GABAC MER Gabon 2023 Fre - Pdf.coredownload
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Ocean Atlantique
TABLES DES MATIERES
AUSCGIE : Acte Uniforme sur les Sociétés Commerciales et les Groupements d’Intérêt
Economique
AV : Actifs Virtuels
BC : Blanchiment de Capitaux
BE : Bénéficiaire Effectif
C: Conforme
CP : Code Pénal
FP : Financement de la Prolifération
FT : Financement du Terrorisme
LC : Largement Conforme
MINJU : Ministère de la Justice, Garde des Sceaux, Chargé des Droits de l'Homme et de
l'Égalité des Genres
NC : Non Conforme
PC : Partiellement Conforme
R : Recommandation
RI : Résultat Immédiat
SA : Société Anonyme
A. CONCLUSIONS GENERALES
a) Globalement le Gabon a démontré un niveau faible de compréhension des risques de
BC et de FT. Le Comité de Coordination des Politiques Nationales de Lutte contre le
Blanchiment des Capitaux, le Financement du Terrorisme et de la Prolifération de
création récente n’est pas encore opérationnel. L’approche informelle de coordination
menée par l’ANIF à travers son réseau de correspondants auprès de certaines
administrations publiques n’est pas en pratique productive. De manière générale, en
l’absence des résultats de l’ENR, encore en cours, les politiques de LBC/FT menées ne
reflètent pas adéquatement l’ampleur des risques du pays.
b) Les autorités compétentes n’utilisent pas de façon optimale les renseignements
financiers et autres informations pertinentes auxquels ils ont accès en vue de recueillir
les preuves et tracer les produits du BC, des infractions sous-jacentes associées et du
FT. L’ANIF du Gabon produit des renseignements financiers sur la base des DOS
qu’elle reçoit de certains assujettis, principalement des banques. Mais leur
dissémination est limitée aux autorités judiciaires. Les renseignements financiers
produits par les autres autorités compétentes, notamment la Douane et l’Administration
fiscale ne sont pas disséminés, ni utilisés par elles dans le cadre de la LBC/FT.
c) Le budget alloué l’ANIF du Gabon n’est pas toujours entièrement libéré. Ce qui ne
permet pas de répondre aux multiples besoins de cette CRF qui éprouve d’énormes
difficultés d’accès à internet et ne dispose pas d’un système informatique sécurisé, ni
d’un nombre suffisant d’analystes.
d) Il n’existe pas de politique pénale bien définie au niveau national, ni de stratégie
d’ensemble des autorités d’enquêtes et de poursuite pour accorder la priorité aux
enquêtes pour BC. Les principales infractions sous-jacentes à risque font, dans une
certaine mesure, l’objet d’enquêtes et de poursuite. Cependant, quoiqu’en lien avec
certaines menaces identifiées, le recours aux enquêtes financières parallèles est
inexistant et le nombre de cas de BC détectés et poursuivis est insignifiant (deux
condamnations non définitives) ; ce qui contraste avec l’ampleur des risques du pays.
L’équipe d’évaluation note une insuffisance de ressources humaines qualifiées et de
moyens logistiques, un déficit de formation des acteurs de la chaine pénale dans le
domaine de la LBC.
e) Dans le cadre de la poursuite des infractions sous-jacentes au BC, les autorités
procèdent, dans une certaine mesure à la saisie et à la confiscation des produits et
instruments du crime. Cependant, en matière de BC/FT, le Gabon ne fait pas de la
confiscation du produit et des instruments du crime, y compris des biens d’une valeur
6. Relativement à la conformité technique, le Gabon dispose d’un cadre juridique qui a connu
des améliorations significatives, depuis son évaluation du premier cycle, pour se conformer
aux normes internationales de LBC/FT, notamment les Recommandations du GAFI. Le pays
applique depuis 2016 le nouveau Règlement CEMAC de LBC/FT et, en 2020 il a adopté un
Nouveau code pénal et un nouveau code de procédure pénale qui a institué au sein des
Juridictions de Libreville, des formations spécialisées en charge des poursuites et du jugement
des infractions de BC et de FT et de la quasi-totalité d’infractions sous-jacentes au BC.
Néanmoins, des lacunes importantes sont encore constatées dans certains domaines, en
particulier les obligations relatives à l’évaluation des risques et l’application d’une approche
fondée sur les risques, les obligations relatives au SFC liées au terrorisme, au FT et au FP, les
Évaluation des risques et politiques et coordination nationales en matière de LBC/FT (Chapitre 2 – RI.1 ;
R.1, R.2, R.33)
10. La Douane Gabonaise collecte des informations sur le transport physique transfrontalier
d’espèces et d’Instruments Négociables au Porteur (INP). Elle dispose des données sur les
saisies des stupéfiants, des espèces rares et protégées, de la contrefaçon des médicaments etc.
Aucune de ces données n’est échangée avec les autres autorités compétentes, encore moins
utilisée dans le cadre de la lutte contre le blanchiment ou de financement du terrorisme. La
Douane ne transmet pas à l’ANIF les déclarations relatives au transport physique
transfrontalier d’espèces et autres Instruments Négociables au Porteur.
Enquêtes et poursuites de BC
11. Le Gabon a mis en place des structures d’enquêtes et de répression compétentes pour
lutter contre le BC. Toutefois, il n’existe pas, de politique pénale bien définie au niveau
13. Deux condamnations pour blanchiment de capitaux (non encore définitives) ont été
produites comportant des condamnations inférieures au minimum prescrit par le Règlement
CEMAC du 11 avril 2016. En conséquence, ces peines ne sont ni efficaces, proportionnées et
encore moins dissuasives. En outre, les mesures alternatives de justice pénale ne sont pas
mises en œuvre dans la répression du BC.
Confiscations
14. Le Gabon ne fait pas de la confiscation des produits et instruments du crime en matière
de BC/FT, une priorité. Les saisies et les confiscations dans une moindre mesure sont
effectuées dans le cadre de la poursuite des infractions sous-jacentes au BC. En l’absence
d’une autorité ou d’un mécanisme dédié, les biens saisis et confisqués ne sont ni sécurisés, ni
gérés adéquatement.
16. Les autorités chargées des enquêtes et les autorités judiciaires ne sont pas suffisamment
formées et outillées pour mener efficacement des enquêtes sur le FT. Elles sont confrontées au
déficit de ressources matérielles logistiques et de formation adaptées et spécialisées. Le pays
n’a fourni aucune donnée statistique relative aux cas de FT.
SFC en matière de FP
19. Le Gabon n’a pas pris de mesures adéquates permettant la mise en œuvre des sanctions
financières ciblées concernant les RCSNU relatives à la lutte contre le financement de la
prolifération. Le pays n’a pas encore pris de mesures visant à identifier les fonds ou autres
biens des personnes et entités désignées au titre des SFC liées à la prolifération, ni à geler
leurs avoirs. Le pays n’a pas non plus désigné une autorité chargée du gel des avoirs. Aucune
activité de sensibilisation n’a été menée à l’intention des IF et EPNFD pour les informer de
l’interdiction d’entretenir des relations d’affaires avec les pays, les entreprises et les personnes
visées par les Résolutions des Nations Unies en matière de lutte contre la prolifération des
armes de destruction massive.
Mesures préventives (Chapitre 5 – RI.4 ; R.9-23)
20. Le corpus juridique du Gabon contient des dispositions appropriées qui obligent les IF et
les EPNFD à mettre en œuvre des mesures idoines pour gérer et atténuer les risques de BC/FT
auxquels ils sont exposés.
21. De manière générale les banques ont une bonne compréhension de leurs obligations en
matière de LBC/FT et mettent en place, à cet effet, des procédures internes de connaissance
des clients et de suivi de la relation. Elles procèdent à une classification de leurs clients en
fonction des risques. Seulement, cette classification des clients ne découle pas des évaluations
formelles de risques conduites au sein de ces institutions, mais plutôt des connaissances
empiriques ou des dispositions règlementaires sur certaines catégories de clients ou
d’opérations. De ce fait, les mesures de vigilance renforcée mises en place ne permettent pas
une mitigation efficace des risques de BC/FT auxquels ces professionnels sont effectivement
exposés. Les banques entretiennent des relations satisfaisantes avec l’ANIF et sont soumises
aux contrôles de la COBAC en ce qui concerne le respect des mesures règlementaires en
matière de LBC/FT. Toutefois, le nombre de DOS transmises par celles-ci reste faible au
regard du profil de leurs clients et de l’environnement criminogène du Gabon.
22. Pour les autres institutions financières, non bancaires en général, elles ont une
connaissance limitée de leurs obligations en matière de LBC/FT. La gestion de la clientèle sur
la base d’une approche fondée sur les risques n’est pas encore effective au niveau de ces
institutions. Par conséquent, les mesures de mitigation de ces risques sont pour la plupart
insuffisantes et inappropriées.
23. En ce qui concerne les EPNFD, elles ne sont pas, pour la grande majorité, informées ni
sensibilisées sur les risques de BC/FT auxquels leurs activités les exposent, du fait de
24. Pour toutes ces professions, l'identification des bénéficiaires effectifs, l’accessibilité aux
sources d’informations fiables et la non disponibilité des cartes nationales d’identité
constituent des défis majeurs dans la mise en œuvre et l’efficacité des mesures préventives à
implémenter.
25. Enfin, bien que la déclaration à l’ANIF des opérations suspectes soit une obligation
règlementaire, son application par les différentes catégories professionnelles reste encore très
limitée.
Contrôle (Chapitre 6 – RI.3 ; R.26-28, R.34-35)
26. L’ensemble des IF ont des autorités de contrôle de LBC/FT désignées. Ceci n’est pas le
cas pour le secteur des EPNFD où il n’existe pas une autorité de supervision spécifique de
LBC/FT. Les SAV et les PSAV ne sont pas règlementés.
27. Au niveau du secteur financier, la COBAC a une compréhension limitée des risques de
BC/FT auxquels sont exposés les secteurs financiers importants tels les établissements
bancaires, les EMF et le change manuel. Les outils de reporting et de compréhension continue
des risques mis en place par la COBAC ne couvrent pas toutes les obligations de LBC/FT
auxquelles sont soumis les assujettis, et n’abordent que de manière limitée les cinq (05)
domaines d’analyse que sont : la connaissance de la clientèle, la gestion des clients
occasionnels, les obligations de surveillance, les obligations de déclaration, la conformité de
l’organisation et du contrôle interne. Aussi, ces outils de reporting de LBC/FT de la COBAC
sont essentiellement assis sur le Règlement de 2005 qui est aujourd’hui suranné au regard des
normes du GAFI et des évolutions règlementaires au niveau de la CEMAC, qui ont placé sous
la responsabilité de la COBAC, la supervision des prestataires des services de paiement par
téléphonie mobile ou services de paiement dont les activités sont d’importance moyenne au
niveau du Gabon. En outre, les sanctions prononcées dans le cadre de surveillance de la
COBAC sont très insuffisantes et faibles car, elle privilégie encore l’approche pédagogique.
28. Quant aux autres autorités de supervision des IF, notamment (CIMA, DNA, Autorité
Monétaire Nationale), elles ne prennent pas véritablement en compte les problématiques de
LBC/FT dans le cadre de leurs missions. C’est qui justifie une faible maitrise des risques de
BC/FT au niveau des secteurs d’importance moyenne comme les assurances.
29. Enfin, les moyens de contrôle des autorités de supervision des IF sont dans l’ensemble
limités ainsi que les actions de promotion de bonnes pratiques.
32. Toutefois, le Gabon n’a pas démontré d’efforts sur la transparence des BE des personnes
morales et constructions juridiques. Aucun mécanisme spécifique de collecte et de
disponibilité d’informations sur les BE n’est mis en place. Les procédures d’agrément telles
que décrites par les autorités compétentes ne s’intéressent pas de manière particulière aux
bénéficiaires effectifs ou encore aux sources de financement.
33. Le Gabon n’a pas démontré un bon niveau de compréhension des risques de BC/FT
associés aux personnes morales. Le processus d’ENR en cours au moment de la visite sur
place contribuera à certains égards à améliorer cette compréhension.
34. Le Gabon possède un cadre juridique à même de répondre efficacement aux demandes
d’entraide judiciaire et d’extradition. Toutefois, au cours de la visite sur place, aucune donnée
n’a été fournie par l’Autorité centrale pour attester que le pays a sollicité ou octroyé la
coopération internationale en matière d’entraide judiciaire et d’extradition pour infraction de
BC ou FT. Néanmoins, deux cas de demande d’extradition ont été enregistrés en lien avec les
infractions sous-jacentes. En outre, les mécanismes d’établissement des priorités dans le
traitement des dossiers ainsi que de dissémination des demandes d’entraide judiciaire n’ont
pas été formellement décrits. Il n’existe pas de système centralisé d’archivage et de gestion
des dossiers au sein de l’autorité centrale, ce qui ne permet pas de renseigner sur la collecte et
les délais de traitement des demandes.
35. Certaines autorités compétentes telles que la Police nationale à travers le BCN Interpol, la
Douane à travers l’OMD et l’administration des Impôts à travers l’OCDE peuvent échanger
des informations avec leurs homologues étrangers et solliciter des appuis dans le cadre des
enquêtes qu’elles mènent. Toutefois, elles n’ont pu démontrer qu’elles échangent de façon
appropriée et en temps opportun.
e) Renforcer les capacités des autorités d’enquêtes et de poursuite pénales en les dotant des
ressources humaines, financières et logistiques nécessaires et en les formant sur les
techniques d’enquêtes financières de BC/FT, la recherche et l’exploitation du
renseignement, le recours à la coopération internationale, y compris pour l’identification
des produits du crime aux fins de confiscation, afin d’accroître l’usage efficace des
mesures répressives contenues dans les textes communautaires et nationaux en matière
de LBC/FT ;
f) Désigner une autorité chargée de mettre en œuvre les SFC liées au FT et au FP et mettre
en place un mécanisme de dissémination sans délai des listes de sanctions du CSNU aux
assujettis ;
g) Mener des actions appropriées de formation et de sensibilisation afin d’amener les IF et
toutes les EPNFD à mettre en œuvre effectivement leurs obligations légales en matière de
LBC/FT. Ces actions devraient cibler en priorité certaines professions particulièrement
exposées, notamment les agents immobiliers, les notaires, les négociants en métaux et
pierres précieuses et les avocats les invitant à implémenter effectivement les diligences
relatives à la LBC/FT, en ce qui concerne l’identification des clients, l’identification des
donneurs d’ordre et des bénéficiaires effectifs, la connaissance de l’origine des fonds et
valeurs objets de la transaction ;
h) Contraindre les assujettis à implémenter effectivement des mécanismes et procédures
favorisant la souscription systématique des déclarations d’opérations suspectes et leur
transmission à l’ANIF. Ces actions devraient viser en premier lieu les banques, les EMF,
les assujettis des secteurs minier et immobilier, qui sont classés à risque élevé ;
i) Prendre des dispositions règlementaires nécessaires devant permettre l’identification par
tous les assujettis des bénéficiaires effectifs au sens du GAFI. Ces dispositions devraient
être assorties de lignes directrices devant faciliter la compréhension par tous les acteurs
j) Définir un cadre législatif et règlementaire pour encadrer les activités des PSAV,
conformément à la Recommandation 15 du GAFI ;
k) Désigner clairement les autorités compétentes de supervision des EPNFD en matière de
LBC/FT, et allouer des moyens conséquents aux autorités d’agrément pour renforcer les
vérifications liées aux BE et l’origine des fonds ;
l) Renforcer les contrôles du respect de la réglementation à travers, entre autres,
l’organisation des missions conjointes (autorité de surveillance/police), y compris des
descentes inopinées, afin de détecter et lutter efficacement contre l’exercice informel des
activités financières réglementées, en particulier le change manuel, le transfert d’argent,
l’immobilier et le secteur des négociants en pierres et métaux précieux;
m) Encourager les autorités de surveillance et de contrôle de l’ensemble des secteurs les plus
à risque de BC/FT, à appliquer des sanctions efficaces, proportionnées et dissuasives à
l’encontre de ceux qui ne respectent pas leurs obligations en matière de LBC/FT ;
n) Renforcer les capacités des services en charge de la supervision des IF en les dotant
d’outils nécessaires pour l’application d’une approche par les risques tout en multipliant
des formations sur la régulation, la supervision et la mitigation des risques de LBC/FT
liés aux services de paiement et aux activités financières innovantes ou finance
technologique ;
o) Mettre en place un mécanisme d’identification et de collecte d’informations sur les
bénéficiaires effectifs des personnes morales lors de leur création et de la modification de
leurs statuts et veiller à leur mise à jour régulière en dotant l’autorité compétente en
charge de la conservation des informations des pouvoirs de contrôle et de sanctions
nécessaires ;
p) Procéder à une évaluation du secteur des OBNL afin d’identifier les catégories d’OBNL
les plus vulnérables à l’utilisation abusive de FT en raison de leurs activités ou de leur
nature. Adopter une approche basée sur les risques pour remédier aux risques identifiés;
q) Recourir davantage à l'entraide judiciaire internationale et aux autres formes de
coopération internationale pour poursuivre le BC, les infractions sous-jacentes et le FT
ayant un caractère transnational ;
r) Établir, auprès des autorités compétentes, des mécanismes de suivi des demandes reçues
et/ou envoyées afin qu’elles soient traitées en temps opportun et selon une priorisation
efficace ;
s) Développer des mécanismes de collecte de données statistiques et tenir des statistiques
complètes, consolidées et à jour sur toutes les questions relatives aux enquêtes,
poursuites, condamnations (y compris les biens gelés, saisis ou confisqués) ainsi qu’à la
coopération (données sur l’entraide judiciaire et l’extradition, les échanges d’informations
élémentaires et sur les bénéficiaires effectifs des personnes morales et toutes autres
formes de coopération internationale concernant les autorités compétentes octroyées et/ou
reçues par le pays).
RI 1 RI 2 RI 3 RI 4 RI 5 RI 6 RI 7 RI 8 RI 9 RI 10 RI 11
Faible Faible Faible Faible Faible Faible Faible Faible Faible Faible Faible
R.1 R.2 R.3 R.4 R.5 R.6 R.7 R.8 R.9 R.10
NC PC LC PC LC NC NC NC LC PC
R.11 R.12 R.13 R.14 R.15 R.16 R.17 R.18 R.19 R.20
LC PC LC PC NC PC LC LC PC PC
R.21 R.22 R.23 R.24 R.25 R.26 R.27 R.28 R.29 R.30
C PC PC NC NC PC LC NC PC C
R.31 R.32 R.33 R.34 R.35 R.36 R.37 R.38 R.39 R.40
C PC NC NC PC LC LC PC LC LC
1
Les notations du niveau d’efficacité sont « élevé, significatif, modéré ou faible ».
2
Les notations en matière de conformité technique sont C – conforme, LC – en grande partie conforme, PC
– partiellement conforme, NC – non conforme ou NA – non applicable.
Ce rapport résume les mesures de LBC/FT en vigueur au Gabon à la date de la visite sur place
(du 11 au 29 avril 2022). Il analyse le niveau de conformité aux 40 Recommandations du
GAFI et le niveau d’efficacité du dispositif LBC/FT du Gabon, et formule des
recommandations pour le renforcement de ce dispositif.
La présente évaluation fondée sur les Recommandations du Groupe d’Action Financière de
2012, a été préparée à l’aide de la Méthodologie de 2013 (mise à jour en novembre 2020).
Elle a été réalisée sur la base des informations fournies par le Gabon et de celles obtenues par
l’équipe d’évaluation pendant la visite sur place.
L’évaluation a été menée par une équipe d’évaluateurs composée de :
Expert juridique :
M. HAMAN BOUBA (Cameroun) ;
Experts financiers :
M. MINLEND NOUMA Didier Maurice (Cameroun) ;
M. ESSEBE NJONE Martin Serge (Cameroun) ;
Experts opérationnels :
M. MAWA WA NZAMBI KANDA Paulin Tim (RDC) ;
Mlle. MAHAMAT ADJID Mariam (Tchad) ;
Le Gabon a fait l’objet d’une Evaluation Mutuelle par le GABAC, dans le cadre du premier
cycle des évaluations mutuelles, du 27 février au 13 mars 2012. Le REM du Gabon adopté
en 2013 a été publié par le GABAC et est disponible à l’adresse suivante : www.spgabac.org
3
Rapport provisoire de cartographie et évaluation des risques de flux financiers illicite au Gabon d’octobre
2021.
4
Disponible sur : https://repository.uneca.org/handle/10855/22692
5
globalinitiative.net/wp-content/uploads/2018/09/Atlas-Illicit-Flows-FR-WEB.pdf
6
Les données économiques de l’année 2018 font état de 4 tonnes d’or exportées illégalement alors
qu’officiellement le pays exporte 2 tonnes d’or par an.
7
Le pays est passé du 129ème rang au 124ème rang de 2020 à 2021 https://lalibreville.com/corruption-le-gabon-
fait-un-bond-spectaculaire-de-5-places-et-figure-parmi-les-pays-a-progresser-le-plus-dans-le-classement-2021-
de-transparency-international/
Le secteur des OBNL : Du fait du niveau de vulnérabilité des OBNL révélé par
l’étude de typologie du GABAC, l’attention s’est focalisée sur l’identification
et recensement par le Gabon de la catégorie des OBNL vulnérables à l’abus de
BC/FT. La compréhension et l’atténuation des risques par les autorités, en
8
Typologies d’infractions sous-jacentes répertoriées dans les DOS (Rapport d’activités annuel de l’ANIF-Gabon
2021 ; P.5) et dans le Rapport provisoire de cartographie et évaluation des risques de flux financiers illicite au
Gabon d’octobre 2021.
Supervision des Institutions Financières basée sur les risques la mesure dans
laquelle la COBAC et les superviseurs des autres institutions financières
identifient, évaluent et comprennent les risques de BC/FT dans leurs secteurs
respectifs d’activités, notamment la prépondérance des contrôles ciblés sur la
LBC/FT et à la pratique par les Superviseurs de l’approche basée sur le risque
dans la supervision des secteurs (EMF, les prestataires de services financiers de
téléphonie mobile ainsi que leurs agents) qui connaissent une croissance
relativement progressive. - Etablissements de monnaie électronique (EME) les
procédés des Superviseurs pour concilier, en pratique, l’inclusion financière à
travers le développement des nouveaux moyens de paiement (recours aux
services de paiements en monnaie électronique) et les exigences de LBC/FT. -
Transfert de fonds ou de valeurs les procédures d’entrée en activités des
sociétés internationales de transfert de fonds opérant dans le pays et du contrôle
de la mise en œuvre de leurs obligations de LBC/FT tout au long de leur
exercice. - Bureaux de change et changeurs manuels comment les
Superviseurs, d’une part, s’assurent elles en permanence que les activités de
change manuel sont exercées exclusivement par des agents agréés, y compris
les établissements sous-délégataires, que ces derniers respectent les procédures
de LBC/FT, que les contrôles qui sont effectués, et leur régularité sont de
qualité et, d’autre part, procèdent pour identifier les changeurs manuels qui
exercent dans l’informel ou dans la clandestinité et donc illégalement et quelles
mesures sont prises à leur encontre, c’est-à-dire, dans quelle mesure des
contrôles sont orientés sur la pratique illégale du change.
21. L’économie gabonaise est marquée par une abondance des ressources naturelles. Ainsi, le
pays est le quatrième producteur de pétrole d’Afrique sub-saharienne (2020) et quatrième
producteur mondial de manganèse (2020). Il figure parmi les principaux producteurs de bois
tropicaux du continent et occupe la première place du classement de la Banque mondiale en
Afrique subsaharienne en matière de PIB par habitant avec 7 006 dollars (3,931 millions de
FCFA/habitant) en 2021. Cependant, l’économie de ce pays recèle une forte dépendance aux
importations alimentaires et biens d’équipement et un coût élevé des facteurs de production,
lié à l’insuffisance des infrastructures (transport et électricité). De même, l’économie est
fortement tributaire du secteur pétrolier.
22. Dans la même veine, le PIB du Gabon est estimé à 15,32 Milliards USD en 20209. Grâce
à son secteur pétrolier qui représente 60 % des recettes budgétaires, le pays contribue à
hauteur de 12% au PIB10 régional et occupe donc la troisième place dans l’économie de
l’Afrique centrale. Ce PIB est constitué des revenus issus de l’industrie pétrolière, de
l’industrie minière, de l’industrie du bois, de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et du
secteur des services.
23. Le secteur pétrolier contribue à 38,5% au PIB et à 80% aux exportations. La production
du secteur pétrolier s’est établie à 10,9 millions de tonnes en 2019, soit environ 220.000
barils/jour. L’essentiel de la production est exporté, soit 10,5 millions de tonnes en 2019.
L’Asie reste la première destination du pétrole produit au Gabon (90%), suivie par l’Europe
(10%). Ainsi, les principaux clients du Gabon en matière de pétrole brut, bois d’œuvre,
manganèse et uranium sont la Chine 36,4 %, les États-Unis 10 %, l’Irlande 8,5 %, les Pays-
Bas 6,3 % et la Corée du Sud 5,1 %. En revanche en matière, d’importation des machines et
équipements, produits alimentaires, produits chimiques et matériaux de construction, les
principaux fournisseurs sont la France 23,6 %, la Belgique 19,6 % et la Chine 15,2 %.
24. Sur le plan financier11, le taux de bancarisation est de l’ordre de 30%, ce qui est élevé
comparé aux standards africains (10% en moyenne). Selon les données reçues du pays, le
secteur informel quant à lui est estimé à (40% du PIB). Le taux d’inclusion financière est
supérieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne (42,6%), mais inférieur à celui des pays à
revenu intermédiaire de la tranche supérieure ce qui occasionne une prépondérance du cash
dans les transactions.
25. Au 31 décembre 2021, le système bancaire gabonais compte sept (7) banques en activité
dont une banque d’importance systémique moyenne dans la CEMAC12 et une holding
financière. Trois banques à capitaux nationaux majoritaires dominent le marché et concentrent
plus de 75% des emplois (avec une masse salariale estimée à 43 milliards de FCFA). Elles ont
concentré pour l’exercice 2021 près de 80% des crédits du marché. Les quatre autres banques
sont des filiales des grands groupes financiers internationaux avec une prépondérance des
9
Selon les données de la Banque Mondiale : https://data.worldbank.org/country/gabon?view=chart consulté
le 25 avril 2022.
10
https://www.afdb.org/fr/documents/document/regional-economic-outlook-2019-central-africa-108622
consulté 25 avril 2022
11
Tableau de bord de l’économie Gabonaise 2020
12
Voir la liste des Établissements de crédit d’importance systémique dans la CEMAC pour la période du 1er
juillet 2019 au 30 juin 2020 consultable sur : http://www.sgcobac.org/jcms/mbm_7105/fr/liste-des-
etablissements-de-credit-d-importance-systemique-dans-la-cemac-pour-l-annee-2019
28. Sur le plan institutionnel le Gabon est un pays stable, doté d’institutions et d’une
administration tenues à la reddition des comptes par des mécanismes et procédures bien
déterminés. Son système judiciaire est indépendant, bien que ses ressources humaines et
budgétaires soient limitées.
29. Depuis, la déclaration des chefs d’Etat de la CEMAC sur la LBC/FT du 14 décembre
2000, le Gabon bénéficie d’un engagement politique de haut niveau sur le traitement des
questions de LBC/FT. La création du comité de coordination des politiques de LBC/FT et la
mise en place d’un Ministère chargé de la promotion de la bonne gouvernance et de la lutte
contre la corruption ainsi que la création de la Commission Nationale de Lutte Contre
l’Enrichissement Illicite s’inscrivent dans cette dynamique.
1.4.Autres éléments de contexte
30. Le Gabon dispose d’un cadre juridique et institutionnel de base pour la LBC/FT. Dans ce
cadre, le Gabon a amorcé de nombreuses réformes depuis son évaluation du premier cycle.
33. Le Gabon, à l’instar de plusieurs pays de la sous-région s’inscrit dans une politique
d’inclusion financière afin de lutter contre la pauvreté et augmenter son taux de bancarisation
en rendant les services financiers et bancaires de base accessibles à tous les citoyens. Cette
politique est mise en œuvre par le Ministère de l’Economie et de la Relance depuis des années
via une stratégie dédiée. Au Gabon, ce sont principalement les services financiers numériques
(SFN) et la technologie financière qui constituent la cheville ouvrière de l’inclusion
financière.
1.4.1. Stratégie de LBC/FT
34. Au moment de la visite sur place, le pays ne disposait pas encore d’une stratégie formelle
de LBC/FT adoptée à la suite d’une évaluation globale de risques de BC/FT. Toutefois,
depuis la Déclaration solennelle de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC en 2000 et
l’adoption du Règlement CEMAC instituant un régime de prévention, de détection et de
répression du BC/FT, le pays a mis en place le cadre institutionnel pour l’application des
mesures de LBC/FT. La création récente du comité de coordination des politiques nationales
de LBC/FT participe de cette dynamique.
35. Une stratégie sectorielle de lutte contre la corruption a été élaborée et a abouti à
l’adoption du document de stratégie de lutte contre la corruption et le blanchiment de capitaux
et la création en 2003 d’une autorité administrative indépendante : la Commission Nationale
de Lutte Contre l’Enrichissement Illicite (CNLCEI) pour faire face au phénomène de la
corruption et atténuer les risques de BC qui y sont liés. Dans la même veine, pour parer aux
problèmes économiques et sécuritaires posés par les cas de trafics illicites des produits
ligneux, miniers et pétroliers le Gabon a créé l’Agence Nationale des Parcs Nationaux
(ANPN).
13
https://archive.doingbusiness.org/fr/data/exploreeconomies/gabon consulté le 27 mars 2022
38. Le Ministère de la Justice, Garde des Sceaux, chargé des Droits de l’Homme et de
l’Egalité des Genres est chargé de l’organisation et du fonctionnement de l’appareil
judiciaire ainsi que de l’administration de la justice en matière pénale et de mise en œuvre de
l’entraide et de la coopération judiciaire. Il est chargé de la tutelle administrative des
magistrats. Les affaires de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme sont de la
compétence des formations spécialisées des juridictions de première instance et d’appel
siégeant à Libreville.
42. L’ANIF est conformément au décret n° 000739 PR/ MEFBP du 22 Septembre 2005 la
Cellule des Renseignements Financiers du Gabon. Elle est au centre du dispositif de lutte
contre le blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme au niveau national. La
cellule est devenue opérationnelle depuis le 1er juin 2006 avec la nomination de ses membres.
45. La Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) est en charge de la conduite de la
politique de change de l’UMAC. A cet égard, elle veille en collaboration avec le Ministère de
l’économie et de la relance au respect par les agents économiques, notamment les bureaux de
change, de la règlementation des changes applicable au Gabon. Dans le cadre de sa mission de
surveillance, la BEAC vérifie la conformité des transactions et opérations vers l’extérieur
avec la réglementation des changes. A cet effet, elle effectue avec le concours de la COBAC
et du Ministère de l’économie et de la relance, des contrôles sur pièces et sur place pour
s’assurer du respect par les intermédiaires agréés et les autres agents économiques de toutes
les dispositions relatives à la réglementation des changes, y compris celles sur la LBC/FT.
Elle constate les infractions à cette loi et inflige les sanctions administratives aux agents
économiques contrevenants. Son contrôle sur la LBC/FT est en principe axé sur les bureaux
de change seulement.
49. Au 31 décembre 2021, le système bancaire gabonais compte sept (7) banques en activité,
toutes de capitaux africains. Relativement à la monnaie électronique, seules 3 établissements
de crédit opérant au Gabon sont autorisés à émettre et gérer la monnaie électronique14.
Néanmoins, les monnaies électroniques via les mobiles money sont gérées par les sociétés de
téléphonie mobile.
50. A côté des banques, le Gabon compte également deux établissements financiers évoluant
sur le secteur financier. Ils ont pour principales activités, les opérations de leasing, les crédits
automobiles, le crédit-bail, les crédits d’équipement, les crédits d’investissement et de
location longue durée. De même, le pays ne compte qu’une société de bourse présente sur le
marché financier de la CEMAC.
51. Au 31 décembre 2021, le secteur de la microfinance comptait 20 établissements agréés
dont 7 de première catégorie et 13 de deuxième catégorie15. Relativement à la couverture
nationale, ces établissements ont déployé un ensemble de 88 agences et points de vente sur
l’ensemble du territoire. Toutefois, les activités restent majoritairement concentrées à
Libreville, Port-Gentil, Franceville et Oyem. En matière d’emploi, les effectifs du secteur se
situent autour de 709 employés. De même, plus 250 000 usagers (clients) utilisent les services
des EMF. La cible des EMF est composée principalement de particuliers salariés ou justifiant
14
Voir https://www.beac.int/wp-content/uploads/2021/10/Services-de-paiement-par-la-monnaie-
%C3%A9lectronique-dans-la-CEMAC-EN-2020.pdf
15
Selon les données de la Cellule Microfinance du Gabon
16
http://www.economie.gouv.ga/view.twg?dir=2351
17
MoovAfrica/Gabon Télécom, Airtel Gabon
68. Selon les informations obtenues par la mission auprès des autorités gabonaises, il n’y a
aucun prestataire des services d’actifs virtuels de droit gabonais et aucun PSAV opérant
depuis le Gabon n’a été identifié. De même, il n’existe pas de cadre juridique régissant le
fonctionnement et la supervision des AV et des PSAV. Le Gabon n’a pas entrepris
d’évaluation approfondie de la taille d’un éventuel secteur des PSAV dans l’économie ni de
l’ampleur de l’utilisation des actifs virtuels dans tous les secteurs du pays, ni les risques et
vulnérabilités en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme associés
aux AV et PSAV qui pourraient y opérer. Cependant, aucune information ne permet de
s’assurer qu’aucun PSAV ne propose ses services aux résidents ou citoyens gabonais, ni
même qu’aucune banque ou autre IF ne propose des AV ou ne met en rapport ses clients avec
des plateformes ou d’autres prestataires.
69. Les évaluateurs ont classé les secteurs en fonction de leur importance relative, compte
tenu de leur matérialité respective et de leur exposition aux risques de BC/FT. Cette approche
s’applique à l’ensemble du rapport, mais plus particulièrement au RI 4 et au RI 3.
71. Le secteur de la microfinance représente le secteur le plus proche des ménages compte
tenu de ses produits et offres. Cependant, au regard des récentes sanctions prononcées par le
superviseur à l’endroit des EMF pour non-respect des diligences prudentielles et mesures
préventives en matière de LBC/FT, il apparait que les risques de BC/FT sont considérables.
En bref, ce secteur est considéré comme très important étant donné son ampleur, sa nature
transnationale et son exposition à un nombre de services identifiés comme à risques. Les EMF
financent énormément les PME. Plus de 70 % de leur portefeuille est constitué des PME, de
très petites entreprises. En effet, le produit net financier du secteur a atteint 13,8 milliards de
FCFA en 2020. Un regard minutieux permet de comprendre que la clientèle de ce secteur est
constituée des couches les plus vulnérables de la société. Il s’agit des salariés à faibles
revenus, des artisans, des étudiants boursiers, des retraités, des petites entreprises. La clientèle
de ce secteur est en perpétuelle croissance. A date, on dénombre près de 286 560 usagers des
EMF.
73. Le secteur minier, y compris les négociants en pierres et métaux précieux est important
compte tenu de son poids dans l’économie du pays. En effet, le secteur représente aujourd’hui
plus de 6% du PIB, 6,4% des exportations du pays et emploie 2000 personnes. Dans ce pays
de nombreuses licences d’exploration et d’exploitation minières ont été accordées mais les
revenus du secteur ne sont souvent pas déclarés. De ce fait, les revenus de ces secteurs passent
par des canaux informels et au meilleur des cas thésaurisés. A cet effet, le Gabon détient des
réserves abondantes d’or dont l’exploitation optimale drainerait des sommes colossales dans
le circuit financier du pays. L’importance de ce secteur est moyenne en ce sens que l’Etat a
une certaine emprise sur les grandes sociétés d’exploration et d’exportation des produits
miniers mais celles opérant dans l’informel échappent à tout contrôle.
74. Le secteur du change manuel est dominé par les établissements de crédits qui font des
activités de change. A date, seulement neuf (9) bureaux de changes spécialisés sont agréés au
Gabon. Cependant, en termes de risque de BC/FT, il existe des acteurs de change manuel qui
opèrent dans l’informel et sans autorisation préalable des autorités monétaires du pays 18. Ceci
est clairement visible au niveau des aéroports et autres points d’entrée du pays. A côté de cela,
il existe des membres des communautés étrangères au Gabon qui exercent l’activité de change
manuel sans autorisation préalable. De même, ces acteurs ne respectent pas les seuils
18
Des personnes physiques principalement sans bureaux/emplacements fixes.
76. Le secteur des transferts de fonds par messageries financières est énuméré ici en raison
l’importance des flux financiers entrants et sortant via ces sociétés de transfert effectués par
les gabonais résidents à l’étranger mais aussi par les étrangers résidents au Gabon.
Néanmoins, les acteurs de ce secteur ne sont pas d’une importance systémique. Une autre
raison tient au fait que ces établissements ne sont pas agréés par le superviseur du marché
financier (COBAC). De ce fait, aucun contrôle de mise en œuvre des mesures de LBC/FT
n’est fait sur ces sociétés. A date, plusieurs études ont conclu aux risques élevés de ce
secteur19. Le pays a certes limité les opérations de transferts via ces sociétés, mais rien n’est
mis en place pour empêcher les clients de fractionner les opérations en vue d’envoyer des gros
montants de façon échelonnée. De même, il faut noter que l’envoi massif des capitaux est
symptomatique d’un environnement caractérisé par la corruption, circonstance qui entrave les
performances économiques en réduisant l’investissement privé, en affectant négativement la
quantité et la qualité des infrastructures publiques, en diminuant les recettes fiscales et en
baissant l’accumulation du capital humain.
77. Le secteur des prestataires des services financiers par téléphonie cellulaire (Mobile
money) il apparait dans cette catégorie en raison de sa nouveauté, sa dynamique et sa
croissance sans cesse. Lors de l’évaluation du premier cycle la mission n’avait pas accordé
une grande attention et un poids significatifs à ce domaine, car il était embryonnaire et
présentait moins de risques de BC/FT. Aujourd’hui, ce secteur joue un rôle clé dans la
politique d’inclusion financière du pays. La pénétration de l’usage du mobile money a été
particulièrement forte au Gabon (plus de 48 % de la population de plus de 15 ans possédait un
compte en 2020). Ainsi, malgré le faible nombre de prestataires de ces services, le secteur
occupe une place de choix dans l’échiquier économique du pays. Avec un nombre de plus en
19
Notamment l’étude de typologies sur les risques de blanchiment des capitaux et de financement du
terrorisme inhérents au change manuel, et au transfert de fonds en Afrique Centrale, conduite par le GABAC en
2018 et disponible sur le site officiel du GABAC.
78. Les opérateurs de ces services utilisent une plateforme mise en place par un organisme
communautaire pour le traitement des opérations. Ainsi, le GIMAC a développé un
écosystème GIMACPAY traitant les transactions cartes, monnaie électronique (mobile
money) et les transferts d’argent dans la CEMAC. Celui-ci offre des services interbancaires et
interopérables aux trésors nationaux, banques, microfinances, établissements de paiements,
sociétés de transferts d’argents et agrégateurs de services (Fintech). De ce fait, le volume des
dépôts dans les points de vente en décembre 2021 a atteint 292,7 milliards de FCFA et les
retraits ont atteint 226,8 milliards de FCFA. Les transferts ont atteint 131,9 milliards de
FCFA. Les paiements via ces services ont atteint 50,9 milliards de FCFA pour la même
période.
79. Ainsi, beaucoup d’opérateurs économiques ont commencé à accepter les paiements par
mode mobile money. Ceci montre à suffisance l’interconnexion du secteur des PSFTC avec
les autres secteurs de l’activité économique. S’il est admis qu’aucune évaluation des risques
n’a été menée dans ce domaine, les problèmes liés à l’identification des clients, à la tenue des
archives, à l’identification des BE et aux motifs des opérations peuvent être perçus comme
des facteurs de risques.
80. Le secteur des Casinos et établissements de jeux de hasard est moyennement important
en raison des risques considérables de BC/FT et de la défaillance du système de contrôle mis
en place. De même, c’est un secteur qui ne fait ni des déclarations automatiques ni des DOS.
Ils ne sont pas outillés pour la vérification de l’identité des clients et leurs bénéficiaires
effectifs en temps opportun. Si le chiffre d’affaire du secteur estimé à plus de 26 milliards ne
concerne que les casinos physiques implantés dans le pays, il est évident que le chiffre
d’affaires des casinos en ligne soit supérieur à celui-ci, car on dénombre plus de 20 casinos en
ligne utilisés au Gabon. Cependant, rien n’indique que ces casinos sont constitués au Gabon.
L’offre des jeux en ligne est particulièrement importante. Cela est largement facilité par le
taux de couverture internet au Gabon, puisqu’actuellement, le pays compte 3 millions
d’abonnements pour 2 millions d’habitants.
81. Il est vrai qu’il existe des mesures de LBC/FT concernant les casinos au Gabon mais le
pays n’a aucune interdiction en matière de casinos en ligne, ce qui permet de jouer sur
n’importe quelle plateforme. Les casinos en ligne accessibles aux joueurs gabonais ne sont
pas implantés sur le territoire du Gabon. Généralement, le contrôle et la supervision de ces
casinos relèvent des autorités françaises (ARJEL), Maltaises ou Néerlandaises.
82. Dans cet univers, il est tout à fait possible de faire un change avant de déposer de l’argent
sur son compte joueur. La plupart du temps, les comptes fonctionnent en euro ou dollar
américain. Ces devises sont acceptées autant pour un dépôt d’argent que pour un retrait de
gains. Aucune mesure préventive de LBC/FT n’est mise en œuvre, pour faire un dépôt, il
suffit d’utiliser les moyens de paiement dont l’offre est souvent importante : carte bancaire,
carte prépayée, virement bancaire ou portefeuille électronique.
84. Les avocats ont une importance moyenne en ce sens que ces professions, bien que
n’ayant pas d’importance systémique dans l’économie du pays, ont des interactions avec les
acteurs classés importants. Ainsi, les avocats interviennent dans la constitution des sociétés,
assistent les clients lors des transactions immobilières, gèrent des comptes clients. Dans la
pratique, ces acteurs ont des difficultés à interroger leurs clients sur l’origine des fonds au
regard des règles de leur profession. De même, l’OAR qui surveille leurs activités ne se
penche pas toujours sur le volet LBC/FT.
85. Les Experts comptables jouent également un grand rôle dans la LBC/FT du pays car ils
certifient la plupart des exigences comptables auxquelles sont soumises les sociétés
assujetties. Ce qui entérine la sincérité des comptes sans possibilité de dissocier en aval les
fonds lignes/concernées par d’éventuels cas de BC. En pratique, les experts comptables
offrent des services d’assistance et de conseils et les services de contrôle. Très souvent ils sont
confrontés au défi d’identification des bénéficiaires effectifs. Malgré les exigences du
Règlement CEMAC, le secret professionnel est souvent mis en avant pour écarter subtilement
la mise en œuvre des mesures préventives
Faible importance :
86. Le marché financier n’est pas beaucoup développé au Gabon. Ce marché est plutôt
dominé par d’autres pays de la sous-région. Ainsi, l’apport de ce secteur dans le PIB du pays
n’est pas consistant pour impacter considérablement sur le système financier du pays. En
effet, au moment de la visite sur place, le Gabon ne compte qu’une société de bourse agréée
spécialisée en capitalisation boursière d’’une valeur de 6,072 milliards FCFA, dont 97,26%
d’obligations et un Conseiller en investissements financiers.
87. Le secteur des établissements financiers spécialisés n’a pas un grand poids en raison
d’une part de sa faible clientèle et d’autre part du nombre limité d’entreprises qui y opèrent.
En effet, même si le chiffre d’affaires du secteur dépasse les 30 milliards de FCFA, les risques
de BC/FT sont faibles dans ce domaine. De même, les actifs du secteur ont moins de risques
88. Depuis l’évaluation du premier cycle en 2013, le Gabon a amélioré son cadre juridique
régissant les mesures préventives des assujettis. Ainsi, le Règlement CEMAC 01/16 du 11
avril 2016 corrige un grand nombre de lacunes relevées dans le cycle précédant. Ce
Règlement prend en compte la plupart des exigences des 40 Recommandations du GAFI.
Cependant, compte tenu des dernières mises à jour intervenues, une révision de ce texte
parait nécessaire. En effet, il s’agit d’un Règlement communautaire qui est d’application
directe et obligatoire dans tous ses éléments aux Etats membres de la CEMAC. Ce texte fixe
outre le cadre de la LBC/FT dans la communauté, les mesures préventives que doivent mettre
en œuvres les IF et les EPNFD ; mais il ne contient aucune disposition sur les PSAV.
89. Par ailleurs, ce cadre communautaire se fait compléter par d’autres textes spécifiques à
certains acteurs. Il s’agit par exemple du Règlement CIMA (Règlement N°001 du 2 mars
2021 remplaçant le Règlement N°0004 définissant les procédures applicables par les
organismes d’assurance dans les Etats membres de la CIMA dans le cadre de la lutte contre le
blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme et de la prolifération des armes de
destruction massive) et du Règlement COBAC (COBAC-R-2005/01 relatif aux diligences
des établissements assujettis en matière de LBC/FT) qui contiennent des dispositions plus
détaillées en matière de LBC/FT applicables à leurs assujettis.
1.4.5. Personnes morales et constructions juridiques
Personnes morales
90. Le Gabon, en tant que partie au Traité de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique
du Droit des Affaires (OHADA) qui institue les Actes Uniformes, soumet les personnes
morales de type commercial aux dispositions de l’Acte Uniforme relatif au droit des Sociétés
Commerciales et au Groupement d’Intérêt Economique(ASCGGIE) et l’Acte Uniforme relatif
au droit Commercial Général (AUDCG). Les autres personnes morales non commerçantes
pouvant être créées sont régies par des textes spécifiques du pays selon qu’il s’agit des
OBNL, ONG, Associations, Partis politiques, fondations ou sociétés civiles immobilières…
91. En vertu des dispositions des Acte uniformes précités, plusieurs types de sociétés peuvent
être créés au Gabon. Il s’agit notamment de la société anonyme (SA), la société par actions
simplifiées (SAS), la société en commandite simple (SCS), la société à responsabilité limitée
(SARL), les sociétés coopératives, la société en nom collectif (SNC), le groupement d’intérêt
économique (GIE). Toutes ces sociétés doivent être immatriculées au Registre du Commerce
et du Crédit Mobilier (RCCM) institué par lesdits Actes Uniformes. Le RCCM reçoit les
informations sur la société, ses activités, ses associés/actionnaires ainsi que son capital social.
Les greffes des tribunaux de commerce tiennent ce registre et mentionnent toutes les
informations relatives à la vie et à la dissolution des sociétés. Le RCCM fournit des
informations de base sur la constitution des sociétés commerciales mais il est conservé
manuellement à un endroit physique.
93. Les Associations, les ONG et les OBNL sont régies par la Loi n°35/62 du 10 décembre
1962 relative aux associations et la Loi 11°039/2018 du 28 décembre 2018 fixant le régime du
mécénat et du parrainage en République Gabonaise. Les ONG et OBNL sont perçus comme
des associations, puisqu’ils doivent s’enregistrer en suivant la procédure propre aux
associations. Nous partons de ce principe que les ONG et OBNL représentent un type
d’association, spécifiquement orienté vers les problèmes de développement, d’urgence et
d’entraide sociale. Cependant, les associations étrangères ne peuvent être constituées au
Gabon qu’avec l’autorisation préalable du Président de la République. Dans tous les cas,
l’enregistrement des associations, ONG et OBNL se fait au Ministère de l’Intérieur.
94. Les partis politiques sont régis par la Loi no 24/96 du 6 juin 1996 relative aux partis
politiques et son Décret d’application N°1008-PR-MI du 27 août 1998. Les fondations quant à
elles, sont régies par la Loi n° 002/2000 du 18 août 2000 portant ratification de l’Ordonnance
n° 2/99/PR du 30 juillet 1999, fixant le régime des fondations. Les partis politiques se créent
par acte déclaratif au Ministère de l’Intérieur en produisant un dossier. Ledit dossier contient
les informations de base sur la personne morale, notamment l’identité des responsables, ses
types d’activités etc.
95. Pour les Associations, ONG, OBNL, partis politiques et fondation, le Ministère de
l’Intérieur qui assure leur tutelle et supervision tient les listes des personnes morales agréées.
Cependant, la mise à jour des informations contenues dans les registres demeure l’un des défis
majeurs de la transparence dans ce domaine. De même, aucun contrôle aux fins de conformité
à la LBC/FT n’est mené auprès de ces entités.
Constructions juridiques
97. Conformément aux dispositions communautaires en vigueur, notamment le Règlement
CEMAC les prestataires de services de constructions juridiques sont assujettis au respect des
obligations de LBC/FT. Il s’agit en particulier des membres des professions juridiques
indépendantes qui peuvent potentiellement fournir ces services (avocat et notaires). Le Gabon
n’a pas ratifié la Convention de la Haye du 1er Juillet 1985 et ne dispose pas d’une législation
spécifiquement applicable au trust et à sa reconnaissance. Toutefois, le dispositif juridique
gabonais n’interdit pas aux trusts constitués à l’étranger de fonctionner sur son territoire ou
d’y être administrés. De même, les membres de certaines professions juridiques
98. En outre, au moment de la visite sur place, aucune information n’a été communiquée à
l’équipe d’évaluation relativement à l’existence des fiducies ou autres constructions juridiques
similaires telles définies par les Recommandations du GAFI.
1.4.6. Dispositifs institutionnels de surveillance et de contrôle
Institutions Financières
99. Le Gabon appartient à la sous-région CEMAC où la supervision des établissements de
crédit et de microfinance est du ressort de la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale
(COBAC), un organe supranational. De ce fait, la COBAC est l’autorité en charge du contrôle
et supervision de ces institutions financières. Elle dispose des pouvoirs administratif,
réglementaire, de contrôle et de sanction les plus étendus sur ses assujettis. La COBAC
procède à des contrôles sur place et sur pièces des banques et des institutions financières non
bancaires pour assurer le respect des obligations prudentielles pertinentes notamment les
mesures de LBC/FT.
100. Pour les IF du marché financier, la COSUMAF est l’autorité de tutelle, de régulation et
de contrôle du marché financier de l’Afrique Centrale. A ce titre, elle est dotée elle est dotée
des pouvoirs les plus étendus pour veiller à la protection de l’épargne investie en valeurs
mobilières, à l’information des investisseurs et au bon fonctionnement du marché financier
régional (MFR). La COSUMAF dispose de divers pouvoirs, notamment réglementaire, de
EPNFD
105. Au Gabon, il n’existe pas d’autorité centrale désignée pour la supervision et le contrôle
de la mise en œuvre des exigences de LBC/FT par les EPNFD. Néanmoins, les organismes
d’autorégulation et les corporations spécifiques assurent une surveillance du respect des
normes par les membres de leurs professions. Cette surveillance ne concerne pas les normes
de LBC/FT. Il s’agit par exemple du Barreau pour les Avocats, du Conseil de l’Ordre des
Experts-Comptables, de la Chambre des notaires ou des associations et groupements de
certaines professions (les négociants en pierres et métaux précieux…).
106. La supervision des casinos et autres jeux de hasard relève du Ministère de l’Intérieur.
Cependant, la surveillance dudit Ministère ne couvre pas les activités de casinos en lignes.
Ceux-ci relèvent d’autres superviseurs homologues. Le Ministère de l’intérieur n’entretient
pas de relations de coopération avec ces superviseurs étrangers.
107.Depuis la loi n°006/2017 du 9 août 2017 portant réglementation de la profession d’agent
immobilier en République gabonaise, promulguée par son décret n°00236/PR du 9 août 2017,
c’est le Ministère de l’habitat qui assure le contrôle du respect des normes par les acteurs du
secteur. Ainsi, Pour veiller à l’observation des règles en vigueur, le législateur a prévu des
sanctions tant pénales qu’administratives allant de l’avertissement au retrait définitif de
l’autorisation, prononcées par la commission de délivrance des autorisations d’exercer.
PSAV
108. Au Gabon, compte tenu d’un manque de règlementation des activités de PSAV, aucune
autorité désignée n’assure la supervision, le contrôle et la surveillance des activités des
prestataires des services d’actifs virtuels notamment la cryptomonnaie. De même, aucun
PSAV n’a été agréé dans le pays.
109. Néanmoins, un cadre de concertation sur les crypto-actifs et les Fintech a été mise en
place par la COSUMAF en vue d’élaborer une réglementation des activités des prestataires de
services d’actifs virtuels et les Fintech. Ce cadre regroupe la COSUMAF, la BEAC, le
111. La plupart des activités de coopération étrangère au Gabon sont menées par
l’intermédiaire du Ministère des affaires étrangères, via les mécanismes spécifiques prévus
par les différentes conventions. Ainsi, ce Ministère est l’autorité centrale pour l’échange de
demandes d’entraide judiciaire ou d’extradition avec des homologues étrangers. Ainsi, cette
autorité dispose de tous les outils et mécanismes nécessaires et coopère activement avec ses
homologues étrangers.
112. Les demandes d’entraide judiciaire et d’extradition sont traitées par le Ministère de la
Justice Garde des Sceaux, Chargée des Droits de l’Homme et de l’Egalité des Genres qui est
la seule autorité habilitée à donner effet à ces demandes.
113.Le Gabon est exposé à un éventail de risque de BC/FT liés aux infractions ayant des
éléments d’extranéité. Il s’agit par exemple de l’exploitation anarchique des ressources
pétrolières du pays, de l’évasion fiscale, du détournement des deniers publics suivi de leur
dissimulation dans des paradis fiscaux ou compte offshores. Afin de poursuivre et condamner
les auteurs de ces infractions sous-jacentes drainant d’énormes flux financiers illicites dans le
système financier du pays beaucoup d’efforts restent à consentir.
b) Le niveau de compréhension global des risques de BC est faible, et n’est pas uniforme
entre les autorités et dans les secteurs d’activités considérés. Parmi les autorités
compétentes, l’ANIF a démontré une bonne compréhension des risques de BC au Gabon.
Cette compréhension est moyenne auprès des autorités d’enquêtes et de poursuite pénale.
S’agissant des autorités de contrôle et de supervision, la COBAC a une compréhension
limitée des risques de BC dans les secteurs sous sa supervision. Cette compréhension est
faible pour la CIMA et la COSUMAF dans leurs secteurs respectifs d’intervention.
c) Dans l’ensemble, les autorités ont une compréhension faible des risques de FT auxquels le
Gabon est exposé, malgré l’existence de plusieurs facteurs de vulnérabilités importantes.
d) Nonobstant l’absence des résultats de l'ENR, certains risques permanents au Gabon ont
fait l'objet d'analyses et d'études stratégiques intégrées dans des analyses sectorielles. Ces
évaluations des risques sectoriels intègrent certains risques de BC/FT auxquels le pays est
exposé, notamment ceux inhérents à la corruption et aux trafics illicites des produits
ligneux, miniers et pétroliers. Certains acteurs du secteur financier, notamment les filiales
des groupes internationaux, disposent également de cartographies des risques qui leur sont
transmises et régulièrement mises à jour par le siège du groupe, mais qui ne tiennent pas
toujours compte de la réalité des risques dans le contexte gabonais.
f) Le Gabon n’a pas fourni des statistiques complètes, consolidées et à jour sur les questions
relatives aux enquêtes, poursuites, condamnations ainsi qu’aux mesures de gel, saisies ou
confiscations, ce qui pourrait affecter la finesse et la profondeur des analyses de l’ENR en
cours, notamment en ce qui concerne l’identification des menaces et vulnérabilités réelles
du pays.
114. Le Résultat Immédiat pertinent pour ce chapitre est le RI.1. Les Recommandations
pertinentes pour l’évaluation de l’efficacité dans le cadre de cette section sont les R.1, 2, 33 et
34 et certains éléments de la R.15.
2.2.Résultat Immédiat 1 (Risque, politique et coordination)
2.2.1. Compréhension des risques BC/FT par le pays
115. Le Gabon a entamé depuis l’année 2021 son évaluation nationale de risques avec le
soutien de la Banque Mondiale qui a mis à disposition son outil méthodologique et des
experts dédiés. Les travaux en cours de l’ENR sont coordonnés par l’ANIF et connaissent la
participation et les contributions des principaux acteurs et secteurs du système de LBC/FT du
Gabon. En dépit des retards inhérents à l’indisponibilité des moyens logistiques et de certains
acteurs à participer aux travaux, la finalisation du rapport et son partage sont une opportunité
pour le pays d’identifier ses risques réels et globaux de BC/FT et d’affiner et uniformiser la
compréhension des risques entre les différents acteurs et secteurs impliqués dans la LBC/FT.
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116.Le Gabon a démontré un niveau globalement faible de compréhension des risques de BC
et de FT auxquels il est exposé. Cette compréhension n’est toutefois pas uniforme entre les
différentes autorités et les divers secteurs d’activités considérés. L’équipe d’évaluation a
fondé son appréciation en particulier sur les entretiens avec plusieurs autorités et acteurs du
système de LBC/FT du pays, notamment l’ANIF, les autorités d’enquêtes et de poursuite
(policiers, juges, procureurs), certaines administrations (Douanes, Impôts, Eaux et Forêts, les
membres du Comité de l’ENR, les représentants des organes de supervision (COBAC, CIMA,
COSUMAF) et les représentants des professions assujetties.
117. Parmi les autorités compétentes, l’ANIF dans son ensemble a démontré une bonne
compréhension des risques de BC et de FT au Gabon. Ce niveau de compréhension résulte et,
est maintenu au moyen des analyses opérationnelles, quoique limitées, produites par l’ANIF
sur la base de la typologie des menaces et vulnérabilités décelées dans les DOS, ses rapports
périodiques d’activités et les rapports d’études de typologies menées par le GABAC. Les
autorités d’enquêtes et de poursuite ont fait montre d’une compréhension moyenne des
risques de BC et de FT qui découle principalement de leurs propres analyses et des rares
analyses ou rapports d’études ciblées sur certaines menaces de BC que l’ANIF reçoit et
partage avec l’ensemble des acteurs de la LBC/FT.
118. S’agissant des autorités de contrôle et de supervision, la COBAC a une compréhension
faible des risques de BC/FT dans les secteurs d’activités qu’elle supervise. Elle ne les évoque
d’ailleurs que de manière subsidiaire dans ses rapports périodiques. Le cadre réglementaire
sur lequel il s’appuie pour déployer les outils de suivi des diligences de LBC/FT est désuet et
ne reflète pas tous les standards actuels en la matière, ni la prise en compte des spécifiés de
certains secteurs, notamment les bureaux de change et les services de paiements. Pour les
autres autorités de contrôle et de supervision, à savoir la CIMA et la COSUMAF, la
compréhension des risques de BC auxquels sont exposés leurs secteurs respectifs
d’intervention est très faible.
119.On relève toutefois des difficultés qui ralentissent la finalisation des travaux de l’ENR et
qui sont susceptibles d’affecter le caractère inclusif du processus. En effet, les groupes
thématiques constitués ne disposent pas de ressources logistiques et financières nécessaires
pour la bonne tenue des réunions et, la mobilisation de tous les membres n’est pas toujours
effective. De même, l’insuffisance de données quantitatives disponibles (DOS, enquêtes,
poursuites, gels, saisies, confiscations) et l’absence de données qualitatives sur les études et
analyses stratégiques de la CRF et des autres autorités compétentes et même des assujettis,
constituent des carences importantes qui pourraient éventuellement impacter la nature des
menaces et vulnérabilités effectives et concrètes à identifier.
2.2.2. Traitement des risques BC/FT par les politiques et activités nationales
120.Le processus de l’ENR étant encore en cours l’approche fondée sur les risques en matière
de LBC/FT n’est pas appliquée par les autorités gabonaises.
121. Le Gabon dispose de plans d’actions sectoriels qui s’articulent autour de certains risques
spécifiques permanents, notamment ceux liés à la corruption et aux trafics illicites dans les
secteurs forestier et minier. Ainsi le Gabon a adopté des plans d’actions nationaux contenant
certaines mesures de traitement ciblé dédiés aux risques spécifiques susmentionnés et qui
a) Les autorités d’enquêtes et de poursuite accèdent dans une certaine mesure, à travers les
transmissions de l’ANIF et les réquisitions au secteur financier, au renseignement
financier susceptible de leur permettre de saisir les avoirs et d’identifier les auteurs des
infractions de BC en vue de leur condamnation. Cependant, faute de ressources et
d’expertise suffisantes, elles n’exploitent pas de manière optimale les données mises à leur
disposition. Les renseignements financiers produits par les autres autorités compétentes,
notamment la Douane et l’Administration fiscale ne sont pas disséminés, ni utilisés par
elles dans le cadre des enquêtes pour BC/FT.
b) Pour analyser les DOS, l’ANIF du Gabon fait usage de son droit de communication auprès
des assujettis, des administrations publiques et des CRF étrangères, en vue d’obtenir des
informations supplémentaires pour enrichir ses investigations. A l’exclusion des autorités
judiciaires, l’ANIF ne dissémine pas les renseignements financiers obtenus aux autres
autorités compétentes, notamment la Douane et l’Administration fiscale dans le cadre des
enquêtes et des poursuites en matière de BC/FT et d’infractions sous-jacentes. Aucune DOS ou
dissémination en lien avec le FT n’a été transmise.
c) La source principale du renseignement financier produit par l’ANIF du Gabon est
constituée des DOS qu’elle reçoit de certains assujettis, singulièrement des banques. Les
EPNFD ne font pas de DOS et cela impacte négativement sur l’abondance et la qualité des
renseignements financiers devant être mis à la disposition des autorités compétentes.
d) L’ANIF, d’une part, a accumulé un arriéré conséquent en ce qui concerne le traitement
des DOS du fait des retards des réponses aux demandes d’informations et, d’autre part, a
disséminé un faible taux de rapports basés sur les DOS aux autorités judiciaires et de
manière générale aux autorités compétentes.
e) L’ANIF du Gabon n’a pas encore effectué d’analyse stratégique, bien que cette attribution
soit prévue dans le Règlement CEMAC ainsi que dans le Règlement Intérieur de l’ANIF.
f) Le budget de l’ANIF voté n’est pas toujours entièrement libéré. Il ne répond pas aux
multiples besoins de cette CRF qui éprouve d’énormes difficultés d’accès à internet et de
la bonne prise en charge de son personnel.
h) La soumission des DOS, la dissémination ainsi que les échanges d’informations au niveau
Résultat Immédiat 7
a) Le Gabon mène une politique de lutte contre la criminalité financière en général, sans être
en pratique spécifique à lutte contre le BC/FT. Il a mis en place des structures d’enquêtes
et de répression à même d’identifier et d’enquêter sur les cas de BC. Toutefois, il n’existe
pas, de politique pénale bien définie au niveau national, ni de stratégie d’ensemble des
autorités de poursuite pour accorder la priorité aux enquêtes pour blanchiment.
b) Le Gabon dispose d’autorités d’enquêtes et de poursuite ayant compétence pour identifier
des cas de BC à travers les communications faites par l’ANIF, mais aussi à travers
d’autres sources, notamment au moyen des enquêtes financières parallèles lors des
procédures sur les infractions sous-jacentes générant de nombreux profits susceptibles
d’être blanchis. Cependant, en pratique, le nombre de rapports de l’ANIF et de cas de BC
détectés est faible. Le recours aux enquêtes financières parallèles est inexistant.
c) Les principales infractions sous-jacentes à risque font, dans une certaine mesure, l’objet
d’enquêtes et de poursuite. Cependant, quoiqu’en lien avec certaines menaces identifiées,
le nombre de cas de BC détectés et poursuivis est insignifiant ; ce qui contraste avec
l’ampleur des risques du pays.
f) Les autorités ne mettent pas en œuvre d’autres mesures alternatives de justice pénale en
matière de répression du BC.
Résultat Immédiat 8
a) Le pays ne fait pas de la confiscation du produit et des instruments du crime, y compris
des biens d’une valeur équivalente une priorité en matière de BC/FT. Les autorités
compétentes n’intègrent pas systématiquement le volet investigation patrimoniale liée aux
produits du crime dans leurs activités ; lacune due notamment à un déficit de formation.
Toutefois, quelques saisies sont effectuées dans le cadre des infractions sous-jacentes au
blanchiment des capitaux par les unités d’enquêtes ;
e) Aucune donnée n’est disponible relativement aux saisies et confiscations du produit des
infractions sous-jacentes commises à l’étranger et du produit transféré vers d’autres pays,
ni relativement au système de déclaration d’espèces et d’INP.
Actions recommandées
Résultat Immédiat 6
Les Autorités Gabonaises devraient :
1. Sensibiliser davantage les entités déclarantes, afin d’une part d’améliorer la capacité à
déclarer des assujettis qui le font déjà et, d’autre part, de susciter les déclarations de la part
des assujettis qui ne déclarent pas encore, en particulier les EPNFD, en vue d’accroître le
volume des DOS, d’en améliorer la qualité et diversifier les sources des renseignements
financiers provenant des IF et des EPNFD. Dans ce cadre, l’ANIF devra intensifier les retours
d’informations ;
2. Sensibiliser les entités déclarantes, les autorités compétentes et autres partenaires
nationaux pertinents, à communiquer en temps opportun les informations à l’ANIF dans le
cadre de ses investigations afin de réduire l’arriéré constaté dans le traitement des DOS et
encourager les analystes à intensifier le travail de l’analyse en vue d’augmenter le taux de
dissémination des rapports basés sur les DOS aux autorités compétentes ;
3. Renforcer les capacités des autorités d’enquêtes et de poursuite sur l’exploitation et
l’utilisation des renseignements financiers dans les procédures liées au BC et au FT et, à
moyen terme, aboutir à leur spécialisation dans le domaine ;
4. Sécuriser la libération intégrale et sans condition du budget alloué à l’ANIF, l’augmenter
et le stabiliser, afin d’assurer un meilleur traitement du personnel et permettre à celle-ci
d’acquérir un bâtiment et un équipement informatique sécurisés. Aussi, l’ANIF devrait-
elle être dotée d’un nombre suffisant d’Analystes financiers afin d’augmenter sa capacité
de traitement des DOS ;
5. Renforcer le travail de l’analyse stratégique de l’ANIF afin de produire suivant la
périodicité requise, les rapports ou les études sur les techniques et les tendances de la
criminalité économique et financière au Gabon ;
6. Améliorer l’accès aux informations de l’ANIF, notamment par un accès direct aux bases
de données d’autres administrations de l’Etat afin de faciliter son travail d’analyse des
DOS ;
7. Renforcer la sécurité et la confidentialité des échanges d’informations entre autorités
compétentes et pour la soumission des DOS en utilisant par exemple des outils
6. Exiger la mise en œuvre par les autorités compétentes, des mesures alternatives de justice
lorsqu’une condamnation pour BC n’est pas possible.
Résultat Immédiat 8
Les autorités Gabonaises devraient :
1. Faire de la confiscation du produit et des instruments du crime et des biens d’une valeur
équivalente une priorité des autorités compétentes dans le cadre des enquêtes et poursuites
pour BC et infractions sous-jacentes associées ;
2. Mettre en place un mécanisme de sécurisation et de gestion des biens et avoirs saisis,
gelés ou confisqués par les autorités compétentes, dans le cadre des enquêtes et poursuites
pour BC et infractions sous-jacentes associées ;
4. Concevoir des mécanismes de tenue des statistiques, en général et particulièrement sur les
données relatives à l’entraide judiciaire et les demandes de coopération internationale en
vue des saisies ou confiscations des produits générés par les infractions sous-jacentes au
BC ;
5. Promouvoir l’utilisation par les autorités compétentes des outils et mécanismes de la
coopération internationale (CEN pour la douane, Interpol et OCLAD pour la Police) dans
le cadre des procédures de saisies ou de confiscation des produits du crime ayant un
élément d’extranéité ;
135. Les Résultats immédiats pertinents examinés et évalués dans le présent chapitre sont :
RI.6, RI.7 et RI.8. Les Recommandations pertinentes pour l’évaluation de la conformité
technique au titre du présent chapitre sont : R3, R4, R29, R30, R31 et R32.
3.2.Résultat Immédiat 6 (Renseignements financiers)
3.2.1. Accès et utilisation des renseignements financiers et autres informations
136. Les autorités compétentes, notamment l’ANIF, la Douane, l’administration des impôts et
les autorités d’enquêtes et de poursuite ont, dans une certaine mesure, accès aux
renseignements financiers et autres informations pertinentes nécessaires à l’accomplissement
de leurs missions dans le cadre de la LBC/FT. Mais dans la pratique, elles n’utilisent pas de
manière suffisante les informations financières mises à leur disposition ou n’échangent pas
suffisamment celles dont elles disposent.
137. La CRF du Gabon (ANIF) dispose d’un accès aux renseignements financiers, par
l’exercice du droit de communication que lui confère le Règlement CEMAC. Ce droit de
communication est exercé à l’endroit des professions assujetties et des administrations de
l’Etat, des établissements publics, des collectivités territoriales et des entités du secteur privé
ou de toute autre personne investie d’une mission de service public. L’ANIF a également
accès aux renseignements financiers, à travers le mécanisme de coopération avec ses
homologues étrangers.
138. La première source d’informations financières exploitées par l’ANIF du Gabon, afin de
générer des renseignements financiers est constituée des déclarations d’opérations suspectes
(DOS) soumises par les entités déclarantes. Ces renseignements financiers établissent des faits
liés à la criminalité financière, aux circuits financiers clandestins, au blanchiment de capitaux
et au financement du terrorisme. Conformément au droit de communication que lui confère le
Règlement CEMAC, l’ANIF peut compléter ces informations en obtenant et en utilisant des
informations additionnelles provenant des entités déclarantes ainsi que d’autres sources de
renseignements publiques ou privés afin de mieux approfondir son analyse. Cependant, dans
la pratique la collaboration de l’ANIF avec la plupart des entités déclarantes, en particulier les
Page 65 sur 235
EPNFD est peu efficace. Les échanges d’informations entre l’ANIF et les autorités de suivi et
de supervision sont aussi quasi-inexistants.
139. L’ANIF accède et reçoit les informations des autorités publiques. Toutefois, elle n’a pas
d’accès direct aux bases de données des différentes administrations publiques malgré un
réseau de correspondants institutionnels. Cette situation empêche ainsi le traitement plus
rapide des dossiers. Elle obtient ces informations, en cas de besoin, à travers des demandes
d’informations qu’elle adresse à ces administrations notamment la Police, les Douanes, les
Impôts, les Autorités judiciaires et toute autre administration. Il sied de noter que l’ANIF du
Gabon ne dispose pas d’un logiciel adéquat pour faciliter ses analyses. Cela est dû aux
difficultés financières que connaît cette CRF tant pour l’acquisition que pour l’entretien d’un
tel logiciel.
140. L’ANIF du Gabon est membre du Groupe Egmont, ce qui lui donne un accès aux
informations détenues par ses homologues, membres de cet important forum d’échange
d’informations afin de traiter les dossiers à caractère international. L’ANIF a affirmé, sans en
avoir fourni de cas illustratifs, que les informations reçues dans le cadre de cette coopération
lui permettent d’enrichir les déclarations de soupçon en cours d’analyse ainsi que sa base de
données, mais également déclencher des alertes par rapport aux menaces de blanchiment de
capitaux et financement du terrorisme.
141. S’agissant de la Douane, elle collecte des informations sur le transport physique
transfrontalier d’espèces et d’Instruments Négociables au Porteur (INP). Elle dispose des
données sur les saisies des stupéfiants, des espèces rares et protégées, de la contrefaçon des
médicaments etc. Cependant, elle ne les utilise pas de manière efficace dans le cadre des
enquêtes pour BC/FT. Ces informations pertinentes ne sont ni, transmises aux autorités
d’enquêtes et de poursuite, ni échangées avec l’ANIF.
142. Les douanes gabonaises reçoivent des données liées à la fraude douanière en provenance
du Bureau Régional de Liaison et de Renseignement pour l’Afrique et les Grands-Lacs
(BRLR/AC), sous forme d’information, de renseignement et d’alerte. Ainsi à travers cette
plateforme et son service de renseignement, le Gabon dispose d’une importante base de
données nécessaire à la collecte et à la diffusion confidentielle et sécurisée des informations
sur les saisies de devises, de drogues, de tabac, des droits de propriétés intellectuelles, etc.,
réalisées à l’échelle planétaire par les douaniers et les agents des autres réseaux de lutte contre
la fraude (Interpol ONUDC). Par ailleurs les différentes opérations organisées par
l’Organisation Mondiale des Douanes (OMD) permettent à l’administration des douanes
gabonaises de réaliser des saisies de tout genre (substances psychotropes, espèces fauniques
protégées, produits contrefaits)20. Cependant, tous ces renseignements financiers ne sont pas
utilisés par la Douane Gabonaise ni échangées avec les autres autorités compétentes aux fins
d’enquêtes pour BC/FT.
143. L’administration des Impôts n’a pas encore identifié un cas de fraude fiscale. A la date
de la visite, elle a déclaré n’avoir pas échangé des informations avec l’ANIF. Cependant, elle
échange de manière formelle des informations avec la Police et la Douane sur la base des
accords de coopération signés avec ces dernières.
20
Rapport d’activité du Secrétariat de l’OMD pour la région Afrique Occidentale de décembre 2020.
154. La Douane Gabonaise reçoit les déclarations des devises dans le cadre du transport
physique transfrontalier d’espèces et d’Instruments Négociables au Porteur effectuées aux
frontières. Cependant, aucune transmission n’est faite à l’ANIF. Ce qui rend difficile
l’échange d’informations pertinentes entre les autorités compétentes.
21
Le personnel de l’ANIF est constitué de fonctionnaires désignés, les Agents recrutés dans le secteur privé, les
Correspondants et les Experts de l’ANIF. Le pool opérationnel comprend : Chef de l’Agence (1), membres (3),
Analystes (5), Service informatique (1).
Tableau 3.2 : Nombre de dossiers classés, transmis et en cours d’analyse sur la période
(2016-2021)
Tableau 4:Nombre de dossiers classés, transmis et en cours d’analyse sur la période (2016-2021)
157. A titre illustratif, au cours de l’année 2019, l’ANIF a reçu 18 DOS ayant trait au
blanchiment de capitaux. Elle a transmis un (1) dossier au Procureur (soit un taux de 5,6%),
un (1) dossier a été classé (soit un taux de 5,6%) et seize (16) dossiers sont restés en cours
d’analyse (soit un taux de 88,8%). Comme on peut l’observer sur le tableau, sur la période de
2016 à 2021, le stock de dossiers en cours de traitement s’élève à cent cinquante-cinq (155).
158. Au regard du tableau ci-dessus, il s’observe un faible taux de transmission de dossiers au
Procureur de la République qui s’expliquerait par la qualité de la DOS qui ne contiendrait pas
d’informations pertinentes ou soit l’ANIF conclut que les suspicions ne sont caractérisées ou
avérées. De 2020 à 2021, aucun dossier en rapport avec les indices de BC n’a été transmis au
Procureur de la République.
159. La mission a constaté que l’ANIF ne procède pas à la dissémination des renseignements
financiers aux autres autorités compétentes notamment la Douane et l’Administration fiscale.
Elle reçoit un retour insuffisant sur les dossiers transmis aux autorités judiciaires.
160. L’ANIF du Gabon n’a pas encore effectué d’analyse stratégique, bien que cette
attribution soit prévue dans le Règlement CEMAC ainsi que dans le Règlement Intérieur de
l’ANIF.
175. Les analyses produites par l’ANIF ne sont pas en adéquation avec les besoins
opérationnels des autorités d’enquêtes et de poursuite et leur utilisation n’est pas efficace.
Dans une moindre mesure, ces autorités utilisent les renseignements financiers avec difficulté
176. Les échanges d’informations entre l’ANIF et les autorités compétentes sont faibles. Ils
sont appréciable avec les autorités d’enquêtes et de poursuite, limités avec les autorités de
contrôle et de supervision des IF et inexistants avec les autorités de contrôle et OAR des
EPNFD. Le processus de transmission manuelle des informations et renseignements
financiers ne garantit pas une protection ou une sécurité ou confidentialité optimale de ceux-
ci.
Tableau 6:Nombre d’affaires ayant fait l’objet d’enquête et déferrement en matière de BC/FT et infractions sous-jacentes
182.De ces données, il ressort que des infractions sous-jacentes générant d’importants flux
financiers ont été poursuivies. Cependant, elles n’ont pas donné matière à poursuite pour BC,
ce qui aurait permis de retracer la destination des fonds ainsi détournés et de priver les
criminels des produits du crime.
183.L’entretien avec les autorités d’enquêtes (Police, Douanes, Direction Générale des
Impôts, Eaux et Forêts), révèle qu’effectivement la pratique des enquêtes financières
parallèles est inexistante. La Police Nationale (Unité des enquêtes économiques et financières
et même l’OCLAD) a affirmé ne pas mener des enquêtes financières parallèles.
L’administration des douanes a précisé que les enquêtes douanières ne donnent pas toujours
lieu aux affaires de BC. L’administration des impôts a quant à elle expliqué qu’en l’absence
d’agents spécialisés en matière d’enquêtes financières, outillés dans l’identification de cas
potentiels de BC et des enquêtes subséquentes, les vérificateurs du fisc ne s’attardent qu’au
volet fiscal du redressement et n’ont aucun réflexe sur la question du BC.
3.3.2. Cohérence entre les types d’activités de BC qui font l’objet d’enquêtes
et de poursuites et les menaces et le profil de risques du pays
185.Les autorités enquêtent et poursuivent, dans une certaine mesure, les principales
infractions sous-jacentes à risque répertoriées au Gabon. Cependant, quoiqu’en lien avec
certaines menaces identifiées, le nombre de cas de BC détectés et poursuivis est insignifiant ;
ce qui contraste avec l’ampleur des risques du pays.
188.Dans l’ensemble, le Gabon a enregistré deux enquêtes et poursuites abouties de BC, mais
dont les condamnations ne sont pas encore définitives. Ces deux affaires ont démontré la
capacité du Gabon à enquêter et poursuivre, dans une certaine mesure, des faits de BC en lien
avec les atteintes à la probité, notamment les détournements de deniers publics qui constituent
l’un des risques majeurs auquel est exposé le pays. On note cependant que les enquêtes sur les
infractions à risque ne sont pas appuyées par des enquêtes financières parallèles. Les autorités
n’y font pas systématiquement recours alors qu’une telle pratique aurait permis d’accroître le
nombre d’enquêtes et poursuites orientées sur les crimes sous-jacents à risque. De même, le
manque de ressources, d’expertise et de spécialisation des autorités, en matière d’investigation
financière, constitue un défi dans la conduite efficace des enquêtes et poursuites.
Au cours de l’enquête subséquente, M. C. a soutenu que lesdites primes lui étaient remises par le nommé B. L. A, poursuivi pour le crime de
détournement de deniers publics. Il a réfuté les faits d’avoir aidé ou assisté B. L. A dans l’accomplissement des actes qui lui sont reprochés.
A l’issue de l’information judiciaire ouverte contre M. C., pour complicité de détournement de fonds publics, association des malfaiteurs, blanchiment
des capitaux et concussion, ce dernier a été renvoyé par le Juge d’Instruction le 31 décembre 2021, devant le Tribunal Correctionnel Spécialisé pour
concussion et blanchiment de capitaux.
Le 1er avril 2022, le Tribunal de Première Instance de Libreville siégeant en Formation spécialisée le Tribunal a déclaré ce dernier coupable du délit
de blanchiment des capitaux et l’a condamné à trente (30) mois d’emprisonnement, à une amende de 20.000.000 de FCFA et au paiement des
dépens. Il a ordonné la confiscation de ses biens mobiliers et immobiliers sus-énumérés au profit Trésor Public.
189. Les autorités judiciaires compétentes ont poursuivi et obtenu deux jugements de
condamnation pour BC, non encore définitive, dans deux affaires initialement engagées pour
détournements de deniers publics, concussion et blanchiment de capitaux. La typologie de BC
dégagée dans ces deux affaires constitue le blanchiment par un tiers. En effet, suivant les
motifs des jugements concernés, les faits matériels ont été réalisés par une simple utilisation
Saisies
Cocaïne (g) 2142g (72.773.500 FCFA) 293.5g (4.465.000 FCFA) 39.5g (1.700.000
FCFA)
Nombre de 19 31 06
Procédures
Importation de 00 07 02
stupéfiants
Source : OCLAD
201.Les autorités d’enquête gabonaises ont démontré une capacité à coopérer au niveau
national dans le cadre de la conduite d’enquêtes conjointes. Quelques actions ainsi
coordonnées ont permis d’aboutir à des saisies administratives, suivies de confiscation d’une
grande quantité de grumes destinée à une exportation illégale dans l’affaire dénommée « le
scandale de KEVAZINGO. »
Tableau 3.7 : Saisies à la suite de l’opération conjointe Police Nationale, Gendarmerie, Eaux
et Forêts et Douanes dite affaire « KEVAZINGO Gate » en 2019
Tableau 9:Saisies à la suite de l’opération conjointe Police Nationale, Gendarmerie, Eaux et Forêts et Douanes dite affaire
« KEVAZINGO Gate » en 2019
202. Outre cette affaire, seize (16) autres opérations non moins importantes ont été réalisées
en 2021, notamment par des équipes mixtes composées d’agents de la police judiciaire, du
Service de la Recherche de la Gendarmerie, d’agents des eaux et forêts, avec l’assistance et
l’appui logistique de l’ONG Conservation Justice. Ces opérations ont conduit à l’arrestation
de 39 personnes impliquées dans le trafic d’espèces fauniques intégralement protégées,
notamment, les défenses d’éléphants, les écailles de pangolin, peaux et dents de panthères.
Ces « Trophées » ont été saisis puis confisqués suite à une procédure judiciaire.
Trafiquants interpellés 39
203. Les biens ou produit provenant d’une infraction sous-jacente commise à l’étranger
peuvent être identifiés, retracés et confisqués sur la base des accords de coopération, aussi
bien au niveau sous régional qu’au niveau international. Cependant, le pays n’a pas mis en
œuvre ce cadre pour aboutir à des confiscations relativement à ces types d’infractions. Ainsi,
aucune donnée n’indique que des cas de rapatriement ont été notés. De même, le Gabon n’a,
ni émis, ni reçu une telle requête.)
204. Malgré le fait que la Douane du Gabon est connectée au réseau de la lutte contre la
fraude de la CEMAC (BRLR–AC) et au réseau CEN de l’Organisation Mondiale des
Douanes (OMD) sur le plan international, aucune donnée relative à la mise en œuvre de ces
outils de coopération n’a été communiquée à l’équipe d’évaluation pour jauger de
l’effectivité de la confiscation des produits des crimes commis à l’étranger et ceux transférés
vers d’autres pays. Néanmoins, en 2021, la Douane a réalisé quelques saisies aux frontières.
Elle n’a pas indiqué le pays de destination, encore moins si elle a eu recours à d’autres
autorités pour procéder à ces saisies. Le tableau ci-dessous présente de façon détaillée les
types de drogues, les nombres des saisies ainsi que les quantités concernées.)
Tableau 3.9 : Saisies de stupéfiants aux frontières par les Douanes gabonaises en 2021
Tableau 10:Saisies de stupéfiants aux frontières par les Douanes gabonaises en 2021
205. Selon le Règlement CEMAC, l’ANIF peut recourir à des mesures conservatoires,
notamment le gel préventif à travers son droit d’opposition à l’exécution d’une transaction ou
opération ayant fait l’objet d’une déclaration de soupçon, avant même de procéder à des
investigations pour clarifier le soupçon. En cas de soupçon avéré, le gel peut être transformé
en saisie aux fins de confiscation. Toutefois, l’ANIF du Gabon n’a pas démontré avoir fait
usage de son droit d’opposition dans le cadre du traitement des DOS qu’elle a reçu.
206. En ce qui concerne la confiscation pénale, au moment de la visite sur place, les autorités
judiciaires avaient rendu deux décisions de condamnation pour BC dans lesquelles il a été
ordonné la confiscation des biens meubles et immeubles. Toutefois, ces autorités ont indiqué
Conclusions principales
Résultat Immédiat 9
a) Le Gabon n’est pas directement confronté au terrorisme, mais présente un tableau de
vulnérabilités importantes qui l’expose à un niveau élevé de risques de FT. Aucune
enquête, ni poursuite relative au FT n’a été signalée. Ce qui n’est pas en lien avec le profil
des risques du pays.
b) Les autorités chargées des enquêtes et les autorités judiciaires ne sont pas suffisamment
formées et outillées pour mener efficacement des enquêtes sur le FT. Elles sont
confrontées au déficit de ressources matérielles logistiques et de formation adaptées et
spécialisées.
c) Des juridictions spéciales ont été mises en place pour la répression du FT. Cependant, les
autres juridictions qui connaissent aussi des infractions susceptibles de constituer des
sources de FT ne procèdent pas à l’ouverture parallèle d’investigations pour FT dans ces
affaires.
d) Le pays n’a enregistré aucune condamnation pour FT. De même, le Gabon n’a pas
démontré la mise en œuvre des mesures alternatives de justice pénale tel que le gel des
avoirs terroristes pour lutter contre le FT. Ce qui ne permet pas d’évaluer si les sanctions
sont efficaces, proportionnées et dissuasives.
f) Le Gabon dispose d’un Conseil National de Sécurité (CNS) qui tient lieu de cadre national
de coordination du renseignement en matière de sécurité, en mesure de traiter les
renseignements sur le terrorisme et son financement. Malheureusement le CNS n’a pas
démontré des résultats concrets en matière de LFT. De même, l’ANIF qui est l’organe de
centralisation et d’analyse des informations financières ne fait pas partie de cette
coordination.
Résultat Immédiat 10
a) Le Gabon dispose d’un cadre légal communautaire pour mettre en œuvre les sanctions
financières ciblées des Résolutions 1267, 1373 et suivantes du Conseil de Sécurité des
Nations Unies. Cependant, le Gabon n’a pas adopté les mesures nationales nécessaires
b) Le Gabon n’a pas encore présenté une liste nationale sur la base de la Résolution 1373 du
Conseil de Sécurité des Nations Unies, ni reçu une demande d’un pays tiers en application
de cette Résolution. Aucune mesure de gel n’a été prise sur la base de cette Résolution.
c) Les autorités compétentes du Gabon n’ont pas identifié le sous-groupe des OBNL les plus
vulnérables à l’utilisation abusive de FT, et n’appliquent pas l’approche basée sur les
risques. Le pays n’a pas mis en place une stratégie de formation et de sensibilisation
complète et soutenue des OBNL qui sont à risque. Par conséquent, la plupart des OBNL
ignorent leurs obligations de vigilance et les risques auxquels ils pourraient être exposés de
par leur nature ou activités. Les organes de supervision des OBNL n’effectuent pas des
contrôles réguliers et efficaces. Les obligations de vigilance particulière à l’égard des
OBNL imposées par le Règlement CEMAC ne sont pas respectées.
d) Il n’existe pas un cadre de coordination pour favoriser une meilleure collaboration entre
tous les acteurs qui interviennent dans la création, la vie, le contrôle et les enquêtes dans le
secteur des OBNL.
e) Les actions menées par les autorités gabonaises dans le cadre de la mise en œuvre des SFC
liées au financement du terrorisme ne correspondent pas au profil-risque du pays.
Résultat Immédiat 11
a) Le Gabon n’a pas pris de mesures adéquates permettant la mise en œuvre des sanctions
financières ciblées concernant les RCSNU relatives à la lutte contre le financement de la
prolifération.
b) Le Gabon n’a pas encore pris de mesures visant à identifier les fonds ou autres biens des
personnes et entités désignées au titre des SFC liées à la prolifération, ni à geler leurs
avoirs. Le pays n’a pas non plus désigné une autorité chargée du gel des avoirs.
c) Le Gabon n’a pas pris de mesures en vue de la vulgarisation des obligations liées à la
lutte contre le FP d’une part, et de la dissémination des listes des personnes et entités dont
les avoirs doivent être gelés au titre des SFC liées à la prolifération, d’autre part.
d) Les institutions financières affiliées aux grands groupes internationaux ont une
connaissance et compréhension satisfaisantes de leurs obligations en matière de SFC liées
au FP, alors même qu’elles sont limitées pour les autres IF et quasi-inexistantes pour les
EPNFD.
e) Il n’y a eu aucune activité de sensibilisation à l’intention des IF et EPNFD pour les
informer de l’interdiction d’entretenir des relations d’affaires avec les pays, les entreprises
et les personnes visées par les Résolutions des Nations Unies en matière de lutte contre la
prolifération des armes de destruction massive.
Actions recommandées
Résultat Immédiat 9
Les autorités gabonaises devraient :
3. Les autorités d’enquêtes et de poursuite devraient envisager ouvrir une enquête parallèle
pour FT dès lors qu’elles traitent des infractions susceptibles de constituer des sources de
FT ;
4. Incriminer de manière spécifique le financement des voyages des combattants terroristes
étrangers, et revoir la définition de la notion de « fonds » dans le sens extensif d’une prise
en compte des biens autres que financiers ;
5. Développer et mettre en œuvre la collaboration entre les acteurs nationaux impliqués dans
la LFT (entités déclarantes, renseignement, police, poursuite) et intensifier les actions de
coopération et d’échanges d’informations en matière de FT avec les pays étrangers ;
Résultat Immédiat 10
Le Gabon devrait :
1. Définir les mécanismes de mise en œuvre sans délai des Résolutions du Conseil de
Sécurité, y compris des mécanismes de diffusion des décisions relatives aux sanctions
auprès des assujettis ;
3. Procéder à une évaluation du secteur des OBNL afin d’identifier les catégories d’OBNL
les plus vulnérables à l’utilisation abusive de FT en raison de leurs activités ou de leur
nature. Adopter une approche basée sur les risques pour remédier aux risques identifiés ;
4. Renforcer les capacités de l’organe de supervision des OBNL par des formations du
5. Adopter une stratégie de formation et de sensibilisation au profit des OBNL sur leurs
obligations et les risques de FT auxquels ils sont exposés et appliquer, le cas échéant, des
sanctions dissuasives et proportionnées aux OBNL qui ne respectent pas leurs obligations
en matière de transparence et de lutte contre le FT ;
7. Mettre en œuvre les mécanismes de saisies, gel et confiscation afin de priver les
terroristes, les organisations terroristes et les personnes qui financent le terrorisme des
biens et instruments liés au FT.
Résultat Immédiat 11
Les autorités Gabonaises devraient :
1. Mettre en place un cadre juridique et institutionnel pour la mise en œuvre des
sanctions financières ciblées concernant les RCSNU relatives à la lutte contre le
financement de la prolifération, y compris un mécanisme de diffusion des sanctions
auprès des assujettis ;
2. Désigner les autorités compétentes chargées du contrôle et de la mise en œuvre des
sanctions financières ciblées (SFC) liées au FP des armes à destruction massive ;
3. Organiser des programmes de formation et de sensibilisation sur les SFC relatives au
FP au profit des entités assujetties et appliquer des sanctions dissuasives et
proportionnées pour non-conformité à l’application des SFC relatives au FP ;
4. Communiquer à toutes les personnes et entités y compris les IF, les EPNFD et les
PSAV, toutes les obligations de mettre en œuvre les SFC prévues par les RCSNU
relatives au FP ;
214. Les Résultats Immédiats pertinents pour ce chapitre sont R.I 9, 10 et 11. Les
Recommandations pertinentes pour l’évaluation de l’efficacité dans le cadre de cette section
sont R.5-8
4.2.Résultat Immédiat 9 (Enquêtes et poursuites en matière de financement du
terrorisme)
4.2.1. Types d’activités de FT poursuivis et condamnations ; cohérence avec le profil de
risques du pays
215. Le Gabon ne subit pas directement les effets du terrorisme, en raison de ce qu’aucun
groupe terroriste n’a été formellement identifié sur son territoire. Toutefois, étant frontalier
Conclusions sur le RI 9
226. Les autorités d’enquêtes et de poursuite gabonaises n’ont mené aucune investigation
pour FT, et n’ont donc obtenu aucune décision de condamnation en la matière. Cela laisse un
doute quant à la capacité de ces autorités à enquêter et poursuivre pour les faits de FT. Les
autorités ont une compréhension moyenne des risques de FT auxquels fait face le Gabon et
ne coordonnent pas leurs actions au niveau national en matière de LFT, ce qui constitue un
frein notoire dans l’identification et la détection des cas potentiels de FT. En tout état de
cause, la détection des cas de FT reste un défi majeur à cause de la prédominance de l’argent
liquide dans l’économie gabonaise, l’insuffisance de ressources des autorités d’enquêtes et
de poursuite, l’absence d’ouverture systématique d’enquêtes parallèles de FT dans le
traitement des dossiers d’infractions pouvant constituer des sources de FT, l’inexistence d’un
service d’enquête spécialisé, outillé et dédie aux investigations de FT.
Le Gabon est noté comme ayant un niveau d’efficacité faible pour le RI 9.
Conclusions principales
a) De manière générale, les banques gabonaises ont une compréhension modérée des risques
de BC/FT auxquels elles sont exposées ; les évaluations internes de risques de BC/FT n’y
sont pas effectuées de manière formelle, objective et satisfaisante. De ce fait, les mesures
de vigilance renforcée mises en place ne permettent pas une mitigation efficace des risques
de BC/FT auxquels ces professionnels sont effectivement exposés. Les banques ont une
bonne connaissance de leurs obligations en matière de LBC/FT et mettent en place, à cet
effet, des procédures internes d’identification des clients et de suivi de la relation. Mais le
nombre de déclarations de soupçon souscrites par ces institutions est encore largement en
deçà du niveau de risque de BC/FT auquel ce secteur est exposé au Gabon.
b) S’agissant des EMF, ils ont une maîtrise assez moyenne des risques de BC/FT auxquels ils
sont exposés, et ne mettent pas en œuvre les mesures appropriées d’atténuation des risques
inhérents à leur secteur d’activités. Le niveau de mise en œuvre des obligations de
vigilance et de déclaration des opérations suspectes par ces institutions financières est
encore faible.
c) Les bureaux de change manuel ont une compréhension faible des risques de BC/FT
inhérents à leur secteur d’activités et le niveau de mise en œuvre des diligences
règlementaires en matière de LBC/FT est quasi nul. Par ailleurs, le secteur de change
manuel en général est gangréné par des activités des opérateurs non agréés qui animent un
secteur informel très important.
d) Pour ce qui est des prestataires de services financiers par téléphonie mobile, ils n’ont pas
une bonne connaissance des risques de BC/FT inhérents aux nouveaux produits
commercialisés, et ne mettent pas en place de manière satisfaisante les diligences
règlementaires requises en matière de LBC/FT. Quant aux acteurs du secteur des
assurances, leur maîtrise des risques de BC/FT liés à leurs activités est encore limitée. La
mise en œuvre des diligences règlementaires en matière de LBC/FT est encore faible au
sein de cette catégorie d’assujettie. Pour les autres institutions financières, notamment les
sociétés de transfert de fonds, les acteurs du marché financier, les institutions financières
spécialisées, elles ont une compréhension très limitée des risques que BC/FT auxquels sont
exposés leurs secteurs respectifs et de leurs obligations règlementaires en la matière ; par
conséquent, le niveau de mise en œuvre des mesures de vigilance est très faible et non
conforme aux risques inhérents à leurs opérations.
e) En ce qui concerne les EPNFD, elles ont dans l’ensemble une maîtrise très faible des
risques de BC/FT inhérents à leurs activités et ont, pour la plupart d’entre elles, une
connaissance limitée de leurs obligations en matière de LBC/FT.
f) S’agissant particulièrement des acteurs du secteur immobilier et des négociants et
exploitants des métaux et pierres précieuses, ils n’ont aucune compréhension des risques
pourtant élevés de BC/FT relatifs à leurs activités ; par ailleurs, ils ne mettent en œuvre
Actions recommandées
Les Autorités Gabonaises sont invitées à :
1. Amener l’ensemble des assujettis, en priorisant ceux classés à risque élevé (banques,
EMF, secteur immobilier, secteur minier), à effectuer régulièrement des évaluations
internes des risques inhérents à leurs activités et à prendre des mesures appropriées de
mitigation des risques identifiés. Ces mesures doivent faire l’objet d’un suivi permanent
par les services en charge du contrôle et de l’audit internes.
2. Conduire des actions appropriées de formation et de sensibilisation afin de permettre à
l’ensemble des assujettis (IF et EPNFD) de comprendre et de mettre en œuvre leurs
obligations légales en matière de LBC/FT, en commençant par les catégories
professionnelles les plus exposées (Banques, EMF, immobilier, secteur minier). Ces
sensibilisations devront aussi viser l’appropriation et l’implémentation des exigences
règlementaires de mise en place des procédures opérationnelles d’identification des
clients et des donneurs d’ordre, d’identification des bénéficiaires effectifs, de détection
des opérations douteuses, assorties de lignes directrices sectorielles. Une attention
particulière devrait être accordée à la formation sur la mise en œuvre efficace des
mesures de vigilance renforcée à l’égard des PPE, telles que définies par le GAFI.
3. Encourager les assujettis à soumettre systématiquement une DOS à l’ANIF dès lors qu’il y a un
soupçon de BC ou FT à travers des lignes directrices, des formations et des sensibilisations.
Toutes ces actions devraient viser en premier lieu les banques, les EMF, les assujettis des
secteurs miniers et immobilier, qui sont classés à risque élevé.
4. Amener les assujettis à se doter des services de conformité et de contrôle interne
indépendants et efficaces, permettant d’assurer le suivi de la mise en œuvre effective et
satisfaisante des diligences de la LBC/FT au sein de l’institution, surtout ceux relevant du
245. Le Résultat Immédiat pertinent pour ce chapitre est le RI.4. Les Recommandations
pertinentes pour l’évaluation de l’efficacité dans le cadre de cette section sont les R.9 à 23 et
certains éléments des Recommandations 1, 6 et 29.
5.2.Résultat immédiat 4 (Mesures préventives)
246.Les évaluateurs ont pondéré la mise en œuvre des mesures préventives fortement pour les
banques commerciales, les établissements de microfinance, les acteurs du change manuel, le
secteur immobilier, le secteur minier ; Moyennement pour le secteur des assurances, les
sociétés de transfert de fonds, les prestataires de services financiers par téléphonie cellulaire
et autres émetteurs de monnaie électronique, les notaires, les avocats, les experts comptables ,
les casinos et autres acteurs du secteur des jeux; et faiblement pour le secteur du marché
financier, les institutions financières spécialisée, et les PSAV.
247.L’évaluation de l’efficacité des mesures préventives est faite sur la base des différentes
informations et données quantitatives collectées auprès des assujettis, des autorités nationales,
des organes de supervision, de contrôle et de tutelle, de l’ANIF, des sources ouvertes d’une
part, et grâce aux différents entretiens menés avec différents acteurs impliqués relevant des
secteurs publics et privés d’autre part. Les évaluateurs ont aussi tenu compte des éventuelles
mesures correctrices mises en œuvre par les professions assujetties pour pallier aux
insuffisances relevées lors de la dernière évaluation mutuelle du dispositif du Gabon de
LBC/FT.
5.2.1. Compréhension des risques de BC/FT et des obligations pertinentes par les
institutions financières, les EPNFD et les PSAV.
Institutions financières
248. Les textes régissant la LBC/FT au Gabon prévoient et encadrent les obligations
d’évaluation des risques de BC/FT par les différents acteurs concernés. Il ressort des
différents entretiens que la mise en œuvre de ces diligences règlementaires d’évaluation, de
249.Banques : Seules les banques filiales des groupes internationaux, qui représentent
environ 35% du total des actifs du secteur en décembre 2021, ont une compréhension
modérée des risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme auxquels elles
sont exposées ; cette compréhension découle des évaluations de risques qu’elles mènent en
interne sur la base des méthodologies et procédures mises en place au niveau de leurs
groupes. Elles disposent par conséquent de cartographies des risques inhérents à leurs
activités et à leur environnement. Quant aux autres banques (locales et filiales des groupes
régionaux), elles n’ont pas mené des évaluations formelles des risques liés à leurs activités,
opérations, clientèles, ou produits. De ce fait, leur compréhension des risques de BC/FT reste
faible. Elles disposent de cartographie de risques qui ne sont pas le fruit d’évaluations
internes, mais découlent généralement des différentes classifications standards de risques
contenues dans des publications en rapport avec la LBC/FT (Règlement CEMAC, rapports
du GAFI, rapports typologie GABAC, etc). Toutes les banques ont une bonne maîtrise de
leurs obligations de vigilance à l’égard de la clientèle et disposent de procédures internes
écrites en matière de LBC/FT. Toutefois, le niveau de mise en œuvre de ces procédures est
encore moyen au niveau de certaines banques qui ne disposent pas d’outils automatisés de
filtrage des opérations et de traitement des alertes ; ce qui réduit l’efficacité des mécanismes
de détection et de prise en charge des anomalies au regard des volumes des portefeuilles
clientèle.
251. Bureaux de change : Au niveau des bureaux de change manuel, leur niveau de maitrise
des risques de BC/FT est très faible, en l’absence de dispositifs d’évaluation des risques, et
de procédures internes d’analyse des opérations.
252. Autres IF : Les acteurs du secteur des assurances en général ont une connaissance
acceptable de leurs obligations en matière de LBC/FT. Toutefois, l’évaluation, la
compréhension et la gestion effective des risques inhérents à leurs clients, leurs produits,
leurs canaux de distribution, reste faible au sein de ces institutions financières. Les
prestataires de services financiers par téléphonie cellulaire offrant les prestations de
distribution de produits de mobile money n’ont pas procédé à des évaluations formelles des
risques de BC/FT inhérents à leurs produits et clients. Ces professionnels, qui ne sont pas
253. La BEAC a une compréhension satisfaisante des risques de BC/FT inhérents à ses
opérations. Le Gouverneur de la BEAC a publié la Procédure cadre relative aux mesures
préventives de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme et de
la prolifération par Décision n°001/GR/2017 du 03 janvier 2017. Une matrice de
cartographie des risques relatifs aux produits et services de la BEAC à travers ses Directions
Nationales, dont celle du Gabon, a été établie, ressortant les différents services à risques et
les mesures de mitigation adéquates y relatives.
EPNFD
254. En dehors des Cabinets filiales des groupes internationaux d’expertise comptables (qui
font réaliser leurs évaluations internes des risques opérationnels en général par des
prestataires externes), les EPNFD dans leur globalité, n’ont procédé à aucune évaluation des
risques de BC/FT relatifs à leurs secteurs, alors que certains présentent des vulnérabilités
importantes au BC/FT au Gabon (professionnels de l’immobilier, secteur des mines,
notaires). De ce fait, la plupart des Cabinets d’expertise Comptables, les Avocats, ou encore
les Notaires n’ont qu’une maîtrise limitée des risques de BC/FT liés à leurs activités. Quant
aux casinos, négociants en métaux et pierres précieuses, promoteurs immobiliers, ils n’ont
aucune connaissance de leurs obligations en matière de LBC/FT, ni des risques qui y sont
liés.
PSAV
255. Enfin, le secteur des actifs virtuels est non règlementé au Gabon. Ainsi, aucun PSAV
n’est encore agréé dans ce pays malgré le début de pénétration et circulation de ces valeurs,
quoi qu’encore timide.
5.2.2. Mise en œuvre de mesures proportionnées visant à atténuer les risques
256. Du fait de la compréhension faible et éparse des risques, le niveau de mise en œuvre des
mesures visant à les atténuer varie également d’un secteur à un autre, en étant plus élevé au
niveau des institutions financières qu’à celui des EPNFD.
23
La classification des EMF est contenue au Chapitre 1
Institutions financières
273. Les banques, les EMF, les compagnies d’assurance, les sociétés de bourse, et les
prestataires de services financiers par téléphone cellulaire ont mis en place des services
chargés de la conformité qui déploient le dispositif de vigilance et de suivi de la clientèle à
travers la définition et l’implémentation de politiques et procédures internes. Ce qui n’est pas
le cas pour les autres institutions financières, notamment les intermédiaires des assurances,
284. Les sanctions financières ciblées : Il n’existe pas une Autorité désignée ou un
mécanisme formel d’établissement ou de diffusion des listes objets des SFC au Gabon. Il est
apparu de manière générale, une certaine confusion dans la mise en application des SFC par
les assujettis, même au niveau de certaines banques. En général, les IF (en dehors des
bureaux de change et des sociétés de transfert de fonds) déclarent avoir connaissance de leurs
obligations en matière de mise en œuvre des sanctions financières ciblant le financement du
terrorisme. Mais seules les banques filiales des groupes internationaux ont pu démontrer des
mécanismes de filtrage des opérations en rapport avec les SFC d’un niveau d’efficacité
modéré. Les banques consultent globalement les listes du Comité des Sanctions des Nations
Unies (Résolutions 1267 et subséquentes), celles de l’Union Européenne, ou encore de
l’OFAC (Résolution 1373) ; mais ces listes ne sont pas intégrées dans les systèmes de toutes
les banques pour des filtrages automatiques. Au niveau des autres IF, aucun dispositif
opérationnel dans ce domaine n’a été démontré.
285.Par ailleurs, les entités déclarantes ne reçoivent pas de la part des Autorités compétentes,
des listes mises à jour des personnes et entités au titre de la Résolution 1267 des Nations
Unies. Il en résulte une mise en œuvre limitée et variante des sanctions financières ciblées
par les IF, notamment les mesures de gel des avoirs requises à l’encontre des personnes et
entités désignées. En outre, l’obligation de mise en œuvre « sans délais » dans ces conditions
ne peut être respectée.
286.Au-delà de leurs déclarations, il a été noté que les sociétés et les intermédiaires
d’assurance, n’ont pas connaissance des listes établies au titre des Résolutions Onusiennes
concernées. Bien que connaissant l’existence des listes du Comité des Sanctions des Nations
Unies, les EMF et les sociétés de transfert de fonds ne disposent pas d’outils de filtrage pour
mettre en œuvre les mesures d’identification et de gel des avoirs des personnes et entités
listées. Quant aux prestataires de services financiers par téléphonie mobile, ils disposent
d’outils de profilage appropriés pour la mise en œuvre des sanctions financière ciblées.
287.Les EPNFD en général n’ont pas connaissance des listes de sanctions des Nations Unies
ni de leurs obligations règlementaires en la matière. Elles se fient souvent à leurs banques
pour mener les vérifications à l’endroit de leurs clients. Enfin, le Gabon ne dispose pas d’une
liste nationale de personnes ou d’entités désignés en vertu de la Résolution 1373.
288. Nouvelles technologies : Les institutions financières développent et commercialisent
une large gamme de nouveaux produits adossés sur les nouvelles technologies. Le Règlement
CEMAC impose à tous les assujettis une évaluation des risques avant le lancement de tout
nouveau produit utilisant les TIC. Les responsables rencontrés des IF ont déclaré que ces
produits font l’objet d’une évaluation interne de risques par des services compétents, qui
remontent les conclusions au niveau de la haute direction et du conseil d’administration pour
validation, avant de les intégrer dans le dispositif de surveillance. Toutefois, dans l’ensemble
290. Pays présentant un risque plus élevé identifiés par le GAFI : Les banques disposent
généralement de listes de pays classés à haut risque par le GAFI. D’après les déclarations des
professionnels rencontrés, ces listes sont prises en compte dans le traitement des transferts
internationaux de fonds. De manière générale, aucune démonstration de mesures spécifiques
de vigilance renforcée lors des transactions avec ces pays identifiés par le GAFI n’a été faite,
que ce soit au niveau des IF en général, y compris les banques, ou au niveau des EPNFD.
5.2.5. Respect des obligations de déclaration en cas de suspicion ; prévention du «tipping-
off»
Institutions financières
291. Banques : Certaines banques disposent d’outils automatisés de profilage des clients et
de filtrage des opérations, qui leur permettent d’améliorer le dispositif de détection et de
traitement des alertes afin de remplir leurs obligations de déclaration des opérations
suspectes. D’autres par contre procèdent au traitement manuel des opérations de la clientèle.
De manière générale, cette obligation n’est pas remplie de façon satisfaisante par les
banques. Les mécanismes de traitements des alertes (pour celles qui disposent d’outils
automatisés de profilage) ou de détection manuelle des opérations suspectes ne garantissent
pas une prise en charge exhaustive et efficace des flux d’opérations. Par ailleurs, il a été
relevé une indépendance limitée des responsables de la conformité en matière de
transmission des DOS dans la plupart des banques, avec des mécanismes de censure de la
Direction Générale ; au sein de ces institutions bancaires, les alertes sont générées et traitées,
et les DOS sont transmises à la direction générale qui prend la décision ultime de
transmission ou non à l’ANIF. Les banques sont les principales entités déclarantes des
opérations suspectes à l’ANIF, avec 80% des 192 DOS reçues entre 2016 et 2021, soit en
moyenne 26 par an ; ce qui est très insuffisant au regard du contexte criminogène du Gabon,
Institutions financières
297. Les banques, les sociétés d’assurance, les PSFTC et les EMF, les sociétés de bourse
disposent en leur sein des services chargés du contrôle interne et de la conformité
conformément aux dispositions du Règlement CEMAC. Ces services ont pour missions
principales de s’assurer de l’existence et de l’efficacité des dispositifs internes et d’évaluer le
respect, par les unités opérationnelles, des exigences législatives et règlementaires ainsi que
des procédures internes y compris celle de la LBC/FT dans leur entrée en relation et dans
toutes les opérations qu’elles réalisent avec la clientèle. A cet effet, ces institutions désignent
des responsables de la conformité qui sont chargés du contrôle de la mise en œuvre des
exigences réglementaires, aussi dans le cadre de la LBC/FT. De plus, elles disposent d’un
service d’audit interne qui est censé effectuer des missions dans le domaine de la LBC/FT et
formuler des recommandations issues de ses missions dans un rapport soumis à la haute
direction et au conseil d’administration ou à l’organe de décision équivalent, qui prend les
mesures nécessaires pour en assurer le suivi. Seulement, dans les faits, les services de
contrôle interne n’accordent pas l’attention nécessaire aux dispositifs de LBC/FT au regard
de l’exposition de ces secteurs aux risques de BC/FT. Que ce soit au niveau de la plupart des
banques (en dehors des filiales des groupes bancaires internationaux) qu’à celui des autres
IF, l’efficacité des unités de contrôle interne dans l’amélioration de la conformité des
dispositifs de LBC/FT est encore faible. Cette faiblesse se justifient par des défaillances
relevées au niveau des outils de profilage déployés au cas où ils existent, sur les différents
manquements en matière d’identification des clients, bénéficiaires effectifs et PPE ainsi que
sur le défaut de mise en œuvre satisfaisante des sanctions financières ciblées.
298. Le Règlement COBAC R-2016/04 du 08 mars 2016 définit les règles relatives au
contrôle interne et au contrôle de conformité au sein des établissements de crédit et des
holdings financières. En application de ces dispositions, toutes les banques en activité au
Gabon disposent de départements chargés du contrôle et ceux chargés du contrôle de
conformité.
299. Au niveau des EMF, cette exigence est contenue dans le Règlement COBAC EMF R-
2017/06 du 24 octobre 2017 relatif au contrôle interne des EMF. Mais sa mise en application
en ce qui concerne les contrôles des dispositifs de LBC/FT est encore embryonnaire pour la
quasi-totalité des acteurs de ce secteur.
300. Pour le secteur des assurances, en application de l’article 23 du Règlement CIMA, tous
les acteurs de ce secteur disposent d’une fonction de conformité en leur sein. Certaines
sociétés ont procédé à la désignation d’un responsable de conformité, et mis en place un
b) Les mesures de détection et de répression des activités non agréées par les autorités sont
défaillantes. En effet, les secteurs financiers importants, notamment les secteurs de
change manuel et de transfert d’argent, font face à une activité informelle féroce qui
contrôle une grande partie du chiffre d’affaires dans ces secteurs, avec des risques élevés
d’utilisation à des fins de BC/FT. Il en va de même dans le secteur des EPNFD ou une
part importante de l’activité immobilière et minière est réalisée dans l’informel.
c) La COBAC a une compréhension limitée des risques de BC/FT auxquels sont exposés
les secteurs bancaires, des EMF, de change et de transfert de fonds, qui constituent
l’essentiel du secteur financier Gabonais. Les outils mis en place par la COBAC pour
assurer le suivi continue des diligences de LBC/FT par les assujettis reposent
principalement sur un cadre règlementaire ne reflétant plus tous les standards actuels en
la matière, notamment le Règlement COBAC de 2005 relatif aux diligences des
établissements assujettis. Dans la même veine, l’élargissement des missions de la
COBAC à certains secteurs de très grande importance (change) et d’importance
moyenne (les services de paiement mobile) ne s’est pas accompagné d’un renforcement
des ressources.
e) Pour ce qui est de la CIMA et la Direction Nationale des Assurances (DNA) l’approche
basée sur les risques n’est pas encore effective. La problématique de LBC/FT n’est que
sommairement prise en considération lors des contrôles. Ceci constitue une faiblesse
majeure étant donné que ces autorités ont en charge le secteur des assurances qui est de
moyenne importance au niveau du Gabon.
f) La COSUMAF a une compréhension très faible des risques de BC/FT inhérents aux
opérations des acteurs du marché financier et ne dispose pas de procédures spécifiques
de contrôle de la conformité aux normes LBC/FT.
j) S’agissant des SAV et des PSAV, ces activités ne sont pas encore règlementées au
Gabon.
Actions recommandées
Les autorités gabonaises sont invitées à mettre en œuvre des actions suivantes :
1. Désigner clairement les autorités compétentes pour la supervision en matière de LBC/FT
des EPNFD les plus exposés ;
2. Allouer des moyens conséquents aux autorités d’agrément pour renforcer les
vérifications liées aux BE et l’origine des fonds ;
4. Renforcer les capacités des services en charge de la supervision des IF (COBAC, CRCA,
COSUMAF) en les dotant d’outils nécessaires pour l’application d’une approche par les
risques tout en multipliant des formations sur la régulation, la supervision et la
mitigation des risques liés aux services de paiement et aux activités financières
innovantes ou finance technologique.
308.Le Résultat Immédiat pertinent pour ce chapitre est le Résultat Immédiat 3. Les
Recommandations pertinentes pour l’évaluation de l’efficacité dans le cadre de cette section
sont : R 14, 15, 26 à 28, 34 et 35 et certains éléments de la R 1 et 40.
309.L’évaluation de l’efficacité du contrôle est faite sur la base des différentes informations
et données quantitatives et qualitatives collectées auprès des autorités nationales, des organes
de supervision, de contrôle et de tutelle, des assujettis, de l’ANIF et des sources ouvertes,
d’une part, et grâce aux différents entretiens menés avec différents acteurs impliqués relevant
des secteurs publics et privés, d’autre part. La pondération de l’évaluation a tenu compte de
la classification ci-après de l’économie gabonaise en secteurs de très grande importance que
sont les banques, les établissements de microfinance, les agents immobiliers, les négociants
en pierres et métaux précieux et le change manuel ; d’importance moyenne constitués des
assurances, des opérateurs de transferts de fonds par messagerie financière, les prestataires
des services financiers par téléphonie mobile, les casinos et établissements de jeux, les
notaires , les avocats et les experts comptables ; et de faible importance, notamment les
marchés financiers et les établissements financiers spécialisés (Cf. Chap. 1)
6.2. Résultat immédiat 3 (Contrôle)
6.2.1 Mise en œuvre de mesures empêchant les criminels et leurs complices de détenir
ou de devenir les bénéficiaires effectifs d’une participation significative ou de contrôle
d’institutions financières ou d’entreprises et professions non financières désignées, ou
d’y occuper un poste de direction
Les Institutions Financières
310. D’une manière générale, l’évaluation des diligences qu’effectuent les autorités pour
empêcher que les criminels et leurs complices n’accèdent ou ne prennent le contrôle des
institutions financières, dégage des insuffisances.
S’agissant de l’examen des dossiers des établissements de crédit, des EMF et des bureaux
de change, les vérifications de la DIF se limitent au contrôle de la validité et l’exhaustivité
des pièces. Aucune diligence n’est accomplie pour l’identification des BE. L’absence des
statistiques sollicitées sur les cas de rejets et les motifs jette un doute sur l’efficacité des
procédures.
Au niveau des sociétés de transfert d’argent, les 14 sociétés en activités ont été agréées
sur la base des textes nationaux et sans vérifications de l’origine des fonds, des BE ou des
garanties sur la mise en place d’un dispositif interne de LBC/FT. Le Règlement de 2018
sur les services de paiement a abrogé lesdits textes nationaux tout en accordant un délai de
12 mois à compter du 1er janvier 2019 pour s’arrimer aux dispositions innovantes y
compris en matière de LBC/FT. Plus de 02 ans après le délai transitoire, force est de
constater qu’aucune société de transfert ne s’est mise en conformité. Aucune mesure
d’encadrement ou de coercition n’a été prise par les autorités à l’égard de ces sociétés.
Toutes ces défaillances créent un terrain propice au développement de l’activité de
transfert informel ou souterrain avec des risques accrus de BC/FT dans le pays.
La DNA quant à elle analyse les demandes d’agrément dans le secteur des assurances
notamment les compagnies d’assurance et les intermédiaires d’assurance. Après examen,
les dossiers des compagnies d’assurances sont transmis à la CIMA plus précisément à la
CRCA qui est un de ses organes. Les dossiers des intermédiaires d’assurance ne sont pas
transmis à la CIMA car relevant de son entière compétence24. Toutefois, dans l’un
comme dans l’autre cas, aucune diligence particulière n’est effectuée en ce qui concerne
l’origine des fonds, et l’identification des BE des actionnaires étrangers et les garanties
24
Seuls les dossiers des compagnies d’assurances sont transmis à la CIMA.
313. Par ailleurs, les bureaux de change agréés font face à la concurrence des acteurs
clandestins, personnes physiques, principalement au niveau de l’Aéroport de Libreville et au
sein de la communauté ouest-africaine du Gabon, qui échappent à l’exigence de l’agrément
avant l’exercice de leurs activités de change manuel ; ce qui constitue un facteur de risque
significatif au BC/FT, d’autant plus qu’ils ne respectent pas le plafond journalier de 5 millions
de francs CFA (FCFA) par client et que l’origine des fonds investis par eux dans le change
manuel est questionnable. En dehors de l’opération « coup de poing » réalisée par Ministère
en charge des finances en 2015 en collaboration avec les forces de maintien de l’ordre, aucune
25
Les dossiers de demande d’agrément des acteurs du marché financier ne font pas l’objet d’une pré-étude au
niveau national par les autorités monétaires et des assurances. Ils sont directement déposés à la COSUMAF.
Des échanges avec la COSUMAF, il ressort qu’aucun contrôle lié à l’origine des fonds et au BE n’est pour
l’instant effectué lors de l’examen des demandes d’agrément.
315. En outre, les sociétés internationales de transfert de fonds et valeurs ne se sont pas
constituées en entités juridiques nationales et continuent d’exercer au Gabon sans agrément,
mais sur la base des contrats de partenariats avec les banques commerciales locales, au mépris
des dispositions du Règlement de 2018 relatif au service de paiement et du Règlement de
2016 relatif à la LBC/FT.
316. Enfin, l’absence de règlementation sur les conditions d’exercice des SAV et des PSAV,
pourrait favoriser le développement de l’activité informel avec les risques de BC/FT.
26
L’Opération Coup de poing avait permis de recenser plus de 250 entités exerçant l’activité de change et de
transfert sans agrément. Des mesures d’encadrement avaient été prises pour les accompagner à se conformer
à la Règlementation. Un dossier pour les récidivistes avait été transmis aux autorités judiciaires pour exercice
de l’activité bancaire sans agrément au sens de la convention de 1990 portant harmonisation de l’activité
bancaire dans la CEMAC. Depuis lors, les recommandations de cette opération n’ont plus été une priorité pour
les différentes autorités. Aucune mesure récente contre l’activité de change et de transfert clandestin n’a été
enregistrée.
27
Article 83 et suivants du Règlement de 2018 relatif aux services de paiement dans la CEMAC qui a abrogé le
Règlement n°01/11/ CEMAC/UMAC/CM du 18 septembre 2011 relatif à l’exercice de l’activité d’émission de
monnaie électronique.
320.Les Experts comptables : Pour exercer en tant que libéral, le diplômé d’expertise-
comptable doit obtenir un agrément conformément aux dispositions du Règlement CEMAC et
être inscrit à l’Ordre National des Experts comptables. Les diligences menées aussi bien par
les autorités communautaires que nationales (ONEC) pour contrôler l’accès à la profession
portent entre autres sur l’honorabilité et les incompatibilités à l’effet de garantir la crédibilité
du métier. Seulement, aucun cas de refus, de rejet ou de sanction n’a été communiqué avant
ou pendant la visite sur place. Ceci pourrait remettre en question l’efficacité des procédures de
vérification d’autant plus que c’est un secteur assez important de l’économie Gabonaise.
321.Les avocats : l’accès à la profession s’effectue sur la base d’un concours organisé par le
Ministère en charge de la justice en collaboration avec le barreau. Il est exigé dans le cadre la
constitution du dossier, un casier judiciaire pour s’assurer de la probité des candidats
stagiaires. Le barreau dispose par ailleurs d’un code éthique et déontologique et des sanctions
sont prononcées en cas de manquement aux règles dudit code. Ces mesures disciplinaires
visent à s’assurer de l’honorabilité des affiliés. Toutefois, l’impact de ces mesures
disciplinaires reste faible à partir du moment où, le barreau ne fait pas de la LBC/FT une
priorité dans ses plans de déploiement.
322. Les Notaires : Le Gabon compte à fin 2021 (16) cabinets et 15 notaires en exercice. La
Chambre des notaires s’est dotée d’un code déontologique qui prévoit des mesures de probité
dans la profession. Cependant, cette association ne dispose pas de pouvoir de contrôle de la
probité dans la profession, dans la mesure où, les charges sont créées et attribuées par le
Ministère en charge de la justice de manière unilatérale sans aucune mesure de contrôle de
l’honorabilité des futurs notaires. Les notaires n’appliquent pas les mesures de vigilance dans
le cadre de leur opération au Gabon, ce qui constitue une vulnérabilité majeure au regard de
6.2.2 Vérification d’une compréhension continue des risques de BC/FT dans les
secteurs financiers et l’ensemble des autres secteurs
323.D’une manière générale, l’inachèvement de l’ENR par le Gabon constitue une limité à la
compréhension des risques par les autorités de contrôle tout comme la non règlementation
des SAV et des PSAV.
Secteur financier
324.La COBAC : Initialement au niveau du Gabon, le champ de supervision de la COBAC
en matière de LBC/FT se limitait aux établissements de crédit et aux EMF. L’adoption des
nouveaux textes communautaire à partir de 2018 a élargi son champ de supervision en
matière de LBC/FT aux établissements de paiement et aux bureaux de change.
325. Pendant la visite sur place, la COBAC n’avait pas encore élaboré une cartographie des
risques de BC/FT par secteur d’activité et par entité au niveau du Gabon. Elle n’a pas
présenté ou documenté une classification des entités en fonction du niveau des risques,
susceptible d’être mise à jour en fonction de l’émergence des nouveaux risques liés au
développement des activités financières innovantes. Néanmoins, au plan opérationnel, la
COBAC dispose des outils lui permettant d’avoir dans l’ensemble une compréhension
continue des risques de BC/FT auxquels est exposé le secteur financier Gabonais d’une part,
et de s’assurer que lesdites institutions, notamment les établissements de crédit, mettent en
œuvre de manière convenable leurs diligences de LBC/FT, d’autre part.
326. En effet, dans le cadre de la supervision en matière de LBC/FT, la COBAC a mis en
place un outil de contrôle permanent et d’autoévaluation qui est un questionnaire dénommé
ASTROLAB28 administré aux assujettis notamment les banques et les EMF. Les
informations renseignées ou déclarées sont, à partir du canal de reporting CERBER 29 et
SESAME30 transmis à la COBAC qui les analyses pour évaluer l’adéquation et la mise en
œuvre du dispositif de LBC/FT par ces assujettis. Pour davantage affiner la compréhension
des risques de BC/FT, la COBAC a intégré dans son dispositif de contrôle sur pièces, le
système de cotation des établissements de crédit dit « SYSCO » qui permet à la Direction du
Contrôle Permanent (DCP) du Secrétariat Général de la COBAC d’attribuer une note à un
établissement en fonction de son profil de risques. Sur la base des résultats du questionnaire
ASTROLAB et des contrôles sur place qui intègrent les volets LBC/FT, cette note intègre
l’appréciation de la qualité de la gouvernance et du contrôle interne afférente à la mise en
œuvre des diligences relatives à la LBC/FT prévues par le règlement de référence.
28
Questionnaire administré par la COBAC depuis 2006 dans le cadre du programme d’Aide à la Surveillance et
au Traitement de la Règlementation et de l’Organisation de la Lutte Anti-Blanchiment en abrégé « ASTROLAB ».
29
Système de Collecte, d’Exploitation et de Restitution aux Banque des Etats Règlementés. C’est un dispositif
dématérialisé « ecerber », avec des interfaces entre la COBAC et les Assujettis.
30
Système d’Evaluation et de supervision des activités de Microfinance.
330. La CIMA : la CRCA n’a pas encore développé une cartographie des risques en
général et de LBC/FT en particulier des compagnies d’assurance et de réassurance exerçant au
Gabon. La CIMA n’a pas présenté aux évaluateurs un rapport d’analyse sur pièce et sur place
présentant les principaux risques de BC/FT observés ou dentifiés. De même, la formation des
écoles d’assurance n’intègre pas des modules spécifiques sur la LBC/FT, mais de
gouvernance en générale. Par ailleurs, l’analyse des rapports annuels de LBC/FT transmis par
les compagnies d’assurance n’est pas profonde et les contrôle n’aborde que sommairement
333. Par ailleurs, depuis la fusion des marchés financiers de la CEMAC en juin 2019, ce
secteur d’activité a des perspectives prometteuses au Gabon. La COSUMAF envisage à cet
égard de renforcer ses effectifs de contrôleurs en nombre et en capacité en matière de
LBC/FT. Elle a également engagé, en collaboration avec la COBAC, le GABAC et la BEAC,
des actions en vue d’arrimer ses textes organiques et définir les mécanismes d’une Co
régulation des activités de SAV et de PSAV.
334. Aucun mécanisme de compréhension continue des risques de LBC/FT n’a été identifié
dans le secteur des EPNFD en raison de l’absence d’autorité (s) nationale (s) de supervision
dédiée.
6.2.3 Contrôle, en fonction des risques, du degré de respect par les institutions
financières et les EPNFD de leurs obligations de LBC/FT
Contrôle des institutions financières
335. Au niveau de la COBAC, la liste des établissements à vérifier au cours d’un exercice
est établie sur la base de divers critères et informations, tirés de la surveillance permanente
des établissements assujettis. Les critères de sélection retenus comprenaient notamment la
Page 124 sur 235
notation attribuée par l’outil SYSCO II31, les informations et appréciations issues des
reporting CERBER et SESAME, des correspondances échangées et des entretiens avec les
assujettis, des rapports annuels sur le contrôle interne, et l’ancienneté de la précédente
vérification, etc. En général, la priorité est donnée aux assujettis dont la vulnérabilité était
avérée, à ceux qui présentaient des risques susceptibles de détériorer leur situation financière
à court ou moyen terme, ou encore, à ceux pour lesquels des instructions précises ont été
données par la Commission Bancaire. 32 Le volet de la LBC/FT fait partie intégrante des
différents risques et vulnérabilités susmentionnés. Toutefois, d’importants efforts restent à
fournier par la COBAC dans l’application de l’approche fondée sur les risques, dans la
mesure où, les outils de reporting ou d’analyse n’ont pas encore intégré les particularités des
activités financières innovantes et des risques inhérents. Outre cela, la COBAC n’a pas encore
élaboré une cartographie des risques de BC/FT par secteur d’activité et par entité au niveau du
Gabon pouvant faire l’objet d’une mise à jour permanente.
Tableau 11:Récapitulatif du nombre de missions réalisées par type de missions et catégories d’établissements par la
COBAC en lien avec la LBC/FT au Gabon entre 2016 et septembre 2021
Type de missions et catégories 2016 2017 2018 2019 2020 2021 TOTAL
d’établissements
Vérification générale 1 0 0 0 1 1 3
336. Au Gabon, la COBAC n’a pas encore réalisé des missions thématiques exclusivement
dédiées à la LBC/FT. Les aspects de LBC/FT sont cependant pris en compte lors des missions
de vérifications générales et des missions thématiques. Ainsi, entre 2017 et 2021, elle a
31
Le système de cotation SYSCO3 qui consacre un bloc entier de ses critères est en cours d’implémentation.
Initialement prévue pour le 31 mars 2022, la date de fin a été repoussée afin de rallonger la période des tests
de la solution intégrée dans la plateforme SPECTRA
32
Ces déterminants sont faits par les départements de contrôle sur place et permanent de la COBAC à partir de
l’analyse des reporting ASTROLAB et des rapports de contrôle sur place, bien que ces dispositifs, comme
évoqués au point 97 comportes encore de nombreuses insuffisances.
337. Au niveau des institutions bancaires qui ont le poids le plus important du secteur
financier Gabonais, la programmation des contrôles par la COBAC est faite sur la base d’une
analyse des données communiquées à partir des outils de contrôle permanent
d’autoévaluation. Ces contrôles relèvent entre autres que les effectifs des banques dédiés à la
mise en œuvre de la nouvelle réglementation de change apparaissent insuffisants. En outre,
ces effectifs ne bénéficient pas d’une formation adéquate sur le nouveau dispositif de
communication des informations à la BEAC, d’où un renseignement inadéquat des états de
reporting. Les procédures opérationnelles des banques ont été partiellement mises à jour mais
ne sont pas exhaustives. Les dispositifs de contrôle interne et de gestion des risques inhérents
aux opérations internationales apparaissent perfectibles. De même, les dispositifs permettant
cette approche fondée sur les risques n’ont pas encore été adaptés aux spécificités des autres
secteurs d’importance moyenne et à risque élevé de BC/FT tels les secteurs des bureaux de
change et des paiements mobiles dont l’activité connait une croissance exceptionnelle ces
dernières années.
338. En termes d’intensité, il convient de relever que sur un total de 218 missions de contrôle
effectuées par la COBAC dans les pays de la CEMAC entre 2016 et 2021, 44, soit 20% ont
été effectuées au Gabon. De ces 44 missions, 30, soit 68 % ont abordé au moins une
problématique avec la LBC/FT. Lesdites missions ont été diligentées auprès de 10 EC. Il
ressort en particulier des contrôles menés en 2019 que les diligences LCB-FT sont
insuffisamment mises en œuvre. En outre, les mission d’enquête ont constatées une
incomplétude de la documentation commerciale qui se traduit par de graves lacunes de la
connaissance client dans les dossiers examinés, y compris en matière de trade finance et de
ventes de devises aux bureaux de change. L’insuffisance des contrôles dans le secteur de la
microfinance pourrait faire de ce secteur une porte au BC/FT.
339. S’agissant de la CIMA, la répartition des Commissaires contrôleurs ne se fait pas par
pays. La CRCA compte 16 contrôleurs pour 190 compagnies et 07 réassureurs implantés dans
14 Etats membres. Chaque compagnie reçoit en moyenne 01 contrôle tous les 4 ans et le
Gabon compte 10 compagnies d’assurance. Aucun contrôle thématique de LBC/FT n’a été
effectué au niveau des compagnies exerçant au Gabon. Les missions de vérifications
générales abordent très vaguement et de manière sommaire quelques questions liées à la mise
en place du dispositif interne de conformité et de la LBC/FT sans vérification de
340. La COSUMAF n’a pas encore intégré l’approche fondée sur les risques de LBC/FT
dans le cadre de sa supervision, bien que l’activité des marchés financiers soit de faible
importance au Gabon (une société de bourse).
342. Enfin, la non règlementation des SAV et des PSAV a pour conséquence l’absence
d’autorité de régulation et de contrôle de ces activités.
343. Les EPNFD dans leur ensemble ne disposent pas d’autorités désignées pour le contrôle
de leurs obligations en matière de LBC/FT, ce qui ne permet pas d’assurer une supervision
basée sur les risques en la matière.
6.2.4 Caractère efficace, proportionné et dissuasif des actions correctrices et/ou des
sanctions appliquées
344. La COBAC a déjà eu à infliger des blâmes et des injonctions pour les manquements en
matière de LBC/FT constatés à l’occasion de ses contrôles au Gabon. Ces sanctions sont
matérialisées par des décisions qui font l’objet de notification aux diverses autorités et
associations professionnelles dans le but renforcer leur caractère pédagogique.
345. S’agissant des blâmes, la COBAC a, entre 2016 et 2021, prononcé 8 blâmes à la
suite des manquements de LBC/FT constatés auprès des établissements. Relativement à leur
étendue ces blâmes ont été prononcés à l’encontre de 2 DG, 2 DGA, 2 établissements et 02
PCA. Les motifs étant des carences quant aux obligations de vigilance sur les transactions
telles que prévues par le COBAC R- 2005/01 et l’absence de motifs des opérations. Ces
sanctions ont été matérialisées par 08 Décisions COBAC qui ont fait l’objet d’une
notification à la Direction Générale de l’établissement et à l’Autorité monétaire de la
République Gabonaise, avec ampliation à la Direction Nationale de la BEAC du Gabon, à la
Fédération de l’Association Professionnelle des Etablissements de Crédit (FAPEC) et à
l’Association Professionnelle des Etablissements de Crédit du Gabon (APEC Gabon). En
termes d’intensité, ces sanctions représentent 16% des 50 blâmes pour manquement de
LBC/FT prononcé par la COBAC pour tous les pays de la CEMAC au cours de la période
sous revue. Il convient toutefois de relever que ces blâmes ont été tous prononcés en 2018.
Aucune sanction en lien avec la LBC/FT n’a été prononcée en 2016, 2017, 2019, 2020 et
2021 à l’encontre des établissements du Gabon.
Tableau 12:Typologie des injonctions prononcées par la COBAC à l’encontre des établissements assujettis et de leurs
dirigeants implantés au Gabon en raison d’au moins une infraction en matière de LBC/FT entre 2016 et 2021
Type d’injonction adressée en lien 2016 2017 2018 2019 2020 2021 TOTAL
avec la LBC/FT
Avec astreinte - - - 5 - - 5
Sans astreinte - 1 - - - - 1
347. Cependant, ces sanctions ne sont pas proportionnelles et suffisamment dissuasives dans
la mesure où, sur 30 missions en lien avec la LBC/FT effectuées entre 2016 et 2021, seuls les
contrôles de 2017 et 2019 ont donné lieu à la prononciation des sanctions, soit moins de 34%
des missions de contrôle, alors que les rapports y afférents font état des défaillances et
vulnérabilités majeurs constatées à l’occasion de ces contrôles. Ce faible taux de constations
justifie un besoin de renforcement des capacités des contrôleurs sur les problématiques de
LBC/FT. Par ailleurs, au regard de la gravité des manquements plus haut présentés, les
sanctions paraissent clémentes, sans doute en raison du fait que la COBAC privilégie encore
l’approche pédagogique. En outre, le champ de ces sanctions est limité car elles ont été
prononcées uniquement à l’encontre de certains établissements de crédit. Aucune sanction n’a
été prononcée dans le secteur des EMF qui a pourtant fait l’objet de 03 contrôles ayant un lien
avec la LBC/FT sur la période 2016-2021. Les autres secteurs quant à eux n’ont fait l’objet
d’aucun contrôle par la COBAC depuis plus de 05 ans.
349. Les SAV et les PSAV n’étant pas règlementés ou supervisés, il n’y a pas de sanctions
prononcées.
6.2.5 Impact des actions des autorités de contrôle sur le niveau de conformité des
institutions financières et des EPNFD
351. D’une manière générale, l’impact des actions des autorités de contrôle sur le niveau de
conformité des IF et des EPNFD n’est pas mesurable en l’absence des informations et
données précises issues d’une étude d’impact.
352. Néanmoins, l’évaluation a permis d’apercevoir que les banques et les établissements de
micro finance améliorent progressivement leurs niveaux de conformité, principalement en
raison des exigences liées à leur ouverture sur l’extérieur, notamment les relations de
correspondance pour ce qui concerne les banques, et les interrelations fortes qu’ils établissent
avec les banques, pour les EMF. Les contrôles bien que limités de la COBAC peuvent aussi
justifier cette amélioration.
353. Pour les autres institutions financières et les EPNFD de manière générale, la faiblesse
de contrôle pour les uns et l’absence de supervision pour les autres ne sont pas de nature à
créer des conditions pouvant permettre d’impacter, un tant soit peu, le niveau de conformité
en matière de LBC/FT de ces différents assujettis.
354. Les SAV et PSAV n’étant pas règlementés et supervisés, il y absence d’actions des
autorités de contrôle qui pourraient impacter sur la conformité relativement à ces activités.
6.2.6 Promotion d’une bonne compréhension par les institutions financières et les
EPNFD de leurs obligations en matière de LBC/FT et des risques de BC/FT.
355. Au niveau du secteur financier, les autorités de contrôle recourent à des supports
variés pour favoriser dans une certaine mesure, la bonne compréhension par les acteurs de
leurs obligations en matière de LBC/FT. Outre les sites internet où l’on peut retrouver les
textes règlementaires ou les pièces à constituer pour la demande d’un agrément, des activités
de sensibilisations sont organisées. La COBAC organise les réunions de concertation
annuelle avec la profession bancaire pour présenter les résultats issus de l’exploitation de
l’auto-évaluation ASTROLAB ainsi que des collèges de superviseurs des grands groupes
financiers ayant leurs filiales au Gabon. L’ANIF et le GABAC déploie des efforts louables
pour rencontrer les principaux acteurs impliqués dans la LBC/FT et les associer aux
séminaires et ateliers organisés en la matière. Les associations professionnelles (APEMG,
33
Le Décret de 2021 portant organisation et fonctionnement de la Commission Supérieure des Jeux n’intègre
pas expressément dans les missions de ladite commission, le contrôle en matière de LBC/FT. Par ailleurs cette
instance n’est pas encore opérationnelle et est dépourvu de réel pouvoir de sanction.
356. En outre, les Autorités Gabonaises n’ont pas édicté des lignes directrices à l’égard des
différentes catégories d’assujettis (y compris à l’égard des SAV ou des PSAV), dans le but
de promouvoir et de s’assurer d’une bonne compréhension de leurs obligations en matière de
LBC/FT et des risques de BC/FT auxquels les activités qu’ils exercent se trouvent exposées.
Les activités de formations en la matière sont également peu fréquentes et nécessitent être
renforcées tout comme l’accompagnement des instances spécialisées comme la GABAC.
357. Dans le secteur des EPNFD, à l’exception de l’ONEC qui a produit un support dans
lequel elle sensibilisait ses affiliés sur l’obligation de conservation des documents, les autres
OAR et les différentes tutelles administratives n’ont pas d’initiative mené d’actions visant la
promotion d’une bonne compréhension des obligations de LBC/FT par leurs affiliés ou
assujettis.
Conclusion sur le RI 3
358. La supervision des secteurs de grande importance au Gabon comporte des carences
majeures.
359. Au niveau des institutions financières, la fréquence, l’étendue et l’efficacité en
termes de contrôles et de sanctions en matière de LBC/FT, sont limitées au niveau des
établissements bancaires, des EMF et des opérateurs de change manuel, secteurs de très
grande importance, et extrêmement faibles, voire inexistants dans les secteurs
d’importance moyenne tels les assurances et les services de paiement. Par ailleurs, à
l’exception de la COBAC qui disposent d’outils lui permettant d’avoir une
compréhension limitée des risques de BC/FT dans le suivi des établissements bancaires et
dans une moindre mesure les EMF, la compréhension des risques dans d’autres secteurs
importants sous sa responsabilité ou celle des autres régulateurs reste embryonnaire. En
outre, d’une manière générale, d’importants progrès restent à faire en matière
d’application de l’approche fondée sur les risques et de sensibilisation sur les
problématiques de LBC/FT.
360. Pour ce qui est des EPNFD, elles ne sont pas soumises à une autorité de régulation
de la LBC/FT, alors que des secteurs de grande importance tels les agents immobiliers et
les négociants en pierres et métaux précieux qui occupent une place importante dans le
développement et la création de la richesse nationale au niveau du Gabon font face à une
activité informelle féroce qui engendre des risques élevés de BC/FT.
Le Gabon est noté comme ayant un niveau d’efficacité faible pour le RI 3.
Actions recommandées
Les Autorités Gabonaises devraient :
1. Conduire une étude spécifique des risques d’utilisation abusive des personnes morales et
361. Le Résultat immédiat pertinent pour le présent chapitre est le RI.5. Les
Recommandations pertinentes pour l’évaluation de l’efficacité dans le cadre de cette
section sont les R.24, et 25 et certains éléments des R.1, 10, 37 et 40.34
7.2.Résultat immédiat 5 (Personnes morales et constructions juridiques)
7.2.1. Accessibilité au public des informations sur la création et les types de personnes
morales et de constructions juridiques
362.Les informations sur les types de personnes morales existant au Gabon sont disponibles
sur le site officiel de l’OHADA et sur celui de l’ANPI et peuvent être directement consultées
par le public. La procédure d’immatriculation des SCI au Gabon n’a cependant pas été
34
La disponibilité d’informations élémentaires et sur les bénéficiaires effectifs, exactes et à jour, est également
évaluée par le Forum mondial sur la transparence et l'échange de renseignements à des fins fiscales de l’OCDE.
Dans certains cas, les conclusions peuvent être différentes en raison de différences entre les méthodologies,
objectifs et champs des standards respectifs du GAFI et du Forum Mondial.
Conclusion sur le RI 5
397. La création des sociétés commerciales au Gabon obéit à des obligations générales de
transparence dont l’immatriculation au RCCM afin de s’assurer que celles-ci ne soient
utilisées abusivement à des fins de BC/FT. Pour ce qui est des ONG et Associations, le pays
dispose des textes spécifiques qui imposent à ces entités une certaine démarche
administrative. Toutefois, cette démarche ne satisfait pas pleinement aux obligations de
transparence et d’identification des BE. Les trusts constitués à l’étranger peuvent opérer au
Gabon et des professionnels nationaux peuvent fournir les mêmes services aux trusts
étrangers. Cependant, aucun mécanisme n’est mis en place pour assurer la transparence
dans ce secteur d’activités.
398. De façon générale, il n’existe pas au Gabon de mécanismes d’identification des
bénéficiaires effectifs des personnes morales et autres constructions juridiques.
399. Par ailleurs, le pays n’a pas fait une évaluation des risques d’utilisation abusive des
personnes morales à des fins de BC/FT en vue de proposer des mesures d’atténuation. Il en
est de même en ce qui concerne les OBNL.
400. Les autorités compétentes ne font pas souvent usages des informations élémentaires du
RCCM détenu par le Guichet Unique de l’ANPI dans le cadre des dossiers de BC/FT.
Aussi, il n’existe aucun moyen de s’assurer que ces informations soient régulièrement mises
à jour et disponibles en temps opportun.
401. Aucune sanction pour non-respect des obligations de transparence par les personnes
morales n’a été prononcée.
Conclusions principales
a) Le Gabon a un cadre juridique et institutionnel conventionnel pour solliciter et répondre
aux demandes de coopération internationale en matière d’entraide judiciaire et
d’extradition sur les infractions de BC, de FT et les infractions sous-jacentes associées.
Toutefois, la mise en œuvre de ce cadre n’est pas active et satisfaisante. Néanmoins, il
existe les jalons d’une coopération informelle entre les autorités compétentes nationales et
leurs homologues étrangers. Les procédures pour la priorisation des dossiers et leur
traitement en temps opportun ne sont pas clairement établies.
Actions recommandées
Le Gabon devrait :
1. Systématiser le recours par les autorités compétentes à l’entraide judiciaire internationale
et aux autres formes de coopération internationale aux fins de poursuivre le BC, le FT et
les infractions sous-jacentes associées comportant des éléments d’extranéité ;
3. Mettre en place, auprès de toutes les autorités compétentes en charge des questions de
LBC/FT, des mécanismes de suivi des demandes reçues et/ou envoyées afin qu’elles soient
traitées en temps opportun et selon des procédures qui fournissent une orientation sur la
priorisation des cas ;
408. L’ANIF du Gabon est membre du Groupe Egmont et a signé des accords de coopération
avec six (06) Cellules de Renseignements Financiers étrangères. Ainsi, l’ANIF a accès aux
informations détenues par ses homologues afin de traiter les dossiers à caractère
international. Ces échanges d’information avec les Cellules membres du Groupe Egmont se
font à travers Egmont Secure Web. L’ANIF a affirmé, sans en avoir fourni de cas illustratifs,
que les informations reçues dans le cadre de cette coopération lui permettent d’enrichir les
déclarations de soupçon en cours d’analyse ainsi que sa base de données, mais également
déclencher des alertes par rapport aux menaces de blanchiment de capitaux et financement du
terrorisme.
409.Au cours de la visite sur place, l’équipe a noté que la Police, le BCN-Interpol, les
administrations des Douanes et des Impôts ainsi que la COBAC disposent d’outils de
coopération susceptibles de leur permettre de solliciter en cas de besoin, des informations
auprès de leurs homologues étrangers en vue de l’accomplissement de leurs missions
respectives. Toutefois, il n’a pas été mis à la disposition des évaluateurs, des cas concrets
dans lesquels la coopération a pu être sollicitée par ces différentes structures ainsi que par les
autorités de supervision.
8.2.4. Octroi d’autres formes de coopération internationale en matière de BC,
d’infractions sous-jacentes associées et de FT
ANIF
410. Selon le rapport d’activités de l’ANIF 2021, le Gabon a enregistré sept (7) demandes
d’informations en provenance des CRF étrangères dont Burkina Faso (01), Cameroun (01),
Sénégal (01), Syrie (03) et les Etats-Unis d’Amérique (01). Il a, en outre, enregistré huit (08)
transmission d’information en provenance de quatre (04) CRF étrangères à savoir de
l’Argentine, du Bahamas, du Luxembourg et de la Syrie.
415. Selon les informations recueillies lors de la visite sur place et l’exploitation des réponses
du pays sur l’efficacité, les autorités compétentes du Gabon, au niveau du Ministère en charge
des Eaux et Forêts, procèdent par échanges permanents avec leurs homologues étrangers au
sein de la plateforme Africa-Twix mise en place par la CITES et l’UICN au sein de l’espace
COMIFAC.
416. Toutefois, cette coopération n’est pas toujours sollicitée. Tel est le cas dans le cadre de
l’affaire dite du « scandale du kévazingo » où en 2019, une saisie de 5200 m3 de bois de
Kévazingo (1190 m3 dans 29 conteneurs de 20 pieds et 4010 en vrac d’une valeur estimée à
11.585.300 euros) a été opérée par les Agents des Douanes en collaboration avec ceux des
eaux et forêts. Les premières investigations menées dans cette affaire avaient permis au début
d’interpeller un responsable des Eaux et Forêts du Port d’Owendo, deux ressortissants Chinois
travaillant pour le compte d’une société d’exploitation de bois et d’une société de transit. Le
Parquet près le Tribunal de Première Instance de Libreville ayant été saisi, de concert avec les
autorités judiciaires, les responsables des eaux et forêts ont procédé à la vente de ce bois saisis
et les produits de la vente ont été reversés au Trésor public. Pourtant, la mise à contribution du
Réseau CEN (Réseau douanier de lutte contre la fraude) dans le cadre de la coopération
douanière, aurait pu permettre de remonter toute la filière de ce trafic illicite d’espèces
forestières protégées vers l’étranger. Ce qui aurait permis de mettre la main sur tous les
auteurs et surtout d’explorer le volet BC de ce trafic en retraçant les flux financiers
potentiellement générés.
COBAC
417. La COBAC a institué des cadres de dialogue avec la profession bancaire et des collèges
de superviseurs des grands groupes financiers exerçants au Gabon. En application des
principes 1216 et 1317 du Comité de Bâle pour un contrôle bancaire efficace, la COBAC
organise régulièrement des collèges des superviseurs des groupes bancaires placés sous sa
surveillance prudentielle. Ce volet de la coopération internationale avec les superviseurs des
pays hôtes est effectif depuis 2015.
Conclusions sur le RI 2
419. Le Gabon a mis en place un cadre juridique en matière d’entraide judiciaire et
d’extradition. Toutefois, le recours à l’entraide judiciaire aussi bien dans le domaine de BC
/FT que dans celui des infractions sous-jacentes reste imperceptible. Deux cas de demande
d’extradition ont été enregistrés.
420. La plupart des autorités compétentes disposent d’outils de coopération susceptibles de
leur permettre de solliciter et fournir, en cas de besoin, des informations auprès de leurs
homologues étrangers. Cette coopération reste théorique et n’est pas concrétisée avec la
multiplication des cas pratiques devant permettre à l’équipe d’évaluation de mieux
l’apprécier. Le cas Kévazingo est typique d’une coopération à parfaire. Cependant,
l’effectivité de cette coopération n’est pas encore établie.
421. Il n’existe pas de mécanisme de collecte et de traitement des statistiques en matière de
coopération judiciaire internationale et d’échanges d’informations par la plupart des
autorités compétentes. Les Ministères en charge des Affaires étrangères et de la Justice,
censés être les pionniers dans ce cadre, n’ont fourni aucun élément approprié à l’équipe de
l’évaluation
Le Gabon est noté comme ayant un niveau d’efficacité faible pour le RI 2.
INTRODUCTION
La présente annexe fournit une analyse détaillée du niveau de conformité du Gabon aux 40
Recommandations du GAFI. Elle ne décrit pas la situation du pays ou des risques, mais se
concentre sur l’analyse des critères techniques pour chaque Recommandation. Elle doit être
lue conjointement avec le Rapport d’Evaluation Mutuelle (REM).
Lorsque les obligations du GAFI et les lois ou règlementations nationales sont demeurées
inchangées, ce rapport renvoie à l’analyse réalisée dans le cadre de l’évaluation mutuelle
précédente datant de 2012. Le rapport est disponible sur le site suivant: www.spagabac.org
Le système de LBC/FT du Gabon a enregistré, depuis la dernière évaluation mutuelle,
d’importantes améliorations juridiques et institutionnelles qui ont contribué à corriger les
insuffisances identifiées, notamment à travers l’adoption, le 11 avril 2016, du Règlement
N°01/CEMAC/UMAC/CM, portant prévention et répression du blanchiment des capitaux et
du financement du terrorisme et de la prolifération en Afrique Centrale, lequel a intégré les
nouvelles obligations découlant des Recommandations révisées du GAFI en 2012.
Recommandation 1 : Evaluation des risques et application d’une approche fondée
sur les risques
Cette Recommandation a introduit de nouvelles obligations qui n’avaient pas été évaluées lors
de la précédente évaluation mutuelle du Gabon.
Obligations et décisions des pays
Evaluation des risques
Critère 1.1 : Le Règlement CEMAC en son article 13 prévoit que chaque Etat prend des
mesures appropriées pour identifier, évaluer, comprendre et atténuer les risques de BC/FT
auxquels il est exposé. Au moment de la visite sur place, l’ENR du Gabon était en cours. Par
conséquent, les risques de BC/FT ne sont ni identifié, ni évalué par le pays.
Critère 1.2 : Le dispositif juridique communautaire de 2016 article 13 al 2 fait obligation à
chaque Etat de désigner une autorité compétente pour coordonner les opérations d’évaluation
nationale des risques. A cet effet, un arrêté n°0270/PM/MER du 03 mai 2021 crée et organise
le Comité de coordination de l’ENR et désigne l’ANIF comme autorité compétente chargée
de coordonner les actions d’évaluation des risques. Cependant, certaines administrations
composant le Comité de coordination de l’ENR n’ont pas encore désigné leur représentant au
sein dudit comité, autant que certains représentants désignés n’ont jamais pris part aux
travaux du Comité, alors que celui-ci a mené ses activités jusqu’à l’adoption des rapports
sectoriels des différents groupes de travail qui le composent.
Critère 1.3 : Conformément aux dispositions pertinentes du Règlement CEMAC, les Etats
ont l’obligation de tenir à jour leurs évaluations nationales des risques (art. 13 al. 1er). Le
Gabon n’ayant pas achevé son évaluation nationale des risques aucune mise à jour n’est
possible.
Critère 1.4 : L’article 13 al. 2 du Règlement CEMAC dispose que les résultats de
l’évaluation des risques sont communiqués à toutes les autorités compétentes et les
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organismes d’autorégulation, ainsi qu’aux IF et EPNFD. L’article 25 de l’Arrêté
n°0270/PM/MER du 03 mai 2021 portant création, attributions, organisation et
fonctionnement du Comité de coordination de l’ENR, élargit cette communication des
résultats de l’ENR à certains départements ministériels, ainsi qu’au GABAC. Toutefois l’ENR
n’étant pas encore finalisée, aucun mécanisme de diffusion n’a été élaboré, ni mis en œuvre.
Mesures visant à atténuer les risques
Critère 1.5 : Le dernier alinéa de l’article 13 du Règlement CEMAC dispose que chaque Etat
membre applique une approche fondée sur les risques pour repartir ses ressources et mettre en
œuvre les mesures pour prévenir ou atténuer les risques de BC/FT. Cependant, le Gabon, dont
l’ENR n’était pas achevée au moment de la visite sur place, n’applique pas encore une
approche fondée sur les risques réels ou potentiels auxquels il est exposé. Néanmoins, la
méthodologie adoptée pour l’ENR en cours permettra au Gabon d’adopter un plan d’action
sur la base de ses résultats en vue d’atténuer les risques identifiés.
Critère 1.6 : Le pays n’a formulé aucune réserve aux Recommandations du GAFI.
Critère 1.7 : Conformément aux dispositions des articles 56 à 59 du Règlement CEMAC, les
IF et EPNFD assujetties sont tenues à une obligation générale de vigilance renforcée, en
particulier dans le cadre d’une correspondance bancaire transfrontalière ou lorsque le risque
de BC/FT présenté par un client, un produit ou une transaction est élevé. Cependant, l’ENR
étant en cours, le pays n’a pas encore identifié des risques plus élevés et pris des mesures de
traitement desdits risques pour répondre aux exigences des points a) et b) du présent critère.
Critère 1.8 : En application des dispositions des articles 52 à 55 du Règlement CEMAC, le
Gabon peut autoriser les IF et EPNFD à réduire l’intensité des mesures de vigilance dans
certaines circonstances (clients présumés à risque faible, produits présumés à risque faible), à
condition de justifier d’un risque faible de BC/FT. Mais, il n’est pas expressément indiqué
que le risque faible identifié soit cohérent avec l’évaluation des risques de BC/FT réalisée par
le pays.
Critère 1.9 : L’article 12 al.4 du Règlement CEMAC oblige les autorités de contrôle et les
organismes d’autorégulation de s’assurer que les institutions financières et les entreprises et
professions non-financières désignées mettent en œuvre des mécanismes permettant
d’identifier, d’évaluer et de comprendre les risques de BC/FT auxquels est exposé leur secteur
d’activités conformément à la Recommandation 1 du GAFI. Cependant, il n’existe pas
d’autorité désignée du contrôle du respect par les EPNFD de leurs obligations en matière de
LBC/FT. De même, les OAR ne disposent pas d’attributions de contrôle en la matière.
Obligations et décisions des institutions financières et des entreprises et professions non
financières désignées
Evaluation des risques
Critère 1.10 : En application des dispositions de l’article 14 du Règlement CEMAC relatif
aux mesures d’évaluation des risques édictées par les personnes assujetties, les IF et les
EPNFD sont tenues de prendre des mesures appropriées pour identifier et évaluer les risques
de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme et de la prolifération auxquels
elles sont exposées, en tenant compte des facteurs de risques tels que les clients, les pays ou
a) La conversion ou le transfert de biens, par toute personne qui sait que ces biens
proviennent d’une activité criminelle ou d’une participation à une activité criminelle,
dans le but de dissimuler ou de déguiser l’origine illicite desdits biens ou d’aider toute
personne impliquée dans cette activité à échapper aux conséquences juridiques de ses
actes ;
b) La dissimulation ou le déguisement de la nature, de l’origine, de l’emplacement de la
disposition, du mouvement ou de la propriété réelle des biens ou des droits y relatifs,
par toute personne qui sait que ces biens proviennent d’une activité criminelle ou
d’une participation à une activité criminelle ;
c) L’acquisition, la détention ou l’utilisation de biens, dont celui qui s’y livre, sait au
moment où il les réceptionne, que ces biens proviennent d’une activité criminelle ou
d’une participation à une activité criminelle ;
d) La participation, l’association à l’un des actes visés aux points a), b) et c), le fait de
s’associer pour le commettre, de tenter de le commettre, d’aider ou d’inciter quelqu’un
à le commettre ou de le conseiller à cet effet, ou de faciliter l’exécution d’un tel acte.
Critère 3.2 : Le code pénal gabonais couvre largement l’incrimination des infractions sous-
jacentes au blanchiment de capitaux telles que listées dans la catégorie désignée d’infractions.
Il manque dans cette énumération le trafic des migrants, les délits d’initiés et la manipulation
de marchés.
Critère 3.3 : Le Gabon n’applique pas la méthode du seuil, mais poursuit le blanchiment des
produits provenant de toute activité criminelle.
Critère 3.4 : La définition des biens figurant à l’article 1er (18) Règlement CEMAC du 11
avril 2016 englobe les avoirs de toute nature, corporels ou incorporels, meubles ou
immeubles, tangibles ou intangibles, fongibles ou non fongibles ainsi que les documents ou
instruments juridiques sous quelque forme que ce soit, y compris électronique ou numérique,
attestant la propriété de ces avoirs ou de droits y relatifs. Sont concernés les biens qui sont
directement ou indirectement le produit du crime, indépendamment de leur valeur.
Critère 3.5 : Conformément à l’article 120 du Règlement CEMAC, les dispositions du
présent titre (de la répression) s’appliquent quand bien même l’auteur de l’infraction d’origine
Critère 3.11 : Les articles 114 et 115 du Règlement CEMAC sanctionnent la tentative de,
l’entente et l’association en vue du blanchiment de capitaux. L’aide et l’assistance, le fait de
conseiller et de faciliter la commission de l’infraction sont des comportements couverts par la
notion de complicité et sanctionnés, en vertu des dispositions générales et spéciales du Code
Pénal gabonais, de la même peine que l’auteur de l’infraction (art 48, 49 et 380)
Pondération et conclusion :
Le Gabon répond en grande partie aux exigences de l’incrimination du blanchiment de
capitaux. Toutefois, l’énumération faite par le Gabon des infractions sous-jacentes au
blanchiment de capitaux n’est pas exhaustive. Il manque dans cette énumération le trafic des
migrants, les délits d’initiés et la manipulation de marchés, lesquels ne sont donc pas des
infractions sous-jacente au BC et ne constituent qu’une menace faible pour le pays.
Le Gabon est noté largement conforme à la Recommandation 3.
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Recommandation 4 – Confiscation et mesures provisoires
Lors de la précédente évaluation de 2012, le Gabon a été noté largement conforme pour ce qui
concerne les exigences de confiscation et les mesures provisoires ; en raison de l’impossibilité
de confisquer les biens de valeur équivalente aux produits ou instruments du crime et de
l’absence de mise en œuvre du Règlement CEMAC.
Depuis, le Gabon a amélioré son régime juridique concernant la confiscation avec l’adoption
en 2016 du nouveau Règlement CEMAC qui prévoit la confiscation des biens de valeur
équivalente (art 104 ,130 et 131).
Critère 4.1 : Au Gabon, la peine de confiscation est encourue de plein droit pour toutes les
infractions punies d’une peine d’emprisonnement supérieur à un an, ce qui inclut le BC
(articles 18-3 et suivants et 387 du code pénal). Ce cadre général est complété par le
Règlement CEMAC et permet la confiscation des biens suivant qu’ils soient ou non détenus
par des accusés dans une procédure pénale ou par des tiers :
a) Les biens blanchis (art. 105 du Règlement CEMAC) ;
b) Le produit de l’infraction (revenus ou autres avantages dérivés de ce produit) ou les
instruments utilisés ou destinés à être utilisés en vue du blanchiment de capitaux ou
d’infractions sous-jacentes (art. 130 du Règlement CEMAC, 18-4 et 387 du CP) ;
c) Les biens constituant le produit du, utilisés pour le, ou destinés à être utilisés en vue
du ou affectés au financement du terrorisme, des actes terroristes ou des organisations
terroristes (art. 131 du Règlement CEMAC, 18-4 et 387 du CP) ;
d) Des biens d’une valeur correspondante (art. 130 et 131 du Règlement CEMAC et 18-4
et 387 du CP).
Toutefois, la confiscation des biens blanchis (a) prévue à l’article 105 du Règlement CEMAC
est limitée aux personnes, entités ou organisations terroristes désignées par le CSNU agissant
en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations Unies, par le comité Ministériel ou les États
membres de la CEMAC au titre de la résolution 1373. De même la confiscation des biens de
valeur équivalente (d) dans le cas de BC est limitée aux biens acquis légitimement par le
condamné auxquels sont mêlés les produits de l’infraction ainsi qu’aux revenus et autres
avantages tirés de ces produits.
Critère 4.2 :
a) Les pouvoirs généraux conférés aux autorités d’enquête par le code de procédure
pénale ainsi que l’utilisation des techniques d’enquête prévues à l’article 98 du
Règlement CEMAC permettent d’identifier, de dépister et d’estimer les biens faisant
l’objet d’une mesure de confiscation.
b) Le cadre légal général d’enquêtes (articles 51 et suivants) et les pouvoirs conférés au
juge d’instruction (articles 83 et suivants) prévus dans le code de procédure pénale
gabonais et, plus spécifiquement pour les infractions de BC et FT, le Règlement
CEMAC (articles 104 et 105) permettent la mise en œuvre des mesures conservatoires,
telles que la saisie ou le gel, afin de faire obstacle à toute opération, ou tout transfert
ou disposition de biens faisant l’objet d’une mesure de confiscation. Ces mesures sont
directement mises en œuvre sans notification préalable.
Critère 4.3 : Les dispositions des articles 110, 112 et 131 dernier alinéa du Règlement
CEMAC instituent des mécanismes de recours administratifs et judiciaires qui garantissent la
protection des droits des tiers de bonne foi.
Critère 4.4 : Le Trésor public est l’autorité en charge de la gestion et de la disposition des
biens gelés, saisis ou confisqués. En effet, conformément aux dispositions des articles 130 et
131 du Règlement CEMAC, la confiscation à l’issue d’une condamnation pour blanchiment
de capitaux et financement du terrorisme est ordonnée au profit du Trésor Public. De façon
générale et conformément aux dispositions de l’article 18-9 du code pénal gabonais, la chose
confisquée est, sauf disposition contraire prévoyant sa destruction ou son attribution, dévolue
à l’Etat. Toutefois les mécanismes de gestion desdits biens ne sont pas clairement définis.
Pondération et conclusion :
Le Gabon dispose d’un cadre juridique permettant la mise en œuvre de la confiscation et
garantissant les droits des tiers de bonne foi dans la procédure de saisie et confiscation.
Cependant, il ne dispose pas d’une autorité pour appliquer les mesures de gel administratif en
matière de FT, ni d’un mécanisme clair pour la gestion des biens gelés, saisis ou confisqués.
Le Gabon est noté partiellement conforme à la Recommandation 4.
Recommandation 5 : Infraction de financement du terrorisme
Le Gabon a été évalué en 2012 non conforme aux obligations édictées par la
Recommandation portant sur l’incrimination du financement du terrorisme (ancienne RSII). Il
était reproché au Gabon l’absence d’incrimination du financement d’une organisation
terroriste et du financement d’un terroriste, l’absence de responsabilité pénale des personnes
morales en matière de financement du terrorisme et l’absence de mise en œuvre du Règlement
CEMAC.
Pour corriger les lacunes liées aux textes, le Gabon a adopté le nouveau Règlement CEMAC
du 11 avril 2016.
Critère 6.2 : Pour ce qui est des désignations relatives à la RCSNU 1373, le Gabon :
a) N’a pas institué une autorité ou un tribunal compétent ayant la responsabilité de
proposer la désignation de personnes ou d’entités qui remplissent les critères
spécifiques de désignation tels que décrits dans la RCSNU 1373 ; à l’initiative du pays
lui-même ou après avoir examiné la demande d’un autre pays et, le cas échéant,
donner effet à celle-ci ;
b) Ne dispose pas d'un ou de plusieurs mécanismes permettant d'identifier les cibles des
désignations, sur la base des critères de désignation établis dans la RCSNU 1373 ;
c) A défaut de a) et b) n’a fourni aucune information pour apprécier que lorsqu’il reçoit
une demande, le pays a la capacité de s’assurer rapidement, en vertu des principes
(supra) nationaux applicables, que la demande est étayée par des motifs raisonnables
ou par une base raisonnable permettant de suspecter ou de penser que la personne ou
l’entité dont la désignation est proposée remplit les critères de désignation de la
RCSNU 1373 ;
d) Devrait appliquer des critères de preuve relevant des « motifs raisonnables » ou de la «
base raisonnable » lorsqu’il décide s’il convient de faire ou non une désignation (art.
105 al. 3 du Règlement CEMAC). Toutefois, aucune autorité n’a été désignée pour la
mise en œuvre du gel administratif ;
e) A défaut de a) et b) n’a fourni aucune information permettant d’apprécier que lorsqu’il
est demandé à un autre pays de donner effet à des actions engagées dans le cadre des
mécanismes de gel, le Gabon fournit toutes les informations possibles pour
l’identification, ainsi que les informations spécifiques venant étayer la décision.
Critère 6.3 : Le Gabon n’a pas désigné d’autorités compétentes dans le cadre de la mise en
œuvre des RCSNU, ni défini les pouvoirs et procédures ou mécanismes juridiques dont elles
devraient disposer pour :
a) Recueillir ou solliciter des informations afin d’identifier les personnes et entités qui
remplissent les critères de désignation, sur le fondement de motifs raisonnables, ou
Retrait des listes, dégel et accès aux fonds et autres biens gelés
Critère 6.6 : Le Gabon n’a pas encore développé et mis en œuvre des procédures connues du
public, relatives au retrait des listes et au dégel des fonds et autres biens des personnes et
entités qui ne remplissent pas ou plus les critères de désignation, afin d’être conforme aux
sous-critères a), c), d), e) et g) du présent critère. Néanmoins :
a) Des pouvoirs et procédures ou mécanismes pour radier des listes et débloquer les
fonds ou autres biens des personnes et entités, désignées en application de la RCSNU
1373, qui ne remplissent plus les critères de désignation sont prévus. L’article 112 du
Règlement CEMAC, organise des procédures ou mécanismes pour permettre à toute
personne physique ou morale qui ne remplit plus les conditions et dont les fonds et
autres ressources financières ont été gelées, pour formuler un recours contre cette
décision dans un délai d’un mois à compter de la publication de la décision dans le
journal officiel ou dans un journal d’annonces légales. La demande est adressée à
l’autorité compétente en fournissant tous les éléments objectifs susceptibles de
démontrer l’erreur ;
b) Pour les personnes et entités dont les fonds auraient été gelés par inadvertance, l’art
112 al 1 du Règlement CEMAC dispose que toute personne physique ou morale dont
les fonds et autres ressources financières ont été gelés, qui estime que la décision de
gel résulte d’une erreur ou manque de fondement juridique, peut former un recours
contre cette décision dans un délai d’un mois à compter de la publication au journal
officiel. Le recours est introduit devant l’autorité qui a ordonné le gel ou, si le recours
est fondé sur le manque de base juridique, auprès du juge de l’urgence territorialement
compétent.
Cependant, l’autorité compétente en matière de gel administratif n’a pas été désignée, ce qui
imite la mise en œuvre de ces procédures.
Critère 6.7 : L’article 108 du Règlement CEMAC autorise l’accès aux fonds et autres biens
gelés considérés comme nécessaires pour couvrir des dépenses de base, le paiement de
certains types de charges, de frais et de rémunérations de services ou des dépenses
Pondération et conclusion :
En dehors des mesures de contrôle et surveillance applicables aux Institutions Financières afin
d’assurer le respect par celles-ci des lois et des moyens contraignants applicables pour la mise
en œuvre des obligations relatives aux sanctions financières ciblées liées à la prolifération, le
Gabon ne satisfait pas aux exigences des autres critères de la Recommandation 7.
Le Gabon est noté non conforme à la Recommandation 7.
Recommandation 8 : Organismes à but non lucratif
Lors de l’évaluation du dispositif LBC/FT du Gabon en 2012, cette Recommandation
(ancienne RSVIII) a été notée non conforme pour les lacunes suivantes : inadéquation et non-
conformité de la réglementation aux critères relatifs à la SRVIII ; inexistence des mécanismes
de suivi et de contrôle des associations ; absence de sensibilisation aux risques d’utilisation
abusive à des fins de financement du terrorisme ; manque de coopération au plan national
;absence de dispositif spécifique pour les OBNL faisant les transactions financières.
Adopter une approche fondée sur les risques
Critère 8.1 : Le Gabon n’a adopté aucune mesure pour remplir les exigences des sous-critères
a), b), c) et d).
Sensibilisation continue aux questions relatives au financement du terrorisme
Critère 8.2 :
a) Les dispositions des articles 44 à 46 du Règlement CEMAC qui définissent les
obligations des OBNL ainsi que les mesures de contrôle et de surveillance visent à
promouvoir la responsabilité et l'intégrité des OBNL de façon à renforcer la confiance
du public dans leur gestion et leur fonctionnement au niveau national, ces dispositions
sont renforcées par la loi n°035/62 du 10 Décembre 1962 relative aux associations qui
confère au ministère de l’intérieur, le contrôle des activités des associations et ONG ;
b) Le Gabon n’a pas mené de campagnes de sensibilisation et d'éducation visant à
encourager et approfondir les connaissances au sein des ONBL et de la communauté
des donateurs sur les vulnérabilités potentielles des OBNL face à l’exploitation à des
fins de financement du terrorisme et aux risques de financement du terrorisme, et sur
les mesures que les OBNL peuvent prendre pour se protéger d’une telle exploitation ;
c) Le Gabon n’a pas mené des initiatives de travail avec les OBNL pour mettre au point
les meilleures pratiques qui permettent de répondre aux risques de FT et aux
vulnérabilités, et de les protéger ainsi contre toute exploitation à des fins de FT ;
Critère 8.4 :
a) Les mesures de surveillance appliquées aux OBNL au Gabon ne prennent pas en
compte les exigences de la présente Recommandation ;
b) La gamme des sanctions administratives est large et variable. L’art. 46 al. 7 du
Règlement CEMAC précise que, l’autorité compétente peut ordonner la suspension
temporaire ou la dissolution des OBNL qui, en connaissance de cause, encouragent,
fomentent, organisent ou commettent les infractions de blanchiment de capitaux, de
financement du terrorisme et de financement de la prolifération. La loi n°035/62 du 10
Décembre 1962 relative aux associations prévoit aussi des sanctions, notamment : le
refus d’agrément, la suspension, les amendes, la dissolution. Elles sont appliquées sans
préjudice des procédures et sanctions judiciaires contre les OBNL ou les dirigeants et
les membres.
Enquêtes et collectes d’informations efficaces
Critère 8.5 :
a) Les informations détenues par tout service en charge des OBNL, peuvent être
consultées par l’ANIF, l’autorité judiciaire, les OPJ chargés d’une enquête pénale, sur
réquisition, ou toute autorité chargée du contrôle des OBNL, en l’occurrence le
ministère de l’intérieur (art. 46 al. 3 du Règlement CEMAC). Toutefois, aucun
mécanisme efficace de coopération et de coordination d’échanges d’informations n’est
établi.
b) En vertu des pouvoirs généraux dont elles disposent dans la conduite des
investigations, les autorités d’enquête et de poursuite au Gabon ont la capacité
d’examiner les OBNL suspectés d’être exploités à des fins de FT ou par des
organisations terroristes ou de soutenir activement des activités ou organisations
terroristes.
c) Les autorités d’enquête et de poursuite pénale peuvent accéder directement aux
informations relatives à l’administration et à la gestion d’un OBNL quelconque, y
compris les informations financières (art. 46 al. 3 du Règlement CEMAC ; art. 46 et
suivants du Code de Procédure Pénale sur les pouvoirs des autorités d’enquête).
Pondération et conclusion :
Le Gabon n’a pas identifié le sous-ensemble des OBNL susceptibles de faire l’objet d’abus en
matière de financement du terrorisme ni identifié la nature des menaces auxquelles les OBNL
sont exposés. Il n’existe pas de mesures de supervision basées sur le risque. Les OBNL ne
sont pas sensibilisés sur leurs vulnérabilités à être exploités abusivement à des fins de FT et
sur les mesures pour se protéger d’une telle exploitation. Aucune initiative de travail n’a été
entreprise avec les OBNL pour mettre au point les meilleures pratiques qui permettent de
répondre aux risques de FT et aux vulnérabilités, et de les protéger ainsi contre toute
exploitation à des fins de FT. Aucun mécanisme efficace de coopération et de coordination
n’est établi entre les autorités compétentes pour l’échange d’informations relatives aux
OBNL. Des procédures appropriées pour répondre aux demandes d’informations
internationales concernant les OBNL n’ont pas été mises en place. De même il n’a pas été
désigné de point de contact pour répondre à de telles demandes.
Pondération et conclusion
Bien que les textes en vigueur au Gabon permettent la mise en œuvre des exigences en
matière de secret professionnel des institutions financières, il est relevé une absence de
dispositions spécifiques obligeant les échanges de renseignements entre les institutions
financières au niveau national, dans le cadre de la LBC/FT.
Le Gabon est noté largement conforme à la Recommandation 9.
Recommandation 10 – Devoir de vigilance relatif à la clientèle
Le Gabon avait été évalué non conforme (NC) à la recommandation sur le devoir de vigilance
relatif à la clientèle, qui constituait la R.5 de l’ancienne méthodologie pour les motifs
suivants: l’absence de dispositions spécifiques interdisant les comptes anonymes ou les
comptes ouverts sous noms fictifs ; l’absence d’obligations concernant la gestion des comptes
numérotés ; l’absence d’obligation d’identification des bénéficiaires effectifs, pour toutes les
institutions financières ; l’absence d’obligation, pour les établissements financiers non
bancaires, portant sur des catégories de clients à risque ; la mise en œuvre limitée par le
secteur bancaire et absence de mise en œuvre du dispositif par les établissements financiers
non bancaires des mesures de surveillance renforcée ; l’absence d’obligation portant sur les
clients existants.
Critère 10.1 : Le Règlement CEMAC qui a force de loi au Gabon définit en son article 6 la
liste des institutions financières, couvrant toutes les catégories définies par la GAFI. Il interdit
formellement aux institutions financières conformément à l’article 23 al.2, de tenir des
comptes anonymes ou des comptes sous des noms fictifs. En ce qui concerne le secteur des
assurances, ces dispositions sont complétées par celles de l’article 13 du Règlement
n°01/CIMA/PCMA/PCE/SG/2021, qui interdit aux sociétés d’assurances de souscrire des
contrats sous des noms fictifs.
Critère 10.11 : Le corpus juridique en vigueur au Gabon n’oblige pas les institutions
financières, pour les clients qui sont des constructions juridiques, d’identifier les bénéficiaires
effectifs et de prendre des mesures raisonnables pour vérifier l’identité de ces personnes au
moyen des informations suivantes que ce soit :
a) Pour les trusts – l’identité du constituant du trust, du ou des trustees, du protecteur (le
cas échéant), des bénéficiaires ou de la catégorie de bénéficiaires et de toute autre
personne physique exerçant en dernier lieu un contrôle effectif sur le trust (y compris
au travers d’une chaîne de contrôle/propriété) ;
b) Pour d’autres types de constructions juridiques – l’identité de personnes occupant des
positions équivalentes ou similaires.
Pondération et conclusion
Il existe au Gabon des textes contenant des dispositions pertinentes en matière de devoir de
vigilance relative à la clientèle, à la lumière des exigences du GAFI. Néanmoins, des lacunes
majeures subsistent en ce qui concerne la fiabilité de la source de l’information obtenue par
les assujettis sur le bénéficiaire effectif. Par ailleurs, il n’existe pas de dispositions faisant
obligation aux institutions financières, en cas de doute sur l’identité du bénéficiaire effectif,
d’identifier les personnes physiques, si elles existent, qui exercent le contrôle de la personne
morale ou de la construction juridique par d’autres moyens. De même il n’existe pas de
dispositions particulièrement explicites pour les bénéficiaires des contrats d’assurance vie et
d’autres produits d’investissement en lien avec une assurance, ou encore sur l’obligation
d’établissement d’une liste des informations dressée par les autorités compétentes pour les IF.
En outre, aucune disposition règlementaire ne contraint les institutions financières à
considérer les bénéficiaires de contrats d’assurance vie comme facteur de risque pertinent
lorsqu’elles déterminent si des mesures de vigilance renforcées sont applicables.
Le Gabon est noté partiellement conforme à la Recommandation 10.
Recommandation 11 – Conservation des documents
Lors de l’évaluation mutuelle du premier cycle en 2012, le Gabon a été noté partiellement
conforme aux obligations de la présente Recommandation (ancienne R.10) pour absence de
précisions sur la nature et la disponibilité des documents à conserver, absence de précisions en
ce qui concerne le type d’informations à collecter pour permettre la reconstitution des
transactions (en dehors de certaines opérations), absence d’obligation explicite pour les
institutions financières de s’assurer qu’elles sont à mesure de mettre en temps opportun les
informations et pièces qu’elles conservent à la disposition des autorités nationales
Pondération et conclusion
Les obligations relatives à la conservation des documents sont contenues dans les textes
encadrant la LBC/FT au Gabon. Seulement, aucune de ces dispositions n’oblige expressément
les institutions financières à conserver les livres de compte et les correspondances
commerciales de leurs clients.
Le Gabon est noté largement conforme à la Recommandation 11.
Recommandation 12 – Personnes politiquement exposées (PPE)
Au terme de la dernière évaluation du dispositif gabonais de LBC/FT, la recommandation
traitant des personnes politiquement exposées (ancienne R.6), avait été notée non conforme
(NC), pour les motifs suivants : l’absence d’obligation, pour les établissements financiers non
bancaires, relatives aux personnes politiquement exposées ; l’absence de toute obligation en
Pondération et conclusion
Les textes relatifs à la LBC/FT en vigueur au Gabon contiennent certaines dispositions
spécifiques en matière de gestion des relations avec les PPE, notamment des diligences
particulières à mettre en place dans la contractualisation et le suivi de la relation avec cette
catégorie de client. Toutefois, ces textes contiennent des lacunes en ce qui concerne : (i) les
diligences sur l’encadrement des obligations sur les bénéficiaires effectifs et les personnes proches
associées ; (ii) l’obligation d’identification des bénéficiaires effectifs ayant qualité des PPE ; (iii)
les diligences spécifiques pour déterminer si les bénéficiaires ou le bénéficiaire effectif d’une
police d’assurance-vie est/sont des PPE; (iv) les dispositions visant le bénéficiaire effectif en ce
qui concerne l’origine des fonds ou du patrimoine.
Pondération et conclusion
Les dispositions communautaires, notamment le Règlement CEMAC et le Règlement
COBAC R-2005 du 1er avril 2005, contiennent des obligations auxquelles les institutions
financières sont astreintes en matière de relations de correspondance bancaire. Toutefois,
aucune disposition n’oblige les institutions financières à s’assurer que le correspondant est en
mesure de fournir les informations pertinentes se rapportant aux comptes de passage, sur
demande de la banque correspondante.
Le Gabon est noté largement conforme à la Recommandation 13.
Recommandation 14 : Services de transfert de fonds ou de valeurs
La première évaluation mutuelle du dispositif de LBC/FT du Gabon avait été conclue avec
une notation Non Conforme (NC) de l’ancienne Recommandation Spéciale VI relative aux
obligations applicables aux services de transfert de fonds ou de valeurs. Les principaux griefs
relevés par les évaluateurs étaient : l’absence de mécanisme de délivrance d’autorisation
d’exercer des services de TFV par les autorités compétentes ; l’absence totale d’une
règlementation appropriée ; l’absence de contrôle de l’activité des services de TFV ; l’absence
de liste des agents.
Critère 14.1 : Au Gabon, nul ne peut se livrer à l'activité professionnelle de transfert ou
transport de fonds et valeurs s'il n'a pas obtenu l'agrément de l'autorité compétente de l’Etat
sur le territoire duquel il est appelé à exercer son activité, au sens de l’article 92 (Al. 1) du
Règlement CEMAC. Mais cet alinéa renvoie l’application de cette disposition à la «
réglementation en vigueur ». L’Arrêté n°0031/MDDEPIP du 24 juin 2016 fixant les
conditions d’ouverture et de fonctionnement des structures exerçant spécifiquement dans le
transfert d’argent en République Gabonaise fixe les modalités spécifiques d’agrément de cette
catégorie d’institutions financières pour les opérations internes. Pour les institutions
financières déjà agréées comme les banques et EMF, il n’est pas nécessaire d’obtenir un
agrément distinct pour effectuer les services de transferts de fonds.
Aucune disposition similaire ne couvre les prestataires des opérations internationales.
Critère 14.2 : Il n’existe aucune disposition juridique au Gabon obligeant le pays à prendre
des mesures afin d’identifier les personnes, physiques ou morales, qui fournissent des services
de transfert de fonds ou de valeurs sans être agréées ou enregistrées, afin de leur appliquer des
sanctions proportionnées et dissuasives.
Pondération et conclusion
Le Règlement CEMAC définit un cadre normatif de l’activité des prestataires de services de
transfert de fonds et de valeurs au Gabon, en renvoie la mise en application aux textes
nationaux. L’Arrêté n°0031/MDDEPIP du 24 juin 2016 encadre l’organisation et le
fonctionnement des prestataires de transfert de fonds en interne. Cependant, aucune
disposition d’application n’est prise pour les transferts internationaux ; tout comme aucune
mesure n’a été prise afin d’identifier et de sanctionner les PSTFV opérant sans agrément ou
enregistrement ; tout comme les PSTFV pouvant recourir à des agents ne sont pas tenu de les
intégrer dans leurs programmes de LBC/FT et d’en surveiller le respect. Enfin, les PSTFV au
Gabon ne font pas l’objet d’une surveillance particulière afin de s’assurer qu’ils se
conforment aux exigences en matière de LBC/FT.
Le Gabon est noté partiellement conforme à la Recommandation 14.
Recommandation 15 – Nouvelles technologies
Au terme de la précédente évaluation du Gabon, l’ancienne recommandation 8 relative aux
nouvelles technologies et relations d’affaires à distance avait été notée Partiellement
Conforme (PC). Les principaux manquements relevés étaient les suivants : Le manque de
clarté sur la possibilité ou non d’établir des relations d’affaires à distance, notamment pour les
clients résidents, y compris dans le secteur bancaire et des obligations insuffisantes
concernant l’établissement de relations d’affaires à distance ou l’exécution d’opérations à
distance.
Nouvelles technologies
Critère 15.1 : L’article 13 du Règlement CEMAC prévoit que l’Autorité compétente prend
des mesures appropriées pour identifier, évaluer, comprendre et atténuer les risques de BC/FT
auxquels le pays est exposé. L’article 40 du Règlement CEMAC précise qu’en matière de
gestion des risques liés aux nouvelles technologies, les institutions financières doivent
identifier et évaluer les risques de BC/FT pouvant résulter :
Critère 15.5 : Il n’existe aucune disposition juridique obligeant le pays à prendre des mesures
afin d’identifier les personnes physiques ou morales qui effectuent des activités de PSAV sans
être agréées ou enregistrées, tel que requis, et de leur appliquer des sanctions appropriées.
Critère 15.7 : Aucun texte ne contraint les autorités compétentes et les autorités de contrôle à
établir des lignes directrices et assurer un retour d'informations afin d’aider les PSAV dans
l’application des mesures nationales de LBC/FT et en particulier à détecter et à signaler les
opérations suspectes.
Critère 15.8 :
a) Les textes en vigueur au Gabon ne prévoient pas de sanctions proportionnées et
dissuasives, pénale, civile ou administrative, applicables aux PSAV qui ne respectent
pas les obligations en matière de LBC/FT.
b) Aucune disposition ne prévoit que les sanctions susvisées soient applicables non
seulement aux PSAV, mais également aux membres de l’organe d’administration et à
la haute direction.
Critère 15.9 :
a) Aucune disposition ne traite spécifiquement du seuil des opérations occasionnelles au-
dessus duquel les PSAV sont obligés de prendre des mesures de vigilance.
b) (i) Il n’existe au Gabon aucune mesure spécifique disposant que le PSAV du donneur
d’ordre obtienne et conserve les informations requises et exactes sur le donneur
d’ordre et les informations requises sur le bénéficiaire du virement d’actifs virtuels,
soumette ces informations au PSAV du bénéficiaire ou à son institution financière
immédiatement et de façon sécurisée, et rende ces informations disponibles aux
autorités appropriées lorsque demandées.
(ii) De même, aucune norme juridique ne dispose spécifiquement que le PSAV du
bénéficiaire obtienne et conserve les informations requises et exactes du donneur
d’ordre ainsi que les informations requises et exactes du bénéficiaire du virement
d’actifs virtuels bénéficiaire, et rende ces informations disponibles aux autorités
appropriées lorsque demandées.
(iii) Il n’existe pas de dispositions spécifiques en ce qui concerne les actifs virtuels
s’agissant de la surveillance de la disponibilité des informations. S’agissant des
mesures de gel et l'interdiction de réaliser des opérations avec des personnes et des
entités désignées, l’article 105 du Règlement CEMAC encadre ces exigences pour
tous fonds et biens, y compris les actifs virtuels.
Pondération et conclusion
Quoique le corpus juridique du Gabon dispose de certaines dispositions en matière
d’identification et d’évaluation des risques de BC/FT inhérents à l’utilisation des nouvelles
technologies, aucune disposition législative ou règlementaire n’encadre les opérations liées
aux actifs virtuels ou effectuées par les prestataires d’actifs virtuels, ni ne désigne une autorité
spécifiquement chargée de l’agrément et du contrôle des PSAV.
Le Gabon est noté non conforme à la Recommandation 15.
Recommandation 16 : Virements électroniques
Le Gabon a été noté Non Conforme (NC) à l’ancienne Recommandation Spéciale VII relative
aux règles applicables aux transferts électroniques. Les manquements relevés étaient en
rapport avec l’absence d’obligations sur la circulation des informations relatives au donneur
d’ordre.
Institutions financières du donneur d’ordre
Critère 16.1 :
a) L’article 36 du Règlement CEMAC exige des institutions financières dont les activités
comprennent les virements électroniques, internes ou transfrontaliers, d’obtenir et de
vérifier, quel que soit le montant :
i. Le nom complet du donneur d’ordre ;
ii. Le numéro de compte du donneur d’ordre, ou en l’absence de compte, un
numéro de référence unique de l’opération ;
iii. L’adresse du donneur d’ordre, ou, en l’absence de l’adresse, le numéro
d’identification nationale ou le lieu et la date de naissance du donneur
d’ordre.
b) Les institutions financières sont aussi tenues d’obtenir, pour les virements
électroniques :
i. Le nom du bénéficiaire du virement ;
Pondération et conclusion
Les obligations inhérentes à la Recommandation 16 sont satisfaites en partie par les textes en
vigueur au Gabon. Toutefois, il subsiste des lacunes majeures qui représentent des risques
importants compte tenu du contexte du Gabon , notamment : (i) l’absence d’obligation faite à
l’institution financière du donneur d’ordre de transmettre sur demande, les informations
accompagnant le virement à l’institution financière du bénéficiaire ou aux autorités de
poursuite dans un délai de trois (3) jours ouvrables à la réception de la demande émanant soit
de l’institution financière du bénéficiaire soit des autorités compétentes appropriées ; (ii) le
défaut d’obligation expresse faite à l’institution financière intermédiaire de conserver pendant
au moins cinq ans les informations reçues de l’institution financière du donneur d’ordre ou de
l’autre établissement financier intermédiaire dans le cas où certaines restrictions techniques
empêchent que les informations exigées sur le donneur d’ordre ou le bénéficiaire qui
accompagnent un virement transfrontalier ne restent rattachées lors d’un virement
électronique national correspondant ; (iii) l’absence de dispositions obligeant les institutions
financières à avoir de politiques et de procédures fondées sur le risque pour décider quand
exécuter, rejeter ou suspendre les virements électroniques qui ne comportent pas les
informations requises sur le donneur d’ordre ou sur le bénéficiaire, ou encore (iv) le manque
de norme ne prévoyant de déposer une déclaration d’opération suspecte dans tous les pays
concernés par le virement électronique suspect.
Le Gabon est noté partiellement conforme à la Recommandation 16.
Recommandation 17 : Recours à des tiers
Lors de l’évaluation mutuelle du Gabon en 2012, l’ancienne recommandation 9 portant sur le
recours à des tiers par les IF avait été notée partiellement conforme aux motifs suivants :
lacunes dans les dispositions des textes communautaires, notamment en termes de délais dans
la transmission d’information, d’aptitude par les tiers à fournir des éléments de vigilance sur
demande ; absence générale de mise en œuvre et d’effectivité dans le secteur financier
bancaire et non bancaire.
Critère 17.1 : Conformément aux dispositions de l’article 62 du Règlement CEMAC les IF
sont autorisées à recourir à des tiers pour l’exercice des obligations de vigilance, sans
préjudice de la responsabilité finale du respect desdites obligations qui leur incombe. L’article
12 du Règlement n°001/CIMA/PCMA/PCE/2021 du 02 mars 2021 contient aussi des
dispositions relatives au recours au tiers par les sociétés d’assurance.
a) Selon l’article 64 du Règlement CEMAC, le tiers qui applique les obligations de
vigilance met sans délai à disposition des institutions financières, les informations
En substance, les dispositions ci-dessus exigent que les autorités de supervision s’informent
mutuellement lorsque la législation d’un État tiers ne permet pas l’application des mesures,
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afin qu’une action coordonnée puisse être entreprise pour résoudre la question. Dans le cas où
la législation de l’État tiers ne permet pas l’application des mesures du groupe, les IF sont
tenues de prendre des mesures additionnelles pour traiter efficacement les risques de LBC/FT
et d’informer les autorités de supervision de leur État d’origine. Si les mesures additionnelles
ne sont pas suffisantes, les autorités compétentes de l’État d’origine envisagent des mesures
additionnelles, qui peuvent même aller jusqu’à demander la cessation des activités du groupe
financier dans l’État hôte.
Pondération et conclusion
Les dispositions règlementaires au Gabon autorisent institutions financières à avoir recours à
des tiers dans la mise en œuvre des obligations de vigilance. Elles contiennent aussi des
diligences à mettre en œuvre par les institutions financières et leurs tiers dans l’application
des obligations de vigilance. Cependant, les IF ne sont pas obligées de prendre des mesures
pour avoir l’assurance que le tiers transmet la documentation ; au contraire, le Règlement
CEMAC met l’obligation sur le tiers lui-même, ce qui peut s’appliquer si le tiers se trouve
sous la juridiction du pays.
Le Gabon est noté largement conforme à la Recommandation 17.
Recommandation 18 : Contrôles internes et succursales et filiales à l’étranger
L’ancienne recommandation 15 sur le contrôle interne et succursales et filiales à l’étranger
avait été évaluée partiellement conforme en 2012. Les griefs suivants avaient été relevés à
l’encontre du dispositif du Gabon : l’absence de dispositif applicable à l’ensemble des
composantes du secteur financier, l’absence de mise en œuvre effective des obligations de
contrôle interne en matière de lutte contre le blanchiment, l’absence totale de dispositif pour
le secteur financier non bancaire.
En ce qui concerne les succursales et filiales, le Gabon a été noté non conforme à l’ancienne
Recommandation 22, par rapport aux lacunes majeures suivantes : obligation parcellaire pour
le secteur bancaire, absence d’obligation d’information du superviseur bancaire ou non
bancaire, application non effective des diligences relatives au contrôle des opérations des
filiales et succursales à l’étranger.
Critère 18.1 :
a) Les institutions financières sont obligées, conformément aux dispositions de l’article
27 du Règlement CEMAC, d’élaborer et de mettre en œuvre des programmes de
prévention du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme. Ces
programmes comprennent notamment, la désignation d’un responsable de conformité
au niveau de l'administration centrale, de chaque succursale et de chaque agence ou
bureau local. Ces dispositions sont aussi contenues aux articles 54 et 55 du Règlement
COBAC R-2016/04 du 08 mars 2016 relatif au contrôle interne dans les établissements
de crédit et les holdings financières. Au niveau de l’article 8 du Règlement
n°001/CIMA/PCMA/PCE/SG/2021, il est prévu la désignation de responsables
chargés de l’application des programmes de la LBC/FT.
b) Seul le Règlement n°001/CIMA/PCMA/PCE/SG/2021 prévoit au Gabon, en son
article 10, l’exigence pour les entreprises d’assurance de mettre en œuvre des
Critère 18.3 : L’article 94, alinéa 2 du Règlement CEMAC oblige les institutions financières
à veiller à l’application des mesures de LBC/FT conformes à celles du pays d’origine, lorsque
les obligations minimums en matière de LBC/FT du pays d’accueil sont moins contraignantes
que celles du pays d’origine, dans la mesure où les lois et règlements du pays d’accueil le
permettent. L’alinéa 3 quant à lui précise que si le pays d’accueil ne permet pas la mise en
œuvre appropriée de mesures de LBC/FT conformes à celles du pays d’origine, les groupes
financiers devraient être obligés d’appliquer des mesures supplémentaires appropriées afin de
gérer les risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme et d’en informer
les autorités de contrôle du pays d’origine.
Par ailleurs, les articles 6, 10, 12, 54 et 55 du Règlement COBAC R-2016/04 du 08 mars 2016
relatif au contrôle interne dans les établissements de crédit et les holdings financières couvrent
une bonne partie des exigences de cette recommandation.
Pondération et conclusion
Les textes en vigueur au Gabon contiennent des dispositions pertinentes en matière de
contrôles internes et succursales et filiales à l’étranger. Ces textes contraignent les institutions
financières à mettre en place des programmes de prévention de BC/FT, qui tiennent compte
des risques et de la dimension de l’activité commerciale. Ils prévoient par ailleurs des
échanges d’information entre les autorités de contrôle pour les cas dans lesquels la législation
d’un Etat tiers ne permet pas d’appliquer les mesures minimales appropriées en matière de
LBC/FT à leurs succursales et filiales situées à l’étranger. Toutefois, ces dispositions sont
lacunaires en matière de confidentialité et d’utilisation des informations échangées.
Le Gabon est noté largement conforme à la Recommandation 18.
Recommandation 19 – Pays présentant un risque plus élevé
Le Gabon a été noté non conforme à l’ancienne recommandation 21 relative au pays
présentant un risque plus élevé lors de son premier REM. Cette notation se justifiait par les
manquements ci-après : détermination trop limitée du champ des relations d’affaires et des
transactions, absence de contre-mesures additionnelles pour les pays n’appliquant pas ou
appliquant insuffisamment les recommandations du GAFI, absence de mesures destinées à
informer des préoccupations suscitées par les défaillances des dispositifs de LAB/CFT
d’autres pays que ceux identifiés par le GAFI, mesures de vigilance relatives aux opérations
sans objet économique ou licite apparent non applicables expressément aux opérations
opérées avec des personnes morales et physiques résidant dans les pays qui n’appliquent pas
ou appliquent insuffisamment les recommandations du GAFI.
Critère 19.1 : Aux termes de l’article 14 du Règlement CEMAC, il est prévu que les
personnes assujetties prennent des mesures appropriées pour identifier et évaluer les risques
de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme et de la prolifération auxquels
elles sont exposées, en tenant compte des facteurs de risques tels que les clients, les pays ou
les zones géographiques, les produits, les services, les transactions ou les canaux de
distribution. Ces mesures sont proportionnées à la nature et à la taille des personnes
Pondération et conclusion
La prise en compte du facteur pays dans l’identification et l’évaluation des risques de BC/FT
par les institutions financières est prévu dans le Règlement CEMAV. Mais, il n’existe pas de
mesures contraignantes pour l’application des contre-mesures proportionnées aux risques à la
demande expresse du GAFI ou de manière indépendante.
Le Gabon est noté partiellement conforme à la Recommandation 19.
Recommandation 20 – Déclaration des opérations suspectes
Au terme de sa première évaluation, le Gabon a été noté Partiellement Conforme (PC) sur
l’ancienne recommandation 13 (sur les déclarations d’opérations suspectes de BC) et
l’ancienne Recommandation Spéciale IV (sur les déclarations d’opérations suspectes en
matière de FT). Les manquements relevés concernaient notamment : l’absence d’obligation de
déclaration des tentatives d’opérations et l’absence de mise en œuvre du dispositif en dehors
du secteur bancaire.
Critère 20.1 : L’article 83 du Règlement CEMAC, les articles 26 et 28 du Règlement
COBAC R-2005/01, l’article 21 du Règlement n°001/CIMA/PCMA/PCE/SG/2021 et articles
230 et 231 du Règlement Général de la COSUMAF font obligation aux institutions
financières d’effectuer des déclarations d’opérations suspectes à l’ANIF lorsqu’elles savent,
suspectent ou ont de bonnes raisons de soupçonner que l’opération ou la tentative d’opération
mises en cause peuvent relever du blanchiment des capitaux ou du financement du terrorisme
et de la prolifération. Cependant, l’obligation d’immédiateté de la déclaration d’opérations
suspectes auprès de l’ANIF n’est pas clairement indiquée.
Critère 20.2 : Les dispositions visées au c.20.1 obligent les IF à déclarer les opérations
suspectes. Conformément à l’article 83 al. 2 du Règlement CEMAC, les institutions
Pondération et conclusion
Les textes en vigueur au Gabon contiennent des dispositions en matière d’obligation de
déclaration des opérations suspectes par les IF. Mais l’immédiateté de ces déclarations n’est
pas clairement couverte par ces textes. Tout comme l’obligation de déclaration des tentatives
d’opérations n’est pas encadrée de manière satisfaisante.
Le Gabon est noté partiellement conforme à la Recommandation 20.
Recommandation 21 : Divulgation et confidentialité
Au terme de la précédente évaluation en 2012, le Gabon a été noté partiellement conforme par
rapport à l’ancienne recommandation 14 se rapportant à la divulgation et la confidentialité. Il
a été reproché au pays : l’absence de mesures dans les règlements sectoriels protégeant les
dirigeants et employés contre toute responsabilité professionnelle ou disciplinaire pour
violation des règles de confidentialité, l’absence d’exceptions à l’interdiction d’informer les
tiers alors que des échanges sont pratiqués entre institutions financière appartenant à un même
groupe, l’absence de mise en œuvre de mesures répressives en cas de divulgation des
informations aux clients.
Critère 21.1 : Les dispositions des articles 88 et 89 du Règlement CEMAC, des articles 30 et
31 du Règlement COBAC R-2005/01, et de l’article 21.3 du Règlement
n°001/CIMA/PCMA/PCE/SG/2021 garantissent que les institutions financières, leurs
dirigeants et employés sont protégés contre toute responsabilité pénale ou civile pour
violation de toute règle ayant trait à la divulgation d’informations imposée par contrat ou par
toute disposition législative, réglementaire ou administrative, lorsqu’ils déclarent de bonne foi
leurs soupçons à l’ANIF, même s’ils ne savaient pas précisément quelle était l’activité
criminelle sous-jacente ou si l’activité illégale ayant fait l’objet du soupçon ne s’est pas
effectivement produite.
Critère 21.2 : Au sens de l’article 87 (2) du Règlement CEMAC et de l’article 21.3 du
Règlement N°001/CIMA/PCMA/PCE/SG/2021, les institutions financières, leurs dirigeants et
employés sont interdits de divulguer le fait qu’une déclaration d’opération suspecte ou une
information s’y rapportant est communiquée à l’ANIF. Ces dispositions ne visent pas à
empêcher le partage des informations au titre de la Recommandation 18.
Pondération et conclusion
Le Règlement CEMAC, le Règlement COBAC et le Règlement CIMA contiennent des
dispositions satisfaisantes sur les obligations de confidentialité des institutions financières.
a) En application des dispositions des articles 270 à 885 de l’Acte Uniforme OHADA
relatif aux Droits des Sociétés Commerciales et du Groupement d’Intérêt Economique
(AUSCGIE), le Gabon a mis en place des mécanismes qui identifient et décrivent les
différents types, formes et caractéristiques élémentaires des personnes morales. Il
s’agit en effet de la mise en place d’un Guichet Unique qui regroupe en son sein toutes
les administrations intervenant dans le processus de création d’entreprises. Les formes
de personnes morales pouvant être créées au Gabon sont : la société anonyme (SA), la
société à responsabilité limitée (SARL), la société par action simplifiée (SAS), la
société en nom collectif (SNC), la société en commandite simple (SCS), la société
coopérative, le groupement d’intérêt économique, les Sociétés Unipersonnelles
(SARLU, SASU), ainsi que la Société Civile Immobilière (SCI). D’autres types de
personnes morales sont créées au Gabon (associations et ONG) et sont régies par la loi
n°035/62 du 10 Décembre 1962 relative aux associations.
b) Les procédures de création des sociétés commerciales ainsi que les méthodes
d’obtention et de conservation des informations sont décrites dans les Actes
Uniformes qui les régissent. Ces procédures sont généralement faites par acte sous
seing privé ou par voie notariée et les informations recueillies sont enregistrées et
mises à jour dans le RCCM. Des précisions spécifiques à la SARL ont été apportées
par La loi N°13/2016 du 05 Septembre 2016 relative à la simplification de la création
des SARL en République Gabonaise et la Loi N°°28/2018 portant modifications de
certaines dispositions de ladite loi. Conformément à cette loi, l’intervention du notaire
n’est plus une obligation dans la procédure de création d’une SARL. Cependant, il
n’existe aucune obligation de recueillir et de conserver sous les mêmes formes les
Informations élémentaires
Critère 24.3 : L’Acte Uniforme OHADA sur le Droit Commercial Général prévoit
l’obligation d’immatriculation au RCCM qui requiert les informations sur : la dénomination
sociale, la forme juridique, l’adresse du siège, les éléments principaux régissant le
fonctionnement et la liste des membres du conseil d’administration. La même obligation est
reprise par l’article 97 de l’AUSCGIE. Cette obligation couvre les informations requises dans
le présent critère. Les articles 74 al 2 et 36 al 4 dudit acte prévoient la mise à la disposition du
public des informations concernant les sociétés.
Critère 24.4 : Il n’existe pas de dispositions obligeant les sociétés à la conservation des
informations sur la dénomination sociale, la forme juridique, l’adresse du siège, les éléments
principaux régissant le fonctionnement et la liste des membres du conseil d’administration, et
à la tenue d’un registre des actionnaires ou de leurs membres.
Critère 24.5 : Conformément à l’article 52 de l’AUDCG, il est fait obligation aux personnes
morales de mettre à jour les informations requises au c.24.3, dans le délai d’un mois à
compter des modifications intervenues. Cependant il n’existe pas de mécanismes permettant
de garantir l’exactitude desdites informations. Egalement la lacune soulignée au c.24.4
impacte sur la conformité du présent critère.
Critère 24.7 : Il n’existe pas d’obligations dans l’Acte Uniforme ni dans les textes nationaux
concernant l’actualisation et l’exactitude des informations sur les bénéficiaires effectifs.
Critère 24.8 : Il n’existe pas de dispositions au Gabon permettant de s’assurer que les
sociétés coopèrent dans toute la mesure du possible avec les autorités compétentes pour
identifier les bénéficiaires effectifs tels que décrits au critère 24.8.
Page 196 sur 235
Critère 24.9 : Aucune disposition légale ne permet de s’assurer que toutes les personnes,
autorités mentionnées ci-dessus, et la société elle-même (ou ses dirigeants, liquidateurs ou
autres personnes impliquées dans la dissolution de la société), devraient conserver les
informations et pièces mentionnées pendant au moins cinq ans après la date à laquelle la
société est dissoute ou cesse d’exister, ou pendant au moins cinq ans après la date à laquelle la
société cesse d’être cliente de l’intermédiaire professionnel ou de l’institution financière.
Autres exigences
Critère 24.10 : Conformément aux dispositions de l’Article 39 du Règlement CEMAC, les
autorités compétentes, et en particulier les autorités judiciaires et celles en charge de la
répression des infractions de LBC/FT disposent de tous les pouvoirs nécessaires d’accès en
temps opportun aux informations élémentaires et sur les bénéficiaires effectifs détenues par
les parties concernées. Ces pouvoirs d’accès peuvent être exercés à travers des requêtes
adressées directement aux détenteurs des informations sollicitées (Guichet Unique de l’ANPI,
IF, EPNFD). Toutefois, l’indisponibilité des informations sur le bénéficiaire effectif au Gabon
constitue une limite à l’exercice de ce pouvoir.
Critère 24.12 : Le Gabon ne dispose pas de personnes morales en mesure d’émettre des
actions inscrites au nom de prête-noms ou d’avoir des administrateurs agissant pour le compte
d’une autre personne. Par ailleurs, il n’est pas permis l’émission des actions inscrites sous des
prête noms ni pour des mandataires d’être designer afin d’agir pour le compte d’autre
personne.
Critère 24.13 : La législation Gabonaise ne prévoit pas de sanctions pénales à l’encontre des
administrateurs qui ne divulguent pas l’identité de leurs mandants ou qui ne présentent pas
leur mandat.
Critère 24.14 :
a) Conformément aux dispositions de l’article 141.7 du Règlement 01 CEMAC, les
autorités compétentes étrangères peuvent avoir accès aux informations élémentaires
des registres de sociétés et l’échange d’informations sur les actionnaires (originaux ou
de copies certifiées conformes de dossiers et documents pertinents, y compris de
relevés bancaires, pièces comptables et registres montrant le fonctionnement d’une
entreprise ou ses activités commerciales).
b) Le Gabon est par ailleurs signataire d’accords de coopération en matière d’échange
des renseignements et d’entraide judiciaire.
c) Aucune disposition n’interdit au pays d’échanger d’informations sur les actionnaires.
La difficulté se pose quant à la disponibilité et mise à jour desdites informations.
d) Aucune disposition n’interdit au Gabon d’utiliser les pouvoirs d’enquête de leurs
autorités compétentes, de manière rapide, et d’obtenir tant qu’elles sont disponibles les
Pondération et Conclusion
Bien que les personnes morales créées au Gabon obéissent aux obligations en matière
d’immatriculation et de transparence contenues dans l’Acte Uniforme. Il n’existe aucun
mécanisme formel permettant l’identification des bénéficiaires effectifs ou de s’assurer que
ces informations soient à jour et disponibles en temps opportun. Le Gabon ne justifie
d’aucune mesure d’appréciation des risques qui constitue le fondement devant permettre au
pays de prendre les mesures nécessaires afin de mitiger ces risques. Il n’existe pas de
mécanismes permettant de garantir que les informations élémentaires mentionnées aux points
24.3 sont exactes. Il n’existe pas d’obligation expresse de conservation par les sociétés des
informations requises pour leur immatriculation ainsi que pour la tenue de registres des
actionnaires.
a) Non applicable.
b) Non applicable.
c) En application des dispositions des articles 7 et 51 du Règlement CEMAC, les
membres des professions juridiques indépendantes, tels que les notaires et les avocats
qui administrent des biens dans les mêmes conditions que les trusts, sont assujettis aux
mesures préventives de LBC/FT édictées par le Règlement CEMAC (obligations de
vigilance à l’égard de la clientèle contenues dans les articles 21 à 25 dudit Règlement).
Conformément à l’article 22 alinéa 2, ils sont tenus d’identifier et de vérifier l’identité
Critère 25.3 : Il n’existe aucune obligation pour les trustees de déclarer leur statut aux IF et
aux EPNFD lorsqu’ils établissent une relation d’affaires ou exécutent une opération
occasionnelle d’un montant supérieur à un seuil établi.
Critère 25.4 : Aucune disposition législative, ni moyen contraignant n’empêche les trustees
de fournir aux autorités compétentes toute information sur le trust ou de fournir aux IF et aux
EPNFD, sur demande, des informations sur les bénéficiaires effectifs et les avoirs du trust
détenus ou gérés dans le cadre de la relation d’affaires.
Critère 25.5 : Les pouvoirs généraux conférés aux autorités de poursuite pénale par le CPP
de même que les dispositions du Règlement CEMAC (art. 39), permettent à celles-ci
d’accéder en temps opportun aux informations élémentaires détenues par les trustees et les
autres parties, en particulier les informations détenues par les IF et les EPNFD sur :
a) Les bénéficiaires effectifs des trusts.
b) La résidence du trustee.
c) Tout actif détenu ou géré par l’IF ou l’EPNFD en lien avec tout trustee avec lequel
elles sont en relation d’affaires ou pour lequel elles exécutent une opération
occasionnelle.
Cependant, la lacune identifiée sous c.10.3 relative à l’identification du BE par les IF et
EPNFD a un impact mineur sur la conformité du présent critère.
Critère 25.6 : Sur la base du cadre de coopération (cf. R.37et R.40) dont il dispose, le Gabon
a la capacité de fournir, de manière rapide, une coopération internationale concernant les
informations sur les trusts et autres constructions juridiques, y compris les informations sur
les BE, dans la mesure où elles sont disponibles. Cette coopération permet de satisfaire aux
exigences des points a), b) et c) du présent critère.
Critère 25.7 : Conformément aux dispositions de l’article 113 du Règlement CEMAC, les
entités réglementées agissant en tant que trustees professionnels (avocats, notaires etc…) sont
juridiquement responsables de tout manquement à leurs obligations.
Critère 25.8 : Le Gabon n’a pas fourni les éléments nécessaires à l’analyse du présent critère
Les textes en vigueur au Gabon contiennent des dispositions pertinentes en matière de collecte
et transmission d’informations aux autorités compétentes. Cependant, cette obligation ne
s’étend pas aux informations détenues par les prestataires de services de trusts autres que les
membres de certaines professions juridiques indépendantes telles que les notaires et les
avocats.. De même, l’absence d’exigences pour la collecte, la mise à jour et la conservation
d’informations sur les bénéficiaires effectifs ne permet pas à ces derniers d’exercer ces
pouvoirs. L’inexistence par ailleurs des sanctions proportionnées et dissuasives en cas de non-
respect constitue une faille pour le dispositif en vigueur.
Critère 29.4 :
a) Conformément aux dispositions de l’article 66 al.1 (1) et 72 du Règlement CEMAC,
l’ANIF du Gabon procède à une analyse opérationnelle des informations qu’elle reçoit
pour établir les soupçons de BC/FT. Pour ce faire, elle est chargée, notamment de
recueillir, d’analyser, d’enrichir et d’exploiter tout renseignement propre à établir
l’origine ou la destination des sommes ou la nature des opérations ayant fait l’objet
d’une déclaration de soupçon ou d’une saisine par le parquet. Elle traite et analyse
immédiatement les informations recueillies et procède, le cas échéant, à des demandes
de renseignements complémentaires auprès du déclarant, ainsi que de toute autre
autorité publique et/ou de contrôle.
b) L’ANIF du Gabon est habilitée à procéder à une analyse stratégique conformément
aux dispositions de l’article 66 al.1 (4) ; et al.4 du Règlement CEMAC. A ce titre, elle
peut effectuer ou faire réaliser des études périodiques sur l’évolution des techniques
utilisées aux fins du BC et FT au niveau du territoire national.
Critère 29.5 : L’ANIF du Gabon est en mesure de disséminer, spontanément et sur demande,
des informations et le résultat de ses analyses aux autorités compétentes concernées par la
LBC/FT. Ce pouvoir de dissémination est prévu par les dispositions de l’article 71 du
Règlement CEMAC qui dispose que : l’ANIF est autorisée à communiquer des informations
qu’elle détient à l’Administration des douanes, des impôts et aux services de police judiciaire.
Elle peut aussi transmettre à l’administration fiscale, qui peut les utiliser pour l’exercice de
ses missions, des informations sur des faits susceptibles de relever de la fraude ou de tentative
de fraude fiscale. Enfin, l’ANIF du Gabon peut transmettre aux services de l’Etat chargés de
préparer et de mettre en œuvre une mesure de gel ou d’interdiction de mouvement ou de
transfert de fonds, des instruments financiers et des ressources économiques, des informations
en relation avec l’exercice de leur mission.
La législation ne contient pas de référence à l’exigence d’utiliser des canaux dédiés, sécurisés
et protégés. Dans la pratique, la dissémination de l’ANIF aux autorités compétentes se fait par
courrier sous pli fermé et estampillé « Confidentiel » et le cas échéant, déposé directement
Critère 31.3 :
a) Le Règlement CEMAC prescrit aux entités déclarantes de communiquer, sur leur
demande et sans opposer le secret professionnel, les pièces et documents relatifs à
l’exécution de leur obligation d’identification, aux autorités judiciaires, aux agents
chargés de la détection et de la répression des infractions liées au BC, agissant dans le
cadre d’une procédure judiciaire, aux autorités de contrôle ainsi qu’à l’ANIF (art. 39,
75 et 101).
b) Les pouvoirs et techniques d’enquête légaux dont disposent les autorités compétentes,
dans le cadre de leurs enquêtes, pour localiser ou identifier les biens ne commandent
pas une notification préalable au propriétaire.
Critère 31.4 : En vertu du pouvoir général de réquisition dont ils disposent, les autorités
compétentes qui enquêtent sur le BC, les infractions sous-jacentes associées et le FT, peuvent
demander toutes les informations pertinentes détenues par l’ANIF. L’ANIF fournit également
tous renseignements utiles au Procureur de la république lorsque ce dernier l’informe d’une
saisine par toute autre personne que les personnes assujetties (art. 73 du Règlement CEMAC).
Critère 35.2 : La gamme des sanctions prévues par les dispositions susmentionnées du
Règlement CEMAC s’étend aux institutions financières et aux entreprises et professions non
Critère 37.4 :
a) Les motifs de refus d’exécution d’une demande d’entraide judiciaire, en matière de
BC/FT, énumérés à l’article 143 du Règlement CEMAC de 2016, ne contiennent pas
de cas de refus portant sur une infraction impliquant des questions fiscales.
b) De même l’alinéa 2 de cet article 143 dispose expressément que « le secret
professionnel ne peut être invoqué pour refuser d’exécuter la demande d’entraide
judiciaire ».
Ces dispositions sont équivalentes à celles présentes dans nombre de conventions et d’accords
bilatéraux t multilatéraux signés par le Gabon pour ce qui concerne l’entraide judiciaire sur
les autres infractions sous-jacentes.
Critère 37.5 : L’article 144 du Règlement CEMAC de 2016 fait obligation à l’autorité
compétente de maintenir le secret sur la demande d’entraide judiciaire, sur sa teneur et les
pièces produites ainsi que le fait même de l’entraide. Cette disposition lui impose également,
lorsqu’il n’est pas possible d’exécuter ladite demande sans divulguer le secret, d’informer
l’Etat requérant qui décidera, dans ce cas, s’il maintient la demande.
Pour l’entraide judiciaire portant sur les autres infractions sous-jacentes, les conventions ou
accords bilatéraux et multilatéraux avec le Gabon prévoient en générale des dispositions
équivalentes sur le principe de confidentialité de la demande.
Critère 37.6 : La législation applicable au Gabon en matière d’entraide judicaire ne
subordonne pas l’exécution des demandes fondées sur les actions non coercitives à la
condition de la double incrimination.
Critère 37.7 : La condition de la double incrimination est satisfaite au Gabon dès lors que les
faits matériels visés par la demande d’entraide judiciaire sont constitutifs d’infraction pénale
selon la loi gabonaise. Il n’est pas nécessaire que le Gabon et le pays requérant classent ou
non l’infraction dans la même catégorie d’infractions ou qu’ils utilisent ou non la même
terminologie pour la désigner.
Pondération et conclusion :
Les Conventions internationales dûment ratifiées, les Accords de coopération bilatéraux et
multilatéraux, ainsi que le Code de Procédure pénale sont les instruments permettant au
Gabon d’accorder une large entraide judiciaire pour les enquêtes, les poursuites et les
procédures connexes en lien avec le BC, les infractions sous-jacentes associées et le FT.
Toutefois, des améliorations mineures sont requises pour mettre en place des procédures
visant la priorisation et l’exécution rapide des demandes d’entraide judiciaire ainsi qu’un
système de gestion et de suivi des dossiers.
Le Gabon est noté largement conforme à la Recommandation 37.
Recommandation 38 : Entraide judiciaire : gel et confiscation
Le récent Règlement CEMAC a apporté des améliorations dans le domaine de l’entraide
judiciaire en matière de gel et confiscation, notamment par la prise en compte des biens de
valeur équivalente.
Critère 38.1 : Conformément aux dispositions des articles 150, 151 et 152 du Règlement
CEMAC, le Gabon dispose du pouvoir de prendre des actions expéditives en réponse aux
demandes de pays étrangers d’identifier, de geler, de saisir et de confisquer les valeurs listées
aux sous critères a), b), c), d) et e) du présent critère.
Critère 38.2 : La législation en vigueur au Gabon ne prévoit pas la confiscation sans
condamnation préalable. Dans ce cas, le Gabon ne peut une assistance dans le cadre des
demandes de coopération fondées sur des procédures de confiscation sans condamnation
préalable et des mesures provisoires associées, même dans des circonstances où l’auteur de
l’infraction est décédé, en fuite, absent ou inconnu.
Critère 38.3 :
a) Le Gabon ne dispose pas d’accords lui permettant de coordonner les actions de saisie
et de confiscation avec d’autres pays.
b) Conformément aux dispositions de l’article 154 du Règlement CEMAC, le Gabon
jouit du pouvoir de disposition sur les biens confisqués sur son territoire à la demande
d’autorités étrangères, à moins qu’un accord conclu avec l’Etat requérant n’en décide
Critère 40.3 : n principe, l’ANIF Gabon n’a pas besoin d’accord bilatéral pour coopérer avec
les autres CRF étrangères. Toutefois, en application du Règlement CEMAC et du Décret
organique portant sa création, l’ANIF peut négocier et signer des accords avec ses
homologues étrangers, si la loi dans le pays tiers l’exige comme une conditionnalité pour
coopérer.
Pour ce qui est des autres autorités compétentes, le droit gabonais (article 108 de la
Constitution) autorise les autorités gabonaises compétentes à des accords d’entraide judiciaire.
Critère 40.4 : L’obligation pour les autorités compétentes requérantes d’assurer un retour
d’information, en temps opportun, vers leurs homologues étrangers desquels elles ont reçu
l’entraide, quant à l’usage et à l’utilité des informations obtenues, n’est pas expressément
prévue dans la législation gabonaise. Néanmoins, rien n’empêche les autorités compétentes
requérantes de remplir cette obligation. Au cas où une demande survient dans ce sens, les
autorités compétentes gabonaises ont la capacité d’assurer un tel retour d’information.
Cependant, il n’est pas clair qu’il soit en temps opportun.
Critère 40.5 : Au Gabon, les conditions d’échanges d’informations ou d’entraide entre
autorité compétentes obéissent aux standards internationaux et ne sont pas déraisonnables ou
indûment restrictives, en particulier :
a) La nature fiscale de l’objet de la demande n’est pas un motif de refus de coopération ;