791 Rehabilitation Douvrages
791 Rehabilitation Douvrages
791 Rehabilitation Douvrages
F é d é r a t i o n n a t i o n a l e d e s t r a v a u x p u b l i c s
NOVEMBRE 2002
◆
RÉHABILITATION D’OUVRAGES
n°791
• Réhabilitation
et modernisation
du tunnel
du Mont-Blanc
• Réhabilitation
de la piste 2
de l’aéroport
de Roissy-
Charles-de-Gaulle
• Travaux
TRAVAUX
de réparations
et rénovations
du métro parisien
• Réhabilitation
d’une partie
du canal d’Oraison
• Réhabilitation
du réservoir
d’eau potable
de Tortel (Var)
• Besançon :
une nouvelle vie
pour les égouts
• Réparation
et renforcement
d’ouvrages
de génie civil
en milieu industriel
• Grand Palais.
Travaux
de rénovation
des fondations
et instrumentation
de contrôle
Réhabilitation
• Pour une
N°791
approche intégrée
des travaux
de maintenance
et réhabilitation
d’ouvrages
sommaire
ISSN 0041-1906
novembre 2002
Travaux Réhabilitation d'ouvrages
numéro 791
éditorial 1
Daniel Tardy
Notre couverture
Le Grand Palais en travaux
actualités 6
© Soletanche Bachy
matériels 13
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Roland Girardot
PRÉFACE
Christian Tridon 15
RÉDACTION
Roland Girardot et Henry Thonier
3, rue de Berri - 75008 Paris RÉHABILITATION D’OUVRAGES
Tél. : (33) 01 44 13 31 44
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
Françoise Godart
Tél. : (33) 02 41 18 11 41
◆ Réhabilitation et modernisation du tunnel
du Mont-Blanc : les points clés des travaux de génie civil
- Rehabilitation and modernisation of the Mont-Blanc
17
Fax : (33) 02 41 18 11 51 tunnel : key aspects of civil engineering works
Francoise.Godart@wanadoo.fr Ch. Aubert
VENTES ET ABONNEMENTS
Olivier Schaffer
9, rue Magellan - 75008 Paris
Tél. : (33) 01 40 73 80 05
◆ La réhabilitation de la piste 2 de l’aéroport
de Roissy-Charles-de-Gaulle. Un chantier express
- Rehabilitation of runway 2 at Roissy-Charles-de-Gaulle
24
revuetravaux@wanadoo.fr Airport. A high-speed project
France : 155 € TTC B. Sala
Etranger : 190 €
Prix du numéro : 19 € (+ frais de port)
MAQUETTE
T2B & H
◆ Travaux de réparations et rénovations du métro
parisien
- Repair and renovation works on the Paris underground
30
8/10, rue Saint-Bernard - 75011 Paris E. Lapie, A. Jouvet
Tél. : (33) 01 44 64 84 20
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Régie Publicité Industrielle
Isabelle Duflos
◆ Le canal d’Oraison. Réhabilitation d’une partie
du canal reliant le lac de Serre-Ponçon à l’étang de Berre
- The Oraison Canal. Rehabilitation of part of the canal
34
61, bd de Picpus - 75012 Paris linking Serre-Ponçon lake to Berre pond
Tél. : (33) 01 44 74 86 36 P. Ferrari
Imprimerie Chirat
Saint-Just la Pendue (Loire)
◆ Réhabilitation du réservoir d’eau potable de Tortel
(Var) et étanchéité des cuves par revêtement résine
armée
37
La revue Travaux s’attache, pour l’information - Rehabilitation of the potable water reservoir at Tortel
de ses lecteurs, à permettre l’expression
de toutes les opinions scientifiques et techniques. (Var region) and waterproofing of the tanks
Mais les articles sont publiés sous la responsabilité
de leurs auteurs. L’éditeur se réserve le droit with a reinforced resin coating
de refuser toute insertion, jugée contraire aux intérêts
de la publication. V. Pech
Tous droits de reproduction, adaptation,
totale ou partielle, France et étranger,
sous quelque forme que ce soit, sont expressément
réservés (copyright by Travaux).
Ouvrage protégé ; photocopie interdite, même partielle
(loi du 11 mars 1957), qui constituerait contrefaçon
(Code pénal, article 425).
◆ Besançon : une nouvelle vie pour les égouts.
La réhabilitation des collecteurs s’offre des matériaux
composites
40
- Besançon : a new life for the sewers. Rehabilitation of
Editions Science et Industrie S.A.
3, rue de Berri - 75008 Paris
the main sewers is performed with composite materials
Commission paritaire n° 0106 T 80259 L. Coty ®
Travaux n° 791 • novembre 2002 3
sommaire
Dans les prochains numéros
International
®
novembre 2002
Réhabilitation d'ouvrages
Ponts P. Faure
Routes
Recherche économie 67
et innovation
répertoire 74
Terrassements des fournisseurs
Sols
et fondations ABONNEMENT
TRAVAUX
Encart après p. 48
Environnement
Travaux urbains
ermettez-moi, pour commencer, de rappeler ce qu’écrivait un ton outil". Il est donc évidemment nécessaire d’entretenir et de répa-
1 - Extrait de la préface de Christian Binet dans "Maintenance et Réparation des Ponts" de J.-A. Calgaro et R. Lacroix aux Presses de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées.
2 - STRRES : Syndicat National des Entrepreneurs Spécialistes de Travaux de Réparation et Renforcement de Structures - Organisme affilié à la FNTP.
Tél. : +33 (0)1 44 13 31 85 - Fax : +33 (0)1 44 13 32 42 - Intenet : www.strres.org
Réhabilitation
et modernisation
du tunnel du Mont-Blanc
Les points clés des travaux
de génie civil
L’incendie du tunnel du Mont-Blanc a entraîné la mise en place d’une circulaire interministé-
rielle en août 2000, fixant de plus strictes procédures de sécurité. Les travaux entrepris dans
le tunnel comportaient donc, outre une phase de réhabilitation, des installations de moderni-
sation en conformité avec la nouvelle réglementation. Un délai serré, la présence d’organismes
de supervision de sécurité, et des conditions de travail difficiles ont marqué le déroulement
des travaux de génie civil confiés au groupement Vinci Construction Grands Projets, Bouygues
et Freyssinet.
Figure 1
Coupe type
L
e lot 2F de génie civil pour la concession fran-
du tunnel
çaise du tunnel sous le Mont-Blanc a été
Typical cross section
confié le 1er septembre 2000 à un groupe- of the tunnel
ment composé de Vinci Construction Grands Pro-
jets (à l’époque Dumez-GTM/GTM Construction),
en association avec Bouygues et Freyssinet (grou-
pe Vinci). L’objectif était, d’une part, de procéder
à des travaux de rénovation sur les 5 800 m de
la partie française et, d’autre part, à des travaux
de modernisation, pour une mise en conformité
avec la circulaire d’août 2000 relative à la sécuri-
té dans les tunnels du réseau routier national. Les
travaux, qui se sont déroulés dans des conditions
difficiles, se sont terminés fin juin 2001.
■ PRÉSENTATION DU PROJET
Composé d’un tube unique de 11,6 km de long et
8,60 m de large, le tunnel dans son ensemble, se
compose de deux trottoirs de 0,80 m et d’une chaus-
sée de 7 m de large avec un dévers de 1 %. Les
gaines de ventilation, dont la structure est consti-
tuée, soit de caissons précontraints soit de voû-
tains en béton armé, se situent sous la dalle de
roulement (figure 1).
Les principaux travaux à réaliser concernaient les corps d’état et la réalisation de plusieurs types de
refuges, les carneaux de désenfumage, les niches travaux en parallèle, des difficultés inattendues ont
incendie et les niches sécurité, les fosses en com- provoqué un retard à la livraison.
munication avec la gaine d’air vicié, les réser-
voirs incendie intérieur et extérieur, la réhabilitation
de la voûte du sas et la galerie de visée. ■ LES TRAVAUX
Principale contrainte : un planning très serré, qui POINT PAR POINT
explique une période écourtée de préparation. Les
exigences du maître d’ouvrage en termes de délai Le déroctage
se sont renforcées du fait de l’attribution au même
groupement, du lot 5 F (génie civil de second œuvre) Les travaux ont démarré par le creusement des re-
consécutif au lot 2F. Malgré un chantier ouvert 6 fuges des carneaux par déroctage, à partir du sas,
jours sur 7 et 24 h/24, avec une organisation quo- situé au milieu du tunnel pour séparer les conces-
tidienne compliquée par la présence de nombreux sions française et italienne, et se sont poursuivis, ®
Travaux n° 791 • novembre 2002 17
RÉHABILITATION D'OUVRAGES
dérocter, s’est effectué dans un espace exigu, sou- Ils se classent en deux catégories : huit refuges de
mis à une circulation importante, qui devait être type C, avec une section d’environ 50 m2 ont été
maintenue pour alimenter les autres chantiers en construits par approfondissement des galeries
place. de retournement existantes. Et onze nouveaux re-
fuges de type D et d’une section d’environ 28 m2
Figure 2
Les refuges existants ont été réalisés par creusement de nouvelles ga-
du tunnel étaient constitués leries. Ces refuges comportent un sas d’entrée et
d’abris en béton armé une pièce refuge destinée à l’accueil des usagers,
construits dans les garages,
face aux galeries ainsi qu’un accès à un escalier de liaison aux gaines
de retournement. de ventilation d’air frais, situées sous la chaussée.
Les nouveaux refuges Après le creusement de la section courante (pho-
sont de deux types :
C (50 m2 de section) et D tos 1 et 2), puis de la partie basse (photo 3), la
(28 m2 de section)
The existing refuges
in the tunnel consisted
of reinforced concrete
LA RÉALISATION
shelters built in the laybys, DES CARNEAUX
opposite the turning
galleries. The new refuges L’excavation s’est déroulée en deux phases :
are of two types :
C (50 sq. m cross section) - creusement de la partie au-dessus de la dalle
and D (28 sq. m cross de roulement (niche électrique et carneau d’as-
section) piration) ;
- creusement de la partie basse (puits de
connexion à la gaine d’air vicié).
Excavation de la partie voûte
1) Sciage du revêtement existant de part et
Figure 3 d’autre de l’emprise de l’excavation
Coupe sur carneau 2) Boulonnage de la voûte existante. Le revê-
de ventilation tement dans lequel s’insère le carneau étant
Cross section très fissuré, il doit être stabilisé par une dis-
on ventilation flue
position en quinconce de neuf boulons de part
et d’autre des traits de scie
3) Excavation du carneau et de la niche
Excavation de la partie basse
1) Foration, chargement, tir, ventilation, mari-
nage
2) Sciage du piédroit de la gaine de ventilation
3) Démolition et évacuation de ce piédroit
Quantités mises en œuvre
Carneau (partie voûte)
• Volume excavé : 180 m3
Photo 1 • Foration : 350 ml
Amorce du creusement
• Explosif théorique : 143 kg
d’un refuge
• Ratio théorique : 0,80 kg/m3
Starting digging
for a refuge Carneau (partie basse)
• Volume excavé : 20 m3
• Foration : 215 ml
• Explosif théorique : 75 kg
• Ratio théorique : 3,75 kg/m3
Volumes - Quantités
• Volume total excavé partie voûte : 7 750 m3
• Volume total excavé partie basse : 900 m3
• Volume total béton projeté fibré : 800 m3
• Volume total béton projeté non fibré : 200 m3
• Boulons d’ancrage passifs : 2 900 u
(Volumes tenant compte des hors profil)
Photo 4
Bétonnage
du radier
Concreting
the foundation
raft
Photo 5
Coffrage du tympan
en panneaux
coffrants
Photo 6 Shuttering
Coffrage en place dans un refuge de type D - Masque en cours the frontwall
de réalisation with shutterwork
Shuttering in place in a D type refuge - Work in progress panels
on facing membrane
Photo 7
Ferraillage
de la casquette
Reinforcement
of the canopy
®
Travaux n° 791 • novembre 2002 19
RÉHABILITATION D'OUVRAGES
®
Photo 8 nel. Cinq jours de travail sont nécessaires pour
Purge et élimination chaque carneau : après la réalisation d’installa-
de faibles sous-profils
d’un carneau tions de protection, la voûte doit être sciée puis les
Purging and elimination carneaux sont excavés à l’explosif (photos 8 et 9).
of slight sub-profiles Il faut ensuite s’attaquer au soutènement du ro-
from a flue cher avec du béton projeté et des boulons ou des
cintres. Cependant, dans ce cas, le travail s’est dé-
roulé avec de fortes pressions dans la roche, qui
ont provoqué des contraintes sur la section du tun-
nel, et, par conséquent, un phénomène de conver-
gence. Pour stabiliser le rocher, des boulons de
grande longueur ont été utilisés. Ce n’est qu’après
Photo 9 cette étape que le revêtement définitif a pu être
Foration pour tir posé. Autre particularité : le fait de faire sauter le
supplémentaire béton et de taper dans la roche portait atteinte au
(sous-profils importants)
Boring for additional
blasting Photo 11
(extensive sub-profiles) Niche après bétonnage
Recess after concreting
Photo 10
Excavation
d’une niche au BRH
Excavation of a recess
by BRH machine
LA CIRCULAIRE INTERMINISTÉRIELLE
N°2000-63 DU 25 AOÛT 2000
Suite à l’incendie du tunnel du Mont-Blanc, le ministère de l’Intérieur et le ministère de l’Equipement,
des Transports et du Logement ont décidé de mettre en place des procédures de sécurité beaucoup
plus strictes pour les tunnels d’une longueur supérieure à 300 m. Ainsi, la circulaire instaure un nou-
veau protocole préalable à la mise en service d’un tunnel et des modalités de suivi de l’exploitation
des ouvrages. Les principaux axes de sécurité concernent : les aménagements pour l’évacuation des
usagers ; les aménagements pour les accès des véhicules de secours ; la ventilation de désenfumage
en cas d’incendie et la tenue au feu des revêtements de tunnels.
Les dispositions géométriques applicables sont également détaillées : le profil en travers doit per-
mettre l’accès des véhicules de secours; des aménagements pour l’évacuation et l’accès des secours
doivent être installés tous les 200 m et se présenter sous l’une des formes suivantes (en préférence
décroissante) : communication directe avec l’extérieur, communication entre tubes, galerie de sécu-
rité parallèle, abris protégés reliés à l’extérieur par un cheminement protégé.
Les fosses
plémentaire d’environ trois semaines. ®
Photo 13
Deux fosses en communication avec la gaine d’air Alésage achevé
vicié ont été créées. Elles abritent des ventilateurs à diamètre 12,00 m
permettant la modification du flux d’air vicié, au ni- Boring completed
veau du débit et de la direction. to diameter 12.00 m
Le sas
Dans une zone de 150 ml, ont été menés des tra-
vaux de réhabilitation de la voûte.
La galerie de visée
Following the fire in Mont-Blanc tun- El incendio del túnel del Mont Blanc ha
nel, an interministerial circular was acarreado la redacción de una circu-
published in August 2000, stipulating lar interministerial en agosto de 2000,
stricter safety procedures. The work por la cual se precisan los procedi-
undertaken in the tunnel therefore invol- mientos de seguridad más estrictos.
ved, in addition to a rehabilitation phase, Las obras emprendidas en el túnel
modernised installations in conformance incluían, pues, además de una fase de
with the new regulations. A tight dead- rehabilitación, las instalaciones de
Photo 14 line, the presence of safety supervisory modernización de conformidad con la
Coffrage de voûte organisations, and difficult working nueva normativa. Un plazo estricto,
Arch shuttering conditions were features of execution la presencia de organismos de super-
of the civil engineering works entrus- visión de la seguridad y de las condi-
ted to the consortium formed by Vinci ciones de trabajo difíciles han incidido
Construction Grands Projets, Bouygues en el desarrollo de las obras de inge-
® La ventilation and Freyssinet. niería civil encargadas a la agrupación
de empresas constructoras Vinci
Dans les chantiers de tunnel, il est primordial d’éva- Construction Grands Projets, Bouygues
cuer les poussières dues aux travaux de terras- y Freyssinet.
sements (tirs de mines, poussières des fumées)
et les gaz d’échappement des engins de travaux,
tout en amenant de l’air frais. Au début, il était pré-
vu d’utiliser le réseau existant du tunnel, qui s’est
finalement avéré défaillant et fuyant. Ainsi, l’air vi-
cié ressortait à l’intérieur du tunnel et l’appel d’air
frais subissait des pertes de charges. De plus, pour
alimenter la multitude de chantiers ouverts en
parallèle, de nombreux engins diesel devaient cir-
culer, rendant l’air quasi irrespirable.
Théoriquement, la solution aurait été de créer une
ventilation avec deux ventubes. Cependant, ces
tuyaux présentent un diamètre respectif de 2 et
3 m, ce qui aurait représenté un sérieux handi-
cap dans un espace aussi exigu que celui du chan-
tier du tunnel du Mont-Blanc. Les travaux se sont
donc trouvés ralentis par la capacité limitée de la
ventilation existante.
LES PRINCIPALES
QUANTITÉS
Le personnel
• Terrassements à l’explosif :
13 600 m3
Le délai très restreint a conduit le groupement à
• Terrassements à brise-roche :
faire appel à de la main-d’œuvre intérimaire en gran-
4 800 m3
de quantité. En effet, pour maintenir un effectif qui
• Mise en décharge : 85 000 t
a tourné en pointe aux alentours de 600 personnes,
• Boulons : 48 000 t
il a fallu accueillir en tout 1 650 personnes et les
• Démolition : 5 100 m3
initier aux procédures de la sécurité dès leur arri-
• Cintres : 255 t
vée sur le chantier. Le manque de formation de
• Coffrages : 31 000 m2
nombre de ces intérimaires a nécessité une sur-
• Béton : 22 000 m3
veillance permanente.
• Armatures : 195 t
• Montant du marché : 13 millions
d’euros
La réhabilitation de la
Screg Ile-de-France Normandie, Co-
las Ile-de-France Normandie et Sacer
Paris Nord Est ont obtenu en mars
de Roissy-Charles-de-
2002 le marché de réhabilitation de
la piste 2 de Roissy-Charles-de-Gaul-
Un chantier express
le. Un marché d'un montant de
10 700 000 € à réaliser en 16 jours. ■ QU’EST-CE QU’UNE PISTE ? Les contraintes
Aligner six finisseurs équipés de tables
Le projet Ce chantier, d’un délai global de six mois, s’est dé-
de 7,5 m pour mettre en œuvre jus- roulé entre le 1er mars 2002 et le 31 août 2002. Il
qu’à 14000 t d’enrobés par jour n’était Le maître d’ouvrage, Aéroports de Paris, souhaitait était assorti d’un délai partiel de fermeture de la
pas la seule difficulté. Il a fallu que réhabiliter la piste 2 située sur la plate-forme de piste de 16 jours, du 6 août 2002 au 22 août 2002,
Roissy-Charles-de-Gaulle. Ce projet avait deux ob- période d’exécution des couches de fondation et
le directeur de travaux, Philippe Sois-
jectifs : de roulement mais aussi des accotements. En de-
son, gère plus de 300 salariés et jus- ◆ d’une part, améliorer l’uni et les qualités de rou- hors de cette phase de totale libération du chan-
qu’à 100 engins et camions sur un lage des avions sur cet ouvrage qui date de 1974. tier, la piste était fermée de nuit (23 h 00 à 5 h 00)
chantier de 4 600 m de long. Un pari La piste 2 était jusqu’à présent constituée d’une entre le 16 juin 2002 et le 4 août 2002, et du 26
juxtaposition de dalles en béton. Cette technique août 2002 jusqu’à la fin du délai, pour les travaux
gagné, grâce à la mobilisation de tous
nécessite la réalisation de joints tous les 7,5 m. de post-goujonnage, de sondages, et de mise à ni-
et à l’envie de gagner des collabora- Le trafic et le vieillissement de la structure ont veau des chambres.
teurs du groupe Colas dont les sy- conduit immanquablement à un phénomène de bat- La plate-forme de Roissy dispose de deux doublés
nergies ont eu pour objectif la qualité tement (doublé de pompage accélérant la dégra- de pistes, l’un au nord, les pistes 1 et 3, l’autre
dation des couches sous-jacentes). Ce phénomène au sud, les pistes 2 et 4. Le trafic aérien imposait
et la satisfaction du client.
s’accompagne d’un défaut de planéité des dalles l’utilisation permanente de trois des quatre pistes.
qui se traduit par l’apparition de marches d’esca- Durant toute la durée du chantier, y compris lors
lier. Ces problèmes deviennent, avec le temps, de de la fermeture aux avions de la piste 2, l’accès à
plus en plus sensibles lors des décollages et at- la piste 4 croisait par deux fois la zone d’évolution
terrissages des aéronefs ; des engins de travaux aux deux extrémités du chan-
◆ d’autre part, élargir les bandes dites "anti-souffle", tier (figure 1). Cette contrainte décrite dans l’appel
situées au-delà des accotements existants ; ceci d’offres a fait l’objet d’une attention toute particu-
pour recevoir la nouvelle génération d’avions gros lière lors de la phase de préparation, mais aussi
porteurs, dont les réacteurs sont plus éloignés de au cours de la réalisation de l’opération.
l’axe de la piste. Ainsi les réacteurs du futur Airbus Un autre élément essentiel pour ces travaux aéro-
A380 se situent à 25 m de l’axe soit à la limite des portuaires était la gestion des accès. En effet, l’en-
revêtements de l’ouvrage actuel. Cette situation qui semble des interventions liées à ce marché s’est
n’autorise aucune erreur sur l’alignement de l’avion déroulé en zone dite de sûreté. Dans ce cas toute
ne reçoit pas l’agrément des instances internatio- personne amenée à pénétrer sur le site doit être
nales. Par conséquent les surfaces revêtues por- munie d’un badge personnel et si elle utilise un vé-
tées à 37,5 m de part et d’autre de l’axe de la piste hicule (hors engins de chantier), celui-ci doit bé-
protégeront les accotements du souffle et des ar- néficier d’un laissez-passer préalablement établi
rachements qui en sont la principale conséquence. par les services de gendarmerie de la plate-forme.
Figure 1
Localisation
du chantier ; vert,
lieu du chantier ;
rouge, traversées
avions pour accès
piste 2
Site location ;
in green, site
premises ; in red,
aircraft crossings
for access
to runway 2
piste 2 de l'aéroport
Gaulle
■ LES RÉPONSES lioration de l’uni en moyennes ondes avant la mise
en œuvre du BBA 0/14. Le projet imposait de ne
Les obligations du marché pas modifier le profil des voies d’accès à la piste.
Ainsi, il a fallu ancrer la nouvelle structure dans les
L’étude technique liée à la réhabilitation ne faisait dalles existantes et réaliser cette couche en épais-
pas partie de notre marché. En effet, le marché seur variable afin de garantir un nivellement confor-
n’était pas ouvert aux variantes et la solution pro-
posée par le maître de l’ouvrage pour la piste était
me aux plans établis par les géomètres. ®
la suivante : Un chantier
◆ mise en place de goujons entre les différentes de plus de 4 600 m
dalles ; de long
◆ réalisation d’un tapis sable fortement dosé en A construction site
over 4,600 m long
bitume sur les 30 m axiaux de la piste, épaisseur
2 cm ;
◆ mise en œuvre d’une couche d’enrobés à mo-
dule élevé sur 45 m de large, épaisseur 9 cm ;
◆ application d’un enrobé aéronautique type BBA
0/14 sur les 60 m de piste, épaisseur 6 cm.
Concernant la réalisation des accotements, les
pièces du marché indiquaient :
◆ couche de forme en grave de béton concassé
Mise en œuvre
0/30 ; de l’EME
◆ couche de fondation en grave traitée aux liants Laying high
hydrauliques 0/20 ; modulus hot mixes
◆ application d’un béton bitumineux aéronautique
BBA 0/10 sur les accotements existants et en
chaussée neuve sur 6 cm.
Le goujonnage des dalles a pour objectif de limiter
l’effet de battement et d'assurer une parfaite conti-
nuité de la couche de fondation. En effet, sans cet- Coupe type
te opération les battements issus des efforts transmis des travaux piste
seraient tels que les couches d’enrobés se fissu- Typical cross section
reraient au droit des dalles dans un délai extrê- of runway works
mement court.
Cette opération ayant été réalisée, une première
couche constituée d’un sable enrobé est destinée
à absorber la discontinuité, malgré tout existante
entre deux dalles successives, ainsi que la micro-
fissuration toujours présente dans les bétons. Ce
sable fortement dosé en bitume élastomère est
donc un deuxième rempart contre la remontée des
fissures. Il assure aussi une fonction d’étanchéité
en interdisant l’infiltration d’eau au sein de la couche
de fondation.
Ensuite vient la couche de liaison réalisée en en-
robé à module élevé. Au-delà de sa fonction de ren-
forcement de la structure elle assure, elle aussi,
une protection contre la remontée trop rapide des
fissures. L’expérience d’ADP prouve que ce phéno-
mène se développe à la vitesse d’un centimètre par
an. Cette épaisseur garantit neuf années de tran-
quillité avant l’attaque de l’ultime couche d’enrobé.
Cette strate d’EME assure enfin une fonction d’amé-
Les compacteurs CC501 des goujons et des sondages préalables sur les
préparent le revêtement accotements ;
pour le passage
des Airbus vers la piste 4 ◆ phase 2 A : fermeture H 24 de la piste du 6 au
en phase 2B 13 août 2002 pour permettre de réaliser les deux
The CC501 compactors extrémités de piste sur 600 m environ (y compris
prepare the surfacing accotement), tout en laissant un accès libre à la
for passage of Airbus
planes to runway 4 piste 4 dans le sens décollage ou atterrissage ;
in phase 2B ◆ phase 2 B : fermeture H 24 de la piste du 13 au
22 août 2002 avec basculement des traversées
avions sur les parties réalisées en phase 2 A. Réa-
lisation de la partie centrale de la piste et des ac-
cotements ;
L’utilisation d’alimentateur ◆ phase 3 : finitions d’accotements de nuit entre
a assuré une qualité d’uni le 22 août 2002 et le 30 septembre 2002 et mise
optimale à niveau des 600 chambres électriques.
The use of a feeder ensured Ce planning extrêmement court a bien entendu né-
optimum quality
cessité la mise en place très tôt d’une structure
of evenness
d’étude et de direction de travaux.
Dès le 1er mars 2002 les agences Screg Seine-
Saint-Denis/Val d’Oise (mandataire du groupement
conjoint Screg Ile-de-France Normandie/Colas Ile-
de-France Normandie/Sacer Paris Nord Est) et Co-
las Paris Nord ont dédié chacune un ingénieur. Au
total quatre personnes travaillent jusqu’à la veille
du démarrage des travaux principaux en août.
La phase d’études a permis de définir très en amont
les sources d’approvisionnement des matériaux.
Les 75 000 t de calcaires durs destinées à la
réalisation des couches d’enrobés à modules
® La couche finale d’enrobés au bitume modifié as-
sure les qualités d’adhérence et de profil en long
élevés et des graves traitées d’accotement pro-
viennent des carrières CCM situées dans le Nord
du projet. Ces deux paramètres sont essentiels de la France. 70 % de ce matériau ont été ache-
pour garantir une piste de bonne qualité. Le pre- minés par le train. Pour les matériaux entrant dans
mier garantit un coefficient de frottement optimal la composition des couches de roulement, la car-
afin d’obtenir un freinage performant des avions. rière Voutré a été retenue car elle garantissait au
Le second par une réduction importante des dé- mieux le respect des délais d’approvisionnement.
fauts de petites ondes participe grandement au En effet, l’ensemble des constituants nécessaires
confort des passagers dans les phases de décol- à la réalisation du chantier devait se trouver sur la
LES PRINCIPALES lage et d’atterrissage. plate-forme avant fin juillet. Il était bien évidemment
QUANTITÉS Dans le cas de la constitution d’accotement, la impossible de compléter les approvisionnements
structure adoptée est seulement dictée par les en août alors que jusqu’à 20 000 t de matériaux
• Longueur de la piste : 4 600 m contraintes liées à la mise en œuvre des couches divers seraient mis en œuvre chaque jour.
• Surface : 360 000 m2 de surface. La grave concassée assure une pla- Le choix des partenaires a donc été dicté tout au
• Terrassement d’accotements : te-forme de module suffisant à la réalisation de la long de ce chantier par leurs capacités à répondre
40 000 m3 couche de fondation en grave traitée, qui elle-même au mieux aux objectifs de fiabilité en termes d’en-
• Graves traitées : 35 000 t n’assure qu’un rôle de support au finisseur et aux gagements sur les délais, la qualité et la réactivi-
• Graves béton concassé : 45 000 t camions chargés d’approvisionner les enrobés des té. La mise en œuvre de 160 000 t de matériaux
• Enrobés : 87 000 t bandes anti-souffles (celles-ci ne devant jamais re- sur un délai de 16 jours ne s’improvise pas et il
cevoir de trafic). était alors hors de question de modifier une quel-
conque procédure de réalisation en cours de chan-
Phase de préparation tier. L’ensemble des paramètres a bénéficié d’une
et mise en place validation au cours de la préparation de chantier et
de l’encadrement de chantier toutes les tâches ont été simulées lors de l’éta-
blissement d’un véritable plan de vol pour cette
Afin d’assurer une continuité dans l’exploitation de opération. La rigueur du management des sociétés
la plate-forme aéroportuaire le chantier était dé- partenaires de ce chantier, notamment dans le
coupé en trois phases principales et deux sous- cadre de la certification ISO 9000 a permis de ga-
phases : rantir des procédures efficaces et la rédaction d’un
◆ phase 1 : du 17 juin 2002 au 5 août 2002. Fer- PAQ précis et sans faille. En l’absence de cette cul-
meture de la piste de nuit permettant la réalisation ture de management par la qualité l’équipe de di-
RESUMEN ESPAÑOL
Rehabilitación de la pista 2
LES PRINCIPAUX del aeropuerto
INTERVENANTS de Roissy-Charles-de-Gaulle
Rápida ejecución de las
obras
Maître d’ouvrage
Aéroports de Paris
B. Sala
Maître d’œuvre
Aéroports de Paris Las empresas constructoras Screg Ile-
Groupement d’entreprises de-France Normandie, Colas Ile-de-
France Normandie y Sacer Paris Nord-
Screg Ile-de-France Normandie (mandataire),
Est obtuvieron, en marzo de 2002, el
Colas Ile-de-France Normandie, Sacer Paris-
contrato de rehabilitación de la pista
Nord Est 2 del aeropuerto de Roissy-Charles-de-
Sous-traitants Gaulle.
• Cosson (filiale Screg Ile-de-France Norman- Se trataba de un contrato por un importe
die) : terrassements et graves concassées de 10 700 000 euros, que se tenía que
• Socafl : réseaux ejecutar en 16 días.
• Isotech : goujonnage La única dificultad para respetar el
plazo impartido no se limitaba a poner
en línea seis acabadoras dotadas de
tableros de 7,5 m para implementar
hasta 14000 t de aglomerados por día.
También fue preciso que el director de
las obras, Philippe Soisson, organizase
el trabajo de más de 300 empleados y
hasta 100 máquinas y camiones en
unas obras de 4 600 m de longitud.
Apuesta ganada debido a la moviliza-
ción de todos y a la intención de lograr
por parte de los colaboradores del Grupo
Travaux de réparations
La RATP a lancé depuis les années
70 une reconnaissance systématique
du métro parisien
de ses infrastructures afin de déci-
der des travaux d’entretien à entre-
prendre. Toutes les nuits pendant
l’interruption du service voyageurs,
D
des travaux sont réalisés dans le mé- epuis 7 ans, l’entreprise Sotem réalise Les tunnels du métro parisien sont essentiellement
tro de Paris pour maintenir en état et toutes les nuits des travaux d’injection pour constitués de maçonneries de meulière hourdées
le compte de la RATP dans le métro pari- au mortier de ciment pour la partie voûtée et une
rénover les ouvrages. L’entreprise sien. partie des piédroits, alors que le radier et la base
Sotem, spécialisée dans les travaux La société Sotem est une filiale de Solétanche Ba- des piédroits sont constitués d’un gros béton (mé-
d’injection, est en charge de ces tra- chy (51 % Solétanche Bachy/49 % SEFI). Elle a été lange de cailloux avec du mortier de ciment). Dans
créée à l’origine pour effectuer exclusivement les les stations voûtées, seule la voûte est en ma-
vaux. Elle a conçu et adapté des
travaux de maintenance des infrastructures du mé- çonnerie, le reste étant constitué de béton. Dans
moyens d’exécution spécifiques pour tro. Encore aujourd’hui, elle réalise 95 % de son les parties moins profondes les ouvrages sont des
répondre aux contraintes d’exploita- chiffre d’affaires pour la RATP. tranchées couvertes avec des piédroits en ma-
tion du métro et limiter l’impact de çonnerie qui soutiennent un tablier métallique et
qui sont réunis à leur base par un radier maçonné.
ses installations dans un environ-
■ PRÉSENTATION Ces ouvrages en contact avec le terrain et les cir-
nement urbain. culations d’eau se détériorent avec le temps, les
Les premières lignes du métro parisien ont été maçonneries se désagrègent progressivement et
mises en service au début du XXe siècle. La construc- des vides apparaissent soit entre l’ouvrage et le
tion de la quasi-totalité des lignes intra-muros telles terrain soit dans la maçonnerie par la disparition
que nous les connaissons aujourd’hui a été ache- du mortier de liaison et l’altération de la meulière.
vée à la fin des années 30. Afin de maintenir ses La grande majorité du réseau du métro parisien a
infrastructures en bon état, la RATP a lancé au dé- été construite au-dessus de la nappe phréatique,
but des années 70, des campagnes de recon- par contre les ouvrages sont soumis aux diverses
naissances et des traitements de ses ouvrages par infiltrations provenant de la surface (pluie, fuites
injection de coulis de ciment. L’éboulement du tun- des réseaux d’assainissement ou des conduites
nel SNCF de Vierzi au début des années 70 qui d’eau) qui peuvent endommager rapidement les ou-
avait fait de nombreuses victimes a conforté cette vrages localement. Pour le confort de ses passa-
décision. gers la RATP demande d’intervenir également au
niveau des accès et des stations pour réaliser des
Carottage à l’aide travaux d’étanchéité par injection.
d’une mini-sondeuse
dans un escalier d’accès
Coring by means
of a mini-borer ■ LES TRAVAUX DE RÉNOVATION
in an underground
rail access stairway
Les traitements de réparation consistent à injecter
un coulis de ciment fortement dosé (1 t de ciment
par m3 de coulis) par l’intermédiaire de forage d’une
profondeur égale à 2/3 de l’épaisseur de l’ouvra-
ge (traitement de régénération de maçonnerie) et
à réaliser des injections au contact du terrain par
l’intermédiaire de forages traversant (traitement de
Sondeuse de reconnaissance collage). Pour réaliser l’étanchéité, l’injection est
pour les accès : une machine faite dans la maçonnerie avec des coulis de ciment
compacte qui peut être fine mouture qui ont une capacité de pénétration
acheminée sans démontage
à l’intérieur des enceintes importante afin de remplir l’ensemble des fissures.
du métro Des compléments d’injection de résine sont en-
Reconnaissance boring suite réalisés ponctuellement.
machine for accesses :
a compact machine that can
be transported without
disassembly inside ■ LES MOYENS ET CONTRAINTES
the underground rail system
La RATP a un vaste programme d’entretien de l’en-
semble de ses ouvrages. Tout débute par une re-
connaissance systématique des ouvrages. Une
équipe spécialisée de la RATP est en charge de vi-
®
l’ensemble du matériel. Le groupe électrogène est Service de la voirie de la Ville de Paris et de la
muni d’un système d’épuration des gaz d’échap- police.
pement. Il possède également un stockage de ci- Le volume moyen d’injection par nuit pour un pos-
ment de 9 t, d’une réserve d’eau suffisante pour te mobile varie de 2 à 3 m3.
assurer la production d’une nuit. L’avantage des
trains est qu’ils s’affranchissent complètement des Les microcentrales
contraintes liées à l’environnement de surface; par
contre leur acheminement sur le site des travaux, Dans les accès du métro où l’épaisseur des ma-
assuré par la RATP, demande une organisation et çonneries est moins importante et l’étendue des
une logistique contraignante, dues au grand nombre travaux est nettement plus faible en comparaison
de convois de chantier circulant sur le réseau la d’un chantier de tunnel, la Sotem utilise une mi-
nuit, ce qui au final représente des délais d’ache- crocentrale. Il s’agit d’une véritable centrale d’in-
Le centraliste commande le démarrage minement et des coûts importants (mise à dispo- jection constituée d’un malaxeur de fabrication de
des presses d’injection en tapant sition de trains de travaux et de conducteurs, coulis de 50 litres, d’un bac de reprise, d’une pres-
sur l’écran tactile maintenance du matériel roulant, nécessité de sites se d’injection avec enregistreur graphique, l’en-
The plant operator actuates start-up pour garage des trains pendant la journée). Pour semble étant monté sur un petit porteur à chenille
of the injection presses by tapping
on the touch-sensitive screen
cette raison, les trains de travaux sont maintenant ou sur roues afin de permettre un déplacement au-
utilisés lorsqu’il n’y a pas d’autre solution de rem- tonome de l’ensemble dans les zones de travaux.
placement. Actuellement la Sotem n’a plus qu’un Ce matériel est stocké pendant la journée dans des
train de travaux pour l’injection et un train pour réa- emprises affectées par la RATP (emprise sur quai
liser les reconnaissances en tunnel. ou local). A la fin du service voyageur, la micro-
centrale est acheminée sur la zone de travaux, l’ali-
Les postes mobiles mentation électrique est fournie par le réseau RATP.
Le ciment servant à fabriquer le coulis est livré en
Il s’agit d’une centrale fabrication et d’injection de sacs de 25 kg. Celui-ci est acheminé du débouché
coulis complète (quatre points d’injection simulta- du métro jusqu’à la zone de stockage avec une
née possibles) montée dans un container insono- brouette montée sur un chenillard avec un moteur
risé et posé sur une remorque de camion. Le groupe thermique. Le volume moyen d’injection réalisé par
électrogène, le silo à ciment et le compresseur sont nuit pour une microcentrale est de l’ordre de 500
Ecran de contrôle et de pilotage
également dans un container insonorisé, l’ensemble litres de coulis.
de l’injection dans un poste mobile.
Visualisation des courbes de débit faisant une longueur de 13 m avec une largeur et
et de pression instantanée une hauteur au gabarit routier. Sotem a actuelle- La sondeuse de reconnaissance
pour les forages d’injection
ment en service six postes mobiles d’injection toutes pour les accès
Injection monitoring and control screen les nuits. Le matériel est donc acheminé entre
in a mobile station. Display of flow rate
and instantaneous pressure curves 22h00 et minuit à proximité d’un débouché de mé- Les carottages dans les accès sont réalisés avec
for injection drilling tro proche des travaux à réaliser. Les conduites une petite sondeuse électrique montée sur un por-
d’alimentation en coulis et d’air teur à chenille motorisé (moteur thermique). Cette
sont raccordées entre le poste machine est dimensionnée au gabarit des portes
mobile et les conduites préala- d’accès du métro afin d’être acheminée sans au-
blement installées dans le ré- cun démontage. Les carottages réalisés doivent
seau du métro. L’installation est permettre d’extraire une carotte constituée de la
alors opérationnelle dès la fin maçonnerie de l’ouvrage et d’au moins 10 cm de
du service voyageur. Les forages terrain au contact de l’ouvrage.
sont réalisés à l’aide de mar-
teaux perforateurs puissants Le train de reconnaissance
montés sur poussoir ou sur glis-
sières. Les échafaudages utili- La RATP a mis en place une reconnaissance sys-
sés en tunnel sont montés sur tématique de ses tunnels avec des carottages de
des lorries. En surface, l’empri- l’ouvrage et des terrains encaissants sur plusieurs
se nécessaire correspond au mètres et des forages destructifs d’environ 30 m
Poste mobile d’injection : une centrale stationnement d’un semi-re- en radier pour reconnaître des vides éventuels. Un
d’injection autonome posée sur la remorque morque. Les travaux s’effectuant de nuit, la circu- train de travaux est affecté toutes les nuits à ces
d’un camion, rapide à déplacer et à installer ;
un impact sonore limité, l’ensemble lation routière est fluide et les possibilités reconnaissances ; il est constitué de trois wagons
du matériel étant monté à l’intérieur d’emplacement en surface sont largement facili- sur lesquels sont posées une sondeuse, une fo-
d’un container insonorisé tées. En particulier, la RATP a la possibilité d’uti- reuse avec enregistreur des paramètres de forage
Mobile injection station : an autonomous liser ses couloirs de bus lorsque le service est et une centrale d’injection. L’énergie est fournie
injection plant placed on the trailer terminé. par un groupe électrogène muni d’un système d’épu-
of a truck, which can be moved
and installed rapidly ; limited noise impact, Malgré les faibles contraintes qu’ils engendrent vis- ration des gaz d’échappement. Une fois arrivé
all the equipment being mounted à-vis de la circulation, chaque emplacement de pos- sur zone, cet atelier doit pouvoir assurer chaque
inside a sound-insulated container te mobile doit faire l’objet d’une autorisation du nuit, dans un délai inférieur à 3 heures, un fora-
Le canal d’Oraison
Après une expertise complète réali-
sée en 1998 sur le canal d’Oraison
Réhabilitation d’une partie du canal
(Alpes-de-Haute-Provence), construit à l’étang de Berre
à la fin des années 1950, il a été dé-
cidé d’améliorer son étanchéité.
L’intervention du groupement d'en-
L
treprises (Freyssinet mandataire) a e canal d’Oraison se situe dans le départe- tronçon long de 6 km dans les communes des Mées
porté sur un tronçon long de 6 km et ment des Alpes-de-Haute-Provence. Il s’ins- et d’Oraison (photo 1).
crit dans le cadre de l’aménagement de la Le canal comporte un radier en béton de 9 m de
a consisté d’une part, à préparer les Durance, dont le réservoir est constitué par la re- large et des bajoyers inclinés à 1 pour 2 composés
surfaces (écrêtage des bourrelets tenue de Serre-Ponçon, d’une capacité de 1 000 de quatre panneaux en béton de ciment de 6 m de
des anciens joints de dalles, rainu- millions de m3, dont 200 millions de m3 pour les haut et 7,5 m de long. La profondeur totale du ca-
besoins agricoles. nal est de 10 m environ. Longitudinalement, le ca-
rage) avant l’application d’une couche
Construit à la fin des années 1950 et mis en ser- nal comporte des joints de retrait tous les 7,5 m
de résine primaire (système bi-com- vice en 1962, cet ouvrage de forme trapézoïdale et des joints de dilatation tous les 75 m.
posant à base de polyuréthane élas- alimente plusieurs centrales électriques et couvre
tomère à réactivité instantanée) au les besoins agricoles de la région. Il comporte plu-
pistolet et d’autre part, à réaliser de
sieurs particularités, dont un passage en souter- ■ 52 KILOMÈTRES DE JOINTS
rain dans la commune des Mées (le site classé dit
nouveaux joints de dilatation entre des "Pénitents" a contraint les concepteurs à l’en- Les premiers travaux consistent en un écrêtage des
les dalles à la scie diamantée mura- terrer sur une longueur de 2 775 m) et des déblais bourrelets des anciens joints de dalles constituées
le. et remblais très importants imposés par le relief d’un mastic bitumineux contenant de l’amiante.
montagneux. L’écrêtage est effectué au marteau piqueur, opé-
L’intervention a également porté sur
ration banale mais qui, dans ce contexte, doit s’en-
de nombreux travaux annexes dont tourer des plus grandes précautions. En effet, avec
la création de 24 exutoires pour fa- une présence minime d’amiante, les équipes Freys-
ciliter l’évacuation des eaux pluviales, sinet ont dû revêtir les protections nécessaires lé-
gales, sous une température ambiante dépassant
le remplacement de certaines dalles
les 40° C au fond du canal. Les équipes affectées
et la réparation des joints et des pa- à cette intervention avaient au préalable reçu une
rements en béton du pont-canal situé formation spécifique et obtenu la qualification amian-
au-dessus de la rivière Bléone. te. Une fois ce traitement terminé, une dizaine de
personnes s’est appliquée à la réalisation d’une
Un chantier, aux dimensions impres-
rainure légère de 7 mm x 7 mm à la tronçonneuse
sionnantes qui a mobilisé une soixan- de part et d’autre des fissures et des joints à re-
taine de personnes pendant onze prendre, puis au sablage des surfaces en béton
semaines, délai impératif de chôma- à revêtir. Les rainures assurent une sécurité sup-
plémentaire pour la tenue de la bande de résine
ge des installations hydrauliques.
exposée au phénomène de "pelage" créé par l’im-
portant débit du canal. Cent quatre kilomètres de
rainurage ont ainsi été réalisés.
Les joints et les fissures ont été recouverts d’un
Photo 1 ruban adhésif de 40 mm. Il permet de désolidari-
Les travaux de réhabilitation
s'étendaient sur un tronçon de 6 km
ser la membrane d’étanchéité, large de 40 cm, du
de long dans les communes béton des dalles, afin de permettre leur libre dila-
des Mées et d'Oraison tation sous l’effet des variations thermiques, no-
The rehabilitation works tamment lors de la remise en eau du canal.
extended over a section 6 km long Une couche de résine primaire projetée au pistolet
in the communes of Mées
and Oraison (photo 2) a été mise en œuvre avant l’application
de la membrane d’étanchéité. Cette dernière est
un système bi-composant à base de polyurétha-
Après une trentaine d’années d’exploitation, des ne élastomère à réactivité instantanée qui forme
dégradations décelés grâce à une surveillance une membrane de 2 à 3 mm d’épaisseur. Le pro-
constante des services d’EDF (Electricité de Fran- duit est mis en œuvre à chaud par projection au
ce), ont conduit à vidanger l’ouvrage en 1998 pour moyen de deux machines spécifiques équipées de
effectuer une expertise complète et définir le type conduites chauffées de 60 m de long qui permet-
de travaux à engager. Il a été décidé de traiter plu- tent le traitement quotidien de 1600 m de fissures
sieurs tronçons pour améliorer l’étanchéité du et de joints. Une troisième machine préchauffe la
canal. L’intervention de Freyssinet a porté sur un résine (photo 3) pour ne pas interrompre la pro-
Photo 2
jection et assure le recyclage du produit non utili- La membrane d'étanchéité,
sé. Ces travaux sont d’abord effectués sur les ba- de 2 à 3 mm, est un système
joyers puis sur le radier, après le grenaillage des bi-composant à base
de polyuréthane élastomère
zones à traiter. Compte tenu de l’absence de joints à réactivité instantanée.
de dilatation à certains endroits, quelques dalles 1 600 m de fissures et de joints
souffraient d’importants éclatements de béton en- ont été traités quotidiennement
traînés par leur dilatation, défauts apparus pendant The membrane, 2 to 3 mm thick,
is a two-component system
la période de chômage du canal. Quinze nouveaux
with an instant setting
joints de dilatation ont donc été réalisés à la scie polyurethane elastomer base.
diamantée murale. 1600 m of cracks and joints
were treated daily
■ TRAVAUX PRÉPARATOIRES
L’intervention portait également sur de nombreux
travaux annexes. Freyssinet a ainsi procédé, du-
rant la première semaine d’intervention, à la créa-
tion de 24 exutoires de 150 mm de diamètre pour
faciliter l’évacuation des eaux pluviales et de deux
entonnements d’alimentation des cultures envi-
ronnantes. Les exutoires débouchent dans des ca-
nalisations ovoïdes perpendiculaires au canal situées
pour les plus profonds à 7 m sous le radier. Les
entonnements, quant à eux, ont un diamètre de
420 mm.
En amont de la zone asséchée, deux batardeaux
ont été construits pour assurer le maintien des eaux
destinées aux cultures et un troisième batardeau
pour garantir l’assèchement de la zone aval. Ces Photo 3
La membrane est mise en oeuvre
batardeaux, de 1,5 m de haut, ont été réalisés à à l'aide de deux machines
l’aide de "big bag" remplis de graviers et recou- spécifiques équipées
verts en amont d’une membrane en PVC. de conduites chauffées.
Une troisième machine
En fin de travaux, tous les percements ont été re- préchauffe la résine
bouchés par mise en œuvre de mortier sans retrait. pour ne pas interrompre
Des regards ont également été percés pour per- la projection
mettre l’auscultation vidéo des drains longitudi- The membrane is applied by
two special machines fitted
naux. with heated pipes.
A third machine preheats
the resin so as not to interrupt
■ TRAVAUX STRUCTURAUX spraying
ANNEXES
Compte tenu de l’importante fissuration de cer-
taines dalles, Freyssinet a procédé à leur rempla-
cement, à la démolition du béton au BRH et à leur
reconstitution par coulage en place de béton de
centrale. De nombreuses réparations de béton ont
été effectuées sur les surfaces de dalles au moyen
de mortier de réparation NF (30 t de matériaux).
Parallèlement, les équipes Freyssinet sont inter-
venues dans la réparation des joints (traitement
par bandes PVC et mastic) et des parements en
béton du pont-canal situé au-dessus de la Bléone ®
Travaux n° 791 • novembre 2002 35
RÉHABILITATION D'OUVRAGES
Réhabilitation du réservoir
d’eau potable de Tortel (Var)
et étanchéité des cuves
par revêtement résine armée
La réfection du vieux réservoir d’eau potable de Tortel à La Seyne-sur-Mer (Var) vient de se ter-
miner. Cet important ouvrage possédant deux bassins de 1 000 m3 a nécessité 5 mois de tra-
vaux confiés au groupement Freyssinet - Etandex - Cometra. La nouvelle étanchéité des cuves
est un revêtement à base de résine époxy armée fibre de verre fixée mécaniquement.
En 1999, le réservoir de la Colle d’Artaud avait déjà reçu le même type de revêtement appar-
tenant à la gamme Permatex.
S
itué à la Seyne-sur-Mer dans le Var, le ré- Début janvier 2002, l’ordre est donné de commencer
servoir de Tortel est le plus ancien édifice les travaux qui sont planifiés sur 5 mois.
sur la commune (1890) ; il comprend deux La maîtrise d’œuvre est assurée par le Service des
cuves de 1 000 m3. Cet ouvrage a été construit en eaux de la Seyne-sur-Mer et le contrôle technique
maçonnerie traditionnelle (moellons pour les pa- par le bureau Veritas de Toulon.
rois et béton sans armature pour les voûtes). Il est Le montant des travaux s’élève à un peu plus de
alimenté par le réseau de Toulon et par celui du 400 000 € et a bénéficié d’une aide de l’Agence
centre principal de la Colle d’Artaud 1. de l’eau Rhône Méditerranée Corse à hauteur de
Il dessert le centre-ville de la Seyne avec un débit 130 000 €.
de 22 l/seconde (2 000 m3/jour).
En 1966 un observatoire (Antares) a été construit
sur l’ouvrage sans fondation. La vétusté de cette
construction ainsi que sa conception ont entraîné
un certain nombre de désordres et ont amené une
rupture de l’étanchéité.
Pour assurer la pérennité de ce réservoir et pour le Voiles extérieurs,
mettre en conformité avec les règles sanitaires il béton projeté
convenait d’effectuer sa réhabilitation afin d’éviter Exterior shear
tout risque de pollution de l’eau de consommation. walls, shotcrete
Un appel d’offres a été lancé par la ville de la Sey- Terrasse
ne-sur-Mer qui a adjugé le marché au groupement Terrace
d’entreprises : Freyssinet (mandataire), Etandex et
Cometra.
Alimentarité
Vue générale
Résistance mécanique
cuve nord
General view Un certain nombre de tests ont été effectués par
of the North tank le laboratoire Veritas de Saint-Ouen-l’Aumône (Val-
d’Oise) portant sur :
◆ l’imperméabilité à l’eau ;
◆ essai de tenue à la contre-pression d’eau ;
◆ essai de tenue à la condensation continue ;
◆ essai de comportement aux cycles climatiques
conventionnels ;
◆ essai d’adhérence ;
◆ essai de fissurations…
… démontrent la parfaite qualité du revêtement.
■ DÉROULEMENT
DES OPÉRATIONS
Détail d’une fixation
®
Confection dans la partie haute d’une engravure
Detail of a fastener
■ PRÉPARATION ET RÉPARATIONS (arrêt des revêtements) et création d’une zone d’ad-
hérence sur 20 cm par application d’une résine
Différentes tâches se sont succédé lors de la pré- époxy en phase aqueuse (Emulpox).
paration : Application sur les parois et le radier d’une couche
◆ enlèvement des terres de couverture ; de résine époxy sans solvant (Betonol G270).
◆ repiquage des parties de béton défectueuses ; Pose d’un renfort mécanique et multidirectionnel
◆ préparation des supports intérieurs par lavage en fibre de verre E à un grammage de 800 g/m2
très haute pression ; (Permaver DX 800).
◆ ponçage des défauts intérieurs (sous-face) ; Saturation du complexe par pose d’une deuxième
◆ ouverture des fissures, etc. couche de résine (Betonol G 270).
Les réparations ont porté sur les éléments sui- Après la prise du revêtement, perçage des trous
vants : d’un diamètre de 8 mm et d’une profondeur de
◆ fissures extérieures : injection à l’aide de résine 80 mm et pose de chevilles polypropylène Hilti d’une
aquaréactive ; longueur de 50 mm en observant un maillage strict
CONSOMMATIONS ◆ mur ouest : pose d’un drain longitudinal et mise calculé en fonction de la configuration de l’ouvra-
DES PRODUITS en œuvre d’un béton projeté ; ge (environ huit fixations au mètre carré sur les pa-
D’ÉTANCHÉITÉ INTÉRIEURE ◆ voûtes : remise aux cotes par béton projeté avec rois et quatre fixations au mètre carré au sol).
finition talochée ; Nota : En quelques points, les fixations ont été plus
• Permaver DX 800 : 2 500 m2 ◆ observatoire : renforcement par pose d’un treillis rapprochées (autour des piquages, des parties
• Permacor G270 : 4 300 kg soudé et béton projeté en partie basse. hautes, des ouvertures, etc.).
• Permacor 3650 : 2 000 kg ◆ ragréage des structures : application d’un enduit Ces chevilles sont ensuite recouvertes d’un carré
• Chevilles : 12 000 (environ) hydraulique modifié (Lanko) ; de 20 cm x 20 cm de tissu de verre et saturées de
◆ étanchéité de la terrasse : par pose d’une mem- résine.
V. Pech
Entreprises
• Freyssinet Sud-Est (M. Ferrari)
• Etandex Sud-Est
Fournisseurs
Permatex France S.A.S.
Contrôle technique
Bureau Veritas (Toulon)
Figure 1
Ville de Besançon - Service
assainissement.
Réhabilitation
des collecteurs visitables
City of Besançon -
Sanitation Department.
Rehabilitation
of man-entry sewers
Photo 1
ou exfiltrations, la suppression des risques struc- Collecteur
turels. D’un point de vue économique mais égale- aux Prés Jacquot.
ment pratique, quand on connaît les dif ficultés Etat
avant travaux
d’intervention en centre-ville historique, tous ces
Sewer
points devraient contribuer, à la satisfaction d’un at Prés Jacquot.
exploitant de réseau, à diminuer l’entretien ulté- Condition
rieur, et à minimiser les perturbations de surface before the works
dues aux curages.
Photo 7
Collecteur rue des Granges. Démontage de l’ancienne
conduite d’eau
Sewer in Granges Street. Removal of the old water pipe
Photo 10
Collecteur rue des Granges.
Travaux de finition
Sewer in Granges Street.
Finishing works
®
Travaux n° 791 • novembre 2002 43
RÉHABILITATION D'OUVRAGES
Réparation et renforcement
d'ouvrages de génie civil
en milieu industriel
La réparation et le renforcement d’ouvrages de génie civil en milieu industriel posent des pro-
blèmes tout à fait particuliers aux entreprises spécialisées qui sont amenées à réaliser de tels
travaux.
Ces problèmes sont liés en général à plusieurs facteurs tels que l’agressivité de l’environne-
ment, la nécessité de travailler en milieu souvent très encombré, l’importance apportée au main-
tien, avec un minimum de gêne, de l’activité industrielle ou la nécessité de réaliser les travaux
dans un délai très court si ceux-ci doivent se faire en période d’arrêt de l’usine.
Dans ces conditions les entreprises sont dans bien des cas amenées à concevoir des solutions
techniques sortant de l’ordinaire associées à des méthodes d’exécution peu conventionnelles.
C’est ce que nous allons montrer au travers de quatre chantiers réalisés récemment par la so-
ciété Freyssinet France.
Saturateur à sel.
■ MISE EN SÉCURITÉ Vue générale
D’UN SATURATEUR À SEL après mise en sécurité.
On distingue le ceinturage
par lattes de bois
Contexte général de l’opération et bandes de T.F.C.
Salt saturator. General view
Ce saturateur à sel est un ouvrage en béton armé after placing in safety
construit dans les années 60 dont la fonction est configuration. One can see
de permettre la saturation de l’eau par du sel de the girding of wooden laths
and TFC strips
mer pour les besoins de production du site. Il s’agit
d’un ouvrage circulaire de 14,00 m de diamètre re-
posant sur une embase cylindro-tronconique.
Malgré la présence à l’intérieur d’un briquetage de
protection, le béton est très agressé par les ions
chlorures de la saumure. Cette attaque conduit à
terme à une dissolution plus ou moins importante armatures étaient trop dégradés pour appliquer
des aciers de béton armé donc à une insuffisance sans risque une telle technique.
de résistance de l’ouvrage face aux sollicitations Il était donc indispensable de s’orienter vers un
dues à la poussée du liquide ou du tas de sel dont renforcement de type passif mais, là encore, les
la hauteur peut dépasser de 2,00 m celle de la techniques traditionnelles étaient mal adaptées :
cuve durant l’exploitation. ◆ un renforcement par béton projeté extérieur ris-
Dans le cas présent, l’ouvrage présentait une for- quait à terme de connaître les mêmes problèmes
te dégradation des bétons avec pollution à cœur que la structure initiale (pollution du béton par les
et éclatements en surface, de nombreuses fissures chlorures et dissolution des armatures). Sa réali-
et des traces importantes de coulure de saumure. sation était par ailleurs difficile et son coût éle-
Les désordres étaient tels que les responsables vé ;
techniques de l’usine craignaient une rupture en ◆ une solution de cerclage par bandes métalliques
pétale de la ceinture circulaire supérieure. n’assurait pas une garantie suffisante vis-à-vis de
Il était donc impératif de procéder d’urgence à une la corrosion, même en cas d’utilisation d’acier in-
mise en sécurité de la cuve pour rétablir sa fonc- oxydable.
tion. Face à cette situation, Freyssinet a proposé une
solution originale et économique, associant un ma-
Solution technique mise en œuvre tériau traditionnel – le bois – et un produit moder-
ne – la fibre de carbone sous forme de bandes de
Très souvent, le renforcement de structures cir- T.F.C. ®.
culaires se fait par cerces extérieures de précon- La résistance des tonneaux en chêne contenant de
trainte mais dans le cas présent, les bétons et les la saumure est en effet bien connue depuis des ®
Travaux n° 791 • novembre 2002 45
RÉHABILITATION D'OUVRAGES
■ CONCLUSION P. Faure
A travers ces quelques exemples est mis en évi- Las obras de reparación en medio indus-
dence le fait que, si les entreprises appelées à in- trial vienen a plantear problemas suma-
tervenir sur des structures existantes en milieu mente específicos y obligan a las empre-
industriel doivent parfaitement maîtriser les tech- sas especializadas a imaginar e
implementar soluciones que, con suma
niques classiques de réparation, elles doivent éga-
frecuencia, son originales e innovado-
lement savoir faire preuve d’imagination pour
ras.
concevoir et mettre en œuvre des solutions qui ré- Esto es lo que se trata de demostrar
pondent aux besoins exprimés par l’exploitant. en este artículo, por la descripción de
La plupart du temps une collaboration efficace peut cuatro obras ejecutadas por Freyssi-
s’établir dès le stade du projet entre les divers net France, a saber :
intervenants pour limiter au maximum les imprévus - la puesta en condiciones de seguri-
qui pourraient avoir des répercussions sur l’outil dad de un saturador de sal, mediante
industriel. elemento de madera y bandas de TFC ;
Car, peut être plus encore que dans d’autres do- - el refuerzo de un silo de clinker por
maines du génie civil, la réalisation de tels travaux pretensado y elementos prefabricados
ne peut souffrir d’improvisation et de résultats aléa- de material Ductal :
- la sustitución total de los cables de
toires.
una estructura de hormigón pretensado
de la planta Ferro ;
- la sustitución dentro de un plazo suma-
mente corto de un macizo de apoyo de
un molino/hornero.
et instrumentation de contrôle
Les travaux de rénovation du Grand Palais, lot 1, "Gros œuvre Fondations", sont réalisés par le
groupement Soletanche Bachy (mandataire), Spie SCGPM, Spie Fondations et SMET TS. Ces tra-
vaux concernent la confortation des fondations de la partie sud (essentiellement sur pieux bois)
et des fondations de la nef.
Les travaux comprennent :
◆ les travaux préparatoires (désamiantage) et de gros œuvre (semelles, reprises en sous-œuvre);
◆ une paroi moulée en nef sud, dôme et paddock qui servira d’appui et de fondation profonde
aux fermes de la nef, et ultérieurement de soutènement aux sous-sols envisagés ;
◆ des colonnes de jet grouting, diamètres 1 m et 1,40 m destinées à reprendre les fondations
de la nef nord, du palais d’Antin et des galeries latérales sud ;
◆ des injections de régénération de maçonnerie ;
◆ la mise en place d’une instrumentation et un suivi des tassements en temps réel par le sys-
tème de surveillance Cyclops mis au point et développé par SolData (filiale de Solétanche Ba-
chy).
Géologie dissymétrique
des terrains de fondation
(alluvions argileuses
de portance médiocre
conjuguées à la présence
de la Seine côté sud)
Asymmetric geology
of the foundation ground
(clayey alluvia of mediocre
bearing capacity
combined with the presence
of the Seine on the South
side)
Tableau I
Données Structure Pressuremeter
pressiométriques limit pressure
Soil Area modulus
coefficient α Pl - MPa
Pressuremeter Ep - MPa
data South 2/3 0,5 2,5
Am *
North 1/2 1,5 13,5
South 1/2 2,4 17,5
Aa *
North 1/3 5,2 46
CGa * All 1/3 2,7 21
CG * All 1/3 7 95 Une verrière, dôme en verre et structure métallique,
de dimension impressionnante
Tableau II A glass roof, glass dome and metallic structure
Données Cu ϕu C’ ϕ’ γ
soil area of impressive size
géotechniques kPa ° kPa ° kN/m3
Geotechnical South 80 0 10 25 20
Am *
data North 75 20 10 25 20 ®
* Am = recent alluvium South 0 35 0 35 18
Aa *
Aa = ancient alluvium North 0 35 0 35 18 des tassements différentiels, de fuites de toitures,
CGa = weathered limestone de phénomènes non appréhendés lors de la concep-
CG = sound limestone
CGa * All 450 0 0 40 22
tion de l’édifice.
CG * All 1000 0 1000 0 22
C’est alors qu’en juin 1993, la chute d’un rivet dans
la nef, se détachant de la charpente située à 35 m
Travaux préalables de hauteur, entraîne en novembre suivant, la fer-
de désamiantage
meture du Grand Palais.
Preliminary
asbestos removal work A l’issue d’une campagne d’un mois de travaux,
destinés à assurer la sécurité de leurs visiteurs, le
Palais de la Découverte et les Galeries Nationales
du Grand Palais rouvrent leurs portes tandis que la
nef demeure close. L’Etat décide alors de la res-
taurer. Il s’agira d’une part, de conforter les fon-
dations et les charpentes, puis de procéder à la
réfection des verrières et de la toiture. Ensuite, in-
terviendra la restauration des façades en pierre de
taille, des statues et des fresques ornant le mo-
nument. Pour ce faire, la Direction de l’Architectu-
re et du Patrimoine, émanation du ministère de
la Culture et de la Communication, maître d’ou-
vrage, confie le mandat de maîtrise d’ouvrage à
l’EMOC, établissement public de maîtrise d’ouvra-
ge des travaux culturels. Celui-ci s’adjoint le bureau
de contrôle Socotec, tandis que la maîtrise d’œuvre
est confiée à l’architecte mandataire Alain-Charles
Perrot, architecte en chef des monuments histo-
riques.
■ TYPE DE FONDATIONS
EXISTANTES ET PATHOLOGIE
Dans la partie nord, les poteaux de la structure sont
supportés par des semelles filantes de maçonne-
rie, fondations directes, fondées sur le toit des
couches de sables, alors que dans la partie sud,
ces maçonneries sont fondées sur des pieux bat-
tus en bois.
Juste après la fin de la construction du Grand Pa-
Figure 2
lais (à partir de 1910), des désordres structurels
Sous-lot 1.2 :
et des tassements différentiels ont commencé à travaux
apparaître et n’ont jamais cessé de croître depuis. de paroi moulée
Les variations de la nappe phréatique et son ra- Work sub-section
battement ont exposé les pieux en bois, provoquant 1.2 : diaphragm
wall work
ainsi leur affaiblissement et pourrissement. Des
tassements totaux entre 100 à 150 mm ont été
mesurés, et plus de 50 mm ont été observés entre
1972 et 2001 (et 14 cm en un siècle). Les struc-
tures métalliques ont subi des dommages struc-
turels, torsions provoquées par le poids de la verrière.
■ LES TRAVAUX
DE PAROI MOULÉE (figures 1 et 2)
Le renforcement des fondations supportant la struc-
ture métallique en partie sud, est réalisé au travers
d’une paroi moulée périmétrale suivant l’aligne- ®
Travaux n° 791 • novembre 2002 53
RÉHABILITATION D'OUVRAGES
®
Figure 3 ment des fondations en maçonnerie actuelles re-
Sous-lot 1.3 : posant sur pilotis en bois. Les charges seront trans-
travaux
de jet grouting férées de la structure à la paroi moulée par la mise
Work en place d’une précontrainte horizontale entre
sub-section 1.3 : les deux poutres de chaînage de la paroi moulée
jet grouting work qui enserrent l’ancienne fondation en maçonnerie.
Cette paroi moulée a été dimensionnée pour les
sous-sols qui pourraient être aménagés dans le fu-
tur et pourra donc servir ultérieurement à réaliser
une fouille à l’intérieur du Grand Palais.
La construction de la paroi moulée est réalisée grâ-
ce à l’hydrofraise® latine, machine compacte mon-
tée sur grue, permettant de travailler sous hauteur
limitée, à l’intérieur de la nef, et le long des struc-
tures et piliers métalliques.
La perforation des panneaux successifs est réali-
sée sous protection d’un fluide bentonitique, en cir-
cuit inverse, minimisant les vibrations et le bruit
grâce à un système entièrement hydraulique utili-
sant deux moteurs fond de trou.
LES TRAVAUX
DE PAROI MOULÉE
Les objectifs
• Fondation des appuis en nef sud, dôme et
paddock, et soutènement des sous-sols à venir
• Paroi réalisée sous hauteur réduite (7 ml)
• 9 500 m2 de paroi ép. 0,82 m
• Profondeur de 15 à 19 ml dans les alluvions
modernes et anciennes avec un ancrage dans
le calcaire grossier
• Délai : 5 mois (mars - juillet 2002)
Figure 4
La technique du jet grouting
The jet grouting technique
■ LES TRAVAUX
DE JET GROUTING (figure 3)
Perforation Le renforcement de la structure métallique de l’ai-
pour colonnes le nord ainsi que la partie sud du bâtiment en ma-
de jet grouting
çonnerie est réalisé par l’installation de 2 100
Drilling for jet grouted colonnes de jet grouting, sous les semelles exis-
columns
tantes et descendant jusqu’au toit du calcaire.
Ces colonnes de jet grouting réalisées par injection
d’un coulis de ciment dans le sol à très haute pres-
sion (supérieure à 300 kg/cm2), augmente la por-
tance des fondations dans les zones les moins
soumises aux tassements (figure 4).
Le procédé de jet grouting consiste à déstructurer
un sol en profondeur à l’aide d’un jet de haute pres-
sion dans un forage et à mélanger le sol érodé avec
un coulis autodurcissant pour former des colonnes,
panneaux et autres structures dans le terrain.
Le choix du système à employer et les paramètres
à utiliser s’effectue en fonction :
■ SYSTÈME DE CONTRÔLE -
INSTRUMENTATION "CYCLOPS"
La complexité et la sensibilité des travaux sur la
structure existante ont nécessité l’installation d’un
système de contrôle automatique permettant le sui-
vi en temps réel des déformations et des tempé-
ratures, et de mesurer leur variation avec le temps.
Les conditions contractuelles et techniques du chan-
tier autorisaient un tassement de 5 mm seulement
durant la durée des travaux.
Le système Cyclops
®
Figure 5 national, ont codéveloppé ce concept en 1997, et
Déplacement vertical l’opèrent conjointement sur de nombreux projets
des poteaux en fonction
de la température de part le monde.
Vertical target values Cyclops est un système global de surveillance au-
in function of temperature tomatique comprenant une station théodolite mo-
torisée équipée d’un enregistreur vidéo de paramètres
sous contrôle informatique. Le système inclut de
plus un logiciel permettant d’obtenir un contrôle glo-
bal totalement versatile et convivial. Equipé de sé-
quences de calculs correctifs compensant pour tout
mouvement du théodolite et tout changement de
températures ou tout autre élément externe, Cyclops
Figure 6 permet la mesure en continu de tous mouvements.
Comparaison des mouvements Sur ce chantier du Grand Palais, le Cyclops a été
verticaux des deux poteaux
installé au centre de la structure, sur un mat de
au nord et au sud,
en fonction de l’avancement 2 m de hauteur, assurant ainsi une optimisation
des travaux de paroi au sud des lignes de visée. Les cibles sont implantées sur
Comparison of vertical targets chaque pilier métallique. Des cibles additionnelles
movements, for 2 pillars ont été installées sur l’arrière de ces piliers, pour
in North and South areas,
as diaphragm wall excavation permettre d’obtenir des informations sur les tas-
work proceeds sements différentiels pouvant survenir.
Capteurs de température
Figure 8
Figure 9 La répartition
Sous-lot 1.1. des travaux
Travaux Work
préparatoires breakdown
et gros œuvre
Work
sub-section 1.1.
Preparatory
works
and structural
work
®
Travaux n° 791 • novembre 2002 57
RÉHABILITATION D'OUVRAGES
Vue de la centrale
à boue
pour la paroi moulée OBJECTIFS DES TRAVAUX
View of the slurry plant DE JET GROUTING
for the diaphragm wall
• Reprendre les fondations de la nef nord (TF) ainsi que celles
du Palais d’Antin (TC) et galeries latérales sud
Maîtrise d’ouvrage
Ministère de la Culture et de la Com-
munication, Direction de l’architecture
et du patrimoine
Mandat de maîtrise d’ouvrage
ÉMOC, Etablissement public de maîtrise
d’ouvrage des travaux culturels
Assistance à la maîtrise d’ouvrage
• Bureau de contrôle : Socotec
• Coordination sécurité et protection de
la santé : Jacobs Serete
• Ordonnancement pilotage coordina- LES MOYENS LOGISTIQUES UTILISÉS
tion : Planitec BTP
Maîtrise d’œuvre Les moyens en matériel
• Architecte mandataire : Alain-Charles • Excavation à l’hydrofraise compacte
Perrot, architecte en Chef des Monu- • Grue de service Liebherr 841
ments Historiques • Centrale de criblage : Sotres 450 m3/h
• Architecte : Jean-Loup Roubert, archi- • Fabrication boue : centrale Melk
tecte en Chef des Bâtiments civils et • Stockage boue : cuves et bacs (500 m3 de stoc-
Palais nationaux kage)
• Concepteur technique : Setec • Organisation en deux postes quotidiens
• Economiste : Fernand Tomasina, véri-
ficateur des Monuments historiques
Les entreprises Unité de dessablage
Lot 1 : gros œuvre fondations Sotres 450 m3/h
• Mandataire : Soletanche Bachy Sotres degritting unit,
• Spie SCGPM 450 cu. m/h
• Spie Fondations
• SMET TS
Lot 2 : charpente métallique verrières
• Eiffel Excavation à l’hydrofraise
Lot 3 : couverture métallerie compacte dans la nef sud
• Mandataire : Galozzi entreprises Excavation by compact hydro-cutter
in the South nave
• SA Toitures Petit & Fils
• Miege et Piollet Entreprise SA
• Van Mullem
Lot 4 : pierre de taille
• Quelin
L
l’air, l’eau, les sols) ; a prise en compte de ces aspects peut condui-
◆ les phénomènes ayant un impact re sur un mode "gagnant-gagnant" à : assurance de la qualité";
◆ NF X 50-501 "Durée de vie et durabilité des biens
sur l’environnement (bruit, poussières, ◆ une amélioration des coûts (optimisation des - Vocabulaire des activités de rénovation et de re-
odeurs…) ; procédés de construction, économies d’énergie, construction";
◆ les risques liés aux produits fabri- de ressources naturelles, réduction des coûts de ◆ NF X 60-010 "Maintenance - Concepts et défini-
maintenance, meilleure gestion des déchets…), tions des activités de maintenance";
qués ou mis en œuvre (effets sur la
◆ une amélioration des conditions de travail ; ◆ NF X 60-500 "Terminologie relative à la fiabilité,
santé). ◆ une amélioration de l’image de l’entreprise. maintenabilité, disponibilité".
Aussi, les entreprises subissent-elles Des groupes de travail nationaux et internationaux Un parallèle avec la terminologie anglaise s’adres-
des contraintes des différents ac- se penchent sur cette approche depuis quelques sant plus spécifiquement au domaine de la construc-
années pour trouver le juste milieu entre la com- tion (ISO 15686-1 et suivantes " Buildings and
teurs de la construction (assureurs,
plexité et l’universalité du thème et la prise en comp- constructed assets - Service life planning") est pro-
commission de normalisation, utili- te des exigences des acteurs de terrain, en matière posé en note.
sateurs…). Depuis quelques années de simplicité et de facilité d’emploi ou de suivi. Des Durabilité : "Aptitude d’une entité à accomplir une
c’est plus généralement dans la pers- guides, des recommandations, des référentiels et fonction requise dans des conditions données d’uti-
même des textes normatifs se développent peu à lisation et de maintenance, jusqu’à ce qu’un état
pective du développement durable
peu, et leur connaissance doit permettre de se pré- limite soit atteint".
(dont le principe est de satisfaire nos parer aux évolutions, nécessaires autant qu’inévi- Maintenance 1 : "Ensembles d’interventions simples
besoins en préservant l’aptitude des tables. et régulières, permettant de maintenir une construc-
générations futures à satisfaire les tion en (bon) état de fonctionnement".
Entretien : "Action continue destinée au maintien
leurs) que s’inscrivent les différentes
■ OPÉRATIONS DE MAINTENANCE ou à la remise en (bon) état d’une construction,
évolutions. Dans le concept du dé- ET RÉHABILITATION sans modifications majeures de l’utilisation et de
veloppement durable, la préservation DANS LE CYCLE DE VIE la valeur".
de l’environnement n’est qu’un des DES PRODUITS ET OUVRAGES Réparation 2 : "Action entreprise sur un produit non
DE CONSTRUCTION conforme de façon qu’il satisfasse aux exigences
trois volets, à côté de l’économique
de l’utilisation prévue, bien qu’il ne soit pas né-
et du social. Terminologie sur les actions cessairement conforme aux exigences spécifiées
de maintenance et réhabilitation à l’origine".
Réfection : "Opération tendant à rétablir le fonc-
Les définitions suivantes, relatives aux différents tionnement de tout ou partie d’un ouvrage, son uti-
types de travaux de maintenance et réhabilitation, lisation, et à lui conférer une durabilité déterminée".
proviennent de diverses sources bibliographiques : Restauration 3 : "Opération tendant à remettre en
état une construction de valeur historique ou de
Chantier style, tout en conservant son caractère original".
de déconstruction
d’une usine Rénovation4 : "Opération tendant à améliorer une
Factory deconstruction
construction par des interventions profondes, pour
project en modifier l’utilisation et en accroître la valeur".
Jérôme Lair
INGÉNIEUR D’ETUDES
de maintenance ET DE RECHERCHE
CSTB - Département Développement Durable
Division "Environnement et Durabilité"
Marcel Rubaud
INGÉNIEUR D’ETUDES
ET DE RECHERCHE
CSTB - Département Développement Durable
On peut aussi évoquer de nouveaux concepts, tels Aspects sociologiques Division "Environnement et Durabilité"
que le Relifing 5. défini comme une stratégie ou une Ils incluent notamment :
chaîne d’actions visant à prolonger ou maintenir la ◆ les critères psychologiques (les produits anciens
vie en service d’un ouvrage de construction quand ont en règle générale une image plus négative que
il apparaît économique de le faire dans une ap- les produits neufs) ;
proche en coût global. ◆ les critères esthétiques (les produits neufs ou
réhabilités sont en général plus esthétiques que
Fonctionnalités des produits les vieux produits) ;
et ouvrages de construction ◆ les exigences culturelles (protection du patri-
moine historique par exemple).
Pour toute opération de construction (fabrication,
construction, maintenance, réhabilitation…), les
critères de décision ne doivent pas se limiter à des
aspects purement techniques mais doivent éga-
lement prendre en compte les différents aspects
du développement durable, à savoir :
◆ les aspects technico-économiques ;
◆ les aspects environnementaux ;
◆ les aspects sociologiques.
Aspects technico-économiques
Ils comprennent :
◆ les critères économiques (approche coût global :
optimiser le coût tout au long du cycle de vie, ne
pas limiter les coûts d’investissement au détriment
des coûts d’exploitation et de maintenance) ;
◆ les critères fonctionnels (les ouvrages et produits
doivent assurer un ensemble de fonctions pendant
la durée de vie de l’ouvrage ; les produits neufs as-
surent généralement de manière plus efficaces les
fonctions) ;
◆ les critères contextuels (certains produits doi-
vent être remplacés parce que des produits voisins
sont remplacés : profiter de la présence des écha-
faudages lors de la réfection d’une façade pour ré-
nover ou réhabiliter les fenêtres).
Aspects environnementaux
Les objectifs principaux sont les suivants : Figure 1
Cycle de vie des produits
◆ limiter les consommations de ressources et Position de la maintenance et ouvrages de construction
d’énergie ; et de la réhabilitation Life cycle of construction
◆ limiter les déchets à éliminer ; dans le cycle de vie des produits products
◆ réduire les émissions (dans l’eau, dans l’air et et ouvrages de construction and structures
dans le sol) de substances dangereuses pour l’en-
vironnement et la santé. La figure 1 permet de positionner la réhabilitation
dans le cycle de vie de l’ouvrage mais aussi dans
celui des produits de construction. La prise en comp-
5 - Relifing : "Stategy or course of action adopted, whether by
te de l’environnement dans la réhabilitation doit im-
intervention or change, that extends or sustains a service life exis-
ting, or a course proposed, for the designed life intended of a pérativement tenir compte du choix des produits et
constructed work, or its constituent parts, in both cases, only techniques de construction. Cette figure met éga-
when it is economic in a whole life cost context to do so". lement en évidence la contribution des opérations
Concept défini dans Lucchini A. & Whyatt D. "Dismission and life
care management". Paper CL1 02 CIB World Congress Welling- de réhabilitation à l’évaluation de la qualité glo-
ton (New-Zealand). bale d’un ouvrage. ®
Travaux n° 791 • novembre 2002 61
RÉHABILITATION D'OUVRAGES
Chantier
Les poussières sont principalement dues aux mou-
vements des véhicules, aux opérations de perça-
ge et découpe des matériaux minéraux sur chantier.
L’utilisation de produits prédécoupés en usine est
une solution avantageuse pour réduire à la fois les
émissions de poussières, le bruit et la consom-
mation d’électricité sur chantier.
PVC, polystyrène, bois, verre :
après tri chaque matériau
est stocké en attendant Pictogrammes explicites pour éviter les erreurs de tri Flux sortants
son évacuation La réhabilitation génère en général moins de mou-
Explicit icons to avoid sorting errors
PVC, polystyrene, wood, glass : vements de véhicules que la construction neuve.
after sorting, each material Par contre, elle exige souvent la cohabitation des
is stored pending its removal
occupants et utilisateurs du bâtiment avec les ou-
vriers du chantier. Des dispositions logistiques doi-
vent donc être prises pour réduire la nuisance de
la coexistence d’un chantier avec le lieu d’habita-
tion ou de travail. Le bruit, les odeurs et les pous-
Un matériel adapté sières sont les principales nuisances de proximité.
pour l'acheminement
des produits/matériaux
"Réduire toutes ces nuisances, dans les contraintes
et l'évacuation économiques difficiles de la construction, peut sem-
des déchets bler une gageure. Cependant, tous les acteurs sont
Appropriate equipment concernés, chacun peut y trouver un intérêt propre.
for transporting La maîtrise d’ouvrage répond ainsi mieux aux be-
products/materials
and removing wastes soins de ses clients et de la collectivité dont elle
dépend ; la maîtrise d’œuvre peut proposer des
améliorations globales à un moindre coût ; l’entre-
prise travaille différemment ce qui peut devenir un
atout, pour elle, vis-à-vis de la concurrence".
® Cette répartition correspond exactement à cel- ■ VOLET ROUTIER : re doit se rapprocher des grands marchés euro-
le constatée pour le mode routier sur l’ensemble RAPPROCHER LA FAÇADE péens grâce à de bonnes liaisons vers l’extérieur
du territoire. Par contre, elle lui est légèrement ATLANTIQUE DES MARCHÉS et une intégration aux réseaux de transport eu-
inférieure pour le volet ferroviaire (33 %), mais EUROPÉENS ropéens. De plus, le maillage routier est enco-
nettement supérieur pour le volet portuaire et flu- re insuffisant pour répondre aux besoins de
vial (6 %). Sur la période 2000-2006, le volet routier du déplacements au sein de la région et notamment
contrat de plan porte sur 383 millions €. Pour entre ses principales agglomérations.
mémoire, cet engagement atteignait 369 mil- Enfin, le bon fonctionnement de la métropole
lions € sur la période 1994-1999. Cette stabili- Nantes/Saint-Nazaire nécessite une bonne des-
té apparente en euros courants traduit de fait serte routière et une optimisation du périphérique
une baisse de 26 % en moyenne annuelle qui at- nantais.
teint 31 % en monnaie constante. Pour le volet routier, les priorités sont au nombre
La région Pays-de-la-Loire a le 15e budget routier de quatre :
après la Picardie et devant Champagne-Ardenne. ◆ les grandes liaisons nationales ;
Ce budget représente 18 % de celui du contrat ◆ les liaisons assurant le maillage intervilles ;
de plan contre 26 % en moyenne. ◆ les liaisons urbaines et métropolitaines ;
Compte tenu de son implantation géographique ◆ et les opérations sur le périphérique nantais.
sur la façade Atlantique, la région Pays-de-la-Loi-
Les grandes liaisons nationales
Financement des infrastructures de transport En dehors des liaisons assurant la continuité du
réseau autoroutier (hors contrat de plan), les ac-
Part tions concernent principalement la desserte de
du volet routier la côte vendéenne et du port de Saint-Nazaire
ainsi que la liaison vers la route Centre Europe
Atlantique :
◆ RN 160 : mise à 2 x 2 voies entre La Roche-
sur-Yon et Les Sables d’Olonne ;
◆ RN 171 : calibrage et mise hors gel + dévia-
tions de Treffieux (44 - Loire-Atlantique) et Pouan-
cé (49 - Maine-et-Loire) ;
◆ RN 249 : mise à 2 x 2 voies entre Cholet et
Bressuire ;
◆ RN 137 : échangeur d’Héric (44).
Le volet portuaire
® ■ ÉTAT D’AVANCEMENT rapport à l’exécution linéaire et théorique. Le taux Il est à retenir pour les volets ferroviaire et por-
DU CONTRAT DE PLAN d’exécution pour la région Pays-de-la-Loire est de tuaire que si les Pays de la Loire ont pris du re-
3 points inférieur à celui constaté sur l’ensemble tard, comme la plupart des autres régions,
Le suivi du contrat de plan Etat-Région Pays-de- du territoire. l’affectation des autorisations de programme a
la-Loire est mené à partir des autorisations de Le prolongement de la tendance observée sur très rapidement donné lieu à des crédits de paie-
programme et des crédits de paiement. Les au- ces trois premières années conduirait à un taux ment, synonymes d’activité pour les entreprises
torisations de programme correspondent au contrat d’exécution en 2006 de 82 %, soit pratiquement de travaux publics.
2000-2006, tandis que les crédits de paiement le même taux que pour le contrat précédent qui
correspondent à l’actuel et au précédent sans avait duré un an de moins.
qu’il soit possible de les isoler.
Le volet ferroviaire
Le volet routier
Le volet ferroviaire du contrat de plan n’a vrai-
Trois ans après sa signature, le volet routier du ment démarré qu’en 2002 ; aussi accuse-t-il un
contrat de plan accuse un retard de 8 points par retard de 23 points par rapport à l’exécution li-
Millions €
Autorisations de Crédits de paiement Volet Autorisations de Crédits de paiement
programme affectées mandatés ferroviaire Millions €
programme affectées mandatés
Montant 2000-2006 383 Montant 2000-2006 169
2000 39 44 2000 9 1
2001 46 50 2001 3 6
Prévision 2002 50 49 Prévision 2002 22 16
Avancement prévisionnel Avancement prévisionnel
35% 37% 20% 13%
à fin 2002 à fin 2002
Avancement théorique à Volet Avancement théorique à
43% 43% 43% 43%
fin 2002 au bout de 3 ans fin 2002 au bout de 3 ans
routier
Tableau I
3RLGVGXFRPPHUFHpOHFWURQLTXHGDQVOHPRQGH
GHVYHQWHV Quelques exemples
WRWDOHVHQ
HQPLOOLDUGVGHGROODUV de structures logistiques
0RQGH
$PpULTXHGXQRUG Fromage.com
◆ Produit : fromages.
$VLH3DFLILTXH
◆ Structure : "cyberlogistique" centralisée = > sous-
(XURSHGHO RXHVW
traite toute la partie physique depuis les affineurs
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jusqu’aux consommateurs clients.
5HVWHGXPRQGH ◆ Clientèle : fortement étrangère (notamment
VRXUFH/H-RXUQDOGX1HW
américaine). ®
Travaux n° 791 • novembre 2002 71
ÉCONOMIE
® Aquarelle.com
◆ Produit : fleurs.
sultats, le prestataire devra moduler ses moyens
en fonction des ordres reçus pour exécuter des
Le cas Geodis
Geodis est le numéro un français de l’organisa-
◆ Structure : logistique centralisée, approche actions ; tion du transport et de la logistique. L’actionnaire
mixte = > entrepôt en propre + transport sous- ◆ ré-allocation des ressources de l’entreprise : majoritaire du groupe est la SNCF (43 %).
traité. permet de retarder un investissement dans le Implanté dans plus de 40 pays, Geodis repré-
◆ Zone de chalandise : Paris. cas où l’entreprise ne dispose pas sur le moment sente un réseau de 660 centres d’exploitation
des ressources nécessaires ; dont 277 sites de production certifiés ISO 9002.
ChateauOnline.fr ◆ transfert de savoir-faire de la part du presta- Bien que son chiffre d’affaires ait crû en 2000
◆ Produit : vins et spiritueux. taire : la maîtrise des opérations par prestataire (+ 8,5 % par rapport à 1999), le groupe n’a pas
◆ Structure : sous-traitance totale (entreposage, permet à une entreprise de définir une action, or- su, aux dires du cabinet d’analystes boursiers
préparation et distribution). ganiser un flux de produit sans avoir à acquérir Concerto et Associés, préserver ses marges en
◆ Un plus : assistance d’un cabinet d’audit pour et à mettre en œuvre l’ensemble du savoir or- 2000 dans un contexte de hausse des prix du
le respect du règlement encadrant le commerce ganisationnel ; diesel et de réévaluation des salaires des chauf-
des alcools de par le monde. ◆ débouché dans l’animation-gestion de per- feurs.
sonnels : fréquemment, une fonction non es- Les difficultés financières actuellement rencon-
Castorama.fr sentielle ou sans réel avenir ne peut donner lieu trées par Geodis mettent en évidence les
◆ Produit : bricolage. à une gestion de carrière dans une entreprise, contraintes réelles qui portent sur les presta-
◆ Structure : sous-traitance totale (entreposage, alors que des évolutions sont davantage envi- taires logistiques. Le cas de ce groupe n’est pas
préparation et distribution). sageables chez le prestataire dont c’est le mé- unique…
◆ Gestion : Castorama Direct, filiale autonome tier. La Poste vient de fermer une de ses filiales lo-
de Castorama. Actuellement, l’offre globale des prestataires lo- gistiques, Shipvision, qui offrait depuis tout
◆ Un plus : engagement à rembourser et à venir gistiques est très contrastée. Elle comprend, tout juste un an ses services de comparateur de prix
chercher l’article en cas de non-satisfaction du d’abord, les Postes, seuls intermédiaires se ren- et d’intermédiaire entre marchands en ligne et
client. dant tous les jours (ou presque!) dans l’ensemble transporteurs. Chrono e-liko, filiale à 45 % de
des ménages et des entreprises et ce, pour un Chronopost, poursuit son activité de livraison ex-
coût limité. En France, des produits tels que "Co- press traditionnelle vers les sites marchands,
■ EXTERNALISATION lissimo Suivi ", proposé par la Poste, ont été lar- mais ce au ralenti.
ET SOUS-TRAITANCE gement plébiscités par les web-marchands français.
Autres types de prestataires logistiques : les gros
Beaucoup de producteurs et de distributeurs op- transporteurs comme Fedex, DHL ou TAT Express ■ LES CONTRAINTES
tent pour une logistique gérée en externe par une qui ont mis à profit leurs 20 à 30 années d’ex- QUI PÈSENT
entreprise sous-traitante. En effet, les avantages périence dans les livraisons à travers le monde SUR LA E-LOGISTIQUE
sont nombreux : pour développer leur activité dans l’assistance
◆ maîtrise et diminution des coûts (entre 10 et aux producteurs et distributeurs du Net. La livraison de proximité
30 %) : les effets d’apprentissage et de masse A ces acteurs dits "classiques", se joint l’offre
permettent à un prestataire de disposer de coûts de nouveaux venus, qui soit se spécialisent sur La principale contrainte pour le transporteur re-
d’unité d’œuvre plus économique que l’entrepri- une question, la livraison de proximité ou la pré- lève de la réalisation du "dernier kilomètre", jus-
se ; sentation des offres de transport en terme de ta- te avant d’arriver chez le client.
◆ accroissement de la flexibilité des circuits de rification, soit s’orientent vers le suivi de Un petit sondage mené auprès des internautes
l’entreprise face à la volatilité de la demande : l’information… (exemples : Team-on-line, Tele- en novembre 2000 par le site e-logisticien.com
dans le cadre de la définition d’obligations de ré- market, Fretatweb…). établit les préférences suivantes concernant le
mode de livraison. Attention, ces pourcentages
sont à prendre avec précaution : l’échantillon
Tableau III étant très petit (101 sondés) ! (tableau III).
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■ LES TENDANCES ACTUELLES HQPLOOLDUGVGHGROODUV