TD Littérature Et Francophonie - 942899035
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« Sauf erreur de perception, Madame le Représentant, vous m'avez semblé y avoir fait
allusion en des termes qui m'ont fait penser que vous étiez en colère. Bref, vous voudrez
m’excuser d'avoir rapporté trop longuement des pensées venues d'ailleurs auxquelles je n'ai rien
modifié, ni ajouté, mais que j'approuve et fait miennes. Quant à mon point de vue personnel, le
voici : les enfants du Wanakawa ne devraient pas, ne doivent pas être absents des organisations
qui s'intéressent aux mines du mont Franakiniriyo. Créer une société africaine des mines dans
laquelle nous, Africains, serons majoritaires à plus de 51% et dont tout Occidental qui le
voudrait et le pourrait serait aussi actionnaire », termina-t-il, les yeux rivés sur Dorcas
impassible, bien qu'il eût lu des signes d'assentiment sur son visage.
Les secrétaires applaudirent vivement ; Dugratin aussi ; réticents, ses compatriotes
tapotaient d'un geste sans énergie dans la paume d'une main, avec les doigts de l'autre, crochus
tel un rapace agrippant une proie dans ses serres.
Dorcas semblait écouter, comme si eux aussi parlaient à leur tour ; elle approuva ‘’les
propos de Monsieur Niriokiriko Aplika’’, déclara avoir la conscience soulagée qu'un
ressortissant de Wanakawa, en activité au Bureau régional du Consortium, ait pu exposer de
telles idées ; l'avenir économique, social et culturel trop souvent négligé dans ce pays, devra
beaucoup à l'exploitation des mines qui ne sauraient être une manne pour les seuls
Occidentaux».
Analossokirioni, une des secrétaires, dit que si le rêve d'une société africaine des mines
se métamorphosait en une réalité objective, elle souhaiterait y investir une partie de son salaire
mensuel, au lieu de la confier à « ces banques où notre argent ne nous rapporte rien ».
Toutes les banques de ce pays dépendent de l'Occident ; pas une n'accepte qu'un Africain
ait un compte épargne ou bloqué ; nos commerçants et commerçantes déposent des milliards de
francs que ces buildings-là font travailler sans intérêts pour leurs propriétaires, réagit Anari
nkosi, une autre secrétaire.
C'est au gouvernement, plus carrément, à l'État d'ériger un barrage face à de tels abus ;
mais le peuple aussi, avec la même détermination que pour la grève, peut avoir son mot à dire
et son rôle à jouer, dit Ségué n'Di.
Ne pensez-vous pas qu'une grève d'une telle ampleur suffit dans un pays comme le
vôtre? dit Thèse, un des techniciens nouveaux venus.
Il paraît qu'en France, et aussi ailleurs en Europe démocratique, les gouvernements ne prennent
conscience de la réalité de nombre de problèmes que lorsque les travailleurs ou le peuple
réagissent, dit Selinio, une autre secrétaire.
Dorcas sourit, Thèse rougit violemment et déclara :
Il faut avoir les moyens des grèves qu'on fomente. [...]
Dorcas sourit encore, puis annonça que les délégués internationaux avaient décidé de « se
constituer en une table ronde ; ce n'est pas notre affaire ; le rapport de leur tenue nous fera
connaître l'essentiel de leurs débats ; pour l'heure, je vous informe qu'ils visiteront nos bureaux,
mais surtout le chantier »