2016 MSF Cillart L

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Les sages-femmes dans le dépistage des violences

conjugales : état des lieux des pratiques en Auvergne


Lucile Cillart

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Lucile Cillart. Les sages-femmes dans le dépistage des violences conjugales : état des lieux des pra-
tiques en Auvergne. Médecine humaine et pathologie. 2016. �dumas-01535762�

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ECOLE DE SAGES-FEMMES

DE

CLERMONT- FERRAND

Université d’Auvergne – Clermont 1

LES SAGES-FEMMES DANS LE DEPISTAGE


DES VIOLENCES CONJUGALES

Etat des lieux des pratiques en Auvergne

MEMOIRE PRESENTE ET SOUTENU PAR

Lucile CILLART

Née le 17/02/1992

DIPLOME D’ETAT DE SAGE-FEMME

Année 2016
ECOLE DE SAGES-FEMMES

DE

CLERMONT- FERRAND

Université d’Auvergne – Clermont 1

LES SAGES-FEMMES DANS LE DEPISTAGE


DES VIOLENCES CONJUGALES

Etat des lieux des pratiques en Auvergne

MEMOIRE PRESENTE ET SOUTENU PAR

Lucile CILLART

Née le 17/02/1992

DIPLOME D’ETAT DE SAGE-FEMME

Année 2016
Remerciements

A ma directrice de mémoire, Chloé Desmartin, merci pour votre investissement et votre


disponibilité dans la réalisation de ce mémoire.

Merci à l’ensemble de l’équipe pédagogique et en particulier, Marie Christine Leymarie


et Inès Parayre, ma co-directrice, pour votre aide.

Merci également à Catherine Foulhy, Monique Perrier, l’Association nationale des


sages-femmes orthogénistes (ANSFO), l’association AVEC, le CIDFF, Bruno Pereira et
Aurélien Mulliez. Merci pour vos précieux conseils.

Un grand merci aux présidentes des Conseils de l’Ordre de l’Allier, du Puy de Dôme, de
Haute Loire et du Cantal pour avoir transmis mon questionnaire.

Je remercie également :
Toute l’équipe d’Osez le Féminisme 63 ! sans qui je ne serais jamais devenue la
personne que je suis aujourd’hui. Merci pour tous ces instants de militantisme et de
sororité partagés avec vous.

Toute ma promotion, pour ces quatre années passées en votre compagnie.

Marie, Philippe, Cyril, Nicolas et Charlie, merci de me supporter depuis toutes ces
années et pour votre soutien sans faille.

« La femme n’est victime d’aucune fatalité : il ne faut pas conclure que ses ovaires la
condamnent à vivre éternellement à genoux »

Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe


Glossaire

AS : Assistante Sociale
CH : Centre hospitalier
CHU : Centre Hospitalier Universitaire
CIDFF : Centre d’Information des Droits des Femmes et des Familles
CPEF : Centre de Planification et d’Education Familiale
ENVEFF : Enquête Nationale sur les Violences envers les Femmes en France
EPP : Entretien Prénatal Précoce
HAS : Haute Autorité de Santé
IST : Infection Sexuellement Transmissible
ITT : Incapacité Temporaire de Travail
IVG : Interruption Volontaire de Grossesse
PMI : Protection Maternelle et Infantile
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
RPM : Rupture Prématurée des Membranes
SA : Semaine d’Aménorrhée
UMJ : Unité Médico-Judiciaire
VIH : Virus de l’Immunodéficience Humaine
Sommaire

Introduction ............................................................................................................................................ 1
Revue de la littérature ............................................................................................................................ 5
Matériel et méthode ............................................................................................................................. 28
1. Type d’étude ............................................................................................................................ 28
2. Durée de l’étude ....................................................................................................................... 28
3. Lieu(x) de l’étude ..................................................................................................................... 28
4. Critères de sélection des sujets ................................................................................................. 29
4.1. Critères d’inclusion .......................................................................................................... 29
4.2. Critères d’exclusion .......................................................................................................... 29
5. Le recueil des données ............................................................................................................. 29
6. L’analyse des données .............................................................................................................. 30
6.1. Les groupes comparés ...................................................................................................... 30
6.2. Les tests statistiques utilisés ............................................................................................. 30
6.3. Le logiciel d’analyse utilisé .............................................................................................. 30
7. Aspects éthique et règlementaire .......................................................................................... 30
Résultats ............................................................................................................................................... 31
Discussion ............................................................................................................................................ 45
Conclusion ........................................................................................................................................... 54
Références bibliographiques ................................................................................................................ 55
Annexes ............................................................................................................................................... 63

1
Introduction
Les violences concernent un grand nombre de femmes dans le monde issues de
différentes conditions sociales et économiques. Commises sur tous les continents et à
toutes les époques, les violences exercées par les hommes à l’encontre des femmes sont
longtemps restées silencieuses car perçues comme une affaire privée qui ne relève que
de l’intime.

En France, une femme sur dix est victime de violences conjugales, qu’il s’agisse
de violences verbales, psychologiques, physiques ou sexuelles. 400 000 victimes ont été
déclarées en deux ans. En 2013, 121 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint
ou ex-conjoint, ce qui représente 20% des homicides de toute nature répertoriés au cours
de l'année. Au fil des ans, ces chiffres effroyables restent globalement stables. Au cours
de leur vie, 16% des femmes déclarent avoir subi des rapports sexuels imposés ou des
tentatives de rapports forcés, soit environ 154 000 femmes entre 18 et 75 ans en 2010 et
2011. Parmi ces viols, un tiers est perpétré au sein du ménage. Les hommes sont aussi
concernés par les violences domestiques, en 2012 et 2013, 149 000 hommes ont été
victimes de violences au sein de leur couple, dont 25 hommes décédés [1].

Il s’agit d’un véritable problème de santé publique ayant de graves conséquences


sur la santé des femmes, celle de leurs enfants et sur le déroulement de leur grossesse.
Les violences domestiques sont responsables de plus de morts parmi les femmes
enceintes que n’importe quelle autre pathologie de la grossesse. Le Ministère de
l'Intérieur et celui des Droits des femmes, ainsi que la Mission Interministerielle pour la
Protection des Femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des êtres
humains (MIPROF) ont lancé le 4e plan triennal s'étalant sur trois ans (2014-2016) et
comprenant notamment une mobilisation des professionnels à travers une formation
initiale et continue.

La grossesse peut-être un facteur déclenchant ou aggravant de ces situations,


mais c’est également un moment privilégié pour dépister des violences passées ou
actuelles, du fait de la régularité des consultations (entretien prénatal précoce,
préparation à la naissance et à la parentalité, échographie…) [2].

2
Les sages-femmes, avec des compétences obstétrico-pédiatriques, médico-
psycho-sociales et ayant un rôle dans le dépistage des pathologies semblent concernées
par les violences exercées sur les patientes. Elles peuvent donc prévenir les
conséquences, les répétitions et briser le cycle de violences en repérant les patientes
victimes [3].

L’objectif principal de cette étude est d’effectuer un état des lieux sur les
pratiques de dépistage de violences conjugales par les sages-femmes d’Auvergne.
L’objectif secondaire est de comparer les différentes pratiques selon le mode d’exercice
des sages-femmes.

Ce mémoire se compose en trois parties : dans un premier temps, la revue de la


littérature, puis dans un second temps, le travail de recherche, l’analyse des résultats, la
discussion et enfin la conclusion.

3
Revue de la littérature

1
1. Définitions

Les violences conjugales sont perpétrées au sein d'un couple ou entre ex-conjoints
hétérosexuels ou homosexuels. Cette violence s'inscrit dans un fonctionnement
d'emprise sur l'autre de façon unidirectionnelle et destructrice.

En introduction au séminaire « De la violence » Françoise Héritier tente de définir la


violence conjugale ainsi: « toute contrainte de nature physique ou psychique susceptible
d'entraîner la terreur, la souffrance ou la mort d'un être animé; tout acte d'intrusion qui
a pour effet volontaire ou involontaire la dépossession d'autrui, le dommage ou la
destruction d'objets inanimés » [4].

L’organisation Mondiale de la Santé définit la violence de la façon suivante :


« la menace ou l’utilisation intentionnelle de la force physique ou du pouvoir contre
soi-même ou contre autrui, contre un groupe ou une communauté, qui entraîne ou
risque d’entraîner un traumatisme ou un décès, des dommages psychologiques, un
mal développement ou des privations » [5]. Ceci inclut donc les violences verbales,
psychologiques, sexuelles et les actes de négligence. La notion d’intentionnalité est
importante, car elle montre un rapport de force.

Pour les Nations Unies, on entend par violence « La violence faite aux femmes
désigne tout acte de violence fondé sur l'appartenance au sexe féminin, causant ou
susceptible de causer aux femmes des dommages ou des souffrances physiques,
sexuelles ou psychologiques, et comprenant la menace de tels actes, la contrainte ou la
privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée."
[6]. Il en résulte pour ces femmes victimes une impuissance, marquant la difficulté à
évaluer ce genre de situations et l’incapacité à répondre au conjoint violent.

4
2. Historique des Luttes des violences faites aux femmes en France

La dénonciation des violences faites aux femmes a été une des questions majeures
soulevées par les mouvements féministes dans les années 1970. S'appuyant sur une
remise en cause entre l'espace privé et l'espace public, ces réflexions ont mené à mettre
en évidence la fréquence et les différentes formes de violences subies par les femmes :
harcèlement dans la rue ou au travail, viols, violences conjugales. Ces mouvements ont
entrepris alors de les combattre sur les plans à la fois théorique, politique et pratique.
Des mobilisations collectives sont alors médiatisées, en même temps que s'ouvrent des
espaces de paroles et des lieux d'accueil pour les femmes victimes. Ces dénonciations
ont permis de se rendre compte du phénomène massif et courant, touchant toutes les
femmes, mais également totalement banalisé.

1980 : Suite au procès d'Aix-en-Provence de 1978 concernant deux jeunes femmes


violées, le viol a été reconnu comme crime par la loi et apporte une définition précise:
“tout acte de pénétration sexuelle de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne
d’autrui, par violence, contrainte ou surprise est un viol”. (Article 222.23 du Code
Pénal)

1989 : les pouvoirs publics ont affirmé leur volonté de lutter contre les violences
conjugales et lancèrent la première campagne nationale d’information.

1990 : la Cour de Cassation a reconnu pour la première fois le viol entre époux.

1992 : la loi du 22 juillet stipulait que la qualité de conjoint ou de concubin de la


victime constitue une circonstance aggravante de l’infraction commise. La loi du 2
novembre définit l’abus d’autorité sexuelle au travail (harcèlement sexuel)

2000 : La première grande enquête à l'échelle nationale, l'Enquête Nationale sur les
Violences Envers les Femmes en France (E.N.V.E.F.F) fut réalisée à l'issue de la 4ème
Conférence Mondiale sur les femmes à Pékin sous la direction de Maryse Jaspard et
conduite par le ministère de la Cohésion sociale. Elle chiffre à 10% le taux de femmes
victimes de violences conjugales sur les 12 derniers mois. Il s’agit d’une enquête
téléphonique effectuée de mars à juillet 2000, auprès d’un échantillon de 6 970 femmes
âgées de 20 à 59 ans, et résidant en France métropolitaine.

5
2005-2007 : Le premier Plan Triennal a été créé. Ce plan de lutte global fut mis en place
par le Ministère des Solidarités et de la Cohésion Sociale. Il permettait le financement
de nombreuses campagnes de sensibilisation et la création de la plateforme téléphonique
de lutte contre les violences conjugales « 3919 » (Annexes IV et V).

2006 : La loi du 6 avril a renforcé la prévention et la répression des violences au sein du


couple en l’élargissant aux pacsés et aux ex-partenaires. Elle a aligné l'âge légal du
mariage des femmes sur celui des hommes, à savoir 18 ans, pour mieux lutter contre les
mariages forcés.

2008-2010 : Le deuxième Plan Triennal comportait 12 objectifs, notamment, briser le


tabou, prévenir les violences et protéger les femmes et les enfants.

2010 : Les violences faites aux femmes ont été promues « Grande Cause Nationale ».
La loi du 9 juillet autorisa le Juge aux Affaires Familiales à délivrer une ordonnance de
protection des victimes en urgence dans les cas de violences au sein du couple, et à
ordonner le port du bracelet électronique par le conjoint.

Le délit de harcèlement au sein d'un couple a été créé pour mieux prendre en compte les
violences psychologiques et morales. La notion de « présomption de consentement des
époux à l'acte sexuel qui ne vaut que jusqu'à preuve du contraire » a été supprimée. Pour
lutter contre les mariages forcés, le délit de « contrainte au mariage » fut établi. La loi a
prévu également la délivrance ou le renouvellement du titre de séjour pour une femme
issue de l'immigration bénéficiant d'une ordonnance de protection en raison de violences
commises par son conjoint ou ex-compagnon.

2011-2013 : Le troisième Plan Triennal renforça la lutte dans 3 domaines d'actions: la


protection, la prévention et la solidarité. Il est affirmé que les professionnels de santé
ont un rôle central à jouer dans le dépistage et la prise en charge de ces violences, mais
ce sont aussi eux qui reçoivent le moins de formation spécifique.

2014-2016 : Le Ministère de l'Intérieur et celui des Droits des femmes ont lancé le
quatrième Plan Triennal comprenant notamment une mobilisation des professionnels à
travers une formation initiale et continue, la prévention et la lutte contre les mutilations
sexuelles féminines, la diffusion du téléphone Grand Danger...

6
3. Epidémiologie

La violence exercée par un partenaire intime existe dans tous les pays et dans tous
les groupes sociaux, économiques, religieux et culturels. D’après les chiffres récents de
la prévalence mondiale, 35% des femmes indiquent avoir été exposées à des violences
sexuelles de la part de leur partenaire intime ou de quelqu’un d’autre à un moment de
leur vie.

En moyenne, 30% des femmes qui ont eu des relations de couple signalent avoir
subi une forme quelconque de violence physique ou sexuelle de la part de leur
partenaire. Au niveau mondial, jusqu’à 38% des meurtres de femmes sont le fait de leur
partenaire intime [7].

Dans des sociétés plus traditionnelles, si un homme bat son épouse, c’est parce qu’il
a le droit de lui infliger des châtiments corporels. Ces justifications culturelles de la
violence exercée sur les femmes sont basées le plus souvent sur une idée ancienne des
rôles féminins et masculins. L’éducation confère aux hommes un contrôle sur le
comportement des femmes, les époux sont donc considérés comme « propriétaires » de
leur(s) conjointe(s). Par exemple, en Egypte, plus de 80% des femmes vivant en zone
rurale estiment que frapper son épouse est justifié dans certaines circonstances [9].

En Méditerranée Orientale, les crimes d’honneur sont aussi perpétrés pour sauver la
réputation de la famille et punir la « coupable » qui est « souillée » sexuellement, que ce
soit en étant victime de viol ou en ayant eu des relations sexuelles hors mariage [5].

Des études réalisées dans divers pays montrent qu’en Australie, au Canada, en
Israël, en Afrique du Sud et aux Etats Unis d’Amérique 40 à 70% des femmes victimes
de meurtre ont été tuées par leur époux ou leur petit ami souvent dans le contexte d’une
relation violente. Des facteurs culturels et la disponibilité des armes à feu définissent les
profils d’assassinats commis sur les femmes. Ainsi aux Etats-Unis plus de femmes sont
tuées par balle, alors qu’en Inde, où l’accès aux armes est restreint, les victimes
succombent davantage à l’immolation.

7
4. Le féminicide

Au Canada, le meurtre conjugal n’est pas un phénomène récent, mais il est


devenu depuis ces vingt dernières années, un objet d’étude important dans le cadre des
violences conjugales. Suite à la tuerie de Polytechnique à Montréal en 1989 où 14
étudiantes furent tuées et au cours de recherches, les termes féminicide et fémicide
furent créés par Jill Radford et Diana E. H. Russel en 1992. Il désigne le meurtre de
femmes, tuées au motif qu’elles sont nées femmes. Ces auteurs soulignent également
que ces féminicides sont le plus souvent commis par les conjoints au terme de longues
périodes de violences dans le couple [8].

Le Mexique connaît depuis ces dix dernières années un nombre important de


crimes de ses citoyennes. Dans la ville de Ciudad Juárez, au nord du pays, depuis les
années 1990, plusieurs centaines de femmes ont été assassinées, majoritairement par
leur compagnon. En réponse à ces meurtres commis en toute impunité, l’état a adopté
un texte de loi reconnaissant le féminicide [9]. L’Argentine, tout comme le Nicaragua,
la Bolivie, le Pérou, le Chili, le Costa Rica, la Colombie, le Salvador et le Guatemala,
ont également suivi ce modèle [10].

En Espagne, dans un contexte de reconnaissance publique croissante des


violences sexistes et dans le sillage des actions menées par la population, la loi est
promulguée en janvier 2004 sur les mesures de protection intégrale contre les violences
de ce genre. Ce texte est pionnier en Europe et fait suite au meurtre d’Ana Orantes en
1997 par son ex-mari, quelques jours après son témoignage à la télévision de ce qu’elle
avait subi pendant quarante ans.

En Asie, les meurtres des petites filles sont effectués dès la naissance, ces crimes de
masse s’expliquent par la conjonction entre plusieurs facteurs : une préférence pour les
garçons avec un rôle subalterne pour les femmes, qui remonte au confucianisme. La
structure des familles traditionnelles veut que les couples mariés s’installent chez la
famille du mari pour subvenir à leurs besoins. Avoir un garçon représente la garantie
d’être pris en charge après la retraite. Au contraire une fille, une fois mariée, quittera le
foyer. Elle est considérée comme une charge économique sans retombées [10].

8
5. Différentes formes de violences

La violence verbale est permanente et se manifeste de différentes façons: par la


tonalité de la voix, des hurlements, des silences. Des insultes, des menaces, des
sarcasmes et un recours au chantage ont été décrits par les victimes.

Les violences psychologiques sont définies lorsqu'une personne adopte une série
d'attitudes et de propos qui dénigrent l'autre [11]. Elles surviennent en premier mais
elles peuvent également être les seules à s’installer. Il ne s'agit pas d'un dérapage
ponctuel, mais bien une façon de considérer l’autre et donc d’une construction d’une
domination et d’inégalité dans la relation de couple.

Elles ont pour but d’instaurer chez la victime:

 un climat d'insécurité physique et émotionnelle par des intimidations, des


menaces, une agressivité et un comportement hostile permanent vis à vis de la
femme [12].
 des contraintes, des contrôles et un isolement par une surveillance continue des
sorties, des dépenses, de la façon de se vêtir, des fréquentations ou même par un
chantage affectif. Le conjoint peut aller jusqu'à la séquestration de sa compagne
pour ainsi mieux la contrôler et imposer des règles de vie très strictes [12].
 un sentiment de dévalorisation, d'humiliation par des dénigrements et des
critiques constantes sur la façon d'être de la femme (capacité intellectuelle,
éducation des enfants...) et en ne respectant pas ses opinions et ses décisions
[12].
 un sentiment de culpabilisation par des plaintes, des exigences irréalistes, un
rejet de sa frustration sur la victime, entraînant une sensation d'être
continuellement en faute [13].
 un sentiment de doute et de confusion par des attitudes et des propos
incohérents, une manipulation entraînant chez la victime une incapacité à avoir
confiance en ses jugements [14].

C'est une violence très subtile et destructrice portant atteinte à l'intégrité psychique de la
compagne pouvant entraîner une perte de repères.

9
Les violences physiques font référence aux coups et blessures. Elles portent
atteintes à l'intégrité physique et peuvent s'exercer à mains nues, à l'aide d'objets
domestiques ou d'armes. Il peut s'agir de gifles, coups de poing, bousculades, morsures,
brûlures. Elles peuvent aller jusqu'à la tentative de meurtre et l’assassinat [15].
L’utilisation d’armes blanches ou les brûlures peuvent exprimer la volonté de
l’agresseur de laisser une empreinte sur sa conjointe.

Les violences sexuelles comprennent le viol ainsi que d’autres formes


d’agression sexuelles. Elles peuvent être commises par un ou plusieurs individus sans
consentement de la victime. Il s'agit d'une véritable domination sur la sexualité de la
femme, en imposant des rapports sexuels non désirés, des pratiques considérées comme
dégradantes voire un recours forcé à la prostitution ou à la pornographie. En France,
environ 30% des viols subis par les femmes seraient le fait de leur partenaire, et
seulement 2% de ces viols sont dénoncés [16].

Les violences économiques visent à contrôler les dépenses et les moyens de


paiement du ménage par le conjoint. La victime peut contracter des crédits et s'endetter
sous la pression de son compagnon [17].

La violence administrative consiste à la confiscation de documents administratifs


importants (carte d’identité, passeport, livret de famille, fiches de paie, carnet de santé
des enfants...) [17]. La victime se retrouve alors dans l'incapacité de quitter le domicile
conjugal.

Les mutilations sexuelles féminines (MSF) consistent à ôter tout ou une partie
des organes génitaux externes de la femme à l'aide de chirurgie. Elles peuvent se faire
pour des raisons religieuses, coutumières mais surtout non thérapeutiques. Les
mutilations sont classées en fonction des ablations réalisées : clitoridectomie, excision,
infibulation… [18] Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, environ 140 millions de
femmes ou de filles sont victimes de mutilations sexuelles dans le monde. Ces pratiques
concernent principalement l'Afrique, le Proche Orient, et l'Asie du Sud Est. En France,
même si les chiffres sont toujours difficiles à établir, 50 000 femmes adultes seraient
excisées [16;19].

10
Les mariages forcés concernent les adolescentes ou jeunes femmes mariées contre
leur gré, sous la pression familiale, ou les menaces (20). En France, cela représente 75
000 victimes principalement issues des communautés africaines, maghrébines, turques
mais aussi asiatiques (Pakistan, Sri Lanka) ou tsiganes.

6. Mécanisme de la violence au sein du couple

Les premiers spécialistes à avoir étudié la violence conjugale, notamment Leonore


E.Walker ont décrit qu'elle se manifeste sous forme cyclique [21]. C'est le mode le plus
fréquent mais ce n'est pas le seul, Marie France Hirigoyen évoque aussi un mode de
violence perverse, quotidienne, plus incidieuse et plus subtile. Cette violence s'installe
progressivement dans le couple, d'abord par de la tension et de l'hostilité passant le plus
souvent inaperçues. Classiquement, ce cycle se déroule en quatre phases et toujours de
manière répétitive, de la façon suivante [11, 22]:

 Une phase de tension, d'irritabilité de la part du compagnon la plupart du temps


liée selon lui à des difficultés de la vie quotidienne. La violence n'est pas
physiquement exprimée, elle transparaît à travers des mimiques et des attitudes
malveillantes.
 Une phase d'agression dans laquelle la violence physique commence
progressivement: bousculade, bras tordus, gifles, coups de poing et
éventuellement recours à une arme.
 Une phase de déni, d'excuses, où l’auteur cherche à annuler ou à minimiser son
comportement. Après cette explosion de violence, le compagnon est le plus
souvent pris de remords, et cherche aussi une explication qui pourrait le
déculpabiliser en rendant sa partenaire responsable. Il peut également justifier
son comportement par des motifs extérieurs (colère, alcool, ou surcharge de
travail).
 Une phase de « Lune de miel » ou de réconciliation. Le conjoint adopte une
attitude agréable, il est soudainement attentif et prévenant. Il peut aider aux
tâches ménagères, se montrer amoureux, offrir des cadeaux, des fleurs et faire
des efforts pour rassurer sa femme. C'est le plus souvent la peur de l'abandon qui
le conduit à ce changement.

11
Durant cette phase, les femmes retrouvent espoir car elles reconnaissent
l'homme charmant qui a su les séduire, ce qui les incite à rester. Le cycle de la
violence peut donc recommencer.

Les femmes victimes de ces violences décrivent un très grand décalage dans le
comportement de leur compagnon entre la phase de tension et la phase de réconciliation
[22].

7. Conséquences

7.1 Conséquences économiques

La prise en charge ambulatoire des victimes coûte deux fois et demie plus cher que
la prise en charge d'autres femmes [23]. En France, le coût global des violences
conjugales est estimé à plus d’un milliard d'euros par an. 20% est alloué aux soins
médicaux (consultations, consommations médicamenteuses...), 9% aux systèmes
judiciaires et policiers, 5% aux aides sociales, 22% aux coûts des préjudices (Incapacité
Totale de Travail) et 44% à la baisse de productivité (absentéisme, décès,
incarcérations) [24].

7.2 Conséquences sur la santé des femmes

Selon l'OMS, une femme victime de violences conjugales perd entre 1 et 4 années
de vie en bonne santé. C'est un véritable problème de santé publique qui a des
répercussions graves à court, moyen et long terme sur la santé des femmes. Les
conséquences sont multiples.

12
7.3 Conséquences physiques

Les lésions traumatiques subies sont de natures différentes. Elles résultent


directement de violences physiques. Il est principalement retrouvé des hématomes, des
ecchymoses, des plaies, des contusions, des brûlures, des morsures, des fractures ainsi
que des marques de strangulation. Certaines lésions sont facilement détectables bien
qu’elles puissent être volontairement cachées par la patiente.

Elles ont trois caractéristiques :

 Leurs localisations peuvent être variables mais elles sont généralement


concentrées au niveau de la face antérieure du corps (cou, bras, ventre, visage,
thorax, au niveau des membres supérieurs et inférieurs)
 Elles sont multiples
 Elles sont d’âge différent : alliant diverses couleurs de résorption sanguine.

Certaines pathologies chroniques telles que des affections pulmonaires (asthme,


insuffisance respiratoire, bronchite chronique), des affections cardiaques (hypertension
artérielle) ou de troubles métaboliques (diabète) peuvent s’aggraver car elles nécessitent
un traitement et un suivi régulier. L’irrégularité de la médication se justifie soit par un
état dépressif, une importante asthénie ou parce que l’auteur contrôle les actes de sa
compagne et l’en empêche. [25].

7.4 Conséquences sur la vie sexuelle et reproductive

La violence du partenaire interfère de nombreuses façons dans la vie sexuelle et


reproductive d'une femme. Il peut imposer par des contraintes physiques ou des
pressions psychologiques des rapports sexuels non souhaités. Ces rapports peuvent être
à l'origine de troubles gynécologiques (dyspareunies, pesanteurs pelviennes,
vaginisme… [26]. Les victimes sont plus à risque d'être infectées par des infections
sexuellement transmissibles (Hépatites B et C, herpès, chlamydia, VIH...) [5] et des
grossesses non désirées. Les recherches ont montré que ces femmes avaient plus de

13
difficultés à utiliser un moyen de contraception de leur choix, et avaient recours plus
fréquemment à l'interruption volontaire de grossesse [27].

Un conjoint violent peut contraindre sa compagne à entreprendre une grossesse et la


mener à terme comme à l’interrompre. Une étude menée à Trieste en Italie entre 2006 et
2007 démontre que la violence est fréquente chez les femmes ayant avorté : 12% d’entre
elles avaient été victimes de violence de la part de leur partenaire au cours des douze
derniers mois [28].

7.5 Conséquences psychosomatiques

Il s’agit de troubles digestifs, de lombalgies, de céphalées, de sensation


d’engourdissement dans les mains ou d’oppression, de palpitations et de fibromyalgie et
d’asthénie n’ayant aucune cause organique [5,26,29].

7.6 Conséquences psycho-traumatiques

Ces troubles résultent de violences psychologiques et physiques. La victime se


retrouve dans un état d’anxiété intense, un sentiment d’humiliation, de dévalorisation
voire de culpabilisation. Elle peut souffrir de troubles du sommeil (insomnie,
cauchemars...), de troubles de l’alimentation (boulimie, anorexie...), de troubles
cognitifs (troubles de la mémoire et de l’attention, difficultés de concentration et du
repérage temporo-spatial...). Dans plus de 50% des cas des troubles dépressifs sont
observés conduisant à des tentatives de suicide, des abus de consommation d’alcool, de
tabac, de substances psychoactives ou d’antidépresseurs [30]. Un syndrome de stress
post-traumatique peut être observé, ce syndrome est commun à toutes les personnes
ayant subi des blessures importantes [31]. Les agressions vécues sont inscrites dans la
mémoire et sont ressenties de façon répétitive soit par des images, des émotions fortes,
soit lors de cauchemars (c’est le syndrome de reviviscence).

14
Selon l’avocate Yaël Mellul : « Ces victimes ont vécu dans un monde où les valeurs
étaient inversées, dans un monde distordu, avec une vision du monde tronquée : tout se
passe comme si elles avaient subi un lavage de cerveau » [32].

Autre conséquence, souvent ignorée du traumatisme : la dissociation qui peut être


décrite comme un éclatement de la personnalité. Elle est définie par le Diagnostic and
Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-IV) de la façon suivante : « la survenue
d'une perturbation touchant des fonctions normalement intégrées, comme la conscience,
la mémoire, l'identité ou la perception de l'environnement. » Il s’agit donc d’un
phénomène de défense contre la peur et la douleur [33].

7.7 Conséquences obstétricales

Les grossesses peuvent être le résultat d’un viol conjugal, avoir été décidées par le
couple lors d’une période d’accalmie ou être la conséquence du fait que la femme n’a
pas le droit d’utiliser un moyen de contraception [34]. Les violences physiques peuvent
provoquer des avortements spontanés, des ruptures prématurées des membranes, des
accouchements prématurés, des retards de croissance in utero, des hématomes rétro-
placentaires, suivis de souffrance ou de mort fœtale [5,30]. Après l’accouchement, une
dépression du post-partum peut apparaître, une carence en soins à l’enfant, des douleurs
abdominales ou pelviennes persistantes ainsi qu’un allaitement déficient.

7.8 Conséquences fœtales et néonatales

Bien que cela soit assez rare, le fœtus peut présenter des fractures de membres ou
des plaies par armes blanches, malgré la protection que lui confère le liquide
amniotique.

15
7.9 Conséquences sur la santé des enfants

Lorsqu’il existe des violences au sein du couple, près de 70% des enfants sont
témoins des coups portés sur leur mère (ce sont eux aussi des victimes de violences
psychologiques), et 40% les subissent directement [2]. Le manque de soins ou le
traumatisme psychologique peuvent entraîner un retard staturo-pondéral, des troubles
du langage et de l’audition, des troubles sphinctériens à type d’énurésie [35].

Les scènes vécues malmènent l’enfant dans son fonctionnement psychique et le


conduisent à établir des processus adaptatifs [36].

La violence exercée possède une dimension traumatique pour l’enfant qui en est
témoin. Il/elle peut ressentir un sentiment d’angoisse extrême, tel qu’un syndrome de
stress post-traumatique, des troubles du sommeil (insomnies, cauchemars…) et de
l’alimentation le plus souvent à l’adolescence (boulimie), mais aussi un état dépressif.

L’enfant ne s’épanouissant pas dans un environnement stable et étant plongé dans


des liens destructeurs, il éprouve aussi une grande culpabilité et une auto-dévaluation et
se sent responsable de la brutalité exercée à l’encontre de sa mère [36].

Une altération dans la construction du psychisme se produit et, pour se protéger, il


met en place des mécanismes de défense: le déni et le clivage. Le clivage permet le
maintien de la relation avec le père en occultant les actes violents et en se
« raccrochant » aux moments d’accalmie vécus avec celui-ci. Un autre phénomène plus
inquiétant peut également se produire : il n’est pas rare de voir un des enfants
s’identifier à l’un des parents. La position sexuée est un facteur déterminant en termes
d’identification. Quand l’enfant s’identifie au parent violent, il peut violenter un autre
membre de la fratrie (inceste…) [36].

Des troubles du comportement et de la conduite sont aussi constatés, tels qu’un


isolement, des états d’hypervigilance, mais également de l’agressivité [36]. Le climat de
violence peut provoquer un désintérêt ou un surinvestissement scolaire, des conduites à
risques (consommations abusives d’alcool, toxicomanie, tentative de suicide…) [35].

16
8. Facteurs de risque, facteurs protecteurs

Les violences conjugales touchent toutes les femmes, de toutes catégories sociales et
de tous les âges, de toutes nationalités [37]. Les facteurs de risque liés à la violence
apparaissent au niveau individuel, familial et communautaire.

Le rapport final de L’ENVEFF révèle que « les moins de 25 ans sont en première
ligne : les victimes d’oppressions extrêmes n’ont pas d’âge; par contre les autres
pressions et agressions se résorbent un peu avec l’âge, soit parce que le seuil
d’endurance de la victime s’est accrue, soit parce qu’elle a trouvé un moyen de s’y
soustraire ». L’écart d’âge entre les conjoints est déterminant, « lorsque l’époux est plus
jeune ou plus vieux de dix ans, les situations de violences totales sont multipliées par
deux, le harcèlement psychologique est beaucoup plus important ».

Les femmes qui se consacrent exclusivement à leur vie de famille ont sans doute
une perception plus traditionnelle des rapports entre les conjoints au sein du couple et
donc une meilleure acceptation de leur condition que celles qui ont exercé une activité
professionnelle. De même les croyances concernant l’honneur de la famille, la pureté
sexuelle sont des facteurs de risque associés à la violence sexuelle. Les femmes qui ne
possèdent aucun compte bancaire déclarent davantage de violences conjugales. En cas
de suspicion sur l’infidélité du partenaire les taux de violences sont multipliés par deux,
et triplés en cas de certitude. Les chômeuses et les étudiantes présentent un indicateur
plus élevé. Un faible niveau d’instruction chez l’auteur et chez la victime est un facteur
de risque [38]. Les évènements ayant eu lieu dans l’enfance est un paramètre surajouté
aux violences à l’âge adulte. En effet, des antécédents de difficultés tels que des
privations matérielles, des placements judiciaires, des problèmes d’alcoolisme, de
drogue, des sévices répétés représentent un autre élément aggravant des situations de
violence conjugale. Plus d’un quart (26 %) des femmes qui ont mentionné avoir subi
plusieurs problèmes dans leur enfance sont victimes de violences conjugales, contre 6 %
de celles qui n’ont dénoncé aucune difficulté durant l’enfance. Les victimes de
violences sexuelles avant l’âge de 18 ans sont presque trois fois plus victimes de
violences conjugales à l’âge adulte [39].

17
Pour l’auteur de violences, l’exposition à la maltraitance familiale l’engage à
l’âge adulte à reproduire le même schéma, la violence étant ancrée dans un
fonctionnement familial tel qu’il peut s’agir d’une normalité dans l’esprit de l’enfant.
L’usage nocif d’alcool ou de substances psychoactives de la part du partenaire est un
facteur aggravant des violences commises, mais 70% d’entre elles sont pratiquées alors
que le conjoint n’avait consommé ni alcool, ni autres substances.

D’autres dispositions ont été décrites, elles comprennent : une instabilité


professionnelle, un bas niveau socio-économique, ainsi qu’une origine géographique
étrangère [40].

La grossesse est une circonstance favorisante des violences exercées par le


partenaire sur sa compagne, il s’agit d’un événement qu'il ne contrôle pas. Selon la
psychiatre Marie-France Hirigoyen, l'escalade de la tension est liée à « la peur infantile
d'être abandonné ». Le futur enfant va prendre la place du conjoint, et « pour se sentir
bien, il faut donc qu'il puisse la contrôler à tout instant. Ils confondent ainsi amour et
possession ».

Quand dans le couple, la femme « materne » l'homme, l'arrivée d'un enfant peut
alors perturber l'équilibre du couple et l'équilibre psychique du compagnon, ce qui peut
le conduire à réagir parfois par des comportements violents pour essayer de reprendre
son emprise sur sa conjointe. Des violences sont constatées dans 3 à 8% des grossesses
et le taux est 3 à 4 fois plus élevé en cas de grossesse non désirée selon l’ENVEFF.

Une étude longitudinale britannique a indiqué que pour un tiers des femmes qui
connaîtront un acte de violence au cours de leur vie, le premier incident est survenu
pendant la grossesse. Dans une enquête française réalisée auprès de 761 femmes
primipare ou deuxième pares, portant sur les violences subies dans les mois suivant
l’accouchement, la fréquence des violences varie de 3 à 6% [41].

9. Le rôle des professionnels de santé

Moins d'une victime sur cinq (soit 13%) se déplace à la police ou la gendarmerie, ce
qui signifie que le système de santé est le lieu de premiers recours pour ces femmes

18
victimes de violences (24% d’entre elles se confient à leur médecin) [40]. Le rôle des
professionnels de santé est de suspecter la violence, l’identifier, évaluer les situations de
chaque patiente et organiser une prise en charge [23]. La Haute Autorité de Santé
(HAS) recommande que « le niveau de risque soit apprécié le plus précocement
possible, autant que possible avant la grossesse dans le cadre du suivi gynécologique
de la femme quand elle exprime son désir de grossesse ou lors de la 1 ère consultation de
suivi de grossesse avant 10 semaines d’aménorrhée » [42].

Ainsi lors de la deuxième consultation, il est conseillé de « proposer


systématiquement un entretien individuel ou en couple afin de rechercher d’éventuels
facteurs de stress et toute forme d’insécurité ». Cet entretien permet le repérage
systématique des facteurs de vulnérabilité susceptibles de compromettre la santé de
l’enfant, de perturber l’instauration du lien parents-enfants voire de nuire à sa protection
et à sa sécurité. Il est demandé « de convaincre, avec tact, les femmes de ne pas taire les
violences conjugales» [43].

9.1 Suspecter

Suspecter des violences grâce à des indices comportementaux : les raisons de


consultations peuvent être multiples. Il peut s’agir d’une consultation aux urgences pour
les conséquences de coups portés ou pour une toute autre raison.

Face à une femme nerveuse, dépressive, face à un mutisme de sa part, à des


incohérences dans son discours [35], face à une patiente qui ne se présente pas à ses
rendez-vous, ou qui consulte très fréquemment, il faut suspecter une situation de
violence au sein du couple [23].

Certaines situations peuvent être évocatrices: le jeune âge de la patiente et/ou


présentant des addictions, une instance de divorce ou une séparation [35], un antécédent
de maltraitance dans l’enfance, une déclaration de grossesse tardive, un déni de
grossesse, des interruptions volontaires de grossesses (IVG) multiples dans le passé, un
vaginisme, ou des antécédents d’infection sexuellement transmissible (IST). Des lésions
traumatiques telles que des contusions, des brûlures, des plaies et des fractures multiples
et à des localisations différentes peuvent aussi conforter le diagnostic. Le comportement

19
du compagnon peut aussi faire suspecter des violences : un conjoint trop présent lors
des consultations, c’est-à-dire répondant à la place de sa compagne, lui coupant la
parole. Il peut également être violent verbalement, critiquer les actes et les réactions de
sa partenaire, ou au contraire être très prévenant de manière exagérée [15,44].

9.1.1 Identifier

Face à ces signes, le praticien doit interroger la patiente de façon directe, avec des
questions simples, sans aucun préjugé. Il est important que la patiente se sente en
sécurité, en instaurant une relation de confiance. Elle doit être interrogée seule, sans la
présence de son compagnon, ni de ses enfants [44].

La pratique du dépistage systématique est préconisée aux Etats-Unis par


“l'American College of Obstetrician and Gynecologist " dans le suivi des femmes
enceintes en proposant un bref questionnaire lors de l'anamnèse [45] (Annexe II).

Afin de mener une étude sur le modèle américain, une enquête expérimente le
repérage systématique des violences chez la femme enceinte. Les résultats sont
éloquents : sur 47 femmes interrogées, 12 d’entre elles sont ou ont été victimes de
violences intra-familiales. Ceci indique l’intérêt d’un tel dépistage permettant une prise
en charge ultérieure [46].

Une autre étude réalisée confirme l’importance du repérage systématique pour 90%
des femmes victimes, elles en parlaient pour la première fois à un soignant [47]. Il
existe différents types de questionnaires valides.

9.2 Evaluer la situation de la patiente

En appréciant la gravité de la situation : les formes de violences subies doivent être


constatées [23], ainsi que les lésions traumatiques (gynécologiques, obstétricales,
psychiques…) [35].

20
C’est aussi évaluer la sécurité de la patiente et celle de ses enfants, en demandant, si
par exemple la victime craint pour sa vie, si l’auteur possède des armes à feu, s’il
menace de la tuer et/ou de tuer les enfants et/ou de se suicider [44]. Cela permet de
d’identifier les besoins de la victime et d’organiser une prise en charge. Roger Henrion
préconise même que « la notion d’un risque élevé peut justifier soit de conseiller une
hospitalisation en urgence, soit d’inciter la femme à un éloignement temporaire, soit de
porter plainte. Au minimun, il convient de l’orienter vers des relais compétents tels que
les associations d’aide aux victimes » [35].

9.3 La rédaction du certificat

Les médecins, les sages-femmes et les chirurgiens-dentistes peuvent être amenés


dans certains cas à effectuer un certificat médical [48]. Cet acte médical est inscrit dans
le code de déontologie des sages-femmes à l’article 33, et l’article R 4127-333 du code
de Santé Publique [49]. Il peut s’agir d’une demande spontanée de la victime, ou d’une
réquisition judicaire. « C’est un acte médical descriptif qui témoigne des dires de la
patiente et décrit les lésions traumatiques, leurs conséquences cliniques, le
retentissement physique et psychologique » [35]. Il vise à permettre aux femmes
victimes d’engager une action en justice devant le juge pénal et/ou civil, notamment
pour obtenir des mesures de protection. « Ce document écrit par la sage-femme atteste
de l’existence de signes ou de lésions traumatiques, voire d’une souffrance
psychologique.

Il s’agit d’un premier élément objectif sur lequel l’autorité judiciaire pourra
s’appuyer pour décider des suites à donner » [50]. Le secret médical n’est pas dévoilé
lorsque les règles de rédaction sont respectées, mais la responsabilité du praticien est
engagée : des précautions sont donc nécessaires [50].

Le document doit contenir pour certifier de sa conformité des éléments permettant


d’identifier la sage-femme l’ayant rédigé : nom, prénom, numéro de Répertoire Partagé
des Professionnels de Santé (RPPS), adresse professionnelle ainsi que la date, l’heure (il
ne peut être postdaté) et le lieu de rédaction. Aucun tiers ne doit être mis en cause, les
dires de la patientes doivent être rapportés entre guillemets sur le mode déclaratifs :

21
« Madame X dit que… ». L’attestation doit être remise en main propre à la patiente ou à
son représentant légal, une copie doit être conservée par la sage-femme, sauf pour les
violences sexuelles.

9.4 Les difficultés rencontrées par les professionnels de santé

Selon le rapport Henrion, un nombre important de médecins sont inconscients de


l’ampleur du problème, et entretiennent l’idée que ce phénomène est réservé à une
catégorie de personnes défavorisées ou précaires. Toute forme de questionnement est
ressentie par les médecins comme une sorte d’intrusion dans la vie privée de leur
patiente [35].

La mauvaise relation médecin-patiente ou au contraire le fait de connaître la victime


peut également être un frein au dépistage. Il existe une difficulté supplémentaire, s’il
s’agit d’un « médecin de famille » : le praticien connaît donc bien le partenaire violent,
il peut lui sembler improbable toute explosion de violence de sa part et la prise en
charge du conjoint semble difficile [51].

D’autres professionnels se sentent surpassés par la complexité du problème : les


démarches administratives, l’ambivalence des patientes vis à vis du comportement de
leur compagnon. La diversité et l’absence de spécificité chez les femmes victimes de
violence rendent le repérage difficile [52]. Le manque de temps en consultation est une
des raisons fréquemment retrouvées.

Certains craignent également des retombées judiciaires, car ils ne se sentent pas
soutenus par les conseils ordinaux départementaux. Le manque de formation initiale ne
leur permet pas d’aborder le sujet auprès de leurs patientes et de les prendre en charge
correctement : 7 sages-femmes sur 10 n’en ont pas reçu. Face à ces situations de
violences, 81% des sages-femmes n’ont pas le sentiment d’avoir été suffisamment
préparées [53].

Une thèse réalisée auprès de 1000 médecins généralistes d’Ile de France, souligne
l’importance d’avertir les médecins sur ce problème afin d’améliorer les réponses

22
apportées aux victimes [54]. A noter tout de même que les violences faites aux femmes
ont été intégrées à la formation initiale des médecins et des sages-femmes en 2013 [55].

10. L’après dépistage : la prise en charge et l’orientation vers des structures


adaptées

Pour la victime, nommer ces violences, permet aussi de sortir de la négation. Un


nombre important de violences psychologiques du fait de l’emprise sur la patiente n’est
pas repéré par celle-ci. Quelques soient les violences exercées par l’auteur, il est
important de rappeler ses droits et la loi. Selon les besoins de la patiente celle-ci sera
orientée vers différentes structures qui pourront l’aider : police ou gendarmerie, justice,
travailleur social, associations spécialisées, psychologue qui proposent aux femmes
écoute, accompagnement, orientation, aide dans les procédures administratives et
judiciaires [2].

A Clermont-Ferrand il existe plusieurs associations spécialisées dans la lutte contre les


violences faites aux femmes :

Fondé en 1972 à l’initiative de l’État, le Centre National d’Information sur les


Droits des Femmes et des Familles (CNIDFF) est un relais essentiel de l’action des
pouvoirs publics en matière d’accès aux droits pour les femmes, de lutte contre les
discriminations sexistes et de promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes. Il
existe également un Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles
(CIDFF) dans chaque département, soit 114 en France. Il s’agit d’une association
d’utilité publique, qui est sollicitée pour informer, accompagner les femmes victimes de
violences sexistes : violences au sein du couple, viols et agressions sexuelles,
harcèlements sexuels, mutilations sexuelles, mariages forcés. Les équipes
professionnelles des CIDFF accueillent les femmes victimes et les informent sur leurs
droits, identifient leurs difficultés, offrent un accompagnement global dans leurs
démarches policières, judiciaires, médicales, sociales et professionnelles. Ses rôles sont
également de sensibiliser et de former des partenaires travaillant au contact de femmes
victimes de violences (police, gendarmerie, travailleurs sociaux, médecins, magistrats...)
et de prévenir les futures violences en intervenant au sein des établissements scolaires,

23
lors de l’organisation de journées de sensibilisation en direction du grand public et des
entreprises (Annexe IV).

L’association AVEC (Association Victimes Ecoute Conseils) est une association


d’aide aux victimes d’infraction pénale. L’association du Puy de Dôme fait partie d’un
réseau national: l’Institut National d’Aide aux Victimes et de Médiation (INAVEM). Il
existe une association par département soit 150 structures au total sur le territoire
français. Au sein d’AVEC 63, il existe un dispositif spécifique de violences conjugales,
ainsi que différentes professions: des juristes, des travailleurs sociaux, et des
psychologues. Une travailleuse sociale est référente sur la question des violences
conjugales au sein du département. Un dispositif point accueil de jour pour les victimes
de violences conjugales a pour objectif d’aider les femmes au départ, en intervenant en
amont et avec un travail complémentaire des différents acteurs (social, juridique…).
L’accompagnement social permet d’aider au relogement des victimes et de leurs enfants
en collaborant avec les bailleurs sociaux, en les assistant dans leurs démarches. Des
groupes de parole sont co-animés par des psychologues et des accompagnatrices
sociales durant 5 à 6 séances. Les groupes sont homogènes, c’est à dire que les femmes
sont regroupées selon les types de violences vécues (Annexe IV).

Dans la région Auvergne, il existe au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de


Clermont-Ferrand, un pôle régional de référence et d’accueil pour les victimes de
violences sexuelles et de maltraitances. Ce service hospitalier vise à accueillir toutes
femmes enceintes et mineurs victimes de violences, ainsi que leurs proches. C’est un
lieu d’accueil et d’écoute, d’informations et d’orientation, permettant notamment une
prise en charge médicale, un suivi psychologique, ainsi qu’une formation des
professionnels de santé (Annexe IV).

24
11. L’aspect législatif

11.1 L’incapacité totale de travail (ITT)

L’incapacité totale de travail, au sens pénal, est une notion juridique, précisée par la
jurisprudence permettant au magistrat d’apprécier la gravité des conséquences de
violences exercées sur les personnes et pouvant contribuer à qualifier une infraction.
L’évaluation de l’ITT s’applique aux troubles psychiques et physiques, étant source
d’une incapacité, c’est à dire que les fonctions de la personne sont atteintes.

Cette inaptitude ne concerne pas le travail au sens habituel du mot, mais la durée de
la gêne notable dans ses activités quotidiennes (manger, dormir, se déplacer, se laver...).
L’évaluation du retentissement psychologique peut être difficilement quantifiable.
L’ITT étant différente d’un arrêt de travail, une personne sans emploi peut y avoir
accès. Si le médecin est dans l’impossibilité de déterminer la durée de l’ITT, il lui est
recommandé de rédiger seulement le certificat médical et de prendre contact auprès de
quelqu’un de compétent [48].

11.2 Le paradoxe entre dénonciation et secret professionnel

Le code Pénal

L’article 226-14 précise que le secret médical n’est pas applicable dans certaines
situations : il peut être révélé au procureur de la République avec l'accord de la victime,
les sévices ou privations constatés. « Lorsque la victime est un mineur ou une personne
qui n'est pas en mesure de se protéger en raison de son âge ou de son incapacité
physique ou psychique, son accord n'est pas nécessaire » [56]. Les femmes enceintes,
du fait de leur état de grossesse sont considérées comme individu vulnérable.

Le délit de non-assistance en danger s’applique à toute personne, qui ne signale


pas le danger encouru par une femme victime de violences conjugales. La peine
encourue est de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. (Article 223-
6 du Code pénal) [57]. A noter que la rédaction du certificat ne substitue pas au
signalement [48].

25
Le Code de déontologie des sages-femmes

L’article R4127-316 du 17 juillet 2012 prévoit dans le code de déontologie des


sages-femmes que : « lorsque qu’une sage-femme discerne qu’une femme auprès de
laquelle elle est appelée ou son enfant est victime de sévices, elle doit mettre en œuvre
les moyens les plus adéquats pour les protéger en faisant preuve de prudence et de
circonspection.

S’il s’agit d’un enfant mineur ou d’une femme qui n’est plus en mesure de se protéger
en raison de son âge ou de son état physique ou psychique, elle doit sauf circonstances
particulières qu’elle apprécie en conscience, alerter les autorités judiciaires, médicales
ou administratives. »

Le code de santé publique

L’article 4127-4 du Code de Santé Publique précise « Le secret professionnel


institué dans l'intérêt des patients s'impose à tout médecin dans les conditions établies
par la loi. Le secret couvre tout ce qui est venu à la connaissance du médecin dans
l'exercice de sa profession, c'est-à-dire non seulement ce qui lui a été confié, mais aussi
ce qu'il a vu, entendu ou compris» [58].

Les moyens de protection

Il existe différents moyens de protection dont la victime peut disposer pour se


protéger de la violence de son compagnon. Après la révélation des faits, une plainte peut
être adressée au procureur de la République ou effectuée au commissariat de police ou à
l’unité de gendarmerie, une main courante peut également être réalisée au commissariat.

26
Deux autres moyens pour dénoncer ces comportements existent : il s’agit d’un
signalement par un tiers ou l’intervention au domicile. Une enquête de police ou de
gendarmerie peut être effectuée et le parquet peut décider de :

- soit de classer l’affaire sans suite, car le procureur estime que les
preuves sont insuffisantes,
- soit une alternative aux poursuites
- soit de poursuivre l’auteur devant le tribunal correctionnel ou devant un
juge d’instruction.

Toute victime ayant recours à une main courante ou un procès-verbal sera


encouragée à déposer plainte. En cas de refus de sa part, ses droits, les procédures
engagées pour les faire valoir lui seront communiqués. Une mise en relation avec une
structure d’accompagnement partenaire (intervenant social, psychologue,
associations…) lui sera proposée. « Le but étant qu’aucune violence déclarée ne reste
sans réponse pénale et sociale » [55].

En conclusion, les situations de violences conjugales sont relativement fréquentes. La


grossesse constitue pour les victimes un moment de fragilité extrême avec un risque
majeur d’un passage à l’acte d’un conjoint violent. Les consultations prénatales sont des
moments privilégiés pour effectuer un dépistage systématique de ces violences. Les
sages-femmes apparaissent donc comme les professionnels les plus concernés par ce
dépistage justifiant une étude de leur pratique.

27
Matériel et méthode
1. Type d’étude

L’objectif principal de l’étude était d’établir un état des lieux de la pratique du


dépistage des violences conjugales par les sages-femmes (dépistage systématique,
dépistage ciblé) et les modalités de prise en charge.

Le critère de jugement principal était la prévalence du dépistage des violences


conjugales : ciblé et systématique ainsi que les prises en charge proposées.

L’objectif secondaire était de mesurer l’influence du mode d’exercice sur les


pratiques professionnelles. Le critère de jugement retenu était le pourcentage de
dépistage systématique, ciblé, ainsi que les modalités de prise en charge proposées selon
le mode d’exercice (libéral, hospitalier, PMI et mixte)

Pour rappel, le dépistage systématique repose sur le questionnement


systématique des patientes au sujet des violences subies. Le dépistage ciblé est réalisé
lorsque des signes cliniques, amnestiques évocateurs (lésions, addiction…) sont détectés
par le clinicien.

Enfin, les connaissances des sages-femmes au sujet de la fréquence des


violences conjugales en dehors et pendant la grossesse ont été évaluées. Le critère de
jugement était le pourcentage de réponses correctes aux questions posées.

Pour répondre aux objectifs de recherche une étude observationnelle descriptive


de type transversale et étiologique a été réalisée.

2. Durée de l’étude

L’étude s’est déroulée de mai 2015 à octobre 2015.

3. Lieux de l’étude

L’enquête a été réalisée au sein des 4 départements d’Auvergne (Cantal, Puy de Dôme,
Allier, Haute Loire)

28
4. Critères de sélection des sujets

4.1. Critères d’inclusion

La population étudiée regroupait l'ensemble des sages-femmes de la région Auvergne,


c’est à dire: les sages-femmes travaillant soit dans le secteur hospitalier (public ou
privé), en libéral ou en milieu territorial.

4.2. Critères d’exclusion

Il n’existait aucun critère d’exclusion pour cette enquête.

5. Le recueil des données

Un questionnaire a été réalisé sur Google Drive, celui-ci comportait 25 questions


divisées en 4 parties principales : une partie concernant les renseignements généraux,
une autre le dépistage des violences conjugales, les transmissions et enfin la prise en
charge. Les questions étaient principalement fermées à choix multiples et 11 questions
comportaient un caractère obligatoire de réponse. (Annexe I)
Le questionnaire a ensuite été diffusé via les Conseils Départementaux de l’Ordre des
Sages-Femmes en Auvergne grâce à l’envoi de courriers électroniques contenant le lien
de l’enquête. Deux relances ont été effectuées.
Les professionnels ne disposaient pas de contrainte de temps pour remplir le formulaire.

Le questionnaire a été testé auprès de 5 sages-femmes exerçant les fonctions de


coordinatrices ou de sages-femmes cliniciennes exerçant en milieu hospitalier et auprès
de l’Association Nationale des Sages-Femmes Orthogénistes (ANSFO).

Les données ont été saisies grâce au logiciel Excel via Google Drive.

29
6. L’analyse des données

6.1. Les groupes comparés

La population de sages-femmes répondantes a été séparée en plusieurs groupes :

- Exercice hospitalier (sages-femmes exerçant soit en milieu privé ou public)


- Exercice libéral
- Exercice territorial
- Exercice mixte

Seuls les questionnaires complets ont été pris en compte lors de l’analyse.

6.2. Les tests statistiques utilisés

Pour les variables quantitatives, nous avons utilisé le test du CHI carré de Pearson, afin
de définir si la différence entre deux variables étudiées était statistiquement
significative.
Lorsque les effectifs étaient insuffisants (n<30), le test de Fisher a été utilisé.
La valeur de p value (p) < 0,05 a été reconnu comme seuil de significativité.

6.3. Le logiciel d’analyse utilisé

Le logiciel utilisé est le logiciel R de 2015 et de version 3.2.3.

7. Aspects éthique et règlementaire

L’autorisation des Conseils Départementaux de l’Ordre des Sages-femmes a été requise


afin de diffuser l’information et le lien de participation à l’enquête.
Le questionnaire ne comportait aucune question personnelle permettant d’identifier les
participants, ce qui a garanti l’anonymat des professionnels interrogés.

30
Résultats
1. Description de la population répondant

Au total, l’Auvergne comptabilise près de 450 sages-femmes et 155 réponses ont été
obtenues. Le taux de participation correspond donc à 34,4%.

Tableau I : Répartition des professionnelles ayant participé

Participant(e)s Pourcentage
n = 154 %

Hospitalier 111 72,1


Libéral 44 28,6

Taux de participation en fonction PMI 5 3,2


du mode d'exercice
CEPF* 4 2,6

Avant 1982 2 1,3


1982-1986 7 4,5
Année d’obtention du diplôme 1986-2002 45 29,2
2002-2007 28 18,2
2007-2014 72 46,8

22-35 90 58,4
35-45 44 28,6
Age (années) 45-55 17 11,0
55-65 3 1,9
Plus de 65 0 0,0

Urbain 83 53,9
Lieux d’exercice Semi-urbain 58 37,7
Rural 13 8,4

*CEPF : Centre de planification et d’éducation familiale

31
Au total, 2 hommes (1.3%) et 152 femmes (98.7%) ont répondu au questionnaire. La
majorité de la population ayant participé avait majoritairement à 58,4% entre 22 et 35
ans. Au niveau de l’expérience, les sages-femmes étaient 46,6% à exercer depuis moins
de 9 ans. Les professionnelles interrogées pratiquaient principalement en établissements
de soins (72,1%), 26,8% avaient un exercice libéral et 3,2% travaillaient dans la
fonction publique territoriale. Dans 7,8% des cas, les sages-femmes avaient une double
activité (hospitalière, libérale, conseillère conjugale, centre de planification et
d’éducation familiale).

Une réponse n’a pas été analysée, car le formulaire n’a pas été intégralement rempli.

Lorsque les professionnels exerçaient en milieu hospitalier, 72,1% (n = 111)


travaillaient en en suites de couches, 68,2% en salles de naissances et 61% aux urgences
gynécologiques et obstétricales.

Tableau II : Distribution des sages-femmes en fonction de leurs domaines d’exercice

Nombre de sages- Pourcentage


femmes répondants
n= 154 %
Suites de couches 111 72,1

Salles de naissances 105 68,2

Consultations d’urgences gynécologiques 94 61,0


et obstétricales

Consultations prénatales et post-natales 87 56,5

Secteur des grossesses hospitalisées 80 51,9

Préparation prénatale à la naissance et à 68 44,2


la parentalité

Consultations gynécologiques de 51 33,1


prévention et de contraception

Rééducation périnéale 45 29,2

Exploration uro-dynamique 5 3,2

32
D’autres secteurs d’activité ont été cités par les sages-femmes, il s’agit : des suivis à
domicile de grossesses pathologiques, du programme d’accompagnement de retour à
domicile (PRADO), de la pratique de l’échographie, de l’acupuncture, des consultations
d’allaitement maternel et d’orthogénie ainsi que la coordination d’une équipe.

2. Le dépistage des violences conjugales

2.1 Le dépistage systématique

Le dépistage systématique des violences conjugales était réalisé par 17.5% de la


population étudiée.

Tableau III : Professionnelles à effectuer un dépistage systématique en fonction du


mode d’exercice

Total Hospitalier Libéral PMI Mixte


n= 154 % n % n % n % n %
Systématique 27 17,5 12 7,8 14 9,1 5 3,2 1 0,6

Non 127 82,5 89 57,8 23 14,9 0 0,0 11 7,1


systématique

Un lien statistiquement significatif entre le lieu d’exercice et le fait de réaliser un


dépistage systématique a été observé (p = 0.06). Ce dépistage systématique était
effectué le plus souvent par les professionnelles libérales, soit 9.1% (n = 14).

Une majorité de sages-femmes (85,8%) ayant répondu au questionnaire a déjà été


confrontée à des situations de violences conjugales au cours de leur exercice
professionnel, 3,2% (n = 5) ne savent pas s’ils ont été déjà en contact avec des
victimes.

33
Tableau IV : Professionnelles confrontées à des situations de violences conjugales
pendant leur exercice

Total Hospitalier Libéral PMI Mixte


n = 154 % n % n % n % n %
Déjà 132 85,7 91 59,1 25 16,2 5 3,2 11 7,1
confrontées

Jamais 17 11,0 9 5,8 8 5,2 0 0,0 0 0,0


confrontées

Ne sait pas 5 3,2 0 0,0 4 2,6 0 0,0 1 0,6

Il existe un lien statistique entre le mode d’exercice et le fait d’avoir déjà été confronté
aux violences conjugales (p= 0,009). Les sages-femmes du milieu hospitalier ont
recensé plus de situations de violences au sein du couple, soit 59,1% (n =91).

2.2 Le dépistage ciblé

Un dépistage ciblé était réalisé par 70,9% (n = 90) des sages-femmes interrogées et le
plus souvent par les professionnels hospitaliers.

Tableau V : Sages-femmes effectuant un dépistage ciblé

Total Hospitalier Libéral PMI Mixte


n = 127 % n % n % n % n %
Dépistage 90 70,9 62 48,8 16 12,6 5 3,9 7 5,5
ciblé

Pas de 37 29,1 26 20,5 7 5,5 0 0,0 4 3,1


dépistage

Le mode d’exercice des professionnels ne semblait pas influencer la fréquence de


réalisation du dépistage ciblé (p = 0,501)

34
Tableau VI : Modes d’exercice en fonction des signes d’appel de violences conjugales

Total Hospitalier Libéral PMI Mixte Valeur


n=154 % n % n % n % n % p
Traces
corporelles 152 98,7 99 64,3 36 23,4 5 3,2 12 7,8 0,835

Comportement
de la patiente 144 93,5 93 60,4 34 22,1 5 3,2 11 7,1 0,926

Consultations
aux urgences 134 87,0 86 55,8 32 20,8 4 2,6 11 7,1 0.906
pour
« accident »

Conjoint trop
présent 128 83,1 84 54,5 30 19,5 5 3,2 9 5,8 0,627

Consultations
répétées aux 122 79,2 77 50,0 31 20,1 4 2,6 10 6,5 0,827
urgences

Vaginisme 117 76,0 71 46,1 32 20,8 4 2,6 10 6,5 0,262

Difficultés 97 63,0 59 38,3 26 16,9 3 1,9 9 5,8 0,515


pendant enfance

Dénis de
grossesse 88 57,1 51 33,1 25 16,2 5 3,2 7 4,5 0,074

Addiction 83 53,9 50 32,5 24 15,6 3 1,9 6 3,9 0,466

Origine ethnique
et milieu socio- 52 33,8 28 18,2 13 8,4 1 0,6 3 1,9 0,8
culturel

Refus de 50 32,5 31 20,1 13 8,4 3 1,9 3 1,9 0,522


traitements

IVG multiples 47 30,5 24 15,6 16 10,4 3 1,9 4 2,6 0,074

IST 16 10,4 12 7,8 4 2,6 0 0,0 0 0,0 0,521

Age 10 6,5 5 3,2 3 1,9 2 1,3 0 0,0 0,014

35
Seul l’âge des patientes (p =0,014) semblait être un critère significativement plus utilisé
par les professionnelles des établissements de soins, par rapport aux autres modes
d’exercice, pour mettre en œuvre un dépistage ciblé.

Par ailleurs, les sages-femmes avaient moins recours à ce signe d’appel (6,5%) pour
effectuer un dépistage ciblé des violences conjugales.

36
2.3 Les freins au dépistage

Le fait de trouver le sujet tabou et la question difficile à poser était le principal argument
évoqué par 36,2% des participants. L’absence de procédures clairement établies, de ne
pas avoir le réflexe et le manque de temps étaient également des difficultés soulignées
par les sages-femmes.

Tableau VII : Freins des professionnels à réaliser un dépistage systématique et ciblé en


fonction de leur mode d’exercice

Total Hospitalier Libéral PMI Mixte Valeur


n % n % n % n % n % p
Sujet tabou/
question 46 36,2 35 27,6 9 7,1 1 0,8 1 0,8 0,616
difficile à poser

Manque
d’information 43 33,9 29 22,8 10 7,9 2 1,6 2 1,6 0,518
des procédures

Pas le réflexe 39 30,7 27 21,3 10 7,9 0 0,0 2 1,6 0,188

Manque de 33 26,0 27 21,3 2 1,6 0 0,0 4 3,1 0,073


temps

Difficulté à
identifier les 27 21,3 19 15,0 8 6,3 0 0,0 0 0,0 0,077
frontières

Attend réponse 21 16,5 14 11,0 4 3,1 0 0,0 3 2,4 0,584


spontanément

Pas de réponse 16 12,6 10 7,9 5 3,9 0 0,0 1 0,8 0,438


à la question

Manque de
connaissance 12 9,4 7 5,5 5 3,9 0 0,0 0 0,0 0,114
recours

Comment 11 8,7 5 3,9 5 3,9 1 0,8 0 0,0 0,05


réagir

Tout va bien 4 3,1 4 3,1 0 0,0 0 0,0 0 0,0 0,608

37
Un tiers (36,1%) de l’échantillon étudié estimait qu’il existe un moment privilégié pour
diagnostiquer les violences conjugales contre 37,4%.

Selon les participantes, l’entretien prénatal précoce représentait la meilleure opportunité


pendant la grossesse pour réaliser ce dépistage.

3. Les transmissions et la prise en charge

3.1. Les transmissions

Près de la moitié des sages-femmes (49,4 %) effectuaient des transmissions écrites après
en avoir informé la patiente et 7,4% n’en réalisaient jamais.

A noter que près de 43,5% des personnes interrogées déclaraient ne jamais solliciter
l’accord de la patiente pour mentionner dans le dossier médical les violences subies.

Tableau VIII : Mode d’exercice en fonction des transmissions écrites réalisées

Total Hospitalier Libéral PMI Mixte


n % n % n % n % n %

Systématiquement 67 43,5 53 34,4 9 5,8 2 1,3 3 1,9

Sur accord de la
patiente 76 49,4 41 26,6 23 14,9 3 1,9 9 5,8

Jamais 11 7,1 6 3,9 5 3,2 0 0,0 0 0,0

Il existe un lien statistiquement significatif entre le mode d’exercice et les transmissions


(p =0,041).

38
Lorsque des transmissions écrites étaient réalisées par les sages-femmes, le support le
plus fréquemment utilisé était le dossier médical (90,1%), un certificat médical était
utilisé par 5% de la population et les 5% restant rédigeait soit un courrier adressé aux
autres professionnels de santé, soit une fiche spécifique à l’entretien prénatal précoce ou
encore un dossier destiné au staff.

Concernant les autres professionnels avertis, les sages-femmes hospitalières informaient


en premier lieu le psychologue (55,2%) et la sage-femme coordinatrice du service
(53,2%), de manière significativement plus importante (p = 0,001 et p = 0,03).

L’assistante sociale était davantage sollicitée par professionnelles hospitalières (57%)


que par les libérales (27%) (p= 0,016).

Les services de PMI étaient plus informés par les sages-femmes libérales (72%) par
rapport aux hospitalières (60%). Les participantes travaillant en établissements de santé
(22%), prévenaient le médecin traitant ou gynécologue de la patiente, contre 35% de
libérales et cette différence est statistiquement significative (p= 0,039).

Tableau IX : Répartition des personnes informées en fonction du mode d’exercice des


sages-femmes

Total Hospitalier Libéral PMI Mixte Valeur


n % n % n % n % n % p

Psychologue 85 55,2 66 42,9 10 6,5 3 1,9 6 3,9 0,001

SF 82 53,2 64 41,6 7 4,5 2 1,3 9 5,8 0,03


coordinatrice

AS 76 49,4 57 37,0 10 6,5 2 1,3 7 4,5 0,016

PMI 97 63,0 60 39,0 27 17,5 1 0,6 9 5,8 0,083

CHU 42 27,3 25 16,2 13 8,4 3 1,9 1 0,6 0,099

MT ou GO* 43 27,9 22 14,3 13 8,4 1 0,6 7 4,5 0,039

* MT ou GO : Médecin traitant ou gynécologue obstétricien.

39
Les sages-femmes hospitalières avaient significativement plus recours (p = 0,03) au
staff ou à la rédaction d’un courrier pour informer les autres professionnels.

Tableau X: Classement des sages-femmes en fonction des moyens utilisés pour prévenir
les autres professionnels de santé

Total Hospitalier Libéral PMI Mixte Valeur


n % n % n % n % n % p

Courrier 32 20,8 15 9,7 14 9,1 1 0,6 2 1,3 0,034

Réunion du Réseau Périnatal 10 6,5 5 3,2 2 1,3 1 0,6 2 1,3 0,263


d'Auvergne

Staff 73 47,4 60 39,0 3 1,9 4 2,6 6 3,9 0,03

3.2. La prise en charge

Un quart (25,9%) des sages-femmes avaient déjà effectué une information


préoccupante.

Tableau XI : Répartition des sages-femmes en fonction de la réalisation d’une


information préoccupante

Total Hospitalier Libéral PMI Mixte


n % n % n % n % n %

IP* déjà réalisée 48 31,2 26 16,9 9 13,9 3 1,9 10 6,5

IP* jamais réalisée 106 68,8 74 48,1 28 43,1 2 1,3 2 1,3

* IP : Information préoccupante

Il n’existe pas de lien statistiquement significatif entre le fait d’avoir déjà effectué une
information préoccupante et le mode d’exercice (p = 0,912).

40
Près de 91% de la population étudiée n’a jamais réalisé de signalement judiciaire.

Tableau XII : Professionnels ayant déjà effectué un signalement judiciaire

Total Hospitalier Libéral PMI Mixte


n % n % n % n % n %

Déjà réalisé 14 9,1 9 5,8 4 2,6 1 0,6 0 0

Jamais 140 90,9 91 59,1 33 21,4 4 2,6 12 7,8

Il n’existe pas de lien statistiquement significatif (p = 0,666)

Seulement 27,3% des professionnelles connaissaient les associations d’aides aux


victimes. Il s’agissait statistiquement le plus souvent de professionnels du secteur
hospitalier, soit 16,2% (p = 0,01).

Tableau XIII : Lien entre le fait de connaître les associations et le mode d’exercice

Total Hospitalier Libéral PMI Mixte


n=154 % n % n % n % n %

Oui 42 27,3 25 16,2 9 5,8 4 2,6 4 2,6

Non 112 72,7 75 48,7 28 18,2 1 0,6 8 5,2

41
Les professionnels orientaient principalement les victimes vers un psychologue
(62,5%), 59,2% vers une assistante sociale et 57,2% vers la justice.

Tableau XIV: Répartition des sages-femmes en fonction de l’orientation proposée aux


victimes et le mode d’exercice

Total Hospitalier Libéral PMI Mixte Valeur


n % n % n % n % n % p

Psychologue 94 61,0 69 44,8 18 11,7 3 1,9 4 2,6 0,03

AS 89 57,8 61 39,6 20 13,0 1 0,6 7 4,5 0,313

Justice 86 55,8 54 35,1 22 14,3 3 1,9 7 4,5 0,94

3919 27 17,5 11 7,1 9 5,8 4 2,6 3 1,9 0,022

Associations 49 31,8 29 18,8 11 7,1 3 1,9 6 3,9 0,251


locales

CHU 57 37,0 38 24,7 14 9,1 3 1,9 2 1,3 0,345

Les sages-femmes hospitalières ont davantage recours au psychologue du service (p =


0,03).

Par ailleurs, il n’existe aucune différence statistiquement significative entre l’orientation


des femmes vers les associations d’aide aux victimes, la justice, l’assistante sociale et le
pôle régional d’accueil des victimes de maltraitance au Centre Hospitalier Universitaire.

Certaines professionnelles ont également conseillé aux patientes de prendre contact avec
les services de PMI, la sage-femme coordinatrice, l’Unité Médico-Judiciaire et avec une
sage-femme également conseillère conjugale.

42
4. Connaissances des sages-femmes

Les sages-femmes interrogées connaissaient dans 33,8% les taux actuels de violences
conjugales qui sont de 10% chaque année en France.

Tableau XV : Connaissances des sages-femmes au sujet des taux de violences


conjugales dans la population générale

Total Hospitalier Libéral PMI Mixte


n % n % n % n % n %

5% 7 4,5 5 3,2 1 0,6 0 0,0 1 0,6

10% 52 33,8 26 16,9 17 11,0 3 1,9 6 3,9

15% 15 9,7 11 7,1 3 1,9 1 0,6 0 0,0

Plus de 15% 43 27,9 32 20,8 7 4,5 0 0,0 4 2,6

Ne sait pas 37 24,0 27 17,5 8 5,2 1 0,6 1 0,6

Les taux actuels de violences conjugales chez les femmes enceintes (soit 3 à 8%) étaient
connus par près de 15% des sages-femmes participantes et 20% des professionnelles ne
savaient pas l’évaluer.

Tableau XVI : Connaissances des sages-femmes des taux de violences conjugales chez
les femmes enceintes

Total Hospitalier Libérale PMI Mixte


n = 154 % n % n % n % n %

3-8% 23 14,9 14 9,1 5 3,2 0 0,0 4 2,6

9-15% 43 27,9 26 16,9 14 9,1 1 0,6 2 1,3

Plus de 56 36,4 39 25,3 9 5,8 4 2,6 4 2,6


15%

Ne sait 32 20,8 21 13,6 8 5,2 1 0,6 2 1,3


pas

43
Le mode d’exercice n’influence pas de manière significative le fait de connaître la
prévalence des violences en dehors et pendant la grossesse (p = 0,433).

Les outils pédagogiques (mis en place notamment par la MIPROF et le Conseil National
de l’Ordre des Sages-Femmes) étaient connus uniquement par 17,5% de la population
étudiée.

Tableau XVII : Répartition des sages-femmes en fonction de leurs connaissances des


outils

Total Hospitalier Libéral PMI Mixte


n = 154 % n % n % n % n %
Connaît les outils 27 17,5 15 9,7 4 2,6 4 2,6 3 1,9

Ne connaît pas les 113 73,4 77 50,0 28 18,2 1 0,6 8 5,2


outils

Ne sait pas 14 9,1 9 5,8 4 2,6 0 0,0 1 0,6

Il existe un lien statistiquement significatif entre le fait de connaître les outils et le mode
d’exercice (p = 0,009).

44
Discussion

45
1. Forces et limites de l’étude

Le caractère novateur de cette enquête, au sujet des violences, a permis d’établir un état
des lieux des pratiques cliniques des sages-femmes auvergnates. Cependant, les
résultats obtenus ne peuvent être généralisables compte tenu du manque puissance de
l’étude. Toutefois, des informations complémentaires au sujet du dépistage ont été
recueillies, des modalités de prise en charge et des transmissions effectuées par les
professionnels en cas de diagnostic ou de suspicion de violence chez les patientes.

Il est également possible que les sages-femmes ayant répondu au questionnaire soient
plus sensibilisées à la question des violences faites aux femmes par rapport à
l’intégralité de la population de sages-femmes de la région Auvergne.

Malgré, une participation conséquente de 155 professionnelles à cette enquête, peu de


résultats significatifs ont été obtenus. En effet, plusieurs raisons peuvent être soulevées.

Tout d’abord, certaines catégories de professionnelles sont faiblement représentées dans


cette enquête. Le faible effectif de sages-femmes territoriales peut s’expliquer par une
population de sages-femmes de Protection Maternelle et Infantile moins nombreuses en
France que les sages-femmes hospitalières. En comparaison, en 2012, sur la totalité du
territoire français, 14% des sages-femmes exerçaient exclusivement en libéral, 74%
étaient salariées en établissement hospitalier, 8% exerçaient en PMI et 4% avaient une
double activité [59].
Ces différences de représentation n’ont pas permis de vérifier avec qualité, de possibles
modifications significatives des pratiques du dépistage selon les secteurs d’activité.

De plus, il était impossible d’objectiver d’éventuelles différences de pratiques liées au


genre comme décrit dans la littérature. La profession de sage-femme en France est
principalement féminine (on dénombre environ 1,8% d’hommes) [60]. Dans cette
enquête, seulement deux hommes ont répondu au questionnaire. Il aurait pu être
intéressant d’analyser la présence ou non de différence entre le repérage accompli par
un homme et par une femme afin de les confronter aux données de la littérature.

45
L’outil de recueil utilisé, un questionnaire, et son mode de diffusion ont donné une
sensibilisation sur le sujet à de nombreuses professionnelles. Cependant, il se peut que
certaines sages-femmes n’aient pu être contactées du fait d’adresse de messagerie
invalide. Ce défaut de possibilité de vérification tout au long de l’étude a pu limiter le
nombre de réponses. Il est également possible que des sages-femmes aient répondu
plusieurs fois au questionnaire.
Le recueil des données grâce à un questionnaire a pu limiter l’exhaustivité des réponses.
Compte tenu du caractère sensible du sujet comme souligné dans la littérature, des
entretiens exploratoires complémentaires auraient permis de mieux cerner les difficultés
éprouvées par les spécialistes de la maïeutique au sujet du dépistage et de la prise en
charge des violences. Cependant, la contrainte de temps imposée pour la réalisation de
cette recherche, ne permettait pas de mener des investigations complémentaires.

Enfin, la phase préalable de test du questionnaire n’avait pas mis en exergue des
problèmes de formulation ou de compréhension des questions. Cependant, lors de
l’analyse des données recueillies, nous avons observé que la question sur le dépistage
ciblé (question 13, annexe I) n’était accessible que si les professionnels affirmaient ne
pas réaliser de dépistage systématique. Ce problème a peut-être affecté la prévalence du
dépistage ciblé conduisant à une sous-estimation de sa fréquence.

2. Présentation de l’échantillon répondant

Le secteur hospitalier ainsi que le secteur libéral sont les plus représentés. Ceci
s’explique par la répartition des sages-femmes sur le territoire auvergnat. En effet, près
72,1% des sages-femmes hospitalières sont représentées dans cette étude.

Il semble que les professionnelles libérales ainsi que celles exerçant en établissement de
niveau 1 ont tendance à davantage réaliser de dépistage systématique [15].

46
3. Le dépistage des violences

3.1 Le dépistage systématique

Le dépistage systématique repose sur le questionnement de chaque patiente au sujet de


violences subies actuelles ou passées [45].
Malgré le nombre important de victimes chaque année et les conséquences sur la santé
des femmes et des enfants, les sages-femmes sont peu nombreuses à réaliser un
dépistage systématique : elles sont 17,4% en Auvergne contre 19% en France [55].

Une amélioration peut être néanmoins constatée depuis 2012 où seulement 11,5% des
sages-femmes du Puy de Dôme réalisaient un repérage automatiquement [15].
Cette observation démontre l’implication grandissante des sages-femmes pour ce type
de dépistage, plusieurs raisons peuvent expliquer ce progrès :
- Des actions locales telles que des journées de formation au sein du Réseau de
Santé Périnatale d’Auvergne (RSPA) ont été mises en place.
- Des actions nationales ont également facilité le dépistage grâce à l’instauration
d’outils pédagogiques à destination des professionnels de santé créés par la
MIPROF.
Le 4ème Plan Triennal de lutte contre les violences faites aux femmes comprend
désormais l’arrêté du 11 mars 2013, relatif au Diplôme d’Etat de Sages-Femmes qui
prévoit dans ses objectifs la prévention et le dépistage des violences [55]. Au travers de
ce plan, le Ministère des Droits des Femmes place donc les sages-femmes au cœur du
dépistage des violences conjugales. Sachant que celle-ci débutent ou s’intensifient dans
40% des cas pendant la grossesse, les professionnelles de la maïeutique ont donc un rôle
majeur à jouer.

Enfin, les sages-femmes ne sont pas les seules à avoir progressé sur cette
problématique : les médecins généralistes sont également plus nombreux à poser les
questions relatives aux violences, sans attendre que les patientes évoquent elle-même le
sujet. C’est ce que prouve une étude menée en 2012, soit 10 ans après la thèse du Dr
Morvant [61].

47
Dans cette étude, près de 85,8% (n= 132) des sages-femmes interrogées affirment avoir
déjà été confrontées à des femmes victimes de violences au cours de leur exercice
professionnel. Ces chiffres démontrent que ce phénomène est rencontré de façon
récurrente par les maïeuticiennes. De plus, les taux observés ici correspondent aux
résultats d’une enquête nationale réalisée par la MIPROF auprès des sages-femmes en
activité, où 80% d’entre elles ont recensé ces violences au cours des 12 derniers mois
[53].

3.2 Le dépistage ciblé

La majorité des professionnelles n’ayant pas recours au dépistage systématique


effectuent un dépistage ciblé, c’est à dire qu’elles décèlent grâce à des indices
physiques, comportementaux et/ou psychologiques des patientes ou de leur conjoint.
Près de 13,6% des sages-femmes d’Auvergne attendent que la victime en parle
spontanément, il paraît donc évident que de nombreuses situations ne sont pas repérées.

3.3 Les freins au repérage

Parmi les principaux freins évoqués par les participantes à l’étude, il a été relevé
l’absence de procédures rédigées dans 38% des cas. Le manque de temps était
fréquemment cité (26%). Le rapport Henrion confirme cela : il faut du temps pour
écouter et rassurer la patiente, ce qui est plus difficile en secteur hospitalier, où des
contraintes de rendements existent.
Certaines professionnelles évoquent dans cette étude, un sujet délicat, tabou (11%) et
elles ont peur de mettre mal à l’aise les patientes (20%). Parfois, les sages-femmes ont
une histoire personnelle de violence : selon l’enquête de la MIPROF environ 20%
d’entre elles ont été exposées dans leur vie à des violences au sein du couple [53].
Plus de la moitié des sages-femmes métropolitaines (58%) en 2013 trouvent la question
difficile à poser contre 20,7% en Auvergne [53]. Ces discordances de chiffres entre le
reste de la France et l’Auvergne peuvent être le fruit des différentes actions menées au
sein du Réseau de Santé Périnatale d’Auvergne, permettant aux professionnelles
d’aborder plus sereinement le sujet.

48
Cependant, il est à noter que les femmes sont favorables à un dépistage systématique de
la part des professionnels de santé [47] et dans 80% des cas, parler soulage les victimes
[53].
Les patientes non victimes ne sont donc pas embarrassées quand la question leur est
posée.

Parmi la population interrogée, 17,5% éprouvent des difficultés à différencier les


relations conflictuelles et les situations de violences dans le couple, car il existe des
couples ayant ce mode de fonctionnement.

3.4 Signes d’appel des violences conjugales

Les principaux signes d’appel des violences conjugales sont pour 98,7% des sages-
femmes interrogées, des traces corporelles (ecchymoses, hématomes…), le dépistage est
donc plus facile. Près 93,5% des professionnelles participant à cette étude soupçonnent
lorsque la femme présente un comportement particulier (mutisme, dépression…).
Enfin, dans plus de trois quarts des cas (79,2%), les maïeuticiennes sont interpellées par
des consultations répétées aux urgences et 87% par une consultation pour « blessure
accidentelle ». En effet, ce prétexte peut être employé par la victime elle-même ou son
conjoint pour dissimuler la réalité [35].

Les sages-femmes (79,5%) sont également attentives face à des patientes présentant un
vaginisme. Or, seulement 10,4% d’entre elles y pensent lors que la femme présente une
infection sexuellement transmissible et 30,5% lorsqu’il existe un antécédent multiple
d’interruptions volontaires de grossesse. En revanche, 57,1% l’envisagent lors d’un déni
de grossesse, une déclaration de grossesse tardive ou lorsque celle-ci est non désirée.
Les études ont montré que ces femmes ont plus de difficultés à avoir un moyen de
contraception et ont plus recours à une IVG, ou au contraire, sont contraintes de mener
une grossesse à terme.

Près de 33,7% des professionnelles accordent une importance à l’origine ethnique et


socio-culturelle, alors que l’enquête ENVEFF démontre que les violences conjugales
existent dans tous les milieux socio-culturels [40].

49
Les professionnelles sont à 83,1% suspicieux lorsque la présence du partenaire est trop
importante, celui-ci peut se montrer violent verbalement, contrôler du regard sa
compagne, adopter un comportement hostile ou au contraire être prévenant de manière
exagérée.

Certaines situations sont assez évocatrices comme le jeune âge de la patiente, cependant
peu de sages-femmes (soit 6,5%) sont attentives face à ce signe d’appel.
Selon l’ENVEFF, les victimes présentant un antécédent de maltraitance pendant
l’enfance ont quatre fois plus de risque, à l’âge adulte, de subir des sévices de la part de
leur conjoint. Près de 63% des sages-femmes dans cette étude avouent faire plus
attention dans cette situation.

Ce constat met en exergue que les sages-femmes effectuent un dépistage ciblé


lorsqu’elles sont face à certains signes d’appel tel que l’aspect clinique, le
comportement de la patiente et/ou de son compagnon. En revanche, elles ne sont pas
assez attentives aux antécédents qui peuvent être assez révélateurs [35].

3.5 Meilleur moment pour le diagnostic

En Auvergne, 35,7% des professionnelles interrogées estimant qu’il existe un moment


privilégié pour le repérage, pensent que l’entretien prénatal précoce est le moment le
plus opportun. Ce temps permet aux parturientes de rencontrer une sage-femme en
dehors d’une consultation classique de grossesse, de définir leurs attentes et leurs
craintes. Cet échange dure de 45 min à 1h, et permet à la sage-femme de comprendre le
milieu dans lequel la patiente évolue et d’évaluer les facteurs de vulnérabilité psycho-
sociales. Le fait de livrer aux spécialistes des antécédents ou des évènements aussi
graves que des violences au sein du couple nécessite une relation de confiance entre la
sage-femme et la patiente. Dans l’intérêt des femmes, les maïeuticiennes doivent être
informées des évènements ayant une incidence sur la santé de la mère et celle de son
futur enfant.

50
Cependant toutes les femmes enceintes en bénéficient. Il semble donc également
important de réaliser le diagnostic lors des premières consultations de grossesse.

Un quart (27%) des sages-femmes en France réalisent un dépistage systématique lors de


l’entretien prénatal précoce.

4. Prise en charge et transmissions

4.1 Transmissions

Au total, 93% des sages-femmes participant à cette étude réalisent des transmissions
écrites.
Sur un plan éthique, il est à noter que près de la moitié des professionnels ne demandent
pas l’accord de la victime pour écrire dans le dossier. Néanmoins, il est important de
consigner tout ce qui peut être utile dans la prise en charge et l’intérêt de la patiente.

Les professionnels interrogés dans l’étude avaient choisi comme support de


transmission dans 5% des cas le certificat médical. Or ce support constitue une aide
juridique pour la victime, il ne s’agit donc pas d’un moyen pertinent de transmission.

4.2 Orientation

Selon l’enquête de la MIPROF, les premiers professionnels vers lesquels les sages-
femmes orientent les femmes victimes de violences sont les psychologues (74%
déclarent orienter les femmes vers un(e) psychologue). Viennent ensuite les services de
la protection maternelle et infantile (54%); la police ou la gendarmerie (42%); les
associations spécialisées (39%) et les travailleurs sociaux (35%). L’orientation est plus
rare vers les autres professionnel-le-s de santé (29%), le 3919 (27%) et les
professionnels de la justice (9%). Enfin 8% orientent les femmes victimes de violences
vers aucune autre structure.

51
L’absence d’interrogation sur la formation initiale et continue ne permet pas de juger la
nécessité d’instaurer un enseignement plus spécifique sur le thème des violences faites
aux femmes durant les études de sages-femmes. Il pourrait exister un lien entre le fait de
ne pas réaliser de dépistage systématique et de ne pas se sentir suffisamment préparées.
Enfin, il aurait été intéressant de savoir si les professionnelles avaient reçu des
connaissances supplémentaires depuis l’obtention de leur diplôme.

Dans le questionnaire, il n’a jamais été fait allusion aux problèmes rencontrés par les
professionnelles tels que l’ambivalence, le refus d’aide, la dissimulation ou le déni de
la part des patientes.

Le formulaire fait référence principalement aux violences physiques, plus facilement


identifiables par les professionnels. Il aurait pu être mentionné les violences
psychologiques, car elles sont beaucoup plus fréquentes.

5. Connaissances des sages-femmes

Seulement 17,5% de sages-femmes interrogées connaissent les outils pédagogiques


permettant d’identifier plus facilement les violences dont les femmes sont victimes.
Certains sont mis en place par la MIPROF, il s’agit courts-métrages et d’un livret
d’accompagnement élaborés en 2013. Sur le site du Conseil de l’Ordre National des
sages-femmes, il est mis en ligne des certificats médicaux simplifiés avec une fiche
explicative pour en faciliter la rédaction.

Les sages-femmes d’Auvergne ont tendance à surestimer les taux de violences


conjugales, pendant et en dehors de la grossesse dans 64,3% des situations.
Il est probable que le fait de répondre à cette question ait pu influencer les
professionnels à choisir des taux plus élevés.
Il est intéressant de noter que 32,8% de la population interrogée avait répondu
correctement à cette question.
Ces données permettent de conclure que les sages-femmes auvergnates ne connaissent
pas la prévalence précise des femmes victimes, cependant, elles sont conscientes que
ces situations sont fréquentes.

52
Projet d’action

Au vu des résultats obtenus dans cette étude, il semble important de développer la


formation initiale et continue des sages-femmes au sujet du dépistage des violences
conjugales. A noter que ces dernières années des actions de formations destinées aux
professionnelles de la maïeutique sur le sujet se sont développées. Ainsi, le Conseil
National de l’ordre des sages-femmes proposait dans de récentes communications des
axes de conduites à tenir et des outils, par exemple pour la rédaction du certificat
médical. Ces documents sont facilement accessibles en ligne [50].

Sur le plan régional, les difficultés évoquées par les sages-femmes à dépister et à
prendre en charge de manière optimale les patientes semblaient liées à un manque de
connaissance des procédures établies ou tout simplement par le défaut de rédaction de
procédures. Il serait intéressant que localement des actions de médiatisation du pôle
régional des violences auprès des sages-femmes soient organisées. Ceci afin de mieux
orienter les femmes victimes vers les structures adéquates et à encourager les
professionnels à établir des transmissions.
Peu d’entre elles connaissent les outils pédagogiques, les différents courts-métrages et
questionnaires américains doivent être présentés.

Concernant la prise en charge : il semble utile que les conditions de transmissions soient
concordantes : où les écrire ? Faut-il demander l’accord de la patiente ? Quelles
personnes informer ?

Il est du devoir des sages-femmes d’être en capacité d’orienter la victime et connaître


les différents recours possibles. Peu de professionnelles sont informées des associations
d’aide aux victimes. Ces formations permettraient de plus, d’assimiler les modalités
pour réaliser un signalement judiciaire, une information préoccupante et la rédaction du
certificat médical.

Les établissements de santé devraient posséder des protocoles concernant les violences
dans le couple, comme c’est le cas notamment au Canada.

53
Conclusion
Les violences conjugales sont très fréquentes et constituent un réel problème de santé
publique, car leurs conséquences sur la santé des femmes et celles de leurs enfants sont
multiples. La prise de conscience de ces situations par les professionnels de santé est
très récente en France, cependant, les victimes s’adressent en premier lieu au corps
médical pour avouer ce qu’elles vivent à leur domicile.
Cette étude permet de constater que : le repérage des violences est comparable à celui
réaliser dans le reste de la France, en effet, c’est un faible pourcentage de sages-femmes
qui effectuent un dépistage systématique, certaines n’ayant pas le « réflexe ». La plupart
préférant diagnostiquer en fonction du contexte.
L’ampleur du phénomène semble sous-estimée, en effet, près de 11% des sages-femmes
disent ne jamais avoir été confrontées à des femmes victimes. Certains signes d’alerte
tels qu’un vaginisme, des traces corporelles, ou une patiente présentant une dépression
sont connus par les sages-femmes.

Parmi les freins pouvant expliquer les difficultés qu’ont les maïeuticiennes à identifier
les violences subies, le manque de procédures clairement établies et des recours
possibles constituent une réelle entrave le diagnostic. La façon d’aborder le sujet pose
également problème, beaucoup pensant que la question est difficile à poser et qu’il
s’agit d’un sujet tabou.

Une formation initiale et continue plus approfondies sur le sujet permettrait d’identifier
plus facilement ces situations à risque et de démocratiser le dépistage systématique.

54
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pratiques en 10 ans. Université Paris VI, Faculté de Médecine Pierre et Marie Curie;
2012.
Annexes
ANNEXE I : Questionnaire envoyé aux sages-femmes

Les pratiques de dépistage des violences conjugales par les sages-femmes


d'Auvergne

Actuellement étudiante sage-femme en 5ème année à l’école de Clermont-Ferrand, je


réalise mon mémoire de fin d’études sur sur le dépistage des violences conjugales par
les sages-femmes. L'objectif cette étude est d'élaborer un état des lieux des pratiques du
dépistage par les sages-femmes au sein de la région Auvergne. Je souhaiterais vous faire
participer à mon enquête en répondant au questionnaire ci-dessous. L’anonymat de
chacun(e) sera respecté.
Je vous remercie par avance de votre participation et de l’aide apportée dans la
réalisation de ce travail.
Ce questionnaire est structuré en trois parties: la première recueille des informations
générales, la deuxième partie concerne le dépistage des violences conjugales et la
troisième les transmissions et la prise en charge.

*Obligatoire

Renseignements généraux

1) Vous êtes :

o Un homme

o Une femme

2) Vous avez entre:

o 22-35 ans

o 35-45 ans

o 45-55 ans

o 55-65 ans

o Plus de 65 ans
3) Vous vivez:

o Seul(e)

o En couple

o Autre :

4) Vous avez obtenu votre diplôme:

o Avant 1982

o Entre 1982-1986

o Entre 1986-2002

o Entre 2002-2007

o Entre 2007-2014

5) Quel est votre mode d'exercice? (plusieurs réponses possibles)

o Libéral

o Hospitalier (publique ou privé)

o Territorial

o Centre de planification et d’éducation familiale

o Autre :

6) Dans quel milieu exercez-vous?

o Urbain (comprend un nombre d’habitants supérieur à 20 000)

o Rural (commune de moins de 2000 habitants)

o Semi-urbain (entre 2000 et 20 000 habitants)


7) Quels sont vos domaines d'exercice? *(plusieurs réponses possibles)

o Consultations prénatales et post-natales

o Secteur des grossesses hospitalisées

o Consultations d’urgences gynécologique et obstétricale

o Consultations gynécologiques de prévention et de contraception

o Préparation prénatale à la naissance et à la parentalité

o Salles de naissances

o Suites de couches

o Rééducation périnéale

o Exploration uro-dynamique

o Autre :

Dépistage des violences conjugales

8) Avez-vous déjà été confronté(e) à des situations de violences conjugales dans


le cadre de votre profession ? *

o Oui

o Non

o Ne sais pas

9) Quels sont les taux de violences conjugales au sein de la population générale


(femmes entre 18 et 59 ans) en France et par an?

o 5%

o 10%

o 15%

o Plus de 15%

o Ne sais pas
10) Chez les femmes enceintes?

o 3-8%

o 9-15%

o Plus de 15%

o Ne sais pas

11) Connaissez-vous les outils (questionnaires, films...) permettant de dépister


des situations de violences?

o Oui

o Non

o Ne sais pas

12) Effectuez-vous un dépistage systématique à toutes vos patientes? *

o Oui

o Non

13) Si non, pourquoi? *(plusieurs réponses possibles)

o Vous réalisez un dépistage ciblé (face à des indices


comportementaux, psychologiques et physiques)

o Vous ne savez pas comment aborder le sujet, car vous trouvez la


question difficile à poser

o Vous n’avez pas le « réflexe »

o C’est un sujet tabou et intrusif selon vous qui touche à l’intimité

o Vous avez peur de mettre mal à l’aise

o Vous avez des difficultés à identifier la frontière entre les violences


conjugales et une relation conflictuelle

o Vous ne savez pas comment réagir si la patiente se confie

o Vous manquez de temps


o Vous pensez que les patientes ne répondront pas à la question, ou de
façon négative même si elles sont victimes

o Vous attendez que la patiente vous en parle spontanément

o Vous ne connaissez pas les recours possibles

o Vous n’êtes pas informé(e) clairement des procédures

o Si vous ne décelez aucun signe, c’est que tout va bien

o Vous ne voyez pas l’intérêt d’un tel dépistage

o Autre :

14) Selon vous, quels peuvent être les signes d'appel de violences conjugales?
(plusieurs réponses possibles)*

o Une patiente présentant des addictions

o L’origine ethnique

o Le niveau socio-culturel

o L’âge

o Le comportement de la patiente (dépression, mutisme…)

o Des difficultés évoquées pendant l’enfance (antécédent de


maltraitance par exemple)

o Des traces corporelles (ecchymoses, coupures…)

o Un antécédent d’infection sexuellement transmissible

o Un vaginisme

o Plusieurs interruptions volontaires de grossesses

o Des refus multiples de traitements ou autre…

o Une déclaration tardive de grossesse, une grossesse non désirée, un


déni de grossesse

o Des consultations répétées aux urgences

o Une consultation pour « blessure accidentelle »

o Un conjoint trop présent lors des consultations

o Autre :
15) Estimez-vous qu'il existe un moment privilégié pour le dépistage de ces
violences?*

o Oui

o Non

o Ne sais pas

16) Si oui, quel serait ce moment? *

o Lors de la 1ère consultation

o Au cours d’une consultation de grossesse

o Lors de l’entretien prénatal précoce

o Lors d’un séjour d’hospitalisation grossesse

o Lors d’une séance de préparation à la naissance et à la parentalité

o Lors de l’accouchement

o Pendant le séjour de suites de couches

o A la visite post-natale

o Au cours d’une séance de rééducation périnéale

o Au cours d’une consultation de suivi gynécologique

o Autre :

Transmissions et prise en charge

17) Vous effectuez des transmissions écrites des propos de la patiente : *

o Systématiquement

o Sur accord de la patiente

o Jamais
18) Vous l’effectuez :

o Dans le dossier médical (papier ou informatisé)

o Sur un certificat médical

o Autre :

19) Une fois la situation révélée, quelles personnes informez-vous ?


(Transmissions orales) *(plusieurs réponses possibles)

o Psychologue

o Sage-femme responsable du service

o Assistante sociale

o Protection maternelle et infantile

o Pôle régional de référence et d’accueil des victimes de violences


sexuelles et de maltraitance au CHU Estaing

o Médecin traitant ou gynécologue de la patiente

o Autre :

20) Par quels moyens ? *(plusieurs réponses possibles)

o Par courrier

o Lors d'une réunion du réseau périnatal d’Auvergne

o Lors d’un staff

o Autre :

21) Avez-vous déjà été amené(e) à effectuer une information préoccupante ?

o Oui

o Non
22) Avez-vous déjà réalisé un signalement judiciaire ?

o Oui

o Non

23) Connaissez-vous des associations locales d’aide aux victimes ? *

o Oui

o Non

24) Si oui, lesquelles? *

25) Vous orientez la patiente vers: (plusieurs réponses possibles)

o 3919

o Associations locales spécialisées

o Justice (police, gendarmerie, procureur)

o Assistance sociale

o Pôle régional de référence et d’accueil des victimes de violences


sexuelles et de maltraitance au CHU Estaing

o Psychologue

o Autre :
ANNEXE II : Questionnaires valides

Partner Violence Screen (PVS)

1. Avez-vous déjà reçu des coups de pieds, été frappée, poussée ou blessée
autrement dans l’année qui vient de s’écouler ? Si oui, par qui ?
2. Vous sentez-vous en sécurité au sein de votre couple ?
3. A ce jour, vous sentez vous menacée par un ex-partenaire ?

Abuse Assesment Screen (AAS)

1. Avez -vous déjà été abusée moralement ou physiquement par votre partenaire ou
par un proche ?
2. Dans le passé, avez-vous déjà été frappée, reçu des coups de poings ou de pieds
ou blessée physiquement autrement par quelqu’un ?
3. Depuis que vous êtes enceinte, avez-vous déjà été frappée, reçu des coups de
poings ou de pieds ou blessée physiquement autrement par quelqu’un ?
4. Dans l’année qui vient de s’écouler, quelqu’un vous a-t-il forcée à avoir des
relations sexuelles ?
5. Avez-vous déjà eu peur de votre conjoint ou une des personne citées plus haut ?
(proche, ex-partenaire…)
Woman Abuse Screening Tool (WAST)

1. En général, comment décririez-vous votre relation ? Beaucoup de tension/ Un


peu de tension/ Aucune tension
2. Vous et votre partenaire réglez les disputes avec : beaucoup de difficulté/ Un
peu de difficulté/ Aucune difficulté
3. Après une dispute, vous arrive-t-il de vous sentir déprimée ou de vous en
vouloir ? Souvent/ Parfois/ Jamais
4. Arrive-t-il que les disputes finissent par des coups, coups de pieds, poussées ?
Souvent/ Parfois/ Jamais
5. Vous arrive-t-il d’avoir peur de ce que votre partenaire dit ou fait ? Souvent/
Parfois/ Jamais
6. Votre partenaire vous a-t-il déjà agressée physiquement ? Souvent/ Parfois/
Jamais
7. Votre partenaire vous a-t-il déjà agressée sur le plan affectif ? Souvent/ Parfois/
Jamais

SAFE :

1. Comment décririez-vous la relation avec votre conjoint ?


2. Que se passe-t-il quand vous et votre partenaire vous disputez ?
3. Lors de vos disputes, est-ce que vous vous faites frapper, bousculer ou blesser ?
4. Disposez-vous d’un plan d’urgence ?

HITS :

1. Hurt : Est-ce que parfois votre conjoint vous frappe ?


2. Insult : Est-ce que parfois votre conjoint vous insulte ?
3. Threaten : Est-ce que parfois votre partenaire vous menace avec une arme
blanche ?
4. Scream : Est-ce que parfois votre conjoint crie ou profère des paroles insultantes
à votre égard ?
WEBS (Women’s experience with battering scale) :

1. Je ressens une insécurité dans ma propre maison


2. Je me sens honteuse des choses qu’il me fait
3. J’essaie de ne pas le contredire car j’ai peur de ce qu’il pourrait faire
4. J’ai l’impression qu’il me garde prisonnière
5. J’ai l’impression de ne plus avoir de contrôle sur ma propre vie, ni de pouvoir, ni
de protection
6. Je cache la vérité aux autres car j’ai peur de le dire
7. J’ai l’impression que je lui appartiens et qu’il me contrôle
8. Il peut m’effrayer sans lever la main sur moi
9. Il a un regard qui me transperce et me terrifie

Réponses :

- Pas du tout d’accord = 1


- Parfois d’accord= 2
- Un petit peu d’accord =3
- Un peu d’accord =4
- Parfois d’accord
- Tout à fait d’accord = 6
 Si total > ou = 20 : indentification positive de violences psychologiques de la
part du conjoint.
ANNEXE III : Législation

Infractions Peines encourues Articles du code pénal

Violences ayant entraîné une


incapacité totale de travail inférieure 3 ans d’emprisonnement et 45 000€ 222-12
ou égale à 8jours d’amende

Violences ayant entraîné une


incapacité totale de travail supérieure 5 ans d’emprisonnement et 75 000€ 222-13
à 8 jours d’amende

Harcèlement moral De 3 à 5 ans d’emprisonnement et de 222-33-2-1


45 000€ à 75 000€ d’amende

Violences habituelles (en fonction de De 5 à 10ans d’emprisonnement et de 75 000 222-14


l’ITT) à 150 000€

Menace de mort 3 ans d’emprisonnement et 45 000€ 222-17


d’amende

Agressions sexuelles 7 ans d’emprisonnement et 100 000€ 222-28


d’amende

Violences ayant entraîné la mort sans 30 ans de réclusion criminelle 222-8


intention de la donner

Meurtre Réclusion à perpétuité 222-4

Viol 20 ans 222-34


ANNEXE IV : Campagne nationale de sensibilisation
Résumé

Introduction : En France, on estime à 10% le nombre de femmes victimes de violences


de la part de leur conjoint. Trop longtemps considéré comme un problème privé qui ne
révèle que de l’intime, les conséquences sur la santé des femmes ne sont pas anodines,
aussi bien sur le plan physique, psychique ainsi que sur le pronostic obstétrical. La
grossesse est un moment favorisant ou aggravant ces violences, 3 à 8% des femmes sont
concernées. Les victimes de violences conjugales se confient principalement en premier
lieu aux professionnels de santé.
Matériel et méthode : Cette étude avait pour objectif principal de faire un état des lieux
des pratiques des sages-femmes d’Auvergne dans le dépistage et les modalités de prise
en charge des violences conjugales, pour cela, un questionnaire leurs a été envoyé.
Résultats : Les résultats démontrent que les sages-femmes sont très souvent confrontées
aux femmes victimes de violences (près de 85,6% ont déjà rencontré ces situations)
Discussion : Cela a également permis de faire ressortir les problèmes rencontrés par les
professionnels. Peu de sages-femmes (17,4%) réalisent un dépistage systématique, une
majorité préférant déceler face à des indices physiques et psychologiques des patientes.
Il a été démontré que le secteur d’activité pouvait influencer le type de dépistage
réalisé : les sages-femmes libérales ont plus facilement recours au dépistage
systématique. Les moyens de transmission et de prise en charge ont également été
analysés.

Mots-clés : sages-femmes, dépistage, violences conjugales, prise en charge,


transmissions.

Abstract
Background : In France it is estimated that 10% of women are victims of violence from
their partner. For too long,considered a private problem, too intimate,the consequences
on women's health are not harmless, both physically,mentally as well as the obstetrical
prognosis.
Pregnancy is a time promoting or aggravating the violence, 3-8% of women are
concerned.
Primarily,the victims of domestic violence confide mainly in health professionals.
Study design : The study was done with the midwives of Auvergne, the primary
objective was the screening and modalities of domestic violence, a questionnaire was
sent out to those taking part.
Results : The results demonstrate that the midwives are regularly confronted by women
who are victims of violence (nearly 85.6% have already been faced with these
situations)
This has also helped identify the problems met by professionals.
Very few midwives (17.4%) carry out a systematic screening, the majority prefer
detection
Discussion: through physical and psychological evidence of patients.
It was demonstrated that the sector of activity could influence the screening type: the
liberal midwives have easier access to systematic screening. The means of transmission
and management were also analysed.

Keywords : midwives, screening, domestic violence, transmission, supported

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