_file?uuid=668f56d1-6bab-f421-8f41 -6ace5fb53f27&groupId=252038
574
Ntirumenyerwa Mihigo Blaise Pascal, “Combattre la pollution plastique en
République démocratique du Congo: Les défis des récentes réglementations en
la matière », IUCN, World Commission on Environmental Law, Commission
Mondiale de Droit de l’Environnement, pp. 6, 7, 9 & 10.
575
Idem.
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 397

ment durable et les autres ministères associés selon les secteurs


d’intervention dans le processus de contrôle ou d’application des me-
sures appropriées, l’Officier du Ministère public et les officiers de police
judiciaire à compétence générale dans les limites de leurs prérogatives
sont régulièrement sollicités dans la lutte contre les atteintes à
l’environnement sans beaucoup de succès.
Bien évidemment, concevoir un texte, l’écrire et l’édicter, c’est une
chose. L’appliquer sur le terrain à des situations concrètes, en est une
autre. Il en découle un décalage énorme entre ce qui doit être et ce qui
est fait. La règle de Droit formule et impose des idéaux avec comme
objectif de les faire appliquer par les juridictions.576 La Cour de justice
de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CE-
DEAO) dans l’affaire SERAP contre la République Fédérale du Nigéria
a pertinemment rappelé que :

L’adoption de la législation, aussi avancée soit-elle, la création


d’organismes inspirés des modèles internationaux de renom, ou bien
l’allocation des ressources financières versées de manière équitable ne
permettent pas systématiquement de satisfaire les critères des obligations
internationales en matière de protection de l’environnement si ces me-
sures demeurent simplement écrites et ne s’accompagnent pas d’autres
mesures supplémentaires concrètes visant à limiter les incidents occa-
sionnant des dégâts ou à s’assurer que les auteurs soient tenus pour res-
ponsables, notamment des réparations effectives des dommages envi-
ronnementaux subis.577

576
Kihangi Bindu Kennedy, « De l’applicabilité des traités internationaux rela-
tifs aux droits de l’homme ratifiés par la République démocratique du Congo »,
Op. Cit., pp. 68-69.
577
Cour de Justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de
l’ouest CEDEAO, Arrêt SERAP contre la République fédérale du Nigéria, 14
décembre 2012, Paragraphe 105.
398 Traité de droit de l’environnement

La mise en œuvre des obligations conventionnelles ou d’une loi doit


être accompagnée de mécanismes concrets d’application. Il serait d’une
bonne politique environnementale que le non–respect de règles et de
toutes les autres contestations en matière d’environnement fassent
l’objet des contentieux devant les cours et tribunaux. Quelques ques-
tionnements font à ce propos surface :
- Les cours et tribunaux congolais sont-ils régulièrement saisis
des questions ayant trait à l’application de l’ordonnancement
juridique en matière d’environnement ?
- Comment se présente un contentieux de réparation des atteintes
à l’environnement ?
- Le contentieux des atteintes à l’environnement est-il adminis-
tratif ou judiciaire ? Peut-il être pris en charge uniquement dans
le cadre d’un contentieux interne ou concerne-t-il également les
juridictions internationales ?
- Une action initiée en vue de faire valoir une prétention envi-
ronnementale obéit-elle aux conditions générales (règles de
droit commun) pour intenter en justice : la capacité, l’intérêt à
agir et la qualité ?
Tout en reconnaissant aux justiciables le droit de saisir les cours et
tribunaux en matière d’environnement chaque fois que cela se révèlerait
nécessaire, le cadre législatif et réglementaire congolais n’organise pas
une juridiction spéciale compétente pouvant connaître des contentieux
environnementaux. Cela n’est pas éloigné de la situation de la Côte
d’Ivoire et du Burkina- Faso.578

https://ihrda.uwazi.io/api/files/15810031895140rpj1x47hu4c.pdf (consulté
7/7/2022).
578
Patrick Ebah, Les juridictions Ivoiriennes et Burkinabè à l’épreuve de la
répression des infractions environnementales : Avancées, reculs ou stagnation ?
Revue Africaine de droit de l’environnement, African Journal of Environmental
Law, No 05, 2020, pp. 97 & 104.
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 399

En effet, conformément à la législation Congolaise, les contentieux


environnementaux sont portés devant les juridictions compétentes, selon
le cas. La Loi organique no 13/011-B du 11 avril 2013 portant organisa-
tion, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judi-
ciaire fixe les compétences des cours et tribunaux civils en matière ré-
pressive. Il s’agit, bien évidemment, des compétences matérielles ou
territoriales des tribunaux de Paix (Tripaix) et de tribunaux de grande
instance (TGI).
Aux termes de l’article 85 de la Loi organique no 13/011-B du 11
avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences des
juridictions de l’ordre judiciaire, « Les Tribunaux de paix connaissent
des infractions punissables au maximum de cinq ans de servitude pénale
principale et d'une peine d'amende, quel que soit son taux, ou de l'une de
ces peines seulement ». Les régimes répressifs dans différents secteurs
de l’environnement présentes plusieurs infractions qui relèvent de la
compétence des Tribunaux de Paix. Tel est le cas de l’infraction
d’exploitation et exportation à des fins commerciales et scientifiques des
savoirs traditionnels prévue à l’article 81 de la Loi no 14/003 du 11
février 2014 relative à la conservation de la nature qui dispose :

Est punie d’une servitude pénale de six mois à un an et d’une amende


d’un million à cinq millions de francs congolais ou de l’une de ces
peines seulement, quiconque se livre à l’exploitation à des fins commer-
ciales, scientifiques ou autres des savoirs traditionnels ou innovations
associées aux ressources génétiques des communautés locales sans avoir
obtenu au préalable l’accord écrit de ces communautés.
La peine est d’un à cinq ans de servitude pénale et d’une amende de cinq
millions à vingt millions de francs pour quiconque se livre à
l’exploitation à des fins commerciales, scientifiques ou autres des res-
sources génétiques sans avoir obtenu l’autorisation écrite de l’autorité
nationale compétente dans les conditions définies par la présente loi et
ses mesures d’exécution. La peine est portée au double en cas
400 Traité de droit de l’environnement

d’exportation à des fins commerciales, scientifiques ou autres des res-


sources génétiques sans avoir obtenu l’autorisation écrite de l’autorité
nationale compétente dans les conditions définies par la présente loi et
ses mesures d’exécution.

Le Tribunal de paix est aussi compétent lorsqu’il s’agira d’une auto-


risation pour une activité interdite dans une aire protégée. L’article 75 de
la Loi no 14/003 du 11 février 2014 relative à la conservation de la na-
ture dispose que :

Sans préjudice des sanctions disciplinaires prévues par la législation en


vigueur, est puni d’une servitude pénale de trois à six mois et d’une
amende de cinq millions à vingt-cinq millions de francs congolais,
l’agent public de l’État qui, dans une aire protégée, délivre l’autorisation
pour une activité interdite autre que celles énumérées à l’article 66 de la
présente loi.

Le juge du Tribunal de paix est également compétent pour les infrac-


tions d’interruption de fourniture d’eau aux consommateurs, de fraude
d’eau et destruction des scellés de compteurs conformément aux pres-
crits respectivement des articles 117 et 118 de la Loi no 15/026 du 31
décembre 2015 relative à l’eau :

Est puni d’une servitude pénale de trois mois à six mois et d’une amende
d’un million à cinq cent millions de francs congolais ou de l’une de ces
peines seulement, quiconque interrompt la fourniture d’eau aux con-
sommateurs sans motif valable.
Est puni d’une servitude pénale de six mois à douze mois et d’une
amende de cinq cent mille francs congolais à cinq millions de francs
congolais ou de l’une de ces peines seulement, quiconque se livre :

- À la fraude de consommation d’eau ou au raccordement


frauduleux ;
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 401

- À la destruction des scellés de compteurs ou l’endommagement des


équipements de raccordement et de comptage placés dans les instal-
lations des utilisateurs.

Notons que les décisions du Tribunal de paix sont susceptibles


d’opposition ou d’appel devant le Tribunal de grande instance confor-
mément à l’article 88 de la Loi organique no 13/011-B du 11 avril 2013
portant organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de
l’ordre judiciaire.
Le Tribunal de grande instance pourra aussi être saisi pour des in-
fractions environnementales en 1er ressort punissables de la peine de
mort et de celles punissables d’une peine excédant cinq ans de servitude
pénale principale conformément aux prescrits de l’article 89 de la Loi
organique no 13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonction-
nement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire.

Les tribunaux de grande instance connaissent des infractions punissables


de la peine de mort et de celles punissables d'une peine excédant cinq
ans de servitude pénale principale.

Le Tribunal de grande instance est compétent à connaitre de


l’infraction de transfert d’eau douce hors du territoire national prévue à
l’article 119 de la Loi no 15/026 du 31 décembre 2015 relative à
l’eau qui dispose :

Est puni d’une peine de servitude pénale de dix ans à vingt ans et d’une
amende de deux cent cinquante millions de francs congolais à cinq cent
millions de francs congolais ou l’une de ces peines seulement, qui-
conque favorise ou occasionne, sous quelque motif que ce soit, tout
transfert d’eau douce en dehors du territoire national vers le territoire
d’un autre État.

L’action du juge pénal dans la mise œuvre de toutes les dispositions


relatives à la criminalité environnementale, selon le secteur de
402 Traité de droit de l’environnement

l’environnement, est très attendue en RDC. En cette matière, le juge


pénal doit être saisi par une citation directe ou par une requête aux fins
de fixation provenant du parquet (Officier du Ministère Public).579
Les décisions administratives peuvent aussi engendrer des atteintes à
l’environnement pouvant faire objet d’un examen devant une juridiction
administrative. Tel serait le cas de l’octroi d’un permis de recherche ou
d’exploitation minière sans avoir respecté la procédure requise des exi-
gences d’une étude d’impact environnemental et social ainsi que d’un
plan gestion environnementale et sociale ; d’une désaffectation irrégu-
lière ou d’un déclassement irrégulier d’une partie ou de l’ensemble de
l’espace géographique d’une aire protégée. Une telle action administra-
tive est susceptible de conduire à une annulation de l’acte administratif
irrégulier, son retrait ou une indemnisation. L’examen conduit notam-
ment aux mesures initiées par l’administration à titre purement préven-
tif,580 « L’État, la province et l’entité territoriale décentralisée veillent à
ce que soient prises, dans toute activité humaine, artisanale ou indus-
trielle, des mesures d’action préventive ou de correction, par priorité à la
source, des atteintes à l’environnement en utilisant les technologies

579
Genèse Bibi Ekomene, « Compétence des juridictions congolaises à l’égard
des crimes environnementaux », KAS, African Law Study Library – Librairie
Africaine d’Études Juridiques, 5, 2018, p. 631.
580
Article 10 de la Loi n° 11/009 du 9/7/2011 portant principes fondamentaux
relatifs à la protection de l’environnement. Citons aussi l’article 45 de la Loi N°
14/003 du 11 février 2014 relative à la conservation de la nature qui dispose :

« L’État et la province prennent, dans les limites de leurs compétences respec-


tives, les mesures nécessaires en vue de prévenir les risques d’introduction des
espèces exotiques susceptibles de menacer les écosystèmes, les habitats, les
zones humides, les cours d’eau et les espèces.
Ils mettent également en place les dispositifs de surveillance continue des mi-
lieux aquatiques et terrestres, d’alerte précoce et de plans d’urgence et de riposte
rapide en cas d’une invasion biologique, des mesures d’éradication et de confi-
nement d’espèces exotiques envahissantes ou de restauration des habitats et des
écosystèmes dégradés ».
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 403

moins polluantes à un coût économique acceptable », d’interdiction,581


de restriction582 ou de suspension de toute activité jugée dangereuse à
l’environnement et à la santé humaine. Elles peuvent aussi porter sur des
amendes de police en réparation d’un dommage causé à
l’environnement, en des saisies et confiscations de produits ou denrées
obtenus en violation des règles environnementales ou en une transaction
consécutive à une atteinte à l’environnement, chaque fois que l’auteur
est disposé à trouver un arrangement à l’amiable avec l’autorité adminis-
trative compétente. Les mesures peuvent aussi revêtir la forme de sur-
veillance ou de contrôle régulier583 ou des mesures d’octroi de permis ou
d’autorisation préalable584 pour la réalisation d’une activité détermi-

581
Article 47 de la Loi n° 011/2002 du 22 août 2002 portant Code forestier de
2002 : « Dans les forêts classées, sont interdits, l’émondage et l’ébranchage des
arbres ainsi que la culture par essartage ». Article 48 de la Loi n° 011/2002 du
22 août 2002 portant Code forestier de 2002: « Est interdit, tout déboisement sur
une distance de 50 mètres de part et d’autre des cours d’eau et dans un rayon de
100 mètres autour de leurs sources ». Article 50 de la Loi n° 011/2002 du 22
août 2002 portant Code forestier de 2002 : « Sont interdits sur toute l’étendue du
domaine forestier, l’abattage, l’arrachage et la mutilation des essences fores-
tières protégées. Sont également interdits, le déplacement, le brisement ou
l’enlèvement des bornes servant à limiter les forêts » ; Articles 14 & 17 de la Loi
N° 14/003 du 11 février 2014 relative à la conservation de la nature.
582
Article 51 de la Loi n° 011/2002 du 22 août 2002 portant Code forestier de
2002 : « Dans le but de protéger la diversité biologique forestière,
l’administration chargée des forêts peut, même dans les zones forestières concé-
dées, mettre en réserve certaines essences ou édicter toutes restrictions qu’elle
juge utiles ».
583
Article 404 bis du Décret N° 038/2003 du 26 mars 2003 portant Règlement
Minier tel que modifié et complété par le Décret N° 18/024 du 8/6/2018.
584
Articles 46 et 53 de la Loi n° 011/2002 du 22 août 2002 portant Code fores-
tier de 2002 ; Articles 3 & 4 de la Loi N° 82-002 du 28 mai 1982 portant régle-
mentation de la chasse.
404 Traité de droit de l’environnement

née.585 La prise en compte de cette procédure éviterait à l’environnement


des atteintes importantes. Il revient à l’autorité administrative, chaque
fois qu’elle agit, à rappeler à tout requérant d’un titre ou permis quel-
conque selon les secteurs d’intervention les exigences légales.
La prise en charge des contentieux environnementaux attire
l’attention de la doctrine dans un certain nombre des pays marqués par
des succès notables. Une grande tendance s’oriente vers la spécialisation
du judiciaire d’environnement, les degrés de définitions des compé-
tences attribuées aux juridictions ou sections créées et les avantages que
procurent les cours et tribunaux environnementaux.
Billiet Carole M., Lavrysen Luc & Jan Van Den Berghen, dans une
analyse sur la spécialisation environnementale dans le monde judiciaire,
font allusion à trois regards complémentaires d’une véritable explosion
du nombre des cours et tribunaux environnementaux depuis l’an 2.000.
En 2016, on comptait déjà 1.200 cours et tribunaux environnemen-
taux dans 44 pays.586 Quelques pays développés (Australie en 1980 ;
Suède 1999) et en voie de développement (Inde ; Kenya) sont suffisam-
ment avancés dans cette dynamique des juridictions spécialisées en
matière d’environnement. Parmi les facteurs justifiant cet élan judiciaire,

585
Ngoma Khuabi Camille, L’application de la Loi N°11/009 du 9 juillet 2011
portant principes fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement dans
la ville de Kinshasa : Leçons tirées de l’expérience d’un projet de gouvernance
environnementale locale dans les communes de Mont-Ngafula, Kisenso et
N’djili, Konrad Adenauer Stiftung, Librairie Africaine d’Études Juridiques, Vol.
15, pp. 90 & 91. https://www.kas.de/c/document_library/get_file?
uuid=668f56d1-6bab-f421-8f41 -6ace5fb53f27&groupId=252038
586
Billiet Carole M., Lavrysen Luc & Jan Van Den Berghen, La spécialisation
environnementale dans le monde judiciaire : trois regards complémentaires,
Énergie – Infrastructures, n° 12, Dossier 35, Décembre 2017,
https://biblio.ugent.be/publication/8542426/file/8542427.pdf; Mohamed Ali
Mekouar, Cours et tribunaux de l’environnement : Note de lecture dans le con-
texte africain, Revue Africaine de droit de l’environnement, African Journal of
Environmental Law, No 05, 2020, pp. 115 & 116.
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 405

il y a lieu d’épingler le caractère irréversible du lien existant entre le


droit de l’environnement et les droits de l’homme, l’unanimité qui se
dégage dans la lutte contre les changements climatiques et les critiques
bien nourries autour de l’aptitude des systèmes judiciaires ordinaires à
traiter des affaires environnementales convenablement.587
En vue de faire face aux défis qui entourent l’instruction des conten-
tieux environnementaux, une diversité assez remarquable caractérise les
États dans leurs systèmes respectifs : des cours et tribunaux environne-
mentaux à part entière et autonomes (Australie ; Nouvelle Zélande) ; des
sections spécialisées des cours et tribunaux du judiciaire ordinaire et/ou
administratif (Suède, République Populaire de Chine et Kenya) ; enfin
des organes de juridiction administrative liés aux administrations envi-
ronnementales (Bruxelles/Belgique)588 :

- 1er modèle : des compétences fort larges sont attribuées. Les cours et
tribunaux dans ce modèle ont des compétences de juridiction admi-
nistrative, civile et pénale dans les domaines de l’environnement, de
l’aménagement du territoire et de l’énergie. Ils disposent d’expertise
non seulement juridique, mais aussi scientifique et technique, ayant
recours à des juges techniques ou des experts techniques attachés à la
juridiction (ex. Land and Environment Court de Nouvelle-Galles du
Sud) ;
- 2ème et 3ème modèles : les cours et tribunaux disposent de compétences
intermédiaires. Sous cette rubrique, il est noté qu’il s’agit le plus sou-
vent ici d’une compétence de juridiction administrative et civile, mais
pas pénale, dans les matières du droit de l’environnement et de
l’aménagement du territoire, mais pas de l’énergie. Il est fait recours
ici à l’expertise juridique, l’expertise scientifique et technique (ex.
Kenya – Environment and Land Court et en Suède avec la cour
d’appel de l’environnement et de l’aménagement du territoire). Une

587
Idem.
588
Idem.
406 Traité de droit de l’environnement

variante combine ici des compétences de juridictions civile et pénale,


mais pas administrative (ex. République Populaire de Chine) ;
- 4ème modèle : les cours et tribunaux avec des compétences limitées. Il
s’agit dans la plupart des cas de juridictions administratives spéciali-
sées qui traitent l’ensemble des recours en droit de l’environnement et
de l’aménagement du territoire (ex. en Belgique) ;
- 5ème modèle : les cours et tribunaux prennent la forme de chambres
spécialisées dans les juridictions ordinaires (ex. les Philippines avec
les Environmental Courts et Hawaï avec les Hawaï Environmental
Courts).589

La volonté manifeste des États africains à instituer des cours et tri-


bunaux environnementaux apparait dans ce tableau établi par Mohamed
Ali Mekouar sur base de l’étude réalisée par le Programme des Nations-
Unies pour l’Environnement (PNUE) :

CTE opérationnels CTE prévus, non CTE à l’état de projet


constitués
Égypte 1 CE Gambie 2 CE Botswana 1 TE
Gambie 1 CE Lesotho 1 TE Malawi TE
Kenya 15 CE ; 2 Liberia 2 CE Ouganda Plusieurs CE
TE
Maurice 1 TE Malawi 1 TE
Nigéria 10 CE Rwanda 1 TE
Tanzanie 1 TE
Zimbabwe 1 CE

Il ressort de ce tableau que les CTE africains passés en revue dans la


monographie du PNUE, selon Mohamed Ali Mekouar, sont presque tous
abrités par des pays anglophones.590 Les expériences du Kenya (Cour

589
Billiet Carole M., Lavrysen Luc & Jan Van Den Berghen, Op. Cit.
590
George (Rock) Pring et Catherine (Kitty) Pring, Cours et tribunaux de
l’environnement. Guide à l’usage des décideurs, PNUE, Nairobi, 2017 cité par
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 407

environnementale et foncière, CEF) et du Niger (Tribunal du foncier


rural – un tribunal d’un pays francophone591 sur le continent Africain
peuvent largement inspirer les autres pays africains appelés à agir avec
rationalité dans la prise en charge des atteintes à l’environnement et à la
santé de l’homme. Parmi les avantages liés aux cours et tribunaux envi-
ronnementaux, partant du travail réalisé par le PNUE, G. Pring et C.
Pring épinglent :

- L’expertise : des décisions meilleures grâce à une formation ap-


profondie en droit de l’environnement et en sciences environne-
mentales ;
- L’efficacité : le processus décisionnel est plus rapide grâce à
l’accumulation d’expérience ;
- La visibilité : la création de cours et tribunaux environnementaux
offre un forum judiciaire visible au public et prouve que l’État
prend la protection de l’environnement et le développement du-
rable au sérieux ;
- Les coûts : les cours et tribunaux ont tendance à réduire les frais
de procédure encourus par les parties ;
- L’uniformité : une plus grande uniformité dans les décisions peut
être obtenue, ce qui contribue à la sécurité juridique ;
- L’accès à la justice : les critères de capacité à agir et d’intérêt
peuvent être adaptés au contentieux environnemental ;
- L’engagement : les CTE concrétisent l’engagement du gouver-
nement envers l’environnement et la durabilité.
- Reddition de comptes : la responsabilité du gouvernement envers
le public est accrue.

Mohamed Ali Mekouar, Cours et tribunaux de l’environnement : Note de lecture


dans le contexte africain, Revue Africaine de droit de l’environnement, African
Journal of Environmental Law, No 05, 2020, pp. 115 & 121-122.
591
Mohamed Ali Mekouar, Cours et tribunaux de l’environnement : Note de
lecture dans le contexte africain, Op. Cit., pp. 115 & 116.
408 Traité de droit de l’environnement

- La gestion des priorités : il est plus facile de donner priorité aux


affaires les plus urgentes dans le domaine concerné ;
- L’innovation : des remèdes créatifs et des procédures plus
flexibles peuvent être développés ;
- Les modes alternatifs de résolution des conflits (MARC) : les re-
cours aux MARC et à d’autres procédures non accusatoires de ré-
solution des différends, notamment la justice réparatrice, favorise
la conclusion d’accords exécutoires bénéfiques à tous.
- L’approche intégrée : les aspects de droit administratif, pénal et
civil d’une même affaire peuvent être traités de manière intégrée ;
- Les remèdes intégrés : des sanctions et mesures réparatrices de
nature pénale, civile et administrative peuvent être combinées de
manière intégrée.
- La participation du public : l’implication du public peut être ac-
crue, renforçant ainsi l’un des piliers cruciaux de l’accès à la jus-
tice.
- La confiance du public : comme la confiance du public envers le
gouvernement et le système judiciaire s’accroît, les citoyens sont
plus susceptibles de signaler leurs préoccupations.
- La résolution de problèmes : les juges peuvent aller au-delà d’une
application stricte de l’état de droit et élaborer des solutions nou-
velles et créatives.
- L’activisme judiciaire : les CTE peuvent appliquer de nouveaux
principes internationaux du droit de l’environnement, de la justice
naturelle et du droit national ou local.
- L’enquête : les CTE peuvent être autorisés à mener des enquêtes
sur des problèmes environnementaux de leur propre initiative,
sans avoir été saisis d’une affaire. 592

592
George Pring et Catherine Pring, Cours et tribunaux de l’environnement :
Guide à l’usage des décideurs, PNUE, Nairobi, 2017, pp. 13 & 14 ; G. Pring &
C. Pring, Greening justice. Creating and improving environmental courts and
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 409

Partant de ces avantages, d’aucuns seraient amener à suggérer à la


RDC, à titre transitoire, le modèle d’une section spécialisée environne-
mentale au sein des cours et tribunaux ordinaires pouvant conduire à la
création d’un tribunal environnemental dans un proche avenir. Cette
démarche serait aussi moins coûteuse sur le plan financier et n’exigerait
pas le recrutement de plusieurs magistrats sans expérience judiciaire.
Des inconvénients potentiels non exhaustifs ont aussi été épinglés
dans l’étude du PNUE :593

- Les besoins concurrents : d’autres domaines du droit nécessitent


vraisemblablement autant de spécialisation, si non plus.
- La marginalisation : les CTE isolent les affaires environnemen-
tales, ce qui risque de se traduire par une baisse de l’attention, du
nombre de juges compétents, du budget et des perspectives
d’avancement dans la carrière judiciaire.
- La fragmentation : les CTE fragmentent le système judiciaire et
isolent des juges et des enjeux environnementaux important.
- La réforme interne : une réforme au sein du système judiciaire
ordinaire déjà existant est préférable.
- Charge de travail insuffisante : il n’y a pas assez d’affaires envi-
ronnementales pour justifier une CE ou un TE.
- Les coûts : le coût de la création d’une nouvelle institution n’en
vaut pas la peine.

tribunals, World Resources Institute, Washington DC, 2009, 119pp. in Billiet


Carole M., Lavrysen Luc & Jan Van Den Berghen, La spécialisation environ-
nementale dans le monde judiciaire : trois regards complémentaires, Énergie –
Infrastructures, n° 12, Dossier 35, Décembre 2017, https://biblio.ugent.be/
publication/8542426/file/8542427.pdf
593
George Pring et Catherine Pring, Cours et tribunaux de l’environnement :
Guide à l’usage des décideurs, PNUE, Op. Cit., pp. 13 & 14.
410 Traité de droit de l’environnement

- La confusion : la définition de ce qu’est une affaire environne-


mentale et la détermination de la juridiction où porter plainte ris-
quent d’être une source de confusion pour le public.
- La définition d’une cause « environnementale » : il est difficile de
définir ce qui constitue une affaire « environnementale » et de dé-
terminer comment une affaire comportant à la fois des enjeux en-
vironnementaux et autres.
- Influence : les intérêts particuliers sont plus en mesure
d’influencer et de contrôler les petits CTE en dehors du système
judiciaire ordinaire.
- Les juges généralistes : pour certains, un juge généralise ayant
une perspective d’ensemble et une expérience variée est mieux à
même de voir la forêt plutôt que l’arbre qui la cache et de prendre
de meilleures décisions qu’un « spécialiste ».
- Le parti pris judiciaire : les juges spécialistes risquent d’être plu-
tôt partisans de la protection de l’environnement et leurs analyses,
de manquer d’équilibre et d’exhaustivité.
- L’activisme judiciaire : les CTE encouragent les juges à outrepas-
ser leurs compétences judiciaires et à agir comme des législateurs
et des décideurs.
- Le déficit de formation : trop peu de juges ou d’avocats possèdent
l’expertise nécessaire.
- La carrière judiciaire : la focalisation étroite deviendra une im-
passe pour la carrière des juges.
- Les juridictions « inférieures » : on risque d’instituer une juridic-
tion d’un statut inférieur à celui des juridictions ordinaires, avec
des juges de calibre moindre, ayant donc moins de pouvoirs.

Ces inconvénients sont à considérer comme des signaux d’alerte aux


décideurs politiques et de consolidation de l’action environnementale.
Une pensée critique et constitutive pour la cause de la protection de
l’environnement portée à chaque inconvénient suffirait pour élaguer les
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 411

effets néfastes. La mise en place des CTE maximise non seulement la


prise en compte de l’action environnementale mais aussi maximiserait
l’accès à la justice à toutes les couches de la population.

6.1 La répression des atteintes environnementales devant


les cours et tribunaux

Les cours et tribunaux interviennent dans la répression des atteintes à


l’environnement par des actions dans différents secteurs de
l’environnement. Cela peut porter sur l’examen de la responsabilité
environnementale, civile, pénale et/ou administrative en matière
d’environnement. Toutes ces notions doivent être épluchées pour éclai-
rer la lanterne de toute personne intéressée car un contentieux environ-
nement porte des spécificités énormes notamment en matière de respon-
sabilité des auteurs des atteintes à l’environnement, à la santé de
l’homme et au régime des réparations éventuelles au profit des victimes.
Il s’agit d’un exercice hors du commun exigeant une expertise bien
éclairée.
Tout en considérant la valeur du principe de la liberté d'agir, la rece-
vabilité d'une action en justice est subordonnée au respect des conditions
cumulatives qui s'imposent quelle que soit la nature du contentieux :
civil, pénal, administratif ou commercial. Il faut d’abord épingler l'écou-
lement des délais, cause d'extinction de ce droit d'agir : sauf en matière
d'action publique pour crimes contre l'humanité, crimes de guerre et
crime de génocide. L'exercice d’autres actions en justice a pour particu-
larité d'être dépendant du respect de délais de prescription spécifiques à
chaque matière.
Ensuite, conformément à l'adage selon lequel « pas d'intérêt, pas
d'action », le droit d'agir suppose le constat préalable d'un intérêt de
nature matérielle ou morale, donc de tout avantage susceptible d'être
obtenu par celui qui met en œuvre l'action en justice. Cet intérêt doit tout
d'abord être né et actuel, ce qui écarte en principe l'intérêt éventuel ou
412 Traité de droit de l’environnement

hypothétique, sauf exceptions ponctuelles : certaines actions en justice


peuvent être exercées à titre préventif pour empêcher des troubles ou
perturbations éventuels. Il revient ici d’apprécier le caractère relevant de
l’argumentaire formulé.
L'action en justice594 suppose aussi la démonstration d'un intérêt per-
sonnel et direct : l'on ne peut agir que pour défendre ses propres intérêts
qui ont été lésés, et non l'intérêt d'autrui. Il existe toutefois des tempéra-
ments illustrés par le mécanisme de la représentation, notamment lors-
qu'un représentant d'un incapable ou d'une personne morale agit pour le
compte du représenté. La difficulté intervient pour l'exercice des actions
en justice par les groupements, par exemple les syndicats ou les associa-
tions. Ces derniers peuvent mettre en œuvre un droit d'agir non seule-
ment pour leur propre intérêt, mais aussi pour la défense d'intérêts col-
lectifs d'une profession ou d'une activité particulière.595 La qualité à ester
en justice se fait aussi apprécier par le juge pour la recevabilité de
l’action, un pouvoir en vertu duquel une personne est investie de faire
juger le litige par un tribunal. En fait, la qualité à agir est étroite-
ment liée à l’intérêt à agir, « qui a intérêt a également qualité ».596 Ce
principe vaut généralement pour les personnes physiques en matière
d’environnement car, pour une association qui souhaite agir en justice,
elle doit avoir reçu une habilitation légale expresse.597 L’action en jus-
tice ne peut être aussi admise si le demandeur n’a pas la capacité d’ester

594
L’action en justice, pénale ou civile, est définie comme étant le pouvoir de
mettre en mouvement la juridiction afin d’obtenir le respect ou la restauration de
son droit violé. Serge Guinchard &Thierry Debard, Lexique des termes juri-
diques, 21ème édition, Dalloz, 2014, p. 30.
595
Les conditions de l’action en justice, https://www.universalis.fr/
encyclopedie/action-en-justice/1-les-conditions-de-l-action-en-justice/
596
Parfait Oumba, « L’encadrement du contentieux civil environnemental au
Cameroun et en République démocratique du Congo », Revue Africaine de droit
de l’environnement, African Journal of Environmental Law, RADE, p. 130.
597
Idem.
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 413

en justice c’est-à-dire la faculté de poser valablement un acte juridique.


Qu’il s’agisse aussi bien de la capacité de jouissance qui consiste dans la
jouissance de tous les droits reconnus par la Constitution, que de la
capacité d’exercice, qui consiste, à pouvoir personnellement tirer avan-
tage de la capacité de jouissance.598
En conformité avec les dispositions constitutionnelles qui consacrent
le droit de l’homme à un environnement sain en RDC (article 53 de la
Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée en 2011), la législa-
tion congolaise donne ouverture à toutes voies de droit, action indivi-
duelle ou collective, à toute personne (à titre d’un devoir) à défendre
l’environnement :

Toute personne a droit à un environnement sain et propice à son épa-


nouissement intégral. Elle a le devoir de le défendre, par toutes voies de
droit en action individuelle ou collective.599

Une action en justice, individuelle ou collective, est comprise


comme un des outils au service de toute personne pour faire valoir le
droit à un environnement sain et un devoir à défendre l’environnement
devant les cours et tribunaux. Les victimes des dommages environne-
mentaux sont dans une position de bénéficier des réparations chaque fois
que de besoin. Elles peuvent se regrouper pour une action collective
efficace, en créant une association ayant spécifiquement pour objet so-
cial de défendre les intérêts de ses membres. L’objet social habilite sans
ambiguïté l’association à agir dans l’intérêt de ses membres. Les condi-

598
Ilunga Watuil, Procédure civile, Cours dispensé à la Faculté de Droit, Uni-
versité libre des Pays des grands lacs, 2016/2017, Inédit, pp. 18-19 ; Tchoca
Fanikoua François, La contribution du droit pénale de l’environnement à la
répression des atteintes à l’environnement au Bénin, Maastricht University,
2012, pp. 173-174.
599
Article 46 alinéa 2 de la Loi N° 11/009 du 9/7/2011 portant principes fonda-
mentaux relatifs à la protection de l’environnement.
414 Traité de droit de l’environnement

tions générales pour intenter en justice qui sont la capacité, l’intérêt et la


qualité ne les excluent pas pour ne pas saisir le juge.600
La législation environnementale en RDC reconnaît aux associations
agréées de protection de l’environnement le pouvoir d’agir en justice par
le mécanisme d’une action en représentation conjointe ou par le méca-
nisme d’une action collective ou de groupe pour la défense de
l’environnement prévue à l’article 46 alinéa 2 de la Loi N° 11/009 du
9/7/2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l’environnement. Au-delà de la condition d’agrément, ces associations
doivent avoir pour objet social la défense de l’environnement. Elles
peuvent aussi exercer les droits reconnus à la partie civile en ce qui
concerne les faits constituant une infraction ou atteintes et causant un
préjudice direct ou indirect aux intérêts collectifs qu’elles ont pour objet
de défendre. Cette évolution remarquable pour une bonne prise en
charge, devant les cours et tribunaux, des préoccupations environnemen-
tales est bien ceinturée par les prescrits de la loi sur l’eau et la loi fores-
tière.
Aux termes de l’article 108 de la Loi N° 15/026 du 31 décembre
2015 relative à l’eau :

Toute personne physique ou morale, toute association représentative des


communautés locales, ou toute organisation non gouvernementale natio-
nale agréée œuvrant dans les domaines de la protection de
l’environnement, de la gestion des ressources en eau ou du service pu-
blic de l’eau, peut ester en justice contre toute violation des dispositions
de la présente loi ou de ses mesures d’application, ou toute atteinte aux
dispositions des accords et conventions internationaux ratifiés par la Ré-
publique démocratique du Congo, lesquelles causent un préjudice direct
ou indirect aux intérêts collectifs ont pour objet de défendre.

600
Kihangi Bindu Kennedy, « La justiciabilité du droit à l’environnement con-
sacré par la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples de 1981 en
République démocratique du Congo », Op Cit., p. 28.
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 415

La Loi n° 011/2002 du 29 août 2002 portant Code forestier, à son ar-


ticle 134, reconnaît aussi le droit aux associations d’agir en justice en
matière d’environnement en ces termes :

Les associations représentatives des communautés locales et les organi-


sations non gouvernementales nationales agréées et contribuant à la réa-
lisation de la politique gouvernementale en matière environnementale
peuvent exercer les droits reconnus à la partie civile en ce qui concerne
les faits constituant une infraction aux dispositions de la présente loi et
de ses mesures d’exécution, ou une atteinte, selon les accords et conven-
tions internationaux ratifiés par la République démocratique du Congo et
causant un préjudice direct ou indirect aux intérêts collectifs qu’elles ont
pour objet de défendre.

Il est évoqué dans ces disposition des dommages écologiques qui


sont des atteintes à des intérêts collectifs et non un dommage individuel
subi par l’association qui engage l’action. Cependant, l’association est
susceptible de se prévaloir d’un droit, car le dommage écologique peut
être faible pour chaque personne prise individuellement. Telle est la
raison qui justifie l’action civile des associations agréées, qui sont habi-
litées à demander réparations sans avoir à démontrer un préjudice per-
sonnel. Les atteintes à la biodiversité, aux eaux, au sol, à l’habitat natu-
rel et autres font partie du préjudice écologique.601 Il est, certes, de prin-
cipe, l’intérêt à agir qui doit être personnel pour que l’action soit rece-
vable est une exigence. Cependant, ce principe accepte une exception :
le législateur peut accorder un droit d’agir à certaines personnes morales
pour qu’elles défendent des « intérêts déterminés ».
Dans le domaine de l’environnement, certaines personnes sont auto-
risées à agir pour défendre des intérêts collectifs liés à l’atteinte à
l’environnement. Or, lorsque ces intérêts sont atteints, ces personnes

601
Guillot CH, Philippe A., Droit de l’environnement, Ellipses, Paris, 2010,
p. 300 cité par Sabin Mande M., Op. Cit., p. 257.
416 Traité de droit de l’environnement

peuvent demander réparation du préjudice collectif qui en découle.602


C’est dans cette perspective que le législateur congolais admet cette
exception lorsqu’il souligne le « devoir de toute personne à défendre
l’environnement par toutes voies de droit en action individuelle ou col-
lective ».603 Il revient aux cours et tribunaux congolais de donner corps à
ces dispositions quant aux aspects liés à la procédure en matière de re-
cevabilité d’une action collective ou d’une action de groupe en matière
d’environnement.

602
Mathilde Hautereau Boutonnet, La responsabilité civile et pénale en matière
environnementale : État des lieux et perspectives d’évolution, in Actes du sémi-
naire organisé par la Plateforme RSE, Le rôle du droit dans la protection de
l’environnement, 30 mai 2018, France Stratégie, p. 30, https://www.strategie.
gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-actes-role-droit-protection-
environnement-14-09-2018_0.pdf
603
Les communautés locales ont le droit de saisir le juge (droit d’accès des
communautés locales à la justice environnementale en RDC). Il faut, néanmoins,
noter que le Code forestier (article 134) et la loi sur l’eau (article 108) sont des
textes (lois) spéciaux. La Loi-cadre n°11/009 du 09 juillet 2011 portant principes
fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement reconnait également ce
principe en consacrant le devoir qu’a toute personne de défendre la protection de
l’environnement, par toutes voies de droit en action individuelle ou collective.
Toutefois, elle ne cite pas expressément les communautés locales et autochtones.
Ainsi, consacré par ces textes spéciaux, le droit d’accès à la justice en matière
d’environnement devrait aussi être inscrit dans d’autres législations sectorielles
environnementales (mines, hydrocarbures, etc.). Cécile Ott Duclaux-Monteil,
« L’accès à la justice en matière d’environnement par les populations en Afrique
de l’ouest et centrale », in Institut de la francophonie pour le développement
durable, Pas-à-pas vers une justice environnementale, Liaison, Énergie –
francophonie, No 98, 3ème trimestre, 2014, pp. 12-13 : https://www.ifdd.franco
phonie.org/wp-content/uploads/2021/09/618_LEF98-2.pdf (consulté le 7/7/
2022). Article 46 de la Loi N° 11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fonda-
mentaux relatifs à la protection de l’environnement ; Article 134 de la Loi n°
11/2002 du 29 août 2002 portant Code forestier et article 108 de la Loi N°
15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’Eau.
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 417

Les promoteurs de l’action de groupe en matière d’environnement,


comme Laurent Neyret, pensent que celle-ci contribuerait à accroitre la
protection de l’environnement, dans la mesure où il s’agit d’un outil de
démocratisation de l’accès à la justice. Elle permettrait également de
rationaliser les ressources judiciaires et éviterait la dispersion des litiges
en réduisant le risque d’une divergence de jurisprudence. En outre,
l’action de groupe permettrait de faciliter l’administration de la preuve.
L’action de groupe en matière environnementale a vocation à réparer les
préjudices individuels ayant une origine commune (une même pollu-
tion). En d’autres termes, elle est ouverte quand des personnes morales
ou physiques subissent de préjudices résultant d’un dommage causé à
l’environnement par une même personne, ayant pour cause commune un
manquement de même nature à ses obligations légales ou contrac-
tuelles.604 En effet, depuis la loi, n° 95-101 du 2 février 1995, dite
« Barnier », le code rural (ordonnance du 18 février 2000) et le code de
l’environnement (article L141-1) en France, les associations de défense
de l’environnement ont le pouvoir d’ester en justice et de se constituer
parties civiles « en ce qui concerne les faits portant un préjudice direct
ou indirect aux intérêts collectifs qu’elles ont pour but de défendre
… ».605 Pour l’avocate Margaux Caréna,606 abordant l’évolution de la
législation Française sur les questions d’une action de groupe en matière
environnementale,

604
La création d’une action de groupe environnement en droit français par la loi
n° 2016-1547 du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du XXIème
siècle, DACS/SDDE/D3/C3, 7 février 2017,
https://unece.org/fileadmin/DAM/env/pp/a.to.j/TF10-2017/10TFAJ_Statement_
France_Classactionenvironment.pdf (consulté le 7/7/2022).
605
Tchoca Fanikoua François, Op. Cit., p. 174.
606
Margaux Caréna, La création de l’action de groupe en matière environne-
mentale http://www.arnaudgossement.com/archive/2016/10/18/l-action-de-
groupe-en-matiere-environnementale-5862540.html
418 Traité de droit de l’environnement

L’objet d’une telle action est d’obtenir la cessation du manquement, la


réparation des préjudices résultant du dommage causé à l’environnement
ou pour toutes ces deux fins. Aux termes de l’article L. 142-3-1 du code
de l’environnement Français, l’action de groupe en matière environne-
mentale ou action commune environnementale suppose que :

- Plusieurs personnes placées dans une situation similaire subissent


un préjudice résultant d’un dommage environnemental ;
- Le dommage soit causé par une même personne ;
- Le dommage ait pour cause commune un manquement de même
nature à ses obligations légales ou contractuelles.

Ainsi, l’engagement de l’action de groupe est subordonné à la preuve


d’un intérêt commun à agir, d’une identité de cause et d’auteur du dom-
mage. La procédure applicable en France pour une action de groupe en
matière environnementale est la procédure commune à l’ensemble des
matières concernées par l’action de groupe notamment en matière de
protection des consommateurs et en matière de santé.

L’article L. 142-3-1 du code de l’environnement Français rend la


question encore plus explicite en ces termes :607

I. – Sous réserve du présent article, le chapitre Ier du titre V de la loi n°


2016-1547 du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du XXIe
siècle et le chapitre X du titre VII du livre VII du code de justice administra-
tive s’appliquent à l’action ouverte sur le fondement du présent article.
II. – Lorsque plusieurs personnes placées dans une situation similaire
subissent des préjudices résultant d’un dommage dans les domaines men-
tionnés à l’article L. 142-2 du présent code, causé par une même personne,
ayant pour cause commune un manquement de même nature à ses obliga-

607
Code de l’environnement, France,
https://codes.droit.org/PDF/Code%20de%20l'environnement.pdf (consulté
le 7/7/2022).
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 419

tions légales ou contractuelles, une action de groupe peut être exercée devant
une juridiction civile ou administrative.
III. – Cette action peut tendre à la cessation du manquement, à la répara-
tion des préjudices corporels et matériels résultant du dommage causé à
l’environnement ou à ces deux fins.
IV. – Peuvent seules exercer cette action :
1° Les associations, agréées dans des conditions définies par décret en
Conseil d’État, dont l’objet statutaire comporte la défense des victimes de
dommages corporels ou la défense des intérêts économiques de leurs
membres ;
2° Les associations de protection de l’environnement agréées en applica-
tion de l’article L. 141-1.

La garantie pour faire respecter la législation environnementale passe


par l’accès à une procédure et à un juge compétent. La question devient
plus complexe lorsqu’il s’agit d’une action introduite devant les juridic-
tions de droit commun par les défenseurs de l’environnement. En
d’autres termes, les défenseurs des droits fondamentaux de la nature ou
mieux de l’environnement en cas de reconnaissance expresse de la na-
ture comme sujet de droits bénéficiant d’un intérêt à agir pour accéder
au juge et défendre ces droits. Accéder à la justice au nom de la protec-
tion de l’environnement n’est pas chose aisée.608 Comment doit-on ap-

608
Certains auteurs attribuent aux éléments de l’environnement le droit d’ester
en justice. In it’s article “Should trees have standing? – Toward legal rights for
natural objects” Christopher Stone drew attention to the issue of giving legal
rights to “forests, oceans, rivers and so called natural objects” in the environ-
ment. “According to Stone, legal rights are continually expanding to encompass
persons and concepts that previously were regarded as being unable to possess
rights. He submits that each successive extension of rights to some new entity
was initially unthinkable but despite this, when the so-called “rightless” entity
receives its rights, it becomes valued.” Christopher Stone as quoted in Theron C.
“Environmental rights: An overview of interpretations” (1997) 4 South African
Journal of Environmental Law and Policy pp. 23, 36 ; Christopher D. Stone,
420 Traité de droit de l’environnement

précier les conditions de recevabilité d’une telle action devant le juge de


droit commun alors que la législation congolaise n’organise pas une
juridiction spécialisée en droit de l’environnement ? En d’autres termes,
qui dispose d’un intérêt à agir pour défendre la nature ou
l’environnement et qui peut le représenter ?
Hubert Born note que la recevabilité de l’action d’une personne,
physique ou morale, directement lésée par une activité dommageable
pour l’environnement ne soulève généralement pas de contestation, par
exemple, dans le cadre de relations de voisinage609 ou en cas de pollu-
tion affectant des terrains appartenant à une association de protection de
la nature. Il est tout autrement des actions en intérêt collectif introduites
en vue de défendre l’environnement pour lui-même, que ce soit par un
individu, par un groupement ou par une association.610
Tout en reconnaissant dans sa constitution les droits de la nature, la
République de l’Équateur innove et a tendance à influencer la dyna-
mique de la protection de la nature ou l’environnement car la dimension

“Should trees have standing? Toward legal rights for natural objects”, South
California Law review, 1972, pp. 306-312; Christopher D. Stone, Should trees
have standing? And other essays on law, morals and environment, Oceana
Publications, New York, 1996, p. 181; Kennedy Kihangi Bindu Kennedy, Envi-
ronmental and developmental rights in the Southern African Development
Community with specific reference to the Democratic Republic of Congo and
the Republic of South Africa, Op. Cit., p. 72.
609
Parfait Oumba, « L’encadrement du contentieux civil environnemental au
Cameroun et en République démocratique du Congo », Revue Africaine de droit
de l’environnement, African Journal of Environmental Law, RADE, p. 132.
610
Hubert Born Charles, « L’accès à la justice en matière d’environnement en
Belgique : la révolution d’Aarhus enfin en marche » in André Braën (éd.), Droits
fondamentaux et environnement (Actes du colloque « Regards croisés sur les
rapports entre les droits fondamentaux et l’environnement : Perspectives de la
Belgique, du Canada et de la France », tenu à la Section de droit civil de
l’université d’Ottawa, le 25 janvier 2013, Wilson & Lafleur : Montréal 2013,
pp. 304-308, https://dial.uclouvain.be/pr/boreal/object/boreal:142274
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 421

anthropocentrique expose largement l’environnement à des atteintes de


toute sorte. La nature a une personnalité juridique constitutionnellement
garantie et elle doit être protégée à juste titre.611 L’idée centrale, en Ré-
publique équatorienne, reste la redéfinition des relations entre les per-
sonnes et la nature tout en notant que cette dernière n’est pas un objet à
s’approprier et à exploiter, mais une entité dotée de droits qui doivent
être traités avec égalité devant la loi. La nature ou Pacha Mama a le
droit d’exister, de persister, de maintenir et de régénérer ses cycles,
structures, fonctions et processus vitaux d’évolution. Les droits constitu-
tionnels de la nature sont indépendants de l’obligation des personnes
physiques et morales ou de l’État d’indemniser les personnes qui dépen-
dent des systèmes naturels”.612 Tout en saluant cette avancée, Edgar
Fernandez Fernandez fait remarquer, cependant, une situation curieuse
en République de l’Équateur « bien que les demandeurs aient agi devant
le juge, non pas à titre personnel, mais en représentation de la nature –
car celle-ci est titulaire des droits dont la défense a été invoquée, les
affaires ont été officiellement enregistrées par les cours Équatoriennes

611
Titre II, chapitre VII, articles 71 à 74 de la Constitution de la République de
l’Équateur : Droits de la nature, Assemblée Nationale de la République de
l’Équateur, Centre de documentation, 2008, https://www.silene.ong/fr/centre
-de-documentation/documents-legaux/const itucion-republica-ecuador ; Déclara-
tion de Colombo : accord sur la maintenance de la vie, notre conversion écolo-
gique, 2016, Centre de documentation, https://www.silene.ong/fr/centre-de-
documentation/declaration/statement-from-colombo-agreeing-to-sustain-life-
our-ecological-conversion ;
612
Titre II, chapitre VII, articles 71 à 74 de la Constitution de la République de
l’Équateur : Droits de la nature, Assemblée Nationale de la République de
l’Équateur, Centre de documentation, 2008, https://www.silene.ong/fr/centre-de-
documentation/documents-legaux/constitu cion-republica-ecuador ; Déclaration
de Colombo : accord sur la maintenance de la vie, notre conversion écologique,
2016, Centre de documentation, https://www.silene.ong/fr/centre-de
-documentation/declaration/statement-from-colombo-agreeing-to-sustain-life-
our-ecological-conversion ;
422 Traité de droit de l’environnement

comme si le demandeur ou la personne, dont les droits avaient été lésés,


avait été la personne qui agit au nom de la nature, et non pas celle-
ci ».613
En effet, le juge garde une marge d’appréciation aussi importante
pour décider d’ouvrir ou pas l’accès au prétoire des défenseurs de
l’environnement. L’heure est à l’assouplissement des exigences natio-
nales en termes de recevabilité des actions en intérêt collectif en matière
d’environnement au sens large.614
Un autre aspect majeur portant sur l’accès au juge en matière
d’environnement reste le niveau élevé des coûts des procédures et de
délai d’obtention des décisions devant les juridictions. Pour une effecti-
vité du droit de l’environnement, il s’avère nécessaire non simplement
d’assouplir la procédure d’accès au juge, mais aussi et surtout, de
l’adapter au pouvoir d’achat de la population ou tout aisément de mettre
à la charge de l’État tous les frais de consignation pour l’ouverture d’un
dossier judiciaire. Au-delà, il est aussi envisageable, une institution des
« aides judiciaires » ayant comme mandat d’offrir des consultations
gratuites et d’accompagner les demandeurs en justice en matière
d’environnement en supportant tous les frais y relatifs. Dans le cas de la
RDC, les frais pour l’environnement proviendraient du budget du
« Fonds d’intervention pour l’environnement » consacré par la Loi N°
11/009 du 9/7/2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protec-
tion de l’environnement dont l’article 25 dispose :

Il est créé un Fonds d’intervention pour l’environnement.

613
Edgar Fernandez Fernandez, Les controverses autour de l’intérêt à agir pour
l’accès au juge constitutionnel : de la défense du droit à l’environnement (Costa
Rica) à la défense des droits de la nature (Équateur), Vertigo – La revue électro-
nique en sciences de l’environnement, Hors-série 22, septembre 2015, p. 10,
https://journals.openedition.org/vertigo/16214
614
Hubert Born Charles, Op. Cit., pp. 304-308, https://dial.uclouvain.be/
pr/boreal/object/boreal:142274
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 423

Le Fonds assure le financement notamment de la recherche environne-


mentale, de la conservation de la diversité biologique, des opérations
d’assainissement, de prévention et de lutte contre la pollution ainsi que
de réhabilitation et de restauration des sites ou paysages pollués ou dé-
gradés.
La gestion du Fonds est confiée à un organisme public dont les statuts,
l’organisation et le fonctionnement sont déterminés par décret délibéré
en Conseil des ministres.

Il ressort de cette disposition que le Fonds d’intervention pour


l’environnement (FIPE)615 qui a entre autres comme mission le finance-
ment des projets de prévention et de lutte contre la pollution doit couvrir
les frais et dépens des actions en justice initiées par les associations sans
but lucratif ayant pour objet social la protection de l’environnement ou
les personnes physiques (actions individuelles ou collectives).
Le système Brésilien bénéficie, à plus d’un titre, de tous nos suf-
frages, pour avoir consacré constitutionnellement une telle dynamique
afin que la politique environnementale rencontre l’adhésion de tous. La
Constitution Brésilienne, à son article 25 LXXIII dispose que :

Tout citoyen peut légitimement intenter une action populaire aux fins
d'annulation d'un acte portant atteinte au patrimoine public, celui d'une
entité à laquelle l'État participe, la moralité administrative, l'environne-
ment ou le patrimoine historique et culturel ; l'auteur de l'action est, sauf
mauvaise foi avérée, dispensé des frais judiciaires et des dépens du pro-
cès.616

615
Décret n° 20/031 du 31 octobre 2020 portant statuts, organisation et fonc-
tionnement d'un Établissement public dénommé Fonds d'intervention pour l'en-
vironnement « FIPE » en sigle,
https://www.ilo.org/dyn/natlex/docs/ELECTRONIC/110926/138134/F-
1916109375/COD-110926.pdf (consulté le 7/7/2022).
616
Article 5 LXXIII de la Constitution de la République Fédérale du Brésil de
1988.
424 Traité de droit de l’environnement

Les fonctions du Ministère Public sont étendues en République Fé-


dérale du Brésil à une action civile publique. Son objet est de permettre
la défense des intérêts collectifs et diffus devant les juridictions civiles.
Elle est étendue à des organismes publics, ainsi qu’aux associations
ayant comme objet statutaire la défense de l’environnement et des con-
sommateurs. Ceci est une originalité du droit Brésilien instituée par la
loi 7.347 du 24 juillet 1985. Par exemple, l’article 129. III de la Loi
précitée dispose que parmi les fonctions institutionnelles du Ministère
public, il y a aussi celle consistant à ordonner l’enquête civile et intro-
duire l’action civile publique visant à la protection du patrimoine public
et social, de l’environnement et des autres intérêts généraux et collectifs.
617

6.2 Responsabilité civile environnementale et responsa-


bilité environnementale

Les problématiques environnementales portent des spécificités


énormes relatives à la nature du dommage réparable et des modes de
réparation. La responsabilité civile environnementale qui doit être com-
prise et abordée de manière plus large demeure une obligation de réparer
et parfois de prévenir et/ou de faire cesser, les préjudices causés, certes à
autrui, mais aussi à l’environnement. Ici, la responsabilité civile envi-
ronnementale marque l’extension tout aussi bien des préjudices répa-
rables – préjudices causés aux hommes et à l’environnement – que des
finalités de la responsabilité civile – responsabilité pour le passé et pour
le futur (finalité réparatrice et finalité préventive). 618

617
Paul Affonso Leme Machado, L’environnement et la Constitution Brési-
lienne, https://www.conseil-constitutionnel.fr/nouveaux-cahiers-du-conseil-
constitutio nnel/l-environnement-et-la-constitution-bresilienne
618
Mathilde Hautereau Boutonnet, La responsabilité civile et pénale en matière
environnementale : État des lieux et perspectives d’évolution, in Actes du sémi-
naire organisé par la Plateforme RSE, Le rôle du droit dans la protection de
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 425

Aborder la matière du droit de la responsabilité civile classique en


intégrant les préoccupations environnementales est un exercice pédago-
gique de haute facture du point de vue doctrinal voire jurisprudentiel.
D’aucuns pourraient se moucher, avec ou sans raison, une fois en con-
tact avec l’expression « responsabilité civile environnementale ». Tout
en admettant qu’il n’existe pas un régime qui pourrait permettre de fa-
çon générale de déroger aux règles de droit commun quand on est en
face d’une atteinte ou un risque d’atteinte à l’environnement,619 un point
de non-retour impose une revisitation de l’architecture d’ordre procédu-
ral et substantiel. Mustapha Mekki620 note que :

Le procès de responsabilité civile n’a plus le même visage lorsque les


problématiques deviennent environnementales … rapprocher la respon-
sabilité civile du droit de l’environnement est une entreprise stimulante
mais en même temps angoissante … sans excès, au-delà d’un pessi-
misme ambiant ou d’un optimisme quelque peu naïf, il faut admettre que
les questions environnementales … repoussent le droit de la responsabi-
lité civile dans ses retranchements et l’obligent à se renouveler …
l’essentiel de l’adaptation vient encore de la créativité des juges … à
l’image du droit jurisprudentiel de la responsabilité civile, c’est encore
aux juges que l’on doit un droit de la responsabilité civile revitalisé et en
permanente évolution.

l’environnement, 30 mai 2018, France Stratégie, pp. 27-28,


https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-actes-
role-droit-protection-environnement-14-09-2018_0.pdf
619
Mathilde Hautereau Boutonnet, Op. Cit., p. 27,
https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-actes-
role-droit-protection-environnement-14-09-2018_0.pdf
620
Mustapha Mekki, Responsabilité civile et droit de l’environnement : Vers un
droit de la responsabilité environnementale, p. 3, https://www.mekki.fr/
files/sites/37/2017/05/redaction-Responsabilite-civile-et-droit-de-
l’environnement.pdf
426 Traité de droit de l’environnement

La responsabilité civile environnementale, qui se présente comme


une obligation de répondre devant une juridiction d’un dommage envi-
ronnemental et de le réparer, est avant tout une question d’ordre de pro-
cédure civile car une action en responsabilité civile peut échouer avant
tout examen au fond. Le droit processuel de la responsabilité civile
oblige que soient abordées les conditions relatives à l’action en justice
en matière d’environnement (capacité, qualité et intérêt).
Tout en ayant à l’esprit les contours et finalités de la responsabilité
civile dans sa dimension classique, la notion de la responsabilité envi-
ronnementale doit être bien cernée dans son contenu. Car, elle se pré-
sente comme un cadre juridique de renforcement de la responsabilité
civile et, elle est, d’une grande nécessité à l’application du principe
pollueur-payeur.
La responsabilité environnementale, selon Momal Patrick,621 se défi-
nit dans un sens strict ou faible (responsabilité réduite aux atteintes à
l’environnement), et dans un sens fort (ensemble des dommages résul-
tant d’atteintes à l’environnement). L’application de la responsabilité
environnementale nécessite que les acteurs puissent se procurer une
garantie financière, en général une « assurance ». L’assureur apparait
dans le cas d’espèce comme garant des pertes et dommages causés par
des personnes dont l’assuré est civilement responsable, quelle que soit la
nature ou la gravité des fautes de ces personnes, ou par des choses qu’il
a sous sa garde. Ici, la responsabilité est indirecte mais elle ne remet pas
en cause les avantages du système. Le droit positif congolais en matière
d’environnement ne définit pas le mécanisme d’assurance environne-
mentale ou de pollution.622

621
Momal Patrick, La responsabilité environnementale, document de travail,
Direction des études économiques et de l’évaluation environnementale, Minis-
tère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, France, pp. 6 & 13,
http://www.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Etude
_Impact_cle7abd69-1.pdf
622
Sabin Mande M., Op. Cit., p. 264.
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 427

La responsabilité environnementale, à l’instar de la responsabilité en


droit civil, suppose la réunion de trois éléments : le fait générateur de
réparation ou la faute, le dommage ou préjudice et le lien de causalité ou
l’exigence de la cause à effet. Tout en considérant la nécessité du préju-
dice pour qu’il y ait responsabilité civile, la faute apparaît ici comme un
élément constitutif de la responsabilité à établir.
La notion de la faute a été fortement critiquée en doctrine suite à ses
limites pour engager la responsabilité civile de son auteur. Vers la fin du
XIXème siècle, Saleilles et Josserand vont, ainsi, proposer la théorie de
la responsabilité civile objective qui repose sur la notion du risque créé
et le risque profit.623 Selon la théorie du risque-créé, celui qui créé une
activité génératrice de risque est objectivement responsable des dom-
mages qui en résultent. La personne qui introduit une activité à risque
dans la société le fait à ses risques et périls et non à ceux d’autrui.624
D’un autre côté, selon la théorie du risque-profit, celui qui tire profit
d’une activité génératrice de risque est objectivement responsable des
dommages qui en résultent, il doit en supporter les charges. On fait peser
la charge du dommage sur celui qui a agi et cherché un bénéfice par
l’activité à risque625.
La théorie du risque viserait seulement qu’aucune victime ne reste
sans être indemnisée.626 Il suffit qu’on constate un dommage afin que la
réparation soit d’obligation et dans ce cas le préalable est d’engager la
responsabilité du pollueur. Tout en prenant acte de cette évolution doc-

623
Mubalama Zibona, J.C. Responsabilité, solidarité, sécurité. À la recherche
d’un mécanisme de socialisation des risques liés à la contamination par le virus
du SIDA en Afrique sub-saharienne, Thèse de doctorat, Université catholique de
Louvain, 2005.
624
Flour J, Aubert J.L & Savaux E., Les obligations, vol. II, 13ème édition, Le
fait juridique, Sirey, Paris, 2009, p. 79.
625
Ibidem.
626
Savatier R., Traité de la responsabilité civile en droit français, LGDJ, Paris,
2000, p. 45.
428 Traité de droit de l’environnement

trinale, « la faute était maintenue comme condition et fondement de la


responsabilité civile. Ceci, en application du principe : pas de responsa-
bilité civile sans faute. On peut cependant admettre que, dans certaines
conditions, il soit urgent de secourir les victimes en établissant une res-
ponsabilité en dehors de toute faute ».627 Cela a été confirmé notamment
par le Tribunal de grande instance de Monatélé au Cameroun où le juge
a reconnu la « responsabilité sans faute dont seules les conséquences
objectives saisissent le Tribunal qui les appréciera par rapport à un tel
contexte ».628
La non-observation ou la mauvaise application des mesures de pré-
vention et/ou de précaution pourrait favoriser l’extension de la respon-
sabilité pour faute. La faute s’entend dans ce cadre comme l’absence de
mesures de prévention, qui consistent en des actions sur le dommage lui-
même, soit qu’il se manifeste par une menace imminente, c’est-à-dire,
relevant d’une probabilité suffisante pour qu’il survienne dans un avenir
proche, soit que son existence est établie, mais avec la possibilité d’en
réduire l’impact et l’importance.629
Dans un autre registre, Boris Stack630 s’est appesanti sur la théorie de
la garantie comme une solution idoine à l’antagonisme des théories de la
faute et du risque. La victime retrouve sa place car désormais l’attention
n’est plus portée uniquement du côté de l’auteur du dommage.
La victime a des droits qui doivent être garantis notamment le droit à
la réparation de toute atteinte à sa personne ou à son patrimoine. Dans le

627
Geneviève Viney, Le déclin de la responsabilité individuelle, Paris, 1965,
p. 12 ; Starck Boris, « Domaine et fondement de la responsabilité sans faute »,
Revue trimestrielle de droit civil, 1958, p. 475.
628
Tribunal de grande instance de Monatélé, Jugement no 11/civ. Du 4 juin
2001 in Parfait Oumba, Op. Cit. p. 132.
629
Sabin Mande M., Op. Cit., p. 248.
630
La responsabilité fondée sur le risque et la garantie, cours de droit.net,
https://cours-de-droit.net/la-responsabilite-fondee-sur-le-risque-et-la-garantie-
a126822778/
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 429

cas d’espèce, il n’y a pas de faute à exiger du responsable. La faute qui,


jusque-là, permettait l'identification du responsable était devenue un
obstacle à l'indemnisation de la victime car, si la victime n'arrivait pas à
prouver la faute, elle se retrouvait sans réparation. Au final, le domaine
de la responsabilité subjective s'est considérablement restreint au profit
des cas de responsabilité objective qui continuent à se multiplier.631
Aujourd'hui, c'est bien plus le dommage qui engendre la responsabi-
lité civile que le comportement du responsable. Il va alors apparaître le
souci corollaire de ne plus faire peser le poids de la réparation sur les
seuls responsables. On va se mettre à assister au déclin de la responsabi-
lité individuelle parallèlement à la socialisation des risques qui est la
thèse défendue par Geneviève.632 Cette socialisation des risques a con-
tribué à répartir le poids de l'indemnisation des dommages sur la collec-
tivité tout entière. Elle s'est mise en place par les mécanismes de
l’assurance et de la socialisation des risques. Ainsi, parmi les méca-
nismes de socialisation des risques, on épingle le fonds de garantie (ou
indemnisation). Ce qui permet d'éviter que les victimes ne supportent le
poids de l'insolvabilité du responsable (par exemple, lorsque le respon-
sable n'est pas assuré ou lorsqu'il n'est pas identifié, ou lorsque
quoiqu’identifié, il n’est pas en mesure de supporter le poids de la répa-
ration). La sécurité sociale apparait comme ici comme une expression et
un symbole de la solidarité sociale en matière de responsabilité civile. Il
est envisagé ici les mécanismes de paiement par les tiers (assureur, un
fonds d’intervention pour l’environnement ou garantie financière), les
coûts n’étant pas supportés directement par le pollueur par exemple.633

631
Kangulumba Mbambi V., Indemnisation des victimes des accidents de circu-
lation et assurance de responsabilité civile automobile. Étude de droit comparé
belge et congolais, Thèse de doctorat, Louvain-La-Neuve, Bruylant, 2002.
632
Geneviève Viney, Op. Cit., p. 12 ; Starck Boris, « Domaine et fondement de
la responsabilité sans faute », Revue trimestrielle de droit civil, 1958, p. 12.
633
L’assurance garantit l’indemnisation des victimes contre l’insolvabilité acci-
dentelle ou organisée du pollueur. L’assureur est garant des pertes et dommages
430 Traité de droit de l’environnement

L’idée derrière cette grande réflexion est de renforcer la responsabilité


objective, une responsabilité non attachée à la faute. La protection de la
victime a désormais pris une ampleur significative en garantissant son
indemnisation.634 Les prescrits du Code Minier et du Règlement Minier
promeuvent cette évolution doctrinale en ces termes :

Tout titulaire d’un droit minier et/ou des carrières est responsable des
dommages aux personnes, aux biens et à l’environnement du fait de ses
activités minières, même en l’absence de toute faute ou négligence. Il est
tenu à les réparer. Il ne peut être exonéré que s’il apporte la preuve que
ces dommages proviennent d’une cause étrangère à son activité minière.
Le Règlement minier fixe les modalités de la réparation. … Cette res-
ponsabilité objective vise à protéger l’être humain, les biens et

causés par des personnes dont l’assuré est civilement responsable, quelle que
soit la nature ou la gravité des fautes de ces personnes, ou par des choses qu’il a
sous sa garde. L’ordre juridique congolais en matière d’environnement
n’organise pas un mécanisme d’assurance environnementale ou de pollution.
Au-delà des garanties financières qui sont des fonds placés pour combler la
défaillance de l’obligataire de la remise en état du site après incident ou après
exploitation ou cessation des activités (secteurs forestiers et miniers en RDC),
un fonds d’intervention pour l’environnement est prévu (article 25 de la Loi N°
11/009 du 9/7/2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l’environnement). Anne-Gwenn A., Risques environnementaux, approches
juridiques et assurantielles, Europe et Amérique du Nord, éd. Bruylant,
Bruxelles, 2007, p. 54 ; Faune Michel, L’analyse économique du droit de
l’environnement, éd. Bruylant, Bruxelles, 2007, p. 200 ; Sabin Mande M., Op.
Cit., pp. 264-267 ; Patrick Momal, La responsabilité environnementale, docu-
ment de travail, Direction des études économiques et de l’évaluation environne-
mentale, Série synthèse, No 01-S03, Ministère de l’aménagement du territoire et
de l’environnement,
https://www.youscribe.com/BookReader/Index/2357627/?documentId=2335050
634
Idem.
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 431

l’environnement du fait du caractère potentiellement dangereux des acti-


vités minières industrielles.635

Deux éléments de la responsabilité environnementale sont ici envi-


sagés : une responsabilité sans faute et une responsabilité qui mérite
d’être universelle. Dans l’acception d’une responsabilité environnemen-
tale sans faute, la charge de la preuve pourra incomber au pollueur qui
est généralement le plus puissant. Il pourrait de sa part se retourner vers
d’autres responsables éventuels. Les victimes sont ici dispensées du
poids de l’action en justice. Dans l’acception d’une responsabilité uni-
verselle, elle s’appliquerait à tous avec beaucoup plus de clarté et de
transparence qu’en la restreignant à une liste d’activités ou à des zones
géographiques.636
« Pas de préjudice, pas d’actions »,637 sans dommage, pas de répara-
tion ; le préjudice ou le dommage est une des conditions substantielles
pour engager la responsabilité de quelqu’un. Cependant, tous les dom-
mages que suscitent la vie en société ne donnent pas nécessairement lieu
à réparation. Toute réparation exige que le dommage ait un caractère
certain,638 direct,639 légitime de l’intérêt et ne doit avoir été déjà réparé.
640

635
Article 405 bis du Règlement Minier de 2003 tel que révisé en 2018 ; Article
285 bis de la Loi no 18/001 modifiant et complétant la Loi no 007/2002 du 11
juillet 2002 portant Code minier.
636
Momal Patrick, La responsabilité environnementale, document de travail,
Direction des études économiques et de l’évaluation environnementale, Minis-
tère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, France, pp. 8 & 13,
http://www.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Etude_Im
pact_cle7abd69-1.pdf
637
Letourneau P., La Responsabilité civile, Dalloz, Paris, 1982, p. 156.
638
Esmein V., Le prix d’une espérance de vie, D. Chronique, 1962, p. 151 ;
Boré J., L’indemnisation pour les chances perdues : une forme d’appréciation
quantitative de la causalité d’un fait dommageable, JCP, 1974, p. 34 ;
639
Terré F. et alii, Droit civil : Les obligations, 7ème édition, Paris, Dalloz, 1999,
p. 635 ; Montanier J., L’incidence des prédispositions de la victime sur la causa-
432 Traité de droit de l’environnement

Le dommage doit être certain veut dire que le dommage doit exister.
Il faut aller plus loin et considérer qu’un préjudice futur, au-delà du
dommage actuel, peut, lui aussi, être considéré comme certain, surtout si
son évaluation est possible.641
Le dommage doit être direct. C’est-à-dire qu’il doit être la suite di-
recte du fait pour lequel une personne est poursuivie. L’exigence du
caractère direct du dommage appelle deux précisions importantes :
L’une est sous l’aspect négativement et l’autre positif. Sur le plan néga-
tif, il ne faut pas déduire qu’à côté de la victime principale du dommage,
le chargé de famille par exemple, ne puisse pas exister d’autres victimes,
plus éloignées et qui souffrent de ses blessures ou de sa mort, matériel-
lement ou moralement.642 Sur le plan positif, l’exigence d’un dommage
direct n’est qu’une des faces d’un autre problème, celui de la relation de
causalité entre le fait dommageable et le dommage. Dire que le dom-
mage doit être direct c’est considérer, en d’autres termes, qu’il doit y
avoir entre l’un et l’autre un lien suffisant de causalité.
Le caractère légitime de l’intérêt ne fait que prolonger l’idée d’une
règle de droit processuel consacrée par les textes légaux en matière de
responsabilité civile. Toute action en justice n’est certainement ouverte
qu’à ceux qui ont un intérêt jugé de légitime à agir.
Le préjudice ne doit avoir été déjà réparé car un préjudice ne peut
être réparé deux fois. S’il a déjà connu une réparation, la victime n’est
plus fondée à solliciter une indemnisation pour le même dommage de-

lité du dommage, Grenoble, 1981, p. 45 ; Nguyen J., « L’influence des prédispo-


sitions de la victime sur l’obligation à réparation du défendeur à l’action en
responsabilité », Revue trimestrielle de Droit civil, 1976, p. 1.
640
Vidal J., La réparation du préjudice issu de la perte de chance : Cas de la
mort d’un des conjoints, LGDJ, Paris, 1980, p. 23.
641
Esmein V., Op. Cit., p. 34.
642
Terré F. et alii, Op., Cit., p. 635.
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 433

vant le juge.643 Ce qui n’est rien d’autre que l’application du principe


non bis idem.
En effet, un dommage peut être corporel, matériel ou moral. Un
dommage corporel est toute atteinte portée à l’intégrité physique de la
personne : les blessures plus ou moins graves et à plus forte raison la
mort. Ces dommages appellent l’indemnisation de la victime. Mieux
vaut dire indemnisation que réparation car on ne ressuscite pas les
morts, et il est malaisé de rendre à l’amputé son bras ou sa jambe.644
Pour le préjudice corporel, la notion est trop étendue car on inclut aussi
dans cette catégorie les souffrances physiques, passées ou futures subies
par la victime.645 Le dommage matériel est celui qui se traduit par une
perte évaluable pécuniairement, il s’agit d’un préjudice patrimonial.646
Le préjudice moral est celui qui ne se traduit point par une perte en ar-
gent parce qu’il porte atteinte à un droit extrapatrimonial. Terré François
considère que lorsque le préjudice subi cesse d’être corporel ou matériel
et revêt un caractère extrapatrimonial, sa réparation peut susciter des
objections, soit d’une manière générale parce qu’il est alors singulière-
ment difficile d’aménager une réparation adéquate, soit de manière plus
particulière, lorsqu’il s’agit d’une douleur morale, car il peut être cho-
quant d’aller en quelque sorte monnayer ses larmes devant les tribu-
naux.647

643
Vidal J., Op. Cit., p. 23.
644
Gasigwa H., Le droit et la morale dans l’indemnisation des dommages cor-
porels, Bukavu, CERUKI, 2000, p. 34 ; Christian Assale, Le droit du dommage
corporel, système d’indemnisation, Dalloz, 1990, p. 12 ; Lambert Y., Des préju-
dices réfléchis nés de l’atteinte à la vie ou à l’intégrité corporelle, LGDJ, 1990,
p. 5 ; François Terré, Op. Cit., p. 640.
645
Guidon M., Le préjudice esthétique, LGDJ, Paris, 2006, p. 45.
646
Chabas F., Leçon de droit civil : obligations, théorie générale, Montchres-
tien, Paris, 1991, p. 420.
647
Ripert G., Le prix de la douleur, Chronique, Paris, 1948, p. 3 ; Kennedy
Kihangi Bindu, « Le droit à la réparation des victimes des crimes internationaux
dans la jurisprudence de la Cour pénale internationale », Op. Cit., p. 14.
434 Traité de droit de l’environnement

Il est évident que l’atteinte à l’environnement fait naître des préju-


dices de nature matérielle, économique et morale. Le préjudice matériel
peut consister en des frais déboursés pour la remise en état d’un site
pollué. Tel est le cas du préjudice matériel établi dans l’affaire Erika
consistant dans « les frais de remise en état, tels les frais liés au net-
toyage des sites, au sauvetage de la faune ou à la restauration des infras-
tructures ou encore les atteintes à l’outil de travail ».648 Tous les frais qui
seraient engagés dans le cadre de prévention ou de cessation destinés à
éviter que le préjudice ne s’aggrave ou tente d’en réduire les consé-
quences sont ici considérés comme faisaient partie des préjudices maté-
riels réparables. Le préjudice matériel peut aussi consister dans la perte
de jouissance lorsqu’il est fait état de l’indisponibilité d’un bien pendant
une période déterminée.649 La Cour d’appel de Paris, dans l’affaire Eri-
ka, a rappelé, par exemple, le fait que le préjudice économique couvre
« l’ensemble des pertes de revenus et des gains manqués, tels les pertes
de marchés, les manques à gagner ou les pertes de chiffre d’affaires ».650
Le préjudice moral est envisagé dans l’hypothèse de la perte de valeur
des biens (meubles et immeubles) situés à proximité d’un site pollué. Ce
préjudice moral bien évidemment des personnes physiques est aussi
évoqué dans l’affaire susmentionnée sous la forme d’une « souffrance
morale ou d’une affection ».651 Certes, il se pose encore de controverses
énormes autour d’un éventuel préjudice moral d’une personne morale à
l’instar d’une association (atteinte à l’objet social).

648
Mustapha Mekki, Responsabilité civile et droit de l’environnement : Vers un
droit de la responsabilité environnementale, pp. 16-17,
https://mustaphamekki.openum.ca/files/sites/37/2017/05/redaction-Resp onsabi-
lite-civile-et-droit-de-l%E2%80%99environnement.pdf (consulté le 7/7/2022).
649
Idem.
650
Idem.
651
Idem.
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 435

La législation congolaise en matière de responsabilité environnemen-


tale aborde la question d’un dommage causé à l’environnement et à la
santé en ces termes :

Sans préjudice des peines applicables pour infractions à la présente loi et


ses mesures d’exécution, est responsable toute personne qui, par
l’exercice de ses activités, a causé un dommage à l’environnement et à
la santé en violation de la présente loi ».652

Deux notions importantes ressortent de cette disposition : l’atteinte à


l’environnement et celle à la santé de l’homme résultant de l’atteinte à
l’environnement. Un distinguo mérite d’être fait entre un dommage
causé aux personnes et celui causé aux choses par le milieu dans lequel
elles vivent, d’une part, et le dommage subi par le milieu naturel, indé-
pendamment des intérêts corporels ou matériels lésés : c’est le dommage
écologique pur. Cela renvoie à deux notions différentes : les préjudices
environnementaux et les préjudices classiques (corporels et matériels).653
Le préjudice écologique pur se présente comme un préjudice imperson-
nel. Il a été ainsi pressenti dans l’affaire Erika où les juges évoquaient
« une véritable agression, particulièrement traumatisante et un trouble
grave dans son bien-être, étroitement lié au sentiment d’harmonie avec
la nature ». Ce préjudice écologique pur peut être analysé comme la
traduction d’un droit réel ou l’atteinte à un droit d’usage collectif.654 Les
spécificités du dommage écologique pur sur les plans économiques et
juridiques font qu’on envisage des nouvelles catégories de dommage
autonome. Saisir le dommage écologique pur suppose de connaître la

652
Article 68 de la Loi N° 11/009 du 9/7/2011 portant principes fondamentaux
relatifs à la protection de l’environnement.
653
Sabin Mande M., Op. Cit., pp. 216-247.
654
Mustapha Mekki, Responsabilité civile et droit de l’environnement : Vers un
droit de la responsabilité environnementale, p. 17,
https://mustaphamekki.openum.ca/files/sites/37/2017/05/redaction-Res ponsabi-
lite-civile-et-droit-de-l%E2%80%99environnement.pdf (consulté le 7/7/2022).
436 Traité de droit de l’environnement

valeur que l’économie attribue à l’environnement et plus particulière-


ment aux actifs environnementaux.655 Aux termes du Règlement minier
congolais, le titulaire d’un droit minier et/ou de carrières est responsable
de dommages causés aux personnes, aux biens et à l’environnement par
ses activités minières.656 Une lecture minutieuse des termes de l’article
68 précité du Règlement minier de 2003 tel que modifié et complété en
2018 révèle combien il semble être difficile, selon Sabine Mande,657 de
déterminer le seuil de gravité des dommages écologiques. Les consé-
quences dommageables d’une atteinte à l’environnement, qui sont irré-
versibles, cumulatives et synergiques se manifestent bien au-delà du
voisinage et sont collectives par leurs causes et leurs effets, et ces con-
séquences sur la santé de l’homme peuvent apparaître des années plus
tard notamment en matière de pollution. On doit donc prendre en consi-
dération les dommages directs ou indirects dus aux pollutions et aux
dégradations de l’air, de l’eau, du sol, du sous-sol, de la faune et de la
flore, et aux nuisances.
Ayant une attention à l’auteur du dommage, les articles 68 et 70 de la
Loi no 11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à
la protection de l’environnement rappellent respectivement que :

… Est responsable toute personne qui, par l’exercice de ses activités, a


causé un dommage à l’environnement et à la santé en violation de la
présente loi. Sans préjudice des peines applicables pour infractions à la
présente loi et ses mesures d’exécution, l’exportateur ou l’importateur
des déchets est responsable des dommages résultant d’un accident ou in-

655
Irenge Balemirwe Victor, De l’établissement des responsabilités pénale et
civile pour fait du dommage écologique en droit congolais, mémoire de DEA,
Université libre des Pays des grands lacs, 2016, pp. 83-108.
656
Article 405 ter du Règlement minier de 2003 tel que modifié et complété par
le Décret N° 18/024 du 8/6/2018.
657
Prieur Michel, Droit de l’environnement, 6ème édition, Dalloz, Paris, 2011, p.
1051.
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 437

cident survenu au cours d’un mouvement transfrontière des déchets


jusqu’au moment où l’éliminateur en prend possession. L’éliminateur
des déchets est responsable des dommages résultant d’un accident ou in-
cident survenu au cours de leur élimination. Les demandes
d’indemnisation sont recevables si elles sont présentées dans un délai de
dix ans à partir de la date à laquelle a eu lieu l’accident ou l’incident ou
dans un délai de cinq ans à compter de la date à laquelle le demandeur a
eu connaissance ou a normalement dû avoir connaissance des dom-
mages.

Il s’agit ici d’un exploitant, personne physique ou morale, (produc-


teur, transporteur, manipulateur, exportateur, émetteur, importateur, …).
Il est aussi, bien évidemment, envisagé la responsabilité de l’État en cas
de dommage causé à l’environnement et à la santé suite à l’absence de
certaines mesures appropriées qu’il était censé prendre pour prévenir,
atténuer, et éliminer les effets nuisibles sur l’environnement et la santé
des produits chimiques, des pesticides dangereux et des polluants orga-
niques persistants.658
La protection de l’environnement exige des mesures fortes qui peu-
vent être prises pour prévenir le dommage ou le réparer car tout dom-
mage environnemental nécessite une réparation à juste titre. Les particu-
larités des dommages environnementaux ne cessent d’enrichir et de
révolutionner les modes de réparation du préjudice en droit de la respon-
sabilité civile.
Pour obtenir réparation, la victime devra, en règle générale intenter
une action contre celui qu’elle considère responsable du fait fautif en-
traînant le dommage qu’elle subit. En vue d’accélérer l’indemnisation, il
est possible d’envisager différents mécanismes notamment celui de
l’assurance. Tout doit cependant partir de l’évaluation du dommage qui
soulève généralement deux difficultés : l’une de date, c’est-à-dire à quel

658
Article 53 de la Loi N° 11/009 du 9/7/2011 portant principes fondamentaux
relatifs à la protection de l’environnement.
438 Traité de droit de l’environnement

moment se placer pour évaluer le préjudice ; l’autre de méthode, soit


comment procéder lors de l’évaluation.
En fait, entre le moment où le dommage s’est réalisé et celui où le
juge se prononcera sur la réparation, le dommage peut avoir connu des
changements énormes, ou en d’autres termes il peut fortement varier.
Non seulement son importance peut avoir augmenté (aggravation de
l’état de santé de la victime) ou diminué (consolidation des blessures),
mais son existence même peut être remise en cause (disparition du pré-
judice). Il est de principe que c’est au jour où la réparation sera allouée,
qu’il faudra se placer pour évaluer le préjudice. Cette démarche paraît
logique puisque le juge est ainsi en mesure d’apprécier ce que fut, ce
qu’est, voire ce que sera le dommage subi. Il pourra notamment tenir
compte de chefs de préjudice tardivement apparus et, cependant, causés
par le fait du responsable. Il peut, cependant, être rappelé le fait que la
réparation sera due au blessé, même si, au jour du jugement, il marche
de nouveau sur ses deux jambes. En fait, la détermination exacte de
l’importance du dommage n’est toujours pas aisée. Le recours aux ex-
perts n’est pas aussi exclu.659 Le principe reste celui de la réparation
intégrale du dommage, dont le respect est garanti, en cas de pluralité de
responsables, par le mécanisme particulier de l’obligation in solidium.
Cela est envisagé à l’article 69 de la Loi du 9 Juillet 2011660 qui dis-
pose :

Toute personne physique ou morale est, non seulement civilement res-


ponsable des condamnations pour les infractions commises en violation
de la présente loi et de ses mesures d’exécution par ses préposés dans les
limites de ses activités, mais aussi solidairement responsables du paie-

659
Kahindo Nguru Aristide, Éléments de droit civil des obligations, Troisième
année de graduat, faculté de Droit, ULPGL, inédit, 2016, p. 116 cité par Irenge
Balemirwe Victor, Op. Cit., p. 71.
660
Loi N° 11/009 du 9/7/2011 portant principes fondamentaux relatifs à la pro-
tection de l’environnement.
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 439

ment des amendes et frais résultant des mêmes condamnations, à moins


de prouver qu’elle était dans l’impossibilité d’empêcher la commission
de l’infraction.

La victime doit obtenir réparation de tout le dommage. Le but de la


responsabilité civile est, en effet, de rétablir aussi exactement que pos-
sible l’équilibre détruit par le dommage et de replacer la victime, aux
dépens du responsable, dans la situation où elle se serait trouvée si l’acte
dommageable ne s’était pas produit.661 La question devient très com-
plexe lorsqu’il s’agit de procéder à l’évaluation d’un dommage écolo-
gique pur : comment le juge peut évaluer le prix d’un bien considéré
comme gratuit, en l’occurrence la nature, mieux l’environnement et dans
quelle forme il peut mettre en œuvre cette réparation.662
La doctrine retient deux types de réparation : d’une part, une répara-
tion en nature, et, d’autre part, une condamnation à des dommages et
intérêts. Ces deux types de mesures peuvent se cumuler afin d’assurer la
réparation intégrale du préjudice. Le préjudice écologique présente une
particularité car, comme pour d’autres types de dommages, le but de la
réparation est de remettre l’environnement en l’état. Le principe prépon-
dérant étant celui de la réparation en nature. Celle-ci n’étant pas toujours
possible ou opportune, le versement de dommages et intérêts peut jouer
un rôle complémentaire sous condition qu’ils soient affectés exclusive-
ment à la réparation de l’environnement dégradé. Le juge jouit ici d’une
liberté de choisir le mode de réparation le plus adéquat afin de rétablir la
situation qui existait avant la survenance du dommage. Compte tenu de
la nature du préjudice écologique et du but poursuivi, le principe de la
priorité à la réparation en nature, dérogeant ainsi au droit commun de la
responsabilité civile, reste l’option fondamentale. Bien que le choix
d’une telle priorité puisse prêter à discussion puisque toute réparation en

661
Alex Weil & François Terré, Droit civil, les obligations, 4ème édition, Dalloz,
Paris 1986, p. 452.
662
Irenge Balemirwe Victor, Op. Cit., pp. 108-117.
440 Traité de droit de l’environnement

nature impliquera un financement soit par l’auteur du dommage, soit par


un tiers, il demeure important de considérer que tel est le principe qui
devrait guider la réparation des dommages environnementaux. Considé-
rant qu’il s’agit de procéder à la réparation d’une atteinte à un bien
commun, la réparation doit faire l’objet d’un contrôle rigoureux par
l’administration ou par le juge. Il devra certainement s’agir d’un juge
qui a l’expertise requise, suffisamment éclairé et informé en la matière.
L’objectif étant ici de s’assurer du caractère intégral de la réparation
ordonnée.663
Au-delà de la réparation en nature, il est envisagé une réparation pé-
cuniaire pour les dommages environnementaux, tant du point de vue
collectif que du point de vue individuel. Le principe de la réparation par
équivalent pécuniaire des atteintes à l’environnement est parfois discuté.
En effet, ce type de dommages ne pourrait pas être réparé sous la forme
d’une somme d’argent étant donné que l’environnement naturel, consti-
tué de res nullius et de res communes, est dépourvu de toute valeur mar-
chande. Malgré cela, la réparation pécuniaire des atteintes causées à
l’environnement est monnaie courante. Il n’empêche que cette forme de
réparation est problématique et ce en raison, d’une part, des difficultés
d’évaluation des atteintes à l’environnement et, d’autre part, du principe
de la libre disposition de l’indemnisation. Comment évaluer par exemple
un écosystème marin altéré par une pollution aux hydrocarbures ?664
S’agissant plus précisément de l’évaluation des atteintes à
l’environnement à titre symbolique, on ne peut manquer d’y voir le
révélateur de la difficulté qu’éprouvent les juges du fond à chiffrer un
préjudice qui n’est pas de nature pécuniaire. Dans tous les cas, pronon-
cer des condamnations symboliques pour atteintes à l’environnement
revient à refuser purement et simplement d’évaluer le préjudice.

663
Ibidem, Op. Cit, p. 146.
664
Ibidem, pp. 147-148.
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 441

Il reste cependant à savoir ce que recouvre exactement le concept de


réparation symbolique. Quant au point de savoir s’il existe des méthodes
d’évaluation des atteintes à l’environnement mises en œuvre par le juge
judiciaire, on s’aperçoit que la plupart du temps le montant de la répara-
tion fait l’objet d’une évaluation forfaitaire. L’évaluation des atteintes à
l’environnement est empirique et peut conduire inévitablement à des
inégalités selon les juridictions. Ne faudrait-il pas alors réfléchir à la
mise en place par voie réglementaire de véritables référentiels
d’évaluation à la disposition des juges ? Ces référentiels serviraient de
guide pour le juge judiciaire tout en lui laissant une marge
d’appréciation eu égard aux spécificités des espèces qui lui sont sou-
mises.665
La législation congolaise environnementale bien qu’elle organise la
responsabilité environnementale, elle ne définit pas les mécanismes de
réparation des dommages environnementaux. Le juge est livré à un
exercice de pionnier d’un système d’évaluation qui, malheureusement,
peut ne pas refléter la réalité du dommage subi.666 Il est ainsi possible de
faire recours au droit de la responsabilité civile667 notamment aux dispo-
sitions du Code civil livre III (articles 258, 259 & 260).

Article 258 du CCL III :

Tout fait quelconque de l’homme, qui cause préjudice à autrui, oblige


celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer.

Article 259 du CCL III :

Chacun est responsable du dommage qu’il a causé non seulement par


son fait, mais par sa négligence ou par son imprudence.

Article 260 du CCL III :

665
Irenge Balemirwe V., Op. Cit., pp. 149-151.
666
Sabin Mande M., Op. Cit., p. 263.
667
Parfait Oumba, Op. Cit., p. 133.
442 Traité de droit de l’environnement

On est responsable non seulement du dommage que l’on cause par son
propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes
dont on doit répondre, ou des choses que l’on a sous sa garde.

Consécutivement à ces dispositions, il est possible d’établir les res-


ponsabilités des uns et des autres en cas de dommages causés à
l’environnement et à l’homme d’une manière holistique. Cela donne
ouverture à une responsabilité civile dans un contexte environnemen-
tal. Il se dégage un besoin urgent de revisitation du code civil congolais
livre III (CCL III) qui devra intéger de manière explicite les préoccupa-
tions environnementales, particulièrement l’action en réparation du
préjudice écologique, à l’instar notamment du Code Civil Français dans
sa modification du 2 mars 2022 (articles 1245-16 à 1252) et son Code de
l’environnement dans sa modification du 19 juin 2022 (articles L.142-1
à L.152-1).

6.3 Responsabilité pénale en matière d’environnement

L’ordre juridique congolais en matière d’environnement prévoit des


incriminations et des sanctions pénales dans différents secteurs. Il en est
ainsi, par exemple, des dispositions pénales dans le secteur de la forêt
(Titre IX du Code forestier de 2002), de l’eau (Titre IX de la Loi du 31
décembre 2015), de la conservation de la nature (Titre V de la Loi du 11
février 20 & 4), des hydrocarbures (Titre VII de la Loi du 1er août 2015),
et de l’électricité (Titre IX de la Loi du 17 juin 2014). Il en est de même
du chapitre 8 sur les infractions et peines de la Loi du 9 juillet 2011
portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l’environnement. Toutes ces dispositions doivent être appliquées par le
juge pour assurer une protection efficace de l’environnement. Il est
organisé des sanctions pécuniaires, la servitude pénale et des mesures
spéciales telles que la remise en état d’un site. Toute cette démarche
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 443

répond au principe constitutionnel de la légalité des délits et des peines


et de celui de la responsabilité pénale individuelle ou personnelle.668
En matière d’environnement, la législation congolaise dans sa di-
mension pénale incrimine « toute personne », sans distinction de qualité,
qui porterait atteinte à l’environnement ou à un élément de
l’environnement. Les personnes ayant influencé la commission d’une
infraction ou ayant de l’autorité ou des pouvoirs sur le délinquant écolo-
gique direct ou matériel peuvent engager leur responsabilité pénale. Cela
trouve son assise de pensée dans la notion d’auteur moral ou intellectuel
de l’infraction notamment la personne physique dirigeante ayant donné
l’ordre ou le moyen pour la commission de l’infraction.669
En droit congolais, seuls les dirigeants (personnes physiques) pour-
ront pénalement répondre de la responsabilité pénale d’une personne
morale dans une hypothèse où il y a des faits infractionnels qui font
penser à la personne morale. Le principe est que la personne morale ne
peut engager sa responsabilité pénale.670 Ce principe a connu une cer-
taine évolution en RDC au travers quelques lois particulières. À titre
illustratif, l’article 8 de l’ordonnance-loi n° 68/71 du 1er mai 1968 por-
tant réquisition des médecins congolais punit « … toute personne qui
aura engagé un médecin requis ou l’aura effectivement maintenu dans
son emploi. Si le coupable est une personne morale, les peines seront
appliquées aux personnes chargées de la direction ou de l’administration
de l’établissement ».671 Dans d’autres textes législatifs, la personne
morale est déclarée comme devant répondre des amendes prononcées

668
Article 17 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée en 2011.
669
Sabin Mande M., Op. Cit., p. 271 ; Article 75 de la Loi sur la Loi N° 14/003
du 11 février 2014 relative à la Conservation de la Nature.
670
Kakule Kalwahali Charles, Droit pénal général, Éditions Blessing, Ouganda
2017, pp. 148-166.
671
Ordonnance-loi n° 68/71 du 1er mai 1968 portant réquisition des médecins,
http://extwprlegs1.fao.org/docs/pdf/Cng189499.pdf, Kakule Kalwahali Charles,
Idem.
444 Traité de droit de l’environnement

contre ses organes et préposés. Il est même fait mention de la responsa-


bilité pénale de la personne morale. Tel est le cas de l’article 11 de
l’ordonnance-loi 67/272 du 23 juin 1967 relative au change qui dispose
que « l’infraction à la réglementation du change est réputée existante
dans le chef de toutes les personnes physiques et morales intervenant
directement ou indirectement dans le fait qui la
672
rise ». L’application des sanctions aux personnes morales est aussi
prévue par d’autres textes à l’instar de l’ordonnance-loi n°68/010 du 6
janvier 1968 relative aux droits de consommation et régime des boissons
alcooliques telle que modifiée par l’ordonnance-loi n°68/192 du 2 mai
1968 (article 29, alinéa 4). Il est donc actuellement envisagé une respon-
sabilité pénale d’une personne morale à l’exclusion de l’État. Cette
assertion est soutenue par Marie Amélie Delvaux, la responsabilité pé-
nale des personnes morales ne s’applique pas à certaines personnes
morales du droit public tel que l’État. Cela n’est possible qu’à l’égard
des entreprises ou établissements publics de l’État.673
Pour que soit engagé la responsabilité pénale d’une personne morale,
entité juridique abstraite, il faut que l’infraction ait été commise par une
personne physique. À cette condition, trois autres sont ajoutées :

- La responsabilité pénale n’existe qu’en vertu de la loi ou du règlement


et, dans ce sens, elle répond au principe de la spécialité. Elle n’est donc
pas générale … la responsabilité pénale des personnes morales ne
pouvait être engagée que sur le fondement des infractions pour les-
quelles un texte prévoyait expressément son application aux personnes
morales … la législation environnementale congolaise laisse une ou-
verture qui va au-delà de cette restriction. La loi utilise le terme géné-

672
Ordonnance-loi 67/272 du 23 juin 1967 relative au change.
673
Marie Amélie Delvaux, La responsabilité pénale des personnes morales en
droit Français,
https://researchportal.unamur.be/en/publications/la-responsabilité-pénale-des-
personnes-morales-en-droit-français-
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 445

rique : « toute personne qui », « tout exploitant d’une installation clas-


sée », « toute personne qui réalise ou contribue à la réalisation »,
« quiconque », etc. l’exploitant peut être une personne morale ou une
personne physique ; le réalisateur d’une étude d’impact environnemen-
tal peut être une personne morale ou une personne physique … il re-
viendra au juge répressif d’apprécier la responsabilité de la personne
morale par rapport aux infractions ou au non-respect de la loi et du rè-
glement.
- L’infraction ne peut être commise que par un organe ou un représen-
tant de la personne morale. L’organe désigne toute personne ou orga-
nisme collégial que la loi ou les statuts nomment à une fonction au sein
de la société (directeur général, président du conseil d’administration,
assemblée générale, conseil municipal, conseil d’administration, admi-
nistrateur, gérant, …). Les représentants sont des personnes qui ne sont
pas des organes, mais qui sont investies d’un pouvoir par un des or-
ganes pour représenter la personne morale.
- L’infraction doit être commise pour le compte de la personne morale.
La responsabilité pénale de la personne morale ne pourra être retenue
que si l’infraction commise par un organe ou un représentant l’a été
pour le compte de la personne morale … l’infraction a été commise
pour le compte de la personne morale lorsqu’elle a été réalisée par la
personne physique à l’occasion d’activités destinées à mettre en œuvre
les activités de la personne morale, donc dans l’intérêt ou au profit de
celle-ci, sans que très naturellement, en agissant la personne physique
ait poursuivi des fins personnelles. Mais la responsabilité pénale des
personnes morales n’exclut ou n’interdit pas la mise en cause de celle
des personnes physiques auteurs ou complices. La règle du cumul est
donc admise.674

674
Sabin Mande M., Op Cit., pp. 273-274 ; Nérac Croisier Roselyne (S/dir),
Sauvegarde de l’environnement en droit pénal, Harmattant, Paris, 2006, p. 103 ;
Prieur Michel, Droit de l’environnement, 6ème édition, Op. Cit., p. 1026 ; Emma-
446 Traité de droit de l’environnement

Bien que la responsabilité pénale soit envisagée dans le cadre d’une


personne morale, il est hors de question d’envisager qu’une personne
morale fasse l’objet d’une peine de prison. En d’autres termes, les per-
sonnes morales ne sont pas passibles de la servitude pénale quand bien
même leur responsabilité pénale serait retenue. En matière
d’environnement, les dommages sont généralement imputables à des
personnes morales ou institutions exerçant des activités polluantes. Les
sanctions pécuniaires, des amendes colossales, sont généralement pro-
noncées en vue de décourager des attitudes contraires à la loi. C’est en
cela qu’il est envisagé, à l’article 69 de la Loi n° 11/009 du 9 juillet
2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l’environnement, le cas du civilement responsable :

Toute personne physique ou morale est, non seulement civilement res-


ponsable des condamnations pour les infractions commises en violation
de la présente loi et de ses mesures d’exécution par ses préposés dans les
limites de ses activités, mais aussi solidairement responsable du paie-
ment des amendes et frais résultant des mêmes condamnations, à moins
de prouver qu’elle était dans l’impossibilité d’empêcher la commission
de l’infraction.

Les infractions à la loi sont généralement recherchées et constatées


par les fonctionnaires et agents assermentés de l’organisme public
comme cela est prévu notamment aux articles 70675 de la Loi sur la con-

nuel Daoud & Clarisse Le Corre, La responsabilité pénale des personnes mo-
rales en droit de l’environnement,
https://vigo-avocats.com/wp-content/uploads/article/s5/id416/822b1ed7242d61
ffc790a2a6c6c93fd7.pdf (consulté le 8/7/2022).
675
« Sans préjudice des prérogatives reconnues par la loi à l’officier du minis-
tère public et à l’officier de police judiciaire à compétence générale, les infrac-
tions à la présente loi et à ses mesures d’exécution sont recherchées et constatées
par les fonctionnaires et agents assermentés de l’organisme public visé à l’article
36 et de l’autorité nationale compétente visée à l’article 52 de la présente loi ».
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 447

servation de la nature du 11 février 2014 et 109676 de la Loi du 31 dé-


cembre 2015 sur l’eau.
Cette évolution remarquable de l’ordonnancement juridique répressif
congolais en matière d’environnement appelle un engagement de la part
des cours et tribunaux pour une protection efficace de l’environnement.
Tout en retenant la prévention et la précaution comme des pièces maî-
tresses dans la lutte contre la dégradation de l’environnement, la dimen-
sion criminelle n’est pas à sous-estimer. Elle exige, néanmoins, une
expertise particulière pour la simple et bonne raison que le traitement
par le juge des infractions à caractère environnemental déroge à plu-
sieurs égards à la philosophie d’emprunter des sentiers battus dans
l’examen des infractions de droit commun. L’adage cher aux juges et
aux pénalistes selon lequel « pas d’intérêt, pas d’action » et l’intérêt,
lorsqu’il existe doit être non seulement personnel mai aussi « né et ac-
tuel » ne trouve pas entièrement application en droit pénal de
l’environnement.677

6.4. Responsabilité administrative en matière


d’environnement

La responsabilité administrative est un principe général qui oblige


l’administration à réparer les dommages causés à autrui par son activité
administrative, législative ou judiciaire ou celle de ses agents. La mise
en œuvre de cette responsabilité est soumise à la réunion d’un fait géné-
rateur, un dommage et un lien de causalité entre ces deux éléments. Tout
fait quelconque de l’agent public qui cause à autrui un dommage oblige

676
« Sans préjudice des prérogatives reconnues à l’officier du ministère public et
aux officiers de police judiciaire à compétence générale, les infractions à la
présente loi sont recherchées e constatées par les fonctionnaires et agents asser-
mentés de l’administration en charge de la gestion des ressources en eau, de
service public de l’eau et/ou d’assainissement ».
677
Tchoca Fanikoua François, Op. Cit., p. 172.
448 Traité de droit de l’environnement

l’administration à le réparer. Par conséquent, toute faute dommageable


pour autrui, dans le service public, engage par principe la responsabilité
administrative. Le préjudice doit être certain (ne signifie pas qu’il soit
actuel, il peut être futur, mais il n’est pas hypothétique), direct (l’action
administrative a causé le préjudice) et personnel (ne signifie pas indivi-
duel, le requérant a été directement et personnellement affecté par un
fait).
En matière d’environnement, la responsabilité administrative peut
être engagée, soit du fait d’activités polluantes provenant d’un service
public ou des travaux publics, soit du fait de la défaillance des services
de police dans la surveillance et le contrôle des activités polluantes.678
La faute de l’administration peut ainsi être un manquement à une
obligation préexistante, et peut être, sous l’angle de l’action, une faute
par commission ou par omission ou, sous l’angle de l’intention, une
faute intentionnelle ou non intentionnelle dans le chef de
l’administration. On est en faute quand on ne s’est pas conduit comme
on l’aurait dû, quand l’action ou l’abstention d’agir sont de nature à
justifier un reproche.679 Les prescrits de la Loi N° 11/009 du 9 juillet
2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l’environnement obligent, par exemple,

L’État, la province et l’entité territoriale décentralisée à prendre des me-


sures appropriées pour prévenir la dégradation des terres. Ils adoptent à
cet effet des stratégies intégrées de conservation et de gestion durable

678
Prieur Michel, Op. Cit., p. 883.
679
Muhindo Malonga Télesphore, Droit administratif et institutions administra-
tives, Collection « Horizons des sciences sociales », N° 3, Presses Universitaires
du Graben, PUG – CRIG, 2010, pp. 480-484 ; Vunduawe te Pemeko Felix,
Traité de droit administratif, éd. Larcier et Afrique, Bruxelles, pp. 768-769 ;
Sabin Mande M., Op. Cit., p. 277 ; Cours de droit, La responsabilité administra-
tive, https://cours-de-droit.net/la-responsabilite-administrative-a121611552/
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 449

des ressources en terres, y compris les sols, la végétation et les processus


hydrologiques connexes.680
L’État, la province et l’entité territoriale décentralisée prennent, dans les
limites de leurs compétences respectives, les mesures nécessaires en vue
de la réduction des émissions des gaz à effet de serre et du contrôle des
substances qui appauvrissent la couche d’ozone. Ils prennent, en outre,
des mesures d’adaptation appropriée aux changements climatiques. Un
décret délibéré en Conseil des ministres fixe les normes d’émissions
dans l’air et les mesures de restriction ou de contrôle de la production ou
de contrôle de la production, de l’importation et de l’utilisation des subs-
tances qui appauvrissent la couche d’ozone.681

Ne pas agir conformément à ces exigences entrainerait la responsabi-


lité administrative des pouvoirs publics. Toute défaillance, négligence
ou inaction de la part des pouvoirs publics doit être évitée en vue
d’éviter des incidences néfastes sur l’environnement. Les pouvoirs pu-
blics sont tenus à agir dans les temps notamment lorsqu’il s’agit d’une
réglementation de protection qui s’impose du fait du caractère vital du
risque.682
En effet, le juge administratif invité à statuer sur la responsabilité
administrative des pouvoirs publics doit considérer dans l’analyse des
faits sous examen des situations particulières notamment le cas de la
responsabilité pour faute ou de la responsabilité sans faute. Deux élé-
ments doivent à ce propos attirer l’attention : la reconnaissance de la
possibilité d’engager la responsabilité des pouvoirs et l’effectivité de
cette responsabilité. Muhindo Malonga683 note que le juge saisit d’une

680
Article 28 de la Loi N° 11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamen-
taux relatifs à la protection de l’environnement.
681
Article 48 de la Loi N° 11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamen-
taux relatifs à la protection de l’environnement.
682
Prieur Michel, Op. Cit., p. 886.
683
Muhindo Malonga Télesphore, Op. Cit., pp. 492-505.
450 Traité de droit de l’environnement

action en responsabilité doit chercher à établir si les pouvoirs publics


concernés ont commis une faute. Si non, il est aussi possible d’entrevoir
la responsabilité sans faute dans le chef des pouvoirs publics. La respon-
sabilité pour faute se définit comme la violation d’une obligation pré-
existante, ou comme la lésion d’un droit, c’est-à-dire d’un intérêt légi-
time juridiquement protégé. La responsabilité sans faute est exception-
nelle. Le demandeur doit établir seulement l’existence d’un lien de cau-
salité directe entre l’agissement dommageable des pouvoirs publics et le
préjudice, sans avoir à prouver qu’une faute a été commise.
Les pouvoirs publics ne peuvent dégager ou atténuer cette responsa-
bilité en prouvant qu’ils n’ont commis aucune faute ou que le fait d’un
tiers a contribué à la survenance du dommage. Dans le cas d’espèce, les
pouvoirs publics pourront simplement disposer contre ce tiers d’une
action récursoire en vue de lui faire partager la charge de
l’indemnisation en proportion de son concours dans le dommage. Il
s’agit ici d’une responsabilité d’ordre public. Cela veut dire, en d’autres
termes, que le juge se doit de l’évoquer lors même que les parties ne
l’auraient pas fait à l’appui de leur requête, et que les victimes peuvent
s’en prévaloir à tout moment de la procédure.684

6.5 Les juridictions congolaises dans la répression


des atteintes à l’environnement

L’ordre juridique congolais n’organise pas une juridiction spéciale


pouvant connaître des contentieux environnementaux. Ces derniers sont
portés devant les juridictions de droit commun compétentes en matière
civile, administrative ou pénale. Cela tient du fait que le juge judiciaire
est le mieux indiqué pour préserver les droits subjectifs et c’est lui qui a
vocation à allouer des dommages intérêts aux victimes des différentes
atteintes. Ainsi, par exemple :

684
Sabine Mande M., Op. Cit., p. 281.
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 451

Est puni d’une amende égale au quintuple des frais qu’elle aurait dé-
boursés pour l’évaluation et la validation de l’étude, toute personne qui
réalise ou contribue à réaliser un projet ou une activité sans étude
d’impact environnemental et social alors qu’il y était soumis en vertu
des dispositions de la présente loi. Le tribunal saisi peut en outre ordon-
ner la destruction de l’ouvrage sans préjudice des dispositions de
l’article 86 de la présente loi.685

Le tribunal saisi auquel le législateur fait référence dans cette dispo-


sition n’est rien d’autre qu’une juridiction de l’ordre judiciaire compé-
tente. Le juge administratif, de sa part, peut être saisi lorsqu’il faut obte-
nir le retrait ou l’annulation d’un acte administratif acquis irrégulière-
ment. Par exemple, aux termes de l’article 121 de la Loi sur l’eau de
2015 :

Lorsqu’un même fait constitue à la fois un manquement administratif et


une infraction à la présente loi, son auteur est, sans préjudice de
l’application des peines prévues, et moyennant une mise en demeure,
passible de l’une des sanctions administratives suivantes :

o La suspension du droit d’opérer ;


o La résiliation du contrat ;
o Le retrait du titre ;
o L’interdiction d’exercer dans le secteur.
Les mesures visées à l’alinéa ci-dessus peuvent faire l’objet d’un recours
en annulation devant les juridictions de l’ordre administratif.686

Cela est aussi envisagé par la Loi sur la conservation de la nature de


2014 qui à son article 82 dispose que :

685
Article 72 de la Loi N° 11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamen-
taux relatifs à la protection de l’environnement.
686
Article 121 de la Loi N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau.
452 Traité de droit de l’environnement

Est puni d’une servitude pénale d’un à cinq ans et d’une amende de cin-
quante millions à cent millions de francs congolais ou de l’une de ces
peines seulement, tout utilisateur qui accède aux ressources sur base
d’un consentement s’appuyant sur une fausse déclaration. La juridiction
saisie ordonne en outre le retrait du permis.687

Considérant que les atteintes à l’environnement sont constitutives,


tout à la fois, d’infractions spécifiques et des crimes internationaux, il
est indiqué que les juridictions de l’ordre judiciaire soient saisies. No-
tons avec intérêt que la répression des crimes internationaux en RDC
relève d’une compétence concurrente des juridictions tant de droit com-
mun que militaires, la compétence de la Cour pénale internationale
(CPI) étant complémentaire. Par la loi de mise en œuvre du Statut de
Rome, Loi n° 15/022 du 31 décembre 2015 modifiant et complétant le
Décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal, Titre IX sur les crimes
contre la paix et la sécurité de l’humanité, à son article 223, 2 (d) :

… on entend par « crimes de guerre » :


2. d) le fait de diriger intentionnellement une attaque en sachant qu’elle
causera incidemment des pertes en vies humaines dans la population ci-
vile, des blessures aux personnes civiles, des dommages aux biens de ca-
ractère civil ou des dommages étendus, durables et graves à
l’environnement naturel qui seraient manifestement excessifs par rapport
à l’ensemble de l’avantage militaire concret et direct attendu. 688

À la lumière de cette disposition de cette nouvelle loi et de l’analyse


de la Loi organique n° 13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation,
fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire, les

687
Article 82 de la Loi N° 14/003 du 11 février 2014 relative à la Conservation
de la Nature.
688
Loi n°15/022 du 31 décembre 2015 modifiant et complétant le décret du 30
janvier 1940 portant code pénal, JORDC, 57e année, numéro spécial, Kinshasa,
29 février 2016.
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 453

auteurs des atteintes à l’environnement constitutives des « crimes de


guerre » peuvent faire l’objet de poursuites devant les juridictions natio-
nales :

Les Cours d’appel connaissent de l’appel des jugements rendus en pre-


mier ressort par les tribunaux de grande instance et les tribunaux de
commerce.
1) du crime de génocide, des crimes de guerre et des crimes contre
l’humanité commis par les personnes relevant de leur compétence et de
celle des tribunaux de grande instance ;
2) des infractions commises par les membres de l’Assemblée provinciale,
les magistrats, les Maires, les Maires adjoints, les Président des Con-
seils Urbains et les fonctionnaires des services publics de l’État et les
dirigeants des établissements ou entreprise publique revêtus au moins
du grade de directeur ou du grade équivalent.
Lorsque le magistrat inculpé est un membre d’une Cour d’appel ou d’un
Parquet général près cette Cour, les infractions sont poursuivies devant
la Cour dont le siège est le plus proche de celui de la Cour au sein de la-
quelle ou près laquelle il exerce ses fonctions.689

En cette matière, la Cour d’appel saisie siège avec une composition


particulière conformément à l’article 22 de la Loi organique n° 13/011-B
du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences
des juridictions de l’ordre judiciaire qui dispose :

La Cour d’appel siège au nombre de trois membres. Toutefois, elle siège


au nombre de cinq membres pour les infractions prévues au Statut de
Rome de la Cour pénale internationale.

Considérant que l’examen d’un contentieux environnemental re-


quiert une expertise particulière, le renforcement des compétences des

689
Article 91 de la Loi organique n° 13/011-B du 11 avril 2013 portant organisa-
tion, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire.
454 Traité de droit de l’environnement

juges judiciaires appelés à connaitre de cette question en RDC doit béné-


ficier de l’attention de l’autorité de tutelle dans le meilleur délai.
Toute politique publique en matière de protection de
l’environnement dans les secteurs au pays devra répondre à cette néces-
sité.
Par cet exercice, les cours et tribunaux pourront produire des juris-
prudences à la hauteur des attentes de l’évolution de l’arsenal juridique
Congolais en matière d’environnement. La création d’une chambre
spécialisée et/ou d’une cour/un tribunal spécial en matière
d’environnement serait un atout dans la répression des atteintes à
l’environnement. Tout en adoptant un tel mécanisme qui pourra révolu-
tionner le système judiciaire congolais, il faudra, néanmoins, définir des
garde-fous essentiels et efficaces pour le prémunir contre le risque d’être
contaminé par les maux qui minent actuellement l’ensemble du système
de justice en RDC notamment : le manque de ressources humaines et
financières, la corruption, l’inaccessibilité par les justiciables, la crise de
confiance à la justice, l’interférence politique et le manque
d’indépendance. Il faudra envisager des efforts importants pour garantir
sa crédibilité aux yeux d’une population qui nourrit une grande méfiance
à l’égard du système judiciaire congolais.
Le caractère complémentaire de la CPI, une juridiction compétente
en matière des crimes graves, notamment des crimes de guerre, est à
mettre à profit dans la lutte contre les atteintes graves à l’environnement
naturel. Elle agirait aisément en cas de manque de volonté ou d’une
incapacité à mener véritablement à bien les enquêtes ou les pour-
suites.690 Les atteintes graves à l’environnement en période de paix mé-
ritent une attention soutenue en vue de surmonter toute hypothèse de

690
Article 17 alinéa 1., a) du Statut de Rome de la Cour pénale internationale du
17 juillet 1998, en vigueur le 1er juillet 2002.
Les mecanismes juridictionnels de protection de l’environnement 455

laisser certains actes de délinquance impunis dans les différents secteurs


de l’environnement.691

691
Article 23 de la Loi n° 15/022 du 31 décembre 2015 modifiant et complétant
le Décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal, Titre IX sur les crimes contre
la paix et la sécurité de l’humanité ; Article 8. 2, b, IV, IX du Statut de Rome de
la Cour pénale internationale du 17 juillet 1998, en vigueur le 1er juillet 2002 ;
Tshiamala Banungana Christian, « La judiciarisation des atteintes environne-
mentales : la Cour pénale internationale à la rescousse ? », Revue Québécoise de
droit international, Études de certains grands enjeux de la justice internationale
pénale, https://www.erudit.org/fr/revues/rqdi/2017-rqdi04297/1056230ar/
CONCLUSION

L’ordre juridique Congolais en matière d’environnement est nourri


au quotidien des avancées notables marquées par la nécessité de proté-
ger l’environnement pour la survie de l’humanité. Il se dégage désor-
mais une volonté qui ceinture les pensées de la plupart d’acteurs des
horizons différents à veiller sur le bien-être des générations présentes et
futures. Les règles et principes par différentes parties prenantes notam-
ment les États sont inscrits en « lettres d’or » pour accompagner de
bonne foi la phase de mise en œuvre.
Étant d’une tradition moniste, l’arsenal juridique Congolais est enri-
chi de différents instruments juridiques internationaux ratifiés confor-
mément aux prescrits de l’article 215 de la Constitution du 18 février
2006 telle modifiée en 2011 : « Les traités et accords internationaux
régulièrement conclus ont, dès leur publication, une autorité supérieure à
celle des lois, sous réserve pour chaque traité ou accord, de son applica-
tion par l’autre partie ». Par ce fait, la RDC participe activement aux
actions entreprises par la communauté internationale dans la lutte contre
les atteintes à l’environnement tant à l’échelle internationale, régionale
que nationale notamment : la pollution du sol – de l’air – de l’eau, la
destruction de la couche d’ozone, la diminution de la fertilité du sol, la
diminution de la diversité biologique, la désertification, l’épuisement
des ressources halieutiques, la détérioration du patrimoine naturel et
culturel… Les règles et principes contenus dans tous les instruments
458 Traité de droit de l’environnement

internationaux dûment ratifiés par la RDC ont vocation à être appliquées


devant les cours et tribunaux, civils et militaires.692
En conformité avec ses obligations environnementales internatio-
nales, la RDC a procédé à la constitutionnalisation du droit de toute
personne à un environnement sain, du principe de l’exercice par l’État
de sa souveraineté permanente sur ses ressources naturelles, et de
l’érection en crime puni par la loi de tout transit, importation, stockage,
enfouissement, déversement dans les eaux continentales et les espaces
maritimes sous juridiction nationale, l’épandage dans l’espace aérien des
déchets toxiques, polluants, radioactifs ou de tout autre produit dange-
reux, en provenance ou non de l’étranger.693
Il est désormais du devoir de toute personne de défendre
l’environnement par toutes voies de droit, en action individuelle ou
collective. Le nombre des titulaires du droit d’action en justice en ma-
tière d’environnement est élargi aux associations et organisations non
gouvernementales environnementales ayant comme objet social la dé-
fense/protection de l’environnement en ces termes :

Toute personne physique ou morale, toute association représentative des


communautés locales, ou toute organisation non gouvernementale natio-
nale agréée œuvrant dans les domaines de la protection de
l’environnement, de la gestion des ressources en eau ou du service pu-
blic de l’eau, peut ester en justice contre toute violation des dispositions
de la présente loi ou de ses mesures d’application, ou toute atteinte aux
dispositions des accords et conventions internationaux ratifiés par la Ré-

692
Article 153 alinéa 4 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée
en 2011.
693
Articles 9, 53 & 55 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée
en 2011.
Conclusion 459

publique démocratique du Congo, lesquelles causent un préjudice direct


ou indirect aux intérêts collectifs ont pour objet de défendre.694

Les contentieux peuvent être portés devant les juridictions de droit


commun compétentes dans les matières civiles, pénales ou administra-
tives car la RDC n’organise pas un tribunal spécial en matière
d’environnement. La responsabilité environnementale qui révolutionne
la théorie classique de la responsabilité civile concerne toutes les formes
d’activités humaines. Elle peut être appliquée à des individus, à un
groupe (association, famille, …), aux établissements publics et privés,
aux entreprises, aux institutions, etc. Les incriminations et peines en vue
de réprimer les atteintes à l’environnement sont prévues par différentes
lois selon les secteurs (forêt, eau, électricité, hydrocarbures, mines, con-
servation de la nature, …). Toutes les atteintes appellent souvent à des
réparations. Les décisions administratives qui engendrent des atteintes à
l’environnement notamment l’octroi d’une autorisation d’exploitation
minière irrégulière, sans respect de la procédure légale préalable, peu-
vent constituer des motifs pouvant justifier une action administrative en
annulation ou en indemnisation. Il est attendu du juge congolais des
efforts énormes dans les différents domaines qui portent protection de
l’environnement marqués par les complexités d’une discipline aussi
jeune que technique695 en vue de produire une jurisprudence à la hauteur
des attentes et susceptible d’éclairer les milieux du savoir, de la justice
et autres. Pour Dinah Shelton & Alexandre Kiss, « en tant que gardiens
de l’autorité de la loi, les juges sont dans une position unique pour don-
ner force et effet au droit de l’environnement. Ils peuvent apporter de
l’intégrité et de la conviction au processus de protection de
l’environnement, et contribuer à assurer la responsabilité environnemen-
tale au sein du gouvernement et du secteur privé. Les juges contribuent

694
Article 108 de la N° 15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’Eau. Lire aussi
l’article 134 de la Loi n° 011/2002 du 29 août 2002 portant Code forestier.
695
Ngoma Khuabi Camille, Op. Cit., p. 21.
460 Traité de droit de l’environnement

également au développement du droit environnemental grâce à leur


tâche traditionnelle d’interpréter et de combler les vides des textes de
loi. Ils ne peuvent accomplir cette tâche que s’ils sont correctement
informés ».696
En vue d’encourager des actions en justice en matière
d’environnement, il serait non seulement d’une bonne politique de pro-
mouvoir un programme national d’éducation environnementale, mais
aussi, de dispenser les éventuels initiateurs des actions en justice des
frais judiciaires et dépens à l’instar de la République Fédérale du Bré-
sil.697 La participation et l’accès du public à la justice sont essentiels au
renforcement du droit de l’environnement.698
L’effectivité des dispositions constitutionnelles, légales et réglemen-
taires en matière d’environnement ne doit pas être renvoyée aux ca-
lendes grecques si la RDC voudrait servir de « locomotive » dans la
lutte contre la dégradation de l’environnement à l’échelle nationale,
régionale et internationale. Les autorités administratives et judiciaires
doivent agir en temps réel en vue de prévenir et de réprimer les atteintes
à l’environnement. Il est bien connu que les problèmes environnemen-
taux se posent en termes globaux car les menaces écologiques ignorent
les « murs » de souveraineté érigés par les États.699 Il serait non seule-
ment d’un devoir légal d’agir en toute connaissance de cause confor-
mément aux obligations internationales mais aussi de mettre en exergue
les dimensions éthiques et morales de la responsabilité de toutes les

696
Dinah Shelton & Alexandre Kiss, Op. Cit., p. 17.
697
Article 5 LXXIII et 129. III de la Constitution de la République Fédérale du
Brésil de 1988, https://www.conseil-constitutionnel.fr/nouveaux-cahiers-du-
conseil-constitution nel/l-environnement-et-la-constitution-bresilienne
698
Dinah Shelton & Alexandre Kiss, Op. Cit., p. 18.
699
Kihangi Bindu Kennedy, « Environmental legal requirements and the exploi-
tation of natural resources in a post conflict country : A case study of the Demo-
cratic Republic of Congo », Op. Cit., p.s 1/5.
Conclusion 461

parties prenantes dans la lutte contre les atteintes à l’environnement pour


le bien être des générations présentes et futures.
Ce traité de droit de l’environnement est l’une des plusieurs autres
stratégies entreprises d’éducation et de justice environnementale dans
différents milieux notamment de l’enseignement supérieur et universi-
taires, de décideurs politiques et de la société civile. Une protection
efficace de l’environnement passe judicieusement par l’application des
règles et principes définis par les textes juridiques en la matière devant
les cours et tribunaux.
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Date Acceptation (A)
Ville & date
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d’adoption
vigueur Succession (d) –
Ratification (R)
par RDC

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mars 1985 1994 a
d'ozone

Protocole de Montréal
relatif à des substances qui Montréal, 16 1 janvier 30 novembre
1a
appauvrissent la couche septembre 1987 1989 1994 a
d'ozone

Amendement au Protocole
de Montréal relatif à des Londres, 29 10 août 30 novembre
1b
substances qui appauvris- juin 1990 1992 1994 a
sent la couche d'ozone

Amendement au Protocole
Copenhague,
de Montréal relatif à des 14 juin 30 novembre
1c 25 novembre
substances qui appauvris- 1994 1994 a
1992
sent la couche d'ozone

Amendement au Protocole
10 no-
de Montréal relatif à des Montréal, 17
1d vembre 23 mars 2005 a
substances qui appauvris- septembre 1997
1999
sent la couche d'ozone.

Amendement au Protocole
e de Montréal relatif à des Beijing, 3 25 février
1 23 mars 2005 a
substances qui appauvris- décembre 1999 2002
sent la couche d'ozone.
Convention de Bâle sur le
contrôle des mouvements
Bâle, 22 mars 5 mai 6 octobre 1994
2 transfrontières de déchets
1989 1992 a
dangereux et de leur élimi-
nation
Protocole de Bâle sur la
responsabilité et l'indemni-
sation en cas de dommages Pas encore
Bâle, 10 dé-
2b résultant de mouvements entrée en 23 mars 2005 a
cembre 1999
transfrontières et de vigueur
l'élimination de déchets
dangereux
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Convention-cadre des
New York, 9 21 mars 9 janvier 1995
3 Nations Unies sur les
mai 1992 1994 (R)
changements climatiques

Protocole de Kyoto à la
Convention-cadre des Kyoto, 11 16 février
3a 23 mars 2005 a
Nations Unies sur les décembre 1997 2005
changements climatiques

Signature par le
4 no- Chef de l’État le
Paris, 12 dé-
3b Accord de Paris vembre 22 avril 2016
cembre 2015
2016 (pas encore
ratifié)
29 dé-
Convention sur la diversité Rio de Janeiro, 3 décembre
4 cembre
biologique 5 juin 1992 1994
1993

Protocole de Cartagena sur


la prévention des risques 11 sep-
Montréal, 29
4a biotechnologiques relatif à tembre 23 mars 2005 a
janvier 2000
la Convention sur la diver- 2003
sité biologique

Protocole de Nagoya sur


l’accès aux ressources
génétiques et le partage
juste et équitable des Nagoya, 29 12 octobre 4 février 2015
4b
avantages découlant de octobre 2010 2014 (R)
leurs utilisation relatif à la
Convention sur la diversité
biologique
Protocole additionnel de
Nagoya – Kuala Lumpur
sur la responsabilité et la
Nagoya, 15 Pas encore 4 février 2015
4c réparation relatif au Proto-
octobre 2010 en vigueur (R)
cole de Cartagena sur la
prévention des risques
biotechnologiques
Convention des Nations
unies sur la lutte contre la
désertification dans les 26 dé-
Paris, 14 oc- 12 septembre
5 pays gravement touchés par cembre
tobre 1994 1997 (R)
la sécheresse et/ou la 1996
désertification, en particu-
lier en Afrique.
502 Traité de droit de l’environnement

Convention de Rotterdam
sur la procédure de consen-
tement préalable en con-
naissance de cause appli-
Rotterdam, 10 24 février 23 mars 2005
6 cable dans le cas de cer-
septembre 1998 2004 (R)
tains produits chimiques et
pesticides dangereux qui
font l'objet du commerce
international

Convention de Stockholm
Stockholm, 22 17 mai
7 sur les polluants organiques 23 mars 2005 a
mai 2001 2004
persistants.

Convention phytosanitaire
Londres, 29 Signature, 21
8 pour l’Afrique au Sud du
juillet 1954 sept 1962
Sahara

Accord de coopération
concernant la quarantaine Sofia (Bulga-
9 et la protection des plantes rie), 14 dé-
contre les parasites et les cembre 1959
maladies
Convention africaine sur la Alger (Algé-
16 juin 14 octobre 1976
10 conservation de la nature et rie), 15 sept
1969 (R)
les ressources naturelles 1968
Convention relative aux
zones humides
21 dé-
d’importance internationale Ramsar (Iran), 18 janvier 1996
11 cembre
particulièrement comme 02 février 1971 (a)
1975
habitats de la sauvagine ou
Convention de Ramsar

Protocole en vue
d’amender la Convention
relative aux zones humides Paris, 3 déc. 1 octobre 18 janvier 1996
11a
d’importance internationale 1982 1986 (a)
particulièrement comme
habitats des oiseaux d’eau
Amendements aux articles
6 et 7 de la Convention
relative aux zones humides
Regina, 28 mai 1 mai 18 janvier 1996
11b d'importance internationale
1987 1994 (a)
particulièrement comme
habitats des oiseaux sau-
vages
Convention concernant la 17 dé-
Paris, 23 nov. 23 septembre
12 protection du Patrimoine cembre
1972 1974 (R)
mondial, culturel et naturel 1975
Quelques traités en matière d’environnement ratifiés par la RDC 503

Convention sur la conser-


Bonn (Alle- 1 no-
vation des espèces migra-
13 magne), 23 juin vembre 22 juin 1990 (a)
trices appartenant à la
1979 1983
faune sauvage (CMS)

Accord sur la conservation


1 no-
des oiseaux d'eau migra- The Hague, 16
13a vembre -
teurs d'Afrique – Eurasie juin 1995
1999
(AEWA)
Convention sur l'interdic-
tion d'importer en Afrique
des déchets dangereux et Bamako (Mali), 22 avril
14 13 avril 1995 (a)
sur le contrôle des mouve- 30 janvier 1991 1998
ments transfrontières
(Convention de Bamako)
Genève
Accord international sur les 1er avril Signature, 20
15 (Suisse), 18
bois tropicaux 1985 nov. 1990
nov. 1983
Montego Bay 16 no-
Convention des Nations 17 février 1989
16 (Jamaïque), 10 vembre
unies sur le droit de la mer (R)
déc. 1982 1994
Convention relative à la
Londres, 8 nov. 14 janvier Signature, 29
17 conservation de la faune et
1933 1936 juin 2008
de la flore à l’état naturel

Convention phytosanitaire Kinshasa, 13 Signature, 13


18
pour l’Afrique septembre 1967 sept. 1975

Convention internationale
Rome, 6 déc. 3 avril
19 pour la protection des 4 mai 2015 (a)
1951 1952
végétaux

Convention sur
l’interdiction de la mise au
point, de la fabrication et
Washington, 10 26 mars 16 septembre
20 du stockage des armes
avril 1972 1975 1975 (R)
bactériologiques (biolo-
giques) et à toxines et sur
leur destruction
Londres;
Convention sur la préven-
Mexico City;
tion de la pollution de la 30 août 16 septembre
21 Moscou; Wash-
mer résultat de l’immersion 1975 1975
ington D.C., 29
de déchets
décembre 1972
Convention sur le com-
merce international des
Washington, 3 1 juillet 20 juillet 1976
22 espèces de faune et de flore
mars 1973 1975 (a)
sauvages menacées d'ex-
tinction (CITES)
504 Traité de droit de l’environnement

Amendement à la Conven-
tion sur le commerce
international des espèces de Bonn, 22 juin 13 avril
22a -
faune et de flore sauvages 1979 1987
menacées d'extinction (Art.
XI)
Amendement à la Conven-
tion sur le commerce
29 no-
international des espèces de Gaborone, 30
22b vembre -
faune et de flore sauvages avril 1983
2013
menacées d'extinction (Art.
XXI)
Convention sur le criquet Kano (Nigéria), 13 avril
23 13 avril 1963
migrateur africain 23 mai 1962 1963

Traité interdisant les essais


London; Mos-
d’armes nucléaires dans
cow; Washing- 10 octobre Signature, 9 août
24 l’atmosphère, dans l’espace
ton D.C.), 5 1963 1963
extra atmosphérique et sous
août 1963
l’eau

London; Mos-
Traité sur la non-
cow; Washing- 5 mars Signature, 17
25 prolifération des armes
ton D.C., 1 1970 septembre 1968
nucléaires
juillet 1968

Convention sur
l’interdiction d’utiliser des
techniques de modification Genève, 18 mai 5 octobre Signature, 28
26
de l’environnement à des 1977 1978 février 1978
fins militaires ou toutes
autres fins hostiles

Traité d’Abuja instituant la


Abuja, 3 juin 12 mai
27 communauté́ économique 19 juin 1993 (R)
1991 1994
africaine

Convention sur la gestion Dar-es-Salaam, 23 août Signature, 12


28
durable du Lac Tanganyika 12 juin 2003 2005 juin 2003

La Haye, 29 Signature,
29 Charte de la Terre
juin 2000 novembre 2000
Ratification par
Statut de Rome de la Cour Rome, Italie, 1er juillet
30 la RDC, le 30
pénale internationale 17 juillet 1998 2002
mars 2002
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Global and Contextual Perspectives, 2007, 376pp. ISBN: 978–2–8254–1516–0
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Ethical Responses from Five Continents, 2009, 212pp.
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Christoph Stückelberger / Reinhold Bernhardt (eds.): Calvin Global. How Faith
Influences Societies, 2009, 258pp. ISBN: 978–2–940428–05–2.
Ariane Hentsch Cisneros / Shanta Premawardhana (eds.), Sharing Values.
A Hermeneutics for Global Ethics, 2010, 418pp.
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Deon Rossouw / Christoph Stückelberger (eds.), Global Survey of Business
Ethics in Training, Teaching and Research, 2012, 404pp.
ISBN: 978–2–940428–39–7
Carol Cosgrove Sacks/ Paul H. Dembinski (eds.), Trust and Ethics in Finance.
Innovative Ideas from the Robin Cosgrove Prize, 2012, 380pp.
ISBN: 978–2–940428–41–0
Jean-Claude Bastos de Morais / Christoph Stückelberger (eds.), Innovation
Ethics. African and Global Perspectives, 2014, 233pp.
ISBN: 978–2–88931–003–6
Nicolae Irina / Christoph Stückelberger (eds.), Mining, Ethics and Sustainability,
2014, 198pp. ISBN: 978–2–88931–020–3
Philip Lee and Dafne Sabanes Plou (eds), More or Less Equal: How Digital
Platforms Can Help Advance Communication Rights, 2014, 158pp.
ISBN 978–2–88931–009–8
Sanjoy Mukherjee and Christoph Stückelberger (eds.) Sustainability Ethics.
Ecology, Economy, Ethics. International Conference SusCon III, Shillong/India,
2015, 353pp. ISBN: 978–2–88931–068–5
Amélie Vallotton Preisig / Hermann Rösch / Christoph Stückelberger (eds.)
Ethical Dilemmas in the Information Society. Codes of Ethics for Librarians
and Archivists, 2014, 224pp. ISBN: 978–288931–024–1.
Prospects and Challenges for the Ecumenical Movement in the 21st Century.
Insights from the Global Ecumenical Theological Institute, David Field /
Jutta Koslowski, 256pp. 2016, ISBN: 978–2–88931–097–5
Christoph Stückelberger, Walter Fust, Obiora Ike (eds.), Global Ethics for Lead-
ership. Values and Virtues for Life, 2016, 444pp.
ISBN: 978–2–88931–123–1
Dietrich Werner / Elisabeth Jeglitzka (eds.), Eco-Theology, Climate Justice and
Food Security: Theological Education and Christian Leadership Development,
316pp. 2016, ISBN 978–2–88931–145–3
Obiora Ike, Andrea Grieder and Ignace Haaz (Eds.), Poetry and Ethics: Invent-
ing Possibilities in Which We Are Moved to Action and How We Live Together,
271pp. 2018, ISBN 978–2–88931–242–9
Christoph Stückelberger / Pavan Duggal (Eds.), Cyber Ethics 4.0: Serving Hu-
manity with Values, 503pp. 2018, ISBN 978–2–88931–264-1

African Law Series


Ghislain Patrick Lessène, Code international de la détention en Afrique, 2013,
620pp. ISBN: 978-2-940428-70-0
D. Brian Dennison/ Pamela Tibihikirra-Kalyegira (eds.), Legal Ethics
and Professionalism. A Handbook for Uganda, 2014, 400pp. ISBN 978–2–
88931–011–1
Pascale Mukonde Musulay, Droit des affaires en Afrique subsaharienne
et économie planétaire, 2015, 164pp. ISBN: 978–2–88931–044–9
Pascal Mukonde Musulay, Démocratie électorale en Afrique subsaharienne:
Entre droit, pouvoir et argent, 2016, 209pp. ISBN 978–2–88931–156–9
Pascal Mukonde Musulay, Droits, libertés et devoirs de la personne et des
peuples en droit international africain Tome I Promotion et protection, 282pp.
2021, ISBN 978-2-88931-397-6
Pascal Mukonde Musulay, Droits, libertés et devoirs de la personne et des
peuples en droit international africain Tome II Libertés, droits et obligations
démocratiques, 332pp. 2021, ISBN 978-2-88931-399-0
Ambroise Katambu Bulambo, Règlement judiciaire des conflits électoraux.
Précis de droit comparé africain, 2021, 672pp., ISBN 978-2-88931-403-4
Osita C. Eze, Africa Charter on Rights & Duties, Enforcement Mechanism,
2021, 406pp, ISBN 978-2-88931-414-0
Fweley Diangitukwa, Les élections en Afrique : Analyse des comportements et
pistes normatives de gestion des conflits, 2022, 432pp.,
ISBN 978-2-88931-452-2

Theses Series
Kitoka Moke Mutondo, Église, protection des droits de l’homme
et refondation de l’État en République démocratique du Congo, 2012, 412pp.
ISBN: 978–2–940428–31–1
Ange Sankieme Lusanga, Éthique de la migration. La valeur de la justice
comme base pour une migration dans l‘Union Européenne et la Suisse, 2012,
358pp. ISBN: 978–2–940428–49–6
Kahwa Njojo, Éthique de la non-violence, 2013, 596pp.
ISBN: 978–2–940428–61–8
Carlos Alberto Sintado, Social Ecology, Ecojustice and the New Testament:
Liberating Readings, 2015, 379pp. ISBN: 978-2–940428–99–1
Symphorien Ntibagirirwa, Philosophical Premises for African Economic Devel-
opment: Sen’s Capability Approach, 2014, 384pp.
ISBN: 978–2–88931–001–2
Jude Likori Omukaga, Right to Food Ethics: Theological Approaches
of Asbjørn Eide, 2015, 609pp. ISBN: 978–2–88931–047–0
Jörg F. W. Bürgi, Improving Sustainable Performance of SME’s, The
Dynamic Interplay of Morality and Management Systems, 2014, 528pp.
ISBN: 978–2–88931–015–9
Jun Yan, Local Culture and Early Parenting in China: A Case Study on Chinese
Christian Mothers’ Childrearing Experiences, 2015, 190pp.
ISBN 978–2–88931–065–4
Frédéric-Paul Piguet, Justice climatique et interdiction de nuire, 2014, 559 pp.
ISBN 978–2–88931–005–0
Mulolwa Kashindi, Appellations johanniques de Jésus dans l’Apocalypse: une
lecture Bafuliiru des titres christologiques, 2015, 577pp.
ISBN 978–2–88931–040–1
Naupess K. Kibiswa, Ethnonationalism and Conflict Resolution: The Armed
Group Bany2 in DR Congo. 2015, 528pp. ISBN: 978–2–88931–032–6
Kilongo Fatuma Ngongo, Les héroïnes sans couronne. Leadership des femmes
dans les Églises de Pentecôte en Afrique Centrale, 2015, 489pp.
ISBN 978–2–88931–038–8
Bosela E. Eale, Justice and Poverty as Challenges for Churches:
with a Case Study of the Democratic Republic of Congo, 2015, 335pp,
ISBN: 978–2–88931–078–4
Andrea Grieder, Collines des mille souvenirs. Vivre après et avec le génocide
perpétré contre les Tutsi du Rwanda, 2016, 403pp. ISBN 978–2–88931–101–9
Monica Emmanuel, Federalism in Nigeria: Between Divisions in Conflict
and Stability in Diversity, 2016, 522pp. ISBN: 978–2–88931–106–4
John Kasuku, Intelligence Reform in the Post-Dictatorial Democratic Republic
of Congo, 2016, 355pp. ISBN 978–2–88931–121–7
Fifamè Fidèle Houssou Gandonour, Les fondements éthiques du féminisme.
Réflexions à partir du contexte africain, 2016, 430pp.
ISBN 978–2–88931–138–5
Nicoleta Acatrinei, Work Motivation and Pro-Social Behaviour in the Delivery
of Public Services Theoretical and Empirical Insights, 2016, 387pp.
ISBN 978–2–88931–150–7
Timothee B. Mushagalusa, John of Damascus and Heresy. A Basis for Under-
standing Modern Heresy, 2017, 556pp. ISBN: 978-2-88931-205-4
Nina, Mariani Noor, Ahmadi Women Resisting Fundamentalist Persecution. A
Case Study on Active Group Resistance in Indonesia, 2018, 221pp.
ISBN: 978-2-88931-222-1
Ernest Obodo, Christian Education in Nigeria and Ethical Challenges. Context
of Enugu Diocese, 2018, 612pp. ISBN: 978-2-88931-256-6
Fransiska Widyawati, Catholics in Manggarai, Flores, Eastern Indonesia, 2018,
284pp. ISBN: 978-2-88931-268-9
A. Halil Thahir, Ijtihād Maqāṣidi: The Interconnected Maṣlaḥah-Based Recon-
struction of Islamic Laws, 2019, 200pp. ISBN 978-2-88931-220-710
Tibor Héjj, Human Dignity in Managing Employees. A performative approach,
based on the Catholic Social Teaching (CST), 2019, 320pp.
ISBN: 978-2-88931-280-1
Sabina Kavutha Mutisya, The Experience of Being a Divorced or Separated Sin-
gle Mother: A Phenomenological Study, 2019, 168pp.
ISBN: 978-2-88931-274-0
Florence Muia, Sustainable Peacebuilding Strategies. Sustainable Peace-
building Operations in Nakuru County, Kenya: Contribution to the Catholic Jus-
tice and Peace Commission (CJPC), 2020, 195pp. ISBN: 978-2-88931-331-0
Mary Rose-Claret Ogbuehi, The Struggle for Women Empowerment Through
Education, 2020, 410pp. ISBN: 978-2-88931-363-1
Nestor Engone Elloué, La justice climatique restaurative: Réparer les inégalités
Nord/Sud, 2020, 198pp. ISBN 978-2-88931-379-2
Hilary C. Ike, Organizational Improvement of Nigerian Catholic Chaplaincy
in Central Ohio, 2021, 154pp. ISBN 978-2-88931-385-3
Paul K. Musolo W’Isuka, Missional Encounter: Approach for Ministering to
Invisible Peoples, 2021, 462pp. ISBN: 978-2-88931-401-0
Andrew Danjuma Dewan, Media Ethics and the Case of Ethnicity. A contextual
Analysis in Plateau State, Nigeria, 2022, 371pp.
ISBN: 978-2-88931-437-9

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12

12

African
Law
Law
African
Traité de droit de l’environnement Traité de droit de

Traité de droit de l’environnement


Perspectives congolaises
l’environnement
Résultat d’un parcours scientifique et académique, cet ouvrage propose un voyage
autour des concepts les plus fondamentaux d’une des tendances en puissance dans
Perspectives congolaises
le monde légal : le droit de l’environnement. Motivé par l’impact du changement
climatique en République Démocratique du Congo, l’auteur offre une vision en
profondeur de la notion d’environnement, des sources du droit environnemental,
des principes internationaux dudit droit et les structures de l’administration
congolaise qui travaillent sur le sujet, parmi d’autres sujets.

Après ses études de Master, le Dr. Kennedy Kihangi Bindu a suivi un programme
de Doctorat en Droit à UniSa (University of South Africa), mené des recherches
doctorales à l’Université de Genève (Suisse) et travaillé comme enseignant de Droit

Kennedy Kihangi Bindu


de l’environnement dans plusieurs centres académiques (Université Libre des Pays
des Grands Lacs, Goma, RDCongo).
Kennedy Kihangi Bindu

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