La Voie Routiere: Un Goulot D'etranglement Pour Le Developpement Socioeconomique Du Territoire de Kasongo Lunda
La Voie Routiere: Un Goulot D'etranglement Pour Le Developpement Socioeconomique Du Territoire de Kasongo Lunda
La Voie Routiere: Un Goulot D'etranglement Pour Le Developpement Socioeconomique Du Territoire de Kasongo Lunda
2. Introduction
Pour toute société qui tient à son développement point n’est besoin de le démontrer : les infrastructures
de transports sont d’une importance capitale dans le cadre des échanges commerciaux entre les
différentes entités d’un espace géographique donné. Ces dites infrastructures facilitent l’activité
économique et ont toujours vocation à jouer un rôle structurant dans l’organisation de la plupart des
activités qu’il s’agisse de l’agriculture, de l’industrie, du tourisme et des services.
En effet, ces infrastructures déterminent et influencent leur localisation et facilitent ou freinent leur
développement de telle sorte que la construction d’une nouvelle infrastructure se traduit par une
diminution des couts de transports et entraine une augmentation de l’intensité des échanges et donc du
développement économique.
Ainsi donc, les moyens de transport constituent les voies indispensables à tout développement d’une
unité géographique donnée : ils permettent de relier les lieux de productions aux centres de
consommation et de commercialisation. 1
Considérant l’importance stratégique des infrastructures en République Démocratique du Congo,
Stanley déclara en 1888 : « sans un chemin de fer, le Congo ne valait pas une pièce de deux shillings. »2
S’agissant du sujet sous analyse, nous avons pour préoccupation majeure de proposer des solutions
judicieuses en vue d’encourager dans ce milieu le développement des activités agricoles, trouver des
solutions pour améliorer les infrastructures routières du fait que l’agriculture demeure un instrument
fondamental de développement durable et de la réduction de la pauvreté.
Le territoire de Kasongo Lunda, comme d’autres territoires de la République Démocratique du Congo à
vocation agricole, est confronté à un grave problème de l’insuffisance ou l’inexistence des moyens de
transports ; c’est là l’obstacle majeur au développement du secteur agricole.La détérioration du réseau de
transport routier entraine non seulement la désarticulation des circuits des distributions et de
commercialisation des produits agricoles mais aussi la faiblesse des échanges interprovinciaux et
l’isolement des plusieurs zones rurales 3
Pour tenter de corriger cette situation déplorable, il sied de répondre d’abord à cette question importante
à notre humble avis : la réfection des voies de transport reliant le territoire de Kasongo Lunda à Bukanga
Lonzo en passant par le territoire de Popokabaka ne constitue-t-elle pas un préalable au développement
et au désenclavement du territoire de KasongoLunda ?
A cette fin nous estimons utile d’articuler la présente étude autour de trois points suivants :
- Présentation de la situation géographique du territoire de Kasongo Lunda
- Les potentialités locales de développement
- La voie routière : un goulot d’étranglement pour le développement socioéconomique du territoire.
1
P. Solotshi Muyungu, notes des cours de géographie économique et économie de transport, avril 2012, faculté des sciences économi ques et de gestion,
Upn, p14
2
G. Blanchart et Cie, le rail au Congo-Belge, 1920-1945, Tome2, Bruxelles, 1999, p.76
3
Bureau du territoire de Kasongo Lunda, service de l’agriculture, pèche et élevage, rapport annuel du territoire 2015, p.2
4
Op.cit. p.3
Tembo est une cité minièrede diamant de la république d’Angola, elle est à présent réduite à une cité
rurale sans activité, l’essentiel des revenus de la population est lié à l’agriculture, l’élevage, la
pisciculture et la pêche.
Ainsi présenté la situation géographique, nous abordons le point relatif aux potentialités locales de
développement.
Tableau 1 : bassin des productions agricoles, nombre approximatif des villages, leur spéculation
relative et voies d’évacuations
Ce tableau présente des bassins des productions organisés par secteur ou chefferie
Bassin de Production principales Nombres Voies d’évacuation
production approximatif principales
des villages
5
Bernard Kabatusuila, théories des conditions provisoires du développement, édition ka-IMMO.
6
Plan CARG, service de l’agriculture, pèche et élevage du territoire de Kasongo Lunda
De l’analyse de ces différents tableaux, il se dégage que le territoire produit presque partout les mêmes
produits même dans certaines chefferies que nous n’avons pas présentées dans cette étude telles que la
chefferie de kingulu, Mawanza, Panzi, Swatenda et kibunda. 7 Sur 1148 villages que compte le territoire
de kasongo-lunda : 700 seulement bénéficient des trafics avec leurs voisins vers Kinshasa ; 448 sont
écartés de ce système en raison de l’enclavement ; ils sont situés pour la plupart le long de la voie
routière de popokabaka à kasongo lunda qui est presqu’impraticable à cause de mauvais état de la route
et d’un relief accidenté. Ces villages produisent presque les mêmes produits qu’ailleurs mais sont butés à
un problème d’évacuation de leurs produits.
En conséquence, ils recourent aux porteurs avec comme conséquence le partage de revenus provenant de
la vente ; nous citeronspour le besoin d’analyse certains d’entre eux comme : Mahonga (chefferie),
kisenda, Kibuka Lusengi, Kazembe, Mukobovo, Kingunda, Bukapangu, Kindimbula, Zhinabuketi,
Kavula, Mahuangi, Ngalabwanga, Izhimba, Mahonga II, Kinkunga, Kimbeko, etc.La difficulté liée à
l’absence des moyens de transport pour acheminer les produits au niveau des marchés freine l’activité
économique dans la mesure où tout ce qui est produitmoisit dans les greniers. De ce fait, les paysans
producteurs sont découragés à poursuivre le processus de production. Ils se demandent s’il faut produire
pour quel marché ; maintenant ainsi, l’activité agricole au niveau de subsistance. La conséquence de ce
comportement se traduit par la persistance de la pauvreté et la remise en cause du développement
socioéconomique de ces contrées.
En dehors de l’agriculture, d’autres activités se pratiquent sur le territoire telles que l’élevage, la pèche,
la pisciculture, la cueillette de chenilles, etc.
2.3.La pisciculture
Elle est très développée dans tout le territoire tous les jours de l’année. L’offre des poissons d’élevage
est très abondante et son commerce est très régulier. Consommé frais ou salé, ces poissons sont
7
Op.cit p.13
disponibles sur tous les marchés du territoire. Un étang de 20 ares peut rapporter à l’éleveur un revenu
monétaire de 200 à 300 USD.Parmi ces poissons élevés nous distinguons : les tilapias, les mungusu, les
noyolas, etc. Elevés dans les étangs qui bordent tout le long des affluents du Kwango et de la Wamba.
D’autres étangs de dérivations représentent 10% des superficies des étangs des barrages des zones
marécageuses. Il s’agit d’une pisciculture extensive, rentable et une source principale de protéines pour
les habitants de la cité de Kasongo Lunda et ceux des milieux environnants.
2.4. La production de la cueillette
La cueillette de chenilles et des champignons constitue une source alimentaire et des revenus importants
pour les populations de Kasongo Lunda.Parlant des chenilles, la cueillette est particulièrement
importante dans tout le territoire mais singulièrement dans le secteur de Kibunda, Mawanga, Swatenda,
Kizamba et Panzi, les acheteurs proviennent de l’Angola.Etant donné que ses activités se passent dans
les milieux ruraux, le service chargé d’élevage, pèche et agriculture du territoire ne dispose pas des
statistiques des productions y relatives d’où notre incapacité de vous présenter dans cette étude des
données chiffrés avec exactitude.
Le cadre géographique ainsi que les différentes activités économiques ainsi présentés, nous avons pu
constater que les potentialités dont dispose le territoire en sol, sous-sol, agriculture, élevage, sa position
frontalière avec l’Angola etc. peuvent faire du territoire un pôle de développement.Les produits doivent
se négocier sur un marché ou le vendeur ou producteur se trouve en présence d’un acheteur
consommateur ou revendeur ; tous ces acteurs sont dictés par les lois du marché avec comme régulateur
le prix. Pour ce type des marchés les acheteurs e les vendeurs sont appelés à se déplacer et ce
déplacement joue sur l’effet prix dans les négociations. C’est ainsi que nous devons analyser les
conditions de ce déplacement représentées par la voie d’évacuation des produits et analyser son impact
sur le prix de produits sur le marché intérieur et au niveau des villes.
8
WWW.caim. Info>revue espace s et sociétés
gagner mieux pour accéder aux produits manufacturiers. Il est vrai que le niveau matériel d’une
personne se mesure d’une part par la masse d’argent qu’elle perçoit pour un travail fourni et par la
quantité des biens matériels que cette personne peut se procurer avec l’argent tiré de l’échange.
Les infrastructures de transportssont indispensablesà tout développement d’une entitéadministrative ou
géographique donnée : au plan économique, elles permettent de mettre en contact vendeur et acheteur et
de relier les lieux des productions aux centres commerciaux et de consommation; si elles sont en bon
état de fonctionnement, elles influencentpositivementsur le prix par réduction de prix de transport de
produits concernés. 9
Les produits de Kasongo Lunda ne peuvent pas donner à leurs producteurs des gains sur le marché de
Kinshasa en raison de couts de transport excessifs qu’ils auraient supporté ; cout ayant englouti toute
leur marge bénéficiaire. Certes les infrastructures de base telles queles transports et les communications
dans ce territoire sont moins bonnes : le service rendu par le transport dans la fixation du prix le même
signe que l’état des routes ; les transactions deviennent lourdes et les charges monétaires augmentent
dans le chef des exploitants de transports et les commerçants, cela entraine la rareté des biens sur le
marché et le gonflement des prix sur le marché urbains.
Parlant de la voie routière, elle est entièrement en terres et frappé par plusieurs handicaps : l’immensité
du territoire fait que les distances sont éloignées et le cout de transports sont très élevés du fait que le
territoire dispose d’un relief accidenté. La nature du sol, essentiellement sablonneux et argileux glissant
dans le relief. A cela s’ajoute l’absence de toute initiative privée des paysans producteurs dans
l’aménagement des routes, ils attendent tout du gouvernement central ou provincial.
La conséquence de ce comportement des paysans au plan économique est telle qu’ils plongent dans le
découragement devant toute initiative de production par le fait qu’ils exercent plus d’effort qu’il y a de
gain ; la désarticulation des circuits de distribution et de commercialisation, la faiblesse des échanges
interprovinciaux mais aussi l’isolement des plusieurs zones rurales, la rareté de la monnaie en circulation
. Les transporteurs et le commerçants s’enrichissent de plus en plus car détenant le monopole de
transport et de la vente des produits manufacturiers.
Sur le plan éducationnel : l’instruction a une incidence sur la productivité et la croissance économique :
bon nombre des parents sans revenu monétaire se voient incapable d’envoyer leurs enfants à l’école par
le fait qu’au pays les études sont couteux d’où le maintien de l’analphabétisme, le manque des soins
médicaux, la mal nutrition et la sous-alimentation qualitative e quantitative.
Nous encourageons les efforts fournis par le gouvernement provincial dans l’organisation de service de
canonnage manuel organisé dans tous les villages situés le long des axes routiers pour l’aménagement et
l’agrandissement des routes ; les efforts déployéspar l’ONG cause commune dans la lutte antiérosive sur
la route de Muanamuyombo méritent d’être salués et encouragés.
Nous nous réjouissons de l’initiative prise par le président de la république pour la réalisation du
programme de développement de 145 territoires dans laquelle notre préoccupation trouve une réponse :
la réfection de la route reliant BukangaLonzo à Kasongo Lunda en passant par Popokabaka.
Conclusion
La route, certes, révèle une importance capitale en tant que vaisseaux sanguins du corps terre : elle met
en relation différentes contrées ; sans route le monde évoluerait en vase clos. L’extraversion est un
phénomène important pour le développement du monde et des sociétés.
9
BULUKU LAKI PIERRE, l’aménagement des infrastructures socioéconomiques : facteur de la croissance agricole. Cas de la province de Bandundu,
mémoirede licence en économie rurale, Université de Kinshasa, 2004, inédit
Par rapport à sa situation géographique, le territoire de Kasongo Lunda est enclavé ; territoire à vocation
agricole mais dont les produits agricoles moisissent ou s’entassent dans les lieux de production sans
passer par l’échange.Force est de constater qu’en dépit de toutes ses potentialités, les paysans de ce
territoire ne peuvent pas espérer un développement économique ou une croissance quelconque. Pour ce
faire, il faut désenclaver le territoire en aménageant les infrastructures routières de Bukanga Lonzo à
Kasongo Lunda en passant par Popokabaka. Etant donné que ce territoire ce territoire relie la RDC à
l’Angola, le gouvernement central devra s’impliquer en vue de rendre effectif les échanges commerciaux
et le trafic entre les deux pays voisins et tirer des avantages relatifs.
En outre, il faudrait améliorer l’état des voies de communication et les circuits de commercialisation des
produits agricoles des produits manufacturiers de première nécessité.
Que l’office des routes, l’office de des voies e drainage, les régies des voies fluviales e les services de
routes des dessertes agricoles soient mis à contribution en leur allouant des budgets substantiels pour
cette fin et inciter la population à créer des structures de base (paysannat, coopérative), créer des stations
de radio communautaire rurale et inciter différents agents de développement à utiliser les médias pour la
vulgarisation et l’animation rurale.
Réduire les services d’intervention et de contrôle et supprimer des barrières policières et administratives
sur les voies routières afin de faciliter le paysans peureux d’évacuer ses produits.
Enfin, élaborer un programme de relance de secteur agricole mettant l’accent sur non seulement
l’accroissement de la productivité mais aussi à l’amélioration du niveau de vie des paysans étant donné
que sa motivation est indispensable pour sa participation aux actions de développement.
Heureusement qu’à présent à travers le programme de développement de 145 territoires du chef de
l’Etat, qui est en cours de réalisation, notrepréoccupation semble trouver des solutions à nos attentes.
Bibliographie
1. BLANCHART, G. et Cie, Le rail au Congo-Belge, 1920-1945, Tome 2, Bruxelles, 1999.
2. BULUKU LAKI PIERRE, L’aménagement des infrastructures socioéconomiques facteur de la
croissance agricole. Cas de la province de Bandundu, Mémoire de licence en économie rurale,
Université de Kinshasa, 2004, inédit.
3. FAO, Rapport spécial de la RDC, Kinshasa, novembre 2000.
4. MINISTERE DE L’AGRICULTURE, Monographie de la province de Bandundu, Kinshasa, 1998.
5. MINISTERE DE L’AGRICULTURE, Programme national de relance du secteur agricole et rural,
vol. 1, Kinshasa, 1997.
6. MONFO MULOP K. BWIND, la commercialisation des produits agricoles dans le territoire de
Bulungu, mémoire de licence en sciences économiques, Université de Kinshasa, 1974, inédit.
7. PLAN CARG de développement du territoire de Kasongo Lunda, juillet 2010.
8. PASCAL SOLOTSHI MUYUNGU, notes de cours de géographie économique et économie de
transport, avril 2012, faculté des sciences économiques e de gestion, Université Pédagogique
Nationale, p.14.
9. TIKER TIKER, géographie économique et économie de transport, notes de cours de 2è graduat en
sciences économiques, Université de Kinshasa, Kinshasa, 1988, inédit.
10. UNION EUROPEENNE, Rapport des conseillers économiques en RDC, Paris, 1999.