Enquete Tarif 2016

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CONSEIL NATIONAL DU CREDIT

SECRETARIAT GENERAL

RAPPORT DE L'ENQUETE SUR LA


TARIFICATION DES SERVICES DES
ETABLISSEMENTS DE MICROFINANCE

Novembre 2016

i
Table des matières

INTRODUCTION GENERALE................................................................................................ 2
1. TYPOLOGIE DES PRODUITS ET SERVICES DES EMF ............................................. 3
2. REMUNERATION DE L’EPARGNE ............................................................................... 3
3. COUT DU CREDIT ........................................................................................................... 4
a) Méthodes de calcul des intérêts......................................................................................... 4
b) Taux Effectif Globaux (TEG) ........................................................................................... 5
4. COUT DES SERVICES A LA CLIENTELE .................................................................... 8
5. INFORMATION DE LA CLIENTELE ............................................................................. 8
6. TARIFICATION ET RENTABILITE .............................................................................. 10
a) Coût des ressources ........................................................................................................ 10
b) Taux de base .................................................................................................................. 10
c) Efficacité d'exploitation ................................................................................................. 11
7. OPINIONS DES EMF SUR L’OPPORTUNITE DE LA MISE EN PLACE D’UNE
REGLEMENTATION SPECIFIQUE SUR LEURS CONDITIONS TARIFAIRES.............. 15
CONCLUSION ........................................................................................................................ 18
RECOMMANDATIONS ......................................................................................................... 20

ii
Liste des tableaux

Tableau 1: Produits offerts à la clientèle par les EMF ............................................................... 3


Tableau 2: Taux de rémunération des dépôts dans les EMF (en %) .......................................... 3
Tableau 3 : Taux de rémunération des dépôts des EMF en zone rurale et urbaines (en %) ...... 4
Tableau 4 : Taux d’intérêt mensuel minimal et maximal pratiqué par les EMF (en %) ............ 5
Tableau 5 : Répartition des TEG moyens par catégories pour l’exercice 2015 (en %) ............. 5
Tableau 6 : Répartition géographique des TEG moyens pour l’exercice 2015 (en %) .............. 6
Tableau 7 : Principales sources d’information sur le TEG et le Taux d’Usure ......................... 7
Tableau 8 : Mesures spécifiques pour l’information des clients analphabètes .......................... 9
Tableau 9: Coût Moyen des Ressources des EMF au cours de la période 2013-2015 (en %) . 10
Tableau 10: Evolution du Taux de Base Moyen (TBM) des EMF au cours de la période 2013-
2015 (en %) .............................................................................................................................. 11
Tableau 11: Ecart entre le TBM et LE CMR au cours de la période allant de 2013 à 2015 (en
%)….. ....................................................................................................................................... 11
Tableau 12 : Principaux éléments pris en compte pour la fixation des tarifs applicables à la
clientèle par les EMF................................................................................................................ 13
Tableau 13 : Bases de la fixation des tarifs applicables à la clientèle ...................................... 14
Tableau 14 : Bases de la fixation des tarifs applicables à la clientèle par catégorie d’EMF ... 14
Tableau 15 : structure des produits d’exploitation des EMF pour la période 2013 à 2015 (en
%)…. ........................................................................................................................................ 15
Tableau 16: Avis des dirigeants des EMF sur la mise en place d’un cadre règlementaire des
tarifs .......................................................................................................................................... 16
Tableau 17 : Arguments des dirigeants des EMF pour ou contre la mise en place d’un cadre
règlementaire des tarifs ............................................................................................................ 17
Tableau 18 : Opinions des dirigeants sur les services devant être absolument réglementés ... 17
Tableau 19 : Opinions des dirigeants sur les services devant être libres ................................. 18

iii
Liste des graphiques

Graphique 1 : Méthode de calcul des taux d'intérêt appliquée par les EMF pour les crédits à la
clientèle ...................................................................................................................................... 4
Graphique 2 : Prélèvement d’intérêts précomptés ..................................................................... 5
Graphique 3 : Connaissance du TEG et du Taux d’Usure par les dirigeants des EMF ............. 7
Graphique 4 : Etat de calcul du TEG par les EMF..................................................................... 7
Graphique 5 : Etat de connaissance de l’existence des règlements CEMAC sur le TEG et le
Taux d’Usure .............................................................................................................................. 8
Graphique 6 : Explication des méthodes de calcul des taux et frais divers aux clients ............. 9
Graphique 7 : Délivrance de relevés de compte mensuels à la clientèle.................................... 9

iv
INTRODUCTION GENERALE

En date du 04 février 2016, le Secrétaire Général a marqué son accord pour le


lancement de la deuxième phase de l’étude sur la tarification des services des EMF, à
savoir une enquête sur le terrain, la première phase ayant consisté en une analyse
documentaire et un benchmarking préalables des pratiques en la matière dans d’autres
pays.

A titre de rappel, et suivant les orientations de la note conceptuelle validée le 24


décembre 2015, l’objectif général de l’étude est d’identifier les activités des EMF
faisant l’objet d’une tarification et d’élaborer des textes permettant de garantir
une protection adéquate de leurs clients, en application des dispositions de l’Article
21 du Règlement CEMAC sur la microfinance qui stipule que : « Les établissements
sont classés et immatriculés au registre spécial du Conseil National du Crédit (…) Les
conditions de leur fonctionnement, notamment leurs relations avec la clientèle,
relèvent de la compétence du Conseil National du Crédit. ».

Ainsi, la méthodologie adoptée pour l’enquête était la suivante :

la collecte et l’analyse des informations sur les taux, commissions et divers


tarifs appliqués par les EMF ;
l’analyse des extraits de comptes mensuels et des dossiers de crédit des
clients ;
le calcul du Taux Effectif Global (TEG) ;
l’analyse de la structure du Produit Net Financier des EMF ;
des échanges avec les dirigeants d’EMF sur les modalités de fixation des
conditions applicables à la clientèle, en relation avec la couverture des
charges et la préservation de l’équilibre de la structure financière de leurs
établissements ;
la comparaison des conditions appliquées à la clientèle par les EMF et celles
prévues par les textes sur les conditions de banque des établissements de
crédit.

Afin de produire des résultats pertinents et suffisamment représentatifs des réalités


sur le terrain, l’échantillon de l’étude était composé de 12 EMF indépendants de 1ère
catégorie1, 4 réseaux d’EMF de 1ère catégorie2, 22 EMF de 2ème catégorie3 et 2 EMF de
3ème catégorie4, intervenant en zone urbaine et en zone rurale.

1
UNICS, FODEC, LA MEC, UNIVERS FINANCE, CCC, CPCD, CECAW, CEC, SOFINA, SOCECGEC, MC2
Bafoussam Rural, MC2 Baleng.
2
CAMCCUL, MUCADEC, CVECA, CMEC Ouest.
3
CCA, Express Union, Financial House, CITEF, SOFINED, La Régionale, ACEP, CEPI, AFIB, CCEC,
ADVANS, First trust, EB-ACCION, FIGEC, CECIC, GECEFIC, CAMED, COMECI, CONADIE, NOFIA,
CDC BOMTOCK, SOCECGEC.
4
SOFIN et CGF.
2
1. TYPOLOGIE DES PRODUITS ET SERVICES DES EMF
Comme l’illustre le tableau suivant, l’offre des EMF en termes de produits
d’intermédiation financière est essentiellement composée des dépôts à vue et à termes,
des crédits de trésorerie, des crédits à la consommation et des crédits d'investissement.
Tableau 1: Produits offerts à la clientèle par les EMF
Types de produits Description
Dépôts à vue Comptes courants, comptes chèques

Dépôts à terme Bons de caisses, comptes bloqués


Crédits de trésorerie Découverts, facilités de caisse, Crédits douane, crédits de campagne
Crédits à la consommation Crédits scolaires
Crédits d'investissement Equipement, immobilier

En ce qui concerne les services, il s’agit principalement du change, du transfert


d’argent, du paiement de salaires pour le compte de tiers (Etat et entreprises) et de la
microassurance. De plus en plus d’établissements offrent toutefois des services de
monétique (cartes de paiement à leurs clients), en partenariat avec les banques
universelles. De même, certains EMF offrent des prestations d’affacturage.
A l’exception des EMF de troisième catégorie qui ne collectent en principe pas
les dépôts à vue5, les produits et services offerts sont identiques d’une catégorie à
l’autre, qu'il s'agisse de zones urbaine ou rurale.
2. REMUNERATION DE L’EPARGNE
La majorité des EMF rémunèrent les dépôts à vue des clients à un taux variant
entre 0 % et 4 % l'an en 1ère catégorie, et entre 0 % et 5 % l'an en 2ème catégorie.
Tableau 2: Taux de rémunération des dépôts dans les EMF (en %)
Barèmes par catégories Intérêts payés sur les dépôts à vue Intérêts payés sur dépôts à
terme et bons de caisse

Minimum Maximum Minimum Maximum

1ère catégorie 0 4 4 8

2ème catégorie 0 5 3 16,5


3ème catégorie - -

En ce qui concerne les dépôts à terme et bons de caisse, les épargnants


perçoivent une rémunération comprise entre 4 % et 8 % par an en 1ère catégorie, et
entre 3 % et 16,56 % par an en 2ème catégorie.
Les intérêts payés sur les dépôts à vue sont plus élevés en zone urbaine, où ils
varient entre 0 % et 5 %. En zone rurale par contre, ils oscillent entre 0 % et 2,5 %.
5
MIFED, EMF de troisième catégorie basé à Garoua, et opérant dans les trois Régions du septentrion, dispose de
dépôts d’un montant de 170 millions à fin décembre 2015.
6
16, 5 % pour les dépôts à terme supérieur à 50 millions à First Trust, uniquement, les taux des autres EMF se
situant dans une fourchette allant de 3 % à 8 %..
3
De même, les taux créditeurs sur les dépôts à terme sont plus élevés en zone
urbaine, comparativement aux zones rurales. Dans les premières, elles sont comprises
entre 3 % et 16,5 % l'an, alors que dans les secondes elles oscillent entre 3 % et 6 %
l'an.
Tableau 3 : Taux de rémunération des dépôts des EMF en zone rurale et urbaines (en %)
Barèmes par catégories Intérêts payés sur les dépôts à vue Intérêts payés sur dépôts à terme
Minimum Maximum Minimum Maximum
Zone urbaine 0 5 3 16,5

Zone rurale 0 2,5 3 6

Dans l'ensemble, il est constaté que les taux créditeurs des EMF échantillonnés
sont supérieurs au Taux Créditeur Minimum (TCM) en vigueur en zone CEMAC, bien
que la réglementation en vigueur ne les cible pas explicitement. En effet, le TCM a été
fixé à 2,45 % par Décision du Comité de Politique Monétaire du 08 juillet 2014, et les
taux créditeurs de tous les EMF échantillonnés sont supérieurs à 3% à fin mai 2016.
3. COUT DU CREDIT
a) Méthodes de calcul des intérêts
59 % des EMF échantillonnés par le CNC appliquent des taux d'intérêt
dégressifs7, tandis que 23,1 % appliquent des taux constants8. 17,9 % d'entre eux
appliquent conjointement les deux méthodes.
La plupart des EMF appliquant simultanément les deux méthodes de calcul
exercent en première catégorie. Ils appliquent la méthode dégressive aux prêts
amortissables et la méthode constante aux crédits à échéance de remboursement
unique.
Graphique 1 : Méthode de calcul des taux d'intérêt appliquée par les EMF pour les crédits à la clientèle

94,9% des EMF visités ne prélèvent pas d’intérêts précomptés9. Ceux qui
affirment en prélever, soit 5,1% de l’échantillon, exercent en première catégorie.

7
Intérêts prélevés sur le capital restant dû.
8
Intérêts identiques pour chaque annuité de remboursement.
9
Prélevés sur le capital à la mise en place du crédit.
4
Graphique 2 : Prélèvement d’intérêts précomptés

b) Taux Effectif Globaux (TEG)

Les taux d'intérêt débiteurs nominaux des EMF se situent dans un intervalle
allant de 0,5% à 5,5% par mois, soit entre 6 et 66 % l'an.

Tableau 4 : Taux d’intérêt mensuel minimal et maximal pratiqué par les EMF (en %)

Minimum Maximum
Quel est le taux d'intérêt mensuel pratiqué ? 0,50 5,5

En ce qui concerne la répartition des TEG moyens par catégories pour


l’exercice 2015, elle est donnée dans le tableau suivant :
Tableau 5 : Répartition des TEG moyens par catégories pour l’exercice 2015 (en %)
TEG MOYENS 1ère catégorie 2ème catégorie
PARTICULIERS
court terme 44,28% 58,97%
moyen terme 55,87% 49,23%
long terme 26,98% 33,91%
PME
court terme 78,83% 70,54%
moyen terme 11,13% 63,45%
long terme 14,30% 35,80%

Il en ressort que la répartition des TEG moyens des particuliers est comme suit :
à court terme, ils s’élèvent à 44,28 % en 1ère catégorie et 58,97 % en
2ème catégorie ;
à moyen terme, ils se chiffrent à 55,87 % en 1ère catégorie et 49,23 %
en 2ème catégorie ;
à long terme, ils s’élèvent 26,98 % en 1ère catégorie et 33, 91 % en
2ème catégorie.
S’agissant des Petites et Moyennes Entreprises (PME) :
le TEG moyen à court terme s’élève à 78,83 % et 70,54 % en 1ère et 2ème
catégorie respectivement ;

5
le TEG moyen à moyen terme se chiffre à 11,13 % en 1ère catégorie, contre
63,45 % en 2ème catégorie ;
le TEG moyen à long terme s’élève à 14,30 % en 1ère catégorie et 35,80 %
en 2ème catégorie.

Pour ce qui est de la répartition géographique des TEG moyens, elle est
présentée dans le tableau ci-après :
Tableau 6 : Répartition géographique des TEG moyens pour l’exercice 2015 (en %)
TEG MOYENS Zone urbaine Zone rurale
PARTICULIERS
court terme 57,51 30,66
moyen terme 47,92 -
long terme 33,91 19,31
PME
court terme 73,05 78,83%
moyen terme 44,51 11,13%
long terme 35,31 12,83%

Il en ressort que la répartition des TEG moyens des particuliers est comme suit :
à court terme, ils s’élèvent à 57,51 % en zone urbaine et 30,66 % en
zone rurale ;
à moyen terme, ils se chiffrent à 47,92 % en zone urbaine ;
à long terme, ils s’élèvent à 33,91 % en zone urbaine et 19,31 % en
zone rurale.
S’agissant des PME :
le TEG moyen à court terme s’élève à 73,05 % en zone urbaine et
78,83 % en zone rurale ;
à moyen terme, il se chiffre à 44,51 % en zone urbaine et 11,13 % en
zone rurale ;
à long terme, le TEG moyen s’élève à 35,31 % en zone urbaine et
12,83 % en zone rurale.
Comme l’illustre le graphique suivant, 79,5 % des dirigeants d’EMF sont
informés de l’existence du TEG et du Taux d’Usure.

6
Graphique 3 : Connaissance du TEG et du Taux d’Usure par les dirigeants des EMF

Les canaux par lesquels lesdits dirigeants sont informés de l'existence du TEG
et du Taux d’Usure sont les communiqués de presse périodiques du CNC (32,3 %), la
réglementation CEMAC (19,4 %), les rencontres avec les partenaires (16,1 %), la
formation ou la culture personnelle (12,9 %), les missions ponctuelles du CNC sur le
terrain (9,7 %), et par l’intermédiaire de l’ANEMCAM ou du MINFI (6,5 %).
Tableau 7 : Principales sources d’information sur le TEG et le Taux d’Usure

Sources Pourcentage
Communiqué de presse du CNC 32,3
Règlementation 19,4
Rencontre avec les partenaires 16,1
Culture personnelle de l'enquêté 12,9
Mission du CNC 9,7
ANEMCAM et/ou MINFI 6,5
Mission CNC, Rencontre avec les partenaires 3,2
Total 100

Bien qu’ayant une certaine connaissance du TEG, la majorité des EMF ne


procèdent pas à son calcul lors de la négociation et à la mise en place des crédits.
Seulement 35,5 % des dirigeants interrogés déclarent que leurs établissements le font.
Cette proportion varie considérablement d’une catégorie à l’autre (50 % pour la
première catégorie, 25 % pour la deuxième et 100 % pour la troisième).

Graphique 4 : Etat de calcul du TEG par les EMF

72,7 % des EMF qui disposent d’un module de calcul du TEG le communiquent
à la clientèle avant la signature des conventions de prêt, conformément aux
dispositions du Règlement n° 01/CEMAC/UMAC/CM portant diverses dispositions
relatives au Taux Effectif Global et à la publication des conditions de banque, et du

7
Règlement n° 02/CEMAC/UMAC/CM portant définition et répression de l’usure dans
les Etats de la CEMAC.
74,4 % des dirigeants d’EMF déclarent être informés de l'existence desdits
Règlements, soit 59 % en première catégorie, 86 % en deuxième catégorie, et 100 %
en troisième catégorie. Cependant, 71,8 % déclarent ignorer que les dispositions des
deux Règlements CEMAC susvisés sont applicables au secteur de la microfinance.
Graphique 5 : Etat de connaissance de l’existence des règlements CEMAC sur le TEG et le Taux d’Usure

4. COUT DES SERVICES A LA CLIENTELE


Les EMF n'étant pas concernés par l'Arrêté du Ministre des Finances sur le
Service Bancaire Minimum Garanti (SBMG), la plupart d'entre eux perçoivent des
commissions sur les prestations visées par ledit Arrêté, notamment la tenue de compte.
De même, ils n’appliquent pas la plupart des commissions fixées par les textes
sur les conditions de banque, ceux-ci ne les visant pas explicitement. Par exemple, la
plupart des EMF, en particulier ceux de la 2ème catégorie, appliquent des
commissions forfaitaires comprises entre 500 F CFA et 7.500 F CFA sur les virements
sur place bancable, alors que la réglementation bancaire les fixe à 0,2 %, avec un
minimum de perception de 300 F CFA. De même, certains EMF appliquent des
commissions sur le plus fort découvert supérieures au taux réglementaire de 0,02 %.

5. INFORMATION DE LA CLIENTELE
Tous les établissements échantillonnés affichent les conditions tarifaires aux
guichets conformément aux dispositions réglementaires en vigueur. Après vérification,
il est constaté que les tarifs affichés correspondent généralement aux agios prélevés
périodiquement dans les comptes des clients.
Toutefois, il est relevé que les modalités d’affichage de ces informations (police
des caractères, disposition des affiches en agences, terminologie, etc.), ne les rendent
souvent pas compréhensibles, exploitables ou accessibles pour tous les usagers.
Ainsi, s’agissant notamment des méthodes de calcul des intérêts et des divers
frais prélevés lors de la mise en place des crédits, 87,2 % des EMF les expliquent de
manière systématique aux clients, tandis que 12,8 % ne le font qu'à la demande de
ceux-ci. Cette situation est plus marquée en première catégorie (94,1 % des cas).

8
Graphique 6 : Explication des méthodes de calcul des taux et frais divers aux clients

Pour ce qui est de la délivrance de relevés de compte mensuels à la clientèle,


69,2 % d'EMF le font à la demande et 25,6 % de manière systématique. 5,1 % d’EMF
ne les délivrent pas aux clients.
Graphique 7 : Délivrance de relevés de compte mensuels à la clientèle

S'agissant de l'information des clients analphabètes, illettrés, ou ne s’exprimant


qu’en langues locales, 94,9% des EMF échantillonnés ont pris des mesures
spécifiques. Celles-ci sont présentées dans le tableau ci-après :

Tableau 8 : Mesures spécifiques pour l’information des clients analphabètes


Dispositions spécifiques Pourcentage
Interprète ou personnel parlant la langue locale 65,8%
Interprète/personnel parlant la langue locale et usage d’empreintes digitales 26,3%
Sollicitation de l'accompagnement d'un proche du client 2,6%
Interprète/personnel parlant la langue locale, usage d’empreintes digitales, et
5,3%
accompagnement par une personne proche du client

Les déclarations des clients corroborent celles des dirigeants d'EMF. En effet,
80 % des clients interrogés par le CNC déclarent qu’ils reçoivent des explications
satisfaisantes de la part des employés lorsqu’ils demandent des informations sur les
produits et services. Par ailleurs, 86,80 % d'entre eux estiment que les taux d'intérêt et
commissions affichés correspondent effectivement à ce qu'ils payent. Toutefois, de

9
nombreux clients qui souhaitent cesser leurs relations avec les EMF ou domicilier
leurs comptes auprès d’autres institutions financières, rencontrent dans la majeure
partie des cas des difficultés pour se faire établir des attestations de non redevance, ce
qui représente un frein à leur mobilité et ne leur permet pas de tirer parti de la
concurrence afin de bénéficier des meilleurs tarifs existants sur le marché.
6. TARIFICATION ET RENTABILITE

a) Coût des ressources


Pour la période allant de 2013 à 2015, le coût moyen des ressources (CMR) des
EMF s'élève à 3,85 % en première catégorie, 3,64 % en 2ème catégorie et 2,46 % en
3ème catégorie.
L’évolution du CMR au cours de cette période est présentée dans le tableau
suivant :

Tableau 9: Coût Moyen des Ressources des EMF au cours de la période 2013-2015 (en %)
CMR 2013 2014 2015 Variation Moyenne
2013-2015 2013-2015

1ère catégorie 4,78 3,58 3,18 -33,47 3,85

2ème catégorie 2,92 2,94 2,54 -13,01 3,64

3ème catégorie 3,18 2,51 1,68 -47,17 2,46

Source : EMF, Calculs CNC

Comme l'illustre le tableau ci-dessus:


la 1èrecatégorie dispose du CMR le plus élevé, suivie de la deuxième catégorie.
La 3èmecatégorie enregistre la meilleure performance en termes de coût de
mobilisation des ressources. Le CMR des EMF de 1ère catégorie est passé de
4,78 % à 3,18 % entre 2013 et 2015, soit une baisse de 33,47 points. En 1ère
catégorie, la baisse du CMR résulte de la diminution des emprunts auprès des
organes faitiers (-95 %), de la hausse des subventions d’investissement
(+188,96 %) et des dépôts à vue des sociétaires (+33 %).

Au cours de la même période, celui des EMF de 2ème catégorie a baissé de 13,01
points, passant de 2,92 % à 2,54 %. Dans cette catégorie, la baisse du CMR
s'explique par l’augmentation des dépôts à vue collectés (+43,94 %) et la
diminution des emprunts auprès des établissements de crédit (-73,13 %).

En 3ème catégorie, le CMR est passé de 3,18 % à 1,68 %, soit une baisse de
47,17 %. Dans cette catégorie, elle résulte de la baisse des intérêts sur dépôts à
terme des clients (-100 %) et des intérêts sur les emprunts (- 95,28 %).

b) Taux de base
Le taux de base est en principe déterminé chaque année par chaque
intermédiaire financier, en fonction de ses objectifs de politique générale, du coût de
collecte des ressources (auprès des clients, des investisseurs et de la Banque Centrale),
10
et des frais divers engagés pour la collecte de ces ressources et la distribution du crédit.
Il s’agit du taux en deçà duquel l'intermédiaire vendrait les crédits à perte.
Pour la période allant de 2013 à 2015, le Taux de base Moyen (TBM) des EMF
s'élève à 21,55 % en première catégorie, 27,17 % en deuxième catégorie et 43,69 % en
troisième catégorie.
L'évolution moyenne des taux de base dans le secteur de la microfinance au
cours cette période est présentée dans le tableau suivant :
Tableau 10: Evolution du Taux de Base Moyen (TBM) des EMF au cours de la période 2013-2015 (en %)

TB Moyen 2013 2014 2015 Variation Moyenne

1ère catégorie 22,70 22,08 19,86 -12,51 21,55

2ème catégorie 28,76 28,89% 19,42 -32,46 25,69


3ème catégorie 35,02 46,11 49,95 42,63 43,69
Source : EMF, Calculs CNC

Il en ressort que :

la 3ème catégorie dispose du TBM le plus élevé, suivie de la 2ème catégorie. La


1ère catégorie enregistre la meilleure performance;
le TBM des EMF de 1ère catégorie est passé de 22,70 % à 19,86 % entre 2013 et
2015, soit une baisse de 12,51 points. Au cours de la même période, celui des
EMF de 2ème catégorie a baissé de 32,46 points, passant de 28,76 % à 19,42 %.
En troisième catégorie le TBM est passé de 35,02% à 49,95 %, soit une hausse
de 42,63 %.
En 1ère catégorie, la baisse du TBM s'explique par une augmentation du volume
du portefeuille de crédit (+14,01 %) et une légère baisse des charges
d’exploitation (-0,23 %). En 2ème catégorie, elle résulte de la baisse des
dotations aux provisions sur créances clientèles (-33,6 %) et de la hausse du
volume des crédits accordés à la clientèle (+21,28 %). En 3ème catégorie, la
hausse du TBM s’explique par la forte augmentation des dotations aux
provisions (+418 %) et la contraction du portefeuille de crédit (-23,16 %).

c) Efficacité d'exploitation
L'évolution de la différence entre le TBM et le CMR des EMF entre 2013 et
2015 est retracée dans le tableau ci-après :
Tableau 11: Ecart entre le TBM et LE CMR au cours de la période allant de 2013 à 2015 (en %)
Catégories 2013 2014 2015 Moyenne
1ère catégorie 17,92 18,5 16,68 17,7

2ème catégorie 25,84 27,9 16,88 23,54


ème
3 catégorie 31,84 43,6 48,27 41,24

La différence ci-dessus représente la marge que les EMF devraient ajouter au


CMR lors de facturation des crédits afin d’atteindre leur seuil de rentabilité (point
mort) d’exploitation. Elle révèle que ces établissements sont obligés d'appliquer des
11
TEG élevés, pour couvrir les importants coûts opérationnels (réseau d'agences,
personnel, impayés, formations, suivi et accompagnement des clients/membres, etc.)
générés par leur important volume de micro services10. Le coût de mobilisation des
ressources financières est un facteur secondaire pour l'explication de la cherté des
concours des EMF, et celui-ci s'explique principalement par les autres charges
d’exploitation et le coût du risque de crédit, matérialisé par les provisions sur créances
clientèle à constituer.
En effet, les principales charges d’exploitation des EMF, par ordre décroissant,
sont comme suit:
en 1ère catégorie, les charges générales d’exploitation (29,15 %), les charges
d’exploitation financières (24,88 %), les charges du personnel (20,9 %), et
les dotations aux provisions pour créances clientèle (19,24 %) ;
en 2ème catégorie, les charges de personnel (31 %), les autres charges
générales d’exploitation11 (27 %), les dotations aux provisions (17 %)12, et
les charges d’exploitation financière (17 %) ;
en 3ème catégorie, les charges de personnel (42 %), les autres charges
générales d’exploitation (33 %), les dotations aux provisions (19 %) et les
charges d’exploitation financière (7 %).
Les dirigeants des EMF confirment que les coûts opérationnels représentent
l’élément prédominant pris en compte en interne lors de la fixation des tarifs
applicables à la clientèle. En effet, 15,4 % des EMF échantillonnés tiennent compte
exclusivement des coûts opérationnels, tandis que 12,8 % tiennent compte de la
soutenabilité des frais pour les clients, et 2,6 % du coût du risque. Les autres EMF
combinent plusieurs éléments pour définir la structure des tarifs de leurs services,
comme suit:
coûts opérationnels, coût du risque, marges bénéficiaires et soutenabilité des
frais pour les clients (12,8 %) ;
coûts opérationnels et marges bénéficiaires (10,3 %) ;

coûts opérationnels, coût du risque et marges bénéficiaires (10,3 %).

10
A titre à comparaison, dans le secteur bancaire, les établissements de crédit engrangent de forts bénéfices en
effectuant des opérations financières de taille et rentabilité largement plus importantes, pour un nombre réduit de
clients.
11
Fournitures de bureau, locations, entretiens et réparations, publicité et relations publiques, frais de
télécommunications, transports et déplacements, autres charges consommées).
12
Dont 13 % de dotations de provisions pour créances clientèle.
12
Tableau 12 : Principaux éléments pris en compte pour la fixation des tarifs applicables à la
clientèle par les EMF
Eléments de fixation des tarifs Effectifs % du Total

Coûts opérationnels 6 15,4

Coût du risque 1 2,6

Soutenabilité des frais pour le client 5 12,8

Coûts opérationnels, coût du risque, marges bénéficiaires, soutenabilité des frais pour les clients 5 12,8

Coûts opérationnels, coût du risque 2 5,1

Coûts opérationnels, marges bénéficiaires 4 10,3

Coût du risque, marges bénéficiaires 1 2,6

Marges bénéficiaires, soutenabilité des frais pour les clients 2 5,1

Coûts opérationnels, coût du risque, soutenabilité des frais pour les clients 3 7,7

Coût du risque, marges bénéficiaires, soutenabilité des frais pour les clients 1 2,6

Coûts opérationnels, marges bénéficiaires, soutenabilité des frais pour les clients 2 5,1

Coût du risque, soutenabilité des frais pour les clients 2 5,1

Coûts opérationnels, coût du risque, marges bénéficiaires 4 10,3

Coûts opérationnels, soutenabilité des frais pour les clients 1 2,6

39 100
Total

Cependant, bien que les coûts opérationnels soient le principal élément pris en
compte en interne par les EMF, les tarifs de la concurrence jouent également un rôle
déterminant, en fonction des conditions de marché et des catégories d'EMF.
En fonction des conditions du marché, 2,6 % seulement des EMF
échantillonnés déclarent se baser uniquement sur l'analyse des coûts internes pour fixer
leurs tarifs, contre 12,8 % pour les tarifs de la concurrence13.

13
Toutefois, de manière générale, 28,2% des EMF s’inspirent à la fois de la règlementation bancaire et des tarifs
pratiqués par la concurrence pour fixer leurs propres tarifs, tandis que 20,5% se basent sur la réglementation
bancaire, les tarifs pratiqués par la concurrence et l’analyse préalable des coûts internes. 15,4% d'entre eux se
basent à la fois sur l’analyse des coûts internes et les tarifs de la concurrence.

13
Tableau 13 : Bases de la fixation des tarifs applicables à la clientèle
Bases de fixation des tarifs à la clientèle Pourcentage

Règlementation bancaire 2,6

Tarifs de la concurrence 12,8

Analyse des coûts internes 2,6

Règlementation bancaire, tarifs de la concurrence et analyse des coûts internes 20,5

Règlementation bancaire, tarifs de la concurrence 28,2

Règlementation bancaire, analyse des coûts internes 15,4

Tarifs de la concurrence, analyse des coûts internes 15,4

Analyse des coûts internes, avis des mutualistes/clients 2,6

Total 100

Par catégorie, les coûts opérationnels sont le principal élément pris en compte
en première catégorie. Par contre, en 2ème et 3èmecatégorie, les tarifs de la concurrence
sont le facteur déterminant, comme l’illustre le tableau ci-après :

Tableau 14 : Bases de la fixation des tarifs applicables à la clientèle par catégorie d’EMF
Catégorie

Première Deuxième Troisième


Total
catégorie catégorie catégorie

Règlementation bancaire
5,9 0,0 0,0 2,6
Tarifs de la concurrence 5,9 14,3 100 12,8
Analyse des coûts internes 5,9 0,0 0,0 2,6
Règlementation bancaire, tarifs
de la concurrence et analyse des
coûts internes 23,5 19,0 0,0 20,5
Règlementation bancaire, tarifs
de la concurrence 17,6 38,1 0,0 28,2
Règlementation bancaire,
analyse des coûts internes 23,5 9,5 0,0 15,4
Tarifs de la concurrence,
analyse des coûts internes 11,8 19,0 0,0 15,4
Analyse des coûts internes et
avis des mutualistes 5,9 0,0 0,0 2,6

Total 100 100 100 100

Le tableau ci-dessus révèle en outre qu’en l'absence d'une réglementation spécifique


sur les conditions tarifaires en microfinance, les EMF s’inspirent également de la
réglementation bancaire pour fixer leurs tarifs.

14
7. OPINIONS DES EMF SUR L’OPPORTUNITE DE LA MISE EN
PLACE D’UNE REGLEMENTATION SPECIFIQUE SUR LEURS
CONDITIONS TARIFAIRES
La structure des produits d'exploitation des EMF au cours de la période allant de
2013 à 2015 est présentée dans le tableau suivant:
Tableau 15 : structure des produits d’exploitation des EMF pour la période 2013 à 2015 (en %)
PRODUITS 1ère catégorie 2ème catégorie 3ème catégorie
Produits d’exploitation financière 81,69 97,31 88,63
Produits sur opérations de trésorerie et inter 0,67 3,01 5,96
bancaire
Intérêts sur les crédits à L.T. clientèle 2,79 0,9 0,00
Intérêts sur les crédits à M.T. clientèle 0,99 2,47 0,00
Intérêts sur les crédits à C.T. clientèle 3,43 32,02 82,67
Intérêts sur les comptes débiteurs clientèle 2,41 13,65 0,00
Intérêts sur les prêts 63,73 0,59 0,00
Commissions et frais perçus sur opérations 1,47 23,08 0,00
de transfert de fonds
Autres commissions et produits bancaires 6,20 21,56 0,00
Produits sur les opérations accessoires 2,27 1,45 0,00
Autres produits et subventions 16,03 1,25 11,37
Produits divers 9,82 1,04 11,37
Subvention d’exploitation 6,03 0,21 0,00

Comme l’illustre le tableau ci-dessus, dans toutes les catégories, la structure des
produits d’exploitation des EMF est dominée par les produits d’exploitation financière
suivie des autres produits et subventions. Les produits des opérations accessoires
arrivent en troisième position. Cependant, la structure desdits produits d’exploitation
financière est très différente d’une catégorie à l’autre.
En 1ère catégorie, les intérêts sur le portefeuille de crédit représentent 70,94 %
des revenus d’exploitation, suivis des produits divers et subventions d’exploitation
(16,03 %) et des commissions sur transferts de fonds et autres services bancaires
(7,67 %).
En 2ème catégorie, les intérêts sur le portefeuille de crédit représentent 49,63 %
de l’ensemble des produits d’exploitation, suivis des commissions sur transferts de
fonds et autres services bancaires (44,64 %), les produits sur opérations de trésorerie
(3,01 %), les produits sur les opérations accessoires (1,45 %) et les autres produits et
subventions (1,25 %).
En 3ème catégorie, les intérêts sur les comptes débiteurs de la clientèle
représentent à eux seuls 82,67 % des produits d’exploitation des EMF, suivis des
produits divers (11,37 %) et des produits sur opérations de trésorerie (5,96 %).
A cet effet, il est constaté qu’en deuxième catégorie, les divers services offerts à
la clientèle rapportent presqu’autant aux EMF que les revenus tirés des activités
d’intermédiation classiques (dépôts et crédits). Cette situation pourrait s’expliquer par
deux principaux facteurs :
- les EMF de deuxième catégorie sont autorisés à offrir des services au grand
public, comparativement à ceux de la première catégorie dont les activités se

15
limitent aux membres, et à ceux de la troisième catégorie qui ne peuvent
collecter l’épargne du public ;
- les EMF de deuxième catégorie ont la possibilité d’offrir au grand public
quasiment toute la gamme des services offerts par les établissements de crédit
(transferts d’argent, paiement de salaires, change, etc.), mais leurs conditions
tarifaires ne sont pas réglementées, contrairement aux banques et établissements
financiers.
Ainsi, de nombreux dirigeants d'EMF interrogés, surtout ceux de la 2ème
catégorie, estiment que la mise en place d'un cadre réglementaire spécifique pour la
tarification de leurs services devrait se limiter aux produits d'intermédiation classiques,
à savoir l'épargne et le crédit.
En effet, en ce qui concerne l’éventualité de la mise en place d’un cadre
réglementaire pour les tarifs des EMF, en moyenne 89,7% des dirigeants pensent
qu’il est indiqué de le mettre en place en l’état actuel du secteur de la microfinance.
Pour 45,7% d'entre eux, ce cadre règlementaire pourrait assurer le bon fonctionnement
du secteur et contribuer à son assainissement. 34,3% de ces dirigeants estiment que
ledit cadre pourrait favoriser l’harmonisation des méthodes, tandis que 11,4% pensent
qu’il pourrait limiter la concurrence déloyale. 8,6% affirment par ailleurs qu’un cadre
règlementaire serait un facteur important pour la réduction du surendettement de la
clientèle des EMF.
La plupart des dirigeants favorables à la mise en place d’un cadre règlementaire
pour les tarifs des EMF pensent qu’il est indispensable de tenir compte des spécificités
du secteur de la microfinance.

Tableau 16: Avis des dirigeants des EMF sur la mise en place d’un cadre règlementaire des tarifs
Pourcentage

Non favorable à un cadre règlementaire des tarifs 10,3

Favorable à un cadre règlementaire des tarifs 89,7

Total 100

10,3 % des dirigeants interrogés ne sont pas favorables à la mise en place d’un
cadre règlementaire. Ces derniers jugent en effet qu'un tel cadre n’est pas pertinent
dans un environnement où les EMF ne bénéficient pas d’un refinancement. Selon eux,
les régulateurs devraient laisser la concurrence équilibrer les prix dans leur secteur
d'activité.

16
Tableau 17 : Arguments des dirigeants des EMF pour ou contre la mise en place d’un cadre règlementaire
des tarifs
Opinions
Arguments
Total
Non favorable Favorable

Pour le bon fonctionnement et l'assainissement du secteur


0 16

Pour limiter la concurrence déloyale 0 4

Harmonisation des méthodes 0 12

Eviter le surendettement du client 0 3

Les EMF ne bénéficient pas du refinancement 2 0

Laisser la concurrence jouer pleinement 2 0

Total 4 35

Pour les dirigeants d'EMF favorables à la mise en place d’un cadre


règlementaire, les tarifs qui devraient absolument être réglementés sont les suivants :
taux d’intérêt créditeur et débiteur (30,3 %) ;
taux d’intérêt débiteur uniquement (24,2 %) ;
taux d’intérêt débiteur, commissions et frais divers (9,1 %) ;
taux d’intérêt débiteur et commissions sur encaissement chèque (6,1 %) ;
commissions sur produits classiques, à savoir les crédits, dépôts, commissions, etc.
(6,1 %) ;
taux d’intérêt créditeur, commissions et frais divers (3,0 %).

Tableau 18 : Opinions des dirigeants sur les services devant être absolument réglementés
Services devant être règlementés Pourcentage des opinions

Taux d'intérêt sur crédit


24,2

Produits classiques 6,1

Taux d'intérêt créditeur et débiteur 30,3

Taux d'intérêt débiteur, commissions sur crédit et frais


divers 9,1

Taux d'intérêt débiteur, encaissement chèque 6,1

Taux d'intérêt créditeur, commission et frais divers 3,0

Tous les services doivent être réglementés 21,2

Total 100

Les opinions des dirigeants sur les services dont la tarification devrait rester
libre sont présentées dans le tableau ci-après. Il en ressort que 23,1 % des dirigeants
estiment que la tarification des produits classiques de guichet devrait être libre. De
même, 23,1 % pensent que les taux de rémunération de l'épargne devraient être
librement fixés par les EMF:
17
Tableau 19 : Opinions des dirigeants sur les services devant être libres
Pourcentage des opinions

Produits classiques de guichet


23,1

Taux d'intérêt sur crédit 7,7

Commissions sur service 7,7

Cautions 3,8

Transferts d'argent et change 7,7

Produits innovants (banque-assurance, mobile


money, etc.) 3,8

Engagement par signature 3,8

Epargne 23,1

Crédit et engagement par signature 3,8

Attestations et relevés 3,8

Délivrance de chéquier 3,8

Fonctionnement du compte et transfert 3,8

Services agro-pastoraux 3,8

Total 100

CONCLUSION
Au terme de l’enquête sur la tarification des EMF au Cameroun, les principaux
constats qui ressortent sont les suivants :
1. De manière générale, l’offre des EMF est constituée de produits et services
d’intermédiation classiques, mais l’on enregistre de plus en plus d’innovations
dans ce secteur, avec l’introduction de la monétique et de services tels que
l’affacturage.
2. Les dépôts à vue des clients sont rémunérés dans le secteur de la microfinance.
Le taux de rémunération de l’épargne de leurs clients est plus important en zone
urbaine qu’en zone rurale. Par ailleurs, il est supérieur au Taux Créditeur
Minimum en vigueur dans la zone BEAC.
3. La majorité des dirigeants d’EMF sont informés de l’existence d’une
réglementation sur le Taux Effectif Global et le Taux d’Usure en zone
CEMAC, principalement à travers la publication périodique de ces derniers
dans les communiqués de presse, mais ils ne savent pas que cette
réglementation est applicable au secteur de la microfinance.
Les TEG des particuliers à court et long terme sont plus élevés en 1ère catégorie
qu’en 2ème catégorie, mais ils ont inférieurs pour le moyen terme. Pour les PME
par contre, ils sont plus élevés à court terme en première catégorie, mais
18
largement inférieurs à ceux de la deuxième catégorie en ce qui concerne le
moyen et le long terme.
Sur le plan géographique, les TEG moyens des particuliers et PME sont dans
l’ensemble largement plus élevés en zone urbaine qu’en zone rurale, à
l’exception des TEG à court terme des PME.

4. La réglementation existante sur les conditions de banque ne ciblant pas


explicitement les EMF, elle n’est pas respectée par ces derniers. En général
Ceux-ci appliquent des commissions plus élevées que celles prévues par les
textes du secteur bancaire, et prélèvent des frais sur la plupart des services visés
par l’Arrêté du ministre des Finances sur le Service Bancaire Minimum Garanti,
notamment en ce qui concerne la tenue des comptes.
5. L’ensemble des EMF respectent les dispositions réglementaires relatives à
l’affichage des conditions tarifaires au guichet, et celles-ci correspondent aux
frais appliqués aux clients. Toutefois, les modalités d’affichage de ces
informations (police des caractères, disposition des affiches en agences,
terminologie, etc.), ne les rendent souvent pas compréhensibles, exploitables ou
accessibles pour tous les usagers.
La majorité des EMF transmettent des relevés de compte mensuels aux clients à
la demande, et recrutent des employés parlant les langues locales pour
l’information des clients analphabètes ou illettrés. Cependant, les clients
rencontrent dans de nombreux cas des difficultés pour se faire établir des
attestations de non redevance lorsqu’ils souhaitent cesser leurs relations avec
ceux-ci, ce qui représente un frein à leur mobilité et ne leur permet pas de tirer
parti de la concurrence pour bénéficier des meilleurs tarifs disponibles sur le
marché.
6. La 1ère catégorie dispose du Coût Moyen des ressources financières le plus
élevé, suivi de la 2ème catégorie. La 3ème catégorie affiche la meilleure
performance en la matière.
Ce coût est un facteur secondaire pour l’explication de la cherté des crédits des
EMF. Celui-ci s’explique principalement par les coûts opérationnels importants
supportés (réseau d'agences, personnel, impayés, formations, suivi et
accompagnement des clients/membres, etc.) pour distribuer des micro services
à des milliers de clients.
En 1èrecatégorie, les coûts opérationnels sont le principal critère pris en compte
pour la fixation des tarifs, tandis qu’en 2ème et 3ème catégorie, il s’agit des tarifs
de la concurrence. En l’absence d’une réglementation spécifique sur les
conditions tarifaires des EMF, ceux-ci s’inspirent également de la
réglementation bancaire pour fixer leurs tarifs.
7. Les produits d’exploitation financière (intérêts et commissions) sont les
principaux revenus d’exploitation des EMF. Cependant, les commissions sur les
services offerts à la clientèle sont une source de revenu marginal des EMF de

19
1ère et 3ème catégorie, tandis qu’en 2ème catégorie ils fournissent des revenus
presqu’équivalents à ceux tirés du portefeuille de crédit.
Cette situation s’explique par le fait que contrairement aux deux autres
catégories, les EMF de la 2ème catégorie ont la possibilité d’effectuer quasiment
toutes les opérations de banque et d’offrir leurs services à la même clientèle que
les établissements de crédit, sans pour autant être soumis à une réglementation
sur les conditions de banque comme ces dernières. Ce vide réglementaire crée
ainsi une concurrence déloyale en leur faveur, au détriment des EMF des autres
catégories et des établissements de crédit, ainsi que de leurs clients qui paient
de ce fait plus de frais que les autres intermédiaires financiers susvisés.
89,7 % des dirigeants d’EMF estiment qu’il est indiqué de mettre en place un
cadre règlementaire spécifique en l’état actuel du secteur de la microfinance.
Pour 45,7 % d'entre eux, ce cadre règlementaire pourrait assurer le bon
fonctionnement du secteur et contribuer à son assainissement. 34,3 % de ces
dirigeants estiment que ledit cadre pourrait favoriser l’harmonisation des
méthodes, tandis que 11,4 % pensent qu’il pourrait limiter la concurrence
déloyale. 8,6 % affirment par ailleurs qu’un cadre règlementaire serait un
facteur important pour la réduction du surendettement de la clientèle des EMF.
Toutefois, de nombreux dirigeants d'EMF, en particulier ceux de la 2ème
catégorie, estiment que la mise en place d'un cadre réglementaire spécifique
pour la tarification de leurs services devrait se limiter aux produits
d'intermédiation classiques, à savoir l'épargne et le crédit.
Par ailleurs, 10,3 % des dirigeants interrogés ne sont pas favorables à la mise en
place d’un cadre règlementaire. Ces derniers jugent en effet qu'un tel cadre
n’est pas pertinent dans un environnement où les EMF ne bénéficient pas d’un
refinancement. Selon eux, les régulateurs devraient laisser la concurrence
équilibrer les prix dans leur secteur d'activité.

RECOMMANDATIONS
Afin de contribuer à la réduction du coût du crédit et de la cherté des produits et
services des EMF, et de mettre en place un cadre réglementaire équitable et
garantissant une meilleure protection des consommateurs, il est recommandé :
1. de soumettre les EMF de 2ème catégorie à la réglementation en vigueur sur les
conditions de banque et sur le Service Bancaire Minimum Garanti ;
2. de procéder au déploiement de l’applicatif sur le TEG et le Taux d’Usure
développé par le CNC, et dans ce cadre, à la sensibilisation des EMF au sujet
de la réglementation sous régionale y relative ;
3. d’élaborer au sein du CNC et soumettre à la signature du Ministre des
Finances :
un projet de texte fixant les normes en matière d’affichage des tarifs
dans les secteurs bancaire et de la microfinance au Cameroun (police
des caractères, disposition des affiches en agences, terminologie,
etc.) ;
un projet de texte fixant les conditions de délivrance des attestations de
non redevance aux clients des EMF et des établissements de crédit,

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notamment les frais ou commissions y relatifs, afin d’accroitre la
mobilité financière des clients et renforcer la concurrence.
4. de renforcer l’infrastructure technique du secteur de la microfinance au
Cameroun en procédant :
à l’exploitation de la centrale des risques des EMF développée par le
CNC ;
au renforcement de l’efficacité de la centrale des risques par le
développement d’un modèle de scoring permettant de définir les
probabilités de défaut des clients et de réduire le coût des risques des
EMF (provisions pour créances douteuses), à l’instar du système de
cotation du FIBANE ;
à la conception et à la mise en place d’un mécanisme national de
refinancement de la microfinance, à l’instar du fonds national de la
Microfinance (FNM) du Bénin ;
à la modernisation des systèmes de paiement des EMF.
5. à la mise en place d’un cadre réglementaire spécifique sur les conditions
tarifaires des produits innovants des établissements de microfinance et de
crédit (monétique, affacturage, crédit-bail, etc.) ;
6. à l’institution d’une enquête annuelle du CNC sur la tarification des services
des établissements assujettis, qui combinerait dans un souci d’efficacité
l’enquête sur la tarification des services des EMF et la vérification des
conditions de banque, afin de cerner les principales problématiques en
matière de tarification et de protection des consommateurs dans le secteur
financier du Cameroun, et d’y apporter de manière rapide et globale, les
réponses réglementaires nécessaires.

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