Fermat
Fermat
Fermat
PHILIPPE LANGEVIN
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1. En travaux
Le logo ci-contre réalisé par mon collègue de travail Jean-Pierre Zanotti
est présent ici et ailleurs pour vous avertir que ce document est encore
en construction. La fin des travaux est espérée pour l’an ou . Mais
j’imagine que certains lecteurs pourront tirer partie de ces notes. Je les invitent
à me faire part de leurs suggestions, corrections et critiques.
langevin@univ-tln.fr
Dernière modification : octobre .
2. Prologue
Au milieu du xviie siècle, le toulousain Pierre de Fermat consigne dans les
marges de son exemplaire des arithmétiques de Diophante une séries de résultats
sur les nombres et leurs propriétés cachées, des défis à destination de ses succes-
sueurs. Un siècle après lui, Léonard Euler les relève un à un mais reste impuissant
face l’un d’entre eux, tout comme des générations de mathématiciens profes-
sionnels et amateurs qui tenteront leur chance sur cette proposition qu’on a pris
l’habitude d’appelée le « dernier théorème de Fermat ». La proposition de Fermat
affirme que l’équation xn + y n = z n est impossible à satisfaire en nombres entiers
(strictement) positifs pour tous les exposants autres que un et deux. Un énoncé
très simple, compréhensible par tous, et susceptible d’éveiller la curiosité de n’im-
porte quel mathématicien débutant. Dans ses notes personnelles Fermat déclare
en avoir établi la preuve par une méthode remarquable : la descente infinie. Dans
ses correspondances, on retrouve effectivement une démonstration subtile mais
qui ne traite que de l’exposant 4. Ses successeurs tenteront de reconstruire la
preuve générale, seuls les cas des petits exposants seront résolus au prix d’efforts
intenses : Euler (n = 3), Dirichlet et Legendre (n = 5) et Lamé (n = 7). Il est
intéressant de noter que Gauss, le plus grand arithméticien de tous les temps, ne
publie rien sur cette question. Sans doute pris en tenaille par sa devise « peu mais
mûr » et l’inextricable énigme de Fermat. Sur cette question comme d’autres de
même nature, il distribue des conseils et des encouragements aux mathématiciens
qui prennent contact avec lui. L’unique mathématicienne de cette période, Sophie
Germain, reçoit tous ses honneurs et félicitations pour son approche suffisamment
générale qui traite de ce qu’on appelle aujourd’hui le premier cas de l’hypothèse
de Fermat.
Au cours du printemps , Lamé déclare posséder la démonstration du grand
théorème de Fermat, une preuve générale qui s’applique à tous les exposants. Son
raisonnement s’appuie sur la factorialité des anneaux cyclotomiques, un résultat
intermédiaire qu’il pense pouvoir établir sans trop de difficulté avec l’aide de
Cauchy. Un mois plus tard, Kummer démonte les certitudes des deux hommes
en donnant un contre-exemple qu’il avait publié trois ans auparavant : l’anneau
Z[ζ23 ] n’est pas factoriel ! Il explique cependant savoir comment se passer de
cette condition de factorialité par l’intervention d’une notion nouvelle, celle des
nombres complexes idéaux. Le théorème de Fermat est établi pour tous les ex-
posants premiers vérifiant une condition de régularité, le nombre 37 est le plus
petit exposant qui passe les mailles de son filet. Les arithméticiens du début du
xxe siècle affineront la méthode de Kummer. En l’hypothèse de Fermat est
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vérifiée pour tous les exposants inférieurs à 4 millions, un nombre respctable mais
négligeable devant l’infinité des nombres premiers. Dans sa conférence du juin
, le mathématicien Andrew Wiles annonce la démonstration de d’une conjec-
ture formulée par Taniyama au milieu des années . Tous les spécialistes présents
sont conscients des conséquences de ce résultat quand il est juxtaposé avec l’as-
tuce des courbes elliptiques suggérée par Hellegouarch (), la brillante idée de
Frey (), les conjectures de Serre (-), la démonstration par Ribet de
la « conjecture epsilon » en , et la contribution de dizaines d’autres de nos
contemporains. Une vive émotion envahit l’auditoire, les applaudissements sont
relayés par des centaines de mails qui circulent sur internet, en quelques minutes
la communauté scientifique prend connaissance de l’événement : le théorème de
Fermat venait tout juste de tomber.
Quelques mois après, Katz chargé de vérifier point par point le raisonnement
de Wiles demande des précisions sur un passage du manuscrit de Wiles. L’auteur
comprend que son collègue vient de mettre le doigt sur une faille, une erreur
de raisonnement dans l’emploi des méthodes de Flach et Kolygavin. Pour éviter
l’effondrement de l’édifice Wiles unit ses efforts avec Taylor, deux ans après la
preuve est réparée. Voilà, le théorème de Fermat né à Toulouse en , est donc
definitivement tombé entre Cambridge et Princeton en .
3. Avant-Propos
Pour la première fois depuis leur création par le ministère de la recherche et
de l’éducation nationale, l’université de Toulon participe aux journées sciences en
fête. Une semaine pour les sciences dans le cadre de l’année des mathématiques.
Une série d’évènements inédits qui met « mathêma » sous le feu des projec-
teurs, une situation unique qui mérite bien quelques efforts, et cette note écrite
spécialement pour l’occasion représente ma contribution. Un document illustré
par, ou pour illustrer, la projection du film de Sing et Lynch “Last Fermat Theo-
rem”, voir [14]. Prévenu tardivement de la participation de l’UTV à ces journées,
cela ajouté à l’incompétence de l’auteur sur le sujet explique la faiblesse du do-
cument sur le fond et sur la forme. Le lecteur est invité à soumettre ses critiques
et améliorations à langevin@univ-tln.fr.
La démonstration du théorème de Fermat est très difficile, seulement une petite
poignée de mathématiciens peuvent comprendre tous les tenants et aboutissants
de la preuve de Wiles. Il n’empêche que le sujet peut-être approché par tous.
L’objectif de cette note est de faire voyager le lecteur au coeur d’une des plus
anciennes disciplines scientifiques, la théorie des nombres sur les traces des plus
grands arithméticiens en quête du Graal de la théorie des nombres. Le texte est
conçu pour satisfaire à l’appétit de tous : collégiens, lycéens, étudiants et amateurs
des mathématiques. Quelques passages sont assez délicats, mais mathêma n’est
pas toujours une partie de plaisir et il faut apprendre à sauter les obstacles. Les
voyages forment la jeunesse, celui-ci de nature à la fois humaniste et historique
nous aide à comprendre l’importance des anciens : ils n’ont pas tout su mais nous
leurs devons tout.
4. Pourquoi faire ?
Nous l’avons dit dans l’introduction, si n désigne un entier supérieur à 2 alors
l’équation de Fermat
Xn + Y n = Zn
est impossible, c’est-à-dire qu’il n’existe pas de triplet (a, b, c) en nombre en-
tiers strictement positifs vérifiant an + bn = cn . Il s’agit du grand théorème de
Fermat établit par le concours de plusieurs centaines de mathématiciens, au prix
de plusieurs millions d’heures de réflexion consommées entre la date de son énoncé
et celle de sa preuve .
Le théorème de Fermat ne sert à rien, plus précisément ne sert encore à rien.
Personne ne peut dire s’il servira un jour à quelque chose. Ma réponse déçoit sans
doute l’honnête lecteur, et réjouit l’utilitariste qui voit déjà un moyen de faire
suspendre quelques cours fondamentaux de plus. Allez, vive la pratique et abat
la théorie ! Place aux incubateurs et aux promoteurs des nouvelles technologies
de l’information et des communications ! Hola, du calme, ne nous emballons pas
si vite. Laissons de cté les aspects mercantiles de la recherche scientifique. Le
théorème de Fermat est avant tout une énigme, une énigme mathématiques mais
une énigme. Une question matière à réflexion qui sert effectivement à réfléchir,
tout bêtement. La perméabilité du monde des idées qu’elles soient scientifiques,
littéraires, artistiques, fait que quelque part les recherches sur ce genre de question
influences et font progresser d’autres domaines et inversement. La preuve de Wiles
est une oeuvre du xxe siècle, conséquence de l’ensemble des activités humaine.
Mon discours elliptique n’aura pas convaincu mais l’étroitesse de cette section
m’empêche de développer davantage le fil de mes idées. Rendez-vous au café de
la science, en attendant, pour satisfaire la curiosité utilitariste légitime du lecteur,
je vais m’aventurer dans un exemple concret, celui des nouvelles technologies !
Les techniques de synchronisation de signaux utilisées dans les télécommunications
numériques utilisent des signaux particuliers faiblement auto-corrélés et inter-
corrélés. La transformée de Fourier permet reformuler les questions d’existence
et de constructions de ces signaux dans le langage des équations diophantiennes
où toutes les techniques mise au point pour la résolution du grand théorème de
Fermat s’appliquent. Nous venons de mettre en évidence un lien invisible entre
l’équation de Fermat et le bout de l’antenne de votre téléphone cellulaire. . .
5. Souvenirs de collégien
Que nous reste il de nos premiers cours de mathématiques ? Une certaine in-
tuition des nombres, la découverte des entiers négatifs et des nombres à virgules,
nos premières équations à une inconnue, les identités remarquables. Les droites,
les triangles, les parallélogrammes et autres figures associées le plus souvent à
quelques patronymes exotiques : Thalés, Euclide et Pythagore. Le temps passe
et une petite phrase résiste à l’érosion de notre mémoire,
fait 1. Le carré de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des autres côtés.
Le fameux théorème de Pythagore qui relie les longueurs des petits côtés x et
y d’un triangle rectangle à l’hypoténuse z, la corde tendue sous les angles, en une
seule équation :
6
(1) x2 + y 2 = z 2 .
Un pont-aux-ânes riche de conséquences, du maçon qui utilise l’instance 32 +
42 = 52 pour vérifier sans équerre la rectitude d’un angle, à l’une des plus formi-
dables aventures arithmétiques comme nous allons le montrer tout à l’heure. Bref,
une petite merveille qui mérite bien que nous en fassions une démonstration sur
le champ. Alors, observez la figure (3). Une preuve purement géométrique proba-
blement découverte par quelques savants babyloniens, c’est-à-dire, un bon millier
d’années avant Pythagore !
x y
ZZ
y
Z
Z x
zZ Z
ZZ
Z
Z
Z
x
Z
Z
y
Z
Z
Z
y x
6. Mathématiques antiques
Les mathématiques grecques naissent avec Thalés de Milet (-) qui importe
D’Égypte et Babylone des écrits sur les nombres et la géométrie. Mais c’est Py-
thagore de Samos (-) qui fonde la démarche mathématique basée sur l’axio-
matique et les raisonnements hypothéticodéductifs. Une philosophie axée sur la
recherche des propriétés intrinsèques des nombres ces objets « abstraits » qui me-
surent les longueurs, surfaces et volumes des figures géométriques et qui, d’après
Pythagore, sont la source et le principe de toute chose.
Probleme 1. Que dire de la nature du nombre mesurant la diagonale d’un carré
dont le côté vaut une unité ?
Par idéologie, l’école pythagoricienne privilégie la transmission orale du sa-
voir et ne laisse aucun écrit. Une approche risquée qui, bien heureusement, est
transgressée deux siècles plus tard par Euclide d’Alexandrie (-), une sorte de
Dieudonné des temps passés qui inscrit les mathématiques grecques dans une
encyclopédie en treize volumes, les fameux éléments.
Le plus souvent inconnu des collégiens, bien après Euclide et peu avant le déclin
de la civilisation grecque, un certain Diophante d’Alexandrie (+) rédige ses
arithmétiques, un recueil de problèmes en sept livres consacrés exclusivement
aux nombres. Dans le sixième livre de ses arithmétiques, Diophante soumet à la
sagacité de ses lecteurs :
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7. Les nombres
Le lecteur arrivé jusqu’ici sait tout de l’algèbre et des propriétés arithmétiques
que je vais rappeler dans cette section. Qu’il ne se fâche pas et voit dans ces
lignes qu’une sorte de mise en condition. Conformément à l’usage, nous désignons
par N l’ensemble des entiers naturels et Z l’ensemble des nombres relatifs. Une
notation empruntée à Dedekind (–) qui témoigne de la présence de école
arithmétique allemande : Gauss, Jacobi, Dedekind, Dirichlet, Hilbert, Kronecker,
Kummer, Weber etc. Pour plus de détails, je vous suggère la lecture de [1].
N = {0, 1, 2 . . .} Z = {. . . , −1, 0, 1, . . .}
Ces ensembles de nombres sont munis quatre opérations. On dit que l’entier
d divise un entier z s’il existe un troisième q (le quotient) tel que z = qd et, si
abstraction faite du signe, d est différent de 1 et de z alors on parle de diviseur
propre. Les entiers −1 et +1 divisent tous les autres, et ce sont les seuls à vérifier
cette propriété, et on parle unités de Z. Un nombre qui n’est pas une unité et qui
ne possède pas de diviseur propre est dit premier. En effet, depuis Euclide, les
mathématiciens ont de bonne raison de ne pas considérer première l’unité ! Deux
nombres x et y sont dit étrangers ou premiers entre-eux s’ils ne possèdent pas de
diviseur commun propre.
Exercice 1. Si d divise deux entiers alors il divise leur somme et leur différences.
Proposition 1 (Euclide). Si d est premier avec x et d divise le produit xy alors
d divise y.
Exercice 2. Les premiers sont en nombre infini.
Théorème 1 (Décomposition en facteurs premiers). Au signe et à l’ordre des
facteurs prés tout entier se décompose d’une et une seule manière comme un
produit de premiers.
Corollaire 1. Soient x et y deux entiers étrangers dont le produit est une puis-
sance. Chacun d’eux pris séparément est une puissance du même ordre.
Les philosophes grecs ignorent les entiers négatifs, des chimères qui deviendront
réalités au milieu du xvie siècle. Mais, ils manipulent les fractions et donc les
nombres rationnels (positifs), nous noterons Q le corps des nombres rationnels.
Le moment est venu de donner une réponse au problème (1).
contraire, de sorte que x peut s’écrire sous la forme d’une fraction x = ab , où a et
b sont deux entiers étrangers vérifiant
a2 = 2b
Le premier 2 divise a2 , il figure dans la décomposition de a2 , il divise a. Écrivons
a sous la forme d’un double a = 2α, l’égalité précédente devient
2α2 = b
et comme précédemment 2 divise b, ce qui est√contraire à l’hypothèse et prouve le
caractère irrationnel du nombre x qu’on note 2 depuis l’introduction du symbole
√
par Christophe Rudolff en 1525 [6].
8. Triangles Pythagoriques
Soient x, y et z trois entiers satisfaisant à l’équation de Pythagore. Tout di-
viseur de deux de ces nombres divise le troisième. Quitte à diviser ces nombres
par leur pgcd, on peut supposer x, y et z premier entre-eux deux à deux. Une
analyse des parité montre que nécessairement l’un des trois nombres est pair.
Plus précisément, une analyse en congruence modulo 4 (voir plus loin, Lemme
(1)) montre que ce n’est pas z et pour la suite, nous supposerons que c’est y. Par
une petite manipulation algébrique faisant apparaı̂tre une identité remarquable,
l’équation (1) devient
(2) y 2 = (z − x)(z + x).
Les rationnels z+x z−x
2 et 2 sont des nombres entiers. Ils sont premiers entre eux.
En effet, tout diviseur commun divise leur somme z et leur différence x, or par
hypothèse x et y sont étrangers. Le corollaire (1) s’applique,
(3) y = 2mn, x = m 2 − n2 , z = m2 + n2 ,
où m et n sont premiers entre-eux de parité distincte. Inversement, tout triplet
(λx, λy, λz), avec λ arbitraire et (x, y, z) satisfaisant aux conditions ci-dessus est
une solution du problème de Pythagore.
m n x y z
2 1 3 4 5
3 2 5 12 13
4 3 7 24 25
Proposition 2 (Fermat). Il n’existe pas de triangle rectangles dont les côtés
soient rationnels et dont la surface soit un carré rationnel. En d’autres termes,
l’équation :
x2 + y 2 = z 2 , et xy = 2t2
ne possède pas de solution (x, y, z, t) dans Q4 .
Cette affirmation que nous démontrerons un petit peu plus loin est équivalente
à montrer l’impossibilité de résoudre en nombre entiers naturels le système :
(
x2 + y 2 = z 2 ;
(4)
xy = 2t2 .
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9. Renaissance de l’arithmétique
Quelques siècles après Diophante, la civilisation grecque s’effondre, sa science et
ses mathématiques avec. La fin dramatique d’Hépatie, la fille de Théon d’Alexan-
drie, mise en pièce dans les rues d’Alexandrie par un fanatique en témoigne, triste
destinée d’une des rares contributrices aux sciences exactes de l’antiquité.
Au crépuscule de cette période obscure les oeuvres grecques se réfugient au pays
des milles et une nuits, pour presque un millier d’années. Les mathématiciens
arabes dont al-Kwaresmi (vers ), abu Kamil (vers ), al-Karaji () et
al-Khayyam (–) vont ajouter une représentation efficace des nombres et
un ensemble des règles de manipulations des lettres et des chiffres : l’algèbre.
Des mathématiques que Léonard de Pise (–) ramène de ses voyages en
Afrique du nord. À partir de là, la résolution des équations algébriques devient une
spécialité italienne avec les travaux de : Scipionne del Ferro (–), Tartaglia
(–), Cardan (–) et Ferrari (–). La pratique des nombres
et de l’algèbre envahit rapidement le continent Européen. Au xvie , quelques
amateurs de mathématiques se lancent dans la traduction des ouvrages anciens,
comme l’humaniste Xylander qui traduit intégralement les arithmétiques de Dio-
phante. L’italien Rafael Bombelli (–), ingénieur en hydraulique illustre
son traité d’algèbre par plus d’une centaine de problème de Diophante. Il décrit
l’usage des nombres négatifs et des nombres imaginaires de ses prédécesseurs. En
pleine guerre de religion, François Viète (–) et Gaspard Bachet (–
) vont faire rentrer la France dans l’histoire arithmétique. François Viète
mathématicien habile est recruté par les services du chiffres de Henri IV. Comme
Bombelli, Viète extrait des résultats de Diophante pour illustrer l’efficacité de ses
techniques d’algèbre. Claude Bachet de Méziriac effectue une traduction intégrale
des textes de Diophante, techniquement plus affûté que Xylander, on lui doit
notamment une première démonstration du théorème bien connu des apprentis
algébristes :
Ce qui précède est un court extrait d’une lettre de Pierre de Fermat (–)
adressée à Pierre de Carcavi (–), en août . Une sorte de testament
arithmétique dans laquelle Fermat explique sa méthode de démonstration favo-
rite, la descente infinie, appliquée dans ce cours passage à la démonstration d’une
proposition difficile. Dans cette lettre Fermat énumère des conséquences négatives
et positive de sa méthode :
(1) Il n’existe pas de nombre, moindre de l’unité qu’un multiple de trois, qui
soit composé d’un carré et d’un multiple de trois d’un autre carré.
(2) Il n’existe aucun triangle rectangle en nombres dont l’aire est un nombre
carré.
(3) Tout nombre premier, qui surpasse de l’unité un multiple de 4 est composé
de deux carrés.
(4) Tout nombre est carré ou composé de deux carrés, de trois ou quatre
carrés.
(5) Aucun cube est divisible en deux cubes
(6) Il n’y a qu’un seul carré en entier qui, augmenté du binaire, fasse un cube.
Le dit carré est 25. [x2 + 2 = y 3 .]
(7) Il n’y a que deux carrés en entiers, lesquels augmentés de quatre, fassent
un cube. Les dits carrés sont 4 et 121. [x2 + 4 = y 3 .]
(8) Toutes les puissances carrées de 2, augmentées de l’unité, sont nombres
n
premiers. [Fn = 22 + 1.]
(9) Il n’y a que les deux nombres 1 et 7 qui, étant moindre qu’un double
carré, fassent un carré de même nature, c’est-à-dire qui soit moindre de
l’unité qu’un double carré.
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∗
∗ ∗
Les élèves et étudiants sensibles au charme de ces textes historiques sont invités
à lire des détails dans les petits « Que-sais je ? » de Jean Itard [3] et [4], deux
petits livres précieux.
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Posons,
m = p2 , n = q2, (p2 − q 2 )(p2 + q 2 ) = r2
Tout comme m et n, les entiers p et q sont étrangers de parité contraire et par
conséquent p2 − q 2 et p2 + q 2 sont des carrés,
p2 − q 2 = u2 , p2 + q 2 = v 2 .
On a (v − u)(v + u) = v 2 − u2 = 2q 2 . Le pgcd de u et v vaut 2 et l’un des entiers
v − u ou u + v est multiple de 4. On peut supposer que que ce soit v − u, de sorte
que :
v − u = 4a2 , v + u = 2b2 .
Et le triangle pythagorique (b2 , 2a2 , p) est de surface carrée, et je laisse au lecteur
le soin de vérifier qu’il est effectivement moindre que celui de départ !
Corollaire 2. (Fermat) L’équation diophantienne x4 + y 4 = z 4 est impossible.
Démonstration. En effet, nous pouvons supposer x, y et z deux à deux premiers
entre eux. Il existe m et n deux entiers tels que m2 + n2 = z 2 et 2mn = y 2 : le
triangle pythagorique (m, n, z) est de surface carrée, c’est absurde.
13. Congruence
Soit n un entier. On dit que deux entiers x et y sont congrus modulo n quand
leur différence est un multiple de n. Il s’agit d’une relation reflexive, symétrique
et transitive. En abrégé, on écrit y ≡ x mod n, et donc
y≡x mod n ⇐⇒ ∃k ∈ Z, y − x = kn
Les relations de congruences sont capitales parcequ’elles satisfont des condi-
tions de régularités. En effet, si y ≡ x mod n et y p rime ≡ x0 mod n alors on a
les congruences :
y + y 0 ≡ x + x0 et yy 0 ≡ xx0 .
Il s’agit d’un outil efficace pour mettre en évidence l’absence de solution à une
equation diophantienne. Par exemple, le trinôme
1905X 2 + 1187X + 1
ne possède pas de racine entière. En effet, une hypothétique racine entière z,
satisferait à 1905z 2 + 1187z + 1 = 0 et donc, a fortiori, 1905z 2 + 1187z + 1 ≡ 0
mod 2. Or, modulo 2 l’expression 1905z 2 + 1187z + 1 est équivalente à 1. Il
faut comparer cette approche à la méthode brutale qui consiste à calculer le
discriminant
11872 − 4 × 1905 = 1401349
et vérifier que ce dernier est un nombre premier, d’où l’impossibilité.
Lemme 1. Soient x, y et z trois entiers premiers entre eux formant un triangle
Pythagorique
x2 + y 2 = z 2 .
Un seul des entiers est pair mais z est impair.
14
a = bq + r, 0 ≤ r < b.
x ⊕ y = [x + y]n , x ⊗ y = [xy]n .
L’ensemble des résidus {0, 1, . . . , n − 1} muni des opérations ci-dessus forme un
anneau Z/nZ, c’est l’anneau des entiers modulo n. Rappelons qu’un corps est un
anneau dans lequel un élément non nul est inversible. On démontre sans aucune
difficulté que l’anneau Z/nZ est corps si et seulement si n est premier. D’ailleurs,
lorsque p est premier la tradition veut qu’on note Fp le corps Z/pZ.
Démonstration. Facile.
Tout comme le corps des nombres rationnels, le corps Fp possède une clôture
algébrique Ωp , une extension infinie de Fp composée des racines des polynômes à
coefficients dans Fp .
Fermat et améliore quelques démonstrations. Lui aussi est séduit par le probème
des quatre carrés, pour résoudre le problème des quatre carrés, il invente une
identité très spectaculaire :
(a2 + b2 + c2 + d2 )(α2 + β 2 + γ 2 + δ 2 ) = A2 + B 2 + C 2 + D2
avec
A = aα + bβ + cγ + dδ B = aβ − bα + cδ − dγ
C = aγ − dδ − cα + dβ D = aδ + bγ − cβ − dα
Exercice 6. Facile à vérifier mais difficile à trouver !
Euler utilise cette formule pour construire une une nouvelle preuve du théorème
des quatre carrés, une démonstration qui devra à nouveau être améliorée par
Lagrange. . .Euler montre que le point numéro (8) rapporté dans le court extrait
5
de la section (10) est faux. En effet, le cinquième nombre de Fermat soit 22 + 1 =
4294967297 n’est pas premier. Le voilà, sûr de l’existence de quelques failles dans
les travaux de Fermat. Dans un premier temps, il pense que l’hypothèse est tout
simplement fausse. Incapable de trouver une solution, il finit par se convaincre
du contraire et se lance à la recherche de la preuve perdue. Sachant que de
toute évidence, celle-ci est basée sur un argument de descente infinie. Il informe
Christian Goldbach (–) de sa découverte le aout .
Théorème 4 (Euler, ). L’équation diophantienne x3 +y 3 = z 3 est impossible.
Démonstration. Partons d’un triplet (x, y, z) composé de trois entiers premiers
entre-eux et satisfaisant à l’équation x3 +y 3 = z 3 . Comme dans le cas quadratique,
un des deux entiers x ou y est pair, sans perdre en généralité, on peut supposer
que c’est y.
y 3 = z 3 − x3 = (z − x)(z 2 + zy + y 2 )
Posons u = z−x z+x
2 et v = 2 . Ce sont deux entiers premiers entre-eux et de
parité opposée. L’équation devient
y 3 = 2u(u2 + 3v 2 )
Euler est un grand mathématicien. Pour aller plus loin dans cette factorisation,
il propose
√ d’agrandir l’espace de travail à l’ensemble des nombres de la forme
A + −3B. Un ensemble d’entiers algébriques, que nous notons E, et dans lequel
on sait ajouter et multiplier depuis Bombelli :
√ √ √
(A + −3B) + (A0 + −3B 0 ) =(A + A0 ) +
−3(B + B 0 )
√ √ √
(A + −3B) × (A0 + −3B 0 ) =(AA0 − 3BB 0 ) + −3(AB 0 + BA0 )
Nous ne traitons que le cas d = ±1, l’autre cas Le raisonnement est douteux
car 4 est une puissance égale à
est assez similaire. un √produit de premiers distincts :
√ √ 1+ −3 et son conjugué. Cepen-
y 3 = (2u)(u + −3v)(u − −3v) dant, je pourrais montrer qu’Eu-
ler a raison, en utilisant la théorie
les trois termes sont deux à deux premiers entre-eux des anneaux de Dedekind. Mais
et sont nécessairement des cubes. En particulier, 2u la marge de ce document est trop
est le cube d’un diviseur entier de y et étroite pour que je puisse don-
√ √ ner plus d’explications.
u + −3v = (α + −3β)3
et après développement du cube, on tire obtient :
u = α(α − 3β)(α + 3β)
v = 3β(α2 − β 2 )
Les entiers 2α, α−3β et α+3β sont deux à deux étrangers et comme leur produit
(2u) est un cube, nous en déduisons un triplet (X, Y, Z) tel que : (XY Z)3 = 2u,
X 3 = 2α, Y 3 = α − 3β, et Z 3 = α + 3β. En particulier X 3 + Y 3 + Z 3 = 0 et
fournit une solution moindre que (x, y, z). La descente infinie est amorcée.
√
Exercice 9. Traiter le cas d = ± −3.
figurées dans cette note. Le lecteur est renvoyé vers le livre d’Edwards [9]. Gabriel
Lamé (1795–1870) ira un petit peu plus loin sur la piste de la descente infinie
en démontrant les deux la conjecture dans le cas 7, une preuve probablement
indigeste puisque presque jamais rapportée !
x + y = cp , cγ = z; y + z = ap ,aα = x; z + x = bp , bβ = y.
L’égalité globale légalité modulo q et donc, un des trois entiers est divisible par
q. Nous supposerons que c’est x. La somme des trois égalités ci-dessus donne
2x = cp + bp − ap ≡ 0 (mod q)
l’un des entiers a, b ou c est donc divisible par q, une petite analyse montre que
c’est forcément a. La seconde égalité montre que z ≡ −y (mod q). Cette relation
associée à z p−1 − z p−2 y + · · · − xy p−2 + y p−1 donne
pz p−1 ≡ αp ,
Démonstration. Tout d’abord, p ne peut pas être une puissance p-ème modulo
q = 2p + 1. Par l’absurde, si xp ≡ p (mod q) alors xq−1 ≡ p2 (mod q) ; d’un
autre côté, le petit théorème de Fermat affirme que xq−1 ≡ 1 (mod q). Deux
congruences qui impliquent que q divise (p2 −1) = (p−1)(p+1) : c’est impossible.
Vérifions le second point, si x , n’est pas divisible par q alors xq−1 ≡ 1 (mod q)
et nécessairement xp = ± ce qui montre que xp + y p + z p ne peut-être nul modulo
q si aucun des x, y, z ne l’est.
19
Un nombre premier p est dit régulier s’il ne divise pas le nombre de classes
d’idéaux de l’anneau Ap . Le théorème de la section précédente montre l’impor-
tance de cette notion puisque le théorème de Fermat est vrai pour tous les nombres
premiers réguliers. La proposition suivante permet de décider du caractère régulier
d’un premier.
Proposition 8 (Kummer). Le nombre premier p est régulier si et seulement s’il
ne divise aucun des numérateurs des nombres de Bernoulli Bk , pour k = 2, 4,
6,. . ., p − 3.
Démonstration. Il faut écrire une formule pour le nombre de classes d’un corps
cyclotomique et c’est bien loin d’être trivial !
23
24. Galoiseries
Malgré ses brillants succès sur la résolution des équations algébriques, l’école
italienne du xvie reste impuissante devant l’équation du cinquième degré. Paolo
Ruffini (–) fût le premier à comprendre la nature de l’obstruction en
expliquant pourquoi il était impossible de résoudre certaine équations algébriques
du cinquième degré sans plus d’outils que les opérations usuelles et les extractions
de radicaux.
Pour travailler sur cette question, Lagrange invente la notion de groupe et de
fonctions invariantes qui seront exploitées par deux des trois étoiles filantes du
monde mathématique du début du xixe : le norvégien Niels Abel (–) et
le parisien Évariste Galois (–).
Théorème 9 (Abel). Une équation algébrique de degré supérieur à cinq n’est
pas résoluble toujours résoluble par radicaux.
La théorie de Galois est omniprésente en arithmétique car elle explique les
mécanismes des extensions algébriques. Un élément du corps des nombres com-
plexes est dit algébrique sur Q s’il est racine d’un polynôme non-nul à coefficients
rationnels. Pour un polynôme irréductible f de degré n, on sait construire une
extension (corps de décomposition) algébrique minimale K de Q qui contient
toutes les racines de f . L’ensemble des automorphismes de L forme un groupe,
c’est le groupe de Galois du polynôme f ou bien celui de l’extension Gal(K).
Il est important de remarquer que la notion de racine d’un polynôme est une
notion ambiguë. Il n’existe pas de procéder fiable permettant de privilégier une
racine plutôt qu’une autre. En quelques sorte, le groupe de Galois d’une extension
est ce qui reste lorsqu’on a tout oublié. Un des buts de cette théorie est de tirer
des informations sur la nature des racines d’une équation par la seule observation
de son groupe de Galois. Un point de vue qui implique le développement de la
théorie des groupes.
Théorème 10. Une équation algébrique de est résoluble par radicaux si et seule-
ment si son groupe de Galois est résoluble.
entier non nul n tel que xn = e. La proposition qui suit nous rappelle la présence
de Lagrange comme fondateur de ces notions
Proposition 9 (Lagrange). Dans un groupe fini l’ordre d’un élément divise le
cardinal du groupe.
Bien entendu tous les éléments ne sont pas d’ordre fini. Dans le cas d’un groupe
abélien (commutatif), on introduit la notion de torsion et de rang qui permettent
de voir G comme un produit direct :
G ∼ tor(G) × Zr
La notion d’endomorphismes d’espaces vectoriels, génère un lot de « groupes
classiques » décrits par Léonard Eugène Dickson (–). Les matrices carrées
d’ordre deux à coefficients dans un anneau A forme un anneau dont le produit
est :
a b
α β aα+bγ aβ+bδ
(5) c d × γ δ = cα+dγ cγ+dδ
On définit le déterminant de X = ac db par det(X) = ad − bc, c’est une
application multiplicative i.e. det(XY ) = det(X)det(X). Les matrices dont le
déterminant est un inversible de A forment un groupe, le groupe linéaire GL2 (A)
dont les éléments de déterminants 1 constituent le sous-groupe spéciale linéaire
SL2 (A).
Exercice 11. Quel est l’ordre de GL2 (Fp ).
Exercice 12. Quel est l’ordre de SL2 (Fp ).
Le demi-plan plan de Poincaré s’envoie sur le disque unité privé de son origine
par z 7→ q = e2iπz , de l’invariance par T d’une fonction modulaire, on déduit une
fonction f˜ méromorphe sur le disque privé de l’origine telle que f˜(q) = f (e2iπz ).
Lorsque f˜ est méromorphe en 0, on dit que f est une fonction modulaire. On dit
que f est une forme modulaire si f˜ est partout holomorphe sur le disque et enfin
on dit que la forme f est parabolique ou cuspidale si f˜(0) = 0. Plus généralement,
on introduit les formes modulaires de niveau N par une définition analogue en
remplaçant le groupe moduaire par le groupe Γ0 (N ) formé des matrices carrées
à coefficients entiers ac db de déterminant 1 tel que c ≡ 0 mod N . Une forme
modulaire de niveau N f vérifie f ( az+b 2
cz+d ) = (cz + d) f (z) pour tout a,b, c, d tels
que ad − bc = 1 et c ≡ 0 mod N . Le produit infini :
∞
Y
q (1 − q n )2 (1 − q 11n )2 = q − 2q 2 − q 3 + 2q 4 + q 5 + 2q 6 − 2q 7 − . . .
n=1
définit une forme modulaire de niveau 11.
Une série qui converge uniformément sur tout compact inclus dans C − Λ comme
on peut s’en rendre compte en faisant intervenir les séries d’Eisenstein :
X 1
G2k =
w2k
ω∈Λ
qui convergent normalement sur le même domaine pour tous les entiers positifs.
L’ensemble des fonctions elliptiques est fermé pour la dérivation, en particulier :
X 1
℘0 (z) = −2
(z − ω)3
ω∈Λ
est une fonction elliptique.
Théorème 11 (Liouville). Le corps des fonctions elliptiques est engendré par la
fonction de Weierstrass et sa dérivée. Plus précisément,
(℘0 )2 = 4℘3 − 60G4 ℘ − +140G6
Démonstration. Pour le materiel de cette section, voir [10].
L’application φ : C/Λ −→ E qui envoie z sur ℘0 (z), ℘(z) est bijective, c’est
un isomorphisme de groupe de Lie du nom du mathématicien norvégien Marius
Lie (1842–1899). Un tel isomorphisme permet d’identifier une courbe elliptique à
un quotient C/Λ c’est-à-dire un tore, un « beignet ».
(7) y 2 + a1 xy + a3 y = x3 + a2 x2 + a4 x + a6
29
y + a1 x + a3 = 0
a1 y = 3x2 + 2a2 x + a4
où les ζp (s) = (1 − p1s )−1 = −ks . La fonction ζ converge pour tout les
P
0≤k p
complexes s tels que <(z) > 1. On remarque que les ζp vérifient des égalités
fonctionnelles ζp (s) = −ps ζp (s) qui suggèrent de poser Λp (s) := p−s/2 ζp (s) de
sorte que Λp (s) = −Λp (−s). La fonction ζ vérifie une égalité similaire.
Théorème 12 (Riemann, ). La fonction ζ de Riemann définie par la série
(??) pour tous les nombres complexes de partie réelle supérieure à 1 se prolonge
analytiquement sur C en une fonction méromorphe dans tout le plan complexe
avec un pôle unique en 1 de résidus 1. De plus la fonction Λ(s) := π s/2 Γ(s/2)ζ(s)
vérifie l’équation fonctionnelle Λ(s) = Λ(1 − s).
R ∞ −t s dt
Dans l’énoncé du théorème, s 7→ Γ(s) = e t 0 est désigne la fonc-
t
tion gamma d’Euler. Notez bien que cette fonction est beaucoup plus naturelle
qu’elle ne paraı̂t puisque construite à partir d’objets fondamentaux : mesure
invariante, homomorphismes additif et multiplicatif. La fonction gamma vérifie
Γ(s + 1) = sΓ(s). Les entiers pairs négatifs annulent la fonction zêta de Rie-
mann, l’étude expérimentale de la distribution des nombres premiers suggère la
formidable conjecture :
Conjecture 3 (Hypothèse de Riemann). Les zéros non triviaux de la fonction
ζ se situent sur l’axe d’équation <(s) = 12 .
L’autichien Emile Artin (–) suggère une généralisation de la construc-
tion de Euler-Riemann aux anneaux de Dedekind. Dans un anneau de Dedekind
A, pour tout idéal non nul I, le quotient A/I est de cardinal fini, le nombre des
éléments de A/I s’appelle la norme de I, on le note N (I). La norme est multi-
plicative, et l’unicité de la décomposution en produit d’idéaux premiers permet
de décomposer la fonction ζA en un produit Eulérien.
X 1 Y 1
(9) =
N (I)s 1 − N (P)−s
I idéal P premier
(10)
LĒ (s) E admet une bonne réduction en p ;
(1 − p−s )−1
E admet une réduction de multiplicative rationnelle ;
Lp (s) =
(1 + p−s )−1 E admet une réduction de multiplicative irrationnelle ;
1 E admet une réduction de additive.
et on pose : Y
LE (s) = Lp (s)
p
Un théorème de Néron montre que LE est bien définie i.e. ne dépend pas du
modèle minimale de E. On sait définir le conducteur de E, un entier qui s’écrit :
Y Y
(11) NE = p× p2+δp
p mult. p add.
où δp est un entier nul dès que p > 3. Pour obtenir l’équation fonctionnelle de
LE , on introduit la fonction
√ N s
E
ΛE (s) := Λ(s)LE (s)
2π
qui vérifie
ΛE (s) = ±ΛE (2 − s)
32
p 3 5 7 11 13 17
a(b) -1 1 -2 - 4 -2
y 2 = x3 − x2 + 1/4.
À la main, ou avec une machine, il est assez facile de compter le nombre de
points de la réduction modulo p pour des petites valeurs de p. On écrit ]E(Fp ) =
p + a(p) + 1, et la table (2) donne les valeurs de a(p).
y 2 = x(x − ap )(x − bp ).
Quelle idée étrange, non ? Les points du « plan » satisfaisant à cette équation
définissent une courbe algébrique.
42. Epilogue
L’anneau des polynômes à coefficients Z[X] partage beaucoup de propriétés
avec celui des entiers relatifs. L’hypothèse de Fermat étant vérifiée dans Z, elle
l’est a fortiori dans Z[X]. Nous allons en faire une démonstration spécifique qui
ne sera pas sans conséquence. Dans la suite deg(A) désigne le degré du polynôme
A, et moins usuellement ρ(A) désigne le degré du radical de A, c’est aussi le
nombre de racines distincts de A dans une clôture algébrique.
Démonstration.
43. Thanks
Cette note s’inscrit dans un programme de présentation des activités du Groupe
de Recherche en Informatique et Mathématiques. Une petite conférence, des af-
fiches et ce document. Pour les collaborations diverses et variées, tous mes sincères
remerciements à destination de Michel Dufour pour ses traductions, Pierrick Gau-
din pour l’affiche, Pascal Véron et Patrice Rabizzoni pour la bande déssinée,
Jacques Wolfmann pour la prise en charge de la conférence, Jean-Pierre Zanotti
pour les problèmes de mises en pages, les internautes fr.sci.maths, et en par-
ticulier Antoine Chambert-Loir et Vincent Michel pour la cassette.
Until yesterday I had no definite intention of killing myself. ... I don’t quite
understand it myself, but it is not the result of a particular incident, nor of a
specific matter.
About a month later the girl who he was planning to marry also committed
suicide.
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Références
[1] Ebbinghaus H.-D. & als. Les Nombres... Vuibert, 1998.
[2] Gauss C. F. Disquisitiones Arithmeticae, volume section VII. 1807.
[3] Itard J. Les nombres premiers, volume x des Que sais-je ? PUF, 1975.
[4] Itard J. Les nombres premiers, volume 1093 des Que sais-je ? PUF, 1963.
[5] Samuel P. Théorie Algébrique des Nombres. Hermann, 1971.
[6] Dahan-Dalmedico A., Peiffer J. Une histoire des mathématiques, routes et dédales.
Éditions du seuil (collection Points sciences), 1986.
[7] Hindry, Schoof, Edixhoven, Cohen, Terjanian Dossier Fermat-Wiles Gazette des
mathématiciens, numéro 66, 1995.
[8] Coldstein, Ferr’eol, Cohen, Terjanian, Balazard, Hellegouarch Grand théorème
de Fermat 1641–1994† quadrature, été 1995.
[9] Edwrads H. M. Fermat’s Last Theorem : A genetic Introduction to Algebraic Number
Theory. Graduate Texts in Mathematics (50) Springer-Verlag, 1977.
[10] Silverman J. H. The Arithmetic of Elliptic Curves Graduate Texts in Mathematics (106)
Springer-Verlag, 1986.
[11] Washington L. C. Introduction to cyclotomic fields Graduate Texts in Mathematics (83)
Springer-Verlag, 1982.
[12] Ribet K. A. Galois representations and modular forms Bulletin of the AMS (32) n. 4 pages
375–402, 1995.
[13] Lang S. Algebra Addison Wesley, 1993.
[14] Simon Singh et John Lynch The Last Fermat Theorem (script du film)
www.bbc.co.uk/horizon/fermat.shtml
[15] School of Mathematics and Statistics of St-Andrew University The MacTutor
History of Mathematics archive www-groups.dcs.st-andrews.ac.uk/
[16] William Stein Hecke Algebras and Modular Forms : notes derived from Ribet’s 1996 Ber-
keley grad. course http ://modular.fas.harvard.edu/MF.html