2005LIMO0033
2005LIMO0033
2005LIMO0033
THESE
Pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITE DE LIMOGES
en Science des Matériaux Céramiques
Directeurs de Thèse :
Alain DAUGER – René GUINEBRETIERE
Jury :
Rapporteurs
R. GABORIAUD Professeur, Université de Poitiers, LMP
A. AYRAL Professeur, Université de Montpellier 2, IEM
Examinateurs
A. DAUGER Professeur, ENSCI Limoges, SPCTS
R. GUINEBRETIERE Professeur, ENSCI Limoges, SPCTS
A. LECOMTE Ingénieur de Recherche CNRS, Limoges, SPCTS
P. THOMAS Directeur de Recherche CNRS, Limoges, SPCTS
Introduction générale 1
Chapitre 1 : Contexte général de l’étude - Bibliographie 3
1. Les matériaux nanostructurés et les nanotechnologies 3
1.1. Introduction 3
1.2. Les matériaux oxydes nanostructurés 4
1.2.1. Généralités 4
1.2.2. Matériaux oxydes nanostructurés pour l’optique 5
1.2.2.1 Effets recherchés 5
1.2.2.2 Matériaux et applications 6
1.3. Elaboration de matériaux nanostructurés 7
2. La voie sol-gel 9
2.1. Généralités 9
2.2. Les gels polymériques 10
2.3. Croissance et structure des polymères sol-gel 11
2.3.1. La géométrie fractale 12
2.3.2. Les modèles d’agrégation 12
2.3.2.1 Agrégation particule-amas 12
2.3.2.2 Agrégation amas-amas 13
2.4. Du gel au matériau 14
2.4.1. Généralités 14
2.4.2. Le séchage du gel 15
2.5. Les systèmes multi composants par voie sol-gel 16
2.5.1. Cas du dopage 16
2.5.2. Cas des oxydes mixtes ou des systèmes multiphasés 16
3. Matériaux mis en jeu 17
3.1. La silice ou oxyde de silicium (SiO2) 18
3.2. La zircone ou oxyde de zirconium (ZrO2) 19
3.2.1. Généralités 19
3.2.2. La zircone métastable tétragonale. 20
3.2.3. La zircone par voie sol gel. 20
3.3. Le système silice-zircone 21
3.3.1. Généralités 21
3.3.2. Le système silice zircone par voie sol-gel 22
3.4. Autres matériaux 22
3.4.1. Système ZrO2 – Eu2O3 – SiO2 22
3.4.2. Système ZnO – SiO2 22
4. Conclusion 23
Je remercie toutes les personnes avec qui j’ai été emmené à travailler, en particulier
Alexandre BOULLE, Christine RESTOIN.
De tels matériaux présentent pourtant un intérêt majeur. En effet, tendre vers des tailles
nanométriques (<100 nm) permet non seulement une très importante amélioration des
performances mais également de conférer de nouvelles propriétés aux matériaux. Dans ce
contexte les méthodes chimiques de synthèse et plus particulièrement celles de type sol – gel
sont très attrayantes car elles sont connues pour permettre de synthétiser, à basse température,
aussi bien des poudres nanométriques que des matériaux à microstructure fine. Elles assurent
de surcroît une grande pureté chimique.
Notre démarche pour la réalisation de nanostructures s’appuie d’une part sur les
caractéristiques intrinsèques des techniques sol – gel et d’autre part sur l’exploitation des
mécanismes de séparation de phases comme moyen de contrôler la microstructure. Dans ce
cadre, nous nous sommes intéressés à des mélanges binaires d'oxydes dont le diagramme de
phase présente une lacune de miscibilité. L’objectif de ce travail étant de montrer qu’une
séparation de phases dans des matériaux élaborés par voie sol – gel peut permettre la synthèse
et le contrôle de la microstructure à l’échelle nanométrique. Les matériaux composites sont
constitués d’une dispersion homogène et non aléatoire de nanoparticules au sein d’une
matrice.
Ce type de matériau peut prétendre à des applications dans divers domaines. Afin de
pouvoir étudier en détail les évolutions microstructurales du matériau lors de sa synthèse nous
avons choisi de travailler sur un système modèle en l’occurrence le système binaire silice –
zircone.
1
La description des différents équipements utilisés pour la caractérisation de nos produits
sous forme de poudres, xérogels massifs ou couches minces sera faite au chapitre 2.
Enfin nous présentons dans le chapitre 5 différentes applications des résultats obtenus
au chapitre 4. Nous élargissons en effet cette étude au cas des couches minces et nous
détaillons les premiers essais de fonctionnalisation des nanocomposites précédemment
synthétisés.
2
Chapitre 1 : Contexte général de l’étude - Bibliographie
Nous allons tout d’abord présenter rapidement les enjeux des matériaux composites
nanostructurés et des technologies associées, nous verrons ensuite en détail les principes de
l’élaboration de matériaux par voie sol gel et enfin nous présenterons les matériaux mis en jeu
lors de cette étude.
1.1. Introduction
Depuis quelques années[1] un fort engouement s'est manifesté pour tout ce qui touche
aux « nanotechnologies ». Historiquement on peut dater précisément le début de ce
phénomène : le 29 décembre 1959, le physicien Richard Feynmann lors d'un discours[2]
devant l'American Physical Society a posé les jalons de ce qui était selon lui la prochaine
révolution en physique à savoir la possibilité de construire des objets atome par atome. Le
propos est étonnamment en avance sur son temps puisqu'il décrit presque toutes les avancées
technologiques qui sont en train de se faire actuellement.
Toutefois il n'y voyait qu'un intérêt technologique et non pas fondamental or les
résultats de ces dernières années ont montré que le fait d'aller vers de très petites dimensions
pouvait amener une nouvelle physique.
Les nanotechnologies font référence au monde tel qu'il existe à l'échelle du nanomètre
voire quelques dizaines ou centaines de nanomètres. Un nano-matériau se définit de la façon
suivante : il est constitué de nanoparticules dont la taille est comprise entre 1 et 100 nm et
présente des propriétés spécifiques de la taille nanométrique.
La physique du solide décrit habituellement des matériaux qui ont, dans les trois
dimensions de l'espace, un très grand nombre d'atomes, par exemple sur 1 mm on a en
moyenne plusieurs millions d'atomes selon chaque direction. Pour la description du matériau
on peut alors considérer qu'il y a une infinité d'atomes dans toutes les directions, ce qui
simplifie grandement les modèles théoriques. Ainsi on arrive assez bien à comprendre les
matériaux, en particulier ceux cristallisés, puis à prédire leurs propriétés optiques,
mécaniques, thermiques, électriques ou magnétiques. Dans le cas des nanomatériaux, les
3
surfaces contiennent souvent plus d'atomes que l'intérieur des nanoparticules et deviennent
prépondérantes sur le volume. Les propriétés de ces matériaux sont alors fondamentalement
changées. Ces effets sont très étudiés dans le cas des métaux et des semi-conducteurs. C’est
beaucoup moins le cas en ce qui concerne les oxydes. Ainsi les articles de revue consacrés
aux matériaux nanostructurés n’abordent-ils que de façon très timide le cas des oxydes[3, 4].
1.2.1. Généralités
Dans le cas des matériaux oxydes massifs, c’est avant tout la diminution des
températures de densification liées aux tailles nanométriques qui a été la première source
d’intérêt[5]. L’utilisation de poudres nanométriques qui présentent une énergie de surface
élevée permet en effet d’obtenir des matériaux denses à beaucoup plus basse température[6-8]
(entre 200 et 500°C de moins) que par des techniques classiques.
Les nanomatériaux ont également des applications liées directement à leur taille. Ce
sont par exemple des matériaux de choix pour des applications en catalyse du fait de la très
grande surface spécifique qui leur est associée. De même, leurs dimensions réduites permet la
miniaturisation des systèmes dans lesquels ils sont intégrés.
C’est cependant les applications dans le domaine de l’optique qui suscitent depuis
quelques années un intérêt de plus en plus important. En effet, dans le cadre du
développement de nouveaux composés pour l'optique, l'étude de phases nanoparticulaires
présente un double intérêt, lié soit à l'effet de taille et de confinement électronique, soit à la
4
dispersion. Ce qui permet d’envisager la mise au point de matériaux ayant de meilleures
performances ou de nouvelles propriétés. Dans cette étude c’est donc tout naturellement que
nous nous sommes plus particulièrement intéressés à des matériaux ayant des applications
dans le domaine de l’optique.
• Le confinement quantique
Après absorption, la paire de porteurs créés « électron-trou » peut être assimilée à une
particule unique appelée un exciton. Cette particule est caractérisée par son rayon de Bohr qui
est la moitié de la distance moyenne entre l'électron et le trou.
Lorsque la taille du matériau atteint des tailles de l'ordre du rayon de Bohr de l'exciton,
celui-ci doit fatalement diminuer. Or les niveaux d'énergie de l'exciton sont inversement
proportionnels au rayon de Bohr. Ceci se traduit en pratique par un décalage aussi bien de
l'absorption que de l'émission vers les hautes énergies et donc les petites longueurs d’ondes
lorsque la taille des particules diminue. C’est ce que l’on appelle le décalage vers le bleu ou
« blue shift » en anglais.
• Le confinement spatial
Le confinement spatial est un simple effet statistique. Il traduit le fait que la probabilité
d'avoir un défaut à l'intérieur d'une particule diminue fortement lorsque la taille devient
inférieure à la distance moyenne entre deux défauts dans le matériau massif. De ce fait
5
lorsque dans un matériau il y a une compétition entre un processus faisant intervenir les
défauts en volume et un processus intrinsèque au matériau, c'est ce deuxième qui devient
prépondérant aux très petites tailles.
Un très bon exemple de cet effet est certainement la très forte luminescence du silicium
nanocristallin. Dans le silicium une paire « électron-trou » peut se désexciter de deux façons,
soit radiativement en émettant un photon d'énergie correspondant au gap du matériau, soit non
radiativement sur un défaut du cristal. Même pour du silicium extrêmement pur c'est ce
deuxième processus qui domine très largement car le rayon de capture des défauts est énorme
(~µm). Dans des nanostructures dont la taille devient inférieure à la distance moyenne entre
deux défauts, la probabilité d'avoir une particule sans défaut augmente et ce d'autant plus que
la taille est petite. Le processus radiatif n'a alors plus de concurrence et devient prépondérant.
Là aussi c’est un effet purement statistique. Lorsque la taille des particules diminue
fortement le rapport surface sur volume augmente. Ce qui implique, pour une taille très petite,
que tous les porteurs « voient » la surface.
Dans le cas des matériaux dopés, l’augmentation du rapport surface sur volume entraîne
une forte élévation de la probabilité de trouver le dopant en surface. Ce qui augmente de façon
notable l’efficacité du dopage.
Un autre avantage non négligeable des nanomatériaux optiquement actifs est lié à la
possibilité de les disperser au sein d’un autre matériau, ce qui entraîne à la fois de nouvelles
propriétés et de nouvelles applications.
Il est ainsi possible d’inclure des nanoparticules au sein d’une matrice vitreuse. Il en
résulte des nanocomposites transparents et optiquement actif, pouvant prétendre, pour certains
d’entre eux, à des applications dans le domaine de l’optoélectronique et des
télécommunications.
6
matériaux luminescents. Ces derniers sont en effet utilisés aujourd’hui dans un grand nombre
d’applications comme par exemple : la télévision, les télécommunications, les lasers ou
encore la radiographie. La caractéristique commune de ces matériaux est de convertir un
rayonnement de moyenne ou haute énergie (photons visible à gamma, électrons…) en une
émission visible ou infrarouge.
Les matériaux mis en jeu dans de telles applications le sont généralement sous forme de
cristaux massifs ou de poudres micrométriques. La mise en œuvre de ces matériaux sous
forme de nanocomposites ou de nanocristaux laisse espérer d’importants gains de
performances ainsi que de nouvelles applications car des effets de taille modifient fortement
les propriétés de luminescence.
Quel que soit le type de nanoparticules actives mises en jeu, elles sont très souvent
dispersées au sein d’une matrice de verre[20-29], le plus souvent il s’agit d’un verre de silice
pure.
7
10 10000
1 1000
µm nm
0.1 100
0.01 10
1970 1980 1990 2000 2010 2020
Fig. 1 : évolution des technologies de gravure en microélectronique, source www.intel.com.
La seconde méthode consiste à bâtir des structures atome par atome ou molécule par
molécule. Le diagramme suivant (figure 2) illustre les techniques associées à ces deux
approches.
Bottom-up Top-down
Cette classification des techniques constituant les deux approches n’est bien sûr
absolument pas exhaustive et ne tient pas compte du fait que ces méthodes peuvent être
combinées entre elles.
8
d'oxydes métalliques à microstructure nanométrique, élaborés par voie sol-gel. Un nombre
important de thèses consacrées à ce sujet y ont d’ailleurs déjà été soutenues[31-37]. Notre
démarche pour la réalisation de nanostructures repose sur deux fondements :
• Les caractéristiques intrinsèques des voies sol-gel : les matériaux ainsi synthétisés
présentent une grande pureté chimique, une très bonne homogénéité et des
températures d’élaboration faibles.
Dans la suite de ce chapitre nous allons tout d’abord présenter la technique de synthèse
utilisée lors de cette étude puis nous détaillerons les matériaux sur lesquels nous avons
travaillé.
2. La voie sol-gel
2.1. Généralités
Depuis la fin des années 1970, de nombreux groupes de recherche dans le monde
utilisent les procédés sol-gel pour produire des matériaux présentant des propriétés
particulières dans le domaine optique, électronique, chimique ou mécanique. L’idée de base
de ces méthodes[38] consiste à partir d’un mélange de précurseurs liquides, et donc homogène
à l’échelle moléculaire, puis de transformer ce liquide en solide par des réactions chimiques
ayant lieu à température ambiante ou au voisinage de cette température.
Les précurseurs constituants le sol peuvent être de deux natures. Ce sont soit des
particules colloïdales dispersées dans un liquide soit des précurseurs organométalliques en
solution dans un solvant. C’est l’agrégation ou la polymérisation de ces précurseurs qui
conduisent à un réseau solide tridimensionnel interconnecté et stable. Le système est alors
dans l’état gel. En fonction du type de précurseur on distingue deux familles de gels : les gels
colloïdaux et les gels polymériques. Dans la suite nous nous intéresserons exclusivement à
cette dernière famille.
9
2.2. Les gels polymériques
La synthèse de ces gels s’effectue généralement en utilisant des alcoxydes[39] de formule
M ( OR )m où M est un atome métallique et R un groupement organique alkyl Cn H 2 n +1 . En
solution alcoolique et en présence d’eau, ces précurseurs subissent des réactions d’hydrolyse
et de condensation qui conduisent à la gélification. Nous allons présenter les mécanismes
réactionnels mis en jeu avec des précurseurs alcoxydes. Pour illustrer ces réactions nous
prendrons le cas du tetraethyl-orthosilicate, Si ( OC2 H 5 )4 ou Si (OEt )4 , qui constitue un
L’hydrolyse est une réaction de substitution nucléophile. Cette réaction se répète sur
chaque groupement OR de la molécule et conduit à la formation de groupes silanols
( Si − OH ) ainsi qu’au relâchement d’alcool.
RO HO
OR OH
Si + 4 H2 O Si + 4 ROH
OR OH
RO HO
La condensation est également une substitution nucléophile qui a pour conséquence soit
une expulsion d’eau par réaction de deux groupes silanols, soit par le départ d’alcool par
réaction entre un groupe silanol et un groupe alcoxy. Cette réaction de condensation permet la
formation de ponts siloxanes qui constituent l’unité élémentaire de base du polymère
inorganique.
HO O OH
HO HO
OH OH HO
Si + Si Si Si + H2O
OH OH
HO HO HO
HO HO
HO O OR
HO RO
OH OR HO
Si + Si Si Si + ROH
OH OR
HO RO OR
HO RO
10
réactions d’hydrolyse et de condensation sont initiées en de très nombreux sites différents
dans la solution. Lorsque un nombre suffisant de liaisons Si − O − Si est formé sur un site, la
molécule se comporte alors comme une particule colloïdale. La taille des particules du sol et
le réseau qu’elles forment dépendent du pH et du rapport d’hydrolyse
W = [ H 2O ] / [ Si (OR )4 ] [41].
Les alcoxydes de silicium (tel le tetraethyl-orthosilicate) ne sont pas très réactifs vis-à-
vis des réactions d’hydrolyse et condensation[42]. La gélification est lente mais les réactions
peuvent être catalysées soit en modifiant le pH[43-45]soit en ajoutant un catalyseur[46, 47], ces
deux techniques peuvent d’ailleurs être utilisées conjointement. En fonction du pH, la
microstructure des gels est très fortement modifiée. En milieu basique on observe des espèces
oligomères très interconnectées qui conduisent à des colloïdes. En milieu acide, de longues
chaînes se forment qui donnent lieu à un gel polymérique.
Il existe de nombreux alcoxydes métalliques dans le commerce (M= Al, Si, Ti, Zr…). A
cause de l’augmentation du nombre de coordination de l’ion métallique la plupart des
alcoxydes de métaux autres que le silicium sont très fortement réactifs vis-à-vis des réactions
d’hydrolyse et doivent impérativement être manipulés en atmosphère sèche. Pour ces
alcoxydes, la gélification nécessite la modification préalable des précurseurs par des espèces
chimiques complexantes dont le rôle est d’empoisonner des groupes hydrolysables et donc de
ralentir les cinétiques d’hydrolyse-condensation. Par exemple pour les alcoxydes de titane ou
de zirconium, l’acide acétique[48] ou l’acétylacétone[49, 50]
sont souvent employés comme
agents complexants.
11
quantitativement. Une description opérationnelle en terme de géométrie euclidienne n’est de
plus pas possible. C’est pourquoi le concept de fractalité[51] est utilisé dans ce cas. Nous allons
donc faire quelques rappels sur les fractales avant de présenter brièvement les notions
élémentaires concernant les mécanismes d’agrégation qui peuvent se produire dans un gel
polymérique.
Les structures décrites par les fractales sont avant tout caractérisées par leur
autosimilarité : chacune de leurs parties, quelles que soient leurs dimensions, est semblable au
tout. Les objets fractals se ressemblent à toutes les échelles. On parle alors d’invariance par
changement d’échelle ou de similitude interne. Une autre propriété est la suivante : si l’on
évalue la masse contenue dans une sphère de rayon R centrée sur un point de l’objet, alors
cette masse varie comme RD : M ( R) ∝ R D , où D est la dimension fractale en volume qui dans
le cas général est comprise entre 1 et 3.
12
réparties aléatoirement, on choisit une particule que l’on nomme germe. Les autres particules
sont animées d’un mouvement aléatoire et se collent de manière irréversible au germe
lorsqu’elles le rencontrent. Sous ces hypothèses et dans le cas d’un système tridimensionnel,
on assiste à la formation d’un agrégat fractal dont la dimension fractale est de 2.5.
De même que pour le modèle DLA, une variante du modèle DLCA limite la probabilité
de collage des particules et des amas. On obtient alors le régime d’agrégation limité par la
réaction, RLCA (Reaction Limited Clusters Aggregation). Ce modèle conduit également à la
formation d’agrégats fractals dont la dimension fractale est de 2.05 en trois dimensions.
La structure fractale des agrégats produits par ces mécanismes d’agrégation permet de
comprendre comment le gel final, dont le squelette solide n’occupe qu’une fraction assez
modeste du volume total, est rigide et peut emprisonner le solvant. La gélification intervient
13
au moment où les amas qui occupent un volume de plus en plus grand, mais aussi de plus en
plus lacunaire, viennent s’interpénétrer et se lier ensemble par un mécanisme de type
percolation. On observe alors une modification spectaculaire des propriétés rhéologiques : le
système, qui se présentait alors comme un liquide, cesse de couler quand on le renverse. C’est
la transition sol-gel.
2.4.1. Généralités
Les procédés sol-gel permettent l’obtention de matériaux sous de très diverses formes :
films, fibres, monolithes ou poudres submicroniques (cf. fig. 3).
Enfin une des plus grandes originalités de la méthode sol-gel est certainement son
aptitude à permettre la fabrication de films minces par des techniques simples et peu
coûteuses. En pratique cela peut se faire soit par trempé (dip coating) soit par centrifugation
14
(spin coating). Nous ne détaillerons pas ici cette deuxième méthode. Dans le cas du trempé, le
substrat se recouvre d’un film mince lors de son retrait du sol. Les espèces polymériques
contenues dans le bain de dépôt sont concentrées à la surface du substrat simultanément à
l’évaporation du solvant et à la poursuite des réactions d’hydrolyse et de condensation. La
gélification est déterminée comme étant l’instant pour lequel le réseau solide constitué est
suffisamment rigide pour résister à la gravitation alors que le film contient encore une fraction
importante de solvants[40]. Une présentation plus détaillée de la réalisation pratique de
couches minces par cette technique aura lieu au chapitre 4 de ce manuscrit.
Les applications industrielles des couches minces sol-gel sont à la fois très nombreuses
et d’une très grande variété[53]. On peut par exemple citer : des couches protectrices, des films
ferroélectriques ou électrochromes ou encore des dépôts à propriétés optiques.
Pour conserver le gel sous forme monolithique la technique la plus employée est celle
du séchage supercritique[54, 55]. Cette technique permet d’éliminer complètement les tensions
superficielles en plaçant le système dans des conditions thermodynamiques telles que les trois
phases (liquide, solide et vapeur) soient à l’équilibre. On se trouve alors au point critique du
diagramme de phases, il n’y a plus d’interface entre les phases liquide et vapeur, on parle
alors de conditions supercritiques.
Cependant il est possible de s’affranchir de cette technique pour obtenir des xérogels
monolithiques. Cela nécessite d’une part un très bon contrôle du séchage du gel[14] avec en
particulier un séchage très lent ce qui permet de limiter les contraintes que subit l’échantillon.
15
D’autre part le traitement thermique doit être adapté[56] afin de permettre l’élimination douce
des radicaux organiques.
Le dopage d’un élément de base dans un système sol-gel est une situation extrêmement
classique et c’est en pratique très facile à réaliser. Le dopant pouvant être apporté soit via un
précurseur alcoxyde soit par un sel métallique (par exemple un chlorure ou un nitrate).
C’est pourquoi il est préférable d’utiliser des précurseurs alcoxydes. Cependant, les
comportements en solution des différents précurseurs que l’on doit associer sont souvent peu
compatibles. Avec en particulier des cinétiques d’hydrolyse-condensation différents. Pour
compenser cette différence de réactivité et ainsi pouvoir obtenir des gels homogènes plusieurs
stratégies existent.
16
alkyl : elle décroît en fonction de la taille de ce groupement (donc par réactivité
décroissante OEt > OPr > OBu ).
Il est ensuite possible d’agir sur l’hydrolyse soit en réalisant une pré-hydrolyse
du précurseur le moins réactif soit en contrôlant la vitesse de l’hydrolyse en
réalisant de faibles ajouts successifs d’eau.
Le point essentiel est la présence bien établie d’une lacune de miscibilité au sein du
diagramme binaire silice – zircone. Ce qui permet d’espérer des phénomènes de séparation de
phases dans ce matériau. De surcroît ces deux oxydes sont facilement obtenus par des
méthodes sol-gel et les précurseurs associés, respectivement le tetraethyl-orthosilicate
( Si (OEt )4 , pour la silice) et le n-propoxyde de zirconium ( Zr (OPr )4 , pour la zircone), sont à
la fois largement disponibles et bon marché. Enfin ces deux matériaux, en particulier la
zircone, sont étudiés au laboratoire depuis de nombreuses années et la chimie associée est
connue, ce qui constitue un point de départ appréciable.
Silice et zircone sont certainement deux des oxydes les plus courants avec des champs
d’utilisation respectifs très vastes. Mais ces deux oxydes sont aussi très dissemblables, c’est
pourquoi avant de présenter le système binaire nous allons revenir rapidement sur les
propriétés et les applications respectives de ces deux matériaux.
Les matériaux mixtes silice-zircone peuvent prétendre comme nous le verrons plus bas
à de nombreuses applications de nature potentiellement très différente. Cependant en ce qui
concerne la perspective « matériaux nanostructurés pour l’optique » et plus particulièrement
la photoluminescence, ce système nous permet avant tout de mettre en évidence la possibilité
17
de contrôler la microstructure de matériaux composites à une échelle nanométrique en
utilisant des phénomènes de séparation de phases dans des matériaux élaborés par voie sol-
gel. Ces résultats devront ensuite être transposés à des matériaux plus fonctionnels. Nous
présenterons donc dans une dernière partie les matériaux sur lesquels nous avons travaillé à la
fin de cette étude à savoir les systèmes : ZrO2 – Eu2O3 – SiO2 et ZnO – SiO2.
La silice est obtenue facilement par voie sol-gel et c’est historiquement le premier
matériau qui a été synthétisé par cette méthode. La première synthèse sol-gel d’un verre de
silice a été décrite par un chimiste français, J.J. Ebelmen, lors de la séance de l’académie des
Sciences du 25 août 1845. Selon ses observations, « sous l’action d’une atmosphère humide,
un éther silicique se transforme en une masse solide transparente qui n’est autre que de la
silice comparable au cristal de roche le plus limpide ». Il a cependant fallu attendre près de
cent ans pour que cette idée soit reprise industriellement, le premier brevet « sol-gel » ayant
été déposé seulement en en 1939 en Allemagne par Schott Glaswerke pour la réalisation de
rétroviseurs dont la commercialisation est intervenue en 1959 seulement. Les procédés sol-gel
sont de nos jours très largement utilisés industriellement, en particulier pour réaliser des films
minces de silice sur de très nombreux supports.
18
3.2. La zircone ou oxyde de zirconium (ZrO2)
La zircone est également l’un des matériaux céramiques de type oxyde les plus étudiés
et est utilisé dans de nombreux domaines. Ces principales propriétés sont un fort indice de
réfraction, une bonne conductivité ionique, un polymorphisme à température ambiante, une
très bonne résistance mécanique et une très importante réfractarité. Il est également important
de noter que contrairement à la silice, la zircone n’existe pas sous forme amorphe et cristallise
spontanément.
3.2.1. Généralités
La zircone existe à pression atmosphérique sous trois variétés polymorphiques, les
phases monoclinique, tétragonale et cubique. La forme naturelle de la zircone (baddeleyte),
stable à faible température est cristallisée dans le système monoclinique. A 1170°C est se
transforme en phase tétragonale et devient cubique à partir de 2370°C. Cette dernière forme
est stable jusqu'à sa température de fusion qui est de 2680°C.
La phase cubique est de type fluorine (groupe d'espace Fm3m) et présente un ion Zr4+
au centre d'un cube parfait de huit anions oxyde, que l'on peut considérer comme la somme de
deux tétraèdres réguliers identiques. La structure de la variété quadratique (groupe d'espace
P42/nmc) dérive de celle de la phase cubique et est obtenue par une distorsion du réseau de la
fluorine, l'atome de zirconium est toujours en coordinence 8 mais le cube anionique est cette
fois déformé. Enfin, la structure de la variété monoclinique correspond également à une
déformation de la structure fluorine et admet le groupe d'espace P21/c. Cette fois, l'atome de
zirconium prend une coordinence de 7. Une représentation schématique de ces différentes
structures est donnée en figure 4.
La transition de phase cubique vers quadratique est displacive avec un déplacement des
atomes d'oxygène le long de l'axe c, ce qui n’induit que peu de contraintes au sein du
19
matériau. Par contre la transition quadratique vers monoclinique est de type martensitique et
s'accompagne d'une augmentation importante du volume spécifique de la maille (de 3 à 5%).
Cette importante différence de volume de la maille a des conséquences catastrophiques pour
un matériau massif. Cela induit en effet lors du passage de la température de transition une
très importante fissuration du matériau ce qui peut conduire à sa ruine complète. C’est
pourquoi la zircone pure n'est jamais utilisée pour des applications thermomécaniques. Pour
pallier cet inconvénient, la zircone peut être stabilisée à basse température dans sa phase
quadratique ou cubique par l'ajout d'un dopant, généralement des oxydes de calcium, de
magnésium ou d’yttrium.
20
3.3. Le système silice-zircone
3.3.1. Généralités
Le système binaire silice-zircone a fait l’objet de nombreuses études. La présence d’une
lacune de miscibilité dans l’état liquide au sein du diagramme de phase[63] est en particulier
largement admise. Des calculs thermodynamiques ont récemment montré[64] que cette lacune
de miscibilité pouvait être étendue au domaine solide.
Fig. 5 : (a) diagramme de phase SiO2 – ZrO2[63] (b) diagramme de phase SiO2 – ZrO2 calculé[64] avec
une extension de la lacune de miscibilité au domaine solide.
Le champ d’application de ces matériaux est très vaste et peut être divisé en deux
parties :
• les applications que l’on peut qualifier de nouvelles telles que des films minces à
haute constante diélectrique pour l’industrie microélectronique[69-72] ou encore
des matériaux optiquement actifs[73-75], qui depuis quelques années ont entraîné
un regain d’intérêt pour ces matériaux
Dans tous les cas et plus particulièrement encore dans le cas des applications dans le
domaine de l’optique (pour les raisons que nous avons énoncées au paragraphe 1.2.2.1) les
propriétés finales de ces matériaux dépendent fortement de leur microstructure. La maîtrise de
21
celle-ci à une échelle nanométrique pourrait donc étendre de façon notable l’intérêt de ces
matériaux.
Tous ces travaux tendent à montrer que ce sont des nanocristaux de zircone tétragonale
qui apparaissent en premier dans le matériau, cette cristallisation ayant lieu à des températures
qui dépendent du ratio silice/zircone et qui sont dans tous les cas très supérieures à celles que
l’on trouve dans le cas zircone pure. Il est également important de noter que à part pour des
traitements thermiques à très haute température (typiquement > 1400°C) la formation de
zircon n’a pas lieu et la silice reste sous forme amorphe.
22
L’oxyde de zinc a de surcroît également la caractéristique de présenter tout comme
ZrO2 une lacune de miscibilité avec la silice (cf fig. 6). Tout cela fait que nous avons voulu
essayer de transposer les résultats du système silice-zircone au système silice – oxyde de zinc.
4. Conclusion
Nous avons vu au début de ce chapitre tout l’intérêt que présentent les nanomatériaux et
les nanocomposites, en particulier pour une utilisation dans le domaine de l’optique ou de
l’optoélectronique. Cependant la synthèse de tels matériaux n’est jamais un problème simple
et il existe une importante demande pour des moyens à la fois simples et peu onéreux de
contrôler la microstructure des matériaux à l’échelle nanométrique.
Dans ce contexte notre approche est originale car elle consiste à coupler les avantages
intrinsèques aux méthodes de synthèse par voie chimique, plus particulièrement sol-gel, à des
phénomènes de séparation de phases. L’ensemble devant conduire à la génération de
23
nanostructures par auto assemblage. L’objectif final étant de contrôler précisément, à l’échelle
nanométrique, la microstructure de matériaux successibles de présenter des propriétés de
photoluminescence.
Nous avons plus particulièrement choisi de travailler sur le système binaire silice-
zircone et cela pour plusieurs raisons distinctes.
• Ensuite ses deux oxydes sont à la fois des oxydes de « base » et également très
facilement obtenus par voie sol-gel.
• Enfin il s’agit d’un système simple destiné à nous servir de base pour l’étude de
matériaux optiquement actif.
L’étude de ce système représente le cœur de ce travail, à la fin de cette étude nous nous
sommes cependant consacrés à des matériaux plus appliqués dans les systèmes ZrO2 – Eu2O3
– SiO2 et ZnO – SiO2.
24
Chapitre 2 : Techniques expérimentales de caractérisation
Nous allons dans ce chapitre détailler les principes de base de ces différentes
techniques, les différents montages expérimentaux utilisés et le traitement des différentes
données expérimentales. Les informations obtenues à l’aide de ces trois techniques ont été
complétées par analyse thermique dans le cas des xérogels et par réflectométrie des rayons X
dans le cas des couches minces. Nous détaillerons brièvement ces techniques à la fin de ce
chapitre.
Cette technique est de surcroît couramment employée lors de l’étude de systèmes sol-
gel, car c’est la seule qui permette de caractériser, à une échelle nanométrique, leur évolution
à toutes les étapes, c’est à dire depuis les premiers instants du sol précurseur jusqu’au
matériau final.
25
La combinaison de ces deux arguments permet de justifier la place majeure que tient la
DCRX au sein de notre étude concernant la réalisation de matériaux nanostructurés en
utilisant des méthodes sol-gel. Nous allons détailler dans la suite les principes de base de cette
technique puis nous verrons le montage expérimental utilisé, nous préciserons ensuite les
procédures de normalisation des données expérimentales et enfin nous nous intéresserons à la
simulation de ces données en particulier dans le but d’en extraire des tailles et des distribution
en taille de nanoparticules.
1.1. Théorie
r
On considère un objet solide de densité électronique uniforme ρ (r ) , de forme
quelconque, de volume V et surface extérieure S. Cet objet (cf. figure 1), irradié par un
faisceau de rayons X monochromatique de longueur d’onde λ , provoque une diffusion de ce
rayonnement qui, dans cette gamme d’énergie, se fait par l’intermédiaire des électrons.
Faisceau
diffusé
dV
Faisceau kd
r q
incident
2θ
O ki
Toutes les ondes diffusées sont cohérentes et ont la même intensité donnée par la
formule de Thomson. Dans le domaine angulaire considéré (< 3°), le terme de polarisation
(1 + cos 2 2θ ) / 2 est pratiquement égal à 1 et la diffusion incohérente (Compton) est
négligeable. Pour des raisons de clarté, le facteur de Thomson sera donc omis dans les
relations suivantes.
26
L’amplitude diffusée s’obtient donc en additionnant toutes les amplitudes des ondes
diffusées en tenant compte du déphasage ϕ entre elles. Son calcul est illustré par le schéma
présenté en figure 1. Ce déphasage peut s’exprimer de la façon suivante :
2π r r r
ϕ =− × r .(kd − ki ) (1)
λ
r r
où ki et kd sont les vecteurs d’ondes (de module 2π / λ ) décrivant respectivement l’onde
r
incidente et diffusée, r est le vecteur positionnant l’élément de volume considéré par rapport
à une origine arbitraire O et λ est la longueur d’onde du faisceau incident. Il est usuel
rr r
d’exprimer ϕ sous la forme ϕ = − r .q ce qui permet la définition du vecteur q dont le
module vaut :
r 4π
q =q= sin θ (2)
λ
r r
L’amplitude totale A(q ) diffusée dans la direction définie par q , est la somme de
toutes les amplitudes diffusées par tous les électrons contenus dans le volume élémentaire dV
r
considéré. Si l’on utilise la notion de densité électronique ρ (r ) , l’amplitude totale diffusée
peut alors s’écrire sous la forme d’une intégrale sur le volume total de l’objet diffusant V :
r r rr
A(q ) = ∫∫∫ ρ (r )e − iq .r dV (3)
V
r r r r r r r r
I (q ) = A(q ) × A* (q ) = ∫∫∫ ∫∫∫ ρ (r1 ) ρ (r2 )e − iq .( r − r ) dV1dV2
1 2
(4)
V1 V2
r
Pour simplifier cette expression, on introduit alors la fonction de corrélation G (r ) [87]
r r r r
avec r = r1 − r2 = constante. Cette fonction G (r ) est liée à la structure des objets diffusants et
rend compte des fluctuations de densité électronique. L’approximation des « petits angles »
permet d’introduire l’hypothèse selon laquelle qu’il n’y a pas d’ordre à longue distance, c'est-
à-dire qu’il n’existe pas de corrélation entre deux points suffisamment éloignés. Ce qui induit
27
r
que lorsque r tend vers +∞ , G (r ) tend vers une valeur moyenne V .ρ 2 et inversement
r
lorsque r tend vers 0, G (r ) tend vers un maximum V .ρ 2 . On a alors :
r r rr
I (q ) = V ∫∫∫ G (r )e− iq .r dV (5)
V
∞
sin(qr )
I (q ) = 4π V ∫ r 2G (r ) (6)
0
qr
∞
1 sin(qr )
2π V ∫
2
G (r ) = 2
q I (q) dq (7)
0
qr
Il y a réciprocité entre les deux espaces. Ainsi toute dimension dans l’espace direct, est
associée à un vecteur q dans l’espace réciproque par la relation q = 2π / r .
En q = 0 et r = 0 , le facteur de Debye est égal à 1 et les relations (6) et (7) prennent des
expression simples et deviennent respectivement :
∞
I (0) = 4π V ∫ r 2G (r )dr (8)
0
∞
1
∫ q I (q)dq = V .ρ
2 2
V .G (0) = 2
(9)
2π 0
28
Théoriquement la connaissance de G (r ) permet le calcul de I (q ) et, inversement la
mesure de I (q ) permet par transformée de Fourier inverse de remonter à G (r ) . Cependant
dans la pratique, la forme de la courbe de diffusion est très variable et son exploitation
complète nécessite l’emploi de nombreux modèles suivant la taille, le nombre, et la structure
interne des particules diffusantes.
Le cas le plus simple est celui d’une sphère. L’intensité diffusée par une sphère de
rayon R , de volume V , de densité électronique uniforme ρ et plongée dans un solvant de
densité ρ0 peut être calculée analytiquement[88] :
2
sin(qR) − qR cos(qR)
2 2
I (q) = (∆ρ ) V 3 (10)
(qR)3
0 2 4 6 8
qR
Fig. 2 : intensité diffusée par une particule sphérique de densité homogène.
29
1.1.2.1 Approximation de Guinier – Rayon de giration
Pour des particules non sphériques, la présence d’un centre de symétrie permet
d’exprimer l’amplitude diffusée A(q ) sous une forme simplifiée en utilisant un
développement limité de cos(qR) . De très nombreuses fonctions d’intensité on été calculées
pour des symétries particulières. Les résultats sont très comparables à celui de la sphère, en
particulier pour la partie centrale de la courbe. On observe des différences importantes
seulement dans la pente des courbes aux grands angles. Une approximation universelle a été
donnée par Guinier[86] avec pour seul paramètre le rayon de giration Rg :
q 2 Rg2
−
I (q ) ∝ e 3
(11)
distances au centre de gravité, le rôle que tient la masse en mécanique est cette fois-ci joué par
la densité électronique.
L’universalité de cette approximation tient au fait qu’elle a été établie sans émettre la
moindre hypothèse sur la forme des particules qui diffusent. Tant que l’anisotropie de forme
de ces entités n’est pas trop élevée, elle reste valide[86, 89].
30
1.1.2.2 Domaine de Porod – Comportement asymptotique
Le comportement asymptotique de l’intensité diffusée aux grandes valeurs de q
concerne les caractéristiques structurales à courte distance des entités diffusantes. Pour des
particules homogènes, comme d’ailleurs pour un système polyphasé à densités uniformes,
présentant une interface lisse et bien définie, Porod a montré[90, 91] que l’intensité diffusée suit
un comportement asymptotique en q-4.
2π
I (q) → (∆ρ ) 2 S (12)
q4
Cette loi, dite de « Porod », est valable pour des entités diffusantes qui ont une surface
lisse et qui ne sont pas de dimension « nulle » dans une direction. Pour des particules
fortement anisotropes (aiguilles ou plaquettes par exemple) des lois de puissance en q-1 ou q-2
sont attendues sur certains domaines du vecteur de diffusion[89].
Le traitement de ces courbes est rigoureux dans le cas des premiers instants d’une
décomposition spinodale mais n’est qu’approché pour les autres cas.
31
particule multipliée par un facteur de structure inter particulaire S (q ) . Pour N particules
identiques on a donc :
I (q ) = N .P (q ).S (q ) (13)
où P(q) est le facteur de forme et S(q) le facteur de structure qui est caractéristique de la façon
dont sont agencées les particules. Ce dernier peut aussi s'exprimer comme la transformée de
Fourier de la fonction de corrélation g(r), ou fonction de distribution radiale :
N
∞
sin ( qr )
S (q) = 1+ ∫
V 0
4π r 2 ( g ( r ) − 1)
qr
dr (14)
• Le modèle le plus simple est de type "sphères dures" où l'on définit simplement
des conditions d'exclusion entre particules. Cela se fait pour le cas le plus
simple, au sein d’une population idéale monodisperse[86] et, de façon plus
complexe, en introduisant une certaine polydispersité en taille.
• Le modèle "des liquides" où l'interaction entre les particules est décrit par un
potentiel répulsif de type coulombien. Il est basé sur la résolution de l'équation
d'Ornstein-Zenike dans l'approximation MSA et RMSA[95, 96]
(respectivement
Mean Spherical Approximation et Rescaled Mean Spherical Approximation).
Ces trois modèles sont les plus courants mais ne constituent en aucun cas une liste
exhaustive. Dans ces systèmes concentrés, la courbe de diffusion présente un maximum, pour
un vecteur de diffusion q non nul, relatif à la présence de corrélations entre les positions des
particules diffusantes. La position q m de ce maximum est associée à la distance moyenne ξ
32
1.2. Montage expérimental de diffusion centrale des rayons X
Le montage de diffusion centrale des rayons X que nous avons utilisé lors de cette étude
été conçu et construit au sein du laboratoire, il est schématisé en figure 4.
Anode tournante
45 kV 270 mA
Monochromateur
4 réflexions
Ge(220)
Fentes
Échantillon
Détécteur linéaire
à localisation
Fig. 4 : schéma de principe du montage de diffusion centrale des rayons X construit au laboratoire.
33
du support sont ainsi notablement réduits. Dans un premier temps, nous allons présenter le
montage de diffusion centrale des rayons X en transmission puis nous verrons le cas
particulier de l'incidence rasante.
La qualité des courbes de diffusion dépend du choix de chacun de ces éléments, de leurs
propriétés intrinsèques et de leurs possibilités de réglage afin de trouver le meilleur
compromis entre intensité diffusée collectée, résolution et temps de pose. Elle est
conditionnée en grande partie par le parallélisme et la monochromaticité du faisceau incident
et par le détecteur collectant les faisceaux diffusés.
Fentes Puits
Détecteur Rotation
Enceinte à vide
linéaire
Anode
Monochromateur
tournante
4 réflexions
Translations
Marbre
Fig. 5 : montage de diffusion des rayons X.
34
1.2.1.1 Description du montage
Le rayonnement X est émis à partir d’une source à anode tournante de cuivre dont nous
utilisons la source ponctuelle. Il fonctionne pour les expériences de diffusion centrale à 12kW
sous un couple intensité – tension de 270 mA – 45 kW. Ce générateur possède trois sorties
distinctes, deux de type linéaire et une ponctuelle, leurs foyers thermiques apparents (c’est à
dire compte tenu de l’angle d’inclinaison de 6°) sont respectivement de 0,05x10 mm2 et de
0.5x1 mm2. Le montage de diffusion centrale utilise pour sa part la sortie ponctuelle. Ce type
de générateur permet un flux de photons très supérieur à un tube scellé conventionnel. Ce qui
permet en particulier l’utilisation d’un monochromateur quatre réflexions.
et d'obtenir un faisceau dont les caractéristiques sont : une très faible divergence équatoriale,
6.10-5 radians, et dispersion spectrale, ∆λ λ = 1,4.10-4.
Le faisceau de rayons X ainsi défini par le couple source – monochromateur est donc
ponctuel et quasi parallèle. Du point de vue de la diffusion des rayons X on se situe donc dans
le cas de la collimation ponctuelle. Ce type de géométrie limite fortement l’intensité du
faisceau incident, l’intensité diffusée et le rapport signal sur bruit. Mais elle permet, en contre
partie, de s’affranchir de toute correction majeure sur les données brutes. En particulier, pour
des particules sphériques à interfaces « lisses », un tel montage permet d’observer directement
la loi de Porod en I ∝ q −4 .
Les échantillons susceptibles d’être analysés par diffusion centrale des rayons X sont de
nature très diverses. Cela peut être aussi bien un sol liquide, qu’un gel, qu’une poudre ou
encore une lame mince. Pour cela divers porte – échantillons sont à notre disposition, comme
illustré en figure 6.
35
A B C
Fig. 6 : porte-échantillons pour les liquides (A et B) et pour les solides (C, poudres et lames minces).
Les échantillons solides, poudre et massif, sont placés entre deux plaquettes
d'aluminium percées d'un orifice de 3 mm de diamètre. Les poudres sont, le cas échéant,
maintenues en place par l’utilisation d’une bande adhésive. Deux translations manuelles, au
centième de millimètre, permettent de centrer ce trou sur le faisceau incident, le porte
échantillon étant fixé par un cavalier sur le banc supportant les fentes anti-diffusantes et le
puits (figure 6C).
La distance échantillon-détecteur est fixée à 0,5 mètres. Dans ces conditions, le domaine
de vecteurs de diffusion q analysé est de 0,1 à 4 nm-1.
36
mesure de l’usure de l’anode la puissance du faisceau incident diminue
progressivement.
• Soustraction du bruit du compteur, cela revient dans notre cas à enlever un coup
par heure de pose sur l’intégralité des points du diagramme.
Toutes ces corrections sont mineures car elles ne modifient pas la forme des courbes.
Leur principale fonction est d’assurer la reproductibilité entre deux mesures, ce qui permet
ensuite de les comparer de façon immédiate.
Translation y
2θ z
Faisceaux
diffusés y
Rotation x
Fig. 7 : porte échantillon de diffusion centrale sous incidence rasante.
37
Dans la géométrie retenue un détecteur bidimensionnel constituerait le meilleur
équipement possible. Cependant un tel équipement demeure très onéreux, et nous devons
nous satisfaire du détecteur linéaire à localisation. Une rotation et deux translations manuelles
autorisent le balayage de la figure de diffusion et le placement du détecteur dans la position
souhaitée (figure 6). Pendant la phase de réglage la fente d'entrée du détecteur est positionnée
de façon orthogonale à la surface de l’échantillon, pour l’enregistrement du diagramme de
diffusion nous la plaçons de façon parallèle à la surface de l’échantillon. La distance
échantillon-détecteur est toujours de 0,5 m et le puits est positionné devant la fente d'entrée du
détecteur et masque la trace du faisceau réfléchi.
La question du choix du modèle à utiliser est très certainement l’une des plus difficiles.
Nous avons choisi de travailler dans un cas général en supposant que l’arrangement des
particules diffusantes est non régulier. Dans ce contexte un modèle de type « sphères dures »
est bien adapté car il suppose simplement que les différentes particules ne s’interpénètrent
pas. Leurs interactions sont alors décrites par un « potentiel de sphères dures »[101-104].
Dans le cadre de cette étude, nous supposons que les particules de zircone sont
sphériques et que leur distribution en taille suit une loi p ( D) de type lognormale, qui s’écrit
de la façon suivante :
1 (ln D − γ )
p( D) = exp(− (15)
D.w 2π 2 w2
1 σ2 σ2
avec γ = ln µ − ln(1 + 2 ) et w = ln(1 + 2 ) dans lesquels µ et σ sont respectivement le
2 µ µ
diamètre moyen des particules sphériques et l’écart type sur le diamètre moyen.
38
Pour un système en intégrant à la fois des effets d’interférences interparticulaires et une
certaine dispersité en taille, l’intensité diffusée I (q ) est alors donnée par la formule
suivante[101, 102] :
∞
I (q ) = N∆ρ ∫ p (2 R ) F (q, R )2 S (q, 2 Rhs ,η hs )dR (16)
0
3
R
η = η hs (17)
Rhs
Comme nous l’avons déjà explicité dans l’équation 10, le facteur de forme F (q, r ) ,
calculé pour des particules sphériques, est donné par l’expression[86, 88] :
sin(qR) − qR cos(qR)
F (q, R) = 4π .R3 (18)
(qR)3
−1
G (q.2 RHS )
S (q,2 RHS ,η HS ) = 1 + 24η HS (19)
q.2 RHS
et
avec
39
(1 + 2η HS ) 2
α= (21)
(1 − 4η HS ) 4
η HS
− 6η HS (1 + )2
β= 2 (22)
(1 − η HS ) 4
η HSα
γ= (23)
2
En pratique l’expression analytique de l’intensité diffusée ainsi obtenue est utilisée pour
simuler les courbes expérimentales. Cette simulation se fait au travers du logiciel de calcul
Mathcad. Pour des raisons de temps de calcul rédhibitoires, l’affinement se fait de façon
manuelle. La qualité de ce dernier est jugé à la fois de façon visuelle, simplement en
comparant les deux courbes représentées sur un même graphique, et par minimisation d’un
terme de moindres carrés.
Nous allons tout d’abord présenter les montages utilisés respectivement pour l’étude des
poudres et massifs d’une part et d’autre part la caractérisation des couches minces. Puis nous
présenterons les méthodes de simulation et d’analyse des diagrammes expérimentaux mis en
œuvre lors de cette étude.
40
géométrie. En combinaison avec un montage Debye –Scherrer classique utilisant des
échantillons capillaires, ils permettent la réalisation de diagramme d’excellente qualité[106-108].
41
l’échantillon de manière à ce qu’elle intercepte le faisceau de rayons X comme illustré en
figure 9.
Cercle goniométrique
CPS 120
Monochromateur
Echantillon α
Source RX
Cercle de focalisation de
l'échantillon
Fig. 8 : schéma de principe du diffractomètre utilisé, de type Debye – Scherrer avec échantillon plan.
2θ
CPS 120
∆2θ 2θth
R
2θexp
RX
α
2θ s
Echantillon +
0
Fig. 9 : positionnement de l’échantillon.
Ce montage a été décrit et caractérisé en détail par O. Masson[111, 112]. Les diagrammes
réalisés avec un montage de ce type sont de très bonne qualité et compatibles avec les
42
affinements structuraux par la méthode de Rietveld. Le temps nécessaire à l’acquisition de
diagrammes avec ce diffractomètre est de quelques minutes à quelques dizaines de minutes.
Ces deux problèmes peuvent être résolus par l’utilisation d’un diffractomètre
spécialement conçu pour l’étude des couches minces. Ce dernier est également basé sur une
géométrie Debye – Scherrer mais les deux problèmes cités plus haut ont étés corrigés.
Ce montage[113-115], présenté en figure 10, utilise la même source à anode tournante que
le montage de diffusion centrale. C’est cette fois ci une sortie linéaire et non ponctuelle qui
est utilisée, le foyer X à une taille de 0.05 × 8 mm. L’utilisation de cette source beaucoup plus
intense qu’un tube conventionnel permet l’utilisation d’un monochromateur de type
Bartels[100]. Le parallélisme du faisceau issu de ce monochromateur permet de supprimer les
effets d'élargissement des raies de diffraction liés à la non focalisation intrinsèque au montage
dans lequel l'échantillon est placé au centre du cercle de détection. La résolution angulaire de
l'appareil est tout à fait comparable à celle des meilleurs montages Bragg Brentano de
laboratoire[112, 113].
43
Détecteur courbe à
localisation (CPS 120°)
Anode tournante
Monochromateur 4
réflexions
Porte échantillon
Fig. 10 : schéma de principe du diffractomètre utilisé, de type Debye – Scherrer à faisceau parallèle.
Le porte-échantillon utilisé est également beaucoup plus élaboré que dans le cas du
montage dédié à l’étude des poudres et massifs. Il comporte ainsi cinq mouvements motorisés
au millième de degré ou de millimètre (cf. figure 11) permettant d'orienter la surface plane de
l'échantillon. Dans le cas de matériaux en forme de couche mince déposés sur des
monocristaux de plan de coupe (hkl) le réglage consiste à amener la normale à ces plans dans
le plan défini par le faisceau incident et le détecteur. Le porte échantillon est placé dans une
enceinte sous vide primaire ce qui permet de limiter fortement la contribution du fond continu
de la diffusion des rayons X par l'air.
ω
x-ray
χ2 χ1
Z
φ
44
A l’aide de ce montage, nous avons réalisé deux types de mesures sur les couches
minces :
• Sous une incidence faible afin d'irradier le plus grand volume possible pour
avoir le maximum d'intensité diffractée. Et cela pour étudier les cristaux non
orientés.
• Sous des angles d'incidence spécifiques égaux aux angles de Bragg de familles
de plans denses de la zircone. Afin de mettre en évidence l’existence d’une
éventuelle texturation ou épitaxie entre la couche et le substrat.
45
2.2.2. Fonction d’appareil
Le profil des raies de diffraction résulte de la convolution du profil intrinsèque à
l’échantillon et ceux induits par les différents éléments de l’appareil. La fonction décrivant
l’évolution de cette dernière contribution à la largeur des raies, en fonction de l’angle de
Bragg, s’appelle la fonction de résolution. C’est d’ailleurs un critère important pour pouvoir
tester la qualité d’un montage de diffraction et pour pouvoir le comparer à d’autres.
Cette fonction est en général croissante avec l'angle de diffraction et peut être approchée
par un polynôme de degré 2 en tangente θ. Cette équation est connue sous le nom de
polynôme de Caglioti[118] et s'écrit:
H est la largeur à mi-hauteur des pics de diffraction et les paramètres U, V et W sont des
grandeurs intrinsèques au diffractomètre concerné. Il est ainsi possible de retrancher point par
point la contribution de l’appareil à l’élargissement.
Une méthode pour contourner ces problèmes expérimentaux est de simuler les
diagrammes de manière globale à l’aide d’un affinement structural par la méthode de
Rietveld[119]. Cette méthode consiste à ajuster, aux données expérimentales, un modèle
46
représentant le diagramme dans son ensemble, en affinant de façon simultanée un modèle
structural et les paramètres définissant les caractéristiques de l’instrument. Cette technique
requiert des diagrammes de diffraction d’une très bonne qualité générale mais permet à la fois
de surmonter le problème des superpositions de raies et d’obtenir l’ensemble des informations
à la fois structurales et microstructurales.
Pour réaliser ces simulations globales nous avons utilisé le logiciel FullProf développé
par J. Rodriguez-Carjaval[120]. Ces affinements incluent les positions atomiques, les facteurs
d’agitation thermique, les paramètres de maille, le facteur d’échelle et les paramètres de
profil. L’élargissement des raies induit par les aberrations instrumentales sont prises en
compte à l’aide d’un fichier contenant (comme expliqué qu paragraphe précédent) les points
expérimentaux des largeurs à mi-hauteur gaussiennes et lorentziennes en fonction de l’angle
2θ .
Z 12
H G = (U tan 2 θ + V tan θ + W + ) (25)
cos 2 θ
Y
H L = X tan θ + (26)
cos θ
La qualité de l'affinement est testée à chaque itération et oriente le choix des paramètres
à modifier. L’objectif final étant bien sûr de minimiser les écarts entre les profils mesurés et
calculés. Les paramètres de reliabilité ou indices de qualité d'affinement de la méthode de
Rietveld sont définis par[122] :
47
R p = ∑ I 2obs calc
θ i − I 2θ i ∑I θ obs
2 i (27)
2 2 12
Rwp = ∑ W2θi I 2obs
( calc
θ i − I 2θ i ) ∑W2θi I 2obsθi
( ) (28)
2 12
Rexp = ( N − P ) ∑W θ ( I θ ) obs (29)
2 i 2 i
2 12
GofF = ∑ W2θ I 2obs (calc
θi − I 2θi ) ( N − P + C ) = Rwp Rexp (30)
i
où I 2obs
θ i et I 2θ i sont respectivement les intensités observées et calculées à l'angle θ i ,
calc
Plus R wp tend vers Rexp ou encore GofF tend vers 1, plus l'ajustement est correct. Les
largeurs de la contribution de la taille et celle des microdéformations qui nous intéressent sont
alors calculables. Dans notre cas, étant donné que nous n’avons aucune raison de supposer des
élargissements de raies anisotropes, nous nous plaçons dans le cas le plus simple en ne
considérant pas les paramètres d'anisotropie. C'est à dire que les cristallites sont supposées
comme étant de géométrie sphérique avec des distorsions sont isotropes, la largeur H T due à
la contribution de la taille et celle H D due aux microdéformations, en appliquant le polynôme
ci-dessus, s'écrivent alors :
0, 2
HT = Z
( ) 5
( ) 4
+ A Z Y + B Z Y2 +C ( ) 3
( Z) Y 2 3
( )
+ D Z Y 4 +Y5
(31)
0,2
HD = U
( ) 5
+A U ( ) X + B( U ) X
4 3 2
+C U ( )X 2 3
( )
+ D U X 4 + X 5
(32)
Finalement, la taille des cristallites et les distorsions de réseau sont obtenues à l'aide des
relations suivantes :
λ
Taille = 180 dans la même unité que λ (33)
πH T
48
π
Distorsions = H D en % (34)
1,8
où L est une longueur dans l’espace direct et AS, AD et AI sont les coefficients de Fourier
décrivant respectivement les effets de la taille, des microdéformations et de l’instrument. La
mise en place de ce modèle nécessite de connaître les valeurs des microdéformations. Etant
donné la taille extrêmement faible des particules considérées (quelques nanomètres) il n’est
pas possible de les considérer comme négligeable. Nous avons donc décidé de fixer leurs
valeurs à celles déterminées par les affinements de Rietveld. De la même façon que pour les
simulations réalisées sur les courbes de diffusion centrale des rayons X, nous faisons comme
hypothèse que la forme des grains de zircone tétragonale peut être considérée comme
sphérique et que leur distribution en taille suit une loi lognormale. Dans ce cadre une
expression de AS peut être trouvée ici[123], une description détaillée de AI est donnée par
ailleurs[124].
La simulation des diagrammes de diffraction se fait pic par pic en utilisant une version
spécialement adaptée du logiciel Peakoc développé par O. Masson[125].
49
3. Microscopie électronique en transmission
3.1. Appareillage
Les observations de microscopie électronique en transmission (MET) ont été réalisées
sur un microscope de type JEOL 2010 dont les principales caractéristiques sont reportées dans
le tableau ci-dessous :
Caractéristiques Valeurs
Tension d’accélération 200 kV
Longueur d’onde des électrons 0,00251 nm
Aberration sphérique (Cs) 1 mm
Défocalisation de Scherzer -61,33 nm
Résolution de Scherzer 0,23 nm
Tableau 1 : principales caractéristiques du MET JEOL 2010
Les particules ainsi mises en suspension sont relativement fines. Une goutte de cette
solution est alors déposée sur une grille porte objet en cuivre revêtue d’un film de carbone à
trous. Après évaporation de l’eau, l’observation et la caractérisation des poudres est réalisable
directement.
50
3.2.2. Cas des échantillons massifs et couches minces
Nous ne verrons ici que la préparation d’échantillons pour l’observation en vues planes
et pas le cas des sections transverses. Dans le cas des échantillons massifs comme celui des
couches minces il est nécessaire de percer un trou dans l’échantillon afin de disposer de bords
minces à observer.
Nous allons illustrer cette préparation par le cas des couches minces, la procédure étant
analogue pour les échantillons massifs. Cette préparation consiste en plusieurs étapes que
nous allons maintenant détailler :
• Réalisation d’une cuvette : Elle est creusée (cf. figure 12) par abrasion
mécanique à l’aide d’un appareillage adapté (GATAN « dimple grinder 656 »).
L’épaisseur restante au fond de la cuvette est comprise entre 20 et 30 µm.
couche
> 100µm
cuvette substrat
Fig. 12 : réalisation d’une cuvette.
51
(b)
couche trou
(a)
52
4.2.1. Principe physique
Le principe est basé sur la réflexion d'un faisceau de rayons X à la surface d'un
échantillon. Il s'agit d'un phénomène optique qui, dans le domaine des longueurs d'onde des
rayons X (λ~0,1nm), est observé pour de faibles valeurs de l’angle d'incidence α. Ce dernier
étant défini comme l'angle entre le faisceau incident et la surface de l'échantillon. Pour un
rayonnement de longueur d'onde λ, l'indice de réfraction des matériaux est donné par la
relation :
n = 1 − δ − iβ (36)
La partie réelle de cette relation rend compte des phénomènes de dispersion alors que la
partie imaginaire est liée à l’absorption par le matériau. Les paramètres δ et β dépendent de
la longueur d’onde λ du rayonnement utilisé et de la composition chimique du matériau[128]:
r λ² r λ² ∑ n (Z + f
i i i
'
)
δ = e ∑ N i (Z i + f i ' ) = e N a ρ i
(37)
2π i 2π ∑n A
i
i i
et
re λ ² r λ ² ∑ n i f i ''
β= ∑ N i f i '' = e N a ρ i (38)
2π i 2π ∑ ni Ai
i
de volume, Z i le numéro atomique et f i ' , f i '' les parties réelles et imaginaires du terme de
Lorsque f i '' n'est pas connue, le terme d’absorption β est calculable à partir du
λµ
β= (39)
4π
53
Les valeurs numériques des paramètres δ et β sont très faibles devant l’unité,
respectivement de l’ordre de 10-5 et de 10-8. Par exemple, dans le cas de la silice, SiO2, elles
valent respectivement 7,13.10-6 et 9,19.10-8 et dans le cas du plomb 2,74.10-5 et 3,13.10-6.
α C ≈ 2δ (41)
Dans le cas des matériaux en couche, le système présente deux interfaces, air/couche et
couche/substrat (cf. figure 14). Lorsque l'angle d'incidence est supérieur à l'angle critique de
réflexion totale αc, une fraction du faisceau de rayons X subit une réflexion à la surface du
film. L'autre partie pénètre dans le cœur du matériau et peut subir une réflexion partielle à
l'interface film/substrat.
Faisceaux réfléchis
air
α>αc α α
γ γ
couche Faisceau réfracté
substrat
Fig. 14 : principe de la réflectométrie des rayons X sur couche
Des franges, appelées franges de Kiessig, issues des interférences entre les faisceaux
réfléchis par les deux interfaces sont observées. La méthode d'analyse consiste à enregistrer et
à analyser les variations d'intensité réfléchie en fonction de l'angle d'incidence sur la surface.
54
Elle permet de déterminer très précisément les épaisseurs de couches minces comprises entre
2 et 200 nm.
m
195 mm 185 m 2160
mm
Figure 15 : schéma du montage de réflectométrie des rayons X en mode angulaire dispersif
55
Un échantillon plan placé sur un support horizontal est éclairé par un faisceau de rayons
X polychromatique. Un couteau en tantale positionné près de la surface de la couche permet
d'intercepter une partie du faisceau direct. La position verticale de ce dernier fixe la plage
angulaire de l'étude (cf. figure 16). On utilise un monochromateur arrière afin de rendre les
faisceaux réfléchis monochromatiques. Ces derniers sont détectés 2,1m plus loin par un
détecteur à localisation linéaire dont l'amplitude de détection angulaire est, dans cette
configuration, de l'ordre du degré. Un tel détecteur permet d'enregistrer simultanément les
intensités réfléchies en fonction de l'angle d'incidence ce qui permet de réduire les temps de
pose.
Intensité (u.a.)
500
Fentes
Couteau
400
Echantillon
Faisceaux
réfléchis
300
Canaux
Couteau en tantale 200
linéaire Faisceau
direct
Compteur linéaire
0
56
6
10
5
10
Intensité (u.a)
4
10
3
10
2
10
1
10
0
10
0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
Angle d'incidence (°)
Fig. 17 : exemple de courbe de réflectométrie.
57
58
Chapitre 3 : Résultats préliminaires
1.1. Généralités
Pour élaborer des gels mixtes de silice – zircone nous nous sommes basés sur des
travaux antérieurs réalisés au sein du laboratoire[32, 50, 137] et sur des résultats trouvés dans la
bibliographie[77, 80, 138, 139]. La nature des différents précurseurs utilisés est presque toujours la
même, il s’agit de tétraéthyl-orthosilicate (TEOS : Si (OEt )4 ) pour la silice et de n-propoxyde
59
• Il est nécessaire de protéger le précurseur de zircone pour éviter qu’il précipite
dés l’introduction de la première molécule d’eau.
• La réactivité des deux produits doit être adaptée pour prévenir une éventuelle
ségrégation macroscopique des deux constituants principaux.
n-propoxyde Alfa
PrO Zr OPr 2,36 mol/L 1,05 327,56 g/mol
de zirconium Aesar
OPr
OEt
60
En accord avec les travaux antérieurs ayant eu lieu au sein du laboratoire[32, 137]
la
composition des sols utilisés dans le cadre de cette étude a été fixée aux valeurs suivantes : la
concentration totale en éléments métalliques (C=[Zr]+[Si]) est toujours de 0,5, le taux de
compléxation du précurseur de zircone (R=[acac]/[Zr]) est de 0,7 et enfin la quantité d’eau
ajoutée au mélange (W=[H2O]/([Zr]+[Si])) est de 10. Ces conditions expérimentales
permettent l’obtention de gels de bonne qualité (transparents en particulier) et cela dans des
délais raisonnables puisque les temps de gels n’excèdent jamais quelques heures.
Les diverses compositions chimiques (rapport Si/Zr) utilisées lors de cette étude sont
résumées dans le tableau 2.
L’élaboration des gels de silice-zircone est en pratique effectuée en boîte à gants sous
balayage d’air sec afin d’éviter une hydrolyse incontrôlée des différents précurseurs, en
particulier de celui de zircone. L’organigramme présenté en figure 1 résume de façon
schématique les différentes étapes de l’élaboration de ces xérogels mixtes. Celle-ci peut être
présentée de la façon suivante. Deux solutions contenant respectivement d’une part le
précurseur de silice, du solvant et 1/8 de la quantité finale d’eau et d’autre part le précurseur
de zircone, du solvant et l’acétylacétone sont tout d’abord préparées. Après une demi-heure
sous agitation mécanique constante ces deux solutions sont mélangées pour former le sol
mixte. L’ajout d’eau à ce dernier entraîne la gélification qui intervient en quelques heures à
60°C. Les gels obtenus sont transparents et homogènes (fig. 2a), leur coloration variant
légèrement en fonction du rapport silice/zircone.
61
Tetraethyl-orthosilicate Zirconium n-propoxyde
propanol-1 Acetylacetone
eau propanol-1
Agitation
Sol mixte
mécanique
Melange
eau/propanol-1
Les gels ainsi préparés sont séchés à 100°C afin de faire évaporer les solvants piégés
dans leur structure. La forte variation dimensionnelle qui a lieu au cours du séchage ainsi que
les forces capillaires liées à l’élimination des solvants ont pour conséquence la fissuration et
l’effondrement de la structure du gel. A l’échelle macroscopique le séchage d’un gel suit
généralement la séquence d’événements suivante[55] :
(c) fragmentation
62
2. Résultats préliminaires
Cette partie détaille les premiers résultats obtenus sur des xérogels mixtes de silice –
zircone. Ce travail exploratoire nous a en particulier permis de fixer les conditions
expérimentales (c'est-à-dire la composition chimique et les conditions de traitement
thermique) de l’étude complète de ce système qui sera présentée au chapitre suivant.
La silice reste amorphe jusqu'à très haute température où elle se transforme alors en
cristobalite. Au contraire la zircone cristallise à basse température sous forme de grains
nanométriques de variété tétragonale métastable. Le grossissement des grains de zircone,
associé à des traitements thermiques à plus haute température, entraîne la transformation
progressive en phase monoclinique. Cette transformation T vers M débute vers 700°C et à
lieu quand les grains de zircone tétragonale dépassent une certaine taille critique comme
montré par R. Garvie[57-59].
63
T : zircone tetragonale
M : zircone monoclinique
C
C : cristobalite
Z : zircon
Intensité (u.a.)
C
C C 1500°C 1h
1200°C 1h
900°C 1h
15 30 45 60 75 90
2Thêta (°)
Fig. 2 : cristallisation d’un xérogel précurseur de silice.
T : zircone tetragonale
M : zircone monoclinique
C : cristobalite
Z : zircon
Intensité (u.a.)
1200°C 1h
M
M
M M
M M
900°C 1h
T
T
T
TT T
600°C 1h
15 30 45 60 75 90
2Thêta (°)
Fig. 3 : cristallisation d’un xérogel précurseur de zircone.
64
Ces résultats, même si ils sont conformes à ceux que l’on peut trouver dans la
bibliographie[77, 80, 138, 139], restent néanmoins étonnants. En particulier malgré une préparation
qui fait appel à un mélange intime des précurseurs, le composé défini zircon (ZrSiO4) n’est
jamais obtenu dans des xérogels mixtes.
Intensité (u.a.) T
T
T
1000°C 1h
T
800°C 1h
600°C 1h
15 30 45 60 75 90
2Thêta (°)
C
Intensité (u.a.)
M M
M
M
Z 1400°C 1h
T
T
T 1200°C 1h
T
1000°C 1h
15 30 45 60 75 90
2Thêta (°)
Fig. 4 : cristallisation d’un gel mixte.
(a) basse température, (b) haute température
Jusqu'à un traitement thermique de 1300°C pendant une heure, la zircone tétragonale est
la seule phase cristalline en présence. Une augmentation de la température de calcination de
65
1000 à 1200°C est responsable d’un affinement des pics de diffraction correspondant à la
zircone tétragonale ce qui met en évidence un important grossissement des grains. Enfin,
après un traitement thermique d’une heure à 1400°C la zircone s’est transformée en variété
monoclinique et les phases cristobalite et zircon sont apparues.
60 0
50
-5
40
30
ATD (µV)
ATG (%)
-10
20
10
-15
0
Exothermique
Tg de la silice
-10 -20
0 200 400 600 800 1000 1200 1400
Température (°C)
Fig. 5 : courbes ATD et TG d’un xérogel précurseur de silice.
Entre 0 et 150°C on observe un pic endothermique ainsi qu’une perte de masse, ces
phénomènes peuvent être reliés à la perte de l’eau adsorbée en surface du xérogel. Entre 150
et 600°C on enregistre un ensemble de pics exothermiques accompagnés d’une perte de
masse, ces pics sont associés au départ des radicaux organiques. Au dessus de 600°C aucun
pic n’est observé et une légère perte de masse se produit jusqu'à 1200°C. Autour de 1200°C
une légère cassure dans le signal ATD est enregistrée, celle-ci est reliée à la température de
transition vitreuse de la silice.
66
tout accompagné d’une perte de masse conséquente. La forme des pics exothermiques d’ATD
varie également, ce qui est logique puisqu’elle dépend étroitement de la nature des radicaux
organiques à éliminer. Les deux phénomènes évoqués précédemment pour le xérogel
précurseur de silice, à savoir désorption de l’eau liée et départ des radicaux organiques,
restent donc valables.
60 0
50
-5
40
30
ATD (µV)
ATG (%)
-10
20
10
-15
0
Exothermique 530°C 900°C
-10 -20
0 200 400 600 800 1000 1200 1400
Température (°C)
Fig. 6 : courbes ATD et TG d’un xérogel précurseur de zircone.
Mais si l’on regarde plus en détail le signal ATD, l’on peut constater la présence à
530°C d’un pic exothermique fin, celui-ci est attribué par de nombreux auteurs à la
cristallisation explosive de la zircone[50]. Ce résultat est en bon accord avec les données de
diffraction des rayons X (à 600°C la zircone est bien cristallisée) et est observé aussi bien
lorsque le précurseur est un sel métallique[61, 140] que lorsque qu’il est un alcoxyde[141].
Les courbes d’ATD/TG correspondant au xérogel mixte sont représentées sur la figure 7
suivante.
67
40 0
50 mol% ZrO2
30 -5
20 -10
ATD (µV)
912°C
TG (%)
10
-15
0
-20
-10
-25
-20
-30
0 200 400 600 800 1000 1200 1400
Température (°C)
Fig. 7 : courbes ATD et TG d’un xérogel mixte.
Un pic exothermique étroit est détecté à 912°C dans le signal ATD. Celui-ci ne
s’accompagne d’aucune perte de masse et peut être attribué, en s’appuyant sur les données de
diffraction des rayons X, à la cristallisation de la zircone tétragonale. Par rapport au xérogel
de zircone pure, la température de cristallisation de la zircone tétragonale est donc augmentée
de presque 400°C !
Il est également important de noter que dès 600°C la majeure partie des résidus
organiques a été éliminée. En effet au delà de cette température le système évolue à masse
quasi constante. A partir de 600°C le xérogel mixte peut donc être considéré comme ne
contenant que les éléments zirconium, silicium et oxygène.
68
1000°C 500h
Intensité (u.a.)
1000°C 200h
1000°C 100h
1000°C 50h
1000°C 10h
1000°C 5h
1000°C 2h
1000°C 1h
20 40 60 80
2Thêta (°)
Fig. 8 : évolution d’un xérogel mixte lors de recuits isothermes à 1000°C.
69
Durée de traitement thermique à 1000°C
1h 2h 5h 10h 50h 100h 200h 500h
GofF 1,19 1,18 1,23 1,26 1,28 1,36 1,39 1,31
Rwp 3,57 3,68 3,62 3,53 3,80 3,83 4,15 4,19
Tableau 3 : facteurs de reliabilité des simulations réalisées.
Intensité (u.a.)
25 40 55 70 85 100
2Thêta (°)
Fig. 9 : ajustement global du diagramme pour le xérogel calciné 1h à 1000°C.
Intensité observée (symbole), calculée (trait continu) et leur différence.
La qualité générale de ces affinements étant bonne (cf. tableau 4 et figure 9) nous avons
été en mesure de calculer la taille des cristaux et les micro-déformations associées. Ces
valeurs sont reportées dans le tableau 4 et sur la figure 10, elles sont exprimées en fonction de
la durée de calcination des poudres. Nous sommes en présence de très petits cristaux (≈ 4 nm
après une heure de traitement thermique à 1000°C) dont le réseau cristallin est fortement
déformé. La dimension moyenne des cristallites augmente, comme attendu, avec la durée de
traitement thermique. A l'inverse, les déformations diminuent.
70
1,0%
(a)
0,8%
µ déformations
0,6%
0,4%
0,2%
0,0%
0 100 200 300 400 500
3
0 100 200 300 400 500
Si l’on excepte les faibles durées de traitement thermique (dans notre cas nous excluons
le premier point car le système n’évolue alors pas à masse constante) la croissance des
cristaux de zircone peut être attribuée à un mécanisme de coalescence. Dans ce cas la taille
des particules doit suivre la loi classique énoncée par M. Hillert[142] :
r n − r0n = k × t (42)
La vérification de cette loi et la mesure de l’exposant cinétique associé nécessite la
détermination de la taille initiale des cristaux (notée r0 dans l’équation 42). Pour obtenir une
approximation de cette valeur nous avons traité thermiquement une fraction de xérogel mixte
pendant quelques instants à 1000°C. En pratique l’échantillon est introduit dans le four
71
préalablement porté à 1000°C et est maintenu à cette température pendant 5 min afin que
l’équilibre thermique puisse avoir lieu. Le diagramme de diffraction du xérogel mixte ayant
subi un tel traitement thermique est présenté sur la figure 11.
Intensité (u.a.)
15 30 45 60 75 90
2Thêta (°)
Fig. 11 : diagramme de diffraction des rayons X d’un xérogel mixte
après un traitement thermique de 5 min à 1000°C.
Même après un traitement thermique très rapide à 1000°C la zircone tétragonale est bien
cristallisée. La simulation de ce diagramme par la méthode de Rietveld nous permet de dire
que les cristaux ainsi formés font en moyenne 3 nm, c’est cette valeur que nous allons utiliser
pour r0.
Il est alors possible de décrire l’évolution de la taille des cristaux de zircone en fonction
du temps de traitement thermique en utilisant l’équation 42. On obtient un très bon accord
avec les données expérimentales lorsque l’on fixe k=16,65 et n=6,02. Les valeurs
expérimentales et calculées des cristaux sont présentées dans le tableau 5 suivant et sur la
figure 12.
Durée de traitement
Taille expérimentale Taille calculée
thermique
2 3,8 3,7
5 4,3 4,2
10 4,8 4,7
50 5,9 6,0
100 6,6 6,8
200 7,4 7,6
500 9,0 8,8
Tableau 5 : application de la loi de Hillert
Les paramètres déterminés sont k=16,65 et n=6,02
72
10
9
8
2
1 10 100
Durée de traitement thermique à 1000°C (h)
Fig. 12 : application de la loi de Hillert
Les paramètres déterminés sont k=16,65 et n=6,02
Comme on peut le constater sur la figure 12, les données expérimentales et calculées
sont en bon accord, validant ainsi l’hypothèse selon laquelle la croissance des cristaux de
zircone se fait par un mécanisme de coalescence pure. Cependant l’exposant cinétique
calculé, très proche de 6 pose problème car cette valeur n’a pas d’interprétation physique si
l’on se réfère à la théorie classique qui ne prévoit pas de valeurs supérieures à 4. Des
cinétiques plus lentes sont cependant proposées par plusieurs auteurs. En particulier K.
Binder[143, 144] et H. Furukawa[145-147] qui obtiennent par calcul des exposants cinétiques, dans
le cas tridimensionnel, de 5 et de 6 pour respectivement une croissance par diffusion en
surface et par diffusion en volume. Ils se placent en particulier dans le cadre des dernières
étapes d’une séparation de phases. Dans notre cas la croissance des cristaux de zircone semble
donc se faire par diffusion en volume.
73
faces centrées qui présente l’avantage de faciliter la description des transformations
cubique ←
→ tétragonale et tétragonale ←
→ monoclinique. Afin de se placer dans ce
système, nous ne considérerons donc le produit a 2 à la place du paramètre a.
Les résultats sont présentés sur la figure 13. On constate une très nette diminution du
paramètre c avec la diminution de taille moyenne des cristallites alors que dans le même
temps le paramètre a 2 ne varie pas de façon significative. La tétragonalité de la zircone, qui
se défini comme le rapport c /(a 2) , diminue donc avec la dimension des cristallites. Ces
résultats sont en bon accord avec ceux de O. Masson[112] dans le cas d’un xérogel de zircone
pur et ce comportement selon lequel le caractère tétragonal augmente avec la taille des
particules est bien connu. Les valeurs limites obtenues pour a et c (comportement
asymptotique) à savoir respectivement 5,09 et 5,19 sont conformes à ce que l’on trouve dans
la littérature[148] pour la zircone tétragonale.
5,20
axe c
5,18
Paramètres de maille (A)
5,16
5,14
5,12
5,10
5,08
axe a
5,06
3 4 5 6 7 8 9 10
Taille des cristallites (nm)
Fig. 13 : évolution des paramètres de maille avec
la taille des grains de zircone tétragonale
74
Les courbes de diffraction réalisées sur ces échantillons sont présentées sur les figures
14 et 16, elles correspondent respectivement à des traitements thermiques d’une heure à
600°C et à 1000°C. Le choix de ces deux températures pour l’étude par diffraction des rayons
X provient de l’expérience acquise lors du mélange équimolaire des précurseurs de silice et de
zircone. En effet, après une heure à 600°C le xérogel est amorphe et a atteint sa composition
chimique finale (les résidus organiques sont alors presque éliminés) alors qu’après traitement
à 1000°C le xérogel contient des cristaux nanométriques de zircone tétragonale.
600°C 1h
Intensité (u.a.)
70mol% ZrO2
50mol% ZrO2
30mol% ZrO2
10mol% ZrO2
10 20 30 40 50 60 70 80 90
2Thêta (°)
Fig. 14 : diagrammes de diffraction des rayons X réalisées sur des xérogels mixtes contenant
entre 10 et 70 mol% de zircone et traités thermiquement pendant une heure à 600°C.
Cette étude par diffraction des rayons X montre que la composition chimique des
différents xérogels (c'est-à-dire le rapport silice/zircone) n’a qu’une influence limitée sur leur
comportement. A 600°C tous les échantillons sont encore amorphes. Les diagrammes
correspondants sont constitués de maxima de diffusion dont les positions sont représentatives
des distances caractéristiques présentes au sein de l’échantillon. Au sein d’un verre les
maxima de diffusion observés sont souvent caractéristiques des phases qui apparaîtront en
premier lors de la cristallisation. Par exemple dans le cas d’un verre de silice (cf. figure 15), le
dôme de diffusion est centré autour de la raie principale de la cristobalite.
75
Intensité (u.a.)
600°C 1h
1500°C 1h
10 20 30 40 50 60 70 80 90
2Thêta (°)
Fig. 15 : diagrammes de diffraction des rayons X réalisées sur des xérogels de silice.
Dans le cas du xérogel mixte, la position du premier dôme de diffusion évolue de façon
continue en fonction de la teneur en zirconium des échantillons. Pour de faibles teneurs en ce
composé (10 mol%), il est centré autour des valeurs caractéristiques de la cristobalite (~21-
22°) alors que pour de fortes valeurs (70 mol%) on retrouve les distances caractéristiques de
la zircone tétragonale. Dans le même temps le deuxième maxima de diffusion, qui est lui
centré sur des distances caractéristiques de la zircone tétragonale, voit sont intensité
augmenter progressivement avec l’enrichissement en ce composé.
1000°C 1h
Intensité (u.a.)
70mol% ZrO2
50mol% ZrO2
30mol% ZrO2
10mol% ZrO2
10 20 30 40 50 60 70 80 90
2Thêta (°)
Fig. 16 : diagrammes de diffraction des rayons X réalisées sur des xérogels mixtes contenant
entre 10 et 70 mol% de zircone et traités thermiquement pendant une heure à 1000°C.
76
On note cependant deux différences mineures. Tout d’abord le dôme de diffusion
attribué à la silice amorphe disparaît de façon logique lorsque l’on diminue la proportion de
ce composé. Ensuite la largeur des raies de diffraction, et donc la taille des grains de zircone,
évoluent de façon notable en fonction de la composition chimique. Nous avons simulé chacun
de ces diagrammes en utilisant la méthode de Rietveld (cf. chapitre 2), les tailles de grain
calculées sont reportées dans le tableau ci-dessous. On constate effectivement une variation
importante de la taille des cristaux de zircone en fonction de la proportion silice/zircone. Plus
on ajoute de ce dernier composé, plus la taille des cristaux formés après une heure de
traitement à 1000°C est élevée.
%mol de zircone 10 30 50 70
Taille des
1,7 3,4 3,7 7,6
cristallites
Tableau 6 : tailles des cristallites en fonction de la composition chimique
après une heure de traitement thermique à 1000°C.
20 0 30 0
10 mol% ZrO2 30 mol% ZrO2
-5 -5
20
10
-10 -10
10
ATD (µV)
ATD (µV)
TG (%)
987°C
TG (%)
-15 947°C -15
0 0
-20 -20
-10
ATD (µV)
912°C
TG (%)
TG (%)
10 20
-15 816°C -15
0 10
-20 -20
0
-10
-25 -10 -25
-20 -20
-30 -30
0 200 400 600 800 1000 1200 1400 0 200 400 600 800 1000 1200 1400
Température (°C) Température (°C)
Fig. 17 : courbes d’ATD/TG réalisées sur des xérogels mixtes contenant
respectivement 10, 30, 50 et 70 mol% de zircone.
77
La perte totale de masse enregistrée varie entre 19 et 28% en fonction de la composition
chimique, plus l’échantillon contient de zircone plus la perte de masse totale est importante.
La plus grande partie des départs a lieu avant 600°C, si bien que l’on peut considérer qu’au
dessus de cette température le système évolue à masse et à composition chimique constante.
Les courbes d’ATD sont constituées entre 0 et 300°C d’une première partie
endothermique qui correspond au départ de l’eau adsorbée. La pyrolyse des résidus
organiques a lieu entre 300 et 600°C et se traduit par d’importants pics exothermiques ainsi
qu’une perte de masse importante. Il semble que l’augmentation de la proportion de zircone
au sein du xérogel conduise à une augmentation notable de l’ampleur des phénomènes
exothermiques.
Au-delà de 600°C on observe sur toutes ces courbes un pic exothermique qui est
toujours associé à la cristallisation de la zircone tétragonale. La température de cristallisation
est largement affectée par la composition chimique du système puisqu’elle passe de 987 à
816°C pour des échantillons contenant respectivement 10 et 70 mol% de zircone.
L’augmentation de la teneur en cet élément tend donc à abaisser la température de
cristallisation. Celle-ci reste cependant très largement supérieure à celle mesurée dans un
xérogel de zircone pure obtenu par un procédé analogue (c'est-à-dire de type sol-gel et en
utilisant un protocole expérimental similaire).
Une étude approfondie de ces courbes nous permet également d’observer une légère
inflexion de la courbe ATD vers le domaine endothermique autour de 1100°C. Ce
phénomène, dont la température ne semble pas varier avec la teneur en zircone, traduit la
température de transition vitreuse de la silice et est logiquement d’autant plus important que la
proportion de silice augmente.
3. Conclusion
Le protocole de synthèse décrit au début de ce chapitre nous a permis de réaliser des
gels monolithiques transparents de silice – zircone sur une large gamme de compositions
chimiques. L’utilisation combinée d’un agent chélatant pour le précurseur de zircone et d’une
pré–hydrolyse pour le précurseur de silice permet d’adapter leur réactivité et conduit à
l’obtention de gels de bonne qualité.
78
Malgré le mélange intime réalisé entre les deux précurseurs, le composé défini ZrSiO4
n’est jamais obtenu pour des températures de traitement inférieures à 1300°C. Le
comportement par rapport à la cristallisation des poudres obtenues par séchage classique de
ces gels, diffère fortement de celui des xérogels de silice et de zircone. En effet la
cristallisation de zircone tétragonale n’est observée qu’à haute température (entre 800 et
1000°C) et cette zircone ne se transforme en zircone monoclinique qu’à très haute
température (entre 1300 et 1400°C).
Après cette première étude l’on peut se demander quels sont les phénomènes à l’origine
de cette microstructure originale. Une piste est avancée par quelques auteurs[64, 69, 149-152], il
s’agit de mécanismes de séparation de phases au sein du système binaire. Pour vérifier cette
hypothèse une étude du gel et du xérogel plus approfondie est nécessaire.
Pour réaliser une étude plus complète nous avons décidé de travailler avec la
composition chimique suivante : 30 mol% SiO2 – 70 mol% ZrO2 car elle correspond au centre
de la lacune de miscibilité comme on peut le constater sur les diagrammes de phase de ce
système qui sont rappelés en figure 18.
Les résultats obtenus ici nous permettent également de choisir les températures les
mieux adaptées à cette étude : il s’agit de 600 et 1000°C, pour la première le système est
amorphe et débarrassé presque intégralement des résidus organiques, pour la seconde on
observe la cristallisation de nanoparticules de zircone tétragonale.
79
Fig. 18 : diagramme de phase SiO2-ZrO2[63] et diagramme de phase SiO2-ZrO2 calculé[64] avec une
extension de la lacune de miscibilité au domaine solide.
80
Chapitre 4 : Génération de nanostructures par séparation de
phases
Cette étude a été réalisée principalement par diffusion centrale des rayons X. Les
données obtenues par cette technique ont été complétées, le cas échéant, par des observations
en microscopie électronique en transmission et par de la diffraction des rayons X. Pour
s’affranchir des problèmes liés à l’utilisation en DCRX d’échantillons pulvérulents et
améliorer la qualité des observations, l’ensemble de cette étude a été réalisé sur des
échantillons massifs. La première partie de ce chapitre détaille cette problématique et présente
la procédure développée au laboratoire pour obtenir, par voie sol-gel, des échantillons massifs
de silice – zircone.
Dans une troisième partie nous avons cherché à savoir si ces résultats étaient valables
pour une large plage de compositions chimiques. Nous avons donc étudié, en nous basant sur
les résultats précédents, un ensemble d’échantillons massifs contenant entre 10 et 70 % en
mole de zircone.
81
1. Préparation des xérogels massifs
La préparation de matériaux massifs par voie sol-gel est présentée dans cette partie.
L’élaboration des gels correspondants a déjà été décrite au chapitre 3.
1.1. Problématique
L’utilisation d’échantillons massifs permet d’améliorer très fortement la qualité des
mesures effectuées par diffusion centrale des rayons X par rapport à une étude réalisée sur
poudre. L’utilisation d’échantillons pulvérulents induit en effet un fort signal parasite aux
faibles valeurs du vecteur de diffusion qui, même si il décroît rapidement (il est proportionnel
à q-3), risque de masquer au moins partiellement le signal diffusé de façon intrinsèque par
l’échantillon. Dans le cadre de l’étude des séparations de phases par diffusion centrale des
rayons X ce problème est vraiment critique.
Pour illustrer les gains apportés par la mise en œuvre d’échantillons massifs, nous avons
réalisé des courbes de diffusion centrale des rayons X sur des xérogels mixtes précurseurs de
silice – zircone, sous forme respectivement de poudre et de massif. Ces courbes ont été
réalisées après des traitements thermiques de une heure à 600 et 1000°C et sont présentées
respectivement sur les figures 1 et 2.
600°C 1h
Intensité (u.a.)
Massif
Poudre
82
1000°C 1h
Poudre
Intensité (u.a.)
Massif
• Enfin, une autre solution repose sur un séchage lent du gel dans une atmosphère
saturée en humidité. De cette façon d’une part les cinétiques d’évaporation des
solvants piégés dans la structure du gel sont diminuées, ce qui tend à préserver
son caractère monolithique. Et d’autre part le nombre de radicaux OR non
hydrolysés est fortement réduit, ce qui augmente le taux de condensation. Ce
83
dernier point améliore la résistance mécanique du gel, il est ainsi capable de
supporter des contraintes plus importantes lors du séchage sans qu’une
fissuration intervienne.
Les deux premières techniques influent fortement sur la microstructure du produit final.
C’est pourquoi nous nous avons préféré utiliser cette dernière approche. Nous nous sommes
en particulier inspirés des travaux antérieurs de M. Nogami[77].Le séchage des gels a été
réalisé à l’aide d’un dispositif dont la figure 3 présente une vue schématique.
Étuve à 60°C
H2O
Gel
Fig. 3 : séchage contrôlé des gels.
Ce montage, une fois placé dans une étuve dont la température est fixée à 60°C, permet
un séchage lent et contrôlé des gels. La vitesse de séchage est réglée par les diamètres
respectifs des ouvertures pratiquées à la fois dans les couvercles des récipients qui contiennent
les gels et dans le couvercle principal. En pratique nous n’avons pas réalisé une étude
systématique de l’influence des diamètres de ces ouvertures. Ces derniers ont été fixés de
façon empirique à des valeurs qui permettent l’obtention de gels monolithiques. Nous avons
pour cela choisi des diamètres faibles : environ 1 mm dans les couvercles des récipients qui
contiennent les gels et environ 5 mm dans le couvercle principal, dans chacun de ces éléments
4 ouvertures, réparties de façon homogène sur leur surface, sont réalisées.
Dans ces conditions le séchage des gels est extrêmement long, il faut en effet au moins
deux mois pour obtenir le séchage complet du gel présenté en figure 4a, on obtient alors
l’échantillon montré en figure 4b. Ce point constitue certainement la plus importante limite de
la méthode mais il est susceptible d’être largement amélioré. Soit en optimisant le petit
dispositif présenté précédemment soit en utilisant d’une étuve régulée en humidité et en
température afin d’adapter les conditions de séchage en fonction du degré d’avancement. Tout
cela pourrait permettre de raccourcir considérablement le temps de séchage.
84
(b)
5 mm
(c)
20 mm
(a)
Fig. 4 : gel et xérogel (a) gel humide, (b) gel sec (c) xérogel calciné à 600°C.
Les morceaux de xérogels ainsi obtenus (figure 4b) ont une tenue mécanique suffisante
pour pouvoir être manipulés sans précaution particulière. A ce stade le matériau comporte
encore une grande proportion (de l’ordre de 20 % en masse d’après les ATG réalisées au
chapitre 3) de composés organiques et de groupements OH. Il est donc nécessaire de procéder
à un traitement thermique afin de permettre leur évacuation, cette phase est également critique
pour l’obtention d’échantillons monolithiques. En effet le départ des radicaux organiques
risque de provoquer la fissuration du matériau[56, 155]. Pour limiter ce problème nous utilisons
une géométrie particulière pour les échantillons. Ceux-ci sont, préalablement à tout traitement
thermique, découpés et amincis afin de leur donner la forme de lames minces. La très petite
épaisseur des échantillons ainsi préparés permet en pratique de s’affranchir complètement du
problème de départ des radicaux organiques.
85
sont transparentes comme on peut le constater sur la figure 4c. Nous présentons en figure 5 un
résumé de ce processus de préparation des échantillons monolithiques.
Gel
Séchage lent en
Gel sec
atmosphère humide
monolithique
(60°C)
1.3. Conclusion
En définitive nous sommes parvenus à réaliser des échantillons massifs par voie sol-gel
en utilisant à la fois une procédure de séchage et une géométrie des échantillons adaptées. Il
est important de noter que celle-ci n’a pas été choisie uniquement pour s’affranchir, comme
indiqué précédemment, des problèmes liés à l’élimination des radicaux organiques. Elle est en
effet celle requise pour pouvoir procéder aux mesures de diffusion centrale des rayons X et
aux observations en microscopie électronique en transmission dans de bonnes conditions.
Nous allons préciser ici les caractéristiques que doivent présenter les lames minces pour
chacune de ces deux techniques :
• DCRX : l’échantillon doit être d’une épaisseur assez faible pour qu’une partie
du faisceau de rayons X puisse traverser l’échantillon. Dans le même temps,
celui-ci doit également être suffisamment épais pour que le volume de matière
irradié soit assez important pour obtenir une statistique d’échantillon convenable
et un bon rapport signal sur bruit. L’épaisseur idéale varie en fonction de la
86
composition chimique de l’échantillon, dans la pratique une valeur comprise
entre 100 et 120 µm est adaptée à l’ensemble des cas que nous avons étudié.
Massif
Poudre
15 30 45 60 75 90
2Thêta (°)
Fig. 6 : comparaison microstructurale de xérogels en fonction du type de séchage. Diagrammes
réalisés sur des échantillons de composition chimique 0.7 SiO2 - 0.3 ZrO2 traités 1h à 1000°C.
87
2.1. Le matériau amorphe
Cette partie est consacrée à l’étude de la microstructure du xérogel massif mixte après
un traitement thermique à basse température. Nous allons décrire précisément la
microstructure de ce que nous appelons le xérogel mixte amorphe, c'est-à-dire un xérogel
massif ayant subi un traitement thermique à basse température (typiquement 600°C) destiné à
éliminer les radicaux organiques.
40000
(a) DRX
Intensité (u.a.)
20000
0
15 30 45 60 75 90
2Thêta (°)
2000
(b) DCRX 1000 (c) DCRX
Intensité (a.u.)
100 pente -4
Intensité (u.a.)
10
1000 0,1 1
q (nm-1)
-1
qm1=0,3-0,4 nm
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0
-1
q (nm )
Fig. 7 : xérogel 0,7SiO2-0,3ZrO2 traité thermiquement pendant 1h à 600°C
(a) DRX (b) DCRX tracé linéaire (c) DCRX tracé logarithmique.
88
maximum d’intensité diffusée pour un vecteur de diffusion qm1 compris entre 0,3 et 0,4nm-1, il
existe donc une longueur de corrélation d’environ 18 nm au sein de l’échantillon.
A 600°C le xérogel de silice – zircone de composition chimique 0,7SiO2 – 0,3 ZrO2 est
donc amorphe mais sa microstructure n’est pas homogène à l’échelle nanométrique.
L’intensité diffusée par le xérogel dans le domaine de Porod suit une loi de puissance dont
l’exposant est très proche de -4 (figure 7c). Ce qui traduit le fait que le système est polyphasé
avec des densités uniformes pour chacune des phases et que les interfaces entre les deux
phases en présence sont nettes. Deux explications peuvent être proposées pour expliquer ces
fluctuations de densité électronique : la présence d’une porosité de taille nanométrique ou
l’existence de deux phases chimiquement différentes. Les observations réalisées au
microscope électronique en transmission (figure 8) laissent penser que ce sont des fluctuations
de composition chimique qui sont à l’origine de l’intensité diffusée.
89
présentée en figure 9. Cette image est le fruit de calculs effectués par D.J. Seol[156] dans le cas
de films minces subissant les effets d’une décomposition spinodale. Ceci nous amène à faire
l’hypothèse selon laquelle un tel mécanisme est à l’origine de la microstructure observée dans
les xérogels mixtes après un traitement thermique d’une heure à 600°C.
90
en transmission. L’intensité diffusée par le xérogel dans le domaine de Porod suit toujours
une loi de puissance dont l’exposant est très proche de -4 (figure 10c). Ce qui traduit le fait
que ce système présente des interfaces nettes entre les deux phases en présence.
6000
(a) DRX
2000
0
15 30 45 60 75 90
2Thêta (°)
1000
(b) DCRX 1000 (c) DCRX
Intensité (a.u.)
100
pente -4
Intensité (u.a.)
10
1
500 0,1 1
q (nm-1)
-1 -1
qm1=0,3-0,4 nm qm2=1-1,1 nm
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0
-1
q (nm )
Fig. 10 : xérogel 0,7SiO2-0,3ZrO2 traité thermiquement pendant 15min à 1000°C
(a) DRX (b) DCRX tracé linéaire (c) DCRX tracé logarithmique.
Les particules de zircone qui cristallisent présentent, comme illustré en figure 11,
plusieurs caractéristiques non triviales. Elles sont ainsi d’une taille extrêmement faible et leur
distribution en taille semble très resserrée. De surcroît leur répartition spatiale est non
aléatoire car les textures interconnectées précédemment formées par séparation de phases
constituent la matrice à partir de laquelle elles apparaissent. Ce qui nous amène à penser
qu’elles sont toutes apparues en même temps contrairement à ce qui se passe dans le cas d’un
mécanisme de type « germination–croissance ». Nous pouvons donc proposer, pour leur
cristallisation, le mécanisme suivant. Lors du traitement thermique, en fonction de la
91
température, la composition des phases respectivement riches en silicium et en zirconium
évolue de façon continue. Ces zones devenant, chacune prise à part, de plus en plus riches.
Lorsque la phase contenant majoritairement du zirconium est suffisamment enrichie en cet
élément, on assiste à la cristallisation de la zircone.
92
DCRX 1000°C
10000
Intensité (u.a.)
8000
512 h
256 h
6000 128 h
64 h
32 h
16 h
4000 8h
4h
2h
2000 1h
30 min
15 min
5 min
0 0.5 1.0 1.5
q (nm-1)
Fig. 12 : suivi en DCRX de la croissance des particules de zircone tétragonale.
Après 5 min de traitement thermique (figure 13a) la distribution d’intensité diffusée est
presque la même que celle observée à 600°C. L’existence d’une deuxième longueur de
corrélation (liée à la distance entre les particules de zircone) est cependant responsable de
l’apparition d’un deuxième maximum d’intensité diffusée situé pour une valeur de q voisine
de 1,5 nm-1 (cf. figure 13).
800
1000
1000°C 5min
600
800 400
Intensité
200
600
0
0,0 0,5 1,0 1,5
400
200
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0
-1
q (nm )
Fig. 13 : courbe de DCRX du xérogel mixte (a)après un traitement thermique de 5 min à 1000°C
(b) effet de l’apparition des nanoparticules de zircone tétragonale.
93
Après 15 min de calcination à 1000°C on obtient une distribution d’intensité diffusée
(figure 14) assez inhabituelle et présentant deux maximums distincts. Le premier, est attribué
à la séparation de phases à l'état amorphe, disparaît rapidement lors de la croissance des
particules de zircone (figure 15).
1000
1000°C 15min
800
Intensité
600
400
200
-1 -1
qm1=0,3-0,4 nm qm2=1-1,1 nm
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0
-1
q (nm )
Fig. 14 : courbe de DCRX du xérogel mixte après un traitement thermique de 15 min à 1000°C.
1200
1000°C 30min
1000
800
Intensité
600
400
200
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0
-1
q (nm )
Fig. 15 : courbe DCRX du xérogel mixte après un traitement thermique de 30 min à 1000°C.
Dans le même temps, comme on peut le constater sur la figure 12, le deuxième
maximum d'intensité diffusée croit fortement alors que sa position se décale lentement vers
les petits angles de diffusion, accompagnant la croissance des cristaux de zircone tétragonale.
94
diffraction (figure 16) et par une forte croissance du maximum de diffusion centrale des
rayons X qui se décale en même temps vers les petites valeurs du vecteur de diffusion (figure
17). Nous avons donc utilisé ces deux techniques pour suivre cette croissance et déterminer
les mécanismes mis en jeux. La simulation de ces données expérimentales nous permet
également de préciser l’évolution de la taille et de la distribution en taille des nanoparticules.
DRX 1000°C
10000
8000
Intensité (u.a.)
512 h
6000 256 h
128 h
4000
32 h
2000 8h
1h
0
15 30 45 60 75 90
2Thêta (°)
Fig. 16 : suivi en DRX de la croissance des grains de zircone
après des traitements thermiques à 1000°C.
DCRX 1000°C
10000
8000
Intensité (u.a.)
512 h
256 h
6000 128 h
64 h
32 h
4000 16 h
8h
4h
2000 2h
1h
30 min
0 0.5 1.0 1.5
q (nm-1)
Fig. 17 : suivi en DCRX de la croissance des grains de zircone
après des traitements thermiques à 1000°C.
95
2.4.1. Autosimilarité
Un système présente une évolution autosimilaire lorsque son facteur de structure
S(q/qm,t), et donc l’intensité qu’il diffuse I(q/qm,t) vérifie la relation suivante définie par H.
Furukawa[145] :
Les courbes de diffusion réalisées sur le xérogel, recuit à 1000°C pendant différentes
durées, se superposent alors parfaitement comme présenté sur la figure 18.
100
3
10
I(q/qm).qm
0,1
0,1 1 10
q/qm
Fig. 18 : normalisation des courbes de diffusion par rapport à la taille
et à la quantité de matière pendant un recuit isotherme à 1000°C.
Cette propriété de mise à l'échelle est connue pour être respectée lors des dernières
étapes d'une séparation de phases. Cela montre que les zones respectivement riches en silice
et en zircone évoluent durant cette période avec des compositions et des fractions volumiques
constantes. L'évolution microstructurale du matériau est autosimilaire et une seule longueur
caractéristique est suffisante pour le décrire, toutes les autres quantités physiques en étant
dépendantes. Le seul paramètre qui varie dans ce système est donc la taille des particules de
zircone, leur croissance se faisant par un mécanisme de coalescence pure.
96
2.4.2. Suivi par diffusion centrale des rayons X
Pour suivre la croissance des particules de zircone, nous avons simulé les données de
diffusion centrale des rayons X par un modèle de type « sphères dures » comme défini au
chapitre 2. Les résultats de ces simulations pour l’ensemble des données sont présentés en
figure 19.
10000
(a) données
calcul
8000
Intensité (u.a.)
4000
2000
(b) données
calcul
512h
Intensité (u.a.)
1h
0,1 1 5
-1
q (nm )
Fig. 19 : courbes de diffusion centrale des rayons X expérimentales et simulées d’un xérogel mixte
après des traitements thermiques à 1000°C (a) tracé linéaire (b) tracé logarithmique : les courbes
sont décalées d'un facteur 10 pour faciliter la lecture.
La simulation est globalement en bon accord avec les données expérimentales même si
on note un léger écart pour les faibles valeurs du vecteur de diffusion. Cela nous permet en
particulier de déterminer les évolutions de la taille et de la distribution en taille des particules
de zircone, ces évolutions sont reportées sur la figure 20 et dans le tableau 3.
97
0,06
1000°C
0,05
0,04
Temps de traitement
thermique de 1 à 512h
p(D)
0,03
0,02
0,01
0,00
0 5 10 15 20
Diamètre des particules (nm)
Fig. 20 : distributions en taille des particules de zircone calculées à partir des données de DCRX.
Après une heure de traitement thermique la taille moyenne des particules de zircone est
d’environ 5 nm et, comme nous l’avons annoncé au paragraphe 2.2, la distribution en taille est
très resserrée avec un écart type de seulement 1 nm. Les nanoparticules issues de ce mode de
croissance (à partir d’une séparation de phases amorphe préalable) ont donc pratiquement
toutes la même taille.
98
1000°C ces particules restent extrêmement petites. Ainsi après 512 h de traitement thermique
les particules de zircone sont encore de variété tétragonale et leur diamètre moyen est de
seulement 11 nm.
Trois hypothèses sont alors faites : la forme des grains est considérée comme sphérique,
leur distribution en taille suit une loi lognormale identique à celle utilisée pour les simulations
de diffusion centrale (cf. chapitre 2) et les microdéformations sont fixées aux valeurs obtenues
par affinement de Rietveld. La simulation des diagrammes de diffraction se fait pic par pic et
nous présentons en figure 21 un exemple d’un tel affinement.
Intensité (u.a.)
1000°C 512h
1000°C 1h
26 28 30 32 34 36 38
2 Thêta(°)
Fig. 21 : simulation des diagrammes de DRX du xérogel mixte
après des traitements thermiques de 1 à 512h à la température de 1000°C.
99
Les évolutions de la taille et de la distribution en taille des particules de zircone qui ont
été calculées de cette façon sont présentées sur la figure 22 et dans le tableau 4. Celles-ci sont
très similaires à celles obtenues à partir des données de diffusion centrale.
0,06
1h 1000°C
0,05
8h
0,04
32h
p(D)
0,03 128h
256h
512h
0,02
0,01
0,00
0 5 10 15 20
Diamètre des particules (nm)
Fig. 22 : distributions en taille des particules de zircone calculées à partir des données de DRX.
2.4.4. Discussion
Nous avons obtenu par simulation des courbes de DCRX et de DRX l’évolution de la
taille et de la distribution en taille des nanoparticules de zircone tétragonale lors de recuits
isothermes à 1000°C. Les résultats obtenus à partir des deux techniques sont très similaires,
même si il existe tout de même un écart systématique entre les deux méthodes. Les tailles
déterminées à partir des données de diffraction des rayons X sont en effet toujours inférieures
à celles obtenues par diffusion centrale des rayons X.
Cet écart, assez classique dans ce genre de mesures, provient de la nature même des
techniques employées. La diffraction des rayons X est sensible aux réseaux cristallins alors
100
que la diffusion centrale des rayons X détecte des variations locales de densité électronique.
Par exemple l’existence de particules de zircone non monocristallines peut perturber la
mesure faite par diffraction des rayons X de telle sorte que cette technique minimise la taille
réelle des particules.
10
DCRX
Taille des cristallites
DRX
3
1 10 100
La pente de ces droites est d’environ 0,17, elle est donc similaire à celle observée au
chapitre 3 paragraphe 2.1.2 dans le cas d’un recuit dans les mêmes conditions expérimentales
d’un xérogel mixte dans le cas équimolaire. Ce type d’exposant, très proche de 6, est proposé
par K. Binder[143, 144] et H. Furukawa[145-147] dans le cas tridimensionnel pour respectivement
une croissance par diffusion en volume et par diffusion en surface, leur travail s’applique aux
dernières étapes d’une séparation de phases.
101
Fig. 24 : image MET obtenu sur un xérogel massif calciné 5h à 1100°C.
Les observations au MET (figure 24) montrent que sa microstructure est constituée par
une dispersion de particules cristallisées sphériques au sein d’une matrice amorphe. Cette
morphologie particulière est étonnante pour des particules cristallisées pour lesquelles on
aurait pu s’attendre à des formes facettées. On peut cependant supposer que, étant donné la
très petite taille des grains de zircone et donc leur importante surface spécifique, cette forme
particulière permet de minimiser l’énergie de surface. La diffraction des rayons X (figure 25a)
nous permet de vérifier que ce sont des particules de zircone tétragonale qui sont dispersées
au sein d’une matrice de verre de silice.
102
(a) DRX
12000
10000
Intensité (u.a.)
8000
6000
4000
2000
0
15 30 45 60 75 90
2Thêta (°)
10000
(b) DCRX 10000
(c) DCRX
1000
Intensité (a.u.)
8000 100
pente -4
Intensité (u.a.)
10
6000 1
0,1
0,1 1
4000 q (nm-1)
-1
qm2=0,3-0,4 nm
2000
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0
-1
q (nm )
Fig. 25 : xérogel 0,7SiO2-0,3ZrO2 traité thermiquement pendant 5h à 1100°C
(a) DRX (b) DCRX tracé linéaire (c) DCRX tracé logarithmique.
103
0,03
0,02
p(D)
0,01
0,00
0 5 10 15 20
Diamètre des particules (nm)
Fig. 26 : distribution en taille des particules de zircone calculée à partir des données de DCRX.
Ces matériaux ont tous été préparés par voie sol-gel (cf. chapitre 3) et ont ensuite subi
un séchage contrôlé ce qui permet l’obtention d’échantillons monolithiques.
104
3.1. Résultats expérimentaux
Les diagrammes de diffraction présentés en figure 27 montrent que, quel que soit la
composition chimique, la seule phase cristalline est de la zircone sous forme tétragonale.
L’évolution de la largeur des raies de diffraction prouve que, comme nous l’avions déjà
signalé au chapitre 3, pour un traitement thermique donné, la taille des grains de zircone est
fortement influencée par la composition chimique. Plus la teneur en zircone est importante
plus la taille des particules est grande.
100000
DRX 1100°C 5h
80000
Intensité (u.a.)
60000
70% ZrO2
40000
50% ZrO2
20000
30% ZrO2
10% ZrO2
0
15 30 45 60 75 90
2Thêta (°)
Fig. 27 : évolution des diagrammes de diffraction en fonction de la composition chimique des xérogels
mixtes après une heure de traitement thermique à 1000°C.
45000
600
70% ZrO2
500
10% ZrO2
400
300
Intensité (u.a.)
100
15000
30% ZrO2
DCRX 1100°C 5h
105
On retrouve la même évolution en diffusion centrale des rayons X. Toutes les courbes
correspondantes, présentées en figure 28, présentent un maximum d’intensité diffusée pour
une valeur non nulle du vecteur de diffusion. La position de ce pic se décale vers les petites
valeurs du vecteur de diffusion et l’intensité diffusée totale augmente à mesure que le taux de
zircone augmente. Ce qui trahit à la fois l’augmentation de la taille des particules de zircone et
de leur fraction volumique.
Pour illustrer la microstructure de ces différents échantillons nous avons réalisé des
images de microscopie électronique en transmission. Celles-ci sont présentées en figure 29.
Dans tous les cas le système peut être décrit comme particulaire : des grains de zircone sont
dispersés dans une matrice amorphe de verre de silice.
Fig. 29 : images MET obtenues sur des xérogels massifs calcinés 5h à 1100°C.
106
proportion en zirconium augmente. La croissance de ces particules a pour conséquence la
perte progressive de leur caractère sphérique. Pour des teneurs de 50 et 70 % en mole de
zircone, les grains ne sont en effet plus sphériques mais ovoïdes.
Enfin il est intéressant de noter que la préparation des échantillons pour leur observation
au MET n’est pas sans conséquence. En effet, dans le cas du xérogel mixte contenant 70 % en
mole de zircone, contrairement aux données obtenues par diffraction des rayons X, le cliché
de diffraction électronique révèle qu’une partie de la zircone s’est transformée en variété
monoclinique. Cette transformation a donc eu lieu lors de la préparation de l’échantillon (très
certainement lors de l’amincissement ionique) et elle a pour conséquence la transformation
d’un grain tétragonal en plusieurs domaines monocliniques. Ces derniers sont séparés par des
macles comme on peut le voir sur la figure 30.
3.2. Discussion
La microstructure de ces matériaux pour diverses compositions chimiques semble donc
très semblable à un facteur d’échelle et de dispersion près. La position dans la lacune de
miscibilité semble donc avoir une influence faible sur leur microstructure. Ce qui permet de
choisir leur composition chimique sans avoir à se soucier de ce point.
4. Conclusion et perspectives
Nous sommes parvenus, par voie sol-gel et en utilisant une procédure de séchage
adaptée, à obtenir des échantillons massifs de silice – zircone. Ce procédé a pu être mis en
107
œuvre pour une large gamme de compositions chimiques puisque les échantillons synthétisés
contiennent entre 10 et 70 % en mole de zircone.
Cette étude ne traite cependant que des xérogels ayant subi au minimum un traitement
thermique à 600°C destiné à éliminer les radicaux organiques présents dans le matériau.
L’étude de la gélification des sols mixtes constitue une perspective intéressante pour ce travail
car une question reste en suspens, il s’agit d’établir si cette microstructure originale est formée
pendant le séchage du gel humide ou si elle préexiste en son sein.
La mise en évidence de cette séparation de phases initiale est le point central de l’étude
car cela permet de mieux comprendre l’évolution microstructurale ultérieure du matériau. Une
conséquence immédiate de cette séparation de phases est de retarder la cristallisation de la
zircone qui se produit alors entre 900 et 1000°C soit à une température supérieure de près
400°C par rapport à celle observée dans le xérogel de zircone[32]. Comme présenté
schématiquement sur la figure 32, autour de 1000°C des nanoparticules de zircone tétragonale
cristallisent dans la zone enrichie en cet élément précédemment formée par séparation de
108
phases. Ce mécanisme de cristallisation original a pour conséquence une très grande
homogénéité en taille pour les particules ainsi formées.
Il en résulte une microstructure constituée par une dispersion non aléatoire et très
homogène de nanoparticules sphériques de zircone, de variété tétragonale, dans une matrice
amorphe riche en silice. Pour des recuits ultérieurs à plus haute température on assiste à la
croissance de ces nanoparticules par un mécanisme de coalescence pure. La zircone
tétragonale restant la seule phase cristalline présente et cela jusqu'à très haute température
(typiquement 1400°C). La microstructure finale de ces matériaux est représentée de façon
schématique sur la figure 33.
109
Nous avons ensuite étendu le cadre de cette étude à une gamme de matériaux dont la
teneur en zirconium variait entre 10 et 70% en mole. Ces compositions restent cependant à
l’intérieur de la lacune de miscibilité existant au sein du diagramme binaire silice – zircone
afin qu’une séparation de phases puisse s’y produire. La microstructure de ces matériaux a été
comparée après un traitement thermique à haute température, en l’occurrence 1100°C pendant
5h. Dans tous les cas on retrouve des grains de zircone dispersés dans une matrice amorphe de
verre de silice. L’augmentation du taux de zircone étant simplement responsable de la
croissance de ces particules. La microstructure des différents xérogels mixtes est au final très
semblable, à un facteur d’échelle et de dispersion près. La position dans la lacune de
miscibilité semble donc avoir seulement une influence faible sur la microstructure des
matériaux. Ce qui permet de choisir leur composition chimique sans avoir à se soucier de ce
point et valide la reproductibilité de la méthode basée sur les séparations de phases comme
moyen de contrôler la nanostructure des matériaux élaborés par voie sol-gel.
110
Chapitre 5 : Applications et perspectives
Nous avons mis en évidence dans le chapitre précédent la possibilité de synthétiser, par
voie sol-gel et en exploitant des mécanismes de séparation de phases, des nanocomposites
dans le système mixte silice – zircone. Nous sommes ainsi parvenus à contrôler la taille, la
distribution en taille et la dispersion de nanoparticules de zircone tétragonale au sein d’une
matrice dense de verre de silice.
Nous allons dans ce chapitre essayer d’élargir le champ d’application de cette technique
en l’appliquant dans plusieurs cas particuliers avec comme idée directrice l’application à des
matériaux pour l’optique. Dans ce contexte, nous sommes tout d’abord intéressés au cas des
couches minces de silice – zircone afin de déterminer si les résultats précédents restaient
valables dans ce cas particulier. Nous nous sommes ensuite concentrés sur la
fonctionnalisation de ces matériaux à travers l’étude des systèmes ZrO2 – Eu2O3 – SiO2 et
ZnO – SiO2.
1.1. Introduction
La réalisation de couches minces de matériaux oxydes représente un enjeu industriel
majeur car leurs applications potentielles couvrent un domaine très large : de la
microélectronique aux barrières thermiques en passant par des dépôts protecteurs. Les
matériaux optiquement actifs ne font pas exception à la règle et c’est également de cette façon
qu’ils sont la plupart du temps intégrés aux dispositifs.
La voie sol-gel est une technique à la fois simple et peu onéreuse pour réaliser des
couches minces. Il est donc légitime de s’intéresser à la question de la réalisation de couches
minces dans le système binaire silice – zircone par cette technique. L’objectif de cette étude
est double, il s’agit d’une part d’en démontrer la faisabilité et d’autre part de savoir si la
microstructure des dépôts ainsi réalisés est similaire à celle des matériaux massifs.
111
1.2. Réalisation des couches minces
La réalisation de films minces à partir de précurseurs en solution se fait à travers le
dépôt sur un substrat d’une solution stable. Cette dernière est ensuite transformée en gel par
hydrolyse de surface et variation brutale de la concentration. Deux techniques de dépôt
existent. La première, dite par « centrifugation » ou « spin-coating » consiste à déposer une
goutte de sol précurseur au centre d’un substrat préalablement mis en rotation à grande
vitesse. Le liquide est réparti sur la surface du substrat par le biais de la force centrifuge et
l’excédent de liquide est évacué par le même mécanisme. L’épaisseur des couches obtenues
est liée à la viscosité du sol et à la vitesse de rotation du substrat.
112
1.3. Couches minces de silice – zircone sur substrat de saphir
Le sol précurseur est, de la même façon que lors de la réalisation de matériaux massifs,
constitué de tétraéthyl-orthosilicate, de n-propoxyde de zirconium et d’acetylacetone. Pour
simplifier cette étude nous nous sommes, tout comme pour les échantillons massifs, intéressés
plus particulièrement au système binaire de composition chimique 70 mol% SiO2 – 30 mol%
ZrO2. La réalisation pratique des couches minces suit la procédure présentée sur la figure 2.
Zirconium n-propoxyde
Tetraethyl-orthosilicate
Acetylacetone
n-propanol
n-propanol
Agitation
mécanique
Sol mixte
Afin de pouvoir aisément comparer les résultats obtenus sur les couches minces avec
ceux présentés précédemment sur les xérogels massifs nous avons choisi d’utiliser, pour la
réalisation de nos dépôts, un sol précurseur de même concentration que précédemment. A
savoir une concentration totale en alcoxydes de 0,5 mol/L.
Les substrats utilisés lors de cette étude sont des monocristaux d'alumine de dimensions
1x1x0,5 cm3 et taillés parallèlement aux plans (11 2 0). Ces substrats sont, préalablement au
dépôt, nettoyés par des immersions successives dans des solutions d’acétone, d’alcool et
d’eau osmosée, le tout sous agitation ultrasonore.
Le dépôt se fait par trempé et retrait dans le sol précurseur à la vitesse de 100 mm/min.
On arrête la remontée du substrat à environ 1cm au-dessus de la surface du sol, afin que le
début du séchage se fasse dans l'atmosphère du sol. Après un séchage en étuve à 100°C les
dépôts ainsi réalisés sont continus et non fissurés. Les échantillons ainsi élaborés sont ensuite
113
caractérisés par réflectométrie des rayons X afin de déterminer leur épaisseur. La figure 3
présente l’une de ces courbes.
Intensité (u.a.)
Les couches ainsi obtenues ont une épaisseur d’une vingtaine de nanomètres en cru.
Nous allons maintenant nous intéresser au comportement thermique de cette couche. En
accord avec les résultats précédents concernant le xérogel massif, l’évolution microstructurale
de cette couche a été étudiée après des traitements thermiques successifs à 600 et 1000°C.
La diffraction des rayons X indique que la couche demeure amorphe après un traitement
thermique d’une heure à 600°C. Ce résultat est identique à celui mis en évidence pour les
xérogels massifs de même composition chimique. L’étude de cet échantillon par diffusion
centrale des rayons X en incidence centrale ne nous a pas apporté d’informations
supplémentaires. En particulier nous n’avons pas pu mettre en évidence, contrairement au cas
des xérogels massifs, l’existence d’un maximum d’intensité diffusée pour une valeur non
nulle du vecteur de diffusion. Il est donc difficile de conclure quant à la microstructure de la
114
couche dans cet état. En effet, l’absence de ce pic ne signifie pas nécessairement que le
matériau est homogène à une échelle nanométrique car des aléas expérimentaux peuvent nous
empêcher de le détecter. Cela peut avoir deux origines distinctes :
• Dans le xérogel massif ce maximum était déjà assez faible, dans le cas d’une
couche mince, malgré la géométrie employée, la quantité de matière diffusante
est considérablement réduite d’où un très mauvais rapport signal sur bruit.
En définitive après une heure de traitement thermique à 600°C la couche mince est
amorphe et continue. Sa microstructure reste cependant assez incertaine même si l’on peut
supposer qu’elle est identique à celle du xérogel massif.
2000
Intensité (u.a.)
0
15 30 45 60 75 90
2Thêta (°)
Fig. 4 : diagramme de diffraction réalisé en incidence rasante sur un couche mince mixte
déposée sur un substrat en alumine et traitée thermiquement pendant 1h à 1000°C.
115
On remarque également sur ce diagramme que les intensités relatives des différentes
raies de la zircone ne sont pas en accord avec celles reportées dans la fiche JCPDS (17 – 923)
de la zircone tétragonale. Un tel phénomène se produit notamment lorsqu’il existe des
orientations préférentielles au sein de l’échantillon. En accord avec des travaux antérieurs sur
les couches minces de zircone[34, 36, 37], on peut se demander si une partie de la zircone n’est
pas orientée par rapport au substrat. Pour vérifier cette hypothèse nous avons réalisé des
diagrammes de diffraction sous des angles d'incidence égaux aux angles de Bragg de certaines
familles de plans denses de la zircone, en se basant sur les résultats obtenus au sein du
laboratoire sur les couches minces de zircone nous avons choisi les familles (111) et (200).
Les pics mesurés sont alors dus aux seuls cristaux ayant ces familles de plans parallèles à
l’interface. Ces différents diagrammes sont reportés en figure 5.
(111) (200)
Substrat
Intensité (u.a.)
ω =17,23°
ω =15,07°
20 30 40 50
2θ (°)
Fig. 5 : diagramme de diffraction réalisé à diverses incidences sur une couche mince mixte
déposée sur un substrat en alumine et traitée thermiquement pendant 1h à 1000°C.
116
soit environ l’épaisseur de la couche. Les grains sont en partie orientés par rapport au substrat,
leurs familles de plans (111) et (002) sont alors parallèles à la surface du substrat, donnant
lieu à un début de texture.
Nous avons enfin caractérisé cette couche par diffusion centrale des rayons X en
incidence rasante. La courbe présentée en figure 7 a été réalisée avec un angle d’incidence de
0,3°. Cette courbe présente un maximum d’intensité pour un vecteur de diffusion non nul
qm=0,3 nm-1. Un tel pic est caractéristique de la présence d’une longueur de corrélation au
sein de l’échantillon. Dans ce cas, il est attribué à la distance moyenne entre les particules de
zircone tétragonale. La valeur trouvée, Dm=2π/qm=21 nm, est en bon accord à la fois avec les
117
mesures effectuées par diffraction des rayons X et avec les observations réalisées au MET.
Cette courbe est tout à fait similaire à celle obtenue sur un xérogel massif de même
composition et ayant subi le même traitement thermique. Validant ainsi l’hypothèse faite
précédemment et selon laquelle la microstructure des couches minces serait analogue à celle
des échantillons massifs.
350
300
250
Intensité (u.a.)
200
150
100
50
118
laboratoire dans le cas des couches minces de zircone[34, 36, 37]
. On peut penser que cette
texturation va augmenter avec la croissance des particules de zircone pour que, au final, tous
les grains soient épitaxiés sur le substrat.
Pour réaliser ce dopage nous avons choisi l’oxyde d’europium parce qu’il forme une
solution solide avec la zircone[81, 82] et parce qu’il constitue un dopant classique dans le cadre
de matériaux luminescents[19, 20, 24, 28, 29, 158].
Dans cette étude nous nous sommes tout d’abord intéressés à la synthèse, par voie sol-
gel, de zircone dopée à l’europium, puis nous avons étudié la microstructure de xérogels dans
le système ternaire ZrO2 – Eu2O3 – SiO2.
2.1.1. Synthèse
La synthèse de poudres de zircone dopée à l’oxyde d’europium a été réalisée par voie
sol-gel en utilisant respectivement du n-propoxyde de zirconium et du chlorure d’europium
comme précurseurs. Elle a été réalisée dans des conditions analogues à celles décrites au
chapitre 3 pour des composés mixtes précurseurs de silice – zircone. La composition des sols
utilisés dans le cadre de cette étude est la suivante : la concentration totale en éléments
métalliques (C=[Zr] dans ce cas) est fixée à 0,5, le taux de compléxation du précurseur de
zircone (R=[acac]/[Zr]) est de 0,7, la quantité d’eau ajoutée au mélange (W=[H2O]/[Zr]) est
de 10 et enfin le taux de dopage de la zircone est fixé à 4% molaire en ions Eu3+ soit 3%
molaire en oxyde Eu2O3. L’organigramme présenté en figure 8 résume les différentes étapes
de l’élaboration de ces xérogels.
119
Zirconium n-propoxyde
Chlorure d’europium
Acetylacetone
n-propanol
n-propanol
Agitation
Sol précurseur mécanique
de Zircone dopée
Gel précurseur
de Zircone dopée
Gélification à 60°C
0% Eu2O3
Intensité (u.a.)
1500°C 1h
800°C 1h
600°C 1h
15 30 45 60 75
2Thêta (°)
Fig. 9 : évolution des diagrammes de diffraction d’un xérogel précurseur de zircone
en fonction de la température de calcination.
120
2% Eu2O3
ZrO2 monoclinique
Intensité (u.a.)
1500°C 1h
800°C 1h
600°C 1h
15 30 45 60 75
2Thêta (°)
Fig. 10 : évolution des diagrammes de diffraction d’un xérogel précurseur de zircone dopée
en fonction de la température de calcination.
Nous avons donc réussi, par voie sol-gel à créer une solution solide zircone – oxyde
d’europium. Il résulte de cette mise en solution solide une stabilisation de la zircone sous sa
forme tétragonale jusqu'à haute température. On retrouve ici un résultat analogue à celui déjà
largement observé avec l’oxyde d’yttrium dont la structure est voisine de celle de l’oxyde
d’europium. En définitive la voie sol-gel nous a permis de réaliser facilement le dopage de la
zircone par l’oxyde d’europium.
2.2.1. Synthèse
Les gels ternaires précurseurs de zircone, oxyde d’europium et silice ont été obtenus de
façon analogue à ceux précurseurs de zircone – silice et comme présenté au chapitre 3.
L’organigramme présenté en figure 11 résume les différentes étapes de l’élaboration de ces
xérogels.
121
Zirconium n-propoxyde
Tetraethyl-orthosilicate Chlorure d’europium
Acetylacetone
n-propanol n-propanol
n-propanol
Agitation
Sol précurseur de zircone, mécanique
oxyde d’europium, silice
Dans cette partie nous nous sommes basés sur la composition chimique étudiée en détail
lors du chapitre 4. A savoir le mélange de composition 70 mol% SiO2 – 30 mol% ZrO2. Le
dopage est réalisé par ajout de 4% molaire de chlorure d’europium (soit 2% en oxyde Eu2O3)
par rapport à la quantité de zirconium présente dans le mélange. Les paramètres du sol sont la
concentration totale en alcoxydes, C=[Zr(OPr)4]+[Si(OEt)4]=0,5 mol.L-1, le taux d’hydrolyse
W=[eau]/[alkoxydes]=10, le taux de compléxation R=[acac]/[Zr(OPr)4]=0,7 et le ratio molaire
de dopage x=[Eu2O3]/[ZrO2]=0 ou 2 mol%.
Comme on peut le constater sur les figures 12 et 13, après un traitement thermique
d’une heure à 600°C la microstructure des xérogels dopés ou non est très similaire. Dans les
deux cas le xérogel est amorphe et sa microstructure n’est pas homogène à une échelle
nanométrique.
122
DRX
Non dopé
Intensité (u.a.)
Dopé
15 30 45 60 75 90
2 Thêta (°)
Fig. 12 : diagrammes de diffraction des rayons X de xérogels mixtes dopés ou non et ayant subit un
traitement thermique d’une heure à 600°C. Les diagrammes sont décalés pour faciliter la lecture.
2000
DCRX
Non dopé
1500
Intensité (u.a.)
1000
Dopé
500
0
0 1 2 3
-1
q (nm )
Fig. 13 : courbes de DCRX de xérogels mixtes dopés ou non et ayant subit
un traitement thermique d’une heure à 600°C.
La figure 14 présente les diagrammes de diffraction obtenus sur des xérogels mixtes
dopés ou non après des traitements thermiques dont la température varie entre 600 et 1300°C.
Pour toute cette gamme de traitements thermiques aucun effet du dopage n’a pu être observé.
Dans les deux cas la cristallisation n’intervient qu’entre 900 et 1000°C et c’est de la zircone
tétragonale qui se forme. Cette phase restant stable jusqu’à haute température (typiquement
au-delà de 1300°C). Il en résulte une microstructure originale constituée par une dispersion de
nanoparticules de zircone au sein d’une matrice de silice amorphe.
123
(a) DRX 0% Eu2O3
Intensité (u.a.)
1300°C 1h
1200°C 1h
1100°C 1h
1000°C 1h
800°C 1h
600°C 1h
15 30 45 60 75 90
2 Thêta (°)
1300°C 1h
1200°C 1h
1100°C 1h
1000°C 1h
800°C 1h
600°C 1h
15 30 45 60 75 90
2 Thêta (°)
Fig. 14 : cristallisation d’un gel mixte précurseur de silice et de zircone.
(a) sans europium, (b) avec europium.
A ce stade de l’étude nous pouvons donc affirmer que le dopage d’un xérogel mixte
précurseur de silice – zircone à l’aide d’une terre rare, en l’occurrence l’oxyde d’europium,
est possible par voie sol-gel et ne modifie pas la microstructure de ces matériaux.
Il reste cependant un doute quant à la localisation des ions Eu3+ qui peuvent se trouver
soit en solution solide dans les grains de zircone nanométrique, soit dispersés au sein de la
matrice vitreuse riche en silice.
124
Fig. 15 : image MET obtenue sur un xérogel mixte dopé à l’europium
après un traitement thermique de 5h à 1100°C, vue générale.
125
2.2.3. Contrôle de la microstructure
Nous avons précédemment mis en évidence qu’il était possible par voie sol gel de
réaliser des nanocomposites de silice – zircone dopés à l’europium. Il en résulte une
microstructure constituée par une dispersion non aléatoire de nanoparticules de zircone au
sein d’une matrice amorphe de silice. Les conditions de traitement thermique permettent de
contrôler la taille et la distribution en taille des particules de zircone. Pour illustrer cet effet
nous nous sommes basés sur quatre traitements thermiques différents, respectivement 1h à
1000, 1100, 1200 et 1300°C. La figure 17 présente les courbes de DRX et de DCRX obtenues
sur ces échantillons.
(a) DRX
Intensité (u.a.)
1300°C 1h
1200°C 1h
1100°C 1h
1000°C 1h
15 30 45 60 75 90
2 Thêta (°)
80000
1300°C 1h (b) DCRX
1000
800
60000 1000°C 1h
Intensité (u.a.)
Intensité (u.a.)
600
400
40000 200
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0
1200°C 1h
-1
20000 q (nm )
1100°C 1h
0
0,0 0,5 1,0 1,5
-1
q (nm )
Fig. 17 : xérogels mixtes dopés à l’europium après des traitements thermiques
d’une heure à 1000, 1100, 1200 et 1300°C, (a) DRX (b) DCRX.
126
Ces deux techniques permettent de suivre la croissance des grains de zircone
tétragonale. Pour illustrer la microstructure finale de ce matériau nous avons réalisé des
clichés (cf. figure 18) de microscopie électronique en transmission sur un échantillon ayant
subi un traitement thermique d’une heure à 1300°C.
127
0,10
(a) DRX
1000°C 1h
p(D)
0,05
1100°C 1h
1200°C 1h
1300°C 1h
0,00
0 5 10 15 20 25 30 35 40
D(nm)
0,10
(b) DCRX
p(D)
0,05
1000°C 1h
1100°C 1h
1200°C 1h
1300°C 1h
0,00
0 5 10 15 20 25 30 35 40
D(nm)
Fig. 19 : distributions en taille des particules de zircone calculées
à partir des données de (a) DRX, (b) DCRX.
128
verre de silice. A partir de différentes températures de calcination, nous avons été capables de
générer toute une gamme de microstructures avec des tailles moyennes, pour les particules de
zircone, qui varient entre 4 et 23 nm.
Une perspective directe de ce travail est constituée par la mesure des propriétés optiques
de ces matériaux. Il se pose en particulier la question d’un éventuel effet de la microstructure
sur les performances optiques. La réalisation de tests de photoluminescence permettrait de
répondre à cette question et pourrait permettre de localiser précisément l’oxyde d’europium,
comme on peut le trouver dans la bibliographie[159].
3. Le système ZnO-SiO2
Une autre approche pour fonctionnaliser ces matériaux consiste à remplacer la zircone
par un matériau optiquement actif. Dans ce contexte l’oxyde de zinc apparaît comme un bon
candidat car, en plus de présenter des propriétés électroniques et optiques, son diagramme de
phase avec la silice présente une lacune de miscibilité.
L’oxyde de zinc est un semi-conducteur à grand gap (3,37 eV) dont les applications
dans le domaine de l’optique concernent non seulement la photoluminescence[21-23] mais
également des effets non linéaires tel que la génération de seconde harmonique[83, 84].
Nous allons dans la suite présenter les premiers résultats concernant l’élaboration par
voie sol-gel de matériaux composites silice – oxyde de zinc.
Pour minimiser les problèmes liés à l’utilisation d’un nitrate comme précurseur, nous
nous sommes limités, lors de cette étude, à des composites présentant seulement un ratio
129
oxyde de zinc / silice assez faible. En pratique une seule composition chimique a été étudiée :
10 mol% ZnO – 90 mol% SiO2.
Avant de détailler la préparation des échantillons mixtes nous nous sommes intéressés
au comportement thermique du précurseur de l’oxyde de zinc, à savoir le nitrate de zinc.
Comme attendu le nitrate brut est bien cristallisé. Après un traitement thermique à
300°C, la décomposition du nitrate est visible et le diagramme de diffraction correspondant
présente une multitude de raies qu’il a été impossible d’indexer. Après des traitements
thermiques à plus haute température, sa dissociation est achevée et la seule phase que l’on
détecte est l’oxyde de zinc. Le passage lors de cette décomposition par une phase liquide n’est
130
pas sans conséquence, la cristallisation de l’oxyde de zinc se faisant à partir d’une phase
liquide, il en résulte que les grains de cette phase qui apparaissent sont tout de suite de taille
importante. A aucun moment on ne forme des particules nanométriques d’oxyde de zinc.
Tetraethyl-orthosilicate
Nitrate de zinc
n-propanol
n-propanol
eau
Agitation
Sol mixte
mécanique
Malgré le choix que nous avons fait de travailler avec un système concentré (la
concentration totale en éléments métalliques C est ici fixée à 1) et ne contenant qu’une assez
faible fraction molaire de nitrate de zinc, le temps de gel de ces sols est relativement long
puisqu’il peut atteindre plusieurs semaines à la température de 60°C. Pour résoudre ce
problème, lié à la lenteur de la gélification du précurseur de silice, une solution pourrait être
l’emploi de catalyseurs (cf. chapitre 1). Cependant dans cette première étude, afin de ne pas
compliquer encore le système, nous avons décidé de ne pas utiliser ce genre d’ajouts.
Les gels ainsi obtenus sont ensuite séchés selon la procédure décrite au chapitre 4. Il est
ainsi possible d’obtenir des échantillons massifs.
131
3.2. Evolution thermique et microstructurale des xérogels mixtes
Les courbes d’ATD et d’ATG pour un échantillon mixte précurseur de silice – oxyde de
zinc contenant 10 % molaire de ZnO sont présentées en figure 22.
15 0
ATD (µV) 10 -5
ATG (%)
5 -10
0 -15
-5 -20
0 200 400 600 800 1000
Température (°C)
Fig. 22 : ATD/TG de gels mixtes.
Fig. 23 : observation d’un échantillon monolithique ayant subit un traitement thermique d’une heure à
600°C. L’image est agrandie quatre fois par rapport aux dimensions réelles de l’objet.
Après une heure de traitement thermique à 600°C on peut considérer qu’il ne reste
pratiquement aucun résidu organique. Comme on peut le constater sur la figure 23, les
échantillons monolithiques obtenus après un tel traitement sont totalement transparents. Si
132
l’on se réfère aux courbes de diffraction des rayons X (cf. figure 24) on peut également
affirmer que cet échantillon est amorphe.
ZnO
Zn2SiO4
800°C 1h
700°C 1h
600°C 1h
10 30 50 70 90
2 Thêta (°)
Fig. 24 : diagrammes de diffraction d’un xérogel mixte en fonction de la température de calcination.
Une étude par diffusion centrale des rayons X de ce matériau ayant subi un traitement
thermique d’une heure à 600°C montre qu’il n’est pas homogène à une échelle nanométrique.
La distribution d’intensité correspondante, présentée en figure 25, montre deux maxima
d’intensité diffusée pour des valeurs respectives du vecteur de diffusion qm1=0,4 nm-1 et
qm2=1,4 nm-1. Il existe donc deux longueurs de corrélation au sein de l’échantillon dont les
valeurs respectives sont de 16 et de 4,5 nm.
5000
DCRX
4000
Intensité (u.a.)
3000
2000
-1
qm2=1,4 nm
-1
1000 qm1=0,4 nm
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
-1
q (nm )
Fig. 25 : courbe DCRX d’un xérogel mixte traité thermiquement 1h à 600°C
133
xérogel mixte précurseur de silice – zircone, on observe sur le cliché de microscopie des
zones respectivement riches en silicium et en zinc. Le matériau est amorphe et sa
microstructure peut être décrite comme une distribution de nanoparticules riches en zinc au
sein d’une matrice riche en silicium. Il apparaît que la plus grande des deux longueurs de
corrélation détectée par diffusion centrale des rayons X peut être attribuée à la distance
moyenne entre les particules riches en zinc.
Fig. 26 : image MET obtenu sur un xérogel massif de silice – oxyde de zinc
calciné pendant 1h à 600°C
Comme le montre les diagrammes de diffraction présentés sur la figure 24, la première
phase cristalline qui se forme lors de recuits à plus haute température est le silicate de zinc
(Zn2SiO4). En se basant sur les informations apportées par la diffraction des rayons X, il est
possible d’associer le pic exothermique observé à environ 820°C sur la courbe d’analyse
thermique (cf. figure 22) à la cristallisation du silicate de zinc. Le comportement des
matériaux mixtes précurseurs de silice – oxyde de zinc apparaît donc comme différent de ceux
134
précurseurs silice – zircone. La cristallisation de l’oxyde de zinc n’est en effet jamais
observée et, au contraire, on forme rapidement le composé défini Zn2SiO4.
3.3. Perspectives
Il nous a été possible d’élaborer, par voie sol-gel, des nanocomposites dans ce système.
Nous sommes en particulier parvenus à synthétiser des échantillons monolithiques et
transparents de ces matériaux.
Comme dans le cas du système binaire silice – zircone une séparation de phases dans
l’état amorphe a été détectée après des recuits à basse température. Malheureusement il n’a
pas été possible de faire cristalliser des particules d’oxyde de zinc, on obtient au contraire le
composé mixte Zn2SiO4. Une étude plus complète de ce système semble donc nécessaire pour
mieux comprendre les phénomènes mis en jeu lors de la cristallisation des différentes espèces
et tenter de provoquer, de façon préférentielle, l’apparition de nanoparticules cristallines
d’oxyde de zinc. De surcroît, il semble nécessaire d’élargir cette étude en procédant à des
mesures des propriétés optiques de ces matériaux.
4. Conclusion
Ce chapitre présente plusieurs applications directes des résultats obtenus dans le
système binaire silice – zircone. L’idée était de transposer ces résultats à des systèmes plus
complexes.
Nous nous sommes tout d’abord intéressés au cas particulier des couches minces. Nous
avons mis en évidence la possibilité de réaliser des couches minces de silice – zircone de
bonne qualité. Les évolutions de la microstructure de ces dépôts, en fonction du traitement
thermique qu’on leur a fait subir, sont très semblables à celles des massifs étudiés
précédemment. La présence du substrat induit cependant un certain nombre de particularités.
Les particules de zircone sont ainsi plus grosses pour un même traitement thermique, leur
croissance ne se faisant plus par diffusion en volume mais par diffusion en surface. Et d’autre
part on observe une texturation progressive des grains de zircone parallèlement à la surface du
substrat. Cette étude sur les couches minces reste cependant exploratoire et les perspectives
associées sont la mise en évidence directe de la séparation de phases amorphe à basse
température et l’étude des effets de leur épaisseur sur leur microstructure.
135
Nous nous sommes ensuite consacrés à l’étude du ternaire ZrO2 – Eu2O3 – SiO2. Nous
avons, dans ce cas, montré que la microstructure des matériaux n’est pas du tout influencée
par le dopage. Il est de surcroît possible de contrôler de façon précise la microstructure de ces
composites. Le choix du traitement thermique détermine en effet la taille moyenne des
nanoparticules de zircone. Il reste cependant à mesurer les propriétés optiques de ces
matériaux.
Enfin nous avons réalisé une étude préliminaire du système binaire ZnO – SiO2. Dans
ce cas la situation est plus complexe et la cristallisation de l’oxyde de zinc n’a pas pu être
observée. Une étude plus approfondie de ce système semble donc nécessaire pour mieux
comprendre ses évolutions.
136
Conclusion générale
Nous avons mis en œuvre une approche consistant à exploiter des mécanismes de
séparation de phases, dans des matériaux synthétisés par voie sol-gel, afin de synthétiser des
matériaux céramiques composites nanostructurés. Cette technique a été appliquée au système
binaire précurseur de silice et de zircone.
Les premiers résultats, obtenus sur des poudres de xérogel d’un mélange équimolaire de
précurseurs de silice et de zircone, montrent que l’on obtient par cette méthode des
nanocomposites constitués par une dispersion de nanocristaux de zircone tétragonale au sein
d’une matrice de silice amorphe. De surcroît cette étude préliminaire nous a permis de
déterminer les conditions expérimentales requises pour une étude plus complète.
Nous nous sommes ensuite attachés à élaborer par voie sol-gel, en utilisant une
procédure de séchage des gels particulière, des échantillons monolithiques de ce matériau. De
tels échantillons permettent en effet une étude beaucoup plus précise des évolutions
microstructurales, en fonction du traitement thermique, du matériau. Les techniques de
caractérisation mises en œuvre lors de cette étude sont la diffusion centrale des rayons X, la
diffraction des rayons X et la microscopie électronique en transmission.
Dans le cas d'un matériau mixte de composition chimique 30 mol% SiO2 – 70 mol%
ZrO2 nous avons mis en évidence l'existence d'une séparation de phases préalable à la
cristallisation. En effet après un traitement thermique à 600°C le matériau est amorphe et sa
microstructure est constituée de zones interconnectées, probablement formées par un
mécanisme de type décomposition spinodale, respectivement riches en silicium et en
zirconium. Ces zones servent de matrice à partir de laquelle la cristallisation apparaît, ainsi
durant un traitement thermique à 1000°C des cristaux de zircone apparaissent dans la zone
précédemment enrichie en zirconium. Il résulte de ce processus de cristallisation, un matériau
composite nanostructuré dont la microstructure est constituée par une dispersion non aléatoire
et très homogène de nanoparticules de zircone tétragonale au sein d’une matrice de silice
amorphe. L’ensemble de ces évolutions est présenté de façon schématique sur la figure
suivante.
137
600°C, 1h 1000°C, 1h 1100°C, 5h
5 nm 5 nm 5 nm
Schéma de l’évolution microstructurale d’un matériau mixte précurseur de silice – zircone en fonction
du traitement thermique. Depuis la séparation de phases amorphe jusqu’au nanocomposite.
Dans la continuité de cette étude, nous nous sommes ensuite attachés à transposer les
résultats obtenus sur le système silice – zircone à trois cas particuliers, ouvrant ainsi la voie
vers des matériaux ayant des applications dans les dispositifs optiques, nous avons ainsi
montré que :
• Les résultats obtenus sur les xérogels massifs précurseurs de silice – zircone sont
transposables au cas des couches minces.
• Il est possible de doper les xérogels mixtes sans que leur microstructure ne soit modifiée.
138
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