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Effort, M. APTEL,
S. LAHAYE,
1. Attendus et objectifs Positions articulaires extrêmes, A. GERLING
Répétitivité. Laboratoire de
Biomécanique et
d'Ergonomie,
OREGE est un outil analytique et complet qui s’in- Département Homme au
travail, INRS, Centre de
sère dans la démarche ergonomique de prévention des Lorraine
TMS. Il est analytique car les trois facteurs de risque (1) Remerciements : les
auteurs remercient Séverine
biomécaniques sont évalués séparément. Il est complet
parce que tout le membre supérieur est pris en comp-
2. Contenu Lafaurie (Ergonome),
Marie-Anne Masson (Infir-
mière du travail),
te. OREGE s’adapte, a priori, à tous les types de Germaine Milési (Infirmière
postes de travail. OREGE se présente sous forme de « documents du travail),
Jean-Jacques Atain-Kouadio
Le préventeur employant OREGE est dénommé papiers ». Ils sont les seuls « outils » indispensables pour (Ergonome, CRAM du
Nord-Est),
utilisateur. L’utilisateur de cet outil doit être compétent évaluer les 3 facteurs de risque biomécaniques. Ils se Georges Mignot (Ergonome,
en ergonomie et disposer du temps nécessaire pour le composent de 3 parties. La première partie permet de CRAM Bourgogne
Franche Comté),
mettre en œuvre. Grâce à OREGE, l'utilisateur posera recueillir des informations générales concernant l’en- Alexis Polin (Ergonome,
un diagnostic de risque fondé sur l'évaluation des treprise, l’activité de l’opérateur observé et de décrire ARACT de Lorraine),
Christian Vaullerin
3 facteurs de risque biomécaniques. Il devra intégrer les actions de travail. La seconde partie permet d'éva- (Médecin du travail), pour
leur aide et leurs conseils
ce diagnostic de risque dans l'ensemble des informa- luer les facteurs biomécaniques. La dernière partie avisés qui ont permis à
tions qu'il aura recueilli au cours de sa démarche contient la synthèse des différentes évaluations, figurée OREGE d’être ce qu’il est
ergonomique. en termes de diagnostic de risque.
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pour le médecin
OREGE permet d'évaluer les facteurs de risque bio- OREGE s'applique sur des actions de travail qui du travail
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mécaniques suivants : sont définies comme des éléments de l'activité de tra- 3e trimestre 2000
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vail de l'opérateur. OREGE ne peut donc pas être uti- 2.1.1. Echelle d’évaluation complétée par
lisé sans une analyse préalable de l'activité qui garan- l’utilisateur
tit la compréhension et le repérage des actions à
retenir. Il prend en compte aussi bien le membre supé- L'effort est estimé par l’utilisateur au moyen de
rieur droit que gauche. l'échelle d’évaluation proposée par Latko et coll.
(1997). Des niveaux d'efforts croissants composent
Le cycle de travail se découpe en actions. Selon le cette échelle dont les extrêmes sont qualifiés par des
projet de norme européen prEN 1005-1, une action phrases. L'échelle présentée à la figure 1 est donc la tra-
est une activation d’un ou de plusieurs muscles pen- duction en français de celle de Latko.
dant l’exécution d’une tâche, par opposition au repos ;
par exemple, prendre un objet, visser quelque chose...
0 2 4 6 8 10
Gants
Documents
pour le médecin
Le port de gants doit être considéré comme un
du travail facteur d'hypersollicitation.
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Effet de couple Les notes attribuées aux différentes positions articu-
L'utilisation d'un outil dont la mise en route génère laires observées sont définies de la manière suivante :
un couple est potentiellement un facteur d'hyper-
sollicitation. 1 zone articulaire de confort, acceptable,
2 zone articulaire pas recommandée,
La note scientifique et technique NS 168 relative à 3 zone articulaire à éviter.
« l'ergonomie des outils » (ACOME, 1998) et le livre
de Kuorinka et coll. (1995) présentent les arguments Les notes obtenues correspondent à un niveau de
qui justifient les propositions présentées ci-dessus. risque. La note « 3 » n'est attribuée que pour l'épaule.
L'utilisateur doit donc rechercher la présence de l'un Cela signifie que seules les zones articulaires extrêmes
ou plusieurs de ces indices avant de compléter l'échel- de l'épaule sont considérées comme « à éviter ». Ce
le d'évaluation. Il doit ensuite proposer à l'opérateur classement est conforme aux données bibliographiques
l'échelle d'auto-évaluation. disponibles (NIOSH, 1997).
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2.3.1. Echelle d’évaluation complétée
par l'utilisateur 3. Synthèse
L’échelle retenue est celle proposée par Latko et L’utilisateur va poser un diagnostic de risque à par-
coll. (1997). Elle est qualifiée par des phrases définis- tir de l’ensemble des éléments recueillis lors de l’éva-
sant le degré d’intensité et de répétitivité. luation des trois facteurs biomécaniques. Ce diagnos-
tic s'établit en 3 temps. Tout d'abord, il doit rassembler
L'examen de la figure 4 montre qu'il s'agit d'évaluer les données recueillies dans un tableau pour les diffé-
les mouvements du membre supérieur et non pas la rentes actions et cycles évalués. C'est le profil des fac-
cadence de travail. teurs de risque biomécaniques (tableau I). Puis, il doit
synthétiser les évaluations des facteurs de risque pour
Répétitivité Répétitivité Répétitivité chaque action (tableau II) et poser un diagnostic de
faible moyenne élevée risque. Cette synthèse et ce diagnostic se fondent sur
0 2 4 6 8 10 la compétence de l’utilisateur et la qualité de son ana-
lyse. Chaque action sera classée selon 3 niveaux de
risque, conformément aux recommandations des
normes européennes. Enfin, l'utilisateur décrira en
Main non Activité Mouvement Mouvement Mouvement Mouvement
occupée brève lent et continu et continu continu termes de contenu de la tâche ce qui pose problème
la plupart
du temps
entre-
coupée
continue
avec
régulier
avec
rapide
avec
ou rapide
ou
afin d'élaborer des pistes de solutions.
ou par de pause pause pause peu rythme
pas de longues courte occasion- fréquente continu
mouvement périodes nelle difficile à L'utilisateur rassemblera d'abord les données
régulier de pauses maintenir recueillies dans le tableau de profil des facteurs de
risque (tableau I). Pour le cou et l'épaule, il reportera
Fig. 4. Echelle d’évaluation pour la répétitivité (inspirée
les valeurs les plus élevées observées.
de Lakto, 1977)
Action Echelle Remarque Cou Epaule Coude Poignet Remarque Echelle Remarque
Gauche
Gauche
Gauche
Droite
Droit
Droit
Action 1
Action 2
Action 4
Action 5
Action 1
Action 2
Action 4
Action 5
Action 1
Action 2
Action 4
Action 5
Action 1
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Action n°1
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Action n°4
Action n°5
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scientifique. Il est facile à mettre en œuvre, ne nécessi-
3. Conclusion te pas de moyens particuliers et se fonde sur les com-
pétence de celui qui l'utilise. C'est donc un outil opé-
rationnel. Le respect des principes qui ont guidé les
concepteurs d'OREGE passe par une formation qui
OREGE n'est pas une réponse définitive face à la est la garantie de la cohérence et le moyen de la com-
nécessaire évaluation des facteurs de risque bioméca- pétence. OREGE a été testé en entreprise et a donné
niques dans une démarche de prévention des TMS. satisfaction aux premiers utilisateurs. Dans un proche
C'est un compromis dynamique. Il est en cohérence avenir, dès lors qu'un panel suffisant d'utilisateurs moti-
avec les données acquises de la science car il s'inspire vés sera formé, il est envisagé de valider sur un échan-
largement des méthodes proposées dans la littérature tillon plus large la pertinence ou l'intérêt de cet outil.
Bibliographie
INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHE ET DE SÉCURITÉ - 30, rue Olivier-Noyer, 75680 Paris cedex 14 Documents
Tiré à part de Documents pour le médecin du travail, 3e trimestre 2000, n° 83 - TC 78 - 800 ex. pour le médecin
du travail
N° CPPAP 804/AD/PC/DC du 14-03-85. Directeur de la publication : J.L. MARIÉ. ISSN 0339-6517 - ISBN 2-7389- N° 83
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