Frise 1715-1789

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1er septembre 1715 Mort du Roi-Soleil

Le 26 août 1715, Louis XIV, qui se plaignait d’une douleur à la jambe, ne peut plus se lever. Fagon, premier médecin
du roi, avait diagnostiqué une sciatique, mais il s’agit d’une gangrène. Conscient de sa fin proche, le roi se confesse et
reçoit l’extrême-onction. Il fait ses adieux à la cour, qui défile en sa chambre, convoque le petit dauphin qui n’a que
4 ans, auquel il prodigue quelques conseils, lui recommandant de soulager la misère de son peuple et d’éviter la guerre
qui est la cause de sa ruine. « Je m’en vais, mais l’État demeurera toujours. » Le roi tombe dans le coma le 30 août et
meurt le 1er septembre au matin. Celui qui avait pris le soleil pour emblème, parce qu’il est l’astre qui donne vie à
toute chose, s’éteint après un règne de soixante-douze ans, dont cinquante-quatre de pouvoir absolu. Sa succession est
délicate. Jusqu’en 1710, il y avait encore plusieurs héritiers légitimes, tous prénommés Louis, pour assurer la
continuité de la dynastie. Une succession de décès, qui débute avec la mort du grand dauphin en 1711, a fauché cette
descendance. Il ne reste que deux survivants : un petit-fils, Philippe, qui a renoncé à ses droits au trône de France
lorsqu’il est devenu roi d’Espagne en 1700, et un arrière-petit-fils, le futur Louis XV.
2 septembre 1715 Le Régent s’attribue les pleins pouvoirs

Louis XIV avait prévu dans son testament un Conseil de régence pour assister et contrôler son neveu, Philippe
d’Orléans. Fort de l’appui du Parlement qui voit là l’occasion de retrouver un rôle politique, le Régent fait reconnaître
le 2 septembre 1715, le lendemain même de la mort du roi, son plein droit à la régence. Sans annuler ouvertement le
testament royal, il compose le Conseil de régence à sa dévotion. Le duc du Maine, bâtard légitime et très aimé de
Louis XIV, qui devait avoir le monopole de l’éducation du jeune Louis XV et était considéré comme apte à succéder à
la Couronne, est écarté. Un lit de justice entérine cette décision le 12 septembre. Pour satisfaire les grands seigneurs
écartés du pouvoir par Louis XIV, le Régent supprime les ministres et les remplace par sept conseils, sous le nom de
« polysynodie ». Ce système de gouvernement va se trouver aussitôt entravé par des querelles de préséance et un
manque de technique dans la gestion des affaires de l’État.
Août 1720 La banqueroute de Law

Le Régent hérite d’un important déficit budgétaire et d’une lourde dette, dont il confie la gestion à l’économiste
écossais John Law. Une banque de dépôt et d’escompte est fondée à son initiative en 1716, qui émet du papier-
monnaie et échange l’or des déposants contre des billets. L’or en dépôt sert au paiement de la dette de l’État, tandis que
l’émission des billets relance l’économie. La banque travaille en association avec la Compagnie des Indes orientales,
qui a le monopole du commerce maritime et colonial et exploite les mines de métaux précieux du Nouveau Monde, ce
qui garantit la convertibilité des billets en or. L’expérience semble devoir réussir, et Law se voit même promu
contrôleur général des Finances le 5 janvier 1720. Cependant, le « système de Law » est victime de son succès du fait
de la spéculation sur les actions de la compagnie, qui s’échangent à plus de vingt fois leur valeur nominale. L’émission
des billets a tôt fait de dépasser l’encaisse or. Par ailleurs, Law s’est attiré dès le début l’hostilité du Conseil de
régence, dont les principaux membres créent la panique au début de 1720 en échangeant massivement et
spectaculairement leurs billets et leurs actions. Une panique grandissante s’ensuit, au cours de laquelle chaque porteur
veut retrouver son or. La banqueroute est inévitable. Elle est annoncée par arrêt du Conseil le 10 octobre 1720, et Law
doit s’enfuir. Il vient de ruiner pour longtemps le crédit et le papier-monnaie, pourtant indispensables au
développement économique du pays.
14 septembre 1720 La peste de Marseille est vaincue « de par le Roi »

Au printemps 1720, un navire marchand, le Grand-Saint-Antoine, apporte la peste à Marseille. La dernière épidémie
date de 1629, et chacun considère que la terrible maladie appartient à un passé révolu. Aussi les premières mesures de
quarantaine sont-elles tout à fait insuffisantes. D’autant qu’on ignore encore le rôle vecteur de la puce. Au cours de
l’été, l’épidémie se propage dans la ville à une vitesse effrayante. Trente mille habitants périssent sur les 90 000 que
compte Marseille. Les cadavres, revêtus d’un linceul de fortune, sont abandonnés dans les rues. Quand Versailles
décrète le blocus de Marseille, il est déjà trop tard. La peste a commencé à se répandre alentour. Pour préserver le
royaume, tout entier menacé, le Conseil d’État du roi décide, le 14 septembre 1720, de mettre toute la Provence en
stricte quarantaine. Sept régiments sont dépêchés par Versailles pour garder militairement la frontière ainsi déterminée,
empêchant quiconque d’entrer ou de sortir. On va jusqu’à construire des « murs de la peste ». L’épidémie ne s’éteindra
que lentement en tuant en Provence entre 90 000 et 120 000 personnes (sur un total de 400 000 habitants). Toutefois,
elle ne franchira pas les limites de la province. La dernière grande peste en France a porté un terrible coup.
2 décembre 1723 Mort du Régent

Philippe d’Orléans est emporté par une attaque d’apoplexie le 2 décembre 1723, à l’âge de 49 ans. Le 16 février de la
même année, Louis XV a été déclaré majeur après avoir été sacré à Reims, mais il n’a que 13 ans. Le jeune roi accède
à la demande du duc de Bourbon, qui brigue la fonction de principal ministre, après avoir pris l’avis de Fleury, évêque
de Fréjus, son précepteur et aumônier, qu’il vient de faire entrer au Conseil du roi. Pris de court, Fleury ne s’est pas
opposé à une telle nomination, mais il attend son heure, sachant quelle grande influence il a sur son royal élève. La
première régence qui s’achève ainsi a été marquée par le retour de la cour et du roi à Paris. Le Palais-Royal a réagi
contre l’austérité de la fin de règne du Roi-Soleil en donnant de nombreuses fêtes. Le Régent y gagne une réputation de
libertin insouciant, voire de débauché, notamment sous l’influence de l’abbé Dubois, son ancien précepteur, nommé
cardinal en 1721 alors qu’il n’était pas prêtre (il n’avait reçu que la simple tonsure).
29 janvier 1743 Mort du cardinal de Fleury
Après la disgrâce du Duc de Bourbon en juin 1726, Louis XV a déclaré au Conseil d’en haut qu’il gouvernerait lui-
même mais assisté de Fleury, qui devient de fait principal ministre même si le titre est supprimé. Fleury a alors 73 ans.
Cardinal la même année à la demande du roi, il gouverne pendant dix-sept ans avec prudence et souplesse. Voltaire dit
de lui qu’il « fut simple et économe en tout, sans jamais se démentir ». Il reconstruit l’économie du pays, fait preuve de
tolérance vis-à-vis des protestants, tente de s’accommoder des jansénistes. Pacifiste, il rétablit en 1729 l’amitié franco-
espagnole, mais doit accepter la guerre de Succession de Pologne (1733-1738) et l’entrée en guerre de la France contre
l’Autriche en 1740. Il meurt le 29 janvier 1743, à 89 ans, paradoxalement impopulaire. Louis XV déclare qu’il
gouvernera désormais seul, assisté du Conseil d’en haut.
5 janvier 1757 L’attentat de Damiens

Le 5 janvier 1757, par un froid glacial, Louis XV monte dans son carrosse lorsqu’un homme, bousculant son
entourage, le frappe d’un coup de couteau. La blessure n’est que légère. Son auteur, Robert-François Damiens, un
domestique sans emploi de 42 ans, dira qu’il n’a pas voulu tuer le roi, mais lui donner un avertissement. On cherche
des complices, mais on n’en trouve pas. Tout au long du procès, la polémique fait rage entre le parti des dévots et celui
des jansénistes, chacun accusant l’autre d’avoir armé le bras du régicide. Le crime est cependant trop grand pour qu’on
se pose la question de la folie. Le 28 mars 1757, à l’énoncé de sa condamnation à mort et du supplice atroce qui
l’attend, en tout point semblable à celui qu’a subi Ravaillac, Damiens déclare : « La journée sera rude. »
8 mars 1759 La révocation du privilège de l’Encyclopédie

À l’origine, l’Encyclopédie ne devait être que la traduction en français de la Cyclopaedia britannique parue à Londres
en 1728. À partir d’octobre 1747, Diderot, écrivain et philosophe, alors âgé de 34 ans, et d’Alembert,
30 ans, mathématicien, physicien et philosophe, entreprennent de faire œuvre originale en publiant une Encyclopédie
ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Son propos, tel que le souligne son discours
préliminaire, n’est rien de moins que de dresser « le tableau général des efforts de l’esprit humain dans tous les genres
et dans tous les siècles ». Les deux premiers volumes paraissent en 1751. Après quatre nouveaux volumes, le septième
provoque une violente polémique contre le « parti philosophique ». Le 23 janvier 1759, le procureur royal réclame
l’interdiction de l’Encyclopédie : « À l’ombre d’un dictionnaire, on y a fait entrer une compilation alphabétique de
toutes les absurdités, de toutes les impiétés… ». Le 8 mars 1759, le Parlement révoque le privilège de l’Encyclopédie,
c’est-à-dire l’autorisation d’imprimer. Grâce à son immense succès, l’aventure ne va pas moins se poursuivre avec la
collaboration de deux cents à deux cent cinquante auteurs, dont les plus grands écrivains du temps (Voltaire,
Rousseau). Vingt-huit volumes grand in-folio paraissent en tout jusqu’en 1772.
10 février 1763 Le traité de Paris met fin à la guerre de Sept Ans

La rivalité entre la France et l’Angleterre s’intensifie au point qu’en 1756 la guerre, devenue inévitable, éclate après
qu’en juin 1755, sans déclaration de guerre, les Anglais se sont saisis de plus de trois cents navires français.
L’Angleterre s’allie à la Prusse, et la France à l’Autriche, puis à la Russie, la Suède et la Saxe. Pendant que la France
livre bataille sur le continent, les Anglais font la conquête des colonies françaises. Privés de la plupart de leurs navires,
les Français ne peuvent envoyer des renforts. Québec tombe en 1759, et Montréal l’année suivante. En Inde, les
Français capitulent à Pondichéry en 1761. Signé le 10 février 1763, le traité de Paris met fin à la guerre de Sept Ans.
La France doit abandonner toutes ses possessions aux Indes (sauf cinq comptoirs), au Canada et sur la rive gauche du
Mississippi. Elle conserve néanmoins les Antilles, précieuses pour leur canne à sucre, leur cacao, leurs épices.
L’humiliation de la France n’en est pas moins profonde. Tant sur le plan des pertes humaines que sur celui des
dépenses, le bilan est catastrophique pour tous les pays belligérants.
22 janvier 1771 Maupeou démembre le parlement de Paris

Louis XV, souvent considéré comme un roi sans volonté, mène avec une grande fermeté le combat contre les
parlements en révolte. Dès 1732, le cardinal de Fleury a exilé par lettres de cachet un lot impressionnant de cent trente-
neuf conseillers du parlement de Paris qui protestaient contre la diminution de leurs pouvoirs. De courts
emprisonnements à la Bastille ont suivi en 1757, en 1763 et en 1765. La lutte culmine en 1770, quand le parlement de
Paris prétend se mettre en grève à la suite d’une nouvelle querelle. Le roi et son chancelier Maupeou ripostent par un
« coup de majesté ». Le 22 février 1771, cent trente magistrats sont exilés, et un édit supprime le parlement de Paris.
La suppression de la vénalité des charges met fin à l’hérédité de la fonction. Désormais, les magistrats sont désignés
pour leurs compétences, appointés et révocables. Cette révolution judiciaire est aussi politique et sociale. Elle permet la
mise en place du vingtième, nouvel impôt qui frappe tous les revenus et dont la recette réduit considérablement le
déficit budgétaire. Trois ans plus tard, ce véritable coup d’État, prélude à l’indispensable réforme du royaume, va être
annulé par Louis XVI qui, quelques mois après son avènement, rappellera les parlementaires exilés et rétablira
l’ancienne juridiction.
10 mai 1774 Mort de Louis XV

Le 29 avril 1774, le mal qui depuis quelques jours atteint le roi est diagnostiqué : il s’agit de la « petite vérole »
(variole). Louis XV meurt le 10 mai à l’âge de 64 ans. Son manque de fermeté politique, ses hésitations entre le parti
philosophique qui réclame des réformes et le parti dévot qui les refuse systématiquement, le train de vie dispendieux de
la cour, l’influence de Madame de Pompadour qui a fait et défait les ministres, l’accession tardive de Jeanne Bécu,
promue comtesse du Barry, au rang de principale favorite, ont eu raison de sa popularité. De « Bien-Aimé », Louis XV
est devenu après cinquante-neuf années de règne le « Mal-Aimé ». Le duc de Berry, son petit-fils, lui succède sous le
nom de Louis XVI. Il est âgé de 20 ans et a épousé en 1770 Marie-Antoinette d’Autriche-Lorraine, qui en a 19. Ni l’un
ni l’autre ne sont préparés à régner. Sur le conseil de ses tantes, filles de Louis XV, le nouveau roi fait appel au vieux
comte de Maurepas, ancien ministre disgracié, resté pendant plus de vingt ans à l’écart des affaires.
Avril-Mai 1775 La guerre des farines

En août 1774, Louis XVI, désireux d’assurer le clan des philosophes de son ouverture d’esprit, nomme l’un des leurs,
Turgot, au poste de contrôleur général des Finances. Physiocrate convaincu, celui-ci fait passer l’édit du
13 septembre 1774 qui établit la liberté de la circulation et du commerce des grains et des farines à l’intérieur du
royaume. La récolte de l’été est malheureusement mauvaise et les réserves s’épuisent au fil de l’hiver. Au printemps
1775, la faiblesse des stocks pousse à la rétention les spéculateurs, qui profitent de l’absence d’un tarif réglementaire
pour faire flamber les prix. Les pauvres ne peuvent plus acheter de pain, et l’agitation populaire dégénère en avril
1775. C’est la « guerre des farines », se traduisant par de violentes émeutes qui secouent le royaume. Pour y mettre un
terme, le roi est contraint d’user de la force : deux condamnations à mort pour l’exemple à Paris. Finalement, Turgot
doit revenir sur sa mesure en rétablissant le prix imposé du grain. Le principe de libéralisation des prix s’en trouve
discrédité, et le ministre affaibli. C’est la première défaite politique du libéralisme en France.
12 mai 1776 La chute de Turgot

En janvier 1776, Turgot présente au Conseil du roi un premier volet de réformes. La corvée royale (obligation de
travailler gratuitement à l’entretien des « grands chemins »), qui pèse sur les seuls paysans, doit être abolie et
remplacée par un travail de voierie payé par un impôt pesant sur tous les propriétaires fonciers, privilégiés ou non. La
liberté du travail est proclamée, ce qui équivaut à mettre un terme aux corporations de métiers qui sont un obstacle à
l’innovation. Le roi soutient son ministre et impose l’enregistrement des édits par lit de justice du 12 mars. Turgot tente
d’aller plus loin en envisageant l’établissement d’un cadastre, base d’un impôt foncier équitable, en proposant que les
paysans rachètent les droits seigneuriaux qui pèsent sur eux. Il est convaincu qu’il faut réformer la fiscalité et répartir
l’impôt entre tous. Ses propositions dressent contre lui la cour et les privilégiés qui font pression sur le roi. Celui-ci
renvoie son ministre le 12 mai 1776 et rétablit les corvées et les corporations de métiers. L’actif du bilan de Turgot se
solde pourtant par une réduction de la dette de 20 % et un excédent de recettes de 5 millions.
19 mai 1781 La démission du ministre Necker

En octobre 1776, Louis XVI fait appel à Necker, un riche banquier genevois. Celui-ci emprunte en sept fois, de 1776 à
1781, 530 millions de livres à des taux prohibitifs, en creusant le gouffre de la dette publique. Acculé aux économies,
celui qui n’a pas le titre de contrôleur général des Finances du fait qu’il est étranger et protestant, a commencé à rogner
sur les budgets des ministères et voudrait en faire autant sur les dépenses de la cour. Il revient à certaines idées de
Turgot, jugeant que les impôts directs sont mal répartis. En janvier 1781, il veut frapper un grand coup en publiant
un Compte rendu au Roi où, pour la première fois, est publié le détail des dépenses et des recettes du Trésor. Le public
s’arrache l’opuscule, qui se vend à 100 000 exemplaires en quelques jours. On n’y voit qu’une chose : les dépenses de
la cour. Le 19 mai 1781, Necker qui, dans son Compte rendu, a invoqué l’opinion publique, est contraint à la
démission.
3 septembre 1783 Le traité de Versailles

Après que le 4 juillet 1776, les colonies britanniques d’Amérique du Nord ont signé une déclaration d’indépendance et
sont entrées en rébellion contre leur métropole, la France, que le règlement de la guerre de Sept Ans avait laissée amère
et avide de revanche, a apporté d’abord un soutien aux Insurgents américains. Des volontaires français se sont enrôlés,
avec parmi eux le jeune marquis de La Fayette. Après la victoire des Insurgents à Saratoga en octobre 1777, la France
entre officiellement en guerre au début de 1778, apportant aux Américains une aide diplomatique, maritime et
militaire. Elle entraîne, en outre, l’Espagne dans la guerre. La défaite britannique de Yorktown, en octobre 1781,
conduit à des préliminaires de paix qui aboutissent, le 3 septembre 1783, au traité de Versailles entre la France et
l’Angleterre. L’indépendance des États-Unis est reconnue, mais la guerre a coûté cher à la France. Le déficit est
chronique, et le royaume vit à crédit, sous le poids d’une dette énorme.
31 mai 1786 L’épilogue de l’affaire du Collier
Au cours de l’été 1784, le naïf cardinal et prince de Rohan, grand aumônier de France, est l’agent involontaire d’une
escroquerie visant à faire acheter, soi-disant à la reine, un collier de diamants au prix faramineux (1 600 000 livres).
Les voleurs disparaissent tandis que le cardinal est arrêté le 15 août 1785, en habits sacerdotaux, alors qu’il s’apprête à
dire la messe de l’Assomption dans la chapelle de Versailles. Une lettre de cachet l’envoie à la Bastille, mais
Louis XVI entend le faire juger par le Parlement. Le petit peuple, qui va s’asseoir au bord des fossés de la Bastille,
chansonne : « Le Saint-Père l’avait rougi, /le Roi, la Reine, l’ont noirci, /le Parlement le blanchira. » Et, de fait, le
cardinal est déchargé d’accusation le 31 mai 1786, sans même la mise « hors de cour » qui impliquerait une nuance de
blâme. Cet acquittement est un affront pour Marie-Antoinette. En réponse, le roi, par une seconde lettre de cachet,
exile le cardinal dans son abbaye de La Chaise-Dieu en Auvergne. On crie à la tyrannie, et l’hostilité à la reine se fait
plus vive que jamais.
Mai-Août 1787 La révolte parlementaire

Calonne, contrôleur général des Finances depuis novembre 1783, propose en 1787 d’audacieuses réformes pour
réduire le déficit financier et moderniser l’administration du royaume. Anticipant l’opposition du Parlement, il réunit
une assemblée des notables, qui se tient à Versailles du 22 février au 25 mai 1787. Composée de privilégiés dans sa
quasi-totalité, elle ne manque pas de rejeter le projet d’une subvention territoriale payable par tous. Elle obtient de
surcroît le renvoi de Calonne, qui est remplacé par Loménie de Brienne. Toujours hostile et réfractaire, l’assemblée des
notables est dissoute, mais lorsque, le 12 juillet, l’édit portant création de la subvention territoriale est présenté, les
parlementaires refusent de l’enregistrer. Sourds à tout argument, ils avancent que seuls des états généraux (qui n’ont
pas été convoqués depuis 1614) ont pouvoir de décider et de voter de nouveaux impôts. Le 6 août 1787, le blocage de
la situation contraint Louis XVI à tenir un lit de justice au cours duquel il procède à l’enregistrement forcé. Le
Parlement, qui prononce aussitôt la nullité de l’édit, est d’abord exilé à Troyes, mais, devant le mécontentement
général, le roi cède. Il renonce à la subvention territoriale et rappelle les parlementaires.
7 juin 1788 La journée des Tuiles

Quand le garde des sceaux Lamoignon tente en mai 1788 de briser l’opposition parlementaire par la création de
nouvelles juridictions, c’est trop tard. Les parlements de province entrent en révolte ouverte, fédérant autour d’eux tous
les mécontents. À Pau, à Toulouse, à Dijon, la foule prend leur défense. Rennes est en proie à deux jours d’émeute, les
9 et 10 mai. À Grenoble, on réintègre de force les parlementaires frappés d’exil dans le palais de justice. Le 7 juin,
lorsque l’armée intervient pour les en déloger, les émeutiers font pleuvoir sur les soldats les tuiles des toits. Le calme
ne revient que lorsque le duc de Clermont-Tonnerre, commandant militaire du Dauphiné, donne l’ordre à ses troupes
de se retirer. Cette « journée des Tuiles » ne reste pas sans lendemain. Le 21 juillet, dans le château de Vizille, au sud
de Grenoble, une assemblée de 276 membres du tiers état, 165 nobles et 50 ecclésiastiques du Dauphiné réclame la
réunion des états généraux, qui sont invoqués comme seuls aptes à « lutter contre le despotisme des ministres et mettre
un terme aux déprédations des finances ».
8 août 1788 La convocation des états généraux

Le 5 août 1788, Brienne promet la réunion des états généraux et, trois jours plus tard, les convoque pour le 1er mai
1789. Les caisses sont vides. Le 16 août, le Trésor suspend ses paiements. Le roi et ses conseillers ne voient dans les
états généraux qu’une nouvelle assemblée formelle et solennelle qui permettra à la Couronne de sortir de la
banqueroute. L’annonce des états généraux pose la question de ses formes. Le 21 septembre, le parlement de Paris et
plusieurs parlements de province, qui se souviennent soudain qu’ils font partie des privilégiés, proposent que les états
généraux soient convoqués « dans les formes de 1614 », c’est-à-dire en trois chambres séparées qui voteront par ordre.
Tout espoir de réforme se trouverait alors anéanti, et les parlements perdent d’un seul coup leur popularité auprès des
« patriotes », dits encore « parti national », qui réclament une assemblée unique, le doublement des députés du Tiers et
le vote par tête.

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