Concours Éloquence

Concours d’éloquence : Poser un lapin
Introduction :
Captation de l’attention : Mesdames et messieurs du jury, aimable auditoire, bonjour. J’ai

ici été convié pour vous parler de rongeur. Figurez-vous qu’il n’existe pas d’animal plus pernicieux,
plus dangereux, plus vicieux que cette terre n’ait jamais portée. Je vous parle d’une grande boule
de poils à grandes oreilles que l’on surnomme lapin. Pourquoi vicieux me direz-vous ? En effet
comme l’ornithorynque ce mammifère pond des œufs !!! Si, si, je vous l’assure sinon pourquoi
parlerai t’on du lapin de pâques en pleine de période de chasse aux œufs hein ? Pas besoin d’être
complotiste ou antivaxx pour faire le lien par A + B que l’on ne peut pas faire confiance à un tel
animal. Parlons lapin mais plus précisément : « poser un lapin ». Je vois dans le regard que pour
certains cette expression ne vous est pas inconnue, peut-être voulez-vous témoigner, on peut
échanger si vous voulez ?
Développement
Narration : Poser un lapin. Est-ce mal ? Est-ce bien ? Peut-on juger ? Qui doit-on juger ? Je
vais ici me faire l’avocat du diable et vous exposez pourquoi c’est en réalité celui qui pose le lapin
qui est la victime, c’est celui qui subit le plus grand des préjudice. C’est-à-dire un préjudice moral,
physique et social.
Reprenons les bases (#orelsan) pour rappel la définition de la santé d’après l’OMS est un état de
bien-être complet physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de
maladies ou d’infirmités.
Prenons un exemple : le petit Timothée s’intéresse à une fille qui lui plaît beaucoup, appelons-la à
tout hasard Juliette. Un rendez-vous dans un café est prévu. Timothée a très envie de venir
pourtant il est rongé par le stress, par la peur de se ridiculiser ou de la possibilité qu’elle se moque
de lui. Vous voyez Timothée est loin d’être un salaud, un sale type, un égoïste, un chien et autres
noms d’oiseaux. Pourtant, et bien malgré lui il sait qu’il passerait au tribunal populaire que l’on
appelle le café d’après date en ami. On peindra de lui une image dégradante à base de : « de toute
manière il n’était pas pour toi », « tu mérites tellement mieux », « de toute façon il était moche »,
« les mecs tous les mêmes », « men are trash ». Alors que Juliette aura le droit à des mots
réconfortants de par ses amis : « tu vaux tellement mieux que lui », « un de perdu, dix de
retrouvés ».
Confirmation : Maintenant mettons toutes choses égales par ailleurs et respectons la

méthode scientifique pour objectiver cette situation. Vous avez ici deux protagonistes : le premier
souffrait d’atroces symptômes de stress portant atteinte à son intégrité physique. Il serait déjà
suffisamment légitime pour lui de préserver sa santé et de ne pas honorer ce rendez-vous,
pourtant la descente aux enfers ne fait que commencer. Ce tribunal populaire s’assurera de lui
faire une réputation terrible et ainsi il portera atteinte à l’intégrité morale et sociale de Timothée.
Quand à notre seconde protagoniste : elle vivra sans doute la déception de ne pas avoir vu son
rendez vous galant arriver mais en réalité personne n’aurait été là pour l’observer et ne subira pas
d’humiliation publique, son honneur est sain et sauf. Qui plus est la présence, douce, rassurante et
chaleureuse de ses proches ne saurait que la conforter de ce petit mécontentement. Ainsi quand
vous comparez la différence de traitement reçu, l’un se voit critiqué, attaqué, son être tout entier
répudié tandis que l’autre est choyée. Qui d’entre ces deux personnes souffrent le plus ? La
réponse s’impose d’elle-même. Voyez-vous contre l’imaginaire collectif, ce n’est pas celui ou celle
à qui l’on pose un lapin qui à le plus à perdre, mais bien celui qui doit le poser ce satané lapin.
Réfutation : Alors oui j’entends déjà l’avalanche de critique, les chevaliers de la bien
séance, pourfendeurs de mensonges me courir après, le couteau entre les dents prêts à me sauter
dessus pour avoir osé désosser leurs tissus de mensonges hypocrites. D’où vient ce sentiment de
culpabilité que la société s’efforce d’imposer aux poseurs de lapin ? De nulle part enfin ! C’est une
création chimérique, absurde, sans réalité qui ne sert que les intérêts de quelques un, ceux qui
veulent vous empêcher de penser et d’agir par vous-même. Combien de fois dans votre vie avez-
vous du refuser de laisser cours certaines envies, des pulsions uniquement car cela n’était pas
moral soi-disant ? Mais selon qui ? Qui sont ces gens qui ont pour vous défini la moralité et ses
limites. Ne vous pensez vous suffisamment intelligents, matures pour explorer par vous-même ce
que vous souhaitez faire ?
Conclusion
Péroraison : Alors oui, n’ayez pas peur de poser un lapin. Même plusieurs s’il faut !
N’oubliez pas que vous êtes précieux, protéger vous. La bien pensance vous détestera mais vous
saurez être libre de toutes formes de conformismes. Surtout entre gens éclairés ici, nous saurons
qu’en réalité ce sont les gens courageux qui posent des lapins qui ont le plus à souffrir, mais la
liberté ne s’est jamais acquise facilement. Posez des lapins, pensez lapin, soyez libre pour courir
dans le champ des possibles.

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