A Propos Des Contradictions
A Propos Des Contradictions
A Propos Des Contradictions
LE DROIT POSITIF
ET LE PLAN DE LA « SUPRA-POSITIVITE »
PAULO AFONSO LINHARES
Sommaire :
I – Introduction
II – L’Application du Droit face aux questions des lacunes juridiques et aux
incorrections de la loi.
1)Autour du concept de « lacune juridique ».
2)Les Les contradictions du Droit incorrectement légiféré.
3)La « supra-positivité » comme fondement pour le remplissement des lacunes
juridiques et pour la correction du Droit incorrectement légiféré.
III - Bibliographie
I – INTRODUCTION
1
SAN TIAGO DANTAS, Francisco Clementino de - "Programa de Direito Civil - Parte Geral", Rio
de Janeiro, 1979, Editora Rio, p. 40.
»2, notamment en ce qui concerne les contradictions présentes entre l’ordre
juridique et la suprapositivité.
2
RADBRUCH, Gustav - "Filosofia do Direito" - trad. do Prof. L. Cabral de Moncada, 60 edição,
Coimbra, 1979, Arménio Amado - Editor, Sucessor, p. 45.
3
apud VASCONCELOS, Arnaldo - "TEORIA GERAL DO Direito - Teoria da Norma Jurídica" - 30
edição, 1993, São Paulo, Malheiros Editores, p. 258.
4
op. cit., p. 258.
5
apud RADBRUCH, Gustav - op. cit., p. 325.
transcendantes »6. De ce fait, nous affirmons encore, c’est justement sur ces «
transcendances » que porte l’intérêt de notre étude.
6
ENGISH, Karl - "Introdução ao Pensamento Jurídico", 6º edição, Lisboa, 1988, Fundação
Calouste Gulbenkian, p. 327.
7
apud ENGISH, K., op. cit., p. 216/217.
doit, dans ces cas-là, être renvoyée vers d’autres voies de pensée, étrangères à
celles du Droit légiféré.
8
L'Ecole de l'Exegèse a eu son origine en France, dans la première moitié du XIXème. siècle. Sa
doctrine a eu une forte influence sur la formation des juristes des pays ayant le système de Droit
Continental( Europe occidentale, sauf l'Angleterre, et l'Amérique Latine). De nos jours, encore
que moins répandue, cette influence est toujours présente. Les principes fondamentaux de cette
Ecole sont illustrés dans deux remarquables ouvrages de Droit Civil: Le ''Cours de Droit Civil
Français d'après la Méthode de Zachariae'' de AUBRY et RAU, et le ''Traité Théorique et Pratique
de Droit Civil'' de BAUDRY-LACANTINERIE. Selon sa thèse fondamentale, ''…le Droit par
excellence est celui que montrent les ''lois'', qui sont de normes générales écrites,
émanées de l'Etat, constitutives d'un droit et instauratrices de facultés et obligations, le
droit étant un ''système de concepts'' bien articulé et cohérent et ne présentant de
lacunes qu'apparentes'', selon la synthèse qu'en fait REALE, M., in "Filosofia do Direito", 150
ed., São Paulo, Saraiva, 1993, p. 416.
s’épargne d’accomplir la loi sous prétexte de ne pas la connaître» (art. 3ème, Loi
d’Introduction du Code Civil Brésilien), ou que « Le juge ne peut pas se dérober de la
prononciation de la sentence ou de l’accomplissement de ses tâches sous prétexte que la loi
présente une lacune ou de l’obscurité. Dans le jugement du litige il lui appartient d’appliquer
les normes légales ; en cas d’absence de ces dernières, il doit avoir recours à l’analogie, aux
coutumes et aux principes généraux du droit »(art. 126, Code de Procès Civil Brésilien).
9
MAXIMILIANO, Carlos - "Hermenêutica e Aplicação do Direito", 90 ed./30 tiragem, Rio de
Janeiro, Forense, 1984, pp.148/149.
Cependant, dans certaines situations concrètes, lorsqu’il manque des
prévisions légales ou qu’il y a une absence de normes coutumières, celui qui
applique le Droit doit « transcender », dépasser les (étroites) barrières, le jus
positum et chercher à remplir la lacune avec des éléments qui se situent au-delà du
Droit Positif, praeter legem. Dans d’autres mots, si le Droit Positif10 présente une
lacune, celle-ci peut être remplie avec la réception de modèles du Droit supra-
positif. D’ailleurs, à ce propos, une remarque mérite d’être faite. C’est que, en
effet, ceux qui repoussent complètement l’existence d’un Droit supra-positif,
plus précisément celle du Droit Naturel, proposent toujours l’argument simpliste
selon lequel personne ne plaide, devant un juge, s’appuyant sur un tel Droit. En
fait, rien de plus primaire que cela, une fois que c’est dans le plan de la supra-
positivité qui se situent les modèles servant à l’élaboration des lois, c’est-à-dire,
les modèles dont s’inspire le législateur. De plus, ces modèles-là servent à
remplir les lacunes existantes dans les lois ou dans le Droit Positif dans son
ensemble, ou encore à la correction du Droit incorrectement légiféré. Si, comme
nous l’avons vu, dans le premier cas l’opération est faite par le législateur, dans
ces deux derniers, c’est au juge qu’il appartient de la faire, ainsi que, dans une
certaine mesure, aux agents de l’Administration Publique, même si, pour la
réflexion qui nous occupe, c’est l’action du juge qui intéresse particulièrement.
10
A la rigueur, les lacunes juridiques sont de deux types: celles de la loi et celles de
ordonnancement juridique. Dans ce raisonement, par exemple, il est possible que malgré le
caractère lacunaire de la loi, dans certains cas, le Droit coutumier peut supprimer le défaut. Il
est de cas, néanmoins, où ni la loi, ni les coutumes, ni la jurisprudence évitent l'existence de
lacunes. C'est ici que nous pouvons répérer de façon plus judicieuse une lacune portant sur le
Droit Positif.
11
ENGISH, Karl - op. cit., p. 276
s’attendrait une telle réglementation. Ces failles-là postulent et admettent leur propre
suppression à travers une décision judiciaire à caractère juridico-intégrateur. »
Il nous est tout à fait impossible de donner suite à notre discussion sans
laisser clair que la lacune juridique peut être légale, ou bien elle peut porter sur le
Droit Positif. Autrement dit, une lacune sera tout simplement légale lorsqu’il ne
sera pas possible de tirer de la loi, à travers l’interprétation de celle-ci, la solution
à la question qui se présente. D’autre part, nous serons devant une lacune du
Droit Positif lorsqu’il ne sera pas possible de trouver, ni dans la loi ni dans les
coutumes, la réponse à une certaine question concrètement posée. Il faut ajouter
qu’il est des cas où ; même si la loi présente une lacune, la solution peut
parfaitement être à trouver dans les coutumes. Ainsi étant, il reste évident que la
lacune est seulement du côté de la loi et non pas dans le Droit Positif. Celui-ci,
nous venons de dire, ne présentera une lacune que lorsque la solution ne sera
trouvée ni dans la loi ; ni dans les coutumes.
12
op. cit., p. 25.
13
apud VASCONCELOS, Arnaldo - op. cit., p. 24/25.
Au Brésil, sous l’égide de la Constitution de 1988, la suppression de lacunes
politico-juridiques de ce genre est faite à travers le « mandat d’injonction » (art.
5, incise LXXI,CF). Le défaut de norme régulatrice, qui rend inviable l’exercice
des droits et des garanties présentes dans la Constitution, n’est pas une lacune
juridique, dans le sens le plus propre du terme. C’est une lacune impropre, de lege
ferenda, dont la suppression ne pourra être faite que par le législateur ou, devant
l’inertie de celui-ci, à travers le mandat d’injonction.
Un autre phénomène dont l’examen ne manque pas d’intérêt, est celui des
changements de valeurs, dans la société, qui font surgir des lacunes juridiques
qui auparavant n’étaient même pas perçues. Or, en raison de phénomènes
économiques, sociaux ou de développement scientifico-technologique, des
nouvelles questions juridiques viennent à jour, et auxquelles le Droit Positif ne
propose aucune solution, se montrant ainsi lacunaire. Dans ce cas-là,
évidemment, nous n’allons pas chercher à connaître les motivations du
législateur historique, en elles-mêmes généralement insuffisantes, pour expliquer
les lacunes qui en découlent. Prenons, par exemple ; l’article 374, du CPC, selon
lequel « le télégramme, le radiogramme ou n’importe quel autre moyen de transmission, a la
même force probante du document particulier, si l’original dont dispose l’émetteur fut signé par
l’expéditeur ». Lors de l’entrée en vigueur du Code de Procès Civil, le 11 janvier
1974, il n’existait pas encore le recours du « fac-similé ». Vingt ans après,
l’utilisation des appareils « fax » devient populaire et est une technologie à la
portée de beaucoup, tellement que de nos jours, dans les communications, c’est
une réalité incontournable, y compris dans les procédures judiciaires.
Même si le texte de l’article 374 fait référence à «n’importe quel autre moyen de
transmission », nous savons que le « fax » n’y est pas inclus, une fois que celui-ci
présuppose l’existence d’un poste émetteur extérieur à l’expéditeur. D’ailleurs, le
Droit Positif brésilien ne propose aucune réglementation à ce sujet. Dans son
article récemment paru, sous le titre « Le « Fax » et le Pouvoir Judiciaire »,
ANTONIO VIANNEY CAMPOS, Procureur du Trésor Public, montre la
perplexité du Pouvoir Judiciaire Brésilien devant cette importante innovation
technologique, surtout parce que « …la rapidité, la commodité et l’économie du Fax,
favorisent Sa diffusion parmi tous ceux qui ont besoin d’expédier et de recevoir des messages
écrits. Dans les procédures judiciaires, son utilité est indéniable. La transmission instantanée
de décisions judiciaires et autres documents dans plusieurs tribunaux, facilitent de façon
extraordinaire la vie des professionnels du droit. Surtout si nous prenons en compte les
dimensions continentales de notre Pays, ainsi que la croissante carence de temps, l’apanage des
civilisations de nos jours »14. Il est certain que, à défaut de réglementation de
l’utilisation du fac-similé, le Tribunal Supérieur de Justice a décidé que « malgré
l’excellence du « fax-message », les actes concernant les procès-verbaux ainsi instrumentés, y
inclus les recours, ne sont pas dispensés de l’exigence de l’authentification de l’original
radiographiquement émis »15. Toutefois, le même Tribunal, plus tard, change d’avis
lorsqu’il édite la Résolution n 43/9116 à travers laquelle l’usage du fac-similé est
radicalement supprimé des routines des procédures judiciaires, en réponse à tout
ce qu’il entend comme étant «des nécessités de sécurité dans les procès », tout en
déterminant que « ….des pétitions et des recours ne seront pas admis dans le Tribunal
Supérieur de Justice lorsque leur moyen d’emission est le fac-similé ». A son tour, le
Suprême Tribunal Fédéral, la plus haute Cour brésilienne, est d’un autre avis
lorsque, dans plusieurs décisions de sa 2ème Chambre 5DJU-I, du 20.08.93,
signale des incongruités dans la Résolution n 43/91-STJ.
Inutile de discuter ici, dans son essence, la question de l’utilisation, dans les
procédures judiciaires, du fac-similé. Notre intérêt ici est de souligner,
premièrement, l’existence certaine d’une lacune de lege lata à propos de la
Résolution ci-dessus citée. Deuxièmement, aussi bien dans le parti pris du
Tribunal Supérieur de Justice que dans celui du Suprême Tribunal Fédéral, nous
pouvons constater une attitude de la suppression de la lacune présente dans le
Code de Procès Civil, portant sur l’utilisation de la technologie du fac-similé. En
outre, nous mettons ici l’accent sur le fait que, dans les deux cas, les solutions
s’appuyant sur une mise en valeur des impacts négatifs et positifs du « fax-
message » dans les procédures judiciaires modernes. La suppression de lacune
par le Supérieur Tribunal de Justice, appuyée sur la Résolution n 43/91, eut
lieu en raison de l’appel au principe supra-légal des « nécessités de sécurité dans
les procès ». Il est évident que, dans l’avenir, le Législatif aura à réglementer
l’utilisation du fac-similé dans les routines des procédures judiciaires, en réponse
définitive, et par d’autres moyens, à la question lacunaire.
14
in Revista Trimestral de Jurisprudência dos Estados, vol. 121, fevereiro/1994.
15
in DJU-I, de 7-5-90, p. 3.836.
16
Publié dans le ''Diário da Justiça da União'' (DJU), de 24-10-91, p. 14.958.
compte du « juste moyen pour la juste fin », ce qui, inexorablement, renvoie à
des certaines données historiques. Ayant comme recours, pour remplir des
lacunes juridiques, la mise en valeur de situations historiquement données, le
juge agit, du point de vue axiologique, objectivement. D’autre part, il est utile de
rappeler, sur ce point, qu’une telle opération rencontre un obstacle à l’égard de la
frontière, pas toujours claire, entre la révélation du Droit secundum legem et la
révélation du Droit praeter legem. La difficulté de distinction de ces limites-là
constitue un énorme et complexe problème, lequel nous ne pouvons que
signaler ici, étant donné que le but de notre analyse est tout à fait autre.
Les instituts du Droit Positif qui divergent de ces principes situés dans
une dimension axiologique, implicites et prédétermines dans la nature humaine,
ne sont pas forcément exclus ni ont leur validité pour autant niée. Cependant, ils
doivent rester subordonnés strictement au système. Certaines techniques,
comme celle du principe de l’adéquation maximale, réussissent à alléger ce genre de
divergences, permettant une plus grande appréhension de la réalité, malgré leur
extrapolation des limites des normes fixées, ainsi que leur manque de certains
requis tout à fait nécessaires à la production d’effets juridiques positifs.
17
Crf. DEL VECCHIO, Giorgio - "Lições de Filosofia do Direito", trad. de António José Brandão,
Coimbra, 50 ed., Arménio Amado - Editor, Sucessor, pp. 575/589.
Les contradictions, qui n’ont de cesse d’émerger dans un ordre juridique,
peuvent être classées de plusieurs façons. En effet, il nous semble que la
classification qu’en propose KARL ENGISH18 témoigne d’un excellent critère.
L’auteur divise ainsi les contradictions : a) de technique législative ; b)
normatives ; c) de valeur ; d) téléologiques et e) de principes.
En réalité, il est très important que nous prenions en compte le fait que les
concepts juridiques subissent des limitations de caractère historique et culturel,
raison pour laquelle une relativité leur est imposée, car l’ordre juridique « exige
une variation qui individualise les concepts, envisageant leur adaptation au sens particulier de
18
op. cit., pp. 311/325.
19
Bref, vous le savez, chacun approuve ce qu’il veut: ail aux aulx, ça se vaut…. Le sertao est de
par le monde. In Diadorin, Traduit du brésilien par Maryvonne Lapoue-Pettorelli, éditions Albin
Michel, 1991, Paris, p. 24.
la détermination concrète du Droit », selon les mots précis de GRÜNHUT20. Sans
doute, le contexte normatif et téléologique dans lequel le Droit est produit
détermine le concept et la portée de ses concepts. C’est pourquoi il est
absolument impossible de dissocier le langage juridique de l’idée d’une relativité
substantielle, même si cela ne suffit pas pour imposer des mutations à l’essence
du Droit posé, ce qui rend ce genre de contradiction moins grave , voire même
inoffensif.
20
apud ENGISH, Karl - op. cit., p. 312.
21
Cfr. ENGISH, Karl, op. cit., p. 313.
précepte constitutionnel positif qui soit en conformité avec le Droit supra-
positif.
22
REALE, Miguel - op. cit., p.543.
paragraphe 2 21, inc. IV), la peine imposée est beaucoup plus légère ( 2 à 8
ans de prison ). Imaginons deux situations distinctes. Un jeune homme est
arrêté lorsqu’il essaie de vendre quelques grammes de la substance « cannabis
sativa », vulgairement connue comme « maconha », « diamba », « marijuana », etc.
Un autre jeune homme est arrêté après avoir, en raison de sa simple jalousie,
jetée de l’acide très fort sur le visage de sa fiancée, la condamnant ainsi à la
complète cécité et à avoir à jamais le visage déformé. Dans ces deux cas,
nous aurons une curieuse situation : le premier jeune homme aura une peine
bien plus grande que le deuxième, si nous prenons en compte que l’acte de ce
dernier est beaucoup plus grave que celui du premier. Nous sommes là
devant une contradiction immanente, mettant en conflit les valeurs du
législateur lui-même. La situation dans laquelle les valeurs du législateurs ne
sont pas en harmonie avec les valeurs de ceux qui sont concernés par les
normes est de tout autre nature.
23
REALE, Miguel - op. cit., p. 427.
24
Idem, p. 431.
raison, lequel intervient constamment, à l’insu même de ceux qui l’emploient, dans
l’élaboration progressive du droit positif25.
Il ne faut pas oublier que « pour que l’homme préserve sa dignité, sans laquelle il
perdra sa condition humaine, il n y a pas d’autre voie que celle du Droit considéré dans son
structure axiologique tridimensionnelle : juridique, juste et légitime », selon les mots
d’ARNALDO VASCONCELLOS27. Lorsque les régimes démocratiques sont
éclipsés par la furie de l’autoritarisme, il est imposé à l’homme un droit injuste,
immoral qui, nonobstant cela, est mis en pleine vigueur par la force et par
l’intimidation. C’est un Droit tordu, mais malheureusement, c’est un Droit. Pour
le juriste, le dilemme du Droit injuste emerge avec force et énorme perplexité,
lorsque la tempête de l’autoritarisme passe, laissant sa trace de peur, de sang, de
destruction…et des normes juridiques fallacieuses, issues d’un Droit injuste et
illégitime.
Que faire pour supprimer ces plaies pestilentielles qui sont les lois injustes
et immorales ? Malheureusement, le Droit injuste et illégitime des régimes
antidémocratiques survit à ces derniers. Et c’est là une expérience trop vérifiée
par l’histoire contemporaine, contrainte à une convivialité avec des véritables
déchets normatifs autoritaires : l’Allemagne et l’Italie, après 1945 ; l’Espagne et
le Portugal, qui plus récemment se sont libérés de longs gouvernements
autocratiques ; littéralement tous les Pays de l’Amérique Latine, y compris le
Brésil, qui ont vécu des dictatures sanguinaires dans les années 60 et 70 du
XXème siècle. Plus de quinze ans après la fin du régime autocratique implanté
au Brésil en 1964, malgré l’avènement d’une nouvelle Constitution Fédérale en
25
GÉNY, François - "Archives de Philosophie du Droit et de Sociologie Juridique", 1931, Paris,
p.20, apud REALE, op. cit., p. 431.
26
apud ENGISH, Karl - op. cit., p. 331.
27
VASCONCELOS, Arnaldo - in "Considerações em torno das Insuficiências do Direito",
1990/91, Fortaleza, Rev. da Fac. de Direito, 31/2 - 32/1 e 2.
1988, il reste encore beaucoup de « déchet de l’autoritarisme » à être débarrassé,
infiltré dans la forme des lois, des decrets-lois, des résolutions et des actes
administratifs , constituant un héritage maudit de cette sombre période de
l’Histoire brésilienne.
Le fait qu’une question tellement importante ne soit jamais entrée pour de
vrai dans l’agenda des problèmes à régler des juristes brésiliens, y compris ceux
qui restent enfermés dans les Tribunaux des plusieurs instances, notamment les
plus hautes, nous semble très grave. Evidemment, dans cette période-là, des lois
ont été crées latu sensu, qui, malgré leur illégitimité, portaient l’idée du Droit,
étaient en accord avec les principes de la justice, de la morale, du Droit Naturel.
A cet exemple, pensons au Code de Procès Civil qui, de façon nostalgique, est
de caractère privé et individualiste, voire d’un libéralisme extravagant. Quand
même, il ne manque pas d’être, aussi bien du point de vue technique que du
point de vue de sa consistance, une loi bien élaborée, et surtout juste. Par contre,
il est bien d’autres lois qui devraient, depuis longtemps, être jetées à la poubelle
de l’Histoire.
De fait, une attitude de complète soumission à la loi ne peut pas être exigée
du juge si le législateur a donné le jour à un Droit injuste et amoral. Dans ce cas
là, face aux « modèles » habitant le plan de la supra-positivité, il appartient au
juge, dans une attitude qui témoigne toujours d’une plus grande prudence, de
faire les corrections nécessaires. C’est là la question fondamentale. Il ne s’agit
pas de corriger une norme tout simplement parce qu’elle porte une contradiction
face à une autre, ni de résoudre des impasses d’orthographe. Le juge, dans cette
opération tellement complexe, peut aussi bien remplir les lacunes du Droit
Positif que corriger le Droit incorrectement légiféré. Pour cela, il est toujours
utile la prudence de GUSTAV RADBRUCH, qui estime que « Le Droit positif, le
Droit fait sûr à travers un acte de décret et de pouvoir, sera prévalent, même lorsque son
contenu sera injuste et inconvenante, sauf si la contradiction de la loi positive avec la justice
atteint un degré tellement haut et s’avère tellement insupportable que la loi, ainsi que le « Droit
injuste » sera obligée de céder sa place à la justice »28.
28
idem.
universellement valable, en tous temps et lieux. La façon dont ces principes-là se
mettent en rapport à l’homme en tant qu’un être limité à des contextes
historiques-culturels et à des incontournables circonstances de temps et de lieux,
ne peut être entendue que d’après l’idée d’ « un droit naturel de contenu variable »,
que nous retrouvons dans les incontestables mots de STAMMLER. En fait, la
nature humaine ne cesse pas d’y compter, puisque l’essence de l’homme est la
raison et que c’est dans la nature humaine que se trouve présent, d’emblée,
l’idéal du Droit. Cependant, la nature des choses est un « facteur de variabilité »,
raison pour laquelle il est impossible de concevoir un Droit suprapositif qui ne
puisse pas être modifié et qui soit universellement valable.
Tout ce qui vient d’être dit nous mène à conclure que l’homme, dans son
eternel effort pour perfectionner le Droit mis en place, a à reprendre le travail de
Prométée, c’est-à-dire, envahir les cieux pour voler aux dieux la flame du Droit
Juste. Surtout, il faut approfondir, jour après jour, la découverte progressive du
Droit, tâche difficile qui ne peut être envisagée qu’avec une bonne dose d’astuce.
III - BIBILIOGRAPHIE