Travaux Souterrains

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Travaux

F é d é r a t i o n n a t i o n a l e d e s t r a v a u x p u b l i c s
◆OCTOBRE 2006
TRAVAUX SOUTERRAINS

n°834
• Tunnel de base
du Lötschberg :
le lot de Mitholz

• Le tunnel
de Ferden :
ventilation
et refroidissement

• L’institut
Monégasque
de Médecine
du Sport
TRAVAUX

• La mine
d’El Teniente
au Chili

• Quatre chantiers
en cours
pour Campenon
Bernard TP

• Couvertures
du boulevard
périphérique
parisien

• Projet
hydroélectrique
de La Verna
en Pyrénées-
Atlantiques

• Sables d’Olonne :
un tunnel
sous-marin
au microtunnelier

• Tunnel n° 1

Travaux
de Porto.
Avantages
des détonateurs
électroniques

souterrains
N°834
e présent numéro de la revue est dédié aux tunnels. comme Lyon, où les projets de rénovation du tunnel de la Croix

L Les articles témoignent de la grande diversité de l’ac-


tivité des entreprises françaises en France et à l’inter-
national. Ce panorama vient compléter les publications déjà
Rousse, des tranchées couvertes, ainsi que des tunnels du
boulevard périphérique nord sont en cours.

parues dans Travaux sur les grands projets réalisés ou en cours Alors que les études des trois tunnels de l’autoroute A89 Est
de réalisation en France, comme celui de l’A86 Ouest commencent sur le réseau ASF avec le tunnel de Violay qui
(juin 2005), les tunnels du Perthus et Maurice Lemaire (sep- sera le plus long tunnel autoroutier français, les collectivités
tembre 2005)… territoriales et les conseils généraux
lancent des opérations de tunnels
L’année 2006 marque un tournant neufs pour améliorer leurs réseaux.
dans l’utilisation des tunneliers pour Les domaines du ferroviaire et des
les tunnels routiers : un premier tron- TCSP ne sont pas inactifs puisque de
çon d’A86 sera ouver t au premier nombreux projets sont en préparation
semestre 2007, alors que le tunnelier en métropole ou sur l’île de La
du Mont Sion sur l’A41 est en cours Réunion.
de montage.
Les maîtres d’ouvrage, les concep-
Les méthodes traditionnelles conti- teurs et les constructeurs auront dans
nuent à progresser avec l’emploi d’ex- un proche avenir à prendre en compte
plosif liquide au tunnel des Grands le "Code of Practice for Risk Mana-
Goulets, ainsi que des essais, dans le ■ BERNARD gement of Tunnel Works" établi par
FALCONNAT
même tunnel, de béton projeté fibré l’International Association of Engi-
Scetauroute
avec des fibres en polypropylène. Directeur des Tunnels neering Insurance et l’International
et Travaux souterrains Tunnelling Insurance Group. Il y a tout
Les travaux liés à la mise aux normes lieu de penser que leurs responsabi-
des tunnels, en application des ins- lités seront beaucoup plus engagées.
tructions 2000 et de la directive euro- Il appartiendra alors aux maîtres d’ou-
péenne, progressent. Les chantiers de rénovation des tunnels vrage de s’entourer de partenaires très compétents et expé-
d’A8 seront tous actifs au premier semestre 2007. Maurice rimentés, pour faire face à la complexité de plus en plus grande
Lemaire continue sa mue après le percement des 7 km de des projets, aux dérives financières malheureusement de
galerie au tunnelier. La rénovation du tunnel du Parc des plus en plus fréquentes et importantes, ainsi que pour opti-
Princes vient d’être lancée en études et les autres opérations miser les projets et maîtriser les coûts malgré les exigences
de la Ville de Paris et du SISER vont suivre. de plus en plus élevées.

De nombreuses autres villes se préoccupent de la "santé" de Pour les tunnels, comme en très haute montagne, il n’y a place
leurs tunnels à la suite de la mise en application de la loi SIST, ni pour l’amateurisme, ni pour l’improvisation récurrente.

Travaux n° 834 • octobre 2006 25


Tunnel de base du Lötschberg :
Le 28 avril 2005, après plus de sept pour le lot de Mitholz
ans de travaux, le tunnel de base du
Lötschberg (lot de Mitholz) a été per-
cé. Ainsi s’achevait la première pha-
se d’un projet de grande envergure :
la première liaison
ferroviaire sous les ■ MITHOLZ : LE LOT LE PLUS
Alpes Suisses. Au- LONG ET LE PLUS DÉLICAT
jourd’hui, l’heure est Pièce maîtresse du tunnel de base du Lötschberg
à la réception des tra- long de 34,6 km (figure 1), le lot de Mitholz (figu-
vaux et à la dé- re 2) comprend essentiellement la réalisation si-
multanée de trois tubes (65 à 77 m2 de section)
bauche du personnel.
excavés à l’explosif : deux en direction du sud d’une
L’occasion pour Tra- longueur de 9,7 km chacun et un au nord d’une lon-
vaux de revenir sur gueur de 8,6 km. Avec une longueur totale de 28 km,
ce chantier d’excep- c’est le lot le plus long et le plus délicat du projet.
C’est de lui que dépend la réalisation du tunnel de
tion.
base dans les délais.
Figure 1 Bien que le projet du Lötschberg soit un système
Vue en 3D du projet à deux tubes simple voie, un seul sera revêtu et
du Lötschberg exploité pour réduire l’investissement initial. L’autre
3D view tube, percé et recouvert de béton projeté, servira
of the Lötschberg Project
de galerie de secours et d’entretien. Puis quand il
y aura saturation du trafic, de nouveaux travaux se-
ront effectués pour sa mise en service. Il est re-
lié au tunnel est par des rameaux de sécurité espacés
Figure 2
de 333 m.
Localisation
des lots Au nord, seul un tube est percé mais deux échan-
Location geurs, situés aux extrémités, comportent des amorces
of work sections de tube pour faciliter l’exécution des travaux dans
le futur. La galerie de reconnaissance, parallèle à
ce tube et reliée par des galeries transversales tous
les 333 m, servira de galerie de secours.
Le lot inclut également :
◆ l’excavation et le revêtement de 56 galeries trans-
versales (L = 30 m), de deux chambres de relais
(L = 35 m ; l = 18 m ; H = 14 m), de deux centrales
électriques, de deux centrales de ventilation, d’un
puits de ventilation et d’une galerie d’essai ;
◆ des travaux complémentaires dans des zones
déjà excavées (lot préparatoire), à savoir la galerie

SATCO, UN CONSORTIUM
EUROPÉEN
Le lot de Mitholz a été attribué en l’an 2000
au consortium SATCO (Schweizer AlpTransit
Consortium), groupement d’entreprises com-
prenant Vinci Construction Grands Projets
(France), Skanska (Suède), Strabag (Autriche),
Walo-Bertschinger AG (Suisse) et Rothpletz-
Lienhard (Suisse).
Le contrat a été signé le 17 février 2000 pour
un montant de 350 millions d’euros et devrait
s’élever en fin de chantier à 445 millions d’eu-
ros.

26 Travaux n° 834 • octobre 2006


Pascal Richard
DIRECTEUR DE SECTEUR
Vinci Construction
Grands Projets

28 km d’excavation
François Pogu
DIRECTEUR ADJOINT
ET RESPONSABLE BÉTON
Vinci Construction
Grands Projets

Mathieu Augereau
INGÉNIEUR TRAVAUX
Vinci Construction
Grands Projets

Figure 3
Coupe géologique
Geological
cross section

de reconnaissance, la fenêtre d’accès d’une lon- Photo 1


gueur de 1,5 km et de pente 12 % et la zone Fuss- Vue aérienne
punkt (point de départ de l’excavation des trois des installations
en surface
tubes) comprenant des cavernes et des galeries
Aerial view
dédiées aux installations puis à l’exploitation ulté- of surface facilities
rieure de l’ouvrage.
Alors que la date contractuelle de fin de chantier
est le 31 décembre 2006, les tubes nord-est et
sud-est ont été livrés dès février 2006. Actuelle-
ment, les entreprises d’équipements ferroviaires
posent les rails.

■ UNE GÉOLOGIE GLOBALEMENT


CONFORME AUX PRÉVISIONS
Le tunnel du Lotscherberg traverse des formations
géologiques très différentes qui ont fait opter pour
la technique d’excavation à l’explosif. Elles vont de
la roche sédimentaire de qualité variable au granit,
présentant des résistances à la compression de 5 cité de 60 m3/h chacune, la majorité du parc ma-
à 200 MPa, en passant par une zone autochtone tériel, les éléments du traitement du marin et le
associée à des arrivées d’eau à 50 l/s sous une stockage des consommables ont été installés dans
pression de 35 bars. Globalement, peu d’arri- les différentes cavernes se trouvant au Fusspunkt.
vées de gaz ont été relevées. En surface se trouvaient une centrale à béton de
La géologie rencontrée a été conforme aux prévi- réserve, un atelier secondaire, les bureaux, une
sions (figure 3) hormis une zone de roches sédi- cantine et un cantonnement pouvant accueillir jus-
mentaires carbonifères rencontrée en bordure nord qu’à 450 ouvriers (photo 1).
du bloc de granit du Gastern (voir plus loin). Par ailleurs, une usine de traitement des eaux a
permis, via des bassins de décantation, de filtres
et de correction du pH par ajout d’acide carbonique,
■ UNE ORGANISATION de retraiter les rejets en eau générés par les tra-
DE CHANTIER TRÈS COMPLEXE vaux.

Les dispositions pour minimiser Les solutions techniques


l’impact environnemental pour la ventilation

Pour minimiser les impacts environnementaux, l’ate- Les galeries du tunnel ont été utilisées comme
lier principal, deux centrales à béton d’une capa- gaines naturelles de ventilation, notamment pour ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 27
®
Photo 2 l’arrivée de l’air frais. Au nord, l’air frais était pris
Les bandes dans la galerie de reconnaissance. Au sud, le che-
transporteuses
minement de l’air frais provenait du tube ouest et
Conveyor belts
passait dans le tube Est au niveau d’une galerie
transversale située à moins de 300 m du front. Des
cloisons étanches installées dans chaque galerie
transversale précédente et un sas dans le tunnel
sud-ouest permettaient de mettre ce dernier en sur-
pression.
Au nord comme au sud, l’air vicié empruntait la fe-
nêtre d’accès et était rejeté au portail de Mitholz.
Conformément à la législation, des groupes de cli-
matisation Matrans et Herco permettaient de main-
tenir une température dans le tunnel inférieure à
28 °C.
Après un tir à l’explosif, l’air frais était amené au
front tandis que l’air vicié était extracté du front de
tir puis transporté au moyen de gaines de ventila-
Figure 4 tion jusqu’au portail de Mitholz.
Coupe type
du tunnel L’association de dépoussiéreurs (situés au-dessus
des concasseurs) à un système d’arrosage en conti-
Typical cross section
of the tunnel nu limitait l’émission de poussières.

■ LE DÉTAIL DES TRAVAUX


Au plus fort de l’activité du chantier, 450 ouvriers
et 30 cadres de plus de dix nationalités ont tra-
vaillé pour réaliser ce projet exceptionnel.

Une excavation à l’explosif

L’excavation a été réalisée en s’appuyant sur la


nouvelle méthode autrichienne. L’explosif utilisé
était de l’émulsion transportée puis injectée par
camion Dyno avec une consommation finale voi-
sine de 2,4 kg/m3 excavé. Les détonateurs étaient
de type non électriques avec des retards en milli
ou en secondes. La plus grande longueur de fora-
tion a été de 4,5 m pour un résultat moyen de
4,1 m.
En raison de délais tendus, les trois tubes ont été
excavés simultanément à l’explosif selon une mé-
thode privilégiant l’autonomie et la flexibilité de
chaque front (photo 2). Au sud, l’avancement a été
fait en parallèle. Il n’y avait pas de pianotage entre
LES TRAVERSÉES SOUTERRAINES les deux tubes (voir encadré "Le matériel d’exca-
DES ALPES SUISSES vation utilisé").
Les rendements moyens obtenus étaient de l’ordre
Le tunnel ferroviaire du Lötschberg (voir Travaux n° 805) s’inscrit dans le de 250 m/face/mois avec trois volées effectuées
cadre du projet AlpTransit dont l’objectif est de permettre la circulation des par jour et par front.
trains à grand gabarit et à grande vitesse entre l’Europe du Nord et l’Ita- Quand cela s’avérait nécessaire, le présoutène-
lie. D’une longueur de 34,6 km, le tunnel de base du Lötschberg traverse ment du front de taille était réalisé à l’aide de bou-
les Alpes Suisses de Frutigen dans le Kandertal (Canton de Berne) à Rarogne lons de grande longueur en fibres de verre de type
dans la vallée du Rhône (Canton du Valais). Le client BLS Alptransit prévoit GFK.
sa mise en service au deuxième semestre 2007. Le budget prévisionnel Le soutènement de la section courante était as-
réactualisé s’élève à 2,75 milliards d’euros. En attendant le percement suré par des ancrages adaptés au terrain : Swel-
du tunnel du Gothard (57 km), le Lötschberg devient le plus long tunnel fer- lex, SN, IBO ou Gewi, associés à un treillis soudé
roviaire de Suisse et le troisième au monde. et à une ou deux couches de béton projeté de 3
à 8 cm d’épaisseur.

28 Travaux n° 834 • octobre 2006


Un revêtement intérieur Photo 3
Complexe
totalement bétonné d’étanchéité
Damp-proof
Le tube Est sera le seul exploité dans un premier course
temps. Il est entièrement bétonné. Son profil type
(figure 4), en forme de fer à cheval, se compose de
trois parties principales : le radier, la voûte et les
banquettes.
◆ Le radier, ou la contre-voûte quand les contraintes
géologiques l’exigent, comprend les conduites et
les regards pour la collecte des eaux. Un drainage
vertical permet le captage des eaux du sol et leur
évacuation par l’intermédiaire d’un drain central re-
lié à des regards principaux tous les 80 m.
Sur le chantier de Mitholz, un complexe d’étanchéité
(photo 3) a été systématiquement mis en place sur
une fine couche de béton projeté. Ce complexe est
composé d’un matériau drainant (Enkadrain), d’un
géotextile de 500 g/m2 et d’une membrane PVC de
2 mm d’épaisseur. Cette composition varie selon
l’hydrologie rencontrée. L’eau est évacuée par des
drains placés au pied de la voûte et connectés à
des regards secondaires espacés de 80 m.
◆ La voûte, en béton non armé en section courante,
présente une épaisseur théorique de 25 cm. Elle
Photo 4
a été bétonnée en place à l’aide de coffrages glis- Coffrage Doka
sants de marque Novaform et Moser. D’une lon- Doka formwork
gueur de 12,5 m et pesant environ 120 t, ils étaient
montés sur des rails et ancrés dans le radier à
chaque bétonnage pour éviter son soulèvement. Le
béton était fabriqué dans les centrales situées dans
la caverne du Fusspunkt, transporté par camion
puis pompé au moyen d’une Schwing BP 2000. La
cadence de bétonnage était d’un bloc par jour et
par coffrage, soit 250 m3 en moyenne. En raison
d’une température élevée dans le tunnel, il était
nécessaire d’effectuer un traitement thermique du
béton. C’est pourquoi un portique de 25 m suivait
le coffrage et permettait un séchage approprié, grâ-
ce à la circulation d’eau sur une bâche en contact
avec le béton. Dans certains cas, un produit de
cure était pulvérisé sur la surface du béton. L’in-
jection de clavage de la voûte était réalisée sur un
autre portique équipé du matériel (malaxeur, pom- La zone d’élargissement des deux
pe) nécessaire à la fabrication du coulis d’injection. échangeurs
◆ Des coffrages métalliques de marque Poser pe- Dans la phase d’exploitation, les trains passeront
sant 30 t et mesurant 12,5 m de long ont permis d’un tube du tunnel à l’autre par un système d’ai-
le bétonnage des deux banquettes latérales, tout guillage. Cette zone est caractérisée par un profil
en laissant libre le passage des véhicules. Des four- s’élargissant selon un cône. Le parement (partie
reaux électriques en attente noyés dans les ban- basse de la voûte) est réalisé avec un coffrage mé-
quettes étaient maintenus grâce à des chablons tallique de marque Poser de 12,5 m et de 5 m de
en polyester. haut.
Le coffrage de la voûte supérieure, de marque Doka
Du matériel et des techniques (photo 4), s’adapte facilement aux variations géo-
spécifiques métriques du profil tout en permettant le passage
des véhicules.
Sur le lot de Mitholz il y avait notamment deux échan- Quand les dimensions ne permettent plus l’utili-
geurs et quatre cavernes techniques. Ces zones sation d’un coffrage, le système breveté Valplast
non habituelles ont nécessité du matériel et des a été mis en œuvre. Il se compose :
techniques spécifiques. ◆ d’une étanchéité classique associée à une épais- ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 29
Photo 5
Coffrage Péri
Peri formwork

® se couche de matériaux drainants injectés entre le


terrain et la membrane d’étanchéité ;
pour les travaux ultérieurs. Parmi ces moyens :
◆ des forages de grande longueur ;
◆ de cintres de ferraillage fixés à la voûte par des ◆ une mise en place de cintres TH 29 (qui n’ont
ancrages ; pas résisté aux premières convergences trop im-
◆ des treillis soudés classiques. portantes) ;
2 500 m3 de béton projeté et 13 800 m3 de béton ◆ un reprofilage après les convergences principales;
coulé en place ont été utilisés pour réaliser les deux ◆ la mise en place d’un grand nombre d’ancrages
échangeurs du lot de Mitholz. et d’armatures pour amortir les mouvements rési-
duels ;
Les quatre cavernes techniques ◆ une mise en place de cintres de type Kowari com-
Elles ont des dimensions importantes : 35 m de posés de plusieurs parties coulissantes ;
long, 18 m de large et 14 m de haut. Les difficul- ◆ la réalisation de quatre à six saignées longitu-
tés majeures rencontrées sont le ferraillage et le dinales d’une hauteur de 50 cm. Ces saignées ef-
coffrage. fectuées dans la roche se situent à la liaison des
Les cintres composés de quatre armatures ont été cintres et constituent ainsi un espace libre pour les
LES PRINCIPAUX préfabriqués en usine, amenés en pièces déta- convergences à venir.
INTERVENANTS chées, montés, soudés et fixés dans la voûte avec Cette zone très difficile a été momentanément aban-
des ancrages. donnée pour laisser au terrain le temps de conver-
Maître d’ouvrage Le coffrage, de marque Péri (photo 5), a permis ger au maximum. Le coffrage de la voûte a donc
Confédération Helvétique dans un premier temps de réaliser les parements. été poursuivi jusqu’à la fin du lot puis il a fallu re-
La structure métallique, occupant toute la largeur venir à cette zone quatre mois plus tard. Aupara-
Maître d’ouvrage délégué
de l’ouvrage, reprenait la poussée du béton et per- vant, des cintres préfabriqués, composés de 4 HA16
B.L.S. AlpTransit SA
mettait le bétonnage simultané des deux côtés. La espacés de 20 cm, ont été montés. Deux nappes
Direction générale des travaux modification du coffrage a permis par la suite de d’armatures HA18 espacées de 20 cm ont ren-
Groupement Emch+Berger & UIB AG réaliser la voûte. forcé ce premier dispositif. Le revêtement intérieur
Direction locale des travaux a été réalisé avec un béton spécial à haute résis-
Groupement BBA & B+S Ingenieur Une zone géologique imprévue tance B50 d’une épaisseur maximale de 1,50 m.
AG et contraignante Sa formulation contient notamment des fibres mé-
Mandataire talliques et un dosage en ciment CEMII A - L32,5R
SATCO Au sud, une zone de roches sédimentaires carbo- de 400 kg/m3.
nifères, imprévue, a été particulièrement difficile Le bétonnage spécial a été effectué à raison d’un
Sous-traitants
à franchir (photo 6) : depuis le creusement en bloc tous les deux jours.
• Etanchéité : groupement
avril 2004 jusqu’au bétonnage en septembre 2005, La surveillance des convergences a été assurée
Bauveg-Strabag-Gunimpern
le terrain a convergé jusqu’à 80 cm. La date de par une instrumentation électronique placée dans
• Forages grande longueur :
mise en service aurait pu être compromise avec le béton de voûte.
Morisette
un avancement considérablement ralenti et des
• Injections : groupement Insond-
arrêts complets pendant plusieurs jours. Des moyens Ainsi, malgré d’importantes contraintes géologiques,
Strabag-Injektosond
importants ont dû être mis en place pour laisser environnementales, qualitatives et de planning, ce
le terrain converger tout en assurant une sécurité projet européen hors du commun est sur le point

30 Travaux n° 834 • octobre 2006


ABSTRACT presentan importantes dimensiones
(cuevas y zonas de amplificación) que
Lötschberg tunnel - Mitholz precisaron el empleo de encofrados
work section. A European especiales.
rail link through the Swiss
Alps

P. Richard, Fr. Pogu, M. Augereau

A few months away from acceptance


inspection, after more than seven years'
work, the Lötschberg base tunnel (Mitholz
work section) is nearing completion,
with commissioning scheduled for the
second half of 2007.
This project, worth 445 million euros,
has been carried out in 84 months, and
includes the explosive excavation and
Photo 6 concreting of 28 km of galleries of cross
Zone cintrée section 62 to 77 sq. m.
Arched zone The geological formations encountered
are very different and in line with the
forecasts apart from an unexpected
d’être livré avec trois mois d’avance. Le savoir-fai- carboniferous area having convergences
re et la rigueur de tous les intervenants ont contri- of more than 80 cm which caused nume-
bué à cette réussite. Rendez-vous au second trimestre rous complications.
2007 lors de la mise en circulation du premier train Another feature of this project is the
commercial… construction of several structures of
large dimensions (caverns and wide-
ning areas) which required the use of
special formwork.

RESUMEN ESPAÑOL
LE MATÉRIEL UTILISÉ
Túnel del Lötschberg -
Chacun des trois fronts était équipé du maté- Lote de Mitholz. Enlace
riel suivant : ferroviario europeo
• un jumbo semi-automatique à trois bras : a través de los Alpes
Atlas Copco XL3 C ; Suizos
• un jumbo Atlas Copco L2C ;
P. Richard, Fr. Pogu y M. Augereau
• un charge et roule GHH LF muni d’un godet
de déversement latéral ; Con tan solo algunos meses de la recep-
• une chargeuse CAT 966G munie d’un godet ción y tras más de 7 años de trabajos,
de déversement latéral ; el túnel de base del Lötschberg (Lote
• une nacelle élévatrice Normet deux bras ; de Mitholz) se encuentra en vía de fina-
• un camion de chargement d’émulsion Dyno lización para una entrada en servicio
Nobel ; prevista durante el segundo semestre
• une pelle Liebherr R932T, équipée en godet, de 2007.
fraise et BRH pour les purges ; Este proyecto, de un importe de 445
• un robot de projection MBT Meyco 041 EH ; millones de euros, ejecutado en 84
meses, incluye la excavación mediante
• un érecteur de cintres ;
explosivo y el hormigonado de los 28
• un concasseur mobile DBT SB 1315R de
kilómetros de galerías de 62 a 77 m2
capacité 1 200 t/h ; granulométrie maximale : de sección.
180 mm ; Las formaciones geológicas presentes
• un convoyeur primaire qui transportait les son sumamente distintas y guardan
matériaux jusqu’au convoyeur principal ; conformidad con las previsiones, excepto
• une plate-forme mobile Rowa, suspendue una zona carbonífera no registrada que
à la voûte du tunnel, qui permettait de dépla- presenta diversas convergencias de
cer un ensemble logistique de soutien à l’avan- más de 80 cm que han dado lugar a
cement (transformateurs, compresseurs, dépous- numerosas complicaciones.
siéreurs, ventilation et bureaux). Este proyecto se caracteriza también
por la ejecución de varias obras que

Travaux n° 834 • octobre 2006 31


Le tunnel de Ferden
Cet article décrit les installations de
ventilation et de climatisation, ayant
Ventilation et refroidissement
permis le maintien de conditions cli-
matiques acceptables, lors du creu-
sement du tunnel de Ferden en Suisse.
Les températures des terrains ren-
contrés, supérieures à 45 °C, ont ■ PRÉSENTATION GÉNÉRALE
nécessité la mise en œuvre de sys- DU PROJET
tèmes aérauliques, hydrauliques Le tunnel du Lötschberg est un tunnel ferroviaire
et climatiques complexes. bi-tube, de 35 km de long entre Frutigen dans le
Cet article décrit donc les instal- Kandertal (Oberland bernois) et Rarogne en Valais.
Il doit permettre à terme, de transférer le trafic de
lations suivantes :
transit des marchandises à travers les Alpes de la
- ventilation : systèmes primaires route au rail (figures 1 et 2).
et secondaires ; Le tunnel de Ferden (figure 3), long de 8,5 km, est
- climatisation : production et dis- un des principaux tronçons du tunnel du Lötschberg.
Sa construction a été confiée au groupement d’en-
tribution de froid ;
treprises Bouygues TP, Losinger, Prader AG,
- chauffage. Evéquoz, Dénériaz, U.Imboden, Visp, Theler et Raron.
Les travaux ont démarré en 2001 et se sont ache-
vés en 2006.
Figure 1 L’ouvrage est composé des éléments suivants :
Situation géographique ◆ une descenderie de 5 km de long à 12 % de pen-
Geographic location te ;
◆ deux tubes sud d’environ 2 km ;
Figure 2
Tunnel ◆ deux tubes nord d’environ 6,5 km ;
du Lötschberg ◆ une station centrale et ses ouvrages annexes (fi-
Lötschberg gure 3).
tunnel

■ CONTRAINTES CLIMATIQUES
La couverture maximale du tunnel est de 2 100 m.
Elle est à l’origine de températures élevées de la
roche, dépassant 45 °C sur certains tronçons (fi-
gure 4).
Le massif rocheux traversé génère donc un déga-
gement de chaleur important auquel il faut ajouter
les apports de chaleur des machines de chantier.
Le climat régnant en galerie est donc naturellement
extrêmement chaud et humide avec des risques
pour la santé médicalement identifiés.
La SUVA (organisme suisse de contrôle de l’hygiè-
ne du travail) réglemente les travaux physiquement
éprouvants dans ces conditions en imposant le res-
pect de valeurs maximum pour la température et
l’humidité relative de l’air (figure 5).
Contractuellement cette double contrainte – tem-
pérature/humidité – a été simplifiée, en imposant
au groupement constructeur de maintenir une tem-
pérature sèche inférieure ou égale à 28 °C dans
l’ensemble du tunnel.
C’est pour répondre à ces contraintes que les sys-
tèmes de ventilation et de climatisation du chan-
tier ont été conçus et mis en œuvre.
Figure 3
Lot Ferden
Ferden work section

32 Travaux n° 834 • octobre 2006


Marc-André Douaud
CHEF DE SERVICE
ADJOINT E&M
Bouygues TP – Direction
Technique – Projets Linéaires

du chantier

Figure 4
Température
du massif
Temperature
of the rock mass

■ LA VENTILATION Figure 5
Conditions
climatiques
Architecture réglementaires
Regulatory
La ventilation du chantier a été conçue pour per- climatic conditions
mettre la dilution des polluants (fumées de tir, pol-
lution des véhicules et engins thermiques…) émis
par les activités du chantier en dessous des va-
leurs limites définies réglementairement.
Dans le cadre du tunnel de Ferden, les textes ap-
plicables sont la SIA 196 "Ventilation de chantiers
souterrains" et les instructions de la SUVA. Figure 6
Réseau
Le concept de ventilation a été défini en intégrant de ventilation
la configuration particulière du chantier dont les Ventilation
quatre fronts (deux tunnels nord et deux tunnels network
sud) ne sont accessibles qu’au travers d’une des-
cenderie de 5 km de long.
L’air frais est ainsi transporté par cette descende-
rie, avant d’être réparti jusqu’aux quatre fronts prin-
cipaux. Plusieurs fronts secondaires, ainsi qu’une
zone de bureaux et une zone de maintenance sont
également alimentés.
L’air vicié est repris au niveau des fronts avant fumées de tir, et des polluants émis par les engins
d’être transporté dans des ventubes souples vers thermiques, sur la base des prescriptions de la SIA
un réseau de galeries raccordées à la station de 196 :
ventilation principale, avant d’être rejeté dans l’at- ◆ débit unitaire pour les personnes : 25 l/s/per-
mosphère par un puits de 400 m de profondeur. sonne ;
Au niveau de chaque front, une ligne de ventilation ◆ débit unitaire pour la dilution des polluants die-
soufflante assure l’amenée d’air frais au plus près sels :
des travailleurs, et permet de rabattre les fumées - 4 m3/min/kW pour les chargeuses et les pelles,
après chaque tir (figure 6). - 2 m3/min/kW pour les dumpers, toupies ;
La mise en œuvre de ce système de ventilation a ◆ débit unitaire pour la dilution des poussières
nécessité l’installation de quarante ventilateurs en et fumées de tir : 300 l/s/m2 de section excavée.
période de pointe, pour une puissance installée Pour tenir compte de la multiplicité des ateliers et
d’environ 2 MW (figure 7, page suivante). du cumul des besoins des différents fronts, les be-
soins en air frais ont été estimés mois par mois.
Besoins en air frais Ils ont ensuite été écrêtés en fonction du nombre
maximum d’engins polluants, réellement dispo-
Les besoins de renouvellements en air frais ont été nibles sur le chantier.
définis pour assurer la dilution des poussières et Au global, un besoin maximum de 300 m3/s a été ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 33
®
Figure 7 retenu pour l’ensemble du chantier, chaque front
Liste ayant un besoin compris entre 50 et 100 m 3 /s
des ventilateurs
(figure 8).
List of fans

La station de ventilation
principale

La station de ventilation principale a pour fonction


d’assurer la ventilation primaire du chantier, à
savoir :
◆ l’amenée de 300 m3/s d’air frais de l’entrée au
pied de la descenderie ;
◆ la reprise de 300 m3/s d’air vicié, depuis les ga-
leries de reprises, jusqu’au puits de rejet.
Elle est composée de deux groupes moto-ventila-
teurs de 630 kW chacun, fonctionnant en parallèle.
Cette disposition permet, en cas de panne d’une
machine, de disposer d’un ventilateur de secours
(photo 1).

La ventilation secondaire
des fronts

Les fronts sont ventilés traditionnellement avec une


ventilation aspirante. Compte tenu des longueurs
importantes des attaques (jusqu’à 6,5 km), cette
disposition est préférable à une ventilation souf-
flante, en particulier en phase d’évacuation des fu-
mées de tir, où elle évite de neutraliser les activités
du tube concerné.
Afin de limiter la pression de refoulement du ven-
tilateur aspirant, et donc la pression dans les ven-
tubes, un ventilateur relais est installé tous les
2 km. Cette disposition accroît sensiblement le
nombre de ventilateurs à installer, mais permet de
limiter les risques de déchirure des ventubes, ain-
si que les fuites d’air vicié du ventube vers le tun-
nel.
L’installation est complétée par une ligne soufflante
à front, qui permet de rabattre les fumées de tir,
Figure 8 et de maintenir une ventilation au plus près du front.
Besoins
en air frais
Ces ventilateurs sont installés sur des plates-formes
Fresh air
needs

LE PROJET DU TUNNEL DE BASE


DU LÖTSCHBERG (SUISSE)
• Constructeur : JV
• Montant du contrat (HT) : 461 M SFR (fixe :
376 M SFR + options : 85 M SFR)
• Délai : 54 mois
Les dates clés :
• 28 février 2001 : signature du contrat
• 1er mai 2001 : début des travaux
• 1er juillet 2005 : fin des travaux
• Mai 2007 : mise en service

34 Travaux n° 834 • octobre 2006


mobiles situées à environ 150 m des fronts (pho- Photo 1
to 2). Station de ventilation
principale
Main ventilation
La mise au point station

Les systèmes de ventilation décrits précédemment


représentent une installation hors du commun sur
un chantier de tunnel.
La mise en service de cet ensemble a demandé Photo 2
Ventilateur aspirant
une longue mise au point, puis des évolutions ré- sur plate-forme
gulières. Exhaust fan
Le réseau primaire, véritable poumon du système on platform
a notamment fait l’objet d’optimisations aérau-
liques, afin de garantir le débit requis de 300 m3/s.
Le réseau a été amélioré par la mise en œuvre d’au-
bages directeurs, au droit des singularités les plus
significatives et les moto-ventilateurs eux-mêmes
ont également été optimisés grâce à l’ajout de pa-
villons, de bulbes et de diffuseurs performants (fi-
gures 9 et 10).
Figure 9
Globalement, ces améliorations ont permis de ré- Optimisation du réseau
duire les pertes de charges de 4 000 à 3 000 Pa,
Network optimisation
et de réduire dans les mêmes proportions la consom-
mation électrique nécessaire au fonctionnement
du réseau primaire (figure 11, page suivante).

■ LA CLIMATISATION
Les contraintes climatiques décrites précédemment
ont nécessité l’installation d’un système de cli-
matisation apte à refroidir le tunnel.

Principe général

Le barrage de Ferden, situé à proximité du chantier


constitue une réserve d’eau froide importante (1 mil-
lion de mètres cubes), dont la température ne dé-
passe jamais + 5 °C. Une station de pompage
installée au droit du barrage, permet donc le cap-
tage et le filtrage de cette eau qui alimente deux
échangeurs à plaques de 2,5 MW chacun.
Ces échangeurs permettent le refroidissement d’un Figure 10
Optimisation
des moto-ventilateurs
Optimisation
of motor-driven fans

DÉTAIL DU PROJET (LOT 46.23.01)


• Tunnel ferroviaire doubles tubes
• 1 galerie d’accès L = 4 km/i = 12 % des-
cendante
• Tunnel sud : 2 tubes de 2 150 m (y compris
1 km option)
• Tunnel nord : 2 tubes de 7550 m (y compris
2 km option)
• Station centrale + ouvrages annexes L
= 450 m
• Profil type (excavation) : 63 - 78 m2

®
Travaux n° 834 • octobre 2006 35
Figure 11
Réduction des pertes de charges et optimisation du point de fonctionnement
Reduction in pressure drops and optimisation of the operating point
®
réseau fermé, qui alimente à son tour plusieurs
échangeurs ou machines frigorifiques disposés ré-
gulièrement dans le tunnel (figures 12 et 13).

Le réducteur de pression
à trois chambres

Cet organe constitue une des particularités du ré-


seau hydraulique. Le dénivelé entre les deux échan-
geurs situés au droit du barrage et les tunnels étant
proche de 600 m, cet appareil permet d’une part
de réduire la pression au pied de la colonne d’eau
et donc de concevoir un circuit de distribution en
tunnel basse pression.
D’autre part, il permet de "récupérer" la pression
statique de la colonne d’eau (60 bars !) pour re-
monter l’eau "chaude" jusqu’aux échangeurs du
barrage. Les pompes de circulation sont ainsi sim-
Figure 12
Principe général
de climatisation
General principle
of air conditioning

Figure 13
Réseau hydraulique
de climatisation
Air conditioning
hydraulic network

36 Travaux n° 834 • octobre 2006


plement dimensionnées pour reprendre les pertes Figure 14
de charges linéaires du réseau (figure 14). Principe
de fonctionnement
du réducteur
Les échangeurs de pression
Principle
Les échangeurs sont les premières machines à of operation
of the pressure
avoir été installées sur le réseau. Il s’agit d’échan- reducer
geurs eau/air au travers desquels l’air est insufflé
par un ventilateur axial (figure 15).
Ces échangeurs équipent les lignes de ventila-
tion soufflantes de chaque front.

Les groupes frigorifiques

Au cours de l’avancement du chantier le réseau de


climatisation a été renforcé en y greffant des groupes
frigorifiques. Plus coûteuses et plus complexes que
les échangeurs, ces machines pressentent ce-
pendant l’avantage d’être moins consommatrices
d’eau "froide", et de délivrer une puissance frigo-
rifique quasi constante, quelles que soient les condi-
tions de température ambiante (figure 16).

Figure 15
Les échangeurs
Heat exchangers

Figure 16
Les groupes
frigorifiques
Refrigerating
units

®
Travaux n° 834 • octobre 2006 37
Phase 1

Le système de ventilation secondaire, reposant ini-


tialement sur le principe d’une ventilation aspiran-
te par front, a été modifié en cours de chantier.
Un système basé sur la recirculation de l’air du tube
est vers le tube ouest (figure 17), a permis de sup-
primer le ventube circulant dans le tube est au tra-
vers des coffrages de voûte, simplifiant
considérablement les opérations de déplacement
du coffrage.
Cette modification a également permis de doubler
Figure 17
Système de ventilation les débits d’air transitant dans les tunnels nord,
à recirculation permettant un abaissement sensible d’environ 2 °C
Recirculation des températures dans le tunnel.
ventilation system Il est important de noter que cette configuration a
été rendue possible par la mise en œuvre d’un plan
de circulation adapté et le remplacement des tou-
pies par un train sur pneu. Les intertubes mainte-
Photo 3 nus nécessaires pour assurer la circulation des
Sas pour intertube engins ont également dû être équipés de sas au-
Air lock for intertube tomatisés (photo 3).
Le système de ventilation primaire est resté in-
changé durant cette phase. De même, les venti-
lations aspirantes des fronts ont été maintenues
afin de continuer à capter les fumées de tir, en as-
surant leur transport en ventube sur une distance
maximale.

® La mise au point Phase 2

De même que le circuit de ventilation, le réseau de Cette ultime phase a été mise en œuvre pour per-
climatisation et ses équipements ont fait l’objet mettre le démontage des ventilateurs primaires de
d’une période de mise au point et d’apprentissage la station de ventilation principale, le but étant
importante. de réaliser les travaux de génie civil de cette futu-
re station de ventilation définitive.
Et le chauffage… Il s’agissait d’une étape majeure puisque le sys-
tème primaire de ventilation, poumon de l’instal-
C’est le paradoxe de Ferden ! Les températures ex- lation, était concerné.
térieures descendent jusqu’à - 15 °C l’hiver. Alors Cette étape n’a eu lieu qu’à la fin des creusements,
que dans les tunnels les installations de climati- les besoins en air frais du chantier étant réduits
sation continuent à maintenir des températures ac- de 300 à 200 m3/s.
ceptables, la descenderie d’accès doit être chauffée! Les ventilateurs primaires ont été remplacés par
Elle permet en effet l’amenée de 300 m3/s d’air deux autres moto-ventilateurs, localisés dans l’inter-
frais pour la ventilation. N’étant ni revêtue ni étan- tube le plus proche des fronts nord, et assurant
chéifiée sur son premier kilomètre, le risque de for- à la fois les fonctions de ventilation primaire et se-
mation d’une calotte de glace empêchant tout accès condaire (photo 4).
au chantier et bloquant les convoyeurs est réel.
LES PRINCIPALES Cinq chaudières à fuel de 1 200 kW ont donc été
QUANTITÉS UTILISÉES installées pour éviter tout risque de gel l’hiver. ■ CONCLUSION
(Y COMPRIS OPTIONS) En pointe, lorsque la température extérieure est de
- 15 °C, la consommation de fuel est de 14000 l/jour. Les températures des terrains rencontrés lors des
• Volume d’excavation : 1680000 m3 travaux du tunnel de Ferden, ont justifié la mise en
• Ancrages : 298 300 p. œuvre de systèmes de ventilation et de refroidis-
• Béton projeté : 67 000 m3 ■ L’ÉVOLUTION DES SYSTÈMES sement hors du commun :
• Béton coffré : 212 000 m3 ◆ ventilation : 2 MW ;
• Etanchéités : 84 000 m3 L’avancement des différents fronts et la mise en ◆ climatisation : 5 MW ;
• Canalisations : 75 000 ml œuvre des ateliers de bétonnage de voûte ont ◆ chauffage : 6 MW.
conduit à faire évoluer le système de ventilation en Si les puissances installées sont exceptionnelles,
cours de chantier. elles ne reflètent que partiellement la complexité

38 Travaux n° 834 • octobre 2006


ABSTRACT
The Ferden tunnel :
construction site
ventilation and cooling

M.-A. Douaud

This article describes ventilation and


air conditioning systems used during
Ferden tunnel excavation works, in order
to maintain acceptable climatic condi-
tions.
Ground temperatures that can be grea-
ter than 45 °C, have justified the ins-
tallation of complex aeraulic, hydrau-
lic and climatic systems.
Photo 4
This article describes the following sys-
Ventilateurs principaux – Phase 2
tems :
Main fans – Phase 2 - Ventilation : primary and secondary
systems ;
- Air conditioning : coolness produc-
de ces ensembles. Des périodes de mise au point tion and distribution ;
et d’apprentissage importantes ont été nécessaires - Heating.
pour en assurer le bon fonctionnement.
Enfin, les synergies développées entre les équipes RESUMEN ESPAÑOL
travaux, méthodes et matériel ont permis l’évolu-
tion et la progression de ces ensembles, pour ré- Túnel de Ferden :
pondre au mieux aux besoins et aux évolutions du ventilación y refrigeración
de la obra
chantier.
M.-A. Douaud

En el presente artículo se describen las


instalaciones de ventilación y de cli-
matización, que permitieron el mante-
nimiento de condiciones climáticas
aceptables, al proceder a la perfora-
ción del túnel de Ferden en Suiza.
Las temperaturas de los terrenos encon-
tradas, superiores a los 45 °C, han pre-
cisado la implementación de sistemas
aeráulicos, hidráulicos y climáticos
complejos.
Por consiguiente, se describen en este
LES PRINCIPAUX INTERVENANTS artículo las instalaciones siguientes :
(JV) - ventilación : sistemas primarios y
segundarios ;
Entreprises - climatización : producción y distri-
• Bouygues TP/France : 38 % bución de frío ;
- calefacción.
• Losinger Sion SA/Sion : 19 %
• Prader AG/Zürich : 19 %
• Evéquoz SA/Conthey; Dénériaz Sion SA/Sion;
U.Imboden AG/Visp; Theler AG/Raron : 24 %
• Entreprise pilote : Losinger Sion SA
• Compta./Controlling : Prader AG
• Directeur du chantier : Philippe Dumont
Commission technique
• Bouygues TP
• Losinger Sion SA
• Prader AG
• Dénériaz Sion SA

Travaux n° 834 • octobre 2006 39


Pour construire sur du solide
La réalisation de l’Institut Monégasque de Médecine du Sport,
de Médecine du Sport fait appel à dif-
férentes techniques rarement pré- le bâtiment fait alliance avec
sentes dans une opération
immobilière et encore plus ra-
rement associées.
L’ouvrage comporte sept niveaux ■ PRÉSENTATION DU PROJET
en superstructure et sept niveaux
Tourné vers le rocher, dominant le port Hercule, do-
en infrastructure. Il est réalisé miné par l’hôtel Hermitage, l’Institut Monégasque
selon la méthode dite "top de Médecine du Sport, encore appelé IM2S, semble
down". s’être tout naturellement inscrit dans son environ-
nement de prestige (photo 1).
La partie inférieure donne lieu à
Pourtant, il a fallu déjouer bien des difficultés pour
des travaux souterrains specta- implanter cet ouvrage de 14 niveaux dont 7 en in-
culaires, complexes et innovants, frastructure (figure 1) sur une parcelle calcaire de
mettant en œuvre du terrasse- 1 400 m2 qui comporte une falaise de 17 m, qui
est traversée par une voie rapide et par de nom-
ment par sciage et à l’explosif,
breux réseaux et dont le voisinage compte de luxueux
des micropieux, des injections, hôtels, une clinique et le fameux circuit de For-
des soutènements, du génie ci- mule 1.
vil et deux tunnels dont l’un est C’est à un groupement d’entreprises dirigé par
Solétanche S.A.M., filiale monégasque de Solétanche
scié.
Bachy, qu’ont été confiés les travaux de terras-
En raison de l’exiguïté du chan- sement, les travaux spéciaux et les travaux d’in-
tier et de sa situation dans un frastructure liés à la méthode "top down", constituant
environnement urbain très den- une difficulté majeure du projet.
Le chantier a commencé en 2003 pour une livrai-
se et sensible, de strictes pré-
son début 2006. La méthode de construction "top
cautions sont prises en vis-à-vis down" s’imposait pour passer dans ce délai. Elle
des nuisances et de la sécurité. Photo 1 consiste à progresser simultanément vers le haut
Vue plongeante montrant l’environnement : Centre Cardio- et vers le bas, pour gagner du temps, à partir d’une
Thoracique et boulevard d’Ostende (circuit dalle de transfert.
de Formule 1)
Voici un résumé des différentes séquences de la
Plunging view of the environment : Cardio-Thoracic Centre
and Ostende boulevard (Formula 1 race track)
construction :
◆ en premier on a découpé en blocs la falaise de
Figure 1
Coupe
17 m de haut à partir d’une plate-forme de travail
de l’ouvrage surplombant la voie rapide maintenue en circula-
Cross section tion. La paroi rocheuse ainsi dégagée a été confor-
of the structure tée par un clouage réalisé au fur et à mesure ;
◆ ensuite ont été réalisées la dalle de transfert,
qui est l’ouvrage clé de la méthode "top down", et
sa fondation sur micropieux :
- 120 micropieux représentant 3 000 m de perfo-
ration ont été mis en œuvre pour reprendre les
35000 t de la superstructure. Les vides karstiques
rencontrés dans la zone de scellement des micro-
pieux ont été préalablement traités par injection,
nécessitant près de 700 m3 de coulis et de mortier
colloïdal,
- la dalle de transfert a été alors réalisée, intégrant
en surface la voie de circulation rapide et, en des-
sous, l’ensemble des réseaux situés dans l’em-
prise de chantier ;
◆ une fois cette dalle de transfert construite, ont
été développés simultanément les travaux de su-
perstructure et d’infrastructure, de part et d’autre
de la dalle de transfert ;
◆ pour l’infrastructure, 30 000 m3 de rocher cal-

40 Travaux n° 834 • octobre 2006


Bertrand Hanauer
RESPONSABLE
D’EXPLOITATION
Solétanche Bachy France

l’Institut Monégasque
Kim Knudsen
INGÉNIEUR TRAVAUX
Solétanche Bachy France

les travaux souterrains


Lionel Abada
DIRECTEUR
Photo 2 Solétanche S.A.M.
Confortement au pied de l’hôtel
Hermitage et début du dressage
de la falaise par sciage
depuis un platelage à 17 m de haut
Consolidation at the base
of the Hermitage Hotel and start
of cliff facing by sawing
from decking 17 metres high

caire ont été minés en taupe dans l’encombrement utilisées : sciage au disque, sciage au câble, scia-
des 120 micropieux supportant la dalle de trans- ge à la chaîne (photo 3), pour une surface totale
fert et la superstructure ; de coupe de 23 000 m2.
◆ les vibrations engendrées par ces travaux et no- Au fur et à mesure de la dépose des blocs de cal-
tamment par l’usage de l’explosif devaient être par- caire, la falaise était stabilisée par des clous d’an-
faitement maîtrisées. Pour ce faire, les zones minées crage à répartition dense. Ce dispositif est calculé
ont été désolidarisées du reste du terrain par scia- pour stabiliser suffisamment la fondation de l’hô-
ge, et les avoisinants ainsi que la superstructure tel Hermitage en cas de séisme. Il comporte 600
en cours de construction ont été instrumentés pour clous totalisant plus de 6 000 m de forage (photo
Photo 3
une auscultation permanente ; 4). Scies à chaîne
◆ en parallèle ont été réalisés deux tunnels d’ac- L’auscultation de la falaise par mesures topogra-
Chain saws
cès à l’ouvrage. phiques et extensométriques n’a détecté aucun
mouvement sur le nouveau profil. ®
Photo 4
■ DÉCOUPAGE EN DOUCEUR Voile en béton banché sous l’hôtel Hermitage, couvrant les 600 clous de confortement
DE 5 200 M3 DE FALAISE de la falaise
CALCAIRE À L’APLOMB Formed concrete shell under the Hermitage Hotel, covering the 600 cliff consolidation nails
D’UN DES BÂTIMENTS
LES PLUS PRESTIGIEUX
DE LA PRINCIPAUTÉ
Le dressage de la falaise calcaire directement à
l’aplomb du fleuron du patrimoine monégasque
qu’est l’hôtel Hermitage requerrait les plus extrêmes
précautions de manière à ne faire souffrir aucune
nuisance ni aucun dommage à cet établissement.
Il était donc hors de question de travailler à l’ex-
plosif ou au brise-roche hydraulique.
On a donc eu recours à la technique normalement
réservée aux carrières qu’est le sciage. Ainsi la fa-
laise a-t-elle été sciée sur 38 m de haut. Pas moins
de 1 600 cubes de calcaire de 1,50 m de côté ont
été sciés, dégagés au coussin hydraulique puis éva-
cués à la grue en surplombant le boulevard en cir-
culation. La première phase de découpe a été
réalisée, comme évoqué précédemment, à partir
d’un platelage à 17 m au-dessus de la voie rapide
(photo 2).
Toutes les méthodes de sciage de rocher ont été

Travaux n° 834 • octobre 2006 41


®
■ REPRISE TEMPORAIRE
DES 35 000 TONNES
DE SUPERSTRUCTURE
Traitement des karsts
dans la zone de scellement
des micropieux

Les 35 000 tonnes de la superstructure, dalle de


transfert comprise, ont été reprises provisoirement
par 120 micropieux, en attendant l’achèvement de
l’infrastructure (photo 5).
La zone de scellement des micropieux s’inscrivait
dans un faciès de calcaire altéré présentant des
Photo 6 vides karstiques importants (photo 6). Pour garan-
Exemple de vide karstique mis à jour tir la capacité portante de chaque micropieu, un
Example of karstic void brought to light traitement par injection s’est avéré nécessaire.
La qualité du traitement a été vérifiée par des son-
dages de contrôle et par des essais d’arrachement.
Photo 5
Forage
des micropieux
Positionnement des micropieux
Micropile
drilling Les micropieux sont positionnés de façon à être in-
tégrés aux poteaux définitifs de la structure. L’épais-
seur de ces poteaux étant de 40 cm, la tolérance
d’implantation et de verticalité des micropieux était
très sévère (photo 7).
Photo 7 Chaque micropieu a fait l’objet de contrôles incli-
Micropieux nométriques et d’une simulation en 3D avant scel-
et poteaux
construits autour lement, afin de contrôler sa position en fond de fouille
soit à 15 m au-dessous de la plate-forme de travail.
Micropiles
and columns built
around Calcul et contrôle du dispositif
provisoire de fondation

Ce calcul s’est montré particulièrement complexe


pour plusieurs raisons :
◆ la structure mixte du dispositif constitué de po-
teaux et de micropieux ;
◆ les sollicitations accidentelles difficiles à esti-
mer comme celles résultant des tirs de mine ;
◆ la hauteur libre considérable du dispositif, l’ex-
posant au flambement.
Photo 8
Butonnage Solétanche S.A.M. s’est attaché les compétences
des poteaux d’un bureau de contrôle spécialisé en calcul de
Column staying structures mixtes soumises au flambement.
Un dispositif de butonnage a été installé entre les
poteaux (photo 8). Conformément aux spécifica-
tions de la procédure qualité, un contrôle topogra-
phique hebdomadaire de l’ensemble constitué par
les poteaux et les micropieux a été effectué.

■ INTÉGRATION DE RÉSEAUX
SOUTERRAINS DE PREMIÈRE
IMPORTANCE ET D’UNE VOIE
DE COMMUNICATION RAPIDE
Une galerie technique de section 3,5 m x 3,5 m et
de 60 m de long a été suspendue sous la dalle de

42 Travaux n° 834 • octobre 2006


Photo 9
Fouille en cours de terrassement,
la galerie technique suspendue
sous la dalle de transfert est visible
en haut sur la droite
Excavation during earthworks,
the main services duct suspended
under the transfer slab is visible
in the top right-hand
transition (photo 9), à l’aplomb du boulevard du Photo 10
Larvotto maintenu en circulation au-dessus de la Forage
dalle. pour minage
Un réseau de fibre optique ultrasensible traversant Drilling
for blasting
le chantier dans le sens de sa largeur a été déga-
gé, repris en sous-œuvre, conforté et intégré à la
structure.

■ MINAGE EN SOUS-ŒUVRE
ET EXTRACTION DES 30 000 M3
DE CALCAIRE
Compte tenu du court délai imparti, seul le minage
permettait de terrasser les 30 000 m3 de rocher
calcaire pour créer la fouille nécessaire à l’infras-
tructure.
Le recours au minage associé à la technique de
construction "top down" est une première en
Principauté de Monaco et en France (photo 10). Photo 11
Dans le cas de l’IM2S l’opération s’est avérée très Trous de mine
équipés
délicate par l’addition exceptionnelle de difficultés
liées à l’environnement du chantier, au minage en Equipped
blast holes
sous-œuvre, à la proximité des micropieux et à la
construction simultanée du bâtiment en superstruc-
ture.
Les 270 tirs de mine réalisés ont nécessité l’em-
ploi de 15 t d’explosif.

La gestion des risques liés


au minage

Maîtrise des vibrations


Afin de ne pas endommager les bâtiments avoisi-
nants ainsi que la superstructure en cours de
construction, de nombreuses dispositions tech-
niques ont été mises en œuvre pour maîtriser les
niveaux de vibration :
◆ sciage périphérique de désolidarisation préalable gnaux vibratoires ont été enregistrés et traités no-
aux opérations de minage pour faire barrage à la tamment par analyse des vitesses particulaires
propagation des vibrations vers les avoisinants ; avec écrêtement des signaux en fonction de leur
◆ désolidarisation préalable des micropieux avant fréquence ;
minage ; ◆ validation quotidienne des tirs de mine et ajus-
◆ utilisation de faibles charges unitaires et mise tement éventuel des charges unitaires en fonction
à feu séquentielle permettant de décaler de quelques des vibrations enregistrées la veille ;
millisecondes l’explosion des charges pour éviter ◆ validation des procédures de minage et réali-
la superposition énergétique. Cette méthode né- sation d’audits de contrôle mensuels par un bu-
cessite un maillage de forage très dense (photo reau d'experts en minage.
11) ;
◆ contrôle continu des vibrations par l’intermédiaire Influence du minage sur les bétons
de 16 capteurs disposés de manière adéquate au de la superstructure
sein du bâtiment en cours de construction et au ni- Une attention particulière a été apportée à l’in-
veau des bâtiments avoisinants. Au total, 4 300 si- fluence des tirs de mine sur la prise des bétons ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 43
Photo 12 ■ L’ÉVACUATION DES MATÉRIAUX
Portique de chargement
des camions de déblais
Pour remonter en surface les 30 000 m3 de maté-
Gantry crane for loading trucks
with earth cuts riaux et les charger sur camions on a eu recours à
deux ensembles "portique/benne" fabriqués sur
mesure et s’adaptant au centimètre près à la géo-
métrie de la superstructure (photo 12).
Deux trémies ont été aménagées dans la dalle
de transfert pour extraire quotidiennement les 500 t
de rocher depuis le fond de la fouille situé entre 8
et 24 m en contrebas.

■ LE GÉNIE CIVIL
La partie génie civil du marché comprenait :
◆ 2 000 m2 de béton banché pour la réalisation du
soutènement haut sous l’hôtel Hermitage ;
◆ plus de 4 000 m2 de dalle dont les 1 350 m2 de
la dalle de transfert ;
◆ 300 m de poteaux partiellement réalisés en sous-
Photo 13
Sciage de blocs dans le tunnel
œuvre ;
routier, une partie de la voûte ◆ 3 000 m2 de béton projeté par voie humide.
parapluie est visible en haut
Sawing blocks in the road
tunnel ; part of the umbrella
arch is visible at the top
■ UN TUNNEL D’ACCÈS PARKING
RÉALISÉ PAR SCIAGE
SOUS VOÛTE PARAPLUIE
Le tunnel d’accès routier a une section de 7 m x
3 m et une longueur de 40 m.
La très faible couverture, variable de 3 à 6 m, et la
proximité de constructions habitées interdisaient
l’emploi d’explosif.
La dureté du calcaire dolomitique interdisait l’em-
ploi d’une machine à attaque ponctuelle.
Le maintien obligatoire de la circulation au-dessus
du tracé interdisait une solution en tranchée cou-
verte.
La solution originale retenue a consisté à scier la
section du tunnel en cubes de 1,5 m de côté à l’abri
d’une voûte parapluie (photo 13) soutenue par
un dispositif de cintres lourds (photo 14). La voûte
parapluie a nécessité 400 m de forage (photo 15).

■ UN TUNNEL PIÉTONNIER
À L’EXPLOSIF
Le tunnel piétonnier en terrain calcaire a une sec-
tion de 3 m x 3 m et une longueur de 19 m. L’épais-
® jeunes réalisés en superstructure. Une procédure
préventive de minage, très contraignante, a été
seur de la couverture est de 17 m. Il a été réalisé
à l’explosif (photo 16).
mise au point avec le concours d’experts. Son ef-
ficacité a été validée par des contrôles complé-
mentaires et croisés : enregistrement et analyse ■ HYGIÈNE ET SÉCURITÉ
des vibrations au moyen d’une base d’acquisition
Sol Data, diverses analyses sur prélèvements et L’exiguïté de l’emprise, le nombre (jusqu’à 9) de
notamment observation de la microstructure du bé- machines travaillant en même temps, le nombre
ton au microscope électronique, contrôle sonique. (jusqu’à 60) de personnes au fond, le milieu confi-

44 Travaux n° 834 • octobre 2006


Photo 15
Machine de forage
exécutant
la voûte parapluie
Drilling machine
executing
the umbrella arch

Photo 14
Cintrage du tunnel routier
Road tunnel arch centring
Photo 16
Forages de minage
né, l’utilisation d’explosifs et l’activité parallèle de au front du tunnel
piétonnier
bâtiment en superstructure (jusqu’à 140 personnes),
Blast hole drilling
sont autant de facteurs qui constituaient un véri- at the pedestrian tunnel face
table défi en terme d’hygiène et sécurité (photo
17).
Des mesures d’un niveau élevé, en rapport avec
les risques particuliers de ce chantier exception-
nellement complexe, ont été étudiées et appliquées,
parmi lesquelles :
◆ évacuation lors de chaque tir de mine ;
◆ choix d’un explosif stable pour limiter le risque
d’explosion accidentelle d’une cartouche non ex-
plosée par choc d’un outil ;
◆ contrôle des gaz libérés ;
◆ ventilation forcée à 23 m3/s avec contrôle conti-

LES PRINCIPALES QUANTITÉS

Soutènement
• 36 m de haut
• 5 000 m2 béton projeté
• 6 000 m de clous
Fondations provisoires
• 3 000 m de micropieux
• 700 m3 d’injection Photo 17
Gros œuvre Forte densité
de moyens
• 1 400 m2 de dalles de transition sur un espace
• 2 800 m2 de planchers d’infrastructure mesuré
• 300 m de poteaux High density
Tunnels of machinery
in a measured space
• 45 m – Section 6 x 3 m
• 20 m – Section 3 x 3 m
Sciage
• 23 000 m2 sciés
• 5 200 m3 de falaise découpés en cubes
Terrassement
30 000 m3 minés en taupe et évacués
Minage
• 270 tirs
• 15 t d’explosif
• 4 300 signaux enregistrés et analysés

®
Travaux n° 834 • octobre 2006 45
ABSTRACT RESUMEN ESPAÑOL
To build the Monegasque Para construir
Institute of Sports en emplazamiento sólido
Medicine on solid el Instituto Monegasco
foundations, the building de Medicina Deportiva,
and underground works el sector de la construcción
trades join forces se asocia con aquel
de los trabajos
B. Hanauer, K. Knudsen, L. Abada subterráneos

For construction of the Monegasque B. Hanauer, K. Knudsen y L. Abada


Institute of Sports Medicine, various
techniques are employed which are sel- La ejecución del Instituto Monegasco
dom used in a property development de Medicina Deportiva ha tenido que
Photo 18 project and even more seldom combi- recurrir a distintas técnicas cuya pre-
La fouille en voie d’achèvement ned. sencia es muy rara en una operación
Excavation nearing completion The structure comprises seven super- inmobiliaria y aún más raramente cuando
structure levels and seven infrastruc- están combinadas.
ture levels. It is constructed by the "top- La obra está formada por siete plantas

®
down" method. en superestructura y siete plantas en
nu de la teneur en oxygène et de six substances The lower part involves spectacular, infraestructura y, su realización se
dangereuses ; complex and innovative underground ha efectuado según el método deno-
◆ contrôles de la qualité de l’air par des labora- works, with earthworks performed by minado "top down".
toires extérieurs et notamment de sa teneur en si- sawing and explosives, micropiles, La parte inferior da lugar a trabajos
lice ; cement grouting, supporting structures, subterráneos espectaculares, comple-
◆ formation renforcée systématique du person- civil engineering and two tunnels, one jos e innovadores, en los cuales se han
nel et réunions sécurité hebdomadaires ; of which is sawed. implementado obras de explanación
◆ sensibilisation et motivation originale en dési- Because of the cramped space on site mediante división y explosivos, micro-
gnant chaque semaine un responsable sécurité par- and due to its location in a very dense pilotes, inyecciones, muros de conten-
and sensitive urban environment, strict ción, ingeniería civil y dos túneles, uno
mi le personnel d’exécution ;
precautions are taken with regard to de los cuales está separado.
◆ recours à un personnel expérimenté et affecté
nuisances and safety. Con motivo de la exigüidad de la obra
durablement au chantier ; y de su ubicación en un entorno urbano
◆ balisage et stricte gestion des circulations ; sumamente denso y sensible, se han
◆ audit interne de sécurité chaque mois. tenido que tomar estrictas precauciones
LES PRINCIPAUX en relación con las molestias y la segu-
ridad.
■ CONCLUSION INTERVENANTS

Un chantier complexe et difficile présente au moins Maître d’ouvrage


cet avantage qu’il incite, encore plus qu’un autre, SIOO
à une préparation soignée. Mais la meilleure des Assistant du maître d’ouvrage
préparations ne saurait éliminer totalement l’im- CMTG
prévu, surtout dans le domaine de la géotechnique. Maître d’œuvre - Architecte
Sur le chantier d’IM2S, Solétanche S.A.M. a dû ain- Cabinet Schmeltz
si adapter ses techniques et son organisation aux
Maître d’œuvre - BET et travaux
situations et aux contraintes qui sont apparues en
OTH
cours de travaux, faisant ainsi ressortir sa forte ré-
activité et la puissance des moyens du groupe. Bureau de contrôle
Reste au bilan une performance considérée comme Veritas
remarquable tant sur le plan de la technique que Co-traitant sciage
sur celui de la sécurité (photo 18). Vuillermin
Co-traitant étaiements
Entrepose
Sous-traitant terrassements
Alberti
Sous-traitant gros œuvre
Richelmi
Bureau de conseil en minage
DCI

46 Travaux n° 834 • octobre 2006


Roberto Morrison
DIRECTEUR GÉNÉRAL
Soletanche Bachy Chile S.A.

La mine d’El Teniente au chili :


beau terrain d’exercice Jorge Miranda
DIRECTEUR

pour spécialiste en tunnels DE LA DIVISION TRAVAUX


MINIERS
Soletanche Bachy Chile S.A.
et travaux géotechniques associés
Gastón Diaz
DIRECTEUR
Soletanche Bachy Chile est riche d’une grande expérience dans les travaux miniers au Chili. DES INFRASTRUCTURES
L’industrie de la mine partage avec celle du pétrole des exigences très élevées en matière de MINIÈRES
Codelco Chile Division
rigueur technique et de sécurité. Ses fournisseurs sont strictement sélectionnés. El Teniente
Les travaux consistent en général en sondages carottés, tunnels et techniques associées, gé-
nie civil. Le présent article concerne la mine d’El Teniente, qui est la plus grande mine de cuivre
du monde, sur laquelle Soletanche Bachy Chile a réalisé, entre autres et à ce jour, 23 km de
tunnel de 16 à 49 m2 de section.

A
près de longues années d’expérience dans Figure 1
Plan de situation
les travaux de forage et de génie civil pour de la mine
l’industrie minière, Soletanche Bachy Chile d’El Teniente
s’est décidée, en 2002, à créer sa Division Travaux Location drawing
Miniers. Cette entité capitalise le savoir-faire et l’ex- of the El Teniente mine
périence acquis localement dans le domaine mi-
nier en y ajoutant les compétences de sa maison
mère en matière de tunnels et de travaux géo-
techniques. Ceci fait d’elle une entreprise intégrée
pour les travaux miniers, au service de compagnies
minières telles que Codelco Chile.
C’est dans le cadre du plan de développement des
mines d’El Teniente que Soletanche Bachy Chile
s’est vu attribuer successivement plusieurs contrats
dans les secteurs d’exploitation appelés Mina
Reservas Norte et Mina Diablo Regimiento. Avec
un effectif sur site qui a atteint 900 personnes au
mois de mars 2006, Soletanche Bachy Chile s’est
hissée au rang des principaux entrepreneurs opé-
rant sur El Teniente.

■ CODELCO CHILE
mondial ou encore de l’or, de l’argent et des mé-
Codelco Chile (Corporación Nacional del Cobre de taux rares qu’elle exporte sur le marché mondial.
Chile), est une compagnie minière d’Etat qui comporte
cinq divisions : Norte, El Teniente, Andina, Salvador
et Ventanas. ■ LA DIVISION EL TENIENTE
Codelco est le premier producteur mondial de cuivre DE CODELCO
et possède près de 20 % des réserves mondiales
de ce métal. En 2005, sa production s’est élevée La division El Teniente exploite la grande mine sou-
à 1 832 000 t de cuivre et 36 567 t de molybdène, terraine d’El Teniente qui est située dans les Andes
pour un chiffre d’affaires total de 10,5 milliards de à 120 km au sud de Santiago et à 2 100 m d’alti-
dollars. tude. La ville la plus proche est Rancagua, centre
Les cinq divisions de Codelco opèrent chacune dans administratif et lieu de séjour de la plupart des em-
le cadre d’une stratégie de groupe définie et co- ployés de la mine (figure 1).
ordonnée de manière centrale au siège de la compa- Depuis le début de l’exploitation en 1904, plus de
gnie à Santiago. Elles sont en charge de leur 2 400 km de tunnels et de galeries ont été réali-
production comprenant l’extraction du minerai et sés. Une grande partie de ces tunnels a disparu
son traitement pour obtenir essentiellement du du fait des différentes méthodes d’exploitation qui
cuivre mais aussi des sous-produits tels que le mo- se sont succédé au fil des ans. En 2005 la mine
lybdène dont Codelco est le plus gros producteur d’El Teniente a produit 437 393 t de cuivre raffi- ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 49
tendu, tout est réalisé dans un strict respect de
l’environnement.

■ LA MÉTHODE D’EXPLOITATION
MINIÈRE
La méthode d’exploitation utilisée sur la mine d’El
Teniente est celle du "block caving", c’est-à-dire
de l’effondrement en masse. En raison de son coût
réduit et de sa productivité, elle est appliquée prin-
cipalement sur les compartiments minéralisés de
grande dimension. On sous-cave sur des surfaces
suffisantes pour provoquer l’effondrement naturel
Figure 2
Schéma de principe de la méthode du "block caving" de la masse de minerai. L’évacuation du minerai à
Schematic diagram of the block caving method la base de la colonne entraîne la propagation de
l’effondrement vers le haut et ceci se conduit de
Photo 1 telle manière que tout le minerai qui était au-des-
Chargeur à attaque
frontale surbaissé, sus du sous-cavage se réduit en morceaux que l’on
avec cabine est capable de manipuler.
pressurisée Il existe bien sûr des variantes à la méthode du
Low-slung breast "block caving". Sur la mine d’El Teniente on ap-
stoping loader,
with pressurised
plique celle du "panel caving", qui consiste à divi-
cab ser la surface horizontale en panneaux traversant
le filon et à sous-caver chaque panneau en créant
des plans inclinés formant entonnoir.
Cette méthode requiert de vastes infrastructures
pour atteindre le minerai, comprenant les tunnels
pour l’étage de sous-cavage, un étage de produc-
tion, un étage de transport, un étage de ventilation.
D’autres travaux sont également nécessaires,
comme par exemple la création de points de char-
gement et de déchargement pour les tombereaux.
L’interconnexion de ces différents niveaux néces-
site différents puits pour permettre les circulations
verticales, la ventilation et le cheminement des uti-
lités (figure 2). Ces différents étages sont décrits
® né sous la forme de lingots obtenus par réaction
cathodique et raffinage par fusion. En outre, comme
dans les paragraphes suivants.

principal sous-produit du procédé, 5 249 t de mo- L’étage de sous-cavage


lybdène ont été obtenues.
Depuis 2002 la division El Teniente a ciblé son pro- Cet étage est créé à la base du panneau à fou-
gramme d’investissement sur la réalisation du "Plan droyer, il comprend un réseau de tunnels formant
de développement d’El Teniente", plus connu par une grille orthogonale. A partir de ces tunnels sont
son acronyme PDT, qui couvre un vaste plan in- réalisés les tirs pour foudroyer les piliers réservés
dustriel dans les domaines de l’exploitation minière entre eux de manière à provoquer l’effondrement
proprement dite, mais aussi du management, de du panneau.
la technologie et de la finance. L’objectif de ce plan
est de développer l’extraction, la concentration et L’étage de production
la fonderie pour passer de 98 000 à 131 000 t par
jour de traitement de minerai et atteindre les Il s’agit du niveau où le minerai est effectivement
450 000 t de cuivre raffiné par an en 2005. extrait à partir de points d’extraction et transporté
Ce projet inclut le développement de nouveaux sec- au moyen de chargeurs à attaque frontale surbaissés
teurs d’exploitation dans la mine, tels que celui (photo 1) jusqu’aux points de déchargement, à par-
qu’on appelle Diablo Regimiento ainsi que l’usage tir desquels il est descendu par les puits verticaux
de technologies de dernière génération comme les et recueilli à l’étage de transport par les tombe-
chargeurs surbaissés télécommandés, l’augmen- reaux qui l’acheminent jusqu’aux concasseurs sou-
tation de la capacité des unités de concentration terrains. Ce niveau est pourvu de dispositifs de
et de fonderie, la mise à niveau des infrastructures soutènement plus élaborés que les autres parce
pour l’approvisionnement et les services. Bien en- qu’il est conçu pour un usage plus durable. Il

50 Travaux n° 834 • octobre 2006


comporte une série de tunnels formant une grille Photo 2
dont les croisements sont aménagés pour permettre Jumbo perforant
en front
l’évolution des chargeurs. Toutes les voies sur les- de taille
quelles circulent les chargeurs jusqu’aux concas- Drilling jumbo
seurs primaires installés à ce niveau sont revêtues at working face
de chaussées en béton à haute résistance autori-
sant des vitesses élevées et ne nécessitant qu’un
entretien réduit. Chaque point d’extraction comporte
un soutènement rigide conçu pour encaisser les
contraintes élevées résultant des effondrements
développés au-dessus. Malgré sa qualité, il n’est Photo 3
pas rare qu’on soit obligé de réparer ce soutènement Machine Roboshot
à commande déportée
lorsque se produisent des ruptures du rocher ou pour béton projeté
d’autres phénomènes, lesquels sont observés en Roboshot machine
permanence par les spécialistes en mécanique des with remote control unit
roches au moyen d’un dispositif d’auscultation. for shotcrete

L’étage de ventilation

Cet étage comporte un réseau de tunnels formant,


pour toutes les parties où des hommes travaillent,
un circuit de ventilation avec injection d’air frais et
extraction d’air vicié. On y compte de nombreux
puits qui relient les différents étages ainsi que
de grands ventilateurs.

L’étage de transport

Le minerai, après un concassage primaire, est dé-


versé dans les puits et arrive à cet étage où il est 7 m. Les forages sont réalisés au moyen de jum-
transporté à l’air libre par train ou par tombereaux bos à un ou deux bras (photo 2) et l’explosif est de
surbaissés. type traditionnel. Pour le marinage on utilise des
Une fois réalisées les infrastructures nécessaires, chargeurs à attaque frontale surbais-
la base du panneau d’exploitation est sous-cavée sés et des tombereaux surbaissés. Le
par des techniques de sautage dimensionnées en type de soutènement varie en fonction
rapport avec les caractéristiques géomécaniques des nécessités : boulons, grillage et bé-
du rocher (sa fracturation, sa dureté, ses plans de ton projeté de 10 cm d’épaisseur ap-
rupture, etc.) de manière à amorcer l’effondrement pliqué au Roboshot (photo 3).
naturel de la roche à partir de quoi commence l’ex-
ploitation. Puits

Pour la ventilation on réalise des puits


■ TRAVAUX RÉALISÉS de Ø 1,50 m par la méthode du "rai-
PAR SOLETANCHE BACHY se-boring" qui consiste à forer un trou
CHILE À EL TENIENTE pilote en descendant et à l’aléser en
remontant ou par la méthode "blind
Les travaux, ainsi qu’une part importante de la hole" qui consiste à forer le trou pilote
conception, ont pour la plupart été attribués à des et à l’aléser dans le même sens (fi-
entrepreneurs locaux. Soletanche Bachy Chile S.A. gure 3). Des puits borgnes "blind hole"
a obtenu plusieurs contrats sur le site d’El Teniente Ø 0,70 m de décharge pour le sautage sont forés Figure 3
Schéma des méthodes "raise boring"
pour le développement d’un nouveau secteur ap- au moyen de machines telles que la Robbins 52 R et "blind hole"
pelé Diablo Regimiento. On lui a également confié ou la Roger à marteau fond de trou double (pho-
Diagram of the raise boring
des travaux comportant une part notable de gé- to 4, page suivante). and blind hole methods
nie civil, aussi bien en travaux neufs qu’en répa-
rations. Ces travaux sont décrits dans ce qui suit. Génie civil souterrain

Tunnels Ces contrats prévoient différents travaux de gé-


nie civil participant à la construction de l’infrastruc-
Tous les tunnels sont exécutés classiquement à ture souterraine : chaussées en béton haut trafic
l’explosif. Leur section varie de 4 m x 4 m à 7 m x pour la circulation des chargeurs aux points d’ex- ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 51
ABSTRACT ción muy estricta. Los trabajos consis-
ten por lo general en sondeos de reco-
The El Teniente mine nocimientos, túneles y técnicas aso-
in Chile : a fine exercise ciadas, ingeniería civil. En el presente
ground for a specialist artículo se describe la mina de El
in tunnels and related Teniente, que constituye la mina de
geotechnical work cobre más importante del planeta y, en
la cual Soletanche Bachy Chile ha eje-
R. Morrison, J. Miranda, G. Diaz cutado, entre otras y en la fecha, 23 km
de túnel de 16 a 49 m2 de sección.
Soletanche Bachy Chile has a great
wealth of experience in mining work in
Chile.
The mining industry, like the oil indus-
try, has very high demands regarding
technical precision and safety. Its sup-
pliers are selected strictly.
The work generally consists of core
Photo 4 drilling, tunnels and related techniques,
Machine Roger avec outillage marteau fond de trou double and civil engineering. The present article
Roger machine with double down-the-hole drill tool concerns El Teniente, the largest cop-
per mine in the world, on which Sole-
tanche Bachy Chile has executed, among
® traction (photo 5) et soutènements lourds de tun-
nels. Ces contrats concernent aussi d’autres tra-
other work to date, 23 km of tunnels
of cross section 16 to 49 sq. m.
vaux de génie civil dans le domaine de la réparation
des infrastructures souterraine. Tous ces
travaux qui sont réalisés dans des zones
à forte fracturation naturelle ou désor-
ganisées par l’usage de l’explosif, re-
quièrent du personnel expérimenté et
respectueux des règles de sécurité.

Quantités réalisées

Le tableau synoptique (tableau I) pré-


sente les principales quantités réalisées
par Soletanche Bachy Chile S.A. dans
l’exécution des contrats liés au plan
d’augmentation de la production de la
mine d’El Teniente, plan qui est actuel-
lement dans sa phase finale.
Photo 5
Soutènement lourd
sur un point d’extraction RESUMEN ESPAÑOL
Heavy supporting La mina de El Teniente
structure on an extraction
point
en Chile : magnífico terreno
de adiestramiento para
especialistas en túneles
Nature de travaux Quantités y obras geotécnicas
Tunnels 4 x 4 et 7 x 7 23 000 m 437 000 m3 combinadas
Puits 3 470 m 3 290 m3 R. Morrison, J. Miranda y G. Diaz
Points d’extraction 266 u
Béton armé et chaussées 17 800 m3 Soletanche Bachy Chile posee una sólida
experiencia en el sector de los traba-
Tableau I jos mineros en Chile.
Table I La industria de la mina comparte con
aquella del petróleo diversas exigen-
cias sumamente elevadas en materia
de rigor técnico y de seguridad. Sus
proveedores son objeto de una selec-

52 Travaux n° 834 • octobre 2006


Christophe Persoz
DIRECTEUR
DES TRAVAUX
SOUTERRAINS

Campenon Bernard TP : Campenon Bernard TP

quatre chantiers en cours Frédéric Dallot


DIRECTEUR DE TRAVAUX
Campenon Bernard TP

Patrick Gauthier
DIRECTEUR DE TRAVAUX
Menant plusieurs chantiers dans l’Hexagone (tunnel de stockage Ivry-Masséna en Île-de-France Campenon Bernard TP
et puits de secours de l’A86 Ouest ; tunnel routier du Bois-de-Peu dans le Doubs ; prolonge-
ment de la ligne 1 du métro de Marseille), Campenon Bernard TP (Sogea Construction – groupe
VINCI) se trouvait confronté à la mi-2006 à différentes péripéties prévues ou imprévues, né-
cessitant parfois une adaptation des méthodes. Revue de ces complications qui sont le lot quo- Philippe Laborie
INGÉNIEUR TRAVAUX
tidien des travaux souterrains et qui sollicitent tout le savoir-faire et la détermination des mineurs. Campenon Bernard TP

«
Alban Martinotto
DIRECTEUR DE PROJET,
Les travaux souterrains, c’est avant tout l’im- "Le projet porte sur la réalisation de quatre sta-
PROLONGEMENT
prévu. » Au début de l’été, les péripéties tech- tions (La Fouragère réalisée dans le cadre du même DE LA LIGNE 1
niques rencontrées par Campenon Bernard marché que le tunnel, La Blancarde adjugée à un DU MÉTRO
TP (Sogea Construction, groupe VINCI) sur certains groupement conduit par GTM Construction (man- DE MARSEILLE
de ses chantiers semblaient confirmer ce principe dataire), Louis Armand et Saint-Barnabé, confiées Campenon Bernard TP
hérité de l’expérience. Pour autant, l’investissement à des entreprises concurrentes), de la galerie qui
de l’entreprise dans cette activité qui est l’un de pour la première fois dans cette ville sera réalisée
ses métiers historiques ne se dément pas et la dy- au tunnelier, et de trois puits qui sont des ouvrages
namique de synergies déjà existante avec certaines de ventilation et d’épuisement ", indique Alban
entreprises régionales de Sogea Construction Martinotto, directeur de projet. Lancé à l’été 2005,
(Campenon Bernard Régions, Campenon Bernard le chantier a commencé par la réalisation des sta-
Méditerranée) ou VINCI Construction Grands tions, dont La Fourragère, terminus provisoire de
Projets, s’est plus récemment élargie à GTM la ligne, où le tunnelier sera assemblé à partir de
Construction. fin septembre. Longue de 1950 m et d’un diamètre
"En juin dernier, indique Christophe Persoz, le di- fini de 8,65 m (diamètre de creusement : 9,79 m),
recteur des travaux souterrains de Campenon la galerie sera forée en descendant selon une pente
Bernard TP, nous avons été déclarés adjudicataires, d’environ 5 % à travers des sols hétérogènes consti-
dans un groupement incluant également GTM tués d’argiles, de sables, de sols grésifiés et de
Construction, du tunnel de Chavanne sur la LGV "puddingue" (conglomérat de galets et de ciment)
Rhin-Rhône. Complémentaires, nos entités devraient qui ont poussé le groupement à opter pour un tun-
à l’avenir être en mesure de soumissionner en- nelier à pression de terre. Et comme le creusement
semble sur d’autres projets, comme le prolonge- s’effectuera quasi exclusivement sous des zones
ment de la ligne 12 du métro parisien entre la porte de bâti relativement ancien (entre 60 et 100 ans)
de la Chapelle et Aubervilliers ; d’autres plus loin- où de nombreux puits avaient été aménagés, des
tains tels l’A89 Lyon-Balbigny, les prolongements mesures de surveillance et de protection très ri-
des métros de Lyon et de Paris ou le projet Lyon- goureuses sont prises : dans un périmètre de 10 m
Turin ; ou à plus longue échéance encore comme de part et d’autre du tracé, une campagne de
le prolongement du TGV vers Nice." comblement des anciens puits a ainsi été lancée
afin d’éviter tout risque d’entraînement du sol et
de fontis.
■ MARSEILLE : 1 950 MÈTRES A La Fourragère où, par chance, le stockage (vous-
DANS UN SOUS-SOL soirs, déblais et matériels divers) peut s’étendre
TRÈS HÉTÉROGÈNE sur une partie de l’emprise de la future rocade
L2 et sur une zone réservée à l’aménagement ul-
A Marseille, le prolongement de la ligne 1 du mé- térieur d’un parking de 500 places, la technique
tro au-delà de la station La Timone mettra le quar- consiste à terrasser la station (soit environ 60000 m3
tier de la Fourragère à moins d’un quart d’heure du de déblais) au brise-roche hydraulique et à ciel ou-
Vieux-Port, et il a été attribué en juin 2005 à un vert jusqu’à une profondeur de 25 m à l’abri d’un
groupement associant GTM GCS (mandataire), soutènement provisoire en paroi parisienne. L’hé-
Campenon Bernard Méditerranée, Campenon térogénéité des caractéristiques du terrain a confron-
Bernard TP et Spie Batignolles. té ici l’équipe à de premières surprises : ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 53
®
Photo 1 dimensionnement des tirants d’ancrage à revoir
Marseille : prolongement à la hausse et volume des terrains durs supé-
de la ligne de métro n° 1.
La station La Fourragère, côté rieur aux prévisions (20 000 m3 contre 11 000 m3
front d’attaque au début juillet. prévus).
Le tunnelier sera mis en place En attendant le démarrage du creusement, Alban
à partir de septembre
Martinotto, qui a dirigé les travaux du lot 2 de la
Marseilles : extension of metro
line 1. The La Fourragère ligne B du métro de Toulouse, recense d’autres dif-
station, on the working face ficultés prévisibles : "Les stations, ici, seront en-
side in early July. The tunnel core plus complexes à exécuter, car on retrouve le
boring machine will be brought
in from September on
principe de dalle située à un niveau inférieur au
point haut de la voûte mais aussi davantage d’ou-
vrages qui devront être construits après le passage
du tunnelier, tels les murs de quai. Et comme chaque
station est construite par un groupement indépen-
dant, la maîtrise de la coordination sera vraiment
cruciale." (cf. encadré "Prolongement de la ligne 1
du métro de Marseille" et photos 1 et 2).

PROLONGEMENT DE LA LIGNE 1
DU MÉTRO DE MARSEILLE

Maître d’ouvrage
Communauté urbaine Marseille Provence Métro-
pole (CUMPM)
Assistant maître d’ouvrage
Photo 2 Systra
Marseille : prolongement
de la ligne de métro n° 1. Maître d’œuvre
Début juillet, Groupement SMM
les terrassements
de la station La Fourragère Bureau de contrôle
(70 x 22 m avec une arrière- Socotec
gare de 30 m x 10),
terminus provisoire Entreprises du groupement
de la ligne, étaient réalisés GTM Construction (mandataire), Campenon
à 80 %
Bernard Méditerranée, Campenon Bernard TP,
Marseilles : extension Spie Batignolles TPCI
of metro line 1. In early July,
the earthworks • Longueur de l’ouvrage : 1 950 m
at La Fourragère station • Délai contractuel d’exécution : 36 mois
(70 x 22 m with a 30 x 10 m • Montant des travaux : 71 M€
area behind the station),
the temporary terminus
of the line, were 80 %
completed

54 Travaux n° 834 • octobre 2006


Photo 3
Tunnel du Bois-de-Peu. Creusement
en demi-section supérieure des derniers 40 m
de la galerie du tunnel descendant.
Pour stabiliser le front de taille, un boulonnage
Swellex est réalisé sur la face éboulée.
Le brise-roche opère à l’abri de la voûte
où les cintres métalliques sont positionnés
de mètre en mètre
Bois-de-Peu tunnel. Driving the upper half
section of the last 40 metres of gallery
of the descending tunnel. To stabilise
the working face, the Swellex rock bolting
system is employed on the collapsed face.
The rock breaker operates under the shelter
of the arch where the steel centring is placed
in position metre by metre

■ TUNNEL DU BOIS-DE-PEU : lique spécial et à un tout autre rythme, puisque


UNE FIN DE CHANTIER la cadence de bétonnage est d’un anneau de 10 m
SOUS HAUTE SURVEILLANCE par jour (photo 3).

En juin 2005, à la veille d’attaquer le creusement


des tubes du tunnel du Bois-de-Peu (deux fois 520 m) ■ TIMA : UN DÉMARRAGE
qu’emprunteront les 2 x 2 voies du contournement DIFFICILE
en voie rapide de Besançon (Doubs), Frédéric
Dallot, le directeur du chantier (Campenon Bernard Venu de Toulouse, où il a creusé les 5 km du lot 2
TP), excluait d’autant moins les surprises que l’ou- de la ligne B du métro, le tunnelier Herrenknecht à
vrage avait à franchir 18 unités géologiques diffé- pression de terre Carlos Gardel, d’un diamètre de
rentes, dont des marnes nécessitant un système 7,73 m, a été remis en état et reconditionné à
de soutènement par voûte parapluie, cintres mé- Limay, près de Mantes-la-Jolie, avant d’accoster en
talliques et béton projeté. avril dernier quai Panhard-et-Levassor (Paris XIIIe),
"Après un creusement difficile dans des marnes d’être rebaptisé Catherine et de démarrer sa nou-
du toarcien dans les 30 derniers mètres, le tube velle mission. Cette fois, il ne s’agit plus de métro
montant a été percé sans problème le 23 mai der- mais de canalisation, et de canalisation géante
nier. Dans le tunnel descendant, distant de seu- puisque le futur Tima (tunnel Ivry Masséna) est des-
lement 30 m, les marnes que nous avons rencontrées tiné, par temps d’orage, à récupérer et à stocker
étaient plus épaisses (40 m), plus humides et plus les eaux pluviales fortement polluées, qui sans cela
fracturées, et le terrassement, lancé en pleine sec- se déverseraient dans la Seine, et à les acheminer
tion, a rapidement dû être suspendu en raison jusqu’à l’usine de traitement des eaux du SIAAP à
d’éboulements répétés survenus à partir du 5 mai." Valenton (Val-de-Marne). Long de 1860 m, d’un dia-
Après une étude géologique, la solution retenue mètre fini de 6,80 m (diamètre de creusement :
a consisté à passer en terrassement en section di- 7,78 m) et d’une capacité de stockage de 86000 m3,
visée, c’est-à-dire à réduire le front de taille à 60 m2 ce tunnel-réservoir sera creusé à une trentaine
au lieu de 120 m2, en accordant une priorité à la de mètres de profondeur, suivra le lit du fleuve en
sécurité. Progressant ainsi très lentement, parfois direction d’Ivry avant d’amorcer une légère courbe
de seulement un mètre en une journée, le creu- à droite sous le centre commercial Plein Ciel et de
sement de la première demi-section paraissait, à rejoindre le réseau d’assainissement francilien au
la fin juin, pouvoir s’achever vers le 20 juillet et être puits des Cormailles.
suivie du terrassement en sous-œuvre de la demi- "Ce creusement sera rendu délicat dans les pre-
section inférieure. Au même moment commençait miers 300 m par une veine de sable noir sous pres-
le revêtement de la voûte du tube montant, une sion d’eau, présente d’abord en section inférieure
opération réalisée au moyen d’un coffrage métal- puis en pleine section et enfin en voûte, qui contrain- ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 55
®
Photo 4 dra à travailler en pression de terre avec un confi-
Tima (Paris), début juin. Face nement délicat à mettre en œuvre, pour éviter tout
aux dents de la roue de coupe
du tunnelier Catherine, la galerie tassement en surface, ce qui n’est pas la configu-
d’amorce, 1,20 m de paroi ration la plus simple", prévoit Philippe Laborie, in-
moulée à forer et 300 m génieur travaux (Campenon Bernard TP). La présence
de creusement délicat
dans une veine de sable de trois ponts – pont SNCF, pont National, boule-
sous pression d’eau vard périphérique – sur la première partie du tracé
Tima (Paris), early June. Facing est une raison supplémentaire de veiller aux tas-
the teeth of the cutting wheel sements et de les maîtriser. Sur le pont SNCF, des
of TBM "Catherine", the starting
gallery, 1.20 metres of slurry wall
tassomètres effectuent des relevés toutes les quatre
to be drilled and 300 metres heures. Au-delà, le terrain plus cohérent (couche
of tricky tunnel driving in a sand vein marno-calcaire puis craie) rendra le creusement
under water pressure
plus facile.
Les deux puits d’accès en paroi moulée d’un dia-
mètre de 17 m et de 35 m de profondeur ayant été
réalisés antérieurement, les opérations, pour le
groupement, ont consisté cette année à creuser en
traditionnel la galerie de liaison entre les deux puits
(18 m), la galerie d’amorce (de janvier à mars 2006),
puis à descendre les éléments du tunnelier au
moyen d’un pont roulant de 45 t qui servira égale-
ment à l’évacuation des déblais, et à les assem-
bler (avril et mai). "Début juin ont été assemblés

© Alex Béraud
les premiers anneaux dans la jupe du tunnelier,
qui, ripés vers l’arrière par les vérins de la machine,
viennent prendre appui sur le bâti de poussée, pour-

SOCATOP : LES PUITS DE SECOURS EN AVANCE SUR LA GALERIE

Tandis que les travaux de finition sont en cours et a commencé à recevoir ses quatre niveaux de
sur les quatre puits de secours de VL1 (la sec- structure. Viroflay SNCF (30 m de profondeur)
tion Rueil-Malmaison – échangeur avec l’A13 de est creusé et son radier est bétonné ; en atten-
l’A86 Ouest), les cinq puits de VL2, en cours de dant le passage du tunnelier, qui permettra d’amé-
creusement entre Pont Colbert et nager le rameau de liaison, les équipes de tra-
le raccordement avec l’A13, sont vaux gagnent du
commencés. "La technique n’a temps en édifiant
pas varié, explique Patrick Gau- le local de surface.
thier, directeur travaux (Campe- Carrousel (89 m
non Bernard TP), et consiste à de profondeur),
combiner excavation en tradition- réalisé en paroi
nel à l’abri d’un blindage bois dans moulée jusqu’à
les couches dures et paroi mou- 61 m, est presque
lée réalisée à la benne ou à l’hy- totalement excavé.
drofraise dans les sols médiocres Enfin, la réalisa-
ou saturés d’eau." Des ouvrages tion de la paroi
à réaliser en partant de Pont Col- moulée de Prieuré
bert : puits de Porchefontaine, du (64 m de profon-
RD 10, de Viroflay SNCF, du deur) a commen-
Photo 5 Carrousel et du Prieuré (auxquels s’est ajoutée Photo 6 cé depuis la fin
Socatop. Le 5 mai, le tunnelier Socatop. En surface, ce type
a traversé le puits du RD 10 la niche 77, voisine de Porchefontaine, réalisée d’ouvrage (ici avant finition) mai (photos 5 et
elle aussi en paroi moulée depuis la surface), permet l’accès des secours 6).
Socatop. On 5 May, the TBM has passed et aux galeries du tunnel
through the shaft on county road RD 10 certains sont très avancés. Porchefontaine (24 m
de profondeur) et son rameau sont raccordés au Socatop. On the surface,
this type of structure (here
tunnel. before finishing) permits
Le RD 10 (40 m de profondeur), ouvrage parti- emergency aid access
culier puisqu’il se situe exactement sur le tracé and access to the tunnel
galleries
du tunnel, a été franchi par le tunnelier le 5 mai,

56 Travaux n° 834 • octobre 2006


ABSTRACT
Campenon Bernard TP : four
projects underway

Ch. Persoz, Fr. Dallot, P. Gauthier,


Ph. Laborie, A. Martinotto

Carrying out several projects in France


(Ivry-Masséna storage tunnel in the Ile-
de-France region and escape shaft on
the A86 West motorway ; Bois-de-Peu
road tunnel in the Doubs region; exten-
sion of Marseilles metro line 1), Cam-
penon Bernard TP (Sogea Construction
– VINCI Group) was faced in mid-2006
with various foreseen and unforeseen
incidents sometimes requiring adap-
tation of its methods. Review of these
complications, which are the everyday
© Alex Béraud

lot of underground works and which


call on all the miners' know-how and
determination.

Photo 7 RESUMEN ESPAÑOL


Tima (Paris). Le puits d’accès à la galerie, réalisé en paroi
moulée, est profond de 35 m. La grue assurera Campenon Bernard TP :
l’approvisionnement des voussoirs, livrés au chantier par voie cuatro obras en curso
fluviale
Tima (Paris). The access shaft to the gallery, executed Ch. Persoz, Fr. Dallot, P. Gauthier,
by the slurry wall technique, is 35 metres deep. The crane will Ph. Laborie y A. Martinotto
bring in the segments, delivered to the site by river transport
Llevando a cabo varias obras en Fran-
cia (túnel de almacenamiento Ivry-Mas-
suit Philippe Laborie. Cette phase délicate a duré séna en Île-de-France y túneles de emer-
tout le mois de juin. Le 26, a eu lieu le percement gencia de la autopista A86 Oeste; túnel
de la paroi moulée, épaisse de 1,20 m, qui s’est viario del Bois-de-Peu en el departa-
effectué en 18 heures ; enfin, après un arrêt pour mento del Doubs ; prolongación de la
expertise, le chantier a redémarré le 3 juillet." (pho- línea 1 del metro de Marsella), Cam-
tos 4 et 7 et encadré ci-dessous "Projet Tima"). penon Bernard TP (Sogea Construction
– grupo VINCI) tropezaba a mediados
de 2006 con diferentes peripecias pre-
vistas o imprevistas que han precisado
a veces una adaptación de los méto-
dos. Examen de estas complicaciones
que corresponden a la labor diaria de
estos trabajos subterráneos y que pre-
PROJET TIMA cisan toda la pericia y experiencia prác-
(TUNNEL IVRY MASSÉNA) tica, así como la determinación de los
mineros.
Maître d’ouvrage
SIAAP
Maître d’œuvre
SIAAP
Entreprises du groupement
Bouygues TP, Razel, Campenon Bernard TP,
Spie Fondations
• Longueur de l’ouvrage : 1 860 m
• Fin du creusement prévu en février ou
mars 2007
• Effectif : 85 personnes
• Montant des travaux : 64 M€

Travaux n° 834 • octobre 2006 57


TRAVAUX SOUTERRAINS

Couvertures du boulevard
La Ville de Paris et ses différents par-
tenaires (Etat et Région d’Ile-de-Fran-
Secteur de la Porte des Lilas
ce) ont considéré que le principe de
"couverture-dalle" constituait une
opportunité de créer une continuité
urbaine, au-delà des objectifs de pro-
tection phonique, dans les secteurs ■ LE CONTEXTE DE L’OPÉRATION tant pour les Parisiens que pour les riverains des
où le boulevard périphérique est en communes limitrophes (dans le cadre de l’opéra-
Le projet de couvertures du boulevard périphérique à tion de zone d’aménagement concerté).
tranchée. la Porte des Lilas résulte d’une réflexion menée à
Le secteur de la Porte des Lilas est l’échelle de la Région Île-de-France, au travers de do-
l’une des zones prioritaires faisant cuments de planification et de développement urbain ■ LA NATURE DE L’OPÉRATION
ayant abouti au contrat de plan Etat-Région 2000-2006.
l’objet d’une telle opération.
Dans un même souci de lutte contre les nuisances L’opération consiste en la construction d’une cou-
Après avoir présenté les enjeux et sonores, ces documents ont notamment défini des verture lourde et la mise en œuvre de ses équi-
les acteurs de ce projet, l’article dé- orientations d’aménagement urbain auxquelles le pements, associée à des modifications géométriques
crit l’opération particulièrement dé- boulevard périphérique est intégré. importantes du tracé des bretelles BPE, le repro-
La Ville de Paris et ses différents partenaires (Etat filage des bretelles d’entrée et de sortie BPI, l’amé-
licat à cause des contraintes de
et Région Ile-de-France) ont considéré que le prin- nagement de l’avenue René Fonck et la restructuration
sécurité, de trafic et d’exploitation. cipe de "couverture-dalle" constituait une oppor- de la place du Maquis du Vercors.
tunité de créer une continuité urbaine, au-delà des Les ouvrages de couverture sont dimensionnés pour
objectifs de protection phonique, dans les secteurs recevoir une épaisseur de 1,50 m de terre.
où le boulevard périphérique est en tranchée. Les travaux de couverture pour la tranche ferme,
Le secteur de la Porte des Lilas est l’une des zones seule inscrite au contrat de plan 2000-2006, por-
prioritaires faisant l’objet d’une telle opération. tent sur deux tronçons :
La couverture du périphérique dans ce secteur s’ins- ◆ le tronçon "Porte des Lilas" d’environ 360 m de
crit également dans le grand projet de renouvelle- long, s’étendant sur environ 115 m de part et d’autre
ment urbain de la couronne parisienne et qui des ouvrages existants de la place du Maquis du
comprend le projet de la ZAC des Lilas. Vercors et comportant la couverture de l’anneau
central (63 m), le linéaire des ouvrages existants
étant de 65 m ;
■ LES ENJEUX ◆ le tronçon "Quartier Fougères" d’une longueur
d’environ 320 m s’étendant sur 70 m au nord de
Réduction des nuisances l’ouvrage Noisy-le-Sec et sur 70 m au sud de l’ou-
acoustiques vrage Léon Frapié et intégrant la dalle existante du
square Frapié d’une longueur de 178 m.
Les améliorations attendues sont importantes. En fonc-
tion des secteurs, les réductions de nuisances vont La réalisation des travaux a été décomposée en
jusqu’à 5 dB (place du Maquis du Vercors) et 11 dB un marché des travaux préliminaires (réalisation
(quartier Fougères). Une réduction de 3 dB correspond de janvier à octobre 2005) et un marché des tra-
à une réduction de moitié de l’intensité sonore. vaux principaux. Accessoirement, pour restituer
au plus vite la protection acoustique existante pour
Rétablissement d’une continuité les riverains les plus proches, la construction d’un
urbaine Paris – Communes écran antibruit sur la nouvelle bretelle d’entrée au
limitrophes BPE a fait l’objet d’un marché spécifique (mai à
juillet 2005).
La couverture du boulevard périphérique vise à
rétablir la continuité Paris-banlieue. Les espaces
créés permettront de redéfinir le partage de l’es- ■ LES CONTRAINTES TECHNIQUES
pace public et notamment de créer des continuités
transversales de qualité pour les circulations douces Sécurité
(circulations piétonnes, cyclables, etc.).
Les deux ouvrages dépassant chacun 300 m de
Requalification urbaine longueur, la circulaire du 25 août 2000 relative à
et redynamisation des quartiers la sécurité dans les tunnels s’applique.
concernés De plus, à la demande des services de sécurité,
les deux ouvrages sont gérés comme un tunnel
La couverture du boulevard périphérique permettra unique supérieur à 800 m dans les scénarios d’ur-
l’implantation d’équipements publics accessibles gence.

58 Travaux n° 834 • octobre 2006


Carine Bernede
CHEF DE LA DIVISION
DES COUVERTURES
DU BOULEVARD

périphérique parisien PÉRIPHÉRIQUE


Ville de Paris - Direction de la
Voirie et des Déplacements
Faiz Belblidia
DIRECTEUR DE PROJET
Scetauroute (Groupe Egis)

Eric Cheype
CHEF DE SERVICE
La couverture est conçue pour répondre aux Ces restrictions sont de différentes natures : TRAVAUX
Bouygues TP
contraintes suivantes : ◆ emprises réduites permanentes (réduction de
◆ construction de deux tubes séparés, indépen- largeur de voies) ;
dants et unidirectionnels ; ◆ emprises larges permanentes (réduction du
◆ la mise en place d’un dispositif de ventilation nombre de voies pouvant aller jusqu’au bascule-
pour maîtriser : ment du trafic sur une seule chaussée) ;
- la qualité de l’air en exploitation normale, ◆ fermetures de nuit à concurrence de quatre par
- le désenfumage en cas d’incendie (facteur di- mois et par sens permettant des travaux sous in-
mensionnant) ; terruption de circulation ;
◆ la stabilité au feu des structures nouvelles et ◆ interdiction de fermer plus d’une bretelle par
existantes ; sens de circulation.
◆ la mise en place de dispositifs de sécurité pour Les restrictions d’emprises ne sont autorisées que
les usagers : issues de secours, niches de sécu- sur des périodes de l’année figées :
rité, réseau d’appel d’urgence, détection automa- ◆ emprise réduite permanente définie par la conser-
tique d’incidents, réseau incendie, signalisation vation de 4 voies de circulation pour le BPE et le
dynamique… ; BPI calibrées ainsi : 2 x 3,00 m + 2 x 2,80 m au-
◆ mise en place d’équipements d’exploitation : si- torisée sans limite sur l’année ;
gnalisation, recueil automatique des données, vi- ◆ emprise large permanente définie, pour les mois
déosurveillance… ; de janvier, février et mars, par la conservation de
◆ mise en place d’un système de gestion technique 4 voies de circulation pour un sens de circulation
centralisée et d’une surveillance 24 heures sur 24 et la réduction à 3 voies de circulation pour l’autre
assurée par un opérateur de la Ville de Paris. sens de circulation ;
◆ emprise large permanente définie, pour les seuls
Trafic mois de juillet et d’août, par la conservation de 4
voies de circulation réduites pour un sens de cir-
Construit entre 1957 et 1973, le boulevard péri- culation et la réduction à 2 voies de circulation pour
phérique est un anneau de 35 km de longueur, qui l’autre sens de circulation, ou, en dérogation, ré-
présente les caractéristiques d’une autoroute ur- duction à 3 voies de circulation réduites pour le
baine et constitue sans conteste une infrastructu- BPE et le BPI ;
re majeure de la région parisienne. A ce titre, il fait ◆ durant la période entre le 2 et le 25 août, fer-
partie du réseau "magistral", défini dans le plan de meture d’une chaussée avec basculement sur une
déplacements urbains de la Région Ile-de-France, seule chaussée des deux sens de circulation (2 x
qui regroupe les autoroutes et voies rapides de l’ag- 2 voies).
glomération (raccordement des autoroutes A1, A3, Le recours à l’ensemble de ces restrictions doit fai-
A4, A6, A13). re l’objet de demandes auprès de l’exploitant de
Le trafic moyen journalier pour les deux sens de cir- la Ville de Paris.
culation est d’environ 225 000 véhicules au nord Le planning élaboré au mois (m-2) n’est pas mo-
du diffuseur d’échange de la Porte des Lilas, et de difiable et doit être validé par l’exploitant en coor-
270 000 véhicules au sud de cette même porte, dination avec les services exploitants des Autoroutes
valeurs exprimées en TMJA (trafic moyen journalier A1 et A3, le SISER et la Préfecture de Police dans
annuel). le cadre d’une coordination régionale.
Dès la phase conception, ce contexte particulier a
Exploitation du périphérique nécessité l’établissement d’un planning extrême-
ment détaillé pour déterminer le délai envisageable
Du fait même de ce trafic exceptionnel, le service pour la réalisation de l’ouvrage.
d’exploitation de la Ville de Paris et la Préfecture Plus encore, dès la fin de la phase AVP, l’extrê-
de Police imposent un programme limitant les pos- me sensibilité de la planification de ce projet a été
sibilités de restrictions de circulation autorisées. mise en évidence. En effet, le planning prévision-
Le programme d’exploitation est donc extrêmement nel est obligatoirement élaboré en tenant compte
précis et contraignant car il est impératif que cet des "fenêtres des restrictions autorisées" et doit,
axe majeur conserve une capacité à drainer en sé- par conséquent, se caler sur des dates précises.
curité un trafic minimal pendant les phases de tra- Dès lors qu’un événement survient qui ne permet
vaux. pas le respect de ces fenêtres, les tâches envi- ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 59
la mise en place et/ou le ripage des dispositifs de
protection ainsi que du marquage au sol provisoi-
re. De plus, le comptage du trafic existant sur le
périphérique doit être assuré quelle que soit la pha-
se de restriction ce qui nécessite la mise en place
de boucles de comptage provisoires (photo 1).

Aménagements de surface

Une des contraintes particulières du projet de cou-


verture du boulevard périphérique sur le secteur
"Lilas" réside dans l’existence d’une vaste zone
d’aménagement concerté dont le projet est mené
en parallèle.
La coexistence de ces deux projets tant pour les
phases études que pour les phases travaux gé-
nère des interfaces importantes et des contraintes
bilatérales.
L’ouvrage de couverture proprement dit est desti-
né à recevoir dans sa majeure partie un traitement
paysager arboré sur une épaisseur de terre de
0,70 cm à 1,50 m ainsi que des équipements spor-
tifs (terrains de tennis…) à l’exclusion de tout bâti.

Zone Lilas
Photo 1
Ripage des GBA de chantier lors d’un changement de restriction de circulation La place du Maquis de Vercors est réaménagée
Sliding construction site concrete safety barriers to change traffic restrictions
pour retrouver le tracé linaire de l’avenue de la Por-
te des Lilas. Une partie de la dalle de l’ouvrage neuf
Figure 1 dans son raccordement avec les ouvrages routiers
Détail
de bossage existants supportera en conséquence un trafic rou-
tier pour lequel elle devra être dimensionnée.
Detail
of an anchor Immédiatement au sud de la place du Maquis du
block Vercors, est prévue l’implantation d’un terminal
pour bus. Dans cette zone, la structure de la cou-
verture sera dimensionnée pour tenir compte des
charges roulantes correspondantes.
Au-delà, la dalle de couverture recevra les trois cha-
piteaux du cirque du Grand Céleste.

Zone Fougères
® sagées sont repoussées jusqu’à la prochaine res-
triction permise.
Sur la dalle existante, le square Frapié fait l’objet
d’un aménagement paysager spécifique.
Une tâche nécessitant par exemple une emprise Les zones nouvellement couvertes traitées en co-
importante en TPC, se traduisant par une restric- hérence avec cet aménagement reçoivent des équi-
tion large avec réduction du nombre de voies, pré- pements sportifs s’insérant dans un aménagement
vue au premier trimestre de l’année et qui n’a pu paysager global.
être achevée pendant cette période ne pourra être
reprise que lors de la restriction d’emprise large Géométrie
suivante, durant les mois de juillet et août. Cette concomitance des projets de couverture et
Un retard de quelques jours dans certaines tâches d’aménagement de surface a généré une contrain-
peut ainsi conduire à un retard de plusieurs se- te géométrique particulière puisque l’épaisseur
maines. structurelle maximale était de fait déterminée par
Le risque d’amplification des retards et de désor- une double obligation : le respect du dégagement
ganisation importante du chantier est une contrain- d’une hauteur libre sous ouvrage de 5 m et le res-
te permanente et spécifique de ce projet qui nécessite pect des nivellements de surface existants et dé-
une extrême rigueur dans la préparation des moyens, finis par les aménageurs.
la mise en œuvre de mesures de sécurisation (ma- Cette contrainte est amplifiée dans certaines zones
tériel complémentaire…) et le suivi. par les équipements à mettre en œuvre et en par-
Enfin, les changements de restriction de circulation ticulier les bossages devant recevoir les accélé-
interviennent obligatoirement de nuit pour permettre rateurs (figure 1).

60 Travaux n° 834 • octobre 2006


Franchissement de la ligne 11
du métro

La conception de l’ouvrage tient compte du fran-


chissement de la ligne du métro perpendiculaire-
ment au boulevard périphérique au droit de la place
du Maquis du Vercors. Dans la zone de franchis-
sement du métro, sur une longueur de 15 m, les
piédroits ne sont plus fondés sur pieux mais sur
une semelle superficielle et sont encastrés de part
et d’autre sur des piédroits fondés sur une double
file de pieux. Au-dessus du métro, les piédroits
constituent donc des poutres voiles en "T" inversé
qui reportent leurs charges respectives de part et
d’autre de la zone ainsi "pontée".
Préalablement à la réalisation des travaux, il y a eu Figure 2
constat contradictoire de l’état des lieux et la RATP qui ont dû être intégrés à l’ouvrage projeté ou dé- Schéma du franchissement
a mis en place un système de surveillance avec molis partiellement ou totalement. de la ligne 11 du métro
des mesures de convergence régulières de l’inté- Dans la zone de la "Porte des Lilas" les deux ou- Diagram of the metro line 11
rieur de la voûte concernée par les travaux. vrages routiers existants formant l’anneau du gi- crossing
Il n’y a pas eu d’incidence en phase de réalisation ratoire ont fait l’objet d’une démolition partielle par
et l’ouvrage de couverture n’apporte aucune sollici- sciage des encorbellements et ont été intégrés aux
tation supplémentaire à l’ouvrage du métro (figure 2). ouvrages de couverture. La voirie principale dans
cette zone est ainsi totalement remaniée suivant
Réseaux divers le projet d’aménagement de surface par la sup-
pression du giratoire au profit d’une avenue recti-
L’ouvrage étant dans un site très fortement urba- ligne et d’une vaste esplanade.
nisé, outre les réseaux d’exploitation du boulevard Dans la zone du "quartier Fougères", les deux ou-
périphérique (gestion du trafic et éclairage), il exis- vrages routiers des rues Noisy-le-Sec et Léon Fra-
te de très nombreux réseaux : pié, encadrants la dalle existante du square Frapié,
◆ réseaux d’assainissement du BP et des voiries n’ont fait l’objet que de dépose de leurs équipe-
de surface constitués d’ovoïdes exploités et en- ments (corniches et garde-corps) pour être intégrés
tretenus par la SAP (Section d’assainissement à l’ouvrage de couverture.
de Paris) ; Les appuis centraux de tous ces ouvrages ont dû
◆ adduction eau (Eau de Paris, CEP) ; faire l’objet de travaux pour les transformer en voiles
◆ transport électricité (225 kV et 63 kV) EDF - RTE continus et assurer la séparation effective des deux
et distribution EDF ; sens de circulation en deux tubes séparés (photo 2).
◆ assainissement interdépartemental - SIAAP ; Pour ce qui concerne les différents murs de sou-
◆ transport hydrocarbures - TRAPIL ; tènements, leur dimensionnement n’a pas permis
◆ transport et distribution de gaz - GDF Transport une réutilisation comme support éventuel de cou-
et GDF ; verture.
◆ télécommunications (divers opérateurs de télé- Ils sont soit totalement démolis soit utilisés pour
phonie fixe et mobile) ; leur seule fonction de soutènement des terres, l’ap-
◆ éclairage public des voiries connexes - EUREC ; pui des dalles de couverture se faisant sur des fon- Photo 2
Intervention sur piédroits existants
◆ signalisation lumineuse tricolore des voiries dations et piédroits de faible hauteur réalisés à
connexes - GECIR ; l’arrière de l’existant. Dans ce cas, les murs exis- Work performed on existing side walls
◆ réseau d’alimentation électrique - RATP. tants sont rehaussés pour combler le vide devant
En outre, le boulevard périphérique dispose de les piédroits de la couverture.
réseaux de courants forts et faibles en TPC pour la
gestion du trafic (RAU, vidéosurveillance, PMV…). Vue synthétique des travaux
Si les réseaux principaux du périphérique ont été préliminaires
dévoyés dans le cadre des travaux préliminaires,
l’ensemble de ces réseaux a constitué une contrain- Les travaux préliminaires ont essentiellement por-
te forte à la fois en terme de procédure et égale- té sur le dévoiement des réseaux d’exploitation de
ment en terme de coordination des co-activités. l’ensemble des équipements du boulevard péri-
phérique transitant dans le terre-plein central pour
Ouvrages existants libérer cet espace et permettre la construction des
appuis centraux de la couverture et celui d’un ovoï-
Le projet de couverture se caractérise par la pré- de d’assainissement sous les chaussées du péri-
sence d’ouvrages existants de différentes natures phérique. ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 61
®
Photo 3 En outre ont été entrepris la démolition d’un ou-
Vue synthétique vrage d’art important portant la bretelle d’entrée
des travaux
préliminaires au périphérique extérieur et la reconstruction de
Synthetic view celle-ci selon une nouvelle géométrie ainsi que
of preliminary works l’aménagement provisoire de l’avenue René Fonck
et sa mise à double sens.
En parallèle un écran acoustique de 260 m de long
et 4 m de hauteur a été réalisé avec une géomé-
trie sans ressauts, adaptée au profil au long de la
bretelle d’entrée au BPE (photos 3 à 6).

Photo 4
Vue de l’écran acoustique démoli
dans le cadre
des travaux principaux
View of the noise barrier demolished
as part of the main works

Photo 5
Ouvrage en cours
de démolition
Structure
being demolished Photo 6
Nouvel écran
et nouvelle bretelle
New barrier
and new slip road

62 Travaux n° 834 • octobre 2006


Figure 3
Repérage des plots
de couverture zones Lilas
et Fougères
Locating the cover markers
for the Lilas and Fougères
areas

■ TRAVAUX PRINCIPAUX La profondeur moyenne des pieux est d’environ


20 m.
Caractéristiques de l’ouvrage
de génie civil Appuis
Tous les appuis ou piédroits de l’ouvrage de cou-
Conception générale verture du boulevard périphérique sont constitués
La structure retenue à l’issue de la phase de concep- de voiles en béton armé d’épaisseur de 0,80 m.
tion pour la réalisation de la couverture du boule- Dans la zone de couverture de la bretelle de sortie
vard périphérique est du type portique ouvert double du périphérique intérieur, le piédroit commun, de
fondé sur pieux dont la traverse supérieure est de même épaisseur, reçoit des corbeaux pour l’appui
type poutrelle enrobée. des poutres côté BP.
La consultation a été lancée sur la base de cette Le piédroit extérieur de la bretelle est d’une épais-
solution avec l’ouverture aux variantes de struc- seur de 0,50 m.
tures préfabriquées pour ce qui concerne la dalle
de couverture. Dalles de couverture
Pour les travaux, une solution "mixte" a été pro- La dalle de couverture du périphérique est décom-
posée par l’entreprise et adoptée : la structure re- posée en plots constitués, selon leur configuration,
tenue conserve la solution de type "poutrelles de poutrelles enrobées ou de poutres-dalles.
enrobées" pour toutes les zones biaises ou radiales La dalle de couverture de la bretelle de sortie du
et met en œuvre une solution alternative de type périphérique intérieur est en poutres-dalles.
"poutres-dalles" pour toutes les zones courantes. La traverse supérieure au-dessus du boulevard pé-
Les portées sont comprises entre 16,50 m et riphérique a une épaisseur totale de 0,80 m. La
20,65 m pour la travée couvrant le périphérique ex- traverse supérieure au-dessus de la bretelle a une
térieur et entre 16,50 et 22,50 pour la travée cou- épaisseur de 0,50 m.
vrant le périphérique intérieur. Ces plots sont soit totalement encastrés soit en-
castrés sur le piédroit central et appuyés sur les
Fondations piédroits latéraux, en fonction de la configuration
A l’exception de la zone de franchissement de la de l’ouvrage (symétrie des aménagements, hau-
ligne 11 du métro, l’ensemble des appuis est fon- teur des piédroits…).
dé profondément par le biais de 440 pieux Ø 1000 La figure 3 décrit cette décomposition en plot et le
et 1 200 mm. Les piédroits sur lesquels s’encas- schéma statique associé.
trent les voiles situés au-dessus de la ligne 11 du
métro sont fondés sur des pieux Ø 1 400 mm. Les Matériau de protection coupe-feu
voiles situés au-dessus de la ligne du métro ne sont La totalité des dalles de couvertures (ouvrages
pas fondés et n’exercent aucun report de charges neufs et ouvrages existants) reçoivent une protec-
sur la voûte de celui-ci. tion coupe-feu constituée de plaques de 25 mm ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 63
lement (exception faite d’un plot franchissant l’aque-
duc de la Dhuis encadré par des pieux).
La ventilation se fait généralement dans le sens
du trafic et, en cas d’incendie, les accélérateurs
poussent la fumée vers la sortie. Ces murs ont pour
fonction d’empêcher les retours des fumées dans
l’autre tube (photo 9).

Ouvrages annexes
Outre les ouvrages principaux de couverture, des
ouvrages annexes sont réalisés. Il s’agit :
◆ des postes électriques enterrés dont l’un, nou-
veau, est situé au-dessus de la voûte du métro, et
l’autre, en bordure de la rue Noisy-le-Sec et du squa-
Photos 7 et 8 re Frapié, a fait l’objet d’une extension importan-
Pose des plaques de protection coupe-feu
te. Ils sont destinés à recevoir les postes de
Laying fire-resistant protection plates
transformation et les équipements d’alimentation
électrique de l’ensemble des équipements de la
couverture (ventilation, signalisation, éclairage du
tunnel…) ;
® d’épaisseur et garantissant une tenue de deux
heures sous un feu hydrocarbures (niveau N2) (pho-
◆ des issues de secours : il y en a neuf dont l’im-
plantation tient compte à la fois des impératifs de
tos 7 et 8). sécurité en terme d’interdistance et de débouché
et des contraintes d’insertion dans les aménage-
Murs antirecyclage ments de surface (photos 10, 11 et 12).
Les piédroits centraux de chaque couverture sont
prolongés de 40 m à chaque extrémité par des
voiles de 0,65 m d’épaisseur. Ces voiles ne sup-
portent aucune charge et sont fondés superficiel-
LES PRINCIPALES
QUANTITÉS
LES PRINCIPAUX INTERVENANTS
Fondations
• 440 pieux Ø 1 000, 1 200 et 1 400 mm
Maître d’ouvrage
• Profondeur moyenne : 20 ml
Ville de Paris. Conduite d’opération assurée par la direction de la Voi-
• 3 ateliers de forage avec une foreuse et une
rie et des Déplacements - Service des Aménagements et des Grands
grue sur chenille
Projets – Division des Couvertures du boulevard périphérique
• Cadence de 2 pieux réalisés par jour
Maître d’œuvre
Blindage (piste accès et ouvrages)
Groupement constitué par Scetauroute (Groupe Egis) (mandataire du
4 500 m2 d’une hauteur moyenne de 3 m
groupement de MOE Scetauroute/Thalès/Berim/Isis/Barbier Archi-
tecte) : Voiles : (semelles et piédroits)
• Scetauroute : Direction de projet et coordination • 15 000 m3 de béton, épaisseur moyenne :
- Génie civil 1 : secteur Porte des Lilas 80 cm
- Sécurité tunnels • 3 500 t d’acier
- Ventilation et désenfumage • 25000 m2 de coffrage et 3 outils spécifiques :
• COTEBA (ex Thalès Engineering et Consulting) : grue mobile 80 t
- Génie civil 2 : secteur Fougères • Cadence : 36 m de piédroits tous les deux
- Alimentation électrique & éclairage jours
- Gestion technique centralisée Couverture
• Isis (Groupe Egis) : Equipements dynamiques • 17 000 m2 de couverture de 75 cm d’épais-
• Berim : Voiries, assainissement & réseaux seur
• Barbier : Architecture & paysage - 5 500 m2 en poutrelles acier (1 800 t)
Entreprises - 11500 m2 de poutres en béton précontraintes
• Travaux préliminaires : groupement constitué par Eurovia Ile-de-France (650 unités de longueur moyenne de 23 m)
S.N.C (mandataire)/Valentin/SDEL Infi/Amec Spie/Cardem/MCCF - 14 000 m3 de béton armé coulé en 2e phase
• Travaux d’écran acoustique : Sysa • Deux grues spéciales de 120 et 160 t
• Travaux principaux : groupement constitué par Bouygues TP (man- • Cadence : 10 poutres par nuit, avec 8 cou-
dataire)/Eurovia/SDEL Infi pures de circulation par mois

64 Travaux n° 834 • octobre 2006


Photo 10
Poste électrique Lilas
Lilas electric substation

Photo 11
Aspects
architecturaux :
tête de couverture
Lilas Nord
Architectural
aspects : Lilas
North cover portal

Photo 9
Murs anti-recyclage
Anti-recycling walls

Photo 12
Tête de couverture
Lilas Sud
Lilas South
cover portal
■ CARACTÉRISTIQUES
DES ÉQUIPEMENTS
Au sens de la circulaire, en tranche ferme, les tran-
chées couvertes du secteur de la Porte des Lilas
(tranchée couverte des Lilas et tranchée couverte
du quartier Fougères) sont classées de la manière
suivante :
◆ tunnels urbains ;
◆ trafic non faible ;
◆ deux tubes unidirectionnels ; Compte tenu des dispositions de la circulaire mi-
◆ longueurs supérieures à 300 m ; nistérielle 2000-63 ainsi que des recommandations
◆ gabarit supérieur à 3,50 m ; de l’AIPCR de 1999 et des longueurs des différents
◆ interdiction aux transports de matière dangereu- projets, le phasage de construction de la couver-
se, de produits explosifs ou facilement inflammables; ture en tranche ferme et conditionnelle induit :
◆ mode d’exploitation de degré D4, correspondant ◆ la mise en œuvre d’accélérateurs pour la pre-
à une surveillance humaine permanente. mière phase ;
Le présent projet prend en compte les mesures ◆ complétés en deuxième phase par la mise en
conservatoires nécessaires à la réalisation de la œuvre d’une usine d’extraction commune aux deux
tranche conditionnelle qui correspond à la réalisa- sens de circulation, usine qui ne sera réalisée que
tion d’un ouvrage classé dans les tunnels de lon- dans le cadre de la tranche conditionnelle.
gueur supérieure à 1 000 m.
L’ensemble des équipements projetés est confor-
me aux prescriptions réglementaires. ■ ORGANISATION DES TRAVAUX
L’aspect "équipements" fera l’objet d’un dévelop-
pement dans un article spécifique. L’exécution du chantier nécessite dix grandes phases
Il est seulement précisé ici que l’étude réalisée en de balisage du périphérique comprenant des tâches
tenant compte de la tranche ferme et de la tranche précises à réaliser dans des délais tendus, face
conditionnelle a permis de déterminer le choix du aux impératifs d’exploitation du périphérique.
type de ventilation et de dimensionner les équi- Outre ces phases de balisage ou de restriction de
pements de ventilation. trafic permettant les travaux de jour, des nuits de
Le type de ventilation retenue est la ventilation lon- fermeture sont nécessaires (huit nuits par mois,
gitudinale. dont quatre sur le BPE et quatre sur le BPI) pour ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 65
® permettre les travaux de pose des poutres de cou-
verture ainsi que des interventions spécifiques (dé-
ABSTRACT

molition, pose des cages d’armatures, déplacement Coverage of the Paris ring
des portiques et banches de coffrages…). road. Porte des Lilas sector
Enfin, les travaux de surface, après exécution de
C. Bernede, F. Belblidia, E. Cheype
la couverture de l’anneau de Lilas Centre nécessi-
tent un phasage complexe coordonné avec les in- The City of Paris and its various part-
terventions des concessionnaires et les travaux ners (central government and Ile-de-
réalisés dans le cadre du projet d’aménagement France region) considered that the
de la ZAC des Lilas. "cover slab" technique was an oppor-
Des calendriers à des stades différents entre tunity to create urban continuity, in
projets distincts et des contraintes spécifiques ren- addition to the noise protection objec-
dent parfois l’exercice d’autant plus difficile qu’il tives, in those sectors where the ring
s’exerce sur des emprises restreintes mais né- road is a trench road.
cessairement partagées. The Porte des Lilas sector is one of the
L’ensemble de ces contraintes induit une forte com- priority areas for such work.
After presenting the issues at stake and
plexité dans l’organisation des travaux. Le respect
the stakeholders in this project, the
de délais tendus à chaque phase nécessite la mise
article describes the project works,
en place de moyens importants (matériels et hu- which are extremely difficult due to
mains) sinon redondants pour pallier les aléas que safety, traffic and operating constraints.
peut comporter un projet urbain sous circulation
(réseaux, manifestations…).
RESUMEN ESPAÑOL
Le chantier, dans sa période de pointe, comporte
un effectif de plus de 200 personnes (cf. tableau I). Coberturas de la vía
de circunvalación de París.
Sector de la Porte des Lilas

C. Bernede, F. Belblidia y E. Cheype


Entreprises Effectif moyen Effectif en pointe
Bouygues Travaux Publics 80 120 La Villa de París y sus distintos entes
SDEL Infi 25 60 asociados (Estado y Región Ile-de-France)
Eurovia Ile de France 15 50 han considerado que el principio de
"cobertura-loza" constituye una opor-
Tableau I tunidad para crear una continuidad
Composition de l’effectif urbana, más allá de los objetivos de
Workforce composition protección acústica, en los sectores en
que la vía de circunvalación ya se
encuentra excavada.
El sector de la Porte des Lilas consti-
tuye una de las zonas prioritarias que
está objeto de semejante operación.
Tras haber presentado los retos y los
actores de este proyecto, se describe
en el presente artículo la operación par-
ticularmente delicada con motivo de
los imperativos de seguridad, de trá-
fico y de explotación.

66 Travaux n° 834 • octobre 2006


Laurent Viguier
DIRECTEUR
HC Pyrénées

Aménagement hydroélectrique Bernard Bertuola


INGÉNIEUR SNCF
CHEF DE PROJET
en Pyrénées-Atlantiques : DE L’AMÉNAGEMENT
HYDROÉLECTRIQUE DE LA VERNA
Société Hydroélectrique du Midi (S.H.E.M.)
projet de La Verna

La société HC Pyrénées, une société du Groupe HC, réalise actuellement pour le compte de la
S.H.E.M. (Société Hydroélectrique du Midi) filiale de la SNCF, une partie d’un aménagement hy-
droélectrique dans le département des Pyrénées-Atlantiques, sur la commune de Sainte-Engrâce
(Pays Basque).
Ces travaux consistent en la réalisation d’une adduction en tuyauterie fonte de 600 mm de dia-
mètre, enterrée dans le radier d’une galerie souterraine existante, de 660 m de long, dont l’exi-
guïté complique les travaux.

Entrée de la galerie
souterraine existante,
longue de 660 m

E
Entrance
n préalable à ces travaux, il a fallu purger of the existing
et conforter la galerie par boulonnage, bé- underground gallery,
660 metres long
ton projeté fibré et injection des zones sen-
sibles, et ce, afin de procéder notamment à
l’excavation de la tranchée par minage.
Le marinage, partie délicate également dans une
galerie de si petite section, est effectué à l’aide
d’une marineuse type Scoop Wagner. Les préter-
rassements sont réalisés avec des mini-pelles type
U15 et U20.
Actuellement, HC Pyrénées procède à la pose des
tuyauteries DN 600. A l’issue de ces travaux, sera
mise en œuvre une dalle de béton de protection
sur la tuyauterie, qui permettra une évolution sé-
curisée des spéléologues en sortie du réseau de
la Pierre-Saint-Martin, mais aussi des touristes dans
le cadre d’un futur aménagement touristique pour
la visite du site de La Verna. ◆ l’écoulement des eaux de pluie chargées en
Le conducteur d’opération de la S.H.E.M., Bernard acide carbonique a dissous le calcaire, formant des
Bertuola, responsable de ce projet, décrit ici les réseaux hydrologiques souterrains s’écoulant sur
principales étapes de cet aménagement hydroélec- la couche imperméable vers le nord-ouest en di-
trique, l’une des rares réalisations de ce type dans rection de la commune de Sainte-Engrâce.
les Pyrénées françaises au cours des dix dernières
années.
■ UN PROJET AMORCÉ
DE LONGUE DATE
■ UNE GÉOMORPHOLOGIE
TRÈS SPÉCIFIQUE Dès 1930, une expédition menée par Max Cosyns
permet de comprendre l’ampleur de ce massif et
Aux confins de la France et de l’Espagne, entre surtout son fabuleux potentiel de découvertes.
Aragon, Béarn et Soule, s’étend la Pierre-Saint- L’après-guerre amène de nouveaux équipiers plus
Martin (64). Ce massif de 140 km2 est le siège de jeunes et mieux équipés. C’est le temps des ex-
phénomènes karstiques de grande ampleur. Plu- péditions lourdes dans le gouffre de la Pierre-Saint-
sieurs de ses gouffres figurent parmi les plus pro- Martin.
fonds du monde. En 1951, le puits Lépineux, profond de plus de
Deux phénomènes sont à l’origine de leur forma- 300 m, est descendu.
tion : En 1952, à la découverte de la rivière souterraine,
◆ le massif est constitué de calcaire, une roche Jacques Labeyrie, descendu en compagnie de Marcel
cassante, fissurée sous les contraintes tectoniques, Loubens et Haroun Tazieff, imagine un aména-
et perméable posée sur des schistes imperméables; gement hydroélectrique; à la remontée du puits Lé- ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 67
Profil type avant et après
travaux en zone revêtue
Typical profile before and after
work in a lined area

® pineux, Marcel Loubens effectue une chute mor-


telle devant la caméra d’Haroun Tazieff.
■ LES CARACTÉRISTIQUES
D’UN PROJET HORS NORME
En 1953, la gigantesque salle de La Verna, de
3,4 millions de m3, (200 m de diamètre, 190 m de La prise d’eau est constituée d’un barrage de 4 m
haut) est découverte à plus de 700 m de profon- de haut, d’une prise latérale munie de grilles et
deur. d’une vanne de dégravement. L’évacuation des
En juin 1956 l’entreprise Castells de Tarbes (65) crues se fait par déversement.
– sous-maîtrise d’ouvrage EDF – commence le creu- La conduite forcée d’un diamètre de 60 cm, qui
sement d’un tunnel afin de capter la rivière sou- emprunte la salle de La Verna sur 100 m (dont
terraine à l’amont de la salle La Verna. La galerie 70 m en falaise), est enterrée dans le radier de la
débouchera dans la salle le 20 décembre 1960 galerie sur 660 m puis enfouie à l’extérieur de la
avec quatre ans de retard. galerie sur 2 800 m jusqu’au bâtiment d’usine.
Pendant ces quatre années de chantier, la gale- Le bâtiment d’usine abrite une turbine Pelton et un
rie changera plusieurs fois de direction, plusieurs alternateur et le canal de fuite alimente la rivière
branches seront abandonnées, le réseau d’Arpidia de Sainte-Engrâce qui est très souvent à sec.
(25 km) sera découvert et une expédition topogra- • Puissance brute maximale : 4 473 kW.
phique franco-espagnole sera organisée à partir du • Volume d’eau turbiné : 9 Mm3/an.
puits Lépineux afin de préciser la position de la • Productible : 11 GWh/an.
salle. En 2005, la demande est instruite par l’adminis-
La mesure des débits de la rivière souterraine tration dans les meilleurs délais. L’enquête pu-
est effectuée pendant plusieurs années par EDF et blique recueille une grande majorité d’avis favorables
par l’ARSIP (Association de recherche spéléologique et le préfet des Pyrénées-Atlantiques accorde l’au-
internationale de la Pierre-Saint-Martin). Le projet torisation à la S.H.E.M. en novembre de la même
hydroélectrique est abandonné et la galerie est re- année.
Le radier de la galerie souterraine mise à la commune de Sainte-Engrâce et aux spé-
existante qui accueillera à terme léologues.
la tuyauterie a une section en fer Dans les années quatre-vingt-dix, la S.H.E.M. étu- ■ DES TRAVAUX PRÉPARATOIRES
à cheval de 1,45 m de largeur
sur 1,80 m à 2,00 m de hauteur
die à son tour un projet d’aménagement hydro- COMPLEXES
électrique. Ces études permettent en particulier de
The foundation raft of the existing
underground gallery which will ultimately déterminer les communes propriétaires des tréfonds Les travaux préparatoires démarrent en février 2006 :
receive the piping has a horseshoe-shaped (prise d’eau, salle et galerie) et aboutissent à la si- ◆ réalisation de 2 km de piste pour l’accès à l’en-
section 1.45 metres wide gnature en 2003 d’une convention avec les trois trée de la galerie par l’entreprise Bergerot d’Arette-
and 1.80 to 2.00 metres high
communes (Sainte-Engrâce, Arette et Aramits) concer- . La piste est terminée fin avril ;
nées par l’aménagement et réunies dans un SIVU. ◆ mise en sécurité de la galerie :
Les trois communes sont favorables au projet, sous - purge des éléments ou blocs instables,
réserve qu’il ne crée aucun obstacle à une exploi- - ancrage des dièdres et zones instables pouvant
tation touristique ultérieure. à terme faire craindre un risque,
LES PRINCIPALES En 2004, une demande d’autorisation est déposée - évacuation de tous les déblais encombrant le sol
QUANTITÉS auprès de l’administration dans le but d’utiliser les de la galerie,
débits de la rivière souterraine de Saint-Vincent, - dépose des divers boisages restant,
• 400 m3 de déblais marinés en galerie entre les altitudes 1 077,50 NGF et 547,00 NGF, - mise en place d’une coque béton projeté RIG de
• 660 ml de tuyauterie fonte DN 600 afin de produire de l’électricité, dans une usine qui 7 cm ou 14 cm sur 100 m de galerie,
• 300 m3 de béton à couler en galerie sera située à l’aval de la confluence du ravin d’Ehujare - réalisation d’injection d’extrados dans la dernière
• Plus de 6 000 heures de travail et de la rivière de Sainte-Engrâce, 2 km en amont zone revêtue au débouché dans la salle.
des gorges de Kakouetta. Ces travaux ont été réalisés par l’entreprise HC

68 Travaux n° 834 • octobre 2006


ABSTRACT
Hydropower project in the
Pyrénées-Atlantiques
region : La Verna project

L. Viguier, B. Bertuola

The company HC Pyrénées, a member


of the HC Group, is currently perfor-
ming on behalf of the SNCF (French
Rail) subsidiary SHEM (Société Hydro-
électrique du Midi) part of a hydropo-
wer project in the Pyrénées-Atlantiques
department, in the Sainte-Engrâce dis-
trict (Basque Country).
Intégration virtuelle de la cathédrale Notre-Dame This work involves construction of a
de Paris dans la salle de La Verna réalisée cast iron supply pipe 600 mm in dia-
par la société ATM3D meter, buried in the foundation raft of
Virtual integration of Notre-Dame de Paris cathedral an existing underground gallery 660 m
in the La Verna room produced by the company long, complicated work given the cram-
ATM3D
ped space.

RESUMEN ESPAÑOL

Pyrénées de Soulom (65) entre mai et juillet 2006. Ordenación hidroeléctrica


Les premiers tuyaux Ø 600 mm, en fonte Natural en Pirineos-Atlánticos :
de Pont-à-Mousson, ont été posés fin juillet en ga- proyecto de la Verna
lerie dans une tranchée de 70 cm de profondeur ;
L. Viguier y B. Bertuola
ils seront recouverts par 10 cm de béton fibré avec
cunette en rive droite et gaines bétonnées en rive
La empresa HC Pyrénées, filial del Grupo
gauche. HC, está ejecutando actualmente por
Ces travaux sont également réalisés par l’entre- cuenta de la SHEM (Société Hydro-
prise HC Pyrénées. électrique du Midi) filial de la SNCF,
Diverses opérations vont s’enchaîner pour permettre una parte de una ordenación hidroe-
une mise en service en décembre 2007. léctrica en el departamento de los Piri-
Les premiers calculs de Jacques Labeyrie au fond neos-Atlánticos, en el municipio de
du puits Lépineux auront mis 55 ans pour se concré- Sainte-Engrâce (País Vasco).
tiser. Estos trabajos consisten en la ejecu-
ción de una aducción en tubería de fun-
dición de 600 mm de diámetro, enter-
rada en la solera de una galería
subterránea existente, de una longitud
de 660 metros, cuya exigüidad ha venido
a complicar los trabajos.

LES PRINCIPAUX
INTERVENANTS

Maître d’ouvrage
Société Hydroélectrique du Midi (S.H.E.M.)
Maître d’œuvre
Société Hydroélectrique du Midi (S.H.E.M.)
Coordination S.P.S.
Jean-Jacques Pratdessus
Entreprise titulaire
HC Pyrénées
Sous-traitant pour le minage
Pyrénées Minage

Travaux n° 834 • octobre 2006 69


Record aux Sables d’Olonne :
CSM Bessac vient de réaliser la par- sous-marin de 623 m de long,
tie souterraine de l’émissaire de re-
jet des Sables d’Olonne.
Le collecteur de 623 m de long, en
tuyaux en béton armé de 1400 mm
de diamètre intérieur, a été réali-
sé par fonçage au microtunnelier. Dans la zone de l’estran, quand l’accès est pos-
C’est un chantier difficile par la sible, les émissaires sont posés avec des moyens
terrestres, à la marée.
longueur du fonçage, une pente Dans le cas particulier du site de l’émissaire de re-
à 10 %, une courbe en profil, par la jet des Sables d’Olonne il n’était pas possible de
géologie constituée de gneiss avec procéder par cette méthode classique.
En effet, la zone de marnage est d’accès difficile
alternance d’argiles et une charge
par la terre et, au-delà, les hauts fonds rocheux
d’eau de 15 m. interdisent l’approche des barges. De plus, il a été
Il s’agit là du plus long fonçage ja- estimé qu’un ouvrage posé dans cette zone serait
mais réalisé pour un diamètre no- difficile à protéger contre la force des marées, des
courants et des tempêtes (photo 1).
minal inférieur à 1 400 mm.
Pour s’affranchir de ces difficultés, les concepteurs
ont décidé de réaliser une partie de l’émissaire en
tunnel.
Photo 1
Vue aérienne dans l’axe
de l’émissaire ■ UN FONÇAGE EN COURBE
Aerial view in the axis
of the outfall sewer L’émissaire de rejet a une longueur totale de 1520 m.
La partie réalisée en tunnel a une longueur de 623 m
entre le puits de départ à terre et la sortie sous-
marine au large. La partie aval est constituée d’un
tuyau en PEHD de 900 mm de diamètre posé en
souille (figure 1).
CSM Bessac, spécialiste dans la réalisation d’ou-
■ PROTÉGER L’ENVIRONNEMENT vrages souterrains, a retenu la technique du fon-
DANS UNE CONFIGURATION çage au microtunnelier, une solution adaptée à la
DIFFICILE construction de collecteurs de faible diamètre sur
des longueurs importantes, dans des conditions
En zone côtière, les eaux usées dépolluées dans géologiques difficiles en rocher ou en terrain meuble
des stations d’épuration sont rejetées au large, au et sous charge hydrostatique importante.
moyen de collecteurs sous-marins. Pour que la di- Le principe consiste à pousser des éléments de
lution et l’évacuation des effluents soit correcte, le tuyau à partir d’un puits situé sur la partie terrestre,
point de rejet doit être situé au large, en fonction le creusement à l’avant de la conduite poussée
des courants. étant assuré par le microtunnelier. Une fois parve-
Les émissaires de rejets sont généralement en- nu à l’extrémité de l’ouvrage, le tunnelier est ré-
souillés ou bien posés et lestés directement sur cupéré en mer dans une fouille creusée dans le
les fonds marins. Ces travaux sont alors réalisés fond.
avec des moyens maritimes et des plongeurs. L’émissaire a un diamètre nominal de 1 400 mm.
Figure 1
Profil schématique
du projet
Schematic profile
of the project

70 Travaux n° 834 • octobre 2006


Jean-Noël Lasfargue
DIRECTEUR
COMMERCIAL
CSM Bessac
(groupe Solétanche Bachy)
CSM Bessac réalise un tunnel
au microtunnelier

Photo 3
Puits de départ et la station
de poussage de 850 t
Starting shaft
and the 850-tonne
jacking station

Photo 2
Vue intérieure dans la courbure
Interior view in the bend

Il commence en attaque descendante avec une pen- geant 52 trous de prédécoupage, 12 trous pour le
te de 10 % d’une centaine de mètres au départ qui bouchon et 66 trous d’abattage. La paroi du puits
se prolonge par une courbe d’un rayon de 1 300 m a été soutenue par béton projeté et boulons scel-
(photo 2). La couverture de terrain au-dessus du lés au terrain. Le fond du puits a
tunnel varie de 7 m à quelques dizaines de centi- été garni d’un radier en béton
mètres seulement. Après être passé sous la route armé.
côtière, l’ouvrage se trouve rapidement sous le fond A l’intérieur de ce puits de départ
marin, sous une pression hydrostatique qui atteint et autour de lui en surface, sont
15 m d’eau à l’extrémité. disposées toutes les installations
nécessaires au fonctionnement
du microtunnelier.
■ DES ALGUES Au fond est installé le bâti de pous-
DANS LES DÉBLAIS DU TUNNEL sée nécessaire au fonçage de la
conduite préfabriquée. Il est équi-
Le faciès rocheux annoncé sur le tracé était ma- pé de deux vérins qui développent
joritairement constitué de gneiss dur et très abra- une poussée totale de 850 t (pho-
sif. Le fonçage a rencontré des parties fracturées to 3). Photo 4
créant une communication directe entre l’océan et C’est en surface qu’on trouve le container de pilo- Poste de pilotage
le front d’attaque du tunnelier : des algues ont été tage, centre névralgique à partir duquel les opéra- en surface
retrouvées dans les déblais à la sortie du dessa- teurs font fonctionner le microtunnelier, le contrôlent Control console
bleur de l’unité traitement, ce qui n’est pas com- et le dirigent (photo 4). on the surface
mun! En outre, il a fallu composer avec de nombreux Le système de marinage est hydraulique. Il évacue
passages d’argile. les déblais découpés par la roue du microtunnelier
Le puits de départ de 7,90 m de profondeur a jusqu’à l’unité de traitement installée en surface.
été creusé à l’explosif, par volées de 1,50 m exi- En surface, également, sont stockés les tuyaux en ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 71
Photo 5 ■ UN DISPOSITIF DE GUIDAGE
Stockage
des éléments PRÉCIS
de tuyau
Storage Le microtunnelier est descendu dans le puits en
of pipe elements quatre éléments qui sont introduits successivement
dans le terrain (photo 6).
Le premier de ces éléments porte la roue de cou-
pe équipée de molettes et entraînée par des mo-
teurs hydrauliques. Ce premier module intègre les
vérins qui permettent l’orientation de la tête de cou-
pe pour le guidage de la trajectoire. Le système de
guidage embarqué est essentiellement constitué
d’un gyroscope associé à un niveau électronique.
Il donne en permanence au pilote la position de la
machine en x, y, z.
Il est à noter que c’est la première fois en France
que ce matériel de guidage est utilisé dans un micro-
tunnelier. Les tolérances d’exécution, qui impo-
saient notamment d’arriver au point prévu avec une
précision de 30 cm, ont été parfaitement respec-
tées avec une arrivée à 5 cm du point théorique.
Les trois autres éléments du microtunnelier contien-
nent les organes de fonctionnement suivants :
® béton armé de 3 m de long (photo 5). Ces tuyaux
ont été conçus en fonction des particularités du
◆ le groupe hydraulique qui produit la puissance
de la machine ;
chantier : tracé en courbe et longueur foncée très ◆ le sas de compression qui permet le confinement
importante. Les éléments sont emboîtés de ma- à l’air comprimé de la partie avant de la machine
nière étanche par bagues métalliques et joints en pour les opérations de visite de la chambre d’abat-
élastomère. tage ;
◆ la pompe de retour de marinage pour le trans-
port des déblais ;
◆ la station télescopique de poussée à quatre vé-
rins qui permet à la roue de coupe d’exercer sur
les molettes la pression nécessaire à l’abattage
du rocher.
LES PRINCIPAUX ÉQUIPEMENTS Les blocs les plus gros détachés du front sont ré-
POUR LA RÉALISATION DU TUNNEL duits en éléments fins par le cône de concas-
sage placé à l’arrière de la roue.
• Container de pilotage Herrenknecht AVN TB Sur ce chantier, la forte abrasivité du gneiss et l’al-
• Bâti de poussée de 850 t ternance entre rocher et argile nécessitera de nom-
• Microtunnelier AVN 1 500 TB breux accès au front pour inspecter la roue et pour
Roue de coupe pour rocher avec élargisseur remplacer les outils de coupe. La roue porte 10
Ø 1 850 mm molettes dont plusieurs jeux ont été consommés.
Puissance 132 kW Les remplacements de molette sont des opérations
Station de poussée embarquée de 500 t très délicates, chaque molette pesant 60 kg. En
Couple 474 kNm outre, le confinement à l’air comprimé a été sou-
Confinement à l’air comprimé vent nécessaire pour ces interventions au front
Chambre d’abattage visitable par une ouverture chaque fois qu’il y avait communication directe du
Ø 570 mm front avec l’océan.
Longueur des 4 modules : 12 m
Poids : 50 t
• 6 stations de poussée intermédiaires ■ MARINAGE ET LUBRIFICATION
• Centrale automatique de lubrification À LA BOUE
• Unité de traitement des déblais de 250 m3/heure
• 3 pompes de marinage de 90 kW L’extraction des déblais est assurée par une cir-
• Module de guidage culation de boue. La boue fabriquée en surface est
• 2 groupes électrogènes de 700 kVA amenée, sous pression, dans la roue de coupe.
• 2 surpresseurs d’air comprimé de 90 kW Elle est mélangée aux déblais de creusement et
elle repart en surface où elle est séparée des dé-
blais par une installation de criblage. Cette instal-

72 Travaux n° 834 • octobre 2006


lation est composée d’un dessableur primaire et Photo 6
d’une série d’hydro-cyclones. On sépare ainsi tous Descente du premier élément
de tunnelier dans le puits
les éléments de dimension supérieure à 100 µ. Le de départ
circuit de marinage composé du circuit aller, du cir- Lowering the first TBM element
cuit retour et des pompes a été conçu pour faire into the starting shaft
face à la très grande abrasivité du terrain. Notamment
les conduites de marinage ont été épaissies et on
a installé des tuyaux de marinage télescopiques
au droit des stations intermédiaires de poussée.
Les turbines et les volutes des pompes de mari-
nage ont fait l’objet de remplacements fréquents.
Outre sa fonction de marinage, la boue sous pres-
sion participe au confinement. Elle évite la dé-
compression des terrains meubles.

Photo 7
■ L’ENNEMI, Une des six stations
C’EST LE FROTTEMENT de poussée
intermédiaires
One of the six
Les tuyaux et le microtunnelier sont poussés dans intermediate jacking
le terrain par la station principale installée dans le stations
puits de départ. Les frottements du terrain sur les
tuyaux augmentent avec la longueur. Avant que ces
frottements deviennent excessifs, on met en pla-
ce une station intermédiaire de poussée entre deux
tuyaux (photo 7). Chaque station intermédiaire
pousse un tronçon de la conduite. Dans le cas
de l’émissaire des Sables d’Olonne, six stations
intermédiaires au total ont dû être installées.
Pour diminuer les frottements du terrain sur le tuyau
poussé, on injecte, dans l’espace annulaire créé
entre l’excavation et l’extrados du tuyau, des pro-
duits lubrifiants tels que bentonite ou polymères.
L’injection est automatisée. Des stations d’injec-
tion commandées électroniquement depuis le contai-
ner de pilotage sont placées tous les 15 m dans ■ AU BOUT DU TUNNEL…
le tuyau. Chaque station alimente trois points d’in- PAR QUINZE MÈTRES DE FOND
jection disposés à 120°. Chaque station d’injec-
tion est paramétrée individuellement depuis le Pendant la progression du tunnel, on réalise la
container de pilotage pour ce qui concerne le vo- fouille de récupération du tunnelier. Celle-ci est
lume, la pression et la fréquence. Le protocole d’in- creusée depuis une barge auto-élévatrice en posi-
jection peut être adapté à tout moment pour chaque tion sur le point d’arrivée au large. Comme pour le
station en fonction de l’évolution des efforts de puits de départ, le rocher est excavé à l’explosif.
poussée constatée sur les stations de poussée Après chaque tir la fouille est draguée mécanique-
intermédiaires. ment à la benne preneuse.
Le tunnelier arrive dans la fouille de sortie à une
quinzaine de mètres sous le niveau de la mer. Le
tunnelier est alors déboîté de la conduite par un
dispositif hydraulique commandé depuis la barge.
Sa récupération est une opération délicate qui,
LES PRINCIPALES QUANTITÉS comme toujours pour les travaux à la mer, est to-
talement dépendante des conditions météorolo-
RÉALISÉES
giques et de l’état de la mer, notamment de la
• Puits de départ : 6,50 m x 5,50 m x 7,90 m hauteur de la houle. Il ne s’agit pas moins que
de profondeur de sortir de l’eau une pièce de 12 m de long pe-
• Forage de tunnel : 623 m, Ø 1 850 mm sant 50 t.
• Tuyaux foncés en béton armé : 623 m, Les plongeurs arriment un palonnier sur les quatre
Øint = 1 400 mm, Øext = 1 790 mm modules du microtunnelier. Ce palonnier et son sys-
tème d’arrimage sont conçus pour que les quatre
modules restent solidaires. Une puissante grue sur ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 73
ABSTRACT
Record at Sables d’Olonne :
CSM Bessac builds
an undersea tunnel 623
metres long, by microtunnel
boring machine

J.-N. Lasfargue

CSM Bessac recently built the under-


ground part of the Sables d’Olonne out-
fall sewer.
The main sewer, 623 metres long, in
reinforced concrete pipes of inside dia-
meter 1 400 mm, was dug by a micro-
tunnel boring machine.
This is a difficult project due to the drive
length, a 10 % slope, a profile curve,
the geology consisting of gneiss with
alternating clays and a water head of
15 metres.
This is the longest drive ever executed
for a nominal diameter of less than
1 400 mm.

RESUMEN ESPAÑOL
Récord en Les Sables
Photo 8 d’Olonne : CSM Bessac
Retour du tunnelier au port après sa récupération
en mer
lleva a cabo la ejecución
de un túnel submarino
Return of the TBM to the port after its recovery de una longitud de 623
at sea
metros, mediante
una microtuneladora
® ponton lève le tunnelier jusqu’à la surface de l’eau,
puis celui-ci est arrimé sur la barge qui l’amènera J.-N. Lasfargue
jusqu’au port (photo 8).
La dernière phase de l’exécution du tunnel consiste CSM Bessac acaba de ejecutar la parte
à en équiper la tête d’un cône d’adaptation en acier subterránea del canal de vertido de Les
inoxydable. Cette pièce est mise en place par des Sables d’Olonne.
plongeurs. Elle permet la connexion ultérieure du El colector de 623 m de longitud, en
tuberías de hormigón armado de
tuyau posé en souille qui prolonge la section en
1 400 mm de diámetro interior, se ha
tunnel.
ejecutado mediante excavación con
microtuneladora.
Se trata de una obra difícil debido a la
longitud de la excavación, un pendiente
de 10 %, una curva perfilada, y tam-
LES PRINCIPAUX bién por la geología formada de gneiss
INTERVENANTS con alternancia de arcillas y una carga
de agua de 15 m.
Maître d’ouvrage Se trata aquí de la excavación más larga
Communauté de Communes des Olonnes jamás ejecutada para un diámetro nomi-
nal inferior a 1 400 mm.
Maître d’œuvre
Béture Cerec
Entreprise
Groupement EMCC/CSM Bessac/Acanthe/Parenge
• Travaux maritimes : EMCC, mandataire du
groupement
• Tunnel et puits de départ : CSM Bessac
• Travaux annexes : Acanthe et Pareng

74 Travaux n° 834 • octobre 2006


Vitor Dinis
DIRECTEUR TECHNIQUE
Spie Batignolles Europe
(Lisbonne, Portugal)

Excavation du tunnel urbain


n° 1 de Porto Lúcia Brandão
GÉOLOGUE
Spie Batignolles Europe
Avantages de l’utilisation (Lisbonne, Portugal)

de détonateurs électroniques
Yannick Bleuzen
INGÉNIEUR SERVICE
Le tunnel urbain n° 1 en cours de réalisation à Porto fait partie des grands travaux d’amélio- TECHNIQUE
ration des conditions de vie et de circulation engagés par la Ville dans le centre historique. Nitro-Bickford (Paris, France)
Ce tunnel de 650 m de long est excavé dans le massif granitique de Porto situé à une profon-
deur comprise entre 4 et 20 m.
Le projet, une première fois démarré en 2000, a été suspendu devant l’impossibilité de creu- Frédéric Monath
INGÉNIEUR SERVICE
sement mécanique. Un second appel d’offres autorisant alors l’utilisation très stricte d’explo- TECHNIQUE
sifs a été relancé par la Ville de Porto. Nitro-Bickford (Paris, France)
Les détonateurs électriques qui ne répondaient pas à toutes les contraintes de réalisation de
l’ouvrage ont été écartés au profit de détonateurs électroniques.
Les travaux d’excavation ont débuté en janvier 2004 avec des tirs de 50 kg de charge explosi-
ve. L’utilisation de détonateurs électroniques Daveytronic a permis d’augmenter la vitesse d’ex-
cavation tout en permettant un contrôle strict des vibrations et dans des conditions de sécurité
accrues. La demi-section supérieure a pu ainsi être excavée en une seule fois ce qui a permis
un gain de temps de 2 mois sur l’année.

■ PRÉSENTATION DU PROJET Photo 1


Vue aérienne
des travaux
Durant la décennie 90, l’augmentation significati- Aerial view
ve de la circulation dans le centre-ville de diverses of the works
villes portugaises a bouleversé la vie quotidienne
des populations et fragilisé la pérennité des im-
meubles historiques. La Ville de Porto a engagé un
ambitieux programme d’aménagements routiers et
ferroviaires afin d’assurer une circulation plus flui-
de en son centre et une meilleure liaison entre le
centre-ville et les banlieues.
Ce programme comprend entre autres la construc-
tion de tunnels urbains doublant les voies de sur-
face et éliminant les croisements compliqués. Le
tunnel n° 1 fait partie de ces aménagements, en
traversant au centre-ville une zone très urbanisée
comprenant des bâtiments historiques, deux hôpi-
© F. Piqueiro/Foto Engenho

taux, une caserne ainsi que des immeubles anciens


dont certains très endommagés, une place avec
parking souterrain et des rues en circulation (pho-
to 1).
Cet ouvrage de 650 m de long dont 400 m d’ex-
cavation souterraine en section de 100 m2 permet
le passage de deux voies de circulation (figure 1,
page suivante).
Le creusement est réalisé en deux phases, demi- gique (figure 2, page suivante) localise les six types
section supérieure (55 m2) et stross (45 m2). de granits existants allant de 100 % de granit al-
Le tunnel traverse majoritairement la formation gra- téré constitué d’un mélange d’argile et de sable
nitique de Porto avec une hétérogénéité majeure – couleur claire vert et jaune – à un granit sain com-
située à 50 m de l’entrée ouest constituée d’un pact – couleur rouge à violet.
granit très altéré et gorgé d’eau. La coupe géolo- La zone de granit très altéré a nécessité d’impor- ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 75
® tants travaux de confortement et un soutènement
provisoire lourd. Cette excavation a été réalisée par
◆ la possibilité de tirer la demi-section supérieure
en un seul tir pour augmenter la productivité du
des moyens mécaniques uniquement avec des avan- chantier et se conformer au délai global d’excava-
cements très faibles (0,80 m). Sur le front Est, tion de 12 mois ;
après 80 m de géologie difficile, les terrains ren- ◆ la sécurité d’utilisation par un contrôle total des
contrés ont été conformes aux prévisions et ont éléments du tir jusqu’à l’ordre de mise à feu.
permis le creusement à l’explosif. Cette solution variante a été retenue par les ser-
Les hauteurs de recouvrement entre la calotte du vices techniques de la Ville de Porto pour la réali-
tunnel et la surface varient de 4,5 m au front ouest sation du tunnel.
à un maximum de 23 m. La zone correspondant au
granit très altéré présente un recouvrement de 10 m
environ. ■ LE PLAN DE TIR
Le plan de tir a pris en compte l’actuelle norme por-
tugaise de vibration avec ses révisions en cours,
l’étude de risque sur les édifices adjacents et la
géologie du site.
Avant d’effectuer le tir de la section complète
des essais ont été effectués avec un contrôle strict
des vibrations de manière à définir les charges maxi-
males à utiliser, leur espacement et la durée du
tir.

■ LE MODE OPÉRATOIRE
Le mode opératoire simple, c’est un des avantages
du système, procède en quatre phases : program-
mation, connexions, contrôle et procédure de tir.
Les produits utilisés pour les tirs sont contrôlés,
dans le cadre d’une procédure stricte de mise en
œuvre, par une équipe munie de quatre sismo-
graphes qui pour chaque tir enregistrent divers pa-
ramètres : vitesse d’onde, déplacements et
fréquences, et déterminent ainsi les paramètres à
adopter pour le prochain tir.

Figure 1
Programmation
Section transversale Devant cet environnement contraignant et la complexi-
Cross section té géologique – une même section pouvant avoir La console de programmation est un petit équipe-
tous les types de granit –, un suivi très pointu des ment portable qui permet de contrôler et d’identi-
travaux de revêtement provisoire et du contrôle des fier les temps d’explosion de chaque détonateur et
nuisances a été effectué : horaires et vibrations de mémoriser la séquence de tir. Il permet égale-
des tirs, tassement des terrains et des immeubles, ment de vérifier et éventuellement de modifier les
émission de gaz et de poussière. retards attribués.
Il convient également de noter que la valeur contrac- L’ordre de programmation peut être indépendant
tuelle des vibrations au moment des tirs est limi- de la séquence de tir, toutefois comme il convient
tée par la norme portugaise NP 2072 à 20 mm/s de contrôler la séquence de tir, il est conseillé de
quelle que soit la fréquence. travailler de façon méthodique et de suivre le plan
A l’appel d’offres Spie Batignolles Europe, en col- de tir en utilisant la numérotation affectée à chaque
laboration avec Nitro-Bickford, a proposé une so- détonateur.
lution variante basée sur l’utilisation du détonateur Ainsi le chef de tir muni du plan de tir et de la
électronique présentant les avantages suivants : console de programmation procédera à la liaison
◆ l’assurance d’une détonation séparée de chaque de chaque détonateur à la console, et programmera
trou afin de réduire à son minimum la charge uni- le temps d’explosion. Pendant cette opération, la
taire mise à feu ; console vérifiera immédiatement le temps de mise
◆ la possibilité de modifier facilement les séquences à feu et la valeur du retard, permettant si néces-
d’amorçage afin d’adapter les plans de tir en fonc- saire d’effectuer une reprogrammation dans le cas
tion des conditions rencontrées (réponse des bâ- où celle-ci a déjà été faite ou s’il existe duplication
timents, résultat du tir…) ; du temps de mise à feu.

76 Travaux n° 834 • octobre 2006


Figure 2
Coupe
géologique
Geological
cross section

Connexions ◆ liaison de la console de tir à la ligne de tir ;


◆ début du processus de tir avec le transfert des
A partir du moment où tous les détonateurs sont informations de la console de programmation vers
programmés et les fils coupés, l’opérateur procè- la console de tir ;
de, de la manière suivante, à la réalisation du cir- ◆ réalisation des signaux sonores à la surface et
cuit de tir en utilisant les connecteurs spéciaux : à la verticale du tir 5 minutes avant l’heure du tir.
◆ tirage de la ligne de tir le long du tunnel (fils de A partir de cet instant commence le processus
cuivre de 7/10 mm de couleur orange), avec ex- de mise à feu qui comprend :
trémité ouverte ; ◆ la vérification de la ligne de tir ;
◆ chaque détonateur est installé dans la cartouche ◆ le contrôle individuel de chaque détonateur ef-
de Nitram 9, détonateur dirigé vers la sortie du trou, fectué avec les condensateurs ; contrôle d’une du-
et les fils du détonateur fixé à la cartouche par un rée de 2 et 5 minutes en fonction du nombre de
adhésif. La cartouche est introduite jusqu’au fond détonateurs existant sur le front à mettre à feu ;
du trou en utilisant une canne et en vérifiant la ◆ réalisation du second signal sonore annonçant
conformité avec le plan de tir. Les trous seront fer- le tir dans un délai d’une minute.
més par des bouchons en carton, délicatement, A ce moment est donné l’ordre de charge des dé-
pour ne pas endommager les fils du détonateur ; tonateurs qui dure environ 40 secondes et qui al-
◆ mise en place du connecteur sur la ligne princi- lume le bouton de mise à feu.
pale et fermeture du connecteur pour assurer la Au dernier signal sonore annonçant le tir, la mise
liaison détonateur/ligne de tir ; à feu peut être lancée.
◆ après liaison de tous les détonateurs, un contrô- Après le tir, il faut attendre environ 10 minutes l’éva-
le continu du circuit permet de mettre en évidence cuation des fumées pour autoriser le personnel à
immédiatement toutes les anomalies. retourner sur le front.

Mise à feu
■ TRAITEMENT
La mise à feu ne peut se faire que si la console est DES IRRÉGULARITÉS
connectée au système et qu’il a été vérifié. Ainsi,
après la liaison de la ligne de tir à la console, celle- Bien que le système mis en œuvre soit très sûr,
ci effectue automatiquement les tests de ligne – ab- il convient de respecter un processus d’inspection
sence de détonateurs sur la ligne, duplication des systématique du front après le tir. Dans le cas où
temps de mise à feu ou dépassement de capacité serait constatée la présence d’explosifs ou de fils
– et la cohérence entre les informations contenues de détonateurs suspects, le processus de traite-
dans la console et les détonateurs connectés. ment des produits non détonés doit être engagé.
La mise à feu est effective seulement lorsque tous Les divers cas d’irrégularités ont été inventoriés et
les tests ont été effectués avec succès. des procédures spécifiques élaborées pour chacun
En conséquence, après la phase de connexions, d’entre eux.
suit une phase de préparation à la mise à feu qui Une partie de ces procédures, les plus significa-
comporte les étapes suivantes : tives de la sécurité apportée par les détonateurs
◆ mise en place si nécessaire des protections pour électroniques, sont décrites ci-après :
éviter les projections vers l’extérieur et évacuation ◆ détonateurs :
du personnel de la zone du front ; a - Dans le cas où le fil du détonateur est acces- ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 77
Photo 2 dans la cartouche, il convient de séparer les deux,
Installation avant de les mettre dans des boîtes différentes.
du sismographe
Pendant toute la phase d’excavation du tunnel de
Installation
of the seismograph Porto (2 x 200 m) où furent utilisés les explosifs et
les détonateurs électroniques, soit près de 37 000
unités, seuls quelques cas de détonateurs non ex-
plosés sont à signaler, tous inoffensifs, c’est-à-dire
que les condensateurs se trouvaient déjà déchar-
gés ; une simple séparation des éléments explo-
sifs fut nécessaire.

■ CONTRÔLE
DES PERTURBATIONS
L’utilisation de l’explosif dans les travaux souter-
rains conduit à différents types de perturbations,
entre elles :
◆ les vibrations de l’air ou bruit ;
◆ les vibrations transmises à travers le sol ;
® sible, celui-ci devra être lié à l’unité de program-
mation de façon à relire le détonateur :
◆ les gaz nocifs ;
◆ les projections ;
- si la lecture est possible, lier le détonateur à la ◆ la poussière.
ligne de tir et faire évacuer le front pour procéder
à un nouveau tir (cas très rare et quasiment tou- Les vibrations
jours associé à un défaut du détonateur),
- si la lecture est impossible ou si le tir ne donne Dans toute explosion, une partie de l’énergie est
rien, le détonateur ne peut être initié, il ne présente transmise au massif environnant, se propageant
aucun danger. On peut procéder au nettoyage du sous forme d‘ondes vibratoires semblables à celles
trou avec une barre en matière non ferreuse qui d’un tremblement de terre, de vitesse différente en
n’exerce pas de choc sur le produit enfoui. Il faut fonction du type d’ondes et des propriétés élas-
extraire les cartouches de carton et ensuite l’ex- tiques du sol. Une autre partie est émise sous for-
plosif, séparer le détonateur de l’explosif et les me d’ondes aériennes, lesquelles peuvent produire
LES PRINCIPALES mettre dans des boîtes séparées ; des effets sensibles sur les parties délicates des
b - Dans le cas où la finition de la section d’exca- structures comme par exemple les vitres, les fe-
QUANTITÉS vation se fait au moyen d’engins mécaniques et si nêtres. Le reste de l’énergie est dissipé dans la
• Excavation : 40 000 m3 la zone suspecte ne peut être complètement trai- rupture de la roche.
• Béton projeté : 3 900 m3 tée on devra procéder à un tir pour extraire les Le bruit ou l’onde de surpression produite par l’ex-
• Béton structure : 9 500 m3 explosifs (cas extrêmement rare). Celui-ci devra être plosion dans une galerie est simplement la vibra-
• Aciers : 500 t mis en œuvre selon les principes suivants : la dis- tion acoustique transmise par l’air qui provient
tance entre le trou suspect et le trou de reprise doit de l’expansion du gaz produit par les charges ex-
• Délai : 20 mois être au minimum de la moitié de la longueur du plosives à travers les fissures du massif rocheux.
• Méthode d’exécution : NATM trou ; ainsi par exemple, pour un trou de reprise de Ce phénomène acoustique ressenti par les habi-
et Cut and Cover 1 m, la distance entre ce trou et le trou suspect tants se manifeste comme une onde de surpres-
sera au minimum 0,5 m. sion aérienne caractérisée par un pic très bref suivi
En cas de doute sur l’inclinaison du trou suspect, d’une série d’oscillations.
la profondeur du trou de reprise devra être limi- Proche de la source, cette onde de surpression est
tée à la distance où se trouve la cartouche. Les constituée d’une large bande de fréquences au-
risques d’explosion des émulsions en cas de contact dibles lesquelles produisent des effets sonores ou
avec la foration sont très limités, toutefois il sera bruits. La majeure partie de l’énergie correspond
totalement interdit de forer dans des trous déjà exé- à des fréquences inférieures à 100 Hz avec des
cutés. pics de surpression compris dans la gamme de
Après la réalisation de la foration, les trous de re- 4 Hz à 40 Hz approximativement. La réglementa-
prise sont chargés, le tir est effectué et la zone net- tion française recommande que l’onde sonore res-
toyée. te inférieure à 125 dB (L).
◆ explosifs : il faut procéder à la récupération de Le niveau sonore de l’explosion est d’autant plus
toutes les cartouches, le cordeau détonant (produit important que les charges sont peu confinées; pour
utilisé pour les trous de découpage) et les mettre preuve l’exemple de l’utilisation d’explosifs dans
dans les caisses en carton pour le retour au four- un massif très fracturé dans lequel la masse de
nisseur. Dans le cas où le détonateur se trouverait destruction est inférieure à ce qu’elle devrait être.

78 Travaux n° 834 • octobre 2006


De fait, les valeurs rencontrées durant quelques Figure 3
tirs ont présenté des valeurs de pic de l’ordre de Enregistrement
du sismographe
100 dB à 132 dB, ce qui est strictement lié au mas-
Seismograph
sif granitique peu altéré et moyennement fracturé. recording
En conséquence, on a constaté quelques bris de
vitre dans les immeubles adjacents d’une des
entrées du tunnel.
Dans le domaine des vibrations proprement dites,
il est possible de mesurer les déplacements, les
vitesses, les accélérations, les fréquences avec un
équipement simple de contrôle : le sismographe
numérique avec censeurs intégrés permettant d’en-
registrer jusqu’à 350 tirs. Dans le cas du tunnel de
Porto il était du type "Miniseis" et "Miniseis 2"
(photo 2).
La vibration étant influencée par la vitesse de dé-
placement d’une particule de sol et le déplacement
et la vitesse étant proportionnels à la charge d’ex-
plosifs, ceux-ci peuvent être facilement mesurés
avec des sismographes. L’évaluation et l’inter-
prétation de la vibration déterminent ainsi avec pré-
cision la charge d’explosif à utiliser de façon à se manifester lors des tirs suivants - toutes ces
garantir l’absence de dommages sur les construc- opérations ayant pour objectif de garantir la norme
tions. NP 2074.
La figure 3 montre un exemple de résultats d’un
des sismographes de contrôle de l’explosion alors Gaz nocifs
que l’excavation se trouvait à 2,5 m environ des
fondations de l’Institut médico-légal. La détonation d’une charge explosive produit quelques
Comme le système de détonateur électronique per- centaines de litres de gaz secs comme le CO2, H2,
met une programmation in situ des détonateurs de N2, N2O, CH4, CO, NO, NO2 et également de la va-
LES PRINCIPAUX
1 à 4000 ms, il n’existe pas de répétition de temps; peur d’eau. INTERVENANTS
ainsi chaque pic de vitesse correspond à un temps De ces gaz, les plus toxiques – monoxyde de car-
spécifique de détonation. bone (CO) et oxyde d’azote (NO et NO2) – produi- Maître d’ouvrage
On peut donc vérifier que : sent des perturbations graves qui peuvent entraîner GOP - Gestão de Obras Públicas da
◆ le pic de 25,6 mm/s correspond à un retard la mort avec des concentrations relativement faibles, Câmara Municipal do Porto, EM
de temps de 40 ms, c’est-à-dire au trou n° 11 du de l’ordre de quelques dizaines de ppm. Contrôle d’exécution
plan de tir présenté plus haut ; C’est pourquoi, des équipements de détection de Geodata
◆ le pic de 25,3 mm/s correspond à un retard gaz ont été utilisés, de manière à confirmer le temps Entreprise
de temps de 80 ms, c’est-à-dire au trou n° 21 ; nécessaire pour le système de ventilation d’éva- Spie Batignolles Europe, Ramalho
◆ le pic de 25 mm/s correspond à un retard de cuer ces gaz du tunnel. Ce temps peut varier de Rosa Cobetar
temps de 170 ms, c’est-à-dire au trou n° 46. 5 à 10 minutes en fonction de la puissance des
En plus des valeurs de pics maxima, ont été éga- ventilateurs, de la longueur du tunnel et de la sec-
lement analysées les fréquences de chacun de ces tion de minage.
pics et la traduction respective en déplacement,
qui dans le cas du pic de 25,6 mm/s correspond Projections et poussière
à une fréquence de 86 Hz et à un déplacement de
0,08 mm. Les divers tirs ont produit des blocs de taille diffé-
Les retards en question correspondent à la zone rente dont la distance de projection dépend de l’état
du bouchon : les trous 11 et 21 consécutifs et le de fracturation du massif, de sa résistance, et (ou)
trou 46 en périphérique. Ainsi, en réduisant les de sa nature, de la charge d’explosif et de la lon-
charges des trous 11 et 21 et en maintenant la gueur de la volée. Sur ce chantier, des projections
charge du trou 46 (le pic enregistré pour ce dernier comprises entre 20 m et 150 m ont été observées.
correspond à un phénomène géologique local confir- Quant aux poussières, elles sont inévitables et leur
mé par la suite), les valeurs limites de vibration ont intensité dépend du type des matériaux minés et
été respectées. de l’hydrologie de la zone. De petits nuages de mica
L’interprétation des données de chaque tir devra, ont été visibles immédiatement après le minage
autant que possible, être faite en fonction des ca- dans le granit, et se sont déplacés sur de faibles
ractéristiques du massif miné de façon à relier distances du fait des conditions humides du mas-
chaque pic excessif avec les conditions géologiques sif environnant. Cela a été confirmé par des me-
existantes qui pourront être ponctuelles et ne pas sures réalisées à l’extérieur du chantier dans des ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 79
® édifices adjacents et sensibles comme l’hôpital
Saint-Antoine.
ABSTRACT la imposibilidad de una perforación
mecánica. La Villa de Porto lanzó
Excavation of urban tunnel entonces una segunda licitación que
No. 1 in Porto. Advantages permitía la utilización sumamente contro-
of using electronic
■ CONCLUSION detonators
lada de explosivos.
Los detonadores eléctricos que no cum-
plían con todos los imperativos de rea-
L’utilisation de détonateurs électroniques accom- V. Dinis, L. Brandão, Y. Bleuzen, lización de la obra no fueron seleccio-
pagnée d’un contrôle continu des nuisances en- Fr. Monath nados y se optaron por detonadores
gendrées par les tirs lors de l’excavation du tunnel electrónicos.
de Porto a permis : Urban tunnel No. 1 undergoing construc- Los trabajos de excavación dieron
◆ de corriger des situations locales imprévisibles tion in Oporto is one of the major works comienzo en enero de 2004 mediante
associées à l’hétérogénéité du massif granitique : projects undertaken by the City in the voladura de 50 kg de carga explosiva.
en permettant la permutation des charges unitaires historic centre to improve living and El empleo de detonadores electrónicos
en fonction du taux de fracturation et/ou d’altéra- traffic conditions. Daveytronic permitió aumentar la velo-
tion du massif et en les adaptant aux résultats en- This tunnel, 650 metres long, is exca- cidad de excavación permitiendo siempre
registrés sur les structures de surface, le système vated from the granitic rock mass of un estricto control de las vibraciones
Oporto located at depths ranging bet- y según condiciones de seguridad incre-
conduit à une minimisation des effets ;
ween 4 and 20 m. mentadas. La semisección superior se
◆ de diminuer la consommation d’explosifs liée à
The project, first begun in 2000, was ha podido así excavar de una sola vez,
une réduction des temps de réalisation qui a conduit suspended due to the impossibility of lo que ha permitido una ganancia de
à une augmentation de l’avancement de 100 % par mechanical excavation. A second invi- tiempo de dos meses en lo que va de
rapport à un processus traditionnel et au minage tation to tender then authorising the año.
de la demi-section supérieure en une seule phase, very strictly controlled use of explo-
tout en respectant les lois et les règlements na- sives was issued by the City of Oporto.
tionaux en vigueur ; Electric detonators, which did not com-
◆ d’enregistrer pendant toute l’excavation les ni- ply with all the constraints for execu-
veaux de vibrations, de bruit et de pollutions am- tion of the structure, were ruled out,
biantes minimales, paramètres fondamentaux pour being replaced by electronic detona-
la bonne exécution d’un chantier urbain du début tors.
The excavation work began in January
du XXIe siècle, où dominent la qualité et le bien-
2004 with blasts of 50 kg of explosive
être.
charge. By using Daveytronic electro-
Ainsi, les informations tirées des enregistrements nic detonators it was possible to increase
réalisés lors de chaque tir ont été analysées en the rate of excavation while allowing
fonction des données géologiques et géotechniques strict control of vibration in enhanced
du massif, pour vérifier ou corriger les lois de pro- safety conditions. The upper half sec-
pagation des ondes dans le massif rocheux obte- tion was accordingly able to be exca-
nues lors des essais. Ces analyses ont permis vated in a single operation, permitting
d’effectuer les corrections nécessaires afin que les a time saving of two months in the year.
enregistrements suivants restent dans le cadre de
la norme portugaise NP 2074, à savoir des valeurs RESUMEN ESPAÑOL
limites de 10 mm/s pour les édifices historiques,
Excavación del túnel
dégradés ou en ruine et de 20 mm/s pour les im-
urbano Nº 1 de Porto.
meubles en béton armé. Ventajas del empleo
de detonadores
electrónicos
■ BIBLIOGRAPHIE
V. Dinis, L. Brandão, Y. Bleuzen y
[1] Santos da Cunha (2004) – Túnel de Ceuta – Por- Fr. Monath
to, Procedimento de Tiros Falhados.
[2] Nitro-Bickford (2003) – Túnel de Ceuta – Porto. El túnel urbano Nº 1 actualmente en
Apresentação e Plano de Tiro. curso de ejecución en Porto forma parte
[3] Fernando Daniel (2000). Manual de Utilização de las grandes obras de mejora de las
condiciones de vida y de tráfico vis-
de Explosivos em Explorações a Céu Aberto. Di-
lumbradas por la Villa en el casco histó-
visão de Minas e Pedreiras do Instituto Geológico
rico.
e Mineiro.
Este túnel de una longitud de 650 metros
[4] Instituto Geológico e Mineiro (1999). Regras de se ha excavado en el macizo granítico
Boa Prática no Desmonte a Céu Aberto. de Porto ubicado a una profundidad
que oscila entre 4 y 20 m.
El proyecto, que fue iniciado una pri-
mera vez en 2000, fue suspendido ante

80 Travaux n° 834 • octobre 2006

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