Cours de Reglementation de L'environnement

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ECOLE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT (EAD)

COURS de Réglementation de l’environnement

Pour les étudiants de la licence3 HSE

Présenté par Monsieur : NGOMBET ITOUA OKOMBI


PLAN :

Chapitre 1 : Notions de droit de l’environnement

Chapitre 2 : Les principes de base de la protection de l’environnement

Chapitre 3 : Code de l’environnement congolais


Chapitre 1 : Notions de droit de l’environnement
Notion de texte juridique
Chapitre 2 : Les principes de base de la protection de
l’environnement

Les Principes Généraux du Droit de l'environnement ont été posés par la loi
Barnier du 2 février 1995, et codifiés dans l’article L110-1 du code de
l’environnement lui-même modifié pâ r les articles 1, 2 & 3 de la loi
n°2016-1087 du 8 août 2016. Il est rédigé comme suit :
« I. - Les espaces, ressources et milieux naturels terrestres et marins, les sites,
les paysages diurnes et nocturnes, la qualité de l'air, les êtres vivants et la
biodiversité font partie du patrimoine commun de la nation. Ce patrimoine
génère des services écosystémiques et des valeurs d'usage.
Les processus biologiques, les sols et la géodiversité concourent à la
constitution de ce patrimoine.
On entend par biodiversité, ou diversité biologique, la variabilité des
organismes vivants de toute origine, y compris les écosystèmes terrestres,
marins et autres écosystèmes aquatiques, ainsi que les complexes écologiques
dont ils font partie. Elle comprend la diversité au sein des espèces et entre
espèces, la diversité des écosystèmes ainsi que les interactions entre les
organismes vivants.
II. - Leur connaissance, leur protection, leur mise en valeur, leur restauration,
leur remise en état, leur gestion, la préservation de leur capacité à évoluer et la
sauvegarde des services qu'ils fournissent sont d'intérêt général et concourent
à l'objectif de développement durable qui vise à satisfaire les besoins de
développement et la santé des générations présentes sans compromettre la
capacité des générations futures à répondre aux leurs. Elles s'inspirent, dans
le cadre des lois qui en définissent la portée, des principes suivants :
1° Le principe de précaution, selon lequel l'absence de certitudes, compte
tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas
retarder l'adoption de mesures effectives et proportionnées visant à
prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l'environnement à
un coût économiquement acceptable ;
2° Le principe d'action préventive et de correction, par priorité à la
source, des atteintes à l'environnement, en utilisant les meilleures
techniques disponibles à un coût économiquement acceptable. Ce principe
implique d'éviter les atteintes à la biodiversité et aux services qu'elle fournit
; à défaut, d'en réduire la portée ; enfin, en dernier lieu, de compenser les
atteintes qui n'ont pu être évitées ni réduites, en tenant compte des
espèces, des habitats naturels et des fonctions écologiques affectées ;
Ce principe doit viser un objectif d'absence de perte nette de biodiversité,
voire tendre vers un gain de biodiversité ;
3° Le principe pollueur-payeur, selon lequel les frais résultant des mesures
de prévention, de réduction de la pollution et de lutte contre celle-ci doivent
être supportés par le pollueur ;
4° Le principe selon lequel toute personne a le droit d'accéder aux
informations relatives à l'environnement détenues par les autorités
publiques ; ;
5° Le principe de participation en vertu duquel toute personne est informée
des projets de décisions publiques ayant une incidence sur l'environnement
dans des conditions lui permettant de formuler ses observations, qui sont
prises en considération par l'autorité compétente ;
6° Le principe de solidarité écologique, qui appelle à prendre en compte,
dans toute prise de décision publique ayant une incidence notable sur
l'environnement des territoires concernés, les interactions des écosystèmes,
des êtres vivants et des milieux naturels ou aménagés ;
7° Le principe de l'utilisation durable, selon lequel la pratique des usages
peut être un instrument qui contribue à la biodiversité ;
8° Le principe de complémentarité entre l'environnement, l'agriculture,
l'aquaculture et la gestion durable des forêts, selon lequel les surfaces
agricoles, aquacoles et forestières sont porteuses d'une biodiversité
spécifique et variée et les activités agricoles, aquacoles et forestières
peuvent être vecteurs d'interactions écosystémiques garantissant, d'une
part, la préservation des continuités écologiques et, d'autre part, des
services environnementaux qui utilisent les fonctions écologiques d'un
écosystème pour restaurer, maintenir ou créer de la biodiversité ;
9° Le principe de non-régression, selon lequel la protection de
l'environnement, assurée par les dispositions législatives et réglementaires
relatives à l'environnement, ne peut faire l'objet que d'une amélioration
constante, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du
moment.
III. - L'objectif de développement durable, tel qu'indiqué au II est recherché, de
façon concomitante et cohérente, grâce aux cinq engagements suivants :
1° La lutte contre le changement climatique ;
2° La préservation de la biodiversité, des milieux, des ressources ainsi que la
sauvegarde des services qu'ils fournissent et des usages qui s'y
rattachent ;
3° La cohésion sociale et la solidarité entre les territoires et les générations ;
4° L'épanouissement de tous les êtres humains ;
5° La transition vers une économie circulaire

PRINCIPES DE PRECAUTION ET DE PREVENTION


Le principe de précaution est mis en œuvre en cas d’incertitude scientifique ;
le principe de prévention en cas de risque déjà identifié. Le principe de
précaution a vocation être limité dans le temps et à contribuer à amorcer des
recherches et études pour permettre d’entrer dans le temps de la prévention.
L’action préventive a lieu par priorité à la source et est tempérée par une
exigence de proportionnalité entre le risque et la solution proposée.

PRINCIPE DE PRECAUTION

INTRODUCTION : Tirée du livre de Ph. Kourilsky « du bon usage du principe de précaution »


« Le principe de précaution est apparu à propos de problèmes liés à
l'environnement de façon explicite vers 1980 et a connu depuis lors un
développement fulgurant. Après avoir reçu une consécration publique à la
conférence de Rio, en 1992, il fut, la même année, inscrit dans le traité de
Maastricht et fit, en 1995, son entrée dans le droit français. La loi du 2
février de cette même année stipule que « l'absence de certitudes, compte
tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas
retarder l'adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir
un risque de dommages graves et irréversibles à l'environnement à un coût
économiquement acceptable ». Depuis, il a débordé les questions qui
touchent à l'environnement, à propos desquelles il avait été conçu, pour
englober les problèmes relatifs à l'alimentation et à la santé. Il a donné lieu à
des débats agités au sein de l'Organisation mondiale du commerce. Il est
invoqué régulièrement dans toutes les sphères de la vie publique. Son
succès dans l'opinion est si notable que son usage est devenu quasi
incantatoire.
« Et pourtant, il est controversé et interprété de façon différente et souvent
contradictoire par ses défenseurs et ses détracteurs. Il est donc plus que
jamais nécessaire d'en proposer une clarification. C'est dans cet esprit que
j'ai voulu livrer, de la façon la plus simple possible, l'essentiel de ce que le
citoyen doit connaître et comprendre du principe de précaution afin qu'il
puisse activement et utilement participer à un débat démocratique
constructif.
« En effet, si le principe de précaution est si controversé, c'est parce que sa
définition même prête à confusion. Beaucoup le comprennent, à tort, comme
un principe d'abstention face à un risque et pensent qu'il signifie : « Dans le
doute, abstiens-toi. » II peut alors servir à justifier et à légitimer le
conservatisme et l'immobilisme. De plus, il tend parfois à fournir à la
machine judiciaire un instrument de punition qui peut sembler injuste. Tel
est le cas s'il est invoqué longtemps après les faits, sans tenir compte de
l'état des connaissances et de la marge incompressible de risque que
comporte toute action humaine.
« Le principe de précaution peut donc inquiéter et susciter des réactions
hostiles. Toutefois, avoir peur du principe de précaution constitue à mes
yeux une erreur et même une erreur grave. L'essentiel n'est-il pas qu'au lieu
d'être un principe d'abstention, il devienne enfin et vraiment un principe
d'action? Sa formulation type devrait alors être : « Dans le doute, mets tout
en œuvre pour agir au mieux. » Agir au mieux, qu'est-ce que cela veut dire?
S'abstenir dans certains cas, bien sûr, mais, dans d'autres, trouver les
bonnes modalités de l'action en minimisant la prise de risques. Qui pourrait
nier que, dans tous les secteurs de l'activité humaine, on peut accomplir des progrès pour
diminuer les prises de risque, comme en témoigne l'analyse
d'affaires et de scandales sanitaires récents ?
« L'important est donc bien de donner au principe de précaution un contenu
positif, c'est-à-dire une définition utilisable, assortie, comme nous le ferons
ici, d'un mode d'emploi qui puisse être compris de tous et servir à tous les
acteurs sociaux, y compris aux juges. Seule cette clarification, fondamentale
pour que s'établisse un consensus, permettra au principe de précaution de
devenir un instrument de progrès social et non plus une pomme de discorde
entretenant les contradictions au lieu d'aider à les résoudre ou un obstacle
dressé contre les avancées scientifiques et technologiques.
ORIGINE
Le principe de précaution est un principe philosophique qui tire ses origines
jusqu’à Aristote (prudence) et Pascal (pari). Les philosophes humanistes ses
ont toujours interrogés sur les relations entre la prudence et les progrès de
la science (cf. J. Ellul « La technique ou l'enjeu du siècle »). Son introduction
formelle dans le droit remonte à 1886 dans la rédaction de l'article L. 2112-2
du Code général des collectivités territoriales qui dispose que « la police
municipale comprend notamment (...) le soin de prévenir, par des
précautions convenables, les accidents, les fléaux calamiteux, et les
pollutions de toutes natures. » Les deux champs d’application actuels du
principe : environnement et santé publique sont déjà dans cette rédaction ! Il
est clairement à la base de la décision prise par du préfet en charge de la
Guadeloupe en 19741 (volcan la Soufrière) et, a contrario celui des autorités
colombiennes en 19862.
En 1975 des moratoires sont imposés au développement scientifique et
technique (Biotechnologie, Asilomar - 1975) ou aux recherches ethnologiques
(frères Villas Boas - 1976). Le moratoire est d’ailleurs souvent associé de
façon étroite mais à tort au principe de précaution. Pourtant comme le
rappelle Ph. Kourilsky, au « dans le doute abstiens-toi » il faut préférer « dans
le soute, mets tous en œuvre pour agir au mieux » (voir introduction cidessus).
Les textes précurseurs en droit international sont :
• La déclaration de Stockholm (1972)
• La charte mondiale de la nature – Nations Unies (1982)
• La déclaration de Bergen (1990)
• Le protocole de Montréal (1987) avec l’interdiction des CFC pour
protéger la couche d’ozone
1
La majorité des vulcanologues indique que la Soufrière va entrer en éruption, à l'exception notable d'Haroun
Tazieff ; le préfet décide, dans l'incertitude, d'évacuer Basse-Terre où se trouve le volcan. Le volcan n'entre pas
en éruption. Les médias et l'opposition encensent Haroun Tazieff et brocardent le préfet. Pourtant, il s'est
borné à mettre sagement en œuvre le principe de précaution sans attendre sa constitutionnalisation ...
2
Tous les vulcanologues disaient depuis plus d'un an, que le Nevado del Ruiz allait déverser des coulées de
boues sur une vallée habitée. Les autorités colombiennes n'ont pas réagi. Le 13 novembre 1986, les coulées de
boue ont tué plus de 20.000 personnes et détruit toutes les habitations de la vallée sur plus de 40 km. Les
autorités colombiennes ont ignoré non seulement le principe de précaution, mais encore le principe de la
précaution élémentaire, et même de la prudence minimale.
• La déclaration de RIO (1992) avec notamment le principe 15 3
• La convention cadre sur les changements climatiques (1992),
•Le protocole de Kyoto (1997)
•La convention sur la diversité biologique (1992)
•Le protocole de Carthagène sur la biosécurité (2000)
•La convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants
(POPS) du 22/05/2001
• La convention pour la protection du milieu marin de L'Atlantique du
nord-est, dite convention d'Ospar (1992)
Les textes de base en droit communautaire sont :
Le principe de précaution est inscrit dans le traité de Maastricht (1992) et
repris à l'art.191 du traité sur le fonctionnement de l'UE. Il a en outre été
défini dans une communication de la Commission (2000) avec un champ
d'application étendu : santé, consommation, produits chimiques,
alimentation animale et humaine, changement climatique, Natura 2000.
Les textes fondamentaux en droit national
Il est à la base de la loi du 13 juillet 1992 relative au contrôle de l’utilisation
et de la dissémination des organismes génétiquement modifiés mais a été
défini par celle du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection
de l’environnement dite « Loi Barnier »qui l’introduit dans le code rural
(article L200-1) avant qu’il ne soit « transféré » dans le code de
l’environnement (article L110-1) ; Il est étendu par la loi n° 98-535 du 1er
juillet 1998 relative au renforcement de la veille sanitaire et du contrôle de la
sécurité sanitaire des produits destinés à l’homme. Il passe dans la
constitution par la Loi constitutionnelle du 1er mars 2005 relative à la
Charte de l’environnement
DEFINITION
Le principe de précaution est formulé en 1992 dans le Principe 15 de la
Déclaration de Rio : « En cas de risque de dommages graves ou irréversibles,
l'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour
remettre à plus tard l'adoption de mesures effectives visant à prévenir la
dégradation de l'environnement. ».
Cependant, il n’existe pas de définition unique du principe de précaution. La
plupart des textes n’en donnent qu’une définition vague nullement constante
ou ne font que le signaler sans le définir. Mais on peut retenir celle fournie
par la loi Barnier : le principe de précaution est alors celui « selon lequel
l’absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et
techniques du moment, ne doit pas retarder l’adoption de mesures effectives et
proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et
irréversibles à l’environnement à un coût économiquement acceptable ». La loi
n° 98-535 du 1er juillet 1998 relative au renforcement de la veille sanitaire
et du contrôle de la sécurité sanitaire des produits destinés à l’homme
3
En cas de risques de dommages graves ou irréversibles, l’absence de certitude scientifique absolue, ne doit
pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l’adoption de mesures effectives visant à prévenir la
dégradation de l’environnement

dépasse le domaine de l’environnement et fait passer le principe de


précaution à celui de la santé publique.
Le Principe de précaution est libellé de la manière suivante dans l’article 5 de
la Charte de l’environnement qui fait partie de la Constitution depuis la loi
du 1er mars 2005 : « Lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine
en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et
irréversible l’environnement, les autorités publiques veillent, par application du
principe de précaution et dans leurs domaines d’attributions, à la mise en
œuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures
provisoires et proportionnées afin de parer la réalisation du dommage »
On trouve aussi cette définition dans le JO du 12 avril 2009 : « Principe
selon lequel l'éventualité d'un dommage susceptible d'affecter l'environnement
de manière grave et irréversible appelle, malgré l'absence de certitudes
scientifiques sur les risques encourus, la mise en œuvre de procédures
d'évaluation des risques et l'adoption de mesures provisoires et proportionnées
au dommage envisagé. Le principe de précaution doit être distingué du
principe de prévention, qui s'applique exclusivement aux risques avérés. »
Enfin on peut retenir la définition donnée par Ph Kourilsky et Geneviève
Viney dans leur rapport au Premier ministre : « Le principe de précaution
définit l'attitude que doit observer toute personne qui prend une décision
concernant une activité dont on peut raisonnablement supposer qu'elle
comporte un danger grave pour la santé ou la sécurité des générations
actuelles ou futures, ou pour l'environnement. Il s'impose spécialement aux
pouvoirs publics qui doivent faire prévaloir les impératifs de santé et de
sécurité sur la liberté des échanges entre particuliers et entre Etats. Il
commande de prendre toutes les dispositions permettant, pour un coût
économiquement et socialement supportable, de détecter et d'évaluer le risque,
de le réduire à un niveau acceptable et, si possible, de l'éliminer, d'en informer
les personnes concernées et de recueillir leurs suggestions sur les mesures
envisagées pour le traiter. Ce dispositif de précaution doit être proportionné à
l'ampleur du risque et peut être à tout moment révisé »
Il est cependant difficile de lui donner une valeur juridique normative car la
façon dont il est presque toujours présenté « non pas comme une règle
s’imposant aux citoyens et dont les juges doivent tenir compte (…) mais
comme une simple directive destinée à orienter l’action politique 4 ». Pour
certains, il peut être assimilé à un « standard de jugement » c'est-à-dire une
règle souple laissée à la disposition du juge. Cependant, si les juridictions
internationales sont restées très réticentes à une application directe du
principe de précaution comme une règle de droit autonome, il n’en est pas de
même au niveau européen et surtout en France. On peut citer à cet égard
les arrêts du Conseil d’Etat en dates du 4 janvier 1995 et du 25 septembre
1998. L’arrêt du 28 juillet 1999 présente même explicitement le principe de
précaution comme une condition de la déclaration publique 5. Par les
4
Le principe de précaution, rapport au premier ministre de Ph. Kourilsky et G. Viney page 122
5
« L’atteinte aux paysages et aux sites ainsi qu'au patrimoine culturel, à la flore et à la faune, ou au cadre de
vie et au développement touristique de la zone intéressée, n'est pas, compte tenu notamment des mesures

arrêts du 21 avril 19976, du 24 février 19997 et du 30 juin 1999, le Conseil


d’Etat a même clairement étendu les principes énumérés à l’article L200-1
du code rural au domaine de la santé publique alors, selon Ph. Kourilssky
« qu’il n’existe pourtant aucun support légal équivalent. »
Enfin, il faut faire mention des travaux du philosophe heideggérien allemand
et historien du gnosticisme Hans Jonas (1903 - 1993) sur le principe de
responsabilité qui, selon lui interdirait à l'homme d'entreprendre aucune
action pouvant mettre en danger soit l'existence des générations futures, soit
la qualité de l'existence future sur terre. Il estime qu’avant d'utiliser
une technique, il faut s'assurer que toute éventualité apocalyptique est
exclue ce qui exige une connaissance préalable à l'agir. Il ajoute qu’il
faudrait toujours accorder la préférence à la prévision la plus pessimiste.
NOTIONS DE RISQUE

La définition du principe de précaution dans la charte de l’environnement


repose sur deux critères : l'évaluation et la gestion du risque. L’évaluation du
risque ne vise que l’environnement. Alors que la Santé, la sécurité
alimentaire ont constitué des domaines privilégiés pour le juge civil et pénal,
une plus grande rigueur a été manifestée par les tribunaux administratifs8.
Il convient de bien différencier les notions de dangers et de risques et, à
l‘intérieur de ceux-ci les risques avérés et les risques potentiels. Le danger
est ce qui « menace ou compromet la sûreté, l'existence, d'une personne ou
d'une chose ». Le risque n’est pas un aléa qui est un évènement imprévisible
mais est un « danger éventuel plus ou moins prévisible ». Les risques avérés
recouvrent une éventualité qui s’est déjà produite ou qui se produira
certainement. Le risque potentiel est en quelque sorte un « risque de risque »
il n’existe pas de risque avéré nul mais un risque potentiel peut être nul. La
prévention consiste à se protéger des risques avérés. La précaution implique
une incertitude scientifique ; l’existence d’une incertitude permet de
distinguer le principe de précaution et le principe de prévention : la
prévention qui occupe une place essentielle dans le droit de l’environnement
touche à des risques avérés dont seule la réalisation est aléatoire : sachant
que l’évènement a toute chance de se produire (par exemple une crue
centennale) on prend des mesures pour en supprimer ou en limiter les
conséquences néfastes (PPRI, zones non constructibles). La précaution
prises pour la limiter et satisfaire aux exigences du principe de précaution énoncé à l'article 200-1 du Code
rural, de nature à retirer à l'ouvrage son caractère d'utilité publique ».

6
« En estimant, à la date d'intervention de l'arrêté attaqué, et compte tenu des précautions qui s'imposent en
matière de protection de la santé publique, que la fabrication, l'importation, la mise sur le marché et
l'utilisation du produit X, (…), devaient être suspendues pour une durée d'un an, les signataires de l'arrêté du
28 Mars 1996 n'avaient
pas entaché leur décision d'une appréciation manifestement erronée »
7
« en décidant, eu égard aux mesures de précaution qui s'imposent en matière de santé publique, d'édicterles
interdictions faisant l'objet du décret attaqué, qui s'appliquent à des aliments destinés à des enfants en bas
âge ainsi qu'à des compléments alimentaires (…), le Premier Ministre n'a pas commis d'erreur manifeste
d'appréciation »
8
Ainsi, le juge administratif va annuler la décision d'un préfet classant en zone inondable des parcelles d'une
commune sur la base du principe de précaution, alors que « la sécurité des biens et des personnes qui
constitue la seule finalité des plans de prévention des risques naturels, n'est pas au nombre des intérêts
protégés au titre de l'article 5 de la Charte.(TA Amiens,23/04/2007 ;Préfet de la Somme)

consiste à se parer contre des risques potentiels. La précaution implique une


incertitude scientifique. Cette incertitude peut porter à la fois sur les causes
du dommage, sur son étendue ou les deux à la fois. L’existence d’une
incertitude permet donc de distinguer le principe de précaution et le principe
de prévention. S’agissant de risques hypothétiques, il convient de distinguer
ceux qui sont plausibles de ceux qui ne le sont pas. Aussi la démarche de
précaution doit-elle commencer par une analyse des risques pour ne retenir
que ceux, bien qu’hypothétiques qui ont été définis, analysés, évalués et
gradués. . On les appelle alors des risques potentiels étayés.
Le second facteur de différence entre le principe de prévention et de
précaution est l’ignorance ; le principe de précaution commande la recherche
scientifique est n’est donc pas un frein à la recherche. En outre, le dommage
doit être susceptible d’affecter l'environnement de manière grave et
irréversible ; ce cumul de critères est en contradiction avec le principe 15 de
la Déclaration de Rio et le Droit communautaire9 mais la charte de
l’environnement a aussi été conçue comme une « ligne Maginot » pour écarter
des contraintes plus lourdes issues du droit international ou
communautaire. Noter que, si un dommage irréversible constitue toujours
un dommage grave, la réciproque n’est pas toujours vraie.
Dans la pratique, le Comité de la prévention et de la précaution, montre
notamment dans les situations d’incertitude en cas de crise sanitaire qu’il y
a une imbrication étroite entre logique de prévention et logique de
précaution. Une approche de précaution repose aussi sur des mesures de
prévention et l'approche de précaution se mesure parfois à l'aune des
mesures de prévention.

LES DIX COMMANDEMENTS DE LA PRECAUTION (selon Ph. Kourilsky)


1) Tout risque doit être défini, évalué et gradué.
2) L'analyse des risques doit comparer les différents scénarios d'action et
d'inaction.
3) Toute analyse de risque doit comporter une analyse économique qui doit
déboucher sur
une étude coût/bénéfice (au sens large) préalable à la prise de décision.
4) Les structures d'évaluation des risques doivent être indépendantes mais
coordonnées.
5) Sortir de l'incertitude impose une obligation de recherche.
6) Les décisions doivent, autant qu'il est possible, être révisables et les
solutions adoptées réversibles et proportionnées.
7) Les circuits de décision et les dispositifs sécuritaires doivent être non
seulement appropriés mais cohérents et efficaces.
8) Les circuits de décisions et les dispositifs sécuritaires doivent être fiables.
9) Les évaluations, les décisions et leur suivi, ainsi que les dispositifs qui y
contribuent,
doivent être transparents, ce qui impose l'étiquetage et la traçabilité.
10)Le public doit être informé au mieux et son degré de participation ajusté
par le pouvoir politique.
9
La charte et le conseil constitutionnel : point de vue. Marie-Anne COHENDET professeur à l’Université Paris-I
Panthéon-Sorbonne.

PRINCIPE D’ACTION PREVENTIVE

Le principe de prévention est défini par l’article L.110-1 du code de


l’environnement selon lequel « l’action préventive et la correction des
atteintes à l’environnement doivent, en priorité, porter sur la source et
utiliser les meilleures techniques disponibles à un coût économique
acceptable ».

Utilisation de procédés, pratiques, matériaux ou produits qui empêche,


réduit ou contrôle la pollution, qui peut inclure le recyclage, le traitement,
les changements de procédés, les mécanismes de contrôle, l’utilisation
efficace des ressources et la substitution de matériaux. Les bénéfices
potentiels de la prévention de la pollution incluent la réduction des impacts
environnementaux négatifs, l’amélioration de l’efficacité et la réduction des
coûts.
L’article L110-1 II 2° Code environnement : définit le principe de prévention :
« Le principe d'action préventive et de correction, par priorité à la source, des
atteintes à l'environnement, en utilisant les meilleures techniques
disponibles à un coût économiquement acceptable »
La prévention consiste à empêcher la survenance d'atteintes à
l'environnement par des mesures appropriées dites préventives avant
l'élaboration d'un plan ou la réalisation d'un ouvrage ou d'une activité :
Prévention = action anticipatrice et a priori, par opposition aux mesures a
posteriori (réparation, restauration, répression)
La Charte de l'environnement n'énonce pas en tant que tel ce principe, mais
l'article 3 impose à toute personne de prévenir ou à défaut limiter les
atteintes susceptibles d'être portées à l'environnement
5 instruments contribuent à sa mise en œuvre :

1. L'obligation de prendre en compte l'environnement et l'étude d'impact


Objectif : éviter qu'une construction ou un ouvrage justifié au plan
économique ou au point de vue des intérêts immédiats du constructeur, ne
se révèle ultérieurement néfaste ou catastrophique pour l'environnement
On cherche à prévenir les atteintes, et à évaluer à l'avance les effets de
l'action de l'homme sur le milieu naturel. D'où : la loi impose d'obligation de
respecter les préoccupations d'environnement : L122-1 Code environnement.
Ce principe s’applique à 3 catégories d'activités :

travaux publics ou privés

projets d'aménagement

documents d'urbanisme

Ce principe s'applique immédiatement et conditionne la légalité de l'activité


visée
2. L'autorisation préalable des activités polluantes

L'idée est la suivante : la meilleure prévention passe par l'exigence d'une


autorisation préalable pour l'exercice de toute activité polluante ou risquant
de porter atteinte à l'environnement
Ce qui est fondamental, c'est que ces autorisations préalables sont
accompagnées de prescriptions techniques visant à supprimer ou à limiter
les inconvénients du projet sur l'environnement
C'est parfaitement formulé dans l'art L110-1
Système classique des installations classées pour la protection de
l'environnement soumises à autorisation
Généralisation de cette procédure d'autorisation pour de multiples
activités
Le contenu de l’étude d’impact

Le contenu de l’étude d’impact est défini très précisément par le code de


l’environnement (article R.122-5). Les dernières évolutions en date ont été
apportées par le décret n°2016-1110 du 11 août 2016 relatif à la
modification des règles applicables à l’évaluation environnementale des
projets, plans et programmes.

La notice sur le « Contenu des études d’impact – Contexte réglementaire » est


disponibles sur le site de la DREAL. Des guides méthodologiques ont été
réalisés par le ministère en charge de l’environnement pour les projets
photovoltaïques et éoliens. Pour les infrastructures linéaires de transport, un
guide méthodologique a été réalisé par le CEREMA : L’étude d’impact :
projets d’infrastructures linéaires de transport

Le principe de proportionnalité de l’étude d’impact


Conformément à l’article R.122-5 du code de l’environnement, « le contenu de
l’étude d’impact est proportionné à la sensibilité environnementale de la zone
susceptible d’être affectée par le projet, à l’importance et la nature des
travaux, installations, ouvrages, ou autres interventions dans le milieu naturel
ou le paysage projetés et à leurs incidences prévisibles sur l’environnement ou
la santé humaine ». Ainsi, l’étude d’impact doit être proportionnée à
l’importance des pressions occasionnées par le projet et à la sensibilité des
milieux impactés. Elle doit mettre en relief et hiérarchiser les enjeux, et
adapter leur traitement en fonction de cette hiérarchie.
Concrètement, cela implique que :
plus les dimensions du projet sont importantes, plus il tend à modifier
son environnement, et plus l’analyse menée devra être détaillée ;
proportionnalité de la description de l’état initial : lorsque
l’environnement du projet recèle des sensibilités particulières (ou est
susceptible d’en receler), celles-ci doivent être étudiées en détail. Il
peut notamment être nécessaire de recueillir des données sur le
terrain. Réciproquement, lorsqu’il n’y a pas d’enjeu sur un point, celui ci peut être examiné sommairement
(dès lors que les éléments
présentés suffisent à confirmer l’absence d’enjeu). Il doit être possible,
à la lecture de l’étude d’impact, de percevoir immédiatement les
thématiques qui présentent des enjeux (ou étaient susceptibles d’en présenter) uniquement en observant la
densité et la longueur des
parties qui leur sont consacrées ;
proportionnalité de l’analyse des incidences : lorsque des incidences
importantes sont possibles vis-à-vis d’un enjeu environnemental,
l’étude d’impact doit s’attacher à mener une analyse détaillée. Il peut
s’avérer nécessaire d’avoir recours à des outils qui permettent la
visualisation (photomontages, schémas…) ou la quantification des
effets (modélisation, essais…).

Au-delà de cette proportionnalité dans l’analyse, il est bien évidemment


attendu que les mesures prises pour éviter, réduire et compenser les impacts
potentiels du projet soient proportionnées aux effets auxquels elles
répondent.
Un système qui se généralise

Le principe de prévention s’entend à la santé » humaine à travers l’étude de


dangers, obligatoire dans le cas des installations classées pour la protection
de l’environnement

Contenu d’une étude de dangers

Sans rappeler ici ni le détail des obligations réglementaires, ni les méthodes


ou guides d’élaboration disponibles, toute étude de dangers doit s’appuyer
sur une description suffisante des installations, de leur voisinage et de leur
zone d’implantation.

Elle doit présenter les mesures organisationnelles et techniques de maîtrise


des risques et expliciter, s’ils sont pertinents, un certain nombre de points
clés fondés sur une démarche d’analyse des risques :

Identification et caractérisation des potentiels de dangers ;


Description de l’environnement et du voisinage ;
Réduction des potentiels de dangers ;
Présentation de l’organisation de la sécurité ;
Estimation des conséquences de la concrétisation des dangers ;
Accidents et incidents survenus (accidentologie) ;
Evaluation préliminaire des risques ;
Etude détaillée de réduction des risques ;
Quantification et hiérarchisation des différents scénarios en terme de
gravité, de probabilité et de cinétique de développement en tenant
compte de l’efficacité des mesures de prévention et de protection ;
Evolutions et mesures d’amélioration proposées par l’exploitant ;
Résumé non technique de l’étude de dangers – Représentation
cartographique.
3 La lutte à la source pour les biens et produits

- au lieu de réduire les rejets et les émissions de polluants, on va


attaquer à la source de la pollution, en imposant une conception et
une fabrication des machines et des produits, qui n'engendrent pas ou
peu de nuisances lorsqu'on les fait fonctionner ou lorsqu'on les
consomme

ex 1 : en matière de déchets, il faut ne pas fabriquer de produits non


recyclables
- ex 2 : pour lutter contre la pollution atmosphérique des véhicules, il
faut imposer aux constructeurs de fabriquer des véhicules non
polluants
- cette lutte à la source a été dégagée assez tôt au plan international
Dans son principe 8, la déclaration de Rio prône la réduction et
l'élimination des modes de production et de consommation non
viables
- et ce principe se trouve dans Code environnement (L110-1) : il provient
de la loi Barnier, laquelle s'inspire mot pour mot du principe
communautaire de l'art 174-2 du Traité d'Amsterdam
- mais cette exigence est relative, puisqu'elle admet des exceptions, qui
seront en fait justifiées par des raisons économiques et non pas
écologiques
4 les éco-audits et certifications ISO

Plusieurs règlements européens ont introduit un système facultatif d’audit


d’environnement. Il s’agit d’une forte incitation à améliorer la gestion des
entreprises.
Parallèlement, les entreprises peuvent décider de se soumettre à la
certification ISO (International Standard Organisation) 14001 (normes de
management environnemental). C’est un système visant l’amélioration des
performances sans fixer de niveau et après une certification par un tiers

PRINCIPE POLLUEUR PAYEUR

Extraits de « Wikipédia » du site du « ministère de la transition écologique et


solidaire » et de celui de « futura-sciences »
Le principe pollueur-payeur a été adopté par l'OCDE en 19721. Il figure
dans l'Acte unique européen signé en 1986.
En France, il est défini par à l'article L110-1, II, 3° du code de
l'environnement selon lequel « les frais résultant des mesures de prévention,
de réduction de la pollution et de lutte contre celle-ci doivent être supportés par
le pollueur. »

Histoire
Dès le dix-neuvième siècle, la compensation, qui n'est pas encore nommée
« principe pollueur-payeur », est le principe de régulation de
la pollution privilégié par les industriels : « Ce principe, qu’on propose
aujourd'hui comme une solution nouvelle, a accompagné en réalité tout le
processus l'industrialisation, et il a été voulu par les industriels eux mêmes. » 2..
Du principe économique aux principes juridiques

Le principe pollueur-payeur est un principe découlant de l'éthique de


responsabilité, qui consiste à faire prendre en compte par chaque acteur
économique les externalités négatives de son activité. Son principe a été
développé par l'économiste libéral Arthur Cecil Pigou au début des années
1920.
Les mesures découlant du principe pollueur payeur ont pour but de rétablir
la « vérité des prix » : si une activité économique entraîne une pollution, le
coût de cette pollution (supportée par la collectivité) doit être pris en compte
au niveau du pollueur. Le pollueur intègre donc dans son choix économique
la totalité des coûts lié à sa production (coûts privés et coûts externes).
Cependant, l’internalisation ne signifie pas la prise en charge par le pollueur
du coût des mesures de lutte contre la pollution, mais uniquement sa prise
en compte.

Le principe pollueur-payeur a été adopté par l’OCDE en 1972, en tant que


principe économique visant la prise en charge, par le pollueur, des « coûts de
mesures de prévention et de lutte contre la pollution arrêtées par les
pouvoirs publics pour que l'environnement soit dans un état acceptable » 1.
Ce principe est un des principes essentiels qui fondent les politiques
environnementales dans les pays développés. Il est à l'origine de
l'internalisation des coûts de pollution par les auteurs de la pollution par le
biais d'instruments réglementaires (normes, interdictions, permis, zonages,
quotas, restrictions d'utilisation et autres réglementations directes),
d'instruments économiques (redevances, subventions, systèmes deconsignation, création de marchés,
incitations à la mise en conformité), ou
d'instruments fiscaux.
Au sein de l'Union européenne, ce principe figure parmi les principes
fondamentaux depuis l'entrée en vigueur de l'Acte unique européen en 1987
dont le titre XIX fonde juridiquement la politique de l'environnement de
l'Union, laquelle : « est fondée sur les principes de précaution et d'action
préventive, sur le principe de la correction, par priorité à la source, des
atteintes à l'environnement et sur le principe du pollueur-payeur » selon
l'article 191 (2) du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne
(TFUE, Lisbonne, 2007)5. Il a été mis en avant dans le Livre blanc de 2000
sur la « responsabilité environnementale »6, qui a débouché sur
la directive 2004/35 [archive] d'avril 20047. Il fonde également l'exigence de
tarification des services à l'environnement intégré par exemple dans le cadre
de la directive cadre sur l'eau [archive] (cf. art. 9).
En France, le principe pollueur-payeur ou PPP est devenu avec la loi
Barnier de 1995 un des quatre grands principes généraux du droit de
l'environnement français, avec le principe de prévention, le principe de
précaution, ainsi que le principe de participation (article L110-1 du code de
l'environnement [archive]). L'article 4 de la Charte de l'environnement
dispose : « Toute personne doit contribuer à la réparation des dommages
qu’elle cause à l’environnement dans les conditions définies par la loi. » Pour
certains, il n'y a là qu'un "principe de pollueur contributeur". [réf. souhaitée] On
retrouve le principe pollueur payeur avec la loi sur l'eau de 1964 qui a établi
un système de redevances de pollution comme de prélèvement de la
ressource en eau dans le cadre du système des agence de l'eau qui en
assurent depuis la gestion sous contrôle du Parlement.
Limites du principe

Le principe pollueur-payeur a cependant des limites :


• tout d'abord, il faut être capable d'évaluer le coût économique des
dégradations environnementales, ce qui est loin d'être évident ;
• ensuite, il y a la difficulté d'identifier le responsable, comme l'ont
montré par le passé les exemples des marées noires où capitaine de
pétrolier, propriétaire et affréteur se renvoyaient la balle ;
• enfin, le coût environnemental peut dépasser les capacités de
paiement du pollueur. Dans ce cas, d'autres mécanismes comme les
assurances ou la solidarité nationale doivent se substituer au
pollueur.

Les applications du principe pollueur-payeur

Dans son application, le principe pollueur-payeur prend de nombreuses


formes telles que des normes, des redevances et des taxes (taxes
pigouviennes), des assurances, des marchés de quotas ou encore des
dommages et intérêts suite à une action en justice.
Le problème est d'arriver à chiffrer ces externalités négatives, ce qui peut
difficilement se faire d'avance.

Or au départ ces externalités négatives sont la plupart du temps inconnues


ou difficiles à chiffrer. Mais cet obstacle n'est pas insurmontable comme le
démontre la solidité du système des redevances des agences de l'eau institué
dès 1964.
Si le principe n'a pu être constitutionnalisé en droit français, c'est sans
doute compte tenu de son origine économique et qu'il portait en son sein un
corollaire délicat : si le pollueur paie, ce paiement lui accorde-t-il un droit à
polluer ?

Le prix du carbone

Le prix du carbone est un outil économique destiné à intégrer (internaliser)


dans les prix de marché les coûts cachés (externalités) des dommages causés
par les émissions de gaz à effet de serre, afin d'orienter les décisions des
agents économiques vers des solutions à bas contenu en carbone.
La forme la plus simple sous laquelle peut se matérialiser le prix du carbone
est la taxe carbone ; une forme plus complexe est le système de quotas
carbone (ou droits d'émission) qui peuvent s'échanger sur un marché du
carbone.
En 1992, l’Organisation des Nations unies et ses États membres, alertés sur
la gravité du réchauffement global par la communauté scientifique, décident
de prendre des mesures à l’échelle de la planète. Ils se dotent de la
Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques
(CCNUCC), point de départ d’une surveillance accrue du changement
climatique. Ce processus aboutit à l’établissement du Protocole de Kyoto en
1997, qui acte pour la première fois un objectif de réduction des émissions
de gaz à effet de serre (GES) sur un nombre limité de pays de 5 % sur la
période 2008-2012 par rapport à 1990 (c’est la 1re période du Protocole de
Kyoto). Les pays ayant annoncé un engagement pour la 2e période du
Protocole de Kyoto (2013-2020) représentaient 13 % des émissions
mondiales en 2010.
La Conférence de Paris sur le climat a abouti fin 2015 à l’adoption d’un
premier accord universel et contraignant sur le climat pour maintenir la
température globale en deçà de 2 °C et ainsi limiter le dérèglement
climatique et ses effets.

Pour atteindre ces objectifs, une panoplie d’instruments existe. Parmi eux,
donner un prix au carbone est un élément important de lutte contre le
changement climatique.

Comment donner un prix au carbone ?

On distingue plusieurs mécanismes pour « donner un prix au carbone » :


imposer une taxe sur les émissions ou
organiser un marché sur lequel s’achètent et se revendent des permis
d’émettre.

Mais arrêter les soutiens aux énergies fossiles, mettre en place des normes
d’émissions, ou financer la R&D pour faire progresser l’innovation bas
carbone, c’est aussi implicitement donner un prix au carbone.
La tarification du carbone permet avant tout d’envoyer une incitation stable
et durable aux acteurs économiques pour qu’ils s’engagent sur la voie d’une
économie bas carbone, en réduisant leurs émissions et en recevant les
signaux appropriés pour investir dans les technologies vertes sobres en
carbone.
Les mécanismes de tarification du carbone explicites les plus utilisés dans le
cadre des politiques publiques, taxes carbone et systèmes d’échange de
quotas (également appelés « marchés carbone »), peuvent être adaptés aux
particularités des pays concernés, éventuellement utilisés de manière
complémentaire. Le principe est simple, chaque assujetti a intérêt à réduire
ses émissions dont le coût de réduction est inférieur au prix du carbone
(défini réglementairement ou par le marché).
Généralement, les sources fortement émettrices (production d’électricité à
partir de combustibles fossiles, grosses industries) sont plus souvent
incluses au sein d’un marché carbone, alors que les « petits émetteurs »
(petites entreprises) ou les sources diffuses (véhicules, chauffage et eau
chaude sanitaire dans les bâtiments, agriculture, etc.) seront plutôt
concernés par une taxe carbone.
En parallèle de la mise en place de ces outils réglementaires, des initiatives
volontaires de tarification du carbone se développent au sein même des
entreprises, avec la mise en place de prix internes du carbone.
Carbon pricing watch – Ecofys

State and trends of carbon pricing - Banque mondiale

Emissions Trading Worldwide – ICAP Status Report 2016

La fiscalité carbone
La fiscalité carbone est généralement mise en place via une taxe ajoutée au
prix de vente de produits ou de services en fonction de la quantité de gaz à
effet de serre qu’ils contiennent (émis lors de leur production et/ou émis lors
de leur utilisation par exemple). En pratique, c’est souvent la consommation
d’énergies fossiles qui sert d’assiette à cette fiscalité.
De façon schématique, deux grandes vagues de mise en place de fiscalités
incluant une part carbone peuvent être distinguées : la première dans les
années 90 pour les pays nordiques (Finlande, Norvège, Suède, Danemark) ;
la seconde à compter de 2008, moins ciblée géographiquement.
La mise en place de taxes carbone s’accompagne généralement d’un
recyclage des recettes de la taxe visant soit à compenser les ménages, soit à
réduire les prélèvements assis sur le travail ou le capital, soit à consolider
les recettes budgétaires, soit à renforcer la protection de l’environnement ou
la lutte contre le changement climatique.

Il existe à l’heure actuelle une vingtaine de pays ayant mis en place une taxe
carbone dont les montants varient entre plus de 100 €/tCO2 (pour la Suède)
et moins de 0,9 €/tCO2 (pour le Mexique).
En 2014, dans un contexte où la France se fixe des objectifs ambitieux de
réduction des émissions de GES, une composante carbone est introduite
dans la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques
(TICPE) faire le lien vers la fiche dédiée. Elle concerne les particuliers comme
les professionnels. La composante carbone évolue régulièrement :
14,50 €/tonne de CO2 en 2015 et 30,50 €/tonne de CO 2 en 2017.
Les systèmes d’échanges de quotas de CO2
Les marchés carbone, également nommés systèmes d’échange de quotas
d’émissions ou systèmes de permis d’émissions négociables, sont des outils
réglementaires facilitant l’atteinte pour tout ou partie d’objectifs de réduction
d’émissions de gaz à effet de serre déterminés politiquement. Ils fixent un
plafond d’émissions qui permet de limiter la quantité de GES émise. Cette
limite se traduit par la quantité de quotas d’émissions mise en circulation.
Les participants peuvent acheter ou vendre des quotas, et doivent restituer
une quantité de quotas équivalente à leurs émissions. Chaque participant a
donc intérêt à réduire la part de ses émissions dont le coût de réduction est
inférieur au prix du quota sur le marché via des ajustements opérationnels
ou via des investissements dans les technologies bas carbone. Les quotas
peuvent être distribués gratuitement (sur la base des émissions historiques
ou selon un référentiel de performance) ou mis aux enchères.

Les marchés carbone


Depuis l’établissement du Protocole de Kyoto en 1997, de nombreuses
initiatives visant à établir des marchés carbone ont vu le jour dans le monde,
au premier rang desquelles le marché carbone européen. Depuis 2005, la
part des émissions mondiales couvertes par un système d’échange de quotas
a augmenté de 73 %. Ces différents systèmes s’inspirent les uns des autres
dans leurs modalités, qui doivent cependant s’adapter aux spécificités
locales.
Au total, 17 marchés carbone représentant 40 % du PIB mondial sont mis en
œuvre actuellement en tant qu’outils de réductions des émissions de gaz à
effet de serre.

Une dizaine d’autres sont à l’étude partout dans le monde : Amérique latine,
États américains, Provinces canadiennes, Turquie, etc. Depuis mi-2014, de
nombreuses annonces font état du lancement probable d’un marché carbone
domestique en Chine qui débuterait en 2017 et couvrirait six principaux
secteurs.
Utilisation des recettes

Les recettes générées par les outils visant à mettre un prix du carbone sur
les différents secteurs économiques font généralement l’objet d’une attention
spécifique notamment sur l’utilisation qui en est faite. En effet, la façon dontces recettes vont être utilisées
peut avoir un impact sur l’efficacité globale du
mécanisme et sur l’acceptabilité de leur mise en place.
Il est généralement considéré que l’utilisation efficace de ces recettes permet
d’obtenir des gains à la fois économiques et environnementaux. Elles
peuvent par exemple être utilisées pour financer des actions de lutte contre
le changement climatique, financer le développement des technologies bas
carbone innovantes pour préparer la compétitivité de demain, réduire des
taxes distorsives, traiter les questions d’équité et de compétitivité.
En France, les recettes liées à l’introduction de la composante carbone au
sein de la fiscalité de l’énergie sont estimées à 0,3 Md€ en 2014, 2,3 Mds €
en 2015 et 3,8 Mds € en 2016. Ces recettes contribuent en 2016, à hauteur
de 3 Mds€, au financement du Crédit d’impôt pour la compétitivité et
l’emploi.
Au regard des mesures de redistribution mises en place, ce verdissement de
la fiscalité de l’énergie devrait avoir des effets positifs sur l’activité et l’emploi,
contribuer à réduire la dépendance au pétrole et améliorer la balance
commerciale. Il favorise la croissance de filières liées à la transition
énergétique et la réalisation d’économies par les ménages et les entreprises
en incitant à une amélioration de l’efficacité énergétique.
Dans le cas des marchés carbone, les recettes des enchères de quotas sont
généralement affectées à la lutte contre le changement climatique, dont
l’innovation dans des technologies bas carbone. C’est le cas en Europe avec,
d’une part, un financement de l’innovation mutualisé (NER300) et, d’autre
part, les recettes des enchères de quotas des États membres qui sont utilisés
à presque 90 % pour des actions de lutte contre le changement climatique.
En France, depuis 2013, la totalité des recettes françaises a vocation à
financer les actions conduites par l’Agence nationale d’amélioration de
l’habitat (Anah), en particulier dans le domaine de la rénovation thermique.

INFORMATION ET PARTICIPATION DU PUBLIC


Définition du principe de participation
D'une manière générale, le principe de participation est l'un des aspects
importants de la démocratie qui consiste à donner la possibilité
aux citoyens de participer aux processus de décision des pouvoirs publics.
L'objectif est d'améliorer la transparence dans la prise de décision et le
fondement des choix opérés.

Ce principe de participation est la conséquence d'une prise de conscience de comportements, il vise à


impliquer les citoyens dans la prise de décision par
un mode de représentation ou de participation directe en fonction de l'échelle
géographique du projet.

L’application du principe de participation a été récemment réformé à travers


l’ordonnance n° 2016-1060 du 3 août 2016 et son décret d’application du
25 avril 2017

Extraits du texte de Yves Jegouzo : « la participation du public, incidences


d’un principe de portée internationale sur le droit français de l’urbanisme et de
l’environnement »

« Avant de se prononcer sur la signification et la portée exacte de la


participation du public et, plus précisément encore, de ce qui tend à devenir
un principe de participation, il faut s’entendre sur sa signification.
« Et, tout d’abord, rappeler que la participation du public telle qu’elle est
conçue actuellement tant par le droit international que par le droit interne
reste, sur le plan juridique, une consultation n’ayant pas de portée
décisionnelle. La décision reste de la seule compétence des autorités issues
du suffrage universel, seule source de légitimité qui soit reconnue dans tous
les Etats, que ce suffrage puisse s’exercer librement ou non. Dans les
hypothèses où la participation a une portée décisionnelle, il ne faut plus
parler de démocratie participative mais de démocratie directe ou semi directe, forme d’intervention du
public qui ne se rencontre que dans des
Etats et des hypothèses assez rares. Ce caractère consultatif de la
participation du public a comme conséquence une conception très ouverte
de la notion de public. La citoyenneté n’est pas requise, pas plus que la
nationalité. Toute personne concernée peut participer à la formation de la
décision.
« Par contre, la participation ne peut se réduire à une simple information du
public. Cette précision est nécessaire, bon nombre de textes tant
internationaux que nationaux liant étroitement les deux parfois au point de
les confondre. Ainsi, à l’origine, le principe de participation était défini par
l’article L 110-1 du code français de l’environnement à la fois comme un droit à l’information et à
l’association à la prise de décision. L’information est
certes une condition nécessaire de la participation : le public doit avoir accès
à l’information pour qu’il puisse apprécier la nature et les effets de la
décision à l’élaboration de laquelle il est appelé à participer. Mais, condition
nécessaire, l’information n’est pas une condition suffisante. Il y a
participation si le public peut exprimer, par un moyen ou par un autre, son
sentiment sur le sens de cette décision, son opposition au projet, les
modifications qui lui paraissent nécessaires, etc.
« Enfin, le champ de la participation doit être défini. Initialement, il ne
concernait que le domaine de l’urbanisme et de l’environnement qui se
prêtent parfaitement à cette forme de démocratie dans la mesure où les
enjeux sont immédiats, parfaitement perceptibles par les populations. Cela
demeure pour l’essentiel mais la notion d’environnement a connu une telle
extension qu’elle englobe aujourd’hui des pans de plus en plus nombreux de
l’action publique, santé, transports, etc. Surtout, dans la conception
longtemps retenue de la participation, il n’y avait pas de droit à la
participation sans texte le prévoyant.

« Les fondements du principe de participation

« 1 – Les fondements de droit international

« Il s’agit principalement de la convention d’Aarhus du 25 juin 1998 sur


l’accès à l’information, la participation du public au processus décisionnel et
l’accès à la justice en matière d’environnement (entrée en vigueur depuis le
décret n° 2002-1187 du 12 septembre 2002). Celle-ci comporte un certain
nombre d’obligations pour les Etats dans le domaine de l’accès à
l’information sur l’environnement et de la participation du public au
« processus décisionnel touchant l’environnement »
.
« S’agissant de la participation, l’article 6 dispose :

- point 3 : que « pour les différentes étapes de la procédure de


participation du public, il est prévu des délais raisonnables laissant
assez de temps pour informer le public et pour que le public se
prépare et participe effectivement aux travaux tout au long du
processus décisionnel en matière d’environnement » ;
- point 4 : que « chaque partie prend des dispositions pour que la
participation du public commence au début de la procédure, c’est à
dire lorsque toutes les options et solutions sont encore possibles et
que le public peut exercer une réelle influence » ;
- point : 7 que « la procédure de participation du public prévoit la
possibilité pour le public de soumettre par écrit ou, selon qu’il
convient, lors d’une audition ou d’une enquête publique faisant
intervenir l’auteur de la demande toutes observations, informations,
analyses ou opinions qu’il estime pertinentes au regard de l’activité
proposée » ;
- point 8 : que « chaque partie veille à ce que, au moment de prendre la
décision, les résultats de la procédure de participation du public soient
dûment pris en considération » ;
point 9 : que chaque partie « veille aussi à ce que, une fois que la
décision a été prise par l’autorité publique, le public en soit
promptement informé selon les procédures appropriées. Chaque partie
communique au public le texte de la décision assorti des motifs et
considérations sur lesquels ladite décision est fondée ».
« Il résulte de ce texte :
« 2 – Les fondements de droit communautaire

« Trois directives principales ont posé la double obligation d’information et de


participation du public préalablement à l’intervention de décisions ayant une
incidence sur l’environnement :
- la directive 85/337/CEE du Conseil du 27 juin 1985 modifiée
concernant l'évaluation des incidences de certains projets publics et
privés sur l'environnement ;
- la directive 2003/4/CE du Parlement européen et du Conseil du 28
janvier 2003 concernant l’accès du public à l’information en matière
d’environnement et abrogeant la directive 90/313/CEE du Conseil ;
- la directive 2003/35/CE du Conseil du 26 mai 2003 prévoyant la
participation du public lors de l’élaboration de certains plans et
programmes relatifs aux procédures d’urbanisme et, notamment, de
celles qui par ailleurs sont soumises à évaluation environnementale.
« Les procédures concernant les décisions susceptibles d’avoir des incidences
sur l’environnement doivent respecter les obligations internationales,
communautaire et constitutionnelles suivantes :
- une information directe du public sur le projet préalable à la décision ;
- une information directe du public par voie électronique ou sur support
papier ;
- une information lisible éclairée par un dossier ou des notes de
présentation ;
- une information à un stade suffisamment précoce pour que les
observations du public puissent avoir des effets sur la décision ;
- une participation directe du public par voie électronique ou par voie
postale ;
- la prise en compte des observations du public par l’autorité
compétente pour prendre la décision.

3 - Les fondements de droit constitutionnel


Depuis 2005 et l’adoption de la Charte constitutionnelle de l’environnement,
le principe de participation reconnu par le droit international et
communautaire a été conforté sur le terrain du droit constitutionnel.
L’article 7 de la Charte dispose effectivement que « toute personne a le droit,
dans les conditions et limites définies par la loi, d’accéder aux informations
relatives à l’environnement détenues par les autorités publiques et de
participer à l’élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur
l’environnement ».
« Cet article érige au niveau constitutionnel le principe de participation du
public jusque-là seulement reconnu par l’article L 110-1 du code de
l’environnement (cf. Cons. const. 19 juin 2008, n° 2008-564 DC, Loi relative
aux organismes génétiquement modifiés).
« L’article 7 de la Charte de l’environnement comporte des conséquences
d’autant plus importantes que le contenu du principe de participation a été
ultérieurement redéfini de manière extensive.
« Dans la lignée de la jurisprudence du Conseil constitutionnel, le Conseil
d’Etat dans l’arrêt d’assemblée du 3 octobre 2008, Cne d’Annecy (AJDA
2008, p. 2166, chron. Geffray et Lieber) a considéré que l’expression « dans
les conditions et limites définies par la loi » utilisée par l’article 7 signifiait
qu’était « réservé au législateur le soin de préciser les conditions et les
limites » dans lesquelles doivent s’exercer ces droits.
« Il en a tiré deux conséquences :
- les dispositions réglementaires régissant l’information et la
participation du public antérieures à 2005 restent en vigueur dès lors
qu’elles sont compatibles avec la Charte mais que seul le législateur
peut les modifier et qu’il doit le faire si elles sont incompatibles ;
- après 2005, il est principalement du ressort de la loi de définir les
procédures d’information et de participation du public, le pouvoir
règlementaire n’ayant qu’un rôle d’application.
« Les modalités de la participation du public
« Si le principe de la participation du public est maintenant clairement posé
tant par le droit international et communautaire que par la Charte
constitutionnelle de l’environnement, sa mise en œuvre présente des
difficultés multiples portant aussi bien sur la phase du processus dans
laquelle elle doit se situer que sa durée, l’information qui l’accompagne, sa
portée, etc. Ceci explique la diversité des formules utilisées et la difficulté à
mettre en place une procédure de droit commun comme l’exemple du droit
français l’illustre clairement.

« L’enquête publique. Cette procédure est née de l’expropriation et de la


nécessité de précéder toute atteinte au droit de propriété d’une procédure
contradictoire. Initialement, elle concernait principalement les propriétaires
ou titulaires de droits réels concernés par le projet. Mais cette procédure a
connu, dans sa pratique dans un premier temps, dans le droit dans un second temps, une évolution
considérable. Depuis la loi du 7 juillet 1983
relative à la protection de l’environnement et à la démocratisation des
enquêtes publiques, dite loi Bouchardeau, l’enquête publique est devenue la
principale procédure de participation du public devant être mise en œuvre
avant l’adoption des décisions susceptibles de porter atteinte à
l’environnement (code de l’environnement, art. L 123-1 et suiv.). Pour
l’essentiel, elle consiste à rendre public un dossier exposant les principales
caractéristique du projet (soit d’ouvrage, soit de décision) et ses incidences
sur l’environnement. Ce projet est soumis à une enquête ouverte au public
qui peut exprimer son opinion pendant une période limitée. Au terme de
cette enquête le commissaire enquêteur qui a dirigé l’enquête émet un avis
sur le projet.

Toutefois, cette obligation ne joue que dans les hypothèses spécifiquement


énumérées, ce qui en a réduit quelque peu la portée au regard du principe
de participation. En outre, la circonstance que l’enquête publique se situe
dans la phase aval du processus de décision, c'est-à-dire à un moment où il
est difficile de modifier fondamentalement le projet, explique que d’autres
procédures aient dû être mises en place, destinées soit à suppléer, soit le
plus souvent à compléter l’enquête publique.
« La concertation – Instituée par la loi du 18 juillet 1985 et codifiée à
l’article L 300-2 du code de l’urbanisme, cette procédure a comme objet
d’organiser une participation du public à un stade suffisamment « précoce »
(au sens du droit européen) de l’élaboration des décisions. Il s’agit le plus
souvent d’une procédure qui vient en complément de l’enquête publique
qu’elle précède. Limitée initialement à l’élaboration des documents
d’urbanisme et à quelques grandes opérations d’aménagement (ZAC, etc.)
prévues par le code de l’urbanisme, cette procédure a vu son champ
d’application élargi par la loi du 12 juillet 2010 qui a institué une procédure
générale de concertation régie par les articles L 121-9 et L 121-16 du code de
l’environnement. Il s’agit d’un mode de participation du public qui peut être
organisé de manière facultative par les autorités responsables des projets en
amont de l’enquête publique sans s’y substituer.
« Le débat public. La procédure du débat public a été instituée par la loi du
2 février 1995, pour pallier l’insuffisance de la concertation préalable aux
décisions d’aménagement d’intérêt national de l'État, des collectivités
territoriales ou de maîtres d’ouvrage privés (art. . L.121-1 s et R. 121-1 s du
code de l’environnement).

« Si l’organisation d’un débat public peut être obligatoire dans certains cas
prévus par la loi, elle dépend, en règle générale, de la décision d’une autorité
administrative indépendante, la Commission Nationale du Débat Public
(CNDP). Se situant en amont du processus de décision, cette procédure
réservée aux très grandes opérations d’aménagement précède l’enquête
publique qui intervient au stade final de la décision. »

Chapitre 3 : Code de l’environnement congolais

CONGO

______________________________________________________________________________

Loi No.003/91 du 23 Avril 1991 sur la protection de l'Environnement

---------------------
L'ASSEMBLEE NATIONALE POPULAIRE A DELIBERE ET ADOPTE;

LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE PROMULGUE LA LOI DONT LA TENEUR SUIT

TITRE 1 : DES DISPOSITIONS GENERALES

ARTICLE 1ER. -La présente loi a pour objet, dans le ressort territorial des espaces aérien et
terrestre et des eaux sous juridiction congolaise de :

- renforcer la législation existante portant essentiellement sur la protection et


la préservation de la faune et de la flore sauvages, des ressources marines et
fluviales, l'exploitation des installations dangereuses, insalubres ou incommodes,
l'aménagement et l'urbanisme;

- gérer, maintenir, restaurer et protéger ou conserver les ressources


naturelles, le patrimoine culturel, naturel et historique;

- prévenir et lutter contre les atteintes à l'environnement et à la santé des


personnes ou à leurs biens.

ARTICLE 2. - Tout projet de développement économique en République Populaire du Congo


doit comporter une étude d'impact sur l'environnement.

Un décret pris en Conseil des Ministres détermine les conditions et les modalités d'application des
dispositions de l'alinéa précédent.
TITRE 2 : DE LA PROTECTION DES ETABLISSEMENTS HUMAINS

ARTICLE 3. - Sont désignés comme établissements humains aux termes de la présente loi,
toutes les agglomérations urbaines et rurales, quelle que soit leur taille ainsi que l'ensemble des
infrastructures dont elles disposent pour assurer l'existence des habitants.

ARTICLE 4. - Toute habitation, tout établissement administratif, artisanal, commercial et


industriel doit être pourvu de lieux d'aisance salubres et convenables.

ARTICLE 5. - Lorsqu'une construction ou un arbre constitue un danger public, l'Administration


doit procéder ou faire procéder à sa démolition ou à son abattage.

ARTICLE 6. - Il est interdit de déverser directement ou indirectement dans les caniveaux et les
égouts, les déchets de toute nature.

ARTICLE 7. - Tout propriétaire ou habitant d'un logement est tenu de mettre en état de propreté
les lieux, la devanture, la concession ou la clôture dont il a la charge.

ARTICLE 8. - Les sources d'eau sont d'usage communautaire. Elles doivent être protégées de
toute contamination. Il est interdit d'installer des toilettes ou des latrines à proximité des sources
d'eau à moins de 50 mètres et de souiller le sol ou les cours d'eau.

ARTICLE 9. - Le patrimoine culturel, historique et architectural est protégé par la loi. Un décret
pris en Conseil des Ministres précise les conditions et les modalités de protection dudit
patrimoine.

ARTICLE 10. - Il est interdit en raison de la fragilité de certaines zones, d'utiliser certaines
machines, engins ou véhicules susceptibles de porter atteinte à la qualité et à l'équilibre de
l'Environnement.

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Cours de réglementation de l’environnement de NGOMBET ITOUA OKOMBI


TITRE 3 : DE LA PROTECTION DE LA FAUNE ET DE LA FLORE

ARTICLE 11. - Pour la conservation et la gestion rationnelle de la faune et de la flore, les


Ministres Chargés respectivement de l'Environnement et de l'Economie Forestière, établissent
des aires protégées selon les procédures en vigueur.

ARTICLE 12. - Lorsque le classement des aires reconnues d'intérêt particulier pour la protection
de la faune et de la flore entraîne un préjudice certain et direct, il peut donner droit à une
indemnisation de la part de l'Administration au profit des propriétaires ou titulaires de droits
réels.

ARTICLE 13. - Les aires protégées sont affranchies de tous droits d'usage en vertu de la présente
loi.

ARTICLE 14. - Les aires protégées sont gérées par des Conservateurs nommés par décret pris en
Conseil des Ministres sur proposition conjointe des Ministres Chargés respectivement de
l'Environnement et de l'Economie Forestière.

ARTICLE 15. - Il est interdit, les feux de brousse ou incendies de broussaille; tailles de bois et
autres végétaux dans les aires protégées.

ARTICLE 16. - L'interdiction relative aux feux de brousse ne s'étend pas aux feux préventifs et
aux feux hâtifs au début de la saison sèche en vue de prévenir l'incendie des aires protégées et
d'atténuer les ravages des feux sauvages ultérieurs.

ARTICLE 17. - Les feux de brousse cités à l'article 16 ci-dessus doivent être autorisés par
l'Administration des forêts conformément à la réglementation en vigueur.

ARTICLE 18. - Pour la conservation de certaines espèces de faune et de flore d'intérêt


particulier, les Ministres Chargés respectivement de l'Environnement et de l'Economie
Forestière, dressent et révisent les listes des espèces à protéger en raison de leur rareté ou des
menaces de leur extinction.

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Cours de réglementation de l’environnement de NGOMBET ITOUA OKOMBI


ARTICLE 19. - Il est interdit en vertu de l'article 18:

- l'abattage, la chasse et la capture de la faune sauvage protégée ainsi que la destruction


de son habitat;

- la destruction, la mutilation, l'arrachage, l'incinération de la flore protégée;

- l'exportation des espèces protégées.

ARTICLE 20. - Les Ministères Chargés respectivement de l'Environnement et de l'Economie


Forestière peuvent autoriser pour des fins scientifiques ou administratives, des dérogations aux
dispositions de l'article 19.

TITRE 4: DE LA PROTECTION DE L'ATMOSPHERE

ARTICLE 21. Il est interdit dans toute habitation et tout établissement artisanal, agricole,
commercial et industriel, d'émettre des polluants de toute nature notamment les fumées,
poussières, buées, gaz toxiques ou corrosifs susceptibles de nuire à la santé et à l'environnement.

ARTICLE 22: - Les occupants et les exploitants des établissements visés à l'article 21 doivent
prendre des mesures pour réduire ou supprimer les rejets de polluants.

ARTICLE 23. - Il est interdit d'utiliser des véhicules et tout autre engin qui émettent des fumées
et des gaz toxiques susceptibles d'incommoder la population et de nuire à la santé et à
l'environnement.

ARTICLE 24. - Sont soumis aux contrôles périodiques obligatoires de l'Administration, les
moteurs de véhicules automobiles, les appareils et équipements des installations à combustion
fixes ou mobiles.

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Cours de réglementation de l’environnement de NGOMBET ITOUA OKOMBI


ARTICLE 25. - Les Ministres Chargés respectivement de l'Environnement et de l'Industrie
déterminent par arrêté conjoint l'utilisation et les caractéristiques techniques des moteurs, des
installations à combustion fixes ou mobiles et des carburants en vue de prévenir la pollution de
l'atmosphère.

ARTICLE 26. - Des arrêtés pris en application de la présente loi fixent les conditions de
production, d'importation et d'utilisation de produits susceptibles d'altérer la qualité de
l'atmosphère et de nuire à la santé et à l'environnement.

ARTICLE 27. - La production, l'importation et l'utilisation des substances qui appauvrissent la


couche d'ozone, notamment les composés de chlore et de halons, sont réglementées
conformément au protocole de Montréal y relatif.

TITRE 5: DE LA PROTECTION DE L'EAU

ARTICLE 28. - Les déversements, écoulements, rejets, dépôts directs ou indirects de toute
substance solide, gazeuse et liquide susceptibles de dégrader la qualité des eaux relevant de la
juridiction congolaise sont interdits.

ARTICLE 29. - Les dispositions de l'article 28 ne s'appliquent pas au rejet d'hydrocarbures ou de


mélange d'hydrocarbures effectué par un navire pour assurer sa propre sécurité ou celle d'un
autre navire, pour éviter une avarie à la cargaison, ou sauver des vies humaines en danger.

Le rejet visé à l'alinéa ci-dessus est soumis à autorisation préalable de l'Autorité Maritime ou
fluviale.

Nonobstant l'autorisation ci-dessus, le propriétaire du navire a l'obligation de réparer les


dommages causés à l'Environnement et est également tenu d'en payer les dommages et intérêts.

ARTICLE 30. - Les Ministres Chargés respectivement de l'Environnement et de la Marine


Marchande peuvent par arrêté conjoint autoriser des déversements, immersions ou incinérations
en mer de substances non visées ou interdites par la présente loi dans les conditions telles que ces

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Cours de réglementation de l’environnement de NGOMBET ITOUA OKOMBI


opérations ne portent pas atteinte au milieu aquatique, à ses ressources, à ses utilisations et ses
utilisateurs.

ARTICLE 31. - Le Capitaine ou le propriétaire de tout navire, engin de toute nature ou plate-
forme a l'obligation de signaler aux autorités congolaises compétentes par tous les moyens à sa
disposition toute situation ou événement qui est ou qui pourrait être de nature à constituer une
menace pour le milieu aquatique et ses intérêts connexes.

ARTICLE 32. - L'usage de produits toxiques et d'explosifs dans les eaux sous juridiction
congolaise est interdit.

ARTICLE 33. - Toute personne imputable d'un acte de pollution de l'eau doit payer les
dommages qui en résultent.

TITRE 6. DE LA PROTECTION DES SOLS

ARTICLE 34. - Sans préjudice de l'application des dispositions législatives et réglementaires en


vigueur, la production, l'importation, la vente et l'utilisation des pesticides agricoles ou produits
assimilés sont soumises à autorisation du Ministre Chargé de l'Environnement.

ARTICLE 35. - Le Ministre Chargé de l'Environnement établit et révise les listes des substances
dont le rejet à la surface du sol ou dans le sous-sol est soumis à autorisation.

ARTICLE 36. - Lorsqu'un engrais ou un pesticide s'avère nuisible ou dangereux pour


l'environnement, l'homme, les animaux ou les végétaux, le Ministre Chargé de l'Environnement
peut procéder d'office à des restrictions concernant la production, l'importation, l'utilisation ou le
commerce d'un tel engrais ou pesticide.

ARTICLE 37. - Les travaux, ouvrages et aménagements susceptibles de nuire à la conservation


des sols et d'engendrer l'érosion, notamment la perte des terres arables, la pollution du sol et du
sous-sol, sont soumis à autorisation préalable du Ministre Chargé de l'Environnement.

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ARTICLE 38. - Tout coupable de la pollution des sols doit payer les dommages qui en résultent.

TITRE 7: DES INSTALLATIONS CLASSEES POUR LA PROTECTION

DE L'ENVIRONNEMENT

ARTICLE 39. - Les dispositions de la présente loi sont applicables aux usines, magasins,
manufactures, ateliers, dépôts, chantiers, carrières et d'une manière générale aux installations
exploitées ou détenues par toute personne physique ou morale, publique ou privée, qui peuvent
présenter des dangers ou des inconvénients soit pour la santé, la sécurité et la salubrité publique,
soit pour l'agriculture, soit pour la conservation des sites ou monuments, soit pour la protection
de la nature et de l'environnement.

ARTICLE 40. - Les installations visées à l'article 39 ci-dessus sont réparties en deux classes
suivant les dangers ou inconvénients que peut présenter leur exploitation.

ARTICLE 41. - Constituent les installations de 1ère classe les installations dangereuses ou
polluantes dont l'exploitation ne peut être autorisée qu'à la condition que des mesures soient
prises pour prévenir les dangers ou inconvénients mentionnés à l'article 39.

Le promoteur doit joindre à la demande d'autorisation un dossier comportant notamment


une notification expresse sur la nature, la quantité, la toxicité des résidus de l'installation, le mode
de traitement ou d'élimination prévu pour ces résidus et une étude d'impact sur l'environnement
et dans certains cas une étude de danger. Ce dossier est soumis à une enquête publique à la
charge de l'intéressé.

La délivrance de l'autorisation est subordonnée à l'éloignement de l'installation des


habitations, des immeubles habituellement occupés par des tiers, des installations fréquentées par
le public, des cours d'eau ou des zones destinées à l'habitation telles que définies par les
documents d'urbanisme opposables aux tiers.

Cette autorisation est exigée soit en cas de transfert, soit en cas d'extension ou de
modifications notables des installations. Elle est accordée sous réserve des droits des tiers.

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ARTICLE 42. - Font partie des installations de 2ème classe, les installations qui ne présentent
pas de dangers ou inconvénients graves visés à l'article 39, mais qui doivent néanmoins respecter
les prescriptions générales destinées à assurer la protection des intérêts visés audit article.

L'ouverture de ces installations fera l'objet d'une déclaration écrite agréée par le Ministre
Chargé de l'Environnement.

ARTICLE 43. - Lorsque l'exploitation d'une installation non comprise dans la nomenclature des
installations classées présente des dangers ou inconvénients graves pour la commodité du
voisinage, pour la santé et la sécurité publique ou pour l'agriculture, la conservation de la nature
et l'environnement en général, il sera procédé au classement de celle-ci.

ARTICLE 44. - L'autorisation d'ouverture d'une installation classée cessera de produire ses effets
quand cette installation n'aura pas été ouverte dans un délai de deux ans à compter de la date de
sa délivrance ou quand cette installation n'aura pas été exploitée pendant deux années
successives.

ARTICLE 45. - Lorsqu'une installation rangée dans l'une des deux catégories d'activités classées
est exploitée sans l'autorisation requise par la présente loi, le Ministre Chargé de l'Environnement
met l'exploitant en demeure, soit d'en arrêter le fonctionnement, soit de régulariser sa situation en
déposant une demande d'autorisation dans les plus brefs délais.

ARTICLE 46. - La nomenclature des installations classée, les procédures administratives et


l'organisation des contrôles et les conditions d'autorisation, sont fixés par arrêté du Ministre
Chargé de l'Environnement.

ARTICLE 47. - Les personnes qui exploitent des installations soumises à la présente loi à la date
de sa publication conservent cette qualité en se conformant aux dispositions de celle-ci dans un
délai d'un an. Les exploitants dont les dossiers de demande d'autorisation ou de déclaration sont
en cours ne pourront bénéficier des autorisations sollicitées que s'ils sont conformes à la présente
loi.

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TITRE 8: DES DECHETS URBAINS

ARTICLE 48. - Il est interdit de déposer ou d'abandonner des déchets dans des conditions
favorisant le développement des vecteurs de maladies ou susceptibles de provoquer des
dommages aux personnes et aux biens, ou de développer des odeurs ou autres nuisances
incommodantes.

ARTICLE 49. - Toute personne qui produit ou détient des déchets dans des conditions de nature
à entraîner des effets néfastes sur le sol, la flore et la faune, à dégrader les sites et les paysages, à
polluer les eaux, et d'une façon générale à porter atteinte à la santé de l'homme et à
l'environnement, est tenue d'en assurer l'élimination conformément aux dispositions de la
présente loi et de ses textes d'application.

ARTICLE 50. - Dans toute la mesure du possible, l'élimination des déchets urbains doit être
conçue de manière à favoriser la réutilisation des matériaux et de l'énergie.

ARTICLE 51. - Les collectivités locales ont l'obligation d'assurer l'élimination correcte des
déchets urbains. Elles doivent à cet effet établir des plans de gestion des déchets approuvés par
le Ministre Chargé de l'Environnement.

TITRE 9: DES DECHETS NUCLEAIRES ET DES DECHETS INDUSTRIELS

DANGEREUX OU AUTRES DECHETS DE MEME NATURE

ARTICLE 52. - Il est interdit à toute personne physique ou morale, publique ou privée,
d'importer ou de faire importer, de faciliter ou de tenter de faciliter l'importation des déchets
nucléaires et des déchets industriels dangereux ou autres déchets de même nature.

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Un décret pris en Conseil des Ministres détermine les types de déchets visés à l'alinéa
précédent.

ARTICLE 53. - Tout producteur de déchets industriels dangereux ou autres déchets de même
nature doit prendre toutes les mesures possibles pour:

- assurer ou améliorer la gestion écologiquement rationnelle de ceux-ci;

- appliquer de nouvelles techniques produisant peu de déchets;

- veiller au stockage et à l'élimination séparée desdits déchets.

ARTICLE 54. - Tous les déchets doivent être éliminés selon leur nature dans des sites ou
installations agréés par l'Administration Chargée de l'Environnement.

ARTICLE 55. - Tout exploitant d'un site ou d'une installation où sont gérés des déchets
industriels dangereux ou d'autres déchets de même nature doit:

- surveiller les effets de ses activités sur l'Environnement et communiquer tous les
trimestres ou sur demande expresse de l'Administration Chargée de l'Environnement, les
résultats de cette surveillance;

- veiller à ce que la protection des sites ou des installations soit poursuivie en cas
d'abandon ou de fermeture;

- tenir un registre exact et précis sur les renseignements utiles concernant ces déchets, y
compris leur qualité, leurs caractéristiques physiques et chimiques.

ARTICLE 56. - Tout exploitant d'un site ou d'une installation même abandonnés est responsable
des dommages qui en résultent.

TITRE 10: DES SUBSTANCES CHIMIQUES POTENTIELLEMENT TOXIQUES


ET DES STUPEFIANTS

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ARTICLE 57. - L'importation, la production, le commerce et l'utilisation des substances
chimiques potentiellement toxiques sont soumis à autorisation du Ministre Chargé de
l'Environnement.

ARTICLE 58. - Tous les dommages résultant de l'utilisation des substances chimiques
potentiellement toxiques et entraînant des coûts d'assistance aux victimes seront imputables aux
auteurs et contrevenants.

ARTICLE 59. - La production, l'importation, le commerce et l'utilisation des stupéfiants sont


interdites, sauf autorisation expresse du Ministre Chargé de l'Environnement.

TITRE 11: DES NUISANCES SONORES

ARTICLE 60. - Est interdit tout bruit causant une gêne pour le voisinage ou nuisible à la santé de
l'homme.

ARTICLE 61. - Sont interdits, même à l'intérieur des propriétés, des habitations ou de leurs
dépendances, les bruits excessifs qui proviennent de, phonographes, magnétophones, appareils
de radiodiffusion et de télévision, haut-parleurs, instruments de musique, tirs d'artifice, pétards,
armes à feu, travaux industriels, commerciaux ou ménagers, sauf autorisation de l'autorité
compétente.

ARTICLE 62. - Sont interdits en toute circonstance les bruits provenant:

- d'appareils avertisseurs à sons rauques et stridents de véhicules automobiles;

- de moteurs de véhicule dépourvus d'un dispositif silencieux efficace;

- des sifflets, sirènes et appareils bruyants;

- des tapages nocturnes.

Cette interdiction ne s'applique pas aux ambulances et aux véhicules de police en cas de
nécessité.

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Cours de réglementation de l’environnement de NGOMBET ITOUA OKOMBI


ARTICLE 63. - Sont interdites les parades et musiques foraines sauf autorisation expresse de
l'autorité compétente.

ARTICLE 64. - Les occupants ou propriétaires d'établissements doivent maintenir le niveau des
bruits à un seuil tolérable. A cet effet, ils doivent prendre des dispositions pour isoler les ateliers
bruyants, insonoriser les locaux ou mettre en œuvre des techniques ou tout autre moyen
approprié pour y parvenir.

ARTICLE 65. - Un arrêté du Ministre Chargé de l'Environnement pris en application de la


présente loi établit les normes relatives au bruit.

TITRE 12: DES TAXES ET REDEVANCES

ARTICLE 66. - L'exploitation d'une installation classée donne lieu au paiement de:

- une taxe unique à l'ouverture de 500 000 F à 5 000 000 F pour les installations de 1ère
classe et de 250 000 F à 500 000 F pour les installations de 2ème classe. Cette taxe est
de 10 000 F à 20 000 F pour les artisans;

- une redevance annuelle de 1. 000 000 F à 10 000 000 F pour les installations de 1ère
classe qui, en raison de la nature et du volume de leurs activités, font courir des risques
particuliers à l'environnement et requièrent de ce fait des contrôles périodiques;

- une redevance superficiaire annuelle pour les installations de 1ère et 2ème classe calculée
à raison de:

1.000 F par mètre carré pour les 40 premiers mètres carrés;

500 F par mètre carré pour les 50 mètres carrés suivants;

100 F par mètre carré au delà de 90 mètres carrés.

TITRE 13: DES SANCTIONS

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ARTICLE 67. - Les infractions aux dispositions de la présente loi sont constatées par les agents
habilités de l'administration Chargée de l'Environnement, les agents et officiers de police
judiciaire, en collaboration selon les cas, avec ceux de l'Economie Forestière, de la Santé, des
Mines et Energie, de l'Hydraulique, des Transports et aviation Civile, des Travaux Publics et
Construction, ainsi que par les Collectivités Locales.

ARTICLE 68. - Sera puni d'une amende de 1 000 000 F à 5 000 000 F, quiconque aura:

- réalisé un projet de développement économique sans étude d'impact;

- réalisé un projet non conforme aux critères, normes et mesures;

- fait obstacle à l'exercice des fonctions des agents chargés du contrôle des études
d'impact sur l'Environnement.

ARTICLE 69. - Les propriétaires ou locataires qui ne se seront pas conformés aux dispositions
des articles 4, 6 et 7 de la présente loi sont passibles d'une amende de 6 000 F à 100 000 FCFA.

ARTICLE 70. - Est passible d'une amende de 3 000 à 5 000 000 F quiconque aura enfreint aux
dispositions des articles 8, 9 et 10 de la présente loi.

ARTICLE 71. - Les infractions portant sur la protection de la faune et de la flore sont réprimées
conformément aux dispositions des textes en vigueur en la matière.

ARTICLE 72. - Est puni d'une amende de 10 000 F à 10 000 000 F, tout contrevenant aux
dispositions des articles 21, 22, 23 et 24 de la présente loi.

ARTICLE 73. - Tout contrevenant aux dispositions de l'article 28 est puni d'une amende de
10.000 F à 10 000 000 F.

ARTICLE 74. - Est puni d'une amende de 20 000 F à 20 000 000 F, quiconque aura enfreint aux
dispositions de l'article 31 de la présente loi.

ARTICLE 75. - La non-observation des dispositions des articles 34 et 37 est punie d'une
amende de 50 000 F à 5 000 000 F.
85

Cours de réglementation de l’environnement de NGOMBET ITOUA OKOMBI


ARTICLE 76. - Est passible d'une amende de 100 000 F à 5 000 000 F. toute personne qui
exploite une installation sans autorisation ou déclaration.

En cas de récidive, il sera prononcé contre l'auteur de l'infraction une amende de 300 000
F à 10 000 000 F et une peine privative de liberté de deux(2) à six(6) mois ou l'une de ces deux
peines seulement.

ARTICLE 77. - Est passible d'une amende de 500 000 F à 3 000 000F et d'une peine privative de
liberté de six (6) à dix-huit (18) mois ou l'une de ces deux peines, toute personne qui ne respecte
pas une décision de fermeture ou de suspension de fonctionnement d'une installation classée.

ARTICLE 78. - Est passible d'une amende de 1 000 000F à 10 000 000F tout propriétaire ou
exploitant d'un établissement dont certaines installations sont classées, qui n'aurait pas pris des
mesures adéquates un an après l'entrée en vigueur de la présente loi, pour traiter ou éliminer toute
pollution ou nuisance.

ARTICLE 79. - Une pénalité dont le taux pourra atteindre le double du montant de la taxe
unique est appliquée à toute installation qui, en vue de la détermination du taux de cette taxe et
de sa mise en recouvrement, n'aura pas donné les renseignements nécessaires, ou aura fourni des
informations inexactes.

ARTICLE 80. - Indépendamment des poursuites pénales qui peuvent être exercées et lorsqu'un
contrôleur des installations classées a constaté l'inexactitude des déclarations de l'exploitant sur la
nature, la quantité, la toxicité des résidus de l'installation ou l'insuffisance des modes de
traitement et d'élimination prévus par l'exploitant, les services chargés de l'Environnement
mettent en demeure ce dernier, de satisfaire à ces conditions dans un délai déterminé.

Si à l'expiration du délai fixé l'exploitant n'a pas obtempéré à cette injonction, les services
chargés de l'Environnement peuvent faire procéder d'office aux frais de l'exploitant, à l'exécution
des mesures prescrites, ou obliger celui-ci de consigner aux mains d'un comptable Public une
somme correspondante au montant des travaux à réaliser, ou encore faire procéder à la
suspension du fonctionnement de l'installation par arrêté ministériel.

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ARTICLE 81. - Tout contrevenant aux dispositions des articles 48 et 49 est passible d'une
amende de 3 000 F à 100 000 F et d'une peine privative de liberté de trois jours à un mois.

ARTICLE 82. - Est punie d'une amende de 10 000 000F à 50 000 000F, et d'une peine de 10 à
20 ans de réclusion, toute personne qui aura importé ou tenté d'importer, facilité l'importation de
déchets nucléaires, toxiques ou dangereux et d'autres déchets de même nature, même si cette
importation a été suspendue ou si elle n'a manqué son aboutissement que par des circonstances
indépendantes de la volonté de son auteur et des complices de celui-ci.

ARTICLE 83. - Est punie d'une amende de 3 000 000 F à 50 000 000 F et d'une peine privative
de liberté de 5 à 10 ans ou de l'une de ces deux peines seulement, le producteur ou le gestionnaire
des déchets lorsqu'il est prouvé qu'à un moment quelconque, la description desdits déchets dans
les documents cesse de correspondre avec leur véritable nature.

ARTICLE 84. - Quiconque aura enfreint aux dispositions des articles 57 et 59 est passible d'une
amende de 100 000 F à 10 000 000F et d'une peine privative de liberté d'un mois à cinq ans. En
cas de récidive, cette peine est portée au double.

ARTICLE 85. - Est puni d'une amende de 10 000 F à 500 000 F et d'une peine privative de
liberté de deux (2) jours à un mois quiconque émet délibérément du bruit en contravention aux
dispositions de la présente loi.

TITRE 14. DU FONDS POUR LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT

ARTICLE 86. - Il est institué un fonds pour la protection de l'environnement sous forme d'un
compte d'affectation spéciale hors budget ouvert au trésor public.

ARTICLE 87. - Le fonds pour la protection de l'environnement est alimenté par:

87

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- la subvention annuelle de l'Etat;

- Le produit des taxes et amendes prévues par la présente loi et ses textes
d'application;

- Les dons et legs;

- Les concours financiers des institutions de coopération internationale ou de toute


autre origine au titre des actions en faveur de la protection de l'environnement.

ARTICLE 88. - Le fonds pour la protection de l'environnement est destiné aux interventions en
cas de catastrophes naturelles et aux activités visant la protection, l'assainissement ou la
promotion de l'environnement.

ARTICLE 89. - Les modalités d'organisation et de fonctionnement du fonds pour la protection


de l'Environnement sont précisées par décret pris en conseil des Ministres sur rapport du Ministre
Chargé de l'Environnement.

TITRE 15. DES DISPOSITIONS FINALES

ARTICLE 90. - Sont abrogées toutes les dispositions antérieures contraires à la présente loi,
notamment les lois 23/62 et 25/62 du 21 mai 1962.

ARTICLE 91. - La présent loi sera enregistrée au journal Officiel de la République Populaire du
Congo et exécutée comme loi de l'Etat.

Fait à Brazzaville, le 23 Avril 1991

Général d'Armée Denis Sassou-Nguesso

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