Feuilletage 3740
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© Dunod, 2023
11 rue Paul Bert, 92240 Malakoff
www.dunod.com
ISBN : 978-2-10-085890-3
“I have only two methodologies: my eyes and my legs.
These are all I need to see, to judge, to consider, to decide1.”
Kazuo Kawashima
1. « Je n’ai que deux méthodologies : mes yeux et mes jambes. Ce sont les seules choses dont j’ai besoin pour voir, juger,
considérer et décider. » Kazuo Kawashima
À mes deux fils Farès et Salim ;
À ma femme Lydia ;
À ma belle-fille Mya-Sky.
Sommaire
Avant-propos....................................................................... 11
Introduction......................................................................... 13
Conclusion........................................................................... 277
Bibliographie....................................................................... 279
Sommaire • 9
Avant-propos
Une décennie de QRQC ! Déjà dix ans se sont écoulés depuis la parution de la
première édition de cet ouvrage. Le QRQC est une démarche dont le déploie-
ment international et la propagation continuent dans de nombreux secteurs
industriels et de services.
Ces dix ans ont été jalonnés de nombreux événements professionnels et
personnels. D’abord, à titre personnel, j’ai quitté mon emploi à Valeo après
dix-huit ans de bons et loyaux services. École de performance extraordinaire,
j’y ai rencontré avant tout des amis et des collègues formidables. S’ensuivit un
passage de huit ans en tant que vice-président Qualité du groupe ferroviaire
Faiveley (racheté par Wabtec), où j’ai pu appliquer le QRQC à travers une
centaine de sites dans le monde mais également faire des rencontres inou-
bliables avec des collègues français, américains et issus de divers endroits du
monde : Mexique, Brésil, Inde, Chine, Maghreb, Afrique, Moyen Orient, etc.
Depuis cinq ans, après des choix et événements plus personnels, la QRQC
Academy a vu le jour et s’est imposée comme lieu d’expertise de la démarche
QRQC. Ce cabinet de formation/conseil permet à toutes les entreprises de
bénéficier des avantages concurrentiels et financiers du QRQC. Il est constitué
de formateurs/consultants, avant tout passionnés, reconnus et ayant exercé
pendant des années dans des groupes industriels majeurs. Ils mettent leur
savoir-faire au service des entreprises pour viser la satisfaction des clients et
du personnel et la réduction des coûts de non-qualité.
En dix ans, le monde industriel a évolué : la crise du Covid a ébranlé les
salariés et décideurs ; la digitalisation, « l’industrie 4.0 », l’intelligence artifi-
cielle, le changement climatique avancent à marche forcée. Toute démarche
d’amélioration, comme le QRQC, doit donc s’adapter pour être au plus proche
des nouvelles préoccupations des managers, des employés mais aussi des
citoyens. Cette nouvelle version a donc intégré la dimension digitale, obligatoire
aujourd’hui afin de viser le « zéro papier ». Elle a aussi pris en compte une
demande forte de mes lecteurs, issue également de nos activités de conseil, à
savoir la question du déploiement efficace du QRQC, à l’échelle d’une usine,
Avant-propos • 11
d’un pays, ou d’un groupe international, malgré des résistances de tout ordre
(culturelles, organisationnelles ou managériales).
Enfin, cette nouvelle édition est un hommage à mon ami et « Sensei » Kazuo
Kawashima, disparu en août 2020. Une personnalité attachante, un personnage
à part, qui a augmenté le niveau d’exigence qualité dans l’industrie automobile,
et même au-delà ; un infatigable promoteur du QRQC en Europe et dans le
monde. Mes pensées vont également à sa famille.
Bonne lecture ! Bon déploiement QRQC !
H. Aoudia
Arcueil, le 23 août 2023.
12 • Avant-propos
Introduction
Nombreuses sont les voix qui annoncent la fin de « modèles » ou de « sys-
tèmes » ayant fait leurs preuves par le passé mais jugés désormais inefficaces.
Nous ne serions a priori plus capables d’améliorer les méthodes de travail, car
celles-ci auraient atteint un palier. Cela se traduirait inévitablement par des
délocalisations en pays à bas coûts ou encore par des réductions des coûts
salariaux. Même si cette réalité existe, il y a en parallèle d’autres vérités :
des problèmes qualité liés à la production en pays « low cost », des coûts
considérables de garanties ou de rappels dans les pays occidentaux (en par-
ticulier sur des sujets relatifs à la sécurité), des défiances de la part de clients
et donc des impacts commerciaux et financiers majeurs. Ceux-ci se calculent
en milliards.
Cette autre vérité peut faire trembler voire mettre en péril les entreprises,
notamment les plus fragiles, incapables de traiter et anticiper leurs problèmes
qualité ou sécurité, quel que soit le domaine d’activité, quel que soit le pays.
Toutefois, tout système a besoin d’une amélioration permanente et quotidienne,
sous peine de s’essouffler. Le QRQC (Quick Response Quality Control) a été
développé avec cet objectif et constitue en cela un rouage essentiel à toute
démarche de management par la qualité totale : il est le « moteur » d’amélio-
ration continue.
Certains praticiens spécialistes de la qualité ont considéré qu’il s’agissait encore
d’une nouvelle mode promue par un gourou. Ce n’est pas le cas. Le QRQC est en
partie inspiré du lean management et des pratiques issues du Toyota Production
system formalisées par l’ingénieur industriel japonais Taiichi Ōno dès 1978.
Depuis, la fonction qualité a dû faire face à de nouveaux défis :
--un défaut peut être connu partout en quelques minutes via Internet ;
--les entreprises sont globalisées et investissent massivement dans les
pays à bas coûts de production, notamment en Chine qui s’est imposé
comme acteur majeur de l’industrie, comme on le voit désormais dans les
véhicules électriques ; et même si nous assistons à des mouvements de
relocalisations ou à des réductions des boucles de production, le risque
reste toujours là ;
Introduction • 13
--les clients sont plus exigeants car mieux informés ;
--les fournisseurs sont plus nombreux dans la chaîne de production, ce qui
génère un risque à la moindre défaillance de l’un d’eux.
Beaucoup a déjà été écrit sur le lean, cette approche globale et systémique
de gestion qui vise à maximiser la valeur pour le client tout en minimisant
le gaspillage pour l’entreprise (temps de production, défauts de qualité,
sous-utilisation des talents, etc.). Cependant, si nous considérons que l’approche
QRQC représente elle aussi une contribution majeure, elle apporte également
une cohérence plus spécifique à un problème, et elle est basée sur des étapes
claires qui permettent une mise en œuvre aisée.
Notre expérience nous a ainsi permis de perfectionner certains outils et méthodes
de façon structurée, tout en réaffirmant trois principes :
14 • Introduction
court terme, tout en contribuant à la poursuite des objectifs stratégiques
à long terme. Le QRQC n’est pas un outil qualité ou un système, c’est un
mélange d’attitudes et de management qui s’appuie sur des outils souvent
existants et connus. En revanche, il donne à ces outils « l’huile moteur »
nécessaire pour que l’ensemble de l’organisation les utilise afin de réagir
puis éradiquer tout problème simple ou complexe. Partout, par tous et
tous les jours.
Nombreux sont les managers qui ont suivi des formations sur la résolution
de problèmes. Ce sont les fameux groupes de résolutions de problèmes ou
task forces. Autrement dit, il y a un problème, des équipes se réunissent
– « brainstorment » – en essayant d’appliquer durant une journée des
outils pour trouver les causes et les solutions. Or, on sait bien comment
évoluent la plupart du temps ces fameux groupes : au début, les partici-
pants sont motivés et rigoureux dans la démarche. Quelques jours plus
tard, leur nombre se réduit, ainsi que celui des réunions. Finalement, le
problème est partiellement traité ou plus ou moins abandonné, avec des
conclusions souvent dignes de certaines commissions ministérielles : un
beau rapport, mais sans grand effet derrière… Le mode task force ou war
room n’est pas viable si toutes les difficultés sont traitées de la sorte : outre
les problèmes de ressources, cela indique des dysfonctionnements majeurs
dans l’organisation.
La puissance du QRQC réside dans sa capacité à rappeler aux managers un
élément simple, à savoir que toute démarche qualité doit avant tout permettre
à l’organisation d’atteindre ses objectifs stratégiques via la satisfaction du client
et du personnel. Vous pouvez obtenir tous les prix qualité du monde, ils ne
servent à rien si vos clients sont insatisfaits, si vous perdez de la compétitivité
et des marchés, voire si vous devez cesser votre activité ! Ces dernières années,
sous l’effet des diverses certifications, la priorité a davantage été donnée à la
formalisation des processus et des procédures, oubliant par la même l’essence
même de la fonction qualité :
16 • Introduction
CHAPITRE 1
QRQC :
Qu’est-ce que c’est ?
Pourquoi ?
L’abréviation QRQC signifie Quick Response Quality Control que l’on traduit
littéralement en français par « contrôle qualité avec réponse rapide ». Toutefois,
comme toute traduction, celle-ci ne rend pas à chaque mot l’importance qu’il
a dans sa langue d’origine et, de ce fait, la plupart des entreprises conservent
et utilisent l‘anglais QRQC.
L’expression est composée de deux parties – Quick Response et Quality control –
qui renvoient aux deux volets qui constituent la démarche, respectivement
la vitesse et la maîtrise.
QUICK RESPONSE :
LA VITESSE DE RÉACTION
18 • QRQC
10 JOURS Généralisation des actions correctives et préventives
La réaction doit être immédiate pour tout problème relatif à la sécurité car
il est impensable de ne pas faire autrement en cas d’accident ou d’incident
affectant l’intégrité physique des personnes.
Pour tout autre problème technique, l’arrêt au premier défaut constaté doit être
immédiat, de façon à identifier rapidement les facteurs pouvant être à l’origine
du problème. En effet, en réagissant immédiatement, les équipes sont dans
les meilleures dispositions pour voir en temps réel le problème, ses causes et
le cas échéant engager les actions correctives immédiates.
L’expérience montre que dans 80 % des cas, les opérateurs doivent être
capables de réagir instantanément après avoir arrêté la ligne de production.
Cela suppose que l’ensemble du management ait promu l’arrêt au premier
défaut comme un bienfait, et non comme une contrainte portant atteinte à
la productivité.
--chez le client pour éviter que les pièces défectueuses n’aillent chez son
propre client ;
Remarque
L’opération définie pour sécuriser le client doit être validée par le ser-
vice qualité afin d’éviter des erreurs ou d’avoir à refaire des tris. Pour
les défauts dimensionnels ou visuels, il conviendra de valider que la
méthode de tri ou de contrôle final donne entière satisfaction.
20 • QRQC
Généralisation des actions correctives
et préventives sous dix jours
La généralisation est une étape importante dans la résolution d’un problème,
tout le monde en convient. Rien n’est pire en termes de satisfaction client
que la récurrence d’un problème prétendu éradiqué. Cette phase inclut
l’ensemble des actions de prévention permettant d’éviter un nouvel inci-
dent. Le délai de dix jours pousse l’organisation à se poser rapidement la
question de la non-récurrence du même incident dans d’autres lignes de
production, d’autres projets, d’autres sites ou d’autres zones géographiques
(pour les entreprises internationales). C’est une étape souvent prêchée
mais mise de côté, soucieux que nous sommes de régler notre problème
dans notre seul périmètre de responsabilité individuelle.
QUALITY CONTROL :
LA RIGUEUR ET LA VÉRIFICATION
2. Servan-Schreiber J.-L., Trop vite ! Pourquoi nous sommes prisonniers du court terme, Albin Michel, 2010.
22 • QRQC
Rigueur
Il ne se passe jamais une journée sans que l’on soit obligé de rappeler le besoin
de discipline et de respect des règles établies. C’est le lot de tout qualiticien,
en particulier dans les secteurs sensibles soumis à des réglementations ou
exigences qualité/sécurité sévères.
Le QRQC renforce la rigueur car il est mis en œuvre selon un agenda et un
cadre extrêmement précis qui doivent être respectés chaque jour. Il y a des
règles du jeu claires, que tout le monde connaît. En cas de dérive (constatée
lors des réunions QRQC), il appartient à tous les managers de rappeler ces
règles ou de former les collaborateurs pour qu’elles soient appliquées.
Vérification
Le contrôle peut être vécu comme un mal ou, tout au moins, comme un
moment désagréable. Il est pourtant nécessaire. En effet, implémenter la
démarche QRQC peut aller à l’encontre de certaines habitudes. Or, c’est
la capacité de l’organisation à vérifier les engagements pris qui permet
des résultats rapides et assure la fiabilité de la solution. Ces vérifications
concernent à la fois :
--la mise en place effective des solutions décidées et validées. Il n’y a rien
de pire que de présenter des solutions qui satisfont tout le monde pour
s’apercevoir, par hasard, qu’elles n’ont pas été mises en œuvre pour une
raison ou pour une autre ;
LE QRQC PARFAIT