Travaux Souterrains
Travaux Souterrains
Travaux Souterrains
F é d é r a t i o n n a t i o n a l e d e s t r a v a u x p u b l i c s
◆OCTOBRE 2006
TRAVAUX SOUTERRAINS
n°834
• Tunnel de base
du Lötschberg :
le lot de Mitholz
• Le tunnel
de Ferden :
ventilation
et refroidissement
• L’institut
Monégasque
de Médecine
du Sport
TRAVAUX
• La mine
d’El Teniente
au Chili
• Quatre chantiers
en cours
pour Campenon
Bernard TP
• Couvertures
du boulevard
périphérique
parisien
• Projet
hydroélectrique
de La Verna
en Pyrénées-
Atlantiques
• Sables d’Olonne :
un tunnel
sous-marin
au microtunnelier
• Tunnel n° 1
Travaux
de Porto.
Avantages
des détonateurs
électroniques
souterrains
N°834
e présent numéro de la revue est dédié aux tunnels. comme Lyon, où les projets de rénovation du tunnel de la Croix
parues dans Travaux sur les grands projets réalisés ou en cours Alors que les études des trois tunnels de l’autoroute A89 Est
de réalisation en France, comme celui de l’A86 Ouest commencent sur le réseau ASF avec le tunnel de Violay qui
(juin 2005), les tunnels du Perthus et Maurice Lemaire (sep- sera le plus long tunnel autoroutier français, les collectivités
tembre 2005)… territoriales et les conseils généraux
lancent des opérations de tunnels
L’année 2006 marque un tournant neufs pour améliorer leurs réseaux.
dans l’utilisation des tunneliers pour Les domaines du ferroviaire et des
les tunnels routiers : un premier tron- TCSP ne sont pas inactifs puisque de
çon d’A86 sera ouver t au premier nombreux projets sont en préparation
semestre 2007, alors que le tunnelier en métropole ou sur l’île de La
du Mont Sion sur l’A41 est en cours Réunion.
de montage.
Les maîtres d’ouvrage, les concep-
Les méthodes traditionnelles conti- teurs et les constructeurs auront dans
nuent à progresser avec l’emploi d’ex- un proche avenir à prendre en compte
plosif liquide au tunnel des Grands le "Code of Practice for Risk Mana-
Goulets, ainsi que des essais, dans le ■ BERNARD gement of Tunnel Works" établi par
FALCONNAT
même tunnel, de béton projeté fibré l’International Association of Engi-
Scetauroute
avec des fibres en polypropylène. Directeur des Tunnels neering Insurance et l’International
et Travaux souterrains Tunnelling Insurance Group. Il y a tout
Les travaux liés à la mise aux normes lieu de penser que leurs responsabi-
des tunnels, en application des ins- lités seront beaucoup plus engagées.
tructions 2000 et de la directive euro- Il appartiendra alors aux maîtres d’ou-
péenne, progressent. Les chantiers de rénovation des tunnels vrage de s’entourer de partenaires très compétents et expé-
d’A8 seront tous actifs au premier semestre 2007. Maurice rimentés, pour faire face à la complexité de plus en plus grande
Lemaire continue sa mue après le percement des 7 km de des projets, aux dérives financières malheureusement de
galerie au tunnelier. La rénovation du tunnel du Parc des plus en plus fréquentes et importantes, ainsi que pour opti-
Princes vient d’être lancée en études et les autres opérations miser les projets et maîtriser les coûts malgré les exigences
de la Ville de Paris et du SISER vont suivre. de plus en plus élevées.
De nombreuses autres villes se préoccupent de la "santé" de Pour les tunnels, comme en très haute montagne, il n’y a place
leurs tunnels à la suite de la mise en application de la loi SIST, ni pour l’amateurisme, ni pour l’improvisation récurrente.
SATCO, UN CONSORTIUM
EUROPÉEN
Le lot de Mitholz a été attribué en l’an 2000
au consortium SATCO (Schweizer AlpTransit
Consortium), groupement d’entreprises com-
prenant Vinci Construction Grands Projets
(France), Skanska (Suède), Strabag (Autriche),
Walo-Bertschinger AG (Suisse) et Rothpletz-
Lienhard (Suisse).
Le contrat a été signé le 17 février 2000 pour
un montant de 350 millions d’euros et devrait
s’élever en fin de chantier à 445 millions d’eu-
ros.
28 km d’excavation
François Pogu
DIRECTEUR ADJOINT
ET RESPONSABLE BÉTON
Vinci Construction
Grands Projets
Mathieu Augereau
INGÉNIEUR TRAVAUX
Vinci Construction
Grands Projets
Figure 3
Coupe géologique
Geological
cross section
Pour minimiser les impacts environnementaux, l’ate- Les galeries du tunnel ont été utilisées comme
lier principal, deux centrales à béton d’une capa- gaines naturelles de ventilation, notamment pour ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 27
®
Photo 2 l’arrivée de l’air frais. Au nord, l’air frais était pris
Les bandes dans la galerie de reconnaissance. Au sud, le che-
transporteuses
minement de l’air frais provenait du tube ouest et
Conveyor belts
passait dans le tube Est au niveau d’une galerie
transversale située à moins de 300 m du front. Des
cloisons étanches installées dans chaque galerie
transversale précédente et un sas dans le tunnel
sud-ouest permettaient de mettre ce dernier en sur-
pression.
Au nord comme au sud, l’air vicié empruntait la fe-
nêtre d’accès et était rejeté au portail de Mitholz.
Conformément à la législation, des groupes de cli-
matisation Matrans et Herco permettaient de main-
tenir une température dans le tunnel inférieure à
28 °C.
Après un tir à l’explosif, l’air frais était amené au
front tandis que l’air vicié était extracté du front de
tir puis transporté au moyen de gaines de ventila-
Figure 4 tion jusqu’au portail de Mitholz.
Coupe type
du tunnel L’association de dépoussiéreurs (situés au-dessus
des concasseurs) à un système d’arrosage en conti-
Typical cross section
of the tunnel nu limitait l’émission de poussières.
RESUMEN ESPAÑOL
LE MATÉRIEL UTILISÉ
Túnel del Lötschberg -
Chacun des trois fronts était équipé du maté- Lote de Mitholz. Enlace
riel suivant : ferroviario europeo
• un jumbo semi-automatique à trois bras : a través de los Alpes
Atlas Copco XL3 C ; Suizos
• un jumbo Atlas Copco L2C ;
P. Richard, Fr. Pogu y M. Augereau
• un charge et roule GHH LF muni d’un godet
de déversement latéral ; Con tan solo algunos meses de la recep-
• une chargeuse CAT 966G munie d’un godet ción y tras más de 7 años de trabajos,
de déversement latéral ; el túnel de base del Lötschberg (Lote
• une nacelle élévatrice Normet deux bras ; de Mitholz) se encuentra en vía de fina-
• un camion de chargement d’émulsion Dyno lización para una entrada en servicio
Nobel ; prevista durante el segundo semestre
• une pelle Liebherr R932T, équipée en godet, de 2007.
fraise et BRH pour les purges ; Este proyecto, de un importe de 445
• un robot de projection MBT Meyco 041 EH ; millones de euros, ejecutado en 84
meses, incluye la excavación mediante
• un érecteur de cintres ;
explosivo y el hormigonado de los 28
• un concasseur mobile DBT SB 1315R de
kilómetros de galerías de 62 a 77 m2
capacité 1 200 t/h ; granulométrie maximale : de sección.
180 mm ; Las formaciones geológicas presentes
• un convoyeur primaire qui transportait les son sumamente distintas y guardan
matériaux jusqu’au convoyeur principal ; conformidad con las previsiones, excepto
• une plate-forme mobile Rowa, suspendue una zona carbonífera no registrada que
à la voûte du tunnel, qui permettait de dépla- presenta diversas convergencias de
cer un ensemble logistique de soutien à l’avan- más de 80 cm que han dado lugar a
cement (transformateurs, compresseurs, dépous- numerosas complicaciones.
siéreurs, ventilation et bureaux). Este proyecto se caracteriza también
por la ejecución de varias obras que
■ CONTRAINTES CLIMATIQUES
La couverture maximale du tunnel est de 2 100 m.
Elle est à l’origine de températures élevées de la
roche, dépassant 45 °C sur certains tronçons (fi-
gure 4).
Le massif rocheux traversé génère donc un déga-
gement de chaleur important auquel il faut ajouter
les apports de chaleur des machines de chantier.
Le climat régnant en galerie est donc naturellement
extrêmement chaud et humide avec des risques
pour la santé médicalement identifiés.
La SUVA (organisme suisse de contrôle de l’hygiè-
ne du travail) réglemente les travaux physiquement
éprouvants dans ces conditions en imposant le res-
pect de valeurs maximum pour la température et
l’humidité relative de l’air (figure 5).
Contractuellement cette double contrainte – tem-
pérature/humidité – a été simplifiée, en imposant
au groupement constructeur de maintenir une tem-
pérature sèche inférieure ou égale à 28 °C dans
l’ensemble du tunnel.
C’est pour répondre à ces contraintes que les sys-
tèmes de ventilation et de climatisation du chan-
tier ont été conçus et mis en œuvre.
Figure 3
Lot Ferden
Ferden work section
du chantier
Figure 4
Température
du massif
Temperature
of the rock mass
■ LA VENTILATION Figure 5
Conditions
climatiques
Architecture réglementaires
Regulatory
La ventilation du chantier a été conçue pour per- climatic conditions
mettre la dilution des polluants (fumées de tir, pol-
lution des véhicules et engins thermiques…) émis
par les activités du chantier en dessous des va-
leurs limites définies réglementairement.
Dans le cadre du tunnel de Ferden, les textes ap-
plicables sont la SIA 196 "Ventilation de chantiers
souterrains" et les instructions de la SUVA. Figure 6
Réseau
Le concept de ventilation a été défini en intégrant de ventilation
la configuration particulière du chantier dont les Ventilation
quatre fronts (deux tunnels nord et deux tunnels network
sud) ne sont accessibles qu’au travers d’une des-
cenderie de 5 km de long.
L’air frais est ainsi transporté par cette descende-
rie, avant d’être réparti jusqu’aux quatre fronts prin-
cipaux. Plusieurs fronts secondaires, ainsi qu’une
zone de bureaux et une zone de maintenance sont
également alimentés.
L’air vicié est repris au niveau des fronts avant fumées de tir, et des polluants émis par les engins
d’être transporté dans des ventubes souples vers thermiques, sur la base des prescriptions de la SIA
un réseau de galeries raccordées à la station de 196 :
ventilation principale, avant d’être rejeté dans l’at- ◆ débit unitaire pour les personnes : 25 l/s/per-
mosphère par un puits de 400 m de profondeur. sonne ;
Au niveau de chaque front, une ligne de ventilation ◆ débit unitaire pour la dilution des polluants die-
soufflante assure l’amenée d’air frais au plus près sels :
des travailleurs, et permet de rabattre les fumées - 4 m3/min/kW pour les chargeuses et les pelles,
après chaque tir (figure 6). - 2 m3/min/kW pour les dumpers, toupies ;
La mise en œuvre de ce système de ventilation a ◆ débit unitaire pour la dilution des poussières
nécessité l’installation de quarante ventilateurs en et fumées de tir : 300 l/s/m2 de section excavée.
période de pointe, pour une puissance installée Pour tenir compte de la multiplicité des ateliers et
d’environ 2 MW (figure 7, page suivante). du cumul des besoins des différents fronts, les be-
soins en air frais ont été estimés mois par mois.
Besoins en air frais Ils ont ensuite été écrêtés en fonction du nombre
maximum d’engins polluants, réellement dispo-
Les besoins de renouvellements en air frais ont été nibles sur le chantier.
définis pour assurer la dilution des poussières et Au global, un besoin maximum de 300 m3/s a été ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 33
®
Figure 7 retenu pour l’ensemble du chantier, chaque front
Liste ayant un besoin compris entre 50 et 100 m 3 /s
des ventilateurs
(figure 8).
List of fans
La station de ventilation
principale
La ventilation secondaire
des fronts
■ LA CLIMATISATION
Les contraintes climatiques décrites précédemment
ont nécessité l’installation d’un système de cli-
matisation apte à refroidir le tunnel.
Principe général
®
Travaux n° 834 • octobre 2006 35
Figure 11
Réduction des pertes de charges et optimisation du point de fonctionnement
Reduction in pressure drops and optimisation of the operating point
®
réseau fermé, qui alimente à son tour plusieurs
échangeurs ou machines frigorifiques disposés ré-
gulièrement dans le tunnel (figures 12 et 13).
Le réducteur de pression
à trois chambres
Figure 13
Réseau hydraulique
de climatisation
Air conditioning
hydraulic network
Figure 15
Les échangeurs
Heat exchangers
Figure 16
Les groupes
frigorifiques
Refrigerating
units
®
Travaux n° 834 • octobre 2006 37
Phase 1
De même que le circuit de ventilation, le réseau de Cette ultime phase a été mise en œuvre pour per-
climatisation et ses équipements ont fait l’objet mettre le démontage des ventilateurs primaires de
d’une période de mise au point et d’apprentissage la station de ventilation principale, le but étant
importante. de réaliser les travaux de génie civil de cette futu-
re station de ventilation définitive.
Et le chauffage… Il s’agissait d’une étape majeure puisque le sys-
tème primaire de ventilation, poumon de l’instal-
C’est le paradoxe de Ferden ! Les températures ex- lation, était concerné.
térieures descendent jusqu’à - 15 °C l’hiver. Alors Cette étape n’a eu lieu qu’à la fin des creusements,
que dans les tunnels les installations de climati- les besoins en air frais du chantier étant réduits
sation continuent à maintenir des températures ac- de 300 à 200 m3/s.
ceptables, la descenderie d’accès doit être chauffée! Les ventilateurs primaires ont été remplacés par
Elle permet en effet l’amenée de 300 m3/s d’air deux autres moto-ventilateurs, localisés dans l’inter-
frais pour la ventilation. N’étant ni revêtue ni étan- tube le plus proche des fronts nord, et assurant
chéifiée sur son premier kilomètre, le risque de for- à la fois les fonctions de ventilation primaire et se-
mation d’une calotte de glace empêchant tout accès condaire (photo 4).
au chantier et bloquant les convoyeurs est réel.
LES PRINCIPALES Cinq chaudières à fuel de 1 200 kW ont donc été
QUANTITÉS UTILISÉES installées pour éviter tout risque de gel l’hiver. ■ CONCLUSION
(Y COMPRIS OPTIONS) En pointe, lorsque la température extérieure est de
- 15 °C, la consommation de fuel est de 14000 l/jour. Les températures des terrains rencontrés lors des
• Volume d’excavation : 1680000 m3 travaux du tunnel de Ferden, ont justifié la mise en
• Ancrages : 298 300 p. œuvre de systèmes de ventilation et de refroidis-
• Béton projeté : 67 000 m3 ■ L’ÉVOLUTION DES SYSTÈMES sement hors du commun :
• Béton coffré : 212 000 m3 ◆ ventilation : 2 MW ;
• Etanchéités : 84 000 m3 L’avancement des différents fronts et la mise en ◆ climatisation : 5 MW ;
• Canalisations : 75 000 ml œuvre des ateliers de bétonnage de voûte ont ◆ chauffage : 6 MW.
conduit à faire évoluer le système de ventilation en Si les puissances installées sont exceptionnelles,
cours de chantier. elles ne reflètent que partiellement la complexité
M.-A. Douaud
l’Institut Monégasque
Kim Knudsen
INGÉNIEUR TRAVAUX
Solétanche Bachy France
caire ont été minés en taupe dans l’encombrement utilisées : sciage au disque, sciage au câble, scia-
des 120 micropieux supportant la dalle de trans- ge à la chaîne (photo 3), pour une surface totale
fert et la superstructure ; de coupe de 23 000 m2.
◆ les vibrations engendrées par ces travaux et no- Au fur et à mesure de la dépose des blocs de cal-
tamment par l’usage de l’explosif devaient être par- caire, la falaise était stabilisée par des clous d’an-
faitement maîtrisées. Pour ce faire, les zones minées crage à répartition dense. Ce dispositif est calculé
ont été désolidarisées du reste du terrain par scia- pour stabiliser suffisamment la fondation de l’hô-
ge, et les avoisinants ainsi que la superstructure tel Hermitage en cas de séisme. Il comporte 600
en cours de construction ont été instrumentés pour clous totalisant plus de 6 000 m de forage (photo
Photo 3
une auscultation permanente ; 4). Scies à chaîne
◆ en parallèle ont été réalisés deux tunnels d’ac- L’auscultation de la falaise par mesures topogra-
Chain saws
cès à l’ouvrage. phiques et extensométriques n’a détecté aucun
mouvement sur le nouveau profil. ®
Photo 4
■ DÉCOUPAGE EN DOUCEUR Voile en béton banché sous l’hôtel Hermitage, couvrant les 600 clous de confortement
DE 5 200 M3 DE FALAISE de la falaise
CALCAIRE À L’APLOMB Formed concrete shell under the Hermitage Hotel, covering the 600 cliff consolidation nails
D’UN DES BÂTIMENTS
LES PLUS PRESTIGIEUX
DE LA PRINCIPAUTÉ
Le dressage de la falaise calcaire directement à
l’aplomb du fleuron du patrimoine monégasque
qu’est l’hôtel Hermitage requerrait les plus extrêmes
précautions de manière à ne faire souffrir aucune
nuisance ni aucun dommage à cet établissement.
Il était donc hors de question de travailler à l’ex-
plosif ou au brise-roche hydraulique.
On a donc eu recours à la technique normalement
réservée aux carrières qu’est le sciage. Ainsi la fa-
laise a-t-elle été sciée sur 38 m de haut. Pas moins
de 1 600 cubes de calcaire de 1,50 m de côté ont
été sciés, dégagés au coussin hydraulique puis éva-
cués à la grue en surplombant le boulevard en cir-
culation. La première phase de découpe a été
réalisée, comme évoqué précédemment, à partir
d’un platelage à 17 m au-dessus de la voie rapide
(photo 2).
Toutes les méthodes de sciage de rocher ont été
■ INTÉGRATION DE RÉSEAUX
SOUTERRAINS DE PREMIÈRE
IMPORTANCE ET D’UNE VOIE
DE COMMUNICATION RAPIDE
Une galerie technique de section 3,5 m x 3,5 m et
de 60 m de long a été suspendue sous la dalle de
■ MINAGE EN SOUS-ŒUVRE
ET EXTRACTION DES 30 000 M3
DE CALCAIRE
Compte tenu du court délai imparti, seul le minage
permettait de terrasser les 30 000 m3 de rocher
calcaire pour créer la fouille nécessaire à l’infras-
tructure.
Le recours au minage associé à la technique de
construction "top down" est une première en
Principauté de Monaco et en France (photo 10). Photo 11
Dans le cas de l’IM2S l’opération s’est avérée très Trous de mine
équipés
délicate par l’addition exceptionnelle de difficultés
liées à l’environnement du chantier, au minage en Equipped
blast holes
sous-œuvre, à la proximité des micropieux et à la
construction simultanée du bâtiment en superstruc-
ture.
Les 270 tirs de mine réalisés ont nécessité l’em-
ploi de 15 t d’explosif.
■ LE GÉNIE CIVIL
La partie génie civil du marché comprenait :
◆ 2 000 m2 de béton banché pour la réalisation du
soutènement haut sous l’hôtel Hermitage ;
◆ plus de 4 000 m2 de dalle dont les 1 350 m2 de
la dalle de transfert ;
◆ 300 m de poteaux partiellement réalisés en sous-
Photo 13
Sciage de blocs dans le tunnel
œuvre ;
routier, une partie de la voûte ◆ 3 000 m2 de béton projeté par voie humide.
parapluie est visible en haut
Sawing blocks in the road
tunnel ; part of the umbrella
arch is visible at the top
■ UN TUNNEL D’ACCÈS PARKING
RÉALISÉ PAR SCIAGE
SOUS VOÛTE PARAPLUIE
Le tunnel d’accès routier a une section de 7 m x
3 m et une longueur de 40 m.
La très faible couverture, variable de 3 à 6 m, et la
proximité de constructions habitées interdisaient
l’emploi d’explosif.
La dureté du calcaire dolomitique interdisait l’em-
ploi d’une machine à attaque ponctuelle.
Le maintien obligatoire de la circulation au-dessus
du tracé interdisait une solution en tranchée cou-
verte.
La solution originale retenue a consisté à scier la
section du tunnel en cubes de 1,5 m de côté à l’abri
d’une voûte parapluie (photo 13) soutenue par
un dispositif de cintres lourds (photo 14). La voûte
parapluie a nécessité 400 m de forage (photo 15).
■ UN TUNNEL PIÉTONNIER
À L’EXPLOSIF
Le tunnel piétonnier en terrain calcaire a une sec-
tion de 3 m x 3 m et une longueur de 19 m. L’épais-
® jeunes réalisés en superstructure. Une procédure
préventive de minage, très contraignante, a été
seur de la couverture est de 17 m. Il a été réalisé
à l’explosif (photo 16).
mise au point avec le concours d’experts. Son ef-
ficacité a été validée par des contrôles complé-
mentaires et croisés : enregistrement et analyse ■ HYGIÈNE ET SÉCURITÉ
des vibrations au moyen d’une base d’acquisition
Sol Data, diverses analyses sur prélèvements et L’exiguïté de l’emprise, le nombre (jusqu’à 9) de
notamment observation de la microstructure du bé- machines travaillant en même temps, le nombre
ton au microscope électronique, contrôle sonique. (jusqu’à 60) de personnes au fond, le milieu confi-
Photo 14
Cintrage du tunnel routier
Road tunnel arch centring
Photo 16
Forages de minage
né, l’utilisation d’explosifs et l’activité parallèle de au front du tunnel
piétonnier
bâtiment en superstructure (jusqu’à 140 personnes),
Blast hole drilling
sont autant de facteurs qui constituaient un véri- at the pedestrian tunnel face
table défi en terme d’hygiène et sécurité (photo
17).
Des mesures d’un niveau élevé, en rapport avec
les risques particuliers de ce chantier exception-
nellement complexe, ont été étudiées et appliquées,
parmi lesquelles :
◆ évacuation lors de chaque tir de mine ;
◆ choix d’un explosif stable pour limiter le risque
d’explosion accidentelle d’une cartouche non ex-
plosée par choc d’un outil ;
◆ contrôle des gaz libérés ;
◆ ventilation forcée à 23 m3/s avec contrôle conti-
Soutènement
• 36 m de haut
• 5 000 m2 béton projeté
• 6 000 m de clous
Fondations provisoires
• 3 000 m de micropieux
• 700 m3 d’injection Photo 17
Gros œuvre Forte densité
de moyens
• 1 400 m2 de dalles de transition sur un espace
• 2 800 m2 de planchers d’infrastructure mesuré
• 300 m de poteaux High density
Tunnels of machinery
in a measured space
• 45 m – Section 6 x 3 m
• 20 m – Section 3 x 3 m
Sciage
• 23 000 m2 sciés
• 5 200 m3 de falaise découpés en cubes
Terrassement
30 000 m3 minés en taupe et évacués
Minage
• 270 tirs
• 15 t d’explosif
• 4 300 signaux enregistrés et analysés
®
Travaux n° 834 • octobre 2006 45
ABSTRACT RESUMEN ESPAÑOL
To build the Monegasque Para construir
Institute of Sports en emplazamiento sólido
Medicine on solid el Instituto Monegasco
foundations, the building de Medicina Deportiva,
and underground works el sector de la construcción
trades join forces se asocia con aquel
de los trabajos
B. Hanauer, K. Knudsen, L. Abada subterráneos
®
down" method. en superestructura y siete plantas en
nu de la teneur en oxygène et de six substances The lower part involves spectacular, infraestructura y, su realización se
dangereuses ; complex and innovative underground ha efectuado según el método deno-
◆ contrôles de la qualité de l’air par des labora- works, with earthworks performed by minado "top down".
toires extérieurs et notamment de sa teneur en si- sawing and explosives, micropiles, La parte inferior da lugar a trabajos
lice ; cement grouting, supporting structures, subterráneos espectaculares, comple-
◆ formation renforcée systématique du person- civil engineering and two tunnels, one jos e innovadores, en los cuales se han
nel et réunions sécurité hebdomadaires ; of which is sawed. implementado obras de explanación
◆ sensibilisation et motivation originale en dési- Because of the cramped space on site mediante división y explosivos, micro-
gnant chaque semaine un responsable sécurité par- and due to its location in a very dense pilotes, inyecciones, muros de conten-
and sensitive urban environment, strict ción, ingeniería civil y dos túneles, uno
mi le personnel d’exécution ;
precautions are taken with regard to de los cuales está separado.
◆ recours à un personnel expérimenté et affecté
nuisances and safety. Con motivo de la exigüidad de la obra
durablement au chantier ; y de su ubicación en un entorno urbano
◆ balisage et stricte gestion des circulations ; sumamente denso y sensible, se han
◆ audit interne de sécurité chaque mois. tenido que tomar estrictas precauciones
LES PRINCIPAUX en relación con las molestias y la segu-
ridad.
■ CONCLUSION INTERVENANTS
A
près de longues années d’expérience dans Figure 1
Plan de situation
les travaux de forage et de génie civil pour de la mine
l’industrie minière, Soletanche Bachy Chile d’El Teniente
s’est décidée, en 2002, à créer sa Division Travaux Location drawing
Miniers. Cette entité capitalise le savoir-faire et l’ex- of the El Teniente mine
périence acquis localement dans le domaine mi-
nier en y ajoutant les compétences de sa maison
mère en matière de tunnels et de travaux géo-
techniques. Ceci fait d’elle une entreprise intégrée
pour les travaux miniers, au service de compagnies
minières telles que Codelco Chile.
C’est dans le cadre du plan de développement des
mines d’El Teniente que Soletanche Bachy Chile
s’est vu attribuer successivement plusieurs contrats
dans les secteurs d’exploitation appelés Mina
Reservas Norte et Mina Diablo Regimiento. Avec
un effectif sur site qui a atteint 900 personnes au
mois de mars 2006, Soletanche Bachy Chile s’est
hissée au rang des principaux entrepreneurs opé-
rant sur El Teniente.
■ CODELCO CHILE
mondial ou encore de l’or, de l’argent et des mé-
Codelco Chile (Corporación Nacional del Cobre de taux rares qu’elle exporte sur le marché mondial.
Chile), est une compagnie minière d’Etat qui comporte
cinq divisions : Norte, El Teniente, Andina, Salvador
et Ventanas. ■ LA DIVISION EL TENIENTE
Codelco est le premier producteur mondial de cuivre DE CODELCO
et possède près de 20 % des réserves mondiales
de ce métal. En 2005, sa production s’est élevée La division El Teniente exploite la grande mine sou-
à 1 832 000 t de cuivre et 36 567 t de molybdène, terraine d’El Teniente qui est située dans les Andes
pour un chiffre d’affaires total de 10,5 milliards de à 120 km au sud de Santiago et à 2 100 m d’alti-
dollars. tude. La ville la plus proche est Rancagua, centre
Les cinq divisions de Codelco opèrent chacune dans administratif et lieu de séjour de la plupart des em-
le cadre d’une stratégie de groupe définie et co- ployés de la mine (figure 1).
ordonnée de manière centrale au siège de la compa- Depuis le début de l’exploitation en 1904, plus de
gnie à Santiago. Elles sont en charge de leur 2 400 km de tunnels et de galeries ont été réali-
production comprenant l’extraction du minerai et sés. Une grande partie de ces tunnels a disparu
son traitement pour obtenir essentiellement du du fait des différentes méthodes d’exploitation qui
cuivre mais aussi des sous-produits tels que le mo- se sont succédé au fil des ans. En 2005 la mine
lybdène dont Codelco est le plus gros producteur d’El Teniente a produit 437 393 t de cuivre raffi- ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 49
tendu, tout est réalisé dans un strict respect de
l’environnement.
■ LA MÉTHODE D’EXPLOITATION
MINIÈRE
La méthode d’exploitation utilisée sur la mine d’El
Teniente est celle du "block caving", c’est-à-dire
de l’effondrement en masse. En raison de son coût
réduit et de sa productivité, elle est appliquée prin-
cipalement sur les compartiments minéralisés de
grande dimension. On sous-cave sur des surfaces
suffisantes pour provoquer l’effondrement naturel
Figure 2
Schéma de principe de la méthode du "block caving" de la masse de minerai. L’évacuation du minerai à
Schematic diagram of the block caving method la base de la colonne entraîne la propagation de
l’effondrement vers le haut et ceci se conduit de
Photo 1 telle manière que tout le minerai qui était au-des-
Chargeur à attaque
frontale surbaissé, sus du sous-cavage se réduit en morceaux que l’on
avec cabine est capable de manipuler.
pressurisée Il existe bien sûr des variantes à la méthode du
Low-slung breast "block caving". Sur la mine d’El Teniente on ap-
stoping loader,
with pressurised
plique celle du "panel caving", qui consiste à divi-
cab ser la surface horizontale en panneaux traversant
le filon et à sous-caver chaque panneau en créant
des plans inclinés formant entonnoir.
Cette méthode requiert de vastes infrastructures
pour atteindre le minerai, comprenant les tunnels
pour l’étage de sous-cavage, un étage de produc-
tion, un étage de transport, un étage de ventilation.
D’autres travaux sont également nécessaires,
comme par exemple la création de points de char-
gement et de déchargement pour les tombereaux.
L’interconnexion de ces différents niveaux néces-
site différents puits pour permettre les circulations
verticales, la ventilation et le cheminement des uti-
lités (figure 2). Ces différents étages sont décrits
® né sous la forme de lingots obtenus par réaction
cathodique et raffinage par fusion. En outre, comme
dans les paragraphes suivants.
L’étage de ventilation
L’étage de transport
Quantités réalisées
Patrick Gauthier
DIRECTEUR DE TRAVAUX
Menant plusieurs chantiers dans l’Hexagone (tunnel de stockage Ivry-Masséna en Île-de-France Campenon Bernard TP
et puits de secours de l’A86 Ouest ; tunnel routier du Bois-de-Peu dans le Doubs ; prolonge-
ment de la ligne 1 du métro de Marseille), Campenon Bernard TP (Sogea Construction – groupe
VINCI) se trouvait confronté à la mi-2006 à différentes péripéties prévues ou imprévues, né-
cessitant parfois une adaptation des méthodes. Revue de ces complications qui sont le lot quo- Philippe Laborie
INGÉNIEUR TRAVAUX
tidien des travaux souterrains et qui sollicitent tout le savoir-faire et la détermination des mineurs. Campenon Bernard TP
«
Alban Martinotto
DIRECTEUR DE PROJET,
Les travaux souterrains, c’est avant tout l’im- "Le projet porte sur la réalisation de quatre sta-
PROLONGEMENT
prévu. » Au début de l’été, les péripéties tech- tions (La Fouragère réalisée dans le cadre du même DE LA LIGNE 1
niques rencontrées par Campenon Bernard marché que le tunnel, La Blancarde adjugée à un DU MÉTRO
TP (Sogea Construction, groupe VINCI) sur certains groupement conduit par GTM Construction (man- DE MARSEILLE
de ses chantiers semblaient confirmer ce principe dataire), Louis Armand et Saint-Barnabé, confiées Campenon Bernard TP
hérité de l’expérience. Pour autant, l’investissement à des entreprises concurrentes), de la galerie qui
de l’entreprise dans cette activité qui est l’un de pour la première fois dans cette ville sera réalisée
ses métiers historiques ne se dément pas et la dy- au tunnelier, et de trois puits qui sont des ouvrages
namique de synergies déjà existante avec certaines de ventilation et d’épuisement ", indique Alban
entreprises régionales de Sogea Construction Martinotto, directeur de projet. Lancé à l’été 2005,
(Campenon Bernard Régions, Campenon Bernard le chantier a commencé par la réalisation des sta-
Méditerranée) ou VINCI Construction Grands tions, dont La Fourragère, terminus provisoire de
Projets, s’est plus récemment élargie à GTM la ligne, où le tunnelier sera assemblé à partir de
Construction. fin septembre. Longue de 1950 m et d’un diamètre
"En juin dernier, indique Christophe Persoz, le di- fini de 8,65 m (diamètre de creusement : 9,79 m),
recteur des travaux souterrains de Campenon la galerie sera forée en descendant selon une pente
Bernard TP, nous avons été déclarés adjudicataires, d’environ 5 % à travers des sols hétérogènes consti-
dans un groupement incluant également GTM tués d’argiles, de sables, de sols grésifiés et de
Construction, du tunnel de Chavanne sur la LGV "puddingue" (conglomérat de galets et de ciment)
Rhin-Rhône. Complémentaires, nos entités devraient qui ont poussé le groupement à opter pour un tun-
à l’avenir être en mesure de soumissionner en- nelier à pression de terre. Et comme le creusement
semble sur d’autres projets, comme le prolonge- s’effectuera quasi exclusivement sous des zones
ment de la ligne 12 du métro parisien entre la porte de bâti relativement ancien (entre 60 et 100 ans)
de la Chapelle et Aubervilliers ; d’autres plus loin- où de nombreux puits avaient été aménagés, des
tains tels l’A89 Lyon-Balbigny, les prolongements mesures de surveillance et de protection très ri-
des métros de Lyon et de Paris ou le projet Lyon- goureuses sont prises : dans un périmètre de 10 m
Turin ; ou à plus longue échéance encore comme de part et d’autre du tracé, une campagne de
le prolongement du TGV vers Nice." comblement des anciens puits a ainsi été lancée
afin d’éviter tout risque d’entraînement du sol et
de fontis.
■ MARSEILLE : 1 950 MÈTRES A La Fourragère où, par chance, le stockage (vous-
DANS UN SOUS-SOL soirs, déblais et matériels divers) peut s’étendre
TRÈS HÉTÉROGÈNE sur une partie de l’emprise de la future rocade
L2 et sur une zone réservée à l’aménagement ul-
A Marseille, le prolongement de la ligne 1 du mé- térieur d’un parking de 500 places, la technique
tro au-delà de la station La Timone mettra le quar- consiste à terrasser la station (soit environ 60000 m3
tier de la Fourragère à moins d’un quart d’heure du de déblais) au brise-roche hydraulique et à ciel ou-
Vieux-Port, et il a été attribué en juin 2005 à un vert jusqu’à une profondeur de 25 m à l’abri d’un
groupement associant GTM GCS (mandataire), soutènement provisoire en paroi parisienne. L’hé-
Campenon Bernard Méditerranée, Campenon térogénéité des caractéristiques du terrain a confron-
Bernard TP et Spie Batignolles. té ici l’équipe à de premières surprises : ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 53
®
Photo 1 dimensionnement des tirants d’ancrage à revoir
Marseille : prolongement à la hausse et volume des terrains durs supé-
de la ligne de métro n° 1.
La station La Fourragère, côté rieur aux prévisions (20 000 m3 contre 11 000 m3
front d’attaque au début juillet. prévus).
Le tunnelier sera mis en place En attendant le démarrage du creusement, Alban
à partir de septembre
Martinotto, qui a dirigé les travaux du lot 2 de la
Marseilles : extension of metro
line 1. The La Fourragère ligne B du métro de Toulouse, recense d’autres dif-
station, on the working face ficultés prévisibles : "Les stations, ici, seront en-
side in early July. The tunnel core plus complexes à exécuter, car on retrouve le
boring machine will be brought
in from September on
principe de dalle située à un niveau inférieur au
point haut de la voûte mais aussi davantage d’ou-
vrages qui devront être construits après le passage
du tunnelier, tels les murs de quai. Et comme chaque
station est construite par un groupement indépen-
dant, la maîtrise de la coordination sera vraiment
cruciale." (cf. encadré "Prolongement de la ligne 1
du métro de Marseille" et photos 1 et 2).
PROLONGEMENT DE LA LIGNE 1
DU MÉTRO DE MARSEILLE
Maître d’ouvrage
Communauté urbaine Marseille Provence Métro-
pole (CUMPM)
Assistant maître d’ouvrage
Photo 2 Systra
Marseille : prolongement
de la ligne de métro n° 1. Maître d’œuvre
Début juillet, Groupement SMM
les terrassements
de la station La Fourragère Bureau de contrôle
(70 x 22 m avec une arrière- Socotec
gare de 30 m x 10),
terminus provisoire Entreprises du groupement
de la ligne, étaient réalisés GTM Construction (mandataire), Campenon
à 80 %
Bernard Méditerranée, Campenon Bernard TP,
Marseilles : extension Spie Batignolles TPCI
of metro line 1. In early July,
the earthworks • Longueur de l’ouvrage : 1 950 m
at La Fourragère station • Délai contractuel d’exécution : 36 mois
(70 x 22 m with a 30 x 10 m • Montant des travaux : 71 M€
area behind the station),
the temporary terminus
of the line, were 80 %
completed
© Alex Béraud
les premiers anneaux dans la jupe du tunnelier,
qui, ripés vers l’arrière par les vérins de la machine,
viennent prendre appui sur le bâti de poussée, pour-
Tandis que les travaux de finition sont en cours et a commencé à recevoir ses quatre niveaux de
sur les quatre puits de secours de VL1 (la sec- structure. Viroflay SNCF (30 m de profondeur)
tion Rueil-Malmaison – échangeur avec l’A13 de est creusé et son radier est bétonné ; en atten-
l’A86 Ouest), les cinq puits de VL2, en cours de dant le passage du tunnelier, qui permettra d’amé-
creusement entre Pont Colbert et nager le rameau de liaison, les équipes de tra-
le raccordement avec l’A13, sont vaux gagnent du
commencés. "La technique n’a temps en édifiant
pas varié, explique Patrick Gau- le local de surface.
thier, directeur travaux (Campe- Carrousel (89 m
non Bernard TP), et consiste à de profondeur),
combiner excavation en tradition- réalisé en paroi
nel à l’abri d’un blindage bois dans moulée jusqu’à
les couches dures et paroi mou- 61 m, est presque
lée réalisée à la benne ou à l’hy- totalement excavé.
drofraise dans les sols médiocres Enfin, la réalisa-
ou saturés d’eau." Des ouvrages tion de la paroi
à réaliser en partant de Pont Col- moulée de Prieuré
bert : puits de Porchefontaine, du (64 m de profon-
RD 10, de Viroflay SNCF, du deur) a commen-
Photo 5 Carrousel et du Prieuré (auxquels s’est ajoutée Photo 6 cé depuis la fin
Socatop. Le 5 mai, le tunnelier Socatop. En surface, ce type
a traversé le puits du RD 10 la niche 77, voisine de Porchefontaine, réalisée d’ouvrage (ici avant finition) mai (photos 5 et
elle aussi en paroi moulée depuis la surface), permet l’accès des secours 6).
Socatop. On 5 May, the TBM has passed et aux galeries du tunnel
through the shaft on county road RD 10 certains sont très avancés. Porchefontaine (24 m
de profondeur) et son rameau sont raccordés au Socatop. On the surface,
this type of structure (here
tunnel. before finishing) permits
Le RD 10 (40 m de profondeur), ouvrage parti- emergency aid access
culier puisqu’il se situe exactement sur le tracé and access to the tunnel
galleries
du tunnel, a été franchi par le tunnelier le 5 mai,
Couvertures du boulevard
La Ville de Paris et ses différents par-
tenaires (Etat et Région d’Ile-de-Fran-
Secteur de la Porte des Lilas
ce) ont considéré que le principe de
"couverture-dalle" constituait une
opportunité de créer une continuité
urbaine, au-delà des objectifs de pro-
tection phonique, dans les secteurs ■ LE CONTEXTE DE L’OPÉRATION tant pour les Parisiens que pour les riverains des
où le boulevard périphérique est en communes limitrophes (dans le cadre de l’opéra-
Le projet de couvertures du boulevard périphérique à tion de zone d’aménagement concerté).
tranchée. la Porte des Lilas résulte d’une réflexion menée à
Le secteur de la Porte des Lilas est l’échelle de la Région Île-de-France, au travers de do-
l’une des zones prioritaires faisant cuments de planification et de développement urbain ■ LA NATURE DE L’OPÉRATION
ayant abouti au contrat de plan Etat-Région 2000-2006.
l’objet d’une telle opération.
Dans un même souci de lutte contre les nuisances L’opération consiste en la construction d’une cou-
Après avoir présenté les enjeux et sonores, ces documents ont notamment défini des verture lourde et la mise en œuvre de ses équi-
les acteurs de ce projet, l’article dé- orientations d’aménagement urbain auxquelles le pements, associée à des modifications géométriques
crit l’opération particulièrement dé- boulevard périphérique est intégré. importantes du tracé des bretelles BPE, le repro-
La Ville de Paris et ses différents partenaires (Etat filage des bretelles d’entrée et de sortie BPI, l’amé-
licat à cause des contraintes de
et Région Ile-de-France) ont considéré que le prin- nagement de l’avenue René Fonck et la restructuration
sécurité, de trafic et d’exploitation. cipe de "couverture-dalle" constituait une oppor- de la place du Maquis du Vercors.
tunité de créer une continuité urbaine, au-delà des Les ouvrages de couverture sont dimensionnés pour
objectifs de protection phonique, dans les secteurs recevoir une épaisseur de 1,50 m de terre.
où le boulevard périphérique est en tranchée. Les travaux de couverture pour la tranche ferme,
Le secteur de la Porte des Lilas est l’une des zones seule inscrite au contrat de plan 2000-2006, por-
prioritaires faisant l’objet d’une telle opération. tent sur deux tronçons :
La couverture du périphérique dans ce secteur s’ins- ◆ le tronçon "Porte des Lilas" d’environ 360 m de
crit également dans le grand projet de renouvelle- long, s’étendant sur environ 115 m de part et d’autre
ment urbain de la couronne parisienne et qui des ouvrages existants de la place du Maquis du
comprend le projet de la ZAC des Lilas. Vercors et comportant la couverture de l’anneau
central (63 m), le linéaire des ouvrages existants
étant de 65 m ;
■ LES ENJEUX ◆ le tronçon "Quartier Fougères" d’une longueur
d’environ 320 m s’étendant sur 70 m au nord de
Réduction des nuisances l’ouvrage Noisy-le-Sec et sur 70 m au sud de l’ou-
acoustiques vrage Léon Frapié et intégrant la dalle existante du
square Frapié d’une longueur de 178 m.
Les améliorations attendues sont importantes. En fonc-
tion des secteurs, les réductions de nuisances vont La réalisation des travaux a été décomposée en
jusqu’à 5 dB (place du Maquis du Vercors) et 11 dB un marché des travaux préliminaires (réalisation
(quartier Fougères). Une réduction de 3 dB correspond de janvier à octobre 2005) et un marché des tra-
à une réduction de moitié de l’intensité sonore. vaux principaux. Accessoirement, pour restituer
au plus vite la protection acoustique existante pour
Rétablissement d’une continuité les riverains les plus proches, la construction d’un
urbaine Paris – Communes écran antibruit sur la nouvelle bretelle d’entrée au
limitrophes BPE a fait l’objet d’un marché spécifique (mai à
juillet 2005).
La couverture du boulevard périphérique vise à
rétablir la continuité Paris-banlieue. Les espaces
créés permettront de redéfinir le partage de l’es- ■ LES CONTRAINTES TECHNIQUES
pace public et notamment de créer des continuités
transversales de qualité pour les circulations douces Sécurité
(circulations piétonnes, cyclables, etc.).
Les deux ouvrages dépassant chacun 300 m de
Requalification urbaine longueur, la circulaire du 25 août 2000 relative à
et redynamisation des quartiers la sécurité dans les tunnels s’applique.
concernés De plus, à la demande des services de sécurité,
les deux ouvrages sont gérés comme un tunnel
La couverture du boulevard périphérique permettra unique supérieur à 800 m dans les scénarios d’ur-
l’implantation d’équipements publics accessibles gence.
Eric Cheype
CHEF DE SERVICE
La couverture est conçue pour répondre aux Ces restrictions sont de différentes natures : TRAVAUX
Bouygues TP
contraintes suivantes : ◆ emprises réduites permanentes (réduction de
◆ construction de deux tubes séparés, indépen- largeur de voies) ;
dants et unidirectionnels ; ◆ emprises larges permanentes (réduction du
◆ la mise en place d’un dispositif de ventilation nombre de voies pouvant aller jusqu’au bascule-
pour maîtriser : ment du trafic sur une seule chaussée) ;
- la qualité de l’air en exploitation normale, ◆ fermetures de nuit à concurrence de quatre par
- le désenfumage en cas d’incendie (facteur di- mois et par sens permettant des travaux sous in-
mensionnant) ; terruption de circulation ;
◆ la stabilité au feu des structures nouvelles et ◆ interdiction de fermer plus d’une bretelle par
existantes ; sens de circulation.
◆ la mise en place de dispositifs de sécurité pour Les restrictions d’emprises ne sont autorisées que
les usagers : issues de secours, niches de sécu- sur des périodes de l’année figées :
rité, réseau d’appel d’urgence, détection automa- ◆ emprise réduite permanente définie par la conser-
tique d’incidents, réseau incendie, signalisation vation de 4 voies de circulation pour le BPE et le
dynamique… ; BPI calibrées ainsi : 2 x 3,00 m + 2 x 2,80 m au-
◆ mise en place d’équipements d’exploitation : si- torisée sans limite sur l’année ;
gnalisation, recueil automatique des données, vi- ◆ emprise large permanente définie, pour les mois
déosurveillance… ; de janvier, février et mars, par la conservation de
◆ mise en place d’un système de gestion technique 4 voies de circulation pour un sens de circulation
centralisée et d’une surveillance 24 heures sur 24 et la réduction à 3 voies de circulation pour l’autre
assurée par un opérateur de la Ville de Paris. sens de circulation ;
◆ emprise large permanente définie, pour les seuls
Trafic mois de juillet et d’août, par la conservation de 4
voies de circulation réduites pour un sens de cir-
Construit entre 1957 et 1973, le boulevard péri- culation et la réduction à 2 voies de circulation pour
phérique est un anneau de 35 km de longueur, qui l’autre sens de circulation, ou, en dérogation, ré-
présente les caractéristiques d’une autoroute ur- duction à 3 voies de circulation réduites pour le
baine et constitue sans conteste une infrastructu- BPE et le BPI ;
re majeure de la région parisienne. A ce titre, il fait ◆ durant la période entre le 2 et le 25 août, fer-
partie du réseau "magistral", défini dans le plan de meture d’une chaussée avec basculement sur une
déplacements urbains de la Région Ile-de-France, seule chaussée des deux sens de circulation (2 x
qui regroupe les autoroutes et voies rapides de l’ag- 2 voies).
glomération (raccordement des autoroutes A1, A3, Le recours à l’ensemble de ces restrictions doit fai-
A4, A6, A13). re l’objet de demandes auprès de l’exploitant de
Le trafic moyen journalier pour les deux sens de cir- la Ville de Paris.
culation est d’environ 225 000 véhicules au nord Le planning élaboré au mois (m-2) n’est pas mo-
du diffuseur d’échange de la Porte des Lilas, et de difiable et doit être validé par l’exploitant en coor-
270 000 véhicules au sud de cette même porte, dination avec les services exploitants des Autoroutes
valeurs exprimées en TMJA (trafic moyen journalier A1 et A3, le SISER et la Préfecture de Police dans
annuel). le cadre d’une coordination régionale.
Dès la phase conception, ce contexte particulier a
Exploitation du périphérique nécessité l’établissement d’un planning extrême-
ment détaillé pour déterminer le délai envisageable
Du fait même de ce trafic exceptionnel, le service pour la réalisation de l’ouvrage.
d’exploitation de la Ville de Paris et la Préfecture Plus encore, dès la fin de la phase AVP, l’extrê-
de Police imposent un programme limitant les pos- me sensibilité de la planification de ce projet a été
sibilités de restrictions de circulation autorisées. mise en évidence. En effet, le planning prévision-
Le programme d’exploitation est donc extrêmement nel est obligatoirement élaboré en tenant compte
précis et contraignant car il est impératif que cet des "fenêtres des restrictions autorisées" et doit,
axe majeur conserve une capacité à drainer en sé- par conséquent, se caler sur des dates précises.
curité un trafic minimal pendant les phases de tra- Dès lors qu’un événement survient qui ne permet
vaux. pas le respect de ces fenêtres, les tâches envi- ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 59
la mise en place et/ou le ripage des dispositifs de
protection ainsi que du marquage au sol provisoi-
re. De plus, le comptage du trafic existant sur le
périphérique doit être assuré quelle que soit la pha-
se de restriction ce qui nécessite la mise en place
de boucles de comptage provisoires (photo 1).
Aménagements de surface
Zone Lilas
Photo 1
Ripage des GBA de chantier lors d’un changement de restriction de circulation La place du Maquis de Vercors est réaménagée
Sliding construction site concrete safety barriers to change traffic restrictions
pour retrouver le tracé linaire de l’avenue de la Por-
te des Lilas. Une partie de la dalle de l’ouvrage neuf
Figure 1 dans son raccordement avec les ouvrages routiers
Détail
de bossage existants supportera en conséquence un trafic rou-
tier pour lequel elle devra être dimensionnée.
Detail
of an anchor Immédiatement au sud de la place du Maquis du
block Vercors, est prévue l’implantation d’un terminal
pour bus. Dans cette zone, la structure de la cou-
verture sera dimensionnée pour tenir compte des
charges roulantes correspondantes.
Au-delà, la dalle de couverture recevra les trois cha-
piteaux du cirque du Grand Céleste.
Zone Fougères
® sagées sont repoussées jusqu’à la prochaine res-
triction permise.
Sur la dalle existante, le square Frapié fait l’objet
d’un aménagement paysager spécifique.
Une tâche nécessitant par exemple une emprise Les zones nouvellement couvertes traitées en co-
importante en TPC, se traduisant par une restric- hérence avec cet aménagement reçoivent des équi-
tion large avec réduction du nombre de voies, pré- pements sportifs s’insérant dans un aménagement
vue au premier trimestre de l’année et qui n’a pu paysager global.
être achevée pendant cette période ne pourra être
reprise que lors de la restriction d’emprise large Géométrie
suivante, durant les mois de juillet et août. Cette concomitance des projets de couverture et
Un retard de quelques jours dans certaines tâches d’aménagement de surface a généré une contrain-
peut ainsi conduire à un retard de plusieurs se- te géométrique particulière puisque l’épaisseur
maines. structurelle maximale était de fait déterminée par
Le risque d’amplification des retards et de désor- une double obligation : le respect du dégagement
ganisation importante du chantier est une contrain- d’une hauteur libre sous ouvrage de 5 m et le res-
te permanente et spécifique de ce projet qui nécessite pect des nivellements de surface existants et dé-
une extrême rigueur dans la préparation des moyens, finis par les aménageurs.
la mise en œuvre de mesures de sécurisation (ma- Cette contrainte est amplifiée dans certaines zones
tériel complémentaire…) et le suivi. par les équipements à mettre en œuvre et en par-
Enfin, les changements de restriction de circulation ticulier les bossages devant recevoir les accélé-
interviennent obligatoirement de nuit pour permettre rateurs (figure 1).
Photo 4
Vue de l’écran acoustique démoli
dans le cadre
des travaux principaux
View of the noise barrier demolished
as part of the main works
Photo 5
Ouvrage en cours
de démolition
Structure
being demolished Photo 6
Nouvel écran
et nouvelle bretelle
New barrier
and new slip road
Ouvrages annexes
Outre les ouvrages principaux de couverture, des
ouvrages annexes sont réalisés. Il s’agit :
◆ des postes électriques enterrés dont l’un, nou-
veau, est situé au-dessus de la voûte du métro, et
l’autre, en bordure de la rue Noisy-le-Sec et du squa-
Photos 7 et 8 re Frapié, a fait l’objet d’une extension importan-
Pose des plaques de protection coupe-feu
te. Ils sont destinés à recevoir les postes de
Laying fire-resistant protection plates
transformation et les équipements d’alimentation
électrique de l’ensemble des équipements de la
couverture (ventilation, signalisation, éclairage du
tunnel…) ;
® d’épaisseur et garantissant une tenue de deux
heures sous un feu hydrocarbures (niveau N2) (pho-
◆ des issues de secours : il y en a neuf dont l’im-
plantation tient compte à la fois des impératifs de
tos 7 et 8). sécurité en terme d’interdistance et de débouché
et des contraintes d’insertion dans les aménage-
Murs antirecyclage ments de surface (photos 10, 11 et 12).
Les piédroits centraux de chaque couverture sont
prolongés de 40 m à chaque extrémité par des
voiles de 0,65 m d’épaisseur. Ces voiles ne sup-
portent aucune charge et sont fondés superficiel-
LES PRINCIPALES
QUANTITÉS
LES PRINCIPAUX INTERVENANTS
Fondations
• 440 pieux Ø 1 000, 1 200 et 1 400 mm
Maître d’ouvrage
• Profondeur moyenne : 20 ml
Ville de Paris. Conduite d’opération assurée par la direction de la Voi-
• 3 ateliers de forage avec une foreuse et une
rie et des Déplacements - Service des Aménagements et des Grands
grue sur chenille
Projets – Division des Couvertures du boulevard périphérique
• Cadence de 2 pieux réalisés par jour
Maître d’œuvre
Blindage (piste accès et ouvrages)
Groupement constitué par Scetauroute (Groupe Egis) (mandataire du
4 500 m2 d’une hauteur moyenne de 3 m
groupement de MOE Scetauroute/Thalès/Berim/Isis/Barbier Archi-
tecte) : Voiles : (semelles et piédroits)
• Scetauroute : Direction de projet et coordination • 15 000 m3 de béton, épaisseur moyenne :
- Génie civil 1 : secteur Porte des Lilas 80 cm
- Sécurité tunnels • 3 500 t d’acier
- Ventilation et désenfumage • 25000 m2 de coffrage et 3 outils spécifiques :
• COTEBA (ex Thalès Engineering et Consulting) : grue mobile 80 t
- Génie civil 2 : secteur Fougères • Cadence : 36 m de piédroits tous les deux
- Alimentation électrique & éclairage jours
- Gestion technique centralisée Couverture
• Isis (Groupe Egis) : Equipements dynamiques • 17 000 m2 de couverture de 75 cm d’épais-
• Berim : Voiries, assainissement & réseaux seur
• Barbier : Architecture & paysage - 5 500 m2 en poutrelles acier (1 800 t)
Entreprises - 11500 m2 de poutres en béton précontraintes
• Travaux préliminaires : groupement constitué par Eurovia Ile-de-France (650 unités de longueur moyenne de 23 m)
S.N.C (mandataire)/Valentin/SDEL Infi/Amec Spie/Cardem/MCCF - 14 000 m3 de béton armé coulé en 2e phase
• Travaux d’écran acoustique : Sysa • Deux grues spéciales de 120 et 160 t
• Travaux principaux : groupement constitué par Bouygues TP (man- • Cadence : 10 poutres par nuit, avec 8 cou-
dataire)/Eurovia/SDEL Infi pures de circulation par mois
Photo 11
Aspects
architecturaux :
tête de couverture
Lilas Nord
Architectural
aspects : Lilas
North cover portal
Photo 9
Murs anti-recyclage
Anti-recycling walls
Photo 12
Tête de couverture
Lilas Sud
Lilas South
cover portal
■ CARACTÉRISTIQUES
DES ÉQUIPEMENTS
Au sens de la circulaire, en tranche ferme, les tran-
chées couvertes du secteur de la Porte des Lilas
(tranchée couverte des Lilas et tranchée couverte
du quartier Fougères) sont classées de la manière
suivante :
◆ tunnels urbains ;
◆ trafic non faible ;
◆ deux tubes unidirectionnels ; Compte tenu des dispositions de la circulaire mi-
◆ longueurs supérieures à 300 m ; nistérielle 2000-63 ainsi que des recommandations
◆ gabarit supérieur à 3,50 m ; de l’AIPCR de 1999 et des longueurs des différents
◆ interdiction aux transports de matière dangereu- projets, le phasage de construction de la couver-
se, de produits explosifs ou facilement inflammables; ture en tranche ferme et conditionnelle induit :
◆ mode d’exploitation de degré D4, correspondant ◆ la mise en œuvre d’accélérateurs pour la pre-
à une surveillance humaine permanente. mière phase ;
Le présent projet prend en compte les mesures ◆ complétés en deuxième phase par la mise en
conservatoires nécessaires à la réalisation de la œuvre d’une usine d’extraction commune aux deux
tranche conditionnelle qui correspond à la réalisa- sens de circulation, usine qui ne sera réalisée que
tion d’un ouvrage classé dans les tunnels de lon- dans le cadre de la tranche conditionnelle.
gueur supérieure à 1 000 m.
L’ensemble des équipements projetés est confor-
me aux prescriptions réglementaires. ■ ORGANISATION DES TRAVAUX
L’aspect "équipements" fera l’objet d’un dévelop-
pement dans un article spécifique. L’exécution du chantier nécessite dix grandes phases
Il est seulement précisé ici que l’étude réalisée en de balisage du périphérique comprenant des tâches
tenant compte de la tranche ferme et de la tranche précises à réaliser dans des délais tendus, face
conditionnelle a permis de déterminer le choix du aux impératifs d’exploitation du périphérique.
type de ventilation et de dimensionner les équi- Outre ces phases de balisage ou de restriction de
pements de ventilation. trafic permettant les travaux de jour, des nuits de
Le type de ventilation retenue est la ventilation lon- fermeture sont nécessaires (huit nuits par mois,
gitudinale. dont quatre sur le BPE et quatre sur le BPI) pour ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 65
® permettre les travaux de pose des poutres de cou-
verture ainsi que des interventions spécifiques (dé-
ABSTRACT
molition, pose des cages d’armatures, déplacement Coverage of the Paris ring
des portiques et banches de coffrages…). road. Porte des Lilas sector
Enfin, les travaux de surface, après exécution de
C. Bernede, F. Belblidia, E. Cheype
la couverture de l’anneau de Lilas Centre nécessi-
tent un phasage complexe coordonné avec les in- The City of Paris and its various part-
terventions des concessionnaires et les travaux ners (central government and Ile-de-
réalisés dans le cadre du projet d’aménagement France region) considered that the
de la ZAC des Lilas. "cover slab" technique was an oppor-
Des calendriers à des stades différents entre tunity to create urban continuity, in
projets distincts et des contraintes spécifiques ren- addition to the noise protection objec-
dent parfois l’exercice d’autant plus difficile qu’il tives, in those sectors where the ring
s’exerce sur des emprises restreintes mais né- road is a trench road.
cessairement partagées. The Porte des Lilas sector is one of the
L’ensemble de ces contraintes induit une forte com- priority areas for such work.
After presenting the issues at stake and
plexité dans l’organisation des travaux. Le respect
the stakeholders in this project, the
de délais tendus à chaque phase nécessite la mise
article describes the project works,
en place de moyens importants (matériels et hu- which are extremely difficult due to
mains) sinon redondants pour pallier les aléas que safety, traffic and operating constraints.
peut comporter un projet urbain sous circulation
(réseaux, manifestations…).
RESUMEN ESPAÑOL
Le chantier, dans sa période de pointe, comporte
un effectif de plus de 200 personnes (cf. tableau I). Coberturas de la vía
de circunvalación de París.
Sector de la Porte des Lilas
La société HC Pyrénées, une société du Groupe HC, réalise actuellement pour le compte de la
S.H.E.M. (Société Hydroélectrique du Midi) filiale de la SNCF, une partie d’un aménagement hy-
droélectrique dans le département des Pyrénées-Atlantiques, sur la commune de Sainte-Engrâce
(Pays Basque).
Ces travaux consistent en la réalisation d’une adduction en tuyauterie fonte de 600 mm de dia-
mètre, enterrée dans le radier d’une galerie souterraine existante, de 660 m de long, dont l’exi-
guïté complique les travaux.
Entrée de la galerie
souterraine existante,
longue de 660 m
E
Entrance
n préalable à ces travaux, il a fallu purger of the existing
et conforter la galerie par boulonnage, bé- underground gallery,
660 metres long
ton projeté fibré et injection des zones sen-
sibles, et ce, afin de procéder notamment à
l’excavation de la tranchée par minage.
Le marinage, partie délicate également dans une
galerie de si petite section, est effectué à l’aide
d’une marineuse type Scoop Wagner. Les préter-
rassements sont réalisés avec des mini-pelles type
U15 et U20.
Actuellement, HC Pyrénées procède à la pose des
tuyauteries DN 600. A l’issue de ces travaux, sera
mise en œuvre une dalle de béton de protection
sur la tuyauterie, qui permettra une évolution sé-
curisée des spéléologues en sortie du réseau de
la Pierre-Saint-Martin, mais aussi des touristes dans
le cadre d’un futur aménagement touristique pour
la visite du site de La Verna. ◆ l’écoulement des eaux de pluie chargées en
Le conducteur d’opération de la S.H.E.M., Bernard acide carbonique a dissous le calcaire, formant des
Bertuola, responsable de ce projet, décrit ici les réseaux hydrologiques souterrains s’écoulant sur
principales étapes de cet aménagement hydroélec- la couche imperméable vers le nord-ouest en di-
trique, l’une des rares réalisations de ce type dans rection de la commune de Sainte-Engrâce.
les Pyrénées françaises au cours des dix dernières
années.
■ UN PROJET AMORCÉ
DE LONGUE DATE
■ UNE GÉOMORPHOLOGIE
TRÈS SPÉCIFIQUE Dès 1930, une expédition menée par Max Cosyns
permet de comprendre l’ampleur de ce massif et
Aux confins de la France et de l’Espagne, entre surtout son fabuleux potentiel de découvertes.
Aragon, Béarn et Soule, s’étend la Pierre-Saint- L’après-guerre amène de nouveaux équipiers plus
Martin (64). Ce massif de 140 km2 est le siège de jeunes et mieux équipés. C’est le temps des ex-
phénomènes karstiques de grande ampleur. Plu- péditions lourdes dans le gouffre de la Pierre-Saint-
sieurs de ses gouffres figurent parmi les plus pro- Martin.
fonds du monde. En 1951, le puits Lépineux, profond de plus de
Deux phénomènes sont à l’origine de leur forma- 300 m, est descendu.
tion : En 1952, à la découverte de la rivière souterraine,
◆ le massif est constitué de calcaire, une roche Jacques Labeyrie, descendu en compagnie de Marcel
cassante, fissurée sous les contraintes tectoniques, Loubens et Haroun Tazieff, imagine un aména-
et perméable posée sur des schistes imperméables; gement hydroélectrique; à la remontée du puits Lé- ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 67
Profil type avant et après
travaux en zone revêtue
Typical profile before and after
work in a lined area
L. Viguier, B. Bertuola
RESUMEN ESPAÑOL
LES PRINCIPAUX
INTERVENANTS
Maître d’ouvrage
Société Hydroélectrique du Midi (S.H.E.M.)
Maître d’œuvre
Société Hydroélectrique du Midi (S.H.E.M.)
Coordination S.P.S.
Jean-Jacques Pratdessus
Entreprise titulaire
HC Pyrénées
Sous-traitant pour le minage
Pyrénées Minage
Photo 3
Puits de départ et la station
de poussage de 850 t
Starting shaft
and the 850-tonne
jacking station
Photo 2
Vue intérieure dans la courbure
Interior view in the bend
Il commence en attaque descendante avec une pen- geant 52 trous de prédécoupage, 12 trous pour le
te de 10 % d’une centaine de mètres au départ qui bouchon et 66 trous d’abattage. La paroi du puits
se prolonge par une courbe d’un rayon de 1 300 m a été soutenue par béton projeté et boulons scel-
(photo 2). La couverture de terrain au-dessus du lés au terrain. Le fond du puits a
tunnel varie de 7 m à quelques dizaines de centi- été garni d’un radier en béton
mètres seulement. Après être passé sous la route armé.
côtière, l’ouvrage se trouve rapidement sous le fond A l’intérieur de ce puits de départ
marin, sous une pression hydrostatique qui atteint et autour de lui en surface, sont
15 m d’eau à l’extrémité. disposées toutes les installations
nécessaires au fonctionnement
du microtunnelier.
■ DES ALGUES Au fond est installé le bâti de pous-
DANS LES DÉBLAIS DU TUNNEL sée nécessaire au fonçage de la
conduite préfabriquée. Il est équi-
Le faciès rocheux annoncé sur le tracé était ma- pé de deux vérins qui développent
joritairement constitué de gneiss dur et très abra- une poussée totale de 850 t (pho-
sif. Le fonçage a rencontré des parties fracturées to 3). Photo 4
créant une communication directe entre l’océan et C’est en surface qu’on trouve le container de pilo- Poste de pilotage
le front d’attaque du tunnelier : des algues ont été tage, centre névralgique à partir duquel les opéra- en surface
retrouvées dans les déblais à la sortie du dessa- teurs font fonctionner le microtunnelier, le contrôlent Control console
bleur de l’unité traitement, ce qui n’est pas com- et le dirigent (photo 4). on the surface
mun! En outre, il a fallu composer avec de nombreux Le système de marinage est hydraulique. Il évacue
passages d’argile. les déblais découpés par la roue du microtunnelier
Le puits de départ de 7,90 m de profondeur a jusqu’à l’unité de traitement installée en surface.
été creusé à l’explosif, par volées de 1,50 m exi- En surface, également, sont stockés les tuyaux en ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 71
Photo 5 ■ UN DISPOSITIF DE GUIDAGE
Stockage
des éléments PRÉCIS
de tuyau
Storage Le microtunnelier est descendu dans le puits en
of pipe elements quatre éléments qui sont introduits successivement
dans le terrain (photo 6).
Le premier de ces éléments porte la roue de cou-
pe équipée de molettes et entraînée par des mo-
teurs hydrauliques. Ce premier module intègre les
vérins qui permettent l’orientation de la tête de cou-
pe pour le guidage de la trajectoire. Le système de
guidage embarqué est essentiellement constitué
d’un gyroscope associé à un niveau électronique.
Il donne en permanence au pilote la position de la
machine en x, y, z.
Il est à noter que c’est la première fois en France
que ce matériel de guidage est utilisé dans un micro-
tunnelier. Les tolérances d’exécution, qui impo-
saient notamment d’arriver au point prévu avec une
précision de 30 cm, ont été parfaitement respec-
tées avec une arrivée à 5 cm du point théorique.
Les trois autres éléments du microtunnelier contien-
nent les organes de fonctionnement suivants :
® béton armé de 3 m de long (photo 5). Ces tuyaux
ont été conçus en fonction des particularités du
◆ le groupe hydraulique qui produit la puissance
de la machine ;
chantier : tracé en courbe et longueur foncée très ◆ le sas de compression qui permet le confinement
importante. Les éléments sont emboîtés de ma- à l’air comprimé de la partie avant de la machine
nière étanche par bagues métalliques et joints en pour les opérations de visite de la chambre d’abat-
élastomère. tage ;
◆ la pompe de retour de marinage pour le trans-
port des déblais ;
◆ la station télescopique de poussée à quatre vé-
rins qui permet à la roue de coupe d’exercer sur
les molettes la pression nécessaire à l’abattage
du rocher.
LES PRINCIPAUX ÉQUIPEMENTS Les blocs les plus gros détachés du front sont ré-
POUR LA RÉALISATION DU TUNNEL duits en éléments fins par le cône de concas-
sage placé à l’arrière de la roue.
• Container de pilotage Herrenknecht AVN TB Sur ce chantier, la forte abrasivité du gneiss et l’al-
• Bâti de poussée de 850 t ternance entre rocher et argile nécessitera de nom-
• Microtunnelier AVN 1 500 TB breux accès au front pour inspecter la roue et pour
Roue de coupe pour rocher avec élargisseur remplacer les outils de coupe. La roue porte 10
Ø 1 850 mm molettes dont plusieurs jeux ont été consommés.
Puissance 132 kW Les remplacements de molette sont des opérations
Station de poussée embarquée de 500 t très délicates, chaque molette pesant 60 kg. En
Couple 474 kNm outre, le confinement à l’air comprimé a été sou-
Confinement à l’air comprimé vent nécessaire pour ces interventions au front
Chambre d’abattage visitable par une ouverture chaque fois qu’il y avait communication directe du
Ø 570 mm front avec l’océan.
Longueur des 4 modules : 12 m
Poids : 50 t
• 6 stations de poussée intermédiaires ■ MARINAGE ET LUBRIFICATION
• Centrale automatique de lubrification À LA BOUE
• Unité de traitement des déblais de 250 m3/heure
• 3 pompes de marinage de 90 kW L’extraction des déblais est assurée par une cir-
• Module de guidage culation de boue. La boue fabriquée en surface est
• 2 groupes électrogènes de 700 kVA amenée, sous pression, dans la roue de coupe.
• 2 surpresseurs d’air comprimé de 90 kW Elle est mélangée aux déblais de creusement et
elle repart en surface où elle est séparée des dé-
blais par une installation de criblage. Cette instal-
Photo 7
■ L’ENNEMI, Une des six stations
C’EST LE FROTTEMENT de poussée
intermédiaires
One of the six
Les tuyaux et le microtunnelier sont poussés dans intermediate jacking
le terrain par la station principale installée dans le stations
puits de départ. Les frottements du terrain sur les
tuyaux augmentent avec la longueur. Avant que ces
frottements deviennent excessifs, on met en pla-
ce une station intermédiaire de poussée entre deux
tuyaux (photo 7). Chaque station intermédiaire
pousse un tronçon de la conduite. Dans le cas
de l’émissaire des Sables d’Olonne, six stations
intermédiaires au total ont dû être installées.
Pour diminuer les frottements du terrain sur le tuyau
poussé, on injecte, dans l’espace annulaire créé
entre l’excavation et l’extrados du tuyau, des pro-
duits lubrifiants tels que bentonite ou polymères.
L’injection est automatisée. Des stations d’injec-
tion commandées électroniquement depuis le contai-
ner de pilotage sont placées tous les 15 m dans ■ AU BOUT DU TUNNEL…
le tuyau. Chaque station alimente trois points d’in- PAR QUINZE MÈTRES DE FOND
jection disposés à 120°. Chaque station d’injec-
tion est paramétrée individuellement depuis le Pendant la progression du tunnel, on réalise la
container de pilotage pour ce qui concerne le vo- fouille de récupération du tunnelier. Celle-ci est
lume, la pression et la fréquence. Le protocole d’in- creusée depuis une barge auto-élévatrice en posi-
jection peut être adapté à tout moment pour chaque tion sur le point d’arrivée au large. Comme pour le
station en fonction de l’évolution des efforts de puits de départ, le rocher est excavé à l’explosif.
poussée constatée sur les stations de poussée Après chaque tir la fouille est draguée mécanique-
intermédiaires. ment à la benne preneuse.
Le tunnelier arrive dans la fouille de sortie à une
quinzaine de mètres sous le niveau de la mer. Le
tunnelier est alors déboîté de la conduite par un
dispositif hydraulique commandé depuis la barge.
Sa récupération est une opération délicate qui,
LES PRINCIPALES QUANTITÉS comme toujours pour les travaux à la mer, est to-
talement dépendante des conditions météorolo-
RÉALISÉES
giques et de l’état de la mer, notamment de la
• Puits de départ : 6,50 m x 5,50 m x 7,90 m hauteur de la houle. Il ne s’agit pas moins que
de profondeur de sortir de l’eau une pièce de 12 m de long pe-
• Forage de tunnel : 623 m, Ø 1 850 mm sant 50 t.
• Tuyaux foncés en béton armé : 623 m, Les plongeurs arriment un palonnier sur les quatre
Øint = 1 400 mm, Øext = 1 790 mm modules du microtunnelier. Ce palonnier et son sys-
tème d’arrimage sont conçus pour que les quatre
modules restent solidaires. Une puissante grue sur ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 73
ABSTRACT
Record at Sables d’Olonne :
CSM Bessac builds
an undersea tunnel 623
metres long, by microtunnel
boring machine
J.-N. Lasfargue
RESUMEN ESPAÑOL
Récord en Les Sables
Photo 8 d’Olonne : CSM Bessac
Retour du tunnelier au port après sa récupération
en mer
lleva a cabo la ejecución
de un túnel submarino
Return of the TBM to the port after its recovery de una longitud de 623
at sea
metros, mediante
una microtuneladora
® ponton lève le tunnelier jusqu’à la surface de l’eau,
puis celui-ci est arrimé sur la barge qui l’amènera J.-N. Lasfargue
jusqu’au port (photo 8).
La dernière phase de l’exécution du tunnel consiste CSM Bessac acaba de ejecutar la parte
à en équiper la tête d’un cône d’adaptation en acier subterránea del canal de vertido de Les
inoxydable. Cette pièce est mise en place par des Sables d’Olonne.
plongeurs. Elle permet la connexion ultérieure du El colector de 623 m de longitud, en
tuberías de hormigón armado de
tuyau posé en souille qui prolonge la section en
1 400 mm de diámetro interior, se ha
tunnel.
ejecutado mediante excavación con
microtuneladora.
Se trata de una obra difícil debido a la
longitud de la excavación, un pendiente
de 10 %, una curva perfilada, y tam-
LES PRINCIPAUX bién por la geología formada de gneiss
INTERVENANTS con alternancia de arcillas y una carga
de agua de 15 m.
Maître d’ouvrage Se trata aquí de la excavación más larga
Communauté de Communes des Olonnes jamás ejecutada para un diámetro nomi-
nal inferior a 1 400 mm.
Maître d’œuvre
Béture Cerec
Entreprise
Groupement EMCC/CSM Bessac/Acanthe/Parenge
• Travaux maritimes : EMCC, mandataire du
groupement
• Tunnel et puits de départ : CSM Bessac
• Travaux annexes : Acanthe et Pareng
de détonateurs électroniques
Yannick Bleuzen
INGÉNIEUR SERVICE
Le tunnel urbain n° 1 en cours de réalisation à Porto fait partie des grands travaux d’amélio- TECHNIQUE
ration des conditions de vie et de circulation engagés par la Ville dans le centre historique. Nitro-Bickford (Paris, France)
Ce tunnel de 650 m de long est excavé dans le massif granitique de Porto situé à une profon-
deur comprise entre 4 et 20 m.
Le projet, une première fois démarré en 2000, a été suspendu devant l’impossibilité de creu- Frédéric Monath
INGÉNIEUR SERVICE
sement mécanique. Un second appel d’offres autorisant alors l’utilisation très stricte d’explo- TECHNIQUE
sifs a été relancé par la Ville de Porto. Nitro-Bickford (Paris, France)
Les détonateurs électriques qui ne répondaient pas à toutes les contraintes de réalisation de
l’ouvrage ont été écartés au profit de détonateurs électroniques.
Les travaux d’excavation ont débuté en janvier 2004 avec des tirs de 50 kg de charge explosi-
ve. L’utilisation de détonateurs électroniques Daveytronic a permis d’augmenter la vitesse d’ex-
cavation tout en permettant un contrôle strict des vibrations et dans des conditions de sécurité
accrues. La demi-section supérieure a pu ainsi être excavée en une seule fois ce qui a permis
un gain de temps de 2 mois sur l’année.
■ LE MODE OPÉRATOIRE
Le mode opératoire simple, c’est un des avantages
du système, procède en quatre phases : program-
mation, connexions, contrôle et procédure de tir.
Les produits utilisés pour les tirs sont contrôlés,
dans le cadre d’une procédure stricte de mise en
œuvre, par une équipe munie de quatre sismo-
graphes qui pour chaque tir enregistrent divers pa-
ramètres : vitesse d’onde, déplacements et
fréquences, et déterminent ainsi les paramètres à
adopter pour le prochain tir.
Figure 1
Programmation
Section transversale Devant cet environnement contraignant et la complexi-
Cross section té géologique – une même section pouvant avoir La console de programmation est un petit équipe-
tous les types de granit –, un suivi très pointu des ment portable qui permet de contrôler et d’identi-
travaux de revêtement provisoire et du contrôle des fier les temps d’explosion de chaque détonateur et
nuisances a été effectué : horaires et vibrations de mémoriser la séquence de tir. Il permet égale-
des tirs, tassement des terrains et des immeubles, ment de vérifier et éventuellement de modifier les
émission de gaz et de poussière. retards attribués.
Il convient également de noter que la valeur contrac- L’ordre de programmation peut être indépendant
tuelle des vibrations au moment des tirs est limi- de la séquence de tir, toutefois comme il convient
tée par la norme portugaise NP 2072 à 20 mm/s de contrôler la séquence de tir, il est conseillé de
quelle que soit la fréquence. travailler de façon méthodique et de suivre le plan
A l’appel d’offres Spie Batignolles Europe, en col- de tir en utilisant la numérotation affectée à chaque
laboration avec Nitro-Bickford, a proposé une so- détonateur.
lution variante basée sur l’utilisation du détonateur Ainsi le chef de tir muni du plan de tir et de la
électronique présentant les avantages suivants : console de programmation procédera à la liaison
◆ l’assurance d’une détonation séparée de chaque de chaque détonateur à la console, et programmera
trou afin de réduire à son minimum la charge uni- le temps d’explosion. Pendant cette opération, la
taire mise à feu ; console vérifiera immédiatement le temps de mise
◆ la possibilité de modifier facilement les séquences à feu et la valeur du retard, permettant si néces-
d’amorçage afin d’adapter les plans de tir en fonc- saire d’effectuer une reprogrammation dans le cas
tion des conditions rencontrées (réponse des bâ- où celle-ci a déjà été faite ou s’il existe duplication
timents, résultat du tir…) ; du temps de mise à feu.
Mise à feu
■ TRAITEMENT
La mise à feu ne peut se faire que si la console est DES IRRÉGULARITÉS
connectée au système et qu’il a été vérifié. Ainsi,
après la liaison de la ligne de tir à la console, celle- Bien que le système mis en œuvre soit très sûr,
ci effectue automatiquement les tests de ligne – ab- il convient de respecter un processus d’inspection
sence de détonateurs sur la ligne, duplication des systématique du front après le tir. Dans le cas où
temps de mise à feu ou dépassement de capacité serait constatée la présence d’explosifs ou de fils
– et la cohérence entre les informations contenues de détonateurs suspects, le processus de traite-
dans la console et les détonateurs connectés. ment des produits non détonés doit être engagé.
La mise à feu est effective seulement lorsque tous Les divers cas d’irrégularités ont été inventoriés et
les tests ont été effectués avec succès. des procédures spécifiques élaborées pour chacun
En conséquence, après la phase de connexions, d’entre eux.
suit une phase de préparation à la mise à feu qui Une partie de ces procédures, les plus significa-
comporte les étapes suivantes : tives de la sécurité apportée par les détonateurs
◆ mise en place si nécessaire des protections pour électroniques, sont décrites ci-après :
éviter les projections vers l’extérieur et évacuation ◆ détonateurs :
du personnel de la zone du front ; a - Dans le cas où le fil du détonateur est acces- ®
Travaux n° 834 • octobre 2006 77
Photo 2 dans la cartouche, il convient de séparer les deux,
Installation avant de les mettre dans des boîtes différentes.
du sismographe
Pendant toute la phase d’excavation du tunnel de
Installation
of the seismograph Porto (2 x 200 m) où furent utilisés les explosifs et
les détonateurs électroniques, soit près de 37 000
unités, seuls quelques cas de détonateurs non ex-
plosés sont à signaler, tous inoffensifs, c’est-à-dire
que les condensateurs se trouvaient déjà déchar-
gés ; une simple séparation des éléments explo-
sifs fut nécessaire.
■ CONTRÔLE
DES PERTURBATIONS
L’utilisation de l’explosif dans les travaux souter-
rains conduit à différents types de perturbations,
entre elles :
◆ les vibrations de l’air ou bruit ;
◆ les vibrations transmises à travers le sol ;
® sible, celui-ci devra être lié à l’unité de program-
mation de façon à relire le détonateur :
◆ les gaz nocifs ;
◆ les projections ;
- si la lecture est possible, lier le détonateur à la ◆ la poussière.
ligne de tir et faire évacuer le front pour procéder
à un nouveau tir (cas très rare et quasiment tou- Les vibrations
jours associé à un défaut du détonateur),
- si la lecture est impossible ou si le tir ne donne Dans toute explosion, une partie de l’énergie est
rien, le détonateur ne peut être initié, il ne présente transmise au massif environnant, se propageant
aucun danger. On peut procéder au nettoyage du sous forme d‘ondes vibratoires semblables à celles
trou avec une barre en matière non ferreuse qui d’un tremblement de terre, de vitesse différente en
n’exerce pas de choc sur le produit enfoui. Il faut fonction du type d’ondes et des propriétés élas-
extraire les cartouches de carton et ensuite l’ex- tiques du sol. Une autre partie est émise sous for-
plosif, séparer le détonateur de l’explosif et les me d’ondes aériennes, lesquelles peuvent produire
LES PRINCIPALES mettre dans des boîtes séparées ; des effets sensibles sur les parties délicates des
b - Dans le cas où la finition de la section d’exca- structures comme par exemple les vitres, les fe-
QUANTITÉS vation se fait au moyen d’engins mécaniques et si nêtres. Le reste de l’énergie est dissipé dans la
• Excavation : 40 000 m3 la zone suspecte ne peut être complètement trai- rupture de la roche.
• Béton projeté : 3 900 m3 tée on devra procéder à un tir pour extraire les Le bruit ou l’onde de surpression produite par l’ex-
• Béton structure : 9 500 m3 explosifs (cas extrêmement rare). Celui-ci devra être plosion dans une galerie est simplement la vibra-
• Aciers : 500 t mis en œuvre selon les principes suivants : la dis- tion acoustique transmise par l’air qui provient
tance entre le trou suspect et le trou de reprise doit de l’expansion du gaz produit par les charges ex-
• Délai : 20 mois être au minimum de la moitié de la longueur du plosives à travers les fissures du massif rocheux.
• Méthode d’exécution : NATM trou ; ainsi par exemple, pour un trou de reprise de Ce phénomène acoustique ressenti par les habi-
et Cut and Cover 1 m, la distance entre ce trou et le trou suspect tants se manifeste comme une onde de surpres-
sera au minimum 0,5 m. sion aérienne caractérisée par un pic très bref suivi
En cas de doute sur l’inclinaison du trou suspect, d’une série d’oscillations.
la profondeur du trou de reprise devra être limi- Proche de la source, cette onde de surpression est
tée à la distance où se trouve la cartouche. Les constituée d’une large bande de fréquences au-
risques d’explosion des émulsions en cas de contact dibles lesquelles produisent des effets sonores ou
avec la foration sont très limités, toutefois il sera bruits. La majeure partie de l’énergie correspond
totalement interdit de forer dans des trous déjà exé- à des fréquences inférieures à 100 Hz avec des
cutés. pics de surpression compris dans la gamme de
Après la réalisation de la foration, les trous de re- 4 Hz à 40 Hz approximativement. La réglementa-
prise sont chargés, le tir est effectué et la zone net- tion française recommande que l’onde sonore res-
toyée. te inférieure à 125 dB (L).
◆ explosifs : il faut procéder à la récupération de Le niveau sonore de l’explosion est d’autant plus
toutes les cartouches, le cordeau détonant (produit important que les charges sont peu confinées; pour
utilisé pour les trous de découpage) et les mettre preuve l’exemple de l’utilisation d’explosifs dans
dans les caisses en carton pour le retour au four- un massif très fracturé dans lequel la masse de
nisseur. Dans le cas où le détonateur se trouverait destruction est inférieure à ce qu’elle devrait être.