Fespaco Instrument de Diplomatie Culturelle
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Novembre 2021
À l’origine de l’empire Mossi d’où le Burkina Faso tire en partie ses origines, était
une belle histoire d’amour : celle d’une belle et brave princesse, une amazone du
nom de Yennenga qui tombât amoureuse d’un intrépide chasseur. Malgré
l’opposition de son père, le roi de GAMBAGA, elle convolera en juste noces.
De leur union naquit un fils baptisé Wédraogo (cheval mâle) en souvenir de
l’étalon qui fut à la base de leur idylle. L’histoire telle qu’elle nous a été contée,
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autour de feux de bois dans la nuit fraîche de la savane africaine, est pétrie de
courage, du sens du sacrifice et du triomphe de l’amour, rivalisant avec toutes les
belles histoires d’amour telles qu’on nous les raconte dans les films de
Hollywood, Bollywood, ou Nollywood.
Cette histoire est tout aussi pleine d’enseignements et pourrait émerveiller les
adolescents d’Afrique, d’Asie, d’Europe ou d’Amérique.
Évidemment, cela aurait été le cas, si l’histoire leur était contée, par le biais surtout
du cinéma.
J’ai vu mon premier film à l’âge de sept (7) ans avec les célèbres acteurs de cinéma
muet Charly Chaplin (Charlot), puis le duo Laurel et Hardy.
Ce fut un choc culturel qui allait influencer ma vocation, car le cinéma a toujours
été magique pour un enfant. Ces films qui m’ont fasciné étaient projetés dans
l’enceinte d’une mission catholique où tous les enfants se retrouvaient sans
distinction de race ni de religion dans une atmosphère joviale extraordinaire.
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En effet, il est de bon ton de rêver en noir et blanc sur des films venus d’ailleurs,
mais il est aussi intéressant d’être bercé par des sujets de films concernant son
propre environnement, sa propre culture.
L’Afrique et les africains devraient avoir leur histoire racontée aussi par les
africains eux-mêmes et nous devrions vite nous mettre à l’apprentissage et à la
promotion du 7ème Art.
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Depuis 1969, le FESPACO n’a pris aucune ride, bien au contraire, il est devenu
le rendez-vous incontournable du 7ème art africain, mais aussi de ceux qui étudient
l’exemple réussi d’une industrie culturelle à l’échelle de tout un continent.
Lorsque j’ai pris la Direction du FESPACO au milieu des années 80, j’ai vite été
persuadé que la survie du festival passait par une promotion vigoureuse qui devait
le hisser comme un festival de son temps, un vecteur essentiel de la diplomatie
culturelle.
Il fallait donc :
- Renforcer sa dimension continentale et son attractivité ;
- Présenter les meilleurs films africains et de la diaspora ;
- Consolider le rayonnement du cinéma africain sur toutes les places
cinématographiques du monde en faisant entendre la voix d’un continent
aux énormes potentialités.
Ainsi en 1989 au lendemain des grandes émeutes de Los-Angeles, le FESPACO
avec des Hommes de culture africains-américains entama l’idée d’une
rétrospective du cinéma africain à Los-Angeles aux États-Unis (Hollywood) ;
celle-ci allait donner naissance au Panafrican Film Festival of Los-Angeles
(PANAFF), dont le lancement en 1992 au Magic Johnson Theater, connu un
énorme succès en présence de l’actrice Whoopi Golbert.
Au 20ème anniversaire du PANAFF en 2012, j’ai reçu le grand prix du « Visionary
Award », des mains de Danny Gloover, le célèbre acteur de Hollywood qui était
également l’un des membres fondateurs et précurseur de ce festival.
Si les trois priorités du continent restent le triptyque : Santé, Agriculture,
Éducation, d’autres domaines en l’occurrence la culture ont un éminent rôle à
jouer …
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« La culture est au début et à la fin du développement » disait Léopold Sédar
Senghor au sortir du 1er Festival des Arts Nègres de Dakar, organisé en 1966 et
dont les retombées sont encore présentes dans la mémoire collective de
l’humanité.
C’était une réponse à ceux qui ne voyaient pas l’intérêt de voyager, de parcourir
le monde pour plaider la cause d’un festival qui avait lieu tous les deux ans.
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La Fédération Panafricaine des Cinéastes (FEPACI) a bénéficié du plein soutien
du FESPACO et par la suite, établi son Siège à Ouagadougou, tirant ainsi avantage
de sa proximité avec le FESPACO.
Le Festival et le marché du film se sont attachés au fil des éditions, à combler les
attentes des producteurs et des distributeurs, ainsi que des cinéphiles.
Autant de préoccupations qui, au fil des éditions, grâce aux colloques, ateliers et
séminaires inscrits au programme, ont donné une visibilité à l’Afrique et forgé
son image de berceau de l’humanité.
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Ousmane SEMBENE, « l’Aîné des anciens », l’un des pères fondateurs du
FESPACO, disait toujours : « ma participation au FESPACO est un devoir » !
Dans cette aventure, les Médias ont toujours accompagné le FESPACO sans
discontinuer depuis les premiers instants et contribué à la visibilité de cet outil de
promotion de l’image de l’Afrique, de ses réalités mais aussi de ses rêves à travers
le monde.
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industrie de production après le pétrole au Nigéria ; celle-ci est estimée à plusieurs
billards de dollars.
Au regard de toutes ces considérations, nous pouvons conclure que la culture est
un facteur de développement du fait de sa capacité de mobilisation sociale, de
promotion des valeurs de référence, d’inventivité et de cohésion sociale,
d’impulsion de dynamiques économiques endogènes et de valorisation de l’image
de nos pays.
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Les biens et services culturels sont des denrées renouvelables ; en les intégrant
dans les stratégies de développement, nous contribuerons fortement à l’émergence
d’une économie forte et prospère et à un développement durable et harmonieux.