Les Registres Littéraires
Les Registres Littéraires
Les Registres Littéraires
situations souvent
injustes (violence, exclamations qui
maladie, mort). mettent en valeur
l’émotion ;
Apostrophes
impliquant le
destinataire.
Provoque le rire et la Il s’agit de critiquer un Exagérations ;
réflexion. défaut, un comportement Portrait dépréciatif ;
Satirique
en se moquant. Comparaisons et
métaphores
dévalorisantes ;
Ironie : antiphrases ;
Questions rhétoriques.
Fait réfléchir le Ce registre est celui du Questions rhétoriques ;
Exclamations ;
Polémique
Modalisateurs et
hésitation entre une pas si ce qu’il perçoit est interrogations
interprétation vrai ou non. exprimant le doute ;
rationnelle et une Personnification des
interprétation objets ou métaphores
surnaturelle qui créent une
d’événements atmosphère irréelle.
étranges
Le lecteur est ému, Expression souvent Première personne du
partage les émotions poétique des sentiments singulier ;
exprimées. personnels (joie, Lexique des
regrets…). sentiments ;
Lyrique
Epidictique
admiration. ou le blâme de mélioratifs, superlatifs.
quelqu’un. Pour le blâme :
chercher si le texte est
polémique ou satirique.
Extrait 1 :
Ô amour, ô pensées, ô désirs pleins de flamme,
Une dame, un objet, un brasier que je sens
Me blesse, me nourrit, conduit mes jeunes ans
À la mort, aux douleurs, au profond d’une lame.
Étienne Durand, Méditations, 1611.
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Extrait 2 :
L’invention de la locomotive
« Un chemin creux s'enfonçait. Tout disparut. L'homme avait à droite une
palissade, quelque mur de grosses planches fermant une voie ferrée ; tandis qu'un
talus d'herbe s'élevait à gauche, surmonté de pignons confus, d'une vision de
village aux toitures basses et uniformes. Il fit environ deux cents pas.
Brusquement, à un coude du chemin, les feux reparurent près de lui, sans qu'il
comprit davantage comment ils brûlaient si haut dans le ciel mort, pareils à des
lunes fumeuses. Mais, au ras du sol, un autre spectacle venait de l'arrêter. C'était
une masse lourde, un tas écrasé de constructions, d'où se dressait la silhouette
d'une cheminée d'usine ; de rares lueurs sortaient des fenêtres encrassées, cinq ou
six lanternes tristes étaient pendues dehors, à des charpentes dont les bois noircis
alignaient vaguement des profils de tréteaux gigantesques ; et, de cette apparition
fantastique, noyée de nuit et de fumée, une seule voix montait, la respiration
grosse et longue d'un échappement de vapeur, qu'on ne voyait point. »
« Ce journal de mes souffrances, heure par heure, minute par minute, supplice
par supplice, si j'ai la force de le mener jusqu'au moment où il me sera
physiquement impossible de continuer, cette histoire, nécessairement inachevée,
mais aussi complète que possible, de mes sensations, ne portera-t-elle point avec
elle un grand et profond enseignement ? N'y aura-t-il pas dans ce procès−verbal
de la pensée agonisante, dans cette progression toujours croissante de douleurs,
dans cette espèce d'autopsie intellectuelle d'un condamné, plus d'une leçon pour
ceux qui condamnent ? Peut-être cette lecture leur rendra-t-elle la main moins
légère, quand il s'agira quelque autre fois de jeter une tête qui pense, une tête
d'homme, dans ce qu'ils appellent la balance de la justice ? Peut-être n'ont-ils
jamais réfléchi, les malheureux, à cette lente succession de tortures que renferme
la formule expéditive d'un arrêt de mort ? Se sont-ils jamais seulement arrêtés à
cette idée poignante que dans l'homme qu'ils retranchent il y a une intelligence ;
une intelligence qui avait compté sur la vie, une âme qui ne s'est point disposée
pour la mort ? Non. Ils ne voient dans tout cela que la chute verticale d'un couteau
triangulaire, et pensent sans doute que pour le condamné il n'y a rien avant, rien
après. »
Victor Hugo, Le Dernier jour d’un condamné, 1829.
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Extrait 4 :
Le massacre des prétendants
« Ulysse tire sa première flèche. Cette dernière atteint à la gorge Antinoos, qui
s'effondre immédiatement. Ulysse révèle ensuite sa véritable identité. C'est alors
qu’Eurymaque supplie Ulysse de l'épargner en échange de nombreux présents.
Mais l'Ingénieux ne cède pas. En effet les prétendants ont commis le délit de
démesure, qui ne peut être pardonné. Ulysse, avec l'aide de son noble fils
Télémaque, du brave porcher Eumée et du fidèle chevrier Euphilétos châtie tour
à tour les malheureux prétendants. Sur l'injonction de Télémaque, Ulysse épargne
l'aède Phémios et un serviteur du palais. Par cet acte, il se démarque d'Egisthe.
Mélanthès est capturé. Il subit ensuite le pire des châtiments : on l'émascule, lui
sectionne les membres, puis on jette ses restes aux chiens. Après cet épisode
sanglant, Euryclée dénonce les douze servantes qui ont trahi Ithaque. Elles seront
pendues après avoir été forcées de nettoyer les traces du massacre. »
Homère, L’Odyssée, Chant XXII.
Extrait 5 : (Deux registres à relever)
« Roland, dont le vieux long-courrier flattait la manie nautique, riait de tout son
cœur, la face déjà rouge et l'œil troublé par l'absinthe. Il avait un gros ventre de
boutiquier, rien qu'un ventre où semblait réfugié le reste de son corps, un de ces
ventres mous d'hommes toujours assis qui n'ont plus ni cuisses, ni poitrine, ni bras,
ni cou, le fond de leur chaise ayant tassé toute leur matière au même endroit.
Beausire, au contraire, bien que court et gros, semblait plein comme un œuf et dur
comme une balle. Mme Roland n'avait point vidé son premier verre, et, rose de
bonheur, le regard brillant, elle contemplait son fils Jean. »
Guy de Maupassant, Pierre et Jean, 1888.
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Extrait 6 :
Je m'agite, je cours, languissante, abattue ;
La force m'abandonne, et le repos me tue.
Phénice ne vient point ? Ah ! Que cette longueur
D'un présage funeste épouvante mon cœur !
Jean Racine, Bérénice, 1670.
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Extrait 7 :
La tour Eiffel
« Nous venons, écrivains, peintres, sculpteurs, architectes, amateurs passionnés
de la beauté jusqu’ici intacte de Paris, protester de toutes nos forces, de toute notre
indignation, au nom du goût français méconnu, au nom de l’art et de l’histoire
française menacés, contre l’érection, en plein cœur de notre capitale, de l’inutile
et monstrueuse tour Eiffel […].
La ville de Paris va-t-elle donc s’associer plus longtemps aux baroques, aux
mercantiles imaginations d’un constructeur de machines, pour s’enlaidir
irréparablement et se déshonorer ?
Car la tour Eiffel, dont la commerciale Amérique ne voudrait pas, c’est, n’en
doutez pas, le déshonneur de Paris ! Chacun le sait, chacun le dit, chacun s’en
afflige profondément, et nous ne sommes qu’un faible écho de l’opinion
universelle et légitimement alarmée. »
« Protestation des artistes contre la Tour Eiffel »,
lettre publiée dans Le Temps du 14 février 1887.