Les Dimensions de La Performance Des Cabinets D'Audit Legal - The Performance Dimensions of Legal Audit Firms
Les Dimensions de La Performance Des Cabinets D'Audit Legal - The Performance Dimensions of Legal Audit Firms
Les Dimensions de La Performance Des Cabinets D'Audit Legal - The Performance Dimensions of Legal Audit Firms
D’AUDIT LEGAL
Viet Ha TRAN VU
Email : viet-ha.tran-vu@isg.fr
Abstract
Résumé
The quality of accounts certification rendered by
La qualité de la certification des comptes par les the legal audit firms is an important element in the
cabinets d’audit légal est un élément important de la transparency of economic activities. Many actors
transparence des activités économiques. Plusieurs contribute to the quality: auditors, audit firms and
acteurs contribuent à cette qualité : les auditeurs, les professional organizations. The audit firms must
cabinets d’audit et les organismes professionnels. reconcile their lucrative aim and the demands of
Les cabinets se doivent de concilier leurs objectifs different stakeholders. The firms must therefore be
d’entreprises lucratives et les desiderata des performing at several levels.
différentes parties prenantes. Ils doivent donc être
performants à plusieurs niveaux. This research studies the performance indicators of
audit firms in their legal mission in France. The
La présente recherche étudie les dimensions de la proposed tool to measure performance is in the
form of a strategic scorecard, which is a
performance des cabinets d’audit dans leur mission
d’audit légal des comptes. L’outil proposé se combination of the Balanced Scorecard (Kaplan
présente sous la forme d’un tableau de bord and Norton, 1992, 1998, 2000), the Skandia's
Navigator (Edvinsson and Malone, 1997), as well
stratégique intégré. Nous avons en effet combiné
les approches des TBS anglo-saxons (le Balanced as of the approach by intellectual capital (Roos et
ScoreCard de Kaplan et Norton, 1992, 1998, 2000), al., 1997, Johnson, 1999). To construct a measure
of performance dimensions, we adopted the
scandinaves (la navigateur de Skandia d’Edvinsson
et Malone, 1997) et des fondements pour Churchill’s approach (1979). Based on the data
appréhender le capital intellectuel (Roos et al., collected from qualitative and quantitative surveys,
the principal component analysis (PCA) on each of
1997, Johnson, 1999). La construction de l’échelle
de mesure suit la démarche préconisée par the performance dimensions emerges axes among
Churchill (1979). L’étude met en évidence certaines the performance items revealed by French auditors.
After that, a confirmatory analysis (CFA) must help
dimensions de la performance des cabinets d’audit
selon la perception des auditeurs français, à travers us to validate the proposed model. It is interesting
les Analyses en Composantes Principales (ACP) et to find that the dimension “Finance” is not
validated in our model. A typology analysis will be
les Analyses Factorielles Confirmatoires (AFC). Il
est intéressant de trouver que la dimension Finance realized in order to classify the firms into four
n’est pas validée dans notre modèle. L’analyse groups following their performance dimensions: the
reputed, the normative, the adaptive and the
typologique permet de classifier les cabinets en
quatre groupes selon leurs dimensions de la passive.
performance : les réputés, les normatifs, les
adaptatifs et les passifs. Key words : legal audit, performance, Churchill’s
approach, Balanced Scorecard, intellectual capital.
Mots clés : audit légal, performance, démarche de
Churchill, Balanced Scorecard, capital intellectuel.
INTRODUCTION
La profession d’audit fait face à une véritable crise de crédibilité. Celle-ci est notamment la
conséquence des scandales financiers qui ont terni son image auprès du public. La presse a
évoqué le manque d’indépendance des auditeurs à l’égard de la société auditée et l’altération
de la confiance du marché financier. Dans ce contexte, l’audit devient un sujet d’étude
intéressant.
A notre connaissance, dans la plupart des recherches effectuées sur l’audit, l’objet de la
recherche est le processus de l’audit, l’objectif de la recherche est la qualité de l’audit. Ces
recherches s’arrêtent à un premier niveau d’analyse, le niveau individuel, celui des auditeurs
et des audités. La qualité de l’audit n’a été appréhendée dans ces recherches que par le prisme
d’une relation interindividuelle. D’autres niveaux d’analyse expliquent la qualité de l’audit,
tels que le niveau organisationnel du cabinet d’audit ou le niveau institutionnel de la
Compagnie Nationale de Commissaires aux Comptes (CNCC). Aussi, nous désirons nous
situer au niveau des cabinets d’audit pour étudier leurs performances dans leur activité
d’audit. Pour assurer la qualité du service offert, les cabinets d’audit doivent être performants.
Ils doivent être efficaces dans leur organisation et leur gestion. Mais, dans le même temps, ils
doivent assurer la qualité de l’audit et répondre aux attentes des différentes parties prenantes,
parce que l’audit est une activité sociale. Les cabinets, par leur organisation, leur mode de
fonctionnement, leurs usages, leur culture, etc., agissent également sur les éléments de la
qualité du service fourni. Il s’agit ici d’une performance à long terme, qui ne se reflète pas
suffisamment à travers les comptes des cabinets d’audit pour se convaincre de leur bonne
santé ou au contraire de leurs risques de défaillance. La performance revêt donc des aspects
multiples, sans doute convergents, mais qui méritent d’être abordés dans une logique plus
globale que la seule appréciation de la rentabilité pour les cabinets ou pour leurs actionnaires.
Dans notre contexte de recherche qui se compose des cabinets d’audit légal, les déterminants
et les dimensions de la « performance » sont à construire. Ils doivent tenir compte des
indicateurs relatifs à l’éthique, aux compétences dans le métier du commissariat aux comptes,
mais aussi à la gestion commerciale du cabinet comme étant celle d’un organisme rentable.
Cela doit être la performance stratégique, organisationnelle, concurrentielle, socio-
économique, qui peut être un succès, un résultat de l’action ou une action, un processus
(Bourguignon, 1997). C’est une performance soutenable (Herriau, 1999) qui peut être
maintenue dans le temps et multidimensionnelle : performance interne (profitabilité),
performance procédurale (performance organisationnelle) et performance substantielle de la
profession d’audit (mission légale, compétences et indépendance de l’auditeur). Les questions
que nous nous posons sont alors :
Qu’est-ce qu’un cabinet d’audit performant ? Quels sont les attributs et les
dimensions de performances d’un cabinet d’audit vus par les collaborateurs et les
associés des cabinets ?
Notre proposition fondamentale est de développer une échelle de mesure des dimensions de la
performance des cabinets d’audit légal selon la perception des auditeurs. En vue de la
construire, nous nous sommes basés sur la démarche proposée par Churchill (1979), selon
laquelle une échelle de mesure se construit en suivant trois étapes : la définition du domaine
conceptuel, la phase exploratoire et la phase de validation.
L’article s’articule autour de trois parties suivantes : une revue de la littérature sur les
déterminants de la performance d’une entreprise et sur les éléments de la qualité de l’audit
selon les études antérieures (première partie), la mise en œuvre de l’étude empirique
(deuxième partie) et les principaux résultats de l’étude (troisième partie).
Après une synthèse des spécificités des cabinets d’audit légal (1.1), nous présentons les
éléments de la qualité de l’audit dans la littérature, ce qui nous servira à identifier les
indicateurs de la performance des cabinets, car nous supposons qu’un cabinet d’audit
performant est avant tout celui qui offre un service de qualité (1.2). Enfin, les outils de
pilotage de la performance des entreprises, à savoir les tableaux de bord stratégiques version
anglo-saxonnne et scandinave, seront abordés (1.3).
1.1 Les spécificités des cabinets d’audit légal
Premièrement, l’auditeur se trouve au centre d’une relation d’agence peu commune. Il est
nommé et payé par les actionnaires sur proposition des dirigeants de la société qu’il devra
contrôler afin de garantir les intérêts de tous les utilisateurs de l’information financière. La
tâche principale de l’auditeur est de vérifier les comptes. De manière évidente, son objectif
premier est d’être choisi par les actionnaires pour certifier les comptes de leur entreprise. Son
objectif second est de maximiser son profit sous contrainte de coûts. Un conflit d’intérêt
caractérise fondamentalement le métier d’auditeur : celui-ci doit porter une grande attention à
la protection des actionnaires, tout en satisfaisant ses propres intérêts économiques et
commerciaux.
Deuxièmement, comme l’audit est un service obligatoire pour certaines entreprises, la relation
auditeur-audité est une relation fournisseur-client particulière (Colasse, 2003 ; Richard, 2003).
Enfin, la qualité de l’audit est non observable. Le service fourni, le contrôle légal des
comptes, est la certification des comptes à travers le rapport d’audit, qui est standardisé et
formalisé. On ne trouve pas d’informations détaillées dans un rapport d’audit. Mais pour
élaborer ce dernier, le processus d’audit doit être respecté.
Pour assurer la qualité de l’audit, le cabinet doit disposer des moyens, ou des ressources, soit
les inputs. Dans le cas d’un cabinet d’audit, les inputs sont principalement les ressources
immatérielles. Cette réflexion nous amène à combiner les approches par les tableaux de bord
stratégiques version anglo-saxonne et les outils de mesure du capital immatériel et
intellectuel pour mesurer la performance des cabinets d’audit.
La notion de la qualité de l’audit représente les enjeux de l’activité d’audit légal. Au niveau
social, c’est la connaissance par l’environnement de la qualité du service fourni qui est
garante de l’avenir de la profession à long terme, dans la mesure où la qualité des
certifications justifie la profession et le monopole d’exercice dont elle fait l’objet (McNair,
1991). Au niveau interne à la profession, la qualité est un élément fondamental du jeu
concurrentiel (Moizer, 1997).
En situation d’ambiguïté sur la qualité de l’audit, plusieurs moyens sont mobilisés pour
appréhender cette qualité. Au point de vue du marché, elle est mesurée par la réputation et la
taille des cabinets d’audit (McNair, 1991). Au niveau individuel de l’auditeur, elle est
mesurée par l’indépendance et les compétences de celui-ci (DeAngelo, 1981a, Knapp, 1991,
Citron et Taffler, 1992). Quant au niveau de jugement, un audit est considéré comme de
qualité lorsque la nature et la quantité du travail effectué sont suffisantes pour couvrir les
risques liés aux comptes de l’entreprise contrôlée (Moizer, 1997). Au niveau de la profession
et de chaque cabinet, la normalisation est une tentative de réponse à la contrainte qualité
(Francis, 1994, Dirsmith et Haskins, 1991, Mikol, 1999). Ces approches d’évaluation
« indirectes » souffrent de plusieurs limites tant au niveau conceptuel (risque de sélection
adverse, risque de dépendance envers les dirigeants) qu’empirique (critères de mesure
simplistes donnant lieu à des résultats contradictoires). Les scandales financiers récents
confirment l’inefficacité de certains indicateurs de la qualité d’audit, telles que la taille et la
réputation suite à la disparition d’Arthur Andersen, un des « Big Five ». Ces constats de
l’obsolescence des attributs confrontent le besoin de redéfinir, aussi bien chez les praticiens
que chez les académiciens, les règles d’évaluation des travaux d’audit (Behn et al., 1997,
Pigé, 2003, Wooten, 2003). A défaut de pouvoir vérifier le résultat de l’activité, une issue
consisterait à s’intéresser au processus qui y mène (Carcello et al., 1992, Manita, 2007).
L’étude de DeAngelo (1981) indique une corrélation positive entre la taille du cabinet d’audit
et la réputation ou la qualité offerte. Plusieurs autres recherches trouvent le même résultat
(Mautz et Sharaf, 1961, Schulte, 1965 cité dans Shockley R.-A., 1981, Titard, 1971, Hartley
et Ross, 1972, Palmrose, 1986). Les auteurs argumentent que plus le cabinet est de grande
taille, moins il dépend d’un client, donc plus l’indépendance de l’auditeur est assurée.
Mock et Samet (1982, cité dans Behn et al., 1997) développent une liste des facteurs
potentiels de la qualité de l’audit à partir de la littérature, puis, à travers une enquête,
identifient cinq facteurs-clés qui sont : le planning, l’administration, la procédure, l’évaluation
et la conduite.
Schroeder et al. (1986) questionnent les responsables des comités d’audit et les auditeurs pour
déterminer l’effet de 15 facteurs sur la qualité de l’audit. Les cinq facteurs les plus soulignés
par les responsables des comités d’audit sont : l’intérêt que les managers portent à l’audit, le
planning et la conduite de l’audit, la communication entre l’équipe d’audit et les managers,
l’indépendance des auditeurs et les techniques d’audit à jour.
Carcello et al. (1992) identifient 12 facteurs de la qualité de l’audit. Parmi ces facteurs, les
quatre plus importants sont : l’expérience relative à l’entreprise cliente, l’expertise de
l’industrie, la réponse aux attentes des clients, la cohérence avec les normes comptables
internationales. Les autres facteurs révélés sont : l’engagement de qualité, l’implication active
par les cadres du cabinet, la conduite appropriée du travail d’audit, l’interaction efficace et
continue avec le comité d’audit, les caractéristiques des auditeurs dans l’équipe intervenante,
l’attitude sceptique de l’auditeur, la politique de rotation et la responsabilité individuelle des
auditeurs.
Sutton (1993) a également indiqué les 19 facteurs affectant la qualité du processus d’audit en
se basant sur les réponses des auditeurs. Ces 19 facteurs se répartissent en trois groupes :
l’étude du terrain, l’administration et les mesures individuelles.
Accounting Today (1992, 1994, 1996) examine les neuf facteurs influençant la performance
et la réputation des Big Six. Ces neufs facteurs sont : les compétences élargies, la bonne
conduite des missions, la bonne connaissance sur les affaires des clients, l’expertise de
l’industrie, les conseils pratiques, la capacité et la responsabilité des auditeurs, la réponse
rapide aux demandes, un bon rapport qualité/honoraires et la proactivité.
Behn et al. (1997) testent l’hypothèse selon laquelle la satisfaction du client est fonction de 12
attributs de qualité de l’audit proposés par Carcello et al. (1992) et d’autres éléments comme :
le changement de l’auditeur, l’expérience des comptables, la taille de l’entreprise cliente et
l’opinion indiquée dans le rapport d’audit. Le résultat montre que la bonne réaction aux
besoins des clients et l’implication active par les cadres du cabinet d’audits sont deux
éléments qui influencent le plus la satisfaction des clients. Par contre, le scepticisme des
auditeurs diminue la satisfaction ; la taille de l’entreprise cliente n’ayant pas de signification
sur sa satisfaction.
Partant des résultats proposés par DeAngelo (1981) selon lesquels la qualité de l’audit est
reflétée par les compétences et l’indépendance des auditeurs, Tondeur (2003) mène une étude
sur les déterminants de la qualité des missions de commissariat aux comptes dans le contexte
français, à savoir les items des compétences (la qualité de détection des fraudes) et de
l’indépendance (la qualité de révélation de ces fraudes dans le rapport d’audit) des auditeurs
français.
Dans la qualité de détection, l’auteur indique les items liés à l’expertise et au respect des
diligences professionnelles. Dans le groupe ‘expertise’, il y a des sous-items : diplôme,
formation, connaissance des normes et expérience. Dans le groupe ‘respect des diligences
professionnelles’, il y a plusieurs sous-groupes, à savoir :
- orientation et organisation de la mission, comme : connaissance du secteur et de
l’entreprise, appréciation du risque managérial, organisation du déroulement de la
mission ;
- appréciation des procédures, telles que : appréciation du contrôle interne et obtention des
éléments probants ;
- délégation/supervision, à savoir : délégation, supervision et contrôle de qualité.
Dans la qualité de révélation, l’auteur présente les items attachés à l’indépendance financière,
l’offre de service et la réputation.
Prat dit Hauret (2003) fait une synthèse des éléments affectant l’indépendance des auditeurs.
Ce sont les facteurs liés au cabinet d’audit, à l’auditeur et à la relation auditeur-audité et les
indicateurs externes. Les facteurs afférents au cabinet sont : la réalisation de missions de
conseil, la taille du cabinet, la revue indépendante du dossier d’un co-associé, la rotation des
associés sur les dossiers, la mise en place d’une charte éthique interne par le cabinet. Les
facteurs relatifs à l’auditeur sont : l’expérience, la compétence et la sensibilité éthique.
Concernant les facteurs liés à la relation auditeur-audité, l’auteur cite : la situation financière
du client, la concurrence entre cabinets et les appels d’offres. En outre, il y a des facteurs
externes, tels que : la durée du mandat, la mise en place de comités d’audit, la flexibilité des
règles et méthodes comptables et les sanctions judiciaires.
Manita (2007) propose un modèle de mesure de la qualité du processus d’audit pour les
administrateurs tunisiens. C’est une échelle de mesure mettant en évidence 49 indicateurs de
qualité répartis dans six étapes du processus. Ces 49 indicateurs sont répartis dans 11
déterminants, dont six concernent le processus technique d’audit et cinq autres se rapportent à
la compétence de l’auditeur, à la composition et la qualification de l’équipe intervenante, à la
qualité d’organisation de la mission et à la réponse aux attentes du client.
Les approches les plus connues pour piloter la performance d’une entreprise sont les tableaux
de bord stratégiques version anglo-saxonne, dont le Balanced ScoreCard (BSC, Kaplan et
Norton, 1992, 1998, 2000). Etant donné que les ressources principales des cabinets d’audit
sont le capital humain, des fondements pour appréhender le capital immatériel (Roos et al.,
1997 ; Johnson, 1999) dont le Navigateur de Skandia (Edvinsson et Malone, 1997) sont aussi
mobilisées dans notre recherche.
Pour piloter la performance d’une organisation, Kaplan et Norton (1992, 1998, 2000)
regroupent les indicateurs selon quatre axes dans un Balanced Scorecard (BSC), à savoir :
l’axe financier, l’axe clients, l’axe processus et innovation et l’axe apprentissage
organisationnel. La figure 1 ci-dessous présente de façon schématique la structure du BSC.
1 Axe potentiel
satisfaction financier des salariés
des attentes
PDM
portefeuille 3 Axe processus motivation &
& innovations responsabilité
Le BSC associe les indicateurs de résultats à des indicateurs stratégiques qui sont la source
des avantages concurrentiels de l’entreprise. Un lien causal est établi entre les quatre axes
mais aussi entre des indicateurs de résultats et des indicateurs stratégiques. Des indicateurs
stratégiques, ou encore indicateurs a priori ou déterminants de la performance, servent à
guider les dirigeants dans leurs choix stratégiques (approche prospective). Des indicateurs de
résultat, ou indicateurs a posteriori, permettent d’apprécier les performances passées de
l’entreprise (approche historique). C’est pour cela que le BSC est considéré comme équilibré.
Si l’on considère que les actifs intangibles constituent une part non négligeable de l’ensemble
des actifs d’une entreprise, notamment une entreprise de services, alors la performance de
cette entreprise est en étroite relation avec la qualité de la gestion de ses actifs intangibles.
Les fondements économiques de la mesure du capital intellectuel sont d’ordre macro-
économique, il s’agit de la théorie du capital humain et des théories de la croissance endogène
(Epingard, 1999). Ces fondements théoriques sont basés sur une chaîne de valeur virtuelle
(Martory et Pierrat, 1996), une stratégie fondée sur les ressources (Penrose, 1959, Wenerfelt,
1984, 1990, Dierickx et Cool, 1989, Prahalad et Hamel, 1990, Barney, 1991, Grant, 1991) et
le rôle important accordé au management des connaissances (Teece, 2000).
Il existe différentes approches pour appréhender le capital intellectuel. Bien qu’une revue de
littérature (Guthrie et Petty, 2000, Bontis 2001, 2002) montre qu’il existe différentes
conceptions du capital intellectuel, Engström et al. (2003) constatent finalement :
- l’absence d’une définition normalisée du concept avec toutefois une référence fréquente
aux notions d’« information », de « connaissance », d’« expérience », d’« habiletés », de
« savoir - faire », de « processus » et d’« actifs immatériels » ;
- une participation fréquente du capital intellectuel au processus de création de valeur de la
firme ;
- la présentation largement répandue du capital intellectuel selon trois composantes que
sont le capital humain, le capital interne ou structurel et le capital externe relatif
notamment aux clients (Stewart, 1991, 1997, Edvinsson et Sullivan, 1996, Edvinsson et
Malone, 1997, Roos et al., 1997, Lynn, 1998, Bontis, 1998).
Selon Wegmann (2001), les outils de mesure du capital intellectuel et les tableaux de bord
stratégiques anglo-saxons sont complémentaires. Partant de la limite majeure des outils de
mesure du capital intellectuel qui est de ne modéliser que le capital intellectuel de l’entreprise,
Wegmann (2001) propose un modèle intégré des tableaux de bord stratégiques qui combinent
les éléments tangibles et intangibles, parce que selon l’auteur, les dimensions immatérielles et
matérielles des ressources d’une entreprise sont en général étroitement imbriquées. Le modèle
proposé par Wegmann (2001) combine les dimensions du BSC et du navigateur dans le but de
proposer la structure générale d’un tableau de bord stratégique intégré, qui combinerait les
spécificités des modèles anglo-saxons avec celles des modèles scandinaves. A ce tableau de
bord stratégique intégré, l’auteur associe les 24 critères génériques qui combinent 12 critères
représentatifs du BSC et plus généralement des tableaux de bord stratégiques version anglo-
saxonne à 12 critères représentatifs du navigateur et plus généralement des tableaux de bord
stratégiques version scandinave (annexe 1).
A partir des analyses des caractères des cabinets d’audit et de l’activité de l’audit légal, nous
constatons que le modèle intégré de Wegmann (2001) semble pertinent pour la mesure de la
performance des cabinets d’audit légal. Nous décidons d’adopter ce modèle dans le cas de
notre recherche. Nous regroupons les mêmes dimensions de deux approches dans une seule
dimension (par exemple : dans tous les deux modèles indiqués se trouve la dimension
financière avec des indicateurs différents. Dans notre modèle, les indicateurs seront regroupés
dans une seule dimension nommée « finance »). Nous classerons ainsi nos indicateurs de la
performance dans les dimensions suivantes :
- la dimension finance ;
- la dimension clients et environnement concurrentiel ;
- la dimension capital humain et apprentissage organisationnel ;
- la dimension processus internes et innovation.
Dans les parties suivantes, nous indiquerons les étapes méthodologiques effectuées pour
identifier les indicateurs de la performance dans chaque dimension du tableau de bord, suivant
la démarche de Churchill (1979).
2. APPROCHE METHODOLOGIQUE D’IDENTIFICATION DES
INDICATEURS DE LA PERFORMANCE DES CABINETS D’AUDIT
LEGAL
Afin de pouvoir identifier les indicateurs de la performance dans chaque dimension de notre
modèle théorique, nous avons commencé par une synthèse des indicateurs sur la qualité de
l’audit abordés dans les recherches précédentes sur l’audit légal et le cabinet d’audit légal.
Nous appliquons la démarche méthodologique de Churchill (1979) dans la construction d’une
échelle de mesure de la performance en essayant d’harmoniser les études qualitatives et
quantitatives dans notre démarche méthodologique. Nous avons donc effectué les étapes
suivantes (tableau 1) :
En raison de l’absence d’écrits académiques sur la performance des cabinets d’audit légal,
nous avons mené un stage de trois mois dans un cabinet d’audit de taille moyenne au début
de notre recherche. Pendant ce temps, nous avons réalisé une dizaine d’entretiens ouverts
avec les responsables de toutes les équipes pour mieux comprendre le métier d’audit, le
déroulement d’une mission d’audit, l’organisation et l’organigramme du cabinet. Ces
entretiens d’une durée de 60 à 90 minutes chacun ont été enregistrés et retranscrits.
Tout au long de notre recherche, nous avons fait des allers-retours entre le terrain et la
littérature. Une revue de littérature a été faite sur les éléments de mesure de la performance
des cabinets d’audit. Nous avons ensuite réalisé des entretiens semi-directifs dans le but de
construire notre questionnaire sur la performance des cabinets d’audit. Ceux-ci ont été réalisés
auprès de trois enseignants-chercheurs en audit, deux contrôleurs techniques de la CNCC et
15 auditeurs, dont deux sont associés-dirigeants des petits cabinets, treize associés-dirigeants
ou chefs de missions des grands cabinets nationaux (3) ou des Big (10).
Les entretiens et la revue de la littérature nous ont permis de développer un échantillon
original de 80 items pour déterminer la performance des cabinets d’audit. Nous avons ensuite
épuré de cet échantillon des items jugés intuitivement redondants. Ceci nous a permis
d’aboutir à un échantillon intermédiaire de 70 déterminants.
La rédaction du questionnaire est basée sur les informations que nous avons retenues grâce
à la première phase. Nous voulons retenir les points de vue des répondants sur le concept de
la performance, c’est pourquoi nous leur demandons de donner une réponse indépendante des
pratiques actuelles de leur cabinet.
Le questionnaire a été ensuite mis au point puis a subi un pré-test auprès des chercheurs, des
doctorants, des professeurs, dont un professeur en statistiques, et des commissaires aux
comptes. Suite au test du questionnaire, nous sommes parvenus à un échantillon de 63 items
répartis dans 49 questions pour les objectifs de contrôle1 (annexe 2).
1 435 questionnaires ont été envoyés aux commissaires aux comptes dans l’annuaire de la
CNCC. Après plusieurs envois et relances, nous avons reçu 115 réponses, soit un taux de
retour de 9.2% (115/1248). Ce taux nous semble comparable à ceux d’autres études de cette
population2. Parmi les 115 réponses retournées, 114 sont exploitables. Cela signifie qu’une
1
Les questions sont mises en désordre pour éviter l’effet de contamination des répondants.
2
En général, le taux de retour des enquêtes auprès des CAC français varie entre 10 et 15%. Par exemple, dans
l’étude de Tondeur (2003) sur les éléments de qualité de l’audit, ce taux est 14.2%. Dans l’étude de Bennecib
fois avoir décidé de participer à l’enquête, les auditeurs y ont investi leurs temps et rempli le
questionnaire avec précaution.
Nous présentons d’abord les caractéristiques de l’échantillon (3.1), puis les facteurs qui
résultent des ACP (3.2), le modèle validé par les AFC (3.3) et enfin les résultats de l’analyse
typologique (3.4).
Concernant le sexe des répondants, la plupart d’entre eux sont de sexe masculin (88/114, soit
77%). Parmi les 114 répondants, seulement cinq personnes n’ont pas de formation comptable,
soit 4.4%. Trente-cinq ont effectué leur enseignement supérieur dans plusieurs filières.
A propos de l’expérience dans l’audit légal : les répondants sont principalement des CAC
expérimentés puisque 69% d’entre eux ont plus de 10 ans d’expérience et 9% entre 5 et 10
ans d’expérience professionnelle.
Concernant le temps consacré à l’activité d’audit légal : 50% des répondants consacrent plus
de 50% de leur temps au commissariat aux comptes. Seuls 14% d’entre eux y consacrent
moins de 10% de leur temps.
Quant au statut des répondants dans leur cabinet : 72% d’entre eux sont des dirigeants des
cabinets, parce que 82/114 répondants ont de statut d’associé dirigeant (59) ou d’associé (23)
dans les cabinets. Cinq sont directeurs de mission, un chargé de mission et 26 assistants ou
stagiaires.
(2004) sur l’efficacité de co-commissariat aux comptes, ce taux est 10.7%. Dans l’étude de Gonthier-Besacier
réalisée en 1998 et publiée en 2001 sur l’impact de la reformulation du rapport général des commissaires aux
comptes, ce taux est 16%.
Au sujet de la taille de cabinets des répondants : la plupart des répondants sont aux cabinets
de moyenne et petite taille (75%). 19% sont aux Big et 6% aux cabinets nationaux. Cette
répartition représente le marché d’audit français, où la plupart des cabinets sont de très petite
taille, même qu’il est dominé par un petit nombre des grands cabinets.
Nous avons utilisé le logiciel SPSS version 15.0 pour traiter les données. Pour épurer les
items, nous avons effectué l’analyse de la fiabilité par l’alpha de Cronbach et l’analyse
factorielle avec rotation Varimax pour les variables de chaque dimension du tableau de bord
stratégique. L’annexe 3 présente les indicateurs de la performance retenus dans chaque
dimension. Les tableaux dans l’annexe 4 résument les facteurs qui résultent de ces ACP.
Dans la dimension Finance, deux facteurs émergent (annexe 4.1). Nous remarquons que les
items n°63 (valeur future pour partenaires) et 53 (bonne rentabilité financière) sont plus
corrélées avec un facteur, les items n°61 (portefeuille de mandat) et 62 (croissance de
mandat) avec l’autre. En effet, les items du facteur 1 expriment la croissance future du
cabinet, tandis que ceux du facteur 2 expriment la croissance des mandats d’audit. Les
analyses de fiabilité effectuée sur les deux items n°63 et 53 du facteur 1 et sur les deux items
n°61 et 62 du facteur 2 nous donnent les alphas satisfaisants (respectivement 0.856 et 0.675).
Les valeurs propres de ces deux facteurs sont respectivement 2.176 et 1.167. Le test de
Bartlett est satisfaisant (Barlett = 178.129, dl = 6, p = 0.000), l’indice de KMO est pourtant
faible (KMO = 0.453). Bien entendu, ces résultats restent à vérifier avec l’ensemble des items
des autres dimensions du tableau de bord stratégique.
Ainsi, les ACP ont permis d’identifier deux facteurs de la dimension Finance, deux facteurs
de la dimension Client/Environnement, quatre facteurs de la dimension Capital
humain/Apprentissage et trois facteurs de la dimension Processus/Innovation. Le tableau 2
suivant résume les facteurs retenus des ACP.
Tableau 2 : Récapitulatif des facteurs retenus des ACP
Axe Dimensions retenues
Finance Croissance future du cabinet
Croissance des mandats d’audit
Client et environnement Taille
Bonne image et réputation
Rémunération variable
Capital humain et Gestion des équipes
apprentissage Compétences techniques des collaborateurs à l’embauche
organisationnel Formation des collaborateurs
Processus interne et Respect des procédures, des règles et formalisation des valeurs de l’entreprise
innovation Méthodologie et méthodes d’audit adaptées
Adéquation entre les ressources et l’activité
Ces facteurs seront ensuite testés par les analyses factorielles confirmatoires.
Dans cette étape, nous réalisons les Analyses Factorielles Confirmatoires (AFC) pour chaque
dimension, puis pour le modèle global, pour vérifier si le modèle est bien ajusté aux données
empiriques. Nous utilisons le logiciel AMOS 7.0 pour effectuer les AFC. Il nous faut tout
d’abord vérifier la normalité des variables pour choisir la méthode d’estimation. L’annexe 5
présente le résultat du test de la normalité des items du modèle par les coefficients de symétrie
(Skewness) et de concentration (Kurtosis) (Evrard, Pras, Roux, 1997). Le seuil d’acceptabilité
de ces valeurs est fixé à zéro pour le coefficient de symétrie et 3 pour le coefficient de
concentration. Les indices de Skewness et de Kurtosis de nos variables remplissent
moyennement ces critères. La méthode du maximum de vraisemblance sera choisie dans les
analyses qui suivent. Après plusieurs AFC sur les variables de chaque dimension, puis sur le
modèle global, nous arrivons à valider le modèle qui a les indices et les facteurs suivants
(tableau 3) :
Modèle 354.696 267 1.33 0.075 0.054 0.819 0.762 0.667 0.890 0.881
La fiabilité et la validité interne du modèle sont vérifiées par les coefficients Rhô de Joreskog
et Rhô de validité convergente. Ces coefficients répondent aux normes et sont présentés dans
le tableau 4 ci-dessous.
L’annexe 7 présente les principales estimations des paramètres du modèle global. Le tableau 5
ci-dessous présente les dimensions validées par les AFC dans notre modèle final.
Dans cette partie, nous indiquons une typologie des cabinets d’audit selon leurs dimensions
stratégiques. L’analyse typologique est une méthode de classification des individus en
ensembles relativement homogènes dans lesquels les individus tendent à être semblables entre
eux et différents des individus des autres groupes (Malhotra et alii, 2004). Notre objectif est
d’identifier des groupes de cabinets qui sont différents à la fois selon leurs attitudes et
comportements envers les dimensions de la performance. Etant donné la taille importante de
notre échantillon (plus de 100 individus), la méthode de classification non hiérarchique, ou
des nuées dynamiques, sera choisie (K-means Cluster Analysis procedure). Pour éviter
d’avoir un nombre trop élevé de variables de départ et l’existence de liaison et de corrélation
entre les variables, nous choisissons les facteurs issus des ACP réalisées ci-dessus (Evrard et
al., 1997, p.399, 407).
Dans l’analyse typologique, nous utiliserons donc deux variables relatives aux résultats
financiers (croissance future du cabinet et croissance du nombre des mandats d’audit), deux
variables concernant le client et l’environnement (taille et image/réputation), quatre facteurs
liés au capital humain et à l’apprentissage (partie variable des rémunérations, gestion des
équipes, compétences techniques des auditeurs au moment de l’embauche et formation des
auditeurs) et trois facteurs retenus de la dimension processus interne et innovation (règles et
valeurs formalisées, méthodologie et méthodes, adéquation entre les moyens et l’activité).
Après plusieurs essais, une solution à quatre est retenue. Elle permettra une distinction plus
claire entre les groupes et une analyse plus pertinente du profil des groupes. Le tableau 6 ci-
dessous présente les résultats de la classification des cabinets d’audit en quatre groupes.
Quant aux cabinets du group 2, le groupe le moins nombreux (n=20), ils se sont avérés très
sensibles aux compétences techniques à l’embauche (0.449) comme à la méthodologie et aux
méthodes (0.446) et à la formation (0.448) mais sont moins sensibles à la croissance future du
cabinet (-1.079) et à la taille (-0.759) ainsi qu’aux règles et aux valeurs formalisées (-0.702).
Leur performance est légèrement orientée vers la croissance de l’activité d’audit (0.036). A
contrario, la gestion des équipes, l’image et la réputation ainsi que l’adéquation entre les
moyens et l’activité ne sont pas privilégiées (respectivement -0.766, -0.629 et -0.596). Ce sont
en effet des cabinets qui veulent s’orienter vers une notoriété construite par l’application
rigoureuse et rigide des règles comptables des auditeurs qui sont les « techniciens des
chiffres » diplômés des filières comptables ou des écoles de commerce en province. La
formation continue en comptabilité des collaborateurs est un de leurs points forts. Les
cabinets du groupe 2 seront considérés comme des « normatifs ».
Les auditeurs du groupe 3 (n=29) sont présents dans des cabinets où la performance est
considérée comme imprégnée par l’image et la réputation (0.466) et la gestion des équipes
(0.388) mais peu par la formation (-0.587). Ce sont les cabinets où la croissance future et la
méthodologie et les méthodes priment (respectivement 0.313 et 0.380). Quant au respect des
règles déontologiques et à la formalisation des valeurs comme à la croissance de l’activité
d’audit, ils ne sont pas considérés comme des caractéristiques essentielles de la performance
(respectivement -0.497 et -0.205). La taille n’est pas du tout perçue comme importante pour la
performance (-0.702). Cette dernière est légèrement orientée vers l’adéquation entre les
moyens et l’activité (0.203) et les compétences techniques à l’embauche (0.299). Les cabinets
du groupe 3 seront qualifiés d’ « adaptatifs ».
Concernant les auditeurs du groupe 4 (n=23), nous pouvons constater que celui-ci se
distingue nettement des trois autres en affichant les scores les moins élevés sur presque toutes
les variables. Les membres de ce groupe accordent le moins d’importance à la plupart des
facteurs de la performance, notamment à la méthodologie et les méthodes (-1.169), à la
croissance de l’activité de l’audit (-0.719) et à la gestion des équipes (-0.771). Les cabinets de
ce groupe ont des scores négatifs concernant l’image et la réputation (-0.568), les
compétences techniques à l’embauche (-0.527) et la formation (-0.691). Ils sont moins
sensibles à l’adéquation entre les moyens et l’activité (-0.388). Ils sont pourtant légèrement
orientés vers le respect des règles et des valeurs (0.187) et la rémunération variable (0.161).
Ce sont en effet des cabinets de petite taille, dont le commissariat aux comptes prend une
place modeste dans leur activité. Il s’agit peut-être de cabinets incertains de leur avenir qui
perçoivent les évolutions de l’environnement professionnel (concentration des cabinets,
évolution du métier) mais n’arrivent pas à y répondre. Cette situation peut s’expliquer par la
forte concurrence sur le marché de l’audit, la difficulté de s’extraire des missions quotidiennes
pour réaliser de nouvelles missions, les nouvelles exigences du métier ou la nécessité de la
mise en place d’une nouvelle organisation. Par manque de ressources et de moyens, pour eux,
un tableau de bord stratégique n’a pas beaucoup de sens. Ces cabinets accordent néanmoins
de l’importance au respect des règles d’audit et à la rémunération variable des collaborateurs.
Nous pouvons les identifier comme des cabinets qui doutent, ou de « passifs ».
Ainsi, l’analyse typologique par la méthode des nuées dynamiques a mis en évidence quatre
groupes de cabinets homogènes selon leur orientation stratégique, qui sont : les réputés, les
normatifs, les adaptatifs et les passifs. Nous pouvons synthétiser les caractéristiques de
chaque groupe dans le tableau de l’annexe 8.
CONCLUSION
Notre recherche présente la vision de la performance des cabinets d’audit légal par les
auditeurs français. Elle a pour but de construire une échelle de mesure des indicateurs de la
performance des cabinets d’audit légal en France.
Pour construire cet outil, nous avons adopté la démarche préconisée par Churchill (1979) dans
notre contexte de recherche. Nous avons mobilisé les théories concernant la performance, la
mesure de la performance, notamment le Balanced Scorecard et l’approche par le capital
intellectuel, et la littérature sur l’audit légal. Les allers-retours entre la littérature et le terrain
nous ont permis de proposer un modèle théorique qui est un tableau de bord combiné et
intégré des dimensions de la performance, à savoir : finance, client et environnement, capital
humain et apprentissage, processus interne et innovation. Les entretiens ouverts et semi-
directifs nous ont permis ensuite de relever les items dans chacune de ces dimensions pour
élaborer notre questionnaire dans l’étude quantitative.
Nous avons ensuite effectué une enquête auprès de plus de 1400 auditeurs en France et avons
reçu 114 réponses exploitables.
Les traitements des données de l’étude quantitative nous ont apporté des résultats intéressants.
A partir des analyses en composantes principales (ACP), nous avons détecté : deux facteurs
dans la dimension finance (croissance du cabinet d’audit et croissance du chiffre d’affaires
de l’activité d’audit légal), deux facteurs dans la dimension client et environnement (taille et
bonne image du cabinet), quatre facteurs dans la dimension capital humain et apprentissage
(partie variable de la rémunération des collaborateurs, gestion des équipes des auditeurs,
formation et compétences techniques des auditeurs au moment de l’embauche) et trois
facteurs dans la dimension processus interne et innovation (respect des procédures, des règles
et formalisation des valeurs, respect de la méthodologie et des méthodes d’audit, adéquation
entre les moyens et l’activité).
L’analyse factorielle confirmatoire nous a permis de valider le modèle proposé. Nous avons
pu valider les items dans chaque facette ainsi que le modèle global. Il est intéressant de
trouver que la dimension Finance n’est pas relevée dans le modèle final. Ceci s’explique par
les caractéristiques spécifiques du métier d’audit légal : la performance du cabinet d’audit
légal n’est pas appréhendée par l’approche financière classique comme dans les entreprises à
but lucratif.
Apartir de l’analyse typologique, quatre groupes de cabinets ont émergé : les réputés, les
normatifs et les adaptatifs et les passifs.
La limite majeure de la recherche est son caractère exploratoire. Ce dernier s’explique par
l’absence de recherches antérieures en la matière et par la difficulté de réaliser une étude de
validation auprès de la population des auditeurs. La deuxième limite est liée au fait que la
performance des cabinets a été construite selon la perception des auditeurs, elle ne présente
pas forcément la réalité des cabinets.
Les résultats obtenus devraient être confirmés par les études qualitatives, précisément par les
entretiens confirmatoires, et par une enquête quantitative sur un autre échantillon. Nous
envisageons également d’effectuer des études comparatives des pratiques réelles des cabinets
avec des points de vue des parties prenantes, les Directeurs comptables financiers, par
exemple.
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pp.6-7
ANNEXES
Vous voudrez bien entourer la valeur retenue. Merci de donner une réponse indépendante des pratiques actuelles de votre cabinet.
1 2 3 4 5
Pas du tout important Peu important Moyennement important Important Très important
Variab Comm
Interprétation les n° Intitulé unalité Corrélation variable/facteur
Fac 1 Fac 2 Fac 3 Fac 4
V33 Rémunération en fonction de ses
0.776 0.875
horaires
Rémunération V34 Rémunération en fonction des
0.653 0.784
variable honoraires globaux
V36 Rémunération en fonction de la
0.645 0.749
rentabilité des missions
Gestion V29 Respect du processus d’affectation des 0.550
0.737
équipes collaborateurs
V38 Embauche en fonction des aptitudes 0.500
0.689
relationnelles
V32 Ambiance de travail 0.552 0.686
V28 Stabilité du personnel 0.485 0.664
Compétences V37 Embauche en fonction des compétences 0.808
0.892
techniques à techniques
l’embauche V42 Embauche en fonction de l’expérience 0.722 0.820
V47 Formation à la comptabilité
0.709 0.831
Formation internationale
V45 Formation : sur le terrain 0.635 0.763
Valeur propre du facteur 2.662 1.777 1.527 1.108
% de variance expliquée 23.834 16.155 13.882 10.076
% de variance cumulée 23.834 39.989 53.871 63.948
Alpha de Cronbach 0.755 0.650 0.683 0.512
KMO = 0.644, Bartlett = 245.107, dl = 55, p = 0.000
Méthode d’extraction : Analyse en composantes principales. Méthode de rotation : Varimax avec normalisation
de Kaiser. La rotation a convergé en 5 itérations.