Aérogares Passagers, Évolution Du Trafic
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Cet article constitue un complément à l’article Aérogares passagers [C 4 120] du même traité.
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1. Évolution du trafic tie du trajet en avion (vol long courrier) et l’autre en train. Le
déplacement en train correspond à un vol court courrier. Pour
l’instant en raison des contraintes de sûreté, le passager ne peut
Le trafic 2000 est donné dans le tableau 1. (0) pas s’enregistrer dans la gare et doit récupérer ses bagages en
salle de livraison bagages dans l’aérogare.
Tableau 1 – Trafic passagers des principaux aéroports Cette évolution implique également une capacité d’évolution de
l’aérogare qui doit s’adapter à un trafic en perpétuelle évolution.
français en 2000 L’édifice doit donc pouvoir se prêter à des réaménagements, et pré-
Évolution senter une structure d’une grande souplesse pour répondre à plu-
Trafic sieurs types de sollicitations :
par
Aéroport passagers
rapport à — augmentation du trafic en volume de passagers (les exten-
(en millions)
1999 sions du bâtiment doivent être possibles sans dénaturer la construc-
Paris.......................................................... 73,251 6,91 % tion et sans perturber le fonctionnement pendant les phases de
travaux) ;
Nice........................................................... 9,361 8,98 %
— évolution des procédures de traitement du passager et de ses
Marseille................................................... 6,343 7,29 % bagages (par exemple, le bâtiment a dû s’adapter à l’entrée en
Lyon.......................................................... 5,903 8,99 % vigueur de l’obligation du contrôle des bagages de soute) ;
Toulouse .................................................. 5,247 5,49 % — naissance de nouvelles technologies (enregistrement à dis-
tance ou par bornes interactives, générant des utilisations différen-
Bâle........................................................... 3,702 5,65 % tes des espèces.
Bordeaux.................................................. 3,007 4,63 % Il s’agit de l’une des caractéristiques essentielles de ces infrastruc-
Strasbourg ............................................... 2,011 – 9,66 % tures terminales aéroportuaires (cf. [C 4 120]).
Pointe-à-Pitre ........................................... 1,964 4,30 %
Nantes ...................................................... 1,879 6,88 %
Montpellier............................................... 1,703 4,99 % 2. Mesures de sûreté
Fort-de-France ......................................... 1,624 – 1,34 %
Tahiti......................................................... 1,546 14,60 %
Afin de faire face, à partir des années 1960, à l’accroissement du
Saint Denis............................................... 1,465 7,17 % nombre d’actes d’intervention illicite dirigés contre l’Aviation civile,
Ajaccio...................................................... 1,067 2,79 % l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) s’est structu-
Lille ........................................................... 0,99 1,96 % rée et a publié des recommandations à destination des États mem-
bres. Ainsi l’OACI définit-elle la sûreté comme une « combinaison
Clermont Ferrand .................................... 0,902 7,64 % de mesures ainsi que des moyens humains et matériels visant à pro-
Bastia........................................................ 0,803 – 0,86 % téger l’Aviation civile internationale contre les actes d’intervention
Biarritz ...................................................... 0,778 3,05 % illicite »([1], chapitre 1er).
Brest ......................................................... 0,741 4,66 % Elle recommande que « chaque État contractant » prenne « des
mesures pour empêcher que des armes, explosifs ou tous autres
Toulon ...................................................... 0,702 – 3,97 %
engins dangereux pouvant être employés pour commettre un acte
Pau............................................................ 0,611 0,00 % d’intervention illicite et dont le port ou le transport n’est pas auto-
Perpignan................................................. 0,523 6,73 % risé, ne soient introduits, par quelque moyen que ce soit, à bord
Source : DGAC d’un aéronef effectuant un vol d’aviation civile internationale » ([1],
chapitre 4, article 4.1.1).
Cette évolution a entraîné un certain nombre de mesures complé- En France, le Comité national de sûreté (CNS), créé en 1971
mentaires : comprenant des représentants de divers ministères, adapte, par ses
résolutions, les normes et recommandations de l’annexe 17 de
— nouvelles méthodes d’enregistrement :
l’OACI [1] au niveau national et demande aux ministères concernés
• avec le développement du système de communication, appa- de les rendre opératoires. La Direction générale de l’aviation civile
raît le e-ticket. Le passager n’a plus de ticket mais un numéro de (DGAC) est chargée d’organiser sur le territoire français (métropole
dossier qu’il communique lors de son enregistrement. Cela repré- et outre-mer) la sûreté du transport aérien non seulement interna-
sente un gain de temps pour le passager qui n’a plus à retirer un tional, mais également national.
billet soit dans une compagnie de voyage soit à un comptoir de la
L’intégration et la mise en œuvre des mesures de sûreté au sein
compagnie ;
des aérogares passagers nécessite de prendre en compte certaines
• les compagnies essaient de développer l’enregistrement des contraintes et caractéristiques (dimensionnelles, de volumes, tech-
passagers sans bagage de soute au moyen de bornes automati- niques) liées aux matériels et appareils utilisés, aux procédures
ques. Ces bornes peuvent être installées partout dans l’aérogare. d’exploitation et de maintenance de ces derniers et aux procédures
Cela permet d’augmenter le nombre de points d’enregistrement : de sûreté elles-mêmes.
elles occupent moins de place qu’une banque d’enregistrement
classique, nécessitent des surfaces d’attente moins importantes Il est nécessaire de prendre en compte ces contraintes et caracté-
(les passagers n’ont pas de chariots à bagage) et peuvent être ristiques dès les premières phases de conception des aérogares
relativement facilement déplacées ; neuves et dès les premières études de faisabilité pour les aérogares
— intermodalité : existantes, ce afin d’éviter des modifications ultérieures contrai-
gnantes et coûteuses.
• au vu du développement du trafic aérien (tableau 1) et de la
saturation des grands aéroports, l’accent est mis sur l’intermo- Nous traitons ici les quatre domaines de la sûreté du transport
dalité notamment entre le train et l’avion. En Europe, les distances aérien ayant un lien direct avec l’aérogare passagers :
entre les grandes villes étant relativement faibles, le train à — le contrôle de la zone publique ;
grande vitesse (TGV) peut être considéré comme un concurrent — l’inspection filtrage des passagers et de leurs bagages à main ;
sérieux de l’avion. L’intermodalité vise à rendre les deux modes — l’inspection filtrage des bagages de soute ;
de transport complémentaires. Les passagers effectuent une par- — le contrôle d’accès en zone réservée.
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2.3.3 Installation et dimensionnement d’un poste ■ La première mesure visant à prévenir de tels actes consiste en le
d’inspection filtrage contrôle de rapprochement des passagers et de leurs bagages : à
chaque bagage embarqué en soute doit correspondre un passager
embarqué sur le vol correspondant.
Un poste d’inspection filtrage des passagers et de leurs bagages
de cabine comprend au moins ([3], article 4) : ■ À cette mesure s’ajoute celle du contrôle physique des bagages.
— un portique magnétique de détection des objets métalliques ; Cette mesure a été systématisée sur les vols internationaux par
— un magnétomètre ; une décision des Directeurs généraux de la Conférence européenne
— une table de fouille des bagages ; de l’aviation civile (CEAC DGAC/101, Paris, 17-18 décembre 1997),
— une cabine de fouille des passagers ; imposant à chaque État membre la mise en œuvre des moyens
— des réceptacles, en nombre suffisant, pour les petits objets nécessaires pour assurer une inspection filtrage de cent pour cent
déposés lors du contrôle ; des bagages destinés à être embarqués sur des aéronefs de l’avia-
— un dispositif permettant de condamner l’accès lorsque le poste tion civile internationale au plus tard le 31 décembre 2002. Suite aux
n’est pas utilisé ; événements du 11 septembre 2001, l’échéance a été ramenée en
— un poste téléphonique. France au 30 juin 2002.
Pour des aérogares de trafic passagers annuel au départ supé- L’État français a adopté cette mesure pour tout type de vol de
rieur à 70 000, ce poste comprend également : l’aviation civile, qu’il soit international ou national.
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Ne seront traitées ici que les modalités techniques de la réalisa- ■ Équipes cynotechniques
tion de cette mesure. Y sont jointes des procédures de mise en Le couple indissociable chien/maître-chien composant une équipe
œuvre, que le lecteur pourra trouver dans l’arrêté correspondant du cynotechnique a montré, lors de campagnes d’essais réalisés par le
10 octobre 2000 [4]. Service technique des bases aériennes, des performances en terme de
● Bagages au format et hors format détection permettant à la Direction générale de l’aviation civile (DGAC)
Certains bagages, de par leurs dimensions ou leur masse, ne peu- son utilisation pour l’inspection filtrage des bagages de soute.
vent, sous peine de porter préjudice à l’exploitation : ■ Ces différents moyens peuvent être combinés ou certains se
— soit être acheminés par les systèmes de convoyage, sous substituer les cas échéants, selon les cas décrits dans l’arrêté du
peine de blocage de ces derniers ; 10 octobre 2000 [4].
— soit être inspectés par les appareils de sûreté, du fait de leur Selon la configuration de l’aéroport et le trafic passagers
non-respect des spécifications de bon fonctionnement des dits observé, il est possible de procéder à l’inspection filtrage des baga-
appareils. ges de soute en divers lieux de l’aérogare passagers.
Les maîtres d’œuvre doivent mettre en place des systèmes de
contrôle spécifiques permettant l’inspection de ces bagages dits
hors format. Il est à noter que les bagages hors format peuvent être, 2.4.2 Contrôle en amont de l’enregistrement
le cas échéant, acheminés manuellement vers des appareils de
contrôle. Les bagages de soute des passagers sont inspectés avant que ces
● Bagages en correspondance derniers ne soient enregistrés sur le vol de départ. On distingue
deux possibilités :
Les bagages en correspondance doivent être inspectés quelque
— le contrôle amont des bagages de soute ;
soit leur provenance avant d’être embarqués. Les maîtres d’œuvre
— le contrôle amont total.
doivent donc prévoir soit des installations spécifiques, soit des pos-
sibilités d’injection de tels bagages dans les systèmes d’inspection.
2.4.2.1 Contrôle amont des bagages de soute
Il est à noter que la CEAC (Conférence européenne de l’aviation
civile) a pour objectif, à terme, de mettre en place un système de Seuls ces bagages sont inspectés en amont de l’enregistrement.
contrôle unique (OSS, One Stop Security) : des accords internatio- Les bagages à main sont inspectés au niveau d’un poste d’inspec-
naux bilatéraux devraient être mis en œuvre, ce qui permettrait aux tion filtrage avant l’entrée en salle d’embarquement.
États (ou aux aéroports) ayant signé un accord de s’affranchir de l’ins-
pection des bagages en correspondance en provenance d’un aéro- 2.4.2.2 Contrôle amont total
port objet de cet accord. En 2001, aucun accord n’est signé en France.
Les passagers ainsi que leurs bagages de soute et leurs bagages
à main sont inspectés en un même point avant l’enregistrement.
2.4.1 Moyens et matériels préconisés Une zone stérile doit être mise en place après l’inspection filtrage
pour assurer une séparation totale entre les personnes et objets
ayant subi un contrôle de sûreté et ceux n’en ayant pas subi. Cette
Afin de procéder à l’inspection filtrage des bagages de soute, il est zone doit être matérialisée physiquement.
possible d’utiliser les moyens et matériels suivants.
2.4.2.3 Avantages et inconvénients du contrôle en amont
■ Fouille manuelle
Les solutions de contrôle en amont de l’enregistrement présen-
Ce moyen est identique à celui décrit pour l’inspection filtrage de tent les avantages et inconvénients résumés dans le tableau 2.
bagages de cabine (2.3.1.1 et 2.3.1.2).
■ Appareils à rayons X conventionnels 2.4.2.4 Installation des postes de contrôle amont
Ce moyen est identique à celui décrit précédemment pour l’ins- ■ En fonction du débit de bagages à analyser, il est possible d’utiliser :
pection filtrage des bagages de cabine (2.3.1.1, 2.3.1.2), moyennant — soit la fouille manuelle systématique des bagages. Dans ce
des dimensions de tunnel d’inspection plus importants, adaptés au cas, il est nécessaire de mettre en place des tables de fouille en
format des bagages de soute. nombre et dimensions adaptées au débit ;
— soit un appareil à rayons X conventionnel. Il est nécessaire de
prévoir des espaces et volumes suffisants pour permettre l’installa-
Suite à l’inspection des bagages de soute par l’utilisation tion de l’appareil et du poste de travail opérateur, la maintenance de
d’appareils à rayons X conventionnels, un taux de fouille régle- l’appareil, l’acheminement de l’appareil accompagné d’un taux de
mentaire minimum de dix pour cent doit être réalisé [4]. fouille minimum ;
— soit éventuellement un appareil EDS.
■ Données pour le dimensionnement des postes de contrôle
■ Appareils de détection automatique amont total
Ces matériels sont basés sur des technologies d’analyse de La configuration des postes d’inspection de contrôle amont total
matière et de radioscopie par rayons X. Cette technologie, plus com- est semblable à celle des postes d’inspection filtrage des passagers
plexe que celle des appareils conventionnels cités précédemment, et de leurs bagages à main.
permet la détection automatique des explosifs (on parle alors
d’appareil EDS (explosives detection system), c’est le terme généri- Il est cependant recommandé d’adapter la dimension du tunnel
que utilisé par extension pour les appareils de détection automati- d’inspection des appareils à rayons X aux flux et types de bagages
que) ou des engins explosifs, c’est-à-dire explosif, et système de à inspecter afin de limiter les contraintes de volumes nécessaires.
déclenchement, on parle dans ce cas d’appareils EDDS (explosive En effet, la dimension des appareils à rayons X conventionnels
devices detection system), dans des bagages. En cas d’alarme auto- dépend notamment de la taille de leur tunnel d’inspection. Afin de
matique sur un bagage (suspicion de présence d’un objet illicite), limiter l’encombrement du poste d’inspection, il est recommandé, si
une ou des images sont produites sur un ou des écrans pour ana- le nombre de bagages hors format est faible (moins de dix pour
lyse visuelle par un opérateur. cent), de limiter la taille du tunnel d’inspection aux dimensions des
Nota : certains appareils de détection automatique ne fournissent pas d’images. Ceux- bagages au format, les bagages hors format pouvant être inspectés
ci ne sont pas retenus aujourd’hui par la DGAC (Direction générale de l’aviation civile). manuellement systématiquement.
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Il est nécessaire de mettre en place des tables de fouille en nom- tions, toutes les fois que cela sera possible, pour que les mesures et
bre et dimensions suffisants. procédures de sûreté entraînent le moins possible de perturbations
ou de retards dans les activités de l’aviation internationale » ([1],
recommandation 2.2.1). Ainsi, l’inspection filtrage des bagages en
2.4.3 Contrôle intégré aux banques aval de l’enregistrement est mise en place afin :
d’enregistrement — d’optimiser le niveau de sûreté ;
— tout en facilitant l’acheminement des bagages vers la zone de tri.
Les bagages destinés à être embarqués dans les soutes des aéro- Ceci est possible en installant des systèmes dits multiniveaux de
nefs sont inspectés pendant les phases d’enregistrement. En géné- contrôle. Un ou plusieurs appareils de sûreté accompagnés d’opé-
ral, un appareil à rayons X conventionnel est installé pour une ou rateurs et de procédures adéquats permettent de contrôler et de
deux banques d’enregistrement. lever successivement les doutes sur les bagages inspectés afin
Les avantages et inconvénients des solutions de contrôle intégré d’atteindre en dernier niveau de contrôle (appel et questionnement
aux banques d’enregistrement sont présentés dans le tableau 3. du passager) un nombre de bagages compatible avec les contrain-
tes d’exploitation de l’aéroport.
En fonction du débit de bagages à inspecter et des contraintes
2.4.4 Contrôle en aval de l’enregistrement admissibles par l’aérogare en terme de réconciliations bagages-pas-
sagers, plusieurs schémas de contrôle multiniveaux sont envisagea-
Les bagages de soute sont contrôlés après leur enregistrement bles, mettant en œuvre appareils, analyse visuelle des images,
dans les zones réservées, secteurs sûreté, au niveau des zones de équipes cynotechniques et/ou fouille manuelle à des niveaux suc-
convoyage ou de tri. En cas de doute sur le contenu d’un bagage, le cessifs d’inspection. Le lecteur trouvera une description de chaque
passager doit être appelé auprès de son bagage pour une ultime cas envisageable ainsi que des procédures d’exploitation dans
vérification avant son embarquement. l’arrêté du 10 octobre 2000 [4].
Si un bagage nécessite un contrôle complémentaire suite au der-
■ Il est possible de mettre en place des appareils de sûreté « en nier niveau de contrôle, il est alors nécessaire de procéder à une
position isolée », comme c’est le cas pour les postes d’inspection fil- réconciliation bagage/passager consistant à appeler le passager
trage de bagages de cabine ou de contrôle amont. Les bagages sont auprès de son bagage, de le questionner quant à son contenu et de
injectés et retirés manuellement sur tables à rouleaux et tapis l’ouvrir en fonction du résultat du questionnement ou de l’appel. Il
convoyeurs placés avant et après l’appareil. est donc nécessaire de mettre en œuvre un cheminement des pas-
■ Une autre possibilité offerte par les appareils de détection sagers appelés depuis la zone publique vers la zone de fouille, qui
automatique est l’installation de type « intégrée à une chaîne de peut être soit un local spécifique dédié, soit un emplacement dans la
convoyage des bagages ». Les appareils sont installés physique- zone de tri des bagages.
ment dans une chaîne de convoyage des bagages, et un dialogue Le nombre d’appareils à installer et de niveaux de contrôle à met-
entre les appareils et l’automate programmable industriel gérant le tre en œuvre dépend du flux de bagages enregistrés dans l’aérogare
système de convoyage permet de diriger les bagages automatique- (en 2001 les appareils automatiques les plus « rapides » permettent
ment en fonction de leur statut de sûreté. d’inspecter 1 200 bagages par heure).
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Tableau 3 – Avantages et inconvénients des solutions de contrôle intégré aux banques d’enregistrement
Domaine Avantages Inconvénients
• Les bagages en correspondance ne peuvent y être inspec-
Sûreté • Effet dissuasif. tés.
• Le passager est présent pour la fouille de ses bagages. • Des moyens et procédures complémentaires sont à met-
tre en œuvre.
• Risque de devoir diminuer les linéaires de banques
Facilitation • Pas de zone d’attente supplémentaire. d’enregistrement pour permettre l’installation des appa-
• Pas d’effet sur les passagers accompagnant. reils requis.
• Augmentation du temps d’enregistrement.
• Modifications des équipements et des procédures d’enre-
gistrement.
• Nécessité de place complémentaire pour l’installation des
locaux des opérateurs de sûreté et pour la fouille des
Point de vue bagages.
• Peu de perte de capacité de l’aéroport. • La maintenance des appareils de sûreté implique la fer-
technique
meture des banques d’enregistrement correspondantes
ou la fouille systématique des bagages enregistrés. De
plus, cette maintenance est à vue du public.
• Emprises possibles sur la zone publique.
• Travaux et coûts d’investissement potentiellement éle-
Point de vue • Limitation des coûts de travaux d’infrastructures et de vés.
financier convoyage. • Nombre d’opérateurs de sûreté nécessaires éventuelle-
ment élevé.
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Point de vue
• Limitation des coûts en personnels de sûreté nécessaires. • Les coûts en investissement peuvent être élevés.
financier
2.5 Contrôle d’accès en zone réservée Les passagers ont accès à certaines parties de la zone réservée
(salles d’embarquement, passerelles…) sur présentation de leur
carte d’embarquement.
Le 24 décembre 1994, à l’aéroport d’Alger, un Airbus de la compa- L’accès à la zone réservée peut se faire :
gnie Air France est pris d’assaut par des membres armés d’un groupe
— soit par des portes surveillées par un opérateur de sûreté ;
terroriste international ayant pénétré en zone réservée. Trois passagers
sont exécutés. L’avion, autorisé à décoller à destination de Paris, atter- — soit par des portes équipées de système de contrôle d’ouverture
rira à Marseille. Après plusieurs heures, l’assaut est donné par le (codes, lecteurs de badges, clefs). Les titres d’accès dits « actifs »
Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale. Les quatre terro- contiennent des puces électroniques paramétrables permettant
ristes sont tués, plusieurs blessés graves sont à déplorer. L’enquête a l’ouverture de portes de l’aérogare sur présentation du titre à un lec-
conclu que l’avion était destiné à s’écraser sur la capitale française. teur ;
— soit par des postes d’inspection filtrage des personnels.
En matière d’accès en zone réservée l’Organisation de l’aviation
civile internationale indique que « chaque État contractant adoptera Le système national de gestion automatisée des accès (système de
les procédures et systèmes d’identification destinés à interdire aux gestion informatisée des titres d’accès SGITA), retenu et développé
personnes ou véhicules non autorisés à l’accès : par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) est systématique-
— au côté piste de l’aéroport servant à l’aviation civile internatio- ment mis en place sur les aéroports, système permettant notamment
nale ; la fabrication des titres d’accès, la gestion des accréditations, le para-
— aux autres zones importantes pour la sûreté de l’aéroport » métrage des lecteurs et l’affectation des droits d’accès aux personnes
([1], article 4.4.1). accréditées, la supervision technique des équipements, la supervi-
sion des alarmes au niveau des accès, etc.
■ Accès à la zone réservée La matérialisation physique dans l’aérogare entre zone publique
Seules peuvent accéder à la zone réservée des aérogares les per- et zone réservée doit être réalisée.
sonnes en possession d’un titre spécial (titre de circulation) [5]. Pour
les personnels, ce titre d’accès est délivré par les autorités compéten- ■ Sectorisation de la zone réservée
tes et comporte des informations concernant la personne, les aéro- La zone réservée dans une aérogare est divisée en différents sec-
ports et zones qui lui sont accessibles, la durée de validité du titre. teurs [5] :
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— le secteur passagers P : zones d’attente et de circulation des — lors de l’établissement du plan de zonage de l’aérogare, un
passagers au départ entre les filtres d’inspection filtrage de passa- maximum de locaux doivent être exclus de la zone réservée afin de
gers et des bagages à main et les aéronefs si ceux-ci sont au contact, limiter les flux entre zones ;
jusqu’à la sortie de la salle d’embarquement si les aéronefs sont — si les circulations verticales (ascenseurs, monte-charge, esca-
éloignés. Il s’agit en particulier des salles d’embarquement, des pas- liers) desservent des zones de classes différentes, des moyens inter-
serelles, des circulations et des zones d’enregistrement si un disant l’accès à des personnes non autorisées doivent être mis en
contrôle de sûreté en amont est réalisé. À l’arrivée, ce secteur place ;
comprend les zones de circulation des passagers depuis l’entrée — en bout de cheminement des passagers en zone réservée ou
dans l’aérogare jusqu’aux systèmes antiremontée de flux ; de sûreté, des systèmes anti-retour doivent être mis en place.
— le secteur bagages B : salles de tri, de conditionnement et de
stockage des bagages origine ou en correspondance, et éventuelle-
ment salle de tri des bagages si elles sont jointes à des salles de tri
au départ et salles de livraison de bagages ;
— le secteur sûreté S : ce secteur correspond à la partie de la 3. Conclusion
zone réservée uniquement accessible à travers des postes d’inspec-
tion filtrage identiques à ceux décrits au paragraphe 2.3. Ce secteur
n’existe que sur les aéroports où le principe d’inspection filtrage de La mise en œuvre des moyens et procédures de sûreté sera
personnes est mis en œuvre. d’autant moins contraignante et d’autant moins coûteuse pour
À ces secteurs s’ajoutent les secteurs suivants hors aérogare pas- l’aéroport qu’elle sera basée sur une concertation entre les diffé-
sagers : rents acteurs de la sûreté, et que seront prises en compte dès les
études de faisabilité les considérations suivantes [6] :
— secteur avions A : aire de stationnement des avions utilisée
pour l’embarquement et le débarquement des passagers ; — pour être efficaces, les moyens de sûreté doivent être équili-
— secteur fret F : zone de conditionnement et de stockage du fret brés, complémentaires et organisés ;
au départ. — les contraintes d’exploitation et de maintenance des matériels
doivent être strictement pris en compte ;
L’accès à ces différents secteurs est subordonné à une autorisa-
tion spécifique inscrite sur le titre de circulation. — les possibilités d’évolutivité des systèmes mis en place doivent
être considérées, tant au niveau de l’évolution technologique des
La zone réservée peut également comprendre des secteurs fonc- matériels que de l’évolution du trafic ;
tionnels définis pour des impératifs de sécurité ou de protection de
— le choix d’un système de sûreté ne doit pas être fait au détri-
points névralgiques de l’aéroport. Leur accès est subordonné à une
ment des aspects économique et fonctionnel de l’aéroport, tant que
autorisation spécifique inscrite sur le titre de circulation. On y
le niveau de sûreté reste maximal ;
retrouve par exemple les secteurs fonctionnels NAV (tour de
contrôle, bloc technique, aides à la navigation), MAN (pistes et voies — les contraintes de sûreté doivent être intégrées aux projets
de circulation), ENE (centrales thermiques et électriques, dépôts de d’ouvrages neufs dès les premières phases de conception ;
carburant…), TRA (aires de trafic). — les passages de convoyeurs de bagages de soute au départ ou
en livraison arrivée entre zone réservée et zone publique, ou zone
■ Conséquence sur l’aménagement de l’aérogare réservée et secteur de sûreté doivent être équipés de système type
Lors de la conception d’une aérogare ou de son réaménagement, guillotines à ouverture et fermeture commandées.
quelques consignes sont à prendre en compte concernant le L’avancée des technologies, les retours d’expériences de systè-
contrôle d’accès : mes de contrôle de sûreté mis en place nous permettent de penser
— le périmètre des secteurs de sûreté sera conçu pour empêcher sans cesse à de nouvelles doctrines et à l’utilisation de nouveaux
tout accès ou projections d’objets depuis la zone publique ou les matériels, dans la perspective d’améliorer le niveau de sûreté, tout
autres secteurs de la zone réservée ; en facilitant l’exploitation commerciale des aérogares passagers.
Références bibliographiques
[1] Organisation internationale de l’aviation tère de l’Intérieur, ministère de la Défense) du [5] Ministère de l’Équipement, des Transports et
civile, – Normes et pratiques recommandées 10 octobre 2000 fixant les modalités techni- du Logement, ministère de la Défense, minis-
Sûreté. Protection de l’aviation civile interna- ques des visites de sûreté des personnes et tère de l’Intérieur, circulaire interministérielle
tionale contre les actes d’intervention illicite, des bagages à main. du 26 janvier 2000 relative à la délivrance des
annexe 17 à la convention de Chicago.
titres de circulation des personnes en zone
[4] Arrêté interministériel (ministère de l’Équipe-
[2] Conférence européenne de l’aviation civile, – réservée des aérodromes et à la sectorisation
ment, des Transports et du Logement, minis-
Manuel des recommandations et résolutions de la zone réservée.
tère de l’Intérieur, ministère de la Défense,
de la CEAC relatives aux questions de facilita-
ministère de l’Économie et des Finances) du
tion et de sûreté, document 30. [6] Service technique des bases aériennes,
10 octobre 2000 fixant les modalités techni-
[3] Arrêté interministériel (ministère de l’Équipe- ques des visites des bagages destinés à être sûreté aéroportuaire, Recommandations pour
ment, des Transports et du Logement, minis- embarqués dans les soutes des aéronefs. la conception des aéroports (novembre 1994).
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