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COMPOSITION FRANÇAISE
(Durée : 2 heures)
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TEXTE SUPPORT
Agir, c’est ce que l’écrivain voudrait par-dessus tout. Agir, plutôt que témoigner.
Écrire, imaginer, rêver, pour que ses mots, ses inventions et ses rêves interviennent dans
la réalité, changent les esprits et les cœurs, ouvrent un monde meilleur. Et cependant, à
cet instant même, une voix lui souffle que cela ne se pourra pas, que les mots sont des
mots que le vent de la société emporte, que les rêves ne sont que des chimères. De quel
droit se vouloir meilleur ? Est-ce vraiment à l’écrivain de chercher des issues ? Comment
l’écrivain pourrait-il agir, alors qu’il ne sait que se souvenir ?
La solitude sera son lot. Elle l’a toujours été. Enfant, il était cet être fragile, inquiet,
réceptif excessivement, cette fille que décrit Colette (1), qui ne peut que regarder ses pa-
rents se déchirer, ses grands yeux noirs agrandis par une sorte d’attention douloureuse.
La solitude est aimante aux écrivains, c’est dans sa compagnie qu’ils trouvent l’essence
du bonheur. C’est un bonheur contradictoire, mélange de douleur et de délectation, un
triomphe dérisoire, un mal sourd et omniprésent, à la manière d’une petite musique ob-
sédante. L’écrivain est l’être qui cultive le mieux cette plante vénéneuse et nécessaire, qui
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ne croît que sur le sol de sa propre incapacité. Il voulait parler pour tous, pour tous les
temps : le voilà, la voici dans sa chambre, devant le miroir trop blanc de la page vide, sous
l’abat-jour qui distille une lumière secrète. Devant l’écran trop vif de son ordinateur, à
écouter le bruit de ses doigts qui clic-claquent sur les touches. C’est cela, sa forêt. L’écri-
vain en connaît trop bien chaque sente. Si parfois quelque chose s’en échappe, comme un
oiseau levé par un chien à l’aube, c’est sous son regard éberlué – c’était au hasard, c’était
malgré lui, malgré elle.
QUESTIONS de compréhension
Le Clézio affirme dans les dernières lignes de cet extrait que « le langage est l’invention
la plus extraordinaire de l’humanité, celle qui précède tout, partage tout. Sans le langage,
pas de sciences, pas de technique, pas de lois, pas d’art, pas d’amour. »