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Ecole Supérieure de Biotechnologie de Strasbourg. Electronique C.

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V.) Capteurs

5.1) Introduction:
Dans une chaîne de mesure, le capteur tient la place du premier élément de la chaîne. Sa fonction
est primordiale et il faudra s'assurer qu'il peut fonctionner dans les conditions prévues par son
constructeur, sinon les conséquences sont imprévisibles.

2 multiplexeur

Chaine de mesure
convertisseur
analogique échantillonneur-
ampli analogique-
bloqueur
capteurs n voies
digital

contrôle

mémoires de

Ordinateur
interfaces
programme microprocesseur entrées/sorties
et de données

disques clavier affichage calculateur

Synoptique d'une chaîne de mesures numériques

La figure ci-dessus représente une chaîne de mesure moderne avec une mesure à l'aide de capteurs
analogiques dont les sorties électriques sont aiguillées via un multiplexeur analogique vers une chaine
d'amplification et de conversion analogique/digitale unique pour tous les n capteurs. Cette configuration
permet une économie notable. Le signal numérique est alors envoyé à une interface d'entrée/sortie
permettant la lecture des données binaires par le calculateur ou le microprocesseur.
L'ensemble micro-processeur et mémoires de programme et de données constitue un ordinateur
autonome permettant de faire fonctionner la chaîne éventuellement sans intervention du calculateur.
On a souvent besoin de ceci pour répondre à des contraintes de temps. En effet, on ne peut pas se
permettre d'attendre que le calculateur, qui est une machine décentralisée, connectée par réseau,
réponde.
Une unité de contrôle, pilotée par le microprocesseur, s'occupe d'envoyer les bons signaux aux bons
moments vers les différents sous-ensembles

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5.2) Definitions:

Le capteur sert à effectuer des mesures de grandeurs physiques : déplacements, pressions,


températures, vitesses, accélérations, pH, lumière, etc...
C'est l'organe qui, soumis à l'action d'un mesurande non-électrique fournit en sortie une
caractéristique électrique : charge, tension, courant, impédance.

s = F(m) La sortie s est une fonction du


mesurande m.

Le mesurande m est la grandeur physique objet


de la mesure.

Pour connaître la relation entre s et m, on peut tracer la


courbe d'étalonnage: c'est à dire que pour des valeurs
connues avec précision de m, on mesure les valeurs
correspondantes de s, on obtient une courbe qui permet de
connaître la valeur de m pour toute valeur de s qui la
détermine.
Pour des raisons de facilités d'exploitation, on s'efforce de
réaliser le capteur, ou du moins de l'utiliser en sorte qu'il
établisse une relation linéaire entre les variations s de la
grandeur de sortie et celles m de la grandeur d’entrée.
Courbe d’étalonnage
s=Sxm

S est la sensibilité du capteur.

Un des problèmes importants dans la conception ou l'utilisation d'un capteur est la constance de sa
sensibilité S qui doit dépendre aussi peu que possible :
• de la valeur de m (linéarité) et de sa fréquence de variation (bande passante).
• du temps (vieillissement).
• de l'action de grandeurs physiques de son environnement, qui ne sont pas l'objet de la mesure et que
l'on appelle grandeurs d'influence : radio-activité, champs magnétiques, température, humidité,
vibrations, chocs, tensions d'alimentations, etc …

L'erreur de linéarité est l'erreur de mesure du capteur due à la non-


linéarité de sa courbe d'étalonnage. Ce défaut a la particularité d'introduire
une erreur qui dépend de la valeur mesurée, on donne, en général l'erreur
maximale exprimée en % de la valeur maximale
de la sortie pour la plage considérée.

La bande passante est la bande de fréquences dans laquelle le capteur répond correctement.
Autrement dit, si le mesurande varie à une certaine vitesse, le capteur transmettra cette variation
vers la sortie avec un léger retard dû à son temps de réaction (sa constante de temps). Si cette
valeur de constante de temps se rapproche de la période de variation du mesurande, alors le signal
de sortie sera dégradé: son amplitude diminue.
On définit la fréquence de coupure fc du capteur comme étant la fréquence à partir de laquelle

l'amplitude de sortie diminue en-deçà d’un rapport de l'amplitude normale.

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Le temps de réponse d’un capteur est


donné comme étant le temps mis par un
capteur pour amener le signal de sortie de
10% à 90% de la valeur finale. Les temps
de montée ou de descente du signal
peuvent parfois être différents, on définit
donc un tr (rise time) et un tf (fall time).

Il est évident que temps de montée et bande passante sont étroitement liés. En effet, on peut montrer
que pour un système du 1er ordre (c.a.d. temps de montée de forme mono-exponentielle) on a la relation :

5.3) Exemple : le thermocouple


Ce capteur sert à mesurer des températures dans la gamme de -270 à 2700°C.

Principe : un circuit formé de 2 conducteurs de nature


chimique différente M1 et M2, par exemple du cuivre et
du constantan, dont les jonctions sont à des
températures T1 et T2 fait apparaître, par effet Peltier,
une différence de potentiel e dépendant de la différence
de température aux points T1 et T2.
Un thermomètre à thermocouple sera constitué par le
capteur branché à un voltmètre. Dans la pratique, on
maintiendra la jonction T2 à une température connue,
soit en la trempant dans de la glace fondante (0°C), ou
en plaçant un autre capteur de température près de la
jonction T2.

Courbe d’étalonnage
d’un thermocouple
Fe/constantan (0 °C –
84,7 °C):

Exercice: déterminer la
sensibilité S du
thermocouple.
Préciser l'erreur
maximale de non-
linéarité.

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5.4) Capteurs piézo-électriques

Le phénomène de piézo-électricité consiste en l’apparition d'une


polarisation électrique, ou la variation d'une polarisation déjà
existante dans certains diélectriques anisotropes naturels (quartz,
tourmaline...) ou artificiels (quartz de synthèse, céramiques
traitées...) lorsqu'ils sont déformés sous l'action d'une force de
direction convenable. Si l'on munit un cristal piézo-électrique de deux
armatures fixées sur des faces opposées du cristal, il apparaîtra sur
les armatures des charges électriques de signes opposées, une
différence de potentiel proportionnelle à la force appliquée au cristal.
On a alors un capteur de force ou de toute grandeur susceptible de s'y ramener: pression, accélération,
vibration, onde acoustique.

On pourra réaliser des microphones piézo-électriques, des jauges de contraintes mécaniques pour les
structures d'avions, des manomètres électroniques, etc…

Lorsqu'on soumet un cristal piézo-électrique à une source de chaleur, on provoque des contraintes
mécaniques internes au cristal qui sont mesurables par le même moyen, on a alors un capteur pyro-
électrique.
On réalise des appareils permettant de mesurer des températures à distance: en focalisant un
rayonnement infra-rouge provenant d'une source de chaleur vers le cristal pyro-électrique, on
pourra avoir une mesure électrique de la température du foyer chaleureux.

Le phénomène s'explique par la structure cristalline d'une maille élémentaire. Si l'on prend l'exemple du
quartz naturel, une telle maille est
constituée de 3 molécules SiO2.
En l'absence de contraintes (a), les
barycentres G+ et G- des charges
positives et négatives des 3 molécules
SiO2 coincident : leur moment dipolaire
résultant est nul. si l'on exerce une force
F, la structure se déforme (b) : les
barycentres G+ et G- des charges ne
coincident plus : il apparaît un moment
dipolaire et donc des charges
électriques superficielles.

Remarque: l'effet piézo-électrique est réversible : soumis à l'action d'un champ électrique, le cristal se
déforme. Il peut être excité à sa résonance mécanique qui dépend notamment de ses dimensions et de
sa géométrie. On peut alors utiliser cet effet pour créer des oscillateurs calibrés (horloges d'ordinateurs)
ou des générateurs d'ultra-sons.

En spectroscopie de dichroïsme circulaire on mesure la différence d'absorption, par un échantillon de


molécules biologiques, entre une lumière polarisée circulaire droite et une lumière polarisée circulaire
gauche. L'alternance de polarisation est obtenue par une lentille bi-réfringente, qui est en quartz piézo-
électrique et qui est pilotée par une tension alternative appliquée à deux armatures conductrices collées
au quartz.

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5.5) Capteurs à induction électromagnétique


Le phénomène d'induction électromagnétique a déjà été rencontré dans le principe du transformateur,
dans celui du moteur électrique ou dans celui de l'alternateur qui sert à fabriquer le courant électrique
domestique ou industriel.

L'induction électromagnétique met en


relation les trois grandeurs :
• courant électrique I
• mouvement dx/dt
• champ magnétique B

Le but d'un capteur étant de fournir une grandeur électrique en sortie, l’induction électromagnétique
pourra être utilisée pour mesurer l'une ou l'autre des deux autres grandeurs en jeu. On aura donc un
capteur de mouvement ou de champ magnétique.

Un exemple de mesure de mouvement est la dynamo tachy-


métrique destinée à mesurer la vitesse de rotation d'un moteur. On
dispose une spire de fil conducteur sur l'axe de rotation, on place en
face cette spire un aimant permanent développant un champ
magnétique B. La rotation de l'axe déplacera la spire dans le champ
de manière alternative et créera une tension dont la période sera la
durée d'un tour de l'axe de rotation. La mesure de la fréquence sera donc une mesure de la vitesse de
rotation du moteur.

En résonance magnétique nucléaire, on observe le mouvement de spins nucléaires constituants des


petits dipôles magnétiques en rotation. Cette observation se fait par une simple spire de fil conducteur
placée près de l'échantillon à mesurer. Les petits dipôles magnétiques dont le mouvement est contrôlé
vont induire dans la spire un courant électrique alternatif mesurable.

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5.6) Un exemple de capteur numérique


Dans le cas particulier du problème de mesure de position ou
de déplacement, on peut concevoir des capteurs donnant
directement une information digitale sous forme d'un mot
binaire. A cause du problème de quantification, la grandeur
mesurée aura toujours une résolution finie (nombre limité de
positions), mais celle-ci pourra néanmoins être très grande.
Avec l'utilisation d'un tel capteur, on évite l’étape
d’amplification et de conversion analogique/ numérique mais
son coût reste très élevé.

Exemple: la roue codeuse


Au milieu, une roue codée en binaire naturel, à gauche et à droite des roues codées en code gray. Ce
dernier a l'avantage de ne modifier qu'un bit à la fois lors d'une transition pour éviter des ambiguïtés à
l'instant même de la transition.

5.7) Capteurs optiques:


Les capteurs optiques permettent la traduction en signaux électriques d'informations portées par de la
lumière visible ou des rayonnements de longueur d’onde voisine.

Capteurs photoélectriques ou photoconducteurs

Ils ont pour origine la libération de charges électriques dans la


matière sous l'influence d’un rayonnement lumineux ou plus
généralement électromagnétique, dont la longueur d'onde est
inférieure à une valeur seuil caractéristique du matériau. Chaque
photon est le support d'une énergie Wph, déterminée uniquement
par la fréquence de rayonnement :

Dans la matière, d'autre part, les électrons qui sont liés aux atomes par leur énergie de liaison Wl
exigent, pour être libres, la fourniture d'une énergie supérieure.

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La longueur d'onde maximale susceptible de provoquer la libération des électrons dans la matière est λs
(longueur d'onde de seuil).

Un exemple pratique est la cellule photoconductrice, c'est un


capteur de lumière visible constitué d'une couche de matériau
photoconducteur (en noir) séparant deux électrodes entre
lesquelles on va mesurer une variation de résistance électrique en
fonction de la lumière reçue.

Le courant résultant de l'effet photoélectrique sera d’autant plus


important que :
• la durée de vie des électrons libres est plus longue, ceci dépend
du matériau.
• la différence de potentiel appliqué au matériau est plus élevée,
U=R.I, si U augmente => I augmente.
• la largeur de la couche photoconductrice est plus réduite, ceci
explique la forme en peigne des capteurs ce qui permet une grande surface soumise au rayonnement
tout en maintenant une largeur faible.

Selon le domaine spectral utilisé, on choisira un matériau différent pour la réalisation de la cellule. La
valeur de la résistance d'obscurité d'une cellule photoconductrice dépend de la forme géométrique, de la
température et de la nature physico-chimique du dépôt conducteur.

Exemples: 104 à 109 Ω à 25 °C pour PbS (sulfure de plomb), CdS (sulfure de cadmium) et CdSe (séléniure de
cadmium).

Ce capteur peut être utilisé pour déclencher automatiquement l'allumage de l'éclairage public à la
tombée de la nuit. Un autre exemple est la détection de la coupure d'un faisceau de lumière par un
individu pour sécuriser la fermeture de la porte d'un ascenseur, etc…

Un matériau photo-émissif est comme le matériau photoconducteur sensible à un rayonnement


lumineux par libération d’électrons, mais le matériau photo-émissif libère des électrons vers l'extérieur
du matériau.

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Le photomultiplicateur
On éclaire une surface recouverte d'un matériau photo-émissif: la photocathode, il en résulte une
extraction d'électrons proportionnelle au nombre de photons incidents.

Le signal électronique primaire est constitué des électrons émis sous l'influence du rayonnement
incident par une photocathode placée dans le vide. Ces électrons sont focalisés, en général
électrostatiquement, sur la première d'une série d'électrodes, les dynodes, recouvertes d'un matériau
dont l'émission secondaire est importante. Les potentiels des dynodes successives, fournis par un
pont résistif, vont en croissant si bien que les électrons émis par la kième dynode sont attirés par la (k
+1)ième où chacun d'eux provoque à son tour l'émission de plusieurs électrons secondaires.
Finalement, le courant électronique est collecté sur l'anode et appliqué à une résistance Rm sur
laquelle peut être prélevé le signal de mesure.

Ordres de grandeur:
• nombre de dynodes: 5 à 15
• gain du photomultiplicateur: 106 à 108
• tension d'alimentation : de 500 à 3000 Volts.

C'est la valeur du rendement quantique dans le domaine spectral d'utilisation qui est le critère de
sélection des matériaux employés pour réaliser la photocathode. L'utilisation de matériaux scintillants
comme fenêtre de photocathode transformera le PM en détecteur de radioactivité.
Le PM est un capteur très sensible sur un domaine spectral relativement étendu, il est linéaire, c’est
pourquoi il est utilisé dans les spectrophotomètres et beaucoup d'appareils de mesure quantitative de
lumière.
C'est un composant assez coûteux d'autant plus qu'il nécessite une alimentation haute tension.
Néanmoins, c'est un composant fabriqué en grande quantité à cause de son vaste champ d'application,
ce qui conduit à une réduction du prix de revient.
Il est de plus en plus remplacé par des capteurs optiques numériques CCD (Charge Coupled Device)
lorsqu'une grande sensibilité n'est pas nécessaire.

Bibliographie

Georges Asch et collaborateurs, "Les capteurs en instrumentation industrielle", ed.Dunod.

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