Jean Ajalbert, 1863
Jean Ajalbert, 1863
Jean Ajalbert, 1863
Naissance
10 juin 1863
Décès
Sépulture
Nationalité
française
Activité
Parentèle
Autres informations
A travaillé pour
L'Humanité
Parti politique
Idéologie
Anarchisme
Membre de
Mouvement
symbolisme, décadentisme
Genre artistique
essai
Distinction
Jean Ajalbert, né le 10 juin 1863 à Clichy (Seine)1, et mort le 14 janvier 1947 à Cahors (Lot)Note 1, est un
critique d'art, avocat et écrivain naturaliste d'abord sympathisant anarchiste2 puis collaborationniste
français.
Biographie
Posant avec d'autres fondateurs de l’Académie Mallarmé, à l’époque de la fondation de celle-ci en 1937.
De gauche à droite, debout : Édouard Dujardin, Francis Vielé-Griffin, Paul Valéry, André-Ferdinand
Hérold, André Fontainas, Jean Ajalbert. Assis : Saint-Pol-Roux, Paul Fort.
Ajalbert posant avec d'autres fondateurs de l’Académie Mallarmé, à l’époque de la fondation de celle-ci
en 1937. De gauche à droite, debout : Édouard Dujardin, Francis Vielé-Griffin, Paul Valéry, André-
Ferdinand Hérold, André Fontainas, Jean Ajalbert. Assis : Saint-Pol-Roux, Paul Fort.
Jean Ajalbert est né le 10 juin 1863, à Levallois-Perret3, au hameau de Courcelles4. Il a un frère jumeau,
Maurice. Ce jumeau, Jean Ajalbert l'évoque dans Mémoires en vrac du temps du symbolisme : « Mon
frère est mort au bout de quelques semaines. »
Il est élève à Paris au lycée Condorcet où il connaît Rodolphe Darzens qui l'éditera dans sa revue La
Pléiade (1886). En 1883, il travaille à La Justice, le journal du député radical Georges Clemenceau5.
Ajalbert publie ses premiers écrits poétiques sous le pseudonyme d'Hugues Marcy. Puis, en 1886, il
entre à La Revue indépendante.
Il se marie en 1895 avec Dora Dorian, fille de Charles Dorian, qui lui donne un fils Charlie, mais ils se
séparent vers 1898 et divorcent 6. À cette époque, il est assez intime avec Aristide Briand qui fait
quelques séjours dans le manoir de Keruic qu'il loue à Locquémeau sur la côte bretonne6.
En 1898, Ajalbert est l'un des principaux collaborateurs du journal dreyfusard Les Droits de l'homme et
en 1899 du Journal du Peuple. Très engagé, volontiers violent, considéré comme un « redoutable
polémiste »7, il fut une des plus importantes plumes dreyfusardes8 et regroupa ses principaux articles
en quatre volumes : Les Deux justices, , Sous le sabre, La forêt noire et Quelques dessous du procès de
Rennes. Dreyfusard précoce, il avait été un des rares journalistes, en 1895, à s'insurger de la manière
dont ses confrères avaient traité le capitaine condamné et tout particulièrement en rendant compte de
sa dégradation : « Eux tous pourtant, qu’est-ce qu’ils savaient de lui ? Que ses juges l’ont jugé coupable.
Mais ce n’est pas de ce crime, dont l’on ignore les détails, qu’il a été invectivé. Des indignations n’ont pu
se contenir, ai-je lu : “Sale Juif !” a-t-on crié sur son trajet. Sale juif ! Qu’est ce que cela vient faire avec la
mobilisation livrée ? Quelles notions confuses de la justice ! La patrie est-elle en cause ou les croyances
religieuses ? Va-t-il falloir croire avec Pascal que “comme la mode fait l’agrément, elle fait aussi la
justice”, la mode de l’antisémitisme ? Ces chrétiens sans pardon, ces chrétiens justiciers, faudra-t-il leur
rappeler les pardons du Christ, de qui ils se réclament ? »9
Vers la fin du xixe siècle, Ajalbert fréquentait les milieux symbolistes et décadents auxquels peuvent être
rapprochés ses premiers romans. Il a écrit plusieurs volumes sur son Auvergne natale et a rassemblé les
écrits d'Arsène Vermenouze publiés en 1939. Les nombreux essais d'Ajalbert portent sur des sujets aussi
divers que l'architecture, la tapisserie, la piraterie, l'aviation, la vie au Laos ou en Indochine, Roland
Garros ou l'Académie Goncourt (dont il fait partie de 1917 à 1947)10,11.
Sa célèbre polémique contre l'École française d'Extrême-Orient est développée dans Le Matin, L'Avenir
du Tonkin, La Dépêche de Toulouse, ou La Presse Coloniale. À la faveur des enquêtes qu'il a menées en
Indochine, Ajalbert a constaté « qu'il n'y avait point de communication du conquérant au vaincu, de
l'étranger avec l'autochtone. Si les membres de l'École Facétieuse ont installé des cours de sanscrit, de
tibétain, de japonais dont ils sont réciproquement les professeurs et les élèves, ils n'ont jamais ouvert
une classe de langues indigènes ». Le 7 juillet 1911, Paul Pelliot, membre éminent de l'EFEO, le gifle en
public lors d'un banquet au restaurant Ledoyen, organisé par l’Association des Français d'Asie en
l'honneur d'Albert Sarraut, qui vient d'être nommé gouverneur général de l'Indochine française. Son
agresseur sera condamné à cinq francs d'amende et au franc symbolique à titre de dommages et
intérêts.
Pendant plus de trente ans, Jean Ajalbert fait sa cure dans la station thermale de Royat-les-Bains en
Auvergne, chez sa chère amie et confidente, la Mère Marie Quinton (1854-1933), ancienne Belle
Meunière, logeant à l'hôtel des Marronniers dans la chambre du général Georges Boulanger et sa
maîtresse la vicomtesse Marguerite de Bonnemains. À la suite de cela, il publia en 1939 Les amants de
Royat. Jean Ajalbert fréquenta régulièrement les établissements de la Mère Quinton à Paris et à Nice sur
la côte d'azur.
Au cours d'un voyage en Indochine, Ajalbert a fait à Saïgon la connaissance de l'avocat Georges Garros,
le père de l'aviateur Roland Garros. Il rencontre ce dernier à Rome au terme de la course aérienne Paris-
Rome et se lie d'amitié avec lui, si bien qu'il parviendra à réconcilier le père et le fils en froid depuis
longtemps. Devenu conservateur du château de Malmaison, il y accueillera en décembre 1914 Roland
Garros et son amie Marcelle Gorge pour le dernier Noël d'homme libre de l'aviateur qui devait être
capturé par les Allemands quatre mois plus tard. Dès cette époque, il écrit dans L'Humanité, créée peu
avant en 1904. Sa signature côtoie celles d'Édouard Vaillant, Daniel Halévy, Jules Renard, Tristan
Bernard, Bertrand de Jouvenel ou Léon Blum12.
En novembre 1914, son fils unique est tué13. Il demande à quitter La Malmaison et devient
conservateur de la Manufacture nationale de tapisserie de Beauvais, où il reste en activité jusqu'en
1935. Pendant cette période, il publie plusieurs textes de propagande pour la paix (L'Heure de l'Italie,
Propos de Rhénanie), des études scientifiques (Les cartons de Beauvais), des chroniques auvergnates, et
Les Mystères de l'Académie Goncourt, qui fit scandale.
À partir des années 1930, Ajalbert se consacre à la rédaction de plusieurs volumes de mémoires où il
revient avec nostalgie sur la Belle Époque. Dans ces ouvrages, il montre son attachement au général
Boulanger et se replonge à l'époque du symbolisme où il connut un peu de succès.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il participe à L'Émancipation nationale de Jacques Doriot, organe
collaborationniste du Parti populaire français (PPF). Il signe également en mars 1942 un manifeste des
intellectuels français contre les crimes britanniques aux côtés de Jean de La Varende, Louis-Ferdinand
Céline, Pierre Drieu la Rochelle, Robert Brasillach, Abel Bonnard et Abel Hermant. Son nom figure sur les
listes d’« écrivains indésirables »14 édictées par le Comité national des écrivains durant l'épuration à la
Libération15. Il est jugé pour fait de collaboration par la 4e chambre civique en 1945, puis incarcéré à
Fresnes en mars 19453.
Œuvres
Sur le vif. Vers impressionnistes. Lettre-préface de Robert Caze. Paris, Tresse et Stock, 1886. Seulement
307 ex. sur Vélin teinté, 7 ex. sur Hollande et 7 ex. sur Japon impérial. Tous numérotés et paraphés par
l'auteur. Premier livre de Jean Ajalbert.
La tournée - Scènes de la vie de théâtre, roman, Paris, éditions de la Revue Blanche, 1901; édition
définitive en 1918 chez Charpentier et Fasquelle; réédition en 1930 chez Ferenczi.
Veillées d’Auvergne, Paris, Dentu, 1905 (éd. définitive chez Flammarion en 1926).
Sao Van Di (mœurs de Laos), Charpentier & Fasquelle, 1905 ; réédité par Flammarion en 1919, par G.
Crès en 1922, par Gallimard en 1934.
Raffin Su-Su. Mœurs coloniales, Paris, Flammarion, 1917 ; réédité par Gallimard en 1930.
- Gustave Salé " Histoires coloniales ", préface de Jean Ajalbert, Éditions d'Asie, Paris, 1931
Auvergne, 1932.
Mémoires sur une tombe. Les amants de Royat : Général Boulanger et Mme de Bonnemains, Paris, Albin
Michel, 1939.